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+ Brassica oleracea
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+ Espèce
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+ Statut de conservation UICN
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+ DD  : Données insuffisantes
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+ Le chou (Brassica oleracea L., 1753) est une espèce de plantes de la famille des Brassicacées (ou crucifères), originaire du Sud-Ouest de l'Europe. Plantes généralement bisannuelles, leurs feuilles comestibles peuvent ou non former une tête compacte ou « pomme[1] ». Leur culture en tant que légume remonte à la plus haute Antiquité, à partir de formes sauvages originaires d'Europe de l'Ouest ou d'Europe méridionale.
10
+
11
+ Le chou cultivé, légume volumineux (hors choux de Bruxelles et quelques variétés plus petites), est dense et nutritif. Il fait partie des cultures à plus fort rendement (jusqu'à 160 tonnes par hectare en conditions idéales[2]), mais compte tenu de ses importants besoins en azote, il a tendance à épuiser les sols et ne doit être cultivé sur la même parcelle qu'une fois tous les 5 ans[3].
12
+
13
+ Le chou sauvage ou « chou des falaises » (Brassica oleracea subsp. oleracea, ancêtre de tous les choux cultivés) n'est plus naturellement présent que sur certaines dunes, bandes de galets et falaises littorales atlantiques d'Europe de l’Ouest (France, Espagne, sud du Royaume-Uni).
14
+
15
+ En France, ce chou est encore présent, mais rare ou en forte régression en Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais et Poitou-Charentes. Dans ces régions, il ne subsiste qu'à l'état d'individus isolés ou en petites populations très localisées et menacées. Cependant, en Haute-Normandie il est encore abondant et ne montre pas de signe de régression. On ignore cependant comment l'espèce affrontera le dérèglement climatique attendu, ainsi que la montée du niveau des océans. Au vu des critères UICN, le chou sauvage est classé dans la catégorie « préoccupation mineure » (LC), mais a pourtant été retenu en France parmi les espèces déterminantes de ZNIEFF et pourrait l’être pour certaines cartographies de la Trame verte en raison du fait que ces régions sont d’importance mondiale pour la conservation de la diversité génétique de ce taxon, qui est, comme celle de la betterave maritime, d'intérêt agricole potentiel pour les générations futures.
16
+
17
+ Il fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou début du IXe siècle).
18
+
19
+ La sélection multimillénaire de la très vaste et polymorphe Brassica oleracea a abouti à des variétés ou formes très différentes des formes d'origines, mais aussi très différentes entre elles.
20
+
21
+ Ces très nombreuses variétés sont classées en groupes[4] :
22
+
23
+ Deux types de choux sont généralement cultivés. Les variétés précoces mûrissent en 50 jours environ, et produisent de petites têtes qui se conservent peu. Ces choux sont prévus pour être consommés frais. Les variétés tardives mûrissent en 80 jours environ et produisent une tête plus grosse, jusqu'à plus de 7 kilogrammes.
24
+
25
+ Le chou peut être démarré en intérieur ou semé directement. Comme tous les Brassicacae, il se récolte en période fraîche, de préférence en automne.
26
+
27
+ Le contrôle des parasites est important, en particulier les chenilles de plusieurs papillons de la famille des Pieridae.
28
+
29
+ Production en tonnes, chiffres 2003-2004 Données de FAOSTAT (FAO)
30
+
31
+ Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés en France pour lutter contre les parasites du chou :
32
+
33
+ Liste des produits phytopharmaceutiques
34
+
35
+ Les choux sont généralement cuits ou cuisinés en salade. Ils se conservent bien et constituaient ainsi un légume d'hiver courant autrefois. La choucroute est un chou fermenté souvent utilisé comme accompagnement.
36
+
37
+ La cuisson prolongée du chou provoque la libération de composés soufrés malodorants. Pour éviter cela, il faut le cuire dans un grand volume d'eau bouillante et l'égoutter dès qu'il est cuit.
38
+
39
+ Une des manières les plus connues de consommer le chou est la soupe au chou, avec laquelle certains ont même fait un régime amaigrissant dont les vertus seraient de stimuler l'amincissement en régulant le métabolisme du sucre et des graisses, type de régime très controversé et qui peut être dangereux pour la santé s'il est pratiqué avec excès et sans contrôle médical.
40
+
41
+ Le chou fait partie d’une grande famille au sein de laquelle on trouve le radis, le cresson, la rave, le navet… Tous ont comme particularité d’être riches en vitamines. Connu depuis longtemps pour ses vertus phytothérapeutiques, Caton (234-149 av. J.-C.) décrit le chou ainsi dans son traité d'agriculture[6] : « Si dans un banquet tu veux boire et manger beaucoup et avec plaisir, prends avant le repas du chou, autant qu’il te plaît, avec du vinaigre, et de même, après le repas, prends-en environ 5 feuilles ; tu seras comme si tu n'avais rien mangé, et pourras boire autant que tu veux. »
42
+
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+ Composition :
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+
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+ Les plantes suivantes, bien que comestibles, ne sont pas des choux au sens propre :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Glossaire de botanique
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+ Le christianisme est une religion abrahamique, originaire du Proche-Orient, fondée sur l'enseignement, la personne et la vie de Jésus de Nazareth, tels qu'interprétés à partir du Nouveau Testament. Il s'agit d'une religion du salut considérant Jésus-Christ comme le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament. La foi en la résurrection de Jésus est au cœur du christianisme car elle signifie le début d'un espoir d'éternité libéré du mal.
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+
5
+ Les premières communautés chrétiennes naissent au Ier siècle en Palestine et dans les grandes villes de la diaspora juive telles que Rome, Éphèse, Antioche et Alexandrie. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle dans l'Empire romain, dont il devient la religion officielle à la fin du IVe siècle, mais aussi en Perse, en Inde et en Éthiopie. Au Moyen Âge, le christianisme devient majoritaire en Europe, tandis qu'il s'amenuise face à l'islam au Proche-Orient. Il est devenu la religion la plus importante de la planète en raison de son expansion en Amérique à partir du XVIe siècle et en Afrique depuis le XXe siècle. Il est actuellement présent dans tous les pays. En 2015, le nombre total de chrétiens dans le monde est évalué à 2,4 milliards, ce qui en fait la religion comptant le plus de fidèles, devant l'islam et l'hindouisme.
6
+
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+ Les Églises chrétiennes sont regroupées en différentes branches, dont les principales sont le catholicisme, le christianisme orthodoxe et le protestantisme (avec sa branche évangélique) représentant respectivement 51 %, 11 % et 37 % du total des chrétiens en 2017.
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+
9
+ Le nom « christianisme » vient du mot grec Χριστός / Christós, qui traduit l'hébreu Messie, מָשִׁיחַ - mashia'h (« celui qui a reçu l'onction »). Ce mot, originellement appliqué à différents personnages de la Bible (prophètes et rois), désigne, dans le judaïsme tardif, un personnage qui viendra à la fin des temps restaurer la royauté de Dieu en Israël. Le nom de Jésus-Christ a été donné par les chrétiens à Jésus, qu'ils considèrent comme étant le Messie prophétisé dans l'Ancien Testament.
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+
11
+ Le mot « chrétien » n'est pas utilisé par les Évangiles pour désigner les disciples de Jésus ; ceux-ci sont habituellement appelés les « Galiléens » ou les « Nazôréens »[1]. Les Actes des Apôtres indiquent que le nom de « chrétien », dérivé de « Christ », signifiant « partisan du Christ », fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth à Antioche[B 1], en Syrie antique (actuelle Turquie), qui était à l'époque une ville de langue grecque.
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+ La référence la plus ancienne connue pour le terme « christianisme » se trouve dans la lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens à la fin du Ier siècle[2].
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+ Le fondement historique du christianisme est la foi en Jésus-Christ, Messie et fils de Dieu, sa crucifixion et résurrection, ce qui est appelé kérygme [3],[4],[5]. La résurrection est pour les premiers chrétiens le « signe indubitable » de la divinité du Christ[6]. La crucifixion et la résurrection montrent « la triomphante victoire sur les pouvoirs du mal »[7]. La résurrection du Christ symbolise l'idée que l'homme peut faire confiance au Bien, s'engager pour le Bien : « Le Seigneur est venu dans le monde (...) afin de détruire la tyrannie du mal et de libérer les hommes. (...) Par la mort, Il a détruit la mort, et réduit à rien celui qui avait le pouvoir de tuer »[8]. La Résurrection signifie aussi que Jésus continue de vivre avec ses disciples qui, par la foi, vivent de sa présence.
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+
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+ Le plus ancien témoignage écrit du kérygme, le noyau de la foi chrétienne, se trouve exprimé dans la lettre aux Corinthiens : « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, il est apparu à Céphas puis aux douze »[9].
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+ Des professions de foi (ou credo) sont venues préciser la foi chrétienne, la principale étant le symbole de Nicée-Constantinople[10]. Ces professions de foi sont divisées en quatre parties. La première confirme la doctrine monothéiste du christianisme en stipulant qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est aussi le Créateur. La seconde partie énonce que Jésus-Christ est le fils unique de Dieu et qu'il a souffert, est mort, a été enseveli et est ressuscité avant de monter au ciel afin de juger les vivants et les morts. L'expression de fils relève de la continuité de la tradition biblique, mais les chrétiens proclament que c'est Dieu qui se révèle de façon unique en son fils Jésus-Christ. La troisième partie des professions de foi dit que l'Esprit saint, puissance agissante de Dieu, anime et sanctifie l'Eglise et, finalement, la quatrième partie énonce que Jésus-Christ a institué une Église sur Terre.
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+ À la Bible hébraïque, qui correspond à ce que les chrétiens nomment l'Ancien Testament, les premiers siècles du christianisme ont adjoint le Nouveau Testament ; réunis, ces deux textes constituent la Bible chrétienne, qui présente quelques variantes selon les confessions, notamment les Livres deutérocanoniques. Le canon du Nouveau Testament est composé de 27 écrits : les quatre évangiles canoniques, les Actes des Apôtres, les épîtres de plusieurs apôtres aux premières communautés chrétiennes et l'Apocalypse[11] ; il exclut de nombreux textes chrétiens apocryphes, parmi lesquels une douzaine d’évangiles. Il rejette , en particulier, celui de Thomas, qualifié de gnostique.
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+
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+ Dès le Ier siècle, le « concile de Jérusalem » dut se prononcer sur la continuité de la nouvelle foi avec la Torah[12]. Les chrétiens précisent que le Nouveau Testament ne vient pas remplacer l'« Ancien » mais l'accomplir.
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+
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+ Marcion, vers 140, rejeta la présence de l'Ancien Testament dans le canon chrétien[11]. Le marcionisme distingue le Dieu créateur de l'Ancien Testament du Dieu d'amour des écrits pauliniens. Ces idées furent condamnées par le presbyterium romain présidé par l'évêque Anicet en 144[13]. La doctrine de Marcion resta cependant largement répandue dans tout le bassin méditerranéen pendant environ deux siècles. Elle laissera des traces dans les mentalités jusqu'à nos jours[14].
26
+
27
+ Irénée de Lyon affirme à la même époque que la Loi a été abrégée et non abrogée. Il bâtit une théologie de l'Histoire qui donne un sens à celle-ci, déterminé par le plan de Dieu, de la Création à l'Incarnation et dans l'attente du retour du Christ[15].
28
+
29
+ L'inculturation du christianisme dans la culture gréco-romaine est l'œuvre des Pères de l'Église vers la fin du IVe siècle[16]. Nés pour la plupart dans des familles chrétiennes de l'élite locale, ils effectuent un travail de réappropriation de la Bible hébraïque, dont les citations abondent dans leurs ouvrages, associée à la philosophie grecque[16].
30
+
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+ « Dieu est l'Amour » et rien d'autre ». Pour le théologien jésuite Hans Urs von Balthasar, cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour : en cela consiste l'idée chrétienne »[17]. « En envoyant (...) son Fils unique et l'Esprit d'amour, Dieu révèle son secret le plus intime : il est Lui-même éternellement échange d'amour »[C 1]. « "Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui" (1Jn4,16). Ces paroles de la Première lettre de saint Jean expriment avec une particulière clarté ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme et de son chemin, qui en découle »[C 2].
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+
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+ Selon l'injonction augustinienne, Dilige, et quod vis fac, le christianisme reste centré sur l'amour. L'exclamation du dominicain T. Radcliffe est représentative : « Tout ce que j'ai écrit est, en un sens, un commentaire de ce que signifie aimer »[18].
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+
35
+ Deux textes du Nouveau Testament sont fondamentaux pour la morale chrétienne : le sermon sur la montagne dans l'évangile de Matthieu et l'épître de Paul aux Romains[19] ; ils furent longuement commentés par nombre de théologiens tels qu'Augustin d'Hippone ou Thomas d'Aquin. Le sermon assigne au croyant des objectifs de perfection difficilement réalisables[19]. Le péché, honni mais inévitable, est ainsi une notion centrale dans le christianisme[20].
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+
37
+ Né dans la société romaine reposant sur l'esclavage, le christianisme proclame que les hommes sont frères dans le Christ mais ne remet pas en cause l'ordre établi et prône l'obéissance des esclaves à leur maître[21].
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39
+ Le christianisme privilégie la charité envers les pauvres et les malades ; dès le IVe siècle l'organisation de la diaconie établit des listes de pauvres et consacre à leur entretien une part des revenus des églises[22]. Le prêt à intérêt est donc interdit aux chrétiens par l'Église catholique comme contraire à cette notion[23].
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+
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+ Au XVIe siècle, Calvin remet en cause cet interdit, ce qui le fait parfois qualifier de père du capitalisme, mais s'il légitime le prêt d'investissement, il ne remet pas en cause l'obligation de gratuité du prêt d'assistance au prochain dans le besoin[23]. À la même époque, des institutions catholiques fondent les premiers monts-de-piété.
42
+
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+ Au XIXe siècle, les révoltes des ouvriers face à leur misère croissante amenèrent Frédéric Ozanam à fonder la société de Saint-Vincent-de-Paul pour l'aide aux pauvres[24],[25], début de l'action du catholicisme social. En 1891, l'encyclique Rerum novarum de Léon XIII établit les grands principes de la doctrine sociale de l'Église catholique.
44
+
45
+ Depuis les années 1960, la théologie de la libération remet en question cette aide traditionnelle aux pauvres ou charité, pour une « option préférentielle pour les pauvres » qui participe à leurs démarches d'émancipation[26].
46
+
47
+ Les catholiques et les orthodoxes se réunissent pour la messe [27].
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+
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+ Les protestants et les chrétiens évangéliques se réunissent pour le culte[28].
50
+
51
+ Les lieux de cultes catholiques, orthodoxes et de certaines dénominations protestantes sont appelés église ou cathédrale[29].
52
+
53
+ Les lieux de cultes protestants ou chrétiens évangéliques sont généralement appelés « temple » ou « bâtiment (d'église) »[30],[31],[32],[33].
54
+
55
+ Au sein du christianisme, les sacrements aussi appelés ordonnances sont des rites cultuels. Deux sont pratiqués par presque toutes les confessions chrétiennes : le baptême et l'eucharistie, principalement parce que ce sont les deux gestes qui ont institués par Jésus dans la bible[34]. Cependant, certaines dénominations protestantes ne pratiquent aucun sacrement et les catholiques ainsi que les orthodoxes en pratiquent sept[35].
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+
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+ Les églises chrétiennes évangéliques utilisent majoritairement le terme « ordonnances », pour parler du baptême et de la communion[36].
58
+
59
+ Le baptême est un rite présent dans la quasi-totalité des Églises chrétiennes, à quelques exceptions près, comme les quakers. Baptême d'eau issu des rites de purification juifs, il prend pour modèle celui de Jésus par Jean le Baptiste ; il peut être pratiqué par immersion, par effusion ou par aspersion[37]. Il symbolise l'entrée du croyant dans la communauté chrétienne ; dans certaines confessions il est pratiqué sur les jeunes enfants (pédobaptisme)[37]. Dans les églises évangéliques, le baptême du croyant est l'un des principaux signes de distinction d'avec les autres églises protestantes[38]. En effet, pour la majorité des chrétiens évangéliques, le baptême du croyant, par immersion dans l'eau, survient après la nouvelle naissance[39].
60
+ Ce sacrement n'est en principe pas réitéré, mais les conditions de reconnaissance mutuelles du baptême entre confessions sont complexes : les Églises trinitaires ne reconnaissent que les baptêmes « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[40] tandis que les anabaptistes ne considèrent pas le baptême des enfants comme valide[37].
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+
62
+ L'eucharistie est le repas sacrificiel qui commémore la Cène[40], dernière Pâque de Jésus. Sa célébration est l'acte central du culte dans les différentes Églises[40].
63
+
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+ Les catholiques et les orthodoxes pratiquent sept sacrements comprenant, en plus du baptême et de l'eucharistie, la confirmation (ou la chrismation), l'ordination, la pénitence (ou la réconciliation), l'onction des malades et le mariage[41]. C'est également le cas des orthodoxes orientaux, de plusieurs anglicans et de quelques luthériens.
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+
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+ Pâques est la première fête célébrée dans les calendriers liturgiques chrétiens ; elle est attestée dès le IIe siècle. Elle commémore la dernière Cène, la Passion et la Résurrection du Christ[42], événements dont les quatre évangiles situent le déroulement lors des festivités de la Pâque juive à Jérusalem, le 14 Nissan du calendrier juif. Sa date fut fixée en 325 par le concile de Nicée au « dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ».
67
+
68
+ Le calendrier liturgique se constitua progressivement à partir du IVe siècle autour de la date de célébration de Pâques. C'est tout d'abord le triduum pascal, dont les deux jours qui précèdent le dimanche de Pâques deviennent un temps de jeûne, puis la célébration s'étendit à la semaine sainte dès 389[43]. À partir de la fin du IVe siècle, elle fut précédée des 40 jours de jeûne du carême[43]. Le temps pascal fut également étendu jusqu'à la Pentecôte, sept semaines après Pâques.
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+
70
+ Le cycle des fêtes à dates fixes lié à Noël ne fut instauré qu'au Ve siècle, après que cette fête eut été fixée au 25 décembre pour remplacer la fête impériale de Sol Invictus[43].
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+
72
+ La réforme du calendrier grégorien au XVIe siècle, adoptée pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien alors en usage, amena un décalage dans le calcul de la date de Pâques entre le calendrier liturgique catholique et le calendrier liturgique orthodoxe, qui perdure de nos jours.
73
+
74
+ Dans le catholicisme, le ministère désigne les membres du clergé, soit le diacre, le prêtre, l'évêque, le cardinal ou le pape [44].
75
+
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+ Dans les Églises protestantes, et notamment réformées, il désigne les fidèles appelés à exercer un ministère, c'est-à-dire une fonction reconnue au service de l'Église locale ou nationale[45]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes protestantes [46].
77
+
78
+ Dans le christianisme évangélique, les ministères évangéliques sont principalement ceux de pasteur, du diacre, du chantre et de l’évangéliste[47]. D’autres ministères peuvent également être présents, tel que celui d’ancien avec des fonctions similaires à celles du pasteur[48]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques[49]. Dans certaines églises du mouvement de la nouvelle réforme apostolique, il y a la présence de cinq ministères; ceux d'apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, enseignant[50].
79
+
80
+ Le christianisme s'est développé à partir du Ier siècle dans le contexte des communautés juives du Moyen-Orient et en particulier des communautés juives hellénisées.
81
+
82
+ Jésus est la figure fondatrice du christianisme, certains s'interrogent sur son rôle historique de fondateur. D'après les Évangiles, Jésus « n'est pas venu abolir la Loi, mais accomplir ». Sa perspective est donc celle d'un accomplissement de la foi juive, dans une interprétation particulière à Jésus lui-même, et non la création d'une nouvelle religion. Si le salut est apporté à tous, c'est d'abord aux siens, « aux brebis perdues d'Israël »[B 2], qu'il réserve le privilège de son enseignement[51]. Jésus et tout le groupe primitif des apôtres et des femmes, qui le suivaient, étaient juifs ainsi que la plupart de ses interlocuteurs, à quelques exceptions près et désignées comme telles, comme le centurion romain de Capharnaüm ou la femme samaritaine[52]. Il apporte aussi une nouveauté radicale au judaïsme : lui-même, se substituant à la Torah[53].
83
+
84
+ À l'exemple de la diversité régnant dans le judaïsme (sadducéens, pharisiens, esséniens, baptistes...), le paléochristianisme couvre différentes communautés, dont la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour de Jacques, frère de Jésus, appartenant au judaïsme mais reconnaissant le messianisme de Jésus et vivant dans l'attente du Royaume de Dieu[54], et les communautés fondées par Paul ou Pierre dans le sillage des hellénistes, en Asie, en Grèce et à Rome[54], qui permirent l'ouverture aux gentils (notamment après la rupture entre Paul et l'église de Jérusalem en 48/49), et un début de divergence théologique (centralité et prééminence de la Croix sur la Loi, et de la Foi sur les Œuvres).
85
+
86
+ Selon une tradition, rapportée par la littérature patristique[C 3], à la suite d'un oracle, l'Église de Jérusalem quitta la Ville Sainte, au moment de la Grande révolte juive de 66, pour s'installer dans la cité païenne de Pella (Tabaqat Fahil en Jordanie) (cf. Fuite des Chrétiens de Jérusalem à Pella). De Pella, ces chrétiens sont retournés plus tard à Jérusalem où ils demeurèrent jusqu’à la révolte de Bar Kokhba (132-135/6)[55].
87
+
88
+ Dans le même temps, le judaïsme évolue vers un judaïsme rabbinique qui prolonge le pharisianisme après la chute du Temple (70)[54].
89
+
90
+ La divergence, avec le judaïsme, s’accéléra au tournant du Ier siècle ; il n'y a pas d'événement marquant clairement cette séparation. Pour d'aucuns, le christianisme naît avec la reformulation de la Birkat haMinim (la 12e bénédiction de l'Amida) ; pour d'autres, il commence dès le tournant du IIe – IIIe siècle avec l'établissement d'un canon pour le Nouveau Testament, pères apologètes, début d'une théologie chrétienne (rencontre entre le mythe chrétien et la philosophie grecque)[56]. Au début du IIe siècle, les épîtres d"Ignace d'Antioche sont précurseurs en Asie Mineure de l'organisation d'un épiscopat monarchique caractérisé par une hiérarchie à trois niveaux (évêque, prêtre, diacre)[57].
91
+
92
+ Dans l'Empire romain, les autorités ne font pas, au début, une différence très nette entre juifs et chrétiens, ces derniers n'étant qu'une secte juive parmi d'autres[58], jusqu'à ce qu'ils commencent à être accusés de troubles à l'ordre public[12].
93
+
94
+ Le christianisme est né dans la partie orientale de l'Empire romain, où se trouvait le plus grand nombre de chrétiens dans les premiers siècles.
95
+
96
+ Cependant, le christianisme se développa à l'extérieur, dans l'Empire parthe (Mésopotamie, Perse) mais aussi en Éthiopie et en Inde, où la diaspora juive était présente. En dehors de l'Empire romain, les chrétiens s'organisèrent en Églises indépendantes. Ce fut notamment le cas du Catholicossat-Patriarcat de toute la Géorgie et de l'Église arménienne[n 1]. Aucune centralité susceptible de régulation n'existait alors[59], et le débat christologique était la règle[60].
97
+
98
+ Avec la conversion de l'empereur Constantin et l'édit de Milan en 313, les persécutions contre les chrétiens s'arrêtèrent. Vers la fin du IVe siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire, remplaçant le culte romain antique et inversant la persécution. Cette date marque symboliquement le début de la chrétienté, période de l'histoire de l'Europe où le christianisme imprègne toute la société, y compris les lois et les comportements sociaux.
99
+
100
+ Les causes de la conversion de l'empire au christianisme, peu étudiées au-delà d'approches de type mystique ou sectaire, sont vraisemblablement à aller chercher du côté de la menace que représentait le judaïsme pour la cohésion de l'empire (se rapporter sur ce point au code Théodosien qui punit spécifiquement les citoyens romains qui auraient souhaité se convertir au judaïsme). Ainsi, l'adoption du christianisme aurait répondu à un impératif de rassemblement des sujets de l'empire à un moment où la puissance de ce dernier vacillait. Elle aurait notamment permis aux dirigeants romains de proposer à leurs sujets une alternative au judaïsme qui soit plus crédible que le vieux paganisme finissant difficilement réformable.
101
+
102
+ En 330, l'empereur Constantin Ier transféra la capitale de l'empire de Rome à Constantinople (rebaptisée Nea Roma, « Nouvelle Rome »), qui devint un important foyer intellectuel. On aboutit alors à la Pentarchie : les cinq centres historiques de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
103
+
104
+ Avec la Paix de l'Église commença la période des Pères de l'Église[61], qui s'accompagna d'une réinterprétation de la philosophie, notamment celle de Platon, dans le sens de la nouvelle religion, et de l'utilisation de nombreux motifs mythiques du monde ancien pour l'inculturation du christianisme dans le respect de la tradition apostolique. De multiples débats théologiques suscitèrent des controverses passionnées sur la nature du Christ[62]. Au fil des siècles et des conciles, le monde chrétien connu ensuite plusieurs controverses christologiques, ainsi que des crises et bouleversements idéologiques et politiques.
105
+
106
+ Le christianisme étant devenu l'un des cultes reconnus de l'Empire, le pouvoir politique prit l'initiative de réunir des assemblées d'évêques (conciles) pour régler les différends. Le premier fut le concile de Nicée, qui condamna l'arianisme en 325. Le concile d'Éphèse proclama en 431 que le Christ n'avait qu'une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine. Les thèses nestoriennes affirmant que deux personnes différentes coexistaient en Jésus-Christ (l'une divine et parfaite, l'autre humaine et faillible), furent jugées hérétiques. En 451, le concile de Chalcédoine proclama l'unique personne du Christ, de nature à la fois divine et humaine, et définit la doctrine sur la Trinité chrétienne formalisée par le credo en 325 à Nicée.
107
+
108
+ Les dogmes proclamés au concile de Chalcédoine furent acceptés par la très grande majorité des Églises, tant en Occident qu'en Orient : elles furent donc nommées « chalcédoniennes »[63]. Mais les christologies déclarées hérétiques ne disparurent pas pour autant. Plusieurs empereurs après Constantin revinrent à l'arianisme, auquel se convertirent Goths et Vandales lors de leur rattachement à l'Empire romain.
109
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110
+ En Occident, le déclin de l'Empire romain a amené la prépondérance des Wisigoths, Lombards, Burgondes convertis pour partie au christianisme arien, qui s'installèrent dans la Gaule romaine et dans la péninsule ibérique[64]. La donne changea avec l'avènement du roi franc Clovis, qui opta pour le christianisme nicéen[65]. Il noua des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume en chassant les Wisigoths, puis convoqua en 511 le premier concile mérovingien pour commencer à codifier les rapports du roi et de l’Eglise[66].
111
+
112
+ En Orient, certaines Églises d'Orient s'en tinrent au concile d'Éphèse, considérant que le Christ n'a qu'une seule nature, divine. Appelées à l'époque « monophysites », elles sont dites aujourd'hui des « trois conciles » et comptent, entre autres, des coptes en Égypte, des Éthiopiens et un certain nombre d'Arméniens.
113
+
114
+ Au début du VIIe siècle, le christianisme au Proche-Orient et en Afrique du Nord restait donc profondément divisé entre chalcédoniens, monophysites et nestoriens[63] quand ces régions furent conquises par l'empire Perse à partir de 611 (l'Égypte en 618)[67]. Les Églises monophysites sont alors privilégiées par rapport aux chalcédoniens, vus comme alliés de l'Empire Byzantin. Après la reconquête byzantine (de 622 à 630), les divergences s'étant exacerbées, le monoénergisme est proposé comme tentative de conciliation des doctrines ; et bientôt imposé aux monophysites par de nouvelles persécutions[68].
115
+
116
+ C'est alors qu’apparaît une nouvelle religion monothéiste, l'islam, dans les tribus arabes du Hidjaz[69], qui bientôt entament une guerre de conquête en direction de la Syrie, la Palestine et l'Égypte[70]. Entre 631 et 643, trois des centres du christianisme oriental (Alexandrie, Antioche et Jérusalem) tombent aux mains des musulmans[70]. Les Byzantins pratiquent une politique de la terre brûlée et laissent derrière eux une très mauvaise image[71]. La vie chrétienne continue dans les régions conquises, avec le statut de dhimmis (« protégés »), mais seules Constantinople et Rome gardent leur liberté politique.
117
+
118
+ La dynastie carolingienne renforça sa légimité en se faisant sacrer par le pape dès 754 ; la création des États pontificaux, conquis sur les Lombards, scella cette alliance avec la papauté[72].
119
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120
+ Au IXe siècle, en sacrant Charlemagne comme empereur romain, les évêques de Rome rompent politiquement avec les empereurs de Constantinople et recherchent la protection des empereurs ou des rois Francs. Charlemagne poursuivit la conquête et la christianisation de l'Europe ; les Saxons furent convertis de force et l'empereur, par de nombreux cartulaires, réglait la discipline religieuse.
121
+
122
+ Au IXe siècle l'évangélisation des peuples slaves se fit par la conversion de leurs souverains : le khan Boris de Bulgarie pour les slaves occidentaux opta pour un rattachement à Rome, Vladimir de Kiev pour les slaves orientaux (serbes, bulgares et Rus' de Kiev) à Constantinople[73]. En 1054, après la querelle du Filioque, Rome et Constantinople se traitent réciproquement de « schismatiques et anathèmes ». La première croisade aboutit à l'installation de patriarcats latins à Jérusalem et Antioche. Sur le plan politique, la rupture a été définitivement consommée en 1204 lorsque les Croisés latins ravagèrent Constantinople et déposèrent le patriarche. L'affaiblissement de l'Empire romain d'orient par les Croisés a permis, deux siècles plus tard, la prise de Constantinople par les Turcs ottomans.
123
+
124
+ En 1455, le pape Nicolas V concède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique et encourage Henri le Navigateur à soumettre en esclavage les « sarrasins et autres infidèles », comptant sur les progrès des conquêtes pour obtenir des conversions[74]. Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, le pape Alexandre VI est amené à arbitrer le partage du nouveau monde entre les puissances espagnoles et portugaises[n 3], et leur attribue l'activité de mission qui a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Le catholicisme s'implante aux Amériques avec les conquêtes espagnoles, au Mexique avec la conquête de Cortés et au Pérou à la suite de celle de Pizarre[73]. Les missions vers l'Asie remportent peu de succès, sauf aux Philippines et à Goa[75].
125
+
126
+ Les bulles pontificales Sublimus Dei (29 mai 1537) et Veritas ipsa du pape Paul III (2 juin 1537) condamnent l'esclavage des Amérindiens[76] ainsi que « toute mise en doute de la pleine humanité de ceux-ci », mais n'évoque pas les Noirs. Après la Controverse de Valladolid en 1550 la traite négrière se généralise.
127
+
128
+ À la même époque, le protestantisme tire son origine dans la Réforme instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle et proposant une réinterprétation de la foi chrétienne fondée sur un retour à la Bible. Les protestants refusent l'idée d'une hiérarchie ecclésiale instituée par Dieu : pour eux le clergé est une émanation du peuple chrétien. Ils refusent donc toute autorité au pape. Dans un premier temps, l'anglicanisme ne refuse que la juridiction pontificale. Puis très vite, sous l'influence de la Réforme, il refuse aussi la primauté en matière de foi et de mœurs.
129
+
130
+ La Contre-Réforme catholique précise ses dogmes lors du concile de Trente et impose en 1582 le passage du calendrier julien au calendrier grégorien. Elle s'engage dans la lutte contre les hérésies, d'une part par l'éducation – l'ordre des Jésuites est créé à cet effet –, d'autre part par la répression de l'Inquisition.
131
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132
+ À l'issue des guerres de religion qui opposèrent catholiques et protestants en Europe, les royaumes méditerranéens restèrent catholiques. La paix d'Augsbourg, qui promulguait le principe « un prince, une religion », permit de facto une certaine tolérance dans le Saint-Empire romain germanique[77]. Les Pays-Bas connurent une division politique et religieuse : au sud, les Pays-Bas espagnols catholiques, au nord les Pays-Bas indépendants, dirigés par des protestants[77].
133
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134
+ Dès le XVIIe siècle, les colonies anglaises d'Amérique offrirent un asile à ceux qui fuyaient l'intolérance religieuse en Europe. Alors que le Nord-Est restait puritain et les États du Sud anglicans, dans les États du centre l'arrivée des immigrants anabaptistes et piétistes allemands, des frères moraves tchèques, des presbytériens écossais et nord-irlandais, des huguenots français, des méthodistes et baptistes anglais notamment provoquèrent le foisonnement religieux du grand réveil. Des prédicateurs itinérants parcoururent alors le territoire.
135
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+ En Europe, à partir du XIXe siècle, l'Église catholique perdit son statut privilégié dans plusieurs États. La Révolution française avait supprimé la dîme et confisqué les biens du clergé, qui subit des persécutions jusqu'à la signature du Concordat en 1801[78]. Après les guerres napoléoniennes, l'Europe était profondément changée, et, malgré ses efforts, l’Église catholique ne retrouva jamais la position qu’elle occupait pendant l’Ancien Régime.
137
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138
+ À la fin du XIXe siècle, l'Église catholique confrontée au rationalisme réagit par la publication du syllabus de Pie IX pour dénoncer les erreurs « modernes »[79] ; le concile Vatican I proclama l'infaillibilité papale avant d'être interrompu par la guerre de 1870[80]. Les États pontificaux, dernier vestige du pouvoir temporel de la papauté, furent absorbés par l'unification des États italiens en 1870[80].
139
+
140
+ À la même époque, le christianisme connaît un nouveau foisonnement sur le continent américain, avec le Second grand éveil qui conduit à l'apparition de nouveaux groupes comme les mormons, les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, les pentecôtistes ainsi que le mouvement du Social Gospel et l'Armée du Salut[81],[82].
141
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142
+ En 1917, l'Église orthodoxe de Russie put se réorganiser lors de la révolution russe[83], mais connut des persécutions dès la Révolution d'Octobre[84], qui l'amenèrent à plusieurs schismes.
143
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144
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. Le nombre de chrétiens dans cette région a été multiplié par plus de 60, passant de 8 millions en 1910 à 516 millions en 2010. De même, alors que la population chrétienne en Afrique subsaharienne ne s'élevait qu'à 9 % en 1910, elle est aujourd'hui majoritaire avec 63 %[86].
145
+
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+ En 1900, les Africains ne formaient que 2 % (10 millions) de la population chrétienne mondiale. Ils sont aujourd'hui 20 % (500 millions). Cet essor est dû en partie au prosélytisme des protestants évangéliques, mais aussi à l'émergence de nouvelles Églises d'institution africaine. Les plus importantes - le Kimbanguisme au République démocratique du Congo, l'Église harriste en Côte d'Ivoire ou le mouvement Aladura issu du Nigéria - ont été fondées dans l'entre-deux-guerres et ont joué un rôle lors de la décolonisation, mais il en existe de nombreuses autres [87] dont la plupart sont totalement inconnues en Occident[88].
147
+
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+ Le développement de ces Églises pourrait conduire à revoir les classifications traditionnelles et à établir de nouvelles typologies[89].
149
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+ Le christianisme est la première religion du monde en nombre de fidèles devant l'islam qui compte 1,703 milliards de fidèles. Selon une estimation pour mi-2015, le christianisme compterait environ 2,4 milliards de fidèles[90],[91].
151
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+ Les chrétiens se répartissent dans de multiples confessions, dans des Églises autocéphales dès l'origine, ou issues des nombreux schismes qui ont agité l'histoire du christianisme.
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+ On classe les Églises chrétiennes en trois grands groupes : la catholique, les orthodoxes et les protestantes :
155
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156
+ Le christianisme a une croissance légèrement supérieure à celle de la population mondiale, ce qui fait que le christianisme est la religion d'une part toujours plus importante de la population mondiale avec, à la mi-2015, 33,2 % de chrétiens.
157
+
158
+ Ce que les médias ont appelé l'indifférence religieuse, étudiée par différentes personnalités de l'Église catholique[93] concerne surtout les confessions historiques majoritaires, tandis que les religions nouvelles et minoritaires semblent progresser.
159
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160
+ Sur les cinq pays comptant le plus grand nombre de chrétiens au monde, trois sont situés dans les Amériques : les États-Unis, le Brésil et le Mexique (les deux autres étant la Russie et les Philippines[94].)
161
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+ Le 13 mars 2013, a lieu à Rome l'élection du pape François : il s'agit du premier pape issu du continent américain et du premier pape non européen depuis le VIIIe siècle. Le dernier pape non européen remontait a l'an 741 ; il s'agissait du Syrien Grégoire III[95].
163
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164
+ En Asie, le christianisme était jusque-là peu présent, excepté au Moyen-Orient et en Inde. Aujourd'hui, le Timor oriental et les Philippines représentent les seuls pays d'Asie à majorité chrétienne, avec respectivement 99,1 % et 81,4 % de fidèles (en troisième place le Liban avec plus de 45 % de chrétiens). Toutefois, bien que minoritaires sur le continent, les chrétiens sont de plus en plus nombreux en Asie[96], ou, comme le souligne Régis Anouil, « le christianisme est associé aux valeurs de modernité, de démocratie et de liberté, alors que le bouddhisme, l'hindouisme et le confucianisme apparaissent moins en prise avec la réalité »[97].
165
+
166
+ La proportion de chrétiens en Asie est passée de 4,5 % en 1910 à 13,1 % en 2010[98]. La Corée du Sud abrite près de 20 % de fidèles du christianisme, tandis que la Chine et l'Inde sont tous deux parmi les 10 pays comptant le plus de chrétiens. Le cas de la Chine est particulièrement représentatif de la croissance du christianisme en Asie : non seulement il s'agit déjà du troisième pays avec le plus grand nombre de chrétiens (67 millions) mais en plus, la Chine pourrait devenir le pays le plus chrétien de la planète[99], comme en témoigne une étude de Fenggang Yang, un chercheur américain. En effet, en 2050 la population chrétienne en Chine devrait dépasser les 247 millions, soit plus que n'importe quel autre pays du monde[100].
167
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168
+ En outre, un nombre croissant d'écrivains dissidents, d'intellectuels critiques, de journalistes et d'avocats chinois revendiquent le christianisme, dans lequel ils voient un symbole dans leur lutte pour la démocratie[101].
169
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170
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. qui sont désormais aussi nombreux que les musulmans[102]. : environ 400 à 500 millions de fidèles pour les deux confessions (sur une population d'environ 1 milliard d'habitants[103].) D'après les chiffres livrés lors d’une conférence organisée à l’université d’El Jadida au Maroc, les chrétiens seraient même récemment devenus plus nombreux que les musulmans : 46,53 % des Africains se rattachent au christianisme contre 40,64 % à l’islam[104].
171
+
172
+ Les Africains constituent 20 % (500 millions) de la population chrétienne mondiale.
173
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174
+ L'Église orthodoxe réunit les Églises des sept conciles, liées les unes aux autres par la confession d'une foi commune et une reconnaissance réciproque ; elles adoptent un classement selon un rang honorifique traditionnel.
175
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176
+ Au début du XXIe siècle on dénombre 283,1 millions d'orthodoxes, soit environ 12 % des chrétiens[105]. Numériquement les pays qui comptent le plus d'orthodoxes sont la Russie et l'Éthiopie[n 4], mais dans des pays plus petits comme la Moldavie,la Roumanie, la Grèce ou la Géorgie, ils représentent plus de 87 % de la population[106].
177
+
178
+ L'Église catholique revendique depuis le premier concile de Constantinople une primauté pontificale qui ne soit pas seulement d'honneur mais aussi de juridiction. Après la séparation des Églises d'Orient et d'Occident, l'Église de Rome, appelée « Église catholique », eut encore 14 conciles qui fixèrent des dogmes comme le purgatoire, l’Immaculée Conception ou l'infaillibilité pontificale. Ces conciles accentuèrent la rupture avec les Églises des sept conciles et provoquèrent de nouveaux schismes. Ainsi, l'Église vieille-catholique est née du rejet du dogme de l'infaillibilité papale[107]. L'écart entre « catholiques » et « orthodoxes » tend cependant à se réduire depuis le concile Vatican II.
179
+
180
+ Plus de la moitié des chrétiens sont catholiques, soit 1,272 milliard[92]. Parmi eux, 48 % sont américains (Brésil, Mexique et États-Unis) et 24 % européens[108].
181
+
182
+ La Réforme protestante instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle a donné naissance à de nombreuses Églises protestantes luthériennes ou réformées ainsi qu'à de nombreuses églises chrétienne évangéliques (baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique évangélique et christianisme non-dénominationnel) ou libérales.
183
+
184
+ En 2011, l'ensemble de ces Églises regroupent environ 37 % des chrétiens, soit 800 millions de protestants[109].
185
+
186
+ Le principal symbole chrétien est la croix [110]. Celle-ci représente la Crucifixion et est utilisée depuis Constantin comme symbole des chrétiens.
187
+
188
+ Dans les années 1970, l’usage de l'ichthus s’est répendu aux États-Unis avec le Jesus Movement auprès des chrétiens, et spécialement chez les chrétiens évangéliques[111].
189
+
190
+ Ce symbole est utilisé principalement sur les pendentifs, les épingles ou sur les voitures, en signe d'appartenance à la foi chrétienne[112],[113].
191
+
192
+ La croix, principal symbole du christianisme.
193
+
194
+ Croix orthodoxe.
195
+
196
+ Ichthus.
197
+
198
+ Ichthus contemporain.
199
+
200
+ Le chant chrétien, accompagné d'instruments de musique et basé sur le livre des Psaumes est un des premiers styles de musique chrétienne[114]. Puis le chant grégorien s'est installé dans les églises [115]. Aux États-Unis, le XIXe siècle voit apparaître le negro spiritual et le gospel au XXe siècle[116]. En 1964, la Gospel Music Association est fondée à Nashville [117].
201
+
202
+ La musique chrétienne contemporaine regroupe divers styles de musique qui se sont développés aussi bien à l’extérieur de ces communautés qu'à l’intérieur de celles-ci. Les artistes chrétiens pratiquent aujourd'hui tous les styles de musique : de la pop chrétienne, du rock chrétien au hip-hop chrétien en passant par le punk chrétien ou encore metal chrétien [118]. Dans les années 1980 et 1990, la musique chrétienne contemporaine a pris une place considérable dans les cultes chrétiens évangéliques[119],[120]. Une grande variété de styles musicaux a développé la louange traditionnelle [121].
203
+
204
+ Les églises catholiques, orthodoxes et certaines églises protestantes (luthériennes et anglicanes) utilisent la peinture pour des représentations divine ou humaine dans les lieux de culte [122],[123].
205
+
206
+ En raison de leur compréhension du deuxième des dix commandements, la majorité des églises protestantes et toutes les églises chrétiennes évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[124].
207
+
208
+ La Trinité est un concept chrétien remontant à Tertullien, qui présente le Dieu unique sous forme d'une trinité de trois « personnes » (Tertullien[125]) divines, ou de trois « hypostases » (Origène[125]), fondamentalement distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ce qui peut faire écho[126] à une formule trinitaire de l'évangile selon Matthieu. Celle-ci renvoie au baptême de Jésus-Christ[127] : « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[B 3]. Cette notion donne lieu à de multiples approches et vigoureux débats dès le IIIe siècle. Le terme de « personne » a prêté à de nombreuses interprétations et, par exemple, Augustin d'Hippone précise que ce terme, humain, ne définit qu'imparfaitement la Trinité.
209
+
210
+ Une majorité d'évêques chrétiens – au terme des grands conciles du IVe siècle – s'accordent sur une profession de foi connue sous le nom de Credo de Nicée-Constantinople (325-381) qui devient un dogme. Nombre des chrétiens définissent leur foi par ce Credo, socle de foi commun affirmant l'unicité de Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus, « la résurrection des morts, et la vie du monde à venir »[n 5]. Mais différents courants refusent cette approche, considérant que le Fils n'est pas pleinement divin : parmi les courants qualifiés d'« ariens », on trouve des homoiousiens, des homéiens, des anoméens... en plus d'une première difficulté entre l'Occident chrétien, plutôt monarchianiste et l'Orient, tenant de trois hypostases plus ou moins égales[128]. Des chrétiens refusent ainsi les conciles postérieurs, formant les Églises des deux conciles, des trois conciles ou des sept conciles.
211
+
212
+ Aux alentours du VIe siècle, apparait en Espagne, en réaction à l'arianisme wisigoth, une notion qui entend s'ajouter au Credo de Nicée et s'étend dans certaines portions de la chrétienté occidentale, celle du Filioque : le Saint-Esprit dépend désormais à la fois du fils et du Père et non plus seulement de ce dernier[129].
213
+
214
+ Pendant plusieurs siècles, l'Église occidentale refuse le Filioque pour ne pas altérer la profession auxquels l'essentiel de la chrétienté avait souscrit et que les conciles œcuméniques avaient expressément interdit de changer, sauf par la tenue d'un autre concile[129]. Mais au XIe siècle[129], elle finit par l'adopter et, par là, se coupe de ses racines orientales en insistant sur l'incarnation du Christ et de l'Église dans l'histoire, au détriment du Saint-Esprit dans l'économie du Salut[130]. Si le Saint-Esprit découle aussi du Christ, et pas seulement de Dieu, une âme ne peut être sauvée que si la personne est chrétienne, ce qui change le rapport aux autres croyances et aux incroyants[réf. à confirmer][131].
215
+
216
+ Cette controverse contribue, parmi d'autres différends séculaires, au schisme de 1054 entre catholiques et orthodoxes. Quelques siècles plus tard, d'autres controverses ont conduit, dans le monde orthodoxe, au bogomilisme, et dans le monde catholique au catharisme et au protestantisme.
217
+
218
+ De plus, certains chrétiens tels que les unitaristes, certains groupes adventistes, les Témoins de Jéhovah et l'Église de Dieu (Septième Jour) n'admettent pas le dogme de la Trinité. Ces derniers sont appelés « antitrinitaires ».
219
+
220
+ La doctrine chrétienne du péché originel est en grande partie issue de la pensée d'Augustin d'Hippone. S’il affirme, dans le traité De libero arbitrio, l’existence du libre arbitre contre les manichéens qui attribuaient au divin la responsabilité du mal, il tend, contre les pélagiens, à en minimiser le rôle dans l'œuvre du salut, arguant que l’homme a, par le péché originel, perdu l’usage de cette faculté[132]. Seule la grâce, gratuitement octroyée par Dieu, peut alors accomplir l'œuvre du salut.
221
+
222
+ Augustin aborde également la doctrine de la prédestination, selon laquelle Dieu aurait déterminé de toute éternité qui serait sauvé.
223
+
224
+ Pour l'Église catholique la théologie du salut était centrée sur le principe « Hors de l'Église point de salut », c'est-à-dire que ce sont ses sacrements qui permettent aux fidèles de participer à la vie de Dieu et par là d'accéder au salut.
225
+
226
+ Le débat autour de cette question, au centre des préoccupations de Luther fut relancé lors les débats théologiques de la Réforme[132]. Luther estime que « seule la foi » apporte le salut, et donc que les bonnes œuvres ne peuvent pas y contribuer.
227
+
228
+ Les cinq points du calvinisme posent le principe de l'élection inconditionnelle selon laquelle avant que Dieu ait créé le monde, il a choisi de sauver certains pour ses propres raisons et en dehors de toute condition liée à ces personnes.
229
+
230
+ En 1965, par la déclaration Dignitatis Humanae du concile Vatican II, l'Église catholique déclare que « Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique ».
231
+
232
+ Un rapprochement entre l'Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale sur ces questions a amené en 1999 à une déclaration commune sur la justification par la foi qui professe « Nous confessons ensemble que la personne humaine est, pour son salut, entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu ».
233
+
234
+ C'est généralement à la Conférence Internationale des Missions qui s'est tenue à Édimbourg en 1910[133], présidée par le laïc américain John Mott, que l'on fait remonter le départ de l'œcuménisme moderne[134]. La version unioniste de l'œcuménisme est la volonté de bâtir une Église unique. Ce fut un temps la pensée de l'archevêque luthérien d'Uppsala Nathan Söderblom[135], prix Nobel de la Paix en 1929. Mais ce fut d'abord la nécessité d'une meilleure coopération entre les sociétés bibliques protestantes qui amena, à la fin du XIXe siècle, les premières tentatives de dialogue inter-confessionnel. En 1948, ces dialogues ont donné naissance au Conseil œcuménique des Églises (COE).
235
+
236
+ En 1927[136], plusieurs Églises orthodoxes ont participé au travail œcuménique de la conférence mondiale Foi et Constitution. Elles ont rejoint en 1961 le COE.
237
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238
+ En 1928, le pape Pie XI avait dénoncé avec véhémence dans l’encyclique Mortalium Animos les « panchrétiens qui cherchent à fédérer les Églises ». Pour lui, l’unité des chrétiens ne pouvait être assurée que par le « retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ ». Dans la même ligne, l’Instruction sur le mouvement œcuménique, promulguée par le Saint-Office le 20 décembre 1949, avait affirmé que « l’Église catholique possède la plénitude du Christ » et n’a pas à se perfectionner par des apports venant d'autres confessions[137]. Par conséquent, l’Église catholique avait refusé de participer aux premières assemblées du Conseil œcuménique des Églises à Amsterdam (1948) et Evanston (1954) et n’entretenait aucune relation officielle avec les autres Églises chrétiennes[138].
239
+
240
+ Avec le concile Vatican II, en 1962, l'Église catholique a infléchi sa position sur le dialogue œcuménique. La réconciliation et la levée des anathèmes entre catholiques et orthodoxes intervinrent en 1965, au dernier jour du concile, avec les déclarations du pape Paul VI et du patriarche Athenagoras Ier[139]. Toutefois, après une quinzaine d'années de « détente », les relations entre les deux Églises se sont à nouveau progressivement tendues, surtout après l'an 2000, avec le recadrage de l'Église catholique par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et avec l'interdiction de tout prosélytisme catholique dans leur juridictions par des patriarcats comme ceux d'Athènes, Belgrade ou Moscou.
241
+
242
+ L'Église catholique n'est pas membre du COE pour des raisons doctrinales et parce que, tout en représentant à elle seule plus de fidèles que l'ensemble des autres membres du COE, elle n'aurait droit qu'à une seule voix, comme les autres Églises.
243
+
244
+ Les critiques du christianisme incluent des critiques portées contre les religions en général et d'autres qui lui sont propres, ainsi que des critiques spécifiques portées contre les différentes Églises chrétiennes. Elles portent sur les doctrines, les pratiques ainsi que sur le rôle historique de religion chrétienne.
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246
+ D'un point de vue historique, les reproches émanent parfois des croyants eux mêmes, qui soulignent le contraste entre une doctrine qui prêche officiellement l'amour du prochain, et des institutions qui ont au fil des siècles soutenu l'esclavagisme[140], créé l'Inquisition, lancé les croisades[141] et propagé l'antisémitisme.
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+ Du point de vue théologique, les interprétations chrétiennes de la Bible hébraïque sont inconcevables pour les autres peuples du Livre, qui considèrent comme du polythéisme la Trinité, l'idée d'un Dieu incarné en homme ou le culte de Marie (catholicisme et christianisme orthodoxe)[142].
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+ Les critiques philosophiques de la morale chrétienne portent sur sa culpabilisation de la sexualité et sa glorification de la souffrance et de la soumission[143] ainsi que les scandales liés aux abus sexuels.
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+ Le christianisme est une religion abrahamique, originaire du Proche-Orient, fondée sur l'enseignement, la personne et la vie de Jésus de Nazareth, tels qu'interprétés à partir du Nouveau Testament. Il s'agit d'une religion du salut considérant Jésus-Christ comme le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament. La foi en la résurrection de Jésus est au cœur du christianisme car elle signifie le début d'un espoir d'éternité libéré du mal.
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+ Les premières communautés chrétiennes naissent au Ier siècle en Palestine et dans les grandes villes de la diaspora juive telles que Rome, Éphèse, Antioche et Alexandrie. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle dans l'Empire romain, dont il devient la religion officielle à la fin du IVe siècle, mais aussi en Perse, en Inde et en Éthiopie. Au Moyen Âge, le christianisme devient majoritaire en Europe, tandis qu'il s'amenuise face à l'islam au Proche-Orient. Il est devenu la religion la plus importante de la planète en raison de son expansion en Amérique à partir du XVIe siècle et en Afrique depuis le XXe siècle. Il est actuellement présent dans tous les pays. En 2015, le nombre total de chrétiens dans le monde est évalué à 2,4 milliards, ce qui en fait la religion comptant le plus de fidèles, devant l'islam et l'hindouisme.
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+ Les Églises chrétiennes sont regroupées en différentes branches, dont les principales sont le catholicisme, le christianisme orthodoxe et le protestantisme (avec sa branche évangélique) représentant respectivement 51 %, 11 % et 37 % du total des chrétiens en 2017.
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+ Le nom « christianisme » vient du mot grec Χριστός / Christós, qui traduit l'hébreu Messie, מָשִׁיחַ - mashia'h (« celui qui a reçu l'onction »). Ce mot, originellement appliqué à différents personnages de la Bible (prophètes et rois), désigne, dans le judaïsme tardif, un personnage qui viendra à la fin des temps restaurer la royauté de Dieu en Israël. Le nom de Jésus-Christ a été donné par les chrétiens à Jésus, qu'ils considèrent comme étant le Messie prophétisé dans l'Ancien Testament.
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+ Le mot « chrétien » n'est pas utilisé par les Évangiles pour désigner les disciples de Jésus ; ceux-ci sont habituellement appelés les « Galiléens » ou les « Nazôréens »[1]. Les Actes des Apôtres indiquent que le nom de « chrétien », dérivé de « Christ », signifiant « partisan du Christ », fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth à Antioche[B 1], en Syrie antique (actuelle Turquie), qui était à l'époque une ville de langue grecque.
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+ La référence la plus ancienne connue pour le terme « christianisme » se trouve dans la lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens à la fin du Ier siècle[2].
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+ Le fondement historique du christianisme est la foi en Jésus-Christ, Messie et fils de Dieu, sa crucifixion et résurrection, ce qui est appelé kérygme [3],[4],[5]. La résurrection est pour les premiers chrétiens le « signe indubitable » de la divinité du Christ[6]. La crucifixion et la résurrection montrent « la triomphante victoire sur les pouvoirs du mal »[7]. La résurrection du Christ symbolise l'idée que l'homme peut faire confiance au Bien, s'engager pour le Bien : « Le Seigneur est venu dans le monde (...) afin de détruire la tyrannie du mal et de libérer les hommes. (...) Par la mort, Il a détruit la mort, et réduit à rien celui qui avait le pouvoir de tuer »[8]. La Résurrection signifie aussi que Jésus continue de vivre avec ses disciples qui, par la foi, vivent de sa présence.
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+ Le plus ancien témoignage écrit du kérygme, le noyau de la foi chrétienne, se trouve exprimé dans la lettre aux Corinthiens : « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, il est apparu à Céphas puis aux douze »[9].
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+ Des professions de foi (ou credo) sont venues préciser la foi chrétienne, la principale étant le symbole de Nicée-Constantinople[10]. Ces professions de foi sont divisées en quatre parties. La première confirme la doctrine monothéiste du christianisme en stipulant qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est aussi le Créateur. La seconde partie énonce que Jésus-Christ est le fils unique de Dieu et qu'il a souffert, est mort, a été enseveli et est ressuscité avant de monter au ciel afin de juger les vivants et les morts. L'expression de fils relève de la continuité de la tradition biblique, mais les chrétiens proclament que c'est Dieu qui se révèle de façon unique en son fils Jésus-Christ. La troisième partie des professions de foi dit que l'Esprit saint, puissance agissante de Dieu, anime et sanctifie l'Eglise et, finalement, la quatrième partie énonce que Jésus-Christ a institué une Église sur Terre.
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+ À la Bible hébraïque, qui correspond à ce que les chrétiens nomment l'Ancien Testament, les premiers siècles du christianisme ont adjoint le Nouveau Testament ; réunis, ces deux textes constituent la Bible chrétienne, qui présente quelques variantes selon les confessions, notamment les Livres deutérocanoniques. Le canon du Nouveau Testament est composé de 27 écrits : les quatre évangiles canoniques, les Actes des Apôtres, les épîtres de plusieurs apôtres aux premières communautés chrétiennes et l'Apocalypse[11] ; il exclut de nombreux textes chrétiens apocryphes, parmi lesquels une douzaine d’évangiles. Il rejette , en particulier, celui de Thomas, qualifié de gnostique.
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+ Dès le Ier siècle, le « concile de Jérusalem » dut se prononcer sur la continuité de la nouvelle foi avec la Torah[12]. Les chrétiens précisent que le Nouveau Testament ne vient pas remplacer l'« Ancien » mais l'accomplir.
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25
+ Marcion, vers 140, rejeta la présence de l'Ancien Testament dans le canon chrétien[11]. Le marcionisme distingue le Dieu créateur de l'Ancien Testament du Dieu d'amour des écrits pauliniens. Ces idées furent condamnées par le presbyterium romain présidé par l'évêque Anicet en 144[13]. La doctrine de Marcion resta cependant largement répandue dans tout le bassin méditerranéen pendant environ deux siècles. Elle laissera des traces dans les mentalités jusqu'à nos jours[14].
26
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27
+ Irénée de Lyon affirme à la même époque que la Loi a été abrégée et non abrogée. Il bâtit une théologie de l'Histoire qui donne un sens à celle-ci, déterminé par le plan de Dieu, de la Création à l'Incarnation et dans l'attente du retour du Christ[15].
28
+
29
+ L'inculturation du christianisme dans la culture gréco-romaine est l'œuvre des Pères de l'Église vers la fin du IVe siècle[16]. Nés pour la plupart dans des familles chrétiennes de l'élite locale, ils effectuent un travail de réappropriation de la Bible hébraïque, dont les citations abondent dans leurs ouvrages, associée à la philosophie grecque[16].
30
+
31
+ « Dieu est l'Amour » et rien d'autre ». Pour le théologien jésuite Hans Urs von Balthasar, cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour : en cela consiste l'idée chrétienne »[17]. « En envoyant (...) son Fils unique et l'Esprit d'amour, Dieu révèle son secret le plus intime : il est Lui-même éternellement échange d'amour »[C 1]. « "Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui" (1Jn4,16). Ces paroles de la Première lettre de saint Jean expriment avec une particulière clarté ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme et de son chemin, qui en découle »[C 2].
32
+
33
+ Selon l'injonction augustinienne, Dilige, et quod vis fac, le christianisme reste centré sur l'amour. L'exclamation du dominicain T. Radcliffe est représentative : « Tout ce que j'ai écrit est, en un sens, un commentaire de ce que signifie aimer »[18].
34
+
35
+ Deux textes du Nouveau Testament sont fondamentaux pour la morale chrétienne : le sermon sur la montagne dans l'évangile de Matthieu et l'épître de Paul aux Romains[19] ; ils furent longuement commentés par nombre de théologiens tels qu'Augustin d'Hippone ou Thomas d'Aquin. Le sermon assigne au croyant des objectifs de perfection difficilement réalisables[19]. Le péché, honni mais inévitable, est ainsi une notion centrale dans le christianisme[20].
36
+
37
+ Né dans la société romaine reposant sur l'esclavage, le christianisme proclame que les hommes sont frères dans le Christ mais ne remet pas en cause l'ordre établi et prône l'obéissance des esclaves à leur maître[21].
38
+
39
+ Le christianisme privilégie la charité envers les pauvres et les malades ; dès le IVe siècle l'organisation de la diaconie établit des listes de pauvres et consacre à leur entretien une part des revenus des églises[22]. Le prêt à intérêt est donc interdit aux chrétiens par l'Église catholique comme contraire à cette notion[23].
40
+
41
+ Au XVIe siècle, Calvin remet en cause cet interdit, ce qui le fait parfois qualifier de père du capitalisme, mais s'il légitime le prêt d'investissement, il ne remet pas en cause l'obligation de gratuité du prêt d'assistance au prochain dans le besoin[23]. À la même époque, des institutions catholiques fondent les premiers monts-de-piété.
42
+
43
+ Au XIXe siècle, les révoltes des ouvriers face à leur misère croissante amenèrent Frédéric Ozanam à fonder la société de Saint-Vincent-de-Paul pour l'aide aux pauvres[24],[25], début de l'action du catholicisme social. En 1891, l'encyclique Rerum novarum de Léon XIII établit les grands principes de la doctrine sociale de l'Église catholique.
44
+
45
+ Depuis les années 1960, la théologie de la libération remet en question cette aide traditionnelle aux pauvres ou charité, pour une « option préférentielle pour les pauvres » qui participe à leurs démarches d'émancipation[26].
46
+
47
+ Les catholiques et les orthodoxes se réunissent pour la messe [27].
48
+
49
+ Les protestants et les chrétiens évangéliques se réunissent pour le culte[28].
50
+
51
+ Les lieux de cultes catholiques, orthodoxes et de certaines dénominations protestantes sont appelés église ou cathédrale[29].
52
+
53
+ Les lieux de cultes protestants ou chrétiens évangéliques sont généralement appelés « temple » ou « bâtiment (d'église) »[30],[31],[32],[33].
54
+
55
+ Au sein du christianisme, les sacrements aussi appelés ordonnances sont des rites cultuels. Deux sont pratiqués par presque toutes les confessions chrétiennes : le baptême et l'eucharistie, principalement parce que ce sont les deux gestes qui ont institués par Jésus dans la bible[34]. Cependant, certaines dénominations protestantes ne pratiquent aucun sacrement et les catholiques ainsi que les orthodoxes en pratiquent sept[35].
56
+
57
+ Les églises chrétiennes évangéliques utilisent majoritairement le terme « ordonnances », pour parler du baptême et de la communion[36].
58
+
59
+ Le baptême est un rite présent dans la quasi-totalité des Églises chrétiennes, à quelques exceptions près, comme les quakers. Baptême d'eau issu des rites de purification juifs, il prend pour modèle celui de Jésus par Jean le Baptiste ; il peut être pratiqué par immersion, par effusion ou par aspersion[37]. Il symbolise l'entrée du croyant dans la communauté chrétienne ; dans certaines confessions il est pratiqué sur les jeunes enfants (pédobaptisme)[37]. Dans les églises évangéliques, le baptême du croyant est l'un des principaux signes de distinction d'avec les autres églises protestantes[38]. En effet, pour la majorité des chrétiens évangéliques, le baptême du croyant, par immersion dans l'eau, survient après la nouvelle naissance[39].
60
+ Ce sacrement n'est en principe pas réitéré, mais les conditions de reconnaissance mutuelles du baptême entre confessions sont complexes : les Églises trinitaires ne reconnaissent que les baptêmes « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[40] tandis que les anabaptistes ne considèrent pas le baptême des enfants comme valide[37].
61
+
62
+ L'eucharistie est le repas sacrificiel qui commémore la Cène[40], dernière Pâque de Jésus. Sa célébration est l'acte central du culte dans les différentes Églises[40].
63
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64
+ Les catholiques et les orthodoxes pratiquent sept sacrements comprenant, en plus du baptême et de l'eucharistie, la confirmation (ou la chrismation), l'ordination, la pénitence (ou la réconciliation), l'onction des malades et le mariage[41]. C'est également le cas des orthodoxes orientaux, de plusieurs anglicans et de quelques luthériens.
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66
+ Pâques est la première fête célébrée dans les calendriers liturgiques chrétiens ; elle est attestée dès le IIe siècle. Elle commémore la dernière Cène, la Passion et la Résurrection du Christ[42], événements dont les quatre évangiles situent le déroulement lors des festivités de la Pâque juive à Jérusalem, le 14 Nissan du calendrier juif. Sa date fut fixée en 325 par le concile de Nicée au « dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ».
67
+
68
+ Le calendrier liturgique se constitua progressivement à partir du IVe siècle autour de la date de célébration de Pâques. C'est tout d'abord le triduum pascal, dont les deux jours qui précèdent le dimanche de Pâques deviennent un temps de jeûne, puis la célébration s'étendit à la semaine sainte dès 389[43]. À partir de la fin du IVe siècle, elle fut précédée des 40 jours de jeûne du carême[43]. Le temps pascal fut également étendu jusqu'à la Pentecôte, sept semaines après Pâques.
69
+
70
+ Le cycle des fêtes à dates fixes lié à Noël ne fut instauré qu'au Ve siècle, après que cette fête eut été fixée au 25 décembre pour remplacer la fête impériale de Sol Invictus[43].
71
+
72
+ La réforme du calendrier grégorien au XVIe siècle, adoptée pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien alors en usage, amena un décalage dans le calcul de la date de Pâques entre le calendrier liturgique catholique et le calendrier liturgique orthodoxe, qui perdure de nos jours.
73
+
74
+ Dans le catholicisme, le ministère désigne les membres du clergé, soit le diacre, le prêtre, l'évêque, le cardinal ou le pape [44].
75
+
76
+ Dans les Églises protestantes, et notamment réformées, il désigne les fidèles appelés à exercer un ministère, c'est-à-dire une fonction reconnue au service de l'Église locale ou nationale[45]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes protestantes [46].
77
+
78
+ Dans le christianisme évangélique, les ministères évangéliques sont principalement ceux de pasteur, du diacre, du chantre et de l’évangéliste[47]. D’autres ministères peuvent également être présents, tel que celui d’ancien avec des fonctions similaires à celles du pasteur[48]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques[49]. Dans certaines églises du mouvement de la nouvelle réforme apostolique, il y a la présence de cinq ministères; ceux d'apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, enseignant[50].
79
+
80
+ Le christianisme s'est développé à partir du Ier siècle dans le contexte des communautés juives du Moyen-Orient et en particulier des communautés juives hellénisées.
81
+
82
+ Jésus est la figure fondatrice du christianisme, certains s'interrogent sur son rôle historique de fondateur. D'après les Évangiles, Jésus « n'est pas venu abolir la Loi, mais accomplir ». Sa perspective est donc celle d'un accomplissement de la foi juive, dans une interprétation particulière à Jésus lui-même, et non la création d'une nouvelle religion. Si le salut est apporté à tous, c'est d'abord aux siens, « aux brebis perdues d'Israël »[B 2], qu'il réserve le privilège de son enseignement[51]. Jésus et tout le groupe primitif des apôtres et des femmes, qui le suivaient, étaient juifs ainsi que la plupart de ses interlocuteurs, à quelques exceptions près et désignées comme telles, comme le centurion romain de Capharnaüm ou la femme samaritaine[52]. Il apporte aussi une nouveauté radicale au judaïsme : lui-même, se substituant à la Torah[53].
83
+
84
+ À l'exemple de la diversité régnant dans le judaïsme (sadducéens, pharisiens, esséniens, baptistes...), le paléochristianisme couvre différentes communautés, dont la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour de Jacques, frère de Jésus, appartenant au judaïsme mais reconnaissant le messianisme de Jésus et vivant dans l'attente du Royaume de Dieu[54], et les communautés fondées par Paul ou Pierre dans le sillage des hellénistes, en Asie, en Grèce et à Rome[54], qui permirent l'ouverture aux gentils (notamment après la rupture entre Paul et l'église de Jérusalem en 48/49), et un début de divergence théologique (centralité et prééminence de la Croix sur la Loi, et de la Foi sur les Œuvres).
85
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86
+ Selon une tradition, rapportée par la littérature patristique[C 3], à la suite d'un oracle, l'Église de Jérusalem quitta la Ville Sainte, au moment de la Grande révolte juive de 66, pour s'installer dans la cité païenne de Pella (Tabaqat Fahil en Jordanie) (cf. Fuite des Chrétiens de Jérusalem à Pella). De Pella, ces chrétiens sont retournés plus tard à Jérusalem où ils demeurèrent jusqu’à la révolte de Bar Kokhba (132-135/6)[55].
87
+
88
+ Dans le même temps, le judaïsme évolue vers un judaïsme rabbinique qui prolonge le pharisianisme après la chute du Temple (70)[54].
89
+
90
+ La divergence, avec le judaïsme, s’accéléra au tournant du Ier siècle ; il n'y a pas d'événement marquant clairement cette séparation. Pour d'aucuns, le christianisme naît avec la reformulation de la Birkat haMinim (la 12e bénédiction de l'Amida) ; pour d'autres, il commence dès le tournant du IIe – IIIe siècle avec l'établissement d'un canon pour le Nouveau Testament, pères apologètes, début d'une théologie chrétienne (rencontre entre le mythe chrétien et la philosophie grecque)[56]. Au début du IIe siècle, les épîtres d"Ignace d'Antioche sont précurseurs en Asie Mineure de l'organisation d'un épiscopat monarchique caractérisé par une hiérarchie à trois niveaux (évêque, prêtre, diacre)[57].
91
+
92
+ Dans l'Empire romain, les autorités ne font pas, au début, une différence très nette entre juifs et chrétiens, ces derniers n'étant qu'une secte juive parmi d'autres[58], jusqu'à ce qu'ils commencent à être accusés de troubles à l'ordre public[12].
93
+
94
+ Le christianisme est né dans la partie orientale de l'Empire romain, où se trouvait le plus grand nombre de chrétiens dans les premiers siècles.
95
+
96
+ Cependant, le christianisme se développa à l'extérieur, dans l'Empire parthe (Mésopotamie, Perse) mais aussi en Éthiopie et en Inde, où la diaspora juive était présente. En dehors de l'Empire romain, les chrétiens s'organisèrent en Églises indépendantes. Ce fut notamment le cas du Catholicossat-Patriarcat de toute la Géorgie et de l'Église arménienne[n 1]. Aucune centralité susceptible de régulation n'existait alors[59], et le débat christologique était la règle[60].
97
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98
+ Avec la conversion de l'empereur Constantin et l'édit de Milan en 313, les persécutions contre les chrétiens s'arrêtèrent. Vers la fin du IVe siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire, remplaçant le culte romain antique et inversant la persécution. Cette date marque symboliquement le début de la chrétienté, période de l'histoire de l'Europe où le christianisme imprègne toute la société, y compris les lois et les comportements sociaux.
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100
+ Les causes de la conversion de l'empire au christianisme, peu étudiées au-delà d'approches de type mystique ou sectaire, sont vraisemblablement à aller chercher du côté de la menace que représentait le judaïsme pour la cohésion de l'empire (se rapporter sur ce point au code Théodosien qui punit spécifiquement les citoyens romains qui auraient souhaité se convertir au judaïsme). Ainsi, l'adoption du christianisme aurait répondu à un impératif de rassemblement des sujets de l'empire à un moment où la puissance de ce dernier vacillait. Elle aurait notamment permis aux dirigeants romains de proposer à leurs sujets une alternative au judaïsme qui soit plus crédible que le vieux paganisme finissant difficilement réformable.
101
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+ En 330, l'empereur Constantin Ier transféra la capitale de l'empire de Rome à Constantinople (rebaptisée Nea Roma, « Nouvelle Rome »), qui devint un important foyer intellectuel. On aboutit alors à la Pentarchie : les cinq centres historiques de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
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+ Avec la Paix de l'Église commença la période des Pères de l'Église[61], qui s'accompagna d'une réinterprétation de la philosophie, notamment celle de Platon, dans le sens de la nouvelle religion, et de l'utilisation de nombreux motifs mythiques du monde ancien pour l'inculturation du christianisme dans le respect de la tradition apostolique. De multiples débats théologiques suscitèrent des controverses passionnées sur la nature du Christ[62]. Au fil des siècles et des conciles, le monde chrétien connu ensuite plusieurs controverses christologiques, ainsi que des crises et bouleversements idéologiques et politiques.
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+ Le christianisme étant devenu l'un des cultes reconnus de l'Empire, le pouvoir politique prit l'initiative de réunir des assemblées d'évêques (conciles) pour régler les différends. Le premier fut le concile de Nicée, qui condamna l'arianisme en 325. Le concile d'Éphèse proclama en 431 que le Christ n'avait qu'une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine. Les thèses nestoriennes affirmant que deux personnes différentes coexistaient en Jésus-Christ (l'une divine et parfaite, l'autre humaine et faillible), furent jugées hérétiques. En 451, le concile de Chalcédoine proclama l'unique personne du Christ, de nature à la fois divine et humaine, et définit la doctrine sur la Trinité chrétienne formalisée par le credo en 325 à Nicée.
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108
+ Les dogmes proclamés au concile de Chalcédoine furent acceptés par la très grande majorité des Églises, tant en Occident qu'en Orient : elles furent donc nommées « chalcédoniennes »[63]. Mais les christologies déclarées hérétiques ne disparurent pas pour autant. Plusieurs empereurs après Constantin revinrent à l'arianisme, auquel se convertirent Goths et Vandales lors de leur rattachement à l'Empire romain.
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110
+ En Occident, le déclin de l'Empire romain a amené la prépondérance des Wisigoths, Lombards, Burgondes convertis pour partie au christianisme arien, qui s'installèrent dans la Gaule romaine et dans la péninsule ibérique[64]. La donne changea avec l'avènement du roi franc Clovis, qui opta pour le christianisme nicéen[65]. Il noua des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume en chassant les Wisigoths, puis convoqua en 511 le premier concile mérovingien pour commencer à codifier les rapports du roi et de l’Eglise[66].
111
+
112
+ En Orient, certaines Églises d'Orient s'en tinrent au concile d'Éphèse, considérant que le Christ n'a qu'une seule nature, divine. Appelées à l'époque « monophysites », elles sont dites aujourd'hui des « trois conciles » et comptent, entre autres, des coptes en Égypte, des Éthiopiens et un certain nombre d'Arméniens.
113
+
114
+ Au début du VIIe siècle, le christianisme au Proche-Orient et en Afrique du Nord restait donc profondément divisé entre chalcédoniens, monophysites et nestoriens[63] quand ces régions furent conquises par l'empire Perse à partir de 611 (l'Égypte en 618)[67]. Les Églises monophysites sont alors privilégiées par rapport aux chalcédoniens, vus comme alliés de l'Empire Byzantin. Après la reconquête byzantine (de 622 à 630), les divergences s'étant exacerbées, le monoénergisme est proposé comme tentative de conciliation des doctrines ; et bientôt imposé aux monophysites par de nouvelles persécutions[68].
115
+
116
+ C'est alors qu’apparaît une nouvelle religion monothéiste, l'islam, dans les tribus arabes du Hidjaz[69], qui bientôt entament une guerre de conquête en direction de la Syrie, la Palestine et l'Égypte[70]. Entre 631 et 643, trois des centres du christianisme oriental (Alexandrie, Antioche et Jérusalem) tombent aux mains des musulmans[70]. Les Byzantins pratiquent une politique de la terre brûlée et laissent derrière eux une très mauvaise image[71]. La vie chrétienne continue dans les régions conquises, avec le statut de dhimmis (« protégés »), mais seules Constantinople et Rome gardent leur liberté politique.
117
+
118
+ La dynastie carolingienne renforça sa légimité en se faisant sacrer par le pape dès 754 ; la création des États pontificaux, conquis sur les Lombards, scella cette alliance avec la papauté[72].
119
+
120
+ Au IXe siècle, en sacrant Charlemagne comme empereur romain, les évêques de Rome rompent politiquement avec les empereurs de Constantinople et recherchent la protection des empereurs ou des rois Francs. Charlemagne poursuivit la conquête et la christianisation de l'Europe ; les Saxons furent convertis de force et l'empereur, par de nombreux cartulaires, réglait la discipline religieuse.
121
+
122
+ Au IXe siècle l'évangélisation des peuples slaves se fit par la conversion de leurs souverains : le khan Boris de Bulgarie pour les slaves occidentaux opta pour un rattachement à Rome, Vladimir de Kiev pour les slaves orientaux (serbes, bulgares et Rus' de Kiev) à Constantinople[73]. En 1054, après la querelle du Filioque, Rome et Constantinople se traitent réciproquement de « schismatiques et anathèmes ». La première croisade aboutit à l'installation de patriarcats latins à Jérusalem et Antioche. Sur le plan politique, la rupture a été définitivement consommée en 1204 lorsque les Croisés latins ravagèrent Constantinople et déposèrent le patriarche. L'affaiblissement de l'Empire romain d'orient par les Croisés a permis, deux siècles plus tard, la prise de Constantinople par les Turcs ottomans.
123
+
124
+ En 1455, le pape Nicolas V concède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique et encourage Henri le Navigateur à soumettre en esclavage les « sarrasins et autres infidèles », comptant sur les progrès des conquêtes pour obtenir des conversions[74]. Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, le pape Alexandre VI est amené à arbitrer le partage du nouveau monde entre les puissances espagnoles et portugaises[n 3], et leur attribue l'activité de mission qui a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Le catholicisme s'implante aux Amériques avec les conquêtes espagnoles, au Mexique avec la conquête de Cortés et au Pérou à la suite de celle de Pizarre[73]. Les missions vers l'Asie remportent peu de succès, sauf aux Philippines et à Goa[75].
125
+
126
+ Les bulles pontificales Sublimus Dei (29 mai 1537) et Veritas ipsa du pape Paul III (2 juin 1537) condamnent l'esclavage des Amérindiens[76] ainsi que « toute mise en doute de la pleine humanité de ceux-ci », mais n'évoque pas les Noirs. Après la Controverse de Valladolid en 1550 la traite négrière se généralise.
127
+
128
+ À la même époque, le protestantisme tire son origine dans la Réforme instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle et proposant une réinterprétation de la foi chrétienne fondée sur un retour à la Bible. Les protestants refusent l'idée d'une hiérarchie ecclésiale instituée par Dieu : pour eux le clergé est une émanation du peuple chrétien. Ils refusent donc toute autorité au pape. Dans un premier temps, l'anglicanisme ne refuse que la juridiction pontificale. Puis très vite, sous l'influence de la Réforme, il refuse aussi la primauté en matière de foi et de mœurs.
129
+
130
+ La Contre-Réforme catholique précise ses dogmes lors du concile de Trente et impose en 1582 le passage du calendrier julien au calendrier grégorien. Elle s'engage dans la lutte contre les hérésies, d'une part par l'éducation – l'ordre des Jésuites est créé à cet effet –, d'autre part par la répression de l'Inquisition.
131
+
132
+ À l'issue des guerres de religion qui opposèrent catholiques et protestants en Europe, les royaumes méditerranéens restèrent catholiques. La paix d'Augsbourg, qui promulguait le principe « un prince, une religion », permit de facto une certaine tolérance dans le Saint-Empire romain germanique[77]. Les Pays-Bas connurent une division politique et religieuse : au sud, les Pays-Bas espagnols catholiques, au nord les Pays-Bas indépendants, dirigés par des protestants[77].
133
+
134
+ Dès le XVIIe siècle, les colonies anglaises d'Amérique offrirent un asile à ceux qui fuyaient l'intolérance religieuse en Europe. Alors que le Nord-Est restait puritain et les États du Sud anglicans, dans les États du centre l'arrivée des immigrants anabaptistes et piétistes allemands, des frères moraves tchèques, des presbytériens écossais et nord-irlandais, des huguenots français, des méthodistes et baptistes anglais notamment provoquèrent le foisonnement religieux du grand réveil. Des prédicateurs itinérants parcoururent alors le territoire.
135
+
136
+ En Europe, à partir du XIXe siècle, l'Église catholique perdit son statut privilégié dans plusieurs États. La Révolution française avait supprimé la dîme et confisqué les biens du clergé, qui subit des persécutions jusqu'à la signature du Concordat en 1801[78]. Après les guerres napoléoniennes, l'Europe était profondément changée, et, malgré ses efforts, l’Église catholique ne retrouva jamais la position qu’elle occupait pendant l’Ancien Régime.
137
+
138
+ À la fin du XIXe siècle, l'Église catholique confrontée au rationalisme réagit par la publication du syllabus de Pie IX pour dénoncer les erreurs « modernes »[79] ; le concile Vatican I proclama l'infaillibilité papale avant d'être interrompu par la guerre de 1870[80]. Les États pontificaux, dernier vestige du pouvoir temporel de la papauté, furent absorbés par l'unification des États italiens en 1870[80].
139
+
140
+ À la même époque, le christianisme connaît un nouveau foisonnement sur le continent américain, avec le Second grand éveil qui conduit à l'apparition de nouveaux groupes comme les mormons, les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, les pentecôtistes ainsi que le mouvement du Social Gospel et l'Armée du Salut[81],[82].
141
+
142
+ En 1917, l'Église orthodoxe de Russie put se réorganiser lors de la révolution russe[83], mais connut des persécutions dès la Révolution d'Octobre[84], qui l'amenèrent à plusieurs schismes.
143
+
144
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. Le nombre de chrétiens dans cette région a été multiplié par plus de 60, passant de 8 millions en 1910 à 516 millions en 2010. De même, alors que la population chrétienne en Afrique subsaharienne ne s'élevait qu'à 9 % en 1910, elle est aujourd'hui majoritaire avec 63 %[86].
145
+
146
+ En 1900, les Africains ne formaient que 2 % (10 millions) de la population chrétienne mondiale. Ils sont aujourd'hui 20 % (500 millions). Cet essor est dû en partie au prosélytisme des protestants évangéliques, mais aussi à l'émergence de nouvelles Églises d'institution africaine. Les plus importantes - le Kimbanguisme au République démocratique du Congo, l'Église harriste en Côte d'Ivoire ou le mouvement Aladura issu du Nigéria - ont été fondées dans l'entre-deux-guerres et ont joué un rôle lors de la décolonisation, mais il en existe de nombreuses autres [87] dont la plupart sont totalement inconnues en Occident[88].
147
+
148
+ Le développement de ces Églises pourrait conduire à revoir les classifications traditionnelles et à établir de nouvelles typologies[89].
149
+
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+ Le christianisme est la première religion du monde en nombre de fidèles devant l'islam qui compte 1,703 milliards de fidèles. Selon une estimation pour mi-2015, le christianisme compterait environ 2,4 milliards de fidèles[90],[91].
151
+
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+ Les chrétiens se répartissent dans de multiples confessions, dans des Églises autocéphales dès l'origine, ou issues des nombreux schismes qui ont agité l'histoire du christianisme.
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+ On classe les Églises chrétiennes en trois grands groupes : la catholique, les orthodoxes et les protestantes :
155
+
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+ Le christianisme a une croissance légèrement supérieure à celle de la population mondiale, ce qui fait que le christianisme est la religion d'une part toujours plus importante de la population mondiale avec, à la mi-2015, 33,2 % de chrétiens.
157
+
158
+ Ce que les médias ont appelé l'indifférence religieuse, étudiée par différentes personnalités de l'Église catholique[93] concerne surtout les confessions historiques majoritaires, tandis que les religions nouvelles et minoritaires semblent progresser.
159
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+ Sur les cinq pays comptant le plus grand nombre de chrétiens au monde, trois sont situés dans les Amériques : les États-Unis, le Brésil et le Mexique (les deux autres étant la Russie et les Philippines[94].)
161
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+ Le 13 mars 2013, a lieu à Rome l'élection du pape François : il s'agit du premier pape issu du continent américain et du premier pape non européen depuis le VIIIe siècle. Le dernier pape non européen remontait a l'an 741 ; il s'agissait du Syrien Grégoire III[95].
163
+
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+ En Asie, le christianisme était jusque-là peu présent, excepté au Moyen-Orient et en Inde. Aujourd'hui, le Timor oriental et les Philippines représentent les seuls pays d'Asie à majorité chrétienne, avec respectivement 99,1 % et 81,4 % de fidèles (en troisième place le Liban avec plus de 45 % de chrétiens). Toutefois, bien que minoritaires sur le continent, les chrétiens sont de plus en plus nombreux en Asie[96], ou, comme le souligne Régis Anouil, « le christianisme est associé aux valeurs de modernité, de démocratie et de liberté, alors que le bouddhisme, l'hindouisme et le confucianisme apparaissent moins en prise avec la réalité »[97].
165
+
166
+ La proportion de chrétiens en Asie est passée de 4,5 % en 1910 à 13,1 % en 2010[98]. La Corée du Sud abrite près de 20 % de fidèles du christianisme, tandis que la Chine et l'Inde sont tous deux parmi les 10 pays comptant le plus de chrétiens. Le cas de la Chine est particulièrement représentatif de la croissance du christianisme en Asie : non seulement il s'agit déjà du troisième pays avec le plus grand nombre de chrétiens (67 millions) mais en plus, la Chine pourrait devenir le pays le plus chrétien de la planète[99], comme en témoigne une étude de Fenggang Yang, un chercheur américain. En effet, en 2050 la population chrétienne en Chine devrait dépasser les 247 millions, soit plus que n'importe quel autre pays du monde[100].
167
+
168
+ En outre, un nombre croissant d'écrivains dissidents, d'intellectuels critiques, de journalistes et d'avocats chinois revendiquent le christianisme, dans lequel ils voient un symbole dans leur lutte pour la démocratie[101].
169
+
170
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. qui sont désormais aussi nombreux que les musulmans[102]. : environ 400 à 500 millions de fidèles pour les deux confessions (sur une population d'environ 1 milliard d'habitants[103].) D'après les chiffres livrés lors d’une conférence organisée à l’université d’El Jadida au Maroc, les chrétiens seraient même récemment devenus plus nombreux que les musulmans : 46,53 % des Africains se rattachent au christianisme contre 40,64 % à l’islam[104].
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+
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+ Les Africains constituent 20 % (500 millions) de la population chrétienne mondiale.
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+
174
+ L'Église orthodoxe réunit les Églises des sept conciles, liées les unes aux autres par la confession d'une foi commune et une reconnaissance réciproque ; elles adoptent un classement selon un rang honorifique traditionnel.
175
+
176
+ Au début du XXIe siècle on dénombre 283,1 millions d'orthodoxes, soit environ 12 % des chrétiens[105]. Numériquement les pays qui comptent le plus d'orthodoxes sont la Russie et l'Éthiopie[n 4], mais dans des pays plus petits comme la Moldavie,la Roumanie, la Grèce ou la Géorgie, ils représentent plus de 87 % de la population[106].
177
+
178
+ L'Église catholique revendique depuis le premier concile de Constantinople une primauté pontificale qui ne soit pas seulement d'honneur mais aussi de juridiction. Après la séparation des Églises d'Orient et d'Occident, l'Église de Rome, appelée « Église catholique », eut encore 14 conciles qui fixèrent des dogmes comme le purgatoire, l’Immaculée Conception ou l'infaillibilité pontificale. Ces conciles accentuèrent la rupture avec les Églises des sept conciles et provoquèrent de nouveaux schismes. Ainsi, l'Église vieille-catholique est née du rejet du dogme de l'infaillibilité papale[107]. L'écart entre « catholiques » et « orthodoxes » tend cependant à se réduire depuis le concile Vatican II.
179
+
180
+ Plus de la moitié des chrétiens sont catholiques, soit 1,272 milliard[92]. Parmi eux, 48 % sont américains (Brésil, Mexique et États-Unis) et 24 % européens[108].
181
+
182
+ La Réforme protestante instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle a donné naissance à de nombreuses Églises protestantes luthériennes ou réformées ainsi qu'à de nombreuses églises chrétienne évangéliques (baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique évangélique et christianisme non-dénominationnel) ou libérales.
183
+
184
+ En 2011, l'ensemble de ces Églises regroupent environ 37 % des chrétiens, soit 800 millions de protestants[109].
185
+
186
+ Le principal symbole chrétien est la croix [110]. Celle-ci représente la Crucifixion et est utilisée depuis Constantin comme symbole des chrétiens.
187
+
188
+ Dans les années 1970, l’usage de l'ichthus s’est répendu aux États-Unis avec le Jesus Movement auprès des chrétiens, et spécialement chez les chrétiens évangéliques[111].
189
+
190
+ Ce symbole est utilisé principalement sur les pendentifs, les épingles ou sur les voitures, en signe d'appartenance à la foi chrétienne[112],[113].
191
+
192
+ La croix, principal symbole du christianisme.
193
+
194
+ Croix orthodoxe.
195
+
196
+ Ichthus.
197
+
198
+ Ichthus contemporain.
199
+
200
+ Le chant chrétien, accompagné d'instruments de musique et basé sur le livre des Psaumes est un des premiers styles de musique chrétienne[114]. Puis le chant grégorien s'est installé dans les églises [115]. Aux États-Unis, le XIXe siècle voit apparaître le negro spiritual et le gospel au XXe siècle[116]. En 1964, la Gospel Music Association est fondée à Nashville [117].
201
+
202
+ La musique chrétienne contemporaine regroupe divers styles de musique qui se sont développés aussi bien à l’extérieur de ces communautés qu'à l’intérieur de celles-ci. Les artistes chrétiens pratiquent aujourd'hui tous les styles de musique : de la pop chrétienne, du rock chrétien au hip-hop chrétien en passant par le punk chrétien ou encore metal chrétien [118]. Dans les années 1980 et 1990, la musique chrétienne contemporaine a pris une place considérable dans les cultes chrétiens évangéliques[119],[120]. Une grande variété de styles musicaux a développé la louange traditionnelle [121].
203
+
204
+ Les églises catholiques, orthodoxes et certaines églises protestantes (luthériennes et anglicanes) utilisent la peinture pour des représentations divine ou humaine dans les lieux de culte [122],[123].
205
+
206
+ En raison de leur compréhension du deuxième des dix commandements, la majorité des églises protestantes et toutes les églises chrétiennes évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[124].
207
+
208
+ La Trinité est un concept chrétien remontant à Tertullien, qui présente le Dieu unique sous forme d'une trinité de trois « personnes » (Tertullien[125]) divines, ou de trois « hypostases » (Origène[125]), fondamentalement distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ce qui peut faire écho[126] à une formule trinitaire de l'évangile selon Matthieu. Celle-ci renvoie au baptême de Jésus-Christ[127] : « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[B 3]. Cette notion donne lieu à de multiples approches et vigoureux débats dès le IIIe siècle. Le terme de « personne » a prêté à de nombreuses interprétations et, par exemple, Augustin d'Hippone précise que ce terme, humain, ne définit qu'imparfaitement la Trinité.
209
+
210
+ Une majorité d'évêques chrétiens – au terme des grands conciles du IVe siècle – s'accordent sur une profession de foi connue sous le nom de Credo de Nicée-Constantinople (325-381) qui devient un dogme. Nombre des chrétiens définissent leur foi par ce Credo, socle de foi commun affirmant l'unicité de Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus, « la résurrection des morts, et la vie du monde à venir »[n 5]. Mais différents courants refusent cette approche, considérant que le Fils n'est pas pleinement divin : parmi les courants qualifiés d'« ariens », on trouve des homoiousiens, des homéiens, des anoméens... en plus d'une première difficulté entre l'Occident chrétien, plutôt monarchianiste et l'Orient, tenant de trois hypostases plus ou moins égales[128]. Des chrétiens refusent ainsi les conciles postérieurs, formant les Églises des deux conciles, des trois conciles ou des sept conciles.
211
+
212
+ Aux alentours du VIe siècle, apparait en Espagne, en réaction à l'arianisme wisigoth, une notion qui entend s'ajouter au Credo de Nicée et s'étend dans certaines portions de la chrétienté occidentale, celle du Filioque : le Saint-Esprit dépend désormais à la fois du fils et du Père et non plus seulement de ce dernier[129].
213
+
214
+ Pendant plusieurs siècles, l'Église occidentale refuse le Filioque pour ne pas altérer la profession auxquels l'essentiel de la chrétienté avait souscrit et que les conciles œcuméniques avaient expressément interdit de changer, sauf par la tenue d'un autre concile[129]. Mais au XIe siècle[129], elle finit par l'adopter et, par là, se coupe de ses racines orientales en insistant sur l'incarnation du Christ et de l'Église dans l'histoire, au détriment du Saint-Esprit dans l'économie du Salut[130]. Si le Saint-Esprit découle aussi du Christ, et pas seulement de Dieu, une âme ne peut être sauvée que si la personne est chrétienne, ce qui change le rapport aux autres croyances et aux incroyants[réf. à confirmer][131].
215
+
216
+ Cette controverse contribue, parmi d'autres différends séculaires, au schisme de 1054 entre catholiques et orthodoxes. Quelques siècles plus tard, d'autres controverses ont conduit, dans le monde orthodoxe, au bogomilisme, et dans le monde catholique au catharisme et au protestantisme.
217
+
218
+ De plus, certains chrétiens tels que les unitaristes, certains groupes adventistes, les Témoins de Jéhovah et l'Église de Dieu (Septième Jour) n'admettent pas le dogme de la Trinité. Ces derniers sont appelés « antitrinitaires ».
219
+
220
+ La doctrine chrétienne du péché originel est en grande partie issue de la pensée d'Augustin d'Hippone. S’il affirme, dans le traité De libero arbitrio, l’existence du libre arbitre contre les manichéens qui attribuaient au divin la responsabilité du mal, il tend, contre les pélagiens, à en minimiser le rôle dans l'œuvre du salut, arguant que l’homme a, par le péché originel, perdu l’usage de cette faculté[132]. Seule la grâce, gratuitement octroyée par Dieu, peut alors accomplir l'œuvre du salut.
221
+
222
+ Augustin aborde également la doctrine de la prédestination, selon laquelle Dieu aurait déterminé de toute éternité qui serait sauvé.
223
+
224
+ Pour l'Église catholique la théologie du salut était centrée sur le principe « Hors de l'Église point de salut », c'est-à-dire que ce sont ses sacrements qui permettent aux fidèles de participer à la vie de Dieu et par là d'accéder au salut.
225
+
226
+ Le débat autour de cette question, au centre des préoccupations de Luther fut relancé lors les débats théologiques de la Réforme[132]. Luther estime que « seule la foi » apporte le salut, et donc que les bonnes œuvres ne peuvent pas y contribuer.
227
+
228
+ Les cinq points du calvinisme posent le principe de l'élection inconditionnelle selon laquelle avant que Dieu ait créé le monde, il a choisi de sauver certains pour ses propres raisons et en dehors de toute condition liée à ces personnes.
229
+
230
+ En 1965, par la déclaration Dignitatis Humanae du concile Vatican II, l'Église catholique déclare que « Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique ».
231
+
232
+ Un rapprochement entre l'Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale sur ces questions a amené en 1999 à une déclaration commune sur la justification par la foi qui professe « Nous confessons ensemble que la personne humaine est, pour son salut, entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu ».
233
+
234
+ C'est généralement à la Conférence Internationale des Missions qui s'est tenue à Édimbourg en 1910[133], présidée par le laïc américain John Mott, que l'on fait remonter le départ de l'œcuménisme moderne[134]. La version unioniste de l'œcuménisme est la volonté de bâtir une Église unique. Ce fut un temps la pensée de l'archevêque luthérien d'Uppsala Nathan Söderblom[135], prix Nobel de la Paix en 1929. Mais ce fut d'abord la nécessité d'une meilleure coopération entre les sociétés bibliques protestantes qui amena, à la fin du XIXe siècle, les premières tentatives de dialogue inter-confessionnel. En 1948, ces dialogues ont donné naissance au Conseil œcuménique des Églises (COE).
235
+
236
+ En 1927[136], plusieurs Églises orthodoxes ont participé au travail œcuménique de la conférence mondiale Foi et Constitution. Elles ont rejoint en 1961 le COE.
237
+
238
+ En 1928, le pape Pie XI avait dénoncé avec véhémence dans l’encyclique Mortalium Animos les « panchrétiens qui cherchent à fédérer les Églises ». Pour lui, l’unité des chrétiens ne pouvait être assurée que par le « retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ ». Dans la même ligne, l’Instruction sur le mouvement œcuménique, promulguée par le Saint-Office le 20 décembre 1949, avait affirmé que « l’Église catholique possède la plénitude du Christ » et n’a pas à se perfectionner par des apports venant d'autres confessions[137]. Par conséquent, l’Église catholique avait refusé de participer aux premières assemblées du Conseil œcuménique des Églises à Amsterdam (1948) et Evanston (1954) et n’entretenait aucune relation officielle avec les autres Églises chrétiennes[138].
239
+
240
+ Avec le concile Vatican II, en 1962, l'Église catholique a infléchi sa position sur le dialogue œcuménique. La réconciliation et la levée des anathèmes entre catholiques et orthodoxes intervinrent en 1965, au dernier jour du concile, avec les déclarations du pape Paul VI et du patriarche Athenagoras Ier[139]. Toutefois, après une quinzaine d'années de « détente », les relations entre les deux Églises se sont à nouveau progressivement tendues, surtout après l'an 2000, avec le recadrage de l'Église catholique par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et avec l'interdiction de tout prosélytisme catholique dans leur juridictions par des patriarcats comme ceux d'Athènes, Belgrade ou Moscou.
241
+
242
+ L'Église catholique n'est pas membre du COE pour des raisons doctrinales et parce que, tout en représentant à elle seule plus de fidèles que l'ensemble des autres membres du COE, elle n'aurait droit qu'à une seule voix, comme les autres Églises.
243
+
244
+ Les critiques du christianisme incluent des critiques portées contre les religions en général et d'autres qui lui sont propres, ainsi que des critiques spécifiques portées contre les différentes Églises chrétiennes. Elles portent sur les doctrines, les pratiques ainsi que sur le rôle historique de religion chrétienne.
245
+
246
+ D'un point de vue historique, les reproches émanent parfois des croyants eux mêmes, qui soulignent le contraste entre une doctrine qui prêche officiellement l'amour du prochain, et des institutions qui ont au fil des siècles soutenu l'esclavagisme[140], créé l'Inquisition, lancé les croisades[141] et propagé l'antisémitisme.
247
+
248
+ Du point de vue théologique, les interprétations chrétiennes de la Bible hébraïque sont inconcevables pour les autres peuples du Livre, qui considèrent comme du polythéisme la Trinité, l'idée d'un Dieu incarné en homme ou le culte de Marie (catholicisme et christianisme orthodoxe)[142].
249
+
250
+ Les critiques philosophiques de la morale chrétienne portent sur sa culpabilisation de la sexualité et sa glorification de la souffrance et de la soumission[143] ainsi que les scandales liés aux abus sexuels.
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3
+ Le christianisme est une religion abrahamique, originaire du Proche-Orient, fondée sur l'enseignement, la personne et la vie de Jésus de Nazareth, tels qu'interprétés à partir du Nouveau Testament. Il s'agit d'une religion du salut considérant Jésus-Christ comme le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament. La foi en la résurrection de Jésus est au cœur du christianisme car elle signifie le début d'un espoir d'éternité libéré du mal.
4
+
5
+ Les premières communautés chrétiennes naissent au Ier siècle en Palestine et dans les grandes villes de la diaspora juive telles que Rome, Éphèse, Antioche et Alexandrie. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle dans l'Empire romain, dont il devient la religion officielle à la fin du IVe siècle, mais aussi en Perse, en Inde et en Éthiopie. Au Moyen Âge, le christianisme devient majoritaire en Europe, tandis qu'il s'amenuise face à l'islam au Proche-Orient. Il est devenu la religion la plus importante de la planète en raison de son expansion en Amérique à partir du XVIe siècle et en Afrique depuis le XXe siècle. Il est actuellement présent dans tous les pays. En 2015, le nombre total de chrétiens dans le monde est évalué à 2,4 milliards, ce qui en fait la religion comptant le plus de fidèles, devant l'islam et l'hindouisme.
6
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7
+ Les Églises chrétiennes sont regroupées en différentes branches, dont les principales sont le catholicisme, le christianisme orthodoxe et le protestantisme (avec sa branche évangélique) représentant respectivement 51 %, 11 % et 37 % du total des chrétiens en 2017.
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+ Le nom « christianisme » vient du mot grec Χριστός / Christós, qui traduit l'hébreu Messie, מָשִׁיחַ - mashia'h (« celui qui a reçu l'onction »). Ce mot, originellement appliqué à différents personnages de la Bible (prophètes et rois), désigne, dans le judaïsme tardif, un personnage qui viendra à la fin des temps restaurer la royauté de Dieu en Israël. Le nom de Jésus-Christ a été donné par les chrétiens à Jésus, qu'ils considèrent comme étant le Messie prophétisé dans l'Ancien Testament.
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+ Le mot « chrétien » n'est pas utilisé par les Évangiles pour désigner les disciples de Jésus ; ceux-ci sont habituellement appelés les « Galiléens » ou les « Nazôréens »[1]. Les Actes des Apôtres indiquent que le nom de « chrétien », dérivé de « Christ », signifiant « partisan du Christ », fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth à Antioche[B 1], en Syrie antique (actuelle Turquie), qui était à l'époque une ville de langue grecque.
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+ La référence la plus ancienne connue pour le terme « christianisme » se trouve dans la lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens à la fin du Ier siècle[2].
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+ Le fondement historique du christianisme est la foi en Jésus-Christ, Messie et fils de Dieu, sa crucifixion et résurrection, ce qui est appelé kérygme [3],[4],[5]. La résurrection est pour les premiers chrétiens le « signe indubitable » de la divinité du Christ[6]. La crucifixion et la résurrection montrent « la triomphante victoire sur les pouvoirs du mal »[7]. La résurrection du Christ symbolise l'idée que l'homme peut faire confiance au Bien, s'engager pour le Bien : « Le Seigneur est venu dans le monde (...) afin de détruire la tyrannie du mal et de libérer les hommes. (...) Par la mort, Il a détruit la mort, et réduit à rien celui qui avait le pouvoir de tuer »[8]. La Résurrection signifie aussi que Jésus continue de vivre avec ses disciples qui, par la foi, vivent de sa présence.
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+ Le plus ancien témoignage écrit du kérygme, le noyau de la foi chrétienne, se trouve exprimé dans la lettre aux Corinthiens : « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, il est apparu à Céphas puis aux douze »[9].
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+ Des professions de foi (ou credo) sont venues préciser la foi chrétienne, la principale étant le symbole de Nicée-Constantinople[10]. Ces professions de foi sont divisées en quatre parties. La première confirme la doctrine monothéiste du christianisme en stipulant qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est aussi le Créateur. La seconde partie énonce que Jésus-Christ est le fils unique de Dieu et qu'il a souffert, est mort, a été enseveli et est ressuscité avant de monter au ciel afin de juger les vivants et les morts. L'expression de fils relève de la continuité de la tradition biblique, mais les chrétiens proclament que c'est Dieu qui se révèle de façon unique en son fils Jésus-Christ. La troisième partie des professions de foi dit que l'Esprit saint, puissance agissante de Dieu, anime et sanctifie l'Eglise et, finalement, la quatrième partie énonce que Jésus-Christ a institué une Église sur Terre.
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+ À la Bible hébraïque, qui correspond à ce que les chrétiens nomment l'Ancien Testament, les premiers siècles du christianisme ont adjoint le Nouveau Testament ; réunis, ces deux textes constituent la Bible chrétienne, qui présente quelques variantes selon les confessions, notamment les Livres deutérocanoniques. Le canon du Nouveau Testament est composé de 27 écrits : les quatre évangiles canoniques, les Actes des Apôtres, les épîtres de plusieurs apôtres aux premières communautés chrétiennes et l'Apocalypse[11] ; il exclut de nombreux textes chrétiens apocryphes, parmi lesquels une douzaine d’évangiles. Il rejette , en particulier, celui de Thomas, qualifié de gnostique.
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+ Dès le Ier siècle, le « concile de Jérusalem » dut se prononcer sur la continuité de la nouvelle foi avec la Torah[12]. Les chrétiens précisent que le Nouveau Testament ne vient pas remplacer l'« Ancien » mais l'accomplir.
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+ Marcion, vers 140, rejeta la présence de l'Ancien Testament dans le canon chrétien[11]. Le marcionisme distingue le Dieu créateur de l'Ancien Testament du Dieu d'amour des écrits pauliniens. Ces idées furent condamnées par le presbyterium romain présidé par l'évêque Anicet en 144[13]. La doctrine de Marcion resta cependant largement répandue dans tout le bassin méditerranéen pendant environ deux siècles. Elle laissera des traces dans les mentalités jusqu'à nos jours[14].
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+ Irénée de Lyon affirme à la même époque que la Loi a été abrégée et non abrogée. Il bâtit une théologie de l'Histoire qui donne un sens à celle-ci, déterminé par le plan de Dieu, de la Création à l'Incarnation et dans l'attente du retour du Christ[15].
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29
+ L'inculturation du christianisme dans la culture gréco-romaine est l'œuvre des Pères de l'Église vers la fin du IVe siècle[16]. Nés pour la plupart dans des familles chrétiennes de l'élite locale, ils effectuent un travail de réappropriation de la Bible hébraïque, dont les citations abondent dans leurs ouvrages, associée à la philosophie grecque[16].
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+ « Dieu est l'Amour » et rien d'autre ». Pour le théologien jésuite Hans Urs von Balthasar, cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour : en cela consiste l'idée chrétienne »[17]. « En envoyant (...) son Fils unique et l'Esprit d'amour, Dieu révèle son secret le plus intime : il est Lui-même éternellement échange d'amour »[C 1]. « "Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui" (1Jn4,16). Ces paroles de la Première lettre de saint Jean expriment avec une particulière clarté ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme et de son chemin, qui en découle »[C 2].
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+ Selon l'injonction augustinienne, Dilige, et quod vis fac, le christianisme reste centré sur l'amour. L'exclamation du dominicain T. Radcliffe est représentative : « Tout ce que j'ai écrit est, en un sens, un commentaire de ce que signifie aimer »[18].
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35
+ Deux textes du Nouveau Testament sont fondamentaux pour la morale chrétienne : le sermon sur la montagne dans l'évangile de Matthieu et l'épître de Paul aux Romains[19] ; ils furent longuement commentés par nombre de théologiens tels qu'Augustin d'Hippone ou Thomas d'Aquin. Le sermon assigne au croyant des objectifs de perfection difficilement réalisables[19]. Le péché, honni mais inévitable, est ainsi une notion centrale dans le christianisme[20].
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37
+ Né dans la société romaine reposant sur l'esclavage, le christianisme proclame que les hommes sont frères dans le Christ mais ne remet pas en cause l'ordre établi et prône l'obéissance des esclaves à leur maître[21].
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+ Le christianisme privilégie la charité envers les pauvres et les malades ; dès le IVe siècle l'organisation de la diaconie établit des listes de pauvres et consacre à leur entretien une part des revenus des églises[22]. Le prêt à intérêt est donc interdit aux chrétiens par l'Église catholique comme contraire à cette notion[23].
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41
+ Au XVIe siècle, Calvin remet en cause cet interdit, ce qui le fait parfois qualifier de père du capitalisme, mais s'il légitime le prêt d'investissement, il ne remet pas en cause l'obligation de gratuité du prêt d'assistance au prochain dans le besoin[23]. À la même époque, des institutions catholiques fondent les premiers monts-de-piété.
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+ Au XIXe siècle, les révoltes des ouvriers face à leur misère croissante amenèrent Frédéric Ozanam à fonder la société de Saint-Vincent-de-Paul pour l'aide aux pauvres[24],[25], début de l'action du catholicisme social. En 1891, l'encyclique Rerum novarum de Léon XIII établit les grands principes de la doctrine sociale de l'Église catholique.
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+ Depuis les années 1960, la théologie de la libération remet en question cette aide traditionnelle aux pauvres ou charité, pour une « option préférentielle pour les pauvres » qui participe à leurs démarches d'émancipation[26].
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+ Les catholiques et les orthodoxes se réunissent pour la messe [27].
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+ Les protestants et les chrétiens évangéliques se réunissent pour le culte[28].
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51
+ Les lieux de cultes catholiques, orthodoxes et de certaines dénominations protestantes sont appelés église ou cathédrale[29].
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53
+ Les lieux de cultes protestants ou chrétiens évangéliques sont généralement appelés « temple » ou « bâtiment (d'église) »[30],[31],[32],[33].
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+ Au sein du christianisme, les sacrements aussi appelés ordonnances sont des rites cultuels. Deux sont pratiqués par presque toutes les confessions chrétiennes : le baptême et l'eucharistie, principalement parce que ce sont les deux gestes qui ont institués par Jésus dans la bible[34]. Cependant, certaines dénominations protestantes ne pratiquent aucun sacrement et les catholiques ainsi que les orthodoxes en pratiquent sept[35].
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+ Les églises chrétiennes évangéliques utilisent majoritairement le terme « ordonnances », pour parler du baptême et de la communion[36].
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+ Le baptême est un rite présent dans la quasi-totalité des Églises chrétiennes, à quelques exceptions près, comme les quakers. Baptême d'eau issu des rites de purification juifs, il prend pour modèle celui de Jésus par Jean le Baptiste ; il peut être pratiqué par immersion, par effusion ou par aspersion[37]. Il symbolise l'entrée du croyant dans la communauté chrétienne ; dans certaines confessions il est pratiqué sur les jeunes enfants (pédobaptisme)[37]. Dans les églises évangéliques, le baptême du croyant est l'un des principaux signes de distinction d'avec les autres églises protestantes[38]. En effet, pour la majorité des chrétiens évangéliques, le baptême du croyant, par immersion dans l'eau, survient après la nouvelle naissance[39].
60
+ Ce sacrement n'est en principe pas réitéré, mais les conditions de reconnaissance mutuelles du baptême entre confessions sont complexes : les Églises trinitaires ne reconnaissent que les baptêmes « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[40] tandis que les anabaptistes ne considèrent pas le baptême des enfants comme valide[37].
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62
+ L'eucharistie est le repas sacrificiel qui commémore la Cène[40], dernière Pâque de Jésus. Sa célébration est l'acte central du culte dans les différentes Églises[40].
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+ Les catholiques et les orthodoxes pratiquent sept sacrements comprenant, en plus du baptême et de l'eucharistie, la confirmation (ou la chrismation), l'ordination, la pénitence (ou la réconciliation), l'onction des malades et le mariage[41]. C'est également le cas des orthodoxes orientaux, de plusieurs anglicans et de quelques luthériens.
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+ Pâques est la première fête célébrée dans les calendriers liturgiques chrétiens ; elle est attestée dès le IIe siècle. Elle commémore la dernière Cène, la Passion et la Résurrection du Christ[42], événements dont les quatre évangiles situent le déroulement lors des festivités de la Pâque juive à Jérusalem, le 14 Nissan du calendrier juif. Sa date fut fixée en 325 par le concile de Nicée au « dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ».
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68
+ Le calendrier liturgique se constitua progressivement à partir du IVe siècle autour de la date de célébration de Pâques. C'est tout d'abord le triduum pascal, dont les deux jours qui précèdent le dimanche de Pâques deviennent un temps de jeûne, puis la célébration s'étendit à la semaine sainte dès 389[43]. À partir de la fin du IVe siècle, elle fut précédée des 40 jours de jeûne du carême[43]. Le temps pascal fut également étendu jusqu'à la Pentecôte, sept semaines après Pâques.
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70
+ Le cycle des fêtes à dates fixes lié à Noël ne fut instauré qu'au Ve siècle, après que cette fête eut été fixée au 25 décembre pour remplacer la fête impériale de Sol Invictus[43].
71
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72
+ La réforme du calendrier grégorien au XVIe siècle, adoptée pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien alors en usage, amena un décalage dans le calcul de la date de Pâques entre le calendrier liturgique catholique et le calendrier liturgique orthodoxe, qui perdure de nos jours.
73
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74
+ Dans le catholicisme, le ministère désigne les membres du clergé, soit le diacre, le prêtre, l'évêque, le cardinal ou le pape [44].
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+ Dans les Églises protestantes, et notamment réformées, il désigne les fidèles appelés à exercer un ministère, c'est-à-dire une fonction reconnue au service de l'Église locale ou nationale[45]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes protestantes [46].
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+ Dans le christianisme évangélique, les ministères évangéliques sont principalement ceux de pasteur, du diacre, du chantre et de l’évangéliste[47]. D’autres ministères peuvent également être présents, tel que celui d’ancien avec des fonctions similaires à celles du pasteur[48]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques[49]. Dans certaines églises du mouvement de la nouvelle réforme apostolique, il y a la présence de cinq ministères; ceux d'apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, enseignant[50].
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+ Le christianisme s'est développé à partir du Ier siècle dans le contexte des communautés juives du Moyen-Orient et en particulier des communautés juives hellénisées.
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+ Jésus est la figure fondatrice du christianisme, certains s'interrogent sur son rôle historique de fondateur. D'après les Évangiles, Jésus « n'est pas venu abolir la Loi, mais accomplir ». Sa perspective est donc celle d'un accomplissement de la foi juive, dans une interprétation particulière à Jésus lui-même, et non la création d'une nouvelle religion. Si le salut est apporté à tous, c'est d'abord aux siens, « aux brebis perdues d'Israël »[B 2], qu'il réserve le privilège de son enseignement[51]. Jésus et tout le groupe primitif des apôtres et des femmes, qui le suivaient, étaient juifs ainsi que la plupart de ses interlocuteurs, à quelques exceptions près et désignées comme telles, comme le centurion romain de Capharnaüm ou la femme samaritaine[52]. Il apporte aussi une nouveauté radicale au judaïsme : lui-même, se substituant à la Torah[53].
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+ À l'exemple de la diversité régnant dans le judaïsme (sadducéens, pharisiens, esséniens, baptistes...), le paléochristianisme couvre différentes communautés, dont la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour de Jacques, frère de Jésus, appartenant au judaïsme mais reconnaissant le messianisme de Jésus et vivant dans l'attente du Royaume de Dieu[54], et les communautés fondées par Paul ou Pierre dans le sillage des hellénistes, en Asie, en Grèce et à Rome[54], qui permirent l'ouverture aux gentils (notamment après la rupture entre Paul et l'église de Jérusalem en 48/49), et un début de divergence théologique (centralité et prééminence de la Croix sur la Loi, et de la Foi sur les Œuvres).
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+ Selon une tradition, rapportée par la littérature patristique[C 3], à la suite d'un oracle, l'Église de Jérusalem quitta la Ville Sainte, au moment de la Grande révolte juive de 66, pour s'installer dans la cité païenne de Pella (Tabaqat Fahil en Jordanie) (cf. Fuite des Chrétiens de Jérusalem à Pella). De Pella, ces chrétiens sont retournés plus tard à Jérusalem où ils demeurèrent jusqu’à la révolte de Bar Kokhba (132-135/6)[55].
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+ Dans le même temps, le judaïsme évolue vers un judaïsme rabbinique qui prolonge le pharisianisme après la chute du Temple (70)[54].
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+ La divergence, avec le judaïsme, s’accéléra au tournant du Ier siècle ; il n'y a pas d'événement marquant clairement cette séparation. Pour d'aucuns, le christianisme naît avec la reformulation de la Birkat haMinim (la 12e bénédiction de l'Amida) ; pour d'autres, il commence dès le tournant du IIe – IIIe siècle avec l'établissement d'un canon pour le Nouveau Testament, pères apologètes, début d'une théologie chrétienne (rencontre entre le mythe chrétien et la philosophie grecque)[56]. Au début du IIe siècle, les épîtres d"Ignace d'Antioche sont précurseurs en Asie Mineure de l'organisation d'un épiscopat monarchique caractérisé par une hiérarchie à trois niveaux (évêque, prêtre, diacre)[57].
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+ Dans l'Empire romain, les autorités ne font pas, au début, une différence très nette entre juifs et chrétiens, ces derniers n'étant qu'une secte juive parmi d'autres[58], jusqu'à ce qu'ils commencent à être accusés de troubles à l'ordre public[12].
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+ Le christianisme est né dans la partie orientale de l'Empire romain, où se trouvait le plus grand nombre de chrétiens dans les premiers siècles.
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+ Cependant, le christianisme se développa à l'extérieur, dans l'Empire parthe (Mésopotamie, Perse) mais aussi en Éthiopie et en Inde, où la diaspora juive était présente. En dehors de l'Empire romain, les chrétiens s'organisèrent en Églises indépendantes. Ce fut notamment le cas du Catholicossat-Patriarcat de toute la Géorgie et de l'Église arménienne[n 1]. Aucune centralité susceptible de régulation n'existait alors[59], et le débat christologique était la règle[60].
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+ Avec la conversion de l'empereur Constantin et l'édit de Milan en 313, les persécutions contre les chrétiens s'arrêtèrent. Vers la fin du IVe siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire, remplaçant le culte romain antique et inversant la persécution. Cette date marque symboliquement le début de la chrétienté, période de l'histoire de l'Europe où le christianisme imprègne toute la société, y compris les lois et les comportements sociaux.
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+ Les causes de la conversion de l'empire au christianisme, peu étudiées au-delà d'approches de type mystique ou sectaire, sont vraisemblablement à aller chercher du côté de la menace que représentait le judaïsme pour la cohésion de l'empire (se rapporter sur ce point au code Théodosien qui punit spécifiquement les citoyens romains qui auraient souhaité se convertir au judaïsme). Ainsi, l'adoption du christianisme aurait répondu à un impératif de rassemblement des sujets de l'empire à un moment où la puissance de ce dernier vacillait. Elle aurait notamment permis aux dirigeants romains de proposer à leurs sujets une alternative au judaïsme qui soit plus crédible que le vieux paganisme finissant difficilement réformable.
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+ En 330, l'empereur Constantin Ier transféra la capitale de l'empire de Rome à Constantinople (rebaptisée Nea Roma, « Nouvelle Rome »), qui devint un important foyer intellectuel. On aboutit alors à la Pentarchie : les cinq centres historiques de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
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+ Avec la Paix de l'Église commença la période des Pères de l'Église[61], qui s'accompagna d'une réinterprétation de la philosophie, notamment celle de Platon, dans le sens de la nouvelle religion, et de l'utilisation de nombreux motifs mythiques du monde ancien pour l'inculturation du christianisme dans le respect de la tradition apostolique. De multiples débats théologiques suscitèrent des controverses passionnées sur la nature du Christ[62]. Au fil des siècles et des conciles, le monde chrétien connu ensuite plusieurs controverses christologiques, ainsi que des crises et bouleversements idéologiques et politiques.
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+ Le christianisme étant devenu l'un des cultes reconnus de l'Empire, le pouvoir politique prit l'initiative de réunir des assemblées d'évêques (conciles) pour régler les différends. Le premier fut le concile de Nicée, qui condamna l'arianisme en 325. Le concile d'Éphèse proclama en 431 que le Christ n'avait qu'une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine. Les thèses nestoriennes affirmant que deux personnes différentes coexistaient en Jésus-Christ (l'une divine et parfaite, l'autre humaine et faillible), furent jugées hérétiques. En 451, le concile de Chalcédoine proclama l'unique personne du Christ, de nature à la fois divine et humaine, et définit la doctrine sur la Trinité chrétienne formalisée par le credo en 325 à Nicée.
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+ Les dogmes proclamés au concile de Chalcédoine furent acceptés par la très grande majorité des Églises, tant en Occident qu'en Orient : elles furent donc nommées « chalcédoniennes »[63]. Mais les christologies déclarées hérétiques ne disparurent pas pour autant. Plusieurs empereurs après Constantin revinrent à l'arianisme, auquel se convertirent Goths et Vandales lors de leur rattachement à l'Empire romain.
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+ En Occident, le déclin de l'Empire romain a amené la prépondérance des Wisigoths, Lombards, Burgondes convertis pour partie au christianisme arien, qui s'installèrent dans la Gaule romaine et dans la péninsule ibérique[64]. La donne changea avec l'avènement du roi franc Clovis, qui opta pour le christianisme nicéen[65]. Il noua des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume en chassant les Wisigoths, puis convoqua en 511 le premier concile mérovingien pour commencer à codifier les rapports du roi et de l’Eglise[66].
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+ En Orient, certaines Églises d'Orient s'en tinrent au concile d'Éphèse, considérant que le Christ n'a qu'une seule nature, divine. Appelées à l'époque « monophysites », elles sont dites aujourd'hui des « trois conciles » et comptent, entre autres, des coptes en Égypte, des Éthiopiens et un certain nombre d'Arméniens.
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+ Au début du VIIe siècle, le christianisme au Proche-Orient et en Afrique du Nord restait donc profondément divisé entre chalcédoniens, monophysites et nestoriens[63] quand ces régions furent conquises par l'empire Perse à partir de 611 (l'Égypte en 618)[67]. Les Églises monophysites sont alors privilégiées par rapport aux chalcédoniens, vus comme alliés de l'Empire Byzantin. Après la reconquête byzantine (de 622 à 630), les divergences s'étant exacerbées, le monoénergisme est proposé comme tentative de conciliation des doctrines ; et bientôt imposé aux monophysites par de nouvelles persécutions[68].
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+ C'est alors qu’apparaît une nouvelle religion monothéiste, l'islam, dans les tribus arabes du Hidjaz[69], qui bientôt entament une guerre de conquête en direction de la Syrie, la Palestine et l'Égypte[70]. Entre 631 et 643, trois des centres du christianisme oriental (Alexandrie, Antioche et Jérusalem) tombent aux mains des musulmans[70]. Les Byzantins pratiquent une politique de la terre brûlée et laissent derrière eux une très mauvaise image[71]. La vie chrétienne continue dans les régions conquises, avec le statut de dhimmis (« protégés »), mais seules Constantinople et Rome gardent leur liberté politique.
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+ La dynastie carolingienne renforça sa légimité en se faisant sacrer par le pape dès 754 ; la création des États pontificaux, conquis sur les Lombards, scella cette alliance avec la papauté[72].
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+ Au IXe siècle, en sacrant Charlemagne comme empereur romain, les évêques de Rome rompent politiquement avec les empereurs de Constantinople et recherchent la protection des empereurs ou des rois Francs. Charlemagne poursuivit la conquête et la christianisation de l'Europe ; les Saxons furent convertis de force et l'empereur, par de nombreux cartulaires, réglait la discipline religieuse.
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+ Au IXe siècle l'évangélisation des peuples slaves se fit par la conversion de leurs souverains : le khan Boris de Bulgarie pour les slaves occidentaux opta pour un rattachement à Rome, Vladimir de Kiev pour les slaves orientaux (serbes, bulgares et Rus' de Kiev) à Constantinople[73]. En 1054, après la querelle du Filioque, Rome et Constantinople se traitent réciproquement de « schismatiques et anathèmes ». La première croisade aboutit à l'installation de patriarcats latins à Jérusalem et Antioche. Sur le plan politique, la rupture a été définitivement consommée en 1204 lorsque les Croisés latins ravagèrent Constantinople et déposèrent le patriarche. L'affaiblissement de l'Empire romain d'orient par les Croisés a permis, deux siècles plus tard, la prise de Constantinople par les Turcs ottomans.
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+ En 1455, le pape Nicolas V concède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique et encourage Henri le Navigateur à soumettre en esclavage les « sarrasins et autres infidèles », comptant sur les progrès des conquêtes pour obtenir des conversions[74]. Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, le pape Alexandre VI est amené à arbitrer le partage du nouveau monde entre les puissances espagnoles et portugaises[n 3], et leur attribue l'activité de mission qui a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Le catholicisme s'implante aux Amériques avec les conquêtes espagnoles, au Mexique avec la conquête de Cortés et au Pérou à la suite de celle de Pizarre[73]. Les missions vers l'Asie remportent peu de succès, sauf aux Philippines et à Goa[75].
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+ Les bulles pontificales Sublimus Dei (29 mai 1537) et Veritas ipsa du pape Paul III (2 juin 1537) condamnent l'esclavage des Amérindiens[76] ainsi que « toute mise en doute de la pleine humanité de ceux-ci », mais n'évoque pas les Noirs. Après la Controverse de Valladolid en 1550 la traite négrière se généralise.
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+ À la même époque, le protestantisme tire son origine dans la Réforme instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle et proposant une réinterprétation de la foi chrétienne fondée sur un retour à la Bible. Les protestants refusent l'idée d'une hiérarchie ecclésiale instituée par Dieu : pour eux le clergé est une émanation du peuple chrétien. Ils refusent donc toute autorité au pape. Dans un premier temps, l'anglicanisme ne refuse que la juridiction pontificale. Puis très vite, sous l'influence de la Réforme, il refuse aussi la primauté en matière de foi et de mœurs.
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+ La Contre-Réforme catholique précise ses dogmes lors du concile de Trente et impose en 1582 le passage du calendrier julien au calendrier grégorien. Elle s'engage dans la lutte contre les hérésies, d'une part par l'éducation – l'ordre des Jésuites est créé à cet effet –, d'autre part par la répression de l'Inquisition.
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+ À l'issue des guerres de religion qui opposèrent catholiques et protestants en Europe, les royaumes méditerranéens restèrent catholiques. La paix d'Augsbourg, qui promulguait le principe « un prince, une religion », permit de facto une certaine tolérance dans le Saint-Empire romain germanique[77]. Les Pays-Bas connurent une division politique et religieuse : au sud, les Pays-Bas espagnols catholiques, au nord les Pays-Bas indépendants, dirigés par des protestants[77].
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+ Dès le XVIIe siècle, les colonies anglaises d'Amérique offrirent un asile à ceux qui fuyaient l'intolérance religieuse en Europe. Alors que le Nord-Est restait puritain et les États du Sud anglicans, dans les États du centre l'arrivée des immigrants anabaptistes et piétistes allemands, des frères moraves tchèques, des presbytériens écossais et nord-irlandais, des huguenots français, des méthodistes et baptistes anglais notamment provoquèrent le foisonnement religieux du grand réveil. Des prédicateurs itinérants parcoururent alors le territoire.
135
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136
+ En Europe, à partir du XIXe siècle, l'Église catholique perdit son statut privilégié dans plusieurs États. La Révolution française avait supprimé la dîme et confisqué les biens du clergé, qui subit des persécutions jusqu'à la signature du Concordat en 1801[78]. Après les guerres napoléoniennes, l'Europe était profondément changée, et, malgré ses efforts, l’Église catholique ne retrouva jamais la position qu’elle occupait pendant l’Ancien Régime.
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+ À la fin du XIXe siècle, l'Église catholique confrontée au rationalisme réagit par la publication du syllabus de Pie IX pour dénoncer les erreurs « modernes »[79] ; le concile Vatican I proclama l'infaillibilité papale avant d'être interrompu par la guerre de 1870[80]. Les États pontificaux, dernier vestige du pouvoir temporel de la papauté, furent absorbés par l'unification des États italiens en 1870[80].
139
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140
+ À la même époque, le christianisme connaît un nouveau foisonnement sur le continent américain, avec le Second grand éveil qui conduit à l'apparition de nouveaux groupes comme les mormons, les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, les pentecôtistes ainsi que le mouvement du Social Gospel et l'Armée du Salut[81],[82].
141
+
142
+ En 1917, l'Église orthodoxe de Russie put se réorganiser lors de la révolution russe[83], mais connut des persécutions dès la Révolution d'Octobre[84], qui l'amenèrent à plusieurs schismes.
143
+
144
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. Le nombre de chrétiens dans cette région a été multiplié par plus de 60, passant de 8 millions en 1910 à 516 millions en 2010. De même, alors que la population chrétienne en Afrique subsaharienne ne s'élevait qu'à 9 % en 1910, elle est aujourd'hui majoritaire avec 63 %[86].
145
+
146
+ En 1900, les Africains ne formaient que 2 % (10 millions) de la population chrétienne mondiale. Ils sont aujourd'hui 20 % (500 millions). Cet essor est dû en partie au prosélytisme des protestants évangéliques, mais aussi à l'émergence de nouvelles Églises d'institution africaine. Les plus importantes - le Kimbanguisme au République démocratique du Congo, l'Église harriste en Côte d'Ivoire ou le mouvement Aladura issu du Nigéria - ont été fondées dans l'entre-deux-guerres et ont joué un rôle lors de la décolonisation, mais il en existe de nombreuses autres [87] dont la plupart sont totalement inconnues en Occident[88].
147
+
148
+ Le développement de ces Églises pourrait conduire à revoir les classifications traditionnelles et à établir de nouvelles typologies[89].
149
+
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+ Le christianisme est la première religion du monde en nombre de fidèles devant l'islam qui compte 1,703 milliards de fidèles. Selon une estimation pour mi-2015, le christianisme compterait environ 2,4 milliards de fidèles[90],[91].
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+ Les chrétiens se répartissent dans de multiples confessions, dans des Églises autocéphales dès l'origine, ou issues des nombreux schismes qui ont agité l'histoire du christianisme.
153
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+ On classe les Églises chrétiennes en trois grands groupes : la catholique, les orthodoxes et les protestantes :
155
+
156
+ Le christianisme a une croissance légèrement supérieure à celle de la population mondiale, ce qui fait que le christianisme est la religion d'une part toujours plus importante de la population mondiale avec, à la mi-2015, 33,2 % de chrétiens.
157
+
158
+ Ce que les médias ont appelé l'indifférence religieuse, étudiée par différentes personnalités de l'Église catholique[93] concerne surtout les confessions historiques majoritaires, tandis que les religions nouvelles et minoritaires semblent progresser.
159
+
160
+ Sur les cinq pays comptant le plus grand nombre de chrétiens au monde, trois sont situés dans les Amériques : les États-Unis, le Brésil et le Mexique (les deux autres étant la Russie et les Philippines[94].)
161
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+ Le 13 mars 2013, a lieu à Rome l'élection du pape François : il s'agit du premier pape issu du continent américain et du premier pape non européen depuis le VIIIe siècle. Le dernier pape non européen remontait a l'an 741 ; il s'agissait du Syrien Grégoire III[95].
163
+
164
+ En Asie, le christianisme était jusque-là peu présent, excepté au Moyen-Orient et en Inde. Aujourd'hui, le Timor oriental et les Philippines représentent les seuls pays d'Asie à majorité chrétienne, avec respectivement 99,1 % et 81,4 % de fidèles (en troisième place le Liban avec plus de 45 % de chrétiens). Toutefois, bien que minoritaires sur le continent, les chrétiens sont de plus en plus nombreux en Asie[96], ou, comme le souligne Régis Anouil, « le christianisme est associé aux valeurs de modernité, de démocratie et de liberté, alors que le bouddhisme, l'hindouisme et le confucianisme apparaissent moins en prise avec la réalité »[97].
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+
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+ La proportion de chrétiens en Asie est passée de 4,5 % en 1910 à 13,1 % en 2010[98]. La Corée du Sud abrite près de 20 % de fidèles du christianisme, tandis que la Chine et l'Inde sont tous deux parmi les 10 pays comptant le plus de chrétiens. Le cas de la Chine est particulièrement représentatif de la croissance du christianisme en Asie : non seulement il s'agit déjà du troisième pays avec le plus grand nombre de chrétiens (67 millions) mais en plus, la Chine pourrait devenir le pays le plus chrétien de la planète[99], comme en témoigne une étude de Fenggang Yang, un chercheur américain. En effet, en 2050 la population chrétienne en Chine devrait dépasser les 247 millions, soit plus que n'importe quel autre pays du monde[100].
167
+
168
+ En outre, un nombre croissant d'écrivains dissidents, d'intellectuels critiques, de journalistes et d'avocats chinois revendiquent le christianisme, dans lequel ils voient un symbole dans leur lutte pour la démocratie[101].
169
+
170
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. qui sont désormais aussi nombreux que les musulmans[102]. : environ 400 à 500 millions de fidèles pour les deux confessions (sur une population d'environ 1 milliard d'habitants[103].) D'après les chiffres livrés lors d’une conférence organisée à l’université d’El Jadida au Maroc, les chrétiens seraient même récemment devenus plus nombreux que les musulmans : 46,53 % des Africains se rattachent au christianisme contre 40,64 % à l’islam[104].
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+
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+ Les Africains constituent 20 % (500 millions) de la population chrétienne mondiale.
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+ L'Église orthodoxe réunit les Églises des sept conciles, liées les unes aux autres par la confession d'une foi commune et une reconnaissance réciproque ; elles adoptent un classement selon un rang honorifique traditionnel.
175
+
176
+ Au début du XXIe siècle on dénombre 283,1 millions d'orthodoxes, soit environ 12 % des chrétiens[105]. Numériquement les pays qui comptent le plus d'orthodoxes sont la Russie et l'Éthiopie[n 4], mais dans des pays plus petits comme la Moldavie,la Roumanie, la Grèce ou la Géorgie, ils représentent plus de 87 % de la population[106].
177
+
178
+ L'Église catholique revendique depuis le premier concile de Constantinople une primauté pontificale qui ne soit pas seulement d'honneur mais aussi de juridiction. Après la séparation des Églises d'Orient et d'Occident, l'Église de Rome, appelée « Église catholique », eut encore 14 conciles qui fixèrent des dogmes comme le purgatoire, l’Immaculée Conception ou l'infaillibilité pontificale. Ces conciles accentuèrent la rupture avec les Églises des sept conciles et provoquèrent de nouveaux schismes. Ainsi, l'Église vieille-catholique est née du rejet du dogme de l'infaillibilité papale[107]. L'écart entre « catholiques » et « orthodoxes » tend cependant à se réduire depuis le concile Vatican II.
179
+
180
+ Plus de la moitié des chrétiens sont catholiques, soit 1,272 milliard[92]. Parmi eux, 48 % sont américains (Brésil, Mexique et États-Unis) et 24 % européens[108].
181
+
182
+ La Réforme protestante instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle a donné naissance à de nombreuses Églises protestantes luthériennes ou réformées ainsi qu'à de nombreuses églises chrétienne évangéliques (baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique évangélique et christianisme non-dénominationnel) ou libérales.
183
+
184
+ En 2011, l'ensemble de ces Églises regroupent environ 37 % des chrétiens, soit 800 millions de protestants[109].
185
+
186
+ Le principal symbole chrétien est la croix [110]. Celle-ci représente la Crucifixion et est utilisée depuis Constantin comme symbole des chrétiens.
187
+
188
+ Dans les années 1970, l’usage de l'ichthus s’est répendu aux États-Unis avec le Jesus Movement auprès des chrétiens, et spécialement chez les chrétiens évangéliques[111].
189
+
190
+ Ce symbole est utilisé principalement sur les pendentifs, les épingles ou sur les voitures, en signe d'appartenance à la foi chrétienne[112],[113].
191
+
192
+ La croix, principal symbole du christianisme.
193
+
194
+ Croix orthodoxe.
195
+
196
+ Ichthus.
197
+
198
+ Ichthus contemporain.
199
+
200
+ Le chant chrétien, accompagné d'instruments de musique et basé sur le livre des Psaumes est un des premiers styles de musique chrétienne[114]. Puis le chant grégorien s'est installé dans les églises [115]. Aux États-Unis, le XIXe siècle voit apparaître le negro spiritual et le gospel au XXe siècle[116]. En 1964, la Gospel Music Association est fondée à Nashville [117].
201
+
202
+ La musique chrétienne contemporaine regroupe divers styles de musique qui se sont développés aussi bien à l’extérieur de ces communautés qu'à l’intérieur de celles-ci. Les artistes chrétiens pratiquent aujourd'hui tous les styles de musique : de la pop chrétienne, du rock chrétien au hip-hop chrétien en passant par le punk chrétien ou encore metal chrétien [118]. Dans les années 1980 et 1990, la musique chrétienne contemporaine a pris une place considérable dans les cultes chrétiens évangéliques[119],[120]. Une grande variété de styles musicaux a développé la louange traditionnelle [121].
203
+
204
+ Les églises catholiques, orthodoxes et certaines églises protestantes (luthériennes et anglicanes) utilisent la peinture pour des représentations divine ou humaine dans les lieux de culte [122],[123].
205
+
206
+ En raison de leur compréhension du deuxième des dix commandements, la majorité des églises protestantes et toutes les églises chrétiennes évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[124].
207
+
208
+ La Trinité est un concept chrétien remontant à Tertullien, qui présente le Dieu unique sous forme d'une trinité de trois « personnes » (Tertullien[125]) divines, ou de trois « hypostases » (Origène[125]), fondamentalement distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ce qui peut faire écho[126] à une formule trinitaire de l'évangile selon Matthieu. Celle-ci renvoie au baptême de Jésus-Christ[127] : « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[B 3]. Cette notion donne lieu à de multiples approches et vigoureux débats dès le IIIe siècle. Le terme de « personne » a prêté à de nombreuses interprétations et, par exemple, Augustin d'Hippone précise que ce terme, humain, ne définit qu'imparfaitement la Trinité.
209
+
210
+ Une majorité d'évêques chrétiens – au terme des grands conciles du IVe siècle – s'accordent sur une profession de foi connue sous le nom de Credo de Nicée-Constantinople (325-381) qui devient un dogme. Nombre des chrétiens définissent leur foi par ce Credo, socle de foi commun affirmant l'unicité de Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus, « la résurrection des morts, et la vie du monde à venir »[n 5]. Mais différents courants refusent cette approche, considérant que le Fils n'est pas pleinement divin : parmi les courants qualifiés d'« ariens », on trouve des homoiousiens, des homéiens, des anoméens... en plus d'une première difficulté entre l'Occident chrétien, plutôt monarchianiste et l'Orient, tenant de trois hypostases plus ou moins égales[128]. Des chrétiens refusent ainsi les conciles postérieurs, formant les Églises des deux conciles, des trois conciles ou des sept conciles.
211
+
212
+ Aux alentours du VIe siècle, apparait en Espagne, en réaction à l'arianisme wisigoth, une notion qui entend s'ajouter au Credo de Nicée et s'étend dans certaines portions de la chrétienté occidentale, celle du Filioque : le Saint-Esprit dépend désormais à la fois du fils et du Père et non plus seulement de ce dernier[129].
213
+
214
+ Pendant plusieurs siècles, l'Église occidentale refuse le Filioque pour ne pas altérer la profession auxquels l'essentiel de la chrétienté avait souscrit et que les conciles œcuméniques avaient expressément interdit de changer, sauf par la tenue d'un autre concile[129]. Mais au XIe siècle[129], elle finit par l'adopter et, par là, se coupe de ses racines orientales en insistant sur l'incarnation du Christ et de l'Église dans l'histoire, au détriment du Saint-Esprit dans l'économie du Salut[130]. Si le Saint-Esprit découle aussi du Christ, et pas seulement de Dieu, une âme ne peut être sauvée que si la personne est chrétienne, ce qui change le rapport aux autres croyances et aux incroyants[réf. à confirmer][131].
215
+
216
+ Cette controverse contribue, parmi d'autres différends séculaires, au schisme de 1054 entre catholiques et orthodoxes. Quelques siècles plus tard, d'autres controverses ont conduit, dans le monde orthodoxe, au bogomilisme, et dans le monde catholique au catharisme et au protestantisme.
217
+
218
+ De plus, certains chrétiens tels que les unitaristes, certains groupes adventistes, les Témoins de Jéhovah et l'Église de Dieu (Septième Jour) n'admettent pas le dogme de la Trinité. Ces derniers sont appelés « antitrinitaires ».
219
+
220
+ La doctrine chrétienne du péché originel est en grande partie issue de la pensée d'Augustin d'Hippone. S’il affirme, dans le traité De libero arbitrio, l’existence du libre arbitre contre les manichéens qui attribuaient au divin la responsabilité du mal, il tend, contre les pélagiens, à en minimiser le rôle dans l'œuvre du salut, arguant que l’homme a, par le péché originel, perdu l’usage de cette faculté[132]. Seule la grâce, gratuitement octroyée par Dieu, peut alors accomplir l'œuvre du salut.
221
+
222
+ Augustin aborde également la doctrine de la prédestination, selon laquelle Dieu aurait déterminé de toute éternité qui serait sauvé.
223
+
224
+ Pour l'Église catholique la théologie du salut était centrée sur le principe « Hors de l'Église point de salut », c'est-à-dire que ce sont ses sacrements qui permettent aux fidèles de participer à la vie de Dieu et par là d'accéder au salut.
225
+
226
+ Le débat autour de cette question, au centre des préoccupations de Luther fut relancé lors les débats théologiques de la Réforme[132]. Luther estime que « seule la foi » apporte le salut, et donc que les bonnes œuvres ne peuvent pas y contribuer.
227
+
228
+ Les cinq points du calvinisme posent le principe de l'élection inconditionnelle selon laquelle avant que Dieu ait créé le monde, il a choisi de sauver certains pour ses propres raisons et en dehors de toute condition liée à ces personnes.
229
+
230
+ En 1965, par la déclaration Dignitatis Humanae du concile Vatican II, l'Église catholique déclare que « Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique ».
231
+
232
+ Un rapprochement entre l'Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale sur ces questions a amené en 1999 à une déclaration commune sur la justification par la foi qui professe « Nous confessons ensemble que la personne humaine est, pour son salut, entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu ».
233
+
234
+ C'est généralement à la Conférence Internationale des Missions qui s'est tenue à Édimbourg en 1910[133], présidée par le laïc américain John Mott, que l'on fait remonter le départ de l'œcuménisme moderne[134]. La version unioniste de l'œcuménisme est la volonté de bâtir une Église unique. Ce fut un temps la pensée de l'archevêque luthérien d'Uppsala Nathan Söderblom[135], prix Nobel de la Paix en 1929. Mais ce fut d'abord la nécessité d'une meilleure coopération entre les sociétés bibliques protestantes qui amena, à la fin du XIXe siècle, les premières tentatives de dialogue inter-confessionnel. En 1948, ces dialogues ont donné naissance au Conseil œcuménique des Églises (COE).
235
+
236
+ En 1927[136], plusieurs Églises orthodoxes ont participé au travail œcuménique de la conférence mondiale Foi et Constitution. Elles ont rejoint en 1961 le COE.
237
+
238
+ En 1928, le pape Pie XI avait dénoncé avec véhémence dans l’encyclique Mortalium Animos les « panchrétiens qui cherchent à fédérer les Églises ». Pour lui, l’unité des chrétiens ne pouvait être assurée que par le « retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ ». Dans la même ligne, l’Instruction sur le mouvement œcuménique, promulguée par le Saint-Office le 20 décembre 1949, avait affirmé que « l’Église catholique possède la plénitude du Christ » et n’a pas à se perfectionner par des apports venant d'autres confessions[137]. Par conséquent, l’Église catholique avait refusé de participer aux premières assemblées du Conseil œcuménique des Églises à Amsterdam (1948) et Evanston (1954) et n’entretenait aucune relation officielle avec les autres Églises chrétiennes[138].
239
+
240
+ Avec le concile Vatican II, en 1962, l'Église catholique a infléchi sa position sur le dialogue œcuménique. La réconciliation et la levée des anathèmes entre catholiques et orthodoxes intervinrent en 1965, au dernier jour du concile, avec les déclarations du pape Paul VI et du patriarche Athenagoras Ier[139]. Toutefois, après une quinzaine d'années de « détente », les relations entre les deux Églises se sont à nouveau progressivement tendues, surtout après l'an 2000, avec le recadrage de l'Église catholique par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et avec l'interdiction de tout prosélytisme catholique dans leur juridictions par des patriarcats comme ceux d'Athènes, Belgrade ou Moscou.
241
+
242
+ L'Église catholique n'est pas membre du COE pour des raisons doctrinales et parce que, tout en représentant à elle seule plus de fidèles que l'ensemble des autres membres du COE, elle n'aurait droit qu'à une seule voix, comme les autres Églises.
243
+
244
+ Les critiques du christianisme incluent des critiques portées contre les religions en général et d'autres qui lui sont propres, ainsi que des critiques spécifiques portées contre les différentes Églises chrétiennes. Elles portent sur les doctrines, les pratiques ainsi que sur le rôle historique de religion chrétienne.
245
+
246
+ D'un point de vue historique, les reproches émanent parfois des croyants eux mêmes, qui soulignent le contraste entre une doctrine qui prêche officiellement l'amour du prochain, et des institutions qui ont au fil des siècles soutenu l'esclavagisme[140], créé l'Inquisition, lancé les croisades[141] et propagé l'antisémitisme.
247
+
248
+ Du point de vue théologique, les interprétations chrétiennes de la Bible hébraïque sont inconcevables pour les autres peuples du Livre, qui considèrent comme du polythéisme la Trinité, l'idée d'un Dieu incarné en homme ou le culte de Marie (catholicisme et christianisme orthodoxe)[142].
249
+
250
+ Les critiques philosophiques de la morale chrétienne portent sur sa culpabilisation de la sexualité et sa glorification de la souffrance et de la soumission[143] ainsi que les scandales liés aux abus sexuels.
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+ Mise en garde médicale
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
4
+
5
+ L'albinisme est une anomalie génétique et héréditaire qui affecte la pigmentation et se caractérise par un déficit de production de mélanine. Elle fait partie du groupe des photo-génodermatoses, affections génétiques de la peau aggravées par la lumière solaire.
6
+
7
+ Elle touche les mammifères, dont les humains. Mais aussi les oiseaux, les poissons, les amphibiens et les reptiles, qui sont dits albinos. Ce déficit peut aller jusqu'à l'absence totale de pigment mélanique dans l'iris et les téguments (épiderme, poils et cheveux, plumes), malgré la présence normale en nombre de cellules pigmentaires ou mélanocytes.
8
+
9
+ Chez l'être humain, quelle que soit l'origine ethnique du sujet, le teint de la peau est blanc cireux ou légèrement rosé. Les cheveux sont blancs, comme les poils, sourcils et cils.
10
+
11
+ Les personnes atteintes d'albinisme sont particulièrement sensibles à la lumière (photophobie), et aux effets ultraviolets et ont de ce fait un risque plus élevé de brûlures, voire de cancer de la peau quand elles s'exposent au soleil. Les manifestations oculaires et cutanées peuvent être sévères.
12
+
13
+ La production et la distribution de mélanine étant sous le contrôle de nombreux gènes différents, il existe plusieurs formes cliniques d'albinisme.
14
+
15
+ L'albinisme ne doit pas être confondu avec le leucistisme qui touche tous les pigments et pas seulement la mélanine. Les iris sont colorés et la rétine normalement constituée.
16
+
17
+ L'assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 13 juin « journée internationale de sensibilisation à l'albinisme », pour faire connaître et améliorer le sort des personnes atteintes dans le monde, victimes de préjugés, brimades et agressions[1].
18
+
19
+ Dans le Livre d'Hénoch, on trouve cette description de la naissance de Noé :
20
+
21
+ « Quand l'enfant naquit, son corps était plus blanc que neige et plus rouge qu'une rose, toute sa chevelure était blanche comme de blancs flocons, bouclée et splendide. Et quand il ouvrit les yeux, la maison brilla comme le soleil. »
22
+
23
+ Cette naissance a été interprétée au XXe siècle comme un cas d'albinisme[2], et un ophtalmologue hollandais a même proposé de remplacer le terme « albinisme » par Noach syndrom ou « syndrome de Noé » (Noach en hébreu)[3],[4].
24
+
25
+ Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle mentionne l'existence d'un peuple, les leucæthiopes, ou éthiopiens blancs vivant à l'intérieur de l'Afrique (Livre V, chapitre VIII). C'est l'une des sources du mythe d'une nation blanche au sein du continent noir[5], le mythe médiéval du Royaume du prêtre Jean.
26
+
27
+ Au cours de leurs explorations, les Européens distinguent mieux les individus à peau blanche parmi les peuples non blancs. Les appellations sont nombreuses : les Dondos en Afrique, les Bedas à Ceylan. Dans les colonies hollandaises, ils sont appelés Chacrelas, Kacrelas ou Kalerlaques (cancrelat en français) car comme eux, ils fuient la lumière. Les français les appellent « blafards », « nègres blancs » ou « Maures blancs »[5].
28
+
29
+ Aux Amériques, Cortés signale avoir trouvé, dans un palais de Moctezuma, une salle réservée à des enfants et adultes, « blancs de figure, de corps, cheveux, cils et sourcils ». La première description détaillée de l'albinisme est faite par le chirurgien Lionel Wafer au Panama, et publiée dans son Nouveau Voyage autour du monde (1695).
30
+
31
+ En 1660, après avoir vu des Noirs à peau blanche en Éthiopie, le jésuite portugais Balthazar Telles invente, pour son récit de voyage, le terme albinos à partir du terme latin albus (blanc). Le terme sera adopté en français en 1771 dans le Dictionnaire de Trévoux[5].
32
+
33
+ Durant le XVIIIe siècle, l'existence d'albinos parmi les peuples non blancs est un vaste sujet de discussions philosophiques et médicales en Europe. Elles portent sur la couleur de la peau humaine en général et sur l'albinisme en particulier ; elles questionnent aussi l'origine, la diversité et l'unité du genre humain. À tort, la plupart des premiers auteurs qui parlent des albinos les ont rattachés à une nation particulière, voire à une race considérée inférieure.
34
+
35
+ En 1745, Maupertuis dans sa Dissertation physique à l'occasion du nègre blanc, affirme qu'il s'agit d'une affection héréditaire où le père et la mère ont une influence égale sur l'hérédité. Maupertuis est très en avance sur son temps, et restera longtemps isolé. Jean Rostand le verra comme son propre précurseur en génétique[5].
36
+
37
+ En 1765, le chirurgien Le Cat dans son Traité de la couleur de la peau humaine, estime que la couleur de la peau est liée à l'imagination des mères (empreintes par l'image) : les enfants sont d'une couleur parce que les mères voient des enfants de la même couleur. Le blanc étant plus éclatant que le noir, il frappe mieux les mères. Voilà pourquoi, selon lui, les Éthiopiennes donnent plus souvent des enfants blancs que les Européennes des noirs.
38
+
39
+ En 1767, L'abbé Demanet dans sa Nouvelle Histoire de l'Afrique française considère que Noé et ses trois enfants étant blancs, ceux qui ont peuplé l'Afrique sont devenus noirs par le soleil et que les africains pourraient redevenir blancs s'ils restaient en Europe. Le Cat avait rejeté cette thèse par l'existence des albinos, d'autant plus que les Européens demeurant en Afrique gardent leur couleur nationale.
40
+
41
+ Buffon, qui appelait les albinos africains « Nègres-pie », reprend cette hypothèse climatique dans son Histoire Naturelle (suppléments de 1777). Pour lui, les individus albinos sont le résultat d'une transformation accidentelle. Le fait que cette variation se fasse vers le blanc chez les peuples de couleur montre que le blanc pourrait bien être « la couleur primitive de la nature, que le climat, la nourriture et les mœurs altèrent ».
42
+
43
+ Corneille de Pauw, dans ses Recherches philosophiques (1774), explique l'albinisme chez les Noirs par une décoloration du sperme noir des Noirs. Le fait est que le sperme des Noirs est en réalité blanc, ce qui sera rectifié et précisé dans les ouvrages savants de la première moitié du XIXe siècle. Cependant, de Pauw réfute l'idée que l'albinos soit le produit métissé d'une femme et d'un Orang-outan : il n'y a pas d'Orang-outan au Panama, et autres endroits où naissent des albinos.
44
+
45
+ En effet, Linné avait nommé les albinos Homo nocturnus en les regroupant avec les Troglodytes, parce qu'ils voient mieux la nuit. Il les classe entre les hommes et l'Homo sylvestris (« homme des bois » ou Orang-outan).
46
+
47
+ Voltaire considère les albinos comme une espèce nouvelle, une race faible et en petit nombre, au-dessous des nègres et au-dessus des singes[3],[5].
48
+
49
+ Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, il est admis que les albinos ne forment ni un peuple, ni une race, mais une variété accidentelle d'individus. Le commerce des esclaves place les Européens devant une évidence observable : chaque « nègre blanc » nait de deux parents normalement pigmentés[6]. Le fait qu'un albinos naisse de deux parents normaux s'observe aussi dans l'ensemble de la population mondiale.
50
+
51
+ Les médecins vont s'attacher à bien distinguer l'albinisme d'autres dépigmentations congénitales ou acquises ; ainsi qu'à distinguer les formes d'albinismes. À partir des années 1830, l'albinisme est défini comme un « défaut de développement transmissible [de générations en générations ] » par non-sécrétion d'un pigment cutané[5].
52
+
53
+ Les causes de l'albinisme restent obscures, si l'on admet une disposition transmissible, on invoque des facteurs favorisants : émotions, climat, grossesses répétées... En 1832, Isidore Geoffroy Saint Hilaire distingue trois genres d'albinisme : le complet (aujourd'hui oculo-cutané type 1), le partiel (piébaldisme), l'imparfait (oculo-cutané type 2)[5].
54
+
55
+ Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les méthodes statistiques se développent, et l'albinisme européen est pris en compte. Dans les années 1870-1880, on retrouve ainsi une soixantaine de cas dans la région de Palerme (Sicile), une centaine de cas en Norvège, comme en Écosse. En Allemagne, une grande enquête sur la pigmentation des yeux et des cheveux des écoliers est publiée en 1886[6].
56
+
57
+ Les travaux de Mendel ou lois de Mendel ne seront vraiment compris, en ce qui concerne leur interprétation statistique et mathématique, qu'à partir des années 1930 (travaux de Haldane). Le premier tiers du XXe siècle reste donc une période d'incertitude pour la génétique de l'albinisme, et des chercheurs américains espèrent toujours découvrir des groupes d'albinos isolés parmi les amérindiens. Mais ils n'en trouvent nulle part, même au sein d'ethnies où l'albinisme est fréquent ; les albinos et parents d'albinos étant toujours mêlés à la population générale, sans séparation ou ségrégation[6].
58
+
59
+ La presse de l'époque interprète ces travaux comme une recherche d'Amérindiens blancs, pouvant démontrer l'existence d'un peuplement blanc de l'Amérique pré-colombienne. En 1923, Richard Oglesby Marsh (1883-1953), ingénieur et explorateur des îles San Blas, découvre dans la jungle trois jeunes filles blanches à cheveux "dorés", qu'il ramène à Washington où leur albinisme est établi[6]. Marsh publie en 1925, une étude intitulée White Indians of Darien dans le magazine The World's Work (en). Selon Marsh, les albinos du Panama ont des ancêtres norvégiens, les Vikings, qui ont non seulement occupé le Groënland, mais qui auraient aussi atteint l'Amérique[7].
60
+
61
+ Par ailleurs, la thèse de l'existence d'un peuple d'indiens blancs au Panama est réfutée en 1946. Selon P. Froggatt, la légende d'un peuple amérindien blanc serait la résurgence du mythe médiéval européen, d'origine gréco-romaine, d'un peuple blanc indigène situé au-delà des peuples non blancs[6].
62
+
63
+ La pigmentation de la peau en mélanine repose sur deux types de cellules, le mélanocyte, qui synthétise la mélanine et le kératinocyte qui la stocke.
64
+
65
+ Les mélanocytes élaborent la mélanine dans des organites, les mélanosomes, qui sont transférés dans les kératinocytes qui les transportent à la surface de l'épiderme. Chez les personnes à peau noire, les mélanosomes de surface sont isolés mais très denses ; chez les autres, ils s'agrègent mais s'éclaircissent. Dans les deux cas, les kératinocytes et les mélanosomes de surface sont éliminés (exfoliation ou « peaux mortes ») et remplacés par de nouvelles cellules.
66
+
67
+ Les mélanocytes ont pour précurseurs des mélanoblastes, issus d'un même tissu embryonnaire, la crête neurale. Ces mélanoblastes migrent vers leur lieu de destination pour devenir des mélanocytes.
68
+
69
+ Il existe ainsi trois populations de mélanocytes. Les mélanocytes cutanés qui produisent des mélanosomes en permanence, toute la vie ; les mélanocytes de l'œil qui n'en produisent qu'à la fin de la vie fœtale et les premières années de vie ; les mélanocytes pileux qui n'en produisent que par intermittence, lors de la phase de croissance du poil ou du cheveu.
70
+
71
+ Ces processus biologiques sont contrôlés par des gènes dont les variations ou mutations sont susceptibles de produire différents types d'albinisme[8].
72
+
73
+ Plusieurs gènes sont connus pour être responsables de diverses formes d'albinisme lorsqu’ils sont mutés, mais leurs fonctions ne sont pas toujours bien comprises. Il existe plus de soixante gènes qui sont impliqués dans la pigmentation chez la souris, on peut en déduire que l'influence génétique sur la pigmentation mélanique est au moins aussi compliquée chez l'homme[8].
74
+
75
+ Le gène TYR contrôle la production de la tyrosinase, enzyme nécessaire à la synthèse de la mélanine, le gène TYRP influence l'action de la tyrosinase. Le gène P contrôle la production d'une protéine de transport membranaire et sa mutation pourrait gêner l'entrée de la tyrosinase dans les mélanosomes, OA1 encode également une protéine membranaire de mélanosome[9].
76
+
77
+ Les plus connus sont les gènes TYR responsable de la forme 1 de l'albinisme oculocutané (OCA1)[10], forme 2 ou OCA2 (P) responsable de OCA2[11], forme 3 ou TYRP1 responsable de OCA3[12], forme 4 ou SLC45A2 (MATP) responsable de OCA4[13].
78
+
79
+ GPR143 (auparavant OA1) est responsable de l'albinisme oculaire lié à l'X (XLOA)[14]. HPS-1 responsable du syndrome de Hermansky-Pudlak et CHS-1 responsable du syndrome de Chediak Higashi.
80
+
81
+ La transmission se fait selon le mode autosomique récessif, en fonction des lois de Mendel.
82
+
83
+ Ces proportions ne se retrouvent que sur de longues séries, les lois du hasard jouant sur les courtes séries.
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+
85
+ D'autres formes, plus rares, ont une transmission récessive liée à l'X, ou encore autosomique dominante (rarissime).
86
+
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+ L’albinisme est une affection universelle dont l'incidence mondiale, toutes formes confondues, est d'environ 1 cas pour 17 000[15] à 20 000 naissances (0,005 %)[16]. La forme 2 de l’albinisme oculo-cutané est la plus répandue mondialement[9]. On estime qu'une personne sur 70 est porteuse d'un gène d'albinisme oculo-cutané[15].
88
+
89
+ La répartition de l'albinisme est toutefois très inégale. Dans l'ensemble, l'albinisme est relativement fréquent dans certaines régions d'Afrique, rare en Europe, exceptionnel en Asie et chez les Amérindiens, mais cela peut être contredit au niveau local (existence de communautés plus ou moins isolées, ou endogames).
90
+
91
+ En France, 4 500 personnes sont atteintes d’albinisme oculo-cutané, 1 200 personnes d’albinisme oculaire. Cette anomalie touche 80 naissances par an toutes formes confondues, mais 2 % de la population est porteuse d’un gène muté soit environ 1,2 million de porteurs. En Europe, 36 000 personnes sont atteintes d'albinisme oculo-cutané, 10 000 personnes d'albinisme oculaire, et 440 naissances toutes formes confondues[17].
92
+
93
+ La forme 4 est relativement fréquente au Japon[13].
94
+
95
+ La prévalence de l'albinisme est plus importante dans certaines populations, notamment africaines :
96
+
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+ L'albinisme est rare aux Amériques, par rapport aux plusieurs milliers d'ethnies amérindiennes recensées. Cependant quelques ethnies (moins d'une vingtaine) présentent les plus fortes fréquences au monde. En Amérique du Nord, ces ethnies se situent dans le sud-ouest, chez les peuples de culture Pueblo et leurs voisins : Zuñis (Nouveau-Mexique) 1 / 240, Hopi (Arizona) 1 / 227, Jemez (Nouveau-Mexique) 1 / 140. En Amérique Centrale, Tule appelés aussi Kuna (Panama) 1 / 143. En Amérique du Sud, Kaigang (sud du Brésil) 1 / 27[19].
98
+
99
+ Il existe de nombreuses hypothèses pouvant expliquer ces très fortes fréquences. Entre autres l'effet fondateur, l'isolement et l'endogamie. Ces ethnies seraient issues d'un petit groupe fondateur comprenant un ou des albinos. Les descendants seraient restés isolés (en village sur mesa pour les peuples Pueblo, en iles d'archipels pour les Kuna) et endogames (conjoints du même village ou de la même ile). Chez les Hopi d'Arizona, on a émis l'hypothèse d'un facteur culturel : les albinos, souffrant au soleil, ne participaient pas aux travaux agricoles. Ils restent donc au village avec les femmes, pendant que les autres hommes sont aux champs, ce qui leur procurerait un avantage sélectif[19].
100
+
101
+ On distingue l’albinisme oculaire (albinisme partiel, moins fréquent) comportant trois formes, qui se manifeste principalement chez les hommes et n'affecte que les yeux, et l’albinisme oculo-cutané (albinisme total) comportant au moins quatre formes, touchant également les femmes et les hommes, qui affecte les yeux, la peau, les poils et les cheveux.
102
+
103
+ En cas d’absence totale ou presque totale de mélanine, les yeux sont rouges ou violacés et les téguments blancs - ou colorés uniquement par d’autres pigments que la mélanine chez certaines espèces animales. En cas de présence de mélanine en quantité diminuée, les iris et les téguments sont plus clairs que chez les autres individus de la même espèce. Les iris sont le plus souvent bleus voire, orange clair ou gris mauve dans les cas les plus sévères où l’œil est visiblement dépigmenté, le reflet rouge de la rétine visible à travers la pupille donnant ces teintes à l'iris.
104
+
105
+ Il existe ainsi différentes formes selon l'intensité de (dé)coloration des cheveux, baptisées autrefois albinisme jaune ou xanthisme (découvert en 1970 chez les Amish), roux (en 1971 en Nouvelle-Guinée), brun (en 1979 au Niger) et platiné (en 1985)[20].
106
+
107
+ Certaines maladies génétiques rares comprennent l’albinisme dans leur syndrome : syndrome de Hermansky-Pudlak, syndrome de Chediak-Higashi, syndrome de Griscelli, par exemple.
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+
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+ Il existe donc plus d'une dizaine de formes d'albinisme oculo-cutané, dont la classification est toujours en cours de discussions au début du XXIe siècle.
110
+
111
+ Les albinos ont une vision déficiente et sont facilement sujets à des kératoses et cancers de la peau s'ils ne sont pas protégés du soleil. Leurs yeux sont très sensibles à la lumière, les rendant photophobes. Chez les animaux à plumes ou poils, il n'y a pas de sensibilité accrue à la lumière solaire des téguments, le pelage ou plumage blanc ayant un bon pouvoir de réflexion de la lumière.
112
+
113
+ Le plus souvent, la rétine est déficitaire en récepteurs et pigments, particulièrement au niveau de la fovéa qui n’est pas bien constituée (hypoplasie) ; le nerf optique peut également présenter une hypoplasie et la distribution des fibres nerveuses entre les deux yeux est anormale.
114
+
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+ Cette mauvaise vision chez les albinos n’est pas due seulement à une absence de pigments qui empêcherait la formation d’une chambre noire comme dans un œil normal.
116
+
117
+ L’histologie montre une rétine atypique, contenant environ 30 % de bâtonnets de moins qu'une rétine normale[21] et une fovéa anormalement pauvre en cônes. Les cellules réceptrices cônes et bâtonnets se trouvent en contact avec l’EPR, épithélium pigmentaire de la rétinea rétine qui est un tissu neural. Au cours de l’embryogenèse, l’absence de pigment perturbe leur développement, ce qui cause une mauvaise acuité visuelle.
118
+
119
+ De plus, le développement du système nerveux visuel lors de la phase fœtale est anormal, entraînant une anomalie du croisement des axones au niveau du chiasma optique. Les projections des deux hémirétines de chaque œil se recouvrent peu, ce qui entraîne une mauvaise vision binoculaire et souvent un strabisme. Les personnes albinos naissent donc malvoyantes.
120
+
121
+ Les personnes atteintes d'albinisme présentent toutes un nystagmus plus ou moins important. Celui-ci apparaît dans les premiers mois de la vie. C'est son apparition qui conduit à consulter un ophtalmologiste qui fera le diagnostic d'albinisme.
122
+
123
+ L'albinisme est la cause de 25 % des nystagmus sensoriels et doit donc être suspecté en premier (avec l'achromatopsie) dès l'apparition d'un nystagmus chez un enfant de quelques mois.
124
+
125
+ L'acuité visuelle est rarement supérieure à 2/10 avec le plus souvent une myopie ou un astigmatisme sévère associé. L'albinisme serait la cause de 5 à 10 % des malvoyances dans le monde[22].
126
+
127
+ Les animaux albinos sont le plus souvent blancs avec des yeux rouges, roses ou même très clairs (vu que le sang sous la peau est visible en transparence), mais une coloration due à d’autres pigments (porphyrine, ptéridine, psittacine etc) peut exister. L’animal peut ainsi aussi apparaître rose (circulation sanguine), jaune ou brunâtre (kératine), ou être coloré par des pigments provenant de l’alimentation.
128
+
129
+ Dans certains environnements, l’animal albinos est désavantagé par la perte du pouvoir camouflant de la mélanine[23],[24], mais certains prédateurs semblent plus attirés par les animaux normalement colorés, vu qu'ils ont plus l'habitude de chasser ces derniers[25]. La lumière et les rayons UV du soleil sont une des contraintes principales auquel les albinos doivent faire face, car la mélanine, faite pour protéger la peau en la rendant foncée, n'étant plus produite, les individus sont sujettes au cancer de la peau ou oculaire qui peut résulter suite à une trop longue prolongation sous les rayons UV. Cependant, les mammifères et les oiseaux sont grandement moins touchés que chez les autres familles d'animaux, vu que leurs fourrures et plumages leur permettent une protection contre les rayons UV, d'autan plus que la couleur blanche réfléchie mieux la lumière que les autres couleurs. Les espèces habitant à longueurs de temps sous le feuillage des arbres, dans les forêts tropicales ou tempérées, sont aussi moins mis aux rayons UV, vu que vivants toujours à l'ombre. Les oiseaux albinos font souvent l’objet de rejet de la part de leurs congénères et ont du mal à s’accoupler[25]. Cependant, on remarque chez la plupart des espèces, suivant les conditions, que l'albinisme n'est socialement pas gênant pour eux, comme chez le zèbre, où les individus concernés sont pleinement acceptés au sein de leurs congénères, comme on a pu le constater pour les différentes variations de robes chez cet animal, comme les zèbres mouchetés.
130
+
131
+ L’hypoplasie fovéale généralement associée à l’albinisme chez les mammifères pourrait ne pas toucher les oiseaux dont la rétine contient surtout des cônes[26].
132
+
133
+ Une recherche effectuée sur des batraciens ne montre pas de diminution du nombre des bâtonnets chez les sujets albinos. Il est donc possible que des anomalies rétiniennes n'accompagnent l'albinisme que chez les mammifères[27].
134
+
135
+ Bien que l’albinisme soit génétiquement hérité, son incidence chez les poissons peut être élevée artificiellement en exposant les œufs à des métaux lourds (arsenic, cadmium, cuivre, mercure, sélénium, zinc)[28].
136
+
137
+ Les animaux blancs, différents de leurs congénères, ont toujours attiré l’attention. Considérés comme plus vulnérables, ils font parfois l’objet de mesures de protection ; ainsi treize États des États-Unis interdisent la chasse des animaux albinos[25]. La Société de préservation des écureuils albinos est active depuis 2001 aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni[29]. En effet, dans les pays où leur chasse est autorisée, les chasseurs n'hésitent pas une seconde à les abattre afin d'avoir des trophées uniques pour leur collection. Cependant, cette pratique est limitée, voire interdite, un peu partout autour du globe, principalement pour ne pas offenser les peuples locaux. En effet, selon leurs croyances et leurs interprétations, ils sont souvent favorables aux animaux blancs. Ainsi, les peuples d’Amériques considèrent les animaux blancs comme des apparitions des fantômes de leurs ancêtres sous une forme animale. Ou encore, dans certains pays d'Asie, les animaux blancs, symboles de puretés, sont considérés comme sacrés. C'est notamment le cas de l’éléphant blanc.
138
+
139
+ Des lignées albinos sont utilisées pour la recherche biomédicale[30].
140
+
141
+ La couleur blanche étant plus recherchée par les éleveurs et les propriétaires, les animaux blancs, qu'ils soient albinos ou leucistiques, sont présents parmi les animaux de compagnie, par exemple chez le rat, le lapin, le furet, le canari, le python domestiqué, le poisson rouge, les Corydoras sans oublier les célèbres souris blanches.
142
+
143
+ Dans les zoos les animaux blancs sont plus populaires auprès des visiteurs, comme les tigres ou les crocodiles blancs qui sont des curiosités naturelles. Pourtant, dans le cas des animaux sauvages, pour certains d'entre eux, les lignées d'animaux albinos conservées artificiellement dans les zoos, comme le tigre blanc, le sont aux dépens des vraies populations sauvages en danger d'extinction[31]. Ces dernières ne peuvent pas compter sur les populations gardées en captivité au cas où pour subvenir et aidées celles dans la nature (vu que les animaux blancs de façon non naturelle ne peuvent pas servir dans la majoritaire des projets de conservations, comme la réintroduction et les remises en liberté). De fait, seules les espèces dont les populations sauvages ne sont pas menacées peuvent et devraient être conservées sans créer de problèmes tandis que celles des espèces menacées doivent et devraient être revues à la baisse, sans être interdites certes mais plus autant qu'avant.
144
+
145
+ Mammifère : Rat surmulot (Rattus norvegicus).
146
+
147
+ Mammifère : Taupe d'Europe (Talpa europaea).
148
+
149
+ Mammifère : Wallaby de Bennett (Macropus rufogriseus), au parc zoologique d'Amnéville.
150
+
151
+ Oiseaux : Manchot du Cap (Spheniscus demersus).
152
+
153
+ Reptile : Alligator d'Amérique (Alligator mississippiensis).
154
+
155
+ Reptile : Python réticulé (Malayopython reticulatus).
156
+
157
+ Il existe d'autres mutations génétiques que tous les êtres vivants peuvent contracter et qui donnent également des animaux partiellement ou complètement blancs. Ces formes peuvent porter la même attraction du public pour leur singularité et sont souvent aussi recherchées par les éleveurs.
158
+
159
+ Le phénotype colourpoint est une variation pigmentaire recherchée par les éleveurs (chats et certains rongeurs d'élevage comme la gerbille[32] ou le lapin) : l'extrémité des pattes, la queue, le museau et les oreilles sont plus foncés que le reste du corps. Il est dû à la présence de l’allèle "cs" : cs/cs, qui entraîne la fabrication d’une tyrosinase ne fonctionnant qu’à basse température et non à la température corporelle normale. Le petit naît tout blanc car il a été maintenu au chaud durant la gestation, mais après la naissance, ses extrémités connaissent une chute de température, déclenchant la synthèse de mélanine et faisant apparaître une teinte plus foncée au bout de 2 à 3 jours sur ces parties du corps[33],[34]. Ce phénomène est partiellement réversible : par exemple lors d'une forte fièvre, on peut observer une décoloration des parties foncées. Il peut aussi y avoir une dépigmentation « en lunettes » autour des yeux, zone plus chaude de la face[33].
160
+
161
+ L'intensité de la teinte varie selon la lignée génétique et peut foncer avec l'âge[35] ou sous l’effet de certaines hormones. Une femelle aura par exemple les extrémités plus foncées lorsqu'elle a des petits[33].
162
+
163
+ Les chats colourpoint ont tous les yeux bleus.
164
+
165
+ L'albinisme et le leucistisme (aussi appelé leucisme) sont des phénomènes distincts. Le leucistisme donne des animaux entièrement ou partiellement blancs, très rarement des humains, mais dont la couleur des iris, produite par des cellules issues du tube neural, n'est pas affectée. Cette altération de la pigmentation est due à une différenciation ou une migration imparfaite des cellules pigmentaires issues de la crête neurale, y compris les xanthophores présents dans certaines espèces animales ; les parties blanches ne contiennent donc aucune cellule pigmentaire. Dans l'albinisme, qui peut aussi être total ou partiel, les cellules pigmentaires sont normalement présentes, la pigmentation anormale étant due à des protéines manquantes ou déficientes sur la chaîne de fabrication de la mélanine ; les autres pigments ne sont pas altérés et peuvent, s'ils sont présents, colorer l'animal. La seule façon de différencier un individu albinos et leucistique de manière irréfutable est de regarder la couleur des yeux, rouges ou violets (plus rares) chez les albinos et les autres couleurs, généralement le noir, pour les leucistiques, suivant les espèces. Il est cependant à remarquer que les leucistiques ont cependant le plus souvent les yeux bleus. Les leucistiques et les albinos ont les mêmes difficultés et chances de survie dans la nature autant les uns que les autres. Les leucistiques étant quand même pigmentés, même blancs, ne sont néanmoins pas, ou seulement très peu, affectés par la lumière du soleil et les rayons UV.
166
+
167
+ Le piebaldisme est une autre mutation génétique, due, contrairement à la pensée collective, à une cause différente et à part de l'albinisme. C'est une variation qui a pour effet de rendre l'individu, dit "pie", partiellement coloré, que ce soit au niveau de la peau ou du reste du corps. Officiellement considéré comme un trouble génétique bénin rare, il est représenté par une achromie triangulaire ou losangique frontale. Le piébaldisme est un trouble autosomique dominant rare sur le développement des mélanocytes, possédant une variation importante dans le degré et la structure de la présentation, aussi au sein des familles touchées. Dans certains cas, le piébaldisme s'accompagne de graves problèmes de développement, notamment la maladie de Hirschsprung.
