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+ Sous-espèce
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+ Gallus gallus domesticus, en français la Poule domestique (femelle), le coq domestique (mâle), est une sous-espèce de l'ordre des Galliformes. Cet oiseau, principalement issu de la domestication d'une espèce sauvage particulière (le Coq doré), est élevé à la fois pour sa chair, pour ses œufs, pour le combat, pour le chant, parfois pour ses plumes et plus rarement encore pour sa crête (rites). En 2018, de nombreuses races issues de la sélection opérée par les paysans au fil des siècles ont disparu. Il s'agit de l'espèce d'oiseaux dont la population est la plus importante.
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+
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+ Le mâle de la poule est le coq. Un jeune est appelé poussin et un pré-adulte mâle est appelé coquelet puis devient poulet ; un poulet femelle est une poulette. Un jeune coq châtré pour que sa chair soit plus tendre est un chapon. Autrefois on pratiquait également l'ablation des ovaires sur des poulettes destinées à devenir des poulardes. De nos jours il s'agit seulement de poulettes qui n'ont pas encore pondu, et qu'on engraisse de la même manière que les chapons. Chapons et poulardes sont plus corpulents et ont une chair plus grasse que leurs équivalents non castrés.
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+
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+ Cette sous-espèce, bien que d'origine tropicale, a une répartition géographique très large, due à l'action des humains. Elle s'adapte à une multitude de milieux, si l'on excepte les hautes latitudes, au-delà du cercle polaire, où les jours sont trop courts en hiver. Les yeux des poules ne leur permettent pas de voir la nuit (absence de bâtonnets), ce qui en fait un animal diurne exclusivement.
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+
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+ La poule est un animal terrestre et nidifuge.
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+ C'est un animal adapté à la course (trois doigts posés au sol), et volant peu.
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+
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+ Le coq se distingue de la poule par sa taille plus importante, par une crête rouge vif sur la tête et ses barbillons plus développés, par ses ergots, par les coloris plus éclatants de son plumage et par sa queue en panache de plumes. Il se distingue aussi par son cri, le « cocorico » qu'il commence à pousser vers l'âge de 15 semaines (4 mois) bien avant sa maturité sexuelle qui débute vers 25 semaines (6 mois) avant d'être pleinement efficace vers 37 semaines (9 mois). La fertilité du coq décline assez rapidement puisque le coq n'est pleinement fertile que de 9 à 15 mois.
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+
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+ Le coq tient un rôle spécifique dans le troupeau. Lorsqu'il trouve un point d'alimentation intéressant (vers, larves, insectes), il le signale aux poules et les laisse manger sa trouvaille. Lorsqu'un prédateur s'approche ou qu'un rapace survole le troupeau, il donne l'alerte en poussant un grondement particulier. Dès qu'elles l'entendent, toutes les poules se mettent à l'abri sous un arbre ou un buisson. En cas d'attaque, le coq est celui qui fera face aux prédateurs. Il se sacrifie souvent pour donner le temps aux poules de s'enfuir.
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+
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+ La combativité naturelle des coqs est mise à profit pour organiser des combats. Cette tradition fut très vivace dans le Nord de la France, où elle peut encore être observée, et en Belgique, où elle est désormais interdite. Elle perdure également dans le sud-est asiatique, en Amérique du Sud et centrale, ainsi qu'aux Antilles.
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+
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+ À la suite de dérèglements hormonaux, une poule ménopausée peut prendre partiellement les caractères sexuels secondaires du coq.
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+ Dans une basse-cour, les poules sont clairement rangées par ordre de priorité pour la nourriture, les perchoirs, les partenaires sexuels ; généralement, la hiérarchie de dominance est linéaire : elle comporte un animal A qui domine tous les autres, un animal B qui les domine tous sauf l'animal A, etc. De la même manière, une hiérarchie de dominance règne au sein des coqs.
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+
23
+ Les poules sont dotées d'une intelligence assez développée. Par exemple, elles sont capables de reconnaître individuellement chacune des poules du poulailler, même sur photographie[1].
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+ Elles sont également dotées d'empathie. Une étude britannique en 2011 montre que les poules sont sensibles aux souffrances de leurs semblables (augmentation de leur rythme cardiaque et de leurs gloussements lorsqu'elles sont en présence de leurs poussins dont les plumes sont ébouriffées par des souffles d'air)[2],[3].
26
+
27
+ La poule cagnette, caquette (quand elle pond), claquette, cloque (quand elle parle à ses poussins dans l'œuf), clousse (quand elle couve), crételle, glousse (quand elle converse avec ses congénères). Il lui arrive même, rarement, de chanter comme un coq. Son répertoire comporte autour de 24 cris différents, associés à des événements particuliers (différents types de menace, présence de nourriture, etc.)[3].
28
+
29
+ Le poussin pépie, piaille, piaule. Son cri est appelé le pépiement.
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+
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+ Le coq se distingue aussi par son cri, le « cocorico » dont la transcription phonétique varie selon les langues (cock a doodle do en anglais, quiquiriqui en espagnol, kokeriko en espéranto, kukeleku en néerlandais, etc.). Le chant du coq est inné, il n'est pas appris. Des concours de chant de coq sont organisés[4].
32
+
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+ « Cocorico » est aussi un symbole du chauvinisme français, probablement parce que ce cri est interprété comme une manifestation d'orgueil de la part du coq[réf. nécessaire], mais surtout parce que le coq gaulois est l'emblème du pays.
34
+
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+ Si on la laisse en plein air, une poule passe la majeure partie de son temps à déambuler dans l'espace enherbé qu'on met à sa disposition. Elle picore quelques végétaux mais passe surtout beaucoup de temps à gratter le sol à la recherche d'invertébrés, d'insectes ou autres petits animaux (vers, fourmis, amphibiens, lézards, petits rongeurs, etc.) qui lui apportent les protéines dont elle a besoin. La poule est donc une solution idéale pour retourner régulièrement un tas de compost ou de fumier.
36
+
37
+ Si elle n'a pas accès à un lieu enherbé, une poule pondeuse adulte mange entre 100 et 150 grammes de provende par jour soit environ 45 kg/an[5], en sachant qu'elle mange plus en hiver qu'en été pour résister au froid, et que les besoins augmentent aussi pendant la période de mue. Lorsque les poules mangent moins à cause de la chaleur, il est conseillé de leur donner des aliments plus concentrés pour qu'elles aient un apport suffisant en éléments nutritifs malgré la diminution de leur consommation.
38
+
39
+ Idéalement, cette volaille doit avoir libre accès à la nourriture et à l'eau pour pouvoir en consommer à volonté. En général, elle se contente de la quantité nécessaire à la satisfaction de ses besoins nutritifs. À défaut, deux repas par jour sont recommandés[6].
40
+
41
+ L'oiseau est omnivore. Son alimentation varie selon qu'il s'agit d'un poulet en croissance (plus de protéines), d'une poule pondeuse industrielle (plus de calcaire) ou d'un reproducteur mais elle se compose généralement de :
42
+
43
+ Les minéraux peuvent être fournis de façon précise sous forme de granulés disponibles dans le commerce ou sous forme plus aléatoire à partir de divers fruits, légumes, feuilles et graines d'herbacées tels que :
44
+
45
+ L'apport de graines de lin à l'alimentation des poules permet d'augmenter la teneur en oméga 3 des œufs.
46
+
47
+ L'accès à la végétation d'un parcours permet à la poule d'avoir un fort apport en caroténoïdes (lutéine, zéaxanthine) qui donnent une couleur intense au jaune d’œuf[10] (les capucines, les roses d'Inde, le chou kale et les pissenlits sont les aliments les plus riches en lutéine). Les poules élevées en cage reçoivent une alimentation enrichie en zéaxanthine de synthèse pour avoir un jaune de couleur soutenue.
48
+
49
+ On peut également préparer des pâtées. Ainsi la poule de Bresse (seule volaille dont l'appellation d'origine est préservée administrativement) est engraissée pendant les deux dernières semaines uniquement de farine de maïs blanc délayé dans du lait et elle est abreuvée au lait et petit lait, ce qui contribue à lui donner une chair blanche.
50
+
51
+ Les agriculteurs spécialisés (nommés « aviculteurs » par l'administration française) considèrent qu'il faut 4 kg de céréales pour produire 1 kg de poulet[11].
52
+
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+ On trouve dans le commerce des mélanges de grains ou des granulés dont la composition correspond exactement aux besoins des volailles selon leur type (pondeuse, poulet de chair ou poussins). Les mélanges de grains sont appréciés des volailles mais, comme elles peuvent trier, il arrive que certaines graines ne soient pas consommées. Les granulés évitent ce genre de problème mais ils sont parfois boudés par les volailles.
54
+
55
+ Poules et coqs sont sexuellement matures à partir de l'âge de cinq à neuf mois selon les races et la quantité de lumière reçue pendant les premiers mois (plus on éclaire de jeunes poules, plus elles seront matures jeunes mais plus la taille de leurs œufs sera réduite[12]).
56
+
57
+ La pleine maturité des poules et des coqs survient entre huit et quinze mois, ce sont donc des volailles de cet âge qu'il faut utiliser de préférence lorsqu'on cherche à faire de la reproduction. En effet, à partir de seize mois, les coqs sont moins fertiles[13] et les poules pondent des œufs plus gros, plus fragiles et moins nombreux.
58
+
59
+ La taille et le poids des œufs évoluent avec l'âge de la poule. La poule pond (même en l'absence d'un coq) un œuf par jour ou un tous les deux jours (en moyenne un œuf tous les 26 heures, soit cent à trois cents œufs par an selon les races et l'âge). Ils sont de couleurs variées selon les races de poules pondeuses. Les consommateurs urbains achètent certaines couleurs : œufs roux en Europe, blancs aux États-Unis, par exemple ; cela procède d'un préjugé fortement ancré socialement.
60
+
61
+ Animal ovipare, les œufs de la poule correspondent à des ovules non fécondés. L'œuf ne peut bien sûr être fécondé que s'il y a présence d'un coq, ce qui permettra de donner naissance aux poussins. En aviculture, il est conseillé pour obtenir un bon résultat de fécondation d'avoir un cheptel équilibré entre mâles et femelles :
62
+
63
+ La poule ovule de nouveau 15 à 20 minutes après avoir pondu. On pense souvent que la poule caquète après la ponte pour manifester sa « joie » mais il s'agit en fait d'un appel au coq pour lui préciser que c'est le moment où elle est fécondable (environ trente minutes par jour). En effet, une fois qu'un nouveau jaune est engagé dans l'oviducte, le coq ne coche plus la poule car ses spermatozoïdes seraient rejetés par l’œuf cheminant en sens inverse. De fait, le premier œuf pondu après un coït est fécondé (si le coq produit un sperme de bonne qualité).
64
+
65
+ Après chaque coït, la poule conserve des spermatozoïdes utilisables sur les œufs qui seront pondus dans les une à trois semaines suivantes mais cela n'empêche pas le coq de la « cocher » quotidiennement.
66
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+ L'intensité de ponte correspond au nombre d’œufs pondus sur une période donnée. Ainsi, si une poule pond neuf œufs en dix jours, elle a une intensité de ponte de 90 % sur cette période. Ce ratio varie en fonction de l'âge de la poule et des saisons avec des séries de ponte sans pause plus longues en été qu'en hiver. Lors du pic de ponte, une poule peut faire des séries ininterrompues de ponte de vingt à trente œufs sans aucune pause. Les séries de ponte sont fonction des séquences d'ovulation et d'ovoposition (acte de pondre et de placer ses œufs dans un endroit particulier)[14]. La durée des séries diminue avec l'âge de la poule.
68
+
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+ Le seuil d'intensité de ponte minimal de rentabilité des poules industrielles est de 65 % soit environ vingt œufs par mois. L'âge de l'intensité de ponte maximale des poules « industrielles » se situe entre sept et neuf mois (90 % d'intensité de ponte soit environ 27 œufs par mois). À partir de neuf mois, l'intensité de ponte diminue progressivement pour attendre 65 % vers seize mois (âge auquel elles sont abattues pour être remplacées par de nouvelles poules de cinq mois).
70
+
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+ Dans son aire d'origine, la poule pond toute l'année, les saisons n'étant pas marquées. Dans les zones tempérées, l'intensité de ponte diminue quand les jours raccourcissent (de juillet à décembre pour éviter d'avoir des poussins pendant la saison froide). L'intensité de ponte augmente quand les jours rallongent car l'hormone déclenchant l'ovulation n'est produite qu'après au moins dix heures d'exposition de la poule à la lumière (notion de photopériode).
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+
73
+ La ponte peut s'arrêter temporairement pour différentes raisons :
74
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+ Chaque année, la poule diminue son intensité de ponte d'environ 20 %, jusqu'à épuisement des ovocytes (ménopause, vers 7-9 ans)[15].
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77
+ Si une poule reçoit au moins dix heures de lumière en une journée, elle libère, le lendemain matin, un ovocyte dans l'oviducte. Cet ovocyte aura passé les dix jours précédant sa libération à accumuler des réserves nutritives pour former le vitellus (plus connu sous le nom de « jaune d'œuf »), c'est la période dite de vitellogénèse où l'ovule passe de 200 mg à 15 g[14].
78
+
79
+ Le vitellus est d'abord libéré seul dans l’infundibulum (c'est seulement là qu'il est fécondable si du sperme est disponible. Les spermatozoïdes mettent entre 15 minutes et 24 heures après le coït pour remonter du vagin à l'infundibulum) puis, en passant dans le magnum, il s'entoure d'albumen (le blanc) et des chalazes (durée : 3 heures), de membranes coquillières en passant dans l'isthme (durée : 1 à 1,5 heure) puis la coquille est fabriquée dans la glande à coquilles de l'utérus en seize à dix-neuf heures. La coquille ne mesure que 0,3 mm d'épaisseur mais, à la verticale, un œuf peut supporter un poids de 3 kg. Enfin, l'œuf est recouvert d'une cuticule de protection. Pendant tout le trajet, l'œuf se déplace la pointe en avant mais il est retourné lors de la calcification et sort donc par le gros bout. La ponte a lieu le plus souvent en fin de matinée.
80
+
81
+ Le temps total nécessaire pour transformer un ovule et son vitellus en un œuf complètement développé est d'environ 25 à 26 heures. Environ 30 à 75 minutes après qu'une poule a pondu un œuf, l'ovaire libère l'ovule suivant. Cependant, l'ovulation se produit habituellement dans des conditions optimales de lumière du jour et donc presque jamais après 15 h. Ainsi, lorsqu'une poule pond un œuf trop tard dans la journée, la prochaine ovulation se produit le lendemain, et la poule a donc un jour de pause où elle ne pond pas d’œuf[16].
82
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83
+ Les œufs sont pondus dans des nids grossièrement bâtis. Une fois que huit à douze œufs sont déposés dans le nid, la poule commence à couver si elle est âgée d'au moins 40 semaines[17] et appartient à une race couveuse comme la poule soie, l'Orpington, la Sussex ou la Cochin par exemple). On dit qu'une poule n'est pas bonne couveuse quand elle couve peu ou mal, c'est-à-dire qu'elle se désintéresse de ses œufs après une ou deux semaines de couvaison (cas fréquent avec les poules hybrides industrielles).
84
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+ Lors de la couvaison, la poule change de comportement. Elle se met à glousser dès qu'on l'approche et se déplume au niveau du bréchet, le tout étant déterminé par une augmentation du taux de progestérone. Les œufs sont alors incubés : la poule se lève une fois par jour pour s'alimenter et prendre un bain de terre pour se nettoyer (dans un poulailler, on pourra mettre en place un bac abrité de la pluie et rempli de sable, cendre, copeaux de bois et poudre insecticide) ; elle retourne régulièrement les œufs (indispensable au développement harmonieux du fœtus).
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+ Contrairement à une idée très répandue, la température des poules en période de couvée diffère à peine de celle des poules en période normale[18]. La température moyenne du corps d’une poule varie entre 40,5 et 41,7 °C. Au départ de la couvaison, la poule diffuse beaucoup de chaleur, mais vers la fin, elle chauffe moins les œufs, le métabolisme des poussins prenant le relais. Le développement embryonnaire s'effectue au cours d'une période d'incubation pendant laquelle l'œuf est maintenu à une température d’environ 38 à 39 °C (température optimale au centre d’un œuf incubé). Lorsque la couvaison est assurée par une poule (et non par une couveuse), la surface supérieure de l’œuf peut atteindre 39,4 °C mais si l'embryon est exposé à une température supérieure, il ne survit pas.
88
+
89
+ La poule ne commence à couver qu'au dernier œuf pondu, de manière que les poussins se développent et éclosent en même temps (il faut dix-neuf à vingt-et-un jours, selon les races et la taille). Un œuf fécondé peut donc se conserver une quinzaine de jours avant d'être couvé et donner naissance à un poussin[19]. Une fois la couvaison démarrée, il est recommandé de déplacer la poule et ses œufs (à la nuit tombée) dans un espace isolé des autres poules pour que la poule couveuse ne soit pas dérangée par les autres poules qui voudront continuer à pondre dans leur pondoir habituel. Le déplacement est aussi utile pour protéger les poussins à la naissance car ils peuvent être tués par les autres poules lors de leur premier mois. En cas de déplacement, il est possible que la poule cesse de pondre dans les deux ou trois jours suivants.
90
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91
+ Les poussins sont élevés d'un à trois mois selon les races. Les jeunes s'emplument progressivement (les mâles ont parfois un retard d'emplumage qui facilite le sexage[20]). Lorsque le taux de progestérone baisse chez la mère, et qu'elle va recommencer à pondre, elle rejette les jeunes, qui vivent alors en fratrie jusqu'à l'âge adulte.
92
+
93
+ La couvaison peut être stimulée en laissant les œufs s'accumuler dans un pondoir à l'abri de la lumière pendant une quinzaine de jours[14].
94
+
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+ Le déclenchement de la couvaison est due à la sécrétion de l'hormone prolactine par le lobe antérieur de l'hypophyse. L'injection de prolactine chez les poules provoque l'arrêt de la ponte en quelques jours avec régression des ovaires.
96
+
97
+ Les poules pondeuses industrielles sont sélectionnées pour leur faible aptitude à la couvaison puisqu'une poule qui couve cesse de pondre pendant les vingt-et-un jours de la couvaison et pendant le mois suivant où elle s'occupe de sa progéniture. Les poussins industriels sont donc incubés en incubateurs artificiels automatisés à une température de 37,5 °C en couveuse ventilée ou 39 °C en couveuse simple.
98
+
99
+ Les poules muent chaque année généralement en fin d'été ou en automne. La première mue intervient vers 70 semaines soit 16 mois. C'est pour cette raison que les producteurs d’œufs renouvellent leur cheptel tous les 16 mois.
100
+
101
+ La mue s'effectue progressivement en démarrant par la tête pour finir par la queue. Elle peut durer de 2 à 6 mois (selon les races). Les poules à mue longue muent dès l'été. Elles sont généralement écartées de la sélection car la période de mue est une période à ponte réduite voire nulle. Les poules à forte intensité de ponte ont toujours une période de mue réduite[14].
102
+
103
+ La perte de plumes n'est pas toujours due à la mue. Une attaque de parasites ou un coq trop entreprenant peuvent entraîner également la chute de plumes.
104
+
105
+ Lors de la mue, la poule a besoin d'un apport plus important en protéines. On pourra par exemple lui donner des vers de farine, des graines de tournesol, des œufs brouillés, de la nourriture pour chat ou du poisson.
106
+
107
+ Compte tenu de la fragilité des nouvelles plumes, mieux vaut ne pas porter une poule et ne pas tailler ses plumes des ailes lorsqu'elle mue. Il convient également de limiter les facteurs de stress pendant cette période. On évitera par exemple d'introduire de nouvelles poules dans le groupe à cette période.
108
+
109
+ Une mue peut être volontairement induite par un stress tel qu'une baisse de luminosité soudaine ou une privation de nourriture ou d'eau pendant 7 à 28 jours par exemple[21]. Certains éleveurs américains (la pratique de la mue forcée est interdite dans de nombreux pays) induisent donc une mue après 50 semaines de production de façon à avoir ensuite un second cycle de ponte intense de 35 semaines.
110
+
111
+ Les particuliers propriétaires de poules se demandent souvent pourquoi leurs poules ne pondent plus, ou moins. Le phénomène est généralement dû à une période de mue en cours ou à un âge trop avancé de la poule.
112
+
113
+ Si la longévité de la poule peut atteindre dix-huit ans, les prédateurs, les nombreuses maladies et sa santé fragile ne lui permettent que rarement de vivre plus de douze ans. La ménopause survient vers 7-9 ans, lorsque les 600 à 1000 ovocytes de l'ovaire unique sont épuisés. Cependant, elle survient beaucoup plus tôt pour les poules d'élevage.
114
+
115
+ Les poules pondeuses sont généralement abattues après une saison de ponte vers l'âge de 18 mois (70 à 80 semaines). Elles pourraient continuer à pondre, mais seulement après une période de mue et d'improductivité de deux à trois mois qui affecterait la rentabilité si on continuait à les nourrir pendant cette période. De plus, pendant la mue, la poule est plus sensible aux maladies et par la suite, ses œufs sont moins nombreux (environ 20 % d’œufs en moins chaque année), trop gros pour entrer dans les emballages de la grande distribution et plus fragiles (car la quantité de calcaire utilisée pour fabriquer la coquille est programmée génétiquement et reste donc identique pour un œuf plus gros, la coquille est donc plus fine et plus poreuse[22]).
116
+
117
+ En captivité, le coq et la poule domestiques ont besoin d'un poulailler pour vivre, entre autres pour se protéger du vent et de la pluie. Cet abri comporte perchoirs, nids (caisses stables remplies de foin ou paille) et abreuvoirs. Il mesure environ 1 m² pour 2 poules.
118
+
119
+ Différents espèces de gallinacés sauvages sont apparues sur chaque continent : le tétras en Europe, la pintade en Afrique, la dinde en Amérique et le coq doré (Gallus gallus) en Asie. C'est cette dernière espèce qui a donné lieu à la première domestication dans plusieurs régions d'Asie du Sud-est vers -6 000 avant JC[23]. Puis sa forme domestique s'est diffusée dans le monde entier pour la production de viande et d'œufs, si on se base sur le fait que le mot pour désigner le poulet domestique — *manuk — appartient à la langue reconstituée proto-austronésienne. Les poules, avec les chiens et les cochons, faisaient partie des animaux domestiques de la culture Lapita, la première culture néolithique de l'Océanie[24].
120
+
121
+ Grâce au commerce antique et aux mouvements de populations, les poules ont atteint tous les continents. En Égypte, en Grèce et en Italie, on les élevait pour l'alimentation, les combats, mais aussi comme animal d'ornement[25].
122
+
123
+ Les premières représentations de poules en Europe se trouvent sur les céramiques corinthiennes du VIIe siècle av. J.-C. Le premier élevage de poules retrouvé, était situé en Judée, pendant la période hellénique[26].
124
+
125
+ Sur l'île de Pâques, les poules n'ont été introduites par les navigateurs polynésiens que vers le XIIe siècle, et elles y étaient le seul animal domestique. Elles étaient logées dans des poulaillers de pierre particulièrement solides[27].
126
+
127
+ De même, les poules Araucana qui pondent des œufs à coquille bleue-verte[28], sont arrivées en Amérique bien avant l'explorateur Christophe Colomb. Elles y ont été introduites par les Polynésiens, selon une étude génétique publiée dans les Annales de l'Académie nationale des Sciences.
128
+
129
+ Vers 1850, les premières poules asiatiques « géantes » comme la Cochin furent introduites en Europe et donnèrent lieu à ce qu'on appela alors la « Cochinmania »[29].
130
+
131
+ Le génome de la poule est composé de 39 chromosomes (2n=78) dont 5 macro chromosomes, 33 micro chromosomes et un chromosome sexuel (système ZW de détermination sexuelle)[30]. Le coq (ZZ) a 2 chromosomes Z alors que la poule (ZW) a un chromosome Z et un chromosome W (celui-ci est vide et n'a qu'un rôle sexuel). Les gènes qu'on trouve sur le chromosome Z sont dits « liés au sexe » (sex link) et les gènes présents sur les autres chromosomes sont dits autosomaux.
132
+
133
+ L'amélioration génétique des différentes souches de poules a permis d'améliorer énormément la productivité au cours des 50 dernières années. En 1950, les meilleurs poules pondeuses pondaient 160 œufs par an contre 320 en 2015. Dans le même temps, les troupeaux ont vu leur taux de mortalité passer de 50 % à 5 % grâce à la vaccination et la quantité de nourriture nécessaire a été divisée par deux grâce à la réduction du poids des pondeuses.
134
+
135
+ Comme les poules ont seulement un allèle lié au sexe pour un locus donné, les allèles dominants et récessifs liés au sexe sont exprimés avec un seul gène (dit « hémizygote »). Si un allèle récessif lié au sexe est homozygote chez le mâle et qu'un allèle dominant lié au sexe est présent chez la femelle, tous les mâles issus du croisement hériteront du gène dominant lié au sexe de la mère, et toutes les femelles hériteront du gène récessif lié au sexe du père. L'inverse (père avec allèles dominants et mère avec allèle récessif) ne fonctionne pas de la même manière car tous les descendants auront le gène dominant.
136
+
137
+ Par exemple, dans un croisement de type « Red sex link », on croise un mâle doré (donc à gène sexuel homozygote récessif s+/s+) avec une femelle argentée (donc à gène sexuel hémizygote dominant S/-), on obtient alors obligatoirement des mâles uniquement argentés (S/s+) et des femelles uniquement rousses (s+/-) car l'allèle sexuel des femelles est obligatoirement donné par le père.
138
+
139
+ Ce phénomène est parfois utilisé pour sexer les poussins à la naissance.
140
+
141
+ En raison de l'existence d'un gène blanc dominant (comme chez la Leghorn par exemple), il est impossible d'utiliser une volaille blanche pour faire du sex link[31].
142
+
143
+ La couleur d'une poule peut beaucoup évoluer entre le stade poussin et le stade mature. Par exemple, un poussin noir peut donner une poule barrée, un poussin jaune peut devenir blanc, etc. Il faut donc attendre la maturité (vers cinq à six mois) pour connaitre la couleur définitive d'une poule (sauf si on connait ses caractéristiques génétiques qui, dans certains cas, permettent d'être fixés au préalable).
144
+
145
+ La poule ne dispose que de deux pigments pour créer ses différentes couleurs de robe : un pigment roux appelé phéomélanine (qui donne toutes les nuances du rouge au jaune en passant par le brun, le beige et l'orangé) et un noir appelé eumélanine (qui donne toutes les nuances de gris clair, foncé ou bleuté).
146
+
147
+ Certains gènes affectent uniquement les zones de phéomélanine. Par exemple :
148
+
149
+ Certains gènes affectent uniquement les zones d'eumélanine. Par exemple si la poule dispose des gènes bleus Bl ou brun Id, l'eumélanine est diluée en ces couleurs.
150
+
151
+ D'autres gènes affectent à la fois l’eumélanine et la phéomélanine, par exemple, le gène Lavande -lav dilue l'eumélanine en lavande pâle et la phéomélanine en beige pâle.
152
+
153
+ Trois gènes différents peuvent être à l'origine d'un plumage blanc, ce qui rend plus complexe la gestion de cette couleur :
154
+
155
+ Certains caractères s'expriment plus ou moins selon le nombre d'allèles qui les expriment. Par exemple, un coq barré homozygote B/B aura des rayures blanches plus épaisses et aura donc une apparence plus claire qu'un coq B/b+. Une femelle B/- (gène lié au sexe) aura le même type de rayures qu'un mâle B/b+ puisque le dosage de B est identique. Les femelles barrées ont une apparence plus foncée car elles ne peuvent pas porter qu'un gène barré puisque c'est un gène lié au sexe.
156
+
157
+ Autre exemple, le croisement d'une poule naine (dw/-) avec un coq normal (Dw/Dw) donnera des mâles normaux mais un peu plus petits (Dw/dw) et des femelles normales (Dw/-)
158
+
159
+ Le 9 décembre 2004, la revue scientifique Nature a annoncé qu'une équipe internationale de 170 chercheurs est parvenue à établir le séquençage du génome de la poule. C'est le premier génome d'oiseau séquencé.
160
+
161
+ Elle serait issue des sous-espèces du coq doré, ainsi que d'autres sous-espèces disparues, car :
162
+
163
+ L'amélioration génétique de la poule fait l'objet de nombreuses recherches par les grandes multinationales productrices d’œufs et de poussins. Les amateurs sont aussi nombreux à faire des essais de croisements et peuvent s'aider de calculateurs génétiques disponibles sur Internet[33].
164
+
165
+ Il existe plus de 200 grandes races de poules (dont 45 françaises), de forme, de taille et de couleur diverses et autant de races naines.
166
+
167
+ Coq crèvecœur.
168
+
169
+ Poule gâtinaise.
170
+
171
+ Poule nègre-soie, variété blanche.
172
+
173
+ Coq orpington fauve.
174
+
175
+ Padoue frisée blanche.
176
+
177
+ Poule Rhode Island.
178
+
179
+ Plymouth barrée.
180
+
181
+ Poules issues de croisements, de type « industriel ».
182
+
183
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
184
+
185
+ Traditionnellement, l'élevage se faisait en basse-cour. Dès le Moyen Âge, chaque ferme ou même chaque maison villageoise avait un poulailler qui fournissait des œufs pour la consommation familiale et pour la vente au marché, ce qui permettait un revenu régulier même avec un effectif très réduit.
186
+ La gestion du poulailler était le domaine des femmes et des enfants.
187
+
188
+ L'élevage industriel utilise le plus souvent des cages disposées en batteries ou au sol, dans des poulaillers. Le législateur a dû intervenir pour réglementer l'espace vital des poules en batterie. Pour sa part, le Conseil de l'Union européenne a pris la directive 1999/74/CE qui impose que les cages aménagées offrent une surface minimale de 750 cm2 par animal (contre 500 cm2 auparavant). Cette directive entre en application en novembre 2011.
189
+
190
+ Pour stimuler la ponte, l'accouveur joue sur l'éclairage dont la durée quotidienne est progressivement augmentée pour atteindre jusqu'à seize heures en période de ponte.
191
+
192
+ L'aviculture pose des problèmes de maltraitance animale. L'INRA constatait en 2004 que 75 à 90 % des poulets claudiquaient, dont 26 à 30 % « sévèrement ». Selon le Canard enchaîné du 26 juillet 2006, qui rapporte ces chiffres, ils passent près de 90 % du temps couchés faute d'espace (contre 60 à 70 % dans les années 1980), ce qui entraîne des déformations des pattes.
193
+
194
+ En 2014, la France était le quatrième plus gros producteur européen de poulets (derrière la Pologne, le Royaume-Uni et l'Allemagne) avec 500 millions de poulets de chair et 47 millions de poules pondeuses. La consommation moyenne annuelle de poulet était de 26 kg par habitant[34]. En 2016, ont été élevés et abattus : 66 milliards de poulets dans le monde, 7,4 milliards de poulets au sein de l’Union européenne, 800 millions de poulets en France[35].
195
+
196
+ De tous les œufs mis sur le marché, les œufs de poule sont de loin les plus consommés.
197
+
198
+ Un coquelet est un poulet qui est abattu à un poids inférieur à un kilogramme (alors que le poids d'un poulet standard peut varier de 1,5 à 2,5 kg et plus).
199
+
200
+ On choisit une race de poules en fonction de l'usage qu'on souhaite en faire. En effet, il existe des races :
201
+
202
+ En hiver, les poules pondent moins, voire pas du tout. Pour assurer une petite production d’œufs durant cette période froide, on peut opter pour une poule réputée bonne pondeuse l’hiver, telles que l’Orpington, la poule d’Alsace, la géline de Touraine, la gâtinaise ou la Faverolles.
203
+
204
+ Il existe différents modes d'élevages[40] :
205
+
206
+ Élevage fermier en plein air (à la belle saison, les poules trouvent l'essentiel de leur ration sur les parcours)
207
+
208
+ Élevage en parcs type Label Rouge (les bandes de poules sont alimentées par l'éleveur)
209
+
210
+ Élevage intensif au sol
211
+
212
+ Élevage en batterie industriel de poules pondeuses issues de Leghorn - « type américain ».
213
+
214
+ La poule est la proie de nombreux prédateurs : renard, chien domestique ou errant, fouine, belette, rat, rapaces, etc. Dans un élevage, la seule solution efficace contre la majorité des prédateurs est la clôture électrifiée (en bas et en haut). Les poussins sont des proies encore plus faciles qu'il convient de protéger étroitement au moins les 3 premiers mois.
215
+
216
+ Grâce au séquençage du génome du coq Bankiva, dernier ancêtre sauvage des poules domestiques, on a trouvé une mutation du récepteur de l'hormone thyréostimuline. Cette mutation a libéré la poule de sa dépendance (pour la reproduction et de ponte) à la durée du cycle jour-nuit. Cette mutation semble dater de plusieurs milliers d'années et elle a permis aux poules domestiques de pondre presque toute l'année, ou toute l'année quand on les éclaire artificiellement[42].
217
+
218
+ En France[43],[44]
219
+
220
+ En 2010 :
221
+
222
+ En 2008 :
223
+
224
+ Plus de 80 % de la production française en œufs provenaient d'élevages en batteries.
225
+
226
+ En Europe, le marquage des œufs commercialisés pour la consommation humaine est facultatif. Pour les paysans producteurs fermiers, ce droit au non-marquage est soumis :
227
+
228
+ Certains aspects seront susceptibles d'être vérifiés pas la DDT ; d'autres par la DGCCRF.
229
+
230
+ Pour les autres productions d’œufs (y compris pour des productions incluant la dénomination « Œufs fermiers » sous forme de marque commerciale), le passage par un centre d'emballage agréé et l'impression d'un code sur les coquilles est obligatoire :
231
+
232
+ Le poulet est sensible à de nombreuses maladies, dont la grippe aviaire hautement pathogène (H5N1 notamment). Mais aussi la salmonellose, transmissible à l'homme, la coccidiose (maladie liée à la non-propreté du poulailler), qui ne l'est pas, et de nombreux autres virus et parasites mortels.
233
+
234
+ Tous les poussins issus de l'industrie avicole sont généralement vaccinés dans l’œuf (vaccination In Ovo) ou à la naissance par injection ou vaporisation notamment contre le virus de la bronchite infectieuse aviaire, la maladie de Newcastle, la maladie de Marek, la maladie de Gumboro et la coccidiose.
235
+
236
+ La vermifugation est recommandée pour lutter contre les vers tels qu'ascaridia et capillaria qui peuvent envahir l'intestin des volailles et les affaiblir. D'autres parasites tels que le pou rouge ou le pou mallophage (ou broyeur) s'attaquent aussi fréquemment aux poules en contact avec les oiseaux sauvages.
237
+
238
+ Expressions autour de la poule
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+
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+ Musique :
241
+
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+ Sculpture :
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+
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+ Objets :
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+
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+ Der erste Schnee, par Ludwig Richter, 1840.
247
+
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+ Gustav Klimt : Garten mit Hühnern in St. Agatha, 1899.
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+ Poule et poussins, par un artiste chinois anonyme de la Dynastie Song (960–1279).
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+ La digestion est un mode de transformation mécanique et chimique des aliments en nutriments assimilables ou non par l'organisme.
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+ Par définition, la digestion est un processus présent chez tous les organismes hétérotrophes. Cette digestion se réalise dans un système digestif qui peut correspondre à une simple vacuole digestive d'une eubactérie, ou se spécialiser comme c'est le cas des mammifères ruminants (vache, etc.). La digestion peut aussi se définir comme étant la simplification moléculaire c’est-à-dire la transformation des macromolécules (molécules de grandes tailles) en micromolécules.
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+ Des aliments aux nutriments : pour transformer les aliments en nutriments, il faut passer par une étape obligatoire : la digestion. Une première phase de la digestion est mécanique et buccale, les aliments étants préparés dans la bouche pour leur ingestion stomacale. Ainsi il convient de ne pas fumer avant de manger pour ne pas détruire le ferment salivaire permettant la première transformation utile des aliments ingérés. La digestion est assurée par le tube digestif et ses glandes annexes : glandes salivaires, hépatique et pancréatique. Elle permet de transformer les aliments en petites molécules absorbables par les cellules du tube digestif et utilisables par l’organisme. Dans sa phase stomacale, le suc gastrique produit un acide qui permet une meilleur assimilation des aliments, dont la fabrication est favorisée dès la perception des odeurs de cuisine, ce qui produit de l'appétit. Le suc intestinal permet de digérer les sucres. Il accompagne l'action du suc pancréatique, et de celui de la bile dont l'action digestive se situe dans la partie de l'estomac nommée duodénum. La bile venant du foie, agit sur les graisses qu'elle rend assimilables. Le suc pancréatique possède plusieurs ferments dont la trypsine fait pour digérer surtout la viande. L'estomac peut assimiler l'eau et le sel, mais en quantité réduite, l'assimilation la plus importante se faisant dans la première partie de l'intestin grêle, le duodénum et le jéjunum. La digestion peut durer de quelques minutes à plusieurs heures, selon la qualité, la composition, la préparation et les conditions du repas. Une moyenne difficile à établir avec précision, peut s'établir entre huit ou dix, voire douze heures. Elle est variable selon les personnes.
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+ Le processus de digestion n'est pas réservé aux animaux. Des plantes carnivores capturent d'autres organismes, le plus souvent des animaux invertébrés, et les digèrent de manière chimique. Les champignons sont aussi en mesure de digérer de la matière organique. Les champignons entomopathogènes sont même capables de parasiter un insecte, de le tuer, et de se développer aux dépens de son cadavre.
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+
2
+
3
+ monoxyde de dihydrogène, oxyde d'hydrogène, hydrogénol, hydroxyde d'hydrogène, oxyde dihydrogéné, oxydane
4
+
5
+ 12,4 mbar (10 °C)
6
+ 23,4 mbar (20 °C)
7
+ 42,5 mbar (30 °C)
8
+ 73,8 mbar (40 °C)
9
+ 123,5 mbar (50 °C)
10
+ 199,4 mbar (60 °C)[6]
11
+
12
+ équation[7] :
13
+
14
+
15
+
16
+
17
+ P
18
+
19
+ v
20
+ s
21
+
22
+
23
+ =
24
+ e
25
+ x
26
+ p
27
+ (
28
+ 73.649
29
+ +
30
+
31
+
32
+
33
+
34
+ 7258.2
35
+
36
+ T
37
+
38
+
39
+ +
40
+ (
41
+
42
+ 7.3037
43
+ )
44
+ ×
45
+ l
46
+ n
47
+ (
48
+ T
49
+ )
50
+ +
51
+ (
52
+ 4.1653
53
+ E
54
+
55
+ 6
56
+ )
57
+ ×
58
+
59
+ T
60
+
61
+ 2.0000
62
+
63
+
64
+ )
65
+
66
+
67
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(73.649+{\frac {-7258.2}{T}}+(-7.3037)\times ln(T)+(4.1653E-6)\times T^{2.0000})}
68
+
69
+
70
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 273,16 à 647,13 K.
71
+ Valeurs calculées :
72
+ 3 170,39 Pa à 25 °C.
73
+
74
+ équation[7] :
75
+
76
+
77
+
78
+
79
+ P
80
+
81
+ v
82
+ s
83
+
84
+
85
+ =
86
+ e
87
+ x
88
+ p
89
+ (
90
+ 35.169
91
+ +
92
+
93
+
94
+
95
+
96
+ 6149.4
97
+
98
+ T
99
+
100
+
101
+ +
102
+ (
103
+
104
+ 1.3785
105
+ )
106
+ ×
107
+ l
108
+ n
109
+ (
110
+ T
111
+ )
112
+ +
113
+ (
114
+ 5.4788
115
+ E
116
+
117
+ 3
118
+ )
119
+ ×
120
+
121
+ T
122
+
123
+ 1.0000
124
+
125
+
126
+ )
127
+
128
+
129
+ {\displaystyle P_{vs}=exp(35.169+{\frac {-6149.4}{T}}+(-1.3785)\times ln(T)+(5.4788E-3)\times T^{1.0000})}
130
+
131
+
132
+ Pression en pascals et température en kelvins, de 149,3 à 273,16 K.
133
+ Valeurs calculées :
134
+
135
+ L'eau est une substance chimique constituée de molécules H2O. Ce composé est très stable et néanmoins très réactif, et l'eau liquide est aussi un excellent solvant. Dans de nombreux contextes, le terme eau est employé au sens restreint d'eau à l'état liquide, ou pour désigner une solution aqueuse diluée (eau douce, eau potable, eau de mer, eau de chaux, etc.).
136
+
137
+ L'eau est ubiquitaire sur Terre et dans l'atmosphère, sous ses trois états, solide (glace), liquide et gazeux (vapeur d'eau). L'eau extraterrestre est également abondante, sous forme de vapeur d'eau dans l'espace et sous forme condensée (solide[b] ou liquide) à la surface, près de la surface ou à l'intérieur d'un grand nombre d'objets célestes.
138
+
139
+ L'eau est un constituant biologique important, essentiel sous sa forme liquide pour tous les organismes vivants connus[c]. Compte tenu de son caractère vital, de son importance dans l'économie et de son inégale répartition sur Terre, l'eau est une ressource naturelle dont la gestion est l'objet de forts enjeux géopolitiques.
140
+
141
+ La formule chimique de l’eau pure est H2O. L’eau que l’on trouve sur Terre est rarement un composé chimique pur, l’eau courante étant une solution d'eau, de sels minéraux et d'autres impuretés. Les chimistes utilisent de l'eau distillée pour leurs solutions, mais cette eau n'est pure qu'à 99 % : il s'agit encore d'une solution aqueuse.
142
+
143
+ Majoritairement observable sur Terre à l'état liquide, elle possède les propriétés d'un puissant solvant : elle dissout facilement et solubilise rapidement de nombreux corps sous forme d'ions, ainsi que de nombreuses autres molécules gazeuses[d], et par exemple les composants de l'air, en particulier l'oxygène ou le dioxyde de carbone. L'expression « solvant universel »[11] est toutefois sujette à maintes précautions, beaucoup de matériaux naturels (roches, métaux, etc.) étant non solubles dans l'eau (dans la plupart des cas ou de manière infime).
144
+
145
+ La surface de la Terre est recouverte à 71 % d’eau[12] (97 % d’eau salée et 3 % d’eau douce dans différents réservoirs) sous différentes formes :
146
+
147
+ La circulation de l’eau au sein des différents compartiments terrestres est décrite par le cycle de l'eau. En tant que composé essentiel à la vie, l’eau a une grande importance pour l'Homme[13] mais aussi pour toutes les espèces végétales et animales. Source de vie et objet de culte depuis les origines de l'Homme, l'eau est conjointement, dans les sociétés d'abondance comme la France, un produit de l'économie et un élément majeur de l'environnement.
148
+
149
+ Le corps humain est composé à 65 % d’eau pour un adulte, à 75 % chez les nourrissons et à 94 % chez les embryons de trois jours. Les cellules, quant à elles, sont composées de 70 % à 95 % d'eau. Les animaux sont composés en moyenne de 60 % d'eau et les végétaux à 75 %. On trouve néanmoins des extrêmes : la méduse (98 %) et la graine (10 %)[14].[réf. nécessaire]
150
+
151
+ L'eau a la propriété particulière de présenter une anomalie dilatométrique : sa phase solide est moins dense que sa phase liquide, ce qui fait que la glace flotte[15].
152
+
153
+ Le terme eau est un dérivé très simplifié du latin aqua via les langues d'oïl. Le terme aqua a été ensuite repris pour former quelques mots comme aquarium. Un mélange aqueux est un mélange dont le solvant est l'eau. Le préfixe hydro dérive quant à lui du grec ancien ὕδωρ (hudôr) et non pas de ὕδρος (hudros) lequel signifie « serpent à eau » (d'où l'hydre ).
154
+
155
+ Par « eau », on comprend souvent liquide incolore constitué en majorité d'eau, mais pas uniquement d'eau pure. Suivant sa composition chimique qui induit son origine ou son usage, on précise :
156
+
157
+ L'eau a été trouvée dans des nuages interstellaires dans notre galaxie, la Voie lactée. On pense que l'eau existe en abondance dans d'autres galaxies aussi, parce que ses composants, l'hydrogène et l'oxygène, sont parmi les plus abondants dans l'Univers.
158
+
159
+ Les nuages interstellaires se concentrent éventuellement dans des nébuleuses solaires et des systèmes stellaires tels que le nôtre. L'eau initiale peut alors être trouvée dans les comètes, les planètes, les planètes naines et leurs satellites.
160
+
161
+ La forme liquide de l'eau est seulement connue sur Terre, bien que des signes indiquent qu'elle soit (ou ait été) présente sous la surface d'Encelade, l'un des satellites naturels de Saturne, sur Europe et à la surface de Mars. Il semblerait qu'il y ait de l'eau sous forme de glace sur la Lune en certains endroits, mais cela reste à confirmer. La raison logique de cette assertion est que de nombreuses comètes y sont tombées et qu'elles contiennent de la glace, d'où la queue qu'on en voit (quand les vents solaires les touchent, laissant une traînée de vapeur). Si l'on découvre de l'eau en phase liquide sur une autre planète, la Terre ne serait alors peut-être pas la seule planète que l'on connaît à abriter la vie.
162
+
163
+ Les avis divergent sur l'origine de l’eau sur la Terre.
164
+
165
+ Le cycle de l'eau (connu scientifiquement sous le nom de cycle hydrologique) se rapporte à l'échange continu de l'eau entre l'hydrosphère, l'atmosphère, l'eau des sols, l'eau de surface, les nappes phréatiques et les plantes.
166
+
167
+ L'eau liquide est trouvée dans toutes sortes d'étendues d'eau, telles que les océans, les mers, les lacs, et de cours d'eau tels que les fleuves, les rivières, les torrents, les canaux ou les étangs. La majorité de l'eau sur Terre est de l'eau de mer. L'eau est également présente dans l'atmosphère en phase liquide et vapeur. Elle existe aussi dans les eaux souterraines (aquifères).
168
+
169
+ Le volume approximatif de l'eau de la Terre (toutes les réserves d'eau du monde) est de 1 360 000 000 km3. Dans ce volume :
170
+
171
+ Si la fraction d'eau sous forme gazeuse est marginale, la Terre a perdu au cours de son histoire un quart de son eau dans l'espace[17].
172
+
173
+ On sait depuis 2014 qu'une partie notable du manteau terrestre principalement constituée de ringwoodite, entre 525 et 660 km de profondeur, pourrait contenir jusqu'à trois fois le volume d'eau des océans actuels (et en serait la source principale). La quantification n'est pas encore définitive mais pourrait faire varier énormément le volume d'eau disponible sur Terre, même si son exploitabilité et son disponibilité spontanées sont douteuse[18],[19].
174
+
175
+ L'eau liquide semble avoir joué, et continue à jouer, un rôle primordial dans l'apparition et la persistance de la vie sur Terre. La forme liquide, contrairement aux états gazeux ou solide, maximise les contacts entre atomes et molécules, augmentant de fait leurs interactions. L'eau est une molécule polaire et un bon solvant, capable de solubiliser de nombreuses molécules. Le cycle de l'eau joue un rôle majeur, notamment par l'érosion des continents, qui permet d'apporter de grandes quantités de minéraux nécessaires à la vie dans les rivières, les lacs et les océans. Le gel de l'eau permet d'éclater les roches et augmente la disponibilité de ces minéraux[20].
176
+
177
+ Durant l'« Anthropocène »[21], l'humanité a bouleversé le cycle de l'eau, par la surexploitation de certaines nappes, la déforestation, le dérèglement climatique, la canalisation de grands cours d'eau, les grands barrages, l'irrigation à grande échelle[22]. Elle l'a fait à une vitesse et à une échelle qui ne sont pas comparables avec les événements historiques passés, et avec des effets qui dépassent ceux des grandes forces géologiques[22].
178
+
179
+ La température de vaporisation de l'eau dépend directement de la pression atmosphérique, comme le montrent ces formules empiriques :
180
+
181
+ Son point d'ébullition est élevé par rapport à un liquide de poids moléculaire égal. Ceci est dû au fait qu'il faut rompre jusqu'à trois liaisons hydrogène avant que la molécule d'eau puisse s'évaporer. Par exemple, au sommet de l'Everest, l'eau bout à environ 68 °C, à comparer aux 100 °C au niveau de la mer. Réciproquement, les eaux profondes de l'océan près des courants géothermiques (volcans sous-marins par exemple) peuvent atteindre des températures de centaines de degrés et rester liquides.
182
+
183
+ L'eau est sensible aux fortes différences de potentiel électrique. Il est ainsi possible de créer un pont d'eau liquide de quelques centimètres entre deux béchers d'eau distillée soumis à une forte différence de potentiel[23].
184
+
185
+ Un nouvel « état quantique » de l’eau a été observé quand les molécules d’eau sont alignées dans un nanotube de carbone de 1,6 nanomètre de diamètre et exposées à une diffusion de neutrons. Les protons des atomes d’hydrogène et d’oxygène possèdent alors une énergie supérieure à celle de l’eau libre, en raison d’un état quantique singulier. Ceci pourrait expliquer le caractère exceptionnellement conducteur de l’eau au travers des membranes cellulaires biologiques[24].
186
+
187
+ Radioactivité : elle dépend des métaux et minéraux et de leurs isotopes présent dans l'eau, et peut avoir une origine naturelle ou artificielle (retombées des essais nucléaires, pollution radioactive, fuites, etc.). En France , elle est suivie par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), y compris pour l'eau du robinet[25].
188
+
189
+ L'eau est un fluide thermodynamique d'usage courant, efficace et économique[3] :
190
+
191
+ La radiolyse de l'eau est la dissociation, par décomposition chimique de l'eau (H2O) (liquide ou de vapeur d'eau) en hydrogène et hydroxyle respectivement sous forme de radicaux H· et HO·, sous l'effet d'un rayonnement énergétique intense (rayonnement ionisant). Elle a été expérimentalement démontrée il y a environ un siècle. Elle se fait en passant par plusieurs stades physicochimiques et à des conditions particulières de température et de pression, de concentration du soluté, de pH, de débit de dose, de type et énergie du rayonnement, de présence d'oxygène, de nature de la phase de l'eau (liquide, vapeur, glace). C'est un phénomène encore incomplètement compris et décrit qui pourrait, dans le domaine du nucléaire, des voyages dans l'espace ou pour d'autres domaines, avoir dans le futur des applications techniques nouvelles, entre autres pour la production d'hydrogène[26].
192
+
193
+ À l’origine, un décimètre cube (litre) d’eau définissait une masse de un kilogramme (kg). L’eau avait été choisie car elle est simple à trouver et à distiller. Dans notre système actuel de mesure – le Système international d'unités (SI) – cette définition de la masse n’est plus valable depuis 1889, date à laquelle la première Conférence générale des poids et mesures définit le kilogramme comme la masse d’un prototype de platine iridié conservé à Sèvres. Aujourd’hui à 4 °C, la masse volumique est de 0,99995 kg/L. Cette correspondance reste donc une excellente approximation pour tous les besoins de la vie courante.
194
+
195
+ La molécule d'eau possède une forme coudée qui est due à ses orbitales non-liantes (doublets non-liants) qui créent des interactions avec les atomes d'hydrogène et les « poussent » vers le bas. Elle possède donc une structure tétraédrique (type AX2E2 en méthode VSEPR), l'angle H-O-H est de 104,5° et la distance interatomique dO-H = 95,7 pm soit 9,57×10-11 m.
196
+
197
+ L'eau étant une molécule coudée, sa forme joue un rôle important dans sa polarité. En effet, du fait de sa forme coudée, les barycentres des charges partielles positives et négatives ne sont pas superposés. Cela entraîne une répartition inégale des charges ce qui donne à l'eau ses propriétés de molécules polaires[27].
198
+
199
+ De là il vient que :
200
+
201
+ Ce qui explique, par exemple la forme particulièrement ordonnée des cristaux de glace. À quantité égale, la glace flotte sur l'eau (sa densité solide est plus faible que celle liquide).
202
+
203
+ L'eau est un composé amphotère, c'est-à-dire qu'elle peut être une base ou un acide. L'eau peut être protonée, c'est-à-dire capter un ion H+ (autrement dit un proton, d'où le terme protonée) et devenir un ion H3O+ (voir Protonation). À l'inverse, elle peut être déprotonée, c'est-à-dire qu'une autre molécule d'eau peut capter un ion H+ et la transformer en ion OH–. Cependant, ces réactions se produisent très rapidement et sont minimes.
204
+
205
+ Les solvants protiques ou polaires y sont solubles (grâce aux liaisons hydrogène) et les solvants aprotiques ou non-polaires ne le sont pas.
206
+
207
+ L’eau est le principal constituant du corps humain. La quantité moyenne d’eau contenue dans un organisme adulte est d'environ 65 %, ce qui correspond à environ 45 litres d’eau pour une personne de 70 kilogrammes. Ce pourcentage peut néanmoins varier, plus une personne est maigre, plus la proportion d’eau de son organisme est importante. L'eau dépend également de l’âge : elle diminue avec les années, car plus les tissus vieillissent, plus ils se déshydratent, l’eau étant remplacée par de la graisse.
208
+
209
+ Dans l’organisme la concentration en eau varie d'un organe à l’autre et selon les cellules[29] :
210
+
211
+ L'organisme humain a besoin d'environ 2,5 litres d'eau par jour (1,5 litre sous forme liquide et 1 litre acquis dans la nourriture absorbée), davantage en cas d'exercice physique ou de forte chaleur ; il ne faut pas attendre d'avoir soif pour en absorber, surtout pour les femmes enceintes et pour les personnes âgées chez qui la sensation de soif est retardée. Sans eau, la mort survient après 2 à 5 jours, sans fournir aucun effort (40 jours sans nourriture en étant au repos).
212
+
213
+ Chaque jour l'organisme absorbe en moyenne[30],[i] :
214
+
215
+ Chaque jour, l'organisme en rejette[31],[i] :
216
+
217
+ On distingue huit types :
218
+
219
+ Les contrôles de qualité y recherchent d'éventuels polluants et substances indésirables, dont depuis peu, des médicaments, résidus de médicaments ou perturbateurs endocriniens[32] pour limiter les risques environnementaux et sanitaires des résidus de médicaments sur les milieux aquatiques.
220
+
221
+ De l'eau relativement pure ou potable est nécessaire à beaucoup d’applications industrielles et à la consommation humaine.
222
+
223
+ La communication des acteurs de la chaîne de l'eau en France aborde souvent l'opposition entre consommation d'eau en bouteille ou du robinet, qui est source de quelques polémiques :
224
+
225
+ En France, les deux types d'eau contiennent des polluants[33].
226
+
227
+ Par ailleurs, l'eau sert aussi à nettoyer la nourriture et les vêtements, à se laver mais aussi pour remplir des piscines (et il faut 60 m3 d'eau pour remplir une piscine privée moyenne[34]).[source insuffisante]
228
+
229
+ En France, de 2008 à 2015 les distributeurs d'eau de France métropolitaine fournissent environ 5,5 milliards de mètres cubes d’eau potable par an[35], soit, en moyenne, 85 m3 par habitant et par an[35], ou 234 litres d’eau par personne et par jour[35] dont un tiers vient des eaux de surface[35] (20 % de cette eau est perdue via les fuites du réseau de distribution[35]) ; et au total « plusieurs dizaines de milliards de m3 d’eau sont prélevés chaque année »[36] et utilisés comme eau potable (embouteillée ou non), mais aussi pour l'irrigation, l'industrie, l'énergie, les loisirs, le thermalisme, les canaux, l'entretien de voiries, la production de neige artificielle ou bien d'autres activités, mais c'est la production d'énergie qui en utilise le plus (59 % de la consommation totale) devant la consommation humaine (18 %), l'agriculture (irrigation) (12 %) et l'industrie (10 %)[37]. Une banque nationale des prélèvements sur l'eau[38] (BNPE) est disponible en ligne pour le grand-public comme les experts depuis 2015. Elle doit permettre le suivi des prélèvements quantitatifs (par environ 85 000 ouvrages connus en 2015) et d'évaluer la pression sur la ressource en eau (métropole et outre-mer français), avec des données détaillées ou de synthèse téléchargeables (mais « encore à consolider » en 2015)[39]).
230
+
231
+ D'un point de vue économique, le secteur de l'eau est généralement considéré comme partie prenante du secteur primaire car exploitant une ressource naturelle ; il est même parfois agrégé au secteur agricole[40].
232
+
233
+ L’agriculture est le premier secteur de consommation d’eau, notamment pour l’irrigation.
234
+
235
+ En France, l’agriculture absorbe plus de 70 % de l’eau consommée[41], ce qui peut s’expliquer par différentes raisons :
236
+
237
+ De ce fait, au début des années 1960, les agriculteurs, pour accroître de manière conséquente leurs rendements, ont eu recours à l’agriculture intensive (utilisation d’engrais chimiques, de pesticides et de produits phytosanitaires). Cette agriculture intensive a eu pour conséquence de polluer les eaux des sols avec de fortes concentrations en azote, phosphore et molécules issues des produits phytosanitaires[41]. Aujourd’hui, les traitements pour éliminer ces polluants sont complexes, onéreux et souvent difficiles à appliquer. Par conséquent, on s’oriente vers d’autres pratiques agricoles plus respectueuses de l’Homme et de l’environnement comme l’agriculture « intégrée » ou « biologique ». L'agroforesterie et les bocages sont des solutions pour construire des micro-climats et permettre la circulation de l'eau jusqu'à l'intérieur des terres grâce aux phénomènes d'évapotranspiration des végétaux. Pour exemple un hectare de hêtraie, qui consomme de 2 000 à 5 000 tonnes d’eau par an, en restitue 2 000 par évaporation[42].
238
+
239
+ L’eau est aussi utilisée dans nombre de processus industriels et de machines, telles que la turbine à vapeur ou l’échangeur de chaleur. Dans l'industrie chimique, elle est utilisée comme solvant ou comme matière première dans des procédés, par exemple sous forme de vapeur pour la production d'acide acrylique[43],[44],[45]. Dans l’industrie, les rejets d’eau usée non traitée provoquent des pollutions qui comprennent les rejets de solutions (pollution chimique) et les rejets d’eau de refroidissement (pollution thermique). L’industrie a besoin d’eau pure pour de multiples applications, elle utilise une grande variété de techniques de purification à la fois pour l’apport et le rejet de l’eau.
240
+
241
+ L’industrie est ainsi grande consommatrice d’eau :
242
+
243
+ C’est parce que les combustibles se combinent avec l’oxygène de l’air qu’il brûlent et dégagent de la chaleur. L’eau ne peut pas brûler puisqu’elle est déjà le résultat de la réaction de l’hydrogène avec l’oxygène.
244
+
245
+ Elle aide à éteindre le feu pour deux raisons :
246
+
247
+ Le craquage de l'eau ayant lieu à partir de 850 °C, on évite d'utiliser de l'eau sans additif si la température du brasier dépasse cette température. [réf. nécessaire]
248
+
249
+ L'assainissement et l'épuration sont les activités de collecte et traitement des eaux usées (industrielles, domestiques, ou autres) avant leur rejet dans la nature, afin d’éviter la pollution et les nuisances sur l’environnement. L'eau après un premier traitement souvent est désinfectée par ozonation, chloration ou traitement UV, ou encore par microfiltration (sans ajout de produit chimique dans ces derniers cas).
250
+
251
+ La protection de ce bien commun qu'est la ressource en eau a motivé la création d'un programme de l'ONU (UN-Water), et d'une évaluation annuelle Global Annual Assessment of Sanitation and Drinking-Water (GLAAS)[53], coordonné par l'OMS.
252
+
253
+ La multiplicité de ses usages fait de l'eau une ressource fondamentale des activités humaines. Sa gestion fait l’objet d'une surveillance permanente et affecte les relations entre les États.
254
+
255
+ Pour faire face à ces questions, un conseil mondial de l'eau, dont le siège est à Marseille, a été fondé en 1996, réunissant des ONG, des gouvernements et des organisations internationales. De manière régulière, un forum mondial de l'eau est organisé pour débattre de ces sujets, mais pas toujours dans la même ville. En parallèle au forum mondial de l'eau, un forum alternatif mondial de l'eau est organisé par des mouvements alternatifs.
256
+
257
+ En France, les nombreux acteurs de l'eau et leurs missions diffèrent selon les départements et les territoires. Il existait cinq polices de l'eau aujourd'hui coordonnées par les Missions interservice de l'eau[54] (MISE). Les Agences de l'eau sont des établissements publics percevant des redevances qui financent des actions de collectivités publiques, d'industriels, d'agriculteurs ou d'autres acteurs pour épurer ou protéger la ressource en eau. La distribution d'eau potable est un service public gérée au niveau communal ou EPCI, soit directement en régie, soit déléguée à une société privée (affermage, concession). L'ONEMA remplace le conseil supérieur de la pêche, avec des missions étendues.
258
+
259
+ La nouvelle « loi sur l'eau et les milieux aquatiques » (LEMA) de 2007 modifie en profondeur la précédente loi et traduit dans la législation française la « directive-cadre de l'eau » (DCE) européenne.
260
+
261
+ La gestion de l’eau couvre de nombreuses activités :
262
+
263
+ La France est le pays des grandes entreprises de l'eau (Suez, Veolia, etc.). Celles-ci prennent une importance mondiale depuis les années 1990. Mais avec le Grenelle de l'Environnement et du grenelle de la mer, et sous l'égide de personnalités telles que Riccardo Petrella, la question de l'eau comme bien public reste posée.
264
+
265
+ En 2009, un colloque[55] a porté sur la régulation et une plus grande transparence des services d'eau en France.
266
+
267
+ Les montagnes couvrent une part importante de la Terre. En Europe (35,5 % du territoire en Europe, 90 % en Suisse et en Norvège) et plus de 95 millions d’Européens y vivaient en 2006. Elles sont de véritables châteaux d’eau et jouent un rôle capital dans la gestion des ressources aquifères car elles concentrent une part importante des précipitations et tous les grands fleuves et leurs principaux affluents y prennent leur source.
268
+
269
+ En montagne, l'eau est une richesse écologique mais aussi source d'hydroélectricité et de commerce (mise en bouteille d’eau minérale), et le support de sports et loisirs en eaux vives. En Europe, 37 grandes centrales hydrauliques sont implantées en montagne (sur 50, soit 74 %) auxquelles s’ajoutent 59 autres grandes centrales sur 312 (18,9 %).
270
+
271
+ Les montagnes présentent des situations particulières, car elles sont tout d’abord des zones de risques :
272
+
273
+ Mais l’eau en montagne, est surtout une source de richesse et de développement. Une meilleure valorisation de ce potentiel par l’aménagement du territoire peut être la source de nouvelles richesses pour l’économie des zones de montagne, mais dans le cadre d’un comportement économe et responsable. Avec le réchauffement climatique, les situations d’évènements extrêmes comme les sécheresses, les inondations et l’érosion accélérée, risquent de se multiplier et d’être, avec la pollution et le gaspillage, d’ici une génération un des principaux facteurs limitant le développement économique et social dans la plupart des pays du monde.
274
+
275
+ Selon les experts réunis à Megève en mars 2007 dans le cadre de l’« Année internationale de la montagne » avec la participation de la FAO, de l’UNESCO, du Partenariat mondial de l'eau et du Réseau international des organismes de bassin, afin de tirer un diagnostic et de formuler les propositions présentées au forum mondial de l'eau de Kyoto (mars 2003) : « La « solidarité amont-aval » reste trop faible : il vaut mieux aider les montagnes dans le cadre de politiques intégrées de bassins, pour qu’ils assurent la gestion et l’équipement nécessaires des hauts bassins versants. […] Il est impératif en effet de conduire en montagne des actions particulières renforcées d’aménagement et de gestion pour mieux se protéger contre les inondations et l’érosion, lutter contre les pollutions et optimiser les ressources en eau disponibles pour les partager entre les usagers, tant en amont que dans les plaines en aval. »[réf. souhaitée]
276
+
277
+ Certains territoires connaissent un développement important induit par la mise en service d’infrastructures routières nouvelles et un dynamisme économique. En France, les documents d’urbanisme sont révisés fréquemment pour permettre la construction d’espaces nouveaux[réf. nécessaire]. Or, l'extension des territoires urbanisés génère des impacts sur l’environnement : accroissement des prélèvements pour l’alimentation des populations en eau potable, augmentation des rejets (eaux pluviales et eaux usées), fragmentation des milieux naturels, etc.[réf. souhaitée] Ceux-ci ne sont pas toujours correctement appréhendés au niveau des documents d'urbanisme, qui structurent et planifient l'espace[réf. nécessaire]. Ces réflexions ont été au cœur du Grenelle de l’Environnement en 2007.
278
+
279
+ Ces impacts doivent être pris en compte en amont, dès la définition des projets structurants à l’échelle d’un territoire. Aussi convient-il de les intégrer dans l’élaboration des documents de planification urbaine (plans locaux d’urbanisme, cartes communales, etc.).
280
+
281
+ La Terre est à 71 % recouverte d'eau[12]. 97 % de cette eau est salée et 2 % emprisonnée dans les glaces. Il n'en reste qu'un petit pourcent pour irriguer les cultures et étancher la soif de l'humanité tout entière. L'eau et l'eau potable sont inégalement réparties sur la planète[56],[57],[58] et les barrages et pompages d'eau faits pour les besoins humains peuvent localement entrer en conflit avec les besoins agricoles et ceux des écosystèmes[59].
282
+
283
+ En 2017, sur 6,4 milliards d'êtres humains, 3,5 milliards de personnes boivent chaque jour de l’eau dangereuse ou de qualité douteuse[60]. De plus, 2,4 milliards ne disposent pas de système d'assainissement d'eau. En 2018, 2 milliards d'êtres humains dépendent de l'accès à un puits. Il faudrait mobiliser 37,6 milliards de dollars par an pour répondre au défi de l'eau potable pour tous, quand l'aide internationale est à peine de trois milliards[60].
284
+
285
+ Selon l'ONG Transparency International, la corruption grève les contrats de l'eau dans de nombreux pays entraînant des gaspillages et des coûts excessifs pour les plus pauvres[61][réf. non conforme].
286
+
287
+ L'eau, en tant que ressource vitale, est une source de conflits, d'exacerbation de conflits, et elle est parfois instrumentalisée dans ce cadre[62],[63],[64],[65],[66],[67],[68]
288
+
289
+ En 2025, selon l'ONU, à cause de la surexploitation des nappes et de l'augmentation des besoins, 25 pays africains seront en état de pénurie d'eau (moins de 1 000 m3/hab/an) ou de stress hydrique (1 000 à 1 700 m3/hab/an)[69].
290
+
291
+ Part de la population ayant accès à l'eau potable en 2005.
292
+
293
+ Estimation de l'ONU de la pénurie d'eau ou de stress hydrique en Afrique en 2025.
294
+
295
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
296
+
297
+ L'impossibilité d'accès à l'eau potable d'une grande partie de la population mondiale a des conséquences sanitaires graves. Ainsi, un enfant meurt toutes les cinq secondes de maladies liées à l’eau et à un environnement insalubre[70] ; des millions de femmes s'épuisent en corvées d’eau ; entre 40 et 80 millions de personnes ont été déplacées à cause des 47 455 barrages construits dans le monde, dont 22 000 en Chine[71][réf. non conforme]. Selon l’ONG Solidarités International, 361 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de diarrhée causée par un accès inadéquat à l’Eau, l'Hygiène et l'Assainissement (EHA)[72]. Toutes causes confondues (diarrhées, choléra, gastro-entérites infectieuses aigües et autres infections), ces maladies hydriques[73] représentent selon l'Unicef 1,8 million de victimes chez les moins de cinq ans[74]. Chaque année, 272 millions de jours de scolarité sont perdus à cause d'infections transmises par l'eau insalubre[60].
298
+
299
+ La consommation d'eau est très inégale selon les niveaux de développement des pays :
300
+
301
+ Les associations humanitaires pointent du doigt ces disparités. « Alors qu’en moyenne un agriculteur malgache consomme dix litres d’eau par jour, un Parisien a besoin de 240 litres d’eau pour son usage personnel, le commerce et l’artisanat urbains, et l’entretien des rues. Quant au citadin américain, il consomme plus de 600 litres[77]. »
302
+
303
+ Au niveau planétaire, quatre milliards de personnes connaissent des pénuries sévères d’eau au moins 1 mois par an. D’ici 2025, 63 % de la population mondiale sera soumise au stress hydrique[60].
304
+
305
+ Dans le monde, il existe une forte inégalité entre les hommes et les femmes en ce qui concerne l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement. En Afrique par exemple, 90 % des tâches de collecte d’eau et de bois sont réalisés par les femmes. Au total, les femmes et les filles passent en moyenne six heures par jour à collecter de l'eau[60].
306
+
307
+ L'agriculture des pays développés est mise en cause pour sa consommation intensive d'eau :
308
+
309
+ Les solutions envisagées sont quantitative (économies, récupération de l'eau, réutilisation d'eaux grises ou usées) et qualitative (meilleure épuration)[réf. souhaitée].
310
+
311
+ Certains auteurs imaginaient déjà dans les années 1970 un traitement complet et la récupération et le traitement de toutes les eaux usées de manière que seules des eaux propres soient rejetées en rivière, en mer ou utilisées pour l'irrigation agricole[79].
312
+
313
+ Des solutions individuelles et collectives existent pour économiser l'eau, même en menant le mode de vie d'un habitant d'un pays développé.
314
+
315
+ L’eau a longtemps revêtu plusieurs aspects dans les croyances et les religions des peuples. Ainsi, de la mythologie gréco-romaine aux religions actuelles, l’eau est toujours présente sous différents aspects : destructrice, purificatrice, source de vie, guérisseuse, protectrice ou régénératrice.
316
+
317
+ Les sciences laissent penser que l’eau est indispensable à la vie. La mythologie et certaines religions ont lié l'eau à la naissance, à la fécondité, à la pureté ou à la purification.
318
+
319
+ L’eau revêt cet aspect desctructeur notamment lorsqu’on parle de fin du monde ou de genèse. Mais cela ne se limite pas aux religions monothéistes. Ainsi, dans l’épopée de Gilgamesh, une tempête qui dura six jours et sept nuits était à l’origine des inondations et de la destruction de l’humanité. Les Aztèques ont eux aussi cette représentation de l’eau puisque le monde du Soleil d’Eau placé sous le signe de l’épouse de Tlaloc est détruit par un déluge qui rasera même jusqu’aux montagnes. « Et l’Éternel dit : J’exterminerai de la face de la terre l’homme que j’ai créé, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel ; car je me repens de les avoir faits. » : c’est par cela qu’est désignée la fin du monde dans la genèse judéo-chrétienne, et d’ajouter : « Les eaux grossirent de plus en plus, et toutes les hautes montagnes qui sont sous le ciel entier furent couvertes. »[81]. Le mythe des aborigènes d’Australie est, quant à lui, attaché à l’idée de punition et non pas de destruction, puisqu’une grenouille géante aurait absorbé toute l’eau et asséché la terre mais aurait tout recraché en rigolant aux contorsions d’une anguille. Les marées contribuent lentement aux phénomènes d'érosion et d'engraissement sur les littoraux mais ce sont les grandes inondations et tsunamis qui marquent périodiquement les esprits. Depuis l'ère industrielle, de nombreuses usines et autres facteurs de risques ont été concentrés dans les vallées et sur les littoraux, faisant que le risque technologique peut se combiner avec les risques liés aux manques ou excès d'eau. Le Genpatsu shinsai est par exemple au Japon l'association du risque nucléaire au risque de tsunami, l'occurrence simultanée de deux événements de ce type aggravant fortement leurs conséquences respectives.
320
+
321
+ Cet aspect donne à l’eau un caractère presque sacré dans certaines croyances. En effet, outre la purification extérieure que confère l’eau, il y a aussi cette faculté d’effacer les difficultés et les péchés des croyants à son contact et de laver le croyant de toute souillure. Les exemples sont nombreux, allant de la purification dans le Gange dans l’hindouisme (où beaucoup de rituels sont exécutés au bord de l’eau tels que les funérailles) ou les ablutions à l’eau dans l’Islam jusqu’au baptême dans le christianisme ou l’initiation des prêtres shintoïstes.
322
+
323
+ Outre l’aspect purificateur, l’eau s’est étoffée au cours des siècles et des croyances d’une faculté de guérison. Plusieurs signes de culte et d’adoration datant du Néolithique ont été retrouvés près de sources d’eau en Europe. Longtemps, des amulettes d’eau bénite ont été accrochées à l’entrée des maisons pour protéger ses occupants du Mal. On considère que le contact avec certaines eaux peut aller jusqu’à guérir de certaines maladies. L’exemple le plus proche est celui du pèlerinage à Lourdes en France où chaque année des milliers de gens se rendent pour se baigner dans sa source. Parmi les cas de guérison par l’eau de Lourdes, 67 ont été reconnus par l’Église catholique. Du point de vue de la science, les propriétés curatives ont été démontrées car aujourd’hui l’hydrothérapie est courante dans les soins de certaines maladies. Les rituels thérapeutiques christianisés des bonnes fontaines en constituent une autre illustration[82].
324
+
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+ Le canular du monoxyde de dihydrogène, conçu par Eric Lechner, Lars Norpchen et Matthew Kaufman, consiste à attribuer à l’eau la dénomination scientifique de monoxyde de dihydrogène (DHMO), inconnue des non-initiés, et à tenir à son sujet un discours solennellement scientifique de manière à créer chez l’auditeur une inquiétude injustifiée.
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+ Dans le Wikilivre de Tribologie, on peut trouver des données concernant le frottement sur la glace.
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+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
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+ L'expression presse écrite désigne, d'une manière générale, l'ensemble des moyens de diffusion de l’information écrite, ce qui englobe notamment les journaux quotidiens, les publications périodiques et les organismes professionnels liés à la diffusion de l'information.
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+ Le mot « presse » tire son origine de l'utilisation d'une presse d'imprimerie sur laquelle étaient pressées les feuilles de papier pour être imprimées. Parler de « presse écrite » est un pléonasme, mais cette expression est aujourd'hui largement utilisée car elle sert désormais à différencier la presse des autres médias que sont la radio, la télévision et la presse en ligne.
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+ La presse écrite est d'abord apparue sous différentes formes : les nouvelles qui étaient manuscrites, les occasionnels dès le XVe siècle[1], les libelles, les placards, les almanachs. Souvent, il s'agissait de simples feuilles volantes. Cette presse plus ou moins clandestine était vendue en librairie et par colportage. Dès la Renaissance et aux XVIIe et XVIIIe siècles, une partie de l'information écrite se faisait par voie manuscrite, plus particulièrement dans le domaine de la presse clandestine, mais non exclusivement. Ces ateliers de copistes, dont l'exemple parisien le plus célèbre reste la paroisse Doublet, produisaient des journaux que l'on nommait « nouvelles à la main ».
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+ Le premier périodique imprimé au monde, un hebdomadaire de quatre pages, titré Relation (titre complet : Relation aller Fürnemmen und gedenckwürdigen Historien), fut lancé à Strasbourg en décembre 1605 par Johann Carolus[2].
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+ Les évolutions techniques (l'invention de l'imprimerie date des années 1450) et la Révolution française ne permirent pas un réel développement de la presse en raison des mesures politiques qui furent prises pour en bloquer sa liberté. Il faudra attendre le milieu du XIXe siècle, la Révolution industrielle et les mesures favorisant l'instruction pour que ce développement soit effectif.
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+ La presse écrite a connu une véritable explosion comme vecteur d'information à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Elle occupa une position de monopole de fait, avant que la radio et la télévision ne s'imposent, à leur tour, sur le marché des médias. En France, la loi sur la liberté de la presse est promulguée le 29 juillet 1881.
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+ La presse écrite tend à reculer à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, malgré le lancement de nouvelles formes (la presse gratuite, les magazines destinés à des segments de population ciblés) face à la fois à d'autres médias de masse, mais aussi aux médias citoyens. Selon l'OJD, organisme de référence sur la diffusion de la presse, la diffusion des quotidiens et des magazines a perdu 2 % en 2003. Sur dix ans, la diminution est de 8 %. Mais cela cache des disparités profondes : la presse magazine progresse lentement tandis que la presse masculine, ou celle liée au spectacle, concurrencée par le Web, perd des lecteurs.
16
+
17
+ Pour le contexte nord américain, une étude de 2006 du chercheur Robert G. Picard a établi : « La diffusion des quotidiens était de 53,829 millions d’exemplaires vendus chaque jour en 1950, contre 54,626 millions en 2004, alors que la population totale a augmenté de 131,2 millions dans la même période ! On est ainsi passé de 353 exemplaires vendus pour 1 000 habitants à 183 pour 1 000 à peine, soit une chute de 48,1 %[3]. ». Les difficultés touchent l'ensemble de la presse, même la presse régionale ou la presse gratuite, qui avaient un temps pu faire penser qu'elles s'en sortiraient un peu mieux que la presse nationale[4].
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+ En 2018, dans le 32e baromètre de la confiance des Français dans les médias réalisé pour La Croix, seul 6 % des personnes interrogées indique la presse écrite comme principale source d'information[5].
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+ La presse écrite regroupe différentes catégories de publications qui peuvent être classées en fonction :
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+ On distingue la presse quotidienne (les quotidiens) et assimilée (comme les hebdomadaires)[6], imprimée sur papier souvent bon marché, de la presse magazine (publications périodiques), plus luxueuse et plus illustrée. Cette dernière a connu une grande diversification qui lui permet d'être plus ciblée, de favoriser la fidélisation de ses lecteurs et de mieux résister à la concurrence des autres médias (dont les médias électroniques).
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+ Parmi les quotidiens, il convient de distinguer :
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+ Cette distinction est importante, car les enjeux de ces types de presse écrite ne sont pas les mêmes.
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+ Pour les magazines, plusieurs distinctions s'imposent. La première est celle de la périodicité : leur parution est hebdomadaire (chaque semaine), bimensuelle (deux fois par mois), mensuelle (chaque mois), trimestrielle (chaque trimestre), etc.
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+ Les magazines, dont le traitement de l'actualité est moins pressant que pour les quotidiens, peuvent consacrer davantage de place à des sujets d'enquête (journalisme d'enquête), à des dossiers sur un thème, à des chroniques spécialisées ou à des billets d'humeur. Certains titres sont nettement ciblés pour s'adresser à un public particulier. C'est le cas des magazines féminins, des magazines consacrés à la télévision, à la mode, aux vedettes « people », au sport, à la décoration, à la photographie, au cinéma, à la chasse, au nautisme, aux spectacles, aux voyages, voire aux ordinateurs, aux échecs, au sudoku, etc. Il existe également des mensuels (régionaux, comme le Ravi en PACA, Carnets comtois en Franche-Comté, ou Racines, spécifiquement destinés aux « seniors » de Vendée), ou des hebdomadaires (plus généralement sur un département, comme le Patriote, dans les Alpes-Maritimes, ou La Tribune, en Drôme Ardèche), qui s'intéressent plus spécifiquement à l'actualité d'un territoire donné.
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+
33
+ Certains titres de presse périodiques ont pour vocation de faire rire et de dénoncer : il s'agit de la presse satirique.
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+ D'autres publications s'adressent plus particulièrement à un public professionnel. La presse professionnelle est riche de 1 500 titres dans des domaines très variés de la presse médicale à la presse agricole en passant par le commerce et l'artisanat. On peut citer des titres comme Les actualités juridiques, Le Moniteur des Travaux publics, L'Agriculture drômoise, L'Usine nouvelle, etc.
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+ Les magazines d'information, par leur tirage et leur influence, jouent un grand rôle dans la vie politique et économique, comme les hebdomadaires Paris Match, L'Express, Le Point, L'Obs, Marianne, VSD, etc.
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+ Enfin, certains titres, sans contenir d'informations rédactionnelles, sont malgré tout assimilés à de la presse, c'est notamment le cas des journaux de petites annonces comme De particulier à particulier pour l'immobilier, La centrale pour les voitures, Bureaux et Commerces pour les transactions commerciales.
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+ Les éditeurs disposent de deux moyens de commercialisation pour toucher leurs lecteurs: la vente au numéro qui est assurée par un réseau de plus de 28 000 points de vente de proximité et l'abonnement, ce dernier pouvant être acheminé par postage ou par portage.
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+
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+ Le système de la vente de la presse au numéro est organisé par la loi du 16 avril 1947 dite « loi Bichet », sur une base coopérative destinée à en assurer la neutralité.
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+ Il existe principalement deux entreprises de messageries, dites de « niveau I » :
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+ Ces sociétés servent un réseau de dépositaires (dits de « niveau II ») qui alimentent eux-mêmes les diffuseurs (maisons de la presse, marchands de journaux et kiosques, ou de « niveau III »).
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+
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+ La presse quotidienne régionale et départementale dispose de son propre système de distribution qui, pour l'essentiel, alimente directement le niveau III.
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+ L'ensemble du système de distribution de la presse est placé sous la surveillance du Conseil supérieur des messageries de presse, organisme professionnel créé par la loi Bichet.
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+
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+ L'OJD est l’organisme de référence pour la certification des chiffres de tirage, de diffusion et de distribution de la presse française.
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+ Par rapport à des médias audiovisuels, la presse écrite donne souvent davantage de détails dans les informations, du fait de sa forme écrite elle permet surtout au lecteur de rester actif dans sa recherche d'information donc de lui laisser un certain recul critique sur les évènements.
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+ Comme pour les autres médias, on assiste à un recul de la presse écrite, notamment généraliste, compensé partiellement par un essor des publications spécialisées permettant une segmentation par rapport aux centres d'intérêt de chaque catégorie de lecteur.
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+ Internet, média où cette spécialisation et multiplication des sources sont maximales, est souvent désigné comme un gros concurrent de la presse écrite depuis les années 2000, ou bien comme une chance pour celle-ci. Il s'agit de distinguer, de fait, deux aspects d'Internet :
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+ Un regain relatif de la presse écrite, depuis quelques années, échappe toutefois à celle dite traditionnelle : il s'agit des journaux gratuits, allant désormais bien au-delà des feuilles gratuites de petites annonces de création déjà anciennes, en se lançant cette fois dans l'information générale. En France, on peut citer Métro et 20 minutes, ainsi que Direct Matin, des gratuits édités par des quotidiens locaux. Cette irruption fait peur aux quotidiens payants, qui perdent là des parts du gâteau publicitaire. Les grands quotidiens tentent de lutter contre ce phénomène, mais leur coût élevé ne leur permet pas de réellement rivaliser à terme. Des tentatives de mise en ligne de la presse en format numérique ont vu le jour en 2007. La société Relay de Lagardère Services (Lagardère SCA), la société LeKiosk, via ses applications mobiles et son site web ou encore le site Monkiosque de la société Toutabo propose aux internautes la possibilité de lire en ligne ou en téléchargement des magazines. De même, la société Info-Presse en partenariat avec Numérikiosque, propose en plus des abonnements classiques, des abonnements numériques, ainsi que des formules papier + numérique pour la presse grand public et professionnelle.
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+ Si elle s'adresse en priorité aux lecteurs, la presse écrite est également un support pour la publicité qui lui procure une part importante de ses recettes (en France 39 % en 1985 contre plus de 60 % pour les États-Unis, l'Allemagne et la Grande-Bretagne). Les éditeurs sont donc tenus de trouver un juste équilibre dans leurs réponses aux attentes, parfois contradictoires, des lecteurs et des annonceurs. La presse écrite, comme d'autres formes de presse, peut être influencée par ces derniers.
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+ Les droits à la libre expression et à l'information sont des droits fondamentaux, auxquels on oppose parfois la mondialisation et la mise en place de groupes de presse internationaux très puissants, capable de nuire à la liberté de la presse et au pluralisme auxquels les démocraties sont attachées en pratiquant le dumping.
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+ En France, la focalisation de la presse sur certains cas d'insécurité durant la campagne électorale de 2002 a été évoquée pour expliquer la percée de l'extrême droite. Dans le domaine de la justice, les affaires de Carpentras et d'Outreau ont été citées comme des exemples où les prises de position de la presse ont influencé autant les pouvoirs exécutifs et judiciaires que l'opinion française.
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+ Ce quatrième pouvoir n'est cependant pas, à la différence de l'exécutif et du législatif, contrôlé sous la base du principe « une personne, une voix » : ce sont en effet davantage les annonceurs (et donc le pouvoir d'achat estimé des lecteurs) qui contribuent à la prospérité d'un journal que ses abonnés.
70
+
71
+ Dans ses Essais sceptiques, le philosophe et parlementaire britannique Bertrand Russell dénonce la mainmise d'intérêts privés sur les moyens d'information comme menace réelle pour l'avenir des démocraties. Cependant, la technologie d'Internet – inexistante quand il écrivait ces lignes – est décrite par deux de ses grandes figures (Richard Stallman ou Eric Raymond) comme un contre-pouvoir efficace.
72
+
73
+ Cette dépendance de fait aux annonceurs ou aux propriétaires des titres, entravant l'exercice du métier de journaliste est à l'origine du développement de médias indépendants comme : Le Canard enchaîné, Le Monde diplomatique, Charlie Hebdo, Siné Hebdo, La Décroissance, autrefois aussi Hara-Kiri et l'ancienne ligne de Mad Magazine. Certains comme Mediapart refusent les soutiens à la fois de structures privées et publiques qui constituent également un frein à leur liberté[7]
74
+ ,[8].
75
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+ Tout journaliste professionnel écrivant en presse écrite, électronique ou papier, est couvert par la Convention collective nationale de travail des journalistes et le statut de journaliste professionnel, qui accorde au moins un mois de salaire par année d'ancienneté en cas de licenciement et une clause de cession (démission avec les mêmes indemnités) en cas de changement d'actionnaire, en vertu de la loi Brachard, inspirée du Rapport Brachard de 1935. La loi Cressard a donné en 1974 les mêmes droits aux journalistes pigistes, rémunérés au prorata de la longueur des articles.
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+
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+ Qu'il soit mensualisé ou pigiste, le journaliste est salarié en contrat à durée indéterminée, comme le précise la loi Cressard. Si le journalisme lui apporte la majorité de ses revenus, il a droit à la carte de presse, attribuée, après une année probatoire, par la CCIJP, réunissant des professionnels élus, employeurs et salariés. Quatre autres grandes commissions travaillent à la cogestion de la profession de journaliste, en vertu du paritarisme et de la Convention collective nationale de travail des journalistes:
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+ Afin de respecter les lecteurs et de permettre un minimum de pluralisme dans la circulation des idées, la loi française fixe des limites aux concentrations dans la presse écrite. Pour éviter que des groupes de presse ne rachètent différents titres et copient les articles de l'un à l'autre, les journalistes font valoir leurs droits d'auteur, en demandant une rémunération dissuasive en cas de seconde utilisation en dehors du titre pour lequel ils travaillent. Cette seconde utilisation doit être cadrée par un accord d'entreprise. Si les négociations tardent à en signer un, la Commission des droits d'auteur des journalistes est chargée d'y inciter.
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82
+ La presse, de par ses choix éditoriaux, de citations[9] et de contenu[10] présente de nombreux biais informationnels et de genre[11], voulus ou non, évitables ou non. On sait que la presse écrite est parfois au service du pouvoir et une source de propagande, mais parfois aussi un contre-pouvoir, et dans certains domaines elle a aussi joué un grand rôle dans la diffusion de contre-cultures[12].
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+ Depuis longtemps des personnalités du monde politique et financier ou des médias achètent des journaux, investissent dans les NITC (dont on devinait dès la fin du XXe siècle, qu'elles allaient rapidement restructurer le monde des médias, presse écrite y compris, via l'Internet[13]) ou cherchent à les contrôler. La presse est un outil d'information reconnu, mais aussi un support majeur pour la publicité (apparue aux XVIIe et XVIIIe siècles sous forme de placards[14], les annonceurs devenant peu à peu le principal financeur du journal[15]), et la presse écrite a été durant les guerres un important outil de propagande. Elle peut aussi influer sur les jugements judiciaires comme l'a démontré l'affaire Dreyfus et bien d'autres[16],[17]. Il est cependant difficile de mesurer l'effet réel des articles de presse sur l'opinion des gens ou leur choix dans l'isoloir. Quelques expériences récentes à grande échelle ont cependant montré aux États-Unis que la presse y a un réel pouvoir d'influence.
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+ Les économistes Alan S. Gerber, Dean Karlan et Daniel Bergan ont organisé une expérience à grande échelle pour étudier l'effet de la presse sur le comportement électoral. Peu avant l'élection du gouverneur de Virginie en 2005, ils ont aléatoirement abonné certaines personnes au Washington Post ou au Washington Times. Ils ont également constitué un groupe de contrôle qui n'a été abonné à aucun journal. Ils ne trouvent pas d'effet sur la connaissance politique ou sur la participation électorale. En revanche, les électeurs abonnés à l'un des deux journaux ont voté plus souvent que les autres pour les démocrates[18].
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88
+ Une étude publiée en 2017 a été préparée durant 5 ans par des sociologues dirigés par Gary King de l'université Harvard avec 48 organisations de presse américaines volontaires. Elle a conclu qu'aux États-Unis les médias - même modestes - influencent significativement le débat public. Quand ils ont expérimentalement publié quelques articles sur des sujets politiquement controversés tels que la qualité de l'eau, le dérèglement climatique, l'origine ethnique, l'immigration. Ils ont effectivement stimulé les conversations publiques sur ces sujets et souvent « considérablement ».
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+ Cette étude n'a pas simplement analysé l'effet de ce que les médias publiaient mais elle a utilisé la méthode développée dans le cadre d'essais cliniques pour évaluer les effets de nouveaux médicaments (dont effet placebo). L'expérience a manipulé le choix des sujets de reportage, et en accord avec les organes de presse participant a assigné une semaine de « publication » de sujets controversés, et une semaine « contrôle » sans publications sur ces thèmes. Ainsi les chercheurs pouvaient mieux mesurer d'éventuels effets sur la discussion publique. Et après 35 répétitions de l'expérience, les auteurs ont conclu qu'au vu du contenu et du nombre des tweets émis dans les 5 jours suivant la publication des articles, l'effet était marquant : + 63 % en moyenne dans ces 5 jours, même dans de petits points de vente de presse (moins de 200 000 pages vues par mois). Selon les auteurs de l'étude, la presse américaine semble donc dans une certaine mesure modifier l'opinion ou les croyances de certains de ses lecteurs (2,3 % des lecteurs (hommes, femmes, d'orientations politiques diverses, dans toutes les régions du pays) changent d'opinion en allant dans le sens du contenu idéologique des articles d'opinion). Un commentaire de la revue Science signale que si les chercheurs avaient recruté de grands médias traditionnels, l'effet aurait pu être bien plus important car les articles du New York Times sur des sujets peu abordés (ex. : effets de l'hydrofracturation et de l'exploitation du gaz de schiste sur la qualité de l'eau potable, a fait augmenter les tweets généraux évoquant la qualité de l'eau de 300 % dans la journée même. Le pilote de l'étude estime les tweets représentatifs, car émanant souvent de personnes souhaitant prendre la parole, dont pour influencer la politique ; il aimerait prolonger l'étude pour voir si des enquêtes collaboratives (ex : « Panama Papers » récompensé par le prix Pulitzer) ont un impact différent sur le débat public. L'économiste Matthew Gentzkow de l'université de Stanford, rappelle cependant que seuls 20 % des Américains utilisent Twitter ; selon lui d'autres relais d'opinion pourraient donner des résultats différents.
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+ Le préfixe radio- (du latin radius, « rayon ») est en général lié à l'étude ou à l'utilisation des ondes radio.
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+ L'abréviation radio désigne couramment la radiodiffusion ou la radiocommunication.
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+ Radio est un titre d'œuvre notamment porté par :
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+ La Réunion est une île de l'Ouest de l'océan Indien dans l'hémisphère sud ainsi qu'un département d'outre-mer français.
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+ D'une superficie de 2 512 km2, La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à 172 km à l'ouest-sud-ouest de l'île Maurice et à 679 km à l'est-sud-est de Madagascar. Il s'agit d'une île volcanique créée par un point chaud : culminant à 3 071 m au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée. Le piton de la Fournaise, situé dans le Sud-Est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde. Bénéficiant d'un climat tropical d'alizé maritime et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel.
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+ Vraisemblablement repérée dès le Moyen Âge par les Arabes sous le nom de « Dina Morgabin » (l’île couchant)[2], La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu'alors connue sous le nom d'île Mascarin, elle devient sous celui d'île Bourbon, une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une véritable colonie pratiquant la culture du café. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848[3], remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
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+ L'île connaît une crise économique rampante à compter des années 1870. Elle devient département français en 1946 (code départemental 974) et est, depuis 2003, la collectivité territoriale d’outre-mer la plus intégrée à la République[réf. nécessaire]. En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l'ordre de 29 %, dont 60 % chez les jeunes[4]. Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme. Le PIB est estimé à 14,5 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 18 000 euros par an.
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+ D'après le dernier recensement, la population était, en janvier 2017, de 853 659 habitants[5], principalement concentrés sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.
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13
+ La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya…).
14
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15
+ Au moment de sa prise de possession par la France au XVIIe siècle, l'île est baptisée Bourbon, du nom de la dynastie alors régnante. Pour rompre avec ce nom trop attaché à l'Ancien Régime, la Convention nationale décide le 23 mars 1793[6], de renommer le territoire île de la Réunion. Ce choix pourrait avoir été fait en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792 et la marche sur le palais des Tuileries mais aucun document ne le justifie et le sens du mot « réunion » pourrait avoir été purement symbolique[7].
16
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17
+ L'île change de nouveau de nom au XIXe siècle : en 1806, sous le Premier Empire, le général Decaen la baptise île Bonaparte puis, en 1810, elle redevient île Bourbon. Elle redevient définitivement île de la Réunion à la chute de la monarchie de Juillet par un arrêté du gouvernement provisoire du 7 mars 1848[8].
18
+
19
+ Conformément à la graphie originelle et aux règles orthographiques et typographiques classiques[9] « la Réunion » s'écrivait avec une minuscule à l'article mais, au cours de la fin du XXe siècle, la graphie « La Réunion » avec une majuscule s'est développée dans de nombreux écrits pour souligner l'intégration de l'article dans le nom. Cette dernière graphie correspond aux préconisations de la Commission nationale de toponymie[10] et figure notamment dans l'actuelle Constitution de la République française aux articles 72-3 et 73.
20
+
21
+ La Réunion est une île qui se situe dans l'Ouest de l'océan Indien par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l'hémisphère sud, à 684 km à l'est de Madagascar.
22
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23
+ La Réunion est l'île la plus occidentale de l'archipel des Mascareignes dont font également partie l'île Maurice, à 172 km à l'est-nord-est, et Rodrigues, toutes deux faisant partie de la république de Maurice. Les Mascareignes sont traditionnellement rattachées au continent africain.
24
+
25
+ La Réunion est une île volcanique née il y a quelque trois millions d'années[11] avec l'émergence du volcan du piton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 m, le sommet le plus élevé des Mascareignes et de l’océan Indien[12]. L'est de l'île est constitué par le piton de la Fournaise, un volcan bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu’un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.
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27
+ En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par une érosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par l'érosion (Salazie, Mafate et Cilaos) et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant des ravines, estimées à au moins 600[13], généralement profondes et dont les torrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
28
+
29
+ Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral du Sud sauvage est cependant plus abrupt.
30
+
31
+ Entre la frange littorale et les Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos, la caldeira du piton de la Fournaise.
32
+
33
+ Le sommet du piton de la Fournaise au repos.
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+
35
+ La coulée de 2005 du piton de la Fournaise.
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+
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+ Relief inaccessible de Mafate à Marla.
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+ La plaine des Cafres.
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+ La plage de l'Ermitage dans l'Ouest de l'île.
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+ Urbanisation des pentes à Saint-Denis.
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45
+ Le piton des Neiges, volcan bouclier et point culminant de La Réunion. Inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l'île.
46
+
47
+ La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part de précipitation entre la côte au vent à l'est et la côte sous le vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.
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+
49
+ Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :
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+
51
+ La Pointe des Trois Bassins, située sur le littoral de la commune de Trois-Bassins (Ouest), est la station la plus sèche avec une hauteur annuelle normale de précipitations de 447,7 mm, tandis que Le Baril à Saint-Philippe (Sud-Est) est la station côtière la plus arrosée avec une hauteur normale annuelle de 4 256,2 mm[14]. Cependant, le poste le plus arrosé est celui des hauts de Sainte-Rose avec une moyenne annuelle de précipitation atteignant près de 11 000 mm, ce qui en fait l'un des endroits les plus pluvieux du monde.
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+
53
+ Les températures à La Réunion se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement 10 °C) bien que sensible :
54
+
55
+ Dans les bourgs de montagne, comme à Cilaos ou à La Plaine-des-Palmistes, les températures moyennes oscillent entre 12 °C et 22 °C. Les zones d'habitat les plus élevées et les espaces naturels d'altitude peuvent connaître quelques gelées hivernales. De la neige a même été observée sur le piton des Neiges ainsi que le Piton de la Fournaise en 2003[16] et 2006[17].
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+
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+ Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont « non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets du changement climatique, la Réunion a été choisie (avec Gran Canaria en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné [18], pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision » [18].
58
+
59
+ La Réunion est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les 200 km/h et apportent des précipitations diluviennes. Le CMRS (Centre météorologique régional spécialisé) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien. 15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.
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+ 220 km/h à la plaine des Cafres ;
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+ 187 km/h à Gillot
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+ 162 km/h à la Petite France
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+ L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenues invasives. Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par la périurbanisation[22], elles font l’objet de plans de sauvegarde.
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+
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+ Net-Biome[23] est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par la Commission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de la biodiversité tropicale et subtropicale dans les 7 régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des pays et territoires d’outre-mer de l’UE. Il s'appuiera notamment sur :
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+
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+ En 2009, une liste des espèces menacées a été établie dans le cadre d'une mission pilotée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le muséum national d'histoire naturelle et en partenariat avec la direction régionale de l'Environnement[24].
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+
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+ Avec la création de son parc national, l'île a été nommée au Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » le lundi 2 août 2010[25].
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+ La flore tropicale et insulaire de l'île de La Réunion se caractérise par sa diversité, un taux d’endémisme très élevé et une structure bien spécifique. La flore réunionnaise compte une grande diversité de milieux naturels et d’espèces (jusqu’à 40 espèces d'arbres/ha, par comparaison à une forêt tempérée qui en compte en moyenne 5/ha). Cette diversité est d’autant plus remarquable, mais fragile, qu’elle est différente en fonction des milieux (littoral, basse, moyenne et haute montagne).
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+ On recense à La Réunion un taux d’espèces endémiques très élevé, avec plus de 850 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l’arrivée de l’Homme), dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel des Mascareignes. La flore réunionnaise se distingue enfin des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation bien spécifique, notamment une forte présence de plantes épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), comme les Orchidaceæ, les Bromeliaceæ, les Cactaceæ, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses[26].
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+ La faune remarquable de La Réunion[27] se concentre autour des oiseaux, des insectes ou des reptiles, qui comptent de nombreuses espèces endémiques, mais l'île n'accueille pas de grand mammifère et ne compte pas d'animal dangereux sur terre. La faune qui compte le plus d’espèces endémiques est celle des oiseaux, dont certaines espèces sont fortement menacées à l'image du Tuit-tuit, du Pétrel de Barau ou encore du Papangue, et aussi celle des insectes, notamment coléoptères et papillons, encore assez mal connus. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image du Paille-en-queue[28] ou de l’Endormi[29]. La Réunion compte assez peu de mammifères, et une seule espèce endémique, le Ti Moloss qui est une micro-chauve-souris (microchiroptères)[30].
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+ La Réunion jouit d'une biodiversité et d'une faune marine très importante, que ce soit dans les récifs et les lagons, mais aussi avec les poissons et les habitants du grand large. On dénombre plus de 1 200 espèces de poissons qui évoluent dans les lagons, les tombants et les grands fonds des eaux réunionnaises[31].
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+ La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes[32]. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
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+ Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années[11]), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans[33]) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme de récifs frangeants[11],[33].
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+ Ces formations délimitent des « lagons » (il s'agit plus précisément de « dépressions d'arrière-récif »[11],[33]) peu profonds dont le plus grand ne dépasse pas 200 m de large, pour 1 à 2 m de fond environ[34]. Ces lagons, qui forment une ceinture récifale discontinue de 25 km de long (soit 12 % du littoral de l'île) pour une surface totale de 12 km2[11],[33], sont situés sur la côte ouest et sud-ouest de l’île. Les plus importants sont ceux de L’Ermitage (St.-Gilles), St.-Leu, L'Étang-Salé et St.-Pierre.
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+ Malgré la faible surface des récifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel des Mascareignes son inscription parmi les dix principaux « hot spots » de biodiversité mondiale[35]. Les récifs coralliens de La Réunion, aussi bien au niveau des platiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces de corail branchu à croissance rapide du genre Acropora (famille des Acroporidæ), qui permettent d'héberger et de nourrir de très nombreuses espèces tropicales.
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+ Les recherches scientifiques récentes font état à La Réunion de plus de 190 espèces de coraux[35], plus de 1 300 espèces de mollusques[36], plus de 500 espèces de crustacés[37], plus de 130 espèces d'échinodermes[35] et plus de 1 000 espèces de poissons[38].
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+ Les eaux plus profondes de La Réunion accueillent des dauphins, orques, baleines à bosse, baleines bleues et les espèces de requins sont variées ; parmi celles-ci : le requin baleine, le requin corail, le requin bouledogue, le requin tigre, le requin à pointes noires et le requin blanc. Plusieurs espèces de tortues marines y vivent et s'y reproduisent.
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+
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+ Tortue verte immature (Chelonia mydas).
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+ Raie aigle (Myliobatis aquila), survolant le corail.
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+ Idole des Maures (Zanclus cornutus).
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+ Deux poissons-papillon à trois bandes (Chætodon trifasciatus).
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+ Un baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus).
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+ « Cordon mauresque » (Synapta maculata).
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+
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+ Parmi les écosystèmes côtiers, les récifs coralliens comptent parmi les plus riches en matière de biodiversité, mais ils sont aussi les plus fragiles[39].
108
+
109
+ Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009[38], avec un corail en dégradation en plusieurs endroits. Les causes de cet état de fait sont la pollution, la surpêche et le braconnage ainsi que la pression anthropique, notamment liée à la densification de l’urbanisation des zones côtières et au rejet des eaux usées[38].
110
+
111
+ 104 espèces vivant sur l'île de La Réunion étaient inscrites sur la liste rouge éditée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au 12 septembre 2008. Elles étaient 51 en 2007[40].
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+
113
+ Sur cette liste on trouvait :
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+ Le caractère insulaire de La Réunion la rend vulnérable au dérèglement climatique et implique une stratégie d'adaptation, à laquelle une trame verte et bleue peut contribuer[41].
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+
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+ Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion[42]. Plus tard, au Xe siècle apr. J.-C., des navigateurs arabes découvrent l'île de La Réunion et la nomment « Dîna morgabin »[2].
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+ L’île semblait totalement inhabitée lors de l'arrivée des navires portugais du XVIe siècle en route vers les Indes[2].
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+ Un navigateur portugais, Diogo Dias, y aurait débarqué en juillet 1500. Un autre navigateur portugais, Pedro de Mascarenhas y débarque le 9 février 1512[43] ou 1513[44], jour de la Sainte-Apolline, alors qu’il est sur la route de Goa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom de Santa Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues sont appelées archipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées les Mascareignes.
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123
+ Au début du XVIIe siècle, l’île est une escale sur la route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. Le 23 mars 1613, l’amiral néerlandais Pierre-Guillaume Veruff, de retour de Java, fait escale à La Réunion. Un navigateur anglophone baptise par ailleurs l’île encore inhabitée England's forest.
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+ Les Français y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptisée île Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés de Madagascar sont abandonnés à La Réunion.
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+ C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron : L’Aigle blanc, La Vierge, le Bon port, Le Saint-Paul et Le Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. La Loire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta le quai de la Fosse à Nantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de la côte de Malabar et du golfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le 9 juillet 1665. La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale au Cap-Vert le Jeudi saint, le 4 mars 1665. Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile. « Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueur Urbain Souchu de Rennefort.
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+ Parmi les vingt colons venus de France, on note la présence d'Hervé Dannemont (devenu Dennemont), né le 17 décembre 1635 à Brix (Manche), fils de Jacques Dannemont, maître verrier, et de Marie Lecarpentier. Il a épousé vers 1668 à Saint-Paul, Léonarde Pillé, originaire de Granville. Hervé Dennemont serait décédé le 16 novembre 1678. Les Dannemont de Normandie sont représentés, aujourd'hui, par une trentaine de familles sur l'île de La Réunion. On les trouve également à l'île Maurice mais aussi à Madagascar. En Normandie, la famille s'est éteinte au XVIIIe siècle, le nom ayant muté en Dalmont (sa descendance est bien connue grâce à Camille Ricquebourg, auteur du Dictionnaire généalogique des familles de Bourbon).
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+ Françoise Chatelain de Cressy est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.
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+ À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie. Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’hui île Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendant Pierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment le girofle et la noix de muscade dont le commerce fut florissant au XVIIIe et début du XIXe siècle.
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+ Le 19 mars 1793, pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion »[45] en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, lors de la marche sur le palais des Tuileries, la journée du 10 août 1792, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons[46]. Le 26 septembre 1806, l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
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+ L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le 4 février 1794 se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le 18 juin 1796 pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.
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+ Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.
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+ Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est substituée à la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France, de Saint-Domingue, et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
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+ De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalité liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.
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+ Le 20 décembre 1848, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert Delisle devient son premier gouverneur créole le 8 août 1852 et reste à ce poste jusqu’au 8 janvier 1858. L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour satisfaire ses besoins en sucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l���île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
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+ La seconde moitié du XIXe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du XIXe siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants. La production de café est détruite à 75 % en deux décennies, entre 1880 et 1900, à cause de la propagation d'une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises[47].
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+ La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 000 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateur Roland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. L’amiral Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80 % des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait[48]. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la grippe espagnole qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe espagnole a été ramenée par les Poilus réunionnais avec le navire Madonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin du XIXe siècle, les quartiers défavorisés ont été touchés et appauvris. Les estimations font état d’au moins 2 000 décès dans la capitale Saint-Denis pour une population de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur [49],[50].
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+ Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.
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+ La Seconde Guerre mondiale[51] est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le 28 novembre 1942, un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre[52].
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+ Le 19 mars 1946, La Réunion devient un département d’outre-mer français puis, en 1997, l’une des sept régions ultrapériphériques de l’Union européenne.
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+ À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais la métropole est amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le progrès social. L’instruction obligatoire constitue un progrès décisif. La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale hexagonal apporte un mieux être considérable. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la métropole. Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique en métropole.
158
+
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+ Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité. Une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques chinois » et « bazar zarabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise, mais le parc automobile évolue plus rapidement encore. L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active. L’économie change. Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et consomme. La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production agricole. Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. Aujourd’hui, le tourisme est la première activité de l’île, avec la construction.
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+ La Réunion est un territoire français d'outre-mer régi par l'article 73 de la Constitution en vertu duquel les lois et règlements sont applicables de plein droit tout comme en métropole[53].
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+ La Réunion forme ainsi un DROM — département et région d'outre-mer — doté d'un conseil régional et d'un conseil départemental. Ces collectivités territoriales disposent globalement des mêmes compétences que les départements et régions de métropole bien que des adaptations existent. L'article 73 de la Constitution laisse la possibilité de substituer à la région et au département une collectivité territoriale unique, mais à l'inverse de la Guyane ou de la Martinique, aucun projet en ce sens n'existe actuellement.
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165
+ À l'inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l'exécutif national[53].
166
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167
+ L'État est représenté à La Réunion par un préfet. Le territoire est divisé en quatre arrondissements (Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre).
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+ La Réunion compte 24 communes organisées en 5 communautés d'agglomération.
170
+
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+ Du point de vue de l'Union européenne, La Réunion constitue une région ultra-périphérique.
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+
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+ Le positionnement de l'île de la Réunion lui a conféré un rôle stratégique d'importance variable selon les époques.
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+
175
+ La Réunion est déjà à l'époque de la Route des Indes une position française située entre Le Cap et les comptoirs d'Inde, bien qu'éloignée du Canal du Mozambique. L'île Bourbon (son appellation sous l'Ancien Régime) n'est pourtant pas la position préférée pour le commerce et l'armée. En effet, le gouverneur Labourdonnais affirme alors que l'Isle de France (l'île Maurice) est une terre d'avenir, grâce à sa topographie peu contraignante et à la présence de deux ports naturels. Il considère que Bourbon a plutôt pour vocation d'être un entrepôt ou une base de secours pour l'Isle de France[54]. L'ouverture du Canal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l'Océan Indien et réduit l'importance stratégique de l'île. Ce déclin est confirmé par l'importance accordée à Madagascar, bientôt colonisée[55].
176
+
177
+ Depuis les années 2000, un sous-ensemble géopolitique tend à s'esquisser sous l’appellation Sud-Ouest de l'océan Indien.
178
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+ De nos jours l'île, qui est le siège d'une zone de défense et de sécurité, abrite l'état major des Forces armées de la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), qui regroupe les unités de l'Armée française stationnées à La Réunion et à Mayotte.
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181
+ L’île de La Réunion permet à la France d'être membre de la Commission de l'océan Indien.
182
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+ La Réunion est également une base accueillant les infrastructures du Frenchelon et de l’ensemble mobile écoute et recherche automatique des émissions.
184
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185
+ Enfin, elle accueille à Saint-Pierre le siège des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
186
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+ Les partis politiques réunionnais sont à peu de chose près les filiales ou les homologues de ceux de métropole. Le Parti communiste réunionnais a néanmoins quelques revendications autonomistes ; on trouve le même reflet pour les organisations syndicales. La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les mobilisations de la métropole.
188
+
189
+ En 2017, la région comptait 853 659 habitants[Note 1], en augmentation de 2,36 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
190
+
191
+ Jusqu'au début du XXe siècle, la croissance de la population réunionnaise est modérée, voire faible à certaines périodes. Les conditions de vie difficiles et les épidémies de paludisme, choléra, peste entre autres, ne sont pas étrangères à ce constat. C'est véritablement au lendemain de la départementalisation que la croissance démographique explose : la population triple en l'espace de 50 ans, pour atteindre officiellement près de 843 000 habitants en 2014. Selon certaines projections, l'île devrait franchir la barre du million d'habitants à l'horizon 2030.
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+
193
+ Les trois principales unités urbaines du département sont celles de Saint-Denis (177 684 habitants en 2014), de Saint-Paul (172 548 habitants) et de Saint-Pierre (165 013 habitants).
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+
195
+ La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’Est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'Ouest et du Sud-Est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du Sud de la Chine notamment de Canton (les Chinois) et d’Europe (les Yabs). Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
196
+
197
+ Les premiers colons, au XVIIe siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays. À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du XVIIIe siècle (37 000 esclaves en 1789[58]). Au début du XIXe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
198
+
199
+ Après l’abolition de l'esclavage, en décembre 1848, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du XIXe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
200
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201
+ La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
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203
+ Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métis.
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+ Le 20 décembre 1848, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation de fête caf' (« fête des cafres »).
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+ La langue de l'administration, de l'enseignement et de la presse écrite et orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le créole réunionnais[59] qui est une langue vernaculaire structurée sur le français dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se comprendre. Cependant une partie de la population ne parle que le créole réunionnais[60].
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+ Le passage du créole au français s'est fait au cours des siècles. Selon l'auteur Annegret Bollée[61], on suppose que « le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
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+ Bénéficiant aujourd'hui de plus de reconnaissance, le créole réunionnais peut être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire depuis 2001 dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales »[62].
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213
+ Étant donné la présence de différentes ethnies au sein de la population réunionnaise, d'autres langues sont présentes sur l'île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l'ourdou, l'arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien[63].
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+ Du fait des différentes origines de la population réunionnaise, les principales religions pratiquées dans l’île sont le christianisme (85 %, essentiellement catholique romain, mais aussi protestant), l’hindouisme (7 %, tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite) et le judaïsme, la communauté chinoise vénérant pour sa part le héros guerrier devenu dieu, Guan Di.
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+ Diverses manifestations spirituelles jalonnent aujourd’hui l’année civile, Pâques, Dipavali, Noël, Ramadan, Pandialé, Carême, commémorations sacrificielles du mouton et du cabri.
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+ Le premier Lycée privé sous contrat de confession musulmane de France est situé sur l'île, à Saint-Denis (La Réunion). L' École Medersa Tarlimoul Islam est sous contrat d’association depuis 1990[64].
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221
+ Les deux principales infrastructures du Centre hospitalier universitaire de La Réunion sont implantées à Saint-Denis et sur le site de Saint-Pierre[65]. Il existe à Saint-Denis un établissement privé, la clinique Sainte-Clotilde. Ces structures prennent en charge la plupart des pathologies et opérations dans de nombreux services. Seul certains gestes ultraspécialisés demandent un agissement sur la métropole. Des dispensaires existent dans d'autres localités plus petites (La Plaine-des-Palmistes, Cilaos...). Pour les écarts et lieux reculés, les médecins de campagne se déplacent en voiture pour les consultations, voire à pied pour le cirque de Mafate, dépourvu de routes[66].
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223
+ Parallèlement, de nombreux médecins généralistes sont répartis à travers l'île, les spécialistes se concentrant dans les grandes villes. Un important service d'urgence existe, autant à destination de la population que des centaines de milliers de touristes[67] abordant annuellement les sentiers de randonnées coupés du monde[68].
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+ La Réunion possède une académie qui lui est propre, dont le recteur est Velayoudom Marimoutou[69] depuis 2016. Le rectorat est situé dans le chef-lieu, dans le quartier du Moufia à Saint-Denis. À la rentrée 2012, l'Île compte 522 écoles maternelles et/ou primaires dont 26 privées pour 120 230 élèves dans le premier degré, 82 collèges dont six privés pour 61 300 élèves, 32 lycées d'enseignement général et technologique dont trois privés pour 23 650 élèves et 15 lycées professionnels dont deux privés pour 16 200 élèves.
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+ Les zones d'éducation prioritaires touchent à La Réunion un peu plus de la moitié des élèves du premier et second degré[70].
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+ Les résultats du baccalauréat sont relativement proches de la moyenne nationale avec un taux de 81,4 % en 2012 contre 82,4 en 2011 (respectivement : 84,5 % et 85,6 % en moyenne nationale).
230
+
231
+ Dans l'enseignement supérieur, l'université de La Réunion accueille 11 600 étudiants se répartissant sur les différents sites notamment de Saint-Denis et du Tampon. 5 800 autres étudiants se répartissent sur les filières post-bac de lycée et autres enseignements supérieurs[71].
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233
+ L'Île de La Réunion permet grâce à des conditions climatiques favorables et de nombreuses infrastructures, la pratique de différents sports. Les activités d’eau et de montagne sont très présentes sur l’île. Le nombre de licenciés est d’environ 150 000 pratiquants[72] pour plus d’une soixantaine de disciplines sans compter les non-licenciés.
234
+
235
+ Nombreuses sont ces activités dans une île qui bénéficie d'un climat clément et à la fois de la mer et de la montagne. Certaines d'entre elles bénéficient d'un article dans Wikipédia :
236
+
237
+ Mais il faudrait aussi mentionner la course à pied Diagonale des Fous - Trail de Bourbon[74], notamment les courses de montagne dont la plus célèbre est le Grand Raid, le vélo tous terrains, la randonnée équestre, le canyoning et bien d'autres.
238
+
239
+ Quatre titres composent la presse quotidienne régionale : le Journal de l'île, Le Quotidien de La Réunion, Visu et Témoignages, édition du Parti communiste réunionnais. L'essentiel de la presse magazine est constitué d'hebdomadaires spécialisés dans les programmes de télévision et de quelques périodiques consacrés à la vie des entreprises commerciales et industrielles.
240
+
241
+ Le PAR, paysage audiovisuel réunionnais, longtemps monopolisé par l'ORTF, auquel succèdent les chaînes publiques FR3 en 1975, puis RFO en 1982, est aujourd'hui représenté par trois chaînes de télévision hertziennes : Réunion 1re (chaîne publique), Antenne Réunion et Télé Kréol. Deux bouquets satellites sont proposés par Parabole Réunion et Canalsat Réunion.
242
+
243
+ Le paysage radiophonique a vécu aussi une grande transformation à la suite de la libération des ondes voulue par le président socialiste François Mitterrand dès son élection en 1981 ; l'île compte plus de 45 radios privées qui émettent pour certaines d’entre elles sur l’ensemble de l’île et conquièrent leur auditoire en usant de l'interactivité.
244
+
245
+ En effet, Radio Freedom est une radio basée sur ses auditeurs. Le programme est constitué de l'intervention, en direct, de ses auditeurs, et ce, de 5 h à 0 h (plus en cas d'événements, cyclones…), en plus des journaux.
246
+ En 1991, lors de la suppression de Télé Freedom (créée par la même personne que Radio Freedom (Camille Sudre) par recours du CSA au préfet (Télé Freedom émettait clandestinement), des émeutes éclatèrent car c'était, à l'époque, le seul média et moyen d'expression libre, qui diffusait des films d'arts martiaux, des films pornographiques et le maloya[non pertinent].
247
+
248
+ Depuis novembre 2010, la télévision numérique terrestre permet de recevoir, en plus des chaînes locales, les chaînes de France Télévisions, Arte et France 24.
249
+
250
+ Au 1er janvier 2008, La Réunion comptait 305 300 logements. Le parc réunionnais est composé à 91 % de résidences principales (propriétaires et locataires). 7 % des logements sont vacants (essentiellement dans les communes du Tampon, La Possession et Sainte-Clotilde), le reste étant constitué de résidences secondaires (l'Ouest et le Sud de l'île). Le parc réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui de la France métropolitaine. L’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse plus que 17 % dans le parc de logements. En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé. La majorité des résidences principales de l'île sont des maisons individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation (1981), le nombre d'appartements a triplé en 25 ans. Le parc réunionnais augmente. Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de Métropole. Cependant, les logements sans confort sont en nette diminution constante. Toutefois, il reste encore des efforts à faire de ce côté, car même s'ils sont deux fois moins nombreux qu'en 1999, on comptabilisait en 2008, 42 000 logements ne disposant pas d'eau chaude[75]..
251
+
252
+ Le produit intérieur brut (PIB) de La Réunion s'établit en 2008 à 14,7 milliards d'euros[76] contre 13,74 milliards d'euros en 2007[77], soit une progression annuelle exprimée en monnaie constante d'environ 3,1 %.
253
+
254
+ L'agriculture occupe 44 000 hectares de surface agricole utile. La Réunion produit principalement du sucre (premier producteur européen), mais aussi de la vanille bourbon. Cultivée sur l'île depuis le XIXe siècle, elle est l'une des rares à être encore produite de manière manuelle.
255
+
256
+ La pêche à La Réunion est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle est permise aussi par la ZEE dont bénéficie l'île.
257
+
258
+ Les revenus du tourisme constituent la première ressource économique de La Réunion, devant ceux tirés de la production et de la transformation de la canne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais comme Quartier Français, Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de la pêche dans les Terres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
259
+
260
+ Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les rares « boutiques chinois » encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
261
+
262
+ Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
263
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264
+ Le département est fortement dépendant énergétiquement, avec un taux de dépendance énergétique qui dépasse les 85 %.
265
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266
+ Son objectif est de développer les énergies renouvelables pour devenir énergétiquement indépendant.
267
+
268
+ L'île de La Réunion connait un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes adultes, qui sont le plus touchés[78]. 24 %, c'est le taux de chômage établi à La Réunion en 2018, soit une hausse de 2 points depuis 2016, indique l'Insee[79]. En 2018, le "halo" autour du chômage continue sa progression pour atteindre 12 % de la population[80].
269
+
270
+ À La Réunion, 149 000 personnes dont 83 000 chômeurs (selon la définition du Bureau International du Travail) sont sans emploi et souhaitent travailler. La situation de l'emploi continue donc de se dégrader[81].
271
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272
+ La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur le littoral font du réseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative du conseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : la route des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le Nord au Sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
273
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274
+ L’île de La Réunion comptait en 2004 près de 300 000 véhicules particuliers, soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l’équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de la France métropolitaine. On estime qu’à l’horizon 2020, le parc automobile à La Réunion pourrait atteindre environ 500 000 véhicules, pour un niveau d’équipement des ménages proche de celui de la France métropolitaine en 1999. La route des Tamarins, ouverte en 2009[82], permet un déplacement beaucoup plus rapide, notamment grâce à une voie plus large, au départ d'Étang-Salé jusqu'à Saint-Paul environ. Une nouvelle route du Littoral est actuellement en cours de construction entre La Possession et Saint-Denis.
275
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276
+ Le principal port de l'île est situé sur le territoire communal du Port, dans le Nord-Ouest de l'île ; il est le seul port de France à cumuler les cinq fonctions de gare maritime, port de commerce, port de plaisance, port de pêche et base navale (3e base navale française après Toulon et Brest). Il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion.
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278
+ L’île de La Réunion dispose de deux aéroports internationaux :
279
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280
+ Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et aux ULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que le Trou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
281
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282
+ L’île a vu naître de nombreux poètes, parmi lesquels Léon Dierx, Leconte de Lisle, Auguste Lacaussade, Évariste de Parny et Antoine Bertin. Elle a aussi inspiré Charles Baudelaire qui y a longuement séjourné, et dont de nombreux poèmes en portent les traces, comme dans « À une dame créole », « À une Malbaraise »[84]. Ce qui est sûr c’est que La Réunion compte un prix Goncourt en la personne ou plutôt en les personnes de Georges Athénas et d’Aimé Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne qui écrivaient à quatre mains sous le pseudonyme Marius et Ary Leblond : ils reçurent le célèbre prix en 1909 pour leur roman En France. L'aviateur Roland Garros est né à La Réunion, auteur de nombreux records et de la première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale mort au champ d'honneur et par ailleurs cycliste émérite ; l’aéroport international de l’île porte aujourd’hui son nom. L’île compte un autre héros de guerre en la personne de Juliette Dodu, qui, fait rare, reçut à la fois la légion d’honneur et la médaille militaire pour ses actes de courage en tant que télégraphiste ingénieuse pendant la guerre de 1870. La Réunion est également la terre natale de Raymond Barre, professeur d’économie politique et Premier ministre de la France de 1976 à 1981, mort le 25 août 2007 à Paris. Il fut aussi le maire de Lyon de 1995 à 2001.
283
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+ Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d’Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes, Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains, Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps et encore Joseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l’écriture moderne du Roman de Tristan et Yseult, l’amiral Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale, François-Gédéon Bailly de Monthyon (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon…
285
+
286
+ Parmi les personnalités contemporaines, Mémona Hintermann née Affejee, journaliste reporter à France 3, Manu Payet, comédien et humoriste, Valérie Bègue, Miss France 2008, Gérald De Palmas, chanteur, Laurence Roustandjee, présentatrice météo sur M6, viennent de La Réunion. Ainsi que la mannequin internationale et comédienne Noémie Lenoir, Sébastien Folin, animateur télé et radio, les chanteurs Tonton David, Faf Larage, Blacko (Sniper), Séverine Ferrer, animatrice télé et chanteuse. Côté sport, on peut ajouter Jérémy Morel, Dimitri Payet, Benoît Trémoulinas, Florent Sinama-Pongolle et Guillaume Hoarau, joueurs de foot qui sont d'origine réunionnaise, ainsi que Jackson Richardson et Daniel Narcisse, joueurs de handball ayant joué pour l'équipe de France de handball.
287
+
288
+ Bande dessinées
289
+
290
+ Théâtre, danse et cinéma
291
+
292
+ L'image de l'île a été utilisée comme cadre, pour certains films, séries TV et clips musicaux :
293
+
294
+ Films
295
+
296
+ Séries télé
297
+
298
+ Clips musicaux
299
+
300
+ Au rang des écrivains populaires, Henri MURAT "z'histoires longtemps ", 1992,Didier MURAT "l'îsle Bourbon sur la route des indes orientales ", 2016...
301
+
302
+ D'un point de vue de la structure, la maison créole est dite symétrique[85]. En effet, faute d'architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et construisaient de part et d'autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons de formes rectangulaires essentiellement. La varangue est un élément important de la maison. Il s'agit d'une terrasse extérieure construite sur l'avant de la maison, car elle permettait d'afficher ses richesses à la rue. Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales, trouvées en forêt. On y retrouve généralement une serre aux orchidées, des anthuriums et différents types de fougères[86].
303
+
304
+ La Villa Déramond-Barre est une villa de modèle architecturale créole d'un grand intérêt patrimonial[87].
305
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306
+ Toujours accompagnés de riz, les plats les plus communs sont les caris, version locale du curry indien, le rougail et les civets. Le cari se compose d'une base d'oignon, d'ail et d'épices comme le curcuma (appelé sur l'île « safran péi »)[88], sur laquelle on fait frire poisson, viande, œufs ; on ajoute ensuite de la tomate. Les plats peuvent aussi éventuellement être parfumés avec du gingembre ; le zeste d'un combava est généralement très apprécié. Le chop suey (au riz et non pas avec des pâtes) et autres plats asiatiques comme le porc à l'ananas[89] sont également très courants.
307
+
308
+ D'une façon générale, les plats sans viande ou poisson sont rares et il n'existe donc que peu de solutions végétariennes. L'une d'entre elles est le gratin de chouchou préparé à partir de la Chayote. Pour le reste, ce sont surtout des volailles qui sont consommées. Une des spécialités locales est le civet de tangue[90] (de la famille des hérissons).
309
+
310
+ Tous les 20 décembre, les habitants de l’île de la Réunion célèbrent la fête réunionnaise de la liberté. Cette célébration, également appelée Fête des Cafres ou « Fet’ Caf’ », commémore la proclamation de l’abolition de l’esclavage par la Deuxième République (France), en 1848. Le terme « cafre » désigne les africains de la « Cafrerie » (une partie de l’Afrique Australe). Il est dérivé du mot afrikaans « kaffer », assimilable à l’argot américain « nigger » ou « nègre », issu de la France coloniale[91].
311
+
312
+ Aujourd’hui au XXIe siècle, les réunionnais fêtent la fin d’une longue période d’oppression avec joie et allégresse. Cafres, Malgaches, Comoriens, Indiens, Yabs[92], Z'oreilles et métropolitains seront tous dans les rues et danseront au rythme du séga et du maloya, les deux genres musicaux majeurs de la Réunion[93]. De nombreux concerts, gratuits pour la plupart, sont organisés, ainsi que des défilés costumés et des spectacles de danse comme la Merengue, par exemple.
313
+
314
+ Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, le séga, est une variante créole du quadrille, l'autre, le maloya, à l'image du blues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
315
+
316
+ Le séga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare…), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec le séga mauricien et le séga rodriguais.
317
+
318
+ Le maloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.).
319
+
320
+ Les troupes de maloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme ; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes de maloya et aux kabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
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322
+ Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'abolition de l'esclavage (fête caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique ; il connaît même un regain : des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme le maloggae et autre maloya électrique.
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+
324
+ Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé, Baster, Ousanousava, Ziskakan, Pat'Jaune, Danyèl Waro, Tisours, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya : Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté le maloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
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326
+ En 2008, l'artiste Brice Guilbert réalise un clip intitulé La Réunion. On le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
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+ En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphe Pascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation à Saint-Denis de La Réunion et à Hyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville de Saint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
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+
330
+ La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées de métropole et des États-Unis. Ainsi la culture hip-hop se développe, mais également le ragga dancehall, KM David ou Kaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées par mp3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
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+
332
+ Littérature :
333
+
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+ Voir, pour plus d'auteurs, l'article Littérature réunionnaise.
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+
336
+ Poésie et littérature :
337
+
338
+ Cinéma :
339
+
340
+ Musique :
341
+
342
+ Politique et histoire :
343
+
344
+ Sport :
345
+
346
+ Médias :
347
+
348
+ Sciences :
349
+
350
+ Divers :
351
+
352
+ La Réunion ne possède pas de blason ou drapeau officiels.
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+
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+ Un blason a été créé pour l’île par l’ancien gouverneur Merwart à l’occasion de l’exposition coloniale de 1925 organisée à Petite-Île. Merwart, membre de la Société des sciences et arts de La Réunion, a voulu y faire figurer l’histoire de l'île :
355
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356
+ Le drapeau le plus utilisé à La Réunion est celui du « volcan rayonnant », dessiné par Guy Pignolet en 1975, parfois appelé « Lo Mavéli »[95] : il représente le volcan du piton de la Fournaise sous la forme d'un triangle rouge simplifié sur un fond bleu marine tandis que cinq rayons du soleil symbolisent l'arrivée des populations qui ont convergé vers l'île au cours des siècles[96].
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+ Blason de La Réunion.
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+ Drapeau de La Réunion.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La Réunion est une île de l'Ouest de l'océan Indien dans l'hémisphère sud ainsi qu'un département d'outre-mer français.
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+ D'une superficie de 2 512 km2, La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à 172 km à l'ouest-sud-ouest de l'île Maurice et à 679 km à l'est-sud-est de Madagascar. Il s'agit d'une île volcanique créée par un point chaud : culminant à 3 071 m au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée. Le piton de la Fournaise, situé dans le Sud-Est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde. Bénéficiant d'un climat tropical d'alizé maritime et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel.
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+ Vraisemblablement repérée dès le Moyen Âge par les Arabes sous le nom de « Dina Morgabin » (l’île couchant)[2], La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu'alors connue sous le nom d'île Mascarin, elle devient sous celui d'île Bourbon, une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une véritable colonie pratiquant la culture du café. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848[3], remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
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+ L'île connaît une crise économique rampante à compter des années 1870. Elle devient département français en 1946 (code départemental 974) et est, depuis 2003, la collectivité territoriale d’outre-mer la plus intégrée à la République[réf. nécessaire]. En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l'ordre de 29 %, dont 60 % chez les jeunes[4]. Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme. Le PIB est estimé à 14,5 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 18 000 euros par an.
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+
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+ D'après le dernier recensement, la population était, en janvier 2017, de 853 659 habitants[5], principalement concentrés sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.
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13
+ La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya…).
14
+
15
+ Au moment de sa prise de possession par la France au XVIIe siècle, l'île est baptisée Bourbon, du nom de la dynastie alors régnante. Pour rompre avec ce nom trop attaché à l'Ancien Régime, la Convention nationale décide le 23 mars 1793[6], de renommer le territoire île de la Réunion. Ce choix pourrait avoir été fait en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792 et la marche sur le palais des Tuileries mais aucun document ne le justifie et le sens du mot « réunion » pourrait avoir été purement symbolique[7].
16
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+ L'île change de nouveau de nom au XIXe siècle : en 1806, sous le Premier Empire, le général Decaen la baptise île Bonaparte puis, en 1810, elle redevient île Bourbon. Elle redevient définitivement île de la Réunion à la chute de la monarchie de Juillet par un arrêté du gouvernement provisoire du 7 mars 1848[8].
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+
19
+ Conformément à la graphie originelle et aux règles orthographiques et typographiques classiques[9] « la Réunion » s'écrivait avec une minuscule à l'article mais, au cours de la fin du XXe siècle, la graphie « La Réunion » avec une majuscule s'est développée dans de nombreux écrits pour souligner l'intégration de l'article dans le nom. Cette dernière graphie correspond aux préconisations de la Commission nationale de toponymie[10] et figure notamment dans l'actuelle Constitution de la République française aux articles 72-3 et 73.
20
+
21
+ La Réunion est une île qui se situe dans l'Ouest de l'océan Indien par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l'hémisphère sud, à 684 km à l'est de Madagascar.
22
+
23
+ La Réunion est l'île la plus occidentale de l'archipel des Mascareignes dont font également partie l'île Maurice, à 172 km à l'est-nord-est, et Rodrigues, toutes deux faisant partie de la république de Maurice. Les Mascareignes sont traditionnellement rattachées au continent africain.
24
+
25
+ La Réunion est une île volcanique née il y a quelque trois millions d'années[11] avec l'émergence du volcan du piton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 m, le sommet le plus élevé des Mascareignes et de l’océan Indien[12]. L'est de l'île est constitué par le piton de la Fournaise, un volcan bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu’un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.
26
+
27
+ En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par une érosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par l'érosion (Salazie, Mafate et Cilaos) et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant des ravines, estimées à au moins 600[13], généralement profondes et dont les torrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
28
+
29
+ Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral du Sud sauvage est cependant plus abrupt.
30
+
31
+ Entre la frange littorale et les Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos, la caldeira du piton de la Fournaise.
32
+
33
+ Le sommet du piton de la Fournaise au repos.
34
+
35
+ La coulée de 2005 du piton de la Fournaise.
36
+
37
+ Relief inaccessible de Mafate à Marla.
38
+
39
+ La plaine des Cafres.
40
+
41
+ La plage de l'Ermitage dans l'Ouest de l'île.
42
+
43
+ Urbanisation des pentes à Saint-Denis.
44
+
45
+ Le piton des Neiges, volcan bouclier et point culminant de La Réunion. Inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l'île.
46
+
47
+ La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part de précipitation entre la côte au vent à l'est et la côte sous le vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.
48
+
49
+ Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :
50
+
51
+ La Pointe des Trois Bassins, située sur le littoral de la commune de Trois-Bassins (Ouest), est la station la plus sèche avec une hauteur annuelle normale de précipitations de 447,7 mm, tandis que Le Baril à Saint-Philippe (Sud-Est) est la station côtière la plus arrosée avec une hauteur normale annuelle de 4 256,2 mm[14]. Cependant, le poste le plus arrosé est celui des hauts de Sainte-Rose avec une moyenne annuelle de précipitation atteignant près de 11 000 mm, ce qui en fait l'un des endroits les plus pluvieux du monde.
52
+
53
+ Les températures à La Réunion se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement 10 °C) bien que sensible :
54
+
55
+ Dans les bourgs de montagne, comme à Cilaos ou à La Plaine-des-Palmistes, les températures moyennes oscillent entre 12 °C et 22 °C. Les zones d'habitat les plus élevées et les espaces naturels d'altitude peuvent connaître quelques gelées hivernales. De la neige a même été observée sur le piton des Neiges ainsi que le Piton de la Fournaise en 2003[16] et 2006[17].
56
+
57
+ Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont « non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets du changement climatique, la Réunion a été choisie (avec Gran Canaria en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné [18], pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision » [18].
58
+
59
+ La Réunion est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les 200 km/h et apportent des précipitations diluviennes. Le CMRS (Centre météorologique régional spécialisé) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien. 15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.
60
+
61
+ 220 km/h à la plaine des Cafres ;
62
+
63
+ 187 km/h à Gillot
64
+
65
+ 162 km/h à la Petite France
66
+
67
+ L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenues invasives. Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par la périurbanisation[22], elles font l’objet de plans de sauvegarde.
68
+
69
+ Net-Biome[23] est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par la Commission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de la biodiversité tropicale et subtropicale dans les 7 régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des pays et territoires d’outre-mer de l’UE. Il s'appuiera notamment sur :
70
+
71
+ En 2009, une liste des espèces menacées a été établie dans le cadre d'une mission pilotée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le muséum national d'histoire naturelle et en partenariat avec la direction régionale de l'Environnement[24].
72
+
73
+ Avec la création de son parc national, l'île a été nommée au Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » le lundi 2 août 2010[25].
74
+
75
+ La flore tropicale et insulaire de l'île de La Réunion se caractérise par sa diversité, un taux d’endémisme très élevé et une structure bien spécifique. La flore réunionnaise compte une grande diversité de milieux naturels et d’espèces (jusqu’à 40 espèces d'arbres/ha, par comparaison à une forêt tempérée qui en compte en moyenne 5/ha). Cette diversité est d’autant plus remarquable, mais fragile, qu’elle est différente en fonction des milieux (littoral, basse, moyenne et haute montagne).
76
+
77
+ On recense à La Réunion un taux d’espèces endémiques très élevé, avec plus de 850 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l’arrivée de l’Homme), dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel des Mascareignes. La flore réunionnaise se distingue enfin des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation bien spécifique, notamment une forte présence de plantes épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), comme les Orchidaceæ, les Bromeliaceæ, les Cactaceæ, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses[26].
78
+
79
+ La faune remarquable de La Réunion[27] se concentre autour des oiseaux, des insectes ou des reptiles, qui comptent de nombreuses espèces endémiques, mais l'île n'accueille pas de grand mammifère et ne compte pas d'animal dangereux sur terre. La faune qui compte le plus d’espèces endémiques est celle des oiseaux, dont certaines espèces sont fortement menacées à l'image du Tuit-tuit, du Pétrel de Barau ou encore du Papangue, et aussi celle des insectes, notamment coléoptères et papillons, encore assez mal connus. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image du Paille-en-queue[28] ou de l’Endormi[29]. La Réunion compte assez peu de mammifères, et une seule espèce endémique, le Ti Moloss qui est une micro-chauve-souris (microchiroptères)[30].
80
+
81
+ La Réunion jouit d'une biodiversité et d'une faune marine très importante, que ce soit dans les récifs et les lagons, mais aussi avec les poissons et les habitants du grand large. On dénombre plus de 1 200 espèces de poissons qui évoluent dans les lagons, les tombants et les grands fonds des eaux réunionnaises[31].
82
+
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+ La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes[32]. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
84
+
85
+ Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années[11]), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans[33]) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme de récifs frangeants[11],[33].
86
+
87
+ Ces formations délimitent des « lagons » (il s'agit plus précisément de « dépressions d'arrière-récif »[11],[33]) peu profonds dont le plus grand ne dépasse pas 200 m de large, pour 1 à 2 m de fond environ[34]. Ces lagons, qui forment une ceinture récifale discontinue de 25 km de long (soit 12 % du littoral de l'île) pour une surface totale de 12 km2[11],[33], sont situés sur la côte ouest et sud-ouest de l’île. Les plus importants sont ceux de L’Ermitage (St.-Gilles), St.-Leu, L'Étang-Salé et St.-Pierre.
88
+
89
+ Malgré la faible surface des récifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel des Mascareignes son inscription parmi les dix principaux « hot spots » de biodiversité mondiale[35]. Les récifs coralliens de La Réunion, aussi bien au niveau des platiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces de corail branchu à croissance rapide du genre Acropora (famille des Acroporidæ), qui permettent d'héberger et de nourrir de très nombreuses espèces tropicales.
90
+
91
+ Les recherches scientifiques récentes font état à La Réunion de plus de 190 espèces de coraux[35], plus de 1 300 espèces de mollusques[36], plus de 500 espèces de crustacés[37], plus de 130 espèces d'échinodermes[35] et plus de 1 000 espèces de poissons[38].
92
+
93
+ Les eaux plus profondes de La Réunion accueillent des dauphins, orques, baleines à bosse, baleines bleues et les espèces de requins sont variées ; parmi celles-ci : le requin baleine, le requin corail, le requin bouledogue, le requin tigre, le requin à pointes noires et le requin blanc. Plusieurs espèces de tortues marines y vivent et s'y reproduisent.
94
+
95
+ Tortue verte immature (Chelonia mydas).
96
+
97
+ Raie aigle (Myliobatis aquila), survolant le corail.
98
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+ Idole des Maures (Zanclus cornutus).
100
+
101
+ Deux poissons-papillon à trois bandes (Chætodon trifasciatus).
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103
+ Un baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus).
104
+
105
+ « Cordon mauresque » (Synapta maculata).
106
+
107
+ Parmi les écosystèmes côtiers, les récifs coralliens comptent parmi les plus riches en matière de biodiversité, mais ils sont aussi les plus fragiles[39].
108
+
109
+ Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009[38], avec un corail en dégradation en plusieurs endroits. Les causes de cet état de fait sont la pollution, la surpêche et le braconnage ainsi que la pression anthropique, notamment liée à la densification de l’urbanisation des zones côtières et au rejet des eaux usées[38].
110
+
111
+ 104 espèces vivant sur l'île de La Réunion étaient inscrites sur la liste rouge éditée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au 12 septembre 2008. Elles étaient 51 en 2007[40].
112
+
113
+ Sur cette liste on trouvait :
114
+
115
+ Le caractère insulaire de La Réunion la rend vulnérable au dérèglement climatique et implique une stratégie d'adaptation, à laquelle une trame verte et bleue peut contribuer[41].
116
+
117
+ Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion[42]. Plus tard, au Xe siècle apr. J.-C., des navigateurs arabes découvrent l'île de La Réunion et la nomment « Dîna morgabin »[2].
118
+
119
+ L’île semblait totalement inhabitée lors de l'arrivée des navires portugais du XVIe siècle en route vers les Indes[2].
120
+
121
+ Un navigateur portugais, Diogo Dias, y aurait débarqué en juillet 1500. Un autre navigateur portugais, Pedro de Mascarenhas y débarque le 9 février 1512[43] ou 1513[44], jour de la Sainte-Apolline, alors qu’il est sur la route de Goa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom de Santa Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues sont appelées archipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées les Mascareignes.
122
+
123
+ Au début du XVIIe siècle, l’île est une escale sur la route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. Le 23 mars 1613, l’amiral néerlandais Pierre-Guillaume Veruff, de retour de Java, fait escale à La Réunion. Un navigateur anglophone baptise par ailleurs l’île encore inhabitée England's forest.
124
+
125
+ Les Français y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptisée île Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés de Madagascar sont abandonnés à La Réunion.
126
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127
+ C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron : L’Aigle blanc, La Vierge, le Bon port, Le Saint-Paul et Le Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. La Loire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta le quai de la Fosse à Nantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de la côte de Malabar et du golfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le 9 juillet 1665. La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale au Cap-Vert le Jeudi saint, le 4 mars 1665. Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile. « Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueur Urbain Souchu de Rennefort.
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+ Parmi les vingt colons venus de France, on note la présence d'Hervé Dannemont (devenu Dennemont), né le 17 décembre 1635 à Brix (Manche), fils de Jacques Dannemont, maître verrier, et de Marie Lecarpentier. Il a épousé vers 1668 à Saint-Paul, Léonarde Pillé, originaire de Granville. Hervé Dennemont serait décédé le 16 novembre 1678. Les Dannemont de Normandie sont représentés, aujourd'hui, par une trentaine de familles sur l'île de La Réunion. On les trouve également à l'île Maurice mais aussi à Madagascar. En Normandie, la famille s'est éteinte au XVIIIe siècle, le nom ayant muté en Dalmont (sa descendance est bien connue grâce à Camille Ricquebourg, auteur du Dictionnaire généalogique des familles de Bourbon).
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+ Françoise Chatelain de Cressy est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.
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+ À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie. Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’hui île Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendant Pierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment le girofle et la noix de muscade dont le commerce fut florissant au XVIIIe et début du XIXe siècle.
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+ Le 19 mars 1793, pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion »[45] en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, lors de la marche sur le palais des Tuileries, la journée du 10 août 1792, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons[46]. Le 26 septembre 1806, l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
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+ L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le 4 février 1794 se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le 18 juin 1796 pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.
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+ Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.
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+ Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est substituée à la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France, de Saint-Domingue, et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
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+ De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalité liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.
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+ Le 20 décembre 1848, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert Delisle devient son premier gouverneur créole le 8 août 1852 et reste à ce poste jusqu’au 8 janvier 1858. L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour satisfaire ses besoins en sucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l���île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
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+ La seconde moitié du XIXe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du XIXe siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants. La production de café est détruite à 75 % en deux décennies, entre 1880 et 1900, à cause de la propagation d'une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises[47].
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+ La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 000 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateur Roland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. L’amiral Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80 % des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait[48]. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la grippe espagnole qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe espagnole a été ramenée par les Poilus réunionnais avec le navire Madonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin du XIXe siècle, les quartiers défavorisés ont été touchés et appauvris. Les estimations font état d’au moins 2 000 décès dans la capitale Saint-Denis pour une population de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur [49],[50].
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+ Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.
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+ La Seconde Guerre mondiale[51] est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le 28 novembre 1942, un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre[52].
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+ Le 19 mars 1946, La Réunion devient un département d’outre-mer français puis, en 1997, l’une des sept régions ultrapériphériques de l’Union européenne.
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+ À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais la métropole est amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le progrès social. L’instruction obligatoire constitue un progrès décisif. La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale hexagonal apporte un mieux être considérable. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la métropole. Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique en métropole.
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+ Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité. Une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques chinois » et « bazar zarabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise, mais le parc automobile évolue plus rapidement encore. L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active. L’économie change. Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et consomme. La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production agricole. Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. Aujourd’hui, le tourisme est la première activité de l’île, avec la construction.
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+ La Réunion est un territoire français d'outre-mer régi par l'article 73 de la Constitution en vertu duquel les lois et règlements sont applicables de plein droit tout comme en métropole[53].
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+ La Réunion forme ainsi un DROM — département et région d'outre-mer — doté d'un conseil régional et d'un conseil départemental. Ces collectivités territoriales disposent globalement des mêmes compétences que les départements et régions de métropole bien que des adaptations existent. L'article 73 de la Constitution laisse la possibilité de substituer à la région et au département une collectivité territoriale unique, mais à l'inverse de la Guyane ou de la Martinique, aucun projet en ce sens n'existe actuellement.
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165
+ À l'inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l'exécutif national[53].
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+ L'État est représenté à La Réunion par un préfet. Le territoire est divisé en quatre arrondissements (Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre).
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+ La Réunion compte 24 communes organisées en 5 communautés d'agglomération.
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+ Du point de vue de l'Union européenne, La Réunion constitue une région ultra-périphérique.
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+ Le positionnement de l'île de la Réunion lui a conféré un rôle stratégique d'importance variable selon les époques.
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+ La Réunion est déjà à l'époque de la Route des Indes une position française située entre Le Cap et les comptoirs d'Inde, bien qu'éloignée du Canal du Mozambique. L'île Bourbon (son appellation sous l'Ancien Régime) n'est pourtant pas la position préférée pour le commerce et l'armée. En effet, le gouverneur Labourdonnais affirme alors que l'Isle de France (l'île Maurice) est une terre d'avenir, grâce à sa topographie peu contraignante et à la présence de deux ports naturels. Il considère que Bourbon a plutôt pour vocation d'être un entrepôt ou une base de secours pour l'Isle de France[54]. L'ouverture du Canal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l'Océan Indien et réduit l'importance stratégique de l'île. Ce déclin est confirmé par l'importance accordée à Madagascar, bientôt colonisée[55].
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+ Depuis les années 2000, un sous-ensemble géopolitique tend à s'esquisser sous l’appellation Sud-Ouest de l'océan Indien.
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+ De nos jours l'île, qui est le siège d'une zone de défense et de sécurité, abrite l'état major des Forces armées de la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), qui regroupe les unités de l'Armée française stationnées à La Réunion et à Mayotte.
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+
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+ L’île de La Réunion permet à la France d'être membre de la Commission de l'océan Indien.
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+ La Réunion est également une base accueillant les infrastructures du Frenchelon et de l’ensemble mobile écoute et recherche automatique des émissions.
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+ Enfin, elle accueille à Saint-Pierre le siège des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
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+ Les partis politiques réunionnais sont à peu de chose près les filiales ou les homologues de ceux de métropole. Le Parti communiste réunionnais a néanmoins quelques revendications autonomistes ; on trouve le même reflet pour les organisations syndicales. La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les mobilisations de la métropole.
188
+
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+ En 2017, la région comptait 853 659 habitants[Note 1], en augmentation de 2,36 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
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+
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+ Jusqu'au début du XXe siècle, la croissance de la population réunionnaise est modérée, voire faible à certaines périodes. Les conditions de vie difficiles et les épidémies de paludisme, choléra, peste entre autres, ne sont pas étrangères à ce constat. C'est véritablement au lendemain de la départementalisation que la croissance démographique explose : la population triple en l'espace de 50 ans, pour atteindre officiellement près de 843 000 habitants en 2014. Selon certaines projections, l'île devrait franchir la barre du million d'habitants à l'horizon 2030.
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+
193
+ Les trois principales unités urbaines du département sont celles de Saint-Denis (177 684 habitants en 2014), de Saint-Paul (172 548 habitants) et de Saint-Pierre (165 013 habitants).
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+ La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’Est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'Ouest et du Sud-Est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du Sud de la Chine notamment de Canton (les Chinois) et d’Europe (les Yabs). Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
196
+
197
+ Les premiers colons, au XVIIe siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays. À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du XVIIIe siècle (37 000 esclaves en 1789[58]). Au début du XIXe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
198
+
199
+ Après l’abolition de l'esclavage, en décembre 1848, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du XIXe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
200
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201
+ La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
202
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203
+ Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métis.
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205
+ Le 20 décembre 1848, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation de fête caf' (« fête des cafres »).
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207
+ La langue de l'administration, de l'enseignement et de la presse écrite et orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le créole réunionnais[59] qui est une langue vernaculaire structurée sur le français dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se comprendre. Cependant une partie de la population ne parle que le créole réunionnais[60].
208
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209
+ Le passage du créole au français s'est fait au cours des siècles. Selon l'auteur Annegret Bollée[61], on suppose que « le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
210
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211
+ Bénéficiant aujourd'hui de plus de reconnaissance, le créole réunionnais peut être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire depuis 2001 dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales »[62].
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213
+ Étant donné la présence de différentes ethnies au sein de la population réunionnaise, d'autres langues sont présentes sur l'île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l'ourdou, l'arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien[63].
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215
+ Du fait des différentes origines de la population réunionnaise, les principales religions pratiquées dans l’île sont le christianisme (85 %, essentiellement catholique romain, mais aussi protestant), l’hindouisme (7 %, tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite) et le judaïsme, la communauté chinoise vénérant pour sa part le héros guerrier devenu dieu, Guan Di.
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217
+ Diverses manifestations spirituelles jalonnent aujourd’hui l’année civile, Pâques, Dipavali, Noël, Ramadan, Pandialé, Carême, commémorations sacrificielles du mouton et du cabri.
218
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219
+ Le premier Lycée privé sous contrat de confession musulmane de France est situé sur l'île, à Saint-Denis (La Réunion). L' École Medersa Tarlimoul Islam est sous contrat d’association depuis 1990[64].
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221
+ Les deux principales infrastructures du Centre hospitalier universitaire de La Réunion sont implantées à Saint-Denis et sur le site de Saint-Pierre[65]. Il existe à Saint-Denis un établissement privé, la clinique Sainte-Clotilde. Ces structures prennent en charge la plupart des pathologies et opérations dans de nombreux services. Seul certains gestes ultraspécialisés demandent un agissement sur la métropole. Des dispensaires existent dans d'autres localités plus petites (La Plaine-des-Palmistes, Cilaos...). Pour les écarts et lieux reculés, les médecins de campagne se déplacent en voiture pour les consultations, voire à pied pour le cirque de Mafate, dépourvu de routes[66].
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223
+ Parallèlement, de nombreux médecins généralistes sont répartis à travers l'île, les spécialistes se concentrant dans les grandes villes. Un important service d'urgence existe, autant à destination de la population que des centaines de milliers de touristes[67] abordant annuellement les sentiers de randonnées coupés du monde[68].
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225
+ La Réunion possède une académie qui lui est propre, dont le recteur est Velayoudom Marimoutou[69] depuis 2016. Le rectorat est situé dans le chef-lieu, dans le quartier du Moufia à Saint-Denis. À la rentrée 2012, l'Île compte 522 écoles maternelles et/ou primaires dont 26 privées pour 120 230 élèves dans le premier degré, 82 collèges dont six privés pour 61 300 élèves, 32 lycées d'enseignement général et technologique dont trois privés pour 23 650 élèves et 15 lycées professionnels dont deux privés pour 16 200 élèves.
226
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227
+ Les zones d'éducation prioritaires touchent à La Réunion un peu plus de la moitié des élèves du premier et second degré[70].
228
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+ Les résultats du baccalauréat sont relativement proches de la moyenne nationale avec un taux de 81,4 % en 2012 contre 82,4 en 2011 (respectivement : 84,5 % et 85,6 % en moyenne nationale).
230
+
231
+ Dans l'enseignement supérieur, l'université de La Réunion accueille 11 600 étudiants se répartissant sur les différents sites notamment de Saint-Denis et du Tampon. 5 800 autres étudiants se répartissent sur les filières post-bac de lycée et autres enseignements supérieurs[71].
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+
233
+ L'Île de La Réunion permet grâce à des conditions climatiques favorables et de nombreuses infrastructures, la pratique de différents sports. Les activités d’eau et de montagne sont très présentes sur l’île. Le nombre de licenciés est d’environ 150 000 pratiquants[72] pour plus d’une soixantaine de disciplines sans compter les non-licenciés.
234
+
235
+ Nombreuses sont ces activités dans une île qui bénéficie d'un climat clément et à la fois de la mer et de la montagne. Certaines d'entre elles bénéficient d'un article dans Wikipédia :
236
+
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+ Mais il faudrait aussi mentionner la course à pied Diagonale des Fous - Trail de Bourbon[74], notamment les courses de montagne dont la plus célèbre est le Grand Raid, le vélo tous terrains, la randonnée équestre, le canyoning et bien d'autres.