168
+
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+ Il est souvent aussi nommé albinisme partiel, car les individus, humains ou animaux, sont colorés avec des parties, considérés le plus souvent comme des taches, blanches, ou inversement. En fait, on confond les individus atteints de cette maladie, en réalité très rare dans la nature et chez les animaux, avec les individus atteint d'albinisme partiel, qui sont les vrais pies, dont l'albinisme n'est pas complet et qui est aussi très répandu et également apprécié des publics. La confusion entre ces deux types de mutations se fait de manière visuelle mais est aussi accentuée par le fait qu'en anglais, un animal pie (par exemple un cerf) se dit "a pielbald animal". Les animaux pies, donc des animaux atteint d'albinisme partiel, ont moins de difficultés que les animaux entièrement blancs de survivre dans la nature, bien que restant vulnérables.
170
+
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+ Il existe aussi d'autres mutations génétiques les êtres vivants peuvent contractés, qui ne donnent pas d'animaux blancs mais qu'il ne faut pas confondre avec l'albinisme. Ces formes peuvent porter la même attraction du public pour leur singularité et sont souvent aussi recherché par les éleveurs.
172
+
173
+ Le mélanisme est une autre mutation génétique, qui, à l'inverse des trois mutations citées précédemment, a pour conséquence de rendre les êtres touchés noirs, de manière partielle mais le plus souvent de manière complète. De toutes les mutations génétiques, il s'agit de celle ayant le plus de fréquences, peu importe les familles ou les espèces d'animaux touchés, car la couleur noire offre un avantage sélectif, permettant un meilleur camouflage, ainsi que la capacité de capter mieux la lumière du soleil. Elle ne pose ainsi pas de problème de survie dans la nature et peut même devenir très répandue chez plusieurs espèces, comme les célèbres panthères noires.
174
+
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+ Le xanthisme est une mutation génétique, mais aussi un phénomène qui peut être dû à l'alimentation, qui agit sur les cellules pigmentaires d'un être vivant, comme les autres mutations citées précédemment, mais qui a pour effet de rendre ce dernier de couleur jaune ou doré. Les individus sont ainsi qualifiés de xanthiques. Il s'agit d'une interférence de certains gènes spécifiques avec une différenciation ou une migration des chromatophores et des mélanocytes issus de la crête neurale lors de l’embryogenèse. Cela à pour effet d’entraîner une absence de pigmentation normale et/ou une production excessive d'autres pigments. Cette mutation souvent associée à l'absence de pigmentation rouge habituelle, qui se traduit par un remplacement par le jaune.
176
+
177
+ Étonnamment, contrairement aux autres mutations, celle-ci ne se manifeste que rarement chez les mammifères, les reptiles ou les amphibiens, mais est très présente chez les oiseaux et les poissons. Aussi, il y a deux types de Xanthiques, les vrais qui sont atteints de la mutation en questions, et les faux, c'est-à-dire les animaux qui sont jaune ou doré de manière anormale mais pas dû au xanthisme mais à l'albinisme par exemple (comme cité plus haut). Dans la mesure où ces animaux sont jaunes, ils peuvent être considérés par ce terme. Les animaux xanthiques n'ont pas vraiment de problèmes particuliers en général dans la nature, surtout pour les espèces qui sont déjà de couleurs chaudes ou qui n'utilise pas de base leurs couleurs pour se camoufler.
178
+
179
+ Le cyanisme est une mutation génétique ou un phénomène qui peut être dû à l’alimentation identique aux autres mutations et qui apparaît de la même manière. À la différence que les êtres touchés sont touchés par une coloration partielle ou complète de bleu. Elle impacte aussi majoritairement les poissons et les oiseaux et très peu les autres familles animales. Les animaux atteints de cyanisme sont dit cyantiques. Comme pour le xianthisme ou le mélanisme, ils n'ont pas spécialement de problèmes de survie dans la nature suivant les conditions.
180
+
181
+ L'erythrisme est une mutation génétique ou un phénomène qui peut être dû à l’alimentation identique aux autres mutations et qui apparaît de la même manière. À la différence que les êtres touchés sont touchés par une coloration partielle ou complète de rouge, d'orange ou de rose. Elle impacte toutes les familles animales et ne pose pas n'ont plus comme le xanthisme, le mélanisme ou le cyanisme, suivant les cas, de problèmes de survie dans la nature. Les animaux atteints d'erythrisme sont dit erysthriques.
182
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183
+ L'albinisme chez les plantes n'est pas une absence de mélanine, mais de chlorophylle. L'absence de ce pigment vert, ou l'altération des cellules végétales porteuses de ce pigment, est à l'origine des panachures blanches (jaunes ou rouges en présence d'autres pigments) qui affectent plus ou moins partiellement le feuillage ou les tiges. Les horticulteurs recherchent ces mutations qui sont ensuite multipliées par bouturage (clonage). Une chimère due à une mutation génétique spontanée présentera des démarcations nettes entre les zones vertes et les zones décolorées, alors que l'action d'une pathologie végétale, fréquemment un virus, provoque une décoloration plus diffuse. Les cellules dépourvues de chlorophylles vivent aux dépens des parties vertes de la plante. Ainsi, une plante panachée qui développe un rameau vert aura tendance à devenir entièrement verte. Au contraire, une branche décolorée dépérira progressivement si elle est apparue au milieu d'une plante normale[36],[37].
184
+
185
+ Ce type de mutation génétique ne doit pas être confondu avec les symptômes de la chlorose, maladie qui se manifeste par une diminution de la concentration en chlorophylle dans le limbe foliaire et dont la cause est une carence en fer.
186
+
187
+ De nombreux personnages fictifs sont dits albinos (voir la page Albinisme dans la culture populaire (en)). En voici plusieurs exemples issus d’œuvres célèbres :
188
+
189
+ Les personnes atteintes d'albinisme sont encore aujourd'hui victimes d'exclusion, de persécutions, et même d'assassinat ou de crime rituel (dans ce dernier cas, les victimes étant parfois même enlevées) dans des buts magiques (les croyances locales attribuant des pouvoirs guérisseurs aux organes des albinos[46]) notamment au Mali, au Cameroun[47], en République démocratique du Congo[48], au Burundi[49],[50] ou en Tanzanie[51],[52]. Rien qu'au Mozambique, une centaine d'attaques ont eu lieu entre 2014 et 2017[53]. Dans un rapport édité en juin 2016, l'ONG canadienne Under The Same Sun recense 457 attaques, dont 178 meurtres, commis ces dernières années contre des albinos dans 26 pays d'Afrique. Les pays les plus souvent cités sont la Tanzanie, avec 161 attaques, la République démocratique du Congo (61), le Burundi (38) le Malawi (28) et la Côte d'Ivoire (26)[54].
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+ Ces problèmes sont dus à la persistance de légendes conférant des caractéristiques mystiques aux personnes atteintes d'albinisme. Certaines indiquent ainsi que les albinos ne meurent pas mais disparaissent, qu'ils voient dans la nuit, qu'ils ont les yeux rouges, une intelligence médiocre et un développement anormal[55]. Mais aussi l'albinisme est un mauvais sort jeté par les dieux ou par des ancêtres. Par conséquent, être en contact avec un albinos vivant peut entraîner des maladies, la malchance, voire la mort[56].
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+ Les waganga estiment que les cheveux, les os, les organes génitaux ou les pouces de personnes albinos auraient des pouvoirs magiques réputés gonfler un filet de pêche, révéler la présence d’or dans un terrain ou faire gagner des voix à un politicien[57]. Mamadou Sissoko, secrétaire général de la Fédération des associations atteintes d’albinisme d’Afrique de l’Ouest (Fapao) affirme qu' «à chaque fois qu’il y a des élections, nous devenons du gibier pour des gens qui veulent faire des sacrifices rituels[58]. » Isaac Mwaura, premier député kenyan albinos rappelle la fausse croyance selon laquelle une personne séropositive peut guérir du sida en ayant un rapport sexuel avec un albinos.
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+ Les os des albinos sont remplis d'or[56].
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+ Autrefois, on éliminait les albinos dès la naissance dans certaines tribus[59]. Selon Célestin Wagoum, historien et anthropologue, de l’Université Omar Bongo à Libreville au Gabon, « ces croyances sont très anciennes puisqu'en Afrique Noire, au sein de la population noire, il est inconcevable que l’on trouve des êtres d’une autre couleur, surtout quand les deux parents sont noirs. C’est un phénomène qui a suscité beaucoup de curiosité chez les Africains. C’est pourquoi dans nos cultures la personne atteinte d’albinisme est à la fois crainte, respectée ou divinisée en fonction des cultures (…) Les albinos sont considérés comme des êtres dotés de pouvoirs magiques. Certains hommes politiques, hommes d’affaires ou d’églises, pensent qu’en commettant des crimes rituels, ou en utilisant les cheveux ou ongles de ces albinos, ils pourront accroître leur aura politique ou avoir de nombreux fidèles dans leur église…. »[60]
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+ Dans les années 70, dans la ville de Fana, une femme enceinte avait été assassinée et éventrée. Les meurtriers ont été arrêtés, jugés et condamnés à mort[58]. Une petite Malienne albinos de 5 ans dénommée Djéneba Diarra, dite «Fanta» ou «Nan», a été décapitée dans la nuit du 12 au 13 mai 2018 dans la localité de Fana, située à 125 km au nord de Bamako[58].
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+ En 2009, sept hommes furent condamnés à mort par pendaison en Tanzanie pour meurtre d’albinos dans deux affaires différentes. Il semblerait qu’aucun des sorciers qui se livraient à la préparation des breuvages « magiques » à partir des membres des victimes pour en faire commerce n’ait encore été poursuivi[61],[62].
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+ En 2008, pour tenter d'enrayer le phénomène, le Président Jakaya Kikwete nomme Al-Shymaa Kway-Geer, elle-même atteinte d'albinisme, à un poste de députée. Deux ans plus tard, un autre député accède au Parlement, cette fois par la voie des urnes[63].
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+ En Tanzanie, officiellement en 2011, il y aurait 7124 albinos, mais Irin News «estime cependant que les chiffres réels sont plus élevés»[64]. La procureure tanzanienne Beatrice Mpembo souligne que depuis 2007 seulement 21 personnes ont été condamnées pour le meurtre d’albinos, dans à peine six affaires. Et à peine 5 % des individus arrêtés sont condamnés[57]. En février 2011, dans la région de Milepa, une mère de quatre enfants, Maria Chambanenge, 39 ans, a eu son bras coupé et un garçon de 7 ans, sur le chemin du retour de l'école, a eu la main tranchée[65].
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+ Au Malawi, ce n’est qu’en 2016 que sorciers et guérisseurs ont été interdits d’exercice. Selon Ikponwosa Ero, une Nigériane albinos et experte du Conseil des droits de l'Homme déclare que « le Malawi est l'un des pays les plus pauvres au monde et la vente d'organes d'albinos semble très lucrative »[66]. Selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies, le Malawi serait le pays le plus dangereux pour les albinos[67], et les attaques dont ils sont victimes particulièrement cruelles: «Le 30 avril 2016, le corps d’une femme albinos de 30 ans avait été découvert quelques heures après avoir été poignardée dans le dos et à l’abdomen. On lui avait retiré les seins et les yeux»[68]. 21 personnes albinos y ont été assassinées entre 2014 et 2019, et moins d’un tiers des cas ont fait l’objet d’une enquête judiciaire, sans condamnation pour 90 % d'entre elles[69]; mais quatre personnes ont été condamnées à mort en 2019 (en pratique, condamnées à une détention à perpétuité) pour des assassinats de deux personnes albinos en 2015 et 2017[69].
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+ Le mercredi 13 septembre 2017, un albinos âgé de 17 ans a été tué et démembré au Mozambique. Les meurtriers ont emporté le cerveau ainsi que les os des bras et des jambes[54].
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+ Chez les peuples amérindiens où l'albinisme est présent, il existe une ambiguïté à leur égard, faite de honte, mépris et ségrégation, pouvant aller jusqu'aux sacrifices humains (chez les Aztèques), mais aussi d'acceptation, d'entraide, voire de valorisation esthétique et morale. Chez les Hopis et les Zuñis, les albinos peuvent être chefs et faiseurs de pluie en participant aux activités religieuses. Ils sont considérés comme spécialistes du voyage du monde terrestre au monde céleste. Chez les Tulé ou Kuna, les albinos ont pour fonction d'intervenir pour sauver la lune lors des éclipses lunaires qui se produisent environ deux fois par an. Les albinos sortent la nuit pour tirer des petites flèches avec un arc miniature en direction de la lune, les éclipses lunaires étant causées par un monstre qui cherche à dévorer la lune[19],[70].
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+ Tous les être vivants peuvent être touchés pas l'albinisme, de même que toutes les autres mutations génétiques possibles. En voici quelques exemples.
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+ Jésus de Nazareth est un Juif de Galilée, né entre l'an 7 et l'an 5 av. J.-C.[1]. Il apparaît dans le cercle de Jean le Baptiste avant de s'engager, entouré de quelques disciples, dans une courte carrière de prédication itinérante de deux à trois ans, essentiellement en Galilée, en pratiquant guérisons et exorcismes. Il suscite engouement et ferveur, s'attirant la méfiance des autorités politiques et religieuses, avant d'être arrêté, condamné et crucifié vers l'an 30 à Jérusalem pendant la fête juive de la Pâque, sous l'administration du préfet Ponce Pilate[2].
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+ L'annonce de sa résurrection par ses disciples, qui le reconnaissent comme le Messie ou Christ et transmettent son histoire et ses enseignements, donne naissance au christianisme. Pour les chrétiens, Jésus-Christ est le Fils de Dieu, le Messie annoncé dans l'Ancien Testament et envoyé aux hommes pour les sauver. Dans l’islam, Jésus de Nazareth, appelé ʿĪsā, est considéré comme un prophète majeur.
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+ Le retentissement de son message, transmis par les différentes Églises chrétiennes, et les interprétations auxquelles il a donné lieu, ont influencé différentes cultures et civilisations au cours de l'Histoire. Il a inspiré une importante production théologique, littéraire et artistique. Sa naissance est prise comme origine conventionnelle des calendriers julien — depuis le VIe siècle — et grégorien, et le dimanche, devenu jour de repos hebdomadaire en célébration de sa résurrection, adopté au-delà de la chrétienté[3]. Cette importance contraste avec la brièveté de sa prédication et le peu de traces historiques conservées à son sujet, essentiellement au travers de la littérature néotestamentaire. Ainsi, lorsqu'il aborde la question de Jésus de Nazareth, l'historien « sait qu'il n'est nullement en mesure de révéler ce qui a vraiment été fait ou ce qui a vraiment été dit par ce personnage »[4].
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+ Jésus, en grec Ἰησοῦς / Iēsoûs, vient de Yehoshua[5],[6] (hébreu : יהושע), à travers sa forme abrégée Yeshua[7] (hébreu : ישוע). Yeshua signifie « Sauveur »[8] et Yehoshua est un nom théophore qui signifie : « Dieu (YHWH) sauve[9] ». La Septante (rédigée en grec) utilise également le nom de Iesoûs pour désigner Josué, lieutenant et successeur de Moïse[10]. Le nom était généralement prononcé « Yeshua » mais vraisemblablement « Yeshu » dans la prononciation galiléenne[11].
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+ « Jésus » est un prénom courant dans la Palestine du Ier siècle[11] : il est le sixième nom masculin[n 2] le plus fréquent à cette époque[12]. Il est par exemple attesté pour Jésus Ben Sira, l'auteur du Siracide, pour un fils d'Éliézer dans l'Évangile selon Luc[v 1] ou encore pour Barabbas, le chef de guerre libéré par Ponce Pilate selon certaines versions de l'Évangile selon Matthieu[13]. L'historien juif Flavius Josèphe mentionne vingt individus prénommés de la sorte[11], dont une dizaine à l'époque de Jésus de Nazareth[14].
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+ Dans le Nouveau Testament, Jésus est qualifié plusieurs fois en grec de Ναζωραῖος / Nazōraîos, « Nazôréen »[n 3]. Ce terme est discuté[15] et peut venir de l'hébreu nsr qui signifie « celui qui observe [la Loi] » ou de nzr, « celui qui se consacre [à Dieu] », ou encore « rejeton » (d'Israël). Le nom de nazôréen servira par la suite à désigner un courant juif en Palestine[n 4] qui croit en la messianité de Jésus[16]. On trouve également parfois Ναζαρηνός / Nazarēnós, « Nazarénien »[n 5] qui est « l'homme du village de Nazareth[n 6] », et qui, selon certains chercheurs, ferait référence à une naissance dans ce village[17]. D'autres théories existent encore[18], comme celle faisant référence à son rattachement à une hypothétique communauté de nazirs[19]. Dans les Évangiles, aucune de ces dénominations n'est utilisée par Jésus lui-même ou par ses disciples[20].
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+ Jésus est nommé de multiples façons dans la littérature néotestamentaire, chaque qualificatif suggérant une façon dont ont pu l'appréhender ou le considérer ses différents interlocuteurs : « Rabbi », ou le terme proche en araméen « Rabbouni »[n 7], qui signifie au Ier siècle le « maître » pharisien, au sens « maître et philosophe » d'un groupe pharisien[21] ; on trouve également « Maître » au sens d'« enseignant », « Prophète », « Serviteur », « Juste », « Saint », « Fils de David », déjà employés pour des personnages de la Bible hébraïque, « Grand prêtre », « juge », « pasteur », « Rédempteur » ou encore « Sauveur ». L'Évangile selon Jean rapporte que la croix de son exécution était surmontée d'un titulus qui portait l'inscription INRI signifiant « Jésus le nazôréen, Roi des Juifs »[n 8],[22].
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19
+ On trouve plusieurs fois l'expression « Fils de l’homme » que s'attribue Jésus lui-même dans les évangiles[23]. Elle se trouve précédemment dans la littérature hébraïque, dans le Livre des Psaumes[24], où elle désigne l'homme ordinaire. Chez le prophète Ezechiel[25], le Fils de l'homme définit la fonction prophétique. Dans le Livre de Daniel[26], elle s’applique au statut messianique[v 2].
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21
+ Sa désignation comme « Christ » (du grec χριστός / christós, traduction de l'hébreu : מָשִׁיחַ - mashia'h, Messie, signifiant « l’oint [du Seigneur] ») a une forte connotation politique et religieuse dans l'espérance messianique de cette époque. De son vivant, Jésus interdit à ses disciples de dire à quiconque qu'il est le Messie[v 3].
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+
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+ Enfin, Jésus est aussi désigné comme Fils de Dieu par le tentateur[v 4], par les démons qui sortent des possédés[v 5], par ceux qui le découvrent comme tel[v 6] ; et lors de son procès[v 7].
24
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25
+ La biographie de Jésus de Nazareth est très mal connue. La principale source d'information vient des textes rédigés vraisemblablement entre 65 et 110[27] qui seront appelés « Évangiles » vers 150[2], textes dont le but n'est pas historique mais apologétique, et dont l'interprétation en termes de biographie historique est souvent hasardeuse. Michel Quesnel souligne que « les Évangiles ont retenu de la vie de Jésus un certain nombre de scènes et de paroles qui sont avant tout témoignages de foi et dont l'historicité peut à bon droit être questionnée »[28].
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+
27
+ Les éléments biographiques se résument à peu de choses, au point que théologiens et exégètes ont pu parler de « mystère de Jésus ». Néanmoins, la documentation sur Jésus s'avère souvent plus riche que pour beaucoup de personnages importants de l'Antiquité, même si une certaine unilatéralité des sources la soumet à une exigence de critique littéraire et historique[29].
28
+
29
+ Le croisement des différentes traditions néotestamentaires permet de présenter des éléments épars qui proposent, mis ensemble, une approche biographique plus étoffée afin de percer le « mystère de Jésus » qui résulte moins, selon Étienne Trocmé, de « la création plus ou moins artificielle des générations postérieures » que du « comportement du Nazaréen, tout voué à son humble tâche, mais convaincu de détenir pour cette mission une autorité exceptionnelle venue de Dieu ». Cependant, ce mystère qui « dicte déjà les tâtonnements des évangélistes et des théologiens du Ier siècle », ne sera « jamais définitivement éliminé, pas plus par les historiens que par les théologiens »[30].
30
+
31
+ La vie de Jésus avant sa prédication est particulièrement peu accessible à l'histoire dans la mesure où « les sources qui pourraient [...] permettre de dire quoi que ce soit sur [sa] naissance, sa famille, son éducation, peuvent être qualifiées au mieux de « très minces », sans qu'il soit nécessaire pour autant de tomber dans un scepticisme total[31].
32
+
33
+ S'il est communément admis que Jésus est un Juif galiléen dont la famille est originaire de Nazareth[n 9], le lieu et la date de sa naissance ne sont pas connus avec certitude[32] et ne le seront probablement jamais, car les récits des Évangiles de l'enfance relèvent surtout de théologoumènes de la part des auteurs bibliques qui ont plus une visée doctrinale qu'un souci historique[33],[34]. Appartenant au registre littéraire du merveilleux et à la théologie métaphorique[n 10], les récits évangéliques de la naissance de Jésus — qui légitiment celui-ci dans l'histoire d'Israël en déroulant [35] un arbre généalogique[v 8] — sont des construction tardives[36] qui se font l'écho, par leur cortèges d’évènements miraculeux, des récits de naissance d'hommes exceptionnels de la littérature judéo-hellénistique auxquels les lecteurs de l'Antiquité sont familiers[n 11].
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35
+ Concernant la localité qui a vu naître Jésus, la majorité des historiens penchent pour le berceau familial de Nazareth[37], où il passera toute sa jeunesse[38]. Concernant les récits de Luc et Matthieu qui situent chacun la naissance de Jésus à Bethléem en Judée[v 9], les exégètes penchent généralement pour une rédaction plutôt théologique que factuelle[39], destinée à établir l'origine davidique de Jésus[40]. En effet, la naissance à Bethléem, « ville de David »[v 10], permet d’accomplir la prophétie de Michée[v 11] selon laquelle le Messie sera issu de cet endroit[41]. Néanmoins, certains chercheurs considèrent une naissance à Bethléem plausible[42] ; d'autres encore ont évoqué le village de Capharnaüm[43] qui apparaît dans les évangiles comme le centre de sa mission, voire la bourgade de Chorazeïn, à laquelle Jésus semble particulièrement attaché[44].
36
+
37
+ L'année de sa naissance n'est pas non plus connue précisément. Les dates retenues peuvent osciller entre 9 et 2 av. J.-C.[n 12]. Les évangiles selon Matthieu et selon Luc la situent sous le règne d'Hérode Ier le Grand dont le long règne s'achève en 4 avant notre ère[n 13]. L'estimation généralement retenue par les historiens actuels va de 7[2] à 5 avant notre ère[45].
38
+
39
+ Il est paradoxal que Jésus de Nazareth puisse être né « avant Jésus-Christ » : l'origine de l'ère chrétienne est en effet censée être la naissance du Christ. Mais cet Anno Domini qui ne s'est imposé progressivement en Europe qu'à partir du XIe siècle[45], a été fixé d'après les travaux du moine Denys le Petit réalisés au VIe siècle, que l'on sait à présent être erronés[46] et, si le calendrier historique a été précisé depuis, son origine conventionnelle n'a pas été modifiée[n 14].
40
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41
+ La naissance de Jésus (la Nativité) est traditionnellement fêtée le 25 décembre, à Noël, mais cette date est entièrement conventionnelle, et n'a rien d'un « anniversaire ». Elle aurait été fixée dans l'Occident latin au IVe siècle, peut-être en 354[n 15], pour coïncider avec la fête romaine de la naissance de Sol Invictus[47], célébrée à cette date à l'instar de la naissance du dieu Mithra, né selon la légende un 25 décembre[48] ; le choix de cette fête permettait une assimilation de la venue du Christ — « Soleil de justice » — à la remontée du soleil après le solstice d'hiver[49]. Avant cette date, la Nativité était fêtée le 6 janvier et l'est encore par l’Église arménienne apostolique, alors que l’Église catholique romaine y fête aujourd’hui l’Épiphanie[50], la visite des mages à Jésus peu après sa naissance, ou la « théophanie », le baptême de Jésus dans le Jourdain, évènement que les plus anciennes Églises pré-romaines utilisaient comme acte de « naissance » du Christ. Les Pères de l'Église ne se sont pas opposés à ce syncrétisme à propos de la Nativité, considérant que ce choix calendaire ne pouvait donner lieu à des hérésies théologiques et qu'il confirmait la venue du Messie annoncé comme l'« astre levant »[v 12] et comme le « soleil de justice » par le prophète Malachie[v 13]. Noël s'est ainsi substituée aux célébrations de la fête païenne d'autant plus aisément que, les références bibliques aidant, s'est développée pour qualifier métaphoriquement le Christ nouveau-né toute une symbolique du « vrai soleil », du « nouveau soleil » resplendissant sur le monde[51].
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+ Jésus est connu comme « le fils de Joseph le charpentier »[n 16] et « le fils de Marie ». Les évangiles selon Matthieu et selon Luc professent une conception « par la vertu du Saint-Esprit »[v 14] qui ouvrira plus tard sur des débats théologiques très disputés au sein des communautés chrétiennes concernant la virginité de Marie. L'évangile selon Luc[v 15] évoque Joseph, père adoptif de Jésus qui, en assumant sa paternité, rattache ce dernier à la lignée de David[52]. Luc et Matthieu rapportent la tradition de la conception virginale probablement afin d'accomplir le texte prophétique et de répondre aux rumeurs et aux accusations lancées par des Juifs non chrétiens à propos de la naissance illégitime de Jésus (accusations qui se retrouvent notamment chez Celse et dans les Toledot Yeshou). Selon Bruce Chilton (en), son statut au regard de la loi juive et de son entourage aurait été celui d'un mamzer et « a provoqué les interprétations disparates de sa naissance articulées dans le Nouveau Testament et la littérature rabbinique[53] ».
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+
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+ Jésus est le « premier-né »[v 16] de cette famille[54], appartenant à un milieu artisanal[n 17] peut-être aisé[n 18], traditionaliste, pieux[55] et proche du Temple — voire lévite[56] ou peut-être même sacerdotale[n 19] —, liée à un clan de nazôréens qui attendent l'apparition d'un « fils de David » en son sein[57]. Les évangiles mentionnent l'existence de « frères et sœurs » qui « apparaissent[58] pour montrer que Jésus n'a rien d'extraordinaire puisque sa famille est bien connue »[59]. Jésus, dont le nom évoque le successeur de Moïse, compte au moins deux sœurs dont le nom est inconnu et quatre frères dont deux — Jacques/Jacob et Josès/Joseph— portent le nom de patriarches et les deux autres — Jude et Simon — celui de Judas et Simon, héros de la révolte des Macchabées, semblant attester de la fidélité de la famille à l'identité religieuse et nationale d'Israël[60]. Si Jésus semble avoir eu des tensions avec sa famille qui « ne croyait pas en lui »[v 17] et dont il se sépare pour pratiquer l'itinérance et peut-être pour rejoindre Jean le Baptiste[61], il n'en demeure pas moins que la mère de Jésus et ses frères jouent un rôle particulier dans la première communauté d'adeptes dès après la disparition de celui-ci[62] et que Jacques occupe une place prééminente bien attestée au sein de la communauté de Jérusalem[63].
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+ La question des liens de parenté de Jésus avec ces « frères » et « sœurs » a été disputée à partir du IIe siècle[64] avec l’élaboration du concept de virginité perpétuelle de Marie[n 20] qui rend la présence d'une fratrie gênante : l'Évangile de l'enfance appelé Protévangile de Jacques, aux alentours de 180, « tente astucieusement » de faire de la fratrie de Jésus des « demi-frères » et des « demi-sœurs » nés d'un premier mariage de Joseph[64] tandis que, à la fin du IVe siècle, Jérôme de Stridon, est le premier Père de l'Église à argumenter contre une fratrie au profit de « cousins »[64]. Cette dernière option, qui mettra du temps à s'imposer dans la mesure où Eusèbe de Césarée au début du IVe siècle parle encore de « race du Sauveur » et que le dogme de la virginité perpétuelle n'est proclamé qu'au milieu du VIIe siècle[65], est devenue la doctrine de l'Église catholique romaine[66] tandis que les orthodoxes ont opté pour les « demi-frères et sœurs » issus d'un premier mariage de Josèphe[67] et les protestants, après avoir suivi la position hiéronimienne, reconnaissent tantôt des frères, tantôt des cousins[67] .
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+
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+ À la suite des travaux de l'exégète catholique John P. Meier[68] qui analysent l'argumentaire de Jérôme[n 21], la plupart des exégètes critiques et historiens contemporains[69] considèrent que rien n'exige de comprendre les frères et sœurs de Jésus autrement que dans le sens le plus strict des mots[70] ainsi que rien ne permet de soutenir que cette fratrie n'a pas été biologique[71] comme l’affirme unanimement la documentation canonique[72], ce qui n'empêche pas certains auteurs essentiellement catholiques de défendre l'explication de Jérôme[73].
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+ L'évangile selon Luc raconte comment, huit jours après sa naissance, il a été nommé « Jésus » et circoncis[v 18] conformément à la loi juive[n 22] lors d'un épisode connu sous le nom de la « Présentation au temple ». L'évangile selon Matthieu expose un épisode connu comme le « massacre des Innocents ». Né de l'imagination hagiographique du rédacteur matthéen[74], cet épisode met en scène Hérode, prenant peur pour son pouvoir, qui décide de faire tuer tous les premiers-nés de son peuple[75]. Les parents de Jésus fuient alors avec leur enfant dans une séquence appelée la « Fuite en Égypte » qui inspirera une importante production apocryphe[n 23] et influencera la tradition copte. L'évangile selon Luc rapporte encore un incident probablement légendaire[76] au cours duquel, quand il a douze ans, ses parents cherchent Jésus qu'ils retrouvent en conversation avec les docteurs du Temple de Jérusalem.
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+ Ce qui est relaté, par les évangiles canoniques, de la vie de Jésus avant le début de sa vie publique, ne consiste qu'en très peu de choses, disséminées dans différents textes canoniques. Ces évangiles cherchant en effet à concilier les courants docétistes et adoptianistes, ils ne peuvent admettre des « outrances si ostensiblement contraires à l'incarnation »[77], telle celle de Jésus enfant aidant ses parents, si bien que l'évangéliste Luc imagine qu'il « croissait en sagesse et en grâce »[v 19] ; telle celle de Jésus apprenant à lire alors qu'il est le Verbe de Dieu. Ces récits privent ainsi Jésus de son enfance, ce qui donne l'opportunité aux apocryphes de l'enfance[n 24], traités pédagogiques, livres de catéchisme et à l'iconographie chrétienne de combler les vides en imaginant de nombreuses scènes de l'enfance[78]. Ce sont des écrits apocryphes qui par exemple précisent le nom et le nombre des « rois mages »[79], ou décrivent les parents et la naissance de Marie[n 25].
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+ Il n'y a quasiment aucun élément entre les récits de la naissance de Jésus et sa vie publique, encore moins entre l'âge de douze ans et celui de trente ans, début de son ministère. Cette période lacunaire, appelée la « vie cachée de Jésus », a conduit à la composition d'un certain nombre de textes apocryphes qui ont beaucoup brodé sur le canevas originel. Ces textes, non canoniques, participent pourtant de la mythologie chrétienne[n 26], et ont inspiré une importante production littéraire et artistique.
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+ Cette vie cachée est présentée comme un apprentissage de Jésus auprès de son père putatif Joseph : apprentissage spirituel, c'est-à-dire une formation religieuse mais aussi apprentissage manuel dans l'atelier de son père « charpentier » (tektôn). Le terme grec qui désigne ce métier est ambivalent — pouvant également signifier « menuisier », « maçon », « artisan » ou encore « constructeur »[80] — aussi est-il difficile de déterminer la profession de Jésus présenté comme « le tektôn fils de Marie »[v 20]. Cette période peut également avoir représenté pour Jésus plusieurs années où il a joué un éventuel rôle de chef de la famille après le décès de Joseph[n 27].
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+ La bourgade de Nazareth ne compte à l'époque de Jésus que deux à quatre cents habitants. Étant trop petite pour assurer la subsistance d'un charpentier, il est possible que Joseph et ses fils aient offert leurs services ou trouvé du travail à Sepphoris, ancienne capitale de Galilée en plein travaux de reconstruction, ou dans d'autres grandes villes galiléennes (Arraba, Magdala ou Tibériade)[81]. Pourtant, les évangiles ne mentionnent pas ces villes, ce qui pourrait suggérer que Jésus les ait évitées pendant son ministère, d'autant plus qu'il fuit généralement les grandes agglomérations. Flavius Josèphe rappelle l'hostilité des Juifs à l'encontre des villes jugées trop cosmopolites ou abritant des places fortes romaines, l'occupant méprisé[82]. La culture urbaine, friande de modernité, choque également la mentalité villageoise plus traditionnelle et il se peut que Jésus, issu d'une famille nombreuse du milieu semi-rural de Nazareth, soit imprégné de cette mentalité. S'il faut cependant se garder de l'image traditionnelle d'un Jésus pauvre paysan galiléen, la polysémie du terme tektôn laisse la voie à de nombreuses interprétations : Jésus a pu tout aussi bien appartenir à un milieu modeste d'artisan charpentier[83] qu'à une moyenne bourgeoisie d'entrepreneurs qui a profité des grandes voies de communication romaines telle la Via Maris, et des importants chantiers urbains entrepris par Hérode Antipas dans la région. Dans cette optique, Joseph aurait été un entrepreneur se chargeant, avec ses fils et quelques salariés, de la construction d'édifices entiers[84].
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+ En plus de leur activité principale, Joseph et ses enfants ont peut-être cultivé également un lopin de terre comme le faisaient, si l'on en croit Eusèbe de Césarée, les petits-enfants de Jude (frère de Jésus) qui ont pu hériter de la ferme familiale[85], ce qui expliquerait les paraboles de Jésus qui ont le plus souvent trait à l'agriculture (champs, semences, etc.)[86].
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+ L'hypothèse d'une jeunesse passée dans une communauté religieuse, peut-être proche des esséniens, est parfois évoquée[87] et reste peu probable[88].
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+ À l'époque de Jésus, deux grandes langues véhiculaires se partageaient le monde gréco-romain, se superposant aux parlers locaux : le grec sur les pourtours de la Méditerranée, jusqu'à Rome, et l'araméen en Syrie et en Orient[n 28]. Ces deux langues se retrouvaient en Palestine : l'araméen était parlé en Galilée et vraisemblablement dans les campagnes de Judée. Mais le grec avait également pénétré la Judée depuis la côte et ses villes hellénistiques comme Césarée et les juifs hellénistes de la Diaspora avaient des synagogues à Jérusalem[89]. Ainsi le degré d'hellénisation de la Galilée, terre de passage où se croisaient marchands phéniciens et grecs, est diversement envisagé selon le degré d'urbanisation qu'y voient les chercheurs[90]. Si on s'accorde pour dire que le grec était la langue de l'administration et de l'élite économique ou culturelle, certains pensent néanmoins que la majorité des Galiléens ne le parlaient pas, voire ne le comprenaient pas[91].
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+ L'hébreu était quant à lui la langue sacrée des juifs, dans laquelle on lisait les Écritures et chantait les psaumes. Il était peut-être encore vivace dans les familles liées au sacerdoce et les milieux cultivés. Pour ceux qui ne comprenaient plus l'hébreu, un « targoum » en araméen pouvait accompagner la lecture des Écritures[92]. Si l'on retient une appartenance sacerdotale ou lévite de la famille de Jésus, ce dernier, par son père et par la fréquentation de la synagogue, a pu apprendre l'hébreu[93] : des passages de la littérature canonique chrétienne suggèrent qu'il le lisait[v 21] mais aussi, peut-être, l'écrivait[v 22],[56].
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+ Ainsi, pour sa part, Jésus s'exprimait-il vraisemblablement dans un dialecte araméen parlé par les paysans de Galilée[92] mais pouvait se servir de l'hébreu liturgique dans les discussions avec les scribes[94]. Pour son usage du grec, il y a débat : certains chercheurs estiment que rien n'indique qu'il parlait cette langue[95] dans la mesure où certains de ses disciples semblent avoir dû jouer le rôle d'interprètes[96] ; cependant un nombre croissant de spécialistes estiment probable qu'il l'utilisait au moins occasionnellement[97].
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+ À la différence de la Judée, qui, avec la Samarie et l'Idumée, constitue une région de rang quasiment provincial[98], la Galilée n'est pas directement administrée par les Romains mais fait partie des possessions[99] de l'ethnarque Hérode Antipas, dont le long règne de quarante-trois ans, qui s'achève en 39, recouvre presque toute la vie de Jésus[100]. Le territoire bénéficie donc d'une relative autonomie, tant que le tribut est payé aux autorités romaines. Les ressources d'une agriculture florissante y sont complétées par des activités de pêche dans le lac de Tibériade, également appelé « mer de Galilée » ou encore « mer de Génésareth », dont les abords constituent le cadre des prédications de Jésus. Ce territoire est entouré de populations non juives : à l'ouest, la Galilée est bordée par le littoral hellénisé, au nord par la Phénicie, à l'est par la Décapole qui s'étend partiellement jusqu'au sud avec la ville de Scythopolis[101], et la frontière méridionale de la Galilée jouxte l'inamicale Samarie, ce qui pousse les Galiléens à emprunter le mince couloir judaïsé que constitue la vallée du Jourdain pour se rendre en pèlerinage à Jérusalem[100].
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+ Les Galiléens, réputés belliqueux, chauvins et courageux, y sont souvent moqués pour leur dialecte et leur accent, signe d'importantes différences culturelles avec les Judéens, qui se montrent méprisants à leur égard[102]. Entraînés à la guerre depuis leur enfance[103], ils sont réputés pour leur bravoure et le nord montagneux et accidenté constitue un refuge idéal pour les fomentateurs de révoltes, à l'instar des zélotes ; la province est le théâtre de troubles pendant plus d'un siècle dès la seconde moitié du Ier siècle av. J.-C.[100]. Certains chercheurs font de la région un foyer du pharisianisme[104] mais d'autres situent plutôt ce foyer à Jérusalem[105]. Il est néanmoins vraisemblable qu'un prédicateur à la réputation messianique originaire de Galilée passe pour un personnage inquiétant à Jérusalem auprès de ceux qui sont soucieux de ménager les bonnes relations avec l'autorité romaine[100].
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+ La Palestine du Ier siècle[106] connait une grande effervescence politico-religieuse où se croisent plusieurs courants témoignant d'une « extraordinaire explosion de créativité réformatrice et purificatrice »[107] dans une société en proie aux bouleversements politiques et sociaux : la région connait à l'époque de nombreuses révoltes religieuses à connotation prophétique voire messianique, que les autorités romaines perçoivent plutôt comme des phénomènes politiques[108] ; elles n'hésitent d'ailleurs pas à parfois déployer les troupes avec une « insensibilité dévastatrice »[109]. Néanmoins, la présence du pouvoir romain reste relativement discrète et ne se fait ressentir qu'au moment de la collecte des impôts, de la construction des routes ou à travers la présence de forces de l'ordre cantonnées au palais d'Hérode ou à la forteresse d'Antonia[109].
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+ Le judaïsme « n'y est pas tant une religion […] [qu]'un peuple dont la particularité s'exprime par des pratiques et des symboles »[110] mais qui n'a pas d'uniformité dans son expression religieuse et présente diverses tentatives d'actualiser les lois mosaïques et de vivre la Torah[111]. De leur côté, à cette époque, les samaritains constituent un groupe très distinct du judaïsme[112].
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+ Formés probablement depuis l'époque de la Révolte des Maccabées[113] vers le milieu du IIe siècle av. J.-C., trois courants — ou « sectes » —[114] dominent la vie religieuse au début de notre ère, qui développent au-delà de leurs positions religieuses, des positions politiques : les sadducéens, dont les membres sont généralement issu de l'aristocratie sacerdotale, enclins aux compromis avec les puissances dirigeantes pour maintenir leur pouvoir ; les pharisiens, courant nationaliste non violent, piétiste, à connotation eschatologique[115], traversé par de profondes dissensions et dont les membres se recrutent au sein de la bourgeoisie, particulièrement dans les rangs des scribes ; enfin, les esséniens — que ne mentionnent pas les écrits néotestamentaires — une forme originale de judaïsme[116] dont les membres vivent en communauté à l'écart de Jérusalem et du Temple, porteurs d'un radicalisme eschatologique vécu dans l'ascèse et la pureté rituelle.
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+ En sus de ces trois groupes, un courant plus politique, messianique et d'un nationalisme « exaspéré »[117], proche des pharisiens mais professant un interventionnisme actif contre l'occupation étrangère[108] et n'admettant d'autre roi que Dieu est décrit par Flavius Josèphe sous le nom de « zélotes » comme la « quatrième philosophie »[118] du judaïsme[119].
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+ À côté de ces courants, il existe également un parti appelé « hérodien » dans le Nouveau testament, composé d'élites — peut-être sadducéennes — partisanes de la politique d'hellénisation et de la coopération avec le pouvoir romain[120]. D'une manière générale, il semble que le bas-clergé était plutôt opposé aux Romains à la différence du haut-clergé[112].
84
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85
+ L'époque connait également l'émergence de courants messianiques[121] et prophétiques, ainsi que, parmi ces derniers, des groupes baptistes, probablement assez répandus dans les couches populaires à l'écart des villes et dont le prédicateur le plus connu est Jean le Baptiste[122].
86
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87
+ La durée du ministère de Jésus[123] n'est pas précisément évoquée dans le Nouveau Testament mais celui-ci explique qu'il a débuté alors que Jésus avait « environ trente ans »[124],[n 29]. Les traditions chrétiennes primitives se partagent à ce sujet généralement entre un ministère d'environ un an à environ trois ans[n 30], déduites du nombre de montées à Jérusalem pour la Pâque : une seule pour les synoptiques mais trois pour Jean[126]. La recherche contemporaine s'accorde, avec des nuances, sur un ministère compris entre un et quatre ans[127], avec un consensus significatif envisageant une période de deux à trois ans[128].
88
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89
+ Les lieux cités dans les évangiles situent son action de part et d'autre du lac de Tibériade, principalement en Galilée (dont il est ressortissant) et dans la Décapole, avec quelques passages en Phénicie (Tyr et Sidon) et en Trachonitide (Césarée de Philippe). Il semble qu'il soit à cette époque considéré comme un habitant de Capharnaüm[v 23]. Il se rend également en Judée, généralement pour aller à Jérusalem à l'occasion de fêtes juives ; mais on peut noter un séjour plus prolongé en Judée au début de sa vie publique, alors qu'il était considéré comme un disciple de Jean le Baptiste[v 24].
90
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+ Les pays à population juive de l'époque étaient la Galilée et la Judée, séparées par la Samarie dont les habitants étaient considérés comme non-juifs. Jésus est perçu comme un étranger en Judée : l'accent des Galiléens les fait reconnaître[v 25], et il y suscite une franche hostilité[v 26] de la part des Judéens (parfois désignés par le terme « juifs »[129] alors que les Galiléens sont également des pratiquants de la Loi de Moïse[130]).
92
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93
+ La chronologie de cette période de vie publique est extrêmement confuse : les évangiles synoptiques présentent les épisodes parallèles dans des ordres parfois différents, et ils n'ont pas la même chronologie que celui de Jean, ce qui interdit évidemment d'interpréter le déroulement de l'un ou l'autre des récits comme celui d'une logique purement temporelle. On considère néanmoins que c'est le baptême de Jésus par Jean le Baptiste qui marque l'ouverture de son activité publique.
94
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95
+ Vers 30 ans, Jésus rejoint Jean le Baptiste, un prédicateur populaire des milieux baptistes[131] qui dénonce la pratique formaliste des milieux sacerdotaux dont il est peut-être lui-même issu[n 31]. Jean prêche en se déplaçant dans le désert de Judée, sur les bords du Jourdain, et le Nouveau Testament l'identifie à un « nouvel Élie »[n 32].
96
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97
+ Jésus reçoit le baptême que Jean administre pour le pardon des péchés à ceux qui reçoivent son message favorablement, en une immersion dans l'eau vive qui prépare au règne messianique et à l'imminence du Jugement divin[132]. Cette pratique diffère fondamentalement de celles des esséniens, tant dans son aspect rituel que dans la doctrine qui la sous-tend : celle-ci, que l'on peut définir comme une idéologie propre, « n'occupe aucune place dans les manuscrits de Qumrân »[132].
98
+
99
+ Il est possible que Jésus ait été transitoirement le disciple du Baptiste quand, au tout début de sa vie publique, on le voit simplement « annoncer le Royaume de Dieu » comme le faisait Jean. Mais il apparaît des divergences[133], voire des tensions[134], entre Jésus et Jean-Baptiste, quant à leurs conceptions respectives du règne de Dieu, même si c'est bien aux côtés de Jean que Jésus mûrit sa mission[135]. Par ailleurs, la communauté chrétienne, qui envisage le Baptiste comme un précurseur, conserva le rite initiatique du baptême dans sa forme, mais non point son sens[136].
100
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101
+ Jésus s'entoure de disciples dont la tradition veut qu'ils aient été douze[n 33], dont les premiers sont peut-être recrutés dans les milieux baptistes[137]. On utilise également le nom d’« apôtres »[n 34] pour les désigner. Ce groupe de « douze » disciples choisis par Jésus est sans doute une création relativement tardive, comme le montre l'existence d'apôtres extérieurs à ce noyau[138]. On parle généralement à leur sujet de « Groupe des Douze » ; le nombre 12 est en effet essentiel pour comprendre le rôle de ces disciples constituant autour de Jésus un cercle restreint à la forte signification symbolique : il figure la reconstitution de l'Israël biblique[139]. Si leurs noms varient de livre en livre[138], les disciples montrent pourtant une triple référence hébraïque[n 35], araméenne[140] et grecque[141], au cœur de la vie des Galiléens[142]. L'un de ces disciples, Simon dit Pierre ou Kepha, reçoit une importance plus particulière au sein du groupe tandis que Judas, auquel est attribuée la « trahison » de Jésus auprès des autorités, a une responsabilité attestée de « trésorier » de ce groupe.
102
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103
+ Jésus se fait connaître localement, dans un premier temps comme guérisseur thaumaturge. Dans l'exercice de cette activité, sur laquelle il fonde la légitimité de son enseignement[143] et qui attirait les foules autour de lui[144], on peut noter des modes opératoires variés, en comparant par exemple la guérison en trois étapes de l'aveugle de Bethsaïde, et celle — à distance et d'une seule parole — de Bar Timée à Jéricho[v 27], ou bien celle qui s'effectue par une prière intense et le jeûne, dans le cas d'un démon particulièrement rétif[v 28].
104
+
105
+ Ces pratiques thérapeutiques, dont le fondement est d'ordre religieux puisque les maladies étaient alors perçues comme la sanction divine des péchés, étaient répandues dans le monde gréco-romain[145] et parmi les rabbi juifs[146] dont Jésus reproduit parfois des gestes thérapeutiques connus[147]. La pratique de Jésus se distingue néanmoins par le nombre de miracles rapportés et dans le refus par leur auteur de se les voir attribués : Jésus se présente comme le « vecteur » de Dieu, en opérant dans le présent les guérisons espérées dans le cadre eschatologique juif[144]. Outre les miracles thérapeutiques, Jésus pratique également des exorcismes, des prodiges, des sauvetages ou des miracles illustratifs de son interprétation de la Loi juive[144].
106
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107
+ Les évangiles insistent souvent plus sur la confiance des bénéficiaires de miracles qu'ils ne s'attardent sur le détail des manipulations[148]. Jésus présente les miracles comme une anticipation de l'accès au bonheur éternel auquel a droit chaque humain, y compris les plus pauvres. L'évangile selon Marc rapporte que c'est ce pouvoir d'opérer guérisons et prodiges qui aurait été transmis à ses disciples[149], plutôt que la capacité de communication avec la divinité[143].
108
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109
+ Les textes révèlent à cet égard un comportement général de Jésus fait de bienveillance, tourné vers les gens, particulièrement ceux plongés dans une situation personnelle ou sociale méprisée et difficile : les femmes, plus particulièrement les veuves ; les malades, les lépreux, les étrangers, les pécheurs publics ou les collecteurs de l'impôt romains[150]. Cette façon d'être, associée à une dénonciation de l'hypocrisie et de toute forme de mensonge, lui attirera inévitablement nombre d'admirateurs en provoquant simultanément de l'hostilité.
110
+
111
+ Sur le plan de la morale, l'enseignement de Jésus est centré sur les notions d'amour du prochain et de pardon, que l'Homme doit observer pour se conformer aux commandements de Dieu. Cet enseignement est exprimé de manière synthétique dans les Béatitudes, et plus développé dans le Sermon sur la montagne d'où elles sont tirées. Ces principes sont déjà présents dans la religion juive, mais Jésus leur accorde un rôle central, et privilégie une interprétation spirituelle de la Loi mosaïque au détriment d'une interprétation littérale et formaliste qu'il dénonce.
112
+
113
+ Le message de Jésus semble prolonger celui de Jean-Baptiste en s'inscrivant dans la fièvre apocalyptique du monde juif au Ier siècle tandis que certains exégètes préfèrent voir Jésus comme un maître de sagesse populaire, la dimension apocalyptique relevant d'une lecture postérieure[151], sous l'éclairage de la foi chrétienne. Ce message, original et varié, entre néanmoins difficilement dans les catégories socioreligieuses préalablement établies[152]. On peut cependant souligner plusieurs points de rupture avec Jean le Baptiste : Jésus n'est pas un ascète, il présente un Dieu de grâce, de jugement et de l'amour sans limite[153] qui inverse l'exhortation de Jean à la conversion sur fond de colère divine[154]. Enfin, Jésus est celui « par qui le jour vient » quand Jean « annonçait l'aube »[155].
114
+
115
+ C'est l'annonce du « Royaume de Dieu » qui constitue le cœur de sa prédication en des termes qui, s'ils reprennent l’attente des Juifs qui espèrent la venue d’un Messie qui restaurera l’indépendance d’Israël, déplacent cet espoir : le Royaume de Dieu selon Jésus inaugure le nouveau rapport avec Dieu qui se prépare à intervenir dans le monde pour le gouverner directement[156].
116
+
117
+ Sa doctrine paraît d'emblée sûre et originale[157]. Son enseignement est essentiellement connu à travers les Évangiles, qui en font le récit, et les commentaires qui en seront faits dans le reste du Nouveau Testament. Son enseignement et son action montrent une très bonne connaissance des textes religieux et de la loi juive[158]. La proximité, l'adhésion voire le rejet de Jésus vis-à-vis du pharisianisme sont d'ailleurs toujours l'objet de débats au sein de la recherche[159].
118
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119
+ Il utilise deux méthodes typiques des docteurs de la Loi, ses contemporains : le commentaire des textes canoniques et l'usage de meshalim ou « Paraboles »[160] dont il fait le ressort privilégié de sa pédagogie. Par cet usage de la parabole, Jésus laisse souvent l'auditeur libre de ses réactions, en ne le prenant pas de front.
120
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121
+ Mais il n'en pratique pas moins un enseignement d'autorité[161] qui tranche avec les enseignements des scribes[162], qui se réclament toujours, quant à eux, de l'autorité d'une source[n 36]. Jésus est néanmoins respectueux de la Loi de Moïse[n 37] et, si la proximité de Jésus avec les pécheurs ou des épisodes comme son affirmation que les besoins de l'homme prévalent sur la prescription du sabbat[v 29] ont pu choquer les pieux de son temps, « on ne peut pas dire que Jésus ait violé les lois de pureté chères aux pharisiens »[163], au contraire de ses disciples qu'il ne condamne pourtant pas.
122
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123
+ Son action suscite des réactions fortes et contrastées. On trouve à la fois des témoignages sur de grandes foules qui le suivent et le cherchent, montrant un indéniable succès populaire, et d'autres le montrant vivant dans une quasi-clandestinité au milieu de populations hostiles. En effet, Jésus a pu être l'un de ces révoltés si fréquents à son époque, un prophète juif charismatique dont le message eschatologique, sapiential ou de réforme sociale a eu une portée politique sur le monde ambiant dominé par les Romains et leurs collaborateurs judéens[164].
124
+
125
+ Bien que ce soit là le cœur de chacun des quatre Évangiles, il est assez difficile de mettre ceux-ci d'accord sur les récits de la « Passion », c'est-à-dire son procès et son exécution par crucifixion. Leur récit est bâti dans une optique d’« accomplissement des Écritures » plutôt que de reportage sur les événements[165]. Pour les historiens, la reconstruction de ces événements est ainsi « périlleuse, tant les récits sont surchargés d’interprétations confessantes du fait de leur composition pour, et de leur utilisation dans la liturgie des premières communautés chrétiennes[166] ». En effet, l'abondance des mentions géographiques ou topologiques présentes dans les récits de la Passion ont une visée liturgique, notamment dans le but d’accompagner une célébration ou un pèlerinage des premiers disciples sur les lieux du martyre[167].
126
+
127
+ Jésus est arrêté alors qu'il séjournait à Jérusalem pour célébrer la fête de Pessa'h (la Pâque juive). Ce dernier séjour à Jérusalem se déroule dans une ambiance clandestine[v 30], où les disciples échangent des mots de passe et des signes de reconnaissance pour préparer le repas dans un endroit caché. Le contraste avec l'ambiance enthousiaste de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (célébrée le dimanche des Rameaux) est flagrant, ce qui suggère que ces deux montées à Jérusalem n'ont pas eu lieu la même année. Il est possible que cette clandestinité soit due à la crainte de l'intervention de la garnison romaine. En effet, la ville de Jérusalem compte à cette époque 30 000 habitants mais attire plus de 100 000 pèlerins au moment de la Pâque. Craignant les troubles provoqués par cet afflux, les autorités romaines auraient pu vouloir noyer dans l'œuf l'éventuelle agitation suscitée par l'arrivée de Jésus et de ses partisans Galiléens, réputés prompts à la bagarre, ainsi que de la radicalisation du groupe des hellénistes[168].
128
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129
+ L'étude des évangiles ne permet pas une lecture très claire des causes et de l'historique de ce retournement d'opinion. On trouve la trace dans les évangiles de l'attente messianique d'une partie de la population, qui attendait un Messie politique, libérateur du joug des Romains. Cette attente se retrouve dans le qualificatif donné à Simon le zélote et à Judas l'Iscariote[169] et dans l'activité de prédicateurs et révoltés juifs prétendant à la messianité à cette époque, tels Judas le Galiléen, Athrongès (en), Theudas ou Jean de Gischala[170]. Jésus a pu décevoir cette attente en refusant l'action sur le terrain politique[171].
130
+
131
+ Néanmoins, si Jésus ne conteste pas radicalement le pouvoir romain, refusant de s'enfermer dans un cadre strictement « nationaliste »[n 38], il ne manifeste pas davantage d'inclination envers les grandes familles sacerdotales proches de celui-ci[172].
132
+
133
+ Le retournement d'opinion s'est d'abord manifesté en Judée[v 26], puis dans son pays en Galilée. Il semble que le signal de la répression soit venu des milieux sacerdotaux conservateurs de Jérusalem, souvent assimilés aux sadducéens[173], inquiets de l'impact de son enseignement ouvert sur la Torah et des effets de l'enthousiasme populaire qu'il suscitait sur le fragile modus vivendi avec l'occupant romain[174]. Il apparaît également vraisemblable que c'est le scandale que cet homme, décrit comme « doux » par les évangiles ultérieurs, provoque au Temple de Jérusalem un peu avant la Pâque de 30[v 31] dans l'épisode dit des « marchands du temple »[175], qui a pu précipiter son arrestation[174].
134
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135
+ Enfin, l'avant-veille de la fête juive de la Pessa'h, Jésus prend un dernier repas avec ses disciples dans une ambiance pascale[176], dans un épisode appelé traditionnellement la « Cène », au cours duquel il fait explicitement mention de sa mort prochaine qu'il lie au renouvellement définitif de l'Alliance[176]. Les chrétiens de toutes tendances considèrent qu'il institue ainsi[177] le sacrement de l'« Eucharistie ». À la suite de cet ultime repas, Jésus est arrêté au jardin de Gethsémani, par la dénonciation de son disciple Judas[178], sans que le motif soit vraiment clair[179].
136
+
137
+ Jésus se trouve alors confronté aux trois pouvoirs superposés de la Palestine[180] : le pouvoir romain, le pouvoir du tétrarque de Galilée et Pérée et le pouvoir des grands-prêtres du temple-État de Jérusalem.
138
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139
+ Les modalités du procès de Jésus sont déconcertantes[181] si l'on se réfère à ce que l'on connait du droit de l'époque : aucune reconstitution des faits ou des procédures connues ne résiste à l'examen à partir des évangiles[182], qui exposent un double procès, donc une double motivation, religieuse chez les Juifs, politique chez les Romains[183]. La question de ce procès, toujours ouverte, est d'autant plus difficile qu'elle a été obscurcie, par le temps et l'antisémitisme entre autres, de multiples enjeux politiques et religieux[184].
140
+
141
+ La narration des évangiles est difficile à suivre dans des compositions qui semblent avoir été écrites à l'intention des Romains[185], même si certains détails dénotent de traditions locales[186]. Jésus est arrêté la nuit[187] par la police du Temple, aux ordres des autorités religieuses espérant peut-être liquider le cas du Nazaréen avant la Pâque[188]. Il est tout d'abord conduit chez l'ex-grand prêtre Anân[189], puis, à l'aube, devant une cour de justice[190], que les évangiles appellent Sanhédrin[191], devant le « souverain sacrificateur » Caïphe, avant de comparaître devant le préfet romain Ponce Pilate[192], qui l'envoie, lui[193], chez Hérode Antipas avant de l'interroger à son tour. Cela donne lieu à des confrontations où Jésus soit se tait, soit paraît souligner le caractère relatif du pouvoir de ses interlocuteurs par sa liberté de parole[194] dans des scènes très chargées symboliquement[195].
142
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143
+ Au terme d'une procédure judiciaire romaine, habituelle en province, de « cognitio extra ordinem »[188], Jésus est finalement condamné par Ponce Pilate — probablement embarrassé[196] et dont les évangiles atténuent la responsabilité[197] sans doute dans une optique missionnaire[198], réinterprétant complètement la personnalité[182] d'un préfet « craintif donc cruel »[188] — à subir le supplice romain du crucifiement, au motif politique de rébellion[197]. Après avoir été flagellé[199], il est tourné en dérision et stigmatisé dans les quartiers des soldats romains, revêtu d'une chlamyde qui évoque la pourpre royale, coiffé d'une couronne tressée d'épines et muni d'un roseau évoquant le sceptre dans une mise en scène visant à moquer le « Roi des juifs »[200]. Son exécution a lieu un vendredi, veille du Shabbat, sur une croix surmontée d'un titulus portant l'inscription « Jésus le Nazôréen[201], Roi des Juifs »[202], qui instruit sur le motif de la condamnation pour le droit romain[203]. Après y avoir transporté sa croix, il est crucifié au lieu-dit « Golgotha », à l'extérieur de Jérusalem, avec deux « brigands », sans que l'on sache s'il s'agit de voleurs ou de séditieux, en présence de quelques femmes mais en l'absence de ses disciples[204].
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145
+ Jésus meurt vraisemblablement dans l'après-midi du jour de la « parascève »[197] — jour de la préparation de la fête de Pessa'h — le 14 Nissan[n 39], ce qui correspond, compte tenu du calendrier hébreu usuel, pour la majorité des chercheurs qui se basent sur la chronologie johannique plus fiable[v 32], au vendredi 7 avril 30[205] ou au vendredi 3 avril 33[n 40]. Cependant d'autres dates sont proposées[n 41], aucune n’étant pleinement satisfaisante, les traditions johannique et synoptiques (selon ces dernières, la mort du Messie se situerait le 27 avril 31[206]) étant sur ce point inconciliables[n 42]. En tout cas, sa mort a eu lieu durant les fêtes de Pessah[207], pendant que Pilate est préfet de Judée, donc après 26 et avant 37[208]. Il est enseveli avant la levée de la première étoile, suivant la prescription de la loi judéenne[204].
146
+
147
+ La mort de Jésus est suivie d'un épisode qui relève de la seule foi[209] mais qui n'en appartient pas moins à l'histoire des religions par les effets incalculables[210] qu'il a produits : l'épisode de la Résurrection.
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+
149
+ Il faut considérer l'annonce de la résurrection de Jésus comme l'élément majeur de la fondation de ce qui va devenir une nouvelle religion. Cet épisode fondamental n'est décrit dans aucun évangile canonique. À travers quelques scènes[v 33] qui présentent une forte diversité selon les évangiles, les textes présentent l'après-coup : l'étonnement des femmes qui découvrent le tombeau vide, puis l'apparition du « Ressuscité » parfois en Galilée, parfois dans les environs de Jérusalem ou encore ici et là, envoyant tantôt en mission, tantôt accordant l'« Esprit » aux disciples ou encore partageant leur repas. Les récits de découverte du tombeau et d'apparitions « sont trop légendaires et trop divergents pour permettre la moindre reconstitution des faits »[211].
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+ On peut constater trois constantes des récits canoniques : la résurrection est inattendue bien qu'elle ait été prophétisée par Jésus plusieurs fois[212] et que des parallèles aient été établis avec l'Ancien Testament pour l'annoncer[213], elle n'est pas décrite en tant que telle, et elle n'est accessible qu'aux seuls croyants[214]. L'événement ne nie toutefois pas la mort car Jésus ne ressuscite que le troisième jour après sa crucifixion ; il s'agit davantage du passage à une vie qui ne finit pas, qui se place dans l'éternité et sur laquelle le temps n'a pas de prise.
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+ L'événement, dans un récit qui ne connaît pas le terme « résurrection », est raconté dans un langage forgé par la foi juive dans l'apocalyptique. Il ne correspond pas à une angoisse de la survie des corps : le tombeau ouvert répond à la promesse de Dieu de « relever les morts » à la fin des temps[n 43] qui se concrétise déjà pour Jésus[215].
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+ Sur le plan de la religion, Jésus n'a jamais cherché à se séparer du judaïsme[216], et ses disciples ont dans un premier temps été considérés comme une secte juive parmi d'autres. La séparation du christianisme d'avec le judaïsme est progressive et peut être lue en partie comme une conséquence de la crise d'identité qui traverse le judaïsme aux Ier et IIe siècles, qui se traduit entre autres par les révoltes contre Rome auxquelles ne prennent pas part la « secte des nazaréens »[217], et qui entraine la disparition de la plupart des courants du judaïsme à la suite de la destruction du Temple en 70[218]. La diversité des pratiques juives se réduisant au seul néo-pharisianisme, c'est alors qu'être juif devient « vivre en conformité avec l'enseignement des sages pharisiens », ce qui devient incompatible avec l'observance des interprétations de l'enseignement de Jésus, à l'instar de celle d'Ignace d'Antioche[219].
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+ Ainsi, les débats qui agitent les partisans de Jésus pendant plusieurs décennies après sa mort, notamment afin de savoir dans quelle mesure ils doivent suivre la Loi ou imposer la circoncision, apportent des réponses qui vont progressivement devenir normatives dans les générations qui suivent, au point de faire apparaitre dans le monde antique, entre les juifs et les grecs, une « troisième race »[220] que vont devenir les chrétiens[221].
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+ Selon l'école traditionnelle et même dans l'apologétique récente[222], la séparation d'avec le judaïsme serait esquissée dès les premières dissensions apparues au cours d'une réunion décrite dans les Actes des Apôtres, qui sera nommée rétrospectivement le « premier concile de Jérusalem », réunion qui admet l'adhésion des non-juifs sans les circoncire, et écarte de fait l'application littérale des lois mosaïques au moins pour les prosélytes (voir Christianisme ancien). L'histoire de la séparation se réunit autour de deux pôles selon que l'historiographie est issue de l'une ou l'autre école : l'école européenne considère qu'elle est chose faite avec la Birkat haMinim qui serait écrite en 135 ; l'école anglo-saxonne[223] remarque que bien des cérémonies sont encore communes dans certaines régions (surtout en Orient, mais parfois en Occident) jusqu'au Ve siècle, c'est-à-dire quand la période des conciles christologiques est engagée.
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+ Le christianisme connaitra une croissance importante dans ses multiples branches, jusqu'à en faire la religion la plus importante en nombre de fidèles dans le monde au XXIe siècle.
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+ Les sources de la vie de Jésus ont longtemps reposé essentiellement sur des documents littéraires produits par le christianisme lui-même. Esquisser l'histoire de Jésus s'est ainsi longtemps fait suivant le canevas proposé par les textes canoniques du Nouveau Testament, par la Tradition et par certains passages apocryphes qui ont noué la trame de la traditionnelle « histoire sainte », laquelle sera la norme pendant des siècles, amplement et spectaculairement relayée et magnifiée par l'iconographie chrétienne. Or les auteurs des Évangiles canoniques n'avaient pas pour objet de livrer une documentation de caractère historique à la postérité mais bien un témoignage de foi[224].
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+ La nécessité d'une approche historique et rationnelle de Jésus est apparue au XVIIIe siècle avec Hermann Samuel Reimarus[225] qui voulait « arracher Jésus au dogme chrétien » pour « retrouver le Juif de Palestine » et « le restituer à l'histoire »[226]. Au XIXe siècle, il y eut de nombreux auteurs pour écrire une « vie de Jésus » à visée de reconstitution historique, comme celle, célèbre, d’Ernest Renan en France où l'imagination suppléait souvent au silence des sources.
166
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+ Certains mythologues ont pensé résoudre les difficultés rencontrées par l'historien en expliquant les Évangiles comme un mythe solaire ou un drame sacré purement symbolique dans une démarche qui ne résiste désormais plus à l'analyse[227]. Si l'existence de Jésus n'est plus guère discutée que par quelques auteurs en dehors du milieu académique spécialiste, la nature de cette existence reste, quant à elle, bel et bien débattue sous différents aspects.
168
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+ Les textes constituent évidemment des sources d'étude valables à condition de les soumettre à la critique. L’étude des premiers temps du christianisme, l'exégèse de la Bible et des autres textes comme les apocryphes, constituent aujourd’hui une discipline à laquelle contribuent en commun des chercheurs et des universitaires, religieux et laïcs, quelles que soient leurs convictions et leur appartenance religieuse. La plupart des publications actuelles traitant de la naissance du christianisme pointent, outre une meilleure interdisciplinarité, l'important enrichissement de la documentation que les découvertes archéologiques et les nouvelles sources documentaires ont permis depuis le milieu du XXe siècle[228], particulièrement depuis les années 1990.
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+ Le Nouveau Testament dans son entier est la source la plus complète dont on dispose concernant la vie et l'enseignement de Jésus.
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+ Les Évangiles selon Matthieu, Marc et Luc, qui racontent l'histoire de Jésus d'un point de vue relativement semblable, sont dits « synoptiques ». L'évangile selon Jean relève lui d'une autre christologie, appelée « johannique ». Le premier des évangiles à avoir été rédigé semble être celui selon Marc. Les parties communes à Matthieu et à Luc dépendent peut-être, selon certains chercheurs, d'un document plus ancien, mais perdu, appelé « source Q ». Dans leur état actuel, les évangiles datent vraisemblablement d'entre 65 et 110[229]. Ils sont le fruit d'un long processus de recueil de paroles et leur agencement est organisé à la manière d'une « Vie » (une Vita) à l'antique, qui n'est pas une biographie[230].
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+ Les Actes des Apôtres, vraisemblablement rédigés par Luc autour de l'année 80, retracent les débuts des premières « communautés chrétiennes »[231] à partir de la Pentecôte qui, dans selon Luc, peuvent préfigurer l'« Église universelle »[232]. Ils racontent le début de la diffusion de ce qui est alors un « obscur courant du judaïsme »[233], dans certaines parties de l'Empire romain, dans une vision centrifuge à contre-courant de l'eschatologie juive centrée sur Jérusalem.
176
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+ Les Épîtres de Paul, où se trouve le passage qui constitue la mention la plus ancienne du christianisme concernant la mort et la résurrection de Jésus[v 34], sept autres Épîtres, dites « catholiques » — c'est-à-dire, alors, adressées à toutes les communautés chrétiennes — et l'Apocalypse forment un corpus qui témoigne de la réflexion des premiers disciples sur Jésus. Leur rédaction prend place entre 50 et 65 mais elles ne fournissent que peu de renseignements sur la vie de Jésus[234].
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+ Les agrapha, mot signifiant « choses non écrites », sont des paroles de Jésus qui ne se trouvent pas dans les textes canoniques. Certaines d'entre elles pourraient être authentiques. Elles proviennent de variantes des Évangiles, des papyri d'Oxyrhynque, des textes apocryphes du Nouveau Testament comme l'Évangile selon Thomas, dont les fouilles de Nag Hammadi ont mis au jour une traduction complète en copte et dont l'attribution à l'apôtre Thomas est rejetée par les chercheurs. Le Papyrus Egerton 2 publié pour la première fois en 1935, composé de 4 fragments, retranscrit des faits et des paroles à rapprocher de l'Évangile selon Jean.
180
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+ Les apocryphes (du grec απόκρυφος / apókryphos, « caché ») sont très divers dans leur style et leur contenu : récits de l'enfance (Protévangile de Jacques), recueil de logia (Évangile selon Thomas), descente aux Enfers (Actes de Pilate), harangues, récits de miracles, etc. La critique textuelle laisse cependant apparaître une fiabilité documentaire nettement supérieure des textes du Nouveau Testament[235]
182
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+ Les écrits des Pères apostoliques[236] (Didachè, Épître de Clément de Rome, les Lettres d'Ignace d'Antioche[237], Lettres de Polycarpe de Smyrne, Lettre de Barnabé, Lettre à Diognète, Fragments de Papias d'Hiérapolis, Le Pasteur d'Hermas) dont les auteurs, bien que vivant à la fin du Ier siècle, n'ont pas de liens directs avec la génération apostolique. Il arrive à d'autres Pères de l'Église comme Eusèbe de Césarée ou Jérôme de Stridon de citer des fragments d'évangiles apocryphes, en général pour en contester la valeur (Évangiles des Hébreux, des Ébionnites, des Égyptiens, des Nazôréens…).
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+ Il n'existe aucun acte officiel des autorités romaines se rapportant à Jésus. Le premier chroniqueur qui évoque Jésus vers 94 est Flavius Josèphe, romain d'origine juive né en 39. Son témoignage mentionne, dans ses Antiquités judaïques, Jésus à deux reprises. Il est évoqué au sujet de la lapidation de Jacques de Jérusalem, décrit comme « le frère de Jésus appelé Christ »[v 35]. Un passage beaucoup plus développé consacré à Jésus lui-même, connu sous son nom latin de Testimonium flavianum, le décrit comme « un homme exceptionnel, [qui] accomplissait des choses prodigieuses […] et se gagna beaucoup de monde parmi les juifs… », puis mentionne la résurrection, l'admiration et la foi de ses disciples évoquant une lignée de « chrétiens » qui se perpétue à l'époque de Josèphe[v 36]. L'authenticité de ce passage fait encore l'objet de débat, la plupart des commentateurs envisagent aujourd'hui que ce passage, en son état actuel, a été retouché par des mains chrétiennes, ce qui n'exclut pas que Josèphe ait rédigé une notice sur Jésus, peut-être moins enthousiaste[238].
186
+
187
+ Le patriarche de Constantinople Photios, grand érudit du IXe siècle, signale avec étonnement[n 44] qu'il ne figure aucune mention de Jésus dans l’Histoire des juifs[239], texte du Ier siècle aujourd'hui disparu de Juste de Tibériade, un historien juif rival de Flavius Josèphe qui le critique sévèrement dans son Autobiographie.
188
+
189
+ Une vingtaine d'allusions possibles à Jésus existent dans le Talmud mais toujours de manière anecdotique et parfois sous un autre nom et ne sont pas antérieures au IIIe siècle[240]. Il y est fait référence à un certain Yeshu qui aurait conduit le peuple sur de mauvaises voies et fut condamné à mort pour sorcellerie puis pendu la veille de Pâques à Lod. Sa secte aurait survécu à sa mort plusieurs décennies voire plusieurs siècles selon le Talmud.
190
+
191
+ Depuis le Moyen Âge, on rencontre un Yeshu ou Yeshu Hanotsri (« le Nazaréen ») dans les Toledot Yeshu, écrites entre le IVe et le VIe siècle[241] et qui reflètent la version juive des évènements décrits dans les Évangiles. Les historiens pensent généralement qu'il s'agit d'une parodie d'un Évangile perdu, bien qu'il semble au moins partiellement venir de sources juives antiques concernant Yeshu.
192
+
193
+ Dans le Talmud on rencontre un Yeshu et le personnage a été souvent identifié comme identique à Jésus. Cependant, dans le Talmud, Yeshu se rapporte apparemment à plusieurs personnes vivant à des époques différentes (notamment un siècle avant et un siècle après Jésus) et des indices peuvent laisser penser que le Yeshu du Talmud et le Jésus des Évangiles n'ont pas de rapport entre eux[242]. En revanche, Joseph Klausner trouve fiable le rapprochement du Yeshu du Talmud avec le personnage de Jésus[243].
194
+
195
+ Le texte le plus intéressant se trouve dans le Talmud de Babylone[244] et rapporte une tradition de la « pendaison » de Yeshu (ou Yeshu Hanotsri dans les éditions plus tardives) la veille de la Pâque dans un cadre strictement juif[245] ainsi qu'il lui attribue cinq disciples : Mattai, Naqi, Netser, Boni et Todah[246].
196
+
197
+ Il est à noter que selon les Toledot Yeshu ainsi que selon le principal narratif concernant Yeshu dans le Talmud, ce dernier vivait un siècle avant l'ère chrétienne. Pour de nombreux commentateurs juifs traditionnels comme Rabbenou Tam, Nahmanide, ou plus récemment Adin Steinsaltz, c'est ce Yeshu qui fut le personnage historique sur lequel fut ensuite construite la figure de Jésus.
198
+
199
+ Il est souvent fait allusion à Ben Stada, comme étant issu de l'union adultère de Myriam et d'un soldat romain appelé Pandera (à rapprocher du propos Celse dans son Discours véritable, rapporté par Origène). Le texte de Tossafot sur Shabbat 104, datant du Moyen Âge, écarte cette légende : « Ce Ben Stada n'était pas Jésus de Nazareth, car nous disons ici que Ben Stada vivait à l'époque de Paphos ben Yehudah, lui-même vivant du temps de Rabbi Akiva » soit un siècle plus tard[247].
200
+
201
+ Dans une lettre à l'empereur Trajan en 111 ou 112[248], Pline le Jeune explique les résultats d'une enquête qu'il a menée sur des chrétiens de Bithynie à la suite d'accusations parvenues jusqu'à lui, et explique qu'il ne trouve pas grand-chose à leur reprocher[249]. Pline ne parle cependant pas de Jésus de Nazareth et ne mentionne le « Christ » que pour expliquer que ses adeptes de Bithynie se réunissent pour lui chanter des hymnes « comme à un dieu »[250].
202
+
203
+ Vers 116, dans ses Annales[251], l'historien romain Tacite relate comment l'empereur Néron, accusé d'avoir causé l'incendie qui ravage Rome en 64, s'ingénie à trouver des incendiaires, et rejette l'accusation sur ceux que « la foule » appelle chrétiens (christiani). « Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate »[252], et en fait supplicier bon nombre[249].
204
+
205
+ Les Vies des douze Césars de Suétone, écrites vers 120, comptent quelques mentions des activités des chrétiens[253] et mentionnent, dans la Vie de Claude[254] un Chrestos — dont il est généralement admis qu'il désigne Jésus-Christ[255] — qui, selon Suétone, incomplètement informé, aurait été présent à Rome lors des troubles de 49-50 au sein de la communauté juive de Rome, à l'encontre de laquelle Claude promulgue un édit d'expulsion[249].
206
+
207
+ Une lettre d'un stoïcien nommé Mara bar Sérapion, adressée en syriaque à son fils[256], parle d'un « sage roi » exécuté par les siens — les Juifs — à l'instar de Socrate et Pythagore, dans ce qui est accepté comme une allusion à Jésus de Nazareth[257]. Si la recherche s'accorde pour le dater d'après 73, la datation du document est fort débattue, pouvant aller jusqu'à l'aube du Ve siècle, avec une majorité de chercheurs inclinant pour une rédaction au cours du IIe siècle[258]. Le document renseigne, en tout état de cause, davantage sur le christianisme que sur Jésus tandis que son implication des Juifs est, au mieux, douteuse[257] et elle s'inscrit dans une démonstration plus générale[259].
208
+
209
+ L'écrivain satirique Lucien de Samosate, dans la deuxième partie du IIe siècle, fait une allusion au supplice de Jésus, sans le nommer, dans La Mort de Pérégrinos[260].
210
+
211
+ À la suite des guerres judéo-romaines et des autres catastrophes des Ier et IIe siècles, le judaïsme voit la disparition de presque tous ses courants, à l'exception du judaïsme rabbinique, proche du pharisianisme sans en reprendre l'apocalyptique, fondé sur le respect exclusif à la Loi. Le processus prendra plusieurs décennies, qui fixera les Écritures hébraïques — qui seront reprises des siècles plus tard par les protestants — et les prières synagogales dont une qui contient la condamnation des sectaires, les « minims », dont les « nazôréens »[261].
212
+
213
+ Si le christianisme des premiers temps a pu passer pour un nouveau courant acceptable du judaïsme, il s'est rapidement posé le problème de l'adhésion de plein droit de membres païens sans en faire d'abord des Juifs[262]. La question se pose au moment de la création de la Torah rituelle, celle des 613 commandements[263],[264], et, en ce qui concerne les membres non juifs, le problème prend plus de poids quant aux aspects de règle de pureté rituelle[n 45] et les moyens de « réconciliation »[n 46]. La messianité, bien qu'elle ait joué un certain rôle lors de la condamnation de Jésus, n'est pas alors déterminante de l'autodétermination juive de cette époque puisque certains courants du judaïsme, tels les sadducéens, allaient jusqu'à renoncer à cette attente[265].
214
+
215
+ Le judaïsme, la religion de Jésus lui-même, n'a pas désormais de point de vue spécifique ou particulier sur le Jésus et très peu de textes dans le judaïsme se réfèrent directement ou parlent de Jésus. En effet, un des principes les plus importants de la foi juive, est la croyance en un Dieu et seulement un Dieu, sans aucun intermédiaire[v 37]. La Trinité chrétienne y est comprise comme une croyance en Jésus en tant que Divinité, partie de Divinité ou fils de Dieu, qui est de ce fait incompatible avec le judaïsme et en rupture avec l'hébraïsme qui le précédait[266]. « Pour un Juif, toutefois, n'importe quelle forme de shituf (croyance en d'autres dieux en plus du Dieu d'Israël) équivaut à une idolâtrie dans le plein sens du terme. Il n'est pas possible pour un Juif d'accepter Jésus comme une divinité, un médiateur ou un sauveur (messie), ou même comme un prophète, sans trahir le judaïsme »[267]. « Les Juifs ont rejeté les revendications que Jésus répond aux prophéties messianiques de la Bible hébraïque, ainsi que les revendications dogmatiques le concernant émises par les pères de l'Église, c'est-à-dire qu'il est né d'une vierge, qu'il est le fils de Dieu, qu'il fait partie d'une Trinité divine et qu'il a ressuscité après sa mort. Pendant deux mille ans, un vœu central du christianisme a été d'être un objet de désir de la part des Juifs, dont la conversion aurait montré leur acceptation du fait que Jésus remplit leur propre prophétie biblique »[268].
216
+
217
+ Pour cette raison, les questions apparentées, telles que l'existence historique de Jésus et les autres sujets concernant sa vie sont de même considérés comme hors de propos dans le judaïsme.
218
+
219
+ L'eschatologie juive considère que la venue du Messie sera associée avec une série d'évènements spécifiques qui ne se sont pas encore produits, y compris le retour des Juifs en Terre d'Israël, la reconstruction du Temple, une ère de paix[v 38].
220
+
221
+ Le Coran parle de Jésus sous le nom d’`Îsâ[269], personnage indissociable dans les textes coraniques de sa mère Maryam (« Marie »)[270]. Il est ainsi souvent désigné sous le nom de al-Masïh[n 47] `Îsâ ibn Maryam[n 48] présenté avec celle-ci comme modèles à suivre[270].
222
+
223
+ Jésus fait partie des prophètes dits de la « famille de 'Îmran » avec sa mère, son cousin Yahyâ (Jean le Baptiste) et le père de celui-ci Zacharie[271]. La foi populaire musulmane accorde une grande importance à Jésus et Marie[n 49] tandis que Jésus, tourné vers la beauté du monde, apparait par ailleurs souvent avec son cousin Jean, ascète radical, avec lequel il forme une façon de « gémellité spirituelle permanente »[272].
224
+
225
+ L'insistance marquée sur la filiation à Marie est un clair rejet de la filiation divine de Jésus ; néanmoins, la tradition musulmane souligne le caractère miraculeux de sa naissance virginale sans père connu, Joseph — absent du texte coranique — étant considéré par la tradition comme un cousin de Marie. Dans le Coran, Jésus est en effet créé par le kun[n 50],[v 39], l'« impératif divin », et conçu par un rûh de Dieu, souffle divin intemporel envoyé à Marie, le même souffle qui anime Adam et transmet la révélation à Mahomet[273],[v 40].
226
+
227
+ Le Coran partage avec les apocryphes chrétiens de nombreuses scènes de vie de Marie et d’enfance de Jésus : offrande de Marie[v 41], vie de Marie au Temple[v 42], prise en charge de Marie[v 43], nativité sous un palmier[v 44], Jésus parle au berceau[v 45], il anime des oiseaux en argile[v 46].
228
+
229
+ Dans le Coran, Jésus apparait comme un prophète, annonciateur de Mahomet, qui prêche le monothéisme pur, accomplit des miracles, opère des guérisons, ressuscite les morts et connait les secrets du cœur. Jésus confirme la Torah, dont il atténue les prescriptions légales[274], tandis que son « Écriture », contenue dans l’Injil, est présentée comme « une guidance et une lumière »[275] que les chrétiens auraient négligée. Ibn Arabi lui confère le titre de « sceau de la sainteté », « le plus grand témoin par le cœur », tandis que Mahomet est le « sceau des prophètes », « le plus grand témoin par la langue »[273]. Sa prédication auprès des juifs aurait été un échec[276] et il est suivi des seuls apôtres. Les juifs auraient alors voulu le punir en le crucifiant mais Dieu ne l'a pas permis et lui aurait alors substitué un sosie[277] avant de le rappeler à lui[v 47]. Néanmoins la fin terrestre de Jésus reste obscure, aucun passage ne signifiant clairement ce qu'il en est advenu.
230
+
231
+ La représentation de Jésus dans le Coran lui confère également une dimension eschatologique[278] : son retour sur terre, en tant que musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup de hadiths le présentent comme le principal compagnon du Mahdi, Sauveur de la fin des temps[279].
232
+
233
+ En définitive, on trouve dans le Coran quatre négations catégoriques concernant Jésus, par crainte d'associationnisme (shirk)[273] : il n'est ni Dieu, ni son fils, ni le troisième d'une triade[n 51] pas plus qu'il n'a été crucifié[v 48] car cela aurait été « indigne » d'un prophète de son « importance »[273].
234
+
235
+ Enfin, depuis le début du XXe siècle, une minorité musulmane syncrétiste résidant dans les montagnes du Pakistan, les Ahmadis, voue à Jésus un culte tout comme aux saints de l'islam autour d'un tombeau qu'elle dit être celui de Yuz Asaf identifié à Jésus. Le lieu de culte est situé à Srinagar. Ce courant développe une christologie particulière selon laquelle Jésus est un prophète de Dieu qui aurait été déposé de la croix en état de coma et non mort et, une fois soigné, serait venu finir sa vie au Pakistan jusqu'à 120 ans[280]. Cette doctrine est celle de l'« évanouissement ».
236
+
237
+ Les auteurs des évangiles, issus d'un contexte judaïque généralement réticent à l'égard des images par peur d'idolâtrie, semblent considérer que les paroles de Jésus sont plus importantes que son apparence et ne donnent aucune description de celui-ci[281].
238
+ Mieux, les seules allusions néotestamentaires énoncent l'impossibilité et le refus de donner des traits physiques au Jésus de l'Histoire : « transfiguré devant eux ; son visage resplendit comme le soleil » (Mt 17,2) ; Paul ne voit aussi qu'« une grande lumière » (Ac 22, 6) lors de sa conversion ; et lors des christophanies, les intimes de Jésus ne reconnaissent pas ses traits dans le Ressuscité qui leur apparaît.
239
+
240
+ La littérature patristique se contente de jugements de valeur : Jésus sera ainsi décrit d'après Isaïe sans « grâce ni beauté » (Is 53,2), par Justin (Dial XIV, 8[282]) et Irénée de Lyon, « petit, disgracié » selon Origène ; à l'inverse et selon le Psaume 44 le « plus beau » des hommes (saint Augustin, saint Jérome, Jean Chrysostome)[283].
241
+
242
+ Si la quête du visage de Jésus trouva quelques satisfactions au travers des images achéiropoïètes ou de la lettre apocryphe[284] de Publius Lentulus, la recherche actuelle la reprend selon les données statistiques et sociologiques pour dresser l'apparence supposée d'un juif galiléen du Ier siècle : celui-ci mesure en moyenne 1,55m pour un poids de 49 kg, est plutôt trapu s'il est artisan (l'agonie rapide de Jésus suggère plutôt une constitution peu robuste[285]), son visage basané porte la barbe[286] selon les codes religieux. Paul critiquant le port des cheveux longs (1 Cor 11,14), certains jugent qu'on ne peut en affubler son maître[287]. Le scientifique Richard Neave (en) a façonné en 2002 le portrait-type d'un homme « qui aurait pu rencontrer Jésus »[287], paru en janvier 2015 sous le titre spécieux et largement relayé par sensationnalisme : « le vrai visage de Jésus »[288]. Mais celui-ci demeure « l'image manquante de l'histoire chrétienne »[283], que l'art religieux s'emploiera à suppléer.
243
+
244
+ L'art chrétien ne va pas de soi et trouve ses origines dans l'art païen et polythéiste, en l'imaginaire duquel les peintres et sculpteurs antiques puisaient. Les pères de l'Église, pour leur part, contestaient l'art en tant que tel en des termes assez durs et se réclamaient de l'Ancien Testament qui condamne radicalement l'iconographie[v 49].
245
+ Clément d'Alexandrie liste néanmoins, vers 200, des éléments qui peuvent endosser une signification chrétienne sur les sceaux ou les bagues, tel le poisson, un symbole chrétien dont le terme grec (ἰχθύς / Ichthus) constituait un acronyme des noms de Jésus[n 52].
246
+
247
+ Si au début du IVe siècle le concile d'Elvire interdit encore les images peintes sur les parois des églises, l'art chrétien a cependant déjà pris son essor, dans une visée qui n'est pas étrangère à l'apologétique[289].
248
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249
+ L'évolution du rapport à la représentation du Christ se transforme dès le premier tiers du IIe siècle et une iconographie christique apparaît progressivement dans les catacombes et sur les sarcophages. Les représentations en demeurent cependant rares au profit de figures de l'Ancien Testament, comme Moïse ou Jonas, et Jésus n'est représenté que dans un petit nombre de scènes : son baptême, des miracles ou guérisons, l'entrevue avec la Samaritaine… Son action de thaumaturge est souvent soulignée dans cette première vague iconographique qui le présente également parfois au milieu de ses disciples à l'instar des philosophes grecs[281].
250
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251
+ Ce Jésus des premières représentations est souvent beau, juvénile, voire séduisant — même si son visage est souvent « passe-partout », ne se différenciant guère de l'iconographie habituelle du panthéon gréco-romain — à contre-courant des descriptions des Pères de l'Église qui le présentent comme quelconque, voire laid ou pitoyable[281]. Il est souvent représenté sous forme du « Bon Pasteur » dans une image qui procède d'un Hermès « criophore »[290], à mettre en parallèle avec Orphée, un autre « bon pasteur », image qui va se multiplier sur les premiers sarcophages chrétiens et sur les voûtes des hypogées. Hermas décrit par exemple Jésus au IIe siècle comme « un homme à l'air majestueux, en costume de pâtre, couvert d'une peau de chèvre blanche, une besace sur l'épaule et une houlette à la main »[291].
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+ Le christianisme devenant progressivement la religion officielle de l'Empire à partir du IVe siècle, l'iconographie va petit à petit se libérer du modèle gréco-romain, notamment influencée par les débats christologiques qui caractérisent cette période. C'est dans le dernier tiers du siècle que commence à apparaître la dimension divine — la « puissance cosmique » — du Christ dans les représentations jusqu'alors plutôt marquées par l'aspect protecteur et guérisseur du personnage[281].
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+ À cette époque, Jésus est encore généralement représenté comme un éphèbe glabre ou encore sous la forme d'un petit garçon qui correspond à une dénomination habituelle du Christ à l'époque (« pais », du grec παις, l'« enfant ») ; ce n'est qu'à partir de la fin du IVe siècle qu'il est représenté plus âgé et barbu, sous l'inspiration du modèle du philosophe enseignant de l'Antiquité. Ces deux types distincts de représentations coexisteront pendant près de deux siècles encore[281].
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257
+ À partir du Ve siècle, c'est le caractère divin qui constituera la dimension principale des représentations, appuyant l'insistance du Credo de Nicée sur l'égalité du Père et du Fils et traduisant la structuration par la hiérarchisation et le dogme, dans une image de la « gloire de Dieu » qui dominera l'art chrétien jusqu'à l'art gothique[281]. L'aspect humain perdurera cependant à travers les icônes, bien que la plupart aient été détruites lors de la crise iconoclaste[n 53], qui trouveront un prolongement dans l'art byzantin qui fera la synthèse entre les aspects humain — idéalisé en philosophe enseignant — et divin, légitimé depuis le concile de Nicée II en 787.
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+ Les traditionnelles représentations de la Vierge à l'Enfant puisent quant à elles leurs origines dans les représentations de la déesse d'origine égyptienne Isis[291] allaitant Harpocrate, l'Horus enfant[292]. Paradoxalement, alors que l'enfance de Jésus est presque totalement éludée par les évangélistes canoniques, l'enfant Jésus (le « petit Jésus » en langue populaire) est un des thèmes les plus présents dans l'iconographie chrétienne. Le sujet de la Vierge à l'enfant est ainsi le plus représenté de tout l'art chrétien devant la Crucifixion[293].
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+ L'Église catholique autorisant les représentations du Christ, celui-ci a été l'objet d'un nombre incalculable de figurations sous forme de portraits, de tableaux mettant en scène sa vie, de sculptures, de gravures, de vitraux, etc. Dans l'art occidental, le personnage de Jésus est certainement celui qui a fait l'objet du plus grand nombre de représentations. Une des figurations les plus courantes est celle du Christ en croix, au moment de sa Passion. Toutes ces représentations relèvent de la création artistique, aucune image contemporaine au Christ ne nous étant parvenue. Quelques images achéiropoiètes (« non faites de main d'homme ») — dans une christianisation de la tradition païenne des « images tombées du ciel » — prétendent représenter le « véritable » visage de Jésus. Malgré la diversité des artistes et des époques, elles ont toutes quelques traits communs. En fait, les représentations de Jésus obéissaient à des canons artistiques précis[294], basés sur la tradition et les plus anciennes représentations connues : Jésus est présenté comme un homme blanc, de taille moyenne, plutôt mince, au teint mat et aux cheveux bruns, longs ; il sera plus tardivement représenté avec une barbe[295].
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+ Sa tête est souvent entourée d'un cercle lumineux ou doré, appelé auréole, attribut courant figurant la sainteté d'un personnage. Quand elle s'applique à Jésus, cette auréole est souvent marquée conventionnellement d'une croix (généralement rouge), qui permet de l'identifier sans ambiguïté.
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267
+ L'expression des yeux est l'objet d'une attention particulière des artistes. De même, la position de ses mains a souvent une signification religieuse. L'Église catholique ayant exprimé le souhait que la vie de Jésus puisse être comprise par tous, il n'est pas rare de trouver en Afrique des figurations du Christ en homme Noir, ou en Amérique du Sud des représentations de sa vie avec des vêtements locaux. Ce phénomène est ancien, puisque les artistes de la Renaissance représentaient déjà Jésus entouré de personnages habillés selon la mode de leur siècle (voir le groupe de personnes à droite sur le tableau de Fra Angelico, Descente de Croix).
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269
+ Au Moyen Âge, les représentations visuelles avaient une fonction éducative : en mettant en scène la vie de Jésus-Christ, on diffusait la culture chrétienne à des personnes ne sachant généralement pas lire, et n'ayant de toute façon pas accès aux livres, y compris aux livres saints tels que la Bible. C'est ce qui est à l'origine de la crèche de Noël, tradition encore très active dans les milieux chrétiens. Certaines scènes sculptées sur les calvaires bretons, comme celui de la chapelle de Tronoën par exemple, sont de véritables résumés de la vie de Jésus. De même, toute église catholique est pourvue d'un chemin de croix (en latin Via Crucis) qui figure en 14 étapes, appelées « stations », les différents moments de la Passion du Christ, depuis sa condamnation jusqu'à sa mise au tombeau. Généralement réparties sur les pourtours de la nef, ces étapes sont représentées le plus souvent par des tableaux ou des petites sculptures ; pour les plus simples il s'agit seulement d'une croix accompagnée du numéro de la station. Jusqu'à récemment dans toutes les maisons catholiques, les pièces principales et les chambres étaient pourvues d'un christ en croix, généralement accroché sur le mur au-dessus du lit ou de l'accès à la pièce.
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+ Les orthodoxes acceptent la représentation du Christ en deux dimensions. La représentation la plus courante est celle des icônes.
272
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273
+ Au VIIIe siècle, sous la poussée des Arabes à l'Est et des Bulgares à l'Ouest, des mesures seront prises dans l'Empire romain d'Orient contre les images et les statues qui peuplent les églises dans le but d'unifier l'empire derrière le seul chrisme, déclenchant la crise iconoclaste qui durera plus d'un siècle[296]. Après la fin des guerres iconoclastes, le christianisme oriental donne lieu au développement d'un art spécifique, l'icône, basée sur une grammaire picturale très organisée. Ces images sont sacrées, l'esprit du ou des personnages représentés est censé « habiter » la représentation. L'iconographe — le peintre d'icône — se prépare à la fois par un apprentissage théologique et par une ascèse, le plus souvent le jeûne et la prière.
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+ Les icônes sont anonymes jusqu'au XVe siècle.
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+ La « Passion du Christ » était un des sujets traditionnels des mystères médiévaux.
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+ Dans son analyse de quelques œuvres de cette filmographie (celles de Pasolini, Scorsese, et M. Gibson), le cinéaste Paul Verhoeven (membre par ailleurs du Jesus Seminar) écrit : « Jamais personne n'a tourné de film réaliste sur la vie du Christ. Je veux par là que personne n'a jusqu'ici voulu le décrire comme un simple humain, considérer ses « miracles » — pour autant qu'ils aillent à l'encontre des lois de la nature — comme « impossibles » et par conséquent, les effacer ou les réinterpréter. » À l'exception du film des Monty Python, dit Verhoeven, « le cinéma s'est généralement contenté de paraphraser les Évangiles avec un surplus de sainteté »[301].
280
+
281
+ Jésus de Nazareth qui, pour les chrétiens, est ressuscité avec son enveloppe charnelle, a pu néanmoins laisser des traces de sa vie matérielle qui peuvent être considérées comme des reliques par certains croyants, ce suivant des traditions plus anciennes : dès l'époque paléochrétienne, on montrait aux pèlerins qui faisaient le voyage de la Terre Sainte différentes reliques vétérotestamentaires comme la verge d'Aaron qui, d'après l'Épître aux Hébreux, était conservée dans l'arche de l'Alliance dans le saint des saints du Temple de Jérusalem[302].
282
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283
+ Le culte des reliques relatives à la vie et la Passion de Jésus a débuté vers 325, avec la tradition de l'excavation du tombeau enfoui de Jésus (kokh de type loculus ou arcosolium) sur l'ordre de l'empereur Constantin[303]. La découverte légendaire[304] de la « vraie Croix », que la tradition attribuera par la suite à l'impératrice Hélène, mère de Constantin, est probablement contemporaine de ces fouilles[305] et un complexe d'édifices cultuels de dévotions est bientôt construit pour accueillir les pèlerins. Cette découverte semble avoir eu un grand retentissement et, dès les Ve et VIe siècles, les pèlerins les plus illustres affluent pour obtenir des fragments de l'objet[305] que l'on retrouve dès cette époque en Occident. En 680, le pèlerin Arculfe atteste qu'il a vu à Jérusalem, dans l’Anastasis — première église de la Résurrection — exposée une série de reliques : le plat de la Cène, l'éponge et la lance qui a percé le flanc de Jésus lors de la Crucifixion, ainsi qu'un suaire ayant couvert le visage de Jésus au tombeau[306].
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+ Le développement du culte des reliques qui s'ensuit à la période carolingienne[307] — pour atteindre, à la suite des Croisades, son apogée au Moyen Âge — relève d'une « spiritualité du voir et du toucher »[308] qui essaie d'entrer en contact avec la sainteté dont sont porteurs les « témoins » matériels de la vie de Jésus, témoins matériels qui tendent dès lors à se multiplier et se disséminer — après avoir été centralisés dans un premier temps à Constantinople — un peu partout à travers l'Europe. Devenues signe — voire enjeu — de pouvoir et de légitimité[309], elles vont rapidement faire l'objet, comme le montre Peter Brown, d'un intense commerce[310] ; d'autres auteurs ont également montré l'essor de ce commerce selon un trajet Orient vers Occident à partir des Croisades[311].
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+ Si les reliques se rapportant à Jésus sont littéralement innombrables, on peut cependant les classer en plusieurs catégories : au-delà des « ipsissima loca » — « lieux-même » qui ont pu voir évoluer Jésus[312] — on peut relever les instruments de la Passion (notamment la couronne d'épines, l'éponge, la lance qui lui a percé le flanc, etc.), les reliques corporelles liées à la vie publique de Jésus (calice utilisé lors de la Cène) ou même à son enfance (sang, sandales, dents de lait…), et les linges funéraires et suaires. Il faut noter que beaucoup des reliques sont rejetées par les autorités religieuses[313] et que les excès de leurs cultes ont par ailleurs souvent fait l'objet de débats et de contestations.
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+ Le christianisme est une religion abrahamique, originaire du Proche-Orient, fondée sur l'enseignement, la personne et la vie de Jésus de Nazareth, tels qu'interprétés à partir du Nouveau Testament. Il s'agit d'une religion du salut considérant Jésus-Christ comme le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament. La foi en la résurrection de Jésus est au cœur du christianisme car elle signifie le début d'un espoir d'éternité libéré du mal.
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+ Les premières communautés chrétiennes naissent au Ier siècle en Palestine et dans les grandes villes de la diaspora juive telles que Rome, Éphèse, Antioche et Alexandrie. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle dans l'Empire romain, dont il devient la religion officielle à la fin du IVe siècle, mais aussi en Perse, en Inde et en Éthiopie. Au Moyen Âge, le christianisme devient majoritaire en Europe, tandis qu'il s'amenuise face à l'islam au Proche-Orient. Il est devenu la religion la plus importante de la planète en raison de son expansion en Amérique à partir du XVIe siècle et en Afrique depuis le XXe siècle. Il est actuellement présent dans tous les pays. En 2015, le nombre total de chrétiens dans le monde est évalué à 2,4 milliards, ce qui en fait la religion comptant le plus de fidèles, devant l'islam et l'hindouisme.
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7
+ Les Églises chrétiennes sont regroupées en différentes branches, dont les principales sont le catholicisme, le christianisme orthodoxe et le protestantisme (avec sa branche évangélique) représentant respectivement 51 %, 11 % et 37 % du total des chrétiens en 2017.
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+ Le nom « christianisme » vient du mot grec Χριστός / Christós, qui traduit l'hébreu Messie, מָשִׁיחַ - mashia'h (« celui qui a reçu l'onction »). Ce mot, originellement appliqué à différents personnages de la Bible (prophètes et rois), désigne, dans le judaïsme tardif, un personnage qui viendra à la fin des temps restaurer la royauté de Dieu en Israël. Le nom de Jésus-Christ a été donné par les chrétiens à Jésus, qu'ils considèrent comme étant le Messie prophétisé dans l'Ancien Testament.
10
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11
+ Le mot « chrétien » n'est pas utilisé par les Évangiles pour désigner les disciples de Jésus ; ceux-ci sont habituellement appelés les « Galiléens » ou les « Nazôréens »[1]. Les Actes des Apôtres indiquent que le nom de « chrétien », dérivé de « Christ », signifiant « partisan du Christ », fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth à Antioche[B 1], en Syrie antique (actuelle Turquie), qui était à l'époque une ville de langue grecque.
12
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13
+ La référence la plus ancienne connue pour le terme « christianisme » se trouve dans la lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens à la fin du Ier siècle[2].
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+ Le fondement historique du christianisme est la foi en Jésus-Christ, Messie et fils de Dieu, sa crucifixion et résurrection, ce qui est appelé kérygme [3],[4],[5]. La résurrection est pour les premiers chrétiens le « signe indubitable » de la divinité du Christ[6]. La crucifixion et la résurrection montrent « la triomphante victoire sur les pouvoirs du mal »[7]. La résurrection du Christ symbolise l'idée que l'homme peut faire confiance au Bien, s'engager pour le Bien : « Le Seigneur est venu dans le monde (...) afin de détruire la tyrannie du mal et de libérer les hommes. (...) Par la mort, Il a détruit la mort, et réduit à rien celui qui avait le pouvoir de tuer »[8]. La Résurrection signifie aussi que Jésus continue de vivre avec ses disciples qui, par la foi, vivent de sa présence.
16
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17
+ Le plus ancien témoignage écrit du kérygme, le noyau de la foi chrétienne, se trouve exprimé dans la lettre aux Corinthiens : « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, il est apparu à Céphas puis aux douze »[9].
18
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19
+ Des professions de foi (ou credo) sont venues préciser la foi chrétienne, la principale étant le symbole de Nicée-Constantinople[10]. Ces professions de foi sont divisées en quatre parties. La première confirme la doctrine monothéiste du christianisme en stipulant qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est aussi le Créateur. La seconde partie énonce que Jésus-Christ est le fils unique de Dieu et qu'il a souffert, est mort, a été enseveli et est ressuscité avant de monter au ciel afin de juger les vivants et les morts. L'expression de fils relève de la continuité de la tradition biblique, mais les chrétiens proclament que c'est Dieu qui se révèle de façon unique en son fils Jésus-Christ. La troisième partie des professions de foi dit que l'Esprit saint, puissance agissante de Dieu, anime et sanctifie l'Eglise et, finalement, la quatrième partie énonce que Jésus-Christ a institué une Église sur Terre.
20
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21
+ À la Bible hébraïque, qui correspond à ce que les chrétiens nomment l'Ancien Testament, les premiers siècles du christianisme ont adjoint le Nouveau Testament ; réunis, ces deux textes constituent la Bible chrétienne, qui présente quelques variantes selon les confessions, notamment les Livres deutérocanoniques. Le canon du Nouveau Testament est composé de 27 écrits : les quatre évangiles canoniques, les Actes des Apôtres, les épîtres de plusieurs apôtres aux premières communautés chrétiennes et l'Apocalypse[11] ; il exclut de nombreux textes chrétiens apocryphes, parmi lesquels une douzaine d’évangiles. Il rejette , en particulier, celui de Thomas, qualifié de gnostique.
22
+
23
+ Dès le Ier siècle, le « concile de Jérusalem » dut se prononcer sur la continuité de la nouvelle foi avec la Torah[12]. Les chrétiens précisent que le Nouveau Testament ne vient pas remplacer l'« Ancien » mais l'accomplir.
24
+
25
+ Marcion, vers 140, rejeta la présence de l'Ancien Testament dans le canon chrétien[11]. Le marcionisme distingue le Dieu créateur de l'Ancien Testament du Dieu d'amour des écrits pauliniens. Ces idées furent condamnées par le presbyterium romain présidé par l'évêque Anicet en 144[13]. La doctrine de Marcion resta cependant largement répandue dans tout le bassin méditerranéen pendant environ deux siècles. Elle laissera des traces dans les mentalités jusqu'à nos jours[14].
26
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27
+ Irénée de Lyon affirme à la même époque que la Loi a été abrégée et non abrogée. Il bâtit une théologie de l'Histoire qui donne un sens à celle-ci, déterminé par le plan de Dieu, de la Création à l'Incarnation et dans l'attente du retour du Christ[15].
28
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29
+ L'inculturation du christianisme dans la culture gréco-romaine est l'œuvre des Pères de l'Église vers la fin du IVe siècle[16]. Nés pour la plupart dans des familles chrétiennes de l'élite locale, ils effectuent un travail de réappropriation de la Bible hébraïque, dont les citations abondent dans leurs ouvrages, associée à la philosophie grecque[16].
30
+
31
+ « Dieu est l'Amour » et rien d'autre ». Pour le théologien jésuite Hans Urs von Balthasar, cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour : en cela consiste l'idée chrétienne »[17]. « En envoyant (...) son Fils unique et l'Esprit d'amour, Dieu révèle son secret le plus intime : il est Lui-même éternellement échange d'amour »[C 1]. « "Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui" (1Jn4,16). Ces paroles de la Première lettre de saint Jean expriment avec une particulière clarté ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme et de son chemin, qui en découle »[C 2].
32
+
33
+ Selon l'injonction augustinienne, Dilige, et quod vis fac, le christianisme reste centré sur l'amour. L'exclamation du dominicain T. Radcliffe est représentative : « Tout ce que j'ai écrit est, en un sens, un commentaire de ce que signifie aimer »[18].
34
+
35
+ Deux textes du Nouveau Testament sont fondamentaux pour la morale chrétienne : le sermon sur la montagne dans l'évangile de Matthieu et l'épître de Paul aux Romains[19] ; ils furent longuement commentés par nombre de théologiens tels qu'Augustin d'Hippone ou Thomas d'Aquin. Le sermon assigne au croyant des objectifs de perfection difficilement réalisables[19]. Le péché, honni mais inévitable, est ainsi une notion centrale dans le christianisme[20].
36
+
37
+ Né dans la société romaine reposant sur l'esclavage, le christianisme proclame que les hommes sont frères dans le Christ mais ne remet pas en cause l'ordre établi et prône l'obéissance des esclaves à leur maître[21].
38
+
39
+ Le christianisme privilégie la charité envers les pauvres et les malades ; dès le IVe siècle l'organisation de la diaconie établit des listes de pauvres et consacre à leur entretien une part des revenus des églises[22]. Le prêt à intérêt est donc interdit aux chrétiens par l'Église catholique comme contraire à cette notion[23].
40
+
41
+ Au XVIe siècle, Calvin remet en cause cet interdit, ce qui le fait parfois qualifier de père du capitalisme, mais s'il légitime le prêt d'investissement, il ne remet pas en cause l'obligation de gratuité du prêt d'assistance au prochain dans le besoin[23]. À la même époque, des institutions catholiques fondent les premiers monts-de-piété.
42
+
43
+ Au XIXe siècle, les révoltes des ouvriers face à leur misère croissante amenèrent Frédéric Ozanam à fonder la société de Saint-Vincent-de-Paul pour l'aide aux pauvres[24],[25], début de l'action du catholicisme social. En 1891, l'encyclique Rerum novarum de Léon XIII établit les grands principes de la doctrine sociale de l'Église catholique.
44
+
45
+ Depuis les années 1960, la théologie de la libération remet en question cette aide traditionnelle aux pauvres ou charité, pour une « option préférentielle pour les pauvres » qui participe à leurs démarches d'émancipation[26].
46
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47
+ Les catholiques et les orthodoxes se réunissent pour la messe [27].
48
+
49
+ Les protestants et les chrétiens évangéliques se réunissent pour le culte[28].
50
+
51
+ Les lieux de cultes catholiques, orthodoxes et de certaines dénominations protestantes sont appelés église ou cathédrale[29].
52
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53
+ Les lieux de cultes protestants ou chrétiens évangéliques sont généralement appelés « temple » ou « bâtiment (d'église) »[30],[31],[32],[33].
54
+
55
+ Au sein du christianisme, les sacrements aussi appelés ordonnances sont des rites cultuels. Deux sont pratiqués par presque toutes les confessions chrétiennes : le baptême et l'eucharistie, principalement parce que ce sont les deux gestes qui ont institués par Jésus dans la bible[34]. Cependant, certaines dénominations protestantes ne pratiquent aucun sacrement et les catholiques ainsi que les orthodoxes en pratiquent sept[35].
56
+
57
+ Les églises chrétiennes évangéliques utilisent majoritairement le terme « ordonnances », pour parler du baptême et de la communion[36].
58
+
59
+ Le baptême est un rite présent dans la quasi-totalité des Églises chrétiennes, à quelques exceptions près, comme les quakers. Baptême d'eau issu des rites de purification juifs, il prend pour modèle celui de Jésus par Jean le Baptiste ; il peut être pratiqué par immersion, par effusion ou par aspersion[37]. Il symbolise l'entrée du croyant dans la communauté chrétienne ; dans certaines confessions il est pratiqué sur les jeunes enfants (pédobaptisme)[37]. Dans les églises évangéliques, le baptême du croyant est l'un des principaux signes de distinction d'avec les autres églises protestantes[38]. En effet, pour la majorité des chrétiens évangéliques, le baptême du croyant, par immersion dans l'eau, survient après la nouvelle naissance[39].
60
+ Ce sacrement n'est en principe pas réitéré, mais les conditions de reconnaissance mutuelles du baptême entre confessions sont complexes : les Églises trinitaires ne reconnaissent que les baptêmes « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[40] tandis que les anabaptistes ne considèrent pas le baptême des enfants comme valide[37].
61
+
62
+ L'eucharistie est le repas sacrificiel qui commémore la Cène[40], dernière Pâque de Jésus. Sa célébration est l'acte central du culte dans les différentes Églises[40].
63
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64
+ Les catholiques et les orthodoxes pratiquent sept sacrements comprenant, en plus du baptême et de l'eucharistie, la confirmation (ou la chrismation), l'ordination, la pénitence (ou la réconciliation), l'onction des malades et le mariage[41]. C'est également le cas des orthodoxes orientaux, de plusieurs anglicans et de quelques luthériens.
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+
66
+ Pâques est la première fête célébrée dans les calendriers liturgiques chrétiens ; elle est attestée dès le IIe siècle. Elle commémore la dernière Cène, la Passion et la Résurrection du Christ[42], événements dont les quatre évangiles situent le déroulement lors des festivités de la Pâque juive à Jérusalem, le 14 Nissan du calendrier juif. Sa date fut fixée en 325 par le concile de Nicée au « dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ».
67
+
68
+ Le calendrier liturgique se constitua progressivement à partir du IVe siècle autour de la date de célébration de Pâques. C'est tout d'abord le triduum pascal, dont les deux jours qui précèdent le dimanche de Pâques deviennent un temps de jeûne, puis la célébration s'étendit à la semaine sainte dès 389[43]. À partir de la fin du IVe siècle, elle fut précédée des 40 jours de jeûne du carême[43]. Le temps pascal fut également étendu jusqu'à la Pentecôte, sept semaines après Pâques.
69
+
70
+ Le cycle des fêtes à dates fixes lié à Noël ne fut instauré qu'au Ve siècle, après que cette fête eut été fixée au 25 décembre pour remplacer la fête impériale de Sol Invictus[43].
71
+
72
+ La réforme du calendrier grégorien au XVIe siècle, adoptée pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien alors en usage, amena un décalage dans le calcul de la date de Pâques entre le calendrier liturgique catholique et le calendrier liturgique orthodoxe, qui perdure de nos jours.
73
+
74
+ Dans le catholicisme, le ministère désigne les membres du clergé, soit le diacre, le prêtre, l'évêque, le cardinal ou le pape [44].
75
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76
+ Dans les Églises protestantes, et notamment réformées, il désigne les fidèles appelés à exercer un ministère, c'est-à-dire une fonction reconnue au service de l'Église locale ou nationale[45]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes protestantes [46].
77
+
78
+ Dans le christianisme évangélique, les ministères évangéliques sont principalement ceux de pasteur, du diacre, du chantre et de l’évangéliste[47]. D’autres ministères peuvent également être présents, tel que celui d’ancien avec des fonctions similaires à celles du pasteur[48]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques[49]. Dans certaines églises du mouvement de la nouvelle réforme apostolique, il y a la présence de cinq ministères; ceux d'apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, enseignant[50].
79
+
80
+ Le christianisme s'est développé à partir du Ier siècle dans le contexte des communautés juives du Moyen-Orient et en particulier des communautés juives hellénisées.
81
+
82
+ Jésus est la figure fondatrice du christianisme, certains s'interrogent sur son rôle historique de fondateur. D'après les Évangiles, Jésus « n'est pas venu abolir la Loi, mais accomplir ». Sa perspective est donc celle d'un accomplissement de la foi juive, dans une interprétation particulière à Jésus lui-même, et non la création d'une nouvelle religion. Si le salut est apporté à tous, c'est d'abord aux siens, « aux brebis perdues d'Israël »[B 2], qu'il réserve le privilège de son enseignement[51]. Jésus et tout le groupe primitif des apôtres et des femmes, qui le suivaient, étaient juifs ainsi que la plupart de ses interlocuteurs, à quelques exceptions près et désignées comme telles, comme le centurion romain de Capharnaüm ou la femme samaritaine[52]. Il apporte aussi une nouveauté radicale au judaïsme : lui-même, se substituant à la Torah[53].
83
+
84
+ À l'exemple de la diversité régnant dans le judaïsme (sadducéens, pharisiens, esséniens, baptistes...), le paléochristianisme couvre différentes communautés, dont la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour de Jacques, frère de Jésus, appartenant au judaïsme mais reconnaissant le messianisme de Jésus et vivant dans l'attente du Royaume de Dieu[54], et les communautés fondées par Paul ou Pierre dans le sillage des hellénistes, en Asie, en Grèce et à Rome[54], qui permirent l'ouverture aux gentils (notamment après la rupture entre Paul et l'église de Jérusalem en 48/49), et un début de divergence théologique (centralité et prééminence de la Croix sur la Loi, et de la Foi sur les Œuvres).
85
+
86
+ Selon une tradition, rapportée par la littérature patristique[C 3], à la suite d'un oracle, l'Église de Jérusalem quitta la Ville Sainte, au moment de la Grande révolte juive de 66, pour s'installer dans la cité païenne de Pella (Tabaqat Fahil en Jordanie) (cf. Fuite des Chrétiens de Jérusalem à Pella). De Pella, ces chrétiens sont retournés plus tard à Jérusalem où ils demeurèrent jusqu’à la révolte de Bar Kokhba (132-135/6)[55].
87
+
88
+ Dans le même temps, le judaïsme évolue vers un judaïsme rabbinique qui prolonge le pharisianisme après la chute du Temple (70)[54].
89
+
90
+ La divergence, avec le judaïsme, s’accéléra au tournant du Ier siècle ; il n'y a pas d'événement marquant clairement cette séparation. Pour d'aucuns, le christianisme naît avec la reformulation de la Birkat haMinim (la 12e bénédiction de l'Amida) ; pour d'autres, il commence dès le tournant du IIe – IIIe siècle avec l'établissement d'un canon pour le Nouveau Testament, pères apologètes, début d'une théologie chrétienne (rencontre entre le mythe chrétien et la philosophie grecque)[56]. Au début du IIe siècle, les épîtres d"Ignace d'Antioche sont précurseurs en Asie Mineure de l'organisation d'un épiscopat monarchique caractérisé par une hiérarchie à trois niveaux (évêque, prêtre, diacre)[57].
91
+
92
+ Dans l'Empire romain, les autorités ne font pas, au début, une différence très nette entre juifs et chrétiens, ces derniers n'étant qu'une secte juive parmi d'autres[58], jusqu'à ce qu'ils commencent à être accusés de troubles à l'ordre public[12].
93
+
94
+ Le christianisme est né dans la partie orientale de l'Empire romain, où se trouvait le plus grand nombre de chrétiens dans les premiers siècles.
95
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96
+ Cependant, le christianisme se développa à l'extérieur, dans l'Empire parthe (Mésopotamie, Perse) mais aussi en Éthiopie et en Inde, où la diaspora juive était présente. En dehors de l'Empire romain, les chrétiens s'organisèrent en Églises indépendantes. Ce fut notamment le cas du Catholicossat-Patriarcat de toute la Géorgie et de l'Église arménienne[n 1]. Aucune centralité susceptible de régulation n'existait alors[59], et le débat christologique était la règle[60].
97
+
98
+ Avec la conversion de l'empereur Constantin et l'édit de Milan en 313, les persécutions contre les chrétiens s'arrêtèrent. Vers la fin du IVe siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire, remplaçant le culte romain antique et inversant la persécution. Cette date marque symboliquement le début de la chrétienté, période de l'histoire de l'Europe où le christianisme imprègne toute la société, y compris les lois et les comportements sociaux.
99
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100
+ Les causes de la conversion de l'empire au christianisme, peu étudiées au-delà d'approches de type mystique ou sectaire, sont vraisemblablement à aller chercher du côté de la menace que représentait le judaïsme pour la cohésion de l'empire (se rapporter sur ce point au code Théodosien qui punit spécifiquement les citoyens romains qui auraient souhaité se convertir au judaïsme). Ainsi, l'adoption du christianisme aurait répondu à un impératif de rassemblement des sujets de l'empire à un moment où la puissance de ce dernier vacillait. Elle aurait notamment permis aux dirigeants romains de proposer à leurs sujets une alternative au judaïsme qui soit plus crédible que le vieux paganisme finissant difficilement réformable.
101
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102
+ En 330, l'empereur Constantin Ier transféra la capitale de l'empire de Rome à Constantinople (rebaptisée Nea Roma, « Nouvelle Rome »), qui devint un important foyer intellectuel. On aboutit alors à la Pentarchie : les cinq centres historiques de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
103
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104
+ Avec la Paix de l'Église commença la période des Pères de l'Église[61], qui s'accompagna d'une réinterprétation de la philosophie, notamment celle de Platon, dans le sens de la nouvelle religion, et de l'utilisation de nombreux motifs mythiques du monde ancien pour l'inculturation du christianisme dans le respect de la tradition apostolique. De multiples débats théologiques suscitèrent des controverses passionnées sur la nature du Christ[62]. Au fil des siècles et des conciles, le monde chrétien connu ensuite plusieurs controverses christologiques, ainsi que des crises et bouleversements idéologiques et politiques.
105
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106
+ Le christianisme étant devenu l'un des cultes reconnus de l'Empire, le pouvoir politique prit l'initiative de réunir des assemblées d'évêques (conciles) pour régler les différends. Le premier fut le concile de Nicée, qui condamna l'arianisme en 325. Le concile d'Éphèse proclama en 431 que le Christ n'avait qu'une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine. Les thèses nestoriennes affirmant que deux personnes différentes coexistaient en Jésus-Christ (l'une divine et parfaite, l'autre humaine et faillible), furent jugées hérétiques. En 451, le concile de Chalcédoine proclama l'unique personne du Christ, de nature à la fois divine et humaine, et définit la doctrine sur la Trinité chrétienne formalisée par le credo en 325 à Nicée.
107
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108
+ Les dogmes proclamés au concile de Chalcédoine furent acceptés par la très grande majorité des Églises, tant en Occident qu'en Orient : elles furent donc nommées « chalcédoniennes »[63]. Mais les christologies déclarées hérétiques ne disparurent pas pour autant. Plusieurs empereurs après Constantin revinrent à l'arianisme, auquel se convertirent Goths et Vandales lors de leur rattachement à l'Empire romain.
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110
+ En Occident, le déclin de l'Empire romain a amené la prépondérance des Wisigoths, Lombards, Burgondes convertis pour partie au christianisme arien, qui s'installèrent dans la Gaule romaine et dans la péninsule ibérique[64]. La donne changea avec l'avènement du roi franc Clovis, qui opta pour le christianisme nicéen[65]. Il noua des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume en chassant les Wisigoths, puis convoqua en 511 le premier concile mérovingien pour commencer à codifier les rapports du roi et de l’Eglise[66].
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+ En Orient, certaines Églises d'Orient s'en tinrent au concile d'Éphèse, considérant que le Christ n'a qu'une seule nature, divine. Appelées à l'époque « monophysites », elles sont dites aujourd'hui des « trois conciles » et comptent, entre autres, des coptes en Égypte, des Éthiopiens et un certain nombre d'Arméniens.
113
+
114
+ Au début du VIIe siècle, le christianisme au Proche-Orient et en Afrique du Nord restait donc profondément divisé entre chalcédoniens, monophysites et nestoriens[63] quand ces régions furent conquises par l'empire Perse à partir de 611 (l'Égypte en 618)[67]. Les Églises monophysites sont alors privilégiées par rapport aux chalcédoniens, vus comme alliés de l'Empire Byzantin. Après la reconquête byzantine (de 622 à 630), les divergences s'étant exacerbées, le monoénergisme est proposé comme tentative de conciliation des doctrines ; et bientôt imposé aux monophysites par de nouvelles persécutions[68].
115
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116
+ C'est alors qu’apparaît une nouvelle religion monothéiste, l'islam, dans les tribus arabes du Hidjaz[69], qui bientôt entament une guerre de conquête en direction de la Syrie, la Palestine et l'Égypte[70]. Entre 631 et 643, trois des centres du christianisme oriental (Alexandrie, Antioche et Jérusalem) tombent aux mains des musulmans[70]. Les Byzantins pratiquent une politique de la terre brûlée et laissent derrière eux une très mauvaise image[71]. La vie chrétienne continue dans les régions conquises, avec le statut de dhimmis (« protégés »), mais seules Constantinople et Rome gardent leur liberté politique.
117
+
118
+ La dynastie carolingienne renforça sa légimité en se faisant sacrer par le pape dès 754 ; la création des États pontificaux, conquis sur les Lombards, scella cette alliance avec la papauté[72].
119
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120
+ Au IXe siècle, en sacrant Charlemagne comme empereur romain, les évêques de Rome rompent politiquement avec les empereurs de Constantinople et recherchent la protection des empereurs ou des rois Francs. Charlemagne poursuivit la conquête et la christianisation de l'Europe ; les Saxons furent convertis de force et l'empereur, par de nombreux cartulaires, réglait la discipline religieuse.
121
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122
+ Au IXe siècle l'évangélisation des peuples slaves se fit par la conversion de leurs souverains : le khan Boris de Bulgarie pour les slaves occidentaux opta pour un rattachement à Rome, Vladimir de Kiev pour les slaves orientaux (serbes, bulgares et Rus' de Kiev) à Constantinople[73]. En 1054, après la querelle du Filioque, Rome et Constantinople se traitent réciproquement de « schismatiques et anathèmes ». La première croisade aboutit à l'installation de patriarcats latins à Jérusalem et Antioche. Sur le plan politique, la rupture a été définitivement consommée en 1204 lorsque les Croisés latins ravagèrent Constantinople et déposèrent le patriarche. L'affaiblissement de l'Empire romain d'orient par les Croisés a permis, deux siècles plus tard, la prise de Constantinople par les Turcs ottomans.
123
+
124
+ En 1455, le pape Nicolas V concède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique et encourage Henri le Navigateur à soumettre en esclavage les « sarrasins et autres infidèles », comptant sur les progrès des conquêtes pour obtenir des conversions[74]. Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, le pape Alexandre VI est amené à arbitrer le partage du nouveau monde entre les puissances espagnoles et portugaises[n 3], et leur attribue l'activité de mission qui a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Le catholicisme s'implante aux Amériques avec les conquêtes espagnoles, au Mexique avec la conquête de Cortés et au Pérou à la suite de celle de Pizarre[73]. Les missions vers l'Asie remportent peu de succès, sauf aux Philippines et à Goa[75].
125
+
126
+ Les bulles pontificales Sublimus Dei (29 mai 1537) et Veritas ipsa du pape Paul III (2 juin 1537) condamnent l'esclavage des Amérindiens[76] ainsi que « toute mise en doute de la pleine humanité de ceux-ci », mais n'évoque pas les Noirs. Après la Controverse de Valladolid en 1550 la traite négrière se généralise.
127
+
128
+ À la même époque, le protestantisme tire son origine dans la Réforme instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle et proposant une réinterprétation de la foi chrétienne fondée sur un retour à la Bible. Les protestants refusent l'idée d'une hiérarchie ecclésiale instituée par Dieu : pour eux le clergé est une émanation du peuple chrétien. Ils refusent donc toute autorité au pape. Dans un premier temps, l'anglicanisme ne refuse que la juridiction pontificale. Puis très vite, sous l'influence de la Réforme, il refuse aussi la primauté en matière de foi et de mœurs.
129
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130
+ La Contre-Réforme catholique précise ses dogmes lors du concile de Trente et impose en 1582 le passage du calendrier julien au calendrier grégorien. Elle s'engage dans la lutte contre les hérésies, d'une part par l'éducation – l'ordre des Jésuites est créé à cet effet –, d'autre part par la répression de l'Inquisition.
131
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132
+ À l'issue des guerres de religion qui opposèrent catholiques et protestants en Europe, les royaumes méditerranéens restèrent catholiques. La paix d'Augsbourg, qui promulguait le principe « un prince, une religion », permit de facto une certaine tolérance dans le Saint-Empire romain germanique[77]. Les Pays-Bas connurent une division politique et religieuse : au sud, les Pays-Bas espagnols catholiques, au nord les Pays-Bas indépendants, dirigés par des protestants[77].
133
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134
+ Dès le XVIIe siècle, les colonies anglaises d'Amérique offrirent un asile à ceux qui fuyaient l'intolérance religieuse en Europe. Alors que le Nord-Est restait puritain et les États du Sud anglicans, dans les États du centre l'arrivée des immigrants anabaptistes et piétistes allemands, des frères moraves tchèques, des presbytériens écossais et nord-irlandais, des huguenots français, des méthodistes et baptistes anglais notamment provoquèrent le foisonnement religieux du grand réveil. Des prédicateurs itinérants parcoururent alors le territoire.
135
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+ En Europe, à partir du XIXe siècle, l'Église catholique perdit son statut privilégié dans plusieurs États. La Révolution française avait supprimé la dîme et confisqué les biens du clergé, qui subit des persécutions jusqu'à la signature du Concordat en 1801[78]. Après les guerres napoléoniennes, l'Europe était profondément changée, et, malgré ses efforts, l’Église catholique ne retrouva jamais la position qu’elle occupait pendant l’Ancien Régime.
137
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138
+ À la fin du XIXe siècle, l'Église catholique confrontée au rationalisme réagit par la publication du syllabus de Pie IX pour dénoncer les erreurs « modernes »[79] ; le concile Vatican I proclama l'infaillibilité papale avant d'être interrompu par la guerre de 1870[80]. Les États pontificaux, dernier vestige du pouvoir temporel de la papauté, furent absorbés par l'unification des États italiens en 1870[80].
139
+
140
+ À la même époque, le christianisme connaît un nouveau foisonnement sur le continent américain, avec le Second grand éveil qui conduit à l'apparition de nouveaux groupes comme les mormons, les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, les pentecôtistes ainsi que le mouvement du Social Gospel et l'Armée du Salut[81],[82].
141
+
142
+ En 1917, l'Église orthodoxe de Russie put se réorganiser lors de la révolution russe[83], mais connut des persécutions dès la Révolution d'Octobre[84], qui l'amenèrent à plusieurs schismes.
143
+
144
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. Le nombre de chrétiens dans cette région a été multiplié par plus de 60, passant de 8 millions en 1910 à 516 millions en 2010. De même, alors que la population chrétienne en Afrique subsaharienne ne s'élevait qu'à 9 % en 1910, elle est aujourd'hui majoritaire avec 63 %[86].
145
+
146
+ En 1900, les Africains ne formaient que 2 % (10 millions) de la population chrétienne mondiale. Ils sont aujourd'hui 20 % (500 millions). Cet essor est dû en partie au prosélytisme des protestants évangéliques, mais aussi à l'émergence de nouvelles Églises d'institution africaine. Les plus importantes - le Kimbanguisme au République démocratique du Congo, l'Église harriste en Côte d'Ivoire ou le mouvement Aladura issu du Nigéria - ont été fondées dans l'entre-deux-guerres et ont joué un rôle lors de la décolonisation, mais il en existe de nombreuses autres [87] dont la plupart sont totalement inconnues en Occident[88].
147
+
148
+ Le développement de ces Églises pourrait conduire à revoir les classifications traditionnelles et à établir de nouvelles typologies[89].
149
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150
+ Le christianisme est la première religion du monde en nombre de fidèles devant l'islam qui compte 1,703 milliards de fidèles. Selon une estimation pour mi-2015, le christianisme compterait environ 2,4 milliards de fidèles[90],[91].
151
+
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+ Les chrétiens se répartissent dans de multiples confessions, dans des Églises autocéphales dès l'origine, ou issues des nombreux schismes qui ont agité l'histoire du christianisme.
153
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154
+ On classe les Églises chrétiennes en trois grands groupes : la catholique, les orthodoxes et les protestantes :
155
+
156
+ Le christianisme a une croissance légèrement supérieure à celle de la population mondiale, ce qui fait que le christianisme est la religion d'une part toujours plus importante de la population mondiale avec, à la mi-2015, 33,2 % de chrétiens.
157
+
158
+ Ce que les médias ont appelé l'indifférence religieuse, étudiée par différentes personnalités de l'Église catholique[93] concerne surtout les confessions historiques majoritaires, tandis que les religions nouvelles et minoritaires semblent progresser.
159
+
160
+ Sur les cinq pays comptant le plus grand nombre de chrétiens au monde, trois sont situés dans les Amériques : les États-Unis, le Brésil et le Mexique (les deux autres étant la Russie et les Philippines[94].)
161
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+ Le 13 mars 2013, a lieu à Rome l'élection du pape François : il s'agit du premier pape issu du continent américain et du premier pape non européen depuis le VIIIe siècle. Le dernier pape non européen remontait a l'an 741 ; il s'agissait du Syrien Grégoire III[95].
163
+
164
+ En Asie, le christianisme était jusque-là peu présent, excepté au Moyen-Orient et en Inde. Aujourd'hui, le Timor oriental et les Philippines représentent les seuls pays d'Asie à majorité chrétienne, avec respectivement 99,1 % et 81,4 % de fidèles (en troisième place le Liban avec plus de 45 % de chrétiens). Toutefois, bien que minoritaires sur le continent, les chrétiens sont de plus en plus nombreux en Asie[96], ou, comme le souligne Régis Anouil, « le christianisme est associé aux valeurs de modernité, de démocratie et de liberté, alors que le bouddhisme, l'hindouisme et le confucianisme apparaissent moins en prise avec la réalité »[97].
165
+
166
+ La proportion de chrétiens en Asie est passée de 4,5 % en 1910 à 13,1 % en 2010[98]. La Corée du Sud abrite près de 20 % de fidèles du christianisme, tandis que la Chine et l'Inde sont tous deux parmi les 10 pays comptant le plus de chrétiens. Le cas de la Chine est particulièrement représentatif de la croissance du christianisme en Asie : non seulement il s'agit déjà du troisième pays avec le plus grand nombre de chrétiens (67 millions) mais en plus, la Chine pourrait devenir le pays le plus chrétien de la planète[99], comme en témoigne une étude de Fenggang Yang, un chercheur américain. En effet, en 2050 la population chrétienne en Chine devrait dépasser les 247 millions, soit plus que n'importe quel autre pays du monde[100].
167
+
168
+ En outre, un nombre croissant d'écrivains dissidents, d'intellectuels critiques, de journalistes et d'avocats chinois revendiquent le christianisme, dans lequel ils voient un symbole dans leur lutte pour la démocratie[101].
169
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170
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. qui sont désormais aussi nombreux que les musulmans[102]. : environ 400 à 500 millions de fidèles pour les deux confessions (sur une population d'environ 1 milliard d'habitants[103].) D'après les chiffres livrés lors d’une conférence organisée à l’université d’El Jadida au Maroc, les chrétiens seraient même récemment devenus plus nombreux que les musulmans : 46,53 % des Africains se rattachent au christianisme contre 40,64 % à l’islam[104].
171
+
172
+ Les Africains constituent 20 % (500 millions) de la population chrétienne mondiale.
173
+
174
+ L'Église orthodoxe réunit les Églises des sept conciles, liées les unes aux autres par la confession d'une foi commune et une reconnaissance réciproque ; elles adoptent un classement selon un rang honorifique traditionnel.
175
+
176
+ Au début du XXIe siècle on dénombre 283,1 millions d'orthodoxes, soit environ 12 % des chrétiens[105]. Numériquement les pays qui comptent le plus d'orthodoxes sont la Russie et l'Éthiopie[n 4], mais dans des pays plus petits comme la Moldavie,la Roumanie, la Grèce ou la Géorgie, ils représentent plus de 87 % de la population[106].
177
+
178
+ L'Église catholique revendique depuis le premier concile de Constantinople une primauté pontificale qui ne soit pas seulement d'honneur mais aussi de juridiction. Après la séparation des Églises d'Orient et d'Occident, l'Église de Rome, appelée « Église catholique », eut encore 14 conciles qui fixèrent des dogmes comme le purgatoire, l’Immaculée Conception ou l'infaillibilité pontificale. Ces conciles accentuèrent la rupture avec les Églises des sept conciles et provoquèrent de nouveaux schismes. Ainsi, l'Église vieille-catholique est née du rejet du dogme de l'infaillibilité papale[107]. L'écart entre « catholiques » et « orthodoxes » tend cependant à se réduire depuis le concile Vatican II.
179
+
180
+ Plus de la moitié des chrétiens sont catholiques, soit 1,272 milliard[92]. Parmi eux, 48 % sont américains (Brésil, Mexique et États-Unis) et 24 % européens[108].
181
+
182
+ La Réforme protestante instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle a donné naissance à de nombreuses Églises protestantes luthériennes ou réformées ainsi qu'à de nombreuses églises chrétienne évangéliques (baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique évangélique et christianisme non-dénominationnel) ou libérales.
183
+
184
+ En 2011, l'ensemble de ces Églises regroupent environ 37 % des chrétiens, soit 800 millions de protestants[109].
185
+
186
+ Le principal symbole chrétien est la croix [110]. Celle-ci représente la Crucifixion et est utilisée depuis Constantin comme symbole des chrétiens.
187
+
188
+ Dans les années 1970, l’usage de l'ichthus s’est répendu aux États-Unis avec le Jesus Movement auprès des chrétiens, et spécialement chez les chrétiens évangéliques[111].
189
+
190
+ Ce symbole est utilisé principalement sur les pendentifs, les épingles ou sur les voitures, en signe d'appartenance à la foi chrétienne[112],[113].
191
+
192
+ La croix, principal symbole du christianisme.
193
+
194
+ Croix orthodoxe.
195
+
196
+ Ichthus.
197
+
198
+ Ichthus contemporain.
199
+
200
+ Le chant chrétien, accompagné d'instruments de musique et basé sur le livre des Psaumes est un des premiers styles de musique chrétienne[114]. Puis le chant grégorien s'est installé dans les églises [115]. Aux États-Unis, le XIXe siècle voit apparaître le negro spiritual et le gospel au XXe siècle[116]. En 1964, la Gospel Music Association est fondée à Nashville [117].
201
+
202
+ La musique chrétienne contemporaine regroupe divers styles de musique qui se sont développés aussi bien à l’extérieur de ces communautés qu'à l’intérieur de celles-ci. Les artistes chrétiens pratiquent aujourd'hui tous les styles de musique : de la pop chrétienne, du rock chrétien au hip-hop chrétien en passant par le punk chrétien ou encore metal chrétien [118]. Dans les années 1980 et 1990, la musique chrétienne contemporaine a pris une place considérable dans les cultes chrétiens évangéliques[119],[120]. Une grande variété de styles musicaux a développé la louange traditionnelle [121].
203
+
204
+ Les églises catholiques, orthodoxes et certaines églises protestantes (luthériennes et anglicanes) utilisent la peinture pour des représentations divine ou humaine dans les lieux de culte [122],[123].
205
+
206
+ En raison de leur compréhension du deuxième des dix commandements, la majorité des églises protestantes et toutes les églises chrétiennes évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[124].
207
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208
+ La Trinité est un concept chrétien remontant à Tertullien, qui présente le Dieu unique sous forme d'une trinité de trois « personnes » (Tertullien[125]) divines, ou de trois « hypostases » (Origène[125]), fondamentalement distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ce qui peut faire écho[126] à une formule trinitaire de l'évangile selon Matthieu. Celle-ci renvoie au baptême de Jésus-Christ[127] : « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[B 3]. Cette notion donne lieu à de multiples approches et vigoureux débats dès le IIIe siècle. Le terme de « personne » a prêté à de nombreuses interprétations et, par exemple, Augustin d'Hippone précise que ce terme, humain, ne définit qu'imparfaitement la Trinité.
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+ Une majorité d'évêques chrétiens – au terme des grands conciles du IVe siècle – s'accordent sur une profession de foi connue sous le nom de Credo de Nicée-Constantinople (325-381) qui devient un dogme. Nombre des chrétiens définissent leur foi par ce Credo, socle de foi commun affirmant l'unicité de Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus, « la résurrection des morts, et la vie du monde à venir »[n 5]. Mais différents courants refusent cette approche, considérant que le Fils n'est pas pleinement divin : parmi les courants qualifiés d'« ariens », on trouve des homoiousiens, des homéiens, des anoméens... en plus d'une première difficulté entre l'Occident chrétien, plutôt monarchianiste et l'Orient, tenant de trois hypostases plus ou moins égales[128]. Des chrétiens refusent ainsi les conciles postérieurs, formant les Églises des deux conciles, des trois conciles ou des sept conciles.
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+ Aux alentours du VIe siècle, apparait en Espagne, en réaction à l'arianisme wisigoth, une notion qui entend s'ajouter au Credo de Nicée et s'étend dans certaines portions de la chrétienté occidentale, celle du Filioque : le Saint-Esprit dépend désormais à la fois du fils et du Père et non plus seulement de ce dernier[129].
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+ Pendant plusieurs siècles, l'Église occidentale refuse le Filioque pour ne pas altérer la profession auxquels l'essentiel de la chrétienté avait souscrit et que les conciles œcuméniques avaient expressément interdit de changer, sauf par la tenue d'un autre concile[129]. Mais au XIe siècle[129], elle finit par l'adopter et, par là, se coupe de ses racines orientales en insistant sur l'incarnation du Christ et de l'Église dans l'histoire, au détriment du Saint-Esprit dans l'économie du Salut[130]. Si le Saint-Esprit découle aussi du Christ, et pas seulement de Dieu, une âme ne peut être sauvée que si la personne est chrétienne, ce qui change le rapport aux autres croyances et aux incroyants[réf. à confirmer][131].
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+ Cette controverse contribue, parmi d'autres différends séculaires, au schisme de 1054 entre catholiques et orthodoxes. Quelques siècles plus tard, d'autres controverses ont conduit, dans le monde orthodoxe, au bogomilisme, et dans le monde catholique au catharisme et au protestantisme.
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+ De plus, certains chrétiens tels que les unitaristes, certains groupes adventistes, les Témoins de Jéhovah et l'Église de Dieu (Septième Jour) n'admettent pas le dogme de la Trinité. Ces derniers sont appelés « antitrinitaires ».
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+ La doctrine chrétienne du péché originel est en grande partie issue de la pensée d'Augustin d'Hippone. S’il affirme, dans le traité De libero arbitrio, l’existence du libre arbitre contre les manichéens qui attribuaient au divin la responsabilité du mal, il tend, contre les pélagiens, à en minimiser le rôle dans l'œuvre du salut, arguant que l’homme a, par le péché originel, perdu l’usage de cette faculté[132]. Seule la grâce, gratuitement octroyée par Dieu, peut alors accomplir l'œuvre du salut.
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+ Augustin aborde également la doctrine de la prédestination, selon laquelle Dieu aurait déterminé de toute éternité qui serait sauvé.
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+ Pour l'Église catholique la théologie du salut était centrée sur le principe « Hors de l'Église point de salut », c'est-à-dire que ce sont ses sacrements qui permettent aux fidèles de participer à la vie de Dieu et par là d'accéder au salut.
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226
+ Le débat autour de cette question, au centre des préoccupations de Luther fut relancé lors les débats théologiques de la Réforme[132]. Luther estime que « seule la foi » apporte le salut, et donc que les bonnes œuvres ne peuvent pas y contribuer.
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+ Les cinq points du calvinisme posent le principe de l'élection inconditionnelle selon laquelle avant que Dieu ait créé le monde, il a choisi de sauver certains pour ses propres raisons et en dehors de toute condition liée à ces personnes.
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+ En 1965, par la déclaration Dignitatis Humanae du concile Vatican II, l'Église catholique déclare que « Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique ».
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+ Un rapprochement entre l'Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale sur ces questions a amené en 1999 à une déclaration commune sur la justification par la foi qui professe « Nous confessons ensemble que la personne humaine est, pour son salut, entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu ».
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+ C'est généralement à la Conférence Internationale des Missions qui s'est tenue à Édimbourg en 1910[133], présidée par le laïc américain John Mott, que l'on fait remonter le départ de l'œcuménisme moderne[134]. La version unioniste de l'œcuménisme est la volonté de bâtir une Église unique. Ce fut un temps la pensée de l'archevêque luthérien d'Uppsala Nathan Söderblom[135], prix Nobel de la Paix en 1929. Mais ce fut d'abord la nécessité d'une meilleure coopération entre les sociétés bibliques protestantes qui amena, à la fin du XIXe siècle, les premières tentatives de dialogue inter-confessionnel. En 1948, ces dialogues ont donné naissance au Conseil œcuménique des Églises (COE).
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236
+ En 1927[136], plusieurs Églises orthodoxes ont participé au travail œcuménique de la conférence mondiale Foi et Constitution. Elles ont rejoint en 1961 le COE.
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+ En 1928, le pape Pie XI avait dénoncé avec véhémence dans l’encyclique Mortalium Animos les « panchrétiens qui cherchent à fédérer les Églises ». Pour lui, l’unité des chrétiens ne pouvait être assurée que par le « retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ ». Dans la même ligne, l’Instruction sur le mouvement œcuménique, promulguée par le Saint-Office le 20 décembre 1949, avait affirmé que « l’Église catholique possède la plénitude du Christ » et n’a pas à se perfectionner par des apports venant d'autres confessions[137]. Par conséquent, l’Église catholique avait refusé de participer aux premières assemblées du Conseil œcuménique des Églises à Amsterdam (1948) et Evanston (1954) et n’entretenait aucune relation officielle avec les autres Églises chrétiennes[138].
239
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240
+ Avec le concile Vatican II, en 1962, l'Église catholique a infléchi sa position sur le dialogue œcuménique. La réconciliation et la levée des anathèmes entre catholiques et orthodoxes intervinrent en 1965, au dernier jour du concile, avec les déclarations du pape Paul VI et du patriarche Athenagoras Ier[139]. Toutefois, après une quinzaine d'années de « détente », les relations entre les deux Églises se sont à nouveau progressivement tendues, surtout après l'an 2000, avec le recadrage de l'Église catholique par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et avec l'interdiction de tout prosélytisme catholique dans leur juridictions par des patriarcats comme ceux d'Athènes, Belgrade ou Moscou.
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+ L'Église catholique n'est pas membre du COE pour des raisons doctrinales et parce que, tout en représentant à elle seule plus de fidèles que l'ensemble des autres membres du COE, elle n'aurait droit qu'à une seule voix, comme les autres Églises.
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+ Les critiques du christianisme incluent des critiques portées contre les religions en général et d'autres qui lui sont propres, ainsi que des critiques spécifiques portées contre les différentes Églises chrétiennes. Elles portent sur les doctrines, les pratiques ainsi que sur le rôle historique de religion chrétienne.
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+ D'un point de vue historique, les reproches émanent parfois des croyants eux mêmes, qui soulignent le contraste entre une doctrine qui prêche officiellement l'amour du prochain, et des institutions qui ont au fil des siècles soutenu l'esclavagisme[140], créé l'Inquisition, lancé les croisades[141] et propagé l'antisémitisme.
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+ Du point de vue théologique, les interprétations chrétiennes de la Bible hébraïque sont inconcevables pour les autres peuples du Livre, qui considèrent comme du polythéisme la Trinité, l'idée d'un Dieu incarné en homme ou le culte de Marie (catholicisme et christianisme orthodoxe)[142].
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+ Les critiques philosophiques de la morale chrétienne portent sur sa culpabilisation de la sexualité et sa glorification de la souffrance et de la soumission[143] ainsi que les scandales liés aux abus sexuels.
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+ Le christianisme est une religion abrahamique, originaire du Proche-Orient, fondée sur l'enseignement, la personne et la vie de Jésus de Nazareth, tels qu'interprétés à partir du Nouveau Testament. Il s'agit d'une religion du salut considérant Jésus-Christ comme le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament. La foi en la résurrection de Jésus est au cœur du christianisme car elle signifie le début d'un espoir d'éternité libéré du mal.
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+ Les premières communautés chrétiennes naissent au Ier siècle en Palestine et dans les grandes villes de la diaspora juive telles que Rome, Éphèse, Antioche et Alexandrie. Le christianisme se développe à partir du IIe siècle dans l'Empire romain, dont il devient la religion officielle à la fin du IVe siècle, mais aussi en Perse, en Inde et en Éthiopie. Au Moyen Âge, le christianisme devient majoritaire en Europe, tandis qu'il s'amenuise face à l'islam au Proche-Orient. Il est devenu la religion la plus importante de la planète en raison de son expansion en Amérique à partir du XVIe siècle et en Afrique depuis le XXe siècle. Il est actuellement présent dans tous les pays. En 2015, le nombre total de chrétiens dans le monde est évalué à 2,4 milliards, ce qui en fait la religion comptant le plus de fidèles, devant l'islam et l'hindouisme.
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+ Les Églises chrétiennes sont regroupées en différentes branches, dont les principales sont le catholicisme, le christianisme orthodoxe et le protestantisme (avec sa branche évangélique) représentant respectivement 51 %, 11 % et 37 % du total des chrétiens en 2017.
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+ Le nom « christianisme » vient du mot grec Χριστός / Christós, qui traduit l'hébreu Messie, מָשִׁיחַ - mashia'h (« celui qui a reçu l'onction »). Ce mot, originellement appliqué à différents personnages de la Bible (prophètes et rois), désigne, dans le judaïsme tardif, un personnage qui viendra à la fin des temps restaurer la royauté de Dieu en Israël. Le nom de Jésus-Christ a été donné par les chrétiens à Jésus, qu'ils considèrent comme étant le Messie prophétisé dans l'Ancien Testament.
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+ Le mot « chrétien » n'est pas utilisé par les Évangiles pour désigner les disciples de Jésus ; ceux-ci sont habituellement appelés les « Galiléens » ou les « Nazôréens »[1]. Les Actes des Apôtres indiquent que le nom de « chrétien », dérivé de « Christ », signifiant « partisan du Christ », fut attribué aux disciples de Jésus de Nazareth à Antioche[B 1], en Syrie antique (actuelle Turquie), qui était à l'époque une ville de langue grecque.
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+ La référence la plus ancienne connue pour le terme « christianisme » se trouve dans la lettre d'Ignace d'Antioche aux Magnésiens à la fin du Ier siècle[2].
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+ Le fondement historique du christianisme est la foi en Jésus-Christ, Messie et fils de Dieu, sa crucifixion et résurrection, ce qui est appelé kérygme [3],[4],[5]. La résurrection est pour les premiers chrétiens le « signe indubitable » de la divinité du Christ[6]. La crucifixion et la résurrection montrent « la triomphante victoire sur les pouvoirs du mal »[7]. La résurrection du Christ symbolise l'idée que l'homme peut faire confiance au Bien, s'engager pour le Bien : « Le Seigneur est venu dans le monde (...) afin de détruire la tyrannie du mal et de libérer les hommes. (...) Par la mort, Il a détruit la mort, et réduit à rien celui qui avait le pouvoir de tuer »[8]. La Résurrection signifie aussi que Jésus continue de vivre avec ses disciples qui, par la foi, vivent de sa présence.
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+ Le plus ancien témoignage écrit du kérygme, le noyau de la foi chrétienne, se trouve exprimé dans la lettre aux Corinthiens : « Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, il est apparu à Céphas puis aux douze »[9].
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+ Des professions de foi (ou credo) sont venues préciser la foi chrétienne, la principale étant le symbole de Nicée-Constantinople[10]. Ces professions de foi sont divisées en quatre parties. La première confirme la doctrine monothéiste du christianisme en stipulant qu'il n'y a qu'un seul Dieu qui est aussi le Créateur. La seconde partie énonce que Jésus-Christ est le fils unique de Dieu et qu'il a souffert, est mort, a été enseveli et est ressuscité avant de monter au ciel afin de juger les vivants et les morts. L'expression de fils relève de la continuité de la tradition biblique, mais les chrétiens proclament que c'est Dieu qui se révèle de façon unique en son fils Jésus-Christ. La troisième partie des professions de foi dit que l'Esprit saint, puissance agissante de Dieu, anime et sanctifie l'Eglise et, finalement, la quatrième partie énonce que Jésus-Christ a institué une Église sur Terre.
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+ À la Bible hébraïque, qui correspond à ce que les chrétiens nomment l'Ancien Testament, les premiers siècles du christianisme ont adjoint le Nouveau Testament ; réunis, ces deux textes constituent la Bible chrétienne, qui présente quelques variantes selon les confessions, notamment les Livres deutérocanoniques. Le canon du Nouveau Testament est composé de 27 écrits : les quatre évangiles canoniques, les Actes des Apôtres, les épîtres de plusieurs apôtres aux premières communautés chrétiennes et l'Apocalypse[11] ; il exclut de nombreux textes chrétiens apocryphes, parmi lesquels une douzaine d’évangiles. Il rejette , en particulier, celui de Thomas, qualifié de gnostique.
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23
+ Dès le Ier siècle, le « concile de Jérusalem » dut se prononcer sur la continuité de la nouvelle foi avec la Torah[12]. Les chrétiens précisent que le Nouveau Testament ne vient pas remplacer l'« Ancien » mais l'accomplir.
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25
+ Marcion, vers 140, rejeta la présence de l'Ancien Testament dans le canon chrétien[11]. Le marcionisme distingue le Dieu créateur de l'Ancien Testament du Dieu d'amour des écrits pauliniens. Ces idées furent condamnées par le presbyterium romain présidé par l'évêque Anicet en 144[13]. La doctrine de Marcion resta cependant largement répandue dans tout le bassin méditerranéen pendant environ deux siècles. Elle laissera des traces dans les mentalités jusqu'à nos jours[14].
26
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27
+ Irénée de Lyon affirme à la même époque que la Loi a été abrégée et non abrogée. Il bâtit une théologie de l'Histoire qui donne un sens à celle-ci, déterminé par le plan de Dieu, de la Création à l'Incarnation et dans l'attente du retour du Christ[15].
28
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29
+ L'inculturation du christianisme dans la culture gréco-romaine est l'œuvre des Pères de l'Église vers la fin du IVe siècle[16]. Nés pour la plupart dans des familles chrétiennes de l'élite locale, ils effectuent un travail de réappropriation de la Bible hébraïque, dont les citations abondent dans leurs ouvrages, associée à la philosophie grecque[16].
30
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31
+ « Dieu est l'Amour » et rien d'autre ». Pour le théologien jésuite Hans Urs von Balthasar, cet énoncé constitue le cœur du discours chrétien sur Dieu : « Dieu interprété comme amour : en cela consiste l'idée chrétienne »[17]. « En envoyant (...) son Fils unique et l'Esprit d'amour, Dieu révèle son secret le plus intime : il est Lui-même éternellement échange d'amour »[C 1]. « "Dieu est amour : celui qui demeure dans l'amour demeure en Dieu et Dieu en lui" (1Jn4,16). Ces paroles de la Première lettre de saint Jean expriment avec une particulière clarté ce qui fait le centre de la foi chrétienne : l'image chrétienne de Dieu, ainsi que l'image de l'homme et de son chemin, qui en découle »[C 2].
32
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33
+ Selon l'injonction augustinienne, Dilige, et quod vis fac, le christianisme reste centré sur l'amour. L'exclamation du dominicain T. Radcliffe est représentative : « Tout ce que j'ai écrit est, en un sens, un commentaire de ce que signifie aimer »[18].
34
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35
+ Deux textes du Nouveau Testament sont fondamentaux pour la morale chrétienne : le sermon sur la montagne dans l'évangile de Matthieu et l'épître de Paul aux Romains[19] ; ils furent longuement commentés par nombre de théologiens tels qu'Augustin d'Hippone ou Thomas d'Aquin. Le sermon assigne au croyant des objectifs de perfection difficilement réalisables[19]. Le péché, honni mais inévitable, est ainsi une notion centrale dans le christianisme[20].
36
+
37
+ Né dans la société romaine reposant sur l'esclavage, le christianisme proclame que les hommes sont frères dans le Christ mais ne remet pas en cause l'ordre établi et prône l'obéissance des esclaves à leur maître[21].
38
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39
+ Le christianisme privilégie la charité envers les pauvres et les malades ; dès le IVe siècle l'organisation de la diaconie établit des listes de pauvres et consacre à leur entretien une part des revenus des églises[22]. Le prêt à intérêt est donc interdit aux chrétiens par l'Église catholique comme contraire à cette notion[23].
40
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41
+ Au XVIe siècle, Calvin remet en cause cet interdit, ce qui le fait parfois qualifier de père du capitalisme, mais s'il légitime le prêt d'investissement, il ne remet pas en cause l'obligation de gratuité du prêt d'assistance au prochain dans le besoin[23]. À la même époque, des institutions catholiques fondent les premiers monts-de-piété.
42
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43
+ Au XIXe siècle, les révoltes des ouvriers face à leur misère croissante amenèrent Frédéric Ozanam à fonder la société de Saint-Vincent-de-Paul pour l'aide aux pauvres[24],[25], début de l'action du catholicisme social. En 1891, l'encyclique Rerum novarum de Léon XIII établit les grands principes de la doctrine sociale de l'Église catholique.
44
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45
+ Depuis les années 1960, la théologie de la libération remet en question cette aide traditionnelle aux pauvres ou charité, pour une « option préférentielle pour les pauvres » qui participe à leurs démarches d'émancipation[26].
46
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+ Les catholiques et les orthodoxes se réunissent pour la messe [27].
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49
+ Les protestants et les chrétiens évangéliques se réunissent pour le culte[28].
50
+
51
+ Les lieux de cultes catholiques, orthodoxes et de certaines dénominations protestantes sont appelés église ou cathédrale[29].
52
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53
+ Les lieux de cultes protestants ou chrétiens évangéliques sont généralement appelés « temple » ou « bâtiment (d'église) »[30],[31],[32],[33].
54
+
55
+ Au sein du christianisme, les sacrements aussi appelés ordonnances sont des rites cultuels. Deux sont pratiqués par presque toutes les confessions chrétiennes : le baptême et l'eucharistie, principalement parce que ce sont les deux gestes qui ont institués par Jésus dans la bible[34]. Cependant, certaines dénominations protestantes ne pratiquent aucun sacrement et les catholiques ainsi que les orthodoxes en pratiquent sept[35].
56
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57
+ Les églises chrétiennes évangéliques utilisent majoritairement le terme « ordonnances », pour parler du baptême et de la communion[36].
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+
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+ Le baptême est un rite présent dans la quasi-totalité des Églises chrétiennes, à quelques exceptions près, comme les quakers. Baptême d'eau issu des rites de purification juifs, il prend pour modèle celui de Jésus par Jean le Baptiste ; il peut être pratiqué par immersion, par effusion ou par aspersion[37]. Il symbolise l'entrée du croyant dans la communauté chrétienne ; dans certaines confessions il est pratiqué sur les jeunes enfants (pédobaptisme)[37]. Dans les églises évangéliques, le baptême du croyant est l'un des principaux signes de distinction d'avec les autres églises protestantes[38]. En effet, pour la majorité des chrétiens évangéliques, le baptême du croyant, par immersion dans l'eau, survient après la nouvelle naissance[39].
60
+ Ce sacrement n'est en principe pas réitéré, mais les conditions de reconnaissance mutuelles du baptême entre confessions sont complexes : les Églises trinitaires ne reconnaissent que les baptêmes « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[40] tandis que les anabaptistes ne considèrent pas le baptême des enfants comme valide[37].
61
+
62
+ L'eucharistie est le repas sacrificiel qui commémore la Cène[40], dernière Pâque de Jésus. Sa célébration est l'acte central du culte dans les différentes Églises[40].
63
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64
+ Les catholiques et les orthodoxes pratiquent sept sacrements comprenant, en plus du baptême et de l'eucharistie, la confirmation (ou la chrismation), l'ordination, la pénitence (ou la réconciliation), l'onction des malades et le mariage[41]. C'est également le cas des orthodoxes orientaux, de plusieurs anglicans et de quelques luthériens.
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66
+ Pâques est la première fête célébrée dans les calendriers liturgiques chrétiens ; elle est attestée dès le IIe siècle. Elle commémore la dernière Cène, la Passion et la Résurrection du Christ[42], événements dont les quatre évangiles situent le déroulement lors des festivités de la Pâque juive à Jérusalem, le 14 Nissan du calendrier juif. Sa date fut fixée en 325 par le concile de Nicée au « dimanche qui suit le 14e jour de la Lune qui atteint cet âge le 21 mars ou immédiatement après ».
67
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68
+ Le calendrier liturgique se constitua progressivement à partir du IVe siècle autour de la date de célébration de Pâques. C'est tout d'abord le triduum pascal, dont les deux jours qui précèdent le dimanche de Pâques deviennent un temps de jeûne, puis la célébration s'étendit à la semaine sainte dès 389[43]. À partir de la fin du IVe siècle, elle fut précédée des 40 jours de jeûne du carême[43]. Le temps pascal fut également étendu jusqu'à la Pentecôte, sept semaines après Pâques.
69
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70
+ Le cycle des fêtes à dates fixes lié à Noël ne fut instauré qu'au Ve siècle, après que cette fête eut été fixée au 25 décembre pour remplacer la fête impériale de Sol Invictus[43].
71
+
72
+ La réforme du calendrier grégorien au XVIe siècle, adoptée pour corriger la dérive séculaire du calendrier julien alors en usage, amena un décalage dans le calcul de la date de Pâques entre le calendrier liturgique catholique et le calendrier liturgique orthodoxe, qui perdure de nos jours.
73
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74
+ Dans le catholicisme, le ministère désigne les membres du clergé, soit le diacre, le prêtre, l'évêque, le cardinal ou le pape [44].
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+
76
+ Dans les Églises protestantes, et notamment réformées, il désigne les fidèles appelés à exercer un ministère, c'est-à-dire une fonction reconnue au service de l'Église locale ou nationale[45]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes protestantes [46].
77
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78
+ Dans le christianisme évangélique, les ministères évangéliques sont principalement ceux de pasteur, du diacre, du chantre et de l’évangéliste[47]. D’autres ministères peuvent également être présents, tel que celui d’ancien avec des fonctions similaires à celles du pasteur[48]. Le ministère d’évêque avec des fonctions de surveillance sur un groupe de pasteurs est présent dans certaines dénominations chrétiennes évangéliques[49]. Dans certaines églises du mouvement de la nouvelle réforme apostolique, il y a la présence de cinq ministères; ceux d'apôtre, prophète, évangéliste, pasteur, enseignant[50].
79
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80
+ Le christianisme s'est développé à partir du Ier siècle dans le contexte des communautés juives du Moyen-Orient et en particulier des communautés juives hellénisées.
81
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82
+ Jésus est la figure fondatrice du christianisme, certains s'interrogent sur son rôle historique de fondateur. D'après les Évangiles, Jésus « n'est pas venu abolir la Loi, mais accomplir ». Sa perspective est donc celle d'un accomplissement de la foi juive, dans une interprétation particulière à Jésus lui-même, et non la création d'une nouvelle religion. Si le salut est apporté à tous, c'est d'abord aux siens, « aux brebis perdues d'Israël »[B 2], qu'il réserve le privilège de son enseignement[51]. Jésus et tout le groupe primitif des apôtres et des femmes, qui le suivaient, étaient juifs ainsi que la plupart de ses interlocuteurs, à quelques exceptions près et désignées comme telles, comme le centurion romain de Capharnaüm ou la femme samaritaine[52]. Il apporte aussi une nouveauté radicale au judaïsme : lui-même, se substituant à la Torah[53].
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84
+ À l'exemple de la diversité régnant dans le judaïsme (sadducéens, pharisiens, esséniens, baptistes...), le paléochristianisme couvre différentes communautés, dont la communauté judéo-chrétienne de Jérusalem autour de Jacques, frère de Jésus, appartenant au judaïsme mais reconnaissant le messianisme de Jésus et vivant dans l'attente du Royaume de Dieu[54], et les communautés fondées par Paul ou Pierre dans le sillage des hellénistes, en Asie, en Grèce et à Rome[54], qui permirent l'ouverture aux gentils (notamment après la rupture entre Paul et l'église de Jérusalem en 48/49), et un début de divergence théologique (centralité et prééminence de la Croix sur la Loi, et de la Foi sur les Œuvres).
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86
+ Selon une tradition, rapportée par la littérature patristique[C 3], à la suite d'un oracle, l'Église de Jérusalem quitta la Ville Sainte, au moment de la Grande révolte juive de 66, pour s'installer dans la cité païenne de Pella (Tabaqat Fahil en Jordanie) (cf. Fuite des Chrétiens de Jérusalem à Pella). De Pella, ces chrétiens sont retournés plus tard à Jérusalem où ils demeurèrent jusqu’à la révolte de Bar Kokhba (132-135/6)[55].
87
+
88
+ Dans le même temps, le judaïsme évolue vers un judaïsme rabbinique qui prolonge le pharisianisme après la chute du Temple (70)[54].
89
+
90
+ La divergence, avec le judaïsme, s’accéléra au tournant du Ier siècle ; il n'y a pas d'événement marquant clairement cette séparation. Pour d'aucuns, le christianisme naît avec la reformulation de la Birkat haMinim (la 12e bénédiction de l'Amida) ; pour d'autres, il commence dès le tournant du IIe – IIIe siècle avec l'établissement d'un canon pour le Nouveau Testament, pères apologètes, début d'une théologie chrétienne (rencontre entre le mythe chrétien et la philosophie grecque)[56]. Au début du IIe siècle, les épîtres d"Ignace d'Antioche sont précurseurs en Asie Mineure de l'organisation d'un épiscopat monarchique caractérisé par une hiérarchie à trois niveaux (évêque, prêtre, diacre)[57].
91
+
92
+ Dans l'Empire romain, les autorités ne font pas, au début, une différence très nette entre juifs et chrétiens, ces derniers n'étant qu'une secte juive parmi d'autres[58], jusqu'à ce qu'ils commencent à être accusés de troubles à l'ordre public[12].
93
+
94
+ Le christianisme est né dans la partie orientale de l'Empire romain, où se trouvait le plus grand nombre de chrétiens dans les premiers siècles.
95
+
96
+ Cependant, le christianisme se développa à l'extérieur, dans l'Empire parthe (Mésopotamie, Perse) mais aussi en Éthiopie et en Inde, où la diaspora juive était présente. En dehors de l'Empire romain, les chrétiens s'organisèrent en Églises indépendantes. Ce fut notamment le cas du Catholicossat-Patriarcat de toute la Géorgie et de l'Église arménienne[n 1]. Aucune centralité susceptible de régulation n'existait alors[59], et le débat christologique était la règle[60].
97
+
98
+ Avec la conversion de l'empereur Constantin et l'édit de Milan en 313, les persécutions contre les chrétiens s'arrêtèrent. Vers la fin du IVe siècle, le christianisme devint la religion officielle de l'Empire, remplaçant le culte romain antique et inversant la persécution. Cette date marque symboliquement le début de la chrétienté, période de l'histoire de l'Europe où le christianisme imprègne toute la société, y compris les lois et les comportements sociaux.
99
+
100
+ Les causes de la conversion de l'empire au christianisme, peu étudiées au-delà d'approches de type mystique ou sectaire, sont vraisemblablement à aller chercher du côté de la menace que représentait le judaïsme pour la cohésion de l'empire (se rapporter sur ce point au code Théodosien qui punit spécifiquement les citoyens romains qui auraient souhaité se convertir au judaïsme). Ainsi, l'adoption du christianisme aurait répondu à un impératif de rassemblement des sujets de l'empire à un moment où la puissance de ce dernier vacillait. Elle aurait notamment permis aux dirigeants romains de proposer à leurs sujets une alternative au judaïsme qui soit plus crédible que le vieux paganisme finissant difficilement réformable.
101
+
102
+ En 330, l'empereur Constantin Ier transféra la capitale de l'empire de Rome à Constantinople (rebaptisée Nea Roma, « Nouvelle Rome »), qui devint un important foyer intellectuel. On aboutit alors à la Pentarchie : les cinq centres historiques de Rome, Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem.
103
+
104
+ Avec la Paix de l'Église commença la période des Pères de l'Église[61], qui s'accompagna d'une réinterprétation de la philosophie, notamment celle de Platon, dans le sens de la nouvelle religion, et de l'utilisation de nombreux motifs mythiques du monde ancien pour l'inculturation du christianisme dans le respect de la tradition apostolique. De multiples débats théologiques suscitèrent des controverses passionnées sur la nature du Christ[62]. Au fil des siècles et des conciles, le monde chrétien connu ensuite plusieurs controverses christologiques, ainsi que des crises et bouleversements idéologiques et politiques.
105
+
106
+ Le christianisme étant devenu l'un des cultes reconnus de l'Empire, le pouvoir politique prit l'initiative de réunir des assemblées d'évêques (conciles) pour régler les différends. Le premier fut le concile de Nicée, qui condamna l'arianisme en 325. Le concile d'Éphèse proclama en 431 que le Christ n'avait qu'une seule nature, divine, qui avait absorbé sa nature humaine. Les thèses nestoriennes affirmant que deux personnes différentes coexistaient en Jésus-Christ (l'une divine et parfaite, l'autre humaine et faillible), furent jugées hérétiques. En 451, le concile de Chalcédoine proclama l'unique personne du Christ, de nature à la fois divine et humaine, et définit la doctrine sur la Trinité chrétienne formalisée par le credo en 325 à Nicée.
107
+
108
+ Les dogmes proclamés au concile de Chalcédoine furent acceptés par la très grande majorité des Églises, tant en Occident qu'en Orient : elles furent donc nommées « chalcédoniennes »[63]. Mais les christologies déclarées hérétiques ne disparurent pas pour autant. Plusieurs empereurs après Constantin revinrent à l'arianisme, auquel se convertirent Goths et Vandales lors de leur rattachement à l'Empire romain.
109
+
110
+ En Occident, le déclin de l'Empire romain a amené la prépondérance des Wisigoths, Lombards, Burgondes convertis pour partie au christianisme arien, qui s'installèrent dans la Gaule romaine et dans la péninsule ibérique[64]. La donne changea avec l'avènement du roi franc Clovis, qui opta pour le christianisme nicéen[65]. Il noua des alliances successives pour continuer l'expansion de son royaume en chassant les Wisigoths, puis convoqua en 511 le premier concile mérovingien pour commencer à codifier les rapports du roi et de l’Eglise[66].
111
+
112
+ En Orient, certaines Églises d'Orient s'en tinrent au concile d'Éphèse, considérant que le Christ n'a qu'une seule nature, divine. Appelées à l'époque « monophysites », elles sont dites aujourd'hui des « trois conciles » et comptent, entre autres, des coptes en Égypte, des Éthiopiens et un certain nombre d'Arméniens.
113
+
114
+ Au début du VIIe siècle, le christianisme au Proche-Orient et en Afrique du Nord restait donc profondément divisé entre chalcédoniens, monophysites et nestoriens[63] quand ces régions furent conquises par l'empire Perse à partir de 611 (l'Égypte en 618)[67]. Les Églises monophysites sont alors privilégiées par rapport aux chalcédoniens, vus comme alliés de l'Empire Byzantin. Après la reconquête byzantine (de 622 à 630), les divergences s'étant exacerbées, le monoénergisme est proposé comme tentative de conciliation des doctrines ; et bientôt imposé aux monophysites par de nouvelles persécutions[68].
115
+
116
+ C'est alors qu’apparaît une nouvelle religion monothéiste, l'islam, dans les tribus arabes du Hidjaz[69], qui bientôt entament une guerre de conquête en direction de la Syrie, la Palestine et l'Égypte[70]. Entre 631 et 643, trois des centres du christianisme oriental (Alexandrie, Antioche et Jérusalem) tombent aux mains des musulmans[70]. Les Byzantins pratiquent une politique de la terre brûlée et laissent derrière eux une très mauvaise image[71]. La vie chrétienne continue dans les régions conquises, avec le statut de dhimmis (« protégés »), mais seules Constantinople et Rome gardent leur liberté politique.
117
+
118
+ La dynastie carolingienne renforça sa légimité en se faisant sacrer par le pape dès 754 ; la création des États pontificaux, conquis sur les Lombards, scella cette alliance avec la papauté[72].
119
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120
+ Au IXe siècle, en sacrant Charlemagne comme empereur romain, les évêques de Rome rompent politiquement avec les empereurs de Constantinople et recherchent la protection des empereurs ou des rois Francs. Charlemagne poursuivit la conquête et la christianisation de l'Europe ; les Saxons furent convertis de force et l'empereur, par de nombreux cartulaires, réglait la discipline religieuse.
121
+
122
+ Au IXe siècle l'évangélisation des peuples slaves se fit par la conversion de leurs souverains : le khan Boris de Bulgarie pour les slaves occidentaux opta pour un rattachement à Rome, Vladimir de Kiev pour les slaves orientaux (serbes, bulgares et Rus' de Kiev) à Constantinople[73]. En 1054, après la querelle du Filioque, Rome et Constantinople se traitent réciproquement de « schismatiques et anathèmes ». La première croisade aboutit à l'installation de patriarcats latins à Jérusalem et Antioche. Sur le plan politique, la rupture a été définitivement consommée en 1204 lorsque les Croisés latins ravagèrent Constantinople et déposèrent le patriarche. L'affaiblissement de l'Empire romain d'orient par les Croisés a permis, deux siècles plus tard, la prise de Constantinople par les Turcs ottomans.
123
+
124
+ En 1455, le pape Nicolas V concède au Portugal l'exclusivité du commerce avec l'Afrique et encourage Henri le Navigateur à soumettre en esclavage les « sarrasins et autres infidèles », comptant sur les progrès des conquêtes pour obtenir des conversions[74]. Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, le pape Alexandre VI est amené à arbitrer le partage du nouveau monde entre les puissances espagnoles et portugaises[n 3], et leur attribue l'activité de mission qui a souvent été considérée par les puissances coloniales comme un instrument permettant d'introduire les intérêts occidentaux, voire de légitimer des interventions politiques ou militaires. Le catholicisme s'implante aux Amériques avec les conquêtes espagnoles, au Mexique avec la conquête de Cortés et au Pérou à la suite de celle de Pizarre[73]. Les missions vers l'Asie remportent peu de succès, sauf aux Philippines et à Goa[75].
125
+
126
+ Les bulles pontificales Sublimus Dei (29 mai 1537) et Veritas ipsa du pape Paul III (2 juin 1537) condamnent l'esclavage des Amérindiens[76] ainsi que « toute mise en doute de la pleine humanité de ceux-ci », mais n'évoque pas les Noirs. Après la Controverse de Valladolid en 1550 la traite négrière se généralise.
127
+
128
+ À la même époque, le protestantisme tire son origine dans la Réforme instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle et proposant une réinterprétation de la foi chrétienne fondée sur un retour à la Bible. Les protestants refusent l'idée d'une hiérarchie ecclésiale instituée par Dieu : pour eux le clergé est une émanation du peuple chrétien. Ils refusent donc toute autorité au pape. Dans un premier temps, l'anglicanisme ne refuse que la juridiction pontificale. Puis très vite, sous l'influence de la Réforme, il refuse aussi la primauté en matière de foi et de mœurs.
129
+
130
+ La Contre-Réforme catholique précise ses dogmes lors du concile de Trente et impose en 1582 le passage du calendrier julien au calendrier grégorien. Elle s'engage dans la lutte contre les hérésies, d'une part par l'éducation – l'ordre des Jésuites est créé à cet effet –, d'autre part par la répression de l'Inquisition.
131
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132
+ À l'issue des guerres de religion qui opposèrent catholiques et protestants en Europe, les royaumes méditerranéens restèrent catholiques. La paix d'Augsbourg, qui promulguait le principe « un prince, une religion », permit de facto une certaine tolérance dans le Saint-Empire romain germanique[77]. Les Pays-Bas connurent une division politique et religieuse : au sud, les Pays-Bas espagnols catholiques, au nord les Pays-Bas indépendants, dirigés par des protestants[77].
133
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134
+ Dès le XVIIe siècle, les colonies anglaises d'Amérique offrirent un asile à ceux qui fuyaient l'intolérance religieuse en Europe. Alors que le Nord-Est restait puritain et les États du Sud anglicans, dans les États du centre l'arrivée des immigrants anabaptistes et piétistes allemands, des frères moraves tchèques, des presbytériens écossais et nord-irlandais, des huguenots français, des méthodistes et baptistes anglais notamment provoquèrent le foisonnement religieux du grand réveil. Des prédicateurs itinérants parcoururent alors le territoire.
135
+
136
+ En Europe, à partir du XIXe siècle, l'Église catholique perdit son statut privilégié dans plusieurs États. La Révolution française avait supprimé la dîme et confisqué les biens du clergé, qui subit des persécutions jusqu'à la signature du Concordat en 1801[78]. Après les guerres napoléoniennes, l'Europe était profondément changée, et, malgré ses efforts, l’Église catholique ne retrouva jamais la position qu’elle occupait pendant l’Ancien Régime.
137
+
138
+ À la fin du XIXe siècle, l'Église catholique confrontée au rationalisme réagit par la publication du syllabus de Pie IX pour dénoncer les erreurs « modernes »[79] ; le concile Vatican I proclama l'infaillibilité papale avant d'être interrompu par la guerre de 1870[80]. Les États pontificaux, dernier vestige du pouvoir temporel de la papauté, furent absorbés par l'unification des États italiens en 1870[80].
139
+
140
+ À la même époque, le christianisme connaît un nouveau foisonnement sur le continent américain, avec le Second grand éveil qui conduit à l'apparition de nouveaux groupes comme les mormons, les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, les pentecôtistes ainsi que le mouvement du Social Gospel et l'Armée du Salut[81],[82].
141
+
142
+ En 1917, l'Église orthodoxe de Russie put se réorganiser lors de la révolution russe[83], mais connut des persécutions dès la Révolution d'Octobre[84], qui l'amenèrent à plusieurs schismes.
143
+
144
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. Le nombre de chrétiens dans cette région a été multiplié par plus de 60, passant de 8 millions en 1910 à 516 millions en 2010. De même, alors que la population chrétienne en Afrique subsaharienne ne s'élevait qu'à 9 % en 1910, elle est aujourd'hui majoritaire avec 63 %[86].
145
+
146
+ En 1900, les Africains ne formaient que 2 % (10 millions) de la population chrétienne mondiale. Ils sont aujourd'hui 20 % (500 millions). Cet essor est dû en partie au prosélytisme des protestants évangéliques, mais aussi à l'émergence de nouvelles Églises d'institution africaine. Les plus importantes - le Kimbanguisme au République démocratique du Congo, l'Église harriste en Côte d'Ivoire ou le mouvement Aladura issu du Nigéria - ont été fondées dans l'entre-deux-guerres et ont joué un rôle lors de la décolonisation, mais il en existe de nombreuses autres [87] dont la plupart sont totalement inconnues en Occident[88].
147
+
148
+ Le développement de ces Églises pourrait conduire à revoir les classifications traditionnelles et à établir de nouvelles typologies[89].
149
+
150
+ Le christianisme est la première religion du monde en nombre de fidèles devant l'islam qui compte 1,703 milliards de fidèles. Selon une estimation pour mi-2015, le christianisme compterait environ 2,4 milliards de fidèles[90],[91].
151
+
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+ Les chrétiens se répartissent dans de multiples confessions, dans des Églises autocéphales dès l'origine, ou issues des nombreux schismes qui ont agité l'histoire du christianisme.
153
+
154
+ On classe les Églises chrétiennes en trois grands groupes : la catholique, les orthodoxes et les protestantes :
155
+
156
+ Le christianisme a une croissance légèrement supérieure à celle de la population mondiale, ce qui fait que le christianisme est la religion d'une part toujours plus importante de la population mondiale avec, à la mi-2015, 33,2 % de chrétiens.
157
+
158
+ Ce que les médias ont appelé l'indifférence religieuse, étudiée par différentes personnalités de l'Église catholique[93] concerne surtout les confessions historiques majoritaires, tandis que les religions nouvelles et minoritaires semblent progresser.
159
+
160
+ Sur les cinq pays comptant le plus grand nombre de chrétiens au monde, trois sont situés dans les Amériques : les États-Unis, le Brésil et le Mexique (les deux autres étant la Russie et les Philippines[94].)
161
+
162
+ Le 13 mars 2013, a lieu à Rome l'élection du pape François : il s'agit du premier pape issu du continent américain et du premier pape non européen depuis le VIIIe siècle. Le dernier pape non européen remontait a l'an 741 ; il s'agissait du Syrien Grégoire III[95].
163
+
164
+ En Asie, le christianisme était jusque-là peu présent, excepté au Moyen-Orient et en Inde. Aujourd'hui, le Timor oriental et les Philippines représentent les seuls pays d'Asie à majorité chrétienne, avec respectivement 99,1 % et 81,4 % de fidèles (en troisième place le Liban avec plus de 45 % de chrétiens). Toutefois, bien que minoritaires sur le continent, les chrétiens sont de plus en plus nombreux en Asie[96], ou, comme le souligne Régis Anouil, « le christianisme est associé aux valeurs de modernité, de démocratie et de liberté, alors que le bouddhisme, l'hindouisme et le confucianisme apparaissent moins en prise avec la réalité »[97].
165
+
166
+ La proportion de chrétiens en Asie est passée de 4,5 % en 1910 à 13,1 % en 2010[98]. La Corée du Sud abrite près de 20 % de fidèles du christianisme, tandis que la Chine et l'Inde sont tous deux parmi les 10 pays comptant le plus de chrétiens. Le cas de la Chine est particulièrement représentatif de la croissance du christianisme en Asie : non seulement il s'agit déjà du troisième pays avec le plus grand nombre de chrétiens (67 millions) mais en plus, la Chine pourrait devenir le pays le plus chrétien de la planète[99], comme en témoigne une étude de Fenggang Yang, un chercheur américain. En effet, en 2050 la population chrétienne en Chine devrait dépasser les 247 millions, soit plus que n'importe quel autre pays du monde[100].
167
+
168
+ En outre, un nombre croissant d'écrivains dissidents, d'intellectuels critiques, de journalistes et d'avocats chinois revendiquent le christianisme, dans lequel ils voient un symbole dans leur lutte pour la démocratie[101].
169
+
170
+ Au cours du XXe siècle, l'Afrique a été le continent à avoir connu la plus forte expansion de chrétiens[85]. qui sont désormais aussi nombreux que les musulmans[102]. : environ 400 à 500 millions de fidèles pour les deux confessions (sur une population d'environ 1 milliard d'habitants[103].) D'après les chiffres livrés lors d’une conférence organisée à l’université d’El Jadida au Maroc, les chrétiens seraient même récemment devenus plus nombreux que les musulmans : 46,53 % des Africains se rattachent au christianisme contre 40,64 % à l’islam[104].
171
+
172
+ Les Africains constituent 20 % (500 millions) de la population chrétienne mondiale.
173
+
174
+ L'Église orthodoxe réunit les Églises des sept conciles, liées les unes aux autres par la confession d'une foi commune et une reconnaissance réciproque ; elles adoptent un classement selon un rang honorifique traditionnel.
175
+
176
+ Au début du XXIe siècle on dénombre 283,1 millions d'orthodoxes, soit environ 12 % des chrétiens[105]. Numériquement les pays qui comptent le plus d'orthodoxes sont la Russie et l'Éthiopie[n 4], mais dans des pays plus petits comme la Moldavie,la Roumanie, la Grèce ou la Géorgie, ils représentent plus de 87 % de la population[106].
177
+
178
+ L'Église catholique revendique depuis le premier concile de Constantinople une primauté pontificale qui ne soit pas seulement d'honneur mais aussi de juridiction. Après la séparation des Églises d'Orient et d'Occident, l'Église de Rome, appelée « Église catholique », eut encore 14 conciles qui fixèrent des dogmes comme le purgatoire, l’Immaculée Conception ou l'infaillibilité pontificale. Ces conciles accentuèrent la rupture avec les Églises des sept conciles et provoquèrent de nouveaux schismes. Ainsi, l'Église vieille-catholique est née du rejet du dogme de l'infaillibilité papale[107]. L'écart entre « catholiques » et « orthodoxes » tend cependant à se réduire depuis le concile Vatican II.
179
+
180
+ Plus de la moitié des chrétiens sont catholiques, soit 1,272 milliard[92]. Parmi eux, 48 % sont américains (Brésil, Mexique et États-Unis) et 24 % européens[108].
181
+
182
+ La Réforme protestante instaurée par Luther et Calvin au début du XVIe siècle a donné naissance à de nombreuses Églises protestantes luthériennes ou réformées ainsi qu'à de nombreuses églises chrétienne évangéliques (baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique évangélique et christianisme non-dénominationnel) ou libérales.
183
+
184
+ En 2011, l'ensemble de ces Églises regroupent environ 37 % des chrétiens, soit 800 millions de protestants[109].
185
+
186
+ Le principal symbole chrétien est la croix [110]. Celle-ci représente la Crucifixion et est utilisée depuis Constantin comme symbole des chrétiens.
187
+
188
+ Dans les années 1970, l’usage de l'ichthus s’est répendu aux États-Unis avec le Jesus Movement auprès des chrétiens, et spécialement chez les chrétiens évangéliques[111].
189
+
190
+ Ce symbole est utilisé principalement sur les pendentifs, les épingles ou sur les voitures, en signe d'appartenance à la foi chrétienne[112],[113].
191
+
192
+ La croix, principal symbole du christianisme.
193
+
194
+ Croix orthodoxe.
195
+
196
+ Ichthus.
197
+
198
+ Ichthus contemporain.
199
+
200
+ Le chant chrétien, accompagné d'instruments de musique et basé sur le livre des Psaumes est un des premiers styles de musique chrétienne[114]. Puis le chant grégorien s'est installé dans les églises [115]. Aux États-Unis, le XIXe siècle voit apparaître le negro spiritual et le gospel au XXe siècle[116]. En 1964, la Gospel Music Association est fondée à Nashville [117].
201
+
202
+ La musique chrétienne contemporaine regroupe divers styles de musique qui se sont développés aussi bien à l’extérieur de ces communautés qu'à l’intérieur de celles-ci. Les artistes chrétiens pratiquent aujourd'hui tous les styles de musique : de la pop chrétienne, du rock chrétien au hip-hop chrétien en passant par le punk chrétien ou encore metal chrétien [118]. Dans les années 1980 et 1990, la musique chrétienne contemporaine a pris une place considérable dans les cultes chrétiens évangéliques[119],[120]. Une grande variété de styles musicaux a développé la louange traditionnelle [121].
203
+
204
+ Les églises catholiques, orthodoxes et certaines églises protestantes (luthériennes et anglicanes) utilisent la peinture pour des représentations divine ou humaine dans les lieux de culte [122],[123].
205
+
206
+ En raison de leur compréhension du deuxième des dix commandements, la majorité des églises protestantes et toutes les églises chrétiennes évangéliques n’ont pas de représentation matérielle religieuse comme des statues, des icônes ou des tableaux dans leurs lieux de culte[124].
207
+
208
+ La Trinité est un concept chrétien remontant à Tertullien, qui présente le Dieu unique sous forme d'une trinité de trois « personnes » (Tertullien[125]) divines, ou de trois « hypostases » (Origène[125]), fondamentalement distinctes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ce qui peut faire écho[126] à une formule trinitaire de l'évangile selon Matthieu. Celle-ci renvoie au baptême de Jésus-Christ[127] : « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit »[B 3]. Cette notion donne lieu à de multiples approches et vigoureux débats dès le IIIe siècle. Le terme de « personne » a prêté à de nombreuses interprétations et, par exemple, Augustin d'Hippone précise que ce terme, humain, ne définit qu'imparfaitement la Trinité.
209
+
210
+ Une majorité d'évêques chrétiens – au terme des grands conciles du IVe siècle – s'accordent sur une profession de foi connue sous le nom de Credo de Nicée-Constantinople (325-381) qui devient un dogme. Nombre des chrétiens définissent leur foi par ce Credo, socle de foi commun affirmant l'unicité de Dieu, la vie, la mort et la résurrection de Jésus, « la résurrection des morts, et la vie du monde à venir »[n 5]. Mais différents courants refusent cette approche, considérant que le Fils n'est pas pleinement divin : parmi les courants qualifiés d'« ariens », on trouve des homoiousiens, des homéiens, des anoméens... en plus d'une première difficulté entre l'Occident chrétien, plutôt monarchianiste et l'Orient, tenant de trois hypostases plus ou moins égales[128]. Des chrétiens refusent ainsi les conciles postérieurs, formant les Églises des deux conciles, des trois conciles ou des sept conciles.
211
+
212
+ Aux alentours du VIe siècle, apparait en Espagne, en réaction à l'arianisme wisigoth, une notion qui entend s'ajouter au Credo de Nicée et s'étend dans certaines portions de la chrétienté occidentale, celle du Filioque : le Saint-Esprit dépend désormais à la fois du fils et du Père et non plus seulement de ce dernier[129].
213
+
214
+ Pendant plusieurs siècles, l'Église occidentale refuse le Filioque pour ne pas altérer la profession auxquels l'essentiel de la chrétienté avait souscrit et que les conciles œcuméniques avaient expressément interdit de changer, sauf par la tenue d'un autre concile[129]. Mais au XIe siècle[129], elle finit par l'adopter et, par là, se coupe de ses racines orientales en insistant sur l'incarnation du Christ et de l'Église dans l'histoire, au détriment du Saint-Esprit dans l'économie du Salut[130]. Si le Saint-Esprit découle aussi du Christ, et pas seulement de Dieu, une âme ne peut être sauvée que si la personne est chrétienne, ce qui change le rapport aux autres croyances et aux incroyants[réf. à confirmer][131].
215
+
216
+ Cette controverse contribue, parmi d'autres différends séculaires, au schisme de 1054 entre catholiques et orthodoxes. Quelques siècles plus tard, d'autres controverses ont conduit, dans le monde orthodoxe, au bogomilisme, et dans le monde catholique au catharisme et au protestantisme.
217
+
218
+ De plus, certains chrétiens tels que les unitaristes, certains groupes adventistes, les Témoins de Jéhovah et l'Église de Dieu (Septième Jour) n'admettent pas le dogme de la Trinité. Ces derniers sont appelés « antitrinitaires ».
219
+
220
+ La doctrine chrétienne du péché originel est en grande partie issue de la pensée d'Augustin d'Hippone. S’il affirme, dans le traité De libero arbitrio, l’existence du libre arbitre contre les manichéens qui attribuaient au divin la responsabilité du mal, il tend, contre les pélagiens, à en minimiser le rôle dans l'œuvre du salut, arguant que l’homme a, par le péché originel, perdu l’usage de cette faculté[132]. Seule la grâce, gratuitement octroyée par Dieu, peut alors accomplir l'œuvre du salut.
221
+
222
+ Augustin aborde également la doctrine de la prédestination, selon laquelle Dieu aurait déterminé de toute éternité qui serait sauvé.
223
+
224
+ Pour l'Église catholique la théologie du salut était centrée sur le principe « Hors de l'Église point de salut », c'est-à-dire que ce sont ses sacrements qui permettent aux fidèles de participer à la vie de Dieu et par là d'accéder au salut.
225
+
226
+ Le débat autour de cette question, au centre des préoccupations de Luther fut relancé lors les débats théologiques de la Réforme[132]. Luther estime que « seule la foi » apporte le salut, et donc que les bonnes œuvres ne peuvent pas y contribuer.
227
+
228
+ Les cinq points du calvinisme posent le principe de l'élection inconditionnelle selon laquelle avant que Dieu ait créé le monde, il a choisi de sauver certains pour ses propres raisons et en dehors de toute condition liée à ces personnes.
229
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230
+ En 1965, par la déclaration Dignitatis Humanae du concile Vatican II, l'Église catholique déclare que « Dieu a Lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en Le servant, les hommes peuvent obtenir le salut dans le Christ et parvenir à la béatitude. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique ».
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+ Un rapprochement entre l'Église catholique et la Fédération luthérienne mondiale sur ces questions a amené en 1999 à une déclaration commune sur la justification par la foi qui professe « Nous confessons ensemble que la personne humaine est, pour son salut, entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu ».
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+ C'est généralement à la Conférence Internationale des Missions qui s'est tenue à Édimbourg en 1910[133], présidée par le laïc américain John Mott, que l'on fait remonter le départ de l'œcuménisme moderne[134]. La version unioniste de l'œcuménisme est la volonté de bâtir une Église unique. Ce fut un temps la pensée de l'archevêque luthérien d'Uppsala Nathan Söderblom[135], prix Nobel de la Paix en 1929. Mais ce fut d'abord la nécessité d'une meilleure coopération entre les sociétés bibliques protestantes qui amena, à la fin du XIXe siècle, les premières tentatives de dialogue inter-confessionnel. En 1948, ces dialogues ont donné naissance au Conseil œcuménique des Églises (COE).
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+ En 1927[136], plusieurs Églises orthodoxes ont participé au travail œcuménique de la conférence mondiale Foi et Constitution. Elles ont rejoint en 1961 le COE.
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+ En 1928, le pape Pie XI avait dénoncé avec véhémence dans l’encyclique Mortalium Animos les « panchrétiens qui cherchent à fédérer les Églises ». Pour lui, l’unité des chrétiens ne pouvait être assurée que par le « retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ ». Dans la même ligne, l’Instruction sur le mouvement œcuménique, promulguée par le Saint-Office le 20 décembre 1949, avait affirmé que « l’Église catholique possède la plénitude du Christ » et n’a pas à se perfectionner par des apports venant d'autres confessions[137]. Par conséquent, l’Église catholique avait refusé de participer aux premières assemblées du Conseil œcuménique des Églises à Amsterdam (1948) et Evanston (1954) et n’entretenait aucune relation officielle avec les autres Églises chrétiennes[138].
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+ Avec le concile Vatican II, en 1962, l'Église catholique a infléchi sa position sur le dialogue œcuménique. La réconciliation et la levée des anathèmes entre catholiques et orthodoxes intervinrent en 1965, au dernier jour du concile, avec les déclarations du pape Paul VI et du patriarche Athenagoras Ier[139]. Toutefois, après une quinzaine d'années de « détente », les relations entre les deux Églises se sont à nouveau progressivement tendues, surtout après l'an 2000, avec le recadrage de l'Église catholique par les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, et avec l'interdiction de tout prosélytisme catholique dans leur juridictions par des patriarcats comme ceux d'Athènes, Belgrade ou Moscou.
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+ L'Église catholique n'est pas membre du COE pour des raisons doctrinales et parce que, tout en représentant à elle seule plus de fidèles que l'ensemble des autres membres du COE, elle n'aurait droit qu'à une seule voix, comme les autres Églises.
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+ Les critiques du christianisme incluent des critiques portées contre les religions en général et d'autres qui lui sont propres, ainsi que des critiques spécifiques portées contre les différentes Églises chrétiennes. Elles portent sur les doctrines, les pratiques ainsi que sur le rôle historique de religion chrétienne.
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+ D'un point de vue historique, les reproches émanent parfois des croyants eux mêmes, qui soulignent le contraste entre une doctrine qui prêche officiellement l'amour du prochain, et des institutions qui ont au fil des siècles soutenu l'esclavagisme[140], créé l'Inquisition, lancé les croisades[141] et propagé l'antisémitisme.
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+ Du point de vue théologique, les interprétations chrétiennes de la Bible hébraïque sont inconcevables pour les autres peuples du Livre, qui considèrent comme du polythéisme la Trinité, l'idée d'un Dieu incarné en homme ou le culte de Marie (catholicisme et christianisme orthodoxe)[142].
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+ Les critiques philosophiques de la morale chrétienne portent sur sa culpabilisation de la sexualité et sa glorification de la souffrance et de la soumission[143] ainsi que les scandales liés aux abus sexuels.
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+ Christophe Colomb (en italien : Cristoforo Colombo ; en espagnol : Cristóbal Colón), né en 1451 sur le territoire de la république de Gênes et mort le 20 mai 1506 à Valladolid, est un navigateur génois au service des monarques catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon célèbre pour avoir « découvert l'Amérique » en 1492. Il est chargé par la reine Isabelle d'atteindre l'Asie orientale (« les Indes ») en traversant l'océan Atlantique avec trois caravelles dont il est « l'amiral » ; dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492, après un peu plus de deux mois de navigation, il accoste sur une île de l'archipel des Bahamas à laquelle il donne le nom de San Salvador.
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+ Colomb est alors persuadé qu'il a accompli sa mission et qu'il se trouve aux Indes, donnant aux habitants de ces régions, issus de migrations préhistoriques en provenance d'Asie, le nom d'« Indiens ». Lorsqu'il meurt 14 ans plus tard, après trois autres voyages au service de l'Espagne, dont un dans l'actuel Venezuela (août 1498), il n'a pas compris qu'il a atteint une toute autre terre.
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+ Il effectue en tout quatre voyages en tant que navigateur pour le compte des souverains espagnols, qui le nomment avant son premier départ amiral, vice-roi des Indes et gouverneur général des territoires qu'il découvrirait. La découverte des Caraïbes marque le début de la colonisation de l'Amérique par les Européens et fait de Colomb un acteur majeur des grandes découvertes des XVe et XVIe siècles. L'arrivée de Christophe Colomb à San Salvador est la première étape de l'exploration systématique et de la colonisation européenne du continent américain.
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+ Il n'est pourtant pas le premier navigateur à avoir traversé l'océan Atlantique depuis l'Europe : des expéditions l'ont précédé, notamment des Vikings venus d'Islande se sont établis pendant plusieurs décennies au Groenland jusque dans des régions de l'est de l'actuel Canada, mais ces expéditions n'avaient pas produit de documentation connue dans les pays d'Europe de l'ouest.
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+ L'historiographie de la civilisation occidentale retient Christophe Colomb comme le « découvreur de l'Amérique » et en fait l'événement le plus important marquant le passage du Moyen Âge aux temps modernes[2] dans un ensemble d'événements et de transformations majeurs. Si le nom de Colomb est associé à plusieurs terres d'Amérique (Colombie, grande Colombie, Colombie-Britannique) celui d' « Amérique » est donnée d'après l'explorateur Amerigo Vespucci.
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+ Le lieu de naissance de Colomb est incertain mais il est aujourd'hui considéré comme d'origine ligure, des environs de Gênes. Cette origine génoise du navigateur est établie au sein de la communauté des historiens depuis la fin du XIXe siècle (plus exactement 1892). Cependant, à l'occasion du 400e anniversaire de sa découverte de l'Amérique, de nombreuses régions se sont revendiquées être son lieu de naissance[3],[4].
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+ Christophe Colomb serait né entre le 26 août et le 31 octobre 1451 sur le territoire de la république de Gênes[5]. Il est l'aîné des cinq enfants[6] de Domenico Colombo (tisserand originaire de Lombardie qui s'est installé à Gênes puis, à la suite de troubles politiques dans la cité, a déménagé à Savone en 1470 pour ouvrir un établissement de textile et une taverne) et de Susanna Fontanarossa. En tant qu'aîné, il devient probablement apprenti tisserand[7].
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+ Son père aurait eu les moyens financiers suffisants pour l'envoyer à l'université de Pavie, où il étudie notamment la cosmographie, l'astrologie et la géométrie[8]. Il est très tôt influencé par le Livre des merveilles que l'explorateur vénitien Marco Polo écrivit après son retour (pendant son voyage en Orient et en Asie).
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+ Par les écrits de Christophe Colomb, on sait qu'il a puisé ses idées sur les dimensions de la Terre de ses lectures de l'Imago Mundi de Pierre d'Ailly dont la rédaction a été terminée en 1410, l'Historia rerum ubique gestarum de Pie II (1477), le De commetudiribus et conditionibus orientalum régionum[citation nécessaire], un résumé latin du livre de Marco Polo, d'une traduction en italien de l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien, de la traduction en castillan des Vies parallèles des hommes illustres de Plutarque et la Géographie de Claude Ptolémée dans une édition parue à Rome en 1478. Ce sont surtout les trois premiers livres qui ont nourri ses réflexions. Il a fait 2 565 notes en marge de ces livres, 877 dans les traités de Pierre d'Ailly dont 475 pour l'Imago Mundi[9]. Il a noté en marge de l'Imago Mundi qu'il a navigué jusqu'au fort portugais de la Mine, vers 1482. En marge du livre écrit par le pape Pie II il a noté qu'il a fait un voyage vers l'Islande en 1477 et qu'il a vu « à Galway, en Hibernie (Irlande), dans deux barques à la dérive, un homme et une femme d'allure magnifique ».
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+ Christophe Colomb prétend dans une de ses lettres avoir été matelot dès l'âge de dix ans[10]. Toujours selon la biographie de Fernand Colomb, après avoir commandé un navire au service de René d'Anjou combattant le roi d'Aragon et opéré en tant que corsaire en 1472, Christophe Colomb commence l'année suivante son apprentissage en tant que marchand au service des familles génoises Centurion, Di Negro et de Spinola[8]. Sa prétendue expédition commerciale sur l’île de Chios en 1474 lui permet de devenir financièrement indépendant de sa famille[11].
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+ En 1476, il embarque sur un convoi en partance pour Lisbonne puis l'Angleterre. Le convoi est attaqué par les Français et Christophe Colomb se réfugie dans la ville portugaise de Lagos puis part chez son frère Bartolomeo Colomb, cartographe à Lisbonne.
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+ Il épouse en 1479 Filipa Moniz d'une famille de petite noblesse portugaise, fille de Bartolomeu Perestrelo, capitaine-gouverneur de Porto Santo à Madère, avec qui commença la colonisation en 1425. Filipa meurt peu de temps après la naissance de leur seul fils, Diego Colomb, né possiblement en 1480 sur l'île Porto Santo (son second fils, Fernand, naîtra en 1488 d'une liaison avec Beatriz Enríquez de Arana). Christophe Colomb se perfectionne alors dans les sciences de la navigation, peut-être avec son frère ou avec les cartes que son épouse avait peut-être apportées en dot : les cartes des vents et des courants des possessions portugaises de l'Atlantique qui, peut-être, appartenaient à Bartolomeu Perestrelo[12].
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+ C'est aux alentours de 1484 que Colomb forme l'idée de passer par l'Atlantique pour aller aux Indes orientales (« rejoindre le Levant par le Ponant »[13]). Il est en effet connu depuis les Grecs anciens que la Terre est ronde ; au Moyen Âge, l'idée de la Terre plate n'a jamais prévalu parmi les savants, contrairement à un mythe forgé à l'époque moderne. Aristote, Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin admettaient la sphéricité de la Terre et cette doctrine était enseignée par les dominicains espagnols[14],[15].
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31
+ L'idée que des îles pouvaient exister à l'ouest de l'Afrique a été entretenue par la découverte des Açores qui apparaissent sur des cartes à la fin du XIVe siècle avant d'être redécouvertes en 1427, des îles Canaries au milieu du XIVe siècle et colonisées en 1402, des îles du Cap-Vert en 1456, et la présence de bois exotiques flottant sur les eaux apportés par des courants venant de l'Ouest. Il n'est pas impossible que des navigateurs aient pu aborder sur la côte brésilienne se trouvant à 370 lieues des îles du Cap-Vert car Jean II du Portugal a fait déplacer la limite du traité de Tordesillas en 1494, avant la découverte officielle de la côte du Brésil en 1500 par Pedro Álvares Cabral. Cependant les Portugais vont surtout s'intéresser à la colonisation de l'Afrique dont ils avaient obtenu le monopole par la bulle Æterni regis rédigée en 1481 par le pape Sixte IV.
32
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33
+ Fernand Colomb et Bartolomé de las Casas citent une lettre écrite par Paolo Toscanelli le 23 juin 1474 à Fernam Martins pour éclairer le roi du Portugal Alphonse V et qui aurait été transmise à Christophe Colomb deux à trois ans plus tard par Toscanelli. Henry Vignaud a critiqué les affirmations du fils de Christophe Colomb et de Las Casas sur l'existence de cette carte[16]. Cependant, les affirmations d'Henry Vignaud sur une supercherie de Colomb qui aurait inventé cette correspondance de Toscanelli après son premier voyage n'est pas plus documentée[17]. Au moment où Christophe Colomb envisageait de faire son voyage vers l'ouest, Martin Behaim a réalisé son globe à Nuremberg, en 1492, après avoir séjourné au Portugal. Hieronymus Münzer a écrit en 1493 au roi Jean II du Portugal pour l'engager à faire des recherches maritimes vers l'ouest[18].
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35
+ Ératosthène avait donné une estimation à peu près exacte de sa circonférence, mais les textes grecs sont mal connus à l'époque. Christophe Colomb a utilisé les estimations de Pierre d'Ailly. Dans le chapitre « De quantitate terre » de son livre Imago Mundi, Pierre d'Ailly reprend l'estimation d'Al-Farghani de 56 milles 2/3 pour la longueur d'un arc d'un degré. Mais Pierre d'Ailly en a transformé la valeur de la circonférence de la Terre de 20 400 milles en 10 200 lieues en donnant à la lieue une valeur de 2 milles[19]. Ce nombre paraissant exagéré à Christophe Colomb, il l'a transformé en adoptant pour valeur de la lieue marine la valeur de 4 milles. Il en a déduit un équateur d'environ 30 000 kilomètres au lieu de 40 075 kilomètres). Or les Arabes utilisaient un mille de 1 973 mètres et non le mille romain de 1 479 mètres. Pierre d'Ailly citait aussi les évaluations de Marin de Tyr, qui estimait que les terres habitées, de l'Espagne à la Chine, devaient s'étaler sur 225° au lieu des 130° réels, d'où une sous-estimation des mers les séparant[20].
36
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+ Selon les mots de Michel Balard : « lumineuse erreur qui permet au navigateur de réduire les distances entre les îles Canaries et l'extrémité orientale du continent asiatique ! »[21]. Une grande partie de la communauté scientifique de l'époque estime réalisable un tel voyage et Jacques Heers précise : « […] les idées de Colomb ne s'inscrivent pas à contre-courant. Tout au contraire, elles nous paraissent exactement l'expression normale de la pensée géographique de son époque[22]. »
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+ Ce qui distingue le projet du navigateur des hypothèses des érudits du temps — géographes et humanistes — qui estiment tous très probable l'existence d'îles nombreuses, voire de terres plus vastes plus loin à l'ouest dans la mer Océane, c'est son but : atteindre les rivages de la Chine, et avant cela du Japon, soit le royaume du Cathay et Cipango tels que décrits par Marco Polo[23].
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+ Un groupe d'experts choisi par le roi de Portugal Jean II rejette cependant son projet sans appel[26].
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+ Colomb va alors tenter sa chance en Castille au milieu de 1485. Il se rend avec son fils au monastère de La Rábida à Palos de la Frontera, où deux moines auxquels il se lie, Juan Pérez (es) et Antonio de Marchena (es), lui suggèrent de se rendre à Cordoue auprès de la reine Isabelle. Il est reçu par cette dernière en janvier 1486, mais une réponse négative lui est à nouveau rendue en 1490. En 1491, sa demande est en passe d'être acceptée, mais sa trop grande ambition fait échouer sa quête. Il veut notamment être vice-roi de toutes les terres découvertes et obtenir un titre de noblesse. C'est grâce à l'intervention du trésorier de la maison du roi, Louis de Santangel, ainsi que du prieur des dominicains de San Esteban de Salamanque, frère Diego de Deza, d'Hernando de Talavera, et de Juan Cabrero[27] que le projet est approuvé par la reine, quand il met en balance les retombées économiques potentielles — la découverte d'une nouvelle route vers les Indes permettrait de s'affranchir des intermédiaires orientaux — comparées à la modeste mise de fonds initiale requise[28].
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+ Le 17 avril 1492, il signe près de Grenade, avec les Rois catholiques, les capitulations de Santa Fe, qui lui octroient notamment le titre de noblesse héréditaire d'« amiral de la mer Océane »[29], les titres de Vice-Roi et de Gouverneur général des territoires qu'il pourrait découvrir (la couronne d'Espagne lui accordant à cet effet des armoiries)[30], un dixième des richesses qu'il en retirerait[31] et un huitième du profit de son expédition[32].
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+ Le voyage inaugural de Colomb est celui qui est le mieux connu des historiens. Comme l'écrit Jacques Heers : « Pour nous en tenir au temps de Colomb, de tous les voyages maritimes du temps (…) aucun ne peut être connu (…) avec tant de minutie et de sérieux. »[33] Deux documents écrits permettent de suivre les navires de l'explorateur : le Journal, dans la version donnée par Bartolomé de Las Casas, et la lettre à Santangel, écrite le 14 février 1493 sur la route du retour, sorte de bilan de son expédition adressée en Espagne.
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+ Par ailleurs, à compter de 1938, l'amiral américain Samuel Eliot Morison a entrepris de refaire le périple du Génois et a pu, en ce qui concerne le premier voyage, « pointer sur la carte la position des navires chaque soir »[34],[35].
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+ Le 3 août 1492, Colomb est au départ à Palos de la Frontera (Huelva) avec trois navires — deux caravelles, la Pinta et la Niña (choisie par le capitaine Martín Alonso Pinzón, qui l'a précédemment louée), et une caraque, la Santa María (qui ne prendra ce nom que lors des voyages ultérieurs de Colomb[36]) — et pas plus de 90 membres d'équipage[37].
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+ Une première escale a lieu aux îles Canaries, à Las Palmas de Gran Canaria du 9 août au 6 septembre (la route du sud a été choisie pour éviter les croisières portugaises au large des Açores). Là, Colomb et ses hommes approvisionnent en bois, en eau et en vivres. Les marins profitent de l'escale pour réparer les navires. Puis ils reprennent la mer en descendant le golfe de Guinée : Colomb est le premier à suivre les alizés, ces vents réguliers qui traversent l'océan d'est en ouest. Les marins s'inquiètent d'ailleurs de la force et de la régularité de ces vents, craignant de ne pas pouvoir les remonter au retour.
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+ Dix jours plus tard, le 16 septembre, apercevant des masses d'herbes dans l'eau, les navigateurs croient être près de la terre ferme. Ils entrent en fait dans la mer des Sargasses, région située à environ 1 600 kilomètres des côtes américaines. L'océan Atlantique, recouvert de ces grandes algues, y est plutôt calme et les vents presque nuls. À partir du 19 septembre, les vents faiblissent fortement, immobilisant les bateaux. Une grande inquiétude finit par s'installer au sein de l'équipage.
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+ Le 25 septembre, Martín Pinzón, le capitaine de la Pinta, croit voir une terre, mais cela n'est en fait qu'une illusion optique. Le vent finit par se lever à nouveau, mais les jours passent, et aucune terre n'est en vue. Colomb pense avoir dépassé les Indes orientales.
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+ Le 7 octobre, l'autre frère Pinzón, Vicente, le commandant de la Niña, est également victime d'une illusion optique. Colomb a une idée : observant les oiseaux, il décide de changer de cap, vers l'ouest-sud-ouest (ce changement aurait également été imposé à Colomb par Martín Pinzón[38]). Ce changement va marquer son succès. Les 9 et 10 octobre, les marins montrent cependant de l'impatience, à la limite de la mutinerie, craignant que les navires ne soient perdus. De plus, les vivres et l'eau douce commencent à faire défaut.
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+ Le 12 octobre 1492 à deux heures du matin, après une traversée quasi parfaite[39], un marin de la Pinta, Rodrigo de Triana, annonce que la terre est en vue ; attendant le lever du jour pour pouvoir accoster, les vaisseaux restent prudemment à deux heures des côtes. Promis à une récompense de quelques milliers de maravédis à celui qui verrait le premier la terre, Rodrigo Triana ne gagna nulle récompense parce que Colomb prétendit qu'il avait vu la côte en premier.
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+ Dans la matinée, Colomb et les frères Pinzón prennent place dans une barque. Croyant être dans l'archipel nippon, le navigateur fait enregistrer la prise de possession de l'îlot pour le compte du roi d'Espagne par le notaire qui les accompagne. Il le baptise du nom du Christ : San Salvador (Guanahani pour les Indiens Taïnos) et s'en fait nommer vice-roi et gouverneur général.
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+ La première rencontre avec les indigènes — que Colomb nomme « Indiens » car il pense avoir atteint les Indes orientales — est encore pacifique. Les habitants de ces îles, qui ne connaissent ni l’État ni la propriété privée, se montrèrent remarquablement amicaux. "C'était un peuple doux, pacifique et très simple". "Puis, quand les chaloupes se rendirent à terre pour y renouveler les provisions d'eau, ces Indiens non seulement s’empressèrent d'indiquer les meilleures sources, mais encore se mirent à la disposition des matelots pour emplir les tonneaux et les reporter aux bateaux"[40]. Ceux-ci lui apportent du coton, des perroquets et d'autres objets. L'interprète que le navigateur avait embarqué à son bord n'est pas d'une grande utilité…
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+ Lors de ce premier contact, avec force gestes, répétitions et quiproquos, les Taïnos indiquent — ou les Espagnols comprennent — que de l'or se trouve en quantité importante sur une grande île au sud-est, habitée par des populations d'anthropophages qui leur sont hostiles.
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+ Le 28 octobre, Colomb accoste dans une baie (aujourd'hui « baie de Bariay ») de cette île qu'il nomme alors Juana, en l'honneur du prince Don Juan, le fils des Rois catholiques : cette île est aujourd'hui connue sous le nom de Cuba. Il pense connaître parfaitement sa position sur le continent asiatique. Ses hommes et lui-même apprennent à fumer de grandes feuilles séchées : le tabac. Se croyant à Cipango (le Japon), Christophe Colomb envoie Luis de la Torre et Rodrigo de Jerez à la recherche du Grand Khan à l'intérieur des terres.
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+ Le 12 novembre, les vaisseaux reprennent la mer, mais le 23 novembre, Colomb perd de vue la Pinta. Il accuse alors son capitaine Martín Alonso Pinzón d'avoir déserté. En réalité celui-ci est parti seul à la découverte de ce prétendu Japon tant convoité. Colomb retourne à Cuba. On lui évoque alors une île située à l'est de Cuba, que les indigènes appellent Bohio. Il appareille le 4 décembre.
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+ Deux jours plus tard, le 6 décembre, la Niña et la Santa María mouillent dans une baie de l'île de Bohio (en réalité au « môle Saint-Nicolas » au nord-ouest d'Haïti), Colomb la baptise du nom d'Hispaniola (« L'Espagnole »), car elle lui rappelle les campagnes de la Castille. On la connaît aujourd'hui sous le nom de « Saint-Domingue ». Les habitants locaux se montrent plutôt craintifs, pensant que les Espagnols viennent du ciel. Des relations amicales se nouent cependant et les marins reçoivent un peu d'or.
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+ Mais un événement malheureux se déroule au cours de la nuit du réveillon de Noël : alors que seul un mousse est à la barre de la Santa María — au mépris de toutes les règles de la marine — le navire vient s'échouer sur un récif dans la nuit du 24 au 25 décembre 1492. Le navire est perdu et seule l'aide des Indiens permet de débarquer dans l'urgence la plus grande partie de la cargaison[41]. Colomb doit se résoudre à laisser 39 hommes sur place dans un petit fortin édifié dans la baie de La Navidad (située non loin de l'actuelle ville de Cap-Haïtien), avec le bois récupéré sur le navire échoué[42].
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+ Alonso Pinzón est de retour. Il cherche à justifier sa recherche solitaire. Colomb, estimant qu'il vaut mieux ne pas se diviser, fait semblant d'accorder du crédit au récit de Pinzón. Longeant les côtes nord de l'île, les deux navires rescapés arrivent dans la baie de Samaná, ils y rencontrent les cannibales déjà évoqués. Plus agressifs que les Arawaks, ils déclenchent une escarmouche et Colomb décide de battre en retraite. Mais les marins en ont assez de leur vie dans ces îles, ils veulent rentrer en Europe. Christophe Colomb met le cap vers l'Espagne le 16 janvier 1493, aidé par de bons vents, plus au nord.
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79
+ Le 12 février, la Pinta, commandée par Alonso Pinzón, disparaît de nouveau lors d'une tempête. Les marins de la Niña prennent peur et prient. Colomb craint de ne pas arriver en Espagne pour conter ses découvertes, il consigne celles-ci sur un parchemin qu'il entoure d'une toile cirée et met dans un tonneau qu'il jette à la mer, demandant à celui qui le découvrira de porter le parchemin au roi d'Espagne.
80
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81
+ Trois jours après, le temps se calme. La Niña s'arrête dans une île de l'archipel portugais des Açores. Il est fraîchement reçu par le gouverneur portugais. Le 18 du mois, le vaisseau repart, mais une nouvelle tempête lui fait perdre son cap.
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+ Le 4 mars, Colomb arrive dans l'estuaire du Tage. La nouvelle de sa découverte des « Indes » s'est déjà répandue. De tout Lisbonne, la population se précipite pour voir les Indiens qu'il a ramenés à son bord. Colomb apprend que la Pinta de Martín Pinzón , qui avait dérivé vers la Galice, est arrivée avant lui au port de Baiona.
84
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85
+ Jean II, roi de Portugal, demande à voir l'explorateur. Le 9 mars, le roi le reçoit en audience privée et l'écoute avec attention, mais à la fin de l'entretien, affirme que c'est à lui que reviennent les découvertes de Colomb, compte tenu d'accords internationaux. Le découvreur quitte le Portugal le 13 mars pour Palos, qu'il atteint finalement le 15, en même temps que la Pinta. Le capitaine Alonso Pinzón meurt un mois plus tard.
86
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87
+ Dès son retour à Palos, Colomb , reçu en héros par le roi et la reine d'Espagne, prépare rapidement une nouvelle expédition beaucoup plus ambitieuse avec une flotte de 17 navires et environ 1 500 hommes dont 700 colons et 12 missionnaires, ainsi que des chevaux (les premiers importés sur le continent américain), des bêtes de somme et du bétail. Son objectif est de fonder une colonie sur Hispaniola et de retrouver les 39 hommes qu'il a laissés dans la baie de la Navidad.
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+ Il lève l'ancre pour ce nouveau voyage le 25 septembre 1493 de Cadix.
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+
91
+ La première terre qu'il aperçoit, 21 jours après avoir quitté les îles Canaries est La Désirade qu'il baptise ainsi Desirada, tant la vue d'une terre fut désirée par l'équipage. Les autres îles ne sont pas loin.
92
+
93
+ Le dimanche 3 novembre 1493, une autre île est en vue, que Colomb nomme Maria Galanda (Marie-Galante), du nom du navire amiral.
94
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95
+ Une troisième se présente à l'horizon, où il débarquera : ce sera Dominica (la Dominique) puisqu'elle apparaît un dimanche matin.
96
+
97
+ Le lendemain matin, 4 novembre, ils reprennent la mer vers une île plus grande dont ils avaient aperçu au loin les montagnes. Colomb décide alors de jeter l'ancre devant cette île afin d'accorder quelques jours de repos à ses hommes. C'est la Basse-Terre de la Guadeloupe qu'il nomme Caloucaera (d'après le nom donné par les Caraïbes : « Karukera »). Cette terre sera rebaptisée « Santa María de Guadalupe de Estremadura » pour honorer une promesse (donner le nom de leur monastère à une île) initialement faite à des religieux lors d'un pèlerinage, ou qu'il s'était faite à lui-même lors des tempêtes de son précédent retour.
98
+
99
+ Puis il repart vers le nord en direction d'Hispaniola. Il aperçoit ensuite une petite île qu'il baptise Montserrat en référence, selon les sources, soit au massif de Montserrat[43], une montagne voisine de Barcelone, soit à l'abbaye de Montserrat située dans ce massif[44].
100
+
101
+ Le 11 novembre 1493, jour de la fête de saint Martin de Tours, Colomb baptise Saint-Martin une île aperçue au large ; une autre petite île aperçue à l'horizon reçoit le nom de Saint-Barthélemy en référence à son frère Bartolomeo.
102
+
103
+ Le 28 novembre, il revient à La Navidad, où il avait laissé un fortin de 39 hommes à la suite du naufrage de la Santa María : tous sont morts et le fort est détruit. Il l'abandonne pour fonder « La Isabela » le 2 janvier 1494, première colonie permanente du Nouveau Monde (actuellement localisée près de la ville domicaine de Puerto Plata), et passe les quatre mois suivants à organiser la première colonie espagnole du Nouveau Monde dont Bartolomeo a été nommé gouverneur, secondé par Giacomo, son troisième frère[45].
104
+
105
+ Le 2 février, il renvoie en Espagne douze bâtiments sous le commandement d'Antonio de Torres, à qui il confie un rapport destiné aux souverains catholiques, document qui a été conservé[46]. Le 24 avril, Colomb décide de reprendre une activité d'exploration et il part avec trois navires, dont la Niña, explorer l'Ouest pour, comme l'écrit Morison, « suivre la côte jusqu'au moment où il obtiendrait la preuve définitive du caractère continental de cette terre et, si possible, prendre contact avec le Grand Khan qui semblait toujours se dérober devant lui »[47].
106
+
107
+ Il suit la côte sud de Cuba. De là il part le 3 mai pour atteindre la côte nord de la Jamaïque[48]. Il reprend le 14 l'exploration de la côte sud de Cuba et continue de faire voile vers l'ouest. À moins de cinquante milles du cap Corrientes (es), Colomb décide que Cuba est bien une péninsule du continent asiatique. Il ordonne à tous les hommes qui l'accompagnent de le certifier par écrit et de s'engager à ne jamais affirmer le contraire sous peine d'une amende de mille maravédis[49].
108
+
109
+ Le 13 juin, il s'engage sur la route du retour et en profite pour faire le tour de la Jamaïque. La navigation dans les cayes est difficile. Il revient à La Isabela le 29 septembre, malade et déprimé, premiers signes d'une dégradation de son état de santé, due en grande partie à l'arthrite[50].
110
+
111
+ À Hispaniola, selon l'expression de Denis Crouzet, « un immense désastre a débuté »[51]. Les Espagnols exploitent les Indiens en leur imposant un tribut d'or et de coton. Ils sont nombreux à être réduits en esclavage. Les mauvais traitements, dont la torture, entraînent une très importante mortalité de la population. Les Indiens fuient et se réfugient dans les montagnes, abandonnant leurs activités agricoles, cédant au désespoir. Les rares insurrections sont matées avec la plus extrême férocité. Colomb déploie son énergie à « pacifier » l'île[52].
112
+
113
+ Colomb repart pour l'Espagne le 20 avril 1496 amenant avec lui 500 Arawaks. Deux cents meurent durant la traversée ; les survivants sont vendus comme esclaves[53]. Colomb contribue donc à faire disparaître la civilisation arawak. Il atteint Cadix le 11 juin.
114
+
115
+ Cette mise en esclavage d'Indiens et leur transport en Espagne ne furent pas acceptés par les Rois catholiques qui firent libérer les survivants et en tinrent rigueur à Colomb. Jacques Heers y voit l'origine de sa disgrâce, les souverains catholiques s'efforçant de protéger les populations des régions découvertes, qu'ils considéraient comme leurs sujets.
116
+
117
+ Il semble que ce soit à son retour du deuxième voyage que Colomb ait décidé de se vêtir désormais de l'habit des frères mineurs[54]. Il souhaite organiser tout de suite un troisième voyage mais les Rois catholiques sont occupés à contrer le royaume de France qui progresse en Italie, et ce n'est que le 23 avril 1497 qu'ils donnent les premières instructions pour préparer le prochain voyage[55],[56]. La préparation du voyage, affrètement des navires et enrôlement des équipages est longue et difficile.
118
+
119
+ Avant de partir, grâce à la faveur des souverains, Colomb établit le 22 février 1498 un majorat en faveur de son fils aîné Diego[57].
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+
121
+ Le 30 mai 1498, les six navires commencent leur voyage dans l'Atlantique en passant la barre de Sanlúcar[58]. Colomb souhaite découvrir des terres au sud des Antilles, c'est pourquoi il descend d'abord jusqu'aux îles du Cap-Vert pour ensuite mettre le cap à l'ouest. Avant cela, au moment où la flotte fait escale à La Gomera (aux îles Canaries), trois navires commandés par Harana, Carjaval et Giovanni Colomb, partent directement ravitailler les colons d'Hispaniola[59].
122
+
123
+ Territoires visités : Saint-Vincent, Grenade, Trinité, Margarita.
124
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125
+ Le 5 août 1498, Colomb atteint pour la première fois le continent américain lui-même, en débarquant sur la côte de l'actuel Venezuela.
126
+
127
+ Le 31 août, Colomb arrive à Hispaniola. Cela fait deux ans et neuf mois qu'il avait quitté l'île. Il la retrouve en proie à des troubles sévères orchestrés par Francisco Roldan que son frère Bartolomeo, capitaine général et président du Conseil des gouverneurs, a bien du mal à circonscrire.
128
+
129
+ En août 1500, Francisco de Bobadilla, émissaire des rois, débarque sur l'île et fait jeter les trois frères Colomb au cachot avant de les renvoyer en Espagne après avoir découvert avec horreur sept Espagnols pendus aux potences de la place publique de Saint-Domingue[60]. Fin octobre 1500, enchaîné dans la cale, il débarque à Cadix, humilié et accusé[61].
130
+
131
+ Colomb attend six semaines avant que les souverains le libèrent et l'invitent à les rejoindre à la cour, le réconfortant d'un don de 2 000 ducats[62]. En décembre 1500, il se rend à Grenade avec l'intention de faire réparer l'injustice dont il s'estime victime mais rien ne vient et l'Amiral écrit lettres sur lettres pour appuyer ses revendications. Le 13 septembre 1501, Nicolás de Ovando est nommé gouverneur et magistrat suprême des îles des Indes. Il ne reste alors à Colomb que son titre de vice-roi désormais strictement honorifique et ses privilèges. Il décide donc de repartir en voyage d'exploration pour essayer de trouver plus loin à l'ouest des Caraïbes le passage permettant d'atteindre les riches royaumes de l'Inde, toujours persuadé que Cuba est la province chinoise de Mangi. Le 14 mars 1502, les souverains donnent leur accord, lui donnent des instructions précises et financent l'expédition[63].
132
+
133
+ La flotte est composée de quatre caravelles pour cent quarante membres d'équipage dont une importante proportion de mousses : la Capitana, navire amiral, le Santiago, commandé par Bartolomeo Colomb, la Gallega et la Vizcaina[64]. Colomb n'emporte donc aucun ravitaillement pour Hispaniola que ses instructions lui intiment de ne pas aborder, sauf en cas d'extrême nécessité[65].
134
+
135
+ Aucun récit exhaustif ne décrit précisément les événements survenus lors de ce quatrième et dernier voyage entamé par Colomb le 11 mai 1502[66]. Il semble en effet que l'Amiral n'ait pas tenu de journal, et seul peut-être son fils Fernando, alors âgé de treize ans, aurait pris sous la dictée des observations de son père, dont quelques traces figurent dans l'histoire qu'il a écrite plus tard. Seule une relation abrégée écrite par Colomb vers les mois de juin/juillet 1503 à destination des rois est parvenue jusqu'à nous[67].
136
+
137
+ Le 15 juin 1502, il accoste au Carbet en Martinique, le 18, il atteint la Dominique et parvient le 24 devant Saint-Domingue[68]. Malgré l'interdiction royale d'aborder à cette île, Colomb a senti l'imminence d'un cyclone et souhaite abriter sa flotte.
138
+
139
+ Colomb navigue le long des côtes de l'actuel Costa Rica (île Uvita baptisée alors La Huerta), du Veragua et du Panama jusqu'en juin 1503. Il manque de peu de mourir de la malaria en Jamaïque, où il est secouru par les Indiens.
140
+
141
+ Ce sont des bateaux faisant eau de toute part que Colomb fait échouer dans la baie de Santa Gloria et haler sur le rivage de la Jamaïque le 25 juin 1503[69]. Les équipages vont y survivre un an. Un Espagnol, Diego Méndez, et quelques indigènes pagayent en canoë pour obtenir de l'aide de Hispaniola, mais le gouverneur, Nicolás de Ovando, qui déteste Colomb, fait obstruction à tous les efforts de sauvetage. Pendant ce temps, Colomb, dans un effort désespéré pour que les natifs continuent à l'approvisionner, regagne leurs faveurs en prédisant l'éclipse lunaire de mars 1504, à l'aide des tables astronomiques d’Abraham Zacuto[70],[71],[72]. Les secours arrivent finalement à la fin juin 1504.
142
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143
+ Les survivants repartent pour l'Espagne le 12 septembre 1504, et arrivent le 7 novembre dans le port de Sanlúcar de Barrameda[73].
144
+
145
+ Il reste physiquement très diminué après son retour, souffrant en particulier d'une très invalidante goutte et de problèmes aux yeux, ce qui l'empêche dans un premier temps de se rendre à la cour royale qui s'est installée à Medina del Campo. De Séville, où il s'est installé, il y envoie son fils Ferdinand et son frère Bartolomeo afin qu'ils « s'occupent de ses affaires »[75]. Il reste en contact avec eux par lettres et par l'envoi d'émissaires, dont Amerigo Vespucci. Il travaille à essayer de faire reconnaître ses droits et les richesses qui lui reviennent. Il peut lui-même se rendre à la cour à l'été 1505, à dos de mule, permission temporaire accordée par le roi[76]. Son intervention auprès du souverain Ferdinand n'est pas plus décisive : ayant compris ce qu'impliquait la découverte de ces « Indes », le roi « n'entend nullement restituer à l'Amiral les prérogatives financières et gouvernementales » spécifiées le 30 avril 1493 au retour du premier voyage de Colomb[77].
146
+
147
+ Il meurt le 20 mai 1506 à Valladolid entouré de ses fils et de son frère, après avoir établi un testament qui confirme en particulier le majorat établi au profit de son fils aîné Diego. Il ne connaît pas la satisfaction de voir Diego nommé par le roi gouverneur d'Hispaniola en 1508.
148
+
149
+ Comme l'écrit l'historienne Marianne Mahn-Lot : « Il faut abandonner l'image romantique de l'homme de génie mourant méconnu, dans l'oubli et la misère. Jusqu'au bout, l'Amiral gardera des amis fidèles, parmi lesquels d'importants personnages. Et il recevra de grosses sommes sur les revenus des Indes — avec des retards et incomplètement, il est vrai. »[75]
150
+
151
+ Christophe Colomb est d'abord enterré dans l'église du couvent Saint-François de Valladolid (es) en gage de gratitude à l'ordre franciscain dans lequel il comptait beaucoup de protecteurs. Puis en 1529 Diego fait transférer les restes de Christophe Colomb dans la chapelle Sainte-Anne du monastère de la Cartuja à Séville où il avait trouvé refuge après son troisième voyage. En 1541[78], conformément aux volontés du défunt, la veuve de Diego obtient de Charles Quint que la dépouille soit transférée dans la cathédrale Notre-Dame de l'Incarnation de la ville de Saint-Domingue. C'est aussi dans ce lieu qu'au fil des années les trois fils de Diego seront inhumés.
152
+
153
+ Le 22 juillet 1795, le traité de Bâle donne à la France l'île de Saint-Domingue en compensation de territoires pyrénéens. Les Espagnols évacuent l'île et les restes de Colomb partent à La Havane, sur l'île de Cuba, restée colonie espagnole.
154
+
155
+ En 1898, quand Cuba devient indépendante après la guerre hispano-américaine, les restes de Colomb reviennent en Espagne[79] et un tombeau monumental est construit dans la cathédrale de Séville.
156
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157
+ En 1877, on découvre dans la cathédrale de Saint-Domingue un coffret en plomb contenant des restes d'os et portant l'inscription « Varón ilustre y distinguido Cristóbal Colón[80] ». Depuis cette date, les autorités de la République dominicaine affirment que le corps transféré à Cuba n'était pas celui de Colomb. En 1992, les restes découverts en 1877 sont placés dans le phare de Colomb un monument construit pour célébrer le 500e anniversaire de la découverte du Nouveau Monde.
158
+
159
+ En 2006, des analyses ADN confirment que le corps de Séville est au moins apparenté à Colomb[81].
160
+
161
+ Persuadés de se trouver sur les terres d'Asie, ils ont essayé d'entrer en contact avec les rois présents sur place. Colomb a en particulier l'objectif de rencontrer le mythique « grand Khan » roi de la Terre (probablement Gengis Khan). Les indigènes sont d'autant mieux traités que Colomb les pense proche de ce souverain. Au fur et à mesure des voyages, les espagnols prirent conscience qu'ils étaient mieux armés que les autochtones et que ces derniers ne connaissaient pas le nom des souverains. Ils ont attribué cette ignorance aux lacunes culturelles des indiens et ont rapidement pris conscience de la facilité de la conquête de ce nouveau territoire. C'est ce que reflètent les correspondances avec leurs monarques[réf. souhaitée].
162
+
163
+ Colomb et son équipage se comportaient avec les idées de cette fin de Moyen Âge. Non seulement les marins sont issus des couronnes d'Aragon et de Castille qui pratiquaient l'esclavage et le servage mais devant la difficulté de recruter des hommes pour une telle expéditions, avec l'accord de la monarchie, 4 marins du premier voyage avaient été sortis de prison où l'un d'entre-eux purgeait une peine pour meurtre. Les relations entre Christophe Colomb et ses hommes avec d'autres peuples étaient régies par des impératifs de conquête et d'évangélisation. D'une façon générale, peu après la découvertes, les relations des marins et des colons espagnols avec les indiens étaient inspirées de l'ordre féodal.
164
+
165
+ Les conditions de vie pour les colons étaient globalement mauvaise dans les premiers établissements. Quoique Colomb eut prétendu que les indiens ne connaissaient pas les armes, le premier établissement construit, La Navidad, fut retrouvé au retour de Colomb incendié et ses hommes morts. Le 6 Janvier 1494 une première messe fut célébrée dans la première colonie, nommée Isabella en l'honneur de la reine. Celle-ci fit l'objet d'attaques incessantes. On y manquait de tout, on y mourrait beaucoup notamment d'une forme virulente de la variole. Cette forme alors inconnue en Europe fut probablement ramenée des Caraïbes par les colons. Le sort des indiens n'était guère enviable, ils étaient exploités et leurs femmes étaient enlevées.
166
+
167
+ Après avoir établi sept colonies Colomb décréta que tout Indien de plus de quatorze ans devait fournir une certaine quantité d'or tous les trois mois. Ceux qui n'y parvenaient pas avaient les mains coupés. Il institua par la suite l'esclavage. Colomb est à l'origine du principe juridique de l’encomienda puis du repartimiento tous deux inspirés du droit féodal et qui se généralisèrent dans toute la Nouvelle-Espagne. Afin de satisfaire aux exigences royales de rentabilité de son expédition, Colomb mit au point, « sans disposer d'un cadre juridique véritablement préétabli », un système qui devait permettre de substituer au versement du tribut imposé aux Indiens (dont le versement était aléatoire), une exploitation directe des populations indigènes et des ressources locales[82]. Denis Crouzet précise que, si les « violences internes à la communauté des colons » s'en trouvèrent apaisées, les Indiens quant à eux furent plus directement exposés aux mauvais traitements et cela fut sans nul doute un « facteur d'aggravation du collapsus démographique » observé dans l'île[83]. La population d'Hispaniola s'effondre durant la catastrophe démographique amérindienne[60],[84].
168
+
169
+ Le régime mis en place par Christophe Colomb est plusieurs fois décrit par ses contemporains comme violent, avec un recours à la torture tant contre ses hommes que contre les indigènes. Colomb et ses frères furent aussi accusés d'incompétence pour la direction de ces nouvelles terres essentiellement par des ennemis de Colomb, et notamment de Francisco de Bobadilla qui obtint de la Reine le poste de gouverneur d'Hispaniola à la place de Colomb en 1499 alors que les frères de Colomb étaient condamnés à de la prison. Même s'il est probable que Francisco de Bobadilla ait noirci le tableau pour mieux évincer Colomb et ses frères, plusieurs historiens conviennent que leur régime était probablement tyrannique[85],[86].
170
+
171
+ Le traité de Tordesillas de 1494 partageait les terres découvrir entre l'Espagne et le Portugal et interdisait à l'Espagne le commerce avec l’Afrique attribuée au Portugal[87],[88]. En 1495, de retour de son second voyage, Colomb envoya 550 Indiens, enchaînés à Séville afin de les vendre comme esclaves. Deux cents d'entre eux moururent au cours de la traversée[60]. La reine Isabelle laissa alors entendre au marin qu'elle ne tolérerait pas la mise en esclavage des indiens puis formalisa cette exigence par une Provision Royale à Séville le 20 Juin 1500 et qui ordonnait la remise en liberté et le retour chez eux des esclaves indiens ramenés par Colomb. Six ans après le décès de Christophe Colomb, la monarchie Espagnole promulga les Lois de Burgos en 1512 afin de protéger les autochtones. Ces lois restèrent sans effet, la distance empêchant tout contrôle de leur mise en œuvre. Une bulle papale de 1537 condamna l'esclavage dans les colonies espagnols, obligeant l'Espagne à promulguer en 1542 les Leyes Nuevas, mieux appliquées.
172
+
173
+ Si ces dernières étaient muettes quant aux noirs, elles interdisaient l'esclavage et faisaient des amérindiens des hommes libres. Elle eurent une influence importante sur la démographie de l'Amérique hispanophone en favorisant un métissage à très grande échelle et un peuplement rapide des territoires sous domination espagnole par des populations métissées hispanophones (à l'exception des régions andines du Pérou, d'Équateur et de Bolivie où les populations amérindiennes conservèrent un développement séparé plus longtemps) et assirent l'autorité de la couronne chez les amérindiens contre le colons. En favorisant le peuplement et en interdisant l'esclavage des amérindiens, elles ont limité l'arrivée d'esclaves noirs, à quelques exceptions près comme le sud du Venezuela et le nord de la Colombie.
174
+
175
+ L'entreprise maritime de Colomb est avant tout une affaire commerciale, mais de ce point de vue les découvertes de l'Amiral et de ses hommes ont déçu les espoirs placés en elles. Que ce soit pour les épices ou pour l'or, les bénéfices rapides et importants qui étaient escomptés n'ont pas été au rendez-vous, au moins du vivant de Colomb.
176
+
177
+ Les historiens dressent le portrait d'un marin hors pair, « un des meilleurs navigateurs de tous les temps »[89], ou même « le plus grand marin de tous les temps »[90], mais « piètre politicien »[91]. Les biographes de Colomb, en particulier au XIXe siècle, ont souvent tenté d'expliquer le succès de son entreprise maritime par l'emploi de techniques nouvelles en matière de navigation, évoquant entre autres la boussole, le gouvernail d'étambot et la caravelle[92]. Si Colomb a choisi la caravelle comme navire — type de navire déjà utilisé par les Portugais depuis le début du XVe siècle dans leurs explorations de la côté africaine — c'est en raison de son coût d'armement relativement faible et de son faible tirant d'eau qui permet d'approcher des côtes sans risquer d'échouer[93].
178
+
179
+ Si Colomb est le premier Européen connu à avoir accosté sur des terres rattachées aujourd'hui à l'Amérique, il n'eut aucune idée de l'étendue du continent américain qui s'interposait entre les îles qu'il avait découvertes et les Indes qu'il s'était proposé de rallier. Amerigo Vespucci est le premier navigateur à affirmer avoir découvert un Nouveau Monde qui n'est pas les Indes. Sa découverte est reconnue par les cartographes du Gymnase vosgien, qui publient en 1507 Universalis Cosmographia (aujourd'hui connu sous le nom de planisphère de Waldseemüller), où le nom America figure pour la première fois.
180
+
181
+ De la propre main de Colomb, n'ont été identifiés et recensés que peu de documents : des lettres, des quittances, des annotations dans des ouvrages de sa bibliothèque et des signatures. Tous les autres textes, dont le journal du premier voyage, ne sont que des copies dont le texte n'est pas sûr[94]. Ces différents textes et documents ont tous été traduits en français[95].
182
+
183
+ Il existe cependant un curieux Livre des prophéties, qui est un recueil de prophéties concernant la découverte du Nouveau Monde, écrit par Colomb vers la fin de sa vie[96].
184
+
185
+ Notre connaissance de Colomb, homme de savoir, de livres et de cabinet d'étude, s'appuie aussi sur quatre livres qui lui ont appartenu et qui ont été conservés. Ces livres ne recèlent pas moins de 2 000 annotations portées en marge[97].
186
+
187
+ Les premiers historiens contemporains de Colomb ne se sont pas attardés à le décrire de manière précise. Andrès Bernaldez l'évoque dans son Historia de los Reyes Catolicos, en donnant « une image à la fois édifiante et dramatique […] intéressante certes, mais brossée à très grands traits, sans beaucoup de nuances »[98].
188
+
189
+ Parmi ceux qui ont vécu aux côtés de l'Amiral on recense les livres de Bartolomé de Las Casas, Fernand Colomb et Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés. C'est sur ces publications du XVIe siècle que se sont appuyés en premier lieu tous les travaux historiques postérieurs et c'est grâce à eux qu'il est possible aujourd'hui de reconstituer ce qu'ont été les voyages et expéditions de Colomb.
190
+
191
+ Pierre Martyr d'Anghiera, humaniste de l'Italie du Nord, a livré dans son Orbo Novo dès 1494 le premier témoignage de la découverte[99].
192
+
193
+
194
+
195
+ Il est acquis que Colomb n'a pas été le premier Européen à voyager aux Amériques. Les Vikings ont construit des installations permanentes au Groenland et dans le nord du Canada contemporain entre le Xe et le XIIIe siècle, dans la temporaire Colonisation viking des Amériques.
196
+
197
+ Par ailleurs il existe des indices sérieux sur un précédent voyage vers le Groenland et le Labrador mené par le Portugais João Vaz Corte-Real pour le compte de la couronne du Danemark en 1472-1474, soit environ 20 ans avant Colomb et qui lui permet de localiser une île qu'il nomme Bacalao. Il s'agit peut être de la même expédition que celle menée par Jean Scolvus[100].
198
+
199
+ Cependant, pour des raisons différentes, ces expéditions sont restées confidentielles. Les Vikings ont interrompu leur colonisation, le voyage organisé par le Portugal est resté confidentiel pour éviter la convoitise des autres pays Européens. Le voyage de Colomb a eu une grande publicité et a entraîné l'exploration systématique puis la colonisation des Amériques. Il entraîne des bouleversements dans les routes commerciales avec la notamment la réduction des routes commerciales vers l'Asie via le Moyen Orient : son impact est planétaire.
200
+
201
+ Dans la bande-dessinée uchronique Jour J, la Reconquista n'a pas eu lieu, les Maures sont maîtres de la péninsule Ibérique. N'ayant obtenu la confiance du Conseil du roi de France, il se convertit à l'islam pour augmenter les chances d'obtenir la confiance des dirigeants musulmans de la péninsule Ibérique. Christophe Colomb découvre donc l'Amérique et en prend possession au nom d'Allah et de l'émir de Cordoue.
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+ Christophe Colomb (en italien : Cristoforo Colombo ; en espagnol : Cristóbal Colón), né en 1451 sur le territoire de la république de Gênes et mort le 20 mai 1506 à Valladolid, est un navigateur génois au service des monarques catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon célèbre pour avoir « découvert l'Amérique » en 1492. Il est chargé par la reine Isabelle d'atteindre l'Asie orientale (« les Indes ») en traversant l'océan Atlantique avec trois caravelles dont il est « l'amiral » ; dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492, après un peu plus de deux mois de navigation, il accoste sur une île de l'archipel des Bahamas à laquelle il donne le nom de San Salvador.
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7
+ Colomb est alors persuadé qu'il a accompli sa mission et qu'il se trouve aux Indes, donnant aux habitants de ces régions, issus de migrations préhistoriques en provenance d'Asie, le nom d'« Indiens ». Lorsqu'il meurt 14 ans plus tard, après trois autres voyages au service de l'Espagne, dont un dans l'actuel Venezuela (août 1498), il n'a pas compris qu'il a atteint une toute autre terre.
8
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+ Il effectue en tout quatre voyages en tant que navigateur pour le compte des souverains espagnols, qui le nomment avant son premier départ amiral, vice-roi des Indes et gouverneur général des territoires qu'il découvrirait. La découverte des Caraïbes marque le début de la colonisation de l'Amérique par les Européens et fait de Colomb un acteur majeur des grandes découvertes des XVe et XVIe siècles. L'arrivée de Christophe Colomb à San Salvador est la première étape de l'exploration systématique et de la colonisation européenne du continent américain.
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+ Il n'est pourtant pas le premier navigateur à avoir traversé l'océan Atlantique depuis l'Europe : des expéditions l'ont précédé, notamment des Vikings venus d'Islande se sont établis pendant plusieurs décennies au Groenland jusque dans des régions de l'est de l'actuel Canada, mais ces expéditions n'avaient pas produit de documentation connue dans les pays d'Europe de l'ouest.
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+ L'historiographie de la civilisation occidentale retient Christophe Colomb comme le « découvreur de l'Amérique » et en fait l'événement le plus important marquant le passage du Moyen Âge aux temps modernes[2] dans un ensemble d'événements et de transformations majeurs. Si le nom de Colomb est associé à plusieurs terres d'Amérique (Colombie, grande Colombie, Colombie-Britannique) celui d' « Amérique » est donnée d'après l'explorateur Amerigo Vespucci.
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+ Le lieu de naissance de Colomb est incertain mais il est aujourd'hui considéré comme d'origine ligure, des environs de Gênes. Cette origine génoise du navigateur est établie au sein de la communauté des historiens depuis la fin du XIXe siècle (plus exactement 1892). Cependant, à l'occasion du 400e anniversaire de sa découverte de l'Amérique, de nombreuses régions se sont revendiquées être son lieu de naissance[3],[4].
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+ Christophe Colomb serait né entre le 26 août et le 31 octobre 1451 sur le territoire de la république de Gênes[5]. Il est l'aîné des cinq enfants[6] de Domenico Colombo (tisserand originaire de Lombardie qui s'est installé à Gênes puis, à la suite de troubles politiques dans la cité, a déménagé à Savone en 1470 pour ouvrir un établissement de textile et une taverne) et de Susanna Fontanarossa. En tant qu'aîné, il devient probablement apprenti tisserand[7].
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+ Son père aurait eu les moyens financiers suffisants pour l'envoyer à l'université de Pavie, où il étudie notamment la cosmographie, l'astrologie et la géométrie[8]. Il est très tôt influencé par le Livre des merveilles que l'explorateur vénitien Marco Polo écrivit après son retour (pendant son voyage en Orient et en Asie).
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+ Par les écrits de Christophe Colomb, on sait qu'il a puisé ses idées sur les dimensions de la Terre de ses lectures de l'Imago Mundi de Pierre d'Ailly dont la rédaction a été terminée en 1410, l'Historia rerum ubique gestarum de Pie II (1477), le De commetudiribus et conditionibus orientalum régionum[citation nécessaire], un résumé latin du livre de Marco Polo, d'une traduction en italien de l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien, de la traduction en castillan des Vies parallèles des hommes illustres de Plutarque et la Géographie de Claude Ptolémée dans une édition parue à Rome en 1478. Ce sont surtout les trois premiers livres qui ont nourri ses réflexions. Il a fait 2 565 notes en marge de ces livres, 877 dans les traités de Pierre d'Ailly dont 475 pour l'Imago Mundi[9]. Il a noté en marge de l'Imago Mundi qu'il a navigué jusqu'au fort portugais de la Mine, vers 1482. En marge du livre écrit par le pape Pie II il a noté qu'il a fait un voyage vers l'Islande en 1477 et qu'il a vu « à Galway, en Hibernie (Irlande), dans deux barques à la dérive, un homme et une femme d'allure magnifique ».
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+ Christophe Colomb prétend dans une de ses lettres avoir été matelot dès l'âge de dix ans[10]. Toujours selon la biographie de Fernand Colomb, après avoir commandé un navire au service de René d'Anjou combattant le roi d'Aragon et opéré en tant que corsaire en 1472, Christophe Colomb commence l'année suivante son apprentissage en tant que marchand au service des familles génoises Centurion, Di Negro et de Spinola[8]. Sa prétendue expédition commerciale sur l’île de Chios en 1474 lui permet de devenir financièrement indépendant de sa famille[11].
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+ En 1476, il embarque sur un convoi en partance pour Lisbonne puis l'Angleterre. Le convoi est attaqué par les Français et Christophe Colomb se réfugie dans la ville portugaise de Lagos puis part chez son frère Bartolomeo Colomb, cartographe à Lisbonne.
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+ Il épouse en 1479 Filipa Moniz d'une famille de petite noblesse portugaise, fille de Bartolomeu Perestrelo, capitaine-gouverneur de Porto Santo à Madère, avec qui commença la colonisation en 1425. Filipa meurt peu de temps après la naissance de leur seul fils, Diego Colomb, né possiblement en 1480 sur l'île Porto Santo (son second fils, Fernand, naîtra en 1488 d'une liaison avec Beatriz Enríquez de Arana). Christophe Colomb se perfectionne alors dans les sciences de la navigation, peut-être avec son frère ou avec les cartes que son épouse avait peut-être apportées en dot : les cartes des vents et des courants des possessions portugaises de l'Atlantique qui, peut-être, appartenaient à Bartolomeu Perestrelo[12].
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+ C'est aux alentours de 1484 que Colomb forme l'idée de passer par l'Atlantique pour aller aux Indes orientales (« rejoindre le Levant par le Ponant »[13]). Il est en effet connu depuis les Grecs anciens que la Terre est ronde ; au Moyen Âge, l'idée de la Terre plate n'a jamais prévalu parmi les savants, contrairement à un mythe forgé à l'époque moderne. Aristote, Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin admettaient la sphéricité de la Terre et cette doctrine était enseignée par les dominicains espagnols[14],[15].
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+ L'idée que des îles pouvaient exister à l'ouest de l'Afrique a été entretenue par la découverte des Açores qui apparaissent sur des cartes à la fin du XIVe siècle avant d'être redécouvertes en 1427, des îles Canaries au milieu du XIVe siècle et colonisées en 1402, des îles du Cap-Vert en 1456, et la présence de bois exotiques flottant sur les eaux apportés par des courants venant de l'Ouest. Il n'est pas impossible que des navigateurs aient pu aborder sur la côte brésilienne se trouvant à 370 lieues des îles du Cap-Vert car Jean II du Portugal a fait déplacer la limite du traité de Tordesillas en 1494, avant la découverte officielle de la côte du Brésil en 1500 par Pedro Álvares Cabral. Cependant les Portugais vont surtout s'intéresser à la colonisation de l'Afrique dont ils avaient obtenu le monopole par la bulle Æterni regis rédigée en 1481 par le pape Sixte IV.
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+ Fernand Colomb et Bartolomé de las Casas citent une lettre écrite par Paolo Toscanelli le 23 juin 1474 à Fernam Martins pour éclairer le roi du Portugal Alphonse V et qui aurait été transmise à Christophe Colomb deux à trois ans plus tard par Toscanelli. Henry Vignaud a critiqué les affirmations du fils de Christophe Colomb et de Las Casas sur l'existence de cette carte[16]. Cependant, les affirmations d'Henry Vignaud sur une supercherie de Colomb qui aurait inventé cette correspondance de Toscanelli après son premier voyage n'est pas plus documentée[17]. Au moment où Christophe Colomb envisageait de faire son voyage vers l'ouest, Martin Behaim a réalisé son globe à Nuremberg, en 1492, après avoir séjourné au Portugal. Hieronymus Münzer a écrit en 1493 au roi Jean II du Portugal pour l'engager à faire des recherches maritimes vers l'ouest[18].
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+ Ératosthène avait donné une estimation à peu près exacte de sa circonférence, mais les textes grecs sont mal connus à l'époque. Christophe Colomb a utilisé les estimations de Pierre d'Ailly. Dans le chapitre « De quantitate terre » de son livre Imago Mundi, Pierre d'Ailly reprend l'estimation d'Al-Farghani de 56 milles 2/3 pour la longueur d'un arc d'un degré. Mais Pierre d'Ailly en a transformé la valeur de la circonférence de la Terre de 20 400 milles en 10 200 lieues en donnant à la lieue une valeur de 2 milles[19]. Ce nombre paraissant exagéré à Christophe Colomb, il l'a transformé en adoptant pour valeur de la lieue marine la valeur de 4 milles. Il en a déduit un équateur d'environ 30 000 kilomètres au lieu de 40 075 kilomètres). Or les Arabes utilisaient un mille de 1 973 mètres et non le mille romain de 1 479 mètres. Pierre d'Ailly citait aussi les évaluations de Marin de Tyr, qui estimait que les terres habitées, de l'Espagne à la Chine, devaient s'étaler sur 225° au lieu des 130° réels, d'où une sous-estimation des mers les séparant[20].
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+ Selon les mots de Michel Balard : « lumineuse erreur qui permet au navigateur de réduire les distances entre les îles Canaries et l'extrémité orientale du continent asiatique ! »[21]. Une grande partie de la communauté scientifique de l'époque estime réalisable un tel voyage et Jacques Heers précise : « […] les idées de Colomb ne s'inscrivent pas à contre-courant. Tout au contraire, elles nous paraissent exactement l'expression normale de la pensée géographique de son époque[22]. »
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+ Ce qui distingue le projet du navigateur des hypothèses des érudits du temps — géographes et humanistes — qui estiment tous très probable l'existence d'îles nombreuses, voire de terres plus vastes plus loin à l'ouest dans la mer Océane, c'est son but : atteindre les rivages de la Chine, et avant cela du Japon, soit le royaume du Cathay et Cipango tels que décrits par Marco Polo[23].
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+ Un groupe d'experts choisi par le roi de Portugal Jean II rejette cependant son projet sans appel[26].
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+ Colomb va alors tenter sa chance en Castille au milieu de 1485. Il se rend avec son fils au monastère de La Rábida à Palos de la Frontera, où deux moines auxquels il se lie, Juan Pérez (es) et Antonio de Marchena (es), lui suggèrent de se rendre à Cordoue auprès de la reine Isabelle. Il est reçu par cette dernière en janvier 1486, mais une réponse négative lui est à nouveau rendue en 1490. En 1491, sa demande est en passe d'être acceptée, mais sa trop grande ambition fait échouer sa quête. Il veut notamment être vice-roi de toutes les terres découvertes et obtenir un titre de noblesse. C'est grâce à l'intervention du trésorier de la maison du roi, Louis de Santangel, ainsi que du prieur des dominicains de San Esteban de Salamanque, frère Diego de Deza, d'Hernando de Talavera, et de Juan Cabrero[27] que le projet est approuvé par la reine, quand il met en balance les retombées économiques potentielles — la découverte d'une nouvelle route vers les Indes permettrait de s'affranchir des intermédiaires orientaux — comparées à la modeste mise de fonds initiale requise[28].
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+ Le 17 avril 1492, il signe près de Grenade, avec les Rois catholiques, les capitulations de Santa Fe, qui lui octroient notamment le titre de noblesse héréditaire d'« amiral de la mer Océane »[29], les titres de Vice-Roi et de Gouverneur général des territoires qu'il pourrait découvrir (la couronne d'Espagne lui accordant à cet effet des armoiries)[30], un dixième des richesses qu'il en retirerait[31] et un huitième du profit de son expédition[32].
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+ Le voyage inaugural de Colomb est celui qui est le mieux connu des historiens. Comme l'écrit Jacques Heers : « Pour nous en tenir au temps de Colomb, de tous les voyages maritimes du temps (…) aucun ne peut être connu (…) avec tant de minutie et de sérieux. »[33] Deux documents écrits permettent de suivre les navires de l'explorateur : le Journal, dans la version donnée par Bartolomé de Las Casas, et la lettre à Santangel, écrite le 14 février 1493 sur la route du retour, sorte de bilan de son expédition adressée en Espagne.
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+ Par ailleurs, à compter de 1938, l'amiral américain Samuel Eliot Morison a entrepris de refaire le périple du Génois et a pu, en ce qui concerne le premier voyage, « pointer sur la carte la position des navires chaque soir »[34],[35].
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+ Le 3 août 1492, Colomb est au départ à Palos de la Frontera (Huelva) avec trois navires — deux caravelles, la Pinta et la Niña (choisie par le capitaine Martín Alonso Pinzón, qui l'a précédemment louée), et une caraque, la Santa María (qui ne prendra ce nom que lors des voyages ultérieurs de Colomb[36]) — et pas plus de 90 membres d'équipage[37].
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+ Une première escale a lieu aux îles Canaries, à Las Palmas de Gran Canaria du 9 août au 6 septembre (la route du sud a été choisie pour éviter les croisières portugaises au large des Açores). Là, Colomb et ses hommes approvisionnent en bois, en eau et en vivres. Les marins profitent de l'escale pour réparer les navires. Puis ils reprennent la mer en descendant le golfe de Guinée : Colomb est le premier à suivre les alizés, ces vents réguliers qui traversent l'océan d'est en ouest. Les marins s'inquiètent d'ailleurs de la force et de la régularité de ces vents, craignant de ne pas pouvoir les remonter au retour.
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+ Dix jours plus tard, le 16 septembre, apercevant des masses d'herbes dans l'eau, les navigateurs croient être près de la terre ferme. Ils entrent en fait dans la mer des Sargasses, région située à environ 1 600 kilomètres des côtes américaines. L'océan Atlantique, recouvert de ces grandes algues, y est plutôt calme et les vents presque nuls. À partir du 19 septembre, les vents faiblissent fortement, immobilisant les bateaux. Une grande inquiétude finit par s'installer au sein de l'équipage.
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+ Le 25 septembre, Martín Pinzón, le capitaine de la Pinta, croit voir une terre, mais cela n'est en fait qu'une illusion optique. Le vent finit par se lever à nouveau, mais les jours passent, et aucune terre n'est en vue. Colomb pense avoir dépassé les Indes orientales.
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+ Le 7 octobre, l'autre frère Pinzón, Vicente, le commandant de la Niña, est également victime d'une illusion optique. Colomb a une idée : observant les oiseaux, il décide de changer de cap, vers l'ouest-sud-ouest (ce changement aurait également été imposé à Colomb par Martín Pinzón[38]). Ce changement va marquer son succès. Les 9 et 10 octobre, les marins montrent cependant de l'impatience, à la limite de la mutinerie, craignant que les navires ne soient perdus. De plus, les vivres et l'eau douce commencent à faire défaut.
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+ Le 12 octobre 1492 à deux heures du matin, après une traversée quasi parfaite[39], un marin de la Pinta, Rodrigo de Triana, annonce que la terre est en vue ; attendant le lever du jour pour pouvoir accoster, les vaisseaux restent prudemment à deux heures des côtes. Promis à une récompense de quelques milliers de maravédis à celui qui verrait le premier la terre, Rodrigo Triana ne gagna nulle récompense parce que Colomb prétendit qu'il avait vu la côte en premier.
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+ Dans la matinée, Colomb et les frères Pinzón prennent place dans une barque. Croyant être dans l'archipel nippon, le navigateur fait enregistrer la prise de possession de l'îlot pour le compte du roi d'Espagne par le notaire qui les accompagne. Il le baptise du nom du Christ : San Salvador (Guanahani pour les Indiens Taïnos) et s'en fait nommer vice-roi et gouverneur général.
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+ La première rencontre avec les indigènes — que Colomb nomme « Indiens » car il pense avoir atteint les Indes orientales — est encore pacifique. Les habitants de ces îles, qui ne connaissent ni l’État ni la propriété privée, se montrèrent remarquablement amicaux. "C'était un peuple doux, pacifique et très simple". "Puis, quand les chaloupes se rendirent à terre pour y renouveler les provisions d'eau, ces Indiens non seulement s’empressèrent d'indiquer les meilleures sources, mais encore se mirent à la disposition des matelots pour emplir les tonneaux et les reporter aux bateaux"[40]. Ceux-ci lui apportent du coton, des perroquets et d'autres objets. L'interprète que le navigateur avait embarqué à son bord n'est pas d'une grande utilité…
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+ Lors de ce premier contact, avec force gestes, répétitions et quiproquos, les Taïnos indiquent — ou les Espagnols comprennent — que de l'or se trouve en quantité importante sur une grande île au sud-est, habitée par des populations d'anthropophages qui leur sont hostiles.
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+ Le 28 octobre, Colomb accoste dans une baie (aujourd'hui « baie de Bariay ») de cette île qu'il nomme alors Juana, en l'honneur du prince Don Juan, le fils des Rois catholiques : cette île est aujourd'hui connue sous le nom de Cuba. Il pense connaître parfaitement sa position sur le continent asiatique. Ses hommes et lui-même apprennent à fumer de grandes feuilles séchées : le tabac. Se croyant à Cipango (le Japon), Christophe Colomb envoie Luis de la Torre et Rodrigo de Jerez à la recherche du Grand Khan à l'intérieur des terres.
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+ Le 12 novembre, les vaisseaux reprennent la mer, mais le 23 novembre, Colomb perd de vue la Pinta. Il accuse alors son capitaine Martín Alonso Pinzón d'avoir déserté. En réalité celui-ci est parti seul à la découverte de ce prétendu Japon tant convoité. Colomb retourne à Cuba. On lui évoque alors une île située à l'est de Cuba, que les indigènes appellent Bohio. Il appareille le 4 décembre.
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+ Deux jours plus tard, le 6 décembre, la Niña et la Santa María mouillent dans une baie de l'île de Bohio (en réalité au « môle Saint-Nicolas » au nord-ouest d'Haïti), Colomb la baptise du nom d'Hispaniola (« L'Espagnole »), car elle lui rappelle les campagnes de la Castille. On la connaît aujourd'hui sous le nom de « Saint-Domingue ». Les habitants locaux se montrent plutôt craintifs, pensant que les Espagnols viennent du ciel. Des relations amicales se nouent cependant et les marins reçoivent un peu d'or.
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+ Mais un événement malheureux se déroule au cours de la nuit du réveillon de Noël : alors que seul un mousse est à la barre de la Santa María — au mépris de toutes les règles de la marine — le navire vient s'échouer sur un récif dans la nuit du 24 au 25 décembre 1492. Le navire est perdu et seule l'aide des Indiens permet de débarquer dans l'urgence la plus grande partie de la cargaison[41]. Colomb doit se résoudre à laisser 39 hommes sur place dans un petit fortin édifié dans la baie de La Navidad (située non loin de l'actuelle ville de Cap-Haïtien), avec le bois récupéré sur le navire échoué[42].
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+ Alonso Pinzón est de retour. Il cherche à justifier sa recherche solitaire. Colomb, estimant qu'il vaut mieux ne pas se diviser, fait semblant d'accorder du crédit au récit de Pinzón. Longeant les côtes nord de l'île, les deux navires rescapés arrivent dans la baie de Samaná, ils y rencontrent les cannibales déjà évoqués. Plus agressifs que les Arawaks, ils déclenchent une escarmouche et Colomb décide de battre en retraite. Mais les marins en ont assez de leur vie dans ces îles, ils veulent rentrer en Europe. Christophe Colomb met le cap vers l'Espagne le 16 janvier 1493, aidé par de bons vents, plus au nord.
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+ Le 12 février, la Pinta, commandée par Alonso Pinzón, disparaît de nouveau lors d'une tempête. Les marins de la Niña prennent peur et prient. Colomb craint de ne pas arriver en Espagne pour conter ses découvertes, il consigne celles-ci sur un parchemin qu'il entoure d'une toile cirée et met dans un tonneau qu'il jette à la mer, demandant à celui qui le découvrira de porter le parchemin au roi d'Espagne.
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+ Trois jours après, le temps se calme. La Niña s'arrête dans une île de l'archipel portugais des Açores. Il est fraîchement reçu par le gouverneur portugais. Le 18 du mois, le vaisseau repart, mais une nouvelle tempête lui fait perdre son cap.
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+ Le 4 mars, Colomb arrive dans l'estuaire du Tage. La nouvelle de sa découverte des « Indes » s'est déjà répandue. De tout Lisbonne, la population se précipite pour voir les Indiens qu'il a ramenés à son bord. Colomb apprend que la Pinta de Martín Pinzón , qui avait dérivé vers la Galice, est arrivée avant lui au port de Baiona.
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+ Jean II, roi de Portugal, demande à voir l'explorateur. Le 9 mars, le roi le reçoit en audience privée et l'écoute avec attention, mais à la fin de l'entretien, affirme que c'est à lui que reviennent les découvertes de Colomb, compte tenu d'accords internationaux. Le découvreur quitte le Portugal le 13 mars pour Palos, qu'il atteint finalement le 15, en même temps que la Pinta. Le capitaine Alonso Pinzón meurt un mois plus tard.
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+ Dès son retour à Palos, Colomb , reçu en héros par le roi et la reine d'Espagne, prépare rapidement une nouvelle expédition beaucoup plus ambitieuse avec une flotte de 17 navires et environ 1 500 hommes dont 700 colons et 12 missionnaires, ainsi que des chevaux (les premiers importés sur le continent américain), des bêtes de somme et du bétail. Son objectif est de fonder une colonie sur Hispaniola et de retrouver les 39 hommes qu'il a laissés dans la baie de la Navidad.
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+ Il lève l'ancre pour ce nouveau voyage le 25 septembre 1493 de Cadix.
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+ La première terre qu'il aperçoit, 21 jours après avoir quitté les îles Canaries est La Désirade qu'il baptise ainsi Desirada, tant la vue d'une terre fut désirée par l'équipage. Les autres îles ne sont pas loin.
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+ Le dimanche 3 novembre 1493, une autre île est en vue, que Colomb nomme Maria Galanda (Marie-Galante), du nom du navire amiral.
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+ Une troisième se présente à l'horizon, où il débarquera : ce sera Dominica (la Dominique) puisqu'elle apparaît un dimanche matin.
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+ Le lendemain matin, 4 novembre, ils reprennent la mer vers une île plus grande dont ils avaient aperçu au loin les montagnes. Colomb décide alors de jeter l'ancre devant cette île afin d'accorder quelques jours de repos à ses hommes. C'est la Basse-Terre de la Guadeloupe qu'il nomme Caloucaera (d'après le nom donné par les Caraïbes : « Karukera »). Cette terre sera rebaptisée « Santa María de Guadalupe de Estremadura » pour honorer une promesse (donner le nom de leur monastère à une île) initialement faite à des religieux lors d'un pèlerinage, ou qu'il s'était faite à lui-même lors des tempêtes de son précédent retour.
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+ Puis il repart vers le nord en direction d'Hispaniola. Il aperçoit ensuite une petite île qu'il baptise Montserrat en référence, selon les sources, soit au massif de Montserrat[43], une montagne voisine de Barcelone, soit à l'abbaye de Montserrat située dans ce massif[44].
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+ Le 11 novembre 1493, jour de la fête de saint Martin de Tours, Colomb baptise Saint-Martin une île aperçue au large ; une autre petite île aperçue à l'horizon reçoit le nom de Saint-Barthélemy en référence à son frère Bartolomeo.
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+ Le 28 novembre, il revient à La Navidad, où il avait laissé un fortin de 39 hommes à la suite du naufrage de la Santa María : tous sont morts et le fort est détruit. Il l'abandonne pour fonder « La Isabela » le 2 janvier 1494, première colonie permanente du Nouveau Monde (actuellement localisée près de la ville domicaine de Puerto Plata), et passe les quatre mois suivants à organiser la première colonie espagnole du Nouveau Monde dont Bartolomeo a été nommé gouverneur, secondé par Giacomo, son troisième frère[45].
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+ Le 2 février, il renvoie en Espagne douze bâtiments sous le commandement d'Antonio de Torres, à qui il confie un rapport destiné aux souverains catholiques, document qui a été conservé[46]. Le 24 avril, Colomb décide de reprendre une activité d'exploration et il part avec trois navires, dont la Niña, explorer l'Ouest pour, comme l'écrit Morison, « suivre la côte jusqu'au moment où il obtiendrait la preuve définitive du caractère continental de cette terre et, si possible, prendre contact avec le Grand Khan qui semblait toujours se dérober devant lui »[47].
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107
+ Il suit la côte sud de Cuba. De là il part le 3 mai pour atteindre la côte nord de la Jamaïque[48]. Il reprend le 14 l'exploration de la côte sud de Cuba et continue de faire voile vers l'ouest. À moins de cinquante milles du cap Corrientes (es), Colomb décide que Cuba est bien une péninsule du continent asiatique. Il ordonne à tous les hommes qui l'accompagnent de le certifier par écrit et de s'engager à ne jamais affirmer le contraire sous peine d'une amende de mille maravédis[49].
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109
+ Le 13 juin, il s'engage sur la route du retour et en profite pour faire le tour de la Jamaïque. La navigation dans les cayes est difficile. Il revient à La Isabela le 29 septembre, malade et déprimé, premiers signes d'une dégradation de son état de santé, due en grande partie à l'arthrite[50].
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+ À Hispaniola, selon l'expression de Denis Crouzet, « un immense désastre a débuté »[51]. Les Espagnols exploitent les Indiens en leur imposant un tribut d'or et de coton. Ils sont nombreux à être réduits en esclavage. Les mauvais traitements, dont la torture, entraînent une très importante mortalité de la population. Les Indiens fuient et se réfugient dans les montagnes, abandonnant leurs activités agricoles, cédant au désespoir. Les rares insurrections sont matées avec la plus extrême férocité. Colomb déploie son énergie à « pacifier » l'île[52].
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+ Colomb repart pour l'Espagne le 20 avril 1496 amenant avec lui 500 Arawaks. Deux cents meurent durant la traversée ; les survivants sont vendus comme esclaves[53]. Colomb contribue donc à faire disparaître la civilisation arawak. Il atteint Cadix le 11 juin.
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+ Cette mise en esclavage d'Indiens et leur transport en Espagne ne furent pas acceptés par les Rois catholiques qui firent libérer les survivants et en tinrent rigueur à Colomb. Jacques Heers y voit l'origine de sa disgrâce, les souverains catholiques s'efforçant de protéger les populations des régions découvertes, qu'ils considéraient comme leurs sujets.
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+ Il semble que ce soit à son retour du deuxième voyage que Colomb ait décidé de se vêtir désormais de l'habit des frères mineurs[54]. Il souhaite organiser tout de suite un troisième voyage mais les Rois catholiques sont occupés à contrer le royaume de France qui progresse en Italie, et ce n'est que le 23 avril 1497 qu'ils donnent les premières instructions pour préparer le prochain voyage[55],[56]. La préparation du voyage, affrètement des navires et enrôlement des équipages est longue et difficile.
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+ Avant de partir, grâce à la faveur des souverains, Colomb établit le 22 février 1498 un majorat en faveur de son fils aîné Diego[57].
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+ Le 30 mai 1498, les six navires commencent leur voyage dans l'Atlantique en passant la barre de Sanlúcar[58]. Colomb souhaite découvrir des terres au sud des Antilles, c'est pourquoi il descend d'abord jusqu'aux îles du Cap-Vert pour ensuite mettre le cap à l'ouest. Avant cela, au moment où la flotte fait escale à La Gomera (aux îles Canaries), trois navires commandés par Harana, Carjaval et Giovanni Colomb, partent directement ravitailler les colons d'Hispaniola[59].
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+ Territoires visités : Saint-Vincent, Grenade, Trinité, Margarita.
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+ Le 5 août 1498, Colomb atteint pour la première fois le continent américain lui-même, en débarquant sur la côte de l'actuel Venezuela.
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+ Le 31 août, Colomb arrive à Hispaniola. Cela fait deux ans et neuf mois qu'il avait quitté l'île. Il la retrouve en proie à des troubles sévères orchestrés par Francisco Roldan que son frère Bartolomeo, capitaine général et président du Conseil des gouverneurs, a bien du mal à circonscrire.
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+ En août 1500, Francisco de Bobadilla, émissaire des rois, débarque sur l'île et fait jeter les trois frères Colomb au cachot avant de les renvoyer en Espagne après avoir découvert avec horreur sept Espagnols pendus aux potences de la place publique de Saint-Domingue[60]. Fin octobre 1500, enchaîné dans la cale, il débarque à Cadix, humilié et accusé[61].
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+ Colomb attend six semaines avant que les souverains le libèrent et l'invitent à les rejoindre à la cour, le réconfortant d'un don de 2 000 ducats[62]. En décembre 1500, il se rend à Grenade avec l'intention de faire réparer l'injustice dont il s'estime victime mais rien ne vient et l'Amiral écrit lettres sur lettres pour appuyer ses revendications. Le 13 septembre 1501, Nicolás de Ovando est nommé gouverneur et magistrat suprême des îles des Indes. Il ne reste alors à Colomb que son titre de vice-roi désormais strictement honorifique et ses privilèges. Il décide donc de repartir en voyage d'exploration pour essayer de trouver plus loin à l'ouest des Caraïbes le passage permettant d'atteindre les riches royaumes de l'Inde, toujours persuadé que Cuba est la province chinoise de Mangi. Le 14 mars 1502, les souverains donnent leur accord, lui donnent des instructions précises et financent l'expédition[63].
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+ La flotte est composée de quatre caravelles pour cent quarante membres d'équipage dont une importante proportion de mousses : la Capitana, navire amiral, le Santiago, commandé par Bartolomeo Colomb, la Gallega et la Vizcaina[64]. Colomb n'emporte donc aucun ravitaillement pour Hispaniola que ses instructions lui intiment de ne pas aborder, sauf en cas d'extrême nécessité[65].
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135
+ Aucun récit exhaustif ne décrit précisément les événements survenus lors de ce quatrième et dernier voyage entamé par Colomb le 11 mai 1502[66]. Il semble en effet que l'Amiral n'ait pas tenu de journal, et seul peut-être son fils Fernando, alors âgé de treize ans, aurait pris sous la dictée des observations de son père, dont quelques traces figurent dans l'histoire qu'il a écrite plus tard. Seule une relation abrégée écrite par Colomb vers les mois de juin/juillet 1503 à destination des rois est parvenue jusqu'à nous[67].
136
+
137
+ Le 15 juin 1502, il accoste au Carbet en Martinique, le 18, il atteint la Dominique et parvient le 24 devant Saint-Domingue[68]. Malgré l'interdiction royale d'aborder à cette île, Colomb a senti l'imminence d'un cyclone et souhaite abriter sa flotte.
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139
+ Colomb navigue le long des côtes de l'actuel Costa Rica (île Uvita baptisée alors La Huerta), du Veragua et du Panama jusqu'en juin 1503. Il manque de peu de mourir de la malaria en Jamaïque, où il est secouru par les Indiens.
140
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+ Ce sont des bateaux faisant eau de toute part que Colomb fait échouer dans la baie de Santa Gloria et haler sur le rivage de la Jamaïque le 25 juin 1503[69]. Les équipages vont y survivre un an. Un Espagnol, Diego Méndez, et quelques indigènes pagayent en canoë pour obtenir de l'aide de Hispaniola, mais le gouverneur, Nicolás de Ovando, qui déteste Colomb, fait obstruction à tous les efforts de sauvetage. Pendant ce temps, Colomb, dans un effort désespéré pour que les natifs continuent à l'approvisionner, regagne leurs faveurs en prédisant l'éclipse lunaire de mars 1504, à l'aide des tables astronomiques d’Abraham Zacuto[70],[71],[72]. Les secours arrivent finalement à la fin juin 1504.
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+ Les survivants repartent pour l'Espagne le 12 septembre 1504, et arrivent le 7 novembre dans le port de Sanlúcar de Barrameda[73].
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+ Il reste physiquement très diminué après son retour, souffrant en particulier d'une très invalidante goutte et de problèmes aux yeux, ce qui l'empêche dans un premier temps de se rendre à la cour royale qui s'est installée à Medina del Campo. De Séville, où il s'est installé, il y envoie son fils Ferdinand et son frère Bartolomeo afin qu'ils « s'occupent de ses affaires »[75]. Il reste en contact avec eux par lettres et par l'envoi d'émissaires, dont Amerigo Vespucci. Il travaille à essayer de faire reconnaître ses droits et les richesses qui lui reviennent. Il peut lui-même se rendre à la cour à l'été 1505, à dos de mule, permission temporaire accordée par le roi[76]. Son intervention auprès du souverain Ferdinand n'est pas plus décisive : ayant compris ce qu'impliquait la découverte de ces « Indes », le roi « n'entend nullement restituer à l'Amiral les prérogatives financières et gouvernementales » spécifiées le 30 avril 1493 au retour du premier voyage de Colomb[77].
146
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+ Il meurt le 20 mai 1506 à Valladolid entouré de ses fils et de son frère, après avoir établi un testament qui confirme en particulier le majorat établi au profit de son fils aîné Diego. Il ne connaît pas la satisfaction de voir Diego nommé par le roi gouverneur d'Hispaniola en 1508.
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+ Comme l'écrit l'historienne Marianne Mahn-Lot : « Il faut abandonner l'image romantique de l'homme de génie mourant méconnu, dans l'oubli et la misère. Jusqu'au bout, l'Amiral gardera des amis fidèles, parmi lesquels d'importants personnages. Et il recevra de grosses sommes sur les revenus des Indes — avec des retards et incomplètement, il est vrai. »[75]
150
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+ Christophe Colomb est d'abord enterré dans l'église du couvent Saint-François de Valladolid (es) en gage de gratitude à l'ordre franciscain dans lequel il comptait beaucoup de protecteurs. Puis en 1529 Diego fait transférer les restes de Christophe Colomb dans la chapelle Sainte-Anne du monastère de la Cartuja à Séville où il avait trouvé refuge après son troisième voyage. En 1541[78], conformément aux volontés du défunt, la veuve de Diego obtient de Charles Quint que la dépouille soit transférée dans la cathédrale Notre-Dame de l'Incarnation de la ville de Saint-Domingue. C'est aussi dans ce lieu qu'au fil des années les trois fils de Diego seront inhumés.
152
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153
+ Le 22 juillet 1795, le traité de Bâle donne à la France l'île de Saint-Domingue en compensation de territoires pyrénéens. Les Espagnols évacuent l'île et les restes de Colomb partent à La Havane, sur l'île de Cuba, restée colonie espagnole.
154
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155
+ En 1898, quand Cuba devient indépendante après la guerre hispano-américaine, les restes de Colomb reviennent en Espagne[79] et un tombeau monumental est construit dans la cathédrale de Séville.
156
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157
+ En 1877, on découvre dans la cathédrale de Saint-Domingue un coffret en plomb contenant des restes d'os et portant l'inscription « Varón ilustre y distinguido Cristóbal Colón[80] ». Depuis cette date, les autorités de la République dominicaine affirment que le corps transféré à Cuba n'était pas celui de Colomb. En 1992, les restes découverts en 1877 sont placés dans le phare de Colomb un monument construit pour célébrer le 500e anniversaire de la découverte du Nouveau Monde.
158
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159
+ En 2006, des analyses ADN confirment que le corps de Séville est au moins apparenté à Colomb[81].
160
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161
+ Persuadés de se trouver sur les terres d'Asie, ils ont essayé d'entrer en contact avec les rois présents sur place. Colomb a en particulier l'objectif de rencontrer le mythique « grand Khan » roi de la Terre (probablement Gengis Khan). Les indigènes sont d'autant mieux traités que Colomb les pense proche de ce souverain. Au fur et à mesure des voyages, les espagnols prirent conscience qu'ils étaient mieux armés que les autochtones et que ces derniers ne connaissaient pas le nom des souverains. Ils ont attribué cette ignorance aux lacunes culturelles des indiens et ont rapidement pris conscience de la facilité de la conquête de ce nouveau territoire. C'est ce que reflètent les correspondances avec leurs monarques[réf. souhaitée].
162
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163
+ Colomb et son équipage se comportaient avec les idées de cette fin de Moyen Âge. Non seulement les marins sont issus des couronnes d'Aragon et de Castille qui pratiquaient l'esclavage et le servage mais devant la difficulté de recruter des hommes pour une telle expéditions, avec l'accord de la monarchie, 4 marins du premier voyage avaient été sortis de prison où l'un d'entre-eux purgeait une peine pour meurtre. Les relations entre Christophe Colomb et ses hommes avec d'autres peuples étaient régies par des impératifs de conquête et d'évangélisation. D'une façon générale, peu après la découvertes, les relations des marins et des colons espagnols avec les indiens étaient inspirées de l'ordre féodal.
164
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+ Les conditions de vie pour les colons étaient globalement mauvaise dans les premiers établissements. Quoique Colomb eut prétendu que les indiens ne connaissaient pas les armes, le premier établissement construit, La Navidad, fut retrouvé au retour de Colomb incendié et ses hommes morts. Le 6 Janvier 1494 une première messe fut célébrée dans la première colonie, nommée Isabella en l'honneur de la reine. Celle-ci fit l'objet d'attaques incessantes. On y manquait de tout, on y mourrait beaucoup notamment d'une forme virulente de la variole. Cette forme alors inconnue en Europe fut probablement ramenée des Caraïbes par les colons. Le sort des indiens n'était guère enviable, ils étaient exploités et leurs femmes étaient enlevées.
166
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167
+ Après avoir établi sept colonies Colomb décréta que tout Indien de plus de quatorze ans devait fournir une certaine quantité d'or tous les trois mois. Ceux qui n'y parvenaient pas avaient les mains coupés. Il institua par la suite l'esclavage. Colomb est à l'origine du principe juridique de l’encomienda puis du repartimiento tous deux inspirés du droit féodal et qui se généralisèrent dans toute la Nouvelle-Espagne. Afin de satisfaire aux exigences royales de rentabilité de son expédition, Colomb mit au point, « sans disposer d'un cadre juridique véritablement préétabli », un système qui devait permettre de substituer au versement du tribut imposé aux Indiens (dont le versement était aléatoire), une exploitation directe des populations indigènes et des ressources locales[82]. Denis Crouzet précise que, si les « violences internes à la communauté des colons » s'en trouvèrent apaisées, les Indiens quant à eux furent plus directement exposés aux mauvais traitements et cela fut sans nul doute un « facteur d'aggravation du collapsus démographique » observé dans l'île[83]. La population d'Hispaniola s'effondre durant la catastrophe démographique amérindienne[60],[84].
168
+
169
+ Le régime mis en place par Christophe Colomb est plusieurs fois décrit par ses contemporains comme violent, avec un recours à la torture tant contre ses hommes que contre les indigènes. Colomb et ses frères furent aussi accusés d'incompétence pour la direction de ces nouvelles terres essentiellement par des ennemis de Colomb, et notamment de Francisco de Bobadilla qui obtint de la Reine le poste de gouverneur d'Hispaniola à la place de Colomb en 1499 alors que les frères de Colomb étaient condamnés à de la prison. Même s'il est probable que Francisco de Bobadilla ait noirci le tableau pour mieux évincer Colomb et ses frères, plusieurs historiens conviennent que leur régime était probablement tyrannique[85],[86].
170
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171
+ Le traité de Tordesillas de 1494 partageait les terres découvrir entre l'Espagne et le Portugal et interdisait à l'Espagne le commerce avec l’Afrique attribuée au Portugal[87],[88]. En 1495, de retour de son second voyage, Colomb envoya 550 Indiens, enchaînés à Séville afin de les vendre comme esclaves. Deux cents d'entre eux moururent au cours de la traversée[60]. La reine Isabelle laissa alors entendre au marin qu'elle ne tolérerait pas la mise en esclavage des indiens puis formalisa cette exigence par une Provision Royale à Séville le 20 Juin 1500 et qui ordonnait la remise en liberté et le retour chez eux des esclaves indiens ramenés par Colomb. Six ans après le décès de Christophe Colomb, la monarchie Espagnole promulga les Lois de Burgos en 1512 afin de protéger les autochtones. Ces lois restèrent sans effet, la distance empêchant tout contrôle de leur mise en œuvre. Une bulle papale de 1537 condamna l'esclavage dans les colonies espagnols, obligeant l'Espagne à promulguer en 1542 les Leyes Nuevas, mieux appliquées.
172
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173
+ Si ces dernières étaient muettes quant aux noirs, elles interdisaient l'esclavage et faisaient des amérindiens des hommes libres. Elle eurent une influence importante sur la démographie de l'Amérique hispanophone en favorisant un métissage à très grande échelle et un peuplement rapide des territoires sous domination espagnole par des populations métissées hispanophones (à l'exception des régions andines du Pérou, d'Équateur et de Bolivie où les populations amérindiennes conservèrent un développement séparé plus longtemps) et assirent l'autorité de la couronne chez les amérindiens contre le colons. En favorisant le peuplement et en interdisant l'esclavage des amérindiens, elles ont limité l'arrivée d'esclaves noirs, à quelques exceptions près comme le sud du Venezuela et le nord de la Colombie.
174
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175
+ L'entreprise maritime de Colomb est avant tout une affaire commerciale, mais de ce point de vue les découvertes de l'Amiral et de ses hommes ont déçu les espoirs placés en elles. Que ce soit pour les épices ou pour l'or, les bénéfices rapides et importants qui étaient escomptés n'ont pas été au rendez-vous, au moins du vivant de Colomb.
176
+
177
+ Les historiens dressent le portrait d'un marin hors pair, « un des meilleurs navigateurs de tous les temps »[89], ou même « le plus grand marin de tous les temps »[90], mais « piètre politicien »[91]. Les biographes de Colomb, en particulier au XIXe siècle, ont souvent tenté d'expliquer le succès de son entreprise maritime par l'emploi de techniques nouvelles en matière de navigation, évoquant entre autres la boussole, le gouvernail d'étambot et la caravelle[92]. Si Colomb a choisi la caravelle comme navire — type de navire déjà utilisé par les Portugais depuis le début du XVe siècle dans leurs explorations de la côté africaine — c'est en raison de son coût d'armement relativement faible et de son faible tirant d'eau qui permet d'approcher des côtes sans risquer d'échouer[93].
178
+
179
+ Si Colomb est le premier Européen connu à avoir accosté sur des terres rattachées aujourd'hui à l'Amérique, il n'eut aucune idée de l'étendue du continent américain qui s'interposait entre les îles qu'il avait découvertes et les Indes qu'il s'était proposé de rallier. Amerigo Vespucci est le premier navigateur à affirmer avoir découvert un Nouveau Monde qui n'est pas les Indes. Sa découverte est reconnue par les cartographes du Gymnase vosgien, qui publient en 1507 Universalis Cosmographia (aujourd'hui connu sous le nom de planisphère de Waldseemüller), où le nom America figure pour la première fois.
180
+
181
+ De la propre main de Colomb, n'ont été identifiés et recensés que peu de documents : des lettres, des quittances, des annotations dans des ouvrages de sa bibliothèque et des signatures. Tous les autres textes, dont le journal du premier voyage, ne sont que des copies dont le texte n'est pas sûr[94]. Ces différents textes et documents ont tous été traduits en français[95].
182
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183
+ Il existe cependant un curieux Livre des prophéties, qui est un recueil de prophéties concernant la découverte du Nouveau Monde, écrit par Colomb vers la fin de sa vie[96].
184
+
185
+ Notre connaissance de Colomb, homme de savoir, de livres et de cabinet d'étude, s'appuie aussi sur quatre livres qui lui ont appartenu et qui ont été conservés. Ces livres ne recèlent pas moins de 2 000 annotations portées en marge[97].
186
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187
+ Les premiers historiens contemporains de Colomb ne se sont pas attardés à le décrire de manière précise. Andrès Bernaldez l'évoque dans son Historia de los Reyes Catolicos, en donnant « une image à la fois édifiante et dramatique […] intéressante certes, mais brossée à très grands traits, sans beaucoup de nuances »[98].
188
+
189
+ Parmi ceux qui ont vécu aux côtés de l'Amiral on recense les livres de Bartolomé de Las Casas, Fernand Colomb et Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés. C'est sur ces publications du XVIe siècle que se sont appuyés en premier lieu tous les travaux historiques postérieurs et c'est grâce à eux qu'il est possible aujourd'hui de reconstituer ce qu'ont été les voyages et expéditions de Colomb.
190
+
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+ Pierre Martyr d'Anghiera, humaniste de l'Italie du Nord, a livré dans son Orbo Novo dès 1494 le premier témoignage de la découverte[99].
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+
195
+ Il est acquis que Colomb n'a pas été le premier Européen à voyager aux Amériques. Les Vikings ont construit des installations permanentes au Groenland et dans le nord du Canada contemporain entre le Xe et le XIIIe siècle, dans la temporaire Colonisation viking des Amériques.
196
+
197
+ Par ailleurs il existe des indices sérieux sur un précédent voyage vers le Groenland et le Labrador mené par le Portugais João Vaz Corte-Real pour le compte de la couronne du Danemark en 1472-1474, soit environ 20 ans avant Colomb et qui lui permet de localiser une île qu'il nomme Bacalao. Il s'agit peut être de la même expédition que celle menée par Jean Scolvus[100].
198
+
199
+ Cependant, pour des raisons différentes, ces expéditions sont restées confidentielles. Les Vikings ont interrompu leur colonisation, le voyage organisé par le Portugal est resté confidentiel pour éviter la convoitise des autres pays Européens. Le voyage de Colomb a eu une grande publicité et a entraîné l'exploration systématique puis la colonisation des Amériques. Il entraîne des bouleversements dans les routes commerciales avec la notamment la réduction des routes commerciales vers l'Asie via le Moyen Orient : son impact est planétaire.
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+ Dans la bande-dessinée uchronique Jour J, la Reconquista n'a pas eu lieu, les Maures sont maîtres de la péninsule Ibérique. N'ayant obtenu la confiance du Conseil du roi de France, il se convertit à l'islam pour augmenter les chances d'obtenir la confiance des dirigeants musulmans de la péninsule Ibérique. Christophe Colomb découvre donc l'Amérique et en prend possession au nom d'Allah et de l'émir de Cordoue.
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+ Christophe Colomb (en italien : Cristoforo Colombo ; en espagnol : Cristóbal Colón), né en 1451 sur le territoire de la république de Gênes et mort le 20 mai 1506 à Valladolid, est un navigateur génois au service des monarques catholiques Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon célèbre pour avoir « découvert l'Amérique » en 1492. Il est chargé par la reine Isabelle d'atteindre l'Asie orientale (« les Indes ») en traversant l'océan Atlantique avec trois caravelles dont il est « l'amiral » ; dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492, après un peu plus de deux mois de navigation, il accoste sur une île de l'archipel des Bahamas à laquelle il donne le nom de San Salvador.
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+ Colomb est alors persuadé qu'il a accompli sa mission et qu'il se trouve aux Indes, donnant aux habitants de ces régions, issus de migrations préhistoriques en provenance d'Asie, le nom d'« Indiens ». Lorsqu'il meurt 14 ans plus tard, après trois autres voyages au service de l'Espagne, dont un dans l'actuel Venezuela (août 1498), il n'a pas compris qu'il a atteint une toute autre terre.
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+ Il effectue en tout quatre voyages en tant que navigateur pour le compte des souverains espagnols, qui le nomment avant son premier départ amiral, vice-roi des Indes et gouverneur général des territoires qu'il découvrirait. La découverte des Caraïbes marque le début de la colonisation de l'Amérique par les Européens et fait de Colomb un acteur majeur des grandes découvertes des XVe et XVIe siècles. L'arrivée de Christophe Colomb à San Salvador est la première étape de l'exploration systématique et de la colonisation européenne du continent américain.
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+ Il n'est pourtant pas le premier navigateur à avoir traversé l'océan Atlantique depuis l'Europe : des expéditions l'ont précédé, notamment des Vikings venus d'Islande se sont établis pendant plusieurs décennies au Groenland jusque dans des régions de l'est de l'actuel Canada, mais ces expéditions n'avaient pas produit de documentation connue dans les pays d'Europe de l'ouest.
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+ L'historiographie de la civilisation occidentale retient Christophe Colomb comme le « découvreur de l'Amérique » et en fait l'événement le plus important marquant le passage du Moyen Âge aux temps modernes[2] dans un ensemble d'événements et de transformations majeurs. Si le nom de Colomb est associé à plusieurs terres d'Amérique (Colombie, grande Colombie, Colombie-Britannique) celui d' « Amérique » est donnée d'après l'explorateur Amerigo Vespucci.
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+ Le lieu de naissance de Colomb est incertain mais il est aujourd'hui considéré comme d'origine ligure, des environs de Gênes. Cette origine génoise du navigateur est établie au sein de la communauté des historiens depuis la fin du XIXe siècle (plus exactement 1892). Cependant, à l'occasion du 400e anniversaire de sa découverte de l'Amérique, de nombreuses régions se sont revendiquées être son lieu de naissance[3],[4].
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+ Christophe Colomb serait né entre le 26 août et le 31 octobre 1451 sur le territoire de la république de Gênes[5]. Il est l'aîné des cinq enfants[6] de Domenico Colombo (tisserand originaire de Lombardie qui s'est installé à Gênes puis, à la suite de troubles politiques dans la cité, a déménagé à Savone en 1470 pour ouvrir un établissement de textile et une taverne) et de Susanna Fontanarossa. En tant qu'aîné, il devient probablement apprenti tisserand[7].
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+ Son père aurait eu les moyens financiers suffisants pour l'envoyer à l'université de Pavie, où il étudie notamment la cosmographie, l'astrologie et la géométrie[8]. Il est très tôt influencé par le Livre des merveilles que l'explorateur vénitien Marco Polo écrivit après son retour (pendant son voyage en Orient et en Asie).
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+ Par les écrits de Christophe Colomb, on sait qu'il a puisé ses idées sur les dimensions de la Terre de ses lectures de l'Imago Mundi de Pierre d'Ailly dont la rédaction a été terminée en 1410, l'Historia rerum ubique gestarum de Pie II (1477), le De commetudiribus et conditionibus orientalum régionum[citation nécessaire], un résumé latin du livre de Marco Polo, d'une traduction en italien de l'Histoire naturelle de Pline l'Ancien, de la traduction en castillan des Vies parallèles des hommes illustres de Plutarque et la Géographie de Claude Ptolémée dans une édition parue à Rome en 1478. Ce sont surtout les trois premiers livres qui ont nourri ses réflexions. Il a fait 2 565 notes en marge de ces livres, 877 dans les traités de Pierre d'Ailly dont 475 pour l'Imago Mundi[9]. Il a noté en marge de l'Imago Mundi qu'il a navigué jusqu'au fort portugais de la Mine, vers 1482. En marge du livre écrit par le pape Pie II il a noté qu'il a fait un voyage vers l'Islande en 1477 et qu'il a vu « à Galway, en Hibernie (Irlande), dans deux barques à la dérive, un homme et une femme d'allure magnifique ».
22
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23
+ Christophe Colomb prétend dans une de ses lettres avoir été matelot dès l'âge de dix ans[10]. Toujours selon la biographie de Fernand Colomb, après avoir commandé un navire au service de René d'Anjou combattant le roi d'Aragon et opéré en tant que corsaire en 1472, Christophe Colomb commence l'année suivante son apprentissage en tant que marchand au service des familles génoises Centurion, Di Negro et de Spinola[8]. Sa prétendue expédition commerciale sur l’île de Chios en 1474 lui permet de devenir financièrement indépendant de sa famille[11].
24
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25
+ En 1476, il embarque sur un convoi en partance pour Lisbonne puis l'Angleterre. Le convoi est attaqué par les Français et Christophe Colomb se réfugie dans la ville portugaise de Lagos puis part chez son frère Bartolomeo Colomb, cartographe à Lisbonne.
26
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27
+ Il épouse en 1479 Filipa Moniz d'une famille de petite noblesse portugaise, fille de Bartolomeu Perestrelo, capitaine-gouverneur de Porto Santo à Madère, avec qui commença la colonisation en 1425. Filipa meurt peu de temps après la naissance de leur seul fils, Diego Colomb, né possiblement en 1480 sur l'île Porto Santo (son second fils, Fernand, naîtra en 1488 d'une liaison avec Beatriz Enríquez de Arana). Christophe Colomb se perfectionne alors dans les sciences de la navigation, peut-être avec son frère ou avec les cartes que son épouse avait peut-être apportées en dot : les cartes des vents et des courants des possessions portugaises de l'Atlantique qui, peut-être, appartenaient à Bartolomeu Perestrelo[12].
28
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29
+ C'est aux alentours de 1484 que Colomb forme l'idée de passer par l'Atlantique pour aller aux Indes orientales (« rejoindre le Levant par le Ponant »[13]). Il est en effet connu depuis les Grecs anciens que la Terre est ronde ; au Moyen Âge, l'idée de la Terre plate n'a jamais prévalu parmi les savants, contrairement à un mythe forgé à l'époque moderne. Aristote, Albert le Grand et saint Thomas d'Aquin admettaient la sphéricité de la Terre et cette doctrine était enseignée par les dominicains espagnols[14],[15].
30
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31
+ L'idée que des îles pouvaient exister à l'ouest de l'Afrique a été entretenue par la découverte des Açores qui apparaissent sur des cartes à la fin du XIVe siècle avant d'être redécouvertes en 1427, des îles Canaries au milieu du XIVe siècle et colonisées en 1402, des îles du Cap-Vert en 1456, et la présence de bois exotiques flottant sur les eaux apportés par des courants venant de l'Ouest. Il n'est pas impossible que des navigateurs aient pu aborder sur la côte brésilienne se trouvant à 370 lieues des îles du Cap-Vert car Jean II du Portugal a fait déplacer la limite du traité de Tordesillas en 1494, avant la découverte officielle de la côte du Brésil en 1500 par Pedro Álvares Cabral. Cependant les Portugais vont surtout s'intéresser à la colonisation de l'Afrique dont ils avaient obtenu le monopole par la bulle Æterni regis rédigée en 1481 par le pape Sixte IV.
32
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33
+ Fernand Colomb et Bartolomé de las Casas citent une lettre écrite par Paolo Toscanelli le 23 juin 1474 à Fernam Martins pour éclairer le roi du Portugal Alphonse V et qui aurait été transmise à Christophe Colomb deux à trois ans plus tard par Toscanelli. Henry Vignaud a critiqué les affirmations du fils de Christophe Colomb et de Las Casas sur l'existence de cette carte[16]. Cependant, les affirmations d'Henry Vignaud sur une supercherie de Colomb qui aurait inventé cette correspondance de Toscanelli après son premier voyage n'est pas plus documentée[17]. Au moment où Christophe Colomb envisageait de faire son voyage vers l'ouest, Martin Behaim a réalisé son globe à Nuremberg, en 1492, après avoir séjourné au Portugal. Hieronymus Münzer a écrit en 1493 au roi Jean II du Portugal pour l'engager à faire des recherches maritimes vers l'ouest[18].
34
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35
+ Ératosthène avait donné une estimation à peu près exacte de sa circonférence, mais les textes grecs sont mal connus à l'époque. Christophe Colomb a utilisé les estimations de Pierre d'Ailly. Dans le chapitre « De quantitate terre » de son livre Imago Mundi, Pierre d'Ailly reprend l'estimation d'Al-Farghani de 56 milles 2/3 pour la longueur d'un arc d'un degré. Mais Pierre d'Ailly en a transformé la valeur de la circonférence de la Terre de 20 400 milles en 10 200 lieues en donnant à la lieue une valeur de 2 milles[19]. Ce nombre paraissant exagéré à Christophe Colomb, il l'a transformé en adoptant pour valeur de la lieue marine la valeur de 4 milles. Il en a déduit un équateur d'environ 30 000 kilomètres au lieu de 40 075 kilomètres). Or les Arabes utilisaient un mille de 1 973 mètres et non le mille romain de 1 479 mètres. Pierre d'Ailly citait aussi les évaluations de Marin de Tyr, qui estimait que les terres habitées, de l'Espagne à la Chine, devaient s'étaler sur 225° au lieu des 130° réels, d'où une sous-estimation des mers les séparant[20].
36
+
37
+ Selon les mots de Michel Balard : « lumineuse erreur qui permet au navigateur de réduire les distances entre les îles Canaries et l'extrémité orientale du continent asiatique ! »[21]. Une grande partie de la communauté scientifique de l'époque estime réalisable un tel voyage et Jacques Heers précise : « […] les idées de Colomb ne s'inscrivent pas à contre-courant. Tout au contraire, elles nous paraissent exactement l'expression normale de la pensée géographique de son époque[22]. »
38
+
39
+ Ce qui distingue le projet du navigateur des hypothèses des érudits du temps — géographes et humanistes — qui estiment tous très probable l'existence d'îles nombreuses, voire de terres plus vastes plus loin à l'ouest dans la mer Océane, c'est son but : atteindre les rivages de la Chine, et avant cela du Japon, soit le royaume du Cathay et Cipango tels que décrits par Marco Polo[23].
40
+
41
+ Un groupe d'experts choisi par le roi de Portugal Jean II rejette cependant son projet sans appel[26].
42
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43
+ Colomb va alors tenter sa chance en Castille au milieu de 1485. Il se rend avec son fils au monastère de La Rábida à Palos de la Frontera, où deux moines auxquels il se lie, Juan Pérez (es) et Antonio de Marchena (es), lui suggèrent de se rendre à Cordoue auprès de la reine Isabelle. Il est reçu par cette dernière en janvier 1486, mais une réponse négative lui est à nouveau rendue en 1490. En 1491, sa demande est en passe d'être acceptée, mais sa trop grande ambition fait échouer sa quête. Il veut notamment être vice-roi de toutes les terres découvertes et obtenir un titre de noblesse. C'est grâce à l'intervention du trésorier de la maison du roi, Louis de Santangel, ainsi que du prieur des dominicains de San Esteban de Salamanque, frère Diego de Deza, d'Hernando de Talavera, et de Juan Cabrero[27] que le projet est approuvé par la reine, quand il met en balance les retombées économiques potentielles — la découverte d'une nouvelle route vers les Indes permettrait de s'affranchir des intermédiaires orientaux — comparées à la modeste mise de fonds initiale requise[28].
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+ Le 17 avril 1492, il signe près de Grenade, avec les Rois catholiques, les capitulations de Santa Fe, qui lui octroient notamment le titre de noblesse héréditaire d'« amiral de la mer Océane »[29], les titres de Vice-Roi et de Gouverneur général des territoires qu'il pourrait découvrir (la couronne d'Espagne lui accordant à cet effet des armoiries)[30], un dixième des richesses qu'il en retirerait[31] et un huitième du profit de son expédition[32].
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+ Le voyage inaugural de Colomb est celui qui est le mieux connu des historiens. Comme l'écrit Jacques Heers : « Pour nous en tenir au temps de Colomb, de tous les voyages maritimes du temps (…) aucun ne peut être connu (…) avec tant de minutie et de sérieux. »[33] Deux documents écrits permettent de suivre les navires de l'explorateur : le Journal, dans la version donnée par Bartolomé de Las Casas, et la lettre à Santangel, écrite le 14 février 1493 sur la route du retour, sorte de bilan de son expédition adressée en Espagne.
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+ Par ailleurs, à compter de 1938, l'amiral américain Samuel Eliot Morison a entrepris de refaire le périple du Génois et a pu, en ce qui concerne le premier voyage, « pointer sur la carte la position des navires chaque soir »[34],[35].
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+ Le 3 août 1492, Colomb est au départ à Palos de la Frontera (Huelva) avec trois navires — deux caravelles, la Pinta et la Niña (choisie par le capitaine Martín Alonso Pinzón, qui l'a précédemment louée), et une caraque, la Santa María (qui ne prendra ce nom que lors des voyages ultérieurs de Colomb[36]) — et pas plus de 90 membres d'équipage[37].
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+ Une première escale a lieu aux îles Canaries, à Las Palmas de Gran Canaria du 9 août au 6 septembre (la route du sud a été choisie pour éviter les croisières portugaises au large des Açores). Là, Colomb et ses hommes approvisionnent en bois, en eau et en vivres. Les marins profitent de l'escale pour réparer les navires. Puis ils reprennent la mer en descendant le golfe de Guinée : Colomb est le premier à suivre les alizés, ces vents réguliers qui traversent l'océan d'est en ouest. Les marins s'inquiètent d'ailleurs de la force et de la régularité de ces vents, craignant de ne pas pouvoir les remonter au retour.
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+ Dix jours plus tard, le 16 septembre, apercevant des masses d'herbes dans l'eau, les navigateurs croient être près de la terre ferme. Ils entrent en fait dans la mer des Sargasses, région située à environ 1 600 kilomètres des côtes américaines. L'océan Atlantique, recouvert de ces grandes algues, y est plutôt calme et les vents presque nuls. À partir du 19 septembre, les vents faiblissent fortement, immobilisant les bateaux. Une grande inquiétude finit par s'installer au sein de l'équipage.
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+ Le 25 septembre, Martín Pinzón, le capitaine de la Pinta, croit voir une terre, mais cela n'est en fait qu'une illusion optique. Le vent finit par se lever à nouveau, mais les jours passent, et aucune terre n'est en vue. Colomb pense avoir dépassé les Indes orientales.
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+ Le 7 octobre, l'autre frère Pinzón, Vicente, le commandant de la Niña, est également victime d'une illusion optique. Colomb a une idée : observant les oiseaux, il décide de changer de cap, vers l'ouest-sud-ouest (ce changement aurait également été imposé à Colomb par Martín Pinzón[38]). Ce changement va marquer son succès. Les 9 et 10 octobre, les marins montrent cependant de l'impatience, à la limite de la mutinerie, craignant que les navires ne soient perdus. De plus, les vivres et l'eau douce commencent à faire défaut.
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+ Le 12 octobre 1492 à deux heures du matin, après une traversée quasi parfaite[39], un marin de la Pinta, Rodrigo de Triana, annonce que la terre est en vue ; attendant le lever du jour pour pouvoir accoster, les vaisseaux restent prudemment à deux heures des côtes. Promis à une récompense de quelques milliers de maravédis à celui qui verrait le premier la terre, Rodrigo Triana ne gagna nulle récompense parce que Colomb prétendit qu'il avait vu la côte en premier.
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+ Dans la matinée, Colomb et les frères Pinzón prennent place dans une barque. Croyant être dans l'archipel nippon, le navigateur fait enregistrer la prise de possession de l'îlot pour le compte du roi d'Espagne par le notaire qui les accompagne. Il le baptise du nom du Christ : San Salvador (Guanahani pour les Indiens Taïnos) et s'en fait nommer vice-roi et gouverneur général.
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+ La première rencontre avec les indigènes — que Colomb nomme « Indiens » car il pense avoir atteint les Indes orientales — est encore pacifique. Les habitants de ces îles, qui ne connaissent ni l’État ni la propriété privée, se montrèrent remarquablement amicaux. "C'était un peuple doux, pacifique et très simple". "Puis, quand les chaloupes se rendirent à terre pour y renouveler les provisions d'eau, ces Indiens non seulement s’empressèrent d'indiquer les meilleures sources, mais encore se mirent à la disposition des matelots pour emplir les tonneaux et les reporter aux bateaux"[40]. Ceux-ci lui apportent du coton, des perroquets et d'autres objets. L'interprète que le navigateur avait embarqué à son bord n'est pas d'une grande utilité…
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+ Lors de ce premier contact, avec force gestes, répétitions et quiproquos, les Taïnos indiquent — ou les Espagnols comprennent — que de l'or se trouve en quantité importante sur une grande île au sud-est, habitée par des populations d'anthropophages qui leur sont hostiles.
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+ Le 28 octobre, Colomb accoste dans une baie (aujourd'hui « baie de Bariay ») de cette île qu'il nomme alors Juana, en l'honneur du prince Don Juan, le fils des Rois catholiques : cette île est aujourd'hui connue sous le nom de Cuba. Il pense connaître parfaitement sa position sur le continent asiatique. Ses hommes et lui-même apprennent à fumer de grandes feuilles séchées : le tabac. Se croyant à Cipango (le Japon), Christophe Colomb envoie Luis de la Torre et Rodrigo de Jerez à la recherche du Grand Khan à l'intérieur des terres.
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+ Le 12 novembre, les vaisseaux reprennent la mer, mais le 23 novembre, Colomb perd de vue la Pinta. Il accuse alors son capitaine Martín Alonso Pinzón d'avoir déserté. En réalité celui-ci est parti seul à la découverte de ce prétendu Japon tant convoité. Colomb retourne à Cuba. On lui évoque alors une île située à l'est de Cuba, que les indigènes appellent Bohio. Il appareille le 4 décembre.
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+ Deux jours plus tard, le 6 décembre, la Niña et la Santa María mouillent dans une baie de l'île de Bohio (en réalité au « môle Saint-Nicolas » au nord-ouest d'Haïti), Colomb la baptise du nom d'Hispaniola (« L'Espagnole »), car elle lui rappelle les campagnes de la Castille. On la connaît aujourd'hui sous le nom de « Saint-Domingue ». Les habitants locaux se montrent plutôt craintifs, pensant que les Espagnols viennent du ciel. Des relations amicales se nouent cependant et les marins reçoivent un peu d'or.
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+ Mais un événement malheureux se déroule au cours de la nuit du réveillon de Noël : alors que seul un mousse est à la barre de la Santa María — au mépris de toutes les règles de la marine — le navire vient s'échouer sur un récif dans la nuit du 24 au 25 décembre 1492. Le navire est perdu et seule l'aide des Indiens permet de débarquer dans l'urgence la plus grande partie de la cargaison[41]. Colomb doit se résoudre à laisser 39 hommes sur place dans un petit fortin édifié dans la baie de La Navidad (située non loin de l'actuelle ville de Cap-Haïtien), avec le bois récupéré sur le navire échoué[42].
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+ Alonso Pinzón est de retour. Il cherche à justifier sa recherche solitaire. Colomb, estimant qu'il vaut mieux ne pas se diviser, fait semblant d'accorder du crédit au récit de Pinzón. Longeant les côtes nord de l'île, les deux navires rescapés arrivent dans la baie de Samaná, ils y rencontrent les cannibales déjà évoqués. Plus agressifs que les Arawaks, ils déclenchent une escarmouche et Colomb décide de battre en retraite. Mais les marins en ont assez de leur vie dans ces îles, ils veulent rentrer en Europe. Christophe Colomb met le cap vers l'Espagne le 16 janvier 1493, aidé par de bons vents, plus au nord.
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+ Le 12 février, la Pinta, commandée par Alonso Pinzón, disparaît de nouveau lors d'une tempête. Les marins de la Niña prennent peur et prient. Colomb craint de ne pas arriver en Espagne pour conter ses découvertes, il consigne celles-ci sur un parchemin qu'il entoure d'une toile cirée et met dans un tonneau qu'il jette à la mer, demandant à celui qui le découvrira de porter le parchemin au roi d'Espagne.
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+ Trois jours après, le temps se calme. La Niña s'arrête dans une île de l'archipel portugais des Açores. Il est fraîchement reçu par le gouverneur portugais. Le 18 du mois, le vaisseau repart, mais une nouvelle tempête lui fait perdre son cap.
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+ Le 4 mars, Colomb arrive dans l'estuaire du Tage. La nouvelle de sa découverte des « Indes » s'est déjà répandue. De tout Lisbonne, la population se précipite pour voir les Indiens qu'il a ramenés à son bord. Colomb apprend que la Pinta de Martín Pinzón , qui avait dérivé vers la Galice, est arrivée avant lui au port de Baiona.
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+ Jean II, roi de Portugal, demande à voir l'explorateur. Le 9 mars, le roi le reçoit en audience privée et l'écoute avec attention, mais à la fin de l'entretien, affirme que c'est à lui que reviennent les découvertes de Colomb, compte tenu d'accords internationaux. Le découvreur quitte le Portugal le 13 mars pour Palos, qu'il atteint finalement le 15, en même temps que la Pinta. Le capitaine Alonso Pinzón meurt un mois plus tard.
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+ Dès son retour à Palos, Colomb , reçu en héros par le roi et la reine d'Espagne, prépare rapidement une nouvelle expédition beaucoup plus ambitieuse avec une flotte de 17 navires et environ 1 500 hommes dont 700 colons et 12 missionnaires, ainsi que des chevaux (les premiers importés sur le continent américain), des bêtes de somme et du bétail. Son objectif est de fonder une colonie sur Hispaniola et de retrouver les 39 hommes qu'il a laissés dans la baie de la Navidad.
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+ Il lève l'ancre pour ce nouveau voyage le 25 septembre 1493 de Cadix.
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+ La première terre qu'il aperçoit, 21 jours après avoir quitté les îles Canaries est La Désirade qu'il baptise ainsi Desirada, tant la vue d'une terre fut désirée par l'équipage. Les autres îles ne sont pas loin.
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+ Le dimanche 3 novembre 1493, une autre île est en vue, que Colomb nomme Maria Galanda (Marie-Galante), du nom du navire amiral.
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+ Une troisième se présente à l'horizon, où il débarquera : ce sera Dominica (la Dominique) puisqu'elle apparaît un dimanche matin.
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+ Le lendemain matin, 4 novembre, ils reprennent la mer vers une île plus grande dont ils avaient aperçu au loin les montagnes. Colomb décide alors de jeter l'ancre devant cette île afin d'accorder quelques jours de repos à ses hommes. C'est la Basse-Terre de la Guadeloupe qu'il nomme Caloucaera (d'après le nom donné par les Caraïbes : « Karukera »). Cette terre sera rebaptisée « Santa María de Guadalupe de Estremadura » pour honorer une promesse (donner le nom de leur monastère à une île) initialement faite à des religieux lors d'un pèlerinage, ou qu'il s'était faite à lui-même lors des tempêtes de son précédent retour.
98
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+ Puis il repart vers le nord en direction d'Hispaniola. Il aperçoit ensuite une petite île qu'il baptise Montserrat en référence, selon les sources, soit au massif de Montserrat[43], une montagne voisine de Barcelone, soit à l'abbaye de Montserrat située dans ce massif[44].
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+ Le 11 novembre 1493, jour de la fête de saint Martin de Tours, Colomb baptise Saint-Martin une île aperçue au large ; une autre petite île aperçue à l'horizon reçoit le nom de Saint-Barthélemy en référence à son frère Bartolomeo.
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103
+ Le 28 novembre, il revient à La Navidad, où il avait laissé un fortin de 39 hommes à la suite du naufrage de la Santa María : tous sont morts et le fort est détruit. Il l'abandonne pour fonder « La Isabela » le 2 janvier 1494, première colonie permanente du Nouveau Monde (actuellement localisée près de la ville domicaine de Puerto Plata), et passe les quatre mois suivants à organiser la première colonie espagnole du Nouveau Monde dont Bartolomeo a été nommé gouverneur, secondé par Giacomo, son troisième frère[45].
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105
+ Le 2 février, il renvoie en Espagne douze bâtiments sous le commandement d'Antonio de Torres, à qui il confie un rapport destiné aux souverains catholiques, document qui a été conservé[46]. Le 24 avril, Colomb décide de reprendre une activité d'exploration et il part avec trois navires, dont la Niña, explorer l'Ouest pour, comme l'écrit Morison, « suivre la côte jusqu'au moment où il obtiendrait la preuve définitive du caractère continental de cette terre et, si possible, prendre contact avec le Grand Khan qui semblait toujours se dérober devant lui »[47].
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107
+ Il suit la côte sud de Cuba. De là il part le 3 mai pour atteindre la côte nord de la Jamaïque[48]. Il reprend le 14 l'exploration de la côte sud de Cuba et continue de faire voile vers l'ouest. À moins de cinquante milles du cap Corrientes (es), Colomb décide que Cuba est bien une péninsule du continent asiatique. Il ordonne à tous les hommes qui l'accompagnent de le certifier par écrit et de s'engager à ne jamais affirmer le contraire sous peine d'une amende de mille maravédis[49].
108
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109
+ Le 13 juin, il s'engage sur la route du retour et en profite pour faire le tour de la Jamaïque. La navigation dans les cayes est difficile. Il revient à La Isabela le 29 septembre, malade et déprimé, premiers signes d'une dégradation de son état de santé, due en grande partie à l'arthrite[50].
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111
+ À Hispaniola, selon l'expression de Denis Crouzet, « un immense désastre a débuté »[51]. Les Espagnols exploitent les Indiens en leur imposant un tribut d'or et de coton. Ils sont nombreux à être réduits en esclavage. Les mauvais traitements, dont la torture, entraînent une très importante mortalité de la population. Les Indiens fuient et se réfugient dans les montagnes, abandonnant leurs activités agricoles, cédant au désespoir. Les rares insurrections sont matées avec la plus extrême férocité. Colomb déploie son énergie à « pacifier » l'île[52].
112
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113
+ Colomb repart pour l'Espagne le 20 avril 1496 amenant avec lui 500 Arawaks. Deux cents meurent durant la traversée ; les survivants sont vendus comme esclaves[53]. Colomb contribue donc à faire disparaître la civilisation arawak. Il atteint Cadix le 11 juin.
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115
+ Cette mise en esclavage d'Indiens et leur transport en Espagne ne furent pas acceptés par les Rois catholiques qui firent libérer les survivants et en tinrent rigueur à Colomb. Jacques Heers y voit l'origine de sa disgrâce, les souverains catholiques s'efforçant de protéger les populations des régions découvertes, qu'ils considéraient comme leurs sujets.
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117
+ Il semble que ce soit à son retour du deuxième voyage que Colomb ait décidé de se vêtir désormais de l'habit des frères mineurs[54]. Il souhaite organiser tout de suite un troisième voyage mais les Rois catholiques sont occupés à contrer le royaume de France qui progresse en Italie, et ce n'est que le 23 avril 1497 qu'ils donnent les premières instructions pour préparer le prochain voyage[55],[56]. La préparation du voyage, affrètement des navires et enrôlement des équipages est longue et difficile.
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+ Avant de partir, grâce à la faveur des souverains, Colomb établit le 22 février 1498 un majorat en faveur de son fils aîné Diego[57].
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+ Le 30 mai 1498, les six navires commencent leur voyage dans l'Atlantique en passant la barre de Sanlúcar[58]. Colomb souhaite découvrir des terres au sud des Antilles, c'est pourquoi il descend d'abord jusqu'aux îles du Cap-Vert pour ensuite mettre le cap à l'ouest. Avant cela, au moment où la flotte fait escale à La Gomera (aux îles Canaries), trois navires commandés par Harana, Carjaval et Giovanni Colomb, partent directement ravitailler les colons d'Hispaniola[59].
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+ Territoires visités : Saint-Vincent, Grenade, Trinité, Margarita.
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+ Le 5 août 1498, Colomb atteint pour la première fois le continent américain lui-même, en débarquant sur la côte de l'actuel Venezuela.
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+ Le 31 août, Colomb arrive à Hispaniola. Cela fait deux ans et neuf mois qu'il avait quitté l'île. Il la retrouve en proie à des troubles sévères orchestrés par Francisco Roldan que son frère Bartolomeo, capitaine général et président du Conseil des gouverneurs, a bien du mal à circonscrire.
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+ En août 1500, Francisco de Bobadilla, émissaire des rois, débarque sur l'île et fait jeter les trois frères Colomb au cachot avant de les renvoyer en Espagne après avoir découvert avec horreur sept Espagnols pendus aux potences de la place publique de Saint-Domingue[60]. Fin octobre 1500, enchaîné dans la cale, il débarque à Cadix, humilié et accusé[61].
130
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+ Colomb attend six semaines avant que les souverains le libèrent et l'invitent à les rejoindre à la cour, le réconfortant d'un don de 2 000 ducats[62]. En décembre 1500, il se rend à Grenade avec l'intention de faire réparer l'injustice dont il s'estime victime mais rien ne vient et l'Amiral écrit lettres sur lettres pour appuyer ses revendications. Le 13 septembre 1501, Nicolás de Ovando est nommé gouverneur et magistrat suprême des îles des Indes. Il ne reste alors à Colomb que son titre de vice-roi désormais strictement honorifique et ses privilèges. Il décide donc de repartir en voyage d'exploration pour essayer de trouver plus loin à l'ouest des Caraïbes le passage permettant d'atteindre les riches royaumes de l'Inde, toujours persuadé que Cuba est la province chinoise de Mangi. Le 14 mars 1502, les souverains donnent leur accord, lui donnent des instructions précises et financent l'expédition[63].
132
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133
+ La flotte est composée de quatre caravelles pour cent quarante membres d'équipage dont une importante proportion de mousses : la Capitana, navire amiral, le Santiago, commandé par Bartolomeo Colomb, la Gallega et la Vizcaina[64]. Colomb n'emporte donc aucun ravitaillement pour Hispaniola que ses instructions lui intiment de ne pas aborder, sauf en cas d'extrême nécessité[65].
134
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135
+ Aucun récit exhaustif ne décrit précisément les événements survenus lors de ce quatrième et dernier voyage entamé par Colomb le 11 mai 1502[66]. Il semble en effet que l'Amiral n'ait pas tenu de journal, et seul peut-être son fils Fernando, alors âgé de treize ans, aurait pris sous la dictée des observations de son père, dont quelques traces figurent dans l'histoire qu'il a écrite plus tard. Seule une relation abrégée écrite par Colomb vers les mois de juin/juillet 1503 à destination des rois est parvenue jusqu'à nous[67].
136
+
137
+ Le 15 juin 1502, il accoste au Carbet en Martinique, le 18, il atteint la Dominique et parvient le 24 devant Saint-Domingue[68]. Malgré l'interdiction royale d'aborder à cette île, Colomb a senti l'imminence d'un cyclone et souhaite abriter sa flotte.
138
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139
+ Colomb navigue le long des côtes de l'actuel Costa Rica (île Uvita baptisée alors La Huerta), du Veragua et du Panama jusqu'en juin 1503. Il manque de peu de mourir de la malaria en Jamaïque, où il est secouru par les Indiens.
140
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141
+ Ce sont des bateaux faisant eau de toute part que Colomb fait échouer dans la baie de Santa Gloria et haler sur le rivage de la Jamaïque le 25 juin 1503[69]. Les équipages vont y survivre un an. Un Espagnol, Diego Méndez, et quelques indigènes pagayent en canoë pour obtenir de l'aide de Hispaniola, mais le gouverneur, Nicolás de Ovando, qui déteste Colomb, fait obstruction à tous les efforts de sauvetage. Pendant ce temps, Colomb, dans un effort désespéré pour que les natifs continuent à l'approvisionner, regagne leurs faveurs en prédisant l'éclipse lunaire de mars 1504, à l'aide des tables astronomiques d’Abraham Zacuto[70],[71],[72]. Les secours arrivent finalement à la fin juin 1504.
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+
143
+ Les survivants repartent pour l'Espagne le 12 septembre 1504, et arrivent le 7 novembre dans le port de Sanlúcar de Barrameda[73].
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+ Il reste physiquement très diminué après son retour, souffrant en particulier d'une très invalidante goutte et de problèmes aux yeux, ce qui l'empêche dans un premier temps de se rendre à la cour royale qui s'est installée à Medina del Campo. De Séville, où il s'est installé, il y envoie son fils Ferdinand et son frère Bartolomeo afin qu'ils « s'occupent de ses affaires »[75]. Il reste en contact avec eux par lettres et par l'envoi d'émissaires, dont Amerigo Vespucci. Il travaille à essayer de faire reconnaître ses droits et les richesses qui lui reviennent. Il peut lui-même se rendre à la cour à l'été 1505, à dos de mule, permission temporaire accordée par le roi[76]. Son intervention auprès du souverain Ferdinand n'est pas plus décisive : ayant compris ce qu'impliquait la découverte de ces « Indes », le roi « n'entend nullement restituer à l'Amiral les prérogatives financières et gouvernementales » spécifiées le 30 avril 1493 au retour du premier voyage de Colomb[77].
146
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147
+ Il meurt le 20 mai 1506 à Valladolid entouré de ses fils et de son frère, après avoir établi un testament qui confirme en particulier le majorat établi au profit de son fils aîné Diego. Il ne connaît pas la satisfaction de voir Diego nommé par le roi gouverneur d'Hispaniola en 1508.
148
+
149
+ Comme l'écrit l'historienne Marianne Mahn-Lot : « Il faut abandonner l'image romantique de l'homme de génie mourant méconnu, dans l'oubli et la misère. Jusqu'au bout, l'Amiral gardera des amis fidèles, parmi lesquels d'importants personnages. Et il recevra de grosses sommes sur les revenus des Indes — avec des retards et incomplètement, il est vrai. »[75]
150
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151
+ Christophe Colomb est d'abord enterré dans l'église du couvent Saint-François de Valladolid (es) en gage de gratitude à l'ordre franciscain dans lequel il comptait beaucoup de protecteurs. Puis en 1529 Diego fait transférer les restes de Christophe Colomb dans la chapelle Sainte-Anne du monastère de la Cartuja à Séville où il avait trouvé refuge après son troisième voyage. En 1541[78], conformément aux volontés du défunt, la veuve de Diego obtient de Charles Quint que la dépouille soit transférée dans la cathédrale Notre-Dame de l'Incarnation de la ville de Saint-Domingue. C'est aussi dans ce lieu qu'au fil des années les trois fils de Diego seront inhumés.
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153
+ Le 22 juillet 1795, le traité de Bâle donne à la France l'île de Saint-Domingue en compensation de territoires pyrénéens. Les Espagnols évacuent l'île et les restes de Colomb partent à La Havane, sur l'île de Cuba, restée colonie espagnole.
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+ En 1898, quand Cuba devient indépendante après la guerre hispano-américaine, les restes de Colomb reviennent en Espagne[79] et un tombeau monumental est construit dans la cathédrale de Séville.
156
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157
+ En 1877, on découvre dans la cathédrale de Saint-Domingue un coffret en plomb contenant des restes d'os et portant l'inscription « Varón ilustre y distinguido Cristóbal Colón[80] ». Depuis cette date, les autorités de la République dominicaine affirment que le corps transféré à Cuba n'était pas celui de Colomb. En 1992, les restes découverts en 1877 sont placés dans le phare de Colomb un monument construit pour célébrer le 500e anniversaire de la découverte du Nouveau Monde.
158
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159
+ En 2006, des analyses ADN confirment que le corps de Séville est au moins apparenté à Colomb[81].
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161
+ Persuadés de se trouver sur les terres d'Asie, ils ont essayé d'entrer en contact avec les rois présents sur place. Colomb a en particulier l'objectif de rencontrer le mythique « grand Khan » roi de la Terre (probablement Gengis Khan). Les indigènes sont d'autant mieux traités que Colomb les pense proche de ce souverain. Au fur et à mesure des voyages, les espagnols prirent conscience qu'ils étaient mieux armés que les autochtones et que ces derniers ne connaissaient pas le nom des souverains. Ils ont attribué cette ignorance aux lacunes culturelles des indiens et ont rapidement pris conscience de la facilité de la conquête de ce nouveau territoire. C'est ce que reflètent les correspondances avec leurs monarques[réf. souhaitée].
162
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163
+ Colomb et son équipage se comportaient avec les idées de cette fin de Moyen Âge. Non seulement les marins sont issus des couronnes d'Aragon et de Castille qui pratiquaient l'esclavage et le servage mais devant la difficulté de recruter des hommes pour une telle expéditions, avec l'accord de la monarchie, 4 marins du premier voyage avaient été sortis de prison où l'un d'entre-eux purgeait une peine pour meurtre. Les relations entre Christophe Colomb et ses hommes avec d'autres peuples étaient régies par des impératifs de conquête et d'évangélisation. D'une façon générale, peu après la découvertes, les relations des marins et des colons espagnols avec les indiens étaient inspirées de l'ordre féodal.
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+ Les conditions de vie pour les colons étaient globalement mauvaise dans les premiers établissements. Quoique Colomb eut prétendu que les indiens ne connaissaient pas les armes, le premier établissement construit, La Navidad, fut retrouvé au retour de Colomb incendié et ses hommes morts. Le 6 Janvier 1494 une première messe fut célébrée dans la première colonie, nommée Isabella en l'honneur de la reine. Celle-ci fit l'objet d'attaques incessantes. On y manquait de tout, on y mourrait beaucoup notamment d'une forme virulente de la variole. Cette forme alors inconnue en Europe fut probablement ramenée des Caraïbes par les colons. Le sort des indiens n'était guère enviable, ils étaient exploités et leurs femmes étaient enlevées.
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+ Après avoir établi sept colonies Colomb décréta que tout Indien de plus de quatorze ans devait fournir une certaine quantité d'or tous les trois mois. Ceux qui n'y parvenaient pas avaient les mains coupés. Il institua par la suite l'esclavage. Colomb est à l'origine du principe juridique de l’encomienda puis du repartimiento tous deux inspirés du droit féodal et qui se généralisèrent dans toute la Nouvelle-Espagne. Afin de satisfaire aux exigences royales de rentabilité de son expédition, Colomb mit au point, « sans disposer d'un cadre juridique véritablement préétabli », un système qui devait permettre de substituer au versement du tribut imposé aux Indiens (dont le versement était aléatoire), une exploitation directe des populations indigènes et des ressources locales[82]. Denis Crouzet précise que, si les « violences internes à la communauté des colons » s'en trouvèrent apaisées, les Indiens quant à eux furent plus directement exposés aux mauvais traitements et cela fut sans nul doute un « facteur d'aggravation du collapsus démographique » observé dans l'île[83]. La population d'Hispaniola s'effondre durant la catastrophe démographique amérindienne[60],[84].
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+ Le régime mis en place par Christophe Colomb est plusieurs fois décrit par ses contemporains comme violent, avec un recours à la torture tant contre ses hommes que contre les indigènes. Colomb et ses frères furent aussi accusés d'incompétence pour la direction de ces nouvelles terres essentiellement par des ennemis de Colomb, et notamment de Francisco de Bobadilla qui obtint de la Reine le poste de gouverneur d'Hispaniola à la place de Colomb en 1499 alors que les frères de Colomb étaient condamnés à de la prison. Même s'il est probable que Francisco de Bobadilla ait noirci le tableau pour mieux évincer Colomb et ses frères, plusieurs historiens conviennent que leur régime était probablement tyrannique[85],[86].
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171
+ Le traité de Tordesillas de 1494 partageait les terres découvrir entre l'Espagne et le Portugal et interdisait à l'Espagne le commerce avec l’Afrique attribuée au Portugal[87],[88]. En 1495, de retour de son second voyage, Colomb envoya 550 Indiens, enchaînés à Séville afin de les vendre comme esclaves. Deux cents d'entre eux moururent au cours de la traversée[60]. La reine Isabelle laissa alors entendre au marin qu'elle ne tolérerait pas la mise en esclavage des indiens puis formalisa cette exigence par une Provision Royale à Séville le 20 Juin 1500 et qui ordonnait la remise en liberté et le retour chez eux des esclaves indiens ramenés par Colomb. Six ans après le décès de Christophe Colomb, la monarchie Espagnole promulga les Lois de Burgos en 1512 afin de protéger les autochtones. Ces lois restèrent sans effet, la distance empêchant tout contrôle de leur mise en œuvre. Une bulle papale de 1537 condamna l'esclavage dans les colonies espagnols, obligeant l'Espagne à promulguer en 1542 les Leyes Nuevas, mieux appliquées.
172
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173
+ Si ces dernières étaient muettes quant aux noirs, elles interdisaient l'esclavage et faisaient des amérindiens des hommes libres. Elle eurent une influence importante sur la démographie de l'Amérique hispanophone en favorisant un métissage à très grande échelle et un peuplement rapide des territoires sous domination espagnole par des populations métissées hispanophones (à l'exception des régions andines du Pérou, d'Équateur et de Bolivie où les populations amérindiennes conservèrent un développement séparé plus longtemps) et assirent l'autorité de la couronne chez les amérindiens contre le colons. En favorisant le peuplement et en interdisant l'esclavage des amérindiens, elles ont limité l'arrivée d'esclaves noirs, à quelques exceptions près comme le sud du Venezuela et le nord de la Colombie.
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+ L'entreprise maritime de Colomb est avant tout une affaire commerciale, mais de ce point de vue les découvertes de l'Amiral et de ses hommes ont déçu les espoirs placés en elles. Que ce soit pour les épices ou pour l'or, les bénéfices rapides et importants qui étaient escomptés n'ont pas été au rendez-vous, au moins du vivant de Colomb.
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+ Les historiens dressent le portrait d'un marin hors pair, « un des meilleurs navigateurs de tous les temps »[89], ou même « le plus grand marin de tous les temps »[90], mais « piètre politicien »[91]. Les biographes de Colomb, en particulier au XIXe siècle, ont souvent tenté d'expliquer le succès de son entreprise maritime par l'emploi de techniques nouvelles en matière de navigation, évoquant entre autres la boussole, le gouvernail d'étambot et la caravelle[92]. Si Colomb a choisi la caravelle comme navire — type de navire déjà utilisé par les Portugais depuis le début du XVe siècle dans leurs explorations de la côté africaine — c'est en raison de son coût d'armement relativement faible et de son faible tirant d'eau qui permet d'approcher des côtes sans risquer d'échouer[93].
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+ Si Colomb est le premier Européen connu à avoir accosté sur des terres rattachées aujourd'hui à l'Amérique, il n'eut aucune idée de l'étendue du continent américain qui s'interposait entre les îles qu'il avait découvertes et les Indes qu'il s'était proposé de rallier. Amerigo Vespucci est le premier navigateur à affirmer avoir découvert un Nouveau Monde qui n'est pas les Indes. Sa découverte est reconnue par les cartographes du Gymnase vosgien, qui publient en 1507 Universalis Cosmographia (aujourd'hui connu sous le nom de planisphère de Waldseemüller), où le nom America figure pour la première fois.
180
+
181
+ De la propre main de Colomb, n'ont été identifiés et recensés que peu de documents : des lettres, des quittances, des annotations dans des ouvrages de sa bibliothèque et des signatures. Tous les autres textes, dont le journal du premier voyage, ne sont que des copies dont le texte n'est pas sûr[94]. Ces différents textes et documents ont tous été traduits en français[95].
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+ Il existe cependant un curieux Livre des prophéties, qui est un recueil de prophéties concernant la découverte du Nouveau Monde, écrit par Colomb vers la fin de sa vie[96].
184
+
185
+ Notre connaissance de Colomb, homme de savoir, de livres et de cabinet d'étude, s'appuie aussi sur quatre livres qui lui ont appartenu et qui ont été conservés. Ces livres ne recèlent pas moins de 2 000 annotations portées en marge[97].
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+
187
+ Les premiers historiens contemporains de Colomb ne se sont pas attardés à le décrire de manière précise. Andrès Bernaldez l'évoque dans son Historia de los Reyes Catolicos, en donnant « une image à la fois édifiante et dramatique […] intéressante certes, mais brossée à très grands traits, sans beaucoup de nuances »[98].
188
+
189
+ Parmi ceux qui ont vécu aux côtés de l'Amiral on recense les livres de Bartolomé de Las Casas, Fernand Colomb et Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés. C'est sur ces publications du XVIe siècle que se sont appuyés en premier lieu tous les travaux historiques postérieurs et c'est grâce à eux qu'il est possible aujourd'hui de reconstituer ce qu'ont été les voyages et expéditions de Colomb.
190
+
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+ Pierre Martyr d'Anghiera, humaniste de l'Italie du Nord, a livré dans son Orbo Novo dès 1494 le premier témoignage de la découverte[99].
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195
+ Il est acquis que Colomb n'a pas été le premier Européen à voyager aux Amériques. Les Vikings ont construit des installations permanentes au Groenland et dans le nord du Canada contemporain entre le Xe et le XIIIe siècle, dans la temporaire Colonisation viking des Amériques.
196
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+ Par ailleurs il existe des indices sérieux sur un précédent voyage vers le Groenland et le Labrador mené par le Portugais João Vaz Corte-Real pour le compte de la couronne du Danemark en 1472-1474, soit environ 20 ans avant Colomb et qui lui permet de localiser une île qu'il nomme Bacalao. Il s'agit peut être de la même expédition que celle menée par Jean Scolvus[100].
198
+
199
+ Cependant, pour des raisons différentes, ces expéditions sont restées confidentielles. Les Vikings ont interrompu leur colonisation, le voyage organisé par le Portugal est resté confidentiel pour éviter la convoitise des autres pays Européens. Le voyage de Colomb a eu une grande publicité et a entraîné l'exploration systématique puis la colonisation des Amériques. Il entraîne des bouleversements dans les routes commerciales avec la notamment la réduction des routes commerciales vers l'Asie via le Moyen Orient : son impact est planétaire.
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+
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+ Dans la bande-dessinée uchronique Jour J, la Reconquista n'a pas eu lieu, les Maures sont maîtres de la péninsule Ibérique. N'ayant obtenu la confiance du Conseil du roi de France, il se convertit à l'islam pour augmenter les chances d'obtenir la confiance des dirigeants musulmans de la péninsule Ibérique. Christophe Colomb découvre donc l'Amérique et en prend possession au nom d'Allah et de l'émir de Cordoue.
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+ Le Christ Rédempteur (en portugais : O Cristo Redentor) est une grande statue du Christ dominant la ville de Rio de Janeiro au Brésil, du haut du mont du Corcovado.
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+ Elle est devenue au fil des ans un des emblèmes reconnus internationalement de la ville, au même titre que le Pain de Sucre, la plage de Copacabana ou le carnaval de Rio.
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+ Elle fut conçue par l'ingénieur brésilien Heitor da Silva Costa et réalisée par le sculpteur français Paul Landowski et le sculpteur roumain Gheorghe Leonida (pour la tête du Christ)[1] et érigée en collaboration avec l'ingénieur français Albert Caquot.
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+ Classé monument historique depuis 1973, le Christ du Corcovado est l'un des endroits touristiques les plus fréquentés de Rio avec 750 000 visiteurs par an[2].
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+ Établie au cœur du parc national de la forêt de Tijuca, à une altitude de 710 mètres, la statue mesure 38 mètres de haut (dont 30 pour le Christ et 8 pour le piédestal, qui occupe une aire de 100 m2). Sa masse est de 1 145 tonnes[3], la masse approximative de la tête est de 30 tonnes et celle de chaque main de 8 tonnes. La tête mesure 3,75 m, chaque main 3,20 m, la largeur de la tunique est de 8,50 m. L'envergure entre les deux mains est de 28 mètres.
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+ Ces dimensions font d'elle l'une des plus grandes statues du Christ au monde. Seuls le Christ de la Concorde à Cochabamba en Bolivie (40,44 m dont 34,20 pour le personnage)[4], la statue du Christ Roi à Świebodzin en Pologne(52,5 m / 33 m) et le Christ de Vung Tàu au Viêt Nam (36 m / 32 m) sont plus grands.
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+ À la base du Christ Rédempteur se trouve une chapelle dédiée à Nossa Senhora Aparecida, où sont célébrés mariages et baptêmes[5].
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+ La construction a commencé en 1926 et s'est terminée en 1931. Elle a duré 5 ans.
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+ La vue qu'offre le site exerça une fascination sur les premiers colons portugais, qui le baptisèrent mont Pináculo da Tentação (Pinacle de la Tentation) au XVIe siècle, avant de le rebaptiser Corcovado (« Bossu » en portugais) un siècle plus tard. La route qui mène à son sommet est construite en 1824. La ligne de chemin de fer du Corcovado, au départ de la gare de Cosme Velho, est quant à elle inaugurée le 9 octobre 1884 par l'empereur Pierre II du Brésil. Longue de 3 824 mètres[6], elle est la première du pays à être construite à des fins exclusivement touristiques[7]. Le train, plus ancien que la statue elle-même, transportera pendant les cinq années de travaux les pièces nécessaires à sa construction[6]. En 1910, la ligne est la première du Brésil à être électrifiée[6], et les anciens trains à vapeur sont remplacés par des machines électriques[5].
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+ Le Corcovado avant la construction du Christ Rédempteur
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+ Le train du Corcovado
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+ Chemin de fer du Corcovado, vu du train
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'idée de construire un monument religieux au sommet du Corcovado est suggérée une première fois en 1859 par le père lazariste Pedro Maria Boss. À son arrivée à Rio, il est séduit par l'endroit et demande à la princesse héritière Isabelle du Brésil de lui octroyer les moyens nécessaires à la mise en œuvre de son projet, mais son dessein, bien qu'en accord avec la monarchie d'alors, reste sans suite.
30
+
31
+ Il faudra attendre 1921 pour que l'idée soit reprise, dans le cadre des commémorations du centenaire de l'Indépendance du Brésil l'année suivante. L'Église souhaite à cette occasion réaffirmer son influence dans le pays. La première idée est de réaliser une statue du Christ en bronze, et de l'exposer au sommet du mont du Pain de Sucre. L'assemblée chargée de discuter du projet émet des doutes et fait d'autres propositions, notamment en proposant deux autres endroits possibles : le mont de Santo Antônio et le Corcovado. Ce dernier est finalement choisi, en raison de sa plus grande élévation[5].
32
+
33
+ Le projet sélectionné en 1923 après concours est celui de l'ingénieur brésilien Heitor da Silva Costa. Il se rend en Europe afin d'exécuter la maquette définitive et d'étudier les problèmes liés à la construction. Il y rencontre le sculpteur français Paul Landowski, d'origine polonaise par son père, à qui il confie la réalisation du projet[8]. Entre-temps, une campagne de collecte de fonds est menée, essentiellement auprès de donateurs catholiques, mais les dons tardent à arriver. Par ailleurs, la maquette fait l'objet de diverses modifications, expliquant un certain retard pris dans les travaux[5].
34
+
35
+ La première pierre est en effet posée le 4 avril 1922, mais les travaux ne débutent réellement qu'en 1926. En 1928, une commission technique examine le projet. L'armature métallique est remplacée par une structure en béton armé réalisée par l'ingénieur français Albert Caquot et la statue est redessinée pour prendre la forme d'une croix. Plusieurs matériaux sont envisagés pour le revêtement, avant que le choix ne se porte sur la stéatite, roche tendre mais très résistante et qui ne se fissure pas sous l'effet des variations de température[5].
36
+
37
+ La cérémonie d'inauguration a finalement lieu le 12 octobre 1931, en présence du cardinal Dom Sebastião Leme et du chef du gouvernement provisoire, Getúlio Vargas. À l'initiative du journaliste Francisco de Assis Chateaubriand, le scientifique italien Guglielmo Marconi est invité à procéder à la première illumination du monument depuis Naples en Italie, d'où il émet un signal électrique vers une station de réception à Dorchester en Angleterre, qui le redirige vers une antenne située dans le quartier Jacarepaguá de Rio. Le mauvais temps empêche la manœuvre, et l'illumination est déclenchée localement, sans entamer le brio de la cérémonie[5]. Le système d'éclairage sera remplacé deux fois par la suite, en 1932 puis en 2000.
38
+
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+ Le discours de consécration du monument, prononcé par le cardinal Dom Sebastião Leme, ne laisse pas de doute sur les objectifs d'un tel monument : évangélisation et reprise du pouvoir de l'Église dans un État républicain. « Que cette image sacrée soit le symbole de votre lieu de vie, de votre protection, de votre prédilection, de votre bénédiction qui rayonne sur le Brésil et les Brésiliens ». Ce jour-là, l'épiscopat brésilien et plus de cinq cents prêtres demandent la béatification du petit Français Guy de Fontgalland[9], mort en 1925 à l'âge de onze ans.
40
+
41
+ Le monument fait l'objet d'un certain mécontentement de la part d'autres organisations religieuses, notamment protestantes, dès 1923. Mais au fil du temps, il finit par faire l'unanimité, représentant moins un symbole religieux qu'une icône de la ville[5].
42
+
43
+ Passé sous la responsabilité de l'Institut du Patrimoine Historique et Artistique National en 1937, le monument subit des travaux en 1980 à l'occasion de la visite du pape Jean-Paul II, puis de nouveau en 1990. D'autres travaux d'aménagement importants sont réalisés en 2003, avec la mise en service d'un escalier mécanique et d'un ascenseur panoramique, facilitant l'accès au monument[5]. De nouveaux travaux de restauration nécessitant l'installation d'un échafaudage autour de la statue ont été réalisés en 2010.
44
+
45
+ Les droits du Christ Rédempteur (moraux et patrimoniaux) font depuis les années 1950 l'objet d'un litige entre la Mitre Archiépiscopale de Rio de Janeiro (Mitra Arquiepiscopal do Rio de Janeiro) et Paul Landowski, puis ses héritiers[10]. Il se situe sur le domaine public, géré par l'Institut Brésilien de l'Environnement et Ressources Naturelles Renouvelables (Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis).
46
+
47
+ En 1999 le parachutiste et base jumper autrichien Felix Baumgartner a sauté du haut de la statue, réalisant ainsi le saut le plus bas jamais réalisé (38 mètres).
48
+
49
+ Le 7 juillet 2007, ce monument a été choisi comme l'une des sept nouvelles merveilles du monde par plus de cents millions d'internautes, suite d'un vote organisé par la New Seven Wonders Foundation, liée à la New Open World Corporation, et dont les résultats ont été dévoilés à Lisbonne. L'UNESCO a rappelé dans un communiqué qu'elle n'a aucun rapport avec cet événement[11].
50
+
51
+ Le 22 décembre 2009, l'artiste Locative-Art franco-italien Gaspare Di Caro, grâce à sa technique de projection d'image relevée au GPS, donne un visage à la statue du Christ Rédempteur.
52
+
53
+ Le 16 avril 2010, des vandales non identifiés ont souillé la statue de tags et de graffitis. Cet acte qualifié de « crime contre la nation » par Eduardo Paes, le maire de la ville, a suscité un vif émoi parmi les Brésiliens[12].
54
+
55
+ Parallèlement, elle est régulièrement endommagée par la foudre qui la touche en moyenne six fois par an, aussi fait-elle l'objet de fréquentes restaurations[13]. Ainsi le 16 janvier 2014, la moitié du pouce de sa main droite est cassée par la foudre lors d'un orage au cours duquel plus de 40 000 éclairs sont tombés sur Rio[2]. Un câble paratonnerre et d'autres équipements sont pourtant disposés pour éviter ce dommage mais le câble ne s'étend que sur la tête et les bras, s'arrêtant au poignet[14].
56
+
57
+ Vue panoramique depuis le site du Christ Rédempteur
58
+
59
+ Le Christ Rédempteur et le soleil
60
+
61
+ Gros plan du visage
62
+
63
+ Christ la nuit vu de la forêt de Tijuca
64
+
65
+ Christ Rédempteur après restauration.
66
+
67
+ Président des États-Unis Barack Obama, la Première Dame Michelle Obama, et ses filles Sasha et Malia, devant le Christ Rédempteur, 2011
68
+
69
+ Christ Rédempteur en novembre 2016
70
+
71
+ Christ Rédempteur en novembre 2016
72
+
73
+ Christ Rédempteur en alignement avec la lune, mai 2019
74
+
75
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
76
+
77
+ Le monument est le thème principal ou est cité dans les chansons suivantes :
78
+
79
+ Dans le clip du groupe Justice, Civilization, la statue du Christ rédempteur est totalement détruite lors d'un tremblement de terre.
80
+
81
+ Cristo Rei au Portugal
82
+
83
+ Statue du Christ Roi en Pologne
84
+
85
+ Christ des Ozarks aux États-Unis
86
+
87
+ Réplique à Taubaté au Brésil
88
+
89
+ Cristo Luz à Balneário Camboriú au Brésil
90
+
91
+ Cristo Rei à Currais Novos au Brésil
92
+
93
+ Christ de Copoya, à Tuxtla Gutiérrez au Mexique
94
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95
+ Cristo de la Noas à Torreón au Mexique
96
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97
+ Cristo de la Concordia à Cochabamba (Bolivie)
98
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+ Cristo de Yungay, Yungay au Pérou
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+ Cristo del Otero, Palencia en Espagne
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+ Un chromosome (du grec ancien : χρώμα, couleur et σώμα, corps, élément)[1] est un élément microscopique constitué d'une molécule d'ADN et de protéines, les histones et les protéines non-histones. Il porte les gènes, supports de l'information génétique, transmis des cellules mères aux cellules filles lors des divisions cellulaires.