238
+
239
+ Quatre titres composent la presse quotidienne régionale : le Journal de l'île, Le Quotidien de La Réunion, Visu et Témoignages, édition du Parti communiste réunionnais. L'essentiel de la presse magazine est constitué d'hebdomadaires spécialisés dans les programmes de télévision et de quelques périodiques consacrés à la vie des entreprises commerciales et industrielles.
240
+
241
+ Le PAR, paysage audiovisuel réunionnais, longtemps monopolisé par l'ORTF, auquel succèdent les chaînes publiques FR3 en 1975, puis RFO en 1982, est aujourd'hui représenté par trois chaînes de télévision hertziennes : Réunion 1re (chaîne publique), Antenne Réunion et Télé Kréol. Deux bouquets satellites sont proposés par Parabole Réunion et Canalsat Réunion.
242
+
243
+ Le paysage radiophonique a vécu aussi une grande transformation à la suite de la libération des ondes voulue par le président socialiste François Mitterrand dès son élection en 1981 ; l'île compte plus de 45 radios privées qui émettent pour certaines d’entre elles sur l’ensemble de l’île et conquièrent leur auditoire en usant de l'interactivité.
244
+
245
+ En effet, Radio Freedom est une radio basée sur ses auditeurs. Le programme est constitué de l'intervention, en direct, de ses auditeurs, et ce, de 5 h à 0 h (plus en cas d'événements, cyclones…), en plus des journaux.
246
+ En 1991, lors de la suppression de Télé Freedom (créée par la même personne que Radio Freedom (Camille Sudre) par recours du CSA au préfet (Télé Freedom émettait clandestinement), des émeutes éclatèrent car c'était, à l'époque, le seul média et moyen d'expression libre, qui diffusait des films d'arts martiaux, des films pornographiques et le maloya[non pertinent].
247
+
248
+ Depuis novembre 2010, la télévision numérique terrestre permet de recevoir, en plus des chaînes locales, les chaînes de France Télévisions, Arte et France 24.
249
+
250
+ Au 1er janvier 2008, La Réunion comptait 305 300 logements. Le parc réunionnais est composé à 91 % de résidences principales (propriétaires et locataires). 7 % des logements sont vacants (essentiellement dans les communes du Tampon, La Possession et Sainte-Clotilde), le reste étant constitué de résidences secondaires (l'Ouest et le Sud de l'île). Le parc réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui de la France métropolitaine. L’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse plus que 17 % dans le parc de logements. En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé. La majorité des résidences principales de l'île sont des maisons individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation (1981), le nombre d'appartements a triplé en 25 ans. Le parc réunionnais augmente. Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de Métropole. Cependant, les logements sans confort sont en nette diminution constante. Toutefois, il reste encore des efforts à faire de ce côté, car même s'ils sont deux fois moins nombreux qu'en 1999, on comptabilisait en 2008, 42 000 logements ne disposant pas d'eau chaude[75]..
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+
252
+ Le produit intérieur brut (PIB) de La Réunion s'établit en 2008 à 14,7 milliards d'euros[76] contre 13,74 milliards d'euros en 2007[77], soit une progression annuelle exprimée en monnaie constante d'environ 3,1 %.
253
+
254
+ L'agriculture occupe 44 000 hectares de surface agricole utile. La Réunion produit principalement du sucre (premier producteur européen), mais aussi de la vanille bourbon. Cultivée sur l'île depuis le XIXe siècle, elle est l'une des rares à être encore produite de manière manuelle.
255
+
256
+ La pêche à La Réunion est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle est permise aussi par la ZEE dont bénéficie l'île.
257
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258
+ Les revenus du tourisme constituent la première ressource économique de La Réunion, devant ceux tirés de la production et de la transformation de la canne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais comme Quartier Français, Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de la pêche dans les Terres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
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+ Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les rares « boutiques chinois » encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
261
+
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+ Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
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+ Le département est fortement dépendant énergétiquement, avec un taux de dépendance énergétique qui dépasse les 85 %.
265
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+ Son objectif est de développer les énergies renouvelables pour devenir énergétiquement indépendant.
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268
+ L'île de La Réunion connait un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes adultes, qui sont le plus touchés[78]. 24 %, c'est le taux de chômage établi à La Réunion en 2018, soit une hausse de 2 points depuis 2016, indique l'Insee[79]. En 2018, le "halo" autour du chômage continue sa progression pour atteindre 12 % de la population[80].
269
+
270
+ À La Réunion, 149 000 personnes dont 83 000 chômeurs (selon la définition du Bureau International du Travail) sont sans emploi et souhaitent travailler. La situation de l'emploi continue donc de se dégrader[81].
271
+
272
+ La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur le littoral font du réseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative du conseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : la route des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le Nord au Sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
273
+
274
+ L’île de La Réunion comptait en 2004 près de 300 000 véhicules particuliers, soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l’équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de la France métropolitaine. On estime qu’à l’horizon 2020, le parc automobile à La Réunion pourrait atteindre environ 500 000 véhicules, pour un niveau d’équipement des ménages proche de celui de la France métropolitaine en 1999. La route des Tamarins, ouverte en 2009[82], permet un déplacement beaucoup plus rapide, notamment grâce à une voie plus large, au départ d'Étang-Salé jusqu'à Saint-Paul environ. Une nouvelle route du Littoral est actuellement en cours de construction entre La Possession et Saint-Denis.
275
+
276
+ Le principal port de l'île est situé sur le territoire communal du Port, dans le Nord-Ouest de l'île ; il est le seul port de France à cumuler les cinq fonctions de gare maritime, port de commerce, port de plaisance, port de pêche et base navale (3e base navale française après Toulon et Brest). Il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion.
277
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278
+ L’île de La Réunion dispose de deux aéroports internationaux :
279
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280
+ Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et aux ULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que le Trou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
281
+
282
+ L’île a vu naître de nombreux poètes, parmi lesquels Léon Dierx, Leconte de Lisle, Auguste Lacaussade, Évariste de Parny et Antoine Bertin. Elle a aussi inspiré Charles Baudelaire qui y a longuement séjourné, et dont de nombreux poèmes en portent les traces, comme dans « À une dame créole », « À une Malbaraise »[84]. Ce qui est sûr c’est que La Réunion compte un prix Goncourt en la personne ou plutôt en les personnes de Georges Athénas et d’Aimé Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne qui écrivaient à quatre mains sous le pseudonyme Marius et Ary Leblond : ils reçurent le célèbre prix en 1909 pour leur roman En France. L'aviateur Roland Garros est né à La Réunion, auteur de nombreux records et de la première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale mort au champ d'honneur et par ailleurs cycliste émérite ; l’aéroport international de l’île porte aujourd’hui son nom. L’île compte un autre héros de guerre en la personne de Juliette Dodu, qui, fait rare, reçut à la fois la légion d’honneur et la médaille militaire pour ses actes de courage en tant que télégraphiste ingénieuse pendant la guerre de 1870. La Réunion est également la terre natale de Raymond Barre, professeur d’économie politique et Premier ministre de la France de 1976 à 1981, mort le 25 août 2007 à Paris. Il fut aussi le maire de Lyon de 1995 à 2001.
283
+
284
+ Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d’Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes, Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains, Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps et encore Joseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l’écriture moderne du Roman de Tristan et Yseult, l’amiral Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale, François-Gédéon Bailly de Monthyon (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon…
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+ Parmi les personnalités contemporaines, Mémona Hintermann née Affejee, journaliste reporter à France 3, Manu Payet, comédien et humoriste, Valérie Bègue, Miss France 2008, Gérald De Palmas, chanteur, Laurence Roustandjee, présentatrice météo sur M6, viennent de La Réunion. Ainsi que la mannequin internationale et comédienne Noémie Lenoir, Sébastien Folin, animateur télé et radio, les chanteurs Tonton David, Faf Larage, Blacko (Sniper), Séverine Ferrer, animatrice télé et chanteuse. Côté sport, on peut ajouter Jérémy Morel, Dimitri Payet, Benoît Trémoulinas, Florent Sinama-Pongolle et Guillaume Hoarau, joueurs de foot qui sont d'origine réunionnaise, ainsi que Jackson Richardson et Daniel Narcisse, joueurs de handball ayant joué pour l'équipe de France de handball.
287
+
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+ Bande dessinées
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+
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+ Théâtre, danse et cinéma
291
+
292
+ L'image de l'île a été utilisée comme cadre, pour certains films, séries TV et clips musicaux :
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+ Films
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+
296
+ Séries télé
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+
298
+ Clips musicaux
299
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300
+ Au rang des écrivains populaires, Henri MURAT "z'histoires longtemps ", 1992,Didier MURAT "l'îsle Bourbon sur la route des indes orientales ", 2016...
301
+
302
+ D'un point de vue de la structure, la maison créole est dite symétrique[85]. En effet, faute d'architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et construisaient de part et d'autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons de formes rectangulaires essentiellement. La varangue est un élément important de la maison. Il s'agit d'une terrasse extérieure construite sur l'avant de la maison, car elle permettait d'afficher ses richesses à la rue. Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales, trouvées en forêt. On y retrouve généralement une serre aux orchidées, des anthuriums et différents types de fougères[86].
303
+
304
+ La Villa Déramond-Barre est une villa de modèle architecturale créole d'un grand intérêt patrimonial[87].
305
+
306
+ Toujours accompagnés de riz, les plats les plus communs sont les caris, version locale du curry indien, le rougail et les civets. Le cari se compose d'une base d'oignon, d'ail et d'épices comme le curcuma (appelé sur l'île « safran péi »)[88], sur laquelle on fait frire poisson, viande, œufs ; on ajoute ensuite de la tomate. Les plats peuvent aussi éventuellement être parfumés avec du gingembre ; le zeste d'un combava est généralement très apprécié. Le chop suey (au riz et non pas avec des pâtes) et autres plats asiatiques comme le porc à l'ananas[89] sont également très courants.
307
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308
+ D'une façon générale, les plats sans viande ou poisson sont rares et il n'existe donc que peu de solutions végétariennes. L'une d'entre elles est le gratin de chouchou préparé à partir de la Chayote. Pour le reste, ce sont surtout des volailles qui sont consommées. Une des spécialités locales est le civet de tangue[90] (de la famille des hérissons).
309
+
310
+ Tous les 20 décembre, les habitants de l’île de la Réunion célèbrent la fête réunionnaise de la liberté. Cette célébration, également appelée Fête des Cafres ou « Fet’ Caf’ », commémore la proclamation de l’abolition de l’esclavage par la Deuxième République (France), en 1848. Le terme « cafre » désigne les africains de la « Cafrerie » (une partie de l’Afrique Australe). Il est dérivé du mot afrikaans « kaffer », assimilable à l’argot américain « nigger » ou « nègre », issu de la France coloniale[91].
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+ Aujourd’hui au XXIe siècle, les réunionnais fêtent la fin d’une longue période d’oppression avec joie et allégresse. Cafres, Malgaches, Comoriens, Indiens, Yabs[92], Z'oreilles et métropolitains seront tous dans les rues et danseront au rythme du séga et du maloya, les deux genres musicaux majeurs de la Réunion[93]. De nombreux concerts, gratuits pour la plupart, sont organisés, ainsi que des défilés costumés et des spectacles de danse comme la Merengue, par exemple.
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314
+ Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, le séga, est une variante créole du quadrille, l'autre, le maloya, à l'image du blues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
315
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+ Le séga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare…), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec le séga mauricien et le séga rodriguais.
317
+
318
+ Le maloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.).
319
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320
+ Les troupes de maloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme ; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes de maloya et aux kabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
321
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322
+ Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'abolition de l'esclavage (fête caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique ; il connaît même un regain : des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme le maloggae et autre maloya électrique.
323
+
324
+ Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé, Baster, Ousanousava, Ziskakan, Pat'Jaune, Danyèl Waro, Tisours, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya : Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté le maloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
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326
+ En 2008, l'artiste Brice Guilbert réalise un clip intitulé La Réunion. On le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
327
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328
+ En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphe Pascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation à Saint-Denis de La Réunion et à Hyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville de Saint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
329
+
330
+ La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées de métropole et des États-Unis. Ainsi la culture hip-hop se développe, mais également le ragga dancehall, KM David ou Kaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées par mp3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
331
+
332
+ Littérature :
333
+
334
+ Voir, pour plus d'auteurs, l'article Littérature réunionnaise.
335
+
336
+ Poésie et littérature :
337
+
338
+ Cinéma :
339
+
340
+ Musique :
341
+
342
+ Politique et histoire :
343
+
344
+ Sport :
345
+
346
+ Médias :
347
+
348
+ Sciences :
349
+
350
+ Divers :
351
+
352
+ La Réunion ne possède pas de blason ou drapeau officiels.
353
+
354
+ Un blason a été créé pour l’île par l’ancien gouverneur Merwart à l’occasion de l’exposition coloniale de 1925 organisée à Petite-Île. Merwart, membre de la Société des sciences et arts de La Réunion, a voulu y faire figurer l’histoire de l'île :
355
+
356
+ Le drapeau le plus utilisé à La Réunion est celui du « volcan rayonnant », dessiné par Guy Pignolet en 1975, parfois appelé « Lo Mavéli »[95] : il représente le volcan du piton de la Fournaise sous la forme d'un triangle rouge simplifié sur un fond bleu marine tandis que cinq rayons du soleil symbolisent l'arrivée des populations qui ont convergé vers l'île au cours des siècles[96].
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+
358
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359
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360
+ Blason de La Réunion.
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+ Drapeau de La Réunion.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L'argile désigne une matière rocheuse naturelle à base de silicates ou d'aluminosilicates hydratés de structure lamellaire, provenant en général de l'altération de silicates à charpente tridimensionnelle, tels que les feldspaths. Elle peut être une matière localement abondante, très diverse, traitée ou raffinée avant emploi, à la fois meuble ou plastique (souvent après addition d'eau) ou à pouvoir desséchant, absorbant ou dégraissant, voire à propriétés collantes ou encore réfractaires, pour servir par exemple autrefois selon des usages spécifiques, souvent anciens, au potier et au briquetier, au maçon et au peintre, au teinturier et au drapier, au verrier et à l'ouvrier céramiste.
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+ En réalité, le terme issu du latin argilla peut s'appliquer au choix à un minéral argileux et à un ensemble de minéraux argileux, ainsi qu'à diverses roches composées pour l'essentiel de ces minéraux[1]. Les roches de la classe des lutites peuvent être l'argilite, l'argilolite ou argilotite, les shales à l'exclusion des schistes métamorphisés. Les argiles sont des roches sédimentaires clastiques. Lorsqu'elles renferment du calcaire, trois sous-classes sont définies entre le pôle argile et le pôle calcaire en fonction de l'augmentation de la teneur en calcaire : argile calcaire puis marne et enfin calcaire argileux. Les argiles riches en silice gélatineuse, soluble dans les alcalis, se nomment gaizes. Le limon ou le lehm désignent des argiles renfermant des particules siliceuses et accessoirement des pigments minéraux comme la limonite ou la goethite. Le lœss est un dépôt de couleur jaunâtre d'origine paléoglaciaire composé principalement d'argiles et de fines particules calcaires et siliceuses.
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+ Dans un sens étendu, il s'agit aussi d'un sédiment composé de particules fines issues de l'altération de diverses roches (processus appelé argilisation), parfois des roches sédimentaires argileuses métamorphisées en schistes. C'est pourquoi le monde paysan conscient de cette matière divisée fondamentale pour le développement de la vie par sa rétention d'eau qualifiait d'argiles au sens générique les limons et les terres grasses ou dégraissantes, molles ou malléables suivant leur degré d'humidité, susceptibles de se durcir à sec en plaques qui se rétractent et fendillent au soleil ou bien de libérer au vent ou par grattage léger de fines poussières de cette matière devenue friable et cassable, de s'amollir à l'eau et de générer en milieux humides après tassements répétés des boues colorées plus ou moins liquides, plus ou moins salissantes, plus ou moins collantes[2]. Il savait que l'adjonction d'argiles rend plus ou moins rapidement les terres imperméables, au contraire du sable fin perméable. Une terre argileuse peut être lourde et compacte, résistante et difficile au labour, se durcissant en croûtes épaisses parfois plus ou moins craquelées lors des sécheresses.
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+ Le potier et le maçon savaient reconnaître l'argile verte ou la terre glaise des argilières, avec laquelle ils pouvaient préparer une matière de base pour leur art, le premier une forme pour une poterie spécifique, le second en fabricant un ciment ou une chaux hydraulique[3]. Les hommes des métiers du feu distinguaient les argiles fusibles, comme les argiles figulines appréciés pour les faïences communes, les briques et les tuiles et les argiles smectiques, en usage pour dégraisser les draps comme terre à foulon, des argiles infusibles, telles que le kaolin ou diverses argiles plastiques. Les peintres antiques connaissaient déjà les argiles ocreuses tout comme les modestes constructeurs en terres argileuses utilisaient sans le savoir les propriétés de l'argile colloïdale.
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+ Historiquement, en géologie et science du sol, le terme argile correspond à l’ensemble des minéraux présentant une taille inférieure à 2 µm dans une roche. Cette coupure granulométrique invisible à l'œil est héritée des études pétrographiques effectuées par microscopie optique à la fin du XIXe siècle. Les cristaux présentant alors une taille inférieure à 2 µm n'étaient pas reconnaissables et classés sous l’appellation argile[4]. Aujourd'hui, l’appellation argile diffère en fonction des domaines d'étude. Ainsi, en géotechnique, où l’on s’intéresse avant tout au comportement mécanique des sols, on désigne par argile les matériaux de granulométrie inférieure à 4 µm (entre 4 et 50 µm, on parle de limon). En science des argiles, l'argile ne correspond pas à une coupure granulométrique, mais à des minéraux. Le terme est alors utilisé pour décrire les phyllosilicates et plus particulièrement les minéraux argileux.
12
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13
+ Ces derniers sont classés en trois grandes familles selon l'épaisseur des feuillets (0,7 ; 1,0 ou 1,4 nm), qui correspondent à un nombre de couches d'oxydes tétraédriques (Si) et octaédriques (Al, Ni, Mg, Fe2+, Fe3+, Mn, Na, K, etc.). L'interstice entre feuillets peut contenir de l'eau ainsi que des ions. Il en résulte des variations de la distance entre feuillets, et donc des variations dimensionnelles macroscopiques de l'argile quand elle s'hydrate (dilatation) ou s'assèche (contraction) pouvant provoquer des fissures. Un matériau sec qui contient beaucoup de minéraux argileux « happe à la langue » (absorbe de l'eau en formant une pâte plastique)[5].
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15
+ Les phyllosilicates se présentent sous forme de petits cristaux micrométriques, en plaquettes hexagonales ou en (micro)fibres. Ce sont les minéraux phylliteux halloysite, kaolinite, montmorillonite, illite et bravaisite, la glauconite, les smectites, les interstratifiés comme les vermiculites, les minéraux fibreux tels que les attapulgites ou les sépiolites, enfin les chlorites et les micas, ces dernières en très petits morceaux souvent altérés pour être assimilés à des argiles[6].
16
+
17
+ L'origine est variée ː altération de roches ou résidus de roches suivant des conditions locales suivant les zones d'altération des roches endogènes[7], sols à apport sédimentaire, diagenèse, éruption volcanique, météorites spécifiques. L'essor des études par rayons X (radiocristallographie, diffraction X, etc.) a permis l'étude et la caractérisation des argiles.
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+ Les roches argileuses sont des roches sédimentaires ou résiduelles à grains très fins (classe des lutites), contenant au moins 50 % de minéraux argileux. Ces roches tendres, rayables à l'ongle, fragiles à sec et durcissantes à la chaleur ou à la cuisson, imperméables et faisant pâte à l'eau, sont abondantes dans les formations sédimentaires, tant continentales que marines. Elles se divisent en argiles calcaires, argiles sableuses, micacées, etc. Elles peuvent être déposées en horizon ou couches de faible puissance, alternant avec d'autres couches rocheuses telles que calcaires, grès, évaporites, etc. en structures litées (shale), rubanées ou varvées. Elles peuvent aussi constituer des masses par empilement quasi-continus de couches épaisses, parfois même sans stratification apparente (argilite). En présence de minéraux détritiques, les argiles contiennent souvent des débris, morceaux ou clastes de roches divers. Dans tous les cas, les formations argileuses jouent un rôle majeur pour les ressources en eau et en hydrocarbures, car elles entravent ou stoppent l'écoulement parfois lent de ces derniers minéraux liquides.
20
+
21
+ Par exemple, l'argilite est une roche argileuse composée pour une large part de minéraux silicates d'aluminium plus ou moins hydratés présentant une structure feuilletée (phyllosilicates) expliquant leur plasticité, ou fibreuse (sépiolite et palygorskite) expliquant leurs qualités d'absorption.
22
+
23
+ Les minéraux argileux sont tous constitués à partir d'un empilement de feuillets tétraédriques et octaédriques entrecoupé par un espace appelé espace interfoliaire :
24
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+ Certaines argiles présentent la capacité d'augmenter leurs espaces interfoliaire. Cette propriété provient de l'incorporation de cations hydratés (Na, Ca, etc.) permettant de compenser les déficits de charges permanents. Ce phénomène n'existe plus si la charge de l'argile est trop forte (ex. : micas : charge totale de l'argile de -1 parfaitement contrebalancé par les cations déshydratés (K)) ou nulle (ex. : pyrophyllite, talc : charge totale de l'argile de 0, aucun cation interfoliaire). Les espèces expansibles sont celles dont la charge varie de 0,3 à 0,8 ce qui comprend la sous-classe des smectites ainsi que les vermiculites. C'est l'eau incorporée via les cations hydratés qui permet le gonflement de l'édifice cristallin. Le gonflement est d'autant plus important que l'humidité est élevée. À un état parfaitement sec, une smectite n'aura aucune molécule d'eau, la distance feuillet + interfolaire = 10 Å, comme une pyrophyllite. La distance feuillet + interfolaire d'une smectite peut ainsi aller de 10 Å à 18 Å.
26
+
27
+ Les cations compensant les charges permanentes et variables de l'argile restent, pour la plupart, échangeables dans l'environnement. Chaque argile a ainsi une CEC propre témoignant de leur appartenance à une des grandes familles de minéraux argileux. À titre indicatif, les smectites ont une capacité d'échange bien plus grande que les kaolinites, car, pour ces dernières, leur capacité d'échange est uniquement dictée par les charges variables
28
+
29
+ Différence de structure entre un feuillet octaédrique dioctaédrique et trioctaédrique.
30
+
31
+ Structure atomiques d'une argile TOT trioctaédrique.
32
+
33
+ Structure des feuillets d'une argile TOT trioctaédrique.
34
+
35
+ Vue du feuillet tétraédrique arrangé en mailles pseudo-hexagonales.
36
+
37
+ Vue d'un empilement de 10 feuillets.
38
+
39
+ De par la propriété de la plupart des minéraux argileux qui ont la particularité de posséder une charge de surface négative (les feuillets se repoussant entre eux), l'apport de cations réduit cette répulsion électrique, ce qui entraîne l'agglomération des particules argileuses, phénomène appelé floculation. Un des buts du chaulage des sols est la floculation stable du complexe argilo-humique[10]. Dans les estuaires, le taux de salinité de la mer (dû en partie au cation Na+) favorise la floculation bien en amont de l'embouchure. Les particules argileuses floculent et forment un amas de vase, le bouchon vaseux. « Pendant les périodes de mortes-eaux, on constate une phase d'accumulation pendant laquelle les vases vont se consolider partiellement pour former la crème de vase[11] ».
40
+
41
+ On différencie les argiles par leur type de combinaison d'empilement des feuillets tétraédriques et octaédriques, le cation de la couche octaédrique, la charge de l'argile et le type de matériel interfoliaire[12],[13].
42
+
43
+ Les minéraux argileux se répartissent en plusieurs grandes familles :
44
+
45
+ Nomenclature utilisée : Te/Si = rapport entre le nombre de cations Si tétraédriques par maille qu'il y aurait en l'absence de substitution dans le feuillet tétraédrique et le nombre de cations Si tétraédriques par maille existant réellement, Oc = rapport entre la charge totale des cations par maille dans le feuillet octaédrique, et la charge totale des cations par maille qu'il y aurait dans le feuillet octaédrique en l'absence de substitution . Les parenthèses indiquent le(s) cation(s) octaédrique(s). Les crochets indiquent le(s) cation(s) de compensation dans l'espace interfoliaire
46
+
47
+ Explication du classement : exemple d'une montmorillonite de charge 0.6 (avec sodium interfoliaire) : (Na)0,6(Al3.4, Mg0.6)Si8O20(OH)4• nH2O : La couche tétraédrique est entièrement Si ; on a donc Te/Si=8, à l'inverse l'octaèdre montre (par définition) une substitution Al↔Mg on a donc le bilan des charges positives (dans cet exemple) = 3.4×3+0.6×2 = 11.4 ; or la charge parfaite de l'octaèdre d'une argile TOT est de 12. On se retrouve alors dans le cas Oc<12/12. Attention, il n'est pas rare de trouver les formules par demi-maille des argiles, la montmorillonite de l'exemple devient alors (Na)0,3(Al1.7, Mg0.3)Si4O10(OH)2• nH2O
48
+
49
+ Oc = 12/12
50
+
51
+ Oc = 12/12
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+
53
+ Oc = 12/12
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+
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+ Oc > 12/12
56
+
57
+ ** L'illite (1 nm), de formule approximative K0.9Al2(Al0.9Si3.1O10)(OH)2, possède une charge par demi-maille de -0.75 à -0.9. Elle peut servir à la fabrication des objets en terre cuite. La structure des illites est proche de celle des micas mais en diffère par le degré de substitution Si/Al (inférieur dans l'illite), la présence de potassium (inférieure dans l'illite) et pour un certain degré de désordre dans l'empilement des feuillets.
58
+ *** La vermiculite possède une charge par demi-maille comprise entre -0.6 et -0.9.
59
+
60
+ Une des techniques utilisées pour reconnaître les argiles est l'analyse par diffraction de rayons X.
61
+ Cette technique nécessite une préparation spécifique de l'échantillon. Chacune des méthodes de préparation permet d'obtenir des informations différentes sur la structure du minéral.
62
+
63
+ La préparation désorientée se fait, comme son nom l'indique, à partir d'une poudre compacte dont les constituants auront été désorientés. Plusieurs méthodes sont utilisées : la poudre arasée, le « side loading », le « back loading » ou encore le « spray-dried ». La désorientation « parfaite » d'une poudre reste une technique délicate, pouvant être fortement influencée par les éventuelles orientations préférentielles induites par certains minéraux.
64
+ La poudre désorientée reste la méthode de préparation majoritairement utilisée pour l'identification des phases dans un échantillon minéral. Cette dernière permet d'obtenir l'ensemble des plans de diffraction des phases constituantes. Les argiles, quant à elles, sont plus difficilement différentiables par cette technique, car leurs plans cristallographiques sont pour beaucoup identiques d'une famille à l'autre. Les diffractogrammes montrent alors des pics superposés rendant la lecture et l'identification des phases plus complexes. Cependant, bien que présentant certains inconvénients (pour les phyllosilicates) la vision globale des plans de diffractions permet d'atteindre des paramètres tels que le taux de remplissage de la couche octaédrique, etc.
65
+
66
+ Une variante de la préparation désorientée consiste à placer la poudre dans un capillaire. Cette technique donne des résultats semblables, mais permet de travailler avec des quantités de matières bien inférieures.
67
+
68
+ La préparation de lames orientées est une méthode mise en place pour discerner les différents phyllosilicates d'un échantillon. Elle consiste à laisser sédimenter un échantillon pendant un laps de temps (loi de stokes) donné afin d'en récupérer uniquement la fraction <2 µm, considérée comme étant la fraction renfermant la phase argileuse « pure ». Cette fraction en solution est ensuite déposée sur une lame de verre, puis séchée. Lors du séchage les particules lamellaires d'argiles vont toutes s'orienter selon leur plan cristallographique (001) (à l'image d'une pile de papier tombant à terre, toutes les pages finissent grande face vers le sol). Lorsque l'on soumet cette lame à la diffraction, on n'obtient donc que les raies 00l (c'est-à-dire 001, 002, etc.). Ces raies sont caractéristiques des grandes familles de minéraux argileux.
69
+
70
+ Dans certains cas, les pics de diffractions sont fatalement superposés. Pour différencier les argiles, on effectue alors divers traitements visant à modifier l'espace inter-feuillets : chauffage, acidification, remplacement du cation interfoliaire, etc. En regardant l'évolution des pics de diffraction aux faibles angles selon le traitement, on peut reconnaître l'argile.
71
+
72
+ Outre en géochimie, cette technique est également utilisée par la police scientifique pour essayer de déterminer l'origine des traces de terre qui peuvent constituer un indice lors d'une enquête.
73
+
74
+ Pour reconnaître les différents types d'argile on peut pratiquer un essai au bleu de méthylène. En dosant la concentration de bleu de méthylène après un contact avec une argile, on en déduit indirectement la CEC de cette dernière. Ce qui permet de classer globalement le minéral.
75
+
76
+ Les particules d'argile ne sont nullement responsables de la couleur du sol. La couleur rouge, orange, jaune, vert, bleu d'un sol (argileux ou non) est due à l'état du fer dans le sol (Fe3+ dans les trois premiers cas et Fe2+ dans les deux derniers). Lorsque le sol est d'une couleur tendant vers le blanc, c'est que cet élément a été dissous et évacué hors du profil.
77
+
78
+ Argile peut désigner une couleur d'un gris neutre très pâle tirant sur le blanc[réf. souhaitée].
79
+
80
+ Dans l'eau, les particules d'argile se comportent comme des gouttes d'huile dans la vinaigrette : elles se regroupent et forment des « micelles » en suspension : on dit que l'argile est à l'état « dispersé ». La présence de sels minéraux dissous portant des charges positives (Ca, Mg, K, Na, NH4, Fe, Mn, Cr, Ti, Al, Ba, Sr, etc.) provoque la liaison des micelles entre elles : l'argile est floculée.
81
+ Cette propriété des argiles va lui permettre d'être liquide à l'état dispersé, pâteuse dans la boue et solide dans un sol sec. L'argile est un colloïde qui flocule avec des cations.
82
+
83
+ Les argiles désignent de très fines particules de matière arrachées aux roches par l'érosion ainsi que les minéraux argileux ou phyllosilicates (Ces dernières observées au microscope ont la forme de plaquettes, ce qui explique leur plasticité). La plupart de ces particules proviennent de la désagrégation de roches silicatées (altération des silicates) : du granite (mica et feldspath), du gneiss ou encore des schistes. Ces particules sont transportées par le vent ou l'eau sous forme de limon ou de vase. Les fleuves véhiculent des argiles qui finissent par se déposer en alluvions, dans le cours d'eau lui-même, à son embouchure, dans un lac ou dans la mer. Les dépôts peuvent alors sédimenter et former une roche argileuse par diagenèse : déshydratation et compactage. En tant que roches sédimentaires, les affleurements argileux présentent une succession de strates empilées les unes sur les autres.
84
+
85
+ Les éruptions volcaniques produisent aussi des argilolithes, parfois sous d'éjecta de pierre vitreuse ou de tuf.
86
+
87
+ Les terres argileuses sont composées d'éléments très fins, provenant de la dégradation mécanique et chimique de roches préexistantes (en particulier les micas et les feldspaths). Les argiles résultant peuvent rester sur les lieux mêmes de leur formation, comme le kaolin. Elles sont le plus souvent entraînées par les eaux ou le vent, se déposant sous forme de masses stratifiées ou parfois en poches lenticulaires ou sphériques. On trouve ainsi les bancs d'argile dans les sédiments depuis l'ère Tertiaire, au pied des montagnes et dans les grandes vallées fluviales.
88
+ Après la dissolution d'un calcaire, des argiles peuvent également se former puis tapisser les dépressions karstiques (les dolines). Lors de leurs déplacements, elles peuvent entraîner des minéraux rencontrés sur leur chemin. D'où une très grande variété de finesse, de coloration et de composition, selon les niveaux successifs d'un même gisement et à plus forte raison de l'un à l'autre[14].
89
+
90
+ Les racines des plantes, par hydrolyse et en symbiose avec la pédofaune, se nourrissent des roches, et sécrètent pour les dissoudre des acides : les racines, grâce aux sucres issus de leur photosynthèse, fournissent l'énergie nécessaire aux micro-organismes pour qu'ils transforment la roche en éléments absorbables par les racines.
91
+ Les besoins des plantes en silice, fer et aluminium sont infimes, or ce sont les éléments constitutifs de la croûte terrestre majoritaires (silicium 26 %, aluminium 7 %, fer 4 %). Donc à mesure que les autres éléments sont prélevés et exportés définitivement (recyclage constant) en surface pour nourrir la plante et le sol, ces trois derniers restent et se concentrent jusqu'à saturation - d'autant plus vite que ces éléments sont déjà majoritaires. Ils recristallisent alors en argiles (formation d'un précipité).
92
+ La formation biologique de l'argile serait maximale dans la zone du sol située entre 5 et 25 cm de profondeur. La production annuelle serait de 0,00001 à 0,002 g par 100 g de matériaux par an, ce qui est relativement lent. En considérant qu'un mètre de terre pèse environ 10 000 tonnes à l'hectare, cela correspond à une production annuelle de 3 à 60 kg à l'hectare sur 30 cm de sol.
93
+
94
+ Les facteurs influençant positivement la formation de l'argile sont une humidité édaphique élevée (drainage modéré), une température élevée, la grande finesse de grain de la roche-mère, sa richesse en bases et sa friabilité. Plus le sol est ancien plus la formation d'argile est rapide, et c'est finalement le type de sol, donc de climat et de communautés biologiques, qui influe le plus sur la quantité d'argile produite[15].
95
+
96
+ L'argile est un des plus anciens matériaux utilisés par l'homme. Pétrie avec de l'eau, elle donne une pâte plastique qui peut être facilement moulée ou mise en forme. Le modelage s'effectuait selon trois techniques fondamentales, par colombin, par plaque ou par estampage. Après cuisson, elle donne un objet résistant et (si argile de haute température, émaillé ou porcelaine) imperméable. Ces propriétés remarquables sont à l'origine de son utilisation très ancienne pour réaliser des objets en céramique, en porcelaine, etc.
97
+
98
+ L'argile hydratée est malléable, elle peut être mise en forme ; après séchage, elle devient solide, et le reste de manière permanente après un passage au four (« cuite »). Ces propriétés en font un matériau de choix pour la fabrication d'objets céramiques.
99
+
100
+ Une terre argileuse destinée à la cuisson est souvent appelée « glaise » ou « terre glaise ». Suivant sa destination, on lui a donné des noms divers: terre à four, terre à brique, terre à pipe, terre à potier, terre à porcelaine (le kaolin), etc. En céramique, l'argile est une terre de composition variable, souvent savamment préparée, qui fait pâte avec l'eau, se façonne aisément et durcit au feu, parfois simplement au soleil et au vent chaud desséchant.
101
+
102
+ On peut nommer la plus grande partie des argiles grasses et plastiques par les termes « terres à faïence commune» , « argiles communes », « argile(s) à biscuit ». Ces argiles contiennent assez de fer et autres impuretés minérales pour devenir solides, cuites de 950 à 1 300 °C environ, sur une échelle pratique de température de basse température (950 à 980 °C) à haute température (1 280 à 1 300 °C). À l'état naturel, elles sont grises, verdâtres, rouges ou brunes à cause des oxydes qu'elles contiennent, oxyde de fer, oxyde de titane et autres. Ces argiles figulines se colorent au feu.
103
+
104
+ La couleur de l'argile cuite peut aller du blanc ou du rose au noir en passant par toutes les nuances de jaune, rouge, brun, plus rarement vert ou bleu, suivant la qualité particulière de chaque argile (teneur en oxydes métalliques) et les conditions de cuisson. La majorité des poteries dans le monde est réalisée avec ce genre d'argile, ainsi que les briques, les tuiles, les tuyaux et autres productions similaires.
105
+
106
+ L'argile commune peut être très plastique, et même trop plastique et trop collante pour être employée seule ; d'autre part, il arrive qu'elle ne le soit pratiquement pas à cause de la présence de sable ou d'autres débris rocheux.
107
+
108
+ Le potier et le sculpteur recherchent une terre à faïence douce et plastique, qu'ils peuvent éventuellement modifier en ajoutant un peu de sable d'argile non plastique, de la chamotte, ou des fibres de cellulose.
109
+
110
+ Le briquetier, lui, recherche une terre moins fine contenant du sable et d'autres débris non plastiques, qu'il pourra presser, sécher et cuire, sans crainte de gauchissement, de fentes ou de retrait excessif. Briques et tuiles sont aujourd'hui fabriquées industriellement à partir d'un mélange d'argile et d'eau moulé sous pression et cuit à température suffisamment élevée (1 000 à 1 300 °C).
111
+
112
+ Enfin on peut pratiquer une « minéralurgie » pour éliminer ou ajouter les éléments indésirables ou nécessaires sur les argiles, afin de leur donner les caractéristiques nécessaires à leur utilisation plus ou moins industrielle.
113
+
114
+ Les argiles réfractaires sont des argiles qui résistent sans se vitrifier aux températures les plus élevées, par exemple à la fusion des céramiques. Elles servent à réaliser des fours en métallurgie ou sidérurgie, en céramique.
115
+
116
+ Considérant les trois composants essentiels des argiles : alumine, silice et fondants, plus l'argile est riche en alumine plus elle est réfractaire. Par contre la silice[16] peut jouer un double rôle : elle augmente la fusibilité et augmente l'influence des fondants à haute température ; mais elle peut aussi élever le point de fusion, particulièrement si elle est à l'état non combiné[17].
117
+ Les principales argiles réfractaires ont une constitution très uniforme (autrement dit, ses constituants sont répartis uniformément) ; et elles sont très pures, exemptes d'inclusion de quartz ou autres matières mélangées[17].
118
+
119
+ Un certain nombre d'argiles plastiques, douces, onctueuses au toucher, peuvent être mises en forme pour réaliser des matériaux réfractaires (poterie, briques, creusets, faïences, etc.). Ces argiles spécifiques sont utilisées en fonderie, pour réaliser une grande diversité de moules de cuisson.
120
+
121
+ Le kaolin présent en abondance à Saint-Yrieix et servant à la porcelaine de Limoges ou celui à la porcelaine de Saxe, est friable, blanc et se délaye facilement à l'eau. C'est la terre à porcelaine des anciens, la matière de base pour la porcelaine.
122
+
123
+ Certaines argiles contenant des oxydes métalliques ont un pouvoir colorant et un pouvoir couvrant remarquable, ainsi certaines argiles contenant différents hydroxydes de fer qu'on nomme l'ocre. Les ocres colorent encore parfois les façades des maisons.
124
+
125
+ L'usage des argiles dans l'art pictural est très variés. Selon leurs natures, elles peuvent être des pigments, des charges, des épaississants ou fluidifiants, des opacifiants ou minorants de coloration, etc.
126
+
127
+ Dans les peintures comme sur les champs de forage modernes, l'ajout de charges minérales comme la bentonite permet d'obtenir la rhéologie souhaitée et améliore aussi la stabilité des suspensions (cataphorèse).
128
+
129
+ L'argile colloïdale est un silicate d'alumine de granulométrie inframicrométrique employé comme ciment dans les argiles pour en agréger les éléments sablonneux. Lorsque la teneur en argiles colloïdales croît, la plasticité s'accroît.
130
+
131
+ Associée intimement à la chaux en fines proportions, par exemple par cuisson directe avec la pierre à chaux, elles permettent la fabrication des chaux hydrauliques et de ciments spécifiques.
132
+
133
+ Ce sont les argiles smectiques ou terres à foulon. Elles peuvent dégraisser les draps. La sépiolite peut être employée comme terre absorbante pour litière animale, par exemple à chats.
134
+
135
+ La saponite est une argile utilisée comme pierre à savon, à l'instar de la stéatite. L'écume de mer est une sépiolite qui est facilement taillée pour élaborer statuettes ou pipes.
136
+
137
+ Différents types d'argiles (verte, blanche et rouge principalement), notamment pour leurs propriétés couvrantes et adsorbantes, sont utilisés pour leurs propriétés thérapeutiques (en cas de lésions, d'infections, d'aérophagie, etc.)[18],[19]. Cette utilisation est ancestrale et perdure dans de nombreuses cultures[20]. Elle revient dans les pratiques médicales. Les impuretés sont piégées entre les feuillets.
138
+
139
+ En usage externe, elles sont alors utilisées en cataplasme, parfois avec adjonction de miel, que l'on peut faire soi-même mais que l'on commence à trouver en pharmacie. Ces cataplasmes peuvent être prescrits par certains chirurgiens lors de cicatrisations difficiles. Les argiles médicinales sont largement utilisées pour les masques de beauté en cosmétique.
140
+
141
+ L'usage interne doit se faire avec précaution. Les smectites sont déjà largement utilisées pour calmer les muqueuses intestinales ou dermiques irritées. Ce sont elles que l'on trouve en pharmacie dans les sachets de diosmectite. Il faut alors prendre des argiles ultraventilées pour éviter les particules de micas blessant, mais surtout éviter la prise de médicaments et les matières grasses[réf. nécessaire].
142
+
143
+ L'aluminium contenu dans l'argile ne migre pas dans le sang[21].[réf. à confirmer]
144
+
145
+ Des compléments alimentaires à base d'une argile appelée « octalite » et commercialisés sous les marques « Terrafor ventre plat »[22] ou « Defiligne » ont été interdits en France en 2016 en raison de leur teneur trop élevée en plomb[23].
146
+
147
+ La terre-argile est un terme ésotérique associé notamment à l'emploi de l'argile pour ses propriétés thérapeutiques.
148
+
149
+ L'argile, premier des bétons au sens étymologique, est employée dans la fabrication de briques de terre crue. C'est aussi le matériau principal dans les techniques de torchis, bauge, pisé, béton de terre, adobe, etc.
150
+
151
+ La terre-papier est une argile contenant des fibres de cellulose, qui présente une grande résistance lorsqu'elle est sèche. La terre-papier, utilisée crue, est un matériau de création et de décoration qui adhère sur toute surface poreuse et peut recevoir des peintures, pigments et patines. Elle peut aussi être utilisée cuite ; elle est alors moins lourde que les autres argiles, plus résistante aux chocs thermiques, mais plus fragile contre les impacts.
152
+
153
+ La vermiculite est un excellent isolant thermique.
154
+
155
+ Les argiles peuvent être modélisées comme des colloïdes constituées de fines particules (micelles) portant chacune une charge électrique de même signe en suspension dans un milieu, l'autre colloïde du sol étant l'humus.
156
+ Ces deux éléments s'associent grâce en particulier à l'action des lombrics pour former le complexe argilo-humique qui est la base du système permettant aux racines des plantes de puiser les éléments nourriciers du sol (cf. double-circuit descendant et ascendant de la sève).
157
+
158
+ L'argile a la propriété de se retrouver dans deux états réversibles :
159
+
160
+ Dans le sol, le calcium (apporté si nécessaire par un chaulage) permettra de floculer l'argile (entre autres). Ce calcium peut provenir de sels calciques ou de chaux. Le calcium Ca2+ ayant deux charges positives va pouvoir retenir deux micelles d'argile qui elle est chargée négativement.
161
+
162
+ Une fois ces paramètres intégrés, on comprend aussi que les actions mécaniques en eux-mêmes n'ont aucune influence sur ce phénomène. On peut, par exemple, laisser geler des mottes sans action à long terme sur les micelles d'argile, dès la première pluie le phénomène va se reproduire. Il sera nécessaire de prendre le problème dans son ensemble : une couverture appropriée (litière) qui protège et nourrit le processus humique, un travail racinaire qui décompacte et aère, un apport de matière organique et d'amendements à vocation structurante.
163
+
164
+ Dans tous les cas, lors d'une culture sans labour, la fragmentation n'est pas l'objet premier recherché, même s'il évite la traditionnelle semelle de labour ; celle-ci (la fragmentation), est le résultat de l'activité racinaire, soutenue par tous les échanges de la rhizosphère. C'est aussi un des intérêts majeurs du recours à certains engrais verts. Notons encore que le taux d'humus et l'usage d'amendements appropriés, outre le travail radiculaire, peut-être un recours complémentaire pour fragmenter un sol argileux compacté.
165
+ En tout état de cause, chaque sol à son profil et son histoire, et « la » solution doit intégrer l'ensemble des données[24]. Si les vers de terre apportent aussi leur contribution à ce travail d'aération et de fragmentation en creusant leurs galeries, leur apport déterminant se situent dans le brassage des composés minéraux, argileux, avec les composés humiques. Le composé humique (humus) pour sa part est le fruit d'un travail complexe qui se développe depuis la litière et toute sa vie (faune et flore), associant aussi les champignons, (notamment pour décomposer la cellulose et la lignine), et les bactéries incroyablement actives et irremplaçables au niveau de la rhizosphère qui permet l'humification des matières organiques et par suite, la constitution du complexe argilo-humique.
166
+
167
+ Le CAH (complexe argilo-humique) permet l'association des deux colloïdes du sol et est beaucoup plus stable que la floculation unique, toujours grâce à l'action des liens ioniques.
168
+
169
+ À l'instar de n'importe quel paillage sur un sol vivant, l'incorporation de bois raméal fragmenté est utile de ce point de vue, si l'on respecte l'ensemble du processus, les matières ligneuses doivent en effet se décomposer lentement en surface, pour relancer la création d'humus. Le facteur taille est important -on parle de « chips »-, car si on ajoute profondément dans le sol de grosses particules non décomposées, elles ne généreront pas l'humus recherché et les micelles d'argile en dispersion continueront à gonfler, asphyxier et se rétracter.
170
+
171
+ Les engrais verts peuvent permettre de limiter le phénomène mais un bon drainage du sol argileux peut aussi s'avérer nécessaire, qu'il passe par un travail mécanique, par un amendement restructurant régulateur de son comportement hydrique, ou par l'adjonction d'arbres ou arbustes à enracinement plus profond.
172
+
173
+ Par ailleurs, un sol argileux présente l'inconvénient de se réchauffer moins vite au printemps. En effet, l'air chauffe plus vite que l'eau et un sol gorgé d'eau n'a plus d'air, donc se réchauffe moins vite. tout ce qui va aérer et restructurer ce sol sera donc utile.
174
+
175
+ Des chercheurs en science des matériaux travaillent sur l'intégration d'argile comme « charges dites actives » dans des polymères. Les plaquettes d'argiles peuvent produire un renforcement (déviation des fissures dans les polymères « choc », c'est-à-dire devant résister aux chocs). Par ailleurs, elles peuvent gêner la diffusion de gaz, et notamment de gaz combustibles issus de la pyrolyse lors d'un feu, améliorant ainsi la résistance au feu du polymère.
176
+
177
+ Certaines kaolinites très pures blanchissent la pâte à papier ; mais ce procédé est de moins en moins utilisé, au profit d'ajout de carbonate de calcium précipité (ou de Dioxyde de titane).
178
+
179
+ En raison de la qualité et de l'épaisseur de la couche d'argile située à Bure, à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne, le laboratoire souterrain de l'Andra[25] étudie l'implantation d'un centre de stockage profond pour les déchets dits de haute activité (HA) et de moyenne activité à vie longue (MA-VL) à environ 500 mètres de profondeur. C'est une couche sédimentaire, compacte et imperméable, de couleur grise, d'âge callovo-oxfordien au sein du Jurassique ; elle date d'environ 160 Ma (millions d'années).
180
+
181
+ Des argiles fines (blanches et vertes, notamment), grâce à leur grand nombre de feuillets, forment une grande surface développée d’adsorption. Elles sont pour cette raison utilisées comme complément alimentaire, produit à appliquer sur la peau ou comme agents nettoyants ou adsorbants. Ces argiles, notamment si elles proviennent de sédiments ou de carrières polluées, peuvent contenir en quantités très significatives des contaminants comme du plomb ou des dioxines. De l'argile verte est notamment utilisée comme ingrédient (5,5 %) du chewing-gum[26]. Un industriel français a dû abandonner l'argile verte surfine ultra-ventilée qu'il utilisait car sa teneur en plomb (11 à 26 mg/kg selon les analyses d'autocontrôle) dépassait systématiquement la teneur maximale[27] de 3 mg de plomb par kg ainsi que pour les dioxines (4,4 à 8,7 ng TEQ OMS98/kg de produit à 12 % d'humidité). Selon Förstner et Wittmann (1979), le plomb est le métal qui a la plus forte capacité d’adsorption sur les argiles (en moyenne 18 mg/g[28]), maximale à pH 7 selon Eloussaief et Benzina (2010)[29].
182
+
183
+ Les sédiments argileux marins des grandes profondeurs en contiennent 80 mg/kg [28] et les argiles utilisées dans les chewing-gums de 11 à 26 mg/kg[30]. Des dioxines y ont aussi été trouvées (les sols de France en contiennent de 0,02 à 1 pg TEQ OMS98/g (sol rural sec) et de 0,2 à 17 pg TEQ OMS98/g pour des sols secs urbaines, et 20 à 60 pg TEQ OMS98/g sur sol sec en contexte industriel[30]. Les argiles ingrédients de chewing-gums en contiennent de 4,4 à 8,7 ng TEQ OMS98/kg ou pg TEQ OMS98/g, soit une teneur comparable à celle d'un sol urbain français[26].
184
+
185
+ Selon les modèles in vitro de digestion humaine 4 à 68 % (selon le type de sol) du plomb adsorbé sur argile ingérée est bio-accessible[31] (l'ANSES estime que moins de 10 % du plomb de l'argile verte d'un chewing-gum est désorbé dans l'organisme du consommateur). Chez plusieurs espèces de mollusques comestibles testés par Amiard[32], ce taux variait de 19 à 52 % . Il y a peu de données sur la bio-accessibilté des dioxines fixées sur des argiles, mais il existe des données sur les PCB (dans ce cas la désorption lors de la digestion est de 30 à 40 %[33],[34].
186
+
187
+ L’Anses recommande « de limiter autant que possible tout apport additionnel et intentionnel en plomb. En conséquence, l’Anses ne peut émettre un avis favorable quant à l’usage alimentaire de telles argiles »[26].
188
+
189
+ L'argile de poterie était utilisée par la civilisation summéro-akadienne (les Sumériens de Mésopotamie). De petites boules d'argile étaient aplaties pour former un rectangle approximatif afin de pouvoir y inscrire de l'écriture cunéiforme.
190
+ Les Sumériens utilisaient également des sortes de sceau-cylindre. Ces cylindres étaient gravés à l'intaille et lorsqu'on les faisait rouler en appuyant sur l'argile, ils laissaient une empreinte en relief.
191
+
192
+ La cuisson en durcissant stabilisait les signes et entravait toute falsification de réécriture partielle.
193
+
194
+ La notion commune d'argile, aujourd'hui paradoxalement polysémique et très complexe, provient de la science conquérante ou vulgarisée au XIXe siècle.
195
+ Dans les manuels de chimie, tel celui de Louis Troost, l'argile pure était présentée comme une matière type blanche, compacte, douce au toucher, plus ou moins difficilement fusible, avec quelques propriétés emblématiques, dont la plasticité, la contraction et le retrait dimensionnel à la chaleur, l'avidité d'eau de cette matière après calcination et même de surcroît une composition chimique moyenne Al205.2 SiO2. H2O (sic).
196
+
197
+ Une argile est en effet plus ou moins plastique car elle peut former après humidification superficielle ou mélangée avec l'eau une pâte liante, facile à pétrir, à façonner avec précision, à l'instar d'une véritable pâte à modeler pour enfants. Cette pâte, en se desséchant, se contracte et se fendille. L'argile chauffée subit un retrait dimensionnel, d'autant plus important qu'elle a été chauffée ou portée à une température élevée. N'est-ce pas le grand céramiste Wedgwood qui a utilisé cette propriété de rétraction pour la construction d'un pyromètre ? L'argile calcinée absorbe l'eau avec rapidité, les glycochimistes disent qu'elle happe la langue, c'est-à-dire qu'appliquée sur leur langue, cette matière desséchée s'empare de la salive qui l'humecte.
198
+
199
+ Cette approche essentialiste est antérieure à l'essor de la reconnaissance des multiples structures atomiques complexes dévoilé par l'usage des spectres et l'imagerie aux RX entraînant à son tour les progrès nécessaire dans l'analyse chimique. Il est logique que cette démarche unitaire qui tente de regrouper les multiples produits de la décomposition en milieu aqueux du feldspath ou de multiples roches à une dégradation argileuse plus ou moins partielle avec les gisements de kaolin ou terre à porcelaine, soit obsolète dans le monde scientifique actuelle. L'argile y est souvent soit oubliée soit considérée comme un nom générique ancien, soit un simple mot encore utilisé dans un registre familier ou argotique.
200
+
201
+ Cette approche imprécise qui marque encore l'enseignement élémentaire et provient surtout à sa base de l'observation scientifique des arts et métiers spécifiques à l'argile sur une longue durée n'est pourtant pas à oublier, car elle s'accompagne toujours d'une déclinaison en argiles ordinaires, où l'argile pure définie plus haut se retrouve avec des proportions variables de ː
202
+
203
+ Les scientifiques observateurs des métiers expliquent globalement les propriétés par ces mélanges et justifient les noms techniques ou traditionnels (argiles plastiques, argiles smectiques, argiles figulines, marnes ou limons) que les professionnels ou les artisans ou maîtres paysans emploient, avec des indications complémentaires de pureté ou de proportions, de propriétés des matières additives naturelles ou artificielles.
204
+ Plus une argile technique contient de chaux ou d'oxydes de fer, plus sa fusibilité est grande.
205
+
206
+ Ce sont les argiles ordinaires, relativement pures selon les critères chimiques du XIXe siècle, qui forment avec l'eau une pâte liante. Placées à la chaleur ou chauffées, elles acquièrent une dureté sans fondre ni s'écouler. Les argiles de Dreux, de Forges-les-Eaux ou de Montereau étaient souvent citées en exemple en France.
207
+
208
+ Elles servent communément aux fabriques de poteries, aux tuileries et aux briqueteries. Si ces argiles sont réfractaires à la cuisson, elles peuvent être employées pour fabriquer des briques réfractaires, des creusets, des dalles ou éléments de parois de fours... Les argiles réfractaires mélangées à la plombagine donnaient des pâtes réfractaires et résistantes pour les creusets de four à acier.
209
+
210
+ En réalité, aussi loin que remontent les historiens spécialistes des métiers et arts du feu, en particulier en poterie et en céramique, les pratiques connues font état de mélanges de deux ou plusieurs matières argileuses différentes provenant de diverses poches d'argiles parfois distantes de plus de 40 km dès l'époque antique, mélanges utilisés uniquement après des mises au point par test empirique et observation.
211
+ Les diverses argiles faisaient l'objet de traitements parfois complexes, si les argiles de base ne convenaient pas directement ː
212
+
213
+ Cet art né de la manipulation, de l'observation et de la pratique complète et concrète du métier, du façonnage (test plastique à la main) à la sortie du four (test de cuisson, observation de surface type), a évolué suivant les époques et les contrées[35]. Les artisans les plus modestes anticipaient évidemment la tenue à la cuisson et la résistance de l'argile cuite en formulant leurs mélanges d'argiles, surtout s'il n'y avait qu'une cuisson pour garantir un aspect impeccable. En faïence et dans le champ des supports d'émaux, les propriétés thermo-mécaniques anticipées étaient moins exigeantes au niveau des surfaces pour les biscuits céramiques, car comme leur nom l'indique, ils sont cuits deux fois (bis), la seconde fois avec une couverte qui doit définir les caractéristiques de surface.
214
+
215
+ Ce sont les argiles ordinaires, considérées alors comme plus impures que les argiles plastiques, qui ne forment avec l'eau qu'une pâte peu liante. Leur fusion est plus élevée. Les terres d'Issoudun dans l'Indre et de Villeneuve en Isère sont citées en exemple.
216
+
217
+ Elles servent traditionnellement de terres à foulons ou de terres dégraissantes.
218
+
219
+ Ces argiles ordinaires qui forment également une pâte peu liante avec l'eau sont extrêmement fusibles. L'explication proposée est celle déjà citée la présence non négligeable de chaux et d'oxydes de fer. Les Parisiens connaissaient les argiles de Vanves et de Vaugirard.
220
+
221
+ Elles sont employées pour garnir en couches imperméables le fond des bassins, pour la fabrication des poteries grossières et des terres cuites banales. Certaines améliorées sont la terre glaise des sculpteurs.
222
+
223
+ Au sens ancien, déterminée logiquement de manière globalement imprécise par une multiplicité d'usages paysans, il s'agit d'un mélange, parfois naturellement rocheux, d'argile et de craie, voire de terres argileuses et de calcaires friables. Elles sont depuis l'époque gauloise valorisées en agriculture, pour l'amendement argileux, par exemple des champs trop sableux ou à complexe argilo-humique défectueux. L'opération se nomme encore marnage.
224
+
225
+ Cette terminologie paysanne ou biblique a été revue par les scientifiques, qui ont observé, dans leurs grandes éprouvettes en verre transparent remplies d'eau distillée, les limons les plus fins, qui une fois agités, restent indéfiniment en suspension. Les scientifiques, à l'instar des hommes de la mer observant les eaux boueuses des fleuves se mélanger aux eaux salées, ont remarqué que l'adjonction de sels par exemple de calcium ou de magnésium, avaient un effet d'agrégation catastrophique sur ces particules fines engendrant leur précipitation et la formation de sédiments. Il s'agit, par ces coagulations singulières, des premiers pas en chimie-physique des colloïdes.
226
+
227
+ Bien avant les religions monothéistes, les mythologies de peuples ont placé l'argile ou le limon au fondement de la vie. Prométhée crée les hommes avec l'argile du potier.
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+ D'après les religions abrahamiques, les ancêtres de l'humanité (Ève et Adam) auraient été créés en argile par Dieu.
230
+
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+ D'après la Bible, il s'agit de la terre en poussière :
232
+
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+ 2:7 L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant.
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+
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+ D'après le Coran :
236
+
237
+ « Nous avons certes créé l'homme d'un extrait d'argile, puis Nous en fîmes une goutte de sperme dans un reposoir solide. Ensuite, Nous avons fait du sperme une adhérence, et de l'adhérence Nous avons créé un embryon, puis, de cet embryon Nous avons créé des os et Nous avons revêtu les os de chair. Ensuite, Nous l'avons transformé en une tout autre création. »[38]
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+ (Sourate 23, Al-Muʾminūn)
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+ Les roches (du latin populaire rocca) sont des matériaux naturels généralement solides et formés, essentiellement ou en totalité, par un assemblage de minéraux, comportant parfois des fossiles (notamment dans les roches sédimentaires), du verre résultant du refroidissement rapide d'un liquide (volcanisme, friction...) ou des agrégats d'autres roches. Les roches peuvent être formées d'une seule espèce minérale (roches monominérales) ou de plusieurs (roches polyminérales) :
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+ L'ensemble présente une certaine homogénéité statistique. La classification des roches est complexe, car elle est basée sur un grand nombre de critères.
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+ La roche présente une grande diversité d'aspects décrits comme suit :
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+ La science de la description et de l'analyse des roches se nomme la pétrographie (du grec petra, « pierre », et graphê, « description »). La pétrologie (du grec petra et logos, « étude ») quant à elle, étudie les mécanismes de formation et de transformation des roches. La discipline scientifique associée à l'étude des mouvements et déformations des roches s'appelle la mécanique des roches.
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+ Un bloc de roche constitue un rocher.
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+ Les roches sont classées selon leur composition, leur origine ou la modalité de leur formation ; d'abord en quatre grandes catégories :
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+ On peut également classer les roches en trois types, selon leurs propriétés :
14
+
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+ Les roches présentent une dureté qui varie énormément. Le talc et le gypse présentent un indice très faible et s'érodent très facilement. Le corindon et le diamant, quant à eux font partie des roches les plus dures[1].
16
+
17
+ L'homogénéité des roches varie en fonction des minéraux. On en distingue quatre types de textures[2] :
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+ Les roches peuvent plus ou moins se dilater.
20
+
21
+ Certaines roches sont perméables, c'est-à-dire qu'elles laissent passer l'eau à grande échelle (perméables en petit, sur un petit échantillon) ou à petite échelle (perméable en grand, par des fissures ou diaclases, par exemple dans les terrains karstiques) ; d'autres sont imperméables, telles que l'argile. Les roches poreuses, comme le grès, permettent à l'eau de s'infiltrer. Les roches poreuses peuvent être des roches-réservoirs (gaz naturel, pétrole, eau). Aussi, d'autres roches et minéraux sont solubles[3],[4] :
22
+
23
+ Plusieurs critères génétiques conduisent à la diagnose pétrographique et la pétrologie de la roche[5] :
24
+
25
+ Associés à une analyse minéralogique, ces critères permettent de déterminer le nom d'une roche.
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+ Les roches servent dans de nombreuses utilisations, notamment :
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+ Roumanie
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+ (ro) România
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+ 44° 25' N; 26° 06'E
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+ La Roumanie (en roumain : România) est un État d'Europe de l'Est, le septième pays le plus peuplé de l'Union européenne et le neuvième par sa superficie. La géographie du pays est structurée par les Carpates, le Danube et le littoral de la mer Noire. Située aux confins de l'Europe du Sud-Est et de l'Europe centrale et orientale, la Roumanie a comme pays frontaliers la Hongrie, l'Ukraine, la Moldavie, la Bulgarie et la Serbie.
12
+
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+ Une forte majorité de la population s'identifie comme de langue roumaine (89 %) et de tradition chrétienne orthodoxe (81 %) ; 11 % des habitants déclarent appartenir à des minorités ethniques et 19 % à des confessions minoritaires ou être sans religion.
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+ L'État roumain moderne émerge au milieu du XIXe siècle, mais l'histoire des Roumains est bien plus ancienne. Leur langue est latine et leurs origines se déclinent depuis les Thraco-Romains, à travers la Mésie (province romaine danubienne), la Dacie (pays des Thraces du Nord, conquis par l'empereur romain Trajan en 106), la Dacie aurélienne dans l'Empire romain d'Orient (dont les Roumains ont hérité leur tradition religieuse, majoritairement chrétienne orthodoxe), les principautés médiévales de Transylvanie, Valachie et Moldavie et enfin le « vieux royaume » roumain issu de l'union des « Principautés danubiennes ».
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+
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+ À l'époque moderne, c'est l'influence des Lumières qui, avec ses idéaux d'émancipation et de progrès, manifestés par le drapeau et l'hymne, inspire toute une série de révoltes et révolutions (transylvaine en 1784, moldave et valaque en 1821, roumaine globale en 1848, anti-totalitaire en 1945-1960 et en 1989).
18
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+ La monarchie constitutionnelle du XIXe siècle a évolué en démocratie parlementaire entre 1918 et 1938, puis un régime autocratique s'est installé, suivi par deux totalitarismes : fascisme des années 1940, et communisme de type soviétique dans la seconde moitié du XXe siècle, jusqu'en 1989 (chute de la dictature communiste d'une durée de 45 ans, et instauration d'une démocratie semi-présidentielle).
20
+
21
+ Après une croissance économique rapide au début des années 2000, l'économie roumaine s'est principalement tournée vers les services, la production et l'exportation d'automobiles et d'énergie, avec des entreprises comme Dacia et Petrom. Le pays est membre de l'OTAN depuis 2004 et de l'Union européenne depuis le 1er janvier 2007.
22
+
23
+ « România », nom du pays, est un néologisme du XIXe siècle, mais il s'appuie sur le nom par lequel les locuteurs de la langue roumaine se désignaient depuis leurs origines, et qui est attesté par écrit depuis le XVIe siècle. Cet endonyme de români est relié à l'Empire appelé aujourd'hui byzantin, mais dont le nom réel et officiel était Ρωμανία (Romania, de Rome, ancienne capitale de l'Empire romain). Jusqu'au XIXe siècle, les chrétiens orthodoxes se définissaient comme Ρωμαίοι (Roméi) ou Ρωμιοί (Romiii)[3], et non Έλληνες (Hellènes, mot qui ne désignait alors que les païens antiques), et encore moins Βυζαντινοί (Byzantins, mot inventé par Hieronymus Wolf en 1557). En fait, tous les habitants de l'Empire romain d'Orient se définissaient comme Ρωμαίοι (Romées), qu'ils fussent albanais, arméniens, aroumains, grecs ou roumains. Ce n'est que peu avant leur guerre d'indépendance que les Grecs, toujours qualifiés de « Roumis » par les Turcs, vont commencer à se désigner comme Έλληνες (Hellènes), tandis que Roumains et Aroumains sont désignés par l'exonyme « Valaques ».
24
+
25
+ L'endonyme români, par lequel s'identifiaient les roumanophones, ne désignait pas, au Moyen Âge, une nationalité, mais simplement une origine et une langue communes (en roumain : limba românească[note 1]). Les roumanophones s'identifiaient aussi par leur origine géographique : Moldave (en roumain : moldovean), Transylvain (en roumain : ardelean), de Munténie (en roumain : muntean), d'Olténie (en roumain : oltean), de Marmatie (en roumain : maramureșean), du Banat (en roumain : bănățean) ou de Dobroudja (en roumain : dobrogean). Ce sont Émile Ollivier, Élisée Reclus et Edgar Quinet, inventeurs du principe selon lequel on doit désigner un peuple par le nom qu'il se donne lui-même, qui ont imposé dans les langues étrangères le terme de « Roumains » à la place de « Valaques », « Moldo-valaques », « Moldaves », « Moldaviens », « Vlachs », « Volokhs », « Wallachiens » et autres « Romounes », devenus, d'ailleurs, flous et parfois péjoratifs (voir Origine des roumanophones).
26
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27
+ Ces considérations ne sont pas purement savantes, mais participent à la définition de l'identité des Roumains, promue par les « éveilleurs de la nation » (en roumain : deșteptătorii neamului[note 2]), imprégnés de l'esprit des Lumières, mais contestée dans les États voisins de la Roumanie, dont les instances culturelles et politiques considèrent jusqu'à aujourd'hui cette identité roumaine comme une « construction récente et artificielle »[4].
28
+
29
+ En français, le journal Mercure de France de juillet 1742 emploie pour la première fois l'expression « Valachie ou pays roumain » lorsqu'il présente le texte de la Constitution octroyée par le Prince Constantin Mavrocordato en 1746[5]. En français, le nom « Roumanie » dans son acception moderne est attesté pour la première fois dans un ouvrage datant de 1816, publié à Leipzig par l'érudit grec Demetrios Daniel Philippidès[6]. Mais ce sont Émile Ollivier, Edgar Quinet et Élisée Reclus qui ont introduit dans le français courant le nom de « Pays roumains » à la place de « Valachie », de « Moldavie » ou de « Moldo-Valachie ».
30
+
31
+ La dénomination des Roms ainsi que leur surnom de « Romanichels » n'ont pas de lien avec le nom de la Roumanie, même si des représentants de ce peuple vivent aussi en Roumanie : en effet « Rom » ou « Rrôma » signifie simplement « être humain », et « Romani Ichel » signifie « groupe d'hommes » en romani.
32
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33
+ Les Carpates, le Danube et la mer Noire sont les structures majeures de la géographie physique. La Roumanie est à la 79e place mondiale et à la douzième du continent européen par son territoire de 237 499 km2 terrestres et 39 940 aquatiques dont 892 lacustres, 8 947 d'eaux territoriales et contiguës en mer Noire (soit un total de 247 338 sous souveraineté) et 30 100 de zone économique exclusive. Ce territoire, dont 120 345 km2 proviennent de la Roumanie d'avant 1913 (120 732 km2) et 117 154 km2 de l'Empire austro-hongrois (676 615 km2), a souvent varié dans le temps. Sur leur flanc oriental, les États formant l'actuelle Roumanie ont subi, de la fin du XVIIIe siècle jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, la pression de l'Empire russe puis de l'URSS et de ses États-successeurs : de cette pression découle une controverse identitaire concernant les Moldaves et un litige territorial et maritime avec l'Ukraine. Concernant l'extrémité orientale de leur frontière commune, c'est la Cour internationale de justice de La Haye qui, le 3 février 2009, a départagé la Roumanie et l'Ukraine dans le conflit qui les opposait autour du bras danubien de Chilia et du plateau continental maritime : il s'agit de territoires occupés par l'URSS en 1948, après le traité de paix de Paris de 1947. Le jugement de la cour n'a accordé à l'Ukraine que 2 500 km2 des 12 000 km2 de plateau continental que ce pays revendiquait, mais c'est la partie la moins profonde (la plus facilement exploitable) et, de plus, il a confirmé le traité frontalier bilatéral de 1997 abandonnant à l'Ukraine toutes les îles en litige, dont l'île des Serpents[7]. Ainsi, à l'exception de la décolonisation occidentale, la Roumanie est un des rares pays européens à avoir perdu des territoires après les traités de paix consécutifs à la Seconde Guerre mondiale.
34
+
35
+ S'il arrive parfois que des partis nationalistes agitent le passé roumain de ces régions, la Roumanie n'a aucune revendication territoriale et a reconnu par des traités avec ses voisins toutes ses frontières, à l'exception du golfe de Musura à l'embouchure du bras de Chilia des bouches du Danube dont le partage n'a pas été fixé par la décision de la Cour internationale de justice de 2009 fixant les limites de la zone économique exclusive roumaine en mer Noire.
36
+
37
+ Le Danube en Roumanie.
38
+
39
+ Lac Bâlea.
40
+
41
+ Les Alpes de Transylvanie.
42
+
43
+ La côte de la mer Noire entre Tuzla et Costinești.
44
+
45
+ Paysage transylvain : Cheile Turzii près de Cluj-Napoca.
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+
47
+ Les Alpes de Transylvanie, ou Carpates méridionales.
48
+
49
+ Paysage du Maramureș.
50
+
51
+ Le lac de Cobilița, dans les Carpates orientales transylvaines.
52
+
53
+ Cigognes blanches dans un village de Transylvanie.
54
+
55
+ Bisons d'Europe dans la réserve du parc naturel de Vânători-Neamț.
56
+
57
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
58
+
59
+ Située dans la partie orientale de la chaîne des Carpates et au nord-est des Balkans, la Roumanie occupe la plus grande partie du bassin inférieur du Danube et les régions montagneuses du bassin moyen du même fleuve. Le pays s'étage autour de la ligne de partage des eaux entre le bassin versant du moyen-Danube et celui du bas-Danube. Le bassin central transylvain est séparé de la Moldavie à l'est par les Carpates orientales et de la plaine de Valachie au sud par les Alpes de Transylvanie. La Roumanie borde à l'est la mer Noire où elle possède 30 100 km2 de zone économique exclusive qui pourraient receler cent milliards de mètres cubes de gaz[8], dont 24 milles nautiques de zone contiguë et 12 milles nautiques de mer territoriale. Cet accès sur la mer Noire permet au pays d'avoir des relations maritimes avec les princaux ports de la mer Méditerranée toute proche. Les pays voisins sont la Bulgarie au sud, la Serbie à l'ouest-sud-ouest, la Hongrie à l'ouest-nord-ouest, l'Ukraine au nord et à l'est et la république de Moldavie (autre pays à majorité roumanophone qui ne fait plus partie de la Roumanie depuis 1940) à l'est-nord-est.
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+
61
+ La position de la Roumanie aux confins des boucliers pannonique, mésique et scythique détermine sa structure géologique articulée autour de l'orogenèse alpine, dont les Carpates sont un prolongement, et dont la boucle sud-est est souvent l'épicentre de séismes. À l'intérieur de cette boucle, le plateau transylvain est surélevé (altitude moyenne 220 m) par rapport aux plaines moldave et valaque. La première est vallonnée par une érosion accentuée au Messinien, alors que le niveau hydrologique de base était très bas et que les cours d'eau ont profondément entaillé le substrat. Ultérieurement, le fond de ces entailles a été en partie comblé. La seconde, comblée plus généreusement au Cénozoïque par les alluvions fluviatiles du Danube, est plus plate. Les roches les plus anciennes, d'âge hercynien, affleurent au sud-est, en Dobroudja. Au Néozoïque des sédiments récents, continentaux, voire éoliens, se sont déposés sur les alluvions fluviatiles et sur les plateaux, avant d'être remaniés par la fonte post-würmienne. La plaine valaque est fréquemment recouverte de dépôts de lœss.
62
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+ De forts séismes cycliques supérieurs à 7 degrés sur l'échelle ouverte de Richter ont pour épicentre la région de Vrancea (à raison de deux ou trois fois par siècle) et, compte tenu de l'architecture de certaines constructions, causent de lourds dégâts et des victimes, surtout dans le Sud et le Nord-Est du pays sur l'axe Bucarest-Iași. Les tremblements de terre précédents de 1908 (6 octobre), 1940 (10 novembre) et de 1977 (4 mars) ont eu des effets en Bulgarie, république de Moldavie et Ukraine. Parmi les plus forts tremblements de terre connus on compte ceux de 1620, 1681, 1701, 1738, 1790 (entre 7 et 8 degrés sur l'échelle de Richter), 1802 (7,9 degrés), 1829 (7,3), 1838 (7,5), 1894 (7,0), 1908 (7,1), 1940 (7,7), 1977 (7,4), 1986 (7,1), le dernier a produit des dommages et fait des victimes en particulier en Moldavie, où des bâtiments se sont effondrés à Chișinău. Les tremblements de terre de moins de 7 degrés sont les plus fréquents mais n'ont causé ni dommages importants ni blessés ces dernières années : en 1990 (6,9 et la réplique 6,4), en 2004 (6,0), en 2009 (5,5 et 5,8) et en 2013 (5,5).
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65
+ La position de la Roumanie lui confère un climat continental, plus accentué en Valachie et en Moldavie, plus modéré en Transylvanie et en Dobroudja, où respectivement l'abri des Carpates et l'influence de la mer Noire tempèrent les contrastes. Des hivers longs et parfois sévères (de décembre au début mars), des étés chauds (juin à début septembre), et un automne prolongé (septembre à novembre) sont les saisons principales, avec une transition rapide entre le printemps et l'été. À Bucarest, la température minimale en janvier est généralement de −5 °C, mais la température maximale en juillet dépasse souvent les 35 °C avec des pointes au-delà de 40 °C. Certains événements météorologiques exceptionnels ont marqué la géographie et le climat dans le passé.
66
+
67
+ La Roumanie possède plusieurs sortes de ressources naturelles :
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69
+ L'occupation des sols est répartie comme suit :
70
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+ Le pays perd intégralement ses forêts intactes (paysage « naturel » considéré comme à la fois non artificiellement morcelé et non dégradé) au cours des années 2000 et 2010[9].
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73
+ Concernant les principales formations végétales, forêts de conifères (sapins et mélèzes en particulier) et de feuillus (où dominent les chênes et les hêtres) s'étagent autour des Carpates mais régressent en raison de la déforestation depuis que Romsilva (l'Office national des forêts roumain) a été privatisée et a mis en lotissement de nombreuses parcelles ; en plaine on trouve les prairies (dans la moitié nord-ouest du pays, plus humide et vallonnée) et les steppes (dans la moitié sud-est, plus sèche et plus plate), aujourd'hui exploitées de manière agro-industrielle par des entreprises privées souvent étrangères. Enfin le long du Danube, de ses principaux affluents et de la mer Noire, zones humides et milieux paraliques accueillent de nombreuses espèces d'oiseaux notamment dans le delta du Danube tels les pélican blanc et frisé, la cigogne blanche, le guêpier d'Europe, le rollier d'Europe, l'hirondelle de rivage, le héron pourpré, le crabier chevelu, parfois l'ibis falcinelle et bien d'autres.
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+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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+ En décembre 2018, la Roumanie comptait 606 sites dont :
78
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+ Les historiens distinguent quatre périodes dans l'histoire de la Roumanie :
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+ L'histoire des populations dont sont issus les roumanophones est bien documentée depuis l'apparition des Thraces et des premiers Daces (Thraces du Nord), conquis par l'Empire romain, dont la domination va durer six siècles au sud du Danube et 150 ans au nord, d'où Rome s'est retirée au milieu du IIIe siècle.
82
+
83
+ Au Ier siècle av. J.-C., les Romains latinisent les Illyres, les Celtes, les Thraces vivant dans les Balkans. Du IIe au VIe siècle, l'Empire gréco-romain d'Orient (dit « byzantin ») résiste contre les Goths, les Huns, les Avars et divers autres peuples germaniques et turcs. Les Latins et les Grecs subissent un processus de christianisation.
84
+
85
+ Les populations latinophones du bassin danubien et des Balkans, sujettes ou bien de l'Empire romain d'Orient (au sud du Danube) ou bien des royaumes « barbares » (au nord du Danube), n'auront pas d'État à elles avant 1186, date de la fondation du royaume des Bulgares et des Valaques par les dynasties Deleanu, Caloianu et Asen. Peuplé, selon Théophane le Confesseur, Georges Cédrène et Théophylacte Simocatta, de Bulgares, de Valaques et de Grecs, ce royaume situé à cheval sur les deux rives du bas-Danube ne dure que 63 ans avant d'être remplacé par des Tzarats bulgares (au sud du Danube) et par des banats roumains vassaux de la Hongrie (au nord du Danube).
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87
+ Au VIe siècle, des Slaves s'installent parmi les Latins et des cavaliers turcophones bulgares arrivent et fondent un royaume s'étendant sur les actuelles Yougoslavie, Roumanie, Moldavie, Macédoine et Bulgarie. Ce royaume adopte la langue slavonne et le christianisme : c'est la première Bulgarie, mais la moitié de sa population est latinophone (valaques). En Europe, Byzance ne garde que la Grèce et les côtes de la péninsule des Balkans.
88
+
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+ Au Xe siècle, Byzance détruit la Bulgarie avec l'aide des Russes et des cavaliers turcophones de la steppe. Les Valaques roumanophones vivent désormais au sein de petits duchés, les canesats, éparpillés depuis les pays tchèques jusqu'à la Thessalie et de la mer Adriatique à la mer Noire, connus comme romanies ou valachies, et vassaux de Byzance, des turcophones, ou du royaume tchèque de Moravie.
90
+
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+ Aux XIe et XIIe siècles au nord du Danube, les finnois Magyars fondent la Hongrie, vassalisent les cnézats de Transylvanie et adoptent le catholicisme. Au sud du Danube, les roumanophones chassent les Grecs byzantins et fondent un Second Empire bulgare à la place de l'ancienne Bulgarie. Ce royaume est reconnu par la papauté et les puissances de l'époque.
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93
+ Au XIIIe siècle, Byzance subit l'invasion occidentale et catholique (4e croisade). Les Occidentaux attaquent le royaume valaque mais leur chef Baudouin de Flandre est tué. Grande invasion mongole en 1223 (Tatars) : la Valaquie comme ses voisins est ravagée. En 1247 les Slavophones succèdent aux roumanophones : la seconde Bulgarie remplace la Valaquie. Les Grecs reprennent Byzance en 1261 mais déjà les Turcs s'installent en Anatolie. Les peuples orthodoxes sont pris entre les catholiques à l'ouest et les musulmans à l'est : tout est déjà en place pour les futures guerres des Balkans. Au nord du Danube les canesats sont vassaux de la Hongrie, de la principauté slave de Galicie ou des Tatars. Entre les canesats vivent des populations slavonnes et iranophones (ïasses).
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+ La fusion et l'indépendance des banats nord-danubiens donne au XIVe siècle les principautés de Moldavie et Valachie.
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+ Au XIVe siècle, pendant que les Turcs occupent les Balkans, la noblesse roumaine, d'origine en partie coumane, fonde au nord du Danube les principautés roumaines de Moldavie et Valachie, qui seront vassales des Turcs mais garderont leur autonomie jusqu'en 1878. Il existait cependant des comptoirs italiens sur la mer Noire et le Danube, et la Transylvanie est alors une principauté vassale de la Hongrie, où la noblesse devient progressivement hongroise.
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+ Au XVIe siècle, la vassalité turque remplace la hongroise en Transylvanie. Apparition du servage. Développement du protestantisme aux dépens du catholicisme, les Roumains restant toutefois orthodoxes à 80 %.
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+ Au XVIIe siècle, la vassalité autrichienne remplace la turque en Transylvanie. Une partie des orthodoxes de la Transylvanie accepte l'autorité de Rome : ce sont les uniates ou gréco-catholiques.
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+ Au XVIIIe siècle, sous l'influence humaniste, le servage est aboli en 1714 en Moldavie et Valachie, et des « droits égaux » sont revendiqués en Transylvanie en 1783 (Supplex libellus valachorum) qui débouche sur la révolution transylvaine de 1784 et sur la renaissance culturelle roumaine. L'empire d'Autriche annexe en 1775 le nord-ouest de la Moldavie, qu'il nomme Bucovine.
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+ Au XIXe siècle, l'Empire russe annexe une moitié est de la Moldavie (actuelle république de Moldavie). Révolutions républicaines en 1821 et 1848. Fondation en 1859 de la Petite Roumanie, par l'union entre Moldavie occidentale et Valachie. Incorporation du grand-duché de Transylvanie au royaume de Hongrie en 1867, au sein de l'Autriche-Hongrie. Alliée aux Russes, la Petite Roumanie devient totalement indépendante en 1878, sous le nom de royaume de Roumanie et aide l'actuelle troisième Bulgarie à gagner la sienne, contre l'Empire turc ottoman, en devenant le royaume de Bulgarie.
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+ Après quatre siècles d'autonomie sous l'influence ottomane, les principautés de Moldavie et Valachie fusionnent en 1859 pour former le Vieux Royaume de Roumanie, dont l'indépendance totale par rapport à l'Empire ottoman sera reconnue en 1878. Le royaume de Roumanie naît officiellement en 1881.
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+ La fin de la Première Guerre mondiale voit la Bessarabie, la Transylvanie (hongroise depuis 1867 au sein de la monarchie austro-hongroise), la Bucovine et une partie du Banat voter leur rattachement à la Grande Roumanie qui remplace le Vieux Royaume et se dote en 1921 de l'Agence Rador.
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+ En 1918, les territoires austro-hongrois et russes peuplés de roumanophones (Transylvanie, Bucovine, Moldavie orientale dite Bessarabie) élisent des députés, proclament leur indépendance puis leur union à la Roumanie, qui avait combattu au côté des Alliés.
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+ De 1921 à 1923, de nombreuses réformes sont votées (vote des femmes, naturalisation des Roms et des réfugiés juifs, partage des grandes propriétés).
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+ De 1923 à 1938, la Roumanie fonctionne selon un système de démocratie parlementaire.
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+ En 1938, le roi Carol II instaure sa dictature personnelle qui fait tirer sur les fascistes de la Garde de fer, juger et exécuter leur chef Corneliu Codreanu et qui combat également le Parti communiste. Au début de la Seconde Guerre mondiale ce roi anglophile fait garantir les frontières du royaume par le Royaume-Uni et la France. Par la mer Noire, sur la flotte du SMR et sous escorte de la marine de guerre, la Roumanie transfère des militaires et le gouvernement polonais à Alexandrie, où ils sont recueillis par les Britanniques. Allié avec Joseph Staline par le pacte germano-soviétique de 1939, Adolf Hitler considère donc la Roumanie, à juste titre, comme une puissance hostile, et l'été 1940, après l'effondrement de la France, l'oblige à céder la Bessarabie et la Bucovine du Nord à l'URSS, la Transylvanie du Nord à la Hongrie et la Dobrogée méridionale à la Bulgarie. La Roumanie ne conserve que la moitié de son territoire de 1918.
118
+
119
+ Par la suite, Hitler et la Garde de fer renversent le roi et le remplacent par le maréchal Ion Antonescu (qui sera jugé et exécuté en 1946). La Garde de fer organise des attentats, tue plusieurs ministres et intellectuels démocrates et s'en prend aux Juifs et aux Tsiganes. Lors de l'opération Barbarossa, Antonescu engage la Roumanie aux côtés de l'Allemagne en juin 1941 pour récupérer la Bessarabie. Mais il ne se contente pas de cela : il fait occuper par l'armée roumaine la Transnistrie (une partie de la Podolie ukrainienne), s'y livre à des atrocités, et envoie l'armée roumaine au massacre à la bataille de Stalingrad. Un Conseil national de la résistance se forme entre les mouvements de partisans, les dirigeants des partis politiques démocrates interdits, et le roi Michel, qui renversent Antonescu en août 1944 : la Roumanie déclare alors la guerre à l'Axe, engageant 550 000 soldats contre l'Allemagne.
120
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121
+ Au printemps 1944 Staline reprend à nouveau la Moldavie orientale et stoppe le front, attendant que la Roumanie « tombe comme un fruit mûr » du côté des Alliés, ce qui se produit en août, ouvrant ainsi à l'Armée rouge le chemin des Balkans et de l'Europe centrale. Le Parti communiste roumain s'empare du pouvoir en Roumanie le 6 mars 1945, abolit la monarchie le 30 décembre 1947 et proclame la République populaire roumaine qui rejoindra le pacte de Varsovie et le Comecon.
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123
+ Le 6 mars 1945 le roi Michel est contraint d'accepter au pouvoir le Parti communiste roumain puis d'abdiquer fin 1947 : un gouvernement communiste s'empare alors du pouvoir et met en place un régime totalitaire qui durera 45 ans, jusqu'au 22 décembre 1989 lorsqu'un second coup d'État met fin au Régime communiste de Roumanie. Le président Nicolae Ceaușescu et son épouse sont, le jour de Noël 1989, condamnés à mort et exécutés selon une procédure expéditive jusque-là appliquée par le régime à ses opposants[11].
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+ Selon l'historienne Catherine Durandin, le régime communiste roumain a connu trois périodes, correspondant à trois générations de communistes :
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+ Le 22 décembre 1989, alors que le Bloc de l'Est se délite et que des manifestations contre le régime secouent le pays, les communistes réformateurs renversent Ceaușescu qui refusait toute réforme, et forment avec quelques dissidents épargnés par la Securitate un Front du salut national (FSN) : c'est la Révolution roumaine de 1989 qui entraine la chute du régime communiste. Plusieurs centaines de soldats et de civils meurent dans la confusion en se tirant dessus mutuellement, chaque groupe pensant défendre la démocratie contre de prétendus partisans de Ceaușescu (le sénateur Ion Iliescu, successeur du dictateur déchu, a été accusé d'avoir lancé ces rumeurs mais l'enquête judiciaire n'a jamais abouti). Dans les semaines qui suivent, la nomenklatura renonce au communisme et permet le rétablissement de la démocratie et de l'économie de marché : c'est en fait une économie de transition. Faute d'un programme précis de restructurations et d'investissements, cette transition s'opère de manière improvisée et profite aux services, aux banques, à l'économie informelle, au tout-routier et au transport aérien, tandis que l'agriculture, l'industrie, la flotte, la pêche, le trafic ferroviaire, les transports électriques urbains et tous les services publics déclinent ou même périclitent (flotte commerciale par exemple).
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+ Le 27 août 1991, l'indépendance de la République de Moldavie est proclamée, et aussitôt reconnue par la Roumanie.
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+ Les élections de 1996 ont écarté pour quatre ans la nomenklatura du pouvoir politique (mais pas du pouvoir économique), au profit d'une coalition des partis démocratiques (CDR ou « Convention démocrate roumaine » et USD « Union sociale-démocrate »). Le géologue Emil Constantinescu a été alors le premier président roumain à condamner officiellement les crimes commis par les régimes antonescien contre les Juifs et les Roms et communiste contre l'ensemble de la population[13],[14],[15]. Le FSN, rebaptisé PSD (Parti social-démocrate), revient au pouvoir en 2000, mais subit une nouvelle défaite en 2004 face à l'« alliance D.A. » (O.U.I. en roumain – Dreptate Adevăr voulant dire « Droiture/Justice Vérité ») (composée essentiellement des successeurs de la CDR, le Parti démocrate et le Parti national libéral).
132
+
133
+ Le 27 mars 2004, la Roumanie rejoint l'Organisation du traité de l'Atlantique nord sous la présidence de Traian Băsescu soutenu au parlement par une coalition entre son parti démocrate et les libéraux, formée dans le but affiché de faire adhérer la Roumanie à l'Union européenne. Băsescu fut élu face au « socialiste » Adrian Năstase (issu de l'aile conservatrice, eurosceptique et anti-OTAN de la nomenklatura).
134
+
135
+ Le 1er janvier 2007, malgré ses difficultés et ses déséquilibres, la Roumanie connaît un taux de croissance qui lui permet d'intégrer l'Union européenne, soit 17 ans après la fin du régime communiste[16].
136
+
137
+ À partir de 2009 : la crise financière internationale frappe sévèrement l'économie roumaine, contraignant le gouvernement Băsescu à une politique d'austérité qui le met en opposition quasi permanente avec le parlement (qui cherche plusieurs fois à le démettre) : les Roumains perdent confiance tant dans les instances supra-nationales que dans leurs instances politiques, et réagissent (comme à l'époque communiste) en développant l'économie informelle.
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139
+ Le pays assure sa première présidence du Conseil de l'Union européenne entre le 1er janvier et le 30 juin 2019.
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141
+ Après un demi-siècle de dictatures successivement carliste (1938-1940), fasciste (1940-1944) et communiste (1945-1989), la Roumanie renoue depuis 1991 avec la tradition parlementaire qu'elle avait inaugurée en 1868, et démocratique qu'elle avait pratiquée de 1923 à 1938.
142
+
143
+ Révisée en 2003, la Constitution roumaine adoptée par référendum en 1991 fait de la Roumanie une République parlementaire. L'actuelle constitution reprend dans les grandes lignes les principes de celle de 1923 qui en faisait une monarchie parlementaire à partis politiques multiples, avec un régime territorial unitaire (tous les judeţe sont égaux en droits) et une économie de marché, rompant ainsi radicalement avec le régime communiste qui lui, avait institué en 1948 une République autoritaire à parti unique, avec un régime territorial fédéraliste (certaines régions étaient autonomes, jusqu'au rétablissement des judeţe en 1968) et une économie d'État.
144
+
145
+ La Constitution révisée de 2003 prévoit l'élection du président de la République au suffrage universel direct pour un mandat de 5 ans (il était de 4 ans auparavant). Ce dernier nomme le Premier ministre qui dirige l'action gouvernementale. Il peut être limogé par une motion de censure par le Parlement. Ce dernier est composé de la Chambre des députés et du Sénat conformément à la tradition bicamérale que la Roumanie a connue avant l'instauration du régime communiste. Les deux Chambres sont élues pour un mandat de 4 ans au suffrage universel direct et disposent des mêmes pouvoirs en ce qui concerne la responsabilité politique du Gouvernement. La Cour constitutionnelle (en) contrôle la constitutionnalité des lois, et juge de l'élection des parlementaires comme de l'élection du président de la République. Enfin elle peut être saisie par tout citoyen lors d'un procès ou par tout juge par une question préjudicielle de constitutionnalité.
146
+
147
+ Une cohabitation conflictuelle s'installe dans la durée entre les présidents Băsescu puis Iohannis d'un côté, le Parlement de l'autre, et le gouvernement au milieu[17].
148
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149
+ À titre d'exemple, en 2012, le parlement vote à une large majorité (258 voix contre 114) la destitution du président Băsescu qui ne peut se maintenir à son poste qu'en organisant un référendum dont il sort gagnant[18].
150
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151
+ Ce mode de gouvernement en cohabitation se prolonge en décembre 2014 avec l'élection du président libéral Klaus Iohannis qui, alors que le poste de Premier ministre est occupé par le socio-démocrate Victor Ponta.
152
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+ Graffiti humoristique à Bucarest : €U cu cine votez ? soit « Je » (Eu en roumain) « dois voter pour qui ? ».
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+ Tag anti-totalitaire sur un mur à Bucarest (2013).
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157
+ Tag anti-corruption sur un mur à Bucarest (2013).
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+ Manifestation contre la corruption sur la place de la Victoire (Bucarest) le 22 janvier 2017.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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163
+ L'identité nationale roumaine se construit essentiellement autour de cinq composantes[19],[20],[12] :
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+ Tous les régimes politiques qui se sont succédé dans le pays ont instrumentalisé à leur manière ces cinq composantes identitaires, et les partis politiques, tant qu'ils ont pu s'exprimer (jusqu'en 1938 et à partir de 1989) se sont appuyés, chacun selon son idéologie, sur tel ou tel aspect de ces composantes. Alternativement ou simultanément, ces courants identitaires se sont manifestés dans l'histoire du pays, lors de la modernisation et la démocratisation sous divers gouvernements parlementaires entre 1856 et 1938, lorsqu'un régime autoritaire s'est mis en place en 1938, sous la dictature à partir de 1940, et enfin sous le totalitarisme à partir de 1945. Successivement pro-Allié en 1938, pro-nazi en 1940 et communiste en 1945, le régime politique est devenu de plus en plus répressif et sanglant (avec toutefois un « desserrement » dans les années 1965-1972). La société civile a tenté de résister au totalitarisme, de manière de plus en plus feutrée et passive à mesure que les résistants étaient exterminés, mais, dans les familles, les courants identitaires ont perduré, d'autant que le régime communiste de Roumanie s'est servi des aspects « pastoraux » pour asseoir sa légitimité (ce que Catherine Durandin a appelé le « national-communisme »)[21].
166
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167
+ En novembre 2004, le parlement roumain à l'unanimité et le président Ion Iliescu reconnaissent officiellement les crimes des régimes nationalistes roumains contre les Juifs[22] et deux ans plus tard, en décembre 2006, quelques jours avant la cérémonie d'entrée dans l'Union européenne, le président Traian Băsescu reconnaît officiellement les crimes commis par le régime communiste contre l'ensemble de la population. Toutefois, la seconde reconnaissance, comme celle du Holodomor en Ukraine, crée un précédent dans le devoir de mémoire car elle élargit la définition d'un « génocide » à des crimes perpétrés sur critères sociaux ou politiques, et non plus seulement nationaux, ethniques et religieux. C'est pourquoi la seconde reconnaissance est contestée par une partie des historiens occidentaux qui, de plus, en récusent l'intentionnalité. En Roumanie même, des mouvements nationalistes tel le PRM récusaient aussi l'intentionnalité des crimes des régimes nationalistes fasciste et militariste.
168
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169
+ En 2007, les historiens de la commission présidentielle pour l'analyse de la dictature en Roumanie, ont officiellement confirmé, documents à l'appui, l'intentionnalité des deux génocides, et évalué les victimes civiles du fascisme militariste roumain à un demi-million de personnes (en quatre ans) dont les 290 000 de la Shoah[23], et celles du communisme à deux millions (en quarante-cinq ans), soit environ 10 % de la population[24].
170
+
171
+ Obor, principal marché de Bucarest dans les années 1980.
172
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173
+ Dans les années 1980, la pénurie d'énergie et de carburant rend les transports en commun rares et difficilement accessibles.
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+ Seuls les ouvrages signés Ceaușescu remplissent les vitrines des librairies dans les années 1980.
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177
+ Dans les années 1980, la politique de systématisation du territoire se traduit par 320 000 expulsions, la démolition de quartiers historiques entiers, et environ 3 000 morts par froid et carences.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Venant aussitôt après la guerre et le fascisme, le communisme a duré 45 ans et a donc profondément marqué la Roumanie, mais le travail de mémoire est resté confiné aux cercles intellectuels et aux familles des victimes (soit environ 10 % de la population selon la « Commission historique d'investigation et d'analyse des crimes du régime communiste »[note 3]), ce qui fait que beaucoup de jeunes Roumains d'aujourd'hui n'en savent pas beaucoup plus que les occidentaux à ce sujet (c'est pourquoi des films comme Noces muettes d'Horațiu Mălăele ou Quatre mois, trois semaines et deux jours de Cristian Mungiu ont été tournés).
182
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+ Le communisme a ajouté à l'identité politique roumaine une composante transversale, le « survivalisme » qui se manifeste par une attitude économique, sociale et civique, donc également éthique et politique, légitimant n'importe quelle stratégie, changement brutal d'orientation, rupture d'engagements ou absence de principes (voire d'éducation) par la nécessité de survivre, étendue à celle de prospérer, soi, sa famille, son groupe d'appartenance, son entreprise, le pays[25]. Pendant et après la révolution roumaine de 1989, le président Ion Iliescu a largement joué sur cette composante transversale pour asseoir le pouvoir d'une nomenklatura populiste et isolationniste, avec le slogan « Un des nôtres, pour notre tranquillité » qui garantissait à tous ceux qui, sous la dictature, avaient soit profité du régime, soit laissé faire passivement, un avenir sans risque de lustration (lustration revendiquée par les étudiants et l'opposition).
184
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185
+ La Roumanie, où est née la géonomie sous les auspices de Grigore Antipa au début du XXe siècle, est le premier pays du monde à avoir signé le protocole de Kyoto. Mais, dans la deuxième moitié du XXe siècle, l'idéologie productiviste de la lutte de l'homme civilisé contre la nature sauvage promue tant par le régime communiste des années 1945-1989, que par le régime libéral qui lui a succédé, a imprégné les décideurs et l'opinion, si bien que l'aspect environnemental est encore peu pris en compte dans le mode de développement actuel de la Roumanie, malgré les efforts du ministère de l'Environnement. À titre d'exemple, malgré le climat continental contrasté du pays, les villes ont néanmoins subi la prolifération de l'automobile, la réduction des transports électriques et sur rail, la diminution des espaces verts et l'émondage excessif des arbres, ainsi que la multiplication des constructions de béton et de verre : pour compenser les effets négatifs de cette évolution, l'on abuse du chauffage l'hiver, et de la climatisation l'été. Les citadins, respirant un air vicié et soumis à des contrastes thermiques accrus, développement de plus en plus de maladies infectieuses et d'allergies[26].
186
+
187
+ La nomenklatura a toujours entretenu de bonnes relations avec tous les États du tiers monde, y compris avec ceux que les États-Unis classent comme « États-voyous ». Les gouvernements successifs de la Roumanie n'avaient aucune raison de changer de politique, mais l'inquiétude suscitée par la politique russe et ukrainienne en mer Noire, en Moldavie et dans le Caucase ont poussé la Roumanie à rejoindre l'OTAN en 2004[réf. nécessaire]. Toutefois, les anciennes relations privilégiées du pays avec les États de l'ancien tiers monde n'ont pas cessé, et si des militaires roumains sont présents en Irak ou en Afghanistan, c'est sur des missions logistiques et médicales ; quant à la marine, elle opère surtout en mer Noire et plus rarement en mer Méditerranée, mais a toujours refusé de s'engager dans le Golfe.
188
+
189
+ Chronologie de l'intégration dans l'Union Européenne :
190
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191
+ La Roumanie est le premier pays de l'Europe centrale et orientale qui a établi des relations avec la Communauté européenne, dès 1974. Après son adhésion à l'Union européenne le 1er janvier 2007, en même temps que la Bulgarie, la plupart de ses parlementaires ont rejoint le groupe des libéraux européens (qui voient ainsi leur nombre augmenter de 17 %) et les partis de centre-droit ; un moindre nombre a rejoint le groupe socialiste, et quelques-uns, l'extrême-droite européenne qui a ainsi pu se constituer en groupe. La plupart de ces eurodéputés, quel que soit leur engagement actuel, ont un passé communiste.
192
+
193
+ Comme pour chaque membre de l'Union européenne, les intérêts de la Roumanie divergent parfois de ceux de ses partenaires. Ainsi l'Allemagne d'Angela Merkel a reproché à la Roumanie sa politique économique (pas assez rigoureuse selon les critères exigés par la BCE) et démographique (la Roumanie naturalise les citoyens moldaves qui le lui demandent avec la même facilité que l'Allemagne offre aux Allemands hors-frontières[note 4]). La France du président Jacques Chirac lui a reproché un alignement trop marqué sur les États-Unis (par exemple en Irak), mais selon le président Traian Băsescu, « la démocratie ne peut pas être protégée sans l'OTAN et l'UE » et « l'alliance avec les États-Unis ne remet pas en cause l'engagement européen de la Roumanie ». À d'autres moments la France du président Nicolas Sarkozy et l'Italie du gouvernement Berlusconi lui ont reproché d'être trop laxiste en matière de libre circulation de ses citoyens, surtout roms[27].
194
+
195
+ Selon le président roumain, l'extension et l'approfondissement de l'UE peuvent se dérouler simultanément, et la Roumanie soutiendra très fortement les partenariats avec la république de Moldavie et avec les États des Balkans de l'Ouest (Albanie, pays de l'ex-Yougoslavie)[28]. La Roumanie va donner des visas gratuits pour les citoyens de république de Moldavie et pour ceux de la Serbie.
196
+
197
+ Le Premier ministre italien Romano Prodi et son homologue roumain Călin Popescu-Tăriceanu ont signé le 16 janvier 2007 à Bucarest une déclaration politique commune. Compte tenu des relations excellentes entre ces deux pays, ils s'engagent à ce que leurs gouvernements coordonnent les démarches dans le cadre de l'Union européenne, notamment en ce qui concerne la constitution et l'intégration des pays de l'Ouest des Balkans. Cette déclaration se fait alors que les deux pays fêtent 10 ans depuis la signature du Partenariat stratégique commun. En raison de la grande similitude des deux langues, l'Italie est la destination préférée des Roumains (devant l'Espagne), environ 300 000 Roumains ont travaillé en Italie en octobre 2006, sans compter les travailleurs clandestins. L'Italie est le principal investisseur en Roumanie et le plus grand importateur (19,4 % des importations) et exportateur (15,6 % des exportations).
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199
+ La Roumanie se propose d'être guide régional, a déclaré le président Traian Băsescu au cours du débat « La Roumanie européenne, la Roumanie euro-atlantique, la Roumanie dans la sphère des relations internationales » organisé par l'Association George C. Marshall et l'Administration présidentielle. La Roumanie souhaite être au cœur de la stratégie énergétique de l'Union européenne[29]. Désormais, des pays pétroliers comme le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan sont à proximité de la frontière maritime de l'UE. La mer Noire est vue à Bucarest comme une priorité qui peut permettre de réduire la dépendance énergétique de l'Union européenne, des Balkans occidentaux et de la république de Moldavie à l'égard de la Russie. De ce fait, la Roumanie devrait permettre à l'UE de mieux négocier le futur accord énergétique avec la Russie dont les discussions ont débuté en 2006.
200
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201
+ Les premières élections pour élire les 35 députés européens ont eu lieu le 13 mai 2007.
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203
+ La Roumanie moderne s'étend sur plusieurs régions historiques, héritées de la géographie médiévale, dont certaines appartiennent pour partie à ses voisins.
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+ Les principales subdivisions administratives actuelles, pourvues d'institutions propres (préfet et conseil de județ) sont les 41 județe (județ au singulier). Les județe (niveau NUTS III) regroupent les communes et municipalités (niveau NUTS IV), et sont eux-mêmes regroupés en régions de développement (NUTS II) et en macro-régions (NUTS I) qui sont davantage des réseaux de coordination que des entités administratives. La capitale Bucarest forme une subdivision administrative autonome au sein du județ d'Ilfov : le « municipe de Bucarest » (municipiul București de niveau NUTS III, avec ses six arrondissements (sectoare) pourvus de maires élus, de niveau NUTS IV).
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207
+ L'origine du drapeau de la Roumanie remonte à la révolution de 1821. Le plus ancien drapeau roumain tricolore conservé date de 1834. Initialement, les trois couleurs : bleu, jaune et rouge, étaient placées horizontalement. Lors de la révolution de 1821 comme pendant celle de 1848, le bleu (ciel) symbolisait la liberté, le jaune d'or la prospérité (champs de blé), l'égalité et la justice, et le rouge (sang) la fraternité, mais selon un mythe pseudo-historique très répandu aujourd'hui en Roumanie, ces couleurs symboliseraient les trois régions historiques du pays (Transylvanie, Valachie et Moldavie) et remonteraient aux Daces. Le drapeau actuel a été ré-adopté officiellement en 1989, mais son utilisation (dans sa forme actuelle) remonte initialement à la période 1867-1948.
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+
209
+ L'origine des armoiries de la Roumanie remonte à 1872, quand le gouvernement adopta comme emblème national l'aigle valaque, mais aussi l'épée, le sceptre, et les éléments des blasons de la Moldavie, de la Transylvanie et du banat de Severin (actuels banat de Timişoara et Olténie). Ces armoiries, à la différence des actuelles, étaient surmontés de la couronne royale roumaine. En 1921 on incorpora l'écusson de la famille royale Hohenzollern de Roumanie ainsi que les dauphins de la Dobrogée.
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211
+ En 1947, avec l'instauration du régime communiste de Roumanie, on adopta les symboles de ce régime, qui furent, dès lors, apposés au centre du drapeau, et qui, avec quelques changements, perdurèrent jusqu'en 1989. Les manifestants de la révolution roumaine de 1989 les découpèrent, et durant ces évènements déployèrent des drapeaux portant en leur centre un vide. Les armoiries actuelles de la Roumanie, simplifiées d'après celles de 1872, furent adoptées par le parlement le 10 septembre 1992.
212
+
213
+ Au recensement de 2011[30], la Roumanie comptait 20 121 641 habitants. La CIA estime la population au 1er juillet 2016 à 21 599 736 habitants[31]. La population décroît depuis l'an 2000, par l'émigration des personnes les plus défavorisées et aussi par le vieillissement de la population.
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+ Entre 1989 et 2019, la population roumaine a chuté de 3,5 millions. Outre un nombre de naissances devenu inférieur à celui des décès, le pays connaît un solde migratoire négatif de 100 000 personnes par an en moyenne depuis trente ans[32].
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+ Communautés ethniques (en 2011)[30] :
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+ Costume traditionnel roumain transylvain.
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+ Des Hongrois du pays de Călata lors d'une fête populaire.
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+ Danseurs roms de Mociu.
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+ Il y a en tout 25 millions de roumanophones, dont 19,3 millions en Roumanie (sur 22,3 millions d'habitants) et 3 millions en république de Moldavie (sur 4,5 millions d'habitants). Approximativement deux millions de citoyens roumains ont une autre langue maternelle que le roumain : hongrois (1 434 377 citoyens), romani (535 250 citoyens)[33], allemand, russe, turc, grec, arménien… Un million et demi de citoyens moldaves aussi : russe, ukrainien, turc, bulgare.
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+ En outre, un nombre indéterminé de roumanophones ne sont ni citoyens roumains ni citoyens moldaves : ils peuvent être citoyens ukrainiens, serbes (principaux pays à minorités roumanophones historiques), russes (à la suite de la déportation), italiens, espagnols, français, canadiens, américains, australiens, allemands, suisses ou belges (principaux pays de la diaspora).
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+ En Roumanie l'anglais est de plus en plus parlé, surtout chez les jeunes générations, depuis la fin de l'époque communiste : il est la première langue universitaire. Héritage de la période austro-hongroise, l'allemand reste, en Transylvanie, une langue étrangère familière, surtout dans les villes, comme Sibiu, abritant de fortes minorités saxonnes. En raison de la francophilie héritée de l'influence des Lumières au XVIIIe siècle, et de l'aide française à l'unité roumaine durant le XIXe siècle ainsi que pendant la Première Guerre mondiale, le français a longtemps été un élément important de la formation culturelle des jeunes Roumains, et le reste au niveau pré-universitaire (1,5 million d'élèves) : par ailleurs la plupart des universités sont associées à l'Agence universitaire de la Francophonie et la Roumanie fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie. Un récent recensement paru en 2010 sur le site de l'organisation estime à 4 756 100 le nombre de francophones en Roumanie, soit le quart de la population roumaine[34].
230
+
231
+ Jusqu'en 1945, la Roumanie et la France avaient gardé des relations culturelles et politiques étroites, et partagé les mêmes orientations politiques. En 1968 encore, lors de sa visite à Bucarest en mai, Charles de Gaulle était spontanément ovationné à Bucarest, alors qu'il était conspué à Paris[35]. Pendant le régime communiste, certaines publications de langue française (L'Humanité, Vaillant) étaient accessibles sur abonnement en Roumanie. La télévision et la diffusion cinématographique roumaines ont été axées sur les productions francophones (cependant modifiées : ainsi, dans la série des Gendarmes de Saint-Tropez, les scènes où l'on voyait un marché ont été caviardées pour éviter aux spectateurs roumains des comparaisons oiseuses avec leurs propres marchés).
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+ Mais après 1989, les Roumains découvrent une nouvelle France aux yeux de laquelle la Roumanie n'est plus une « petite sœur des Balkans », ni une alliée, tandis que Bucarest n'est plus un « petit Paris »[36]. Aux yeux des médias de cette nouvelle France, la Roumanie apparaît comme le « pays de Dracula, de la Garde de Fer, de Ceaușescu, des orphelinats et des mendiants de rue », et, comme ses voisins les autres pays de l'Est, comme « une région patriarcale, suspecte de fascisme, d'une société mafieuse ou pire »[note 5]. En fait la société est contrastée, avec une jet set à l'occidentale et des Roms dont certains vivent comme il y a cent ans, des villes modernes et des campagnes traditionalistes, une grande liberté de mœurs et une présence religieuse très visible dans l'espace public, à la télévision, dans l'enseignement et dans l'identité. Dans cet espace multiculturel coexistent diverses mentalités, les unes traditionnelles, voire folkloriques, d'autres libre-penseuses, occidentales, ou encore nostalgiques de tel ou tel passé… Les opinions politiques les plus diverses s'affrontent, en toute liberté d'expression et dans le respect des convictions individuelles. Depuis 1989, l'indifférence de la France à l'égard de la Roumanie a fait disparaître la presse de langue française des kiosques du pays, et le français est en perte de vitesse face à l'anglais, sauf dans les anciens centres francophones comme Bucarest, Iași ou Constanța. Les films francophones sont diffusés surtout sur la chaîne TV Cultural et dans les centres culturels français du pays. Malgré tout, les médias français conservent des antennes en Roumanie. Par exemple, RFI Roumanie (ancienne Radio Delta RFI), seule station de radio francophone en Roumanie, est aussi la plus importante filiale de RFI à l'étranger. Les émissions sont souvent en roumain, mais le soir et la nuit, la station diffuse des émissions en français[37].
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235
+ La Roumanie est l'un des pays les plus religieux de l'Union européenne (90 % de la population) malgré une pratique régulière faible ; celle des grandes fêtes (Pâques, Noël) ainsi que des principaux sacrements (baptême, mariage) est, quant à elle, très assidue, et fait partie de l'identité des habitants. L'Église orthodoxe a fait un retour en force depuis la chute du communisme, les fêtes religieuses sont suivies avec assiduité et plus de mille nouvelles églises ont été construites dans le pays, ainsi que de nombreux monastères. Plus de 90 % de la population est de confession chrétienne (en grande majorité orthodoxe mais il existe aussi des minorités : catholiques romains, gréco-catholiques et protestants). Il existe aussi une petite communauté musulmane, comptant environ 64 000 personnes et qui est essentiellement concentrée en Dobroudja. Il subsiste également une petite communauté juive qui comptait environ 3 200 personnes en 2011 (alors qu'en 1930, elle comptait plus de 756 000 personnes). On compte aussi de petites minorités bouddhistes, hindouistes, néopaïennes entre autres[38].
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+ Traditionnels œufs peints de Pâques.
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+ Cathédrale métropolitaine de Iași, la plus grande église orthodoxe de Roumanie.
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+ Temple réformé de Cluj-Napoca.
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+ Cathédrale gréco-catholique de Târgu Mureș.
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+ Mosquée Carol Ier à Constanța.
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+ Synagogue fabrice de Timișoara.
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+ Cathédrale catholique Saint-Iosif de Bucarest.
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+ Église lipovène de Rădăuți.
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+ Église noire luthérienne de Brașov.
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+ Église orthodoxe du monastère de Neamț.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La monnaie roumaine est le leu roumain (l'appellatif technique est RON). En octobre 2015, le cours moyen est de 1 EUR = 4,4220 RON[39]. En mai 2015, le salaire moyen mensuel net est de 1 829 RON (411 EUR à la même date)[40]. Depuis le 1er juillet 2015, le salaire mensuel minimum garanti par la loi ou par les conventions collectives du travail est de 1 050 RON (236 EUR)[41]. L'impôt sur le revenu est de type proportionnel (également appelé impôt à taux unique) à 16 %[42], et au premier trimestre 2015, le montant moyen des retraites est d'environ 890 RON (200 EUR)[43].
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+ La décennie 1990-2000 équivaut à la décennie 1945-1955 en Europe occidentale, mais avec 45 ans de retard de développement, sans plan Marshall, sans épuration et sans programme social du Conseil national de la Résistance. Sortant exsangue de 45 ans d'absence de démocratie, d'étouffement de toute initiative et de pénuries, la Roumanie a subi une transition extrêmement difficile, marquée par une crise économique aigüe (chute de 48 % du PIB industriel, inflation comprise entre 50 % et 300 %, et l'écroulement de la monnaie (en 1999 le leu vaut 1 000 fois moins qu'en 1990, de nouvelles coupures sont émises tous les ans). Le chômage passe de 2 % à 12 % et provoque des mouvements syndicaux parfois très violents. En 1990 et 1991, des dizaines de milliers de mineurs, instrumentalisés par le pouvoir ex-communiste qui s'oppose à toute réforme, envahissent Bucarest, saccagent le siège du gouvernement et provoquent des dizaines de morts et des blessés parmi les étudiants et les enseignants, accusés d'être des vecteurs du capitalisme ultralibéral mondial (alors qu'ils n'étaient que démocrates). En 1999 le mouvement se répète mais cette fois les gendarmes gagnent la « bataille » (selon une expression utilisée à l'époque). L'année 2000 marque une amélioration et l'économie roumaine connaît une forte croissance entre 2001 et 2007 (4 à 9 % par an) : elle est déclarée « économie de marché fonctionnelle » par la Commission européenne en octobre 2004. Son PIB en parité de pouvoir d'achat (247 milliards de dollars) place la Roumanie au 45e rang mondial fin 2007, au niveau du PIB tchèque[45].
262
+
263
+ La majorité au pouvoir entre 2004 et 2008 a mis en place une politique économique d'inspiration libérale, visant à réduire le nombre des entreprises d'État (encore autour de 30 % du PIB en 2006 selon une estimation de Deutsche Bank), attirer plus d'investissements étrangers (7e destination en Europe en 2006 selon Financial Times), réduire la fiscalité et le chômage (4,3 % janvier 2008 et 1,8 % à Bucarest)[46].
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+
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+ Mais à partir de 2007, malgré ou à cause de l'intégration à l'Union européenne (selon les points de vue), les effets néfastes de la crise financière mondiale se font sentir et ralentissent fortement la croissance de l'économie roumaine, avec un taux de chômage de jeunes supérieur à 20 %[47].
266
+
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+ Une des principales entreprises roumaines est Dacia (constructeur automobile appartenant à Renault) possédant quelques sites de production sur Bucarest et Pitești. Les usines de la mégalopole européenne délocalisent de plus en plus leurs usines vers l'Europe de l'Est et surtout en Roumanie. La plupart des entreprises roumaines s'occupent avec le pétrole, le gaz, les ressources naturelles, l'or (de Transylvanie), le textile, etc.
268
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+ L'industrie roumaine représente 35 % du produit national brut et à peu près 20 % de la force du travail est impliquée dans l'industrie.
270
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+ L'industrie roumaine produit aussi des automobiles comme celles de la marque Dacia du groupe Renault.
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+ Par sa situation géographique, la Roumanie se trouve à l'intersection de plusieurs principales lignes de transport reliant l'Europe du Nord au sud et de l'ouest à l'est, ce qui est potentiellement une situation économiquement favorable. En outre, le réseau de transport en Roumanie fait la liaison entre le réseau communautaire des transports et celui d'États non limitrophes d'Europe et d'Asie[48]. Toutefois les infrastructures de transport existantes ne répondent pas aux besoins de l'économie d'aujourd'hui et sont loin derrière celles d'Europe de l'Ouest, en raison d'une part du manque d'investissements publics (réparations et entretien adéquats), d'autre part de choix logistiques déséquilibrés (tout-routier, diminution des transports alternatifs, abandon des voies ferrées et des infrastructures fluviales souvent vétustes, perte quasi totale de la flotte maritime)[49],[50].
274
+
275
+ Dernièrement, des efforts ont été faits pour raccorder les routes principales de la Roumanie au réseau des couloirs européens[51]. Plusieurs projets visant à moderniser les réseaux de transports ont été lancés, financés par l'ISPA (Instrument structurel de préadhésion de l'UE)[52] et garantis par des prêts des institutions financières internationales. Le gouvernement est également à la recherche de sources de financement externes ou de partenariats public-privé afin de poursuivre la modernisation du réseau routier, en particulier des autoroutes. En janvier 2010, la Roumanie en avait terminé 321,9 km.[réf. nécessaire]
276
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277
+ Les autoroutes roumaines sont l'A1 de Bucarest à Pitești, l'A2 de Bucarest à Constanța et l'A3 de Bucarest à Ploiești. La construction de l'A3, ou « Autoroute de Transylvanie », reliant Bucarest à Oradea, a commencé en juin 2004 et aurait dû être finalisée en 2013[53]. Les autres tronçons à divers stades d'avancement sont Bucarest – Brașov, Cernavodă – Constanza, Nădlac – Arad – Timișoara, Bucarest – Roșiorii de Vede – Craiova[54],[55].
278
+
279
+ La Roumanie dispose de 62 aéroports, dont 25 aéroports avec des pistes en dur (en béton, en bitume ou en asphalte) et 37 aérodromes avec des pistes en terre battue. Les plus importants aéroports du pays sont ceux de Bucarest (OTP et BBU), de Cluj-Napoca (CLJ) et de Timișoara (TSR). En 2008, les 17 aéroports civils du pays ont enregistré un trafic de 9,1 millions passagers[56].
280
+
281
+ Le tourisme en Roumanie s'articule autour de trois pôles d'attraction :
282
+
283
+ Sur le plan géographique, on compte :
284
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285
+ Malgré ces atouts, le tourisme souffre de la crise financière internationale, d'un déficit de communication (la plupart des sites restent peu connus et les prestataires roumains rechignent à sortir des sentiers battus, à innover) et de la concurrence d'autres destinations plus proches des pays d'origine des touristes occidentaux (Croatie, Hongrie) ou plus facilement accessibles (Grèce, Turquie).
286
+
287
+ En août 2015, le gouvernement a soumis un projet de loi (statut gouvernemental no 13) qui conduirait à l'établissement d'une sorte de Passenger Name Record pour tous les touristes. La base de données, traduite en anglais par Integrated Tourist Record Computer System, dans laquelle tous les hôtels et pensions entreraient les identifiants des touristes, serait gérée par l'agence militaire Serviciul de Telecomunicații Speciale (en) (STS, Service de télécommunications spéciales), laquelle communiquerait ensuite les données aux différents services du Ministère de l'Intérieur[57]. Le projet suscite beaucoup de critiques de la part des défenseurs du droit à la vie privée[57].
288
+
289
+ Le PIB de la Roumanie (121,3 milliards d'euros fin 2007)[58] dépend des services pour 55,2 %, de l'industrie pour 34,7 % et de l'agriculture pour 10,1 % pour une population quasi égale dans les trois secteurs. Le rythme de croissance économique a été de 7,7 % en 2006 et de 6,7 % en 2007. L'inflation en rythme annuel en janvier 2008 est à 7,26 %[59], le déficit budgétaire en 2007 de 2,3 % du PIB et l'endettement de l'État est à 25 % du PIB.
290
+
291
+ Le classement publié le 16 septembre 2006 par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement situe la Roumanie à la 24e place (sur 141 pays) au regard de l'attractivité pour les IDE et la dette publique représente moins de 20 % du PIB. Cinq sociétés de Roumanie ont un chiffre d'affaires supérieur à un milliard d'euros : Petrom (groupe OMV), Rompetrol, Mittal Steel Company (ancien Sidex, groupe Arcelor-Mittal), Metro Romania (groupe Metro AG) et Automobile Dacia (groupe Renault).
292
+
293
+ Le journal Le Monde remarque qu'en 2005 et 2006, « la Roumanie a attiré 15 milliards d'euros d'investissement (étranger), plus que les 14 milliards d'euros que le pays avait attirés de 1990 à 2004 ». En 2007, le pays a attiré près de 7 milliards d'euros de IDE[60].
294
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295
+ Les Roumains décrivent souvent leur pays comme une « île de latinité dans un océan slave ». Cette expression isolationniste a été popularisée par Nicolae Iorga, historien et homme politique de l'entre-deux-guerres. Toutefois il faut y mettre un bémol car la Hongrie ne fait pas partie des pays slaves. Mais surtout, la latinité est surtout linguistique : sur les autres plans de la culture traditionnelle (architecture traditionnelle, arts, musiques, cuisines, influences religieuses, histoire, patrimoine, minorités…) la Roumanie se situe bien au carrefour de l'Europe centrale à laquelle elle appartient par la Transylvanie, de l'Europe orientale à laquelle elle appartient par la Moldavie, et des Balkans auxquels elle appartient par la Valachie et la Dobrogée. Par ailleurs, depuis l'époque des Lumières, la Roumanie a subi une très forte influence occidentale et notamment française, combattue jadis par des partisans de l'« autochtonisme orthodoxe » tels le philosophe Nae Ionescu ou l'essayiste Nichifor Crainic (ro), et aujourd'hui par les polémistes tels Adrian Păunescu ou Corneliu Vadim Tudor.
296
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297
+ La Roumanie avait un très riche patrimoine architectural où se croisaient des influences byzantines, gothiques, baroques, ottomanes, vénitiennes, françaises de l'époque des Lumières, germaniques, modernes (Bauhaus) ainsi que le styles sycrétiques locaux (style « Brâncovan » typique du XVIIIe siècle roumain), mais la dictature communiste, ainsi que la période néolibérale qui lui a succédé, en ont détruit une partie importante, en raison, pour la première, de l'idéologie visant à « faire table rase des traces d'un passé révolu d'exploitation de l'homme par l'homme » et, pour la seconde, d'un productivisme qui ne se soucie que de rentabilité immédiate, et non du patrimoine culturel ou historique. Il reste cependant un certain nombre de monuments et de bâtiments historiques de valeur, notamment religieux, ainsi que des quartiers et des bourgades entières qui ont été préservés et, dans certains cas, classés. C'est le cas entre autres des églises en bois du Maramureș, des monastères peints de Bucovine, des quartiers historiques des principales villes transylvaines ou l'Athénée roumain, le siège d'Orchestre philharmonique George Enescu, qui fut inauguré en 1889.
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+ Pendant la période communiste, le palais du Parlement est construit. Ce bâtiment de style néoclassique tardif, est le plus grand bâtiment en pierre et le second plus grand bâtiment administratif au monde après le Pentagone[61],[62]. Depuis 1997, le palais est le siège de la Chambre des députés et du Sénat.
300
+
301
+ Plusieurs bâtiments en Roumanie sont de style moderne : le cirque d'État à Bucarest (ro) (le cirque Globus), le bâtiment des expositions internationales Romexpo (ro), le Sala Palatului (ro) (avec plus de 4 000 places), le bâtiment futuriste du théâtre national de Bucarest Ion Luca Caragiale ou encore la Bibliothèque nationale de Roumanie (en).
302
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303
+ La sculpture dans l'art médiéval roumain porte l'accent sur les décorations. Ce n'est qu'à partir de la seconde moitié du XIXe siècle que se développe en Roumanie la sculpture ronde-bosse. Karl Storck (ro), d'origine allemande, s'installe à Bucarest en 1849 et réalise un travail varié dans un style néo-classique, que ce soit en matière de portraits (comme le portrait de Theodor Aman) ou encore en matière de monuments, tels que le Domnița Bălașa (ro) ou encore le Spătarul Mihail Cantacuzino (ro) à Bucarest. En 1865, il devient le premier professeur de sculpture à l'Académie des Beaux-Arts de Bucarest, devenant ainsi une figure prééminente et le principal artisan du renouveau de la sculpture roumaine.
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305
+ Son fils, Carol Storck (ro), reste célèbre pour ses bustes (B.P. Hasdeu), ses allégories (Le Progrès, L'Électricité), ainsi que pour ses sculptures monumentales (Charles d'Avila).
306
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+ Ion Georgescu (ro), élève lui aussi de l'Académie des Beaux-Arts de Bucarest, réalise de nombreux portraits très réalistes, dénotant une vaste connaissance anatomique. C'est notamment le cas pour le portrait de l'acteur Mihail Pascaly (ro). Il garde cependant certaines inclinaisons pour le romantisme comme avec le Copiliță rugându-se. On lui doit également la statue de Gheorghe Lazăr sur la Piața Universității à Bucarest, celle de Gheorghe Asachi à Iași, ou encore les allégories de la Justice et de l'Agriculture de la Banque Nationale de Bucarest.
308
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309
+ Ștefan Ionescu-Valbudea (ro) est un opposant au néo-classicisme de Georgescu, et se concentre principalement sur l'anatomie humaine, caractérisée au travers de la force et du drame. Parmi ses travaux, on note les œuvres Mihail Nebunul ou encore Speriatul (La Peur) qui est traité tel un modelage nerveux, anticipant les futurs travaux de Dimitrie Paciurea (ro).
310
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311
+ Un autre sculpteur d'origine polonaise, Vladimir Hegel (ro), s'établit à Bucarest et y réalise de nombreux travaux, tels que le Monument des pompiers de Dealul Spirii. Il aura comme élèves des noms célèbres de la sculpture roumaine, comme Dimitrie Paciurea ou bien encore Constantin Brâncuși. Brâncusi (1876 – 1957) est l'un des sculpteurs les plus influents du début du XXe siècle. Il est considéré comme ayant poussé l'abstraction sculpturale jusqu'à un stade jamais atteint dans la tradition moderniste et il a également ouvert la voie à la sculpture surréaliste, ainsi qu'au courant minimaliste des années 1960[63].
312
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313
+ La musique roumaine est particulière au sein de l'Europe de l'Est car la population roumaine n'est pas slave mais en majorité latine, tout comme celle de Moldavie dont la musique partage bien des aspects d'ailleurs. De plus, il existe une grande minorité rom particulièrement versée dans la musique et appelée les Lăutari qui accompagnent traditionnellement les fêtes et banquets (mariages…).
314
+
315
+ La musique folklorique traditionnelle est très ancienne et se reflète aujourd'hui jusqu'au sein des autres styles de musique — même les plus modernes ou populaires — joués dans le pays. Un musicien comme Gheorghe Zamfir a été l'ambassadeur de cette musique grâce à son succès de par le monde avec sa flûte de Pan (naï).
316
+
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+ La musique religieuse inspirée de la musique byzantine s'est aussi adaptée à cette spécificité folklorique et s'est développée au sein de monastères orthodoxes au cours du XVe siècle. La polyphonie qui s'y est implantée au XVIIIe siècle vient elle de l'influence russe et européenne.
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+ Festivals de théâtre :
320
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+ Le cinéma est apparu en Roumanie le 27 mai 1896, et les premières projections eurent lieu à Bucarest, au siège du journal en langue française L'Indépendance roumaine. Parmi les réalisateurs roumains les plus importants, on note : Jean Georgescu (ro), Victor Iliu (ro), Liviu Ciulei, Ion Popescu-Gopo, Lucian Pintilie, Dan Pita, Alexandru Tatos (ro), Mircea Daneliuc (ro) ou encore Sergiu Nicolaescu. Plusieurs films roumains ont reçu des récompenses internationales, comme La Forêt des pendus (prix de la mise en scène au festival de Cannes 1965), L'Hiver en flammes (prix de la première œuvre au festival de Cannes 1966), 12 h 08 à l'est de Bucarest (8 récompenses) ou encore California Dreamin'.
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+
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+ D'autres films ont également connu un succès international, comme La Mort de Dante Lazarescu ou 4 mois, 3 semaines, 2 jours (palme d'or à Cannes en 2007).
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+ Différents festivals cinématographiques ont lieu :
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+ Parmi les acteurs roumains connus, qui presque tous ont débuté au théâtre, on trouve Radu Beligan, Medeea Marinescu, Constantin Tănase (ro), Florin Piersic, Gheorghe Dinică, Toma Caragiu, Jean Constantin, Dem Rădulescu, Puiu Călinescu (ro), Tamara Buciuceanu-Botez (ro), Draga Olteanu-MateiDraga Olteanu-Matei, Marin Moraru (ro), Stela Popescu (ro), Amza Pellea, Ștefan Bănică (ro), Costel Băloiu (ro), Ilarion CiobanuIlarion Ciobanu, Nae Lăzărescu (ro), Sebastian Papaiani, Florian Pittiș, Mircea Diaconu, Marcel Iureș, Maia Morgenstern ou bien Alexandru Arșinel (ro).
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+ La littérature en slavon a un caractère moral et religieux, historique et littéraire, tels les romans populaires La vie d'Alexandre et Varlaam et Loasaf. Au XVe siècle paraissent les premières traductions des livres religieux en roumain ; à partir du XVIIe siècle, parallèlement à cette littérature religieuse très riche, s'affirme la littérature laïque grâce aux chroniqueurs (Ion Neculce (ro)). Le début du XVIIIe siècle est dominé par la personnalité du prince humaniste Dimitrie Cantemir. Au siècle des Lumières prend naissance le mouvement politico-culturel connu sous le nom d'École transylvaine (en), qui redécouvre la latinité de la culture roumaine pour en tirer arguments dans la lutte de libération nationale. La première moitié du XIXe siècle est marquée par la baisse de l'influence grecque, l'ouverture vers l'Occident. Cependant, une production nationale et originale fondée sur la mise en valeur du folklore et de l'histoire nationale est assurée par Ion Heliade Rădulescu, Costache Negruzzi et surtout Vasile Alecsandri. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, de fortes personnalités s'imposent : Mihai Eminescu, Ion Creangă et Ion Luca Caragiale et le critique Titu Maiorescu.
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+ Au début du XXe siècle, la littérature roumaine exalte d'une part autour des revues Sămănătorul, publiée par Nicolae Iorga, et Viata romănească, dirigée par Garabet Ibrăileanu, les valeurs populaires et surtout paysannes avec les poètes George Coșbuc, Octavian Goga et les prosateurs Duiliu Zamfirescu et, à ses débuts Mihail Sadoveanu ; et, d'autre part cultive le symbolisme avec Macedonski. Ces deux directions demeurent entre les deux guerres mondiales, l'une nationale, l'autre orientée vers la littérature européenne. Toutefois, tendant à rejoindre l'universel, la poésie prend un ton lyrique avec Lucian Blaga, innove dans le domaine de l'expression avec les modernistes, Tudor Arghezi et Ion Barbu, l'avant-garde étant représentée par Tristan Tzara. Le roman connaît un essor grandissant avec Ion Agârbiceanu, Cezar Petrescu, Hortensia Papadat-Bengescu, Camil Petrescu, Gib Mihăescu. La même diversité d'expression caractérise aussi le théâtre de l'entre-deux-guerres, tandis que la critique littéraire est représentée par Tudor Vianu. Après la Seconde Guerre mondiale, la littérature roumaine évolue sous le signe du socialisme.
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+ Depuis 1968, deux tendances générales dominent : la remise en valeur du patrimoine national et l'ouverture vers les littératures étrangères, surtout celle de l'Europe occidentale et des États-Unis. Un nouvel équilibre s'établit : les poètes se veulent originaux et indépendants : Nichita Stănescu, Marin Sorescu, Mircea Dinescu. Les romanciers traitent les problèmes de l'individu, exploitent la veine des « thrillers », cultivent le pittoresque ou le réalisme magique. Le mouvement théâtral est très actif et la décentralisation très poussée. Les thèmes principaux sont les problèmes de la société contemporaine, politiques ou traitent de l'histoire des mythes.
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+ La gymnastique roumaine a pris une dimension internationale après la victoire historique de Nadia Comăneci aux Jeux olympiques d'été de 1976, au cours desquels elle fut la première gymnaste à obtenir la note maximale de 10. Beaucoup d'autres gymnastes roumains se sont depuis illustrés sur la scène mondiale, comme Simona Amânar, Andreea Răducan, Sandra Izbașa ou Marian Drăgulescu.
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+ Le football est le sport le plus populaire en Roumanie. L'équipe roumaine atteint à plusieurs reprises le stade des quarts de finale, en Coupe du monde en 1994 et en championnat d'Europe en 1960, 1972 et 2000, grâce à des joueurs internationalement reconnus comme Gheorghe Hagi, Dan Petrescu où Gheorghe Popescu.
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+ En 1986, l'équipe de la Steaua Bucarest a remporté sa seule Coupe d'Europe des clubs champions européens contre le FC Barcelone (0-0, 4-2 tab), c'est à ce jour la seule victoire en finale d'un club roumain, la Steaua à aussi atteint la finale en 1989 (victoire de l'AC Milan 4-0)
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+ Le handball est aussi un sport très développé dans le pays, en effet, dans les années 1960 et 1970, l'équipe masculine remporte le championnat du monde à quatre reprises, faisant d'elle à l'époque la recordman de titres en coupe du monde. L'équipe féminine remporte également le titre mondial en 1962, et finit deuxième en 1973.
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+ En rugby à XV, la Roumanie a souvent mis en difficulté le XV de France.
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+ Depuis la fin du régime communiste, le pays connaît une période d'effacement de sa présence sur la scène sportive internationale, peut-être due à ses difficultés économiques.
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+ Le rayonnement culturel international de la Roumanie reste modeste, malgré l'action militante des centres culturels roumains fonctionnant auprès des ambassades et enchaînant des festivals, expositions et conférences sur les sujets les plus divers et les plus modernes, dans un esprit multi-culturel et européen. Cette modestie est proportionnelle aux moyens financiers du pays mais elle est relative : de nombreuses personnalités d'envergure internationale sont roumaines ou originaires de Roumanie, même si ce n'est pas toujours en tant que Roumains qu'elles sont connues. À titre d'exemple, l'explorateur antarctique Emile Racovitza est connu comme Belge comme le navire à bord duquel il embarqua, le poète Paul Celan comme Autrichien parce qu'il écrivit en allemand, l'aviateur Traian Vuia comme Hongrois parce que sa région d'origine appartenait à l'Autriche-Hongrie au moment de sa naissance, l'ingénieur Henri Coandă comme Britannique parce qu'il travailla en Grande-Bretagne, le mathématicien et économiste Nicholas Georgescu-Roegen et le réalisateur Jean Negulesco sont connus comme Américains parce qu'ils prirent la nationalité de ce pays et les lettrés Panaït Istrati, Eugène Ionesco et Emil Cioran comme Français parce qu'ils résidèrent longtemps en France et écrivirent en français.
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+ La culture roumaine (au sens large) rayonne donc surtout à travers des personnalités, nées et élevées pour la plupart dans les actuelles Roumanie et Moldavie mais s'étant parfois exprimées en d'autres langues ou possédant une autre nationalité ou la double-nationalité, ce qui fut parfois la conséquence de la « fuite des cerveaux » surtout vers l'Europe de l'Ouest et les États-Unis de 1944 à 1989.
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+ Mais c'est avant tout chez les autochtones de l'autre État à majorité roumanophone : la république de Moldavie, que la culture roumaine est influente, malgré les efforts des gouvernements pro-russes ou communistes qui ont pourtant tout fait pour lui barrer la route, en faisant inscrire dans la Constitution (article 13) que la langue du pays, dénommée ici « moldave », n'est pas le roumain, mais seulement « analogue au roumain » et en promulguant plusieurs lois qui empêchent les autochtones de faire librement référence à l'histoire ou à la culture du peuple roumain et de se définir comme membres de ce peuple, alors que rien n'empêche les colons russes et ukrainiens de faire librement référence à l'histoire et à la culture de la Russie ou de l'Ukraine, et de se définir comme « Russes » ou « Ukrainiens » (sans compter que c'est le russe, langue de 6 % de la population, qui est officiellement « langue de communication inter-ethnique »[69]).
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+ Comme d'autres pays, pour des causes géographiques, climatiques, environnementales mais surtout historiques, la Roumanie a affronté diverses difficultés, connu et combattu des tyrannies, participé à des guerres, persécuté des populations et subi des persécutions, et une partie de ses citoyens vit encore sous le seuil de pauvreté, manquant de formation et d'éducation. En conséquence, son image est, comme celles d'autres pays, contrastée[70].
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+ La Roumanie a pour codes :
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+ Un aqueduc est un ouvrage destiné à l'adduction d'eau pour la consommation d'une ville.
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+ Le mot aqueduc est un emprunt tardif (XVIe siècle) au latin aquae ductus (aussi aquaeductus), de aqua (« eau ») et de ductus (dérivé de ducere, « conduire », lui-même tiré de duco). Aqueduc a pu désigner toutes canalisations destinées à conduire les eaux[1], toutefois ce sens ancien s'est oblitéré, aqueduc ne désignant plus que les ouvrages antiques monumentaux en maçonnerie et les constructions modernes de génie civil destinés principalement à alimenter les villes, en eau.
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+ Les premiers systèmes d'alimentation en eau sont apparus probablement en même temps que les premiers habitats urbanisés situés loin de rivières, ainsi pour alimenter la ville de Cnossos en Crète, au milieu du IIe millénaire av. J.-C.
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+ D'abord simples conduits ou tuyaux permettant d'amener l'eau, les aqueducs vont se développer au fur et à mesure des progrès techniques permettant la construction d'ouvrages d'art :
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+ On trouve le creusement de tunnels dans les aménagements hydrauliques faits par les Hébreux pour l'alimentation en eau de la ville forteresse de Megiddo. De même, la Bible raconte les aménagements d'Ézéchias de la source de Gihon avec le percement d'un tunnel pour alimenter le bassin de Silwan, à Jérusalem, en 700 av. J.-C, afin d'assurer la défense de la ville contre Sennachérib.
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+ Sennachérib a fait construire un aqueduc pour alimenter la ville de Ninive pour lequel il a fait construire un pont-aqueduc à Jerwan de 280 m de longueur. Il est le plus ancien connu. Cette technique a été utilisée par les Phéniciens pour amener de l'eau douce du Kasimieh à Tyr. Des Phéniciens, cette technique serait passée aux Grecs et aux Étrusques, puis aux Romains[2].
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+ Les aqueducs anciens utilisaient la simple force de la gravité pour acheminer l'eau : il suffisait de donner un léger dénivelé aux conduites pour que l'eau coule vers sa destination. L'inconvénient était que, pour passer une colline, il fallait soit la contourner, soit creuser un tunnel ; de même, pour passer une vallée, il fallait construire un pont ou utiliser un siphon.
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+ Les aqueducs romains ont laissé de nombreux vestiges comme le pont du Gard en France, l'aqueduc de Ségovie en Espagne, l'aqueduc de Carthage en Tunisie, l'aqueduc de Jouy-aux-Arches près de Metz, etc. (voir liste des aqueducs romains). Cependant, l'essentiel du parcours de ces aqueducs était souterrain (cf. photo) et beaucoup moins spectaculaire.
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+ L'aqueduc de Mons à Fréjus, dans le Var, (41 567 m de long, 515 m de dénivelé, 300 l/s), encore partiellement en service, est souterrain sur la plus grande partie de son trajet, mais passe en pont-aqueduc peu avant son arrivée à Fréjus de façon à garder une hauteur suffisante pour alimenter un château d'eau au point le plus haut de la ville.
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+
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+ Les aqueducs actuels s'apparentent plutôt à des pipelines, sur le même modèle que les oléoducs ou que les gazoducs : l'eau est mise en surpression par des pompes, ce qui la propulse dans la conduite de métal, de section circulaire. Ceci permet notamment de s'affranchir d'une partie des accidents de terrain et à l'occasion d'envoyer l'eau à une altitude supérieure à celle où elle est captée.
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+
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+ Des approches soucieuses de l'environnement sont basées sur l'utilisation de gaz traceur, inerte (hélium) et éventuellement renouvelable (hydrogène). Des détecteurs de gaz ultra sensibles permettent de localiser sans difficulté les points d'épanchement. Certains de ces gaz traceurs sont homologués en tant qu'additifs alimentaires E 939 et E 949, ce qui les rend particulièrement adaptés à ces tâches délicates.
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+ Fédération de Russie
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+ (ru) Росси́йская Федера́ция
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+ (ru) Росси́я
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+ 55° 45' N, 37° 42' E
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+ modifier
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+ La Russie (en russe : Россия, Rossiïa prononciation), en forme longue la fédération de Russie[a] (en russe : Российская Федерация, Rossiïskaïa Federatsiïa prononciation), est un état fédéral transcontinental. À la suite de la révolution russe en 1917, la Russie devient l’une des Républiques de l’Union des républiques socialistes soviétiques dont elle devient état continuateur en 1991.
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+
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+ Plus vaste État de la planète, la Russie est à cheval sur l'Asie du Nord (74,7 % de sa superficie) et sur l'Europe (25,3 %). Le territoire s'étend ainsi d'ouest en est, de l'enclave de Kaliningrad au district autonome de Tchoukotka, sur plus de 9 000 kilomètres et pour une superficie de 17 125 191 km2. Bien qu'entourée de nombreuses mers et de deux océans, la Russie est caractérisée par un climat continental avec des milieux particulièrement froids et hostiles sur la majeure partie du territoire.
16
+
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+ La population russe est estimée à près de 147 millions d'habitants en 2019[1], ce qui en fait le neuvième pays le plus peuplé de la planète. 78 % de ses habitants vivent en Europe[5].
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+
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+ La Russie dispose de ressources minières (houille, fer, nickel, diamant, etc.) et énergétiques (pétrole, gaz naturel, hydroélectricité) abondantes, qui en font l'un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux. Le pays se dote, à l'époque de l'Union soviétique, d'une industrie lourde puissante (aciéries, raffineries, industrie chimique, etc.). Les secteurs liés à l'armement, au nucléaire et à l'aérospatiale sont également fortement développés, ce qui a permis au pays de jouer un rôle pionnier dans la conquête de l'espace.
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+
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+ Dès le XIXe siècle, la Russie tsariste connaît une agitation révolutionnaire qui va en s'aggravant après la révolution ratée de 1905 et la défaite russe dans la guerre russo-japonaise. À la suite des pénuries causées par la Première Guerre mondiale et les difficultés de l'armée sur le front de l'Est, le mécontentement populaire débouche en 1917 sur la Révolution de Février, qui provoque la chute de la dynastie impériale des Romanov et l'abdication de son tsar, Nicolas II, en mars 1917. La Révolution d'Octobre 1917, quant à elle, renverse la jeune République russe et permet la prise du pouvoir des bolcheviks. Grâce à la volonté de Vladimir Lénine, l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) est ensuite proclamée en 1922. Ce pays est composé de plusieurs républiques socialistes soviétiques, parmi lesquelles la Russie représente un poids majeur : plus vaste superficie, plus grande population, noyau historique ; tout en abritant la capitale, Moscou, ainsi que les appareils du gouvernement soviétique.
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+
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+ Après la Seconde Guerre mondiale (1941-1945) qui a causé la mort de 27 millions de Soviétiques, l'URSS devient une véritable superpuissance. Durant la guerre froide, le pays est le fer de lance de l'idéologie communiste, opposée à la doctrine américaine. L'Union soviétique développe l'arme nucléaire dès 1949, stupéfie le monde par son avance dans le domaine spatial et est engagée dans de nombreux conflits afin de maintenir et d'étendre son influence. Fin 1991, le pays éclate en quinze États indépendants, dont la Russie, qui a hérité des trois quarts du territoire de l'ancienne superpuissance, de plus de la moitié de sa population, des deux tiers de son industrie et de la moitié de sa production agricole. La Russie occupe ainsi la place de l'URSS dans les institutions internationales, dont le siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, et a également assumé le passif financier de l'URSS et l'armement nucléaire soviétique. La Russie est aussi fondatrice de la Communauté des États indépendants (CEI) qui rassemble dix ex-républiques soviétiques.
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+ La Russie d'aujourd'hui est une fédération constituée de 85 sujets disposant d'une autonomie politique et économique variable. Le découpage, tenant compte entre autres de la présence de minorités, existait déjà dans l'ancienne URSS. Après la fin du système soviétique, le pays a graduellement adopté une économie de marché et un régime parlementaire pluraliste. Aspirant à suivre la mondialisation, la Russie se considère par ailleurs comme étant le pont entre l'Europe et l'Asie. Aujourd'hui, la Russie fait partie des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). En 2019, la Russie est la onzième puissance économique mondiale en matière de PIB à valeur nominale[6] et sixième en parité de pouvoir d'achat[7].
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+ Avec les anciennes républiques soviétiques, la Russie a conservé des relations amicales avec les républiques d'Asie centrale, la Biélorussie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Ces relations sont nettement plus froides avec l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie, qui ont intégré l'Union européenne et l'OTAN en 2004, ainsi qu'avec la Géorgie où une guerre a éclaté en 2008. Enfin, les relations demeurent complexes et partagées avec la Moldavie et surtout l'Ukraine, notamment depuis la crise de Crimée en 2014.
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+ Le territoire de la Russie est constitué majoritairement de vastes plaines où prédominent les steppes au sud, la forêt au nord et la toundra le long des rivages de l'océan Arctique. Les principaux massifs montagneux se situent le long de la frontière méridionale : ce sont le Caucase, dont le point culminant, le mont Elbrouz (5 642 mètres) est également le sommet le plus élevé d'Europe et les montagnes de l'Altaï. À l'est se trouvent le massif de Verkhoïansk et la chaîne de volcans de la presqu'île du Kamtchatka, dominée par le Klioutchevskoï, un strato-volcan de 4 835 mètres. L'Oural, qui sépare selon un axe nord-sud la Russie d'Europe de la Russie d'Asie, est un massif montagneux érodé riche en ressources minières.
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+
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+ L'énorme ceinture forestière d'une largeur de 1 200 km en « Russie européenne » dont l'Oural est la barrière naturelle, et de 2 000 km en Sibérie constitue la plus grande réserve forestière de la planète. Les surfaces cultivées présentent 8,9 % de la surface cultivable de la planète.
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+ Le littoral de la Russie a une longueur de 37 653 km : il s'étire essentiellement le long de l'océan Arctique et de l'océan Pacifique ; il comprend également de relativement petites portions de côtes sur la mer Baltique, la mer Noire et la mer Caspienne.
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+ Les principales îles et archipels comprennent en océan Arctique la Nouvelle-Zemble, l'archipel François-Joseph, l'archipel de Nouvelle-Sibérie, et dans le Pacifique l'île Sakhaline et l'archipel des Kouriles dont les îles les plus méridionales sont revendiquées par le Japon.
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+
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+ Plus de 100 000 rivières arrosent la Russie dont certaines figurent parmi les plus importantes de la planète. La Volga, qui draine un bassin versant de 1,4 million de kilomètres carrés, est le plus long fleuve d'Europe (3 350 km) et a joué un rôle majeur dans l'histoire du pays. Les grands fleuves sibériens figurent parmi les géants de la planète : ce sont l'Ienisseï (débit moyen 19 800 m3/s), l'Ob, la Léna et l'Amour tous caractérisés par des débits énormes et des débâcles particulièrement violentes lorsque l'été arrive, et remet ainsi en mouvement les eaux prises dans les glaces. Les principales étendues d'eau sont le lac Baïkal, qui contient 20 % de l'eau douce lacustre de la planète, le lac Ladoga et le lac Onega.
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+ Plus de la moitié du pays est située au nord du 60° de latitude tandis que seule une faible partie se trouve au sud du 50° de latitude. Les montagnes qui ferment les frontières méridionales (Altaï…) empêchent la remontée des masses d'air chaud venues des régions plus méridionales ; par contre, les plaines qui dominent dans le Nord du pays laissent pénétrer loin à l'intérieur des terres les masses d'air refroidies par l'océan Arctique. Il en résulte une température moyenne de −5,5 °C avec une grande amplitude thermique entre l'hiver et l'été.
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+
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+ Dans pratiquement tout le pays, il n'existe que deux grandes saisons : l'hiver et l'été ; le printemps et l'automne sont généralement de très courte durée et le passage des températures les plus chaudes aux températures les plus froides est extrêmement rapide. Le mois le plus froid est janvier (février sur les côtes). Les températures hivernales vont en s'abaissant à la fois du sud au nord et de l'ouest à l'est (beaucoup plus continental) : on relève ainsi une température moyenne en février de −8 °C à Saint-Pétersbourg située à l'extrême-ouest, −27 °C dans les plaines de Sibérie occidentale, et −43 °C à Iakoutsk située en Sibérie orientale à peu près à la latitude de Saint-Pétersbourg. Le record du froid est détenu par la ville de Oïmiakon (−72 °C relevé). Le vent du sud généré par l'anticyclone qui stationne en hiver sur la majeure partie de la Russie, réduit les différences de température entre les régions situées à des latitudes différentes. En été, le mois le plus chaud est généralement juillet (la température moyenne en Russie est de 20 °C). Les températures peuvent être très élevées dans les régions continentales (jusqu'à 38 °C au sud). L'amplitude des températures est généralement extrêmement élevée. L'été peut être très chaud et humide y compris en Sibérie. Une petite partie de la côte de la mer Noire près de Sotchi a un climat subtropical.
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+ Le climat continental limite fortement la pluviométrie. Si à l'ouest les précipitations annuelles sont de 600 mm dans les régions baltiques et de 525 mm à Moscou, elles tombent à 425 mm à Novossibirsk (en Sibérie).
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+
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+ La durée de l'hiver, le froid intense et les variations brutales de température ont un énorme impact sur le mode de vie de la population et le fonctionnement de l'économie. Dans la partie la plus froide du pays, le sous-sol ne dégèle jamais : on parle de pergélisol (permafrost en anglais, merzlota en russe) ; l'eau stagne en surface et crée de gigantesques marécages – paysage récurrent de la Sibérie ; la présence du sous-sol gelé génère des contraintes très coûteuses sur le mode de construction des bâtiments et des infrastructures. Les grands fleuves sont généralement pris par les glaces d'octobre/novembre à avril/mai bloquant toute circulation fluviale ; au printemps, la débâcle des glaces entraîne souvent des inondations catastrophiques sur les plus grands fleuves sibériens.
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+
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+ Du fait de sa taille, le pays présente de nombreux types de paysages parmi lesquels prédominent des étendues relativement plates couvertes selon la latitude de toundra, de taïga, de forêts ou de steppes. La Russie d'Europe, définie de manière arbitraire comme la partie du pays située à l'ouest de l'Oural, présente successivement en allant du nord au sud les paysages suivants : au nord la partie la plus froide est le règne de la toundra à laquelle succèdent en allant vers le sud les forêts de conifères, puis les forêts mixtes (feuillus et conifères), les prairies, et enfin la steppe semi-désertique (près de la mer Caspienne). Le changement de végétation suit celui du climat. La Sibérie – la partie située à l'est de l'Oural – présente la même succession de paysages, mais c'est surtout la taïga, forêt plus ou moins clairsemée composée majoritairement de conifères, qui prédomine.
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+
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+ La Russie est une fédération constituée de 85 sujets de la fédération de Russie qui sont des unités territoriales du niveau supérieur de la fédération de Russie :
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+
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+ Les sujets de la fédération de Russie ont un pouvoir exécutif (un chef, un gouverneur, un maire), un pouvoir législatif (parlements régionaux) et un pouvoir judiciaire. Les républiques ont une Constitution tandis qu'on parle de statut pour les autres sujets de la fédération. Chaque sujet de la fédération de Russie envoie deux représentants au Conseil de la Fédération (le sénat de la fédération de Russie).
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+
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+ Pour des raisons différentes, les sujets de la fédération de Russie sont regroupés en :
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+
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+ La Russie possède des frontières terrestres avec 14 pays. Dans l'ordre inverse des aiguilles d'une montre, en partant du plus au nord, ont des frontières avec la Russie : la Norvège sur 196 km, la Finlande sur 1 313 km, l'Estonie sur 290 km, la Lettonie sur 292 km, la Biélorussie sur 959 km, la Lituanie sur 227 km, la Pologne sur 206 km, l'Ukraine sur 1 576 km, la Géorgie sur 723 km, l'Azerbaïdjan sur 284 km, le Kazakhstan sur 6 846 km, la Chine sur 3 645 km, la Mongolie sur 3 441 km, la Corée du Nord sur 19 km[8]. Elle possède également des frontières avec deux républiques séparatistes de Géorgie, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud-Alanie dont elle a reconnu l'indépendance en 2008.
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+ La Rus' de Kiev ou principauté de Kiev (Ruthénie) est le premier État organisé à s'être formé dans la région occupée aujourd'hui par l'Ukraine, la Biélorussie et une partie de la Russie occidentale (862). Fondée par des Vikings venus de Scandinavie (les Varègues en russe) puis dirigée par la dynastie des Riourikides, elle forme un État peu structuré dont les sujets sont les tribus de Slaves orientaux vivant dans la région et qui seront progressivement conquises. Les princes varègues développent la route commerciale qui relie la mer Baltique et la mer Noire en empruntant le fleuve Dniepr (la route des Varègues). Ils réussissent, par la force des armes, à s'imposer à l'empire byzantin en tant que partenaire commercial. La principauté de Kiev doit combattre les peuples nomades des steppes venus de l'est : Petchenègues, Coumans, etc. Sous le règne de Vladimir, le territoire s'étend et en 988, ce grand prince se convertit à la religion de l'empire byzantin, le christianisme orthodoxe : celle-ci deviendra religion d'État et sera l'un des facteurs de l'unité nationale russe. La Principauté de Kiev se désintègre au fil des années sous les coups de boutoir des peuples nomades après une longue période d'instabilité interne en raison des partages successoraux entre les descendants de Vladimir. Elle fait place à une quinzaine de principautés situées sur les territoires des actuelles Ukraine, Biélorussie et de la partie européenne de la Russie. Ainsi, en 1276, la grande-principauté de Moscou voit le jour.
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+ Les princes, qui dirigent ces principautés et ont la propriété éminente de la terre, emploient des armées encadrées par des boyards qui deviendront progressivement des propriétaires terriens. Ils règnent sur une masse de paysans à cette époque généralement libres. La principauté de Vladimir-Souzdal et surtout la république de Novgorod toutes deux situées au nord de la Principauté de Kiev vont profiter de leur indépendance pour se développer. La république de Novgorod, cité-État dotée d'un système de gouvernement original, prospère grâce à ses échanges commerciaux avec les pays de la Baltique. Elle repousse à plusieurs reprises les tentatives d'expansion des chevaliers teutoniques.
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+ En 1226, un peuple nomade guerrier venu de Mongolie, appelé Tataro-Mongols par les Russes, attaque les principautés. Entre 1237 et 1242, le khan Batou petit-fils de Gengis Khan, défait les unes après les autres les armées des princes et réduit en cendres les principales villes dont Vladimir, Kiev et Moscou. Les populations sont massacrées ou réduites en esclavage. Seule Novgorod et dans une certaine mesure Pskov, situées au nord-est, réussissent à conserver une certaine autonomie. Les Mongols n'occupent pas les territoires vaincus mais les principautés doivent payer tribut et reconnaître la suzeraineté des Mongols qui fondent un État au sud de la Volga : la Horde d'or. Cette vassalité ne prendra fin que trois siècles plus tard.
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+ Les Mongols tatars ont profondément marqué la Russie, ethniquement avec l'installation de peuples turcophones, culturellement avec l'islamisation des peuples de l'Est de Moscou, entre Vladimir et Kazan qui renforcera le poids de l'Église face à l'occupation musulmane. Le vocabulaire russe s'enrichit de nombreux termes de la langue mongole tels que yam (poste) et tamga (péage). Administrativement, les Russes intègrent les tribus ainsi que les levées de troupes. Comme les Mongols, les princes russes iront jusqu'à imposer à leurs sujets de maintenir un service de relais de poste. Enfin, militairement, l'armée russe reprendra à son compte l'usage de la cavalerie légère[9].
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+ Du XIIIe au XVIe siècle, l'une de ces principautés, la Moscovie (dont la capitale est Moscou), dirigée par des princes habiles, annexe progressivement toutes les autres pour devenir la Russie. Le prince Dimitri IV de Russie vainc une première fois les Mongols à la bataille de Koulikovo (1380). Toutefois, ce mouvement d'unification se heurte aux rivalités et à la tradition de partage des territoires entre les différents fils du prince, ce qui engendra une guerre civile entre 1425 et 1453. Monté sur le trône en 1462, Ivan III, qu'un voyageur vénitien décrit comme un « homme de haute taille, penché en avant et beau », libère la Moscovie du joug des Mongols dont l'empire est désormais fragmenté en plusieurs khanats, puis absorbe les principales principautés russes encore indépendantes dont Novgorod (1478) et Principauté de Tver (1485). En 1485, Ivan III prend le titre de « souverain de toute la Rus' », désirant montrer sa volonté de reconstituer tout l'héritage de Vladimir. À la fin du règne d'Ivan III le territoire de la Moscovie a quadruplé. Son fils Vassili III (1505–1533) poursuit l'extension territoriale en annexant la cité-État de Pskov (1510) et la principauté de Riazan (1521) ainsi que Smolensk (1514). Ivan le Terrible, premier prince à se faire désigner sous le titre de tsar, parachève ces conquêtes en s'emparant des principaux khanats mongols mais il perd l'accès à la mer Baltique face à une coalition de l'Empire suédois avec la Pologne et la Lituanie. Désormais l'expansion de la Russie vers l'est n'a plus d'obstacle sérieux. La colonisation par les paysans russes du vaste bassin de la Volga et de l'Oural prend son essor. Des paysans et fugitifs, les cosaques, s'installent sur les marges et s'organisent en « armée » tout en jouant les rôles de pionniers et de garde-frontières. Ivan le Terrible se considère alors logiquement comme l'unique héritier de Vladimir, bien qu'il ne possède pas la ville de Kiev aux mains de la dynastie lituanienne des Jagellon. Cette dernière avait conquis la plupart des territoires de la Rus' occidentale.
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+ L'extinction de la dynastie des descendants de Riourik (qui remontait aux mythiques princes varègues) déclenche le Temps des troubles jusqu'à ce qu'une nouvelle dynastie, les Romanov, monte sur le trône (1613). Plusieurs souverains brillants vont aux XVIIe et XVIIIe siècles accroître la taille de l'Empire russe avec l'aide des cosaques.
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+ Pierre Ier le Grand (1682–1725), au prix d'une longue guerre avec la Suède, obtient un accès à la mer Baltique ; il fait construire Saint-Pétersbourg qui devient à compter de 1712 la nouvelle capitale, symbolisant ainsi l'ouverture du pays vers l'Europe. Une puissante industrie métallurgique, la première d'Occident à l'époque, est édifiée dans l'Oural et permet de soutenir l'effort de guerre.
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+ Catherine II de Russie (1762-1796), autocrate éclairée, achève la conquête des steppes situées au bord de la mer Noire après avoir défait l'empire ottoman et le khanat de Crimée et repousse vers l'ouest les frontières de l'empire russe grâce au partage de la Pologne.
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+ L'actuelle Ukraine et la Russie Blanche (Biélorussie) sont désormais entièrement en territoire russe. Durant toute cette période, les cosaques occupent progressivement la Sibérie et atteignent l'océan Pacifique en 1640. Irkoutsk au bord du lac Baïkal est fondé en 1632, la région du détroit de Béring et l'Alaska sont explorés dans les années 1740.
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+ Un code édicté en 1649 lie désormais le paysan et ses descendants à la terre et à son propriétaire généralisant le servage, à contre-sens de l'évolution du statut du paysan en Europe occidentale. En contrepartie, les propriétaires terriens sont astreints à servir leur souverain. Catherine II confirme et renforce ces dispositions. Le mécontentement des paysans et d'une classe naissante d'ouvriers, exploités par leurs propriétaires et lourdement taxés par la fiscalité d'un État en pleine croissance déclenchent aux XVIIe et XVIIIe siècles de nombreuses révoltes paysannes dont la plus importante, menée par le cosaque Pougatchev, parvient à menacer le trône avant d'être écrasée (1773). L'Église à l'époque joue un rôle essentiel dans la société russe et possède plus des deux tiers des terres. La réforme du dogme orthodoxe russe par le patriarche Nikon (1653) est à l'origine du schisme des vieux-croyants sévèrement réprimé.
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+ Pierre le Grand puis Catherine II font venir un grand nombre de colons allemands (par exemple les Allemands de la Volga), d'artisans et de savants occidentaux souvent allemands, pour moderniser le pays, édifier des industries et jeter les fondements des établissements d'enseignement et de diffusion du savoir. Les bases de la langue littéraire russe sont définies par Mikhaïl Lomonossov. Les premiers journaux sont publiés à cette époque. La noblesse russe s'occidentalise, surtout sous l'influence de la philosophie allemande et de la langue française, et certains de ses membres s'enthousiasmeront pour les idées des Lumières, et parfois même de la Révolution française.
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+ L'Empire russe joue un rôle décisif durant la guerre de Sept Ans puis, cinquante ans plus tard, dans les guerres napoléoniennes ; ces conflits font de la Russie une puissance européenne. Mû, comme tous les souverains européens, par une idéologie conservatrice et hostile aux idées de la Révolution française, Alexandre Ier participe à deux coalitions contre Napoléon Ier et essuie des défaites coûteuses. Alexandre Ier choisit alors, par renversement d'alliance, le camp de la France (traités de Tilsit), mais la paix ne durera que cinq ans (1807–1812). Il profite de cette pause pour attaquer la Suède et annexer la Finlande.
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+ En 1812, les hostilités reprennent. La Grande Armée de Napoléon parvient à s'emparer de Moscou mais doit en repartir, chassée par l'incendie de la ville. Les armées russes harcèlent alors un ennemi décimé par la faim et le froid et, en 1814, elles occupent Paris.
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+ L'Empire russe joue un rôle majeur dans le congrès de Vienne et la Sainte-Alliance, qui veut régir le destin de l'Europe post-napoléonienne : il s'oppose à la reconstitution de l'État polonais et participe militairement à la répression des soulèvements contre les monarchies (Hongrie 1849), à l'instar de l'empire d'Autriche.
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+ L'Empire russe poursuit, sous son règne et celui de ses successeurs, son expansion dans le Caucase et vers les bouches du Danube, au détriment de l'Empire perse et de l'empire ottoman. La Géorgie (vassale de l'Empire Perse) est annexée en 1813 (traité de Golestan). La partie orientale de la Principauté de Moldavie (vassale de l'Empire ottoman) est annexée en 1812 et forme le gouvernement de Bessarabie (Traité de Bucarest de 1812). L'Arménie, le Daghestan et une partie de l'Azerbaïdjan sont annexés en 1828 au terme d'un conflit de quatre ans avec l'Empire perse (Traité de Turkmantchaï). Au décès d'Alexandre (1825), des officiers réformistes, les décembristes, se soulèvent en vain pour demander une réforme de la monarchie. Cette tentative de soulèvement d'officiers issus de l'aristocratie va servir aussi de modèle à de nombreux intellectuels russes au cours du siècle suivant, inspirés par la philosophie de Hegel ou de Kropotkine. En 1829 l'Empire russe se fait céder par l'Empire ottoman les Bouches du Danube. Nicolas Ier bénéficie d'une bonne croissance économique, mais renforce l'appareil répressif. Il écrase violemment un soulèvement armé de la Pologne (1831). Le déclin de l'empire ottoman, qui attise les convoitises des puissances européennes, est à l'origine d'un conflit entre la Russie et les autres puissances européennes, Grande-Bretagne en tête: la guerre de Crimée. Défait à Sébastopol (1856), Alexandre II, le successeur de Nicolas, doit céder le sud de la Bessarabie avec les Bouches du Danube, et perd les droits de passage entre la mer Noire et la Méditerranée. Un dernier conflit victorieux avec l'Empire ottoman (1878), déclenché par l'insurrection bosniaque de 1876[10], lui permet de retrouver un accès au Danube et parachève la conquête du Caucase. Ce conflit inquiète cependant les investisseurs car la Turquie refuse de signer le protocole élaboré à Londres par les grandes puissances.
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+ La Russie obtient aussi la création dans les Balkans d'un royaume de Bulgarie, et la reconnaissance par les Ottomans de l'indépendance de la Serbie et de la Roumanie. Cet accroissement d'influence ravive l'hostilité du Royaume-Uni (Le Grand Jeu).
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+ De nombreuses jacqueries contre l'aristocratie terrienne endettée et attachée de ce fait au système du servage, ont lieu durant cette période. L'industrie se développe surtout dans les mines et le textile mais reste très en retrait par rapport à l'Angleterre et à l'Allemagne (environ 600 000 ouvriers vers 1860). Une nouvelle classe de commerçants et de petits industriels – souvent d'anciens serfs libérés par rachat – apparaît, mais ses effectifs sont relativement peu nombreux.
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+ L'enseignement se répand dans les classes les plus aisées et de nombreuses écoles supérieures sont fondées. La littérature russe connaît un premier épanouissement avec des écrivains majeurs comme Tourgueniev, Pouchkine ou Gogol qui témoignent des tourments de la société russe. Cet essor culturel s'étend également à l'architecture et à la musique (Glinka).
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+ Alexandre II tente de tirer les leçons de la défaite de la guerre de Crimée. Le pays, qui s'étend désormais sur 12,5 millions de kilomètres carrés et compte 60 millions d'habitants, est handicapé par son fonctionnement archaïque. Des réformes structurelles sont mises en train par le tsar : la mesure la plus importante est l'abolition du servage de 1861 qui inclut l'attribution à l'ancien serf d'une terre, souvent trop petite pour le nourrir, au prix d'un endettement à long terme vis-à-vis de l'État. Des conseils locaux élus au suffrage censitaire – les Zemstvos – sont créés à compter de 1864 : dotés de pouvoir leur permettant de gérer les affaires locales et de construire routes, écoles et hôpitaux, ils peuvent lever des impôts pour les financer. Ce type de structure est étendu par la suite aux villes (douma urbaine). Enfin le code juridique introduit les procédures d'accusation et de défense et crée une justice théoriquement indépendante du pouvoir jusqu'à l'échelon du district. Le régime conserve malgré tout un caractère autocratique et fortement policier. Les réformes vont d'ailleurs attiser la violence de groupes d'intellectuels nihilistes et Alexandre finira par tomber sous leurs coups (1881). Sous son règne, l'empire a poursuivi son expansion coloniale en Asie centrale : après l'annexion des terres des kazakhs achevée en 1847, les trois khanats du territoire ouzbek (Kokand, Boukhara et Khiva) sont conquis au cours des trois décennies suivantes puis annexés ou placés sous protectorat (1876). Cette avancée place les limites de l'empire russe aux portes de l'empire britannique aux Indes. La tension (Grand Jeu) entre les deux pays va rester très vive jusqu'à ce qu'un accord soit trouvé en 1907 (convention anglo-russe). La Pologne se soulèvera sans succès en 1863.
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+ Il est principalement connu pour ses réformes, notamment l'abolition du servage. Malgré les grandes réformes libérales mises en place, il est assassiné, le 13 mars 1881, lors d'un attentat organisé par le groupe anti-tsariste Narodnaïa Volia.
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+ Alexandre III, lorsqu'il monte sur le trône en 1881, mène en réaction à l'assassinat de son père une politique de contre-réformes. Les dispositions autoritaires sont maintenues ou renforcées : les partis politiques et les syndicats sont interdits, le droit de circulation est limité, la presse est censurée. Sur le plan économique l'industrie se développe rapidement grâce, entre autres, aux investissements étrangers et à la construction d'un réseau ferroviaire qui atteint 30 000 km en 1890. De nouvelles régions s'industrialisent (Ukraine) tandis que certaines renforcent leur caractère industriel comme la région de Saint-Pétersbourg et surtout celle de Moscou. Mais la main-d'œuvre abondante dégagée par l'abolition du servage et la croissance démographique ne trouve pas entièrement à s'employer dans l'industrie (trois millions d'ouvriers en 1913). De nombreux paysans viennent coloniser les terres vierges de l'empire situées dans le Sud et l'Est (vallée inférieure de la Volga, Oural, Sibérie) de l'empire. Le Transsibérien permet de désenclaver les immenses territoires de la Sibérie et facilite cette migration, tandis que le financement de l'industrialisation se fait principalement par les emprunts russes venus surtout de France.
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+ Le premier tronçon du Transsibérien ouvre dès 1888 et Moscou émet quatre emprunts de 500 millions de francs-or. En 1904, la France compte 1,6 million de créanciers du réseau ferré, de l'État et des municipalités russes[11], tandis que l'alliance franco-russe mise en place en 1892 tente de faire pièce à la Triplice.
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+ L’agriculture a toujours un poids écrasant : en 1897 la Russie compte 97 millions de paysans pour une population totale de 127 millions d’habitants.[réf. nécessaire] Ceux-ci ne possèdent généralement pas les terres qu'ils cultivent (25 % seront propriétaires en 1914). Le taux d'alphabétisation est très faible et la mortalité infantile est élevée (environ 180 ‰). L'excédent démographique est absorbé par les villes dont le nombre croît rapidement : à la veille de la Première Guerre mondiale, la population citadine dépasse les 25 millions d'habitants. La Russie continue d'accroître son aire d'influence : en Chine et en Corée elle se heurte aux intérêts japonais. La guerre russo-japonaise qui s'ensuit se termine par une défaite complète (1905 à Tsushima) : la modernisation du Japon a été sous-estimée et l'éloignement du champ de bataille a créé d'énormes contraintes logistiques.
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+ La défaite de Tsushima de 1905 déclenche le premier soulèvement généralisé de la population russe contre le régime. La révolution russe de 1905 est d'abord un mouvement paysan qui touche essentiellement la région des terres noires. Les ouvriers se joignent au mouvement par la suite[12]. La loyauté des forces armées va sauver le régime. Nicolas II, qui est monté sur le trône en 1894, est obligé de donner des gages d'ouverture. Une assemblée (douma) élue est dotée de pouvoirs législatifs. Mais les élections de deux doumas successives donnent une large majorité à l'opposition. La loi électorale est alors modifiée pour obtenir une chambre des députés favorable au pouvoir.
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+ L'évolution économique et sociale du pays avait fait monter les oppositions libérales, démocrates, socialistes et révolutionnaires au régime tsariste. La fusillade meurtrière du Dimanche rouge à Saint-Pétersbourg mit le feu aux poudres. Le régime impérial survécut à cette première attaque d'envergure, mais le mécontentement grandit et l'opposition se radicalisa. La grève générale d'octobre 1905 réussit à faire céder le régime. Une constitution libérale fut octroyée ; mais dans les deux ans qui suivirent, la contre-attaque de Nicolas II réduisait à néant les espoirs soulevés par cette révolution.
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+ La mutinerie du cuirassé Potemkine, immortalisée en 1925 par Le Cuirassé Potemkine, film de Sergueï Eisenstein, en est restée un symbole.
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+ La Russie entre en guerre contre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie en 1914 pour venir en aide à la Serbie, son alliée. L'Empire russe déclenche une offensive en Pologne orientale mais est sévèrement battue. Les troupes russes doivent abandonner la Pologne. Début 1917 éclatent des mouvements sociaux, suscités par le poids de la guerre sur l'économie, les pertes sur un front réduit à une stratégie défensive, l'instabilité des dirigeants et la défiance vis-à-vis du tsar. Le refus des troupes de réprimer les manifestations et la lassitude des classes dirigeantes obligent le tsar Nicolas II à abdiquer ; ainsi éclate la Révolution de Février 1917 et la Russie devient une république. Un gouvernement provisoire est alors constitué, présidé par Alexandre Kerenski. Tout en esquissant des réformes, celui-ci tente malgré tout de respecter les engagements de la Russie vis-à-vis de ses alliés en poursuivant la guerre. L'impopularité de cette dernière mesure est exploitée par le parti des bolcheviks qui, le 25 octobre 1917 (7 novembre 1917 dans le calendrier grégorien), renverse le gouvernement à Saint-Pétersbourg (alors capitale de la Russie) par les armes (Révolution d'Octobre). La paix est signée avec les Allemands (à Brest-Litovsk, en Biélorussie actuelle) au prix d'énormes concessions territoriales (Pologne, partie de l'Ukraine, pays Baltes, etc., soit environ 800 000 km2). Une guerre civile va opposer pendant trois ans les Russes blancs (républicains ou monarchistes), assistés par les puissances occidentales, aux bolcheviks. Après leur victoire, le 22 décembre 1922, les bolcheviks instaurent l'Union des républiques socialistes soviétiques ; la Russie devient une des républiques de l'Union.
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+ Dès la prise du pouvoir, le nouveau régime tourne à la dictature réprimant toute opposition même au sein du parti bolchevik. L'ensemble des moyens de production industrielle est placé sous le contrôle de l'État. À la fin de la guerre civile en 1921, le pays est exsangue : la désorganisation des transports et les réquisitions agricoles déclenchent une famine qui fait un million de victimes autour de la Volga. Le mécontentement gagne et le régime doit assouplir son programme : c'est la NEP qui autorise une forme limitée d'économie privée. En quelques années, les productions agricole et industrielle se rétablissent. Lénine, mort en 1924, laisse sa « succession » ouverte. Staline va en quelques années se hisser au pouvoir en éliminant physiquement ses rivaux. Le plan de collectivisation est repris avec vigueur et les terres agricoles sont regroupées par la force au sein de grandes coopératives. Une nouvelle famine éclate, cette fois-ci majoritairement en Ukraine (1932–1933) et dans le Kouban. Le développement de l'économie est désormais planifié de façon centralisée et le pouvoir, qui se concentre à Moscou (redevenue capitale du pays en 1918), mène un vaste programme d'industrialisation (surtout dans le domaine de l'industrie lourde) à l'aide des plans quinquennaux. Le gouvernement incite les travailleurs au dépassement des normes de productivité (stakhanovisme) au nom de l'avenir radieux. La machine de propagande communiste fonctionne à plein régime. En même temps, Staline mène une politique répressive qui envoie au goulag ou à la mort plusieurs millions de personnes avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, ce qui ne l'empêche pas d'instaurer un véritable culte de personnalité. C'est la montée du stalinisme.
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+ Le Pacte germano-soviétique, signé le 23 août 1939, pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique contient des protocoles secrets établissant les modalités de partage de la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Roumanie entre le Reich et l'Union soviétique. La Pologne est ainsi partagée en deux en septembre 1939. De même, Staline annexe les trois États baltes et force la Roumanie à lui céder la Bessarabie et les régions moldaves. Ces protocoles sont mis en œuvre sans difficulté véritable, sauf en ce qui concerne la Finlande (qui doit être placée sous influence soviétique), où se déroule la guerre d'Hiver. Ainsi, l'Union soviétique et l'Allemagne nazie se partagent une partie de l'Europe, sans que cela ne déclenche de réaction notoire de la part de la France et de la Grande-Bretagne.
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+ Staline, qui a signé avant le début de la Seconde Guerre mondiale un pacte de non-agression avec Hitler comprenant une clause de partage de la Pologne et des Pays baltes, est attaqué par l'Allemagne en juin 1941 (opération Barbarossa). L'Armée rouge sous-équipée et désorganisée par les purges staliniennes recule en essuyant des pertes qui se chiffrent en millions. L'avancée allemande est bloquée devant Stalingrad en janvier 1943, puis repoussée vers l'ouest, notamment à la suite de la bataille de Koursk opposant du 5 juillet au 23 août 1943 les forces allemandes aux forces soviétiques sur un immense saillant de 23 000 km2 situé au Sud-Ouest de la Russie, à la limite de l'Ukraine, entre Orel au nord et Belgorod au sud. C'est l'une des batailles qui ont déterminé l'issue de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Les généraux soviétiques reprennent progressivement l'initiative et l'Armée rouge, renforcée par des livraisons d'armes alliées, reconquiert les territoires perdus, libère les pays de l'Europe orientale puis rentre victorieuse dans Berlin (mai 1945), au prix d'un terrible bilan de 20 à 30 millions de victimes (dont presque la moitié de civils). Staline et ses alliés occidentaux ont conclu un accord sur un partage de l'Europe en zones d'influence qui entérine le rôle joué par l'URSS dans le conflit (conférence de Yalta). Les pays d'Europe orientale et l'Allemagne de l'Est se voient bientôt imposer un régime socialiste piloté par l'URSS.
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+ La guerre a saigné l'URSS (plus de 20 millions de victimes dont une majorité de civils) et détruit une bonne partie de ses installations industrielles et de ses villes. L'immédiat après-guerre est une période de reconstruction. Le pays retrouve son niveau de production industrielle d'avant-guerre puis le double en 1952. L'industrie nucléaire se développe, avec la création du complexe nucléaire Maïak. L'URSS effectue son premier essai nucléaire en 1949, accédant ainsi au rang de seconde puissance nucléaire mondiale.
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+ Dans le même temps, le culte de la personnalité est porté à son comble par Staline. Peu après le décès de celui-ci en 1953, Nikita Khrouchtchev accède au pouvoir (1953) et dénonce les excès de son prédécesseur. Sur le plan intérieur commence une période de relative prospérité ; les droits des citoyens sont mieux respectés, c'est le début d'une certaine libéralisation. L'URSS stupéfie le monde par son avance dans le domaine spatial en mettant en orbite le premier Spoutnik et en y envoyant Youri Gagarine, premier homme dans l'espace. Sur le plan international, l'URSS élargit son influence à de nombreux pays du tiers monde et parvient par des investissements massifs dans l'armement à faire jeu égal avec les États-Unis, notamment dans le domaine nucléaire et des missiles balistiques. Cette période de guerre froide se traduit par de nombreux conflits ou tensions un peu partout dans le monde entre les deux superpuissances et leurs alliés. La crise de Cuba en 1962 manque de dégénérer en un conflit nucléaire. L'accession de Léonid Brejnev au pouvoir (1964) se traduit par une relative détente entre les deux grands, grâce aux travaux de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe mais également, sur le plan intérieur, par une réduction des tentatives de réforme qui n'avaient pas réussi à son prédécesseur (Programme des terres vierges entre autres). L'écart entre le niveau de vie des Soviétiques et celui des habitants des pays occidentaux s'accroît. La tension entre les deux superpuissances reprend à compter de 1979 à la suite de l'invasion de l'Afghanistan et de l'arrivée de Ronald Reagan à la tête des États-Unis en 1980.
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+ Voir aussi : Chronologie de l'URSS – Guerre froide
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+ Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985 en prenant la tête du PCUS avec la volonté de réformer le régime pour combattre la stagnation économique et les reliquats du stalinisme, mais ses réformes donnent des résultats plutôt mitigés. La perestroïka (restructuration économique) n'a pas atteint les objectifs escomptés ayant aggravé les pénuries de biens de consommation et les inégalités sociales entrainant un mécontentement populaire, tandis qu'une démocratisation du régime, amorcée avec la glasnost (transparence), déclenche des conflits inter-ethniques et la montée des nationalismes, mal perçus par les Russes.
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+ En 1989, pour la première fois depuis le début de l'ère soviétique, des élections libres ont lieu, les partis politiques sont autorisés en 1990. Cette ouverture est surtout l'occasion pour les peuples des différentes nationalités composant l'URSS de manifester leurs souhaits de souveraineté. Vers 1991, un véritable dualisme du pouvoir s'installe au Kremlin - la puissance montante des structures étatiques russes libérées de la tutelle du PCUS, avec Boris Eltsine en tête, face aux organes du pouvoir soviétique et communiste, archaïque et conservateur, essayant en vain de freiner les réformes gorbatcheviennes et de préserver le système soviétique. Un coup d'État en août 1991 mené par les conservateurs échoue et accélère la fin de l'Union.
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+ Le 21 décembre 1991, le PCUS est dissous par Mikhaïl Gorbatchev et l'URSS s'effondre : les républiques qui la constituaient prennent leur indépendance, le CAEM (Conseil d'assistance économique mutuelle) créé en 1949 et le Pacte de Varsovie (1955) ne sont plus. La Russie, qui en constitue le noyau historique, reprend de l'ancienne grande puissance mondiale les trois quarts de son territoire, plus de la moitié de sa population, les deux tiers de son industrie et la moitié de sa production agricole. Principale héritière de l'URSS, elle occupe désormais sa place dans les institutions internationales, dont le siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, mais assume également le passif financier de l'ancienne URSS. Une union politique et économique, la CEI, est fondée en 1991 pour tenter de maintenir des liens privilégiés entre les pays issus de l'URSS.
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+ Bien que la Russie, dirigée par Boris Eltsine à partir de 1991, soit l'héritière de l'Union soviétique, elle ne peut endosser le rôle de superpuissance. La fédération de Russie est confrontée à de nombreux problèmes internes, parmi lesquels l'élaboration laborieuse d'un système politique démocratique et une guerre de sécession en Tchétchénie, et laisse la grande politique mondiale aux Américains et à leurs alliés.
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+ Voir aussi : Union des républiques socialistes soviétiques – Putsch de Moscou – Communauté des États indépendants
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+ Eltsine, le premier président de la Russie postsoviétique, donne une inflexion libérale au nouveau régime. La société russe, qui a dû abandonner le socialisme, est profondément bouleversée. Quelques oligarques construisent des fortunes. Mais le déclin de l'outil économique, l'affaiblissement de l'État fédéral provoquent une chute catastrophique du niveau de vie des Russes.
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135
+ La transition vers l'économie de marché est alors apparue inéluctable pour la fédération russe née fin 1991. Deux approches économistes s'opposaient vis-à-vis des modalités de cette transition vers le capitalisme.
136
+
137
+ Appuyés par les instances internationales (FMI, BERD, etc.), les partisans de la « thérapie de choc » (Jeffrey Sachs) l'emportèrent et conseillèrent le gouvernement russe.
138
+
139
+ À partir de 1992, la Russie privatisa massivement, la thérapie de choc étant mise en œuvre de façon complète à partir de 1994 : à cette époque, plus de 50 % du secteur public (112 625 entreprises d'État) avaient été privatisées. Au niveau économique, la planification dirigiste et centralisée de l'économie est ainsi abandonnée sans transition au profit d'un mode de fonctionnement s'inspirant des thèses libérales des économistes de l'école de Chicago. Les moyens de production ont été en grande partie privatisés, dans des conditions souvent obscures.
140
+
141
+ La transition rapide vers une économie de marché capitaliste provoque au cours des années 1990 un effondrement total de l'économie. Le PIB est divisé par deux en quelques années, et une crise financière majeure en 1998, plonge une grande partie de la population dans de graves difficultés (exceptée une infime minorité de nouveaux riches, surnommés « nouveaux Russes »). La privatisation assortie de l'ouverture des marchés des capitaux facilite la ruée des capitaux hors du pays.
142
+
143
+ Si l'on prend le seuil de pauvreté de 2 $ par jour, 23,8 % de la population vit désormais dans la pauvreté sous le nouveau régime capitaliste, contre seulement 2 % en 1989 sous le régime communiste[13]. Le chômage, qui s'élevait à moins de 0,1 % de la population active au début des années 1990, a grimpé à 0,8 % en 1992 et jusqu'à 7,5 % en 1994, quatre fois plus vite qu'en Biélorussie (0,5 % en 1992 et 2,1 % en 1994), qui a elle adopté une méthode plus graduelle de libéralisation.
144
+
145
+ Pour le prix Nobel d'économie Joseph E. Stiglitz, la thérapie de choc a été une grave erreur. Dans son livre, La Grande Désillusion il écrit ainsi : « Les privatisations ont été réalisées avant d’avoir mis en place le cadre juridique et institutionnel nécessaire. L’argument du FMI était que des droits de propriété sont essentiels pour l’efficacité d’une économie. Mais rien ne s’est déroulé selon ce scénario. Les privatisations ont accru les possibilités de pillage et les raisons de piller au lieu de réinvestir dans l’avenir du pays. L’absence de lois assurant une bonne gouvernance d’entreprise a incité ceux qui parvenaient à prendre le contrôle d’une firme à voler les actionnaires, en pillant les actifs des entreprises ».
146
+
147
+ Lorsque la présidence de Boris Eltsine touche à sa fin, l'économie russe est au plus bas. Le PIB a baissé de 7,5 % par an en moyenne entre 1990 et 1998, à une époque où la Chine, autre pays en transition, connaissait un taux de croissance annuel moyen de 10 %.
148
+
149
+ De plus, l'armée est tenue en échec dans le conflit qui l'oppose aux séparatistes islamistes en Tchétchénie. Les élections de 1993 se traduisent par une montée du courant nationaliste (22,92 % des votes vont au Parti libéral-démocrate de Russie de Vladimir Jirinovski, contre 7,81 % en juin 1991) et le maintien d'un vote communiste important (12,40 % des votes, contre 16,85 % en juin 1991). Une nouvelle constitution, adoptée en décembre 1993 après une grave crise constitutionnelle et la mise au pas du Congrès des députés du peuple à l'aide de l'armée, donne un tour plus présidentiel au régime. La période est également caractérisée par de grands mouvements de population entre les États composant l'URSS (population russe des États voisins se repliant en Russie, émigration des Russes de religion juive ou d'origine allemande, fuite des cerveaux) et au sein même de la Russie (abandon des campagnes et des zones les plus éloignées en Sibérie). Le désordre économique et politique se prolonge jusqu'en 1998 date à laquelle le système financier russe s'effondre : entre 1990 et 1998 le PIB aura chuté de 45 %.
150
+
151
+ Vladimir Poutine, porté au pouvoir en 2000, se donne pour objectif de rétablir le fonctionnement de l'État et de l'économie par le biais d'un régime présidentiel fort. Le nouveau président bénéficie de l'envolée du cours des matières premières, dont la Russie est le plus grand producteur. Il lance des réformes structurelles visant entre autres à rétablir la « verticale des pouvoirs ». Des mesures ont été prises contre la fraude fiscale, ce qui s'est traduit par l'arrestation de certains oligarques. Depuis 2000, la Russie connaît une croissance forte (augmentation du PIB de 7 % en moyenne) étroitement liée à la montée des prix des matières premières et plus particulièrement du pétrole et du gaz. L'afflux de revenus qui en découle permet le développement du secteur tertiaire (banque, assurance, distribution) et la croissance de la consommation intérieure. Vladimir Poutine tente de redonner à la Russie un rôle de premier plan sur la scène internationale en profitant, entre autres, des déboires américains en Irak, et de renouer des liens privilégiés avec les anciennes républiques composant l'URSS en maniant alternativement la manière forte (Biélorussie, Ukraine) et une approche plus diplomatique. Son successeur, Dmitri Medvedev, élu en mars 2008, est plus libéral, mais continue d'appliquer la politique générale de Poutine. Par ailleurs, la guerre d'Ossétie en 2008 étend l'influence russe dans le Caucase, en particulier en Abkhazie et en Ossétie du Sud-Alanie. Vladimir Poutine lui succède à nouveau après l'élection présidentielle de mars 2012.
152
+
153
+ En 2014, à la suite de la crise de Crimée, le gouvernement de Vladimir Poutine est critiqué par les autres pays du G8 qui suspendent son adhésion au groupe, reformant ainsi temporairement le G7.
154
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155
+ Vladimir Poutine est réélu au premier tour de l'élection présidentielle du 18 mars 2018.
156
+
157
+ La Constitution de 1993, adoptée à la suite de la crise constitutionnelle de 1993 qui avait opposé le président Boris Eltsine à l'Assemblée et n'avait pu être résolue que par l'intervention des chars, définit la Russie comme une fédération et une république présidentielle dans laquelle le président, en tant que chef de l'État, dirige la Nation et le président du gouvernement dirige le gouvernement. Le pouvoir exécutif est exercé par le chef du gouvernement.
158
+
159
+ Le président est élu au suffrage universel pour une période de six ans depuis 2012. Son mandat est renouvelable une seule fois. La dernière élection présidentielle a eu lieu le 18 mars 2018.
160
+
161
+ Le pouvoir législatif est représenté par l'Assemblée fédérale composée de :
162
+
163
+ La constitution russe garantit l'égalité de tous les citoyens devant la loi et l'indépendance des juges. Les procès doivent être publics et le droit de la défense est garanti aux accusés.
164
+
165
+ Selon la loi fédérale, le dirigeant d'un sujet de la fédération de Russie est élu soit par les citoyens de la fédération de Russie résidant dans ce sujet sur la base du suffrage universel, égal et direct, au scrutin secret, soit par les députés de l'organe législatif de ce sujet sur la proposition du président de la fédération de Russie, qui a aussi le droit de destituer le dirigeant d'un sujet de la fédération de Russie et d'en désigner un par intérim (jusqu'aux élections prochaines dans ce sujet de la fédération de Russie).
166
+
167
+ Les principaux partis sont le parti progouvernemental « Russie unie » (238 sièges à la Douma aux élections de 2011), le Parti communiste de la fédération de Russie (92 sièges), Russie juste (64 sièges), et le Parti libéral-démocrate de Russie (56 sièges). La majorité des trois quarts est nécessaire à la destitution du chef de l'État.
168
+
169
+ Le président de la Russie est Vladimir Poutine (réélu le 18 mars 2018, pour son quatrième mandat).
170
+
171
+ Voir aussi : Union de la Russie et de la Biélorussie
172
+
173
+ L'actuelle armée russe, formée en 1992, est l'héritière de l'ancienne Armée rouge qui fut l'Armée soviétique de 1922 à 1991, année de la dislocation de l'URSS. Elle a hérité de l'armement et de l'équipement de l'armée soviétique située sur le territoire russe, ainsi que de la totalité de l'arsenal nucléaire soviétique qui lui a été transféré par le Kazakhstan, l'Ukraine et la Biélorussie.
174
+
175
+ La Russie est l'un des cinq pays reconnus officiellement par le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) comme possédant l'arme nucléaire. Elle possède d'ailleurs le plus vaste arsenal nucléaire au monde avec plus de 16 000 têtes nucléaires[14] dont 3 500 sont opérationnelles. Au cours de son histoire, l'URSS aura produit quelque 50 000 têtes nucléaires.
176
+
177
+ Après la chute de l'URSS, malgré la baisse des effectifs et du budget, l'armée russe reste une armée de premier plan à l'échelle mondiale.
178
+
179
+ La Russie est en tête des exportations d'armes, devant la France (5,2 milliards de dollars) et derrière les États-Unis (26,9 milliards de dollars) avec un excédent de 7,2 milliards de dollars américains, émanant de son secteur de l'armement[15]. Les principaux clients de la Russie sont l'Inde et la Chine en tête, puis notamment l'Iran, le Venezuela et l'Algérie[16],[17].
180
+
181
+ La Russie doit se protéger contre diverses « menaces » : indépendantistes au sein de la Russie, rivalités avec ses voisins de l'Ouest, d'Asie Mineure, du Japon, de Mongolie et de Chine. Elle surveille de près les détroits turcs pour accéder à la Méditerranée, le « verrou » danois pour accéder à l'océan Atlantique et à l'Est, le « verrou » japonais pour l'océan Pacifique, et l'Arctique notamment pour le pétrole[18].
182
+
183
+ Articles détaillés : Géopolitique de la Russie, Communauté des États indépendants, Organisation du traité de sécurité collective, Communauté économique eurasienne, Communauté économique centre-asiatique et Union de la Russie et de la Biélorussie.
184
+
185
+ Voir aussi : Armée impériale russe, Armée rouge, Marine soviétique, Spetsnaz, Marine russe, VVS, Relations entre la Russie et l'Union européenne.
186
+
187
+ De l'égalité initiale, en l'an 1000, avec l'Europe, le PIB par habitant russe n'a cessé de fléchir. Les Mongols rassemblés sous Gengis Khan ruinent son économie au XIIIe siècle. Les tsars fondent un empire fondé sur la puissance militaire et le féodalisme mais ne peuvent « rattraper » le retard pris sur l'Europe. Les efforts entrepris par Moscou ont permis à l'époque soviétique quelques rebonds au XXe siècle, vite retombés lors de la dislocation de l'URSS, le PIB par habitant russe n'atteignant que 50 % du PIB franco-allemand et 40 % du PIB américain au début du XXIe siècle[20]. De son passé soviétique, la Russie a hérité d'une industrie métallurgique lourde puissante et concurrentielle, d'un savoir-faire pointu dans les domaines de l'aéronautique, de l'armement et de l'énergie.
188
+
189
+ La Russie fait partie des pays économiquement développés : PIB de 2 056 milliards de $ en 2010 (nominatif), 2 097 milliards de $ (en parité de pouvoir d'achat[21], 7e rang en 2007). Son économie est marquée par le poids des industries extractives : gaz naturel (1er producteur et exportateur mondial), pétrole (1er producteur)[22], charbon (6e pays producteur), métaux non ferreux.
190
+
191
+ L'agriculture, longtemps handicapée par la collectivisation des exploitations agricoles sous le régime soviétique, malgré le labourage des terres vierges dans les années 1970, composant avec un environnement naturel globalement peu favorable et immense, est structurellement déficitaire (déficit en valeur de 10 milliards de $). Mais la Russie peut être considérée comme une puissance agricole forte – la Russie est le premier producteur mondial d'orge, de framboise, de groseille. Elle est aussi un gros producteur de betterave, de blé et de pomme de terre.
192
+
193
+ La répartition du PIB (secteur primaire 7 % – secondaire 37 % – tertiaire 56 %) reflète la montée en puissance des services.
194
+
195
+ Le fonctionnement de l'économie russe a subi des transformations radicales après les réformes entamées par Gorbatchev dans la 2e moitié des années 1980 (perestroïka), caractérisées par le passage d'une économie planifiée (dont l'ensemble des moyens de production étaient contrôlés par l'État) à un mode de fonctionnement basé sur l'économie de marché.
196
+
197
+ Ce processus de transformation est à l'origine d'une crise économique profonde, culminant avec la crise financière en 1998, dont la Russie s'est progressivement relevée depuis : le PIB a retrouvé en 2007 son niveau de 1990. L'évolution du prix des matières premières a grandement favorisé la reprise économique amorcée en 1998. Avec une croissance du PIB supérieure à 6 % en moyenne depuis cette date, l'État russe a pu régler par anticipation les emprunts contractés au plus fort de la crise financière et ramener la dette publique à 8 % fin 2007.
198
+
199
+ L'inflation est désormais contenue (6,1 % en 2011 contre 36,5 % en 1999). La Russie s'est constituée la troisième réserve de change du monde (504 milliards de $ en février 2012) grâce à une balance des paiements excédentaire de 10 % du PIB durant cette période. Le budget de l'État, régulièrement excédentaire grâce à une gestion prudente de la manne financière constituée par des rentrées fiscales plus efficaces et au prix assez élevé des hydrocarbures, a permis la constitution en 2004 d'un fonds de stabilisation qui se montait à 130 milliards de dollars en septembre 2007. L'État russe a retrouvé des moyens financiers permettant de lancer des projets d'envergure (infrastructures, soutien à l'investissement).
200
+
201
+ Des secteurs importants de l'industrie russe sont, depuis la libéralisation de l'économie, confrontés à la concurrence des entreprises étrangères : celle-ci n'est freinée que dans des domaines jugés stratégiques (construction automobile, ressources minières et énergétiques, industrie de l'armement). La Russie reste le premier exportateur mondial d'armes (avions de chasse, sous-marins, etc.). Mal préparée, l'industrie légère russe a vu ses parts de marché fondre sur le marché national. Le phénomène touche également des industries de pointe comme la construction aéronautique. Les exportations sont désormais en grande partie composées de produits à faible valeur ajoutée (hydrocarbures et métaux représentaient en 2005 82 % des exportations en volume et non en valeur[23]). La croissance de cette économie peu diversifiée est très sensible aux évolutions du prix des matières premières.
202
+
203
+ Le PIB par habitant s'élevait en 2007 à 12 200 $ et le taux de chômage à 6,6 % (2006). Mais ce PIB est très inégalement réparti. La libéralisation de l'économie a accentué un phénomène qu'avait jusqu'à présent contrebalancé le régime socialiste. La richesse s'est plutôt concentrée au cours de la décennie dans quelques régions favorisées : les deux métropoles de Moscou et Saint-Pétersbourg, les régions sibériennes où sont situées les gisements d'hydrocarbures et quelques régions industrielles (Tatarstan, Iekaterinbourg, Samara, etc.). La ville de Moscou concentre à elle seule 22 % du PIB russe[24].
204
+
205
+ Le taux de TVA est rehaussé de 18 % à 20 % en 2019[25].
206
+
207
+ Les statistiques officielles de la fédération de Russie reconnaissent trois formes d'exploitations agricoles. Les organisations agricoles, les fermes privées et les lopins de terre. La culture du blé et des pommes de terre en représente une large part. La Russie est cinquième au palmarès des producteurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010, dominé par les États-Unis, car elle a très fortement augmenté ses récoltes entre 2012 et 2016.
208
+
209
+ L'élevage porcin et de volaille est également très répandu. En revanche, l'élevage de bovins est essentiellement destiné à la production laitière[réf. nécessaire]. La betterave sucrière est également une réussite du secteur agricole. Sur les six premières années de la décennie 2010, le pays a confirmé sa huitième place au palmarès des grands producteurs mondiaux de sucre[26], grâce à une progression de près d'un cinquième des volumes de betterave récoltés.
210
+
211
+ Les conditions climatiques de la Russie ne lui permettent une mise en culture de ses terres que sur une période relativement courte (environ sept mois de l'année). La dimension de sa surface agricole utilisée et le facteur climatique permettent sans doute d'expliquer que son agriculture est plutôt extensive qu'intensive.
212
+
213
+ Les variations paysagères et structurales de l'espace agricole russe se fait largement suivant un gradient nord-sud définit essentiellement par le climat. Cette variation régionale est visible par le degré de mise en culture du territoire, par la densité de population et par la taille des bourgs.
214
+
215
+ L'adaptation de la Russie à l'économie de marché et la fin de l'exploitation agricole uniquement par les kolkhozes provoque un exode rural auquel les autorités tentent de faire face.
216
+
217
+ La Russie est riche en ressources énergétiques. Elle possède les plus grandes réserves de gaz naturel du monde (32 % des réserves prouvées, 23 % des réserves probables), ainsi que les deuxièmes plus grandes réserves de charbon (10 % des réserves prouvées, 14 % des réserves probables), les huitièmes pour le pétrole (12 % des réserves prouvées, 42 % des réserves probables), et 8 % des réserves prouvées d'uranium[27].
218
+
219
+ La production d'énergie de la Russie atteignait en 2011[28] un total de 1,31 milliard de Tep, dont 42 % pour le gaz naturel, 39 % pour le pétrole, 14 % pour le charbon ; le nucléaire (3,5 %) et les énergies renouvelables pèsent peu à côté de ces mastodontes, bien que la Russie compte plusieurs centrales hydroélectriques et nucléaires parmi les plus puissantes du monde.
220
+
221
+ La Russie était en 2012 le 2e producteur de pétrole et de gaz naturel du monde, 6e pour le charbon, 3e producteur d'électricité nucléaire en 2011 et 5e pour l'hydroélectricité[29].
222
+
223
+ Une part importante (45,6 %) de cette énorme production est exportée : 48 % du pétrole, 30 % du gaz naturel et 45 % du charbon ; la Russie était en 2011 le 2e exportateur de pétrole du monde et en 2012 le 1er exportateur de gaz naturel et le 4e de charbon[28].
224
+
225
+ La consommation d'énergie de la Russie est très élevée : 5,15 Tep par habitant en 2011 (France : 3,88) et les émissions de gaz à effet de serre de la Russie étaient de 11,65 tonnes de CO2 par habitant (France : 5,04 tCO2/hab ; États-Unis : 16,94 tCO2/hab ; Chine : 5,92 tCO2/hab)[29].
226
+
227
+ La compagnie des chemins de fer russes (RJD) connecte toutes les villes importantes de Russie.
228
+
229
+ Le Transsibérien est le plus célèbre des trains russes. Le train rapide Allegro relie Helsinki à Saint-Pétersbourg depuis 2010. Le réseau ferroviaire régional se nomme « Elektritschka ».
230
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231
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232
+
233
+
234
+
235
+ Principales plates-formes de correspondances :
236
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237
+ Compagnies aériennes :
238
+
239
+ La population de la Russie s'établit approximativement à 146,78 millions d'habitants en 2019[1], avec un taux d'urbanisation élevé (73 % de la population). La densité est de 8,5 hab./km2, mais la population est très inégalement répartie sur le territoire : de 26,9 en Russie d'Europe (Oural compris) elle tombe à 2,5 en Russie d'Asie. L'urbanisation tend à dépeupler la « Russie profonde » au profit de grandes métropoles et plus particulièrement des villes de la Russie européenne.
240
+
241
+ Après la Seconde Guerre mondiale, qui avait entraîné la mort d'environ 27 millions de personnes[30] (civils et militaires), la population avait retrouvé son niveau d'avant-guerre en 1955 (111 millions), puis s'était accrue de près de 35 % en atteignant son maximum en 1992 (148,7 millions). Cependant plusieurs phénomènes sont venus modifier cette dynamique démographique dont la plus importante est sans doute la « normalisation » de la fécondité russe qui a effectué à compter de 1988 sa transition démographique et présente désormais un taux de natalité proche de celui des autres pays d'Europe de l'Est, c'est-à-dire très bas.
242
+
243
+ La population de la Russie augmente depuis 2009 du fait de l'immigration, d'une hausse de la natalité et d'une baisse de la mortalité. En 2013, le taux de natalité s'établit à 13,3 ‰ tandis que le taux de mortalité s'élève à 13,1 ‰. L'indice de fécondité est de 1,7 enfant par femme. Depuis 2007, pour enrayer la diminution de la population, l'administration Vladimir Poutine octroie un capital maternité de 267 500 roubles (environ 6 300 euros) à la naissance du second enfant. Depuis 2019, la population russe rebaisse.
244
+
245
+ Le déficit naturel est en partie compensé par des flux migratoires en provenance des pays issus de l'éclatement de l'URSS. L'immigration, qui était dans les années 1990 essentiellement le fait de russophones, a aujourd'hui des origines plus mélangées (immigration chinoise et ouzbek)[réf. nécessaire]. En 2008, la Russie comptait quelque 10 millions d'immigrés[31]. La crise économique, l'augmentation du chômage et la redéfinition de l'identité russe provoquent une montée de la xénophobie dans le pays : 74 meurtres à caractère racistes ont été recensés en 2007, 114 en 2008[31], ce qui est à mettre en perspective avec les statistiques inférieures des autres pays européens connaissant désormais eux aussi ce phénomène. Par ailleurs, le courant d'émigration en direction d'Israël, des États-Unis et de l'Allemagne, très important durant les années 1990, s'est aujourd'hui pratiquement tari et fut bien inférieur à certaines prévisions[32].
246
+
247
+ L'espérance de vie est inférieure à la moyenne européenne pour les femmes (75 ans) mais l'est surtout pour les hommes : pour ceux-ci l'âge moyen au décès est de 63 ans[33] (inférieur de 9 ans à la moyenne européenne et de 14 ans à la moyenne française[34]) soit un taux de mortalité de 15 ‰ pour un taux de natalité est de 9 ‰. L'espérance de vie a connu une chute dramatique pendant la période de chaos politique et économique des années 1990, à la suite de la disparition de l'Union soviétique. Cela s'explique par divers facteurs : l'alcoolisme de masse, le suicide, un système de santé déficient qui ne réussit pas à stopper le développement rapide du SIDA et la tuberculose[35]. Ainsi, la Russie a connu pendant la crise de la période de transition quatre fois plus de morts violentes que les États-Unis[35] : en effet, elle se classait à l'époque au deuxième rang mondial pour les homicides (28,4 pour 100 000 habitants en 2000[36]) et troisième pour les suicides (38,4 pour 100 000 habitants en 2002[37]). L'arrivée, plus tardive qu'à l'Ouest, de certaines épidémies comme le sida explique aussi la situation : à la fin de 2005, la Russie enregistrait près de 350 000 infections au VIH[38]. L'alcoolisme en Russie était un problème de santé publique de premier plan. Un plan gouvernemental restreignant la vente d'alcool, en augmentant le prix et en interdisant la publicité, a fait baisser la consommation de 43 % entre 2003 et 2016[39],[40]. Cette baisse a contribué à la hausse de l'espérance de vie, qui a atteint un niveau record en 2018, pour s'établir à 78 ans pour les femmes et 68 ans pour les hommes. Au début des années 1990, l'espérance de vie des hommes n'était que de 57 ans[39].Face à cette situation, le gouvernement russe a inscrit dans son programme la mise en place d'une politique nataliste reposant sur des incitations financières pour la naissance des 2e et 3e enfants. Ainsi, en 2009, la population russe a augmenté pour la première fois depuis 1995, sous l'effet conjugué depuis quatre ans d'une remontée de la natalité et d'une baisse de la mortalité[41].
248
+
249
+ Après le rattachement de la Crimée à la fédération le 18 mars 2014, la population Russe a subitement augmenté d'environ deux millions d'habitants, portant le total à environ 146,5 millions d'habitants.
250
+
251
+ Malgré la faiblesse de la densité moyenne, la Russie est un pays fortement urbanisé : près des trois-quarts des Russes (73 %) résident en ville, soit 106,5 millions de ses habitants au sein d'environ 1 100 villes et 1 400 bourgs. Quelque 20 % des Russes se concentrent dans des villes de plus d'un million d'habitants et 45 % dans des zones urbaines de plus de cent mille âmes[42].
252
+
253
+ Le russe est la langue d'État de la fédération. Par ailleurs 37 langues ont un statut de langue d'État dans les républiques, et 15 autres langues ont un statut officiel. Un grand nombre d'autres langues sont parlées en Russie.
254
+
255
+ La Russie compterait en 2014, environ 77 % de croyants (dont 70 % de chrétiens)[43].
256
+
257
+ Le dénombrement des pratiquants est toutefois difficile et le CIA Factbook donnait l'évaluation suivante en 2006[8] :
258
+
259
+ Le taux d'alphabétisation est très élevé, parmi les plus élevés au monde : 100 % (2003–2008). Les populations n'appartenant pas à l'ethnie russe sont souvent bilingues (exemples : russe et tatar, russe et oudmourte, russe et iakoute, russe et arménien).
260
+
261
+ Entre 2003 et 2008, le taux de scolarisation brut pour les hommes et femmes est de 96 % et le taux de scolarisation net est de 91 %. Dans un cadre éducatif, 21 % des enfants scolarisés utilisent un accès à Internet, en 2007. Le taux de suivi en dernière année d'école primaire est de 99 %, entre 2003 et 2008, d'après les données administratives russes. Le taux de scolarisation au secondaire est de 85 % pour les hommes et de 83 % pour les femmes entre 2003 et 2008[44].
262
+
263
+ La littérature russe prend son essor à Saint-Pétersbourg avec Alexandre Pouchkine, qui est considéré comme l'un des fondateurs de la littérature moderne russe et est parfois surnommé le « Shakespeare russe ». Parmi les poètes et écrivains russes les plus célèbres figurent Nicolas Gogol, Mikhaïl Lermontov, Fiodor Dostoïevski, Léon Tolstoï et Anton Tchekhov. Les écrivains les plus marquants de la période soviétique sont Boris Pasternak, Alexandre Soljenitsyne, Vladimir Maïakovski, Mikhaïl Cholokhov et les poètes Evgueni Evtouchenko et Andreï Voznessenski.
264
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265
+ Un grand nombre de groupes ethniques vivant en Russie ont des traditions folkloriques très variées. La musique russe du XIXe siècle est caractérisée par l'existence de deux courants musicaux : celui représenté par le compositeur Mikhaïl Glinka et ses successeurs, dont le Groupe des Cinq, qui ont inclus des éléments folkloriques et religieux dans leurs compositions et la Société musicale russe dirigée par Anton et Nikolaï Rubinstein aux accents plus traditionnels. La tradition du romantisme tardif incarnée par Tchaïkovski ou encore Nikolaï Rimski-Korsakov (bien qu'également successeur de Glinka), fut prolongée au XXe siècle par Sergueï Rachmaninov, l'un des derniers grands compositeurs de musique romantique.
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+ Les compositeurs du XXe siècle de renommée mondiale comprennent Alexandre Scriabine, Igor Stravinsky, Sergueï Rachmaninov, Serge Prokofiev et Dmitri Chostakovitch. À l'époque soviétique, la musique était sous surveillance constante du régime, car elle était un moyen d'éduquer les masses socialistes, et elle ne devait pas être influencée, selon la propagande officielle, « par la décadence bourgeoise ». Les conservatoires de Russie ont produit des générations de solistes de renommée mondiale. Parmi les plus connus figurent les violonistes David Oïstrakh, Leonid Kogan et Gidon Kremer, le violoncelliste Mstislav Rostropovitch, les pianistes Vladimir Horowitz, Sviatoslav Richter et Emil Gilels et la cantatrice Galina Vichnevskaïa.
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+ Tchaïkovski composa des ballets connus dans le monde entier comme Le Lac des cygnes, Casse-Noisette et La Belle au bois dormant. Au début du XXe siècle, les danseurs russes Anna Pavlova et Vaslav Nijinski devinrent célèbres et les déplacements à l'étranger des Ballets russes influencèrent fortement le développement de la danse dans le monde. Le ballet soviétique a préservé à la perfection les traditions du XIXe siècle et les écoles de chorégraphie de l'Union soviétique ont fait naître de grandes étoiles, admirées partout comme Maïa Plissetskaïa, Rudolf Noureev et Mikhaïl Barychnikov. Le ballet du Bolchoï à Moscou et le celui du Mariinsky à Saint-Pétersbourg sont universellement prisés.
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+ Alors que le cinéma a souvent été considéré comme une forme de divertissement bon marché à destination des classes populaires, la production cinématographique en Russie a eu dès 1917 un rôle culturel important : immédiatement après la révolution de 1917, le cinéma soviétique a exploré les possibilités et les limites du montage avec par exemple des films comme Le Cuirassé Potemkine. Le régime utilisait cet art pour former les masses, mais il tenta cependant de le faire avec des formes nouvelles et une grande créativité. Des réalisateurs soviétiques comme Sergueï Eisenstein et Andreï Tarkovski marquèrent leur époque et eurent une grande influence sur les cinéastes contemporains. Eisenstein fut l'élève du metteur en scène et théoricien Lev Koulechov, qui mit au point les principes du montage cinématographique dans la première école du cinéma créée au monde, l'institut du cinéma de l'Union à Moscou. En 1932, Staline promulgua le réalisme socialiste soviétique comme fondement de l'art soviétique, ce qui freina la créativité mais beaucoup d'œuvres produites à cette époque sont des réussites artistiques comme Tchapaev, Quand passent les cigognes et la Ballade du soldat.
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+ Le cinéma soviétique fut en crise dans les années 1980 et 1990. Les réalisateurs russes n'étaient plus obligés d'affronter la censure, mais les réductions des subventions d'État ne leur permettaient de produire qu'un nombre réduit de films. Le début du XXIe siècle quant à lui se caractérisa par un accroissement des entrées en salle et en conséquence une prospérité accrue de l'industrie cinématographique.
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+ L'art de la vidéo est très populaire dans la Russie moderne. La Russie est l'un des marchés prioritaires pour YouTube[45]. L'épisode le plus populaire de la série animée russe Masha et Michka a plus de 3 milliards de vues[46]. La chaîne « +100500 », qui héberge des critiques de vidéos pour des vidéos amusantes et BadComedian (en), qui fait des critiques pour des films populaires, est particulièrement populaire. De nombreuses bandes annonces de films russes ont été nominées aux Golden Trailer Awards[47],[48]. Beaucoup de vidéos de Nikolay Kurbatov (en), éditeur russe, poète et publiciste, le fondateur de bande-annonce de poétique et de construction de la bande-annonce[49] ont été téléchargés sur les grandes chaînes YouTube, ont été utilisés comme bandes-annonces principales et entrés dans le livre des records[50],[51].
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+ Voir aussi : Culture russe (catégorie) – Musique russe (catégorie) – Théâtre russe (catégorie) – Cinéma russe (catégorie) – Théâtre russe – Cinéma russe et soviétique
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+ Depuis la Christianisation de la Rus' de Kiev, l'architecture russe a été influencée par l'architecture byzantine pendant de nombreuses années. Outre les fortifications (kremlins), les principaux bâtiments en pierre de l'ancienne Rus' étaient des églises orthodoxes avec leurs nombreux dômes, souvent dorés ou peints de couleurs vives.
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+ Aristotile Fioravanti et d'autres architectes italiens ont introduit la mode de la Renaissance en Russie depuis la fin du XVe siècle, tandis que le XVIe siècle vit le développement des églises uniques en forme de tente (chatior) culminant dans la cathédrale Sainte-Basile-le-Bienheureux[52].
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+ À cette époque-là, la conception du dôme en forme d'oignon, ou clocher à bulble, était complètement développée[53].
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+ Au XVIIe siècle, le "style ardent" de l'ornementation a prospéré à Moscou et à Iaroslavl, ouvrant progressivement la voie au Baroque Narychkine dans les années 1690. Après les réformes de Pierre Ier le Grand, le changement de style architectural en Russie a généralement suivi celui de l'Europe occidentale.
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+ Le goût du XVIIIe siècle pour l'architecture rococo a conduit aux œuvres ornées de Bartolomeo Rastrelli et de ses disciples. Les règnes de Catherine II et de son petit-fils Alexandre Ier ont vu fleurir l'architecture néoclassique, notamment à Saint-Pétersbourg, capitale de la Russie à cette époque. La seconde moitié du XIXe siècle a été dominée par les styles néo-byzantin et néo-russe. Les styles prédominants du XXe siècle étaent l'Art nouveau, le constructivisme russe et l'architecture stalinienne.
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+ Durant la période stalinienne, la tradition de préservation a été brisée. Les sociétés de préservation indépendantes, même celles qui ne défendaient que des sites séculiers tel l'OIRU basé à Moscou, ont été dissoutes à la fin des années 1920. Une nouvelle campagne antireligieuse, lancée en 1929 coïncident avec le collectivisme agricole ; la destruction des églises dans les villes atteint un sommet vers 1932. Un certain nombre d'églises ont été démolies, dont la Cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou.
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+ À Moscou seulement, les disparitions d'édifices notables de 1917 à 2006 sont estimées à plus de 640 (dont 150 à 200 bâtiments classés, sur un inventaire total de 3 500) - certains ont complètement disparu, d'autres ont été remplacés par des répliques en béton.
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+ En 1955, un nouveau leader soviétique, Nikita Khrouchtchev, a condamné les « excès » de l'ancienne académique d'architecture et la fin de l'ère soviétique a été dominé par le fonctionnalisme simple en architecture. Cela a quelque peu aidé à résoudre le problème du logement, mais en créant une grande quantité de bâtiments de faible qualité architecturale, contrastant significativement avec les styles lumineux antérieurs. En 1959, Nikita Khrouchtchev a lancé la campagne antireligieuse. En 1964, plus de 10 000 églises sur 20 000 ont été fermés (principalement dans les zones rurales) et beaucoup ont été démolies. Sur 58 monastères et couvents en activité en 1959, seulement 16 restaient en 1964, sur 50 églises de Moscou en activité en 1959, 30 ont été fermées et 6 démolies.
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+ Jour férié. Anniversaire de la signature de l’acte de capitulation nazie à l’heure de Moscou (9 mai à 01h01).
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+ Outre ces jours fériés, il existe un grand nombre de fêtes de corporations (Профессиональные праздники). Ces jours ne sont pas chômés, mais les plus importants sont célébrés officiellement (12 avril : journée de la cosmonautique ; 28 mai : jour des gardes-frontières ; 5 octobre : jour des enseignants ; 10 novembre : jour de la police…).
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+ La Russie a pour code :
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ Famille
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+
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+ Les Culicidés, appelés moustiques[1], ou encore maringouins[2], forment une famille d'insectes appelée Culicidae. Classés dans l'ordre des Diptères et le sous-ordre des Nématocères, ils sont caractérisés par des antennes longues et fines à multiples articles, des ailes pourvues d’écailles, et des femelles possédant de longues pièces buccales en forme de trompe rigide de type piqueur-suceur. À ce jour, 3 546 espèces de moustiques réparties en 111 genres sont inventoriées au niveau mondial[3] mais un bien moins grand nombre pique l'humain.
4
+
5
+ Les moustiques ont un rôle dans les écosystèmes mais avant tout en épidémiologie humaine et animale, car outre le fait qu'ils sont source de nuisance par les piqûres qu’ils infligent, ils sont le plus important groupe de vecteurs d’agents pathogènes transmissibles à l’être humain, dont des zoonoses[4]. Ils sont vecteurs de trois groupes d'agents pathogènes pour l'humain : Plasmodium, filaires ainsi que de nombreux arbovirus.
6
+
7
+ Ils sont présents sur l'ensemble des terres émergées de la planète (à l'exception de l'Antarctique et de l'Islande[5]), tant dans les milieux forestiers, de savanes ou urbains, dès qu'une surface d'eau douce ou saumâtre, même réduite ou temporaire, est disponible.
8
+
9
+ Le nom scientifique (voir Nom binominal) de la famille des Culicidés vient de son genre type Culex donné par Linné en 1758. Culex vient du latin aculeus (« aiguillon »), lui-même issu du proto-indoeuropéen *ḱuH-ló- de même sens, et fait référence à l'appareil piqueur-suceur de ces insectes avec lequel les femelles se nourrissent de sang[6].
10
+
11
+ Le nom vernaculaire de moustique est emprunté à l’espagnol mosquito (littéralement « petite mouche »), dérivé du latin mŭsca, « mouche »[7].
12
+
13
+ Les moustiques sont des insectes holométaboles passant par 4 phases de développement ; œuf, larve (4 stades larvaires), nymphe et adultes. Les trois premiers sont aquatiques, le dernier aérien. La durée totale de ce développement, fortement influencé par la température, est de 10 à 15 jours pour les zones tropicales du monde qui rassemblent les plus fortes densités d'espèces.
14
+
15
+ Ce stade est aquatique. Issue de l'œuf, une larve de premier stade (L1) de taille réduite va, par une succession de trois mues, accroître sa taille, donnant en quelques jours une larve de stade IV (L4), d'une taille, variable selon l'espèce et les conditions de développement, entre 4 et 10 mm. C'est sur ce stade IV que les identifications taxonomiques sont réalisées.
16
+
17
+ Les larves sont constituées de trois parties :
18
+
19
+ Aquatique, la nymphe présente un céphalothorax fortement sclérifié et renflé avec deux trompettes respiratoires, assez proches l'une de l'autre. Les yeux composés du futur adulte sont visibles latéralement à travers le tégument. Au niveau du céphalothorax se distinguent les ébauches de divers organes du futur adulte : proboscis, pattes, ailes.
20
+
21
+ L'abdomen se compose de neuf segments, le dernier plus petit que les autres, porte à sa partie apicale une paire de palettes natatoires (nageoires), chacune maintenue rigide par une nervure médiane. À l'extrémité de la nervure, la palette porte une soie terminale accompagnée sur la face ventrale d’une soie accessoire. Le bord externe des nageoires porte des dents, variables en grandeur et extension, qui constituent un bon caractère de diagnose. Les caractères des soies de l'angle postéro-latéral du huitième segment, ainsi que la soie accessoire sont des caractères particulièrement utilisés.
22
+ Chacun des huit segments abdominaux porte dorsalement plusieurs paires de soies diverses. Le premier segment porte, en outre, une paire de soies palmées qui contribue à assurer l’équilibre de la nymphe en adhérant par capillarité à la surface de l’eau.
23
+ La nymphe, également aquatique, ne se nourrit pas mais, durant ce stade (soit 1 à 5 jours), le moustique subit de profondes transformations morphologiques et physiologiques préparant le stade adulte.
24
+ Au moment de l'exuviation de l'adulte, la pression interne provoque la rupture des téguments du céphalothorax suivant une ligne médio-dorsale. Les bords de la fente s’écartent pour permettre la sortie de l'adulte à la surface de l'eau.
25
+
26
+ Au stade adulte, leur taille varie selon les genres et espèces de 3 à 40 mm mais elle ne dépasse que très rarement les 10 mm, à l'exception des moustiques de la tribu des Toxorhynchitini.
27
+
28
+ Au stade adulte, les moustiques possèdent, comme tous les Diptères, une seule paire d'ailes membraneuses, longues et étroites, repliées horizontalement au repos. Les Culicidae possèdent un corps mince et des pattes longues et fines. Ils se reconnaissent facilement par la présence d'écailles sur la majeure partie de leur corps. Les femelles possèdent de plus de longues pièces buccales, caractéristiques de la famille, de type piqueur-suceur : la trompe, appelée rostre ou proboscis, qui inflige la piqûre si redoutée. Leur tête est pourvue de deux yeux à facettes (œil composé) mais les Culicidae ne possèdent pas d’ocelles (oeil simple).
29
+
30
+ Chez les mâles, l'appareil buccal est de type suceur, ils se nourrissent de nectar de fleurs, de sève, de jus sucrés... alors que les femelles (appareil de type piqueur-suceur) se nourrissent comme les mâles, mais elles sont en plus hématophages pour permettre la ponte[8].
31
+
32
+ Chaque segment est pourvu d'une paire de pattes longues et fines formé de 5 parties (coxa, trochanter, fémur, tibia et tarse formé de 5 tarsomères) pourvu souvent d'écailles dont l'ornementation (anneau, bande, moucheture) constitue un caractère d'identification. La répartition des soies et des écailles sur le thorax revêt une grande importance dans la détermination des différents genres et espèces de Culicidae. Citons : les soies acrosticales (sur le « dos » du thorax), les soies pré ou postspiraculaires (avant ou après le spiracle), les soies mésépimérales inférieures et supérieures.
33
+
34
+ Chez les mâles, les 9e et 10e segments qui forment les génitalia ont une structure d'une assez grande variété. Leurs caractères morphologiques sont très utilisés pour la détermination de l'espèce, par exemple chez les Culex, les Eretmapodites et les Aedes du sous genre Aedimorphus.
35
+
36
+ Le moustique joue donc un rôle au sein de nombreuses chaînes alimentaires. Les adultes mâles et femelles se nourrissant de nectar de fleurs, ils participent à la pollinisation des plantes, au même titre que les autres diptères, que les papillons ou les hyménoptères[10].
37
+
38
+ Bien que source de graves problèmes de santé publique, les moustiques (parfois favorisés par les aménagements ou comportements humains) font partie de la diversité biologique et fonctionnelle des zones humides, où ils ont une importance pour le cycle du carbone, de l'azote notamment et même une valeur de bioindicateur selon des biologistes tels que Martina Schäfer (2004)[11] et Willott (2004)[12]. Ils font partie des espèces qu'on trouve dans les points chauds de biodiversité, y compris en Europe[13].
39
+
40
+ Les chercheurs s'intéressent à leurs caractéristiques écologiques et à leurs traits d'histoire de vie[11],[14], afin de notamment préciser leur rôle dans les niches écologiques qu'ils occupent, voire mettre en évidence des services écosystémiques ou de rétrospectivement comprendre comment des pratiques humaines ont pu involontairement favoriser les moustiques et des pathogènes qu'ils véhiculent (telle que le plasmodium, autrefois cause du paludisme dans les vallées alpines et (plus largement) le sud-est de la France[15],[16]).
41
+
42
+ Leurs larves font naturellement partie des assemblages de zooplancton de nombreuses zones humides « non-tidales »[17], mais avec des caractéristiques différentes de celles des autres Diptera (une partie importante de leur cycle de vie est fixe[18]).
43
+ Les moustiques (larves et adultes) sont une source de nourriture pour de nombreux prédateurs (insectes, lézards, batraciens, oiseaux…), transférant de l'eau à la terre une importante quantité d'énergie et de biomasse[10],[19], service assuré seulement par quelques groupes d'insectes et les oiseaux marins ou aquatiques. Certaines larves, représentant parfois une part importante de la biomasse des écosystèmes aquatiques, filtrent jusqu'à deux litres par jour en se nourrissant de micro-organismes et déchets organiques[9]. Elles participent donc à la bioépuration des eaux marécageuses[10] et, par leur cadavre ou leurs déjections, rendent des éléments indispensables à la croissance des plantes, tel l'azote[10].
44
+
45
+ En zone équatoriale, ils sont présents toute l'année à l'état de larve ou d'adulte et plus on se rapproche des pôles, plus les moustiques se développent saisonnièrement et avec un décalage marqué entre la ponte, l'émergence des larves et des adultes (qui nourrissent respectivement des groupes d'insectivores différents ; aquatiques ou terrestres et aériens). En zone froide et tempérée, les prédateurs des moustiques sont surtout des espèces qui hibernent et qui mangent les moustiques aux époques où ils se développent.
46
+
47
+ Plusieurs espèces vecteurs se développent facilement en milieu urbain où la lumière peut aussi les attirer (phototactisme[20]).
48
+
49
+ Certains animaux ont développé des comportements d'évitement : en Arctique, les caribous semblent tenir compte du vent pour échapper aux essaims de moustiques[10].
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+
51
+ Les moustiques ont une activité rythmée, saisonnière et nycthémérale.
52
+
53
+ En vue de l'accouplement, mâles et femelles forment un essaim, peu après le coucher du soleil, à quelques mètres du sol. Ce phénomène est observable pour An. gambiae et An. funestus et il est probable qu'il existe également chez d'autres espèces et d'autres genres. L'accouplement a lieu peu de temps après l’émergence des adultes, chaque femelle étant fécondée une seule fois pour toute sa vie. Le bourdonnement caractéristique des moustiques n'est émis que par les femelles. Il permet aux mâles de les repérer, chaque espèce ayant sa propre fréquence caractéristique[19].
54
+
55
+ La plupart des moustiques ont des femelles hématophages[21], le repas de sang étant indispensable à la ponte. Elles sont qualifiées d'« endophages » lorsqu'elles piquent à l'intérieur des maisons, d'« exophages » à l'extérieur (alors que l'entophilie et l'exophilie désignent respectivement les moustiques adultes dont les femelles passent le temps de leur digestion de repas de sang respectivement à l'intérieur et à l'extérieur des maisons ; l'endophagie n'implique pas l'entophilie et vice-versa. Il est plus difficile de mettre en contact les espèces exophiles avec des pesticides, à moins d'en utiliser de très grandes quantités) et une parade de certains moustiques (ex : Anopheles gambiae) aux traitements pesticides pourrait être de devenir exophiles[22],[23]. Toutefois, les femelles se nourrissent aussi — comme les mâles — en se gorgeant d'eau sucrée et de sucs végétaux (nectar, sève), et peuvent vivre plusieurs mois (des espèces anthropophiles passent l'hiver en diapause dans des caves, grottes, étables ; d'autres dans des abris en sous-bois), mais alors elles constituent des réserves adipeuses au lieu de pondre.
56
+
57
+ Les moustiques disposent souvent de bonnes stratégies de dispersion, à prendre en compte dans les études épidémiologique et écoépidémiologique[24],[25], car elles expliquent en partie la dispersion des arboviroses humaines (dengue, chikungunya, fièvre jaune...).
58
+
59
+ Quarante-huit heures après la prise du repas de sang, les femelles fécondées déposent leurs œufs, selon les espèces : à la surface d'eaux permanentes ou temporaires, stagnantes ou courantes, dans des réceptacles naturels ou artificiels ou sur des terres inondables (marécage, rizière[26]…). Certaines espèces pondent des œufs capables de résister à une sécheresse de plusieurs mois[27], et les œufs peuvent être laissés ainsi pendant des mois avant de connaître une remise en eau. Ces œufs sont pondus soit isolément (Toxorhynchites, Aedes, Anopheles), soit en amas (Culex, Culiseta, Coquillettidia, Uranotaenia) ou bien fixés à un support végétal immergé (Mansonia, Coquillettidia). La fécondité totale d’une femelle varie selon les espèces de 500 à 2 000 œufs (20 à 200 par ponte selon la quantité de sang disponible), plusieurs pontes possibles, généralement une à quatre)[9].
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+ Ces œufs se développent en un à deux jours (selon les conditions météorologiques)[9] et éclosent, donnant naissance à des larves aquatiques de premier stade qui possèdent (à l’exception des Anophelinae) au bout de l'abdomen un siphon respiratoire en contact avec l'air. Les gîtes larvaires sont très diversifiés selon les genres et les espèces et comprennent tous les points d'eau possible excepté mers et océans : les eaux courantes (bords de torrents de montagne, de rivières ou fleuves) ou stagnantes (étang, mare, rizière, marécage, bord de rivière, fossé, flaque), ensoleillées (chemin) ou ombragées (en forêt), de grande dimension (bordure de lac, fleuve) ou de petite taille (feuille morte), à forte teneur en sels minéraux (eau saumâtre : mangroves, salines) ou chargées de matières organiques (trou d'arbre), les gîtes naturels formés par les végétaux (phytotelmes) : aisselle de feuille (bananier, Bromeliacae...), bambou fendu, trou d’arbre, urne de plante carnivore (Nepenthes), champignon creux, feuille à terre, fruit creux), minéraux : flaques, ornières, carrière de briques, empreinte de pas de bétail, trou de crabe, coquille d’escargot, trou de rocher, ou artificiels : citerne, latrine, rejet d’égout, abreuvoir, gouttière, pneu, carcasse de voiture, bidon, bâche, boîte de conserve, pot de fleurs... Chez certains genres (Aedes, Haemagogus, Psorophora), les œufs sont résistants à la dessiccation, dans l'attente de la remise en eau de leur gîte de ponte.
61
+
62
+ Les larves s'alimentent et se maintiennent au repos sous la surface de l’eau, respirant par leurs spiracles qui affleurent à la surface et se situent soit directement au niveau du 8e segment abdominal pour les Anopheles (qui doivent donc pour respirer se maintenir parallèles à la surface de l’eau, aidé en cela par des soies spécifiques à cette sous-famille, les soies palmées), soit à l’extrémité du siphon respiratoire du 8e segment pour les Culicinae (qui doivent donc maintenir leur corps oblique par rapport à la surface pour respirer). Enfin, certains genres de Culicinae ont leurs larves immergées, respirant par l'intermédiaire de la tige d'un végétal dans lequel elles insèrent leur siphon (Coquillettidia, Mansonia, quelques espèces du genre Mymomyia). Les larves passent par quatre stades larvaires se traduisant par une augmentation de leur taille, et se métamorphosent en une nymphe.
63
+
64
+ La nymphe est aquatique et respire l'air atmosphérique au moyen de ses deux trompettes respiratoires. L'extrémité abdominale de la nymphe est aplatie en palettes ou nageoires. La nymphe ne se nourrit pas. Il s'agit d'un stade de transition vers l'adulte durant lequel l'insecte subit de profonds remaniements physiologiques et morphologiques.
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+ De la nymphe émergera au bout de deux à cinq jours l'adulte volant.
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+
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+ La plupart des espèces ont une activité nocturne (genre Culex, Anopheles, Mansonia ) ou bien essentiellement diurne (Toxorhynchites, Tripteroides) à crépusculaire (genre Aedes). En région afrotropicale, la majorité des moustiques se nourrissent la nuit ou au crépuscule, au moins en zone de savanes et à basse altitude ; en montagne, où il fait très froid la nuit, et en forêt dense, où règne en permanence une mi-obscurité, un certain nombre d'espèces ailleurs nocturnes ou crépusculaires attaquent couramment de jour. Chaque espèce de moustique semble posséder, dans des conditions climatologiques déterminées, un cycle d'activité qui lui est propre. Chez le genre Anopheles, la durée du stade larvaire est d'environ sept jours (si les conditions extérieures sont favorables : qualité de l'eau, température et nourriture essentiellement). Les adultes vivent selon les conditions et les espèces de 15 à 40 jours, excepté pour certaines espèces dont les femelles peuvent hiverner.
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+
70
+ Les mâles se déplacent assez peu du gîte dont ils sont issus, et leur longévité est relativement faible. La femelle peut migrer jusqu’à 100 km de son lieu de naissance (transport passif par le vent). Dans les zones tempérées, à l'arrivée de l'hiver, certaines espèces peuvent hiverner au stade adulte, d'autres laissent leurs larves perpétuer seules l'espèce à l'arrivée du printemps[28]. L'espérance de vie peut varier de deux à trois semaines pour certaines espèces, à plusieurs mois pour d'autres[29]. En état de diapause, l'espérance de vie de certains moustiques peut atteindre plusieurs mois (selon l'espèce).
71
+
72
+ Pour les espèces hématophages, l'alimentation en sang est nécessaire à la ponte. La séquence (repas sanguin, maturation des œufs et ponte) est répétée plusieurs fois au cours de la vie du moustique, et s'appelle le cycle gonotrophique. La durée de ce cycle dépend de l'espèce, mais surtout de la température externe (par exemple, chez A. gambiae, le cycle dure 48 heures lorsque la moyenne de température jour/nuit est de 23° C). La piqûre, le plus souvent nocturne (et plus particulièrement à l'aube ou au crépuscule), dure deux à trois secondes si le moustique n'est pas dérangé.
73
+
74
+ La femelle adulte, pour sa reproduction, pique les animaux pour prélever leur sang, qui contient les protéines nécessaires à la maturation des œufs (notamment le vitellus destiné à nourrir le germe de l'œuf[30]). On la qualifie de femelle anautogène, en opposition aux femelles autogènes (qui peuvent se passer de sang pour la maturation de leurs œufs).
75
+
76
+ Pendant la piqûre, la femelle injecte de la salive anticoagulante (voir photo ci-contre) qui, chez l'humain, provoque une réaction allergique inflammatoire plus ou moins importante selon les individus : c'est la formation d'un « bouton » qui démange. Lorsque le moustique a terminé le prélèvement, il utilise principalement ses ailes pour décoller, et non ses pattes comme la plupart des autres insectes : ainsi, le décollage est quasiment imperceptible pour l'individu piqué[31].
77
+
78
+ Tous les moustiques (larves et adultes) sont dotés d'une paire de gros yeux composés formés d'ommatidies[8], et peuvent s'orienter selon la lumière et sous une faible lumière. Tous les moustiques à jeun présentent un phototactisme à une faible lumière.
79
+
80
+ La femelle à la recherche de sang perd provisoirement cette sensibilité à la lumière pour devenir principalement sensible aux odeurs émises par sa cible. Une fois gorgée de sang elle retrouve sa compétence de phototactisme, qui lui permet notamment de quitter la chambre, l'étable ou la grotte où elle a piqué son hôte.
81
+
82
+ Certaines espèces ont une rétine très photosensible et peuvent immédiatement après leur repas s'orienter vers la lumière ambiante extérieure d'un ciel étoilé ou illuminé par la lune (cas fréquent en zone tropicale selon Muirhead-Thomson, 1951 cité par Beklemišev[32]). Les femelles d'autres espèces (ex : A hyrcanus, A. bifurcatus et beaucoup d'autres) ne seront dans les mêmes circonstances (après le repas de sang) attirées que par la lumière du soleil levant pour gagner un refuge diurne (fissure de roches, anfractuosité du sol, végétation touffue…), ce qui explique qu'on ne retrouve que très rarement le matin les femelles qui se sont gorgées de sang. Les espèces présentant ce comportement sont typiquement exophiles (dans ce cas les femelles n'hibernent jamais dans les maisons), par exemple A. hyrcanus)[32]. Les femelles de quelques espèces ne retrouvent que lentement leur phototactisme et finissent leur digestion dans la maison, tant qu'on ne les fait pas fuir (A. maculipennis, A. superpictus, A. gambiae) ou d'autres espèces très endophiles[32].
83
+
84
+ Le jour, certaines espèces de moustiques sont également attirées par l'obscurité[32]. Les femelles sont immédiatement attirées par ces sources alors qu'elles sont répulsives pour les mâles. Il peut aussi arriver que des femelles venant de se gorger de sang à l'extérieur d'une maison l'utilisent pour se protéger de la lumière le jour suivant (jusqu'à la fin de la digestion du sang, avant qu'elle ne s'apprête à chercher un lieu de ponte) ; c'est assez fréquent chez A. M. sacharovi, A. pulcherrimus et A. superpictus[32].
85
+
86
+ Tout comme la tique, le moustique repère sa cible grâce à son odorat : celui-ci, au cours d'un déplacement d'au plus 2 km, leur révèle d'abord des traces de dioxyde de carbone (émis par la respiration et la transpiration) jusqu'à 30 m[33], puis d'acides gras comme l'acide butyrique ou l'acide lactique, de 4 méthyl phénol et de substances aux relents ammoniaqués, émis par la sudation de la peau et sa dégradation par la microflore de la peau[34]. Des thermorécepteurs permettront ensuite à la femelle de trouver la veinule où piquer[21]. Le système visuel est sensible à la lumière, aux mouvements et aux couleurs mais il est peu performant, et n'interviendrait qu'à moins de 1,5 m[35]). Ce n'est pas la lumière mais l'odeur qui attire les femelles piqueuses.
87
+
88
+ Les espèces anthropophiles sont spécialement sensibles aux kairomones comme l'acide lactique ou le sébum, ou aux nombreuses odeurs émises par la sueur ou l'haleine (comme l'ammoniac, l'acide lactique, l'aminobutane)[36], l'odeur propre de la peau, l'urine[37], les vapeurs d'alcool ou de parfum et bien d'autres encore (par exemple l'odeur d'une personne ayant consommé de la bière ou du fromage[38]). Les moustiques sont également sensibles à la chaleur (15 à 30° C) et l'humidité (en pratique plutôt l'été et par temps orageux, donc), et seront plus attirés par une personne avec une température élevée[39],[21]. Les substances attractives ou répulsives peuvent varier d'une espèce à l'autre. Les moustiques sont encore sensibles à de nombreux autres paramètres (par exemple, la hauteur à laquelle l'odeur est perçue, dans le cas d'An. gambiae, qui vole au ras du sol et pique de préférence les pieds et les chevilles[40]). Les croyances que les moustiques sont sensibles à la quantité de sucre dans le sang[21] et qu'il faut éteindre la lumière pour ne pas attirer les moustiques femelles[41] ne sont pas fondées.
89
+
90
+ Alimentation des adultes :
91
+ Les adultes, tant mâles que femelles, sont avant tout nectarivores, s'alimentant de nectar et du jus sucré des fruits mûrs pour couvrir leurs besoins énergétiques. En élevage (dans les laboratoires d'entomologie médicale), il leur est ainsi fourni des tampons de coton imbibés d'eau sucrée, qui suffisent à leur survie, sans avoir recours à une alimentation sanguine[42].
92
+
93
+ En outre, les femelles (à l'exception des espèces du genre Toxorhynchites), à seule fin d'assurer le développement de leurs œufs, ont recours à des repas de sang sur des vertébrés divers à sang chaud (oiseaux, mammifères dont l'Homme) ou à sang froid comme les batraciens (grenouille, crapaud), les reptiles (serpent, tortue) ou même d'autres insectes (larves de Lépidoptères, nymphes de cicadelle, mantes).
94
+ Traversant la peau jusqu'à un vaisseau, elles effectuent une prise de sang. Chaque espèce a sa propre spécificité plus ou moins affirmée dans le choix de l'hôte pour ce repas de sang. Ainsi, Culex hortensis et Culex impudicus piquent de préférence les batraciens, Cusileta longiareolata et le genre Aedeomyia les oiseaux, alors que Anopheles gambiae, Aedes albopictus, Aedes caspius, Aedes vexans, Culex pipiens et Culex quinquefasciatus préfèrent l’Homme. On parle de moustique anthropophile s'il pique préférentiellement l'Homme ou zoophile s'il pique préférentiellement d'autres vertébrés.
95
+
96
+ Alimentation des larves :
97
+ Les larves de moustiques ont pour la plupart une alimentation constituée de phytoplancton, de bactérioplancton et de particules de matière organique en suspension dans l'eau du gîte.
98
+ La larve s'alimente grâce aux battements de ses soies buccales qui créent un courant suffisant pour aspirer les aliments.
99
+
100
+ D'autres espèces sont prédatrices au stade larvaire, se nourrissant essentiellement de larves de Culicidae divers. Ce type de comportement alimentaire est assez rare parmi les Culicidae, ne se rencontrant que pour l'ensemble des espèces des genres Toxorhynchites et Lutzia, les espèces Psorophora du sous-genre Psorophora, chez les Aedes du sous-genre Mucidus, les Tripteroides du sous-genre Rachisoura et chez des espèces des genres Sabethes, Eretmapodites (Er. dracaenae, prédateur des larves d'Aedes simpsoni [Pajot 1975]) et Culiseta (Cs. longiareolata).
101
+ Elles sont pour la plupart reconnaissables à leur brosse buccale souvent modifiée en épines préhensiles fortes et recourbées vers le bas.
102
+
103
+ Les larves et les nymphes de moustiques sont consommées par des oiseaux aquatiques, batraciens (tritons, grenouilles, crapauds, salamandres), poissons (tels, par exemple, la gambusie), insectes (Chaoboridae, Notonectes, coléoptères, libellules…)[43], des crustacés (Copepoda Cyclopoida tel que Mesocyclops aspericornis) ou encore le nématode Romanomermis culicivorax[44], etc.
104
+
105
+ D'autres espèces se nourrissent de moustiques adultes : les araignées[45], certaines espèces de poissons comme l'épinoche, de libellules, de chauves-souris ou d'oiseaux[46], comme l'hirondelle ou l'engoulevent[44],[47].
106
+
107
+ La trompe (proboscis) de la femelle est composée par des pièces buccales vulnérantes ou stylets (maxilles, labre, hypopharynx) qui sont enveloppées par le labium souple (i) qui se replie au moment de la piqûre.
108
+
109
+ Le moustique enfonce les stylets dans l’épiderme jusqu’à un capillaire sanguin grâce aux maxilles qui perforent la peau et qui permettent à la trompe de se maintenir en place lors du prélèvement sanguin.
110
+
111
+ Les stylets délimitent deux canaux : l’un (canal salivaire), formé par l’hypopharynx, par lequel est injectée une salive anticoagulante, l’autre (canal alimentaire), au niveau du labre, par lequel est aspiré le sang qui, s’il est infecté, contamine le moustique.
112
+
113
+ La quantité de sang prélevée varie de 4 à 10 mm3 en 1 à 2 minutes[48]. D’après le site de l'Association américaine de contrôle du moustique, le prélèvement moyen est de 5 millionièmes de litres; L’insecte ingurgite 5 mg de sang, soit deux fois sa propre masse car il pèse en moyenne 2,5 mg[49].
114
+
115
+ Les piqûres peuvent être totalement indolores ou provoquer un prurit très désagréable ou des allergies plus graves, allant exceptionnellement jusqu'au choc anaphylactique. L’hypersensibilité a une origine immunitaire, qui traduit une réaction extrême de nos anticorps à des antigènes présents dans la salive du moustique.
116
+
117
+ Certains de ces antigènes sensibilisants existent chez tous les moustiques, tandis que d'autres sont spécifiques à certaines espèces. La réaction d'hypersensibilité peut être immédiate (types I et III) ou retardée (type IV)[50].
118
+
119
+ Divers remèdes sont plus ou moins efficaces selon les personnes et les délais d'application. Outre le vinaigre au peroxyde de zinc, dont l'effet calmant n'est pas médicalement prouvé, et des produits interdits en raison de leur toxicité, quelques médicaments existent ; antihistaminiques oraux ou topiques appliqués et diphénhydramine (Benadryl en onguent), qui soulagerait les démangeaisons. Les corticostéroïdes topiques tels que l'hydrocortisone et la triamcinolone peuvent soulager, dans le cas de piqûres inopportunément placées. Le savon de Marseille a un effet calmant (frotter à l'endroit de la piqûre). On peut aussi poser un objet chaud (tasse de thé brûlant, par exemple) quelques secondes sur la piqûre, ou la tamponner avec un glaçon, ou le déo rollon et la crème antihémorroïdes[51].
120
+
121
+ L'application directe d'un tissu imbibé d'eau très chaude mais non bouillante peut bloquer quelques heures le dégagement d'histamine autour de la piqûre. Finalement, toute crème à base de cortisone est efficace étant donné leur effet anti-inflammatoire.[réf. nécessaire]
122
+
123
+ Les Culicidae constituent le tout premier groupe d'insectes d'intérêt médical et vétérinaire quant à la transmission de maladies.
124
+
125
+ Les moustiques sont avec les tiques les premiers vecteurs de maladies transmissibles entre animaux (ex : Myxomatose[52]) ou zoonotiques également transmissibles à l'Homme.
126
+
127
+ Le moustique est l'animal qui cause le plus de morts chez l'être humain[53] (en moyenne 725 000 décès par an[54]).
128
+
129
+ Selon les sources, les moustiques qui prélèvent du sang humain sont seulement les femelles d'environ 80 espèces de moustiques sur environ 2 600 décrites en 2010, soit 3 %[53], ou d'une centaine sur 3 500 espèces, soit 6 %[55]. Elles agissent ainsi pour assurer le développement de leurs œufs[55].
130
+
131
+ Les moustiques sont vecteurs de trois groupes d'agents pathogènes pour l'être humain : Plasmodium, filaires des genres Wuchereria et Brugia, ainsi que de nombreux arbovirus.
132
+
133
+ Plus de 150 espèces de Culicidae relevant de 14 genres ont été observées porteuses de virus impliqués dans des maladies humaines (Mattingly, 1971). C'est par sa trompe qui lui sert à piquer que le moustique transmet les pathogènes à l'être humain ou aux animaux.
134
+
135
+ Les moustiques sont responsables de la transmission du paludisme (malaria), une des toutes premières causes de mortalité humaine (chaque année, entre 250 et 600 millions de personnes touchées dans le monde, et plus d'un million de morts[56],[57],[58]), de nombreuses maladies à virus (arboviroses) telles que la dengue, la fièvre jaune, la fièvre de la vallée du Rift, la fièvre du Nil occidental (West Nile Virus), le chikungunya, d’encéphalites virales diverses ainsi que de filarioses et constituent à ce titre l’un des sujets majeurs d’études en entomologie médicale.
136
+
137
+ Lors de la piqûre d'un hôte porteur d'un parasite, le moustique aspire, en même temps que le sang, le parasite pathogène (excepté les filaires, virus de la dengue, de la fièvre jaune, le virus du Nil occidental ou le virus du chikungunya…), qui parvient ensuite dans l'estomac du moustique, puis franchit la paroi stomacale. Une fois multiplié, il se retrouve dans les glandes salivaires du moustique qui l'inocule à son hôte lors de la piqûre, par la salive infectée, via l’hypopharynx.
138
+
139
+ Les genres Anopheles (paludisme), Aedes (dengue et fièvre jaune, chikungunya), Culex (fièvre du Nil occidental et diverses encéphalites) ainsi que des Eretmapodites (fièvre de la vallée du Rift) et Mansonia (filarioses) contiennent la majorité des espèces vectrices qui contaminent l'homme[59].
140
+
141
+ Les moustiques vecteurs de maladies graves sont surtout présents dans les pays du Sud (notamment Afrique, Sud de l'Asie, Amérique latine). Mais les déplacements de personnes et de marchandises, combinés au changement climatique, permettent aux espèces incriminées (par exemple le moustique tigre et l'Aedes japonicus) d'étendre leur territoire toujours plus au Nord, amenant avec elles des maladies jusqu'alors absentes ou disparues (le paludisme ayant été éradiqué de l'Europe au XXe siècle)[59]. Ainsi, de nombreux cas de chikungunya, virus véhiculé par certains Aedes, et notamment le moustique tigre, sont apparus en 2007 en Vénétie. Le moustique tigre, déjà présent en Italie ou dans le sud de la France en 2010, pourrait avoir colonisé l'ensemble de l'Europe d'ici 2030[60].
142
+
143
+ Il est important de noter que le sida ne fait pas partie de ces maladies transmissibles par le moustique, pour plusieurs raisons[57], notamment que le virus du sida n'est pas capable de se reproduire dans le moustique et de parvenir dans ses glandes salivaires. Le virus du sida, digéré avec le sang en moins de 24 heures et détruit, ne survit pas sur le moustique[61],[57].
144
+
145
+ Plus de 40 espèces de Culicidae, relevant de 4 genres, sont impliquées dans la transmission des filarioses lymphatiques. Ce sont des infections parasitaires engendrées par trois espèces de filaires : Wuchereria bancrofti, la plus fréquente et sa variété pacifica, Brugia malayi et Brugia timori.
146
+
147
+ La filariose de Bancroft à Wuchereria bancrofti sévit dans toute la zone intertropicale (Caraïbes, Amérique latine, Afrique, Inde, Asie du Sud-Est et les îles du Pacifique). La variété pacifica sévit en Océanie.
148
+
149
+ La filariose de Malaisie (ou filariose lymphatique orientale) due à Brugia malayi, est exclusivement asiatique (Asie du Sud-Est, Inde, Sri Lanka, Corée et Chine). Brugia timori ou filaire de Timor sévit dans les îles du Sud-Est de l'Indonésie (Timor).
150
+
151
+ Des moustiques des genres Culex (en particulier Culex quinquefasciatus), Anopheles (Anopheles gambiae, An. funestus) et Aedes (Aedes polynesiensis) sont vecteurs des 2 types de filarioses.
152
+
153
+ En Afrique, W. bancrofti est transmis par Cx. quinquefasciatus et, en Afrique centrale et occidentale, uniquement par des Anopheles : An. funestus, An. Complexe gambiae.
154
+
155
+ De plus, des espèces du genre Mansonia transmettent la filariose de Malaisie (Brugia malayi). Des espèces vivant dans des marécages ouverts (Mansonia uniformis, Ma. annulifera, Ma. indiana) sont vectrices de l’Inde jusqu’en Asie de l’est. Des espèces zoophiles et rurales, Ma. bonneae, Ma. dives et Ma. uniformis sont vectrices en Thaïlande, Malaisie et aux Philippines.
156
+ Des espèces du genre Coquillettidia sont signalées vectrices en Indonésie.
157
+
158
+ Wuchereria bancrofti pacifica présente dans les îles du Pacifique sud est transmise majoritairement par Aedes (Stegomyia) polynesiensis, Ae. (Stegomyia) pseudoscutellaris, Ae. (Stegomyia) tongae, Ae. (Stegomyia) hebridea ainsi que par Ae. (Ochlerotatus) vigilax, espèce de Mangrove très agressive envers l’être humain.
159
+ Brugia timori est transmise par Anopheles barbirostris.
160
+
161
+ Le cycle est indirect et fait intervenir l'être humain comme hôte définitif et un moustique comme hôte intermédiaire. Les microfilaires (larve de 1er stade) sont absorbées par le moustique lors d'un repas de sang chez un hôte infesté. Dans les 12 heures, elles traversent la paroi stomacale et gagnent la musculature thoracique du moustique. Là, après deux mues, elles se transforment en une dizaine de jours en formes infectantes. Enfin, les larves de troisième stade migrent vers le labium et sont inoculées à l’hôte lors d’un nouveau repas de sang du moustique, pénétrant activement par la blessure créée par la piqure. Le parasite ne subit aucune multiplication chez le vecteur.
162
+
163
+ La forte présence de microfilaires au niveau des muscles thoraciques du Culicidae entraîne chez ce dernier une diminution de sa capacité de vol.
164
+
165
+ Les filarioses lymphatiques touchent 120 millions de personnes dans 83 pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'Asie et 40 millions d’entre elles souffrent de difformités et d'invalidités graves. Près d’un tiers des porteurs de la maladie vivent en Inde, un autre tiers en Afrique, tandis que le dernier tiers se répartit entre l’Asie du Sud-Est, le Pacifique occidental et l’Amérique latine.
166
+
167
+ Une transmission verticale des virus (transovarienne) des encéphalites japonaise et de St. Louis par Aedes albopictus est possible (Rosen, 1988).
168
+ Cette maladie virale (Flavivirus) est endémique dans le Sud-Est de l'Inde et au Sud-Est asiatique (Malaisie, Thaïlande, Viêt Nam, Philippines, Indonésie). Elle est épidémique en Chine (partie), en Corée ainsi que dans certaines régions d'Océanie, au nord de l'Australie et au Japon. L'encéphalite japonaise est une cause majeure d'encéphalite virale avec 30 000 à 50 000 cas cliniques signalés chaque année, provoquant 15 000 décès.
169
+
170
+ Les zones touchées sont surtout rurales car les moustiques pullulent dans les rizières et zones inondées, avec une forte activité crépusculaire et nocturne, infligeant alors à l'être humain et aux animaux domestiques des piqûres douloureuses. L'être humain n'est qu'un hôte accidentel du virus, favorisé en cela par la création de rizières et de porcheries près d'habitations humaines. Le réservoir épidémiologique de base du virus est constitué par les oiseaux Ardeidae (hérons et aigrettes) et des canards vivant dans les zones humides, et pour réservoir relais les animaux domestiques (porcs principalement). Les chevaux, les chauves-souris et les reptiles sont également cités comme hôtes.
171
+ Il n’y a pas de transmission inter-humaine et il existe un vaccin efficace contre cette maladie.
172
+
173
+ L'être humain cherche depuis longtemps à lutter contre les moustiques, vecteurs de maladies (et surtout de boutons qui démangent).
174
+ Les méthodes sont passives ou actives, biologiques ou chimiques et parfois adaptées au stade de développement de ces insectes.
175
+
176
+ En France, la loi no 64-1246 du 16 décembre 1964 est « relative à la lutte contre les moustiques » et visait à l'origine à favoriser le développement touristique sur le littoral, puis a été élargie à d'autres champs comme la santé publique[62].
177
+
178
+ Aux stades œuf, larve et nymphe, les moustiques se développent dans l'eau stagnante (et parfois lentement courante), temporaire ou permanente. L'eau est vitale au moins à l'un des stades de développement du moustique (de la boue, du sable ou de la terre humide ne conviendront pas).
179
+
180
+ Depuis les années 1950, dans les régions habitées ou proches de zones habitées et fortement infestées, comme les régions marécageuses, des larvicides sont utilisés à grande échelle pour limiter la prolifération des moustiques.
181
+
182
+ Après quelques générations, les larves devenant fréquemment résistantes à un produit, les chercheurs doivent sans cesse mettre au point de nouvelles formules de pesticides ou biopesticides[63],[64].
183
+
184
+ Certains modes d'aménagement du territoire et des zones humides permettent (notamment et y compris dans les plans d'eau et zones humides artificielles[65],[66]) de :
185
+
186
+ Dans leur aire de répartition, on pratique une lutte biologique en relâchant dans la nature des larves de Toxorhynchites, des grands moustiques qui ne piquent pas les vertébrés mais dont les larves se nourrissent, entre-autres de larves de Culicidés. Cette méthode obtient un succès variable selon les pays ou les espèces visées[69],[70].
187
+
188
+ Au Canada, aux États-Unis[71] ou encore en France[72], le Bacillus thuringiensis est notamment utilisé comme larvicide biologique à faible impact direct sur l'environnement, même si certaines études pointent des effets indirects non négligeables[73].
189
+
190
+ Protéger ou restaurer les populations de prédateurs des larves de moustiques, tels que tritons, grenouilles, crapaud, salamandres, hirondelles, martinets, chauve-souris… permet aussi de contrôler leur prolifération.
191
+
192
+ Éliminer au maximum tout réservoir potentiel d'eau stagnante où des moustiques pourraient pondre et des larves se développer, même de faible volume, réduit le risque de présence de moustiques en zone urbaine. Ainsi les autorités sanitaires recommandent une surveillance de l'environnement proche des habitations et la suppression des récipients où de l'eau peut durablement stagner (soucoupes de pot de fleur, vases, bidons, bâches, gouttières, poubelles à ciel ouvert, brouettes…). Les soucoupes de pots de fleur peuvent être remplies de sable ou gravier.
193
+
194
+ Une technique complémentaire consiste, après avoir supprimé tous les autres points d'eau proches, à offrir des gîtes « pièges » (récipients d'eau de pluie stagnante) où la ponte des femelles pourra être contrôlée : dès que les larves sont assez grosses et visibles, bien avant qu'elles ne se nymphosent (soit environ tous les cinq jours), l'eau est filtrée ou vidée dans la terre (en veillant à ce qu'elle soit complètement absorbée). Les larves, privées d'eau, meurent.
195
+
196
+ Les récipients impossibles à vider (puisards, puits, latrines, collecteurs d'eau de pluie ouverts…), peuvent être hermétiquement couverts de toile-moustiquaire ou, à défaut, d'une fine couche d'huile : les larves de culex ne peuvent plus respirer et meurent, mais celles des Culicidae survivent car elles prennent leur oxygène dans les vaisseaux d'hélophytes.
197
+
198
+ De nombreuses méthodes sont réputées éviter d'être piqué par les moustiques. Beaucoup sont inefficaces, peu efficaces ou sans efficacité prouvée[74]. Certaines méthodes efficaces ont des effets négatifs à long terme. Pour se prémunir des piqûres dans les régions fortement infestées, il faut combiner les moyens de protection et parfois de lutte.
199
+
200
+ La femelle est attirée par le CO2 émis par l'hôte[75] et dans une moindre mesure par une température entre 18° et 30° ainsi que la transpiration : l'humidité ainsi que l'odeur de celle-ci, accentuée par certains aliments (bière, fromages…)[33]. Certains médicaments comme les stéroïdes ou les médicaments anti-cholestérol attirent aussi les moustiques[51], ainsi que les parfums[75].
201
+
202
+ Il convient de tenir compte des horaires d'activité des moustiques afin de ne pas s'y exposer. il est recommandé avant tout de porter des vêtements longs et couvrant tout le corps ; amples car les moustiques peuvent piquer à travers des vêtements serrés. Les vêtements fluides permettront aussi de laisser la peau respirer. Attention toutefois à bien faire attention aux poignets, chevilles et cou qui sont des zones à risques. Les couleurs sont importantes : évitez les couleurs foncées tout simplement car cela accroît la chaleur et donc le CO2[76],[75],[77].
203
+
204
+ La toile moustiquaire peut équiper les portes et les fenêtres, entourer les lits, berceaux ou poussettes d'enfant et même protéger le visage dans les zones fortement infestées. Elle sert aussi à empêcher les femelles de pondre dans les réserves d'eau.
205
+
206
+ La méthode de lutte donnant le meilleur résultat, notamment contre le paludisme, est l'utilisation de toile moustiquaire imprégnée d'insecticide.
207
+ En 1983, au Burkina Faso, une première association insecticide-moustiquaire fut mise en place par imprégnation de moustiquaires dans la ville de Bobo-Dioulasso. Ces moustiquaires se sont avérées particulièrement efficaces contre les anophèles en termes de mortalité des moustiques et de réduction du taux de piqûres. Globalement, la moustiquaire imprégnée réduit de 36 % le taux de piqûres des moustiques par rapport à une moustiquaire non traitée et tue de l’ordre de 37 % des moustiques présents. La généralisation de leur emploi pourrait réduire de moitié environ l'impact du paludisme et de 20 % la mortalité infantile[78].
208
+
209
+ Dans les zones infestées, la peau, mais aussi les vêtements, peuvent être imprégnés d'un répulsif à insectes. En fonction du type de peau, le pharmacien peut recommander un répulsif particulier. Lors de voyages, mieux vaut acheter sur place, les produits seront plus adaptés aux moustiques locaux[79].
210
+
211
+ L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande principalement ceux qui renferment du DEET (N,N-diéthyl-3-méthylbenzamide, auparavant appelé N, N-diéthyl-m-toluamide), de l'IR3535 (éthyl butylacétylaminopropionate) ou de l'icaridine (1-piperidinecarboxylic acid, 2-(2-hydroxyethyl)- 1-méthylpropylester)[80].
212
+ Le répulsif le plus efficace est le DEET, mais de récentes études montrent une possible toxicité chez l'Homme, en particulier pour les femmes enceintes et les enfants[81]. On a recensé dans le monde douze cas de convulsions chez l'enfant depuis la mise en œuvre de ce produit, sans que l'origine de ces convulsions puisse être imputée au produit ; il s'agit donc là d'un principe de précaution que certains jugent abusif[réf. nécessaire].
213
+
214
+ Les répulsifs à base d'huile de haricot de soja et d'IR3535 présentent une protection de plus courte durée[réf. nécessaire].
215
+
216
+ Les autres répulsifs d'origine végétale, dont l'essence de citronnelle, ont une durée d'effet très courte et sont donc considérés comme inefficaces à l'extérieur. Selon l’OMS, les vaporisateurs, à la citronnelle par exemple, « peuvent aussi réduire les piqûres à l’intérieur des bâtiments[80] ».
217
+
218
+ La culture, par exemple au rebord des fenêtres, de certaines plantes (citronnelle, lamiacées (labiées) tels que la mélisse, le thym, le thym citron, le romarin, la lavande, le basilic, le basilic à petites feuilles, les géraniacées tels que les geranium, en particulier le geranium citron, et pelargonium, pyrèthre, les plants de tomates, les capucines), aurait un effet répulsif[76].
219
+
220
+ Selon certains récits de vie à l'écart de la civilisation, la salive mélangée à du tabac pourrait être efficace. La nicotine est effectivement un excellent insecticide naturel. Le feu et la fumée éloigneraient aussi les moustiques, mais non sans conséquences pour la santé des humains qui respirent cette fumée[réf. nécessaire].
221
+
222
+ Les bracelets anti-moustiques sont quasiment inopérants[79],[82]. De même, les appareils anti-moustiques électroniques, censés éloigner les moustiques par émission d'ultrasons, sont en réalité inefficaces, la femelle étant insensible à ces vibrations[75],[83],[84],[79],[85].
223
+
224
+ Des aérosols et diffuseurs d'insecticide sont commercialisés mais ils ne présentent d'intérêt que dans une pièce fermée.
225
+ Ils présentent alors d'autres risques avérés ou potentiels pour la santé des occupants qui les respirent, notamment les enfants[86]. De plus, on observe (au moins depuis les années 1960[87]) que les insecticides induisent rapidement des résistances à leur efficacité chez la plupart des espèces de moustiques visées.
226
+ Selon l’OMS, les spirales anti-moustiques et autres vaporisateurs « peuvent aussi réduire les piqûres à l’intérieur des bâtiments[80] ».
227
+
228
+ La résistance de nombreuses souches de moustiques à certains pesticides a rapidement et fortement augmenté (beaucoup plus vite que pour les résistances des plantes aux désherbants)[88]. À titre d'exemple, une résistance (génétiquement héritable pour la descendance) au DDT a été constatée chez les moustiques
229
+ dès 1947 en Floride, un an seulement après les premières utilisations du DDT (Hemingway et Ranson 2000)[89],[90],[91].
230
+
231
+ Des indices laissent penser que la présence d'insecticides dans le milieu aquatique où se développent les larves s'accumulent dans les tissus larvaires et donc de l'adulte, entraînant peut-être « le maintien de l‟induction de certaines enzymes de détoxication et par conséquent le maintien de l‟augmentation de tolérance à l‟insecticide »[88]. On constate en tout cas que « les moustiques issus de zones agricoles ou plus généralement polluées par des composés organiques tolèrent mieux les insecticides »[88],[92],[93],[94],[95]), ce qui n'exclut pas des phénomènes de résistance croisée avec divers pesticides utilisés en agriculture, en médecine vétérinaire, ou ayant été utilisés, mais persistants et donc encore présent dans l’environnement des larves.
232
+ Ces adaptations posent des problèmes de lutte contre les maladies véhiculées par les moustiques (malaria…), et pourraient continuer à augmenter, alors que les populations de moustiques indésirables pourraient s'étendre à la faveur du réchauffement climatique et de la mondialisation des échanges.
233
+
234
+ Pour répondre à ces adaptations, outre l'utilisation de cocktails d'insecticides et le changement régulier de molécules, une autre stratégie consiste à ne pas encourager les milieux favorables aux moustiques piqueurs (eaux stagnantes) et à favoriser le développement de prédateurs naturels des moustiques, par exemple en protégeant les poissons et insectes aquatiques mangeurs de larves de moustiques et en offrant des nichoirs aux chauves-souris et aux hirondelles pour lutter contre le moustique commun. En Polynésie l'arbre à pain sert de répulsif naturel contre les moustiques et autres insectes en brûlant la fleur mâle de l’arbre . Cependant ces stratégies sont insuffisamment efficaces[44].
235
+
236
+ La lumière nocturne attire les moustiques en général hormis les femelles à la recherche de sang (la lumière est utilisée pour attirer les moustiques dans les pièges qui servent à les compter[96], en combinaison avec un morceau de glace carbonique[97] qui émettra du CO2 destiné à aussi y attirer les femelles prêtes à piquer car quand la femelle cherche son repas de sang, c'est uniquement par l'odeur de sa cible et avant cela par le CO2 qu'émet cette cible qu'elle est attirée).
237
+ C'est pourquoi les électrocuteurs d'insectes utilisant une lumière blanche ou ultraviolette pour les attirer ont une très faible efficacité sur les moustiques femelles (elles constituent 0,2 % des insectes piégés)[98]. Ces dernières — avant la ponte — semblent essentiellement attirées par le dioxyde de carbone émis par la respiration puis par certaines molécules émises par la peau humaine (ou d'autres mammifères), la température pouvant aussi jouer un rôle[75],[99],[79],[79]. Selon l'American Mosquito Control Association les UV sont inefficaces contre les moustiques femelles, mais une combinaison de LED à forte luminosité dans les tons bleus, verts, rouges et infrarouges dans certaines fourchettes de longueurs d'onde seraient à même d'attirer dans des pièges un large spectre d'espèces de moustiques, bien mieux que les pièges à dioxyde de carbone onéreux, encombrants et peu efficaces[100]. Toutefois, à l'échelle d'une collectivité, les pièges à moustiques à CO2 et « odeurs » permettent de constituer autour des habitations une barrière anti-moustiques efficace[101].
238
+
239
+ Porteurs de nombreuses maladies tels que la dengue, les chercheurs développent des solutions pour irradier l'espèce. Le but sera de stériliser les femelles et infecter les mâles[102].
240
+
241
+ Alors que les populations humaines s'étendent et gagnent du terrain sur les forêts et zones humides, que certains insectivores naturels des moustiques (reptiles insectivores, amphibiens, chauve souris...) sont en forte régression dans tout ou partie de leur aire de répartition, et que certaines espèces de moustiques se sont adaptés à la plupart des insecticides, la gestion des populations de moustiques et des milieux naturels et les moyens chimiques et techniques utilisés pour la gestion des risques écoépidémiologiques posés par certaines espèces de moustiques (comme pour les tiques ou d'autres espèces vectrices de maladies ou gênantes pour l'agriculture) posent des questions bioéthiques et d'éthique environnementale complexes[103] telles que l'équilibre entre protection de la santé humaine et préservation de l'environnement[104] ou encore l'extinction programmée d'espèces.
242
+
243
+ La Fondation Rockefeller en 1916[105] puis l'Organisation panaméricaine de la santé au milieu du XXe siècle[105],[55] ont tenté en vain d'éradiquer Aedes aegypti.
244
+
245
+ En 2003, dans une tribune publiée dans le New York Times, la biologiste Olivia Judson se prononce en faveur du « specicide » (extinction planifiée) de 30 types de moustiques, ce qui permettrait selon elle de sauver un million de vies tout en limitant la diminution de la diversité génétique des moustiques de seulement 1 %[55].
246
+
247
+ L'idée d'une extinction planifiée totale ou partielle des moustiques est sujette à caution, notamment compte tenu de son impact potentiel sur la chaîne alimentaire et les écosystèmes[55]. L'entomologiste Frédéric Simard estime cependant qu'« aucune de ces espèces n’est irremplaçable. Leur disparition pourrait être compensée par l’arrivée d’autres insectes, tels les chironomes, qui profiteraient de l’espace ainsi libéré car la nature a horreur du vide. On ne connaît pas de prédateur qui dépende spécifiquement des moustiques »[55]. D'après la journaliste Audrey Garric, « aucun scientifique n’a vraiment pu estimer les retombées écologiques d’une disparition massive et forcée des moustiques » et « une éradication totale du fléau des moustiques relève de l’utopie »[55]. Pour l'universitaire Eric Marois, « il faut considérer qu’on ne pense éradiquer qu’une ou quelques espèces de moustiques sur les milliers existantes. Une espèce éradiquée sera probablement rapidement remplacée par d’autres au niveau de la niche écologique. Il se peut qu’on ne voie pas la différence »[55].
248
+
249
+ En 1759, Carl von Linné désigne sous le genre Culex les quelques moustiques – et assimilés – connus de l'époque. Meigen, en 1818, redistribue ce genre en trois genres selon le critère morphologique de la longueur des palpes : genre Anopheles pour les moustiques à palpes longs pour les deux sexes, Culex avec les palpes longs pour les mâles et courts pour les femelles et Aedes aux palpes courts pour les deux sexes.
250
+ Entre 1828 et 1896, au fil des nouvelles découvertes, les entomologistes Robineau-Desvoidy, Macquart, Lynch-Arribalzaga puis Williston apportent leur remaniement à la classification de ce qui deviendra la famille des Culicidae, créant les genres Megharinus (actuel Toxorhynchites), Psorophora, Sabethes, Ochlerotatus, Taeniorhynchus (actuel Mansonia), Ianthinosoma, Heteronycha, Uranotaenia et Hodgesia.
251
+
252
+ Dans le dernier quart du XIXe siècle, le monde scientifique découvrit que les moustiques transmettaient de graves maladies telles que les filarioses (1878), le paludisme (1880) et la fièvre jaune (1900). Cette découverte provoqua la prospection intense de moustiques dans le monde entier, enrichissant les musées et permettant une étude plus poussée de la taxonomie de ce groupe. Travaillant au British Museum de Londres, Frederick Vincent Theobald, dans son ouvrage en six volumes, A Monograph of the Culicidae of the World, paru de 1901 à 1910, créa de nombreux genres pour déboucher sur une classification de la famille comprenant six sous-familles.
253
+ Frederick Wallace Edwards, en 1932, inclut au rang de sous-famille les dixines et chaoborines dans la famille des Culicidae, les moustiques formant la sous-famille des Culicinae divisée en 3 tribus : Anophelini, Toxorhynchitini et Culicini, ces derniers divisés en 5 groupes : Sabethes, Uranotaenia, Theobaldia (actuel Culiseta), Aedes et Culex.
254
+
255
+ Stone, en 1957, supprima les Dixinae et Chaoborinae des Culicidae et en 1959, Kenneth Lee Knight, Alan Stone et Helle Starke, dans leur ouvrage A synoptic Catalog of the Mosquitoes of the World (Diptera, Culicidae) reconnaissent 3 sous-familles : Anophelinae, Toxorhynchitinae et Culicinae, ces derniers divisés en 2 tribus : les Culicini et les Sabethini. Belkin en 1962 réintègre Chaoborinae et Dixinae mais subdivise les Culicinae en 10 tribus. Knight et Stone, pour la réédition de leur catalogue en 1977, adoptent dans son ensemble la classification de Belkin en excluant toutefois Chaoboridae et Dixidae.
256
+
257
+ Durant ces dernières décennies, le nombre d’espèces et de sous-genres a considérablement augmenté, avec des remaniements taxonomiques à divers niveaux. Ainsi, Harbach & Kitching (1998), inclurent la sous-famille des Toxorhynchitinae dans la sous-famille des Culicinae, la ramenant au rang de tribu (Toxorhynchitinii).
258
+ Reinert et al, (2000) divisèrent, sur la base des génitalia mâles et femelles, le prolifique genre Aedes en deux genres : Aedes, conservant 23 sous-genres et le genre Ochlerotatus (anciennement sous-genre du genre Aedes) captant 21 sous-genres. Dernièrement, Reinert et al (2004, 2009) proposèrent de diviser la tribu des Aedini en 63 genres au lieu de 12, portant des sous-genres au niveau de genres et créant de nouveaux genres.
259
+
260
+ En 1959, 2 462 espèces de moustiques étaient décrites et validées de par le monde, 3 209 espèces en 1992 pour un total actuel atteignant 3 523 espèces réparties en 44 genres et 145 sous-genres. La classification phylogénétique n'est toujours pas totalement définie. Si certaines tribus sont monophylétiques (Aedini, Culicini et Sabethini), la phylogénie de la plupart des tribus reste incertaine (Harbach & Kitching, 1998 ; Harbach, 2007). Toutefois, l'apport, cette dernière décennie, de nouvelles techniques d'analyse génétique, couplée aux techniques d'analyse morphotaxonomique classiques, permettent de progresser rapidement dans ce domaine.
261
+
262
+ À ce jour (Harbach, 2010), 3 523 espèces de moustiques sont décrites au niveau mondial, réparties (Harbach & Kitching, 1998) en deux sous-familles : Anophelinae (478 espèces), Culicinae (3 046 espèces) et 44 genres. Pour être complet, il faut rajouter à cette liste 156 sous espèces.
263
+
264
+ D'après Arim https://arim.ird.fr/arim, (2014).
265
+
266
+ Du fait de leur abondance, les sous-genres ne sont pas cités pour cette sous-famille. Se reporter pour cela à la page de chaque genre.
267
+
268
+ Une distinction essentielle concerne la manière dont pondent les différentes espèces. Certaines (genre Aedes) pondent leurs œufs sur des zones humides temporaires, donc dans des secteurs susceptibles de se mettre en eau et de s'assécher au gré des conditions climatiques. Leurs œufs peuvent survivre à la dessiccation.
269
+ D'autres espèces (genres Culex, une partie des Anopheles) pondent leurs œufs à la surface des eaux stagnantes.
270
+
271
+ Pour les Aedes, la prolifération en très grand nombre est due à des événements climatiques importants (fortes précipitations après une longue période de sécheresse). Il y a alors apparition concomitante d'une très grande quantité de larves aquatiques, due à la submersion d'une grande quantité d'œufs. Quelques jours plus tard, les adultes (imago) vont apparaître.
272
+
273
+ Ceci est un phénomène naturel qui n'a rien à voir avec une action anthropique. Dans ce cas, le moustique ne peut être considéré que comme un bio-indicateur.
274
+ De même, pour les autres espèces appartenant aux genres précités, même si parfois leur nombre augmente avec la teneur en matière organique, il est toujours délicat de les utiliser comme bio-indicateurs. C'est pour cela qu'ils ne figurent jamais dans les différents indices biotiques existants (IBGN par exemple) établis pour les rivières, peu colonisées par les moustiques.
275
+
276
+ Les moustiques sont apparus probablement au Jurassique, il y a environ 170 millions d'années. Le fossile le plus ancien date du Crétacé.
277
+ Les moustiques étaient alors environ trois fois plus gros que les espèces actuelles et étaient un groupe voisin des Chaoboridae (moucherons piquants).
278
+
279
+ Le moustique du métro de Londres, Culex pipiens f. molestus, est souvent cité au titre de nouvelle espèce apparue au XXe siècle[106].
280
+
281
+ Les moustiques sont dénommés maringouins au Canada[107], aux Antilles françaises et en Louisiane[108], mais ce terme peut également désigner d'autres insectes apparentés.
282
+
283
+ Le nom de la famille Culicidae, créé en 1818 par l'entomologiste Johann Wilhelm Meigen, est formé d'après le genre Culex décrit par Linné en 1758, lui-même issu du radical indo-européen commun k̂ū (« coin, dard »)[109].
284
+
285
+ Le terme Moustique est attesté en français à partir de 1654, il fait suite à une forme mousquitte mentionnée antérieurement. Il est issu de l'espagnol mosquito, diminutif de mosca « mouche » qui procède du latin musca, tout comme le français mouche. La métathèse mousquitte > moustique est probablement due à l'analogie avec le mot tique. Le mot se rencontre aussi bien au masculin qu'au féminin au XVIIe siècle, l'étymon espagnol étant du genre masculin, tique étant du genre féminin[110].
286
+
287
+ Quant au mot Maringouin, il a pour origine un mot indigène provenant de marui, maruim ou mbarigui en langage tupi et guarani. Ce mot fut emprunté aux amérindiens par les marins français et répandu lors de l’expansion coloniale, ce qui explique qu'il soit en usage ailleurs qu'au Québec[111]. En 1566, ce mot indigène est devenu maringon, puis marigoin en 1609 et enfin maringouin en 1614, dans les livres d'histoire locale. Il est adopté par le vocabulaire du français depuis 1718[112].
288
+
289
+ Moustique : Dans le Dictionnaire de l'Académie française, le moustique est d'abord défini, dans la 4e édition de 1762, comme un insecte caractérisé par sa petite taille et sa piqûre douloureuse qui « laisse sur la peau une tache semblable à celles du pourpre ». Il est alors localisé seulement en Afrique et en Amérique. Cette définition persiste dans les éditions suivantes bien que le genre change de féminin (édition de 1762) à masculin (édition de 1832). Il faut attendre la 8e édition (1932-5) pour que le moustique soit défini plus précisément comme un diptère mais sans plus de localisation géographique. Sa piqûre n'est plus seulement douloureuse mais également dangereuse et « peut véhiculer les germes de certaines maladies[113] ».
290
+ Plus récemment, le Trésor de la Langue Française (1971-1994) précise encore qu'il s'agit d'un diptère nématocère, que seule la femelle pique et qu'elle pique l'Homme et les animaux « pour se nourrir de leur sang[114] ».
291
+ Par analogie on qualifie de « moustique » un individu de petite taille et toujours en mouvement, généralement un enfant[114].
292
+
293
+ Cousin : Le Dictionaire critique de la langue française (1787-1788) de Jean-François Féraud, précise qu'en France on nomme le moustique « cousin[113] », mot qui, d'après le Trésor de la Langue Française (1971-1994), tend à ne désigner à présent que les moustiques non dangereux et surtout les espèces françaises de très grande taille (Tipula spp., qui relèvent en fait non pas de la famille des Culicidae mais de celle des Tipulidae)[114].
294
+
295
+ Maringouin : Dans le Dictionnaire de l'Académie française, le maringouin est d'abord défini, dans la 4e édition de 1762, comme un moucheron d'Amérique « qui ressemble au cousin », nom donné couramment en France à cette époque au moustique. Ce n'est que dans la 6e édition (1832-5) qu'apparait l'idée d'un éventuel lien plus précis entre le maringouin des « voyageurs » avec le « genre des cousins ». Ce lien est avéré dans la 8e édition (1932-5) puisqu'il y est indiqué qu'il ne s'agit en fait que d'un « nom vulgaire » donné à certaines espèces de cousins aux Antilles et « autres pays chauds[115]».
296
+
297
+ Les larves de moustique sont utilisées comme nourriture en aquariophilie, et sont commercialisées sous trois formes : lyophilisées, congelées ou vivantes.
298
+
299
+ Vivantes, elles sont appréciées par les poissons prédateurs : cichlidés, combattants, gouramis…
300
+
301
+ Il est facile de se procurer des larves de moustique en laissant croupir de l'eau dans un récipient (l'ajout d'herbe coupée ou d'une branche peut accélérer le processus). Après quelques semaines, vous pourrez récolter avec une épuisette pour aquarium une multitude de larves.
302
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303
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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3
+ La grotte de Lascaux, située sur la commune de Montignac-Lascaux en Dordogne, dans la vallée de la Vézère, en France, est l'une des plus importantes grottes ornées du Paléolithique par le nombre et la qualité esthétique de ses œuvres. Elle est parfois surnommée « la chapelle Sixtine de l'art pariétal » ou « chapelle Sixtine du Périgordien » selon une expression attribuée à Henri Breuil[1],[2],[Note 1] qui la nomme également « Versailles de la Préhistoire »[1] ou « Altamira française »[3].
4
+
5
+ Les peintures et les gravures qu'elle renferme n’ont pas pu faire l’objet de datations directes précises : leur âge est estimé entre environ 19 000 et 17 000 ans à partir de datations et d’études réalisées sur les objets découverts dans la grotte. La plupart des préhistoriens les attribuent au Magdalénien ancien, sauf quelques-uns qui penchent plutôt pour le Solutréen qui le précède, voire pour le Gravettien[4].
6
+
7
+ La grotte est située dans le Périgord noir dans la vallée de la Vézère sur la commune de Montignac-Lascaux (Dordogne), à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Périgueux et à 25 kilomètres de Sarlat-la-Canéda.
8
+
9
+ Elle s'ouvre sur la rive gauche de la Vézère, dans une colline calcaire au sein de l'étage coniacien (Crétacé supérieur). Contrairement à de nombreuses autres grottes de la région, la grotte de Lascaux est relativement « sèche ». En effet, une couche de marne imperméable l’isole de toute infiltration d’eau, empêchant toute nouvelle formation de concrétion de calcite.
10
+
11
+ Voir notamment les ouvrages d'Henri Breuil[5], de Norbert Aujoulat[6], et le Dictionnaire de Lascaux de Brigitte et Gilles Delluc.
12
+
13
+ Avant la découverte de la grotte, Lascaux (ou « Las Coutz », « La Coux », nom féminin dérivé de l’occitan cous ou cos, qui désigne un endroit pierreux) était le nom d'une seigneurie dont la présence est attestée au début du XVe siècle. Ce petit domaine noble comprenait un logis seigneurial, une métairie, un moulin, un colombier, des terres en labour, des vignes et la colline qui renfermait la grotte. Une description du domaine datée de 1667 indique le couvert paysager de la colline, constitué de vignes, de taillis, de châtaigniers, de genévriers et de bruyères. Le domaine noble changea de mains au fil des siècles, passant de la famille de Lascaux à celle du Cheylard, puis aux de Reilhac, aux Labrousse, puis finalement aux La Rochefoucauld-Monbel, propriétaires du domaine au moment de la découverte de la grotte[7].
14
+
15
+ Différentes versions de l’invention de la grotte de Lascaux ont été rapportées. Elles sont parfois contradictoires et souvent relatées de façon fantaisiste : découverte fortuite par un chien ou en jouant au ballon, exploration volontaire de la cavité déjà connue[8],[1]. Celle-ci a été effectuée en deux temps, les 8 et 12 septembre 1940.
16
+
17
+ Selon la version la plus fréquemment racontée, le 8 septembre 1940, Marcel Ravidat[9] découvre l'entrée de la cavité lors d'une promenade sur la commune de Montignac en Dordogne avec ses camarades Jean Clauzel, Maurice Queyroi et Louis Périer. Au cours de cette promenade, son chien Robòt[9] poursuit un lapin qui se réfugie dans un trou[10] situé à l'endroit où un arbre avait été déraciné : un orifice d'environ 20 cm de diamètre s'ouvre au fond de ce trou, impossible à explorer sans un travail de désobstruction[11]. En jetant des pierres pour essayer de faire sortir le lapin, Marcel Ravidat constate que le trou communique avec une vaste cavité. Comme cela se situe à 500 mètres du château de Lascaux, il pense qu'il s'agit de la sortie d'un souterrain[12].
18
+
19
+ Quatre jours plus tard, le jeudi 12 septembre (le jeudi est le jour de repos hebdomadaire, mais la rentrée scolaire s'effectue au 1er octobre à cette époque), Marcel Ravidat, muni d'un matériel de fortune (lampe à huile, coutelas) pour s'éclairer et élargir l'orifice découvert précédemment, revient sur les lieux accompagné cette fois de Georges Agniel, Simon Coencas[13], Jacques Marsal[14] et Georges Estréguil[15]. Les jeunes gens pénètrent ainsi une première fois dans la grotte et y découvrent les premières peintures. Après des visites quotidiennes et une première exploration du Puits, Jacques Marsal dévoile leur découverte à ses parents, qui s'étonnent de le voir revenir couvert de poussière. Ils avertissent Léon Laval, leur ancien instituteur à la retraite, le 16 septembre[12] qui pense à une plaisanterie et préfère ne pas s'aventurer dans le trou mal dégagé[15]. Maurice Thaon qui réside dans un hôtel à Montignac entend parler de cette découverte, descend alors dans la cavité où il prend quelques croquis d'animaux. Il part en Corrèze (à Brive[16] ou Cublac[17]) rencontrer le préhistorien Henri Breuil, réfugié dans la région pour fuir l'occupant, pour lui relater la découverte et lui présenter les croquis[15]. L'abbé Breuil est alors le premier spécialiste à visiter Lascaux, le 21 septembre 1940, en compagnie du chanoine Jean Bouyssonie et du docteur André Cheynier, bientôt suivis des préhistoriens Denis Peyrony et Henri Begouën[18].
20
+
21
+ Henri Breuil est le premier à authentifier la grotte et à la décrire sommairement[19]. Il entreprend quelques relevés dès la fin de l'année 1940 et passe plusieurs semaines sur place pour étudier les œuvres qu’il attribue au Périgordien (voir Datation).
22
+
23
+ Après plusieurs années passées en Espagne, au Portugal et en Afrique du Sud, il revient en 1949 et entreprend une rapide fouille avec Séverin Blanc et Maurice Bourgon au pied de la scène du puits où il espère trouver une sépulture. Il y met au jour des pointes de sagaies décorées en bois de renne.
24
+
25
+ De 1952 à 1963, à la demande de Breuil, les relevés des gravures sont réalisés sur 120 m2 de calques par André Glory qui comptabilise 1 433 représentations (aujourd’hui, 1 900 sont répertoriées).
26
+
27
+ Par la suite, les représentations pariétales et leur environnement sont également étudiées par Annette Laming-Emperaire, André Leroi-Gourhan (et toute son équipe pluridisciplinaire, dont Brigitte et Gilles Delluc et Denis Vialou) de 1975 à nos jours et, de 1989 à 1999, par Norbert Aujoulat[6].
28
+
29
+ La grotte est classée au titre des monuments historiques l'année même de sa découverte, par arrêté du 27 décembre 1940. Les parcelles de terrain où se trouve la grotte ou voisines de celle-ci sont classées au titres des monuments historiques par trois arrêtés successifs du 27 décembre 1940, puis du 8 mai et du 5 septembre 1962[20].
30
+
31
+ En octobre 1979, elle est inscrite par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité parmi différents sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère.
32
+
33
+ Lors de la découverte, Henri Breuil demande aux jeunes découvreurs de garder la grotte jour et nuit pour y éviter toute dégradation. Ils installent à cet effet un campement de toile près de l'entrée mais cela ne les empêche pas de faire payer l'entrée de la grotte deux francs. Les premiers visiteurs n'hésitent pas à gratter la peinture ou graver leurs initiales sur les parois. Le propriétaire de la grotte, la famille de La Rochefoucauld, fait poser une porte dès la fin de l'hiver puis entreprend en 1947 de lourds travaux d’aménagement destinés à la rendre accessible au public : l’entrée de la cavité entièrement obstruée fait l’objet d’importants terrassements qui modifient le niveau et la nature des sols. Les travaux dans la zone du porche détruisent le cône d’éboulis protecteur qui jouait le rôle de tampon thermique et hygrothermique ; une porte monumentale en bronze fermant un sas maçonné ainsi que des escaliers en pierre pour descendre dans la Salle des Taureaux sont installés ; le niveau des sols est abaissé pour dessiner un cheminement de visite et un éclairage électrique installé pour accompagner le parcours. Les travaux sont confiés à Yves-Marie Froidevaux, architecte en chef des monuments historiques. Le site est ouvert au public le 14 juillet 1948[21].
34
+
35
+ L'instituteur Léon Laval, devenu délégué des monuments historiques, est le premier conservateur de la grotte de Lascaux jusqu'en 1948[22].
36
+
37
+ L'engouement du public est tel qu'un million de personnes visitent la grotte entre 1948 et 1963[23].
38
+
39
+ Malgré l'installation de cette porte pour limiter le danger de déséquilibre atmosphérique et la présence d'appareils de climatisation, le problème du conditionnement de l'air n'a pu être résolu[21].
40
+
41
+ Dès 1955, les premiers indices d'altération sont constatés. Ils sont dus à un excès de dioxyde de carbone induit par la respiration des visiteurs, qui provoque une acidification de la vapeur d'eau expirée corrodant les parois. En 1957 est mis en place un premier système destiné à régénérer l'air ambiant et à stabiliser la température et l'hygrométrie. Les visites continuent pourtant à se succéder au rythme effréné de plus de 1 000 touristes par jour, dégageant environ 2 500 litres de dioxyde de carbone et 50 kg de vapeur d’eau dans une cavité dont le volume est relativement faible, de l’ordre de 1 500 m3[8]. André Glory, qui effectue des relevés durant cette période, doit travailler la nuit pour ne pas perturber le rythme des visites.
42
+
43
+ En 1960, la « maladie verte » fait son apparition : les émanations de dioxyde de carbone liées aux visites, une température trop élevée et les éclairages artificiels permettent la dissémination de colonies d'algues sur les parois. L’enrichissement de l’atmosphère en dioxyde de carbone génère la « maladie blanche », un voile de calcite qui se dépose sur les parois et sur certaines œuvres. En 1963, les micro-organismes continuent à proliférer malgré la mise en place de filtres à l'ozone. Le 17 avril 1963, André Malraux, alors ministre chargé des Affaires culturelles, décide d'interdire l'accès de Lascaux au grand public[24].
44
+
45
+ En 1965, Paul-Marie Guyon, physicien au CNRS, invente un dispositif d'assistance climatique pour rétablir l'écosystème originel. Pierre Vidal, ingénieur spécialiste du milieu souterrain au laboratoire de recherche des monuments historiques, fait installer ce nouvel ensemble du système de régulation thermique et hygrométrique afin de recréer les conditions de circulation des masses d'air qui avaient permis la conservation de Lascaux durant des millénaires. Le principe de ce système statique de refroidissement consiste à utiliser la convection naturelle pour condenser la vapeur d'eau à un endroit déterminé[25].
46
+
47
+ Au début des années 1970, la réalisation d'un fac-similé d'une partie de la grotte est mise en œuvre. Elle est ouverte au public en 1983 (cf. infra Lascaux 2).
48
+
49
+ En 2000, le matériel de gestion du climat de la cavité est remplacé. Au printemps 2001, des agents chargés de la surveillance du site, signalent l'apparition de moisissures dans le sas d'entrée de la grotte. Le sol se couvre en effet d'un champignon extrêmement résistant, Fusarium solani. Ce phénomène coïncide avec l'installation du nouveau système de régulation hygrothermique qui a été mal conçu. Les souches de Fusarium solani présentes dans la grotte sont résistantes au formaldéhyde employé depuis des décennies pour la désinfection des pieds des visiteurs. Le champignon s'est propagé aux peintures, bientôt recouvertes d'un duvet blanc de mycélium. Le champignon vit en symbiose avec une bactérie nommée Pseudomonas fluorescens, qui dégrade le fongicide employé jusque-là. Celui-ci doit dès lors être combiné à un antibiotique.
50
+
51
+ En 2002, le ministère de la Culture met sur pied un Comité scientifique international de la grotte de Lascaux, qui doit gérer le problème.
52
+
53
+ De juillet 2001 à décembre 2003, des traitements d’urgence appliqués dans la grotte sont destinés à ralentir le développement rapide des moisissures observées (compresses imbibées de fongicides et d’antibiotiques ; épandage de chaux vive sur les sols ; pulvérisations de produits biocides)[26].
54
+
55
+ En 2006, la contamination est à peu près maîtrisée, mais toutes les deux semaines une équipe revêtue de combinaisons spéciales est chargée de débarrasser à la main les parois des filaments de mycélium qui réapparaissent malgré tout[27],[28],[29].
56
+
57
+ Quinze années de fréquentation touristique intense ont donc perturbé l'équilibre fragile qui avait permis la conservation miraculeuse de Lascaux et ont failli entraîner sa disparition.
58
+
59
+ Après une première apparition sur la voûte et le sas d'entrée fin 2001, des taches noires dues à deux champignons, Ochroconis lascauxensis et Ochroconis anomala se nourrissant des composés organiques des traitements antifongiques précédents, ont fait leur apparition en juillet 2007 dans certaines parties plus confinées de la grotte, le Passage, la Nef et l'Abside. Un traitement biocide a été effectué en janvier 2008 et a été suivi d'un repos complet de la grotte pendant 3 mois. Le 11 avril 2008, le comité scientifique international a indiqué que les soins apportés étaient encourageants dans neuf des onze zones tests. Cependant, dans les deux dernières zones tests, le développement des taches noires continue[30]. Ce phénomène peut s'expliquer du fait que très peu d'informations sont connues sur le champignon Ochroconis Lascauxensis, car son existence n'a été découverte que lors de son apparition dans la grotte (d'où son nom).
60
+
61
+ D'après la conservatrice en chef du site, les mouvements de l'air se sont profondément modifiés depuis les années 1980 dans la partie tachée de la grotte. L'air circulait auparavant alors qu'il semble immobile aujourd'hui[31].
62
+
63
+ Le ministère de la Culture a annoncé le 10 juillet 2008 que le comité du patrimoine mondial de l'Unesco n'avait pas jugé opportun d'inscrire la grotte sur la liste du patrimoine mondial en péril[32]. En réalité, le comité en question, réuni à Québec le 5 juillet, parle d'un sursis d'un an. Pendant cette période, la France devra répondre aux questions de l'Unesco concernant « la gestion de la crise et la conservation du site ». Il s'agirait notamment d'assurer des études d'impact avant toute intervention sur les peintures et les gravures dans la grotte, d'inviter une mission extérieure et indépendante mandatée par l'Unesco pour examiner Lascaux, mais aussi les autres sites préhistoriques et grottes ornées de la vallée de la Vézère, et enfin, de fournir un rapport de conservation avant le 1er février 2009. En l'absence de progrès substantiels, la grotte pourrait se voir inscrite sur la liste du patrimoine en danger en juillet 2009[33].
64
+
65
+ Le ministre de la Culture, Christine Albanel, s'est rendu sur place le 25 juillet 2008 pour visiter brièvement la grotte. Soulignant l'importance de la régulation de l'air dans la grotte, elle a annoncé le changement du système de climatisation installé en 2000. Elle a par ailleurs envisagé l'élargissement du Comité scientifique à d'autres experts, notamment étrangers[34].
66
+
67
+ Le 26 novembre 2008, Christine Albanel a confirmé[35] que les taches noires subsistaient dans la partie droite de la grotte. Elle annonce un symposium. Celui-ci, intitulé « Lascaux et la conservation en milieu souterrain », s’est tenu à Paris les 26 et 27 février 2009 sous la présidence de Jean Clottes. Réunissant près de trois cents participants provenant de dix-sept pays, il avait pour but de confronter les recherches et travaux menés dans la grotte de Lascaux depuis 2001 avec les expériences conduites dans les autres pays du monde sur la question de la conservation en milieu souterrain[Note 2]. Les actes en sont parus en 2011, dans un volume qui regroupe les études présentées lors des séances ainsi que la transcription intégrale des débats. Soixante-quatorze spécialistes de domaines aussi variés que la biologie, la biochimie, la botanique, l'hydrologie, la climatologie, la géologie, la mécanique des fluides, l'archéologie, l'anthropologie, la restauration et la conservation, issus de nombreux pays (France, États-Unis, Portugal, Espagne, Japon, Australie, Allemagne, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande...), ont été associés à sa rédaction[36].
68
+
69
+ Le 21 janvier 2010, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand confie au paléoanthropologue Yves Coppens la présidence du conseil scientifique chargé de la conservation de la grotte[37].
70
+
71
+ En 2016, selon Muriel Mauriac, la conservatrice de la grotte, la prolifération des champignons est stoppée. Seuls quelques scientifiques sont autorisés à pénétrer dans la grotte et la présence humaine est limitée à 200 heures par an[38].
72
+
73
+ La grotte est bien décrite par André Leroi-Gourhan[39].
74
+
75
+ La grotte de Lascaux est relativement petite : l'ensemble des galeries n'excède pas 235 mètres[40] pour un dénivelé d'environ 30 mètres. Le sol, en pente, possède une dénivellation inférieure de 13 mètres à l'extrémité du Diverticule axial, et inférieure de 19 mètres au bas du Puits[40]. La partie décorée correspond à un réseau supérieur, le réseau inférieur étant difficilement pénétrable du fait de la présence de dioxyde de carbone.
76
+
77
+ L’entrée actuelle correspond à l’entrée préhistorique, même si elle a été aménagée et équipée d’un système de sas. L’entrée d’origine devait être un peu plus éloignée, mais son plafond s’est écroulé anciennement jusqu’à former le talus par lequel les inventeurs ont accédé à la grotte.
78
+
79
+ Pour faciliter les descriptions, la grotte est traditionnellement subdivisée en un certain nombre de zones correspondant à des salles ou des couloirs. Leurs noms imagés sont dus en partie à Henri Breuil et font souvent référence à l’architecture religieuse :
80
+
81
+ La plupart des vestiges archéologiques découverts à Lascaux ont été recueillis par André Glory, lors de l’aménagement des sas d’entrée et des salles, ou lors de la seule vraie fouille effectuée dans la cavité, située dans le Puits. Ces vestiges comprennent de l’industrie lithique (403 pièces), de l’industrie osseuse (une soixantaine de pièces), de la parure (16 coquilles), de la faune (une centaine de restes), de nombreux charbons, des macrorestes végétaux et de nombreux fragments de colorants. Ces objets (un millier environ), réputés perdus en 1966 à la mort d'André Glory, ont été retrouvés en 1999 par Brigitte et Gilles Delluc et publiés en 2008 au CNRS (Gallia-Préhistoire).
82
+
83
+ Dans la Nef, la Vache se trouve sur un entablement où ont été découverts des lampes, des colorants ainsi que des restes alimentaires. Dans l’Abside, un nombre important d'objets ont été abandonnés (pointes de sagaies, grattoirs, burins et lampes). De nombreux vestiges ont également été découverts dans le Puits : pointes de sagaies, restes de colorants, coquillages percés et lampes, dont un exemplaire en grès rose entièrement façonné et dont le manche est orné d’un signe barbelé.
84
+
85
+ L’étude au microscope électronique des colorants découverts lors des fouilles ou prélevés directement sur certaines œuvres a montré leur grande diversité, sept pigments différents au moins ayant été utilisés : du dioxyde de manganèse, de l’oxyde de fer noir et du carbone (pour le noir), de l’hématite (pour le rouge), de la goethite et de l’argile (pour le jaune), de la calcite (pour le blanc)[41]. Tous ont été employés purs, sans adjonction de charge minérale et sans modification thermique[42].
86
+
87
+ Il s’agit bien ici d’une scène dont les différents éléments sont en relation les uns avec les autres, et non d’une juxtaposition d’animaux ou de signes sur une même paroi, comme c’est le plus souvent le cas dans l’art paléolithique. Pour A. Leroi-Gourhan, cette scène renvoie probablement à un épisode mythologique dont la signification est difficile à établir[39].
88
+
89
+ Un cerf gravé de l'Abside.
90
+
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+ Gravures du Diverticule des félins, relevé André Glory.
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+ La scène du Puits
94
+
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+ La frise des Cerfs nageant, dans la Nef (fac-similé au Musée d'Aquitaine)
96
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+ Parmi les procédés artistiques utilisés par les artistes de Lascaux, on peut citer :
98
+
99
+ Différentes interprétations de l'art préhistorique dans la grotte de Lascaux ont été proposées.
100
+
101
+ La grotte de Lascaux a livré de très nombreux restes osseux et outils de silex : ce sont ceux des peintres et graveurs. Elle n’a jamais été un lieu d’habitation et sa fréquentation semble essentiellement liée à ses œuvres pariétales.
102
+
103
+ La faune figurée sur les parois de Lascaux est celle que l’on retrouve dans la majorité des grottes ornées de l’aire franco-cantabrique : cheval, aurochs, bison, cerf et bouquetins dominent largement suivis d’animaux plus rares et souvent dangereux, comme l’ours, le rhinocéros et les grands félins. Les espèces représentées ne correspondent pas aux espèces chassées et consommées : un seul renne gravé a été identifié alors que ces animaux représentent la grande majorité des restes osseux mis au jour (plus de 88 %)[43]. Un art dicté par une magie de la chasse tel qu’on le concevait aux débuts du XXe siècle peut donc être écarté.
104
+
105
+ Si elles sont extrêmement réalistes en ce qui concerne les morphologies et les attitudes des animaux, les œuvres de Lascaux ne visent toutefois pas une représentation exhaustive et naturaliste de la réalité : la flore, les reliefs et même le sol sont absents des parois de la grotte, comme c’est pratiquement toujours le cas d’ailleurs dans l’art paléolithique.
106
+
107
+ Il est indéniable que certains éléments figurés, certaines associations de signes, ont une valeur symbolique. C’est probablement le cas pour les trois paires de ponctuations que l’on retrouve au fond du Diverticule des félins et dans le Puits, aux limites des zones ornées. C’est sans doute le cas également pour les signes barbelés, les « blasons » ou les alignements de points présents sur différentes parois de la grotte.
108
+
109
+ La grotte de Lascaux est considérée par A. Leroi-Gourhan et par la quasi-totalité des préhistoriens comme un sanctuaire, une sorte de monument à caractère religieux[44],
110
+
111
+ D'autres interprétations ont été avancées. D'après l'archéoastronome Chantal Jègues-Wolkiewiez[45], la grotte aurait été un centre d'observation du ciel, puis un temple orné dédié aux constellations célestes. Ainsi, la lumière du soleil se couchant au solstice d'été aurait illuminé la première salle des Taureaux (avant qu'un éboulement n'obstrue l'accès vers la rotonde) dont les peintures représenteraient une carte des constellations zodiacales telles qu'on pouvait les observer il y a 10 000 ans[46],[47]. Cette interprétation a été accueillie avec scepticisme par la communauté scientifique[48],[49].
112
+
113
+ Thérèse Guiot-Houdart a étudié l'organisation de la composition, le placement, les dimensions et l'orientation des figures, la disposition des taches de couleurs, la technique du dessin, etc.[50]. Suivant cette méthode calquée sur la critique d'art, elle présente image par image une description détaillée et exhaustive des peintures de la Rotonde et du Diverticule dont elle déduit une interprétation révélant l'imaginaire de la fécondité à cette époque[51],[52].
114
+
115
+ Selon Jean Clottes et David Lewis-Williams, la grotte de Lascaux aurait pu être liée à un culte chamanique. Ainsi, divers traits sans signification, incluant les huit flèches plantées dans l'un des félins du Diverticule, auraient été autant d'incisions exécutées à travers la paroi pour laisser passer les animaux et les pouvoirs surnaturels[53]. Cette théorie est largement contestée aussi bien par la plupart des préhistoriens et que par les spécialistes du chamanisme : « J. Clottes et D. Lewis-William ont largement outrepassé les limites de la démarche scientifique en proposant une explication unique, unilatérale de la religion des origines »[54].
116
+
117
+ Enfin, les hommes préhistoriques auraient pu attribuer à leurs œuvres un semblant de vie. En se basant sur un relevé exhaustif des parois, Julien d'Huy et Jean-Loïc Le Quellec ont constaté que les animaux dangereux - félins, aurochs, bisons - semblaient davantage « fléchés » que les animaux moins dangereux - chevaux, cerfs, bouquetins. Selon eux, il pourrait s'agir d'une magie de la destruction ou d'une crainte de l'animation des images, les flèches servant alors à empêcher les animaux de s'animer[55]. La croyance en la possible animation des images est corroborée par la disposition de celles-ci à l’intérieur de la grotte. Ainsi, les bisons, les aurochs et les bouquetins n’ont pas été représentés côte à côte. En revanche, on peut mettre en évidence des systèmes bisons-chevaux-lions et aurochs-chevaux-cerfs-ours[56]. Julien d’Huy explique cette répartition par les affinités qu’entretiennent les espèces entre elles et par le biotope qu’elles occupent respectivement[57].
118
+
119
+ La datation de Lascaux est l’objet d'un long débat : selon les auteurs, son art pariétal est situé entre le Gravettien et le Magdalénien.
120
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121
+ Pour Henri Breuil, sur la base de comparaisons stylistiques, les œuvres pariétales de Lascaux seraient périgordiennes (gravettien)[58].
122
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123
+ Mais en 1951, Lascaux est l’un des tout premiers sites paléolithiques à bénéficier de datations absolues par la méthode du carbone 14, réalisées par W.F. Libby lui-même. Cette méthode a été mise en œuvre sur des charbons de bois provenant de lampes découvertes dans le Puits. Le premier résultat obtenu (autour de 15 500 ans BP) place la fréquentation de Lascaux dans le Magdalénien. Un âge magdalénien fut confirmé par des datations ultérieures, réalisées sur des charbons provenant des fouilles d'André Glory dans le Passage et dans le Puits. Ces datations (17 190 ± 140 et 16 000 ± 500 ans BP) se situent autour du Magdalénien ancien[59].
124
+
125
+ Pourtant, André Leroi-Gourhan, par comparaisons stylistiques avec les sites du Fourneau du Diable (Dordogne) et du Roc-de-Sers (Charente), bien datés, conclut pour sa part que les œuvres de Lascaux se placent au Solutréen.
126
+
127
+ Puis, deux nouvelles dates sont obtenues en 1998, et en 2002[4]. La première date, de 18 600 ± 190 ans BP, est obtenue par la méthode du carbone 14 en SMA sur un fragment de baguette en bois de renne provenant du Puits (ou des déblais de l'Abside)[60]. La seconde date, obtenue à partir d'un fragment de sagaie, est plus ancienne : 18 930 ± 230 ans BP[61]. Les solutréens sont-ils simplement passés ponctuellement dans la grotte ou ont-ils réalisé tout ou partie des œuvres ? Un seul niveau archéologique est connu et les vestiges recueillis (objets de silex, d'os et de bois de renne) dans ce niveau, étudiés dans Lascaux inconnu (1979) et par A. Glory (2008), correspondent typologiquement au Magdalénien II.
128
+
129
+ La datation directe par le carbone 14 de peintures ou de dessins pariétaux a été possible dans certaines grottes ornées, à condition toutefois que ces œuvres aient été réalisées avec du charbon de bois. Ce n’est pas le cas à Lascaux, où la couleur noire a été obtenue en utilisant des oxydes de manganèse. Des pigments tombés au pied des parois ont été mis au jour dans le niveau archéologique : ils ont permis de confirmer la contemporanéité des œuvres avec certains vestiges (lamelles de silex, pointes de sagaie, aiguilles en os, lampes à suif).
130
+
131
+ Selon Norbert Aujoulat[6], il existe des arguments stylistiques et thématiques qui permettraient de rapprocher Lascaux du Solutréen plutôt que du Magdalénien : présence de signes géométriques ; représentation des aurochs avec la corne avant en courbe simple et la corne arrière sinueuse ; humain affronté à un grand bovidé (le gisement solutréen du Roc-de-Sers a livré l'image d'un homme faisant face à un bœuf musqué). En fait, l'art du début du Magdalénien est la continuation, sans hiatus, de celui du Solutréen et le style graphique (style III de A. Leroi-Gourhan) est le même. Norbert Aujoulat propose donc de placer l'art de Lascaux à la charnière du Solutréen supérieur et du Badegoulien[4].