2
+
3
+ Dans les cellules eucaryotes, les chromosomes se trouvent dans le noyau. Dans les cellules procaryotes, qui ne contiennent qu'un seul chromosome circulaire, ce dernier se trouve dans une région du cytoplasme appelée nucléoïde.
4
+
5
+ Entre deux divisions, les molécules d'ADN constituant les différents chromosomes d'une cellule ne sont pas visibles ; ADN, ARN et protéines forment un ensemble non structuré appelé chromatine. L'ADN se condense progressivement au cours de la division cellulaire pour prendre lors de la métaphase une apparence caractéristique en forme de double bâtonnet, lié au centromère en forme de X.
6
+
7
+ L'ensemble des chromosomes est représenté sur un caryotype, ou carte de chromosomes, où les chromosomes sont habituellement présentés par paires, en parallèle avec leur homologue. Le caryotype représente les chromosomes sous leur forme condensée : les chromatides.
8
+
9
+ Dans sa définition commune le chromosome est constitué d'une (ou plusieurs) molécule d'ADN, d'histones et de protéines non-histones, en ne tenant pas compte de son degré de condensation.
10
+
11
+ Dans sa définition la plus scientifiquement rigoureuse, un chromosome correspond à une structure totalement condensée de chromatine. Dans cette définition, le chromosome est seulement présent pendant la mitose, plus précisément pendant la métaphase où il prend le nom de chromosome métaphasique (c'est pendant la métaphase qu'il atteint son degré de condensation maximum), et se trouve en dehors du noyau (car ce dernier n'existe plus). Néanmoins il n'est pas incohérent de parler de chromosome pour les autres phases de la mitose, mais l'on parlera alors de chromosome mitotique au sens large. Le reste du temps (hors mitose), la chromatine est plus ou moins condensée dans le noyau (en euchromatine ou hétérochromatine) et ne forme pas de chromosome (il est sous la forme de pelote de laine, à l'aspect fibreux).
12
+
13
+ Un chromosome peut posséder une, deux ou plusieurs molécules d'ADN (chromatines) en fonction de l'espèce et du cycle cellulaire.
14
+
15
+ Il n'y a toujours qu'une seule molécule d'ADN par chromatide (structure très condensée, en forme de bâton et composé de chromatine) mais, chez l'humain par exemple, en fonction du moment de la mitose le chromosome peut être composé de deux chromatides (donc 2 molécules d'ADN) avant/pendant la métaphase; et d'une seule chromatide (1 molécule d'ADN) après la métaphase. Chez certaines espèces, comme chez les diptères, certains chromosomes sont dits polyténiques et possèdent plusieurs chromatides (jusqu'à 1 024).
16
+
17
+ Après la réplication de l'ADN pendant l'interphase du cycle cellulaire, les chromosomes sont composés de deux chromatides identiques, attachées au niveau du centromère. Chaque chromatide est formée d'une molécule d'ADN (le nucléofilament) associée à des protéines, les histones, autour desquelles elle s'enroule pour former des nucléosomes. Aux extrémités de chaque chromatide se trouvent les télomères, constitués de séquences répétitives d'ADN, qui assurent une protection des terminaisons chromosomiques. Les télomères et le centromère ne codent pas d'information génétique, il s'agit d'ADN non codant.
18
+
19
+ En microscopie optique, on distingue sur les chromosomes des régions condensées, formées d'hétérochromatine, et des régions décondensées, formées d'euchromatine. Les gènes exprimés se localisent principalement au niveau de l'euchromatine.
20
+
21
+ Les bactéries et les Archaea possèdent en général un unique chromosome circulaire appelé chromoïde. Cependant, chez quelques espèces, comme la bactérie Borrelia burgdorferi, le chromosome est linéaire. Il existe également quelques bactéries, comme Rhodobacter sphaeroides, qui possèdent deux chromosomes[2]. Les bactéries contiennent également de l'ADN sous forme de plasmides, éléments génétiques non chromosomiques, non-essentiels à la survie de la cellule.
22
+
23
+ Les eucaryotes possèdent de multiples chromosomes linéaires contenus dans le noyau cellulaire. Chaque chromosome a son propre centromère, avec un ou deux bras se projetant à partir de celui-ci. Lors de la mitose et de la méiose, le centromère permet l'assemblage du kinétochore qui lie les chromosomes aux microtubules, permettant ainsi leurs déplacements et leur répartition entre les deux cellules filles. Les extrémités des chromosomes sont des structures spéciales appelées télomères. Ces extrémités raccourcissent à chaque réplication car l'ADN polymérase a besoin d'une amorce pour commencer la réplication. Une enzyme, la télomérase, permet dans certains cas de rétablir la longueur des télomères. La réplication de l'ADN commence à divers endroits du chromosome.
24
+
25
+ Les gamètes (cellules sexuelles) ne possèdent qu'un seul exemplaire de chaque chromosome, tandis que les autres cellules de l'organisme, dites cellules somatiques, possèdent deux exemplaires de chaque.
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+ Les chromosomes eucaryotes peuvent être distingués selon la position de leur centromère :
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+
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+ Chaque cellule somatique humaine possède 22 paires de chromosomes homologues (également appelés autosomes), numérotés de 1 à 22, et une paire de chromosomes sexuels (également appelés hétérochromosomes ou gonosomes), soit un total de 23 paires.
30
+
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+ Le sexe d'un individu est déterminé par le système XY : les femmes possèdent deux chromosomes X (XX) tandis que les hommes possèdent un chromosome X et un chromosome Y (XY). Les deux chromosomes X de la femme sont homologues, mais le chromosome Y n'est homologue au chromosome X que pour une petite partie (région pseudo-autosomique).
32
+
33
+ Le projet du génome humain visait à la seule détermination de la portion euchromatique du génome. Les télomères, centromères et autres régions hétérochromatiques n'ont pas encore été déterminées, ainsi d'ailleurs qu'un petit nombre de lacunes non clonables.
34
+
35
+ Le nombre et la forme des chromosomes (caryotype) sont en général les mêmes pour tous les individus d'une espèce donnée (mais il peut exister une variabilité interne). Le nombre de chromosomes est très variable d'une espèce à l'autre.
36
+
37
+ Chez les animaux, il varie de 2 pour la fourmi australienne Myrmecia pilosula à environ 440 pour le papillon marocain Azuré de l'Atlas. Le mammifère le mieux doté est le Rat-viscache roux d'Argentine avec 102 chromosomes.
38
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+ Le record absolu revient à une fougère, Ophioglossum reticulatum, qui compte 1 440 chromosomes. Chez les phanérogames (plantes à graines), le plus grand nombre de chromosomes est attribué au mûrier noir avec 308 chromosomes.
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+ Deux types de chromatine peuvent être distingués :
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+ Pour déterminer le nombre (diploïde) de chromosomes d'un organisme, des cellules peuvent être bloquées en métaphase in vitro (dans un tube à essai) avec de la colchicine. Ces cellules sont ensuite teintes (le nom « chromosome » fait référence au fait que l'on peut les colorer), photographiées et arrangées en un caryotype (un ensemble ordonné de chromosomes) également nommé « caryogramme ». Comme beaucoup d'espèces à reproduction sexuée, les humains ont des gonosomes (des chromosomes sexuels, par opposition aux autosomes). Ils sont XX chez les femelles et XY chez les mâles. Chez les femelles, l'un des deux chromosomes X est inactif et peut être vu au microscope comme un corpuscule de Barr.
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+ Les anomalies soit du nombre, soit de la structure des chromosomes sont appelées aberrations chromosomiques. Elles peuvent être détectées avant la naissance par l'analyse du caryotype de cellules fœtales obtenues par ponction de trophoblaste ou par amniocentèse. La présence d'un chromosome surnuméraire constitue une trisomie, tandis qu'un chromosome manquant dans une paire réalise une monosomie. Certaines maladies résultent d'une anomalie du nombre des chromosomes sexuels, comme le syndrome de Turner, où il manque un chromosome X (XO), ou le syndrome de Klinefelter, où l'on observe un chromosome X en trop chez un garçon.
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+ Les altérations des chromosomes sont :
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+ Un chromosome (du grec ancien : χρώμα, couleur et σώμα, corps, élément)[1] est un élément microscopique constitué d'une molécule d'ADN et de protéines, les histones et les protéines non-histones. Il porte les gènes, supports de l'information génétique, transmis des cellules mères aux cellules filles lors des divisions cellulaires.
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+ Dans les cellules eucaryotes, les chromosomes se trouvent dans le noyau. Dans les cellules procaryotes, qui ne contiennent qu'un seul chromosome circulaire, ce dernier se trouve dans une région du cytoplasme appelée nucléoïde.
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+ Entre deux divisions, les molécules d'ADN constituant les différents chromosomes d'une cellule ne sont pas visibles ; ADN, ARN et protéines forment un ensemble non structuré appelé chromatine. L'ADN se condense progressivement au cours de la division cellulaire pour prendre lors de la métaphase une apparence caractéristique en forme de double bâtonnet, lié au centromère en forme de X.
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+ L'ensemble des chromosomes est représenté sur un caryotype, ou carte de chromosomes, où les chromosomes sont habituellement présentés par paires, en parallèle avec leur homologue. Le caryotype représente les chromosomes sous leur forme condensée : les chromatides.
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+ Dans sa définition commune le chromosome est constitué d'une (ou plusieurs) molécule d'ADN, d'histones et de protéines non-histones, en ne tenant pas compte de son degré de condensation.
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+ Dans sa définition la plus scientifiquement rigoureuse, un chromosome correspond à une structure totalement condensée de chromatine. Dans cette définition, le chromosome est seulement présent pendant la mitose, plus précisément pendant la métaphase où il prend le nom de chromosome métaphasique (c'est pendant la métaphase qu'il atteint son degré de condensation maximum), et se trouve en dehors du noyau (car ce dernier n'existe plus). Néanmoins il n'est pas incohérent de parler de chromosome pour les autres phases de la mitose, mais l'on parlera alors de chromosome mitotique au sens large. Le reste du temps (hors mitose), la chromatine est plus ou moins condensée dans le noyau (en euchromatine ou hétérochromatine) et ne forme pas de chromosome (il est sous la forme de pelote de laine, à l'aspect fibreux).
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+
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+ Un chromosome peut posséder une, deux ou plusieurs molécules d'ADN (chromatines) en fonction de l'espèce et du cycle cellulaire.
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+
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+ Il n'y a toujours qu'une seule molécule d'ADN par chromatide (structure très condensée, en forme de bâton et composé de chromatine) mais, chez l'humain par exemple, en fonction du moment de la mitose le chromosome peut être composé de deux chromatides (donc 2 molécules d'ADN) avant/pendant la métaphase; et d'une seule chromatide (1 molécule d'ADN) après la métaphase. Chez certaines espèces, comme chez les diptères, certains chromosomes sont dits polyténiques et possèdent plusieurs chromatides (jusqu'à 1 024).
16
+
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+ Après la réplication de l'ADN pendant l'interphase du cycle cellulaire, les chromosomes sont composés de deux chromatides identiques, attachées au niveau du centromère. Chaque chromatide est formée d'une molécule d'ADN (le nucléofilament) associée à des protéines, les histones, autour desquelles elle s'enroule pour former des nucléosomes. Aux extrémités de chaque chromatide se trouvent les télomères, constitués de séquences répétitives d'ADN, qui assurent une protection des terminaisons chromosomiques. Les télomères et le centromère ne codent pas d'information génétique, il s'agit d'ADN non codant.
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+
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+ En microscopie optique, on distingue sur les chromosomes des régions condensées, formées d'hétérochromatine, et des régions décondensées, formées d'euchromatine. Les gènes exprimés se localisent principalement au niveau de l'euchromatine.
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+
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+ Les bactéries et les Archaea possèdent en général un unique chromosome circulaire appelé chromoïde. Cependant, chez quelques espèces, comme la bactérie Borrelia burgdorferi, le chromosome est linéaire. Il existe également quelques bactéries, comme Rhodobacter sphaeroides, qui possèdent deux chromosomes[2]. Les bactéries contiennent également de l'ADN sous forme de plasmides, éléments génétiques non chromosomiques, non-essentiels à la survie de la cellule.
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+
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+ Les eucaryotes possèdent de multiples chromosomes linéaires contenus dans le noyau cellulaire. Chaque chromosome a son propre centromère, avec un ou deux bras se projetant à partir de celui-ci. Lors de la mitose et de la méiose, le centromère permet l'assemblage du kinétochore qui lie les chromosomes aux microtubules, permettant ainsi leurs déplacements et leur répartition entre les deux cellules filles. Les extrémités des chromosomes sont des structures spéciales appelées télomères. Ces extrémités raccourcissent à chaque réplication car l'ADN polymérase a besoin d'une amorce pour commencer la réplication. Une enzyme, la télomérase, permet dans certains cas de rétablir la longueur des télomères. La réplication de l'ADN commence à divers endroits du chromosome.
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+ Les gamètes (cellules sexuelles) ne possèdent qu'un seul exemplaire de chaque chromosome, tandis que les autres cellules de l'organisme, dites cellules somatiques, possèdent deux exemplaires de chaque.
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+ Les chromosomes eucaryotes peuvent être distingués selon la position de leur centromère :
28
+
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+ Chaque cellule somatique humaine possède 22 paires de chromosomes homologues (également appelés autosomes), numérotés de 1 à 22, et une paire de chromosomes sexuels (également appelés hétérochromosomes ou gonosomes), soit un total de 23 paires.
30
+
31
+ Le sexe d'un individu est déterminé par le système XY : les femmes possèdent deux chromosomes X (XX) tandis que les hommes possèdent un chromosome X et un chromosome Y (XY). Les deux chromosomes X de la femme sont homologues, mais le chromosome Y n'est homologue au chromosome X que pour une petite partie (région pseudo-autosomique).
32
+
33
+ Le projet du génome humain visait à la seule détermination de la portion euchromatique du génome. Les télomères, centromères et autres régions hétérochromatiques n'ont pas encore été déterminées, ainsi d'ailleurs qu'un petit nombre de lacunes non clonables.
34
+
35
+ Le nombre et la forme des chromosomes (caryotype) sont en général les mêmes pour tous les individus d'une espèce donnée (mais il peut exister une variabilité interne). Le nombre de chromosomes est très variable d'une espèce à l'autre.
36
+
37
+ Chez les animaux, il varie de 2 pour la fourmi australienne Myrmecia pilosula à environ 440 pour le papillon marocain Azuré de l'Atlas. Le mammifère le mieux doté est le Rat-viscache roux d'Argentine avec 102 chromosomes.
38
+
39
+ Le record absolu revient à une fougère, Ophioglossum reticulatum, qui compte 1 440 chromosomes. Chez les phanérogames (plantes à graines), le plus grand nombre de chromosomes est attribué au mûrier noir avec 308 chromosomes.
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+
41
+ Deux types de chromatine peuvent être distingués :
42
+
43
+ Pour déterminer le nombre (diploïde) de chromosomes d'un organisme, des cellules peuvent être bloquées en métaphase in vitro (dans un tube à essai) avec de la colchicine. Ces cellules sont ensuite teintes (le nom « chromosome » fait référence au fait que l'on peut les colorer), photographiées et arrangées en un caryotype (un ensemble ordonné de chromosomes) également nommé « caryogramme ». Comme beaucoup d'espèces à reproduction sexuée, les humains ont des gonosomes (des chromosomes sexuels, par opposition aux autosomes). Ils sont XX chez les femelles et XY chez les mâles. Chez les femelles, l'un des deux chromosomes X est inactif et peut être vu au microscope comme un corpuscule de Barr.
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+ Les anomalies soit du nombre, soit de la structure des chromosomes sont appelées aberrations chromosomiques. Elles peuvent être détectées avant la naissance par l'analyse du caryotype de cellules fœtales obtenues par ponction de trophoblaste ou par amniocentèse. La présence d'un chromosome surnuméraire constitue une trisomie, tandis qu'un chromosome manquant dans une paire réalise une monosomie. Certaines maladies résultent d'une anomalie du nombre des chromosomes sexuels, comme le syndrome de Turner, où il manque un chromosome X (XO), ou le syndrome de Klinefelter, où l'on observe un chromosome X en trop chez un garçon.
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+ Les altérations des chromosomes sont :
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+ Mise en garde médicale
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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+ L'albinisme est une anomalie génétique et héréditaire qui affecte la pigmentation et se caractérise par un déficit de production de mélanine. Elle fait partie du groupe des photo-génodermatoses, affections génétiques de la peau aggravées par la lumière solaire.
6
+
7
+ Elle touche les mammifères, dont les humains. Mais aussi les oiseaux, les poissons, les amphibiens et les reptiles, qui sont dits albinos. Ce déficit peut aller jusqu'à l'absence totale de pigment mélanique dans l'iris et les téguments (épiderme, poils et cheveux, plumes), malgré la présence normale en nombre de cellules pigmentaires ou mélanocytes.
8
+
9
+ Chez l'être humain, quelle que soit l'origine ethnique du sujet, le teint de la peau est blanc cireux ou légèrement rosé. Les cheveux sont blancs, comme les poils, sourcils et cils.
10
+
11
+ Les personnes atteintes d'albinisme sont particulièrement sensibles à la lumière (photophobie), et aux effets ultraviolets et ont de ce fait un risque plus élevé de brûlures, voire de cancer de la peau quand elles s'exposent au soleil. Les manifestations oculaires et cutanées peuvent être sévères.
12
+
13
+ La production et la distribution de mélanine étant sous le contrôle de nombreux gènes différents, il existe plusieurs formes cliniques d'albinisme.
14
+
15
+ L'albinisme ne doit pas être confondu avec le leucistisme qui touche tous les pigments et pas seulement la mélanine. Les iris sont colorés et la rétine normalement constituée.
16
+
17
+ L'assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 13 juin « journée internationale de sensibilisation à l'albinisme », pour faire connaître et améliorer le sort des personnes atteintes dans le monde, victimes de préjugés, brimades et agressions[1].
18
+
19
+ Dans le Livre d'Hénoch, on trouve cette description de la naissance de Noé :
20
+
21
+ « Quand l'enfant naquit, son corps était plus blanc que neige et plus rouge qu'une rose, toute sa chevelure était blanche comme de blancs flocons, bouclée et splendide. Et quand il ouvrit les yeux, la maison brilla comme le soleil. »
22
+
23
+ Cette naissance a été interprétée au XXe siècle comme un cas d'albinisme[2], et un ophtalmologue hollandais a même proposé de remplacer le terme « albinisme » par Noach syndrom ou « syndrome de Noé » (Noach en hébreu)[3],[4].
24
+
25
+ Pline l'Ancien dans son Histoire naturelle mentionne l'existence d'un peuple, les leucæthiopes, ou éthiopiens blancs vivant à l'intérieur de l'Afrique (Livre V, chapitre VIII). C'est l'une des sources du mythe d'une nation blanche au sein du continent noir[5], le mythe médiéval du Royaume du prêtre Jean.
26
+
27
+ Au cours de leurs explorations, les Européens distinguent mieux les individus à peau blanche parmi les peuples non blancs. Les appellations sont nombreuses : les Dondos en Afrique, les Bedas à Ceylan. Dans les colonies hollandaises, ils sont appelés Chacrelas, Kacrelas ou Kalerlaques (cancrelat en français) car comme eux, ils fuient la lumière. Les français les appellent « blafards », « nègres blancs » ou « Maures blancs »[5].
28
+
29
+ Aux Amériques, Cortés signale avoir trouvé, dans un palais de Moctezuma, une salle réservée à des enfants et adultes, « blancs de figure, de corps, cheveux, cils et sourcils ». La première description détaillée de l'albinisme est faite par le chirurgien Lionel Wafer au Panama, et publiée dans son Nouveau Voyage autour du monde (1695).
30
+
31
+ En 1660, après avoir vu des Noirs à peau blanche en Éthiopie, le jésuite portugais Balthazar Telles invente, pour son récit de voyage, le terme albinos à partir du terme latin albus (blanc). Le terme sera adopté en français en 1771 dans le Dictionnaire de Trévoux[5].
32
+
33
+ Durant le XVIIIe siècle, l'existence d'albinos parmi les peuples non blancs est un vaste sujet de discussions philosophiques et médicales en Europe. Elles portent sur la couleur de la peau humaine en général et sur l'albinisme en particulier ; elles questionnent aussi l'origine, la diversité et l'unité du genre humain. À tort, la plupart des premiers auteurs qui parlent des albinos les ont rattachés à une nation particulière, voire à une race considérée inférieure.
34
+
35
+ En 1745, Maupertuis dans sa Dissertation physique à l'occasion du nègre blanc, affirme qu'il s'agit d'une affection héréditaire où le père et la mère ont une influence égale sur l'hérédité. Maupertuis est très en avance sur son temps, et restera longtemps isolé. Jean Rostand le verra comme son propre précurseur en génétique[5].
36
+
37
+ En 1765, le chirurgien Le Cat dans son Traité de la couleur de la peau humaine, estime que la couleur de la peau est liée à l'imagination des mères (empreintes par l'image) : les enfants sont d'une couleur parce que les mères voient des enfants de la même couleur. Le blanc étant plus éclatant que le noir, il frappe mieux les mères. Voilà pourquoi, selon lui, les Éthiopiennes donnent plus souvent des enfants blancs que les Européennes des noirs.
38
+
39
+ En 1767, L'abbé Demanet dans sa Nouvelle Histoire de l'Afrique française considère que Noé et ses trois enfants étant blancs, ceux qui ont peuplé l'Afrique sont devenus noirs par le soleil et que les africains pourraient redevenir blancs s'ils restaient en Europe. Le Cat avait rejeté cette thèse par l'existence des albinos, d'autant plus que les Européens demeurant en Afrique gardent leur couleur nationale.
40
+
41
+ Buffon, qui appelait les albinos africains « Nègres-pie », reprend cette hypothèse climatique dans son Histoire Naturelle (suppléments de 1777). Pour lui, les individus albinos sont le résultat d'une transformation accidentelle. Le fait que cette variation se fasse vers le blanc chez les peuples de couleur montre que le blanc pourrait bien être « la couleur primitive de la nature, que le climat, la nourriture et les mœurs altèrent ».
42
+
43
+ Corneille de Pauw, dans ses Recherches philosophiques (1774), explique l'albinisme chez les Noirs par une décoloration du sperme noir des Noirs. Le fait est que le sperme des Noirs est en réalité blanc, ce qui sera rectifié et précisé dans les ouvrages savants de la première moitié du XIXe siècle. Cependant, de Pauw réfute l'idée que l'albinos soit le produit métissé d'une femme et d'un Orang-outan : il n'y a pas d'Orang-outan au Panama, et autres endroits où naissent des albinos.
44
+
45
+ En effet, Linné avait nommé les albinos Homo nocturnus en les regroupant avec les Troglodytes, parce qu'ils voient mieux la nuit. Il les classe entre les hommes et l'Homo sylvestris (« homme des bois » ou Orang-outan).
46
+
47
+ Voltaire considère les albinos comme une espèce nouvelle, une race faible et en petit nombre, au-dessous des nègres et au-dessus des singes[3],[5].
48
+
49
+ Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, il est admis que les albinos ne forment ni un peuple, ni une race, mais une variété accidentelle d'individus. Le commerce des esclaves place les Européens devant une évidence observable : chaque « nègre blanc » nait de deux parents normalement pigmentés[6]. Le fait qu'un albinos naisse de deux parents normaux s'observe aussi dans l'ensemble de la population mondiale.
50
+
51
+ Les médecins vont s'attacher à bien distinguer l'albinisme d'autres dépigmentations congénitales ou acquises ; ainsi qu'à distinguer les formes d'albinismes. À partir des années 1830, l'albinisme est défini comme un « défaut de développement transmissible [de générations en générations ] » par non-sécrétion d'un pigment cutané[5].
52
+
53
+ Les causes de l'albinisme restent obscures, si l'on admet une disposition transmissible, on invoque des facteurs favorisants : émotions, climat, grossesses répétées... En 1832, Isidore Geoffroy Saint Hilaire distingue trois genres d'albinisme : le complet (aujourd'hui oculo-cutané type 1), le partiel (piébaldisme), l'imparfait (oculo-cutané type 2)[5].
54
+
55
+ Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les méthodes statistiques se développent, et l'albinisme européen est pris en compte. Dans les années 1870-1880, on retrouve ainsi une soixantaine de cas dans la région de Palerme (Sicile), une centaine de cas en Norvège, comme en Écosse. En Allemagne, une grande enquête sur la pigmentation des yeux et des cheveux des écoliers est publiée en 1886[6].
56
+
57
+ Les travaux de Mendel ou lois de Mendel ne seront vraiment compris, en ce qui concerne leur interprétation statistique et mathématique, qu'à partir des années 1930 (travaux de Haldane). Le premier tiers du XXe siècle reste donc une période d'incertitude pour la génétique de l'albinisme, et des chercheurs américains espèrent toujours découvrir des groupes d'albinos isolés parmi les amérindiens. Mais ils n'en trouvent nulle part, même au sein d'ethnies où l'albinisme est fréquent ; les albinos et parents d'albinos étant toujours mêlés à la population générale, sans séparation ou ségrégation[6].
58
+
59
+ La presse de l'époque interprète ces travaux comme une recherche d'Amérindiens blancs, pouvant démontrer l'existence d'un peuplement blanc de l'Amérique pré-colombienne. En 1923, Richard Oglesby Marsh (1883-1953), ingénieur et explorateur des îles San Blas, découvre dans la jungle trois jeunes filles blanches à cheveux "dorés", qu'il ramène à Washington où leur albinisme est établi[6]. Marsh publie en 1925, une étude intitulée White Indians of Darien dans le magazine The World's Work (en). Selon Marsh, les albinos du Panama ont des ancêtres norvégiens, les Vikings, qui ont non seulement occupé le Groënland, mais qui auraient aussi atteint l'Amérique[7].
60
+
61
+ Par ailleurs, la thèse de l'existence d'un peuple d'indiens blancs au Panama est réfutée en 1946. Selon P. Froggatt, la légende d'un peuple amérindien blanc serait la résurgence du mythe médiéval européen, d'origine gréco-romaine, d'un peuple blanc indigène situé au-delà des peuples non blancs[6].
62
+
63
+ La pigmentation de la peau en mélanine repose sur deux types de cellules, le mélanocyte, qui synthétise la mélanine et le kératinocyte qui la stocke.
64
+
65
+ Les mélanocytes élaborent la mélanine dans des organites, les mélanosomes, qui sont transférés dans les kératinocytes qui les transportent à la surface de l'épiderme. Chez les personnes à peau noire, les mélanosomes de surface sont isolés mais très denses ; chez les autres, ils s'agrègent mais s'éclaircissent. Dans les deux cas, les kératinocytes et les mélanosomes de surface sont éliminés (exfoliation ou « peaux mortes ») et remplacés par de nouvelles cellules.
66
+
67
+ Les mélanocytes ont pour précurseurs des mélanoblastes, issus d'un même tissu embryonnaire, la crête neurale. Ces mélanoblastes migrent vers leur lieu de destination pour devenir des mélanocytes.
68
+
69
+ Il existe ainsi trois populations de mélanocytes. Les mélanocytes cutanés qui produisent des mélanosomes en permanence, toute la vie ; les mélanocytes de l'œil qui n'en produisent qu'à la fin de la vie fœtale et les premières années de vie ; les mélanocytes pileux qui n'en produisent que par intermittence, lors de la phase de croissance du poil ou du cheveu.
70
+
71
+ Ces processus biologiques sont contrôlés par des gènes dont les variations ou mutations sont susceptibles de produire différents types d'albinisme[8].
72
+
73
+ Plusieurs gènes sont connus pour être responsables de diverses formes d'albinisme lorsqu’ils sont mutés, mais leurs fonctions ne sont pas toujours bien comprises. Il existe plus de soixante gènes qui sont impliqués dans la pigmentation chez la souris, on peut en déduire que l'influence génétique sur la pigmentation mélanique est au moins aussi compliquée chez l'homme[8].
74
+
75
+ Le gène TYR contrôle la production de la tyrosinase, enzyme nécessaire à la synthèse de la mélanine, le gène TYRP influence l'action de la tyrosinase. Le gène P contrôle la production d'une protéine de transport membranaire et sa mutation pourrait gêner l'entrée de la tyrosinase dans les mélanosomes, OA1 encode également une protéine membranaire de mélanosome[9].
76
+
77
+ Les plus connus sont les gènes TYR responsable de la forme 1 de l'albinisme oculocutané (OCA1)[10], forme 2 ou OCA2 (P) responsable de OCA2[11], forme 3 ou TYRP1 responsable de OCA3[12], forme 4 ou SLC45A2 (MATP) responsable de OCA4[13].
78
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79
+ GPR143 (auparavant OA1) est responsable de l'albinisme oculaire lié à l'X (XLOA)[14]. HPS-1 responsable du syndrome de Hermansky-Pudlak et CHS-1 responsable du syndrome de Chediak Higashi.
80
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+ La transmission se fait selon le mode autosomique récessif, en fonction des lois de Mendel.
82
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+ Ces proportions ne se retrouvent que sur de longues séries, les lois du hasard jouant sur les courtes séries.
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+
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+ D'autres formes, plus rares, ont une transmission récessive liée à l'X, ou encore autosomique dominante (rarissime).
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+ L’albinisme est une affection universelle dont l'incidence mondiale, toutes formes confondues, est d'environ 1 cas pour 17 000[15] à 20 000 naissances (0,005 %)[16]. La forme 2 de l’albinisme oculo-cutané est la plus répandue mondialement[9]. On estime qu'une personne sur 70 est porteuse d'un gène d'albinisme oculo-cutané[15].
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+ La répartition de l'albinisme est toutefois très inégale. Dans l'ensemble, l'albinisme est relativement fréquent dans certaines régions d'Afrique, rare en Europe, exceptionnel en Asie et chez les Amérindiens, mais cela peut être contredit au niveau local (existence de communautés plus ou moins isolées, ou endogames).
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+ En France, 4 500 personnes sont atteintes d’albinisme oculo-cutané, 1 200 personnes d’albinisme oculaire. Cette anomalie touche 80 naissances par an toutes formes confondues, mais 2 % de la population est porteuse d’un gène muté soit environ 1,2 million de porteurs. En Europe, 36 000 personnes sont atteintes d'albinisme oculo-cutané, 10 000 personnes d'albinisme oculaire, et 440 naissances toutes formes confondues[17].
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+ La forme 4 est relativement fréquente au Japon[13].
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+ La prévalence de l'albinisme est plus importante dans certaines populations, notamment africaines :
96
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+ L'albinisme est rare aux Amériques, par rapport aux plusieurs milliers d'ethnies amérindiennes recensées. Cependant quelques ethnies (moins d'une vingtaine) présentent les plus fortes fréquences au monde. En Amérique du Nord, ces ethnies se situent dans le sud-ouest, chez les peuples de culture Pueblo et leurs voisins : Zuñis (Nouveau-Mexique) 1 / 240, Hopi (Arizona) 1 / 227, Jemez (Nouveau-Mexique) 1 / 140. En Amérique Centrale, Tule appelés aussi Kuna (Panama) 1 / 143. En Amérique du Sud, Kaigang (sud du Brésil) 1 / 27[19].
98
+
99
+ Il existe de nombreuses hypothèses pouvant expliquer ces très fortes fréquences. Entre autres l'effet fondateur, l'isolement et l'endogamie. Ces ethnies seraient issues d'un petit groupe fondateur comprenant un ou des albinos. Les descendants seraient restés isolés (en village sur mesa pour les peuples Pueblo, en iles d'archipels pour les Kuna) et endogames (conjoints du même village ou de la même ile). Chez les Hopi d'Arizona, on a émis l'hypothèse d'un facteur culturel : les albinos, souffrant au soleil, ne participaient pas aux travaux agricoles. Ils restent donc au village avec les femmes, pendant que les autres hommes sont aux champs, ce qui leur procurerait un avantage sélectif[19].
100
+
101
+ On distingue l’albinisme oculaire (albinisme partiel, moins fréquent) comportant trois formes, qui se manifeste principalement chez les hommes et n'affecte que les yeux, et l’albinisme oculo-cutané (albinisme total) comportant au moins quatre formes, touchant également les femmes et les hommes, qui affecte les yeux, la peau, les poils et les cheveux.
102
+
103
+ En cas d’absence totale ou presque totale de mélanine, les yeux sont rouges ou violacés et les téguments blancs - ou colorés uniquement par d’autres pigments que la mélanine chez certaines espèces animales. En cas de présence de mélanine en quantité diminuée, les iris et les téguments sont plus clairs que chez les autres individus de la même espèce. Les iris sont le plus souvent bleus voire, orange clair ou gris mauve dans les cas les plus sévères où l’œil est visiblement dépigmenté, le reflet rouge de la rétine visible à travers la pupille donnant ces teintes à l'iris.
104
+
105
+ Il existe ainsi différentes formes selon l'intensité de (dé)coloration des cheveux, baptisées autrefois albinisme jaune ou xanthisme (découvert en 1970 chez les Amish), roux (en 1971 en Nouvelle-Guinée), brun (en 1979 au Niger) et platiné (en 1985)[20].
106
+
107
+ Certaines maladies génétiques rares comprennent l’albinisme dans leur syndrome : syndrome de Hermansky-Pudlak, syndrome de Chediak-Higashi, syndrome de Griscelli, par exemple.
108
+
109
+ Il existe donc plus d'une dizaine de formes d'albinisme oculo-cutané, dont la classification est toujours en cours de discussions au début du XXIe siècle.
110
+
111
+ Les albinos ont une vision déficiente et sont facilement sujets à des kératoses et cancers de la peau s'ils ne sont pas protégés du soleil. Leurs yeux sont très sensibles à la lumière, les rendant photophobes. Chez les animaux à plumes ou poils, il n'y a pas de sensibilité accrue à la lumière solaire des téguments, le pelage ou plumage blanc ayant un bon pouvoir de réflexion de la lumière.
112
+
113
+ Le plus souvent, la rétine est déficitaire en récepteurs et pigments, particulièrement au niveau de la fovéa qui n’est pas bien constituée (hypoplasie) ; le nerf optique peut également présenter une hypoplasie et la distribution des fibres nerveuses entre les deux yeux est anormale.
114
+
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+ Cette mauvaise vision chez les albinos n’est pas due seulement à une absence de pigments qui empêcherait la formation d’une chambre noire comme dans un œil normal.
116
+
117
+ L’histologie montre une rétine atypique, contenant environ 30 % de bâtonnets de moins qu'une rétine normale[21] et une fovéa anormalement pauvre en cônes. Les cellules réceptrices cônes et bâtonnets se trouvent en contact avec l’EPR, épithélium pigmentaire de la rétinea rétine qui est un tissu neural. Au cours de l’embryogenèse, l’absence de pigment perturbe leur développement, ce qui cause une mauvaise acuité visuelle.
118
+
119
+ De plus, le développement du système nerveux visuel lors de la phase fœtale est anormal, entraînant une anomalie du croisement des axones au niveau du chiasma optique. Les projections des deux hémirétines de chaque œil se recouvrent peu, ce qui entraîne une mauvaise vision binoculaire et souvent un strabisme. Les personnes albinos naissent donc malvoyantes.
120
+
121
+ Les personnes atteintes d'albinisme présentent toutes un nystagmus plus ou moins important. Celui-ci apparaît dans les premiers mois de la vie. C'est son apparition qui conduit à consulter un ophtalmologiste qui fera le diagnostic d'albinisme.
122
+
123
+ L'albinisme est la cause de 25 % des nystagmus sensoriels et doit donc être suspecté en premier (avec l'achromatopsie) dès l'apparition d'un nystagmus chez un enfant de quelques mois.
124
+
125
+ L'acuité visuelle est rarement supérieure à 2/10 avec le plus souvent une myopie ou un astigmatisme sévère associé. L'albinisme serait la cause de 5 à 10 % des malvoyances dans le monde[22].
126
+
127
+ Les animaux albinos sont le plus souvent blancs avec des yeux rouges, roses ou même très clairs (vu que le sang sous la peau est visible en transparence), mais une coloration due à d’autres pigments (porphyrine, ptéridine, psittacine etc) peut exister. L’animal peut ainsi aussi apparaître rose (circulation sanguine), jaune ou brunâtre (kératine), ou être coloré par des pigments provenant de l’alimentation.
128
+
129
+ Dans certains environnements, l’animal albinos est désavantagé par la perte du pouvoir camouflant de la mélanine[23],[24], mais certains prédateurs semblent plus attirés par les animaux normalement colorés, vu qu'ils ont plus l'habitude de chasser ces derniers[25]. La lumière et les rayons UV du soleil sont une des contraintes principales auquel les albinos doivent faire face, car la mélanine, faite pour protéger la peau en la rendant foncée, n'étant plus produite, les individus sont sujettes au cancer de la peau ou oculaire qui peut résulter suite à une trop longue prolongation sous les rayons UV. Cependant, les mammifères et les oiseaux sont grandement moins touchés que chez les autres familles d'animaux, vu que leurs fourrures et plumages leur permettent une protection contre les rayons UV, d'autan plus que la couleur blanche réfléchie mieux la lumière que les autres couleurs. Les espèces habitant à longueurs de temps sous le feuillage des arbres, dans les forêts tropicales ou tempérées, sont aussi moins mis aux rayons UV, vu que vivants toujours à l'ombre. Les oiseaux albinos font souvent l’objet de rejet de la part de leurs congénères et ont du mal à s’accoupler[25]. Cependant, on remarque chez la plupart des espèces, suivant les conditions, que l'albinisme n'est socialement pas gênant pour eux, comme chez le zèbre, où les individus concernés sont pleinement acceptés au sein de leurs congénères, comme on a pu le constater pour les différentes variations de robes chez cet animal, comme les zèbres mouchetés.
130
+
131
+ L’hypoplasie fovéale généralement associée à l’albinisme chez les mammifères pourrait ne pas toucher les oiseaux dont la rétine contient surtout des cônes[26].
132
+
133
+ Une recherche effectuée sur des batraciens ne montre pas de diminution du nombre des bâtonnets chez les sujets albinos. Il est donc possible que des anomalies rétiniennes n'accompagnent l'albinisme que chez les mammifères[27].
134
+
135
+ Bien que l’albinisme soit génétiquement hérité, son incidence chez les poissons peut être élevée artificiellement en exposant les œufs à des métaux lourds (arsenic, cadmium, cuivre, mercure, sélénium, zinc)[28].
136
+
137
+ Les animaux blancs, différents de leurs congénères, ont toujours attiré l’attention. Considérés comme plus vulnérables, ils font parfois l’objet de mesures de protection ; ainsi treize États des États-Unis interdisent la chasse des animaux albinos[25]. La Société de préservation des écureuils albinos est active depuis 2001 aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni[29]. En effet, dans les pays où leur chasse est autorisée, les chasseurs n'hésitent pas une seconde à les abattre afin d'avoir des trophées uniques pour leur collection. Cependant, cette pratique est limitée, voire interdite, un peu partout autour du globe, principalement pour ne pas offenser les peuples locaux. En effet, selon leurs croyances et leurs interprétations, ils sont souvent favorables aux animaux blancs. Ainsi, les peuples d’Amériques considèrent les animaux blancs comme des apparitions des fantômes de leurs ancêtres sous une forme animale. Ou encore, dans certains pays d'Asie, les animaux blancs, symboles de puretés, sont considérés comme sacrés. C'est notamment le cas de l’éléphant blanc.
138
+
139
+ Des lignées albinos sont utilisées pour la recherche biomédicale[30].
140
+
141
+ La couleur blanche étant plus recherchée par les éleveurs et les propriétaires, les animaux blancs, qu'ils soient albinos ou leucistiques, sont présents parmi les animaux de compagnie, par exemple chez le rat, le lapin, le furet, le canari, le python domestiqué, le poisson rouge, les Corydoras sans oublier les célèbres souris blanches.
142
+
143
+ Dans les zoos les animaux blancs sont plus populaires auprès des visiteurs, comme les tigres ou les crocodiles blancs qui sont des curiosités naturelles. Pourtant, dans le cas des animaux sauvages, pour certains d'entre eux, les lignées d'animaux albinos conservées artificiellement dans les zoos, comme le tigre blanc, le sont aux dépens des vraies populations sauvages en danger d'extinction[31]. Ces dernières ne peuvent pas compter sur les populations gardées en captivité au cas où pour subvenir et aidées celles dans la nature (vu que les animaux blancs de façon non naturelle ne peuvent pas servir dans la majoritaire des projets de conservations, comme la réintroduction et les remises en liberté). De fait, seules les espèces dont les populations sauvages ne sont pas menacées peuvent et devraient être conservées sans créer de problèmes tandis que celles des espèces menacées doivent et devraient être revues à la baisse, sans être interdites certes mais plus autant qu'avant.
144
+
145
+ Mammifère : Rat surmulot (Rattus norvegicus).
146
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+ Mammifère : Taupe d'Europe (Talpa europaea).
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149
+ Mammifère : Wallaby de Bennett (Macropus rufogriseus), au parc zoologique d'Amnéville.
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+ Oiseaux : Manchot du Cap (Spheniscus demersus).
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153
+ Reptile : Alligator d'Amérique (Alligator mississippiensis).
154
+
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+ Reptile : Python réticulé (Malayopython reticulatus).
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+ Il existe d'autres mutations génétiques que tous les êtres vivants peuvent contracter et qui donnent également des animaux partiellement ou complètement blancs. Ces formes peuvent porter la même attraction du public pour leur singularité et sont souvent aussi recherchées par les éleveurs.
158
+
159
+ Le phénotype colourpoint est une variation pigmentaire recherchée par les éleveurs (chats et certains rongeurs d'élevage comme la gerbille[32] ou le lapin) : l'extrémité des pattes, la queue, le museau et les oreilles sont plus foncés que le reste du corps. Il est dû à la présence de l’allèle "cs" : cs/cs, qui entraîne la fabrication d’une tyrosinase ne fonctionnant qu’à basse température et non à la température corporelle normale. Le petit naît tout blanc car il a été maintenu au chaud durant la gestation, mais après la naissance, ses extrémités connaissent une chute de température, déclenchant la synthèse de mélanine et faisant apparaître une teinte plus foncée au bout de 2 à 3 jours sur ces parties du corps[33],[34]. Ce phénomène est partiellement réversible : par exemple lors d'une forte fièvre, on peut observer une décoloration des parties foncées. Il peut aussi y avoir une dépigmentation « en lunettes » autour des yeux, zone plus chaude de la face[33].
160
+
161
+ L'intensité de la teinte varie selon la lignée génétique et peut foncer avec l'âge[35] ou sous l’effet de certaines hormones. Une femelle aura par exemple les extrémités plus foncées lorsqu'elle a des petits[33].
162
+
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+ Les chats colourpoint ont tous les yeux bleus.
164
+
165
+ L'albinisme et le leucistisme (aussi appelé leucisme) sont des phénomènes distincts. Le leucistisme donne des animaux entièrement ou partiellement blancs, très rarement des humains, mais dont la couleur des iris, produite par des cellules issues du tube neural, n'est pas affectée. Cette altération de la pigmentation est due à une différenciation ou une migration imparfaite des cellules pigmentaires issues de la crête neurale, y compris les xanthophores présents dans certaines espèces animales ; les parties blanches ne contiennent donc aucune cellule pigmentaire. Dans l'albinisme, qui peut aussi être total ou partiel, les cellules pigmentaires sont normalement présentes, la pigmentation anormale étant due à des protéines manquantes ou déficientes sur la chaîne de fabrication de la mélanine ; les autres pigments ne sont pas altérés et peuvent, s'ils sont présents, colorer l'animal. La seule façon de différencier un individu albinos et leucistique de manière irréfutable est de regarder la couleur des yeux, rouges ou violets (plus rares) chez les albinos et les autres couleurs, généralement le noir, pour les leucistiques, suivant les espèces. Il est cependant à remarquer que les leucistiques ont cependant le plus souvent les yeux bleus. Les leucistiques et les albinos ont les mêmes difficultés et chances de survie dans la nature autant les uns que les autres. Les leucistiques étant quand même pigmentés, même blancs, ne sont néanmoins pas, ou seulement très peu, affectés par la lumière du soleil et les rayons UV.
166
+
167
+ Le piebaldisme est une autre mutation génétique, due, contrairement à la pensée collective, à une cause différente et à part de l'albinisme. C'est une variation qui a pour effet de rendre l'individu, dit "pie", partiellement coloré, que ce soit au niveau de la peau ou du reste du corps. Officiellement considéré comme un trouble génétique bénin rare, il est représenté par une achromie triangulaire ou losangique frontale. Le piébaldisme est un trouble autosomique dominant rare sur le développement des mélanocytes, possédant une variation importante dans le degré et la structure de la présentation, aussi au sein des familles touchées. Dans certains cas, le piébaldisme s'accompagne de graves problèmes de développement, notamment la maladie de Hirschsprung.
168
+
169
+ Il est souvent aussi nommé albinisme partiel, car les individus, humains ou animaux, sont colorés avec des parties, considérés le plus souvent comme des taches, blanches, ou inversement. En fait, on confond les individus atteints de cette maladie, en réalité très rare dans la nature et chez les animaux, avec les individus atteint d'albinisme partiel, qui sont les vrais pies, dont l'albinisme n'est pas complet et qui est aussi très répandu et également apprécié des publics. La confusion entre ces deux types de mutations se fait de manière visuelle mais est aussi accentuée par le fait qu'en anglais, un animal pie (par exemple un cerf) se dit "a pielbald animal". Les animaux pies, donc des animaux atteint d'albinisme partiel, ont moins de difficultés que les animaux entièrement blancs de survivre dans la nature, bien que restant vulnérables.
170
+
171
+ Il existe aussi d'autres mutations génétiques les êtres vivants peuvent contractés, qui ne donnent pas d'animaux blancs mais qu'il ne faut pas confondre avec l'albinisme. Ces formes peuvent porter la même attraction du public pour leur singularité et sont souvent aussi recherché par les éleveurs.
172
+
173
+ Le mélanisme est une autre mutation génétique, qui, à l'inverse des trois mutations citées précédemment, a pour conséquence de rendre les êtres touchés noirs, de manière partielle mais le plus souvent de manière complète. De toutes les mutations génétiques, il s'agit de celle ayant le plus de fréquences, peu importe les familles ou les espèces d'animaux touchés, car la couleur noire offre un avantage sélectif, permettant un meilleur camouflage, ainsi que la capacité de capter mieux la lumière du soleil. Elle ne pose ainsi pas de problème de survie dans la nature et peut même devenir très répandue chez plusieurs espèces, comme les célèbres panthères noires.
174
+
175
+ Le xanthisme est une mutation génétique, mais aussi un phénomène qui peut être dû à l'alimentation, qui agit sur les cellules pigmentaires d'un être vivant, comme les autres mutations citées précédemment, mais qui a pour effet de rendre ce dernier de couleur jaune ou doré. Les individus sont ainsi qualifiés de xanthiques. Il s'agit d'une interférence de certains gènes spécifiques avec une différenciation ou une migration des chromatophores et des mélanocytes issus de la crête neurale lors de l’embryogenèse. Cela à pour effet d’entraîner une absence de pigmentation normale et/ou une production excessive d'autres pigments. Cette mutation souvent associée à l'absence de pigmentation rouge habituelle, qui se traduit par un remplacement par le jaune.
176
+
177
+ Étonnamment, contrairement aux autres mutations, celle-ci ne se manifeste que rarement chez les mammifères, les reptiles ou les amphibiens, mais est très présente chez les oiseaux et les poissons. Aussi, il y a deux types de Xanthiques, les vrais qui sont atteints de la mutation en questions, et les faux, c'est-à-dire les animaux qui sont jaune ou doré de manière anormale mais pas dû au xanthisme mais à l'albinisme par exemple (comme cité plus haut). Dans la mesure où ces animaux sont jaunes, ils peuvent être considérés par ce terme. Les animaux xanthiques n'ont pas vraiment de problèmes particuliers en général dans la nature, surtout pour les espèces qui sont déjà de couleurs chaudes ou qui n'utilise pas de base leurs couleurs pour se camoufler.
178
+
179
+ Le cyanisme est une mutation génétique ou un phénomène qui peut être dû à l’alimentation identique aux autres mutations et qui apparaît de la même manière. À la différence que les êtres touchés sont touchés par une coloration partielle ou complète de bleu. Elle impacte aussi majoritairement les poissons et les oiseaux et très peu les autres familles animales. Les animaux atteints de cyanisme sont dit cyantiques. Comme pour le xianthisme ou le mélanisme, ils n'ont pas spécialement de problèmes de survie dans la nature suivant les conditions.
180
+
181
+ L'erythrisme est une mutation génétique ou un phénomène qui peut être dû à l’alimentation identique aux autres mutations et qui apparaît de la même manière. À la différence que les êtres touchés sont touchés par une coloration partielle ou complète de rouge, d'orange ou de rose. Elle impacte toutes les familles animales et ne pose pas n'ont plus comme le xanthisme, le mélanisme ou le cyanisme, suivant les cas, de problèmes de survie dans la nature. Les animaux atteints d'erythrisme sont dit erysthriques.
182
+
183
+ L'albinisme chez les plantes n'est pas une absence de mélanine, mais de chlorophylle. L'absence de ce pigment vert, ou l'altération des cellules végétales porteuses de ce pigment, est à l'origine des panachures blanches (jaunes ou rouges en présence d'autres pigments) qui affectent plus ou moins partiellement le feuillage ou les tiges. Les horticulteurs recherchent ces mutations qui sont ensuite multipliées par bouturage (clonage). Une chimère due à une mutation génétique spontanée présentera des démarcations nettes entre les zones vertes et les zones décolorées, alors que l'action d'une pathologie végétale, fréquemment un virus, provoque une décoloration plus diffuse. Les cellules dépourvues de chlorophylles vivent aux dépens des parties vertes de la plante. Ainsi, une plante panachée qui développe un rameau vert aura tendance à devenir entièrement verte. Au contraire, une branche décolorée dépérira progressivement si elle est apparue au milieu d'une plante normale[36],[37].
184
+
185
+ Ce type de mutation génétique ne doit pas être confondu avec les symptômes de la chlorose, maladie qui se manifeste par une diminution de la concentration en chlorophylle dans le limbe foliaire et dont la cause est une carence en fer.
186
+
187
+ De nombreux personnages fictifs sont dits albinos (voir la page Albinisme dans la culture populaire (en)). En voici plusieurs exemples issus d’œuvres célèbres :
188
+
189
+ Les personnes atteintes d'albinisme sont encore aujourd'hui victimes d'exclusion, de persécutions, et même d'assassinat ou de crime rituel (dans ce dernier cas, les victimes étant parfois même enlevées) dans des buts magiques (les croyances locales attribuant des pouvoirs guérisseurs aux organes des albinos[46]) notamment au Mali, au Cameroun[47], en République démocratique du Congo[48], au Burundi[49],[50] ou en Tanzanie[51],[52]. Rien qu'au Mozambique, une centaine d'attaques ont eu lieu entre 2014 et 2017[53]. Dans un rapport édité en juin 2016, l'ONG canadienne Under The Same Sun recense 457 attaques, dont 178 meurtres, commis ces dernières années contre des albinos dans 26 pays d'Afrique. Les pays les plus souvent cités sont la Tanzanie, avec 161 attaques, la République démocratique du Congo (61), le Burundi (38) le Malawi (28) et la Côte d'Ivoire (26)[54].
190
+
191
+ Ces problèmes sont dus à la persistance de légendes conférant des caractéristiques mystiques aux personnes atteintes d'albinisme. Certaines indiquent ainsi que les albinos ne meurent pas mais disparaissent, qu'ils voient dans la nuit, qu'ils ont les yeux rouges, une intelligence médiocre et un développement anormal[55]. Mais aussi l'albinisme est un mauvais sort jeté par les dieux ou par des ancêtres. Par conséquent, être en contact avec un albinos vivant peut entraîner des maladies, la malchance, voire la mort[56].
192
+
193
+ Les waganga estiment que les cheveux, les os, les organes génitaux ou les pouces de personnes albinos auraient des pouvoirs magiques réputés gonfler un filet de pêche, révéler la présence d’or dans un terrain ou faire gagner des voix à un politicien[57]. Mamadou Sissoko, secrétaire général de la Fédération des associations atteintes d’albinisme d’Afrique de l’Ouest (Fapao) affirme qu' «à chaque fois qu’il y a des élections, nous devenons du gibier pour des gens qui veulent faire des sacrifices rituels[58]. » Isaac Mwaura, premier député kenyan albinos rappelle la fausse croyance selon laquelle une personne séropositive peut guérir du sida en ayant un rapport sexuel avec un albinos.
194
+
195
+ Les os des albinos sont remplis d'or[56].
196
+
197
+ Autrefois, on éliminait les albinos dès la naissance dans certaines tribus[59]. Selon Célestin Wagoum, historien et anthropologue, de l’Université Omar Bongo à Libreville au Gabon, « ces croyances sont très anciennes puisqu'en Afrique Noire, au sein de la population noire, il est inconcevable que l’on trouve des êtres d’une autre couleur, surtout quand les deux parents sont noirs. C’est un phénomène qui a suscité beaucoup de curiosité chez les Africains. C’est pourquoi dans nos cultures la personne atteinte d’albinisme est à la fois crainte, respectée ou divinisée en fonction des cultures (…) Les albinos sont considérés comme des êtres dotés de pouvoirs magiques. Certains hommes politiques, hommes d’affaires ou d’églises, pensent qu’en commettant des crimes rituels, ou en utilisant les cheveux ou ongles de ces albinos, ils pourront accroître leur aura politique ou avoir de nombreux fidèles dans leur église…. »[60]
198
+
199
+ Dans les années 70, dans la ville de Fana, une femme enceinte avait été assassinée et éventrée. Les meurtriers ont été arrêtés, jugés et condamnés à mort[58]. Une petite Malienne albinos de 5 ans dénommée Djéneba Diarra, dite «Fanta» ou «Nan», a été décapitée dans la nuit du 12 au 13 mai 2018 dans la localité de Fana, située à 125 km au nord de Bamako[58].
200
+
201
+ En 2009, sept hommes furent condamnés à mort par pendaison en Tanzanie pour meurtre d’albinos dans deux affaires différentes. Il semblerait qu’aucun des sorciers qui se livraient à la préparation des breuvages « magiques » à partir des membres des victimes pour en faire commerce n’ait encore été poursuivi[61],[62].
202
+
203
+ En 2008, pour tenter d'enrayer le phénomène, le Président Jakaya Kikwete nomme Al-Shymaa Kway-Geer, elle-même atteinte d'albinisme, à un poste de députée. Deux ans plus tard, un autre député accède au Parlement, cette fois par la voie des urnes[63].
204
+
205
+ En Tanzanie, officiellement en 2011, il y aurait 7124 albinos, mais Irin News «estime cependant que les chiffres réels sont plus élevés»[64]. La procureure tanzanienne Beatrice Mpembo souligne que depuis 2007 seulement 21 personnes ont été condamnées pour le meurtre d’albinos, dans à peine six affaires. Et à peine 5 % des individus arrêtés sont condamnés[57]. En février 2011, dans la région de Milepa, une mère de quatre enfants, Maria Chambanenge, 39 ans, a eu son bras coupé et un garçon de 7 ans, sur le chemin du retour de l'école, a eu la main tranchée[65].
206
+
207
+ Au Malawi, ce n’est qu’en 2016 que sorciers et guérisseurs ont été interdits d’exercice. Selon Ikponwosa Ero, une Nigériane albinos et experte du Conseil des droits de l'Homme déclare que « le Malawi est l'un des pays les plus pauvres au monde et la vente d'organes d'albinos semble très lucrative »[66]. Selon les chiffres de l’Organisation des Nations unies, le Malawi serait le pays le plus dangereux pour les albinos[67], et les attaques dont ils sont victimes particulièrement cruelles: «Le 30 avril 2016, le corps d’une femme albinos de 30 ans avait été découvert quelques heures après avoir été poignardée dans le dos et à l’abdomen. On lui avait retiré les seins et les yeux»[68]. 21 personnes albinos y ont été assassinées entre 2014 et 2019, et moins d’un tiers des cas ont fait l’objet d’une enquête judiciaire, sans condamnation pour 90 % d'entre elles[69]; mais quatre personnes ont été condamnées à mort en 2019 (en pratique, condamnées à une détention à perpétuité) pour des assassinats de deux personnes albinos en 2015 et 2017[69].
208
+
209
+ Le mercredi 13 septembre 2017, un albinos âgé de 17 ans a été tué et démembré au Mozambique. Les meurtriers ont emporté le cerveau ainsi que les os des bras et des jambes[54].
210
+
211
+ Chez les peuples amérindiens où l'albinisme est présent, il existe une ambiguïté à leur égard, faite de honte, mépris et ségrégation, pouvant aller jusqu'aux sacrifices humains (chez les Aztèques), mais aussi d'acceptation, d'entraide, voire de valorisation esthétique et morale. Chez les Hopis et les Zuñis, les albinos peuvent être chefs et faiseurs de pluie en participant aux activités religieuses. Ils sont considérés comme spécialistes du voyage du monde terrestre au monde céleste. Chez les Tulé ou Kuna, les albinos ont pour fonction d'intervenir pour sauver la lune lors des éclipses lunaires qui se produisent environ deux fois par an. Les albinos sortent la nuit pour tirer des petites flèches avec un arc miniature en direction de la lune, les éclipses lunaires étant causées par un monstre qui cherche à dévorer la lune[19],[70].
212
+
213
+ Tous les être vivants peuvent être touchés pas l'albinisme, de même que toutes les autres mutations génétiques possibles. En voici quelques exemples.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Romans
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+
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+
3
+ Le Moyen Âge est une période de l'histoire de l'Europe, s'étendant de la fin du Ve siècle à la fin du XVe siècle, qui débute avec le déclin de l'Empire romain d'Occident et se termine par la Renaissance et les Grandes découvertes. Située entre l'Antiquité et l'époque moderne, la période est subdivisée entre le haut Moyen Âge (Ve à Xe siècle), le Moyen Âge central (XIe-XIIIe siècle) et le Moyen Âge tardif (XIVe-XVe siècle).
4
+
5
+ La dépopulation, la désurbanisation et les migrations de l'Antiquité tardive se poursuivent durant le haut Moyen Âge et les envahisseurs barbares fondent de nouveaux royaumes sur les territoires de l'ancien Empire romain d'Occident. La période est marquée par de profonds changements sociétaux et politiques ; la rupture avec l'Antiquité classique n'est cependant pas complète. La partie orientale de l'Empire romain survit aux bouleversements géopolitiques de la période et reste une puissance de premier plan sous le nom d'Empire byzantin. Il perd cependant une grande partie de ses territoires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord au profit des califats musulmans au VIIe siècle. À l'ouest, la plupart des royaumes incorporèrent de nombreuses institutions romaines, tandis que l'expansion du christianisme fut marquée par la construction de nombreux monastères. Sous la dynastie carolingienne, les Francs établissent un empire couvrant la plus grande partie de l'Occident chrétien au IXe siècle avant de décliner du fait des tensions internes et des attaques Vikings au nord, hongroises à l'est et sarrasines au sud.
6
+
7
+ Après l'an mil, durant le Moyen Âge central, la population européenne augmente fortement grâce à des innovations techniques, qui permettent un accroissement des rendements agricoles. La société se réorganise selon les systèmes de la seigneurie, l'organisation des paysans en communautés cultivant la terre pour le compte des nobles, et de la féodalité, la structure politique par laquelle les chevaliers et la basse-noblesse servaient dans l'armée de leur suzerain en échange du droit d'exploiter leurs fiefs. Cette dernière institution connaît un déclin à la fin du Moyen Âge du fait des efforts de centralisation menés par les différents souverains dont l'autorité se renforce aux dépens de celle des seigneurs locaux. Les croisades, lancées pour la première fois au XIe siècle sont des expéditions militaires menées au nom de la foi catholique ; elles sont principalement destinées à prendre le contrôle de la Terre sainte aux musulmans, mais visent également les croyances jugées hérétiques en Europe. La vie intellectuelle est marquée par la scolastique cherchant à concilier la foi et la raison et par l'apparition d'universités dans les grandes villes. La philosophie de Thomas d'Aquin, les peintures de Giotto, la poésie de Dante et de Chaucer, les récits de Marco Polo et l'architecture des grandes cathédrales gothiques comme celle de Chartres sont parmi les plus grandes réalisations de cette période.
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9
+ Le Moyen Âge tardif est marqué par des famines, la peste noire et les guerres qui réduisent fortement la population de l'Europe occidentale tandis que l'Église catholique traverse de profondes crises théologiques. Les changements culturels et technologiques de la période transforment néanmoins la société européenne et ouvrent la voie à la Renaissance et à l'époque moderne.
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+ Le Moyen Âge est l'une des trois principales périodes historiques utilisées pour analyser l'histoire de l'Europe avec l'Antiquité et l'époque moderne[1]. Les auteurs médiévaux divisaient l'Histoire en périodes inspirées de la Bible comme les « six âges du monde » et considéraient que leur époque était la dernière avant la fin du monde[2]. Lorsqu'ils évoquaient la période dans laquelle ils vivaient, ils la qualifiaient de « moderne »[3]. Dans les années 1330, l'humaniste et poète Pétrarque qualifiait l'époque pré-chrétienne d'antiqua (« ancienne ») et la période chrétienne de nova (« nouvelle »)[4]. Le Florentin Leonardo Bruni fut le premier historien à utiliser un découpage en trois périodes dans son Historiarium Florentinarum de 1442 car il considérait que le développement de l'Italie l'avait fait changer d'époque par rapport à celle de Pétrarque[5]. L'expression de « Moyen Âge » apparut pour la première fois en latin en 1469 sous la forme de media tempestas (« saison intermédiaire ») dans l'avant-propos de l'Éloge de Nicolas de Cues par Giovanni Andrea Bussi[6] puis de medium ævum (« moyen âge ») en 1604[7]. La division en trois périodes de l'histoire fut popularisée au XVIIe siècle par Christoph Cellarius et est depuis devenue la norme[8].
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+ La date admise le plus communément pour le point de départ du Moyen Âge est l'année 476, quand le dernier empereur romain d'Occident fut déposé, et celle-ci fut proposée pour la première fois par Bruni[5]. La fin du Moyen Âge est généralement située à la fin du XVe siècle mais selon le contexte, la date exacte peut varier. On peut par exemple citer la chute de Constantinople en 1453, le premier voyage de Christophe Colomb en 1492 ou le début de la Réforme protestante en 1517[9]. Les historiens français utilisent souvent la fin de la guerre de Cent Ans en 1453 pour marquer le terme de la période tandis qu'en Grande-Bretagne et en Espagne, c'est respectivement la bataille de Bosworth en 1485[10] et la prise de Grenade en 1492[11] qui sont plus fréquemment mentionnées. Ces dates symboliques ne marquent pas à elles seules un changement d'époque et l'historiographie contemporaine considère que la période de la Renaissance allant du début du XVe siècle au milieu du XVIe siècle marque la transition du Moyen Âge à l'époque moderne. De la même manière, il n'y eut pas de passage brutal de l'Antiquité au Moyen Âge mais un processus assez long appelé Antiquité tardive s'étendant de la fin du IIIe siècle au milieu du VIIe siècle. Une définition plus large est donnée par Jacques Le Goff, défenseur d'un « long Moyen âge » occidental qui s'étendrait du IVe siècle (l'installation du christianisme) au XVIIIe siècle (la révolution industrielle en Grande-Bretagne et la Révolution française), contestant l'idée que la Renaissance aurait mis fin à la culture médiévale[12],[13].
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+ Le Moyen Âge est lui-même subdivisé en trois parties : le haut Moyen Âge de la fin du Ve siècle à la fin du Xe siècle, le Moyen Âge central ou classique du début du XIe siècle à la fin du XIIIe siècle et le bas Moyen Âge ou Moyen Âge tardif du début du XIVe siècle à la fin du XVIe siècle[1].
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+ L'Empire romain atteignit son extension territoriale maximale au IIe siècle mais il perdit progressivement le contrôle de ses territoires frontaliers durant les deux siècles qui suivirent[14]. Les problèmes économiques et les pressions extérieures provoquèrent une grave crise politique au IIIe siècle durant laquelle les empereurs accédaient au pouvoir par la force et en étaient rapidement chassés[15]. Les dépenses militaires augmentèrent fortement notamment du fait des guerres contre les Sassanides en Orient[16]. La taille de l'armée doubla mais sa composition vit la disparition progressive de l'infanterie lourde au profit de la cavalerie et de l'infanterie légère tandis que les légions furent remplacés par des unités plus petites[17]. Cet accroissement des dépenses militaires entraîna une augmentation des impôts et un appauvrissement des classes inférieures comme les décurions[16].
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+ Pour faire face à ces difficultés, l'empereur Dioclétien (r. 284–305) décida en 286 de diviser administrativement l'Empire en deux moitiés, l'une orientale et l'autre occidentale qui furent à leur tour subdivisées en deux. Chacune de ces quatre régions possédait un empereur qui formaient la Tétrarchie. Malgré cette gouvernance quadruple, il ne s'agissait pas d'un éclatement de l'Empire et les zones correspondaient plus à des zones d'influence ou à des théâtres militaires qu'à des entités indépendantes[18]. Après une guerre civile, Constantin Ier (r. 306–337) réunifia l'Empire en 324 mais il fut contraint de réinstaurer une tétrarchie peu avant sa mort. Il décida de faire de Byzance qu'il renomma Constantinople la nouvelle capitale de l'Empire[19]. Grâce aux réformes de Dioclétien, la bureaucratie et la défense de l'Empire fut améliorée mais elles ne résolurent pas les problèmes structurels qu'il connaissait dont notamment une imposition excessive, une démographie déclinante et les agressions extérieures[20]. La situation politique resta instable tout au long du IVe siècle et l'affaiblissement de la défense des frontières causées par les luttes de pouvoir entre empereurs permit à des « tribus barbares » de s'implanter au sein de l'Empire[21]. La société romaine s'éloigna de plus en plus de ce qu'elle était durant la période classique (en) avec un écart grandissant entre riches et pauvres et un déclin des petites villes[22]. Une autre évolution importante de la période fut la conversion de l'Empire au christianisme qui devint religion officielle en 381[23]. Cette christianisation ne se fit pas sans difficultés et fut marquée par de nombreuses persécutions et l'opposition entre les différents courants théologiques[24].
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+ En 376, les Ostrogoths, qui fuyaient l'avancée des Huns, furent autorisés par l'empereur Valens (r. 364–378) à s'installer dans la province romaine de Thrace dans les Balkans. La gestion par les Romains de leur implantation et de leur admission en tant que peuple fédéré fut calamiteuse et les Ostrogoths se mirent à piller la région[25]. Alors qu'il tentait de ramener l'ordre, Valens fut tué lors de la bataille d'Andrinople en 378 et les Ostrogoths s'implantèrent de manière autonome au sein de l'Empire[26]. En 400, les Wisigoths envahirent l'Empire d'Occident et pillèrent Rome en 410[27]. D'autres peuples firent de même et les « invasions barbares » virent la migration de nombreuses populations essentiellement germaniques dans toute l'Europe. Les Francs, les Alamans et les Burgondes s'installèrent dans le nord de la Gaule, les Angles, les Saxons et les Jutes s'implantèrent en Grande-Bretagne tandis que les Wisigoths et les Vandales fondèrent respectivement des royaumes en Hispanie et en Afrique du Nord[28],[29]. Ces mouvements de population étaient en partie causés par l'avancée vers l'ouest des Huns qui, menés par Attila (r. 434–453), pillèrent les Balkans en 442 et 447, la Gaule en 451 et l'Italie en 452[30]. Les Huns restèrent menaçants jusqu'en 453 quand l'Empire hunnique s'effondra à la mort de son chef[31]. Ces invasions bouleversèrent profondément la nature culturelle, politique et démographique de l'Empire romain d'Occident[29].
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+ Au Ve siècle, la partie occidentale de l'Empire se divisa en petites entités autonomes gouvernées par les tribus qui s'y étaient installés au début du siècle[32]. Les empereurs de cette période avaient généralement peu d'influence et la plus grande partie du pouvoir appartenait à des généraux d'origine barbare comme Stilicon (d. 408), Aspar (d. 471) ou Ricimer (d. 472). La déposition du dernier empereur romain d'Occident, Romulus Augustule par le chef ostrogoth Odoacre en 476, est traditionnellement utilisée pour marquer la fin de l'Empire romain d'Occident et par extension celle de l'Antiquité[33]. Même s'il survécut aux invasions barbares, l'Empire romain d'Orient, devenu Empire byzantin, fut fortement affecté et fut incapable de reprendre le contrôle des territoires perdus. Au VIe siècle, l'empereur Justinien (r. 527–565) parvint à reconquérir l'Afrique du Nord et la péninsule italienne mais ces territoires furent reperdus au siècle suivant[34].
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+ La structure politique de l'Europe occidentale changea profondément avec la fin de l'Empire romain d'Occident. Même si les mouvements de populations durant cette période ont été qualifiés d'« invasions », il ne s'agissait pas d'expéditions militaires mais de migrations concernant des peuples entiers. Les structures romaines en Occident ne disparurent néanmoins pas brusquement car ces barbares ne représentaient que 5 % de la population d'Europe occidentale[35]. Le mélange des élites barbares et romaines notamment par le biais du christianisme donna naissance à une nouvelle société intégrant des éléments des deux cultures[36]. La disparition de la bureaucratie romaine entraîna cependant l'effondrement du système économique romain et la plupart des nouvelles entités politiques finançaient leurs armées de manière décentralisée par le biais de chefs locaux et du pillage plutôt que de manière centralisée par l'impôt. La pratique de l'esclavage déclina mais avec la ruralisation de la société, il fut remplacé par le servage[37].
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+ En Europe occidentale, de nouvelles entités apparurent dans les anciens territoires de l'Empire romain[38]. Les Ostrogoths menés par Théodoric (d. 526) s'installèrent en Italie à la fin du Ve siècle et créèrent un royaume caractérisé par une coopération entre Italiens et Ostrogoths du moins jusqu'à la fin du règne de Théodoric[39]. Le premier royaume burgonde fut détruit par les Huns en 436 et un nouveau fut fondé dans les années 440 dans l'actuel est de la France[40]. Dans le nord de la Gaule, les Francs formèrent plusieurs royaumes indépendants qui furent unifiés et christianisés par Clovis (r. 481–511)[41]. Dans les îles Britanniques, les Anglo-saxons s'installèrent aux côtés des Britto-romains mais l'actuelle Angleterre resta divisée en plusieurs royaumes formant l'Heptarchie. Au sud, les Wisigoths et les Suèves formèrent respectivement des royaumes dans l'est et l'ouest de la péninsule Ibérique tandis que les Vandales s'installèrent en Afrique du Nord[40]. Profitant du chaos causé par les attaques byzantines en Italie, les Lombards supplantèrent le royaume ostrogoth à la fin du VIe siècle[42]. Plus à l'est, des peuples slaves s'installèrent en Europe centrale et orientale dans les anciens territoires des tribus germaniques même si les circonstances de ces migrations restent en grande partie inconnues. Au niveau linguistique, le latin fut progressivement remplacé par des langues apparentées mais distinctes regroupées sous l'appellation de langues romanes tandis que le grec resta la langue dominante de l'Empire byzantin et que les Slaves apportèrent leurs propres langages en Europe de l'Est[43].
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+ Alors que l'Europe occidentale se fragmentait en de multiples nouveaux royaumes, l'Empire romain d'Orient conserva globalement son intégrité territoriale et son économie resta dynamique jusqu'au début du VIIe siècle. La Perse étant également menacée par des peuples nomades venant d'Asie centrale, une paix relative exista une grande partie du Ve siècle entre les Byzantins et les Sassanides. Au niveau politique, l'influence de l'Église était bien plus forte dans l'Empire byzantin qu'en Europe occidentale et les questions doctrinales influençaient fréquemment les décisions des dirigeants. Le droit romain de tradition orale fut codifié par Théodose II (r. 408–450) en 438[44] et une autre compilation fut menée par Justinien sous la forme du Corpus Iuris Civilis en 529[45]. Justinien supervisa également la construction de la basilique Sainte-Sophie à Constantinople et son général Bélisaire (d. 565) reprit l'Afrique du Nord aux Vandales et l'Italie aux Ostrogoths[46],[47]. Cette reconquête ne fut pas complète car la détérioration de la situation économique causée par une épidémie de peste en 542 l'empêcha de mener de nouvelles offensives jusqu'à la fin de son règne[46]. À sa mort, les Byzantins avaient repris le contrôle d'une grande partie de l'Italie, de l'Afrique du Nord et du sud de l'Espagne. Les historiens ont cependant critiqué les conquêtes de Justinien qui épuisèrent les finances de l'Empire et le rendirent probablement trop étendu pour être défendu efficacement ; l'Italie fut ainsi envahie par les Lombards quelques années plus tard et tous les autres territoires furent perdus dans la première moitié du VIIe siècle[48].
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+ L'Empire byzantin fut également menacé par l'installation des Slaves dans les provinces de Thrace et d'Illyrie au milieu du Ve siècle tandis que dans les années 560, les Avars turcophones migrèrent jusqu'au nord du Danube. À la fin du siècle, ces derniers étaient devenus la puissance dominante en Europe orientale et les empereurs byzantins devaient régulièrement payer des tributs pour éviter leurs attaques. Ils restèrent une menace jusqu'à la fin du VIIIe siècle et l'arrivée des tribus hongroises dans le bassin du Danube[49]. L'empereur Maurice (r. 582–602) parvint à stabiliser la situation en Europe mais les Sassanides de Khosro II (r. 590–628) profitèrent de l'instabilité causée par son renversement pour envahir l'Égypte, le Levant et une partie de l'Asie mineure. L'empereur Héraclius (r. 610–641) organisa une contre-attaque victorieuse avec notamment l'appui d'auxiliaires turcs dans les années 620 et il parvint à récupérer tous les territoires perdus en 628[50].
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+ En Europe occidentale, le système éducatif romain (en) essentiellement oral disparut et si le degré d'alphabétisation resta élevé chez les élites, savoir lire devint plus une compétence pratique qu'un signe de statut social. La littérature de l'époque devint majoritairement d'inspiration chrétienne et au IVe siècle, Jérôme de Stridon (d. 420), l'un des Pères de l'Église, rêva que Dieu lui reprochait de plus lire Cicéron que la Bible[51]. Les textes classiques continuèrent néanmoins d'être étudiés et certains auteurs comme Augustin d'Hippone (d. 430), Sidoine Apollinaire (d. 486) et Boèce (d. 524) devinrent des références durant tout le Moyen Âge et jusqu'à nos jours[52]. La culture aristocratique délaissa les études littéraires, tandis que les liens familiaux et les valeurs de loyauté, de courage et d'honneur conservèrent une place importante. Ces liens pouvaient mener à des conflits au sein de la noblesse qui pouvaient être réglés par les armes ou par l'argent[53].
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+ En raison du faible nombre de documents écrits sur le monde paysan avant le IXe siècle, la vie des classes inférieures est bien moins connue que celle de la noblesse et la plupart des informations est issue de l'archéologie ou des textes juridiques et des écrivains des classes supérieures[54]. L'organisation foncière n'était pas uniforme en Europe occidentale et certaines régions étaient fragmentées en de nombreuses propriétés tandis que dans d'autres, les grandes exploitations étaient la norme. Ces différences créèrent une grande variété de sociétés rurales et cela influa sur les relations de pouvoir ; certaines communautés étaient dominées par l'aristocratie tandis que d'autres disposaient d'une large autonomie[55]. La population rurale n'était pas non plus répartie de manière uniforme et des villages de plusieurs centaines d'habitants pouvaient cohabiter avec des fermes isolées dispersées dans toute la campagne[56]. La société du Haut Moyen Âge était moins figée qu'à la fin de l'Empire romain et via le service militaire auprès d'un seigneur local, une famille de paysans libres pouvait accéder à l'aristocratie en quelques générations[57].
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+ La fin de l'Empire romain et le début du haut Moyen Âge virent une diminution importante de la population et la taille des villes se réduisit fortement. Rome passa ainsi de près d'un million d'habitants au IIIe siècle à environ 30 000 à la fin du VIe siècle. Les temples romains furent convertis en églises chrétiennes tandis que d'autres constructions et monuments furent utilisés comme sources de matériaux de construction. L'apparition de nouveaux royaumes entraîna à l'inverse une croissance démographique dans les villes choisies comme capitales[58]. Les migrations et les invasions de l'Antiquité tardive bouleversèrent les réseaux commerciaux établis par les Romains autour de la Méditerranée. Les produits importés furent donc remplacés par des productions locales en particulier pour les régions éloignées de la Méditerranée comme la Gaule et la Grande-Bretagne et seuls les produits de luxe continuèrent à être transportés sur de longues distances[59].
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+ L'Empire byzantin et la Perse connurent un grand foisonnement religieux au VIe siècle. En plus du christianisme et de ses nombreux courants idéologiques, le judaïsme et le zoroastrisme étaient également influents, tandis que des cultes polythéistes existaient dans la péninsule arabique. Dans les années 610 et 620, Mahomet fonda une nouvelle religion, l'islam, et unifia les tribus arabes[60]. Profitant du chaos provoqué par la guerre entre l'Empire byzantin et la Perse, les Arabes annexèrent les seconds entre 637 et 642 et chassèrent les premiers du Levant en 634-635 et de l'Égypte (en) en 640-641. Ils envahirent également l'Afrique du Nord à la fin du VIIe siècle et la péninsule ibérique qu'ils appelèrent Al-Andalus dans les années 710[61],[62].
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+ L'expansion musulmane en Europe cessa au milieu du VIIIe siècle avec l'échec du siège de Constantinople en 718 et la défaite face aux Francs à Poitiers en 732. Une autre raison de cet arrêt fut l'effondrement de la dynastie des Omeyyades en 750 et son remplacement par les Abbassides. Ces derniers installèrent leur capitale à Bagdad et se préoccupèrent plus du Moyen-Orient que de l'Europe. Le monde musulman était également traversé par des tensions internes et les Abbassides perdirent le contrôle de l'Espagne au profit de l'émirat de Cordoue tandis que l'Afrique du Nord et l'Égypte devinrent respectivement gouvernées par les Aghlabides et les Toulounides[63].
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+ Le christianisme était un important facteur d'unité entre l'est et l'ouest de l'Europe mais la conquête arabe de l'Afrique du Nord rompit les liens maritimes entre les deux régions. Des différences théologiques et politiques émergèrent alors et au milieu du VIIIe siècle, les divergences concernant l'iconoclasme, le célibat des prêtres, le contrôle étatique de l'Église et la liturgie (en grec à l'est et latin à l'ouest) devinrent particulièrement profondes[64]. La rupture fut officialisée en 1054 lorsque le pape Léon IX et le patriarche de Constantinople Michel Cérulaire s'excommunièrent mutuellement après des affrontements au sujet de la suprématie pontificale et de questions d'ordre théologiques et liturgiques. La Chrétienté fut ainsi divisée en deux avec une branche occidentale qui devint l'Église catholique et une branche orientale qui forma l'Église orthodoxe[65].
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+ La structure ecclésiastique apparue sous l'Empire romain resta globalement inchangée malgré les bouleversements de l'Antiquité tardive mais la Papauté avait peu d'influence et peu d'évêques suivaient son autorité religieuse ou politique. Avant 750, les papes se préoccupaient essentiellement des controverses théologiques avec les Byzantins et sur les 850 lettres du pape Grégoire Ier (pape 590-604) qui nous sont parvenues, la vaste majorité concernait les affaires en Italie et à Constantinople. La christianisation de l'Europe occidentale, déjà bien avancée à la fin de l'Empire romain, se poursuivit et des missions furent notamment envoyées en Grande-Bretagne en 597 pour évangéliser les Anglo-Saxons[66]. Les moines irlandais (en) comme Colomban (d. 615) furent particulièrement actifs entre les VIe et VIIIe siècles et ils fondèrent des missions en Angleterre puis dans l'actuelle Allemagne[67].
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+ Le haut Moyen Âge vit l'émergence du monachisme en Europe occidentale dont le concept avait été développé par les Pères du désert d'Égypte et de Syrie. Les moines vivaient généralement de façon autonome et se concentraient sur la vie spirituelle en appliquant les enseignements cénobitiques développés par Pacôme le Grand (d. 348) au IVe siècle. Les idéaux monastiques se répandirent en Europe occidentale grâce aux hagiographies comme la Vie d'Antoine[68]. Au VIe siècle, Benoît de Nursie (d. 547) rédigea la règle de saint Benoît qui détaillait les responsabilités administratives et spirituelles d'une communauté de moines dirigée par un abbé[69]. Les moines et les monastères eurent un impact considérable sur la vie politique et religieuse et servaient de gestionnaires pour les biens de la noblesse, de centres de propagande et de soutien au pouvoir royal dans les régions conquises et de bases pour l'évangélisation[70]. Ils étaient les principaux et parfois les seuls centres intellectuels d'une région et la plupart des textes antiques qui nous sont parvenus ont été copiés dans des monastères durant le haut Moyen Âge[71]. Les moines comme Bède (d. 735) furent également les auteurs de nouveaux travaux en histoire, en théologie et dans d'autres domaines[72]. Tout au long du Moyen Âge, les moines ne représentèrent cependant qu'une très faible proportion de la population, en moyenne moins de 1 %[73].
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+ En Grande-Bretagne, les descendants des envahisseurs anglo-saxons fondèrent les royaumes rivaux de Northumbrie, de Mercie, de Wessex, et d'Est-Anglie durant l'Heptarchie, tandis que des entités plus petites en Écosse et dans le Pays de Galles restaient sous le contrôle des Bretons et des Pictes natifs de l'archipel[74]. Le paysage politique irlandais était encore plus fragmenté avec près de 150 rois locaux d'autorité variable[75]. Durant les VIe et VIIe siècles, le royaume franc dans le nord de la Gaule se désintégra en plusieurs royaumes, l'Austrasie, la Neustrie et la Bourgogne gouvernés par des membres de la dynastie mérovingienne descendant de Clovis. Les deux premiers furent fréquemment en guerre durant le VIIe siècle[76] et ces affrontements furent exploités par Pépin de Landen (d. 640), le maire du palais d'Austrasie, qui devint le principal conseiller du roi. Ses descendants devinrent à leur tour rois ou servirent comme régents ou conseillers. L'un d'eux, Charles Martel (d. 741), mit un terme aux incursions musulmanes au nord des Pyrénées après la bataille de Poitiers en 732[77].
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+ Les successeurs de Charles Martel, formant la dynastie carolingienne prirent le contrôle des royaumes d'Austrasie et de Neustrie lors d'un coup d'État organisé en 753 par Pépin III (r. 752–768). Cette accession au pouvoir fut accompagnée d'une propagande représentant les Mérovingiens comme des souverains incapables et cruels et qui vantait les exploits de Charles Martel et la grande piété de sa famille. Comme cela était la tradition à l'époque, le royaume de Pépin III fut partagé à sa mort entre ses deux fils Charles (r. 768–814) et Carloman (r. 768–771). Quand ce dernier mourut de causes naturelles, son frère profita de la situation pour réunifier les possessions de son père. Charles, généralement appelé Charles le Grand ou Charlemagne, entreprit une politique d'expansion agressive qui permit d'unifier une grande partie de l'Europe occidentale au sein de l'Empire carolingien s'étendant sur la majeure partie de l'actuelle France, du nord de l'Italie et de l'ouest de l'Allemagne moderne.
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+ Sa cour à Aix la Chapelle fut le centre d'un renouveau culturel appelé Renaissance carolingienne qui vit un épanouissement des arts et de la culture. Au niveau linguistique, le latin classique utilisé depuis l'Empire romain évolua vers une forme plus adaptée aux besoins de l'administration et du clergé qui fut appelée latin médiéval[78]. La minuscule caroline apparut également pour remplacer l'onciale romaine ; plus ronde, elle facilitait la lecture et se diffusa rapidement dans toute l'Europe[79]. Charlemagne encouragea des évolutions de la liturgie grâce à Benoît d'Aniane en imposant les pratiques romaines et le chant grégorien dans les églises[80].
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+ En 774, Charlemagne battit les Lombards et la fin de cette menace marqua le début des États pontificaux qui existèrent jusqu'à l'unification italienne au XIXe siècle. Son couronnement comme empereur d'Occident par le pape le jour de Noël de l'année 800 fut considéré comme une renaissance de l'Empire romain d'Occident[81] tandis que ce nouveau titre permettait à Charlemagne de se placer au même niveau que l'empereur byzantin[82]. L'Empire carolingien restait cependant très décentralisé et l'administration impériale était composée d'une cour itinérante tandis que le territoire était subdivisés en centaines de comtés. Les activités des fonctionnaires locaux étaient contrôlées par des représentants impériaux appelés missi dominici (« envoyés du seigneur »)[83]. La société restait très rurale et ne comptait que quelques villes tandis que le faible commerce était limité aux îles britanniques et à la Scandinavie[81].
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+ Juste avant de mourir, Charlemagne couronna empereur son unique fils Louis Ier (r. 814–840) mais son règne fut marqué par les luttes de pouvoir entre ses fils. Avant sa mort, il divisa l'Empire entre son fils aîné Lothaire (d. 855) qui obtint la Francie orientale située à l'est du Rhin et son plus jeune fils, Charles (d. 877) qui reçut la Francie occidentale, tandis qu'un troisième fils, Louis (d. 876), fut autorisé à régner sur la Bavière sous la suzeraineté de Charles. Le partage fut contesté après la mort de Louis Ier et au terme d'une guerre civile de trois ans, les frères s'accordèrent sur le traité de Verdun[84]. Charles obtint les territoires occidentaux correspondant à une grande partie de la France actuelle, Louis reçut la Bavière et les territoires orientaux de l'Empire aujourd'hui situés en Allemagne tandis que Lothaire conserva son titre d'empereur et régna sur la Francie médiane située entre les possessions de ses deux frères[84]. Ces royaumes furent à leur tour divisés et toute cohésion interne disparut[85]. La dynastie carolingienne s'éteignit en Francie orientale en 911 avec la mort de Louis IV en 911[86] et le choix de Conrad Ier sans lien de parenté[87]. Elle perdura plus longtemps en Francie occidentale mais fut finalement remplacée en 987 par la dynastie capétienne avec le couronnement de Hugues Capet (r. 987–996).
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+ La désintégration de l'Empire carolingien s'accompagna de nouvelles vagues de migrations. Les Vikings originaires de Scandinavie pillèrent les côtes britanniques et continentales de la mer du Nord et s'y installèrent au début du IXe siècle. En 911, le chef viking Rollon (d. c. 931) fut autorisé par le roi franc Charles III (r. 898–922) à s'installer dans ce qui devint la Normandie[88]. Depuis cette base, les Normands lancèrent des expéditions militaires notamment en Angleterre avec Guillaume le Conquérant (d. 1087) et jusque dans le sud de l'Italie avec Robert Guiscard (d. 1085)[89]. À l'est, les frontières des royaumes francs furent la cible de nombreuses attaques hongroises jusqu'à ce que ces derniers ne soient battus à la bataille du Lechfeld en 955 et se sédentarisent dans la plaine de Pannonie[90].
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+ Les actions des dirigeants locaux pour faire face à ces invasions entraînèrent la formation de nouvelles entités politiques. En Angleterre anglo-saxonne, le roi Alfred le Grand (r. 871–899) négocia avec les envahisseurs vikings le partage du territoire et céda une bonne partie du nord et de l'est de l'Angleterre[91]. Au milieu du Xe siècle, ses successeurs reprirent certains territoires et restaurèrent la domination anglaise sur le sud de la Grande-Bretagne[92]. Plus au nord, Kenneth MacAlpin (d. c. 860) rassembla les Pictes et les Écossais au sein du royaume d'Alba[93]. Au début du Xe siècle, la dynastie ottonienne s'imposa dans le royaume de Germanie qui avait succédé à la Francie orientale et combattait les Hongrois. Otton Ier (r. 936–973) renforça son pouvoir et en 962, il fut couronné empereur du Saint-Empire romain germanique[94]. En Espagne, les chrétiens qui avaient été repoussés au nord de la péninsule par l'expansion musulmane s'étendirent progressivement vers le sud aux IXe et Xe siècles et fondèrent les royaumes de León et de Navarre[95].
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+ Les activités des missionnaires en Scandinavie aux IXe et Xe siècles facilitèrent l'émergence de royaumes comme la Suède, le Danemark et la Norvège. En plus de l'Angleterre et de la Normandie, les Vikings s'installèrent en Islande et dans ce qui devint la Russie. Dans cette région, ils développèrent un important réseau commercial en s'appuyant sur le réseau fluvial de la région et ils tentèrent même de prendre Constantinople en 860 et 907[96]. Malgré ces attaques, la situation de l'Empire byzantin, ébranlée par les attaques musulmanes, s'améliora durant les règnes des empereurs Léon VI (r. 886–912) et Constantin VII (r. 913–959) de la dynastie macédonienne. Le commerce fut relancé et les réformes de l'administration et de l'armée permirent à l'empereur Basile II (r. 976–1025) de progresser sur tous les fronts. La cour impériale fut le centre d'une renaissance culturelle avec des auteurs comme Jean Géomètre (d. c. 1000)[97]. Les missionnaires venant à la fois de l'ouest et de l'est convertirent les Moraves, les Bulgares, les Polonais, les Hongrois et les slaves de la Rus' de Kiev et ces conversions contribuèrent à la formation de nouveaux États sur les terres de ces peuples comme la Moravie, la Bulgarie, la Pologne ou la Hongrie[98].
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+ Peu de grands bâtiments en pierre furent construits entre les IVe et VIIIe siècles mais l'Empire carolingien raviva le concept de basilique[99] dont la principale caractéristique était la présence d'un transept[100] perpendiculaire à la nef[101]. Elles comportaient également une tour-lanterne au-dessus de la croisée du transept et une façade monumentale généralement située à l'extrémité ouest du bâtiment[102]. La cour de Charlemagne semble avoir été responsable de l'introduction des sculptures monumentales dans l'art chrétien[103] et à la fin du haut Moyen Âge, les représentations humaines presque grandeur nature comme la croix de Gero s'étaient répandues dans les plus grandes églises[104].
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+ L'art carolingien était destiné à un petit groupe de personnes appartenant à la cour ainsi qu'aux monastères et aux églises qu'elle soutenait. La volonté carolingienne était de retrouver les formes et la splendeur de l'art romain et byzantin, tandis que l'art anglo-saxon cherchait à associer les formes et les motifs celtiques avec ceux venant de la Méditerranée. Les œuvres religieuses du haut Moyen Âge qui nous sont parvenues sont essentiellement des manuscrits enluminés et des ivoires utilisés dans des pièces d'orfèvrerie qui ont depuis été fondues[105],[106]. Les objets en métaux précieux étaient les plus prestigieux mais ils ont presque tous été perdus hormis quelques croix comme la croix de Lothaire et des reliquaires. D'autres ont été retrouvés lors de découvertes archéologiques médiévales comme les trésors de Sutton Hoo en Angleterre anglo-saxonne, de Gourdon en France mérovingienne, de Guarrazar en Espagne wisigothique et de Nagyszentmiklós en Roumanie près du territoire byzantin[107]. De nombreux livres enluminés nous sont parvenus comme le Livre de Kells et les Évangiles de Lindisfarne anglo-saxons ou le Codex Aureus de Saint-Emmeran carolingien qui est l'un des rares à avoir conservé sa première de couverture en or et incrustée de pierres précieuses[108].
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+ Durant le Bas-Empire, les Romains cherchèrent à développer une force de cavalerie efficace et la création d'unités de cataphractaires lourdement protégés d'inspiration orientale fut une des solutions proposées. Cependant, en l'absence d'étrier, qui ne fut introduit en Europe que vers le VIIIe siècle, l'efficacité de la cavalerie en tant qu'unité de choc était limitée car il n'était pas possible de transférer toute l'énergie du cavalier et de sa monture dans les coups portés sans risquer d'être désarçonné[109]. La cavalerie était donc essentiellement légère et était souvent composée d'archers équipés de puissants arcs composites[110]. La composition des armées barbares n'était pas uniforme et certaines tribus comme les Anglo-Saxons étaient majoritairement composées de fantassins tandis que les Wisigoths et les Vandales intégraient une plus grande proportion de cavaliers[111]. L'importance de l'infanterie et de la cavalerie légère commença à décliner au début de la période carolingienne du fait de la domination croissante de la cavalerie lourde grâce à l'utilisation des étriers. Une autre avancée technologique qui eut des implications au-delà du domaine militaire fut le fer à cheval qui permit aux chevaux d'être utilisés sur tous les types de terrains[112]. L'art de la guerre fut également marqué par l'évolution de la spatha romaine qui s'allongea et s'affina pour donner naissance à l'épée médiévale[113] tandis que l'armure d'écailles (en) fut progressivement remplacée par la cotte de mailles et l'armure lamellaire (en) plus flexibles[114]. L'emploi de milices levées parmi la population déclina durant la période carolingienne avec une plus grande professionnalisation de l'armée[115]. Une exception fut l'Angleterre anglo-saxonne où les armées restaient composées de levées régionales appelées fyrds commandés par les élites locales[116].
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+ Le Moyen Âge dit « classique » ou « central », qui s'étend aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, est la période comprise entre le « Haut Moyen Âge » et le « Bas Moyen Âge ».
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+ Cette époque est marquée par une augmentation rapide de la population en Europe, entraînant des changements sociaux et politiques considérables, profitant à l'économie européenne à partir de 1250.
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+ La crise de la fin du Moyen Âge et la pandémie de peste noire marquent la fin du Moyen Âge classique et voient la stagnation de l'économie ainsi que le déclenchement de plusieurs guerres (dont la guerre de Cent Ans). C'est ce que l'on appelle la « grande dépression médiévale » théorisée par Guy Bois qui marque le début de l'entrée dans le Moyen Âge tardif par opposition avec la Renaissance.
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+ Le Moyen Âge central vit une forte croissance démographique. Les historiens estiment que la population européenne passa de 35 à 80 millions entre 1000 et 1347 et suggèrent que cela fut lié à l'amélioration des techniques agricoles, à un climat plus favorable, à l'accroissement des surfaces cultivées grâce aux défrichements et à l'absence d'invasions[117],[118],[119]. Plus de 90 % de la population restait composée de paysans et ces derniers se regroupèrent dans des petites communautés appelées seigneuries[118]. Ils étaient souvent assujettis à des nobles à qui ils devaient des services et un loyer en échange du droit de cultiver la terre. Le nombre de paysans libres était faible et ils étaient comparativement plus nombreux au sud qu'au nord de l'Europe[120].
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+ Les nobles, ceux portant des titres et les simples chevaliers, exploitaient les seigneuries et les paysans ; ces terrains ne leur appartenaient cependant pas entièrement et un suzerain les autorisaient à les utiliser via le système féodal. Durant les XIe et XIIe siècles, ces terres ou fiefs devinrent héréditaires et ne furent plus divisés entre tous les héritiers du propriétaire comme cela était le cas pendant le haut Moyen Âge mais étaient intégralement transmis au fils aîné[121],[122]. La domination de la noblesse reposait sur son contrôle de la terre et des châteaux, son service militaire dans la cavalerie lourde et sur diverses protections et exemptions fiscales[123]. Les châteaux forts, initialement construits en bois puis en pierre, commencèrent à être construits aux IXe et Xe siècles en réponse aux désordres de la période et offraient une protection contre les envahisseurs et les seigneurs rivaux. Ces fortifications étaient l'un des facteurs du maintien du système féodal car elles garantissaient une certaine autonomie des seigneurs face aux rois et aux autres suzerains[123]. La noblesse était subdivisée en plusieurs strates. Les rois et la haute-noblesse contrôlaient de vastes domaines et avaient autorité sur d'autres nobles. Cette basse-noblesse avait moins d'influence et possédait de plus petites propriétés avec moins de serfs. En dessous, les chevaliers était la classe inférieure de la noblesse car ils ne pouvaient pas posséder de terres et devaient servir d'autres nobles[124] ; certains, comme les ministériels étaient techniquement des serfs avec le statut de chevalier[125].
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+ Le clergé était également divisé et était composé du clergé séculier vivant au milieu des laïcs et du clergé régulier, qui suivait une règle religieuse comme les moines[126]. La plupart des membres du clergé régulier était issue de la noblesse qui fournissait également le haut de la hiérarchie du clergé séculier. À l'inverse, les prêtres des paroisses avaient généralement une ascendance paysanne[127]. Les citadins se trouvaient dans une position intermédiaire car ils ne s'intégraient pas à la division traditionnelle de la société en trois ordres à savoir la noblesse, le clergé et la paysannerie. Poussée par la croissance démographique, la population urbaine augmenta fortement aux XIIe et XIIIe siècles[128] même si elle ne dépassa probablement pas les 10 % de la population totale[129].
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+ Durant le haut Moyen Âge, les juifs habitaient principalement en Espagne et des communautés apparurent en Allemagne et en Angleterre aux XIe et XIIe siècles. Les juifs disposaient d'une relative protection en Espagne musulmane, tandis que dans le reste de l'Europe, ils subissaient des pressions pour les contraindre à se convertir au christianisme et étaient parfois victimes de pogrom comme lors de la Première croisade[130]. La majorité était confinée dans les villes car ils n'avaient pas le droit de posséder des terres et de nombreuses professions marchandes leur furent progressivement interdites[131]. En plus des juifs, d'autres minorités religieuses existaient aux marges de l'Europe, comme les païens à l'est ou les musulmans au sud[132].
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+ Au Moyen Âge, les femmes étaient officiellement subordonnées à un homme pouvant être leur père, leur époux ou un autre membre de la famille. Les veuves, qui avaient généralement une plus grande autonomie, devaient également faire face à des restrictions. Les activités féminines se limitaient habituellement aux tâches domestiques et à l'éducation des enfants. À la campagne, elles participaient aux moissons, à l'élevage des animaux et pouvaient obtenir des revenus supplémentaires en filant ou en brassant chez elles[133]. Les citadines devaient aussi s'occuper du foyer mais elles pouvaient également avoir une activité marchande, même si ces opportunités étaient variables selon les régions et les périodes[134]. Les femmes de la noblesse avaient souvent la possibilité de déléguer leurs tâches à des domestiques et pouvaient gérer les domaines et les affaires courantes en l'absence d'un proche mâle mais elles étaient communément exclues des questions militaires ou gouvernementales. Le seul rôle ouvert aux femmes dans l'Église était celui de nonne car il leur était interdit de devenir prêtre[133].
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+ En Italie et dans les Flandres, la croissance des villes qui disposaient d'une relative autonomie stimula la croissance économique et favorisa l'émergence de nouvelles formes commerciales. Les villes marchandes autour de la mer Baltique se rapprochèrent pour former une ligue commerciale appelée Hanse, tandis que les républiques maritimes italiennes comme Venise, Gênes et Pise s'affrontèrent pour le contrôle du commerce en Méditerranéenne[135]. Des grandes foires furent créées notamment dans le Nord de la France pour permettre les échanges entre marchands venant de toute l'Europe[136]. L'accroissement du commerce donna naissance à de nouvelles techniques financières visant à faciliter les échanges comme la comptabilité en partie double et les lettres de crédit, tandis que la frappe de l'or reprit en Italie puis dans les autres pays[137].
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+ Le Moyen Âge central vit la formation des actuels États d'Europe occidentale. Les rois de France, d'Angleterre et d'Espagne renforcèrent leur pouvoir et instaurèrent des institutions durables[138]. De nouveaux royaumes tels que la Hongrie et la Pologne devinrent les puissances dominantes en Europe centrale après leur conversion au christianisme[139]. Après avoir été longtemps attachée à l'indépendance par rapport aux souverains laïcs, la Papauté revendiqua une autorité temporelle sur l'ensemble du monde chrétien ; cette monarchie papale atteignit son apogée au XIIIe siècle sous le pontificat d'Innocent III (pape 1198-1216)[140].
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+ Au début de la période, l'Allemagne était gouvernée par la dynastie ottonienne qui s'opposait à de puissants ducs comme ceux de Saxe ou de Bavière, dont les territoires remontaient à l'Antiquité tardive. En 1024, celle-ci fut remplacée par la dynastie franconienne et l'un de ses membres, l'empereur Henri IV (r. 1084–1105), affronta la Papauté au sujet de la nomination des évêques lors de la querelle des Investitures[141]. Ses successeurs continuèrent à se battre contre Rome et la noblesse allemande et une période d'instabilité suivit la mort sans héritiers d'Henri V (r. 1111–1125) jusqu'à ce que Frédéric Barberousse devienne empereur (r. 1155–1190)[142]. Même s'il gouverna efficacement, les problèmes fondamentaux perdurèrent et continuèrent d'affecter ses successeurs[143] comme son petit-fils Frédéric II (r. 1220–1250), qui fut excommunié à deux reprises[144]. À l'est, le milieu du XIIIe siècle fut marqué par les conquêtes mongoles, dont les troupes écrasèrent les armées polonaises, hongroises et germaniques lors des batailles de Legnica et de Mohi en 1241. Préoccupé par leur crise de succession, les Mongols se replièrent, même s'ils réalisèrent d'autres attaques jusqu'à la fin du siècle. De leur côté, les principautés russes devinrent des vassaux (en) des Mongols puis de la Horde d'or, à qui ils devaient des tributs[145].
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+ Au début de la dynastie capétienne, le roi de France ne contrôlait réellement que quelques territoires en Île-de-France mais son autorité s'élargit tout au long des XIe et XIIe siècles[146]. Parmi les seigneurs les plus puissants figuraient les ducs de Normandie ; l'un d'eux, Guillaume le Conquérant (r. 1035–1087) conquit l'Angleterre et créa un empire avec des possessions des deux côtés de la Manche, qui dura sous diverses formes jusqu'à la fin du Moyen Âge[147],[148]. Les rois d'Angleterre Henri II (r. 1154–1189) et Richard Ier (r. 1189–1199) appartenant à la dynastie Plantagenêt régnaient ainsi sur l'Angleterre et sur une grande partie du sud-ouest de la France grâce au mariage du premier avec Aliénor d'Aquitaine (d. 1204)[149] ; ces territoires formaient l'Empire angevin[150],[151]. En 1204, le frère cadet de Richard Ier, Jean (r. 1199–1216), perdit la Normandie et les possessions anglaises du nord de la France lors d'une guerre avec le roi de France Philippe (r. 1180–1223). Cela causa des tensions au sein de la noblesse anglaise et les impôts exigés par Jean pour financer la reconquête des territoires perdus menèrent à la signature de la Magna Carta garantissant les droits et les privilèges des hommes libres en Angleterre. Son fils Henri III (r. 1216–1272) fut contraint à de nouvelles concessions qui limitèrent l'autorité royale[152]. À l'inverse, les rois de France continuèrent de réduire l'influence des nobles, intégrèrent de nouveaux territoires au domaine royal et centralisèrent l'administration[153]. Sous Louis IX (r. 1226–1270), le prestige royal atteignit de nouveaux sommets alors que le roi servait de médiateur pour les disputes dans toute l'Europe[154] ; il fut d'ailleurs canonisé par le pape Boniface VIII en 1297 (pape 1294-1303)[155]. En Écosse, les tentatives d'invasions anglaises provoquèrent une série de guerres dans la première moitié du XIVe siècle qui permirent au royaume de conserver son indépendance[156].
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+ En Espagne, les royaumes chrétiens qui avaient été confinés au nord-ouest de la péninsule commencèrent à repousser l'influence musulmane vers le sud lors de ce qui fut appelé la Reconquista[157]. Vers 1150, le nord chrétien s'était réorganisé en cinq grands royaumes : León, Castille, Aragon, Navarre et Portugal[158]. Le sud musulman, initialement uni au sein du califat de Cordoue, se fragmenta dans les années 1030 en de nombreux royaumes indépendants appelés taïfas[157] jusqu'à ce que les Almohades ne restaurent un pouvoir central dans les années 1170[159]. Les forces chrétiennes continuèrent de progresser et elles prirent Séville en 1248[160].
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+ Au XIe siècle, les Turcs seldjoukides originaires d'Asie centrale envahirent une grande partie du Moyen-Orient en occupant la Perse dans les années 1040 ainsi que l'Arménie et le Levant dans les décennies qui suivirent. En 1071, l'armée turque écrasa les forces byzantines à la bataille de Manzikert et captura l'empereur Romain IV (r. 1068–1071). Cette défaite eut d'importantes conséquences pour l'Empire Byzantin qui perdit certaines de ses provinces les plus peuplées et les plus prospères et fut contraint à la défensive. Les Turcs subirent également des revers avec une série de guerres civiles et la prise de Jérusalem par les Fatimides d'Égypte en 1098[161].
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+ La volonté de reprendre les Lieux Saints aux musulmans et les demandes d'aides de l'empereur byzantin Alexis Ier (r. 1081–1118) motivèrent le lancement de la Première croisade par le pape Urbain II (pape 1088-1099) lors du concile de Clermont en 1095. Le pape promit d'accorder des indulgences à tous ceux qui participeraient, et des dizaines de milliers de personnes venant de toutes les couches sociales et de toute l'Europe se mirent en route vers la Terre sainte[162]. Jérusalem fut prise en 1099 et les croisés consolidèrent leurs conquêtes en fondant les États latins d'Orient mais la cohabitation avec les voisins musulmans fut difficile et dégénéra régulièrement en conflits. De nouvelles croisades furent donc lancées par la Papauté pour les soutenir[162], comme la Troisième destinée à reprendre Jérusalem capturée par Saladin (d. 1193) en 1187[163].
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+ La Quatrième Croisade porta un coup sévère à ce mouvement et affaiblit la Papauté. Les armateurs vénitiens transportant les croisés détournèrent l'expédition vers Constantinople et la prise de la ville en 1204 entraîna la création d'un Empire latin de Constantinople[164]. L'Empire byzantin fut gravement affecté et même s'il reprit la ville en 1261, il ne se releva jamais complètement de cette attaque[165]. Les croisades suivantes furent toutes de plus faible envergure et menées à l'initiative de monarques individuels comme Louis IX de France pendant les Septième et Huitième croisades. Elles furent incapables d'enrayer l'isolement des États croisés, qui furent tous repris par les musulmans en 1291[166].
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+ L'une des conséquences des croisades fut l'apparition d'ordres militaires comme les Templiers et les Hospitaliers, qui associaient la vie monastique avec le service militaire[167]. Les croisades espagnoles s'intégrèrent dans le mouvement de la Reconquista avec la formation de nouveaux ordres militaires comme ceux de Calatrava et de Santiago[168]. Les croisades ne furent pas uniquement lancées en direction du Proche-Orient et certaines visèrent les cultes jugés hérétiques par l'Église catholique comme le catharisme actif dans le sud de la France au XIIIe siècle ou le hussitisme en Bohême au XVe siècle[162]. Des expéditions appelées croisades baltes furent également menées contre les païens d'Europe orientale. Les Chevaliers Porte-Glaive étaient actifs dans les actuels États baltes dès le début du XIIIe siècle et ils furent intégrés à l'Ordre Teutonique. Initialement fondé dans les États croisés, ce dernier concentra ses activités dans la région de la Baltique et créa une théocratie avec son siège à Marienbourg en Prusse aux dépens de la Pologne et de la Lituanie[169].
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+ Au XIe siècle, les développements philosophiques et théologiques entraînèrent une grande activité intellectuelle. Les débats opposaient ainsi les réalistes et les nominalistes sur le concept d'universaux. Les échanges philosophiques furent également stimulés par la redécouverte des travaux d'Aristote sur l'empirisme et le rationalisme, et des universitaires comme Pierre Abélard (d. 1142) et Pierre Lombard (d. 1164) introduisirent la logique aristotélicienne dans la théologie. Le début du XIIe siècle vit l'émergence des écoles de cathédrales dans toute l'Europe occidentale et le transfert des lieux de savoir des monastères vers les villes[170]. Ces écoles furent à leur tour supplantées par les universités qui furent créées dans les grandes villes européennes[171]. L'association de la philosophie et de la théologie donna naissance à la scolastique visant à concilier la théologie chrétienne avec la philosophie antique[172] et qui culmina dans les travaux de Thomas d'Aquin (d. 1274) et de sa Summa Theologica[173].
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+ La culture de la noblesse fut marquée par le développement des idéaux chevaleresques et de l'amour courtois. Cette culture s'exprimait en langue vernaculaire plutôt qu'en latin et comprenait des poèmes, des récits et des chants populaires propagés par des troubadours et les ménestrels. Les histoires étaient souvent rédigées sous la forme de chansons de geste relatant des épopées chevaleresques telles que La Chanson de Roland ou La Chanson d'Antioche[174]. Des récits historiques et religieux furent également produits comme l'Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth (d. c. 1155) sur l'histoire légendaire de l'Angleterre et notamment celle du Roi Arthur[175],[176]. D'autres travaux étaient plus historiques comme la Gesta Frederici imperatoris d'Otton de Freising (d. 1158) sur la vie de l'empereur Frédéric Barberousse ou la Gesta Regnum de Guillaume de Malmesbury (d. c. 1143) sur les rois d'Angleterre[175].
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+ Le développement du droit civil fut stimulé par la redécouverte au XIe siècle du Corpus Juris Civilis de Justinien et le droit romain fut enseigné à partir de 1100 environ à l'université de Bologne, l'une des plus anciennes d'Europe. Cela entraîna la rédaction et la standardisation des codes juridiques dans toute l'Europe. Le droit canon fut également développé et vers 1140, le moine Gratien, enseignant à Bologne, rédigea le décret de Gratien qui uniformisait les différents règles canoniques[177]. Les travaux des scientifiques musulmans influencèrent également la pensée européenne avec notamment le remplacement de la numération romaine par le système décimal de notation positionnelle et l'invention de l'algèbre qui permirent des études mathématiques plus approfondies. L'astronomie s'appuya sur la traduction du grec vers le latin de l'Almageste de Ptolémée, tandis que la médecine profita des travaux de l'école de Salerne[178].
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+ Les XIIe et XIIIe siècles virent le développement d'innovations technologiques comme la généralisation des moulins à vent et à eau et l'invention de l'horloge mécanique, des spiritueux, de l'astrolabe et des lunettes de vue[180],[181]. La mobilisation de nombreuses formes d'énergie se généralisa et s'intensifia : hydraulique, thermique, éolienne, animale[182]. La rotation des cultures[118],[183], qui fut progressivement adoptée dans toute l'Europe, accrut l'usage de la terre et donc la production agricole[183]. L'apparition de la charrue facilita l'exploitation des sols lourds, tandis que le collier d'épaule permit l'utilisation de chevaux de traits plus puissants que les ânes[118].
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+ La construction des cathédrales et des châteaux témoigna des progrès des technologies de construction permettant l'édification de grands bâtiments en pierre ainsi que d'autres structures comme des hôtels de ville, des habitations, des ponts et des granges dîmières[184]. Les techniques de construction navale s'améliorèrent grâce aux bordages à clin et à franc-bord à la place des mortaises et tenons utilisés depuis l'époque romaine. L'utilisation des voiles latines et du gouvernail d'étambot permit d'accroître la vitesse et la manœuvrabilité des navires[185].
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+ Au niveau militaire, la domination de la cavalerie lourde s'estompa avec l'apparition de fantassins spécialisés comme les piquiers, les archers[186] et les arbalétriers[187]. Cela entraîna l'accroissement des protections avec des heaumes protégeant complètement le visage et l'utilisation de bardes pour les chevaux[188]. Du fait du nombre important de châteaux forts, la guerre de siège se développa avec la réutilisation de modèles antiques comme la catapulte ou le bélier et l'invention de nouveaux engins comme le trébuchet. L'utilisation de la poudre à canon est attestée en Europe dès la fin du XIIIe siècle et les armes à feu comme les canons et les armes portatives (en) se répandirent durant le Moyen Âge tardif[189].
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+ Au Xe siècle, l'architecture des monastères et des églises reprenait les styles utilisés dans la Rome antique, d'où le terme d'architecture romane. À la suite des premières constructions suivant le roman primitif, de nombreuses églises en pierre furent construites avec une remarquable homogénéité dans toute l'Europe avant l'an mil[190]. Le style se composait d'épais murs de pierre, de petites ouvertures surmontées d'arches semi-circulaires et, notamment en France, de voûtes en arc[191]. Les grands portails décorés de reliefs colorés représentant des scènes mythologiques devinrent un élément central des façades[192],[193]. Les murs intérieurs étaient également peints et un suivaient un schéma commun avec des scènes du Jour du jugement sur le mur occidental du transept, un Christ en gloire à l'est et des scènes bibliques dans la nef ou, dans le cas de l'abbaye française de Saint-Savin-sur-Gartempe, sur sa voûte en berceau[194]. L'art roman, en particulier son orfèvrerie, connut son apogée avec l'art mosan et des artistes comme Nicolas de Verdun (d. 1205) ; les fonts baptismaux de la collégiale Saint-Barthélemy de Liège sont un exemple de ce style presque classique[195] et contrastent par exemple avec le chandelier de Gloucester presque contemporain.
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+ À partir du XIIe siècle, les bâtisseurs français développèrent l'architecture gothique marquée par l'utilisation de croisées d'ogives, d'arcs-boutants et de larges vitraux. Elle fut largement utilisée dans la construction de cathédrales avec des exemples remarquables à Chartres et Reims en France et à Salisbury en Angleterre[196]. Les vitraux étaient des éléments essentiels des cathédrales qui continuaient à posséder des peintures murales ayant aujourd'hui presque entièrement disparu[197].
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+ Durant cette période, la réalisation des enluminures des manuscrits passa progressivement des monastères à des ateliers laïcs et les livres d'heures à destination des laïcs se développèrent[198]. L'orfèvrerie commença à faire appel à l'émail de Limoges pour les reliquaires et les croix[199]. En Italie, les innovations de Cimabue (d. c. 1302) et de Duccio (d. c. 1318) sur la peinture sur panneau et les fresques furent suivies par celles de Giotto (d. 1337) et donnèrent naissance au mouvement de la Pré-Renaissance[200]. La musique médiévale était principalement de nature religieuse ; le chant grégorien en était la principale forme et il se diversifia durant le Moyen Âge central avec l'apparition de l'organum, du conduit et du motet. La notation musicale fut également inventée à cette période.
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+ La réforme monastique devint un sujet important au XIe siècle car les élites commencèrent à s'inquiéter de l'accumulation de richesses par les monastères, tandis que la Papauté critiquait leur corruption. L'abbaye de Cluny fondée dans le centre de la France en 909 fut créée sur la base d'un respect rigoureux des règles monastiques[201]. Elle cherchait à maintenir un niveau élevé de vie spirituelle en se plaçant sous la protection de la Papauté et élisait son propre abbé sans interférence de la part des laïcs ; elle disposait ainsi d'une indépendance économique et politique par rapport aux seigneurs locaux[202]. Cluny gagna rapidement une réputation d'austérité et de rigueur et elle fut rapidement imitée dans toute l'Europe.
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+ Ces évolutions inspirèrent des changements dans le clergé séculier. Ceux-ci furent initiés par le pape Léon IX (pape 1049-1054) et l'idée d'indépendance cléricale fut la cause de la querelle des Investitures de la fin du XIe siècle. Le pape Grégoire VII (pape 1073-85) et l'empereur Henri IV s'opposèrent initialement sur la question de la nomination des évêques mais la dispute s'élargit au sujet du célibat des prêtres et de la simonie. L'empereur considérait que la protection de l'Église était une de ses prérogatives et voulait conserver le droit de nommer les évêques de son choix mais la Papauté insista sur l'indépendance de l'Église par rapport aux seigneurs laïcs. Le concordat de Worms de 1122 permit de résoudre une partie de ces questions mais la querelle marqua une étape importante dans la création d'une monarchie papale séparée mais égale aux autorités laïques et elle renforça les princes allemands aux dépens de l'empereur[201].
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+ Le Moyen Âge central vit également le développement de nouveaux mouvements religieux comme les ordres monastiques des Chartreux et des Cisterciens. Ces ordres furent créés en réponse aux inquiétudes des laïcs qui estimaient que le monachisme bénédictin ne répondait plus à leurs besoins et qui voulaient revenir au monachisme ermite plus simple des débuts du Christianisme[167]. Les pèlerinages furent ainsi encouragés ; les anciens sites comme Rome, Jérusalem et Saint-Jacques-de-Compostelle accueillirent un plus grand nombre de visiteurs, tandis que de nouveaux lieux comme Monte Gargano et Bari se développèrent[204]. Au XIIIe siècle, les ordres mendiants comme les Franciscains et les Dominicains, ayant fait vœu de pauvreté et se consacrant entièrement à la vie religieuse, furent approuvés par la Papauté[205]. À l'inverse, les Vaudois, les Umiliati et les Cathares, qui cherchaient également à revenir au christianisme originel, furent qualifiés d'hérétiques, persécutés voire éliminés avec l'aide de l'Inquisition médiévale[206].
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+ Les premières années du XIVe siècle furent marquées par la transition de l'optimum médiéval vers le petit âge glaciaire[207]. Les années 1313-1314 et 1317-1321 furent particulièrement pluvieuses dans toute l'Europe[208] et l'échec des récoltes provoqua une série de famines dont la plus importante, celle de 1315-1317, fit plusieurs millions de morts[209]. Ce changement climatique qui s'accompagna d'une baisse des températures entraîna une détérioration de la situation économique[210].
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+ Ces difficultés furent suivies en 1347 par une épidémie de peste surnommée la Peste noire. Originaire d'Asie, la maladie se répandit rapidement à toute l'Europe et tua probablement un tiers de la population en quelques années. Les villes furent particulièrement touchées en raison de la forte densité de population ; la ville de Lübeck en Allemagne perdit ainsi 90 % de ses habitants[211]. De vastes régions furent dépeuplées et les seigneurs avaient du mal à trouver assez de serfs pour cultiver leurs exploitations. Les terres les moins productives furent abandonnées et les survivants se concentrèrent sur les zones les plus fertiles[212]. Si le servage déclina en Europe de l'Ouest, il se renforça à l'est car les seigneurs l'imposèrent à leurs sujets qui étaient jusqu'alors libres[213]. Du fait du manque de main-d'œuvre, les salaires des ouvriers augmentèrent en Europe occidentale mais les autorités répondirent en adoptant des mesures pour limiter cet accroissement, comme l'Ordonnance des Travailleurs de 1349 en Angleterre. Ces tensions entraînèrent des soulèvements comme la Grande Jacquerie française de 1358 ou la révolte des paysans anglais de 1381[214]. Le traumatisme de la peste noire entraîna un renforcement de la piété qui se traduisit par l'apparition des flagellants, tandis que les juifs furent accusés d'être responsables de l'épidémie[215].
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+ La Révolution commerciale (en) fut initiée dans le nord de l'Italie avec l'apparition des premières banques facilitant les échanges commerciaux[216]. Les bénéficiaires de ces développements, comme les Fugger en Allemagne, les Médicis en Italie ou des individus comme Jacques Cœur en France, accumulèrent d'immenses fortunes et une large influence politique[217]. Le système financier de l'Incanto des galées du marché permit la création de l'Arsenal de Venise employant des milliers d'employés et produisant des galères sur un rythme presque industriel. Les guildes se développèrent dans les villes et des organisations reçurent des monopoles sur le commerce de certains produits comme le Staple avec la laine en Angleterre[218]. À l'inverse, les foires déclinèrent avec le développement de routes maritimes entre la Méditerranée et l'Europe du Nord et des villes comme Bruges devinrent des places financières de premier plan avec la création des premières bourses. Après la dépopulation causée par la Peste noire, les villes connurent une forte croissante démographique. Vers 1500, Venise, Milan, Naples, Paris et Constantinople comptaient chacune plus de 100 000 habitants, tandis qu'une vingtaine d'autres dépassaient les 40 000 personnes[219].
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+ Le bas Moyen Âge vit l'apparition de puissants États-Nations monarchiques comme l'Angleterre, la France, l'Aragon, la Castille et le Portugal. Les nombreux conflits internes renforcèrent l'autorité royale sur les seigneurs locaux[220] mais le financement des guerres nécessitait l'augmentation des impôts et la création de méthodes de collecte plus efficaces[221]. Le besoin d'obtenir le consentement des contribuables accrut les pouvoirs d'assemblées représentatives comme les États généraux en France et le Parlement d'Angleterre[222].
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+ Tout au long du XIVe siècle, les rois de France cherchèrent à étendre leur autorité aux dépens de la noblesse[223] mais les tentatives destinées à prendre le contrôle des possessions anglaises dans le sud-ouest de la France déclenchèrent la guerre de Cent Ans[224]. Le début de ce conflit fut à l'avantage des Anglais, qui remportèrent les batailles de Crécy, de Poitiers et d'Azincourt et s'emparèrent de larges portions du territoire français[225]. Ces défaites causèrent de graves troubles au sein du royaume de France, qui se traduisirent par les actions des grandes compagnies et la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons[226]. La situation se retourna néanmoins au début du XVe siècle avec les succès de Jeanne d'Arc (d. 1431), qui permirent aux Français de reprendre l'ascendant. À la fin de la guerre en 1453, les Anglais ne possédaient plus sur le continent que la ville de Calais[227] mais l'économie française avait été fortement affectée par les combats. Le conflit contribua à forger des identités nationales des deux côtés de la Manche[228]. Les affrontements témoignèrent également de l'évolution des technologies militaires et l'arc long anglais souverain au début du conflit[229] montra son infériorité face à l'artillerie de campagne à la fin de la guerre comme lors de la bataille de Castillon en 1453[189].
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+ Dans le territoire de l'actuelle Allemagne, le Saint-Empire continua d'exister mais le choix de l'empereur se faisant par élection après 1356, aucun véritable État-Nation ne put se constituer autour d'une dynastie durable et l'Empire resta un regroupement lâche de plusieurs centaines d'entités[230]. À l'est, les royaumes de Pologne, de Hongrie et de Bohême se renforcèrent, tandis que les principautés russes commencèrent à émerger du joug tatar[231]. Dans la péninsule ibérique, les royaumes chrétiens continuèrent de reprendre des territoires aux musulmans[231] malgré les rivalités et les crises de succession[232],[233]. En Angleterre, la fin de la guerre de Cent Ans fut suivie par une longue guerre civile appelée guerre des Deux-Roses, qui ne se termina que dans les années 1490[233] avec la victoire de la maison Tudor d'Henri VII (r. 1485–1509) lors de la bataille de Bosworth en 1485[234]. La Scandinavie fut unifiée par l'union de Kalmar durant tout le XVe siècle mais le mécontentement de la noblesse suédoise (en) concernant la centralisation au Danemark et le bain de sang de Stockholm en 1520 entraînèrent la désintégration de l'union trois ans plus tard[235].
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141
+ Même si les empereurs de la dynastie des Paléologues reprirent Constantinople aux croisés en 1261, l'Empire n'était plus composé que d'une petite portion des Balkans autour de Constantinople et de territoires côtiers au sud de la Mer Noire et autour de la Mer Égée. Ses anciennes possessions dans les Balkans avaient été divisées entre les nouveaux royaumes de Serbie (en) et de Bulgarie. La situation byzantine se détériora encore plus avec l'émergence en Asie mineure au XIIIe siècle de la tribu turque des Ottomans, qui s'étendit vers l'ouest tout au long du XIVe siècle. La Bulgarie devint un vassal en 1366 tout comme la Serbie après la défaite de Kosovo en 1389. Inquiets de cette expansion sur des terres chrétiennes, les Européens de l'ouest déclarèrent une croisade mais leur armée fut battue à la bataille de Nicopolis en 1396[236]. Au début du XVe siècle, l'Empire byzantin se réduisait à quelques territoires autour de Constantinople et la ville fut finalement prise par les Ottomans de Mehmed II en 1453[237].
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+ Au niveau religieux, le XIVe siècle fut marqué par la Papauté d'Avignon de 1305-1378, durant laquelle le pape résida dans la ville du même nom dans le sud de la France[238]. Cette situation était liée à l'affrontement entre le pape Boniface VIII et le roi Philippe IV de France concernant l'autorité pontificale. Après la mort rapide du successeur de Boniface VIII, le conclave désigna Clément V (pape 1305-1314), qui refusa de se rendre à Rome et fit venir la Curie à Avignon quatre ans plus tard. Durant cet exil, parfois qualifié de « captivité babylonienne »[239], la Papauté passa sous l'influence grandissante de la Couronne de France. Le pape Grégoire XI (pape 1370-1378) décida de retourner à Rome en 1377 mais les conflits en Italie et l'autoritarisme réformateur de son successeur Urbain VI (pape 1378-1389) provoquèrent le Grand Schisme d'Occident. Durant cette période qui dura de 1378 à 1418, il y eut deux puis trois papes rivaux, chacun soutenu par des États différents[240]. Après un siècle de troubles, l'empereur Sigismond organisa en 1414 le concile de Constance, qui déposa deux des papes rivaux et désigna Martin V (pape 1417-1431) comme seul pape[241].
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145
+ En plus de ce schisme, l'Église catholique était traversée par des controverses théologiques. Le théologien anglais John Wyclif (d. 1384) fut ainsi condamné pour hérésie après avoir traduit la Bible en anglais et avoir rejeté la doctrine de la transsubstantiation[242]. Ses écrits influencèrent le mouvement des Lollards en Angleterre et des Hussites en Bohème[243]. Cette dernière révolte fut aussi inspirée par les travaux du moine Jan Hus, qui fut brûlé vif pour hérésie en 1415[244]. Les accusations d'hérésie furent également détournées pour servir des besoins politiques, et la dissolution de l'Ordre du Temple en 1312 permit le partage de leur fortune entre le roi Philipe IV de France et les Hospitaliers[245]
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147
+ Le rejet de ces évolutions théologiques par la Papauté éloigna le clergé des laïcs et ce fossé fut accentué par l'accroissement du commerce des indulgences et le pontificat marqué par les excès et le népotisme d'Alexandre VI (pape 1492-1503). Des mystiques comme maître Eckhart (d. 1327) ou Thomas a Kempis (d. 1471) rédigèrent des travaux appelant les laïcs à se concentrer sur leur vie spirituelle intérieure, ce qui posa les bases de la Réforme protestante du XVIe siècle. Aux côtés du mysticisme, les croyances concernant la sorcellerie se répandirent ; l'Église ordonna l'éradication de ces pratiques en 1484 et elle publia le Malleus Maleficarum (« Marteau des Sorcières ») en 1486, qui servit de base à la chasse aux sorcières[246].
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+ Le Moyen Âge tardif connut une réaction contre la scolastique menée par l'Écossais Jean Duns Scot (d. 1308) et l'Anglais Guillaume d'Ockham (d. c. 1348)[172], qui s'opposaient à l'application de la raison à la foi. Ockham insista sur le fait que le fonctionnement différent de la foi et de la raison permettait la séparation entre la science et la théologie[247]. Dans le domaine juridique, le droit romain s'imposa dans les secteurs auparavant régulés par le droit coutumier sauf en Angleterre, où le système de common law resta dominant[248].
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+ L'éducation restait principalement centrée sur la formation du futur clergé. Les apprentissages des bases comme la lecture ou le calcul continuaient de se faire en famille ou auprès du prêtre du village mais les études supérieures du trivium (grammaire, rhétorique et dialectique) se faisaient dans les écoles de cathédrales et dans les universités se trouvant dans les villes. L'emploi des langues vernaculaires s'accrut avec des auteurs comme Dante (d. 1321), Pétrarque (d. 1374) et Boccace (d. 1375) en Italie, Geoffrey Chaucer (d. 1400) et William Langland (d. c. 1386) en Angleterre et François Villon (d. 1463) et Christine de Pisan (d. c. 1430) en France. Les ouvrages de nature religieuse continuaient de représenter la majorité des éditions et étaient généralement rédigés en latin mais la demande d'hagiographies en langues vernaculaires s'accrut chez les laïcs[248]. Cette évolution fut alimentée par le mouvement Devotio moderna et la formation des Frères de la vie commune mais également par les travaux des mystiques allemands comme Maître Eckhart et Jean Tauler (d. 1361)[249]. Le théâtre du Moyen Âge était très souvent de nature religieuse même si les formes étaient plus variées. Les drames liturgiques côtoyaient les farces, les moralités et à la fin de la période, les mystères[248]. À la fin du Moyen Âge, le développement de la presse typographique entraîna la création de maisons d'édition dans toute l'Europe et facilita la production des livres[250]. Les taux d'alphabétisation s'accrurent mais restèrent néanmoins à un niveau assez bas ; on estime ainsi qu'un homme sur dix et une femme sur cent savaient lire en 1500[251].
152
+
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+ Dès la fin du XIIIe siècle, des explorateurs européens comme le Vénitien Marco Polo (d. 1324) cherchèrent de nouvelles routes commerciales vers l'Asie[252]. L'attrait des richesses et des produits d'Extrême-Orient dont l'approvisionnement était contrôlé par les marchands arabes et vénitiens poussa à la recherche de voies maritimes permettant de contourner leur monopole. À partir de 1415, le prince portugais Henri le Navigateur (d. 1460) encouragea l'exploration maritime des côtes occidentales de l'Afrique et les îles Canaries, les Açores et le Cap-Vert furent découverts avant sa mort. L'introduction de navires plus performants comme les caravelles permit aux navigateurs portugais de longer les côtes africaines jusque dans l'hémisphère sud et en 1486, Bartolomeu Dias franchit le cap de Bonne-Espérance et la pointe sud de l'Afrique. Deux ans plus tard, Vasco de Gama arriva en Inde et ramena avec lui un chargement d'épices dont la valeur était considérable en Europe[253]. Les expéditions portugaises furent imitées par d'autres pays européens et en 1492, le marin génois Christophe Colomb découvrit l'Amérique pour le compte de la Couronne d'Espagne[254], tandis que l'Angleterre finança le voyage de Jean Cabot (d. c. 1499) qui explora les actuelles provinces maritimes du Canada en 1497[255].
154
+
155
+ L'infanterie et la cavalerie légère continuèrent à se répandre aux dépens de la cavalerie lourde[256]. Les armures devinrent de plus en plus perfectionnées avec l'apparition d'armures de plates offrant une meilleure protection contre les armes à feu[257]. Les armes d'hast devinrent l'armement standard de l'infanterie et leur utilisation fut notamment illustrée par les mercenaires suisses et germaniques[258]. La composition des armées évolua également avec l'emploi grandissant de mercenaires comme les condottieres recrutés par les cités-États italiennes (en)[259]. À l'inverse, le bas Moyen Âge vit l'apparition des premières unités professionnelles permanentes comme les compagnies d'ordonnance françaises[260].
156
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157
+ L'élevage de moutons à laine longue autorisa la réalisation de textiles plus résistants tandis que le remplacement de la quenouille traditionnelle par le rouet permit d'accroître fortement la production du filage[261]. L'habillement fut révolutionné par l'apparition de boutons permettant un meilleur ajustement des vêtements[262]. Les moulins à vent furent améliorés par la création de moulin-tours qui pouvaient pivoter afin d'être utilisés quelle que soit la direction du vent[263]. L'apparition du haut fourneau en Suède vers 1350 accrut la production et la qualité du fer[264]. Les premiers brevets furent créés en 1447 à Venise pour protéger les droits des inventeurs[265].
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+ En Italie, le Moyen Âge tardif correspondit avec les périodes culturelles du Trecento et du Quattrocento, qui virent la transition vers le mouvement de la Première Renaissance. À l'inverse, l'Europe du Nord et l'Espagne poursuivirent l'utilisation de l'art gothique, qui devint de plus en plus élaboré jusqu'à la fin de la période. Ces raffinements donnèrent naissance au gothique international, dont les plus beaux exemples furent Les Très Riches Heures du duc de Berry dont la réalisation s'étala sur tout le XVe siècle ou la coupe de sainte Agnès[266]. Le Primitif flamand représenté par des artistes comme Jan van Eyck (d. 1441) et Rogier van der Weyden (d. 1464) rivalisa avec les mouvements picturaux de l'Italie. Le mécénat se développa chez les classes marchandes d'Italie et des Flandres, qui commandèrent des peintures, des bijoux, du mobilier et des faïences[267]. La production de soie se développa en Italie et dans le sud de la France, et cela permit aux élites et aux églises de ne plus dépendre des importations byzantines ou musulmanes. L'industrie de la tapisserie se développa en France et dans les Flandres avec des productions comme la Tenture de l'Apocalypse ou La Dame à la licorne[268].
160
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161
+ Dans les églises et les cathédrales, les tombes et les caveaux devinrent plus élaborés, tandis que les retables et les chapelles se répandirent. À partir des années 1450, les livres imprimés se répandirent même s'ils restaient coûteux ; environ 30 000 éditions d'Incunables furent réalisées avant 1500[269]. En Europe du Nord, des petits ouvrages xylographiés, les incunables xylographiques, presque tous religieux, devinrent accessibles même aux paysans, tandis que les techniques de taille-douce s'adressaient à une clientèle plus aisée[270]. En musique, l'ars nova polyphonique représenté notamment par les poètes français Philippe de Vitry (d. 1361) et Guillaume de Machaut (d. 1377) remplaça l'ars antiqua caractérisé par le plain-chant[271].
162
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+ Le Moyen Âge est fréquemment caricaturé et présenté comme « une période d'ignorance et de superstition » qui plaçait « les paroles des autorités religieuses au-dessus des expériences personnelles et de la réflexion rationnelle[272] ». Cette perception est en partie liée à l'héritage de la Renaissance et des Lumières, quand les intellectuels se définissaient en opposition à cette période. Ceux de la Renaissance considéraient le Moyen Âge comme une période de déclin par rapport à la civilisation et à la culture du monde antique qu'ils tenaient en haute estime, tandis que les philosophes des Lumières, pour qui la raison était supérieure à la foi, méprisaient le Moyen Âge et l'importance accordée à la religion[9]. Ainsi, ce que l'on retient trop souvent du Moyen Âge, de sa civilisation, des structures politiques et sociales, des genres de vie et des relations humaines, a été dicté, il y a maintenant déjà très longtemps, par des œuvres de pure propagande, élaborées consciencieusement puis reprises par des foules de polygraphes appliqués à seulement copier, de sorte que de nombreux clichés se retrouvent encore ici ou là dans de simples manuels pour école primaire, dans de beaux livres illustrés destinés à un large public cultivé, et même dans des études plus spécialisées, commentaires par exemple d'ouvrages littéraires ou artistiques[273].
164
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+ Cette vision a commencé à être réévaluée à partir du XIXe siècle avec notamment le développement du médiévalisme, qui se traduisit par le style néogothique en architecture, le préraphaélisme en peinture ou le développement de fêtes médiévales. La redécouverte des renaissances médiévales a poussé certains historiens à réévaluer le rôle de la raison durant cette période. Edward Grant (en) écrivit ainsi que « si les pensées rationnelles révolutionnaires furent exprimés [au XVIIIe siècle], cela ne fut possible que grâce à la longue tradition médiévale qui considérait l'usage de la raison comme la plus importante des activités humaines »[274]. De même, David C. Lindberg (en) avança que « l'intellectuel de la fin du Moyen Âge connaissait rarement l'action coercitive de l’Église et se serait considéré comme libre (particulièrement dans les sciences naturelles) de suivre la raison et l'observation, peu importe où elles pouvaient le mener »[275].
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+ Cependant, la période a fait encore l'objet, pendant tout le XIXe siècle et une bonne partie du XXe siècle de nombreuses idées reçues, à travers certaines notions plus spécifiques. Pierre Riché remet les choses en place sur les fameuses « Terreurs de l'an mille », légende tenace datant de la Renaissance et née sous l'influence des écrits d'un moine gyrovague du XIe siècle, Raoul Glaber, sans référence à d'autres sources ; cette légende a été amplifiée par les historiens du XIXe siècle, parmi lesquels Michelet ; Pierre Riché décrit plutôt la période de l'an mille comme une période de stabilité et de prospérité[276]. L'image négative de la féodalité s'est répandue pendant les Lumières, a culminé au moment de la Révolution lors de l'abolition des privilèges, puis a fait l'objet au XIXe siècle de catalogues d'anecdotes dramatiques et d'abus insupportables, mais sans analyse systématique du phénomène dans son contexte[277]. Une idée fausse, propagée au XIXe siècle[278] et toujours très répandue, rapporte que tout le monde au Moyen Âge croyait que la Terre était plate[278]. En réalité, les universitaires médiévaux connaissaient la rotondité de la Terre[279], et Lindberg avance « qu'il n'y avait pas un seul érudit chrétien au Moyen Âge qui doutait de la sphéricité [de la Terre] et ne connaissait pas sa circonférence approximative »[280]. D'autres idées fausses, comme « l'Église interdisait les autopsies et les dissections durant le Moyen Âge », « le développement du christianisme détruisit la science antique » ou « l'Église chrétienne médiévale entrava la croissance de la philosophie naturelle », sont citées par l'historien Ronald Numbers comme des exemples de légendes populaires toujours considérées comme des vérités historiques, même si elles ne sont pas soutenues par les travaux universitaires[281].
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+ Pokémon (prononcé [pɔ.ke.mɔn] ; en japonais ポケモン, Pokemon, prononcé [po̞kʲe̞mõ̞ɴ]) est une franchise créée par Satoshi Tajiri en 1996, présente en particulier en jeu vidéo, dans des séries éditées par Nintendo. Selon les statistiques de Nintendo en 2010, les jeux Pokémon se sont vendus à environ 250 millions d’unités. Le jeu vidéo Pokémon Rouge et Bleu s’est vendu à plus de 30 millions d’exemplaires, ce qui en fait un record des ventes dans l’histoire du jeu vidéo.
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5
+ La franchise est également exploitée sous forme d’anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner. Dans la série animée homonyme, le personnage principal, Sacha, voyage à travers diverses régions fictives dans le but d’attraper de nouvelles sortes de monstres éponymes, un concept qu’on retrouve également dans les jeux vidéo de la franchise. Pokémon a eu un impact culturel très important dans les pays où il a été introduit, dont le Japon, les États-Unis, le Canada, la France et d'autres pays européens.
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7
+ Le nom Pokémon est issu de la contraction de Poketto Monsutā, romanisation du japonais ポケットモンスター[1] traduisant l'anglais Pocket Monsters. Le terme Pokémon, en plus de référer à la franchise Pokémon elle-même, réfère aussi collectivement aux 896 espèces fictionnelles réparties en huit générations Pokémon. Pokémon est identique au singulier et au pluriel, comme dans chaque nom d'une espèce ; il est grammaticalement correct de dire un Pokémon et de nombreux Pokémon, ainsi que un Pikachu et des Pikachu[2].
8
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9
+ Dans l'univers des Pokémon[N 1], les animaux du monde réel n'existent pas (ou très peu). Le monde est peuplé de Pokémon, des créatures qui vivent en harmonie avec les humains, mais possèdent des aptitudes quasiment impossibles pour des animaux du monde réel, telles que cracher du feu, comme Dracaufeu, ou encore générer de grandes quantités d'électricité, comme Magnéti[3]. Chaque sorte[N 2] de Pokémon possède un nom, qui peut à la fois être utilisé pour parler de Pokémon individuels ou de l'ensemble des Pokémon de la même sorte. Certains Pokémon dits « légendaires » sont les seuls représentants de leur sorte et dans les jeux récents sont des entités incarnant une puissance naturelle. Dans la série animée, les Pokémon ne peuvent prononcer en règle générale que leur nom[N 3], mais il existe quelques cas rares où des Pokémon ont appris un langage humain[N 4],[4],[5]. Des humains utilisent ces aptitudes dans leurs activités professionnelles : ainsi les Caninos de l'Agent Jenny l'aident à poursuivre les criminels.
10
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11
+ Certains dressent les Pokémon pour organiser des combats entre eux, transportant généralement les Pokémon dans des Poké Balls, des balles compactes où un Pokémon peut être contenu[3],[6],[7]. Ces dresseurs Pokémon voyagent à travers le monde dans le but d'attraper le plus grand nombre de Pokémon, puis éventuellement devenir Maître Pokémon, un titre donné au dresseur ayant battu le maître de la ligue. Certains dresseurs enregistrent les informations des Pokémon qu'ils ont capturés ou observés dans un Pokédex, un appareil électronique qui répertorie et affiche les informations sur les différents Pokémon[8]. À partir de l'âge de dix ans, il est possible de commencer son apprentissage de dresseur en recevant une licence de la Ligue Pokémon[9]. L'apprentissage consiste à partir capturer des Pokémon dans leurs habitats naturels, puis à les entrainer au combat.
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13
+ Les matchs Pokémon consistent en combats entre les Pokémon de deux dresseurs, et se terminent quand tous les Pokémon de l'un d'entre eux sont KO. La mort des Pokémon est donc évitée, et les Pokémon peuvent être soignés au Centre Pokémon, un bâtiment où les infirmières guérissent les Pokémon blessés[10],[7]. Pour participer à des compétitions, les dresseurs peuvent se déplacer aux différentes Arènes Pokémon où un badge leur est offert s'ils sortent victorieux d'un match contre le champion d'arène[9]. Après avoir gagné tous les badges de la région, un dresseur peut partir au siège de la Ligue Pokémon pour affronter quatre dresseurs d'élite, souvent appelés le « Conseil des 4 ». Ce n'est qu'après avoir battu ces quatre dresseurs que le dresseur peut affronter le Maître de la Ligue[11].
14
+
15
+ Il existe dix-huit types (voir la liste ci-contre). Chaque Pokémon possède un ou deux types qui conditionnent la plupart de ses attaques et caractérisent ses forces et ses faiblesses vis-à-vis des autres types, organisées comme le pierre-papier-ciseaux pour équilibrer les combats[12]. De nombreux Pokémon se transforment en une nouvelle sorte (ce phénomène est appelé une « évolution[N 6] ») après avoir atteint un certain niveau d'expérience ou d'autres critères plus complexes (objets, échange, etc) ; cela leur donne souvent de meilleures statistiques de combat et parfois un nouveau type. En tout, un Pokémon de base peut évoluer au plus deux fois[N 7].
16
+
17
+ Quelques Pokémon peuvent évoluer de plusieurs manières différentes (l'archétype de ces Pokémon est Évoli)[13].
18
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19
+ Les types Acier et Ténèbres[N 8] apparaissent dans la deuxième génération (Pokémon Or, Argent et Cristal), de même que le type Fée apparaît dans la sixième génération (Pokémon X et Y). Ils sont principalement attribués à des monstres propres à ces nouvelles générations, toutefois des Pokémon des générations antérieures se sont également vu attribuer ces types. Magnéti, créé dans la première génération en tant que type Électrique, est ainsi du double-type Électrique et Acier à partir de la deuxième génération.
20
+
21
+ Depuis l'apparition de la sixième génération, il existe un nouveau système d'évolution nommé "méga-évolution", décliné de deux manières différentes : la Primo-Résurgence (réservée à Kyogre et Groudon) et la méga-évolution classique. Cette dernière se réalise par l’intermédiaire d'une pierre portée par le Pokémon, dont le nom se compose de celui du Pokémon et du suffixe-ite (exemple : Braségalite pour Braségali).
22
+
23
+ Lors de la septième génération, c'est une autre forme d'évolution qui a fait son apparition, pouvant être assimilée au résultat d'une spéciation allopatrique. Ainsi, sur les îles d'Alola, on trouve des formes endémiques de certains Pokémon comme Noadkoko, appelées sobrement "formes d'Alola". Les "capacités Z" apparaissent également.
24
+
25
+ Pokémon est issu de l'imagination du développeur japonais Satoshi Tajiri[14]. Celui-ci se serait inspiré de l'élevage de criquets qu'il faisait pendant son enfance[15],[16],[17]. Ces insectes, destinés à concourir dans des courses, lui auraient donné la certitude que les criquets les plus vieux étaient plus expérimentés, gagnaient donc plus de courses et voyaient donc leur valeur vénale augmenter lors d'un échange[18].
26
+
27
+ Les premiers jeux vidéo Pokémon, Pocket Monsters Vert et Rouge sortent sur Game Boy en 1996, exclusivement au Japon, sous le nom de Pocket Monsters (ポケットモンスター, Poketto Monsutā?)[19].
28
+ Ils deviennent rapidement très populaires au Japon, se vendant à plus de 10 millions d'exemplaires[20],[21].
29
+ Une série animée et un jeu de cartes à collectionner sont alors créés[16]. C'est pendant cette période de succès local que la contraction Pokémon (venant de Poketto Monsutā) devient courante[10],[16].
30
+ Deux ans plus tard, les jeux Pokémon Rouge et Bleu sortent aux États-Unis, aux côtés de la série animée, diffusée sur le programme télévisé Kids' WB du CW Television Network, et une version du jeu de cartes à collectionner en anglais[16].
31
+ Les versions Rouge et Bleu se vendent très bien, battant tous les records de vente avec plus de 30 millions d'exemplaires[22].
32
+ La série, quant à elle, aide la chaîne de télévision à grimper dans les classements, au point que Warner Bros. Pictures sort un long métrage animé au cinéma l'année suivante, en 1999[20].
33
+ Avec 163 millions de dollars de recettes, Mewtwo Contre-Attaque est l'anime ayant eu le plus de succès au box-office[23].
34
+
35
+ La sortie en 2000 de Pokémon Or et Argent marque le début de la deuxième génération. Ces deux nouvelles versions, sorties sur Game Boy Color, incorporent des nouveautés, comme une centaine de nouvelles variétés de Pokémon, une nouvelle carte, et un nouveau scénario[24].
36
+ Leur parution est précédée de la sortie du film Le pouvoir est en toi, qui rapporte 133 millions de dollars[23]. En 2001, la série animée Pokémon reste la série télévisée préférée des enfants dans de nombreuses catégories, dont les enfants de 2 à 11 ans, et Kids' WB est le programme télévisé no 1 des enfants[16],[25]. Malgré le succès de l'anime et de la nouvelle génération de jeux, la franchise perd de la popularité, les films La voix de la forêt et Les Héros Pokémon ne rapportant qu'un million de dollars et 700 000 dollars, respectivement[23].
37
+
38
+ La franchise freine donc sa production pendant les deux années suivantes, prenant le temps de développer de nouveaux jeux pour se réinventer. C'est en 2003 que sortent les versions Rubis et Saphir sur Game Boy Advance, avec de nouveaux concepts, comme celui des PokéBlocs, mais aussi une addition considérable de nouvelles espèces de Pokémon, la liste des espèces atteignant 386[26].
39
+ Ces deux jeux se vendent bien, occupant la seconde et troisième place des jeux vidéo les plus vendus en 2003[27].
40
+ Cette renaissance de la popularité de Pokémon ne se fait pas uniquement au niveau des jeux vidéo, mais également via le jeu de cartes à collectionner[26].
41
+ En effet, une organisation du nom de Pokémon Organized Play se forme en 2003 et organise des tournois nationaux qui ravivent la popularité du jeu de cartes[28].
42
+ La série animée se réinvente elle aussi, avec un nouveau cycle de saisons appelé Pokémon: Advanced, qui lui rend sa popularité perdue[26].
43
+ Cette période marque le retour de Pokémon en matière de popularité mais aussi en matière de production[29].
44
+
45
+ Cette troisième génération de jeux continue avec la sortie d'une dizaine de nouveaux jeux Pokémon sur Game Boy Advance comme sur GameCube[26].
46
+ En 2004, les versions Rouge Feu et Vert Feuille sortent[30].
47
+ Ces deux nouvelles versions ne marquent pas le début d'une nouvelle génération, étant des remakes des deux premières versions à être commercialisées partout dans le monde, Pokémon Rouge et Bleu[31].
48
+
49
+ La quatrième génération devra attendre 2006, l'année de sortie des versions Diamant et Perle sur Nintendo DS au Japon. La sortie européenne se fait presque un an plus tard, en juillet 2007[32].
50
+ Cette fois-ci, le nombre de sortes de Pokémon passe à 493, et les jeux bénéficient de la technologie de la Nintendo DS, qui dispose de deux écrans[29].
51
+ Pendant ce temps, la série animée entre dans un nouveau cycle, Pokémon Diamant et Perle, qui jouit d'une popularité correcte aux États-Unis, étant diffusée sur Cartoon Network[29]. Pokémon Platine, qui est le troisième épisode de la génération Perle-Diamant sur Nintendo DS, sort le 13 septembre 2008 au Japon, le 22 mars 2009 aux États-Unis et le 22 mai 2009 en Europe[33],[34],[35],[36].
52
+
53
+ Lors de la sortie des versions Diamant et Perle, le nombre de Pokémon différents est de 493. On peut leur ajouter quelques variantes (souvent le nombre 497 est aussi annoncé, à cause des différentes formes de l'un d'eux), et quelques Pokémon qui n'ont pas été placés volontairement dans le jeu, mais apparaissent à cause de bugs (ces Pokémon n'apparaissent jamais dans les autres médias que les jeux)[37]. En 2010, les versions Pokémon Or HeartGold et Argent SoulSilver sortent, cette fois en tant que remakes des versions Pokémon Or et Argent, mais avec toutes les nouveautés issues des nouvelles générations, notamment techniques, ou au niveau du système de jeu.
54
+
55
+ En 2010, une cinquième génération de Pokémon arrive au Japon, puis l'année suivante en Amérique et en Europe avec la sortie des versions Noir et Blanc. Il existe désormais 649 Pokémon. Une fois de plus, les jeux sont un succès, et atteignent en Amérique un score de 1,4 million d'exemplaires vendus le premier jour de commercialisation[38]. Ces versions sont les premières de la licence à connaitre une suite, constituée de Pokémon version Noire 2 et Pokémon version Blanche 2. Jusque-là, les jeux n'avaient connu que des versions complémentaires, dont le scénario différait peu des premières versions de la génération. Ces suites sortent le 23 juin 2012 au Japon, le 7 octobre 2012 aux États-Unis et le 12 octobre en Europe. Au Japon, 1,6 million d'exemplaires sont écoulés en deux jours[39].
56
+
57
+ Le 8 janvier 2013, Game Freak annonce l'arrivée d'une sixième génération avec les jeux Pokémon X et Y. Ces jeux sont les premiers à connaître la même date de sortie dans tous les pays du monde : le 12 octobre de la même année[40]. Ils amènent deux grandes nouveautés : l'ajout du type fée et celui des méga-évolutions, qui modifient radicalement le déroulement des combats Pokémon. Avec 72 nouvelles créatures ajoutées pour cette édition, le nombre total de Pokémon atteint 721. Le 7 mai 2014, Nintendo annonce la sortie de Pokémon Rubis Oméga et Saphir Alpha pour novembre 2014. Ces jeux sont des remakes des versions Rubis et Saphir sorties en 2003. Les premières images du jeu ont été révélées à l'occasion du Nintendo Digital Event donné lors de l'E3 2014, le jeu reprend le moteur graphique de Pokémon X et Y.
58
+
59
+ La septième génération est annoncée le 26 février 2016, avec les jeux Pokémon Soleil et Pokémon Lune, qui sortent officiellement le 18 novembre 2016 dans le monde. Ils souffriront cependant d'un retard de cinq jours sur la date annoncée en Europe. L'histoire se passe à Alola, une région inspiré d'Hawaï. Dans cette saga, une nouvelle sorte de Pokémon fait son apparition : les formes d'Alola. D'anciens Pokémon de la première génération, comme Taupiqueur ou Tadmorv, obtiennent ainsi une nouvelle forme avec un type et des statistiques différents. 81 nouveaux Pokémon pour un total de 802. Le 6 juin 2017, Nintendo a annoncé les jeux Pokémon Ultra-Soleil et Pokémon Ultra-Lune. Ces versions sont sorties le 17 novembre 2017. Elles apportent 5 nouveaux Pokémon dans le Pokédex de la région d'Alola, de nouvelles fonctionnalités, ainsi qu'un scénario différent et surtout plus enrichi, complété d'un scénario post game mettant en scène le retour de la Team Rocket accompagnée des grands méchants des précédentes générations.
60
+
61
+ C'est également les deux dernières versions sur le support de la Nintendo 3DS.
62
+
63
+ Depuis Pokémon Go, deux nouveaux Pokémon apparaissent, puis une nouvelle fois dans la série principale avec Let's Go, Pikachu et Let's Go, Évoli. Ils sont sortis mondialement le 16 novembre 2018 sur Nintendo Switch.
64
+
65
+ La huitième génération est annoncée le 27 février 2019, avec les jeux Pokémon Épée et Pokémon Bouclier, qui sont sortis mondialement le 15 novembre 2019 sur Nintendo Switch[41].
66
+
67
+ À l'origine, la franchise était uniquement constituée des deux jeux sortis au Japon. Elle s'est également exploitée sous forme d’anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner[10]. Quel que soit le support, le concept reste toujours le même[42],[43].
68
+
69
+ La série de jeux vidéo Pokémon, commencée en 1996 au Japon avec Pocket Monsters, contient à ce jour près d'une soixantaine de jeux sortis sur Game Boy, Game Boy Color, Nintendo 64, Game Boy Advance, GameCube, Wii, Nintendo DS, Nintendo 3DS, Wii U et Nintendo Switch. Le premier duo de jeux, Pokémon Rouge et Pokémon Bleu, a été vendu à plus de 30 millions d'exemplaires, ce qui en fait, à l'époque, la seconde meilleure vente[22],[44],[45]. Le dernier duo en date, Pokémon Epée et Pokémon Bouclier, est sorti sur Nintendo Switch le 15 novembre 2019[46].
70
+
71
+ L'idée d'un jeu en ligne massivement multijoueur a été évoqué en 2009, néanmoins, Junichi Masuda rappelle que « L'échange est un concept central de Pokémon. Donc, quand vous faites un échange, vous rencontrez un ami et décidez de quel Pokémon vous allez vous échanger réciproquement. Il faut mettre l'accent sur la communication réelle entre les joueurs. Vous ne vous voyez pas quand vous êtes tous deux en ligne », ce qui est incompatible avec le MMO[47].
72
+
73
+ En octobre 2010, selon les statistiques de Nintendo, la série de jeux vidéo s'est vendue à 215 millions d'exemplaires à travers le monde[48].
74
+
75
+ En juillet 2016 sort le jeu Pokémon Go sur smartphones et tablettes tactiles. Il propose un gameplay adapté au mobile et basé sur une architecture massivement multijoueur. Le jeu demande aux joueurs de rechercher des Pokémon dans le monde réel à l'aide de la géolocalisation. Une fois trouvés, ceux-ci apparaissent sur l'écran en réalité augmentée. Le succès de ce jeu est phénoménal et planétaire : en quelques jours, le jeu devient l'une des applications les plus utilisées (dépassant par exemple le nombre d'utilisateurs quotidiens actifs de Twitter aux États-Unis[49]).
76
+
77
+ Le développement de l'e-sport dans les années 2000 a aussi entraîné avec lui toute la vague Pokémon. Les premiers tournois ont débuté avec la série et nombreuses sont les communautés sur internet qui s'intéressent au métagame complexe des jeux vidéo Pokémon.
78
+
79
+ Pokémon, la série a été créée au Japon à la suite de la popularité du premier jeu vidéo, et fut diffusée pour la première fois sur TV Tokyo le 1er avril 1997[16],[20],[50]. La série fut introduite à l'étranger à partir de 1998, et fut en grande partie responsable du programme télévisé Kids' WB, sur The CW Television Network[20]. La série continue le concept des jeux vidéo, suivant les aventures de Sacha et son ambition de devenir un jour maître Pokémon[51]. La série est maintenant diffusée sur Canal J, Gulli, M6, MCM et Cartoon Network. Elle connaît à la fin de 2018 sa vingt-deuxième saison[52] et son millième épisode fin 2017. Ces vingt-trois saisons sont séparées en sept cycles : Pocket Monsters (1997) (saisons 1 à 5), Advanced Generation (saisons 6 à 9), Diamant et Perle (saisons 10 à 13)[53], Noir et Blanc (saisons 14 à 16), XY (saisons 17 à 19), Soleil et Lune (saisons 20 à 22) et Pocket Monsters (2019) (saison 23).
80
+
81
+ Une série diffusée en parallèle à la série principale, Pokémon Chronicles, est diffusée en tant que spin-off. La majeure partie de la série, diffusée uniquement en Occident, est tirée du Weekly Pokémon Broadcasting Station, qui diffusait ces épisodes spéciaux en même temps qu'était rediffusé l'anime original, depuis octobre 2002[54].
82
+
83
+ Deux téléfilms ont également été diffusés. Ils incluent Le Retour de Mewtwo (Mewtwo Returns) en 2001 et Le Maître des mirages (The Mastermind of Mirage Pokémon) en 2006[55].
84
+
85
+ De plus, vingt longs métrages dérivés de la franchise sont sortis, dont certains uniquement au Japon. Le premier, Pokémon, le film : Mewtwo contre-attaque est sorti en 1998 au Japon et en 2000 en France. Celui-ci fait 2 224 456 entrées au cinéma en France[56]. Tout comme la série animée, les films racontent les aventures du dresseur Sacha et de ses compagnons.
86
+
87
+ Le 8 mai 2019 est sorti en France Pokémon : Détective Pikachu, premier film Pokémon en prise de vues réelles.
88
+
89
+ Le jeu de cartes à collectionner Pokémon a été créé par Tsunekazu Ishihara, propriétaire de Creatures, à la suite du succès de Pocket Monsters en 1996[5],[16],[57]. Le jeu de cartes a été exporté avec les autres jeux et la série à l'étranger à partir de début 1999, et a été édité par Wizards of the Coast[21],[58]. Après la sortie de Pokémon Rubis et Saphir, Nintendo a récupéré la propriété des cartes et commencé à se charger de la distribution à travers sa société The Pokémon Company[57]. Le jeu de cartes Pokémon est pratiqué dans de nombreuses conventions et tournois au Japon, aux États-Unis et en Europe[28]. En 2007, un jeu de figurines à jouer et à collectionner a été lancé, et accueilli avec enthousiasme par les fans américains[57].
90
+
91
+ Depuis ses débuts, la franchise Pokémon s'est déclinée en de nombreux mangas, qui adaptent de manière plus ou moins libre l'univers du jeu vidéo ou du dessin animé. Ils sont publiés au Japon par Shōgakukan et traduits en anglais par VIZ Media et Chuang Yi. Deux séries se distinguent par leur longévité puisque originellement parus à l'époque de Pokémon Rouge et Vert, elles continuaient à être publiées lors de la sortie de Pokémon Noir et Blanc.
92
+
93
+ D'une part, Pocket Monsters (ポ ケットモンスター, Poketto Monsutā?), de Anakubo Kōsaku, est une série humoristique assez éloignée de l'intrigue classique de Pokémon, mettant en scène un dresseur du nom de Red et ses deux Pokémon, un Mélofée (Clefairy[N 9]) grossier et insupportable et un Pikachu. La série est extrêmement populaire au Japon, où les ventes atteignent 3 millions d'exemplaires ; les personnages du manga font même une apparition sous forme de dessin animé dans une courte séquence de l'épisode 362 de la série télévisée[59].
94
+
95
+ D'autre part, Pocket Monsters Special (ポケットモンスタースペシ, Poketto Monsutā Supesharu?) scénarisé par Hidenori Kusaka et dessiné Satoshi Mato puis Yamamoto Satoshi, est une série d'aventures qui reprend au plus près l'intrigue des jeux vidéo : à chaque nouveau jeu correspond un nouvel arc narratif mettant en scène un nouveau héros qui porte le nom de la version (Red, Yellow, Gold, etc.)[60]. Chacun des chapitres de la série a pour titre le nom d'un Pokémon précédé de la mention « VS. »[61].
96
+
97
+ Seules trois séries de manga ont été traduites en français et publiés par Glénat entre 1999 et 2002 : Pokémon : Attrapez-les tous ! de Miho Asada, Pikachu Adventures ! de Yumi Tsukirino et Pokémon La grande aventure !, traduction de Pocket Monsters Special[62]. En 2011, la maison d'édition Kurokawa a repris l'édition de la série Pocket Monsters Special avec l'arc Pokémon Noir et Blanc[63], avant de publier les arcs Rouge, Bleu et Vert, Jaune, ainsi que Rubis et Saphir en 2014[64],[65]. Mais également l'arc Or et Argent qui a été finalisé en octobre 2016 et l'arc X et Y dont le sixième et dernier tome est sorti en mai 2017.
98
+
99
+ Pokémon eut un impact culturel très important dans les pays où il a été introduit, dont le Japon, les États-Unis, et plusieurs pays européens[66]. Les médias ont appelé cette frénésie envers les Pokémon, la Pokémania[67],[68]. Pokémon est un exemple-type de la mondialisation par les Japonais dans l'industrie vidéoludique[69],[70].
100
+
101
+ Bien que Satoshi Tajiri soit considéré comme le créateur des premiers jeux, Tsunekazu Ishihara, des studios Creatures, est souvent vu comme l'homme derrière la stratégie marketing des médias Pokémon[5]. Pocket Monsters, sorti au Japon en 1996, avait d'abord reçu peu d'attention, mais a grandi en popularité grâce au bouche à oreille. Le jeu était vendu en deux versions, Rouge et Vert. Certaines sortes de Pokémon n'étant disponibles que dans une des versions, le joueur se voit obligé d'échanger avec un joueur ayant l'autre version, ce qui ne pouvait être fait qu'avec le câble link vendu séparément[5],[17].
102
+
103
+ Les produits dérivés prennent rapidement une importance majeure pour la licence[71]. Pour promouvoir les jeux, Nintendo s'arrangea avec Shōgakukan pour que des mangas reprenant l'univers du jeu vidéo paraissent dans le magazine Koro-Koro, lu à l'époque par environ un enfant japonais sur quatre[5],[72]. Certaines de ces bandes dessinées furent traduites en anglais et vendues en Amérique du Nord. Shōgakukan créa également la série animée qui, grâce à sa popularité au Japon, augmenta les ventes des jeux[5]. Des longs métrages, des CD, des cassettes et autres produits dérivés furent vendus en parallèle à la série, et la franchise Pokémon se réserve tous les droits de sa marque de commerce[5]. La licence pour le jeu de cartes à jouer Pokémon Trading Card Game est concédé à Wizards of the Coast, leader mondial dans le domaine[71]. Ce jeu fait appel à la fois aux concepts de collection et de duel présents dans les jeux vidéo et incite le client à s'acheter de nouveaux paquets en incluant une carte puissante dans chaque paquet de dix cartes[5]. Lors de la sortie de Pokémon Rouge et Bleu en Europe, en octobre 1999, les produits dérivés représentaient un chiffre d'affaires mondial de 4,5 milliards de dollars, soit le triple de celui des jeux vidéo, alors que ces recettes ne représentent généralement que 50 % du chiffre d'affaires pour un autre jeu vidéo[71]. Entre 1999 et 2012, en France, la franchise Pokémon rapporte un chiffre d'affaires variant de 40 à 90 millions d'euros selon les années[73].
104
+
105
+ À l'origine, Nintendo avait des craintes quant au succès de Pokémon aux États-Unis, notamment à cause de différences culturelles[74]. Étant donné que Pokémon n'était pas seulement une série de jeux vidéo mais un phénomène culturel, son implantation en Amérique du Nord fut planifiée minutieusement[5],[75]. Bien que les décisions majeures eurent lieu en 1997, les plans concrets d'adaptation culturelle et linguistique furent mis au point au début de 1998. Pikachu étant un personnage clé de l'image de la franchise, son nom original fut utilisé dans tous les marchés, tandis que la majorité des autres noms furent traduits[5]. C'est pendant cette arrivée aux États-Unis que la franchise commença à utiliser officiellement le terme Pokémon, ayant utilisé Pocket Monsters auparavant. L'utilisation d'un accent aigu sur le E, présent dans tous les pays utilisant l'alphabet latin[18], indiquait que la voyelle devait être prononcée, mais les anglophones eurent du mal à savoir quelle était sa prononciation exacte[5]. La série, quant à elle, a été traduite et éditée pour l'alléger de connotations japonaises[5]. Contrairement au Japon, la stratégie employée aux États-Unis consistait à sortir les jeux vidéo, la série et les autres produits dérivés simultanément et de promouvoir la franchise en général plutôt que des produits individuels. La série fut lancée aux États-Unis le 9 septembre 1998 suivie par les jeux vidéo le 28 septembre[5] ; le phénomène gagna rapidement l'Amérique avec le slogan « Gotta catch 'em all! », traduit en français par « Attrapez les tous[17],[76],[77]. » Une stratégie semblable fut employée un an plus tard lors de la sortie de Pokémon Rouge et Bleu en France, avec la mise en avant des produits dérivés lors d'une campagne de communication de grande ampleur qui coûta quelque 20 millions de francs (3 millions d'euros) à Nintendo[71].
106
+
107
+ Pokémon eut un impact culturel très important dans de nombreux pays où il fut importé. Au Japon, Pokémon devint populaire, vendant plus d'un million d'exemplaires de Pocket Monsters en 1996, sans que Nintendo ait eu besoin de financer sa publicité[45]. Au Tokyo Game Show de 1997, les joueurs pouvaient obtenir le Pokémon Mew en le téléchargeant sur leur jeux. La file d'attente était de 4 kilomètres, et certains campèrent devant le salon[78],[45],[18]. En arrivant aux États-Unis, les versions Rouge et Bleu se vendirent à plus de 200 000 unités en quinze jours, puis continuèrent à se vendre à une moyenne de 800 000 unités par mois[45]. Ces deux versions devinrent les jeux les mieux vendus par Nintendo, puis les jeux les mieux vendus dans l'histoire du jeu vidéo, et Pokémon Pinball fut le jeu Game Boy s'étant vendu le plus rapidement, avec plus de 262 000 unités vendues en 20 jours[22],[44],[5],[79]. La série et les jouets distribués par Hasbro furent eux aussi des succès commerciaux, tant que la série fut l'émission pour enfants la plus demandée par les chaînes de télévision et que Hasbro dépassa son concurrent principal, Mattel, en 2000[80]. Les jeux furent tellement populaires que Hasbro était incapable d'assembler suffisamment de jouets pour satisfaire la demande[5]. Wizards of the Coast eut le même problème avec le jeu de cartes à collectionner, et a vendu plus de 50 millions de cartes entre janvier et mars 1999[5]. Une patrouille de trois Coccinelles personnalisées pour ressembler à Pikachu fut utilisée pour la promotion de la sortie du jeu de cartes les 9 et 10 janvier[21]. En juillet 1999, Pokémon avait généré plus de 5 milliards de dollars[74],[79] et 152 milliards de dollars en 2005[81].
108
+
109
+ Le phénomène nommé Pokémania toucha aussi des pays européens, comme la France, où les versions Rouge et Bleu furent les jeux les plus vendus de 1999, et le million d'exemplaires vendus fut atteint en juin 2000, moins d'un an après son lancement en France[45]. La série animée fut l'émission pour enfants la plus regardée dans plusieurs pays, dont les États-Unis, l'Australie, le Japon, et le Canada[45]. Après son arrivée en Europe et aux États-Unis, Pokémon s'affirma en tant que phénomène culturel majeur, apparaissant dans la version américaine et française de Qui veut gagner des millions ? ou encore dans South Park[74]. Divers produits dérivés furent vendus, dont des chewing-gums, des bonbons, des vêtements, des porte-clefs, et des stylos. All Nippon Airways exemplifia aussi l'importance du phénomène en peignant des Pokémon sur neuf Boeing 747[45].
110
+
111
+ La rivalité de la franchise Digimon a été marquée avec celle des Pokémon durant sa sortie. Décrit comme « l'autre « mon » » par Juan Castro d'IGN, Digimon n'a pas eu le même succès international que celui des Pokémon, mais la franchise possède cependant un très grand nombre de fans à travers le monde[82]. Lucas M. Thomas d'IGN explique ce moindre succès par la complexité des plus nombreuses évolutions et rétro-évolutions possibles (la digivolution) par rapport aux évolutions des Pokémon sans régressions et rendues lisibles par le principe de constantes compétitions et comparaisons[83]. Certaines similitudes conceptuelles et stylistiques ont été notées entre les deux franchises par certains sites tels que GameZone[84]. Un débat parmi les fans des deux partis existe concernant des discussions éventuelles sur laquelle des deux franchises est apparue en premier[85]. Dans l'actualité, les deux premiers médias Pokémon, Pokémon Rouge et Bleu, sont initialement parus le 27 février 1996 au Japon[86] alors que le premier média de Digimon, le virtual pet n'est paru que le 26 juin 1997[87].
112
+
113
+ Depuis son succès en 1996, la franchise Pokémon fut plusieurs fois critiquée. Certaines écoles aux États-Unis choisirent de bannir les jeux et cartes Pokémon car elles considéraient qu'ils provoquaient une attitude obsessionnelle et violente chez certains enfants[88].
114
+
115
+ Nintendo s'est censuré pour éviter des controverses : la position des bras de Registeel est différente en Allemagne, car elle ressemblait à un salut nazi[89].
116
+
117
+ Bien que les médias de la franchise envoient un message de tolérance et de non-violence, certains considèrent que Pokémon est responsable de nombreux comportements violents chez les enfants[79],[88]. Les médias ont ainsi rapporté des cas d'enfants âgés de neuf à quinze ans qui faisaient usage de la violence physique ou du vol à l'étalage pour se procurer des cartes Pokémon, et certaines cartes rares pouvaient même se négocier autour de 100 dollars[79],[90]. Dans un cas extrême, à Long Island en 1999, un enfant de 11 ans a même poignardé un de ses camarades qui essayait de lui voler ses cartes[18]. Les critiques du jeu de cartes avancent l'hypothèse que ce jeu est une forme de jeu de hasard pour enfants, et devrait donc être interdit par la loi[79]. Certains pointent du doigt la nature combative des matches Pokémon et son influence sur le comportement des enfants, bien que les Pokémon ne meurent pas pendant les combats et qu'aucun sang n'est montré[79]. Les jeux vidéo et la série animée n'ont pas été liés à des violences particulières, bien qu'un homme en Caroline du Nord ait agressé un employé de Burger King car il n'avait pas reçu de jouet Pokémon avec son repas[79],[90].
118
+
119
+ Le 16 décembre 1997, un épisode de la série animée fut diffusé au Japon et provoqua des malaises et convulsions chez plus de 700 personnes, principalement des écoliers[91],[92],[93],[7]. Plus de 200 personnes restèrent hospitalisées pendant plus de 24 heures pour cause de symptômes épileptiques[91]. Les symptômes présents étaient ceux d'une crise d'épilepsie ainsi que ceux d'une hystérie collective[93]. Après investigation, il s'est révélé que ce qui avait déclenché ces symptômes était une scène de l'épisode où un éclair clignotant en rouge et en bleu apparaissait pendant cinq secondes lors d'un combat entre Pikachu et Porygon[91],[92]. L'épisode fut banni au Japon et dans le reste du monde, et marque la dernière apparition de Porygon dans la série animée[92]. Il n'a jamais été prévu de diffuser l'épisode en dehors du Japon[92]. Cependant le titre de l'épisode en question, Dennō Senshi Porigon (でんのうせんしポリゴン), a été traduit en français par « Le soldat virtuel Porygon ! ». À la suite de cela, Pokémon n'a pas été diffusé durant un an[94].
120
+
121
+ Lors de la sortie de la franchise en Occident, la présence du manji sur une carte japonaise du Pokémon Trading Card Game[95],[96] a été à l'origine d'une controverse, notamment avec la communauté juive[7]. En effet, ce symbole évoque directement le svastika, surtout connu en Occident car les nazis l'utilisaient, à l'envers, comme symbole. Ce symbole avait été incorporé uniquement dans les cartes japonaises, ne possédant pas la même connotation en Asie, et c'est par le biais de la vente illégale que ces cartes se sont retrouvées aux États-Unis[95]. Nintendo a estimé qu'il s'agissait d'un problème culturel, le svastika étant utilisé en Asie comme symbole de bonne fortune par le bouddhisme[7],[95],[97], le svastika rouge étant utilisé par une association humanitaire chinoise depuis 1922.
122
+
123
+ Pokémon a fait l'objet de condamnations des religieux fondamentalistes de diverses confessions, qui le considérait comme contraire à leur foi. Le fait que les Pokémon « évoluent » a notamment été visé par des religieux prônant une lecture littérale des textes religieux décrivant la création du monde (créationnisme) et refusant la théorie de l'évolution [98]. La manière dont les Pokémon se battent a aussi été corrélée avec le principe de survie du plus adapté[99]. L'évolution des Pokémon est en fait une métamorphose, au même titre que l'enfant devient adolescent et l'adolescent un adulte ; de plus l'évolution au sens de la biologie est bien plus lente que toutes les utilisations de cette idée en science-fiction[100]. Les critiques contre l'évolution des Pokémon sont même devenues un sujet de plaisanterie chez les adversaires des créationnistes[101].