132
+
133
+ Plus récemment, J. Jaubert et E. Lebrun ont émis l'hypothèse d'un rattachement d'une partie du dispositif pariétal de Lascaux au Gravettien, sur la base d'arguments stylistiques et techniques[62],[63].
134
+
135
+ La première reproduction de Lascaux a été une reproduction photographique, qui était présentée au Musée d'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye[64].
136
+
137
+ La grotte a été fermée au grand public en raison de la multiplication des erreurs de conservation (saccage des sols et contamination de la grotte en 1957-1958 ; nouvelle contamination autour de 2000 et antibio-résistance). Un relevé stéréo-photogrammétrique de la totalité des zones ornées a été réalisé à la fin des années 1960 par l'Institut géographique national. La troisième dimension est recréée par un lecteur qui repasse sur les courbes de niveau, un ciseau de sculpteur (projet confié aux sculpteurs Bernard Augst et Pierre Weber) reproduisant ces mouvements[21].
138
+
139
+ La société propriétaire de Lascaux, fondée par la famille de La Rochefoucauld, se lança dans la réalisation d'une réplique d'une partie représentative de la grotte (Diverticule axial et Salle des Taureaux), avec une autorisation d'exploitation de 30 ans. Le projet trop coûteux fut en partie financé par la vente de l'original à l'État en 1972. Il fut suspendu en 1980 puis repris par le conseil général de la Dordogne[21].
140
+
141
+ Une double coque en béton dont l'intérieur reproduit fidèlement la grotte originale fut réalisée à partir des relevés de l'IGN. Sur une armature métallique furent posées plusieurs couches de grillage à mailles suffisamment fines pour retenir le béton projeté. La paroi est reconstituée par un procédé de fibro-ciment (trois épaisseurs d'un béton spécial à base de chaux, sable et poudre de marbre). Les œuvres pariétales furent ensuite reproduites avec des pigments naturels par une équipe conduite par l'artiste peintre Monique Peytral[65],[66]. L'ensemble était précédé par deux sas muséographiques conçus par Brigitte et Gilles Delluc et Arlette Leroi-Gourhan[réf. nécessaire].
142
+
143
+ Situé à 200 mètres de l'original, le fac-similé, nommé « Lascaux 2 », a ouvert ses portes le 18 juillet 1983. Quelques autres reproductions de peintures (frise des cerfs, bisons adossés et vache noire de la Nef, scène du Puits) sont exposées dans le parc du Thot, à quelques kilomètres de Montignac. À l'été 1982, Ces reproductions ont été exposées dans la cour du Roemer- und Pelizaeus-Museum à Hildesheim[67].
144
+
145
+ Il a été annoncé en août 2008 que, faute d'entretien depuis 1996, le site de Lascaux 2 devra fermer de trois à quatre mois par an, pendant six ou sept ans, afin de procéder à la restauration progressive des fresques et des parois encrassées par la poussière liée au passage des visiteurs (270 000 par an)[68]. Selon Monique Peytral, peintre à qui l'on doit ce fac-similé, le chantier de restauration qui est entamé en novembre 2009 doit s'achever en 2014[69].
146
+
147
+ En 2011, c'est le site touristique le plus fréquenté de Dordogne avec 250 000 visiteurs[70].
148
+
149
+ Le concept Lascaux révélé, également nommé « Lascaux III » est une reproduction partielle de la grotte originelle qui a été dévoilée au public en octobre 2012, et est conçue pour être itinérante.
150
+
151
+ En 2003, le conseil général de la Dordogne commande au plasticien Renaud Sanson[71], et à son atelier, la réalisation de fac-similés de scènes figurant dans la nef de Lascaux, galerie non représentée dans Lascaux II.
152
+
153
+ De juillet à décembre 2008, dans les ateliers de Montignac qui ont vu leur création, l'exposition Lascaux révélé a présenté ces nouveaux fac-similés au public de la Dordogne[72]. Ceux-ci, réalisés en cinq ans, sont répartis en huit panneaux[73]. L'exposition est ensuite transférée vers le parc animalier du Thot, situé sur la commune voisine de Thonac, et présentée au public en juillet 2009[74]. Lors de cette mise en place, les fac-similés créés en 1984 et 1991, précédemment exposés au parc du Thot (les bisons, la vache noire et la scène du Puits), ont été déplacés – et à cette occasion endommagés –, exposés aux intempéries pendant l'été 2009 puis finalement, empilés dans un hangar[75].
154
+
155
+ L'exposition a été conçue pour voyager à travers le monde entier pendant plusieurs années en tant qu'ambassadeur de la Dordogne et de sa Vallée de l'Homme. En effet, les coques des fac-similés, de faible poids (moins de 10 kg/m2), sont constituées de panneaux démontables dont les jointures sont invisibles et qui ont été conçus pour être aisément transportés[71]. La totalité ou une partie des panneaux doivent faire l'objet d'une exposition itinérante sous le nom de Lascaux, l'exposition internationale[76]. L'agence de scénographie Du&Ma est choisie en mars 2011 pour assurer la maîtrise d'œuvre de ce projet.
156
+
157
+ Après une première étape en France qui a rassemblé 100 000 visiteurs à Bordeaux, à Cap Sciences, du 13 octobre 2012 au 6 janvier 2013[77], l'exposition traverse l'Atlantique et fait escale au Field Museum de Chicago de mars à septembre 2013 (325 000 visiteurs), avant de rejoindre Houston (200 000 visiteurs d'octobre 2013 à mars 2014[78]), puis Montréal d'avril à septembre 2014[79],[80].
158
+
159
+ En novembre 2014, l'exposition revient en Europe et s'installe à Bruxelles[81]. Du 20 mai au 30 août 2015 elle est présentée à Paris, à la porte de Versailles[82], où le nombre de visiteurs (60 000) s'est avéré être très en deçà des prévisions[83], puis à Genève d'octobre 2015 à janvier 2016[84], où l'exposition est vue par 80 000 personnes[85].
160
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161
+ À partir de 2016, plusieurs escales asiatiques sont prévues[83]. D'avril à septembre 2016[86], à Gwangmyeong, en Corée du Sud, l'exposition se tient à l'intérieur d'un bâtiment créé spécialement par l'architecte français Jean Nouvel, au cœur d'un nouveau parc de loisirs récemment ouvert au public[85] et attire 300 000 visiteurs pour 180 000 entrées payantes[87]. D'octobre 2016 à février 2017, Tokyo l'a accueillie dans les locaux du Musée national de la nature et des sciences[88]. Cette exposition s'accompagne de la présentation de 150 pièces originales du Périgord préhistorique, prêtées exceptionnellement par trois musées français, le Musée national de Préhistoire des Eyzies-de-Tayac, le Musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye et le Muséum national d'histoire naturelle de Paris[88]. Elle a été vue par 265 000 personnes, dont l'empereur Akihito et l'impératrice Michiko[89]. Deux autres étapes japonaises sont ensuite prévues en 2017 au musée d'art et d'histoire de Tōhoku à Tagajō de mars à mai, puis au musée national de Kyūshū à Fukuoka de juillet à septembre[88],[89]. Elle s'expose ensuite en Chine de septembre 2017 à février 2018 au musée de la science et de la technologie de Shanghai[89] où 200 000 visiteurs l'ont déjà vue[90].
162
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163
+ En 2018, financée en partie par le mécénat de plusieurs entreprises françaises, l'exposition fait étape en Afrique du Sud, à Johannesbourg, du 17 mai au 1er octobre[91].
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+ En 2019, l'exposition fait halte de mi-avril jusqu'en septembre au parc olympique de Munich, en Allemagne[92]. En 2020, du 1er février au 31 mai, elle fera étape en Italie au musée archéologique national de Naples, puis au Maroc, à l'Institut français de Casablanca de juillet 2020 à janvier 2021[93].
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+ Ensuite, l'exposition pourrait être enrichie de panneaux concernant notamment la « salle des Taureaux », partie la plus connue de la grotte originale[94], si les négociations avec l'État français, propriétaire des droits à l'image de la grotte, aboutissent[93].
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+ Un centre international de l'art pariétal présentant, entre autres, un fac-similé intégral de toutes les parties ornées de la grotte de Lascaux (salle des taureaux, diverticule axial, passage, puits, abside et nef[95]) voit le jour à proximité du site original fin 2016. Un concours d'architectes a été lancé pour ce projet aussi appelé Lascaux 4. Le 18 octobre 2012, parmi 163 offres parvenues, le comité de pilotage a retenu comme équipe définitive le cabinet norvégien Snøhetta[96].
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+ Le 10 septembre 2012, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, insiste sur la nécessité de réaliser des économies dans un contexte de crise, pour annoncer l'abandon de nombreux projets lancés par ses prédécesseurs, dont le projet Lascaux 4 : « Lascaux 4, autrement dit le Centre d'art pariétal, 50 millions d'euros pour un projet non prioritaire, nous l'arrêtons... »[97]. La part de l'État dans ce projet ne représente qu'un tiers, le reste demeurant réparti à parts égales entre la région et le département[98]. Le jour même, Bernard Cazeau, président du conseil général de la Dordogne, indique que le projet continuera en faisant appel au mécénat et aux fonds européens pour pallier la défection de l'État[98]. Le mois suivant, après rencontre avec les instances politiques régionale et départementale, la ministre indique qu'à partir de 2014, un crédit de quatre millions d'euros serait néanmoins débloqué[99].
172
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+ Les travaux, sous maîtrise d'ouvrage du conseil général de la Dordogne, débutent au printemps 2014 et s'achèvent mi 2016 ; l'ouverture au public est initialement prévue en juillet 2016[84]. Parmi les mécènes figurent le Crédit agricole avec 700 000 euros, la fondation EDF (500 000 euros) et le groupe Maïsadour (300 000 euros)[100].
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175
+ Concernant la construction du site, le groupe NGE a lui aussi participé au projet. Ses filiales Lagarrigue, Siorat, GTS et Sud Fondations ont contribué à la construction du célèbre projet Lascaux IV[101], notamment sur les travaux géotechniques, de sécurisation, d’équipement de la route et de génie civil. La réplique de la grotte fait partie de l’immense Centre international de l’Art pariétal de Montignac. Construit semi-enterré, le Centre d’art pariétal a pour objectif de sanctuariser la colline de Lascaux afin de préserver l’état d’origine de la grotte. Ainsi, le bâtiment semi-enterré ne dépasse pas la hauteur de huit mètres sur une longueur de 150 mètres. La rénovation du site a coûté au total 57 millions d’euros. L’ensemble de cette somme a été financé par l’État français, l’Europe, le département de la Dordogne[102] et la région (Aquitaine puis Nouvelle-Aquitaine).
176
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+ En septembre 2015, Germinal Peiro, le président du conseil départemental de la Dordogne, précise que contrairement aux prévisions initiales, Lascaux 4 n'ouvrira que fin 2016. Ce report est dû à des problèmes techniques successifs : découverte d'une source lors des travaux de terrassement, puis liquidation judiciaire de l'entreprise de charpentes métalliques chargée de la couverture du site, cette même société étant ensuite reprise sous forme de Scop pour l'achèvement des travaux[103].
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+ En janvier 2016, l'Atelier des fac-similés du Périgord, comprenant trente-quatre personnes (« peintres, plasticiens, restaurateurs d'art,décorateurs, sculpteurs, résineurs, serruriers, infographistes et [...] informaticiens ») a réalisé en deux ans et demi trente-six panneaux représentant 900 m2 de surfaces ornées[73]. La reproduction totale et à l'échelle de la grotte peinte est faite dans des blocs de polystyrène réalisés par fraisage numérique et assemblés en parois, leur relief est ensuite affiné et modelé à la main par des modeleurs et sculpteurs avec un enduit à base de pâte à papier, à l'aide de photos projetées sur la coque. Puis un moule en élastomère est coulé dessus et un contre-moule en résine appliqué sur le moule. Après la fabrication millimétrée de la structure métallique-support, la coque résine reconstitue la paroi grâce au « voile de pierre » (mélange d'acrylique et de poudre) qui reproduit fidèlement l’épiderme minéral de la roche sur lequel sont appliquées les patines colorées et les peintures pariétales[104]. Les premiers panneaux en résine sont transportés sur le site définitif en février et mars 2016[105].
180
+
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+ L'ouverture de Lascaux 4 au public est effective le 15 décembre 2016 conformément aux prévisions de 2015[105], après une inauguration anticipée le 10 décembre en présence du président de la République François Hollande, de la ministre de la Culture Audrey Azoulay et de Simon Coencas (89 ans)[106], dernier survivant du groupe ayant pénétré dans la grotte le 12 septembre 1940.
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+ Une visite virtuelle à partir de prises de vue panoramiques permet de se faire une idée de la réalisation[107].
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+ À la mi-juillet 2019, deux ans et demi après l'ouverture, Lascaux 4 a reçu un million de visiteurs[108]. Lors des deux mois les plus chargés, juillet et août qui représentent 60 % de son chiffre d'affaires annuel, le site emploie 128 personnes, soit le double de l'effectif permanent[108].
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+ La grotte de Lascaux a été représentée sur une pièce de monnaie de 10 euros dédiée à la région française de l'Aquitaine en 2011[109]. Les euros des régions ont été émis par la Monnaie de Paris, avec chaque année un thème différent, dont les monuments en 2011.
188
+
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+ Le 16 avril 1968, l'administration postale française a émis un timbre-poste d'une valeur de 1,00 franc de la « grotte préhistorique de Lascaux »[110] représentant « les vaches du Diverticule axial »[111].
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+ Un autre timbre d'une valeur de 0,88 euro représentant « un des grands taureaux de la Rotonde suivi par un cheval » est mis en vente le 29 avril 2019 (en avant-première les 26 et 27 avril à Lascaux 4)[111]. Créé par Elsa Catelin, il est nominé pour le prix du plus beau timbre de l'année 2019[112].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Bandes dessinées :
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+ DVD :
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+ La Seine (prononcé [ˈsɛn]) est un fleuve français, long de 774,76 kilomètres[1], qui coule dans le Bassin parisien et arrose notamment Troyes, Paris, Rouen et Le Havre. Sa source se situe à 446 m d'altitude[2] à Source-Seine, en Côte-d'Or, sur le plateau de Langres. Son cours a une orientation générale du sud-est au nord-ouest. La Seine se jette dans la Manche entre Le Havre et Honfleur. Son bassin versant, d'une superficie de 79 000 km2[3], englobe près de 30 % de la population du pays.
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5
+ La forme la plus ancienne se trouve chez César : Sequana, Ier siècle av. J.-C.[4] ; le grec Strabon au Ier siècle écrit : Sēkouanós[4] ; Sēkoánas au IIe siècle chez Ptolémée[5] ; Sequana en 558[6] ; Segona, Sigona au VIe siècle (Grégoire de Tours)[6] ; Sequana au XIIIe siècle[7] ; Secana vers 1350 (Pouillé)[8].
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+ La plupart des spécialistes considèrent l’origine du nom Sequana comme incertaine et obscure. Certains[Qui ?] y voient une erreur de transcription d'un ou de plusieurs mots celtiques différents. D'autres[Qui ?] un hydronyme préceltique, au motif que le groupe [kʷ] n'existe pas en celtique gaulois (et brittonique), où il a évolué en [p] (exemple : pinp[etos] « cinq[uième] » en gaulois[9], pimp en gallois, pemp en breton, par contre irlandais cinc, latin quinque > cinq, etc. —— ils procèdent tous de l'indo-européen *pénkʷe). Cependant, cette évolution a pu se produire postérieurement à l'attribution du nom Sequana par les premiers arrivants celtes : ceux-ci semblent en effet avoir parlé un « proto-celtique » où la mutation /kʷ/ > /p/ n'était pas encore réalisée, comme l'attestent certaines inscriptions celtibères retrouvées en Espagne.
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9
+ Mais rien n'empêche une réinterprétation du nom en *se-ku-ana[10]. L'élément -ana est fréquent par ailleurs en hydronymie et en toponymie. Il apparaît sous la forme à l'accusatif anam dans le glossaire d'Endlicher[11] ; il y est traduit par le latin paludem[12] (accusatif de palus, -udis « étang, marais »). Le nom de l'Yonne contiendrait plutôt l'élément -onno (cf. onno donné pour flumen « cours d’eau, rivière, fleuve », lui aussi répandu, dans ce même glossaire). On peut douter de la celticité de ces deux termes, notamment du mot onno, utilisés pourtant en gaulois, semble-t-il[12].
10
+
11
+ Pour expliquer Sequana, Ernest Nègre a proposé un hypothétique thème préceltique *seikw « verser, couler, ruisseler » suivi du suffixe gaulois -ana[13]. Une racine indo-européenne *seikʷ- de même signification a été conjecturée[14],[15].
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13
+ Jacques Lacroix le fait dériver d'un radical (S)Ico- « eau »[pas clair][16]. Albert Dauzat propose une racine hydronomique pré-celtique *sēc- (cf. Secalonia > Sologne, peut-être de *sec- « marécage »), dont des variantes figureraient dans d'autres hydronymes *seg-, *sac-/*sag-, *sic-/*sig-[17].
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+ Les Vikings la nommaient Signa qui est encore son nom en islandais.
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17
+ La Seine est partagée en cinq parties, d'amont en aval[18] :
18
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19
+ Le lac artificiel de la forêt d'Orient, en amont de Troyes, ainsi que le lac du Der-Chantecoq en amont de Saint-Dizier ont été créés dans les années 1960 et 1970 pour réguler le débit du fleuve.
20
+
21
+ En Île-de-France et en Normandie, la faible déclivité de la vallée de la Seine a causé la formation de multiples et profonds méandres, parfois d'une très forte sinuosité sur plusieurs dizaines de kilomètres. Pour la même raison, les effets de la marée se font sentir sur une centaine de kilomètres, jusqu’au barrage de Poses et se manifestaient jusqu’à un passé récent, par le phénomène du mascaret, appelé barre en Normandie. Le phénomène et le mot ont été popularisés par le roman de Maurice Leblanc appartenant à la série des Arsène Lupin : La Barre-y-va.
22
+
23
+ Les « sources officielles » de la Seine sont situées sur le territoire de la commune de Source-Seine, sur le plateau de Langres, à une altitude de 446 mètres[19],[2]. Les sources de la Seine sont la propriété de la ville de Paris depuis 1864. Une grotte artificielle a été construite l'année suivante pour abriter la source principale et la statue d'une nymphe symbolisant le fleuve. Cependant, la capitale s'en est désintéressée et la parcelle devrait revenir à la région Bourgogne qui souhaite valoriser le site[20]. Celui-ci abrite également les vestiges d'un temple gallo-romain (actuellement enfouis). Des objets témoignant du culte aux sources du fleuve (Dea Sequana) sont exposés au musée archéologique de Dijon.
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+ Source de la Seine.
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27
+ Premier pont sur la Seine.
28
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29
+ Le bassin versant de la Seine, d'une superficie de 79 000 km2[3], est quasi entièrement compris dans le Bassin parisien qui, d'un point de vue géologique, constitue un bassin sédimentaire affectant la forme d'une cuvette ouverte vers la Manche et l'Atlantique. Ce bassin est constitué par un empilement de formations géologiques à faible pente convergeant vers le centre et entre lesquelles s'intercalent d'importantes formations aquifères[21]. Le relief du bassin versant de la Seine ne s'élève généralement pas au-dessus de 300 mètres, sauf sur sa marge sud-est dans le Morvan où il culmine à 901 mètres (Haut-Folin). La modestie de l'altitude moyenne du bassin versant explique les faibles pentes des cours d'eau (entre 0,01 et 0,03 m pour 100 mètres) qui coulent globalement vers le nord-ouest, en se frayant leur chemin à travers les cuestas faisant saillie à l'est du bassin puis en incisant les plateaux du centre de la région[22].
30
+
31
+ Les tripoints hydrographiques aux extrémités des lignes de partage des eaux séparant le bassin versant de la Seine avec :
32
+
33
+ Il est possible que la Loire ait été, jusqu’au Miocène ou au Pliocène, un affluent de la Seine qu’elle rejoignait par le cours de l’actuel Loing[23]. La Seine traversait alors une vaste pénéplaine de nature argileuse sous un climat subtropical. Il y a trois millions d'années, la région subit un refroidissement et un soulèvement dû à la poussée des chaînes pyrénéenne et alpine au sud. Les glaciations de l'ère quaternaire firent baisser le niveau des mers et océans, si bien que la Seine se jetait alors au large de la Bretagne actuelle (la Manche était la vallée du Rhin augmentée de la Meuse, de la Tamise et de la Somme, entre autres)[24]. Cette période fut marquée par la migration des méandres du fleuve, encore visible en Normandie, et par une intense érosion rabotant les plateaux et formant des terrasses alluviales. L'aspect actuel de la Seine remonte à la fin de la dernière glaciation, vers -12 000[réf. nécessaire].
34
+
35
+ Les régions et départements traversés sont les suivants, en allant de la source vers l'embouchure :
36
+
37
+ De Source-Seine (ex-Saint-Germain-Source-Seine) à Honfleur, il y a 164 communes riveraines de la Seine, parmi lesquelles Paris, capitale de la France. L'une d'elles, L'Île-Saint-Denis est même entourée par le fleuve.
38
+
39
+ Voici une liste des principaux affluents (longueur[1] supérieure à 100 km, ou bassin versant[3] supérieur à 1 000 km2 ou débit[3] moyen (module) supérieur à 10 m3/s connu au plus proche du confluent) directs de la Seine et situés avec leur confluent par la distance (km) avec la limite Ouest de l'estuaire de la Seine 49° 26′ 14″ N, 0° 06′ 33″ E[1] selon son écoulement à l'aval, par l'altitude (m) (du plan d'eau en débit moyen, estimé au mieux d'après carte topographique), par la rive, par le nom du département (amont si limite interdépartementale), par la commune de la pointe de confluence, par les coordonnées puis avec les 3 données comparables pour la Seine (juste à l'amont du confluent) :
40
+
41
+ Confluent de l'Yonne (à droite) avec la Seine (à gauche et en bas).
42
+
43
+ Confluent de la Marne (à gauche) avec la Seine (à droite puis en bas).
44
+
45
+ Confluent de l'Oise (en bas) avec la Seine (en haut, de gauche à droite).
46
+
47
+ Diagramme comparatif des bassins versants des principaux affluents, supérieurs à 1 000 km2 :
48
+
49
+ Si le cours d'eau sortant d'une confluence portait exclusivement le nom de celui qui y était entré avec le plus fort débit annuel (module), le fleuve traversant la région parisienne ne serait pas la Seine, mais l'Yonne[26]. En effet, celle-ci a, à Montereau-Fault-Yonne, un débit et bassin versant supérieurs[3] à ceux de la Seine : respectivement 93 m3/s et près de 10 800 km2 pour l'Yonne, et 80 m3/s et 10 300 km2 pour la Seine[27]. La même inexactitude se reproduit d'ailleurs en amont : le bassin versant de l'Aube s'étend sur 4 700 km2, et son débit s'élève à 41 m3/s, contre 4 000 km2 et 33 m3/s pour la Seine. D'un point de vue strictement hydrographique, la Seine est donc un sous-affluent de l'Yonne par l'Aube. Des raisons culturelles et historiques ont empêché la correction de cette erreur[28],[29] ; un quiproquo que l'on rencontre aussi entre la Saône et le Doubs.
50
+
51
+ Dans un autre ordre d'idée, la Seine, bien qu'étant un fleuve, est parfois nommée "rivière", dans des ouvrages historiques[30],[31], dans la culture populaire contemporaine[32],[33] et même dans des textes officiels comme plusieurs articles du Code général des collectivités territoriales[34].
52
+
53
+ Le Bassin parisien connait un climat océanique avec un apport constant d'humidité véhiculé par les vents dominants d'ouest. La pluviométrie est comprise entre 800 mm et 1 100 mm dans les régions côtières s'abaisse jusqu'à 550 mm dans les régions centrales faute de relief (altitude inférieure à 200 m en Île-de-France) avec un minimum dans la Beauce pour remonter sur les marges orientales avec un maximum à 1 300 mm dans le Morvan[35]. La Seine et trois de ses principaux affluents — l'Aube, la Marne et l’Oise — qui circulent dans des régions aux caractéristiques similaires (régime océanique, faible relief et géologie identique) partagent le même régime hydrographique avec un débit maximal en janvier et un minimum en août. Le Bassin parisien comprend neuf aquifères qui s'intercalent entre les différentes couches géologiques. Le réseau hydrographique est relié en différents points directement à l'aquifère la moins profonde : en fonction de la hauteur des eaux elle alimente la Seine ou est alimentée par celle-ci. Enfin la couche d'alluvions, présente dans les vallées avec une épaisseur inférieure à 10 mètres, constitue une dixième formation aquifère très productive[36].
54
+
55
+ Bien que la pluviométrie soit bien distribuée sur l'année, la Seine et ses affluents peuvent connaitre des périodes d'étiage sévère à la fin de l'été ou au contraire des crues importantes en hiver. Les crues sont de deux types : les crues rapides dans les parties amont du bassin à la suite de précipitations fortes et les crues lentes dans les vallées plus en aval qui font suite à des épisodes pluvieux prolongés[37]. Pour maîtriser les crues et les étiages d'importants travaux de régulation ont été réalisés dans la partie supérieure du cours de la Seine et de ses affluents. Son débit moyen à Paris est d'environ 328 m3/s et peut dépasser 1 600 m3/s en période de crue. Quatre grands lacs-réservoirs ont été créés entre 1960 et 1990 sur la Seine (lac d'Orient), la Marne (lac du Der-Chantecoq), l'Aube (lac d'Amance et lac d'Auzon-Temple) et l'Yonne (lac de Pannecière agrandi qui alimentait déjà le canal du Nivernais dès le XIXe siècle). Ces lacs qui constituent une réserve de 800 millions de mètres cubes permettent à la fois d'écrêter les crues et d'assurer un débit minimum d'étiage. Ils sont gérés par un établissement public, l'Institution interdépartementale des barrages-réservoirs du bassin de la Seine.
56
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57
+ En 1719, la sécheresse est si importante qu’à Paris, la Seine atteint son plus bas niveau historique (26,25 mètres au-dessus du niveau de la mer) que correspond la cote zéro de l'échelle hydrométrique du pont de la Tournelle, autrefois utilisée pour mesurer la crue de la Seine. Une vague de dysenterie provoque des milliers de morts[39].
58
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59
+ À Paris, les crues sont mesurées depuis 1876 par une l'échelle hydrométrique installée au pont d'Austerlitz, néanmoins c'est la statue du zouave du pont de l'Alma qui reste l'indicateur le plus populaire (bien que cette mesure soit peu fiable à la suite des travaux du pont de l'Alma dans les années 1970 qui ont élevé la statue, rendant ainsi impossibles les comparaisons pré et post travaux). Au cours de la crue de janvier 1910, l'eau a atteint sur cette échelle la hauteur record de 8,68 mètres.
60
+
61
+ Depuis 1870, la hauteur est prise à la station Paris Austerlitz. S'il n'y a pas eu de grandes crues depuis une soixantaine d'années, cinq grandes crues se sont produites au XXe siècle : en 1910, 1920, 1924, 1945 et 1955[40],[41]. Les plus anciennes crues de la Seine connues ont été relatées par Julien (crue de 358) et Grégoire de Tours (crue de février 582).
62
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63
+ Si les crues centennales sont redoutées, le réchauffement climatique conduit inversement à envisager plusieurs hypothèses de baisse du débit du fleuve sur la base des travaux du GIEC. Ainsi dans l'hypothèse d'une hausse des températures de 2 degrés d'ici 2100, le débit serait réduit de 5 % en hiver et de 10 % en été. En cas de hausse des températures de 4 degrés, le débit global chuterait de 30 % avec des valeurs entre 20 % et 40 % en période estivale. Ces scénarios impliquent une diminution de l'approvisionnement des nappes phréatiques et aurait aussi pour conséquence une plus forte pollution des eaux car « à volume de pollution égal, avec un débit des eaux amoindri, la concentration des pollutions sera plus élevée »[42].
64
+
65
+ Du 28 mai au 4 juin 2016, la Seine connaît une crue importante. Le niveau d'eau culmine à 6,10 mètres dans la nuit du 3 au 4 juin. C'est la plus grosse crue survenue a Paris depuis plus de 30 ans. Elle ne dépasse cependant pas les 6,18 mètres de la crue de 1982.
66
+
67
+ À la fin du mois de janvier 2018, la Seine connaît une nouvelle forte crue, dont le niveau culminant est atteint dans la nuit du 28 au 29 janvier, à 5,84 mètres.
68
+
69
+ La débâcle qui suit le gel de la Seine peut s'accompagner de crues liées à la pluie ou à la fonte de neige. En 1868, la débâcle peinte par Claude Monet ne fit monter le niveau des eaux que de 0,5 mètre à l'échelle du Pont-Royal[43]. Après plus de 30 jours de gel, la grande débâcle qui commença le 2 janvier 1880 fut un événement unique de l'histoire du climat parisien. Elle se généralisa le 3 janvier où, en 3 heures, le niveau des eaux monta de 1,50 mètre et continua de progresser. La seconde arche du pont des Invalides, côté rive droite, s'effondra[44].
70
+
71
+ Glaçons sur la Seine à Bougival par Claude Monet, 1868.
72
+
73
+ Après la débâcle, la Seine au pont de Suresnes par Alfred Sisley, 1880, Palais des beaux-arts de Lille.
74
+
75
+ Le déversoir de Saint-Julien-les-Villas lors de la crue de mai 2013.
76
+
77
+ Crue de la Seine le 4 juin 2016.
78
+
79
+ La crue de la Seine en 2018 (Paris, port du Louvre).
80
+
81
+ La Seine vue de Courbevoie en 2020.
82
+
83
+ La Seine maritime ainsi qu'une partie de la basse Seine sont soumises au régime des marées, qui remontent jusqu'au barrage de Poses dans l'Eure[45] (60 cm de marnage). On pouvait encore observer jusque dans les années 1960[46] une imposante vague qui pouvait atteindre 4 m au moment des grandes marées et qu'on appelle mascaret, plus localement barre. Le phénomène atteignait son maximum à Caudebec-en-Caux, à mi-distance environ entre Le Havre et Rouen. Il a pratiquement disparu à la suite des aménagements apportés au fleuve (dragage, endiguement et modification de l'estuaire).
84
+
85
+ Pour les mariniers et les services de navigation fluviale, la Seine se décompose en :
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87
+ Depuis Troyes jusqu'à son confluent avec l'Aube à Marcilly-sur-Seine, elle est longée par le canal de la Haute-Seine qui n'est plus en service. De Marcilly-sur-Seine à Montereau-Fault-Yonne, la navigation est établie tantôt sur des dérivations latérales (trois au total), tantôt dans le lit du fleuve même. De Montereau-Fault-Yonne à Tancarville, la navigation se fait toujours dans le lit de la Seine. De Tancarville au Havre, les bateaux fluviaux peuvent emprunter le canal de Tancarville.
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+ La Seine est navigable sur une grande partie de son parcours. La responsabilité de la navigation appartient à Voies navigables de France jusqu'au pont Boieldieu à Rouen, et en particulier au Service de navigation sur la Seine en amont d'Amfreville-sous-les-Monts. Le bassin de ce Service de Navigation de la Seine s'étend aussi à ses principaux affluents (Oise, Marne, Yonne) et parfois à des canaux qui y sont reliés (canal de la Haute-Seine jusqu'à Méry-sur-Seine, par exemple). En revanche, il ne comprend pas les canaux parisiens (canal de l'Ourcq, canal Saint-Denis et canal Saint-Martin) qui sont gérés par la ville de Paris.
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+ La basse Seine, au sens maritime du terme, c'est-à-dire à partir de la mer jusqu'au pont Guillaume-le-Conquérant à Rouen est accessible aux navires de haute mer (jusqu’à 280 m de long et 150 000 tonnes). Sur cette partie du fleuve, longue d'environ 120 km, les quatre seuls ponts existants (le pont de Normandie, le pont de Tancarville, le pont de Brotonne et le pont levant Gustave-Flaubert) offrent un tirant d'air de 50 mètres et le fleuve est constamment dragué pour permettre aux bateaux ayant un tirant d'eau de 10 mètres de circuler. Compte tenu du nombre limité de ponts, plusieurs bacs permettent également de traverser le fleuve. Les installations portuaires y relèvent de l'autorité du grand port maritime de Rouen. Celui-ci, cinquième port maritime français avec environ 25 millions de tonnes de marchandises embarquées et débarquées, est spécialisé dans le trafic de céréales, engrais et produits pétroliers. Ses installations s'échelonnent le long du fleuve sur 120 km de l'agglomération de Rouen jusqu'à Honfleur.
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+ Entre Rouen et Paris, la Seine a été canalisée au XIXe siècle. Sept barrages éclusés situés à Poses-Amfreville-sous-les-Monts, Notre-Dame-de-la-Garenne (Eure), Méricourt, Andrésy, Bougival, Chatou (Yvelines) et Suresnes (Hauts-de-Seine) permettent la navigation de péniches automotrices (350 t de fret) dites « bateaux automoteurs de gabarit Freycinet », de 38,5 mètres, de chalands automoteurs de rivière (de 800 à 1 350 t de fret), de 48 à 70 mètres, de convois de barges poussées (de 3 000 à 10 000 t de fret) et de caboteurs fluvio-maritimes (4 000 t de fret). ces barges transportent, entre autres choses, des conteneurs, des automobiles, des produits pétroliers, du ciment, etc.
94
+
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+ Les installations portuaires situées en Île-de-France relèvent du port autonome de Paris, premier port fluvial français. Les principales installations portuaires pour le trafic de marchandises se situent à Limay (Yvelines) et Gennevilliers (Hauts-de-Seine). En projet, une plate-forme multi-modale (voie d'eau, autoroute, voie ferrée) est en cours d'étude sur la commune d'Achères en aval de Conflans-Sainte-Honorine.
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+
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+ À Paris existe aussi un trafic de voyageurs, principalement touristique (bateaux-mouches), mais aussi une tentative d'utiliser la Seine pour les déplacements quotidiens (Batobus). Des navettes circulent régulièrement entre la Tour Eiffel et le Jardin des plantes ; toutefois, ce service semble intéresser davantage les touristes que les Parisiens, créant ainsi une concurrence gênante pour les bateaux-mouches. Un autre service voyageur (Voguéo) est également expérimenté entre la gare d'Austerlitz et Maisons-Alfort (sur la Marne).
98
+
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+ Un projet de liaison fluviale à grand gabarit entre le bassin de la Seine et le bassin de l'Escaut, la liaison Seine-Escaut devrait être réalisé à l'horizon 2012, doublant le canal de Saint-Quentin (1810) et le canal du Nord (1960). Il mettra en communication les ports normands et l'Île-de-France avec le réseau navigable du Nord de la France et du Benelux en offrant le gabarit de la classe Vb européenne.[Passage à actualiser]
100
+
101
+ En aval de Rouen, seuls trois grands ponts enjambent la Seine (ponts de Brotonne, de Tancarville et de Normandie).
102
+
103
+ La Seine est une voie navigable très importante, reliant Paris à la Manche. De ce fait, deux des plus importants ports fluviaux de France s'y trouvent : Paris (port de Gennevilliers) et Rouen, qui est également un important port maritime permettant le transbordement (c'est le premier port céréalier d'Europe). Elle est navigable en amont de Paris jusqu’à Nogent-sur-Seine, important port céréalier. Autres ports fluviaux notables : Limay-Porcheville (agglomération de Mantes-la-Jolie), Montereau-Fault-Yonne (sites gérés par le port autonome de Paris). De nombreuses industries sont situées le long de la vallée de la Seine, automobile (Poissy, Flins, Cléon, Sandouville), pétrochimie (Port-Jérôme, Gonfreville-l'Orcher, Notre-Dame-de-Gravenchon, Grand-Couronne), centrales thermiques (Porcheville, Saint-Ouen).
104
+
105
+ L'eau de la Seine est utilisée pour le refroidissement de la centrale nucléaire de Nogent.
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+
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+ On dénombrait en 2009 52 espèces de poissons d'eau douce dans l'ensemble du bassin de la Seine. Cette faune n'est que pour moitié d'origine naturelle. Les grandes glaciations qui ont touché plus particulièrement le Nord-Ouest de l'Europe durant le Quaternaire ont appauvri la diversité de la faune piscicole naturelle de la Seine (estimée à une trentaine d'espèces[N 2]) par rapport à celle des fleuves situés plus à l'est comme le Rhin (44 espèces autochtones) ou le Danube (une centaine d'espèces). Dès le Moyen Âge l'homme introduit la carpe commune. Au XVIIIe siècle la grémille, le carassin doré et le carassin commun apparaissent à leur tour soit du fait d'introductions volontaires soit par colonisation depuis d'autres bassins. Mais c'est à compter de la deuxième moitié du XIXe siècle que les introductions se multiplient. Elles résultent soit de tentatives d'acclimatation d'espèces exotiques soit de la volonté d'améliorer la productivité d'installations piscicoles. C'est à cette époque qu'apparaissent les espèces d'origine nord-américaine comme la truite arc-en-ciel (non acclimatée mais régulièrement introduite depuis), le poisson-chat et la perche soleil. Dans la deuxième moitié du XXe siècle débute une deuxième phase d'introduction encore plus massive avec des motivations différentes. L'extension du réseau de canaux favorise également l'arrivée d'espèces étrangères. À la fin du XXe siècle on comptait en tout 23 espèces non autochtones[N 3]. Mais les aménagements de la Seine et de ses affluents qui débutent à compter de 1850 pour favoriser la navigation créent des obstacles et suppriment les milieux naturels nécessaires aux espèces autochtones migratrices. L'esturgeon d'Europe, le saumon atlantique et la grande alose disparaissent au début du XXe siècle. La pollution croissante du fleuve qui culmine à la fin des années 1960 contribue à chasser les autres espèces de cette catégorie. Au début des années 1990, 7 des 10 espèces migratrices ont disparu[N 4] et seule une espèce, l'anguille, est encore aujourd'hui largement répandue[N 5],[50].
108
+
109
+ L'aménagement de la Seine en voie navigable, avec de nombreux barrages, a créé autant d'obstacles s'opposant au passage des poissons migrateurs. Un programme en cours, sous l'égide de VNF, vise à équiper tous les barrages de la Seine aval, entre Poses-Amfreville et Suresnes, de passes à poissons, ce qui permettra aux migrateurs de remonter jusqu'au confluent de la Marne[51]. Des saumons et des truites de mer ont été observés devant le barrages de Poses, à 150 km de l'embouchure, en 2007[52]. En 2008, 260 saumons ont été comptés dans la passe à poissons de ce barrage. Le 26 juillet 2008, pour la première fois depuis très longtemps, une truite de mer a été pêchée dans la Seine, au niveau du barrage de Suresnes, juste en aval de Paris[53]. S'agissant d'espèces de poissons migrateurs très sensibles aux conditions du milieu, ces événements indiquent une amélioration de la qualité des eaux de la Seine en aval de Paris. Le 3 octobre 2008, à hauteur du barrage de Suresnes en région parisienne, un saumon de 7 kg[54] a été pêché, pour la première fois à un point aussi éloigné en amont sur la Seine depuis 70 ans. Des chercheurs de l'INRA (en collaboration avec l'ONEMA et le CEMAGREF) ont été sollicités pour confirmer la présence de l'espèce sur la Seine[55].
110
+
111
+ Les résultats de l'étude, dévoilés en août 2009, montrent que les saumons pêchés dans la Seine ont des origines diverses. Aucun poisson issu d'élevage n'a officiellement été déversé dans la Seine depuis 1895, contrairement à ce qui a été fait dans d'autres bassins où des espèces avaient disparu.
112
+
113
+ Certains marais naturels des bords de Seine ont été revalorisés et remis en état dans le but de favoriser la faune et la flore, comme à Hénouville, Mesnil-sous-Jumièges ou au Trait.
114
+
115
+ La qualité microbiologique de l'eau de la Seine fait l'objet d'un suivi. Un bilan a été publié en 2016 dans la perspective de la baignade dans la Seine (il est interdit depuis un arrêt préfectoral de 1923 de se baigner dans le fleuve[56]) et la Marne et d'épreuves olympiques aquatiques en 2024[57].
116
+
117
+ Le bassin de la Seine concentre 40 % de la production industrielle française et l'agriculture intensive occupe 60 % de la surface du bassin, avec pour résultat un fleuve dont le débit est parfois à moitié constitué d'eaux usées[58]. Au début des années 1960, les scientifiques considèrent la Seine comme presque biologiquement morte, seules trois espèces de poissons sur les 32 normalement présentes, indigènes ou non, étant parfois aperçues[58].
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+
119
+ La loi sur l'eau de 1964 permet un redressement de l'écosystème des eaux de la Seine, complétée par la loi sur l'eau du 3 janvier 1992. Des indicateurs de pollution sont créés et une aide financière et technique est proposée aux municipalités, aux agriculteurs et aux industriels. De 1991 à 2001, 10 milliards d'euros, dont 5,6 milliards par l'État, sont investis dans des infrastructures, dont 500 stations d'épuration[58].
120
+
121
+ En résultat, la qualité des eaux s'améliore de manière continue, surtout à Paris, qui abrite vingt espèces endémiques de poissons. Cependant les taux en azote sont toujours trop élevés, 66 % de la pollution provenant de l'agriculture, et la pollution par les nitrates et pesticides augmente, là aussi à cause de l'agriculture. Une autre pollution est liée aux eaux de pluie qui entraînent des polluants des zones urbaines : celles de Paris représentent à elles seules l'équivalent de tous les rejets des autres municipalités du bassin[58].
122
+
123
+ La Seine a fait l'objet d'une pollution au plutonium 239 en 1961 et au plutonium 238 en 1975. L'origine en est connue puisque la pollution est issue des installations du CEA à Fontenay-aux-Roses[59]. Selon l'ASN le risque sanitaire est toutefois quasi nul.
124
+
125
+ La Seine est le fleuve européen le plus pollué aux polychlorobiphényle (PCB) depuis vingt ans. Toxiques, les PCB s'accumulent dans les lipides tout le long de la chaîne alimentaire[60]. D'après des analyses effectuées par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (ONEMA) depuis 2008, 70 % des espèces de poissons sont impropres à la consommation à cause d'une contamination aux PCB. L'usage des PCB est interdit depuis 1987 mais, très utilisés dans les années 1970, ils se sont accumulés dans l'environnement. L'association Robin des Bois dénonce une absence de réglementation au niveau de la pêche afin de protéger la population d'une consommation à Paris, dans le Val-de-Marne, les Hauts-de-Seine et les Yvelines[61]. Cette pollution aux PCB est étendue jusqu'à la baie de Seine où la pêche à la sardine est interdite en 2010[60].
126
+
127
+ En 2010, la Seine est touchée par une pollution de rondelles en plastique, pollution accidentelle, limitée et non dangereuse selon les autorités, provenant d'une station d'épuration[62].
128
+
129
+ Les déchets de la Seine normande représentent un volume d’environ 30 000 m3 ou 9 000 tonnes, soit la production annuelle de déchets ménagers des habitants d’une ville de 20 000 habitants[63].
130
+
131
+ La Seine a inspiré de nombreux peintres, et aux XIXe et XXe siècles, les peintres suivants :
132
+
133
+ Bain à la Grenouillère par Claude Monet(Metropolitan Museum of Art).
134
+
135
+ La Grenouillère par Pierre-Auguste Renoir(Nationalmuseum).
136
+
137
+ La Seine à Argenteuil par Alfred Sisley(musée Faure).
138
+
139
+ La Seine à Port-Marly, le lavoir par Camille Pissaro(musée d'Orsay).
140
+
141
+ View of the Seine par Jonas Lie, 1909, Cummer Museum of Art and Gardens (en).
142
+
143
+ Le cours de la Seine est jalonné de nombreux sites touristiques.
144
+
145
+ En amont de Paris :
146
+
147
+ À Paris, les rives de la Seine sont inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1991[67].
148
+
149
+ En aval de Paris :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Un laser (acronyme issu de l'anglais light amplification by stimulated emission of radiation qui signifie « amplification de la lumière par émission stimulée de radiation ») est un système photonique. Il s'agit d'un appareil qui produit un rayonnement lumineux spatialement et temporellement cohérent reposant sur le processus d'émission stimulée. Descendant du maser[1], le laser s'est d'abord appelé « maser optique ».
2
+
3
+ Une source laser associe un amplificateur optique à une cavité optique, encore appelée résonateur, généralement constituée de deux miroirs, dont un au moins est partiellement réfléchissant, c'est-à-dire qu'une partie de la lumière sort de la cavité et l'autre partie est réinjectée vers l'intérieur de la cavité laser. Avec certaines longues cavités, la lumière laser peut être extrêmement directionnelle. Les caractéristiques géométriques de cet ensemble imposent que le rayonnement émis soit d'une grande pureté spectrale, c’est-à-dire temporellement cohérent. Le spectre du rayonnement contient en effet un ensemble discret de raies très fines, à des longueurs d'onde définies par la cavité et le milieu amplificateur. La finesse de ces raies est cependant limitée par la stabilité de la cavité et par l'émission spontanée au sein de l'amplificateur (bruit quantique). Différentes techniques permettent d'obtenir une émission autour d'une seule longueur d'onde.
4
+
5
+ Au XXIe siècle, le laser est plus généralement vu comme une source possible pour tout rayonnement électromagnétique, dont fait partie la lumière. Les longueurs d'onde concernées étaient d'abord les micro-ondes (maser), puis elles se sont étendues aux domaines de l'infrarouge, du visible, de l'ultraviolet et commencent même à s'appliquer aux rayons X.
6
+
7
+ Le principe de l’émission stimulée (ou émission induite) est décrit dès 1917 par Albert Einstein[2]. En 1950, Alfred Kastler (lauréat du prix Nobel de physique en 1966) propose un procédé de pompage optique, qu'il valide expérimentalement, deux ans plus tard, avec Brossel et Winter. Mais ce n'est qu'en 1953 que le premier maser (au gaz ammoniac) est conçu par J. P. Gordon, H. J. Zeiger et Ch. H. Townes. Au cours des années suivantes, de nombreux scientifiques tels N. G. Bassov, Alexandre Prokhorov, Arthur Leonard Schawlow et Charles H. Townes contribuent à adapter ces théories aux longueurs d'onde du visible. Townes, Bassov et Prokhorov partagent le prix Nobel de physique en 1964 pour leurs travaux fondamentaux dans le domaine de l'électronique quantique, qui mènent à la construction d'oscillateurs et d'amplificateurs exploitant le principe du maser-laser. En 1960, le physicien américain Théodore Maiman obtient pour la première fois une émission laser au moyen d'un cristal de rubis[3]. Un an plus tard, Ali Javan met au point un laser au gaz (hélium et néon) puis en 1966, Peter Sorokin construit le premier laser à liquide.
8
+
9
+ Les lasers trouvent très tôt des débouchés industriels. La première application fut réalisée en 1965 et consistait à usiner un perçage de 4,7 mm de diamètre et de 2 mm de profondeur dans du diamant avec un laser à rubis. Cette opération était réalisée en 15 min, alors qu’une application classique prenait 24 heures[4].
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11
+ En 1963 des chercheurs américains tels que White et Anderholm montrent qu’il est possible de générer une onde de choc à l’intérieur d'un métal à la suite d'une irradiation laser impulsionnelle. Les pressions exercées sont de l’ordre de 1 GPa, ou 3 FPs.
12
+
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+ En 1967, Peter Holcroft découpe une plaque d’acier inoxydable de 2,5 mm d'épaisseur à une vitesse de 1 m/min, sous dioxygène avec un laser CO2 de 300 W[5] et conçoit la première tête de découpe.
14
+
15
+ Bien que les procédés soient démontrés, il faut attendre leurs associations à des machines adaptées pour qu’ils soient implantés en milieu industriel. Ces conditions sont remplies à la fin des années 1970. Et les premières plates-formes industrielles sont implantées en France dès les années 1980[6]. Dès lors le laser s'impose comme un outil de production industrielle dans le micro-usinage. Ses principaux avantages sont un usinage à grande vitesse de l'ordre de 10 m/min, sans contact, sans usure d'outil.
16
+
17
+ Le laser devient un moyen de lecture en 1974, avec l'introduction des lecteurs de codes barres. En 1978, les laserdiscs sont introduits, mais les disques optiques ne deviennent d'usage courant qu'en 1982 avec le disque compact. Le laser permet alors de lire un grand volume de données.
18
+
19
+ Pour comprendre comment fonctionne un laser, il est nécessaire d'introduire le concept de quantification de la matière : les électrons sont répartis sur des niveaux d'énergie discrets (les « couches »). Cette hypothèse est fondamentale et non intuitive : si l'on considère l'image selon laquelle les électrons ne peuvent se trouver que sur certaines orbitales bien précises autour du ou des noyaux atomiques.
20
+
21
+ Dans la suite, on considérera un atome ne possédant qu'un électron (hydrogène), pour simplifier la discussion. Celui-ci est susceptible de se trouver sur plusieurs niveaux. La connaissance du niveau sur lequel se trouve cet électron définit l'état de l'atome. Ces états sont numérotés par ordre croissant d'énergie avec un nombre entier
22
+
23
+
24
+
25
+ n
26
+
27
+
28
+ {\displaystyle n}
29
+
30
+ , pouvant prendre les valeurs
31
+
32
+
33
+
34
+ 1
35
+
36
+
37
+ {\displaystyle 1}
38
+
39
+ ,
40
+
41
+
42
+
43
+ 2
44
+
45
+
46
+ {\displaystyle 2}
47
+
48
+ ... L'état
49
+
50
+
51
+
52
+ n
53
+ =
54
+ 1
55
+
56
+
57
+ {\displaystyle n=1}
58
+
59
+ est donc l'état d'énergie la plus basse, correspondant à un électron sur l'orbitale la plus proche du noyau.
60
+
61
+ Venons-en aux principaux processus d'interaction entre la lumière et la matière, à savoir l'absorption, l'émission stimulée et l'émission spontanée.
62
+
63
+ Considérons un ensemble d'atomes à deux niveaux. Si on envoie un champ sur un ensemble d'atomes dans l'état « haut », le phénomène privilégié sera l'émission stimulée et le champ sera amplifié. Pour réaliser un amplificateur optique, il faut donc trouver le moyen d'exciter les atomes vers l'état d'énergie supérieure. De façon plus générale, si certains atomes sont dans l'état fondamental « bas », des photons peuvent être également absorbés, ce qui diminue l'intensité du champ. Il n'y aura amplification que si les atomes sont plus nombreux à être dans l'état « haut » (susceptible d'émettre) que dans l'état « bas » (susceptible d'absorber) : il est nécessaire d'avoir une « inversion de population ».
64
+
65
+ Cependant, à l'équilibre thermodynamique, l'état le plus bas est toujours le plus peuplé. Au mieux, les populations oscillent entre les deux niveaux (Oscillations de Rabi). Pour maintenir une inversion de population, il est nécessaire de fournir constamment un apport d'énergie extérieure aux atomes, pour ramener dans l'état supérieur ceux qui sont repassés dans l'état fondamental après l'émission stimulée : c'est le « pompage ». Les sources d'énergie extérieures peuvent être de différents types, par exemple un générateur électrique, ou un autre laser (pompage optique). L'amplificateur est donc un ensemble d'atomes ou molécules que l'on fait passer d'un état fondamental ou faiblement excité
66
+
67
+
68
+
69
+ n
70
+
71
+
72
+ {\displaystyle n}
73
+
74
+ à un état plus fortement excité
75
+
76
+
77
+
78
+
79
+ n
80
+
81
+
82
+
83
+
84
+ {\displaystyle n'}
85
+
86
+ , au moyen d'une source d'énergie extérieure (pompage). Ces atomes peuvent alors se désexciter vers l'état
87
+
88
+
89
+
90
+ n
91
+
92
+
93
+ {\displaystyle n}
94
+
95
+ , en émettant des photons de fréquence proche de
96
+
97
+
98
+
99
+
100
+ ω
101
+
102
+ n
103
+
104
+ n
105
+
106
+
107
+
108
+
109
+
110
+
111
+ {\displaystyle \omega _{nn'}}
112
+
113
+ . Ainsi un rayonnement de fréquence
114
+
115
+
116
+
117
+ ω
118
+
119
+
120
+ ω
121
+
122
+ n
123
+
124
+ n
125
+
126
+
127
+
128
+
129
+
130
+
131
+ {\displaystyle \omega \simeq \omega _{nn'}}
132
+
133
+ passant à travers ce milieu peut être amplifié par des processus d'émission stimulée.
134
+
135
+ Pour obtenir les équations détaillées de l'effet Laser puis de la cavité Laser elle-même, il est nécessaire de faire appel de manière plus quantitative à la physique quantique. Il existe alors deux degrés de quantification dans l'interaction lumière (faisceau laser)/matière (atomes de la cavité), qui chacun, permettent de mieux comprendre la physique de l'effet laser :
136
+
137
+ Le modèle semi-classique permet à lui-seul de comprendre d'où vient l'effet Laser et d'obtenir les "équations de taux" qui régissent les populations d'atomes au sein de la cavité Laser.
138
+
139
+ Les atomes étant quantifiés, le formalisme de la mécanique hamiltonienne est nécessaire. Dans l'approximation d'un système à deux niveaux d'énergie pour les atomes, l'effet du champ électrique extérieur (la lumière, considérée comme monochromatique de pulsation
140
+
141
+
142
+
143
+ ω
144
+
145
+
146
+ {\displaystyle \omega }
147
+
148
+ ) consiste en des Oscillations de Rabi des atomes entre ces deux niveaux.
149
+
150
+ Ces oscillations engendrées par la lumière sont la conséquence directe de la compétition entre l'émission stimulée et le phénomène d'absorption décrits plus haut, et sont décrites par la probabilité pour un atome présent en
151
+
152
+
153
+
154
+
155
+
156
+ r
157
+
158
+
159
+ 0
160
+
161
+
162
+
163
+
164
+ {\displaystyle \mathbf {r} _{0}}
165
+
166
+ de passer de
167
+
168
+
169
+
170
+
171
+ E
172
+
173
+ 1
174
+
175
+
176
+
177
+
178
+ {\displaystyle E_{1}}
179
+
180
+ au temps
181
+
182
+
183
+
184
+
185
+ t
186
+
187
+ 0
188
+
189
+
190
+
191
+
192
+ {\displaystyle t_{0}}
193
+
194
+ à
195
+
196
+
197
+
198
+
199
+ E
200
+
201
+ 2
202
+
203
+
204
+
205
+
206
+ {\displaystyle E_{2}}
207
+
208
+ au temps t :
209
+
210
+
211
+
212
+
213
+
214
+
215
+
216
+ Ω
217
+
218
+ 1
219
+
220
+
221
+ 2
222
+
223
+
224
+ =
225
+ 2
226
+
227
+
228
+ (
229
+
230
+
231
+
232
+ d
233
+
234
+
235
+
236
+
237
+ )
238
+
239
+
240
+ 2
241
+
242
+
243
+ I
244
+ (
245
+
246
+
247
+ r
248
+
249
+
250
+ 0
251
+
252
+
253
+ )
254
+
255
+
256
+ {\displaystyle \Omega _{1}^{2}=2\left({\dfrac {d}{\hbar }}\right)^{2}I(\mathbf {r} _{0})}
257
+
258
+ , avec I, l'intensité du champ électrique incident et d, la valeur du dipôle atomique ;
259
+
260
+ et
261
+
262
+
263
+
264
+
265
+ δ
266
+ =
267
+ ω
268
+
269
+
270
+ ω
271
+
272
+ 0
273
+
274
+
275
+
276
+
277
+ {\displaystyle \delta =\omega -\omega _{0}}
278
+
279
+ avec
280
+
281
+
282
+
283
+
284
+
285
+
286
+ ω
287
+
288
+ 0
289
+
290
+
291
+ =
292
+
293
+ E
294
+
295
+ b
296
+
297
+
298
+
299
+
300
+ E
301
+
302
+ a
303
+
304
+
305
+
306
+
307
+ {\displaystyle \hbar \omega _{0}=E_{b}-E_{a}}
308
+
309
+ Ainsi, ce modèle semi-classique ne permet pas d'obtenir l'inversion de population nécessaire à l'effet laser : ces oscillations sinusoïdales montrent que le système "ne choisit pas" entre l'émission stimulée et l'absorption.
310
+
311
+ Si l'on veut expliquer l'effet laser tout en gardant ce modèle semi-classique, il faut donc introduire de manière ad hoc l'émission spontanée qui ne peut être expliquée sans seconde quantification.
312
+
313
+ Dans le cas d'un modèle de transition entre 2 niveaux bas et haut, notés respectivement
314
+
315
+
316
+
317
+
318
+ N
319
+
320
+ 1
321
+
322
+
323
+
324
+
325
+ {\displaystyle N_{1}}
326
+
327
+ et
328
+
329
+
330
+
331
+
332
+ N
333
+
334
+ 2
335
+
336
+
337
+
338
+
339
+ {\displaystyle N_{2}}
340
+
341
+ , la population de l'état haut doit être supérieure à la population de l'état bas pour qu'il y ait émission :
342
+
343
+
344
+
345
+
346
+ N
347
+
348
+ 1
349
+
350
+
351
+
352
+
353
+ N
354
+
355
+ 2
356
+
357
+
358
+
359
+
360
+ {\displaystyle N_{1}\leq N_{2}}
361
+
362
+ .
363
+
364
+ L'évolution de la population de l'état haut est donnée par une loi de décroissance exponentielle :
365
+
366
+
367
+
368
+
369
+ N
370
+
371
+ 2
372
+
373
+
374
+ (
375
+ t
376
+ )
377
+ =
378
+
379
+ N
380
+
381
+ 2
382
+ ,
383
+
384
+  initial
385
+
386
+
387
+
388
+ ×
389
+
390
+ e
391
+
392
+
393
+ A
394
+ t
395
+
396
+
397
+
398
+
399
+ {\displaystyle N_{2}(t)=N_{2,{\text{ initial}}}\times e^{-At}}
400
+
401
+ [7].
402
+
403
+ Pour un matériau donné, la différence de population entre l'état haut et l'état bas
404
+
405
+
406
+
407
+ Δ
408
+ N
409
+ =
410
+
411
+ N
412
+
413
+ 2
414
+
415
+
416
+
417
+
418
+ N
419
+
420
+ 1
421
+
422
+
423
+
424
+
425
+ {\displaystyle \Delta N=N_{2}-N_{1}}
426
+
427
+ donne le caractère du milieu vis-à-vis du pompage optique : si
428
+
429
+
430
+
431
+ Δ
432
+ N
433
+ >
434
+ 0
435
+
436
+
437
+ {\displaystyle \Delta N>0}
438
+
439
+ le milieu est amplificateur, si
440
+
441
+
442
+
443
+ Δ
444
+ N
445
+ <
446
+ 0
447
+
448
+
449
+ {\displaystyle \Delta N<0}
450
+
451
+ le milieu est absorbant et dans le cas
452
+
453
+
454
+
455
+ Δ
456
+ N
457
+ =
458
+ 0
459
+
460
+
461
+ {\displaystyle \Delta N=0}
462
+
463
+ le milieu est transparent. Un laser ne lase que dans le cas où le milieu est amplificateur.
464
+
465
+ Un laser est donc, fondamentalement, un amplificateur de lumière dont la sortie est réinjectée à l'entrée. Son alimentation en énergie est la source du pompage, la sortie est le rayonnement laser qui est réinjecté à l'entrée par les miroirs de la cavité résonnante, le mécanisme de l'amplification étant l'émission stimulée.
466
+
467
+ On peut comparer ce processus à l'effet Larsen, qui se produit lorsqu'un amplificateur (la chaîne hifi) voit sa sortie (le haut-parleur) « branchée » sur l'entrée (le micro). Le moindre bruit capté par le micro est amplifié, émis par le haut-parleur, capté par le micro, ré-amplifié jusqu'à la saturation du système (quand celui-ci fournit l'énergie maximum possible par sa conception). Dans un laser, cette énergie maximale est limitée par la puissance de la source de pompage, et par le nombre d'atomes qui peuvent être simultanément excités.
468
+
469
+ Dans l'effet Larsen, la fréquence du son produit dépend du spectre des fréquences amplifiées correctement par l'amplificateur et du temps que met le son pour parcourir la boucle sonore (qui n'est pas une valeur unique étant donné que le local induit diverses réflexions et des trajets sonores de longueur différente). Dans un laser, il se passe la même chose si ce n’est que le spectre de l'amplificateur n'est pas une plage le plus plate possible mais est restreint aux bandes de fréquences correspondant aux niveaux d'excitation des différents atomes présents, et la boucle correspond à la longueur de la cavité résonante.
470
+
471
+ Le gain d'un laser à
472
+
473
+
474
+
475
+ N
476
+
477
+
478
+ {\displaystyle N}
479
+
480
+ miroirs notés
481
+
482
+
483
+
484
+
485
+ M
486
+
487
+ 1
488
+
489
+
490
+ ,
491
+
492
+ M
493
+
494
+ 2
495
+
496
+
497
+ ,
498
+ .
499
+ .
500
+ .
501
+ ,
502
+
503
+ M
504
+
505
+ N
506
+
507
+
508
+
509
+
510
+ {\displaystyle M_{1},M_{2},...,M_{N}}
511
+
512
+ de coefficients de réflexion respectifs
513
+
514
+
515
+
516
+
517
+ R
518
+
519
+ 1
520
+
521
+
522
+ ,
523
+
524
+ R
525
+
526
+ 2
527
+
528
+
529
+ ,
530
+ .
531
+ .
532
+ .
533
+ ,
534
+
535
+ R
536
+
537
+ N
538
+
539
+
540
+
541
+
542
+ {\displaystyle R_{1},R_{2},...,R_{N}}
543
+
544
+ contenant un matériau amplificateur pompé de gain
545
+
546
+
547
+
548
+ G
549
+
550
+
551
+ {\displaystyle G}
552
+
553
+ est donné par l'évolution de l'intensité dans la cavité itération après itération. Si à un instant
554
+
555
+
556
+
557
+
558
+ t
559
+
560
+ 0
561
+
562
+
563
+
564
+
565
+ {\displaystyle t_{0}}
566
+
567
+ l'intensité dans la cavité vaut
568
+
569
+
570
+
571
+
572
+ I
573
+
574
+ 0
575
+
576
+
577
+
578
+
579
+ {\displaystyle I_{0}}
580
+
581
+ alors après un tour de cavité l'intensité vaut
582
+
583
+
584
+
585
+
586
+ I
587
+
588
+ 1
589
+
590
+
591
+ =
592
+
593
+ I
594
+
595
+ 0
596
+
597
+
598
+ ×
599
+ G
600
+ ×
601
+
602
+
603
+
604
+ j
605
+ =
606
+ 1
607
+
608
+
609
+ n
610
+
611
+
612
+
613
+ R
614
+
615
+ j
616
+
617
+
618
+
619
+
620
+ {\displaystyle I_{1}=I_{0}\times G\times \prod _{j=1}^{n}R_{j}}
621
+
622
+ [8]
623
+
624
+ On peut alors distinguer 3 cas selon la valeur de
625
+
626
+
627
+
628
+ G
629
+ ×
630
+
631
+
632
+
633
+ j
634
+ =
635
+ 1
636
+
637
+
638
+ n
639
+
640
+
641
+
642
+ R
643
+
644
+ j
645
+
646
+
647
+
648
+
649
+ {\displaystyle G\times \prod _{j=1}^{n}R_{j}}
650
+
651
+  :
652
+
653
+ Une cavité laser est considérée stable si le front d'onde peut se propager sans déformation[9]. Dans le cas d'une cavité laser à 2 miroirs, les conditions de stabilité d'un laser sont liées à la distance
654
+
655
+
656
+
657
+ L
658
+
659
+
660
+ {\displaystyle L}
661
+
662
+ entre les miroirs de la cavité par rapport aux rayons de courbure des 2 miroirs. Pour 2 miroirs de rayons de courbure respectifs
663
+
664
+
665
+
666
+
667
+ R
668
+
669
+ c
670
+ 1
671
+
672
+
673
+
674
+
675
+ {\displaystyle R_{c1}}
676
+
677
+ et
678
+
679
+
680
+
681
+
682
+ R
683
+
684
+ c
685
+ 2
686
+
687
+
688
+
689
+
690
+ {\displaystyle R_{c2}}
691
+
692
+ avec
693
+
694
+
695
+
696
+
697
+ R
698
+
699
+ c
700
+ 1
701
+
702
+
703
+
704
+
705
+ R
706
+
707
+ c
708
+ 2
709
+
710
+
711
+
712
+
713
+ {\displaystyle R_{c1}\leq R_{c2}}
714
+
715
+ , pour un faisceau gaussien :
716
+
717
+ Les équations de taux (Rate equations en anglais) désignent des équations de conservation de population des états haut et bas respectivement. Elles établissent que la variation de la population d'un état correspond à la différence entre la quantité d'atomes qui rejoint cet état et la quantité d'atomes qui changent d'état.
718
+
719
+ Dans le cas particulier d'un système à 2 niveaux, pour les deux états haut et bas (
720
+
721
+
722
+
723
+
724
+ N
725
+
726
+ 2
727
+
728
+
729
+
730
+
731
+ {\displaystyle N_{2}}
732
+
733
+ et
734
+
735
+
736
+
737
+
738
+ N
739
+
740
+ 1
741
+
742
+
743
+
744
+
745
+ {\displaystyle N_{1}}
746
+
747
+ ), en considérant un terme d'émission spontanée de probabilité
748
+
749
+
750
+
751
+ A
752
+
753
+
754
+ {\displaystyle A}
755
+
756
+ , et un terme de pompe de probabilité
757
+
758
+
759
+
760
+
761
+ σ
762
+
763
+ p
764
+
765
+
766
+
767
+ I
768
+
769
+ p
770
+
771
+
772
+
773
+
774
+ {\displaystyle \sigma _{p}I_{p}}
775
+
776
+
777
+
778
+
779
+
780
+
781
+ σ
782
+
783
+ p
784
+
785
+
786
+
787
+
788
+ {\displaystyle \sigma _{p}}
789
+
790
+ désigne la section illuminée par le flux de pompe et
791
+
792
+
793
+
794
+
795
+ I
796
+
797
+ p
798
+
799
+
800
+
801
+
802
+ {\displaystyle I_{p}}
803
+
804
+ désigne l'intensité du flux de pompe, alors :
805
+
806
+ d
807
+
808
+ N
809
+
810
+ 1
811
+
812
+
813
+
814
+
815
+ d
816
+ t
817
+
818
+
819
+
820
+ (
821
+ t
822
+ )
823
+ =
824
+
825
+ σ
826
+
827
+ p
828
+
829
+
830
+
831
+ I
832
+
833
+ p
834
+
835
+
836
+
837
+ N
838
+
839
+ 2
840
+
841
+
842
+ (
843
+ t
844
+ )
845
+ +
846
+ A
847
+
848
+ N
849
+
850
+ 2
851
+
852
+
853
+ (
854
+ t
855
+ )
856
+
857
+
858
+ σ
859
+
860
+ p
861
+
862
+
863
+
864
+ I
865
+
866
+ p
867
+
868
+
869
+
870
+ N
871
+
872
+ 1
873
+
874
+
875
+ (
876
+ t
877
+ )
878
+
879
+
880
+ {\displaystyle {\frac {dN_{1}}{dt}}(t)=\sigma _{p}I_{p}N_{2}(t)+AN_{2}(t)-\sigma _{p}I_{p}N_{1}(t)}
881
+
882
+ et
883
+
884
+
885
+
886
+
887
+
888
+
889
+ d
890
+
891
+ N
892
+
893
+ 2
894
+
895
+
896
+
897
+
898
+ d
899
+ t
900
+
901
+
902
+
903
+ (
904
+ t
905
+ )
906
+ =
907
+
908
+
909
+
910
+
911
+ d
912
+
913
+ N
914
+
915
+ 1
916
+
917
+
918
+
919
+
920
+ d
921
+ t
922
+
923
+
924
+
925
+ (
926
+ t
927
+ )
928
+
929
+
930
+ {\displaystyle {\frac {dN_{2}}{dt}}(t)=-{\frac {dN_{1}}{dt}}(t)}
931
+
932
+ [10]
933
+
934
+ On classe les lasers selon six familles, en fonction de la nature du milieu excité. Par ailleurs, les lasers peuvent être aussi bien continus que fonctionner dans un régime impulsionnel, auquel cas on pourra les qualifier également selon la durée caractéristique de leurs impulsions (lasers continus / lasers picosecondes / lasers femtosecondes).
935
+
936
+ Ces lasers utilisent des milieux solides, tels que des cristaux ou des verres comme milieu d'émission des photons. Le cristal ou le verre n'est que la matrice et doit être dopé par un ion qui est le milieu laser. Le plus ancien est le laser à rubis dont l'émission provient de l'ion Cr3+. D'autres ions sont très utilisés (la plupart des terres rares : Nd, Yb, Pr, Er, Tm..., le titane et le chrome, entre autres). La longueur d'onde d'émission du laser dépend essentiellement de l'ion dopant, mais la matrice influe aussi. Ainsi, le verre dopé au néodyme n'émet pas à la même longueur d'onde (1 053 nm) que le YAG dopé au néodyme (1 064 nm). Ils fonctionnent en continu ou de manière impulsionnelle (impulsions de quelques microsecondes à quelques femtosecondes—millionième de milliardième de seconde). Ils sont capables d'émettre aussi bien dans le visible, le proche infrarouge que l'ultraviolet.
937
+
938
+ Le milieu amplificateur peut être un barreau dans le cas d'un laser Nd-YAG (donc dopé au Nd et la matrice est du YAG : un grenat d'aluminium et d'yttrium), mais il peut aussi se présenter sous la forme d'une fibre dans le cas des lasers à fibre (donc dopé au Yb et la matrice est en silice). Aujourd'hui, le milieu amplificateur le plus utilisé pour générer des impulsions femtosecondes est le saphir dopé titane. Il possède deux bandes d'absorption centrées à 488 et 560 nm. Il possède un large spectre d'émission centré à 800 nm.
939
+
940
+ Au-delà d'une dimension de cristal de qualité optique acceptable[Quoi ?], ces lasers permettent d'obtenir des puissances de l'ordre du kW en continu et du GW en pulsé. Ils sont utilisés pour des applications tant scientifiques qu'industrielles, en particulier pour la soudure, le marquage et la découpe de matériaux.
941
+
942
+ Ce type de laser ressemble au laser solide. Ici le milieu amplificateur est une fibre optique dopée avec des ions de terres rares. La longueur d'onde obtenue dépend de l'ion choisi (Samarium 0,6 µm ; Ytterbium 1,05 µm ; Erbium 1,55 µm ; Thulium 1,94 µm ; Holmium 2,1 µm[11]). Cette technologie est relativement récente (le premier date de 1964), mais il existe aujourd'hui des lasers monomodes dont la puissance est de l'ordre de la dizaine de kilowatts. Ces lasers ont l'avantage de coûter moins cher, de posséder un encombrement réduit et d'être résistants aux vibrations. Par ailleurs il n'est pas nécessaire de les refroidir en dessous de 10 kW[12],[13].
943
+
944
+ Dans les lasers à liquide, le milieu d'émission est un colorant organique (rhodamine 6G par exemple) en solution liquide enfermé dans une fiole de verre. Le rayonnement émis peut aussi bien être continu que discontinu suivant le mode de pompage. Les fréquences émises peuvent être réglées à l'aide d'un prisme régulateur, ce qui rend ce type d'appareil très précis. Le choix du colorant détermine essentiellement la gamme de couleur du rayon qu'il émettra. La couleur (longueur d'onde) exacte peut être réglée par des filtres optiques.
945
+
946
+ Le milieu générateur de photons est un gaz contenu dans un tube en verre ou en quartz. Le faisceau émis est particulièrement étroit et la fréquence d'émission est très peu étendue. Les exemples les plus connus sont les lasers à hélium-néon (rouge à 632,8 nm), utilisés dans les systèmes d'alignement (travaux publics, laboratoires), et les lasers pour spectacles.
947
+
948
+ Les lasers à dioxyde de carbone sont capables de produire de très fortes puissances (fonctionnement en impulsion) de l'ordre de 106 W. C'est le marquage laser le plus utilisé dans le monde. Le laser CO2 (infrarouge à 10,6 µm) peut être, par exemple, utilisé pour la gravure ou la découpe de matériaux.
949
+
950
+ Il existe aussi une sous-famille des lasers à gaz : les lasers excimers qui émettent dans l'ultraviolet. Dans la majorité des cas, ils sont composés d'au moins un gaz noble et habituellement d'un gaz halogène.
951
+
952
+ Le terme « excimer » vient de l'anglais excited dimer qui signifie une molécule excitée composée de deux atomes identiques (ex. : Xe2). Or certains lasers dits excimères utilisent des exciplexes qui sont des molécules composées de deux atomes différents (par exemple, gaz noble et halogène : ArF, XeCl). On devrait donc les nommer lasers exciplexes plutôt que lasers excimères.
953
+
954
+ L'excitation électrique du mélange produit ces molécules exciplexes qui n’existent qu'à l'état excité. Après émission du photon, l'exciplexe disparaît car ses atomes se séparent, donc le photon ne peut être réabsorbé par l'excimer non excité, ce qui permet un bon rendement au laser.
955
+
956
+ Exemple : Lasik
957
+
958
+ Dans une diode laser (ou laser à semi-conducteur), le pompage se fait à l'aide d'un courant électrique qui enrichit le milieu générateur en trous (un trou est une zone du cristal avec une charge positive car il manque un électron) d'un côté et en électrons supplémentaires de l'autre. La lumière est produite au niveau de la jonction par la recombinaison des trous et des électrons. Souvent, ce type de laser ne présente pas de miroirs de cavité : le simple fait de cliver le semi-conducteur, de fort indice optique, permet d'obtenir un coefficient de réflexion suffisant pour déclencher l'effet laser.
959
+
960
+ C'est ce type de laser qui représente l'immense majorité (en nombre et en chiffre d'affaires) des lasers utilisés dans l'industrie. En effet, ses avantages sont nombreux : tout d'abord, il permet un couplage direct entre l'énergie électrique et la lumière, d'où les applications en télécommunications (à l'entrée des réseaux de fibres optiques). De plus, cette conversion d'énergie se fait avec un bon rendement (de l'ordre de 30 à 40 %). Ces lasers sont peu coûteux, très compacts (la zone active est micrométrique, voire moins, et l'ensemble du dispositif a une taille de l'ordre du millimètre). On sait maintenant fabriquer de tels lasers pour obtenir de la lumière sur quasiment tout le domaine visible, mais les lasers délivrant du rouge ou du proche infrarouge restent les plus utilisés et les moins coûteux[14]. Leurs domaines d'applications sont innombrables : lecteurs optiques (CD), télécommunications, imprimantes, dispositifs de « pompage » pour de plus gros lasers (de type lasers à solide), pointeurs, etc. Noter que la réglementation en vigueur en France interdit d'en fabriquer éclairant au-delà de 1 000 mètres.
961
+
962
+ Ils ont quelques inconvénients tout de même, la lumière émise étant en général moins directionnelle et moins « pure » spectralement que celle d'autres types de lasers (à gaz en particulier) ; ce n'est pas un problème dans la majorité des applications.
963
+
964
+ Un dispositif très proche dans son fonctionnement, mais qui n'est pas un laser, est la DEL : le dispositif de pompage est le même, mais la production de lumière n'est pas stimulée, elle est produite par désexcitation spontanée, de sorte que la lumière produite ne présente pas les propriétés de cohérence caractéristiques du laser.
965
+
966
+ Ce type de laser est très particulier, car son principe est tout à fait différent de celui exposé plus haut. La lumière n'y est pas produite par des atomes préalablement excités, mais par un rayonnement synchrotron produit par des électrons accélérés. Un faisceau d'électrons, provenant d'un accélérateur à électrons, est envoyé dans un onduleur créant un champ magnétique périodique (grâce à un assemblage d'aimants permanents). Cet onduleur est placé entre deux miroirs, comme dans le schéma d'un laser conventionnel : le rayonnement synchrotron est amplifié et devient cohérent, c’est-à-dire qu'il acquiert les caractéristiques de la lumière produite dans les lasers.
967
+
968
+ Il suffit de régler la vitesse des électrons pour fournir une lumière de fréquence ajustée très finement sur une très large gamme, allant de l'infrarouge lointain (térahertz) aux rayons X, et la puissance laser peut être également ajustée par le débit d'électrons jusqu'à des niveaux élevés. On peut également disposer d'impulsions laser d'intervalle court et précis. Tout cela rend ce type de laser très polyvalent, et très utile dans les applications de recherche. Il est cependant plus coûteux à produire car il est nécessaire de construire un accélérateur de particules.
969
+
970
+ Le laser téramobile est un dispositif mobile qui délivre des impulsions laser ultrapuissantes et ultrabrèves. Le laser téramobile peut servir à détecter et mesurer des polluants atmosphériques ou à frayer à la foudre un chemin rectiligne[15].
971
+
972
+ Selon la puissance et la longueur d'onde d'émission du laser, celui-ci peut représenter un réel danger pour la vue et provoquer des brûlures irréparables de la rétine. Pour des questions de sécurité, la législation française interdit l'utilisation de lasers de classe supérieure à 2 en dehors d'une liste d'usages spécifiques autorisés[16],[17].
973
+
974
+ La nouvelle norme :
975
+
976
+ Les classes ont été déterminées en fonction des lésions que peut provoquer un laser, elles varient en fonction de la fréquence du laser. Les lasers infrarouge (IR B et IR C) et ultraviolet (UV) provoquent des lésions de la cornée, du cristallin ou des lésions superficielles de la peau, tandis que les lasers visible et proche infrarouge (IR A) peuvent atteindre la rétine et l'hypoderme.
977
+
978
+ Dans le domaine visible, pour un laser continu, les classes sont :
979
+
980
+ Les applications lasers utilisent les propriétés de cohérence spatiale et temporelle du laser. Elles peuvent être classées plus ou moins en fonction de la réflexion ou de l'absorption du laser. Ainsi, deux grandes familles apparaissent, celle contenant des applications de transfert d'information, et celle traitant d'un transfert de puissance.
981
+
982
+ Transfert d'information
983
+
984
+ Métrologie
985
+
986
+ Transfert de puissance
987
+
988
+ Procédés laser et matériaux
989
+
990
+ Interaction laser/matière : phénomènes physiques
991
+
992
+ Applications médicales
993
+
994
+ Nucléaire
995
+
996
+ Applications militaires
997
+
998
+ Applications policières
999
+
1000
+ Artistique
1001
+
1002
+
1003
+
1004
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3197.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,286 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ République slovaque
4
+
5
+ (sk) Slovenská republika
6
+
7
+ 48° 08′ 09″ N, 17° 07′ 07″ E
8
+
9
+ modifier
10
+
11
+ La Slovaquie, en forme longue la République slovaque, en slovaque : Slovensko et Slovenská republika, est un pays situé en Europe centrale, au cœur de l'Europe continentale et à l'est de l'Union européenne, dont elle est membre depuis 2004[16]. Ses pays frontaliers sont la Pologne au nord, l'Ukraine à l'est, la Hongrie au sud, l'Autriche à l'ouest et la Tchéquie à l'ouest-nord-ouest[16]. Du 28 octobre 1918 au 21 mars 1939, puis du 4 avril 1945 au 31 décembre 1992, elle a fait partie de la Tchécoslovaquie[8],[17].
12
+
13
+ La Slovaquie est membre de nombreuses organisations internationales, telles que l'ONU[18], l'OTAN[18], l'OMC[19], l'OCDE[18] ou encore le V4[20], et fait partie de la zone euro[14].
14
+
15
+ Les noms de la Slovénie et de la Slovaquie ont tous les deux la même origine que le mot « Slave », qui provient soit vieux-slave slovo signifiant « mot » ou « parole » (c’est-à-dire parlant de manière intelligible aux Slaves), soit du mot slava, « gloire ». La Slovénie et la Slovaquie sont souvent confondues, car les noms Slovenská Republika (qui signifie République slovaque en slovaque) et Republika Slovenija peuvent prêter à confusion dans de nombreuses langues. Chaque année, un poids considérable de courrier mal acheminé est à réexpédier vers la Slovénie (600 kg en 2004)[21]. Cette confusion fait que le personnel des deux ambassades[Lesquelles ?] se retrouve chaque mois pour échanger le courrier mal adressé[réf. à confirmer][22].
16
+
17
+ Les Slovaques appelaient le territoire où ils vivaient Slovensko (« Slovaquie »), terme apparu par écrit au XVe siècle mais qui n'était pas défini précisément[23], et certaines sources du XVIe siècle y font référence sous les dénominations Sclavonia ou encore Slováky, noms qui qualifiaient une aire à la fois géographique et ethnique, aux limites indéfinies[24]. Cette région habitée par les Slovaques n'avait pas de statut légal, constitutionnel ou politique à l'intérieur du royaume de Hongrie[25].
18
+
19
+ Ces dénominations sont historiques, mais n'étaient pas officielles avant la formation de la Première république en 1918, car l'actuelle Slovaquie appartenait jusque-là à l'Autriche-Hongrie et, au sein de celle-ci depuis 1867, à la Hongrie où seul le hongrois était langue officielle, la langue slovaque ne permettant guère de poursuivre des études au-delà de l'école primaire, et les associations culturelles slovaques étant persécutées[26]. Après 1918 et la dislocation de l'empire austro-hongrois, la slovaquisation des noms et de l'enseignement a été une réaction à cette situation antérieure[27]. Jusqu'en 1918, la Slovaquie était désignée comme Felvidék (« Haut-Pays ») par les Hongrois, et beaucoup de sources hongroises affirment que seul ce terme serait historique, « Slovaquie » étant selon ce point de vue un néologisme.
20
+
21
+ L'usage de Felvidék pour désigner la Slovaquie d'aujourd'hui est perçu par les Slovaques comme offensant et comme un acte de guerre, et comme inapproprié par les Hongrois non-nationalistes[28]. Felvidék est par ailleurs couramment employé depuis l'ouverture du rideau de fer dans un sens autonomiste territorial par la minorité hongroise[29], pour désigner uniquement les régions de Slovaquie à population majoritairement hongroise[30] : c'est ainsi que le quotidien de Slovaquie de langue hongroise Új Szó distingue systématiquement Felvidék de Szlovákia « Slovaquie ». Un certain nombre de membres de la minorité hongroise de Slovaquie se désignent eux-mêmes comme felvidéki magyarok (littéralement : « Hongrois du Haut-Pays »).
22
+
23
+ En slovaque, on distingue la Grande-Hongrie ethniquement hétérogène dans son territoire d'avant 1918 appelée Uhorsko, de la Hongrie en tant qu'État-nation ethniquement homogène des Magyars établi en 1918 appelée Maďarsko, dont les frontières furent dessinées par la « commission Lord » en 1919 et officialisées au traité de Trianon en 1920.
24
+
25
+ Le paysage slovaque est très contrasté dans son relief. Les Carpates (qui commencent à Bratislava) s'étendent sur la majorité de la moitié nord du pays[31].
26
+ Parmi cet arc montagneux on distingue les hauts sommets des Tatras (Tatry), qui sont une destination très populaire pour le ski et contiennent de nombreux lacs et vallées, le Kriváň, une montagne symbolique du pays, ainsi que le plus haut point de la Slovaquie et des Carpates, le Gerlachovský štít (2 655 m) [32].
27
+
28
+ Les plaines se trouvent au sud-ouest (le long du Danube) et au sud-est. Les plus grandes rivières slovaques, outre le Danube (Dunaj) dont elles sont des affluents, sont le Váh et le Hron, ainsi que la Morava[33] qui forme la frontière avec l'Autriche.
29
+
30
+ La Slovaquie appartient à la zone climatique tempérée nord avec une alternance régulière de quatre saisons et des conditions météorologiques variables avec une répartition relativement uniforme des précipitations tout au long de l'année due à l'influence des courants de l'Atlantique. Ce climat océanique tempéré tend vers le climat continental principalement au sud du pays où les influences des masses d'air sec située à l'est accentuent les écarts de températures qui sont en hiver à l'est du pays jusqu'à 3 °C plus froides qu'à l'ouest à une altitude identique[34].
31
+
32
+ Les températures moyennes des régions les plus chaudes dans les plaines du sud-ouest du pays sont de -1 à −2 °C en janvier et de 18 à 21 °C en juillet avec une moyenne annuelle de 9 à 11 °C. Dans les vallées du centre et du nord les moyennes annuelles sont de 6 à 8 °C et parfois inférieures dans les hautes vallées comme la région d'Orava. Vers 1 000 m, ces températures sont de 4 à 5 °C et tombent à -1 °C à 2 000 m d'altitude[34].
33
+
34
+ Avec ses voisins hongrois et tchèques, la Slovaquie se trouve dans la région présentant le plus haut niveau de pollution atmosphérique et d'acidité des pluies en Europe. Cette situation est due à la circulation automobile et aux usines chimiques et agroalimentaires. En 2013, environ 250 000 Slovaques ont souffert de maladies étant liées à cette pollution[40]
35
+
36
+ La plupart des régions ayant un intérêt écologique sont placées sous protection. En 2003, environ 23 % de la surface du pays était sous une de ces formes de protection : 9 parcs nationaux (12 %), 14 zones de paysage protégé (10,5 %), 181 sites protégés, 383 réserves naturelles, 219 réserves naturelles nationales, 230 monuments naturels et 60 monuments naturels nationaux[41].
37
+
38
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
39
+
40
+ En décembre 2018, la Slovaquie comptait 683 sites dont :
41
+
42
+ La Slovaquie est divisée en 8 régions (kraje, au singulier kraj), nommées d’après leur capitale[43] :
43
+
44
+ On peut aussi noter l’existence de 79 districts (okres)[44].
45
+
46
+ En 2008, 56 % de la population habitait en ville[45]. La capitale, Bratislava, est la plus grande ville slovaque avec une population de plus de 425 000 habitants, est la 66e plus grande ville d'Europe, et sa zone urbaine élargie, avec plus de 600 000 habitants est la 110e agglomération européenne (données Eurostat)[46].
47
+
48
+ Le réseau routier est en bon état dans l’ensemble, même s'il a peu d’autoroutes[47] (excepté autour de Bratislava, qui est relié à 4 autoroutes, y compris vers Vienne). La capitale connaît des problèmes d'embouteillages[48].
49
+
50
+ Toutes les autoroutes peuvent être utilisées moyennant la perception d’un droit forfaitaire. Les vignettes[49] peuvent être achetées aux postes frontières et dans les stations-services[47].
51
+ Depuis le 1er janvier 2010, les poids lourds doivent être équipés d'un équipement de paiement électronique[50].
52
+
53
+ Železnice Slovenskej republiky (ŽSR, Réseaux ferrés de la république slovaque) est la société de droit public qui gère l'infrastructure ferroviaire en Slovaquie. Le réseau est dense et en bon état, même si les trajets sont longs et certains trains vétustes[47].
54
+
55
+ ŽSR gérait en 2007 3 658 km de lignes ce qui correspond à 6 881 km de voies[51] dont :
56
+
57
+ Avec :
58
+
59
+ L'aéroport principal du pays est l'aéroport M. R. Štefánik à 9 km de Bratislava[52] (qui est aussi proche de l'Aéroport de Vienne-Schwechat en Autriche[53]). D'autres aéroports pour passagers se trouvent à Košice[54], Poprad-Tatras[55], ces deux derniers étant néanmoins bien moins desservis que l'aéroport de la capitale. L'aéroport de Poprad a pour principal avantage sa proximité avec les pistes de ski et les stations hivernales, malgré une très faible fréquence de vols (les principaux vols provenant de Riga et Londres-Luton).
60
+
61
+ Le Danube sur 172 km est la seule voie navigable de Slovaquie[56]. Du fait que le fleuve se situe en grande partie sur la frontière avec la Hongrie tous les projets d'aménagement comme le barrage de Gabčíkovo doivent se faire en concertation avec cette dernière[57]. Les ports fluviaux principaux sont à Bratislava et Komárno[58].
62
+
63
+ La majorité des villes possèdent un réseau de bus[59], dans cinq villes ce réseau de bus est complété par un réseau de trolleybus (Bratislava, Košice, Prešov, Žilina, Banská Bystrica). À Bratislava et à Košice, le réseau urbain est agencé autour d'un réseau de trams[60].
64
+
65
+ La Slovaquie est traversée par d'importants gazoducs[61], tel que le gazoduc Transgas reliant l'Ukraine à l'Autriche (et le hub de Baumgarten an der March). Son importance stratégique pour le gaz naturel devrait décroitre à l'avenir avec l'ouverture du gazoduc Nabucco[62]. Elle est également traversée par l'oléoduc Droujba[63]. En tout, elle est traversée par 6 769 km de gazoducs et 416 km d'oléoducs[58].
66
+
67
+ Le pays est importateur d'électricité (de peu), mais dépend principalement d'importations pour son pétrole et son gaz naturel[64].
68
+
69
+ La Slovaquie est dotée d'un réseau téléphonique moderne qui s'est largement étendu ces dernières années, principalement avec les services mobiles. Le réseau est en train d'être converti au numérique et à la fibre optique, particulièrement dans les grandes villes. Le service mobile est fourni par trois entreprises. Le pays a trois commutateurs internationaux, un à Bratislava et deux à Banská Bystrica. Le pays participe à des projets de communication internationaux. En 2009, le pays avait 867 615 hôtes internet, et 3 566 000 utilisateurs d'internet en 2008. Son indicatif téléphonique international est 421 et son domaine national de premier niveau .sk[65].
70
+
71
+ Slavisé au Ve siècle[66],[67], le territoire slovaque constituait le cœur de la Grande-Moravie[68] et, à partir du XIe siècle, une partie du Royaume de Hongrie[69],[70] (bien qu'il fût temporairement occupé par la Pologne au XIe siècle[71]). La Slovaquie tiendrait son nom des Slaves (slovanský) et des Valaques.
72
+
73
+ Après la mort du roi de Hongrie Louis II à la Bataille de Mohács (1526), son beau-frère Ferdinand Ier de Habsbourg est choisi à la fois comme roi de Hongrie[73] par la diète de Pozsony/Pressburg/Prešporok (Presbourg, actuelle Bratislava) et comme roi de Bohême par celle de Prague. La dynastie règnera dès lors jusqu'en 1918.
74
+
75
+ À la suite de la prise de Buda en 1541 par les Ottomans, et l'occupation de la Hongrie (sauf la Haute-Hongrie et ses riches mines d'argent), Pozsony/Pressburg/Prešporok devient la capitale de la Hongrie royale et la ville de couronnement de la couronne de Hongrie[74].
76
+
77
+ Au XVIIIe siècle, sous l'influence du panslavisme et face au processus de magyarisation, un nationalisme slovaque voit le jour[75]. En 1847, une version codifiée du slovaque par Ľudovít Štúr[75] est acceptée par catholiques et luthériens[76] (une version codifiée par Anton Bernolák[75] au XVIIIe siècle n'étant acceptée que par les catholiques, les protestants utilisant jusqu'alors une version slovacicisée du tchèque[76] - ces notions panslaviques continueront d'être soutenues par certains intellectuels, tels que Ján Kollár même après 1847[76].
78
+
79
+ À la suite du Printemps des peuples, lors duquel les Slovaques s'opposèrent à la noblesse hongroise qui possédait la quasi-totalité des terres[77]: le mouvement d'émancipation slovaque continue à se développer, avec la création de l'association culturelle Matica slovenská en 1863[78] et du Parti national slovaque en 1871[79]. Néanmoins, lors de la création de l'Autriche-Hongrie en 1867, le contrôle de la noblesse hongroise sur la Slovaquie s'accroît, et ces institutions furent fermées[80] et le processus de magyarisation se renforça[81].
80
+
81
+ À la suite du traité de Saint-Germain-en-Laye de 1919 et du traité de Trianon de 1920 mettant fin à la Première Guerre mondiale, la Slovaquie, les pays tchèques (Bohême, Moravie, Silésie tchèque), et jusqu'en 1939 la Ruthénie[82] ont constitué de novembre 1918[8] au 31 décembre 1992[83] la Tchécoslovaquie. Cette union politique, prônée à Versailles[84], accordée par le traité de Saint-Germain-en-Laye, démantelée par l'Allemagne nazie et reconstituée en 1945[82] est partiellement artificielle : les pays tchèques, l'ancien Royaume de Bohême (possession autrichienne), située en Cisleithanie, formaient un pays plus développé et industrialisé avec une population largement déchristianisée, tandis que la Slovaquie, ancienne possession hongroise située en Transleithanie, était plus rurale et profondément catholique[85], bien que les deux langues fussent très similaires (et comprises mutuellement, phénomène conforté à partir des années 1950 par une première chaîne de télévision d'État bilingue)[86].
82
+
83
+ L'autonomie slovaque et ruthène reste longtemps un rêve[87],[88], exception faite des années 1938 - 1939, quand les Slovaques profitent du chaos consécutif aux accords de Munich[87] pour proclamer l'autonomie du pays[89],[90].
84
+ En effet, en 1939, un État indépendant (République Slovaque) dirigé par Mgr Tiso est créé[90],[91] à la suite de la pression de la part de Hitler qui menace de donner la Slovaquie aux Hongrois. Cet État sera largement inféodé au Troisième Reich[91].
85
+
86
+ Le pays redevient indépendant au 1er janvier 1993[83], trois ans après la « Révolution de Velours » de 1989 qui mit fin au régime communiste[92] imposé par le « coup de Prague » de février 1948[93], le fédéralisme prôné par le « Printemps de Prague » de 1968 ayant été interrompu brutalement en août de cette année par l'Union soviétique et ses alliés[88],[94].
87
+ Depuis l'indépendance, le pays a poursuivi une politique d'intégration du pays dans les institutions internationales[20]; la Slovaquie fait partie de l'OTAN depuis le 29 mars 2004[95], et de l'Union européenne depuis le 1er mai 2004. En 2005, le pays fut élu pour la première fois au Conseil de sécurité des Nations unies[96]. L'euro est sa monnaie depuis le 1er janvier 2009[14],[97].
88
+
89
+ La Slovaquie est une république[2] parlementaire[3] ayant à sa tête un président, élu tous les cinq ans au suffrage universel[98], lors d'un scrutin uninominal majoritaire à deux tours)[99].
90
+
91
+ Le pouvoir exécutif est exercé principalement par le chef du gouvernement[98], le Premier ministre, qui est habituellement le chef du parti ou de la coalition majoritaire au parlement[100], nommé par le président[101].
92
+ Le reste du gouvernement est nommé par le président sur recommandation du premier ministre[102].
93
+
94
+ Le pouvoir législatif est exercé par le Conseil national de la République slovaque (Národná rada Slovenskej republiky)[103], parlement monocaméral comprenant 150 membres[3]. Les délégués sont élus pour un mandat de quatre ans à la proportionnelle[3], lors d'une élection en un tour, où chaque parti ou coalition obtenant 5 % des voix (7 % pour une coalition de 2 ou 3 partis, 10 % pour une coalition de 4 partis ou plus)[99].
95
+
96
+ La plus haute juridiction est la Cour suprême (Najvyšší sud), qui siège à Bratislava[104],[105]. La Cour constitutionnelle (Ústavný súd) décide des questions constitutionnelles. Ses 13 membres sont nommés par le Président pour 12 ans, à partir d'une liste de candidats sélectionnés par le Parlement[106].
97
+
98
+ La Slovaquie et la Tchéquie s'étant séparées pacifiquement, et étant tous les deux les États successeurs de la Tchécoslovaquie, le pays a été reconnu sur la scène internationale dès son indépendance. Il a été admis aux Nations unies 19 jours après son indépendance[107]. En 2005, le pays fut élu pour la première fois au Conseil de sécurité des Nations unies[96].
99
+
100
+ La Slovaquie fait partie de nombreuses organisations internationales, telles que :
101
+
102
+
103
+
104
+ Groupe Australie  • Banque des règlements internationaux  • Conseil de l'Europe  • Initiative centre-européenne  • Organisation européenne pour la recherche nucléaire  • Conseil de partenariat euro-atlantique  • Banque européenne pour la reconstruction et le développement  • Banque européenne d'investissement  • Union européenne  • Europol  • Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture  • Agence internationale de l'énergie atomique  • Banque internationale pour la reconstruction et le développement  • Organisation de l'aviation civile internationale  • Chambre de commerce internationale  • Cour pénale internationale  • Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge  • Association internationale de développement  • Agence internationale de l'énergie  • Société financière internationale  • Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge  • Organisation internationale du travail  • Fonds monétaire international  • Organisation maritime internationale  • Organisation européenne de télécommunications par satellite  • Interpol  • Comité international olympique  • Organisation internationale pour les migrations  • Union interparlementaire  • Organisation internationale de normalisation  • Union internationale des télécommunications  • Confédération syndicale internationale  • Agence multilatérale de garantie des investissements  • OTAN  • Agence pour l'énergie nucléaire  • Groupe des fournisseurs nucléaires  • OCDE  • Organisation pour l'interdiction des armes chimiques  • OSCE  • Cour permanente d'arbitrage  • Convention de Schengen  • Nations unies  • Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement  • UNESCO  • Force des Nations unies chargée du maintien de la paix à Chypre  • Organisation des Nations unies pour le développement industriel  • Organisme des Nations unies chargé de la surveillance de la trêve  • Organisation mondiale du tourisme  • Union postale universelle  • Confédération mondiale du travail  • Union de l'Europe occidentale (pays partenaire associé)  • Fédération syndicale mondiale  • Organisation mondiale de la santé  • Organisation mondiale de la propriété intellectuelle  • Organisation météorologique mondiale  • Organisation mondiale du commerce  • Comité Zangger
105
+
106
+ Elle a également un statut d'observateur au sein des organisations suivantes :
107
+ Organisation de coopération économique de la mer Noire  • Conseil des États de la mer Baltique  • Organisation des États américains  • Organisation internationale de la francophonie  • Initiative centre-européenne
108
+
109
+ Les relations entre la Slovaquie et la Tchéquie ont été établies le 1er janvier 1993, le jour où la Tchécoslovaquie a été dissoute[112], que les deux pays ont constituée entre 1918 et 1993[113]. Avant cela, ils faisaient tous deux partie de l'Autriche-Hongrie, la Tchéquie étant autrichienne depuis 1526 tandis que la Slovaquie faisait partie de la Hongrie reconquise à la fin du XVIIe siècle[114]. Les deux pays ont 197 km de frontière commune[115] ; il y a environ 200 000 Slovaques habitant en Tchéquie[116], et environ 45 000 Tchèques en Slovaquie[117].
110
+
111
+ Ces relations sont généralement considérées comme « cordiales », voire « très bonnes » dans les médias[118]. La Slovaquie a une ambassade à Prague et un consulat général à Brno[119], la Tchéquie une ambassade à Bratislava[120] et un centre culturel à Bratislava[121] et Košice[122]. Il est habituel que la première visite officielle à l'étranger d'un nouveau chef d'État d'une de ces deux nations soit chez l'autre pays qui a précédemment constitué le pays commun[123].
112
+
113
+ Les deux pays font partie de l'OTAN[124], de l'UE[125] et du V4[126].
114
+
115
+ Les Relations entre la Hongrie et la Slovaquie ont été établies le 1er janvier 1993[127]. Les deux pays ont 676 km de frontière commune[115],[128] ; il y a environ 514 000[129] Hongrois habitant en Slovaquie, ce qui constitue environ 10 % de la population[128], principalement dans le sud du pays et environ 25 000 Slovaques en Hongrie (soit environ 0,12 % de la population)[130].
116
+
117
+ La Hongrie a une ambassade à Bratislava[131] et la Slovaquie a une ambassade à Budapest, un consulat général à Békéscsaba, et un centre culturel à Budapest[119].
118
+
119
+ Les deux pays font partie de l'OTAN[124], de l'UE[125] et du V4[126].
120
+
121
+ Bien que les deux pays soient alliés, des difficultés subsistent, tenant à l'histoire et à la question de la minorité magyarophone en Slovaquie, un accord bilatéral a été signé en décembre 2003 entre les deux pays[128].
122
+
123
+ Les relations ont été tendues par la présence du parti extrémiste et nationaliste[132] SNS de Ján Slota au gouvernement[133].
124
+
125
+ Les relations entre la Pologne et la Slovaquie ont été établies en 1993[134]. Les deux pays ont 529 km de frontière commune[115] ; il y avait environ 2 000 Slovaques habitant en Pologne selon le recensement polonais de 2002[135],[136] (principalement dans les régions frontalières d'Orava et de Spiš, ainsi qu'à Cracovie et en Silésie)[137], et 2 602 Polonais en Slovaquie selon le recensement slovaque de 2001[86] bien que des estimations de 1998 donnent des nombres plus élevés (jusqu'à 25 000)[137], et environ 10 000 Polonais en Slovaquie.
126
+
127
+ La Slovaquie a une ambassade et un centre culturel à Varsovie et un consulat général à Cracovie[119], la Pologne une ambassade[138] et un centre culturel à Bratislava[139].
128
+
129
+ Les deux pays font partie de l'OTAN[124], de l'UE[125] et du V4[126].
130
+
131
+ Les relations entre l'Autriche et la Slovaquie ont été établies le 1er janvier 1993[140]. Les deux pays ont 91 km de frontière commune[115] (et les deux capitales sont à moins de 60 km l'une de l'autre). Officiellement 4 741 personnes se sont déclarées slovaques dont 1 775 citoyens autrichiens au recensement de 2001[141], mais des estimations non officielles citent un chiffre d'environ 25 000 Slovaques habitant en Autriche[141]. Le gouvernement autrichien reconnait les Slovaques comme minorité nationale[142].
132
+
133
+ La Slovaquie a une ambassade à Vienne[119] et trois consulats honoraires à Innsbruck, Linz et Salzbourg[143], l'Autriche une ambassade à Bratislava[144].
134
+
135
+ Les deux pays font partie de l'Union européenne[125].
136
+
137
+ Les Relations entre la Slovaquie et l'Ukraine ont été établies le 1er janvier 1993, le jour où la Tchécoslovaquie a été dissoute[145]. Les deux pays ont 98 km de frontière commune[115], qui est également la frontière orientale de l'Union européenne et l'espace Schengen[128] ; il y a environ 5 600 Slovaques habitant en Ukraine dans l'Oblast de Transcarpatie[146] (qui jusqu'en 1938 était une région tchécoslovaque) et environ 55 000 Ruthènes et Ukrainiens en Slovaquie[58].
138
+
139
+ La Slovaquie a une ambassade à Kiev, un consulat général à Oujhorod[119], et deux consulats honoraires à Donetsk et Oujhorod[143], l'Ukraine une ambassade à Bratislava[147] et un consulat à Prešov[145]. La Slovaquie est favorable à l'entrée de l'Ukraine dans l'UE[128].
140
+
141
+ L’Union européenne reste la priorité de la diplomatie slovaque[128].
142
+
143
+ La Slovaquie a rejoint le premier groupe des pays adhérents et clôturé les négociations lors du Conseil européen de Copenhague, les 13 et 14 décembre 2002. Elle a signé le traité d’adhésion le 16 avril 2003 à Athènes et l'a ratifié massivement (plus de 92 % de oui) lors du référendum des 16 et 17 mai 2003. Son adhésion est devenue effective le 1er mai 2004[128].
144
+
145
+ La Slovaquie dispose de 13 eurodéputés[148], et a ratifié le traité de Lisbonne le 10 avril 2008 (par 103 voix contre 5)[128].
146
+
147
+ La Slovaquie soutient en particulier la poursuite de la politique européenne de voisinage et souhaite prendre une part active dans la PESC et la PESD. Elle est attentive aux aspects concrets des politiques de l’Union européenne : budget européen, liberté de circulation des personnes, économie de la connaissance, culture et éducation, énergie, etc[128].
148
+
149
+ En juillet 2009, la population slovaque était estimée à 5 463 046 habitants, faisant de la Slovaquie le 111e��pays le plus peuplé au monde.
150
+
151
+ Selon le recensement de 2011[réf. nécessaire], la majorité des habitants de Slovaquie sont des Slovaques (80,7 %). Cependant, le pays compte une forte minorité magyarophone (de langue hongroise) dans le sud et l'est (8,5 % de la population nationale). Les autres ethnies sont les Roms (2,0 %) (Tsiganes), les Tchèques, les Ruthènes, les Ukrainiens, les Allemands et les Polonais.
152
+
153
+ Selon ce même recensement, 62,0 % de la population est catholique, 8,8 % protestante, 4,1 % gréco-catholique, et 13 % athée.
154
+
155
+ En 2009, 15 % de la population a moins de 15 ans, et 12,5 % plus de 65 ans. Le taux de natalité est de 10,6 naissances pour 1 000 habitants, plaçant le pays au 183e rang mondial (ou 1,35 enfant par femme - 203e au monde), le taux de mortalité de 9,53 pour 1 000 habitants (72e rang mondial) et le taux de croissance de la population est de 0,137 % (187e rang mondial). Le taux de mortalité infantile est de 6,84 pour 1 000 naissances (171e rang mondial), et l'espérance de vie moyenne à la naissance est de 75,4 ans (78e rang mondial).
156
+
157
+ Le taux d'alphabétisation est de 99,6 % ; le pays dépense 3,9 % de son PIB pour l'éducation (111e rang mondial). En 2008, 56 % de la population vivait en ville, et le taux d'urbanisation sur la période 2005-2010 était estimée à un taux annuel de 0,2 %[58].
158
+
159
+ Les nationalités comportant moins de 500 ressortissants ne sont pas reprises dans ce tableau[157].
160
+
161
+ La présence de Vietnamiens s'explique du fait du passé communiste de l'ex-Tchécoslovaquie, qui était à l'époque solidaire du Vietnam du nord dans sa guerre contre les Américains et le « monde impérialiste ». À une certaine période, (entre 1975 et 1989), il y eut jusqu'à 20 000 Vietnamiens présents sur l'actuelle territoire Slovaque qui travaillaient surtout dans l'industrie. Entre 1989 et 1999, à la chute du communisme, et à l'indépendance de la Slovaquie, plus de 15 000 Vietnamiens sont repartis au Vietnam ou en Allemagne, et plus de 1 000 ont obtenu la nationalité slovaque. Environ 1 500 (en 2015), sont des travailleurs vietnamiens en situation régulière en Slovaquie.
162
+
163
+ L'espérance de vie des Roms est inférieure de onze ans à la moyenne des Slovaques pour les hommes et de quatorze années pour les femmes (en 2017)[158].
164
+
165
+ Alors qu’entre 1970 et 1985 les revenus réels avaient augmenté d’environ 50 %, ils ont chuté dans les années 1990. Le produit intérieur brut n’a retrouvé le niveau de 1989 qu’en 2007[158].
166
+
167
+ L’économie de la Slovaquie est en forte croissance depuis 2000, en particulier grâce aux bénéfices de son intégration à l’Union européenne et des réformes libérales menées par le gouvernement de Mikuláš Dzurinda[159]. Depuis 1999, le taux de croissance annuel n'a ainsi cessé d'augmenter, passant de +0,3 % à +8,8 % en 2007[160]. Le terme « tigre des Tatras » est parfois employé, basé sur le terme Tigre celtique[161].
168
+
169
+ L'ancienne ministre (de 1998 à 2002) Brigita Schmögnerová explique que : « Il y a toujours un consensus des dirigeants sur le dumping social. Depuis l’élargissement de l’Union européenne, les sociétés étrangères recherchent la main-d’œuvre la moins chère, mais, au lieu d’unir leurs forces, les gouvernements de la région rivalisent pour proposer le niveau de taxes le plus faible possible. » Lors de son entrée dans l’Union européenne, en 2004, la Slovaquie est ainsi devenue le premier pays de l’OCDE à mettre en place une imposition au taux unique intégral : 19 %, tant sur les bénéfices des sociétés que sur les revenus ou les biens de consommation. L’absence de progressivité de l’impôt conduit à une forte augmentation des inégalités. Les dépenses en matière de santé, d’éducation ou de logement sont inférieurs à la moyenne européenne[158].
170
+
171
+ À la faveur d'une main d'œuvre assez qualifiée, des salaires faibles et un droit du travail flexible, le pays attire de nombreuses entreprises industrielles. Après Volkswagen à Bratislava, c'est PSA Peugeot Citroën qui a annoncé un investissement à Trnava, puis Hyundai à Žilina et aussi Jaguar Land Rover à Nitra. Le secteur de l'industrie automobile représente désormais un tiers du PIB et constituait le premier poste à l'exportation en 2006[162]. En 2007, 550 000 voitures devraient être assemblées dans le pays et 900 000 en 2010[163].
172
+
173
+ Hormis la métallurgie (vers la capitale et Košice)[164], les principales activités du pays sont le bois et ses dérivés (région de Banská Bystrica[165] et autour de Ružomberok[166]), les biens d'équipement et, à un degré moindre, l'électronique et l'habillement[64]. Le pays exploite aussi du charbon[167].
174
+
175
+ Le PIB se montait en 2008 à 95,4 milliards de dollars, soit 22 000 $ par habitant[58],[168]. Depuis le 1er janvier 2013, l’impôt sur les sociétés est de 23 %. Quant aux personnes physiques dont le revenu mensuel est supérieur à 2750 EUR, elles seront imposées à 25%[169]. Pour l'année 2009, le taux de chômage s'établit à 11,9 % de la population active[170].
176
+
177
+ La balance commerciale slovaque est légèrement négative. En 2008 ses importations étaient de 73 620 000 000 $ contre des exportations de 72 570 000 000 $. Les partenaires commerciaux de la Slovaquie étaient principalement des pays de l'Union européenne, la Russie, la Corée du Sud et la Chine. Un quart des exportations en 2004 étaient des véhicules[58].
178
+
179
+ Les chaines de grande distribution sont arrivées au milieu des années 1990.
180
+
181
+ Environ 10 % de la population active slovaque est expatriée en 2014. Le pays présente un niveau de chômage parmi les plus élevés d'Europe, avec 7,1 % de la population active sans emploi depuis plus d’un an[158].
182
+
183
+ En 2008, l'agriculture composait 3,7 % de l'économie slovaque. L'agriculture slovaque produit principalement des céréales, de la pomme de terre, de la betterave sucrière, du houblon, des fruits ; l'élevage principalement des porcs, des bœufs, de la volaille ; le pays est également engagé dans la sylviculture[58].
184
+
185
+ En 2008, les principaux secteurs industriels étaient: la métallurgie, l'agroalimentaire, l'énergie (électricité, gaz, coke, combustible nucléaire), la chimie et les fibres chimiques, les machines, la papèterie, la poterie et la céramique, les véhicules, les textiles, les équipements électriques et optiques et le caoutchouc[58].
186
+
187
+ La devise officielle de la Slovaquie est l'euro depuis le 1er janvier 2009[14]. L'ancienne devise était la couronne slovaque (Slovenská Koruna) qui fut en circulation du 8 février 1993[171] au 17 janvier 2009[14],[172].
188
+
189
+ Le cours de change définitivement adopté est de 30,1260 couronnes slovaques pour un euro[14].
190
+ Les faces des pièces slovaques en euro ont été adoptées par la Banque centrale slovaque en décembre 2005[173], le public put voter pendant une semaine parmi 10 motifs possibles[174],[175].
191
+
192
+ Le sport le plus populaire et le plus pratiqué en Slovaquie est le Hockey sur glace[176]. La Slovaquie fait partie des meilleures nations au monde, étant classée actuellement 6e au classement IIHF[177]. L'équipe nationale a notamment été championne du monde en 2002[176]. Par ailleurs de nombreux joueurs slovaques évoluent dans la LNH, la meilleure ligue du monde. En 2011, Bratislava et Košice ont été les villes hôtes du Championnat du monde de hockey sur glace 2011[176]. Plus récemment encore, l'équipe nationale s'est classée seconde au Championnat du monde de hockey sur glace 2012 en s'inclinant en finale face à la Russie.
193
+
194
+ Au niveau national, le Championnat de Slovaquie de hockey sur glace s'appelle la Slovnaft Extraliga. Le championnat est disputé par treize équipes et les huit premières disputent des séries éliminatoires[178]. Le HC Slovan Bratislava est le club le plus titré (7 titres)[179], puis le HC Košice (4)[180], le Dukla Trenčín (3)[181]. Le HKm Zvolen[182] et le MsHK Žilina[183] ont tous les deux gagnés un titre chacun. Quatre équipes slovaques ont gagné la Coupe continentale de hockey sur glace: le HC Košice, le HC Slovan Bratislava, le HKm Zvolen et le HK Martin[184].
195
+ Environ 10 000 joueurs sont licenciés auprès de la Fédération de Slovaquie de hockey sur glace (Slovenský zväz ľadového hokeja ou SZĽH)[185].
196
+
197
+ L'équipe nationale avait failli se qualifier notamment pour la Coupe du monde de football 2006, seulement éliminée en matchs de barrages face à l'Espagne[186].
198
+ La Slovaquie s'est qualifiée pour la première fois de son histoire pour la Coupe du monde de football 2010, le 14 octobre 2009, en étant première de son groupe. Elle finit ainsi devant la Slovénie[187]. Lors de la phase finale en Afrique du Sud, elle crée la surprise en éliminant l'Italie, tenante du titre, remportant la rencontre directe décisive sur le score de 3 à 2. Elle possède actuellement dans ses rangs des joueurs tels que Martin Škrtel (Liverpool Football Club) un des meilleurs défenseurs du championnat anglais[188], Róbert Vittek (Slovan Bratislava)[189], Miroslav Stoch (PAOK Salonique), Marek Mintál (1. FC Nuremberg) qui fut meilleur buteur de la Bundesliga en 2005[190] et surtout Marek Hamšík (SSC Naples)[191] en qui on voit un futur grand joueur et qui est intéresse les meilleures équipes européennes[192],[193].
199
+
200
+ Au niveau national, le premier niveau du championnat est la Corgoň Liga qui a 12 équipes[194]. Les équipes les plus titrés sont le Slovan Bratislava (7 titres)[195] et le MŠK Žilina (4)[196]. Le 1. FC Košice[197], l'AŠK Inter Bratislava[198], et l'Artmedia Bratislava[199],[200] ont gagné 2 titres et le MFK Ružomberok 1[201].
201
+
202
+ En tennis, la Slovaquie est présente sur la scène internationale aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Chez les hommes, la meilleure performance de l'équipe nationale est la finale de la Coupe Davis, où elle s'inclina face à la Croatie[202].
203
+
204
+ On retrouve deux joueurs au sein du Top 100 Classement ATP en 2013, Martin Kližan et Lukáš Lacko. Parmi les autres joueurs reconnus, se trouvent notamment Dominik Hrbatý (no 12 mondial en 2004 et demi-finaliste à Roland-Garros en 1999)[203],[204] et Karol Beck (ex 36e mondial)[205].
205
+
206
+ Les femmes possèdent une bonne équipe de Fed Cup emmenée par Daniela Hantuchová (régulièrement classée parmi les 10 meilleures joueuses mondiales) et Dominika Cibulková[206].
207
+
208
+ La Slovaquie fait partie des meilleures nations en canoë-kayak. Elle possède dans ses rangs, Michal Martikán[207] le meilleur céiste de ces 15 dernières années avec Tony Estanguet[208]. Il a à son palmarès plusieurs Coupe du monde et surtout 2 titres olympiques (en 1996 à Atlanta et 2008 à Pékin)[207] et a été 2 fois vice-champion olympique (en 2000 à Sydney et 2004 à Athènes)[207] et 1 fois médaillé de bronze (en 2012 à Londres. En canoë biplace, les frères Pavol[209] et Peter Hochschorner[210] ont un palmarès tout aussi impressionnant puisqu'ils ont été trois fois consécutivement champions olympiques en 2000, 2004 et 2008[211].
209
+
210
+ La littérature slovaque du Moyen Âge est en grande partie d'inspiration biblique et les thèmes, le style ont été souvent recopiés d'une œuvre à l'autre et étaient généralement anonymes[214].
211
+
212
+ Si la littérature slovaque était active depuis la renaissance, elle n'a pris son essor qu'à partir de 1843 lorsque le dialecte du centre de la Slovaquie fut codifié pour en faire une langue au niveau national[215].
213
+
214
+ Au XVIIIe siècle apparait un nationalisme savant (avec des auteurs comme Juraj Papánek ou Juraj Sklenár), et avec les changements sociaux sous les règnes de Marie-Thérèse et Joseph II (fin du système féodal, alphabétisation, rapprochement des notions de Nation et de communauté linguistique), les premières codifications du slovaque et textes littéraires en slovaque apparaissent[216].
215
+
216
+ La seconde codification du slovaque par Ľudovít Štúr devint le slovaque que l'on connait aujourd'hui, grâce entre autres à l'œuvre des poètes Janko Kráľ, Andrej Sládkovič et Ján Botto. La propagation du slovaque et de sa littérature souffrirent sous la période de magyarisation entre 1867 et 1919 (bien que l'on peut noter des auteurs tels que Pavol Dobšinský et Pavol Országh Hviezdoslav)[216].
217
+
218
+ Après la création de la Tchécoslovaquie, la prose devient plus prédominante, en particulier réaliste (Ladislav Nádaši-Jégé, Milo Urban, Jozef Cíger-Hronský). Lors des années 1930, des courants plus lyriques et naturalistes apparaissent (Dobroslav Chrobák, Margita Figuli, František Švantner)[216].
219
+
220
+ Après la Seconde Guerre mondiale, les thèmes de la Partisannerie et du Soulèvement national slovaque dominent, mais les premiers thèmes anti-stalinistes apparaissent dès 1954, sous la plume d'Alfonz Bednár (mais aussi de František Hečko, Rudolf Jašík, Dominik Tatarka, ou Ladislav Mňačko). Dans les années 1970, la littérature slovaque devient moins politique (Vincent Šikula, Ladislav Ballek, Ján Johanides, Pavel Vilikovský, Rudolf Sloboda, Dušan Mitana)[216].
221
+
222
+ Depuis l'indépendance de la Slovaquie, la Slovaquie a une littérature très vibrante, on peut noter par exemple Martin M. Šimečka ou Peter Pišťanek[216].
223
+
224
+ La tradition artistique slovaque remonte jusqu'au Moyen Âge. De l'époque, de nombreux maîtres sont connus, tels que maître Paul de Levoča ou Maître MS. L'art slovaque moderne a été influencé par le folklore slovaque et l'art européen[217].
225
+
226
+ Au milieu du XIXe siècle, un style slovaque apparait avec des artistes comme Peter Michal Bohúň ou Jozef Božetech Klemens. D'autres artistes importants Vladimír Kompánek, Ladislav Medňanský, Dominik Skutecký, la peintre cubiste Ester Šimerová-Martinčeková, ou le surréaliste Imro Weiner-Kráľ, ou au XXe siècle, Koloman Sokol, Albín Brunovský, Martin Benka, Mikuláš Galanda, ou Ľudovít Fulla[217].
227
+
228
+ La musique slovaque remonte à la musique religieuse catholique, elle est étroitement liée à la musique des pays et peuples voisins (Autriche, Roms), et des états dont la Slovaquie a fait partie (Hongrie, Tchéquie). Elle a également d'autres influences telles que les musiques allemande, espagnole, française, italienne, ou provençale[218].
229
+
230
+ La vie musicale ne reprend son cours pleinement qu'au XVIIe siècle (avec des compositeurs tels que Ján Kusser), à la suite des invasions ottomanes et Bratislava devenant la ville de couronnement hongroise, et qui reste jusqu'à maintenant un centre musical important, visité par de nombreux grands compositeurs[218].
231
+
232
+ À la suite de l'indépendance, sur les bases de la musique tchèque et traditionnelle naît une musique nationale slovaque, avec des compositeurs tels que Eugen Suchoň, Ján Cikker, et Alexander Moyzes, qui sera suivie par une avant-garde forte dans les années 1960, avec Roman Berger, Jozef Malovec, Pavol Šimai, Ilja Zeljenka, Miro Bázlik, Ivan Parík, Peter Kolman, Ladislav Kupkovič. Après les années 1980, des compositeurs influencés par la musique minimaliste apparaissent, tels que Martin Burlas, ou Peter Machajdik[218].
233
+
234
+ La Slovaquie possède ��galement de grands orchestres tels que l'Orchestre philharmonique slovaque, et de très bons interprètes tels qu'Edita Gruberová.
235
+
236
+ La musique populaire slovaque est très caractéristique et très riche, bénéficiant de la situation du pays à un carrefour entre l'est et l'ouest, ainsi que le sud et le nord de l'Europe[219], et cette musique a influencé les premiers compositeurs slovaques[220]. La musique traditionnelle slovaque a également bénéficié du travail de Béla Bartók (Les Chants populaires slovaques)[221]. Un des instruments traditionnels slovaques est la flûte fujara, qui a été reconnue comme patrimoine culturel immatériel par l’UNESCO en 2005[222].
237
+
238
+ La scène pop a été dominée depuis des années par Richard Müller[223], les musiques actuelles sont très en vogue depuis la chute du régime communiste[220].
239
+
240
+ Le cinéma en Slovaquie a souffert sous le régime communiste de la censure, et depuis l'indépendance de la compétition internationale et la réduction des subventions culturelles. Néanmoins, certains réalisateurs slovaques ont réussi à obtenir une reconnaissance internationale, comme Ján Kadár, Juraj Jakubisko, Dušan Hanák, Štefan Uher[217].
241
+ La Slovaquie héberge également une des sociétés les plus réputées en porno gay : BelAmi.
242
+
243
+ La Slovaquie est aussi connue pour ses polymathes, tels que Pavel Jozef Šafárik, Matthias Bel, Ján Kollár, et ses réformateurs et révolutionnaires politiques tels que Milan Rastislav Štefánik et Alexander Dubček.
244
+ D'autres personnalités célèbres incluent le héros Juraj Jánošík (équivalent slovaque de Robin des Bois), ou l'aventurier Maurice Beniowski[224].
245
+
246
+ Le Festival international du film de Bratislava (IFF), créé en 1999.
247
+
248
+ La ville organise depuis 1967 la Biennale d'illustration de Bratislava (BIB), biennale internationale qui délivre les prix parmi les plus renommés pour les illustrateurs de livres pour la jeunesse.
249
+ Les prix sont le Grand Prix BIB, la Pomme d'Or de Bratislava, la Plaque d'Or de Bratislava.
250
+ Le jury est international, composé de personnes appartenant au monde de la culture.
251
+
252
+ Depuis 1991 se déroule la Biennale d'animation de Bratislava (BAB) ou Festival international de films d'animation pour enfants, biennale internationale qui rassemble et récompense des réalisateurs de films d'animation pour les enfants.
253
+
254
+ De nombreux grands monuments ont été construits sous le régime communiste dans les années 1960 et 1970 (tels que le Pont du soulèvement national slovaque ou la tour de télévision du Kamzík), qui ne sont pas toujours unanimement appréciés de nos jours[225].
255
+ L'architecture slovaque représente de nombreux styles (médiéval, baroque, moderne ou encore Art nouveau)[226]. Parmi les architectes slovaques on peut noter Dušan Jurkovič[227].
256
+ Une curiosité touristique rare et intéressante de la Slovaquie orientale (près de Košice) est le grand nombre d'églises rurales en bois, qui évoquent les stavkirke de Norvège[228].
257
+
258
+ La cuisine est fortement influencée par les cuisines hongroise, autrichienne et slave[229] on retrouve donc sur les tables la goulasch, les Strudels et borchtch. Mais le plat national est un plat typiquement montagnard qui s'appelle halušky au brynza (slovaque : Bryndzové halušky) et qui consiste en un plat de gnocchis au fromage de brebis appelé Bryndza[229]. Deux autres plats, des galettes de pommes de terre (slovaque : zemiakové placky) et une soupe aux choux (slovaque : kapustnica) présente sur toutes les tables le soir de Noël sont à signaler[230].
259
+
260
+ Les alcools traditionnels slovaques sont des alcools forts à base de prune (slivovica) et de baie de genévrier (Borovička)[229]. Les régions viticoles sont traditionnellement orientées vers la production de vin blanc dont le vin de Tokaj produit dans le sud-est de la région de Košice[229].
261
+
262
+ Le slovaque est une langue du groupe slave occidental, proche du tchèque, qui présente trois principaux dialectes. Il fut codifié par Anton Bernolák en 1787 (Bernolák se basa sur le dialecte slovaque occidental pour codifier la première langue littéraire slovaque), et Ľudovít Štúr, qui se basa sur le dialecte central en 1843[215].
263
+
264
+ Le slovaque est la seule langue officielle[86]. Une nouvelle loi controversée adoptée par le parlement slovaque en juillet 2009 prévoit des sanctions, allant jusqu'à 5 000 euros d'amende, pour l'utilisation d'une langue d'une minorité dans les services publics[231]. Néanmoins, les communes dont une minorité linguistique représente plus de 20 % des habitants bénéficient d'une signalisation bilingue[86]. Les langues minoritaires reconnues sont en ordre décroissant du nombre de locuteurs, le hongrois, le romani des Carpates parlé par les Roms, le tchèque parlé par les Tchèques et les Moraves, le ruthène et l'ukrainien, l'allemand (0,1 %), le croate (0,1 %), le polonais (0,05 %) et le bulgare (0,02 %). Les Juifs (0,06 %) sont également reconnus comme minorité mais se distinguent par la religion et non par la langue[86].
265
+
266
+ La majorité des Slovaques s'identifie[232] comme catholiques ou d'origine catholique (68,9 %), on compte également 6,93 % de luthériens, 4,1 % de gréco-catholiques, 2 % de calvinistes et 0,9 % d'orthodoxes et 13,0 % se sont déclarés sans confession. Il semble que bien que moins que ces pourcentages fréquentent les lieux de culte car selon l'Eurobaromètre de la Commission européenne en 2005, 40 % de la population était athée ou agnostique[233]. Seuls un peu plus de 2 000 juifs demeurent aujourd'hui[232] (comparé à 89 000 avant-guerre[234]).
267
+
268
+ Prešov.
269
+
270
+ Košice.
271
+
272
+ Žilina.
273
+
274
+ Banská Bystrica.
275
+
276
+ Trenčín.
277
+
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+ Nitra.
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+ Trnava.
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+ Bratislava.
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+ La Slovaquie a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ République de Slovénie
2
+
3
+ (sl) Republika Slovenija
4
+
5
+ (it) Repubblica di Slovenia
6
+
7
+ (hu) Szlovén Köztársaság
8
+
9
+ 46° 03′ N, 14° 30′ E
10
+
11
+ modifier
12
+
13
+ La Slovénie, en forme longue la république de Slovénie, en slovène : Slovenija et Republika Slovenija, est un pays d’Europe centrale au carrefour des principales cultures européennes. Sa capitale est Ljubljana. Le pays partage ses frontières avec l'Italie à l'ouest, l’Autriche au nord, la Hongrie à l'est-nord-est et la Croatie au sud-est. La Slovénie est également bordée par la mer Adriatique au sud-ouest. Comptant environ 2 millions d'habitants, la Slovénie est un État membre de l'Union européenne.
14
+
15
+ Historiquement, le territoire de la Slovénie a intégré de nombreux États différents : l'Empire romain, l'Empire byzantin, l'Empire carolingien, le Saint-Empire romain germanique, le Royaume de Hongrie, la République de Venise, le territoire des Provinces Ilyriennes du Premier Empire français, l'Empire d'Autriche, l'Empire austro-hongrois et enfin la Yougoslavie.
16
+
17
+ C'est en octobre 1918 que les Slovènes ont cofondé l'État des Slovènes, des Croates et des Serbes. Cette monarchie sera appelée royaume de Yougoslavie à partir de 1929. Pendant la seconde guerre mondiale, la Slovénie est démembrée et annexée par l'Allemagne, l'Italie et la Hongrie. Une toute petite part est donnée à la Croatie, État fantoche nazi. En 1945, la Slovénie devient un membre fondateur de la République fédérative socialiste de Yougoslavie. Dans les premières années de son existence, cet État était allié au bloc de l'Est, dominé par l'Union soviétique, bien que n'ayant pas intégré le Pacte de Varsovie. En 1961, la Yougoslavie devient un des fondateurs du mouvement des non-alignés.
18
+
19
+ En 1991, après l'introduction du multipartisme et de la démocratie, la Slovénie est devenue la première république à faire sécession de la Yougoslavie en devenant un État souverain indépendant. La République de Slovénie entre dans l'Union européenne et l'OTAN en 2004. En 2007, le pays devient le premier ancien pays communiste à intégrer la zone euro.
20
+
21
+ La Slovénie est aujourd'hui un pays développé à revenu élevé, avec un indice de développement humain élevé, se classant 13e dans l'indice de développement humain ajusté aux inégalités.
22
+
23
+ On retrouve la racine du nom de la Slovénie dans la contraction du mot slave (slovanska) et celui de vénète.
24
+
25
+ La Slovénie et la Slovaquie sont souvent confondues, car les noms Slovenská Republika (qui signifie République slovaque en slovaque) et Republika Slovenija peuvent prêter à confusion dans de nombreuses langues. Chaque année, un poids considérable de courrier mal acheminé est à réexpédier vers la Slovénie (600 kg en 2004)[5][source insuffisante]. Cette confusion fait que le personnel des ambassades des deux pays[Lesquelles ?] se retrouve chaque mois pour échanger le courrier mal adressé[réf. nécessaire].
26
+
27
+ La Slovénie est parfois surnommée la Suisse des Balkans ou la Suisse d'Europe du Sud du fait de son relief montagneux.
28
+
29
+ Celtes et Illyriens constituent les premiers habitants de l'Antiquité, et sont soumis à l'Empire romain au cours du Ier siècle. La Carinthie émerge probablement autour du VIe siècle à l'issue des invasions lombardes du Nord de l'Italie, et recouvre le territoire correspondant aux actuelles Carinthies autrichienne et slovène. Si ses premiers temps restent indéterminés, son existence est formellement attestée au VIIIe siècle, lorsqu'elle prend son indépendance de la Bavière (746).
30
+
31
+ Le territoire de l'actuelle Slovénie commence à partir du IXe siècle à passer de main en main au gré des invasions des puissances voisines, qu'il s'agisse de la Bavière, de la république de Venise, ou des Habsbourgs. Les Slovènes restent sous la domination de ces derniers du XIVe siècle à 1918, sans réel statut juridique mais avec toutefois une représentation à Vienne.
32
+
33
+ La région subit successivement l'influence de la Réforme au XVIe siècle, puis de la Contre-Réforme sous le règne de l'Archiduc Ferdinand d'Autriche au début du XVIIe siècle. Tandis que les élites se germanisent, la population paysanne demeure largement à l'écart de ces transformations. Des intellectuels codifient le slovène en une langue littéraire au XIXe siècle, tandis que des revendications nationalistes commencent à se faire jour.
34
+
35
+ La Première Guerre mondiale touche durement le pays, notamment sur le front de Soča à l'ouest du pays. Après que la bataille de Caporetto annonce la fin des combats sur le sol austro-hongrois en 1917, le Parti populaire slovène demande l'instauration d'un État semi-autonome regroupant les Slaves du Sud. Cette revendication est rapidement reprise par l'ensemble du spectre politique local sous le terme de Mouvement de la Déclaration[6].
36
+
37
+ La prise du pouvoir par des nationalistes croates, slovènes et serbes le 6 octobre 1918 lors de la chute de l'Empire conduit à une déclaration formelle d'indépendance de l'État des Slovènes, Croates et Serbes le 29 octobre suivant. Le pays rejoint le royaume de Serbie (dans lequel le royaume du Monténégro était déjà entré trois jours avant) afin de former le 1er décembre 1918 le royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui prendra le nom de royaume de Yougoslavie en 1929.
38
+
39
+ Un plébiscite conduit en octobre 1920 cède la Carinthie du Sud slovénophone à l'Autriche. L'Istrie revoit ses anciennes frontières vénitiennes sous le royaume d'Italie par le traité de Rapallo en 1920, alors que le traité de Trianon attribue les régions majoritairement slovénophones de Hongrie (Prekmurje) à la Yougoslavie (un cinquième de la population de la région était hongroise). La politique fasciste de l'Italie conduit à une résistance armée des populations à l'intérieur des terres slovènes et croates, notamment via la formation du groupe Trieste, Istrie, Gorizia et Fiume (actuellement Rijeka) en 1927, qui est démantelé par la police secrète fasciste en 1941.
40
+
41
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, après l'invasion de la Yougoslavie, le territoire slovène est partagé entre l'Italie — qui se réserve la région de la capitale qu'elle transforme en province de Ljubljana —, l'Allemagne nazie et la Hongrie. À l'issue d'une terrible guerre de résistance, la Yougoslavie est reconstituée ; la Slovénie devient la République socialiste de Slovénie, État fédéré de la République populaire fédérative de Yougoslavie proclamée le 29 novembre 1945. Au traité de Paris en 1947, l'Italie perd la quasi-totalité de la Vénétie julienne. L'Istrie est ensuite placée provisoirement dans la zone B du territoire libre de Trieste. Ce territoire est dissous de facto en 1954, quand la zone A comprenant la ville de Trieste est rendue à l'Italie tandis que la zone B est attachée à la fédération yougoslave. Par ce fait l'Istrie se vide par un fort exode offrant une région et un accès stratégique à la mer à l'actuelle Slovénie.
42
+
43
+ Les frustrations envers un État fédéral jugé inefficace et dispendieux s'accumulent[réf. nécessaire] et, en parallèle à la crise économique que traverse l'ensemble du bloc socialiste dans les années 1980, les tensions entre les partis communistes slovène et serbe (dirigé par Slobodan Milošević) s'exacerbent. Le 27 septembre 1989, le Parlement slovène réforme la constitution de la République et retire le monopole du pouvoir politique à la Ligue des communistes de Slovénie tout en affirmant le droit pour la République de quitter la Fédération[7]. Le 7 mars 1990 le terme « socialiste » est retiré du nom de l'État, qui devient « république de Slovénie »[8] tout en restant membre de l'État yougoslave.
44
+
45
+ Le 23 décembre 1990, un référendum sur l'indépendance aboutit avec près de 89 % des voix. La déclaration formelle d'indépendance intervient après le passage d'une loi en ce sens le 25 juin 1991[9],[10]. Un court conflit armé a lieu lorsque les troupes slovènes sont confrontées à une tentative d'intervention yougoslave[9],[11]. La guerre s'étend sur une dizaine de jours, à l'issue desquels l'accord de Brioni est signé sous les auspices de la Communauté européenne le 7 juillet 1991. L'armée yougoslave commence son retrait et le dernier soldat quitte le territoire le 26 octobre suivant[11].
46
+
47
+ En mars 2003, la Slovénie tient deux référendums sur l'adhésion à l'OTAN et à l'Union européenne, qu'elle rejoint respectivement les 29 mars et 1er mai 2004 (après signature du traité d'Athènes). Au premier semestre 2008, la Slovénie tient la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne.
48
+
49
+ La République de Slovénie connait en 2013 les plus grandes manifestations de son histoire. Les mesures d’austérité du gouvernement sont contestées par les syndicats, mais aussi par de nombreux citoyens indignés par la corruption de la classe politique. Dans les cortèges, beaucoup dénoncent l’Union européenne, et nombre de manifestants brandissent le drapeau de l’ancienne Yougoslavie fédérale[12].
50
+
51
+ La Slovénie est bordée au nord par l'Autriche, à l'est-nord-est par la Hongrie, au sud-est par la Croatie, au sud-ouest par la mer Adriatique et à l'ouest par l'Italie.
52
+
53
+ La Slovénie est un pays d'Europe centrale et du sud. Elle possède une frontière terrestre avec l'Italie, l'Autriche, la Hongrie et la Croatie.
54
+
55
+ La capitale de la Slovénie est Ljubljana (parfois écrit avec l'orthographe italienne Lubiana), autrefois connue sous son nom allemand de Laibach (souvent orthographié Laybach en français).
56
+
57
+ La Slovénie est un pays alpin. Son relief est constitué du massif du Pohorje, des Alpes kamniques et d'une partie des Alpes juliennes. Ces dernières abritent le point culminant du pays, le Triglav (2 864 m)[13], qui est aussi représenté symboliquement sur le drapeau national et sur la pièce nationale de 50 centimes d'euro.
58
+
59
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
60
+
61
+ En décembre 2018, la Slovénie comptait 355 sites dont :
62
+
63
+ La Slovénie est composée de 210 communes, dont 11 ayant un statut « urbain »[Quoi ?]. Ce sont à ce jour les seules subdivisions en Slovénie. Le gouvernement slovène souhaite créer de nouvelles régions administratives officielles (une douzaine au total)[réf. nécessaire].
64
+
65
+ Il y a toutefois huit régions traditionnelles (mais non officielles) :[réf. nécessaire]
66
+
67
+ La Constitution de la Slovénie est adoptée le 23 décembre 1991. La Slovénie est une république parlementaire. Le pouvoir législatif est exercé par le Parlement slovène, qui est composé de deux chambres. L'Assemblée nationale est composée de 90 députés élus pour quatre ans. Le Conseil national est composé de 40 membres élus pour cinq ans. Le pouvoir exécutif est exercé par le gouvernement dirigé par un président du gouvernement. Le président de la République exerce avant tout une magistrature morale.
68
+
69
+ Lors de l'élection présidentielle des 11 novembre et 2012, l'ancien président du gouvernement social-démocrate Borut Pahor défait au second tour, dans un contexte de faible participation, le chef de l'État sortant Danilo Türk.
70
+
71
+ Au cours des élections législatives anticipées du 13 juillet 2014, le Parti de Miro Cerar (SMC), récemment créé par l'universitaire Miro Cerar, remporte 36 députés. Il s'associe ensuite avec le Parti démocrate des retraités slovènes (DeSUS) et les Sociaux-démocrates (SD) pour former un gouvernement majoritaire.
72
+
73
+ La Slovénie signe un accord d'association avec l'Union européenne et dépose sa candidature officielle pour l'adhésion en 1996. Après un référendum national favorable à l'adhésion à l'Union européenne et l'OTAN, elle signe le traité d'adhésion en 2003 et devient membre de l'Union européenne en 2004. Elle occupe la présidence tournante du Conseil des ministres au premier semestre 2008.
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+
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+ Les relations diplomatiques de la république de Slovénie en France :
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+ Les groupes ethniques de la Slovénie sont les Slovènes (83,1 %), les Serbes (2 %), les Croates (1,8 %), les Bosniaques (1,1 %) et d’autres (12 %), ainsi que des minorités ethniques hongroise et italienne (0,5 %), selon le recensement de 2002. L’espérance de vie en 2009 était de 73,25 ans pour les hommes et de 80,8 ans pour les femmes.
78
+
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+ Après l’indépendance de la Slovénie en 1991, 18 355 citoyens « non-Slovènes » (environ 1 % de la population) ont été effacés des registres administratifs et placés dans la catégorie des étrangers, car nés dans une autre république yougoslave. En 2004, la Cour suprême a ordonné leur réintégration. Ce groupe a été appelé les effacés de Slovénie)[15].
80
+
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+ Avec 95 habitants au kilomètre carré, la Slovénie se place parmi les pays peu denses d’Europe (comparée à la densité des Pays-Bas (320 hab./km2) ou de l’Italie (195 hab./km2)). Environ 50 % de la population habite dans des zones urbaines, le reste en milieu rural.
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+
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+ La langue officielle est le slovène, qui appartient au groupe des langues slaves méridionales. Le hongrois et l’italien bénéficient d’un statut de langue officielle dans les régions pluriethniques le long des frontières hongroise et italienne. L'anglais et l'allemand sont deux langues très présentes, surtout chez les plus jeunes, et se retrouvent par exemple dans le secteur du commerce ou du tourisme.
84
+
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+ Du fait que la Slovénie était l'une des républiques fédérées de la Yougoslavie avant 1991, de nombreuses personnes qui avaient plus de 15 ans à cette époque, savent parler le serbo-croate, ou le comprennent à des degrés divers, ou partiels, car il était enseigné dans les écoles. Le slovène est assez éloigné du serbo-croate.[réf. souhaitée]
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+
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+ Avec sa petite économie de transition et une population d'approximativement deux millions d‘habitants, la Slovénie fut un modèle de succès économique et de stabilité pour ses voisins de l’ancienne Yougoslavie.
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+ Le pays, qui a rejoint l’Union européenne en 2004, possède une main-d’œuvre de très bon niveau, un emplacement géographique stratégique et des infrastructures de bonne qualité. Lors des négociations d’adhésion à l’UE, la Slovénie a insisté pour obtenir de nombreuses dérogations, refusant une ouverture totale à la concurrence de certains secteurs-clés de l’économie. Le pays est ainsi le seul en Europe centrale et orientale à avoir conservé le contrôle de son secteur bancaire. Le pays a également sauvegardé un important service public construit durant la période socialiste ; la Slovénie dispose toujours d’un des meilleurs systèmes de santé du monde, et l’éducation y est gratuite jusqu’au troisième cycle universitaire[12].
90
+
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+ La Slovénie affiche un PIB par habitant plus élevé que les autres pays d’Europe centrale et elle est devenue en 2004 le premier pays en transition d’une économie planifiée vers une économie de marché à passer du statut de pays emprunteur à partenaire donateur à la Banque mondiale. Elle a rejoint l'Eurogroupe le 1er janvier 2007.
92
+
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+ L'économie slovène se caractérise par l'élevage, l'exploitation forestière et le tourisme, en particulier dans l'Ouest (sports d'hiver et d'été en montagne, stations balnéaires et thermales sur la côte istrienne) et dans la capitale. En raison de la grande superficie des forêts, l'industrie du bois est florissante et nombreuses sont les usines produisant de la pâte à papier. Le sous-sol possède du plomb et du zinc. Plus à l'est, le relief s'abaisse, et c'est dans cette région que les industries sont les plus développées (aluminium, métallurgie, construction mécanique, électro-ménager, charbon, centrale thermique, électronique, pharmacie, textile). Les usines automobiles du groupe Revoz, filiales de Renault, domiciliées à Novo Mesto, alimentent le marché national et écoulent en France une part importante de leur production. La capitale, Ljubljana, vit surtout du secteur tertiaire. Vers le sud, le haut Karst est largement boisé avec une agriculture peu développée. En 1998, le secteur privé ne représente encore que 55 % du PIB slovène, ce qui est faible en comparaison des autres pays d'Europe centrale et orientale.
94
+
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+ La dette publique de la Slovénie s'élève à 63,2 % du PIB en 2013[16].
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+
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+ Depuis 2009, la Slovénie connaît une période économique difficile. Le pays a été touché par la crise économique mondiale, notamment en raison de la chute de ses exportations vers les marchés extérieurs[17]. Début 2012, Standard & Poor's a dégradé la note de la Slovénie de A+ à A, avant de placer de nouveau le pays sous surveillance négative début novembre 2012. Le pays a connu une récession de son économie de -2,2 % en 2012[18] et de -1,1 % en 2013[19]. Le pays a mis neuf ans pour retrouver son revenu par habitant de 2008.
98
+
99
+ Les premiers textes connus en langue slovène sont les Feuillets de Freising (Brižinski spomeniki), écrits entre 972 et 1039 pour des besoins d’évangélisation[réf. souhaitée]. La langue est alors utilisée par les couches les plus basses de la société (même si les bourgeois et la petite noblesse la connaissaient), ainsi que par le clergé.
100
+
101
+ Avec le luthéranisme, le slovène entame sa carrière de langue littéraire. Les idées de la Réforme se répandent bien en Slovénie. On doit mentionner Primož Trubar (1508-1586) qui, imprégné des idées nouvelles, hésite toutefois à rompre avec Rome. Ses prêches en slovène dans la cathédrale de Ljubljana attirent les foules.
102
+
103
+ Le protée, une espèce de salamandre, est l'un des symboles importants de la Slovénie. Ce pays dispose en effet de nombreuses grottes abritant cet animal. On en trouve par exemple dans la grande grotte d'Adelsberg mais aussi dans les grottes de Škocjan. Véritable rareté naturelle, le protée, ainsi que plusieurs grottes de la région attirent de nombreux touristes. Un vivarium est présent dans la grotte de Postojna et on peut y voir le milieu naturel de l’animal[20].
104
+
105
+ Entre 1991 et fin 2006, la monnaie nationale du pays était le tolar. Le protée était représenté sur la pièce de 10 centimes de tolar. Depuis 2007, la monnaie de la Slovénie est l’euro et les pièces en euro de la Slovénie disposent aujourd'hui d'autres symboles. La plus ancienne revue slovène de vulgarisation scientifique, publiée pour la première fois en 1933, portait le nom de Proteus[21].
106
+
107
+ Le sport le plus populaire en Slovénie est très probablement le ski alpin, les skieurs slovènes sont d'ailleurs fort présents au niveau international ; on peut citer parmi les plus connus Andrej Jerman, qui fait partie des meilleurs descendeurs du monde, et de bons slalomeurs comme Juri Cosir, Aleš Gorza, Mitja Dragšič ou Bernard Vajdič. Chez les femmes, Tina Maze qui a pris sa retraite sportive en 2016, fut l'une des meilleures skieuses mondiales. Elle remporta des épreuves dans toutes les disciplines de la coupe du monde de ski alpin, lui permettant de gagner un gros globe sur la saison 2012-2013 (en atteignant le record de points sur une saison) et deux titres olympiques en descente et en géant et cinq titres de championne du monde. Aujourd'hui l'équipe slovène compte des skieuses parmi les meilleures mondiales comme Ilka Štuhec. Chez les hommes Žan Kranjec fait partie des meilleurs mondiaux en slalom géant. Le pays dispose également de plusieurs équipes reconnues en hockey sur glace et des joueurs internationalement reconnus comme Anže Kopitar, le tout premier hockeyeur d'origine slovène à évoluer dans la LNH nord-américaine[22] et Jan Muršak.
108
+
109
+ En football, la Slovénie connut une génération dorée au début des années 2000 avec des joueurs tels que Zlatko Zahovič, Aleš Čeh, Milenko Ačimovič ou encore Sašo Udovič, qui qualifièrent leur équipe pour l'Euro 2000 et la coupe du monde 2002 ainsi que la coupe du monde 2010.
110
+
111
+ La Slovénie possède aussi une équipe nationale de basket-ball de bon niveau, qui fait partie des huit meilleures nations européennes. Les stars actuelles de l'équipe slovène sont Luka Dončić (Mavericks de Dallas), Erazem Lorbek (FC Barcelone), Mirza Begić (Olympiakós), Beno Udrih (Knicks de New York) et Goran Dragić (Heat de Miami). En 2017, elle remporte le Championnat d'Europe de basket-ball contre la Serbie sur un score de 97 à 85, emmené par Goran Dragić qui a marqué à lui seul 35 points[23].
112
+
113
+ Le handball est un des principaux sports en Slovénie, l'équipe nationale a obtenu une médaille de bronze aux championnats du monde en 2017 et d'argent au Championnat d'Europe en 2004, événement que le pays organisait. Également réputée dans toute l'Europe pour son championnat, la Slovénie compte de remarquables clubs tels que le Rokometni klub Celje, qui remporta la Ligue des Champions, le RD Koper 2013, qui remporta le Coupe Challenge, le Rokometni klub Gorenje Velenje, finaliste de la Coupe EHF.
114
+
115
+ Le cyclisme est un sport en développement en Slovénie, avec quelques très bons coureurs. On peut citer Janez Brajkovič, sans aucun doute le meilleur coureur slovène du peloton professionnel en 2012, le grimpeur Simon Špilak, le sprinter Grega Bole ou encore les expérimentés Tadej Valjavec (10e du Tour de France 2008) et Matej Mugerli. L'ancien sauteur à ski Primož Roglič est d'ailleurs devenu en 2017 le premier Slovène à remporter une étape du Tour de France. Durant les années suivantes, Primož Roglič continue sa progression, s'imposant comme l'un des meilleurs coureurs du peloton, et remportant notamment La Vuelta 2019, le premier grand tour remporté par un Slovène, si bien qu'il paraît être désormais le meilleur cycliste Slovène de l'histoire. Cependant, il paraît désormais talonné par Tadej Pogačar, étoile montante du cyclisme, et 3e de sa première Vuelta en 2019, consolidant la nouvelle place de la Slovénie dans le cyclisme professionnel au début des années 2020.
116
+
117
+ La Slovénie est très peu présente en athlétisme, mais elle a cependant eu deux athlètes de haut niveau avec Matic Osovnikar qui fait partie des meilleurs sprinteurs européens et surtout Primož Kozmus qui a été sacré champion olympique du lancer de marteau aux Jeux olympiques d'été de 2008. La Jamaïcaine Merlene Ottey, légende de l'athlétisme mondial, a acquis la nationalité slovène en 2004 et est encore membre de l'équipe nationale du relais 4 × 100 m à l'âge de 50 ans.
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+
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+ En tennis, le pays compte la meilleure joueuse au monde en double, en la personne de Katarina Srebotnik.
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+ En 2012, l'équipe nationale slovène de hockey sur glace a réussi l'exploit de se qualifier pour les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en 2014 alors que le pays ne compte qu'environ 200 joueurs professionnels.
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+ En 2014, la Slovénie a organisé les championnats d'Europe d'escrime, dans les trois armes, pour les catégories « cadet » et « junior » (du 22 février au 8 mars).
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+ La Slovénie possède aussi une équipe nationale d'escalade qui se classe parmi les meilleures au monde avec des athlètes tels que Janja Garnbret qui est la première personne à gagner la médaille d'or dans toutes les coupes du monde de block IFSC dans la saison 2019.
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+ La Slovénie a pour codes :
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+ Taxons concernés
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+ et aussi les espèces :
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+ Souris commune
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+ « Souris » est un nom du vocabulaire courant qui peut désigner toutes sortes de mammifères rongeurs ayant généralement une petite taille, un museau pointu, des oreilles rondes, un pelage gris-brun et une queue relativement longue. Autrement dit, ce terme ne correspond pas à un niveau précis de la classification scientifique des espèces. Il s'agit d'un nom vernaculaire dont le sens est ambigu en biologie, car il est applicable seulement à une partie des espèces classées dans l'ordre des Rodentia. Toutefois, en disant « souris » les francophones font le plus souvent référence à la souris grise (Mus musculus), une espèce commune des maisons, élevée également comme animal de compagnie ou de laboratoire. La souris chicote, elle émet un cri ressemblant à un petit crissement.
12
+
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+ Par analogie, le terme « souris » est souvent repris pour désigner d'autres petits rongeurs, principalement des Muridés, famille qui comprend aussi les campagnols et mulots, et de nombreux rats.
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+ En revanche, mis à part de vagues similitudes d’apparence, les chauves-souris forment un groupe de mammifères bien différent : l'ordre des Chiroptères.
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+ Souris vient du français médiéval : souriz (1175) puis souri (1200).
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+ À partir du XVIe siècle sont distinguées les « souris terrestres » (1562), des sortes de musaraignes, les « blanches souris » (1576), la « souris de terre » (1753-67) ou « petit mulot », la « souris de montagne » (1768) ou « lemming », les « souris d'eau » (1812), ainsi que divers autres animaux parfois très éloignés de la souris commune[1].
20
+
21
+ Le mot souris est mentionné dès la première édition du Dictionnaire de l'Académie française (1694), qui n'évoque apparemment que la souris commune et en donne comme définition : « Petit animal à quatre pieds, qui se retire dans les trous des maisons, et qui ronge[2]… »
22
+
23
+ Pourtant, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, L'Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d’Alembert définit le « rat » comme étant l'espèce Mus domesticus, c'est-à-dire l'actuelle souris domestique[3].
24
+
25
+ Le Dictionnaire de la langue française d'Émile Littré, publié à partir de 1863, en donne une définition analogue[4]. À partir de l'édition de 1832, la définition donnée par le Dictionnaire de L'Académie française évolue, indique en plus qu'il s'agit d'un représentant de la famille des rongeurs et précise qu'il s'agit d'un animal « plus petit » que le rat[2].
26
+
27
+ Le Trésor de la Langue Française (1971-1994) en donne une définition beaucoup plus étendue, mentionnant les Muridés et plus spécialement la souris domestique (Mus musculus) et sa variante albinos, la souris blanche. Ce dictionnaire indique aussi que le terme s'étend à des espèces voisines de la souris domestique, présentes sur les cinq continents, mais également à certains marsupiaux ou à quelques chauve-souris[5].
28
+
29
+ Une jeune souris est appelée un souriceau[2]. Un piège à souris, est appelé une souricière[2].
30
+
31
+ Les souris proprement dites appartiennent au genre Mus. Dans le langage courant, le terme désigne plus particulièrement la Souris domestique (Mus musculus)[6]. L'espèce de souris la plus récemment découverte l'a été en 2004 à Chypre[7]. Son origine daterait d'environ 0,5–1 Ma, résultant d'une « colonisation ancienne de l'île ou d'un transport accidentel par les premiers arrivants épipaléolithiques. Dans ce dernier cas, la nouvelle espèce devrait aussi exister quelque part en Asie Mineure »[7].
32
+
33
+ Par extension ou confusion, on appelle aussi communément « souris » un certain nombre d'espèces de rongeurs de la sous-famille des Murinés (souris, rats et mulots de l'« ancien monde ») et, plus largement, de la famille des Muridés, laquelle comprend aussi les campagnols, les lemmings, les rats, les rats musqués, les hamsters, les gerbilles, etc., voire du sous-ordre des Myomorphes — souris sauteuses, souris à poche, et quelques autres espèces comme la souris du désert (Selevinia betpakdalaensis)[8],[9].
34
+
35
+ Les caractéristiques générales des souris sont celles des petits mammifères rongeurs, avec des nuances pour chaque espèce : voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur comportement ou leur physiologie respective.
36
+
37
+ Les souris jouent un rôle important dans les écosystèmes :
38
+
39
+ La plupart des rongeurs sont susceptibles d'être réservoir et/ou vecteurs de nombreux pathogènes et parasites (externes ou internes), dont certains peuvent être transmis à l'Homme (ex. : maladie de Lyme, transmise par des tiques, mais dont le réservoir principal semble être, en Amérique du Nord, la souris à pattes blanches).
40
+
41
+ Certaines espèces de souris sont commensales de l'homme ou pénètrent occasionnellement dans les habitations, entrepôts, poulaillers, etc. Elles peuvent transmettre diverses maladies par leur urine et leurs excréments, par morsure, par des fomites ou encore via les tiques, puces ou poux qu'elles véhiculent.
42
+
43
+ Dans la nature, ce sont les prédateurs carnivores qui sont leurs régulateurs, ou occasionnellement des épidémies, des incendies de forêts, des inondations, etc.
44
+
45
+ Dans l'environnement humain (maison, villes, entrepôts), elles font l'objet d'une lutte millénaire par les chats, pièges, le poison, mais les souris sont aussi utilisées comme animal de laboratoire (parfois génétiquement modifiées depuis quelques années en biothérapie).
46
+
47
+ Des porcs ont également été attaqué par des souris carnivores[10].
48
+
49
+ Le tableau triable suivant présente une synthèse non exhaustive des noms vernaculaires attestés[11] en français et des noms scientifiques correspondants. Il faut noter que certaines espèces ont plusieurs noms possibles. En gras est indiquée l'espèce la plus connue des francophones. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques peuvent avoir un autre synonyme valide :
50
+
51
+ Et aussi :
52
+
53
+ Le genre Akodon, regroupe un certain nombre d'espèces de « souris » d'Amérique du Sud parfois appelées souris champêtres[21] que les anglo-saxons nomment souvent : grass mice (souris d'herbe) ou South American field mice (souris des champs).
54
+
55
+ Au Canada, on appelle communément « souris » treize espèces de rongeurs présents sur le territoire canadien et appartenant au sous-ordre des Myomorphes[23].
56
+
57
+ Les deux plus petites espèces sont la souris des moissons occidentale et la souris à abajoues flavescente (maximum 13 cm avec la queue). La plus grande espèce est la souris sauteuse de l'Ouest qui peut atteindre 25 cm avec sa queue. À la différence de la majorité des souris qui se nourrissent de graines, la souris à sauterelles se nourrit d'insectes[24].
58
+
59
+ La souris commune a été introduite dans le Nouveau Monde par les premiers colons.
60
+
61
+ Source : Petits mammifères terrestres (Soricidés et Muridés) du Complexe d’Aires Protégées de Gamba, Gabon : composition taxinomique et comparaison de méthodes d’échantillonnage.
62
+
63
+ Carrie O’Brien, William McShea, Sylvain Guimondou, Patrick Barriere et Michael Carleton[25].
64
+
65
+ Remarque : certaines de ces « souris » peuvent avoir d'autres noms vernaculaires dans d'autres régions d'Afrique.
66
+
67
+ La souris est utilisée par l'homme comme animal de laboratoire, animal de compagnie ou comme nourriture pour d'autres animaux de compagnie et dans les zoos. Il s'agit dans ce cas le plus souvent de la Souris domestique (Mus musculus) et de sa variété d'élevage, la « souris blanche ».
68
+
69
+ En Égypte ancienne, la graisse de souris était utilisée en médecine[26] et le rongeur lui-même pouvait être ingéré dans le cadre d'un rituel magique, par l'enfant et éventuellement sa mère ou nourrice, afin de le guérir d'une affection de la bouche[27]. La finalité de ce rituel s'est perdue au cours du temps et l'ingestion de la souris a été interprétée par Dioscoride comme un médicament destiné à empêcher le nourrisson de trop baver[28]. Les réminiscences de cette pratique se rencontraient au début du XXe siècle en Angleterre et au pays de Galles[29].
70
+
71
+ Les souris ont certainement été utilisées par l'homme comme source de protéines depuis la nuit des temps. Au XXIe siècle l'habitude de consommer des souris subsiste encore chez certaines peuplades. Par exemple chez les peuples des provinces rurales de l'est de la Zambie. Pour eux, les souris sont un plat recherché et elles sont traditionnellement chassées par les enfants. Capturer les souris leur permet à la fois de limiter les dégâts qu'elles causent aux récoltes et d'obtenir une viande bon marché dans une région où l'élevage est rare et la viande chère à cause des ravages causés par la mouche tsé-tsé. Les Tumbuka consomment 14 sortes de « souris » après les avoir vidées, bouillies, salées puis séchées. Elles sont réservées aux invités, aux ancêtres ou aux fêtes familiales. Cependant la colonisation par les Européens et les influences modernes tendent à ravaler progressivement cette nourriture au rang de plat méprisé[30].
72
+
73
+ Les souris, au sens large, et plus particulièrement la souris grise de maisons (Mus musculus), jouent un grand rôle dans l’imaginaire populaire ou enfantin et dans le domaine culturel : croyances, proverbes et citations, poèmes et chansons, livres de toutes natures, bandes dessinées, films, dessins animés en très grand nombre mais aussi dans les arts plastiques.
74
+
75
+ La souris est parfois source de musophobie (phobie des souris et des rats), probablement en raison du souvenir historique du rôle néfaste des Murinae propagateurs des maladies épidémiques[31].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le potentiel hydrogène, noté pH, est une mesure de l'activité chimique des hydrons (appelés aussi couramment protons ou ions hydrogène[note 1]) en solution. Notamment, en solution aqueuse, ces ions sont présents sous la forme de l'ion hydronium (le plus simple des ions oxonium).
2
+
3
+ Plus souvent, le pH mesure l’acidité ou la basicité d’une solution. Ainsi, dans un milieu aqueux à 25 °C :
4
+
5
+ En 1893, le chimiste danois Søren Sørensen, qui travaille alors au laboratoire Carlsberg à Copenhague sur les effets des concentrations de quelques ions sur des protéines lors des processus de fabrication de la bière, remarque l’importance des ions hydrogène et décide d’introduire le concept de pH[2]. Dans l’article où est évoqué le pH pour la première fois, Sørensen utilise la notation pH[3]. Dans cette publication, il donne au sigle la signification en latin Pondus Hydrogenii (« poids de l’hydrogène ») ; mais dans les comptes-rendus de travaux qu’il rédige au sein du laboratoire Carlsberg de l’université de Copenhague la même année, p est l’abréviation du mot allemand potenz (potentiel) et H est le symbole de l’hydrogène[4]. Sørensen définit alors l’acidité d’une solution comme étant le cologarithme décimal de la concentration molaire (exprimée en moles par litre) en ions hydrogène :
6
+
7
+ Le principe d’une telle échelle de pH est accepté par la communauté scientifique, notamment grâce au chimiste allemand Leonor Michaelis, qui publie en 1909 un livre sur la concentration en ion hydronium (H3O+)[5].
8
+ En 1924, à la suite de l’introduction du concept d’activité, Sørensen publie un nouvel article précisant que le pH dépend plutôt de l’activité que de la concentration en H+[6]. Entretemps, la notation pH a été adoptée, sans que l’on sache vraiment qui en a été l’initiateur :
9
+
10
+ Par la suite, la lettre « p » est reprise dans plusieurs notations usuelles en chimie, pour désigner le cologarithme : pK, pOH, pCl, etc. La signification du sigle « pH » a été adaptée par chaque langue. Ainsi, par pH, on entendra « potentiel hydrogène »[7],[8] en français, « Potenz Hydrogene » en allemand, « potential hydrogen »[9] en anglais, ou « potencial hidrógeno » en espagnol.
11
+
12
+ La notion d’acidité, qui était à la base uniquement qualitative, s’est vue dotée d’un caractère quantitatif avec les apports de la théorie de Brønsted-Lowry et du pH. Alors qu’au début du XXe siècle on utilisait uniquement des indicateurs de pH pour justifier du caractère acide ou basique d’une solution, les évolutions en électrochimie ont permis à l’IUPAC de se tourner dans les années 1990 vers une nouvelle définition du pH, permettant des mesures plus précises[2].
13
+
14
+ Depuis le milieu du XXe siècle, l’IUPAC reconnaît officiellement la définition de Sørensen du pH[10]. Elle est utilisée dans les programmes scolaires (études supérieures) et les dictionnaires :
15
+
16
+ où aH (également noté a(H+) ou {H+}) désigne l’activité des ions hydrogène H+, sans dimension. Le pH est lui-même une grandeur sans dimension.
17
+
18
+ Cette définition formelle ne permet pas des mesures directes de pH, ni même des calculs. Le fait que le pH dépende de l’activité des ions hydrogène induit que le pH dépend de plusieurs autres facteurs, tels que l’influence du solvant. Toutefois, il est possible d’obtenir des valeurs approchées de pH par le calcul, à l’aide de définitions plus ou moins exactes de l’activité.
19
+
20
+ L’IUPAC donne aujourd’hui une définition du pH à partir d’une méthode électrochimique expérimentale. Elle consiste à utiliser la relation de Nernst dans la cellule électrochimique suivante :
21
+
22
+ À l’aide de mesures de la force électromotrice (notée fem ou f.e.m.) de la cellule avec une solution X et une solution S de référence, on obtient :
23
+
24
+ avec :
25
+
26
+ L’électrode de travail est en fait une électrode à hydrogène (voir #Mesure et indicateurs). On considère le couple H+/H2.
27
+
28
+ Le potentiel électrochimique de l’électrode de travail est donné par la relation de Nernst :
29
+
30
+ Sachant que le potentiel standard du couple H+/H2 est nul par convention (référence), on obtient :
31
+
32
+ donc
33
+
34
+ La f.e.m. de la cellule électrochimique est :
35
+
36
+ Distinguons maintenant deux f.e.m., EX pour une solution inconnue, et ES pour une solution connue S. En les soustrayant, on a :
37
+
38
+ d’où
39
+
40
+ et enfin
41
+
42
+ Cette définition du pH a été standardisée par la norme ISO 31-8 en 1992[11].
43
+
44
+ Les manipulations liées au pH en chimie étant le plus souvent réalisées en milieu aqueux, on peut déterminer plusieurs définitions approchées du pH en solution aqueuse. En utilisant deux définitions différentes de l’activité chimique, on peut écrire les deux relations ci-dessous. Elles sont valables dans le domaine limité des solutions aqueuses de concentrations en ions inférieures à 0,1 mol L−1 et n’étant ni trop acide, ni trop basique, c’est-à-dire pour des pH entre 2 et 12 environ[12].
45
+
46
+
47
+
48
+ et
49
+
50
+
51
+
52
+ Pour des concentrations encore plus faibles en ions en solution, on peut assimiler l’activité des ions H+ à leur concentration (le coefficient d’activité tend vers 1). On peut écrire :
53
+
54
+ Par abus d’écriture, l’écriture n’est pas homogène, La concentration standard C0 étant souvent omise pour simplifier la notation. Cette relation est la plus connue et est la plus utilisée dans l’enseignement secondaire.
55
+
56
+ Pour des acides forts en solution aqueuse à des concentrations supérieures à 1 mol kg−1, l'approximation précédente n'est plus valable : il faut se ramener à la définition
57
+
58
+
59
+
60
+
61
+
62
+ p
63
+ H
64
+
65
+ =
66
+
67
+ log
68
+
69
+ (
70
+ a
71
+ (
72
+
73
+
74
+ H
75
+
76
+ 3
77
+
78
+
79
+
80
+ O
81
+
82
+ +
83
+
84
+
85
+
86
+ )
87
+ )
88
+
89
+
90
+ {\textstyle \mathrm {pH} =-\log(a(\mathrm {H_{3}O^{+}} ))}
91
+
92
+ où l'activité des ions oxonium
93
+
94
+
95
+
96
+ a
97
+ (
98
+
99
+
100
+ H
101
+
102
+ 3
103
+
104
+
105
+
106
+ O
107
+
108
+ +
109
+
110
+
111
+
112
+ )
113
+
114
+
115
+ {\displaystyle a(\mathrm {H_{3}O^{+}} )}
116
+
117
+ tend vers 1 quand la concentration augmente, soit un pH qui tend vers
118
+
119
+
120
+
121
+
122
+ 0
123
+
124
+ +
125
+
126
+
127
+
128
+
129
+ {\displaystyle 0^{+}}
130
+
131
+ .
132
+
133
+ De même pour des bases fortes en solution aqueuse à des concentrations supérieures à 1 mol kg−1, l'activité des ions hydroxyde HO− tend vers 1 ; or, par définition de Ke, produit ionique de l'eau valant 10-14 à 25 °C, on a
134
+
135
+
136
+
137
+
138
+ K
139
+
140
+ e
141
+
142
+
143
+ =
144
+ a
145
+ (
146
+
147
+
148
+ H
149
+
150
+ 3
151
+
152
+
153
+
154
+ O
155
+
156
+ +
157
+
158
+
159
+
160
+ )
161
+
162
+ a
163
+ (
164
+
165
+
166
+ H
167
+ O
168
+
169
+
170
+
171
+
172
+
173
+ )
174
+
175
+
176
+ {\displaystyle K_{e}=a(\mathrm {H_{3}O^{+}} )\cdot a(\mathrm {HO} ^{-})}
177
+
178
+ donc
179
+
180
+
181
+
182
+ a
183
+ (
184
+
185
+
186
+
187
+ H
188
+
189
+ 3
190
+
191
+
192
+ O
193
+
194
+
195
+ +
196
+
197
+
198
+ )
199
+
200
+
201
+ {\displaystyle a(\mathrm {H_{3}O} ^{+})}
202
+
203
+ ne peut être inférieure à Ke, soit un pH qui tend vers 14 quand la concentration en base forte augmente.
204
+
205
+ Brønsted et Lowry ont donné une définition simple des concepts d’acide et de base comme étant respectivement un donneur et un accepteur de proton. D’autres conceptions de l’acidité sont utilisées dans les milieux non protiques (milieux où l’espèce échangeable n’est pas le proton), telles la théorie de Lewis :
206
+
207
+ Exemples :
208
+
209
+ Le pH varie dans l’intervalle défini grâce à la constante d’auto-protolyse du solvant.
210
+
211
+ En solution aqueuse, à température et pression standard (CNTP), un pH de 7,0 indique la neutralité car l’eau, amphotère, se dissocie naturellement en ions H+ et HO− aux concentrations de 1,0 × 10−7 mol L−1. Cette dissociation est appelée autoprotolyse de l’eau :
212
+
213
+ Dans les conditions normales de température et de pression (TPN), le produit ionique de l’eau ([H+][HO−]) vaut 1,0116 ×10-14, d’où pKe = 13,995. On peut également définir le pOH (-log aHO−), de sorte que pH + pOH = pKe.
214
+
215
+ Le pH doit être redéfini – à partir de l’équation de Nernst – en cas de changement de conditions de température, de pression ou de solvant.
216
+
217
+ Le produit ionique de l’eau ([H+][HO−]) varie avec la pression et la température : sous 1 013 hPa et à 298 K (TPN), le produit ionique vaut 1,0116 ×10-14, d’où pKe = 13,995 ; sous 1010 Pa et à 799,85 °C, pKe n’est que de 7,68 : le pH d’une eau neutre est alors de 3,84. Sous une atmosphère de 1 013 hPa (pression de vapeur d’eau saturante), on a :
218
+
219
+ Par conséquent, le pOH varie de la même façon et pour la même raison : la plus grande fragmentation de l'eau en proton H+ (en réalité ion hydronium H3O+) et en HO−. Dire que l'eau devient « plus acide » est donc assurément vrai, mais il est non moins vrai qu'elle devient en même temps et pour des raisons de parité « plus basique ». Néanmoins le résultat est bien qu'elle devient plus corrosive, problème étudié avec soin pour les échangeurs de centrales thermiques[13].
220
+
221
+ Le produit ionique de l’eau varie selon l’équation suivante[14] :
222
+
223
+ dans laquelle Ke* = Ke/(mol⋅kg−1) et de*=de/(g⋅cm−3).
224
+
225
+ Avec :
226
+
227
+ Domaine d'application de la formule : T compris entre 0 et 1 000 °C, P compris entre 1 et 10 000 bars abs.
228
+
229
+ Une autre formulation pour le calcul du pKe est celle de l'IAPWS[15]
230
+
231
+ Dans d’autres solvants que l’eau, le pH n’est pas fonction de la dissociation de l’eau. Par exemple, le pH de neutralité de l’acétonitrile est de 27 (TPN) et non de 7,0.
232
+
233
+ Le pH est défini en solution non aqueuse par rapport à la concentration en protons solvatés et non pas par rapport à la concentration en protons non dissociés. En effet, dans certains solvants peu solvatants, le pH d’un acide fort et concentré n’est pas nécessairement faible. D’autre part, selon les propriétés du solvant, l’échelle de pH se trouve décalée par rapport à l’eau. Ainsi, dans l’eau, l’acide sulfurique est un acide fort, tandis que dans l’éthanol, c’est un acide faible. Travailler en milieu non aqueux rend le calcul du pH très compliqué.
234
+
235
+ Un pH moins élevé que celui de la neutralité (par exemple 5 pour une solution aqueuse) indique une augmentation de l’acidité, et un pH plus élevé (par exemple 9 pour une solution aqueuse) indique une augmentation de l’alcalinité, c’est-à-dire de la basicité.
236
+
237
+ Un acide diminuera le pH d’une solution neutre ou basique ; une base augmentera le pH d’une solution acide ou neutre. Lorsque le pH d’une solution est peu sensible aux acides et aux bases, on dit qu’il s’agit d’une solution tampon (de pH) ; c’est le cas du sang, du lait ou de l’eau de mer, qui renferment des couples acido-basiques susceptibles d’amortir les fluctuations du pH, tels anhydride carbonique / hydrogénocarbonate / carbonate, acide phosphorique / hydrogénophosphate / phosphate, acide borique / borate.
238
+
239
+ Le pH d’une solution dite physiologique est de 7,41.
240
+
241
+ Pour des concentrations ioniques importantes, l’activité ne peut plus être assimilée à la concentration et on doit tenir compte de la force ionique, par exemple grâce à la théorie de Debye-Hückel. Le pH d’une solution décamolaire d’acide fort n’est donc pas égal à -1, tout comme le pH d’une solution décamolaire de base forte n’est pas égal à 15. L’agressivité de telles solutions et leur force ionique importante rend la mesure du pH délicate avec les habituelles électrodes de verre. On a donc recours à d’autres méthodes s’appuyant sur les indicateurs colorés (spectroscopie UV ou RMN). Pour des concentrations élevées de H+, on peut définir par analogie d’autres échelles de mesure d’acidité, telles l’échelle de Hammett H0.
242
+
243
+ D’après la loi de Nernst établie plus haut :
244
+
245
+ dans laquelle X est la solution dont le pH est inconnu et S, la solution de référence ; avec (RT ln10)/F = 59,159 V à 298 K (R est la constante des gaz parfaits, T, la température et F, la constante de Faraday).
246
+
247
+ Généralement, le pH est mesuré par électrochimie avec un pH-mètre, appareil comportant une électrode combinée spéciale, dite électrode de verre, ou deux électrodes séparées. L’électrode de référence est en général l'électrode au calomel saturée (ECS).
248
+
249
+ Il existe de nombreuses façons de mesurer l’acidité, on utilise fréquemment des indicateurs de pH.
250
+
251
+ À 25 °C pKe = 14.
252
+
253
+ Cette relation n’est pas valable pour des concentrations inférieures à 1 × 10−7 mol l−1 et ne devrait s’appliquer qu’avec des concentrations supérieures à 1 × 10−5 mol l−1. Son application à une solution diluée à 10-8 donne en effet pH = 8, ce qui est absurde puisque la solution est acide et non alcaline (le pH d’une telle solution est de 6,98).
254
+
255
+ Dans le cas d’un monoacide, le pH se calcule en résolvant l’équation du troisième degré suivante : (H+)3 + Ka (H+)2 - (H+) [Ke + KaCa] - Ka·Ke = 0.
256
+
257
+ Dans le cas limite
258
+
259
+
260
+
261
+
262
+ K
263
+
264
+
265
+ a
266
+
267
+
268
+
269
+
270
+ +
271
+
272
+
273
+
274
+ {\displaystyle K_{\mathrm {a} }\to +\infty }
275
+
276
+ , l’équation précédente devient
277
+
278
+
279
+
280
+ (
281
+
282
+
283
+ H
284
+
285
+
286
+ +
287
+
288
+
289
+
290
+ )
291
+
292
+ 2
293
+
294
+
295
+
296
+
297
+ C
298
+
299
+
300
+ a
301
+
302
+
303
+
304
+ (
305
+
306
+
307
+ H
308
+
309
+
310
+ +
311
+
312
+
313
+ )
314
+
315
+
316
+ K
317
+
318
+
319
+ e
320
+
321
+
322
+
323
+ =
324
+ 0
325
+
326
+
327
+ {\displaystyle (\mathrm {H} ^{+})^{2}-C_{\mathrm {a} }(\mathrm {H} ^{+})-K_{\mathrm {e} }=0}
328
+
329
+ d’où on déduit que
330
+
331
+
332
+
333
+ (
334
+
335
+
336
+ H
337
+
338
+
339
+ +
340
+
341
+
342
+ )
343
+ =
344
+
345
+
346
+
347
+
348
+ C
349
+
350
+
351
+ a
352
+
353
+
354
+
355
+ +
356
+
357
+
358
+
359
+ C
360
+
361
+
362
+ a
363
+
364
+
365
+
366
+ 2
367
+
368
+
369
+ +
370
+ 4
371
+
372
+ K
373
+
374
+
375
+ e
376
+
377
+
378
+
379
+
380
+
381
+
382
+ 2
383
+
384
+
385
+
386
+
387
+ {\displaystyle (\mathrm {H} ^{+})={\frac {C_{\mathrm {a} }+{\sqrt {C_{\mathrm {a} }^{2}+4K_{\mathrm {e} }}}}{2}}}
388
+
389
+ . Lorsque
390
+
391
+
392
+
393
+
394
+ C
395
+
396
+
397
+ a
398
+
399
+
400
+
401
+
402
+ 2
403
+
404
+
405
+
406
+ K
407
+
408
+
409
+ e
410
+
411
+
412
+
413
+
414
+
415
+
416
+ 2
417
+
418
+
419
+ 10
420
+
421
+
422
+ 7
423
+
424
+
425
+
426
+
427
+ {\displaystyle C_{\mathrm {a} }\gg 2{\sqrt {K_{\mathrm {e} }}}\approx 2\cdot 10^{-7}}
428
+
429
+ ,
430
+
431
+
432
+
433
+
434
+ p
435
+ H
436
+
437
+ =
438
+
439
+
440
+ log
441
+
442
+ 10
443
+
444
+
445
+
446
+ (
447
+
448
+
449
+ H
450
+
451
+
452
+ +
453
+
454
+
455
+ )
456
+
457
+
458
+
459
+ log
460
+
461
+ 10
462
+
463
+
464
+
465
+
466
+ C
467
+
468
+
469
+ a
470
+
471
+
472
+
473
+
474
+
475
+ {\displaystyle \mathrm {pH} =-\log _{10}(\mathrm {H} ^{+})\approx -\log _{10}C_{\mathrm {a} }}
476
+
477
+ .
478
+
479
+ Cette relation est soumise aux mêmes remarques que pour le cas d’un acide fort.
480
+
481
+ Cette formule est très approximative, notamment si les acides ou bases utilisés sont faibles, et devrait être utilisée avec la plus grande prudence.
482
+
483
+ Dans des solutions assez peu concentrées (on dit « solution diluée »), l’acidité est mesurée par la concentration en ions hydronium (oxonium) ou [H3O+], car les ions H+ s’associent avec [H2O]. Cependant, aux fortes concentrations, cet effet est en partie contrebalancé par les coefficients d’activité qui s’effondrent aux concentrations élevées. Néanmoins, il est possible d’obtenir des pH négatifs, y compris dans le contexte des séquelles minières en cas de drainage minier acide extrême[16].
484
+
485
+ L'échelle 0-14 pour le pH est une limite conventionnelle[17]. Ainsi une solution concentrée d'acide chlorhydrique à 37 %m a un pH d'environ −1,1 quand une solution saturée d'hydroxyde de sodium a un pH d'environ 15,0[18].
486
+
487
+ Les produits plus acides que l’acide sulfurique à 100 %, sont qualifiés de superacides[19]. Ceux-ci sont couramment utilisés, notamment comme catalyseurs pour l’isomérisation et le craquage des alcanes[20],[21]. De même, l'acide chlorhydrique concentré possède un pH négatif.
488
+
489
+ Le pH d’un sol est le résultat de la composition du sol (sol calcaire, résineux, etc.) et de ce qu'il reçoit (pluie, engrais, etc.). Il a une influence sur l’assimilation des nutriments et oligo-éléments par une plante.
490
+
491
+ Fleurs d'hortensia en sol acide.
492
+
493
+ Fleurs d'hortensia en sol alcalin.
494
+
495
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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@@ -0,0 +1,23 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Un aqueduc est un ouvrage destiné à l'adduction d'eau pour la consommation d'une ville.
2
+
3
+ Le mot aqueduc est un emprunt tardif (XVIe siècle) au latin aquae ductus (aussi aquaeductus), de aqua (« eau ») et de ductus (dérivé de ducere, « conduire », lui-même tiré de duco). Aqueduc a pu désigner toutes canalisations destinées à conduire les eaux[1], toutefois ce sens ancien s'est oblitéré, aqueduc ne désignant plus que les ouvrages antiques monumentaux en maçonnerie et les constructions modernes de génie civil destinés principalement à alimenter les villes, en eau.
4
+
5
+ Les premiers systèmes d'alimentation en eau sont apparus probablement en même temps que les premiers habitats urbanisés situés loin de rivières, ainsi pour alimenter la ville de Cnossos en Crète, au milieu du IIe millénaire av. J.-C.
6
+
7
+ D'abord simples conduits ou tuyaux permettant d'amener l'eau, les aqueducs vont se développer au fur et à mesure des progrès techniques permettant la construction d'ouvrages d'art :
8
+
9
+ On trouve le creusement de tunnels dans les aménagements hydrauliques faits par les Hébreux pour l'alimentation en eau de la ville forteresse de Megiddo. De même, la Bible raconte les aménagements d'Ézéchias de la source de Gihon avec le percement d'un tunnel pour alimenter le bassin de Silwan, à Jérusalem, en 700 av. J.-C, afin d'assurer la défense de la ville contre Sennachérib.
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+ Sennachérib a fait construire un aqueduc pour alimenter la ville de Ninive pour lequel il a fait construire un pont-aqueduc à Jerwan de 280 m de longueur. Il est le plus ancien connu. Cette technique a été utilisée par les Phéniciens pour amener de l'eau douce du Kasimieh à Tyr. Des Phéniciens, cette technique serait passée aux Grecs et aux Étrusques, puis aux Romains[2].
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+ Les aqueducs anciens utilisaient la simple force de la gravité pour acheminer l'eau : il suffisait de donner un léger dénivelé aux conduites pour que l'eau coule vers sa destination. L'inconvénient était que, pour passer une colline, il fallait soit la contourner, soit creuser un tunnel ; de même, pour passer une vallée, il fallait construire un pont ou utiliser un siphon.
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+ Les aqueducs romains ont laissé de nombreux vestiges comme le pont du Gard en France, l'aqueduc de Ségovie en Espagne, l'aqueduc de Carthage en Tunisie, l'aqueduc de Jouy-aux-Arches près de Metz, etc. (voir liste des aqueducs romains). Cependant, l'essentiel du parcours de ces aqueducs était souterrain (cf. photo) et beaucoup moins spectaculaire.
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+ L'aqueduc de Mons à Fréjus, dans le Var, (41 567 m de long, 515 m de dénivelé, 300 l/s), encore partiellement en service, est souterrain sur la plus grande partie de son trajet, mais passe en pont-aqueduc peu avant son arrivée à Fréjus de façon à garder une hauteur suffisante pour alimenter un château d'eau au point le plus haut de la ville.
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+ Les aqueducs actuels s'apparentent plutôt à des pipelines, sur le même modèle que les oléoducs ou que les gazoducs : l'eau est mise en surpression par des pompes, ce qui la propulse dans la conduite de métal, de section circulaire. Ceci permet notamment de s'affranchir d'une partie des accidents de terrain et à l'occasion d'envoyer l'eau à une altitude supérieure à celle où elle est captée.
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+ Des approches soucieuses de l'environnement sont basées sur l'utilisation de gaz traceur, inerte (hélium) et éventuellement renouvelable (hydrogène). Des détecteurs de gaz ultra sensibles permettent de localiser sans difficulté les points d'épanchement. Certains de ces gaz traceurs sont homologués en tant qu'additifs alimentaires E 939 et E 949, ce qui les rend particulièrement adaptés à ces tâches délicates.
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+ Royaume de Suède
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+ Konungariket Sverige Écouter
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+ 59° 21′ N 18° 4′ E
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+ modifier
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+ La Suède (en suédois : Sverige [ˈsvæ̌rjɛ]) — en forme longue le royaume de Suède (en suédois : Konungariket Sverige [ˈkôːnɵŋaˌriːkɛt ˈsvæ̌rjɛ] Écouter) — est un pays d'Europe du Nord situé en Scandinavie. Sa capitale est Stockholm et ses habitants sont appelés Suédois. Sa langue officielle et langue majoritaire est le suédois. Le finnois et le sami sont aussi parlés, principalement dans le nord du pays. Les variations régionales sont fréquentes.
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+ La Suède a une frontière avec la Norvège à l'ouest-nord-ouest et une autre avec la Finlande au nord-nord-est. Au sud, la Suède est séparée du Danemark par l'Øresund, un détroit du Cattégat dont la section la plus étroite mesure 4 km de large. La partie septentrionale de la Suède est occupée par la Laponie, appelée Sápmi par ses habitants, les Samis, qui furent les premiers habitants du nord de la Scandinavie.
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13
+ Avec un territoire d'une superficie de 449 964 km2, la Suède est le cinquième plus grand pays d'Europe après la Russie, l'Ukraine, la France et l'Espagne. La Suède possède une faible densité de population, sauf dans les zones métropolitaines. Le taux d'urbanisation est de 84 % alors que les villes n'occupent qu'1,3 % du territoire. La sauvegarde de l'environnement et l'enjeu des énergies renouvelables sont généralement la priorité des hommes politiques, ainsi que d'une grande partie de la population. En 2014, le "Global Green Economy Index" classe la Suède premier pays le plus écologique au monde[3].
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+ La Suède est depuis longtemps un grand exportateur de fer, de cuivre et de bois. L'industrialisation, qui a commencé dans les années 1890, a permis à la Suède de se développer, et d'obtenir constamment de nos jours une bonne place dans les classements européens sur l'Indice de développement humain (IDH). La Suède possède de grandes réserves d'eau potable, mais manque de ressources énergétiques fossiles comme le charbon ou le pétrole.
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+ La Suède moderne est issue de l'Union de Kalmar, créée en 1397. Le pays fut unifié au XVIe siècle par le roi Gustav Vasa. Au XVIIe siècle, la Suède conquiert de nouveaux territoires et forme un empire colonial. Cependant, la majeure partie de ces territoires devra être abandonnée au XVIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, la Finlande et d'autres territoires sont perdus. Après sa dernière guerre en 1814, la Suède connaît la paix, adoptant une politique de non-alignement en temps de paix et de neutralité en temps de guerre. La Suède fait partie de l'Union européenne depuis 1995, mais pas de la zone euro.
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+ Selon l'indice de démocratie du groupe de presse britannique The Economist Group, la Suède est un des pays les plus démocratiques au monde (premier en 2008, troisième en 2017 derrière la Norvège et l'Islande). De plus, le 31 décembre 2010, elle reçoit le prix de l'Excellence 2010 (pays le mieux réputé).
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+ La Suède est un pays scandinave qui se situe entre la Norvège et la Finlande.
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+ Le long du golfe de Botnie se trouve la région de « la côte haute » Höga Kusten qui se soulève chaque année de plus de 8 mm. Ce rebond isostatique est dû à l'enfoncement du sol sous le poids d'une couche de glace épaisse de plus de trois kilomètres pendant la dernière période glaciaire. Depuis la fonte des glaces, le sol s'est élevé de 800 m. À 286 m d'altitude, on peut trouver la ligne côtière la plus élevée formée après la dernière glaciation.
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+ La Suède est bordée par la golfe de Botnie à l'est-nord-est et la mer Baltique au sud-sud-est: ce littoral très allongé contribue à adoucir encore le climat. À l’ouest-nord-ouest, le pays est séparé de la Norvège par les Alpes scandinaves.
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+ Le pays est très riche en lacs dont certains, comme le Vänern et le Vättern, sont parmi les plus grands d'Europe.
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+ Gotland et Öland, dans la mer Baltique, sont les deux plus grandes îles de Suède et forment chacune une province historique propre. Les côtes suédoises sont assez entrecoupées avec un très grand nombre de petits golfes (des fjärdar) et de nombreux îlots qui forment souvent des archipels, comme ceux de Stockholm et de Göteborg.
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+ La Suède jouit d’un climat relativement tempéré en dépit de sa situation septentrionale, du fait de l’action du Gulf Stream. Dans le sud du pays, les feuillus peuvent se trouver en abondance, contrairement au nord, où les résineux dominent le paysage. Dans la partie du pays se situant au nord du cercle polaire arctique, le soleil ne se couche jamais en été, et l’hiver n’est qu’une nuit sans fin: le soleil ne se lève pas mais il y a assez de lumière pour voir clair quelques heures (varie selon les endroits).
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+ En 2014, le Global Green Economy Index classe la Suède premier pays le plus écologique au monde[3].
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+ En 2015, l'organisation Global Footprint Network indique que la Suède est un des 57 pays (sur 181) préservant ses ressources (réserve en biocapacité positive), notamment grâce à sa capacité forestière qui compense largement son empreinte carbone[4].
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+ La Suède est frappée en 2018 par des épisodes de canicules et de sécheresses parmi les pires de son histoire. L'été est ainsi le plus chaud jamais observé depuis le début des enregistrements en 1756. En conséquence, les récoltes agricoles ont lourdement chuté et le pays, jusqu'alors exportateur de céréales, va devoir en importer[5].
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39
+ Après la honte de prendre l'avion flygskam, c'est la honte d'acheter köpskam qui est né en Suède avant de parcourir le monde. Ces deux mouvements visant à prendre en compte les conséquences environnementales de ses actes ont également des conséquences économiques : annulation de la Fashion Week, chute du trafic aérien (8%)[6].
40
+
41
+ Le Sud a une vocation agricole très nette, et la surface occupée par la forêt augmente au fur et à mesure que l’on progresse vers le nord. La densité de population est également supérieure au sud, notamment dans la vallée du lac Mälar, dans la région de l’Øresund et tout le long de la côte ouest, même si le sud-est du pays forme aussi une région à relativement faible densité.
42
+
43
+ Des découvertes archéologiques prouvent que le territoire suédois fut colonisé au cours de l’âge de la pierre, lorsque les terres commencèrent à se débarrasser de la glace accumulée pendant l’ère glaciaire. Les premiers habitants vécurent de chasse, de cueillette, et surtout des ressources que leur offrait la future mer Baltique.
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+
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+ Le territoire suédois semble avoir connu une forte densité de population pendant l’âge du bronze, les traces de communautés élargies et prospères ayant été mises en évidence.
46
+
47
+ La toute première mention écrite de l’existence du peuple suédois (Suiones en latin) est faite par Tacite en l’an 98. Ils sont aussi mentionnés par Jordanès au VIe siècle, sous les noms de Suehans ou Suetidi. L'épopée anglo-saxonne Beowulf décrit des batailles entre les Suédois et les Goths de Scandinavie (Geats) durant cette époque, qui se soldèrent par la prédominance des Suédois (Sweonas).
48
+
49
+ Au cours du IXe et du Xe siècle, la culture viking put s’épanouir dans toute la Scandinavie grâce au commerce, aux pillages et aux mouvements de colonisation vers l’est (pays baltes, Russie et mer Noire).
50
+
51
+ Le mouvement de christianisation, au XIIe siècle, se traduisit notamment par la création de l’archevêché d’Uppsala en 1164. Il facilita la consolidation d’un État suédois centré sur les bords de la mer Baltique : en 1250, la dynastie des Folkung accède au pouvoir et établit sa capitale à Stockholm.
52
+
53
+ Néanmoins, tout comme dans les nouveaux États de Norvège et du Danemark, une grave crise survint au XIVe siècle, aggravée par la Peste noire. Malgré ces difficultés, les Suédois continuèrent leur expansion au nord de la péninsule scandinave, vers l’actuelle Finlande.
54
+
55
+ Le Grand Schisme d'Orient entre le catholicisme et l’orthodoxie eut des répercussions jusque dans cette région, notamment à travers les guerres incessantes qui éclatèrent entre la Suède catholique et la République de Novgorod, orthodoxe. Les tensions ne s’apaisèrent qu’en 1323 avec la signature du traité de Nöteborg, lequel établit une frontière allant de la pointe est du golfe de Finlande à la pointe nord du golfe de Botnie. Le territoire finlandais passe sous domination suédoise à partir de 1362.
56
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57
+ En 1397, les trois États de Norvège, Danemark et Suède s’unirent sous un seul monarque dans le cadre de l’Union de Kalmar. Au cours du XVe siècle, les Suédois durent ensuite résister aux tentatives de centraliser l’autorité sous la couronne danoise, parfois jusqu’à prendre les armes. La Suède finit par quitter l’Union en 1521, lorsque Gustave Eriksson Vasa rétablit l’indépendance de la couronne suédoise avant d'accéder au trône deux ans plus tard sous le nom de Gustave Ier.
58
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59
+ Le règne de Gustave Vasa se caractérisa par l’adoption de la Réforme protestante, une nouvelle consolidation de l’État et une participation accrue des bourgeois aux décisions publiques par la création d’une assemblée à quatre chambres (le Riksdag). Gustave Vasa, roi bâtisseur et pacifique, est souvent considéré comme le père de la nation suédoise.
60
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61
+ Au cours du XVIIe siècle, la Suède s’affirma progressivement comme une grande puissance européenne, en raison notamment de son engagement dans la Guerre de Trente Ans, à l’initiative du roi Gustave II Adolphe. L’intérieur du royaume connut également de profondes réformes modernisatrices grâce à l’action du comte Axel Oxenstierna.
62
+
63
+ Cette position de force s’écroula au XVIIIe siècle, lorsque la Russie imposa sa domination à l’Europe du Nord à l’issue de la grande guerre du Nord, avant finalement de s’octroyer en 1809 la moitié est du pays et d’en faire le Grand-Duché de Finlande, sous administration russe.
64
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65
+ Le roi Gustave III, à la suite d'un coup d’État en 1772, mit fin au régime constitutionnel instauré par le Riksdag en 1719 et régna en despote, établissant une monarchie absolue qui prendra fin en 1809, lorsque la Suède devint une monarchie constitutionnelle.
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+ Le maréchal français Jean-Baptiste Bernadotte fut élu héritier du trône puis roi de Suède sous le nom de Charles XIV. Sa dynastie règne toujours sur la Suède. Le reste du XIXe siècle et le début du XXe siècle, jusqu'en 1917 où le parlementarisme sortit définitivement vainqueur, signifièrent un transfert lent du pouvoir du roi vers le Riksdag.
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+ L’histoire contemporaine de la Suède est remarquablement pacifique, la dernière guerre connue par le pays ayant été une campagne menée contre la Norvège en 1814, à l’issue de laquelle une union personnelle des deux couronnes fut établie, à domination suédoise. Elle fut dissoute en 1905 lorsque la Norvège déclara son indépendance mais sans entraîner de conflit.
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+ La première cérémonie de remise des prix Nobel eut lieu à l’Académie royale suédoise de musique à Stockholm en 1901. Depuis 1902, les prix sont officiellement décernés par le roi de Suède.
72
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73
+ La Suède parvint à conserver sa neutralité pendant la Première et la Seconde Guerres mondiales, à l’exception notable du soutien logistique et militaire apporté à la Finlande lors de la tentative d’invasion soviétique de 1939-1940. La Suède a joué un rôle ambigu durant la Seconde Guerre mondiale : tout en collaborant avec l'Allemagne nazie en l'approvisionnant en minerai de fer, elle mit en place une politique active d'accueil des juifs (en particulier danois)[7] et réfugiés européens.
74
+
75
+ À la suite de l'échec de l'instauration d'une union de défense scandinave, le pays persista dans sa politique de neutralité au cours de la guerre froide et n’est jusqu’aujourd’hui membre d’aucun traité d’alliance militaire. Elle adhéra toutefois à l’Union européenne en 1995.
76
+
77
+ La Suède est une monarchie depuis presque un millénaire. Dès le Moyen Âge, les paysans soumis à l'impôt constituaient l'une des quatre chambres des États généraux du royaume : le Ståndsriksdagen (en).
78
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79
+ Le pouvoir exécutif, jusqu'en 1680, était partagé entre le roi et un Conseil de la noblesse suédoise. Il s'ensuivit une période de monarchie absolue exercée par le roi. En réaction au fiasco de la grande guerre du Nord, le parlementarisme fut réintroduit en 1719, suivi par trois formes différentes de monarchie constitutionnelle en 1772, 1789 et enfin en 1809, lorsque la première constitution suédoise fut signée par le roi, qui s'y engage à garantir plusieurs libertés fondamentales.
80
+
81
+ En 1866, le Ståndsriksdagen fut définitivement dissous et remplacé par un système parlementaire bicaméral, le Riksdag : la Première Chambre était élue au suffrage indirect par des grands électeurs locaux, et la Seconde Chambre était élue au suffrage direct.
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+ Le parlementarisme fut renforcé en 1917 lorsque le roi Gustave V, après des décennies d’affrontement politique qui laissaient craindre une révolution, accepta de nommer désormais des ministres devant obtenir la confiance de la majorité du Parlement. La démocratisation du régime fut complétée en 1918 avec l’adoption du suffrage universel. La participation électorale a toujours été élevée en Suède : le taux de 80 % aux élections législatives de 2002 est le plus bas jamais enregistré.
84
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+ La social-démocratie a joué un rôle politique dominant depuis 1917, lorsque la branche réformiste se renforça et que la branche révolutionnaire [Laquelle ?] quitta le parti [réf. souhaitée]. L’influence du courant social-démocrate sur la société suédoise est souvent décrite comme hégémonique. La coalition des centristes et des sociaux-démocrates assura un gouvernement stable de 1932 à 1956. Par la suite, la vie politique a été totalement dominée par les seuls sociaux-démocrates, souvent soutenus par les marxistes du Vänsterpartiet et les Verts du Miljöpartiet.
86
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87
+ En 1971, le Riksdag devint monocaméral. Selon la constitution, les 349 membres du Riksdag détiennent l’autorité suprême en Suède. L’assemblée peut modifier la constitution à la majorité qualifiée. L’initiative des lois revient concurremment aux ministres et aux parlementaires. Ces derniers sont élus pour quatre ans selon le principe de la représentation proportionnelle.
88
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89
+ En 1975, une nouvelle constitution mit une fin définitive au pouvoir politique du roi : il n’est plus aujourd’hui que le représentant formel mais symbolique de l’État suédois, et ses obligations consistent essentiellement à présider aux cérémonies officielles.
90
+
91
+ Le gouvernement et le parlement sont en dialogue permanent avec les autres pays nordiques dans le cadre du Conseil nordique.
92
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93
+ Le système juridique (en), de tradition romano-germanique, se compose des juridictions civiles, pénales et administratives. Une hiérarchie existe entre tribunaux, cours d’appel et cours suprêmes. La loi suédoise est codifiée.
94
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95
+ Le modèle économique de développement suédois, reposant sur la social-démocratie, après avoir assuré une forte croissance, affronte ses premières difficultés dans les années 1990. C'est l'époque où le pays entreprend de grandes réformes, pour alléger une fiscalité parmi les plus lourdes du monde et rendre plus flexible son marché du travail. [réf. souhaitée]
96
+
97
+ Les années 1990 voient aussi la réforme du système de retraite en Suède. Pour y parvenir, le pays a attendu 1999, après un long processus de dialogue social et la recherche d'un compromis assurant un vote unanime au parlement, et plutôt bien accueilli par le monde des affaires, car jugé politiquement et financièrement plus solide que le système qui avait prévalu pendant des décennies[8]. Les principes essentiels de cette grande réforme ont été fixés dès 1991 par le gouvernement social-démocrate d’Ingvar Carlsson[8]. Après un processus de concertation entre les sociaux-démocrates et une coalition de partis du centre et de la droite menée par Carl Bildt, qui a duré de 1991 à 1994, la réforme a affronté avec succès un premier vote au Parlement en 1994, sur ses principes, puis dans un second temps sur l’intégralité de la législation en 1998. Près de 80 % des députés s’étant prononcés favorablement, cette réforme cimente le consensus national, sur le plan politique.
98
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99
+ Pendant plus de 50 ans, la Suède avait cinq partis politiques qui recevaient régulièrement suffisamment de voix pour obtenir des sièges au Riksdag - les Sociaux-démocrates, les Modérés, le Parti du centre et le Parti du peuple - Les Libéraux - avant que le Parti de l'environnement Les Verts ne devienne le sixième parti à partir des élections de 1988. Lors des élections de 1991, tandis que les Verts perdent leurs sièges, deux nouveaux partis ont obtenu des sièges pour la première fois : les Chrétiens-démocrates et la Nouvelle Démocratie. Les élections de 1994 ont vu le retour des Verts et de la disparition de la Nouvelle Démocratie. Il a fallu attendre les élections en 2010 pour qu'un huitième parti, les Démocrates de Suède, obtiennent des sièges au Riksdag. Lors des élections européennes, des partis qui ont échoué à passer le seuil au Riksdag ont réussi à obtenir une représentation : la Liste de juin (2004-2009), le Parti pirate (2009-2014) et Initiative féministe (depuis 2014).
100
+
101
+ L'actuel Premier ministre, Stefan Löfven, meneur du Parti social-démocrate suédois des travailleurs (SAP), a été nommé le 19 janvier 2019, après 131 jours sans gouvernement, grâce à la formation d'une coalition. Il dirige un gouvernement composé de 23 ministres, principalement issus d'une coalition de centre gauche, majoritaire au Riksdag depuis septembre 2014.
102
+
103
+ La Suède se compose de trois grandes régions traditionnelles (Landsdelar en suédois) : le Götaland au sud, le Svealand au centre et le Norrland au nord. Jusqu’en 1809, la quatrième région de Suède était l’Österland, à l’est, aujourd’hui la Finlande.
104
+
105
+ Jusqu’aux réformes administratives menées par Axel Oxenstierna en 1634, ces trois grandes régions étaient subdivisées en 25 provinces, dites « provinces historiques » (Landskap en suédois). Les provinces n’ont plus aucune fonction administrative aujourd’hui, mais représentent pour les Suédois un important patrimoine historique et culturel auquel ils s’identifient volontiers. Elles servent également de délimitation pour les duchés.
106
+
107
+ Les comtés (län en suédois) furent institués en 1634 à l’initiative du chancelier Axel Oxenstierna en vue de l’édification d’une administration moderne. Bien que fortement inspirés des provinces préexistantes, les comtés ont des frontières souvent différentes. La Suède est divisée en 21 comtés. Dix-huit d’entre eux sont dirigés, d’une part, par un préfet (Landshövding) représentant l'État à la tête du Länsstyrelse, et d’autre part par une assemblée locale élue (Landstinget) dont la principale fonction est de gérer les services de santé. Deux comtés, Västra Götaland et Skåne, ont accédé au statut de région, et possèdent un organe de gouvernement régional (« regionalt självstyrelseorgan »). Un comté, Gotland, est composé d'une seule commune qui a pris en charge les fonctions occupées ailleurs par le « landsting »[9],[10].
108
+
109
+ Les comtés sont divisés en communes, ou kommuner, qui représentent l'échelon local du gouvernement en Suède. On dénombre 290 communes (en 2004).
110
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111
+ La nouvelle politique étrangère, souvent appelée La Politique de 1812, est mise en place par Jean Baptiste Bernadotte, prince couronné élu. La politique de 1812 contrastait fortement avec la politique étrangère traditionnelle de la Suède, caractérisée par son implication dans de nombreux conflits, notamment avec son ennemi principal, la Russie. En 1812, l'empereur Alexandre, ayant besoin d'alliés contre Napoléon s'entend avec Bernadotte. Lors de la réunion, il est convenu que la Suède acceptera que la Finlande fasse partie de la Russie en échange de l'aide du tsar pour faire pression sur le Danemark afin qu'il lui cède la Norvège.
112
+
113
+ Les troupes suédoises dirigées par Bernadotte participent aux guerres napoléoniennes en 1813 et 1814, combattant contre la France (ils jouent un maigre rôle à la bataille de Leipzig) et le Danemark. La Suède force le Danemark à lui remettre la Norvège par le traité de Kiel (14 janvier 1814). Depuis lors, la Suède n'a pas pris part à aucune guerre armée (à l'exception de missions de maintien de la paix).
114
+
115
+ Au cours du XXe siècle, la politique étrangère suédoise reste fondée sur les principes de la non-participation aux alliances en temps de paix et sur une politique de neutralité en cas de guerre. Après son adhésion à l'Union européenne en 1995, la Suède révise en partie sa doctrine de politique étrangère qui prend en compte une participation plus active à la coopération européenne.
116
+
117
+ Favorisée par la paix et la neutralité politique tout au long du XXe siècle, la population suédoise a atteint un niveau de vie enviable reposant sur les deux piliers de la haute-technologie et d’un État-providence puissant. Le pays dispose d’excellentes infrastructures de transport et de communication et d’une main d’œuvre hautement qualifiée. Le bois, l’hydroélectricité et le fer constituent les ressources de base d’une économie orientée vers le commerce extérieur. La Suède est également le premier pays à consommer plus d'énergies renouvelables que d'énergies fossiles[11], grâce à une importante biomasse (bois, principalement).
118
+
119
+ La proportion de la population employée dans le secteur secondaire (l'industrie) était en 1960 43,9 % puis 29,1 % en 1987 selon les chiffres du BIT.
120
+
121
+ À la suite d'une crise du modèle suédois au cours des années 1990, la politique de rigueur budgétaire adoptée par le gouvernement a conduit à un excédent substantiel en 2001. Ce dernier fut réduit de moitié en 2002, en raison du ralentissement économique mondial. La Banque de Suède se fixe comme objectif la stabilité des prix avec une cible d’inflation à 2 %.
122
+
123
+ En 2003, l'adoption de l'euro fut rejetée dans un référendum où les opposants à l'euro emportèrent une victoire convaincante[12]. La majorité des partis politiques fut officiellement en faveur de l'adoption.
124
+
125
+ Le taux de croissance pour 2004 devrait s’élever à 3,5 %, confirmant une santé économique remarquable par rapport à la moyenne des pays de l’Union européenne. Le chômage atteint 6,2 % selon les statistiques officielles en 2008 mais serait plus proche des 15 %[13]. Cependant, cette dernière statistique provient d'une étude qui inclut aussi les personnes pouvant travailler mais ne désirant pas forcément le faire ce qui gonfle les chiffres et va à l'encontre de la définition du chômage. C'est ce qu'on appelle le « chômage technique » ou le chômage structurel qui découle alors, pour un niveau de compétence donné, du refus des travailleurs d'accepter un salaire jugé trop faible (concept de chômage volontaire et de salaire de réserve) et de l'absence d'intérêt pour les firmes de proposer un salaire trop élevé. Alors que « le chômage se définit comme l'état d'une personne sans emploi, apte au travail et désireuse de travailler »[14].
126
+
127
+ Connu pour son généreux système social, la Suède a néanmoins largement diminué son niveau de dépenses publiques entre 1995 et 2015. Alors que celles-ci se situaient à 63 % du PIB entre 1986 à 1995, elles se réduisent à 53,5 % en 2000, pour s'établir à 50,5 % en 2015[15].
128
+
129
+ La Suède est passée à un système de retraite par points en 1998 en raison de difficultés financières. En conséquences, les carrières hachées ainsi que travail à temps partiel sont pénalisés. Les pensions s’en trouvent ainsi amaigries[16]. Les femmes sont les plus pénalisées, touchant en moyenne 600 euros de moins par mois que les hommes. L’« équilibrage » automatique destiné à assurer la stabilité financière du régime a été enclenché à trois reprises, en 2010, 2011 et 2014. Les retraités suédois ont vu leurs pensions baisser de 3 %, 4,3 % et 2,7 %. Ce système pousse les salariés à travailler plus longtemps. En 2019, 38 % des personnes âgées de 67 ans continuent d'exercer un emploi, contre 18 % en 2000 (juste avant le nouveau régime)[17].
130
+
131
+ Le taux de pauvreté des retraités s'élève à 14,7 % en 2017[16].
132
+
133
+ Parmi les entreprises suédoises, on peut citer Ericsson, Electrolux, H&M, Ikea, Spotify, Saab, Scania, Tele2, Tetra Pak et Volvo.
134
+
135
+ La Suède présente l'un des taux d'emploi dans les administrations publiques (nombre de fonctionnaires par habitants) les plus élevés des pays de l'OCDE, celui-ci s’élevant en 2018 à 138,5 ‰ (88,5 ‰ en France)[18].
136
+
137
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138
+
139
+ Au 28 février 2017, la Suède compte 10 014 873 habitants[19]. La croissance démographique annuelle est de 1,5 %, l'une des plus élevées d'Europe.
140
+
141
+ La Suède a une des espérances de vie les plus élevées au monde[20], et un des taux de natalité les plus hauts en Europe malgré le fait que, dès 1969, son taux de fécondité passa en dessous du seuil de renouvellement (2,1 enfants par femme). Elle compte environ 17 000 Sames au nord, et 50 000 Suédois de souche finlandaise, à ne pas confondre avec les immigrants finlandais du XXe siècle.
142
+
143
+ La Suède dispose d’un système de crèches très perfectionné pouvant garantir une place à tout enfant âgé de 2 à 5 ans. L’État-providence, fortement développé, accorde également de longs congés parentaux à la mère et au père d’un enfant, un plafond pour les dépenses de santé, des pensions minimales de retraite et des indemnités maladie.
144
+
145
+ La nation suédoise fut un pays d’émigration jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale (près d'1,5 million de Suédois émigrèrent aux États-Unis vers la 2e moitié du XIXe siècle à cause principalement de la famine), puis une nation d’immigration après la Seconde Guerre mondiale. Près de 12 % des résidents sont nés à l’étranger, et environ un cinquième de la population suédoise est constitué soit d’immigrants, soit d’enfants d’immigrants. Les immigrants les plus nombreux viennent de Finlande, d’ex-Yougoslavie, d’Iran, de Norvège, du Danemark et de Pologne. Cette composition témoigne des fortes migrations entre pays nordiques, de l’immigration de main d’œuvre dans les années 1960, puis du regroupement familial.
146
+
147
+ Les Finlandais constituent la première grosse vague d’immigration en Suède contemporaine. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, près de 70 000 jeunes Finlandais fuirent leur pays en raison de l’invasion soviétique. 15 000 d’entre eux restèrent en Suède après la guerre, et d’autres y retournèrent à leur âge adulte. Les difficultés d’après-guerre en Finlande poussèrent ensuite un grand nombre de chômeurs finlandais vers la prospère économie suédoise des années 1950 et 1960. Au plus fort du phénomène, 400 000 Finlandais vivaient en Suède, mais à la suite de la première crise pétrolière en 1973 le taux de chômage augmenta alors que la Finlande bénéficiait de ses relations commerciales avec l’URSS. Depuis, le nombre de Finno-Suédois a chuté sous la barre des 200 000.
148
+
149
+ Les interventions soviétiques en Hongrie en 1956, puis à Prague en 1968, entraînèrent l’arrivée des premiers réfugiés politiques. Les déserteurs américains refusant d’aller se battre au Viêt Nam trouvèrent souvent refuge parmi les Suédois. Du temps du Premier ministre social-démocrate Olof Palme fut mise en place une « politique d'immigration volontariste » notamment pour les réfugiés politiques[21]. Après le coup d’État de 1973 au Chili et l’apparition d’autres dictatures militaires en Amérique du Sud, ceux-ci se mirent à dominer le flux migratoire vers la Suède, y compris en provenance d’Iran, d’Irak et de Palestine. 135 000 réfugiés arrivés au cours des conflits yougoslaves se trouvent toujours dans le pays. Plus récemment, la Suède accueille des milliers de migrants (80 000 en 2014[22]) dont des réfugiés syriens qui ont fui la guerre civile syrienne. Parmi les raisons de l'attractivité de la Suède sont évoquées « son généreux système social » et « sa réputation de tolérance »[22].
150
+
151
+ Le pays compte une communauté musulmane de 106 327 personnes officiellement en 2009. D'autres sources donnent le chiffre à environ 450 000 à 500 000, ce qui représente environ 5 % de la population suédoise totale[23].
152
+
153
+ Les premières remises en cause du modèle immigrationniste suédois surviennent dans les années 2000-2010 avec des émeutes dans les banlieues de Stockholm[21], puis avec différentes affaires de harcèlement sexuel par les jeunes réfugiés[24]. Néanmoins, le pays demeure, en comparaison de ses voisins tel le Danemark, tenant d'une politique très favorable à l'immigration[25].
154
+
155
+ Entre 2000 et 2016, le nombre de personnes nées à l'étranger a augmenté de 80 % en moyenne[26]. En 2016, il est rentré près de 122 000 étrangers venant d'un pays situé hors d'Europe, alors que seulement 13 000 personnes sont sorties du territoire, donnant un solde migratoire de 109 000 personnes[26]. Alors qu'au début des années 1960, sur les 4 % des personnes nées à l'étranger, presque toutes étaient d'orgine européenne et principalement des pays nordiques, en 2016, la majorité des migrants vient de pays non européens (Afghanistan, Iran, Irak, Syrie, Somalie, Érythrée). En 2017, la population d'origine étrangère sur deux générations, est sans doute la plus importante de l'Union européenne en termes relatifs avec 30,6 % (17 % sur une génération)[26].
156
+
157
+ Le pays se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE en matière de sécurité[28]. En 2013, le gouvernement suédois a fermé quatre établissements pénitentiaires[29]. Cette fermeture est la conséquence de la baisse du nombre de détenus dans le pays : 4 852 prisonniers pour 9 500 000 habitants fin 2012[30], soit un taux d'incarcération de 0,051 %, contre un taux de 0,079% en 2006. Cependant, selon Eurostat[31] et le Conseil national suédois de la criminalité[32], la délinquance et la criminalité ne semblent pas baisser (cette progression en chiffres absolus n'est pas démentie en proportion de la population générale). La politique du gouvernement en faveur de l'insertion et des peines de probation, et le laxisme en matière de stupéfiants semblent expliquer en partie la baisse du nombre de détenus.
158
+
159
+ En 2009, une étude place la Suède en tête des pays d’Europe pour le nombre de viols. Si les chiffres s’expliquent en partie par la définition légèrement différente que la Suède donne du viol, celle-ci n’explique pas l'augmentation de 81 % des déclarations de viol entre 2004 et 2007. À peine 10 % des coupables désignés sont condamnés[33]. Selon le Conseil national de la prévention des crimes suédois (Brå), depuis le début des années 2000, le nombre de plaintes pour viols et agressions sexuelles a doublé dans le royaume, passant de 10 419 par an en 2004 à 20 284 en 2016[34]. Pour ce qui concerne uniquement les viols signalés, ceux-ci ont augmenté 34 % au cours de la décennie 2008-2017[35].
160
+
161
+ En 2016, seulement 14 % des crimes et des délits (qui incluent notamment cambriolages, vols simples, harcèlement ou vandalisme) ont été résolus par la police, la moitié d'entre eux n'ayant jamais déclenché une enquête[36].
162
+
163
+ En 2017, plusieurs émeutes ont lieu dans des banlieues de grandes villes à prédominance immigrée pendant lesquelles des voitures sont incendiées et les forces de police sont caillaissées[37],[38]. Ces émeutes sont parfois analysées comme des luttes de pouvoir pour tenir un territoire entre des gangs rivaux comme à Trollhättan où la police est confrontée à des migrants somaliens[39].
164
+
165
+ Le pays n'est pas exempt des menaces posées par le terrorisme islamiste. Le 7 avril 2017, un camion conduit par un terroriste islamiste renverse des passants à Stockholm, faisant un total de cinq morts et 14 blessés. En juin 2017, les services du renseignement intérieur annoncent que le nombre des islamistes radicaux qui était d'environ 200 en 2010 a augmenté à des « milliers » en 2017, le chef des services estimant que la situation était « grave » et présentait pour le pays un « défi historique »[40],[41].
166
+
167
+ Si le taux d'assassinats en Suède demeure relativement bas au plan international, la violence des gangs a explosé dans les années 2010 et les Suédois craignent que la police soit incapable de s'en sortir. Un rapport du Conseil national suédois pour la prévention du crime montre qu'un nombre croissant de Suédois s'inquiètent de la criminalité, la confiance en la police et dans le système judiciaire étant en baisse. En janvier 2018, le Premier ministre Stefan Löfven annonce qu'il n'excluait pas l'utilisation de l'armée pour mettre fin à la violence des gangs dans certains quartiers[42]. Selon le New-York Times, un des problèmes causés par la violence des gangs serait l'afflux d'armes lourdes auquel le système de justice pénale suédois ne serait pas préparé[43].
168
+
169
+ La Suède a connu une forte augmentation des explosions ces dernières années, principalement liées à des conflits entre bandes criminelles. Selon la police, l'utilisation d'explosifs dans le pays se situe maintenant à un niveau unique au monde pour un État qui n'est pas en guerre. Quelque 50 explosions ont été signalées au cours des trois premiers mois de 2019, soit une moyenne de plus d'une explosion tous les deux jours et une augmentation par rapport à la même période en 2018, une année qui a vu un nombre record de plus de trois explosions par semaine[44]. Du 1er janvier au 30 novembre 2019, il y a eu 236 explosions contre 162 en 2018[45].
170
+
171
+ Selon la journaliste Paulina Neuding (sv), les fusillades liées aux gangs se sont nettement intensifiées, de plus en plus souvent en plein jour. La Suède a enregistré en 2018 45 fusillades meurtrières dans ce que la police qualifie des « environnements criminels », soit un facteur multiplié par 10 en une génération. Les tirs mortels par habitant en Suède sont considérablement plus élevés que la moyenne européenne. Enfin, l'intimidation systématique de témoins, associée à un code de silence dans les zones d’immigration socio-économiquement faibles du pays, rend difficile l'élucidation de ce type de crime pour le système judiciaire suédois[44]. L'augmentation de la violence liée aux gangs et d'autres types de criminalité a, toujours selon cette journaliste, de profondes répercussions sur la société suédoise. Ainsi, un tiers des jeunes femmes déclarent ne pas se sentir en sécurité lorsqu'elles sortent la nuit. Une récente enquête menée dans les trois plus grandes villes du pays a également montré que la sécurité est désormais la principale priorité des Suédois qui cherchent à acheter une maison[44].
172
+
173
+ En octobre 2019, le Danemark annonce qu'il va imposer des contrôles temporaires à la frontière suédoise, après que des Suédois ont été soupçonnés d'être à l'origine de plusieurs attentats graves cette année à Copenhague. Selon Reuters, les crimes violents avec des assaillants utilisant des armes à feu et des explosifs puissants, sont devenus un problème politique majeur en Suède au cours des dernières années. Parmi les incidents les plus médiatisés au cours des derniers mois, une explosion massive a démoli une partie d'un immeuble de la ville de Linköping (sud) en juin, blessant une vingtaine de personnes, tandis qu'une mère a été abattue en plein jour dans une rue de Malmö par delà le pont de Copenhague[46].
174
+
175
+ 93 % des citoyens suédois ont le suédois comme langue maternelle. 4 % environ ont le finnois comme langue maternelle. Le saame ou lapon est parlé par 50 000 à 65 000 locuteurs, surtout au nord du pays. L'anglais est largement compris, surtout chez les jeunes. 86 % des Suédois comprennent l'anglais à des degrés divers. En 2013, 92 % des jeunes entre 15 et 40 ans sont parfaitement anglophones[réf. nécessaire]. L'allemand et plus rarement le français sont parfois enseignés.
176
+
177
+ D'autres langues minoritaires sont parlées dans le royaume tel que le romani et le yiddish, mais aussi, du fait de l'immigration récente, le turc, l'arabe, le persan, le kurde et le grec.
178
+
179
+ L'inter-compréhension est possible entre les locuteurs des langues scandinaves (danois, norvégien et dans une moindre mesure, islandais), mais pas avec le finnois, qui est une langue finno-ougrienne.
180
+
181
+ À la fin de l'âge des Vikings, la Suède se convertit au christianisme. Le missionnaire franc Anschaire de Brême vint deux fois à Birka dans la première moitié du IXe siècle. La religion chrétienne s'est implantée en Suède vers la fin du XIe siècle sur les bords du lac Mälar et dans la région d'Uppsala. Les premières églises furent construites au début du XIIe siècle, notamment à Sigtuna ou Linköping. Le premier archevêque fut intronisé en 1164 à Uppsala.
182
+
183
+ La majorité des Suédois sont luthériens. En 2017, 59,3 %[47] des habitants étaient membres de l'Église de Suède, un chiffre en diminution constante.
184
+
185
+ Le reste de la population est composé de personnes sans religion, de catholiques (1,15 %), orthodoxes (1,2 %), musulmans (5,1 %), juifs (0,2 %), etc.
186
+
187
+ La Suède a une longue tradition de musique : skillingtryck, Carl Michael Bellman, Monica Zetterlund, danse folklorique, Evert Taube… et c'est un pays avec une culture musicale notamment orientée vers le chant et la chorale. On dit même que la langue suédoise se prête très bien au chant classique, comme l'italien, grâce à ses voyelles. La Suède donne à l'opéra de nombreux chanteurs tels qu'Anne Sofie von Otter. Le pays compte également deux orchestres de renom, l'Orchestre philharmonique royal de Stockholm et l'Orchestre symphonique de Göteborg.
188
+
189
+ Concernant la musique de variétés, la Suède a gagné le concours Eurovision de la chanson six fois mais une seule fois en langue suédoise :
190
+
191
+ La Suède regroupe aussi de nombreux groupes musicaux qui ont eu un succès international, tels qu'Ace of Base en 1993 avec All that she wants, Roxette avec Pearls of Passion en 1986 et les Cardigans plus récemment avec Lovefool. On peut nommer Eagle-Eye Cherry, Neneh Cherry, Stefan Olsdal (du groupe Placebo) et Titiyo, sans oublier le groupe Europe avec son Final Countdown.
192
+
193
+ La Suède est le troisième pays exportateur de musique, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni[48],[49]. En 2004 et pour la première fois, la Suède a exporté plus vers l'Angleterre que l'Angleterre vers elle-même. Cette culture musicale remonte sans doute à la victoire d'ABBA à l'Eurovision et donc à l'émergence de ce groupe, qui a vendu plus de 370 millions d'albums à travers le monde tout au long de sa carrière.
194
+
195
+ La musique électronique et électroacoustique suédoise est connue grâce à l'œuvre de Joakim Sandgren. La musique électronique suédoise est aujourd’hui connue à travers les DJs comme le groupe de la Swedish House Mafia, Avicii, Alesso, Otto Knows par exemple. Le heavy metal, notamment viking metal et death metal mélodique, est également populaire. Des groupes comme In Flames (plus de deux millions d'albums vendus dans le monde), Soilwork, Dark Tranquillity, Opeth, Pain of Salvation, Meshuggah, Arch Enemy, Ghost, Darkane ou encore At the Gates et Sabaton sont connus et ont une très grande influence musicale partout dans le monde. Mais quelques années plus tôt, la Suède était connue pour avoir hébergé l'un des groupes précurseurs du black metal et du viking metal, Bathory (dont le leader Quorthon est mort en 2004). Autre groupe majeur du black suédois, Dissection, premier groupe à fusionner black et death. À noter, au sein du viking metal, la présence de groupes tels que Vintersorg ou bien encore Amon Amarth, bien connus des amateurs du genre. Enfin, la Suède compte aussi un groupe de metal exclusivement féminin (quatre femmes) nommé Crucified Barbara, ayant sorti deux albums. La Suède a aussi abrité quelques groupes de death metal au moment où le style décollait, à la fin des années 1980 et au début des années 1990 : Nihilist (en), Entombed, Dismember, Grave, Unleashed. Ils se distinguaient de la scène death metal américaine par leur son plus « crade », leur approche plus punk et primitive du mouvement et leur technique moindre.
196
+
197
+ Le rock reste cependant la musique majeure de Suède avec des groupes comme the Hives, Millencolin, Kent, the Soundtrack of Our Lives, The Sounds, Backyard Babies, Caesars Palace. Une minorité rap est représentée par Timbuktu, et ska par Svenska Akademien.
198
+
199
+ Il existe également un folk rock populaire en Suède : Lars Winnerbäck.
200
+
201
+ D'autre part, le groupe Alcazar est également un nom à connaître, leur musique est un mélange de disco et de musique house reprenant des samples d'anciens groupes tels que Sheila and B. Devotion. Pour le jazz, on compte notamment Niels Landgren et sa formation funky, Niels Landgren Funk Unit (NLFU)[réf. nécessaire].
202
+
203
+ De plus, la Suède organise en période de février-mars son grand concours de chanson le Melodifestivalen, lui permettant de sélectionner l'artiste qui ira la représenter au concours Eurovision de la chanson. Ce concours dure environ un mois où beaucoup d'artistes suédois y présentent une chanson et le public vote pour élire la meilleure. Il a comme particularité de se dérouler à différents endroits un peu partout en Suède, durant la période des demi-finales, puis se termine toujours à Stockholm.
204
+
205
+ Il a révélé de nombreux artistes, comme le groupe ABBA, Carola Häggkvist ou Linda Bengtzing.
206
+
207
+ Certains artistes suédois ont préféré la France comme terre d'accueil et y ont rencontré le succès : Fredrika Stahl, Jay-Jay Johanson, Herman Dune ou encore Peter von Poehl. On n'oubliera pas de citer le renouveau de la pop suédoise avec José González, I'm from Barcelona, Loney, Dear, Love Is All, the Knife, Deportees (en) et, dans un registre plus intimiste, Frida Hyvönen. Des artistes tels que les virtuoses de Freak Kitchen ont réussi à s'exporter aux États-Unis pour faire connaître leur musique qui est une alliance de jazz, de metal et de musique indienne. Leur leader est Mattias IA Eklundh. [Information douteuse] [réf. nécessaire]
208
+
209
+ Le grand prix de l'Académie suédoise (« Svenska akademiens stora pris ») est un prix rare pour auteurs suédois et non un prix annuel et international comme le prix Nobel de littérature, qui a été récemment décerné au poète suédois Tomas Tranströmer.
210
+
211
+ Le prix August (« Augustpriset ») est un prix annuel pour auteurs suédois. Le livre qui a gagné le prix 2000, Populärmusik från Vittula, a été adapté en un film en 2004.
212
+
213
+ La série Millenium de Stieg Larsson, dont ont aussi été tirés trois films, a mis en lumière la littérature suédoise policière. Celle-ci, cependant, ne se limite pas à cet auteur. Henning Mankell en est un digne représentant, dont les œuvres se sont exportées dans le monde entier. On peut aussi nommer la romancière Camilla Läckberg qui écrit une saga policière avec son héroïne Erica Falk.
214
+
215
+ Parmi les réalisateurs de cinéma, on peut citer Ingmar Bergman, ainsi que Bo Widerberg ou Lukas Moodysson, avec des films comme Together ou Lilya 4-ever.
216
+
217
+ La Suède possède le plus grand modèle réduit du système solaire au monde : le système solaire suédois s'étend sur toute la Suède le long de la mer Baltique depuis Stockholm où est situé le Soleil jusqu'à Kiruna où se trouve le choc terminal. Le Soleil est représenté à Stockholm par l'Ericsson Globe qui est le plus grand bâtiment sphérique du monde (110 m de diamètre).
218
+
219
+ Le château de Drottningholm (1991).
220
+
221
+ Birka et Hovgården (1993).
222
+
223
+ Forges d'Engelsberg (1993).
224
+
225
+ Les gravures rupestres de Tanum (1993).
226
+
227
+ Cimetière boisé de Stockholm (1994).
228
+
229
+ La ville hanséatique de Visby (1995).
230
+
231
+ Gammelstad (1996).
232
+
233
+ Région de Laponie (1996).
234
+
235
+ Ville navale de Karlskrona (1998).
236
+
237
+ Haute Côte (2000).
238
+
239
+ Falun och Kopparbergslagen (2001).
240
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241
+ Södra Ölands kulturlandskap (2001).
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+ Station radio de Grimeton (2004).
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+ Arc géodésique de Struve (2005).
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247
+ La Suède a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/3201.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,149 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Las Vegas est une ville américaine, plus grande ville de l'État du Nevada et centre économique et touristique majeur de l'Ouest des États-Unis. En 2017, elle compte une population de 648 224 habitants. Elle est située au milieu du désert des Mojaves, le plus sec des quatre déserts nord-américains, dans le comté de Clark.
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+ Les mormons fondent la ville en 1855, qui devient au début du XXe siècle une bourgade agricole. Grâce aux lois libérales en matière de jeux de l'État, la ville acquiert une renommée mondiale pour ses casinos. En raison de la grande capacité hôtelière de la ville (149 422 chambres d'hôtel en 2019[1], derrière Londres au classement mondial)[2], elle est aussi un endroit de choix pour l'organisation de grands congrès. Las Vegas est également le temple du shopping, en particulier avec ses grands centres commerciaux (le Fashion Show Mall étant situé sur le Las Vegas Strip). En 2004, la ville accueille 37,4 millions de visiteurs, dont 80 % en provenance de Californie.
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+ Las Vegas est la ville siège de son comté et ce depuis sa création en 1909, mais n'est pas la capitale de l'État, qui est Carson City. Elle est également le siège d'un diocèse catholique. La population de son agglomération est multipliée par trois en vingt ans et compte 1 951 269 habitants en 2010. Las Vegas est à la fois la trentième municipalité et la trentième aire urbaine du pays. L'agglomération de Las Vegas ne correspond pas à l'aire métropolitaine (MSA) ; son territoire couvre 1 906 km2 environ rassemblant 1 868 220 habitants sur les 1 951 269 que l'aire métropolitaine (comté de Clark) compte. Une douzaine de communes composent l'agglomération (Enterprise, North Las Vegas, Spring Valley, Winchester, Paradise, Boulder City et Henderson). L'aire métropolitaine élargie (CSA) couvre deux comtés (Clark et Nye), soit 67 487 km2 pour une population de 2 013 326 habitants.
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+ Las Vegas n'est à l'origine qu'un simple lieu-dit marécageux alimenté par des sources artésiennes jaillissant au milieu du désert. En 1829, l'explorateur et marchand mexicain Antonio Armijo conduit une caravane de soixante hommes le long de l'Old Spanish Trail pour établir une route commerciale entre le Nouveau-Mexique et Los Angeles. Un de ses éclaireurs Raphael Rivera, à la recherche de sources d'eau, découvre le lieu, nommé Las Vegas (ce qui signifie « les prairies », « les prés » ou « les vallées fertiles ») en raison de l'eau présente dans le sous-sol.
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+
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+ En 1855, Brigham Young président de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, y conduit un groupe de trente missionnaires afin de convertir les Indigènes Païutes au mormonisme : des fermiers mormons construisent un fort et s'y établissent de manière permanente. Face à des récoltes insuffisantes et la révolte des Indigènes, les mormons abandonnent le site en 1857 en pleine guerre de l'Utah. L'armée américaine investit le fort, le rebaptisant fort Baker, en 1864. Grâce aux sources d'eau, Las Vegas devient une étape sur la route entre Los Angeles et Albuquerque. Une voie de chemin de fer y passe, désenclavant le hameau.
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+ Officiellement, le « village » de Las Vegas est fondé le 15 mai 1905, puis acquiert le statut de « ville » le 16 mars 1911.
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+ Deux événements contribuent au développement de la ville au début des années 1930 : l'aménagement du barrage Hoover, situé à une cinquantaine de kilomètres au sud (la ville de Las Vegas ayant fait pression pour être le quartier général de la construction du barrage) et la légalisation des jeux d'argent en 1931. Las Vegas est également colonisée par des peuples dits libres de cow-boys et de Cheyennes[3].
16
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17
+ La prostitution se développe et la ville gagne en notoriété lorsque des investisseurs (notamment des grandes figures de la mafia comme Bugsy Siegel ou Meyer Lansky) construisent des hôtels-casinos dans le centre-ville et sur le Strip après la Seconde Guerre mondiale. Le Flamingo est l'un des premiers en 1946 suivi par le Desert Inn (1950), le Binion's (1951), le Sahara (1952), l'Hacienda (1956) ou le Tropicana (1957) ; le Mirage devient en 1989 le premier vrai complexe hôtelier à Las Vegas. La ville devient « Sin City » (la « Ville du péché ») et « City without Clocks » (« la Ville sans horloge », les casinos n'ayant ni fenêtre ni horloge afin de ne pas distraire les joueurs)[4].
18
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+ Dans les années 1970-1980, le tourisme de masse augmente et contribue à la croissance économique de la ville, notamment grâce aux titans des casinos Howard Hughes et Steve Wynn. Dans les années 1980-1990, elle devient un centre de conventions.
20
+
21
+ Derrière ces investisseurs se cachent parfois des personnalités du crime organisé de la côte Est telles que Bugsy Siegel ou Meyer Lansky. Aux États-Unis, un certain nombre de caisses de retraites sont en effet gérées par des syndicats noyautés par la pègre[5]'[6].
22
+
23
+ Ainsi, dans les années 1940 à 1970, la Mafia s'est retrouvée à la tête de millions de dollars, issus soit des caisses de retraites, soit de ses trafics. Millions de dollars qu'il fallait blanchir ou faire fructifier, et si possible les deux en même temps. L'option casino a été très vite retenue : tout se fait en liquide et dans des proportions telles que la comptabilité est affaire de « souplesse ».
24
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25
+ Au départ, la Mafia préférait Cuba, et les débuts du Flamingo, l'hôtel-casino lancé en 1946 par Bugsy Siegel furent difficiles. En effet, Cuba présentait, à la fin des années 1940, d'énormes avantages : extraterritorialité, alliance tacite avec le pouvoir politique local et la CIA afin de maintenir l'île dans l'orbite américaine, proximité immédiate de la côte est, de loin la région des États-Unis la plus peuplée à cette époque. En 1959, la chute de Batista, renversé par Fidel Castro, marqua la fin de cette ère de prospérité : la Mafia se rabattit donc sur Las Vegas[7].
26
+
27
+ Toutefois, tant en matière artistique qu'hôtelière, cette époque mafieuse est reconnue comme plus « raffinée » que dans la période 1970-1990. Les hôtels à dimension humaine alliaient le chic et le luxe à un service irréprochable et les plus grandes stars du moment se produisaient à Las Vegas.
28
+
29
+ L'exemple le plus connu en est d'ailleurs le fameux Rat Pack : Frank Sinatra et sa « bande de rats » (Dean Martin, Sammy Davis, Jr., Peter Lawford, beau-frère de John Fitzgerald Kennedy, et parfois Joey Bishop ou Shirley MacLaine) improvisaient tous les soirs sur la scène de la Copa Room de l'hôtel Sands détruit depuis. À la même période s'y produisait régulièrement le duo comique Bennett & Hudson. Le King, Elvis Presley, se produisit à l'International Hotel (Hilton Hotel) de 1969 à 1977 dans plus de 500 shows.
30
+
31
+ Plus récemment, Céline Dion a présenté pendant cinq ans au Caesars Palace le spectacle A New Day… qui s'est terminé le samedi 15 décembre 2007. Il aura attiré plus de trois millions de spectateurs et aura rapporté 450 millions de dollars de recettes. [réf. nécessaire]. Entre 2007 et 2011 plusieurs artistes se sont succédé comme Britney Spears, Elton John, Cher... En 2011 un nouveau contrat a été signé pour un nouveau spectacle de la chanteuse Céline Dion précise René Angélil (manager de Céline Dion) pour une durée de huit ans pour un spectacle intitulé Céline.
32
+
33
+ Las Vegas est surnommée Sin City (« la ville du péché ») à cause des jeux d'argent, des spectacles pour adulte et de la prostitution légale dans les comtés voisins. Mais à partir de 1989, les autorités locales décident de diversifier la ville vers une clientèle plus familiale et consensuelle avec le Circus Circus et l'Excalibur. C'est à ce moment-là que le gigantesque hôtel The Mirage sort des sables grâce à l'homme d'affaires Steve Wynn. Depuis, la croissance de la ville tourne autour de 5 % par an.[réf. nécessaire]
34
+
35
+ Les casinos et les attractions se multiplient ainsi que les services connexes. La croissance de la population suit à un rythme effréné, ce qui pose quelques problèmes d'infrastructures. C'est même la ville la plus attrayante du pays[réf. souhaitée].
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+ En 2003, la population de l'agglomération (Las Vegas Valley) compte 1 583 172 habitants. Un Chinatown apparaît même au début des années 1990 sur Spring Mountain Road.
38
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+ Face à la crise économique mondiale, Las Vegas mise à la fin des années 2000 sur les spectacles et revendique d'être The Entertainment Capital of the World (en) (« la capitale mondiale du divertissement ») au même titre que Los Angeles[8]. Elle est toutefois confrontée à une certaine misère (dans certains quartiers, six habitants sur dix vivent sous le seuil de pauvreté) ; et si des associations viennent en aide aux sans-abris et aux personnes défavorisées, l'État du Nevada reste impuissant à agir (peu d'argent public étant consacré pour pallier ces problèmes)[9].
40
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41
+ La ville de Las Vegas se trouve dans le sud de l'État du Nevada, dans le comté de Clark (36° 11′ 39″ N, 115° 13′ 19″ O). Selon le bureau du recensement des États-Unis, la commune s'étend sur une superficie de 340 km2. Une infime partie de cette superficie (0,04 %) est recouverte par les eaux.
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+ La ville se trouve dans une vallée (Las Vegas Valley) au cœur d'une cuvette aride entourée par des montagnes enneigées en hiver : chaîne Spring (2 512 mètres), Rainbow Mountain à l'ouest, chaîne de Las Vegas au nord, Sunrise Mountain et Frenchman Mountain à l'est (1 025 mètres), Black Mountain au sud (1 552 mètres). Les paysages qui se trouvent autour sont désertiques et caractéristiques de la région géologique du Grand Bassin.
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+
45
+ L'altitude moyenne est de 620 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer. À cause de l'urbanisation et des prélèvements dans la nappe phréatique, le sol est affecté par une subsidence en relation avec les failles du quaternaire[8].
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+
47
+ Las Vegas a un climat désertique chaud (Classification de Köppen BWh) typique du désert des Mojaves. Cette grande ville reçoit une excellente durée d'ensoleillement annuelle et fait d'ailleurs partie des villes les plus ensoleillées de la planète : elle a une durée d'ensoleillement moyenne de 3 822 heures soit environ 87 % du temps. La température moyenne annuelle est de 20,3 °C et le total des précipitations est de 106,5 mm.
48
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49
+ Les étés comprenant les mois de juin à septembre sont longs, très chauds et très secs avec une température moyenne maximale de 40 °C en juillet (le mois le plus chaud), alors que les températures nocturnes restent souvent au-dessus de 27 °C. Il y a en moyenne 134 jours avec une température maximale atteignant ou dépassant 32 °C et 74 jours avec 38 °C ou plus, avec la plupart de ces jours en juillet et en août. En été, l'humidité relative est très basse, souvent en dessous de 10 %. Des orages de forte chaleur peuvent parfois se produire et occasionner des crues dans certaines zones de la vallée. Le record de chaleur est atteint le 26 juillet 1931, avec 48 °C.
50
+
51
+ Les hivers y sont courts, doux et assez secs avec une température moyenne maximale de presque 14 °C en décembre (le mois le plus froid) alors que les températures nocturnes avoisinent 3 °C. Il gèle en moyenne 16 jours à Las Vegas. La plupart des précipitations tombent pendant la période hivernale : le mois le plus arrosé (février) connaît en moyenne 4 jours de pluie.
52
+ Le 18 décembre 2008, la ville est recouverte par plus de quinze centimètres de neige. C'est seulement la cinquième fois depuis 1937 que l’on peut mesurer la hauteur de neige tombée sur la cité du jeu[10].
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+ Las Vegas s'étend au fond d'une vallée et connaît donc parfois des inondations (comme celle d'août 2003). La municipalité dépense des millions de dollars pour pallier ce problème en aménageant des bassins de rétention.
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+ Du fait de sa situation dans le désert, le principal problème est l'alimentation en eau de la métropole, la région connaissant la sécheresse depuis 2000. Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les casinos qui consomment le plus d'eau mais la population de Las Vegas[11]. La croissance démographique entraîne des besoins considérables, que le lac Mead, situé à quelques dizaines de kilomètres à l'est de la ville, a de plus en plus de mal à satisfaire. Pour faire face à la pénurie, la municipalité encourage l'abandon des pelouses par les habitants au profit de jardins plantés de cactus. Elle lutte contre le gaspillage de l’eau : les particuliers négligeants risquent une amende pouvant aller jusqu’à 5 000 US$ pour les fuites d’eau[11]. En 2010, la Southern Nevada Water Authority (en) (SNWA) envisageait de construire un aqueduc pour prélever l’eau nécessaire à son développement à 500 km au nord de la ville, mais le projet n'a pas encore vu le jour.
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+ Répartition de la population par groupe ethnique (1940-2010)
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+ Selon les estimations du Bureau du recensement des États-Unis, l'agglomération de Las Vegas avait une population de 1 777 539 personnes en 2006, et la région a l'une des croissances les plus rapides aux États-Unis. Entre 1999 et 2004, la population a augmenté de 20 %[18], elle a quadruplé entre 1980 et 2010. Cette croissance s'explique par le climat ensoleillé, le faible taux de chômage, le coût raisonnable de la vie, la faiblesse des prélèvements fiscaux[11].
63
+
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+ Sur les quelque 1,8 million de personnes qui vivent dans l'agglomération de Las Vegas, 552 539 personnes résident dans les limites de la commune, environ 700 000 personnes dans des territoires non érigés en municipalité et régis par le comté de Clark, et 465 000 personnes dans les communes de North Las Vegas, Henderson et Boulder City.
65
+
66
+ Selon l'American Community Survey, pour la période 2011-2015, 66,43 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'anglais à la maison, 25,27 % l'espagnol, 2,46 % le tagalog, 0,75 % une langue chinoise et 5,09 % une autre langue[19].
67
+
68
+ Las Vegas, connue pour ses mariages faciles et rapides, est considérée comme la capitale mondiale du mariage. La ville est parsemée de wedding chapels, principalement sur le Strip et dans downtown. L'une des plus connue est la Graceland Wedding chapel. Outre ces chapelles, la ville propose également le service à son Office of Civil Marriages, l'inscription pouvant également se faire en ligne[20].
69
+
70
+
71
+
72
+ L'administration de la ville est de type gouvernement à gérance municipale. Le conseil municipal comprend le maire et six conseillers, élus au suffrage universel pour quatre ans. Carolyn Goodman est maire depuis 2011, date à laquelle elle a succédé à son mari Oscar Goodman. Un gérant municipal dirige l'ensemble des services.
73
+
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+ La région métropolitaine se partage un service de police. Le Las Vegas Metropolitan Police Department fournit la plupart des services de police dans la ville et dans les environs du comté.
75
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+ Las Vegas étant l'une des premières destinations touristiques au monde, on y compte plus de cent vingt mille chambres d'hôtel. D'autres facteurs entrent en compte pour l'économie de Las Vegas, comme les jeux d'argent évidemment mais aussi les restaurants, les spectacles et autres divertissements que l'on peut y trouver. En 1997, Las Vegas a attiré quelque 30 millions de visiteurs[21] et environ 39 millions en 2007[11]. La métropole produit quelque 70 % des revenus de l'État du Nevada[11].
77
+
78
+ Las Vegas est, en mars 2009, la cinquième ville des États-Unis la plus touchée par la crise économique de 2008-2009 : les prix de l’immobilier ont baissé de 41 % en moyenne et le taux d'inoccupation atteint 16 %[22]. La fréquentation touristique a baissé de 4 % en 2009 et plusieurs hôtels ont dû baisser leurs tarifs[23]. Cependant, les grands projets immobiliers sont les plus récents comme CityCenter (8,5 milliards de dollars, 27 hectares), Veer Towers and the Harmon (hôtel de 400 chambres, ouvert en 2010), Haze (une boîte de nuit de 2 300 m2)[23].
79
+
80
+ Selon l'université du Nevada, 58,6 % des revenus de la ville provenaient des jeux en 1984 contre 36,4 % en 2012, laissant plus de place à l'hôtellerie (25,3 % contre 16,1 %), la restauration (15,8 % contre 11,4 %) et les divertissements (15 % contre 6,2 %). Néanmoins, le secteur des boissons est en baisse passant de 7,7 % en 1984 à 7,5 % en 2012.
81
+
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+ Le Consumer Electronics Show, ou CES, est le plus important salon consacré à l'innovation technologique en électronique grand public. Il se tient annuellement à Las Vegas au début du mois de janvier, et il est organisé par la Consumer Technology Association. Selon certains observateurs européens, ce salon fait peu de place à la Green IT, à l'efficience énergétique et aux produits « environmently friendly ». Ils soulignent la nécessité de faire preuve de sobriété et de tempérance devant les excès du marketing, afin de limiter l’impact environnemental du numérique[24].
83
+
84
+ La ville accueille environ trente-six millions de visiteurs par an, ce qui en fait une des premières villes touristiques du monde [réf. nécessaire]. Les touristes qui viennent en famille peuvent également voir des sosies en cire de stars au Madame Tussauds qui est similaire à celui de Londres. Plus de cent célébrités comme Jennifer Lopez, Richard Gere ou George Clooney font partie de la précieuse collection de personnalités comme son homologue français le musée Grévin. Ou bien ils peuvent toujours admirer les talents de l’équipe de basket les Harlem Globetrotters lors de leur représentation exceptionnelle.
85
+ Pour ceux qui aiment les spectacles de sosies, “La Cage” est l’événement fait sur mesure. Ce show met en scène des chanteurs ou acteurs, de Diana Ross à Bette Midler, Céline Dion ou Judy Garland sans oublier Cher ou Tina Turner. Ce spectacle a lieu au Riviera Hôtel Casino[25].
86
+
87
+ Las Vegas est mondialement connu pour ses casinos. La plupart de ceux-ci sont aussi des hôtels à grande capacité dont le casino est ouvert à tous (les jeux d'argent restent cependant interdits aux moins de vingt-et-un ans aux États-Unis). Les hôtels-casinos se répartissent sur deux zones :
88
+
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+ Du nord au sud on trouve, entre autres :
90
+
91
+ L'attraction principale est le Speed, des montagnes russes dont le circuit longe le Strip et traverse la grandiose enseigne du Sahara devant l'hôtel.
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+ Le Sahara a fermé ses portes le 16 mai 2011 et a rouvert en 2014 après une restauration.
94
+
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+ Le Riviera a été dynamité le 16 août 2016 à 2h30 (heure de Las Vegas).
96
+
97
+ Il se situe sur le Strip en face du Treasure Island. Il s'agit d'une tour de 45 étages. On y trouve un très grand casino, un lac, 18 restaurants, une boîte de nuit, un concessionnaire Ferrari et Maserati, 26 boutiques, une galerie d'art, deux chapelles, un très grand complexe de piscines, un parcours de golf de 18 trous ainsi qu'un spectacle du réalisateur de O et de Mystère appelé Le Rêve.
98
+
99
+ Vendu 3 milliards de dollars au géant Hilton en 1986. Un incendie avait fait 84 morts et près de 750 blessés le 21 novembre 1980. Il est relié au Paris Las Vegas par une galerie commerçante et au MGM Grand par un monorail.
100
+
101
+ Il compte également plusieurs grandes piscines extérieures ainsi qu'une petite rivière, qui a remplacé l’« ancienne nouvelle » piscine intérieure, qui elle-même avait remplacé la piscine extérieure avec plage de sable. On y trouve aussi des terrains de tennis, des salles de sport et de remise en forme, des salles de réunions, une grande salle de réception pour les événements sportifs (boxe notamment) et grands spectacles, de plus de 15 000 places. Un parc d'attractions situé derrière l'hôtel a fermé faute de fréquentation. Cet espace a été utilisé pour la réalisation de trois tours d'appartements de grand luxe. Et enfin une galerie marchande ainsi que de très nombreux restaurants…
102
+ L'hôtel comprend, entre autres, plus de 18 000 portes et environ cent ascenseurs. On peut également y voir des lions.
103
+ Il existe une succursale du Crazy Horse Saloon de Paris.
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+
105
+ Par ordre alphabétique :
106
+
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+ La plupart des autres hôtels-casinos sont situés dans le quartier de Downtown Las Vegas :
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109
+ On dit de Las Vegas qu'elle est une ville « toujours en construction ». Voici quelques projets hôteliers pour la ville :
110
+
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+ Sur les vingt-huit plus grands hôtels du monde, vingt sont situés à Las Vegas :
112
+
113
+ Par ordre alphabétique :
114
+
115
+ Le Citizens Area Transit ou CAT Bus est un moyen populaire de transport public parmi les habitants de la ville et les touristes avec divers itinéraires qui couvrent une grande partie de la vallée. Le Citizens Area Transit transporte approximativement 175 000 personnes par jour, soit environ 10 % de la population de la vallée.
116
+
117
+ The Deuce, un bus à deux étages, fait la navette sur le Las Vegas Boulevard, du Strip jusqu'à Downtown, pour 6 $ le trajet de deux heures maximum ou 8 $ les vingt-quatre heures[27].
118
+
119
+ Le monorail de Las Vegas est un système de transport en commun qui s'étend du MGM Grand Las Vegas, dans le Sud du Las Vegas Strip jusqu'au Sahara, dans le Nord du Las Vegas Strip.
120
+
121
+ La ville est desservie principalement par l'aéroport international McCarran de Las Vegas qui fournit les vols commerciaux dans la vallée de Las Vegas. L'aéroport sert également aux avions privés, aux vols de passagers internationaux et aux vols de fret.
122
+
123
+ Le comté de Clark possède d'autres aéroports :
124
+
125
+ Les routes principales qui traversent Las Vegas sont :
126
+
127
+ Jusqu'en 1997, l'Amtrak Desert Wind a traversé Las Vegas qui utilise l'Union Pacific Railroad.
128
+
129
+ L'Union Pacific est la seule voie ferrée pour fournir le service de fret par rail à la ville.
130
+
131
+ Las Vegas fut pendant longtemps l'une des plus grandes villes aux États-Unis à ne posséder aucune équipe appartenant aux ligues majeures des sports professionnels tels que la NFL (football américain), la MLB (baseball), la NBA (basket-ball) et la Ligue nationale de hockey (NHL). Cette particularité peut s'expliquer par le fait que les dirigeants des ligues majeures éprouvaient certaines réticences à faire cohabiter une franchise professionnelle avec cet « univers du jeu » et de bookmakers.
132
+
133
+ Cependant, cette perception semble avoir changé au cours des dernières années. En février 2007, le Thomas & Mack Center (principale salle omnisports de la ville avec environ 19 000 places) a accueilli le match des étoiles 2007 de la NBA. Puis, le 22 juin 2016, la Ligue nationale de hockey annonce une expansion, donnant ainsi la première franchise professionnel à la ville de Las Vegas dans les quatre sports majeurs nord-américains, les Golden Knights de Vegas disputent le premier match de leur histoire à Dallas le 6 octobre 2017, qu'ils remportent 2-1. Ils disputent leur premier match à domicile jours plus tard face aux Coyotes de l'Arizona, qu'ils battent 5 à 2. De plus, les Raiders d'Oakland de la NFL annoncent leur déménagement à Las Vegas pour 2020[28]. Ainsi, leur nouveau stade est mis en construction le 13 novembre 2017 et son ouverture est prévue pour le 31 juillet 2020. Ce tout nouveau stade, l'un des plus chers jamais construit pour la NFL, totalisant un coût de 1,84 milliards d'US$[29]. Étant principalement sponsorisé par la compagnie aérienne originaire du Nevada Allegiant Air, il porte le nom d'Allegiant Stadium[30]. En dehors de ce financement privé, il a la particularité d'être financé à 40 % par le Comté de Clark[31], une entité publique, alors que généralement, aux États-Unis, les stades (tout comme les équipes) appartiennent et sont financés par des propriétaires privés. Cette particularité s'explique par la volonté de Las Vegas de diversifier son offre de sports à regarder sur place. Une autre particularité de ce stade est qu'il dispose d'une grande baie vitrée donnant sur le strip et les casinos, pouvant être obturé par un rideau. Les Rebels d'UNLV joueront également dans ce stade.
134
+
135
+ Le principal club de baseball de la ville sont les Aviators de Las Vegas de la Ligue de la côte du Pacifique qui joue dans le Cashman Field (9 334 places). Les 51s sont une équipe de ligue mineure AAA affiliés avec les Mets de New York de la MLB.
136
+
137
+ La région de Las Vegas possède une équipe de basketball, les Jokers de Las Vegas (American Basketball Association 2000).
138
+
139
+ Depuis 1986, la ville organise l'Open de Las Vegas, c'est un tournoi de tennis masculin qui a lieu fin février, parfois aussi début mai.
140
+
141
+ Le Las Vegas Motor Speedway (LVMS) est un circuit classique situé au nord de la ville et qui accueille des courses automobiles comme la NASCAR. Le circuit est un « D-oval » (ovale en forme de D), sa longueur est de 2,414 km et il a une capacité de 156 000 spectateurs. Il appartient à la Speedway Motorsports, Inc, dont le siège social est à Charlotte, Caroline du Nord. Les trois séries majeures de NASCAR (Sprint Cup, Xfinity Series et Camping World Truck Series) tiennent chacune une course sur cette piste chaque année.
142
+
143
+ Dans le sport universitaire, les Rebels d'UNLV (NCAA) défendent les couleurs de l'université du Nevada à Las Vegas. L'équipe de football américain des Rebels jouent au Sam Boyd Stadium (36 800 places) tandis que celle de basket-ball joue au Thomas & Mack Center (18 776 places). Depuis 1992, le Sam Boyd Stadium organise le Las Vegas Bowl, un match de football américain universitaire opposant généralement des équipes de la Pacific Ten Conference et de la Mountain West Conference.
144
+
145
+ Las Vegas est aussi l'une des capitales des sports de combats telles que la boxe et les arts martiaux mixtes (MMA). Des boxeurs comme Mohamed Ali ou Mike Tyson ont combattu dans cette ville. De plus elle reçoit souvent de nombreux événements de MMA comme des combats de l'Ultimate Fighting Championship. Ces combats ont lieu au MGM ou au Mandalay Bay et maintenant au T-Mobile Arena par exemple.
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+ Sont originaires de Las Vegas :
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+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
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+
3
+ La télévision est un ensemble de techniques destinées à émettre et recevoir des séquences audiovisuelles, appelées programme télévisé (émissions, films et séquences publicitaires). Le contenu de ces programmes peut être décrit selon des procédés analogiques ou numériques tandis que leur transmission peut se faire par ondes radioélectriques ou par réseau câblé.
4
+
5
+ L'appareil permettant d'afficher des images d'un programme est dénommé téléviseur, ou, par métonymie, télévision, ou par apocope télé, ou par siglaison TV.
6
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7
+ La télévision est tributaire d'un réseau économique, politique et culturel (langues nationales ou régionales, genres et formats, réglementation et autorisation de diffusion).
8
+
9
+ Le substantif féminin[1],[2] télévision est réputé emprunté[1] à l'anglais television, un substantif[3] composé de tele- (« télé- ») et vision (« vision »), et attesté en 1907[1].
10
+
11
+ Merci de l'améliorer ou d'en discuter sur sa page de discussion ! Vous pouvez préciser les sections à internationaliser en utilisant {{section à internationaliser}}.
12
+
13
+ La télévision est un moyen de diffuser par un courant électrique (ligne), par une onde (voie hertzienne) ou par internet, de façon séquentielle, les éléments d'une image analysée point par point, ligne après ligne. À l'origine, un mécanisme permet l'exploration d'un ensemble de cellules photoélectriques (mosaïque). Plus tard, le balayage de la mosaïque s'effectue par un mince faisceau d'électrons (analyse cathodique) et la première mosaïque composée d'éléments de sélénium est décrite, en 1877, par George R. Carey (Boston, États-Unis).
14
+
15
+ Inspiré par le Pantélégraphe de Caselli (1856)[11], le principe du balayage apparaît en 1879, dans un projet de « télectroscope » de Constantin Senlecq, notaire dans le Pas-de-Calais : un mécanisme de pantographe explore la face arrière d'un verre dépoli sur lequel est projetée l'image d'un objet.
16
+
17
+ En 1884, l'ingénieur allemand Paul Nipkow dépose un brevet de « télescope électrique » (elektrisches Teleskop). Un disque, percé à sa périphérie de trous disposés selon une spirale centripète, analyse en tournant les brillances d'une ligne de l'image transmise par un objectif. Le décalage des trous permet de passer d'une ligne à l'autre. Dans ces divers cas, le caractère réversible de chacun des procédés doit assurer la reproduction de l'image.
18
+
19
+ En 1891, Raphael Eduard Liesegang publie l'ouvrage Beiträge zum Problem des electrischen Fernsehens (Contribution sur la question de la télévision électrique). L'ouvrage de R.W. Burns, Television, an International History of the Formative Years. The Institution of Electric Engineers[12], ne mentionne pas Liesegang, mais il dit que Rosing (cité ci-dessous) reconnaît sa dette envers lui.
20
+
21
+ En 1907, le russe Boris Rosing dépose un brevet qui propose d'utiliser un tube cathodique, perfectionné en 1898 par Ferdinand Braun, pour reproduire une image analysée par des moyens électromagnétiques. L'année suivante, un Anglais, Campbell-Swinton, propose l'utilisation du tube cathodique aussi bien à l'analyse qu'à la reproduction de l'image. Aucun de ces projets ne mentionne la reproduction du mouvement.
22
+
23
+ Ces projets conduisent Vladimir Zworykin, un Russe émigré aux États-Unis, à déposer en 1923 un brevet de télévision « tout électronique » (all electronic), alors qu'en Grande-Bretagne Logie Baird obtient une licence expérimentale en 1926 pour son « Televisor »[13]. Les années 1930 allaient alors être marquées par des tentatives diverses d'émissions en Europe, principalement par la BBC de Grande-Bretagne, ainsi qu'aux États-Unis, mais la bataille entre les différentes licences et techniques utilisées d'une part, et la Seconde Guerre mondiale d'autre part, allaient retarder l'avènement de la télévision comme média populaire.
24
+
25
+ Au sortir de la guerre, les États-Unis sont les premiers à imposer une normalisation technique qui facilite la progression rapide des stations d'émission et un accroissement fulgurant du parc des récepteurs (30 000 en 1947, 157 000 en 1948, 876 000 en 1949, 3,9 millions en 1952[14]). « L'année 1949 est [alors] celle de l'explosion. La grille des programmes de l'automne abonde en émissions en tout genre, annonciatrices de ce que nous pouvons voir à l'écran aujourd'hui : fictions comiques et dramatiques, théâtre, films, sport et, bien sûr, variétés et jeux de connaissances générales richement dotés. »[15].
26
+
27
+ Le 14 février 1957, le pape Pie XII fait de Claire d'Assise la sainte patronne de la télévision[16].
28
+
29
+ « Aux États-Unis, le nouveau média a évincé la radio et le cinéma pour s’imposer comme la forme de divertissement populaire standard dans les années 1950 ; pays prospère, la Grande-Bretagne a suivi dans les années 1960 » rapporte l’historien Eric Hobsbawm[17].
30
+
31
+ En France, en 2007 chaque famille possédait en moyenne 1,8 téléviseur, selon le cabinet d’audit GfK[18].
32
+
33
+ Selon une enquête menée au cours de l’année 2006 auprès des Français, la télévision resterait allumée en moyenne six heures par jour[19].
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+ Durant les années 1990 en France, le sociologue Pierre Bourdieu a travaillé à comprendre la sociologie des médias, y compris la télévision avec son livre Sur la télévision.
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+ La télévision est un sujet vaste analysé par de nombreux courants et disciplines des sciences sociales. Parmi ce lot, Henrion-Dourcy[20] en répertorie plusieurs :
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+ Les études sociales des médias touchent donc par défaut plusieurs disciplines.
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+ Plus spécifiquement, les recherches anthropologiques sur la télévision, quant à elles, ont débuté par la publication, dès le début des années 1980, d’articles sur des études de cas de l’impact de la télévision sur certaines communautés. Parmi eux, il y a Granzberg et Steinberg[21] chez les Algonquins, Graburn[22] chez les Inuits, Kent chez les Navajos[23]. Quelques monographies marquantes se sont ajoutées à la liste : Naficy[24] sur les immigrés iraniens de Los Angeles, Gillespie[25] sur les immigrés indiens du nord de l’Angleterre.
42
+
43
+ Dans La Grande Lessive (!) (1968), Jean-Pierre Mocky raconte l'histoire d'un professeur de littérature qui, déplorant les effets de la télévision sur la concentration et le sommeil de ses élèves, décide de saboter la télévision en appliquant un produit chimique sur les antennes de télévision.
44
+
45
+ La télévision serait dangereuse pour le développement des bébés. En France, la direction générale de la santé (DGS) a publié un avis négatif concernant les chaînes de télévision pour enfant, à la suite des travaux du groupe d’experts réunis le 16 avril 2008[34]. Les associations familiales et les syndicats d’enseignants réunis dans le Collectif inter-associatif enfance et média[35], rappelant que les chaînes de télévision destinées aux bébés représentent un danger pour leur santé et leur développement intellectuel et émotionnel, ont demandé aux pouvoirs publics l’interdiction des chaînes Baby TV et Baby first[36],[37].
46
+
47
+ Une enquête américaine publiée en octobre 2007, soutenue par la Fondation Tamaki et le National Institute of Mental Health, a été menée auprès de plus de 1 000 parents d'enfants âgés de 2 à 24 mois. Selon Frederick Zimmerman, chercheur à l'université de Washington et auteur principal de l'étude : « Si la télévision en quantité appropriée peut être utile à un certain âge pour les enfants et leurs parents, il a été démontré qu'un excès de télévision avant 3 ans est associé à des problèmes du contrôle de l'attention, un comportement agressif et un développement cognitif pauvre. »[38].
48
+
49
+ En comparant les performances des enfants à des tests cognitifs standardisés en fonction de la date d'introduction de la télévision dans les différentes villes américaines (entre 1940 et le milieu des années 1950), les économistes Matthew Gentzkow et Jesse Shapiro montrent que l'exposition à la télévision avant l'âge d'entrée à l'école n'a pas d'effet négatif sur les performances cognitives des enfants. Au contraire, il semble que l'exposition à la télévision avant l'entrée à l'école augmente légèrement les performances des enfants. L'effet sur les performances d'expression orale, de lecture et de connaissances générales est plus fort pour les enfants issus de famille dans lesquelles l'Anglais n'est pas la langue maternelle[39].
50
+
51
+ L'Académie américaine de pédiatrie, à la suite d'une méta-analyse de 50 études sur les conséquences de la télévision sur les enfants, émet la recommandation de bannir l'écran de télévision ou de l'ordinateur à tout enfant de moins de deux ans (90 % de ces enfants américains regardent une forme de média numérique 1 à 2 heures par jour), ces médias nuisant à leur attention et diminuant la communication des parents avec leur enfant[40].
52
+
53
+ La télévision est un facteur contribuant à l'augmentation de l'obésité à la fois par l'inactivité physique qu'elle entraîne pour le spectateur et par l'effet de la publicité pour des produits alimentaires souvent gras et sucrés. Il existe un lien entre une forte exposition aux publicités télévisées et l'obésité des jeunes de 2 à 18 ans. L'exposition à la publicité télévisée portant sur des aliments de haute densité énergétique (notamment sucrés et gras) est associée à une prévalence plus élevée de l'obésité[41].
54
+
55
+ De manière plus générale, le temps passé devant l'écran est corrélé avec une augmentation du risque de diabète de type II, de survenue de maladies cardio-vasculaires ainsi qu'une augmentation de la mortalité, toute cause confondue[42].
56
+
57
+ En 2011 un Français (Michel Desmurget, docteur en neurosciences) sort un livre (TV lobotomie (ISBN 978-2-31500-145-3)) qui réunit les conclusions d'études parues sur plusieurs années. Abordant de multiples aspect de santé (ex : psychologie, développement intellectuel, répercussions sociales)[43].
58
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59
+ Pour Christophe Piar, les médias en général, et la télévision en particulier, peuvent parfois avoir un impact sur les résultats des élections, avec ce que les chercheurs appellent des effets d'amorçage, d'association et de cadrage. Ces deux derniers effets ont en particulier contribué à la victoire de Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle de 2007. Les candidats ont ainsi tout intérêt à faire jouer à leur profit ces mécanismes, en essayant d'influencer au maximum les journalistes dans leur travail de fabrication de l'information[45].
60
+
61
+ En comparant la participation électorale par ville en fonction de la date d'introduction de la télévision aux États-Unis, l'économiste Matthew Gentzkow montre que l'introduction de la télévision a un fort effet sur la baisse de la participation électorale. Cet effet s'explique principalement par une baisse de la lecture des journaux et de l'écoute de la radio qui conduisent à une baisse des connaissances politiques[46].
62
+
63
+ La télévision se veut pourtant plus accessible, voire « démocratique » que certains médias traditionnels, du fait que le contenu informatif ne demande pas de compétence en lecture, selon l'anthropologue Henrion-Dourcy[20]. En Occident, Internet peut partager ces mêmes caractéristiques, mais dans les sociétés non occidentales, il s'agit du premier médium de masse en importance. Mankekar voit justement la télévision comme « un écran sur lequel se projette la culture et un espace d’où l’on peut voir le politique »[47].
64
+
65
+ Les économistes Stefano Dellavigna et Ethan Kaplan ont comparé l'évolution du vote en faveur des Républicains entre 1996 et 2000 dans les villes pour lesquelles la chaîne de télévision conservatrice Fox News a été ajoutée au réseau câblé et dans les villes qui n'ont pas accès à Fox News. Ils mettent en avant un effet de l'introduction de Fox News sur le vote en faveur des Républicains. Dans les villes où Fox News a été introduite, les Républicains ont gagné entre 0,4 et 0,7 points de pourcentage entre 1996 et 2000[48]. Cette étude montre le pouvoir de persuasion potentiel de la télévision.
66
+
67
+ En comparant les résultats aux élections parlementaires russes de 1999 dans les régions où il existait une chaîne de télévision indépendante du gouvernement et dans les régions où il n'en existait pas, les économistes Ruben Enikolopov, Maria Petrova et Ekaterina Zhuravskaya montrent qu'il existe un effet massif sur le résultat électoral. En présence d'une chaîne de télévision indépendante, le score du parti gouvernemental baisse de près de 9 points de pourcentage[49].
68
+
69
+ En s'appuyant sur des données indonésiennes, l'économiste Benjamin Olken montre que l'introduction de la télévision diminue la participation à des organisations sociales et la confiance en soi[50].
70
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71
+ Selon Henrion-Dourcy[20], la télévision joue sur l'interaction entre les plans microsocial et macrosocial puisque de grandes questions comme sur la construction l'identité nationales sont discutées dans l'intimité des foyers selon le contenu présenté à la télévision. De nombreux grands sujets sont traités soit pour défendre une idée, en contester une autre ou pour amener un débat social.
72
+
73
+ La télévision offre une gratification immédiate aux téléspectateurs. Ce serait un plaisir qu’on regrette ensuite. Les enquêtes montrent que le petit écran est l’un des loisirs les plus frustrants pour les téléspectateurs eux-mêmes. La corrélation entre le nombre d’heures passées devant le téléviseur et les indices de satisfaction est négative. Selon Robert Putnam, comme toute consommation compulsive ou addictive, la téléphagie est une activité étonnamment peu valorisante[51].
74
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75
+ Piratage, données personnelles, rupture de la confidentialité ou encore accès à la vie privée figurent parmi les alertes lancées par le FBI en novembre 2019. Selon l'agence fédérale, les nouvelles télévisions peuvent permettre et faciliter l'espionnage. Dès lors, l'agence met en garde les consommateurs et les invite à vérifier les règles de confidentialité des constructeurs[52].
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+ les télévisions cathodiques et les magnétoscopes pouvaient être réparés. Lors de pannes, les appareils étaient confiés à des réparateurs.
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+ Les commerçants qui vendaient des téléviseurs assuraient également leur réparation.
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+ Voir aussi la Catégorie:Film documentaire sur les médias
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+ La Terre est une planète du Système solaire, la troisième plus proche du Soleil et la cinquième plus grande, tant en taille qu'en masse, de ce système planétaire dont elle est également la plus massive des planètes telluriques.
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+ La Terre s'est formée il y a 4,54 milliards d'années environ et la vie y est apparue moins d'un milliard d'années plus tard[1]. La planète abrite des millions d'espèces vivantes, dont les humains[2]. La biosphère de la Terre a fortement modifié l'atmosphère et les autres caractéristiques abiotiques de la planète, permettant la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation d'une couche d'ozone qui, associée au champ magnétique terrestre, bloque une partie du rayonnement solaire, permettant ainsi la vie sur Terre[3]. Les propriétés physiques de la Terre, de même que son histoire géologique et son orbite, ont permis à la vie de subsister durant cette période. De plus, la Terre devrait pouvoir maintenir la vie (telle que nous la connaissons actuellement) durant encore au moins 500 millions d'années[4],[5].
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9
+ La croûte terrestre est divisée en plusieurs segments rigides appelés plaques tectoniques qui se déplacent sur des millions d'années. Environ 71 % de la surface terrestre est couverte par des océans d'eau salée qui forment l'hydrosphère avec les autres sources d'eau comme les lacs, les fleuves ou les nappes phréatiques. Les pôles géographiques de la Terre sont principalement recouverts de glace (inlandsis et banquise). L'intérieur de la planète reste actif avec un épais manteau composé de roches silicatées (généralement solides, mais localement fondues), un noyau externe de fer liquide qui génère le champ magnétique, et un noyau interne de fer solide.
10
+
11
+ La Terre interagit avec les autres objets spatiaux, principalement le Soleil et la Lune. Actuellement, la Terre orbite autour du Soleil en 365,256 363 jours solaires ou une année sidérale[a]. L'axe de rotation de la Terre est incliné de 23,437°[6] par rapport à la perpendiculaire du plan de l'écliptique, ce qui produit des variations saisonnières sur la surface de la planète avec une période d'une année tropique (365,24219 jours solaires)[7]. Le seul satellite naturel connu de la Terre est la Lune qui commença à orbiter il y a 4,5 milliards d'années. Celle-ci provoque les marées, stabilise l'inclinaison axiale et ralentit lentement la rotation terrestre. Il y a environ 3,8 milliards d'années, lors du grand bombardement tardif, de nombreux impacts d'astéroïdes causèrent alors d'importantes modifications de sa surface.
12
+
13
+ La Terre a pour particularité, du point de vue de l'être humain, d'être le seul endroit connu de l'univers à abriter la vie telle que nous la connaissons, comme la faune (dont entre autres l'espèce humaine) et la flore. Les cultures humaines ont développé de nombreuses représentations de la planète, dont une personnification en tant que déité, la croyance en une terre plate, la Terre en tant que centre de l'univers et la perspective moderne d'un monde en tant que système global nécessitant une gestion raisonnable.
14
+
15
+ La science qui étudie la Terre est la géologie. Compte tenu de l'influence de la vie sur la composition de l'atmosphère, des océans et des roches sédimentaires, la géologie emprunte à la biologie une partie de sa chronologie et de son vocabulaire.
16
+
17
+ L'âge de la Terre est aujourd'hui estimé à 4,54 milliards d'années[8]. L'histoire de la Terre est divisée en quatre grands intervalles de temps, dits éons :
18
+
19
+ La formation de la Terre par accrétion était presque terminée en moins de 20 millions d'années[11]. Initialement en fusion, la couche externe de la Terre s'est refroidie pour former une croûte solide lorsque l'eau commença à s'accumuler dans l'atmosphère, aboutissant aux premières pluies et aux premiers océans. La Lune s'est formée peu de temps après, il y a 4,53 milliards d'années[12]. Le consensus actuel[13] pour la formation de la Lune est l'hypothèse de l'impact géant, selon laquelle un objet (quelquefois appelé Théia), de la taille de Mars et de masse environ égale au dixième de la masse terrestre[14], est entré en collision avec la Terre[15]. Dans ce modèle, une partie de cet objet se serait agglomérée avec la Terre tandis qu'une autre partie, mêlée avec peut-être 10 % de la masse totale de la Terre, aurait été éjectée dans l'espace, où elle aurait formé la Lune.
20
+
21
+ L'activité volcanique a produit une atmosphère primitive. De la vapeur d'eau condensée ayant plusieurs origines possibles, mêlée à de la glace apportée par des comètes, a produit les océans[16]. Une combinaison de gaz à effet de serre et d'importants niveaux d'activité solaire permirent d'augmenter la température à la surface de la Terre et empêchèrent les océans de geler[17]. Vers −3,5 milliards d'années, le champ magnétique se forma et il permit d'éviter à l'atmosphère d'être balayée par le vent solaire[18].
22
+
23
+ Deux principaux modèles ont été proposés pour expliquer la vitesse de croissance continentale[19] : une croissance constante jusqu'à nos jours[20] et une croissance rapide au début de l'histoire de la Terre[21]. Les recherches actuelles montrent que la deuxième hypothèse est la plus probable avec une formation rapide de la croûte continentale[22] suivie par de faibles variations de la surface globale des continents[23],[24],[25]. Sur une échelle de temps de plusieurs centaines de millions d'années, les continents ou supercontinents se forment puis se divisent. C'est ainsi qu'il y a environ 750 millions d'années, le plus vieux des supercontinents connus, Rodinia, commença à se disloquer. Les continents entre lesquels il s'était divisé se recombinèrent plus tard pour former Pannotia, il y a 650-540 millions d'années, puis finalement Pangée, au Permien, qui se fragmenta il y a 180 millions d'années[26].
24
+
25
+ On suppose qu'une activité chimique intense dans un milieu hautement énergétique a produit une molécule capable de se reproduire, dans un système particulier, il y a environ 4 milliards d'années. On pense que la vie elle-même serait apparue entre 200 et 500 millions d'années plus tard[27].
26
+
27
+ Le développement de la photosynthèse, active depuis bien avant 3 à 3,5 milliards d'années avant le présent, permit à la vie d'exploiter directement l'énergie du Soleil. Celle-ci produisit de l'oxygène qui s'accumula dans l'atmosphère, à partir d'environ 2,5 milliards d'années avant le présent, et forma la couche d'ozone (une forme d'oxygène [O3]) dans la haute atmosphère, lorsque les niveaux d'oxygène dépassèrent quelques pourcents. Le regroupement de petites cellules entraîna le développement de cellules complexes appelées eucaryotes[28]. Les premiers organismes multicellulaires formés de cellules au sein de colonies devinrent de plus en plus spécialisés. Aidées par l'absorption des dangereux rayons ultraviolets par la couche d'ozone, des colonies bactériennes pourraient avoir colonisé la surface de la Terre, dès ces époques lointaines[29]. Les plantes et les animaux pluricellulaires ne colonisèrent la terre ferme qu'à partir de la fin du Cambrien (pour mousses, lichens et champignons) et pendant l'Ordovicien (pour les premiers végétaux vasculaires et les arthropodes), le Silurien (pour les gastéropodes ?) et le Dévonien (pour les vertébrés)[réf. nécessaire].
28
+
29
+ Depuis les années 1960, il a été proposé une hypothèse selon laquelle une ou plusieurs séries de glaciations globales eurent lieu il y a 750 à 580 millions d'années, pendant le Néoprotérozoïque, et qui couvrirent la planète d'une couche de glace. Cette hypothèse a été nommée Snowball Earth (« Terre boule de neige »), et est d'un intérêt particulier parce qu'elle précède l'explosion cambrienne, quand des formes de vies multicellulaires commencèrent à proliférer[30].
30
+
31
+ À la suite de l'explosion cambrienne, il y a environ 535 millions d'années, cinq extinctions massives se produisirent[31]. La dernière extinction majeure date de 66 millions d'années, quand une météorite est entrée en collision avec la Terre, exterminant les dinosaures et d'autres grands reptiles, épargnant de plus petits animaux comme les mammifères, les oiseaux, ou encore les lézards[réf. nécessaire].
32
+
33
+ Dans les 66 millions d'années qui se sont écoulées depuis, les mammifères se sont diversifiés, le genre humain (Homo) s'étant développé depuis deux millions d'années. Des changements périodiques à long terme de l'orbite de la Terre, causés par l'influence gravitationnelle des autres astres, sont probablement une des causes des glaciations qui ont plus que doublé les zones polaires de la planète, périodiquement dans les derniers millions d'années[réf. nécessaire].
34
+
35
+ À l'issue de la dernière glaciation, le développement de l'agriculture et, ensuite, des civilisations, permit aux humains de modifier la surface de la Terre dans une courte période de temps, comme aucune autre espèce avant eux, affectant la nature tout comme les autres formes de vie[32].
36
+
37
+ Le futur de la Terre est très lié à celui du Soleil. Du fait de l'accumulation d'hélium dans le cœur du Soleil, la luminosité de l'étoile augmente lentement à l'échelle des temps géologiques. La luminosité va croître de 10 % au cours du 1,1 milliard d'années à venir et de 40 % sur les prochains 3,5 milliards d'années[33]. Les modèles climatiques indiquent que l'accroissement des radiations atteignant la Terre aura probablement des conséquences dramatiques sur la pérennité de son climat « terrestre », notamment la disparition des océans[34].
38
+
39
+ La Terre devrait cependant rester habitable durant encore plus de 500 millions d'années[4], cette durée pouvant passer à 2,3 milliards d'années si la pression atmosphérique diminue en retirant une partie de l'azote de l'atmosphère[35]. L'augmentation de la température terrestre va accélérer le cycle du carbone inorganique, réduisant sa concentration à des niveaux qui pourraient devenir trop faibles pour les plantes (10 ppm pour la photosynthèse du C4) dans environ 500[4] ou 900 millions d'années. La réduction de la végétation entraînera la diminution de la quantité d'oxygène dans l'atmosphère, ce qui provoquera la disparition progressive de la plupart des formes de vies animales[36]. Ensuite, la température moyenne (de la Terre) augmentera plus vite en raison de l'emballement de l'effet de serre par la vapeur d'eau, vers 40 à 50 °C[36]. Dans 1 milliard à 1,7 milliard d'années, la température sera si élevée que les océans s'évaporeront, précipitant le climat de la Terre dans celui de type vénusien, et faisant disparaître toute forme simple de vie à la surface de la Terre[5],[37].
40
+
41
+ Même si le Soleil était éternel et stable, le refroidissement interne de la Terre entraînerait la baisse du niveau de CO2 du fait d'une réduction du volcanisme[38], et 35 % de l'eau des océans descendrait dans le manteau du fait de la baisse des échanges au niveau des dorsales océaniques[39].
42
+
43
+ Dans le cadre de son évolution, le Soleil deviendra une géante rouge dans plus de 5 milliards d'années. Les modèles prédisent qu'il gonflera jusqu'à atteindre environ 250 fois son rayon actuel[33],[40].
44
+
45
+ Le destin de la Terre est moins clair. En tant que géante rouge, le Soleil va perdre environ 30 % de sa masse, donc sans prendre en compte les effets de marée, la Terre se déplacerait sur une orbite à 1,7 ua (254 316 600 km) du Soleil lorsque celui-ci atteindra sa taille maximale. La planète ne devrait donc pas être engloutie par les couches externes du Soleil même si l'atmosphère restante finira par être « soufflée » dans l'espace, et la croûte terrestre finira par fondre pour se transformer en un océan de lave, lorsque la luminosité solaire atteindra environ 5 000 fois son niveau actuel[33]. Cependant, une simulation de 2008 indique que l'orbite terrestre va se modifier du fait des effets de marées et poussera la Terre à entrer dans l'atmosphère du Soleil où elle sera absorbée et vaporisée[40].
46
+
47
+ La forme de la Terre est approchée par un ellipsoïde, une sphère aplatie aux pôles[41]. La rotation de la Terre entraîne l'apparition d'un léger bourrelet de sorte que le diamètre à l’équateur est 43 kilomètres plus long que le diamètre polaire (du pôle Nord au pôle Sud)[42]. Le diamètre moyen du sphéroïde de référence (appelé géoïde) est d'environ 12 742 kilomètres, ce qui est approximativement 40 000 kilomètres/π, car le mètre était initialement défini comme 1/10 000 000e (dix-millionième) de la distance de l'équateur au pôle Nord en passant par Paris[43],[44].
48
+
49
+ La topographie locale dévie de ce sphéroïde idéalisé même si à grande échelle, ces variations sont faibles : la Terre a une tolérance d'environ 0,17 % par rapport au sphéroïde parfait. Proportionnellement, c'est un peu moins lisse qu'une boule de billard neuve, alors qu'une boule de billard usée peut présenter des aspérités légèrement plus marquées[45]. Les plus grandes variations dans la surface rocheuse de la Terre sont l'Everest (8 848 mètres au-dessus du niveau de la mer) et la fosse des Mariannes (10 911 mètres sous le niveau de la mer). Du fait du bourrelet équatorial, les lieux les plus éloignés du centre de la Terre sont les sommets du Chimborazo en Équateur et du Huascarán au Pérou[46],[47],[48]. Pour la même raison, l'embouchure du Mississippi est plus éloignée du centre de la Terre que sa source[49].
50
+
51
+ Le rayon de la Terre est d'environ 6 371 km, selon divers modèles sphériques. La Terre n'étant pas parfaitement sphérique, la distance entre son centre et la surface varie de 6 352,8 km (fond de l'océan Arctique) à 6 384,415 km (sommet du Chimborazo)[50]. Le rayon équatorial est de 6 378,137 0 km, alors que le rayon polaire est de 6 356,752 3 km (modèle ellipsoïde de sphère aplatie aux pôles).
52
+
53
+ La masse de la Terre est estimée à 5,972 2 × 1024 kg. On la détermine en divisant la constante géocentrique GM par la constante de gravitation G. Sa précision est limitée par celle de G, le produit GM pouvant être déduit des mesures de géodésie spatiale avec une précision bien supérieure.
54
+
55
+ La Terre est une planète tellurique, c'est-à-dire une planète essentiellement rocheuse à noyau métallique, contrairement aux géantes gazeuses, telles que Jupiter, essentiellement constituées de gaz légers (hydrogène et hélium). Il s'agit de la plus grande des quatre planètes telluriques du Système solaire, que ce soit par la taille ou la masse. De ces quatre planètes, la Terre a aussi la masse volumique globale la plus élevée, la plus forte gravité de surface, le plus puissant champ magnétique global, la vitesse de rotation la plus élevée[51] et est probablement la seule avec une tectonique des plaques active[52].
56
+
57
+ La surface externe de la Terre est divisée en plusieurs segments rigides, ou plaques tectoniques, qui se déplacent lentement sur la surface sur des durées de plusieurs millions d'années. Environ 71 % de la surface est couverte d'océans d'eau salée, les 29 % restants étant des continents et des îles. L'eau liquide, nécessaire à la vie telle que nous la connaissons, est très abondante sur Terre, et aucune autre planète n'a encore été découverte avec des étendues d'eau liquide (lacs, mers, océans) à sa surface.
58
+
59
+ La Terre est principalement composée de fer (32,1 %[54]), d'oxygène (30,1 %), de silicium (15,1 %), de magnésium (13,9 %), de soufre (2,9 %), de nickel (1,8 %), de calcium (1,5 %) et d'aluminium (1,4 %), le reste (1,2 %) consistant en de légères traces d'autres éléments. Les éléments les plus denses ayant tendance à se concentrer au centre de la Terre (phénomène de différenciation planétaire), on pense que le cœur de la Terre est composé majoritairement de fer (88,8 %), avec une plus petite quantité de nickel (5,8 %), de soufre (4,5 %) et moins de 1 % d'autres éléments[55].
60
+
61
+ Le géochimiste F. W. Clarke a calculé que 47 % (en poids, soit 94 % en volume[56]) de la croûte terrestre était faite d'oxygène, présent principalement sous forme d'oxydes, dont les principaux sont les oxydes de silicium (sous forme de silicates), d'aluminium (aluminosilicates), de fer, de calcium, de magnésium, de potassium et de sodium. La silice est le constituant majeur de la croûte, sous forme de pyroxénoïdes, les minéraux les plus communs des roches magmatiques et métamorphiques. Après une synthèse basée sur l'analyse de 1 672 types de roches, Clarke a obtenu les pourcentages présentés dans le tableau ci-contre[57].
62
+
63
+ L'intérieur de la Terre, comme celui des autres planètes telluriques, est stratifié, c'est-à-dire organisé en couches concentriques superposées, ayant des densités croissantes avec la profondeur. Ces diverses couches se distinguent par leur nature pétrologique (contrastes chimiques et minéralogiques) et leurs propriétés physiques (changements d'état physique, propriétés rhéologiques). La couche extérieure de la Terre solide, fine à très fine relativement au rayon terrestre, s'appelle la croûte ; elle est solide, et chimiquement distincte du manteau, solide, sur lequel elle repose ; sous l'effet combiné de la pression et de la température, avec la profondeur, le manteau passe d'un état solide fragile (cassant, sismogène, « lithosphérique ») à un état solide ductile (plastique, « asthénosphérique », et donc caractérisé par une viscosité plus faible, quoiqu'encore extrêmement élevée). La surface de contact entre la croûte et le manteau est appelée le Moho ; il se visualise très bien par les méthodes sismiques du fait du fort contraste de vitesse des ondes sismiques, entre les deux côtés. L'épaisseur de la croûte varie de 6 kilomètres sous les océans jusqu'à plus de 50 kilomètres en moyenne sous les continents. La croûte et la partie supérieure froide et rigide du manteau supérieur sont appelés lithosphère ; leur comportement horizontalement rigide à l'échelle du million à la dizaine de millions d'années est à l'origine de la tectonique des plaques. L'asthénosphère se trouve sous la lithosphère et est une couche convective, relativement moins visqueuse sur laquelle la lithosphère se déplace en « plaques minces ». Des changements importants dans la structure cristallographique des divers minéraux du manteau, qui sont des changements de phase au sens thermodynamique, vers respectivement les profondeurs de 410 kilomètres et de 670 kilomètres sous la surface, encadrent une zone dite de transition, définie initialement sur la base des premières images sismologiques. Actuellement, on appelle manteau supérieur la couche qui va du Moho à la transition de phase vers 670 kilomètres de profondeur, la transition à 410 kilomètres de profondeur étant reconnue pour ne pas avoir une importance majeure sur le processus de convection mantellique, au contraire de l'autre. Et l'on appelle donc manteau inférieur la zone comprise entre cette transition de phase à 670 kilomètres de profondeur, et la limite noyau-manteau. Sous le manteau inférieur, le noyau terrestre, composé à presque 90 % de fer métal, constitue une entité chimiquement originale de tout ce qui est au-dessus, à savoir la Terre silicatée. Ce noyau est lui-même stratifié en un noyau externe liquide et très peu visqueux (viscosité de l'ordre de celle d'une huile moteur à 20 °C), qui entoure un noyau interne solide[58] encore appelé graine. Cette graine résulte de la cristallisation du noyau du fait du refroidissement séculaire de la Terre. Cette cristallisation, par la chaleur latente qu'elle libère, est source d'une convection du noyau externe, laquelle est la source du champ magnétique terrestre. L'absence d'un tel champ magnétique sur les autres planètes telluriques laisse penser que leurs noyaux métalliques, dont les présences sont nécessaires pour expliquer les données astronomiques de densité et de moment d'inertie, sont totalement cristallisés. Selon une interprétation encore débattue de données sismologiques, le noyau interne terrestre semblerait tourner à une vitesse angulaire légèrement supérieure à celle du reste de la planète, avançant relativement de 0,1 à 0,5° par an[59].
64
+
65
+ La chaleur interne de la Terre est issue d'une combinaison de l'énergie résiduelle issue de l'accrétion planétaire (environ 20 %) et de la chaleur produite par les éléments radioactifs (80 %)[62]. Les principaux isotopes producteurs de chaleur de la Terre sont le potassium 40, l'uranium 238, l'uranium 235 et le thorium 232[63]. Au centre de la planète, la température pourrait atteindre 7 000 K et la pression serait de 360 GPa[64]. Comme la plus grande partie de la chaleur est issue de la désintégration des éléments radioactifs, les scientifiques considèrent qu'au début de l'histoire de la Terre, avant que les isotopes à courte durée de vie ne se soient désintégrés, la production de chaleur de la Terre aurait été bien plus importante. Cette production supplémentaire, deux fois plus importante il y a trois milliards d'années qu'aujourd'hui[62], aurait accru les gradients de températures dans la Terre et donc le rythme de la convection mantellique et de la tectonique des plaques, ce qui aurait permis la formation de roches ignées comme les komatiites, qui ne sont plus formées aujourd'hui[65].
66
+
67
+ La perte moyenne de chaleur par la Terre est de 87 mW/m2 pour une perte globale de 4,42 × 1013 W[67],[68](44,2 TW). Une portion de l'énergie thermique du noyau est transportée vers la croûte par des panaches, une forme de convection où des roches semi-fondues remontent vers la croûte. Ces panaches peuvent produire des points chauds et des trapps[69]. La plus grande partie de la chaleur de la Terre est perdue à travers la tectonique des plaques au niveau des dorsales océaniques. La dernière source importante de perte de chaleur est la conduction à travers la lithosphère, la plus grande partie ayant lieu dans les océans, car la croûte y est plus mince que celle des continents, surtout au niveau des dorsales[70].
68
+
69
+ Les plaques tectoniques sont des segments rigides de lithosphère qui se déplacent les uns par rapport aux autres. Les relations cinématiques qui existent aux frontières des plaques peuvent être regroupées en trois domaines : des domaines de convergence où deux plaques se rencontrent, de divergence où deux plaques se séparent et des domaines de transcurrence où les plaques se déplacent latéralement les unes par rapport aux autres. Les tremblements de terre, l'activité volcanique, la formation des montagnes et des fosses océaniques sont plus fréquents le long de ces frontières[73]. Le mouvement des plaques tectoniques est lié aux mouvements de convection ayant lieu dans le manteau terrestre[74].
70
+
71
+ Du fait du mouvement des plaques tectoniques, le plancher océanique plonge sous les bords des autres plaques. Au même moment, la remontée du magma au niveau des frontières divergentes crée des dorsales. La combinaison de ces processus permet un recyclage continuel de la lithosphère océanique qui retourne dans le manteau. Par conséquent, la plus grande partie du plancher océanique est âgée de moins de 100 millions d'années. La plus ancienne croûte océanique est localisée dans l'ouest du Pacifique et a un âge estimé de 200 millions d'années[75],[76]. Par comparaison, les éléments les plus anciens de la croûte continentale sont âgés de 4 030 millions d'années[77].
72
+
73
+ Il existe sept principales plaques, Pacifique, Nord-Américaine, Eurasienne, Africaine, Antarctique, Australienne et Sud-Américaine. Parmi les plaques importantes, on peut également citer les plaques Arabique, Caraïbe, Nazca à l'ouest de la côte occidentale de l'Amérique du Sud et la plaque Scotia dans le sud de l'océan Atlantique. La plaque australienne fusionna avec la plaque indienne il y a 50 millions d'années. Les plaques océaniques sont les plus rapides : la plaque de Cocos avance à un rythme de 75 mm/an[78] et la plaque pacifique à 52–69 mm/an. À l'autre extrême, la plus lente est la plaque eurasienne progressant à une vitesse de 21 mm/an[79].
74
+
75
+ Le relief de la Terre diffère énormément suivant le lieu. Environ 70,8 %[80] de la surface du globe est recouverte par de l'eau et une grande partie du plateau continental se trouve sous le niveau de la mer. Les zones submergées ont un relief aussi varié que les autres dont une dorsale océanique faisant le tour de la Terre ainsi que des volcans sous-marins[42], des fosses océaniques, des canyons sous-marins, des plateaux et des plaines abyssales. Les 29,2 % non recouvertes d'eau sont composés de montagnes, de déserts, de plaines, de plateaux et d'autres géomorphologies.
76
+
77
+ La surface planétaire subit de nombreuses modifications du fait de la tectonique et de l'érosion. Les éléments de surface construits ou déformés par la tectonique des plaques sont sujets à une météorisation constante du fait des précipitations, des cycles thermiques et des effets chimiques. Les glaciations, l'érosion du littoral, la construction des récifs coralliens et les impacts météoriques[81] contribuent également aux modifications du paysage[réf. nécessaire].
78
+
79
+ La lithosphère continentale est composée de matériaux de faible densité comme les roches ignées : granite et andésite. Le basalte est moins fréquent et cette roche volcanique dense est le principal constituant du plancher océanique[83]. Les roches sédimentaires se forment par l'accumulation de sédiments qui se compactent. Environ 75 % des surfaces continentales sont recouvertes de roches sédimentaires même si elles ne représentent que 5 % de la croûte[84]. Le troisième type de roche rencontré sur Terre est la roche métamorphique, créée par la transformation d'autres types de roche en présence de hautes pressions, de hautes températures ou les deux. Parmi les silicates les plus abondants de la surface terrestre, on peut citer le quartz, le feldspath, l'amphibole, le mica, le pyroxène et l'olivine[85]. Les carbonates courants sont la calcite (composant du calcaire) et la dolomite[86].
80
+
81
+ La pédosphère est la couche la plus externe de la Terre. Elle est composée de sol et est sujette au processus de formation du sol. Elle se trouve à la rencontre de la lithosphère, de l'atmosphère, de l'hydrosphère et de la biosphère. Actuellement, les zones arables représentent 13,31 % de la surface terrestre et seulement 4,71 % supportent des cultures permanentes[87]. Près de 40 % de la surface terrestre est utilisée pour l'agriculture et l'élevage soit environ 1,3 × 107 km2 de cultures et 3,4 × 107 km2 de pâturage[88].
82
+
83
+ L'altitude de la surface terrestre de la Terre varie de −418 mètres au niveau des rives de la mer Morte à 8 848 mètres au sommet de l'Everest. L'altitude moyenne des terres émergées est de 840 mètres au-dessus du niveau de la mer[89].
84
+
85
+ L'abondance de l'eau sur la surface de la Terre est une caractéristique unique qui distingue la « planète bleue » des autres planètes du Système solaire. L'hydrosphère terrestre est principalement composée par les océans, mais techniquement elle inclut également les mers, les lacs, les rivières et les eaux souterraines jusqu'à une profondeur de 2 000 mètres. La Challenger Deep de la fosse des Mariannes dans l'océan Pacifique est le lieu immergé le plus profond avec une profondeur de 10 911 mètres[e],[90].
86
+
87
+ La masse des océans est d'environ 1,35 × 1018 t , soit environ 1/4 400e de la masse totale de la Terre. Les océans couvrent une superficie de 3,618 × 108 km2 avec une profondeur moyenne de 3 682 mètres, soit un volume estimé à 1,332 × 109 km3[91]. Environ 97,5 % de l'eau terrestre est salée. Les 2,5 % restants sont composés d'eau douce, mais environ 68,7 % de celle-ci est immobilisée sous forme de glace[92].
88
+
89
+ La salinité moyenne des océans est d'environ 35 grammes de sel par kilogramme d'eau de mer (35 ‰)[93]. La plupart de ce sel fut libéré par l'activité volcanique ou par l'érosion des roches ignées[94]. Les océans sont également un important réservoir de gaz atmosphériques dissous qui sont essentiels à la survie de nombreuses formes de vie aquatiques[95]. L'eau de mer a une grande influence sur le climat mondial du fait de l'énorme réservoir de chaleur que constituent les océans[96]. Des changements dans les températures océaniques peuvent entraîner des phénomènes météorologiques très importants comme El Niño[97].
90
+
91
+ La Terre est entourée d'une enveloppe gazeuse qu'elle retient par attraction gravitationnelle : l'atmosphère. L'atmosphère de la Terre est intermédiaire entre celle, très épaisse, de Vénus, et celle, très ténue, de Mars. La pression atmosphérique au niveau de la mer est en moyenne de 101 325 Pa, soit 1 atm par définition[98]. L'atmosphère est constituée de 78,09 % d'azote, de 20,95 % d'oxygène, de 0,93 % d'argon et de 0,039 % de dioxyde de carbone, ainsi que de divers autres gaz dont de la vapeur d'eau. La hauteur de la troposphère varie avec la latitude entre 8 kilomètres aux pôles et 17 kilomètres à l'équateur, avec quelques variations résultant de facteurs météorologiques et saisonniers[99].
92
+
93
+ La biosphère de la Terre a fortement altéré son atmosphère. La photosynthèse à base d'oxygène apparut il y a 2,7 milliards d'années et forma l'atmosphère actuelle, principalement composée d'azote et d'oxygène. Ce changement permit la prolifération d'organismes aérobies de même que la formation de la couche d'ozone bloquant les rayons ultraviolets émis par le Soleil. L'atmosphère favorise également la vie en transportant la vapeur d'eau, en fournissant des gaz utiles, en faisant brûler les petites météorites avant qu'elles ne frappent la surface et en modérant les températures[100]. Ce dernier phénomène est connu sous le nom d'effet de serre : des molécules présentes en faible quantité dans l'atmosphère bloquent la déperdition de chaleur dans l'espace et font ainsi augmenter la température globale. La vapeur d'eau, le dioxyde de carbone, le méthane et l'ozone sont les principaux gaz à effet de serre de l'atmosphère terrestre. Sans cette conservation de la chaleur, la température moyenne sur Terre serait de −18 °C par rapport aux 15 °C actuels[80].
94
+
95
+ L'atmosphère terrestre n'a pas de limite clairement définie, elle disparaît lentement dans l'espace. Les trois-quarts de la masse de l'air entourant la Terre sont concentrés dans les premiers 11 kilomètres de l'atmosphère. Cette couche la plus inférieure est appelée la troposphère. L'énergie du Soleil chauffe cette couche et la surface en dessous, ce qui entraîne une expansion du volume atmosphérique par dilatation de l'air, ce qui a pour effet de réduire sa densité et ce qui l’amène à s'élever et à être remplacé par de l'air plus dense, car plus froid. La circulation atmosphérique qui en résulte est un acteur déterminant dans le climat et la météorologie du fait de la redistribution de la chaleur, entre les différentes couches d'air qu'elle implique[101].
96
+
97
+ Les principales bandes de circulations sont les alizés dans la région équatoriale à moins de 30° et les vents d'ouest dans les latitudes intermédiaires entre 30° et 60°[102]. Les courants océaniques sont également importants dans la détermination du climat, en particulier la circulation thermohaline qui distribue l'énergie thermique des régions équatoriales vers les régions polaires[103].
98
+
99
+ La vapeur d'eau générée par l'évaporation de surface est transportée par les mouvements atmosphériques. Lorsque les conditions atmosphériques permettent une élévation de l'air chaud et humide, cette eau se condense et retombe sur la surface sous forme de précipitations[101]. La plupart de l'eau est ensuite transportée vers les altitudes inférieures par les réseaux fluviaux et retourne dans les océans ou dans les lacs. Ce cycle de l'eau est un mécanisme vital au soutien de la vie sur Terre et joue un rôle primordial dans l'érosion des reliefs terrestres. La distribution des précipitations est très variée, de plusieurs mètres à moins d'un millimètre par an. La circulation atmosphérique, les caractéristiques topologiques et les gradients de températures déterminent les précipitations moyenne sur une région donnée[104].
100
+
101
+ La quantité d'énergie solaire atteignant la Terre diminue avec la hausse de la latitude. Aux latitudes les plus élevées, les rayons solaires atteignent la surface suivant un angle plus faible et doivent traverser une plus grande colonne d'atmosphère. Par conséquent, la température moyenne au niveau de la mer diminue d'environ 0,4 °C à chaque degré de latitude en s'éloignant de l'équateur[105]. La Terre peut être divisée en ceintures latitudinaires de climat similaires. En partant de l'équateur, celles-ci sont les zones tropicales (ou équatoriales), subtropicales, tempérées et polaires[106]. Le climat peut également être basé sur les températures et les précipitations. La classification de Köppen (modifiée par Rudolph Geiger, étudiant de Wladimir Peter Köppen) est la plus utilisée et définit cinq grands groupes (tropical humide, aride, tempéré, continental et polaire) qui peuvent être divisés en sous-groupes plus précis[102].
102
+
103
+ Au-dessus de la troposphère, l'atmosphère est habituellement divisée en trois couches, la stratosphère, la mésosphère et la thermosphère[100]. Chaque couche possède un gradient thermique adiabatique différent définissant l'évolution de la température avec l'altitude. Au-delà, l'exosphère se transforme en magnétosphère, où le champ magnétique terrestre interagit avec le vent solaire[107]. La couche d'ozone se trouve dans la stratosphère et bloque une partie des rayons ultraviolets, ce qui est important pour la vie sur Terre. La ligne de Kármán, définie comme se trouvant à 100 kilomètres au-dessus de la surface terrestre, est la limite habituelle entre l'atmosphère et l'espace[108].
104
+
105
+ L'énergie thermique peut accroître la vitesse de certaines particules de la zone supérieure de l'atmosphère qui peuvent ainsi échapper à la gravité terrestre. Cela entraîne une lente, mais constante « fuite » de l'atmosphère dans l'espace. Comme l'hydrogène non lié a une faible masse moléculaire, il peut atteindre la vitesse de libération plus facilement et disparaît dans l'espace à un rythme plus élevé que celui des autres gaz[109]. La fuite de l'hydrogène dans l'espace déplace la Terre d'un état initialement réducteur à un état actuellement oxydant. La photosynthèse fournit une source d'oxygène non lié, mais la perte d'agents réducteurs comme l'hydrogène est considérée comme une condition nécessaire à l'accumulation massive d'oxygène dans l'atmosphère[110]. Ainsi, la capacité de l'hydrogène à quitter l'atmosphère terrestre aurait pu influencer la nature de la vie qui s'est développée sur la planète[111]. Actuellement, la plus grande partie de l'hydrogène est convertie en eau avant qu'il ne s'échappe du fait de l'atmosphère riche en oxygène. La plupart de l'hydrogène s'échappant provient de la destruction des molécules de méthane dans la haute atmosphère[112].
106
+
107
+ Le champ magnétique terrestre a pour l'essentiel la forme d'un dipôle magnétique avec les pôles actuellement situés près des pôles géographiques de la planète. À l'équateur du champ magnétique, son intensité à la surface terrestre est de 3,05 × 10−5 T, avec un moment magnétique global de 7,91 × 1015 T m3[113]. Selon la théorie de la dynamo, le champ est généré par le cœur externe fondu où la chaleur crée des mouvements de convection au sein de matériaux conducteurs, ce qui génère des courants électriques. Ceux-ci produisent le champ magnétique terrestre. Les mouvements de convection dans le noyau externe sont organisés spatialement selon un mode spécifique de cette géométrie (colonnes de Busse), mais présentent néanmoins une composante temporelle relativement chaotique (au sens de la dynamique non-linéaire) ; bien que le plus souvent plus ou moins alignés avec l'axe de rotation de la Terre, les pôles magnétiques se déplacent et changent irrégulièrement d'alignement. Cela entraîne des inversions du champ magnétique terrestre à intervalles irréguliers, approximativement plusieurs fois par million d'années pour la période actuelle, le Cénozoïque. L'inversion la plus récente eut lieu il y a environ 700 000 ans[114],[115].
108
+
109
+ Le champ magnétique forme la magnétosphère qui dévie les particules du vent solaire et s'étend jusqu'à environ treize fois le rayon terrestre en direction du Soleil. La collision entre le champ magnétique et le vent solaire forme les ceintures de Van Allen, une paire de régions toroïdales contenant un grand nombre de particules énergétiques ionisées. Lorsque, à l'occasion d'arrivées de plasma solaire plus intenses que le vent solaire moyen, par exemple lors d'événements d'éjections de masse coronale vers la Terre, la déformation de la géométrie de la magnétosphère sous l'impact de ce flux solaire permet le processus de reconnexion magnétique, et une partie des électrons de ce plasma solaire entre dans l'atmosphère terrestre en une ceinture autour aux pôles magnétiques ; il se forme alors des aurores polaires[116], qui sont l'émission d'une lumière de fluorescence résultant de la désexcitation des atomes et molécules, essentiellement d'oxygène de la haute et moyenne atmosphère, excités par les chocs des électrons solaires[réf. nécessaire].
110
+
111
+ La période de rotation relative de la Terre par rapport au Soleil est d'environ 86 400 s soit un jour solaire[117]. La période de rotation relative de la Terre par rapport aux étoiles fixes, appelé son jour stellaire par l'International Earth Rotation and Reference Systems Service (IERS), est de 86 164,098 903 691 secondes de temps solaire moyen (UT1) ou 23 h 56 min 4,098903691 s[118],[f]. Du fait de la précession des équinoxes, la période de rotation relative de la Terre, son jour sidéral est de 23 h 56 min 4,09053083288 s[118]. Ainsi le jour sidéral est plus court que le jour stellaire d'environ 8,4 ms[119].
112
+
113
+ À part des météorites dans l'atmosphère et les satellites en orbite basse, le principal mouvement apparent des corps célestes dans le ciel terrestre est vers l'ouest à un rythme de 15°/h ou 15'/min. Pour les corps proches de l'équateur céleste, cela est équivalent à un diamètre apparent de la Lune ou du Soleil toutes les deux minutes[120],[121].
114
+
115
+ Avant la création de la Lune, on suppose que l'axe de rotation de la Terre oscillait en permanence, ce qui rendait difficile l'apparition de la vie à sa surface pour causes de dérèglement climatique. Puis, une petite planète de la taille de Mars nommée Théia serait entrée en collision avec la Terre et aurait créé la Lune. L'apparition de cette dernière aurait stabilisé l'axe de rotation de la Terre[réf. nécessaire].
116
+
117
+ La Terre orbite autour du Soleil à une distance moyenne d'environ 150 millions de kilomètres suivant une période de 365,256 4 jours solaires ou une année sidérale. De la Terre, cela donne un mouvement apparent du Soleil vers l'est par rapport aux étoiles à un rythme d'environ 1°/jour ou un diamètre solaire toutes les 12 heures. Du fait de ce mouvement, il faut en moyenne 24 heures, un jour solaire, à la Terre pour réaliser une rotation complète autour de son axe et que le Soleil revienne au plan méridien. La vitesse orbitale de la Terre est d'environ 29,8 km/s (107 000 km/h)[98].
118
+
119
+ La Lune et la Terre tournent autour de leur barycentre commun en 27,32 jours (par rapport aux étoiles lointaines). En associant ce mouvement à celui du couple Terre-Lune autour du Soleil, on obtient que la période du mois synodique (d'une nouvelle lune à la nouvelle lune suivante) est de 29,53 jours. Vus depuis le pôle céleste nord, les mouvements de la Terre, de la Lune et de leurs rotations axiales sont tous dans le sens direct (le même que celui de la rotation du Soleil). Les plans orbitaux et axiaux ne sont pas précisément alignés, l'axe de la Terre est incliné de 23,4° par rapport à la perpendiculaire au plan orbital Terre-Soleil et le plan orbital Terre-Lune est incliné de 5° par rapport au plan orbital Terre-Soleil. Sans cette inclinaison, il y aurait une éclipse toutes les deux semaines, avec une alternance entre éclipses lunaires et solaires[98],[122].
120
+
121
+ La sphère de Hill ou la sphère d'influence gravitationnelle de la Terre a un rayon d'environ 1 500 000 kilomètres[123],[g]. C'est la distance maximale à laquelle l'influence gravitationnelle de la Terre est supérieure à celle du Soleil et des autres planètes. Pour orbiter autour de la Terre, les objets doivent se trouver dans cette zone où ils peuvent être perturbés par l'attraction gravitationnelle du Soleil[réf. nécessaire].
122
+
123
+ La Terre, au sein du Système solaire, est située dans la Voie lactée et se trouve à 28 000 années-lumière du centre galactique. Elle est actuellement à environ 20 années-lumière du plan équatorial de la galaxie dans le bras d'Orion[124].