124
+
125
+ Certains groupes protestants ont vu dans Pokémon une inspiration satanique[98]. Certains parallèles sont faits entre Pokémon et le satanisme, le paganisme, ou encore l'occultisme[7],[102]. Des exemples sont l'utilisation de pierres « magiques » pour faire évoluer certains Pokémon, la récurrence de concepts issus de traditions asiatiques que certains groupes chrétiens considèrent comme des rites païens[88],[98]. Certains voient les Pokémon comme des démons invoqués par leur dresseur pour leur rendre des services[98].
126
+
127
+ En Arabie saoudite, une fatwa du grand mufti Abdelaziz ben Abdallah Al ach-Cheikh a interdit l'ensemble des produits Pokémon dans le pays en 2001. Il les assimile notamment à des jeux d'argent, interdits par l'Islam, les accuse de « posséder les esprits » des enfants, de promouvoir le darwinisme et dénonce la présence sur les cartes de jeux d'« étoiles à six branches, symbole du sionisme international et de l'État d'Israël » et de « croix sous différentes formes »[103],[104]. À Oman, au Qatar, à Dubaï, en Jordanie et en Égypte, de nombreux guides musulmans ont déclaré que Pokémon était « religieusement inacceptable » et des rumeurs dans de nombreux pays arabes affirmaient que « Pokémon » signifiait « Je suis juif » en japonais ; plus généralement, beaucoup ont évoqué une conspiration juive[7],[105].
128
+
129
+ Le Vatican a en revanche approuvé Pokémon, via Sat 2000 (it) (la chaîne de la Conférence épiscopale italienne[106]), comme un jeu qui stimule l'imagination des enfants et « sans effets secondaires indésirables sur leur moralité » tout en étant basé sur « des liens amicaux intenses »[107].
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+
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+ En alphabet cyrillique, le mot Pokémon s'écrit Покемон, en arabe : بوكيمون
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Une chute d'eau, une cascade ou une cataracte (chute d'eau considérable, parfois aussi nommée « saut » en Guyane ou « sault » au Canada par exemple) est un écoulement aérien de cours d'eau soit vertical soit abrupt le long d'une série de parois très pentues, avec un dénivelé souvent important.
2
+
3
+ Elle se situe le plus souvent en montagne, où l'un des tronçons d'un torrent voire d'une rivière, voit son lit de trajectoire « coupé » face à une falaise ou une paroi rocheuse abrupte, se transformant sur cette portion en une importante chute d'eau totalement verticale ou très pentue. La chute de l'eau obéit aux lois de la gravité en descendant à vitesse croissante, s'accompagnant d'un certain éparpillement et évaporation des gouttelettes, ainsi qu'un élargissement de dispersion du flux (formant parfois sous le soleil un arc-en-ciel), notamment lors de la percussion en contrebas, retrouvant ensuite son cours régulier de torrent.
4
+
5
+ Dans les cas les plus importants, il peut s'agir d'un spectacle très impressionnant où un flux important de plusieurs chutes simultanées convergentes se précipite dans le vide depuis le « plateau » supérieur, vers une sorte d'« entonnoir » naturel géant, s'accompagnant d'un bruit considérable et de projections d'eau ou d'embruns à des dizaines ou des centaines de mètres.
6
+
7
+ Les chutes les plus impressionnantes existent dans un contexte géologie et géomorphologiques sources de dénivelés très marqués croisant le flot d'un fleuve, d'une rivière ou d'un torrent. Par exemple, dans le parc national de Yosemite, les glaciations ont creusé deux vallées profondes et aux flancs pratiquement verticaux. Le moindre ruisseau est alors précipité verticalement sur plusieurs dizaines ou plusieurs centaines de mètres de haut. Ailleurs, il peut aussi s'agir d'une ligne de faille dont l'un des bords a été relevé par le fait des mouvements tectoniques.
8
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+ Dans les zones tempérées, les chutes sont généralement plus impressionnantes au printemps, quand les rivières sont alimentées par la fonte des neiges.
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+ Les plus hautes chutes du monde sont celles de Salto Angel avec 979 mètres.
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+ Par analogie avec la cascade, la cascatelle est une petite cascade due à un dénivelé faible. La cascatelle n'est pas caractéristique des montagnes.
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+ Le mur[a] de Berlin (en allemand Berliner Mauer)[b], « mur de la honte » pour les Allemands de l'Ouest et officiellement appelé par le gouvernement est-allemand « mur de protection antifasciste », est érigé en plein Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande (RDA)[1], qui tente ainsi de mettre fin à l'exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d'Allemagne (RFA)[1],[c].
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+ Le mur, composante de la frontière intérieure allemande, sépare physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest pendant plus de vingt-huit ans, et constitue le symbole le plus marquant d'une Europe divisée par le rideau de fer. Plus qu'un simple mur, il s'agit d'un dispositif militaire complexe comportant deux murs de 3,6 mètres de haut[2], avec un chemin de ronde, 302 miradors et dispositifs d'alarme, 14 000 gardes, 600 chiens et des barbelés dressés vers le ciel. Un nombre indéterminé de personnes furent victimes des tentatives de franchissement du mur. En effet, des gardes-frontière est-allemands et des soldats soviétiques n'hésitèrent pas à tirer sur des fugitifs.
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+ L'affaiblissement de l'Union soviétique, la perestroïka conduite par Mikhaïl Gorbatchev, et la détermination des Allemands de l'Est qui organisent de grandes manifestations, provoquent le 9 novembre 1989 la chute du mur de Berlin, suscitant l'admiration incrédule du « Monde libre » et ouvrant la voie à la réunification allemande. Presque totalement détruit, le Mur laisse cependant dans l'organisation urbaine de la capitale allemande des cicatrices qui ne sont toujours pas effacées aujourd'hui. Le mur de Berlin, symbole du clivage idéologique et politique de la guerre froide, a inspiré de nombreux livres et films. Plusieurs musées lui sont consacrés.
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+ Après sa capitulation le 8 mai 1945, l'Allemagne est divisée en trois, puis quatre zones d'occupation sous administrations soviétique, américaine, britannique et française, conformément à l'accord conclu à la conférence de Yalta. Berlin, la capitale du Troisième Reich, d'abord totalement occupée par l'Armée rouge doit également être partagée en quatre secteurs répartis entre les alliés. Les Soviétiques laissent alors aux Occidentaux les districts ouest de la ville qui se retrouvent ainsi totalement enclavés dans leur zone d'occupation, le secteur resté sous contrôle soviétique représentant à lui seul 409 km2, soit 45,6 % de la superficie de la ville[1]. La position et l'importance de Berlin en font un enjeu majeur de la guerre froide qui s'engage dès la fin des hostilités.
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+
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+ La coopération entre les quatre puissances occupantes de l'Allemagne prend fin en 1948 lorsque l’Union soviétique suspend sa participation au Conseil de contrôle allié et du commandement interallié le 19 mars 1948[3]. Les Soviétiques s'emploient dès lors à gêner les communications des Occidentaux avec Berlin-Ouest, sans doute pour les forcer à abandonner l'ancienne capitale du Reich. Du 24 juin 1948 au 12 mai 1949, Staline instaure le blocus de Berlin. Tous les transits terrestres et fluviaux entre Berlin-Ouest et l'Allemagne de l'Ouest sont coupés. Cet événement constitue la première crise majeure entre l'Union soviétique et les Occidentaux. Grâce à un gigantesque pont aérien organisé sous l'égide des États-Unis, Berlin-Ouest survit au blocus[4].
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+ L'année 1949 voit la création de la République fédérale d'Allemagne (RFA) dans la trizone constituée par les zones française, britannique et américaine, suivie de près par celle de la République démocratique allemande (RDA) dans la zone sous occupation soviétique[3]. La création de deux États consolide la division politique de Berlin. On commence alors des deux côtés à sécuriser et à fermer la frontière entre les deux États. Des douaniers et des soldats détachés à la surveillance frontalière patrouillent entre la RDA et la RFA ; de solides clôtures seront plus tard érigées du côté RDA.
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+
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+ Légalement, Berlin garde le statut de ville démilitarisée (absence de soldats allemands) partagée en quatre secteurs, et indépendante des deux États que sont la RFA et RDA. En réalité, la portée pratique de cette indépendance est très limitée. En effet, le statut de Berlin-Ouest s'apparente à celui d'un Land, avec des représentants sans droit de vote au Bundestag, tandis que Berlin-Est devient, en violation de son statut, capitale de la RDA. La ville reste cependant le seul endroit où les Allemands de l'Est comme de l'Ouest peuvent transiter.
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+
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+ Le 27 novembre 1958, l'URSS tente un nouveau coup de force lors de l'« ultimatum de Khrouchtchev » proposant le départ des troupes occidentales dans les six mois pour faire de Berlin une « ville libre » démilitarisée. Les alliés occidentaux refusent[5]. Cet ultimatum marque le début de la crise de Berlin qui sera au cœur des relations Est-Ouest pendant quatre ans.
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19
+ Depuis sa création en 1949, la RDA subit un flot d'émigration croissant vers la RFA, particulièrement à Berlin. La frontière urbaine est difficilement contrôlable, contrairement aux zones rurales déjà très surveillées. Entre 2,6 et 3,6 millions d'Allemands fuient la RDA par Berlin entre 1949 et 1961, privant le pays d’une main-d'œuvre indispensable au moment de sa reconstruction et montrant à la face du monde leur faible adhésion au régime communiste[1],[c]. Émigrer ne pose pas de difficulté majeure car, jusqu’en août 1961, il suffit de prendre le métro ou le chemin de fer berlinois pour passer d'Est en Ouest[6], ce que font quotidiennement des Berlinois pour aller travailler. Les Allemands appellent cette migration de la RDA communiste à la RFA capitaliste : « voter avec ses pieds ». Pendant les deux premières semaines d'août 1961, riches en rumeurs, plus de 47 000 citoyens est-allemands passent en Allemagne de l'Ouest via Berlin. De plus, Berlin-Ouest joue aussi le rôle de porte vers l'Ouest pour de nombreux Tchécoslovaques et Polonais. Comme l'émigration concerne particulièrement les jeunes actifs, elle pose un problème économique majeur et menace l'existence même de la RDA.
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+ En outre, environ 50 000 Berlinois sont des travailleurs frontaliers, travaillant à Berlin-Ouest mais habitant à Berlin-Est ou dans sa banlieue où le coût de la vie et de l'immobilier est plus favorable. Le 4 août 1961, un décret oblige les travailleurs frontaliers à s'enregistrer comme tels et à payer leurs loyers en Deutsche Mark (monnaie de la RFA). Avant même la construction du Mur, la police de la RDA surveille intensivement aux points d'accès à Berlin-Ouest ceux qu'elle désigne comme « contrebandiers » ou « déserteurs de la République ».
22
+
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+ Comme tous les pays communistes, la RDA s'est vu imposer une économie planifiée par Moscou. Le plan septennal (1959-1965) est un échec dès le début. La production industrielle augmente moins vite que prévu. En effet, les investissements sont insuffisants. La collectivisation des terres agricoles entraîne une baisse de la production et une pénurie alimentaire. Les salaires augmentent plus vite que prévu à cause d'un manque de main-d'œuvre provoqué en grande partie par les fuites à l'Ouest. Un important trafic de devises et de marchandises, néfaste à l'économie est-allemande, passe par Berlin. La RDA se trouve en 1961 au bord de l’effondrement économique et social[3].
24
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25
+ L'auteur William Blum avance comme cause de la construction du Mur, outre la captation de la main d'œuvre qualifiée de la RDA par l'Ouest, le sabotage des infrastructures par des agents occidentaux qui aurait alors sévi en RDA[7].
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27
+ Le programme de construction du Mur est un secret d'État du gouvernement est-allemand. Il commence dans la nuit du 12 au 13 août 1961 avec la pose de grillages et de barbelés autour de Berlin-Ouest[1].
28
+
29
+ Son édification est effectuée par des maçons, sous la protection et la surveillance de policiers et de soldats – en contradiction avec les assurances du président du Conseil d'État de la RDA, Walter Ulbricht, qui déclarait le 15 juin 1961 lors d'une conférence de presse internationale à Berlin-Est en réponse à une journaliste ouest-allemande[8] :
30
+ « Si je comprends bien votre question, il y a des gens en Allemagne de l'Ouest qui souhaitent que nous mobilisions les ouvriers du bâtiment de la capitale de la RDA pour ériger un mur, c'est cela ? Je n'ai pas connaissance d'un tel projet ; car les maçons de la capitale sont principalement occupés à construire des logements et y consacrent toute leur force de travail. Personne n'a l'intention de construire un mur[d] ! »
31
+
32
+ Ulbricht est ainsi le premier à employer le mot « Mur », deux mois avant qu'il ne soit érigé.
33
+
34
+ Si les Alliés sont au courant d'un plan de « mesures drastiques » visant au verrouillage de Berlin-Ouest, ils se montrent cependant surpris par son calendrier et son ampleur. Comme leurs droits d'accès à Berlin-Ouest sont respectés, ils décident de ne pas intervenir militairement. Le BND (Services secrets de la RFA) avait lui aussi reçu début juillet des informations semblables. Après la rencontre entre Ulbricht et Nikita Khrouchtchev lors du sommet des pays membres du Pacte de Varsovie (3-5 août 1961), le BND note dans son rapport hebdomadaire du 9 août :
35
+ « Les informations disponibles montrent que le régime de Pankow[e] s'efforce d'obtenir l'accord de Moscou pour l'entrée en vigueur de mesures rigoureuses de blocage ; en particulier le bouclage de la frontière de Berlin, avec interruption du trafic de métros et de tramways entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. (...) Il reste à voir si Ulbricht est capable de faire accepter de telles exigences par Moscou, et jusqu'où. »
36
+
37
+ La déclaration publique du sommet du Pacte de Varsovie propose de « contrecarrer à la frontière avec Berlin-Ouest les agissements nuisibles aux pays du camp socialiste et d'assurer autour de Berlin-Ouest une surveillance fiable et un contrôle efficace. »
38
+
39
+ Le 11 août 1961, la Chambre du peuple (« Volkskammer »), le parlement de la RDA, approuve la concertation avec Moscou et donne les pleins pouvoirs au conseil des ministres pour en assurer la réalisation. Ce dernier adopte le 12 août un décret dénonçant la politique d'agression impérialiste des Occidentaux à son encontre. Un contrôle très strict des frontières séparant Berlin-Ouest et Berlin-Est est instauré[9]. Il décide de l'emploi des forces armées pour occuper la frontière avec Berlin-Ouest et y ériger un barrage.
40
+
41
+ Le samedi 12 août, le BND reçoit l'information qu'« une conférence a eu lieu à Berlin-Est au centre de décision du Parti communiste est-allemand (SED) en présence de hauts responsables du parti. On a pu y apprendre que (…) la situation d'émigration croissante de fugitifs rend nécessaire le bouclage du secteur d'occupation soviétique et de Berlin-Ouest dans les jours prochains — sans plus de précisions — et non dans deux semaines comme il était prévu initialement. »
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+ Dans la nuit du 12 au 13 août, 14 500 membres des forces armées bloquent les rues et les voies ferrées menant à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés. Tous les moyens de transport entre les deux parties de la ville sont interrompus. En septembre 1961, des métros et des S-Bahn (réseau ferré de banlieue) de Berlin-Ouest continueront à circuler sous Berlin-Est sans cependant s'y arrêter, les stations desservant le secteur oriental (qu'on appellera désormais les « stations fantômes ») ayant été fermées.
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+
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+ Erich Honecker, en tant que secrétaire du comité central du SED pour les questions de sécurité, assure la responsabilité politique de la planification et de la réalisation de la construction du Mur pour le parti, qu’il présente comme un « mur de protection antifasciste »[1]. Les pays membres du pacte de Varsovie publient, le même jour, une déclaration pour soutenir le bouclage de la frontière entre les deux Berlin[10]. Jusqu'en septembre 1961, la frontière reste « franchissable » et parmi les seules forces de surveillance, 85 hommes passent à l'Ouest — imités en cela par 400 civils, dont 216 réussissent. Les images du jeune douanier Conrad Schumann enjambant les barbelés, ainsi que de fugitifs descendant par une corde en draps de lit ou sautant par les fenêtres des immeubles situées à la frontière marquent les esprits.
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+ La construction du Mur autour des trois secteurs de l'Ouest consiste tout d'abord en un rideau de fils de fer barbelés. Les pavés des axes de circulation entre les deux moitiés de la ville sont retournés afin d’interrompre immédiatement le trafic[11]. Dans les semaines suivantes, il est complété par un mur de béton et de briques, puis muni de divers dispositifs de sécurité. Ce mur sépare physiquement la cité et entoure complètement la partie ouest de Berlin qui devient une enclave au milieu des pays de l'Est.
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+ Le chancelier fédéral Adenauer appelle le jour même la population de l'Ouest au calme et à la raison, évoquant sans plus de précisions les réactions qu'il s'apprête à prendre avec les Alliés. Il attend deux semaines après la construction du Mur avant de se rendre à Berlin-Ouest. Seul le maire de Berlin-Ouest Willy Brandt émet une protestation énergique – mais impuissante – contre l'emmurement de Berlin et sa coupure définitive en deux. Sa déclaration est sans ambiguïté : « Sous le regard de la communauté mondiale des peuples, Berlin accuse les séparateurs de la ville, qui oppressent Berlin-Est et menacent Berlin-Ouest, de crime contre le droit international et contre l’humanité (...)[11] ». Le 16 août 1961, une manifestation de 300 000 personnes entoure Willy Brandt pour protester devant la mairie de Schöneberg, siège du gouvernement de Berlin-Ouest.
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+ Les Länder de la RFA fondent la même année à Salzgitter un centre de documentation judiciaire sur les violations des droits de l'homme perpétrées par la RDA, pour marquer symboliquement leur opposition à ce régime.
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+ La réaction des Alliés tarde : il faut attendre vingt heures avant que les colonnes militaires ne se présentent à la frontière. Le 15 août 1961, les commandants des secteurs occidentaux de Berlin adressent à leur homologue soviétique une note de protestation contre l'édification du Mur[12]. Des rumeurs incessantes circulent, selon lesquelles Moscou aurait assuré les Alliés de ne pas empiéter sur leurs droits à Berlin-Ouest. Le blocus de Berlin a effectivement montré aux yeux des Alliés que le statut de la ville était constamment menacé. La construction du Mur représente ainsi une confirmation matérielle du statu quo : l'Union soviétique abandonne son exigence d'un Berlin-Ouest « libre » déserté par les troupes alliées, tel qu'il avait encore été formulé en 1958 dans l'ultimatum de Khrouchtchev.
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+ Les réactions internationales sont ambiguës. Dès le 13 août, Dean Rusk, secrétaire d'État américain, condamne la restriction de la liberté de déplacement des Berlinois[13]. Les Alliés considèrent que l'URSS est à l'initiative de la construction du Mur entre sa zone d'occupation et celle des alliés comme l'indiquent les notes de protestation envoyées au gouvernement soviétique par les ambassadeurs américain et français[14]. Cependant, Kennedy qualifie la construction du Mur de « solution peu élégante, mais mille fois préférable à la guerre ». Le Premier ministre britannique MacMillan n'y voit « rien d'illégal ». En effet, la mesure touche d'abord les Allemands de l'Est et ne remet pas en question l'équilibre géopolitique de l'Allemagne. Après une lettre que Willy Brandt lui a fait parvenir le 16 août[15], Kennedy affiche un soutien symbolique[16],[17] à la ville libre de Berlin-Ouest en y envoyant une unité supplémentaire de 1 500 soldats et fait reprendre du service au général Lucius D. Clay. Le 19 août 1961, Clay et le vice-président américain Lyndon B. Johnson se rendent à Berlin.
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+ Le 27 octobre, on en vient à une confrontation visible et directe entre troupes américaines et soviétiques à Checkpoint Charlie. Des gardes-frontières de RDA exigent de contrôler des membres des forces alliées occidentales voulant se rendre en secteur soviétique. Cette exigence est contraire au droit de libre circulation, dont bénéficient tous les membres des forces d’occupation. Pendant trois jours[11], dix chars américains et dix chars soviétiques se postent de chaque côté, à proximité immédiate de Checkpoint Charlie. Les blindés se retirent finalement, aucune des deux parties ne voulant déclencher une escalade qui aurait risqué de se terminer en guerre nucléaire. La libre circulation par le poste-frontière Checkpoint Charlie est rétablie. Paradoxalement, cette situation explosive, aussi bien à Berlin que dans le reste de l'Europe, va déboucher sur la plus longue période de paix qu'ait connue l'Europe occidentale[18].
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+ Les ressortissants de Berlin-Ouest ne pouvaient déjà plus entrer librement en RDA depuis le 1er juin 1952. L'encerclement est rendu plus efficace par la diminution des points de passage : 69 points de passage sur les 81 existants sont fermés dès le 13 août. La porte de Brandebourg est fermée le 14 août et quatre autres le 23 août. Fin 1961, il ne reste plus que sept points de passages entre l'Est et l'Ouest de Berlin. La Potsdamer Platz est coupée en deux. Le centre historique de la ville devient progressivement un grand vide sur la carte, composé du No man’s land entre les murs de séparation à l’Est et d’un terrain vague à l’Ouest[19]. Les conséquences économiques et sociales sont immédiates : 63 000 Berlinois de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest, et 10 000 de l'Ouest perdent leur emploi à Berlin-Est[1].
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+ Le mur de Berlin est devenu dès sa construction le symbole de la guerre froide et de la séparation du monde en deux camps. Le 26 juin 1963, John Kennedy prononce à Berlin un discours historique. Il déclare « Ich bin ein Berliner » (« Je suis un Berlinois »), marquant la solidarité du Monde libre pour les Berlinois[20]. De plus, la construction du Mur donne une image très négative du bloc de l'Est et prouve de manière symbolique son échec économique face au bloc occidental. « Le bloc soviétique s’apparente désormais à une vaste prison dans laquelle les dirigeants sont obligés d’enfermer des citoyens qui n’ont qu’une idée : fuir ! Le Mur est un aveu d’échec et une humiliation pour toute l’Europe orientale »[21]. Le Mur sape l'image du monde communiste.
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+ Le 17 décembre 1963, après de longues négociations, le premier accord sur le règlement des visites de Berlinois de l'Ouest chez leurs parents de l'Est de la ville est signé. Il permet à 1,2 million de Berlinois de rendre visite à leurs parents dans la partie orientale de la ville mais seulement du 19 décembre 1963 au 5 janvier 1964. D'autres arrangements suivent en 1964, 1965 et 1966[11]. Après l'accord quadripartite de 1971, le nombre des points de passage entre l'Est et l'Ouest est porté à dix. À partir du début des années 1970, la politique suivie par Willy Brandt et Erich Honecker de rapprochement entre la RDA et la RFA (Ostpolitik) rend la frontière entre les deux pays un peu plus perméable. La RDA simplifie les autorisations de voyage hors de la RDA, en particulier pour les « improductifs » comme les retraités, et autorise les visites de courte durée d'Allemands de l'Ouest dans les régions frontalières. Comme prix d'une plus grande liberté de circulation, la RDA exige la reconnaissance de son statut d'État souverain ainsi que l'extradition de ses citoyens ayant fui vers la RFA. Ces exigences se heurtent à la loi fondamentale de la RFA qui les rejette donc catégoriquement. Pour beaucoup d’Allemands, l’édification du Mur est, de fait, un déchirement et une humiliation qui accentuent les ressentiments de la partition. Une conséquence inattendue de la construction du Mur est de faire renaître dans le cœur des Allemands l’idée de la réunification[21].
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+ Les deux parties de la ville connaissent des évolutions différentes. Berlin-Est, capitale de la RDA, se dote de bâtiments prestigieux autour de l'Alexanderplatz et de la Marx-Engels-Platz. Le centre (Mitte) de Berlin qui se trouve du côté Est perd son animation. En effet, l'entretien des bâtiments laisse à désirer surtout les magnifiques bâtiments situés sur l'île des musées, en particulier l'important musée de Pergame[1]. Poursuivant le développement d'une économie socialiste, le régime inaugure en 1967, dans la zone industrielle d'Oberschöneweide, le premier combinat industriel de la RDA, le Kombinat VEB Kabelwerke Oberspree (KWO) dans la câblerie. En 1970, débute la construction d'immeubles de onze à vingt-cinq étages dans la Leipzigerstrasse qui défigurent l'espace urbain[11]. La propagande de la RDA désigne le Mur ainsi que toutes les défenses frontalières avec la RFA comme un « mur de protection antifasciste » protégeant la RDA contre l'« émigration, le noyautage, l'espionnage, le sabotage, la contrebande et l'agression en provenance de l'Ouest ». En réalité, les systèmes de défense de la RDA se dressent principalement contre ses propres citoyens.
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+ Berlin-Ouest devient vite la vitrine de l’Occident. La réforme monétaire met fin à la pénurie et la reconstruction est bien plus rapide qu’à l’Est. Potsdamer Platz reste un lieu de souvenir. Une plate-forme panoramique permet de regarder par-dessus le Mur. Elle attire les visiteurs au cours des années 1970 et 1980[19]. La partition fragilise cependant l'économie du secteur ouest. En effet, les industriels doivent exporter leur production en dehors de la RDA. De plus, pour éviter l'espionnage industriel, les industries de pointe s'implantent rarement à Berlin-Ouest[22]. La partie ouest se singularise à partir de 1967 par son mouvement étudiant, point de mire de l'opinion publique. En effet, la ville est traditionnellement une ville universitaire. La vie culturelle y est très développée.
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+ Le 12 juin 1987, à l'occasion des festivités commémorant les 750 ans de la ville, le président américain Ronald Reagan prononce devant la porte de Brandebourg un discours resté dans les mémoires sous le nom de Tear down this wall!. Il s'agit d'un défi lancé à Gorbatchev, lequel est apostrophé à plusieurs reprises dans le discours[23].
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+ En 1989, la situation géopolitique change. Au printemps, la Hongrie ouvre son « rideau de fer ». En août, Tadeusz Mazowiecki, membre de Solidarność, devient Premier ministre de Pologne. Certains observateurs pensent qu'une contagion de liberté va gagner aussi les Allemands[24]. À la fin de l'été, les Allemands de l'Est se mettent à quitter le pays par centaines, puis par milliers, sous prétexte de vacances en Hongrie, où les frontières sont ouvertes. En trois semaines, 25 000 citoyens de la RDA rejoignent la RFA par la Hongrie et l'Autriche. Des tentes et des sanitaires sont installées dans le parc de l'ambassade de la RFA à Prague où se pressent des réfugiés est-allemands, mais fin septembre les conditions d'accueil des quelque 4 000 réfugiés sont précaires. Dans la nuit du 30 septembre, Hans-Dietrich Genscher vient à Prague leur dire qu'un accord a été conclu avec la RDA pour qu'ils puissent légalement émigrer en RFA. Le 1er octobre 1989, un premier train spécial part pour l'Allemagne de l'Ouest, via le territoire de l'Allemagne de l'Est. L'exode continue tout au long du mois d'octobre[25],[26].
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+ En RDA, la contestation enfle. Les églises protestantes, comme celle de Saint Nikolai à Leipzig, accueillent les prières pour la paix. Elles sont le germe des manifestations du lundi à partir de septembre[27]. 200 000 manifestants défilent dans les rues de Leipzig le 16 octobre 1989. Mikhaïl Gorbatchev, venu à Berlin-Est célébrer le quarantième anniversaire de la naissance de la RDA, indique à ses dirigeants que le recours à la répression armée est à exclure[28]. Malgré une tentative de reprise en main par des rénovateurs du Parti communiste, les manifestations continuent. Sur l'Alexanderplatz à Berlin-Est, 250 000 à 500 000 personnes manifestent en appelant à la liberté d'expression, à une presse libre et à la liberté de réunion. La police (Volkspolizei) n'intervient pas, mais des unités de l'armée (Nationale Volksarmee) sont positionnées près de la porte de Brandebourg pour empêcher toute tentative de franchissement du Mur. D'importantes manifestations ont aussi lieu dans une quarantaine de villes de la RDA[29].
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+ Le 9 novembre, une conférence de presse est tenue par Günter Schabowski, secrétaire du Comité central chargé des médias en RDA, membre du bureau politique du SED, retransmise en direct par la télévision du centre de presse de Berlin-Est, à une heure de grande écoute. À 18 h 57, vers la fin de la conférence, Schabowski lit de manière plutôt détachée une décision du conseil des ministres sur une nouvelle réglementation des voyages, dont il s'avère plus tard qu'elle n'était pas encore définitivement approuvée, ou, selon d'autres sources, ne devait être communiquée à la presse qu'à partir de 4 h le lendemain matin, le temps d'informer les organismes concernés :
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+ Présents sur le podium à côté de Schabowski : les membres du comité central du SED : Helga Labs, Gerhard Beil et Manfred Banaschak. Schabowski lit un projet de décision du conseil des ministres qu'on a placé devant lui : « Les voyages privés vers l'étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs — motif du voyage ou lien de famille. Les autorisations seront délivrées sans retard. Une circulaire en ce sens va être bientôt diffusée. Les départements de la police populaire responsables des visas et de l'enregistrement du domicile sont mandatés pour accorder sans délai des autorisations permanentes de voyage, sans que les conditions actuellement en vigueur n'aient à être remplies. Les voyages y compris à durée permanente peuvent se faire à tout poste-frontière avec la RFA. »
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+ Question d'un journaliste : « Quand ceci entre-t-il en vigueur ? »
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+ Schabowski, feuilletant ses notes : « Autant que je sache — immédiatement. »[30]
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+  »
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+ Après les annonces des radios et télévisions de la RFA et de Berlin-Ouest, intitulées « Le Mur est ouvert ! », plusieurs milliers de Berlinois de l'Est se pressent aux points de passage et exigent de passer[31]. À ce moment, ni les troupes frontalières, ni même les fonctionnaires du ministère chargé de la Sécurité d'État responsables du contrôle des visas n'avaient été informés. Sans ordre concret ni consigne mais sous la pression de la foule, le point de passage de la Bornholmer Straße, sous la responsabilité du lieutenant-colonel Harald Jäger, est ouvert peu après 23 h, suivi d'autres points de passage tant à Berlin qu'à la frontière avec la RFA. Beaucoup assistent en direct à la télévision à cette nuit du 9 novembre et se mettent en chemin. C'est ainsi que le mur « tombe » dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, après plus de 28 années d'existence. Cet événement a été appelé dans l'histoire de l'Allemagne die Wende (« le tournant »). Dès l'annonce de la nouvelle de l'ouverture du Mur, le Bundestag interrompt sa séance à Bonn et les députés entonnent spontanément l'hymne national allemand[32].
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+ Cependant la véritable ruée a lieu le lendemain matin, beaucoup s'étant couchés trop tôt cette nuit-là pour assister à l'ouverture de la frontière. Ce jour-là, d'immenses colonnes de ressortissants est-allemands et de voitures se dirigent vers Berlin-Ouest. Les citoyens de la RDA sont accueillis à bras ouverts par la population de Berlin-Ouest. Un concert de klaxons résonne dans Berlin et des inconnus tombent dans les bras les uns des autres. Dans l'euphorie de cette nuit, de nombreux Ouest-Berlinois escaladent le Mur et se massent près de la porte de Brandebourg accessible à tous, alors que l'on ne pouvait l'atteindre auparavant. Une impressionnante marée humaine sonne ainsi le glas de la Guerre froide.
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+ Présent à Berlin, le violoncelliste virtuose Mstislav Rostropovitch, qui avait dû s'exiler à l'Ouest pour ses prises de position en URSS, vient encourager les démolisseurs (surnommés en allemand Mauerspechte, en français les « piverts du mur ») en jouant du violoncelle au pied du Mur le 11 novembre. Cet événement, largement médiatisé, deviendra célèbre et sera l'un des symboles de la chute du bloc de l'Est.
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93
+ Le 9 novembre est un temps évoqué pour devenir la nouvelle fête nationale de l'Allemagne, d'autant qu'elle célèbre également la proclamation de la République de Weimar en 1918, dans le cadre de la Révolution allemande. Toutefois, c'est aussi la date anniversaire du putsch de la Brasserie mené par Hitler à Munich en 1923, ainsi que celle de la nuit de Cristal, le pogrom antijuif commis par les nazis en 1938. Le 3 octobre, jour de la réunification des deux Allemagne, lui est donc finalement préféré.
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+ Le partage de l'Europe en deux blocs était devenu un fait établi. Aussi, l'ouverture du Mur et la chute des régimes communistes d'Europe centrale qui s'ensuivit ont stupéfié le monde occidental. Peu de spécialistes avaient compris les mouvements de fond qui laminaient les régimes communistes[33]. Seuls certains observateurs pensaient qu'une contagion de la liberté, après les changements en Pologne et en Hongrie, allait gagner aussi les Allemands[24].
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+ Le délitement du régime est-allemand est tel que très vite, pour le chancelier Helmut Kohl, la seule solution qui s'impose, c'est la réunification, c'est-à-dire l'absorption de la RDA par la RFA. Dès le 28 novembre, il présente un plan en dix points pour réunifier les deux Allemagne. Soucieux de stopper le flot migratoire de la RDA vers la RFA, de ne pas laisser le temps aux vainqueurs de 1945 de demander des conditions trop strictes, il veut mener l'affaire le plus vite possible[34]. La paix qui n'avait jamais été signée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’est le 12 septembre 1990 à Moscou. Le traité de Moscou rend à l'Allemagne sa pleine souveraineté[35]. La chute du mur de Berlin a donc abouti, presque un an plus tard, à la réunification des deux Allemagne (RFA et RDA) le 3 octobre 1990. Le 3 octobre est aujourd'hui la fête nationale allemande (Tag der Deutschen Einheit, « jour de l'unité allemande »).
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+ Les télévisions du monde entier relaient l'événement extraordinaire qu'est l'ouverture du Mur. Elles le décrivent comme un symbole de paix, de retour à la liberté et de communion du peuple allemand. Les diplomates, eux, évaluent les conséquences de la chute du Mur. La diplomatie française fait une erreur de jugement importante. Les diplomates et responsables politiques français pensent que l'URSS ne laissera pas la RDA s'unir à la RFA. Ainsi, François Mitterrand, effectuant une visite officielle en RDA, du 20 au 22 décembre 1989, déclara même au cours d'un dîner officiel : « République démocratique d'Allemagne et France, nous avons encore beaucoup à faire ensemble »[36]. Les dirigeants ouest-allemands sont surpris et déçus de l'attitude de la France. La réaction américaine est totalement différente. L'ambassadeur américain à Bonn, Vernon Walters, comprend immédiatement que la chute du Mur ne peut avoir pour conséquence que la réunification. Il parvient à convaincre George Bush que l'intérêt des États-Unis est d'accompagner le mouvement pour obtenir des conditions qui leur conviennent plutôt que de s'opposer à la réunification allemande[37]. Helmut Kohl a mené une politique de rapprochement avec l'URSS de Gorbatchev depuis 1988. Le premier secrétaire du parti communiste soviétique prône un rapprochement entre les deux Allemagne mais il ne songe pas à une réunification. Aussi l'ouverture du mur de Berlin provoque-t-elle son mécontentement. Moyennant quelques concessions à l’URSS et un crédit de cinq milliards de marks, Helmut Kohl arrive à ses fins[21].
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+ La seconde conséquence de l'ouverture du Mur est la désagrégation de l’empire soviétique. À Prague, la révolution de Velours (17-18 novembre 1989) met fin au communisme. Au même moment, en Bulgarie, le président Todor Jivkov doit accepter son remplacement par un communiste plus ouvert, Petar Mladenov. En Roumanie, Nicolae Ceaușescu est éliminé plus violemment lors de la révolution de 1989. En Union soviétique, les États baltes proclament leur indépendance en mars et mai 1990, provoquant ainsi les premières brèches qui allaient remettre en cause l'unité et l'existence même du plus vaste état du monde qu'était alors l'URSS, lequel disparut à son tour dix-huit mois plus tard, le 26 décembre 1991. La destruction du Mur signifie la fin d'une Europe coupée en deux[21].
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+ À la suite de la chute du mur de Berlin, plusieurs pays anciennement communistes d'Europe de l'Est ont adhéré à l'Union européenne (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Slovénie et Estonie en 2004, Roumanie et Bulgarie en 2007, Croatie en 2013), certains même à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).
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+ Le Mur, long de 155 kilomètres (dont 43,1 km sur sa longueur intraberlinoise), venait en complément des 1 393 kilomètres de la longue frontière RFA-RDA et, dans une moindre mesure, des frontières ouest des pays du Pacte de Varsovie, le tout donnant un visage palpable au rideau de fer.
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+ Le tracé du mur ne correspondait d'ailleurs pas toujours à celui de la frontière politique entre les deux secteurs et, en de nombreux endroits, les autorités est-allemandes durent abandonner du terrain afin d'effectuer un « repli stratégique » vers des zones plus faciles à surveiller. Il coupait 193 rues principales et adjacentes[38].
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+ Comme le reste de la frontière des deux Allemagne, le mur de Berlin était pourvu d'un système très complet de fils de fer barbelés, de fossés, de pièges à tank, de chemins de ronde et de miradors. Au début des années 1980, la frontière ne mobilisait pas moins de mille chiens de garde. Le système se perfectionnait d'année en année. En particulier, les maisons du secteur est proches du Mur (la limite entre les deux Berlin passait parfois au pied des façades des immeubles situés en secteur oriental) étaient progressivement vidées de leurs habitants puis murées. Ce processus dura jusqu'au 28 janvier 1985, avec la démolition de l'église de la Réconciliation, dans la Bernauer Straße. Une trouée claire comme le jour divise alors un Berlin autrefois dense et sombre.
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+ Dans leur état final, qui ne vit le jour à bien des endroits qu'à la fin des années 1980, les installations frontalières consistaient en :
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+ La largeur totale de ces installations dépendait de la densité des maisons près de la frontière et allait d'environ trente jusqu'à cinq cents mètres sur la Potsdamer Platz. On ne construisit pas de champs de mines ni d'installations de tir automatique au voisinage du Mur, contrairement à la frontière allemande intérieure (mais ce point ne fut pas connu en général en RDA).
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+ Le détail de ces installations – désignées en interne par les troupes frontalières comme « zone d'action » – était placé sous secret militaire et donc mal connu des citoyens de la RDA. Les soldats détachés à la frontière devaient garder le silence. Comme nul ne savait exactement quel espion de la Stasi pouvait faire un rapport sur un bavardage inconséquent, tous s'astreignaient fermement au silence. Quiconque s'intéressait de trop près aux installations frontalières risquait pour le moins d'être arrêté et mené au poste de police, pour contrôle d'identité. Cela pouvait déboucher sur une condamnation à la prison pour planification de tentative d'évasion. La zone à proximité immédiate de la frontière avec Berlin-Ouest était interdite sauf sur autorisation spéciale.
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+ Au sein du no man's land, se trouvaient des milliers de lapins qui avaient élu domicile là. Lors de la chute du Mur, ils se sont éparpillés dans toute la ville[40]. Le documentaire Le Lapin à la berlinoise relate le phénomène.
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+ La frontière extérieure de la ville de Berlin-Ouest croisait à de nombreux endroits des voies navigables. Le tracé de la frontière avait été matérialisé par le Sénat de Berlin-Ouest (gouvernement berlinois) par des lignes de bouées blanches portant l'inscription Sektorengrenze (« limite de secteur »). Les bateaux de tourisme ou de sport naviguant dans Berlin-Ouest devaient respecter les limites du secteur ainsi marquées par les bouées. Du côté RDA, des bateaux des troupes frontalières patrouillaient à l'occasion.
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+ Les fortifications frontalières de la RDA se trouvaient toujours sur leurs rives, ce qui imposait des détours parfois importants et « emmurait » les rivages de plusieurs lacs de la Havel. Cette aberration était telle qu'en certains endroits du cours de la Spree, seules les rives étaient inaccessibles : ce fut le cas, des 150 mètres situés en aval du Marschallbrücke[41], non loin du palais du Reichstag[42]. Le plus grand détour était situé sur le lac Jungfern, où le Mur se trouvait jusqu'à deux kilomètres du tracé réel de la frontière. En plusieurs endroits, la bande frontalière passait à travers d'anciennes pièces d'eau et les rendait inutilisables pour les habitants, comme sur la rive ouest du lac de Groß-Glienicke (en) et sur la rive Sud du lac Griebnitz.
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+ Sur les cours d'eau de la frontière intérieure, celle-ci passait partout le long de la rive ouest ou est, de sorte qu'aucun marquage de son tracé ne se trouvait dans l'eau. Le véritable mur y était toujours sur la rive est. Cependant, les cours d'eau appartenant à Berlin-Est étaient toujours surveillés.
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+
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+ Sur les canaux et rivières affluents, la situation devenait parfois inextricable. Bien des nageurs et des bateaux de Berlin-Ouest se sont trouvés, par mégarde ou légèreté, en territoire est-berlinois et ont essuyé des tirs qui ont fait plusieurs morts.
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+
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+ En quelques endroits sur la Spree, il y avait des barrières immergées contre les nageurs. Pour les fugitifs, il n'était pas évident de savoir quand ils atteignaient Berlin-Ouest et ils couraient encore le risque d'être abattus après avoir dépassé les limites du Mur.
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+ Les soldats à la frontière est-allemande avaient l'« ordre de tirer », c'est-à-dire l'obligation d'empêcher les tentatives d'évasion par tous les moyens, même au risque de la mort du fugitif. Ramenés à la longueur de la frontière, on peut même dire qu'il y eut beaucoup plus de morts à Berlin qu'en moyenne sur le reste du Mur. Lors des grands jours fériés ou de visites d'État, l'ordre de tirer était parfois suspendu, pour éviter les répercussions négatives dans la presse de l'Ouest. Des découvertes récentes ont mis en lumière la responsabilité de l'État est-allemand dans les exécutions de fugitifs. En octobre 1973, un ordre est adressé aux agents de la Stasi infiltrés dans les unités de gardes-frontières. Ceux-ci doivent empêcher que des soldats ne passent à l'Ouest. L'ordre est très clair : « N'hésitez pas à faire usage de votre arme, même si la violation de la frontière concerne des femmes et des enfants, ce qui est une stratégie souvent utilisée par les traîtres »[43],[44].
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+
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+ Selon les indications du ministère de la Sécurité d'État, au printemps 1989, les troupes de garde-frontières de Berlin comprenaient 11 500 soldats et 500 civils.
132
+
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+ Outre les unités affectées au commandement du GK-centre - environ 1 000 agents au siège de Berlin-Karlshorst - la sécurité frontalière était assurée par sept régiments de gardes-frontières (GR), à Treptow, Pankow, Rummelsburg, Hennigsdorf, Groß-Glienicke, Potsdam-Babelsberg et Kleinmachnow, ainsi que par deux régiments frontaliers à Wilhelmshagen et à Oranienbourg.
134
+
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+ Chaque régiment comprenait cinq compagnies commandées directement avec le support d'un groupe de génie, de transmissions, du train, une batterie de mortiers et une d'artillerie, un groupe de reconnaissance et un de lance-flammes, ainsi qu'une meute de chiens de garde et, en cas de besoin, une compagnie de bateaux et des compagnies de sécurité pour les points de passage.
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+
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+ Au total, à la frontière « centre », il y avait 567 véhicules blindés de tir, 48 mortiers, 48 canons antichars, 114 lance-flammes. En outre, il y avait 156 chars ou appareils lourds du génie et 2 295 véhicules à moteur (motos, voitures et camions). Dans la dotation figuraient également 992 chiens.
138
+
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+ Dans un jour calendaire normal, environ 2 300 agents étaient engagés dans la zone d'action et l'espace voisin.
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+
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+ La sécurité renforcée découlait de circonstances particulières comme des sommets politiques ou une météo difficile (brouillard, neige). Dans certains cas, l'effectif engagé était encore augmenté de 200 à 300 agents supplémentaires.
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+
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+ Il y avait vingt-cinq postes de passage à travers le Mur : treize par la route, quatre par voie ferrée et huit par voie d'eau, ce qui représentait 60 % du total des passages entre RDA, et RFA ou Berlin-Ouest. Les points de passage étaient fortement équipés du côté RDA. Ceux qui désiraient passer devaient s'attendre à des contrôles très stricts, multiples et successifs de la part des douaniers et des services d'émigration et d'immigration ; cependant les formalités se déroulaient de façon ostensiblement correcte. Les véhicules étaient fouillés de manière particulièrement minutieuse (ouverture du coffre, du capot moteur, examen des sièges, passage au-dessus de miroir pour examen du châssis). Les formalités ne permettaient qu'un trafic très réduit.
144
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145
+ Le transit par moyens de transports terrestres entre l'Allemagne de l'Ouest et Berlin-Ouest à travers le territoire de la RDA était également soumis à des restrictions draconiennes :
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+ Malgré toutes ces précautions, il s'avéra par la suite qu'il existait cependant des passages secrets sous le Mur, utilisés à l'occasion, souterrains creusés aussi bien par les services secrets de RDA que par des passeurs.
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149
+ Du côté Ouest, on franchissait des postes de police et de douane, mais les simples personnes n'étaient en général pas contrôlées. Ce n'est que pour les passages en transit que les voyageurs étaient contrôlés de façon statistique (demande de la destination) et, à l'occasion, contrôlés plus étroitement, notamment s'il y avait quelque soupçon d'un motif de poursuites (recherche restreinte).
150
+
151
+ Le trafic de marchandises vers l'étranger était soumis au contrôle douanier, tandis que vers la RFA, on ne faisait que des enquêtes statistiques. Les policiers ouest-allemands et des patrouilles alliées faisaient des rapports sur les activités suspectes, afin d'éviter au mieux une infiltration d'espions de l'Est.
152
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153
+ Pour les officiels, les forces d'occupation alliées avaient installé des points de contrôle au Checkpoint Bravo (Dreilinden) et au Checkpoint Charlie (Friedrichstrasse), mais ceci n'avait aucune influence sur le trafic des voyageurs et des visiteurs.
154
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155
+ Le 1er juillet 1990, date de la première phase de la réunification allemande (union monétaire), tous les postes frontières furent abandonnés. Par suite, lors du démantèlement du mur, seules quelques installations restèrent érigées en guise de mémorial.
156
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157
+ Le nombre exact des victimes du Mur fait l'objet de controverses : il est en effet difficile à évaluer car les nouvelles victimes étaient passées sous silence en RDA. D'après des recherches de la collectivité berlinoise de travailleurs « Collectif du 13 Août », 1 135 personnes y ont laissé la vie. La Staatsanwaltschaft (bureau du Procureur général) de Berlin en a dénombré 270 où on a pu démontrer un acte de violence de la RDA. Le Zentrale Ermittlungsgruppe für Regierungs- und Vereinigungskriminalität (Groupe de recherches central sur la criminalité du gouvernement et de la réunification) ne recense que 421 morts susceptibles d'être imputées aux forces armées de la RDA. D'autres sources indiquent 125 morts à Berlin[44].
158
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159
+ Dans le Mauer Park, ensemble commémoratif, un panneau recense 136 morts : 98 « fugitifs », 8 autres Allemands de l'Est, 22 Allemands de l'Ouest et 8 soldats. Quarante-deux sont des enfants ou adolescents.
160
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161
+ Les premières balles mortelles sont tirées par la police de la route le 24 août 1961 sur Günter Litfin[45] (24 ans) près de la gare de Friedrichstraße, onze jours après la fermeture de la frontière, au cours d'une tentative d'évasion. Le 17 août 1962, Peter Fechter (18 ans) perd tout son sang sur la « piste de la mort ». En 1966, deux enfants de 10 et 13 ans sont abattus par un total de quarante balles.
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+ Chris Gueffroy le 5 février 1989[45] et Winfried Freudenberg le 8 mars 1989 sont les dernières victimes du Mur.
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+ Des estimations parlent de 75 000 hommes et femmes condamnés jusqu'à deux ans de prison en tant que « déserteurs de la république ». La peine dépassait en général cinq ans si le fugitif dégradait les installations frontalières, était armé, soldat ou détenteur de secrets.
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+ Parmi les victimes du Mur figurent aussi quelques soldats, dont le premier est Jörgen Schmidtchen en 1962, tué par un camarade transfuge. Le cas le plus connu est sans doute celui du soldat Reinhold Huhn, abattu par un passeur[46].
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+ Une série de procès a duré jusqu'au printemps 2004 pour savoir qui portait la responsabilité juridique d'avoir donné l'ordre de tirer sur les fugitifs. Parmi les accusés figuraient entre autres le président du Conseil d'État Erich Honecker, son successeur Egon Krenz, les membres du Conseil national de défense Erich Mielke, Willi Stoph, Heinz Keßler, Fritz Streletz et Hans Albrecht, le chef du SED pour le district de Suhl et quelques généraux comme Klaus-Dieter Baumgarten, général de corps d'armée commandant les troupes frontalières de 1979 à 1990. Ce procès a suscité une vive controverse en Allemagne, bon nombre d'accusés faisant valoir que leurs actes, à l'époque, ne constituaient pas des crimes au regard du droit est-allemand. Ils accusent les tribunaux actuels de pratiquer la « justice des vainqueurs »[43].
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+ Les tireurs exécutants étaient recrutés en grande partie dans la NVA (Armée nationale populaire) ou dans les troupes frontalières. Parmi les accusés, trente-cinq furent acquittés, quarante-quatre condamnés avec sursis et mise à l'épreuve et onze à une peine ferme : entre autres Albrecht, Streletz, Keßler et Baumgarten (de quatre ans et demi à six ans et demi de prison). Le dernier dirigeant communiste de la RDA, Egon Krenz, a été condamné en 1997 à une peine de six ans et demi de prison pour la mort de quatre personnes le long du mur de Berlin dans les années 1980[43]. Günter Schabowski sera lui définitivement condamné en 1999, et après avoir commencé à exécuter sa peine, sera gracié un an plus tard[47]. En août 2004, le tribunal de Berlin condamne deux ex-membres du Politbüro avec sursis et mise à l'épreuve. Le dernier procès des tireurs du Mur se termine par une condamnation le 9 novembre 2004, quinze ans jour pour jour après la chute du mur de Berlin.
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+ En souvenir des victimes du mur de Berlin, divers mémoriaux de types très différents ont été construits. Outre les petites croix ou autres signes, avant tout érigés en mémoire de fugitifs abattus, souvent d'initiative privée, et que l'on trouve en divers endroits de l'ex-frontière, un ensemble de lieux de souvenir plus importants a été créé.
174
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+ Il y a toujours eu des controverses sur le style des monuments, comme à la fin des années 1990 à propos du mémorial de la Bernauerstraße. Pour l'instant, le paroxysme des débats publics a été atteint à propos du « monument de la Liberté », construit à proximité du Checkpoint Charlie, puis démoli. Le sénat de Berlin, pour contrer le reproche qui lui était fait de ne pas avoir de politique précise, proposa une politique au printemps 2005.
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177
+ Le tracé historique du mur de Berlin est marqué au sol par une double rangée de pavés et des plaques en fonte portant l’inscription Berliner Mauer 1961-1989. Il existe un parcours historique du Mur en 29 étapes, avec des illustrations et des explications en quatre langues sur les événements qui s’y sont déroulés[48].
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+ Le musée du Mur au Checkpoint Charlie est ouvert en 1963, juste en face de la frontière, par l'historien Rainer Hildebrandt. Il est exploité par le Collectif du 13 août. C'est l'un des musées de Berlin les plus visités. Il montre le système de sécurité du Mur et relate les tentatives de fuite réussies, avec leurs moyens tels que montgolfières, autos, téléphériques, ULM bricolé, coffre de voiture, valise et même un mini sous-marin. Le musée du Mur de Checkpoint Charlie est un musée privé, il n'est soumis à aucun contrôle officiel, il s'agit donc de faire attention aux informations qu'on y trouve. Checkpoint Charlie est devenu, lui, un lieu folklorique. Le célèbre panneau qui y figurait — « You are leaving the American sector », « vous quittez le secteur américain » — est représenté sur d’innombrables cartes postales[49].
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+ Depuis la fin des années 1990, dans la Bernauer Straße, à la limite des anciens districts de Wedding et du Centre, se trouve un ensemble mémorial du mur de Berlin, qui a entre autres permis de contrer le refus du projet de conservation du mur dans la Bernauerstraße. Il comprend le mémorial du mur de Berlin, le centre de documentation, la chapelle de la Réconciliation, divers mémoriaux commémoratifs de l'ancien cimetière de la Sophienkirchengemeinde, la fenêtre de souvenir, ainsi que des fenêtres archéologiques.
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+ Le Mémorial issu d'un concours fédéral d'architecture a été inauguré, après de longues et vigoureuses discussions, le 13 août 1998. Il présente un fragment de soixante-quatre mètres de mur et de No Man's Land, délimités à leurs extrémités par deux immenses parois en acier, hautes de six mètres et implantées à angle droit. Leurs côtés extérieurs sont rouillés et créent l'association avec le rideau de fer. Leurs faces intérieures, qui forment un angle droit avec le mur, sont en acier inoxydable poli, ce qui en fait d'immenses miroirs, dans lesquels le mur se projette à l'infini.
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+ Le centre de documentation est ouvert le 9 novembre 1999. Il a été complété en 2003 par une tour d'observation qui permet de bien voir une portion du dispositif frontalier, conservé dans son intégralité, avec le mur d'arrière-plan, le No Man’s Land, le chemin de ronde, les pylônes d'éclairage, la clôture de signalisation, puis le mur extérieur… Outre une exposition (ouverte depuis 2001 sous le titre Berlin, 13 août 1961), on peut y trouver diverses possibilités d'information sur l'histoire du Mur.
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+ La chapelle de la Réconciliation a été conçue par les architectes berlinois Peter Sassenroth et Rudolf Reitermann et inaugurée le 9 novembre 2000. Elle a été construite sur les fondations du chœur de l'église de la Réconciliation, située sur la « piste de la mort » et démolie en 1985. Cette église, bâtie en 1894, devint inaccessible dès la séparation de Berlin, car elle se trouvait dans le No Man's Land. En 1985, le gouvernement est-allemand décida la destruction de l'édifice puis, en 1995, après la chute du mur, l'emplacement fut rendu à la paroisse, avec l'obligation d'y bâtir un nouveau lieu de culte. C'est ainsi que ce lieu de culte a connu la résurrection de son nom et d'une partie de son architecture : en effet, la paroi intérieure de la nouvelle chapelle est en glaise pilonnée et intègre des pierres concassées de l'ancienne église. Le noyau ovale de l'édifice est enveloppé d'une façade translucide en lamelles de bois.
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189
+ La Fenêtre de Souvenir, achevée en 2010, est un élément central de ce secteur commémoratif pour les victimes du mur de Berlin.
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+ Les fenêtres archéologiques sur Bergstrasse, une rue qui a été en grande partie préservée au-dessous de la zone frontière, montrent les couches plus vieilles des fortifications de frontière qui ont été retranchées dans la rue et les détails du système de fortification de frontière.
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193
+ Enfin, le « Mille historique du mur de Berlin » est une exposition permanente en quatre langues, consistant en vingt-et-un panneaux d'information. Ceux-ci sont répartis le long du tracé de la frontière intérieure et présentent des photographies et des textes se référant à des événements, comme des fuites, qui se sont produits à l'endroit même où sont placés les panneaux.
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195
+ Il ne reste plus grand-chose du Mur dans les années 2010. Les chasseurs de souvenirs, désignés dans le langage populaire par Mauerspecht (soit « pic de mur »), ont arraché de nombreux fragments, donnant naissance à un véritable marché noir. Même la CIA s'est approprié un morceau du Mur artistiquement décoré pour son nouveau bâtiment dans son fort de Langley. Entre la fin 1989 et le début de l'année 1990, le Mur est démantelé à raison de cent mètres en moyenne par nuit. La RDA s'efforce ensuite de démonter le plus vite et le plus complètement possible les installations[1]. À partir du 13 juin 1990, 300 garde-frontières de l'Est et 600 sapeurs de l'Ouest, 175 camions, 65 grues, 55 pelleteuses et 13 bulldozers y ont été affectés. Le Mur a disparu du centre-ville en novembre 1990, le reste en novembre 1991. Au total, il a été physiquement détruit à peu près partout, à l'exception de six sections, conservées en souvenir.
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197
+ Volker Pawlowski, un ancien ouvrier de la RDA, détient le quasi-monopole des morceaux du Mur arrachés et qui sont vendus depuis dans les magasins de souvenirs de Berlin. Il s'en vend des petits bouts, à six euros pièce, comme des blocs entiers (3,60 mètres de haut sur 1,20 mètre de large) pour 10 000 euros. Il possède un entrepôt contenant des centaines de mètres de murs. Il ne se cache pas de les colorer avec de la peinture ; certains experts doutent par ailleurs de l'authenticité de tous les morceaux. Pawlowski avait aidé, dès la chute du Mur, des ouvriers qui transportaient les gravats dans un centre de recyclage à la périphérie de Berlin ; déjà des vendeurs les récupéraient pour alimenter les marchés aux puces. La question de la propriété des morceaux est alors compliquée puisque construits par la RDA, ils étaient officiellement « propriété du peuple ». Certains achètent des morceaux directement à d'anciens gardes-frontière ou à l'entreprise chargée de la démolition pour quelques centaines de marks, l'argent de la vente compensant les frais de destruction. L'ancien ouvrier fonde alors son entreprise en récupérant une grande partie des morceaux, qu'il vend encapsulé dans une carte postale avec un petit certificat aux armes de la RDA que Pawlowski délivre lui-même[50].
198
+
199
+ Le reste le plus connu du Mur, l'East Side Gallery, est situé le long de la Spree, entre la gare de l'Est et le pont de l'Oberbaum qui enjambe la Spree. Il mesure 1,3 km[51]. Il a été peint par 118 artistes du monde entier, tel Thierry Noir ou Dmitrij Vrubel et comporte 106 peintures murales. Classé monument historique, il tombe aujourd'hui en ruines. De ce fait, la ville de Berlin a alloué une subvention pour permettre sa reconstruction à l'identique. Les artistes ont accepté de repeindre leur œuvre sur un nouveau Mur[51].
200
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201
+ Un des fragments du mur (réel) le mieux conservé se trouve le long de la Niederkirchnerstraße, dans le district centre, à proximité de la chambre des députés de Berlin. Il a aussi été classé monument historique en 1990.
202
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203
+ Un autre fragment du mur (réel) de « type 75 » se trouve le long de la Bernauer Straße. Ce fragment de 212 mètres de mur d'origine, qui sépare la Ackerstraße de la Bergstraße, a été classé au patrimoine historique depuis le 2 octobre 1990. Malheureusement, ce fragment de mur a été creusé et excavé jusqu'à la charpente en acier, par les chasseurs de souvenirs. La Bernauer Straße étant le seul endroit à Berlin où une portion du dispositif frontalier a été conservée dans son intégralité, une partie du mur, longue de 64 mètres, a été assainie et restaurée, afin de retrouver son état originel afin de témoigner le renforcement interminable de ce dispositif, poursuivi autrefois par la RDA. Au sud du mémorial, dans l'enclos du cimetière, un tronçon assez important de mur en plaques de béton, qui faisait partie du périmètre de sécurité aux abords de la zone frontalière, a également été conservé. Ce dernier figure, lui aussi, au patrimoine historique depuis 2001.
204
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+ Cinq des trois cent deux miradors subsistent :
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+ La chute du Mur a changé considérablement le trafic dans l'agglomération. On circule sans problème d'est en ouest sur des réseaux métropolitain, ferroviaire et de bus totalement modernisés au cours des années 1990[1]. La bande frontalière se reconnaît encore bien aujourd'hui par les grands espaces vides, comme sur des parties de la Bernauer Straße ou le long de la Vieille Jakobstraße. La large trouée entre les deux ex-Murs s'appelle actuellement la « Piste des murs ». Dans ce centre ville précédemment densément construit, la plus grande partie de cette piste a été convertie en espaces d'utilité publique. Il comporte également des parcs et des lieux commémoratifs du Mur[48]. C'est aussi dans l'ancien no man's land que la nouvelle gare centrale a été inaugurée le vendredi 26 mai 2006[52]. La Potsdamer Platz, cœur du Berlin chic et bourgeois d'avant-guerre et devenue un vaste terrain en friche, au cœur du no man's land, symbolise le désir de retrouver l'unité de la ville. Sa reconstruction est en passe d'être achevée. On peut y voir un échantillonnage d'architecture contemporaine, constitué des immeubles construits par Renzo Piano, Richard Rogers et Helmut Jahn. La semaine, les salariés des bureaux et les ouvriers des chantiers y côtoient les touristes. Le week-end, la Potsdamer Platz est déjà l'un des lieux les plus fréquentés de Berlin[53].
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+
209
+ Pourtant, le Mur, c'est-à-dire le clivage entre Berlin-Ouest et Berlin-Est, est toujours là. À l'Ouest, les autorités ont tenu à préserver des marques du passé de la ville, comme la ruine de l'église commémorative de l'empereur Guillaume (Kaiser Wilhelm), surnommée « dent creuse » par les Berlinois. Le Reichstag, incendié en 1933 et devenu une ruine en 1945, n'a pas été reconstruit entièrement à l'identique. La coupole en verre conçue par Norman Foster symbolise la démocratie allemande qui se veut résolument transparente. À l'Est, la RDA n'a laissé subsister aucun trait du nazisme. Aujourd'hui, ce passé est rappelé dans le quartier juif où la synagogue a été reconstruite[1]. Le Mur a aussi donné naissance a des curiosités architecturales qui seront conservées à sa chute, notamment la cabane dans les arbres du mur de Berlin devenue une attraction du quartier de Kreuzberg[54].
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211
+ Sur le plan architectural, les deux parties de la ville sont également très différentes. Berlin-Ouest comporte de vastes espaces de campagne, car son enclavement passé dans la RDA a été un puissant frein à son expansion démographique et économique. En revanche, la RDA, dont Berlin était la capitale, a voulu faire de la ville une vitrine du socialisme, avec l'Alexanderplatz et la construction de banlieues « grandiosement répétitives ». La statuaire socialiste est toujours présente, par endroits, à Berlin-Est, avec Marx, Lénine, la faucille et le marteau. Le palais de la République des années 1970, construit à la place de l'ancien palais impérial détruit en 1950 sur l'ordre de Walter Ulbricht, voulait rappeler la victoire du régime communiste[1]. Il est toutefois à son tour aujourd'hui détruit.
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+
213
+ La partition de la ville avait fait perdre à Berlin sa place de grande métropole industrielle. Depuis la chute du Mur, le développement économique de la ville reste modeste et inférieur aux espoirs. L'île des musées, anciennement à Berlin-Est, est devenue un haut lieu touristique, mais les commerces ne se sont pas développés autour. Il n'y a même pas de kiosques à journaux. En revanche, un marché périodique propose essentiellement tous les restes de la période socialiste (insignes militaires, sculptures miniatures de Lénine)[1].
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+
215
+ Le mur de Berlin laisse donc dans l'histoire architecturale, économique, comportementale, démographique, des traces certaines malgré les milliards d'euros dépensés pour relever Berlin depuis 1989, et bien que la ville exerce de nouveau la fonction de capitale de l'Allemagne.
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+
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+ Kapelleufer
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+
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+ Lohmühlenbrücke (de)
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+ Stresemannstraße-Köthener Straße
222
+
223
+ Au printemps 1990, un hélicoptère de type Mil Mi-8 survole pour la première fois, à 50 mètres d'altitude, tout le côté est du Mur, depuis Potsdam jusqu'au point de passage de la Bornholmer Straße. Un caméraman filme le début de la destruction du mur de Berlin, avec notamment l'abattage des miradors[réf. nécessaire].
224
+
225
+ Un millier de dominos géants et colorés ont été installés sur le tracé du mur et renversés le 9 novembre 2009 par Lech Wałęsa pour célébrer le 20e anniversaire de sa chute[55].
226
+
227
+ Le prix Grand Témoin, prix littéraire de La France Mutualiste, a été remis le 5 novembre 2009, sur le thème du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Ce prix a pour thème principal le « devoir de mémoire ». Les récipiendaires :
228
+
229
+ Pour les 25 ans de la chute du Mur, trente fragments vierges d'environ un mètre sur 1,20 m, appartenant à un collectionneur privé, sont décorés d'œuvres uniques réalisées pour l'occasion par plusieurs artistes internationaux d'art urbain[56] et exposés, d'avril à juillet 2015, sur le parvis de la gare de l'Est à Paris[57] en compagnie de trois Trabant peintes par Thierry Noir, Christophe-Emmanuel Bouchet (de) et Kiddy Citny (de).
230
+
231
+ Un pan du mur de Berlin, appelé « Kennedy », est installé sur l'esplanade en face du bâtiment du Berlaymont (Bruxelles) le 9 novembre 2015[58].
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+
233
+ Le Parlement des arbres est un lieu commémoratif composé, entre autres, de fragments du mur[59].
234
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235
+ En réaction à la construction du mur, Christo et Jeanne-Claude édifient rue Visconti à Paris un mur de barils de pétrole le 27 juin 1962. 240 barils de pétrole y ont été placés pour bloquer la circulation.
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+ Le mur[a] de Berlin (en allemand Berliner Mauer)[b], « mur de la honte » pour les Allemands de l'Ouest et officiellement appelé par le gouvernement est-allemand « mur de protection antifasciste », est érigé en plein Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 par la République démocratique allemande (RDA)[1], qui tente ainsi de mettre fin à l'exode croissant de ses habitants vers la République fédérale d'Allemagne (RFA)[1],[c].
4
+
5
+ Le mur, composante de la frontière intérieure allemande, sépare physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest pendant plus de vingt-huit ans, et constitue le symbole le plus marquant d'une Europe divisée par le rideau de fer. Plus qu'un simple mur, il s'agit d'un dispositif militaire complexe comportant deux murs de 3,6 mètres de haut[2], avec un chemin de ronde, 302 miradors et dispositifs d'alarme, 14 000 gardes, 600 chiens et des barbelés dressés vers le ciel. Un nombre indéterminé de personnes furent victimes des tentatives de franchissement du mur. En effet, des gardes-frontière est-allemands et des soldats soviétiques n'hésitèrent pas à tirer sur des fugitifs.
6
+
7
+ L'affaiblissement de l'Union soviétique, la perestroïka conduite par Mikhaïl Gorbatchev, et la détermination des Allemands de l'Est qui organisent de grandes manifestations, provoquent le 9 novembre 1989 la chute du mur de Berlin, suscitant l'admiration incrédule du « Monde libre » et ouvrant la voie à la réunification allemande. Presque totalement détruit, le Mur laisse cependant dans l'organisation urbaine de la capitale allemande des cicatrices qui ne sont toujours pas effacées aujourd'hui. Le mur de Berlin, symbole du clivage idéologique et politique de la guerre froide, a inspiré de nombreux livres et films. Plusieurs musées lui sont consacrés.
8
+
9
+ Après sa capitulation le 8 mai 1945, l'Allemagne est divisée en trois, puis quatre zones d'occupation sous administrations soviétique, américaine, britannique et française, conformément à l'accord conclu à la conférence de Yalta. Berlin, la capitale du Troisième Reich, d'abord totalement occupée par l'Armée rouge doit également être partagée en quatre secteurs répartis entre les alliés. Les Soviétiques laissent alors aux Occidentaux les districts ouest de la ville qui se retrouvent ainsi totalement enclavés dans leur zone d'occupation, le secteur resté sous contrôle soviétique représentant à lui seul 409 km2, soit 45,6 % de la superficie de la ville[1]. La position et l'importance de Berlin en font un enjeu majeur de la guerre froide qui s'engage dès la fin des hostilités.
10
+
11
+ La coopération entre les quatre puissances occupantes de l'Allemagne prend fin en 1948 lorsque l’Union soviétique suspend sa participation au Conseil de contrôle allié et du commandement interallié le 19 mars 1948[3]. Les Soviétiques s'emploient dès lors à gêner les communications des Occidentaux avec Berlin-Ouest, sans doute pour les forcer à abandonner l'ancienne capitale du Reich. Du 24 juin 1948 au 12 mai 1949, Staline instaure le blocus de Berlin. Tous les transits terrestres et fluviaux entre Berlin-Ouest et l'Allemagne de l'Ouest sont coupés. Cet événement constitue la première crise majeure entre l'Union soviétique et les Occidentaux. Grâce à un gigantesque pont aérien organisé sous l'égide des États-Unis, Berlin-Ouest survit au blocus[4].
12
+
13
+ L'année 1949 voit la création de la République fédérale d'Allemagne (RFA) dans la trizone constituée par les zones française, britannique et américaine, suivie de près par celle de la République démocratique allemande (RDA) dans la zone sous occupation soviétique[3]. La création de deux États consolide la division politique de Berlin. On commence alors des deux côtés à sécuriser et à fermer la frontière entre les deux États. Des douaniers et des soldats détachés à la surveillance frontalière patrouillent entre la RDA et la RFA ; de solides clôtures seront plus tard érigées du côté RDA.
14
+
15
+ Légalement, Berlin garde le statut de ville démilitarisée (absence de soldats allemands) partagée en quatre secteurs, et indépendante des deux États que sont la RFA et RDA. En réalité, la portée pratique de cette indépendance est très limitée. En effet, le statut de Berlin-Ouest s'apparente à celui d'un Land, avec des représentants sans droit de vote au Bundestag, tandis que Berlin-Est devient, en violation de son statut, capitale de la RDA. La ville reste cependant le seul endroit où les Allemands de l'Est comme de l'Ouest peuvent transiter.
16
+
17
+ Le 27 novembre 1958, l'URSS tente un nouveau coup de force lors de l'« ultimatum de Khrouchtchev » proposant le départ des troupes occidentales dans les six mois pour faire de Berlin une « ville libre » démilitarisée. Les alliés occidentaux refusent[5]. Cet ultimatum marque le début de la crise de Berlin qui sera au cœur des relations Est-Ouest pendant quatre ans.
18
+
19
+ Depuis sa création en 1949, la RDA subit un flot d'émigration croissant vers la RFA, particulièrement à Berlin. La frontière urbaine est difficilement contrôlable, contrairement aux zones rurales déjà très surveillées. Entre 2,6 et 3,6 millions d'Allemands fuient la RDA par Berlin entre 1949 et 1961, privant le pays d’une main-d'œuvre indispensable au moment de sa reconstruction et montrant à la face du monde leur faible adhésion au régime communiste[1],[c]. Émigrer ne pose pas de difficulté majeure car, jusqu’en août 1961, il suffit de prendre le métro ou le chemin de fer berlinois pour passer d'Est en Ouest[6], ce que font quotidiennement des Berlinois pour aller travailler. Les Allemands appellent cette migration de la RDA communiste à la RFA capitaliste : « voter avec ses pieds ». Pendant les deux premières semaines d'août 1961, riches en rumeurs, plus de 47 000 citoyens est-allemands passent en Allemagne de l'Ouest via Berlin. De plus, Berlin-Ouest joue aussi le rôle de porte vers l'Ouest pour de nombreux Tchécoslovaques et Polonais. Comme l'émigration concerne particulièrement les jeunes actifs, elle pose un problème économique majeur et menace l'existence même de la RDA.
20
+
21
+ En outre, environ 50 000 Berlinois sont des travailleurs frontaliers, travaillant à Berlin-Ouest mais habitant à Berlin-Est ou dans sa banlieue où le coût de la vie et de l'immobilier est plus favorable. Le 4 août 1961, un décret oblige les travailleurs frontaliers à s'enregistrer comme tels et à payer leurs loyers en Deutsche Mark (monnaie de la RFA). Avant même la construction du Mur, la police de la RDA surveille intensivement aux points d'accès à Berlin-Ouest ceux qu'elle désigne comme « contrebandiers » ou « déserteurs de la République ».
22
+
23
+ Comme tous les pays communistes, la RDA s'est vu imposer une économie planifiée par Moscou. Le plan septennal (1959-1965) est un échec dès le début. La production industrielle augmente moins vite que prévu. En effet, les investissements sont insuffisants. La collectivisation des terres agricoles entraîne une baisse de la production et une pénurie alimentaire. Les salaires augmentent plus vite que prévu à cause d'un manque de main-d'œuvre provoqué en grande partie par les fuites à l'Ouest. Un important trafic de devises et de marchandises, néfaste à l'économie est-allemande, passe par Berlin. La RDA se trouve en 1961 au bord de l’effondrement économique et social[3].
24
+
25
+ L'auteur William Blum avance comme cause de la construction du Mur, outre la captation de la main d'œuvre qualifiée de la RDA par l'Ouest, le sabotage des infrastructures par des agents occidentaux qui aurait alors sévi en RDA[7].
26
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27
+ Le programme de construction du Mur est un secret d'État du gouvernement est-allemand. Il commence dans la nuit du 12 au 13 août 1961 avec la pose de grillages et de barbelés autour de Berlin-Ouest[1].
28
+
29
+ Son édification est effectuée par des maçons, sous la protection et la surveillance de policiers et de soldats – en contradiction avec les assurances du président du Conseil d'État de la RDA, Walter Ulbricht, qui déclarait le 15 juin 1961 lors d'une conférence de presse internationale à Berlin-Est en réponse à une journaliste ouest-allemande[8] :
30
+ « Si je comprends bien votre question, il y a des gens en Allemagne de l'Ouest qui souhaitent que nous mobilisions les ouvriers du bâtiment de la capitale de la RDA pour ériger un mur, c'est cela ? Je n'ai pas connaissance d'un tel projet ; car les maçons de la capitale sont principalement occupés à construire des logements et y consacrent toute leur force de travail. Personne n'a l'intention de construire un mur[d] ! »
31
+
32
+ Ulbricht est ainsi le premier à employer le mot « Mur », deux mois avant qu'il ne soit érigé.
33
+
34
+ Si les Alliés sont au courant d'un plan de « mesures drastiques » visant au verrouillage de Berlin-Ouest, ils se montrent cependant surpris par son calendrier et son ampleur. Comme leurs droits d'accès à Berlin-Ouest sont respectés, ils décident de ne pas intervenir militairement. Le BND (Services secrets de la RFA) avait lui aussi reçu début juillet des informations semblables. Après la rencontre entre Ulbricht et Nikita Khrouchtchev lors du sommet des pays membres du Pacte de Varsovie (3-5 août 1961), le BND note dans son rapport hebdomadaire du 9 août :
35
+ « Les informations disponibles montrent que le régime de Pankow[e] s'efforce d'obtenir l'accord de Moscou pour l'entrée en vigueur de mesures rigoureuses de blocage ; en particulier le bouclage de la frontière de Berlin, avec interruption du trafic de métros et de tramways entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. (...) Il reste à voir si Ulbricht est capable de faire accepter de telles exigences par Moscou, et jusqu'où. »
36
+
37
+ La déclaration publique du sommet du Pacte de Varsovie propose de « contrecarrer à la frontière avec Berlin-Ouest les agissements nuisibles aux pays du camp socialiste et d'assurer autour de Berlin-Ouest une surveillance fiable et un contrôle efficace. »
38
+
39
+ Le 11 août 1961, la Chambre du peuple (« Volkskammer »), le parlement de la RDA, approuve la concertation avec Moscou et donne les pleins pouvoirs au conseil des ministres pour en assurer la réalisation. Ce dernier adopte le 12 août un décret dénonçant la politique d'agression impérialiste des Occidentaux à son encontre. Un contrôle très strict des frontières séparant Berlin-Ouest et Berlin-Est est instauré[9]. Il décide de l'emploi des forces armées pour occuper la frontière avec Berlin-Ouest et y ériger un barrage.
40
+
41
+ Le samedi 12 août, le BND reçoit l'information qu'« une conférence a eu lieu à Berlin-Est au centre de décision du Parti communiste est-allemand (SED) en présence de hauts responsables du parti. On a pu y apprendre que (…) la situation d'émigration croissante de fugitifs rend nécessaire le bouclage du secteur d'occupation soviétique et de Berlin-Ouest dans les jours prochains — sans plus de précisions — et non dans deux semaines comme il était prévu initialement. »
42
+
43
+ Dans la nuit du 12 au 13 août, 14 500 membres des forces armées bloquent les rues et les voies ferrées menant à Berlin-Ouest. Des troupes soviétiques se tiennent prêtes au combat et se massent aux postes frontières des Alliés. Tous les moyens de transport entre les deux parties de la ville sont interrompus. En septembre 1961, des métros et des S-Bahn (réseau ferré de banlieue) de Berlin-Ouest continueront à circuler sous Berlin-Est sans cependant s'y arrêter, les stations desservant le secteur oriental (qu'on appellera désormais les « stations fantômes ») ayant été fermées.
44
+
45
+ Erich Honecker, en tant que secrétaire du comité central du SED pour les questions de sécurité, assure la responsabilité politique de la planification et de la réalisation de la construction du Mur pour le parti, qu’il présente comme un « mur de protection antifasciste »[1]. Les pays membres du pacte de Varsovie publient, le même jour, une déclaration pour soutenir le bouclage de la frontière entre les deux Berlin[10]. Jusqu'en septembre 1961, la frontière reste « franchissable » et parmi les seules forces de surveillance, 85 hommes passent à l'Ouest — imités en cela par 400 civils, dont 216 réussissent. Les images du jeune douanier Conrad Schumann enjambant les barbelés, ainsi que de fugitifs descendant par une corde en draps de lit ou sautant par les fenêtres des immeubles situées à la frontière marquent les esprits.
46
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47
+ La construction du Mur autour des trois secteurs de l'Ouest consiste tout d'abord en un rideau de fils de fer barbelés. Les pavés des axes de circulation entre les deux moitiés de la ville sont retournés afin d’interrompre immédiatement le trafic[11]. Dans les semaines suivantes, il est complété par un mur de béton et de briques, puis muni de divers dispositifs de sécurité. Ce mur sépare physiquement la cité et entoure complètement la partie ouest de Berlin qui devient une enclave au milieu des pays de l'Est.
48
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49
+ Le chancelier fédéral Adenauer appelle le jour même la population de l'Ouest au calme et à la raison, évoquant sans plus de précisions les réactions qu'il s'apprête à prendre avec les Alliés. Il attend deux semaines après la construction du Mur avant de se rendre à Berlin-Ouest. Seul le maire de Berlin-Ouest Willy Brandt émet une protestation énergique – mais impuissante – contre l'emmurement de Berlin et sa coupure définitive en deux. Sa déclaration est sans ambiguïté : « Sous le regard de la communauté mondiale des peuples, Berlin accuse les séparateurs de la ville, qui oppressent Berlin-Est et menacent Berlin-Ouest, de crime contre le droit international et contre l’humanité (...)[11] ». Le 16 août 1961, une manifestation de 300 000 personnes entoure Willy Brandt pour protester devant la mairie de Schöneberg, siège du gouvernement de Berlin-Ouest.
50
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51
+ Les Länder de la RFA fondent la même année à Salzgitter un centre de documentation judiciaire sur les violations des droits de l'homme perpétrées par la RDA, pour marquer symboliquement leur opposition à ce régime.
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+ La réaction des Alliés tarde : il faut attendre vingt heures avant que les colonnes militaires ne se présentent à la frontière. Le 15 août 1961, les commandants des secteurs occidentaux de Berlin adressent à leur homologue soviétique une note de protestation contre l'édification du Mur[12]. Des rumeurs incessantes circulent, selon lesquelles Moscou aurait assuré les Alliés de ne pas empiéter sur leurs droits à Berlin-Ouest. Le blocus de Berlin a effectivement montré aux yeux des Alliés que le statut de la ville était constamment menacé. La construction du Mur représente ainsi une confirmation matérielle du statu quo : l'Union soviétique abandonne son exigence d'un Berlin-Ouest « libre » déserté par les troupes alliées, tel qu'il avait encore été formulé en 1958 dans l'ultimatum de Khrouchtchev.
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55
+ Les réactions internationales sont ambiguës. Dès le 13 août, Dean Rusk, secrétaire d'État américain, condamne la restriction de la liberté de déplacement des Berlinois[13]. Les Alliés considèrent que l'URSS est à l'initiative de la construction du Mur entre sa zone d'occupation et celle des alliés comme l'indiquent les notes de protestation envoyées au gouvernement soviétique par les ambassadeurs américain et français[14]. Cependant, Kennedy qualifie la construction du Mur de « solution peu élégante, mais mille fois préférable à la guerre ». Le Premier ministre britannique MacMillan n'y voit « rien d'illégal ». En effet, la mesure touche d'abord les Allemands de l'Est et ne remet pas en question l'équilibre géopolitique de l'Allemagne. Après une lettre que Willy Brandt lui a fait parvenir le 16 août[15], Kennedy affiche un soutien symbolique[16],[17] à la ville libre de Berlin-Ouest en y envoyant une unité supplémentaire de 1 500 soldats et fait reprendre du service au général Lucius D. Clay. Le 19 août 1961, Clay et le vice-président américain Lyndon B. Johnson se rendent à Berlin.
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57
+ Le 27 octobre, on en vient à une confrontation visible et directe entre troupes américaines et soviétiques à Checkpoint Charlie. Des gardes-frontières de RDA exigent de contrôler des membres des forces alliées occidentales voulant se rendre en secteur soviétique. Cette exigence est contraire au droit de libre circulation, dont bénéficient tous les membres des forces d’occupation. Pendant trois jours[11], dix chars américains et dix chars soviétiques se postent de chaque côté, à proximité immédiate de Checkpoint Charlie. Les blindés se retirent finalement, aucune des deux parties ne voulant déclencher une escalade qui aurait risqué de se terminer en guerre nucléaire. La libre circulation par le poste-frontière Checkpoint Charlie est rétablie. Paradoxalement, cette situation explosive, aussi bien à Berlin que dans le reste de l'Europe, va déboucher sur la plus longue période de paix qu'ait connue l'Europe occidentale[18].
58
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59
+ Les ressortissants de Berlin-Ouest ne pouvaient déjà plus entrer librement en RDA depuis le 1er juin 1952. L'encerclement est rendu plus efficace par la diminution des points de passage : 69 points de passage sur les 81 existants sont fermés dès le 13 août. La porte de Brandebourg est fermée le 14 août et quatre autres le 23 août. Fin 1961, il ne reste plus que sept points de passages entre l'Est et l'Ouest de Berlin. La Potsdamer Platz est coupée en deux. Le centre historique de la ville devient progressivement un grand vide sur la carte, composé du No man’s land entre les murs de séparation à l’Est et d’un terrain vague à l’Ouest[19]. Les conséquences économiques et sociales sont immédiates : 63 000 Berlinois de l'Est perdent leur emploi à l'Ouest, et 10 000 de l'Ouest perdent leur emploi à Berlin-Est[1].
60
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61
+ Le mur de Berlin est devenu dès sa construction le symbole de la guerre froide et de la séparation du monde en deux camps. Le 26 juin 1963, John Kennedy prononce à Berlin un discours historique. Il déclare « Ich bin ein Berliner » (« Je suis un Berlinois »), marquant la solidarité du Monde libre pour les Berlinois[20]. De plus, la construction du Mur donne une image très négative du bloc de l'Est et prouve de manière symbolique son échec économique face au bloc occidental. « Le bloc soviétique s’apparente désormais à une vaste prison dans laquelle les dirigeants sont obligés d’enfermer des citoyens qui n’ont qu’une idée : fuir ! Le Mur est un aveu d’échec et une humiliation pour toute l’Europe orientale »[21]. Le Mur sape l'image du monde communiste.
62
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63
+ Le 17 décembre 1963, après de longues négociations, le premier accord sur le règlement des visites de Berlinois de l'Ouest chez leurs parents de l'Est de la ville est signé. Il permet à 1,2 million de Berlinois de rendre visite à leurs parents dans la partie orientale de la ville mais seulement du 19 décembre 1963 au 5 janvier 1964. D'autres arrangements suivent en 1964, 1965 et 1966[11]. Après l'accord quadripartite de 1971, le nombre des points de passage entre l'Est et l'Ouest est porté à dix. À partir du début des années 1970, la politique suivie par Willy Brandt et Erich Honecker de rapprochement entre la RDA et la RFA (Ostpolitik) rend la frontière entre les deux pays un peu plus perméable. La RDA simplifie les autorisations de voyage hors de la RDA, en particulier pour les « improductifs » comme les retraités, et autorise les visites de courte durée d'Allemands de l'Ouest dans les régions frontalières. Comme prix d'une plus grande liberté de circulation, la RDA exige la reconnaissance de son statut d'État souverain ainsi que l'extradition de ses citoyens ayant fui vers la RFA. Ces exigences se heurtent à la loi fondamentale de la RFA qui les rejette donc catégoriquement. Pour beaucoup d’Allemands, l’édification du Mur est, de fait, un déchirement et une humiliation qui accentuent les ressentiments de la partition. Une conséquence inattendue de la construction du Mur est de faire renaître dans le cœur des Allemands l’idée de la réunification[21].
64
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65
+ Les deux parties de la ville connaissent des évolutions différentes. Berlin-Est, capitale de la RDA, se dote de bâtiments prestigieux autour de l'Alexanderplatz et de la Marx-Engels-Platz. Le centre (Mitte) de Berlin qui se trouve du côté Est perd son animation. En effet, l'entretien des bâtiments laisse à désirer surtout les magnifiques bâtiments situés sur l'île des musées, en particulier l'important musée de Pergame[1]. Poursuivant le développement d'une économie socialiste, le régime inaugure en 1967, dans la zone industrielle d'Oberschöneweide, le premier combinat industriel de la RDA, le Kombinat VEB Kabelwerke Oberspree (KWO) dans la câblerie. En 1970, débute la construction d'immeubles de onze à vingt-cinq étages dans la Leipzigerstrasse qui défigurent l'espace urbain[11]. La propagande de la RDA désigne le Mur ainsi que toutes les défenses frontalières avec la RFA comme un « mur de protection antifasciste » protégeant la RDA contre l'« émigration, le noyautage, l'espionnage, le sabotage, la contrebande et l'agression en provenance de l'Ouest ». En réalité, les systèmes de défense de la RDA se dressent principalement contre ses propres citoyens.
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+ Berlin-Ouest devient vite la vitrine de l’Occident. La réforme monétaire met fin à la pénurie et la reconstruction est bien plus rapide qu’à l’Est. Potsdamer Platz reste un lieu de souvenir. Une plate-forme panoramique permet de regarder par-dessus le Mur. Elle attire les visiteurs au cours des années 1970 et 1980[19]. La partition fragilise cependant l'économie du secteur ouest. En effet, les industriels doivent exporter leur production en dehors de la RDA. De plus, pour éviter l'espionnage industriel, les industries de pointe s'implantent rarement à Berlin-Ouest[22]. La partie ouest se singularise à partir de 1967 par son mouvement étudiant, point de mire de l'opinion publique. En effet, la ville est traditionnellement une ville universitaire. La vie culturelle y est très développée.
68
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+ Le 12 juin 1987, à l'occasion des festivités commémorant les 750 ans de la ville, le président américain Ronald Reagan prononce devant la porte de Brandebourg un discours resté dans les mémoires sous le nom de Tear down this wall!. Il s'agit d'un défi lancé à Gorbatchev, lequel est apostrophé à plusieurs reprises dans le discours[23].
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+ En 1989, la situation géopolitique change. Au printemps, la Hongrie ouvre son « rideau de fer ». En août, Tadeusz Mazowiecki, membre de Solidarność, devient Premier ministre de Pologne. Certains observateurs pensent qu'une contagion de liberté va gagner aussi les Allemands[24]. À la fin de l'été, les Allemands de l'Est se mettent à quitter le pays par centaines, puis par milliers, sous prétexte de vacances en Hongrie, où les frontières sont ouvertes. En trois semaines, 25 000 citoyens de la RDA rejoignent la RFA par la Hongrie et l'Autriche. Des tentes et des sanitaires sont installées dans le parc de l'ambassade de la RFA à Prague où se pressent des réfugiés est-allemands, mais fin septembre les conditions d'accueil des quelque 4 000 réfugiés sont précaires. Dans la nuit du 30 septembre, Hans-Dietrich Genscher vient à Prague leur dire qu'un accord a été conclu avec la RDA pour qu'ils puissent légalement émigrer en RFA. Le 1er octobre 1989, un premier train spécial part pour l'Allemagne de l'Ouest, via le territoire de l'Allemagne de l'Est. L'exode continue tout au long du mois d'octobre[25],[26].
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+ En RDA, la contestation enfle. Les églises protestantes, comme celle de Saint Nikolai à Leipzig, accueillent les prières pour la paix. Elles sont le germe des manifestations du lundi à partir de septembre[27]. 200 000 manifestants défilent dans les rues de Leipzig le 16 octobre 1989. Mikhaïl Gorbatchev, venu à Berlin-Est célébrer le quarantième anniversaire de la naissance de la RDA, indique à ses dirigeants que le recours à la répression armée est à exclure[28]. Malgré une tentative de reprise en main par des rénovateurs du Parti communiste, les manifestations continuent. Sur l'Alexanderplatz à Berlin-Est, 250 000 à 500 000 personnes manifestent en appelant à la liberté d'expression, à une presse libre et à la liberté de réunion. La police (Volkspolizei) n'intervient pas, mais des unités de l'armée (Nationale Volksarmee) sont positionnées près de la porte de Brandebourg pour empêcher toute tentative de franchissement du Mur. D'importantes manifestations ont aussi lieu dans une quarantaine de villes de la RDA[29].
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+ Le 9 novembre, une conférence de presse est tenue par Günter Schabowski, secrétaire du Comité central chargé des médias en RDA, membre du bureau politique du SED, retransmise en direct par la télévision du centre de presse de Berlin-Est, à une heure de grande écoute. À 18 h 57, vers la fin de la conférence, Schabowski lit de manière plutôt détachée une décision du conseil des ministres sur une nouvelle réglementation des voyages, dont il s'avère plus tard qu'elle n'était pas encore définitivement approuvée, ou, selon d'autres sources, ne devait être communiquée à la presse qu'à partir de 4 h le lendemain matin, le temps d'informer les organismes concernés :
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+ Présents sur le podium à côté de Schabowski : les membres du comité central du SED : Helga Labs, Gerhard Beil et Manfred Banaschak. Schabowski lit un projet de décision du conseil des ministres qu'on a placé devant lui : « Les voyages privés vers l'étranger peuvent être autorisés sans présentation de justificatifs — motif du voyage ou lien de famille. Les autorisations seront délivrées sans retard. Une circulaire en ce sens va être bientôt diffusée. Les départements de la police populaire responsables des visas et de l'enregistrement du domicile sont mandatés pour accorder sans délai des autorisations permanentes de voyage, sans que les conditions actuellement en vigueur n'aient à être remplies. Les voyages y compris à durée permanente peuvent se faire à tout poste-frontière avec la RFA. »
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+ Question d'un journaliste : « Quand ceci entre-t-il en vigueur ? »
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+ Schabowski, feuilletant ses notes : « Autant que je sache — immédiatement. »[30]
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+ Après les annonces des radios et télévisions de la RFA et de Berlin-Ouest, intitulées « Le Mur est ouvert ! », plusieurs milliers de Berlinois de l'Est se pressent aux points de passage et exigent de passer[31]. À ce moment, ni les troupes frontalières, ni même les fonctionnaires du ministère chargé de la Sécurité d'État responsables du contrôle des visas n'avaient été informés. Sans ordre concret ni consigne mais sous la pression de la foule, le point de passage de la Bornholmer Straße, sous la responsabilité du lieutenant-colonel Harald Jäger, est ouvert peu après 23 h, suivi d'autres points de passage tant à Berlin qu'à la frontière avec la RFA. Beaucoup assistent en direct à la télévision à cette nuit du 9 novembre et se mettent en chemin. C'est ainsi que le mur « tombe » dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 novembre 1989, après plus de 28 années d'existence. Cet événement a été appelé dans l'histoire de l'Allemagne die Wende (« le tournant »). Dès l'annonce de la nouvelle de l'ouverture du Mur, le Bundestag interrompt sa séance à Bonn et les députés entonnent spontanément l'hymne national allemand[32].
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+ Cependant la véritable ruée a lieu le lendemain matin, beaucoup s'étant couchés trop tôt cette nuit-là pour assister à l'ouverture de la frontière. Ce jour-là, d'immenses colonnes de ressortissants est-allemands et de voitures se dirigent vers Berlin-Ouest. Les citoyens de la RDA sont accueillis à bras ouverts par la population de Berlin-Ouest. Un concert de klaxons résonne dans Berlin et des inconnus tombent dans les bras les uns des autres. Dans l'euphorie de cette nuit, de nombreux Ouest-Berlinois escaladent le Mur et se massent près de la porte de Brandebourg accessible à tous, alors que l'on ne pouvait l'atteindre auparavant. Une impressionnante marée humaine sonne ainsi le glas de la Guerre froide.
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+ Présent à Berlin, le violoncelliste virtuose Mstislav Rostropovitch, qui avait dû s'exiler à l'Ouest pour ses prises de position en URSS, vient encourager les démolisseurs (surnommés en allemand Mauerspechte, en français les « piverts du mur ») en jouant du violoncelle au pied du Mur le 11 novembre. Cet événement, largement médiatisé, deviendra célèbre et sera l'un des symboles de la chute du bloc de l'Est.
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+ Le 9 novembre est un temps évoqué pour devenir la nouvelle fête nationale de l'Allemagne, d'autant qu'elle célèbre également la proclamation de la République de Weimar en 1918, dans le cadre de la Révolution allemande. Toutefois, c'est aussi la date anniversaire du putsch de la Brasserie mené par Hitler à Munich en 1923, ainsi que celle de la nuit de Cristal, le pogrom antijuif commis par les nazis en 1938. Le 3 octobre, jour de la réunification des deux Allemagne, lui est donc finalement préféré.
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+ Le partage de l'Europe en deux blocs était devenu un fait établi. Aussi, l'ouverture du Mur et la chute des régimes communistes d'Europe centrale qui s'ensuivit ont stupéfié le monde occidental. Peu de spécialistes avaient compris les mouvements de fond qui laminaient les régimes communistes[33]. Seuls certains observateurs pensaient qu'une contagion de la liberté, après les changements en Pologne et en Hongrie, allait gagner aussi les Allemands[24].
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+ Le délitement du régime est-allemand est tel que très vite, pour le chancelier Helmut Kohl, la seule solution qui s'impose, c'est la réunification, c'est-à-dire l'absorption de la RDA par la RFA. Dès le 28 novembre, il présente un plan en dix points pour réunifier les deux Allemagne. Soucieux de stopper le flot migratoire de la RDA vers la RFA, de ne pas laisser le temps aux vainqueurs de 1945 de demander des conditions trop strictes, il veut mener l'affaire le plus vite possible[34]. La paix qui n'avait jamais été signée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale l’est le 12 septembre 1990 à Moscou. Le traité de Moscou rend à l'Allemagne sa pleine souveraineté[35]. La chute du mur de Berlin a donc abouti, presque un an plus tard, à la réunification des deux Allemagne (RFA et RDA) le 3 octobre 1990. Le 3 octobre est aujourd'hui la fête nationale allemande (Tag der Deutschen Einheit, « jour de l'unité allemande »).
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+ Les télévisions du monde entier relaient l'événement extraordinaire qu'est l'ouverture du Mur. Elles le décrivent comme un symbole de paix, de retour à la liberté et de communion du peuple allemand. Les diplomates, eux, évaluent les conséquences de la chute du Mur. La diplomatie française fait une erreur de jugement importante. Les diplomates et responsables politiques français pensent que l'URSS ne laissera pas la RDA s'unir à la RFA. Ainsi, François Mitterrand, effectuant une visite officielle en RDA, du 20 au 22 décembre 1989, déclara même au cours d'un dîner officiel : « République démocratique d'Allemagne et France, nous avons encore beaucoup à faire ensemble »[36]. Les dirigeants ouest-allemands sont surpris et déçus de l'attitude de la France. La réaction américaine est totalement différente. L'ambassadeur américain à Bonn, Vernon Walters, comprend immédiatement que la chute du Mur ne peut avoir pour conséquence que la réunification. Il parvient à convaincre George Bush que l'intérêt des États-Unis est d'accompagner le mouvement pour obtenir des conditions qui leur conviennent plutôt que de s'opposer à la réunification allemande[37]. Helmut Kohl a mené une politique de rapprochement avec l'URSS de Gorbatchev depuis 1988. Le premier secrétaire du parti communiste soviétique prône un rapprochement entre les deux Allemagne mais il ne songe pas à une réunification. Aussi l'ouverture du mur de Berlin provoque-t-elle son mécontentement. Moyennant quelques concessions à l’URSS et un crédit de cinq milliards de marks, Helmut Kohl arrive à ses fins[21].
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+ La seconde conséquence de l'ouverture du Mur est la désagrégation de l’empire soviétique. À Prague, la révolution de Velours (17-18 novembre 1989) met fin au communisme. Au même moment, en Bulgarie, le président Todor Jivkov doit accepter son remplacement par un communiste plus ouvert, Petar Mladenov. En Roumanie, Nicolae Ceaușescu est éliminé plus violemment lors de la révolution de 1989. En Union soviétique, les États baltes proclament leur indépendance en mars et mai 1990, provoquant ainsi les premières brèches qui allaient remettre en cause l'unité et l'existence même du plus vaste état du monde qu'était alors l'URSS, lequel disparut à son tour dix-huit mois plus tard, le 26 décembre 1991. La destruction du Mur signifie la fin d'une Europe coupée en deux[21].
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+ À la suite de la chute du mur de Berlin, plusieurs pays anciennement communistes d'Europe de l'Est ont adhéré à l'Union européenne (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Slovénie et Estonie en 2004, Roumanie et Bulgarie en 2007, Croatie en 2013), certains même à l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN).
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+ Le Mur, long de 155 kilomètres (dont 43,1 km sur sa longueur intraberlinoise), venait en complément des 1 393 kilomètres de la longue frontière RFA-RDA et, dans une moindre mesure, des frontières ouest des pays du Pacte de Varsovie, le tout donnant un visage palpable au rideau de fer.
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+ Le tracé du mur ne correspondait d'ailleurs pas toujours à celui de la frontière politique entre les deux secteurs et, en de nombreux endroits, les autorités est-allemandes durent abandonner du terrain afin d'effectuer un « repli stratégique » vers des zones plus faciles à surveiller. Il coupait 193 rues principales et adjacentes[38].
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+ Comme le reste de la frontière des deux Allemagne, le mur de Berlin était pourvu d'un système très complet de fils de fer barbelés, de fossés, de pièges à tank, de chemins de ronde et de miradors. Au début des années 1980, la frontière ne mobilisait pas moins de mille chiens de garde. Le système se perfectionnait d'année en année. En particulier, les maisons du secteur est proches du Mur (la limite entre les deux Berlin passait parfois au pied des façades des immeubles situés en secteur oriental) étaient progressivement vidées de leurs habitants puis murées. Ce processus dura jusqu'au 28 janvier 1985, avec la démolition de l'église de la Réconciliation, dans la Bernauer Straße. Une trouée claire comme le jour divise alors un Berlin autrefois dense et sombre.
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+ Dans leur état final, qui ne vit le jour à bien des endroits qu'à la fin des années 1980, les installations frontalières consistaient en :
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+ La largeur totale de ces installations dépendait de la densité des maisons près de la frontière et allait d'environ trente jusqu'à cinq cents mètres sur la Potsdamer Platz. On ne construisit pas de champs de mines ni d'installations de tir automatique au voisinage du Mur, contrairement à la frontière allemande intérieure (mais ce point ne fut pas connu en général en RDA).
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+ Le détail de ces installations – désignées en interne par les troupes frontalières comme « zone d'action » – était placé sous secret militaire et donc mal connu des citoyens de la RDA. Les soldats détachés à la frontière devaient garder le silence. Comme nul ne savait exactement quel espion de la Stasi pouvait faire un rapport sur un bavardage inconséquent, tous s'astreignaient fermement au silence. Quiconque s'intéressait de trop près aux installations frontalières risquait pour le moins d'être arrêté et mené au poste de police, pour contrôle d'identité. Cela pouvait déboucher sur une condamnation à la prison pour planification de tentative d'évasion. La zone à proximité immédiate de la frontière avec Berlin-Ouest était interdite sauf sur autorisation spéciale.
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+ Au sein du no man's land, se trouvaient des milliers de lapins qui avaient élu domicile là. Lors de la chute du Mur, ils se sont éparpillés dans toute la ville[40]. Le documentaire Le Lapin à la berlinoise relate le phénomène.
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+ La frontière extérieure de la ville de Berlin-Ouest croisait à de nombreux endroits des voies navigables. Le tracé de la frontière avait été matérialisé par le Sénat de Berlin-Ouest (gouvernement berlinois) par des lignes de bouées blanches portant l'inscription Sektorengrenze (« limite de secteur »). Les bateaux de tourisme ou de sport naviguant dans Berlin-Ouest devaient respecter les limites du secteur ainsi marquées par les bouées. Du côté RDA, des bateaux des troupes frontalières patrouillaient à l'occasion.
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+ Les fortifications frontalières de la RDA se trouvaient toujours sur leurs rives, ce qui imposait des détours parfois importants et « emmurait » les rivages de plusieurs lacs de la Havel. Cette aberration était telle qu'en certains endroits du cours de la Spree, seules les rives étaient inaccessibles : ce fut le cas, des 150 mètres situés en aval du Marschallbrücke[41], non loin du palais du Reichstag[42]. Le plus grand détour était situé sur le lac Jungfern, où le Mur se trouvait jusqu'à deux kilomètres du tracé réel de la frontière. En plusieurs endroits, la bande frontalière passait à travers d'anciennes pièces d'eau et les rendait inutilisables pour les habitants, comme sur la rive ouest du lac de Groß-Glienicke (en) et sur la rive Sud du lac Griebnitz.
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+ Sur les cours d'eau de la frontière intérieure, celle-ci passait partout le long de la rive ouest ou est, de sorte qu'aucun marquage de son tracé ne se trouvait dans l'eau. Le véritable mur y était toujours sur la rive est. Cependant, les cours d'eau appartenant à Berlin-Est étaient toujours surveillés.
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+ Sur les canaux et rivières affluents, la situation devenait parfois inextricable. Bien des nageurs et des bateaux de Berlin-Ouest se sont trouvés, par mégarde ou légèreté, en territoire est-berlinois et ont essuyé des tirs qui ont fait plusieurs morts.
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+ En quelques endroits sur la Spree, il y avait des barrières immergées contre les nageurs. Pour les fugitifs, il n'était pas évident de savoir quand ils atteignaient Berlin-Ouest et ils couraient encore le risque d'être abattus après avoir dépassé les limites du Mur.
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+ Les soldats à la frontière est-allemande avaient l'« ordre de tirer », c'est-à-dire l'obligation d'empêcher les tentatives d'évasion par tous les moyens, même au risque de la mort du fugitif. Ramenés à la longueur de la frontière, on peut même dire qu'il y eut beaucoup plus de morts à Berlin qu'en moyenne sur le reste du Mur. Lors des grands jours fériés ou de visites d'État, l'ordre de tirer était parfois suspendu, pour éviter les répercussions négatives dans la presse de l'Ouest. Des découvertes récentes ont mis en lumière la responsabilité de l'État est-allemand dans les exécutions de fugitifs. En octobre 1973, un ordre est adressé aux agents de la Stasi infiltrés dans les unités de gardes-frontières. Ceux-ci doivent empêcher que des soldats ne passent à l'Ouest. L'ordre est très clair : « N'hésitez pas à faire usage de votre arme, même si la violation de la frontière concerne des femmes et des enfants, ce qui est une stratégie souvent utilisée par les traîtres »[43],[44].
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+ Selon les indications du ministère de la Sécurité d'État, au printemps 1989, les troupes de garde-frontières de Berlin comprenaient 11 500 soldats et 500 civils.
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+ Outre les unités affectées au commandement du GK-centre - environ 1 000 agents au siège de Berlin-Karlshorst - la sécurité frontalière était assurée par sept régiments de gardes-frontières (GR), à Treptow, Pankow, Rummelsburg, Hennigsdorf, Groß-Glienicke, Potsdam-Babelsberg et Kleinmachnow, ainsi que par deux régiments frontaliers à Wilhelmshagen et à Oranienbourg.
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+
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+ Chaque régiment comprenait cinq compagnies commandées directement avec le support d'un groupe de génie, de transmissions, du train, une batterie de mortiers et une d'artillerie, un groupe de reconnaissance et un de lance-flammes, ainsi qu'une meute de chiens de garde et, en cas de besoin, une compagnie de bateaux et des compagnies de sécurité pour les points de passage.
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+ Au total, à la frontière « centre », il y avait 567 véhicules blindés de tir, 48 mortiers, 48 canons antichars, 114 lance-flammes. En outre, il y avait 156 chars ou appareils lourds du génie et 2 295 véhicules à moteur (motos, voitures et camions). Dans la dotation figuraient également 992 chiens.
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+ Dans un jour calendaire normal, environ 2 300 agents étaient engagés dans la zone d'action et l'espace voisin.
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+ La sécurité renforcée découlait de circonstances particulières comme des sommets politiques ou une météo difficile (brouillard, neige). Dans certains cas, l'effectif engagé était encore augmenté de 200 à 300 agents supplémentaires.
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+ Il y avait vingt-cinq postes de passage à travers le Mur : treize par la route, quatre par voie ferrée et huit par voie d'eau, ce qui représentait 60 % du total des passages entre RDA, et RFA ou Berlin-Ouest. Les points de passage étaient fortement équipés du côté RDA. Ceux qui désiraient passer devaient s'attendre à des contrôles très stricts, multiples et successifs de la part des douaniers et des services d'émigration et d'immigration ; cependant les formalités se déroulaient de façon ostensiblement correcte. Les véhicules étaient fouillés de manière particulièrement minutieuse (ouverture du coffre, du capot moteur, examen des sièges, passage au-dessus de miroir pour examen du châssis). Les formalités ne permettaient qu'un trafic très réduit.
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+ Le transit par moyens de transports terrestres entre l'Allemagne de l'Ouest et Berlin-Ouest à travers le territoire de la RDA était également soumis à des restrictions draconiennes :
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+ Malgré toutes ces précautions, il s'avéra par la suite qu'il existait cependant des passages secrets sous le Mur, utilisés à l'occasion, souterrains creusés aussi bien par les services secrets de RDA que par des passeurs.
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+ Du côté Ouest, on franchissait des postes de police et de douane, mais les simples personnes n'étaient en général pas contrôlées. Ce n'est que pour les passages en transit que les voyageurs étaient contrôlés de façon statistique (demande de la destination) et, à l'occasion, contrôlés plus étroitement, notamment s'il y avait quelque soupçon d'un motif de poursuites (recherche restreinte).
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+ Le trafic de marchandises vers l'étranger était soumis au contrôle douanier, tandis que vers la RFA, on ne faisait que des enquêtes statistiques. Les policiers ouest-allemands et des patrouilles alliées faisaient des rapports sur les activités suspectes, afin d'éviter au mieux une infiltration d'espions de l'Est.
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+ Pour les officiels, les forces d'occupation alliées avaient installé des points de contrôle au Checkpoint Bravo (Dreilinden) et au Checkpoint Charlie (Friedrichstrasse), mais ceci n'avait aucune influence sur le trafic des voyageurs et des visiteurs.
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+ Le 1er juillet 1990, date de la première phase de la réunification allemande (union monétaire), tous les postes frontières furent abandonnés. Par suite, lors du démantèlement du mur, seules quelques installations restèrent érigées en guise de mémorial.
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+ Le nombre exact des victimes du Mur fait l'objet de controverses : il est en effet difficile à évaluer car les nouvelles victimes étaient passées sous silence en RDA. D'après des recherches de la collectivité berlinoise de travailleurs « Collectif du 13 Août », 1 135 personnes y ont laissé la vie. La Staatsanwaltschaft (bureau du Procureur général) de Berlin en a dénombré 270 où on a pu démontrer un acte de violence de la RDA. Le Zentrale Ermittlungsgruppe für Regierungs- und Vereinigungskriminalität (Groupe de recherches central sur la criminalité du gouvernement et de la réunification) ne recense que 421 morts susceptibles d'être imputées aux forces armées de la RDA. D'autres sources indiquent 125 morts à Berlin[44].
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+ Dans le Mauer Park, ensemble commémoratif, un panneau recense 136 morts : 98 « fugitifs », 8 autres Allemands de l'Est, 22 Allemands de l'Ouest et 8 soldats. Quarante-deux sont des enfants ou adolescents.
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+ Les premières balles mortelles sont tirées par la police de la route le 24 août 1961 sur Günter Litfin[45] (24 ans) près de la gare de Friedrichstraße, onze jours après la fermeture de la frontière, au cours d'une tentative d'évasion. Le 17 août 1962, Peter Fechter (18 ans) perd tout son sang sur la « piste de la mort ». En 1966, deux enfants de 10 et 13 ans sont abattus par un total de quarante balles.
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+ Chris Gueffroy le 5 février 1989[45] et Winfried Freudenberg le 8 mars 1989 sont les dernières victimes du Mur.
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+ Des estimations parlent de 75 000 hommes et femmes condamnés jusqu'à deux ans de prison en tant que « déserteurs de la république ». La peine dépassait en général cinq ans si le fugitif dégradait les installations frontalières, était armé, soldat ou détenteur de secrets.
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+ Parmi les victimes du Mur figurent aussi quelques soldats, dont le premier est Jörgen Schmidtchen en 1962, tué par un camarade transfuge. Le cas le plus connu est sans doute celui du soldat Reinhold Huhn, abattu par un passeur[46].
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+ Une série de procès a duré jusqu'au printemps 2004 pour savoir qui portait la responsabilité juridique d'avoir donné l'ordre de tirer sur les fugitifs. Parmi les accusés figuraient entre autres le président du Conseil d'État Erich Honecker, son successeur Egon Krenz, les membres du Conseil national de défense Erich Mielke, Willi Stoph, Heinz Keßler, Fritz Streletz et Hans Albrecht, le chef du SED pour le district de Suhl et quelques généraux comme Klaus-Dieter Baumgarten, général de corps d'armée commandant les troupes frontalières de 1979 à 1990. Ce procès a suscité une vive controverse en Allemagne, bon nombre d'accusés faisant valoir que leurs actes, à l'époque, ne constituaient pas des crimes au regard du droit est-allemand. Ils accusent les tribunaux actuels de pratiquer la « justice des vainqueurs »[43].
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+ Les tireurs exécutants étaient recrutés en grande partie dans la NVA (Armée nationale populaire) ou dans les troupes frontalières. Parmi les accusés, trente-cinq furent acquittés, quarante-quatre condamnés avec sursis et mise à l'épreuve et onze à une peine ferme : entre autres Albrecht, Streletz, Keßler et Baumgarten (de quatre ans et demi à six ans et demi de prison). Le dernier dirigeant communiste de la RDA, Egon Krenz, a été condamné en 1997 à une peine de six ans et demi de prison pour la mort de quatre personnes le long du mur de Berlin dans les années 1980[43]. Günter Schabowski sera lui définitivement condamné en 1999, et après avoir commencé à exécuter sa peine, sera gracié un an plus tard[47]. En août 2004, le tribunal de Berlin condamne deux ex-membres du Politbüro avec sursis et mise à l'épreuve. Le dernier procès des tireurs du Mur se termine par une condamnation le 9 novembre 2004, quinze ans jour pour jour après la chute du mur de Berlin.
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+ En souvenir des victimes du mur de Berlin, divers mémoriaux de types très différents ont été construits. Outre les petites croix ou autres signes, avant tout érigés en mémoire de fugitifs abattus, souvent d'initiative privée, et que l'on trouve en divers endroits de l'ex-frontière, un ensemble de lieux de souvenir plus importants a été créé.
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+ Il y a toujours eu des controverses sur le style des monuments, comme à la fin des années 1990 à propos du mémorial de la Bernauerstraße. Pour l'instant, le paroxysme des débats publics a été atteint à propos du « monument de la Liberté », construit à proximité du Checkpoint Charlie, puis démoli. Le sénat de Berlin, pour contrer le reproche qui lui était fait de ne pas avoir de politique précise, proposa une politique au printemps 2005.
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+ Le tracé historique du mur de Berlin est marqué au sol par une double rangée de pavés et des plaques en fonte portant l’inscription Berliner Mauer 1961-1989. Il existe un parcours historique du Mur en 29 étapes, avec des illustrations et des explications en quatre langues sur les événements qui s’y sont déroulés[48].
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+ Le musée du Mur au Checkpoint Charlie est ouvert en 1963, juste en face de la frontière, par l'historien Rainer Hildebrandt. Il est exploité par le Collectif du 13 août. C'est l'un des musées de Berlin les plus visités. Il montre le système de sécurité du Mur et relate les tentatives de fuite réussies, avec leurs moyens tels que montgolfières, autos, téléphériques, ULM bricolé, coffre de voiture, valise et même un mini sous-marin. Le musée du Mur de Checkpoint Charlie est un musée privé, il n'est soumis à aucun contrôle officiel, il s'agit donc de faire attention aux informations qu'on y trouve. Checkpoint Charlie est devenu, lui, un lieu folklorique. Le célèbre panneau qui y figurait — « You are leaving the American sector », « vous quittez le secteur américain » — est représenté sur d’innombrables cartes postales[49].
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+ Depuis la fin des années 1990, dans la Bernauer Straße, à la limite des anciens districts de Wedding et du Centre, se trouve un ensemble mémorial du mur de Berlin, qui a entre autres permis de contrer le refus du projet de conservation du mur dans la Bernauerstraße. Il comprend le mémorial du mur de Berlin, le centre de documentation, la chapelle de la Réconciliation, divers mémoriaux commémoratifs de l'ancien cimetière de la Sophienkirchengemeinde, la fenêtre de souvenir, ainsi que des fenêtres archéologiques.
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+ Le Mémorial issu d'un concours fédéral d'architecture a été inauguré, après de longues et vigoureuses discussions, le 13 août 1998. Il présente un fragment de soixante-quatre mètres de mur et de No Man's Land, délimités à leurs extrémités par deux immenses parois en acier, hautes de six mètres et implantées à angle droit. Leurs côtés extérieurs sont rouillés et créent l'association avec le rideau de fer. Leurs faces intérieures, qui forment un angle droit avec le mur, sont en acier inoxydable poli, ce qui en fait d'immenses miroirs, dans lesquels le mur se projette à l'infini.
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+ Le centre de documentation est ouvert le 9 novembre 1999. Il a été complété en 2003 par une tour d'observation qui permet de bien voir une portion du dispositif frontalier, conservé dans son intégralité, avec le mur d'arrière-plan, le No Man’s Land, le chemin de ronde, les pylônes d'éclairage, la clôture de signalisation, puis le mur extérieur… Outre une exposition (ouverte depuis 2001 sous le titre Berlin, 13 août 1961), on peut y trouver diverses possibilités d'information sur l'histoire du Mur.
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+ La chapelle de la Réconciliation a été conçue par les architectes berlinois Peter Sassenroth et Rudolf Reitermann et inaugurée le 9 novembre 2000. Elle a été construite sur les fondations du chœur de l'église de la Réconciliation, située sur la « piste de la mort » et démolie en 1985. Cette église, bâtie en 1894, devint inaccessible dès la séparation de Berlin, car elle se trouvait dans le No Man's Land. En 1985, le gouvernement est-allemand décida la destruction de l'édifice puis, en 1995, après la chute du mur, l'emplacement fut rendu à la paroisse, avec l'obligation d'y bâtir un nouveau lieu de culte. C'est ainsi que ce lieu de culte a connu la résurrection de son nom et d'une partie de son architecture : en effet, la paroi intérieure de la nouvelle chapelle est en glaise pilonnée et intègre des pierres concassées de l'ancienne église. Le noyau ovale de l'édifice est enveloppé d'une façade translucide en lamelles de bois.
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+ La Fenêtre de Souvenir, achevée en 2010, est un élément central de ce secteur commémoratif pour les victimes du mur de Berlin.
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+ Les fenêtres archéologiques sur Bergstrasse, une rue qui a été en grande partie préservée au-dessous de la zone frontière, montrent les couches plus vieilles des fortifications de frontière qui ont été retranchées dans la rue et les détails du système de fortification de frontière.
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+ Enfin, le « Mille historique du mur de Berlin » est une exposition permanente en quatre langues, consistant en vingt-et-un panneaux d'information. Ceux-ci sont répartis le long du tracé de la frontière intérieure et présentent des photographies et des textes se référant à des événements, comme des fuites, qui se sont produits à l'endroit même où sont placés les panneaux.
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+ Il ne reste plus grand-chose du Mur dans les années 2010. Les chasseurs de souvenirs, désignés dans le langage populaire par Mauerspecht (soit « pic de mur »), ont arraché de nombreux fragments, donnant naissance à un véritable marché noir. Même la CIA s'est approprié un morceau du Mur artistiquement décoré pour son nouveau bâtiment dans son fort de Langley. Entre la fin 1989 et le début de l'année 1990, le Mur est démantelé à raison de cent mètres en moyenne par nuit. La RDA s'efforce ensuite de démonter le plus vite et le plus complètement possible les installations[1]. À partir du 13 juin 1990, 300 garde-frontières de l'Est et 600 sapeurs de l'Ouest, 175 camions, 65 grues, 55 pelleteuses et 13 bulldozers y ont été affectés. Le Mur a disparu du centre-ville en novembre 1990, le reste en novembre 1991. Au total, il a été physiquement détruit à peu près partout, à l'exception de six sections, conservées en souvenir.
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+ Volker Pawlowski, un ancien ouvrier de la RDA, détient le quasi-monopole des morceaux du Mur arrachés et qui sont vendus depuis dans les magasins de souvenirs de Berlin. Il s'en vend des petits bouts, à six euros pièce, comme des blocs entiers (3,60 mètres de haut sur 1,20 mètre de large) pour 10 000 euros. Il possède un entrepôt contenant des centaines de mètres de murs. Il ne se cache pas de les colorer avec de la peinture ; certains experts doutent par ailleurs de l'authenticité de tous les morceaux. Pawlowski avait aidé, dès la chute du Mur, des ouvriers qui transportaient les gravats dans un centre de recyclage à la périphérie de Berlin ; déjà des vendeurs les récupéraient pour alimenter les marchés aux puces. La question de la propriété des morceaux est alors compliquée puisque construits par la RDA, ils étaient officiellement « propriété du peuple ». Certains achètent des morceaux directement à d'anciens gardes-frontière ou à l'entreprise chargée de la démolition pour quelques centaines de marks, l'argent de la vente compensant les frais de destruction. L'ancien ouvrier fonde alors son entreprise en récupérant une grande partie des morceaux, qu'il vend encapsulé dans une carte postale avec un petit certificat aux armes de la RDA que Pawlowski délivre lui-même[50].
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+ Le reste le plus connu du Mur, l'East Side Gallery, est situé le long de la Spree, entre la gare de l'Est et le pont de l'Oberbaum qui enjambe la Spree. Il mesure 1,3 km[51]. Il a été peint par 118 artistes du monde entier, tel Thierry Noir ou Dmitrij Vrubel et comporte 106 peintures murales. Classé monument historique, il tombe aujourd'hui en ruines. De ce fait, la ville de Berlin a alloué une subvention pour permettre sa reconstruction à l'identique. Les artistes ont accepté de repeindre leur œuvre sur un nouveau Mur[51].
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+ Un des fragments du mur (réel) le mieux conservé se trouve le long de la Niederkirchnerstraße, dans le district centre, à proximité de la chambre des députés de Berlin. Il a aussi été classé monument historique en 1990.
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+ Un autre fragment du mur (réel) de « type 75 » se trouve le long de la Bernauer Straße. Ce fragment de 212 mètres de mur d'origine, qui sépare la Ackerstraße de la Bergstraße, a été classé au patrimoine historique depuis le 2 octobre 1990. Malheureusement, ce fragment de mur a été creusé et excavé jusqu'à la charpente en acier, par les chasseurs de souvenirs. La Bernauer Straße étant le seul endroit à Berlin où une portion du dispositif frontalier a été conservée dans son intégralité, une partie du mur, longue de 64 mètres, a été assainie et restaurée, afin de retrouver son état originel afin de témoigner le renforcement interminable de ce dispositif, poursuivi autrefois par la RDA. Au sud du mémorial, dans l'enclos du cimetière, un tronçon assez important de mur en plaques de béton, qui faisait partie du périmètre de sécurité aux abords de la zone frontalière, a également été conservé. Ce dernier figure, lui aussi, au patrimoine historique depuis 2001.
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+ Cinq des trois cent deux miradors subsistent :
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+ La chute du Mur a changé considérablement le trafic dans l'agglomération. On circule sans problème d'est en ouest sur des réseaux métropolitain, ferroviaire et de bus totalement modernisés au cours des années 1990[1]. La bande frontalière se reconnaît encore bien aujourd'hui par les grands espaces vides, comme sur des parties de la Bernauer Straße ou le long de la Vieille Jakobstraße. La large trouée entre les deux ex-Murs s'appelle actuellement la « Piste des murs ». Dans ce centre ville précédemment densément construit, la plus grande partie de cette piste a été convertie en espaces d'utilité publique. Il comporte également des parcs et des lieux commémoratifs du Mur[48]. C'est aussi dans l'ancien no man's land que la nouvelle gare centrale a été inaugurée le vendredi 26 mai 2006[52]. La Potsdamer Platz, cœur du Berlin chic et bourgeois d'avant-guerre et devenue un vaste terrain en friche, au cœur du no man's land, symbolise le désir de retrouver l'unité de la ville. Sa reconstruction est en passe d'être achevée. On peut y voir un échantillonnage d'architecture contemporaine, constitué des immeubles construits par Renzo Piano, Richard Rogers et Helmut Jahn. La semaine, les salariés des bureaux et les ouvriers des chantiers y côtoient les touristes. Le week-end, la Potsdamer Platz est déjà l'un des lieux les plus fréquentés de Berlin[53].
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+ Pourtant, le Mur, c'est-à-dire le clivage entre Berlin-Ouest et Berlin-Est, est toujours là. À l'Ouest, les autorités ont tenu à préserver des marques du passé de la ville, comme la ruine de l'église commémorative de l'empereur Guillaume (Kaiser Wilhelm), surnommée « dent creuse » par les Berlinois. Le Reichstag, incendié en 1933 et devenu une ruine en 1945, n'a pas été reconstruit entièrement à l'identique. La coupole en verre conçue par Norman Foster symbolise la démocratie allemande qui se veut résolument transparente. À l'Est, la RDA n'a laissé subsister aucun trait du nazisme. Aujourd'hui, ce passé est rappelé dans le quartier juif où la synagogue a été reconstruite[1]. Le Mur a aussi donné naissance a des curiosités architecturales qui seront conservées à sa chute, notamment la cabane dans les arbres du mur de Berlin devenue une attraction du quartier de Kreuzberg[54].
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+ Sur le plan architectural, les deux parties de la ville sont également très différentes. Berlin-Ouest comporte de vastes espaces de campagne, car son enclavement passé dans la RDA a été un puissant frein à son expansion démographique et économique. En revanche, la RDA, dont Berlin était la capitale, a voulu faire de la ville une vitrine du socialisme, avec l'Alexanderplatz et la construction de banlieues « grandiosement répétitives ». La statuaire socialiste est toujours présente, par endroits, à Berlin-Est, avec Marx, Lénine, la faucille et le marteau. Le palais de la République des années 1970, construit à la place de l'ancien palais impérial détruit en 1950 sur l'ordre de Walter Ulbricht, voulait rappeler la victoire du régime communiste[1]. Il est toutefois à son tour aujourd'hui détruit.
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+ La partition de la ville avait fait perdre à Berlin sa place de grande métropole industrielle. Depuis la chute du Mur, le développement économique de la ville reste modeste et inférieur aux espoirs. L'île des musées, anciennement à Berlin-Est, est devenue un haut lieu touristique, mais les commerces ne se sont pas développés autour. Il n'y a même pas de kiosques à journaux. En revanche, un marché périodique propose essentiellement tous les restes de la période socialiste (insignes militaires, sculptures miniatures de Lénine)[1].
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+
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+ Le mur de Berlin laisse donc dans l'histoire architecturale, économique, comportementale, démographique, des traces certaines malgré les milliards d'euros dépensés pour relever Berlin depuis 1989, et bien que la ville exerce de nouveau la fonction de capitale de l'Allemagne.
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+ Kapelleufer
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+ Lohmühlenbrücke (de)
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+ Stresemannstraße-Köthener Straße
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+ Au printemps 1990, un hélicoptère de type Mil Mi-8 survole pour la première fois, à 50 mètres d'altitude, tout le côté est du Mur, depuis Potsdam jusqu'au point de passage de la Bornholmer Straße. Un caméraman filme le début de la destruction du mur de Berlin, avec notamment l'abattage des miradors[réf. nécessaire].
224
+
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+ Un millier de dominos géants et colorés ont été installés sur le tracé du mur et renversés le 9 novembre 2009 par Lech Wałęsa pour célébrer le 20e anniversaire de sa chute[55].
226
+
227
+ Le prix Grand Témoin, prix littéraire de La France Mutualiste, a été remis le 5 novembre 2009, sur le thème du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Ce prix a pour thème principal le « devoir de mémoire ». Les récipiendaires :
228
+
229
+ Pour les 25 ans de la chute du Mur, trente fragments vierges d'environ un mètre sur 1,20 m, appartenant à un collectionneur privé, sont décorés d'œuvres uniques réalisées pour l'occasion par plusieurs artistes internationaux d'art urbain[56] et exposés, d'avril à juillet 2015, sur le parvis de la gare de l'Est à Paris[57] en compagnie de trois Trabant peintes par Thierry Noir, Christophe-Emmanuel Bouchet (de) et Kiddy Citny (de).
230
+
231
+ Un pan du mur de Berlin, appelé « Kennedy », est installé sur l'esplanade en face du bâtiment du Berlaymont (Bruxelles) le 9 novembre 2015[58].
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+ Le Parlement des arbres est un lieu commémoratif composé, entre autres, de fragments du mur[59].
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+ En réaction à la construction du mur, Christo et Jeanne-Claude édifient rue Visconti à Paris un mur de barils de pétrole le 27 juin 1962. 240 barils de pétrole y ont été placés pour bloquer la circulation.
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+ Les chutes du Niagara[1] ou chutes Niagara (toponyme officiel au Canada[2],[3]) (en anglais : Niagara Falls) sont un ensemble de trois chutes d’eau situées sur la rivière Niagara qui relie le lac Érié au lac Ontario, dans l’est de l’Amérique du Nord, à la frontière entre le Canada et les États-Unis :
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+ Bien qu’elles ne soient pas particulièrement hautes, les chutes du Niagara sont très larges. Avec un débit[4] de plus de 2 800 m3/s, elles sont les chutes les plus puissantes d’Amérique du Nord[N 1] et parmi les plus connues[5] à travers le monde.
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+ Renommées pour leur beauté, les chutes du Niagara sont aussi une source immense d’énergie hydroélectrique et leur préservation est un défi écologique. Cette merveille naturelle, haut-lieu du tourisme depuis plus d’un siècle, est partagée par les villes jumelles de Niagara Falls (New York) aux États-Unis et Niagara Falls (Ontario) au Canada.
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+
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+ Les chutes du Niagara, ainsi que la rivière Niagara et les Grands Lacs nord-américains, sont apparues lors de la déglaciation qui a suivi la période glaciaire du
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+ Wisconsin, il y a environ 30 000 à 50 000 ans. Durant cette période, cette région était couverte par un énorme glacier continental (inlandsis laurentidien) qui en fluant vers le sud depuis le territoire canadien oriental a broyé et transporté roches et sols sur son parcours. Il a surcreusé des vallées, emplacements des futurs lacs, et en a barré d’autres par des moraines.
11
+
12
+ Pendant et après la fonte de l'inlandsis, les cours d’eau ont dû se frayer un chemin vers le nord-ouest, dans une topographie bouleversée, en incisant de nouveaux lits. La localisation actuelle du canal Welland correspondrait à une ancienne vallée. Les flots provenant des Grands Lacs en amont formèrent l’actuelle rivière Niagara. Celle-ci ne pouvant plus suivre son ancienne vallée remblayée emprunta alors un nouvel exutoire passant par un escarpement de regard nord qu'il éroda en gorges. Cet escarpement est un front de cuesta dû à un pendage monoclinal vers le sud[6] et à la résistance de la formation géologique du Lockport[7] (-415 millions d’années, Silurien), résistante à l'érosion, entre le lac Érié et le lac Ontario. La partie inférieure de l'escarpement, composée de roches marines largement antérieures à la dernière glaciation, a ainsi été soumise à l'érosion de la rivière Niagara. Trois principales formations géologiques sont à l'affleurement dans les gorges du Niagara.
13
+
14
+ La rivière nouvellement établie rencontra d'abord la résistante formation du Lockport, dont l’érosion se fit beaucoup plus lentement que celle des roches plus tendres situées en dessous. La photo aérienne montre clairement le chapeau rocheux composé de la roche dure de la formation de Lockport (Silurien moyen), en amont des rapides. Son dénivelé représente environ le tiers supérieur de la hauteur des chutes. Cette formation est composée d’une couche très dense et très dure de calcaire et de dolomite.
15
+
16
+ Les deux tiers inférieurs de l'escarpement laissent apparaître la formation de Rochester (Bas Silurien), une couche beaucoup plus tendre et friable, avec un pendage plus fort. Elle est principalement composée de marne, bien qu’entrecoupée de fines couches de pierre calcaire, et contient de nombreux fossiles. Cette couche s'érodant plus rapidement, la rivière a contourné de part et d'autre l'éminence rocheuse dure et a creusé les chutes.
17
+
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+ Submergée sous la rivière, dans la vallée inférieure, à l’abri des regards, se situe la formation de Queenston (Ordovicien supérieur), composée de schistes et de grès fins. Les trois formations proviennent d’une ancienne mer, et leurs différents faciès sont issus d’un changement de conditions de cette mer.
19
+
20
+ À l’origine, les chutes du Niagara étaient proches du site actuel de Lewiston dans l'État de New York et de Queenston en Ontario, mais l’érosion de ces crêtes a causé le recul des chutes d’eau de quelques kilomètres. Juste en amont de l’endroit actuel des chutes, Goat Island divisa le courant de la rivière Niagara, ce qui eut pour conséquence de séparer le « Fer à Cheval » à l’ouest des chutes américaines et Bridal Veil à l’est. Bien que l’érosion et la récession des chutes aient été ralenties dernièrement grâce aux nouvelles technologies, les chutes vont sans doute reculer assez loin pour drainer la plupart du lac Érié, dont le fond est plus profond que la hauteur des chutes. Les ingénieurs s’efforcent aujourd’hui de réduire le taux d’érosion pour retarder cet événement aussi longtemps que possible.
21
+
22
+ Les chutes tombent d’une hauteur de 52 mètres (170 pieds), bien qu'en ce qui concerne les chutes américaines l’on ne puisse voir clairement qu'une hauteur de 21 mètres (70 pieds) avant que l'eau n’atteigne un amas de roches brisées provenant d’un énorme rocher tombé en 1954. Les chutes canadiennes, les plus larges, ont une longueur d’environ 792 mètres (2 600 pieds), alors que les chutes américaines sont larges seulement de 323 mètres (1 060 pieds). Le débit des chutes durant la haute saison est de 5 720 m3/s. Pendant l’été, lors de la déviation maximale de l'eau servant à la production hydroélectrique, le débit chute à 2 832 m3/s, dont près de 90 % passent par « le Fer à Cheval ». Ce débit est encore divisé par deux durant la nuit, quand la majeure partie de la déviation de l'eau à des fins hydroélectriques se produit.
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+ Le mot « Niagara » pourrait venir du mot iroquoien Onguiaahra, mais aucune explication n'est définitivement acceptée[8].
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26
+ Le nom autochtone Onguiaahra apparaît, dans les écrits du prêtre jésuite Jérôme Lalemant en 1641, mais il ne dit rien de sa signification. L'historien Alun Hughes a constaté que deux interprétations prédominent[8] :
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28
+ Au moment de l'arrivée des Français, les habitants de cette région étaient les Ongiara, une tribu faisant partie de la confédération des « Neutres ».
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+ À l'époque de Champlain, on y réfère par « sault Mocosans », de Mocosa, le nom ancien de la Virginie[9].
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+ Dans les relations des Jésuites, on trouve ce passage au sujet du père Brébeuf : « D'autres disaient, qu'Echon, après avoir fait mourir par maladie une partie des Hurons, était allé faire alliance avec les Sonont8ehronons, qui sont une Nation d'Iroquois, la plus redoutée et la plus voisine de nos Hurons, comme n'étant éloigné que d'une journée du dernier bourg de la Nation Neutre du côté de l'Orient, nommé Onguiaahra, du même nom que la Rivière. Qu'il les était allé trouver pour leur faire présent de colliers de pourcelaine et fers de flèche, et les exciter à venir achever de ruiner le pays. »
33
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34
+ Les relations des Jésuites, contiennent la note suivante des éditeurs : « Le nom Niagara, ou Onguiahra, est généralement considéré comme étant d'origine mohawk (ou neutre apparenté) et signifiant « cou », ce qui fait référence à la bande de terre entre les lacs Érié et Ontario, coupée par cette rivière. Le village le plus à l'est des Neutres, probablement près des chutes, portait le même nom[10]. »
35
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36
+ Pour l'historien Lucien Campeau, le nom de Niagara proviendrait d'une nation neutre représentée chez Paul Le Jeune par « Ongmarahronon, qui est une mauvaise lecture d'Onghiarahronon, nation vivant dans un seul bourg et qui a donné le nom de Niagara »[11]. L'anthropologue Bruce Trigger écrit : « ... Des cartes françaises de la fin du XVIIe siècle semblent indiquer le nom et l'emplacement de trois d'entre elles (tribus confédérées neutres). Ce sont la tribu Attiragenrega,.... la tribu Antouaronon,... et la tribu Niagagarega qui est juste à l'ouest de la rivière qui porte encore son nom. »[12].
37
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38
+ L'orthographe moderne de « Niagara » est mentionnée pour la première fois dans un mémoire de La Chesnaye, en 1676[13] ; et dans des livres imprimés, dans « Louisiane » de Hennepin, en 1683.
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+ Le nom « Niagara » apparaît sur la Carte de la Nouvelle France et de la Louisiane nouvellement découverte / par le révérend père belge Louis Hennepin de 1683[14] ; sur une autre de Coronelli, en 1688 (voir illustration ci-contre).
41
+
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+ Une polémique existe pour savoir quel Européen fut le premier à fournir des descriptions écrites et orales des chutes du Niagara. Samuel de Champlain eut connaissance de Niagara par ses échanges avec des autochtones. « Ce ne peuvent être aussi que les Hurons qui ont révélé à Champlain l'existence d'une route fluviale reliant sans interruption le lac Huron au fleuve Saint-Laurent. Même les chutes du Niagara ont dû alors lui être signalées, car il dessinera clairement une cascade sur sa carte de 1632,... »[11] Le cartographe Guillaume Delisle compila les renseignements des récits de Champlain et de Cartier sur une carte sur laquelle apparaît un saut d'environ une lieue de large, d'où il descend un très grand courant dans le grand lac[15].
43
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+ Le 2 novembre 1640, le père Jérôme Lalemant décrit la rivière Niagara comme élément du système hydrologique à l'origine du fleuve Saint-Laurent : « Cette rivière ou fleuve est celui par lequel se décharge notre grand lac des Hurons ou mer Douce, qui se rend premièrement dans le lac Erié ou de la nation du Chat, et jusque-là elle entre dans les terres de la nation Neutre et prend le nom d'Onguiaahra, jusqu'à ce qu'elle se soit déchargée dans l'Ontario ou lac de Saint-Louis, d'où enfin sort le fleuve qui passe devant Quebek, dit de Saint-Laurent. De sorte que si une fois on était maître de la côte de la mer (le lac Ontario) plus proche de la demeure des Iroquois, on monterait par le fleuve de Saint-Laurent, sans danger, jusqu'à la nation Neutre, et au-delà de beaucoup, avec épargne notable de peine et de temps[16]. »
45
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+ Le Père Ragueneau écrivait du pays des Hurons, le 16 avril 1648 : « De la nation Neutre, tirant jusqu'au midi, on trouve un grand lac quasi de deux cents lieues de tour, nommé Erié, qui se forme de la décharge de la Mer Douce, et qui va se précipiter par une chute d'eau d'une effroyable hauteur dans un troisième lac nommé Ontario, que nous appelons lac Saint-Louis. Ce lac nommé Erié était autrefois habité, en ses côtes qui sont vers le midi, par de certains peuples que nous nommons la nation du Chat, qui ont été obligés de se retirer bien avant dans les terres pour s'éloigner de leurs ennemis, qui sont plus vers l'occident. Ces gens de la nation du Chat ont quantité de bourgades arrêtées, car ils cultivent la terre et sont de même langue que nos Hurons."[17],[18]. »
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+ Paul Ragueneau visita les chutes 35 ans avant Hennepin[19],[20] Le père Louis Hennepin observa et décrivit les chutes du Niagara beaucoup plus tard, en 1678[21], après avoir parcouru la région avec l’explorateur René Robert Cavelier, sieur de la Salle, le soumettant ainsi à l’attention du monde entier.
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+ Hennepin fut aussi le premier à décrire les chutes de Saint Anthony dans le Minnesota. Il revendiqua par ailleurs avoir descendu le fleuve Mississippi jusqu’au golfe du Mexique, ce qui fut ultérieurement réfuté et porta le doute sur la validité de ses écrits et croquis des chutes du Niagara.
51
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+ Certains attribuent au naturaliste finno-suédois Pehr Kalm la description originale manuscrite faite lors d’une expédition dans la région au début du XVIIIe siècle.
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54
+ Pendant le XIXe siècle, le tourisme devint populaire, et ce fut une des zones touristiques les plus visitées à partir du milieu du siècle. Le frère de Napoléon, Jérôme Bonaparte les visita avec sa jeune femme au début du XIXe siècle[22]. Les nombreuses réclamations pour la création d'un passage au-dessus de la rivière Niagara ont conduit, en 1848, à la construction d'une passerelle puis à la construction du « pont suspendu de Niagara » par Charles R. Ellet.
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56
+ Il fut supplanté, en 1855, par le « pont suspendu des chutes Niagara » du germano-américain John Augustus Roebling. En 1886, Leffert Buck remplaça le pont de Roebling fait de bois et de pierre par un pont en acier qui aujourd’hui encore continue de transporter des trains au-dessus de la rivière Niagara. La première voûte en acier construite à côté des chutes fut achevée en 1897. Aujourd'hui connu comme le Whirlpool Rapids Bridge (pont des rapides tourbillonnants), il transporte des véhicules, des trains, ainsi que des piétons entre le Canada et les États-Unis en passant juste au-dessous des chutes. En 1941, la « Commission des ponts des Chutes du Niagara » réalisa la troisième traversée dans la région des chutes du Niagara avec le Rainbow Bridge (pont de l'arc-en-ciel), qui transporte à la fois des piétons et des véhicules[23].
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+ Les chutes font l'objet d'innombrables histoires, une des plus intéressantes raconte le jour où elles ont cessé de couler. Le 29 mars 1848, le grondement habituel des chutes s'est arrêté. Le flot des chutes avait fait place à un mince filet d'eau. Les gens ont accouru en foule pour observer ce phénomène invraisemblable. Certains l'ont vu comme un signe que la fin du monde approchait. D'autres se sont amusés à traverser à maintes reprises le lit de la rivière, acte qui aurait normalement causé la mort de quiconque aurait tenté de le faire. On a découvert une multitude d'objets au fond de la rivière tarie, notamment des baïonnettes, des fusils, des tomahawks et d'autres artéfacts datant de la guerre anglo-américaine de 1812. Un encombrement de la rivière par de la glace s'était formé en amont, à l'embouchure de la rivière Niagara et du lac Érié, et empêchait les eaux de descendre la rivière. Pendant la nuit du 31 mars, la glace a cédé et la rivière a recommencé à couler jusqu'aux chutes.
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+ En particulier après la Première Guerre mondiale, le tourisme a connu un nouveau boom car les automobiles rendirent l'accès aux chutes beaucoup plus aisé.
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+ L'histoire des chutes du Niagara, au XXe siècle, est en grande partie liée aux efforts faits pour capter l'énergie des chutes pour l'énergie hydroélectrique et pour maîtriser le développement effréné de chaque côté — américain et canadien — qui menaçait la beauté naturelle du site.
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+ Le 5 août 1951, William « Red » Hill Jr perd la vie en tentant de sauter les chutes dans un cylindre formé de 13 chambres à air reliées et retenues par un filet, appareil bricolé sans grand moyen qu'il a baptisé « the Thing » (la « Chose ») et qui se révèle insuffisamment robuste pour supporter le choc des chutes. À la suite de cette mort, toute tentative d'acrobatie de la part du public est interdite sur les chutes.
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+ La puissance considérable déployée par les chutes a depuis longtemps été utilisée comme source d'énergie. C'est ainsi que, dès 1759, Daniel Joncairs construisit un petit canal en amont des chutes dans le but d'alimenter sa scierie. Plus tard, en 1805, Augustus et Peter Porter rachetèrent au gouvernement de l'État de New York l'ensemble des chutes du côté américain et agrandirent le petit canal afin de constituer de l'énergie hydraulique pour leur tannerie. En 1853, la Niagara Falls Hydraulic Power and Mining Company fut créée, qui par la suite construisit les canaux qui seraient utilisés pour produire de l'électricité. En 1881, sous la conduite de Jacob Schoellkopf, suffisamment de puissance était produite pour envoyer du courant continu afin d'éclairer les deux côtés des chutes et le village voisin, Niagara Falls.
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+ Quand Nikola Tesla, pour qui un mémorial fut construit plus tard dans la ville de Niagara Falls, a inventé le système triphasé du courant alternatif pour le transport de l'énergie, le transport à distance de l'électricité est devenu possible. En 1883, la Niagara Falls Power Company, un successeur de la compagnie de Schoellkopf, engage George Westinghouse afin de développer un système visant à produire du courant alternatif. En 1886, grâce à l'aide de financiers célèbres comme J.P. Morgan, John Jacob Astor IV et les Vanderbilts, d'immenses conduits souterrains furent construits, menant à des turbines pouvant générer jusqu'à 100 000 chevaux-vapeurs (75 MW), et pouvant fournir en électricité une ville comme Buffalo à 32 km de là. Du côté canadien certaines compagnies privées commencèrent aussi à exploiter l'énergie hydraulique des chutes en employant soit des entreprises américaines, soit des entreprises du cru, dans leurs efforts. Le gouvernement de la province d'Ontario décida finalement de nationaliser la distribution d'électricité en 1906, approvisionnant ainsi toute la province en électricité produite par le Niagara. Au XXIe siècle, entre 50 % et 70 % du débit de la rivière sont détournés dans quatre tunnels gigantesques loin en amont des chutes. L'eau ainsi détournée passe ensuite dans des turbines hydroélectriques qui approvisionnent en électricité les parties américaines et canadiennes environnantes, avant d'être reversée dans la rivière loin en aval des chutes.
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+ Les centrales hydroélectriques les plus puissantes sur le Niagara sont Sir Adam Beck 1 et 2 (1954) du côté canadien et la Robert Moses Niagara Power Plant (1961), ainsi que la Lewiston Pump Generating Plant, du côté américain. Ensemble, les centrales du Niagara peuvent produire environ 4,4 GW d'électricité.
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+ En août 2005, la compagnie Ontario Power Generation, qui gère les centrales de Sir Adam Beck, a décidé de construire un nouveau tunnel de 10,2 km de long, afin d'aller collecter de l'eau plus en amont du Niagara qu'il n'est possible à présent. La fin de la construction de ce tunnel, prévue pour 2009, devait permettre d'augmenter la production d'électricité de Sir Adam Beck de 182 MW (4,2 %). La mise en service du tunnel a finalement eu lieu début mars 2013, permettant la production annuelle supplémentaire de 1 500 MW d'électricité[24],[25].
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+ Afin de contourner les chutes, le transport fluvial emprunte le canal Welland. Il fut inauguré en 1829 et ne cessa d'être amélioré jusqu'à nos jours, les derniers travaux importants datant des années 1960-1970. Il fait maintenant partie du réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent[26]. Ces détournements de trafic fluvial se sont faits aux dépens de la ville voisine de Buffalo, contribuant ainsi au déclin économique de nombre de ses entreprises, entreprises sidérurgiques et céréalières en particulier. Cependant l'augmentation d'électricité a aussi provoqué un essor économique dans la vallée de la rivière Niagara dans les années 1970. Un essor économique régional qui est depuis retombé.
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+ Les villes jumelles de Niagara Falls (Ontario) et Niagara Falls (New York) sont reliées par 3 ponts, le Rainbow Bridge légèrement en aval, offrant la vue la plus proche sur les chutes ; le pont Whirlpool Rapids et, le pont le plus récent, le Lewiston-Queenston Bridge situé près de l'escarpement.
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+ Pendant les deux premiers siècles après l'installation des Européens, les terres des deux côtés des chutes du Niagara appartenaient à des personnes privées. Dans les années 1870, les chutes du Niagara devinrent une importante destination touristique, le site des chutes accueillant chaque année un quart de million de visiteurs. Cependant, les touristes visitant les chutes du Niagara des deux côtés de la rivière étaient consternés par les pratiques commerciales privées qui se développaient aux abords des chutes sans aucun contrôle. Les visiteurs se voyaient souvent harcelés et l’accès au site ne leur était possible que moyennant le paiement de commissions exorbitantes.
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+ Le mécontentement populaire a conduit à la formation du mouvement Free Niagara (« Libérer le Niagara »), qui comprenait l'artiste Frederic Edwin Church, l'architecte paysagiste Frederick Law Olmsted et le journaliste Jonathan Baxter Harrison. Une série de lettres qu'Harrison a envoyées aux journaux à Boston et à New York (réunies en 1992 dans le pamphlet The Condition of Niagara Falls, and the Measures Needed to Preserve Them (« La Situation des chutes du Niagara, et les mesures nécessaires pour les préserver ») ont eu une influence toute particulière dans le retournement de l'opinion publique en faveur de la préservation[27].
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+ En 1878, lord Dufferin, gouverneur général du Canada, a exprimé ses préoccupations lors de son discours au cours du déjeuner de l’Ontario Society of Artists à Toronto. Il suggéra que « les gouvernements de New York et de l’Ontario, ou du Canada, devraient s’associer pour acquérir tous les droits qui ont pu être établis à l’encontre du public, et créer autour des chutes un petit parc public international (...) sous la responsabilité de bons gardiens » pour préserver le décor des chutes du Niagara. Bien que la suggestion originale de lord Dufferin ait concerné un « parc international », les deux rives, américaine et canadienne, ont développé leurs parcs séparément et indépendamment.
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+ En 1885, l'État de New York commença à acheter les terres aux entrepreneurs, pour constituer la Niagara Falls State Park. La même année, la province de l’Ontario créa la Commission des parcs du Niagara. Cette dernière acquit des terrains situés le long de la rivière Niagara pour constituer le parc de la Reine Victoria aux Chutes de Niagara, totalement gratuit, qui accueillit ses premiers visiteurs le 24 mai 1888. Sous la gouverne de la Commission, ce parc s’étendant au départ sur 62,2 hectares, est devenu un parc de renom mondial de 1 720 hectares longeant toute la rivière Niagara, du lac Érié au lac Ontario, et comptant d’importants lieux historiques nationaux et provinciaux, des jardins botaniques, une école d’horticulture et des aires récréatives[28]. Ces deux organismes ont réussi remarquablement dans les opérations de restrictions du développement des chutes et de la rivière Niagara.
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+ Jusqu'à récemment, les chutes ont reculé vers le sud à cause de l'érosion de 0,6 à 3 m par an et sont maintenant à 11 km de leur point d'origine[pas clair]. Ce processus a été ralenti par le détournement de quantités d'eau croissantes de la rivière Niagara dans des centrales hydroélectriques, aussi bien aux États-Unis qu'au Canada. Le 2 janvier 1929, le Canada et les États-Unis sont parvenus à un accord sur un plan d'action visant à préserver les chutes. En 1950, les deux pays signèrent le Traité concernant la dérivation d'eau du Niagara[29].
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+ Outre le détournement de l'eau vers les centrales hydroélectriques, les efforts de contrôle de l'érosion ont établi des déversoirs souterrains visant à rediriger les courants les plus dévastateurs, et finalement des renforcements mécaniques en haut des chutes. Les travaux les plus spectaculaires ont eu lieu en 1969. En juin, le cours d'eau fut complètement détourné des chutes américaines pendant plusieurs mois grâce à la construction d'un barrage temporaire de terre et de pierre (clairement visible en haut à droite de la photo), ce qui eut pour effet d'arrêter les chutes américaines. Pendant que les chutes canadiennes accueillaient le débit supplémentaire, le corps des ingénieurs de l’United States Army a étudié le lit de la rivière et a comblé mécaniquement les fissures qui auraient autrement accéléré le retrait des chutes américaines. Un projet datant de 1954 d'enlever une énorme quantité d'alluvions fut finalement abandonné pour raison budgétaire, et en novembre 1969, le barrage temporaire fut dynamité, redonnant leur débit aux chutes américaines qui avaient été stoppées quelque temps, l'armée ayant fait dévier le cours du fleuve[30].
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+ Après cette entreprise, Luna Island, le petit bout de terre situé entre la chute principale et celle du Voile de la mariée, est restée interdit au public pour des années en raison des craintes d'instabilité et du risque de voir l'île s'effondrer dans la rivière Niagara à tout moment.
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+ La construction récente de grands bâtiments (pour la plupart des hôtels) du côté canadien des chutes a causé le changement de direction des vents au-dessus de ces dernières[31]. Des étudiants de l'université de Guelph ont démontré, en utilisant des modèles réduits, que l'air passant au-dessus des nouveaux hôtels conduit la poussière vers le sud des bâtiments, où elle tombe dans les rigoles sous les chutes et vient se mélanger aux tourbillons d'air humide. La conséquence est que les points de vue du côté canadien sont maintenant souvent couverts d'un brouillard venant des chutes. Ce problème va être très difficile à résoudre.
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+ En octobre 1829, Sam Patch, qui se faisait appeler « le sauteur Yankee », a sauté dans la chute du Fer à Cheval et est devenu la première personne connue à avoir survécu à la chute. Il a ainsi initié une longue tradition de casse-cous qui ont tenté de survivre à une descente des chutes. En 1901, Annie Edson Taylor fut la première personne à descendre les chutes en tonneau. Elle sortit quasiment indemne de la chute. Depuis la chute historique de Taylor, 14 personnes se sont intentionnellement jetées des chutes, sur ou dans un esquif. Certaines ont survécu sans dommage, d'autres ont coulé ou ont été sérieusement blessées. La descente des chutes étant illégale des deux côtés de la frontière, les survivants de telles cascades sont généralement poursuivis devant les tribunaux et soumis à de fortes amendes.
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+ D'autres aventuriers ont tenté de traverser les chutes. Cela a commencé en 1859 par le passage réussi de l’équilibriste Jean-François « Blondin » Gravelet au-dessus des chutes. Cet exploit avait rassemblé une foule importante. Le filin traversait les gorges à proximité du pont de l'Arc-en-ciel, pas tout à fait au-dessus des chutes. Le capitaine britannique Matthew Webb, premier homme à avoir traversé la Manche à la nage, se noya en 1883 en tentant de nager à travers les rapides et les tourbillons en aval des chutes.
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+ Le 9 juillet 1960, au cours de ce qui fut ensuite appelé « le miracle des chutes du Niagara », Roger Woodward, un garçon américain de 7 ans fut jeté par-dessus les chutes du Fer à Cheval, protégé uniquement par son gilet de sauvetage. Deanne, sa sœur de 17 ans, fut rattrapée par deux touristes, à seulement 6 mètres de la chute, au niveau de l'île de la chèvre[32]. Roger fut recueilli dans les bassins bouillonnant aux pieds de la chute du Fer à Cheval, après avoir réussi à attraper une bouée de sauvetage envoyée par l'équipe du bateau Maid of the Mist. Son histoire fit le tour du monde.
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+ Le 2 juillet 1984, le Canadien Karel Soucek réussit à plonger des chutes du Fer à Cheval dans un tonneau en n'ayant que de légères blessures. Il fut condamné à 500 dollars d'amende pour avoir réalisé sa cascade sans autorisation. Il périt quelques mois plus tard, le 20 janvier 1985, lors d'un autre défi à la mort.
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+ Le 20 octobre 2003, Kirk Jones fut le premier à sauter des chutes sans matériel de flottaison. Bien qu'on ne sache toujours pas s'il souhaitait ou non se suicider, il survécut à l'équivalent d'une chute de 16 étages avec seulement quelques côtes cassées, des éraflures et des ecchymoses.
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+ Personne n'a jamais survécu à une descente des chutes américaines, en raison des nombreux rochers et du faible courant. Tous les survivants et cascadeurs ont descendu les chutes du Fer à Cheval, où les rochers sont relativement moins nombreux et où le courant pousse les gens loin du bord et leur permet de les éviter.
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+ Le 4 août 2005, le golfeur professionnel John Daly tenta d'envoyer une balle de golf de l'autre côté des chutes du Niagara à une distance d'environ 331 mètres (362 yards). Il échoua de peu, au bout de 20 tentatives.
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+ Le 15 juin 2012, le funambule américain Nik Wallenda a traversé sur un câble métallique, la chute du Fer à Cheval qui sépare la rive américaine de la rive canadienne. Il lui a fallu 40 minutes pour parcourir les 550 mètres[33].
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+ Selon une légende de la nation Tsonnontouan (Seneca), Lelawala, une magnifique jeune femme, fut fiancée par son père à un brave homme qu’elle méprisait. Plutôt que de se marier, Lelawala choisit de se sacrifier à son véritable amour He-No, le dieu du tonnerre qui vivait dans une cave derrière le « Fer à Cheval ». Elle amena son canoë jusqu’au rapide de la rivière Niagara et fut renversée par-dessus bord. He-No la rattrapa alors qu’elle tombait et leurs esprits seraient liés ensemble à jamais dans le sanctuaire du dieu du tonnerre, à l’abri des chutes.
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+ Au Canada, les chutes furent représentées dès la fin du XVIIIe par Elizabeth Simcoe, artiste britannique et mémorialiste du Canada colonial.
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+ Plusieurs grands noms de la peinture américaine ont représenté les chutes du Niagara. L'un des premiers est John Trumbull (1756-1843), davantage connu pour ses sujets historiques. Deux de ses toiles sur les chutes datant de 1807-1808 sont conservées au Wadsworth Atheneum d’Hartford dans le Connecticut[34]. George Catlin (1796-1872), peintre des Amérindiens, réalisa View of Table Rock and Horseshoe Falls from Below en 1827 (Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg) et Niagara Falls (1827-1828, Smithsonian American art museum, Washington). Le quaker Edward Hicks (1780-1849) figure une version naïve des chutes (Falls of Niagara, vers 1835, Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg, Virginie).
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+ Au XIXe siècle, les peintres de l'Hudson River School, spécialisés dans le paysage, ont consacré de nombreuses œuvres aux chutes du Niagara. Ils pensaient que la Nature était la manifestation de la puissance et de la bonté divine[35],[36]. On peut citer Thomas Cole (1801-1848), considéré comme le fondateur de l'école de l'Hudson, Jasper Francis Cropsey (1823 –1900), Frederic Edwin Church (1826-1900), Louis Rémy Mignot (1831-1870) ou encore Albert Bierstadt (1830-1902)[34]. L'une des dernières toiles de William Morris Hunt (1824-1879) s'intitule Niagara Falls (1878, Williams College Museum of Art, Williamstown). Dans les années 1880, George Inness (1825-1894) proposa plusieurs versions des chutes dans le style du tonalisme[34]. Le site inspira également les impressionnistes John Henry Twachtman (1853-1902) et Soren Emil Carlsen (en) (1853–1932).
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+ Niagara Falls, Ontario par Elizabeth Simcoe, été 1792
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+ La cascade de Niagara, cette surprenante chute d'eau..., 1794, gravure de Robert Hancock (graveur) (en) basée sur celle de Louis Hennepin.
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+ Les chutes du Niagara en 1866 par Louis Rémy Mignot (1866), Brooklyn Museum
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+ Arthur Parton, Niagara Falls, Brooklyn Museum
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+ Thomas Cole, Distant View of Niagara Falls 1830, Art Institute of Chicago
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+ Alvan Fisher, A General View of the Falls of Niagara, 1820, The Smithsonian Institution
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+ Frederic Edwin Church, Niagara Falls, 1857, Corcoran Gallery of Art, Washington
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+ William Morris Hunt, Niagara Falls, 1878
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+ Alors que les chutes du Niagara étaient déjà un immense lieu touristique et l'un des hauts-lieux des lunes de miel, les visites connurent une hausse soudaine à partir de 1953, avec la sortie de Niagara, un film avec Marilyn Monroe. Plus tard, les chutes figurèrent également dans Superman 2 et furent le sujet d'un film populaire en technologie IMAX. Une grande partie de l'épisode Le Retour du Technodrome dans la série Les Tortues Ninja se déroule à proximité des chutes du Niagara et de son usine hydroélectrique. En 1990, l'illusionniste David Copperfield a réalisé un tour où on le voyait se déplacer au-dessus des chutes. Le complexe touristique situé à proximité des chutes fut le théâtre d'une brève série télévisée américaine début 2004, Wonderfalls. Les chutes servirent de lieu de tournage au film Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde[37]. Enfin, elles apparaissent comme un lieu romantique dans un épisode d’Une nounou d'enfer et de The Office.
135
+
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+ Le sieur de la Franchise écrit en 1604 une épitre dans un livre de Champlain[38],[39] :
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+
138
+ Muses,Si vous chantez, vrayment je vous conseille
139
+ Que vous louiez Champlain, pour être courageux :
140
+ Sans crainte des hasards, il a vu tant de lieux,
141
+ Que ses relations nous contentent l'oreille.
142
+
143
+ Il a vu le Pérou[40], Mexique & la Merveille
144
+ Du Vulcan infernal qui vomit tant de feux,
145
+ Et les saults Mocosans[41], qui offensent les yeux
146
+ De ceux qui osent voir leur chute nonpareille.
147
+
148
+ Il nous promet encor de passer plus avant,
149
+ Reduire les Gentils, & trouver le Levant,
150
+ Par le Nord, ou le Sud, pour aller à la Chine.
151
+ C'est charitablement tout pour l'amour de Dieu.
152
+ Si des lâches poltrons qui ne bougent d'vn lieu !
153
+ Leur vie, sans mentir, me paraît trop mesquine.
154
+
155
+ — Sieur de la Franchise, Des sauvages... de Champlain
156
+
157
+ Les chutes du Niagara et la ville ontarienne de Niagara Falls servent de cadre à une partie de la trilogie Les Particules réfractaires, de Mikhaïl W. Ramseier. Dans le dernier tome, Marges, publié en 2016, presque toute l'action se déroule dans la région, entre le centre-ville et la bourgade de Chippawa (en).
158
+
159
+ Le roman Les Chutes, de Joyce Carol Oates, a été publié en 2005 aux éditions Philippe Rey et a reçu le prix Fémina étranger la même année. Comme son titre l'indique, toute l'intrigue du livre se passe dans la région des chutes.
160
+
161
+ L'écrivain français Jules Verne a plusieurs fois décrit Niagara dans ses romans: Une ville flottante, en 1869; Le Testament d'un excentrique, en 1897, qui offre une belle description des chutes du Niagara.
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+ L'afflux maximum de visiteurs se fait en été, lorsque l'on peut admirer le spectacle des chutes du Niagara de jour comme en soirée. Du côté canadien, des projecteurs illuminent les deux côtés des chutes du crépuscule à minuit.
164
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165
+ Du côté américain, les chutes du Niagara peuvent être admirées des chemins de randonnées ou de la tour d'observation de Prospect Park (en). Près de là, les sentiers des Cavernes des Vents mènent les randonneurs par un escalier de quelque trois cents marches jusqu'à un point situé sous les chutes du Voile de la mariée. Les Niagara Scenic Trolley (« Tramways pittoresques du Niagara ») offrent également des circuits guidés le long des chutes américaines.
166
+
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+ Du côté canadien, le parc de la Reine Victoria (en) présente des jardins travaillés, et des terrasses offrant une vue sur les chutes américaines et du Fer à Cheval. Le soir, en fonction des saisons et des jours, le parc est animé d'illuminations et des feux d'artifice. En souterrain, un chemin mène dans des chambres d'observations qui donnent l'illusion d'être à l'intérieur même des chutes. Le point d'observation de la tour Skylon, située non loin de là, offre le point de vue culminant sur les chutes, et dans la direction opposée, permet de voir aussi loin que Toronto. C'est, avec la tour Konica Minolta, l'une des deux tours canadiennes avec vue sur les chutes. Le long de la rivière Niagara, le Niagara River Recreational Trail (« Chemin récréatif de la rivière Niagara ») parcourt les 56 km séparant Fort Erie de Fort George, et présente de nombreux sites historiques de la guerre de 1812.
168
+
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+ Les croisières Maid of the Mist nommées d'après un personnage de la mythologie indienne Ogiara, transportent des passagers dans les tourbillons derrière les chutes depuis 1846. Les téléphériques espagnols, construits en 1916 d'après les plans de l'ingénieur espagnol Leonardo Torres Quevedo, sont des téléphériques qui transportent des passagers au-dessus du tourbillon, derrière les chutes du côté canadien.
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+ En 2016, deux tyroliennes sont désinstallées[42].
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+ Une statue de l'inventeur Nikola Tesla a été installée.
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+ Le développement du site en fonction du tourisme de masse, au détriment de la nature, suscite des critiques[43]. Dès le dix-neuvième siècle, en 1883, l'architecte paysagiste Olmsted et l'historien de l'art Norton contribuent à fonder la Niagara Falls Association[44]. La base de données mondiale World Waterfall Database ajoute cette remarque : « Les chutes du Niagara sont un parfait exemple de la façon de ne pas développer un site naturel d'importance mondiale »[45].
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+ Les chutes du Niagara[1] ou chutes Niagara (toponyme officiel au Canada[2],[3]) (en anglais : Niagara Falls) sont un ensemble de trois chutes d’eau situées sur la rivière Niagara qui relie le lac Érié au lac Ontario, dans l’est de l’Amérique du Nord, à la frontière entre le Canada et les États-Unis :
4
+
5
+ Bien qu’elles ne soient pas particulièrement hautes, les chutes du Niagara sont très larges. Avec un débit[4] de plus de 2 800 m3/s, elles sont les chutes les plus puissantes d’Amérique du Nord[N 1] et parmi les plus connues[5] à travers le monde.
6
+
7
+ Renommées pour leur beauté, les chutes du Niagara sont aussi une source immense d’énergie hydroélectrique et leur préservation est un défi écologique. Cette merveille naturelle, haut-lieu du tourisme depuis plus d’un siècle, est partagée par les villes jumelles de Niagara Falls (New York) aux États-Unis et Niagara Falls (Ontario) au Canada.
8
+
9
+ Les chutes du Niagara, ainsi que la rivière Niagara et les Grands Lacs nord-américains, sont apparues lors de la déglaciation qui a suivi la période glaciaire du
10
+ Wisconsin, il y a environ 30 000 à 50 000 ans. Durant cette période, cette région était couverte par un énorme glacier continental (inlandsis laurentidien) qui en fluant vers le sud depuis le territoire canadien oriental a broyé et transporté roches et sols sur son parcours. Il a surcreusé des vallées, emplacements des futurs lacs, et en a barré d’autres par des moraines.
11
+
12
+ Pendant et après la fonte de l'inlandsis, les cours d’eau ont dû se frayer un chemin vers le nord-ouest, dans une topographie bouleversée, en incisant de nouveaux lits. La localisation actuelle du canal Welland correspondrait à une ancienne vallée. Les flots provenant des Grands Lacs en amont formèrent l’actuelle rivière Niagara. Celle-ci ne pouvant plus suivre son ancienne vallée remblayée emprunta alors un nouvel exutoire passant par un escarpement de regard nord qu'il éroda en gorges. Cet escarpement est un front de cuesta dû à un pendage monoclinal vers le sud[6] et à la résistance de la formation géologique du Lockport[7] (-415 millions d’années, Silurien), résistante à l'érosion, entre le lac Érié et le lac Ontario. La partie inférieure de l'escarpement, composée de roches marines largement antérieures à la dernière glaciation, a ainsi été soumise à l'érosion de la rivière Niagara. Trois principales formations géologiques sont à l'affleurement dans les gorges du Niagara.
13
+
14
+ La rivière nouvellement établie rencontra d'abord la résistante formation du Lockport, dont l’érosion se fit beaucoup plus lentement que celle des roches plus tendres situées en dessous. La photo aérienne montre clairement le chapeau rocheux composé de la roche dure de la formation de Lockport (Silurien moyen), en amont des rapides. Son dénivelé représente environ le tiers supérieur de la hauteur des chutes. Cette formation est composée d’une couche très dense et très dure de calcaire et de dolomite.
15
+
16
+ Les deux tiers inférieurs de l'escarpement laissent apparaître la formation de Rochester (Bas Silurien), une couche beaucoup plus tendre et friable, avec un pendage plus fort. Elle est principalement composée de marne, bien qu’entrecoupée de fines couches de pierre calcaire, et contient de nombreux fossiles. Cette couche s'érodant plus rapidement, la rivière a contourné de part et d'autre l'éminence rocheuse dure et a creusé les chutes.
17
+
18
+ Submergée sous la rivière, dans la vallée inférieure, à l’abri des regards, se situe la formation de Queenston (Ordovicien supérieur), composée de schistes et de grès fins. Les trois formations proviennent d’une ancienne mer, et leurs différents faciès sont issus d’un changement de conditions de cette mer.
19
+
20
+ À l’origine, les chutes du Niagara étaient proches du site actuel de Lewiston dans l'État de New York et de Queenston en Ontario, mais l’érosion de ces crêtes a causé le recul des chutes d’eau de quelques kilomètres. Juste en amont de l’endroit actuel des chutes, Goat Island divisa le courant de la rivière Niagara, ce qui eut pour conséquence de séparer le « Fer à Cheval » à l’ouest des chutes américaines et Bridal Veil à l’est. Bien que l’érosion et la récession des chutes aient été ralenties dernièrement grâce aux nouvelles technologies, les chutes vont sans doute reculer assez loin pour drainer la plupart du lac Érié, dont le fond est plus profond que la hauteur des chutes. Les ingénieurs s’efforcent aujourd’hui de réduire le taux d’érosion pour retarder cet événement aussi longtemps que possible.
21
+
22
+ Les chutes tombent d’une hauteur de 52 mètres (170 pieds), bien qu'en ce qui concerne les chutes américaines l’on ne puisse voir clairement qu'une hauteur de 21 mètres (70 pieds) avant que l'eau n’atteigne un amas de roches brisées provenant d’un énorme rocher tombé en 1954. Les chutes canadiennes, les plus larges, ont une longueur d’environ 792 mètres (2 600 pieds), alors que les chutes américaines sont larges seulement de 323 mètres (1 060 pieds). Le débit des chutes durant la haute saison est de 5 720 m3/s. Pendant l’été, lors de la déviation maximale de l'eau servant à la production hydroélectrique, le débit chute à 2 832 m3/s, dont près de 90 % passent par « le Fer à Cheval ». Ce débit est encore divisé par deux durant la nuit, quand la majeure partie de la déviation de l'eau à des fins hydroélectriques se produit.
23
+
24
+ Le mot « Niagara » pourrait venir du mot iroquoien Onguiaahra, mais aucune explication n'est définitivement acceptée[8].
25
+
26
+ Le nom autochtone Onguiaahra apparaît, dans les écrits du prêtre jésuite Jérôme Lalemant en 1641, mais il ne dit rien de sa signification. L'historien Alun Hughes a constaté que deux interprétations prédominent[8] :
27
+
28
+ Au moment de l'arrivée des Français, les habitants de cette région étaient les Ongiara, une tribu faisant partie de la confédération des « Neutres ».
29
+
30
+ À l'époque de Champlain, on y réfère par « sault Mocosans », de Mocosa, le nom ancien de la Virginie[9].
31
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32
+ Dans les relations des Jésuites, on trouve ce passage au sujet du père Brébeuf : « D'autres disaient, qu'Echon, après avoir fait mourir par maladie une partie des Hurons, était allé faire alliance avec les Sonont8ehronons, qui sont une Nation d'Iroquois, la plus redoutée et la plus voisine de nos Hurons, comme n'étant éloigné que d'une journée du dernier bourg de la Nation Neutre du côté de l'Orient, nommé Onguiaahra, du même nom que la Rivière. Qu'il les était allé trouver pour leur faire présent de colliers de pourcelaine et fers de flèche, et les exciter à venir achever de ruiner le pays. »
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34
+ Les relations des Jésuites, contiennent la note suivante des éditeurs : « Le nom Niagara, ou Onguiahra, est généralement considéré comme étant d'origine mohawk (ou neutre apparenté) et signifiant « cou », ce qui fait référence à la bande de terre entre les lacs Érié et Ontario, coupée par cette rivière. Le village le plus à l'est des Neutres, probablement près des chutes, portait le même nom[10]. »
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+ Pour l'historien Lucien Campeau, le nom de Niagara proviendrait d'une nation neutre représentée chez Paul Le Jeune par « Ongmarahronon, qui est une mauvaise lecture d'Onghiarahronon, nation vivant dans un seul bourg et qui a donné le nom de Niagara »[11]. L'anthropologue Bruce Trigger écrit : « ... Des cartes françaises de la fin du XVIIe siècle semblent indiquer le nom et l'emplacement de trois d'entre elles (tribus confédérées neutres). Ce sont la tribu Attiragenrega,.... la tribu Antouaronon,... et la tribu Niagagarega qui est juste à l'ouest de la rivière qui porte encore son nom. »[12].
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+ L'orthographe moderne de « Niagara » est mentionnée pour la première fois dans un mémoire de La Chesnaye, en 1676[13] ; et dans des livres imprimés, dans « Louisiane » de Hennepin, en 1683.
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+ Le nom « Niagara » apparaît sur la Carte de la Nouvelle France et de la Louisiane nouvellement découverte / par le révérend père belge Louis Hennepin de 1683[14] ; sur une autre de Coronelli, en 1688 (voir illustration ci-contre).
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+ Une polémique existe pour savoir quel Européen fut le premier à fournir des descriptions écrites et orales des chutes du Niagara. Samuel de Champlain eut connaissance de Niagara par ses échanges avec des autochtones. « Ce ne peuvent être aussi que les Hurons qui ont révélé à Champlain l'existence d'une route fluviale reliant sans interruption le lac Huron au fleuve Saint-Laurent. Même les chutes du Niagara ont dû alors lui être signalées, car il dessinera clairement une cascade sur sa carte de 1632,... »[11] Le cartographe Guillaume Delisle compila les renseignements des récits de Champlain et de Cartier sur une carte sur laquelle apparaît un saut d'environ une lieue de large, d'où il descend un très grand courant dans le grand lac[15].
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+ Le 2 novembre 1640, le père Jérôme Lalemant décrit la rivière Niagara comme élément du système hydrologique à l'origine du fleuve Saint-Laurent : « Cette rivière ou fleuve est celui par lequel se décharge notre grand lac des Hurons ou mer Douce, qui se rend premièrement dans le lac Erié ou de la nation du Chat, et jusque-là elle entre dans les terres de la nation Neutre et prend le nom d'Onguiaahra, jusqu'à ce qu'elle se soit déchargée dans l'Ontario ou lac de Saint-Louis, d'où enfin sort le fleuve qui passe devant Quebek, dit de Saint-Laurent. De sorte que si une fois on était maître de la côte de la mer (le lac Ontario) plus proche de la demeure des Iroquois, on monterait par le fleuve de Saint-Laurent, sans danger, jusqu'à la nation Neutre, et au-delà de beaucoup, avec épargne notable de peine et de temps[16]. »
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46
+ Le Père Ragueneau écrivait du pays des Hurons, le 16 avril 1648 : « De la nation Neutre, tirant jusqu'au midi, on trouve un grand lac quasi de deux cents lieues de tour, nommé Erié, qui se forme de la décharge de la Mer Douce, et qui va se précipiter par une chute d'eau d'une effroyable hauteur dans un troisième lac nommé Ontario, que nous appelons lac Saint-Louis. Ce lac nommé Erié était autrefois habité, en ses côtes qui sont vers le midi, par de certains peuples que nous nommons la nation du Chat, qui ont été obligés de se retirer bien avant dans les terres pour s'éloigner de leurs ennemis, qui sont plus vers l'occident. Ces gens de la nation du Chat ont quantité de bourgades arrêtées, car ils cultivent la terre et sont de même langue que nos Hurons."[17],[18]. »
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+ Paul Ragueneau visita les chutes 35 ans avant Hennepin[19],[20] Le père Louis Hennepin observa et décrivit les chutes du Niagara beaucoup plus tard, en 1678[21], après avoir parcouru la région avec l’explorateur René Robert Cavelier, sieur de la Salle, le soumettant ainsi à l’attention du monde entier.