124
+
125
+ Du fait de l'inclinaison axiale de la Terre, la quantité de rayonnement solaire atteignant tout point de la surface varie au cours de l'année. Cela a pour conséquence des changements saisonniers dans le climat avec un été dans l'hémisphère nord lorsque le pôle nord pointe vers le Soleil et l'hiver lorsque le pôle pointe dans l'autre direction. Durant l'été, les jours durent plus longtemps et le Soleil monte plus haut dans le ciel. En hiver, le climat devient généralement plus froid et les jours raccourcissent. Au-delà du cercle Arctique, il n'y a aucun jour durant une partie de l'année, ce qui est appelé une nuit polaire. Dans l'hémisphère sud, la situation est exactement l'inverse.
126
+
127
+ Par convention astronomique, les quatre saisons sont déterminées par les solstices, lorsque le point de l'orbite où l'inclinaison vers ou dans la direction opposée du Soleil est maximale et les équinoxes lorsque la direction de l'inclinaison de l'axe et la direction au Soleil sont perpendiculaires. Dans l'hémisphère nord, le solstice d'hiver a lieu le 21 décembre, le solstice d'été est proche du 21 juin, l'équinoxe de printemps a lieu autour du 20 mars et l'équinoxe d'automne vers le 21 septembre. Dans l'hémisphère sud, la situation est inversée et les dates des solstices d'hiver et d'été et celles des équinoxes de printemps et d'automne sont aussi inversées[125].
128
+
129
+ L'angle d'inclinaison de la Terre est relativement stable au cours du temps. L'inclinaison entraîne la nutation, un balancement périodique ayant une période de 18,6 années[126]. L'orientation (et non l'angle) de l'axe de la Terre évolue et réalise un cycle complet en 25 771 années. Cette précession des équinoxes est la cause de la différence de durée entre une année sidérale et une année tropique. Ces deux mouvements sont causés par le couple qu'exercent les forces de marées de la Lune et du Soleil sur le renflement équatorial de la Terre. De plus, les pôles se déplacent périodiquement par rapport à la surface de la Terre selon un mouvement connu sous le nom d'oscillation de Chandler[127].
130
+
131
+ À l'époque moderne, le périhélie de la Terre a lieu vers le 3 janvier et l'aphélie vers le 4 juillet. Ces dates évoluent au cours du temps du fait de la précession et d'autres facteurs orbitaux qui suivent un schéma cyclique connu sous le nom de paramètres de Milanković.
132
+
133
+ La Terre a un seul satellite naturel « permanent » connu, la Lune, située à environ 380 000 kilomètres de la Terre. Relativement grand, son diamètre est environ le quart de celui de la Terre. Au sein du Système solaire, c'est l'un des plus grands satellites naturels (après Ganymède, Titan, Callisto et Io) et le plus grand d'une planète non gazeuse. De plus, c'est la plus grande lune du Système solaire par rapport à la taille de sa planète (même si Charon est relativement plus grand par rapport à la planète naine Pluton). Elle est relativement proche de la taille de la planète Mercure (environ les trois quarts du diamètre de cette dernière). Les satellites naturels orbitant autour des autres planètes sont communément appelés « lunes » en référence à la Lune de la Terre.
134
+
135
+ L'attraction gravitationnelle entre la Terre et la Lune cause les marées sur Terre. Le même effet a eu lieu sur la Lune, de sorte que sa période de rotation est identique au temps qu'il lui faut pour orbiter autour de la Terre, et qu'elle présente ainsi toujours la même face vers la Terre. En orbitant autour de la Terre, différentes parties du côté visible de la Lune sont illuminées par le Soleil, causant les phases lunaires.
136
+
137
+ À cause du couple des marées, la Lune s'éloigne de la Terre à un rythme d'environ 38 millimètres par an, produisant aussi l'allongement du jour terrestre de 23 microsecondes par an[128]. Sur plusieurs millions d'années, l'effet cumulé de ces petites modifications produit d'importants changements. Durant la période du D��vonien, il y a approximativement 410 millions d'années, il y avait ainsi 400 jours dans une année, chaque jour durant 21,8 heures[129].
138
+
139
+ La Lune pourrait avoir eu une influence dans le développement de la vie en régulant le climat de la Terre. Les observations paléontologiques et les simulations informatiques en mécanique planétaire montrent que l'inclinaison de l'axe de la Terre est stabilisée par les effets de marées avec la Lune[130]. Certains scientifiques considèrent que sans cette stabilisation contre les couples appliqués par le Soleil et les planètes sur le renflement équatorial, l'axe de rotation aurait pu être très instable, ce qui aurait provoqué des changements chaotiques de son inclinaison au cours des temps géologiques et pour des échelles de durées supérieures à typiquement quelques dizaines de millions d'années, comme cela semble avoir été le cas pour Mars[131].
140
+
141
+ La Lune est aujourd'hui à une distance de la Terre telle que, vue depuis celle-ci, notre satellite a à peu près la même taille apparente (taille angulaire) que le Soleil. Le diamètre angulaire (ou l'angle solide) des deux corps est quasiment identique, car même si le diamètre du Soleil est 400 fois plus important que celui de la Lune, celle-ci est 400 fois plus rapprochée de la Terre que notre étoile[121]. Ceci permet de voir sur Terre et à notre époque géologique, des éclipses solaires totales ou annulaires (en fonction des petites variations de distance Terre-Lune, liées à la très légère ellipticité de l'orbite sélène).
142
+
143
+ Le consensus actuel sur les origines de la Lune est en faveur de l'hypothèse de l'impact géant entre un planétoïde de la taille de Mars, appelé Théia, et la proto-Terre nouvellement formée. Cette hypothèse explique en partie le fait que, en ce qui concerne la croûte lunaire, la composition chimique, principalement pour de nombreux éléments-trace, ainsi qu'en isotopie, principalement celle de l'oxygène (en gros, la moitié des atomes), ressemble particulièrement à celle de la croûte terrestre[132].
144
+
145
+ Les modèles informatiques des astrophysiciens Mikael Granvik, Jérémie Vaubaillon et Robert Jedicke suggèrent que des « satellites temporaires » devraient être tout à fait communs et que « à tout instant, il devrait y avoir au moins un satellite naturel, possédant un diamètre de 1 mètre, en orbite autour de la Terre »[trad 1],[133]. Ces objets resteraient en orbite durant en moyenne dix mois avant de revenir dans une orbite solaire.
146
+
147
+ L'une des premières mentions dans la littérature scientifique d'un satellite temporaire est celle de Clarence Chant lors de la grande procession météorique de 1913[134] :
148
+
149
+ « Il semblerait que les corps ayant voyagé à travers l'espace, probablement selon une orbite autour du Soleil et passant près de la Terre, auraient pu être capturés par celle-ci et être amenés à se déplacer autour d'elle comme un satellite[trad 2],[135]. »
150
+
151
+ Dans les faits, un tel objet est connu. En effet, entre 2006 et 2007, 2006 RH120 était effectivement temporairement en orbite autour de notre planète plutôt qu'autour du Soleil[136].
152
+
153
+ Le 21 septembre 2012, des chutes de météorites ont lieu sur les îles Britanniques et l'Amérique du Nord. L'origine de ces météorites pourrait être un petit corps en orbite autour de la Terre[137].
154
+
155
+ En janvier 2014, on compte 1 167 satellites artificiels en orbite autour de la Terre (contre 931 en 2011)[138].
156
+
157
+ 2010 TK7 est le premier astéroïde troyen connu de la Terre, autour du point de Lagrange L4 du couple Terre-Soleil, 60° en avance par rapport à la Terre sur son orbite autour du Soleil.
158
+
159
+ Les nuages de Kordylewski graviteraient aux points L4 et L5 du système Terre-Lune, mais leur existence reste incertaine à ce jour.
160
+
161
+ La Terre a au moins sept quasi-satellites :
162
+
163
+ Une planète qui peut abriter la vie est dite habitable même si la vie n'y est pas présente, ou n'en est pas originaire. La Terre fournit de l'eau liquide, des environnements où les molécules organiques complexes peuvent s'assembler et interagir, et suffisamment d'une énergie dite « douce » pour maintenir, pendant une durée suffisamment longue, un système de métabolismes[139]. La distance de la Terre au Soleil, de même que son excentricité orbitale, sa vitesse de rotation, l'inclinaison de son axe, son histoire géologique, une atmosphère restée non-agressive pour les molécules organiques malgré une évolution de composition chimique drastique, et un champ magnétique protecteur contribuent également, depuis l'apparition de la vie terrestre, aux conditions d'habitabilité à sa surface[140].
164
+
165
+ Les formes de vie de la planète sont parfois désignées comme formant une « biosphère ». On considère généralement que cette biosphère a commencé à évoluer il y a environ 3,5 milliards d'années. La biosphère est divisée en plusieurs biomes, habités par des groupes similaires de plantes et d'animaux. Sur terre, les biomes sont principalement séparés par des différences de latitudes, l'altitude et l'humidité. Les biomes terrestres se trouvant au-delà des cercles Arctique et Antarctique, en haute altitude ou dans les zones très arides sont relativement dépourvus de vie animale et végétale alors que la biodiversité est maximale dans les forêts tropicales humides[141].
166
+
167
+ La Terre fournit des ressources qui sont exploitables par les humains pour diverses utilisations. Certaines ne sont pas renouvelables, comme les combustibles fossiles, qui sont difficiles à reconstituer sur une courte échelle de temps. D'importantes quantités de combustibles fossiles peuvent être obtenues de la croûte terrestre, comme le charbon, le pétrole, le gaz naturel ou les hydrates de méthane. Ces dépôts sont utilisés pour la production d'énergie, et en tant que matière première pour l'industrie chimique. Les minerais se sont formés dans la croûte terrestre et sont constitués de divers éléments chimiques utiles comme les métaux[142].
168
+
169
+ La biosphère terrestre produit de nombreuses ressources biologiques pour les humains, comme de la nourriture, du bois, des médicaments, de l'oxygène et assure également le recyclage de nombreux déchets organiques. Les écosystèmes terrestres dépendent de la couche arable et de l'eau douce, tandis que les écosystèmes marins sont basés sur les nutriments dissous dans l'eau[143]. Les humains vivent également sur terre en utilisant des matériaux de construction pour fabriquer des abris. En 1993, l'utilisation humaine des terres était approximativement répartie ainsi :
170
+
171
+ La superficie irriguée estimée en 1993 était de 2 481 250 km2[87].
172
+
173
+ D'importantes zones de la surface terrestre sont sujettes à des phénomènes météorologiques extrêmes comme des cyclones, des ouragans ou des typhons qui dominent la vie dans ces régions. De 1980 à 2000, ces événements ont causé environ 11 800 morts par an[144]. De même, de nombreuses régions sont exposées aux séismes, aux glissements de terrain, aux éruptions volcaniques, aux tsunamis, aux tornades, aux dolines, aux blizzards, aux inondations, aux sécheresses, aux incendies de forêt et autres calamités et catastrophes naturelles.
174
+
175
+ De nombreuses régions sont sujettes à la pollution de l'air et de l'eau créée par l'homme, aux pluies acides, aux substances toxiques, à la perte de végétation (surpâturage, déforestation, désertification), à la perte de biodiversité, à la dégradation des sols, à l'érosion et à l'introduction d'espèces invasives.
176
+
177
+ Selon les Nations unies, un consensus scientifique existe qui lie les activités humaines au réchauffement climatique du fait des émissions industrielles de dioxyde de carbone, et plus généralement des gaz à effet de serre. Cette modification du climat risque de provoquer la fonte des glaciers et des calottes glaciaires, des amplitudes de température plus extrêmes, d'importants changements de la météorologie et une élévation du niveau de la mer[145],[146].
178
+
179
+ La Terre compte approximativement 7,3 milliards d'habitants en 2015[148]. Les projections indiquent que la population mondiale atteindra 9,7 milliards d'habitants en 2050[148]. La plupart de cette croissance devrait se faire dans les pays en développement. La région de l'Afrique subsaharienne a le taux de natalité le plus élevé au monde. La densité de population humaine varie considérablement autour du monde, mais une majorité vit en Asie. En 2020, 60 % de la population devrait vivre dans des zones urbaines plutôt que rurales[149].
180
+
181
+ On estime que seul un-huitième de la surface de la Terre convient pour les humains ; trois-quarts de la Terre sont recouverts par les océans et la moitié des terres émergées sont des déserts (14 %)[150], des hautes montagnes (27 %)[151] ou d'autres milieux peu accueillants. L'implantation humaine permanente la plus au nord est Alert sur l'île d'Ellesmere au Canada (82°28′N)[152]. La plus au sud est la station d'Amundsen-Scott en Antarctique située près du pôle sud (90°S)[réf. nécessaire].
182
+
183
+ La totalité des terres émergées, à l'exception de certaines zones de l'Antarctique et du Bir Tawil non revendiqué que ce soit par l'Égypte ou le Soudan, sont revendiquées par des nations indépendantes. En 2011, on compte 204 États souverains dont 193 sont membres des Nations unies. De plus, il existe 59 territoires à souveraineté limitée et de nombreuses entités autonomes ou contestées[87]. Historiquement la Terre n'a jamais connu une souveraineté s'étendant sur l'ensemble de la planète même si de nombreuses nations ont tenté d'obtenir une domination mondiale et ont échoué[153].
184
+
185
+ L'Organisation des Nations unies est une organisation internationale qui fut créée dans le but de régler pacifiquement les conflits entre nations[154]. Les Nations unies servent principalement de lieu d'échange pour la diplomatie et le droit international public. Lorsque le consensus est obtenu entre les différents membres, une opération armée peut être envisagée[155].
186
+
187
+ Le premier astronaute humain à avoir orbité autour de la Terre fut Youri Gagarine le 12 avril 1961[156]. Au total, en 2015, environ 550 personnes se sont rendues dans l'espace et douze d'entre elles ont marché sur la Lune[157],[158],[159]. En temps normal, au début du 21e siècle, les seuls humains dans l'espace sont ceux se trouvant dans la station spatiale internationale qui est habitée en permanence, les stations spatiales chinoises n'ayant eu dans les années 2010 que des séjours de courtes durées. Les astronautes de la mission Apollo 13 sont les humains qui se sont le plus éloignés de la Terre avec 400 171 kilomètres en 1970[160].
188
+
189
+ Dans le passé, la croyance en une terre plate[161] fut contredite par les observations et par les circumnavigations et le modèle d'une Terre sphérique s'imposa[162].
190
+
191
+ À la différence des autres planètes du Système solaire, l'humanité n'a pas considéré la Terre comme un objet mobile en rotation autour du Soleil avant le XVIe siècle[163]. La Terre a souvent été personnifiée en tant que déité, en particulier sous la forme d'une déesse. Les mythes de la création de nombreuses religions relatent la création de la Terre par une ou plusieurs divinités[réf. nécessaire].
192
+
193
+ Quelques groupes religieux souvent affiliés aux branches fondamentalistes du protestantisme[164] et de l'islam[165] avancent que leur interprétation des mythes de la création dans les textes sacrés est la vérité et que celle-ci devrait être considérée comme l'égale des hypothèses scientifiques conventionnelles concernant la formation de la Terre et le développement de la vie voire devrait les remplacer[166]. De telles affirmations sont rejetées par la communauté scientifique[167],[168] et par les autres groupes religieux[169],[170],[171].
194
+
195
+ La vision humaine concernant la Terre a évolué depuis les débuts de l'aérospatiale et la biosphère est maintenant vue selon une perspective globale[172],[173]. Cela est reflété dans le développement de l'écologie qui s'inquiète de l'impact de l'humanité sur la planète[174].
196
+
197
+ Dès 1945, Paul Valéry, dans son ouvrage Regards sur le monde actuel, estimait que « le temps du monde fini commence »[175]. Par « monde », il n'entendait pas le monde-univers des Anciens, mais notre monde actuel, c'est-à-dire, la Terre et l'ensemble de ses habitants.
198
+
199
+ Bertrand de Jouvenel a évoqué la finitude de la Terre dès 1968[176].
200
+
201
+ Le philosophe Dominique Bourg, spécialiste de l'éthique du développement durable, évoque la découverte de la finitude écologique de la Terre dans la nature en politique ou l'enjeu philosophique de l'écologie (2000). Estimant que cette finitude est suffisamment connue et prouvée pour qu'il soit inutile de l'illustrer, il souligne qu'elle a entraîné dans nos représentations un changement radical de la relation entre l'universel et le singulier. Alors que le paradigme moderne classique postulait que l'universel commandait le singulier, et le général le particulier, on ne peut pas y réduire la relation entre le planétaire et le local. Dans l'univers systémique de l'écologie, la biosphère (le planétaire) et les biotopes (le local) sont interdépendants. Cette interdépendance du local et du planétaire fait voler en éclats le principe moteur de la modernité, qui tendait à abolir toute particularité locale au profit de principes généraux, ce en quoi le projet moderne fut proprement utopique. La preuve expérimentale du raccordement symbolique de l'écologie à la culture a été fournie par les réactions des premiers astronautes qui, en 1969, ont pu observer notre planète à partir de la Lune. Ils dirent que la Terre était belle, précieuse, et fragile. C'est-à-dire que l'Homme a le devoir de la protéger[177].
202
+
203
+ La finitude écologique de la Terre est une question devenue tellement prégnante que certains philosophes (Heidegger, Grondin, Schürch) ont pu parler d'une éthique de la finitude[178].
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+ Les concepts d'empreinte écologique et de biocapacité permettent d'appréhender les problèmes liés à la finitude écologique de la Terre[réf. nécessaire].
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+ Article 1
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+ Omnes homines liberi æquique dignitate atque iuribus nascuntur. Ratione conscientiaque præditi sunt et alii erga alios cum fraternitate se gerere debent.
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+ Notre père
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+ Le latin (en latin : lingua Latīna ou Latīna lingua) est une langue italique de la famille des langues indo-européennes, parlée à l'origine par les Latins dans le Latium de la Rome antique. Bien qu'il soit souvent considéré comme une langue morte[note 1], sa connaissance, voire son usage, se sont maintenus à l'université et dans le clergé. De nombreuses écoles et universités continuent à l'enseigner[1],[note 2]. Le latin est toujours utilisé pour la production de néologismes dans de nombreuses familles de langues. Le latin, ainsi que les langues romanes (dites parfois néo-latines), sont la seule branche des langues italiques à avoir survécu. Les autres branches sont attestées dans des documents datant de l'Italie préromaine, mais ont été assimilées durant la période républicaine ou au début de l'époque impériale.
9
+
10
+ Langue flexionnelle, elle comporte sept cas, deux nombres et trois genres. L'alphabet latin est dérivé des alphabets étrusque et grec. Enrichi de lettres supplémentaires et de signes diacritiques, il est utilisé aujourd'hui par de nombreuses langues vivantes et comportait à l'époque classique 23 lettres, dont 4 voyelles, 2 semi-voyelles et 17 consonnes.
11
+
12
+ Les langues italiques formaient, à côté des langues celtiques, germaniques et helléniques, une sous-famille « centum » des langues indo-européennes qui incluait le latin, parlé par la population du Latium en Italie centrale (les Latins), et d'autres parlers comme l'ombrien et l'osque, au voisinage immédiat d'une langue étrusque non indo-européenne mais dont le latin a subi l'influence culturelle. De nos jours, les langues italiques sont représentées par les langues romanes, issues du latin populaire (l'italien, le roumain/moldave, l'aroumain, le français, l'occitan, le francoprovençal, le catalan, l'espagnol, le portugais, le sarde, le ladin, le corse, etc., ainsi que des langues aujourd'hui éteintes, comme le dalmate ou le mozarabe).
13
+
14
+ On appelle latin archaïque (prisca latinitas) l'état du latin en usage de l'origine jusqu'au tout début du Ier siècle av. J.-C.
15
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16
+ L'expansion territoriale de la Rome antique assure au latin une diffusion de plus en plus large à partir du IIIe siècle av. J.-C. Langue officielle de l'Empire romain, elle se répand dans la majeure partie de l'Europe occidentale, de l'Afrique du nord, de l'Asie Mineure et des régions danubiennes. Sous l'Empire, le latin est la langue du droit, de l'administration romaine et de l'armée ainsi que des nombreuses colonies romaines, coexistant avec le grec et les parlers locaux.
17
+
18
+ Après la chute de l'Empire romain d'Occident au Ve siècle, les envahisseurs germaniques adoptent progressivement le mode de pensée romain et la langue latine afin d'asseoir leur légitimité. Seule la Bretagne romaine sera lentement germanisée par les envahisseurs anglo-saxons qui conserveront leur langue germanique, celle-ci se répandant progressivement au détriment du celtique parlé par les brito-romains qui toutefois parviendra à se maintenir jusqu'à nos jours. Tout au long du haut Moyen Âge, bien qu'il ne soit pas une langue vernaculaire, le latin reste la langue des actes officiels, de la diplomatie, de la liturgie et de la littérature savante (théologie, philosophie, sciences).
19
+
20
+ Durant la suite du Moyen Âge, les langues locales s'affirment sur le plan littéraire et intérieur, et tandis qu'il donne naissance à de nombreuses langues vernaculaires dérivées (les langues romanes) et que des langues non romanes (comme l'anglais ou l'allemand) lui empruntent du vocabulaire, le latin reste influent aux plans diplomatique, juridique, scientifique et philosophique.
21
+
22
+ Le latin est réformé vers 800, puis au XIe siècle, sur le modèle du latin classique, afin d'éviter une dérive vers les langues vernaculaires qui en étaient issues.
23
+
24
+ Pendant tout le Moyen Âge, le latin fait office de langue liturgique de l'Église catholique romaine. Presque toutes les bibles utilisées à cette époque en Occident sont écrites en latin, sur le modèle de la Vulgate de saint Jérôme, de même que les autres livres liturgiques. L'Historia scholastica de Pierre le Mangeur, texte de base pour l'étude de la Bible à partir des années 1170, est écrit en latin. La traduction de la Bible en langues vernaculaires est même interdite à la fin du XIIe siècle par des lettres du pape Innocent III, puis par plusieurs conciles au début du XIIIe siècle[2]. Les lettrés s'expriment toujours en latin. La langue des universités est le latin, dès la création de celles-ci vers la fin du XIIe siècle. Les intellectuels du Moyen Âge écrivent tous leurs traités en latin. Par exemple, l'encyclopédie (pour employer un terme contemporain) de Vincent de Beauvais, le Speculum maius, est écrite en latin. Toutefois, à partir du concile de Tours (813), dans les territoires correspondant à la France et l'Allemagne actuelles, les homélies ne sont plus prononcées en latin mais en « langue romane rustique » (gallo-roman), ou dans la « langue tudesque » (germanique).
25
+
26
+ Pendant le Moyen Âge, on désigne par le mot litteratus une personne qui maîtrise le latin. L'illiteratus est celui qui l'ignore, ce qui ne signifie pas qu'il n'est pas « lettré »[3].
27
+
28
+ À la Renaissance, la fonction scientifique et philosophique de la langue latine commence à décliner, tout comme sa fonction diplomatique (Ordonnance de Villers-Cotterêts, 1539). Cela n'empêchera pas Érasme de publier une quantité de textes en un latin redevenu classique et très riche ; de même, René Descartes (1596 – 1650) écrit volontiers en latin… surtout lorsqu'il est pressé (même s'il publie son Discours de la méthode d'abord en français pour des raisons particulières ; les ouvrages de son époque sont souvent imprimés en latin pour être diffusés dans toute l'Europe). Dans la partie germanique de l'Europe (où le droit romain reste en vigueur jusqu'à la fin de l'Empire), le latin restera plus longtemps la langue des publications importantes ou scientifiques, tandis que du côté français, d'énormes efforts sont accomplis (surtout avec Louis XIV) pour le remplacer par un français châtié et remanié. Le latin reste toutefois la langue liturgique et officielle du catholicisme (textes doctrinaux ou disciplinaires, droit, etc.).
29
+
30
+ Le terme néolatin s'est répandu vers la fin des années 1890 parmi les linguistes et les scientifiques. Il sert aux spécialistes des lettres classiques à désigner l'utilisation de la langue latine après la Renaissance, dans un but aussi bien scientifique que littéraire. Le début de la période est imprécis mais le développement de l'éducation chez les laïcs, l'acceptation des normes littéraires humanistes, ainsi que la grande disponibilité de textes latins qui a suivi l'invention de l'imprimerie, marquent une transition vers une ère nouvelle à la fin du XVe siècle. Au XIVe siècle, le latin est une langue privilégiée dans l'enseignement tant ouest-européen (heures de cours, rédaction des thèses) qu'est-européen, bien qu'il ne soit guère plus utilisé que par les commentateurs et éditeurs de textes antiques[réf. nécessaire]. En Belgique, l'usage de la langue vulgaire dans les universités n'a été toléré qu'à partir de 1835 environ. La fin de la période néo-latine est également indéterminée, mais l'usage normal du latin pour communiquer les idées est devenu rare après quelques décennies au XIXe siècle et, vers 1900, c'est dans le vocabulaire scientifique international de la cladistique et de la systématique qu'il survivait essentiellement.
31
+
32
+ Au XXe siècle, c’est avant tout une langue de culture, qui reste revendiquée par l’Église catholique romaine depuis l’époque de l’Empire romain, bien que seuls quelques cardinaux et théologiens ainsi que le pape le parlent réellement. C’est l'une des quatre langues officielles de l'État du Vatican (avec l'italien, le français et l'allemand) partiellement langue d'enseignement dans les universités pontificales romaines. Le latin est maîtrisé sans être pratiqué par des évêques, prêtres, diacres et chanoines catholiques. Des publications latines profanes sont également réalisées tout au long du XXe siècle, comme celles des communistes russes, qui publient tous leurs ouvrages de botanique en latin pendant la période de la guerre froide[réf. nécessaire], des traductions en latin de certains albums de la bande dessinée Astérix ou, plus récemment, des deux premiers tomes du best-seller Harry Potter.
33
+
34
+ Il reste de plus dans l’Église catholique romaine divers mouvements traditionalistes, comme les fraternités sacerdotales Saint-Pierre ou Saint-Pie-X, qui célèbrent la messe suivant le rite tridentin, en latin, forme ordinaire dans l'Église romaine avant la réforme liturgique de 1969 adossée au concile Vatican II. Celui-ci, dans la constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium, demande une participation active des fidèles dans la liturgie et, pour ce faire, introduit une série de modifications, dont un usage plus important des langues vernaculaires (SC 36), même si celles-ci ne sont pas originellement censées se substituer totalement au latin. Le pape Benoît XVI rétablit l'usage complémentaire du rite tridentin sans limitations en 2007, par le motu proprio Summorum Pontificum. Sous la forme ordinaire, la messe devrait aussi être dite en latin, quoique ce soit rarement le cas dans les faits.
35
+
36
+ De nos jours, de nombreux mouvements, tels le Vivarium Novum de Rome, la Schola Nova de Belgique, la Domus Latina de Bruxelles ou l'ALF prônent son maintien comme langue de communication européenne, et l'utilisent notamment lors de congrès : il s'agit de promouvoir le latin classique comme une véritable langue moderne grâce aux ajouts de vocabulaire. Dans Le Monde, Pierre Georges mentionne soixante mille mots ou expressions ajoutés au latin au cours du siècle écoulé, dont res inexplicata volans pour OVNI ou vis atomica pour puissance nucléaire[4]. Des revues et des sites Web sont édités en latin (par exemple le magazine de mots croisés Hebdomada Aenigmatum), tandis que la radio finlandaise a émis en latin trois fois par semaine pendant plus de vingt ans jusqu'en juin 2019[note 3]. Radio F.R.E.I. de Erfurt (Allemagne) a une émission en latin chaque semaine[5]. La prononciation contemporaine qui semble s'imposer est la prononciation ancienne restituée. Radio Vatican émet une fois par semaine un journal d'actualité radiophonique Hebdomada Papæ, d'une durée de cinq minutes dont la prononciation utilisée est italienne. Radio Vatican retransmet également quotidiennement des offices divins catholiques en latin (Completorium, Laudes, Vesperæ) et la Sainte-Messe. Enfin, Radio Vatican consacre une émission dénommée Anima Latina sur l'approfondissement de la connaissance du latin, la langue officielle de l'Église catholique et de la liturgie (avec les langues vernaculaires depuis le Concile Vatican II) dans l'Église latine.
37
+
38
+ Le latin est toujours aujourd'hui la langue officielle de l'Église catholique. Par exemple, le Code de droit canonique de 1983 et même le Code des canons des Églises orientales (qui pourtant n'ont jamais utilisé le latin comme langue liturgique) de 1990 sont écrits en latin, et les spécialistes font constamment référence au texte latin[réf. nécessaire].
39
+
40
+ Les Romains sont les créateurs de l'alphabet latin qui comportait, à l'époque classique, les lettres suivantes :
41
+
42
+ Les lettres k, y et z sont rares : k n'existait pas dans l'alphabet latin (on ne peut guère signaler que les noms communs « Kalenda » et « Kalumniator » et les noms propres « Kaeso » et « Karthago » (Carthage)), mais était initialement utilisé un c devant a, o et les consonnes ; y et z ont été ajoutées pour transcrire les mots grecs à partir de l'époque classique.
43
+ Quintilien se plaint que cet enrichissement de l'alphabet permette de mieux transcrire les mots grecs que les mots latins[note 4].
44
+
45
+ On ne connaît pas avec une précision totale la prononciation du latin classique, malgré les nombreux témoignages laissés par les auteurs latins et les moyens mis en œuvre par la méthode comparatiste (cf. remarque de Quintilien ci-dessus).
46
+
47
+ L'une des modifications les plus importantes depuis l'indo-européen commun est le rhotacisme (passage de [s] à [r] dans certaines conditions ; principalement entre voyelles). La prononciation d'une langue n'étant pas figée, tant que le latin a été parlé, ses phonèmes ont évolué. Les évolutions les plus flagrantes ont été :
48
+
49
+ Chaque voyelle (a, e, i, o, u, y) peut être brève ou longue (distinguées aujourd'hui par le diacritique ˘ ou ¯). Le latin antique était une langue à accent de hauteur aussi dotée d'un accent d'intensité secondaire.
50
+
51
+ Certaines consonnes peuvent être géminées, c'est-à-dire doubles, et sonnent, à l'oreille, comme une suite de deux consonnes phonétiquement identiques ; ex : « siccus », « stella », « annus », « terra », « grossus », « littera », etc.
52
+
53
+ Le latin enseigné actuellement en France (et dans beaucoup de pays à travers le monde) correspond la plupart du temps à cette prononciation restituée du Ier siècle av. J.-C. : c'est cette prononciation qu'il faut pratiquer pour lire à peu près convenablement un texte latin et qui est presque généralisée actuellement dans les congrès internationaux qui choisissent cette langue.
54
+
55
+ Une autre prononciation du latin est celle du « latin ecclésiastique », ou « latin d'église », qui est assez proche du bas-latin, voire de l'italien, avec quelques exceptions. Cette prononciation, qui n'est fondée sur aucune base philologique sérieuse, est celle définie par Érasme dans son ouvrage Dialogus de recta latini graecique sermonis pronuntiatione écrit en 1528.
56
+
57
+ Voici quelques généralités sur la grammaire du latin classique.
58
+
59
+ La morphologie du latin est celle d'une langue hautement flexionnelle.
60
+
61
+ On compte dans le système nominal autant les noms que les adjectifs, qui suivent des flexions proches, sinon similaires. La flexion nominale comporte :
62
+
63
+ La conjugaison du verbe latin repose tout entière sur l'opposition de deux thèmes, celui du présent (infectum) et celui du parfait (perfectum)[7].
64
+ Le système verbal latin s'organise donc sur trois radicaux[8] :
65
+
66
+ La classification scolaire en 4 ou 5 conjugaisons, basée sur la voyelle finale du thème, n'est valable que pour la série de l'infectum, construite sur le radical du présent. À la série du perfectum, construite sur les radicaux du parfait et du supin, cette distinction est inappropriée[9],[10].
67
+
68
+ Le radical du présent s'obtient en enlevant à l'infinitif présent sa désinence -re[note 6].
69
+
70
+ Les phrases principales latines se composent comme en français de :
71
+
72
+ Exemples :
73
+
74
+ Remarque :
75
+
76
+ Les phrases secondaires latines sont :
77
+
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+ Les propositions subordonn��es complétives / COD
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+ Le comparatif de supériorité se forme à partir du radical d'un adjectif (ex clarus ⇒ clar) + ior, ior, ius. Le comparatif de clarus est donc clarior, ior, ius.
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+ Il a le même usage qu'en français.
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+ Pour le former, on prend le radical d'un adjectif (ex clarus ⇒ clar) + issimus, issima, issimum.
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+ Donc, le superlatif de clarus, a, um est clarissimus, issima, issimum.
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+ Attention: certains comparatifs et superlatifs sont irréguliers.
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+ Comme toute langue indo-européenne, le latin hérite d'un certain nombre de termes du lexique indo-européen commun. Ainsi, à agnus, « agneau », correspondent le vieux-slave агнѧ (agnę), le russe ягнёнок (iagnionok), le grec ancien ἀμνός/amnós, le breton oan, etc., qui descendent tous de l'étymon *h₂egʷʰno.
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+ Le latin emprunte ensuite aux langues non italiques voisines :
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+ Enfin, le latin emprunte aux langues italiques voisines : osque, ombrien.
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+ Un mot latin peut avoir directement engendré un mot français ; c'est le cas pour ala /aile, amare /aimer, barba /barbe,
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+ carpa /carpe, etc.
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+ Dans d'autres cas, la situation n'est pas si simple et le mot a évolué d'une manière moins linéaire : aqua, « eau », donne eau mais après une autre évolution phonétique, le même étymon aqua a donné le doublet ève, encore présent dans le doublet populaire évier de aquarium. Fagus, « hêtre », se voit évincé par un mot germanique et crus, « jambe », ne se retrouve qu'indirectement dans crural.
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+ Omnes homines liberi æquique dignitate atque iuribus nascuntur. Ratione conscientiaque præditi sunt et alii erga alios cum fraternitate se gerere debent.
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+ Notre père
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+ Le latin (en latin : lingua Latīna ou Latīna lingua) est une langue italique de la famille des langues indo-européennes, parlée à l'origine par les Latins dans le Latium de la Rome antique. Bien qu'il soit souvent considéré comme une langue morte[note 1], sa connaissance, voire son usage, se sont maintenus à l'université et dans le clergé. De nombreuses écoles et universités continuent à l'enseigner[1],[note 2]. Le latin est toujours utilisé pour la production de néologismes dans de nombreuses familles de langues. Le latin, ainsi que les langues romanes (dites parfois néo-latines), sont la seule branche des langues italiques à avoir survécu. Les autres branches sont attestées dans des documents datant de l'Italie préromaine, mais ont été assimilées durant la période républicaine ou au début de l'époque impériale.
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+ Langue flexionnelle, elle comporte sept cas, deux nombres et trois genres. L'alphabet latin est dérivé des alphabets étrusque et grec. Enrichi de lettres supplémentaires et de signes diacritiques, il est utilisé aujourd'hui par de nombreuses langues vivantes et comportait à l'époque classique 23 lettres, dont 4 voyelles, 2 semi-voyelles et 17 consonnes.
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+ Les langues italiques formaient, à côté des langues celtiques, germaniques et helléniques, une sous-famille « centum » des langues indo-européennes qui incluait le latin, parlé par la population du Latium en Italie centrale (les Latins), et d'autres parlers comme l'ombrien et l'osque, au voisinage immédiat d'une langue étrusque non indo-européenne mais dont le latin a subi l'influence culturelle. De nos jours, les langues italiques sont représentées par les langues romanes, issues du latin populaire (l'italien, le roumain/moldave, l'aroumain, le français, l'occitan, le francoprovençal, le catalan, l'espagnol, le portugais, le sarde, le ladin, le corse, etc., ainsi que des langues aujourd'hui éteintes, comme le dalmate ou le mozarabe).
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+ On appelle latin archaïque (prisca latinitas) l'état du latin en usage de l'origine jusqu'au tout début du Ier siècle av. J.-C.
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+ L'expansion territoriale de la Rome antique assure au latin une diffusion de plus en plus large à partir du IIIe siècle av. J.-C. Langue officielle de l'Empire romain, elle se répand dans la majeure partie de l'Europe occidentale, de l'Afrique du nord, de l'Asie Mineure et des régions danubiennes. Sous l'Empire, le latin est la langue du droit, de l'administration romaine et de l'armée ainsi que des nombreuses colonies romaines, coexistant avec le grec et les parlers locaux.
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+
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+ Après la chute de l'Empire romain d'Occident au Ve siècle, les envahisseurs germaniques adoptent progressivement le mode de pensée romain et la langue latine afin d'asseoir leur légitimité. Seule la Bretagne romaine sera lentement germanisée par les envahisseurs anglo-saxons qui conserveront leur langue germanique, celle-ci se répandant progressivement au détriment du celtique parlé par les brito-romains qui toutefois parviendra à se maintenir jusqu'à nos jours. Tout au long du haut Moyen Âge, bien qu'il ne soit pas une langue vernaculaire, le latin reste la langue des actes officiels, de la diplomatie, de la liturgie et de la littérature savante (théologie, philosophie, sciences).
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+
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+ Durant la suite du Moyen Âge, les langues locales s'affirment sur le plan littéraire et intérieur, et tandis qu'il donne naissance à de nombreuses langues vernaculaires dérivées (les langues romanes) et que des langues non romanes (comme l'anglais ou l'allemand) lui empruntent du vocabulaire, le latin reste influent aux plans diplomatique, juridique, scientifique et philosophique.
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+ Le latin est réformé vers 800, puis au XIe siècle, sur le modèle du latin classique, afin d'éviter une dérive vers les langues vernaculaires qui en étaient issues.
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+ Pendant tout le Moyen Âge, le latin fait office de langue liturgique de l'Église catholique romaine. Presque toutes les bibles utilisées à cette époque en Occident sont écrites en latin, sur le modèle de la Vulgate de saint Jérôme, de même que les autres livres liturgiques. L'Historia scholastica de Pierre le Mangeur, texte de base pour l'étude de la Bible à partir des années 1170, est écrit en latin. La traduction de la Bible en langues vernaculaires est même interdite à la fin du XIIe siècle par des lettres du pape Innocent III, puis par plusieurs conciles au début du XIIIe siècle[2]. Les lettrés s'expriment toujours en latin. La langue des universités est le latin, dès la création de celles-ci vers la fin du XIIe siècle. Les intellectuels du Moyen Âge écrivent tous leurs traités en latin. Par exemple, l'encyclopédie (pour employer un terme contemporain) de Vincent de Beauvais, le Speculum maius, est écrite en latin. Toutefois, à partir du concile de Tours (813), dans les territoires correspondant à la France et l'Allemagne actuelles, les homélies ne sont plus prononcées en latin mais en « langue romane rustique » (gallo-roman), ou dans la « langue tudesque » (germanique).
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+ Pendant le Moyen Âge, on désigne par le mot litteratus une personne qui maîtrise le latin. L'illiteratus est celui qui l'ignore, ce qui ne signifie pas qu'il n'est pas « lettré »[3].
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+ À la Renaissance, la fonction scientifique et philosophique de la langue latine commence à décliner, tout comme sa fonction diplomatique (Ordonnance de Villers-Cotterêts, 1539). Cela n'empêchera pas Érasme de publier une quantité de textes en un latin redevenu classique et très riche ; de même, René Descartes (1596 – 1650) écrit volontiers en latin… surtout lorsqu'il est pressé (même s'il publie son Discours de la méthode d'abord en français pour des raisons particulières ; les ouvrages de son époque sont souvent imprimés en latin pour être diffusés dans toute l'Europe). Dans la partie germanique de l'Europe (où le droit romain reste en vigueur jusqu'à la fin de l'Empire), le latin restera plus longtemps la langue des publications importantes ou scientifiques, tandis que du côté français, d'énormes efforts sont accomplis (surtout avec Louis XIV) pour le remplacer par un français châtié et remanié. Le latin reste toutefois la langue liturgique et officielle du catholicisme (textes doctrinaux ou disciplinaires, droit, etc.).
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+ Le terme néolatin s'est répandu vers la fin des années 1890 parmi les linguistes et les scientifiques. Il sert aux spécialistes des lettres classiques à désigner l'utilisation de la langue latine après la Renaissance, dans un but aussi bien scientifique que littéraire. Le début de la période est imprécis mais le développement de l'éducation chez les laïcs, l'acceptation des normes littéraires humanistes, ainsi que la grande disponibilité de textes latins qui a suivi l'invention de l'imprimerie, marquent une transition vers une ère nouvelle à la fin du XVe siècle. Au XIVe siècle, le latin est une langue privilégiée dans l'enseignement tant ouest-européen (heures de cours, rédaction des thèses) qu'est-européen, bien qu'il ne soit guère plus utilisé que par les commentateurs et éditeurs de textes antiques[réf. nécessaire]. En Belgique, l'usage de la langue vulgaire dans les universités n'a été toléré qu'à partir de 1835 environ. La fin de la période néo-latine est également indéterminée, mais l'usage normal du latin pour communiquer les idées est devenu rare après quelques décennies au XIXe siècle et, vers 1900, c'est dans le vocabulaire scientifique international de la cladistique et de la systématique qu'il survivait essentiellement.
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+
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+ Au XXe siècle, c’est avant tout une langue de culture, qui reste revendiquée par l’Église catholique romaine depuis l’époque de l’Empire romain, bien que seuls quelques cardinaux et théologiens ainsi que le pape le parlent réellement. C’est l'une des quatre langues officielles de l'État du Vatican (avec l'italien, le français et l'allemand) partiellement langue d'enseignement dans les universités pontificales romaines. Le latin est maîtrisé sans être pratiqué par des évêques, prêtres, diacres et chanoines catholiques. Des publications latines profanes sont également réalisées tout au long du XXe siècle, comme celles des communistes russes, qui publient tous leurs ouvrages de botanique en latin pendant la période de la guerre froide[réf. nécessaire], des traductions en latin de certains albums de la bande dessinée Astérix ou, plus récemment, des deux premiers tomes du best-seller Harry Potter.
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+
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+ Il reste de plus dans l’Église catholique romaine divers mouvements traditionalistes, comme les fraternités sacerdotales Saint-Pierre ou Saint-Pie-X, qui célèbrent la messe suivant le rite tridentin, en latin, forme ordinaire dans l'Église romaine avant la réforme liturgique de 1969 adossée au concile Vatican II. Celui-ci, dans la constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium, demande une participation active des fidèles dans la liturgie et, pour ce faire, introduit une série de modifications, dont un usage plus important des langues vernaculaires (SC 36), même si celles-ci ne sont pas originellement censées se substituer totalement au latin. Le pape Benoît XVI rétablit l'usage complémentaire du rite tridentin sans limitations en 2007, par le motu proprio Summorum Pontificum. Sous la forme ordinaire, la messe devrait aussi être dite en latin, quoique ce soit rarement le cas dans les faits.
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+
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+ De nos jours, de nombreux mouvements, tels le Vivarium Novum de Rome, la Schola Nova de Belgique, la Domus Latina de Bruxelles ou l'ALF prônent son maintien comme langue de communication européenne, et l'utilisent notamment lors de congrès : il s'agit de promouvoir le latin classique comme une véritable langue moderne grâce aux ajouts de vocabulaire. Dans Le Monde, Pierre Georges mentionne soixante mille mots ou expressions ajoutés au latin au cours du siècle écoulé, dont res inexplicata volans pour OVNI ou vis atomica pour puissance nucléaire[4]. Des revues et des sites Web sont édités en latin (par exemple le magazine de mots croisés Hebdomada Aenigmatum), tandis que la radio finlandaise a émis en latin trois fois par semaine pendant plus de vingt ans jusqu'en juin 2019[note 3]. Radio F.R.E.I. de Erfurt (Allemagne) a une émission en latin chaque semaine[5]. La prononciation contemporaine qui semble s'imposer est la prononciation ancienne restituée. Radio Vatican émet une fois par semaine un journal d'actualité radiophonique Hebdomada Papæ, d'une durée de cinq minutes dont la prononciation utilisée est italienne. Radio Vatican retransmet également quotidiennement des offices divins catholiques en latin (Completorium, Laudes, Vesperæ) et la Sainte-Messe. Enfin, Radio Vatican consacre une émission dénommée Anima Latina sur l'approfondissement de la connaissance du latin, la langue officielle de l'Église catholique et de la liturgie (avec les langues vernaculaires depuis le Concile Vatican II) dans l'Église latine.
37
+
38
+ Le latin est toujours aujourd'hui la langue officielle de l'Église catholique. Par exemple, le Code de droit canonique de 1983 et même le Code des canons des Églises orientales (qui pourtant n'ont jamais utilisé le latin comme langue liturgique) de 1990 sont écrits en latin, et les spécialistes font constamment référence au texte latin[réf. nécessaire].
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+
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+ Les Romains sont les créateurs de l'alphabet latin qui comportait, à l'époque classique, les lettres suivantes :
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+
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+ Les lettres k, y et z sont rares : k n'existait pas dans l'alphabet latin (on ne peut guère signaler que les noms communs « Kalenda » et « Kalumniator » et les noms propres « Kaeso » et « Karthago » (Carthage)), mais était initialement utilisé un c devant a, o et les consonnes ; y et z ont été ajoutées pour transcrire les mots grecs à partir de l'époque classique.
43
+ Quintilien se plaint que cet enrichissement de l'alphabet permette de mieux transcrire les mots grecs que les mots latins[note 4].
44
+
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+ On ne connaît pas avec une précision totale la prononciation du latin classique, malgré les nombreux témoignages laissés par les auteurs latins et les moyens mis en œuvre par la méthode comparatiste (cf. remarque de Quintilien ci-dessus).
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+
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+ L'une des modifications les plus importantes depuis l'indo-européen commun est le rhotacisme (passage de [s] à [r] dans certaines conditions ; principalement entre voyelles). La prononciation d'une langue n'étant pas figée, tant que le latin a été parlé, ses phonèmes ont évolué. Les évolutions les plus flagrantes ont été :
48
+
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+ Chaque voyelle (a, e, i, o, u, y) peut être brève ou longue (distinguées aujourd'hui par le diacritique ˘ ou ¯). Le latin antique était une langue à accent de hauteur aussi dotée d'un accent d'intensité secondaire.
50
+
51
+ Certaines consonnes peuvent être géminées, c'est-à-dire doubles, et sonnent, à l'oreille, comme une suite de deux consonnes phonétiquement identiques ; ex : « siccus », « stella », « annus », « terra », « grossus », « littera », etc.
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+
53
+ Le latin enseigné actuellement en France (et dans beaucoup de pays à travers le monde) correspond la plupart du temps à cette prononciation restituée du Ier siècle av. J.-C. : c'est cette prononciation qu'il faut pratiquer pour lire à peu près convenablement un texte latin et qui est presque généralisée actuellement dans les congrès internationaux qui choisissent cette langue.
54
+
55
+ Une autre prononciation du latin est celle du « latin ecclésiastique », ou « latin d'église », qui est assez proche du bas-latin, voire de l'italien, avec quelques exceptions. Cette prononciation, qui n'est fondée sur aucune base philologique sérieuse, est celle définie par Érasme dans son ouvrage Dialogus de recta latini graecique sermonis pronuntiatione écrit en 1528.
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+
57
+ Voici quelques généralités sur la grammaire du latin classique.
58
+
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+ La morphologie du latin est celle d'une langue hautement flexionnelle.
60
+
61
+ On compte dans le système nominal autant les noms que les adjectifs, qui suivent des flexions proches, sinon similaires. La flexion nominale comporte :
62
+
63
+ La conjugaison du verbe latin repose tout entière sur l'opposition de deux thèmes, celui du présent (infectum) et celui du parfait (perfectum)[7].
64
+ Le système verbal latin s'organise donc sur trois radicaux[8] :
65
+
66
+ La classification scolaire en 4 ou 5 conjugaisons, basée sur la voyelle finale du thème, n'est valable que pour la série de l'infectum, construite sur le radical du présent. À la série du perfectum, construite sur les radicaux du parfait et du supin, cette distinction est inappropriée[9],[10].
67
+
68
+ Le radical du présent s'obtient en enlevant à l'infinitif présent sa désinence -re[note 6].
69
+
70
+ Les phrases principales latines se composent comme en français de :
71
+
72
+ Exemples :
73
+
74
+ Remarque :
75
+
76
+ Les phrases secondaires latines sont :
77
+
78
+ Les propositions subordonn��es complétives / COD
79
+
80
+ Le comparatif de supériorité se forme à partir du radical d'un adjectif (ex clarus ⇒ clar) + ior, ior, ius. Le comparatif de clarus est donc clarior, ior, ius.
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+ Il a le même usage qu'en français.
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+ Pour le former, on prend le radical d'un adjectif (ex clarus ⇒ clar) + issimus, issima, issimum.
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+ Donc, le superlatif de clarus, a, um est clarissimus, issima, issimum.
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+ Attention: certains comparatifs et superlatifs sont irréguliers.
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+ Comme toute langue indo-européenne, le latin hérite d'un certain nombre de termes du lexique indo-européen commun. Ainsi, à agnus, « agneau », correspondent le vieux-slave агнѧ (agnę), le russe ягнёнок (iagnionok), le grec ancien ἀμνός/amnós, le breton oan, etc., qui descendent tous de l'étymon *h₂egʷʰno.
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+ Le latin emprunte ensuite aux langues non italiques voisines :
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+ Enfin, le latin emprunte aux langues italiques voisines : osque, ombrien.
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+ Un mot latin peut avoir directement engendré un mot français ; c'est le cas pour ala /aile, amare /aimer, barba /barbe,
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+ carpa /carpe, etc.
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+ Dans d'autres cas, la situation n'est pas si simple et le mot a évolué d'une manière moins linéaire : aqua, « eau », donne eau mais après une autre évolution phonétique, le même étymon aqua a donné le doublet ève, encore présent dans le doublet populaire évier de aquarium. Fagus, « hêtre », se voit évincé par un mot germanique et crus, « jambe », ne se retrouve qu'indirectement dans crural.
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+ La latitude est une coordonnée géographique représentée par une valeur angulaire, expression de la position d'un point sur Terre (ou sur une autre planète), au nord ou au sud de l'équateur qui est le plan de référence. La latitude est une mesure angulaire ; elle varie entre la valeur 0° à l'équateur et 90° aux pôles[n 1]. La latitude est utilisée en combinaison avec la longitude pour indiquer la position précise d'un élément sur Terre. Lorsqu'ils sont reliés entre eux, tous les endroits de la Terre ayant une même latitude forment un cercle dont le plan est parallèle à celui de l'équateur, d'où l'autre terme « parallèle » permettant de nommer une latitude.
2
+
3
+ La latitude est généralement notée φ (phi).
4
+
5
+ En géographie, il existe plusieurs définitions de la latitude, du fait que la Terre n'est pas parfaitement sphérique, mais est souvent comparée à un sphéroïde.
6
+
7
+ Tous les endroits ayant une même latitude sont désignés collectivement sous le nom de parallèle géographique, car tous ces lieux sont placés sur une ligne parallèle à l'équateur. À l'inverse de la longitude dont la définition requiert le choix d'un méridien de référence, la latitude n'utilise donc que des références naturelles ou climatologiques.
8
+
9
+ D'autres latitudes existent, comme
10
+
11
+ Ces trois latitudes sont employées dans la définition de projections cartographiques[1].
12
+
13
+ Les paléolatitudes désignent les latitudes de formation d'une roche. Il en existe potentiellement autant de sortes que de latitudes contemporaines. À partir de l'historique de position des pôles magnétiques dans l'histoire de la Terre, on peut reconstituer une paléolatitude non-géomagnétique à partir d'une paléolatitude géomagnétique (mesure de paléomagnétisme). La différence entre la paléolatitude non-géomagnétique et la latitude actuelle est un signe de dérive des continents qui aide à reconstituer la carte du monde d'un autre temps.
14
+
15
+ La longueur mesurée le long d'un arc de méridien terrestre n'est pas exactement proportionnelle à l'angle de l'écart de latitude car la terre n'est pas parfaitement sphérique : elle est légèrement aplatie aux pôles et renflée à l'équateur ; la longueur d'un degré d'arc méridien augmente ainsi légèrement de l'équateur (latitude
16
+
17
+
18
+
19
+ φ
20
+
21
+
22
+ {\displaystyle \varphi }
23
+
24
+ = 0°) vers un pôle, nord (latitude
25
+
26
+
27
+
28
+ φ
29
+
30
+
31
+ {\displaystyle \varphi }
32
+
33
+ = +90°) ou sud (latitude
34
+
35
+
36
+
37
+ φ
38
+
39
+
40
+ {\displaystyle \varphi }
41
+
42
+ = -90°).
43
+
44
+ La deuxième colonne du tableau ci-dessous donne une approximation de la longueur d'un arc méridien de 1 degré, en fonction de la latitude où on se trouve.
45
+
46
+ Par comparaison, la colonne de droite du même tableau montre les variations beaucoup plus importantes d'un arc de parallèle, en fonction de la latitude[2].
47
+
48
+ Un algorithme de calcul est disponible auprès de la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA)[3].
49
+
50
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Le Latium (prononcé [lä.ˈs̪jɔm]), ou Lazio ([ˈlattsjo]/[ˈlät̪͡s̪ːjo]) en italien, est une région d'Italie centrale. Incluant la capitale, Rome, il s'agit de la deuxième région la plus peuplée d'Italie, après la Lombardie, avec près de six millions d'habitants. Il est bordé au nord-ouest par la Toscane, au nord par l'Ombrie, au nord-est par les Marches, à l'est par les Abruzzes et le Molise, ainsi qu'au sud-est par la Campanie. À l'ouest, la région est baignée par la mer Tyrrhénienne. La petite enclave du Vatican se trouve dans le Latium.
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+
5
+ Le Latium est riche d'un patrimoine multimillénaire : il voit la présence de la civilisation étrusque, puis est au cœur de l'Empire romain, plus tard des États pontificaux et de l'Italie. Il constitue aujourd'hui une région dynamique. Son passé agricole est supplanté par l'industrie, les services, le commerce, la fonction publique et le tourisme, soutenus par un réseau de transports privilégiés grâce à sa position géographique au centre de l'Italie et la présence en son sein de la capitale.
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+ La région du Latium est le foyer de populations agricoles sédentaires de langue indo-européenne depuis le début de l'âge du bronze[réf. nécessaire]. Dans un premier temps connue par de riches commerçants mycéniens dès la fin du IIe millénaire avant J.C. , la région observa tour à tour quelques rares implantations phéniciennes, puis grecques, qui se manifestèrent sous la forme de comptoirs littoraux, accompagnés d'exploitations agricoles[1],[2]. L'historien grec Denys d'Halicarnasse note ainsi que de nombreux peuples ont précédé les populations étrusques et latines sur le territoire du Latium pendant la protohistoire. Parmi ceux-ci, la région médio-péninsulaire compte les Sicules, les Aborigènes (peuple légendaire pré-romain qui chassa les Sicules du Latium), et les Ligures[3].
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+ L'entrée en lice des Étrusques sur les terres médio-tyrrhéniennes se concrétise au tournant du IXe siècle av. J.-C.[4]. L'Etrurie est portée par une volonté d'expansion militaire et économique. Les Etrusci, dont le nom fait écho à celui de leur région d'origine, l’Étrurie (Toscane moderne), occupent une position essentiellement centrée sur la partie septentrionale du Latium, soit à partir de la rive Nord du Tibre[5]. Dès le VIIIe siècle av. J.-C., ils exercent sur la moitié Nord du Latium une forte influence culturelle et politique[5]. Cependant, toujours divisés en cités-Etats, ils ont été incapables d'affirmer une hégémonie politique concrète sur la région. De facto, ils durent s'opposer à l'empreinte et au contrôle manifestes des petites cités autonomes fondées par les peuples préétablis[5],[6], d'une manière analogue à la situation qui prévalait dans la Grèce antique. La proximité géographique de la région avec les cités de la Grande-Grèce (dans le sud de l'Italie et en Sicile) aura un fort impact culturel sur la région[2].
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+ Moins significatives, les autres populations contemporaines à l'implantation des Etrusques dans le Latium, se pourvoient d'un territoire évoluant entre la rive Sud du Tibre et une large plaine littorale, et qui s'étend jusqu'aux Apennins centraux[5]. Parmi celles-ci, on répertorie notamment les Rutules (autour de la ville d'Ardée), les Capénates (au nord de Rome), les Sabins (dans la partie nord-orientale), les Falisques (dans la zone autour de Faléries), les Volsques (au sud et sur le littoral), ainsi que plusieurs peuples vivant sur le territoire de l'actuelle province de Frosinone, tels les Herniques, les Aurunces et les Èques[7],[8],[5],[6]. Dans une moindre mesure, quelques sources antiques font également référence à de petites ethnies, telles que les Albains, ou encore les Laurentes[9]. Les écrits antiques et les vestiges matériels découverts au sein des terres du Latium confirment un substrat ethnique latin généralisé à l'ensemble de ces populations[5],[6],[9].
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+ Le milieu du VIIIe siècle av. J.-C. marque un tournant décisif dans l'histoire de la région italienne par l'avènement de Rome[10]. De fait, Rome sera alors l'agglomération urbaine la plus importante du Latium, et on y observe l'émergence d'un pouvoir de type monarchique[10]. L'installation et la pérennité de la monarchie romaine jouent un rôle majeur dans la configuration politique de la région : celle-ci concourt à la mise en place d'une fédération politique et homogène des différents peuples latins, qui seront soumis les uns après les autres[11],[10],[12]. Dans un premier temps exercée par des souverains latins et sabins, la monarchie romaine passe dans un second temps sous le contrôle de rois étrusques (la lignée dynastique des Tarquins), à partir de -616. Cet élément historique atteste de l'incidence de la montée en puissance des Etrusques sur le Latium, au terme du VIIe siècle av. J.-C.[13].
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+ D'après la légende, la ville de Rome est fondée par Romulus et Rémus, descendants d'Énée[10]. Sous cet angle, il serait par conséquent très probable que les Romains soient d'origine ethnique latine,[14],[10]. Toutefois, dans un cadre historique et archéologique, on peut noter que les Sabins et les Etrusques ont joué un rôle déterminant dans l'ethnicité des populations du Latium du VIIIe siècle av. J.-C. au VIe siècle av. J.-C.[15].
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+ Le tournant du VIe siècle av. J.-C. présente des changements sociaux et politiques profonds au sein de la région. La plupart des cités du Latium sont alors antagonistes, et en proie à de nombreuses belligérances. Plusieurs événements révélateurs de l'instabilité croissante de la région apparaissent de manière significative. On peut notamment évoquer le combat des Horaces et des Curiaces, qui marque le début de la suprématie de Rome sur Albe la Longue[16]. Cette fin de VIe siècle av. J.-C. est marquée par la bataille d'Aricie, qui voit s'opposer les Étrusques, alors maîtres de la région, et les Latins, alliés aux Volsques et aux Herniques, les trois principales ethnies du Latium méridional, jusque-là dominées par le peuple régnant[17]. Cette guerre marque le début de l'hégémonie des Latins, dont les 47 cités vont se confédérer en une réelle force politique, qui se matérialise en devenant la Ligue latine[17]. En 509 av. J.-C., les derniers rois étrusques sont finalement écartés du pouvoir central. Ce dernier élément historique devient effectif avec l'exil du souverain Tarquin le Superbe[17]. Dès lors, la péninsule centrale italienne voit la naissance de la République romaine[7],[18],[11].
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+ Un événement notable, survenant au début du IVe siècle av. J.-C., affecte profondément les bases économiques, culturelles et institutionnelles de la région médio-péninsulaire : en -400, une coalition de nombreuses civitates celtes fédérées sous la bannière du roi sénon Brennos[19], entame une marche stratégique de grande ampleur vers le Sud dans l'optique d'investir complètement la péninsule italienne[20]. Après avoir envahi l'Étrurie toscane en assiégeant la cité de Clusium en -390, la fédération celtique, forte de 65 000 fantassins, procède à un mouvement de troupes en direction du Latium. Au cours de l'an -384, la bataille de l'Allia, sur la rive Sud du Tibre, voit la victoire sans équivoque des armées celtes sur les troupes romaines. La ville de Rome est totalement investie, pillée et désorganisée. L'événement sans précédent du Sac de Rome impacte l'ensemble de la région du Latium, dont les autres principales cités subirent également le processus de saccage systématique par les guerriers celtes[21].
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+ En 338 av J.-C., au terme de luttes factionnelles et de troubles insurrectionnels, les hommes d'État à la tête de la République romaine soumettent, puis dissolvent la Ligue latine et affirment enfin la prédominance sans compromis de Rome sur le Latium[22],[17].
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+ La trame historique du Latium nous révèle une relative constance politique, au cours des IIIe, IIe et Ier siècle av. J.-C.. La République romaine entame une expansion d'envergure, dans un premier temps cantonnée à la seule péninsule subalpine, et dont le champ d'action s'élargira ensuite au bassin méditerranéen et à l'Europe occidentale[13],[23].
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+ Au crépuscule du Ier millénaire av. J.-C. , et plus précisément en 27 av. J.-C., la région italienne du Latium est témoin de l'avènement de l'Empire romain. Auguste en devient le premier dirigeant et réorganise l'Italie en plusieurs régions. Le Latium, divisé entre le Latium vetus (c'est-à-dire le Vieux Latium) d'une part, et le Latium novum (Nouveau Latium) d'autre part, est administré avec la Campanie, pour ne former qu'un seul et même bloc territorial : la Regio I. Le nord de l'actuelle région du Latium, quant à lui, est considéré comme faisant partie de l'Étrurie, et est rattaché à la Regio VII[24],[25].
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+ L'abdication imposée de Romulus Augustule, considéré conventionnellement comme le dernier empereur romain d'Occident, est souvent retenue comme le marqueur de la chute de l'Empire romain d'Occident. Entre 410 et 546, Rome est pillée trois fois, d'abord par les Wisigoths[26], puis par les Vandales[27], et enfin par les Ostrogoths[28]. Le Latium est alors administré par le Sénat de Rome, par le pape (qui est généralement issu d'une famille sénatoriale), et par le royaume Ostrogoth, basé à Ravenne. En 553, l'empereur byzantin Justinien reprend le contrôle de l'Italie après une longue guerre contre les Ostrogoths, mais peu à peu ses successeurs s'en retirent, sous la pression des invasions lombardes venant du nord[29]. La majeure partie du Latium est alors organisée en Duché romain (ducato romano), intégré dans l'Exarchat de Ravenne, sous contrôle byzantin. La chute de Ravenne, prise en 752 par les Lombards, est suivie de l'intervention de Pépin le Bref, roi des Francs, qui la reprend, et qui remet aux mains des papes les territoires de l'Exarchat, la Romagne et le Latium[30]. Ce don fonde ainsi les États pontificaux, avec Rome comme capitale[31],[18].
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+ En 816, la crise de légitimité étatique de la papauté parvient à sa conclusion lorsque Louis le Pieux, dans un entretien avec le souverain pontife Étienne IV, reconnaît le statut territorial et souverain des trois États pontificaux[32]. La mise en application de l'Ordinatio imperii en 817 permet aux trois États pontificaux, dont le Latium est part intégrante, de préserver leurs frontières territoriales intactes, au sein du royaume carolingien d'Italie[32].
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+ Le développement des États pontificaux s'accentue lorsque Léon III couronne Charlemagne empereur. Cela permet de créer une base solide à la diplomatie du Latium, et de lui donner des appuis à travers l'Europe (on note les familles Orsini et Colonna, qui seront parmi les familles princières les plus importantes de l'Italie médiévale et de la Renaissance)[31],[18]. La fin du IXe siècle imprime au sein des rapports entre la noblesse du Latium et de la papauté, alors en proie à une crise d'instabilité et à un manque de légitimité, un tournant décisif. Le 25 avril 799, le souverain pontife Léon III est incarcéré sur ordre des aristocrates romains. Il sera libéré, et mis sous la protection de Charlemagne[33].
32
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+ Au début du XIIe siècle, la puissance croissante des nobles romains provoque des troubles politiques dans la région, laquelle est déjà marquée par les antagonismes existant entre le Saint-Siège et le Saint-Empire[34]. Cet état d'instabilité sera en partie réglé en 1122 par l'édiction du Concordat de Worms. Ce dernier promulgue la scission sans équivoque de l'autorité épiscopale en deux entités distinctes : d'une part le pouvoir spirituel, et d'autre part le pouvoir temporel[31],[18],[35]. En 1202, le pape Innocent III essaie de renforcer sa propre puissance territoriale dans le but d'affermir son autorité sacerdotale. Il concrétise son objectif par acte décrétal. De facto, en édictant la décrétale du Per Venerabilem, Innocent III parvient ainsi à subordonner et à limiter les velléités d'autonomie des prélats dans les administrations provinciales de la Tuscia, de la Campagna et de la Marittima, et à restreindre la puissance de la famille Colonna[36],[37].
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35
+ Pendant la période de 68 ans où la papauté réside en Avignon (1309-1377), le pouvoir des seigneurs féodaux présente une recrudescence évidente, en raison de l'absence de Rome du pape. Les petites communes, et surtout Rome dirigée alors par Cola di Rienzo[38],[39], confrontées à l'autorité croissante des seigneurs locaux, tentent de se présenter comme la principale alternative à la puissance papale, mais entre 1353 et 1367, la papauté reprend finalement le contrôle du Latium et du reste des États pontificaux[36],[40].
36
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+ À partir du milieu du XVIe siècle, la papauté organise le Latium en trois entités provinciales dirigées par des gouverneurs : celle de Viterbe, celle de Marittima e Campagna, et celle de Frosinone[36]. Auparavant, la région faisait majoritairement partie du Patrimoine de saint Pierre[31].
38
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39
+ Le XVIe siècle marque également le début de la Renaissance et du maniérisme à Rome et dans le Latium. Les principaux artistes de l'époque, tels que Michel-Ange et Raphaël, travaillent dans la capitale pour le compte des papes, mais on en compte de nombreux autres dans les provinces avoisinantes, comme Antonio da Sangallo le Vieux, Sebastiano del Piombo ou Pirro Ligorio. L'époque du baroque marque également un renouveau pour la région, mais qui précède de peu une crise économique et sociale qui durera presque tout au long du XVIIe siècle. Il faut attendre les années 1780 pour que le pape Pie VI introduise de nombreuses réformes, visant à développer l'agriculture et à redynamiser le Latium[41].
40
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+ En 1798, le gouvernement des papes sur le Latium est interrompu par la courte existence d'une République romaine, inspirée du modèle de la Révolution française et instituée par des envoyés du Directoire[42]. En 1809, la région est conquise par les armées napoléoniennes, et le département du Tibre est créé. Il est divisé en trois arrondissements (Rome, Tivoli et Velletri), avant de prendre le nom en 1810 de département de Rome, une entité plus grande que la précédente, qui s'étend sur toute la surface actuelle du Latium, et qui est alors divisée en six arrondissements. Le 30 mai 1814, le département est repris par l'armée papale, et les États pontificaux sont recréés[43].
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43
+ En 1849, une autre brève parenthèse a lieu avec l'institution d'une autre république romaine, gouvernée par un triumvirat composé de Carlo Armellini, Giuseppe Mazzini et Aurelio Saffi. Elle ne dure que cinq mois et est réprimée par une coalition d'États monarchistes européens[44].
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+ Les États pontificaux s’opposent au processus d’unification de l’Italie, qui conduira en 1860 à la réunification de toute la péninsule sous le contrôle de la Maison de Savoie. Le retour du pape Pie IX à Rome, avec l'aide des troupes françaises en 1850, exclut la ville du processus d’unification, qui se traduit à l'époque par la deuxième guerre d'indépendance italienne et par l’expédition des Mille, à la suite de laquelle toute la péninsule italienne, y compris la majeure partie du Latium, mais excepté les villes de Rome et Venise, est réunifiée sous le règne des Savoie[45].
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+ En 1870, à la suite de la défaite française lors de la Guerre franco-allemande de 1870, l'Empire français n'est plus en mesure de protéger les États pontificaux. L'armée italienne entre donc dans Rome par la Porta Pia le 20 septembre, dans ce qui sera plus tard appelé la Prise de Rome. Rome et le Latium sont dès cette date complètement annexés au royaume d'Italie. La capitale du royaume est officiellement transférée de Florence à Rome l'année suivante. En trente ans, c'est-à-dire jusqu’en 1900, la population augmente, et on voit le début d'une industrialisation de la région[46].
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+ En 1922, quatre ans après la fin de la Première Guerre mondiale, Benito Mussolini et les fascistes s'emparent du pouvoir lors de la Marche sur Rome. Cet événement a d'importantes conséquences sur le Latium. En effet, le Duce fait part de sa volonté d'agrandir la région, ce qui a pour conséquence l'annexion par le Latium du circondaire de Rieti (auparavant dans la Province de Pérouse en Ombrie), du circondaire de Cittaducale (auparavant dans la Province de L'Aquila dans les Abruzzes) et enfin des circondaires de Gaète et de Sora (faisant avant tous deux partie de la province de la Terre de Labour en Campanie). Ce sont donc 140 communes au total et 489 000 habitants qui sont ajoutés à la région par cette décision. Les fascistes divisent également la région en quatre provinces (celle de Rome, celle de Viterbe, celle de Rieti et celle de Frosinone) auxquelles vient s'ajouter en 1934 la province de Littoria (aujourd'hui province de Latina). En peu d'années, le Latium passe donc d'une superficie de 12 100 km2 à 17 200 km2, extension qu'il conserve toujours aujourd'hui[47].
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51
+ La bataille du blé, lancée par Mussolini dans le but d'assurer l'autosuffisance de l'Italie dans la production du blé, a aussi une répercussion importante sur l'économie du Latium, bien qu'elle ne réussisse pas à compenser les pertes de revenus dans les secteurs industriel et agricole, qui subissent une stagnation de leur production au milieu des années 1920[48].
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, certains villages du Latium sont détruits par des bombardements puis par des batailles tout au long de l'avancée de l'armée des Alliés entre 1943 et 1944. Les villes côtières de Civitavecchia, Anzio, Nettuno et Terracine perdent sous les bombes la majorité de leur patrimoine bâti, tandis que d'autres villes comme Formia et Gaète sont en partie rasées. Des communes se situant le long des grands chemins de fer, telle celle de Frosinone, sont grandement endommagées (la ville de Cassino et l'abbaye voisine sont quant à elles complètement détruites et réduites à un tas de ruines). Cisterna di Latina, Sutri, Cerveteri et Palestrina sont bombardées de nombreuses fois, mais le record est détenu par la ville industrielle de Colleferro, touchée par près de 41 bombardements différents. En septembre 1943, pendant la Libération, la ville de Frascati, située aux portes de Rome, est complètement rasée (elle abritait le général allemand Albert Kesselring). Le Latium est libéré par les Alliés entre mai et juin 1944[49],[50],[51],[52].
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55
+ Dans sa définition purement historique et géographique, le Latium correspond au territoire délimité par le cours inférieur du fleuve Tibre, par les Monts Ausons près de Terracine et par les Apennins centraux du côté est[53]. La région administrative a été créée par la constitution républicaine de 1947 ; auparavant, elle n'existait qu'à des fins statistiques. Le premier organe politique administrant la région a été créé le 7 juin 1970, avec l'élection du premier conseil de la région[54].
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57
+ Après sa reconstruction dans les années 1950 et 1960, la région connaît une importante croissance démographique, supérieure à celle du reste de l'Italie (entre 1951 et 1971, la croissance démographique sur toute la péninsule est de 14 %, alors qu'elle est de 40 % pour le Latium). De cette période jusqu'aux années 2000, le développement économique de la région est important, principalement grâce à l'industrialisation, principalement dans le triangle entre Pomezia, Pontinia et Colleferro, mais également dans la zone d'Anagni-Ferentino et dans la vallée du Liri grâce aux usines Fiat qui s'y établissent[55]. Pourtant, le principal secteur donneur d'emplois aujourd'hui est celui du commerce et de la fonction publique, ayant dépassé dans l'après-guerre le secteur agricole, qui ne représente plus que 4 % de la population[56].
58
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59
+ Le Latium, qui a une superficie de 17 207,29 km2, a des frontières avec la Toscane, l'Ombrie et les Marches au nord, Abruzzes et Molise à l'est, la Campanie au sud, et la mer Tyrrhénienne à l'ouest. La région est principalement plate et vallonnée, avec de petites zones montagneuses dans les parties les plus orientales et méridionales[57].
60
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61
+ La partie centrale de la région est occupée par la Campagne romaine, une vaste plaine alluviale qui entoure la ville de Rome, avec une superficie d'environ 2 100 km2. Les zones du sud sont caractérisées par les plaines des marais pontins (Agro Pontino), autrefois marécageuses et atteintes par le paludisme ; l'espace a été bonifié au cours des siècles[58].
62
+
63
+ Il comprend trois zones géographiques. À l'est, le pré-Apennin abruzzais (monts Sabins, monts Ernices et de la Meta, dépassant tous 2 000 m) domine les vallées de la Sabine, région du nord, et celle du sud (vallée Latine et province de Latina). Au centre, une zone de collines s'allonge du nord au sud sous la forme de reliefs volcaniques (monts Albains, Cimins, Volsins), s'élevant au-dessus des lacs, anciens cratères volcaniques, Bracciano, Bolsena, de Vico, ou des massifs calcaires (monts Lépins)[58].
64
+
65
+ Le Latium est drainé par le Tibre au nord et le Garigliano au sud. À l'ouest, la vallée du Tibre et la campagne romaine annoncent la plaine littorale, sablonneuse et marécageuse en partie asséchée dans les marais pontins[57].
66
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67
+ La côte du Latium est principalement composée de plages de sable fin, ponctuée par les promontoires de Circé (541 m), Gaète (171 m) et Anzio[58]. Les îles Pontines, qui font partie du Latium, se trouvent en face de la côte sud. Derrière la bande côtière, au nord, se trouve le Maremme laziale (la poursuite de la Maremme toscane), une plaine côtière interrompue à Civitavecchia par les monts de la Tolfa (616 m)[57].
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69
+ La constitution géologique du sol du Latium est essentiellement volcanique, hormis quelques portions de terrain subapennin tertiaire et certaines parties d'époques jurassique et crétacé dans les monts Sabins et dans les deux branches de l'Apennin vers Palestrina et Montefortino. Les sols des rives du Tibre, de la côte d'Ostie et les marais Pontins sont les résultats de l'alluvion fluviale[59].
70
+
71
+ La ligne volcanique qui prend naissance au Nord de Viterbe est parsemée des cratères inactifs comme celui du mont Albain remplis par des lacs ou asséchés[59].
72
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+ La ville de Rome est construite en grande partie sur une roche spécifique, le tuf volcanique[59].
74
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75
+ Le climat du Latium est varié. La bande côtière se caractérise par un climat méditerranéen avec une sécheresse estivale et des précipitations moyennes annuelles d'environ 700 mm ; la zone pré-Apennine est plus humide avec une moyenne annuelle de 1 000 mm environ ; les zones Apennines se distinguent par un climat continental modéré avec des étés frais et des hivers froids servis par des chutes de neiges fréquentes et des précipitations moyennes annuelles d'environ 1 500 mm[57].
76
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77
+ La région est subdivisée en quatre provinces, Frosinone, Latina, Rieti, Viterbe et la Ville métropolitaine de Rome Capitale.
78
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79
+ La région comprend également 22 « communautés de montagne » (en italien : comunità montane), créées à la suite de la loi régionale (it) de 1999[60].
80
+
81
+ Traditionnellement Rome est politiquement orientée vers le centre-gauche, tandis que le reste du Latium l'est vers le centre-droit. Lors des élections générales italiennes de 2008, la coalition centre-gauche a obtenu 41,4 % des votes contre 44,2 % au centre-droit. Lors des élections générales italiennes de 2013, le centre-gauche obtient 40,7 % des suffrages, la coalition centre-droit 29,3 % et le Mouvement 5 étoiles 20,2 %[61].
82
+
83
+ Les présidents de région étaient élus par le conseil régional de 1970 à 1999. À la suite de la réforme de 1999, l'élection du Président de la région est faite au suffrage universel direct au scrutin uninominal majoritaire à un tour.
84
+
85
+ Les présidents du Latium qui se sont succédé depuis 1970 sont les suivants :
86
+
87
+ La région du Latium est peuplée de 5 891 582 habitants fin novembre 2015[62].
88
+
89
+ Le tableau suivant présente la population du Latium par province au 30 avril 2014[63].
90
+
91
+ Le tableau suivant présente les communes de plus de 30 000 habitants les plus peuplées du Latium en avril 2014[63].
92
+
93
+ Au 31 décembre 2010, les étrangers habitants dans le Latium étaient au nombre de 542 688. Les cinq origines les plus représentées sont les suivantes[64] :
94
+
95
+ À Rome, l'industrie domine : la région de Latina possède des usines de pneumatiques, de tabac et de céramique. À Gaète se trouve une importante raffinerie de pétrole, à Civitavecchia des cimenteries, à Rieti les textiles synthétiques. L'usine Alfa Romeo de Cassino du groupe FCA est une des plus robotisées au monde[65] ; elle assemble l'Alfa Romeo Giulia, l'Alfa Romeo Stelvio et l'Alfa Romeo Giulietta. Enfin, à Tarquinia, la chimie domine.
96
+
97
+ L'économie agricole du Latium est fondée sur la polyculture dans la campagne (avec les vignobles de Frascati), bovins dans les vallées, ovins sur les collines, grande culture mécanisée sur les terres asséchées des marais pontins.
98
+
99
+ Le taux de chômage qui était de 6,1 % en 2007 est passé à 12,2 % en 2013[66].
100
+
101
+ En 2005, la région du Latium est le deuxième du pays pour son PIB, juste après la Lombardie. En termes de PIB par habitant, le Latium est la quatrième région en 2007 et la cinquième région en 2008. La répartition du PIB est loin d'être homogène : ni spatialement car Rome en produit une partie significative, ni en termes d'activité, le service étant plus important dans le Latium que dans le reste de l'Italie. Le tableau ci-dessous présente le PIB et le PIB par habitant de 2000 à 2012[67].
102
+
103
+ Ci-dessous, la répartition du PIB par principales activités macro-économiques en 2006[67] :
104
+
105
+ Le secteur agricole du Latium a perdu l'importance qu'il avait acquise au lendemain de la Seconde Guerre mondiale quand la production provenait essentiellement des grands latifondi agricoles[68].
106
+
107
+ Les cultures céréalières se trouvent essentiellement dans la région de Viterbe, la campagne romaine et le marais Pontin[69].
108
+
109
+ Selon les données de ISTAT de 2010, la production de l'huile l'emporte sur celle de la noisette, produite dans la zone de Viterbe mais surtout dans celle des monts Cimins et la vigne[56].
110
+
111
+ Après ces trois cultures traditionnelles, on trouve celle du kiwi, surtout dans la province de Latina dont la surface cultivée est supérieure à celle destinée aux cultures plus traditionnelles de la châtaigne : 4 046,82 ha[56].
112
+
113
+ Selon les données ISTAT de 2007, les exploitations agricoles ont travaillé 940 447 ha de territoire, contre 1 128 164 ha en 1999[70].
114
+
115
+ Bien que le phénomène de la transhumance soit fortement réduit par rapport au passé, l’élevage ovin compte 817 092 unités en 2003, dont 40 % dans la zone de Viterbe. La région est classée au troisième rang derrière la Sardaigne et la Sicile dans ce type d'élevage. On compte aussi environ 380 000 bovins et plus de 100 000 porcs. En 2003, dans le sud de la région, l'élevage de buffles, en essor, compte 70 000 unités[56].
116
+
117
+ Toujours selon les données ISTAT de 2010, le secteur agricole compte 27 634 exploitations sur un total national de 544 997, soit 5,07 %. Au niveau provincial, la province de Latina compte 10 487 exploitations agricoles, celle de Viterbe 6 163, celle de Frosinone 5 271, celle de Rome 4 663 et celle de Rieti 1 050[56].
118
+
119
+ En 2013, le secteur agricole continue à s'affaiblir, perdant 1 571 entreprises[71].
120
+
121
+ Le secteur industriel, en dehors de quelques exceptions, compte sur un tissu de petites et moyennes entreprises. Les exceptions se trouvent dans les zones où est intervenue la Cassa del Mezzogiorno, par exemple à Cassino, Anagni, Frosinone, Colleferro et alentours qui ont bénéficié pendant ces dernières années d'un important essor économique avec l'implantation de grandes entreprises : FIAT, SKF, ABB, Bombrini Parodi Delfino, Bristol-Myers Squibb, etc.
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+
123
+ Selon les données ISTAT de 2006[67], les secteurs industriels du Latium les plus développés sont ceux axés sur la production et la distribution d'énergie électrique, du gaz, de vapeur et de l'eau pour un chiffre d'affaires de 2 839,6 millions d'euros, celui des cokeries, raffineries, chimie et pharmacie 2 766,7 millions d'euros, la fabrication mécanique électrique et optique, et les moyens de transport 2 418,6 millions d'euros.
124
+
125
+ L'industrie du Latium est active en particulier dans les secteurs d'activités de la mécanique, la chimie, l'alimentaire, et surtout dans l'industrie manufacturière : textile, imprimerie, meuble et habillement.
126
+
127
+ L'analyse sectorielle de 2013 montre une stagnation de l'activité industrielle qui ne déroge pas à la période de crise nationale avec un ralentissement des créations d'entreprises[72].
128
+
129
+ Le Latium, avec la capitale Rome et ses services politiques et administratifs est un grand employeur du secteur tertiaire et des services comme le tourisme, le commerce, transactions financières et immobilières, université et centres de recherche, administration publique[73].
130
+
131
+ La part des services dans le PIB de la région est supérieure à celle des autres régions italiennes. En effet, si les services représentent en moyenne 65,6 % dans les données nationales du PIB de 2005, celles du Latium atteignent 77,5 %. En pratique les 3/4 du PIB du Latium sont produits par le secteur des services[67].
132
+
133
+ L'importance des services est confirmée par l'analyse sectorielle de 2013[72].
134
+
135
+ En 2007, 3 867 175 Italiens et 6 952 266 étrangers ont visité le Latium[74]. L'économie des services liée à l'Administration publique représente environ 8 %, soit le double de la moyenne nationale[67].
136
+
137
+ Rome est l'épicentre du transport routier régional. Une ceinture périphérique autoroutière permet aux voyageurs en transit de contourner la capitale. Les principaux axes du trafic sont au nombre de deux :
138
+
139
+ D'autres autoroutes desservent la région :
140
+
141
+ Les autres voies routières importantes pour le trafic local sont :
142
+
143
+ Le tableau ci-dessous rapporte le nombre d'accidents routiers avec blessure au Latium de 2001 à 2014, détaillé par province en valeur absolue et en pourcentage par rapport aux données régionales[77].
144
+
145
+ Le réseau ferroviaire du Latium est en partie propriété de l'État et l'exploitation est assurée par la RFI pour un total de 1 211 km[78], l'autre partie, 139 km, étant constituée des chemins de fer régionaux, sous gestion de l'ATAC[79],[80].
146
+
147
+ Par sa situation géographique au centre de la péninsule, le Latium et Rome en particulier constitue le principal nœud ferroviaire d'Italie centrale, en reliant celle-ci à l'Italie méridionale. Le Latium, qui est parcouru par l'axe ferroviaire européen numéro 1 Berlin-Palerme et par l'axe ferroviaire numéro 24 Couloir des deux mers , fait partie du réseau ferroviaire conventionnel trans-européen TEN-T.
148
+
149
+ Les lignes directrices du trafic sont au nombre de 4 et épousent dans la partie initiale du parcours le tracé des anciennes voies consulaires romaines[78] :
150
+
151
+ Le tronçon Rome - Fiumicino assure le trafic des passagers entre la capitale à l'aéroport international[78].
152
+
153
+ Le port de Civitavecchia (Porto di Roma), dont la fondation date de l'empereur Trajan, qui se trouve dans la province de Rome, est le principal port et une importante plaque tournante pour le transport maritime en Italie pour les marchandises, les passagers et les croisières en mer. Relié à plusieurs ports de la Méditerranée, il représente l'un des principaux liens entre le continent italien à destination de la Sardaigne, Sicile, Espagne, France, Malte et Tunisie.
154
+
155
+ D'autres ports de transport mixtes se trouvent à Fiumicino (port-canale sur le Tibre de pêche, trafic de marchandises), Gaète (port commercial, trafic de marchandises et point de passage de bateaux de croisière), Anzio (port de pêche et point de départ pour la île de Ponza), Formia (chantier naval, port commercial et touristique, point d'embarquement pour les îles de Ponza e Ventotene), Terracina (trafic avec les îles de Ponza et Ventotene) et San Felice Circeo (vers l'île de Ponza)[81].
156
+
157
+ Les ports essentiellement touristiques se trouvent à Riva di Traiano, Santa Marinella, Ostie, Nettuno et San Felice Circeo[82].
158
+
159
+ Le transport aérien régional et international est assuré essentiellement par les aéroports de Fiumicino et Ciampino.
160
+
161
+ Les aéroports du Latium pour le trafic civil sont :
162
+
163
+ Aussi connu comme « aéroport de Fiumicino », il est l'un des principaux aéroports internationaux. Ouvert en 1960, il se trouve à Fiumicino, 35 km à l'ouest de Rome. Il occupe une surface de 29 km2. Avec 40,5 millions de passagers transportés en 2015, il figure parmi les aéroports les plus fréquentés d'Europe. L'aéroport, qui sert de base à la compagnie nationale Alitalia et à Vueling, compagnie low-cost espagnole filiale de International Airlines Group, est utilisé par les plus grandes compagnies de transport aérien mondiales. En 2014, d'après le nombre total de passagers, Fiumicino est huitième en Europe et 35e dans le monde[83].
164
+
165
+ Aussi connu comme « aéroport international de Rome Ciampino », il se trouve à Ciampino et sur la zone de Rome de l'aéroporto d Ciampino à 15 km au Sud-est de Rome. Ouvert en 1916, second aéroport international de Rome, il sert de base à Ryanair et au trafic low cost de l'aviation générale. La partie située dans la commune de Ciampino est militaire et abrite le siège du 31e stormo de l'Aeronautica Militare et le 2e Département du Génie de l'Aeronautica Militare[84].
166
+
167
+ L' aéroport de Rome-Urbe est un petit aéroport civil situé dans la partie nord de Rome à 5 km du centre, entre la Via Salaria et le Tibre[85].
168
+
169
+ La région comporte d'importantes infrastructures militaires, parmi lesquelles l'aéroport militaire de Pratica di Mare, second aéroport militaire italien, utilisé aussi au cours de grands évènements internationaux comme en 2002, quand il est utilisé pour le sommet OTAN-Russie.
170
+
171
+ D'autres aéroports militaires, gérés par l'Aeronautica Militare, sont ceux de Frosinone (ouvert pendant la période fasciste en 1939)[86], de Guidonia (base dont l'origine remonte à 1916 et qui est le seul des aéroports militaires à être également ouvert au trafic commercial et civil), de Latina (fondé en 1938 pour remplacer trois aérodromes mineurs du Latium)[87] et de Viterbe (nommé en hommage à Tommaso Fabbri et datant de 1937)[88].
172
+
173
+ Le Latium est une des régions les plus importantes pour la culture italienne, européenne et mondiale en raison de son patrimoine artistique, archéologique, architectural, religieux et culturel. Le patrimoine immense de la ville de Rome ne représente qu'une infime partie des centaines d'autres lieux d'intérêt et monuments à travers la région.
174
+
175
+ Le centre historique de Rome, les biens du Saint-Siège situés dans cette même ville et bénéficiant d'extraterritorialité (comme la basilique Sainte-Marie-Majeure ou la basilique Saint-Jean-de-Latran) ainsi que la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs sont inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO[89].
176
+
177
+ Les autres sites du Latium inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO sont les nécropoles étrusques de Cerveteri et Tarquinia (c'est-à-dire la nécropole de Banditaccia et la nécropole de Monterozzi) inscrites en 2004, ainsi que deux ensembles de jardins et leurs bâtiments situés à Tivoli : la villa d'Hadrien (villa romaine bâti pour l'empereur Hadrien) et la villa d'Este (célèbre pour ses jardins et ayant appartenu à une noble famille de la Renaissance)[90].
178
+
179
+ Dans la région de Viterbe, se trouvent les nécropoles rupestres de Castel d'Asso et de Norchia qui remontent aux périodes archaïque et hellénistique.
180
+
181
+ Le palais des papes de Viterbe est, avec la cathédrale San Lorenzo, un important monument historique du nord du Latium, autrefois siège pontifical pendant vingt-quatre ans, de 1257 à 1281[91].
182
+
183
+ Au sud de Rome se trouve l'abbaye de Casamari, l'une des plus importantes abbayes cisterciennes d'Italie[92], l'abbaye territoriale du Mont-Cassin, fondée par Benoît de Nursie en 529, berceau de l’ordre des Bénédictins[93], ainsi que le parc régional des Castelli Romani parsemé d'anciens villages, de châteaux féodaux, villas et ruines archéologiques sur 9 500 hectares de territoire protégé[94].
184
+
185
+ En 2013, les 10 lieux les plus visités du Latium sont le Colisée (également le monument le plus visité d'Italie), le château Saint-Ange, la villa Borghèse, la villa d'Este, Ostia Antica, le musée national romain, le circuit archéologique des thermes de Caracalla, la Villa d'Hadrien, la galerie nationale d'art moderne et contemporain et enfin le palais Barberini[95].
186
+
187
+ Rome est la ville comptant le plus d'églises au monde. En effet, elle en possède plus de 900 (parmi lesquelles figurent la basilique Saint-Jean-de-Latran, l'église de la Trinité-des-Monts, la basilique Saint-Pierre-aux-Liens, l'église Saint-Louis-des-Français de Rome, l'église du Gesù ou encore la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem)[96].
188
+
189
+ Le centre historique de Rome avec le Tibre de nuit.
190
+
191
+ Tombe des Léopards de la nécropole de Monterozzi.
192
+
193
+ Nécropole rupestre de Norchia
194
+
195
+ La basilique Saint-Paul-hors-les-Murs.
196
+
197
+ La fontaine principale de la villa d'Este.
198
+
199
+ Palais des Papes de Viterbe
200
+
201
+ Les réserves naturelles occupent près de 11 % du territoire régional du Latium. Parmi celles-ci, on compte trois parcs naturels nationaux plus un grand nombre de parcs naturels régionaux et d'autres aires naturelles protégées d'importance mineure[97].
202
+
203
+ Les trois parcs naturels nationaux sont le parc national des Abruzzes, Latium et Molise (qui s'étend sur une partie de la province de Frosinone), le parc national du Circé (dans la province de Latina) et le parc national du Gran Sasso e Monti della Laga (dans la province de Rieti). Les parcs naturels régionaux sont le parco urbano dell'antichissima Città di Sutri, l'Appia antica, les monts Auronces, monts Ausons, le complexe lacustre de Bracciano-Martignano, les monts Lucretili, les monts Simbruini, Gianola et Monte di Scauri, la Riviera d'Ulysse, Marturanum, Veiès, Castelli Romani, Aguzzano, Pineto et le parc naturel et archéologique de l'Inviolata di Guidonia[97].
204
+
205
+ On compte également 10 réserves naturelles nationales (dont la résidence présidentielle de Castelporziano), 29 réserves naturelles régionales et 2 aires maritimes protégées. Le Latium compte aussi 177 sites d'importance communautaire (dont 19 aires maritimes, 40 sites dans la province de Viterbe, 22 sites dans la province de Rieti, 49 sites dans la province de Rome, 24 sites dans la province de Latina et 23 sites dans la province de Frosinone)[97].
206
+
207
+ Le parc national du Circé.
208
+
209
+ La réserve naturelle régionale du lac de Canterno.
210
+
211
+ Le parc national du Gran Sasso e Monti della Laga.
212
+
213
+ L'aire maritime protégée de l'île de Ventotene.
214
+
215
+ Plusieurs dialectes sont pratiqués sur le territoire du Latium. Ils se divisent en trois catégories : ceux qui appartiennent aux dialectes médians italiens, ceux qui sont issus des dialectes méridionaux italiens et du napolitain ainsi que ceux qui pour origine le dialecte vénitien mélangé aux autres patois locaux après la forte vague d'immigration de la période fasciste.
216
+
217
+ Le groupe des dialectes médians italiens est le plus représenté dans le Latium. Il est lui-même divisé entre cinq dialectes parlés principalement dans les parties centrale et septentrionale de la région[99].
218
+
219
+ Dans la partie orientale de la province de Rome ainsi que dans les communes occidentales des provinces de Frosinone et de Latina, c'est-à-dire celles qui ont appartenu aux États pontificaux et non au royaume des Deux-Siciles, le patois utilisé est le dialecte ciociaro (anciennement appelé « campanino »), du nom auparavant employé pour désigner cette zone : Ciociarie. Le nombre de locuteurs est d'environ 300 000 personnes. Il est surtout parlé avec la prononciation propre au ciociaro bien que, dans certaines zones de la province de Frosinone et autour de Terracine, la prononciation soit la même que dans la langue napolitaine[99].
220
+
221
+ Le dialecte sabin est parlé principalement dans la province de Rieti et dans la campagne romaine limitrophe de Rieti (surtout dans les communes de la province de Rome de Monterotondo, Palombara Sabina, Tivoli et Mentana), mais il s'étend également en dehors de la région, dans la province de L'Aquila en Abruzzes. Il est séparé en trois sous-groupes dont un n'est pas présent dans le Latium mais uniquement en Abruzzes. Le sous-groupe de l’aquilano (partagé entre Rieti et L'Aquila) et celui du carseolano (utilisé uniquement dans le Latium) sont ceux qui sont parlés dans la région. Ils sont pourtant menacés par le dialecte romanesco qui, contrairement aux autres, ne cesse de prendre de l'ampleur[99].
222
+
223
+ Le romanesco (ou « romain ») est le dialecte parlé dans la ville de Rome, mais également dans les zones côtières de la province de Rome (entre Civitavecchia et Anzio) et de la province de Latina (entre Latina et Sabaudia). C'est le dialecte le plus utilisé avec près de 3 millions de locuteurs. Le romanesco est un dialecte médian, bien qu'ayant subi une forte influence du toscan, ce qui le rapproche de l'italien standard (lui aussi tiré du toscan). Il a également compté de nombreux auteurs, comme Giuseppe Gioachino Belli et Trilussa, qui s'exprimaient dans cette langue[99].
224
+
225
+ Le dialecte de la Tuscia viterbese, parlé dans la province de Viterbe, est considéré comme « paramédian », bien que certains linguistes le classent parmi les dialectes ombriens. En effet, c'est un patois de transition entre les dialectes médians italiens et le toscan, plus précisément les dialectes toscans méridionaux qui comprennent l'arétin parlé à Arezzo, le siennois parlé à Sienne et le grossetan parlé à Grosseto. Autour du village de Bagnoregio, près de Viterbe, le dialecte de la Tuscia viterbese est ainsi parlé avec une prononciation et un fort accent toscan[99].
226
+
227
+ Dans la zone dite des Castelli Romani, à cheval entre les provinces de Rome, Frosinone et Latina, de nombreux patois réunis sous le nom de dialectes des Castelli Romani sont parlés. La plupart bénéficie d'origines multiples, principalement formés à partir du romanesco ancien, du sabin et du ciociaro. Les dialectes des Castelli Romani sont divisés en divers patois correspondant chacun à une zone géographique : le marinese (parlé par 30 000 personnes autour de la ville de Marino), le rocchiciano, le frascatano, l'albanense, le castellano, le monticiano, le monteporziano, l'ariccino, le velletrano, le genzanese et le lanuviese[99].
228
+
229
+ Le groupe des dialectes méridionaux est présent dans le Latium dans la partie des provinces de Frosinone et de Latina qui était auparavant rattachée au royaume des Deux-Siciles. Les dialectes parlés dans cette zone appartiennent tous aux dialectes de Campanie (dont fait aussi partie le napolitain) et plus spécialement de la branche du Laziale meridionale[100].
230
+
231
+ Dans la zone côtière (autour des villes de Gaète, Formia et Sperlonga), la prononciation du Laziale meridionale est fortement influencée par le schwa napolitain que l'on peut retrouver également dans certains patois à l'intérieur des terres comme à Cassino, Sora, Isola del Liri et Esperia. Sur le littoral et dans certaines communes de la zone intérieure (à Esperia), outre le napolitain, on retrouve également des influences des dialectes pugliesi et molisani provoquées par l'immigration des pêcheurs originaires de ces régions (par exemple, une importante communauté originaire des Pouilles est présente à Fondi)[100].
232
+
233
+ Dans le centre historique de Gaète est parlée la langue napolitaine en raison d'une présence de descendants de fonctionnaires administratifs et militaires, originaires de l'ancienne capitale du royaume des Deux-Siciles et arrivés dans cette ville lorsqu'elle est devenue le chef-lieu d'un district en 1806. On remarque également l'utilisation du napolitain dans les îles Pontines, à 30 km des côtes du Latium[100].
234
+
235
+ Dans la partie intérieure, bien que la prononciation napolitaine soit la plus développée, on retrouve aussi l'influence des dialectes médians italiens (principalement à Lenola, Castelforte, Santi Cosma e Damiano, Minturno, Ausonia et Sant'Ambrogio sul Garigliano). On remarque ainsi la prononciation sabine à Sora, Pontecorvo et Lenola. On perçoit aussi des influences du romanesco et du ciociaro à certains endroits[100].
236
+
237
+ Pendant la période fasciste, Benito Mussolini ordonne le lancement d'un projet pour assécher et mettre en culture les marais pontins sur lesquels il fait édifier des villes nouvelles comme celle de Latina, aujourd'hui chef-lieu de la province du même nom. Cette zone est alors massivement colonisée par des familles d'ouvriers et de paysans employés par le régime fasciste. Parmi ceux-ci, la plupart sont originaires de Vénétie ou du Frioul et s'installent ainsi dans le Latium en apportant avec eux leur dialecte : le vénitien. Celui-ci se mélange peu à peu avec les patois locaux, comme le romanesco, pour créer le dialecte vénéto-pontin. Il est aujourd'hui parlé principalement dans les villes de Latina, Aprilia, Pomezia, Sabaudia et Cisterna di Latina[101].
238
+
239
+ L'alimentation traditionnelle du Latium est très caractéristique. Elle est régulée par le Ministère des Politiques agricoles, alimentaires et forestières qui émet une liste de produits agroalimentaires traditionnels pour chaque région d'Italie, mise à jour pour la dernière fois en juin 2012. Il existe également de nombreuses variétés bénéficiant de dénominations d'origine protégées et d'indications géographiques protégées[102].
240
+
241
+ La liste des produits agroalimentaires traditionnels du Latium de ce ministère compte 386 plats et aliments différents, tels que le fromage à pâte filée caciocavallo, les graines de pois carré, les pommes de terre de l'Alto Viterbese, les pâtes macaroni ou encore les biscuits tarallo. On y dénombre aussi de très nombreux types de fromages, viandes (saucisses et saucissons), huiles d'olive, fèves, lentilles, figues, pâtes et alcools typiques de la région[103].
242
+
243
+ Les vins les plus appréciés sont les blancs des Castelli Romani comme le Frascati et le Marino, ainsi que l'Est de Montefiascone ; pour les vins rouges, le Cerveteri rosso, le Velletri rosso, et le Cesanese rosso[104].
244
+
245
+ La ville de Rome est le majeur pôle universitaire de la région, car elle possède de nombreuses universités, à la fois publiques et privées. La plus connue et la plus importante en termes de nombre d'inscrits est l'Université de Rome « La Sapienza », qui compte également des antennes à Latina, Rieti et Viterbe. En 1982 est également fondée l'Université de Rome « Tor Vergata », qui accueille environ 40 000 étudiants, en 1992 l'Université de Rome III qui compte aussi près de 40 000 élèves et en 1998 l'Université de Rome « Foro Italico » (aussi appelée Université de Rome IV)[105].
246
+
247
+ La plupart des universités privées de Rome sont fortement catholiques. La plus ancienne est la Libera Università Maria Santissima Assunta (LUMSA), fondée en 1939, puis viennent la Libera Università Internazionale degli Studi Sociali (LUISS) en 1974 et la Libera Università degli Studi Per l'Innovazione e le Organizzazioni (LUSPIO) en 1996[105].
248
+
249
+ Les deux universités du Latium, toutes deux fondées en 1979, mais non situées dans la capitale sont : l'Université de Cassino, qui compte près de 8 000 étudiants, et l'Université de la Tuscia, basée à Viterbe, qui accueille environ 9 000 étudiants et qui possède des antennes à Bracciano et à Tarquinia[105].
250
+
251
+ Il existe de nombreuses danses traditionnelles dans le Latium, particulièrement représentées par le saltarello, danse accompagnée de musique populaire qui s'est développée à partir du XIIIe siècle en Italie centrale. On retrouve aussi des traces de la zumbarella, danse traditionnelle originaire des Abruzzes. Le stornello (ou stornello romano pour celui qui est pratiqué dans la zone autour de Rome) est une forme populaire de poésie généralement improvisée et très simple dont l'argument porte sur la satire ou l'amour et qui s'est diffusée dans le Latium et en Toscane dès le XIIe siècle[106].
252
+
253
+ La musique populaire du Latium, quant à elle, possède des origines de Toscane, au nord, principalement dans le caractère grave et mélancolique de ses chants qui s'opposent à ceux de la Campanie, plus au sud. Possédant des caractéristiques intimement liées au chant grégorien, les chants traditionnels (aussi nommés chants romanesques) s'expriment surtout à travers les ninna nanna, berceuses originaires de la région[107].
254
+
255
+ Les instruments toujours utilisés dans le sud, pour la musique populaire, sont l'accordéon, le tambourin et la zampogna, cornemuse employée traditionnellement dans les musiques de l'Italie centrale et méridionale[107],[106].
256
+
257
+ Un des principaux festivals de musique qui ont lieu dans la capitale italienne est le Concert du Premier mai (Concerto del Primo Maggio en italien) qui est organisé chaque année depuis 1990 à Porta San Giovanni lors de la Journée internationale des travailleurs par les majeurs syndicaux italiens : la CGIL, la CISL et l'UIL. Il propose plusieurs artistes renommés aussi bien italiens (comme Roberto Murolo, Franco Battiato ou Enzo Jannacci) que mondiaux comme Chuck Berry en 2007, Robert Plant des Led Zeppelin et le groupe Oasis en 2002, Sting en 1996, les Iron Maiden en 1993 ou encore B. B. King en 1992. Le nombre de spectateurs assistant à l'évènement est important, atteignant le million en 2006[108].
258
+
259
+ Un autre évènement important de la scène musicale romaine fut, de 2003 à 2007, le Telecomcerto qui accueillait chaque année aux Fori Imperiali un personnage ou un groupe connu internationalement : en 2003 Paul McCartney des Beatles, en 2004 Simon and Garfunkel, en 2005 Elton John[109], en 2006 Billy Joel et Bryan Adams et en 2007 le groupe Genesis[110].
260
+
261
+ Pendant les mois de juillet et août a lieu dans plusieurs communes de la province de Viterbe (Caprarola, Bagnoregio, Bagnaia, Sutri et Ronciglione) le Tuscia in Jazz Festival, deuxième plus important festival de jazz en Italie après l'Umbria Jazz. Pendant les deux dernières semaines de juillet, toujours à Bagnoregio, a lieu le Séminaire international du jazz qui regroupe de nombreux artistes-musiciens dont la plupart viennent de États-Unis[111].
262
+
263
+ Le Latium est le berceau de Cinecittà, la « cité du cinéma », complexe de studios cinématographiques italien fondé en 1937 et qui se trouve à Rome, dans le quartier de Don Bosco[112].
264
+
265
+ Le principal festival cinématographique du Latium est le Festival international du film de Rome au terme duquel est remise chaque année une récompense aux meilleurs films nommée le « Marc Aurèle d'or ». C'est une effigie de Marc Aurèle en or créée par Bulgari[113]. Il a lieu depuis 2006, sous l'impulsion du maire de Rome d'alors, Walter Veltroni, dans l'Auditorium Parco della Musica. Créé initialement sous le nom de « Fête internationale du cinéma de Rome » (CINEMA. Festa Internazionale di Roma en italien), il change de dénomination lors de sa 3e édition en 2008. Le premier Marc Aurèle d'or est attribué en 2006 à Playing the victim de Kirill Serebrennikov. Par la suite, de nombreux autres films internationalement reconnus sont primés comme Brotherhood de Nicolo Donato et Kill Me Please d'Olias Barco[114].
266
+
267
+ Le Latium comporte divers équipements sportifs de niveau international, construits à l'occasion d’événements d'importance mondiale comme les Jeux olympiques d'été de 1960. Parmi les plus importants figure le stade Olympique à l'intérieur du complexe sportif du Foro Italico[115]. Patrimoine du CONI, la structure permet d'accueillir des activités comme le football, l’athlétisme, le tennis et parfois des manifestations musicales et culturelles. Le Palalottomatica, situé à Rome dans la zone de l'EUR, est le plus grand palais des sports d'Italie et accueille les parties de basket-ball de la Pallacanestro Virtus Roma[116].
268
+
269
+ Des manifestations sportives de niveau international se déroulent dans le Latium :
270
+
271
+ Le Latium a son propre blason et étendard, reconnu par la loi régionale no 58, datée du 17 septembre 1984[121],[122] de la région du Latium :
272
+
273
+ « Un octogone bordé d'or, à l’intérieur duquel sont insérés les blasons des provinces de la région comme suit : au centre, le blason de la ville métropolitaine de Rome Capitale et en éventail, les blasons des provinces de Frosinone, Latina, Rieti et Viterbe, liés entre eux par un ruban tricolore[123],[124]. »
274
+
275
+ La région a également son étendard :
276
+
277
+ « De couleur bleu ciel bordé de bleu marine foncé, dans la partie supérieure le blason régional soutenu d'un épi et d'une branche de chêne et surmonté par une couronne finie d’or monochrome ; dans la partie inférieure et au centre l'inscription en or Regione Lazio, complété à la base avec une frange d'or. Sous l'embout de l’étendard est noué un ruban tricolore (vert, blanc et rouge), frangé d'or[123]. »
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1
+ Testudines
2
+
3
+ Ordre
4
+
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+ Sous-ordres de rang inférieur
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+
7
+ Les Tortues (Testudines), ou Chéloniens, forment un ordre de reptiles dont la caractéristique est d'avoir une carapace. Il existe actuellement (décembre 2019) 343 espèces recensées possédant des caractéristiques diverses, mais toutes se distinguent des autres reptiles par une carapace qui est constituée d'un plastron au niveau du ventre et d'une dossière sur le dessus, reliés par deux ponts sur les côtés du corps. On les sépare traditionnellement en trois groupes : les tortues terrestres (environ 70 espèces), les tortues aquatiques, ou tortues dulçaquicoles (environ 260 espèces), et les tortues marines (7 espèces).
8
+
9
+ Les tortues sont ovipares et les pontes ont lieu entre 10 et 12 mois.Les jeunes grandissent vite, puis leur développement se ralentit. L'alimentation des tortues peut se composer de viande ou de végétaux selon les espèces.
10
+
11
+ Les 86 genres de tortues sont divisées en 14 familles. Elles se répartissent sur une bonne partie du globe et peuvent vivre dans des habitats très divers. Quarante-deux pour cent de ces espèces sont menacées de disparition, que ce soit en raison de la destruction de leurs habitats ou d'une prédation trop importante. Dans les deux cas, l'influence de l'homme est très importante, malgré les actions de protection mises en œuvre.
12
+
13
+ Le squelette des tortues est composé d'os et de cartilages[1]. On le divise généralement en trois parties : le crâne, le squelette axial et le squelette appendiculaire[1].
14
+
15
+ Les tortues possèdent un crâne anapsides , c'est-à-dire qu'il n'y a pas de fosse temporale au niveau du crâne[2]. Pour toutes les tortues, l'os carré est concave. L'os squamosal est limité à la moitié de la joue[3]. L'os quadratojugal et l'os carré sont relativement grands[3]. L'os postpariétal est absent, de sorte que la fosse temporale est encadrée seulement par les os pariétaux et les os supratemporaux pour la plupart des tortues primitives Proganochelys[3]. L'os postfrontal est absent, ce qui a pour conséquence une surface de contact importante entre l'os préfrontal et l'os postorbitaire d'une part, et entre l'os frontal et l'os postorbitaire[3] d'autre part.
16
+
17
+ La mâchoire n'a pas de dents, mais est couverte d'une surface cornée tranchante : les tortues sont donc munies d'un bec. Le cou des tortues est composé de sept vertèbres cervicales mobiles (et d'une huitième fusionnée à la carapace) et de dix vertèbres thoraciques[1].
18
+
19
+ Les tortues possèdent une ceinture scapulaire encerclée par les côtes[4]. Cette importante modification anatomique peut être suivie au cours des premiers stades de l'ontogénèse[5]. Les articulations sont composées de parties cartilagineuses[4]. Chez les tortues marines, les pattes sont remplacées par des nageoires.
20
+
21
+ Les tortues ont une queue généralement de taille réduite[6].
22
+
23
+ La caractéristique principale des tortues est d'être des reptiles munis d'une carapace. Celle-ci est composée d'un fond plat, le plastron, et d'une dossière convexe, la coquille[7]. Ces deux parties sont réunies latéralement par deux ponts osseux et il reste donc une ouverture à l'avant pour laisser passer la tête et les pattes antérieures et une ouverture à l'arrière d'où sortent les pattes postérieures et la queue. La carapace est constituée de plaques osseuses soudées au squelette de l'animal et est recouverte d'écailles en kératine sur sa face externe[8].
24
+
25
+ Chez les tortues terrestres, la carapace est particulièrement massive et peut représenter deux tiers du poids total de l'animal[4]. Elle sert à la fois de bouclier, à maintenir une partie de la chaleur interne de l'animal et à stocker le calcium[9].
26
+
27
+ L'organisation des organes des tortues correspond de manière générale à celle des vertébrés[10]. Quelques différences sont néanmoins à souligner : elles n'ont pas d'oreilles externes (les oreilles internes sont situées derrière les yeux), pas de dents (remplacées par un bec) et ont un cloaque[10]. Le cœur des tortues possède trois cavités (deux oreillettes et un ventricule), il est plutôt plat, large et sa pointe est arrondie[10],[11]. L'appareil respiratoire de la tortue est l'un des plus évolués parmi les reptiles[11] : la tortue possède en effet une glotte, un larynx, un pharynx et une trachée (composée d'anneaux cartilagineux)[11]. Elle possède deux poumons avec de nombreux replis et situés sous la dossière, ce qui explique pourquoi une tortue sur le dos peut mourir d'étouffement[11]. La tortue n'a pas de diaphragme, la respiration est réalisée grâce aux mouvements de l'ensemble des muscles du corps. Le système digestif est assez classique avec un foie volumineux[11]. Comme les autres reptiles, les tortues sont recouvertes d'écailles. Les yeux sont protégés par trois paupières[12].
28
+
29
+ Les différences entre les tortues adultes mâles et femelles ne sont pas toujours bien marquées. Par exemple, pour les tortues marines, le sexage génétique ou la dissection sont nécessaires pour déterminer le sexe.
30
+
31
+ Chez les tortues de petite taille, les femelles sont généralement plus grandes que les mâles[13]. Chez les tortues de grande taille, au contraire, les mâles sont généralement plus grands[13]. Le plastron des mâles est souvent plus concave que celui des femelles, plutôt plat[13]. Le cloaque est plus proche du bout de la queue chez les mâles, queue par ailleurs plus grande et plus forte[13].
32
+
33
+ Certains caractères plus particuliers différencient mâles et femelles chez certaines espèces. Chez la Cistude par exemple, les mâles ont les yeux rouges et les femelles ont les yeux jaunes[14]. Chez l'Émyde peinte de Bornéo, la femelle a une tête brune alors que la tête du mâle est colorée[15]. Chez les tortues aquatiques, les mâles ont des griffes développées qui favorisent l'accrochage de la femelle lors de l'accouplement.
34
+
35
+ L'espérance de vie des tortues varie suivant les espèces. En moyenne, les tortues terrestres vivent une cinquantaine d'années[16]. La majorité des tortues dépassant l'âge de cent ans sont des tortues géantes des Seychelles ou des Galapagos[16]. Différents records de longévité ont été enregistrés, notamment celui de Harriet, une tortue géante des îles Galápagos ayant vécu environ 175 ans[17], ou encore celui d'Adwaita, une tortue géante des Seychelles qui serait morte avec un âge supérieur à 250 ans[18].
36
+
37
+ Ces tortues géantes peuvent mesurer jusqu'à 130 centimètres de long pour un poids de 300 kilogrammes[19]. La plus grande des espèces de tortues vivantes reste cependant la tortue luth, car elle peut mesurer jusqu'à 2 mètres de long pour un poids record observé de 950 kilogrammes[20],[21]. Les plus grandes tortues éteintes retrouvées sont les archelons, des tortues marines de la fin du Crétacé dont on sait qu'elles pouvaient mesurer jusqu'à 460 centimètres de longueur[22].
38
+
39
+ Il existe plusieurs cas de tortues possédant deux têtes visibles. Un exemple notable est « Janus », nommée ainsi d'après le dieu aux deux visages de la mythologie romaine, une tortue mâle née en couveuse le 3 septembre 1997 au Muséum d'histoire naturelle de Genève[23]. Des cas de tortues à deux têtes apparaissent notamment dans les élevages intensifs de tortues[24].
40
+
41
+ Les tortues ayant les sens les plus développés sont les tortues aquatiques, étant donné que la plupart d'entre elles sont des chasseuses[10]. Les tortues n'ont pas une grande acuité visuelle. Elles captent principalement un spectre de couleur allant de l'orange au rouge, ce qui explique leur attirance pour les fruits ayant ces couleurs[10]. Elles détectent plus les mouvements que les formes, à l'instar des autres reptiles[10]. Ainsi, elles peuvent détecter les mouvements à travers les vibrations de l'eau autour d'elles ou du sol par exemple[13]. Elles savent également, dans certains cas, localiser les zones de chaleur avec une certaine acuité[13]. Elles réagissent aussi, en général, au bruit, ce qui laisse penser que leur ouïe est plutôt fine[10]. Néanmoins, leur odorat semble peu développé[10].
42
+
43
+ Certaines tortues, les tortues marines notamment, possèdent un sens de l'orientation poussé, ce qui serait peut-être dû à la présence de magnétite dans leurs cellules qui les rendraient sensible au champ magnétique terrestre[13].
44
+
45
+ Les tortues sont des animaux à sang froid qui s'exposent au soleil pour augmenter leur température interne[11]. Elles passent la moitié de leur temps dans une attitude immobile que l'on qualifie de sommeil[25]. Elles semblent bénéficier, contrairement à la plupart des reptiles, d'un sommeil paradoxal avec des mouvements oculaires rapides et une suppression du tonus musculaire du cou[26].
46
+
47
+ Pendant l'hiver, certaines tortues terrestres hibernent pour survivre au froid. Pour cela, elles s'enterrent et se retirent dans leur carapace. Leur métabolisme est ralenti durant cette phase d'adaptation afin de consommer moins d'énergie. L'entrée en hibernation est progressive, la tortue s'alimentant de moins en moins, jusqu'à arrêter complètement pour vider complètement son tube digestif, puis elle s'enterre et entre réellement en hibernation[27].
48
+
49
+ À l'état sauvage, les tortues terrestres passent une grande partie de leur temps à chercher leur nourriture. Leur alimentation majoritairement herbivore dépend de leur habitat et est très variée : végétaux, insectes, charognes[28], etc. Cette alimentation est pauvre en protéines et en matières grasses, mais riche en minéraux[29]. C'est l'association de ces minéraux et des rayons ultraviolets B du soleil qui permet la formation de leur carapace[29]. Lors de leur période d'activité, elles s'alimentent tous les jours pendant plusieurs repas courts[29]. Leur transit a une durée qui varie selon la température extérieure, la teneur en fibres et en eau de l'alimentation et la fréquence des repas[29]. Cette durée oscille entre 3 et 28 jours[29]. En captivité, les tortues sont nourries avec des aliments se rapprochant au plus près de leur alimentation sauvage[29].
50
+
51
+ Comme les tortues terrestres, les tortues aquatiques occupent une grande partie de leur temps à chercher leur nourriture. Elles peuvent être carnivores, majoritairement herbivores ou omnivores[30]. Les tortues carnivores consomment généralement des charognes, des rongeurs, des poissons, des insectes et des petits reptiles[30]. Celles qui sont majoritairement herbivores consomment surtout des plantes semi-aquatiques, des algues et des fruits[30]. Les tortues omnivores quant à elles consomment aussi bien les éléments faisant partie du régime des tortues carnivores que des éléments faisant partie du régime des tortues dites « herbivores ». Certaines tortues aquatiques sont chasseresses, comme la Tortue alligator ou la Matamata.
52
+
53
+ Les tortues marines utilisent pour leur alimentation les éléments de la mer. Cette alimentation peut donc être composée d'algues, de poissons, de méduses et d'autres aliments marins suivant les espèces et leur régime alimentaire (plutôt carnivore ou plutôt herbivore)[31]. On remarquera que la Tortue imbriquée est le seul reptile spongivore connu[32].
54
+
55
+ Les différentes espèces de tortues ont des modes de reproduction et un cycle de vie assez communs. Elles pondent des œufs et les enfouissent. Ces œufs, contrairement à ceux d'autres reptiles comme les crocodiliens ou les lézards, n'ont pas besoin d'être couvés. À leur éclosion, les jeunes sont seuls et sont autonomes.
56
+
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+ Les tortues ont un mode de fécondation interne. Le mâle apporte les spermatozoïdes directement dans la zone génitale de la femelle. Toutes les espèces sans exception sont ovipares.
58
+
59
+ La vitesse de prolifération (reproduction importante en un lieu donné) des tortues dépend des espèces. Avant les accouplements, il y a généralement des combats entre mâles. Les tortues pratiquent différentes parades nuptiales qui varient en fonction des espèces. Les tortues mâles utilisent leurs griffes et leur bec pour s'accrocher aux femelles et obtenir un meilleur accès au cloaque. La pression sur la carapace déforme le corps de la femelle, faisant ressortir davantage son cou d'un côté et le cloaque de l'autre[7].
60
+
61
+ Contrairement à d'autres reptiles, les tortues ont généralement un pénis et non un hémipénis. Les tortues marines s'accouplent dans l'eau. Les tortues terrestres mâles s'accouplent avec les femelles en grimpant sur leur dos. Les sons émis par les mâles lors de l'accouplement sont très inhabituels. Les femelles restent stoïques et continuent parfois à marcher ou même à manger.
62
+
63
+ La plupart des tortues femelles creusent un trou pour enterrer leurs œufs. Elles utilisent leurs pattes arrière pour creuser, cependant il existe de rares exceptions (Pseudemydura umbrina par exemple)[5]. Quelques tortues gardent leurs nids comme les Tortues brunes de Birmanie ou les Cinosternes jaunes[5].
64
+
65
+ Les pontes collectives des tortues marines sont appelées arribada. Elles ont lieu sur les plages pendant les premiers et derniers quartiers du cycle lunaire, en période de mortes-eaux et lorsque le ressac est faible. Les œufs sont généralement pondus sur terre. Il y a néanmoins certaines exceptions comme la Chelodina siebenrocki qui dépose ses œufs dans l'eau. Certaines espèces pondent plusieurs fois par saison et les tortues marines, notamment, peuvent pondre jusqu'à dix fois par an.
66
+
67
+ Certaines espèces pondent de nombreux œufs en même temps. D'autres, comme les Homopus ou les Pyxis, ne pondent qu'un œuf à la fois. Dans le cas des tortues pondant peu d'œufs, les embryons sont en général plus développés au moment de la ponte que ceux des tortues qui pondent beaucoup, ce qui maximise les chances d'éclosion des œufs.
68
+
69
+ Les œufs de tortue ont une couleur oscillant entre le blanc et le jaunâtre. Les œufs de tortue pondant beaucoup d'œufs sont en général plus ronds, alors que les œufs de tortue ne pondant que peu d'œufs sont en général plus ovales[33]. Leurs coquilles peuvent être très souples ou très dures suivant les espèces. Elles sont poreuses, ce qui leur permet de capter l'oxygène de l'environnement et d'évacuer de l'eau.
70
+
71
+ La détermination du sexe correspond à l’événement hormonal qui au cours du développement embryonnaire va physiquement faire d'une tortue un individu mâle ou femelle. Le sexe peut être déterminé par la combinaison chromosomique des gamètes. Néanmoins, chez la plupart des espèces de tortues, il existe un mécanisme supplémentaire ou remplaçant celui-ci :
72
+ On sait depuis la fin des années 1960 que, à une période critique de l'incubation, la température influe sur la détermination du sexe des embryons de certaines espèces de reptiles, dont les tortues[34]. Des températures basses favorisent la naissance de mâles, alors que des températures élevées favorisent les femelles. Chez les crocodiles, de nombreux poissons, certains lézards et la plupart des tortues, ces hormones dépendent aussi des températures extérieures[35]. Les températures plus froides entraînent alors plus de mâles et inversement plus de femelles naissent quand l'environnement de la ponte est plus chaud[35]. 2 °C de plus ou de moins suffisent à faire en sorte que tous les individus seront respectivement femelles ou mâle[35].
73
+
74
+ Une étude scientifique récente (publication 2019) laisse penser que l'embryon de la tortue d'eau douce à carapace molle chinoise (Pelodiscus sinensis) a néanmoins, durant un certain temps, un certain pouvoir de "choix" de sa destinée sexuelle, qu'il exerce en se déplaçant vers une zone un peu plus chaude ou fraîche à l'intérieur de son œuf. Chez cette espèce si tous les embryons peuvent se positionner dans un endroit de l'œuf où la température n’est ni trop chaude ni trop froide (29 °C) pour lui, alors le sex-ratio sera à la naissance à peu près parfait[35].
75
+ Si cette hypothèse est confirmée chez d'autres espèces de tortues, ce comportement pourrait contribuer à sauver certaines espèces face au réchauffement climatique, au moins si la température ne monte pas trop, faute de quoi, il finirait par ne rester que des femelles qui ne seraient plus fécondées, ce qui condamnerait l'espèce[35]. Bien que minuscule, l'embryon se montre déjà « capable de détecter de petites différences de température et de s’installer dans la partie de l'œuf lui donnant la meilleure chance de survie »[35].
76
+ Cette hypothèse fait débat, car l'embryon n'a pas encore de muscles semblant assez développés pour un contrôle actif de sa position dans l'œuf, et car la mobilité sporadique des embryons est la plus intense après la période connue pour être sensible à la température chez les espèces dont la détermination du sexe varie selon la température. D'autres auteurs estiment donc que les embryons de reptiles sont « généralement incapables » de tels comportements adaptatifs dans l'œuf[36], certaines espèces pouvant cependant présenter un comportement adaptatif[37].
77
+
78
+ La sensibilité de l'embryon à la température ne s'exprime qu'après la ponte, mais pas tant que l'œuf est dans la femelle[38].
79
+
80
+ Quelques semaines ou quelques mois après l'enfouissement (suivant l'espèce), les jeunes tortues sortent des œufs. Elles se libèrent rapidement en utilisant un diamant[39]. Les espèces marines cherchent ensuite instinctivement à rejoindre la mer.
81
+
82
+ Les jeunes tortues ont une apparence différente de celle de leurs parents. Leur carapace est en général plus plate. Les dessins sur celle-ci et sur leur peau sont très différents. Elles consomment plus de viande que les adultes, ce qui leur permet d'avoir l'apport en protéines supérieur nécessaire à leur croissance. Lors de leurs explorations, elles se retournent parfois sur le dos, mais doivent normalement pouvoir se redresser[40].
83
+
84
+ Une fois que la tortue est devenue adulte, elle continue à se développer tout au long de sa vie. La forme de leur carapace évolue. Pour certaines tortues, celle-ci devient plus bosselée. L'éclat de la couleur des carapaces des tortues les plus vieilles diminue et celles-ci sont généralement abîmées par des marques dues aux attaques des prédateurs.
85
+
86
+ Il existe 342 espèces de tortues que l'on classe habituellement en trois groupes : les tortues terrestres, les tortues aquatiques et les tortues marines. Beaucoup d'espèces sont menacées d'extinction ou ont déjà localement disparu d'une grande partie de leur aire naturelle de répartition.
87
+
88
+ Les tortues sont représentées sur tous les continents (sauf l'Antarctique), mais vivent préférentiellement dans les régions tropicales et subtropicales, peu d'espèces terrestres vivent dans les zones tempérées. Elles sont ainsi bien implantées en Afrique, mais également dans la partie sud de l'Asie. En Europe, elles sont surtout présentes dans le sud, à proximité de la Méditerranée. En Amérique du Nord, on rencontre des tortues dans le sud et le centre. En Amérique du Sud elles sont omniprésentes excepté sur la côte ouest. En Océanie, des tortues vivent dans bon nombre de ses îles, à l'exception notamment de la Nouvelle-Zélande et de la vaste zone désertique du centre de l'Australie. Elles sont également absentes de la péninsule arabique.
89
+
90
+ Les tortues colonisent une grande variété d'habitats différents. On les rencontre dans les océans, les marécages, les savanes, les forêts ou les prairies. Certaines tortues vivent même dans des zones arides, comme la Tortue du désert, ou en montagne, comme la Tortue-boîte du Yunnan qui peut vivre à plus de 1 800 mètres d'altitude[41].
91
+
92
+ Certaines espèces de tortues couvrent de très grandes zones du globe, tandis que d'autres ne sont présentes que sur des espaces très limités, comme la Tortue-boîte de Pan uniquement présente dans la province du Shanxi en Chine[42] ou la Platémyde radiolée, uniquement présente dans les bassins atlantiques du rio São Francisco au Brésil[43]. Par ailleurs, de nombreuses espèces sont de grandes migratrices[44].
93
+
94
+ Les tortues sont apparues il y a plus de 200 Ma, mais leur origine précise est encore incertaine. Parce que le plus récent ancêtre commun des tortues modernes est vieux d'au moins 210 Ma, les tortues sont probablement encore plus anciennes[33].
95
+ Il n'existe aucune certitude quant à la phylogénie des tortues. L'Eunotosaurus a été envisagé comme ancêtre de l'ordre[45], pendant un temps à cause de sa carapace, mais cette thèse est actuellement rejetée. La taxonomie de l'ordre est actuellement débattue et l'approche génétique offre d'autres perspectives que celles morpho-anatomiques. Les développements les plus récents sont de Wilkinson et al., Rieppel & Reisz, Laurin & Gauthier.
96
+
97
+ Le reptile Eunotosaurus du Permien fut envisagé comme ancêtre commun aux tortues, même si aujourd'hui, certains éléments semblent démentir cette parenté (formation de la carapace, os ectoptérygoïde dans le crâne)[33]. Par la suite, les Captorhinidae furent proposés mais l'agencement des os du crâne ne correspondait pas non plus aux tortues[46]. Les Procolophonidae[47] et les Pareiasaurus[48] furent également considérés comme des ancêtres potentiels. Les propositions les plus récentes reprennent une vieille idée étayée par la recherche moléculaire qui propose que les ancêtres des tortues ne serait pas des anapsides mais des diapsides ayant perdu leur cloison temporale[49],[50],[51]. C'est pourquoi l'ordre des tortues est placé dans la sous-classe des chéloniens.
98
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99
+ Les fossiles de tortues sont nombreux. Le plus vieux fossile de chélonien est celui d'Odontochelys, puis celui de Proganochelys. Cette tortue montre les dispositifs primitifs absents des tortues modernes qui la rendent utile comme repère pour l'étude de l'évolution des tortues (comme une rangée de dents vomériennes et palatines[5]). Le Proterochersis, un animal aussi ancien que le Proganochelys, pliait le cou pour rentrer la tête et son bassin était joint à la carapace. Sa présence vers la fin du Trias indique que la différenciation entre Pleurodires et Cryptodires était déjà faite à cette époque[52]. De plus, il est quasiment certain que le Kayentachelys, qui a vécu au milieu du Jurassique en Amérique du Nord, est un Cryptodire[46]. De nombreux fossiles de Cryptodires marins éteints ont été trouvés en Europe et en Asie. Beaucoup appartiennent à la famille des Plesiochelyidae.
100
+
101
+ Le terme français « tortue » aurait pour origine le Tartare, région des Enfers, dans la mythologie gréco-romaine[53], comme en témoigne l'italien tartarughe (it). Cette racine se retrouve dans toutes les langues latines. Le mot latin pour « tortue » est testudo (au nominatif pluriel, testudines). Le mot francisé « testudinés », issu de la dénomination utilisée par Merrem, Fitzinger et Gray, est également utilisé pour parler des tortues[54].
102
+
103
+ En grec ancien Chelys désigne à la fois les tortues et une sorte de luth, on retrouve ce mot dans le nom scientifique de plusieurs espèces[55].
104
+
105
+ Le terme anglais le plus générique pour désigner ces espèces est turtle, il pourrait dériver du français et aurait été déformé par les marins l'ayant entendu[56], alors que les termes des langues germaniques sont en général formés à partir de deux termes désignant « bouclier » et « anoure » (grenouilles ou crapaud) comme Schildpadden en néerlandais ou Skilpadder en norvégien.
106
+
107
+ Les noms vernaculaires des différentes espèces de tortues sont très variés et peuvent s'inspirer de plusieurs éléments : une particularité physique, une forme qui les fait ressembler à autre chose, et ainsi de suite.
108
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109
+ Selon l'UICN, en 2004, 42 % des espèces de tortues sur les 305 espèces étudiées étaient menacées d'extinction[57].
110
+
111
+ L'homme est l'un des acteurs majeurs des menaces pesant sur les tortues. La collecte des tortues dans leur milieu naturel est la plus ancienne des menaces qu'il fait peser sur ces animaux. Ces collectes, facilités par la lenteur de l'animal et par son absence d'agressivité, du moins pour la plupart des espèces, ont plusieurs fins. Tout d'abord, les tortues sont une importante source d'alimentation pour diverses populations dans le monde. La tortue est également souvent employée en médecine traditionnelle ou pour le développement de cosmétiques. Le développement de la terrariophilie est aussi une cause de collecte de tortues pour en faire des animaux domestiques[58]. La consommation des œufs par les populations côtières a également un effet dévastateur sur les populations de tortues, surtout si elle se perpétue dans le temps. L'effet se trouve un peu différé, car on n'observe le déclin qu'au moment où la génération suivante doit commencer à se reproduire[59].
112
+
113
+ La pollution générale de l'environnement marin, y compris par les sacs en polyéthylène, les déchets en mer ou encore les filets et restes de filets dérivants, semble être l'une des causes principales de disparition d'espèces de tortues en mer. Sur terre, outre les pesticides (insecticides en particulier) utilisés par l'agriculture intensive et la mécanisation lourde, le « roadkill » (tortues écrasées sur les routes) est également une source croissante de mortalité de tortues[60]. L'homme est également le principal destructeur d'habitats naturels des tortues, ce qui cause la disparition de celles-ci dans les régions concernées.
114
+
115
+ Par ailleurs, les tortues sont les proies d'une prédation naturelle. Les mammifères fouisseurs, d'autres reptiles ou les crabes se nourrissent d'œufs de tortue ou attaquent les jeunes. Ces jeunes tortues peuvent également être menacées par les oiseaux et les poissons. Une fois adultes, les tortues sont protégées par leur carapace et la prédation est beaucoup plus faible. Seuls quelques reptiles parviennent à la briser, comme le Crocodile de Cuba[61].
116
+
117
+ Les tortues sont également menacées par les parasites, comme les vers ou les tiques, ou par des éléments encore plus petits, comme les bactéries ou les champignons. Les évènements naturels tels que les incendies peuvent également contribuer à la destruction des habitats[58].
118
+
119
+ Enfin les tortues marines sont menacées par la fibropapillomatose, une maladie du type herpès. Elle provoque des kystes qui grossissent et finissent par tuer la tortue contaminée. Cette maladie est plus présente sur les jeunes spécimens.
120
+
121
+ De nombreuses espèces de tortues sont protégées, ce qui implique que la possession, l'achat ou la vente des tortues sont souvent réglementés.
122
+
123
+ Les espèces dont le commerce est interdit sont spécifiées dans la convention CITES (ou « convention de Washington »)[62]. Enfreindre cette réglementation ou tuer des tortues appartenant à des espèces protégées expose le responsable à de lourdes sanctions (financières ou sous forme de peines de prison).
124
+
125
+ Divers programmes de protection, de gestion, d'élevage conservatoire, de surveillance et protection de quelques plages et sites de ponte ou de réintroduction sont en cours. Ces programmes s'appuient sur la constitution de réserves naturelles, la restauration et protection de réseaux écologiques (réseau écologique paneuropéen en Europe et trame verte et trame bleue en France) avec des corridors écologiques et écoducs réservés, ainsi parfois que des zones tampon (buffer zones[63]) autour des zones protégées ou de nidification.
126
+
127
+ En outre, en France, trois parcs zoologiques spécifiques à cet animal le protègent, informent le public sur la législation et mènent des actions pour la protection et la conservation de celui-ci : La Vallée des Tortues (Pyrénées-Orientales), le Village des tortues (Var) et A cupulatta (Corse-du-Sud).
128
+
129
+ La chair de tortue est considérée comme un mets délicat dans de nombreuses cultures[64]. La soupe de tortue a longtemps été un plat noble dans la gastronomie anglo-américaine et l'est toujours dans certaines régions d'Extrême-Orient. Les plats à base de gophère étaient également populaires dans certaines populations de Floride[65]. La tortue est également un aliment traditionnel sur l'île de Grand Cayman où des élevages de tortues marines pour la consommation se sont développés[66].
130
+
131
+ La tortue est également utilisée en médecine traditionnelle. C'est notamment le cas de l'Émyde mutique au Cambodge, aujourd'hui quasiment disparue, qui était utilisée pour les soins post-nataux[59]. La carapace de la Tortue d'Hermann est utilisée dans la médecine traditionnelle en Serbie[58]. La médecine chinoise traditionnelle utilise beaucoup les plastrons de tortues dans différentes préparations. L'une des plus connues est la gelée de tortue, la guilinggao. La seule île de Taïwan importe des centaines de tonnes de plastrons tous les ans[67].
132
+
133
+ La graisse des tortues est également utilisée aux Caraïbes et au Mexique comme ingrédient pour la fabrication de cosmétiques[68].
134
+
135
+ La carapace et les écailles de tortue peuvent également servir de matériaux pour l'artisanat ou l'art, notamment pour la fabrication de bijoux.
136
+
137
+ Les tortues peuvent être élevées comme animaux de compagnie. Elles peuvent avoir été capturées dans la nature de manière légale (et parfois illégale) ou être issues d’élevages spécialisés. Elles sont généralement élevées dans des enclos de plein air où elles sont facilement observables, ou, lorsque l'espèce n'est pas adaptée aux conditions climatiques de la région, dans un terrarium. La Tortue de Floride, tortue aquatique devenue invasive, est elle aussi un animal de compagnie populaire. La Tortue d'Hermann, également très populaire, a désormais un statut de conservation UICN « Espèce quasi menacée »[58].
138
+
139
+ La tortue est même parfois un animal d'élevage. C'est notamment le cas en Chine, où quelques grandes fermes font reproduire ces animaux pour approvisionner à la fois le marché de la viande de tortue et celui des tortues de terrariums[59].
140
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141
+ En France, sa commercialisation est autorisée depuis septembre 2006. Elle coûte entre 100 et 150 euros. Sa longue durée de vie (jusqu'à 80 ans), sa petite taille (30 cm environ), sa meilleure docilité par rapport au serpent et au lézard et le fait qu'elle soit moins contraignante qu'un chien lui permettent de revenir dans les familles françaises où elle est appréciée des enfants[69].
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+ À l'instar de nombreux animaux en contact avec l'homme, la tortue est universellement présente dans la culture, bien que son symbolisme varie en fonction des régions du monde.
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+ Généralement, la carapace de la tortue, ronde sur le dessus et plate en dessous, en a fait une représentation vivante de l'univers. Il existe aussi de nombreux mythes et des religions (en Chine, en Inde ou chez les Amérindiens par exemple) où une tortue cosmogonique contribue à la formation de la Terre[70]. L'aspect ramassé et les quatre pattes fermement plantées dans le sol font de la tortue un cosmophore chargé de porter le monde. Sa longévité, bien connue depuis très longtemps, l'associe à l'immortalité et à la sagesse[70].
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147
+ En Chine, la tortue possède une symbolique particulièrement forte, se faisant l'allégorie du monde. Le ventre de la tortue forme un carré inscrit dans le cercle formé par la carapace, figurant ainsi la conception schématisée du monde chinois : le carré au centre du monde, représente la Chine, les parties entre la carapace et le ventre représentent le reste du monde, les « barbares », tandis que le monde céleste s'étend au-delà du cercle. La tortue est connue en Chine comme détenant les secrets du ciel et de la terre. Dans le culte des ancêtres, les Chinois croyaient pouvoir établir une communication avec le monde des morts par le biais des tortues (c'est le principe de la scapulomancie). Ainsi, ils inscrivaient sur un morceau de carapace de tortue une question qu'ils désiraient poser aux ancêtres, après quoi ils exposaient ce morceau dans les flammes. Le craquèlement du morceau de carapace sous l'effet de la chaleur devait signifier la réponse des ancêtres. Le morceau était alors confié à un collège divinatoire qui interprétait les craquelures. Un exemple de cette pratique, datant de la période Shang, est notamment visible au musée Guimet à Paris[71].
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+ En Inde également, la tortue joue un rôle important dans les mythes ou dans la religion. La tortue Kûrma est le second avatar, la seconde incarnation de Vishnu sur terre (descendu pour montrer la voie aux hommes, pour sauver l'humanité).
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+ En Occident, la tortue ne se fait pas actrice de la cosmogonie, mais est surtout associée à la lenteur, comme l'atteste la fable Le Lièvre et la Tortue de Jean de La Fontaine, mais aussi les expressions populaires du type « lent comme une tortue ». Cet aspect est surtout associé aux tortues terrestres[72]. Dans Les Annales du Disque-monde, de Terry Pratchett, la tortue géante A'Tuin voyage sans fin à travers le cosmos.
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+ La Tour d’Argent est un restaurant français du 5e arrondissement de Paris, souvent cité comme étant parmi les plus anciens d'Europe, qu'on prétend avoir été fondé en 1582 par Rourteau. Situé au 15-17, quai de la Tournelle (à l'angle de la rue du Cardinal-Lemoine), il est notamment connu pour la vue panoramique qu'il offre sur la Seine et sur la cathédrale Notre-Dame de Paris de l'île de la Cité.
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+ D'après l'historique non documenté fourni par le restaurant[1], en 1582, Rourteau, grand chef cuisinier, fonde le restaurant L'Hostellerie de La Tour d'Argent, au cœur de Paris avec vue « exceptionnelle » sur la Seine et sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, dans l'actuel 5e arrondissement, près du château de la Tournelle, dans une tour de style Renaissance, pailletée de mica, dont la brillance donne le nom à l'établissement[2].
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+ Le roi Henri III y aurait découvert la fourchette, un instrument à trois piques, utilisé par des gentilshommes italiens attablés dans l'établissement[3].
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+ La même version veut qu'au XVIIe siècle, Louis XIV et toute sa cour viennent y manger depuis le château de Versailles, et le cardinal de Richelieu aime y déguster une oie aux pruneaux. Le duc de Richelieu, neveu du cardinal, y fait accommoder un bœuf entier de trente façons différentes (bœuf Richelieu[4]).
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+ Cependant, on ne trouve aucune mention d'un restaurant, cabaret, etc. à cette adresse, avant 1860 (il est ainsi noté dans un dictionnaire des rues de Paris de 1779, à propos du quai : « Tout ce quai n'étoit encore au milieu du siècle dernier [XVIIe], qu'un terrein en pente, souvent inondé et presque toujours impraticable par les boues. Le 12 août 1650, il fut ordonné qu'il seroit pavé dans la largeur de dix toises[5] »).
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+ On peut cependant noter qu'un procès-verbal du 16 février 1750 dit « de visite et patrouille dans les cabarets et rues de Paris »[6] mentionne un cabaret « où pend pour enseigne La tour d'Argent » en face, quartier Saint-Paul. Un autre procès-verbal du 7 avril 1750 précise « .. et sur le quay des Ormes dit place aux veaux chez les Sieurs Desclairs et Thevenin Marchand de vin à La Tour d'Argent et à l'Image Sainte-Geneviève »[6].
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+ En 1824, Le Manuel de l'étranger dans Paris écrit :
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+ « Les principaux restaurateurs qui se distinguent par l'élégance de la décoration de leurs salons et par le nombre et la recherche des mets que l'on y trouve sont :
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+ En 1852, une affaire de métaux était au 15, quai de la Tournelle, un coiffeur et un marchand de bois au 17[8].
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+ Enfin, en 1860, Baedeker écrit : « Entre Notre-Dame et le jardin des Plantes, au quai de la Tournelle, vis-à-vis du pont de ce nom (pi. H, 7), il y a le petit hôtel et restaurant Lecoq ; Hôtel de la Tour d'argent, un peu éloigné, il est vrai, mais bien tenu et bon marché (chambre, 2 fr., beefsteak, 1 fr.). En face d'une école de natation, qui a l'avantage de ne pas être encore encombrée et emprisonnée par toutes les ordures de Paris[9]. » Et, en 1867, on lit :
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+
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+ « Le restaurant de La Tour d'Argent
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+ Le rendez-vous des gros bonnets de l'Entrepôt, à deux pas duquel il est situé, sur le quai Saint-Bernard, en face du pont de la Tournelle. Cela n'a l'air d'être qu'un cabaret un peu plus propre que les autres ; mais, une fois entré, on est forcé de convenir que ce cabaret est un restaurant où l'on déjeune fort bien, — surtout si l'on a le soin de demander du gigot à la gasconne, recette Beauvilliers, et une ou plusieurs fioles de volnay ou de coulanges[10]. »
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+ En 1890, avec Frédéric Delair, maître d’hôtel devenu propriétaire au milieu du XIXe siècle, le service en salle prend un tour nouveau. Il codifie la recette du canard au sang, ou « caneton Tour d'Argent », telle que nous la connaissons aujourd’hui, et qui fera la renommée du lieu : le célèbre « canard Tour d'Argent », il finit d'élaborer le plat devant le client et l'accompagne d'un rituel de service illustre, en découpant le canard à bout de fourchette, sans qu’il ne touche le plat[3]. Sûr de la pérennité de son œuvre, il décide en 1890 de numéroter chaque canard.
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+ En 1911, André Terrail achète le restaurant à Frédéric Delair. Il épouse la fille de Claudius Burdel alors propriétaire du Café Anglais sur le boulevard des Italiens, un des meilleurs restaurants de Paris. Il réunit donc l'héritage gastronomique d'Adolphe Dugléré ancien cuisinier au café Anglais[11]. Il est mobilisé pour la Première Guerre mondiale, durant laquelle il ferme son établissement. Son fils Claude voit le jour le 4 décembre 1917 à Paris.
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+ En 1918, André Terrail est démobilisé et il décide de moderniser son établissement et d'en confier les cuisines à François Lespinas, ancien chef du roi d'Égypte. Le restaurant redevient un des hauts lieux gastronomiques mondiaux avec, pour habitués, Marcel Proust, Sacha Guitry, Salvador Dalí, etc.
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+ En 1922, André achète l'immeuble voisin et fait fusionner les 15 et 17 du quai de la Tournelle, puis y ajoute un sixième étage en 1936 avec grande baie vitrée et vue panoramique « exceptionnelle » sur l'île de la Cité, la Seine et la cathédrale Notre-Dame de Paris[3]. En 1928, André fait construire l'hôtel George V, face à son hôtel particulier, au 31, avenue George-V, dans le quartier des Champs-Élysées du 8e arrondissement de Paris. C’est un des palaces les plus luxueux de Paris et du monde.
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+ En 1933, La Tour d'Argent est gratifiée de la célèbre 3e étoile du Guide Michelin. En juin 1936, son fils Claude âgé de 19 ans débute au restaurant en salle comme maître d'hôtel.
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+ En 1940, durant la Seconde Guerre mondiale, l'état-major nazi prend possession des lieux. Claude Terrail mure la cave de ses propres mains pour cacher une partie des 500 000 bouteilles qui s'y trouvent, sans être jamais découvertes, et s'engage volontairement dans la 2e division blindée du général Leclerc.
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+ En 1947, Claude Terrail, qui rêve de devenir comédien de théâtre et de cinéma, succède à son père comme maître de maison après son baccalauréat et fait de La Tour d'Argent son théâtre permanent pour des fêtes quotidiennes, développant admirablement l'art de l'accueil, de l'élégance, du charisme, de l'éloquence. Il reçoit altesses, chefs d'État, hommes politiques, stars, écrivains, artistes, dont l'empereur du Japon Hirohito, la reine Élisabeth II (qui y dorment avec le prince Philip pendant leur lune de miel[3]), John Kennedy, Orson Welles, John Wayne, Errol Flynn, Ava Gardner, Marilyn Monroe, etc.
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+ Il développe l'exceptionnelle cave de La Tour d'Argent sous la Seine avec 450 000 bouteilles, ainsi que le salon Georges V en 1951 et l'Orangerie en 1953. Il acquiert, ou crée progressivement, de nombreux établissements en France et à l'étranger, dont New York et Tokyo.
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+ En 1980, Claude est fait commandeur de la Légion d'honneur en présence de la veuve du maréchal Leclerc de Hauteclocque. Son fils André (du même prénom que son grand-père) voit le jour, né d'un second mariage avec Tarja, mannequin d'origine finlandaise.
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+ En 1982, La Tour d'Argent fête ses 400 ans. En 1984, Claude fait construire une Tour d'Argent à Tokyo au Japon.
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+ De 1987 à 1990, il fait partie des invités de l'émission culinaire hebdomadaire « Quand c'est bon ?... Il n'y a pas meilleur ! » diffusée sur FR3 et animée par François Roboth[12].
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52
+ En 1996, Claude Terrail est « profondément blessé dans son amour-propre » par la perte de sa troisième étoile du Guide Michelin. Claude Lebey, directeur du Guide Michelin, habitué de l'établissement depuis trente ans, lui reproche de n'avoir jamais fait évoluer sa carte par rapport à la concurrence depuis l'obtention de sa troisième étoile en 1933 : brouillade aux truffes (85 €), quenelles de brochet diaphanes (45 €), caneton Mazarine à l'orange (120 €) pour deux, soufflé princesse Elisabeth (64 €) pour deux…
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+ De nombreux clients reprochent également à Claude d'être trop porté sur les petites économies excessives de toutes sortes, ainsi qu'un certain laisser-aller incompatibles avec son niveau de standing et de prix[réf. nécessaire].
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56
+ En 1997, Claude raconte ses nombreux souvenirs biographiques riches en anecdotes, humeurs, émotions et photos liées à son restaurant, dans Le Roman de La Tour d’Argent, aux éditions du Cherche-Midi. En 2003, Claude intronise son fils André le 29 avril, le jour du sacrifice du millionième « canard Tour d'Argent ».
57
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58
+ En 2006, en pleine crise de la grippe aviaire, il perd sa deuxième étoile du Guide Michelin, puis devient aveugle à la suite d'un accident vasculaire cérébral et disparaît le 1er juin 2006, après avoir été hospitalisé à la suite d'un malaise, à l'âge de 88 ans. Il aura consacré cinquante ans de sa vie à l’une des tables les plus célèbres dans le monde de la gastronomie française.
59
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+ La devise de Claude Terrail : « Convier quelqu'un c'est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu'il est sous son toit. » (Brillat-Savarin)
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+ En 2006, André Terrail (deuxième du nom) succède à son père à l'âge de 26 ans à la tête du groupe de 150 personnes et de La Tour d'Argent, riche de quatre cents ans d'histoire avec le soutien de sa mère Tarja (née Räsänen[13]). Il confie les cuisines au grand chef cuisinier Stéphane Haissant.
63
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64
+ Il reprend la célèbre devise de la maison : « Il n'est rien de plus sérieux que le plaisir », et ses spécialités traditionnelles : caneton Tour d'Argent, quenelles de brochet « André Terrail », poire « Vie parisienne », etc.
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66
+ En mai 2016, le restaurant accueille un nouveau chef, Philippe Labbé, et vend une partie de son patrimoine (10 000 objets : presse à canard, timbales, 58 bouteilles, dont une Grande Fine Clos du Griffier de 1788, sur les 350 000 que compte la maison, verres en cristal, couverts en argent du XVIIe siècle, tapis, meubles, etc.), lors d'une vente aux enchères[3],[2].
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+ Fin 2019, Yannick Franques, MOF 2004, prend la tête de la cuisine.
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70
+ Inventé en 1890 par Frédéric Delair, le célèbre « canard Tour d'Argent », numéroté, est fini d'élaborer devant le client et accompagné d'un rituel de service[3]. Le canard semi-sauvage élevé par la célèbre maison Burgaud de Challans en Vendée, est découpé devant le client par un canardier puis la carcasse est pressée dans un pressoir en argent de la Maison Christofle (vendu 9 500 € en boutique) et exsude la dernière goutte dans la sauce (bouillon et foie du canard) à laquelle est ajouté un trait de cognac, de citron et de madère. Les magrets finissent de cuire sur un réchaud. Les pommes soufflées, puis les cuisses grillées, font l'objet de deux services supplémentaires[14].
71
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72
+ La cave à vin de La Tour d'Argent est la plus importante et prestigieuse de Paris avec 400 000 bouteilles, réparties en 15 000 références (dont un quart vieilles de plus de 20 ans), répartie sur 1 200 m2 et deux étages, à deux mètres sous terre, le premier sous-sol ayant une surface de 800 m2 de forme circulaire et le second sous-sol ayant une surface de 400 m2 de corridor.
73
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74
+ En 1870, lors des transformations de Paris sous le Second Empire, le fameux café Anglais (un des plus courus de Paris) est rasé, et le propriétaire (le beau-père d'André Terrail premier du nom, qui avait épousé Augusta Burdel, fille de Claudius Burdel, le propriétaire du Café Anglais[3]), fournisseur officiel en vins français des cours d'Angleterre, de Prusse et de Russie, transfère son important stock dans les caves de La Tour d'argent.
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76
+ Les bouteilles de vin les plus anciennes sont des Bordeaux qui datent d'environ 1845[15]. Quant aux eaux-de-vie, la plus ancienne est un cognac (Clos de Griffier) qui date de 1788[16].
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78
+ Parmi les quelques vins prestigieux : Château d'Yquem 1871, château de Rayne-Vigneau 1874, château Guiraud 1893, chambertin-clos-de-bèze 1865, Château du Clos de Vougeot 1870, romanée-conti 1874, fine champagne de 1797, cognac 1788, château Margaux, Château Latour, Château Mouton Rothschild, château Lafite Rothschild, Champagne Roederer Cristal (cuvée spéciale conçue pour le tsar Nicolas II de Russie), Petrus 1947 (26 000 €), Château Haut-Brion 27 000 €, etc. La bouteille la plus chère des caves de la Tour d'Argent est affichée à plus de 60 000 €.
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+ En 1981, David Ridgway, chef sommelier d'origine anglaise, âgé de 21 ans, arrive en France où il débute comme commis sommelier à La Tour d'Argent, puis devient chef sommelier d'une brigade de 15 sommeliers six mois plus tard. Il va personnellement sélectionner les vins dans les vignobles deux fois par mois, pour s'imprégner des terroirs et du travail des vignerons et diversifie les références de crus en cave de 1 000 à 15 000.
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82
+ John Pierpont Morgan s'est illustré en volant une bouteille de cognac Fine Napoléon rarissime dans les caves de l'établissement. Le restaurant, qui n'en possédait que deux, a accepté la lettre d'excuses du milliardaire et lui a retourné le chèque en blanc qu'il leur avait adressé en guise de dédommagement[17].
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+ Le restaurant fut classé trois étoiles au Guide Michelin de 1933 à 1952 et de 1953 à 1996 avec André et Claude Terrail. En 1996, il est rétrogradé à deux étoiles, puis à une étoile depuis 2006 avec André Terrail (deuxième du nom).
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+ Ligue arabe
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+ Organisation de la coopération islamique
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+ Organisation des Nations unies
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+ Union africaine
7
+ Union du Maghreb arabe
8
+
9
+ المادة ١
10
+ يولد جميع الناس أحرارًا متساوين في الكرامة والحقوق. وقد وهبوا عقلاً وضميرًا وعليهم أن يعاملوا بعضهم بعضًا بروح الإخاء
11
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12
+ L’arabe (en arabe : العربية, al-ʿarabīyah[4] /alʕaraˈbijja/Écouter) est une langue afro-asiatique de la famille des langues sémitiques. Avec un nombre de locuteurs estimé entre 315 421 300[1] et 375 millions de personnes[2] au sein du monde arabe et de la diaspora arabe, l'arabe est de loin la langue sémitique la plus parlée, bien avant l'amharique (seconde langue sémitique la plus parlée).