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+ Hennepin fut aussi le premier à décrire les chutes de Saint Anthony dans le Minnesota. Il revendiqua par ailleurs avoir descendu le fleuve Mississippi jusqu’au golfe du Mexique, ce qui fut ultérieurement réfuté et porta le doute sur la validité de ses écrits et croquis des chutes du Niagara.
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+ Certains attribuent au naturaliste finno-suédois Pehr Kalm la description originale manuscrite faite lors d’une expédition dans la région au début du XVIIIe siècle.
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+ Pendant le XIXe siècle, le tourisme devint populaire, et ce fut une des zones touristiques les plus visitées à partir du milieu du siècle. Le frère de Napoléon, Jérôme Bonaparte les visita avec sa jeune femme au début du XIXe siècle[22]. Les nombreuses réclamations pour la création d'un passage au-dessus de la rivière Niagara ont conduit, en 1848, à la construction d'une passerelle puis à la construction du « pont suspendu de Niagara » par Charles R. Ellet.
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+ Il fut supplanté, en 1855, par le « pont suspendu des chutes Niagara » du germano-américain John Augustus Roebling. En 1886, Leffert Buck remplaça le pont de Roebling fait de bois et de pierre par un pont en acier qui aujourd’hui encore continue de transporter des trains au-dessus de la rivière Niagara. La première voûte en acier construite à côté des chutes fut achevée en 1897. Aujourd'hui connu comme le Whirlpool Rapids Bridge (pont des rapides tourbillonnants), il transporte des véhicules, des trains, ainsi que des piétons entre le Canada et les États-Unis en passant juste au-dessous des chutes. En 1941, la « Commission des ponts des Chutes du Niagara » réalisa la troisième traversée dans la région des chutes du Niagara avec le Rainbow Bridge (pont de l'arc-en-ciel), qui transporte à la fois des piétons et des véhicules[23].
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+ Les chutes font l'objet d'innombrables histoires, une des plus intéressantes raconte le jour où elles ont cessé de couler. Le 29 mars 1848, le grondement habituel des chutes s'est arrêté. Le flot des chutes avait fait place à un mince filet d'eau. Les gens ont accouru en foule pour observer ce phénomène invraisemblable. Certains l'ont vu comme un signe que la fin du monde approchait. D'autres se sont amusés à traverser à maintes reprises le lit de la rivière, acte qui aurait normalement causé la mort de quiconque aurait tenté de le faire. On a découvert une multitude d'objets au fond de la rivière tarie, notamment des baïonnettes, des fusils, des tomahawks et d'autres artéfacts datant de la guerre anglo-américaine de 1812. Un encombrement de la rivière par de la glace s'était formé en amont, à l'embouchure de la rivière Niagara et du lac Érié, et empêchait les eaux de descendre la rivière. Pendant la nuit du 31 mars, la glace a cédé et la rivière a recommencé à couler jusqu'aux chutes.
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+ En particulier après la Première Guerre mondiale, le tourisme a connu un nouveau boom car les automobiles rendirent l'accès aux chutes beaucoup plus aisé.
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+ L'histoire des chutes du Niagara, au XXe siècle, est en grande partie liée aux efforts faits pour capter l'énergie des chutes pour l'énergie hydroélectrique et pour maîtriser le développement effréné de chaque côté — américain et canadien — qui menaçait la beauté naturelle du site.
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+ Le 5 août 1951, William « Red » Hill Jr perd la vie en tentant de sauter les chutes dans un cylindre formé de 13 chambres à air reliées et retenues par un filet, appareil bricolé sans grand moyen qu'il a baptisé « the Thing » (la « Chose ») et qui se révèle insuffisamment robuste pour supporter le choc des chutes. À la suite de cette mort, toute tentative d'acrobatie de la part du public est interdite sur les chutes.
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+ La puissance considérable déployée par les chutes a depuis longtemps été utilisée comme source d'énergie. C'est ainsi que, dès 1759, Daniel Joncairs construisit un petit canal en amont des chutes dans le but d'alimenter sa scierie. Plus tard, en 1805, Augustus et Peter Porter rachetèrent au gouvernement de l'État de New York l'ensemble des chutes du côté américain et agrandirent le petit canal afin de constituer de l'énergie hydraulique pour leur tannerie. En 1853, la Niagara Falls Hydraulic Power and Mining Company fut créée, qui par la suite construisit les canaux qui seraient utilisés pour produire de l'électricité. En 1881, sous la conduite de Jacob Schoellkopf, suffisamment de puissance était produite pour envoyer du courant continu afin d'éclairer les deux côtés des chutes et le village voisin, Niagara Falls.
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+ Quand Nikola Tesla, pour qui un mémorial fut construit plus tard dans la ville de Niagara Falls, a inventé le système triphasé du courant alternatif pour le transport de l'énergie, le transport à distance de l'électricité est devenu possible. En 1883, la Niagara Falls Power Company, un successeur de la compagnie de Schoellkopf, engage George Westinghouse afin de développer un système visant à produire du courant alternatif. En 1886, grâce à l'aide de financiers célèbres comme J.P. Morgan, John Jacob Astor IV et les Vanderbilts, d'immenses conduits souterrains furent construits, menant à des turbines pouvant générer jusqu'à 100 000 chevaux-vapeurs (75 MW), et pouvant fournir en électricité une ville comme Buffalo à 32 km de là. Du côté canadien certaines compagnies privées commencèrent aussi à exploiter l'énergie hydraulique des chutes en employant soit des entreprises américaines, soit des entreprises du cru, dans leurs efforts. Le gouvernement de la province d'Ontario décida finalement de nationaliser la distribution d'électricité en 1906, approvisionnant ainsi toute la province en électricité produite par le Niagara. Au XXIe siècle, entre 50 % et 70 % du débit de la rivière sont détournés dans quatre tunnels gigantesques loin en amont des chutes. L'eau ainsi détournée passe ensuite dans des turbines hydroélectriques qui approvisionnent en électricité les parties américaines et canadiennes environnantes, avant d'être reversée dans la rivière loin en aval des chutes.
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+ Les centrales hydroélectriques les plus puissantes sur le Niagara sont Sir Adam Beck 1 et 2 (1954) du côté canadien et la Robert Moses Niagara Power Plant (1961), ainsi que la Lewiston Pump Generating Plant, du côté américain. Ensemble, les centrales du Niagara peuvent produire environ 4,4 GW d'électricité.
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+ En août 2005, la compagnie Ontario Power Generation, qui gère les centrales de Sir Adam Beck, a décidé de construire un nouveau tunnel de 10,2 km de long, afin d'aller collecter de l'eau plus en amont du Niagara qu'il n'est possible à présent. La fin de la construction de ce tunnel, prévue pour 2009, devait permettre d'augmenter la production d'électricité de Sir Adam Beck de 182 MW (4,2 %). La mise en service du tunnel a finalement eu lieu début mars 2013, permettant la production annuelle supplémentaire de 1 500 MW d'électricité[24],[25].
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+ Afin de contourner les chutes, le transport fluvial emprunte le canal Welland. Il fut inauguré en 1829 et ne cessa d'être amélioré jusqu'à nos jours, les derniers travaux importants datant des années 1960-1970. Il fait maintenant partie du réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent[26]. Ces détournements de trafic fluvial se sont faits aux dépens de la ville voisine de Buffalo, contribuant ainsi au déclin économique de nombre de ses entreprises, entreprises sidérurgiques et céréalières en particulier. Cependant l'augmentation d'électricité a aussi provoqué un essor économique dans la vallée de la rivière Niagara dans les années 1970. Un essor économique régional qui est depuis retombé.
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+ Les villes jumelles de Niagara Falls (Ontario) et Niagara Falls (New York) sont reliées par 3 ponts, le Rainbow Bridge légèrement en aval, offrant la vue la plus proche sur les chutes ; le pont Whirlpool Rapids et, le pont le plus récent, le Lewiston-Queenston Bridge situé près de l'escarpement.
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+ Pendant les deux premiers siècles après l'installation des Européens, les terres des deux côtés des chutes du Niagara appartenaient à des personnes privées. Dans les années 1870, les chutes du Niagara devinrent une importante destination touristique, le site des chutes accueillant chaque année un quart de million de visiteurs. Cependant, les touristes visitant les chutes du Niagara des deux côtés de la rivière étaient consternés par les pratiques commerciales privées qui se développaient aux abords des chutes sans aucun contrôle. Les visiteurs se voyaient souvent harcelés et l’accès au site ne leur était possible que moyennant le paiement de commissions exorbitantes.
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+ Le mécontentement populaire a conduit à la formation du mouvement Free Niagara (« Libérer le Niagara »), qui comprenait l'artiste Frederic Edwin Church, l'architecte paysagiste Frederick Law Olmsted et le journaliste Jonathan Baxter Harrison. Une série de lettres qu'Harrison a envoyées aux journaux à Boston et à New York (réunies en 1992 dans le pamphlet The Condition of Niagara Falls, and the Measures Needed to Preserve Them (« La Situation des chutes du Niagara, et les mesures nécessaires pour les préserver ») ont eu une influence toute particulière dans le retournement de l'opinion publique en faveur de la préservation[27].
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+ En 1878, lord Dufferin, gouverneur général du Canada, a exprimé ses préoccupations lors de son discours au cours du déjeuner de l’Ontario Society of Artists à Toronto. Il suggéra que « les gouvernements de New York et de l’Ontario, ou du Canada, devraient s’associer pour acquérir tous les droits qui ont pu être établis à l’encontre du public, et créer autour des chutes un petit parc public international (...) sous la responsabilité de bons gardiens » pour préserver le décor des chutes du Niagara. Bien que la suggestion originale de lord Dufferin ait concerné un « parc international », les deux rives, américaine et canadienne, ont développé leurs parcs séparément et indépendamment.
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+ En 1885, l'État de New York commença à acheter les terres aux entrepreneurs, pour constituer la Niagara Falls State Park. La même année, la province de l’Ontario créa la Commission des parcs du Niagara. Cette dernière acquit des terrains situés le long de la rivière Niagara pour constituer le parc de la Reine Victoria aux Chutes de Niagara, totalement gratuit, qui accueillit ses premiers visiteurs le 24 mai 1888. Sous la gouverne de la Commission, ce parc s’étendant au départ sur 62,2 hectares, est devenu un parc de renom mondial de 1 720 hectares longeant toute la rivière Niagara, du lac Érié au lac Ontario, et comptant d’importants lieux historiques nationaux et provinciaux, des jardins botaniques, une école d’horticulture et des aires récréatives[28]. Ces deux organismes ont réussi remarquablement dans les opérations de restrictions du développement des chutes et de la rivière Niagara.
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+ Jusqu'à récemment, les chutes ont reculé vers le sud à cause de l'érosion de 0,6 à 3 m par an et sont maintenant à 11 km de leur point d'origine[pas clair]. Ce processus a été ralenti par le détournement de quantités d'eau croissantes de la rivière Niagara dans des centrales hydroélectriques, aussi bien aux États-Unis qu'au Canada. Le 2 janvier 1929, le Canada et les États-Unis sont parvenus à un accord sur un plan d'action visant à préserver les chutes. En 1950, les deux pays signèrent le Traité concernant la dérivation d'eau du Niagara[29].
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+ Outre le détournement de l'eau vers les centrales hydroélectriques, les efforts de contrôle de l'érosion ont établi des déversoirs souterrains visant à rediriger les courants les plus dévastateurs, et finalement des renforcements mécaniques en haut des chutes. Les travaux les plus spectaculaires ont eu lieu en 1969. En juin, le cours d'eau fut complètement détourné des chutes américaines pendant plusieurs mois grâce à la construction d'un barrage temporaire de terre et de pierre (clairement visible en haut à droite de la photo), ce qui eut pour effet d'arrêter les chutes américaines. Pendant que les chutes canadiennes accueillaient le débit supplémentaire, le corps des ingénieurs de l’United States Army a étudié le lit de la rivière et a comblé mécaniquement les fissures qui auraient autrement accéléré le retrait des chutes américaines. Un projet datant de 1954 d'enlever une énorme quantité d'alluvions fut finalement abandonné pour raison budgétaire, et en novembre 1969, le barrage temporaire fut dynamité, redonnant leur débit aux chutes américaines qui avaient été stoppées quelque temps, l'armée ayant fait dévier le cours du fleuve[30].
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+ Après cette entreprise, Luna Island, le petit bout de terre situé entre la chute principale et celle du Voile de la mariée, est restée interdit au public pour des années en raison des craintes d'instabilité et du risque de voir l'île s'effondrer dans la rivière Niagara à tout moment.
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+ La construction récente de grands bâtiments (pour la plupart des hôtels) du côté canadien des chutes a causé le changement de direction des vents au-dessus de ces dernières[31]. Des étudiants de l'université de Guelph ont démontré, en utilisant des modèles réduits, que l'air passant au-dessus des nouveaux hôtels conduit la poussière vers le sud des bâtiments, où elle tombe dans les rigoles sous les chutes et vient se mélanger aux tourbillons d'air humide. La conséquence est que les points de vue du côté canadien sont maintenant souvent couverts d'un brouillard venant des chutes. Ce problème va être très difficile à résoudre.
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+ En octobre 1829, Sam Patch, qui se faisait appeler « le sauteur Yankee », a sauté dans la chute du Fer à Cheval et est devenu la première personne connue à avoir survécu à la chute. Il a ainsi initié une longue tradition de casse-cous qui ont tenté de survivre à une descente des chutes. En 1901, Annie Edson Taylor fut la première personne à descendre les chutes en tonneau. Elle sortit quasiment indemne de la chute. Depuis la chute historique de Taylor, 14 personnes se sont intentionnellement jetées des chutes, sur ou dans un esquif. Certaines ont survécu sans dommage, d'autres ont coulé ou ont été sérieusement blessées. La descente des chutes étant illégale des deux côtés de la frontière, les survivants de telles cascades sont généralement poursuivis devant les tribunaux et soumis à de fortes amendes.
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+ D'autres aventuriers ont tenté de traverser les chutes. Cela a commencé en 1859 par le passage réussi de l’équilibriste Jean-François « Blondin » Gravelet au-dessus des chutes. Cet exploit avait rassemblé une foule importante. Le filin traversait les gorges à proximité du pont de l'Arc-en-ciel, pas tout à fait au-dessus des chutes. Le capitaine britannique Matthew Webb, premier homme à avoir traversé la Manche à la nage, se noya en 1883 en tentant de nager à travers les rapides et les tourbillons en aval des chutes.
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+ Le 9 juillet 1960, au cours de ce qui fut ensuite appelé « le miracle des chutes du Niagara », Roger Woodward, un garçon américain de 7 ans fut jeté par-dessus les chutes du Fer à Cheval, protégé uniquement par son gilet de sauvetage. Deanne, sa sœur de 17 ans, fut rattrapée par deux touristes, à seulement 6 mètres de la chute, au niveau de l'île de la chèvre[32]. Roger fut recueilli dans les bassins bouillonnant aux pieds de la chute du Fer à Cheval, après avoir réussi à attraper une bouée de sauvetage envoyée par l'équipe du bateau Maid of the Mist. Son histoire fit le tour du monde.
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+ Le 2 juillet 1984, le Canadien Karel Soucek réussit à plonger des chutes du Fer à Cheval dans un tonneau en n'ayant que de légères blessures. Il fut condamné à 500 dollars d'amende pour avoir réalisé sa cascade sans autorisation. Il périt quelques mois plus tard, le 20 janvier 1985, lors d'un autre défi à la mort.
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+ Le 20 octobre 2003, Kirk Jones fut le premier à sauter des chutes sans matériel de flottaison. Bien qu'on ne sache toujours pas s'il souhaitait ou non se suicider, il survécut à l'équivalent d'une chute de 16 étages avec seulement quelques côtes cassées, des éraflures et des ecchymoses.
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104
+ Personne n'a jamais survécu à une descente des chutes américaines, en raison des nombreux rochers et du faible courant. Tous les survivants et cascadeurs ont descendu les chutes du Fer à Cheval, où les rochers sont relativement moins nombreux et où le courant pousse les gens loin du bord et leur permet de les éviter.
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+ Le 4 août 2005, le golfeur professionnel John Daly tenta d'envoyer une balle de golf de l'autre côté des chutes du Niagara à une distance d'environ 331 mètres (362 yards). Il échoua de peu, au bout de 20 tentatives.
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+ Le 15 juin 2012, le funambule américain Nik Wallenda a traversé sur un câble métallique, la chute du Fer à Cheval qui sépare la rive américaine de la rive canadienne. Il lui a fallu 40 minutes pour parcourir les 550 mètres[33].
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+ Selon une légende de la nation Tsonnontouan (Seneca), Lelawala, une magnifique jeune femme, fut fiancée par son père à un brave homme qu’elle méprisait. Plutôt que de se marier, Lelawala choisit de se sacrifier à son véritable amour He-No, le dieu du tonnerre qui vivait dans une cave derrière le « Fer à Cheval ». Elle amena son canoë jusqu’au rapide de la rivière Niagara et fut renversée par-dessus bord. He-No la rattrapa alors qu’elle tombait et leurs esprits seraient liés ensemble à jamais dans le sanctuaire du dieu du tonnerre, à l’abri des chutes.
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+ Au Canada, les chutes furent représentées dès la fin du XVIIIe par Elizabeth Simcoe, artiste britannique et mémorialiste du Canada colonial.
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+ Plusieurs grands noms de la peinture américaine ont représenté les chutes du Niagara. L'un des premiers est John Trumbull (1756-1843), davantage connu pour ses sujets historiques. Deux de ses toiles sur les chutes datant de 1807-1808 sont conservées au Wadsworth Atheneum d’Hartford dans le Connecticut[34]. George Catlin (1796-1872), peintre des Amérindiens, réalisa View of Table Rock and Horseshoe Falls from Below en 1827 (Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg) et Niagara Falls (1827-1828, Smithsonian American art museum, Washington). Le quaker Edward Hicks (1780-1849) figure une version naïve des chutes (Falls of Niagara, vers 1835, Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg, Virginie).
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+ Au XIXe siècle, les peintres de l'Hudson River School, spécialisés dans le paysage, ont consacré de nombreuses œuvres aux chutes du Niagara. Ils pensaient que la Nature était la manifestation de la puissance et de la bonté divine[35],[36]. On peut citer Thomas Cole (1801-1848), considéré comme le fondateur de l'école de l'Hudson, Jasper Francis Cropsey (1823 –1900), Frederic Edwin Church (1826-1900), Louis Rémy Mignot (1831-1870) ou encore Albert Bierstadt (1830-1902)[34]. L'une des dernières toiles de William Morris Hunt (1824-1879) s'intitule Niagara Falls (1878, Williams College Museum of Art, Williamstown). Dans les années 1880, George Inness (1825-1894) proposa plusieurs versions des chutes dans le style du tonalisme[34]. Le site inspira également les impressionnistes John Henry Twachtman (1853-1902) et Soren Emil Carlsen (en) (1853–1932).
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+ Niagara Falls, Ontario par Elizabeth Simcoe, été 1792
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+ La cascade de Niagara, cette surprenante chute d'eau..., 1794, gravure de Robert Hancock (graveur) (en) basée sur celle de Louis Hennepin.
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+ Les chutes du Niagara en 1866 par Louis Rémy Mignot (1866), Brooklyn Museum
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+ Arthur Parton, Niagara Falls, Brooklyn Museum
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+ Thomas Cole, Distant View of Niagara Falls 1830, Art Institute of Chicago
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+ Alvan Fisher, A General View of the Falls of Niagara, 1820, The Smithsonian Institution
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+ Frederic Edwin Church, Niagara Falls, 1857, Corcoran Gallery of Art, Washington
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+ William Morris Hunt, Niagara Falls, 1878
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+ Alors que les chutes du Niagara étaient déjà un immense lieu touristique et l'un des hauts-lieux des lunes de miel, les visites connurent une hausse soudaine à partir de 1953, avec la sortie de Niagara, un film avec Marilyn Monroe. Plus tard, les chutes figurèrent également dans Superman 2 et furent le sujet d'un film populaire en technologie IMAX. Une grande partie de l'épisode Le Retour du Technodrome dans la série Les Tortues Ninja se déroule à proximité des chutes du Niagara et de son usine hydroélectrique. En 1990, l'illusionniste David Copperfield a réalisé un tour où on le voyait se déplacer au-dessus des chutes. Le complexe touristique situé à proximité des chutes fut le théâtre d'une brève série télévisée américaine début 2004, Wonderfalls. Les chutes servirent de lieu de tournage au film Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde[37]. Enfin, elles apparaissent comme un lieu romantique dans un épisode d’Une nounou d'enfer et de The Office.
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+ Le sieur de la Franchise écrit en 1604 une épitre dans un livre de Champlain[38],[39] :
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+
138
+ Muses,Si vous chantez, vrayment je vous conseille
139
+ Que vous louiez Champlain, pour être courageux :
140
+ Sans crainte des hasards, il a vu tant de lieux,
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+ Que ses relations nous contentent l'oreille.
142
+
143
+ Il a vu le Pérou[40], Mexique & la Merveille
144
+ Du Vulcan infernal qui vomit tant de feux,
145
+ Et les saults Mocosans[41], qui offensent les yeux
146
+ De ceux qui osent voir leur chute nonpareille.
147
+
148
+ Il nous promet encor de passer plus avant,
149
+ Reduire les Gentils, & trouver le Levant,
150
+ Par le Nord, ou le Sud, pour aller à la Chine.
151
+ C'est charitablement tout pour l'amour de Dieu.
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+ Si des lâches poltrons qui ne bougent d'vn lieu !
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+ Leur vie, sans mentir, me paraît trop mesquine.
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+
155
+ — Sieur de la Franchise, Des sauvages... de Champlain
156
+
157
+ Les chutes du Niagara et la ville ontarienne de Niagara Falls servent de cadre à une partie de la trilogie Les Particules réfractaires, de Mikhaïl W. Ramseier. Dans le dernier tome, Marges, publié en 2016, presque toute l'action se déroule dans la région, entre le centre-ville et la bourgade de Chippawa (en).
158
+
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+ Le roman Les Chutes, de Joyce Carol Oates, a été publié en 2005 aux éditions Philippe Rey et a reçu le prix Fémina étranger la même année. Comme son titre l'indique, toute l'intrigue du livre se passe dans la région des chutes.
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+
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+ L'écrivain français Jules Verne a plusieurs fois décrit Niagara dans ses romans: Une ville flottante, en 1869; Le Testament d'un excentrique, en 1897, qui offre une belle description des chutes du Niagara.
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+
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+ L'afflux maximum de visiteurs se fait en été, lorsque l'on peut admirer le spectacle des chutes du Niagara de jour comme en soirée. Du côté canadien, des projecteurs illuminent les deux côtés des chutes du crépuscule à minuit.
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165
+ Du côté américain, les chutes du Niagara peuvent être admirées des chemins de randonnées ou de la tour d'observation de Prospect Park (en). Près de là, les sentiers des Cavernes des Vents mènent les randonneurs par un escalier de quelque trois cents marches jusqu'à un point situé sous les chutes du Voile de la mariée. Les Niagara Scenic Trolley (« Tramways pittoresques du Niagara ») offrent également des circuits guidés le long des chutes américaines.
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+ Du côté canadien, le parc de la Reine Victoria (en) présente des jardins travaillés, et des terrasses offrant une vue sur les chutes américaines et du Fer à Cheval. Le soir, en fonction des saisons et des jours, le parc est animé d'illuminations et des feux d'artifice. En souterrain, un chemin mène dans des chambres d'observations qui donnent l'illusion d'être à l'intérieur même des chutes. Le point d'observation de la tour Skylon, située non loin de là, offre le point de vue culminant sur les chutes, et dans la direction opposée, permet de voir aussi loin que Toronto. C'est, avec la tour Konica Minolta, l'une des deux tours canadiennes avec vue sur les chutes. Le long de la rivière Niagara, le Niagara River Recreational Trail (« Chemin récréatif de la rivière Niagara ») parcourt les 56 km séparant Fort Erie de Fort George, et présente de nombreux sites historiques de la guerre de 1812.
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+ Les croisières Maid of the Mist nommées d'après un personnage de la mythologie indienne Ogiara, transportent des passagers dans les tourbillons derrière les chutes depuis 1846. Les téléphériques espagnols, construits en 1916 d'après les plans de l'ingénieur espagnol Leonardo Torres Quevedo, sont des téléphériques qui transportent des passagers au-dessus du tourbillon, derrière les chutes du côté canadien.
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+ En 2016, deux tyroliennes sont désinstallées[42].
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+ Une statue de l'inventeur Nikola Tesla a été installée.
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+ Le développement du site en fonction du tourisme de masse, au détriment de la nature, suscite des critiques[43]. Dès le dix-neuvième siècle, en 1883, l'architecte paysagiste Olmsted et l'historien de l'art Norton contribuent à fonder la Niagara Falls Association[44]. La base de données mondiale World Waterfall Database ajoute cette remarque : « Les chutes du Niagara sont un parfait exemple de la façon de ne pas développer un site naturel d'importance mondiale »[45].
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+ Les chutes du Niagara[1] ou chutes Niagara (toponyme officiel au Canada[2],[3]) (en anglais : Niagara Falls) sont un ensemble de trois chutes d’eau situées sur la rivière Niagara qui relie le lac Érié au lac Ontario, dans l’est de l’Amérique du Nord, à la frontière entre le Canada et les États-Unis :
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+ Bien qu’elles ne soient pas particulièrement hautes, les chutes du Niagara sont très larges. Avec un débit[4] de plus de 2 800 m3/s, elles sont les chutes les plus puissantes d’Amérique du Nord[N 1] et parmi les plus connues[5] à travers le monde.
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+ Renommées pour leur beauté, les chutes du Niagara sont aussi une source immense d’énergie hydroélectrique et leur préservation est un défi écologique. Cette merveille naturelle, haut-lieu du tourisme depuis plus d’un siècle, est partagée par les villes jumelles de Niagara Falls (New York) aux États-Unis et Niagara Falls (Ontario) au Canada.
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+ Les chutes du Niagara, ainsi que la rivière Niagara et les Grands Lacs nord-américains, sont apparues lors de la déglaciation qui a suivi la période glaciaire du
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+ Wisconsin, il y a environ 30 000 à 50 000 ans. Durant cette période, cette région était couverte par un énorme glacier continental (inlandsis laurentidien) qui en fluant vers le sud depuis le territoire canadien oriental a broyé et transporté roches et sols sur son parcours. Il a surcreusé des vallées, emplacements des futurs lacs, et en a barré d’autres par des moraines.
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+
12
+ Pendant et après la fonte de l'inlandsis, les cours d’eau ont dû se frayer un chemin vers le nord-ouest, dans une topographie bouleversée, en incisant de nouveaux lits. La localisation actuelle du canal Welland correspondrait à une ancienne vallée. Les flots provenant des Grands Lacs en amont formèrent l’actuelle rivière Niagara. Celle-ci ne pouvant plus suivre son ancienne vallée remblayée emprunta alors un nouvel exutoire passant par un escarpement de regard nord qu'il éroda en gorges. Cet escarpement est un front de cuesta dû à un pendage monoclinal vers le sud[6] et à la résistance de la formation géologique du Lockport[7] (-415 millions d’années, Silurien), résistante à l'érosion, entre le lac Érié et le lac Ontario. La partie inférieure de l'escarpement, composée de roches marines largement antérieures à la dernière glaciation, a ainsi été soumise à l'érosion de la rivière Niagara. Trois principales formations géologiques sont à l'affleurement dans les gorges du Niagara.
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+
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+ La rivière nouvellement établie rencontra d'abord la résistante formation du Lockport, dont l’érosion se fit beaucoup plus lentement que celle des roches plus tendres situées en dessous. La photo aérienne montre clairement le chapeau rocheux composé de la roche dure de la formation de Lockport (Silurien moyen), en amont des rapides. Son dénivelé représente environ le tiers supérieur de la hauteur des chutes. Cette formation est composée d’une couche très dense et très dure de calcaire et de dolomite.
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+
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+ Les deux tiers inférieurs de l'escarpement laissent apparaître la formation de Rochester (Bas Silurien), une couche beaucoup plus tendre et friable, avec un pendage plus fort. Elle est principalement composée de marne, bien qu’entrecoupée de fines couches de pierre calcaire, et contient de nombreux fossiles. Cette couche s'érodant plus rapidement, la rivière a contourné de part et d'autre l'éminence rocheuse dure et a creusé les chutes.
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+
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+ Submergée sous la rivière, dans la vallée inférieure, à l’abri des regards, se situe la formation de Queenston (Ordovicien supérieur), composée de schistes et de grès fins. Les trois formations proviennent d’une ancienne mer, et leurs différents faciès sont issus d’un changement de conditions de cette mer.
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+
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+ À l’origine, les chutes du Niagara étaient proches du site actuel de Lewiston dans l'État de New York et de Queenston en Ontario, mais l’érosion de ces crêtes a causé le recul des chutes d’eau de quelques kilomètres. Juste en amont de l’endroit actuel des chutes, Goat Island divisa le courant de la rivière Niagara, ce qui eut pour conséquence de séparer le « Fer à Cheval » à l’ouest des chutes américaines et Bridal Veil à l’est. Bien que l’érosion et la récession des chutes aient été ralenties dernièrement grâce aux nouvelles technologies, les chutes vont sans doute reculer assez loin pour drainer la plupart du lac Érié, dont le fond est plus profond que la hauteur des chutes. Les ingénieurs s’efforcent aujourd’hui de réduire le taux d’érosion pour retarder cet événement aussi longtemps que possible.
21
+
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+ Les chutes tombent d’une hauteur de 52 mètres (170 pieds), bien qu'en ce qui concerne les chutes américaines l’on ne puisse voir clairement qu'une hauteur de 21 mètres (70 pieds) avant que l'eau n’atteigne un amas de roches brisées provenant d’un énorme rocher tombé en 1954. Les chutes canadiennes, les plus larges, ont une longueur d’environ 792 mètres (2 600 pieds), alors que les chutes américaines sont larges seulement de 323 mètres (1 060 pieds). Le débit des chutes durant la haute saison est de 5 720 m3/s. Pendant l’été, lors de la déviation maximale de l'eau servant à la production hydroélectrique, le débit chute à 2 832 m3/s, dont près de 90 % passent par « le Fer à Cheval ». Ce débit est encore divisé par deux durant la nuit, quand la majeure partie de la déviation de l'eau à des fins hydroélectriques se produit.
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+ Le mot « Niagara » pourrait venir du mot iroquoien Onguiaahra, mais aucune explication n'est définitivement acceptée[8].
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+ Le nom autochtone Onguiaahra apparaît, dans les écrits du prêtre jésuite Jérôme Lalemant en 1641, mais il ne dit rien de sa signification. L'historien Alun Hughes a constaté que deux interprétations prédominent[8] :
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+ Au moment de l'arrivée des Français, les habitants de cette région étaient les Ongiara, une tribu faisant partie de la confédération des « Neutres ».
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+ À l'époque de Champlain, on y réfère par « sault Mocosans », de Mocosa, le nom ancien de la Virginie[9].
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+ Dans les relations des Jésuites, on trouve ce passage au sujet du père Brébeuf : « D'autres disaient, qu'Echon, après avoir fait mourir par maladie une partie des Hurons, était allé faire alliance avec les Sonont8ehronons, qui sont une Nation d'Iroquois, la plus redoutée et la plus voisine de nos Hurons, comme n'étant éloigné que d'une journée du dernier bourg de la Nation Neutre du côté de l'Orient, nommé Onguiaahra, du même nom que la Rivière. Qu'il les était allé trouver pour leur faire présent de colliers de pourcelaine et fers de flèche, et les exciter à venir achever de ruiner le pays. »
33
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34
+ Les relations des Jésuites, contiennent la note suivante des éditeurs : « Le nom Niagara, ou Onguiahra, est généralement considéré comme étant d'origine mohawk (ou neutre apparenté) et signifiant « cou », ce qui fait référence à la bande de terre entre les lacs Érié et Ontario, coupée par cette rivière. Le village le plus à l'est des Neutres, probablement près des chutes, portait le même nom[10]. »
35
+
36
+ Pour l'historien Lucien Campeau, le nom de Niagara proviendrait d'une nation neutre représentée chez Paul Le Jeune par « Ongmarahronon, qui est une mauvaise lecture d'Onghiarahronon, nation vivant dans un seul bourg et qui a donné le nom de Niagara »[11]. L'anthropologue Bruce Trigger écrit : « ... Des cartes françaises de la fin du XVIIe siècle semblent indiquer le nom et l'emplacement de trois d'entre elles (tribus confédérées neutres). Ce sont la tribu Attiragenrega,.... la tribu Antouaronon,... et la tribu Niagagarega qui est juste à l'ouest de la rivière qui porte encore son nom. »[12].
37
+
38
+ L'orthographe moderne de « Niagara » est mentionnée pour la première fois dans un mémoire de La Chesnaye, en 1676[13] ; et dans des livres imprimés, dans « Louisiane » de Hennepin, en 1683.
39
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40
+ Le nom « Niagara » apparaît sur la Carte de la Nouvelle France et de la Louisiane nouvellement découverte / par le révérend père belge Louis Hennepin de 1683[14] ; sur une autre de Coronelli, en 1688 (voir illustration ci-contre).
41
+
42
+ Une polémique existe pour savoir quel Européen fut le premier à fournir des descriptions écrites et orales des chutes du Niagara. Samuel de Champlain eut connaissance de Niagara par ses échanges avec des autochtones. « Ce ne peuvent être aussi que les Hurons qui ont révélé à Champlain l'existence d'une route fluviale reliant sans interruption le lac Huron au fleuve Saint-Laurent. Même les chutes du Niagara ont dû alors lui être signalées, car il dessinera clairement une cascade sur sa carte de 1632,... »[11] Le cartographe Guillaume Delisle compila les renseignements des récits de Champlain et de Cartier sur une carte sur laquelle apparaît un saut d'environ une lieue de large, d'où il descend un très grand courant dans le grand lac[15].
43
+
44
+ Le 2 novembre 1640, le père Jérôme Lalemant décrit la rivière Niagara comme élément du système hydrologique à l'origine du fleuve Saint-Laurent : « Cette rivière ou fleuve est celui par lequel se décharge notre grand lac des Hurons ou mer Douce, qui se rend premièrement dans le lac Erié ou de la nation du Chat, et jusque-là elle entre dans les terres de la nation Neutre et prend le nom d'Onguiaahra, jusqu'à ce qu'elle se soit déchargée dans l'Ontario ou lac de Saint-Louis, d'où enfin sort le fleuve qui passe devant Quebek, dit de Saint-Laurent. De sorte que si une fois on était maître de la côte de la mer (le lac Ontario) plus proche de la demeure des Iroquois, on monterait par le fleuve de Saint-Laurent, sans danger, jusqu'à la nation Neutre, et au-delà de beaucoup, avec épargne notable de peine et de temps[16]. »
45
+
46
+ Le Père Ragueneau écrivait du pays des Hurons, le 16 avril 1648 : « De la nation Neutre, tirant jusqu'au midi, on trouve un grand lac quasi de deux cents lieues de tour, nommé Erié, qui se forme de la décharge de la Mer Douce, et qui va se précipiter par une chute d'eau d'une effroyable hauteur dans un troisième lac nommé Ontario, que nous appelons lac Saint-Louis. Ce lac nommé Erié était autrefois habité, en ses côtes qui sont vers le midi, par de certains peuples que nous nommons la nation du Chat, qui ont été obligés de se retirer bien avant dans les terres pour s'éloigner de leurs ennemis, qui sont plus vers l'occident. Ces gens de la nation du Chat ont quantité de bourgades arrêtées, car ils cultivent la terre et sont de même langue que nos Hurons."[17],[18]. »
47
+
48
+ Paul Ragueneau visita les chutes 35 ans avant Hennepin[19],[20] Le père Louis Hennepin observa et décrivit les chutes du Niagara beaucoup plus tard, en 1678[21], après avoir parcouru la région avec l’explorateur René Robert Cavelier, sieur de la Salle, le soumettant ainsi à l’attention du monde entier.
49
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50
+ Hennepin fut aussi le premier à décrire les chutes de Saint Anthony dans le Minnesota. Il revendiqua par ailleurs avoir descendu le fleuve Mississippi jusqu’au golfe du Mexique, ce qui fut ultérieurement réfuté et porta le doute sur la validité de ses écrits et croquis des chutes du Niagara.
51
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+ Certains attribuent au naturaliste finno-suédois Pehr Kalm la description originale manuscrite faite lors d’une expédition dans la région au début du XVIIIe siècle.
53
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54
+ Pendant le XIXe siècle, le tourisme devint populaire, et ce fut une des zones touristiques les plus visitées à partir du milieu du siècle. Le frère de Napoléon, Jérôme Bonaparte les visita avec sa jeune femme au début du XIXe siècle[22]. Les nombreuses réclamations pour la création d'un passage au-dessus de la rivière Niagara ont conduit, en 1848, à la construction d'une passerelle puis à la construction du « pont suspendu de Niagara » par Charles R. Ellet.
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56
+ Il fut supplanté, en 1855, par le « pont suspendu des chutes Niagara » du germano-américain John Augustus Roebling. En 1886, Leffert Buck remplaça le pont de Roebling fait de bois et de pierre par un pont en acier qui aujourd’hui encore continue de transporter des trains au-dessus de la rivière Niagara. La première voûte en acier construite à côté des chutes fut achevée en 1897. Aujourd'hui connu comme le Whirlpool Rapids Bridge (pont des rapides tourbillonnants), il transporte des véhicules, des trains, ainsi que des piétons entre le Canada et les États-Unis en passant juste au-dessous des chutes. En 1941, la « Commission des ponts des Chutes du Niagara » réalisa la troisième traversée dans la région des chutes du Niagara avec le Rainbow Bridge (pont de l'arc-en-ciel), qui transporte à la fois des piétons et des véhicules[23].
57
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58
+ Les chutes font l'objet d'innombrables histoires, une des plus intéressantes raconte le jour où elles ont cessé de couler. Le 29 mars 1848, le grondement habituel des chutes s'est arrêté. Le flot des chutes avait fait place à un mince filet d'eau. Les gens ont accouru en foule pour observer ce phénomène invraisemblable. Certains l'ont vu comme un signe que la fin du monde approchait. D'autres se sont amusés à traverser à maintes reprises le lit de la rivière, acte qui aurait normalement causé la mort de quiconque aurait tenté de le faire. On a découvert une multitude d'objets au fond de la rivière tarie, notamment des baïonnettes, des fusils, des tomahawks et d'autres artéfacts datant de la guerre anglo-américaine de 1812. Un encombrement de la rivière par de la glace s'était formé en amont, à l'embouchure de la rivière Niagara et du lac Érié, et empêchait les eaux de descendre la rivière. Pendant la nuit du 31 mars, la glace a cédé et la rivière a recommencé à couler jusqu'aux chutes.
59
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60
+ En particulier après la Première Guerre mondiale, le tourisme a connu un nouveau boom car les automobiles rendirent l'accès aux chutes beaucoup plus aisé.
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+ L'histoire des chutes du Niagara, au XXe siècle, est en grande partie liée aux efforts faits pour capter l'énergie des chutes pour l'énergie hydroélectrique et pour maîtriser le développement effréné de chaque côté — américain et canadien — qui menaçait la beauté naturelle du site.
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64
+ Le 5 août 1951, William « Red » Hill Jr perd la vie en tentant de sauter les chutes dans un cylindre formé de 13 chambres à air reliées et retenues par un filet, appareil bricolé sans grand moyen qu'il a baptisé « the Thing » (la « Chose ») et qui se révèle insuffisamment robuste pour supporter le choc des chutes. À la suite de cette mort, toute tentative d'acrobatie de la part du public est interdite sur les chutes.
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+ La puissance considérable déployée par les chutes a depuis longtemps été utilisée comme source d'énergie. C'est ainsi que, dès 1759, Daniel Joncairs construisit un petit canal en amont des chutes dans le but d'alimenter sa scierie. Plus tard, en 1805, Augustus et Peter Porter rachetèrent au gouvernement de l'État de New York l'ensemble des chutes du côté américain et agrandirent le petit canal afin de constituer de l'énergie hydraulique pour leur tannerie. En 1853, la Niagara Falls Hydraulic Power and Mining Company fut créée, qui par la suite construisit les canaux qui seraient utilisés pour produire de l'électricité. En 1881, sous la conduite de Jacob Schoellkopf, suffisamment de puissance était produite pour envoyer du courant continu afin d'éclairer les deux côtés des chutes et le village voisin, Niagara Falls.
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+ Quand Nikola Tesla, pour qui un mémorial fut construit plus tard dans la ville de Niagara Falls, a inventé le système triphasé du courant alternatif pour le transport de l'énergie, le transport à distance de l'électricité est devenu possible. En 1883, la Niagara Falls Power Company, un successeur de la compagnie de Schoellkopf, engage George Westinghouse afin de développer un système visant à produire du courant alternatif. En 1886, grâce à l'aide de financiers célèbres comme J.P. Morgan, John Jacob Astor IV et les Vanderbilts, d'immenses conduits souterrains furent construits, menant à des turbines pouvant générer jusqu'à 100 000 chevaux-vapeurs (75 MW), et pouvant fournir en électricité une ville comme Buffalo à 32 km de là. Du côté canadien certaines compagnies privées commencèrent aussi à exploiter l'énergie hydraulique des chutes en employant soit des entreprises américaines, soit des entreprises du cru, dans leurs efforts. Le gouvernement de la province d'Ontario décida finalement de nationaliser la distribution d'électricité en 1906, approvisionnant ainsi toute la province en électricité produite par le Niagara. Au XXIe siècle, entre 50 % et 70 % du débit de la rivière sont détournés dans quatre tunnels gigantesques loin en amont des chutes. L'eau ainsi détournée passe ensuite dans des turbines hydroélectriques qui approvisionnent en électricité les parties américaines et canadiennes environnantes, avant d'être reversée dans la rivière loin en aval des chutes.
69
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70
+ Les centrales hydroélectriques les plus puissantes sur le Niagara sont Sir Adam Beck 1 et 2 (1954) du côté canadien et la Robert Moses Niagara Power Plant (1961), ainsi que la Lewiston Pump Generating Plant, du côté américain. Ensemble, les centrales du Niagara peuvent produire environ 4,4 GW d'électricité.
71
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+ En août 2005, la compagnie Ontario Power Generation, qui gère les centrales de Sir Adam Beck, a décidé de construire un nouveau tunnel de 10,2 km de long, afin d'aller collecter de l'eau plus en amont du Niagara qu'il n'est possible à présent. La fin de la construction de ce tunnel, prévue pour 2009, devait permettre d'augmenter la production d'électricité de Sir Adam Beck de 182 MW (4,2 %). La mise en service du tunnel a finalement eu lieu début mars 2013, permettant la production annuelle supplémentaire de 1 500 MW d'électricité[24],[25].
73
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74
+ Afin de contourner les chutes, le transport fluvial emprunte le canal Welland. Il fut inauguré en 1829 et ne cessa d'être amélioré jusqu'à nos jours, les derniers travaux importants datant des années 1960-1970. Il fait maintenant partie du réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent[26]. Ces détournements de trafic fluvial se sont faits aux dépens de la ville voisine de Buffalo, contribuant ainsi au déclin économique de nombre de ses entreprises, entreprises sidérurgiques et céréalières en particulier. Cependant l'augmentation d'électricité a aussi provoqué un essor économique dans la vallée de la rivière Niagara dans les années 1970. Un essor économique régional qui est depuis retombé.
75
+
76
+ Les villes jumelles de Niagara Falls (Ontario) et Niagara Falls (New York) sont reliées par 3 ponts, le Rainbow Bridge légèrement en aval, offrant la vue la plus proche sur les chutes ; le pont Whirlpool Rapids et, le pont le plus récent, le Lewiston-Queenston Bridge situé près de l'escarpement.
77
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78
+ Pendant les deux premiers siècles après l'installation des Européens, les terres des deux côtés des chutes du Niagara appartenaient à des personnes privées. Dans les années 1870, les chutes du Niagara devinrent une importante destination touristique, le site des chutes accueillant chaque année un quart de million de visiteurs. Cependant, les touristes visitant les chutes du Niagara des deux côtés de la rivière étaient consternés par les pratiques commerciales privées qui se développaient aux abords des chutes sans aucun contrôle. Les visiteurs se voyaient souvent harcelés et l’accès au site ne leur était possible que moyennant le paiement de commissions exorbitantes.
79
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80
+ Le mécontentement populaire a conduit à la formation du mouvement Free Niagara (« Libérer le Niagara »), qui comprenait l'artiste Frederic Edwin Church, l'architecte paysagiste Frederick Law Olmsted et le journaliste Jonathan Baxter Harrison. Une série de lettres qu'Harrison a envoyées aux journaux à Boston et à New York (réunies en 1992 dans le pamphlet The Condition of Niagara Falls, and the Measures Needed to Preserve Them (« La Situation des chutes du Niagara, et les mesures nécessaires pour les préserver ») ont eu une influence toute particulière dans le retournement de l'opinion publique en faveur de la préservation[27].
81
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82
+ En 1878, lord Dufferin, gouverneur général du Canada, a exprimé ses préoccupations lors de son discours au cours du déjeuner de l’Ontario Society of Artists à Toronto. Il suggéra que « les gouvernements de New York et de l’Ontario, ou du Canada, devraient s’associer pour acquérir tous les droits qui ont pu être établis à l’encontre du public, et créer autour des chutes un petit parc public international (...) sous la responsabilité de bons gardiens » pour préserver le décor des chutes du Niagara. Bien que la suggestion originale de lord Dufferin ait concerné un « parc international », les deux rives, américaine et canadienne, ont développé leurs parcs séparément et indépendamment.
83
+
84
+ En 1885, l'État de New York commença à acheter les terres aux entrepreneurs, pour constituer la Niagara Falls State Park. La même année, la province de l’Ontario créa la Commission des parcs du Niagara. Cette dernière acquit des terrains situés le long de la rivière Niagara pour constituer le parc de la Reine Victoria aux Chutes de Niagara, totalement gratuit, qui accueillit ses premiers visiteurs le 24 mai 1888. Sous la gouverne de la Commission, ce parc s’étendant au départ sur 62,2 hectares, est devenu un parc de renom mondial de 1 720 hectares longeant toute la rivière Niagara, du lac Érié au lac Ontario, et comptant d’importants lieux historiques nationaux et provinciaux, des jardins botaniques, une école d’horticulture et des aires récréatives[28]. Ces deux organismes ont réussi remarquablement dans les opérations de restrictions du développement des chutes et de la rivière Niagara.
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86
+ Jusqu'à récemment, les chutes ont reculé vers le sud à cause de l'érosion de 0,6 à 3 m par an et sont maintenant à 11 km de leur point d'origine[pas clair]. Ce processus a été ralenti par le détournement de quantités d'eau croissantes de la rivière Niagara dans des centrales hydroélectriques, aussi bien aux États-Unis qu'au Canada. Le 2 janvier 1929, le Canada et les États-Unis sont parvenus à un accord sur un plan d'action visant à préserver les chutes. En 1950, les deux pays signèrent le Traité concernant la dérivation d'eau du Niagara[29].
87
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88
+ Outre le détournement de l'eau vers les centrales hydroélectriques, les efforts de contrôle de l'érosion ont établi des déversoirs souterrains visant à rediriger les courants les plus dévastateurs, et finalement des renforcements mécaniques en haut des chutes. Les travaux les plus spectaculaires ont eu lieu en 1969. En juin, le cours d'eau fut complètement détourné des chutes américaines pendant plusieurs mois grâce à la construction d'un barrage temporaire de terre et de pierre (clairement visible en haut à droite de la photo), ce qui eut pour effet d'arrêter les chutes américaines. Pendant que les chutes canadiennes accueillaient le débit supplémentaire, le corps des ingénieurs de l’United States Army a étudié le lit de la rivière et a comblé mécaniquement les fissures qui auraient autrement accéléré le retrait des chutes américaines. Un projet datant de 1954 d'enlever une énorme quantité d'alluvions fut finalement abandonné pour raison budgétaire, et en novembre 1969, le barrage temporaire fut dynamité, redonnant leur débit aux chutes américaines qui avaient été stoppées quelque temps, l'armée ayant fait dévier le cours du fleuve[30].
89
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90
+ Après cette entreprise, Luna Island, le petit bout de terre situé entre la chute principale et celle du Voile de la mariée, est restée interdit au public pour des années en raison des craintes d'instabilité et du risque de voir l'île s'effondrer dans la rivière Niagara à tout moment.
91
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92
+ La construction récente de grands bâtiments (pour la plupart des hôtels) du côté canadien des chutes a causé le changement de direction des vents au-dessus de ces dernières[31]. Des étudiants de l'université de Guelph ont démontré, en utilisant des modèles réduits, que l'air passant au-dessus des nouveaux hôtels conduit la poussière vers le sud des bâtiments, où elle tombe dans les rigoles sous les chutes et vient se mélanger aux tourbillons d'air humide. La conséquence est que les points de vue du côté canadien sont maintenant souvent couverts d'un brouillard venant des chutes. Ce problème va être très difficile à résoudre.
93
+
94
+ En octobre 1829, Sam Patch, qui se faisait appeler « le sauteur Yankee », a sauté dans la chute du Fer à Cheval et est devenu la première personne connue à avoir survécu à la chute. Il a ainsi initié une longue tradition de casse-cous qui ont tenté de survivre à une descente des chutes. En 1901, Annie Edson Taylor fut la première personne à descendre les chutes en tonneau. Elle sortit quasiment indemne de la chute. Depuis la chute historique de Taylor, 14 personnes se sont intentionnellement jetées des chutes, sur ou dans un esquif. Certaines ont survécu sans dommage, d'autres ont coulé ou ont été sérieusement blessées. La descente des chutes étant illégale des deux côtés de la frontière, les survivants de telles cascades sont généralement poursuivis devant les tribunaux et soumis à de fortes amendes.
95
+
96
+ D'autres aventuriers ont tenté de traverser les chutes. Cela a commencé en 1859 par le passage réussi de l’équilibriste Jean-François « Blondin » Gravelet au-dessus des chutes. Cet exploit avait rassemblé une foule importante. Le filin traversait les gorges à proximité du pont de l'Arc-en-ciel, pas tout à fait au-dessus des chutes. Le capitaine britannique Matthew Webb, premier homme à avoir traversé la Manche à la nage, se noya en 1883 en tentant de nager à travers les rapides et les tourbillons en aval des chutes.
97
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98
+ Le 9 juillet 1960, au cours de ce qui fut ensuite appelé « le miracle des chutes du Niagara », Roger Woodward, un garçon américain de 7 ans fut jeté par-dessus les chutes du Fer à Cheval, protégé uniquement par son gilet de sauvetage. Deanne, sa sœur de 17 ans, fut rattrapée par deux touristes, à seulement 6 mètres de la chute, au niveau de l'île de la chèvre[32]. Roger fut recueilli dans les bassins bouillonnant aux pieds de la chute du Fer à Cheval, après avoir réussi à attraper une bouée de sauvetage envoyée par l'équipe du bateau Maid of the Mist. Son histoire fit le tour du monde.
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+ Le 2 juillet 1984, le Canadien Karel Soucek réussit à plonger des chutes du Fer à Cheval dans un tonneau en n'ayant que de légères blessures. Il fut condamné à 500 dollars d'amende pour avoir réalisé sa cascade sans autorisation. Il périt quelques mois plus tard, le 20 janvier 1985, lors d'un autre défi à la mort.
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+ Le 20 octobre 2003, Kirk Jones fut le premier à sauter des chutes sans matériel de flottaison. Bien qu'on ne sache toujours pas s'il souhaitait ou non se suicider, il survécut à l'équivalent d'une chute de 16 étages avec seulement quelques côtes cassées, des éraflures et des ecchymoses.
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+ Personne n'a jamais survécu à une descente des chutes américaines, en raison des nombreux rochers et du faible courant. Tous les survivants et cascadeurs ont descendu les chutes du Fer à Cheval, où les rochers sont relativement moins nombreux et où le courant pousse les gens loin du bord et leur permet de les éviter.
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+ Le 4 août 2005, le golfeur professionnel John Daly tenta d'envoyer une balle de golf de l'autre côté des chutes du Niagara à une distance d'environ 331 mètres (362 yards). Il échoua de peu, au bout de 20 tentatives.
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+ Le 15 juin 2012, le funambule américain Nik Wallenda a traversé sur un câble métallique, la chute du Fer à Cheval qui sépare la rive américaine de la rive canadienne. Il lui a fallu 40 minutes pour parcourir les 550 mètres[33].
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+ Selon une légende de la nation Tsonnontouan (Seneca), Lelawala, une magnifique jeune femme, fut fiancée par son père à un brave homme qu’elle méprisait. Plutôt que de se marier, Lelawala choisit de se sacrifier à son véritable amour He-No, le dieu du tonnerre qui vivait dans une cave derrière le « Fer à Cheval ». Elle amena son canoë jusqu’au rapide de la rivière Niagara et fut renversée par-dessus bord. He-No la rattrapa alors qu’elle tombait et leurs esprits seraient liés ensemble à jamais dans le sanctuaire du dieu du tonnerre, à l’abri des chutes.
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+ Au Canada, les chutes furent représentées dès la fin du XVIIIe par Elizabeth Simcoe, artiste britannique et mémorialiste du Canada colonial.
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+ Plusieurs grands noms de la peinture américaine ont représenté les chutes du Niagara. L'un des premiers est John Trumbull (1756-1843), davantage connu pour ses sujets historiques. Deux de ses toiles sur les chutes datant de 1807-1808 sont conservées au Wadsworth Atheneum d’Hartford dans le Connecticut[34]. George Catlin (1796-1872), peintre des Amérindiens, réalisa View of Table Rock and Horseshoe Falls from Below en 1827 (Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg) et Niagara Falls (1827-1828, Smithsonian American art museum, Washington). Le quaker Edward Hicks (1780-1849) figure une version naïve des chutes (Falls of Niagara, vers 1835, Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg, Virginie).
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+ Au XIXe siècle, les peintres de l'Hudson River School, spécialisés dans le paysage, ont consacré de nombreuses œuvres aux chutes du Niagara. Ils pensaient que la Nature était la manifestation de la puissance et de la bonté divine[35],[36]. On peut citer Thomas Cole (1801-1848), considéré comme le fondateur de l'école de l'Hudson, Jasper Francis Cropsey (1823 –1900), Frederic Edwin Church (1826-1900), Louis Rémy Mignot (1831-1870) ou encore Albert Bierstadt (1830-1902)[34]. L'une des dernières toiles de William Morris Hunt (1824-1879) s'intitule Niagara Falls (1878, Williams College Museum of Art, Williamstown). Dans les années 1880, George Inness (1825-1894) proposa plusieurs versions des chutes dans le style du tonalisme[34]. Le site inspira également les impressionnistes John Henry Twachtman (1853-1902) et Soren Emil Carlsen (en) (1853–1932).
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+ Niagara Falls, Ontario par Elizabeth Simcoe, été 1792
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+ La cascade de Niagara, cette surprenante chute d'eau..., 1794, gravure de Robert Hancock (graveur) (en) basée sur celle de Louis Hennepin.
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+ Les chutes du Niagara en 1866 par Louis Rémy Mignot (1866), Brooklyn Museum
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+ Arthur Parton, Niagara Falls, Brooklyn Museum
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+ Thomas Cole, Distant View of Niagara Falls 1830, Art Institute of Chicago
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+ Alvan Fisher, A General View of the Falls of Niagara, 1820, The Smithsonian Institution
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+ Frederic Edwin Church, Niagara Falls, 1857, Corcoran Gallery of Art, Washington
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+ William Morris Hunt, Niagara Falls, 1878
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+ Alors que les chutes du Niagara étaient déjà un immense lieu touristique et l'un des hauts-lieux des lunes de miel, les visites connurent une hausse soudaine à partir de 1953, avec la sortie de Niagara, un film avec Marilyn Monroe. Plus tard, les chutes figurèrent également dans Superman 2 et furent le sujet d'un film populaire en technologie IMAX. Une grande partie de l'épisode Le Retour du Technodrome dans la série Les Tortues Ninja se déroule à proximité des chutes du Niagara et de son usine hydroélectrique. En 1990, l'illusionniste David Copperfield a réalisé un tour où on le voyait se déplacer au-dessus des chutes. Le complexe touristique situé à proximité des chutes fut le théâtre d'une brève série télévisée américaine début 2004, Wonderfalls. Les chutes servirent de lieu de tournage au film Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde[37]. Enfin, elles apparaissent comme un lieu romantique dans un épisode d’Une nounou d'enfer et de The Office.
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+ Le sieur de la Franchise écrit en 1604 une épitre dans un livre de Champlain[38],[39] :
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+
138
+ Muses,Si vous chantez, vrayment je vous conseille
139
+ Que vous louiez Champlain, pour être courageux :
140
+ Sans crainte des hasards, il a vu tant de lieux,
141
+ Que ses relations nous contentent l'oreille.
142
+
143
+ Il a vu le Pérou[40], Mexique & la Merveille
144
+ Du Vulcan infernal qui vomit tant de feux,
145
+ Et les saults Mocosans[41], qui offensent les yeux
146
+ De ceux qui osent voir leur chute nonpareille.
147
+
148
+ Il nous promet encor de passer plus avant,
149
+ Reduire les Gentils, & trouver le Levant,
150
+ Par le Nord, ou le Sud, pour aller à la Chine.
151
+ C'est charitablement tout pour l'amour de Dieu.
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+ Si des lâches poltrons qui ne bougent d'vn lieu !
153
+ Leur vie, sans mentir, me paraît trop mesquine.
154
+
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+ — Sieur de la Franchise, Des sauvages... de Champlain
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157
+ Les chutes du Niagara et la ville ontarienne de Niagara Falls servent de cadre à une partie de la trilogie Les Particules réfractaires, de Mikhaïl W. Ramseier. Dans le dernier tome, Marges, publié en 2016, presque toute l'action se déroule dans la région, entre le centre-ville et la bourgade de Chippawa (en).
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+
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+ Le roman Les Chutes, de Joyce Carol Oates, a été publié en 2005 aux éditions Philippe Rey et a reçu le prix Fémina étranger la même année. Comme son titre l'indique, toute l'intrigue du livre se passe dans la région des chutes.
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+ L'écrivain français Jules Verne a plusieurs fois décrit Niagara dans ses romans: Une ville flottante, en 1869; Le Testament d'un excentrique, en 1897, qui offre une belle description des chutes du Niagara.
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+ L'afflux maximum de visiteurs se fait en été, lorsque l'on peut admirer le spectacle des chutes du Niagara de jour comme en soirée. Du côté canadien, des projecteurs illuminent les deux côtés des chutes du crépuscule à minuit.
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+ Du côté américain, les chutes du Niagara peuvent être admirées des chemins de randonnées ou de la tour d'observation de Prospect Park (en). Près de là, les sentiers des Cavernes des Vents mènent les randonneurs par un escalier de quelque trois cents marches jusqu'à un point situé sous les chutes du Voile de la mariée. Les Niagara Scenic Trolley (« Tramways pittoresques du Niagara ») offrent également des circuits guidés le long des chutes américaines.
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+ Du côté canadien, le parc de la Reine Victoria (en) présente des jardins travaillés, et des terrasses offrant une vue sur les chutes américaines et du Fer à Cheval. Le soir, en fonction des saisons et des jours, le parc est animé d'illuminations et des feux d'artifice. En souterrain, un chemin mène dans des chambres d'observations qui donnent l'illusion d'être à l'intérieur même des chutes. Le point d'observation de la tour Skylon, située non loin de là, offre le point de vue culminant sur les chutes, et dans la direction opposée, permet de voir aussi loin que Toronto. C'est, avec la tour Konica Minolta, l'une des deux tours canadiennes avec vue sur les chutes. Le long de la rivière Niagara, le Niagara River Recreational Trail (« Chemin récréatif de la rivière Niagara ») parcourt les 56 km séparant Fort Erie de Fort George, et présente de nombreux sites historiques de la guerre de 1812.
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+ Les croisières Maid of the Mist nommées d'après un personnage de la mythologie indienne Ogiara, transportent des passagers dans les tourbillons derrière les chutes depuis 1846. Les téléphériques espagnols, construits en 1916 d'après les plans de l'ingénieur espagnol Leonardo Torres Quevedo, sont des téléphériques qui transportent des passagers au-dessus du tourbillon, derrière les chutes du côté canadien.
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+ En 2016, deux tyroliennes sont désinstallées[42].
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+ Une statue de l'inventeur Nikola Tesla a été installée.
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+ Le développement du site en fonction du tourisme de masse, au détriment de la nature, suscite des critiques[43]. Dès le dix-neuvième siècle, en 1883, l'architecte paysagiste Olmsted et l'historien de l'art Norton contribuent à fonder la Niagara Falls Association[44]. La base de données mondiale World Waterfall Database ajoute cette remarque : « Les chutes du Niagara sont un parfait exemple de la façon de ne pas développer un site naturel d'importance mondiale »[45].
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+ Albus Dumbledore est un personnage fictif créé par la romancière britannique J. K. Rowling. Il apparaît dans la série romanesque Harry Potter (et son adaptation au cinéma) et dans la série de films Les Animaux fantastiques, deux histoires issues du monde des sorciers.
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+ Principalement connu pour être le directeur de l'école de sorcellerie Poudlard dans les six premiers romans Harry Potter, Dumbledore devient un guide pour le héros éponyme, incarnant et professant les valeurs du courage, de l'amour et de la justice. Il a été séduit par le pouvoir des reliques de la Mort durant sa jeunesse et en a subi des conséquences tragiques. Son expérience et son intelligence l'ont amené par la suite à anticiper et contrer les impulsions les plus sombres de la société magique. Il s'est notamment rendu célèbre dans l'histoire de la sorcellerie pour avoir vaincu en duel le mage noir Gellert Grindelwald en 1945, et devient plusieurs décennies plus tard le seul sorcier craint par Lord Voldemort. Après avoir dirigé Poudlard durant près de quarante ans, il se condamne dans Harry Potter et le Prince de sang-mêlé en manipulant la bague de Gaunt transformée en horcruxe. Il charge Severus Rogue d'abréger sa vie, permettant ainsi à ce dernier de demeurer crédible aux yeux de Voldemort et d'aider discrètement Harry Potter, selon ses plans, jusqu'à la victoire finale du garçon contre le mage noir.
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+ Dumbledore est souvent rapproché des vieux sorciers célèbres de la littérature et notamment du personnage de Merlin l'enchanteur. Les fondements de sa philosophie, son influence, son ancienne fascination pour le pouvoir, ainsi que la nature de sa relation avec Gellert Grindelwald sont les objets de nombreuses analyses et font de Dumbledore l'un des personnages les plus iconiques et nuancés de l’œuvre de J. K. Rowling.
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+ Dans les films Harry Potter (2001-2011), Albus Dumbledore est interprété par Richard Harris dans les deux premiers films, puis, après la mort de Harris en 2002, par Michael Gambon. Dans la série Les Animaux fantastiques, dont l'histoire se situe antérieurement, le personnage plus jeune est interprété par Jude Law et apparaît à partir du deuxième film (2018).
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+
11
+ Dans Harry Potter, Albus Dumbledore est décrit comme étant un sorcier âgé, grand et mince, avec des cheveux argentés et une barbe qui lui descendent jusqu'à la taille[3]. Il a un nez aquilin, long et tortueux[3],[4], ayant été cassé par son frère Abelforth[5]. Ses yeux bleus sont étincelants, sondeurs et malicieux, derrière des lunettes en demi-lune[3],[6],[7]. Il prétend avoir une cicatrice au-dessus de son genou gauche, représentant le plan précis du métro londonien[3].
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13
+ Dumbledore est considéré comme le plus stimulant et le plus aimé des directeurs de Poudlard[8]. Malgré son caractère parfois espiègle et farfelu[9], presque enfantin[10], il est présenté comme le plus sage et puissant sorcier de sa génération[11]. Par ailleurs, il ne montre pas de fausse modestie, reconnaissant volontiers qu'il est un sorcier exceptionnellement talentueux et intelligent[12],[13],[14]. Dans les situations tendues, Dumbledore conserve un ton calme et confiant, même lorsque ses interlocuteurs sont amenés à perdre patience[15]. Il peut également se montrer sous un aspect plus menaçant, notamment en présence de l'ennemi : « Une fureur glacée animait chaque ride de son visage et une impression de puissance émanait de lui comme s'il avait été entouré d'un halo de chaleur brûlante[16] ».
14
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15
+ Dumbledore est particulièrement compétent en legilimancie[17] et en métamorphose (il a enseigné cette dernière discipline avant de devenir directeur[18]). Il possède par ailleurs la faculté de se rendre invisible et de détecter la présence de personnes invisibles en ayant recours si besoin à un puissant sortilège de Désillusion[19],[20]. Le patronus de Dumbledore prend la forme d'un phénix[1] — symbole récurrent dans la série — rappelant son compagnon Fumseck (Fawkes en version originale, en clin d’œil à Guy Fawkes[21]).
16
+
17
+ Au cours de sa carrière, Dumbledore a reçu de nombreuses distinctions : il est notamment Docteur en Sorcellerie, enchanteur-en-chef, manitou suprême de la Confédération internationale des Mages et Sorciers et récipiendaire de l'Ordre de Merlin, 1re classe[11]. En collaborant avec l'alchimiste Nicolas Flamel, il a découvert les douze propriétés du sang de dragon[11]. Il est en mesure de communiquer en mermish (langue des créatures marines)[22] et en gobelbabil (langue gobeline)[23],[24], et peut comprendre le fourchelang (langue des serpents)[18].
18
+
19
+ Dans le nom complet d'Albus Dumbledore (« Albus Percival Wulfric Brian Dumbledore » en anglais) se trouvent des significations profondément liées à la tradition britannique[25].
20
+
21
+ « Albus » vient de l'adjectif latin qui signifie « blanc »[S 1], mais peut aussi venir d'Albion, un nom issu de la tradition arthurienne et du grec ancien pour désigner la Britannie[18],[26].
22
+
23
+ « Percival » (ou Perceval), est un nom associé au chevalier du roi Arthur qui rechercha le Saint Graal[S 1],[27]. Selon une étude de Béatrice Groves, le troisième prénom, « Wulfric », pourrait être rapproché d'un célèbre prophète excentrique du XIIe siècle, Wulfric de Haselbury[S 1]. Par ailleurs, plusieurs similitudes ont été établies entre la série Harry Potter et le poème britannique Beowulf[S 2],[S 3], et notamment la forte ressemblance entre le nom de l'ennemi de Dumbledore (Grindelwald) et celui de Beowulf (Grendel)[S 3],[28],[S 4]. Le site internet L'Encyclopédie Harry Potter relève la théorie d'un fan sur le lien possible entre « Wulfric » et « Beowulf »[18], de par leur racine jumelle wulf (« loup »)[29],[30]. « Wulfric », à l'instar de son dérivé plus moderne « Ulric », se compose également de « pouvoir, autorité » (rule ou ric)[30],[31]. Le quatrième prénom, « Brian », est le même que celui du légendaire roi irlandais Brian Boru, qui vainquit les Vikings lors de la bataille de Clontarf, près de Dublin[32]. Il signifie également en celte « respect, puissance et noblesse »[S 5].
24
+
25
+ Quant à « Dumbledore », qui est un équivalent de bumblebee (« bourdon ») en ancien anglais[33], J. K. Rowling aurait choisi ce nom « bourdonnant » en lien avec le goût de Dumbledore pour la musique : « Je l’ai toujours imaginé se promener en fredonnant pour lui-même »[34]. To dumb pouvait également signifier « établir le silence »[S 5]. La version italienne de Harry Potter a d'ailleurs la particularité d'avoir traduit le nom du personnage selon ce sens (« Albus Silente »[S 5]), ce qui, selon Rowling, « est en contradiction totale avec le personnage »[35].
26
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27
+ J. K. Rowling indique qu'Albus Perceval Wulfric Brian Dumbledore[18] est né durant l'été 1881[42],[43], de Perceval[37] et Kendra Dumbledore[38]. Il est le frère aîné d'Abelforth[39] et Ariana[40]. Dans le dernier tome de la série, Les Reliques de la Mort, le lecteur en apprend davantage sur le passé obscur de Dumbledore et sur la tragédie ayant touché sa famille.
28
+
29
+ Lorsque sa sœur Ariana a six ans, elle est attaquée par trois Moldus qui la surprennent à utiliser la magie dans leur petit village de Terre-en-Lande[44]. Pour venger sa fille sujette dès lors aux crises d'angoisse, son père Perceval attaque les trois Moldus et est emprisonné à Azkaban[45], où il meurt un peu plus tard[37]. Le reste de la famille déménage ensuite à Godric's Hollow[44]. Albus entre à Poudlard en 1892[11], dans la maison Gryffondor[11], et devient un élève exceptionnellement doué[5]. Après avoir été préfet, puis préfet-en-chef[11], Dumbledore termine brillamment ses études aux alentours de 1899[5] et projette alors de partir pour un tour du monde avec son ami Elphias Doge[5]. Cependant, sa mère meurt accidentellement, vraisemblablement à la suite de l'une des crises d'Ariana[5]. Albus, aîné de la famille, doit subvenir aux besoins de sa sœur et de son frère. Il considère cependant ce devoir comme un fardeau l'empêchant de poursuivre sur le chemin de la grandeur[45].
30
+
31
+ À Godric's Hollow, il rencontre Gellert Grindelwald, un jeune esprit talentueux, venu de l’étranger pour apercevoir le village et la tombe d'Ignotus Peverell[46],[47]. Dumbledore considère Grindelwald comme un « égal » avec qui il sympathise rapidement[5]. Plaçant son frère et sa sœur en retrait, il élabore avec son ami des plans pour établir un nouvel Ordre de la Sorcellerie. Dumbledore souhaite cependant éveiller Grindelwald sur l'importance de leurs responsabilités en tant que personnes acquérant le pouvoir de gouverner « pour le plus grand bien » les sorciers et Moldus, tandis que Grindelwald semble attiré par le contrôle absolu et la possibilité de créer une armée d'inferi[48],[49]. Dumbledore perçoit la part de noirceur chez Grindelwald, mais, fasciné par ce dernier, perd ses facultés de jugement et se laisse entraîner[50]. Il voit une opportunité de se libérer et de concrétiser son glorieux projet, et se met lui aussi en quête des reliques de la Mort susceptibles, une fois réunies, de lui apporter la toute-puissance et l'invincibilité[48]. Deux mois plus tard[5], Abelforth tente de convaincre son frère d'abandonner ses plans pour s'occuper davantage d'Ariana, allant jusqu'à provoquer Grindelwald en duel, ce qui incite Albus à s'interposer[45]. Ariana, présente sur les lieux, est atteinte par un sortilège perdu et meurt sur le coup. Bien que l'auteur du sort soit inconnu[45], Abelforth rend son frère responsable du drame et le frappe au visage lors de l’enterrement de sa sœur[5]. Dumbledore, rongé par la culpabilité, abandonne ses projets de recherches sur les reliques de la Mort et rompt tout contact avec Grindelwald[45], qui prend la fuite. Dumbledore décide de se tourner vers une carrière lui permettant de transmettre son savoir aux jeunes sorciers[45]. À Poudlard, il devient professeur de défense contre les forces du Mal[51], puis de métamorphose[18]. En 1913[52],[53], il s'oppose fermement au renvoi de Norbert Dragonneau[54], un élève timide ayant endossé la responsabilité d'un incident survenu à l'école, et provoqué en réalité par l'une de ses amies[52].
32
+
33
+ Dans Les Crimes de Grindelwald situé en 1927[55], Dumbledore est sollicité par les autorités afin de retrouver et neutraliser Grindelwald, évadé de prison après avoir été ralenti dans ses sombres projets par Dragonneau[56]. Dumbledore refuse d'intervenir lui-même, précisant qu'il en est incapable[57]. La raison principale étant que lui-même et Grindelwald ont formé un pacte de sang au cours de leur adolescence, pacte que ce dernier conserve sur lui à l'intérieur d'une fiole, empêchant Dumbledore de l'atteindre selon leur serment magique[58]. Néanmoins, Dumbledore conseille discrètement Dragonneau afin qu'il protège le jeune et fragile Croyance Bellebosse, recherché par Grindelwald[59],[60]. Dragonneau ne parvient pas à convaincre Croyance, mais parvient à récupérer la fiole de Grindelwald contenant le pacte de sang. Il la remet à Dumbledore pour qu'il la détruise[58].
34
+
35
+ En 1938[61], Dumbledore rencontre en parallèle Tom Elvis Jedusor, un enfant de onze ans aux capacités magiques surprenantes, et s'occupe des démarches pour qu'il soit scolarisé et suivi à Poudlard[62]. Mais en 1943[61], Jedusor découvre le secret des horcruxes et tue une élève par le biais du monstre de la Chambre des secrets. Le garçon, habile et charismatique, parvient à convaincre le corps enseignant — à l'exception de Dumbledore — de la culpabilité de Rubeus Hagrid[63], et ne quitte Poudlard que deux ans plus tard, en 1945[61]. La même année[64], Dumbledore affronte son ennemi Grindelwald et remporte la victoire lors d'un duel qui entre dans la légende, s'appropriant à cette occasion la baguette de sureau (l'une des trois reliques de la Mort) que Grindelwald avait réussi à récupérer[45]. Grindelwald est emprisonné définitivement à Nurmengard[65].
36
+
37
+ Vers 1955[66], Dumbledore devient directeur de Poudlard et à cette occasion, s'oppose sans réserve à la candidature de Jedusor, qui souhaite devenir professeur de défense contre les forces du Mal[67]. En parallèle, il nomme Minerva McGonagall, de qui il devient très proche d'esprit et d'idées, en tant que directrice adjointe et nouveau professeur de métamorphose[66]. Lors de l'ascension de Jedusor (devenu Lord Voldemort) dans les années 1970 et l'ère de terreur qui l'accompagne, Poudlard devient le seul endroit sûr. Dumbledore incarne la résistance : il fonde à cet effet l'ordre du Phénix afin de contrer les agissements des « mangemorts »[68], et recrute plusieurs sorciers et sorcières fiables et compétents, dont McGonagall et d'anciens élèves de Poudlard tels que Rubeus Hagrid, James Potter ou Lily Evans[69]. Rejetant définitivement toute forme de pouvoir absolu[45], il refuse le poste de ministre de la Magie qui lui est proposé à plusieurs reprises[45]. De par sa légende, Dumbledore est le seul sorcier que Jedusor respecte et considère comme son égal en tant qu'ennemi[70],[71],[72], voire le seul être humain qu'il craint véritablement[S 5].
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39
+ En juin 1980, Dumbledore, qui recherche un nouveau professeur de divination, rencontre Sibylle Trelawney au pub de la Tête de Sanglier[73]. Cette dernière lui révèle une prophétie selon laquelle un enfant né à la fin du mois de juillet de la même année, dont les parents ont déjà défié Voldemort, aura un pouvoir majeur sur celui-ci[73]. Voldemort prend connaissance d'une partie de cette prophétie et décide de tuer Harry Potter, dont les parents sont membres de l’ordre du Phénix[73]. Le 31 octobre 1981, journée racontée par le biais du chapitre premier de L'École des sorciers, James et Lily Potter sont assassinés par Voldemort. Ce dernier tente également de tuer leur fils, mais le sortilège se retourne contre lui, en le désintégrant[3]. Dumbledore, conscient que le mage noir n'est pas définitivement vaincu et que le petit Harry Potter demeurera une cible, décide de le placer à regrets chez son oncle et sa tante moldus[74], l'éloignant ainsi temporairement de sa célébrité. Tant que Harry se trouve dans un endroit où vit une personne du même sang que sa mère (ici sa sœur, Pétunia Dursley), il ne peut être attaqué grâce à cette protection[73]. Dumbledore reste à l'écart du garçon pendant les dix années suivantes et ne lui parle pour la première fois qu'après son entrée à Poudlard en 1991, lorsqu'il le retrouve devant l'étrange miroir du Riséd[75]. Ils entretiennent par la suite une relation relativement complice, presque filiale[76].
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+ Dans L'École des sorciers, il est précisé que Dumbledore a travaillé en étroite collaboration avec Nicolas Flamel, l'alchimiste qui a créé la pierre philosophale[66]. Craignant que Voldemort, quelle que soit sa forme, ne cherche à l'utiliser, Dumbledore décide de cacher la pierre à Poudlard et ensorcelle le miroir du Riséd afin que seule une personne désintéressée par le pouvoir de la pierre puisse l'acquérir par ce biais, comme le fera Harry Potter au cours du chapitre 17[77]. Les années suivantes, Dumbledore « observe de loin » (selon ses propres termes[78]) les agissements de Harry visant à sauver Ginny Weasley dans La Chambre des secrets ; son parrain Sirius Black dans Le Prisonnier d'Azkaban[66],[79] ; ainsi qu'au cours du Tournoi des Trois Sorciers organisé à Poudlard dans La Coupe de feu. Cette année-là, Dumbledore charge son vieil ami Alastor Maugrey, devenu professeur de défense contre les forces du Mal, de veiller sur Harry durant le tournoi, le garçon ayant été sélectionné de manière suspecte pour participer à la compétition[80]. Dumbledore ignore alors que le véritable Maugrey est détenu prisonnier par Barty Croupton Jr., un mangemort qui s'est approprié ses traits grâce à une potion de Polynectar afin d'attirer Potter jusqu'à Voldemort[16]. Lorsque Dumbledore découvre la vérité, Voldemort a déjà repris forme humaine[16]. Dumbledore refonde alors l'ordre du Phénix et entame une longue lutte afin de convaincre le ministère de la Magie de la véracité du retour de Voldemort[66]. De son côté, Potter, aidé par d'autres étudiants, fonde un club illégal de défense contre les forces du Mal au sein même de l'école : l'Armée de Dumbledore[81]. Lorsque Dolores Ombrage, engagée par le ministère, découvre l'existence de ce regroupement, Dumbledore, qui ignorait l'initiative, endosse la responsabilité de l'organisation afin de protéger ses élèves[82], et s'enfuit après avoir renversé d'un seul sortilège les Aurors, Ombrage et le ministre présents[83]. Dumbledore est réhabilité dès lors que le retour de Voldemort est prouvé, c'est-à-dire au terme d'un duel fracassant l'opposant directement à Voldemort au sein même du ministère de la Magie, où plusieurs membres de l’Ordre sont venus prêter main forte à Harry Potter et ses amis[66],[73].
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+ Dans Le Prince de sang-mêlé, Dumbledore et Harry Potter ont plusieurs entretiens privés au cours desquels le directeur instruit le garçon sur le passé et les faiblesses de Voldemort, en lui montrant quelques-uns de ses propres souvenirs par le biais de la pensine[62],[67],[84],[85]. Ensemble, ils confirment l'hypothèse de Dumbledore sur l'existence des horcruxes, après que Potter a récupéré le souvenir du professeur Slughorn qui avait enseigné par mégarde à Jedusor leur fonction et la manière de les créer lorsque celui-ci était encore étudiant[85]. Dumbledore fait comprendre à Potter que détruire ces objets est la seule chance de détruire physiquement Voldemort[85], mais choisit de lui cacher le fait qu'il constitue lui-même un horcruxe involontaire de Voldemort depuis leur première confrontation[86]. Dumbledore parvient à récupérer la bague des Gaunt, un horcruxe qui renferme également la pierre de résurrection (l'une des trois reliques de la Mort). Aveuglé par l'espoir de revoir Ariana et ses parents disparus, Dumbledore passe la bague à son doigt, ne tenant pas compte qu'un très puissant sortilège protège l'horcruxe[45]. Severus Rogue intervient à temps pour bloquer le sortilège mais prévient Dumbledore qu'il s'est condamné[86]. Dumbledore demande donc à Rogue, en tant que faveur, de mettre un terme à ses souffrances une fois le moment venu[86]. Il lui confie également ses plans concernant Harry Potter et les clés de sa victoire contre Voldemort, en précisant que ce plan ne devra être révélé au garçon qu'au tout dernier moment[87]. À la fin de l’année scolaire, des mangemorts pénètrent dans l'école tandis que Dumbledore et Potter reviennent de la grotte où Voldemort dissimulait le médaillon de Serpentard, un autre horcruxe qu'ils étaient partis chercher ensemble[88]. Dumbledore est tué par Rogue devant les mangemorts[89], sans que l'accord entre les deux hommes ne soit connu des autres membres de l’Ordre (ni du lecteur ou du spectateur à ce moment-là de l'histoire)[90]. Minerva McGonagall, chargée de prendre la direction de l'établissement, gère les funérailles et, prise de court, évoque avec Potter, Hagrid et les directeurs de maisons la possibilité de fermer l'école[91].
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+ Un hommage international est rendu à Dumbledore, qui est le seul directeur à avoir l’honneur d'être enterré dans l'enceinte même de Poudlard[92]. De nombreux sorciers et créatures du monde magique viennent lui rendre hommage[93] et Fumseck, son phénix, quitte définitivement les lieux au terme d'une lamentation[90]. L'année suivante, Rogue, qui est élu directeur de Poudlard par Voldemort, exécute en secret les dernières directives de Dumbledore afin de guider Harry Potter[86], mais Voldemort décide finalement de le tuer, pensant ainsi s'approprier le pouvoir de la baguette de sureau[94]. Potter, qui recherche Voldemort, est témoin de la scène. Juste avant de mourir, Rogue est approché par le garçon, à qui il confie ses souvenirs et le plan initial de Dumbledore consistant à le sacrifier[95],[96]. Potter parvient à récupérer et à détruire les horcruxes restants avec l'aide de ses amis, puis, résigné, retrouve Voldemort et se laisse atteindre par son sortilège mortel afin de détruire l'horcruxe qui se trouve en lui[97],[98]. Il échange avec Dumbledore dans les limbes[45], puis se réveille à Poudlard et affronte Voldemort pour la dernière fois. La baguette de sureau détenue par Voldemort refuse de lui obéir — Voldemort n'étant pas son propriétaire légitime — et le sort mortel se retourne contre son lanceur pour la seconde fois[99]. Victorieux, Potter échange avec le portrait de peinture de Dumbledore exposé dans le bureau des directeurs[100], en lui précisant qu'il remettra la baguette de sureau dans sa tombe afin qu'elle demeure à l'abri de toute autre convoitise[101]. Dans l'épilogue des Reliques de la Mort (dix-neuf ans plus tard[102]), Harry Potter rend hommage à Dumbledore en donnant son prénom à son second fils qu'il nomme Albus Severus (Severus, également en hommage à Rogue)[66],[102].
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+ Dumbledore apparaît dès le chapitre premier du roman Harry Potter à l'école des sorciers, publié en 1997[103]. Il est rapidement dépeint comme un guide, voire comme une figure paternelle pour le héros orphelin et encore bébé, qu'il vient confier aux derniers membres vivants de sa famille[S 7].
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+ Dans une interview en 1999, J. K. Rowling dit avoir imaginé le personnage comme ressemblant physiquement à l'acteur John Gielgud, en matière d'âge et de majesté[34]. Il est de notoriété publique que son autre source d'inspiration « réelle » aurait été l'ancien directeur de son école primaire de Winterbourne, Alfred Dunn[104],[105],[106], portant les mêmes initiales que le personnage mais ressemblant plutôt physiquement au comédien Arthur Askey selon le biographe Sean Harris[S 8]. Ce dernier précise également dans J. K. Rowling, la magicienne qui créa Harry Potter que l'une des véritables inspirations de l'écrivain pour Dumbledore aurait été son propre père, Peter Rowling[S 8]. Dans un épisode d'Invitation au voyage sur Arte, la réalisatrice Kareen Perrin Debock met en lumière un historien écossais du XVIIe siècle, Sir Robert Gordon — surnommé le « mage de Gordonstoun » —, en tant qu'inspiration pour Dumbledore[107]. De son côté, l'historien Robin Briggs, spécialiste des croyances populaires et de la sorcellerie en Europe depuis le XVIe siècle[108], pense que le véritable modèle pour Dumbledore est l'alchimiste John Dee, conseiller de la reine Élisabeth Ire[S 9].
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+ Rowling se plait à créer un personnage qui sache représenter « la quintessence du bien »[109] et sa propre vision du monde des sorciers dans lequel son héros évolue, puisque Dumbledore, considéré de prime abord comme un représentant typique du « vieux sage » traditionnel[S 10], sait « à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur l'univers de Harry Potter »[110].
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+ Dans les six premiers livres de Harry Potter, très peu d'informations sont divulguées au sujet de la famille de Dumbledore et son histoire personnelle, et le héros n'imagine pas que le sorcier « tout-puissant »[S 5], qu'il considère comme son mentor, puisse afficher une quelconque faiblesse ou posséder une part d'ombre[111],[112]. Les confessions finales de Dumbledore dans les limbes[45], ainsi que les articles de presse et sa biographie — Vie et mensonges d'Albus Dumbledore[113] — rédigés par la journaliste Rita Skeeter, mettent en lumière aux yeux de Harry Potter et du lecteur l'attirance du personnage pour le pouvoir des reliques de la Mort, sa fascination pour le jeune Gellert Grindelwald (devenu mage noir) et son détachement de sa propre famille[5].
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+ En octobre 2007, lors d'une lecture publique au Carnegie Hall de New York, J. K. Rowling déclare que le personnage de Dumbledore est gay, et qu'il était tombé amoureux de Grindelwald au cours de sa jeunesse[114], bien qu'elle n'en ait pas fait mention de manière explicite dans les romans, dont le dernier tome, Les Reliques de la Mort, est paru un peu plus tôt dans l'année[115]. À cette occasion, certains fans et critiques viennent remettre en doute la canonicité de cette information complémentaire[S 11], tandis que d'autres décèlent l'impact qu'elle peut avoir sur la bonne compréhension de l'intrigue et la psychologie du personnage[S 12] (voir § Controverse sur l'homosexualité du personnage).
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+ Lors d'une conversation filmée en 2011 avec Daniel Radcliffe (interprète de Harry Potter), Rowling précise que les dialogues de Dumbledore ont été les plus plaisants et les plus instinctifs à écrire, ce personnage exprimant en quelque sorte les paroles qu'elle-même avait parfois « besoin de dire et d'entendre »[116].
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+ À partir de 2018, pour la série de films Les Animaux fantastiques dont J. K. Rowling est scénariste[117], celle-ci prévoit de détailler davantage la période de la « jeunesse » du personnage (entre ses 45 et 65 ans) à partir du deuxième volet de la saga, Les Crimes de Grindelwald[118]. Pour cela, elle s'entretient avec son nouvel interprète Jude Law sur la meilleure manière de « reconstruire » le personnage[119], à une époque où Dumbledore est simple professeur à Poudlard[120]. Les films explorent la période plus troublée de sa vie, ainsi que la complexité de sa relation avec Grindelwald[119]. L'auteure, l'interprète et le réalisateur David Yates s'accordent sur le choix de ne pas reproduire le Dumbledore que les fans de Harry Potter connaissent et aiment, mais de créer le personnage « qui deviendrait ce Dumbledore »[119],[121],[122] (le « sage en attente », selon les termes de Rowling[122]).
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+ L'écrivain Travis Prinzi met en évidence dans son livre Harry Potter and Imagination : The Waybetween Two Worlds que Dumbledore aurait pour but d'apporter un ordre politique libertarien à Poudlard et dans le monde magique[S 13]. Dumbledore se méfie du pouvoir dont bénéficie le ministère, incite à la liberté individuelle, et son style de gestion — basé sur la non-intervention — correspondrait selon Prinzi aux croyances libertariennes[S 13]. Dans Les Reliques de la Mort, Dumbledore précise que le pouvoir était sa « faiblesse » et sa « tentation » au cours de sa jeunesse avec Gellert Grindelwald[45] et ajoute avoir plusieurs fois refusé le poste de ministre de la Magie, doutant de ses propres capacités à savoir gérer un tel pouvoir[45]. En parallèle, Dumbledore se montre tolérant envers les groupes minoritaires ou impopulaires[S 14], démontrant une attitude libertarienne envers la liberté individuelle et l'égalité de chacun des membres de la communauté magique[S 14].
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+ Dumbledore manifeste cependant, comme le souligne Prinzi, une volonté de laisser les gens placés sous son autorité « vivre et être libres » (ou choisir de le devenir ou non), sans établir de règles paternalistes[S 15]. Ainsi, même s'il n'approuve pas l'humiliation dont certains élèves peuvent être les sujets dans l'enceinte même de l’école — qu'elle soit infligée par d'autres élèves, ou même par certains professeurs —, Dumbledore n'intervient pas pour les protéger[S 16]. De la même manière, il fournit à Harry Potter les armes nécessaires pour vaincre Voldemort, mais la plupart du temps, n'intervient pas lui-même et demeure émotionnellement distant[S 16]. Selon Prinzi, Dumbledore se doit de « limiter l'usage de son pouvoir oppressif […] et se retenir d'interférer avec les choix que font les autres »[S 17], et notamment les choix de Harry. Dumbledore « prône la confiance en soi » (il se montre lui-même relativement orgueilleux[12],[13],[14]) et perçoit, d'une manière générale, l'opportunité de développer chez ses élèves « les compétences et la détermination personnelle nécessaires pour avancer dans un monde hostile »[S 17]. Ainsi, dans Les Reliques de la Mort, il confie à Severus Rogue qu'« il était fondamental de permettre [à Harry] d'éprouver sa force »[123].
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+ Selon J. K. Rowling, « bien que Dumbledore semble être un personnage bienveillant au cours des six premiers livres, c'est une figure machiavélique, qui tire beaucoup de ficelles »[124]. Pour Romain Brethes du magazine Le Point, Dumbledore — même s'il utilise cette capacité pour préserver la paix du monde magique — est un fin calculateur[S 18] : pour atteindre ses objectifs, il élabore des stratégies et des ruses qui tiennent compte des ressorts des hommes, et le succès de ses entreprises dépend en grande partie de « sa compréhension de l'âme humaine »[S 19].
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+ L'expérience et la sagesse de Dumbledore l'ont finalement amené à penser que ceux qui méritaient le plus le pouvoir étaient précisément « ceux qui le recherchaient le moins »[45]. Les professeurs de science politique David Lay Williams et Alan J. Kellner font le lien entre la philosophie de Rowling (à travers Dumbledore) et celle de Platon dans La République, en matière de jugement sur l'aptitude ou l'inaptitude à gouverner[S 20]. Selon eux, ce qui forge l'admiration du lecteur pour Dumbledore est « sa connaissance de lui-même » et par extension, de ses propres faiblesses[S 21]. Le personnage est amené à résister du mieux possible à la tentation du pouvoir pour privilégier la justice, le courage et la sagesse[S 21], bien que ce combat intérieur soit présent tout au long de la série, sans que le lecteur s'en aperçoive au cours de sa lecture (Dumbledore s'arrange pour posséder ou emprunter successivement les trois reliques[45] et ne résiste pas à la tentation, dans Le Prince de sang-mêlé, d'utiliser l'une d'entre elles au péril de sa vie[45]). En parallèle, l'enchantement de Dumbledore, permettant à la pierre philosophale de n'être trouvée que par quelqu'un qui n'a pas l'intention de l’utiliser, dévoile au lecteur que le héros n'a aucun désir égoïste et éprouve pour sa part un désintéressement total face au pouvoir[45],[S 22] :
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+ « Malgré toutes les tentations que tu as endurées, malgré toutes tes souffrances, tu as gardé un cœur pur, aussi pur que lorsque tu avais onze ans et que tu contemplais un miroir qui reflétait tes désirs les plus profonds […]. Harry, sais-tu combien sont rares les sorciers capables de voir ce que tu as vu dans ce miroir ?[85] »
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+ — Dumbledore, Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, chapitre 23.
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+ Le professeur et philosophe Gregory Bassham met en évidence dans Harry Potter, Mythologie et univers secrets le fait que Harry Potter est un récit initiatique personnel de son héros depuis les « apparences » jusqu'à la « réalité »[S 23]. L'élève de Dumbledore est amené « à lutter à plusieurs reprises avec son sens de l’identité », notamment dans La Chambre des secrets alors qu'il se découvre des caractéristiques en commun avec Voldemort et qu'il s'en inquiète[S 23]. Dumbledore, qui a lui-même été amené à faire des choix malheureux durant sa jeunesse, le rassure en insistant sur le fait que ses choix d'actions (dans un contexte d'alternatives présumées) apportent beaucoup plus d'informations sur sa personnalité que ses aptitudes[S 24],[S 25]. En l’occurrence, selon Bassham, les choix de Harry se sont avérés « extrêmement révélateurs de son caractère »[S 26]. Le philosophe et spécialiste de la série, Tom Morris, affirme que la réponse de Dumbledore est « l'une des idées philosophiques les plus importantes dans les livres Harry Potter »[S 27]. Pour Bassham, Dumbledore fait écho à l'analyse d'Aristote selon laquelle les choix « sont un caractère permettant, mieux que les actes, de porter un jugement sur la valeur morale »[S 25].
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+ Les sentiments d'amour, ou du moins de fascination (tels que décrits dans le septième livre[125]) que Dumbledore éprouvait pour Grindelwald l'ont aveuglé sur sa véritable nature (« Savais-je, au fond de mon cœur, qui était Gellert Grindelwald ? Je pense que oui, mais j'ai fermé les yeux »[48]). C'est lorsque survient la mort tragique d'un autre être aimé — celle de sa sœur Ariana en 1899[40] — que Dumbledore prend conscience du véritable visage de Grindelwald et décide de se détacher[50]. J. K. Rowling explique la psychologie de Dumbledore ainsi : « Il a complètement perdu son sens moral quand il est tombé amoureux et est devenu par la suite très méfiant vis-à-vis de ses propres jugements en la matière, menant le célibat et se plongeant dans ses livres »[126].
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+ Dans l'histoire des Animaux fantastiques, située dans les années 1920-1940, le personnage est en proie à une lutte intérieure[127]. Selon son interprète Jude Law, Dumbledore décide, à ce stade de sa vie, de s'endurcir[127]. Il fait néanmoins démonstration d'entrain et d'espièglerie, trouvant une forme de réconfort dans l'enseignement et dans l'interaction avec ses élèves[127],[128]. Selon Jude Law, Dumbledore fait preuve à 45 ans d'une grande chaleur de cœur et d'esprit, et d'une bonté « qui semble née de l'expérience et du chagrin d'un homme qui a traversé beaucoup d'épreuves »[127],[128].
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+ Dans Harry Potter, Dumbledore, alors plus âgé et « accompli »[129], tente de faire en sorte que ses émotions et ses craintes ne dictent plus sa conduite[S 28],[S 29]. Sa méfiance vis-à-vis de ses sentiments peut également expliquer la proportion de distance qu'il cherche à maintenir entre lui-même et le héros orphelin tout au long de la série[73],[S 29]. À la fin de L'Ordre du Phénix, alors que Dumbledore retient Harry Potter dans son bureau pour discuter de la mort de son parrain et de la prophétie, il s'excuse auprès du garçon pour sa distance, et la justifie par le fait que son attachement et sa responsabilité vis-à-vis de lui sont devenus des obstacles au bon déroulement de sa stratégie contre Voldemort[73],[S 29] :
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+ « […] Je me souciais davantage de ton bonheur que de t'apprendre la vérité, davantage de ta tranquillité d'esprit que de mon plan, davantage de ta vie que des autres vies qui seraient peut-être perdues si ce plan échouait. En d'autres termes, j'ai agi exactement comme Voldemort s'attend à ce que nous agissions, nous, les imbéciles qui éprouvons des sentiments d'amour[130]. »
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+ — Dumbledore, Harry Potter et l'Ordre du Phénix, chapitre 37.
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+ Jean-Claude Milner, auteur de Harry Potter. À l'école des sciences morales et politiques, précise que le « plan » de Dumbledore reposait exclusivement sur Severus Rogue et sur Harry Potter[S 19], non pas pour leurs capacités en matière de magie, mais pour une force qu'ils possédaient en commun et qui lui apparaissait essentielle : l'amour de Rogue pour Lily Potter, et la personnalité de Harry Potter bâtie sur l’amour que lui portaient ses parents[S 19]. Pour le philosophe Tsolag Paloyan, « Dumbledore est régi par une morale conséquentialiste. […] Il est prêt à sacrifier Harry pour un but plus grand, pour une vision du monde qui dépasse la vie humaine. Alors que les motivations de Rogue, elles, sont intimes et émotionnelles »[S 28]. Ce dernier se montre d'ailleurs choqué lorsque Dumbledore lui avoue finalement son plan, consistant à sacrifier Harry Potter pour vaincre Voldemort[131]. Selon Milner, Dumbledore maîtrise le discours et use de mots choisis pour convaincre ces deux personnages de suivre son idée, en fonction de ce qui anime le plus favorablement l'un et l'autre[S 19]. Sigrun Strunk ajoute, dans Le monde magique de J. K. Rowling: Interprétation des romans, que Dumbledore cache sa propre souffrance sous le sarcasme[S 29] (« Ne soyez pas choqué, Severus. Combien d'hommes et de femmes avez-vous vus mourir ? »[131]), tout en mettant en valeur la réaction de Rogue et en ayant des difficultés à l'informer de sa décision (il n'y parvient qu'en fermant les yeux[98],[S 29]). À partir de cet instant, le « vieil homme sage » perd aux yeux du lecteur son aspect stéréotypé pour adopter un profil à la fois plus humain et plus terrifiant[S 29]. Ses décisions ne sont plus justifiées par son rôle premier, mais par son histoire personnelle[S 29].
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+ Sigrun Strunk souligne le fait que l’amour dans la vie de Dumbledore n'a eu que des conséquences dramatiques[S 29]. Mais même s'il s'agit de sa « grande tragédie » (comme l’appuie J. K. Rowling[114]) et qu'il prend garde à maintenir l'amour à distance de sa propre vie[S 29], le personnage demeure paradoxalement un fervent défenseur de ce même sentiment chez les autres, et considère que l'amour est la plus puissante forme de magie qui puisse exister[S 29],[132]. J. K. Rowling insiste d'ailleurs sur l'utilité des paroles de Dumbledore et l'influence qu'elles peuvent avoir sur la mentalité et le développement personnel du jeune Harry Potter : « […] Quand j'écris [par l'intermédiaire de Dumbledore] que Harry a été formidablement aimé au début de sa vie, c'est important. Cela lui aura assuré une protection dans le sens où son cerveau s'est développé différemment de celui de Voldemort, qui lui a été placé dans un orphelinat dès sa naissance[133] ». Ainsi, Dumbledore est convaincu de la fiabilité de Rogue en raison de ses sentiments envers Lily Potter, et rappelle inlassablement au héros la puissance innée de sa propre capacité à aimer ses proches[134],[135], une capacité qui contribue finalement à le rendre plus puissant que Lord Voldemort[85],[136].
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+ Selon David Colbert, auteur du livre Les Mondes magiques de Harry Potter, Dumbledore est un sorcier s'inscrivant « dans la plus pure tradition de la légende »[S 30]. Dans son essai[S 10], Sigrun Strunk ajoute que Dumbledore correspondrait à ce que Marie-Louise von Franz (auteure de L'interprétation des contes de fées) décrit comme un représentant typique du « vieux sage » des contes traditionnels : « un personnage bienveillant qui apparaît quand le héros en difficultés a besoin d'aide et de conseils. Il symbolise la concentration de la puissance mentale et de la réflexion dirigée : plus important encore, il introduit une pensée spontanément objective »[S 31].
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+ Ainsi, Dumbledore a été régulièrement rapproché de Merlin[S 30], de Gandalf[S 30],[137] (Tolkien), de Panoramix[S 10] (Astérix) ou même d'Obi-Wan Kenobi[S 30] (Star Wars).
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+ Pour l'écrivain Phyllis D. Morris, la similitude entre Dumbledore et le personnage de Merlin l'enchanteur dans L'Épée dans la pierre de T. H. White demeure sans doute la plus évidente, de par leur instinct de protection envers le jeune héros ou leur très forte ressemblance physique (longues barbes blanches et yeux bleus)[S 32]. Merlin est le mentor et guide du Roi Arthur tout comme l'est Dumbledore pour Harry[S 32]. De nombreuses autres similitudes sont présentes entre les deux œuvres : dans L'Épée dans la pierre, le jeune Arthur Wart, orphelin et débraillé, rencontre le vieux Merlin — doué de métamorphose et relativement distrait[S 32] — et le suit dans son château afin de recevoir son éducation. L'histoire de White met également en scène « l'un des duels les plus hallucinants de la littérature »[S 33] entre Merlin et Madame Mim, où l'objectif est de se métamorphoser en un animal, un végétal ou un minéral capable de détruire l'adversaire à la suite de sa propre transformation[S 33]. Merlin provoque la confusion de Mim par une succession de métamorphoses improbables et aussi rapides que sa pensée[S 34]. Selon Colbert, ce duel pourrait s’apparenter à un duel d'Animagi chez Rowling[S 33].
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+ Le 19 octobre 2007, soit postérieurement à la publication du dernier tome de la série Harry Potter, J. K. Rowling a fait une brève lecture publique de passages de ce livre au Carnegie Hall de New York. Elle a répondu à un jeune garçon lui demandant si Dumbledore était jamais tombé amoureux, qu'elle avait toujours pensé que le personnage était gay et que ses sentiments pour Grindelwald l'avaient empêché de le juger objectivement[114].
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97
+ « Pour dire la vérité, j'ai toujours pensé que Dumbledore était gay... Dumbledore est tombé amoureux de Grindelwald, et en a été horrifié quand Grindelwald s'est montré sous son vrai visage. Dans une certaine mesure, peut-on dire qu'il s'agit d'une excuse pour Dumbledore parce que tomber amoureux peut nous rendre aveugle ? Il a rencontré quelqu'un d'aussi brillant que lui et a été très attiré, puis horriblement, terriblement déçu par cet homme. Oui, c'est ainsi que j'ai toujours vu Dumbledore[114]. »
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99
+ — J. K. Rowling au Carnegie Hall en 2007.
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101
+ À la suite d'une réaction immédiate et disproportionnée (5 500 messages en deux jours sur les sites de fans The Leaky Cauldron et MuggleNet, des articles de presse, des reportages télévisés et un éditorial dans le New York Times, notamment[S 11]), certains critiques ont suggéré qu'il aurait pu s'agir d'un « coup de pub »[S 35]. Une lectrice a réagi sur l'article de Newsweek en précisant qu'« exiger la propriété et le droit de définir ou redéfinir ces personnages comme elle les voit finalement est comme exiger un contrôle absolu sur l'expérience littéraire de ses lecteurs »[S 11]. Mike Thomas, de l'Orlando Sentinel, a fait remarquer de son côté l'habileté avec laquelle Rowling a créé un personnage gay sans avoir à l'étiqueter ainsi[S 36]. Lorsqu'une internaute a fait part à J. K. Rowling sur son compte Twitter de son incapacité à voir Dumbledore « comme tel », l'auteure a répondu : « Peut-être parce que les personnes homosexuelles ressemblent juste à... des personnes ? »[138].
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103
+ Mark Harris, d'Entertainment Weekly, est d'avis que le choix de faire d'un enseignant-mentor aimé un homosexuel « dans un monde où les enseignants gays sont encore couramment accusés d'avoir une influence pernicieuse » était délibéré[S 37]. Selon l'étude de la philosophe Tamar Gendler présentée dans Harry Potter, Mythologie et univers secrets, J. K. Rowling « attire ses lecteurs vers un acte de tolérance involontaire » en présentant Dumbledore comme un personnage « à qui les lecteurs peuvent s'identifier »[S 12]. Elle les pousse à reconnaître que, comme les couples interraciaux de l'histoire pour lesquels « la tolérance est clairement la norme » puisqu'« on ne les mentionne même pas », l'orientation sexuelle de Dumbledore — ou d'un autre personnage — n'avait pas lieu d'être mentionnée explicitement dans les livres[S 12]. Gendler ajoute que l'on pourrait argumenter contre l'affirmation que Dumbledore est gay en jouant sur le fait que l'information n'était pas indispensable pour la bonne compréhension de la série, « mais il semble clair [d'après la seconde moitié de la déclaration de Rowling au Carnegie Hall] que l'amour de Dumbledore pour Grindelwald a un impact important sur l'intrigue »[S 12].
104
+
105
+ Quelques années plus tard, lors d'une interview filmée en compagnie de Daniel Radcliffe, l'auteure revient sur cette révélation et sur les réactions qui en ont découlé :
106
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107
+ « Cette information sur le personnage a été dite parce que quelqu'un a demandé : « Dumbledore a-t-il jamais été marié ? », ce qu'on ne m'avait jamais demandé auparavant. […] C'est un homme qui a un travail extrêmement difficile à effectuer, et savoir qu'il est homosexuel n'était pas pertinent. À quoi pensez-vous que l'homosexualité ressemble pour dire : « Pourquoi ne l'a-t-on pas deviné ? » […]. Je l'ai toujours vu comme quelqu'un de très seul. J'ai simplement laissé la question ouverte pour qu'un lecteur plus matérialiste puisse voir ce qu'il y avait dans cette relation [avec Grindelwald], et peut-être qu'un gamin de neuf ans trouvera tout simplement qu'il fait un ami merveilleux et digne de confiance[139]. »
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109
+ — J. K. Rowling en 2012.
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111
+ Lorsque David Yates, réalisateur de la nouvelle série de film Les Animaux fantastiques, a déclaré en juin 2018 que l'homosexualité du personnage ne serait pas non plus abordée « de manière explicite »[140] dans le second film (où Dumbledore apparaît pour la première fois depuis Harry Potter), de nombreux fans et militants LGBT s'en sont indignés[140],[141]. Jude Law, qui interprète le personnage dans la série, répond que « votre sexualité ne vous définit pas nécessairement ; surtout que Dumbledore est un personnage aux multiples facettes »[142]. Une opinion à laquelle vient s'opposer celle du journaliste Caspar Salmon (The Guardian), qui pense que « l'intérêt d'être en minorité est que vos caractéristiques vous décrivent ; toute votre identité est marquée par la différence ou l'opposition »[S 38]. En 2019, dans un documentaire intitulé Distinctly Dumbledore (figurant parmi les bonus du film Les Crimes de Grindelwald), Rowling confirme la relation intense, voire charnelle, qui existait jadis entre Dumbledore et Grindelwald[143]. Elle précise une nouvelle fois attacher moins d'intérêt à leur sexualité qu'au sens des émotions qu'ils ressentaient l'un pour l'autre[144],[143]. Certains fans se montrent cependant agacés, considérant que de tels détails sur la vie de Dumbledore devraient être abordés davantage dans l'œuvre plutôt qu'en parallèle de celle-ci[145],[146].
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+ Depuis 2001 et le début de l'adaptation du monde des sorciers au cinéma, Albus Dumbledore a été interprété par plusieurs acteurs : Richard Harris puis Michael Gambon pour les films Harry Potter entre 2001 et 2011, et Jude Law dans la série Les Animaux fantastiques à partir de 2018.
114
+
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+ Principaux interprètes de Dumbledore au cinéma.
116
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+ Richard Harris (2001 et 2002).
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+ Michael Gambon (2004 à 2011).
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+ Jude Law (à partir de 2018).
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+ Dans les films Harry Potter, le personnage d'Albus Dumbledore a d'abord été interprété par l'acteur irlandais Richard Harris, encouragé par sa petite-fille de onze ans[147].
124
+
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+ Les deux premiers films, réalisés par l'américain Chris Columbus[148], sont assez fidèles à J. K. Rowling dans la description de Dumbledore, qui apparaît pourvu d'une longue barbe blanche et vêtu de robes de sorciers plus ou moins colorées, de lunettes en demi-lune et d'un chapeau pointu[149]. Richard Harris donne une interprétation particulièrement douce et paisible du personnage, accentuant son aspect bienveillant[150]. Malgré le fait d'avoir été diagnostiqué avec le lymphome de Hodgkin[151], il demande à son filleul et producteur David Heyman, au tout début du tournage du Prisonnier d'Azkaban, de ne pas le remplacer[152]. Cependant, Richard Harris meurt des suites de sa maladie en octobre 2002[151], ce qui contraint l'équipe à se mettre en quête d'un nouvel interprète.
126
+
127
+ Ian McKellen et Christopher Lee, qui interprétaient respectivement Gandalf et Saroumane dans Le Seigneur des anneaux de Peter Jackson, furent tous deux pressentis pour reprendre le rôle de Dumbledore[153],[154]. La famille de Richard Harris avait exprimé quant à elle son souhait de voir Peter O'Toole reprendre le rôle[155]. C'est Michael Gambon qui fut finalement choisi, quatre mois après le début du tournage du troisième film[156]. Gambon a alors dépeint Dumbledore à sa manière, en lui donnant un léger accent irlandais[152] et en insistant davantage sur le côté à la fois plus malicieux et plus nuancé du personnage[150]. L'acteur a cependant été critiqué par la suite pour avoir livré une interprétation de Dumbledore jugée trop forte et agressive[157].
128
+
129
+ Dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 1, l'acteur Toby Regbo apparaît brièvement sur une photographie en tant que jeune Dumbledore[158],[159], aux côtés de Jamie Campbell Bower interprétant le jeune Grindelwald[160]. Toby Regbo n'a pas été crédité.
130
+
131
+ Les films comprennent quelques différences fondamentales avec les livres et écartent les passages détaillant le passé de Dumbledore et son attirance pour le pouvoir. Dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 2, lorsque Harry Potter se retrouve dans les limbes (dans une gare de King's Cross immaculée), Dumbledore ne lui raconte rien sur l’histoire de sa famille, sa rencontre avec Gellert Grindelwald ou sa fascination pour les reliques de la Mort, détails qui constituent pourtant la majorité du chapitre King's Cross du dernier livre[161]. De même, et de manière paradoxale, Abelforth Dumbledore n'éclaire pas le spectateur sur l'histoire de sa sœur Ariana, tout en mentionnant cette dernière et en accablant son défunt frère pour ce qu'il lui est arrivé[161]. Le scénario du Prince de sang-mêlé prend d'autres libertés en montrant un intérêt marqué du personnage pour les relations amoureuses du héros (dans la scène du métro ou dans le bureau de Dumbledore), tandis que les livres mettent en évidence pour leur part le fait que Dumbledore s'emploie à demeurer émotionnellement détaché de Harry Potter[S 16].
132
+
133
+ Richard Harris et Michael Gambon sont tous les deux doublés en versions francophones par les comédiens Marc Cassot (versions françaises) et Hubert Fielden (versions québécoises)[162],[163].
134
+
135
+ À partir de 2016, David Yates[164] (réalisateur des dernières adaptations de Harry Potter) est choisi pour réaliser une nouvelle série de films dérivés, Les Animaux fantastiques, dont les créatures présentes sont plus ou moins adaptées du livre-guide éponyme de J. K. Rowling publié en 2001[165]. Sur ce projet, Rowling devient elle-même scénariste d'une histoire inédite[165], qu'elle écrit au fur et à mesure de la sortie des films et dont l’action se déroule entre 1926 et 1945[166], soit soixante-cinq ans avant celle de Harry Potter[167]. Le personnage de Dumbledore est mentionné dans le premier film, et fait sa première apparition dans le second, intitulé Les Crimes de Grindelwald (2018), où il agit comme conseiller auprès de son ancien élève Norbert Dragonneau, afin de contrer Gellert Grindelwald[168].
136
+
137
+ Alors que les internautes et la presse pensaient que le personnage plus jeune serait interprété par Jared Harris (fils de Richard Harris) ou Ewan McGregor, la production des Animaux fantastiques a annoncé le 12 avril 2017 via le site Pottermore que l'acteur Jude Law était finalement choisi[169]. David Yates approuve ce choix : « Je sais qu'il saura brillamment capturer les facettes inattendues d’Albus Dumbledore que J. K. Rowling va dévoiler à cette période très différente dans la vie du personnage[170] ». Pour le producteur David Heyman, le choix de l’acteur s'imposait en raison de sa justesse et son charisme, essentiels pour incarner Dumbledore : « Il est espiègle, il a une étincelle dans l’œil et son alchimie avec Eddie [Redmayne] était palpable »[171].
138
+
139
+ Lorsqu'il est choisi, l'acteur britannique est déjà familiarisé avec l'univers de Harry Potter et les précédentes interprétations du personnage[142]. Il rencontre néanmoins J. K. Rowling peu de temps après le début du tournage afin d'obtenir une idée plus précise du parcours de Dumbledore, ainsi que de son état d'esprit et de ses sentiments au cours de l’époque décrite[142].
140
+
141
+ Toby Regbo, apparu précédemment en caméo dans Harry Potter et les Reliques de la Mort, partie 1 en tant que jeune Dumbledore, reprend ce rôle pour les scènes de souvenirs des Animaux fantastiques[172].
142
+
143
+ Dans cette série, Dumbledore ne porte pas de robes dans les tons pourpre telles qu’il en portait dans les films Harry Potter[173]. La costumière Colleen Atwood explique le choix d'un costume « plus doux » et dans les tons gris, correspondant davantage à un homme plus accessible : « Il n’était pas encore ce sorcier de haut-rang à l’époque. C’est encore un jeune enseignant que tous les enfants adorent parce qu’il est plutôt cool, abordable et ouvert aux outsiders ainsi qu’aux individus pourvus de dons différents. Jude [Law] souhaitait donc l’humaniser un peu plus »[173].
144
+
145
+ Jude Law est doublé en versions francophones par les comédiens Alexis Victor (version française) et Maël Davan-Soulas (version québécoise)[174],[175].
146
+
147
+ Sources primaires
148
+
149
+ Sources secondaires
150
+
151
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
152
+
153
+ Romans
154
+
155
+ Script
156
+
157
+ Études
158
+
159
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160
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170
+
171
+ La Coupe de feu (2000)
172
+
173
+ L'Ordre du Phénix (2003)
174
+
175
+ Le Prince de sang-mêlé (2005)
176
+
177
+ Les Reliques de la Mort (2007)
178
+
179
+ L'Enfant maudit (2016)
180
+
181
+ Vie et habitat des animaux fantastiques (2001)
182
+
183
+ Les Animaux fantastiques (2016)
184
+
185
+ Les Crimes de Grindelwald (2018)
186
+
187
+ Les Animaux fantastiques 3 (2021)
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+
3
+ Les chutes du Niagara[1] ou chutes Niagara (toponyme officiel au Canada[2],[3]) (en anglais : Niagara Falls) sont un ensemble de trois chutes d’eau situées sur la rivière Niagara qui relie le lac Érié au lac Ontario, dans l’est de l’Amérique du Nord, à la frontière entre le Canada et les États-Unis :
4
+
5
+ Bien qu’elles ne soient pas particulièrement hautes, les chutes du Niagara sont très larges. Avec un débit[4] de plus de 2 800 m3/s, elles sont les chutes les plus puissantes d’Amérique du Nord[N 1] et parmi les plus connues[5] à travers le monde.
6
+
7
+ Renommées pour leur beauté, les chutes du Niagara sont aussi une source immense d’énergie hydroélectrique et leur préservation est un défi écologique. Cette merveille naturelle, haut-lieu du tourisme depuis plus d’un siècle, est partagée par les villes jumelles de Niagara Falls (New York) aux États-Unis et Niagara Falls (Ontario) au Canada.
8
+
9
+ Les chutes du Niagara, ainsi que la rivière Niagara et les Grands Lacs nord-américains, sont apparues lors de la déglaciation qui a suivi la période glaciaire du
10
+ Wisconsin, il y a environ 30 000 à 50 000 ans. Durant cette période, cette région était couverte par un énorme glacier continental (inlandsis laurentidien) qui en fluant vers le sud depuis le territoire canadien oriental a broyé et transporté roches et sols sur son parcours. Il a surcreusé des vallées, emplacements des futurs lacs, et en a barré d’autres par des moraines.
11
+
12
+ Pendant et après la fonte de l'inlandsis, les cours d’eau ont dû se frayer un chemin vers le nord-ouest, dans une topographie bouleversée, en incisant de nouveaux lits. La localisation actuelle du canal Welland correspondrait à une ancienne vallée. Les flots provenant des Grands Lacs en amont formèrent l’actuelle rivière Niagara. Celle-ci ne pouvant plus suivre son ancienne vallée remblayée emprunta alors un nouvel exutoire passant par un escarpement de regard nord qu'il éroda en gorges. Cet escarpement est un front de cuesta dû à un pendage monoclinal vers le sud[6] et à la résistance de la formation géologique du Lockport[7] (-415 millions d’années, Silurien), résistante à l'érosion, entre le lac Érié et le lac Ontario. La partie inférieure de l'escarpement, composée de roches marines largement antérieures à la dernière glaciation, a ainsi été soumise à l'érosion de la rivière Niagara. Trois principales formations géologiques sont à l'affleurement dans les gorges du Niagara.
13
+
14
+ La rivière nouvellement établie rencontra d'abord la résistante formation du Lockport, dont l’érosion se fit beaucoup plus lentement que celle des roches plus tendres situées en dessous. La photo aérienne montre clairement le chapeau rocheux composé de la roche dure de la formation de Lockport (Silurien moyen), en amont des rapides. Son dénivelé représente environ le tiers supérieur de la hauteur des chutes. Cette formation est composée d’une couche très dense et très dure de calcaire et de dolomite.
15
+
16
+ Les deux tiers inférieurs de l'escarpement laissent apparaître la formation de Rochester (Bas Silurien), une couche beaucoup plus tendre et friable, avec un pendage plus fort. Elle est principalement composée de marne, bien qu’entrecoupée de fines couches de pierre calcaire, et contient de nombreux fossiles. Cette couche s'érodant plus rapidement, la rivière a contourné de part et d'autre l'éminence rocheuse dure et a creusé les chutes.
17
+
18
+ Submergée sous la rivière, dans la vallée inférieure, à l’abri des regards, se situe la formation de Queenston (Ordovicien supérieur), composée de schistes et de grès fins. Les trois formations proviennent d’une ancienne mer, et leurs différents faciès sont issus d’un changement de conditions de cette mer.
19
+
20
+ À l’origine, les chutes du Niagara étaient proches du site actuel de Lewiston dans l'État de New York et de Queenston en Ontario, mais l’érosion de ces crêtes a causé le recul des chutes d’eau de quelques kilomètres. Juste en amont de l’endroit actuel des chutes, Goat Island divisa le courant de la rivière Niagara, ce qui eut pour conséquence de séparer le « Fer à Cheval » à l’ouest des chutes américaines et Bridal Veil à l’est. Bien que l’érosion et la récession des chutes aient été ralenties dernièrement grâce aux nouvelles technologies, les chutes vont sans doute reculer assez loin pour drainer la plupart du lac Érié, dont le fond est plus profond que la hauteur des chutes. Les ingénieurs s’efforcent aujourd’hui de réduire le taux d’érosion pour retarder cet événement aussi longtemps que possible.
21
+
22
+ Les chutes tombent d’une hauteur de 52 mètres (170 pieds), bien qu'en ce qui concerne les chutes américaines l’on ne puisse voir clairement qu'une hauteur de 21 mètres (70 pieds) avant que l'eau n’atteigne un amas de roches brisées provenant d’un énorme rocher tombé en 1954. Les chutes canadiennes, les plus larges, ont une longueur d’environ 792 mètres (2 600 pieds), alors que les chutes américaines sont larges seulement de 323 mètres (1 060 pieds). Le débit des chutes durant la haute saison est de 5 720 m3/s. Pendant l’été, lors de la déviation maximale de l'eau servant à la production hydroélectrique, le débit chute à 2 832 m3/s, dont près de 90 % passent par « le Fer à Cheval ». Ce débit est encore divisé par deux durant la nuit, quand la majeure partie de la déviation de l'eau à des fins hydroélectriques se produit.
23
+
24
+ Le mot « Niagara » pourrait venir du mot iroquoien Onguiaahra, mais aucune explication n'est définitivement acceptée[8].
25
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26
+ Le nom autochtone Onguiaahra apparaît, dans les écrits du prêtre jésuite Jérôme Lalemant en 1641, mais il ne dit rien de sa signification. L'historien Alun Hughes a constaté que deux interprétations prédominent[8] :
27
+
28
+ Au moment de l'arrivée des Français, les habitants de cette région étaient les Ongiara, une tribu faisant partie de la confédération des « Neutres ».
29
+
30
+ À l'époque de Champlain, on y réfère par « sault Mocosans », de Mocosa, le nom ancien de la Virginie[9].
31
+
32
+ Dans les relations des Jésuites, on trouve ce passage au sujet du père Brébeuf : « D'autres disaient, qu'Echon, après avoir fait mourir par maladie une partie des Hurons, était allé faire alliance avec les Sonont8ehronons, qui sont une Nation d'Iroquois, la plus redoutée et la plus voisine de nos Hurons, comme n'étant éloigné que d'une journée du dernier bourg de la Nation Neutre du côté de l'Orient, nommé Onguiaahra, du même nom que la Rivière. Qu'il les était allé trouver pour leur faire présent de colliers de pourcelaine et fers de flèche, et les exciter à venir achever de ruiner le pays. »
33
+
34
+ Les relations des Jésuites, contiennent la note suivante des éditeurs : « Le nom Niagara, ou Onguiahra, est généralement considéré comme étant d'origine mohawk (ou neutre apparenté) et signifiant « cou », ce qui fait référence à la bande de terre entre les lacs Érié et Ontario, coupée par cette rivière. Le village le plus à l'est des Neutres, probablement près des chutes, portait le même nom[10]. »
35
+
36
+ Pour l'historien Lucien Campeau, le nom de Niagara proviendrait d'une nation neutre représentée chez Paul Le Jeune par « Ongmarahronon, qui est une mauvaise lecture d'Onghiarahronon, nation vivant dans un seul bourg et qui a donné le nom de Niagara »[11]. L'anthropologue Bruce Trigger écrit : « ... Des cartes françaises de la fin du XVIIe siècle semblent indiquer le nom et l'emplacement de trois d'entre elles (tribus confédérées neutres). Ce sont la tribu Attiragenrega,.... la tribu Antouaronon,... et la tribu Niagagarega qui est juste à l'ouest de la rivière qui porte encore son nom. »[12].
37
+
38
+ L'orthographe moderne de « Niagara » est mentionnée pour la première fois dans un mémoire de La Chesnaye, en 1676[13] ; et dans des livres imprimés, dans « Louisiane » de Hennepin, en 1683.
39
+
40
+ Le nom « Niagara » apparaît sur la Carte de la Nouvelle France et de la Louisiane nouvellement découverte / par le révérend père belge Louis Hennepin de 1683[14] ; sur une autre de Coronelli, en 1688 (voir illustration ci-contre).
41
+
42
+ Une polémique existe pour savoir quel Européen fut le premier à fournir des descriptions écrites et orales des chutes du Niagara. Samuel de Champlain eut connaissance de Niagara par ses échanges avec des autochtones. « Ce ne peuvent être aussi que les Hurons qui ont révélé à Champlain l'existence d'une route fluviale reliant sans interruption le lac Huron au fleuve Saint-Laurent. Même les chutes du Niagara ont dû alors lui être signalées, car il dessinera clairement une cascade sur sa carte de 1632,... »[11] Le cartographe Guillaume Delisle compila les renseignements des récits de Champlain et de Cartier sur une carte sur laquelle apparaît un saut d'environ une lieue de large, d'où il descend un très grand courant dans le grand lac[15].
43
+
44
+ Le 2 novembre 1640, le père Jérôme Lalemant décrit la rivière Niagara comme élément du système hydrologique à l'origine du fleuve Saint-Laurent : « Cette rivière ou fleuve est celui par lequel se décharge notre grand lac des Hurons ou mer Douce, qui se rend premièrement dans le lac Erié ou de la nation du Chat, et jusque-là elle entre dans les terres de la nation Neutre et prend le nom d'Onguiaahra, jusqu'à ce qu'elle se soit déchargée dans l'Ontario ou lac de Saint-Louis, d'où enfin sort le fleuve qui passe devant Quebek, dit de Saint-Laurent. De sorte que si une fois on était maître de la côte de la mer (le lac Ontario) plus proche de la demeure des Iroquois, on monterait par le fleuve de Saint-Laurent, sans danger, jusqu'à la nation Neutre, et au-delà de beaucoup, avec épargne notable de peine et de temps[16]. »
45
+
46
+ Le Père Ragueneau écrivait du pays des Hurons, le 16 avril 1648 : « De la nation Neutre, tirant jusqu'au midi, on trouve un grand lac quasi de deux cents lieues de tour, nommé Erié, qui se forme de la décharge de la Mer Douce, et qui va se précipiter par une chute d'eau d'une effroyable hauteur dans un troisième lac nommé Ontario, que nous appelons lac Saint-Louis. Ce lac nommé Erié était autrefois habité, en ses côtes qui sont vers le midi, par de certains peuples que nous nommons la nation du Chat, qui ont été obligés de se retirer bien avant dans les terres pour s'éloigner de leurs ennemis, qui sont plus vers l'occident. Ces gens de la nation du Chat ont quantité de bourgades arrêtées, car ils cultivent la terre et sont de même langue que nos Hurons."[17],[18]. »
47
+
48
+ Paul Ragueneau visita les chutes 35 ans avant Hennepin[19],[20] Le père Louis Hennepin observa et décrivit les chutes du Niagara beaucoup plus tard, en 1678[21], après avoir parcouru la région avec l’explorateur René Robert Cavelier, sieur de la Salle, le soumettant ainsi à l’attention du monde entier.
49
+
50
+ Hennepin fut aussi le premier à décrire les chutes de Saint Anthony dans le Minnesota. Il revendiqua par ailleurs avoir descendu le fleuve Mississippi jusqu’au golfe du Mexique, ce qui fut ultérieurement réfuté et porta le doute sur la validité de ses écrits et croquis des chutes du Niagara.
51
+
52
+ Certains attribuent au naturaliste finno-suédois Pehr Kalm la description originale manuscrite faite lors d’une expédition dans la région au début du XVIIIe siècle.
53
+
54
+ Pendant le XIXe siècle, le tourisme devint populaire, et ce fut une des zones touristiques les plus visitées à partir du milieu du siècle. Le frère de Napoléon, Jérôme Bonaparte les visita avec sa jeune femme au début du XIXe siècle[22]. Les nombreuses réclamations pour la création d'un passage au-dessus de la rivière Niagara ont conduit, en 1848, à la construction d'une passerelle puis à la construction du « pont suspendu de Niagara » par Charles R. Ellet.
55
+
56
+ Il fut supplanté, en 1855, par le « pont suspendu des chutes Niagara » du germano-américain John Augustus Roebling. En 1886, Leffert Buck remplaça le pont de Roebling fait de bois et de pierre par un pont en acier qui aujourd’hui encore continue de transporter des trains au-dessus de la rivière Niagara. La première voûte en acier construite à côté des chutes fut achevée en 1897. Aujourd'hui connu comme le Whirlpool Rapids Bridge (pont des rapides tourbillonnants), il transporte des véhicules, des trains, ainsi que des piétons entre le Canada et les États-Unis en passant juste au-dessous des chutes. En 1941, la « Commission des ponts des Chutes du Niagara » réalisa la troisième traversée dans la région des chutes du Niagara avec le Rainbow Bridge (pont de l'arc-en-ciel), qui transporte à la fois des piétons et des véhicules[23].
57
+
58
+ Les chutes font l'objet d'innombrables histoires, une des plus intéressantes raconte le jour où elles ont cessé de couler. Le 29 mars 1848, le grondement habituel des chutes s'est arrêté. Le flot des chutes avait fait place à un mince filet d'eau. Les gens ont accouru en foule pour observer ce phénomène invraisemblable. Certains l'ont vu comme un signe que la fin du monde approchait. D'autres se sont amusés à traverser à maintes reprises le lit de la rivière, acte qui aurait normalement causé la mort de quiconque aurait tenté de le faire. On a découvert une multitude d'objets au fond de la rivière tarie, notamment des baïonnettes, des fusils, des tomahawks et d'autres artéfacts datant de la guerre anglo-américaine de 1812. Un encombrement de la rivière par de la glace s'était formé en amont, à l'embouchure de la rivière Niagara et du lac Érié, et empêchait les eaux de descendre la rivière. Pendant la nuit du 31 mars, la glace a cédé et la rivière a recommencé à couler jusqu'aux chutes.
59
+
60
+ En particulier après la Première Guerre mondiale, le tourisme a connu un nouveau boom car les automobiles rendirent l'accès aux chutes beaucoup plus aisé.
61
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62
+ L'histoire des chutes du Niagara, au XXe siècle, est en grande partie liée aux efforts faits pour capter l'énergie des chutes pour l'énergie hydroélectrique et pour maîtriser le développement effréné de chaque côté — américain et canadien — qui menaçait la beauté naturelle du site.
63
+
64
+ Le 5 août 1951, William « Red » Hill Jr perd la vie en tentant de sauter les chutes dans un cylindre formé de 13 chambres à air reliées et retenues par un filet, appareil bricolé sans grand moyen qu'il a baptisé « the Thing » (la « Chose ») et qui se révèle insuffisamment robuste pour supporter le choc des chutes. À la suite de cette mort, toute tentative d'acrobatie de la part du public est interdite sur les chutes.
65
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66
+ La puissance considérable déployée par les chutes a depuis longtemps été utilisée comme source d'énergie. C'est ainsi que, dès 1759, Daniel Joncairs construisit un petit canal en amont des chutes dans le but d'alimenter sa scierie. Plus tard, en 1805, Augustus et Peter Porter rachetèrent au gouvernement de l'État de New York l'ensemble des chutes du côté américain et agrandirent le petit canal afin de constituer de l'énergie hydraulique pour leur tannerie. En 1853, la Niagara Falls Hydraulic Power and Mining Company fut créée, qui par la suite construisit les canaux qui seraient utilisés pour produire de l'électricité. En 1881, sous la conduite de Jacob Schoellkopf, suffisamment de puissance était produite pour envoyer du courant continu afin d'éclairer les deux côtés des chutes et le village voisin, Niagara Falls.
67
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68
+ Quand Nikola Tesla, pour qui un mémorial fut construit plus tard dans la ville de Niagara Falls, a inventé le système triphasé du courant alternatif pour le transport de l'énergie, le transport à distance de l'électricité est devenu possible. En 1883, la Niagara Falls Power Company, un successeur de la compagnie de Schoellkopf, engage George Westinghouse afin de développer un système visant à produire du courant alternatif. En 1886, grâce à l'aide de financiers célèbres comme J.P. Morgan, John Jacob Astor IV et les Vanderbilts, d'immenses conduits souterrains furent construits, menant à des turbines pouvant générer jusqu'à 100 000 chevaux-vapeurs (75 MW), et pouvant fournir en électricité une ville comme Buffalo à 32 km de là. Du côté canadien certaines compagnies privées commencèrent aussi à exploiter l'énergie hydraulique des chutes en employant soit des entreprises américaines, soit des entreprises du cru, dans leurs efforts. Le gouvernement de la province d'Ontario décida finalement de nationaliser la distribution d'électricité en 1906, approvisionnant ainsi toute la province en électricité produite par le Niagara. Au XXIe siècle, entre 50 % et 70 % du débit de la rivière sont détournés dans quatre tunnels gigantesques loin en amont des chutes. L'eau ainsi détournée passe ensuite dans des turbines hydroélectriques qui approvisionnent en électricité les parties américaines et canadiennes environnantes, avant d'être reversée dans la rivière loin en aval des chutes.
69
+
70
+ Les centrales hydroélectriques les plus puissantes sur le Niagara sont Sir Adam Beck 1 et 2 (1954) du côté canadien et la Robert Moses Niagara Power Plant (1961), ainsi que la Lewiston Pump Generating Plant, du côté américain. Ensemble, les centrales du Niagara peuvent produire environ 4,4 GW d'électricité.
71
+
72
+ En août 2005, la compagnie Ontario Power Generation, qui gère les centrales de Sir Adam Beck, a décidé de construire un nouveau tunnel de 10,2 km de long, afin d'aller collecter de l'eau plus en amont du Niagara qu'il n'est possible à présent. La fin de la construction de ce tunnel, prévue pour 2009, devait permettre d'augmenter la production d'électricité de Sir Adam Beck de 182 MW (4,2 %). La mise en service du tunnel a finalement eu lieu début mars 2013, permettant la production annuelle supplémentaire de 1 500 MW d'électricité[24],[25].
73
+
74
+ Afin de contourner les chutes, le transport fluvial emprunte le canal Welland. Il fut inauguré en 1829 et ne cessa d'être amélioré jusqu'à nos jours, les derniers travaux importants datant des années 1960-1970. Il fait maintenant partie du réseau Grands Lacs-Voie maritime du Saint-Laurent[26]. Ces détournements de trafic fluvial se sont faits aux dépens de la ville voisine de Buffalo, contribuant ainsi au déclin économique de nombre de ses entreprises, entreprises sidérurgiques et céréalières en particulier. Cependant l'augmentation d'électricité a aussi provoqué un essor économique dans la vallée de la rivière Niagara dans les années 1970. Un essor économique régional qui est depuis retombé.
75
+
76
+ Les villes jumelles de Niagara Falls (Ontario) et Niagara Falls (New York) sont reliées par 3 ponts, le Rainbow Bridge légèrement en aval, offrant la vue la plus proche sur les chutes ; le pont Whirlpool Rapids et, le pont le plus récent, le Lewiston-Queenston Bridge situé près de l'escarpement.
77
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78
+ Pendant les deux premiers siècles après l'installation des Européens, les terres des deux côtés des chutes du Niagara appartenaient à des personnes privées. Dans les années 1870, les chutes du Niagara devinrent une importante destination touristique, le site des chutes accueillant chaque année un quart de million de visiteurs. Cependant, les touristes visitant les chutes du Niagara des deux côtés de la rivière étaient consternés par les pratiques commerciales privées qui se développaient aux abords des chutes sans aucun contrôle. Les visiteurs se voyaient souvent harcelés et l’accès au site ne leur était possible que moyennant le paiement de commissions exorbitantes.
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+ Le mécontentement populaire a conduit à la formation du mouvement Free Niagara (« Libérer le Niagara »), qui comprenait l'artiste Frederic Edwin Church, l'architecte paysagiste Frederick Law Olmsted et le journaliste Jonathan Baxter Harrison. Une série de lettres qu'Harrison a envoyées aux journaux à Boston et à New York (réunies en 1992 dans le pamphlet The Condition of Niagara Falls, and the Measures Needed to Preserve Them (« La Situation des chutes du Niagara, et les mesures nécessaires pour les préserver ») ont eu une influence toute particulière dans le retournement de l'opinion publique en faveur de la préservation[27].
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+ En 1878, lord Dufferin, gouverneur général du Canada, a exprimé ses préoccupations lors de son discours au cours du déjeuner de l’Ontario Society of Artists à Toronto. Il suggéra que « les gouvernements de New York et de l’Ontario, ou du Canada, devraient s’associer pour acquérir tous les droits qui ont pu être établis à l’encontre du public, et créer autour des chutes un petit parc public international (...) sous la responsabilité de bons gardiens » pour préserver le décor des chutes du Niagara. Bien que la suggestion originale de lord Dufferin ait concerné un « parc international », les deux rives, américaine et canadienne, ont développé leurs parcs séparément et indépendamment.
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+ En 1885, l'État de New York commença à acheter les terres aux entrepreneurs, pour constituer la Niagara Falls State Park. La même année, la province de l’Ontario créa la Commission des parcs du Niagara. Cette dernière acquit des terrains situés le long de la rivière Niagara pour constituer le parc de la Reine Victoria aux Chutes de Niagara, totalement gratuit, qui accueillit ses premiers visiteurs le 24 mai 1888. Sous la gouverne de la Commission, ce parc s’étendant au départ sur 62,2 hectares, est devenu un parc de renom mondial de 1 720 hectares longeant toute la rivière Niagara, du lac Érié au lac Ontario, et comptant d’importants lieux historiques nationaux et provinciaux, des jardins botaniques, une école d’horticulture et des aires récréatives[28]. Ces deux organismes ont réussi remarquablement dans les opérations de restrictions du développement des chutes et de la rivière Niagara.
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+ Jusqu'à récemment, les chutes ont reculé vers le sud à cause de l'érosion de 0,6 à 3 m par an et sont maintenant à 11 km de leur point d'origine[pas clair]. Ce processus a été ralenti par le détournement de quantités d'eau croissantes de la rivière Niagara dans des centrales hydroélectriques, aussi bien aux États-Unis qu'au Canada. Le 2 janvier 1929, le Canada et les États-Unis sont parvenus à un accord sur un plan d'action visant à préserver les chutes. En 1950, les deux pays signèrent le Traité concernant la dérivation d'eau du Niagara[29].
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+ Outre le détournement de l'eau vers les centrales hydroélectriques, les efforts de contrôle de l'érosion ont établi des déversoirs souterrains visant à rediriger les courants les plus dévastateurs, et finalement des renforcements mécaniques en haut des chutes. Les travaux les plus spectaculaires ont eu lieu en 1969. En juin, le cours d'eau fut complètement détourné des chutes américaines pendant plusieurs mois grâce à la construction d'un barrage temporaire de terre et de pierre (clairement visible en haut à droite de la photo), ce qui eut pour effet d'arrêter les chutes américaines. Pendant que les chutes canadiennes accueillaient le débit supplémentaire, le corps des ingénieurs de l’United States Army a étudié le lit de la rivière et a comblé mécaniquement les fissures qui auraient autrement accéléré le retrait des chutes américaines. Un projet datant de 1954 d'enlever une énorme quantité d'alluvions fut finalement abandonné pour raison budgétaire, et en novembre 1969, le barrage temporaire fut dynamité, redonnant leur débit aux chutes américaines qui avaient été stoppées quelque temps, l'armée ayant fait dévier le cours du fleuve[30].
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+ Après cette entreprise, Luna Island, le petit bout de terre situé entre la chute principale et celle du Voile de la mariée, est restée interdit au public pour des années en raison des craintes d'instabilité et du risque de voir l'île s'effondrer dans la rivière Niagara à tout moment.
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+ La construction récente de grands bâtiments (pour la plupart des hôtels) du côté canadien des chutes a causé le changement de direction des vents au-dessus de ces dernières[31]. Des étudiants de l'université de Guelph ont démontré, en utilisant des modèles réduits, que l'air passant au-dessus des nouveaux hôtels conduit la poussière vers le sud des bâtiments, où elle tombe dans les rigoles sous les chutes et vient se mélanger aux tourbillons d'air humide. La conséquence est que les points de vue du côté canadien sont maintenant souvent couverts d'un brouillard venant des chutes. Ce problème va être très difficile à résoudre.
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+ En octobre 1829, Sam Patch, qui se faisait appeler « le sauteur Yankee », a sauté dans la chute du Fer à Cheval et est devenu la première personne connue à avoir survécu à la chute. Il a ainsi initié une longue tradition de casse-cous qui ont tenté de survivre à une descente des chutes. En 1901, Annie Edson Taylor fut la première personne à descendre les chutes en tonneau. Elle sortit quasiment indemne de la chute. Depuis la chute historique de Taylor, 14 personnes se sont intentionnellement jetées des chutes, sur ou dans un esquif. Certaines ont survécu sans dommage, d'autres ont coulé ou ont été sérieusement blessées. La descente des chutes étant illégale des deux côtés de la frontière, les survivants de telles cascades sont généralement poursuivis devant les tribunaux et soumis à de fortes amendes.
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+ D'autres aventuriers ont tenté de traverser les chutes. Cela a commencé en 1859 par le passage réussi de l’équilibriste Jean-François « Blondin » Gravelet au-dessus des chutes. Cet exploit avait rassemblé une foule importante. Le filin traversait les gorges à proximité du pont de l'Arc-en-ciel, pas tout à fait au-dessus des chutes. Le capitaine britannique Matthew Webb, premier homme à avoir traversé la Manche à la nage, se noya en 1883 en tentant de nager à travers les rapides et les tourbillons en aval des chutes.
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+ Le 9 juillet 1960, au cours de ce qui fut ensuite appelé « le miracle des chutes du Niagara », Roger Woodward, un garçon américain de 7 ans fut jeté par-dessus les chutes du Fer à Cheval, protégé uniquement par son gilet de sauvetage. Deanne, sa sœur de 17 ans, fut rattrapée par deux touristes, à seulement 6 mètres de la chute, au niveau de l'île de la chèvre[32]. Roger fut recueilli dans les bassins bouillonnant aux pieds de la chute du Fer à Cheval, après avoir réussi à attraper une bouée de sauvetage envoyée par l'équipe du bateau Maid of the Mist. Son histoire fit le tour du monde.
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+ Le 2 juillet 1984, le Canadien Karel Soucek réussit à plonger des chutes du Fer à Cheval dans un tonneau en n'ayant que de légères blessures. Il fut condamné à 500 dollars d'amende pour avoir réalisé sa cascade sans autorisation. Il périt quelques mois plus tard, le 20 janvier 1985, lors d'un autre défi à la mort.
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+ Le 20 octobre 2003, Kirk Jones fut le premier à sauter des chutes sans matériel de flottaison. Bien qu'on ne sache toujours pas s'il souhaitait ou non se suicider, il survécut à l'équivalent d'une chute de 16 étages avec seulement quelques côtes cassées, des éraflures et des ecchymoses.
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+ Personne n'a jamais survécu à une descente des chutes américaines, en raison des nombreux rochers et du faible courant. Tous les survivants et cascadeurs ont descendu les chutes du Fer à Cheval, où les rochers sont relativement moins nombreux et où le courant pousse les gens loin du bord et leur permet de les éviter.
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+ Le 4 août 2005, le golfeur professionnel John Daly tenta d'envoyer une balle de golf de l'autre côté des chutes du Niagara à une distance d'environ 331 mètres (362 yards). Il échoua de peu, au bout de 20 tentatives.
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+ Le 15 juin 2012, le funambule américain Nik Wallenda a traversé sur un câble métallique, la chute du Fer à Cheval qui sépare la rive américaine de la rive canadienne. Il lui a fallu 40 minutes pour parcourir les 550 mètres[33].
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+ Selon une légende de la nation Tsonnontouan (Seneca), Lelawala, une magnifique jeune femme, fut fiancée par son père à un brave homme qu’elle méprisait. Plutôt que de se marier, Lelawala choisit de se sacrifier à son véritable amour He-No, le dieu du tonnerre qui vivait dans une cave derrière le « Fer à Cheval ». Elle amena son canoë jusqu’au rapide de la rivière Niagara et fut renversée par-dessus bord. He-No la rattrapa alors qu’elle tombait et leurs esprits seraient liés ensemble à jamais dans le sanctuaire du dieu du tonnerre, à l’abri des chutes.
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+ Au Canada, les chutes furent représentées dès la fin du XVIIIe par Elizabeth Simcoe, artiste britannique et mémorialiste du Canada colonial.
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+ Plusieurs grands noms de la peinture américaine ont représenté les chutes du Niagara. L'un des premiers est John Trumbull (1756-1843), davantage connu pour ses sujets historiques. Deux de ses toiles sur les chutes datant de 1807-1808 sont conservées au Wadsworth Atheneum d’Hartford dans le Connecticut[34]. George Catlin (1796-1872), peintre des Amérindiens, réalisa View of Table Rock and Horseshoe Falls from Below en 1827 (Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg) et Niagara Falls (1827-1828, Smithsonian American art museum, Washington). Le quaker Edward Hicks (1780-1849) figure une version naïve des chutes (Falls of Niagara, vers 1835, Abby Aldrich Rockefeller Folk Art Collection, Williamsburg, Virginie).
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+ Au XIXe siècle, les peintres de l'Hudson River School, spécialisés dans le paysage, ont consacré de nombreuses œuvres aux chutes du Niagara. Ils pensaient que la Nature était la manifestation de la puissance et de la bonté divine[35],[36]. On peut citer Thomas Cole (1801-1848), considéré comme le fondateur de l'école de l'Hudson, Jasper Francis Cropsey (1823 –1900), Frederic Edwin Church (1826-1900), Louis Rémy Mignot (1831-1870) ou encore Albert Bierstadt (1830-1902)[34]. L'une des dernières toiles de William Morris Hunt (1824-1879) s'intitule Niagara Falls (1878, Williams College Museum of Art, Williamstown). Dans les années 1880, George Inness (1825-1894) proposa plusieurs versions des chutes dans le style du tonalisme[34]. Le site inspira également les impressionnistes John Henry Twachtman (1853-1902) et Soren Emil Carlsen (en) (1853–1932).
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+ Niagara Falls, Ontario par Elizabeth Simcoe, été 1792
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+ La cascade de Niagara, cette surprenante chute d'eau..., 1794, gravure de Robert Hancock (graveur) (en) basée sur celle de Louis Hennepin.
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+ Les chutes du Niagara en 1866 par Louis Rémy Mignot (1866), Brooklyn Museum
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+ Arthur Parton, Niagara Falls, Brooklyn Museum
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+ Thomas Cole, Distant View of Niagara Falls 1830, Art Institute of Chicago
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+ Alvan Fisher, A General View of the Falls of Niagara, 1820, The Smithsonian Institution
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+ Frederic Edwin Church, Niagara Falls, 1857, Corcoran Gallery of Art, Washington
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+ William Morris Hunt, Niagara Falls, 1878
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+ Alors que les chutes du Niagara étaient déjà un immense lieu touristique et l'un des hauts-lieux des lunes de miel, les visites connurent une hausse soudaine à partir de 1953, avec la sortie de Niagara, un film avec Marilyn Monroe. Plus tard, les chutes figurèrent également dans Superman 2 et furent le sujet d'un film populaire en technologie IMAX. Une grande partie de l'épisode Le Retour du Technodrome dans la série Les Tortues Ninja se déroule à proximité des chutes du Niagara et de son usine hydroélectrique. En 1990, l'illusionniste David Copperfield a réalisé un tour où on le voyait se déplacer au-dessus des chutes. Le complexe touristique situé à proximité des chutes fut le théâtre d'une brève série télévisée américaine début 2004, Wonderfalls. Les chutes servirent de lieu de tournage au film Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde[37]. Enfin, elles apparaissent comme un lieu romantique dans un épisode d’Une nounou d'enfer et de The Office.
135
+
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+ Le sieur de la Franchise écrit en 1604 une épitre dans un livre de Champlain[38],[39] :
137
+
138
+ Muses,Si vous chantez, vrayment je vous conseille
139
+ Que vous louiez Champlain, pour être courageux :
140
+ Sans crainte des hasards, il a vu tant de lieux,
141
+ Que ses relations nous contentent l'oreille.
142
+
143
+ Il a vu le Pérou[40], Mexique & la Merveille
144
+ Du Vulcan infernal qui vomit tant de feux,
145
+ Et les saults Mocosans[41], qui offensent les yeux
146
+ De ceux qui osent voir leur chute nonpareille.
147
+
148
+ Il nous promet encor de passer plus avant,
149
+ Reduire les Gentils, & trouver le Levant,
150
+ Par le Nord, ou le Sud, pour aller à la Chine.
151
+ C'est charitablement tout pour l'amour de Dieu.
152
+ Si des lâches poltrons qui ne bougent d'vn lieu !
153
+ Leur vie, sans mentir, me paraît trop mesquine.
154
+
155
+ — Sieur de la Franchise, Des sauvages... de Champlain
156
+
157
+ Les chutes du Niagara et la ville ontarienne de Niagara Falls servent de cadre à une partie de la trilogie Les Particules réfractaires, de Mikhaïl W. Ramseier. Dans le dernier tome, Marges, publié en 2016, presque toute l'action se déroule dans la région, entre le centre-ville et la bourgade de Chippawa (en).
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+
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+ Le roman Les Chutes, de Joyce Carol Oates, a été publié en 2005 aux éditions Philippe Rey et a reçu le prix Fémina étranger la même année. Comme son titre l'indique, toute l'intrigue du livre se passe dans la région des chutes.
160
+
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+ L'écrivain français Jules Verne a plusieurs fois décrit Niagara dans ses romans: Une ville flottante, en 1869; Le Testament d'un excentrique, en 1897, qui offre une belle description des chutes du Niagara.
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+ L'afflux maximum de visiteurs se fait en été, lorsque l'on peut admirer le spectacle des chutes du Niagara de jour comme en soirée. Du côté canadien, des projecteurs illuminent les deux côtés des chutes du crépuscule à minuit.
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+ Du côté américain, les chutes du Niagara peuvent être admirées des chemins de randonnées ou de la tour d'observation de Prospect Park (en). Près de là, les sentiers des Cavernes des Vents mènent les randonneurs par un escalier de quelque trois cents marches jusqu'à un point situé sous les chutes du Voile de la mariée. Les Niagara Scenic Trolley (« Tramways pittoresques du Niagara ») offrent également des circuits guidés le long des chutes américaines.
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+ Du côté canadien, le parc de la Reine Victoria (en) présente des jardins travaillés, et des terrasses offrant une vue sur les chutes américaines et du Fer à Cheval. Le soir, en fonction des saisons et des jours, le parc est animé d'illuminations et des feux d'artifice. En souterrain, un chemin mène dans des chambres d'observations qui donnent l'illusion d'être à l'intérieur même des chutes. Le point d'observation de la tour Skylon, située non loin de là, offre le point de vue culminant sur les chutes, et dans la direction opposée, permet de voir aussi loin que Toronto. C'est, avec la tour Konica Minolta, l'une des deux tours canadiennes avec vue sur les chutes. Le long de la rivière Niagara, le Niagara River Recreational Trail (« Chemin récréatif de la rivière Niagara ») parcourt les 56 km séparant Fort Erie de Fort George, et présente de nombreux sites historiques de la guerre de 1812.
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+ Les croisières Maid of the Mist nommées d'après un personnage de la mythologie indienne Ogiara, transportent des passagers dans les tourbillons derrière les chutes depuis 1846. Les téléphériques espagnols, construits en 1916 d'après les plans de l'ingénieur espagnol Leonardo Torres Quevedo, sont des téléphériques qui transportent des passagers au-dessus du tourbillon, derrière les chutes du côté canadien.
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+ En 2016, deux tyroliennes sont désinstallées[42].
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+ Une statue de l'inventeur Nikola Tesla a été installée.
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+ Le développement du site en fonction du tourisme de masse, au détriment de la nature, suscite des critiques[43]. Dès le dix-neuvième siècle, en 1883, l'architecte paysagiste Olmsted et l'historien de l'art Norton contribuent à fonder la Niagara Falls Association[44]. La base de données mondiale World Waterfall Database ajoute cette remarque : « Les chutes du Niagara sont un parfait exemple de la façon de ne pas développer un site naturel d'importance mondiale »[45].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ République de Chypre
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3
+ (el) Κυπριακή Δημοκρατία[1]
4
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5
+ (tr) Kıbrıs Cumhuriyeti
6
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7
+ 35° 08′ N, 33° 28′ E
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+ modifier
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+ Chypre, en forme longue la république de Chypre (en grec Κύπρος, Kýpros, et Κυπριακή Δημοκρατία, Kypriakí Dimokratía, ce dernier signifiant littéralement « République chypriote » ; en turc Kıbrıs, Kıbrıs Cumhuriyeti ou encore, selon la terminologie officielle qui prévaut en Turquie et en RTCN : Güney Kıbrıs Rum Yönetimi, littéralement « Administration grecque de Chypre du Sud »), est un État situé sur l'île de Chypre dans l’est de la mer Méditerranée, dans le bassin Levantin. Bien que Chypre soit géographiquement proche de la région du Proche-Orient et la seule île majeure de la Méditerranée située en Asie (elle est une continuité géomorphologique de la péninsule anatolienne), le pays est rattaché politiquement à l'Europe et est membre de l’Union européenne (UE). Depuis 1974, le tiers nord de l’île, située au-delà de la ligne verte contrôlée par les troupes de l'ONU, est sous contrôle turc et en 1983, ce territoire sécessioniste s'est proclamé République turque de Chypre du Nord (RTCN). Cette dernière continue aujourd'hui encore à ne pas être reconnue par l'ONU.
12
+
13
+ Chypre est réputée exercer de jure sa souveraineté sur l'ensemble de l'île (moins la zone britannique), c'est-à-dire sur un territoire d'environ 9 000 km2 ; cependant elle ne contrôle en pratique que la partie méridionale, soit environ 61 % du territoire (5 896 km2) auquel il faut aussi soustraire la superficie contrôlée par les casques bleus de l'ONU — la ligne verte dite « ligne Attila » — de l'ordre de 3,7 % du territoire.
14
+
15
+ Chypre est membre de l'ONU (depuis le 20 septembre 1960[6]), du Commonwealth, de l’UE (depuis 2004[7]), de l’OMC, de l’OSCE et de l’OIF. Chypre a intégré la zone euro le 1er janvier 2008.
16
+
17
+ L'île de Chypre, que les anciens Égyptiens nommaient « Alachia », les anciens Assyriens « Iatnana » et les Phéniciens « Enkomi », était dès l'Antiquité au carrefour d'importants courants commerciaux, assimilant au fil des siècles différentes cultures provenant de la Crète minoenne, de la Grèce mycénienne et de tout le pourtour du bassin Levantin ; son nom de « Kupros » (« Κύπρος ») signifie cuivre, en référence aux importants gisements de ce métal, qui assurèrent sa renommée et sa prospérité[8] dans l'ensemble du bassin méditerranéen. Chypre était aussi connue pour ses nombreuses épices et plantations. L'histoire de Chypre fut très mouvementée et l'île subit de nombreuses tutelles : hellénique, romaine, byzantine, arabe, franque, vénitienne, ottomane et enfin britannique.
18
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19
+ La république de Chypre actuelle obtient son indépendance du Royaume-Uni le 16 août 1960[9], celle-ci est régie par le traité de garantie qui réunit la Turquie, la Grèce et le Royaume-Uni. Ce dernier conserve deux bases souveraines dans le sud et l'est de l'île où sont stationnés près de 4 200 soldats britanniques.
20
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21
+ Malgré cette paix fugace, les problèmes ne tardent pas à se manifester. Pour les milieux nationalistes grecs, la réunion de l'île à la Grèce (Énosis) est la dernière étape de la « libération » des pays de culture grecque, mais la minorité turque (18 % de la population) ne l'entend pas ainsi et les affrontements se multiplient pendant la décennie de 1960, surtout en 1964 et 1967, et plusieurs dizaines de personnes trouvent la mort, tant côté turc que grec. Le gouvernement du président Makários III, où les deux communautés sont représentées, peine à maintenir un équilibre. Lorsque la dictature des colonels se met en place en Grèce, de nombreux opposants grecs se réfugient à Chypre.
22
+
23
+ Le 15 juillet 1974, la garde nationale dirigée par des officiers grecs acquis aux colonels lance une tentative de coup d'État contre le président Makarios avec l'aide du groupe armé de l'EOKA B (branche armée et dissidente du mouvement « EOKA » qui souhaitait réaliser l'Enosis par des voies politiques). Le 20 juillet, la Turquie intervient militairement arguant la protection des intérêts de la minorité turque, en lançant l'opération Attila, et occupe le nord de l'île en deux jours (s'assurant le contrôle de 38 % du territoire). En Grèce, le refus de l'armée de s'impliquer plus avant dans ce conflit provoque la chute de la dictature des colonels. Malgré la restauration de la république chypriote, la Turquie refuse de se retirer et impose la partition du pays de part et d'autre de la « ligne verte » (appelée « ligne Attila » par les Turcs). 200 000 Chypriotes grecs sont contraints à l'exode entre 1974 et 1975, chassés du territoire occupé par la Turquie ; les Chypriotes turcs sont forcés de s'installer au nord en 1975 à la demande de leur chef Rauf Denktaş, lors de pourparlers à Vienne (Autriche). Le 13 février 1975, se met en place l'« État fédéré turc de Chypre » qui n'est reconnu que par la Turquie. En 1983, il devient la « République turque de Chypre du nord »[10]. L'ONU désapprouve cette occupation dans sa résolution 541 du 18 novembre 1983. L'UNFICYP prend le contrôle de la ligne verte et fait respecter le cessez-le-feu. De nombreux Chypriotes grecs et turcs, chassés de leurs terres, s'exilent en Grande-Bretagne. La « République turque de Chypre du nord » s'appauvrit en raison de l'embargo international, tandis que la Turquie mène une politique de colonisation de Turcs d'Anatolie vers la partie nord de Chypre (politique condamnée par des résolutions de l'ONU), ce qui fait passer le pourcentage de turcophones dans l'île de 18 % en 1970 à 22 % en 1997[11]. On compte aujourd'hui à Chypre 93 000 colons venus de Turquie[12].
24
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+ Depuis la partition, il ne reste en tout que deux villages mixtes dans toute l'île : Pyla dans l'enceinte de la base britannique de Dhekelia, et Agios Androlikos/Yeşilköy dans la « République turque de Chypre du nord ».
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27
+ En 2003, la perspective de l'entrée de Chypre dans l'Union européenne [UE) permet un premier dégel, avec l'ouverture de points de passage sur la ligne verte, et une mission de bons offices du secrétaire des Nations unies, Kofi Annan. Le plan Annan, intervenant après trente ans de négociations infructueuses, propose d'instaurer un État confédéral, chaque État confédéré devant permettre l'installation (ou le retour) de 33 % au plus de résidents de l'autre communauté sur son sol. Bien que le nombre de Chypriotes turcs soit insuffisant pour atteindre ce taux au sud, alors que le nombre de Chypriotes grecs est largement suffisant pour l'atteindre au nord, ce plan fut accepté à plus de 65 % par les habitants du nord de l'île, mais rejeté à 70 % par ceux du sud lors d'un référendum : en effet, pour les Chypriotes grecs ayant été chassés du nord, la limitation à 33 % était inacceptable, étant donné qu'ils étaient environ 79 % des habitants du nord avant 1974 ; pour les Turcs en revanche, cela revenait à sauvegarder l'essentiel de leurs acquis tout en revenant dans la légalité internationale et en échappant à l'embargo et à la dépendance vis-à-vis d'Ankara. Au cours de ce référendum d'ailleurs, pour la première fois, des manifestations massives, rassemblant jusqu'à 50 000 personnes, ont eu lieu dans la partie occupée de Chypre, au cours desquelles la communauté chypriote turque a contesté ouvertement la politique sous tutelle d'Ankara du « président » Rauf Denktash, exigé sa démission, et exprimé son souhait de rattachement à la partie sud[13]. Le 1er mai 2004, la république de Chypre entre dans l'UE alors qu'une partie de son territoire est toujours occupée militairement par la Turquie, et depuis, l'inégalité économique entre les deux parties s'est aggravée. Tout progrès vers une solution à ce conflit qui sépare les deux communautés depuis 1974, semble désormais largement lié à l'avancée des négociations sur l'adhésion de la Turquie à l'UE : le retrait d'Ankara de Chypre est en effet l'une des conditions de cette adhésion. La création depuis 2005 de points de passage entre les deux côtés, permet aux populations de renouer des contacts et donne une lueur d'espoir en vue d'une amélioration de la situation.
28
+
29
+ En 2006, pendant la guerre du Liban voisin, Chypre sert de zone d'exfiltration aux milliers d'étrangers fuyant le pays. Par ailleurs une importante communauté libanaise maronite s'est installée à Chypre-Sud, à la suite de la guerre civile libanaise.
30
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31
+ Le 3 avril 2008, malgré l'opposition de l'armée turque, la rue Ledra dans le centre de Nicosie, coupée en deux par un mur depuis 1974, est rouverte et devient le premier point de passage du centre de la ville[14].
32
+
33
+ À partir de 2013 : la crise financière internationale frappe sévèrement l'économie chypriote, contraignant le gouvernement à une politique d'austérité à laquelle le parlement cherche à résister : les Chypriotes perdent confiance dans les instances multilatérales et réagissent en développant l'économie informelle. Toutefois, les ressources gazières découvertes au large de Chypre ainsi que les mesures prises par le gouvernement ont permis à la République de renouer avec la croissance[15].
34
+
35
+ En ce qui concerne la réunification éventuelle de l'île, d'après l'AFP citée dans Libération le 20 mai 2014, « les discussions directes entre le nord et le sud ont repris en février, sous l'égide des Nations unies et grâce à l'appui marqué de Washington, après avoir été suspendues en 2012 »[16].
36
+
37
+
38
+
39
+ Lingot de cuivre chypriote de la haute antiquité.
40
+
41
+ Ruines grecques de Kourion.
42
+
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+ Ruines romaines à Salamis.
44
+
45
+ Chapelle du monastère franc de Bellapais.
46
+
47
+ Fort vénitien à Kyrenia.
48
+
49
+ Mosquée ottomane à Larnaca.
50
+
51
+ D'une superficie 9 250 km2 (dont 3 355 km2 dans la partie militairement occupée par la Turquie), l'île de Chypre est située dans le bassin Levantin, la partie orientale de la Méditerranée, à 69 kilomètres au sud des côtes d'Anatolie et à 104 kilomètres à l'ouest de la Syrie. Elle comporte 648 km de littoral. Le point culminant de l'île est le mont Olympe avec ses 1 951 m. Bien qu'étant une île, Chypre possède environ 150 km de frontière terrestre avec les bases militaires britanniques d'Akrotiri et Dhekelia[17].
52
+
53
+ La topographie de l'île est divisée en trois grands ensembles :
54
+
55
+
56
+
57
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
58
+
59
+ En décembre 2018, Chypre comptait 64 sites dont :
60
+
61
+ La Chambre des représentants (grec : Βουλή των Αντιπροσώπων; Vouli ton Antiprosópon ; turc : Temsilciler Meclisi) est le Parlement chypriote. Il a 59 membres élus pour un mandat de cinq ans, 56 membres par représentation proportionnelle et trois membres observateurs représentant les minorités religieuses : chrétiens maronites, catholiques romains (Église « latine ») et orthodoxes arméniens. 24 sièges sont attribués à la communauté chypriote turque. Cependant, depuis 1964, les membres turcs chypriotes n'ont pas pris leurs postes, et aucune élection ne s'est déroulée parmi la communauté turque chypriote comme le prévoit la Constitution de la République. Malgré cette anomalie, la Chambre a gardé vacants les sièges attribués à la communauté turque chypriote. Ces sièges demeurent disponibles aux députés turcs chypriotes pour autant qu'ils soient élus selon les règles de la Constitution.
62
+
63
+ Le président de la république de Chypre est le chef de l'État et le chef du gouvernement de la République de Chypre. Le système de gouvernement présidentiel installé à Chypre est un système de gouvernement présidentiel complet, fait unique au sein de l'Union européenne. Le poste existe depuis la création de l’État en 1960. Actuellement, le président de Chypre est Níkos Anastasiádis, depuis le 28 février 2013.
64
+
65
+ Chypre signe le 19 février 1972 l'accord d'association qui entrera en vigueur le 1er février 1999.
66
+
67
+ Le 4 juillet 1990, Chypre présente la question d’adhésion, mais l'ouverture des négociations d'adhésion ne se fait que le 31 mars 1998. Elles s'achèvent lors du Conseil européen de Copenhague du 13 décembre 2002.
68
+
69
+ Le 14 avril 2003, le Conseil européen approuve l'adhésion[20]. Le traité d'adhésion est signé le 16 avril 2003 et entre en vigueur le 1er mai 2004[21].
70
+
71
+ Le 13 février 2007, Chypre demande que soit examinée sa subordination aux critères de convergence. Le 16 mai 2007, la Banque centrale européenne[22] et la Commission européenne[23] publient leurs relations sur le respect des critères de convergence de la part de Chypre. Le 21 juin, le Conseil européen autorise l'adoption de l'euro. Après la décision des chefs d'état ou de gouvernement, les ministres de l'Économie et des Finances (Ecofin) abrogent le 10 juillet 2007 la dérogation dont Chypre jouit[24] et fixent le taux irrévocable de conversion : 1 € = 0,585274 livre chypriote[25].
72
+
73
+ Le 1er janvier 2008, en même temps que Malte, Chypre adopte l'euro en remplacement de la livre chypriote.
74
+
75
+ Chypre est membre des organisations suivantes[26] : Commission du Danube, Commonwealth, Conseil de l'Europe, Mouvement des non-alignés, OACI, OIF, OMS, OMC, OMI, OMT, OIAC, ONU, OSCE, UE, UIT, UNESCO.
76
+
77
+ L’organisation territoriale de la République chypriote est constituée de trois divisions administratives : les districts, les municipalités et les communautés.
78
+
79
+ Les districts ont à leur tête des préfets, nommés par le gouvernement central. Il est le représentant de l’État (les districts ne sont donc pas des collectivités locales). Au sein des municipalités, le maire et les conseillers municipaux sont élus de manière distincte. On compte en 2001, 33 municipalités, dont 9 sont situées hors du territoire où s’applique la souveraineté effective de la République chypriote. Il s’agit en règle générale d’espaces urbains. Dans les communautés, la gestion est partagée entre le préfet et le maire élu.
80
+
81
+ Chypre est le plus riche des dix nouveaux États-membres entrés en 2004 dans l'Union européenne en termes de PIB par habitant à prix courant ; il s'élevait en 2008 à 28 600 €[17]. En 2007, la croissance a atteint 4,4 %, le taux de chômage 4,2 % et l'inflation 2,2 %. Toutefois, Chypre n'est pas épargnée par les perturbations de l'économie dans le monde. Ainsi, le ministre des Finances, Kharílaos G. Stavrákis, a annoncé qu'en 2007, la croissance serait comprise entre 3,4 % et 3,6 %, ce qui demeure toutefois au-dessus des prévisions de croissance de la zone euro.
82
+
83
+ L’économie de Chypre présente certaines faiblesses structurelles. Sa balance commerciale est structurellement déficitaire (- 5 270,7 milliards d'euros, soit 34 % du PIB), en raison de son tissu industriel modeste. Le secteur des services tire le pays vers le haut. Le secteur financier est hypertrophié (40 % du PIB). Le secteur du tourisme, qui ne représente plus que 12 % du PIB du pays, souffre d'un manque de compétitivité croissant.
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+
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+ Le gouvernement chypriote a lancé un « programme de convergence 2004-2008 ». Le triple objectif est de ramener le déficit budgétaire sous la barre des 3 %, de faire repasser la dette publique en dessous du ratio de 60 % du PIB et d’assurer la soutenabilité des finances publiques, est sur le point d'être respecté. En 2007, Chypre affichait un solde budgétaire de 3,3 % en excédent, la dette publique n'était plus que de 59,8 %.
86
+
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+ En matière de réformes structurelles, le gouvernement chypriote a défini une stratégie en trois points : libéralisation de l’économie, développement de l’« économie de la connaissance » et recherche d’un développement durable s’appuyant sur la modernisation des infrastructures de base et le capital humain.
88
+
89
+ La livre chypriote a intégré le 29 avril 2005 le mécanisme de taux de change européen, dit MCE II, qui la lie à l'euro. Une demande officielle d'intégration dans l'union monétaire envoyée à la BCE et à la commission européenne le 13 février 2007 a reçu un avis favorable en mai 2007 : Chypre, en même temps que Malte, a finalement adopté l'euro et pu émettre ses premiers pièces et billets le 1er janvier 2008, au taux de 1 EUR = 0,585274 CYP, soit 1 CYP = 1,7086 EUR[27].
90
+
91
+ Comme le souligne la journaliste Martine Orange : « depuis 1974, l’île est un paradis fiscal, une plaque tournante pour les capitaux légaux et illégaux. Les capitaux du Moyen-Orient y ont d’abord trouvé refuge, au moment de la guerre du Liban. Les fonds secrets de Slobodan Milošević et de ses sbires y ont transité pour financer leur guerre en Serbie. Les armateurs grecs sont venus y cacher leurs richesses. Les oligarques russes ont choisi d’y abriter une partie de leur fortune, avant de la rediriger vers l’Europe ou le reste du monde. Selon l’agence Moody's, les avoirs russes dans les banques chypriotes sont estimés à 23,8 milliards d’euros sur un total de 70 milliards. Les banques russes détiendraient à elles seules plus de 12 milliards d’euros[28]. »
92
+
93
+ De 2008 à 2013, le chômage explose, passant de 4,2 à plus de 16,3 % ; le PIB par habitant diminue et le pays entre en récession en 2009 et de nouveau depuis 2010, atteignant -2,4 % au deuxième trimestre 2012. Fin 2012, Chypre doit demander une aide de 17 milliards d'euros à l'Union européenne pour soutenir son économie touchée par la crise grecque[29],[30]. Des politiques d'austérité sont mises en œuvre pour réduire les déficits publics, entraînant une baisse du niveau de vie[31]. La précarité se développe et 22 % de la population est en danger de pauvreté. En 2017, Chypre est un État bénéficiaire qui a reçu 206,7 millions d'euros au total provenant des contributions des autres États membres de l'Union européenne[32]. Depuis 2016, les mesures prises par le gouvernement ainsi que le début de l'exploitation des gisements de gaz ont permis de sortir de la crise, en 2018 le taux de croissance annuelle a atteint 3,9%, en faisant une des économies avec la plus forte croissance de la zone Euro.
94
+
95
+ Depuis 2013, Chypre vend sa citoyenneté à de grosses fortunes non-européennes et à leurs familles, moyennant un investissement (fixé à 2,5 millions d’euros), dans l’immobilier principalement. Acquérir un bien offre donc l’opportunité, pour des non-Européens, d’obtenir un passeport valable dans toute l’UE et d’y développer leurs affaires. Le programme est quelquefois critiqué puisqu'il « présente un certain nombre de risques », « en termes de sécurité, de blanchiment d'argent ou encore d'évasion fiscale »[33].
96
+
97
+ La population totale de l'île est d'environ un million d'habitants. 769 740 Chypriotes grecs vivent dans la zone Sud[17],[12], avec 25 000 Chypriotes turcs selon le recensement de 2001. Quelques centaines de Chypriotes grecs vivent également dans la partie occupée par la Turquie. Quelque 117 000 Chypriotes turcs vivent dans le Nord, auxquels s'ajoutent plus de 93 000 colons turcs venus d'Anatolie après 1974[12].
98
+
99
+ En 2009, la population est composée à 19,1 % de personnes âgées de moins de 15 ans, 68,1 % de la population est âgée de 15 à 64 ans, et 12,3 % de la population est âgée de 65 ou plus. La densité de population est de 85 habitants/km² en 2009. L'espérance de vie est de 75,91 ans pour les hommes et 80,86 pour les femmes en 2009[17].
100
+
101
+ En 2009, le taux de croissance de la population est de 0,519 %, avec un taux de natalité de 12,56 ‰, un taux de mortalité de 7,76 ‰, un taux de mortalité infantile de 6,6 ‰, un taux de fécondité de 1,77 enfant par femme et un taux de migration de 0,42 ‰[17].
102
+
103
+ Dans la partie contrôlée par le gouvernement, les langues parlées sont le grec (80,9 %) et le turc (0,2 %) qui ont le statut de langues officielles[35]. Chacune d'elles possède des variantes dialectales qui sont le grec chypriote et le turc chypriote. L'anglais (héritage de la colonisation britannique), est la troisième langue du pays et est parlé par 4,1 % de la population[36]. Chypre fait également partie de l'Organisation internationale de la francophonie[37].
104
+
105
+ Les Chypriotes sont à 78 % chrétiens orthodoxes. Il existe également de petites communautés maronite, arménienne et latine (5 %).
106
+
107
+ Dans la partie contrôlée par le gouvernement, les Chypriotes sont chrétiens orthodoxes à 89,1 %, chrétiens catholiques à 2,9 %, chrétiens protestants à 2 %, musulmans à 1,8 %, maronites/arméniens/hindous à 1,4 % et athées à 0,6 %. La partie occupée de l'île est en revanche majoritairement musulmane sunnite (18 % de la population totale de l'île)[17].