13
+
14
+ La langue arabe est originaire de la péninsule Arabique, où elle devint au VIIe siècle la langue du Coran et la langue liturgique de l'islam. L'expansion territoriale de l'Empire arabe au Moyen Âge a conduit à l'arabisation au moins partielle sur des périodes plus ou moins longues du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et de certaines régions en Europe (péninsule Ibérique, Sicile, Crète, Chypre, territoires d'où elle a disparu, et Malte, où le maltais en constitue un prolongement particulier). Parlée d'abord par les Arabes, cette langue qui se déploie géographiquement sur plusieurs continents s'étend sociologiquement à des peuples non arabes, et est devenue aujourd'hui l'une des langues les plus parlées dans le monde. C'est la langue officielle de plus de vingt pays et de plusieurs organismes internationaux, dont l'une des six langues officielles de l’Organisation des Nations unies.
15
+
16
+ La langue arabe est marquée par une importante diglossie entre l'arabe littéral, langue véhiculaire surtout écrite, et l'arabe dialectal, langue vernaculaire surtout orale. L'arabe littéral comprend l'arabe classique (pré-coranique, coranique, et post-coranique) et l'arabe standard moderne. L'arabe dialectal comprend de nombreuses variétés régionales, pas toutes intelligibles entre elles.
17
+
18
+ Les vecteurs du rayonnement culturel de la langue arabe sont l'islam, la littérature de langue arabe et les médias audiovisuels contemporains dont la télévision et Internet. Un vecteur historique important de rayonnement fut l'emprunt lexical de nombreux termes arabes dans des langues étrangères, entre autres les langues romanes dont le français.
19
+
20
+ La prononciation de l'arabe comporte un nombre assez élevé de consonnes (28 en arabe littéral) et peu de voyelles (3 timbres et 2 longueurs en littéral, souvent un peu plus en dialectal). L'arabe s'écrit au moyen de l'alphabet arabe.
21
+
22
+ Par sa grammaire, l'arabe est une langue accusative et flexionnelle qui fait un usage important de la flexion interne. La syntaxe suit dans la proposition l'ordre fondamental verbe-sujet-objet, et le déterminant suit le déterminé dans le groupe nominal.
23
+
24
+ Des sciences linguistiques complémentaires à l'étude de la grammaire sont la sémantique et la stylistique de l'arabe, ainsi que sa lexicographie qui étudie le vocabulaire et permet l'élaboration de dictionnaires.
25
+
26
+ L'origine de la langue arabe remonte au IIe siècle, dans la péninsule Arabique.
27
+
28
+ La tradition donne par moments des origines bien antérieures : la reine de Saba, l'ancien Yémen ainsi que des tribus arabes disparues dont les plus citées sont les tribus ʿĀd (عاد) et Thamūd (ثمود); qui auraient été de la descendance de Iram, l'un des fils de Sem fils de Noé[6]; et qui auraient parlé cette langue dans une forme plus ancienne. Voir les langues sudarabiques anciennes.
29
+
30
+ Les plus anciennes inscriptions arabes préislamiques datent de 267[7].
31
+
32
+ Les Abd Daghm étaient les habitants de Taïf et ce sont les premiers à inventer l'écriture arabe[8].
33
+
34
+ L'arabe est parlé à des degrés divers dans les pays arabes du Moyen-Orient, en Iran (province du Khouzistan), en Turquie (frontière turco-syrienne), en Israël[9], dans les pays d'Afrique du Nord, du Sahara, du Sahel et sur les côtes de la Corne de l'Afrique.
35
+
36
+ Il est également pratiqué dans la diaspora arabe.
37
+
38
+ L'arabe standard moderne est reconnu en tant que langue officielle de 25 États[10], ce qui le place en troisième position après l'anglais et le français :
39
+
40
+ Le Somaliland, non reconnu internationalement, utilise également l'arabe comme langue officielle, en plus du somali.
41
+
42
+ Par ailleurs, la langue officielle de Malte, le maltais, est une langue dérivée de l'arabe sicilien du Moyen Âge.
43
+
44
+ Plusieurs organisations internationales ont l'arabe pour langue officielle :
45
+
46
+ La linguistique distingue différents registres de la langue arabe. La diglossie oppose langue littéraire et langues vernaculaires.
47
+
48
+ L’arabe littéral est un terme générique qui regroupe quatre périodes historiques de la même langue au cours desquelles se déploient successivement l'arabe classique puis l'arabe standard moderne.
49
+
50
+ L’arabe ancien est celui de la poésie préislamique.
51
+
52
+ L’arabe coranique est la langue du texte sacré des musulmans, le Coran, et des textes religieux.
53
+
54
+ L’arabe classique proprement dit est la langue de la civilisation arabo-musulmane.
55
+
56
+ L’arabe standard moderne naît au début du XIXe siècle en Égypte, après l’introduction de l’imprimerie et les publications de livres modernes. Il a été adopté par les pays de l’Afrique du Nord un siècle et demi plus tard. C’est la langue écrite commune de tous les pays arabophones.
57
+
58
+ Les langues vernaculaires orales, différentes l’une de l'autre dans chaque région, et influencées par l’arabe standard sont appelées arabe dialectal[11], les substrats, superstrats et emprunts diffèrent selon les régions.
59
+
60
+ Les langues arabes, regroupées en quatre groupes principaux, étant difficilement intercompréhensibles à l'intérieur de ces groupes, on est conduit à distinguer une quinzaine de langues très différentes (au moins autant que les langues latines) au sein desquelles les variantes dialectales sont suffisamment fortes pour être notées.
61
+
62
+ Les variantes arabes sont issues d'une matrice elle-même diverse, la Fassiha, forme sémitique hétérogène, langue des poètes et sa forme « lingua franca » des négociations inter-tribales.
63
+
64
+ L'arabe, désormais, constitue un ensemble de dialectes qui sont de plus en plus différents les uns des autres, et ressemble au cas de la langue latine qui donna naissance au français, à l'italien, à l'espagnol, etc. À titre d'exemple, l'arabe algérien parlé en Algérie est aussi différent de celui parlé au Yémen que le français peut l'être de l'espagnol, alors que ces deux derniers sont issus, l'un et l'autre, du latin. Cependant on ne parle pas encore de langues différentes, bien que l'arabe, comme le latin, tende à se différencier en plusieurs langues et dialectes propres. Pour le moment, seule l'écriture semble faire l'unité de la langue arabe.
65
+
66
+ En Occident par exemple, l'arabisation a commencé par l'implantation de camps arabes en Espagne et en province d'Afrique (Tunisie et Algérie orientale), phénomène à l'origine des langues andalouses et ifriqyennes, il s'est poursuivi par arabisation[pas clair] par contamination commerciale et administrative sur la population « romaine » autochtone, tandis que la ruralité « amazigh » a gardé la langue amazighe, les communautés urbaines maures sont apparues avec cette constante influence andalouse et ifriqyenne, notamment à Kairouan, Fès, Tlemcen (etc.) et les nécessités liturgiques arabes dans ces centres universitaires, puis de l'arabisation administrative, surtout à partir des Mérinides (XIIIe siècle)
67
+ En parallèle, depuis le XIe siècle, et surtout le XIIIe siècle, des populations arabes bédouines (sinaïtes, libyennes, cyréniennes et peut-être yéménites) ont peuplé le Maghreb central et oriental, ainsi que les espaces sahariens, influençant, chacun avec leur dialecte propre (lié à leur origine singulière et leurs développements autonomes propres...) les populations berbères les plus sensibles.
68
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+ Le groupe maghrébo-hassani, et les trois types de langue maghrébine (« aroubi », « maure », ifriquien) et la hassânya, tout en gardant des différences fortes, n'ont cessé d'échanger à l'intérieur d'espaces cohérents, et sont désormais absorbés par les dialectes nationaux standards.
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+ Ils ne sont pas du tout intercompréhensibles, mais une forme de maghrébin simplifié permet une intercompréhension entre les commerçants par exemple, mais souvent le français prend le pas dans la diplomatie et le grand commerce.
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+ Un premier vecteur de rayonnement est la religion musulmane. L'arabe est resté une langue liturgique dans la plupart des pays musulmans, bien que l'arabe coranique se soit éloigné de la langue arabe moderne.
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+ Un deuxième vecteur de rayonnement est la littérature en prose et poétique. Des écrivains non arabes ont utilisé la langue arabe pour leurs publications, comme le médecin et philosophe perse Avicenne. Les rois normands de Sicile se piquaient de parler l’arabe.
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+ Un troisième vecteur de rayonnement sont les médias contemporains, journaux, radio, télévision (chaînes d'information panarabes, telles Al Jazeera ou Al-Arabiya) et les possibilités multiples d'internet.
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+ Un vecteur important plus ancien est l’emprunt à l'arabe de mots et expressions par les langues non arabes, telles les langues romanes, comme le français.
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+ La langue de l'islam étant l'arabe, de nombreux mots du domaine religieux sont d'abord apparus en arabe. Ainsi, certains mots religieux n'existent qu'en arabe, ou possèdent un sens plus précis en arabe.
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+ L'arabisation, est fortement liée à l'influence culturelle, commerciale et administrative d'États se réclamant tout d'abord de la religion coranique.
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+ Ainsi, en dehors du monde arabe proprement dit, de nombreuses langues et de très nombreux peuples ont été ou sont marqués avec plus ou moins d'importance par la langue arabe et ont utilisé l'alphabet arabe.
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+ Quelques écrivains arabes célèbres sont :
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+ Bien que l'arabe soit une langue internationale, en dehors du monde arabe et des universités et départements spécialisés, il est moins enseigné en tant que langue étrangère que d'autres langues internationales. Le manque de volonté politique de promouvoir la langue, à quoi s'ajoute l'écart plus ou moins important entre l'arabe littéral et les différentes formes d'arabe dialectal sont peut-être des obstacles à l'internationalisation réelle de l'arabe[13]. Mais, l'essor de nouvelles chaînes d'information panarabes, telles Al Jazeera, Al-Arabiya, ou encore l'utilisation de l'arabe par des chaînes étrangères telles que la chaîne française France 24, BBC Arabic Television, Russia Today, la Télévision centrale de Chine, Euronews ou l'américaine Al-Hurra entrainent un renouveau de la langue arabe, attesté par la création depuis quelques années de tests, comme CIMA développé par l'Institut du monde arabe avec le CIEP, pour certifier le niveau de langue.
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+ L’arabe a légué une série de mots aux langues romanes (et de là aux autres langues d’Europe dont le français), surtout à l'espagnol, à l'italien et au portugais.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ On trouve de nombreux mots d'origine arabe en français. Ces emprunts se sont faits soit :
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+ D’autre part, l’arabe a transmis au français des mots originaires d’autres langues, notamment l’hindi (bonduc, candi) [réf. nécessaire], le persan ( alkékenge, alkermès, aniline, aubergine,azur, babouche, borax, bore, douane, orange, timbale, etc.) [réf. nécessaire], mais aussi le grec ( alambic,almanach, antimoine, etc.) [réf. nécessaire].
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+ Citons enfin le cas du mot abricot, qui vient du latin praecoquum (qui a donné le doublet précoce) et qui est revenu en français sous cette forme après un voyage par l’intermédiaire du grec ancien πραικόκιον (praikókion), de l’arabe أَلْبَرْقُوق (ʾal-barqūq) (qui veut dire prune ou pruneau), de l’espagnol albaricoque ; un intermédiaire catalan albercoc avait donné aubercot, mot qui ne s’est cependant pas imposé contre albricòt de l'occitan pour abricot[15].
100
+
101
+ En ce qui concerne les noms propres, beaucoup de noms d’étoiles viennent également de l’arabe : Aldébaran, Bételgeuse, Algol, Alioth, Véga, Mizar, Fomalhaut, Altaïr, Saïph (Kappa Orionis), etc.
102
+
103
+ L’article défini dans les langues romanes dérive des démonstratifs latins comme "ille", "illa" [16]. Il existe par ailleurs, indépendamment, dans les langues germaniques ("der, die, das"), ou en grec ancien et moderne. De même, l’article indéfini provient du nom du chiffre "un" dans les langues indo-européennes ("uno, una" dans les langues romanes, "an" ou "ein" en anglais ou en allemand…).
104
+
105
+ Mais une théorie croit y voir un emprunt à l’arabe dans les langues romanes, se fondant sur la ressemblance avec a- ou al, l’unique article défini arabe (on a al normalement quand le mot arabe commence par une « consonne lunaire », c’est-à-dire principalement q, m, k et b ; et a- quand il commence par une « consonne solaire », c’est-à-dire principalement d, r, s, t et z ; pour plus de détails, consulter alphabet arabe).
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107
+ Pour certains mots empruntés à l'arabe, les Européens en ont parfois conservé cet article défini et l’ont agglutiné au substantif. Les diverses langues romannes n’ont pas toujours conservé l’article défini pour un même mot emprunté à l’arabe. Ainsi, l’espagnol et le portugais en ont conservé davantage que le français : à algodón et azúcar en espagnol correspondent coton et sucre, par exemple, ou encore, dogana en italien en face de aduana en espagnol. En français, on a l'alcool, l'alcali, l'algèbre, etc. et du temps de Voltaire on parlait de l'Alcoran.
108
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+ Les chiffres arabes, utilisés dans la numérotation occidentale, ont été empruntés aux Arabes, qui les avaient eux-mêmes empruntés aux Indiens[17].
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+ Actuellement, dans le monde arabe, seuls les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc, Libye, Mauritanie) utilisent les chiffres "arabes" dans leur forme occidentale ; les autres pays utilisent les anciens chiffres arabes, appelés naturellement "indiens" (mais ils sont différents des vrais chiffres hindis).
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+ Les « chiffres arabes » dans leur forme actuelle ont été introduits en Europe par le mathématicien italien Fibonacci qui en a appris l’usage dans la ville de Béjaïa capitale de la petite Kabylie (Algérie) au Moyen Âge. En 1202, Fibonacci publie Liber abaci (« Le livre des calculs »), un traité sur les calculs et la comptabilité fondée sur le calcul décimal à une époque où l’Occident utilisait encore les chiffres romains et calculait sur abaque. Ce livre est fortement influencé par sa vie dans les pays arabes ; il est d’ailleurs rédigé en partie de droite à gauche. Par cette publication, Fibonacci introduit le système de notation arabe en Europe. Ce système est bien plus puissant et rapide que la notation romaine, et Fibonacci en est pleinement conscient. Il peina cependant à s’imposer avant plusieurs siècles. L’invention sera mal reçue car le public ne comprenait plus les calculs que faisaient les commerçants. En 1280, Florence interdit même l’usage des chiffres arabes par les banquiers. On jugea que le 0 apportait de la confusion et des difficultés au point qu'ils appelèrent ce système cifra (de sifr, zero en arabe), qui prit la signification de « code secret » en latin, tout comme le mot chiffre en français.
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+ La linguistique tient compte de la diversité de la langue arabe qui se présente sous les formes diglossiques d'une langue classique, coranique et littéraire, mais aussi sous une multiplicité de formes dialectales.
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+ La linguistique, appliquée à chacun de ces « niveaux de la langue », étudie successivement l'arabe aux points de vue suivants.
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+ La prononciation de l'arabe est étudiée par trois sciences linguistiques complémentaires qu'il convient de ne pas confondre, la phonétique, la phonologie, et l'orthophonie. Cette dernière est normative et comprend l'étude de la cantillation des textes arabes liturgiques.
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+ L'écriture de l'arabe est un phénomène qui peut être étudié, soit en tant que système graphique de l'arabe, soit au point de vue des modalités techniques de cette écriture.
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+ L'étude du système graphique s'attache à décrire l'alphabet arabe et les signes diacritiques de l'arabe parmi lesquels se détachent les particularités de l'écriture de la hamza. Les chiffres arabes intègrent aussi ce système graphique de l'arabe. La linguistique étudie aussi les problèmes de translittération (telle la translittération baha'ie) et de transposition, mais aussi l'usage du système graphique arabe pour écrire des langues non arabes (comme le urdu) qui exige des adaptations de l'alphabet arabe à ce nouvel usage.
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+ Les modalités techniques de l'écriture arabe sont la calligraphie, la typographie, la dactylographie, et l'usage contemporains des programmes informatiques dont voici quelques exemples :
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+ À noter que DIN-31635 est une norme du Deutsches Institut für Normung adoptée en 1982, elle permet la translittération de l'alphabet arabe ; cette norme est la plus utilisée dans le domaine des études arabes dans les pays occidentaux.
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+ À noter également que l'arabe s'écrit de la droite vers la gauche.
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+ La grammaire arabe étudie la formation des mots, la morphologie, et leur composition en phrases, la syntaxe.
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+ L'étude sémantique de la langue arabe s'attache au sens des mots.
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+ La lexicographie de l'arabe étudie le vocabulaire de cette langue et la composition de dictionnaires.
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+ Plus spécifiquement, elle étudie le vocabulaire de l'islam, ainsi que la formation de prénoms arabes et de noms propres arabes.
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+ La stylistique de l'arabe étudie la littéralité des textes arabes, et l'usage qu'ils font des figures de style, tant en prose qu'en poésie.
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+ La Tour d’Argent est un restaurant français du 5e arrondissement de Paris, souvent cité comme étant parmi les plus anciens d'Europe, qu'on prétend avoir été fondé en 1582 par Rourteau. Situé au 15-17, quai de la Tournelle (à l'angle de la rue du Cardinal-Lemoine), il est notamment connu pour la vue panoramique qu'il offre sur la Seine et sur la cathédrale Notre-Dame de Paris de l'île de la Cité.
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+ D'après l'historique non documenté fourni par le restaurant[1], en 1582, Rourteau, grand chef cuisinier, fonde le restaurant L'Hostellerie de La Tour d'Argent, au cœur de Paris avec vue « exceptionnelle » sur la Seine et sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, dans l'actuel 5e arrondissement, près du château de la Tournelle, dans une tour de style Renaissance, pailletée de mica, dont la brillance donne le nom à l'établissement[2].
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+ Le roi Henri III y aurait découvert la fourchette, un instrument à trois piques, utilisé par des gentilshommes italiens attablés dans l'établissement[3].
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+ La même version veut qu'au XVIIe siècle, Louis XIV et toute sa cour viennent y manger depuis le château de Versailles, et le cardinal de Richelieu aime y déguster une oie aux pruneaux. Le duc de Richelieu, neveu du cardinal, y fait accommoder un bœuf entier de trente façons différentes (bœuf Richelieu[4]).
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+ Cependant, on ne trouve aucune mention d'un restaurant, cabaret, etc. à cette adresse, avant 1860 (il est ainsi noté dans un dictionnaire des rues de Paris de 1779, à propos du quai : « Tout ce quai n'étoit encore au milieu du siècle dernier [XVIIe], qu'un terrein en pente, souvent inondé et presque toujours impraticable par les boues. Le 12 août 1650, il fut ordonné qu'il seroit pavé dans la largeur de dix toises[5] »).
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+ On peut cependant noter qu'un procès-verbal du 16 février 1750 dit « de visite et patrouille dans les cabarets et rues de Paris »[6] mentionne un cabaret « où pend pour enseigne La tour d'Argent » en face, quartier Saint-Paul. Un autre procès-verbal du 7 avril 1750 précise « .. et sur le quay des Ormes dit place aux veaux chez les Sieurs Desclairs et Thevenin Marchand de vin à La Tour d'Argent et à l'Image Sainte-Geneviève »[6].
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+ En 1824, Le Manuel de l'étranger dans Paris écrit :
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+ « Les principaux restaurateurs qui se distinguent par l'élégance de la décoration de leurs salons et par le nombre et la recherche des mets que l'on y trouve sont :
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+ En 1852, une affaire de métaux était au 15, quai de la Tournelle, un coiffeur et un marchand de bois au 17[8].
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+ Enfin, en 1860, Baedeker écrit : « Entre Notre-Dame et le jardin des Plantes, au quai de la Tournelle, vis-à-vis du pont de ce nom (pi. H, 7), il y a le petit hôtel et restaurant Lecoq ; Hôtel de la Tour d'argent, un peu éloigné, il est vrai, mais bien tenu et bon marché (chambre, 2 fr., beefsteak, 1 fr.). En face d'une école de natation, qui a l'avantage de ne pas être encore encombrée et emprisonnée par toutes les ordures de Paris[9]. » Et, en 1867, on lit :
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+
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+ « Le restaurant de La Tour d'Argent
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+ Le rendez-vous des gros bonnets de l'Entrepôt, à deux pas duquel il est situé, sur le quai Saint-Bernard, en face du pont de la Tournelle. Cela n'a l'air d'être qu'un cabaret un peu plus propre que les autres ; mais, une fois entré, on est forcé de convenir que ce cabaret est un restaurant où l'on déjeune fort bien, — surtout si l'on a le soin de demander du gigot à la gasconne, recette Beauvilliers, et une ou plusieurs fioles de volnay ou de coulanges[10]. »
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+ En 1890, avec Frédéric Delair, maître d’hôtel devenu propriétaire au milieu du XIXe siècle, le service en salle prend un tour nouveau. Il codifie la recette du canard au sang, ou « caneton Tour d'Argent », telle que nous la connaissons aujourd’hui, et qui fera la renommée du lieu : le célèbre « canard Tour d'Argent », il finit d'élaborer le plat devant le client et l'accompagne d'un rituel de service illustre, en découpant le canard à bout de fourchette, sans qu’il ne touche le plat[3]. Sûr de la pérennité de son œuvre, il décide en 1890 de numéroter chaque canard.
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+ En 1911, André Terrail achète le restaurant à Frédéric Delair. Il épouse la fille de Claudius Burdel alors propriétaire du Café Anglais sur le boulevard des Italiens, un des meilleurs restaurants de Paris. Il réunit donc l'héritage gastronomique d'Adolphe Dugléré ancien cuisinier au café Anglais[11]. Il est mobilisé pour la Première Guerre mondiale, durant laquelle il ferme son établissement. Son fils Claude voit le jour le 4 décembre 1917 à Paris.
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+ En 1918, André Terrail est démobilisé et il décide de moderniser son établissement et d'en confier les cuisines à François Lespinas, ancien chef du roi d'Égypte. Le restaurant redevient un des hauts lieux gastronomiques mondiaux avec, pour habitués, Marcel Proust, Sacha Guitry, Salvador Dalí, etc.
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+ En 1922, André achète l'immeuble voisin et fait fusionner les 15 et 17 du quai de la Tournelle, puis y ajoute un sixième étage en 1936 avec grande baie vitrée et vue panoramique « exceptionnelle » sur l'île de la Cité, la Seine et la cathédrale Notre-Dame de Paris[3]. En 1928, André fait construire l'hôtel George V, face à son hôtel particulier, au 31, avenue George-V, dans le quartier des Champs-Élysées du 8e arrondissement de Paris. C’est un des palaces les plus luxueux de Paris et du monde.
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+ En 1933, La Tour d'Argent est gratifiée de la célèbre 3e étoile du Guide Michelin. En juin 1936, son fils Claude âgé de 19 ans débute au restaurant en salle comme maître d'hôtel.
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+ En 1940, durant la Seconde Guerre mondiale, l'état-major nazi prend possession des lieux. Claude Terrail mure la cave de ses propres mains pour cacher une partie des 500 000 bouteilles qui s'y trouvent, sans être jamais découvertes, et s'engage volontairement dans la 2e division blindée du général Leclerc.
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+ En 1947, Claude Terrail, qui rêve de devenir comédien de théâtre et de cinéma, succède à son père comme maître de maison après son baccalauréat et fait de La Tour d'Argent son théâtre permanent pour des fêtes quotidiennes, développant admirablement l'art de l'accueil, de l'élégance, du charisme, de l'éloquence. Il reçoit altesses, chefs d'État, hommes politiques, stars, écrivains, artistes, dont l'empereur du Japon Hirohito, la reine Élisabeth II (qui y dorment avec le prince Philip pendant leur lune de miel[3]), John Kennedy, Orson Welles, John Wayne, Errol Flynn, Ava Gardner, Marilyn Monroe, etc.
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+ Il développe l'exceptionnelle cave de La Tour d'Argent sous la Seine avec 450 000 bouteilles, ainsi que le salon Georges V en 1951 et l'Orangerie en 1953. Il acquiert, ou crée progressivement, de nombreux établissements en France et à l'étranger, dont New York et Tokyo.
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+ En 1980, Claude est fait commandeur de la Légion d'honneur en présence de la veuve du maréchal Leclerc de Hauteclocque. Son fils André (du même prénom que son grand-père) voit le jour, né d'un second mariage avec Tarja, mannequin d'origine finlandaise.
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+ En 1982, La Tour d'Argent fête ses 400 ans. En 1984, Claude fait construire une Tour d'Argent à Tokyo au Japon.
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+ De 1987 à 1990, il fait partie des invités de l'émission culinaire hebdomadaire « Quand c'est bon ?... Il n'y a pas meilleur ! » diffusée sur FR3 et animée par François Roboth[12].
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+ En 1996, Claude Terrail est « profondément blessé dans son amour-propre » par la perte de sa troisième étoile du Guide Michelin. Claude Lebey, directeur du Guide Michelin, habitué de l'établissement depuis trente ans, lui reproche de n'avoir jamais fait évoluer sa carte par rapport à la concurrence depuis l'obtention de sa troisième étoile en 1933 : brouillade aux truffes (85 €), quenelles de brochet diaphanes (45 €), caneton Mazarine à l'orange (120 €) pour deux, soufflé princesse Elisabeth (64 €) pour deux…
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+ De nombreux clients reprochent également à Claude d'être trop porté sur les petites économies excessives de toutes sortes, ainsi qu'un certain laisser-aller incompatibles avec son niveau de standing et de prix[réf. nécessaire].
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+ En 1997, Claude raconte ses nombreux souvenirs biographiques riches en anecdotes, humeurs, émotions et photos liées à son restaurant, dans Le Roman de La Tour d’Argent, aux éditions du Cherche-Midi. En 2003, Claude intronise son fils André le 29 avril, le jour du sacrifice du millionième « canard Tour d'Argent ».
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58
+ En 2006, en pleine crise de la grippe aviaire, il perd sa deuxième étoile du Guide Michelin, puis devient aveugle à la suite d'un accident vasculaire cérébral et disparaît le 1er juin 2006, après avoir été hospitalisé à la suite d'un malaise, à l'âge de 88 ans. Il aura consacré cinquante ans de sa vie à l’une des tables les plus célèbres dans le monde de la gastronomie française.
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+ La devise de Claude Terrail : « Convier quelqu'un c'est se charger de son bonheur pendant tout le temps qu'il est sous son toit. » (Brillat-Savarin)
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+ En 2006, André Terrail (deuxième du nom) succède à son père à l'âge de 26 ans à la tête du groupe de 150 personnes et de La Tour d'Argent, riche de quatre cents ans d'histoire avec le soutien de sa mère Tarja (née Räsänen[13]). Il confie les cuisines au grand chef cuisinier Stéphane Haissant.
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64
+ Il reprend la célèbre devise de la maison : « Il n'est rien de plus sérieux que le plaisir », et ses spécialités traditionnelles : caneton Tour d'Argent, quenelles de brochet « André Terrail », poire « Vie parisienne », etc.
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66
+ En mai 2016, le restaurant accueille un nouveau chef, Philippe Labbé, et vend une partie de son patrimoine (10 000 objets : presse à canard, timbales, 58 bouteilles, dont une Grande Fine Clos du Griffier de 1788, sur les 350 000 que compte la maison, verres en cristal, couverts en argent du XVIIe siècle, tapis, meubles, etc.), lors d'une vente aux enchères[3],[2].
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+ Fin 2019, Yannick Franques, MOF 2004, prend la tête de la cuisine.
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70
+ Inventé en 1890 par Frédéric Delair, le célèbre « canard Tour d'Argent », numéroté, est fini d'élaborer devant le client et accompagné d'un rituel de service[3]. Le canard semi-sauvage élevé par la célèbre maison Burgaud de Challans en Vendée, est découpé devant le client par un canardier puis la carcasse est pressée dans un pressoir en argent de la Maison Christofle (vendu 9 500 € en boutique) et exsude la dernière goutte dans la sauce (bouillon et foie du canard) à laquelle est ajouté un trait de cognac, de citron et de madère. Les magrets finissent de cuire sur un réchaud. Les pommes soufflées, puis les cuisses grillées, font l'objet de deux services supplémentaires[14].
71
+
72
+ La cave à vin de La Tour d'Argent est la plus importante et prestigieuse de Paris avec 400 000 bouteilles, réparties en 15 000 références (dont un quart vieilles de plus de 20 ans), répartie sur 1 200 m2 et deux étages, à deux mètres sous terre, le premier sous-sol ayant une surface de 800 m2 de forme circulaire et le second sous-sol ayant une surface de 400 m2 de corridor.
73
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74
+ En 1870, lors des transformations de Paris sous le Second Empire, le fameux café Anglais (un des plus courus de Paris) est rasé, et le propriétaire (le beau-père d'André Terrail premier du nom, qui avait épousé Augusta Burdel, fille de Claudius Burdel, le propriétaire du Café Anglais[3]), fournisseur officiel en vins français des cours d'Angleterre, de Prusse et de Russie, transfère son important stock dans les caves de La Tour d'argent.
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+ Les bouteilles de vin les plus anciennes sont des Bordeaux qui datent d'environ 1845[15]. Quant aux eaux-de-vie, la plus ancienne est un cognac (Clos de Griffier) qui date de 1788[16].
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+ Parmi les quelques vins prestigieux : Château d'Yquem 1871, château de Rayne-Vigneau 1874, château Guiraud 1893, chambertin-clos-de-bèze 1865, Château du Clos de Vougeot 1870, romanée-conti 1874, fine champagne de 1797, cognac 1788, château Margaux, Château Latour, Château Mouton Rothschild, château Lafite Rothschild, Champagne Roederer Cristal (cuvée spéciale conçue pour le tsar Nicolas II de Russie), Petrus 1947 (26 000 €), Château Haut-Brion 27 000 €, etc. La bouteille la plus chère des caves de la Tour d'Argent est affichée à plus de 60 000 €.
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+ En 1981, David Ridgway, chef sommelier d'origine anglaise, âgé de 21 ans, arrive en France où il débute comme commis sommelier à La Tour d'Argent, puis devient chef sommelier d'une brigade de 15 sommeliers six mois plus tard. Il va personnellement sélectionner les vins dans les vignobles deux fois par mois, pour s'imprégner des terroirs et du travail des vignerons et diversifie les références de crus en cave de 1 000 à 15 000.
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+ John Pierpont Morgan s'est illustré en volant une bouteille de cognac Fine Napoléon rarissime dans les caves de l'établissement. Le restaurant, qui n'en possédait que deux, a accepté la lettre d'excuses du milliardaire et lui a retourné le chèque en blanc qu'il leur avait adressé en guise de dédommagement[17].
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+ Le restaurant fut classé trois étoiles au Guide Michelin de 1933 à 1952 et de 1953 à 1996 avec André et Claude Terrail. En 1996, il est rétrogradé à deux étoiles, puis à une étoile depuis 2006 avec André Terrail (deuxième du nom).
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+ modifier - modifier le code - modifier Wikidata
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3
+ La tour de Pise (torre di Pisa en italien) est le campanile de la cathédrale Notre-Dame de l’Assomption de Pise, en Toscane (Italie). Elle est située à proximité du chevet de la cathédrale et fait partie des monuments de la piazza dei Miracoli (la « place des Miracles »), inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. Sa construction débuta en 1173. Mondialement connue, elle est un des symboles de l’Italie et l’emblème de la ville de Pise.
4
+
5
+ Outre le fait qu’elle soit considérée comme un chef-d’œuvre de l’art roman toscan en marbre, sa célébrité vient notamment de son inclinaison caractéristique (qui est actuellement d’un angle de 3° 59′ vers le sud), apparue très rapidement pendant sa construction, du fait qu’elle ait été édifiée sur une plaine alluviale. Ce défaut serait dû soit à un défaut de fondation, soit à un affaissement de terrain dû à une roche : la marne.
6
+
7
+ Fermé au public pour des raisons de sécurité le 7 janvier 1990, le monument a été visité par 31 millions de personnes au cours des soixante années précédentes. Devant le risque d’écroulement, d’importants travaux ont été engagés à partir de 1993.
8
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9
+ Construite dans le style roman, la tour est haute de 55,86 mètres côté sud et de 56,71 m côté nord, du fait de son inclinaison, et a un diamètre externe de 15,5 mètres à la base. Sa masse estimée est de 14 500 tonnes[1].
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+ Cette tour creuse, de diamètre interne de 7,4 mètres (4,2 m au sommet), est composée de deux cylindres de pierre concentriques entre lesquels court un escalier en colimaçon de 293 marches. Les murs de la partie affaissée de la tour ont été affinés afin d’en freiner la chute. Entre chacun des 8 étages, des colonnes de marbre de Carrare servent de support, et de nombreuses sculptures sont visibles. La porte est décorée de sculptures d’animaux et autres grotesques de style roman.
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+ La légende dit que Galilée laissa tomber, simultanément du haut de cette tour, des corps sphériques de masses différentes, afin de montrer « devant l’université réunie » que dans une chute ces corps arrivent simultanément, et non pas avec un retard entre eux proportionnel à leur masse, comme le supposait Aristote. Cette légende, encore vive chez les historiens des sciences au début du XXe siècle, fut battue en brèche par les historiens Emil Wohlwill, dans une publication posthume de 1926, et surtout Alexandre Koyré à partir des années 1930[2]. Mais en fait l’expérience a été faite du vivant de Galilée, notamment par Vincenzo Reinieri, professeur de mathématiques à l’université de Pise, en 1641, et toutes ces expériences ont conclu que les corps n’arrivent pas simultanément : informé de cela, Galilée s’est contenté de renvoyer son correspondant à son Dialogue dans lequel il est bien précisé que l’arrivée n’est simultanée que dans le vide, notion abstraite, voire considérée comme impossible, à l’époque[2].
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+ Une superstition pisane dit également que le fait de monter dans la tour porterait malheur aux étudiants : ils risqueraient de rater leurs études[3],[4].
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+ La construction de l’édifice commence le 9 août 1173, une dizaine d’années après le début des travaux de la cathédrale, et s’étale sur deux siècles. Dès la fin de l’ajout du troisième étage, vers 1178, la tour avait commencé à pencher et la construction est interrompue pendant 90 ans[5].
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+ À partir de 1272, les quatre étages supérieurs sont donc construits en diagonale pour compenser l’inclinaison. La construction s’interrompt alors à nouveau de 1301 à 1350 et ce n’est qu’en 1372 que le dernier étage des cloches, de diamètre moins important, est achevé.
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+ La tour s'est mise à pencher quelques années seulement après le début de sa construction. Implantée sur un site particulièrement ingrat, la plaine alluviale fluvio-marine de l'embouchure de l'Arno, la tour subit un affaissement en raison de tassements différentiels et penche d'autant plus qu'il n'y a pas de fondations. En la regardant de l'est ou de l'ouest, « on voit qu'elle penche moins en haut qu'en bas, car son aplomb a visiblement été progressivement corrigé au cours de son édification : ses constructeurs successifs ont sans doute rapidement compris[6] que le sous-sol du site n'était pas stable[7]. »
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+ La tour a paradoxalement pu résister à pas moins de quatre forts tremblements de terre car le sol argileux qui est à l'origine de son instabilité est aussi responsable de sa capacité à ne pas s'effondrer en cas de séisme (phénomène d'interaction dynamique entre le sol et la structure). « La hauteur et la rigidité de la tour combinées à l'instabilité du terrain modifient sensiblement les caractéristiques vibratoires de la structure. La tour ne résonne pas avec les mouvements du sol[8] ».
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25
+ En 1838, un bassin est décaissé à la base de la tour pour mettre au jour la base des colonnes qui s’étaient enfoncées sous terre.
26
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27
+ Des mesures de l’écartement du sommet avec la verticale montrent l’inclinaison progressive :
28
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29
+ Le 7 janvier 1990, la tour est fermée au public pour des raisons de sécurité. Le monument avait alors été visité par plusieurs millions de personnes au cours des soixante années précédentes. De grands travaux de consolidation (1990-2001) sont alors menés[11].
30
+
31
+ Après expertises, les travaux commencent par excavation des fondations, coulage de centaines de tonnes de béton pour la stabiliser, cerclage des anneaux, drainage du sol pour abaisser le niveau de la nappe phréatique au-dessus de laquelle elle est érigée.
32
+ En septembre 1995, un système cryogénique installé pour refroidir le sol s’avère faire pencher la tour encore plus.
33
+ En 1998, une armature interne en acier est posée et l'année suivante, 60 m3 d’argile sont extraits sous la tour pendant que les fondations sont renforcées par des piliers de 15 m de profondeur.
34
+
35
+ Les travaux, achevés en 2001, ont permis de surprenantes découvertes. La tour a été construite sur les restes d’une opulente villa patricienne du IIIe siècle, elle-même érigée sur une nécropole romaine surplombant un cimetière étrusque. Deux corps momifiés et des fragments de mosaïque romaine ont été trouvés.
36
+
37
+ D’un montant de 28 millions d’euros, les travaux ont permis de redresser la tour et de la stabiliser pour au moins une centaine d’années ; cependant, d’autres affirment qu’elle restera encore au moins 300 ans debout. Aujourd’hui elle est considérée comme stabilisée ; depuis l’été 2004, elle n’a connu que des oscillations physiologiques de faible amplitude, selon le collectif scientifique responsable de la consolidation de l’édifice[12].
38
+
39
+ Les visites ont pu reprendre depuis le 15 décembre 2001, mais certains scientifiques craignent que cela n’écourte la vie de cette construction, qui reste assez fragile. De prochains travaux vont permettre d’alléger la tour en la débarrassant des aménagements obstruant les étages ; il redeviendra alors possible de voir le ciel de l’intérieur comme dans un gigantesque télescope, comme cela était possible avant 1935.
40
+
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+ En août 2013, après quelques années de stabilité, la tour a commencé à se redresser sans qu’aucun travail supplémentaire ait été effectué[13]. En novembre 2018, selon l'Université de Pise, la tour s'est redressée de 4 centimètres[14].
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+ À la mi-août 2016, une tentative d'attentat terroriste visant la tour est déjouée et le terroriste voulant « passer à l'acte » est expulsé d'Italie[15].
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+ La tour Eiffel Écouter est une tour de fer puddlé de 324 mètres de hauteur (avec antennes)[o 1] située à Paris, à l’extrémité nord-ouest du parc du Champ-de-Mars en bordure de la Seine dans le 7e arrondissement. Son adresse officielle est 5, avenue Anatole-France[2].
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5
+ Construite en deux ans par Gustave Eiffel et ses collaborateurs pour l’Exposition universelle de Paris de 1889, et initialement nommée « tour de 300 mètres », elle est devenue le symbole de la capitale française et un site touristique de premier plan : il s’agit du troisième site culturel français payant le plus visité en 2015, avec 5,9 millions de visiteurs en 2016[3]. Depuis son ouverture au public, elle a accueilli plus de 300 millions de visiteurs[4].
6
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7
+ D’une hauteur de 312 mètres[o 1] à l’origine, la tour Eiffel est restée le monument le plus élevé du monde pendant quarante ans. Le second niveau du troisième étage, appelé parfois quatrième étage, situé à 279,11 mètres, est la plus haute plateforme d'observation accessible au public de l'Union européenne et la deuxième plus haute d'Europe, derrière la tour Ostankino à Moscou culminant à 337 mètres. La hauteur de la tour a été plusieurs fois augmentée par l’installation de nombreuses antennes. Utilisée dans le passé pour de nombreuses expériences scientifiques, elle sert aujourd’hui d’émetteur de programmes radiophoniques et télévisés.
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+ Contestée par certains à l'origine, la tour Eiffel fut d'abord, à l'occasion de l'exposition universelle de 1889, la vitrine du savoir-faire technique français. Plébiscitée par le public dès sa présentation à l'exposition, elle a accueilli plus de 200 millions de visiteurs depuis son inauguration[o 2]. Sa taille exceptionnelle et sa silhouette immédiatement reconnaissable en ont fait un emblème de Paris.
10
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11
+ Imaginée par Maurice Koechlin et Émile Nouguier, respectivement chef du bureau des études et chef du bureau des méthodes d'Eiffel & Cie[5], la tour Eiffel est conçue pour être le « clou de l'Exposition de 1889 se tenant à Paris. ». Elle salue également le centenaire de la Révolution française. Le premier plan est réalisé en juin 1884 et amélioré par Stephen Sauvestre, l’architecte en chef des projets de l'entreprise, qui lui apporte plus d'esthétique.
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13
+ Le 1er mai 1886, le ministre du Commerce et de l'Industrie Édouard Lockroy, fervent défenseur du projet, signe un arrêté qui déclare ouvert « un concours en vue de l’Exposition universelle de 1889 »[6]. Gustave Eiffel remporte ce concours et une convention du 8 janvier 1887 fixe les modalités d'exploitation de l'édifice. Construite en deux ans, deux mois et cinq jours, de 1887 à 1889, par 250 ouvriers, elle est inaugurée, à l'occasion d'une fête de fin de chantier organisée par Gustave Eiffel, le 31 mars 1889[o 3]. Sa fréquentation s'érode rapidement ; la tour Eiffel ne connaîtra véritablement un succès massif et constant qu'à partir des années 1960, avec l'essor du tourisme international. Elle accueille maintenant plus de six millions de visiteurs chaque année.
14
+
15
+ Sa hauteur lui a permis de porter le titre de « plus haute structure du monde » jusqu'à la construction en 1930 du Chrysler Building à New York. Située sur le Champ-de-Mars, près de la Seine, dans le 7e arrondissement de Paris, elle est actuellement exploitée par la Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE). Le site, sur lequel travaillent plus de 500 personnes (dont plus de 250 directement employés par la SETE), est ouvert tous les jours de l'année[o 1].
16
+
17
+ La tour Eiffel est inscrite aux monuments historiques depuis le 24 juin 1964[7] et est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1991, en compagnie d'autres monuments parisiens.
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19
+ Panorama à 360° de Paris depuis la tour Eiffel.
20
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21
+ Voici les principales dimensions de la tour Eiffel.
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+ Les informations ci-dessous décrivent les principales données techniques de chaque étage, ainsi que les principales curiosités qui s'offrent au visiteur, une fois sur place[8].
24
+
25
+ La tour s'inscrit dans un carré de 125 mètres de côté, selon les termes mêmes du concours de 1886. Haute de 324 mètres avec ses 116 antennes, elle est située à 33,5 mètres au-dessus du niveau de la mer.
26
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27
+ Les deux piliers situés du côté de l'École militaire reposent sur une couche de béton de 2 mètres, qui elle-même repose sur un lit de gravier, la fosse faisant en tout 7 mètres de profondeur. Les deux piliers côté Seine sont situés en dessous du niveau du fleuve. Les ouvriers travaillèrent dans des caissons métalliques étanches dans lesquels était injecté de l'air comprimé (procédé Triger).
28
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29
+ 16 massifs de fondation soutiennent 16 arbalétriers inclinés à 54 degrés par rapport au sol[a 1], qui forment les arêtes des quatre piliers. D'énormes boulons d'ancrage de 7,80 mètres de long fixent un sabot en fonte, qui contient un contre-sabot en acier moulé, lequel sert d'appui à l'arbalétrier. Durant les travaux, un vérin hydraulique amovible placé entre le sabot et le contre-sabot permettait de les faire coulisser de quelques centimètres l'un par rapport à l'autre, et éventuellement d'ajuster les cales en fer qui règlent leur espacement. Ce dispositif, ajouté aux boîtes à sable des pylônes provisoires soutenant les parties hautes des arbalétriers durant les travaux, permettait au contremaître de montage d'effectuer les réglages nécessaires, en particulier lors du raccordement des quatre piliers avec les poutres horizontales du premier étage, tout en parant à l'éventualité d'un tassement des maçonneries ou du sol[a 2].
30
+
31
+ Suivant les calculs des ingénieurs, la pression sur les sommiers en pierre de taille de Château-Landon placés directement sous les sabots est de 18,70 kg/cm2, compte tenu des efforts dus à la fois au poids de la tour et aux vents. La pression exercée sur les fondations de béton sur le sol, composé de sable et de gravier, n'est plus que de 4,9 à 5,3 kg/cm2 suivant les piliers[a 3].
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35
+ Le Champ de Mars étant orienté du sud-est au nord-ouest, chacun des quatre piliers est orienté en direction d'un point cardinal. Les bases des quatre piliers sont abritées dans des soubassements carrés de 25 mètres de côté et de 4 mètres de hauteur, composés d'une ossature en fer et de pierres factices en béton comprimé. Ils furent réalisés du 28 septembre 1888 au 4 janvier 1889[a 4].
36
+
37
+ De nos jours, les caisses pour l'achat des billets occupent les piliers nord et ouest, les ascenseurs sont accessibles depuis les piliers est et ouest. Les escaliers (ouverts au public jusqu'au deuxième étage, et comprenant au total 1 665 marches jusqu'au sommet) sont accessibles depuis le pilier est. Et enfin, le pilier sud comprend un ascenseur privé, réservé au personnel et aux clients du restaurant gastronomique Le Jules Verne, situé au deuxième étage.
38
+
39
+ Tendus entre chacun des quatre piliers, les arcs s'élèvent à 39 mètres au-dessus du sol et ont un diamètre de 74 mètres. Bien que très richement décorés sur les croquis initiaux de Harry Bellod, ils le sont beaucoup moins de nos jours. Leur rôle est « purement décoratif »[a 1].
40
+
41
+ Situé à 57 mètres au-dessus du sol, d'une superficie de 4 220 mètres carrés environ, il peut supporter la présence simultanée d'environ 2 500 personnes.
42
+
43
+ Une galerie circulaire fait le tour du premier étage et permet d'embrasser une vue à 360° sur Paris. Cette galerie est ponctuée de plusieurs tables d'orientation et longues-vues permettant d'observer les monuments parisiens. Face à l'extérieur sont inscrits en lettres d'or les noms de soixante-douze personnalités du monde scientifique des XVIIIe et XIXe siècles (Français ayant vécu entre 1789 et 1889).
44
+
45
+ Ce premier étage abrite le restaurant 58 Tour Eiffel qui s'étend sur deux niveaux. Celui-ci offre d'un côté, une très belle vue panoramique sur Paris, et de l'autre, une vue sur l'intérieur de la tour.
46
+
47
+ On peut également voir certains vestiges liés à l'histoire de la tour Eiffel, notamment un tronçon de l'escalier en colimaçon qui, à l'origine du monument, montait jusqu'au sommet. Cet escalier a été démonté en 1986, lors des très importants travaux de rénovation de la tour. Il a été ensuite découpé en 22 tronçons dont 21 ont été vendus aux enchères, et achetés pour la plupart par des collectionneurs américains.
48
+
49
+ Enfin, un observatoire des mouvements du sommet permet de retracer les oscillations de la tour sous l'effet du vent et de la dilatation thermique. Gustave Eiffel avait exigé qu'elle puisse supporter une amplitude de 70 centimètres, ce qui ne fut jamais le cas puisque dans les faits, lors de la canicule de 1976, l'amplitude de l'oscillation a été de 18 cm et de 13 cm lors de la tempête de fin décembre 1999 (vent de 240 km/h). Pierre Affaticati et Simon Pierrat ont d'ailleurs su remédier à ce problème d'amplitude en 1982 en incorporant des matériaux composites à l'armature connexe. Une des particularités de la tour est qu'elle « fuit le Soleil ». En effet la chaleur étant plus importante du côté ensoleillé, le fer se dilate de ce côté et le sommet s'oriente légèrement à l'opposé.
50
+
51
+ Situé à 115 mètres au-dessus du sol, d'une superficie de 1 650 mètres carrés environ, il peut supporter la présence simultanée d'environ 1 600 personnes.
52
+
53
+ C'est de cet étage que la vue est la meilleure, l'altitude étant optimale par rapport aux bâtiments en contrebas (au troisième étage, ils sont moins visibles) et à la perspective générale (nécessairement plus limitée au premier étage).
54
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55
+ À travers le plancher, des hublots vitrés ont été installés afin de permettre une vue plongeante sur le sol en contrebas. Des grillages métalliques de protection sont présents afin d'empêcher toute tentative de saut dans le vide, qu'il s'agisse d'un suicide ou d'un exploit sportif.
56
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57
+ Le restaurant Le Jules Verne est un restaurant gastronomique d'une capacité de 95 couverts, d'un 16/20 et trois toques au guide Gault et Millau, et référencé parmi les adresses de Relais & Châteaux. Le restaurant a été repris par Frédéric Anton et a rouvert ses portes en juillet 2019 après 10 mois de travaux, coordonnés par l'architecte d'intérieur Aline Asmar d'Amman. Un ascenseur « privé » (il sert aussi au personnel d'entretien de la tour), situé dans le pilier sud, mène directement à une plate-forme d'environ 500 m2, à exactement 123 mètres de hauteur.
58
+
59
+ Situé à 276,13 mètres au-dessus du sol, d'une superficie de 350 mètres carrés, il peut supporter la présence simultanée d'environ 400 personnes.
60
+
61
+ L'accès se fait obligatoirement par un ascenseur (l'escalier est interdit au public à partir du deuxième étage) et donne sur un espace fermé ponctué de tables d'orientation. En montant quelques marches, le visiteur arrive ensuite sur une plate-forme extérieure, parfois dénommée « quatrième étage » culminant à près de 279 m.
62
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63
+ On peut apercevoir à cet étage une reconstitution du type « musée de cire » montrant Gustave Eiffel recevant Thomas Edison, qui renforce l'idée selon laquelle Gustave Eiffel aurait utilisé l'endroit comme bureau. La réalité historique est différente : l'endroit a d'abord été occupé par le laboratoire météorologique, puis dans les années 1910 par Gustave Ferrié pour ses expérimentations de TSF.
64
+
65
+ Tout en haut de la tour, un mât de télédiffusion a été installé en 1957, puis complété en 1959 pour couvrir environ 10 millions de foyers en programmes hertziens. Le 17 janvier 2005, le dispositif a été complété par le premier émetteur TNT français, portant à 116 le nombre d'antennes de télédiffusion et radiodiffusion de l'ensemble.
66
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67
+ Dès la première exposition universelle (Great Exhibition of the Works of Industry of All Nations, Londres, 1851), les gouvernants s'aperçoivent que derrière l'enjeu technologique se profile une vitrine politique dont il serait dommage de ne pas profiter. En démontrant son savoir-faire industriel, le pays accueillant l'exposition signifie son avance et sa supériorité sur les autres puissances européennes qui règnent alors sur le monde.
68
+
69
+ Dans cette optique, la France accueille à plusieurs reprises l'Exposition universelle, comme en 1855, 1867 et 1878. Jules Ferry, président du conseil de 1883 à 1885, décide de relancer l'idée d'une nouvelle exposition universelle en France. Le 8 novembre 1884, il signe un décret instituant officiellement la tenue d'une exposition universelle à Paris, du 5 mai au 31 octobre 1889. L'année choisie n'est pas innocente, puisqu'elle symbolise le centenaire de la Révolution française.
70
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71
+ C'est aux États-Unis que naît l'idée d'une tour de 300 mètres : lors de l'exposition universelle de Philadelphie en 1876, les ingénieurs américains Clarke et Reeves imaginent un projet de pylône cylindrique de 9 mètres de diamètre maintenu par des haubans métalliques, ancrés sur une base circulaire de 45 mètres de diamètre, d'une hauteur totale de 1 000 pieds (environ 300 mètres)[9]. Faute de financement[10], ce projet ne voit pas le jour, mais il est décrit en France dans la revue Nature.
72
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73
+ À partir d'une idée émise aux États-Unis de « tour-soleil » en fer éclairant Paris, l’ingénieur français Sébillot et l’architecte Jules Bourdais, qui a été à l’origine du Palais du Trocadéro pour l’exposition universelle de 1878, conçoivent un projet de « tour-phare » en granit, haute de 300 mètres. Cette tour, concurrente de celle de Gustave Eiffel, connaît plusieurs versions, mais ne sera jamais construite.
74
+ Parmi les projets examinés, celui de Clarke et Reeves était le plus réalisable. Il restait à Eiffel à construire la première tour à partir de ces proportions[11].
75
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+ En juin 1884, deux ingénieurs des entreprises Eiffel, Maurice Koechlin et Émile Nouguier, respectivement chef du bureau d’études et chef du bureau des méthodes, se penchent à leur tour sur un projet de tour métallique de 300 mètres. Ils espèrent pouvoir en faire le clou de l’Exposition de 1889.
77
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78
+ Le 6 juin, Maurice Koechlin dessine le premier croquis de l’édifice. Le dessin représente un haut pylône de 300 mètres, où les quatre piles incurvées, se rejoignant au sommet, sont reliées par des plates-formes tous les 50 mètres. Gustave Eiffel voit cette esquisse, dit ne pas s’y intéresser, mais concède toutefois à ses concepteurs l’autorisation de poursuivre l’étude.
79
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+ Stephen Sauvestre, architecte en chef des entreprises Eiffel, est sollicité et redessine complètement le projet pour lui donner une autre envergure : il rajoute de lourds pieds en maçonnerie et consolide la tour jusqu’au premier étage par le truchement d’arcs, réduit le nombre de plates-formes de cinq à deux, surplombe la tour d’une « coiffe » la faisant ressembler à un phare, etc.
81
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+ Cette nouvelle mouture du projet est à nouveau présentée à Gustave Eiffel qui, cette fois-ci, se montre enthousiasmé. À tel point qu’il dépose, le 18 septembre 1884, en son nom et ceux de Koechlin et Nouguier, un brevet « pour une disposition nouvelle permettant de construire des piles et des pylônes métalliques d’une hauteur pouvant dépasser 300 mètres ». Et bien vite, il rachètera les droits de Koechlin et Nouguier, pour détenir les droits exclusifs sur la future tour, qui, par voie de conséquence, portera son nom.
83
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84
+ Gustave Eiffel n'a donc pas conçu le monument, mais s'est appliqué à faire connaître son projet auprès des gouvernants, des décideurs et du grand public, pour pouvoir construire la tour, puis, une fois que cela fut fait, à en faire, aux yeux de tous, plus qu’un simple défi architectural et technique ou encore un objet purement esthétique (ou inesthétique selon certains). Il a aussi financé avec ses propres fonds quelques expériences scientifiques menées directement sur ou depuis la tour Eiffel, qui auront permis de la pérenniser.
85
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+ En 1885, le projet est présenté à la Société des Ingénieurs Civils, pour un devis initial total de 3 155 000 francs incluant fondations, ascenseurs et leurs moteurs[12].
87
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88
+ Pour commencer, il va s’employer à convaincre Édouard Lockroy, le ministre de l’Industrie et du Commerce de l’époque, de lancer un concours ayant pour objet « d’étudier la possibilité d’élever sur le Champ-de-Mars une tour en fer à base carrée de 125 mètres de côté à la base et de 300 mètres de hauteur ». Les modalités de ce concours, qui a lieu en mai 1886, ressemblent beaucoup au projet défendu par Gustave Eiffel, même si ce dernier ne les a pas écrites. Grâce à cette similitude, son projet a de grandes chances d’être retenu pour figurer à l’Exposition universelle qui se tient trois ans plus tard[13]. Encore faut-il convaincre que l’objet n’est pas purement un bâtiment d’agrément et qu’il peut remplir d’autres fonctions. En mettant en avant l’intérêt scientifique qui peut être retiré de sa tour, Eiffel marque des points.
89
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+ L’issue du concours n’est pourtant pas acquise d’avance à Eiffel. La concurrence est rude avec 107 projets déposés. Gustave Eiffel gagne finalement ce concours, l’autorisant à construire sa tour pour l’Exposition universelle de 1889, juste devant Jules Bourdais qui avait entre-temps, troqué le granit pour le fer.
91
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+ Deux problèmes se posent alors : le système d’ascenseurs qui ne satisfait pas le jury du concours, obligeant Eiffel à changer de fournisseur, et l’emplacement du monument. Au début, il est envisagé de lui faire enjamber la Seine ou de le coller à l'Ancien Palais du Trocadéro, situé à l'emplacement de l'actuel palais de Chaillot, avant finalement de décider de la placer directement sur le Champ-de-Mars, lieu de l’Exposition, et d’en faire une sorte de porte d’entrée monumentale.
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94
+ L’emplacement, mais aussi les modalités de construction et d’exploitation font l’objet d’une convention signée le 8 janvier 1887 entre Édouard Lockroy, ministre du Commerce, agissant au nom de l’État français, Eugène Poubelle, préfet de la Seine, agissant ici au nom de la ville de Paris et Gustave Eiffel, agissant en son nom propre[14]. Cet acte officiel précise notamment le coût prévisionnel de la construction, soit 6,5 millions de francs de l’époque, au double du devis initial[15], payés à hauteur de 1,5 million de francs par des subventions (article 7) et pour le reste par une société anonyme ayant pour objet spécifique l’exploitation de la tour Eiffel, créée par Gustave Eiffel et financée par l’ingénieur et un consortium de trois banques. L’écrit précise aussi le prix des entrées qui devra être pratiqué durant l’Exposition universelle (article 7), et que, à chaque étage, une salle spéciale, devra être réservée, pour mener des expériences scientifiques et/ou militaires, restant gratuitement à disposition pour les personnes désignées par le Commissaire général (article 8), etc. Enfin, l’article 11 stipule qu'après l’Exposition, Paris deviendra propriétaire de la tour, mais que M. Eiffel, comme complément du prix des travaux, en conservera la jouissance pendant 20 ans — jusqu'au 31 décembre 1909 — délai au bout duquel elle appartiendra à la ville de Paris.
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+ Aperçu des différentes étapes de la construction de la tour Eiffel :
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+ 18 juillet 1887 : commencement du montage métallique de la pile no 4.
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+ 7 décembre 1887 : montage de la partie inférieure sur les pylônes en charpente.
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+ 20 mars 1888 : montage des poutres horizontales sur l'échafaudage du milieu.
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+ 15 mai 1888 : montage des piliers au-dessus du premier étage.
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+ 21 août 1888 : montage de la deuxième plate-forme.
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+ 26 décembre 1888 : montage de la partie supérieure.
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110
+ 15 mars 1889 : montage du campanile.
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+ Fin mars 1889 : vue générale de l'ouvrage achevé.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Initialement, Gustave Eiffel (ingénieur passé maître dans l'architecture du fer) avait prévu douze mois de travaux ; en réalité, il faudra en compter le double. La phase de construction qui débute le 28 janvier 1887, s’achèvera finalement en mars 1889, juste avant l’ouverture officielle de l’Exposition universelle.
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118
+ Sur le chantier, le nombre d’ouvriers ne dépassera jamais 250. C’est que, en fait, une grande partie du travail est fait en amont, dans les usines des entreprises Eiffel à Levallois-Perret. Ainsi, sur les 2 500 000 rivets que compte la tour, seulement 1 050 846 ont été posés sur le chantier, soit 42 % du total. La plupart des éléments sont assemblés dans les ateliers de Levallois-Perret, au sol, par tronçons de cinq mètres, avec des boulons provisoires, et ce n’est qu’après, sur le chantier, qu’ils sont définitivement remplacés par des rivets posés à chaud.
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+
120
+ La construction des pièces et leur assemblage ne sont pas le fruit du hasard. Cinquante ingénieurs exécutent pendant deux ans 5 300 dessins d’ensemble ou de détails, et chacune des 18 038 pièces en fer possédait son schéma descriptif.
121
+
122
+ Sur le chantier, dans un premier temps, les ouvriers s’attaquent à la maçonnerie en réalisant notamment d’énormes socles en béton soutenant les quatre piliers de l’édifice. Cela permet de minimiser la pression au sol de l’ensemble qui n'exerce qu'une très faible poussée de 4,5 kg/cm2 au niveau de ses fondations.
123
+
124
+ Le montage de la partie métallique proprement dite commence le 1er juillet 1887. Les hommes chargés de ce montage sont nommés les voltigeurs et sont dirigés par Jean Compagnon. Jusqu’à 30 mètres de hauteur, les pièces sont montées à l’aide de grues pivotantes fixées sur le chemin des ascenseurs. Entre 30 et 45 mètres de hauteur, 12 échafaudages en bois sont construits. Une fois passés les 45 mètres de hauteur, il fallut édifier de nouveaux échafaudages, adaptés aux poutres de 70 tonnes qui furent utilisées pour le premier étage. Est ensuite venue l’heure de la jonction de ces énormes poutres avec les quatre arêtes, au niveau du premier étage. Cette jonction a été réalisée sans encombre le 7 décembre 1887 et a rendu inutiles les échafaudages temporaires, remplacés dans un premier temps par la première plate-forme (57 mètres), puis, à partir d’août 1888, par la seconde plate-forme (115 mètres).
125
+
126
+ En septembre 1888, alors que le chantier est déjà bien avancé et le deuxième étage construit, les ouvriers se mettent en grève. Ils contestent les horaires de travail (9 heures en hiver et 12 heures l’été), ainsi que leur salaire considéré insuffisant eu égard aux risques pris. Gustave Eiffel argue du fait que le risque n’est pas différent qu’ils travaillent à 200 mètres d’altitude ou à 50, et bien que les ouvriers soient déjà mieux rémunérés que la moyenne de ce qui se pratiquait dans ce secteur à l’époque, il leur concède une augmentation de salaire, tout en refusant de l’indexer sur le facteur « risque variable selon la hauteur » demandé par les ouvriers. Trois mois plus tard, une nouvelle grève éclate mais cette fois-ci, Eiffel tient tête et refuse toute négociation.
127
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+ En mars 1889, le monument est achevé à temps et aucun accident mortel n'a été déploré parmi les ouvriers (un ouvrier y trouve toutefois la mort un dimanche ; il ne travaillait pas et perd l'équilibre lors d'une démonstration à sa fiancée).
129
+
130
+ La Tour Eiffel a coûté 7 799 401.31 francs[16] soit environ 1,5 million de francs de plus que prévu, et a pris le double du temps à être construit que ce qui était initialement prévu dans la convention de janvier 1887. Cela représente aussi plus du double du devis initial d'Eiffel présenté à la Société des Ingénieurs Civils, en 1885[15]
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+
132
+ L’édifice achevé ou presque, il reste à prévoir un moyen pour que le public monte à la troisième plate-forme. Les ascenseurs Backmann initialement prévus dans le projet présenté au concours de mai 1886, ont été rejetés par le jury, Gustave Eiffel fait appel à trois nouveaux fournisseurs : Roux-Combaluzier et Lepape (devenus Schindler), la société américaine Otis et enfin Léon Edoux qui a fait ses études dans la même promotion que Gustave Eiffel.
133
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134
+ Le fer puddlé de la tour Eiffel a été produit dans les forges et aciéries Dupont et Fould de Pompey, en Lorraine[17]. Gustave Eiffel l'a choisi notamment en raison de ses propriétés mécaniques[18].
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+ Le 6 mai 1889, l’Exposition universelle ouvre ses portes au public, qui peut grimper sur la Tour de 300 mètres (nom de la tour Eiffel à cette époque) à partir du 15 mai. Alors qu’elle avait été décriée pendant sa construction, elle connaît, pendant l’Exposition, un succès populaire immédiat. Dès la première semaine, alors que les ascenseurs ne sont même pas encore en service, ce sont 28 922 personnes qui grimpent à pied en haut de l’édifice. Finalement, sur les 32 millions d’entrées comptabilisées pour l’Exposition, ce sont environ 2 millions de curieux qui s’y presseront.
137
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138
+ Le monument, qui est alors le plus haut du monde (jusqu’en 1930 et l’édification du Chrysler Building à New York), attire aussi quelques personnalités, dont Thomas Edison.
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+ Mais, une fois l’Exposition finie, la curiosité retombe vite et le nombre de visiteurs avec elle. En 1899, seules 149 580 entrées sont comptabilisées. Afin de relancer l’exploitation commerciale de sa tour, Gustave Eiffel baisse le prix des billets d’entrée, sans que l’impact soit significatif. Il faut attendre l’Exposition universelle de 1900 à Paris, pour que remonte le nombre de curieux. À cette occasion, plus d’un million de tickets sont vendus, ce qui est largement supérieur aux dix années précédentes, mais bien inférieur à ce qui aurait pu être permis. En effet, non seulement les entrées sont deux fois moins nombreuses qu’en 1889, mais, en part absolue, la baisse est encore plus forte, compte tenu du fait que les visiteurs de l’Exposition universelle de 1900 sont encore plus nombreux qu’en 1889.
141
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142
+ La chute du nombre d’entrées reprend dès 1901, de sorte que l’avenir de la tour n’est pas assuré, passé le 31 décembre 1909, date de la fin de la concession d’origine. Certains avancent même l’idée qu’elle puisse être détruite.
143
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+ Le 15 juillet 1918, durant la première Guerre mondiale, un obus lancé par la Grosse Bertha explose près du pilier Est de la Tour Eiffel[20].
145
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+ Conscient du risque de destruction de la tour, Gustave Eiffel imagine, dès l'origine, qu'elle puisse rendre des services à la science. C’est pourquoi, il y multiplie les expériences, qu’il finance en partie, jusqu'à son retrait des affaires en 1893, après le scandale de Panama dans lequel il est impliqué.
147
+
148
+ En 1889, il autorise Éleuthère Mascart, premier directeur du Bureau central météorologique de France (ancêtre de Météo-France créé en 1878) à installer une petite station d’observation en haut de la tour Eiffel.
149
+
150
+ En 1909, une petite soufflerie est construite au pied de la tour. Elle est remplacée en 1912 par une soufflerie beaucoup plus vaste, rue Boileau, dans le XVIe arrondissement, où sera conçu le seul avion de Gustave Eiffel, le Breguet Laboratoire Eiffel.
151
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+ En octobre 1898, Eugène Ducretet établit la première liaison téléphonique hertzienne entre la tour Eiffel et le Panthéon, distant de 4 kilomètres.
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+ En 1903, Gustave Eiffel soutient, à ses frais, le projet du capitaine Gustave Ferrié, qui cherche à établir un réseau télégraphique sans fil, sans le financement de l’Armée qui privilégie à cette époque les signaux optiques et les pigeons voyageurs, jugés plus fiables. Alors que la télégraphie sans fil n’en est qu’à ses balbutiements, il accepte l'installation d'une antenne au sommet de sa tour, l'expérience est couronnée de succès.
155
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156
+ La tour Eiffel a donc un potentiel scientifique qui mérite d’être exploité : les autorités décident, en 1910, de prolonger la concession et l’exploitation pour soixante-dix années supplémentaires. La tour apparaît d’autant plus utile qu’il s’agit du point le plus élevé de la région parisienne et que son émetteur de TSF aura été stratégique pendant la Première Guerre mondiale. Grâce à la tour Eiffel, plusieurs messages décisifs sont captés dont le « radiogramme de la victoire », permettant de déjouer l’attaque allemande sur la Marne, et ceux conduisant à l'arrestation de Mata Hari.
157
+
158
+ À partir des années 1920, le réseau de TSF à usage strictement militaire dont fait partie l’émetteur de la tour Eiffel bascule vers un usage civil. À partir de 1921, des programmes radio sont régulièrement diffusés depuis la tour Eiffel et Radio Tour Eiffel est officiellement inaugurée le 6 février 1922.
159
+
160
+ En 1925, la tour Eiffel sert de cadre aux débuts de la télévision en France. La technique s’améliore et des émissions, encore expérimentales, sont proposées entre 1935 et 1939.
161
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+ À la Libération, l'émetteur Telefunken du Fernsehsender Paris est utilisé pour les premières émissions en 441 lignes. Après son incendie, il est remplacé par un émetteur 819 lignes jusqu'à l'arrêt des émissions en noir et blanc de TF1. La télévision se répand ensuite dans les foyers, d’abord en noir et blanc, puis en couleur.
163
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164
+ En 1959, l’installation d’un nouveau mât de télédiffusion fait culminer la tour Eiffel à 320,75 mètres et arrose 10 millions de personnes. Un émetteur pour la télévision numérique terrestre est installé en 2005.
165
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166
+ La société d'exploitation change et la tour subit quelques transformations à l'occasion de l'Exposition spécialisée de 1937 : les décorations démodées du premier étage sont enlevées et un nouvel éclairage est installé.
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+ La tour est réquisitionnée par la Wehrmacht qui y installe également le seul émetteur de télévision fonctionnant en Europe pendant la guerre, le Fernsehsender Paris, pour communiquer avec les troupes. Les émissions, principalement en français, étaient destinées aux militaires allemands blessés se trouvant dans les hôpitaux de la région. Les Allemands placent un faisceau lumineux dans la tour pour guider les avions, dans la nuit. Après avoir échappé à la destruction prévue par Hitler en 1944, elle passe, à la Libération, sous contrôle allié et les Américains y installent un radar.
169
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+ En 1952, la tour Eiffel se voit aussi dotée d'un phare aéronautique de balisage, remplaçant celui du mont Valérien détruit pendant la guerre. De par sa hauteur et sa position, celui-ci pouvait balayer les quatre points cardinaux sans être interrompu par le relief. Les faisceaux pouvaient porter jusqu'à trois-cents kilomètres.
171
+
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+ À partir des années 1960, le tourisme international de masse commence à se développer, et le nombre de visiteurs de la tour augmente pour atteindre progressivement le cap des 6 millions d’entrées annuelles (cap passé pour la première fois en 1998). Une rénovation a lieu dans les années 1980, autour de trois axes :
173
+
174
+ La tour Eiffel, ainsi allégée de 1 340 tonnes superflues, est repeinte et traitée contre la corrosion, les ascenseurs de la troisième plate-forme sont remplacés, le restaurant gastronomique Le Jules-Verne est installé, un dispositif d’éclairage composé de 352 projecteurs au sodium est mis en place. Les noms de savants du premier étage sont remis en valeur par de la dorure comme à l'origine.
175
+
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+ En 2002, le cap des 200 millions d’entrées cumulées est dépassé.
177
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+ Le 1er janvier 2006, s’ouvre une nouvelle période d’exploitation de dix ans, le concessionnaire étant la société d'économie mixte SETE (Société d'exploitation de la tour Eiffel), dont le capital est détenu à 60 % par la ville de Paris.
179
+
180
+ En février 2015, le deuxième étage de la tour Eiffel est équipé de deux éoliennes capables de produire 10 MWh par an. En comparaison, la consommation électrique annuelle de la tour s'élève à 6,7 GWh[21].
181
+
182
+ Fin 2017, appel à projets international est lancé par la maire de Paris Anne Hidalgo afin d'embellir les alentours du monument et de supprimer les files d'attentes[22].
183
+
184
+ En raison du risque terroriste, la Société d'exploitation de la tour Eiffel fait fermer le parvis de la tour à la libre circulation en juin 2016 et sécurise le périmètre en mettant en place en 2018 sur deux côtés une enceinte en verre pare-balles épaisse de 6,5 cm complétée par des plots anti-voitures-béliers, sur les deux autres un grillage métallique haut de 3,24 m (le centième de la tour Eiffel) qui « reprend la forme et les courbes » de la tour[23],[24]. Des fouilles ont lieu.
185
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186
+ Des articles, souvent pamphlétaires, sont publiés tout au long de l'année 1886, avant le début des travaux.
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188
+ Alors que les fondations de l'édifice n'avaient commencé que quelques jours plus tôt, le 28 janvier 1887 exactement, une lettre de protestation signée par une cinquantaine d'artistes (écrivains, peintres, compositeurs, architectes, etc.) paraissait dans le journal Le Temps le 14 février 1887[o 4]. Signée de grands noms de l'époque (Alexandre Dumas fils, Guy de Maupassant, Émile Zola, Charles Gounod, Leconte de Lisle, Charles Garnier, Sully Prudhomme, etc.) et restée célèbre sous le nom de Protestation des artistes contre la tour de M. Eiffel, elle se montrait très virulente à l'égard de la hauteur de la tour qui viendrait, selon eux, défigurer Paris[o 4] :
189
+
190
+ « II suffit d’ailleurs, pour se rendre compte de ce que nous avançons, de se figurer une tour vertigineusement ridicule, dominant Paris, ainsi qu’une noire et gigantesque cheminée d’usine, écrasant de sa masse barbare : Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, la tour Saint-Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant. Et pendant vingt ans, nous verrons s’allonger sur la ville entière, frémissante encore du génie de tant de siècles, comme une tache d’encre, l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée. »
191
+
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+ — Collectif d’artistes, « Les artistes contre la tour Eiffel », Le Temps, 14 février 1887.
193
+
194
+ Un débat houleux mêlant des personnalités de l'époque, des responsables politiques, des journalistes, des ingénieurs suit cette déclaration.
195
+
196
+ En juillet 1888, François Coppée fustige la tour Eiffel, qu’il traite de « mât de fer aux durs agrès / Inachevé, confus, difforme », de « symbole de force inutile », d’« œuvre monstrueuse et manquée » ou encore de « mât ridicule » (Sur la tour Eiffel, deuxième plateau, Poésies). En mai 1889, par poésie interposée, Raoul Bonnery lui répond : « Tu mis la fleur de ta science/ A m'appeler « Monstre hideux » / Un peu plus de reconnaissance / T'eût convenu peut-être mieux. », ou encore « Quel sang dans tes veines circule / Pour t'écrier avec mépris, / Que je suis un mât ridicule / Sur le navire de Paris. / Un mât ? J'accepte l'épithète, / Mais un mât fier, audacieux, / Qui saura, portant haut la tête, / Parler de progrès jusqu'aux cieux. » (La tour Eiffel à François Coppée, le jour de ses 300 mètres, in Le Franc journal). Au contraire des exemples précédents, Vicente Huidobro, Blaise Cendrars et Louis Aragon lui rendent hommage (respectivement dans Nord-Sud, no 6-7, 1917, La tour en 1910 in Dix-neuf poèmes élastiques, 1913 et La tour parle in La Tour Eiffel de Robert Delaunay). Pierre Bourgeade, dans une nouvelle intitulée La Suicidée, relate, via le témoignage d'un gardien, le suicide d'une inconnue ayant sauté du 3e étage de la tour (in Les Immortelles, Gallimard, 1966).
197
+
198
+ On a pu lire ailleurs :
199
+
200
+ Gustave Eiffel répondit à la protestation des artistes, dans un entretien avec Paul Bourde qui fut reproduit dans le même numéro du journal Le Temps, à la suite de la protestation[o 4].
201
+
202
+ Le ministre Édouard Lockroy remit au directeur des travaux, Adolphe Alphand, une réponse qui pourrait avoir été rédigée par un obscur fonctionnaire nommé Georges Moineaux, qui deviendra célèbre sous le nom de Georges Courteline.
203
+
204
+ Gustave Eiffel écrivit plus tard :
205
+
206
+ « Cette page bien française a dû étonner quelque peu les expéditionnaires du ministère ; la correspondance administrative n'est malheureusement d'ordinaire ni si vive, ni si gaie, ni si spirituelle ; sa sévérité s'accommode mal à nos vieilles traditions gauloises. Si M. Lockroy pouvait faire école, l'exercice des fonctions publiques serait moins monotone et certainement mieux apprécié. Le ministre avait su mettre les rieurs de son côté. Son procès était gagné. »
207
+
208
+ La tour Eiffel a attiré les foules après son inauguration, faisant, petit à petit, taire les réticences . Ainsi, deux ans après avoir signé la « protestation des artistes », Sully Prudhomme prononce un discours favorable à la tour.
209
+
210
+ Avant même la fin de la construction, Georges Seurat ou encore Paul-Louis Delance peignent la tour Eiffel. En 1889, le peintre Roux la représente à la Fête de nuit à l’Exposition universelle de 1889 et Jean Béraud la fait apparaître en arrière-plan de son Entrée de l’Exposition de 1889.
211
+
212
+ Puis plusieurs peintres viendront directement s'en inspirer : le Douanier Rousseau, Paul Signac, Pierre Bonnard, Maurice Utrillo, Marcel Gromaire, Édouard Vuillard, Albert Marquet, Raoul Dufy, Marc Chagall, Roger Lersy, Henri Rivière[o 5], Paolo Intini[25].
213
+
214
+ Mais le peintre le plus prolifique et inspiré vis-à-vis de la tour Eiffel reste Robert Delaunay, qui en fait le sujet central d'une trentaine de toiles, réalisées entre 1910 et 1925[26].
215
+
216
+ Georges Seurat (1859-1891). La Tour Eiffel. 1889
217
+
218
+ Paul-Louis Delance (1848-1924). La tour Eiffel vue de la Seine. 1889
219
+
220
+ Henri Rousseau (1844-1910). La tour Eiffel. 1898
221
+
222
+ Robert Delaunay (1885-1941) La Tour Eiffel. 1911
223
+
224
+ Au moment de son édification et au tout début de son exploitation, le monument a avant toutes choses fait l’objet d’analyses critiques personnelles, le plus souvent publiées dans des journaux de l’époque et le plus souvent négatives, les artistes abordant les thèmes récurrents du défi technique, industriel et commercial que la tour représentait à l’époque, de son influence sur le rayonnement de la France à l’étranger, l’aspect esthétique ou au contraire inesthétique de la tour ou encore de son intérêt scientifique potentiel ou au contraire de son inutilité.
225
+
226
+ Par la suite, devant le succès populaire qu’elle a remporté auprès du grand public, un grand nombre d’écrivains ont revu leurs considérations, balayant leurs dernières réserves.
227
+
228
+ Roland Barthes décrit ce sentiment d'attrait/répulsion des artistes vis-à-vis de la tour Eiffel :
229
+
230
+ « Regard, objet, symbole, la tour est tout ce que l’homme met en elle, et ce tout est infini. Spectacle regardé et regardant, édifice inutile et irremplaçable, monde familier et symbole héroïque, témoin d’un siècle et monument toujours neuf, objet inimitable et sans cesse reproduit, elle est le signe pur, ouvert à tous les temps, à toutes les images et à tous les sens, la métaphore sans frein ; à travers la tour, les hommes exercent cette grande fonction de l’imaginaire, qui est leur liberté ; puisque aucune histoire, si sombre soit-elle, n’a jamais pu la leur enlever. »
231
+
232
+ — Roland Barthes, La Tour Eiffel, Delpire Éditeur, 1964.
233
+
234
+ Léon-Paul Fargue revient sur l’analyse critique de ses pairs, sur la tour à ses débuts (Le Piéton de Paris, 1932-1939), de même que Pierre Mac Orlan, qui tout en rappelant qu’au départ, pour les artistes, « vitupérer contre la tour […] était un brevet de sensibilité littéraire et artistique », souligne l’intérêt scientifique et militaire qui a ensuite été reconnu à la tour (La Tour, Javel et les Bélandres, Villes, in Œuvres complètes), enfin dernièrement, Pascal Lainé aborde l’histoire de la conception, de la construction et des premières années d’exploitation de la tour à travers une narration romancée (Le Mystère de la tour Eiffel, 2005). En cela, il se rapproche de Dino Buzzati, qui dans Le K., mettait en scène un ouvrier fictif qui aurait travaillé sur le chantier de la tour en 1887-1889. Néanmoins, Buzatti procède différemment de Lainé, son texte étant une nouvelle, pas un roman, et le ton utilisé étant fantastique et non réaliste comme pour Pascal Lainé.
235
+
236
+ En poésie, Guillaume Apollinaire en a fait un calligramme souvenir de guerre, dans 2e canonnier conducteur du recueil Calligrammes (1918), et l'évoque dans un vers de Zone en 1913, vers que René Étiemble considère, dans Essais de littérature (vraiment) générale, comme un exemple d’haïku occidental (« Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin »).
237
+
238
+ Le monument du Champ-de-Mars a également été traité sous des formes particulières : journal (Jules de Goncourt et Edmond de Goncourt, Journal, tome VIII, 6 mai et 2 juillet 1889), récit de voyage (Guy de Maupassant, La vie errante, 1890), où l’écrivain dit son dégoût de la tour Eiffel (Dès les premières lignes, le ton est donné : « J’ai quitté Paris et même la France, parce que la tour Eiffel finissait par m’ennuyer trop »), étude sémiologique (Roland Barthes, La Tour Eiffel, 1964), mais aussi préface de livres, discours à une conférence, article dans une revue, etc.
239
+
240
+ La tour est également largement évoquée dans le roman d'Umberto Eco Le Pendule de Foucault, publié en 1988 ; le chapitre 116 lui est presque entièrement consacré.
241
+
242
+ Dès que l'ingénierie cinématographique commença à se développer, la tour Eiffel fut filmée par les cinéastes les plus illustres. Ainsi, dès 1897, soit seulement 8 ans après son inauguration, Louis Lumière filme le premier l'édifice dans Panorama pendant l'ascension de la tour Eiffel pour le diffuser au public dans sa salle de projection parisienne. Un autre pionnier du cinéma, Georges Méliès, la montrera dans Images de l'exposition 1900.
243
+
244
+ La tour Eiffel trouve sa première consécration dans une œuvre de fiction avec les premiers Fantômas de Louis Feuillade, soit 5 films d'action réalisés durant les années 1913 et 1914 (Fantômas, Juve contre Fantômas, Le mort qui tue, Fantômas contre Fantômas et Le Faux Magistrat). René Navarre qui joue Fantômas est alors le maître de la tour Eiffel.
245
+
246
+ En 1923, avec Paris qui dort, René Clair réalise la première fiction ayant la tour Eiffel pour personnage principal. Dans ce court film (35 minutes), un scientifique plonge Paris dans le sommeil. Une poignée d'hommes et de femmes qui se réfugient dans les hauteurs de la tour Eiffel échappent au sort réservé aux autres habitants de la capitale. La tour Eiffel devient alors un lieu magique qui offre sa protection à ces heureux individus. Le réalisateur français récidivera en 1928, avec La Tour, mais cette fois-ci sous forme de documentaire. Pendant les 14 minutes que dure cette œuvre, il explore toutes les possibilités de la caméra et montre le monument sous toutes ses coutures. Par là même, il signe une sorte de déclaration d'amour à cet édifice qui l'inspire tant.
247
+
248
+ En 1930, avec La Fin du monde, Abel Gance pousse encore les recherches pour mettre en valeur l'esthétisme des structures de la tour.
249
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250
+ En 1939, le réalisateur Ernst Lubitsch connaît un des plus grands succès de sa carrière avec le film Ninotchka. La camarade russe Ninotchka, jouée par Greta Garbo, arrive en mission à Paris. En chemin vers la tour Eiffel, elle rencontre un Français (Melvyn Douglas) avec lequel elle vivra une aventure sentimentale qui prendra de plus en plus d'ampleur à chaque étage franchi de la tour. La plupart des vues de la tour Eiffel sont réalisées en studio et non sur place. La célèbre scène du cocktail associera à jamais l'image du champagne à celle de la tour Eiffel et comme l'explique le scénariste du film, Billy Wilder, à la suite de ce film, Hollywood aura tendance à adopter l'enchaînement d'une bouteille de champagne à la tour Eiffel pour chaque scène se déroulant à Paris.
251
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+ Mais avant toutes choses, la tour Eiffel deviendra au fil du temps, le symbole visuel de Paris et de la France.
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254
+ Ainsi, dès 1942, le célèbre film de Michael Curtiz, Casablanca met furtivement en scène la tour Eiffel pendant l'histoire romantique se passant à Paris entre Rick Blaine (Humphrey Bogart) et Ilsa Lund Laszlo (Ingrid Bergman). Le cinéma américain sera également très friand d'apparitions de la tour, notamment pour l'effet pratique et symbolique. Elle permet en effet de signifier en un seul plan ou une seule séquence, même courte, que l'action se situe en France ou à Paris. Ainsi, dès 1953, Byron Haskin la montre détruite dans son adaptation de La Guerre des mondes. Ce genre d'images (la tour Eiffel détruite) sera par la suite souvent utilisée dans des films américains pour signifier un danger planétaire immédiat et grave, comme en 1996 dans Independence Day et Mars Attacks! ou encore Armageddon en 1998.
255
+
256
+ Recenser de manière exhaustive les évocations de la tour dans l'art ou la culture serait impossible. La construction de la tour a accompagné le développement de certaines formes d'art, comme la photographie ou la bande dessinée. La publicité et l'industrie des loisirs ont également largement utilisé la tour, de la silhouette aux détails structurels, afin d'évoquer l'art de vivre français.
257
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258
+ Enfin, si les formes d'expression plus traditionnelles, comme le théâtre et à l'opéra, se sont librement emparées de la tour, son utilisation y est restée plus confidentielle que d'autres, plus modernes, comme les jeux vidéo ou la télévision.
259
+
260
+ À son inauguration, la tour Eiffel est la structure la plus haute au monde avec ses 300 mètres. Elle dépasse de 130 mètres la précédente plus haute structure au monde, l'obélisque de Washington, et conserve sa première place pendant environ 40 ans (la grande pyramide de Gizeh a détenu ce record pendant environ 4 000 ans), jusqu'en 1930, où elle est dépassée par le Chrysler Building, avec 319 mètres.
261
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262
+ La pierre ne permet pas de dépasser une certaine hauteur. L'obélisque de Washington en est la preuve. Il était prévu à l'origine que le monument, fait de marbre, de grès et de granit, atteigne 180 mètres de hauteur. Achevé le 6 décembre 1884, et officiellement ouvert au public le 9 octobre 1888, il mesure 169 mètres, soit 10 de moins que prévu. C'est alors la plus haute structure du monde.
263
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264
+ La technique du fer permet ensuite de dépasser cette limite. Que ce soit en Angleterre, en France ou aux États-Unis, les projets vont se multiplier pour atteindre l'objectif de 300 mètres. En 1833, Richard Trevithick, expert britannique des machines à vapeur, propose un projet de colonne en fonte ajourée, haute de 1 000 pieds (≈ 300 mètres).
265
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266
+ En France, dans les années 1880, le principal concurrent de Gustave Eiffel est Jules Bourdais, qui a imaginé et construit, avec Gabriel Davioud, le palais du Trocadéro, dans le cadre de l'exposition universelle de 1878. Bourdais imagine d'abord une tour de 300 mètres en granit, mais le projet ne prenant pas assez en compte le problème de la résistance des matériaux, ce matériau sera finalement remplacé par le fer en 1886, lors du concours qui l'oppose à Gustave Eiffel pour construire une tour de 300 mètres pour l'Exposition universelle de 1889. Si Jules Bourdais est resté connu comme un concurrent sérieux d'Eiffel, c'est qu'il a su promouvoir, comme son adversaire, son projet de tour auprès des hommes politiques, des médias et du grand public. 107 projets sont déposés lors de ce concours. Même s'ils ne semblent pas tous réalistes, cela prouve que Gustave Eiffel est loin d'être le seul ingénieur à avoir planché sur ce projet de très haute tour.
267
+
268
+ En 1889, avant que la tour Eiffel ne soit officiellement achevée, seules trois structures dépassaient 150 mètres, soit la moitié de sa hauteur : la cathédrale de Rouen (150 mètres), la cathédrale de Cologne (169 mètres) et l'obélisque de Washington (169 mètres). Avec ses 300 mètres, la tour Eiffel dépasse donc largement tous les autres grands bâtiments du monde existants à l'époque[27].
269
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270
+ Après le succès populaire pendant l’Exposition universelle de Paris de 1889 et le demi-succès de l’Exposition universelle de 1900, le nombre de visiteurs ne décollera qu’une fois la Seconde Guerre mondiale terminée.
271
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272
+ Ainsi, entre 1901 et 1914, entre 120 000 et 260 000 personnes en font l’ascension chaque année. De 1915 à 1918 inclus, elle est fermée du fait de la Première Guerre mondiale. Puis, de 1919 à 1939, la tour Eiffel attire en moyenne 480 000 visiteurs par an avec des pics à 800 000 entrées pendant l’Exposition coloniale de 1931 et l’Exposition spécialisée de 1937. Entre 1940 et 1945 inclus, elle est de nouveau fermée pour cause de Seconde Guerre mondiale.
273
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274
+ Une fois cette période passée, le nombre de visiteurs annuels ne cessera d’augmenter : 1 300 000 en moyenne de 1946 à 1962 et ce n’est véritablement qu’à partir de 1963 que les entrées se développent, notamment grâce à l’essor du tourisme international. En effet, en 1963, la tour Eiffel repasse pour la première fois le cap des 2 millions de visiteurs, soit le même que pour son année inaugurale soixante-quatorze ans plus tôt, à la différence majeure que cette fois-ci, ce cap symbolique de 2 millions d’entrées sera amélioré chaque année. En 1972 le cap des 3 millions d’entrées est dépassé, en 1984 c’est celui des 4 millions, en 1989 celui des 5 millions, et enfin en 1998 celui des 6 millions.
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276
+ À l’heure actuelle, ce sont donc plus de 300 millions de visiteurs qui ont foulé de leurs pieds la tour Eiffel (palier atteint le 28 septembre 2017)[4].
277
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278
+ D'après l'Observatoire régional du tourisme d'Île-de-France, la tour Eiffel est le cinquième monument le plus visité d'Île-de-France en 2004 avec 6 229 993 visiteurs, derrière Notre-Dame de Paris (12 800 000 visiteurs), Disneyland Paris (12 400 000), la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (8 millions) et le musée du Louvre (6 600 398)[28].
279
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280
+ Propriété de l'État français pendant l'Exposition universelle de 1889, la tour Eiffel est ensuite devenue propriété de la ville de Paris (Article 11 de la convention du 8 janvier 1887). Selon ce même article, Gustave Eiffel devient (en son nom propre) l'exploitant de la tour Eiffel. Il possède la jouissance commerciale de la tour pour une durée de vingt ans, du 1er janvier 1890 au 31 décembre 1909, après quoi, l'édifice est susceptible d'être détruit. Devant l'intérêt scientifique reconnu au monument, Gustave Eiffel obtient une prolongation de son autorisation d'exploiter commercialement la tour Eiffel, à partir du 1er janvier 1910 et pour une période de 70 ans supplémentaires.
281
+
282
+ La gestion du monument a ensuite été confiée, de 1980 à 2005, à la Société nouvelle d'exploitation de la tour Eiffel (SNTE), société d'économie mixte détenue à 30 % par Paris et à 70 % par la SAGI (Société anonyme de gestion immobilière), elle-même détenue à hauteur de 60 % par Perexia, une filiale du Crédit foncier de France (Groupe Caisse d'épargne) et à 40 % par Paris.
283
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284
+ Le 13 décembre 2005, le conseil de Paris décide la création d'une nouvelle société d'économie mixte, la Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE), détenue à hauteur de 60 % par Paris et à 40 % par des partenaires privés (BTP Eiffage, Unibail, LVMH, Dexia Crédit local et EDF), pour prendre le relais de la SNTE dans la gestion du monument dans le cadre d'une délégation de service public[30]. Cette société doit être l'exploitant de la tour du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2015.
285
+
286
+ En 2011, l'exploitation de la tour Eiffel donne du travail à plus de 500 personnes, dont plus de 250 directement employés par la SETE[o 1]. De nos jours, l'exploitation de la tour Eiffel est rentable. Ainsi, l'édifice est un des rares monuments français, sinon le seul, à avoir une réalité économique puisqu'elle ne fait appel à aucune subvention.[réf. nécessaire]
287
+
288
+ La tour Eiffel a coûté 7,8 millions de francs-or. L'État français a versé 1,5 million de francs-or sous forme de subventions et une société anonyme a été spécialement créée à l'occasion de l'édification de la tour, avec un capital de 5,1 millions de francs-or. Cette société était détenue pour partie par Gustave Eiffel lui-même et pour partie par un consortium de trois banques. Les bénéfices obtenus à l'issue de l'Exposition universelle de 1889 ont permis de rembourser intégralement le capital aux actionnaires.
289
+
290
+ Selon une étude conduite par la Chambre de commerce italienne de Monza et Brianza en 2012, qui a évalué les monuments d'Europe les plus célèbres, la tour Eiffel aurait une image de marque d'une valeur virtuelle de 434 milliards d'euros, loin devant le Colisée de Rome (91 milliards d'euros) et la Sagrada Família de Barcelone (90 milliards d'euros)[31],[32].
291
+ Selon l'étude historico-immobilière "Que vaut Paris ?" publiée en 2013, la Tour Eiffel vaudrait 2,8 milliards d'euros comparés à 7,5 milliards pour Le Louvre et 525 milliards pour l'ensemble des logements parisiens[33].
292
+
293
+ Les textes désignant les exploitants de la tour Eiffel sont les suivants :
294
+
295
+ Dès 1889, la tour Eiffel fait l'objet de très nombreuses reproductions, on la retrouve par exemple sur des bouteilles, des bougies, des chromos, des pieds de lampe, etc.
296
+
297
+ Gustave Eiffel envisage alors d'exploiter commercialement l'image de sa tour. Jules Jaluzot, directeur du Printemps, lui propose même de lui racheter les droits exclusifs de reproduction pour fabriquer des copies en série et les vendre dans son magasin. Mais l'initiative provoque un tollé de nombreux artisans et Gustave Eiffel renonce à son idée initiale en abandonnant ses droits d'auteur dans le domaine public.
298
+
299
+ Ainsi, Gustave Eiffel s'est privé d'une source de revenus importante. L'exploitation commerciale de l'image sur les cartes postales représentant la tour Eiffel aurait pu lui rapporter beaucoup d'argent.[réf. nécessaire] Avec plus de 5 milliards d'unités, en cumulé depuis 1889, les cartes postales représentant le monument sont les plus vendues au monde[34]. Mais Gustave Eiffel a une importante fortune personnelle et la seule exploitation commerciale des entrées lui rapporte suffisamment.[réf. nécessaire]
300
+
301
+ La Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE) revendique des droits sur la publication de la tour illuminée, sans que cela soit confirmé par un jugement[35], en s'appuyant sur une décision de la Cour de cassation du 3 mars 1992 relative à des illuminations mises en place en 1989, pour le centenaire de la tour. Selon la Cour, le spectacle son-et-lumière La Mode en images, et notamment « la composition de jeux de lumière destinés à révéler et à souligner les lignes et les formes du monument constituait une « création visuelle » originale, et, partant, une œuvre de l'esprit[36]. »
302
+
303
+ De 2008 à 2014, l’ascenseur du pilier ouest est rénové pour un coût global estimé à 36 millions d'euros[37].
304
+
305
+ La 19e campagne de peinture de la tour a lieu de 2009 à 2010[38].
306
+
307
+ En 2010, un modèle numérique de la tour a été réalisé par le Centre technique des industries mécaniques en collaboration avec DEKRA, pour la Société d'exploitation de la tour Eiffel. Grâce à ce modèle, il est possible de simuler le comportement de la structure en fonction des efforts appliqués (vent, gel, neige, poids des visiteurs), ou d'anticiper les conséquences des modifications et de mieux planifier l'entretien[39].
308
+
309
+ En 2012 et 2013, le premier étage de la tour est rénové par l'agence Moatti-Rivière. À cette occasion, le bord intérieur de l'étage sera prolongé par des dalles transparentes bordées par un garde-corps vitré, afin de donner une vue sur le sol[40]. Cette opération, financée en totalité par la Société d'exploitation de la tour Eiffel, a pour but d'augmenter la fréquentation du 1er étage, les visiteurs ayant tendance à préférer les autres étages[40]. La salle de réception et de conférence Gustave-Eiffel sera détruite puis reconstruite, afin de la moderniser et d'améliorer la vue depuis l'intérieur[40]. Le pavillon Ferrié sera également détruit puis reconstruit[40].
310
+
311
+ En 2018, la tour Eiffel doit faire l'objet d'un lifting qui est compliqué par la présence de plomb[41].
312
+
313
+ La tour Eiffel est régulièrement animée par des jeux de lumière[o 6]. Dès 1888, avant même son achèvement, des feux d’artifices étaient tirés depuis le deuxième étage, et encore maintenant, il est le lieu de rendez-vous des Parisiens à chaque fête nationale française.
314
+
315
+ En 1889, et dans un premier temps, les éclairages de la tour se font à l'aide de 10 000 becs de gaz, mais dès l’Exposition universelle de 1900, qui se tient à Paris, ils se font à l’électricité.
316
+
317
+ En 1925, André Citroën fait installer par Fernand Jacopozzi une énorme publicité lumineuse pour sa marque, s’étendant en hauteur. Les illuminations par 250 000 ampoules en six couleurs figurent neuf tableaux, le dernier étant le nom « Citroën » avec un lettrage stylisé version Art déco. Elle reste en place jusqu'en 1933 bien que la commune ait multiplié par six sa taxe en 1926.
318
+
319
+ En 1937, pour l’Exposition internationale des arts appliqués, André Granet conçoit un nouvel éclairage mettant en valeur la structure en dentelle de la tour.
320
+
321
+ Pour le passage à l'an 2000, la tour a été équipée d'un faisceau lumineux tournant à la manière d’un phare rappelant ainsi le projet initial de Gustave Eiffel. En outre, sur toute la hauteur de la tour, un système de 20 000 flashes est venu compléter l'éclairage habituel. Ces 20 000 ampoules à baïonnettes crépitaient tous les jours pendant dix minutes à midi, et de la tombée de la nuit à une heure du matin, en plus de l’éclairage doré habituel, elles s’illuminaient pendant cinq minutes à chaque nouveau passage d’heure. Enfin, à une heure du matin, pour clore le spectacle, les ampoules brillaient pendant dix minutes, mais cette fois-ci seules, c’est-à-dire sans l’éclairage habituel de la tour.
322
+
323
+ Certaines illuminations célèbrent des événements d'une portée plus internationale. Par exemple, de nouvelles illuminations apparaissent le 22 janvier 2004 pour célébrer le nouvel an chinois à Paris. De juillet à décembre 2008, à l'occasion de la présidence française du conseil de l'Union européenne, la tour Eiffel fut éclairée en bleu et, entre le premier et le second étage, 12 lumières en forme d'étoiles furent installées pour évoquer le drapeau européen. Elle est illuminée en vert le 30 novembre 2015 à l'occasion de l'ouverture à Paris de la COP21.
324
+
325
+ Depuis peu, les illuminations s'accordent avec l'actualité : dans la nuit du 14 au 15 novembre 2015, les éclairages de la tour s'éteignent, en signe de deuil, après les attentats survenus la veille[42]. Puis, du 16 au 18 novembre, la face nord-ouest de la tour est éclairée des couleurs tricolores[43]. Ces illuminations sont, par la suite, prolongées jusqu'au 25 novembre[44]. Elle est également illuminée aux couleurs du drapeau belge le 22 mars 2016, après que des attentats ont frappé le pays.
326
+
327
+ Le soir du 26 septembre 2019, la tour Eiffel est éteinte après la mort de l'ancien président de la République Jacques Chirac[45].
328
+
329
+ La tour pendant l'exposition universelle de 1900.
330
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331
+ La tour arborant la publicité « Art déco » imaginée par André Citroën en 1925.
332
+
333
+ La tour illuminée par le feu d'artifice du 14 juillet 2005
334
+
335
+ Tour Eiffel aux couleurs de l'euro (€) en 2008.
336
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337
+ La tour Eiffel aux couleurs nationales en hommage aux attentats de Paris du 13 novembre 2015.
338
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339
+ La tour Eiffel aux couleurs nationales belges en hommage aux attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
340
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341
+ La tour a servi de podium à quelques artistes : le 25 septembre 1962, pour le lancement du film Le Jour le plus long, Édith Piaf chante depuis le premier étage de la tour Eiffel[o 2] devant 25 000 Parisiens. En 1966, pour le lancement de la campagne mondiale contre la faim, Charles Aznavour et Georges Brassens y chantent.
342
+
343
+ Pour les événements plus spectaculaires, le monument ne peut pas accueillir les artistes : la tour ne sert que d'arrière-plan aux spectacles qui se déroulent sur le Champ de Mars . Le 14 juillet 1995, Jean-Michel Jarre donne ainsi un concert au pied de la tour Eiffel pour célébrer les 50 ans de l'UNESCO, devant plus d'un million de spectateurs[46]. Le 10 juin 2000, Johnny Hallyday y donne un concert et un spectacle pyrotechnique, devant 600 000 personnes, dont il tirera un disque : 100 % Johnny - Live à la tour Eiffel.
344
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345
+ Parmi les nombreuses répliques de la tour Eiffel, on peut citer :
346
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347
+ L'escalier hélicoïdal de 1889 reliant à l'origine le deuxième au troisième étage a été démonté en 1983 et découpé en 24 morceaux dont 20 ont été vendus aux enchères[47]. Certains de ces morceaux sont occasionnellement remis aux enchères comme en 2016, quand François Tajan a adjugé le tronçon numéro 13, d'une hauteur de 2,60 mètres et comptant 14 marches, pour la somme de 523 800 euros[48].
348
+
349
+ Le second niveau du troisième étage, appelé parfois quatrième étage, situé à 279,11 m, est la plus haute plate-forme d'observation accessible au public de l'Union européenne et la plus haute d'Europe, tant que celle de la Tour Ostankino à Moscou culminant à 360 m demeurera fermée au public, à la suite de l'incendie survenu en l'an 2000, l'observatoire du Shard de Londres se situant à 245 m et celui de la Fernsehturm de Berlin à 204 m.
350
+
351
+ Au sud-ouest du pilier ouest de la tour Eiffel, se trouve une cheminée en briques rouges, parmi des arbustes au sommet d'une fontaine et de grottes artificielles au bord d'un petit étang. Elle date de l'époque de la création de la tour en 1887. Elle servait à alimenter en énergie le chantier du pilier sud durant sa construction.
352
+
353
+ En 1925, l'escroc Victor Lustig vend la tour Eiffel pour pièces détachées et récupération, à un ferrailleur[49],[50]. Ayant lu dans la presse que celle-ci pourrait être bientôt démolie, il fabrique de faux documents à en-tête du ministère des Postes et Télégraphes, organisme alors responsable de la tour, et invite les cinq plus importantes compagnies récupératrices de métaux ferreux à l'hôtel de Crillon, place de la Concorde à Paris. Seuls sont censés être dans la confidence le président de la République, le ministre, le sous-ministre et son chef de cabinet. Se présentant comme étant ces deux derniers, Victor Lustig et son complice Dan Collins conduisent leurs invités en limousine à la tour Eiffel et la leur font visiter, puis annoncent au ferrailleur le plus crédule qu'il a remporté le marché. Celui-ci ayant payé par chèque une avance représentant le quart de la soumission, augmenté d'un pot-de-vin, les deux escrocs encaissent le chèque et s'enfuient en Autriche. Revenus à Paris retenter leur chance avec de nouveaux ferrailleurs, ils sont surveillés par la police et s'échappent en bateau à New York.
354
+
355
+ Cet exploit a été repris dans le livre (The Man Who Sold the Eiffel Tower) de James F. Johnson et Floyd Miller, paru en 1961 chez Doubleday[51], dont la traduction française (L'Homme qui vendit la tour Eiffel) a été publiée en 1963 par Calmann-Lévy[52]. En 1964, Claude Chabrol réalise un court-métrage inspiré de cette histoire, L'Homme qui vendit la tour Eiffel, dans le film à sketches Les Plus Belles Escroqueries du monde.
356
+
357
+ Comme les artistes, les sportifs ont utilisé la tour à la fois pour la publicité qu'elle permet, que pour le défi que peut représenter sa hauteur. Pour beaucoup, il s'agit d'un exploit réalisé sans l'accord préalable de la société exploitant la tour, comme les sauts à l'élastique de A. J. Hackett et Thierry Devaux, ou Taïg Khris qui établit le record du monde de saut dans le vide en roller en s'élançant d'une plate-forme située au niveau du premier étage de la tour Eiffel. D'autres sont moins risqués mais ont marqué par leur originalité, comme Sylvain Dornon qui, en 1905, monte sur des échasses les marches qui mènent au premier étage.
358
+
359
+ Des manifestations sportives ont aussi marqué l'histoire de la tour. Le 26 novembre 1905, le quotidien Les Sports organise le « championnat de l'escalier » regroupant 227 concurrents. Le vainqueur, un laitier du nom de Forestier, grimpe les 729 marches menant au deuxième étage en 3 min 12 s[53].
360
+
361
+ En avril 1900, Henry Deutsch de la Meurthe offre un prix de 100 000 francs à la première machine volante capable de réaliser, avant octobre 1904, le trajet aller-retour de Saint-Cloud à la tour Eiffel en moins de 30 minutes. 19 octobre 1901, Alberto Santos-Dumont parcourt ce trajet en 30 min 42 s, avec son ballon dirigeable no 6, et remporte le prix. En 1944, peu avant le débarquement en Normandie, un pilote américain du 357th Fighter Group, William Overstreet, Jr., aux commandes d'un P-51 Mustang passe sous les arches de la tour Eiffel pour abattre un Messerschmitt Bf 109. Ce dernier, touché à plusieurs reprises par le Mustang, tenta de survoler Paris pour le faire abattre par la Flak[54].
362
+
363
+ La tour Eiffel n’a connu qu'un seul accident mortel durant sa construction[55].
364
+
365
+ Le 4 février 1912, Franz Reichelt, un jeune tailleur parisien de 33 ans d’origine autrichienne, décide de sauter du premier étage de la tour Eiffel, soit à quelque cent mètres de hauteur, muni d’une voilure de son invention, une combinaison-parachute en toile caoutchoutée avec ailes d'une surface portante de douze mètres carrés, et de se filmer. Il s’écrase au sol, après avoir déjoué la vigilance des policiers qui s'attendaient à un essai avec un mannequin[56]. L’autopsie montre qu'il est mort d’une crise cardiaque, avant d’avoir touché le sol[57].
366
+
367
+ Le 24 février 1926, à la suite d'un pari avec un Américain, Léon Collot, jeune lieutenant de réserve de 32 ans du camp d’Orly, décide de faire passer son avion Breguet 19 entre les pieds ouest et nord de la tour Eiffel ; malheureusement, à la suite de son passage réussi, il se tue en heurtant une antenne TSF[58].
368
+
369
+ Le 20 mars 1928, un essai de parachute à la tour Eiffel, alors que cette pratique est totalement interdite depuis 1912, va mal tourner, provoquant la mort de Marcel Gayet, un bijoutier de 35 ans, qui va chuter de 80 mètres avant de s'écraser au sol, son parachute ne s'étant pas ouvert, alors qu'il a sauté du 1er étage de la tour. Le mauvais pliage de son parachute serait en cause[59].
370
+
371
+ En 2006, selon le Quid, il y avait eu 366 morts depuis l'inauguration de la tour, tous motifs confondus : défis sportifs ratés, accidents, suicides, etc.[34]. Depuis plusieurs décennies, la société exploitant le monument a mis en place un système de filets de sécurité empêchant les accidents et dissuadant les aventuriers. Malgré cela, certains arrivent encore à passer outre et à braver le danger. Ce fut le cas le 17 mai 2005, lorsqu’un Norvégien de 31 ans se tua vers 22 h en voulant sauter en parachute du deuxième étage. Malgré les protections, il réussit à s'élancer de la tour mais heurta peu après les structures du premier étage, mourant sur le coup[60],[61]. Le dernier en date, un Israélien, s'est suicidé le 24 juin 2012 en sautant dans le vide après avoir escaladé la tour jusqu'au-dessus du deuxième étage.
372
+
373
+ Seize tuyaux de fonte de 50 cm de diamètre courant le long des quatre piliers jusque dans la couche aquifère permettent d'écouler l'électricité lorsque la tour Eiffel est frappée par la foudre[62],[63].
374
+
375
+ La tour Eiffel est l'émetteur principal de diffusion hertzienne de la région parisienne, en particulier pour les programmes de radio FM, auparavant de télévision analogique et aujourd'hui télévision numérique. De nombreuses liaisons sont également réalisées depuis les antennes disposées à son sommet. Plus d'une centaine de faisceaux hertziens assurent la transmission des signaux entre la tour et les différents opérateurs (studios, régies…).
376
+
377
+ Une trentaine de programmes FM est diffusée depuis la tour, dont :
378
+
379
+ Depuis le 31 mars 2005, la Télévision numérique terrestre (TNT) est diffusée depuis la tour Eiffel. La diffusion depuis la tour est passée au tout numérique le 8 mars 2011.
380
+
381
+ Pendant l'Euro de football 2016.
382
+
383
+ La tour Eiffel vue du Trocadéro le 31 octobre 2017.
384
+
385
+ La tour Eiffel à l'automne 2017.
386
+
387
+ Les canons à eau du Trocadéro devant la tour Eiffel.
388
+
389
+ Tour Eiffel, 2011.
390
+
391
+ La tour Eiffel vue depuis le jardin des Tuileries en 2019.
392
+
393
+ Tour Eiffel et Seine.
394
+
395
+ Sur les autres projets Wikimedia :
396
+
397
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
398
+
399
+ Pour la partie bibliographie (ouvrages écrits et catalogues d'exposition, hors DVD, bandes dessinées et sites Internet) :
fr/3213.html.txt ADDED
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+ La tour Eiffel Écouter est une tour de fer puddlé de 324 mètres de hauteur (avec antennes)[o 1] située à Paris, à l’extrémité nord-ouest du parc du Champ-de-Mars en bordure de la Seine dans le 7e arrondissement. Son adresse officielle est 5, avenue Anatole-France[2].
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+
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+ Construite en deux ans par Gustave Eiffel et ses collaborateurs pour l’Exposition universelle de Paris de 1889, et initialement nommée « tour de 300 mètres », elle est devenue le symbole de la capitale française et un site touristique de premier plan : il s’agit du troisième site culturel français payant le plus visité en 2015, avec 5,9 millions de visiteurs en 2016[3]. Depuis son ouverture au public, elle a accueilli plus de 300 millions de visiteurs[4].
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+ D’une hauteur de 312 mètres[o 1] à l’origine, la tour Eiffel est restée le monument le plus élevé du monde pendant quarante ans. Le second niveau du troisième étage, appelé parfois quatrième étage, situé à 279,11 mètres, est la plus haute plateforme d'observation accessible au public de l'Union européenne et la deuxième plus haute d'Europe, derrière la tour Ostankino à Moscou culminant à 337 mètres. La hauteur de la tour a été plusieurs fois augmentée par l’installation de nombreuses antennes. Utilisée dans le passé pour de nombreuses expériences scientifiques, elle sert aujourd’hui d’émetteur de programmes radiophoniques et télévisés.
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+
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+ Contestée par certains à l'origine, la tour Eiffel fut d'abord, à l'occasion de l'exposition universelle de 1889, la vitrine du savoir-faire technique français. Plébiscitée par le public dès sa présentation à l'exposition, elle a accueilli plus de 200 millions de visiteurs depuis son inauguration[o 2]. Sa taille exceptionnelle et sa silhouette immédiatement reconnaissable en ont fait un emblème de Paris.
10
+
11
+ Imaginée par Maurice Koechlin et Émile Nouguier, respectivement chef du bureau des études et chef du bureau des méthodes d'Eiffel & Cie[5], la tour Eiffel est conçue pour être le « clou de l'Exposition de 1889 se tenant à Paris. ». Elle salue également le centenaire de la Révolution française. Le premier plan est réalisé en juin 1884 et amélioré par Stephen Sauvestre, l’architecte en chef des projets de l'entreprise, qui lui apporte plus d'esthétique.
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+
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+ Le 1er mai 1886, le ministre du Commerce et de l'Industrie Édouard Lockroy, fervent défenseur du projet, signe un arrêté qui déclare ouvert « un concours en vue de l’Exposition universelle de 1889 »[6]. Gustave Eiffel remporte ce concours et une convention du 8 janvier 1887 fixe les modalités d'exploitation de l'édifice. Construite en deux ans, deux mois et cinq jours, de 1887 à 1889, par 250 ouvriers, elle est inaugurée, à l'occasion d'une fête de fin de chantier organisée par Gustave Eiffel, le 31 mars 1889[o 3]. Sa fréquentation s'érode rapidement ; la tour Eiffel ne connaîtra véritablement un succès massif et constant qu'à partir des années 1960, avec l'essor du tourisme international. Elle accueille maintenant plus de six millions de visiteurs chaque année.
14
+
15
+ Sa hauteur lui a permis de porter le titre de « plus haute structure du monde » jusqu'à la construction en 1930 du Chrysler Building à New York. Située sur le Champ-de-Mars, près de la Seine, dans le 7e arrondissement de Paris, elle est actuellement exploitée par la Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE). Le site, sur lequel travaillent plus de 500 personnes (dont plus de 250 directement employés par la SETE), est ouvert tous les jours de l'année[o 1].
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+
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+ La tour Eiffel est inscrite aux monuments historiques depuis le 24 juin 1964[7] et est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1991, en compagnie d'autres monuments parisiens.
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+ Panorama à 360° de Paris depuis la tour Eiffel.
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+ Voici les principales dimensions de la tour Eiffel.
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+ Les informations ci-dessous décrivent les principales données techniques de chaque étage, ainsi que les principales curiosités qui s'offrent au visiteur, une fois sur place[8].
24
+
25
+ La tour s'inscrit dans un carré de 125 mètres de côté, selon les termes mêmes du concours de 1886. Haute de 324 mètres avec ses 116 antennes, elle est située à 33,5 mètres au-dessus du niveau de la mer.
26
+
27
+ Les deux piliers situés du côté de l'École militaire reposent sur une couche de béton de 2 mètres, qui elle-même repose sur un lit de gravier, la fosse faisant en tout 7 mètres de profondeur. Les deux piliers côté Seine sont situés en dessous du niveau du fleuve. Les ouvriers travaillèrent dans des caissons métalliques étanches dans lesquels était injecté de l'air comprimé (procédé Triger).
28
+
29
+ 16 massifs de fondation soutiennent 16 arbalétriers inclinés à 54 degrés par rapport au sol[a 1], qui forment les arêtes des quatre piliers. D'énormes boulons d'ancrage de 7,80 mètres de long fixent un sabot en fonte, qui contient un contre-sabot en acier moulé, lequel sert d'appui à l'arbalétrier. Durant les travaux, un vérin hydraulique amovible placé entre le sabot et le contre-sabot permettait de les faire coulisser de quelques centimètres l'un par rapport à l'autre, et éventuellement d'ajuster les cales en fer qui règlent leur espacement. Ce dispositif, ajouté aux boîtes à sable des pylônes provisoires soutenant les parties hautes des arbalétriers durant les travaux, permettait au contremaître de montage d'effectuer les réglages nécessaires, en particulier lors du raccordement des quatre piliers avec les poutres horizontales du premier étage, tout en parant à l'éventualité d'un tassement des maçonneries ou du sol[a 2].
30
+
31
+ Suivant les calculs des ingénieurs, la pression sur les sommiers en pierre de taille de Château-Landon placés directement sous les sabots est de 18,70 kg/cm2, compte tenu des efforts dus à la fois au poids de la tour et aux vents. La pression exercée sur les fondations de béton sur le sol, composé de sable et de gravier, n'est plus que de 4,9 à 5,3 kg/cm2 suivant les piliers[a 3].
32
+
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+
34
+
35
+ Le Champ de Mars étant orienté du sud-est au nord-ouest, chacun des quatre piliers est orienté en direction d'un point cardinal. Les bases des quatre piliers sont abritées dans des soubassements carrés de 25 mètres de côté et de 4 mètres de hauteur, composés d'une ossature en fer et de pierres factices en béton comprimé. Ils furent réalisés du 28 septembre 1888 au 4 janvier 1889[a 4].
36
+
37
+ De nos jours, les caisses pour l'achat des billets occupent les piliers nord et ouest, les ascenseurs sont accessibles depuis les piliers est et ouest. Les escaliers (ouverts au public jusqu'au deuxième étage, et comprenant au total 1 665 marches jusqu'au sommet) sont accessibles depuis le pilier est. Et enfin, le pilier sud comprend un ascenseur privé, réservé au personnel et aux clients du restaurant gastronomique Le Jules Verne, situé au deuxième étage.
38
+
39
+ Tendus entre chacun des quatre piliers, les arcs s'élèvent à 39 mètres au-dessus du sol et ont un diamètre de 74 mètres. Bien que très richement décorés sur les croquis initiaux de Harry Bellod, ils le sont beaucoup moins de nos jours. Leur rôle est « purement décoratif »[a 1].
40
+
41
+ Situé à 57 mètres au-dessus du sol, d'une superficie de 4 220 mètres carrés environ, il peut supporter la présence simultanée d'environ 2 500 personnes.
42
+
43
+ Une galerie circulaire fait le tour du premier étage et permet d'embrasser une vue à 360° sur Paris. Cette galerie est ponctuée de plusieurs tables d'orientation et longues-vues permettant d'observer les monuments parisiens. Face à l'extérieur sont inscrits en lettres d'or les noms de soixante-douze personnalités du monde scientifique des XVIIIe et XIXe siècles (Français ayant vécu entre 1789 et 1889).
44
+
45
+ Ce premier étage abrite le restaurant 58 Tour Eiffel qui s'étend sur deux niveaux. Celui-ci offre d'un côté, une très belle vue panoramique sur Paris, et de l'autre, une vue sur l'intérieur de la tour.
46
+
47
+ On peut également voir certains vestiges liés à l'histoire de la tour Eiffel, notamment un tronçon de l'escalier en colimaçon qui, à l'origine du monument, montait jusqu'au sommet. Cet escalier a été démonté en 1986, lors des très importants travaux de rénovation de la tour. Il a été ensuite découpé en 22 tronçons dont 21 ont été vendus aux enchères, et achetés pour la plupart par des collectionneurs américains.
48
+
49
+ Enfin, un observatoire des mouvements du sommet permet de retracer les oscillations de la tour sous l'effet du vent et de la dilatation thermique. Gustave Eiffel avait exigé qu'elle puisse supporter une amplitude de 70 centimètres, ce qui ne fut jamais le cas puisque dans les faits, lors de la canicule de 1976, l'amplitude de l'oscillation a été de 18 cm et de 13 cm lors de la tempête de fin décembre 1999 (vent de 240 km/h). Pierre Affaticati et Simon Pierrat ont d'ailleurs su remédier à ce problème d'amplitude en 1982 en incorporant des matériaux composites à l'armature connexe. Une des particularités de la tour est qu'elle « fuit le Soleil ». En effet la chaleur étant plus importante du côté ensoleillé, le fer se dilate de ce côté et le sommet s'oriente légèrement à l'opposé.
50
+
51
+ Situé à 115 mètres au-dessus du sol, d'une superficie de 1 650 mètres carrés environ, il peut supporter la présence simultanée d'environ 1 600 personnes.
52
+
53
+ C'est de cet étage que la vue est la meilleure, l'altitude étant optimale par rapport aux bâtiments en contrebas (au troisième étage, ils sont moins visibles) et à la perspective générale (nécessairement plus limitée au premier étage).
54
+
55
+ À travers le plancher, des hublots vitrés ont été installés afin de permettre une vue plongeante sur le sol en contrebas. Des grillages métalliques de protection sont présents afin d'empêcher toute tentative de saut dans le vide, qu'il s'agisse d'un suicide ou d'un exploit sportif.
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+
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+ Le restaurant Le Jules Verne est un restaurant gastronomique d'une capacité de 95 couverts, d'un 16/20 et trois toques au guide Gault et Millau, et référencé parmi les adresses de Relais & Châteaux. Le restaurant a été repris par Frédéric Anton et a rouvert ses portes en juillet 2019 après 10 mois de travaux, coordonnés par l'architecte d'intérieur Aline Asmar d'Amman. Un ascenseur « privé » (il sert aussi au personnel d'entretien de la tour), situé dans le pilier sud, mène directement à une plate-forme d'environ 500 m2, à exactement 123 mètres de hauteur.
58
+
59
+ Situé à 276,13 mètres au-dessus du sol, d'une superficie de 350 mètres carrés, il peut supporter la présence simultanée d'environ 400 personnes.
60
+
61
+ L'accès se fait obligatoirement par un ascenseur (l'escalier est interdit au public à partir du deuxième étage) et donne sur un espace fermé ponctué de tables d'orientation. En montant quelques marches, le visiteur arrive ensuite sur une plate-forme extérieure, parfois dénommée « quatrième étage » culminant à près de 279 m.
62
+
63
+ On peut apercevoir à cet étage une reconstitution du type « musée de cire » montrant Gustave Eiffel recevant Thomas Edison, qui renforce l'idée selon laquelle Gustave Eiffel aurait utilisé l'endroit comme bureau. La réalité historique est différente : l'endroit a d'abord été occupé par le laboratoire météorologique, puis dans les années 1910 par Gustave Ferrié pour ses expérimentations de TSF.
64
+
65
+ Tout en haut de la tour, un mât de télédiffusion a été installé en 1957, puis complété en 1959 pour couvrir environ 10 millions de foyers en programmes hertziens. Le 17 janvier 2005, le dispositif a été complété par le premier émetteur TNT français, portant à 116 le nombre d'antennes de télédiffusion et radiodiffusion de l'ensemble.
66
+
67
+ Dès la première exposition universelle (Great Exhibition of the Works of Industry of All Nations, Londres, 1851), les gouvernants s'aperçoivent que derrière l'enjeu technologique se profile une vitrine politique dont il serait dommage de ne pas profiter. En démontrant son savoir-faire industriel, le pays accueillant l'exposition signifie son avance et sa supériorité sur les autres puissances européennes qui règnent alors sur le monde.
68
+
69
+ Dans cette optique, la France accueille à plusieurs reprises l'Exposition universelle, comme en 1855, 1867 et 1878. Jules Ferry, président du conseil de 1883 à 1885, décide de relancer l'idée d'une nouvelle exposition universelle en France. Le 8 novembre 1884, il signe un décret instituant officiellement la tenue d'une exposition universelle à Paris, du 5 mai au 31 octobre 1889. L'année choisie n'est pas innocente, puisqu'elle symbolise le centenaire de la Révolution française.
70
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71
+ C'est aux États-Unis que naît l'idée d'une tour de 300 mètres : lors de l'exposition universelle de Philadelphie en 1876, les ingénieurs américains Clarke et Reeves imaginent un projet de pylône cylindrique de 9 mètres de diamètre maintenu par des haubans métalliques, ancrés sur une base circulaire de 45 mètres de diamètre, d'une hauteur totale de 1 000 pieds (environ 300 mètres)[9]. Faute de financement[10], ce projet ne voit pas le jour, mais il est décrit en France dans la revue Nature.
72
+
73
+ À partir d'une idée émise aux États-Unis de « tour-soleil » en fer éclairant Paris, l’ingénieur français Sébillot et l’architecte Jules Bourdais, qui a été à l’origine du Palais du Trocadéro pour l’exposition universelle de 1878, conçoivent un projet de « tour-phare » en granit, haute de 300 mètres. Cette tour, concurrente de celle de Gustave Eiffel, connaît plusieurs versions, mais ne sera jamais construite.
74
+ Parmi les projets examinés, celui de Clarke et Reeves était le plus réalisable. Il restait à Eiffel à construire la première tour à partir de ces proportions[11].
75
+
76
+ En juin 1884, deux ingénieurs des entreprises Eiffel, Maurice Koechlin et Émile Nouguier, respectivement chef du bureau d’études et chef du bureau des méthodes, se penchent à leur tour sur un projet de tour métallique de 300 mètres. Ils espèrent pouvoir en faire le clou de l’Exposition de 1889.
77
+
78
+ Le 6 juin, Maurice Koechlin dessine le premier croquis de l’édifice. Le dessin représente un haut pylône de 300 mètres, où les quatre piles incurvées, se rejoignant au sommet, sont reliées par des plates-formes tous les 50 mètres. Gustave Eiffel voit cette esquisse, dit ne pas s’y intéresser, mais concède toutefois à ses concepteurs l’autorisation de poursuivre l’étude.
79
+
80
+ Stephen Sauvestre, architecte en chef des entreprises Eiffel, est sollicité et redessine complètement le projet pour lui donner une autre envergure : il rajoute de lourds pieds en maçonnerie et consolide la tour jusqu’au premier étage par le truchement d’arcs, réduit le nombre de plates-formes de cinq à deux, surplombe la tour d’une « coiffe » la faisant ressembler à un phare, etc.
81
+
82
+ Cette nouvelle mouture du projet est à nouveau présentée à Gustave Eiffel qui, cette fois-ci, se montre enthousiasmé. À tel point qu’il dépose, le 18 septembre 1884, en son nom et ceux de Koechlin et Nouguier, un brevet « pour une disposition nouvelle permettant de construire des piles et des pylônes métalliques d’une hauteur pouvant dépasser 300 mètres ». Et bien vite, il rachètera les droits de Koechlin et Nouguier, pour détenir les droits exclusifs sur la future tour, qui, par voie de conséquence, portera son nom.
83
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84
+ Gustave Eiffel n'a donc pas conçu le monument, mais s'est appliqué à faire connaître son projet auprès des gouvernants, des décideurs et du grand public, pour pouvoir construire la tour, puis, une fois que cela fut fait, à en faire, aux yeux de tous, plus qu’un simple défi architectural et technique ou encore un objet purement esthétique (ou inesthétique selon certains). Il a aussi financé avec ses propres fonds quelques expériences scientifiques menées directement sur ou depuis la tour Eiffel, qui auront permis de la pérenniser.
85
+
86
+ En 1885, le projet est présenté à la Société des Ingénieurs Civils, pour un devis initial total de 3 155 000 francs incluant fondations, ascenseurs et leurs moteurs[12].
87
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88
+ Pour commencer, il va s’employer à convaincre Édouard Lockroy, le ministre de l’Industrie et du Commerce de l’époque, de lancer un concours ayant pour objet « d’étudier la possibilité d’élever sur le Champ-de-Mars une tour en fer à base carrée de 125 mètres de côté à la base et de 300 mètres de hauteur ». Les modalités de ce concours, qui a lieu en mai 1886, ressemblent beaucoup au projet défendu par Gustave Eiffel, même si ce dernier ne les a pas écrites. Grâce à cette similitude, son projet a de grandes chances d’être retenu pour figurer à l’Exposition universelle qui se tient trois ans plus tard[13]. Encore faut-il convaincre que l’objet n’est pas purement un bâtiment d’agrément et qu’il peut remplir d’autres fonctions. En mettant en avant l’intérêt scientifique qui peut être retiré de sa tour, Eiffel marque des points.
89
+
90
+ L’issue du concours n’est pourtant pas acquise d’avance à Eiffel. La concurrence est rude avec 107 projets déposés. Gustave Eiffel gagne finalement ce concours, l’autorisant à construire sa tour pour l’Exposition universelle de 1889, juste devant Jules Bourdais qui avait entre-temps, troqué le granit pour le fer.
91
+
92
+ Deux problèmes se posent alors : le système d’ascenseurs qui ne satisfait pas le jury du concours, obligeant Eiffel à changer de fournisseur, et l’emplacement du monument. Au début, il est envisagé de lui faire enjamber la Seine ou de le coller à l'Ancien Palais du Trocadéro, situé à l'emplacement de l'actuel palais de Chaillot, avant finalement de décider de la placer directement sur le Champ-de-Mars, lieu de l’Exposition, et d’en faire une sorte de porte d’entrée monumentale.
93
+
94
+ L’emplacement, mais aussi les modalités de construction et d’exploitation font l’objet d’une convention signée le 8 janvier 1887 entre Édouard Lockroy, ministre du Commerce, agissant au nom de l’État français, Eugène Poubelle, préfet de la Seine, agissant ici au nom de la ville de Paris et Gustave Eiffel, agissant en son nom propre[14]. Cet acte officiel précise notamment le coût prévisionnel de la construction, soit 6,5 millions de francs de l’époque, au double du devis initial[15], payés à hauteur de 1,5 million de francs par des subventions (article 7) et pour le reste par une société anonyme ayant pour objet spécifique l’exploitation de la tour Eiffel, créée par Gustave Eiffel et financée par l’ingénieur et un consortium de trois banques. L’écrit précise aussi le prix des entrées qui devra être pratiqué durant l’Exposition universelle (article 7), et que, à chaque étage, une salle spéciale, devra être réservée, pour mener des expériences scientifiques et/ou militaires, restant gratuitement à disposition pour les personnes désignées par le Commissaire général (article 8), etc. Enfin, l’article 11 stipule qu'après l’Exposition, Paris deviendra propriétaire de la tour, mais que M. Eiffel, comme complément du prix des travaux, en conservera la jouissance pendant 20 ans — jusqu'au 31 décembre 1909 — délai au bout duquel elle appartiendra à la ville de Paris.
95
+
96
+ Aperçu des différentes étapes de la construction de la tour Eiffel :
97
+
98
+ 18 juillet 1887 : commencement du montage métallique de la pile no 4.
99
+
100
+ 7 décembre 1887 : montage de la partie inférieure sur les pylônes en charpente.
101
+
102
+ 20 mars 1888 : montage des poutres horizontales sur l'échafaudage du milieu.
103
+
104
+ 15 mai 1888 : montage des piliers au-dessus du premier étage.
105
+
106
+ 21 août 1888 : montage de la deuxième plate-forme.
107
+
108
+ 26 décembre 1888 : montage de la partie supérieure.
109
+
110
+ 15 mars 1889 : montage du campanile.
111
+
112
+ Fin mars 1889 : vue générale de l'ouvrage achevé.
113
+
114
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
115
+
116
+ Initialement, Gustave Eiffel (ingénieur passé maître dans l'architecture du fer) avait prévu douze mois de travaux ; en réalité, il faudra en compter le double. La phase de construction qui débute le 28 janvier 1887, s’achèvera finalement en mars 1889, juste avant l’ouverture officielle de l’Exposition universelle.
117
+
118
+ Sur le chantier, le nombre d’ouvriers ne dépassera jamais 250. C’est que, en fait, une grande partie du travail est fait en amont, dans les usines des entreprises Eiffel à Levallois-Perret. Ainsi, sur les 2 500 000 rivets que compte la tour, seulement 1 050 846 ont été posés sur le chantier, soit 42 % du total. La plupart des éléments sont assemblés dans les ateliers de Levallois-Perret, au sol, par tronçons de cinq mètres, avec des boulons provisoires, et ce n’est qu’après, sur le chantier, qu’ils sont définitivement remplacés par des rivets posés à chaud.
119
+
120
+ La construction des pièces et leur assemblage ne sont pas le fruit du hasard. Cinquante ingénieurs exécutent pendant deux ans 5 300 dessins d’ensemble ou de détails, et chacune des 18 038 pièces en fer possédait son schéma descriptif.
121
+
122
+ Sur le chantier, dans un premier temps, les ouvriers s’attaquent à la maçonnerie en réalisant notamment d’énormes socles en béton soutenant les quatre piliers de l’édifice. Cela permet de minimiser la pression au sol de l’ensemble qui n'exerce qu'une très faible poussée de 4,5 kg/cm2 au niveau de ses fondations.
123
+
124
+ Le montage de la partie métallique proprement dite commence le 1er juillet 1887. Les hommes chargés de ce montage sont nommés les voltigeurs et sont dirigés par Jean Compagnon. Jusqu’à 30 mètres de hauteur, les pièces sont montées à l’aide de grues pivotantes fixées sur le chemin des ascenseurs. Entre 30 et 45 mètres de hauteur, 12 échafaudages en bois sont construits. Une fois passés les 45 mètres de hauteur, il fallut édifier de nouveaux échafaudages, adaptés aux poutres de 70 tonnes qui furent utilisées pour le premier étage. Est ensuite venue l’heure de la jonction de ces énormes poutres avec les quatre arêtes, au niveau du premier étage. Cette jonction a été réalisée sans encombre le 7 décembre 1887 et a rendu inutiles les échafaudages temporaires, remplacés dans un premier temps par la première plate-forme (57 mètres), puis, à partir d’août 1888, par la seconde plate-forme (115 mètres).
125
+
126
+ En septembre 1888, alors que le chantier est déjà bien avancé et le deuxième étage construit, les ouvriers se mettent en grève. Ils contestent les horaires de travail (9 heures en hiver et 12 heures l’été), ainsi que leur salaire considéré insuffisant eu égard aux risques pris. Gustave Eiffel argue du fait que le risque n’est pas différent qu’ils travaillent à 200 mètres d’altitude ou à 50, et bien que les ouvriers soient déjà mieux rémunérés que la moyenne de ce qui se pratiquait dans ce secteur à l’époque, il leur concède une augmentation de salaire, tout en refusant de l’indexer sur le facteur « risque variable selon la hauteur » demandé par les ouvriers. Trois mois plus tard, une nouvelle grève éclate mais cette fois-ci, Eiffel tient tête et refuse toute négociation.
127
+
128
+ En mars 1889, le monument est achevé à temps et aucun accident mortel n'a été déploré parmi les ouvriers (un ouvrier y trouve toutefois la mort un dimanche ; il ne travaillait pas et perd l'équilibre lors d'une démonstration à sa fiancée).
129
+
130
+ La Tour Eiffel a coûté 7 799 401.31 francs[16] soit environ 1,5 million de francs de plus que prévu, et a pris le double du temps à être construit que ce qui était initialement prévu dans la convention de janvier 1887. Cela représente aussi plus du double du devis initial d'Eiffel présenté à la Société des Ingénieurs Civils, en 1885[15]
131
+
132
+ L’édifice achevé ou presque, il reste à prévoir un moyen pour que le public monte à la troisième plate-forme. Les ascenseurs Backmann initialement prévus dans le projet présenté au concours de mai 1886, ont été rejetés par le jury, Gustave Eiffel fait appel à trois nouveaux fournisseurs : Roux-Combaluzier et Lepape (devenus Schindler), la société américaine Otis et enfin Léon Edoux qui a fait ses études dans la même promotion que Gustave Eiffel.
133
+
134
+ Le fer puddlé de la tour Eiffel a été produit dans les forges et aciéries Dupont et Fould de Pompey, en Lorraine[17]. Gustave Eiffel l'a choisi notamment en raison de ses propriétés mécaniques[18].
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136
+ Le 6 mai 1889, l’Exposition universelle ouvre ses portes au public, qui peut grimper sur la Tour de 300 mètres (nom de la tour Eiffel à cette époque) à partir du 15 mai. Alors qu’elle avait été décriée pendant sa construction, elle connaît, pendant l’Exposition, un succès populaire immédiat. Dès la première semaine, alors que les ascenseurs ne sont même pas encore en service, ce sont 28 922 personnes qui grimpent à pied en haut de l’édifice. Finalement, sur les 32 millions d’entrées comptabilisées pour l’Exposition, ce sont environ 2 millions de curieux qui s’y presseront.
137
+
138
+ Le monument, qui est alors le plus haut du monde (jusqu’en 1930 et l’édification du Chrysler Building à New York), attire aussi quelques personnalités, dont Thomas Edison.
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140
+ Mais, une fois l’Exposition finie, la curiosité retombe vite et le nombre de visiteurs avec elle. En 1899, seules 149 580 entrées sont comptabilisées. Afin de relancer l’exploitation commerciale de sa tour, Gustave Eiffel baisse le prix des billets d’entrée, sans que l’impact soit significatif. Il faut attendre l’Exposition universelle de 1900 à Paris, pour que remonte le nombre de curieux. À cette occasion, plus d’un million de tickets sont vendus, ce qui est largement supérieur aux dix années précédentes, mais bien inférieur à ce qui aurait pu être permis. En effet, non seulement les entrées sont deux fois moins nombreuses qu’en 1889, mais, en part absolue, la baisse est encore plus forte, compte tenu du fait que les visiteurs de l’Exposition universelle de 1900 sont encore plus nombreux qu’en 1889.
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142
+ La chute du nombre d’entrées reprend dès 1901, de sorte que l’avenir de la tour n’est pas assuré, passé le 31 décembre 1909, date de la fin de la concession d’origine. Certains avancent même l’idée qu’elle puisse être détruite.
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+ Le 15 juillet 1918, durant la première Guerre mondiale, un obus lancé par la Grosse Bertha explose près du pilier Est de la Tour Eiffel[20].
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+ Conscient du risque de destruction de la tour, Gustave Eiffel imagine, dès l'origine, qu'elle puisse rendre des services à la science. C’est pourquoi, il y multiplie les expériences, qu’il finance en partie, jusqu'à son retrait des affaires en 1893, après le scandale de Panama dans lequel il est impliqué.
147
+
148
+ En 1889, il autorise Éleuthère Mascart, premier directeur du Bureau central météorologique de France (ancêtre de Météo-France créé en 1878) à installer une petite station d’observation en haut de la tour Eiffel.
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+
150
+ En 1909, une petite soufflerie est construite au pied de la tour. Elle est remplacée en 1912 par une soufflerie beaucoup plus vaste, rue Boileau, dans le XVIe arrondissement, où sera conçu le seul avion de Gustave Eiffel, le Breguet Laboratoire Eiffel.
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152
+ En octobre 1898, Eugène Ducretet établit la première liaison téléphonique hertzienne entre la tour Eiffel et le Panthéon, distant de 4 kilomètres.
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154
+ En 1903, Gustave Eiffel soutient, à ses frais, le projet du capitaine Gustave Ferrié, qui cherche à établir un réseau télégraphique sans fil, sans le financement de l’Armée qui privilégie à cette époque les signaux optiques et les pigeons voyageurs, jugés plus fiables. Alors que la télégraphie sans fil n’en est qu’à ses balbutiements, il accepte l'installation d'une antenne au sommet de sa tour, l'expérience est couronnée de succès.
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156
+ La tour Eiffel a donc un potentiel scientifique qui mérite d’être exploité : les autorités décident, en 1910, de prolonger la concession et l’exploitation pour soixante-dix années supplémentaires. La tour apparaît d’autant plus utile qu’il s’agit du point le plus élevé de la région parisienne et que son émetteur de TSF aura été stratégique pendant la Première Guerre mondiale. Grâce à la tour Eiffel, plusieurs messages décisifs sont captés dont le « radiogramme de la victoire », permettant de déjouer l’attaque allemande sur la Marne, et ceux conduisant à l'arrestation de Mata Hari.
157
+
158
+ À partir des années 1920, le réseau de TSF à usage strictement militaire dont fait partie l’émetteur de la tour Eiffel bascule vers un usage civil. À partir de 1921, des programmes radio sont régulièrement diffusés depuis la tour Eiffel et Radio Tour Eiffel est officiellement inaugurée le 6 février 1922.
159
+
160
+ En 1925, la tour Eiffel sert de cadre aux débuts de la télévision en France. La technique s’améliore et des émissions, encore expérimentales, sont proposées entre 1935 et 1939.
161
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162
+ À la Libération, l'émetteur Telefunken du Fernsehsender Paris est utilisé pour les premières émissions en 441 lignes. Après son incendie, il est remplacé par un émetteur 819 lignes jusqu'à l'arrêt des émissions en noir et blanc de TF1. La télévision se répand ensuite dans les foyers, d’abord en noir et blanc, puis en couleur.
163
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164
+ En 1959, l’installation d’un nouveau mât de télédiffusion fait culminer la tour Eiffel à 320,75 mètres et arrose 10 millions de personnes. Un émetteur pour la télévision numérique terrestre est installé en 2005.
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+
166
+ La société d'exploitation change et la tour subit quelques transformations à l'occasion de l'Exposition spécialisée de 1937 : les décorations démodées du premier étage sont enlevées et un nouvel éclairage est installé.
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+ La tour est réquisitionnée par la Wehrmacht qui y installe également le seul émetteur de télévision fonctionnant en Europe pendant la guerre, le Fernsehsender Paris, pour communiquer avec les troupes. Les émissions, principalement en français, étaient destinées aux militaires allemands blessés se trouvant dans les hôpitaux de la région. Les Allemands placent un faisceau lumineux dans la tour pour guider les avions, dans la nuit. Après avoir échappé à la destruction prévue par Hitler en 1944, elle passe, à la Libération, sous contrôle allié et les Américains y installent un radar.
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+ En 1952, la tour Eiffel se voit aussi dotée d'un phare aéronautique de balisage, remplaçant celui du mont Valérien détruit pendant la guerre. De par sa hauteur et sa position, celui-ci pouvait balayer les quatre points cardinaux sans être interrompu par le relief. Les faisceaux pouvaient porter jusqu'à trois-cents kilomètres.
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+ À partir des années 1960, le tourisme international de masse commence à se développer, et le nombre de visiteurs de la tour augmente pour atteindre progressivement le cap des 6 millions d’entrées annuelles (cap passé pour la première fois en 1998). Une rénovation a lieu dans les années 1980, autour de trois axes :
173
+
174
+ La tour Eiffel, ainsi allégée de 1 340 tonnes superflues, est repeinte et traitée contre la corrosion, les ascenseurs de la troisième plate-forme sont remplacés, le restaurant gastronomique Le Jules-Verne est installé, un dispositif d’éclairage composé de 352 projecteurs au sodium est mis en place. Les noms de savants du premier étage sont remis en valeur par de la dorure comme à l'origine.
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+ En 2002, le cap des 200 millions d’entrées cumulées est dépassé.
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+ Le 1er janvier 2006, s’ouvre une nouvelle période d’exploitation de dix ans, le concessionnaire étant la société d'économie mixte SETE (Société d'exploitation de la tour Eiffel), dont le capital est détenu à 60 % par la ville de Paris.
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+ En février 2015, le deuxième étage de la tour Eiffel est équipé de deux éoliennes capables de produire 10 MWh par an. En comparaison, la consommation électrique annuelle de la tour s'élève à 6,7 GWh[21].
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+
182
+ Fin 2017, appel à projets international est lancé par la maire de Paris Anne Hidalgo afin d'embellir les alentours du monument et de supprimer les files d'attentes[22].
183
+
184
+ En raison du risque terroriste, la Société d'exploitation de la tour Eiffel fait fermer le parvis de la tour à la libre circulation en juin 2016 et sécurise le périmètre en mettant en place en 2018 sur deux côtés une enceinte en verre pare-balles épaisse de 6,5 cm complétée par des plots anti-voitures-béliers, sur les deux autres un grillage métallique haut de 3,24 m (le centième de la tour Eiffel) qui « reprend la forme et les courbes » de la tour[23],[24]. Des fouilles ont lieu.
185
+
186
+ Des articles, souvent pamphlétaires, sont publiés tout au long de l'année 1886, avant le début des travaux.
187
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188
+ Alors que les fondations de l'édifice n'avaient commencé que quelques jours plus tôt, le 28 janvier 1887 exactement, une lettre de protestation signée par une cinquantaine d'artistes (écrivains, peintres, compositeurs, architectes, etc.) paraissait dans le journal Le Temps le 14 février 1887[o 4]. Signée de grands noms de l'époque (Alexandre Dumas fils, Guy de Maupassant, Émile Zola, Charles Gounod, Leconte de Lisle, Charles Garnier, Sully Prudhomme, etc.) et restée célèbre sous le nom de Protestation des artistes contre la tour de M. Eiffel, elle se montrait très virulente à l'égard de la hauteur de la tour qui viendrait, selon eux, défigurer Paris[o 4] :
189
+
190
+ « II suffit d’ailleurs, pour se rendre compte de ce que nous avançons, de se figurer une tour vertigineusement ridicule, dominant Paris, ainsi qu’une noire et gigantesque cheminée d’usine, écrasant de sa masse barbare : Notre-Dame, la Sainte-Chapelle, la tour Saint-Jacques, le Louvre, le dôme des Invalides, l’Arc de triomphe, tous nos monuments humiliés, toutes nos architectures rapetissées, qui disparaîtront dans ce rêve stupéfiant. Et pendant vingt ans, nous verrons s’allonger sur la ville entière, frémissante encore du génie de tant de siècles, comme une tache d’encre, l’ombre odieuse de l’odieuse colonne de tôle boulonnée. »
191
+
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+ — Collectif d’artistes, « Les artistes contre la tour Eiffel », Le Temps, 14 février 1887.
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+
194
+ Un débat houleux mêlant des personnalités de l'époque, des responsables politiques, des journalistes, des ingénieurs suit cette déclaration.
195
+
196
+ En juillet 1888, François Coppée fustige la tour Eiffel, qu’il traite de « mât de fer aux durs agrès / Inachevé, confus, difforme », de « symbole de force inutile », d’« œuvre monstrueuse et manquée » ou encore de « mât ridicule » (Sur la tour Eiffel, deuxième plateau, Poésies). En mai 1889, par poésie interposée, Raoul Bonnery lui répond : « Tu mis la fleur de ta science/ A m'appeler « Monstre hideux » / Un peu plus de reconnaissance / T'eût convenu peut-être mieux. », ou encore « Quel sang dans tes veines circule / Pour t'écrier avec mépris, / Que je suis un mât ridicule / Sur le navire de Paris. / Un mât ? J'accepte l'épithète, / Mais un mât fier, audacieux, / Qui saura, portant haut la tête, / Parler de progrès jusqu'aux cieux. » (La tour Eiffel à François Coppée, le jour de ses 300 mètres, in Le Franc journal). Au contraire des exemples précédents, Vicente Huidobro, Blaise Cendrars et Louis Aragon lui rendent hommage (respectivement dans Nord-Sud, no 6-7, 1917, La tour en 1910 in Dix-neuf poèmes élastiques, 1913 et La tour parle in La Tour Eiffel de Robert Delaunay). Pierre Bourgeade, dans une nouvelle intitulée La Suicidée, relate, via le témoignage d'un gardien, le suicide d'une inconnue ayant sauté du 3e étage de la tour (in Les Immortelles, Gallimard, 1966).
197
+
198
+ On a pu lire ailleurs :
199
+
200
+ Gustave Eiffel répondit à la protestation des artistes, dans un entretien avec Paul Bourde qui fut reproduit dans le même numéro du journal Le Temps, à la suite de la protestation[o 4].
201
+
202
+ Le ministre Édouard Lockroy remit au directeur des travaux, Adolphe Alphand, une réponse qui pourrait avoir été rédigée par un obscur fonctionnaire nommé Georges Moineaux, qui deviendra célèbre sous le nom de Georges Courteline.
203
+
204
+ Gustave Eiffel écrivit plus tard :
205
+
206
+ « Cette page bien française a dû étonner quelque peu les expéditionnaires du ministère ; la correspondance administrative n'est malheureusement d'ordinaire ni si vive, ni si gaie, ni si spirituelle ; sa sévérité s'accommode mal à nos vieilles traditions gauloises. Si M. Lockroy pouvait faire école, l'exercice des fonctions publiques serait moins monotone et certainement mieux apprécié. Le ministre avait su mettre les rieurs de son côté. Son procès était gagné. »
207
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208
+ La tour Eiffel a attiré les foules après son inauguration, faisant, petit à petit, taire les réticences . Ainsi, deux ans après avoir signé la « protestation des artistes », Sully Prudhomme prononce un discours favorable à la tour.
209
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210
+ Avant même la fin de la construction, Georges Seurat ou encore Paul-Louis Delance peignent la tour Eiffel. En 1889, le peintre Roux la représente à la Fête de nuit à l’Exposition universelle de 1889 et Jean Béraud la fait apparaître en arrière-plan de son Entrée de l’Exposition de 1889.
211
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212
+ Puis plusieurs peintres viendront directement s'en inspirer : le Douanier Rousseau, Paul Signac, Pierre Bonnard, Maurice Utrillo, Marcel Gromaire, Édouard Vuillard, Albert Marquet, Raoul Dufy, Marc Chagall, Roger Lersy, Henri Rivière[o 5], Paolo Intini[25].
213
+
214
+ Mais le peintre le plus prolifique et inspiré vis-à-vis de la tour Eiffel reste Robert Delaunay, qui en fait le sujet central d'une trentaine de toiles, réalisées entre 1910 et 1925[26].
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+
216
+ Georges Seurat (1859-1891). La Tour Eiffel. 1889
217
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218
+ Paul-Louis Delance (1848-1924). La tour Eiffel vue de la Seine. 1889
219
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220
+ Henri Rousseau (1844-1910). La tour Eiffel. 1898
221
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222
+ Robert Delaunay (1885-1941) La Tour Eiffel. 1911
223
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224
+ Au moment de son édification et au tout début de son exploitation, le monument a avant toutes choses fait l’objet d’analyses critiques personnelles, le plus souvent publiées dans des journaux de l’époque et le plus souvent négatives, les artistes abordant les thèmes récurrents du défi technique, industriel et commercial que la tour représentait à l’époque, de son influence sur le rayonnement de la France à l’étranger, l’aspect esthétique ou au contraire inesthétique de la tour ou encore de son intérêt scientifique potentiel ou au contraire de son inutilité.
225
+
226
+ Par la suite, devant le succès populaire qu’elle a remporté auprès du grand public, un grand nombre d’écrivains ont revu leurs considérations, balayant leurs dernières réserves.
227
+
228
+ Roland Barthes décrit ce sentiment d'attrait/répulsion des artistes vis-à-vis de la tour Eiffel :
229
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230
+ « Regard, objet, symbole, la tour est tout ce que l’homme met en elle, et ce tout est infini. Spectacle regardé et regardant, édifice inutile et irremplaçable, monde familier et symbole héroïque, témoin d’un siècle et monument toujours neuf, objet inimitable et sans cesse reproduit, elle est le signe pur, ouvert à tous les temps, à toutes les images et à tous les sens, la métaphore sans frein ; à travers la tour, les hommes exercent cette grande fonction de l’imaginaire, qui est leur liberté ; puisque aucune histoire, si sombre soit-elle, n’a jamais pu la leur enlever. »
231
+
232
+ — Roland Barthes, La Tour Eiffel, Delpire Éditeur, 1964.
233
+
234
+ Léon-Paul Fargue revient sur l’analyse critique de ses pairs, sur la tour à ses débuts (Le Piéton de Paris, 1932-1939), de même que Pierre Mac Orlan, qui tout en rappelant qu’au départ, pour les artistes, « vitupérer contre la tour […] était un brevet de sensibilité littéraire et artistique », souligne l’intérêt scientifique et militaire qui a ensuite été reconnu à la tour (La Tour, Javel et les Bélandres, Villes, in Œuvres complètes), enfin dernièrement, Pascal Lainé aborde l’histoire de la conception, de la construction et des premières années d’exploitation de la tour à travers une narration romancée (Le Mystère de la tour Eiffel, 2005). En cela, il se rapproche de Dino Buzzati, qui dans Le K., mettait en scène un ouvrier fictif qui aurait travaillé sur le chantier de la tour en 1887-1889. Néanmoins, Buzatti procède différemment de Lainé, son texte étant une nouvelle, pas un roman, et le ton utilisé étant fantastique et non réaliste comme pour Pascal Lainé.
235
+
236
+ En poésie, Guillaume Apollinaire en a fait un calligramme souvenir de guerre, dans 2e canonnier conducteur du recueil Calligrammes (1918), et l'évoque dans un vers de Zone en 1913, vers que René Étiemble considère, dans Essais de littérature (vraiment) générale, comme un exemple d’haïku occidental (« Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin »).
237
+
238
+ Le monument du Champ-de-Mars a également été traité sous des formes particulières : journal (Jules de Goncourt et Edmond de Goncourt, Journal, tome VIII, 6 mai et 2 juillet 1889), récit de voyage (Guy de Maupassant, La vie errante, 1890), où l’écrivain dit son dégoût de la tour Eiffel (Dès les premières lignes, le ton est donné : « J’ai quitté Paris et même la France, parce que la tour Eiffel finissait par m’ennuyer trop »), étude sémiologique (Roland Barthes, La Tour Eiffel, 1964), mais aussi préface de livres, discours à une conférence, article dans une revue, etc.
239
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240
+ La tour est également largement évoquée dans le roman d'Umberto Eco Le Pendule de Foucault, publié en 1988 ; le chapitre 116 lui est presque entièrement consacré.
241
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242
+ Dès que l'ingénierie cinématographique commença à se développer, la tour Eiffel fut filmée par les cinéastes les plus illustres. Ainsi, dès 1897, soit seulement 8 ans après son inauguration, Louis Lumière filme le premier l'édifice dans Panorama pendant l'ascension de la tour Eiffel pour le diffuser au public dans sa salle de projection parisienne. Un autre pionnier du cinéma, Georges Méliès, la montrera dans Images de l'exposition 1900.
243
+
244
+ La tour Eiffel trouve sa première consécration dans une œuvre de fiction avec les premiers Fantômas de Louis Feuillade, soit 5 films d'action réalisés durant les années 1913 et 1914 (Fantômas, Juve contre Fantômas, Le mort qui tue, Fantômas contre Fantômas et Le Faux Magistrat). René Navarre qui joue Fantômas est alors le maître de la tour Eiffel.
245
+
246
+ En 1923, avec Paris qui dort, René Clair réalise la première fiction ayant la tour Eiffel pour personnage principal. Dans ce court film (35 minutes), un scientifique plonge Paris dans le sommeil. Une poignée d'hommes et de femmes qui se réfugient dans les hauteurs de la tour Eiffel échappent au sort réservé aux autres habitants de la capitale. La tour Eiffel devient alors un lieu magique qui offre sa protection à ces heureux individus. Le réalisateur français récidivera en 1928, avec La Tour, mais cette fois-ci sous forme de documentaire. Pendant les 14 minutes que dure cette œuvre, il explore toutes les possibilités de la caméra et montre le monument sous toutes ses coutures. Par là même, il signe une sorte de déclaration d'amour à cet édifice qui l'inspire tant.
247
+
248
+ En 1930, avec La Fin du monde, Abel Gance pousse encore les recherches pour mettre en valeur l'esthétisme des structures de la tour.