108
+
109
+ Les chrétiens orthodoxes de Chypre sont représentés mondialement par le pouvoir central du patriarcat œcuménique de Constantinople. Actuellement le patriarche est le Patriarche œcuménique Bartholomée Ier[38]. Pour leurs parts, les chrétiens protestants et anglicans de Chypre sont représentés par le diocèse anglican de Chypre[39].
110
+
111
+ D’après le site d’informations officiel du gouvernement de la république de Chypre, quatre jours (en gras) sont observés par toutes les communautés, les autres sont observés légalement selon chaque communauté nationale ou religieuse :
112
+
113
+ Source : CIA World Factbook[17]
114
+
115
+ L'Office de tourisme de Chypre est un organisme semi-gouvernemental sous la responsabilité du Ministère du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme. L'office est responsable de la réglementation et du suivi des entreprises touristiques et des professionnels du tourisme à Chypre[44].
116
+
117
+ Les principaux mets sont : la afélia, la moussaka, le mezzé, le halloumi, fromage dégusté cru ou grillé…
118
+
119
+ Chypre a pour codes :
120
+
121
+ Sur les autres projets Wikimedia :
122
+
123
+ Asie centrale
124
+
125
+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
126
+
127
+ Asie de l’Est
128
+
129
+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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131
+ Asie de l'Ouest
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+
133
+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Asie du Sud-Est
136
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
140
+
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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@@ -0,0 +1,98 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Une cigarette est un cylindre de papier, long de quelques centimètres, rempli d'un matériau combustible, le plus souvent des feuilles de tabac hachées et traitées, ainsi que des additifs. Elle peut être roulée à la main ou fabriquée en série de manière industrielle, et peut éventuellement comporter un filtre à une de ses extrémités.
2
+
3
+ Son utilisation consiste à l'allumer pour inhaler la fumée dégagée par son contenu qui se consume. Une cigarette peut parfois ne pas contenir de tabac du tout, ou renfermer d'autres produits végétaux, y compris d'autres agents psychotropes tels que le cannabis ou des clous de girofle (kreteks).
4
+
5
+ La cigarette se distingue du cigare par sa dimension, l'utilisation de tabac expansé, son papier extérieur et par l'éventuelle présence d'ingrédients (agents de saveurs, humectants) et/ou d'un filtre à l'une de ses extrémités. Les cigares sont habituellement composés uniquement de feuilles complètes de tabac. Un cigare ayant à peu près la taille d'une cigarette est appelé cigarillo.
6
+
7
+ La fumée de cigarette contient de nombreuses substances toxiques, dont au moins une soixantaine sont reconnues comme cancérogènes[1] (comme du goudron, de l'arsenic, du méthanol, de l'ammoniac ou encore du plomb). L'Organisation mondiale de la santé estimait en 2012 que le tabagisme avait provoqué la mort d'environ cinq millions d'adultes de plus de 30 ans dans le monde en 2004 (et de 600 000 décès par tabagisme passif), et que ce nombre devrait dépasser 8 millions par an au cours des vingt années suivantes[2]. Fumer des cigarettes entraine généralement une addiction et fait courir le risque de développer diverses maladies (maladies cardiovasculaires et certains cancers par exemple). Par ailleurs, les cigarettes sont impliquées dans le déclenchement d'incendies[3]. Pour ces raisons, les législations sur le tabac sont devenues de plus en plus restrictives dans les pays riches, en ce qui concerne la vente, les lieux de consommation et la présentation marchande. Cependant, le tabagisme progresse dans certains pays en développement, sous l'effet de la publicité notamment[4]. Le taux de fumeur dans la population mondiale diminue, mais le nombre absolu de fumeurs augmente encore en raison de la croissance démographique mondiale[5].
8
+
9
+ Il existe en pratique deux grandes familles de cigarettes :
10
+
11
+ Un troisième type de cigarettes, au tabac dit « Oriental », furent commercialisées en occident et dans le sud et l'est méditerranéen.
12
+ Le tabac turc contient moins de nicotine et d'éléments cancérigènes que les autres variétés de tabac, mais est plus riche en sucre[6].Les cigarettes contenant uniquement du tabac oriental ne sont toutefois plus disponibles depuis l'avènement des cigarettes américaines.
13
+
14
+ Les récoltes de tabac sont mélangées (souvent par répartition de récoltes successives) afin de conserver une uniformité de goût d'une année sur l'autre. Les sauces appliquées au Burley permettent d'assurer une saveur uniforme entre les lots et empêcher le dessèchement trop rapide du tabac. La soumission aux autorités de la liste des ingrédients utilisés dans la fabrication des cigarettes est obligatoire dans un nombre croissant de pays (au Canada, en Thaïlande et dans l'Union européenne) ; elle est aussi publiée directement par certains fabricants[7].
15
+
16
+ En plus des additifs, les fibres de tabac sont amalgamées à des degrés divers avec la poussière de tabac produite lors du traitement et avec les nervures broyées des feuilles (tabac reconstitué et expansé).
17
+
18
+ Quelques marchés ont développé des formes locales de cigarettes.
19
+
20
+ Depuis les années 1950, les fabricants d'American blends ont ajouté aux cigarettes une variété d'additifs[8] destinés à caractériser leur produit (la variété Burley utilisée étant moins goûteuse que les Virginia blend), une pratique destinée à accroître ou accélérer la dépendance au tabac selon la plupart des acteurs anti-tabac[Note 1],[9].
21
+
22
+ Les deux additifs les plus puissants seraient le menthol et les sucres[10]. Le menthol (les cigarettes menthol sont interdites dans l'Union européenne à partir du 20 mai 2020[11]) réduit l'âcreté, favorise l'inhalation profonde de la fumée et augmente l'addiction[10]. Les sucres (interdits au Brésil) masquent l'âpreté du tabac et le mauvais goût de la fumée et seraient la clé de l'addiction à la nicotine[10].
23
+
24
+ Selon une étude de l'ASH 1999, « des composés ammoniaqués peuvent augmenter l'addiction en augmentant l’alcalinité de la fumée[12] », augmentant le ratio de nicotine-base dans la fumée, qui atteint dès lors plus rapidement le cerveau pour procurer la sensation de satisfaction du fumeur[13]. La même étude révèle dans certaines marques la présence d'additifs qui dilatent les bronches, favorisant l'absorption de la nicotine : « Des additifs tels que le cacao peuvent être utilisés pour dilater les voies respiratoires, permettant à la fumée de pénétrer plus facilement et plus loin vers les poumons, ce qui expose l’organisme à plus de nicotine et à des niveaux plus élevés de goudrons. »[12]. D'autres composés d'ammoniac modifient le pH de la nicotine (plus alcalin), et en facilitent aussi l'absorption tout en renforçant la dépendance à celle-ci (ouverture plus importante des récepteurs à la dopamine)[14].
25
+
26
+ Les additifs sucrés (miel, sucre, cacao, etc.), pyrolysés par la combustion de la cigarette, produiraient des inhibiteurs de monoamine oxydase (IMAO)[15],[16],[17]. La qualité et la quantité exacte d'IMAO que l'on peut retrouver dans une cigarette reste à déterminer, et il n'est pas dit que cela suffise pour induire un quelconque effet psychotrope.
27
+
28
+ Des substances contenues dans la fumée de cigarette agissent sur le consommateur de tabac, mais également sur les individus se trouvant à proximité : on parle de tabagisme passif. La fumée de cigarette contient entre 3 000 et 5 000 constituants différents, dont au moins 70 (les analytes d'Hoffmann) ont été identifiés comme toxiques[18] ; le chiffre réel est très probablement supérieur[19]. Quarante de ces composés doivent être annuellement mesurés et rapportés à Santé Canada pour les marques vendues sur ce marché[20].
29
+
30
+ Il n'existe aucune étude démontrant une différence de toxicité entre les cigarettes avec et sans additifs.
31
+
32
+ Ici 1 ppb = 0,001 ppm. Ne figurent pas dans ce tableau :
33
+
34
+ La consommation de cigarettes est responsable, comme de nombreux autres produits du tabac, de l'apparition de nombreuses maladies mortelles.
35
+
36
+ En France, depuis le 1er janvier 2004, certains de ces dangers sont signalés sur les paquets de cigarette par des avertissements écrits, de même que dans les autres États de l'Union européenne : la règlementation est liée à la directive 2001/37/CE du 5 juin 2001 « relative au rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres en matière de fabrication, de présentation et de vente des produits du tabac »[25].
37
+
38
+ La culture du tabac utilise beaucoup d’énergie ; elle nécessite une utilisation substantielle des terres et de l’eau, des pesticides, du carburant et un recours massif à la déforestation[26].
39
+
40
+ La combustion d'une cigarette donne lieu à la production d'un déchet appelé mégot. Celui-ci est massivement jeté dans l'environnement (766 571 tonnes par an en 2011[27]). Aux États-Unis, les mégots représentent entre 28 % et 33 % du total des déchets ramassés. Selon l’Institut de santé globale suisse, les mégots représentent également 40 % des déchets que l’on trouve dans la mer Méditerranée[28].
41
+
42
+ Le mégot est environ 100 fois plus toxique pour les organismes aquatiques qu'une cigarette non fumée[29]. De plus, les animaux marins peuvent ingérer les mégots, ce qui peut entraîner leur mort ou en tout cas provoquer un faux sentiment de satiété — les animaux ne régurgitent pas forcément ce type d’élément — et donc une sous-nutrition[28].
43
+
44
+ La cigarette est responsable de 0,2 % des émissions totales de gaz à effet de serre[26].
45
+
46
+ Les cinq plus importants fabricants de cigarettes en volume étaient, en 2005[30] :
47
+
48
+ Le total des ventes pour cette année s'élevant à 5,457 milliards d'unités.
49
+
50
+ En 2012, l'industrie du tabac reste dominée par l'oligopole de ces cinq entreprises, le « Big Tobacco (en) », détenant 83 % du marché : 43 % par la China National Tobacco Corporation qui en 2012 a produit 2 500 milliards de cigarettes (essentiellement pour le marché chinois qui compte 300 millions de fumeurs, soit 30 % du milliard de fumeurs dans le monde), et 40 % par les quatre grandes multinationales du tabac[31].
51
+
52
+ Production de cigarettes dans les pays membres de l'UE, en 2017, en milliard d'unités (principaux pays producteurs)
53
+
54
+ Source : Eurostat [DS-066341][32].
55
+
56
+ Au début du XXe siècle, le tabac est cultivé et consommé sur tous les continents. Les progrès techniques et industriels font évoluer sa production et la consommation de cigarettes supplante dès lors la chique, la prise, la pipe et le cigare. En 1880, il est vendu cent millions de cigarettes dans le monde, en 1900 un milliard de cigarettes[33]. Sa consommation se diffuse massivement au milieu du XXe siècle avec l'essor de la publicité. En 1940, 1 000 milliards de cigarettes sont vendues dans monde, 2 000 milliards en 1960, 5 000 milliards en 1980, 6 000 milliards en 2014[34].
57
+
58
+ Les cigarettes sont généralement vendues en paquets de 20 à 25 unités, ou à l'unité dans certains pays pauvres. Les paquets peuvent à leur tour être vendus en cartouches (ou cartons) de 8 à 12 unités.
59
+
60
+ En France, environ 13,5 millions de fumeurs sont recensés en 2007 (15 millions en 2003), parmi lesquels 16,5 % fument plus de 20 cigarettes par jour. 54,4 milliards de cigarettes ont été vendues en 2008[35], pour un montant d'environ 14 milliards d'euros (calcul effectué sur une base de 5,30 €[36] le paquet de 20 cigarettes soit 0,265 €/cigarette). Le revenu généré par les taxes sur le tabac (un paquet de cigarette est taxé par l'État français à hauteur de 80 %[37]) est d'environ 11 milliards d'euros.
61
+
62
+ La taxation des cigarettes est l'objet d'une attention toute particulière des gouvernements soucieux de maximiser l'efficacité de la collecte de revenus et des politiques de santé publique[38]. Par rapport à d'autres produits, la variation de consommation reste cependant relativement peu élastique et toute augmentation des prix ne se traduit pas forcément par une baisse du nombre de fumeurs - une partie des consommateurs se dirigeant vers d'autres produits du tabac plus faiblement taxés (tabac à rouler par exemple), ou vers les cigarettes de contrebande.
63
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64
+ Une grande partie du prix des cigarettes est composé de taxes gouvernementales indirectes. Celles-ci se décomposent en trois grandes catégories : droits d'accise, taxes sur les ventes (TVA par exemple) et, éventuellement, droits de douane[39]. Les droits d'accise prélevés peuvent en outre être exercés sur différents aspects de la marchandise, qu'il s'agisse du poids, du nombre ou de la valeur des cigarettes vendues. Enfin, cette imposition peut être ad valorem (un pourcentage de la valeur déclarée) ou spécifique (un montant fixe pour une quantité donnée).
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+ Il n'existe pas réellement d'approche uniforme en matière de taxation dans le monde, ce qui conduit à de vastes différences de prix d'un pays à l'autre. Ainsi, le prix d'un paquet de cigarettes Marlboro, marque la plus vendue au monde[40], varie de un à onze dollars par paquet selon les pays que ce soit en Mongolie ou en Norvège[41].
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+ Cette hétérogénéité en matière de prix fait de la cigarette un produit très vulnérable aux trafics et à la contrebande. Selon une étude du cabinet KPMG de 2016 commandée par les quatre grandes multinationales de l'industrie du tabac, la France serait le pays européen le plus touché par cette question dans l'Union européenne. Toutefois, le Comité national contre le tabagisme conteste ces résultats et les méthodes de l'étude[42]. Afin de lutter contre ce problème, la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac recommande de mettre en place un dispositif — indépendant des fabricants — pour s'assurer de la traçabilité des cigarettes[43], conformément à l'article 15 de cette convention[44]. L'industrie du tabac souhaite reconduire un accord signé en 2004 avec la Commission européenne, qui lui confie la charge du dispositif de lutte contre la fraude ; le Parlement européen s'est opposé à une forte majorité à la reconduite de cet accord et s'est prononcé en faveur de la mise en place d'un système de suivi indépendant des fabricants[45].
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+ Les Amérindiens fumaient le tabac enroulé dans différentes feuilles végétales, les classes supérieures fumant plutôt la pipe. Lors de son introduction en Espagne par les conquistadors au XVIe siècle, la consommation de tabac se diffusa en Europe où il était prisé, mastiqué (tabac à mâcher et à chiquer), fumé à la pipe (pratique typique chez les marins et les militaires) ou au cigare dont la feuille de maïs devint la norme sur le continent européen, avant d'être remplacée par du papier fin à partir du XVIIe siècle[46]. Le tabac roulé dans du papier était appelé papelate et est illustré dans diverses œuvres de Goya comme La Cometa, La Merienda en el Manzanares et El juego de la pelota a pala[47].
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+ Il est possible que l'origine des premières cigarettes provienne de la pratique dès la seconde moitié du XVIIe siècle par le petit peuple de récupérer les mégots de cigare jetés par les riches espagnols. Ce type de consommation se répandit alors dans l'Europe, à l'exception notable de la France qui lui préféra la prise nasale jusqu'au XIXe siècle, période qui vit la cigarette s’imposer vers 1830 après qu'elle fut ramenée d’Espagne par les soldats de Napoléon Ier : tabac et papier à rouler étaient alors vendus séparément et les cigarettes préparées manuellement[48].
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74
+ Les premières cigarettes manufacturées apparurent en Espagne vers 1825, en 1833 les paquets de cigarettes furent vendus sous la dénomination cigarrillo ou cigarrito, qui dérive du mot cigarra (« cigale ») par similitude de forme et de taille avec l'insecte[49]. En France, le mot cigaret (petit cigare) se féminisa en cigarette dès 1831[50].
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76
+ En 1845, le monopole d'État fut instauré en France pour la fabrication des cigarettes[47]. Cette même année 1845, un industriel proposa une machine d'appartement à rouler les cigarettes, sous l'appellation de Cigaretta-Factor. Mais, jusqu'en 1870, c'est la pipe en terre qui réunissait encore les faveurs des consommateurs, sans parler des autres modes de consommation, la chique par exemple, qui subsistaient[51].
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+ Il fallut attendre la fin du XIXe siècle et la multiplication de machines[52] permettant la fabrication industrielle de cigarettes pour que sa consommation se démocratise : alors que les cigaretteuses[53] produisaient jusqu'à 1 200 cigarettes par jour, ces machines en fabriquaient 600 à la minute au début du XXe siècle[46].
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+ La distribution gratuite de tabac gris[54] aux soldats de la troupe pendant la Première Guerre mondiale généralisa sa consommation.
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+ En France, en 1926, le service d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes (SEITA) fut créé pour gérer le monopole. Les bénéfices du service étaient versés à la caisse autonome pour l'amortissement des emprunts d'État.
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+ La production de cigarettes passe de 10 milliards d'unités en 1923 à 19 milliards en 1940, puis à 86 milliards en 1980[55].
85
+
86
+ Mais la consommation de tabac n'a vraiment commencé à prendre de l'ampleur que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale avec l'arrivée des « américaines ». Le service militaire et les prisons sont souvent des moments et lieux d'apprentissage ou de développement du tabagisme (ainsi dans les années 2003-2004 aux États-Unis, la prévalence générale du tabagisme diminue mais reste deux fois plus élevée chez les adultes incarcérés que dans le reste de la société)[56].
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+
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+ La cigarette filtre, inventée en Suisse dans les années 1930, se généralise dans les marchés occidentaux dans le courant des années 1950[46].
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+
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+ En 1982, la production mondiale de cigarettes atteint 4 600 milliards d'unités[57].
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+ Un fume-cigarette est un accessoire de mode en forme de tube légèrement évasé, à l’extrémité duquel on insère une cigarette de manière à la fumer sans qu’elle touche aux lèvres. La personne qui l'utilise respire alors à travers l'embout du fume-cigarette. Souvent fabriqué en argent, en or, en jade, en ivoire ou en bakélite (puis d'autres plastiques), il était populaire chez les femmes mondaines et à la mode, du milieu des années 1910 jusqu'aux années 1970. Il s'est fait beaucoup mieux accepter chez les hommes dans les années 1930.
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+ La lutte contre le tabagisme progresse au fur et à mesure de la reconnaissance de sa nocivité. La cigarette est de plus en plus taxée, et son usage de plus en plus limité (interdiction dans les bars et restaurants, dans les gares, sur les aires de jeux, etc.) dans de nombreux pays.
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+ Par ailleurs, le travail des enfants reste un problème majeur dans la production du tabac.
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+ Un cimetière est un groupement de sépultures parfois attenant à un lieu de culte. Espace funéraire qui apparaît au Moyen Âge, il se distingue du champ funéraire préhistorique qui n'abrite pas de monuments, et de la nécropole antique qui est nettement séparée des lieux de culte[1].
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3
+ Le mot cimetière, dont l'étymologie remonte au bas-latin cimiterium lui-même issu du latin classique coemeterium, ce mot venant du grec ancien κοιμητήριον, koimêtêrion (« lieu pour dormir, dortoir »), appartient jusqu'au XVe siècle au langage des clercs alors que le langage courant utilise celui d'aître (du vieux français aitre issu du latin atrium, qui désigne la cour intérieure d'entrée précédant l'entrée d'une villa romaine, d'où par extension le cimetière situé avant l'entrée de l'église[2], telle l'aître Saint-Maclou) ou de charnier[3]. Il n'est donc guère étonnant qu'outre le "repos des morts", certains cimetières accueillent également celui des vivants lors de rites d'incubation.
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5
+ Par extension, le cimetière désigne tout terrain public et sacré où, après une cérémonie, l’on enterre les morts d'un même groupe humain dans des tombes individuelles ou lignagères où leur souvenir est généralement signalé par un monument, des symboles ou des inscriptions. Le terme général de cimetière finit par englober celui de champ funéraire et de nécropole.
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+
7
+ Le culte des morts est considéré comme caractéristique de l'espèce humaine. La mise en terre des morts en des lieux dédiés est apparue très tôt dans la préhistoire, bien avant l'invention de l'écriture, avec des constructions particulières (tumulus, nécropole) pour les chefs ou les personnalités religieuses, souvent enterrés avec nombre d'objets symboliques (dont symboles de richesse). Pour cette raison, depuis l'antiquité, les tombes et les cimetières ont souvent été pillés. Le plus vieux cimetière découvert à ce jour, au nord de la Jordanie, daterait de plus de 16 500 ans. Il était composé de tombes garnies d'offrandes[4].
8
+
9
+ Dans la civilisation égyptienne antique, le culte des morts était tel qu'une organisation très complexe s'est mise en place, conduisant à la création de cimetières souterrains gigantesques : les nécropoles.
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+
11
+ Dans la Rome antique, la Loi des XII Tables interdit pour des raisons hygiéniques d’être inhumé ou incinéré à l’intérieur des cités, les corps sont enterrés dans des catacombes ou des hypogées dans des nécropoles situées généralement le long des axes de communication[5].
12
+
13
+ Dans la Gaule romaine, les cimetières sont aménagés en dehors des villes (des remparts lorsqu'ils existent). On trouve des cimetières d'incinération et d'inhumation.
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+
15
+ Dans les premiers temps du christianisme, les Pères de l'Église accordent simplement aux morts les soins nécessaires aux vivants pour faire leur deuil. Au Haut Moyen Âge (VIe-VIIIe siècles), la mort se vit dans une continuité antique où les familles prennent soin de leurs morts et les enterrent.
16
+
17
+ C’est essentiellement durant la période carolingienne (VIIIe - IXe siècle) que l’Église s’interroge plus avant sur la question du cimetière, des sépultures et des rites funéraires. L’accompagnement du défunt dans sa dernière demeure et dans l’au-delà se codifie selon de nouvelles modalités.
18
+
19
+ Entre les VIIIe et Xe siècles, lors de la christianisation en profondeur des populations de l’Europe, l’espace funéraire s’organise suivant de nouvelles dispositions et selon de nouveaux rites funéraires. Néanmoins, ce n’est qu’aux Xe - XIe siècle qu’apparaît, tel qu’on le connaît, le cimetière chrétien entourant l’église paroissiale.
20
+
21
+ Durant l’Antiquité romaine, la Loi des XII tables (milieu Ve siècle av. J.-C.) interdit les inhumations au sein de la cité[6]. Les premiers chrétiens seront donc inhumés dans les catacombes. Caractéristique de la période antique, la nécropole ne tend à disparaître que vers la fin du VIIe siècle. Cette disparition s’accompagne d’un amoindrissement de l’utilisation de sarcophages, typique du mode d’inhumation antique. Les sarcophages commencent en effet à s’éclipser aux VIIe et VIIIe siècles tandis que le coffrage, en bois ou en tuile, fait son apparition dès le Ve siècle et se diffuse au VIIIe siècle[7]. Le haut Moyen Âge voit s’opérer une généralisation des tombes en pleine terre et des modifications dans le mobilier funéraire sont également observables : les dépôts de types alimentaires perdurent au-delà du Ve siècle, avant de disparaitre à partir de l’époque carolingienne. Le dépôt d’objets, hors vêtements et habillement du défunt, à caractère religieux ou de pouvoir, lui, se maintient[7].
22
+
23
+ Pour cette période, on ne peut pas à proprement parler d’un « cimetière » au sens moderne du terme. Les fouilles archéologiques de sites funéraire du haut Moyen Âge tendent en effet à montrer qu’il n‘y a pas de signalement, par une croix ou une marque quelconque, de ces tombes en pleine terre, ni même de plan qui orienterait la répartition spatiale des tombes. Régulièrement, ces champs des morts sont labourés et les anciens ossements, le plus souvent des tibias ou des crânes sont déposés dans un ossuaire ou au pied du nouvel occupant[7].
24
+
25
+ À la fin du VIIe siècle, les cimetières en « plein champ » (c’est-à-dire une longue rangée de dépouilles sur des dizaines voire des centaines de mètres) sont en grande partie abandonnés au profit d’un nouveau type d’organisation : la première ébauche de cimetière paroissial[8].
26
+
27
+ Dès le IVe siècle apparaissent différents monuments construits sur les tombes des martyrs. Parallèlement à l’utilisation des nécropoles péri-urbaines dites de « plein champ », les chrétiens cherchent en effet à posséder une sépulture au plus près du lieu sacré[1]. Les croyants cherchent la protection du saint par l’inhumation ad sanctos (près du saint). Patrick Perrin va jusqu’à parler d’une tendance « superstitieuse » des Francs à être inhumés près des reliques de saints[9].
28
+
29
+ Ces basiliques funéraires, souvent situées en périphérie des villes à l’instar des anciennes nécropoles, vont attirer à elles les tombes des croyants. L’installation de sépultures proches de ces monuments est la première marque d’une nouvelle imbrication entre « un lieu de culte, des tombes et un habitat »[10].
30
+
31
+ Une vague de fondation d’églises funéraires s’effectue dans les villes, mais aussi dans les campagnes, comme en témoignent les fouilles archéologiques de cimetières ruraux des VIe et VIIe siècles, à Hordain dans le Nord-Pas-de-Calais, par exemple (site occupé du IVe siècle à la période carolingienne)[9].
32
+
33
+ Certaines de ces basiliques cimétériales fixent les nécropoles durablement dans le temps et sont à l’origine de chapelles cimétériales ou d’églises paroissiales, comme, à Saint Martin d’Arlon en Belgique, où le cimetière mérovingien et une église ont été fouillés[9].
34
+
35
+ Le terme même de cimetière connaît une évolution : dans la période antique, koimètèrion (dortoir en grec) et cimeterium désignent, en Orient comme en Occident, un lieu funéraire, une tombe individuelle, plus qu’une nécropole. L’historien Michel Lauwers estime que le mot est employé pour désigner la tombe des martyrs et, par extension, les édifices qui leur sont consacrés. Selon Cécile Treffort cependant, le terme coemeterium qualifie aussi le cimetière communautaire, comme le montre la vie d’Eigil de Fulda[8]. Il renvoie donc aussi bien à la sépulture individuelle qu’au site d’inhumations collectives. Il faut cependant attendre le Xe siècle pour que l’emploi du mot se généralise, en particulier dans les livres pontificaux[1] ; auparavant, on ne le trouvait ni chez Isidore de Séville ni chez Raban Maur, par exemple.
36
+
37
+ Le « droit » funéraire commence bien avant le Moyen Âge, comme nous l’avons vu avec la Loi des Douze Tables. Différents empereurs comme Constantin (310-337), Gratien (367-383) ou encore Théodose (379-395) légifèrent et interdiction est faite d’enterrer dans les églises (381)[6]. Le canon 14 du concile d’Auxerre (561-605) interdit « d’ensevelir les corps dans le baptistère »[11]. La période médiévale voit la mise en place d’un véritable arsenal législatif quant au lieu des tombes, à leur disposition ou encore aux modalités de mises en terre. Le concile de Clermont (535) interdit d’enterrer un corps avec une « nappe ou autres linges sacrés »[11]. De même, les édits royaux et conciliaires tentent de mettre fin aux activités des vivants qui ont lieu sur et dans les cimetières[12].
38
+
39
+ L’interdiction d’inhumer à l’intérieur de l’église faite aux fidèles amène également au développement de l’inhumation ad sanctos. Au très Haut Moyen Âge, il existe une séparation entre cimetière et église qui tend très vite à s’amenuiser avec le développement des basiliques cimétériales ou des inhumations au sein de terres « habitées », ce qui amène souvent à la construction de chapelles funéraires familiales. La présence de tombes dans les basiliques péri-urbaines s’effectue assez rapidement, d’autant qu’au IXe siècle, l’ensevelissement intra muros est à nouveau condamné. La condamnation répétée de ce type de sépulture intra muros est la marque de sa conservation malgré sa prohibition. Cette interdiction connaissait des dérogations (les conciles de Germanie au IXe siècle montrent une certaine tolérance à ce sujet) pour les hauts dignitaires ecclésiastiques et laïques (nobles) qui possédaient une place « réservée » à l’intérieur des églises, surtout lorsqu’ils en étaient les donateurs ou constructeurs[6]. Pépin le Bref, par exemple, fit construire un sanctuaire dans la basilique Saint Denis destiné à sa propre sépulture afin d’y être enterré proche des reliques de Saint Denis, abritées dans une église construite par Sainte Geneviève, la patronne de Paris. Les bourgeois acquièrent au XIIIe siècle le droit de sépulture dans les églises que contre des sommes d'argent de plus en plus élevées[13].
40
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41
+ À l’époque carolingienne, petit à petit, et de façon variable selon les régions, on aboutit finalement au système du cimetière paroissial qui encadre l’église. Au Xe siècle, on considère l’évolution des « champs de repos » comme achevée.
42
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43
+ Le lieu de repos des morts est considéré comme sacré et ce dès les périodes antiques. Les empereurs chrétiens promeuvent des lois contre la destruction, la violation et l’atteinte aux sépultures, comme l’empereur Constant qui, en 356, promulgue une loi « contre la destruction des tombeaux »[15]. Le droit romain prévoyait déjà ce genre d’interdiction (Dig. 1, 8, 6 , 4)[11]. La violation de sépultures est sacrilège chez les Burgondes ou chez les Wisigoths. Le concile de Mâcon (585) interdit l’ouverture des tombes pour y déposer de nouveaux morts si les cadavres des anciens occupants ne sont pas encore décomposés.
44
+
45
+ Dès le Ve siècle, le cimetière est vu comme un lieu d’asile et de refuge. À l’instar des églises, il est interdit de capturer un fugitif qui se réfugie dans l’enceinte du cimetière.
46
+
47
+ Avec la consécration épiscopale, le cimetière acquiert un nouveau statut, dont les plus anciens témoignages remontent au Xe et XIe siècles : l’évêque bénit à la fois l’église et son cimetière. Au XIIIe siècle, les sources indiquent finalement qu’un cimetière sans église est inutile et la zone funéraire attenant à ladite église est alors désignée comme son « sein »[16].
48
+
49
+ La règle de l'ensevelissement en terre consacrée est absolue : les membres dirigeants de la communauté ecclésiastique et de la noblesse locale cherchent à se faire ensevelir — dans la mesure de l'espace disponible — dans les églises[17]. L'application de l'interdiction d’inhumer à l’intérieur de l’église est plus ou moins bien appliquée : même des fidèles, suffisamment aisés, peuvent jusqu'au XVIIIe siècle se faire inhumer dans la nef, ce qui assure de substantiels revenus à la fabrique[18]. Le sort des plus humbles reste à cette époque la fosse commune. De plus, les tombes dans les cimetières ne sont pas individualisées[19]. Contrairement à la vision erronée du grand public, cette terre sacrée que devrait constituer le cimetière, n'est pas soustraite à de multiples usages profanes. Les autorités ecclésiastiques y constatent en effet de nombreuses infractions : jeux et danses, séchage du linge, échoppes de marchands, foires et marchés, fabriciens faisant construire des maisons à louer[20].
50
+
51
+ Les nouvelles préoccupations sanitaires qui se développent au long du XVIIIe siècle sont accompagnées de recommandations pour agrandir les cimetières, en instaurer extra-muros, surtout dans les grandes agglomérations urbaines. Le XIXe siècle achève de faire des cimetières déplacés et monumentalisés le lieu privilégié du culte des morts[21].
52
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53
+ Les non-catholiques, n'ayant pas reçu le sacrement de l'extrême onction sont toujours exclus de l'inhumation dans le cimetière paroissial par l'Église, à l'exception des enfants morts sans baptême qui bénéficient d'une place mais non bénite[22]. Le 16 septembre 1634, le parlement de Paris par un arrêt de la Cour des grands jours de Poitiers interdit aux protestants d'être enterrés dans les cimetières paroissiaux. Les morts devront aller ailleurs. Jusqu'à la Révolution, les inhumations se feront de nuit et plus ou moins clandestinement.
54
+
55
+ Le décret impérial de 1804, autorisant chaque citoyen à inhumer ses parents ou amis dans sa propriété, rend légal les cimetières familiaux et privés qui se généralisent au cours du XIXe siècle, dans les régions à forte présence protestante.
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57
+ Protégés par la République, ils sont inaliénables, invendables et appartiennent au petit patrimoine rural.
58
+
59
+ En Europe occidentale, au XVIIIe siècle, les cimetières, alors installés au chevet des églises sont progressivement désaffectés. De nouveaux cimetières sont ouverts aux portes des villes ou des villages. Les épidémies de choléra et les mesures d'hygiène à leur encontre contribuent fortement à ce changement. D'autre part la progression des idées libérales renforcent ce mouvement. Des débats politiques ont lieu sur le droit des non-baptisés à être inhumés dans les cimetières publics. Progressivement le cimetière n'est plus administré par l'Église et le pouvoir religieux mais par l'autorité municipale. Tel est le cas en France aux environs de 1770 où, sur les instances de la Faculté, les autorités décident de déplacer les cimetières à l’extérieur des villes pour les soustraire à la putréfaction, de les entourer de murs, d’interdire le creusage de puits à proximité pour des raisons de salubrité publique et lorsque le système des concessions voit le jour[23]. Une ordonnance royale du 10 mars 1776 interdit d’inhumer dans les églises, avec de possibles exceptions pour quelques privilégiés (évêques, curés, patrons, hauts justiciers et fondateurs des chapelle)[24] ; elle prescrit que les cimetières devenus insuffisants soient agrandis et que ceux placés dans l’enceinte des habitations soient portés, autant que les circonstances le permettent en dehors de l’enceinte des villes[25]. Cette ordonnance qui supprime le choix du lieu de sépulture dans une église en imposant le cimetière ne fait qu'accélérer une évolution en cours : de lieu de vie placé au centre de la communauté des vivants, le cimetière devient un lieu de prière et de visite aux morts[26].
60
+
61
+ La Révolution française transfère la propriété des cimetières paroissiaux à la commune : le cimetière municipal devient public[27]. Dans le cadre du Concordat de 1801, le décret du 23 Prairial an XII (1804) sur les sépultures et les lieux qui leur sont consacrés, confie aux fabriques et consistoires (établissements publics du Culte), le monopole des fournitures et services funéraires et instaure le régime des concessions. Ce décret codifie également la sectorisation confessionnelle des cimetières français, fruit d’une politique de séparation des minorités religieuses instaurée par les pouvoirs publics, consacrant ainsi le refus de l'exclusion funéraire qui frappait les minorités religieuses sous l'Ancien Régime[28]. La loi du 15 novembre 1887 sur la liberté des funérailles permet à chaque personne d'exprimer son choix quant au mode de sa sépulture et aux conditions de ses funérailles.
62
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63
+ Le décret de 1804 prévoit d'organiser les cimetières en tranchées, dont chaque concession est prévue pour durer cinq ans. Passée cette période, on estime le corps assez décomposé pour être transféré dans une fosse commune. Seuls quelques tombeaux de personnalités pouvaient exceptionnellement être conservés. Dans les années 1840 se développe toutefois la pratique des concessions familiales longues ou perpétuelles, d'abord dans l'élite, puis qui se généralise dans toutes les couches de la société[29].
64
+
65
+ La loi du 28 décembre 1904 retire aux fabriques et consistoires et donne aux communes le monopole de l'organisation des funérailles (dans le cadre de la séparation de l'Église et de l'État). Les municipalités passent alors souvent des contrats avec des entreprises de pompes funèbres, d'où une standardisation de la pierre tombale et du caveau funéraire proposés dans des « catalogues », à l'exception des sépultures des morts les plus fortunés dont l'art funéraire peut prendre une originalité et une grande ampleur[30]. La multiplication des crémations a rendu de plus en plus fréquents les murs funéraires à urnes ou les jardins du souvenir.
66
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67
+ Dans les pays occidentaux, depuis le début du XIXe siècle, les cimetières sont divisés en concessions cadastrées (organisation en divisions, carrés et rangées, ordonnancement caractéristique de la Révolution industrielle) auxquelles on accède par des allées. Chacune est louée ou vendue à une personne ou à une famille, qui peut y construire une tombe ou un caveau. Une concession dite « à perpétuité » pouvait être donnée ou vendue à une famille, mais la perpétuité devient rare en raison du manque de place dans et autour des villes.
68
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69
+ Certains cimetières donnent l’impression de reproduire la ville avec ses quartiers riches et ses quartiers pauvres. Dans certains pays, les familles dépensent des sommes considérables pour construire des tombes en forme de maisons, construites avec plus de soins que les vraies, par exemple à Madagascar. Les fosses communes, longtemps le lot des morts sans famille et des indigents, sont maintenant réservées aux personnes non identifiées tuées lors de catastrophes ou d’épidémies importantes.
70
+
71
+ Selon les cultures et les époques, les cimetières, comme les tombes d’ailleurs, sont plus ou moins monumentalisés et sacralisés. Le culte catholique est caractérisé par des tombes de pierre, imposantes et ornées de symboles parfois complexes. La fin du XXe siècle en France et dans plusieurs pays européens a découragé l’expression de la nature dans les cimetières : pierres de marbre, caveaux de béton fabriqués artisanalement, puis industriellement sont alignés entre allées de schistes ou de graviers souvent chimiquement désherbées. Dans les pays de tradition catholique, le jour des Morts est la Commémoration des fidèles défunts et est marqué le 2 novembre. Ce jour-là — ou la veille, la Toussaint — on dépose sur les tombes des fleurs en plastique, en céramique ou peintes sur des émaux ou des fleurs naturelles.
72
+
73
+ Parfois cependant la nature est présente. Ainsi, les haies et arbustes taillés au cordeau, les gazons très entretenus caractérisent les cimetières militaires. À Paris, le cimetière du Père-Lachaise est plus visité que des jardins authentiques. Dans certaines régions, l’if (plante symbolique de l'immortalité) ou le lilas commun (plante importante pour les gitans) sont présents dans le cimetière. Certains cimetières sont presque complètement recouverts d'herbe, comme dans les pays anglo-saxons, où les allées et les tombes sont plantées de gazon dont n'émergent que des stèles ou des croix verticales. Cette formule est adoptée par les cimetières musulmans en Europe du Nord, en Europe de l’Est ou en d’autres pays. Certaines communes entretiennent une flore variée favorable aux papillons et aux oiseaux afin qu’ils égayent le lieu.
74
+
75
+ En France, les cimetières sont devenus des propriétés communales où tous les habitants, tous les inscrits sur les listes électorales ou toutes les personnes décédées sur la commune ont le droit d'être inhumés. Les communes accordent en outre des concessions de durées variables pour qu'un demandeur puisse y établir une sépulture individuelle ou familiale. Il ne lui est pas permis d'y établir des zones confessionnelles. Les différentes confessions des défunts peuvent être manifestées par des cérémonies et des rites, et, sur les tombes par des symboles ou des inscriptions religieuses, philosophiques ou politiques. Les communes aménagent cependant souvent des espaces dits « carrés musulmans », regroupant les tombes des défunts qui suivent les rites d'inhumation musulmans. L'inhumation[31] fait l'objet en France d'une réglementation très précise. Dans le cadre des pouvoirs de police du maire, en matière de salubrité publique, les agents de la police municipale sont chargés de la surveillance des opérations funéraires (exhumations, réduction, transports de corps).
76
+
77
+ De nos jours, et sous la pression foncière, on cherche à récupérer l'espace utilisé en centre-ville par certains cimetières, et à déplacer vers l'extérieur des villes ces lieux de recueillement et de souvenir. D'autres pratiques funéraires comme la crémation se présentent comme permettant de réduire l'emprise au sol (sur 10 m2 on loge quatre à six cercueils, contre 200 urnes), mais en termes d'empreinte écologique le bilan de la crémation peut être réévalué.
78
+
79
+ Aître Saint-Maclou à Rouen, cimetière des pestiférés au XIVe siècle.
80
+
81
+ Cimetière médiéval, Espagne.
82
+
83
+ Cimetière juif datant de 1853 d'Arlon, en Belgique.
84
+
85
+ Cimetière à Szczecin, Pologne.
86
+
87
+ Cimetière Point Lookout, dans le Louisiana State Penitentiary à Paroisse de Feliciana Ouest, Louisiane, États-Unis.
88
+
89
+ Cimetière-parc du Mont Valérien à Nanterre.
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+ Jérusalem, mont des Oliviers, cimetière juif.
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+ Cimetière à Čakovec, Croatie.
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+ Cimetière sous la neige à Bathmen, village des Pays-Bas.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Il existe des cimetières, notamment à Caen : cimetière des Quatre-Nations, cimetière Saint-Jean, cimetière protestant, cimetière Saint-Pierre, cimetière Saint-Nicolas, cimetière Saint-Ouen, réservés aux concessions à perpétuité[32] où l’absence d'entretien des tombes laisse la nature reprendre ses droits.
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+ Dans certaines régions de France, comme la Drôme, les Cévennes et le Poitou, des familles protestantes ont créé leurs propres cimetières au XVIIIe siècle pour pouvoir enterrer leurs morts qui étaient exclus des cimetières paroissiaux catholiques[33].
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+ Selon l'inventeur de ce concept en 1995, l'ingénieur canadien Michael Kibbee[34], le cimetière virtuel est un espace en ligne où les utilisateurs du réseau peuvent créer des monuments permanents aux morts pour eux-mêmes et leurs proches[35]. Depuis 2008, les grands services de pompes funèbres français développent de tels services.
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+ Selon les lieux, les cultes, les cultures et les époques, les tombes, nécropoles et cimetières sont ou ont été des lieux noyés dans la nature, parfois indétectables pour ceux qui en ignorent l'existence tant ils sont intégrés dans le paysage. Mais ils peuvent au contraire consister en des lieux très artificiels (catacombes, pyramide, cercueils de plomb (toxique), sarcophages) visant à ce que le corps ou les ossements ne se mélangent pas à la terre.
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+ C'est au XIXe siècle en Europe que les cimetières les plus artificiels sont apparus, souvent à l'image des villes, avec des allées rectilignes et désherbées, avec leurs quartiers riches et pauvres et leurs ghettos et fosses communes. Certains sont restés très arborés, comme le cimetière du Père-Lachaise, d'autres uniquement engazonnés comme les cimetières militaires. Si les crématoriums récents sont souvent accompagnés d'un jardin du souvenir ou de recueillement, le cimetière moderne n'est plus noyé dans la nature, il est isolé par une haie, un mur ou une clôture.
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+ On a pourtant trouvé des espèces de plantes exotiques, ou rares et protégées dans les cimetières, jusque sur les tombes. Et face au manque de nature en ville, dans une perspective de haute qualité environnementale (HQE), l'idée d'un cimetière plus « naturel » persiste ou fait son chemin dans les pays nordiques, protestants, dans certaines communautés musulmanes ou traditionnelles, sans encore trouver beaucoup de concrétisation dans l'Europe de l'Ouest imprégnée de culture catholique.
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+ Les principaux problèmes environnementaux sont :
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+ En France une série de lois et d'arrêts ont commencé à gérer la situation par rapport aux soucis d'hygiène dès 1765 (arrêts de la cour du parlement, des 22 mai et 3 septembre 1765, et déclaration du 10 mars 1776 : les cimetières encore existants dans l'intérieur des communes et des hôpitaux, seront, dans le plus court délai, transférés hors de leur enceinte).
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+ La loi du 29 Prairial an XI envisage tous les aspects, par exemple : situation du cimetière à plus de 35 mètres d’un puits, hauteur des murs d’enceinte, situation au nord (retarder la décomposition), interdiction de superposer les corps, en toute généralité, la place réservée est celle de cinq fois celle d’une année, la commune peut octroyer une concession si le cimetière est assez vaste. Cette loi s'appliquait également en Belgique, en effet depuis la régionalisation de la matière, chaque région dispose de sa propre réglementation en matière de sépultures et de funérailles.
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+ Plusieurs villes françaises comme Ivry-sur-Seine et Niort ont ouvert des « cimetières écologiques », avec inhumation en pleine terre : le cercueil est posé à même le sol, sans caveau en béton ni pierre tombale en granit[36]. Avec une émission de 182 kg équivalent CO2, cette pratique serait moins polluante que la crémation (233 kg) et l'inhumation (833 kg), selon les résultats de l'étude des services de la Ville de Paris (à supposer que le cimetière soit proche du lieu du décès)[36].
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+ Le cadavre selon les conditions aérobies ou anaérobies de sa décomposition est source plus ou moins importante et durable de microbes et de CO2 et surtout de méthane (CH4), deux gaz à effet de serre, le méthane étant 21 fois plus efficace dans sa contribution au réchauffement climatique, à court et moyen terme. Certains cimetières construits en zone inondable ou accidentellement inondés peuvent en outre poser de sérieux problèmes pour l'eau.
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+ Par ordre chronologique de publication.
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+ Le mot animation peut faire référence à :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ 5 (cinq) est l'entier naturel qui suit 4 et qui précède 6.
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+ Le nombre cinq correspond au nombre normal de doigts d'une main ou d'un pied humains.
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+ Le préfixe du Système international pour 1 0005 (1015) est péta (P), et pour son inverse, 10-15, femto (f).
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+ L'évolution de notre glyphe moderne pour cinq ne peut pas être tracée nettement vers les brahmanes hindous de la même manière que nous l'avons fait de 1 jusqu'à 4. Plus tard, les peuples hindous Kushana et Gupta ont eu parmi eux-mêmes plusieurs glyphes différents qui ne produisent aucune ressemblance avec le glyphe moderne. Les Nagari et Punjabi ont pris ces glyphes et les ont fait évoluer vers un h minuscule mis en miroir et tourné la tête en bas. Dans les chiffres dits ghûbar[1] des Arabes d'Afrique et d'Espagne, le glyphe a été transformé de plusieurs manières différentes, arrivant à des glyphes ressemblant plus à 4 ou 3 plutôt que 5. C'est à partir de ces caractères que les Européens en firent finalement le 5 moderne, bien que d'une évidence purement graphique, il serait plus facile de conclure que notre 5 moderne vient du khmer.
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+ La graphie « 5 » n'est pas la seule utilisée dans le monde ; un certain nombre d'alphabets — particulièrement ceux des langues du sous-continent indien et du Sud-Est asiatique — utilisent des graphies différentes.
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+ graphie du nombre 5 sur un afficheur 7 segments.
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+ Cinq est :
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+ Il résulte du théorème de Gauss-Wantzel que le pentagone régulier est constructible à la règle et au compas.
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+
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+ Cinq est un facteur premier de 10, ainsi les fractions dont le dénominateur est composé avec 5 ne fourniront pas de développement décimal illimité, à la différence de la plupart des autres nombres premiers. Lorsqu'ils sont écrits dans le système décimal, tous les multiples de 5 se terminent soit par 5, soit par 0.
24
+
25
+ Tandis que les équations polynomiales de degré inférieur ou égal à 4 peuvent être résolues par radicaux, les équations de degré 5 et supérieur ne peuvent généralement pas être résolues ainsi. C'est le théorème d'Abel-Ruffini. Ceci est relié au fait que le groupe symétrique
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+
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+ n
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+
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle {\mathcal {S}}_{n}}
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+
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+ est un groupe résoluble pour
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+
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+
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+
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+ n
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+
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+ 4
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle n\leq 4\,}
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+ et non résoluble pour
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+
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+
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+ n
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+
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+ 5
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+
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+
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+
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+ {\displaystyle n\geq 5\,}
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+
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+ .
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+
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+ Tandis que tous les graphes avec un nombre inférieur à 4 de sommets sont planaires, il existe un graphe avec 5 sommets qui est non planaire :
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+ K
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+ 5
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+ {\displaystyle {\mathcal {K}}_{5}}
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+ , le graphe complet avec 5 sommets.
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+ Il existe cinq solides de Platon et cinq composés polyédriques réguliers convexes.
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+ Un polygone de cinq côtés est appelé un pentagone. Les nombres figurés représentant des pentagones (incluant cinq) sont appelés des nombres pentagonaux. Cinq est aussi un nombre pyramidal carré.
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+ Les puissances entières successives de 5 sont : 1, 5, 25, 125, 625, 3 125…
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+ La formule d'Euler implique que toute carte planaire contient au moins une région possédant 5 frontières ou moins.
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+ Le système quinaire est utilisé dans un très grand nombre de langues. La main compte 5 doigts et est un outil arithmétique naturel, disponible immédiatement.
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+ Par exemple en langue makua (famille nigéro-congolaise), 6 se dit thanu na mosa ( 5+1), 7 se dit thanu na pili (5+2), 8 se dit thanu na tharu (5+3), 9 se dit thanu na sheshe (5+4)
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+ Cinq est :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Gérard Villemin, « 5 », sur Nombres - Curiosités, théorie et usages
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+ Alcides Edgardo Ghiggia, né le 22 décembre 1926 et mort le 16 juillet 2015 à Montevideo, est un footballeur uruguayen.
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+ Évoluant au poste d'ailier droit, il remporte avec l'équipe d'Uruguay la Coupe du monde de 1950, au cours de laquelle il marque le but décisif lors du match final face au Brésil.
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+ Dernier joueur vivant ayant disputé cette rencontre, il s'éteint 65 ans après, jour pour jour.
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+ Ghiggia grandit dans une famille appréciant le football, dans la nostalgie de la victoire en Coupe du monde de 1930[1]. Il s'essaie dans sa jeunesse à différents sports avant de décider de se consacrer définitivement au football à partir de 1946, au Sud América de Montevideo. Il effectue l'année suivante un essai - infructueux - au Club Atlético Atlanta de Buenos Aires, où il côtoie un de ses modèles Adolfo Pedernera. En 1948, à 21 ans, il signe finalement au Club Atlético Peñarol, un des principaux clubs d'Uruguay[1].
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+ Usant de sa technique, de sa vitesse et de son abnégation, l'ailier s'y fait vite remarquer au sein de la fameuse Escuadrilla de la Muerte, le cinq offensif composé de Ghiggia, Míguez, Vidal, Schiaffino et Hohberg qui permet au club de remporter le championnat en 1949[1]. Il se trouve sélectionné en équipe nationale en mai 1950, à l'occasion de la Copa Rio Branco[2]. Deux mois plus tard, il part à la Coupe du monde organisée par le Brésil. Il y dispute le troisième match de groupe face à la Bolivie, où il marque son premier but avec la Celeste qui clôt la marque à 8-0, et gagne sa place de titulaire pour les matchs du tour final. Il ouvre le score contre l'Espagne (2-2) puis égalise contre la Suède (3-2)[3]. Lors du match décisif face au Brésil, véritable finale du tournoi, il offre une passe décisive à son coéquipier Juan Schiaffino pour l'égalisation puis marque lui-même le but du 2-1, qui permet aux siens de remporter la Coupe du monde, au grand dam des 200 000 spectateurs brésiliens ; il relate cet évènement avec ces mots qu'il prononce dans les années 1960 à la télévision Globo : « Seules trois personnes ont réussi à faire taire le Maracanã, Frank Sinatra, le pape et moi. »[4]. L'épisode reste connu comme le Maracanazo[5],[6].
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+ En 1952, alors qu'il est devenu une grande vedette, Ghiggia agresse l'arbitre du derby Peñarol-Nacional et se trouve suspendu 15 mois. Il décide alors de quitter le pays et part en Europe, à l'AS Roma. Son départ du pays clôt sa carrière avec la sélection uruguayenne[1].
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+
15
+ Ghiggia est une grande vedette à Rome, où il mène grande vie. Entre juin 1957 et février 1959, Ghiggia est sélectionné à cinq reprises avec l'équipe d'Italie, pour laquelle il marque un but[2]. Il gagne à Rome un seul trophée, la Coupe des villes de foires en 1961, sans jouer la finale. Après une dernière saison en pointillé à Rome, il signe au Milan AC, où il ne joue que quatre matchs de championnat lors de la saison 1961-1962, ce qui lui suffit à remporter officiellement le titre de champion d'Italie[1].
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+ À 37 ans, il rentre en Uruguay, où le Danubio FC lui offre de poursuivre sa carrière, ce qu'il fera cinq saisons[1].
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+ En 1980, il est nommé entraîneur du Club Atlético Peñarol, mais l'expérience ne dure pas. En 2007, il a été fait citoyen d'honneur de la ville de Montevideo, en même temps qu'Aníbal Paz, autre survivant de la finale 1950 remportée face au Brésil. Il était depuis 2013 le dernier survivant de cette finale[6]. Il meurt d'une crise cardiaque le 16 juillet 2015[7].
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+ Du point de vue de la physiologie, les sens sont les systèmes de récepteurs de la perception. Les sens et leur fonctionnement, leur classification, et la théorie épistémologique qui soutient leur étude sont des sujets abordés par plusieurs disciplines, principalement les neurosciences, mais aussi la psychologie cognitive (ou science cognitive), et toutes les philosophies et études sociales telle l’anthropologie ayant trait à la perception.
2
+
3
+ Il est communément admis en Occident, depuis Aristote que l'être humain possède cinq sens.
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+
5
+ La définition la plus largement admise, proposée historiquement par la physiologiste Bessa Vugo, est celle qui fait des sens un système de récepteurs, ou cellules sensitives, capable de capter et de traduire plusieurs formes d'énergie (stimuli) et de les transmettre au système nerveux central sous forme d'influx nerveux. Ces influx nerveux, les sensations proprement dites[2], sont alors interprétés par l'encéphale, ou son équivalent chez les espèces qui en sont dépourvues, pour en permettre la perception. L'influx nerveux est ensuite codé sous forme de potentiels d'actions et l'information transmise à des régions spécialisées du cerveau. Selon le type de stimulation, les centres de traitement du cerveau diffèrent. Il existe en effet une zone spécialisée dans le traitement des stimuli olfactifs, visuels, tactiles, etc.
6
+
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+ Selon une définition plus large, l'utilisation des sens équivaut à une forme ou à une autre de communication non verbale et corporelle, selon ce qu'avance Gélard[3], ce qui amène à mieux comprendre les individus et les sociétés selon les manières dont ils mobilisent les leurs, puisque c'est entre autres par les sens que les humains mettent en ordre leur monde.
8
+
9
+ Il n'y a pas d'accord véritable des neurophysiologistes sur le nombre exact de sens chez l'humain et les autres animaux[4]. La multiplicité des rapports entre le monde sensible et le monde intelligible laisse augurer des difficultés rencontrées dans la recherche d'une définition précise. Un décompte largement répandu mais restreint ordonne le monde sensible selon cinq sens : goût, odorat, ouïe, vue et toucher.
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+
11
+ Mais il est admis que la perception sensorielle des animaux est en fait plus vaste. Pour les mammifères, dont l'humain, on peut citer le sens de l'équilibre perçu au moyen des trois canaux semi-circulaires de l'oreille interne, le sens de la proprioception qui nous signale la position relative des membres de notre corps (qui nous permet par exemple, sans utiliser le sens de la vue, d'amener notre index sur le bout du nez), le sens algique ou encore la thermoception[4].
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+
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+ Ces sens et d'autres ne rentrent pas dans les cinq sens couramment connus. Les pigeons ou les dauphins sont capables de percevoir les lignes du champ magnétique terrestres ou ses variations.
14
+
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+ Une pseudo-science, la métapsychique, a proposé à différentes époques, un sixième sens qui permettrait la communication entre l'être vivant et d'autres êtres vivants, sans que soient connus les organes de perception, les énergies et mécanismes médiateurs, ou les organes effecteurs, à la source de ces phénomènes.
16
+
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+ Mais le terme de sens peut revêtir deux aspects bien différents suivant que l’on soit en présence d'une communication immédiate (donc instinctive) ou médiate (donc rationnelle, scientifique). Malebranche rattachait le monde réel à la raison et le monde sensible à un monde illusoire et trompeur. En fait, les sens ne sont pas uniquement des transducteurs permettant la mesure de paramètres. Toute vision réductionniste assimilant la perception à une configuration cérébrale semble donc illusoire. Les sens sont les instruments de la perception, c'est-à-dire le lien qui relie l'organisme au monde extérieur et qui lui permet de reconnaître, grâce à l'interprétation donnée par la pensée et la connaissance, les informations qui, parmi l'ensemble de celles lui parvenant, pourraient lui être utiles.
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+ Sur une base culturelle et non scientifique, ce ne sont pas toutes les sociétés qui admettent la division du monde selon cinq sens. De plus, chacune peut faire primer l’importance d’un sens sur un autre et associer des valeurs individuelles et sociales différentes aux sens[3].
20
+
21
+ De par cette définition assez vaste, plusieurs sens peuvent être identifiés. L'inventaire de ces sens peut d'ores et déjà s'enclencher par la définition aristotélicienne retenant ces cinq sens. Aristote, en opposition avec Platon, décrivait l’apprentissage des règles qui gouvernent les rapports physiques des éléments entre eux, la construction des lois universelles, comme fondée sur nos sens. Cette école aristotélicienne sera à l'origine de la doctrine épistémologique de l'empirisme.
22
+
23
+ Tous les animaux présentent des récepteurs sensoriels leur permettant de percevoir le monde autour d'eux, incluant plusieurs de ceux précités, valables pour les humains. Cependant, les mécanismes et capacités peuvent varier.
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+
25
+ Par exemple, les chiens ont un sens de l'odorat plus fin que chez les humains, bien que le mécanisme mis en jeu soit le même. Les mites ont des récepteurs olfactifs sur leurs antennes, et des récepteurs aux vibrations sonores sur leurs ailes. Les cténophores ont un récepteur de l'équilibre (un statocyte) qui fonctionne très différemment des canaux semi-circulaires mammaliens.
26
+
27
+ La partie la plus importante de l'œil est le globe oculaire qui est le véritable organe de la vue. Le globe oculaire a la forme d'une sphère, et il est formé de trois couches de tissus superposées :
28
+
29
+ L'électroception (ou électroréception), le plus significatif des sens non-humains, est la capacité à détecter les champs électriques. Beaucoup d'espèces de poissons, requins, raies, peuvent sentir des modifications du champ électrique dans leur proximité immédiate. Certains poissons sentent passivement des changements dans le champ électrique proche ; d'autres génèrent le leur, d'intensité faible, et peuvent sentir la répartition du potentiel sur leur surface corporelle ; d'autres encore utilisent ces capacités de génération et de sensation pour la communication sociale. Les mécanismes permettant la construction d'une représentation spatiale à partir d'infimes différences de potentiel impliquent la comparaison des temps de latence des pics en provenance de chacune des parties du corps.
30
+
31
+ Le seul ordre de mammifères connu pour présenter la faculté d'électroception est l'ordre des monotrèmes, parmi lesquels l'ornithorynque a le sens le plus développé[5].
32
+
33
+ Les humains (et probablement les autres mammifères) peuvent détecter les champs électriques indirectement, par le biais de l'effet qu'ils provoquent sur les poils. Par exemple, un ballon électriquement chargé exercera une force d'attraction sur des cheveux, ce qui peut être senti par le toucher, et être identifié comme provenant d'une charge électrique (et non du vent ou autre chose).
34
+
35
+ La magnétoception est la capacité à détecter des variations de champ magnétique. Elle est couramment observée chez les oiseaux, c'est d'ailleurs ce même sens qui leur permettrait de s'orienter lors de leurs migrations à l'aide du champ magnétique terrestre. La magnétoception est également observée chez des insectes comme les abeilles ainsi que chez certains cétacés.
36
+
37
+ Une étude très controversée l’infère chez certains mammifères comme les bovidés : les vaches tendraient à orienter l'axe longitudinal de leur corps selon l'axe du magnétisme terrestre. Cette supposée constatation statistique concernerait aussi bien les vaches broutant que les vaches ruminant allongées. On aurait également fait cette constatation chez les cervidés. Ni le mécanisme, ni l'utilité, ni la preuve de ce comportement ne sont actuellement connus[6].
38
+
39
+ Le toucher fournit des informations par contact de la peau avec la surface des objets. La peau a deux couches, son épaisseur est de un à quatre millimètres selon les parties du corps. Elle est très élastique, ce qui lui permet une certaine plasticité. C'est par la peau que proviennent les sensations du toucher : tactile (reconnaissance de textures), ou même émotionnelle (sensualité...). La première couche superficielle de revêtement s'appelle « épiderme ». La deuxième couche est une partie profonde où se trouvent les terminaisons nerveuses, elle s'appelle « derme ».
40
+
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+ Le toucher chez l'humain est le sens le plus fondamental qui apparaît vers le troisième mois de la vie utérine : la peau tactile est le premier-né des organes humains et le plus sensible[7].
42
+
43
+ L'ouïe ou l'audition est la capacité de percevoir des sons. Elle résulte de la propagation d'ondes longitudinales dans l'atmosphère émises dans une bande de fréquences allant de 20 à 20 000 hertz chez l'Homme (voire jusqu'à 24 000 hertz selon les personnes), puis reçues et adaptées par l'organe de l'audition, l'oreille. Le pavillon de l'oreille externe focalise et amplifie l'onde qui passe dans le conduit et met en vibration le tympan humain. Puis il est transmis par la chaîne d'osselets jusque dans l'oreille interne. Le son est transmis au cerveau par les cellules nerveuses à l'intérieur du limaçon (cochlée) et le nerf auditif (voir Nerf vestibulocochléaire). Il est ensuite analysé et interprété (cf. psychoacoustique).
44
+
45
+ Particulièrement développée chez certaines espèces animales telles que les chauves-souris et les cétacés, l'écholocalisation est la perception d'un environnement et la localisation d'obstacles à l'aide de l'ouïe, par l'analyse de la réflexion (ou échos) d'ondes sonores ou ultrasonores émises par le sujet.
46
+
47
+ Certains aveugles utilisent l'écholocalisation pour se déplacer dans leur environnement. Ils émettent des sons, que ce soit en tapant avec leur canne, en tapant du pied ou en produisant des clics avec leur bouche[8].
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+
49
+ La proprioception est la perception du corps. C'est une perception à laquelle les gens ont fréquemment recours sans savoir qu'elle existe.
50
+
51
+ Plus facilement démontrée qu'expliquée, la proprioception est la perception « inconsciente » de l'endroit où se trouvent les différentes parties du corps, et ce à chaque instant (ceci peut être démontré à une personne en lui demandant d'effectuer un mouvement quelconque, comme celui de lever la main, alors qu'elle a les yeux fermés ; la personne en question aura, à chaque instant du mouvement effectué, la connaissance de l'endroit où se trouve la partie du corps déplacée, en l'occurrence sa main ; cette connaissance est permise par la proprioception, puisqu'en principe les autres sens ne peuvent être renseignés à son sujet). Le muscle strié est pourvu de deux organes perceptifs dédiés à la perception du tonus musculaire (ou toniception[réf. nécessaire], qui fait partie de la proprioception) : l’organe tendineux de Golgi et le fuseau neuro-musculaire dont le rôle est d’évaluer la tension du muscle dans lequel ils sont inclus.
52
+
53
+ Le sens de l'équilibre est principalement lié au système vestibulaire de l'oreille interne. Pour faire simple, les cellules réceptrices ont des cils situés dans une cavité remplie de liquide. Lorsque le liquide bouge sous l'effet d'un changement d'orientation de la tête ou sous l'effet d'une accélération, les cils bougent et les cellules transmettent un signal au système nerveux, renseignant sur les caractéristiques du mouvement.
54
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+ La langue compte 3000 papilles gustatives formées de cellules spécialisées dans les saveurs de base : acide ou aigre, amer, gras[9], salé, sucré et umami. On croyait autrefois que chaque saveur disposait d'une partie de la langue qui lui aurait été réservée, toutefois des études ont démontré le contraire par application d'une goutte de substance salée ou sucrée au même endroit : le sujet parvenait à reconnaître la saveur quelle que soit la localisation de la goutte, la « cartographie des saveurs » est donc obsolète[10]. Les cellules réceptrices captent les stimulations et transmettent au cerveau les signaux correspondants. Ce qui permet de ressentir le goût.
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+ Le nez est un organe très sensible qui est capable de percevoir des milliers d'odeurs. L'olfaction est le deuxième des sens après le goût à utiliser une réaction moléculaire donc « chimique ». Selon la théorie physiologique actuellement en vigueur, des configurations spécifiques combinant des centaines de cellules olfactives, sont amenées à réagir à une certaine particularité de la molécule odorante. Si on respire par la bouche, l'air passe directement dans la gorge et une toute petite partie arrive alors aux cellules olfactives. Ces cellules vont transmettre des impulsions informatives au nerf olfactif qui envoie un signal électrique au cerveau, lui permettant de reconnaître l'odeur par le système olfactif. Les neurones récepteurs olfactifs diffèrent des autres neurones en cela qu'ils meurent et se régénèrent à intervalles réguliers.
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+ La thermoception est le sens de perception de la chaleur et de l'absence de chaleur (froid) par la peau. C'est le premier sens non identifié explicitement par Aristote. En outre il existe des désaccords subsistant quant au nombre de sens consacrés à ce type de perception, étant donné le fait que les thermorécepteurs cutanés diffèrent sensiblement des thermorécepteurs homéostatiques qui permettent un rétrocontrôle de la température interne du corps.
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+ Le principal exemple de réception polymodale est la nociception : c'est la perception des stimulus lésionnels ou potentiellement lésionnels. Elle est associée à la douleur. Elle peut être regroupée en un à trois sens, ceci dépendant de la méthode de classification. Les trois types de nocicepteurs sont :
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+ La circoncision, en latin : circumcisio, « fait de couper autour, découpe », désigne, dans sa forme la plus répandue, l’ablation totale ou partielle du prépuce, en supprimant ainsi ses fonctions et laissant le gland du pénis en permanence à découvert. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2009, 661 millions d’hommes de plus de 15 ans seraient circoncis, soit environ 30 % de la population masculine mondiale[1].
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+ La circoncision peut être effectuée pour des raisons thérapeutiques, notamment dans le traitement des phimosis et des paraphimosis ; elle est alors appelée « posthectomie ».
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+ La circoncision rituelle a été pratiquée pour des motifs culturels et religieux depuis l'Antiquité en Égypte antique puis dans le judaïsme et le monde musulman. Ce rite est également en usage chez certaines communautés chrétiennes (notamment orientales). La circoncision requiert systématiquement des conditions incontournables d'hygiène et d'asepsie, ainsi qu'une prise en charge de la douleur adaptée, y compris lors des pratiques rituelles, ce qui est loin d'être universellement pratiqué[2],[3]. En effet, l'OMS souligne que « les circoncisions pour des raisons religieuses ou traditionnelles se déroulent souvent en milieu non médicalisé bien que, dans certaines cultures, elles aient de plus en plus lieu dans un cadre médical »[4],[5].
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+ Certaines populations pratiquent la circoncision pour des motifs davantage culturels que religieux, invoquant des raisons d'hygiène, de réduction des risques d’infection, mais également par tradition, cohésion sociale, identité, ou encore masculinité, à l'instar des États-Unis, des Philippines, ou de la Corée du Sud, pays dans lesquels la majorité des hommes sont circoncis. La pratique de la circoncision s’est accrue dans le monde occidental au début du XXe siècle jusqu'à devenir une opération de routine sur les nouveau-nés, mais elle y est toutefois en baisse forte mais variable depuis la seconde moitié du XXe siècle sauf aux États-Unis[6].
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+ Les positions des organisations médicales à propos de la circoncision prophylactique (prévention des maladies) des enfants et des adultes sont diverses et contradictoires. En effet, l'OMS et ONUSIDA recommandent la circoncision à tout âge afin de contrer le sida dans les zones à haute prévalence[7], quand l’Académie américaine de pédiatrie indique que « les avantages de la circoncision des nouveau-nés surpassent les risques »[8] et les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies estiment que le personnel médical devrait informer tous les parents de garçons ainsi que tous les adolescents et hommes adultes non circoncis sur les bénéfices médicaux de la circoncision[9],[10]. Ces prises de position ont été contredites par les représentants de nombreuses associations médicales (essentiellement en Europe) [11], l'organisation suédoise estimant même que la circoncision non thérapeutique de mineurs devrait être interdite[12].
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15
+ Généralement pratiquée sur des enfants sans motifs médicaux impérieux, la circoncision soulève en effet à travers le monde de nombreuses questions liées à l'éthique, et elle est l'objet de controverses et de débats juridiques. C'est ainsi que le Conseil de l'Europe considère les circoncisions religieuses d'enfants comme une violation de leur intégrité physique[13],[14].
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+ Les plus anciens témoignages attestés de la circoncision remontent à l’Égypte antique, les représentations de l’ablation du prépuce sur des dessins rupestres étant sujettes à débats[15],[16],[17]. La circoncision est donc clairement représentée sur des hiéroglyphes de tombeaux égyptiens[18]. La circoncision est mentionnée au Ve siècle av. J.-C. par Hérodote, qui l’évoque au second livre de ses Histoires et en attribue la paternité aux Égyptiens mais aussi aux Éthiopiens (nom qui, dans l'Antiquité, désignait les Nubiens du Soudan) et aux habitants de la Colchide. Cette paternité est confirmée par de nombreux vestiges archéologiques, le plus ancien étant une gravure du tombeau d’Ankhmahor (6e dynastie, entre - 2300 et - 2200), à Saqqarah, qui représente une circoncision pratiquée avec un silex sur un homme debout. Dans l’Antiquité, si la circoncision était pratiquée par les Égyptiens, elle faisait horreur aux Grecs et aux Romains, qui assimilaient la perte du prépuce à une mutilation[19]. C'est ce qui explique que les conquêtes d'Alexandre le Grand firent reculer cette pratique.
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19
+ Hérodote explique la circoncision par une prescription hygiénique[20]. Dans le monde juif, le philosophe Philon d’Alexandrie rejoint Hérodote quant aux vertus hygiéniques de la circoncision mais s'oppose à lui quand il considère la circoncision comme une renonciation symbolique aux péchés de la chair, tandis que le théologien Maïmonide y voit une diminution du plaisir souhaitable pour des raisons morales. Une autre interprétation religieuse fait de ce rite une forme édulcorée de sacrifice : plutôt que d’offrir son corps entier à la divinité qui lui a donné la vie, l’homme lui fait présent d’une petite partie de sa chair[21].
20
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21
+ La religion juive pratique la circoncision ou Brit Milah le huitième jour de la naissance (Genèse, 17), sauf avis médical contraire. Dans le Talmud de Babylone (Yebamoth 64b), il est toutefois précisé que le nouveau-né est exempté si la circoncision a entraîné la mort de 2 ou 3 de ses frères ou 2 ou 3 de ses cousins[22],[23]. Cette circoncision rappelle l’alliance de Dieu avec Abraham et après lui, avec le peuple d’Israël. Le Tanakh fait d’Abraham et de sa famille les premiers circoncis (Genèse, 17) ; Dieu indique ainsi à Abraham les termes de son alliance avec lui et sa postérité :
22
+ « Et voici mon alliance qui sera observée entre moi et vous, et ta postérité après toi : que tous vos mâles soient circoncis.
23
+ Vous ferez circoncire la chair de votre prépuce, et ce sera le signe de l’alliance entre moi et vous.
24
+ Quand ils auront huit jours, tous vos mâles seront circoncis, de génération en génération. ». D'un point de vue médical, le huitième jour coïncide à un pic dans le pouvoir de coagulation du sang, facilitant ainsi la cicatrisation[24].
25
+
26
+ Plus loin, Dieu se montre implacable en excluant de la descendance d'Abraham (et donc du judaïsme) :
27
+ « Et le mâle incirconcis, qui n'aura pas retranché la chair de son excroissance, sera supprimé lui-même du sein de son peuple pour avoir enfreint mon alliance
28
+ (Genèse, XVII : 10-12[25]) ».
29
+
30
+ Alors âgé de 99 ans, Abraham se circoncit, impose l’opération à son premier fils Ismaël qui a 13 ans, ainsi qu’à tous les hommes et enfants mâles de sa maison. Il répète ensuite l’opération sur le petit Isaac, âgé de 8 jours. Cette différence d’âge est celle qui se perpétue entre les traditions musulmanes et juives. La circoncision au huitième jour est la coutume identitaire la plus vivace du peuple juif, bien devant le respect du Shabbat ou de la nourriture cachère, comme l’avait compris Spinoza lorsqu’il écrivait :
31
+ « Le signe de la circoncision me paraît d’une telle conséquence que je le crois capable d’être à lui tout seul le principe de la conservation du peuple juif. » (Traité théologico-politique, 1670)
32
+
33
+ La circoncision fut plusieurs fois interdite par les dirigeants non-juifs[26]. Quand la Judée fut soumise aux successeurs d’Alexandre le Grand, la circoncision fut contestée par les Juifs hellénisés. La querelle tourna à l’affrontement quand le roi Antiochos IV Épiphane voulut soumettre la population à une hellénisation forcée impliquant l’abandon de la circoncision. Cette tentative est, selon le Premier livre des Maccabées, une des causes de la révolte des Maccabées qui déboucha sur l’avènement de la dynastie hellénisée des Hasmonéens. De même, une des causes de la seconde révolte juive vers 132-135 est l'interdiction de la circoncision.
34
+
35
+ Dès 1842 les Amis de la réforme, une association du judaïsme réformé, ont pris position pour l'abolition de la circoncision et son remplacement par un rite sans faire couler le sang qui aurait aussi concerné les filles[27], le théologien Abraham Geiger parlant de la circoncision comme d'un "acte sanglant et barbare"[28] (bien que ce dernier ne soit pas en faveur de sa disparition). Chez les juifs libéraux américains, il existe un mouvement qui s’oppose à la circoncision : Jews against circumcision[29]. Ce mouvement préconise l’abandon de cette pratique et le remplacement de la Brit Milah par une nouvelle cérémonie, la Brit Shalom.
36
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37
+ Quant à elle, l’AMIF (Association des médecins israélites de France) est favorable à la circoncision : « La circoncision un geste d’avenir ! »[30].
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+ Au temps du Troisième Reich, tout individu circoncis était traqué sur la base d'une présomption d'appartenance religieuse[31],[32],[33].
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43
+ Dans le Nouveau Testament, un seul des quatre évangélistes évoque la circoncision de Jésus, au « huitième jour ». Il s’agit de Luc (II, 21) :
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45
+ « Et lorsque furent accomplis les huit jours pour sa circoncision, il fut appelé du nom de Jésus, nom indiqué par l’ange avant sa conception. »
46
+
47
+ Le même avait évoqué précédemment (I, 59) la circoncision du futur Jean le Baptiste :
48
+
49
+ « Et c’est le huitième jour. Ils viennent pour circoncire le petit enfant. »
50
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51
+ Toujours dans le Nouveau Testament, Jean (VII, 22) rapporte, quant à lui, l'évocation par Jésus des circoncisions opérées le jour du sabbat :
52
+
53
+ « Moïse vous a donné la circoncision - non qu'elle vienne de Moïse mais des patriarches - et, le jour du sabbat, vous la pratiquez sur un homme. »
54
+
55
+ Par ailleurs une lettre de Paul de Tarse fait aussi allusion, dans le cadre d’un développement théologique, à la « circoncision du Christ » (Colossiens II, 11).
56
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57
+ Les Églises catholique et orthodoxe, loin de nier ou de minimiser la circoncision de Jésus, la célébraient au contraire le 1er janvier, soit sept jours après le 25 décembre, date fixée, par convention, au IVe siècle pour la célébration de sa naissance. Le 1er janvier était appelé dans l'Église catholique : fête de la Circoncision ou Circoncision[34]. La scène de la Circoncision est fréquemment représentée dans l’art du Moyen Âge. Le Saint Prépuce fut vénéré en tant que relique, que certaines églises affirmaient détenir.
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+ L'Église grecque conserve le nom de cette fête dans son calendrier à la date du 1er janvier ou fête de la Circoncision de Jésus et fête de saint Basile ; fête que célèbre toujours du reste l'Église catholique dans son rite extraordinaire ou tridentin.
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+ La première génération chrétienne fut confrontée à un problème difficile lorsque se convertirent en masse des personnes d’origine non juive. Après un débat animé, les non-juifs furent dispensés de la circoncision par une assemblée tenue à Jérusalem au milieu du Ier siècle, traditionnellement appelée « concile de Jérusalem » (Actes des Apôtres, chapitre XV). Cependant même après cette date persistèrent des tensions à ce sujet, comme on le voit dans les Épîtres de l'apôtre Paul, qui continue à argumenter à l’encontre des chrétiens « judaïsants » : seule est nécessaire la « circoncision du cœur » (Romains 2, 28-29, adapté de Deutéronome 10, 16-17 et 30, 6), ou encore : « La circoncision n’est rien, et l’incirconcision n’est rien ; ce qui compte, c’est de garder les commandements de Dieu. » (1 Corinthiens, VII, 19), car il n’y a plus « ni juifs, ni païens », mais un seul corps dans le Christ Jésus. La question du lien entre circoncision et baptême est demeurée vive au fil des siècles, selon des appréciations diverses[35].
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+ Dans les années qui suivirent, les communautés chrétiennes issues du judaïsme, exclues par les autorités religieuses pharisiennes au synode de Jamnia (vers 90), se fondirent progressivement dans les autres communautés chrétiennes ou disparurent. Les autorités chrétiennes en vinrent progressivement à proscrire la circoncision, même dans les familles d’origine juive, parce que cette pratique était perçue comme un retour à une communauté qui refusait le christianisme.
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+ Cependant, la circoncision est toujours pratiquée par les Églises coptes d’Égypte et d’Éthiopie et par bon nombre de communautés chrétiennes au Liban et au Moyen-Orient, du fait que cette pratique, commune aux populations d’alentour, n'a jamais été perçue comme un reniement du christianisme et un retour au judaïsme.
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+ De nombreuses Églises protestantes croient, quant à elles, en la nécessité de la circoncision et la pratiquent, tandis que d'autres estiment que le baptême chrétien prend la suite de la circoncision juive et se substitue à elle[36].
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+ Depuis le siècle dernier, la pratique de la circoncision n’a pas rencontré d’opposition lorsqu’elle est inspirée par des raisons culturelles et prophylactiques. Par exemple en Amérique du Nord ou en Océanie, dans la population d'origine européenne jusqu'à tout récemment, chez les Africains de confessions chrétiennes y compris à l’île de Madagascar[37], en Océanie et en Polynésie française[38], ou même aux Philippines, pays asiatique à majorité catholique et en Corée du Sud où elle est aujourd'hui généralisée (voir ci-après « distribution géographique »). De même, en Polynésie, où l'injure de « taïoro », en tahitien désigne le non-circoncis.
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+ Bien avant l'islam, la circoncision était déjà observée par les Arabes qui, traditionnellement, l'opéraient à l'âge auquel Ismaël est censé avoir été circoncis, soit 13 ans (Genèse, XVII : 10-12[25]).
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+ Quoiqu'elle ne soit pas mentionnée dans le Coran, la circoncision est fortement recommandée (mais pas nécessairement obligatoire[39]) chez les musulmans qui représentent 68 % des hommes circoncis dans le monde[1]. Elle est expressément mentionnée dans plusieurs hadiths sous le nom de khitân.
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+ Ainsi, le prophète de l'islam aurait dit : « Abraham, l'ami du Très miséricordieux, a été circoncis à l'âge de quatre-vingts ans, à l'aide d'une binette. ». Partant, les docteurs de l'islam en ont déduit que la circoncision était obligatoire à tout âge, pour l'enfant né musulman comme pour l'adulte se convertissant à l'islam[40].
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+ Cet avis dominant est corroboré par un autre hadith selon lequel Mahomet aurait exhorté les nouveaux convertis à l'islam en ces termes : « Débarrassez-vous des cheveux longs des païens et soyez circoncis[41]. » (Il est à noter que les cheveux longs correspondent à l'ancienne pratique bédouine).
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+ L'âge auquel la circoncision est pratiquée varie selon les familles, les pays et les régions[42],[43]. Selon certains, la circoncision devrait être effectuée le septième jour à partir de la naissance de l'enfant de sexe masculin[40] et s'accompagner du sacrifice d'un bouc appelé 'aqîqa. C'est, en tout cas, la pratique rituelle de Mahomet pour ses petits-fils, Al-Hassan et Al-Hussein[44]. Ce qui converge, du reste, avec l'expiration du délai biblique de huit jours[25].
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+ Dans les régions rurales turques ou arabes les circoncisions religieuses sont parfois effectuées sans anesthésie par le coiffeur ou le derviche. L'opération est alors douloureuse pour l'enfant et peut engendrer des complications[45],[46].
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+ En Afrique noire (Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Afrique de l’Est, une partie de l’Afrique du Sud et Madagascar), la circoncision est extrêmement répandue quelles que soient l’ethnie et la religion. Cependant elle est moins courante dans certains pays d’Afrique australe (Zambie, Zimbabwe, Malawi, Botswana, Swaziland et Lesotho). Elle a subi l’attrait de la modernité et les familles des zones urbaines préfèrent largement la pratiquer, dès les premiers mois après la naissance de leurs enfants mâles, dans les services médicaux équipés à cet effet. Dans les zones rurales la circoncision est souvent effectuée durant la petite enfance par des « circonciseurs » (tradipraticiens). Chez quelques ethnies en Afrique du Sud et de l’Est comme celles des Xhosas en République sud-africaine ou celle des Luos au Kenya, elle a conservé son caractère initiatique.
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+ En Afrique du Sud, dans les provinces du Cap-Oriental et du Limpopo entre 2008 et 2014, 419 garçons du peuple Xhosas sont morts de déshydratation ou de septicémie ou d'arrêt cardiaque ou d'hémorragie à la suite d'un rituel traditionnel de circoncision nommé Ukwaluka et qui impose aux adolescents une période initiatique où ils n'ont qu'un minimum de sommeil, de nourriture et d'eau. 456 000 ont dû être hospitalisés à la suite de complications pouvant entraîner dans de nombreux cas des séquelles physiques importantes au niveau du pénis voir son amputation totale. Presque tous ces cas sont dus à la négligence de « chirurgiens » traditionnels, certains opérant sous l'influence de l'alcool, d'autres utilisant des instruments non stérilisés. Les cas de septicémie ou d'hémorragie sont aussi dus à des circoncisions non professionnelles[48],[49]. Entre 2006 et 2018, 800 adolescents et adultes ont vu leur pénis amputé à la suite d'une circoncision rituelle bâclée en Afrique du Sud[50]. Chez les Xhosa les hommes non circoncis peuvent subir des formes extrêmes de punition[51]. De nombreuses voix s'élèvent pour encadrer ce rituel Xhosas et le médicaliser, alors gouvernement Afrique du Sud a élaboré un vaste plan de circoncision soutenu par l’OMS pour lutter contre la propragation de l'épidémie du sida, et que les Zoulous, un autre peuple du pays, souhaite rétablir ce rite traditionnel[52].
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+ La circoncision est également pratiquée par plusieurs peuples océaniens, dont certains aborigènes[53], où elle est une coutume ancestrale qui existait déjà avant l’arrivée des missionnaires européens. Elle se perpétue encore comme un rite qui garantit l’appartenance à la communauté polynésienne. Elle se pratique entre 12 et 16 ans généralement et elle est célébrée par toute la famille comme étant le passage de l’enfance à l’âge adulte. Toutes les cultures polynésiennes la pratiquent, à l’exception des Māori de Nouvelle-Zélande, qui ont abandonné ce rite d’initiation ancestral, quelques générations après leur arrivée sur cet archipel situé en dehors de la Polynésie tropicale. Par suite de l'augmentation de la couverture hospitalière en Océanie à la fin du XXe siècle, l'opération se pratique principalement dans les hôpitaux sous anesthésie locale ou générale, notamment dans les communautés polynésiennes installées en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie, à Hawaï, en Europe et aux États-Unis. Il existe encore des pratiques de circoncision « artisanale » dans certaines familles. Le prépuce est coupé avec une lame de rasoir ou encore un morceau de bambou taillé. L'opération, dite teheraa en tahitien, est une supra incision : l'incision se fait longitudinalement sur la partie supérieure du prépuce, et il n'y a pas d'ablation de peau[54]. La cérémonie se fait à l’aube sur une plage, le plus souvent durant les vacances scolaires de décembre à février. Un groupe d’adolescents se fait accompagner par leurs oncles maternels et les anciens du village. Après que le maître de circoncision a procédé à l’opération, les jeunes doivent se rendre immédiatement dans l’eau de mer pour se soigner. Les risques d’hémorragies et d’infections sont limités mais existants. Pendant les deux ou trois semaines qui suivent, ce groupe de jeunes hommes se rend chaque jour en fin de journée dans la mer pour un bain thérapeutique. La mer est censée soigner la plaie. Ils sont souvent l’objet de plaisanteries de la part des adultes et des jeunes filles qui les croisent en chemin ou sur la plage. Une fois guéris et fêtés dans leurs familles respectives, ces adolescents reçoivent plus de considération et sont admis dans les cercles des jeunes hommes à marier. Ils peuvent, à partir de leur circoncision, avoir leurs premières aventures[55],[56],[57].
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+ Les risques de complications ainsi que les problèmes liés à l'éthique et au droit à l'intégrité physique sont l'objet de controverses et de débats juridiques à travers le monde. C'est ainsi que le Conseil de l'Europe considère les circoncisions religieuses d'enfants comme une violation de leur intégrité physique et « demande à définir clairement les conditions médicales, sanitaires et autres à respecter s’agissant des pratiques qui sont aujourd’hui largement répandues dans certaines communautés religieuses, telles que la circoncision médicalement non justifiée des jeunes garçons »[13].
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95
+ L'Association Française d'Urologie indique que « les professionnels de santé doivent garantir aux enfants la meilleure prise en charge médicale possible dans le but d’éviter les complications et assurer une bonne gestion de la douleur. Devant une demande de circoncision rituelle, les urologues se retrouvent ainsi dans une position centrale, inconfortable pour certains, les interrogeant sur son sens éthique. Avant que ne s’engage un possible débat sociétal, l’écueil principal, pour le chirurgien est le respect de l’autonomie de l’enfant »[58].
96
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97
+ Dans certains cas extrêmes (et notamment dans le contexte de rites initiatiques africains), les circoncisions rituelles peuvent entraîner des séquelles graves allant jusqu’à l’amputation du pénis et peuvent entraîner la mort[59] notamment quand elle est pratiquée hors contexte médical et dans des conditions d'hygiène douteuses[60],[61],[62],[63]. La circoncision requiert ainsi systématiquement des conditions incontournables d'hygiène et d'asepsie, ainsi qu'une prise en charge de la douleur adaptée, y compris lors des pratiques rituelles[2],[3].
98
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99
+ La circoncision peut être effectuée pour des raisons thérapeutiques, notamment dans le traitement des phimosis et des paraphimosis ; elle est alors appelée « posthectomie »[64].
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101
+ Le phimosis est l’incapacité de rétraction du prépuce derrière le gland du pénis. La paraphimosis est l’état où le prépuce est bloqué derrière le gland et ne peut pas revenir à sa position normale à l’état de flaccidité. Ces deux cas sont dus à un anneau prépucial trop petit. Du fait de la suppression du prépuce, la circoncision permet de remédier à ces deux affections. Toutefois, elle n'est pas l'unique traitement, la plastie de Duhamel permet en effet de corriger les cas peu graves de phimosis et de paraphimosis sans procéder à l'ablation du prépuce. Elle est également indiquée dans le traitement de la balanoposthitis qu'elle soit réfractaire ou chronique, et des infections des voies urinaires (IVU) récurrentes[65],[66].
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+ La circoncision permet de réduire la propagation du sida de 38 % à 66 % lors des rapports vaginaux pour le partenaire masculin[67], l'hypothèse de cette réduction des risques d'infections étant avancée dès 1986[68],[69], puis confirmée au cours des années 2000 par trois essais contrôlés randomisés[70],[71],[72],[73].
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+ Ces trois essais contrôlés randomisés[70],[71],[72],[73] ont conclu que la circoncision réduit de 51 % à 61 % le risque de transmission hétérosexuelle du VIH lors des rapports vaginaux pour le partenaire masculin[7],[74] et que le degré d'efficacité de la circoncision contre l'infection par le VIH est "équivalent à ce qu'aurait permis un vaccin d'une grande efficacité"[75]. Se fondant sur ces études, l’OMS et ONUSIDA ont indiqué en mars 2007 que la circoncision médicale est une stratégie additionnelle dans la lutte contre l’épidémie de sida dans les zones qui connaissent une épidémie généralisée du virus (prévalence supérieure à 3 %) et où sa transmission est essentiellement hétérosexuelle[76]. Les organisations onusiennes ont ainsi publiées des recommandations pour intégrer la circoncision dans leur programme de mesures de prévention du sida pour les hommes informés et volontaires ainsi que pour les mineurs suffisamment matures pour prendre une décision libre et renseignée, ou avec le consentement de leurs parents s'ils ne sont pas en âge de donner leur assentiment[77].
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+ En juillet 2010, l’OMS affichait l’objectif d’étendre la circoncision à 80 % des hommes et des nouveau-nés de l’est et du sud de l’Afrique[78]. En 2013, l'ONUSIDA et l'OMS indiquaient que 3,2 millions d'hommes d’africains ont été circoncis dans le cadre de services spécifiques et que 20 millions d'hommes devraient l'être d'ici 2015[79]. En 2018, près de 19 millions d'hommes africains ont été circoncis afin de prévenir la contanimation par le VIH [80].
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+ Hors des zones africaine à haute prévalence, des pays comme la Chine ou la République dominicaine ont indiqué vouloir implanter des programmes de promotion de la circoncision[81],[82]. Différentes études d'acceptabilité de la procédure ont été conduites dans ce cadre[83],[84],[85]. L'utilisation de la circoncision comme moyen de réduction des risques dans les pays développés est variable suivant les pays. Aux États-Unis, l’American Academy of Pediatrics et les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies estiment que la prévention du sida par la circoncision est incluse dans les avantages liés à l'opération[9],[10],[86]. La circoncision est également recommandée pour la prévention du SIDA par l'International Antiviral Society-USA pour tous les hommes hétérosexuels sexuellement actifs et il est recommandé que cela soit discuté avec les homosexuels qui se livrent à des relations sexuelles anales principalement insertives avec d'autres hommes, en particulier dans les régions où le VIH est courant[87]. À l'inverse, en France, le Conseil national du sida français estime que la circoncision est « une modalité discutable de réduction des risques de transmission du VIH » qui n'est « pas applicable dans les pays du Nord »[88].
110
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111
+ Dans ou hors des zones à haute prévalence de l'épidémie, la circoncision masculine ne saurait remplacer le port du préservatif. À cet égard, une consultation technique de l'OMS et de l'ONUSIDA indique que « la circoncision ne confère qu’une protection partielle » et qu'il convient de préconiser pour les hommes circoncis « l’utilisation correcte et régulière des préservatifs masculins et féminins, comme pour les hommes non circoncis »[7].
112
+
113
+ En 2018, une étude menée auprès de 2 345 Sud-Africains agés a montré que dans cet échantillon, les hommes circoncis ont une prévalence du VIH supérieure à celle des hommes non circoncis, les auteurs questionnant l'efficacité de ce mode de prévention sur ce groupe d'âge.[89],[90].
114
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115
+ Selon certaines études, la circoncision serait un moyen de prévention des infections à herpes simplex virus virus de type 2 (HSV-2) et à papillomavirus (HPV) lors des rapports hétérosexuels. Elle n'est cependant pas associée à un moyen de réduction des risques de transmission de la syphilis[91]. Selon une méta-analyse publiée en 2006, les hommes circoncis ont moins de risque de contracter la syphilis et le chancre mou[92],[93].
116
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117
+ Selon certaines études, elle limiterait les risques d'infections à papillomavirus (HPV) chez l'homme, la circoncision réduit celui du cancer du col utérin chez leur partenaire (les papillomavirus humains jouent un rôle épidémiologique majeur dans cette maladie). Ainsi, une étude estime que la généralisation de la circoncision dans le monde permettrait de réduire de 20 à 40 % la prévalence du cancer du col utérin[94].
118
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119
+ Selon certaines études, la circoncision diminuerait entre 4 et 12 fois le risque d'infections urinaires chez les jeunes garçons en cas de malformation urinaire ou d'infections à répétition, la circoncision est considérée comme « aussi efficace que les antibiotiques »[95]. Sans circoncision le risque d'infection urinaire chez le nourrisson est au plus de 1%[96].
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121
+ Selon l'Académie américaine de pédiatrie, les hommes non circoncis et ne souffrant pas de phimosis ont un risque moins élevé d'être touchés par le cancer du pénis. C'est le fait de souffrir d'un phimosis qui augmente le risque de cancer du pénis et non le fait de ne pas être circoncis[97].
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+ Selon certaines études, la circoncision permettrait l'élimination des sécrétions qui s'accumulent entre le gland et le prépuce chez les hommes qui ne se lavent pas régulièrement le pénis[98], ce qui amène l'American Cancer Society à affirmer en 2005 que « les hommes qui sont circoncis dans l'enfance ont un taux plus faible de cancer du pénis »[98]. L'année suivante, l'American Cancer Society tempère son propos et estime que d’autres facteurs doivent être pris en compte (population pratiquant et ne pratiquant pas la circoncision auraient un taux de risque différent même si on met de côté la circoncision, non prise en compte de l’hygiène intime des sondés)[99]. En outre, une étude menée par Wallerstein montre que la circoncision n’a aucune influence sur le cancer du pénis, car les risques de développer ce cancer au Japon, en Norvège ou en Suède (des pays développés où le taux de circoncision est faible) sont les mêmes (1 sur 100 000 par an) qu’aux États-Unis (pays développé où la majorité des hommes sont circoncis)[100]. Ces chiffres sont cependant à mettre en perspective avec le fait qu'Israël, avec un taux de circoncision très élevée, a le taux de cancer du pénis le plus faible au monde[101]. Par ailleurs, le cancer du pénis est un cancer extrêmement rare ne représentant que 0,4 % des cas de cancers chez l'homme[102]. Il faudrait ainsi, selon la prévalence, circoncire 900 hommes pour prévenir un cas de cancer du pénis[103].
124
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125
+ En 2014, une étude menée par l'Université de Montréal indique que, pratiquée après 35 ans, la circoncision diminue par deux le risque de cancer de la prostate[104]. Deux ans plus tôt, une autre étude concluait que « la circoncision avant la première relation sexuelle a été associée à une réduction de 15 % du risque de cancer de la prostate par rapport à celui des hommes non circoncis». Les chercheurs estiment que si les données "ne prouvent pas la causalité", elle la renforce[105].
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127
+ La circoncision est appelée « posthectomie » quand il y a une indication médicale.
128
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129
+ L’acte chirurgical nécessite une hospitalisation de jour (ambulatoire), c’est-à-dire le patient rentre et sort de l’hôpital le même jour.
130
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131
+ Une anesthésie locale ou générale est pratiquée et le chirurgien peut utiliser différentes techniques afin de supprimer le prépuce (méthode « traditionnelle », Gomco (en), Mogen, PlastiBell (en), forceps, etc.).
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+ La technique de la « posthectomie » comporte pour l'essentiel quatre étapes :
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135
+ Les techniques où la peau est écrasée par un clamp (Gomco (en), Mogen, etc.) durant un certain temps peuvent laisser une cicatrice de couleur plus foncée. Chez les jeunes garçons il n'y a généralement pas de points de suture. Dans le cas de la circoncision d’un adulte, une période d’abstinence totale (y compris la masturbation) de trois à six semaines doit être observée.
136
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137
+ Il existe plusieurs types de circoncisions. Tout d’abord, l’ablation du prépuce peut être partielle, dans ce cas le gland n’est pas découvert de manière permanente. En outre, si l’ablation est totale, différents types de circoncisions peuvent être esquissés ; ils correspondent à la proportion de peau et de muqueuse du prépuce qui est supprimée et à la situation de la cicatrice sur la hampe du pénis. Ainsi, si beaucoup de tissus sont excisés, la circoncision est serrée (tight en anglais), à l’inverse si une proportion variable de peau est préservée, la circoncision est lâche (loose en anglais). Ensuite, la circoncision est soit basse (low en anglais), soit haute (high en anglais). Quand elle est basse, la cicatrice est proche de la couronne du gland et le chirurgien a enlevé plus de muqueuse que de peau. À l’inverse, quand la circoncision est haute, la cicatrice est située sur la hampe du pénis et le chirurgien a enlevé plus de peau que de muqueuse. Ainsi, en fonction de ces caractéristiques, quatre combinaisons sont possibles. Elles correspondent alors à quatre types de circoncisions. De plus, il est à noter que dans tous les cas, le frein du gland peut être maintenu ou excisé (il peut également se déchirer durant l’intervention).
138
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+ En France, les circoncisions médicales sont basses et lâches et un reste de frein de quelques millimètres est généralement préservé. La cicatrice y est peu visible, dans la mesure où la peau retombe sur le gland au repos, et il reste suffisamment de peau afin de maintenir une forme de coulissement du pénis. En outre, la majeure partie de la muqueuse du prépuce est enlevée, ce qui prive le pénis d'une zone fortement sensible et érogène[107]. À l’inverse, outre-Atlantique, les circoncisions sont hautes et serrées. Cela peut induire une cicatrice visible et une différence de pigmentation entre la muqueuse, ici conservée, et la peau de la hampe du pénis, d'où un pénis qui peut être « bicolore ». Lorsque la quantité de peau enlevée est encore supérieure, la circoncision est dite super serrée; la hampe de la verge perd à ce moment toute sa mobilité car la peau est tendue en permanence. Cette dernière variante initialement très réputée dans le milieu porno à tendance à être de plus en plus réclamée lors d'une circoncision volontaire à visée esthétique.
140
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141
+ Enfin, il existe un dernier type de circoncision : la fente dorsale ou superincision. Cette dernière correspond à une seule incision sur la longueur supérieure du prépuce, exposant le gland sans enlever tous les tissus. C’est une pratique très ancienne, certains auteurs affirment d’ailleurs que la fente dorsale était le type de circoncision pratiqué dans l'Égypte antique[108]. Aujourd’hui, elle est courante chez les peuples autochtones du Pacifique, de Hawaï[109] aux Philippines[110].
142
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+ L'association de la circoncision à une meilleure hygiène est invoquée depuis l'Antiquité, Hérodote rapportant au Ve siècle av. J.-C. dans le second livre de ses Histoires que les prêtres d'Égypte se circoncisaient par mesure d'hygiène[111]. Cette idée antique a perduré jusqu'à nos jours, provoquant un débat sur son fondement scientifique, l'American Academy of Pediatrics soulignant que « la circoncision a été suggérée comme une méthode efficace pour maintenir l'hygiène du pénis depuis l'époque des dynasties égyptiennes, mais il existe peu de preuves pour affirmer le lien entre le statut de circoncision et une hygiène optimale du pénis »[112]. Ainsi, si en 2010 la Royal Dutch Medical Association affirmait « qu'il n'existe aucune preuve convaincante que la circoncision est utile ou nécessaire sur le plan de la prévention ou de l'hygiène. »[113], pour l'OMS l'« l’hygiène du pénis est plus facile pour les hommes circoncis. Les sécrétions ont tendance à s’accumuler entre le gland et le prépuce, ce qui oblige les hommes non circoncis à décalotter le gland pour nettoyer régulièrement le prépuce »[114]. Une obligation, ou plutôt la marque d'une hygiène régulière puisqu'il suffit d'un peu d'eau pour effectuer cette toilette, ce qui peut poser un problème dans les régions du monde où l'eau est rare. « La circoncision empêche la production du smegma secrété par les glandes sébacées situées sur la surface interne du prépuce et qui sert à nettoyer et lubrifier le gland. »[115]
144
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145
+ Les effets de la circoncision sur la sexualité font l'objet de vifs débats, des études concluants à une dégradation du plaisir chez l'homme circoncis, d'autres à une amélioration, tandis que d'autres à une absence de différence significative.
146
+
147
+ Une étude publiée en 2013 dans le Journal of Sexual Medecine de 2013[116], qui a recensé 2 675 publications et comparé 19 542 hommes circoncis et 20 391 hommes incirconcis, conclut à l’absence d’effet néfaste de la circoncision sur la fonction (érection et éjaculation), la sensibilité, et la satisfaction sexuelle. Elle est corroborée par une étude allemande réalisée sur la population de la ville de Cottbus, qui a constaté médicalement que sur plus de 10 000 hommes, il n'existait aucune différence quant aux érections et à la satisfaction sexuelle[30]. En 2010, une revue de la littérature médicale publiée entre 1997 et 2008 conclut que « la preuve suggère que la circoncision à l'âge adulte n'affecte pas la satisfaction et la fonction sexuelle »[117]. De la même manière, l’American Academy of Pediatrics note en 2012 que « la revue de la littérature n'appuie pas l'idée que la circoncision masculine affecte négativement la fonction sexuelle du pénis ou la sensibilité, ou la satisfaction sexuelle, indépendamment de la façon dont ces facteurs sont définis »[118]. D'autres études concluent que la présence ou l’absence du prépuce n’a aucune incidence sur les fonctions érectiles et éjaculatoires, la circoncision n’influant donc en rien sur les capacités « d’endurance »[119],[120],[121],[122],[123]. Une étude conduite à Montréal en 2007, affirme que la circoncision ne réduit pas la sensibilité[124],[125]. Des études conduites en Ouganda en 2009 indiquent que les hommes circoncis à l'âge adulte rapportent davantage de satisfaction sexuelle et une facilité accrue à atteindre l'orgasme, quand leurs partenaires notent une amélioration de leur sexualité dans 39,8 % des cas, aucun changement pour 57,3 % et une sexualité amoindrie pour 2,9 % d'entre elles[126].
148
+
149
+ À l'inverse, une étude du Statens Serum Institut (en) de Copenhague en 2011 plaide que la circoncision serait associée à une difficulté plus importante pour les hommes circoncis à atteindre l’orgasme, une plus grande insatisfaction des femmes partenaires d'hommes circoncis, ainsi que des douleurs plus fréquentes lors des rapports sexuels (dyspareunie)[127]. Cette étude danoise[128] portant sur 5 552 couples dont moins de 5 % des hommes étaient circoncis, avance ces difficultés chez 11 % d’entre eux[30]. Toutefois, Ronald Virag, chirurgien et sexologue, critique le manque de rigueur scientifique de cette étude : « Outre le déséquilibre mathématique entre les deux populations, avec et sans prépuce, elle n’indique pas l’âge auquel le geste a été fait. Or, il convient de mettre à part les circoncisions faites tardivement après la quarantaine, pour des raisons médicales et qui voient souvent apparaître une gêne liée à l’hypersensibilité d’un gland peu habitué à être découvert »[30]. Cependant contrairement à ce qu'affirme Ronald Virag, l'âge des hommes de cette étude n'a pas eu d'incidence sur les résultats[129],[130]. Une étude de 2013 publiée dans le British Journal of Urology confirme l’importance du prépuce pour la sensibilité du pénis, la satisfaction sexuelle et le fonctionnement du pénis. Elle indique par ailleurs que les hommes circoncis sont plus nombreux à avoir une gêne lors des rapports sexuels, à avoir des rapports sexuels douloureux et à ressentir des sensations inhabituelles[131]. En 2006, une étude sud-coréenne sur des hommes circoncis à l'âge adulte a mis en évidence chez la majorité des sujets une difficulté plus grande à se masturber et un plaisir sexuel amoindri lors de la masturbation après la circoncision. Par ailleurs, un sujet circoncis sur cinq éprouvait moins de plaisir lors des rapports sexuels, plus de trois fois plus que ceux rapportant davantage de plaisir[132]. Une autre étude publiée en 2007 a montré que la circoncision supprime la partie la plus sensible du pénis[133]. Selon une étude menée en 1999, l'homme circoncis perd les récepteurs sensoriels du prépuce[134].
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151
+ En 2009, une entreprise a conçu des préservatifs qu’elle présente comme adaptés aux hommes circoncis (forme ajustée permettant de réduire la contention exercée sur le gland du pénis)[135].
152
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153
+ La circoncision est une contre-indication chez les nourrissons atteints de certaines anomalies génitales de structure, en cas de déplacement de l'ouverture de l'urètre (comme dans l'hypospadias et l'épispadias), de courbure de la tête du pénis (chordée), ou d'organes génitaux ambigus, parce que le prépuce peut être nécessaire pour la chirurgie reconstructive. La circoncision est contre-indiquée chez les nourrissons prématurés et ceux qui ne sont pas cliniquement stables et en bonne santé[136],[136],[137]. Si un individu, enfant ou adulte, est connu pour avoir des antécédents, personnels ou familiaux, de troubles hémorragiques graves (hémophilie), il est recommandé que les propriétés normales de coagulation du sang soit vérifiées avant que la procédure ne soit tentée[136],[137].
154
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155
+ Selon un rapport conjoint de l'OMS et d'ONUSIDA publié en 2010, la pratique ou non de l'anesthésie lors de la circoncision de l'enfant et du nourrisson varie beaucoup. Aux États-Unis l'anesthésie générale est très souvent pratiquée. L'anesthésie locale est également utilisée dans le monde. Dans la plupart des cas les circoncisions pratiquées par des circonciseurs traditionnels se font sans anesthésie. C'est aussi parfois le cas des circoncisions effectuées par un personnel ayant reçu une formation médicale. L'OMS recommande l'utilisation d'une anesthésie locale dans la circoncision de l'enfant et estime qu'il est nécessaire d'améliorer la formation des circonciseurs pour que l'anesthésie soit plus pratiquée[138].
156
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157
+ Aux États-Unis, selon l’American Academy of Pediatrics en 1999 dans une « Déclaration de politique de circoncision » : il est largement prouvé que les nouveau-nés qui sont circoncis sans analgésique ressentent une douleur et un stress physiologique[139]. Une étude a montré qu'il existe une corrélation entre la circoncision et l'intensité de réponse à la douleur pendant des mois. Tout en reconnaissant qu'il peut y avoir d'autres facteurs que la circoncision pour tenir compte des différents niveaux de réponse à la douleur, les responsables de l'étude ont déclaré qu'ils n'avaient pas trouvé de preuves de tels facteurs. Ils ont donc recommandé d'utiliser des analgésiques pour soulager la douleur de la circoncision[140]. D'autres associations médicales citent également des preuves que la circoncision sans anesthésie est douloureuse[141],[142].
158
+ En France, selon Michel Cymes, le sujet de la douleur de la circoncision est un sujet si sensible que personne ne s’en occupe[59]. Le docteur Daniel Annequin, spécialiste de la douleur chez l'enfant a, lors d'une conférence à l'Unesco en 2010, fait l’état des lieux de la prise en charge de la douleur de la circoncision chez le nouveau-né notamment[143]. Dans le cas d'une circoncision pour raison médicale (posthectomie), par exemple pour traiter un phimosis, cet acte chirurgical est généralement conduit sous anesthésie générale. Ce n'est pas toujours le cas lors d'une circoncision rituelle. Dans ce dernier cas l'anesthésie est locale, à base de pommade EMLA (EMLA est l'acronyme de Eutectic Mixture of Local Anesthetics), or Daniel Annequin a prouvé que cela n'était pas efficace du tout[144]. Le docteur Marcel Klusky, urologue et mohel, quant à lui, déclare qu'« à la lumière de toutes nos observations sur des dizaines et des dizaines d'études sur la douleur de la circoncision, actuellement on doit utiliser ces moyens. Alors évidemment faire des anesthésies générales pour tous ces enfants, ce n'est pas aussi simple que ça car c'est un coût. » Il précise : « je n'ai aucune légitimité pour parler au niveau religieux, mon domaine, c'est la douleur[145]. »
159
+ L'argument selon lequel la circoncision ne serait pas douloureuse pour le nourrisson car « les terminaisons nerveuses ne seraient pas encore en place » est un « argument qu'avancent les partisans de la circoncision pour justifier la pratique de cette opération à vif ». Pour le Dr Barbara Wildhaber, médecin-chef du service de chirurgie pédiatrique du CHU de Genève[146], « ces explications semblent d'un autre âge », « on sait depuis les années quatre-vingt » que les nourrissons ressentent la douleur. Elle rajoute : « même un prématuré de 24 semaines (six mois de grossesse) ressent la douleur (…) Il m'est arrivé de faire une piqûre anesthésique à des bébés pour une circoncision, ils hurlent, ils se tordent, c'est parfois bouleversant. »
160
+ En 2011, la SFAR, Société française d’anesthésie et de réanimation, conclut dans un rapport sur la question que « La circoncision est un acte chirurgical à envisager après 3 mois (hors urgence), qui nécessite une bonne prise en charge analgésique pour éviter le risque de mémorisation de la douleur[147]. »
161
+
162
+ Dans la religion juive, la douleur n'a pas de valeur rédemptrice, et la circoncision est effectuée avec toutes les précautions nécessaires pour que le nourrisson ne souffre pas. Il a été démontré scientifiquement que la tradition qui consiste à faire téter du sucre à l'enfant avant l'opération a un effet antalgique. Il arrive que l'enfant puisse souffrir néanmoins, et, à l'heure moderne, les parents interrogeant les soignants en maternité sur la question de la douleur, de plus en plus de juifs pratiquants utilisent une crème anesthésiante en application locale et la prise de paracétamol[148]. Le grand-rabbin Immanuel Jakobovits affirme : « l'interdiction des analgésiques contredirait la vision juive du monde »[149],[148].
163
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164
+ L'ONUSIDA indique que si la circoncision est réalisée par un professionnel de santé formé et équipé, les risques de complications sont faibles. Une étude menée en 2013 sur 315 enfants indique un taux de complications post-opératoires de 5,1 %[150]. L'organisation de santé note que quand les circoncisions sont effectuées dans « de mauvaises conditions d’hygiène par des praticiens inexpérimentés et mal équipés, sans le suivi postopératoire adéquat, des complications très graves, voire mortelles, peuvent survenir »[151]. L’Association médicale américaine rappelle que les complications immédiates les plus fréquentes d’une circoncision sont l’hémorragie et les infections, comme une infection des voies urinaires[152].
165
+
166
+ L'American Academy of Pediatrics indique que, après une circoncision, les « complications aiguës significatives sont rares, survenant chez environ 1 nouveau-né circoncis pour 500 » et que ces complications aiguës « sont généralement mineures et le plus souvent impliquent un saignement, une infection ou une quantité imparfaite de tissus prélevés ». S'agissant des complications graves, l'American Academy of Pediatrics note que « la majorité des blessures graves ou même catastrophiques sont trop rares pour être signalée dans les rapports de cas »[118]. Selon une étude longitudinale sur les deux années suivant la circoncision, le taux de complication est de 11,5 %, bien au-dessus des taux attendus au début de l'étude[153].
167
+
168
+ Parmi les complications immédiates de la circoncision (qu'elles soient rares ou fréquentes), ont été rapportées dans la littérature : la fistule urinaire, la chordée (courbure du pénis à ne pas confondre avec la maladie de La Peyronie), l'apparition de Kystes, le lymphœdème, l'ulcération du gland, la nécrose de tout ou partie du pénis, l'hypospadias, l'épispadias et le phimosis secondaire (si trop de tissus sont enlevés)[154]. Des cas d'infections au staphylocoque doré à la suite de l'opération ont été rapportés dans la littérature. Ces infections peuvent par la suite se développer en infections pulmonaires, méningites ou encore en fasciites nécrosantes[155].
169
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170
+ S'agissant des patients hémophiles, le risque d'hémorragie provoquée par la circoncision est très élevée, une étude portant sur ce sujet indiquant que « la circoncision des personnes atteintes d'hémophilie devrait pas être considérée comme une procédure mineure et ne doit pas être effectuée sans prendre les précautions adéquates ». Les auteurs de l'étude concluent toutefois que « la circoncision des personnes atteintes d'hémophilie peut être faite en toute sécurité » si un équipement adéquate (qui ne provoque pas d'effusions de sang) est utilisé[156].
171
+
172
+ Parmi les complications tardives, il existe la sténose du méat urétral qui se caractérise par un rétrécissement (sténose) de l’ouverture de l’urètre à l’extérieur du méat. C’est une complication tardive courante qui touche les hommes circoncis. En effet, des études ont montré que la circoncision peut potentiellement entrainer un rétrécissement de l’urètre, l’incidence de cette affection touchant suivant les études, 0,9 %[157], 2,8 %[158], 7,29 %[159], 9-10 %[160] et 11 %[161] des hommes circoncis. Dans une de ces études (celle de Van Howe), tous les cas de sténose du méat urétral concernent uniquement des hommes circoncis[159].
173
+
174
+ Comme complications tardives, il existe également la rétention aiguë d’urine[162], la stase veineuse (ralentissement de la circulation sanguine)[163], le développement d’un cancer du pénis sur la cicatrice de circoncision[164], le "pénis caché"[165],[166], des adhérences[167], des ponts de peau entre le reste du prépuce et la couronne du gland (appelés en anglais skin bridge), des érections douloureuses[168].
175
+
176
+ La circoncision religieuse et traditionnelle ou rituelle peut entraîner des séquelles graves, notamment si elle n'est pas effectuée dans de bonnes conditions d'hygiène[169] pouvant aller jusqu'à l'amputation du gland[170] ou même du pénis[171] et le décès de la personne circoncise[172], particulièrement quand les règles d'hygiène élémentaires ne sont pas respectées[171], par exemple quand le circonciseur aspire le sang de la plaie par la bouche[173],[174]. À la suite de plusieurs cas de contamination déclarés, des chercheurs de l’université Ben Gourion du Néguev en Israël demandent que cette technique rituelle soit abandonnée[175].
177
+
178
+ En France, certaines circoncisions traditionnelles se font encore dans la douleur, sans prise en charge analgésique adéquate[176] et peuvent entraîner la mort chez certains enfants[177].
179
+
180
+ La restauration du prépuce est le processus d’augmentation de la peau du pénis, par des techniques chirurgicales (on parle alors de reconstruction du prépuce) ou des méthodes non chirurgicales d’expansion, visant à restaurer le prépuce.
181
+
182
+ Selon l’Organisation mondiale de la santé, en 2009, au moins 661 millions d’hommes de plus de 15 ans étaient circoncis[1]. Cependant, son incidence n’est pas répartie de façon homogène dans le monde, elle varie considérablement selon les pays et les continents.
183
+
184
+ La circoncision se développa à partir de la fin du XIXe siècle dans le monde anglo-saxon (aux États-Unis, au Canada anglophone, en Afrique du Sud, en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans une moindre mesure au Royaume-Uni) jusqu'à devenir une opération de routine effectuée sur l'ensemble des nouveau-nés masculins pour des raisons hygiéniques et prévention des maladies, mais également pour lutter contre la masturbation qui était alors considérée comme une névrose[178]. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, John Harvey Kellogg, médecin et « inventeur des corn flakes », prônait la circoncision sans anesthésie des jeunes garçons et la brûlure au phénol du clitoris des femmes pour lutter contre la masturbation[179]. Une fois la pratique de la circoncision socialement installée, elle fut perpétuée pour des raisons d'hygiène, de réduction des risques d’infection, mais également par tradition, cohésion sociale, identité, ou encore masculinité[pas clair] [180]. Cependant, à partir des années 1950, la pratique de la circoncision diminua dans les pays anglo-saxons, sa prévalence variant selon les différents pays.
185
+
186
+ Aux États-Unis, en 2009, selon l’OMS, 79 % des hommes sont circoncis[1] . Après un apogée dans les années 1960 (avec un taux d’environ 80 %), la circoncision néonatale dans les hôpitaux entame une lente et irrégulière régression à partir des années 1970, pour chuter à 56,1 % en 2006. Un sondage de Yougov indique que les jeunes américains soutiennent moins la circoncision néonatale de routine que leurs aînés, même si un jeune sur trois est encore en sa faveur (un sur quatre est contre)[181]. Selon les statistiques de septembre 2011 du CDC (Centers for Disease Control and Prevention), les taux de circoncision officiels à la naissance aux États-Unis sont de 56,7 % en 2008 puis de 54,7 % en 2010[182]. Il est à noter que ces chiffres sont contestés tant par les militants qui soutiennent la circoncision que par ceux qui la condamnent. Les premiers affirment en effet que ces taux ne prennent pas en compte les circoncisions tardives dont l'incidence serait d'après eux très élevée[183]. À l'inverse les militants anti circoncision avancent un taux de circoncision contesté de 32,5 % pour l'année en 2009, chiffre rapporté par le New York Times en 2010[184]. En outre, contrairement à une idée reçue, aux États-Unis, la circoncision n’est pas pratiquée de manière homogène ; elle varie considérablement suivant les régions (par exemple, en 2006, le taux de circoncision était de 63,6 % dans le Nord-Est et de 33,8 % dans l’Ouest, région où la circoncision est de moins en moins populaire avec la poussée démographique des latinos-américains [185],[186]) et selon les groupes ethniques (88 % des hommes blancs, 75 % des Afro-Américains et 42 % des hispaniques étaient circoncis en 2010)[187]. Parmi la population masculine circoncise aux États-Unis, 86 % indiquent être contents d'être circoncis, tandis que 10 % le regrettent[188]. Par ailleurs 29% des américains non circoncis préféreraient l'être[189].
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+
188
+ Au Canada, en 1999, selon l’American Academy of Pediatrics, 48 % des hommes sont circoncis[190]. Dans ce pays la circoncision est en déclin, son taux néonatal étant en 2006-2007 de 31,9 %[191]. Enfin son incidence varie considérablement suivant les régions, elle est d’ailleurs plus élevée chez les anglophones que chez les francophones. Ainsi, en 2006-2007, le taux de circoncision néonatale était de 6,8 % en Nouvelle-Écosse, de 43,7 % en Ontario et de 12,3 % au Québec. En mars 2013 une étude conduite auprès de 230 parents dans la province anglophone de Saskatchewan indiquait que 56 %, des parents envisageraient de circoncire leurs enfants, dans le cas où le père est circoncis le chiffre grimpe à 82 %, et à l'inverse quand le père n'est pas circoncis, le chiffre tombe à 15%[192].
189
+
190
+ En Australie, 58,7 % des hommes sont circoncis[193]. Cependant, il est à noter que dans ce pays, la circoncision est depuis 30 ans en déclin[194], son incidence variant donc considérablement selon les âges. Par conséquent, si la circoncision concerne la majorité des 50-59 ans (65,68 %), elle est minoritaire chez les 16-19 ans (31,64 %)[193]. La circoncision néonatale sans motif médical ou religieux est d’ailleurs interdite dans tous les hôpitaux publics australiens[195].
191
+
192
+ La Nouvelle-Zélande est le pays anglo-saxon qui a connu la plus spectaculaire régression du taux de circoncision. En effet, dans les années 1940, environ 95 % des nouveau-nés étaient circoncis alors qu’en 1991 la circoncision ne concernait que 7 % de ceux-ci[196],[194]. De ce fait, une minorité de Néo-Zélandais sont aujourd’hui circoncis[1].
193
+
194
+ Au Royaume-Uni, la circoncision néonatale a décliné après la Seconde Guerre mondiale jusqu’à avoir quasiment disparu dans les années 1960 à la suite notamment des recommandations du National Health Service (NHS) qui estimait que la procédure n'avait pas d'intérêt médical et décida de ne plus la rembourser[197],[198]. Selon l'OMS, le pourcentage d’hommes circoncis au Royaume-Uni était d’environ 9 % en 2012[198]. En 2000, 11,7 % des 11-19 ans étaient circoncis, 15,8 % des 16-44 ans et 19,6 % des 40-44 ans[199]. Il est à noter que la reine Victoria avait fait circoncire ses enfants, notamment le futur roi Édouard VII, sous le prétexte que la famille royale d’Angleterre descendait du roi David, monarque juif. La coutume s’est perpétuée par la suite, Lady Diana aurait toutefois interrompu cette pratique et refusé que les princes William et Harry soient circoncis[200].
195
+
196
+ En Europe, selon l'OMS, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, la Macédoine et le Monténégro possèdent un pourcentage d'hommes circoncis situé entre 20 et 80 %[1]. En dehors de ces pays, le taux de circoncision est partout inférieur à 20 %. Ainsi, en France, selon un sondage téléphonique effectué en 2008, 14 % des hommes se déclarent circoncis[201], en Espagne, le taux est estimé à 1,8 %[202], tandis qu'au Danemark, en 1986, le taux de circoncision était de 1,6 %[203].
197
+
198
+ En Belgique, le nombre de circoncisions remboursées par l'assurance maladie ainsi que la natalité en général sont en hausse depuis cinq ans. 5 % de ces interventions nécessitent une hospitalisation de plus d'un jour[204]. Selon les statistiques du ministère de la santé, 1 homme sur 3 né dans les 25 dernières années serait circoncis. Selon les données recueillies par La Libre Belgique auprès des hôpitaux wallons et bruxellois, de 80 % à 90 % des circoncisions sont effectuées pour des raisons religieuses ou culturelles[205].
199
+
200
+ En Amérique latine, la prévalence de la circoncision est estimé à moins de 20 %[1]. Ainsi au Mexique, la prévalence de la circoncision serait de 10 % à 31 %[206],[207]. Au Brésil, 7,4 % des hommes sont circoncis[202] tandis qu'en Colombie, 6,9 % de la population masculine a fait l’objet d’une circoncision[202].
201
+
202
+ Parmi ces pays, la République dominicaine[82] a notamment indiqué à l'ONUSIDA la mise en place de campagnes de promotion de la circoncision afin d'endiguer l'épidémie du sida. Une étude menée dans ce pays montre qu'après une session d'informations sur les avantages et risques liés à l'opération, 67 % des hommes acceptent de se faire circoncire, tandis que 74 % indiquent vouloir procéder à la circoncision de leur enfant[83]. De la même manière, une étude conduite en Jamaïque et publiée en 2013 indique que, dans le cadre de la prévention des infections sexuellement transmissibles, 45 % des hommes non-circoncis souhaitent se faire circoncire, 66 % seraient prêts à faire circoncire leur nourrisson et 71,6 % leur jeune garçon[84].
203
+
204
+ En Asie, l’incidence de la circoncision est très hétérogène, certains pays ayant une population masculine majoritairement circoncise alors que d’autres présentent des taux de circoncision parmi les plus bas du monde.
205
+
206
+ En Israël et dans les pays musulmans d'Asie, c’est-à-dire au Moyen-Orient, en Asie centrale, en Afghanistan, au Pakistan, au Bangladesh ainsi que dans les pays musulmans de l’Extrême-Orient tel que la Malaisie et l’Indonésie, les hommes sont majoritairement circoncis[1]. Dans les pays musulmans de l’ex-URSS, la circoncision est légèrement moins pratiquée[1]. En Israël, un nombre croissant de parents décide de ne pas faire circoncire leur enfant[208],[209],[210],[211] et le mouvement "intactiviste" luttant contre les circoncisions sans consentement y progresse[212].
207
+
208
+ En outre, deux pays asiatiques pratiquent massivement la circoncision (plus de 80 % des hommes sont circoncis principalement à l'adolescence) sans motif religieux ou médical : la Corée du Sud et les Philippines. Dans le premier, la pratique se généralisa sous l'influence des États-Unis lors de la guerre de Corée, l'hygiène étant citée aujourd'hui comme première raison de la circoncision[213]. Toutefois, une étude parue en 2012 indique un fléchissement de la pratique : en 2002, 86,3 % des adolescents et des jeunes adultes se faisaient circoncire contre 75,8 % aujourd'hui[214]. Aux Philippines la pratique de la circoncision est bien plus ancienne : déjà présente lors la colonisation espagnole et de la christianisation, elle possède aujourd'hui une dimension sociale prépondérante, les deux tiers des adolescents faisant l’objet d’une ablation du prépuce simplement « pour éviter de ne pas être circoncis[180]. »
209
+
210
+ Dans le reste de l’Asie, la prévalence de la circoncision est partout inférieure à 20 %[1]. Ainsi, en Thaïlande, la circoncision concerne 13,3 % de la population masculine[202], tandis que la Chine et le Japon présentent le taux extrêmement bas de moins d’1 % d’hommes circoncis (selon des statistiques du gouvernement irlandais)[215].Enfin parmi ces pays, la Chine a notamment indiqué à l'ONUSIDA la mise en place de campagnes de promotion de la circoncision afin d'endiguer l'épidémie du sida[81]. Dans ce cadre, une étude traversable effectuée dans l'Ouest de la Chine indique que l'acceptabilité de la circoncision est de 44,6 % des hommes non-circoncis[85].
211
+
212
+ Outre l'Australie et la Nouvelle-Zélande (voir ci-dessus le monde anglo-saxon), dans les îles du Pacifique et dans toutes les îles du triangle polynésien, la circoncision rituelle est très répandue, de Tahiti à Samoa en passant par les îles Tuvalu, Tonga, Tokelau, îles Cook, îles Marquises, Niue, Wallis-et-Futuna[1].
213
+
214
+ En 2006, une étude estime que 62 % des hommes africains sont circoncis[216]. Cependant, son incidence varie suivant les régions, les religions et les ethnies.
215
+
216
+ Dans l’Afrique musulmane, les hommes sont majoritairement circoncis[1]. En Afrique subsaharienne, le nombre d’hommes circoncis varie considérablement suivant les pays. En Afrique de l'Ouest environ 90 % des hommes adultes sont circoncis quelles que soient les ethnies et les religions, c'est un facteur traditionnel ancré dans la culture[217]. À Madagascar plus de 80 % des hommes sont circoncis[réf. nécessaire]. Au Mozambique 56 % des hommes sont circoncis alors qu’au Rwanda, ils ne sont que 10 %[218]. En Afrique du Sud, une étude indiquait en 2005 que 35 % des hommes sont circoncis[218]. En 2012, une autre étude indiquait que la moitié des sud-africains ont fait l'objet d'une ablation du prépuce[219].
217
+
218
+ De plus, afin de tenter de freiner la progression du VIH, l’OMS veut en 2013 étendre la circoncision à 80 % des hommes et des nouveau-nés de l’Est et du Sud de l’Afrique[78], affichant ainsi l'objectif de circoncire 20 millions d'hommes[79].
219
+
220
+ Généralement pratiquée sur des enfants sans motifs médicaux impérieux, la circoncision soulève à travers le monde de nombreuses questions liées à l'éthique et au droit à l'intégrité physique.
221
+
222
+ Si, en principe, aucun acte médical ou chirurgical n’est censé pouvoir être pratiqué sur un individu à moins qu'il ne donne son consentement éclairé, il n'en demeure pas moins que ce principe connaît des exceptions pour des considérations d'intérêt général comme en matière de vaccinations obligatoires ou de transfusion sanguine en état d'urgence vitale. Dans le cas d’un mineur, ce sont les parents ou tuteurs qui doivent donner ce consentement, même si les médecins essaient parfois de tenir compte de l’avis de l’enfant s’il est d’âge à le donner. Or, la circoncision se pratique généralement sur des mineurs (souvent même sur des nouveau-nés), et certains remettent en cause la légitimité des parents à choisir pour l’enfant une modification corporelle irréversible en l’absence de toute nécessité médicale. Aux fins d'opposition, des débats juridiques ont été ainsi initiés en Europe (au Conseil de l'Europe, en Scandinavie, en France, en Allemagne ou en Suisse), ainsi qu'aux États-Unis, au Canada ou en Afrique du Sud.
223
+
224
+ En 2001, à la suite du décès d'un enfant lors d'une circoncision rituelle musulmane, la Suède a adopté une loi obligeant les circoncisions rituelles à être médicalement encadrées et faites sous anesthésie. Les communautés juives et musulmanes se sont opposées à cette loi au nom de la liberté religieuse[220].
225
+
226
+ Si l'étude du bilan coûts / avantages de la circoncision n'intègre pas la vente de prépuces comme aux États-Unis[221], il va sans dire qu'elle améliore d'autant le résultat financier.
227
+
228
+ Le bilan coûts / avantages de la circoncision a été étudié afin de déterminer si une politique de circoncision systématique de tous les nouveau-nés ou si une politique de promotion et de fourniture à coût modique ou d'accès gratuit à la circoncision pour tous les hommes adultes qui la choisissent, entraînerait globalement une baisse des dépenses de santé pour la société [précision nécessaire]. Dans la mesure où le SIDA est une maladie incurable et coûteuse à traiter, d'importants efforts ont été déployés pour étudier le bilan coûts / avantages de la circoncision afin de réduire sa propagation dans certaines parties de l'Afrique où le taux d'infection est relativement élevé et, à l'inverse, la prévalence de la circoncision relativement faible[222]. Plusieurs études ont permis de conclure que les programmes de circoncision pour les hommes adultes en Afrique ont un bon bilan coûts / avantages et, dans certains cas, permettent même de réaliser des économies[223],[224]. Au Rwanda, la circoncision donne un bon bilan coûts / avantages sur un grand éventail de tranches d'âge allant du nouveau-né jusqu'à l'adulte[225],[226], avec les plus grandes économies réalisées lorsque la procédure est effectuée à la période néonatale en raison du moindre coût par procédure et du plus grand délai de protection contre l'infection au VIH[227],[226]. La circoncision en prévention de la transmission du VIH chez les adultes s'est avérée également d'un bon rapport coûts / avantages en Afrique du Sud, au Kenya et en Ouganda, avec des économies estimées en milliards de dollars sur 20 ans[222]. Hankins et consorts (en 2011) ont estimé que l'investissement de 1,5 milliard de dollars dans la circoncision des adultes constitue l'une des 13 priorités stratégiques pour les pays africains en leur procurant potentiellement jusqu'à 16,5 milliards de dollars d'économies[228].
229
+
230
+ Le bilan coûts / avantages de la circoncision néonatale a également fait l'objet d'une étude aux États-Unis, lesquels ont des coûts différents de mise en place par rapport au continent africain dans des domaines tels que les infrastructures de santé publique, la disponibilité des médicaments et la technologie médicale et la volonté de s'en servir[229]. Une étude réalisée par la CDC suggère que la circoncision des nouveau-nés serait socialement d'un bon rapport coûts / avantages aux États-Unis sur le fondement de l'efficacité de la circoncision contre la seule transmission hétérosexuelle du VIH, et sans tenir compte d'aucun autre bénéfice médical[230]. L'Académie américaine de pédiatrie (en 2012) recommande que la circoncision néonatale aux États-Unis soit couverte par les organismes tiers-payeurs tel que Medicaid et les compagnies d'assurances[230]. Une revue médicale de 2014 considérant les bénéfices constatés de la circoncision tel que la réduction des risques de VIH, HPV, et HSV-2, a déclaré que la circoncision a un bon rapport coûts / avantages à la fois aux États-Unis et en Afrique et peut procurer de substantielles économies en termes de dépenses d'assurance maladie[231].
231
+
232
+ Les circoncisions néonatales sont une source de profit pour les hôpitaux américains. Ceux-ci sont rémunérés pour l'acte, puis ils peuvent vendre les prépuces de nouveau-nés à l'industrie biomédicale[221].
233
+
234
+ Des marques de cosmétiques américaines dont SkinMedica[232],[233] et Allergan[234],[235],[236] achètent et utilisent des prépuces de bébés qui ont été circoncis afin d'en extraire le fibroblaste avec lequel elles fabriquent des crèmes cosmétiques anti-âge[237],[238] et des injections de collagène anti-rides[239].
235
+
236
+ L'exploitation commerciale des prépuces d'enfants circoncis pose un débat éthique. Ainsi, un débat a lieu en Afrique du Sud au sujet des raisons d'une mesure de promotion de la circoncision, où des docteurs et groupes éthiques soupçonnent un but de profit commercial dans cette ablation de tissus génitaux d'enfants[240]. Le forum bioéthique de l'Université du KwaZulu-Natal estime que les prépuces d'enfants circoncis sont la source d'une « industrie de plusieurs millions de dollars », ceux-ci pouvant être utilisés dans « l'industrie cosmétique, la fabrication d'insuline et de peau artificielle »[241].
237
+
238
+ Depuis la fin du XXe siècle, plusieurs polémiques ont lieu autour de la circoncision, y compris dans les pays anglophones où elle est davantage pratiquée que dans les pays latins. Ces controverses font intervenir des critiques d'ordre éthique, médical, sexuel, religieux, psychologique ainsi que légal - une mutilation, même minime, du corps d'un enfant mineur sans raison médicale sérieuse (par exemple phimosis) constituant un abus de pouvoir parental. Partisans et adversaires de la circoncision s’affrontent. La frange des partisans "durs" propose même l’ablation du prépuce de tous les nouveau-nés mâles (et étendre cette pratique au monde entier), arguant d'une prophylaxie "partielle" qui l’emporterait selon eux sur les risques. Ils ajoutent qu’elle n’a pas d’effets "importants" sur la sexualité ni l'image du moi et qu’elle a un "faible" taux de complications lorsqu’elle est effectuée par un médecin expérimenté[183]. À l’inverse, ses adversaires (mouvements pour l’intégrité physique nommés « intactivisme ») affirment que la circoncision altérerait le plaisir sexuel, que seuls des mythes - médicaux ou non - la "justifient", rappellent qu’elle porte atteinte au droit à l’intégrité physique de l'enfant et qu’elle devrait donc être pratiquée sur des enfants uniquement en cas de raisons médicales très sérieuses, laissant au futur adulte le choix de se séparer ou non de son prépuce[242]. Le débat revient régulièrement dans les grands quotidiens anglophones, à l'instar par exemple du New York Times[243]. On compte parmi les détracteurs de cette pratique le prix Nobel de médecine George Wald[244]. Plusieurs acteurs historiques de la lutte contre les mutilations génitales féminines, Nawal el Saadawi [245] et Ayaan Hirsi Ali[246], elles-mêmes victimes d'excision, ont également pris position contre la circoncision non consentie des garçons[247],[248]. En 2004, Ayaan Hirsi Ali a proposé l'interdiction des circoncisions non thérapeutiques alors qu'elle était députée au parlement néerlandais[249]. En 2012, un tribunal allemand a condamné une circoncision comme portant atteinte au droit de l'enfant au choix de sa religion et à l'intégrité physique[250]. Ce jugement a interdit la circoncision en Allemagne jusqu'au vote quelques mois plus tard d'une loi spéciale pour l'autoriser. Au Danemark, une pétition de 37 000 personnes a demandé l'instauration d'un âge minimum de 18 ans pour la circoncision non thérapeutique des garçons ; le Parti populaire socialiste a décidé d'appuyer la proposition, rappelant notamment qu'il n'avait eu aucun problème à obtenir l'interdiction de la circoncision féminine et de la fessée[251]. 90 % des Danois sont par ailleurs pour l'interdiction de la circoncision rituelle[252]. En 2018, une députée a déposé une loi au parlement islandais condamnant la circoncision des garçons en proposant de remplacer le mot "fille" par "enfant" dans la loi déjà existante sur l'excision[253]. La moitié des islandais soutiennent cette loi[254].
239
+
240
+ Certaines associations et militantes anti excision ainsi que certains défenseurs du droits des enfants critiquent la circoncision non thérapeutiques de mineurs et considèrent que cette pratique est une forme de mutilation sexuelle[249],[255],[256],[257],[258],[259],[260],[261]. Cette position est démentie par l'OMS qui souligne explicitement que circoncision et excision sont incomparables et parle de différences radicales entre les deux pratiques[262]. En France, l'association Droit au corps cherche à « promouvoir l’abandon de toute forme de mutilation sexuelle – féminine, masculine, transgenre et intersexe : excision, circoncision ou autre – c’est-à-dire toute modification d’organe sexuel pratiquée sur un individu sans son consentement libre et éclairé, et sans nécessité médicale »[263]. En 2013, Le Nouvel Observateur publiait un article intitulé « Circoncision : les antis s’installent discrètement en France »[264], indiquant le développement en France d'un mouvement "intactiviste".
241
+
242
+ Selon la British Medical Association, la circoncision a des risques non seulement médicaux mais également psychologiques, un avis qui selon cette association est largement partagé[265].
243
+
244
+ Il faut également distinguer le traumatisme que peut causer l’opération elle-même d’un mal-être que peut éventuellement entraîner l’état d’être circoncis.
245
+
246
+ Sigmund Freud a dénoncé la circoncision comme génératrice de racisme (puisqu'elle implique, de fait, la marginalisation des incirconcis) et discrètement formulé le fait qu'elle serait une menace de castration[266]. Jacques Lacan s'oppose diamétralement à Freud, en soulignant au contraire la beauté et la salubrité de l'opération, qu'il conditionne néanmoins « au quand c'est bien fait »[266].
247
+
248
+ « "In der Türkei darf sich jeder Sünnetci nennen. In den ländlichen, ärmeren Regionen sind das oft Friseure oder Derwische. Sie beschneiden ohne Narkose. Das ist nicht nur schmerzhaft, sondern kann auch daneben gehen" »
249
+
250
+ « Quant à l'enfant mutilé il n'avait que la ressource de crier ses souffrances et de pleurer le choc ressenti devant cette violence castratrice faite à son corps. Cette meurtrissure dans sa chaire, ces hommes et ces femmes qui le torturent. ce rasoir qui brille, les youyous stridents de vieilles curieuses et fort peu discrètes. Les gargoulettes qui volent en éclats, le coq qui crie, se débat et perd son sang, le tintamarre et enfin cette ronde de bonshommes et de bonnes femmes qui viennent féliciter le patient de "son heureuse accession à l'islam" : voilà à quoi se réduit pour l'enfant une circoncision. [...] Et la douloureuse blessure trop souvent tarde à se cicatriser; parfois de longues et pénibles semaines étaient nécessaires; parfois aussi des accidents entrainaient des complications plus graves : infections, hémorragies, sectionnement de la verge, artère du pénis tranchée, partie du gland coupé...[...] Les dangers énormes sur le plan physiologique et psychique sont sérieux. Ce n'est pas sans raison que certains parlent de procédés barbares et traumatisants. »
251
+
252
+ « "Ainsi, les aborigènes australiens donnent leur prépuce à leur mère ou à leurs sœurs, en partie pour s’assurer la bonne volonté des femmes à leur égard, en partie pour satisfaire leur demande de la circoncision." »
253
+
254
+ « "Male circumcision provides a degree of protection against acquiring HIV infection, equivalent to what a vaccine of high efficacy would have achieved. Male circumcision may provide an important way of reducing the spread of HIV infection in sub-Saharan Africa" »
255
+
256
+ « Although the relative risk of UTI in uncircumcised male infants compared with circumcised male infants is increased from 4- to as much as 10-fold during the first year of life, the absolute risk of developing a UTI in an uncircumcised male infant is low (at most, ∼1%). »
257
+
258
+ « "In fact, in men with an intact prepuce and no phimosis, there is a decreased risk of invasive penile cancer (OR: 0.5). When excluding phimosis, the risk disappears, which suggests that the benefit of circumcision is conferred by reducing the risk of phimosis and that the phimosis is responsible for the increased risk." »
259
+
260
+ « Ils se font circoncire par principe de propreté, parce qu'ils en font plus de cas que de la beauté »
261
+
262
+ — Hérodote (trad. du grec ancien par Pierre-Henri Larcher), Histoires, vol. II (lire en ligne), chap. 38.
263
+
264
+ « Circumcision has been suggested as an effective method of maintaining penile hygiene since the time of the Egyptian dynasties, but there is little evidence to affirm the association between circumcision status and optimal penile hygiene. »
265
+
266
+ « Un remède presque toujours efficace contre la masturbation chez les jeunes garçons est la circoncision. L’opération doit être faite par un chirurgien sans anesthésie, car la douleur de courte durée pendant cette opération a un effet salutaire sur l’esprit, surtout si elle est associée à l’idée de punition. Pour ce qui est des femmes, l’auteur a découvert que l’application de phénol pur sur le clitoris était un excellent moyen de maîtriser l’excitation anormale. »
267
+
268
+ A remedy for masturbation which is almost always successful in small boys is circumcision. The operation should be performed by a surgeon without administering an anesthetic, as the brief pain attending the operation will have a salutary effect upon the mind, especially if it be connected with the idea of punishment. In females, the author has found the application of pure carbolic acid to the clitoris an excellent means of allaying the abnormal excitement.
269
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270
+ « "it is now widely accepted, including by the BMA, that this surgical procedure has medical and psychological risks" »
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1
+ En géométrie euclidienne, un cercle est une courbe plane fermée constituée des points situés à égale distance d'un point nommé centre. La valeur de cette distance est appelée rayon du cercle.
2
+
3
+ Dans le plan euclidien, il s'agit du « rond » qui est associé en français au terme de cercle. Dans un plan non euclidien ou dans le cas de la définition d'une distance non euclidienne, la forme peut être plus complexe. Dans un espace de dimension quelconque, l'ensemble des points placés à une distance constante d'un centre est appelé sphère.
4
+
5
+ D'autres formes peuvent être qualifiées de « rondes » : les surfaces et solides dont certaines sections planes sont des cercles (cylindres, cônes, tore, anneau, etc.)[1].
6
+
7
+ Le cercle est un objet mathématique abstrait, qui peut servir à modéliser de nombreux phénomènes. Un certain nombre d'objets manufacturés ont une section circulaire : cylindres (rouleaux, roues, silos), sphères (ballon, balles, billes), cônes (rouleaux, entonnoirs). Les propriétés du cercles permettent donc de déduire des propriétés des objets, comme leur volume qui permet de déduire la masse de l'objet (connaissant sa masse volumique) ou sa contenance. Les objets de section circulaire sont intéressants pour principalement plusieurs raisons :
8
+
9
+ Certains objets répondent à plusieurs de ces éléments. Par exemple, le fait qu'un canon soit cylindrique :
10
+
11
+ Si un objet a une surface courbe, elle peut être localement approchée par un cercle. Ainsi, si l'on connaît les propriétés du cercle, on connaît les propriétés locales de l'objet. C'est ce qui a donné les notions de cercle osculateur, de rayon de courbure et d'harmonique sphérique.
12
+
13
+ Si l'on dispose des objets ou des personnes en cercle, on sait que l'on peut les atteindre avec le même effort depuis le centre, mais aussi que l'on peut les voir de la même manière, ce qui peut faciliter la surveillance. On peut aussi les désigner en faisant appel à un seul paramètre, la direction ; c'est par exemple l'intérêt des cadrans à aiguille. Cela donne aussi les notions de coordonnées cylindriques et sphériques.
14
+
15
+ De par sa définition, le cercle euclidien est très simple à tracer : il suffit d'avoir un objet dont les deux extrémités ont une distance constante, une corde tendue par exemple ou une branche (même tordue), ou de manière plus courante un compas. Il est donc simple de tracer un cercle « parfait », ce qui en fait un outil d'étude privilégié pour la géométrie.
16
+
17
+ Pour des problèmes et des formes plus complexes, on peut faire appel à la notion d'ellipse.
18
+
19
+ Le cercle peut servir à représenter de manière symbolique des objets « plus ou moins ronds » :
20
+
21
+ Du point de vue purement symbolique, il représente :
22
+
23
+ Pendant longtemps, le langage courant a employé le mot « cercle » autant pour nommer la courbe (circonférence) que la surface qu'elle délimite[5]. De nos jours, en mathématiques, le cercle désigne exclusivement la ligne courbe, la surface étant, quant à elle, appelée disque.
24
+
25
+ Le rapport de la circonférence du cercle à son diamètre définit le nombre pi.
26
+
27
+ D'autres termes méritent d’être définis :
28
+
29
+ Dans un plan muni d'un repère orthonormé, l’équation cartésienne du cercle de centre C (a,b) et de rayon r est :
30
+
31
+ Cette équation est en fait une application du théorème de Pythagore pour le triangle rectangle formé par le point du cercle et sa projection sur les deux rayons parallèles aux axes.
32
+
33
+ En mettant y en évidence, on obtient la double équation cartésienne du cercle (en fait une équation pour chaque demi-cercle délimité par le diamètre horizontal) :
34
+
35
+ Des équations paramétriques possibles du cercle (en fonction du paramètre θ qui exprime ici un angle orienté du vecteur joignant le centre du cercle à un de ces points par rapport au vecteur horizontal unité du repère) sont données par :
36
+
37
+ soit, pour un cercle centré sur l'origine (0 ; 0) :
38
+
39
+ et pour le cercle unité :
40
+
41
+ Grâce au théorème de l'angle inscrit dans un demi-cercle et à sa réciproque, on peut également déterminer une équation pour le cercle C de diamètre [AB] :
42
+
43
+ La géométrie analytique permet de déterminer l'intersection d'un cercle et d'une droite. Sans perte de généralité, l'origine du repère est le centre du cercle et l'axe des abscisses est parallèle à la droite. Il s'agit alors de résoudre un système de la forme :
44
+
45
+ donc de chercher les solutions x de
46
+
47
+ Trois cas se présentent, selon que la distance entre le centre du cercle et la droite est plus grande que le rayon, égale, ou plus petite :
48
+
49
+ Le cercle est une ellipse dont les foyers sont confondus au centre du cercle ; la longueur du grand axe est égale à la longueur du petit axe. C'est une conique dont l'excentricité e vaut 0. Elle peut être obtenue par l'intersection d'un plan avec un cône de révolution lorsque le plan est perpendiculaire à l'axe de révolution du cône (on parle parfois de « section droite » du cône).
50
+
51
+ En dessin industriel, un cercle est le plus souvent représenté avec son axe horizontal et son axe vertical (en traits d'axe : trait fin composé de tirets longs et courts), ou bien simplement avec son centre matérialisé par une croix droite « + » en traits fins. Une forme de révolution, pleine ou creuse (cylindre, cône, sphère) et vue selon l'axe de révolution est représentée par un cercle.
52
+
53
+ La longueur d'un arc de rayon r sous-tendu par un angle au centre α, exprimé en radians, est égale à αr. Ainsi, pour un angle de 2π (un tour complet), la longueur du cercle vaut 2πr.
54
+
55
+ L'aire du disque délimité par un cercle de rayon r vaut πr2 ; si l'on prend une corde de longueur l donnée et que l'on s'en sert pour délimiter une surface fermée, la surface ayant la plus grande aire est délimitée par un cercle.
56
+
57
+ Selon la légende de la fondation de Carthage, le souverain avait permis aux Phéniciens de fonder une ville dont le pourtour serait délimité par une peau de vache ; Didon en fit une grande lanière et choisit une forme circulaire pour avoir la plus grande surface.
58
+
59
+ La longueur d'une corde sous-tendue par un angle α est égale à 2r sin(α/2).
60
+
61
+ On peut exprimer le rayon r d'un cercle, la corde c et la flèche f d'un quelconque de ses arcs, selon deux d'entre eux, en appliquant le théorème de Pythagore au triangle rectangle formé par r – f, c/2 et r qui est l'hypoténuse :
62
+
63
+ La sinuosité de deux arcs de cercle semblables opposés joints dans le même plan en continûment dérivable est indépendante du rayon du cercle.
64
+
65
+ La tangente en un point du cercle est la perpendiculaire au rayon en ce point.
66
+
67
+ Cette propriété a des applications en optique géométrique : un rayon lumineux passant par le centre d'un miroir sphérique repart en sens inverse selon la même direction (on a une réflexion perpendiculaire au miroir). Si l'on met une ampoule au centre d'un miroir sphérique, la lumière est renvoyée de l'autre côté, ce qui permet par exemple de « rabattre » la lumière vers un miroir parabolique (principe du contre-miroir).
68
+
69
+ Considérons un cercle de centre O et un point A extérieur à ce cercle. On cherche une tangente à ce cercle passant par A ; le point de tangence est appelé T.
70
+
71
+ On utilise le fait que le triangle AOT est rectangle en T. Ce triangle rectangle est donc inscrit dans un cercle dont le centre est le milieu de [AO], ou encore, ce qui est équivalent, que l'hypoténuse a une longueur double de la médiane issue de l'angle droit.
72
+
73
+ On détermine donc le milieu I de [AO], puis on trace un arc de cercle de centre I et de rayon IO. Cet arc de cercle coupe le cercle aux points de tangence.
74
+
75
+ La médiatrice d'une corde passe par le centre du cercle.
76
+ Ceci permet de trouver le centre d'un cercle : il suffit de tracer deux cordes non parallèles et de rechercher l'intersection de leurs médiatrices.
77
+
78
+ On peut aussi montrer que les trois médiatrices d'un triangle sont concourantes et que le point de concours est le centre du cercle passant par les trois sommets, appelé cercle circonscrit au triangle.
79
+
80
+ Prenons sur un cercle trois points A, B et C, dont deux — A et C — sont diamétralement opposés (c'est-à-dire que [AC] est un diamètre). Alors, le triangle ABC est rectangle en B.
81
+
82
+ Ceci découle du fait que la médiane issue de l'angle droit vaut la moitié de l'hypoténuse (on a un rayon et un diamètre) ; ceci est une propriété du triangle appelée le théorème de l'angle inscrit dans un demi-cercle, ou théorème de Thalès (en Allemagne et certains pays anglophones).
83
+
84
+ Réciproquement, soit A et C deux points diamétralement opposés d'un cercle. Soit B un point du plan tel que ABC soit rectangle en B. Alors B appartient au cercle[6].
85
+
86
+ Prenons deux points distincts A et B du cercle. O est le centre du cercle et C est un autre point du cercle. Alors, on a
87
+
88
+ Pour l'angle au centre
89
+
90
+
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+
92
+
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+
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+
95
+
96
+ A
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+ O
98
+ B
99
+
100
+ ^
101
+
102
+
103
+
104
+
105
+
106
+ {\displaystyle {\widehat {AOB}}}
107
+
108
+ , il faut considérer le secteur angulaire qui intercepte l'arc opposé à l'arc contenant C.
109
+
110
+ Cette propriété est utilisée dans les appareils d'analyse spectrale par dispersion de longueur d'onde, c'est la notion de cercle de focalisation ou cercle de Rowland.
111
+
112
+ Si M est un point et Γ est un cercle de centre O et de rayon R, alors, pour toute droite passant par M et rencontrant le cercle en A et B, on a
113
+
114
+ Cette valeur ne dépend pas de la droite choisie, mais seulement de la position de M par rapport au cercle.
115
+
116
+ On peut remarquer que
117
+
118
+ On appelle alors puissance du point M par rapport au cercle Γ le produit des mesures algébriques MA et MB. Ce produit est indépendant de la droite choisie et vaut toujours
119
+
120
+
121
+
122
+ O
123
+
124
+ M
125
+
126
+ 2
127
+
128
+
129
+
130
+
131
+ R
132
+
133
+ 2
134
+
135
+
136
+
137
+
138
+ {\displaystyle OM^{2}-R^{2}}
139
+
140
+ .
141
+
142
+ Lorsque le point M est à l'extérieur du cercle, il est possible de mener des tangentes au cercle. En appelant T le point de contact d'une de ces tangentes, d'après le théorème de Pythagore dans le triangle OMT, la puissance de M est MT2.
143
+
144
+ L'égalité :
145
+
146
+ est suffisante pour affirmer que la droite (MT) est tangente au cercle.
147
+
148
+ La puissance d'un point permet de vérifier que quatre points sont cocycliques : en effet, si
149
+
150
+ alors les quatre points sont cocycliques.
151
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+ Inscription de cercles, de même rayon, dans un cercle, un triangle équilatéral, un carré[7]
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+ L'appareil cardiovasculaire, appareil circulatoire ou système sanguin, est un système circulatoire en circuit fermé qui assure le transport du sang du cœur vers les extrémités et les divers organes et, en retour, de ceux-ci vers le cœur. Il est constitué du cœur et des vaisseaux sanguins qui forment le système vasculaire, les vaisseaux lymphatiques qui composent le système lymphatique lui étant parfois associé.
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+
3
+ La circulation du sang permet le transport et l'échange interne d'une grande variété de substances biochimiques. Elle permet d'acheminer des nutriments, du dioxygène et des hormones aux cellules de l'organisme. Ces éléments proviennent du tube digestif, des poumons et des glandes endocrines. Le système cardiovasculaire assure également la collecte des déchets métaboliques des cellules, comme le dioxyde de carbone ou l'urée, acheminés vers les poumons, le foie et les reins. Enfin, il participe à la régulation de nombreux facteurs, tels que le taux de sucre.
4
+
5
+ La relation entre le saignement et la mort a sans doute été mise en évidence très tôt dans l'histoire de l'humanité.
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+
7
+ Les Égyptiens avaient identifié le sang comme source de vie et siège de l'âme[1].
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+
9
+ Les dissections pratiquées par les médecins grecs de Cos au Ve siècle av. J.-C., dans la lignée d'Hippocrate, sur des animaux égorgés induisent des erreurs de représentation : les artères sont retrouvées vides, on pense donc qu'elles transportent de l'air, tandis que le foie et la rate sont gorgés de sang, ces deux organes sont donc considérés comme des éléments importants du transport du sang. Hérophile, médecin d'Alexandrie du IVe siècle av. J.-C., décrivit le premier la palpation du pouls. C'est à Erasistrate de Keos (320–250 av. J.-C.) que l'on doit la première description des valves veineuses[1].
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+
11
+ Galien (131-201) fait une description précise du réseau de veines et d'artères à partir de dissection de porcs[2], mais interprète faussement le rôle des organes. Selon lui, le sang est créé dans le foie à partir des aliments, il circule par les veines et va d'une part vers les poumons pour se mélanger à de l'air, d'autre part passe du ventricule droit au ventricule gauche par la paroi poreuse où il prélève la chaleur qu'il redistribue dans le corps ; arrivé aux extrémités du corps, le sang est consommé et ressort sous forme de transpiration[1].
12
+
13
+ Les médecins musulmans traduisent les traités de médecine égyptiens découverts lors de l'invasion de l'Égypte au VIIe siècle, dont le traité de Galien sur la circulation (traduit par Averroès). À partir du Xe siècle, ils décrivent de nombreuses maladies cardiovasculaires (thrombose et collapsus pour Avicenne, péricardite pour Avenzoar). Ibn Al-Nafis, le père de la physiologie fait partie des autres précurseurs de la dissection humaine. En 1242 il a été le premier à décrire la circulation pulmonaire, les artères coronaires et la circulation capillaire qui forment la base du système circulatoire. L'œuvre d'Ibn Al-Nafis restera ignorée jusqu'en 1924 lorsque le Dr Al-Tatawi, médecin égyptien résidant en Allemagne, retrouve la traduction d'Andrea Alpago dans la Bibliothèque nationale de Berlin[1].
14
+
15
+ En 1543, Andreas Vesalius publie ses travaux De humani corporis fabrica[3],[4] dans lesquels la théorie physiologique de Galien fut adaptée à ses nouvelles observations[5].
16
+
17
+ Cette théorie de Galien sur la Physiologie du Système circulatoire est bouleversée en 1551 quand Amato Lusitano (João Rodrigues de Castelo Branco, 1511-1568), médecin marrane portugais fuyant l'Inquisition en Italie, décrit la circulation du sang dans son ouvrage de sept volumes Curationum Medicinalium Centuriæ Septem en 1551 (la 1re édition) et pour la première fois, constate que les veines ont des valvules qui obligent le sang à retourner vers le cœur[6],[7]. Cette découverte renverse ce qui était admis depuis Galien qui disait que le sang sortait du cœur par les artères et les veines et n'y retournait pas[7].
18
+
19
+ Au XVIe siècle, Michel Servet (espagnol) décrit la circulation pulmonaire, d'abord en 1546[8],[9], puis publié en 1553. Ce fait est resté ignoré, car il a été publié dans un traité de théologie considéré comme hérétique, et dont l'édition a été détruite. On ne connait que trois exemplaires, conservés respectivement à Édimbourg, Paris et Vienne[10].
20
+
21
+ L'italien Realdo Colombo est un des premiers à décrire parfaitement la circulation pulmonaire.
22
+ C'est Andrea Cesalpino (1519-1603) qui utilise le premier le terme de « circulation » et qui en attribue le rôle au cœur, alors que l'on pensait jusqu'ici que le mouvement du sang dépendait de la pulsation des artères. Finalement William Harvey (1578-1657), élève de Fabrice d'Acquapendente (1537-1619), fait la première description complète du système circulatoire, dans son ouvrage Exercitatio Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in Animalibus de 1628. Il décrit notamment le sens de circulation et le rôle exact des valvules veineuses, et établit que la circulation est importante (plusieurs litres par minute) alors qu'on la croyait au goutte-à-goutte. L'idée première en reviendrait à Walter Warner[11]. Marcello Malpighi identifie pour la première fois les capillaires au microscope en 1661.
23
+
24
+ L'idée du cœur comme pompe et moteur de la circulation sanguine a encore été mise en doute à l'époque contemporaine, notamment par le cardiologue Leon Manteuffel-Szoege[12].
25
+
26
+ L'appareil cardiovasculaire a pour fonction d'apporter aux différentes cellules les nutriments et le dioxygène dont elles ont besoin et d'éliminer leurs déchets comme le dioxyde de carbone. Cette circulation continue fonctionne grâce à des vaisseaux sanguins et une pompe : le cœur.
27
+ On appelle artères les vaisseaux contenant du sang qui quitte le cœur vers les tissus tandis que les veines apportent le sang des tissus vers le cœur.
28
+
29
+ On distingue la circulation systémique (grande circulation), dont le rôle est de recharger les muscles et organes en dioxygène et en nutriments et la circulation pulmonaire (petite circulation) dont le rôle est d'assurer la ré-oxygénation du sang par les poumons et l'élimination par ceux-ci du dioxyde de carbone (hématose).
30
+
31
+ Dans la grande circulation, le ventricule gauche du cœur expulse le sang via l'artère aorte vers les capillaires des différents organes où s'effectuent divers échanges. L'aorte est une artère élastique et épaisse capable de résister aux hautes pressions lors de la contraction cardiaque. Son élasticité contribue à la restitution d'un débit continu alors que les contractions cardiaques sont discontinues. Le sang est ensuite ramené au cœur droit via les veines caves supérieure et inférieure.
32
+
33
+ Dans la petite circulation, le ventricule droit du cœur propulse le sang via l'artère pulmonaire vers les poumons. Le ventricule droit est moins épais que le gauche car il doit seulement assurer la vascularisation d'une partie restreinte du corps.
34
+
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+ Ainsi, dans la circulation systémique, les artères apportent du sang oxygéné aux tissus et les veines ramènent du sang appauvri en oxygène vers le cœur ; dans la circulation pulmonaire, les artères pulmonaires transportent du sang pauvre en dioxygène et les veines pulmonaires du sang riche en dioxygène.
36
+
37
+ Les veines profondes et superficielles sont équipées de valvules. Ces « clapets », disposés tous les quatre à cinq centimètres, imposent un sens unique de circulation du sang, et empêchent le reflux.
38
+
39
+ L'aspiration du sang des pieds vers le cœur est le résultat de plusieurs mécanismes. Ainsi, la compression de la voûte plantaire, la contraction des muscles des mollets et des cuisses chassent le sang vers le haut. Les mouvements respiratoires facilitent également le travail en diminuant la pression au sein du thorax lors de chaque inspiration. C'est pourquoi la marche et l'exercice physique permettent de limiter les risques d'insuffisance veineuse.
40
+
41
+ Les éponges, qui appartiennent à l'embranchement des spongiaires ou porifères, n'ont pas de véritables tissus ni d'organes, elles sont également dépourvues de système vasculaire. Le corps d'une éponge ressemble à un sac percé de pores d'où le nom "poriferia" qui veut dire en latin " qui porte de pores". Grâce à ces pores inhalants, l'eau peut pénétrer à l'intérieur d'une cavité centrale nommé spongocoele. L'eau ressort ensuite par une ouverture plus grande appelée oscule. Les éponges sont caractérisées par la présence des choanocytes. Le choanocyte est une cellule qui est dotée d'une collerette et d'un flagelle qui assure la circulation de l'eau et l'absorption des particules nutritives dans la cavité centrale des spongiaires.
42
+
43
+ Les cnidaires sont dépourvus de système vasculaire. Ils ont l'aspect d'un sac renfermant un compartiment digestif central appelé la cavité gastrovasculaire (qui a rapport aux vaisseaux et à l'estomac). La cavité gastrovasculaire est une innovation évolutive par rapport aux éponges. Cette cavité a une seule ouverture servant à la fois de bouche et d'anus. En fait les cnidaires dépendent principalement de la diffusion pour obtenir l'oxygène dont ils ont besoin, car leur corps est formé de deux couches de cellules, l'une étant à l'extérieur appelé épiderme et l'autre étant enveloppé sur la cavité gastrovasculaire appelé gastroderme. Le contenu de la cavité gastrovasculaire doit être renouvelé en gaz et en nutriments. Pour ce faire l'organisme va "aspirer" les éléments puis les "recracher" à travers la membrane.
44
+
45
+ Les plathelminthes sont dépourvus de système circulatoire. Contrairement aux animaux radiaires, les vers plats et les autres bilatériens sont triploblastiques. L'un des feuillets embryonnaires, le mésoderme permet la formation d'organes plus complexes, de systèmes d'organes et de vrais muscles. Cependant ils n'ont pas de cavité générale interne, autrement dit de cœlome. Les échanges se font par diffusion. Cette diffusion se fait grâce aux déplacements de l'animal qui agite les fluides interstitiels. Par contre, il existe des cellules spécialisées qui forment l'appareil excréteur.
46
+
47
+ Le corps cylindrique des némathelminthes n'est pas segmenté. Les vers ronds sont revêtus d'un exosquelette appelé cuticule. Ils possèdent un tube digestif complet mais pas de système cardiovasculaire. Le liquide qui circule dans leur pseudocœlome (cavité corporelle recouverte de mésoderme) apporte des nutriments à toutes les cellules du corps. La respiration se fait par diffusion au travers de pores qui percent la cuticule imperméable.
48
+
49
+ Les annélidés tels le lombric possèdent un système circulatoire fermé; la circulation sanguine est assurée par la contractilité de certains vaisseaux et par des « cœurs » comportant des valvules et une seule cavité.
50
+
51
+ Les mollusques ont généralement un appareil circulatoire ouvert avec un cœur constitué de deux oreillettes et d'un ventricule. Le liquide permettant le transport des gaz respiratoires est appelé hémolymphe. Le pigment respiratoire qu'il contient, l'hémocyanine n'est pas contenu dans des cellules sanguines mais circule librement dans le liquide. Il porte deux cations cuivreux Cu+ permettant le transport de l'O2. L'hémocyanine libre est incolore tandis que la forme lié à l'O2 (Cu2+) est bleue.
52
+
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+ Parmi les mollusques, les céphalopodes ont acquis un système circulatoire clos.
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+
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+ Le cœur des poissons est constitué d'une oreillette et d'un ventricule disposés en série. Le sang traverse 2 lits capillaires, un dans les branchies pour échanger les gaz (capillaires branchiaux) et l'autre dans le restant du corps (capillaires systémiques)[13].
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+
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+ La circulation sanguine des amphibiens est close, avec un cœur possédant deux oreillettes et un ventricule. Ainsi, il y a tout de même un mélange entre le sang oxygéné et le sang désoxygéné.
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+
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+ La circulation sanguine des reptiles est double, composée d'un petit circuit capturant l'oxygène au niveau pulmonaire, puis d'un grand circuit le distribuant à l'ensemble des organes. Elle est incomplète; le cœur, n'étant pas totalement cloisonné, permet un mélange entre le sang artériel oxygéné et le sang veineux riche en dioxyde de carbone, (sauf chez les crocodiles qui possèdent une circulation complète). Les reptiles ont une circulation double, incomplète et fermée. Ils ont aussi deux oreillettes et un ventricule [14].
60
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+ La circulation sanguine chez l'oiseau et les mammifères (dont l'humain) implique un cœur ayant deux oreillettes et deux ventricules, ce qui permet alors une séparation entre le sang oxygéné et le sang désoxygéné.
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+ La circulation des mammifères est identique à celle de l'humain.
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+
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+ L'accident vasculaire cérébral ou plus communément appelé AVC, est une affection due à un problème vasculaire qui est à l'origine d'une mauvaise alimentation en sang du cerveau. Il existe deux types d'AVC : l'AVC ischémique[15] provoqué par un caillot qui obstrue une artère du cerveau stoppant ainsi son approvisionnement sanguin, et l'AVC hémorragique[16] provoqué par une rupture de l’artère causée par hypertension artérielle.
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+ L'appareil cardiovasculaire, appareil circulatoire ou système sanguin, est un système circulatoire en circuit fermé qui assure le transport du sang du cœur vers les extrémités et les divers organes et, en retour, de ceux-ci vers le cœur. Il est constitué du cœur et des vaisseaux sanguins qui forment le système vasculaire, les vaisseaux lymphatiques qui composent le système lymphatique lui étant parfois associé.
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+ La circulation du sang permet le transport et l'échange interne d'une grande variété de substances biochimiques. Elle permet d'acheminer des nutriments, du dioxygène et des hormones aux cellules de l'organisme. Ces éléments proviennent du tube digestif, des poumons et des glandes endocrines. Le système cardiovasculaire assure également la collecte des déchets métaboliques des cellules, comme le dioxyde de carbone ou l'urée, acheminés vers les poumons, le foie et les reins. Enfin, il participe à la régulation de nombreux facteurs, tels que le taux de sucre.
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+ La relation entre le saignement et la mort a sans doute été mise en évidence très tôt dans l'histoire de l'humanité.
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+ Les Égyptiens avaient identifié le sang comme source de vie et siège de l'âme[1].
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+ Les dissections pratiquées par les médecins grecs de Cos au Ve siècle av. J.-C., dans la lignée d'Hippocrate, sur des animaux égorgés induisent des erreurs de représentation : les artères sont retrouvées vides, on pense donc qu'elles transportent de l'air, tandis que le foie et la rate sont gorgés de sang, ces deux organes sont donc considérés comme des éléments importants du transport du sang. Hérophile, médecin d'Alexandrie du IVe siècle av. J.-C., décrivit le premier la palpation du pouls. C'est à Erasistrate de Keos (320–250 av. J.-C.) que l'on doit la première description des valves veineuses[1].
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11
+ Galien (131-201) fait une description précise du réseau de veines et d'artères à partir de dissection de porcs[2], mais interprète faussement le rôle des organes. Selon lui, le sang est créé dans le foie à partir des aliments, il circule par les veines et va d'une part vers les poumons pour se mélanger à de l'air, d'autre part passe du ventricule droit au ventricule gauche par la paroi poreuse où il prélève la chaleur qu'il redistribue dans le corps ; arrivé aux extrémités du corps, le sang est consommé et ressort sous forme de transpiration[1].
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+ Les médecins musulmans traduisent les traités de médecine égyptiens découverts lors de l'invasion de l'Égypte au VIIe siècle, dont le traité de Galien sur la circulation (traduit par Averroès). À partir du Xe siècle, ils décrivent de nombreuses maladies cardiovasculaires (thrombose et collapsus pour Avicenne, péricardite pour Avenzoar). Ibn Al-Nafis, le père de la physiologie fait partie des autres précurseurs de la dissection humaine. En 1242 il a été le premier à décrire la circulation pulmonaire, les artères coronaires et la circulation capillaire qui forment la base du système circulatoire. L'œuvre d'Ibn Al-Nafis restera ignorée jusqu'en 1924 lorsque le Dr Al-Tatawi, médecin égyptien résidant en Allemagne, retrouve la traduction d'Andrea Alpago dans la Bibliothèque nationale de Berlin[1].
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+ En 1543, Andreas Vesalius publie ses travaux De humani corporis fabrica[3],[4] dans lesquels la théorie physiologique de Galien fut adaptée à ses nouvelles observations[5].
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17
+ Cette théorie de Galien sur la Physiologie du Système circulatoire est bouleversée en 1551 quand Amato Lusitano (João Rodrigues de Castelo Branco, 1511-1568), médecin marrane portugais fuyant l'Inquisition en Italie, décrit la circulation du sang dans son ouvrage de sept volumes Curationum Medicinalium Centuriæ Septem en 1551 (la 1re édition) et pour la première fois, constate que les veines ont des valvules qui obligent le sang à retourner vers le cœur[6],[7]. Cette découverte renverse ce qui était admis depuis Galien qui disait que le sang sortait du cœur par les artères et les veines et n'y retournait pas[7].
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19
+ Au XVIe siècle, Michel Servet (espagnol) décrit la circulation pulmonaire, d'abord en 1546[8],[9], puis publié en 1553. Ce fait est resté ignoré, car il a été publié dans un traité de théologie considéré comme hérétique, et dont l'édition a été détruite. On ne connait que trois exemplaires, conservés respectivement à Édimbourg, Paris et Vienne[10].
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+ L'italien Realdo Colombo est un des premiers à décrire parfaitement la circulation pulmonaire.
22
+ C'est Andrea Cesalpino (1519-1603) qui utilise le premier le terme de « circulation » et qui en attribue le rôle au cœur, alors que l'on pensait jusqu'ici que le mouvement du sang dépendait de la pulsation des artères. Finalement William Harvey (1578-1657), élève de Fabrice d'Acquapendente (1537-1619), fait la première description complète du système circulatoire, dans son ouvrage Exercitatio Anatomica de Motu Cordis et Sanguinis in Animalibus de 1628. Il décrit notamment le sens de circulation et le rôle exact des valvules veineuses, et établit que la circulation est importante (plusieurs litres par minute) alors qu'on la croyait au goutte-à-goutte. L'idée première en reviendrait à Walter Warner[11]. Marcello Malpighi identifie pour la première fois les capillaires au microscope en 1661.
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+ L'idée du cœur comme pompe et moteur de la circulation sanguine a encore été mise en doute à l'époque contemporaine, notamment par le cardiologue Leon Manteuffel-Szoege[12].
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+ L'appareil cardiovasculaire a pour fonction d'apporter aux différentes cellules les nutriments et le dioxygène dont elles ont besoin et d'éliminer leurs déchets comme le dioxyde de carbone. Cette circulation continue fonctionne grâce à des vaisseaux sanguins et une pompe : le cœur.
27
+ On appelle artères les vaisseaux contenant du sang qui quitte le cœur vers les tissus tandis que les veines apportent le sang des tissus vers le cœur.
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+
29
+ On distingue la circulation systémique (grande circulation), dont le rôle est de recharger les muscles et organes en dioxygène et en nutriments et la circulation pulmonaire (petite circulation) dont le rôle est d'assurer la ré-oxygénation du sang par les poumons et l'élimination par ceux-ci du dioxyde de carbone (hématose).
30
+
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+ Dans la grande circulation, le ventricule gauche du cœur expulse le sang via l'artère aorte vers les capillaires des différents organes où s'effectuent divers échanges. L'aorte est une artère élastique et épaisse capable de résister aux hautes pressions lors de la contraction cardiaque. Son élasticité contribue à la restitution d'un débit continu alors que les contractions cardiaques sont discontinues. Le sang est ensuite ramené au cœur droit via les veines caves supérieure et inférieure.
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+
33
+ Dans la petite circulation, le ventricule droit du cœur propulse le sang via l'artère pulmonaire vers les poumons. Le ventricule droit est moins épais que le gauche car il doit seulement assurer la vascularisation d'une partie restreinte du corps.
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35
+ Ainsi, dans la circulation systémique, les artères apportent du sang oxygéné aux tissus et les veines ramènent du sang appauvri en oxygène vers le cœur ; dans la circulation pulmonaire, les artères pulmonaires transportent du sang pauvre en dioxygène et les veines pulmonaires du sang riche en dioxygène.
36
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+ Les veines profondes et superficielles sont équipées de valvules. Ces « clapets », disposés tous les quatre à cinq centimètres, imposent un sens unique de circulation du sang, et empêchent le reflux.
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+ L'aspiration du sang des pieds vers le cœur est le résultat de plusieurs mécanismes. Ainsi, la compression de la voûte plantaire, la contraction des muscles des mollets et des cuisses chassent le sang vers le haut. Les mouvements respiratoires facilitent également le travail en diminuant la pression au sein du thorax lors de chaque inspiration. C'est pourquoi la marche et l'exercice physique permettent de limiter les risques d'insuffisance veineuse.
40
+
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+ Les éponges, qui appartiennent à l'embranchement des spongiaires ou porifères, n'ont pas de véritables tissus ni d'organes, elles sont également dépourvues de système vasculaire. Le corps d'une éponge ressemble à un sac percé de pores d'où le nom "poriferia" qui veut dire en latin " qui porte de pores". Grâce à ces pores inhalants, l'eau peut pénétrer à l'intérieur d'une cavité centrale nommé spongocoele. L'eau ressort ensuite par une ouverture plus grande appelée oscule. Les éponges sont caractérisées par la présence des choanocytes. Le choanocyte est une cellule qui est dotée d'une collerette et d'un flagelle qui assure la circulation de l'eau et l'absorption des particules nutritives dans la cavité centrale des spongiaires.
42
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43
+ Les cnidaires sont dépourvus de système vasculaire. Ils ont l'aspect d'un sac renfermant un compartiment digestif central appelé la cavité gastrovasculaire (qui a rapport aux vaisseaux et à l'estomac). La cavité gastrovasculaire est une innovation évolutive par rapport aux éponges. Cette cavité a une seule ouverture servant à la fois de bouche et d'anus. En fait les cnidaires dépendent principalement de la diffusion pour obtenir l'oxygène dont ils ont besoin, car leur corps est formé de deux couches de cellules, l'une étant à l'extérieur appelé épiderme et l'autre étant enveloppé sur la cavité gastrovasculaire appelé gastroderme. Le contenu de la cavité gastrovasculaire doit être renouvelé en gaz et en nutriments. Pour ce faire l'organisme va "aspirer" les éléments puis les "recracher" à travers la membrane.
44
+
45
+ Les plathelminthes sont dépourvus de système circulatoire. Contrairement aux animaux radiaires, les vers plats et les autres bilatériens sont triploblastiques. L'un des feuillets embryonnaires, le mésoderme permet la formation d'organes plus complexes, de systèmes d'organes et de vrais muscles. Cependant ils n'ont pas de cavité générale interne, autrement dit de cœlome. Les échanges se font par diffusion. Cette diffusion se fait grâce aux déplacements de l'animal qui agite les fluides interstitiels. Par contre, il existe des cellules spécialisées qui forment l'appareil excréteur.
46
+
47
+ Le corps cylindrique des némathelminthes n'est pas segmenté. Les vers ronds sont revêtus d'un exosquelette appelé cuticule. Ils possèdent un tube digestif complet mais pas de système cardiovasculaire. Le liquide qui circule dans leur pseudocœlome (cavité corporelle recouverte de mésoderme) apporte des nutriments à toutes les cellules du corps. La respiration se fait par diffusion au travers de pores qui percent la cuticule imperméable.
48
+
49
+ Les annélidés tels le lombric possèdent un système circulatoire fermé; la circulation sanguine est assurée par la contractilité de certains vaisseaux et par des « cœurs » comportant des valvules et une seule cavité.
50
+
51
+ Les mollusques ont généralement un appareil circulatoire ouvert avec un cœur constitué de deux oreillettes et d'un ventricule. Le liquide permettant le transport des gaz respiratoires est appelé hémolymphe. Le pigment respiratoire qu'il contient, l'hémocyanine n'est pas contenu dans des cellules sanguines mais circule librement dans le liquide. Il porte deux cations cuivreux Cu+ permettant le transport de l'O2. L'hémocyanine libre est incolore tandis que la forme lié à l'O2 (Cu2+) est bleue.
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+ Parmi les mollusques, les céphalopodes ont acquis un système circulatoire clos.
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+ Le cœur des poissons est constitué d'une oreillette et d'un ventricule disposés en série. Le sang traverse 2 lits capillaires, un dans les branchies pour échanger les gaz (capillaires branchiaux) et l'autre dans le restant du corps (capillaires systémiques)[13].
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+ La circulation sanguine des amphibiens est close, avec un cœur possédant deux oreillettes et un ventricule. Ainsi, il y a tout de même un mélange entre le sang oxygéné et le sang désoxygéné.
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+ La circulation sanguine des reptiles est double, composée d'un petit circuit capturant l'oxygène au niveau pulmonaire, puis d'un grand circuit le distribuant à l'ensemble des organes. Elle est incomplète; le cœur, n'étant pas totalement cloisonné, permet un mélange entre le sang artériel oxygéné et le sang veineux riche en dioxyde de carbone, (sauf chez les crocodiles qui possèdent une circulation complète). Les reptiles ont une circulation double, incomplète et fermée. Ils ont aussi deux oreillettes et un ventricule [14].
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+ La circulation sanguine chez l'oiseau et les mammifères (dont l'humain) implique un cœur ayant deux oreillettes et deux ventricules, ce qui permet alors une séparation entre le sang oxygéné et le sang désoxygéné.
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+ La circulation des mammifères est identique à celle de l'humain.
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+ L'accident vasculaire cérébral ou plus communément appelé AVC, est une affection due à un problème vasculaire qui est à l'origine d'une mauvaise alimentation en sang du cerveau. Il existe deux types d'AVC : l'AVC ischémique[15] provoqué par un caillot qui obstrue une artère du cerveau stoppant ainsi son approvisionnement sanguin, et l'AVC hémorragique[16] provoqué par une rupture de l’artère causée par hypertension artérielle.
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+ Le Cirque Maxime (littéralement « le plus grand cirque » ou « le très grand cirque »), en latin « Circus Maximus » (et en italien « Circo Massimo »), est le plus vaste et le plus ancien hippodrome de Rome. Considérant l'importance de ses dimensions et la richesse de son histoire par rapport à la douzaine de cirques de Rome, il est souvent appelé simplement « Circus » par les auteurs antiques. Plus grand édifice public de la Rome antique, il est principalement dédié aux courses de chars mais il peut également être utilisé pour d'autres types de spectacle ou lors des processions triomphales, surtout à partir du règne de Trajan.
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+ De nos jours, il se trouve dans le rione de Ripa et reste le théâtre de grands rassemblements lors de festivals, de concerts, ou d'autres grands événements. Le cirque Maxime demeure à ce jour la plus vaste enceinte sportive que le monde ait jamais connu.
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+ Le cirque Maxime occupe quasiment tout l'espace de la vallée de la Murcia, dépression située entre le Palatin et l'Aventin[1]. Il s'étend du Forum Boarium au nord-ouest à la porte Capène au sud-est.
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+ Le cirque Maxime, sur le plan de Rome de Paul Bigot, université de Caen.
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+ Le cirque dans la vallée de la Murcia, plan de Giovanni Battista Nolli, 1748.
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+ La tradition romaine attribue la fondation du cirque à Tarquin l'Ancien, en 599 av. J.-C., avec les premiers travaux d'aménagement[a 1],[a 2]. Son emplacement correspond au site où, à l'époque de Romulus, se seraient déroulés, en l'honneur du dieu Consus, les rites et les premiers jeux sacrés, appelés Consualia[a 3], qui comprenaient des courses équestres[2]. C'est précisément au cours de l'un d'eux que serait survenu l'enlèvement des Sabines, qui devait, selon la légende, permettre aux Romains d'accroître la démographie de leur ville[a 4],[a 5]. À l'époque des rois étrusques de Rome, cet espace était consacré à la célébration des premiers jeux romains (les Ludi Romani), ainsi qu'aux divertissements publics, tels que les courses attelées ou montées. La forme de la vallée, longue de près de 600 mètres et étroite de 150 mètres, s'y prête bien[1]. Ce n'est toutefois encore qu'une vaste esplanade laissée libre de toute construction, à laquelle le roi Tarquin le Superbe ajoute des gradins bâtis en bois et disposés de façon discontinue[3].
14
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15
+ À la fin du IVe siècle av. J.-C. apparaissent les premières structures permanentes mais il faut attendre la fin du Ier siècle av. J.-C., avec les travaux entrepris par Jules César puis Auguste, pour que l'édifice adopte sa forme définitive de cirque romain[3],[4].
16
+
17
+ En 329 av. J.-C., sous la République romaine, le cirque est équipé de structures permanentes en bois, qui comprennent les carceres, douze stalles de départ peintes de couleurs vives[5],[6],[a 6], ainsi que des tribunes[1],[a 7]. La spina a probablement été construite de manière permanente peu de temps après, encadrée de deux metae, les bornes à ses extrémités, et ornée de statues, dont une de la déesse Pollentia. Sa présence en est attestée pour l'année 186 av. J.-C.[a 8]
18
+
19
+ « Aux jeux romains, célébrés cette même année par Publius Cornelius Cethegus et Aulus Postumius Albinus, un mât du cirque qui avait été mal fixé en terre tomba sur la statue de la déesse Pollentia et la renversa. Les sénateurs, alarmés de cet accident, décidèrent qu'on prolongerait d'un jour la célébration des jeux et qu'on remplacerait la statue par deux statues nouvelles, dont l'une serait dorée. »
20
+
21
+ — Tite-Live, Histoire romaine, XXXIX, 7, 8-9
22
+
23
+ La construction de la spina a nécessité la canalisation et la couverture d'un cours d'eau, qui provient d'un marécage plus tard occupé par le Colisée, suit la vallée située entre le Cælius et le Palatin puis la vallée de la Murcia (entre le Palatin et l'Aventin), et finit par se jeter dans le Tibre[6] une centaine de mètres en aval de la Cloaca Maxima[7]. Son cours dans un fossé (euripus) est donc aménagé en égout (cloaca).
24
+
25
+ Au IIe siècle av. J.-C., le cirque est utilisé pour des jeux publics et des festivals influencés par les Grecs. En 196 av. J.-C., le consul Lucius Stertinius fait ériger un fornix, ancêtre de l'arc de triomphe. En 191 av. J.-C., un temple dédié à Iuventas est construit à côté de la piste de course[7],[a 9]. En 174 av. J.-C., les censeurs Aulus Postumius Albinus et Quintus Fulvius Flaccus réaménagent le site[8]. Ils ajoutent de nombreux équipements, font reconstruire les stalles de départ, et placent à proximité les ova, sept grandes sculptures en bois en forme d'œufs, qui servent de compte-tours pour les concurrents[9] et les spectateurs, et deviennent permanentes[10],[a 10],[a 11].
26
+
27
+ Cette volonté d'agrandir le cirque, après la Seconde guerre punique, est probablement liée à la multiplication des processions triomphales durant cette période[11].
28
+
29
+ En 55 av. J.-C., c'est peut-être à l'occasion de la dédicace du temple de Vénus Victrix que Pompée fait combattre dans le cirque 20 éléphants, qui bousculent, malgré les précautions prises, la palissade censée protéger les premiers rangs de spectateurs[a 12].
30
+
31
+ « Sous le second consulat de Pompée, lors de la dédicace du temple de Vénus Victorieuse, vingt éléphants, ou, selon d'autres, dix-sept, combattirent dans le cirque contre des Gétules, qui les attaquaient à coups de javelot. Un d'entre eux excita surtout l'étonnement : les pieds percés de traits, il s'avança se traînant sur les genoux contre ses ennemis, arrachant les boucliers et les jetant en l'air : ces boucliers, qui tournoyaient en retombant, faisaient un grand plaisir aux spectateurs, comme si c'eût été un tour d'adresse et non un effet de la fureur de l'animal. Un autre fait qui surprit aussi, c'est qu'un éléphant fut tué d'un seul coup : un javelot, entrant sous l'œil, atteignit dans la tête les organes vitaux. Tous ensemble ils essayèrent de faire une sortie, non sans jeter beaucoup de désordre parmi le peuple qui entourait les grilles de fer. »
32
+
33
+ — Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VIII, 20, 21
34
+
35
+ En 46 av. J.-C., Jules César, pour satisfaire les demandes de la population romaine, ordonne un réaménagement important du cirque. Il dote la cavea, les trois rangées de gradins, de fauteuils pour tous. Il fait agrandir le cirque, dont les dimensions atteignent finalement 600 mètres de long sur 200 mètres de large pour une capacité maximale estimée par les auteurs antiques à 150 000 spectateurs[12] (la modélisation 3D des années 2000 donne une capacité maximum de 95 000 à 100 000[13]. Il fait reconstruire, suite à l'incident survenu sous Pompée, une palissade plus efficace pour la protection des spectateurs, et fait creuser un deuxième euripus (fossé) entre l'arène et les gradins[8],[10].
36
+
37
+ En 33 av. J.-C., le consul Marcus Vipsanius Agrippa met en place sur la spina sept dauphins de bronze et un deuxième groupe d'ova (compte-tours)[a 13], mais visible par l'ensemble des spectateurs, car placé au centre de la spina, contrairement au premier groupe d'ova, davantage destiné aux auriges[14].
38
+
39
+ Deux ans plus tard, en 31 av. J.-C., une grande partie du cirque est malheureusement endommagée par un incendie[8],[a 14].
40
+
41
+ Tout au long du Ier siècle, le cirque Maxime est en travaux pour modernisation, mais aussi pour réparation des dégâts occasionnés par plusieurs incendies. Auguste achève peut-être les travaux planifiés et initiés par Jules César[15],[16], et fait également construire ou restaurer le Pulvinar ad Circum Maximum, tribune placée du côté du Palatin permettant aux membres de la famille impériale d'assister aux spectacles depuis un point de vue privilégié[8],[a 15]. Plus tard, ce sont deux loges spéciales qui sont aménagées : une pour l'empereur et une autre pour le mécène qui finance les jeux.
42
+
43
+ Vers 10 apr. J.-C., l'empereur Auguste fait ériger le premier obélisque de l'hippodrome, disposé sur la spina et dédié à Sol[17]. Cet obélisque datant du règne de Ramsès II provient d'Héliopolis en Égypte et est aujourd'hui érigé sur la Piazza del Popolo.
44
+
45
+ En 36 apr. J.-C., la partie du cirque du côté de l'Aventin est détruite dans un nouvel incendie[a 16]. Les dégâts sont rapidement réparés, et l'apparence du sable améliorée en y incorporant du minium et des pigments verts ou des brisures de mica[18], permettant à l'empereur Caligula de célébrer les ludi circenses en grande pompe[a 17].
46
+
47
+ Au milieu du Ier siècle, l'empereur Claude est le premier à bâtir partiellement les tribunes en pierre. Néron fait condamner l'euripus ajouté par César et fait construire de nouvelles rangées de places. Il protège les spectateurs des bêtes sauvages par une barre ronde continue en bois couvert d'ivoire, ne laissant aucune prise aux animaux[19].
48
+
49
+ En 64, le grand incendie de Rome se déclenche dans les boutiques du Palatin attenantes au cirque, selon Tacite[10],[a 18]. Il détruit une bonne partie du cirque, surtout les rangées supérieures des gradins, encore constituées de bois[20]. Le cirque est rapidement restauré, permettant à Néron de l'utiliser lors d'une procession triomphale, quand il revient de Grèce[a 19] en 68. Les gradins et tribunes sont reconstruits entièrement en pierre et en marbre.
50
+
51
+ En 81, le Sénat fait construire un grand arc de triomphe à trois voûtes honorant l'empereur Titus.
52
+
53
+ À la fin du Ier siècle, l'empereur Domitien fait aménager sa Domus Augustana sur le Mont Palatin, permettant à la famille impériale de regarder les courses depuis le palais. Durant son règne, les deux longs côtés du cirque sont de nouveau endommagés par un incendie[20].
54
+
55
+ Au début du IIe siècle, après l'incendie à la fin du règne de Domitien, l'empereur Trajan fait reconstruire et agrandir l'édifice[11]. Cinq mille sièges supplémentaires sont ajoutés en réemployant des pierres de la naumachie de Domitien. La cavea est élargie de deux stades[a 20] en couvrant la rue qui circule entre le cirque et les pentes du Palatin. Les fondations de cette structure ont été mises au jour récemment[18]. La loge impériale devient plus spacieuse en supprimant un cubiculum utilisé par Domitien comme loge privée. Celle-ci lui permettait d'assister aux jeux du cirque sans être vu du peuple mais tout en profitant de sa ferveur. Trajan transforme également l'apparence de toute la façade méridionale du palais impérial donnant sur le cirque, des travaux beaucoup plus importants que ceux entrepris par Domitien. L'ancienne façade rectiligne tournée à l'origine vers le Palatin est entièrement repensée, et prend la forme d'une vaste exèdre à portiques à deux étages tournée vers le cirque[21]. Cette façade est directement conçue pour que l'empereur puisse observer les courses depuis un point de vue privilégié mais également pour qu'il puisse être vu du peuple[21]. Trajan aurait même projeté de relier les deux monuments par un pont, qui aurait permis d'accéder directement au pulvinar depuis le palais[22].
56
+
57
+ Après ces travaux, le cirque semble atteindre sa taille maximale[20]. Si le cirque a acquis sa forme définitive après les travaux de César, Trajan l'a entièrement reconstruit en pierre et l'a transformé en un véritable monument marquant durablement le paysage urbain et la vie sociale romaine[23]. L'empereur a utilisé des matériaux de première qualité, avec une profusion de bronzes dorés et de marbres colorés, symboles de son pouvoir et de l'étendue de son empire.
58
+
59
+ Au milieu du IIe siècle et au tournant du IVe siècle, le cirque semble avoir été touché par deux importants effondrements sous les règnes d'Antonin le Pieux et de Dioclétien, provoquant de nombreuses victimes parmi les spectateurs[18].
60
+
61
+ Au début du IVe siècle, l'empereur Constantin Ier fait restaurer le cirque avec magnificence, et prépare un emplacement sur la spina pour un nouvel obélisque prélevé à Karnak en Égypte[24] et arrivé à Rome en 323[25]. En 354, après la multiplication des ludi, 109 jours sont désormais consacrés chaque année aux compétitions sportives à Rome, dont 62 pour les seules courses de chars avec 20 à 24 courses chaque jour. En mai 357, l'empereur Constance II reprend le projet de Constantin Ier d'élever un deuxième obélisque sur la spina. Ce second obélisque est un monolithe de 33 mètres, le plus grand de Rome, haut comme un immeuble de 10 étages. Il a été taillé dans du granite rose de Syène (Assouan) sous le règne de Thoutmôsis IV entre 1401 et 1390 av. J.-C. Il est aujourd'hui connu sous le nom d'obélisque du Latran[26], car il fut réérigé sur la Place Saint-Jean-de-Latran au XVIe siècle(voir ci-dessous).
62
+
63
+ En 549 a lieu la dernière course, sous le règne du roi ostrogoth Totila, après laquelle le cirque Maxime est laissé à l'abandon et tombe en ruine[27]. Au cours du Moyen Âge, les pierres et les marbres des gradins et tribunes sont progressivement réemployés dans la construction de divers palais et églises.
64
+
65
+ En 1587, sous le pontificat de Sixte-Quint, pape bâtisseur, l'obélisque de Constance II est déplacé en ses trois sections pour être transporté et réassemblé en 1588 sur la place Saint-Jean-de-Latran où il se trouve toujours. En 1589, l'obélisque d'Auguste est à son tour transporté vers la Piazza del Popolo, dont il occupe toujours le centre. Après la Renaissance, il ne subsiste presque plus rien des structures de l'ancienne construction, mais néanmoins l'espace gazonné, avec l'emplacement de la spina en son milieu, reste parfaitement délimité, constituant l'une des principales promenades en plein air de Rome, entre le mont Palatin et le mont Aventin.
66
+
67
+ Il ne demeure aujourd'hui de l'édifice que des éléments de maçonnerie, avec une petite partie des tribunes à l'extrémité orientale du cirque, et une large étendue qui s'étend sur tout son emplacement et qui permet de se faire une idée précise des dimensions et de l'orientation du monument[26]. Des fouilles à cette extrémité orientale de l'ancien bâtiment ont exhumé récemment les vestiges d'anciennes échoppes, une voie pavée a été dégagée, et des escaliers menant aux gradins ont été restaurés. Les deux obélisques existent toujours aujourd'hui mais ont été déplacés, le premier sur la Piazza del Popolo (obélisque d'Auguste) et le deuxième sur la place Saint-Jean-de-Latran (obélisque de Constance II).
68
+
69
+ Tour médiévale, la Torre della Moletta, située à l'extrémité orientale du cirque Maxime.
70
+
71
+ Le cirque avec les ruines de la Domus Augustana en arrière-plan.
72
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73
+ Les derniers vestiges, au sud-est de l'édifice.
74
+
75
+ Le cirque est l'édifice de spectacle choisi pour tous les ludi circenses, surtout les Ludi Romani qui se déroulent du 4 au 19 septembre[6], et les Ludi Plebei du 4 au 17 novembre[28]. Les jeux commencent par la pompa, procession ou défilé qui va du Forum Romanum au cirque Maxime. Le magistrat, les soldats, les auriges (cochers), les danseurs, les musiciens, et les prêtres participent au défilé. Les prêtres déposent les statues des dieux sur le pulvinar (littéralement, « coussin »), une tribune réservée aux dieux et à l'empereur.
76
+
77
+ Sous la République, les jeux comprennent de la voltige, des danses pyrrhiques (guerrières), des spectacles et courses équestres[29], des courses de chars, des épreuves athlétiques (course, pugilat, et lutte)[3], des combats de gladiateurs, et des venationes (combats d'animaux)[3], aussi le cirque Maxime est-il longtemps resté le seul cirque de tout l'Empire romain doté d'un fossé entre la piste et les gradins, afin de protéger le public des bêtes sauvages.
78
+
79
+ Sous l'Empire, avec la construction de l'amphithéâtre de Statilius Taurus puis surtout celle du Colisée, le cirque n'est plus l'endroit privilégié pour l'organisation d'une bonne partie des divertissements qui s'y déroulaient sous la République comme les combats de gladiateurs, les spectacles de chasse, et les combats contre des bêtes sauvages. Toutefois, ce type de spectacle ne disparaît pas totalement du cirque, des représentations continuent d'y être données de temps en temps[27].
80
+
81
+ « Le Martyre des premiers chrétiens » de Jean-Léon Gérôme, 1883.
82
+
83
+ « La mort de Dircé », Henryk Siemiradzki, 1897 : reconstitution de l'épisode mythologique de la mort de Dircé avec une martyre chrétienne.
84
+
85
+ « La mort de Dircé », Henryk Siemiradzki, 1896.
86
+
87
+ Le départ des courses de chars est donné depuis la tribune, où se tient l'organisateur des courses, située au-dessus des carceres. Ce magistrat donne le signal du départ, en lançant une étoffe blanche : la mappa. La course doit faire sept tours de piste soit environ 7,5 kilomètres. Pour chaque course, douze attelages sont au départ dans les stalles. Les chars sont tirés par deux chevaux pour les « biges », quatre pour les « quadriges », et jusqu'à dix pour les « decemjuges ». Les cochers sont souvent des esclaves.
88
+
89
+ Symbolique des quatre équipes de trois attelages :
90
+
91
+ La course représente la course du soleil ou la course du char d'Apollon, d'est en ouest (lever/coucher du soleil).
92
+
93
+ Le compte-tours comporte sept dauphins (en souvenir du dauphin qui a ramené Apollon de l'île de Plépos à Delphes) ou sept omphales (sculptures en forme d'œufs, probablement de bronze). L'œuf tombé du ciel à Delphes était désigné comme le centre de l'univers.
94
+
95
+ « Alignement pour la course », Ulpiano Checa y Sanz, 1903 : représentation de l'extrémité du cirque du côté des carceres.
96
+
97
+ « Course de chars » par Albert Kuhn, 1913.
98
+
99
+ « Course de chars romains », Ulpiano Checa y Sanz, 1890 : les chars négocient le virage près d'une meta.
100
+
101
+ Les cérémonies du triomphe constituent un des principaux évènements se déroulant dans le cirque Maxime, même s'il est davantage associé dans l'imaginaire collectif aux jeux et aux courses[30]. C'est un des seuls monuments pour lequel il ne fait aucun doute qu'il était traversé par la voie triomphale, toutefois le trajet précis des processions dans le cirque reste sujet à discussion. Pour certains, les processions n'ont pas pu traverser le cirque dans sa longueur depuis les carceres jusqu'à l'extrémité circulaire, étant donné la différence de niveau avec la route au sud, qui nécessite quelques marches, empêchant le passage des véhicules à roues[31]. Selon cette hypothèse, les processions devaient entrer et sortir par la porte des carceres, faisant tout le tour de l'arène. Les spectateurs des deux côtés pouvaient alors profiter pleinement du spectacle tandis que la procession longeait la spina d'un côté puis de l'autre.
102
+
103
+ Toutefois, les ingénieurs romains avaient certainement les moyens techniques pour construire une rampe éphémère permettant de franchir des escaliers. Les processions ont donc très bien pu quitter le cirque en passant sous l'arc de triomphe de Titus à trois baies dont c'est la fonction. Une fois passé l'arc, la procession se dirige vers le nord-est pour suivre la Via Triumphalis jusqu'au Colisée et la Via Sacra[31].
104
+
105
+ La vallée herbeuse que forme aujourd'hui le cirque Maxime est utilisée pour de grands événements tels que des concerts avec jusqu'à 500 000 spectateurs pour le concert de Genesis le 14 juillet 2007, des rassemblements populaires comme la célébration de la victoire de l'Italie à la coupe du monde de football de 2006 avec un million de personnes, ou encore des séances de cinéma géant en plein air.
106
+
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+ Fête pour le titre de champion d'Italie de l'Association sportive Rome, le 24 juin 2001, avant le concert.
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+ Concert du Live 8 à Rome, dans le cirque Maxime, le 2 juillet 2005.
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+ Célébration de la victoire de l'Italie lors de la finale de la coupe du monde de football de 2006.
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+ Le cirque Maxime s'étend selon un plan très allongé qui finit par occuper pratiquement toute la vallée située entre le Palatin et l'Aventin. Denys d'Halicarnasse, qui écrit en 7 av. J.-C., le décrit comme le plus remarquable des monuments de Rome. Selon cet auteur, après les travaux entrepris par Jules César, la longueur du cirque atteint trois stades et demi et la largeur quatre plethra[a 21] (soit 650 × 125 mètres[32] ou 621 × 118 mètres[33]). Son estimation demeure incertaine et sujette à débat, les chiffres fournis par les auteurs antiques paraissant trop grands. Sous Vespasien, Pline l'Ancien donne une longueur de trois stades (555 mètres) et une largeur d'un stade (185 mètres), soit une superficie de 102 600 mètres2[n 1],[20],[a 22]. Les vestiges archéologiques permettent d'estimer la longueur totale du cirque dans sa forme la plus tardive à 600 mètres. Si on tient compte de son extension maximale en largeur pouvant atteindre près de 200 mètres[34], le cirque couvre 120 000 mètres2, une superficie équivalente à seize terrains de football. Le cirque atteint des dimensions telles qu'il est nécessaire de mettre au point des systèmes d'amplification acoustique spécialement étudiés pour être utilisés dans le cirque[23].
114
+
115
+ La capacité du cirque Maxime n'a cessé d'augmenter au fur et à mesure des travaux d'agrandissement. À la fin du Ier siècle av. J.-C., Denys d'Halicarnasse avance le nombre de 150 000 spectateurs[35],[a 21] tandis qu'au milieu du Ier siècle, Pline l'Ancien donne un nombre maximal de 260 000 spectateurs[a 22]. L'estimation la plus étonnante est donnée par les catalogues régionnaires du IVe siècle, avec une capacité maximale de 385 000 spectateurs. Toutefois, ce nombre pourrait en fait correspondre à une longueur en pieds, soit 385 000 pieds de places assises (114 kilomètres) permettant à 200 000 spectateurs de prendre place, une estimation qui semble plus raisonnable[36]. Selon cette hypothèse et en retenant l'estimation d'un million d'habitants à Rome sous l'Empire, entre un cinquième et un quart de la population pouvait se rendre au cirque en même temps[23].
116
+
117
+ En réalité sa capacité maximale (au IVe siècle) était de 95 000 à 100 000 spectateurs (soit 1/10e de la population de la Rome impériale), ainsi que le montre une modélisation 3D très précise du cirque réalisée dans les années 2000 par le leader français Archéovision, plate-forme technologique 3D de l'Université de Bordeaux III[13].
118
+
119
+ Dans ses plus grandes dimensions, après les travaux de Trajan, l'arène mesure à elle seule 568 mètres de long. Sa largeur varie selon l'endroit de 75 mètres aux carceres, à 84 mètres au début de la spina, pour atteindre 87 mètres à son extrémité orientale[34]. Le côté sud du cirque ne forme pas en effet une ligne droite mais comprend une légère irrégularité qui commence juste avant la linea alba. Cette particularité, qu'on retrouve dans d'autres cirques romains, permet aux concurrents de s'élancer de la même façon, quelle que soit leur stalle de départ[37],[38]. Entre l'époque de Jules César et celle de Néron, un canal d'eau large et profond de 3 mètres destiné à éloigner les fauves des spectateurs circule tout autour de l'arène sauf à l'extrémité occidentale, où se situent les carceres[39].
120
+
121
+ À l'origine, la spina est le canal qui sert à maîtriser le cours d'un ruisseau coulant le long de la Murcia et à drainer les eaux stagnantes de la vallée (cloaca). Elle coupe l'arène en deux dans le sens de sa longueur et détermine ainsi une piste allongée le long de laquelle s'élancent les chars[40]. Elle était bordée d'une margelle surmontée des colonnes sur lesquelles se trouvaient les statues de divinités telle que celle de Pollentia. C'est là aussi que se trouvait possiblement le fornix érigé par Lucius Stertinius[6].
122
+
123
+ Vers la fin de la République, la spina est reconstruite avec le réaménagement de la cloaca républicaine[34]. Elle prend la forme d'un fossé (euripus), haut d'un mètre au-dessus de la piste, large de 12 mètres, et long de 345 mètres[41],[42], que franchissent à intervalles réguliers des ponts et qui est ponctué de petites îles sur lesquelles se dresse une grande variété de monuments décoratifs tels que des autels, des édicules, des obélisques, des pavillons, et des statues. Le canal semble être demeuré partiellement à ciel ouvert[6].
124
+
125
+ Sous l'Empire, l´euripus désigne également le bassin dans lequel sont placés les dauphins de bronze d'Agrippa[20]. Munis de conduites d'eau, ils forment un groupe statuaire utilisé comme fontaine, et perdent leur fonction de compte-tours[18]. Ce n'est probablement qu'à partir du IIe siècle que la spina prend la forme d'un long mur encadré par deux bornes (metae), décorées sur leur axe de colonnes et surmontées de statues[43].
126
+
127
+ L'obélisque d'Auguste est érigé vers l'an 10 av. J.-C. sur la spina du cirque Maxime, probablement dans l'axe du temple de Sol[10] ou au centre de la spina, à mi-chemin des deux metae[44].
128
+
129
+ Un autre obélisque, celui de Constance II, est plus tard implanté en 357. Les obélisques disparaissent des annales, tombés ou renversés à une date inconnue, avant d'être redressés durant la Renaissance mais à des endroits différents.
130
+
131
+ Obélisque d'Auguste, Piazza del Popolo.
132
+
133
+ Obélisque de Constance II près de Saint-Jean-de-Latran.
134
+
135
+ À l'époque royale et au début de la République, les gradins ne devaient se résumer qu'à quelques structures éphémères en bois qui n'entouraient probablement pas tout le champ de course, la plupart des spectateurs se rassemblant et s'asseyant sur les pentes des collines avoisinantes[11].
136
+
137
+ À partir du IIe siècle av. J.-C., les gradins sont progressivement construits avec des matériaux plus durables. La cavea (l'ensemble des gradins) est alors divisée en trois sections horizontales de sièges, séparées par des couloirs (baltei)[24] et des grilles de fer[45]. Elle est large de 27 mètres, mais elle peut être considérablement étendue par des constructions établies au-dessus des rues sur les côtés sud et nord, jusqu'à 80 mètres du côté du Palatin par exemple[34]. La première section des gradins, près de l'arène, est en pierre recouverte de marbre par endroits, réservée à l'élite[46], tandis que les deux autres sections sont en bois[47]. À l'extrémité opposée aux carceres, les gradins suivent la courbure semi-circulaire de la sphendonè du cirque[39]. À I'intérieur du bâtiment, des voûtes s'adossent à des murs et soutiennent les trois rangées de gradins. De nombreux escaliers (praecinctiones) conduisent, à chaque étage, à une galerie intérieure, d'où partent les escaliers d'entrée et de sortie du cirque. À l'étage supérieur régnait une galerie (ambulatorium).
138
+
139
+ Sous l'Empire, Auguste a réservé certaines places pour les chevaliers et les sénateurs[a 23], mais l'arrangement reste temporaire et aucune section ne semble être clairement désignée[35]. Ce n'est que sous le règne de Claude qu'une même partie des places est toujours assignée aux sénateurs[a 24]. Néron fait de même pour les chevaliers[a 25] et doit combler le canal de protection de César pour construire les nouvelles places au bord de l'arène[18].
140
+
141
+ Sous la République, une tribune, qui devait avoir la forme d'une simple plate-forme en bois protégée par des vela[11], est aménagée dans les premières rangées de gradins.
142
+
143
+ L'empereur Auguste la remplace par une structure en pierre qui prend la forme d'un temple, probablement intégrée dans le premier tiers des gradins à proximité de l'arène[48], à l'opposé de la ligne d'arrivée et du temple de Sol[49]. Ce pulvinar ad circum Maximum est destiné à accueillir les statues des dieux apportées dans le cirque lors de la procession rituelle qui précède chaque spectacle[50]. Auguste l'utilise parfois pour assister aux jeux, mais il les observe le plus souvent depuis les maisons d'amis établies sur le Palatin ou l'Aventin[a 26]. Lors de la reconstruction de Trajan, le pulvinar est agrandi et déplacé plus haut dans les gradins : il apparaît sur un fragment de la Forma Urbis.
144
+
145
+ L'extrémité occidentale du cirque est occupée par les douze stalles de départ ou carceres. Ces installations sont mises en place afin d'éviter les faux-départs. Sous la République, elles sont laissées à ciel ouvert, donnant sur la piste par une façade à arcade[51]. L'entrée est fermée par une double porte en bois maintenue par une corde qui est rompue au départ de la course et qui libère tous les attelages en même temps[47]. D'abord en bois puis en tuf, elles sont construites en marbre à partir du règne de Claude[35].
146
+
147
+ Les douze stalles sont disposées le long d'une ligne courbe pour que chaque concurrent ait la même distance à parcourir jusqu'à la linea alba qui marque le départ du premier tour. Six carceres sont placées de chaque côté d'une entrée monumentale qui communique avec le Forum Boarium. Au-dessus des stalles se trouve la loge du magistrat qui préside les jeux, ornée de statues d'athlètes[24]. L'ensemble est encadré par deux tours à bastions qui valent à cette zone du cirque le surnom d'oppidum[a 27].
148
+
149
+ Après les travaux de Jules César, l'édifice est entouré d'une arcade à colonnades à un étage derrière laquelle sont installés des boutiques et des ateliers. Selon les auteurs antiques, on y croise des gens peu recommandables tels que des gardiens des cuisines[a 28], des astrologues, des voyants[a 29],[a 30], et des prostituées[a 31]. Certaines arches donnent accès aux rangs inférieurs des gradins et à des escaliers permettant de rejoindre les rangs supérieurs, orientés afin de faciliter la circulation des spectateurs pour que les entrants ne croisent pas les sortants[35].
150
+
151
+ Après la reconstruction de Trajan, l'extérieur de l'édifice est construit pour la première fois de façon homogène et imposante[42]. Comme décrites sur des sesterces frappés sous Trajan et Caracalla, les façades s'élèvent sur trois étages avec colonnes ou pilastres à demi-engagées de trois ordres, comme c'est le cas pour le théâtre de Marcellus ou le Colisée[24]. Le premier étage, un portique à arcades, est surmonté de deux étages aux murs pleins ponctués de pilastres et de fenêtres. Les pilastres extérieurs sont en opus quadratum de péperin, probablement recouverts de plaques de marbre. Le reste de la maçonnerie est en tuf recouvert de brique[21].
152
+
153
+ Un certain nombre de temples et de sanctuaires a été construit dans les limites du cirque. Il pourrait s'agir à l'origine de monuments érigés par des généraux victorieux sur le trajet des processions triomphales qui traversent le cirque de part en part. Parmi ces temples, on peut citer ceux dédiés à Sol, à Luna, à Mater Deum, et à Iuventas[6].
154
+
155
+ Le temple de Sol, à qui l'ensemble du cirque est en fait consacré[44], se situe dans la ligne des gradins, sur le long côté sud, près de la sphendonè, juste à l'opposé de la ligne d'arrivée[37],[52] et du Pulvinar ad Circum Maximum[53]. Il pourrait être représenté sur un denarius de Marc Antoine daté de 42 av. J.-C. comme un temple distyle. En 65 apr. J.-C., Tacite le qualifie de vetus aedes[a 32].
156
+
157
+ Le temple de Luna se situe à l'origine au niveau de l'oppidum du cirque, du côté de l'Aventin, avec deux autres temples dédiés à Flora et Cérès, jusqu'à sa destruction dans l'incendie de 64 apr. J.-C. Le culte de Luna est ensuite associé à celui de Sol dans le temple établi dans les gradins[54].
158
+
159
+ L'autel souterrain dédié à une divinité archaïque[55] est attesté au IIIe siècle av. J.-C. au moment de l'agrandissement du cirque Maxime à l'ensemble de la vallée de la Murcia. Il est alors décrit comme situé « près des bornes murciennes » (primae metae), c'est-à-dire au sud-est de la spina du cirque Maxime, où d'autres tombeaux et sanctuaires semblent avoir existé[56],[57] comme le sanctuaire dédié à Murcia[52].
160
+
161
+ Au début du IIe siècle av. J.-C., Lucius Stertinius fait ériger un fornix, arc monumental orné de statues dorées[a 33]. Étant donné le manque de précision des auteurs antiques, il n'est pas possible de situer le monument avec précision[47]. Il est construit en rapport avec le cirque (in Maximo circo)[58],[a 34], peut-être en un point plus tard occupé par le centre de l'extrémité semi-circulaire du cirque, mais il a pu aussi être placé sur la spina républicaine ou à proximité des carceres, du côté du Forum Boarium[59].
162
+
163
+ Le Sénat romain fait construire entre 80 et 81 apr. J.-C. un arc de triomphe, peut-être pour remplacer l'ancien fornix, au centre de l'extrémité orientale du cirque en demi-cercle (la sphendonè). La nouvelle entrée prend la forme d'un arc à trois baies, qui commémore la prise de Jérusalem de l'an 70 et la destruction du second Temple, baptisé « Arcus Titi » ou « Arcus Vespasiani et Titi ». L'inscription de l'arc aurait été recopiée par un pèlerin lors de sa visite à Rome et retrouvée dans un document appelé Itinéraire d'Einsiedeln[a 35]. L'arc apparaît peut-être sur un des deux bas-reliefs du passage central de l'arc de Titus érigé sur la Velia. Il est représenté surmonté d'un double quadrige[60].
164
+
165
+ Sesterce de Trajan avec au revers une représentation du cirque Maxime : la spina supportant l'obélisque d'Auguste est flanquée de metae et est entourée d'une arcade à colonnades. Un arc triomphal surmonté d'un quadrige occupe une des extrémités, les carceres occupant l'autre.
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+ Sesterce de Caracalla avec au revers une vue aérienne d'une course de chars dans le cirque Maxime : les détails architecturaux sont les mêmes que sur le sesterce de Trajan.
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+ Le Cirque Maxime (littéralement « le plus grand cirque » ou « le très grand cirque »), en latin « Circus Maximus » (et en italien « Circo Massimo »), est le plus vaste et le plus ancien hippodrome de Rome. Considérant l'importance de ses dimensions et la richesse de son histoire par rapport à la douzaine de cirques de Rome, il est souvent appelé simplement « Circus » par les auteurs antiques. Plus grand édifice public de la Rome antique, il est principalement dédié aux courses de chars mais il peut également être utilisé pour d'autres types de spectacle ou lors des processions triomphales, surtout à partir du règne de Trajan.
4
+
5
+ De nos jours, il se trouve dans le rione de Ripa et reste le théâtre de grands rassemblements lors de festivals, de concerts, ou d'autres grands événements. Le cirque Maxime demeure à ce jour la plus vaste enceinte sportive que le monde ait jamais connu.
6
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7
+ Le cirque Maxime occupe quasiment tout l'espace de la vallée de la Murcia, dépression située entre le Palatin et l'Aventin[1]. Il s'étend du Forum Boarium au nord-ouest à la porte Capène au sud-est.
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9
+ Le cirque Maxime, sur le plan de Rome de Paul Bigot, université de Caen.
10
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11
+ Le cirque dans la vallée de la Murcia, plan de Giovanni Battista Nolli, 1748.
12
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13
+ La tradition romaine attribue la fondation du cirque à Tarquin l'Ancien, en 599 av. J.-C., avec les premiers travaux d'aménagement[a 1],[a 2]. Son emplacement correspond au site où, à l'époque de Romulus, se seraient déroulés, en l'honneur du dieu Consus, les rites et les premiers jeux sacrés, appelés Consualia[a 3], qui comprenaient des courses équestres[2]. C'est précisément au cours de l'un d'eux que serait survenu l'enlèvement des Sabines, qui devait, selon la légende, permettre aux Romains d'accroître la démographie de leur ville[a 4],[a 5]. À l'époque des rois étrusques de Rome, cet espace était consacré à la célébration des premiers jeux romains (les Ludi Romani), ainsi qu'aux divertissements publics, tels que les courses attelées ou montées. La forme de la vallée, longue de près de 600 mètres et étroite de 150 mètres, s'y prête bien[1]. Ce n'est toutefois encore qu'une vaste esplanade laissée libre de toute construction, à laquelle le roi Tarquin le Superbe ajoute des gradins bâtis en bois et disposés de façon discontinue[3].
14
+
15
+ À la fin du IVe siècle av. J.-C. apparaissent les premières structures permanentes mais il faut attendre la fin du Ier siècle av. J.-C., avec les travaux entrepris par Jules César puis Auguste, pour que l'édifice adopte sa forme définitive de cirque romain[3],[4].
16
+
17
+ En 329 av. J.-C., sous la République romaine, le cirque est équipé de structures permanentes en bois, qui comprennent les carceres, douze stalles de départ peintes de couleurs vives[5],[6],[a 6], ainsi que des tribunes[1],[a 7]. La spina a probablement été construite de manière permanente peu de temps après, encadrée de deux metae, les bornes à ses extrémités, et ornée de statues, dont une de la déesse Pollentia. Sa présence en est attestée pour l'année 186 av. J.-C.[a 8]
18
+
19
+ « Aux jeux romains, célébrés cette même année par Publius Cornelius Cethegus et Aulus Postumius Albinus, un mât du cirque qui avait été mal fixé en terre tomba sur la statue de la déesse Pollentia et la renversa. Les sénateurs, alarmés de cet accident, décidèrent qu'on prolongerait d'un jour la célébration des jeux et qu'on remplacerait la statue par deux statues nouvelles, dont l'une serait dorée. »
20
+
21
+ — Tite-Live, Histoire romaine, XXXIX, 7, 8-9
22
+
23
+ La construction de la spina a nécessité la canalisation et la couverture d'un cours d'eau, qui provient d'un marécage plus tard occupé par le Colisée, suit la vallée située entre le Cælius et le Palatin puis la vallée de la Murcia (entre le Palatin et l'Aventin), et finit par se jeter dans le Tibre[6] une centaine de mètres en aval de la Cloaca Maxima[7]. Son cours dans un fossé (euripus) est donc aménagé en égout (cloaca).
24
+
25
+ Au IIe siècle av. J.-C., le cirque est utilisé pour des jeux publics et des festivals influencés par les Grecs. En 196 av. J.-C., le consul Lucius Stertinius fait ériger un fornix, ancêtre de l'arc de triomphe. En 191 av. J.-C., un temple dédié à Iuventas est construit à côté de la piste de course[7],[a 9]. En 174 av. J.-C., les censeurs Aulus Postumius Albinus et Quintus Fulvius Flaccus réaménagent le site[8]. Ils ajoutent de nombreux équipements, font reconstruire les stalles de départ, et placent à proximité les ova, sept grandes sculptures en bois en forme d'œufs, qui servent de compte-tours pour les concurrents[9] et les spectateurs, et deviennent permanentes[10],[a 10],[a 11].
26
+
27
+ Cette volonté d'agrandir le cirque, après la Seconde guerre punique, est probablement liée à la multiplication des processions triomphales durant cette période[11].
28
+
29
+ En 55 av. J.-C., c'est peut-être à l'occasion de la dédicace du temple de Vénus Victrix que Pompée fait combattre dans le cirque 20 éléphants, qui bousculent, malgré les précautions prises, la palissade censée protéger les premiers rangs de spectateurs[a 12].
30
+
31
+ « Sous le second consulat de Pompée, lors de la dédicace du temple de Vénus Victorieuse, vingt éléphants, ou, selon d'autres, dix-sept, combattirent dans le cirque contre des Gétules, qui les attaquaient à coups de javelot. Un d'entre eux excita surtout l'étonnement : les pieds percés de traits, il s'avança se traînant sur les genoux contre ses ennemis, arrachant les boucliers et les jetant en l'air : ces boucliers, qui tournoyaient en retombant, faisaient un grand plaisir aux spectateurs, comme si c'eût été un tour d'adresse et non un effet de la fureur de l'animal. Un autre fait qui surprit aussi, c'est qu'un éléphant fut tué d'un seul coup : un javelot, entrant sous l'œil, atteignit dans la tête les organes vitaux. Tous ensemble ils essayèrent de faire une sortie, non sans jeter beaucoup de désordre parmi le peuple qui entourait les grilles de fer. »
32
+
33
+ — Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VIII, 20, 21
34
+
35
+ En 46 av. J.-C., Jules César, pour satisfaire les demandes de la population romaine, ordonne un réaménagement important du cirque. Il dote la cavea, les trois rangées de gradins, de fauteuils pour tous. Il fait agrandir le cirque, dont les dimensions atteignent finalement 600 mètres de long sur 200 mètres de large pour une capacité maximale estimée par les auteurs antiques à 150 000 spectateurs[12] (la modélisation 3D des années 2000 donne une capacité maximum de 95 000 à 100 000[13]. Il fait reconstruire, suite à l'incident survenu sous Pompée, une palissade plus efficace pour la protection des spectateurs, et fait creuser un deuxième euripus (fossé) entre l'arène et les gradins[8],[10].
36
+
37
+ En 33 av. J.-C., le consul Marcus Vipsanius Agrippa met en place sur la spina sept dauphins de bronze et un deuxième groupe d'ova (compte-tours)[a 13], mais visible par l'ensemble des spectateurs, car placé au centre de la spina, contrairement au premier groupe d'ova, davantage destiné aux auriges[14].
38
+
39
+ Deux ans plus tard, en 31 av. J.-C., une grande partie du cirque est malheureusement endommagée par un incendie[8],[a 14].
40
+
41
+ Tout au long du Ier siècle, le cirque Maxime est en travaux pour modernisation, mais aussi pour réparation des dégâts occasionnés par plusieurs incendies. Auguste achève peut-être les travaux planifiés et initiés par Jules César[15],[16], et fait également construire ou restaurer le Pulvinar ad Circum Maximum, tribune placée du côté du Palatin permettant aux membres de la famille impériale d'assister aux spectacles depuis un point de vue privilégié[8],[a 15]. Plus tard, ce sont deux loges spéciales qui sont aménagées : une pour l'empereur et une autre pour le mécène qui finance les jeux.
42
+
43
+ Vers 10 apr. J.-C., l'empereur Auguste fait ériger le premier obélisque de l'hippodrome, disposé sur la spina et dédié à Sol[17]. Cet obélisque datant du règne de Ramsès II provient d'Héliopolis en Égypte et est aujourd'hui érigé sur la Piazza del Popolo.
44
+
45
+ En 36 apr. J.-C., la partie du cirque du côté de l'Aventin est détruite dans un nouvel incendie[a 16]. Les dégâts sont rapidement réparés, et l'apparence du sable améliorée en y incorporant du minium et des pigments verts ou des brisures de mica[18], permettant à l'empereur Caligula de célébrer les ludi circenses en grande pompe[a 17].
46
+
47
+ Au milieu du Ier siècle, l'empereur Claude est le premier à bâtir partiellement les tribunes en pierre. Néron fait condamner l'euripus ajouté par César et fait construire de nouvelles rangées de places. Il protège les spectateurs des bêtes sauvages par une barre ronde continue en bois couvert d'ivoire, ne laissant aucune prise aux animaux[19].
48
+
49
+ En 64, le grand incendie de Rome se déclenche dans les boutiques du Palatin attenantes au cirque, selon Tacite[10],[a 18]. Il détruit une bonne partie du cirque, surtout les rangées supérieures des gradins, encore constituées de bois[20]. Le cirque est rapidement restauré, permettant à Néron de l'utiliser lors d'une procession triomphale, quand il revient de Grèce[a 19] en 68. Les gradins et tribunes sont reconstruits entièrement en pierre et en marbre.
50
+
51
+ En 81, le Sénat fait construire un grand arc de triomphe à trois voûtes honorant l'empereur Titus.
52
+
53
+ À la fin du Ier siècle, l'empereur Domitien fait aménager sa Domus Augustana sur le Mont Palatin, permettant à la famille impériale de regarder les courses depuis le palais. Durant son règne, les deux longs côtés du cirque sont de nouveau endommagés par un incendie[20].
54
+
55
+ Au début du IIe siècle, après l'incendie à la fin du règne de Domitien, l'empereur Trajan fait reconstruire et agrandir l'édifice[11]. Cinq mille sièges supplémentaires sont ajoutés en réemployant des pierres de la naumachie de Domitien. La cavea est élargie de deux stades[a 20] en couvrant la rue qui circule entre le cirque et les pentes du Palatin. Les fondations de cette structure ont été mises au jour récemment[18]. La loge impériale devient plus spacieuse en supprimant un cubiculum utilisé par Domitien comme loge privée. Celle-ci lui permettait d'assister aux jeux du cirque sans être vu du peuple mais tout en profitant de sa ferveur. Trajan transforme également l'apparence de toute la façade méridionale du palais impérial donnant sur le cirque, des travaux beaucoup plus importants que ceux entrepris par Domitien. L'ancienne façade rectiligne tournée à l'origine vers le Palatin est entièrement repensée, et prend la forme d'une vaste exèdre à portiques à deux étages tournée vers le cirque[21]. Cette façade est directement conçue pour que l'empereur puisse observer les courses depuis un point de vue privilégié mais également pour qu'il puisse être vu du peuple[21]. Trajan aurait même projeté de relier les deux monuments par un pont, qui aurait permis d'accéder directement au pulvinar depuis le palais[22].
56
+
57
+ Après ces travaux, le cirque semble atteindre sa taille maximale[20]. Si le cirque a acquis sa forme définitive après les travaux de César, Trajan l'a entièrement reconstruit en pierre et l'a transformé en un véritable monument marquant durablement le paysage urbain et la vie sociale romaine[23]. L'empereur a utilisé des matériaux de première qualité, avec une profusion de bronzes dorés et de marbres colorés, symboles de son pouvoir et de l'étendue de son empire.
58
+
59
+ Au milieu du IIe siècle et au tournant du IVe siècle, le cirque semble avoir été touché par deux importants effondrements sous les règnes d'Antonin le Pieux et de Dioclétien, provoquant de nombreuses victimes parmi les spectateurs[18].
60
+
61
+ Au début du IVe siècle, l'empereur Constantin Ier fait restaurer le cirque avec magnificence, et prépare un emplacement sur la spina pour un nouvel obélisque prélevé à Karnak en Égypte[24] et arrivé à Rome en 323[25]. En 354, après la multiplication des ludi, 109 jours sont désormais consacrés chaque année aux compétitions sportives à Rome, dont 62 pour les seules courses de chars avec 20 à 24 courses chaque jour. En mai 357, l'empereur Constance II reprend le projet de Constantin Ier d'élever un deuxième obélisque sur la spina. Ce second obélisque est un monolithe de 33 mètres, le plus grand de Rome, haut comme un immeuble de 10 étages. Il a été taillé dans du granite rose de Syène (Assouan) sous le règne de Thoutmôsis IV entre 1401 et 1390 av. J.-C. Il est aujourd'hui connu sous le nom d'obélisque du Latran[26], car il fut réérigé sur la Place Saint-Jean-de-Latran au XVIe siècle(voir ci-dessous).
62
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+ En 549 a lieu la dernière course, sous le règne du roi ostrogoth Totila, après laquelle le cirque Maxime est laissé à l'abandon et tombe en ruine[27]. Au cours du Moyen Âge, les pierres et les marbres des gradins et tribunes sont progressivement réemployés dans la construction de divers palais et églises.
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+ En 1587, sous le pontificat de Sixte-Quint, pape bâtisseur, l'obélisque de Constance II est déplacé en ses trois sections pour être transporté et réassemblé en 1588 sur la place Saint-Jean-de-Latran où il se trouve toujours. En 1589, l'obélisque d'Auguste est à son tour transporté vers la Piazza del Popolo, dont il occupe toujours le centre. Après la Renaissance, il ne subsiste presque plus rien des structures de l'ancienne construction, mais néanmoins l'espace gazonné, avec l'emplacement de la spina en son milieu, reste parfaitement délimité, constituant l'une des principales promenades en plein air de Rome, entre le mont Palatin et le mont Aventin.
66
+
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+ Il ne demeure aujourd'hui de l'édifice que des éléments de maçonnerie, avec une petite partie des tribunes à l'extrémité orientale du cirque, et une large étendue qui s'étend sur tout son emplacement et qui permet de se faire une idée précise des dimensions et de l'orientation du monument[26]. Des fouilles à cette extrémité orientale de l'ancien bâtiment ont exhumé récemment les vestiges d'anciennes échoppes, une voie pavée a été dégagée, et des escaliers menant aux gradins ont été restaurés. Les deux obélisques existent toujours aujourd'hui mais ont été déplacés, le premier sur la Piazza del Popolo (obélisque d'Auguste) et le deuxième sur la place Saint-Jean-de-Latran (obélisque de Constance II).
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+
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+ Tour médiévale, la Torre della Moletta, située à l'extrémité orientale du cirque Maxime.
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+ Le cirque avec les ruines de la Domus Augustana en arrière-plan.
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+ Les derniers vestiges, au sud-est de l'édifice.
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+ Le cirque est l'édifice de spectacle choisi pour tous les ludi circenses, surtout les Ludi Romani qui se déroulent du 4 au 19 septembre[6], et les Ludi Plebei du 4 au 17 novembre[28]. Les jeux commencent par la pompa, procession ou défilé qui va du Forum Romanum au cirque Maxime. Le magistrat, les soldats, les auriges (cochers), les danseurs, les musiciens, et les prêtres participent au défilé. Les prêtres déposent les statues des dieux sur le pulvinar (littéralement, « coussin »), une tribune réservée aux dieux et à l'empereur.
76
+
77
+ Sous la République, les jeux comprennent de la voltige, des danses pyrrhiques (guerrières), des spectacles et courses équestres[29], des courses de chars, des épreuves athlétiques (course, pugilat, et lutte)[3], des combats de gladiateurs, et des venationes (combats d'animaux)[3], aussi le cirque Maxime est-il longtemps resté le seul cirque de tout l'Empire romain doté d'un fossé entre la piste et les gradins, afin de protéger le public des bêtes sauvages.
78
+
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+ Sous l'Empire, avec la construction de l'amphithéâtre de Statilius Taurus puis surtout celle du Colisée, le cirque n'est plus l'endroit privilégié pour l'organisation d'une bonne partie des divertissements qui s'y déroulaient sous la République comme les combats de gladiateurs, les spectacles de chasse, et les combats contre des bêtes sauvages. Toutefois, ce type de spectacle ne disparaît pas totalement du cirque, des représentations continuent d'y être données de temps en temps[27].
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+
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+ « Le Martyre des premiers chrétiens » de Jean-Léon Gérôme, 1883.
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+ « La mort de Dircé », Henryk Siemiradzki, 1897 : reconstitution de l'épisode mythologique de la mort de Dircé avec une martyre chrétienne.
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+ « La mort de Dircé », Henryk Siemiradzki, 1896.
86
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+ Le départ des courses de chars est donné depuis la tribune, où se tient l'organisateur des courses, située au-dessus des carceres. Ce magistrat donne le signal du départ, en lançant une étoffe blanche : la mappa. La course doit faire sept tours de piste soit environ 7,5 kilomètres. Pour chaque course, douze attelages sont au départ dans les stalles. Les chars sont tirés par deux chevaux pour les « biges », quatre pour les « quadriges », et jusqu'à dix pour les « decemjuges ». Les cochers sont souvent des esclaves.
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+ Symbolique des quatre équipes de trois attelages :
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+ La course représente la course du soleil ou la course du char d'Apollon, d'est en ouest (lever/coucher du soleil).
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+ Le compte-tours comporte sept dauphins (en souvenir du dauphin qui a ramené Apollon de l'île de Plépos à Delphes) ou sept omphales (sculptures en forme d'œufs, probablement de bronze). L'œuf tombé du ciel à Delphes était désigné comme le centre de l'univers.
94
+
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+ « Alignement pour la course », Ulpiano Checa y Sanz, 1903 : représentation de l'extrémité du cirque du côté des carceres.
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+ « Course de chars » par Albert Kuhn, 1913.
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+ « Course de chars romains », Ulpiano Checa y Sanz, 1890 : les chars négocient le virage près d'une meta.
100
+
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+ Les cérémonies du triomphe constituent un des principaux évènements se déroulant dans le cirque Maxime, même s'il est davantage associé dans l'imaginaire collectif aux jeux et aux courses[30]. C'est un des seuls monuments pour lequel il ne fait aucun doute qu'il était traversé par la voie triomphale, toutefois le trajet précis des processions dans le cirque reste sujet à discussion. Pour certains, les processions n'ont pas pu traverser le cirque dans sa longueur depuis les carceres jusqu'à l'extrémité circulaire, étant donné la différence de niveau avec la route au sud, qui nécessite quelques marches, empêchant le passage des véhicules à roues[31]. Selon cette hypothèse, les processions devaient entrer et sortir par la porte des carceres, faisant tout le tour de l'arène. Les spectateurs des deux côtés pouvaient alors profiter pleinement du spectacle tandis que la procession longeait la spina d'un côté puis de l'autre.
102
+
103
+ Toutefois, les ingénieurs romains avaient certainement les moyens techniques pour construire une rampe éphémère permettant de franchir des escaliers. Les processions ont donc très bien pu quitter le cirque en passant sous l'arc de triomphe de Titus à trois baies dont c'est la fonction. Une fois passé l'arc, la procession se dirige vers le nord-est pour suivre la Via Triumphalis jusqu'au Colisée et la Via Sacra[31].
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+
105
+ La vallée herbeuse que forme aujourd'hui le cirque Maxime est utilisée pour de grands événements tels que des concerts avec jusqu'à 500 000 spectateurs pour le concert de Genesis le 14 juillet 2007, des rassemblements populaires comme la célébration de la victoire de l'Italie à la coupe du monde de football de 2006 avec un million de personnes, ou encore des séances de cinéma géant en plein air.
106
+
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+ Fête pour le titre de champion d'Italie de l'Association sportive Rome, le 24 juin 2001, avant le concert.
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+ Concert du Live 8 à Rome, dans le cirque Maxime, le 2 juillet 2005.
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+ Célébration de la victoire de l'Italie lors de la finale de la coupe du monde de football de 2006.
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+ Le cirque Maxime s'étend selon un plan très allongé qui finit par occuper pratiquement toute la vallée située entre le Palatin et l'Aventin. Denys d'Halicarnasse, qui écrit en 7 av. J.-C., le décrit comme le plus remarquable des monuments de Rome. Selon cet auteur, après les travaux entrepris par Jules César, la longueur du cirque atteint trois stades et demi et la largeur quatre plethra[a 21] (soit 650 × 125 mètres[32] ou 621 × 118 mètres[33]). Son estimation demeure incertaine et sujette à débat, les chiffres fournis par les auteurs antiques paraissant trop grands. Sous Vespasien, Pline l'Ancien donne une longueur de trois stades (555 mètres) et une largeur d'un stade (185 mètres), soit une superficie de 102 600 mètres2[n 1],[20],[a 22]. Les vestiges archéologiques permettent d'estimer la longueur totale du cirque dans sa forme la plus tardive à 600 mètres. Si on tient compte de son extension maximale en largeur pouvant atteindre près de 200 mètres[34], le cirque couvre 120 000 mètres2, une superficie équivalente à seize terrains de football. Le cirque atteint des dimensions telles qu'il est nécessaire de mettre au point des systèmes d'amplification acoustique spécialement étudiés pour être utilisés dans le cirque[23].
114
+
115
+ La capacité du cirque Maxime n'a cessé d'augmenter au fur et à mesure des travaux d'agrandissement. À la fin du Ier siècle av. J.-C., Denys d'Halicarnasse avance le nombre de 150 000 spectateurs[35],[a 21] tandis qu'au milieu du Ier siècle, Pline l'Ancien donne un nombre maximal de 260 000 spectateurs[a 22]. L'estimation la plus étonnante est donnée par les catalogues régionnaires du IVe siècle, avec une capacité maximale de 385 000 spectateurs. Toutefois, ce nombre pourrait en fait correspondre à une longueur en pieds, soit 385 000 pieds de places assises (114 kilomètres) permettant à 200 000 spectateurs de prendre place, une estimation qui semble plus raisonnable[36]. Selon cette hypothèse et en retenant l'estimation d'un million d'habitants à Rome sous l'Empire, entre un cinquième et un quart de la population pouvait se rendre au cirque en même temps[23].
116
+
117
+ En réalité sa capacité maximale (au IVe siècle) était de 95 000 à 100 000 spectateurs (soit 1/10e de la population de la Rome impériale), ainsi que le montre une modélisation 3D très précise du cirque réalisée dans les années 2000 par le leader français Archéovision, plate-forme technologique 3D de l'Université de Bordeaux III[13].
118
+
119
+ Dans ses plus grandes dimensions, après les travaux de Trajan, l'arène mesure à elle seule 568 mètres de long. Sa largeur varie selon l'endroit de 75 mètres aux carceres, à 84 mètres au début de la spina, pour atteindre 87 mètres à son extrémité orientale[34]. Le côté sud du cirque ne forme pas en effet une ligne droite mais comprend une légère irrégularité qui commence juste avant la linea alba. Cette particularité, qu'on retrouve dans d'autres cirques romains, permet aux concurrents de s'élancer de la même façon, quelle que soit leur stalle de départ[37],[38]. Entre l'époque de Jules César et celle de Néron, un canal d'eau large et profond de 3 mètres destiné à éloigner les fauves des spectateurs circule tout autour de l'arène sauf à l'extrémité occidentale, où se situent les carceres[39].
120
+
121
+ À l'origine, la spina est le canal qui sert à maîtriser le cours d'un ruisseau coulant le long de la Murcia et à drainer les eaux stagnantes de la vallée (cloaca). Elle coupe l'arène en deux dans le sens de sa longueur et détermine ainsi une piste allongée le long de laquelle s'élancent les chars[40]. Elle était bordée d'une margelle surmontée des colonnes sur lesquelles se trouvaient les statues de divinités telle que celle de Pollentia. C'est là aussi que se trouvait possiblement le fornix érigé par Lucius Stertinius[6].
122
+
123
+ Vers la fin de la République, la spina est reconstruite avec le réaménagement de la cloaca républicaine[34]. Elle prend la forme d'un fossé (euripus), haut d'un mètre au-dessus de la piste, large de 12 mètres, et long de 345 mètres[41],[42], que franchissent à intervalles réguliers des ponts et qui est ponctué de petites îles sur lesquelles se dresse une grande variété de monuments décoratifs tels que des autels, des édicules, des obélisques, des pavillons, et des statues. Le canal semble être demeuré partiellement à ciel ouvert[6].
124
+
125
+ Sous l'Empire, l´euripus désigne également le bassin dans lequel sont placés les dauphins de bronze d'Agrippa[20]. Munis de conduites d'eau, ils forment un groupe statuaire utilisé comme fontaine, et perdent leur fonction de compte-tours[18]. Ce n'est probablement qu'à partir du IIe siècle que la spina prend la forme d'un long mur encadré par deux bornes (metae), décorées sur leur axe de colonnes et surmontées de statues[43].
126
+
127
+ L'obélisque d'Auguste est érigé vers l'an 10 av. J.-C. sur la spina du cirque Maxime, probablement dans l'axe du temple de Sol[10] ou au centre de la spina, à mi-chemin des deux metae[44].
128
+
129
+ Un autre obélisque, celui de Constance II, est plus tard implanté en 357. Les obélisques disparaissent des annales, tombés ou renversés à une date inconnue, avant d'être redressés durant la Renaissance mais à des endroits différents.
130
+
131
+ Obélisque d'Auguste, Piazza del Popolo.
132
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133
+ Obélisque de Constance II près de Saint-Jean-de-Latran.
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+ À l'époque royale et au début de la République, les gradins ne devaient se résumer qu'à quelques structures éphémères en bois qui n'entouraient probablement pas tout le champ de course, la plupart des spectateurs se rassemblant et s'asseyant sur les pentes des collines avoisinantes[11].
136
+
137
+ À partir du IIe siècle av. J.-C., les gradins sont progressivement construits avec des matériaux plus durables. La cavea (l'ensemble des gradins) est alors divisée en trois sections horizontales de sièges, séparées par des couloirs (baltei)[24] et des grilles de fer[45]. Elle est large de 27 mètres, mais elle peut être considérablement étendue par des constructions établies au-dessus des rues sur les côtés sud et nord, jusqu'à 80 mètres du côté du Palatin par exemple[34]. La première section des gradins, près de l'arène, est en pierre recouverte de marbre par endroits, réservée à l'élite[46], tandis que les deux autres sections sont en bois[47]. À l'extrémité opposée aux carceres, les gradins suivent la courbure semi-circulaire de la sphendonè du cirque[39]. À I'intérieur du bâtiment, des voûtes s'adossent à des murs et soutiennent les trois rangées de gradins. De nombreux escaliers (praecinctiones) conduisent, à chaque étage, à une galerie intérieure, d'où partent les escaliers d'entrée et de sortie du cirque. À l'étage supérieur régnait une galerie (ambulatorium).
138
+
139
+ Sous l'Empire, Auguste a réservé certaines places pour les chevaliers et les sénateurs[a 23], mais l'arrangement reste temporaire et aucune section ne semble être clairement désignée[35]. Ce n'est que sous le règne de Claude qu'une même partie des places est toujours assignée aux sénateurs[a 24]. Néron fait de même pour les chevaliers[a 25] et doit combler le canal de protection de César pour construire les nouvelles places au bord de l'arène[18].
140
+
141
+ Sous la République, une tribune, qui devait avoir la forme d'une simple plate-forme en bois protégée par des vela[11], est aménagée dans les premières rangées de gradins.
142
+
143
+ L'empereur Auguste la remplace par une structure en pierre qui prend la forme d'un temple, probablement intégrée dans le premier tiers des gradins à proximité de l'arène[48], à l'opposé de la ligne d'arrivée et du temple de Sol[49]. Ce pulvinar ad circum Maximum est destiné à accueillir les statues des dieux apportées dans le cirque lors de la procession rituelle qui précède chaque spectacle[50]. Auguste l'utilise parfois pour assister aux jeux, mais il les observe le plus souvent depuis les maisons d'amis établies sur le Palatin ou l'Aventin[a 26]. Lors de la reconstruction de Trajan, le pulvinar est agrandi et déplacé plus haut dans les gradins : il apparaît sur un fragment de la Forma Urbis.
144
+
145
+ L'extrémité occidentale du cirque est occupée par les douze stalles de départ ou carceres. Ces installations sont mises en place afin d'éviter les faux-départs. Sous la République, elles sont laissées à ciel ouvert, donnant sur la piste par une façade à arcade[51]. L'entrée est fermée par une double porte en bois maintenue par une corde qui est rompue au départ de la course et qui libère tous les attelages en même temps[47]. D'abord en bois puis en tuf, elles sont construites en marbre à partir du règne de Claude[35].
146
+
147
+ Les douze stalles sont disposées le long d'une ligne courbe pour que chaque concurrent ait la même distance à parcourir jusqu'à la linea alba qui marque le départ du premier tour. Six carceres sont placées de chaque côté d'une entrée monumentale qui communique avec le Forum Boarium. Au-dessus des stalles se trouve la loge du magistrat qui préside les jeux, ornée de statues d'athlètes[24]. L'ensemble est encadré par deux tours à bastions qui valent à cette zone du cirque le surnom d'oppidum[a 27].
148
+
149
+ Après les travaux de Jules César, l'édifice est entouré d'une arcade à colonnades à un étage derrière laquelle sont installés des boutiques et des ateliers. Selon les auteurs antiques, on y croise des gens peu recommandables tels que des gardiens des cuisines[a 28], des astrologues, des voyants[a 29],[a 30], et des prostituées[a 31]. Certaines arches donnent accès aux rangs inférieurs des gradins et à des escaliers permettant de rejoindre les rangs supérieurs, orientés afin de faciliter la circulation des spectateurs pour que les entrants ne croisent pas les sortants[35].
150
+
151
+ Après la reconstruction de Trajan, l'extérieur de l'édifice est construit pour la première fois de façon homogène et imposante[42]. Comme décrites sur des sesterces frappés sous Trajan et Caracalla, les façades s'élèvent sur trois étages avec colonnes ou pilastres à demi-engagées de trois ordres, comme c'est le cas pour le théâtre de Marcellus ou le Colisée[24]. Le premier étage, un portique à arcades, est surmonté de deux étages aux murs pleins ponctués de pilastres et de fenêtres. Les pilastres extérieurs sont en opus quadratum de péperin, probablement recouverts de plaques de marbre. Le reste de la maçonnerie est en tuf recouvert de brique[21].
152
+
153
+ Un certain nombre de temples et de sanctuaires a été construit dans les limites du cirque. Il pourrait s'agir à l'origine de monuments érigés par des généraux victorieux sur le trajet des processions triomphales qui traversent le cirque de part en part. Parmi ces temples, on peut citer ceux dédiés à Sol, à Luna, à Mater Deum, et à Iuventas[6].
154
+
155
+ Le temple de Sol, à qui l'ensemble du cirque est en fait consacré[44], se situe dans la ligne des gradins, sur le long côté sud, près de la sphendonè, juste à l'opposé de la ligne d'arrivée[37],[52] et du Pulvinar ad Circum Maximum[53]. Il pourrait être représenté sur un denarius de Marc Antoine daté de 42 av. J.-C. comme un temple distyle. En 65 apr. J.-C., Tacite le qualifie de vetus aedes[a 32].
156
+
157
+ Le temple de Luna se situe à l'origine au niveau de l'oppidum du cirque, du côté de l'Aventin, avec deux autres temples dédiés à Flora et Cérès, jusqu'à sa destruction dans l'incendie de 64 apr. J.-C. Le culte de Luna est ensuite associé à celui de Sol dans le temple établi dans les gradins[54].
158
+
159
+ L'autel souterrain dédié à une divinité archaïque[55] est attesté au IIIe siècle av. J.-C. au moment de l'agrandissement du cirque Maxime à l'ensemble de la vallée de la Murcia. Il est alors décrit comme situé « près des bornes murciennes » (primae metae), c'est-à-dire au sud-est de la spina du cirque Maxime, où d'autres tombeaux et sanctuaires semblent avoir existé[56],[57] comme le sanctuaire dédié à Murcia[52].
160
+
161
+ Au début du IIe siècle av. J.-C., Lucius Stertinius fait ériger un fornix, arc monumental orné de statues dorées[a 33]. Étant donné le manque de précision des auteurs antiques, il n'est pas possible de situer le monument avec précision[47]. Il est construit en rapport avec le cirque (in Maximo circo)[58],[a 34], peut-être en un point plus tard occupé par le centre de l'extrémité semi-circulaire du cirque, mais il a pu aussi être placé sur la spina républicaine ou à proximité des carceres, du côté du Forum Boarium[59].
162
+
163
+ Le Sénat romain fait construire entre 80 et 81 apr. J.-C. un arc de triomphe, peut-être pour remplacer l'ancien fornix, au centre de l'extrémité orientale du cirque en demi-cercle (la sphendonè). La nouvelle entrée prend la forme d'un arc à trois baies, qui commémore la prise de Jérusalem de l'an 70 et la destruction du second Temple, baptisé « Arcus Titi » ou « Arcus Vespasiani et Titi ». L'inscription de l'arc aurait été recopiée par un pèlerin lors de sa visite à Rome et retrouvée dans un document appelé Itinéraire d'Einsiedeln[a 35]. L'arc apparaît peut-être sur un des deux bas-reliefs du passage central de l'arc de Titus érigé sur la Velia. Il est représenté surmonté d'un double quadrige[60].
164
+
165
+ Sesterce de Trajan avec au revers une représentation du cirque Maxime : la spina supportant l'obélisque d'Auguste est flanquée de metae et est entourée d'une arcade à colonnades. Un arc triomphal surmonté d'un quadrige occupe une des extrémités, les carceres occupant l'autre.
166
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+ Sesterce de Caracalla avec au revers une vue aérienne d'une course de chars dans le cirque Maxime : les détails architecturaux sont les mêmes que sur le sesterce de Trajan.
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+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
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+ Un cirque est une troupe d'artistes, traditionnellement itinérante, qui comporte le plus souvent des acrobates, propose des numéros de dressage et de domptage d’animaux et donne des spectacles de clowns et des tours de magie. Plus généralement au XXIe siècle, le cirque est un spectacle vivant populaire organisé autour d’une scène circulaire. Le terme cirque vient du latin circus, en référence à une enceinte circulaire.
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5
+ Ses caractéristiques ont eu beaucoup d’évolutions dans le temps. Aujourd'hui, le cirque existe sans sa scène circulaire, en salle ou dans des lieux particuliers, aux côtés de pièces de théâtre, de danse, etc. La dénomination cirque s'est « réduite » à la seule pratique d'une discipline de cirque (acrobatique, aérienne, équilibres, manipulation/jonglage, etc.). Avec l'apparition des écoles de cirque en France et à l'étranger à la fin du XXe siècle, les artistes de cirque se sont émancipés de la famille traditionnelle et très peu d'entre eux sont des enfants de la balle. La dénomination est d'ailleurs un sujet de discorde depuis les années 1970 entre les puristes du cirque traditionnel et les ceux qui utilisent le même mot pour exercer un art, finalement, très différent.
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7
+ La conception occidentale du cirque s’inspire d’une façon ou d'une autre des jeux antiques romains ainsi que des bateleurs et troubadours du Moyen Âge. Le terme cirque vient du mot latin circus, « cercle » relative à l'enceinte circulaire où se pratiquait les activités du cirque antique.
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+ La première représentation d’un cirque moderne à Londres date du 7 avril 1768[1] et est l'œuvre de Philip Astley. Vétéran de retour d’Amérique, il décide de représenter des spectacles équestres avec des démonstrations d'acrobatie dans la Philip Astley's riding school, école équestre dans laquelle est construite la première piste circulaire pour pouvoir tenir les chevaux depuis le centre, au bout de la chambrière (fouets à long manche utilisé par les dresseurs de chevaux) dont la longueur a déterminé la dimension internationale du diamètre de la piste, 13,50 m[2]. Le mariage du monde équestre militaire et du monde forain autour du cercle est établi lorsqu'Astley égaye son spectacle par des bateleurs, pantomimes et autres voltigeurs, ajoutant des sièges et un toit conique à son anneau en 1773[3]. Cette nouvelle forme de spectacle, fondée essentiellement sur des exercices équestres, est ensuite introduite en France en 1774 par Astley qui y ouvre le premier établissement circassien stable et fixe, l'Amphithéâtre Anglais, établissement repris en 1807 par Antonio Franconi et ses descendants[4]. C'est seulement au XIXe siècle lors des vagues de colonisation que sont introduits en France et en Allemagne les premiers animaux sauvages, le domptage étant créé selon la tradition en 1819 par l'écuyer Henri Martin qui soumet un tigre de la ménagerie Van Aken en Bavière et imagine une méthode alliant la violence et la douceur[5]. Déjà à l'époque Monsieur Loyal, maître du manège et présentateur du spectacle de cirque, véritable fil rouge et repère entre les numéros, était déjà présent[6].
10
+
11
+ Le régime libéral de la Troisième République en France favorisa la démocratisation des loisirs. Si le théâtre restait le type de spectacle le plus légitime, le cirque fit alors l'objet d’un fort engouement car il touchait deux types de publics : les aristocrates qui se reconnaissaient dans les écuyers incarnant l'aristocratie du cirque et l'art équestre, élément central dans l’identité collective de la noblesse depuis le Moyen Âge, et le peuple attiré par le spectacle des troupes ambulantes qui sillonnaient la France[7]. Sous l’impulsion de Théodore Rancy, les cirques « en dur » se multiplièrent alors dans les grandes villes françaises[8].
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13
+ La famille Franconi fonda successivement, à Paris, trois théâtres de cirque portant le nom de « Cirque Olympique » :
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15
+ Dans leur premier, les Franconi présentaient, à l'époque napoléonienne, des animaux sauvages dans leur spectacle de cirque à l'ancienne constitué de numéros équestres et acrobatiques. Le cirque existe depuis toujours, mais des gladiateurs de jadis il ne reste plus que le souvenir, car acrobates, jongleurs, mimes et clowns les ont remplacés. Dans le troisième, la création en 1831 de la pantomime à grand spectacle « Les Lions de Mysore » marqua l'avènement du domptage au cirque. Le dompteur Henri Martin fut engagé, avec ses fauves, par les frères Franconi qui montèrent pour lui cette pantomime dans laquelle les félins du dompteur marseillais étaient présentés derrière un treillage placé sur le devant de la scène.
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17
+ En 1856, Théodore Rancy fonda son premier cirque (chapiteau ambulant) à Rouen, puis construisit les suivants en dur : à Genève (1875), Lyon (1882), Le Havre (1887), Boulogne-sur-Mer (1888), Amiens (1889), Rouen (1893), etc.
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+ À la fin du XIXe siècle, Paris connut plusieurs cirques sédentaires en activité :
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+ Le dernier cirque stable à ouvrir ses portes dans la capitale française fut le cirque Métropole (1906-1930) connu sous l'enseigne de cirque de Paris, lequel mit souvent des dompteurs en vedette.
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23
+ Le cirque-ménagerie succéda au cirque équestre du XIXe siècle.
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25
+ Fondé en 1854 par une famille anglaise, les Pinder, le Cirque Britania traverse la Manche dès 1868 et prend le nom de cirque-hippodrome des frères Pinder. Les convois étaient tirés par des chevaux.
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27
+ La fusion cirque-ménagerie fut popularisée par le cirque anglais de Lord George Sanger entre 1856 et 1870, à l'époque où sa collection d'animaux exotiques a été la plus importante parmi les ménageries ambulantes de Grande-Bretagne.
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29
+ À la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, Barnum et ses successeurs, aux États-Unis, donnèrent un nouvel essor au cirque.
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31
+ Le Cirque Carl Hagenbeck, fondé à Hambourg en 1887 sous le nom de « Cirque international et Caravane cingalaise », a voyagé dans le monde entier, avec une ménagerie importante, en complétant ses représentations par des exhibitions zoologiques et ethnologiques, et a existé jusqu'en 1953.
32
+
33
+ Le Wild West Show de Buffalo Bill, créé en 1884, effectua une tournée en Europe en 1889 et en 1905. Le spectacle de l'Ouest américain marqua longtemps les esprits notamment en France où Sampion Bouglione père récupéra un stock d'affiches du véritable héros du Far West, acquit en 1926 un grand chapiteau d'occasion et lui donna le nom de « Stade du Capitaine Buffalo Bill ».
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+ Le Cirque Sarrasani, créé en 1902 à Dresde en Saxe, impressionna l'Allemagne et l'Amérique du Sud par le prestige de son directeur le « Maharadjah » Hans von Stosch-Sarrasani, Chevalier de l'Ordre Impérial Persan du Lion et du Soleil, par l'organisation de ses installations (caravanes, écuries, ménageries, tentes et chapiteaux) et par le faste de ses spectacles qui se déroulaient, à partir de 1918, sous l'un des plus beaux chapiteaux de structure ronde et sur une piste de 17,5 mètres de diamètre.
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+ En 1919, les frères (Friedrich, Rudolf, Karl et Eugen) Knie transformèrent l'arène familiale à ciel ouvert en un cirque sous chapiteau sous l’enseigne « Cirque Variété National Suisse Frères Knie ».
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+ Le cirque s’est transformé en spectacle exotique grâce à la présence d’animaux sauvages et en fait sa notoriété (ou sa publicité) par leur exposition lors d'une parade ou dans une ménagerie :
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+ Entre les deux guerres mondiales, les cirques français annexèrent à leur établissement une ménagerie, jusque-là spectacle forain. L'inverse se produisit également, les ménageries foraines ajoutant un spectacle de cirque à leur établissement. C'est aussi à cette époque que les cirques français motorisèrent leurs convois routiers. Ainsi s'imposèrent en France : le Zoo-Circus des frères Court (1921-1932), premier grand cirque voyageur français, le Cirque des 4 frères Amar (1924), celui des 4 frères Bouglione (1933), Pinder (1928-1972, direction Spiessert).
42
+
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+ Le cirque-ménagerie se caractérise par la présence de dompteurs ou de dresseurs d'animaux au sein des fratries ou des familles de circassiens.
44
+
45
+ À la veille de la Seconde Guerre mondiale, il circulait cinquante-quatre cirques, toutes catégories confondues, par les routes de France[11].
46
+
47
+ Après la Seconde Guerre mondiale, les cirques français s'associèrent à la radio et à la télévision, tels le Radio Circus puis Grand Cirque de France (période 1949-1965) des Grüss-Jeannet et Pinder ORTF (1961-1969) avec le label de La Piste aux étoiles.
48
+ Pour corser leurs programmes, ils mêlèrent le spectacle de cirque avec des éléments étrangers à la piste : des présentateurs vedettes, des prestations d'artistes de music-hall, des exhibitions de champions sportifs et des jeux radiophoniques.
49
+
50
+ Autour des années 1970, les cirques français les plus importants furent Amar (1973-1982, direction Firmin Bouglione junior), Bouglione (les Bouglione juniors : Sampion, Emilien et Joseph), Pinder (1972-1983, direction Jean Richard), Rancy (1962-1978, création Sabine Rancy), Jean Richard (1968-1983), Zavatta (1978-1991, création Achille Zavatta) ainsi que le cirque à l'ancienne de la famille Grüss (1974, direction Alexis Grüss junior).
51
+
52
+ Le cirque italien American circus entama, avec son chapiteau à trois pistes, une tournée en France, à la fin de l'année 1979, qui fut suivie d'autres jusqu'en 1986. En 1981, le Cirque Bouglione prend le nom d'American Parade, puis d'American Circus pour contrecarrer son concurrent.
53
+
54
+ Des faillites retentissantes (Amar[12] en 1973, Jean Richard en 1978 et en 1983, Rancy en 1978 et en 1987, Achille Zavatta en 1991) et l'affaire American circus[13] en 1979 marqueront la « fin » du cirque traditionnel en France et permettront son renouveau[14].
55
+
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+ Quelques cirques sédentaires (cirques fixes ou cirques d'hiver) subsistèrent[15], mais les établissements voyageurs furent très nombreux[16] :
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+ Dans les années 1970, le mouvement du nouveau cirque fait son apparition en France. Il est porté par la démocratisation du cirque avec l’ouverture d’écoles de cirque agréées par la Fédération française des écoles de cirque. Le cirque s’ouvre et se remet en question. Ce genre de spectacle qui s'est davantage théâtralisé (comme Archaos, Cirque Baroque, Cirque Plume, Zingaro, la Compagnie Mauvais Esprits, le cirque de Phare Ponleu Selpak, La Famille Morallès, Cirque ici - Johann Le guillerm, etc.) a remis en question les conventions du cirque, dit désormais cirque traditionnel, qui demeure cependant bien vivant, assimilant certaines des innovations du nouveau cirque. Les spectacles d'Arlette Gruss, par exemple, adoptent des costumes et des musiques proches de celles des québécois du Cirque du Soleil tout en continuant à présenter des numéros des disciplines traditionnelles, en particulier des exercices de dressage. De plus avec la création des écoles, des rencontres régionales et nationales sont instaurées, ce qui donne au cirque des touches sportives et artistiques.
59
+
60
+ La nouvelle génération d'artistes des années 1990 revendique désormais davantage que le nouveau cirque, et s'appelle plus volontiers cirque contemporain ou "cirque de création" (dans les années 2000). Les frontières deviennent de plus en plus floues, et les spectacles s'inspirent de plus en plus du mouvement de la performance ou encore de danse contemporaine tout en s'éloignant du côté spectaculaire ou sensationnel caractéristique du cirque traditionnel ou même du nouveau cirque.
61
+
62
+ En janvier 2017, le cirque Barnum annonce qu'il va fermer ses portes au mois de mai de la même année, après 146 ans d'activité. Cette décision, due à la baisse des recettes, elle-même liée au fait que ce cirque ne montre plus de spectacle utilisant des animaux sauvages, est saluée par les défenseurs des animaux[17].
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+ Cirque d'État d'Ivanovo (ru).
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+ Cirque de Toula (ru).
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+ Cirque de Iaroslavl (ru).
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+ Cirque de Voronej (ru).
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
76
+ Les formations les plus traditionnelles sont composées d'instruments à vent, tels que trompettes, trombones, saxophones et tuba, d'un xylophone et d'une batterie marquant notamment les roulements de tambour introduisant le suspense avant un exploit périlleux d'une prouesse acrobatique, suivi de chaque exploit réussi renforcé par un coup de cymbale.
77
+
78
+ L'orchestre est le plus souvent situé un peu en retrait au-dessus de l'entrée des artistes, permettant au chef et musiciens d'avoir une bonne vue d'ensemble sur la scène et l'évolution de ces derniers afin de faire concorder la musique et le rythme au fur et à mesure.
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+
80
+ Le cirque a inspiré de nombreux artistes peintres : Rouault, Picasso, Chagall, Degas, Renoir, Toulouse-Lautrec, Seurat, Matisse, Fernand Léger, Edmond Heuzé, Roger Guit, Alexis Kalaeff, Emmanuel Bellini, Frédéric Menguy, Paul Klee, Calder, Jacques de Sadeleer[19].
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+
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+ Miss Lala au Cirque Fernando de Edgar Degas (1879).
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+
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+ Les Jongleuses au Cirque Fernando de Pierre-Auguste Renoir (1879).
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+ Au Cirque Fernando, l'Ecuyère de Henri de Toulouse-Lautrec (1888).
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88
+ Parade du Cirque de Georges Seurat (1888).
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+ Le Cirque de Georges Seurat (1891).
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+
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+ Au Cirque : cheval et singe dressés de Henri de Toulouse-Lautrec (1899).
93
+
94
+ Ce secteur d'activité a été historiquement dominé en Europe par des entreprises familiales ne dépassant pas la taille moyenne. Elles ne se sont pas diversifiées restant centrées sur un cœur de métier dégageant peu d'excédent brut d'exploitation. De même que le théâtre , la danse, le concert et les spectacles lyrique, le cirque appartient aux arts du spectacle et connaît donc le même type de difficultés structurelles liées aux faibles gains de productivité et à la jauge des salles ou des chapiteaux. Dans son étude européenne sur le champ de la culture et des industries créatives, Mario d'Angelo note que « les cirques traditionnels ont conservé leur notoriété généralement nationale : Krone en Allemagne, Bouglione en France, Circo Darix Togni en Italie…[22]. Leur offre sous chapiteau allant de pair avec l’itinérance, leur a permis de toucher des publics géographiquement dispersés. Ils ont ainsi acquis leur notoriété dans tout le pays sur lequel ils rayonnent »[23].
95
+
96
+ Dans la typologie des acteurs culturels, Mario d'Angelo range les entreprises traditionnelles de cirques ainsi que certaines compagnies de cirque contemporain dans le type « Suiveur » et plus particulièrement le sous-groupe « Suiveur-métier » : « ces AC (acteurs culturels) sont des entreprises de capitaux ou de personnes constituées pour produire et fournir des biens et services[24] dans une logique commerciale et lucrative et, donc, reposent sur le pari entrepreneurial que le marché est en mesure de financer l’entreprise. Sa création est d’abord liée à un métier et se caractérise souvent par une certaine proximité de l’entrepreneur aux créateurs de contenus (...) La passion du métier est privilégiée à un ROI attractif. De ce fait, il s'agit souvent d'entreprises avec peu de capitaux investis au départ, par les entrepreneurs eux-mêmes et leurs cercles rapprochés sollicités pour investir. Elles conservent par la suite cette caractéristique, pouvant alors présenter des risques élevés de défaillances de trésorerie. Les actionnaires ou les associés sont généralement les fondateurs et entrepreneurs ou, par la suite, leurs successeurs souvent héritiers directs. Finalement, les apporteurs de capitaux ne constituent pas des parties prenantes autonomes de la logique de fonctionnement de l’organisation. La coalition actionnariale porteuse évite des modifications déterminantes pouvant aboutir à la perte du contrôle de l’entreprise. Du fait de cette gouvernance, la recherche de diversification est faible soit par manque d’autofinancements sur le long terme, soit par évitement de recourir à des investisseurs nouveaux »[25].
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+ Le cirque contemporain qui a connu des développements importants à partir des années 1980 est constitué le plus souvent de compagnies de tournée, n'ayant pas la responsabilité de programmation d'un lieu qui leur est propre[26]. Une grande partie d'entre elles présentent les caractéristiques du type « Fragile » : « Sur le plan économique, l’EBE reste trop faible pour assurer une pérennité à l’AC, surtout si l’action de celui-ci ne peut bénéficier du soutien public direct stable d’une autorité publique et ce, malgré les dispositifs de soutien indirect dont il est par ailleurs bénéficiaire étant une organisation sans but lucratif. Seule la part d’engagement bénévole peut, et à condition d’une gestion efficace, compenser l’insuffisance de ressources financières stables. Cet acteur culturel reste fortement personnalisé autour des porteurs du projet entrepreneurial. Et celui-ci, souvent, ne peut que difficilement être pérennisé au-delà de l’engagement des entrepreneurs initiaux. L’engagement bénévole qui lui est sous-jacent peut certes compenser la faiblesse économique structurelle sans pour autant arriver à professionnaliser durablement certaines des ressources humaines indispensables. Or le ou les fondateurs et la coalition porteuse qui s’est constituée, ne peuvent pas le plus souvent s’ouvrir à des partenariats apportant des ressources de long terme : par exemple une autorité publique fournissant des locaux, des mécènes ou des donateurs stables, un client stratégique stable (un lieu culturel de type Institutionnel ou Conventionné). Ce n’est pas que la compagnie Fragile ne sollicite pas ces partenaires potentiels mais c’est que ceux-ci s’engagent le plus souvent peu durablement »[27],[28].
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+ Le Cirque Maxime (littéralement « le plus grand cirque » ou « le très grand cirque »), en latin « Circus Maximus » (et en italien « Circo Massimo »), est le plus vaste et le plus ancien hippodrome de Rome. Considérant l'importance de ses dimensions et la richesse de son histoire par rapport à la douzaine de cirques de Rome, il est souvent appelé simplement « Circus » par les auteurs antiques. Plus grand édifice public de la Rome antique, il est principalement dédié aux courses de chars mais il peut également être utilisé pour d'autres types de spectacle ou lors des processions triomphales, surtout à partir du règne de Trajan.
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+ De nos jours, il se trouve dans le rione de Ripa et reste le théâtre de grands rassemblements lors de festivals, de concerts, ou d'autres grands événements. Le cirque Maxime demeure à ce jour la plus vaste enceinte sportive que le monde ait jamais connu.
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7
+ Le cirque Maxime occupe quasiment tout l'espace de la vallée de la Murcia, dépression située entre le Palatin et l'Aventin[1]. Il s'étend du Forum Boarium au nord-ouest à la porte Capène au sud-est.
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+ Le cirque Maxime, sur le plan de Rome de Paul Bigot, université de Caen.
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+ Le cirque dans la vallée de la Murcia, plan de Giovanni Battista Nolli, 1748.
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13
+ La tradition romaine attribue la fondation du cirque à Tarquin l'Ancien, en 599 av. J.-C., avec les premiers travaux d'aménagement[a 1],[a 2]. Son emplacement correspond au site où, à l'époque de Romulus, se seraient déroulés, en l'honneur du dieu Consus, les rites et les premiers jeux sacrés, appelés Consualia[a 3], qui comprenaient des courses équestres[2]. C'est précisément au cours de l'un d'eux que serait survenu l'enlèvement des Sabines, qui devait, selon la légende, permettre aux Romains d'accroître la démographie de leur ville[a 4],[a 5]. À l'époque des rois étrusques de Rome, cet espace était consacré à la célébration des premiers jeux romains (les Ludi Romani), ainsi qu'aux divertissements publics, tels que les courses attelées ou montées. La forme de la vallée, longue de près de 600 mètres et étroite de 150 mètres, s'y prête bien[1]. Ce n'est toutefois encore qu'une vaste esplanade laissée libre de toute construction, à laquelle le roi Tarquin le Superbe ajoute des gradins bâtis en bois et disposés de façon discontinue[3].
14
+
15
+ À la fin du IVe siècle av. J.-C. apparaissent les premières structures permanentes mais il faut attendre la fin du Ier siècle av. J.-C., avec les travaux entrepris par Jules César puis Auguste, pour que l'édifice adopte sa forme définitive de cirque romain[3],[4].
16
+
17
+ En 329 av. J.-C., sous la République romaine, le cirque est équipé de structures permanentes en bois, qui comprennent les carceres, douze stalles de départ peintes de couleurs vives[5],[6],[a 6], ainsi que des tribunes[1],[a 7]. La spina a probablement été construite de manière permanente peu de temps après, encadrée de deux metae, les bornes à ses extrémités, et ornée de statues, dont une de la déesse Pollentia. Sa présence en est attestée pour l'année 186 av. J.-C.[a 8]
18
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19
+ « Aux jeux romains, célébrés cette même année par Publius Cornelius Cethegus et Aulus Postumius Albinus, un mât du cirque qui avait été mal fixé en terre tomba sur la statue de la déesse Pollentia et la renversa. Les sénateurs, alarmés de cet accident, décidèrent qu'on prolongerait d'un jour la célébration des jeux et qu'on remplacerait la statue par deux statues nouvelles, dont l'une serait dorée. »
20
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21
+ — Tite-Live, Histoire romaine, XXXIX, 7, 8-9
22
+
23
+ La construction de la spina a nécessité la canalisation et la couverture d'un cours d'eau, qui provient d'un marécage plus tard occupé par le Colisée, suit la vallée située entre le Cælius et le Palatin puis la vallée de la Murcia (entre le Palatin et l'Aventin), et finit par se jeter dans le Tibre[6] une centaine de mètres en aval de la Cloaca Maxima[7]. Son cours dans un fossé (euripus) est donc aménagé en égout (cloaca).
24
+
25
+ Au IIe siècle av. J.-C., le cirque est utilisé pour des jeux publics et des festivals influencés par les Grecs. En 196 av. J.-C., le consul Lucius Stertinius fait ériger un fornix, ancêtre de l'arc de triomphe. En 191 av. J.-C., un temple dédié à Iuventas est construit à côté de la piste de course[7],[a 9]. En 174 av. J.-C., les censeurs Aulus Postumius Albinus et Quintus Fulvius Flaccus réaménagent le site[8]. Ils ajoutent de nombreux équipements, font reconstruire les stalles de départ, et placent à proximité les ova, sept grandes sculptures en bois en forme d'œufs, qui servent de compte-tours pour les concurrents[9] et les spectateurs, et deviennent permanentes[10],[a 10],[a 11].
26
+
27
+ Cette volonté d'agrandir le cirque, après la Seconde guerre punique, est probablement liée à la multiplication des processions triomphales durant cette période[11].
28
+
29
+ En 55 av. J.-C., c'est peut-être à l'occasion de la dédicace du temple de Vénus Victrix que Pompée fait combattre dans le cirque 20 éléphants, qui bousculent, malgré les précautions prises, la palissade censée protéger les premiers rangs de spectateurs[a 12].
30
+
31
+ « Sous le second consulat de Pompée, lors de la dédicace du temple de Vénus Victorieuse, vingt éléphants, ou, selon d'autres, dix-sept, combattirent dans le cirque contre des Gétules, qui les attaquaient à coups de javelot. Un d'entre eux excita surtout l'étonnement : les pieds percés de traits, il s'avança se traînant sur les genoux contre ses ennemis, arrachant les boucliers et les jetant en l'air : ces boucliers, qui tournoyaient en retombant, faisaient un grand plaisir aux spectateurs, comme si c'eût été un tour d'adresse et non un effet de la fureur de l'animal. Un autre fait qui surprit aussi, c'est qu'un éléphant fut tué d'un seul coup : un javelot, entrant sous l'œil, atteignit dans la tête les organes vitaux. Tous ensemble ils essayèrent de faire une sortie, non sans jeter beaucoup de désordre parmi le peuple qui entourait les grilles de fer. »
32
+
33
+ — Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VIII, 20, 21
34
+
35
+ En 46 av. J.-C., Jules César, pour satisfaire les demandes de la population romaine, ordonne un réaménagement important du cirque. Il dote la cavea, les trois rangées de gradins, de fauteuils pour tous. Il fait agrandir le cirque, dont les dimensions atteignent finalement 600 mètres de long sur 200 mètres de large pour une capacité maximale estimée par les auteurs antiques à 150 000 spectateurs[12] (la modélisation 3D des années 2000 donne une capacité maximum de 95 000 à 100 000[13]. Il fait reconstruire, suite à l'incident survenu sous Pompée, une palissade plus efficace pour la protection des spectateurs, et fait creuser un deuxième euripus (fossé) entre l'arène et les gradins[8],[10].
36
+
37
+ En 33 av. J.-C., le consul Marcus Vipsanius Agrippa met en place sur la spina sept dauphins de bronze et un deuxième groupe d'ova (compte-tours)[a 13], mais visible par l'ensemble des spectateurs, car placé au centre de la spina, contrairement au premier groupe d'ova, davantage destiné aux auriges[14].
38
+
39
+ Deux ans plus tard, en 31 av. J.-C., une grande partie du cirque est malheureusement endommagée par un incendie[8],[a 14].
40
+
41
+ Tout au long du Ier siècle, le cirque Maxime est en travaux pour modernisation, mais aussi pour réparation des dégâts occasionnés par plusieurs incendies. Auguste achève peut-être les travaux planifiés et initiés par Jules César[15],[16], et fait également construire ou restaurer le Pulvinar ad Circum Maximum, tribune placée du côté du Palatin permettant aux membres de la famille impériale d'assister aux spectacles depuis un point de vue privilégié[8],[a 15]. Plus tard, ce sont deux loges spéciales qui sont aménagées : une pour l'empereur et une autre pour le mécène qui finance les jeux.
42
+
43
+ Vers 10 apr. J.-C., l'empereur Auguste fait ériger le premier obélisque de l'hippodrome, disposé sur la spina et dédié à Sol[17]. Cet obélisque datant du règne de Ramsès II provient d'Héliopolis en Égypte et est aujourd'hui érigé sur la Piazza del Popolo.
44
+
45
+ En 36 apr. J.-C., la partie du cirque du côté de l'Aventin est détruite dans un nouvel incendie[a 16]. Les dégâts sont rapidement réparés, et l'apparence du sable améliorée en y incorporant du minium et des pigments verts ou des brisures de mica[18], permettant à l'empereur Caligula de célébrer les ludi circenses en grande pompe[a 17].
46
+
47
+ Au milieu du Ier siècle, l'empereur Claude est le premier à bâtir partiellement les tribunes en pierre. Néron fait condamner l'euripus ajouté par César et fait construire de nouvelles rangées de places. Il protège les spectateurs des bêtes sauvages par une barre ronde continue en bois couvert d'ivoire, ne laissant aucune prise aux animaux[19].
48
+
49
+ En 64, le grand incendie de Rome se déclenche dans les boutiques du Palatin attenantes au cirque, selon Tacite[10],[a 18]. Il détruit une bonne partie du cirque, surtout les rangées supérieures des gradins, encore constituées de bois[20]. Le cirque est rapidement restauré, permettant à Néron de l'utiliser lors d'une procession triomphale, quand il revient de Grèce[a 19] en 68. Les gradins et tribunes sont reconstruits entièrement en pierre et en marbre.
50
+
51
+ En 81, le Sénat fait construire un grand arc de triomphe à trois voûtes honorant l'empereur Titus.
52
+
53
+ À la fin du Ier siècle, l'empereur Domitien fait aménager sa Domus Augustana sur le Mont Palatin, permettant à la famille impériale de regarder les courses depuis le palais. Durant son règne, les deux longs côtés du cirque sont de nouveau endommagés par un incendie[20].
54
+
55
+ Au début du IIe siècle, après l'incendie à la fin du règne de Domitien, l'empereur Trajan fait reconstruire et agrandir l'édifice[11]. Cinq mille sièges supplémentaires sont ajoutés en réemployant des pierres de la naumachie de Domitien. La cavea est élargie de deux stades[a 20] en couvrant la rue qui circule entre le cirque et les pentes du Palatin. Les fondations de cette structure ont été mises au jour récemment[18]. La loge impériale devient plus spacieuse en supprimant un cubiculum utilisé par Domitien comme loge privée. Celle-ci lui permettait d'assister aux jeux du cirque sans être vu du peuple mais tout en profitant de sa ferveur. Trajan transforme également l'apparence de toute la façade méridionale du palais impérial donnant sur le cirque, des travaux beaucoup plus importants que ceux entrepris par Domitien. L'ancienne façade rectiligne tournée à l'origine vers le Palatin est entièrement repensée, et prend la forme d'une vaste exèdre à portiques à deux étages tournée vers le cirque[21]. Cette façade est directement conçue pour que l'empereur puisse observer les courses depuis un point de vue privilégié mais également pour qu'il puisse être vu du peuple[21]. Trajan aurait même projeté de relier les deux monuments par un pont, qui aurait permis d'accéder directement au pulvinar depuis le palais[22].
56
+
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+ Après ces travaux, le cirque semble atteindre sa taille maximale[20]. Si le cirque a acquis sa forme définitive après les travaux de César, Trajan l'a entièrement reconstruit en pierre et l'a transformé en un véritable monument marquant durablement le paysage urbain et la vie sociale romaine[23]. L'empereur a utilisé des matériaux de première qualité, avec une profusion de bronzes dorés et de marbres colorés, symboles de son pouvoir et de l'étendue de son empire.
58
+
59
+ Au milieu du IIe siècle et au tournant du IVe siècle, le cirque semble avoir été touché par deux importants effondrements sous les règnes d'Antonin le Pieux et de Dioclétien, provoquant de nombreuses victimes parmi les spectateurs[18].
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+ Au début du IVe siècle, l'empereur Constantin Ier fait restaurer le cirque avec magnificence, et prépare un emplacement sur la spina pour un nouvel obélisque prélevé à Karnak en Égypte[24] et arrivé à Rome en 323[25]. En 354, après la multiplication des ludi, 109 jours sont désormais consacrés chaque année aux compétitions sportives à Rome, dont 62 pour les seules courses de chars avec 20 à 24 courses chaque jour. En mai 357, l'empereur Constance II reprend le projet de Constantin Ier d'élever un deuxième obélisque sur la spina. Ce second obélisque est un monolithe de 33 mètres, le plus grand de Rome, haut comme un immeuble de 10 étages. Il a été taillé dans du granite rose de Syène (Assouan) sous le règne de Thoutmôsis IV entre 1401 et 1390 av. J.-C. Il est aujourd'hui connu sous le nom d'obélisque du Latran[26], car il fut réérigé sur la Place Saint-Jean-de-Latran au XVIe siècle(voir ci-dessous).
62
+
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+ En 549 a lieu la dernière course, sous le règne du roi ostrogoth Totila, après laquelle le cirque Maxime est laissé à l'abandon et tombe en ruine[27]. Au cours du Moyen Âge, les pierres et les marbres des gradins et tribunes sont progressivement réemployés dans la construction de divers palais et églises.
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+ En 1587, sous le pontificat de Sixte-Quint, pape bâtisseur, l'obélisque de Constance II est déplacé en ses trois sections pour être transporté et réassemblé en 1588 sur la place Saint-Jean-de-Latran où il se trouve toujours. En 1589, l'obélisque d'Auguste est à son tour transporté vers la Piazza del Popolo, dont il occupe toujours le centre. Après la Renaissance, il ne subsiste presque plus rien des structures de l'ancienne construction, mais néanmoins l'espace gazonné, avec l'emplacement de la spina en son milieu, reste parfaitement délimité, constituant l'une des principales promenades en plein air de Rome, entre le mont Palatin et le mont Aventin.
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+ Il ne demeure aujourd'hui de l'édifice que des éléments de maçonnerie, avec une petite partie des tribunes à l'extrémité orientale du cirque, et une large étendue qui s'étend sur tout son emplacement et qui permet de se faire une idée précise des dimensions et de l'orientation du monument[26]. Des fouilles à cette extrémité orientale de l'ancien bâtiment ont exhumé récemment les vestiges d'anciennes échoppes, une voie pavée a été dégagée, et des escaliers menant aux gradins ont été restaurés. Les deux obélisques existent toujours aujourd'hui mais ont été déplacés, le premier sur la Piazza del Popolo (obélisque d'Auguste) et le deuxième sur la place Saint-Jean-de-Latran (obélisque de Constance II).
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+ Tour médiévale, la Torre della Moletta, située à l'extrémité orientale du cirque Maxime.
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+ Le cirque avec les ruines de la Domus Augustana en arrière-plan.
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+ Les derniers vestiges, au sud-est de l'édifice.
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+ Le cirque est l'édifice de spectacle choisi pour tous les ludi circenses, surtout les Ludi Romani qui se déroulent du 4 au 19 septembre[6], et les Ludi Plebei du 4 au 17 novembre[28]. Les jeux commencent par la pompa, procession ou défilé qui va du Forum Romanum au cirque Maxime. Le magistrat, les soldats, les auriges (cochers), les danseurs, les musiciens, et les prêtres participent au défilé. Les prêtres déposent les statues des dieux sur le pulvinar (littéralement, « coussin »), une tribune réservée aux dieux et à l'empereur.
76
+
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+ Sous la République, les jeux comprennent de la voltige, des danses pyrrhiques (guerrières), des spectacles et courses équestres[29], des courses de chars, des épreuves athlétiques (course, pugilat, et lutte)[3], des combats de gladiateurs, et des venationes (combats d'animaux)[3], aussi le cirque Maxime est-il longtemps resté le seul cirque de tout l'Empire romain doté d'un fossé entre la piste et les gradins, afin de protéger le public des bêtes sauvages.
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+ Sous l'Empire, avec la construction de l'amphithéâtre de Statilius Taurus puis surtout celle du Colisée, le cirque n'est plus l'endroit privilégié pour l'organisation d'une bonne partie des divertissements qui s'y déroulaient sous la République comme les combats de gladiateurs, les spectacles de chasse, et les combats contre des bêtes sauvages. Toutefois, ce type de spectacle ne disparaît pas totalement du cirque, des représentations continuent d'y être données de temps en temps[27].
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+ « Le Martyre des premiers chrétiens » de Jean-Léon Gérôme, 1883.
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+ « La mort de Dircé », Henryk Siemiradzki, 1897 : reconstitution de l'épisode mythologique de la mort de Dircé avec une martyre chrétienne.
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+ « La mort de Dircé », Henryk Siemiradzki, 1896.
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+ Le départ des courses de chars est donné depuis la tribune, où se tient l'organisateur des courses, située au-dessus des carceres. Ce magistrat donne le signal du départ, en lançant une étoffe blanche : la mappa. La course doit faire sept tours de piste soit environ 7,5 kilomètres. Pour chaque course, douze attelages sont au départ dans les stalles. Les chars sont tirés par deux chevaux pour les « biges », quatre pour les « quadriges », et jusqu'à dix pour les « decemjuges ». Les cochers sont souvent des esclaves.
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+ Symbolique des quatre équipes de trois attelages :
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+ La course représente la course du soleil ou la course du char d'Apollon, d'est en ouest (lever/coucher du soleil).
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+ Le compte-tours comporte sept dauphins (en souvenir du dauphin qui a ramené Apollon de l'île de Plépos à Delphes) ou sept omphales (sculptures en forme d'œufs, probablement de bronze). L'œuf tombé du ciel à Delphes était désigné comme le centre de l'univers.
94
+
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+ « Alignement pour la course », Ulpiano Checa y Sanz, 1903 : représentation de l'extrémité du cirque du côté des carceres.
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+ « Course de chars » par Albert Kuhn, 1913.
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+ « Course de chars romains », Ulpiano Checa y Sanz, 1890 : les chars négocient le virage près d'une meta.
100
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+ Les cérémonies du triomphe constituent un des principaux évènements se déroulant dans le cirque Maxime, même s'il est davantage associé dans l'imaginaire collectif aux jeux et aux courses[30]. C'est un des seuls monuments pour lequel il ne fait aucun doute qu'il était traversé par la voie triomphale, toutefois le trajet précis des processions dans le cirque reste sujet à discussion. Pour certains, les processions n'ont pas pu traverser le cirque dans sa longueur depuis les carceres jusqu'à l'extrémité circulaire, étant donné la différence de niveau avec la route au sud, qui nécessite quelques marches, empêchant le passage des véhicules à roues[31]. Selon cette hypothèse, les processions devaient entrer et sortir par la porte des carceres, faisant tout le tour de l'arène. Les spectateurs des deux côtés pouvaient alors profiter pleinement du spectacle tandis que la procession longeait la spina d'un côté puis de l'autre.
102
+
103
+ Toutefois, les ingénieurs romains avaient certainement les moyens techniques pour construire une rampe éphémère permettant de franchir des escaliers. Les processions ont donc très bien pu quitter le cirque en passant sous l'arc de triomphe de Titus à trois baies dont c'est la fonction. Une fois passé l'arc, la procession se dirige vers le nord-est pour suivre la Via Triumphalis jusqu'au Colisée et la Via Sacra[31].
104
+
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+ La vallée herbeuse que forme aujourd'hui le cirque Maxime est utilisée pour de grands événements tels que des concerts avec jusqu'à 500 000 spectateurs pour le concert de Genesis le 14 juillet 2007, des rassemblements populaires comme la célébration de la victoire de l'Italie à la coupe du monde de football de 2006 avec un million de personnes, ou encore des séances de cinéma géant en plein air.
106
+
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+ Fête pour le titre de champion d'Italie de l'Association sportive Rome, le 24 juin 2001, avant le concert.
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+ Concert du Live 8 à Rome, dans le cirque Maxime, le 2 juillet 2005.
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+ Célébration de la victoire de l'Italie lors de la finale de la coupe du monde de football de 2006.
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+ Le cirque Maxime s'étend selon un plan très allongé qui finit par occuper pratiquement toute la vallée située entre le Palatin et l'Aventin. Denys d'Halicarnasse, qui écrit en 7 av. J.-C., le décrit comme le plus remarquable des monuments de Rome. Selon cet auteur, après les travaux entrepris par Jules César, la longueur du cirque atteint trois stades et demi et la largeur quatre plethra[a 21] (soit 650 × 125 mètres[32] ou 621 × 118 mètres[33]). Son estimation demeure incertaine et sujette à débat, les chiffres fournis par les auteurs antiques paraissant trop grands. Sous Vespasien, Pline l'Ancien donne une longueur de trois stades (555 mètres) et une largeur d'un stade (185 mètres), soit une superficie de 102 600 mètres2[n 1],[20],[a 22]. Les vestiges archéologiques permettent d'estimer la longueur totale du cirque dans sa forme la plus tardive à 600 mètres. Si on tient compte de son extension maximale en largeur pouvant atteindre près de 200 mètres[34], le cirque couvre 120 000 mètres2, une superficie équivalente à seize terrains de football. Le cirque atteint des dimensions telles qu'il est nécessaire de mettre au point des systèmes d'amplification acoustique spécialement étudiés pour être utilisés dans le cirque[23].
114
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115
+ La capacité du cirque Maxime n'a cessé d'augmenter au fur et à mesure des travaux d'agrandissement. À la fin du Ier siècle av. J.-C., Denys d'Halicarnasse avance le nombre de 150 000 spectateurs[35],[a 21] tandis qu'au milieu du Ier siècle, Pline l'Ancien donne un nombre maximal de 260 000 spectateurs[a 22]. L'estimation la plus étonnante est donnée par les catalogues régionnaires du IVe siècle, avec une capacité maximale de 385 000 spectateurs. Toutefois, ce nombre pourrait en fait correspondre à une longueur en pieds, soit 385 000 pieds de places assises (114 kilomètres) permettant à 200 000 spectateurs de prendre place, une estimation qui semble plus raisonnable[36]. Selon cette hypothèse et en retenant l'estimation d'un million d'habitants à Rome sous l'Empire, entre un cinquième et un quart de la population pouvait se rendre au cirque en même temps[23].
116
+
117
+ En réalité sa capacité maximale (au IVe siècle) était de 95 000 à 100 000 spectateurs (soit 1/10e de la population de la Rome impériale), ainsi que le montre une modélisation 3D très précise du cirque réalisée dans les années 2000 par le leader français Archéovision, plate-forme technologique 3D de l'Université de Bordeaux III[13].
118
+
119
+ Dans ses plus grandes dimensions, après les travaux de Trajan, l'arène mesure à elle seule 568 mètres de long. Sa largeur varie selon l'endroit de 75 mètres aux carceres, à 84 mètres au début de la spina, pour atteindre 87 mètres à son extrémité orientale[34]. Le côté sud du cirque ne forme pas en effet une ligne droite mais comprend une légère irrégularité qui commence juste avant la linea alba. Cette particularité, qu'on retrouve dans d'autres cirques romains, permet aux concurrents de s'élancer de la même façon, quelle que soit leur stalle de départ[37],[38]. Entre l'époque de Jules César et celle de Néron, un canal d'eau large et profond de 3 mètres destiné à éloigner les fauves des spectateurs circule tout autour de l'arène sauf à l'extrémité occidentale, où se situent les carceres[39].
120
+
121
+ À l'origine, la spina est le canal qui sert à maîtriser le cours d'un ruisseau coulant le long de la Murcia et à drainer les eaux stagnantes de la vallée (cloaca). Elle coupe l'arène en deux dans le sens de sa longueur et détermine ainsi une piste allongée le long de laquelle s'élancent les chars[40]. Elle était bordée d'une margelle surmontée des colonnes sur lesquelles se trouvaient les statues de divinités telle que celle de Pollentia. C'est là aussi que se trouvait possiblement le fornix érigé par Lucius Stertinius[6].
122
+
123
+ Vers la fin de la République, la spina est reconstruite avec le réaménagement de la cloaca républicaine[34]. Elle prend la forme d'un fossé (euripus), haut d'un mètre au-dessus de la piste, large de 12 mètres, et long de 345 mètres[41],[42], que franchissent à intervalles réguliers des ponts et qui est ponctué de petites îles sur lesquelles se dresse une grande variété de monuments décoratifs tels que des autels, des édicules, des obélisques, des pavillons, et des statues. Le canal semble être demeuré partiellement à ciel ouvert[6].
124
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125
+ Sous l'Empire, l´euripus désigne également le bassin dans lequel sont placés les dauphins de bronze d'Agrippa[20]. Munis de conduites d'eau, ils forment un groupe statuaire utilisé comme fontaine, et perdent leur fonction de compte-tours[18]. Ce n'est probablement qu'à partir du IIe siècle que la spina prend la forme d'un long mur encadré par deux bornes (metae), décorées sur leur axe de colonnes et surmontées de statues[43].
126
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127
+ L'obélisque d'Auguste est érigé vers l'an 10 av. J.-C. sur la spina du cirque Maxime, probablement dans l'axe du temple de Sol[10] ou au centre de la spina, à mi-chemin des deux metae[44].
128
+
129
+ Un autre obélisque, celui de Constance II, est plus tard implanté en 357. Les obélisques disparaissent des annales, tombés ou renversés à une date inconnue, avant d'être redressés durant la Renaissance mais à des endroits différents.
130
+
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+ Obélisque d'Auguste, Piazza del Popolo.
132
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133
+ Obélisque de Constance II près de Saint-Jean-de-Latran.
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+ À l'époque royale et au début de la République, les gradins ne devaient se résumer qu'à quelques structures éphémères en bois qui n'entouraient probablement pas tout le champ de course, la plupart des spectateurs se rassemblant et s'asseyant sur les pentes des collines avoisinantes[11].
136
+
137
+ À partir du IIe siècle av. J.-C., les gradins sont progressivement construits avec des matériaux plus durables. La cavea (l'ensemble des gradins) est alors divisée en trois sections horizontales de sièges, séparées par des couloirs (baltei)[24] et des grilles de fer[45]. Elle est large de 27 mètres, mais elle peut être considérablement étendue par des constructions établies au-dessus des rues sur les côtés sud et nord, jusqu'à 80 mètres du côté du Palatin par exemple[34]. La première section des gradins, près de l'arène, est en pierre recouverte de marbre par endroits, réservée à l'élite[46], tandis que les deux autres sections sont en bois[47]. À l'extrémité opposée aux carceres, les gradins suivent la courbure semi-circulaire de la sphendonè du cirque[39]. À I'intérieur du bâtiment, des voûtes s'adossent à des murs et soutiennent les trois rangées de gradins. De nombreux escaliers (praecinctiones) conduisent, à chaque étage, à une galerie intérieure, d'où partent les escaliers d'entrée et de sortie du cirque. À l'étage supérieur régnait une galerie (ambulatorium).
138
+
139
+ Sous l'Empire, Auguste a réservé certaines places pour les chevaliers et les sénateurs[a 23], mais l'arrangement reste temporaire et aucune section ne semble être clairement désignée[35]. Ce n'est que sous le règne de Claude qu'une même partie des places est toujours assignée aux sénateurs[a 24]. Néron fait de même pour les chevaliers[a 25] et doit combler le canal de protection de César pour construire les nouvelles places au bord de l'arène[18].
140
+
141
+ Sous la République, une tribune, qui devait avoir la forme d'une simple plate-forme en bois protégée par des vela[11], est aménagée dans les premières rangées de gradins.
142
+
143
+ L'empereur Auguste la remplace par une structure en pierre qui prend la forme d'un temple, probablement intégrée dans le premier tiers des gradins à proximité de l'arène[48], à l'opposé de la ligne d'arrivée et du temple de Sol[49]. Ce pulvinar ad circum Maximum est destiné à accueillir les statues des dieux apportées dans le cirque lors de la procession rituelle qui précède chaque spectacle[50]. Auguste l'utilise parfois pour assister aux jeux, mais il les observe le plus souvent depuis les maisons d'amis établies sur le Palatin ou l'Aventin[a 26]. Lors de la reconstruction de Trajan, le pulvinar est agrandi et déplacé plus haut dans les gradins : il apparaît sur un fragment de la Forma Urbis.
144
+
145
+ L'extrémité occidentale du cirque est occupée par les douze stalles de départ ou carceres. Ces installations sont mises en place afin d'éviter les faux-départs. Sous la République, elles sont laissées à ciel ouvert, donnant sur la piste par une façade à arcade[51]. L'entrée est fermée par une double porte en bois maintenue par une corde qui est rompue au départ de la course et qui libère tous les attelages en même temps[47]. D'abord en bois puis en tuf, elles sont construites en marbre à partir du règne de Claude[35].
146
+
147
+ Les douze stalles sont disposées le long d'une ligne courbe pour que chaque concurrent ait la même distance à parcourir jusqu'à la linea alba qui marque le départ du premier tour. Six carceres sont placées de chaque côté d'une entrée monumentale qui communique avec le Forum Boarium. Au-dessus des stalles se trouve la loge du magistrat qui préside les jeux, ornée de statues d'athlètes[24]. L'ensemble est encadré par deux tours à bastions qui valent à cette zone du cirque le surnom d'oppidum[a 27].
148
+
149
+ Après les travaux de Jules César, l'édifice est entouré d'une arcade à colonnades à un étage derrière laquelle sont installés des boutiques et des ateliers. Selon les auteurs antiques, on y croise des gens peu recommandables tels que des gardiens des cuisines[a 28], des astrologues, des voyants[a 29],[a 30], et des prostituées[a 31]. Certaines arches donnent accès aux rangs inférieurs des gradins et à des escaliers permettant de rejoindre les rangs supérieurs, orientés afin de faciliter la circulation des spectateurs pour que les entrants ne croisent pas les sortants[35].
150
+
151
+ Après la reconstruction de Trajan, l'extérieur de l'édifice est construit pour la première fois de façon homogène et imposante[42]. Comme décrites sur des sesterces frappés sous Trajan et Caracalla, les façades s'élèvent sur trois étages avec colonnes ou pilastres à demi-engagées de trois ordres, comme c'est le cas pour le théâtre de Marcellus ou le Colisée[24]. Le premier étage, un portique à arcades, est surmonté de deux étages aux murs pleins ponctués de pilastres et de fenêtres. Les pilastres extérieurs sont en opus quadratum de péperin, probablement recouverts de plaques de marbre. Le reste de la maçonnerie est en tuf recouvert de brique[21].
152
+
153
+ Un certain nombre de temples et de sanctuaires a été construit dans les limites du cirque. Il pourrait s'agir à l'origine de monuments érigés par des généraux victorieux sur le trajet des processions triomphales qui traversent le cirque de part en part. Parmi ces temples, on peut citer ceux dédiés à Sol, à Luna, à Mater Deum, et à Iuventas[6].
154
+
155
+ Le temple de Sol, à qui l'ensemble du cirque est en fait consacré[44], se situe dans la ligne des gradins, sur le long côté sud, près de la sphendonè, juste à l'opposé de la ligne d'arrivée[37],[52] et du Pulvinar ad Circum Maximum[53]. Il pourrait être représenté sur un denarius de Marc Antoine daté de 42 av. J.-C. comme un temple distyle. En 65 apr. J.-C., Tacite le qualifie de vetus aedes[a 32].
156
+
157
+ Le temple de Luna se situe à l'origine au niveau de l'oppidum du cirque, du côté de l'Aventin, avec deux autres temples dédiés à Flora et Cérès, jusqu'à sa destruction dans l'incendie de 64 apr. J.-C. Le culte de Luna est ensuite associé à celui de Sol dans le temple établi dans les gradins[54].
158
+
159
+ L'autel souterrain dédié à une divinité archaïque[55] est attesté au IIIe siècle av. J.-C. au moment de l'agrandissement du cirque Maxime à l'ensemble de la vallée de la Murcia. Il est alors décrit comme situé « près des bornes murciennes » (primae metae), c'est-à-dire au sud-est de la spina du cirque Maxime, où d'autres tombeaux et sanctuaires semblent avoir existé[56],[57] comme le sanctuaire dédié à Murcia[52].
160
+
161
+ Au début du IIe siècle av. J.-C., Lucius Stertinius fait ériger un fornix, arc monumental orné de statues dorées[a 33]. Étant donné le manque de précision des auteurs antiques, il n'est pas possible de situer le monument avec précision[47]. Il est construit en rapport avec le cirque (in Maximo circo)[58],[a 34], peut-être en un point plus tard occupé par le centre de l'extrémité semi-circulaire du cirque, mais il a pu aussi être placé sur la spina républicaine ou à proximité des carceres, du côté du Forum Boarium[59].
162
+
163
+ Le Sénat romain fait construire entre 80 et 81 apr. J.-C. un arc de triomphe, peut-être pour remplacer l'ancien fornix, au centre de l'extrémité orientale du cirque en demi-cercle (la sphendonè). La nouvelle entrée prend la forme d'un arc à trois baies, qui commémore la prise de Jérusalem de l'an 70 et la destruction du second Temple, baptisé « Arcus Titi » ou « Arcus Vespasiani et Titi ». L'inscription de l'arc aurait été recopiée par un pèlerin lors de sa visite à Rome et retrouvée dans un document appelé Itinéraire d'Einsiedeln[a 35]. L'arc apparaît peut-être sur un des deux bas-reliefs du passage central de l'arc de Titus érigé sur la Velia. Il est représenté surmonté d'un double quadrige[60].
164
+
165
+ Sesterce de Trajan avec au revers une représentation du cirque Maxime : la spina supportant l'obélisque d'Auguste est flanquée de metae et est entourée d'une arcade à colonnades. Un arc triomphal surmonté d'un quadrige occupe une des extrémités, les carceres occupant l'autre.
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+ Sesterce de Caracalla avec au revers une vue aérienne d'une course de chars dans le cirque Maxime : les détails architecturaux sont les mêmes que sur le sesterce de Trajan.
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+ En météorologie, un nuage est une masse visible constituée initialement d'une grande quantité de gouttelettes d’eau (parfois de cristaux de glace associés à des aérosols chimiques ou des minéraux) en suspension dans l’atmosphère au-dessus de la surface d'une planète. L’aspect d'un nuage dépend de sa nature, de sa dimension, de la lumière qu’il reçoit, ainsi que du nombre et de la répartition des particules qui le constituent. Les gouttelettes d’eau d’un nuage proviennent de la condensation de la vapeur d'eau contenue dans l’air. La quantité maximale de vapeur d’eau (gaz invisible) qui peut être contenue dans une masse d'air est fonction de la température : plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau.(Voir les articles Pression de vapeur saturante et Formule de Clapeyron)
2
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3
+ L'histoire des représentations des nuages présente les différentes perceptions des nuages au cours des siècles.
4
+
5
+ La majorité des philosophes de l'Antiquité considèrent que les nuages sont issus des exhalaisons humides que dégagent la mer et les cours d'eau[1]. Ainsi Aristote dans son traité des Météorologiques utilise sa théorie des quatre éléments pour classer les nuages dans les météores aqueux (les hydrométéores). L'explication aristotélicienne repose sur la double exhalaison tellurique provoquée par l'aspiration du soleil : des vapeurs naissent des lieux humides et se concentrent dans l'air pour former les météores humides, des exhalaisons sèches naissent de la terre pour former les météores secs (vents, foudre, tonnerre, météores ignés tels que comètes, étoiles filantes et voie lactée)[2].
6
+
7
+ Au XIIe siècle, appelé nue[3], le nuage est perçu dans une perspective théologique comme la « nuée mystique », c'est-à-dire le voile de Dieu (allant jusqu'à dévoiler le paradis lors d'un éclair)[4] ou selon une perspective plus naturelle (classification selon les couleurs[a] en nuages noirs apportant la pluie selon la métaphore des nimborum naves, « navires de pluie », nuages lumineux et blancs s'étant vidé de leur eau, éventuellement en nuages rouges de l'aurore et du crépuscule) mais sa nature fait débat[5]. La renaissance du XIIe siècle voit la diffusion des ouvrages d'Aristote, notamment les Météorologiques dans lesquels il décrit les nuages sans parvenir à expliquer pourquoi ces particules restent en suspension dans l'atmosphère[6] : à partir du XIIIe siècle, les scolastiques et les encyclopédistes envisagent alors le nuage non plus simplement comme un objet dans le ciel mais comme une matière faite d'air, d'eau, voire de feu selon la théorie aristotélicienne des Quatre éléments, tel Barthélemy l'Anglais dans son Livre des propriétés des choses[7].
8
+
9
+ À la fin du Moyen Âge, la littérature qui a jusque-là du mal à saisir le caractère éphémère et mobile du nuage, développe ce thème qui correspond encore plus aux inspirations des siècles suivants (période baroque et romantisme, notamment le Sturm und Drang allemand)[8]. Néanmoins, le nuage représenté dans les arts reste essentiellement du domaine du sacré jusqu'au XIXe siècle (hiérophanie de l'ascension du Christ, visions mystiques)[9]. À partir du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, les artistes comme Claude Monet, John Constable ou Olafur Eliasson utilisent les observations scientifiques des nuages (notamment à partir de montées en ballons) dans leurs œuvres[10]. Quant à Charles Baudelaire, il représente les nuages comme la quintessence de la vie d'un étranger dans son poème L'Étranger : « - Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie ? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages ! ».
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+ Avant le XIXe siècle, les nuages sont donc avant tout des objets esthétiques. Les savants tentent de les décrire subjectivement mais leur nature trop diverse, complexe et leur fugacité est un obstacle à leur catégorisation bien qu'il y ait eu quelques tentatives pour les utiliser dans les prévisions météorologiques. Jean-Baptiste de Lamarck propose en 1802 la première classification scientifique des nuages[11] par une liste de termes descriptifs[12] en français, mais c'est le système de Luke Howard, utilisant le latin universel de la classification binomiale de Carl von Linné, qui connaît le succès dès sa parution en 1803 et dont la terminologie est toujours utilisée aujourd'hui[13]. En 1855, Émilien Renou[14] proposa l’ajout des genres Altocumulus et Altostratus. En septembre 1896, cette version élargie de la classification originelle de Howard fut officiellement adoptée et publiée dans le premier Atlas international des nuages de 1896. L’édition actuelle publiée par l’Organisation météorologique mondiale date de 1956 pour le volume I et de 1987 pour le volume II. C’est elle qui fait foi dans les différents services météorologiques nationaux.
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13
+ La formation de nuages résulte du refroidissement d’un volume d’air jusqu’à la condensation d’une partie de sa vapeur d’eau. Si le processus de refroidissement se produit au sol (par contact avec une surface froide, par exemple), on assiste à la formation de brouillard. Dans l’atmosphère libre, le refroidissement se produit généralement par soulèvement, en vertu du comportement des gaz parfaits dans une atmosphère hydrostatique, selon lequel un gaz se refroidit spontanément lorsque la pression baisse. Les nuages peuvent aussi perdre une partie de leur masse sous forme de précipitations, par exemple sous forme de pluie, grêle ou neige.
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+ La condensation de la vapeur d'eau, en eau liquide ou en glace, se produit initialement autour de certains types de microparticules de matière solide (aérosols), qu'on appelle des noyaux de condensation ou de congélation. La formation de ces aérosols a été spécifiquement étudiée par l’expérience CLOUD du CERN, qui a mis principalement en évidence l'importance des vapeurs organiques. L'expérience souligna également le rôle potentiellement important des rayons cosmiques galactiques dans le processus complexe de création des nuages[15]. La congélation spontanée de l'eau liquide en glace, dans une atmosphère très pure, ne se produit pas au-dessus de −40 °C. Entre 0 et −40 °C, les gouttes d'eau restent dans un état métastable (surfusion), qui cesse dès qu'elles entrent en contact avec un noyau de condensation (poussière, cristal de glace, obstacle). Lorsque ce phénomène se produit au sol, on assiste à des brouillards givrants.
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+ Juste après la condensation ou la congélation, les particules sont encore très petites. Pour des particules de cette taille, les collisions et l’agrégation ne peuvent pas être les facteurs principaux de croissance. Il se produit plutôt un phénomène connu sous le nom de « effet Bergeron ». Ce mécanisme repose sur le fait que la pression partielle de saturation de la glace est inférieure à celle de l’eau liquide. Ceci signifie que, dans un milieu où coexistent des cristaux de glace et des gouttelettes d’eau surfondue, la vapeur d’eau ambiante se condensera en glace sur les cristaux de glace déjà existants, et que les gouttelettes d’eau s’évaporeront d’autant. On voit ainsi que le soulèvement est doublement important dans la formation de nuages et de précipitations : en premier lieu comme mécanisme de refroidissement, et ensuite comme porteur de gouttelettes d’eau liquide jusqu’au niveau où elles deviennent surfondues.
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+ Le soulèvement peut être dû à la convection atmosphérique, à la présence de terrains montagneux faisant obstacle à l’écoulement de l’air ou à des facteurs de la dynamique atmosphérique, comme les ondes baroclines (aussi appelées « ondes frontales »).
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+ La dissipation des nuages à l'inverse de leur formation se produit lorsque l'air environnant subit un réchauffement et donc un assèchement relatif de son contenu en vapeur d'eau puisqu'un air chaud peut contenir plus de vapeur d'eau qu'un air froid. Ce processus est favorable à l'évaporation, ce qui dissipe les nuages. Le réchauffement de l'air environnant est souvent causé par une subsidence de l'air qui entraîne une compression adiabatique de celui-ci.
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+
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+ À l'échelle mondiale, il y a plus de nuages le long de la zone de convergence intertropicale qui entoure la Terre près de l'équateur, ainsi qu'à proximité des 50e parallèles de latitude dans les hémisphères nord et sud car l'air y suit un mouvement vertical ascendant dans des zones dépressionnaires[16]. La convergence horizontale de l'air près du sol dans ces zones mène à une accumulation qui doit être compensée par sa montée en altitude pour donner plus de nuages par le processus de refroidissement adiabatique[17]. Ceci est particulièrement vrai dans les zones océaniques où l'humidité est plus importante.
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+
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+ À l'opposé, autour des 20e parallèles nord et sud se trouvent la région des crêtes subtropicales et à haute latitudes celles des anticyclones arctiques et antarctiques. L'air y suit un mouvement vertical descendant par subsidence qui l'assèche et dissipe les nuages[17]. Se retrouvent dans ces zones des déserts comme le Sahara et celui du plateau Antarctique qui sont essentiellement sans nuages.
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+
27
+ La distribution des nuages va également varier selon certains effets topographiques. Par exemple, le flux d'air le long d'une pente montante va augmenter la production de nuages et de précipitations à cet endroit car l'air est forcé en altitude. À l'inverse, l'air descendant des montagnes par effet de foehn va s'assécher et dissiper les nuages. Ceci donne des régions plus nuageuses que d'autres avec un même système météorologique à grande échelle : les régions côtières sont plus nuageuses que celles en aval des montagnes.
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+ Finalement, selon la stabilité de l'air, des nuages convectifs se formeront à certaines saisons et pas à d'autres sur une région.
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+
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+ Les nuages se forment selon deux processus : la convection et le soulèvement progressif de la masse d'air.
32
+
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+ Le soulèvement convectif est dû à l'instabilité de l'air. Il est souvent vigoureux et au déclenchement abrupt. Il produit des nuages caractérisés par une extension verticale élevée, mais une extension horizontale limitée. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « cumulus ». Ils peuvent se développer à différents niveaux de la troposphère, là où l'instabilité existe.
34
+
35
+ Le soulèvement dit synoptique est le résultat des processus de la dynamique en atmosphère stable, dans un écoulement stratifié. Ce soulèvement est graduel, produisant des systèmes nuageux d'une texture uniforme, pouvant couvrir des milliers de kilomètres carrés. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « stratus ». Il arrive parfois que ce soulèvement graduel déstabilise la couche atmosphérique, donnant lieu à des nuages convectifs imbriqués dans le nuage stratiforme.
36
+
37
+ Pour les types de nuages sans développement vertical important, cette nomenclature a été organisée selon la hauteur de leur base au-dessus du sol en trois niveaux appelées « étages », et non l'altitude de leur sommet, ainsi qu'en quatre familles qui sont décrites ci-dessous. Chaque nuage d'une famille est rattaché à un genre et une espèce. Il peut également être associé à un descriptif supplémentaire appelé variété.
38
+
39
+ Un étage de nuage est une couche ou région de l'atmosphère dans laquelle les nuages de certains familles apparaissent normalement. La troposphère a été divisée verticalement en trois étages dont les limites se chevauchent quelque peu et varient selon la latitude des régions : polaires, tempérées et tropicales. Les hauteurs approximatives de ces limites sont[18] :
40
+
41
+ Les nuages dans l'Atlas international des nuages sont classés en dix genres illustrés dans l'image ci-contre[19] :
42
+
43
+ Pour chaque genre de nuages, on note des subdivisions appelées espèces qui s'excluent mutuellement. Elles sont déterminées selon au moins une des caractéristiques suivantes[21] :
44
+
45
+ Chaque espèce et genre peuvent encore être divisés. Ces divisions sont nommées variétés et ne s'excluent pas mutuellement, sauf les variétés translucidus (translucide) et opacus (opaque). Elles sont déterminées selon l'une des deux caractéristiques suivantes[22] :
46
+
47
+ En plus de cette classification formelle, il existe des nuages accompagnant un autre nuage, généralement plus petits que ce dernier, et séparés de sa partie principale ou parfois partiellement soudés à elle. Un nuage donné peut être accompagné d'un ou de plusieurs de ces nuages annexes dont les principaux sont [23] : l'arcus, l'entonnoir nuageux, le mur de foehn, le mamma, le nuage-mur (Wall cloud), le pannus, le pileus, le sommet protubérant et le velum. La traînée de condensation produite par le passage d'un avion en haute altitude n'est pas un nuage en elle-même mais peut se transformer en nuage du genre cirrus.
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+
49
+ Genitus et mutatus sont des suffixes utilisés dans le nom d'un nuage pour indiquer son origine ou sa transformation :
50
+
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+ Ils se forment au-dessus de 5 000 mètres dans la région froide de la troposphère. Ils sont classés en utilisant le préfixe cirro- ou cirrus. À cette altitude, l'eau gèle quasiment toujours : les nuages sont donc composés de cristaux de glace.
52
+
53
+ Ils se développent entre 2 000 et 7 000 mètres (dans les régions tempérées) et sont classés en utilisant le préfixe alto-. Ils sont formés de gouttelettes d'eau.
54
+
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+ Ce sont des nuages de basses altitudes (jusqu'à 2 000 mètres). Lorsque ces derniers rencontrent la terre, on les appelle brouillard.
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+
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+ Ce sont des nuages de basses à moyennes altitudes (base jusqu'à 3 000 mètres, sommet jusqu'à 6 000 mètres)[30]. Les cumulus mediocris et congestus se forment généralement à basse altitude sauf lorsque l'air est très sec et ils peuvent alors se retrouver à l'étage moyen. Ils sont formés de gouttelettes surfondues et présentent des protubérances ou des bourgeonnements[30]. Ceux-ci sont peu ou modérément développés dans le cas des mediocris et fortement développés dans celui du congestus. Les dimensions de ces protubérances peuvent varier notablement d'un nuage à l'autre.
58
+
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+ Le nimbostratus se forme à partir d'altostratus d'altitude moyenne qui s'épaississent et dont la base s'approche du sol avec les précipitations. Son sommet va atteindre 4 kilomètres dans les régions arctiques et plus de 7 kilomètres dans les régions tempérées et tropicales[31]. La constitution physique de ce nuage est analogue à celle de l'altostratus, mais ses particules constitutives sont généralement plus grosses et leur concentration plus forte. Par suite de l'extension verticale généralement grande du nimbostratus, ce dernier est assez sombre dans sa région inférieure. Bien qu'il soit essentiellement un nuage stratiforme avec faible mouvement vertical interne, des masses nuageuses d'origine convective, à grande extension verticale, peuvent se former dans son sein[31].
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+
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+ Les cumulonimbus peuvent avoir de forts courants verticaux et s'élèvent bien au-dessus de leur base (généralement de basse à moyenne altitude jusqu'à 3 000 mètres). Leur sommet est de plus de 7 000 mètres et peut même atteindre les 15 kilomètres[32]. Ils sont constitués par des gouttelettes d'eau et, dans leurs régions supérieures, par des cristaux de glace. L'eau des gouttelettes et des gouttes de pluie peut être fortement surfondue et mener à la formation d'un rapide dépôt de glace sur les aéronefs. Les cumulonimbus donnent de grosses gouttes de pluie, du grésil ou de la grêle.
62
+
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+ La classification des nuages date du XIXe siècle et était à l'origine purement visuelle. À cette époque il n'y avait ni radiosondage, satellite ou planeur. Depuis, de grands progrès ont été faits et à titre d'exemple les sondages atmosphériques (définissant la physique des nuages) sont de nos jours monnaie courante et aisément accessibles sur Internet, affichés sous forme de SkewTs, téphigrammes ou émagrammes.
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+ La dernière version de l'Atlas international des nuages date de 1975 pour le premier volume et de 1982 pour le second mais contient le même classement[33],[34]. Ainsi, l'Atlas définit les cumulus comme étant des nuages de l'étage inférieur (i.e. leur base est généralement à moins de 2 km de hauteur) tandis que les altocumulus castellanus sont des nuages de l'étage moyen (i.e. leur base est entre 2 et 5 km). Cette définition fait fi de leur mode de formation et peut provoquer des confusions. Par exemple, en Arizona les cumulus formés par le réchauffement diurne peuvent avoir leur base à 4 km de hauteur à cause de l'air très sec en surface tandis que certains altocumulus castellanus peuvent avoir leur base à 2 km, voire moins (dans ce cas, ce sont des stratocumulus castellanus). C'est pourquoi des auteurs comme Scorer[35]
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+ ou Corfidi[36]
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+ plaident pour une définition physique des nuages. Ceci est aussi le cas pour les pilotes de planeur. Le même problème apparaît pour les cumulonimbus.
68
+
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+ En 1976, la National Aeronautics and Space Administration américaine a d'ailleurs publié son propre classement qui place la structure physique devant la plage d'altitude pour les critères de définition des classes. Cinq familles ou catégories ont été identifiées : Cirriforme, cumuliforme, stratiforme, stratocumuliforme, et cumulonimbiforme[37].
70
+
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+ Depuis le début de la Révolution industrielle, l'utilisation de combustible fossile ajoute humidité et particules dans l'atmosphère ce qui va servir à la formation de nuages. Ces nuages peuvent se développer seuls ou augmenter la production de la nébulosité naturelle[38]. Les nuages anthropogéniques, ou homogenitus selon l'Atlas international des nuages de 2017[28], sont ainsi des nuages artificiellement produits par l'activité humaine.
72
+
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+ Le type de nuages anthropogéniques le plus courant est la traînée de condensation qui se forme à haute altitude dans le sillage des avions. La formation des traînées change l'albédo de l'atmosphère et l’augmentation du trafic aérien mondial produit ainsi un effet sur les échanges énergétiques de l'atmosphère, d'autant plus que le transport aérien tend à augmenter[39],[40],[41]. Ces traînées, par leurs impacts en termes d'effet de serre[42],[43],[44], doubleraient la responsabilité du trafic aérien en termes de contribution au réchauffement[45] (sachant qu'en 2010, les émissions provenant de l'aviation représentaient environ 3 % du total annuel des émissions de CO2 provenant des carburants fossiles)[45], augmentant ainsi une part qu'on estimait autrefois faible par rapport à d'autres modes de transport[46].
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+
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+ Plus bas dans l'atmosphère, les usines, les centrales électriques au charbon et au pétrole, ainsi que les transports produisent localement beaucoup d'humidité et de particules. Même les centrales nucléaires et géothermiques produisent de l'humidité pour leur refroidissement. Dans des conditions d'air très stable, la production de stratus, de brouillard et de smog sera augmenté. Un exemple est celui des traînées de condensation de navires qui augmente l'albédo le long des couloirs maritimes.
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+ Des nuages convectifs se forment aussi lors de feux de forêts (pyrocumulus) ou d'explosions (nuage en champignon). Finalement, les nuages artificiels peuvent aussi être produits volontairement. Les nombreuses expériences de modification du temps impliquent l'augmentation de la nébulosité ou sa diminution par divers moyens.
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+ Enfin les grandes villes créent aussi leurs propres nuages, comme le montrent l'imagerie satellitaire de conurbations comme celles de Londres et de Paris. Au printemps et en été ces zones sont toujours plus nuageuses l'après-midi et le soir (de plusieurs points de pourcentage) que ne le sont les zones rurales périphériques. Alors que l'évaporation est moindre en ville, l'empoussièrement et la chaleur y sont plus élevés et augmentent au cours de la journée. La chaleur forme des turbulences au dessus des villes, qui peuvent attirer l'air plus humide périphérique alors que les particules peuvent faciliter la nucléation de microgouttelettes dans l'air. On a aussi constaté que les Week-end présentent une météorologie différente[47].
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+ Les nuages nacrés sont des nuages qui se forment dans la stratosphère à une altitude située entre 15 000 et 25 000 mètres. Les nuages nacrés sont rares et se forment surtout l'hiver à proximité des pôles. Ils ont été décrits par l'astronome Robert Leslie dès 1885. Ils sont impliqués dans la formation de trous dans la couche d'ozone car ils supportent les réactions chimiques qui produisent des molécules de composés chlorés. Ces molécules servent de catalyseur à la réaction détruisant les molécules d'ozone.
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+
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+ Les nuages noctulescents, aussi connus sous le nom de nuages polaires mésosphériques[48], nuages nocturnes lumineux[49] ou de nuages noctiluques[48], sont des formations atmosphériques de très haute altitude. Pour un observateur terrestre, ils se présentent comme de brillants nuages en forme de filaments ou de nappes, visibles durant le crépuscule profond c'est-à-dire le crépuscule astronomique. La plupart du temps, ces nuages sont observés durant les mois d'été entre les latitudes 50° et 70° au nord et au sud de l'équateur. Ils se trouvent entre 75 et 90 kilomètres d'altitude[49].
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+
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+ Dans les rapports météorologiques, les METAR, la nébulosité et l'opacité des nuages sont signalés. La nébulosité, ou couverture nuageuse, est la fraction du ciel couverte par les nuages d'un certain genre, d'une certaine espèce, d'une certaine variété, d'une certaine couche, ou d'une certaine combinaison de nuages. La nébulosité totale est la fraction du ciel cachée par l'ensemble des nuages visibles[50]. Les deux se mesurent en octas, soit le un huitième de la voûte céleste, ou en dixièmes.
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+
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+ L’opacité est la visibilité verticale à travers les nuages. Les nuages peuvent être minces et transparents comme les cirrus ou bloquer complètement la lumière.
88
+
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+ La nébulosité et l'opacité sont estimées en général par un observateur, utilisant parfois des lunettes d'obscurité pour éviter les reflets. Cependant, la nébulosité peut être calculée par la fraction de l'heure où un célomètre enregistre des nuages. De façon alternative, la nébulosité totale peut être estimée par un instrument qui mesure E, l'éclairement sur une surface horizontale, par des estimations de la forme[51] :
90
+
91
+ L'état du ciel est la description de la nébulosité, de l'opacité, de la hauteur et du type de nuages, ainsi que les obstructions à la visibilité comme le brouillard, les précipitations ou la fumée, à un moment déterminé aux différents étages nuageux[52].
92
+
93
+ La nébulosité est cumulative, c'est-à-dire qu'elle est la fraction, en octats ou dixièmes de la voûte céleste, couverte par des couches situées à ce niveau et au-dessous. Par exemple, si une couche de nuages de l'étage bas couvre 3 octats, la couche rapporté au niveau moyen sera de 3 octats ou plus. L'opacité est rapportée de la même façon[53].
94
+
95
+ L'état du ciel total peut être décrit comme la somme des caractéristiques de la somme des couches de nuages et d'obstruction à visibilité où[54] :
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+
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+ Une couche doit être décrite comme « mince » lorsque les deux conditions suivantes s’y retrouvent[54] :
98
+
99
+ Les obstructions à la visibilité, les précipitations, la hauteur des couches, etc. seront ajoutées dans un rapport METAR de l'état du ciel.
100
+
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+ La diffusion de la lumière par les gouttelettes des nuages selon la théorie de Mie se fait surtout vers la direction d'où vient la lumière et dans la direction où elle va, c'est la luminance du nuage[55]. Cette lumière provient, pour la plus grande part, directement de l'astre éclairant ou du ciel, mais une part appréciable peut provenir également de la surface terrestre. Ainsi, la blancheur des nuages est maximale lorsque l'observateur dirige son regard dans un axe aligné avec le soleil, soit dans le dos ou devant lui. À tout autre angle, il reçoit seulement une fraction de la luminosité. Naturellement, l'épaisseur et la densité du nuage (notion d'opacité précédemment évoquée) intervient également, d'où la base parfois extrêmement sombre des cumulonimbus.
102
+
103
+ La dispersion de la lumière à travers les cristaux de glace des cirrostratus, obéit quant à elle à la diffusion de Rayleigh qui est isotrope selon l'angle mais dépend de la longueur d'onde. C'est pourquoi on voit souvent des halos circulaires autour du soleil ou des parhélies (ou faux soleils) lorsque ce type de nuage s'interpose.
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+ La Terre n'est pas le seul corps céleste à avoir une atmosphère où se forment des nuages. De façon générale, la plupart des planètes et lunes du Système solaire possédant une atmosphère importante ont des nuages, mais leur composition est souvent fort différente puisque leur atmosphère est formée de gaz variés. Ainsi par exemple, les nuages épais qui recouvrent Vénus sont formés de dioxyde de soufre, de vapeur d'eau et de gouttelettes d'acide sulfurique, alors que ceux de Jupiter et de Saturne sont faits d'ammoniaque à l'extérieur, de hydrosulfure d'ammonium au milieu et d'eau à l'intérieur[56],[57]. Des nuages semblent également avoir été détectés autour de planètes extrasolaires, et il est très probable que la plupart des planètes des autres systèmes planétaires en possèdent si elles ont une atmosphère, même si des planètes à l'atmosphère « transparente » (sans nuage) semblent également avoir été détectées, y compris des géantes gazeuses.
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+
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+ La formation et la classification de ces nuages extraterrestres varient également avec la composition de l'atmosphère considérée.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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3
+ Le terme alcool peut désigner :
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+ Voir aussi : Alcools, recueil de poésie.
fr/1150.html.txt ADDED
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+ En météorologie, un nuage est une masse visible constituée initialement d'une grande quantité de gouttelettes d’eau (parfois de cristaux de glace associés à des aérosols chimiques ou des minéraux) en suspension dans l’atmosphère au-dessus de la surface d'une planète. L’aspect d'un nuage dépend de sa nature, de sa dimension, de la lumière qu’il reçoit, ainsi que du nombre et de la répartition des particules qui le constituent. Les gouttelettes d’eau d’un nuage proviennent de la condensation de la vapeur d'eau contenue dans l’air. La quantité maximale de vapeur d’eau (gaz invisible) qui peut être contenue dans une masse d'air est fonction de la température : plus l’air est chaud, plus il peut contenir de vapeur d’eau.(Voir les articles Pression de vapeur saturante et Formule de Clapeyron)
2
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3
+ L'histoire des représentations des nuages présente les différentes perceptions des nuages au cours des siècles.
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5
+ La majorité des philosophes de l'Antiquité considèrent que les nuages sont issus des exhalaisons humides que dégagent la mer et les cours d'eau[1]. Ainsi Aristote dans son traité des Météorologiques utilise sa théorie des quatre éléments pour classer les nuages dans les météores aqueux (les hydrométéores). L'explication aristotélicienne repose sur la double exhalaison tellurique provoquée par l'aspiration du soleil : des vapeurs naissent des lieux humides et se concentrent dans l'air pour former les météores humides, des exhalaisons sèches naissent de la terre pour former les météores secs (vents, foudre, tonnerre, météores ignés tels que comètes, étoiles filantes et voie lactée)[2].
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+
7
+ Au XIIe siècle, appelé nue[3], le nuage est perçu dans une perspective théologique comme la « nuée mystique », c'est-à-dire le voile de Dieu (allant jusqu'à dévoiler le paradis lors d'un éclair)[4] ou selon une perspective plus naturelle (classification selon les couleurs[a] en nuages noirs apportant la pluie selon la métaphore des nimborum naves, « navires de pluie », nuages lumineux et blancs s'étant vidé de leur eau, éventuellement en nuages rouges de l'aurore et du crépuscule) mais sa nature fait débat[5]. La renaissance du XIIe siècle voit la diffusion des ouvrages d'Aristote, notamment les Météorologiques dans lesquels il décrit les nuages sans parvenir à expliquer pourquoi ces particules restent en suspension dans l'atmosphère[6] : à partir du XIIIe siècle, les scolastiques et les encyclopédistes envisagent alors le nuage non plus simplement comme un objet dans le ciel mais comme une matière faite d'air, d'eau, voire de feu selon la théorie aristotélicienne des Quatre éléments, tel Barthélemy l'Anglais dans son Livre des propriétés des choses[7].
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9
+ À la fin du Moyen Âge, la littérature qui a jusque-là du mal à saisir le caractère éphémère et mobile du nuage, développe ce thème qui correspond encore plus aux inspirations des siècles suivants (période baroque et romantisme, notamment le Sturm und Drang allemand)[8]. Néanmoins, le nuage représenté dans les arts reste essentiellement du domaine du sacré jusqu'au XIXe siècle (hiérophanie de l'ascension du Christ, visions mystiques)[9]. À partir du XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, les artistes comme Claude Monet, John Constable ou Olafur Eliasson utilisent les observations scientifiques des nuages (notamment à partir de montées en ballons) dans leurs œuvres[10]. Quant à Charles Baudelaire, il représente les nuages comme la quintessence de la vie d'un étranger dans son poème L'Étranger : « - Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie ? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages ! ».
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+ Avant le XIXe siècle, les nuages sont donc avant tout des objets esthétiques. Les savants tentent de les décrire subjectivement mais leur nature trop diverse, complexe et leur fugacité est un obstacle à leur catégorisation bien qu'il y ait eu quelques tentatives pour les utiliser dans les prévisions météorologiques. Jean-Baptiste de Lamarck propose en 1802 la première classification scientifique des nuages[11] par une liste de termes descriptifs[12] en français, mais c'est le système de Luke Howard, utilisant le latin universel de la classification binomiale de Carl von Linné, qui connaît le succès dès sa parution en 1803 et dont la terminologie est toujours utilisée aujourd'hui[13]. En 1855, Émilien Renou[14] proposa l’ajout des genres Altocumulus et Altostratus. En septembre 1896, cette version élargie de la classification originelle de Howard fut officiellement adoptée et publiée dans le premier Atlas international des nuages de 1896. L’édition actuelle publiée par l’Organisation météorologique mondiale date de 1956 pour le volume I et de 1987 pour le volume II. C’est elle qui fait foi dans les différents services météorologiques nationaux.
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+ La formation de nuages résulte du refroidissement d’un volume d’air jusqu’à la condensation d’une partie de sa vapeur d’eau. Si le processus de refroidissement se produit au sol (par contact avec une surface froide, par exemple), on assiste à la formation de brouillard. Dans l’atmosphère libre, le refroidissement se produit généralement par soulèvement, en vertu du comportement des gaz parfaits dans une atmosphère hydrostatique, selon lequel un gaz se refroidit spontanément lorsque la pression baisse. Les nuages peuvent aussi perdre une partie de leur masse sous forme de précipitations, par exemple sous forme de pluie, grêle ou neige.
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+ La condensation de la vapeur d'eau, en eau liquide ou en glace, se produit initialement autour de certains types de microparticules de matière solide (aérosols), qu'on appelle des noyaux de condensation ou de congélation. La formation de ces aérosols a été spécifiquement étudiée par l’expérience CLOUD du CERN, qui a mis principalement en évidence l'importance des vapeurs organiques. L'expérience souligna également le rôle potentiellement important des rayons cosmiques galactiques dans le processus complexe de création des nuages[15]. La congélation spontanée de l'eau liquide en glace, dans une atmosphère très pure, ne se produit pas au-dessus de −40 °C. Entre 0 et −40 °C, les gouttes d'eau restent dans un état métastable (surfusion), qui cesse dès qu'elles entrent en contact avec un noyau de condensation (poussière, cristal de glace, obstacle). Lorsque ce phénomène se produit au sol, on assiste à des brouillards givrants.
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+ Juste après la condensation ou la congélation, les particules sont encore très petites. Pour des particules de cette taille, les collisions et l’agrégation ne peuvent pas être les facteurs principaux de croissance. Il se produit plutôt un phénomène connu sous le nom de « effet Bergeron ». Ce mécanisme repose sur le fait que la pression partielle de saturation de la glace est inférieure à celle de l’eau liquide. Ceci signifie que, dans un milieu où coexistent des cristaux de glace et des gouttelettes d’eau surfondue, la vapeur d’eau ambiante se condensera en glace sur les cristaux de glace déjà existants, et que les gouttelettes d’eau s’évaporeront d’autant. On voit ainsi que le soulèvement est doublement important dans la formation de nuages et de précipitations : en premier lieu comme mécanisme de refroidissement, et ensuite comme porteur de gouttelettes d’eau liquide jusqu’au niveau où elles deviennent surfondues.
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+
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+ Le soulèvement peut être dû à la convection atmosphérique, à la présence de terrains montagneux faisant obstacle à l’écoulement de l’air ou à des facteurs de la dynamique atmosphérique, comme les ondes baroclines (aussi appelées « ondes frontales »).
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21
+ La dissipation des nuages à l'inverse de leur formation se produit lorsque l'air environnant subit un réchauffement et donc un assèchement relatif de son contenu en vapeur d'eau puisqu'un air chaud peut contenir plus de vapeur d'eau qu'un air froid. Ce processus est favorable à l'évaporation, ce qui dissipe les nuages. Le réchauffement de l'air environnant est souvent causé par une subsidence de l'air qui entraîne une compression adiabatique de celui-ci.
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+
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+ À l'échelle mondiale, il y a plus de nuages le long de la zone de convergence intertropicale qui entoure la Terre près de l'équateur, ainsi qu'à proximité des 50e parallèles de latitude dans les hémisphères nord et sud car l'air y suit un mouvement vertical ascendant dans des zones dépressionnaires[16]. La convergence horizontale de l'air près du sol dans ces zones mène à une accumulation qui doit être compensée par sa montée en altitude pour donner plus de nuages par le processus de refroidissement adiabatique[17]. Ceci est particulièrement vrai dans les zones océaniques où l'humidité est plus importante.
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+ À l'opposé, autour des 20e parallèles nord et sud se trouvent la région des crêtes subtropicales et à haute latitudes celles des anticyclones arctiques et antarctiques. L'air y suit un mouvement vertical descendant par subsidence qui l'assèche et dissipe les nuages[17]. Se retrouvent dans ces zones des déserts comme le Sahara et celui du plateau Antarctique qui sont essentiellement sans nuages.
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27
+ La distribution des nuages va également varier selon certains effets topographiques. Par exemple, le flux d'air le long d'une pente montante va augmenter la production de nuages et de précipitations à cet endroit car l'air est forcé en altitude. À l'inverse, l'air descendant des montagnes par effet de foehn va s'assécher et dissiper les nuages. Ceci donne des régions plus nuageuses que d'autres avec un même système météorologique à grande échelle : les régions côtières sont plus nuageuses que celles en aval des montagnes.
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+
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+ Finalement, selon la stabilité de l'air, des nuages convectifs se formeront à certaines saisons et pas à d'autres sur une région.
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31
+ Les nuages se forment selon deux processus : la convection et le soulèvement progressif de la masse d'air.
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+
33
+ Le soulèvement convectif est dû à l'instabilité de l'air. Il est souvent vigoureux et au déclenchement abrupt. Il produit des nuages caractérisés par une extension verticale élevée, mais une extension horizontale limitée. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « cumulus ». Ils peuvent se développer à différents niveaux de la troposphère, là où l'instabilité existe.
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+
35
+ Le soulèvement dit synoptique est le résultat des processus de la dynamique en atmosphère stable, dans un écoulement stratifié. Ce soulèvement est graduel, produisant des systèmes nuageux d'une texture uniforme, pouvant couvrir des milliers de kilomètres carrés. Ces nuages sont désignés génériquement par le terme « stratus ». Il arrive parfois que ce soulèvement graduel déstabilise la couche atmosphérique, donnant lieu à des nuages convectifs imbriqués dans le nuage stratiforme.
36
+
37
+ Pour les types de nuages sans développement vertical important, cette nomenclature a été organisée selon la hauteur de leur base au-dessus du sol en trois niveaux appelées « étages », et non l'altitude de leur sommet, ainsi qu'en quatre familles qui sont décrites ci-dessous. Chaque nuage d'une famille est rattaché à un genre et une espèce. Il peut également être associé à un descriptif supplémentaire appelé variété.
38
+
39
+ Un étage de nuage est une couche ou région de l'atmosphère dans laquelle les nuages de certains familles apparaissent normalement. La troposphère a été divisée verticalement en trois étages dont les limites se chevauchent quelque peu et varient selon la latitude des régions : polaires, tempérées et tropicales. Les hauteurs approximatives de ces limites sont[18] :
40
+
41
+ Les nuages dans l'Atlas international des nuages sont classés en dix genres illustrés dans l'image ci-contre[19] :
42
+
43
+ Pour chaque genre de nuages, on note des subdivisions appelées espèces qui s'excluent mutuellement. Elles sont déterminées selon au moins une des caractéristiques suivantes[21] :
44
+
45
+ Chaque espèce et genre peuvent encore être divisés. Ces divisions sont nommées variétés et ne s'excluent pas mutuellement, sauf les variétés translucidus (translucide) et opacus (opaque). Elles sont déterminées selon l'une des deux caractéristiques suivantes[22] :
46
+
47
+ En plus de cette classification formelle, il existe des nuages accompagnant un autre nuage, généralement plus petits que ce dernier, et séparés de sa partie principale ou parfois partiellement soudés à elle. Un nuage donné peut être accompagné d'un ou de plusieurs de ces nuages annexes dont les principaux sont [23] : l'arcus, l'entonnoir nuageux, le mur de foehn, le mamma, le nuage-mur (Wall cloud), le pannus, le pileus, le sommet protubérant et le velum. La traînée de condensation produite par le passage d'un avion en haute altitude n'est pas un nuage en elle-même mais peut se transformer en nuage du genre cirrus.
48
+
49
+ Genitus et mutatus sont des suffixes utilisés dans le nom d'un nuage pour indiquer son origine ou sa transformation :
50
+
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+ Ils se forment au-dessus de 5 000 mètres dans la région froide de la troposphère. Ils sont classés en utilisant le préfixe cirro- ou cirrus. À cette altitude, l'eau gèle quasiment toujours : les nuages sont donc composés de cristaux de glace.
52
+
53
+ Ils se développent entre 2 000 et 7 000 mètres (dans les régions tempérées) et sont classés en utilisant le préfixe alto-. Ils sont formés de gouttelettes d'eau.
54
+
55
+ Ce sont des nuages de basses altitudes (jusqu'à 2 000 mètres). Lorsque ces derniers rencontrent la terre, on les appelle brouillard.
56
+
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+ Ce sont des nuages de basses à moyennes altitudes (base jusqu'à 3 000 mètres, sommet jusqu'à 6 000 mètres)[30]. Les cumulus mediocris et congestus se forment généralement à basse altitude sauf lorsque l'air est très sec et ils peuvent alors se retrouver à l'étage moyen. Ils sont formés de gouttelettes surfondues et présentent des protubérances ou des bourgeonnements[30]. Ceux-ci sont peu ou modérément développés dans le cas des mediocris et fortement développés dans celui du congestus. Les dimensions de ces protubérances peuvent varier notablement d'un nuage à l'autre.
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+
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+ Le nimbostratus se forme à partir d'altostratus d'altitude moyenne qui s'épaississent et dont la base s'approche du sol avec les précipitations. Son sommet va atteindre 4 kilomètres dans les régions arctiques et plus de 7 kilomètres dans les régions tempérées et tropicales[31]. La constitution physique de ce nuage est analogue à celle de l'altostratus, mais ses particules constitutives sont généralement plus grosses et leur concentration plus forte. Par suite de l'extension verticale généralement grande du nimbostratus, ce dernier est assez sombre dans sa région inférieure. Bien qu'il soit essentiellement un nuage stratiforme avec faible mouvement vertical interne, des masses nuageuses d'origine convective, à grande extension verticale, peuvent se former dans son sein[31].
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+
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+ Les cumulonimbus peuvent avoir de forts courants verticaux et s'élèvent bien au-dessus de leur base (généralement de basse à moyenne altitude jusqu'à 3 000 mètres). Leur sommet est de plus de 7 000 mètres et peut même atteindre les 15 kilomètres[32]. Ils sont constitués par des gouttelettes d'eau et, dans leurs régions supérieures, par des cristaux de glace. L'eau des gouttelettes et des gouttes de pluie peut être fortement surfondue et mener à la formation d'un rapide dépôt de glace sur les aéronefs. Les cumulonimbus donnent de grosses gouttes de pluie, du grésil ou de la grêle.
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+
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+ La classification des nuages date du XIXe siècle et était à l'origine purement visuelle. À cette époque il n'y avait ni radiosondage, satellite ou planeur. Depuis, de grands progrès ont été faits et à titre d'exemple les sondages atmosphériques (définissant la physique des nuages) sont de nos jours monnaie courante et aisément accessibles sur Internet, affichés sous forme de SkewTs, téphigrammes ou émagrammes.
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+
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+ La dernière version de l'Atlas international des nuages date de 1975 pour le premier volume et de 1982 pour le second mais contient le même classement[33],[34]. Ainsi, l'Atlas définit les cumulus comme étant des nuages de l'étage inférieur (i.e. leur base est généralement à moins de 2 km de hauteur) tandis que les altocumulus castellanus sont des nuages de l'étage moyen (i.e. leur base est entre 2 et 5 km). Cette définition fait fi de leur mode de formation et peut provoquer des confusions. Par exemple, en Arizona les cumulus formés par le réchauffement diurne peuvent avoir leur base à 4 km de hauteur à cause de l'air très sec en surface tandis que certains altocumulus castellanus peuvent avoir leur base à 2 km, voire moins (dans ce cas, ce sont des stratocumulus castellanus). C'est pourquoi des auteurs comme Scorer[35]
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+ ou Corfidi[36]
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+ plaident pour une définition physique des nuages. Ceci est aussi le cas pour les pilotes de planeur. Le même problème apparaît pour les cumulonimbus.
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+ En 1976, la National Aeronautics and Space Administration américaine a d'ailleurs publié son propre classement qui place la structure physique devant la plage d'altitude pour les critères de définition des classes. Cinq familles ou catégories ont été identifiées : Cirriforme, cumuliforme, stratiforme, stratocumuliforme, et cumulonimbiforme[37].
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+
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+ Depuis le début de la Révolution industrielle, l'utilisation de combustible fossile ajoute humidité et particules dans l'atmosphère ce qui va servir à la formation de nuages. Ces nuages peuvent se développer seuls ou augmenter la production de la nébulosité naturelle[38]. Les nuages anthropogéniques, ou homogenitus selon l'Atlas international des nuages de 2017[28], sont ainsi des nuages artificiellement produits par l'activité humaine.
72
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+ Le type de nuages anthropogéniques le plus courant est la traînée de condensation qui se forme à haute altitude dans le sillage des avions. La formation des traînées change l'albédo de l'atmosphère et l’augmentation du trafic aérien mondial produit ainsi un effet sur les échanges énergétiques de l'atmosphère, d'autant plus que le transport aérien tend à augmenter[39],[40],[41]. Ces traînées, par leurs impacts en termes d'effet de serre[42],[43],[44], doubleraient la responsabilité du trafic aérien en termes de contribution au réchauffement[45] (sachant qu'en 2010, les émissions provenant de l'aviation représentaient environ 3 % du total annuel des émissions de CO2 provenant des carburants fossiles)[45], augmentant ainsi une part qu'on estimait autrefois faible par rapport à d'autres modes de transport[46].
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+ Plus bas dans l'atmosphère, les usines, les centrales électriques au charbon et au pétrole, ainsi que les transports produisent localement beaucoup d'humidité et de particules. Même les centrales nucléaires et géothermiques produisent de l'humidité pour leur refroidissement. Dans des conditions d'air très stable, la production de stratus, de brouillard et de smog sera augmenté. Un exemple est celui des traînées de condensation de navires qui augmente l'albédo le long des couloirs maritimes.
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+ Des nuages convectifs se forment aussi lors de feux de forêts (pyrocumulus) ou d'explosions (nuage en champignon). Finalement, les nuages artificiels peuvent aussi être produits volontairement. Les nombreuses expériences de modification du temps impliquent l'augmentation de la nébulosité ou sa diminution par divers moyens.
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+ Enfin les grandes villes créent aussi leurs propres nuages, comme le montrent l'imagerie satellitaire de conurbations comme celles de Londres et de Paris. Au printemps et en été ces zones sont toujours plus nuageuses l'après-midi et le soir (de plusieurs points de pourcentage) que ne le sont les zones rurales périphériques. Alors que l'évaporation est moindre en ville, l'empoussièrement et la chaleur y sont plus élevés et augmentent au cours de la journée. La chaleur forme des turbulences au dessus des villes, qui peuvent attirer l'air plus humide périphérique alors que les particules peuvent faciliter la nucléation de microgouttelettes dans l'air. On a aussi constaté que les Week-end présentent une météorologie différente[47].
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+ Les nuages nacrés sont des nuages qui se forment dans la stratosphère à une altitude située entre 15 000 et 25 000 mètres. Les nuages nacrés sont rares et se forment surtout l'hiver à proximité des pôles. Ils ont été décrits par l'astronome Robert Leslie dès 1885. Ils sont impliqués dans la formation de trous dans la couche d'ozone car ils supportent les réactions chimiques qui produisent des molécules de composés chlorés. Ces molécules servent de catalyseur à la réaction détruisant les molécules d'ozone.
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+ Les nuages noctulescents, aussi connus sous le nom de nuages polaires mésosphériques[48], nuages nocturnes lumineux[49] ou de nuages noctiluques[48], sont des formations atmosphériques de très haute altitude. Pour un observateur terrestre, ils se présentent comme de brillants nuages en forme de filaments ou de nappes, visibles durant le crépuscule profond c'est-à-dire le crépuscule astronomique. La plupart du temps, ces nuages sont observés durant les mois d'été entre les latitudes 50° et 70° au nord et au sud de l'équateur. Ils se trouvent entre 75 et 90 kilomètres d'altitude[49].
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+ Dans les rapports météorologiques, les METAR, la nébulosité et l'opacité des nuages sont signalés. La nébulosité, ou couverture nuageuse, est la fraction du ciel couverte par les nuages d'un certain genre, d'une certaine espèce, d'une certaine variété, d'une certaine couche, ou d'une certaine combinaison de nuages. La nébulosité totale est la fraction du ciel cachée par l'ensemble des nuages visibles[50]. Les deux se mesurent en octas, soit le un huitième de la voûte céleste, ou en dixièmes.
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+ L’opacité est la visibilité verticale à travers les nuages. Les nuages peuvent être minces et transparents comme les cirrus ou bloquer complètement la lumière.
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+ La nébulosité et l'opacité sont estimées en général par un observateur, utilisant parfois des lunettes d'obscurité pour éviter les reflets. Cependant, la nébulosité peut être calculée par la fraction de l'heure où un célomètre enregistre des nuages. De façon alternative, la nébulosité totale peut être estimée par un instrument qui mesure E, l'éclairement sur une surface horizontale, par des estimations de la forme[51] :
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+ L'état du ciel est la description de la nébulosité, de l'opacité, de la hauteur et du type de nuages, ainsi que les obstructions à la visibilité comme le brouillard, les précipitations ou la fumée, à un moment déterminé aux différents étages nuageux[52].
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+
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+ La nébulosité est cumulative, c'est-à-dire qu'elle est la fraction, en octats ou dixièmes de la voûte céleste, couverte par des couches situées à ce niveau et au-dessous. Par exemple, si une couche de nuages de l'étage bas couvre 3 octats, la couche rapporté au niveau moyen sera de 3 octats ou plus. L'opacité est rapportée de la même façon[53].
94
+
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+ L'état du ciel total peut être décrit comme la somme des caractéristiques de la somme des couches de nuages et d'obstruction à visibilité où[54] :
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97
+ Une couche doit être décrite comme « mince » lorsque les deux conditions suivantes s’y retrouvent[54] :
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99
+ Les obstructions à la visibilité, les précipitations, la hauteur des couches, etc. seront ajoutées dans un rapport METAR de l'état du ciel.
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+
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+ La diffusion de la lumière par les gouttelettes des nuages selon la théorie de Mie se fait surtout vers la direction d'où vient la lumière et dans la direction où elle va, c'est la luminance du nuage[55]. Cette lumière provient, pour la plus grande part, directement de l'astre éclairant ou du ciel, mais une part appréciable peut provenir également de la surface terrestre. Ainsi, la blancheur des nuages est maximale lorsque l'observateur dirige son regard dans un axe aligné avec le soleil, soit dans le dos ou devant lui. À tout autre angle, il reçoit seulement une fraction de la luminosité. Naturellement, l'épaisseur et la densité du nuage (notion d'opacité précédemment évoquée) intervient également, d'où la base parfois extrêmement sombre des cumulonimbus.
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103
+ La dispersion de la lumière à travers les cristaux de glace des cirrostratus, obéit quant à elle à la diffusion de Rayleigh qui est isotrope selon l'angle mais dépend de la longueur d'onde. C'est pourquoi on voit souvent des halos circulaires autour du soleil ou des parhélies (ou faux soleils) lorsque ce type de nuage s'interpose.
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+
105
+ La Terre n'est pas le seul corps céleste à avoir une atmosphère où se forment des nuages. De façon générale, la plupart des planètes et lunes du Système solaire possédant une atmosphère importante ont des nuages, mais leur composition est souvent fort différente puisque leur atmosphère est formée de gaz variés. Ainsi par exemple, les nuages épais qui recouvrent Vénus sont formés de dioxyde de soufre, de vapeur d'eau et de gouttelettes d'acide sulfurique, alors que ceux de Jupiter et de Saturne sont faits d'ammoniaque à l'extérieur, de hydrosulfure d'ammonium au milieu et d'eau à l'intérieur[56],[57]. Des nuages semblent également avoir été détectés autour de planètes extrasolaires, et il est très probable que la plupart des planètes des autres systèmes planétaires en possèdent si elles ont une atmosphère, même si des planètes à l'atmosphère « transparente » (sans nuage) semblent également avoir été détectées, y compris des géantes gazeuses.
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107
+ La formation et la classification de ces nuages extraterrestres varient également avec la composition de l'atmosphère considérée.
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