249
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250
+ En 1939, le réalisateur Ernst Lubitsch connaît un des plus grands succès de sa carrière avec le film Ninotchka. La camarade russe Ninotchka, jouée par Greta Garbo, arrive en mission à Paris. En chemin vers la tour Eiffel, elle rencontre un Français (Melvyn Douglas) avec lequel elle vivra une aventure sentimentale qui prendra de plus en plus d'ampleur à chaque étage franchi de la tour. La plupart des vues de la tour Eiffel sont réalisées en studio et non sur place. La célèbre scène du cocktail associera à jamais l'image du champagne à celle de la tour Eiffel et comme l'explique le scénariste du film, Billy Wilder, à la suite de ce film, Hollywood aura tendance à adopter l'enchaînement d'une bouteille de champagne à la tour Eiffel pour chaque scène se déroulant à Paris.
251
+
252
+ Mais avant toutes choses, la tour Eiffel deviendra au fil du temps, le symbole visuel de Paris et de la France.
253
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254
+ Ainsi, dès 1942, le célèbre film de Michael Curtiz, Casablanca met furtivement en scène la tour Eiffel pendant l'histoire romantique se passant à Paris entre Rick Blaine (Humphrey Bogart) et Ilsa Lund Laszlo (Ingrid Bergman). Le cinéma américain sera également très friand d'apparitions de la tour, notamment pour l'effet pratique et symbolique. Elle permet en effet de signifier en un seul plan ou une seule séquence, même courte, que l'action se situe en France ou à Paris. Ainsi, dès 1953, Byron Haskin la montre détruite dans son adaptation de La Guerre des mondes. Ce genre d'images (la tour Eiffel détruite) sera par la suite souvent utilisée dans des films américains pour signifier un danger planétaire immédiat et grave, comme en 1996 dans Independence Day et Mars Attacks! ou encore Armageddon en 1998.
255
+
256
+ Recenser de manière exhaustive les évocations de la tour dans l'art ou la culture serait impossible. La construction de la tour a accompagné le développement de certaines formes d'art, comme la photographie ou la bande dessinée. La publicité et l'industrie des loisirs ont également largement utilisé la tour, de la silhouette aux détails structurels, afin d'évoquer l'art de vivre français.
257
+
258
+ Enfin, si les formes d'expression plus traditionnelles, comme le théâtre et à l'opéra, se sont librement emparées de la tour, son utilisation y est restée plus confidentielle que d'autres, plus modernes, comme les jeux vidéo ou la télévision.
259
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260
+ À son inauguration, la tour Eiffel est la structure la plus haute au monde avec ses 300 mètres. Elle dépasse de 130 mètres la précédente plus haute structure au monde, l'obélisque de Washington, et conserve sa première place pendant environ 40 ans (la grande pyramide de Gizeh a détenu ce record pendant environ 4 000 ans), jusqu'en 1930, où elle est dépassée par le Chrysler Building, avec 319 mètres.
261
+
262
+ La pierre ne permet pas de dépasser une certaine hauteur. L'obélisque de Washington en est la preuve. Il était prévu à l'origine que le monument, fait de marbre, de grès et de granit, atteigne 180 mètres de hauteur. Achevé le 6 décembre 1884, et officiellement ouvert au public le 9 octobre 1888, il mesure 169 mètres, soit 10 de moins que prévu. C'est alors la plus haute structure du monde.
263
+
264
+ La technique du fer permet ensuite de dépasser cette limite. Que ce soit en Angleterre, en France ou aux États-Unis, les projets vont se multiplier pour atteindre l'objectif de 300 mètres. En 1833, Richard Trevithick, expert britannique des machines à vapeur, propose un projet de colonne en fonte ajourée, haute de 1 000 pieds (≈ 300 mètres).
265
+
266
+ En France, dans les années 1880, le principal concurrent de Gustave Eiffel est Jules Bourdais, qui a imaginé et construit, avec Gabriel Davioud, le palais du Trocadéro, dans le cadre de l'exposition universelle de 1878. Bourdais imagine d'abord une tour de 300 mètres en granit, mais le projet ne prenant pas assez en compte le problème de la résistance des matériaux, ce matériau sera finalement remplacé par le fer en 1886, lors du concours qui l'oppose à Gustave Eiffel pour construire une tour de 300 mètres pour l'Exposition universelle de 1889. Si Jules Bourdais est resté connu comme un concurrent sérieux d'Eiffel, c'est qu'il a su promouvoir, comme son adversaire, son projet de tour auprès des hommes politiques, des médias et du grand public. 107 projets sont déposés lors de ce concours. Même s'ils ne semblent pas tous réalistes, cela prouve que Gustave Eiffel est loin d'être le seul ingénieur à avoir planché sur ce projet de très haute tour.
267
+
268
+ En 1889, avant que la tour Eiffel ne soit officiellement achevée, seules trois structures dépassaient 150 mètres, soit la moitié de sa hauteur : la cathédrale de Rouen (150 mètres), la cathédrale de Cologne (169 mètres) et l'obélisque de Washington (169 mètres). Avec ses 300 mètres, la tour Eiffel dépasse donc largement tous les autres grands bâtiments du monde existants à l'époque[27].
269
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270
+ Après le succès populaire pendant l’Exposition universelle de Paris de 1889 et le demi-succès de l’Exposition universelle de 1900, le nombre de visiteurs ne décollera qu’une fois la Seconde Guerre mondiale terminée.
271
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272
+ Ainsi, entre 1901 et 1914, entre 120 000 et 260 000 personnes en font l’ascension chaque année. De 1915 à 1918 inclus, elle est fermée du fait de la Première Guerre mondiale. Puis, de 1919 à 1939, la tour Eiffel attire en moyenne 480 000 visiteurs par an avec des pics à 800 000 entrées pendant l’Exposition coloniale de 1931 et l’Exposition spécialisée de 1937. Entre 1940 et 1945 inclus, elle est de nouveau fermée pour cause de Seconde Guerre mondiale.
273
+
274
+ Une fois cette période passée, le nombre de visiteurs annuels ne cessera d’augmenter : 1 300 000 en moyenne de 1946 à 1962 et ce n’est véritablement qu’à partir de 1963 que les entrées se développent, notamment grâce à l’essor du tourisme international. En effet, en 1963, la tour Eiffel repasse pour la première fois le cap des 2 millions de visiteurs, soit le même que pour son année inaugurale soixante-quatorze ans plus tôt, à la différence majeure que cette fois-ci, ce cap symbolique de 2 millions d’entrées sera amélioré chaque année. En 1972 le cap des 3 millions d’entrées est dépassé, en 1984 c’est celui des 4 millions, en 1989 celui des 5 millions, et enfin en 1998 celui des 6 millions.
275
+
276
+ À l’heure actuelle, ce sont donc plus de 300 millions de visiteurs qui ont foulé de leurs pieds la tour Eiffel (palier atteint le 28 septembre 2017)[4].
277
+
278
+ D'après l'Observatoire régional du tourisme d'Île-de-France, la tour Eiffel est le cinquième monument le plus visité d'Île-de-France en 2004 avec 6 229 993 visiteurs, derrière Notre-Dame de Paris (12 800 000 visiteurs), Disneyland Paris (12 400 000), la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (8 millions) et le musée du Louvre (6 600 398)[28].
279
+
280
+ Propriété de l'État français pendant l'Exposition universelle de 1889, la tour Eiffel est ensuite devenue propriété de la ville de Paris (Article 11 de la convention du 8 janvier 1887). Selon ce même article, Gustave Eiffel devient (en son nom propre) l'exploitant de la tour Eiffel. Il possède la jouissance commerciale de la tour pour une durée de vingt ans, du 1er janvier 1890 au 31 décembre 1909, après quoi, l'édifice est susceptible d'être détruit. Devant l'intérêt scientifique reconnu au monument, Gustave Eiffel obtient une prolongation de son autorisation d'exploiter commercialement la tour Eiffel, à partir du 1er janvier 1910 et pour une période de 70 ans supplémentaires.
281
+
282
+ La gestion du monument a ensuite été confiée, de 1980 à 2005, à la Société nouvelle d'exploitation de la tour Eiffel (SNTE), société d'économie mixte détenue à 30 % par Paris et à 70 % par la SAGI (Société anonyme de gestion immobilière), elle-même détenue à hauteur de 60 % par Perexia, une filiale du Crédit foncier de France (Groupe Caisse d'épargne) et à 40 % par Paris.
283
+
284
+ Le 13 décembre 2005, le conseil de Paris décide la création d'une nouvelle société d'économie mixte, la Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE), détenue à hauteur de 60 % par Paris et à 40 % par des partenaires privés (BTP Eiffage, Unibail, LVMH, Dexia Crédit local et EDF), pour prendre le relais de la SNTE dans la gestion du monument dans le cadre d'une délégation de service public[30]. Cette société doit être l'exploitant de la tour du 1er janvier 2006 au 31 décembre 2015.
285
+
286
+ En 2011, l'exploitation de la tour Eiffel donne du travail à plus de 500 personnes, dont plus de 250 directement employés par la SETE[o 1]. De nos jours, l'exploitation de la tour Eiffel est rentable. Ainsi, l'édifice est un des rares monuments français, sinon le seul, à avoir une réalité économique puisqu'elle ne fait appel à aucune subvention.[réf. nécessaire]
287
+
288
+ La tour Eiffel a coûté 7,8 millions de francs-or. L'État français a versé 1,5 million de francs-or sous forme de subventions et une société anonyme a été spécialement créée à l'occasion de l'édification de la tour, avec un capital de 5,1 millions de francs-or. Cette société était détenue pour partie par Gustave Eiffel lui-même et pour partie par un consortium de trois banques. Les bénéfices obtenus à l'issue de l'Exposition universelle de 1889 ont permis de rembourser intégralement le capital aux actionnaires.
289
+
290
+ Selon une étude conduite par la Chambre de commerce italienne de Monza et Brianza en 2012, qui a évalué les monuments d'Europe les plus célèbres, la tour Eiffel aurait une image de marque d'une valeur virtuelle de 434 milliards d'euros, loin devant le Colisée de Rome (91 milliards d'euros) et la Sagrada Família de Barcelone (90 milliards d'euros)[31],[32].
291
+ Selon l'étude historico-immobilière "Que vaut Paris ?" publiée en 2013, la Tour Eiffel vaudrait 2,8 milliards d'euros comparés à 7,5 milliards pour Le Louvre et 525 milliards pour l'ensemble des logements parisiens[33].
292
+
293
+ Les textes désignant les exploitants de la tour Eiffel sont les suivants :
294
+
295
+ Dès 1889, la tour Eiffel fait l'objet de très nombreuses reproductions, on la retrouve par exemple sur des bouteilles, des bougies, des chromos, des pieds de lampe, etc.
296
+
297
+ Gustave Eiffel envisage alors d'exploiter commercialement l'image de sa tour. Jules Jaluzot, directeur du Printemps, lui propose même de lui racheter les droits exclusifs de reproduction pour fabriquer des copies en série et les vendre dans son magasin. Mais l'initiative provoque un tollé de nombreux artisans et Gustave Eiffel renonce à son idée initiale en abandonnant ses droits d'auteur dans le domaine public.
298
+
299
+ Ainsi, Gustave Eiffel s'est privé d'une source de revenus importante. L'exploitation commerciale de l'image sur les cartes postales représentant la tour Eiffel aurait pu lui rapporter beaucoup d'argent.[réf. nécessaire] Avec plus de 5 milliards d'unités, en cumulé depuis 1889, les cartes postales représentant le monument sont les plus vendues au monde[34]. Mais Gustave Eiffel a une importante fortune personnelle et la seule exploitation commerciale des entrées lui rapporte suffisamment.[réf. nécessaire]
300
+
301
+ La Société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE) revendique des droits sur la publication de la tour illuminée, sans que cela soit confirmé par un jugement[35], en s'appuyant sur une décision de la Cour de cassation du 3 mars 1992 relative à des illuminations mises en place en 1989, pour le centenaire de la tour. Selon la Cour, le spectacle son-et-lumière La Mode en images, et notamment « la composition de jeux de lumière destinés à révéler et à souligner les lignes et les formes du monument constituait une « création visuelle » originale, et, partant, une œuvre de l'esprit[36]. »
302
+
303
+ De 2008 à 2014, l’ascenseur du pilier ouest est rénové pour un coût global estimé à 36 millions d'euros[37].
304
+
305
+ La 19e campagne de peinture de la tour a lieu de 2009 à 2010[38].
306
+
307
+ En 2010, un modèle numérique de la tour a été réalisé par le Centre technique des industries mécaniques en collaboration avec DEKRA, pour la Société d'exploitation de la tour Eiffel. Grâce à ce modèle, il est possible de simuler le comportement de la structure en fonction des efforts appliqués (vent, gel, neige, poids des visiteurs), ou d'anticiper les conséquences des modifications et de mieux planifier l'entretien[39].
308
+
309
+ En 2012 et 2013, le premier étage de la tour est rénové par l'agence Moatti-Rivière. À cette occasion, le bord intérieur de l'étage sera prolongé par des dalles transparentes bordées par un garde-corps vitré, afin de donner une vue sur le sol[40]. Cette opération, financée en totalité par la Société d'exploitation de la tour Eiffel, a pour but d'augmenter la fréquentation du 1er étage, les visiteurs ayant tendance à préférer les autres étages[40]. La salle de réception et de conférence Gustave-Eiffel sera détruite puis reconstruite, afin de la moderniser et d'améliorer la vue depuis l'intérieur[40]. Le pavillon Ferrié sera également détruit puis reconstruit[40].
310
+
311
+ En 2018, la tour Eiffel doit faire l'objet d'un lifting qui est compliqué par la présence de plomb[41].
312
+
313
+ La tour Eiffel est régulièrement animée par des jeux de lumière[o 6]. Dès 1888, avant même son achèvement, des feux d’artifices étaient tirés depuis le deuxième étage, et encore maintenant, il est le lieu de rendez-vous des Parisiens à chaque fête nationale française.
314
+
315
+ En 1889, et dans un premier temps, les éclairages de la tour se font à l'aide de 10 000 becs de gaz, mais dès l’Exposition universelle de 1900, qui se tient à Paris, ils se font à l’électricité.
316
+
317
+ En 1925, André Citroën fait installer par Fernand Jacopozzi une énorme publicité lumineuse pour sa marque, s’étendant en hauteur. Les illuminations par 250 000 ampoules en six couleurs figurent neuf tableaux, le dernier étant le nom « Citroën » avec un lettrage stylisé version Art déco. Elle reste en place jusqu'en 1933 bien que la commune ait multiplié par six sa taxe en 1926.
318
+
319
+ En 1937, pour l’Exposition internationale des arts appliqués, André Granet conçoit un nouvel éclairage mettant en valeur la structure en dentelle de la tour.
320
+
321
+ Pour le passage à l'an 2000, la tour a été équipée d'un faisceau lumineux tournant à la manière d’un phare rappelant ainsi le projet initial de Gustave Eiffel. En outre, sur toute la hauteur de la tour, un système de 20 000 flashes est venu compléter l'éclairage habituel. Ces 20 000 ampoules à baïonnettes crépitaient tous les jours pendant dix minutes à midi, et de la tombée de la nuit à une heure du matin, en plus de l’éclairage doré habituel, elles s’illuminaient pendant cinq minutes à chaque nouveau passage d’heure. Enfin, à une heure du matin, pour clore le spectacle, les ampoules brillaient pendant dix minutes, mais cette fois-ci seules, c’est-à-dire sans l’éclairage habituel de la tour.
322
+
323
+ Certaines illuminations célèbrent des événements d'une portée plus internationale. Par exemple, de nouvelles illuminations apparaissent le 22 janvier 2004 pour célébrer le nouvel an chinois à Paris. De juillet à décembre 2008, à l'occasion de la présidence française du conseil de l'Union européenne, la tour Eiffel fut éclairée en bleu et, entre le premier et le second étage, 12 lumières en forme d'étoiles furent installées pour évoquer le drapeau européen. Elle est illuminée en vert le 30 novembre 2015 à l'occasion de l'ouverture à Paris de la COP21.
324
+
325
+ Depuis peu, les illuminations s'accordent avec l'actualité : dans la nuit du 14 au 15 novembre 2015, les éclairages de la tour s'éteignent, en signe de deuil, après les attentats survenus la veille[42]. Puis, du 16 au 18 novembre, la face nord-ouest de la tour est éclairée des couleurs tricolores[43]. Ces illuminations sont, par la suite, prolongées jusqu'au 25 novembre[44]. Elle est également illuminée aux couleurs du drapeau belge le 22 mars 2016, après que des attentats ont frappé le pays.
326
+
327
+ Le soir du 26 septembre 2019, la tour Eiffel est éteinte après la mort de l'ancien président de la République Jacques Chirac[45].
328
+
329
+ La tour pendant l'exposition universelle de 1900.
330
+
331
+ La tour arborant la publicité « Art déco » imaginée par André Citroën en 1925.
332
+
333
+ La tour illuminée par le feu d'artifice du 14 juillet 2005
334
+
335
+ Tour Eiffel aux couleurs de l'euro (€) en 2008.
336
+
337
+ La tour Eiffel aux couleurs nationales en hommage aux attentats de Paris du 13 novembre 2015.
338
+
339
+ La tour Eiffel aux couleurs nationales belges en hommage aux attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
340
+
341
+ La tour a servi de podium à quelques artistes : le 25 septembre 1962, pour le lancement du film Le Jour le plus long, Édith Piaf chante depuis le premier étage de la tour Eiffel[o 2] devant 25 000 Parisiens. En 1966, pour le lancement de la campagne mondiale contre la faim, Charles Aznavour et Georges Brassens y chantent.
342
+
343
+ Pour les événements plus spectaculaires, le monument ne peut pas accueillir les artistes : la tour ne sert que d'arrière-plan aux spectacles qui se déroulent sur le Champ de Mars . Le 14 juillet 1995, Jean-Michel Jarre donne ainsi un concert au pied de la tour Eiffel pour célébrer les 50 ans de l'UNESCO, devant plus d'un million de spectateurs[46]. Le 10 juin 2000, Johnny Hallyday y donne un concert et un spectacle pyrotechnique, devant 600 000 personnes, dont il tirera un disque : 100 % Johnny - Live à la tour Eiffel.
344
+
345
+ Parmi les nombreuses répliques de la tour Eiffel, on peut citer :
346
+
347
+ L'escalier hélicoïdal de 1889 reliant à l'origine le deuxième au troisième étage a été démonté en 1983 et découpé en 24 morceaux dont 20 ont été vendus aux enchères[47]. Certains de ces morceaux sont occasionnellement remis aux enchères comme en 2016, quand François Tajan a adjugé le tronçon numéro 13, d'une hauteur de 2,60 mètres et comptant 14 marches, pour la somme de 523 800 euros[48].
348
+
349
+ Le second niveau du troisième étage, appelé parfois quatrième étage, situé à 279,11 m, est la plus haute plate-forme d'observation accessible au public de l'Union européenne et la plus haute d'Europe, tant que celle de la Tour Ostankino à Moscou culminant à 360 m demeurera fermée au public, à la suite de l'incendie survenu en l'an 2000, l'observatoire du Shard de Londres se situant à 245 m et celui de la Fernsehturm de Berlin à 204 m.
350
+
351
+ Au sud-ouest du pilier ouest de la tour Eiffel, se trouve une cheminée en briques rouges, parmi des arbustes au sommet d'une fontaine et de grottes artificielles au bord d'un petit étang. Elle date de l'époque de la création de la tour en 1887. Elle servait à alimenter en énergie le chantier du pilier sud durant sa construction.
352
+
353
+ En 1925, l'escroc Victor Lustig vend la tour Eiffel pour pièces détachées et récupération, à un ferrailleur[49],[50]. Ayant lu dans la presse que celle-ci pourrait être bientôt démolie, il fabrique de faux documents à en-tête du ministère des Postes et Télégraphes, organisme alors responsable de la tour, et invite les cinq plus importantes compagnies récupératrices de métaux ferreux à l'hôtel de Crillon, place de la Concorde à Paris. Seuls sont censés être dans la confidence le président de la République, le ministre, le sous-ministre et son chef de cabinet. Se présentant comme étant ces deux derniers, Victor Lustig et son complice Dan Collins conduisent leurs invités en limousine à la tour Eiffel et la leur font visiter, puis annoncent au ferrailleur le plus crédule qu'il a remporté le marché. Celui-ci ayant payé par chèque une avance représentant le quart de la soumission, augmenté d'un pot-de-vin, les deux escrocs encaissent le chèque et s'enfuient en Autriche. Revenus à Paris retenter leur chance avec de nouveaux ferrailleurs, ils sont surveillés par la police et s'échappent en bateau à New York.
354
+
355
+ Cet exploit a été repris dans le livre (The Man Who Sold the Eiffel Tower) de James F. Johnson et Floyd Miller, paru en 1961 chez Doubleday[51], dont la traduction française (L'Homme qui vendit la tour Eiffel) a été publiée en 1963 par Calmann-Lévy[52]. En 1964, Claude Chabrol réalise un court-métrage inspiré de cette histoire, L'Homme qui vendit la tour Eiffel, dans le film à sketches Les Plus Belles Escroqueries du monde.
356
+
357
+ Comme les artistes, les sportifs ont utilisé la tour à la fois pour la publicité qu'elle permet, que pour le défi que peut représenter sa hauteur. Pour beaucoup, il s'agit d'un exploit réalisé sans l'accord préalable de la société exploitant la tour, comme les sauts à l'élastique de A. J. Hackett et Thierry Devaux, ou Taïg Khris qui établit le record du monde de saut dans le vide en roller en s'élançant d'une plate-forme située au niveau du premier étage de la tour Eiffel. D'autres sont moins risqués mais ont marqué par leur originalité, comme Sylvain Dornon qui, en 1905, monte sur des échasses les marches qui mènent au premier étage.
358
+
359
+ Des manifestations sportives ont aussi marqué l'histoire de la tour. Le 26 novembre 1905, le quotidien Les Sports organise le « championnat de l'escalier » regroupant 227 concurrents. Le vainqueur, un laitier du nom de Forestier, grimpe les 729 marches menant au deuxième étage en 3 min 12 s[53].
360
+
361
+ En avril 1900, Henry Deutsch de la Meurthe offre un prix de 100 000 francs à la première machine volante capable de réaliser, avant octobre 1904, le trajet aller-retour de Saint-Cloud à la tour Eiffel en moins de 30 minutes. 19 octobre 1901, Alberto Santos-Dumont parcourt ce trajet en 30 min 42 s, avec son ballon dirigeable no 6, et remporte le prix. En 1944, peu avant le débarquement en Normandie, un pilote américain du 357th Fighter Group, William Overstreet, Jr., aux commandes d'un P-51 Mustang passe sous les arches de la tour Eiffel pour abattre un Messerschmitt Bf 109. Ce dernier, touché à plusieurs reprises par le Mustang, tenta de survoler Paris pour le faire abattre par la Flak[54].
362
+
363
+ La tour Eiffel n’a connu qu'un seul accident mortel durant sa construction[55].
364
+
365
+ Le 4 février 1912, Franz Reichelt, un jeune tailleur parisien de 33 ans d’origine autrichienne, décide de sauter du premier étage de la tour Eiffel, soit à quelque cent mètres de hauteur, muni d’une voilure de son invention, une combinaison-parachute en toile caoutchoutée avec ailes d'une surface portante de douze mètres carrés, et de se filmer. Il s’écrase au sol, après avoir déjoué la vigilance des policiers qui s'attendaient à un essai avec un mannequin[56]. L’autopsie montre qu'il est mort d’une crise cardiaque, avant d’avoir touché le sol[57].
366
+
367
+ Le 24 février 1926, à la suite d'un pari avec un Américain, Léon Collot, jeune lieutenant de réserve de 32 ans du camp d’Orly, décide de faire passer son avion Breguet 19 entre les pieds ouest et nord de la tour Eiffel ; malheureusement, à la suite de son passage réussi, il se tue en heurtant une antenne TSF[58].
368
+
369
+ Le 20 mars 1928, un essai de parachute à la tour Eiffel, alors que cette pratique est totalement interdite depuis 1912, va mal tourner, provoquant la mort de Marcel Gayet, un bijoutier de 35 ans, qui va chuter de 80 mètres avant de s'écraser au sol, son parachute ne s'étant pas ouvert, alors qu'il a sauté du 1er étage de la tour. Le mauvais pliage de son parachute serait en cause[59].
370
+
371
+ En 2006, selon le Quid, il y avait eu 366 morts depuis l'inauguration de la tour, tous motifs confondus : défis sportifs ratés, accidents, suicides, etc.[34]. Depuis plusieurs décennies, la société exploitant le monument a mis en place un système de filets de sécurité empêchant les accidents et dissuadant les aventuriers. Malgré cela, certains arrivent encore à passer outre et à braver le danger. Ce fut le cas le 17 mai 2005, lorsqu’un Norvégien de 31 ans se tua vers 22 h en voulant sauter en parachute du deuxième étage. Malgré les protections, il réussit à s'élancer de la tour mais heurta peu après les structures du premier étage, mourant sur le coup[60],[61]. Le dernier en date, un Israélien, s'est suicidé le 24 juin 2012 en sautant dans le vide après avoir escaladé la tour jusqu'au-dessus du deuxième étage.
372
+
373
+ Seize tuyaux de fonte de 50 cm de diamètre courant le long des quatre piliers jusque dans la couche aquifère permettent d'écouler l'électricité lorsque la tour Eiffel est frappée par la foudre[62],[63].
374
+
375
+ La tour Eiffel est l'émetteur principal de diffusion hertzienne de la région parisienne, en particulier pour les programmes de radio FM, auparavant de télévision analogique et aujourd'hui télévision numérique. De nombreuses liaisons sont également réalisées depuis les antennes disposées à son sommet. Plus d'une centaine de faisceaux hertziens assurent la transmission des signaux entre la tour et les différents opérateurs (studios, régies…).
376
+
377
+ Une trentaine de programmes FM est diffusée depuis la tour, dont :
378
+
379
+ Depuis le 31 mars 2005, la Télévision numérique terrestre (TNT) est diffusée depuis la tour Eiffel. La diffusion depuis la tour est passée au tout numérique le 8 mars 2011.
380
+
381
+ Pendant l'Euro de football 2016.
382
+
383
+ La tour Eiffel vue du Trocadéro le 31 octobre 2017.
384
+
385
+ La tour Eiffel à l'automne 2017.
386
+
387
+ Les canons à eau du Trocadéro devant la tour Eiffel.
388
+
389
+ Tour Eiffel, 2011.
390
+
391
+ La tour Eiffel vue depuis le jardin des Tuileries en 2019.
392
+
393
+ Tour Eiffel et Seine.
394
+
395
+ Sur les autres projets Wikimedia :
396
+
397
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
398
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399
+ Pour la partie bibliographie (ouvrages écrits et catalogues d'exposition, hors DVD, bandes dessinées et sites Internet) :
fr/3214.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,157 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Le terme « traites négrières », ou « traite des nègres » ou « traite des noirs », désigne le commerce d'esclaves dont ont été victimes, par millions, les populations de l'Afrique de l'Ouest, l'Afrique centrale et l'Afrique australe durant plusieurs siècles[1]. Pour qu'il y ait traite négrière, il faut que les six éléments suivants soient combinés[2].
2
+
3
+ La traite doit être distinguée de l'esclavage qui « consiste à exercer sur une personne un quelconque ou l'ensemble des pouvoirs liés au droit de propriété »[4]. S'il ne peut y avoir de traite sans esclavage, l'inverse n'est pas vrai : ce fut par exemple le cas dans le Sud des États-Unis au XIXe siècle. La traite se différencie aussi de la notion contemporaine de trafic d'êtres humains.
4
+
5
+ Les traites négrières furent un phénomène historique de très grande ampleur en raison du nombre de victimes, des nombreuses méthodes d'asservissement et des multiples opérations de transports sur de longues distances.
6
+
7
+ On distingue trois types de traite négrière qui auraient abouti à la déportation d'environ 42 millions de personnes[5] : la traite orientale (17 millions[5]) dont la traite dite arabe est la composante principale, la traite occidentale (14 millions[5]) et la traite intra-africaine (11 millions[5])[6]. L'apogée de la traite atlantique a eu lieu au XVIIIe siècle[7], celle de la traite orientale au XIXe siècle[7].
8
+
9
+ Le choix du terme pour qualifier un commerce d'hommes, femmes et enfants noirs a longtemps été discuté, et continue de l'être. Selon l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau, la formule « traite négrière » semble la plus adaptée[8]. Elle fait principalement référence aux « commerçants » de cette traite, les « négriers ».
10
+
11
+ Les historiens avaient d'abord parlé de slave trade (« commerce d'esclaves ») mais ce terme ne faisait pas l’unanimité auprès des chercheurs. Pour Serge Daget, les victimes étaient déjà esclaves alors que bon nombre d'entre elles étaient nées libres[9].
12
+
13
+ La traite orientale ou arabe-musulmane utilisait les voies commerciales des empires arabe puis ottoman : traversée du Sahara, de la Méditerranée, de la mer Noire, de la mer Rouge. Elle approvisionnait leurs principaux marchés aux esclaves, dans les grandes villes d'Afrique du Nord et de la péninsule arabique, puis de Turquie. Se déroulant en partie sur le continent, la traite orientale était moins visible car le voyage maritime moins ostensible[7].
14
+
15
+ Au Moyen Âge, une partie des esclaves terminaient leurs périples en Europe du Sud, en partie sous contrôle musulman[10] : la péninsule Ibérique avec l'Al-Andalus jusqu'au XVe siècle, la Sicile jusqu'au XIe siècle, les Balkans à compter du milieu du XIVe siècle avec les Ottomans.
16
+
17
+ La traite d'esclaves noirs vers l'Europe méridionale se poursuivit après la Reconquista espagnole, surtout vers la Sicile et les royaumes de la couronne d'Aragon. Après le Moyen Âge, quelques esclaves noirs arrivèrent jusqu'en Russie via l'Empire ottoman qui contrôlait la quasi-totalité du pourtour de la mer Noire[11].
18
+
19
+ Les régions d'importation des captifs sont le Kanem (actuel Tchad), la Nubie, l'Ethiopie, la Somalie et l'hinterland mozambicain et tanzanien[12].
20
+
21
+ Contrairement à une idée reçue, la traite orientale ne touchait pas davantage les femmes que les hommes et n'était pas particulièrement à finalité sexuelle[13]. En revanche, elle était orientée plus vers la satisfaction des besoins domestiques que vers le travail productif[7]. Elle fournissait une main-d'œuvre servile employée à des travaux domestiques et de services (employés de maison, tâches d'entretien des palais et des infrastructures et activités sexuelles : harem, concubines, prostitution, eunuques). On en trouvait également dans l'agriculture[14], l'artisanat et l'extraction minière ou le métier des armes[15].
22
+
23
+ La traite orientale reste la plus longue et la plus régulière des trois traites, ce qui explique qu'elle ait globalement été la plus importante en nombre d'individus asservis : 17 millions de Noirs selon l'historien spécialiste des traites négrières Olivier Pétré-Grenouilleau, du VIIe siècle à 1920[16] ; ce chiffre est cependant considéré comme « hypothétique » par Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne, spécialiste de l'Afrique[17]. À la forte mortalité de ces esclaves s'ajoutent l'importance des mariages mixtes, masquant l'importance de cette traite, ainsi que surtout le fait que les maîtres n'encourageaient pas les esclaves à se reproduire entre eux[7].
24
+
25
+ La traite orientale ne se limitait pas aux populations noires. D'autres groupes ethniques en étaient aussi victimes, notamment des Européens, mais dans des proportions moindres. Elle prélevait des populations venant des steppes turques d'Asie centrale et de l'Europe slave et suscita des razzias dans le monde chrétien (Sud de l'Europe, Empire byzantin).
26
+
27
+ Par ailleurs, des inscriptions javanaises et des textes arabes montrent qu'aux IXe et Xe siècles, l'Indonésie entretenait des échanges commerciaux avec l'océan Indien et la côte Est de l'Afrique. Les inscriptions parlent d'esclaves jenggi, c'est-à-dire « zengi », employés à Java ou offerts à la cour de Chine. En arabe, Zeng ou Zanj désigne à l'époque les habitants de la côte Est de l'Afrique[18].
28
+
29
+ La traite orientale connut son apogée au XIXe siècle[7], notamment à travers une réorientation vers le travail productif avec l'essor de la culture du clou de girofle à Zanzibar (100 000 esclaves, soit deux tiers de la population en 1834)[7].
30
+
31
+ Pour contourner la mainmise ottomane sur les routes du commerce avec l'Orient, le prince Henri le Navigateur finança l'exploration maritime des côtes atlantiques dès 1422. Il voulait aussi s'allier à l'Éthiopie, royaume du légendaire prêtre Jean et contenir l’expansion mondiale de l'islam au détriment de la chrétienté[19]. Les considérations religieuses s'ajoutaient aux considérations politiques et commerciales : en 1442, puis en 1452, les papes Eugène IV et Nicolas V entérinèrent les conquêtes du roi Alphonse V de Portugal.
32
+
33
+ En 1453, la chute de Constantinople prive les négociants européens du commerce transméditerranéen. Des relations avec l'Afrique subsaharienne sont progressivement mises en place par Henri le Navigateur. Le Vénitien Alvise Cadamosto organise deux expéditions pour les côtes de l'Afrique subsaharienne, en 1455 et 1456[20].
34
+
35
+ La traite atlantique débuta en 1441 par la déportation de captifs africains vers la péninsule ibérique pendant plusieurs décennies[21]. La première vente de captifs noirs razziés des côtes atlantiques a eu lieu en 1444, dans la ville portugaise de Lagos[22]. Au siècle suivant, les Portugais convoyèrent les esclaves vers les Caraïbes et l'Amérique du Sud.
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+
37
+ Les établissements sur la côte africaine sont souvent fortifiés et accueillaient parfois un nombre important de soldats et marchands, en lien avec les tribus vendant les esclaves. Wiliam Brew, capitaine de navire négrier, originaire d'une famille du comté de Clare et brasseur, s'est par exemple fait ériger le « Brew Castle », une vaste demeure richement meublée, sur la côte du Ghana, où il a épousé la fille d'un chef africain[23].
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+ La traite négrière occidentale, qui comporte d'importants risques militaires, nécessite une surface financière conséquente : on n'y trouve guère d'artisans ou petits marchands mais surtout des officiers supérieurs, la plupart du temps très proches de la royauté, ou des financiers confirmés. Un homme d'origine plus modeste, comme Henry Morgan, s'y fait une place grâce à son statut de chef des pirates de la Caraïbe au début des années 1670. La majorité de ces armateurs (il existe quelques exceptions comme la famille Montaudouin) ne consacre qu'une partie de leur activité à la traite négrière afin de diversifier les risques. Ainsi à Nantes, premier port négrier en France (43 % des expéditions négrières françaises, représentant un peu plus d’un dixième de l'activité maritime nantaise), l'armement négrier n'a jamais excédé 22 % de l'armement total[24].
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+ Craints et respectés dans leur milieu, ces hommes disposent d'un pouvoir considérable, qui explique le développement très rapide de la traite entre 1665 et 1750 et l'acquisition de fortunes considérables, à une époque où l'argent est rare et circule peu, l'absence d'industrie limitant les possibilités de s'enrichir vite. Leur influence amène l'Angleterre puis la France à approvisionner en esclaves l'Espagne à qui le traité de Tordesillas interdit l'accès aux côtes d'Afrique.
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+ Quelques personnages influents dans la traite négrière occidentale :
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+ La part du total de la traite négrière destinée à l'Amérique du Nord monte au cours du XVIIIe siècle mais reste sous les 15%[27]. Ce sont les Antilles anglaises et surtout françaises qui sont les destinations majoritaires du trafic. Dans les années 1760 et les années 1770, un cinquième des esclaves importés à Saint-Domingue, le sont illégalement par des négriers non-français, comme la maison « Mason and Bourne », de Liverpool, qui contourne le monopole français avec des navires sous pavillons français[27]. Des armateurs du Rhode Island prennent aussi l'habitude du trafic négrier dissimulé. Les « acquis de Guinée » protègent en effet le commerce triangulaire des Français en les dispensant de toute taxe sur le sucre embarqué après avoir débarqué des esclaves[27]. À partir de 1784, les « acquis de Guinée » sont remplacés par une subvention directe, qui est doublée d'un bonus spécifique pour encourager les voyages vers le sud de Saint-Domingue, Tobago, Sainte-Lucie, Martinique et la Guadeloupe[27]. Le Brésil achète, lui, ses esclaves avec de l'or qui est directement recyclé pour acheter des tissus indiens dans les années 1780[27].
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+ Le « système hollandais » de traite négrière disparaît complètement après 1795. Les « systèmes » portugais et espagnols sont les seuls à avoir un accès régulier à l'Afrique à partir de 1810[27]. Les importations d'esclaves aux États-Unis chutent de 8 % sur la décennie des années 1790 puis de 20 % sur celle des années 1800[27], mais sont toujours dans les années 1820 aux deux tiers de leur niveau des années 1780[27]. Sans les restrictions aux traites négrières, ce volume aurait au contraire doublé en trente ans, selon l'historien David Eltis, professeur à l'Université Emory, compte tenu de la progression des récoltes et des surfaces plantées aux États-Unis, où la hausse de la productivité et l'allongement de la durée de vie des esclaves ont compensé ces baisses d'importation d'esclaves[27].
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+ Entre 1817 et 1820, neuf négriers du Rhode Island sont condamnés par les tribunaux américains[27]. La plupart vont chercher des esclaves à Cuba pour les revendre en Georgie, illégalement, ce qui cause un écart de 50 % entre les prix des esclaves à Cuba, soumis à la demande des États-Unis, et au Brésil[27].
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+ Les historiens constatent une chute des prix des esclaves en 1823 lorsque les campagnes contre la traite négrière internationale deviennent plus importantes en Angleterre, puis une forte hausse dans les années 1850, en anticipation de l'abolition[27]. Dans les années 1820 aussi, la spécialisation des États-Unis dans le coton fait qu'ils ont presque atteint un quasi-monopole mondial, ce qui les place en position de force face aux marchands d'esclaves[27].
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+ La majorité des navires commerçant avec les colonies ne pratiquent pas la traite négrière mais le commerce en droiture[28]. Le circuit en droiture consiste en un aller-retour direct (sauf escale nécessaire) entre la métropole et la colonie désignée. Le navire part avec de la marchandise vendue dans la colonie (aliments spécifiques, outils nécessaires au fonctionnement des colonies, bijoux, tissu fin pour les colons, tissu grossier pour les esclaves) puis effectue le trajet en sens inverse après s'être chargé de denrées coloniales (coton, sucre, cacao, café, indigo). Commerce direct dont l'aller se révèle peu rentable, il est cependant moins risqué (risque financier moindre car rotation plus rapide et ne nécessitant pas de faire le détour par l'Afrique) et domine aux deux tiers le commerce triangulaire qui est plus tardif[24].
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+ Pour ses commanditaires, ce commerce représentait le modèle économique le plus sûr : le traitant n'avait pas lui-même à organiser de razzias. Les esclaves étaient achetés à des fournisseurs africains. Les navires négriers partaient de l'Europe les cales pleines de « pacotille » (verroterie, miroirs, objets de parure, coquillages) mais aussi des marchandises de traite de qualité (tissus, alcools, armes à feu, barres de fer, lingots de plomb) troqués sur les côtes africaines contre des captifs, la qualité d'un capitaine se révélant à sa capacité à négocier auprès de ses traitants qui peuvent faire jouer la concurrence[24]. Les navires mettaient ensuite le cap sur l'Amérique du Sud, les Caraïbes ou l'Amérique du Nord.
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+ Les conditions de détention des esclaves étaient extrêmement dures : attachés par groupes, véritablement entassés à fond de cales dans des conditions sordides, et seulement sortis de temps à autre pour prendre l'air et nettoyer les latrines, les esclaves vivaient au milieu des rats et de la vermine qui les rongeaient jour et nuit. « Cargaison » précieuse face au risque financier que prenait l'armateur, leurs conditions de détention s'améliorèrent au cours des siècles ; leur taux de mortalité étant de 10 % à 20 %, avec des pics à 40 %. Pour les historiens, l'estimation la plus probable s'établit à 13 % sur les quatre siècles que dure la traite[29] alors que la mortalité moyenne d'un équipage était tout juste inférieure à cause des contaminations[24].
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+ Les esclaves étaient vendus contre des lettres de change ou des matières premières : sucre, puis coton et café pour approvisionner l'Europe. Les investissements sucriers anglais des années 1660 puis français des années 1680, abaissent son prix, mais font monter celui des esclaves en Afrique, relançant les guerres tribales.
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+ L'Espagne ignorait le commerce triangulaire. Le traité de Tordesillas lui interdisant les comptoirs en Afrique, elle concédait des licences d'importation, via l'Asiento. Les premiers esclaves africains arrivent à Cuba dès 1513. Mais deux siècles et demi plus tard, en 1763, Cuba ne compte que 32 000 esclaves, 10 fois moins que la Jamaïque anglaise et 20 fois moins que Saint-Domingue. En revanche, de 1792 à 1860, 720 000 Noirs sont introduits par les réfugiés français de Saint-Domingue à Cuba[30], alors que l'esclavage disparaît à Saint-Domingue et à la Jamaïque.
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+ La création dans les années 1670 de la Compagnie du Sénégal et de la Royal African Company dope le commerce triangulaire. La Martinique n'avait que 2 600 esclaves en 1674, ils sont 90 000 un siècle plus tard. D'immenses fortunes émergent[31], sans se réinvestir dans l'industrie : malgré l'enrichissement des Irlandais de Nantes, l'arrière-pays reste sous-développé. Avec Nantes, Bordeaux et La Rochelle[32] deviennent à la fin du XVIIIe siècle les autres capitales du commerce triangulaire français[pas clair]. Les bateaux sont plus grands, Saint-Domingue reçoit 20 000 captifs par an, le prix des esclaves monte encore, générant des guerres en Afrique.
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+ C'est la plus ancienne et la moins documentée, des trois traites. La majorité des personnes mises en esclavage sont des prisonniers de guerre[33] ; plus rarement, il s'agit de personnes qui ont été reconnues coupable de crimes ou sont membres de la famille d'une personne exécutée pour crime[33],[34]. La traite intra-africaine remonte au moins au XIe siècle[35], a été stimulée par les deux autres, mais n'est devenue dominante qu'au XIXe siècle.
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+ La part de la traite intra-africaine dans l'ensemble de la traite a fortement progressé au XIXe siècle[36], selon le sociologue Peter Manning. Avant 1850, seulement un tiers des captifs africains restaient sur place. Puis entre 1850 et 1880, leur nombre devint supérieur à ceux exportés par les traites occidentales et orientales. Après 1880, les interdictions de traite transatlantique commencèrent à rendre leurs effets et la quasi-totalité des captifs restèrent sur place[37]. Manning estime à 14 millions le nombre d'esclaves restant sur place, soit l'équivalent de la moitié des captifs exportés par les traites occidentales et orientales[37].
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+ Le chercheur canadien Martin A. Klein estime lui que, bien avant 1850, plus de la moitié des captifs restaient en Afrique de l'Ouest[38]. Selon lui, même les années où l'exportation d'esclaves atteignait son intensité maximale, les captifs restant sur place — principalement des femmes et des enfants — étaient plus nombreux[37].
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+ La traite atlantique n'est pas à l'origine de la traite intra-africaine, mais l'augmente et entraîne davantage de guerres tribales. Son existence sert souvent de prétexte humaniste à la constitution des empires coloniaux français, belges, allemand, italien et anglais qui, en effet, y mettent fin mais au prix de la mise sous tutelle coloniale.
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+ Les chiffres établis par l'historien Olivier Pétré-Grenouilleau portent à 14 millions le nombre d'Africains réduits en esclavage dans le cadre de la traite intra-africaine[39]. L'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch estime quant à elle que le chiffre de « quatorze millions d'esclaves qui auraient, en sus, été "traités" et utilisés à l'intérieur du continent noir par les Africains eux-mêmes » est « un chiffre sans fondement sérieux »[40].
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+ Dès le XVIIIe siècle, les traites négrières rencontrent une opposition en Angleterre. Ralph Davis a raconté les mutineries de Liverpool en août 1775, dans le port, où des marins de navires baleiniers se révoltèrent contre des armateurs désireux de réduire les salaires et furent rejoints par l'équipage d'un navire négrier, avant d'occuper la Bourse de Commerce, où les soldats furent envoyés pour déloger plusieurs milliers de mutins[41].
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+ La plupart des pays impliqués dans les traites négrières les ont abolies au XIXe siècle, plusieurs décennies avant de le faire pour l'esclavage, d'abord pour des motifs idéologiques, même si l'historien marxiste Eric Williams y voit un calcul économique pour favoriser le libre-échange au détriment d'un mercantilisme daté[42].
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+ La traite des Noirs est abolie par le Royaume-Uni en 1807, les États-Unis en 1808, et en France, par le décret du 29 mars 1815[43], quand Napoléon revient au pouvoir lors des Cent-Jours, confirmé par la suite par l'ordonnance royale du 8 janvier 1817 et la loi du 15 avril 1818. Ces trois pays n'aboliront respectivement l'esclavage qu'en 1833, 1860 et 1848[44].
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+ La France et le Royaume-Uni ont signé une première convention pour la suppression du trafic des esclaves et un traité contre la traite des Noirs le 30 novembre 1831 et une convention supplémentaire le 22 mars 1833[45]. Cette convention prévoit que d'autres puissances maritimes sont invitées à se joindre à ces conventions. Les villes hanséatiques le font le 9 juin 1837[46], le Grand-duc de Toscane le 24 novembre 1837[47], la république d'Haïti le 29 août 1840[48].
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+ Le Brésil abolit officiellement la traite en 1850[49] mais l'esclavage seulement le 13 mai 1888[50], ce qui cause le renversement de l'empereur Pedro II[51]. Le dernier navire négrier arrive à Cuba en 1867[52].
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+ Si la traite atlantique disparaît, une traite persiste entre l'île de Zanzibar et le monde arabe. Alexandrie est de nouveau, dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'un des principaux marchés à esclaves. On estime à 1,65 million de personnes le nombre des victimes de la traite transsaharienne entre 1800 et 1880[52]. Une nouvelle forme de traite apparaît : l'engagisme ou coolie trade.
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+ L'abolitionnisme avait cependant tenté d'interdire l'esclavage bien plus tôt. Dès la fin du XVe siècle, la papauté condamne l'esclavage : c'est le cas de Pie II, de Paul III, de Pie V, d'Urbain VIII ou encore de Benoît XIV[53]. Mais ne pouvant le supprimer, elle cherche ensuite à améliorer les conditions par une action auprès des esclaves (Sœur Javouhey, Pierre Claver, Montalembert).
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+ La Révolution française abolit l'esclavage le 4 février 1794[54], mais Napoléon Bonaparte le rétablit par le décret du 30 Floréal An X (20 mai 1802) après la restitution de la Martinique à la France par la paix d'Amiens (25 mars 1802)[55] et plus encore lors du soulèvement de Saint-Domingue qu'il tente vainement de combattre par une expédition désastreuse qui ne peut empêcher l'indépendance d'Haïti[56]. L'abolition de l'esclavage ne sera définitive pour les autres colonies françaises qu'avec le décret du 27 avril 1848[57].
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+ En Louisiane, le gouverneur espagnol, Francisco Luis Hector de Carondelet, avait interdit toute importation d'esclaves en 1796. Son prédécesseur Esteban Rodríguez Miró, avait banni en 1786 l'importation d'esclaves nés dans la Caraïbe, la limitant à ceux qui venaient d'Afrique.
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+ La Révolution haïtienne de son côté, combattit la piraterie des années 1800 dans la Caraïbe, liée à la traite négrière illégale, pour rendre la traite plus dangereuse et plus difficile.
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+ Entre 1783 et 1807, la moitié des esclaves transportés par le Rhode Island vont à Cuba mais après 1807, Cuba est approvisionné directement en Afrique, les danois et anglais, qui règnent sur le commerce inter-antillais, ayant cessé la traite négrière, ce qui fait chuter les prix sur ce marché.
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+ Les Antilles britanniques ne représentent plus qu'un tiers des esclaves transportés par les négriers britanniques après 1800, selon l'historien David Eltis, professeur à l'Université Emory[58], les négriers refusent de faire crédit à Cuba et dans les Antilles françaises, ce qui pénalise un peu cette destination, où ils exigent d'être payés comptant ou en marchandises.
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+ Sur 444 voyages négriers recensés entre 1808 et 1815, la totalité sauf douze passent par Cuba ou le Brésil. Les négriers anglais et américains sont nombreux à changer de localisation, la plus grande partie des Anglais le font. Ceux qui poursuivent cette activité n'utilisent plus beaucoup les ports anglais à partir de 1811 et s'installent à l'étranger, recourant au pavillon portugais, pays allié de l'Angleterre[59].
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+ Le Royaume-Uni a eu les moyens de réprimer la traite de la plupart des pays, grâce à la puissance de la Royal Navy, sortie gagnante du XVIIIe siècle, sous la pression d'une partie des milieux économiques, menés par William Wilberforce, qui l'avaient jugée contre-productive dès la fin du XVIIIe siècle, pour des raisons d'équilibre économique, puis sous l'influence de l'Anti-Slavery Society. Au XVIIIe siècle, la culture du sucre est plus grande consommatrice d'esclaves, qui meurent d'épuisement sur les plantations en quelques années et les « îles à sucre » françaises ont profité d'une fiscalité plus favorable pour supplanter leurs rivales britanniques.
102
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103
+ La Société pour l’abolition de la traite négrière (Society for the Extinction of the Slave Trade), influencée par les initiatives des quakers anglais et nord-américains, provoqua en 1788 une enquête du Conseil privé de la Couronne[60], qui amena le Parlement à voter en 1807 l’interdiction de la traite négrière. Les abolitionnistes britanniques intensifièrent alors leurs campagnes[60], recourant aux moyens les plus divers pour sensibiliser l’opinion publique mondiale : conférences, signatures de pétitions, campagnes de boycott des marchandises en provenance de pays à esclaves, diffusion de livrets et feuilles imprimés et illustrés. L’Angleterre prit ainsi la tête des courants abolitionnistes mondiaux après avoir maîtrisé le trafic négrier pendant plus de deux siècles[60].
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+ Au congrès de Vienne (1815), Talleyrand promit à Castlereagh de soutenir la position britannique sur l'interdiction de la traite. Malgré l’abolition par plusieurs pays, celle-ci continua de perdurer. En France, elle devint illégale mais se poursuivit : jusqu'au milieu des années 1820, des négriers français sont armés à Nantes ou Bordeaux, à la vue de tous. Ils bafouent ouvertement la loi. Entre 1815 et 1833, on recense 353 bateaux de traite à Nantes[31].
106
+
107
+ La traite négrière disparaît grâce à des accords entre la France et le Royaume-Uni et d'autres pays, incluant un « Droit de visite des navires étrangers », prévu explicitement par une série de traités internationaux : la Royal Navy croise sur les côtes occidentales africaines. La mission de ses vaisseaux est de visiter les lieux de la traite et les navires marchands. L'État français coopère mais une large partie des milieux d'affaires français accuse l'Angleterre de vouloir simplement ruiner la France et juge que la traite est un acte patriotique, contribuant à la richesse de la France. Après 1835, on ne dénombre plus que 20 navires français à s'être livrés à la traite.
108
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+ Aux États-Unis, il faut attendre 1805 pour que Washington interdise l'importation d'esclaves, ce qui enrichit leurs propriétaires : sur le marché aux esclaves de La Nouvelle-Orléans, le prix d'un esclave monte à 500 dollars en 1805 contre 200 en 1776 et 100 en 1766. Trois nouveaux états esclavagistes sont fondés dans les années 1810 : Alabama, Mississippi et Louisiane. Ils cultiveront 78 % du coton américain en 1859, si on leur ajoute la Géorgie. Les esclaves des anciennes colonies de la côte atlantique sont déplacés, depuis le port de Norfolk jusqu'à La Nouvelle-Orléans puis vendus aux propriétaires de l'Ouest. La Louisiane importe 18 000 esclaves entre 1790 et 1810[61]. La plupart doivent ensuite emprunter des « routes de la migration » établies le long d'un réseau d'entrepôts.
110
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+ Les États-Unis ne comptaient que 350 000 esclaves en 1750, sur 1,5 million d'habitants. En 4 générations, leurs descendants sont 11 fois plus nombreux : 4 millions en 1865. Une question centrale abordée par les historiens des États-Unis a été de savoir comment le commerce interrégional des esclaves du Vieux Sud côtier vers le Nouveau Sud intérieur a affecté les familles d'esclaves . La réponse, selon des études récentes, est que les familles et les communautés d'esclaves ont été dévastées: même si une partie des propriétaires cherchant des occasions de s'installer dans des régions de frontière se déplaçait avec leurs esclaves et leurs familles , il est probable que plus de 50 pour cent des esclaves exportés l'ont été sans leur famille.
112
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113
+ Au Brésil, la délocalisation du pouvoir politique et financier vers le sud facilita le développement de la production de café dans le sud-est. L'Angleterre, qui craignait la concurrence "déloyale" d'une production par des esclaves exigea une chasse aux trafiquants[62]. Du coup, le prix des esclaves flamba et un marché interne se développa pour déplacer cette main d´œuvre du Nordeste[62].
114
+
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+ L'Arabie saoudite a aboli l'esclavage en 1962, la Mauritanie en 1981.
116
+
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+ Olivier Pétré-Grenouilleau, l'historien qui met le plus l'accent sur la traite orientale, a estimé, en 2004, à 42 millions le total de victimes pour trois traites négrières :
118
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+ En 1997, Hugh Thomas a estimé au total à 13 millions le nombre d'esclaves « ayant quitté l'Afrique » lors de la traite atlantique, dont 11,32 millions arrivés à destination au moyen de 54 200 traversées. Il affecte au Portugal et sa colonie du Brésil 30 000 de ces traversées[63].
120
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121
+ Dans ses estimations le Danemark est censé avoir déporté 50 000 esclaves avec 250 traversées. Or, selon l'historien danois Per Hernaes[64], « on peut estimer aujourd'hui à environ 85 000 le nombre total d'esclaves transportés sur des navires danois entre 1660 et 1806 ».
122
+
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+ En 2001, en ce qui concerne la traite atlantique, David Eltis arrivait à un total de 11 062 000 déportés pour 9 599 000 esclaves débarqués aux Amériques, entre 1519 et 1867. Ce sont ses estimations que Petré-Grenouilleau a reprises dans son livre Les Traites négrières, Essai d'histoire globale. En décembre 2008, David Eltis lance la plus large base de données consacrée à la traite atlantique : The Trans-Atlantic Slave Trade Database, elle fait état de 12 521 336 déportés entre 1501 et 1866[65].
124
+
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+ Quant à l'historien Serge Daget, voici ses estimations en 1990 :
126
+
127
+ En 1982, Joseph Inikori[66] estime à 15 400 000 le nombre de déportés par la traite atlantique, tandis que Paul Lovejoy (en) proposait 11 698 000[67] déportés (pour 9 778 500 débarqués) ; chiffre qu'il portera à 11 863 000 en 1989[68].
128
+
129
+ Pour Catherine Coquery-Vidrovitch, ces « chiffres globaux n'ont pas grand sens puisqu'ils recouvrent des durées très inégales : la traite musulmane, qui a commencé au IXe siècle s'est prolongée jusqu'au début du XXe. En outre, ils sont aussi contestables que contestés : un historien britannique vient-il de proposer de faire tomber la traite transsaharienne à six ou sept millions d'individus au plus (au lieu de douze), sur 1 250 ans »[69].
130
+
131
+ En 1979, Ralph Austen présentait des estimations[70], notamment sur la traite orientale :
132
+
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+ Soit au total 14 387 000 individus au départ et 12 350 000 à l'arrivée et pour l'ensemble des traites arabes.
134
+
135
+ Toutefois, en 1987[71], Austen porte à 8 millions le nombre de déportés de la « traite orientale » entre 650 à 1920 (au lieu des 5 millions reportés ci-dessus pour la période 800-1890) ; ce qui donnait globalement 17 387 000 déportés pour les traites arabes. C'est cette dernière estimation que Petré-Grenouilleau a reprise en 2004, mais qu'il n'avait pas retenue en 1997. Depuis, Ralph Austen estime à « environ 12 millions » le nombre de déportés par les « traites arabes ».
136
+
137
+ En 1969, Philip Curtin (en) proposait 9 566 100 déportés par la traite atlantique[72]. Nombre d'estimations ultérieures se sont appuyées sur les travaux de Curtin, en affinant certains aspects (notamment la traite illégale) pour parvenir à des chiffres, ou bien supérieurs (Inikori), ou bien inférieurs (Lovejoy).
138
+
139
+ Les différentes traites ont eu une influence profonde sur les sociétés africaines.
140
+
141
+ Lors d'un colloque sur La tradition orale et la traite négrière[75], il a été présenté que la traite négrière a été dévastatrice pour l'Afrique, à la fois socialement et économiquement.
142
+
143
+ Selon le professeur Gueye Mbaye[réf. souhaitée] :
144
+
145
+ « dans certains secteurs, les populations avaient renoncé à vivre dans de gros villages pour se contenter de petits hameaux éparpillés à l’intérieur de la forêt et auxquels on n’accédait que par des sentiers le long desquels on avait établi des ruches d’abeilles guerrières qui en interdisaient l’accès à toute cavalerie. C'est compte tenu de tout ceci que les vieillards interrogés sur les stagnations voire la régression de l’agriculture africaine sont unanimes à incriminer "la période des chevauchées permanentes". »
146
+
147
+ Selon Eduardo Galeano, la situation globale de l'Afrique au temps de la traite négrière est à mettre en parallèle avec celle de l'Amérique et des Amérindiens[76]. Il existe selon lui une indéniable corrélation entre l'extermination de ces derniers et la déportation de millions d'Africains dans les mines et plantations américaines ; entre l'effondrement des cultures (matérielles et spirituelles) amérindiennes au contact des Européens et l'agonie des sociétés traditionnelles africaines au sortir de la conjoncture négrière atlantique.
148
+
149
+ Nathan Nunn écrit quant à lui qu'au
150
+
151
+ « royaume du Congo en Afrique centrale et de l’ouest (...) dès 1514, les enlèvements de citoyens du royaume pour être vendus aux portugais suivaient un rythme effréné, menaçant l’ordre social et l’autorité du roi. En 1526, Affonso, roi du Congo, écrit au Portugal pour se plaindre du fait qu'« il y a beaucoup de commerçants dans tous les coins du royaume. Ils amènent la ruine du pays. Tous les jours des gens sont réduits en esclavage et raptés, même des nobles, même des membres de la famille royale[77]». Cette rupture de l’ordre et de la loi fut en partie responsable de l’affaiblissement et finalement, de la chute de cet état anciennement puissant. Pour beaucoup des autres ethnies bantouphones, des états stables ont existé auparavant mais le temps que la traite soit abolie, peu des anciens états existaient encore[78],[79] »
152
+
153
+ Dans sa contribution à l'ouvrage collectif The Oxford History of the British Empire, l'historien David Richardson estime[80] que les profits de la traite négrière n'ont représenté environ qu'un pour cent (1 %) des investissements réalisés dans les premières années de la révolution industrielle britannique. De grands ports négriers comme Bristol, ou encore Nantes en France, n'ont pas connu de décollage industriel, leur arrière-pays restant rural, car les profits de la traite négrière ont dans leur quasi-totalité été investis dans des placements fonciers.
154
+
155
+ Du côté africain, la traite a représenté un moyen important d'enrichissement pour les élites en place[81].
156
+
157
+ Les travaux de Nathan Nunn, un économiste canadien, professeur à l'Université Harvard, ont montré l'importance du préjudice économique lié à l'esclavage et la traite sur le développement économique des pays d'Afrique[82].
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+ Mise en garde médicale
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+
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+ L’autisme, ou plus généralement les troubles du spectre de l'autisme (TSA), est un trouble du neuro-développement humain caractérisé par des difficultés dans les interactions sociales et la communication, et des comportements et intérêts à caractère restreint, répétitif et stéréotypé. Il existe différents niveaux de sévérité des symptômes, d'où la notion de « spectre ». Le diagnostic est indépendant des niveaux langagier et intellectuel de la personne. Les troubles associés sont fréquents.
6
+
7
+ La compréhension de l'autisme a grandement évolué, d'une pathologie jadis considérée comme rare et sévère, vers un regroupement de troubles aux symptômes communs, les troubles du spectre de l'autisme, précédemment nommés troubles envahissants du développement. Ces troubles pourraient avoir des causes diverses, provoquant les mêmes types de comportement clinique chez les personnes concernées[HAS 1]. Leurs origines comprennent une part génétique majoritaire et complexe, impliquant plusieurs gènes, et des influences environnementales mineures. La notion de spectre de l'autisme reflète la diversité des phénotypes observés. Cette diversité suggère que les troubles du spectre de l'autisme ne sont que l'extrémité pathologique d'un spectre de conditions normalement présentes parmi toute la population.
8
+
9
+ L'autisme pourrait provenir d'un développement différent du cerveau, notamment lors de la formation des réseaux neuronaux et au niveau du fonctionnement des synapses. Les recherches se poursuivent dans différents domaines : la neurophysiologie[1], la psychologie cognitive[2], ou encore l'épigénétique[3]. Ces études visent à mieux cerner les différentes causes, permettre une meilleure classification, et concevoir des interventions adaptées, par progression vers une médecine personnalisée. Des centaines de mutations génétiques semblent modifier la neurologie du cerveau, le métabolisme, le système immunitaire, et la flore intestinale[4].
10
+ Les garçons sont plus souvent diagnostiqués que les filles. Le ratio de l'autisme diagnostiqué est d'environ trois garçons pour une fille, ces différences liées au sexe étant en cours d'étude[5].
11
+
12
+ L'histoire de l'autisme est complexe. L'évolution des critères de définition, notamment depuis 2013 avec la 5e édition du DSM, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux[6], et celle prévue pour la CIM-11, Classification internationale des maladies, retiennent une notion dimensionnelle prenant en compte l'évolution des individus dans la société.
13
+
14
+ Le 2 avril est la « journée mondiale de la sensibilisation à l'autisme »[7]. L'autisme est reconnu par l'ONU comme étant un handicap, en vertu de la Convention relative aux droits des personnes handicapées[8].
15
+ La communauté autiste préfère généralement reconnaître l'autisme comme une différence neurologique ou un handicap, plutôt qu'une maladie.
16
+
17
+ La description de l'autisme est fournie par la Classification internationale des maladies (CIM), et le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).
18
+
19
+ Le DSM 5 associe deux critères, l'un social et l'autre comportemental[6]. Ces deux critères se substituent à la notion de triade autistique qui fait néanmoins toujours office de définition de référence (dans la CIM 10)[9], sans contradiction car elle ne fait que distinguer communication et interaction dans le volet social.
20
+
21
+ Cette triade mise en évidence cliniquement est la suivante[10] :
22
+
23
+ « Ces anomalies qualitatives constituent une caractéristique envahissante du fonctionnement du sujet, en toutes situations[9],[HAS 2],[N 1]. »
24
+
25
+ Les parents peuvent percevoir des premiers signes de l'autisme durant les deux premières années de leur enfant par l'absence ou la présence d'un certain nombre de comportements[11], par exemple : une impression d'indifférence au monde sonore (ne réagit pas à son prénom) et aux personnes ; l'absence de tentative de communication avec l'entourage par les gestes ou le babillage ; la difficulté à fixer le regard ou un regard périphérique. Le décalage avec les comportements des autres enfants apparaît de plus en plus important avec l'avancée en âge, néanmoins certains enfants se développent d'abord « normalement », puis « régressent » soudainement[12],[13].
26
+
27
+ « Autisme » est une traduction du mot Autismus, créé par le psychiatre zurichois Eugen Bleuler[14],[15] à partir du grec ancien αὐτός, autós (« soi-même »)[16],[17]. Bleuler introduit ce mot en 1911, « dans son ouvrage majeur, Dementia praecox ou groupe des schizophrénies »[18].
28
+
29
+ Des différences au niveau du cerveau ont été observées chez les personnes autistes, apportant une signature anatomique à la définition antérieure par des critères cliniques. Les études en neurosciences ont montré des différences dans l’organisation du cortex[27],[28], au niveau des dendrites (arborescences des neurones) et des synapses (connexion entre neurones), voire des modifications plus larges de structures cérébrales. Il est possible que les différences corticales apparaissent au cours d'un stade de développement anténatal[27].
30
+
31
+ En corrélation avec les différences fonctionnelles observées au niveau comportemental, les études d'Eric Courchesne et de son équipe relèvent que les enfants autistes ont un nombre de neurones plus élevé de 67 % en moyenne dans le cortex préfrontal[29], et une croissance cérébrale plus importante que la moyenne au niveau des lobes frontaux, ce qui s'est traduit dans la littérature scientifique antérieure par des observations de périmètre crânien plus élevé[30].
32
+
33
+ Cependant, le 14 octobre 2014, dans une étude basée sur des données par imagerie par résonance magnétique (IRM), des chercheurs de l'Université Ben-Gourion du Néguev et de l'Université Carnegie-Mellon (États-Unis) ont estimé que les différences anatomiques entre le cerveau de personnes autistes de plus de 6 ans et celui de personnes du même âge non autistes sont indiscernables[31],[32]. Pour arriver à ce résultat, ces chercheurs ont utilisé la base de données Autism Brain Imaging Data Exchange (ABIDE), qui a permis pour la première fois de procéder à des comparaisons de grande échelle de scanners IRM entre des groupes de personnes autistes et des groupes contrôle[33]. Cette base de données est une collection mondiale de scanners IRM de plus de 1 000 personnes, pour la moitié autistes, âgés de 6 à 35 ans[34].
34
+
35
+ L'Institut de neurosciences de la Timone (Marseille, France) a identifié un marqueur anatomique spécifique de l'autisme, détectable par IRM et présent dès l'âge de deux ans. Ce marqueur consiste en un plissement spécifique du cortex cérébral. Il est appelé « racine du sillon »[35],[36],[37].
36
+
37
+ À l'échelle des synapses, des études mettent en évidence des modifications dans le système des neurotransmetteurs, en particulier celui du transport de la sérotonine en association notamment avec des modifications de gènes impliqués. L'implication du système dopaminergique ou glutamatergique semble moins bien démontrée. Enfin, des études sont en cours sur le rôle du système cholinergique, de l'ocytocine ou encore de certains acides aminés impliqués dans la neurotransmission[38].
38
+
39
+ Les différents troubles liés à l'autisme semblent le plus souvent d'origine « multifactorielle, avec une forte implication de facteurs génétiques[39] » et de nombreux facteurs de risques concomitants[38].
40
+
41
+ La modification de gènes liée à la maturation synaptique semble principalement en cause et oriente ainsi les études neurobiologiques vers les modifications de la connectivité et des neurones induites par l'expression de ces gènes[38]. Leurs suppressions chez des rongeurs provoquent des symptômes pseudo-autistiques[40],[41].
42
+
43
+ Des travaux sur l'héritabilité de l'autisme suggèrent que 90 % de la variabilité est attribuable à des facteurs génétiques[38]. Selon une étude parue en mai 2014[42], l'une des plus vastes réalisées, l'autisme n'est génétique qu'à hauteur de 50 %, à parts égales avec les facteurs environnementaux[43]. Il est cependant difficile de distinguer les facteurs génétiques et les facteurs environnementaux, l'autisme étant un caractère phénotypique issu d’interactions complexes[44]. Selon une étude de 2015, 50 % des cas d'autisme s'expliqueraient par des mutations de novo[45].
44
+
45
+ Les structures cérébrales caractéristiques de la maladie étant acquises durant la grossesse[46], il n'est pas possible d'isoler l'effet de l'environnement en étudiant les jumeaux monozygotes qui sont exposés aux mêmes conditions de développement prénatal. Les interactions des gènes liés à l'autisme entre eux et avec l'environnement sont complexes : un même profil génétique et le même environnement peut produire des individus autistes et normaux, les jumeaux monozygotes n'étant pas systématiquement autistes ou normaux. Dans les années 1990, l'autisme était considéré comme une maladie polygénique de 5 à 15 gènes à transmission non mendélienne. Or, depuis les années 2000, plusieurs centaines de gènes à transmission mendélienne impliqués dans l'autisme ont été mis en évidence[47]. L’autisme serait lié à 1 034 gènes différents, et les effets de mutations spontanées ne sont pas négligeables[48].
46
+
47
+ Plusieurs corrélations statistiques (pouvant agir synergiquement) ont été mises en évidence :
48
+
49
+ Environ la moitié des parents d'enfants présentant un trouble du spectre de l'autisme remarquent la présence de comportements inhabituels chez leur enfant avant l'âge de 18 mois, et environ les 4/5 avant l'âge de 24 mois[78]. La présence d'un ou plus des signes d'alerte suivant nécessite de consulter un médecin spécialiste[79] (voir les recommandations de la Haute Autorité de Santé[HAS 4]) :
50
+
51
+ Le dépistage et le diagnostic précoce de l'autisme sont essentiels afin de mettre en place une prise en charge adaptée le plus tôt possible[79]. De nombreux outils de dépistages standardisés ont été développés dans ce but. Parmi ces outils, on peut noter le test M-CHAT (« Modified Checklist for Autism in Toddlers », une version francophone en ligne est disponible ici), le test ESAT (« Early Screening of Autistic Traits Questionnaire »), et le questionnaire FYI (« First Year Inventory »). Les données préliminaires récoltées concernant le test M-CHAT et son prédécesseur, le test CHAT (« Checklist for Autism in Toddlers »), chez de jeunes enfants de 18-30 mois suggèrent d'une part que ces tests sont d'autant plus utiles qu'ils sont administrés dans un contexte clinique, et d'autre part que la sensibilité de ces tests est basse (fort taux de faux-négatifs) mais que leur spécificité est élevée (peu de faux-positifs)[80]. L'efficacité de ces outils de dépistages précoces est augmentée lorsqu'ils sont précédés d'un dépistage plus large des troubles neuro-développementaux en général[81]. Enfin, il faut noter qu'un test de dépistage développé et validé au sein d'une culture particulière doit être adapté avant d'être généralisé à une culture différente : par exemple, regarder l'autre dans les yeux est un comportement normal et attendu dans certaines cultures mais pas dans d'autres[82].
52
+
53
+ Les tests génétiques ne sont généralement pas indiqués dans le cadre d'un diagnostic d'autisme, sauf lorsque celui-ci s'accompagne d'autres symptômes tels que des troubles neurologiques ou une dysmorphie faciale[83].
54
+
55
+ Il n'existe à ce jour pas d'examens complémentaires permettant de dépister l'autisme. Le diagnostic de l'autisme et des autres troubles envahissants du développement (TED) est clinique[HAS 1] et se fonde sur une double approche :
56
+
57
+ Le diagnostic doit être supervisé par un médecin spécialiste (psychiatre ou neuropédiatre) et comprend obligatoirement l'élimination de pathologies qui peuvent se manifester d'une manière proche de celle d'un autisme (voir les recommandations de la HAS[HAS 4]) :
58
+
59
+ En complément :
60
+
61
+ Le spécialiste (psychiatre ou neuropédiatre) effectue la synthèse de ces éléments et de ses propres observations cliniques pour délivrer le diagnostic, qui doit être posé selon la nomenclature de la CIM-10.
62
+
63
+ En France, étant donné le déficit de professionnels formés à ce sujet, il est recommandé, en cas de soupçon de TED, d'effectuer le diagnostic dans un des Centres Ressource Autisme régionaux[84].
64
+
65
+ Une étude menée par l'Université de Caroline du Nord (Chapel Hill) a montré qu'une IRM pratiquée à l'âge de un an sur un enfant ayant déjà un frère ou une sœur présentant un trouble du spectre de l'autisme permettait de prédire le développement d'un TSA à l'âge de deux ans avec une sensibilité de 81 % et une spécificité de 97 %[85],[86]. Toutefois, les résultats demandent à être confirmés et les applications cliniques potentielles sont limitées car la méthode n'est pas prédictive sur la population générale[85].
66
+
67
+ Si le DSM 5 ne fait plus de distinction interne au spectre autistique autre que la quantification des troubles sociaux d'une part et comportementale d'autre part, la CIM-10 distingue principalement trois diagnostics :
68
+
69
+ Kanner
70
+
71
+ Le terme renvoie aux troubles autistiques du contact affectif définis en 1943 par Leo Kanner[20]. Il a officiellement été distingué sous ce nom d’autisme infantile pour la première fois dans le DSM III en 1980[21].
72
+
73
+ Dans le même temps, la notion, appelée autisme par commodité, a évolué au point que ces critères premiers sont distingués comme autisme typique (ou autisme de Kanner, ou encore autisme infantile précoce), tandis que l'ensemble plus vaste est appelé trouble envahissant du développement (TED) dans le DSM-IV[21] et la CIM 10, et tend à devenir celui des troubles du spectre autistique dans les évolutions.
74
+
75
+ Appelé psychopathie autistique en 1943 par Hans Asperger[90], ce syndrome est formalisé cliniquement en 1981 par Lorna Wing[23]. Ses travaux suivants[22],[10] permettent d'inclure ce syndrome dans l'autisme et de définir une triade autistique qui dès lors sera la définition de référence de l'autisme en général[9].
76
+
77
+ Ce syndrome, qui incarne donc la continuité d'un spectre autistique, rejoint dans un premier temps les critères diagnostiques dans le CIM-10 en 1993 et le DSM IV en 1994[21], puis la distinction spécifique tend à disparaître au profit d'une notion de continuité incarnée par les critères diagnostiques du DSM V en 2013[6].
78
+
79
+ C'est un critère diagnostique qui distingue un caractère autistique autre que l'autisme infantile ou le syndrome d'Asperger. Contrairement au diagnostic de trouble envahissant du développement non spécifié, le caractère autistique est clairement indiqué (il pointe l’existence des trois critères de référence de l'autisme, sociaux, communicationnel et de centre d’intérêt).
80
+
81
+ Certaines affections connues et identifiées sont parfois associées à un diagnostic d'autisme, et considérées comme une cause des troubles autistiques. Parmi elles :
82
+
83
+ Dans l'ensemble, le fait de parler d'autisme dans ces cas n'est pas consensuel. Ainsi, pour faire les comptes épidémiologiques le syndrome de Rett a été tantôt inclus, tantôt exclu des décomptes. « Il est à noter que leur appartenance au spectre des troubles autistiques est actuellement en cours de discussion[39]. »
84
+
85
+ Les personnes atteintes d'autisme et d'autres TED en général sont fréquemment affectées par d'autres troubles et pathologies[HAS 6] :
86
+
87
+ Le diagnostic différentiel des troubles du spectre autistique se fonde en partie sur une évaluation des trois critères centraux du spectre : socialisation, communication, comportement[N 2].
88
+
89
+ Il est à noter que le DSM-5, version la plus récente des classifications internationales, ne distingue plus le syndrome d'Asperger et le trouble envahissant du développement non spécifié du Trouble autistique mais les inclut dans le trouble du spectre de l'autisme. Le diagnostic de trouble du spectre de l'autisme ainsi défini ne s'accompagne pas nécessairement d'un retard de langage ou d'une déficience intellectuelle. Ces deux éléments viennent éventuellement préciser le diagnostic s'ils sont présents, mais leur présence n'est pas nécessaire pour poser un diagnostic de trouble du spectre de l'autisme[94].
90
+
91
+ Le DSM-5 inclut aussi le trouble pragmatique du langage dans le diagnotique différentiel, les symptômes décrits dans le TPL n'étant pas définis dans le DSM-4, de nombreuses personnes avec les symptômes du TPL peuvent avoir été diagnostiqué avec un Trouble envahissant du développement non spécifié, une personne présantant ces symptomes mais ne présentant pas les autres symptômes des Troubles du Spectre Autistique seraient diagnostique avec un trouble pragmatique du langage avec les nouveaux critères du DSM-5[95].
92
+
93
+ Il existe différentes dimensions d'accompagnement des personnes autistes pour les aider à compenser leur handicap, selon plusieurs approches — éducatives, psychologiques ou médicales — et donc diverses méthodes plus ou moins en concurrence[96].
94
+
95
+ En France, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) émet le 8 novembre 2007 dans son avis no 102 le constat suivant :
96
+
97
+ « Il n’y a pas aujourd’hui de traitement curatif, mais une série de données indiquent depuis plus de quarante ans qu’un accompagnement et une prise en charge individualisés, précoces et adaptés, à la fois sur les plans éducatif, comportemental, et psychologique augmentent significativement les possibilités relationnelles et les capacités d’interaction sociale, le degré d’autonomie, et les possibilités d’acquisition de langage et de moyens de communication non verbale par les enfants atteints de ce handicap[97]. »
98
+
99
+ L'autisme affecte parents et proches (anxiété, fatigue, dépression) du fait de l'insuffisance de structures adaptées à la prise en charge scolaire, éducative, sociale et thérapeutique de leurs enfants[98].
100
+
101
+ Dans le cadre d’une recherche menée en Suisse, V. Zbinden Sapin, E. Thommen, A. Eckert et Ch. Liesen[99] analysent la situation des enfants, adolescents et les jeunes adultes, et identifient différents manques notamment au niveau des mesures prises pour le diagnostic : nombre insuffisant de centres diagnostiques compétents, méthode diagnostique standardisée souvent absente et déficit quant à la qualification de base des professionnels impliqués dans les processus de diagnostic. Dans cette étude, d’autres manques sont également identifiés en lien avec les interventions (notamment la nécessité d’avoir plus de mesures d’éducation précoce intensive), l’éducation et la formation, l’intégration professionnelle, le soutien aux familles et l’encouragement de l’autonomie ainsi que le conseil et la coordination. Une autre recherche menée auprès d’institutions spécialisées proposant des formations professionnelles en Suisse francophone a montré que les besoins spécifiques des jeunes présentant un TSA ne sont pas toujours pris en compte[100].
102
+
103
+ À l'âge adulte, des modalités de prises en charge sont proposées par le rapport d'Autisme Europe de 2009 : « Le projet thérapeutique adulte doit mettre l’accent sur :
104
+
105
+ Des travaux de recherche montrent que le stress associé à des troubles mentaux chez les personnes autistes, ainsi que le taux élevé de suicide chez cette population (voir Mortalité des personnes autistes), serait associé à la stigmatisation des minorités[102]. Ces données montrent que l'autisme et les problèmes de santé mentale ne sont pas intrinsèquement liés, et que ces derniers pourraient être limités par des mesures de lutte contre la discrimination[102].
106
+
107
+ Selon de nombreuses études, mais également de nombreux témoignages de parents ainsi que de personnes autistes, les interventions cognitives et comportementales, notamment l'Analyse du Comportement Appliquée (ABA), dont est aussi dérivé le Modèle de Denver, le TEACCH, et le PECS (moyen de communication alternatif) permettent aux personnes, dès les premiers symptômes durant la petite enfance, et dans une moindre mesure à tous les âges de la vie, d'aider les personnes autistes à gagner en autonomie et à développer des habitudes de communication[103].
108
+
109
+
110
+
111
+ L'entraînement aux habiletés parentales constitue une part importante des approches psycho-éducatives et contribue fortement aux progrès de l'enfant.
112
+
113
+ Ces approches, basées sur les avancées de la science sont en évolution constante et continuent d'être développées.
114
+
115
+ Les personnes militant pour la neurodiversité (qu'elles soient elles-mêmes autistes comme Michelle Dawson, ou parents), sont globalement opposées aux approches de type ABA, qu'elles jugent non-éthiques[104],[105]. Il est aussi suggéré qu'une exposition répétée aux approches de type ABA génère un trouble de stress post-traumatique chez la personne autiste[106].
116
+
117
+ L'avis no 102 du CNCE précise qu'« il n'existe pas de traitement curatif »[97], et il n'existe pas non plus de traitement médicamenteux recommandé officiellement[107]. Néanmoins, certains déséquilibres souvent associés aux troubles autistiques, comme le taux d'ocytocine ou de mélatonine, peuvent trouver des réponses médicales.
118
+
119
+ Par exemple, la prescription de mélatonine pourrait améliorer significativement le temps de sommeil total[108],[109],[N 3]. Un nombre important de personnes autistes étant épileptiques, elles reçoivent des médicaments anti-épileptiques afin de prévenir les crises.
120
+
121
+ Le rapport de la psychanalyse avec la notion d'autisme est complexe et fortement relié aux travaux des précurseurs de la psychanalyse (Jung, Freud ou Bleuler, cf. l'Histoire de la notion d'autisme).
122
+
123
+ Dans l'ensemble, l'approche psychanalytique reste source de vives controverses, qu'elle concerne les théories sur l'origine des troubles autistiques ou leur prise en charge[96]. En France, des recommandations spécifiques[97],[HAS 8] ont été élaborées en 2012 par la Haute Autorité de Santé. Celles-ci, après une consultation pluridisciplinaire sur l'état des connaissances[HAS 2], classent l'approche thérapeutique psychanalytique dans la catégorie des approches « non consensuelles ». Ces recommandations ont entraîné un vif débat qui reflète la grande influence des méthodes psychanalytiques en France, à l'opposé de nombreux pays anglo-saxons. Des associations de familles militant pour que l'approche psychanalytique soit considérée comme « non recommandée » ont exprimé leur déception[110] et certaines associations de psychanalystes ont protesté[111]. Faisant suite à la dénonciation répétée de la psychanalyse dans la prise en charge de l'autisme[112], une proposition de résolution parlementaire visant à l'interdire a été formulée en 2016 par le député Daniel Fasquelle[113], soutenu publiquement par le porte-parole du collectif Autisme Florent Chapel[114].
124
+
125
+ Cette controverse est notamment centrée sur l'importance des théories psychanalytiques culpabilisant le rôle de la mère dans le développement de l'autisme. Notamment les théories émises par Bruno Bettelheim, qui a proposé l'idée de « mère réfrigérateur » en s'inspirant des propos de Leo Kanner[N 4] pour désigner des mères comme cause de l'autisme de leur enfant[115]. Bien qu'il prône une prise en charge psychoéducative[116] et qu'il exclue de sa définition de l'autisme les causes innées[N 5] (là où Kanner fait le contraire[117]) il reste le symbole du refus d’entendre la part génétique, innée de ces troubles. Ses théories ont souvent été reprises en psychanalyse de l'autisme[118].
126
+
127
+ Les faibles possibilités de prise en charge autre que celles d'inspiration psychanalytique ont été dénoncées par des associations de parents, accusant les théories psychanalytiques de guider un nombre important de pédopsychiatres français[96],[119],[120]. Ces théories culpabilisantes seraient progressivement abandonnées par les praticiens d'inspiration psychanalytique actuels, certains prenant acte des avancées scientifiques et mettent l'accent sur une position éthique de respect de la souffrance des patients et de leur famille[121],[122].
128
+
129
+ En 2009, le psychiatre et psychanalyste Hochmann qui a retracé l'histoire de l'autisme écrit :
130
+
131
+ « La psychanalyse bien comprise et les hypothèses qu’elle permet de faire sur la psychopathologie de l’autisme n’ont aucune prétention causale[N 6]. »
132
+
133
+ Dans une tribune adressée au journal Le Monde, les scientifiques Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste, Nouchine Hadjikhani, neuroscientifique et Éric Lemonnier, pédopsychiatre, ont souligné le manque de fondement scientifique de la psychanalyse et récusé sa prétention à guérir une maladie biologique comme l'autisme[123].
134
+
135
+ D'après les résultats préliminaires d'une étude scientifique française, effectuée dans le cadre de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, l'approche psychothérapeutique de l'autisme, qu'elle soit d'inspiration psychanalytique ou d'inspiration cognitivo-comportementale, donne des améliorations significatives de l'état des enfants autistes[124],[125]. L'étude fait l'objet d'une bonne réception de la part de divers psychiatres, psychologues cliniciens et psychanalystes[126] mais également de critiques venant du cognitiviste Franck Ramus[127]. Cette étude n'est qu'un premier pas, et montre le besoin d'un plus grand nombre d'analyses scientifiques rigoureuses à grande échelle pour estimer les effets de la psychothérapie, qu'elle soit d'orientation psychanalytique ou autre, dans la prise en charge de l'autisme.
136
+
137
+ L'autisme reste mal compris, ce qui peut entraîner une grande anxiété chez les familles, ainsi qu'un douloureux phénomène d'impuissance[128]. Cet état de fait a attiré de nombreux thérapeutes para-médicaux malintentionnés et autres escrocs, qui proposent des méthodes « alternatives » soi-disant miracles, facturées à des prix souvent très élevés[128],[129]. On assiste ainsi, comme pour le cancer ou la maladie d'Alzheimer, à la prolifération d'une pseudo-science autour de l'autisme, de ses causes hypothétiques et de son soi-disant traitement, impliquant un grand nombre de thérapies non conventionnelles, parfois sur la base de traitement oraux (« thérapies par chélation », « Miracle Mineral Solution », « Coconut kefir »[128]…), parfois sensorielles (snoezelen, balnéothérapie), ou sur la base de régimes[130], ou encore plus farfelues (bains de boue, oxygène sous pression[128]…). Si certaines méthodes considérées comme alternatives, comme le contact avec des chevaux entraînent des bénéfices chez certains enfants[131],[132],[133] (encore à confirmer[134]), la plupart n'ont pas démontré la moindre efficacité, et constituent de simples arnaques[128]. Les méthodes peu ou non-évaluées, telles que la méthode Son-Rise et la méthode des 3i, sont non-recommandées par la HAS en France[135].
138
+
139
+ Comptant sur la fragilité émotionnelle des familles, des charlatans et certaines sectes[129] attribuent à l'autisme des causes farfelues (qu'ils se proposent de traiter à l'aide de recettes miracles), notamment les vaccins[136],[137] ou encore le gluten[138] et le mercure, ou évoquent d'autres théories du complot. Les études scientifiques nient tout lien entre ces éléments et l'autisme, dont les causes réelles sont sans doute beaucoup plus complexes[139].
140
+
141
+ Grâce aux importants revenus générés par ces pseudo-thérapies, de puissants instituts se sont formés aux États-Unis pour promouvoir et centraliser ce genre de méthodes (comme l’Autism Society of America, l’Autism Research Institute et le Strategic Autism Initiative), appuyés par une communication et un lobbyisme actifs, impliquant jusqu'à Donald Trump[140]. Cette communication est généralement basée sur des témoignages isolés et invérifiables et une grande force de persuasion, parfois assortis de fausses études scientifiques[128]. En réponse, la FDA américaine a publié un guide intitulé « Beware of False or Misleading Claims for Treating Autism »[128], et des associations d'aide aux victimes se sont montées, comme la Autism Rights Watch, en lien en France avec la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires[129].
142
+
143
+ Si l'autisme est officiellement reconnu comme un handicap dans de nombreux pays dont la France, la perspective d'une évolution hors de certains critères du handicap n'est pas exclue, notamment en ce qui concerne l'autonomie. Parmi des exemples notables de personnes devenues autonomes[142] peut être cité le cas emblématique de Donald Grey Triplett[143], qui n'est autre que le premier cas de la toute première étude de Leo Kanner qui a initié l’acceptation actuelle de la notion d'autisme[144].
144
+
145
+ Bien qu'il n'existe aucun traitement connu faisant largement consensus[103], il est rapporté que certains enfants autistes peuvent « guérir »[145].
146
+
147
+ Selon un rapport publié en 2016 par l'ONG anglaise Autistica, une personne atteinte de troubles du spectre autistique (TSA) meurt aujourd'hui 18 ans plus tôt que la moyenne (et 30 ans plus tôt que la moyenne si elle était porteuse d'une déficience intellectuelle)[146]. L'épilepsie et plusieurs autres troubles neurologiques sont plus fréquent chez des personnes atteintes à la fois de TSA et de troubles d'apprentissage ce qui fait évoquer des causes neurodéveloppementales précoces[146].
148
+
149
+ Une étude épidémiologique publiée en 2015 a porté sur plus de 27 000 Suédois atteints de TSA, 6 500 d'entre eux présentaient aussi une déficience intellectuelle. Le risque de décès prématuré était chez eux environ 2,5 fois plus élevé que pour l'ensemble du groupe, souvent lié à un risque accru de diabète et de maladies respiratoires (pour lesquels le diagnostic pourrait souvent être retardé en raison de difficulté pour ces patients à exprimer leurs symptômes aux médecins ou à l'entourage (l'un des auteurs souligne à ce propos que les médecins généralistes devraient mieux explorer les symptômes et antécédents des patients autistes))[146]. Cette étude suédoise a aussi montré que les adultes autistes sans trouble d'apprentissage étaient neuf fois plus susceptibles que la population témoin de mourir par suicide, surtout chez les femmes, ce qui pourrait être une conséquence de l'isolement social de ces patient(e)s et/ou d'un risque accru de dépression[146].
150
+
151
+ Les difficultés liées à l'autisme, et surtout l'exclusion sociale des personnes autistes, font que les personnes autistes sont peu intégrées dans la société : accès à l'école (en France seul 20 % des enfants autistes sont scolarisés), à un travail… Leur insertion dans le monde du travail est difficile, notamment lorsque le relationnel a beaucoup d'importance (aux États-Unis, par exemple, 10 % des autistes ne peuvent pas parler, 90 % n'ont pas d'emploi régulier et 80 % des adultes autistes sont dépendants de leurs parents).
152
+
153
+ Pourtant, selon Laurent Mottron[N 7], seuls 10 % d'entre eux souffrent d'une maladie neurologique associée qui diminue l'intelligence (par exemple, le syndrome du X fragile)[147]. Selon Fabienne Cazalis, neuroscientifique[148], « 70 % des autistes ont une intelligence dans la norme, voire supérieure ».
154
+
155
+ Une étude suisse a montré que les stress des familles des enfants atteints d’autisme sont nombreux et douloureux, et qu’ils concernent aussi la vie sociale et quotidienne ainsi que les relations aux professionnels[149].
156
+
157
+ Les TSA sont souvent associés à des facultés particulières, y compris chez les personnes autistes ayant un retard de langage et/ou une déficience intellectuelle associée. Dès 1943, Hans Asperger affirmait que les personnes autistes avaient des facultés spécifiques potentiellement utiles à la société. Divers mouvements pour les droits des personnes autistes revendiquent l’épanouissement dans les singularités propres plutôt que de les contrarier systématiquement. Certaines équipes scientifiques travaillent sur cette dimension et la documentent, comme c'est le cas à l'Université de Montréal de Laurent Mottron et Michelle Dawson (elle-même autiste) qui développent « un regard différent sur l'autisme »[150].
158
+
159
+ Certains autistes peuvent exceller dans certaines tâches, même non répétitives, grâce à une forte capacité de concentration qui en font parfois de réels « experts autodidactes »[151],[147],[152]. Certains autistes possèdent une excellente capacité de discrimination, par exemple en détectant plus facilement une forme dans un contexte distrayant, un motif musical au sein d'un morceau de musique ou de bruit par exemple[153]. Ils possèdent parfois des capacités particulières d'apprentissage ou des formes différentes d'analyse des problèmes (parfois plus efficace et jusqu'à 40 % plus rapidement dans le test des matrices progressives de Raven (test d'intelligence non verbale)[151], avec dans ce cas la mobilisation d'aires différentes du cerveau chez les autistes[151]). Enfin, ils ont peut-être toujours l'impression qu'il y a un problème à résoudre.
160
+
161
+ Les différences d'activation de certaines régions du cerveau montrées par l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) pourraient ne pas être seulement une preuve d'un trouble du fonctionnement du cerveau, mais aussi la preuve d'une organisation alternative du cerveau (observée comme efficace, par exemple lors de tests d'intelligence non verbale). Ainsi, les variations de volume du cortex cérébral sont considérées comme des facteurs de déficit quand elles sont associées à l'autisme, peut-être à tort quand il s'agit d'un épaississement[147]. Cette organisation différente permettrait parfois d'effectuer certaines tâches complexes avec plus de succès. Une autre communication (non verbale) existe chez beaucoup d'enfants autistes (par exemple quand ils prennent non pas leur main, mais la main d'une autre personne pour la diriger vers un frigidaire pour demander à manger, ou vers la poignée d'une porte pour signifier qu'ils aimeraient sortir)[147].
162
+
163
+ Ainsi, Laurent Mottron, après avoir travaillé sept ans avec Michelle Dawson, une de ses collaboratrices, autiste, ancienne postière devenue scientifique, qui a depuis publié treize articles de recherche et coécrit plusieurs chapitres d'ouvrages scientifiques, estime ainsi qu'« une personne « autiste » douée d'une extrême intelligence et d'un intérêt pour la science, peut être une chance incroyable pour un laboratoire de recherche » et que « trop souvent, les employeurs ne réalisent pas ce que les autistes sont capables de faire, et leurs assignent des tâches répétitives et presque serviles »[147].
164
+
165
+ La plupart des autistes repèrent plus vite un motif atypique dans une série ou un environnement, peuvent simultanément traiter de grandes quantités d'informations perceptives, dans des ensembles volumineux de données, et avoir une vision heuristique de type down-up, c'est-à-dire basée sur les données (très utile pour analyser des systèmes à grand nombre de données)[147], mieux que les non-autistes[154]. Ce pourrait être très utile dans le domaine scientifique ou pour certains métiers, dès lors qu'un employeur et une équipe y facilitent leur intégration ; idéalement avec accompagnement d'un médiateur expérimenté pouvant les aider face à des situations génératrices d'anxiété tels que déclenchent des événements non planifiés ou vécus comme hostiles (ex. : panne ou problème informatique, critique négative…). Mottron ajoute que la personne autiste, focalisant l'essentiel de son intérêt sur les faits concrets et les données réelles, est moins susceptible de biais (quand elle a accès à toutes les données nécessaires) et qu'elle est aussi moins soumise à des motifs carriéristes, qui peuvent consciemment ou inconsciemment induire des biais même chez les meilleurs scientifiques[147].
166
+
167
+ De la même manière que la société a cherché à aider les déficients visuels et auditifs à s'insérer dans le monde du travail et les lieux publics, Mottron estime qu'il faudrait faire de même pour les personnes autistes, en encourageant la science à mieux étudier les particularités autistiques, sans vouloir toujours passer par le langage (qui met en avant le déficit, et n'invite pas à tenir aussi compte des capacités et atouts dont beaucoup de personnes atteintes d'autisme sont dotées), en comprenant comment les autistes apprennent et réussissent dans un environnement naturel[147]. En Belgique, à l’université libre de Bruxelles, le professeur Mikhail Kissine[155] a fondé en 2015 le groupe de recherche ACTE (Autisme en contexte : Théorie et Expérience) dont le but est de découvrir ce qui fait obstacle au développement du langage dans l‘autisme[156],[157].
168
+
169
+ L'intelligence globale et d'autres capacités cognitives des autistes se développent souvent d'une manière peu harmonieuse et irrégulière par rapport à l'âge; par exemple, un jeune autiste de 7 ans lit des romans pour adultes, peut prendre soin de lui-même à un niveau normal pour son âge, mais présente la maturité émotionnelle et sociale d'un enfant de 3 ans. Cela a été également démontré que bien des personnes autistes non verbales — c'est-à-dire, qui ne parlent aucune langue oralement — peuvent avoir des connaissances profondes, comprendre adéquatement le sens des mots et avoir des conversations intéressantes s'ils ont un moyen alternatif de communiquer, bien que la société puisse croire que ces personnes n'ont qu'une compréhension verbale et intellectuelle très limitée en général[158].
170
+
171
+ Les personnes autistes sont victimes de discrimination à l’embauche; l’accès au travail étant limité puisque les employeurs ont généralement peur du handicap et de ses conséquences. Ceux-ci se préoccupent de l’image de leur entreprise reflétée par ces personnes. Cependant, des initiatives associatives permettent à ces personnes de pouvoir intégrer les entreprises. Certaines, dans l'informatique notamment, ont compris la plus-value qu'elles pouvaient en retirer.
172
+
173
+ Plusieurs publications font état d'une prévalence de plus de 60 enfants sur 10 000, touchés par une forme d'autisme, soit 1 enfant sur 166. Aux États-Unis en 2000[N 8] ;
174
+ en Angleterre en 2001[166] ;
175
+ en France en 2002[167].
176
+
177
+ Ce chiffre serait en augmentation selon les dernières études épidémiologiques menées aux États-Unis depuis 2000 par les CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies), sur des centaines de milliers d'enfants : la prévalence de l'autisme atteindrait désormais un enfant sur 150[168], un garçon sur 94 ; il est question en 2008 d'1 sur 88[169] pour les troubles du spectre autistique, en 2010, il s'agit d' 1 enfant sur 68 (1 garçon /42, 1 fille /189)[170] et en 2012 d'un chiffre en augmentation[171]. Au Royaume-Uni, une étude de 2009 arrivait à une estimation de 1 enfant sur 64[172]. Une étude en Corée en 2011 estime la prévalence de l'autisme à 1 sur 38 (prévalence 2,64 %, échantillon de 22 337 enfants) dans la population générale[173]. En Suède, la prévalence a été multipliée par 3,5 entre 2001 et 2011[174].
178
+
179
+ S'est alors posée la question de la raison de cette évolution de la prévalence d'autistes diagnostiqués. Les réponses proposées sont une amélioration du diagnostic, une inclusion plus large d'enfants auparavant diagnostiqués d'une autre manière, une augmentation du nombre d'autistes ou, plus vraisemblablement, une combinaison de tous ces facteurs[175].
180
+
181
+ L'augmentation de la prévalence des troubles du spectre autistique diagnostiqués est constatée dans de nombreux pays. Cette croissance serait donc en partie due au changement des méthodes de diagnostic, qui font que plus de personnes sont détectées et incluses dans ce diagnostic. L'autre part pourrait être due à des facteurs tels que l'augmentation de l'exposition à des toxines environnementales (thème développé dans les théories sur le rapport entre autisme et intoxication).
182
+
183
+ En janvier 2014, le Conseil Supérieur de la Santé a publié un avis scientifique très complet sur la qualité de vie des jeunes enfants autistes et de leur famille. Le Conseil a notamment réalisé un aperçu des politiques existantes et à mettre en œuvre en Belgique pour améliorer la qualité de vie des enfants autistes (de moins de 6 ans) et celle de leur famille. Un « Plan National Autisme » devrait d’ailleurs faire à la suite de ces recommandations et de celles du Centre fédéral d'expertise des soins de santé (KCE). Pour la Belgique, le Conseil recommande notamment[176] :
184
+
185
+ Une étude préliminaire sur la prévalence du syndrome autistique en Chine, menée de façon concertée, suggère qu'un pour cent de la population chinoise pourrait être concerné[177].
186
+
187
+ L'Inserm évoque 100 000 personnes de moins de 20 ans ayant un TED en France, avec un ratio masculin/féminin de 4 pour 1[178].
188
+
189
+ La Haute Autorité de santé, dans ses « Recommandations sur le dépistage et le diagnostic de l'autisme », précise que le diagnostic se fonde sur divers arguments cliniques avec la collaboration des proches de la personne, et émet des recommandations destinées aux professionnels et intervenants[179].
190
+
191
+ La Fédération française de psychiatrie a émis depuis 2005 des recommandations pour le diagnostic de ces troubles[HAS 9]. Tout patient ou représentant légal du patient (par exemple, s'agissant d'enfants, les parents) est en droit de s'opposer à un diagnostic (y compris « en contre ») qui n'a pas été réalisé selon ces recommandations et à demander à un autre praticien de réaliser ce diagnostic selon les recommandations.
192
+
193
+ Les associations Autisme France et Autistes sans Frontières proposent des indications sur les signes d'alerte pouvant indiquer un autisme durant la petite enfance[180],[181].
194
+
195
+ Un dépistage précoce peut être effectué à partir de 18 mois de manière assez fiable (avec le test M-CHAT) par un pédiatre ou par les parents le cas échéant[182]. En cas de doute, à la suite de ce test il est recommandé d'effectuer dans les mois qui suivent un diagnostic plus précis en milieu spécialisé avec l'ADOS et l'ADI-R. La possibilité d'un dépistage précoce, avant 18 mois, est un enjeu important et fait l'objet d'intenses recherches. De nombreuses études sur le développement des personnes autistes démontrent par ailleurs qu'un dépistage précoce permet la mise en place d'une prise en charge adaptée au plus tôt, ce qui permet d'augmenter notablement les chances de progression ultérieure de l'enfant.
196
+
197
+ Concernée par le diagnostic des adultes, la Haute Autorité de santé a également publié en juillet 2011 une recommandation de bonne pratique[HAS 10] visant à améliorer le repérage des troubles et le diagnostic des TED chez l'adulte, grâce à une meilleure sensibilisation des professionnels de la santé. En Suisse, les centres diagnostics compétents sont en augmentation et proposent de poser un diagnostic différencié et standardisé fondé sur des connaissances interdisciplinaires. Ces centres restent néanmoins peu présents dans certaines régions et une méthode de diagnostic standardisée est encore trop souvent absente[183].
198
+
199
+ La Fondation FondaMental, fondation de coopération internationale de recherche en santé mentale, créée en juillet 2007 par le ministère de la Recherche et de la Santé, bien qu'acceptant la notion de trouble du spectre de l'autisme et de syndrome d'Asperger, considère que l'autisme est « assimilé aux maladies mentales »[184]. Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca considèrent l'autisme au titre de trouble psychiatrique aux côtés de la dépression, de la schizophrénie, des troubles bipolaires et des conduites suicidaires[185].
200
+
201
+ La France est le seul pays dans lequel il existe un autre système de référence que la CIM et le DSM : la CFTMEA. Un ensemble de praticiens y reste très attaché, tandis qu'un ensemble de parents d'autistes y est très opposé[réf. souhaitée]. En 2003, un rapport du député Jean-François Chossy exposant la situation des personnes atteintes d'autisme est remis au Premier ministre[186]. Rendu en 2007, l'avis no 102 du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) – saisi par des associations de familles d'autistes en 2005 – indique que la France accuse un retard, en comparaison aux pays d'Europe du Nord ou anglo-saxons, en ce qui concerne le diagnostic et l'accès à un accompagnement éducatif adapté[97].
202
+
203
+ Parmi les sujets de controverse, on trouve la notion de psychose, le rapport à la psychanalytique et l’éventuelle déduction théorique sur le rôle des parents. Ces derniers, regroupés en association, ont amené ces controverses en politique ; c'est pourquoi il y a eu dans les années 2000 de nombreuses interventions politiques qui ont abouti à des recommandations sur les bonnes pratiques par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) en 2005[97] et la Haute Autorité de santé (HAS) en 2012[HAS 8]. Qualifié d'interventionniste cette situation n'est pas du goût de tous les praticiens[96].
204
+
205
+ Une circulaire interministérielle demande en mars 2005 une évaluation quantitative et qualitative de la politique concernant les personnes autistes ou atteintes de TED, afin d'établir un état des lieux et de définir les réponses à apporter, notamment en ce qui concerne les centres de ressources autisme[187].
206
+
207
+ Les familles ou proches de personnes autistes disposent en France depuis 2005 de centres Ressources Autisme (CRA) dans leur région, structures dédiées résultant du Plan Autisme 2005-2007[188],[189] pour obtenir un diagnostic selon les critères internationaux. Des associations de parents et de professionnels ont été créées pour accompagner les 600 000 autistes français et leurs familles avec une prise en charge éducative des sujets autistes et un soutien aux familles[190].
208
+
209
+ En 2012, des recommandations ont été émises par la Haute Autorité de Santé à l'attention des professionnels du pays[HAS 8], deux ans après le bilan sur l'état des connaissances sur le sujet[HAS 2]. À cette occasion, la HAS note que « l’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques ou la psychothérapie institutionnelle »[HAS 11] et elle considère ces données comme étant « non consensuelles »[HAS 11]. Ces recommandations ont également entraîné un vif débat. Les associations de familles militant pour que l'approche psychanalytique soit considérée comme « non recommandée » ont exprimé leur déception[110], certaines associations de psychanalystes ont protesté[111].
210
+
211
+ La revue médicale Prescrire a émis des réserves sur la méthodologie d'élaboration de ces recommandations, évoquant un « faux-consensus »[191]. Laurent Mottron, neuroscientifique spécialiste de l'autisme par ailleurs très hostile à l'utilisation de la psychanalyse dans le traitement de l'autisme, a critiqué la trop grande importance donnée à la méthode ABA tout en reconnaissant que « le rapport argumentaire de la HAS et ses recommandations sont dans leur quasi totalité un travail remarquable »[192].
212
+
213
+ Les résultats des premières structures expérimentales de « Centres Experts sur ABA » du plan autisme 3 montrent que seulement 3 % des enfants autistes ont intégré l'école ordinaire et les résultats sont en deçà des études originelles des méthodes comportementales[193].
214
+
215
+ Le nombre des personnes atteintes d'autisme ou de TED a été évalué à 69 000 en 2003, soit une personne sur 450[194]. Une étude de l'Hôpital de Montréal pour enfants sur l'année 2003-2004 indique une prévalence de 0,68 pour 1 000 ; une augmentation du taux chez les enfants scolarisés est évoquée dans plusieurs provinces par la Société canadienne d'autisme[194].
216
+
217
+ Des initiatives ont vu le jour telle la Society For The Autistics In India (SAI), organisme créé en 1995 à Bangalore, ses objectifs sont l'intervention précoce et un programme de développement de la communication[195].
218
+
219
+ La part de la population autiste au Maroc est estimée en 2000 de 4 000 à 26 000 personnes[196], dont la plus grande partie est prise en charge exclusivement par la famille. Il existait des centres d'accueil dans les grandes métropoles telles que Casablanca et Rabat, qui sont d’ailleurs fermés jusqu'à présent. La scolarisation des enfants autistes dépend essentiellement des initiatives privées. Le milieu associatif tente d'établir un partenariat avec le ministère de l'Éducation nationale (MNE) afin de disposer de classes adaptées dans les écoles primaires publiques et d'auxiliaires de vie scolaire[197].
220
+
221
+ En 1908, le professeur autrichien Théodore Heller décrit un trouble qu'il présente comme une « démence juvénile » et qui sera dénommé plus tard sous le nom générique de « trouble désintégratif de l'enfance ».
222
+
223
+ La première formalisation clinique d'un trouble infantile distinct des schizophrénies a été faite en 1943 par Leo Kanner qui définit les « troubles autistiques du contact affectif » à travers onze cas correspondants[20].
224
+
225
+ Il reprend le terme « autisme » créé en 1911 par le psychiatre Eugen Bleuler à partir de la racine grecque αὐτός qui signifie « soi-même »[198]. Il l'utilisait alors pour distinguer l'un des trois comportements typiques des schizophrénies (adulte)[19] pour faire face à une réalité oppressante. Ce premier comportement, nommé « autisme », consistait pour y faire face à l'ignorer ou à l'écarter ; un deuxième consistait à la reconstruire, c'est la psychose ; et un troisième consistait à la fuir par dé-socialisation, ce qu'il associait aussi à la plainte somatique (hypocondrie). Bleuler est alors marqué par les travaux de psychopathologie de Wilhelm Wundt et par les idées de Sigmund Freud qui lui furent transmises par Carl Jung, alors son assistant.
226
+
227
+ Le besoin de distinguer et d'isoler un trouble propre au jeune enfant se retrouve avant 1943 chez Melanie Klein comme le rapporte Jacques Hochmann[199].
228
+
229
+ Vers la fin des années 1970, Lorna Wing redécouvre le travail oublié de Hans Asperger qui, comme Leo Kanner la même année, avait isolé des cas cliniques d'un trouble spécifiquement infantile qualifié d'« autistique »[90]. Elle publie en 1981 sa propre étude sur ce qu'elle nomme syndrome d'Asperger[23]. En 1982, elle propose l'idée d'une continuité entre les distinctions faites par Kanner et celles faites par Asperger[22], ce qu'elle met en évidence l’année suivante (1983) en définissant trois critères de référence[10] :
230
+
231
+ Cette « triade autistique » reste aujourd’hui une référence pour identifier et définir l'autisme et le trouble envahissant du développement. Cette catégorie (en abrégé : TED) est apparue en 1994 avec le passage du DSM III au DSM IV[21], mais la tendance en 2011 semble être à la préférence de la notion de spectre autistique et à la simplification de la triade en deux critères : l'un social, l'autre comportemental[200]. Cette description clinique a permis le développement, dans les années 1990, de la recherche en génétique et en neurophysiologie sur les causes et le traitement de l'autisme, puis du spectre autistique.
232
+
233
+ Par ordre chronologique de parution
234
+
235
+ De nombreux films — documentaires ou de fiction — et séries mettent en scène l'autisme :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ République d’Autriche
2
+
3
+ Republik Österreich
4
+
5
+ 48° 12′ N, 16° 21′ E
6
+
7
+ modifier
8
+
9
+ L'Autriche (en allemand : Österreich Écouter), en forme longue la république d'Autriche (en allemand : Republik Österreich), est un État fédéral d'Europe centrale sans accès à la mer. Pays montagneux, il est entouré, dans le sens des aiguilles d'une montre, par l'Allemagne et la Tchéquie au nord, la Slovaquie et la Hongrie à l'est, la Slovénie et l'Italie au sud, et par la Suisse et le Liechtenstein à l'ouest. L'Autriche est membre de l'Union européenne et de la zone euro respectivement depuis 1995 et 1999. Sa langue officielle est l'allemand, mais depuis la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, six autres langues (hongrois, slovène, croate du Burgenland, tchèque, slovaque et romani) sont reconnues[4]. Sa capitale et plus grande ville est Vienne.
10
+
11
+ L'Autriche est l'un des États issus de la dislocation en 1918 de l'Autriche-Hongrie. Par le passé, elle a été un acteur majeur de l'histoire de l'Europe, au cœur de grandes entités politiques telles que le Saint-Empire romain germanique, la monarchie de Habsbourg, l'empire d'Autriche et la Confédération germanique. Les nombreuses épreuves temporelles qu'elle a vécu ont fait de ce pays une grande puissance mondiale. Mais, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'Autriche a adopté une politique de neutralité dans les relations internationales[5].
12
+
13
+ La première mention écrite du nom Austria[6] se trouve dans l'Historia gentis Langobardorum, et date de l'année 796. Österreich signifie en vieil allemand « le royaume de l'Est ». L'Autriche a longtemps été le plus oriental des pays de l'Ouest. Un croisement avec son équivalent latin, Austria (dès le XIIe siècle), a donné Austriche en moyen français, puis Autriche en français.
14
+
15
+ Österreich est dérivé de Ostarrichi, première mention du nom du pays sur un document qui date de 996. Auparavant, le pays est connu sous le nom d'Ostmark « Marche de l'est », créée par l'empereur germanique Otton Ier.
16
+
17
+ Les trois plus grandes villes sont, dans l'ordre, Vienne, Graz et Linz.
18
+
19
+ Les Alpes occupent les deux tiers de la surface au sol de l'Autriche. Le point culminant du pays est le Grossglockner, qui s'élève à 3 797 m.
20
+
21
+ Le fleuve le plus long est le Danube, qui traverse également l'Allemagne, la Slovaquie, la Hongrie, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, la Roumanie, la Moldavie et l'Ukraine. Son parcours en Autriche s'étend sur 350 km.
22
+
23
+ Le mois de juin 2019 a été le plus chaud jamais enregistré en Autriche[7].
24
+
25
+ La crise climatique affecte l'Autriche de diverses manières. Le rapport d'évaluation autrichien sur le changement climatique 2014 (Österreichischer Sachstandsbericht Klimawandel 2014) a abouti aux résultats suivants[8] : en Autriche, la température a augmenté de près de 2 °C au cours de la période allant de 1880 à 2014. Sur la même période, la température n'a globalement augmenté que de 0,85 °C. Les mesures prises jusqu'à présent par l'Autriche ne couvrent pas la contribution attendue du pays à la réalisation de l'objectif mondial de 2 °C. Au XXIe siècle, on peut s'attendre à une augmentation des précipitations au cours du semestre d'hiver et à une diminution du semestre d'été. La durée de l'enneigement s'est raccourcie au cours des dernières décennies, en particulier à moyenne et haute altitude (environ 1 000 m). Tous les glaciers mesurés en Autriche ont clairement perdu de la surface et du volume depuis 1980. Par exemple, dans les Alpes du sud de l'Ötztal, la plus grande zone glaciaire contiguë d'Autriche, la zone glaciaire est passée de 144,2 km2 en 1969 à 126,6 km2 en 1997 et 116,1 km2 en 2006. Les glissements de terrain, les coulées de boue, les éboulements et autres phénomènes gravitationnels augmentent considérablement dans les régions montagneuses. Le risque d'incendies de forêt augmentera en Autriche. Les perturbations dans les écosystèmes forestiers augmentent en intensité et en fréquence dans tous les scénarios climatiques discutés. Les écosystèmes à longue période de développement et les habitats des Alpes au-dessus de la limite des arbres sont particulièrement affectés par le changement climatique. Le tourisme d'hiver continuera de subir des pressions en raison de l'augmentation constante de la température.
26
+
27
+ En 2019, le jour du dépassement (date de l’année à partir de laquelle l’humanité est supposée avoir consommé l’ensemble des ressources que la planète est capable de régénérer en un an) de l'Autriche[9] est le 9 avril[10]. L'Autriche est l'un des pays dont la consommation dépasse le plus les capacités de la planète.
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29
+ Le réseau Natura 2000 rassemble des sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale, par la faune et la flore exceptionnelles qu'ils contiennent.
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+ En décembre 2018, l'Autriche comptait 350 sites dont :
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+ L’infrastructure de transports autrichienne est liée directement à sa situation, d’une part au sein des Alpes, et d'autre part à sa situation de carrefour du centre de l’Europe centrale, que ce soit du point de vue des liaisons routières autant que ferroviaires. L'aménagement de voies de communication dans les Alpes nécessite de nombreux tunnels et ponts ayant pour caractéristiques de devoir résister à des conditions météorologiques extrêmes. Du fait de sa situation centrale, l’Autriche constitue un pays de transit, principalement pour les axes Nord-Sud et Nord-Sud-Est, et depuis la chute du rideau de fer également pour l'axe Est-Ouest. Cela implique ainsi un net surdimensionnement des voies de communication, notamment dans des zones écologiques sensibles, soulevant souvent des protestations de la part de la population.
34
+
35
+ Pour faire face à cette difficile combinaison d'intérêts à la fois économiques et écologiques, certaines mesures ont été rendues nécessaires, contribuant à faire de l'Autriche un pays aux avant-postes de la protection environnementale. La république alpine a par exemple très tôt imposé l'utilisation de pots catalytiques sur les véhicules motorisés. Certaines voies de circulation ne sont ouvertes qu’aux camions à la nuisance sonore réduite. Diverses dérégulations ont toutefois entraîné, principalement parmi certaines populations telles que celles de la vallée de l’Inn, un sentiment d'être oubliées par les instances de régulation agissant aux niveaux nationaux et internationaux, notamment par l’Union européenne.
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+
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+ Le réseau routier autrichien se compose actuellement de :
38
+
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+ Le réseau routier est entretenu principalement par l’État. Une taxe sur les véhicules existe sur le réseau autoroutier, sous la forme de vignette obligatoire (77,80 € en 2012 pour une vignette annuelle). Les camions doivent payer une redevance kilométrique (maximum 0,273 €/km) à la société ASFINAG (en).
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+
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+ La majorité du réseau ferroviaire est gérée par la société ÖBB (Österreichische Bundesbahnen). D’autres entreprises sont également présentes dans le transport ferré autrichien, détenues soit par les Länder, soit par le secteur privé.
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+
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+ Un réseau de S-Bahn est déployé actuellement dans les régions métropolitaine de chacune des capitales d'État : Vienne, Brégence, Graz, InnsbruckS-Bahn du Tyrol, Klagenfurt, LinzS-Bahn de Haute-Autriche, Salzbourg.
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+
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+ Vienne est la seule ville autrichienne à être équipée d’un véritable réseau de métro (U-Bahn). Certaines stations du réseau de tramway de Linz se trouvent sous terre. Les villes de Vienne, Graz, Linz, Innsbruck et Gmunden possèdent également un réseau de tramway. Le village de Serfaus, situé dans le Tyrol, possède le U-Bahn Serfaus, téléphérique souterrain, parfois considéré comme le métro le plus petit au monde.
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+
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+ Le Danube est le fleuve le plus important pour le trafic maritime. Le Danube est utilisé pour les cargos et aussi pour les navires de croisière.[réf. nécessaire]
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+ Déjà peuplée par les Celtes (culture de Hallstatt), appartenant à l’Empire romain (Provinces Norique ainsi qu’une partie de la Pannonie et de la Rhétie) puis en partie possédée par la Francie orientale, l’Autriche est pendant tout le Moyen Âge une des nombreuses principautés de langue allemande composant le Saint-Empire romain germanique. Grâce au Privilegium Minus et à la maison de Babenberg, indépendante de la Bavière depuis 1156, l'Autriche adoptée par la maison de Habsbourg en 1278 (Rodolphe Ier) a longtemps été la force dominante de l’Empire, plaçant à sa tête beaucoup de ses souverains, jusqu’à sa dissolution en 1806 par le « double-empereur » autrichien François II/I.
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+ À la fin du Moyen Âge, la maison de Habsbourg (plus tard Habsbourg-Lorraine) transforme ses possessions en puissance européenne par rattachement des pays germanophones et non-germanophones, centralise l’administration et le droit dans l’archiduché d'Autriche — notamment après la guerre de Succession d'Autriche par Marie-Thérèse et son fils Joseph II — et forme enfin en 1804 l’empire d'Autriche. En 1815 — après le congrès de Vienne — l’Autriche et les autres pays germanophones essayent à nouveau de former une confédération germanique, mais l’opposition austro-prussienne domine, et la guerre austro-prussienne achève cette confédération en 1866 et résout la question allemande définitivement de la part de l’Autriche. En 1867, l’Autriche, sous le règne de François-Joseph Ier se tourne vers le Sud-Est de l’Europe de sorte que l’empire d’Autriche se transforme et s’agrandit pour former la « monarchie danubienne » (allemand : Donaumonarchie), l’Autriche-Hongrie.
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+
53
+ La défaite des Empires centraux à la fin de la Première Guerre mondiale voit le territoire de la monarchie danubienne morcelé en plusieurs nouveaux États indépendants. L'Autriche est alors réduite à son territoire actuel. Le pays se laisse alors tenter par l'austrofascisme, puis par le nazisme. En 1938, l'Autriche est purement et simplement annexée au Troisième Reich : c’est l'Anschluss. La défaite hitlérienne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, laisse le pays exsangue. Vienne, la capitale historique, connaît alors pendant dix ans un sort similaire à celui de Berlin avec une division quadripartite. En 1955, le pays recouvre sa souveraineté et mène une politique de stricte neutralité.
54
+
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+ Durant l'Antiquité, l'Autriche est peuplée par les Celtes (culture de Hallstatt). Elle est ensuite partagée entre plusieurs provinces romaines, la Norique ainsi qu’une partie de la Pannonie et de la Rhétie. Elle est intégrée à la Francie orientale qui devient le Saint-Empire romain germanique, après les grandes invasions en tant que marche de l'empire carolingien.
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+
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+ En 1815, après le congrès de Vienne, l’Autriche et les autres pays germanophones essayent à nouveau de former une confédération allemande, mais l’opposition austro-prussienne domine. Les tensions atteignent leur paroxysme au cours de la guerre austro-prussienne en 1866. La défaite autrichienne voit l'avènement de cette confédération la même année résolvant ainsi la question allemande à son détriment. Vienne est trois ans après l'épicentre du krach du siècle.
58
+
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+ Sous le règne de François-Joseph Ier, en 1867, l'Autriche se tourne vers le Sud-Est de l’Europe, de sorte que l’Empire d’Autriche se transforme et s’agrandit pour former la « monarchie danubienne » (Donaumonarchie), l’Autriche-Hongrie. François-Joseph meurt en 1916, à 86 ans, pendant la Première Guerre mondiale, après 68 ans de règne.
60
+
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+ Son petit-neveu et successeur Charles Ier d'Autriche, 29 ans, après de vaines tentatives de retour à la paix, accepte impuissant le 12 novembre 1918 la dislocation de son empire et part en exil.
62
+
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+ Lors de la scission de l'Autriche-Hongrie en 1918, les députés autrichiens allemands du parlement de Cisleithanie (Reichsrat) élus en 1911 décident de fonder un État d'Autriche allemande. L'Assemblée rédige une constitution déclarant que « l'Autriche allemande est une république démocratique » (article 1) et qu'elle « est une partie de la République allemande » (article 2). Les alliés de la Première Guerre mondiale s'opposent à cette idée, et le traité de Saint-Germain-en-Laye interdit le nom d'« Autriche allemande » et son unification éventuelle avec l'Allemagne (article 88), donnant naissance à l'ère de la Première République d'Autriche.
64
+
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+ Considérablement réduite en taille après le traité de Saint-Germain-en-Laye de 1919, l'Autriche connaît une grave crise économique au lendemain de la Grande Guerre. Ce n'est que grâce à l'intervention de la Société des Nations que sa situation s'améliore à la fin des années 1920. Plus tard, l'Autriche est rattachée à l'Allemagne hitlérienne entre 1938 et 1945. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle est occupée par les armées alliées et ne retrouve sa pleine souveraineté qu'en 1955. La guerre froide en fait à nouveau une « marche » de l'Europe, cette fois face au bloc soviétique. Elle connaît alors un fort redressement économique durant cette période, avant d'adhérer à l'Union européenne en 1995.
66
+
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+ Le Conseil national autrichien (Nationalrat, 183 sièges) est depuis le 29 septembre 2019[13] composé comme suit :
68
+
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+ Heinz Fischer, du SPÖ, est élu président fédéral le 25 avril 2004 avec 52,41 % des voix contre 47,59 % des voix pour Benita Ferrero-Waldner. Il est intronisé le 8 juillet 2004, soit deux jours après le décès de son prédécesseur, Thomas Klestil. Le 25 avril 2010, Fischer est réélu avec 79,3 % des voix pour un nouveau mandat de six ans.
70
+
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+ Le 22 mai 2016 a lieu le second tour de l'élection présidentielle de 2016 ; le vainqueur est Alexander Van der Bellen mais les résultats sont annulés et le scrutin, reporté au 4 décembre 2016, confirme la victoire d'Alexander Van der Bellen pour la présidence d'Autriche.
72
+
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+ L'Autriche est un pays neutre, qui ne fait, par exemple, pas partie de l’OTAN, à la différence de la plupart des pays européens[14]. La neutralité autrichienne est une conséquence directe des négociations pour le Traité d'État autrichien (Staatsvertrag), signé le 15 mai 1955 à Vienne.
74
+
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+ Le pays est membre de l'Association européenne de libre-échange de 1960 à 1995, puis rejoint l'Union européenne le 1er janvier 1995[15]. En 2002, l'Autriche abandonne le schilling autrichien et adopte l'euro.
76
+
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+ L'Autriche est un pays observateur au sein de l'Organisation internationale de la francophonie.
78
+
79
+ En 2000, après l'entrée au gouvernement du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), les quatorze autres États membres de l'Union européenne cessent toute rencontre bilatérale avec le gouvernement autrichien pendant sept mois, imposent des limitations à ses ambassadeurs et ôtent tout soutien à des candidats autrichiens à des postes dans les organisations internationales[16],[N 1].
80
+
81
+ L'armée autrichienne est de puissance réduite et participe peu aux opérations hors de son territoire.
82
+
83
+ L’organisation territoriale de l'Autriche se compose de plusieurs niveaux. Le premier échelon administratif, sous l’État fédéral, est l’État fédéré. Il existe cependant un échelon statistique supérieur, le groupe d’États. Viennent ensuite les districts et en dessous les communes.
84
+
85
+ L'Autriche est une République fédérant neuf États ou Bundesländer[19] :
86
+
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+ Grâce notamment au poids important des sociétés spécialisées dans la sous-traitance, l'Autriche est essentiellement un pays de petites et moyennes entreprises.
88
+
89
+ Les secteurs-clés de l'industrie autrichienne :
90
+
91
+ Le tourisme est l'un des secteurs économiques les plus importants en Autriche : en 2018, sa valeur ajoutée directe est de 26,2 milliards d'euros, ce qui correspond à 8,7 % du PIB[21]. Le tourisme est uniformément réparti sur les saisons d'été et d'hiver.
92
+
93
+ Une estimation préliminaire de la population autrichienne en date du 1er janvier 2016[22], faisait état de 8 700 471 habitants. L'Autriche affiche au total une croissance de plus de 115 545 personnes en une année, et a connu ainsi une croissance démographique exceptionnelle de 1,35 %. L'essentiel de cet accroissement est le fait de l'immigration soutenue, le taux d'accroissement naturel étant nul.
94
+
95
+ La croissance fut de 53 200 habitants en 2005. Le taux moyen de 0,66 % observé en 2004-2005 était cinq fois supérieur au taux fort bas affiché au milieu des années 1990.
96
+
97
+ Mais, à l’instar de tous ses voisins, le pays fait en réalité partie du groupe de pays d’Europe centro-méridionale à bas taux de fécondité (1,41 en 2005). L’excédent des naissances est très faible (de -1 000 à + 5 000 personnes ces dernières années) et dû totalement à l’excédent naturel des étrangers. La totalité de l'accroissement de la population constaté est dû à une nouvelle vague d’immigration.
98
+
99
+ Sur 78 000 naissances en 2005, plus de 9 000 étaient de nationalité étrangère, et bien plus encore en comptant les naissances liées à des parents immigrés ou étrangers fraîchement naturalisés. Le flux d’immigration nette a dépassé 50 000 personnes en 2004 comme en 2005. Le niveau des acquisitions de la nationalité autrichienne est élevé, surtout chez les jeunes et a atteint près de 35 000 étrangers en 2005, après des années 2003 et 2004 records (44 694 et 41 645). L'Autriche interdit cependant de travailler aux citoyens qui n'ont pas de nationalité de l'UE, afin de freiner l'immigration.
100
+
101
+ L'espérance de vie en Autriche s'élève à 82,1 ans pour les femmes et à 76,4 ans pour les hommes.
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103
+ L'Autriche a donné le jour à de nombreux artistes célèbres, comme les compositeurs Franz Schubert, Johann Strauss (père et fils), Anton Bruckner et Gustav Mahler, les actrices Hedy Lamarr et Romy Schneider (certes née à Vienne, celle-ci n'a cependant jamais eu la nationalité autrichienne), les peintres Egon Schiele et Gustav Klimt, les écrivains Arthur Schnitzler, Thomas Bernhard, Ingeborg Bachmann, Elfriede Jelinek et Robert Musil, les architectes Adolf Loos, Otto Wagner, Josef Hoffmann. Beaucoup ont émigré, notamment à la fin des années 1930, et ont connu la notoriété dans des pays étrangers : l'écrivain Stefan Zweig, l'historien d'art Otto Benesch, la peintre Mariette Lydis, le compositeur Arnold Schoenberg, le musicien Erich Wolfgang Korngold, les cinéastes Max Reinhardt, Michael Haneke, la chorégraphe Margarethe Wallmann, l'acteur Arnold Schwarzenegger et beaucoup d'autres. En revanche, et contrairement à une idée répandue, le compositeur Wolfgang Amadeus Mozart n'était pas autrichien : lorsqu'il est né, en 1756, la ville de Salzbourg était encore une principauté du Saint-Empire romain germanique, et ce n'est qu'après sa mort qu'elle a été rattachée à l'Autriche.
104
+
105
+ La langue officielle de l’Autriche est l’allemand. L’allemand autrichien est différent dans sa prononciation et son lexique comparé à celui parlé en Allemagne. Il s’agit de la langue maternelle de 89 % de la population du pays, soit 7 115 780 personnes sur 8 032 926 Autrichiens[23].
106
+
107
+ En 2001, 73,6 % des Autrichiens étaient catholiques, 4,5 % protestants luthériens, 4,2 % musulmans, 5,5 % autres et 12 % sans religion.
108
+
109
+ En 2016, le nombre de musulmans s'établit à près de 600 000 provenant principalement de Bosnie et de Turquie[29]. Les alévis bektachi sont environ 60 000 en Autriche[30]. En 2010, l'État autrichien a officiellement reconnu l'alévisme comme un culte. Les cemevi ont un statut légal, les chefs religieux sont reconnus par l'État, les jours sacrés (kurban, ashura, Hizir et newroz) des alévis sont devenus des jours fériés, et des masters sur l'alévisme sont mis en place[31]. Les Autrichiens musulmans doivent faire face à une montée de l'intolérance religieuse : la majorité de la population considérerait que les musulmans ne devraient pas bénéficier de droits égaux à ceux des catholiques, et les agressions islamophobes sont en augmentation[32].
110
+
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+ Le pays compte plusieurs orchestres de renommée internationale, tels le Concentus Musicus Wien, dirigé par Nikolaus Harnoncourt, et surtout l'Orchestre philharmonique de Vienne conduit par des chefs invités de renom.
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+ Parmi les autres Autrichiens célèbres, on compte les compositeurs Franz Schubert, Anton Bruckner, Mozart (même si, Salzbourg, sa ville natale, n'a été rattachée à l'Autriche qu'après sa mort) et Gustav Mahler, les physiciens Ludwig Boltzmann, Erwin Schrödinger, et Wolfgang Pauli, le mathématicien Kurt Gödel, les économistes Ludwig von Mises et Friedrich Hayek, les philosophes Karl Popper et Ludwig Wittgenstein, le psychanalyste Sigmund Freud, les écrivains Stefan Zweig, Robert Musil, Carl Zuckmayer, Elfriede Jelinek, Joseph Roth ou Thomas Bernhard, les peintres Gustav Klimt, Egon Schiele et Oskar Kokoschka ainsi que l’acteur et homme politique Arnold Schwarzenegger, l'acteur Christoph Waltz, le réalisateur doublement palmé à Cannes Michael Haneke, l'acteur Helmut Berger, mais aussi Adolf Hitler, émigré en Allemagne en 1913, et qui demande à renoncer à sa nationalité autrichienne le 7 avril 1925[33] ou encore le père fondateur du sionisme Theodor Herzl.
114
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+ Située dans les Alpes, l'Autriche est la patrie de nombreux skieurs alpins, comme Toni Sailer, Hermann Maier, Annemarie Moser-Pröll, Anita Wachter et Benjamin Raich. Avec l'Euro 2008, organisé par la Suisse et l'Autriche, les joueurs de l'équipe nationale de football ont gagné aussi en popularité, comme Andy Ivanschitz, Jimmy Hoffer ou Sebastian Prödl.
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+ Ce petit pays démographiquement parlant a aussi donné naissance à deux champions du monde de Formule 1 : Jochen Rindt (champion en 1970 à titre posthume) et Niki Lauda (champion en 1975, 1977 et 1984).
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+ La pratique religieuse y était de 35 % dans les années 1950[34].
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+ Lac de Neusiedl.
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+ Bassin de Vienne.
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+ Wachau.
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+ Hallstatt.
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+ Grossglockner.
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+ Vienne.
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+ Graz.
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+ Linz.
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+ Salzbourg.
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1
+ Vache est le nom vernaculaire donné à la femelle du mammifère domestique de l'espèce Bos taurus, un ruminant appartenant à la famille des bovidés, généralement porteur de deux cornes sur le front. Les individus mâles sont appelés taureaux et les jeunes, veaux[1]. Une génisse ou vachette, appelée aussi taure au Québec ou dans le Poitou, est une vache qui n'a pas vêlé. Descendant de plusieurs sous-espèces d'aurochs, les bovins actuels (zébus compris) sont élevés pour produire du lait et de la viande, ou comme animaux de trait. En Inde, la vache est un animal sacré. Le mot vache vient du latin vacca, de même sens[2],[3].
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+ Le poids moyen d'une vache adulte varie en fonction de la race de 500 à 900 kg. Elle est plus petite que le taureau.
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+ Les bovins n'ont pas d'incisives supérieures[4], ils ne peuvent pas très bien mordre l'herbe et leurs dents servent principalement à broyer la nourriture. Pour se nourrir, les bovins utilisent leur langue pour ramasser l'herbe[5], puis la pincer entre leurs incisives inférieures et leur bourrelet gingival[4].
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+ Vache de race tarentaise.
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+ Taureau de race tarentaise.
12
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13
+ Alors que les taureaux sont destinés principalement à la boucherie et rarement à la reproduction, les vaches sont le plus souvent destinées à assurer le renouvellement du troupeau ou la production de lait. La vache est élevée soit pour son lait (races de vaches laitières), soit pour la production de viande (races à viande ou « allaitantes »), soit pour les deux (races mixtes).
14
+
15
+ Comme tous les mammifères, une vache ne peut donner du lait qu'à partir du moment où elle a mis bas[6]. Avant d'avoir eu son premier veau, la jeune femelle est appelée génisse.
16
+
17
+ Les vaches laitières en fin de vie sont normalement mises à l'engraissement et envoyées à l'abattoir (vaches de réforme). Elles fournissent en France l'essentiel de ce qui est commercialisé sous la dénomination « viande de bœuf » (80 % en 2013)[7].
18
+
19
+ La France comptait 18,9 millions de vaches en 2006[8] et 18,7 millions de têtes de vaches en France en 2011.
20
+ 35 % du cheptel (toutes vaches confondues) vit dans le centre de la France. 39 % du même cheptel est en Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie.
21
+
22
+ La Prim’Holstein est la race laitière la plus répandue en France.
23
+
24
+ De 1985 à 2011, le nombre de vaches allaitantes a augmenté, passant de 3 339 000 têtes à 4 108 000 têtes (soit +23 % en 26 ans).
25
+
26
+ Dans le même temps le nombre de vaches laitières est passé de 6 538 000 têtes à 3 678 000 (soit -44 %).
27
+
28
+ C'est après fin 2003 que le nombre de vaches allaitantes a dépassé le nombre de vaches laitières.
29
+
30
+ Répartition des laitières et allaitantes par région : fort nombre de têtes de vaches allaitantes en Pays de Loire, ainsi que dans la diagonale Bourgogne, Massif-Central, Midi-Pyrénées. Et fort nombre de têtes de vaches laitières à l'Ouest (Bretagne, Pays de la Loire, Basse-Normandie).
31
+
32
+ Près de deux millions de veaux sont abattus chaque année en France, dont la plus grande partie provient du cheptel de vaches laitières[9].
33
+
34
+ En Inde, une grande partie de la population considère traditionnellement les vaches comme des animaux sacrés. Elles sont libres de se promener dans les rues et jusque sur les autoroutes. Elles ne sont pas destinées à être mangées mais fournissent le lait nécessaire aux rituels religieux. Le barattage de la mer de lait est un des mythes de la cosmogonie indienne.
35
+
36
+ La vache Audhumla est un mythe cosmogonique de la mythologie scandinave.
37
+
38
+ La sourate Al-Baqara (en arabe: سورة البقرة, Sūratu al-Baqarah, « La vache ») est la deuxième et la plus longue sourate du Coran. Le nom de « sourate de la vache » fait référence à un différend entre Moïse et les Israélites à propos d'une vache qu'ils doivent sacrifier afin de connaître le meurtrier d'un homme tué. Ne pas confondre avec l'incident biblique où Moïse interdit d'adorer le veau d'or.
39
+
40
+ La Torah fait référence au rite de la Vache rousse[10].
41
+
42
+ Proverbe : « À chacun son métier, et les vaches seront bien gardées[11] ».
43
+
44
+ Expressions :
45
+
46
+ Voir aussi : Idiotisme animalier.
47
+
48
+ Peinture à l'huile par Carl Rudolf Huber, 1873.
49
+
50
+ Vache qui se gratte, huile sur toile de Constant Troyon (1859)
51
+
52
+ Sculpture de vache en courges.
53
+
54
+ Scène de traite sur une porte de la cathédrale de Guildford.
55
+
56
+ Mosaïque romaine.
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58
+ Dessin de bande-dessinée par Benjamin Rabier.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La Valette (en maltais : Valletta, appelé Il-Belt, « la ville » ; en anglais : Valletta [vəˈlɛtə]) est la capitale de la République de Malte. Elle est située sur la côte nord-est de l'île de Malte, dans le quart sud-est de l'île, et est le siège d'un Kunsill Lokali (« conseil local ») de la région Sud-Est. La ville était en 2014 peuplée de 6 444 habitants, appelés en français les Valettins[2] (en maltais : Beltin, au masculin singulier Belti, au féminin singulier Beltija ; en anglais : Vallettans, au singulier Vallettan).
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+ Fondée en 1566 sous le nom de « Très Humble Ville de La Valette » (en latin : Humilissima Civitas Vallettae), du nom du grand maître Jean de Valette de l'ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, la ville comporte de nombreux bâtiments de l'époque où cet ordre était souverain de l'archipel maltais (de 1530 à 1798). L'Unesco a recensé à La Valette 320 monuments sur une superficie de 55 hectares, concentration exceptionnelle dans le monde[3] ; la ville est par ailleurs inscrite sur sa liste du patrimoine mondial de l'humanité depuis 1980. La Valette a été capitale européenne de la culture en 2018.
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+ L'actuelle capitale de Malte porte le nom de son fondateur, le Français Jean de Valette (1494-1568), grand maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem de 1557 à sa mort. Le nom de la nouvelle ville était alors : Humilissima Civitas Vallettae, c'est-à-dire « très humble ville de La Valette ». Ce nom est resté dans la distinction[n 1] de la ville Ċittà Umilissima[n 2].
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+ Les habitants des campagnes la surnommaient Il-Belt (la ville), formulation qui s'est conservée dans le nom officiel de la capitale maltaise : Il-Belt Valletta[4]. Elle était appelée ainsi car c'était véritablement une agglomération par rapport aux autres entités habitées de l'archipel, qui n'étaient que des villages.
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+ Une construction tardive voudrait que le nom de la ville vienne de l'italien La Valletta[n 3], mais aucune source ne vient appuyer cette théorie.
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+ La création d'une fortification sur la Péninsule de Xiberras est envisagée dès l'installation de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Malte, en 1530. Un certain nombre de projets sont envisagés, mais seule la construction du fort Saint-Elme est réalisée avant l'attaque ottomane de 1565, qui échoue après trois mois de siège.
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+
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+ À la suite de cet événement, les fonds affluent des cours chrétiennes européennes et les Hospitaliers font construire près du fort Saint-Elme et du Castell'amare (Birgu) une nouvelle ville fortifiée qui prendra le nom de son initiateur Jean de Valette. C'est une des seules villes européennes de la Renaissance à avoir été construite sur un plan en damier[5].
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+ La ville est bâtie sur la côte nord-est de l'île de Malte, sur la Péninsule de Xiberras. À l'origine une longue bande de terre formant un plateau où culminait à une soixantaine de mètres le monticule Xiberras, qui a donné son nom à la presqu'île. Cinq wieds (vallée sèche) avaient entaillé le plateau étroit en descendant rapidement vers la mer.
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+ La presqu'île est entourée par deux havres naturels comportant plusieurs baies : le Marsamxett Harbour au nord, et le Grand Harbour au sud. La pointe de la presqu'île, à l'est, est occupée par le fort Saint-Elme et La Valette s'ouvre à l'ouest par la City Gate sur la place des Tritons à Il-Furjana (Floriana).
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+ Le climat est de type méditerranéen. Le tableau ci-dessous reprend les données météorologiques de 1853 à juin 2012 pour les températures de l’air et de 1841 à juin 2012 pour les précipitations.
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+ Petite commune au centre d'une agglomération plus importante, La Valette est un centre administratif important, en tant que capitale de la République de Malte, mais aussi un centre touristique, avec son centre historique et ses monuments.
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+ La Valette est desservie par l'Aéroport international de Malte, qui est situé à huit kilomètres au Sud de la ville. Le système de transport public de Malte, qui utilise des bus, opère majoritairement sur les routes provenant ou à destination de La Valette, avec leurs terminus centraux localisés en dehors de La Valette.
28
+
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+ Le trafic à l'intérieur de la ville est restreint, beaucoup de rues pentues sont constituées d'escaliers et une partie des rues principales (triq ir-Repubblika et triq il-Merkanti) sont des zones totalement piétonnes.
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+
31
+ Le 1er mai 2007, un plan de contrôle de la circulation automobile a été mis en place. Ce système de contrôle d'accès des véhicules CVA - Controlled Vehicular Access - voudrait réduire le stationnement de longue durée et promouvoir le commerce dans la ville[6],[7]. Dans le mois qui a précédé la mise en place du système, 17 000 véhicules en moyenne jour sont rentrés dans La Valette. Le système de caméras automatisés basé sur un système de reconnaissance automatique des plaques minéralogiques qui identifie les véhicules lorsqu'ils entrent et sortent de la zone payante entre 8 h et 18 h les jours de semaine et entre 8 h et 13 h le samedi. En dehors de ce temps et les dimanches et jours fériés la circulation est libre. Les conducteurs bénéficient d'une gratuité de 30 minutes, au-delà, ils sont facturés en fonction du temps passé à l'intérieur de la cité avec un coût maximum de 6,52 € par jour. Les différentes règles d'exonérations et de tarification en place voudraient faire évoluer le système vers un programme de péage urbain sur le modèle de Londres. Mais la mobilisation des commerçants et des petites entreprises, et surtout la débrouillardise des Maltais est en passe de faire échouer le système ; les coûts d'exploitation seraient supérieurs aux sommes récoltées. L'ensemble des rues de la ville est ainsi soumis à ce régime, avec neuf contrôles d'entrées (triq il-papa Piju V, triq San Pawl, triq San Mark, triq il-Punent, triq it-Tramuntana, triq il-Fran, triq il-Merkanti, triq il-Mediterran et is-sur tal-Inglizi) et six contrôles de sorties (triq Santa Lucija, triq il-Fran, triq ir-Repubblika, triq il-Mediterran, bieb Victoria et is-sur tal-Inglizi) ; seules, les rues longeant les fortifications et faisant le tour de la ville échappent à ce contrôle. Parallèlement un service de navettes est mis en place en 2006 par ADT - Autorita' dwar il-Transport ta' Malta (« Autorité du transport de Malte ») - entre le parking souterrain de Il-Furjana et misrah il-Helsen où à partir de 2008 se trouve la station de départ des taxis électriques urbains.
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+
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+ Évolution démographique
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+ Le maire de La Valette est le Dr Alexiei Dingli, membre du Parti nationaliste, qui est majoritaire au Conseil de la Ville.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Temples mégalithiques de Malte (Ġgantija en 1980, Ħaġar Qim, Mnajdra, Skorba, Ta' Ħaġrat et Tarxien en 1992) · Hypogée de Hal Safliéni (1980) · Ville de La Valette (1980)
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+ Ligue arabe
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+ Organisation de la coopération islamique
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+ Organisation des Nations unies
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+ Union africaine
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+ Union du Maghreb arabe
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+ المادة ١
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+ يولد جميع الناس أحرارًا متساوين في الكرامة والحقوق. وقد وهبوا عقلاً وضميرًا وعليهم أن يعاملوا بعضهم بعضًا بروح الإخاء
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+ L’arabe (en arabe : العربية, al-ʿarabīyah[4] /alʕaraˈbijja/Écouter) est une langue afro-asiatique de la famille des langues sémitiques. Avec un nombre de locuteurs estimé entre 315 421 300[1] et 375 millions de personnes[2] au sein du monde arabe et de la diaspora arabe, l'arabe est de loin la langue sémitique la plus parlée, bien avant l'amharique (seconde langue sémitique la plus parlée).
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+
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+ La langue arabe est originaire de la péninsule Arabique, où elle devint au VIIe siècle la langue du Coran et la langue liturgique de l'islam. L'expansion territoriale de l'Empire arabe au Moyen Âge a conduit à l'arabisation au moins partielle sur des périodes plus ou moins longues du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et de certaines régions en Europe (péninsule Ibérique, Sicile, Crète, Chypre, territoires d'où elle a disparu, et Malte, où le maltais en constitue un prolongement particulier). Parlée d'abord par les Arabes, cette langue qui se déploie géographiquement sur plusieurs continents s'étend sociologiquement à des peuples non arabes, et est devenue aujourd'hui l'une des langues les plus parlées dans le monde. C'est la langue officielle de plus de vingt pays et de plusieurs organismes internationaux, dont l'une des six langues officielles de l’Organisation des Nations unies.
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+
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+ La langue arabe est marquée par une importante diglossie entre l'arabe littéral, langue véhiculaire surtout écrite, et l'arabe dialectal, langue vernaculaire surtout orale. L'arabe littéral comprend l'arabe classique (pré-coranique, coranique, et post-coranique) et l'arabe standard moderne. L'arabe dialectal comprend de nombreuses variétés régionales, pas toutes intelligibles entre elles.
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+ Les vecteurs du rayonnement culturel de la langue arabe sont l'islam, la littérature de langue arabe et les médias audiovisuels contemporains dont la télévision et Internet. Un vecteur historique important de rayonnement fut l'emprunt lexical de nombreux termes arabes dans des langues étrangères, entre autres les langues romanes dont le français.
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+
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+ La prononciation de l'arabe comporte un nombre assez élevé de consonnes (28 en arabe littéral) et peu de voyelles (3 timbres et 2 longueurs en littéral, souvent un peu plus en dialectal). L'arabe s'écrit au moyen de l'alphabet arabe.
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+
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+ Par sa grammaire, l'arabe est une langue accusative et flexionnelle qui fait un usage important de la flexion interne. La syntaxe suit dans la proposition l'ordre fondamental verbe-sujet-objet, et le déterminant suit le déterminé dans le groupe nominal.
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+
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+ Des sciences linguistiques complémentaires à l'étude de la grammaire sont la sémantique et la stylistique de l'arabe, ainsi que sa lexicographie qui étudie le vocabulaire et permet l'élaboration de dictionnaires.
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+ L'origine de la langue arabe remonte au IIe siècle, dans la péninsule Arabique.
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+ La tradition donne par moments des origines bien antérieures : la reine de Saba, l'ancien Yémen ainsi que des tribus arabes disparues dont les plus citées sont les tribus ʿĀd (عاد) et Thamūd (ثمود); qui auraient été de la descendance de Iram, l'un des fils de Sem fils de Noé[6]; et qui auraient parlé cette langue dans une forme plus ancienne. Voir les langues sudarabiques anciennes.
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+ Les plus anciennes inscriptions arabes préislamiques datent de 267[7].
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+ Les Abd Daghm étaient les habitants de Taïf et ce sont les premiers à inventer l'écriture arabe[8].
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+ L'arabe est parlé à des degrés divers dans les pays arabes du Moyen-Orient, en Iran (province du Khouzistan), en Turquie (frontière turco-syrienne), en Israël[9], dans les pays d'Afrique du Nord, du Sahara, du Sahel et sur les côtes de la Corne de l'Afrique.
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+
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+ Il est également pratiqué dans la diaspora arabe.
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+ L'arabe standard moderne est reconnu en tant que langue officielle de 25 États[10], ce qui le place en troisième position après l'anglais et le français :
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+ Le Somaliland, non reconnu internationalement, utilise également l'arabe comme langue officielle, en plus du somali.
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+ Par ailleurs, la langue officielle de Malte, le maltais, est une langue dérivée de l'arabe sicilien du Moyen Âge.
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+ Plusieurs organisations internationales ont l'arabe pour langue officielle :
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+ La linguistique distingue différents registres de la langue arabe. La diglossie oppose langue littéraire et langues vernaculaires.
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+ L’arabe littéral est un terme générique qui regroupe quatre périodes historiques de la même langue au cours desquelles se déploient successivement l'arabe classique puis l'arabe standard moderne.
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+
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+ L’arabe ancien est celui de la poésie préislamique.
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+
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+ L’arabe coranique est la langue du texte sacré des musulmans, le Coran, et des textes religieux.
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+
54
+ L’arabe classique proprement dit est la langue de la civilisation arabo-musulmane.
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+ L’arabe standard moderne naît au début du XIXe siècle en Égypte, après l’introduction de l’imprimerie et les publications de livres modernes. Il a été adopté par les pays de l’Afrique du Nord un siècle et demi plus tard. C’est la langue écrite commune de tous les pays arabophones.
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+
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+ Les langues vernaculaires orales, différentes l’une de l'autre dans chaque région, et influencées par l’arabe standard sont appelées arabe dialectal[11], les substrats, superstrats et emprunts diffèrent selon les régions.
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+
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+ Les langues arabes, regroupées en quatre groupes principaux, étant difficilement intercompréhensibles à l'intérieur de ces groupes, on est conduit à distinguer une quinzaine de langues très différentes (au moins autant que les langues latines) au sein desquelles les variantes dialectales sont suffisamment fortes pour être notées.
61
+
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+ Les variantes arabes sont issues d'une matrice elle-même diverse, la Fassiha, forme sémitique hétérogène, langue des poètes et sa forme « lingua franca » des négociations inter-tribales.
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+ L'arabe, désormais, constitue un ensemble de dialectes qui sont de plus en plus différents les uns des autres, et ressemble au cas de la langue latine qui donna naissance au français, à l'italien, à l'espagnol, etc. À titre d'exemple, l'arabe algérien parlé en Algérie est aussi différent de celui parlé au Yémen que le français peut l'être de l'espagnol, alors que ces deux derniers sont issus, l'un et l'autre, du latin. Cependant on ne parle pas encore de langues différentes, bien que l'arabe, comme le latin, tende à se différencier en plusieurs langues et dialectes propres. Pour le moment, seule l'écriture semble faire l'unité de la langue arabe.
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+
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+ En Occident par exemple, l'arabisation a commencé par l'implantation de camps arabes en Espagne et en province d'Afrique (Tunisie et Algérie orientale), phénomène à l'origine des langues andalouses et ifriqyennes, il s'est poursuivi par arabisation[pas clair] par contamination commerciale et administrative sur la population « romaine » autochtone, tandis que la ruralité « amazigh » a gardé la langue amazighe, les communautés urbaines maures sont apparues avec cette constante influence andalouse et ifriqyenne, notamment à Kairouan, Fès, Tlemcen (etc.) et les nécessités liturgiques arabes dans ces centres universitaires, puis de l'arabisation administrative, surtout à partir des Mérinides (XIIIe siècle)
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+ En parallèle, depuis le XIe siècle, et surtout le XIIIe siècle, des populations arabes bédouines (sinaïtes, libyennes, cyréniennes et peut-être yéménites) ont peuplé le Maghreb central et oriental, ainsi que les espaces sahariens, influençant, chacun avec leur dialecte propre (lié à leur origine singulière et leurs développements autonomes propres...) les populations berbères les plus sensibles.
68
+
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+ Le groupe maghrébo-hassani, et les trois types de langue maghrébine (« aroubi », « maure », ifriquien) et la hassânya, tout en gardant des différences fortes, n'ont cessé d'échanger à l'intérieur d'espaces cohérents, et sont désormais absorbés par les dialectes nationaux standards.
70
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+ Ils ne sont pas du tout intercompréhensibles, mais une forme de maghrébin simplifié permet une intercompréhension entre les commerçants par exemple, mais souvent le français prend le pas dans la diplomatie et le grand commerce.
72
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+ Un premier vecteur de rayonnement est la religion musulmane. L'arabe est resté une langue liturgique dans la plupart des pays musulmans, bien que l'arabe coranique se soit éloigné de la langue arabe moderne.
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+ Un deuxième vecteur de rayonnement est la littérature en prose et poétique. Des écrivains non arabes ont utilisé la langue arabe pour leurs publications, comme le médecin et philosophe perse Avicenne. Les rois normands de Sicile se piquaient de parler l’arabe.
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+ Un troisième vecteur de rayonnement sont les médias contemporains, journaux, radio, télévision (chaînes d'information panarabes, telles Al Jazeera ou Al-Arabiya) et les possibilités multiples d'internet.
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+ Un vecteur important plus ancien est l’emprunt à l'arabe de mots et expressions par les langues non arabes, telles les langues romanes, comme le français.
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81
+ La langue de l'islam étant l'arabe, de nombreux mots du domaine religieux sont d'abord apparus en arabe. Ainsi, certains mots religieux n'existent qu'en arabe, ou possèdent un sens plus précis en arabe.
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+
83
+ L'arabisation, est fortement liée à l'influence culturelle, commerciale et administrative d'États se réclamant tout d'abord de la religion coranique.
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+ Ainsi, en dehors du monde arabe proprement dit, de nombreuses langues et de très nombreux peuples ont été ou sont marqués avec plus ou moins d'importance par la langue arabe et ont utilisé l'alphabet arabe.
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+ Quelques écrivains arabes célèbres sont :
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+ Bien que l'arabe soit une langue internationale, en dehors du monde arabe et des universités et départements spécialisés, il est moins enseigné en tant que langue étrangère que d'autres langues internationales. Le manque de volonté politique de promouvoir la langue, à quoi s'ajoute l'écart plus ou moins important entre l'arabe littéral et les différentes formes d'arabe dialectal sont peut-être des obstacles à l'internationalisation réelle de l'arabe[13]. Mais, l'essor de nouvelles chaînes d'information panarabes, telles Al Jazeera, Al-Arabiya, ou encore l'utilisation de l'arabe par des chaînes étrangères telles que la chaîne française France 24, BBC Arabic Television, Russia Today, la Télévision centrale de Chine, Euronews ou l'américaine Al-Hurra entrainent un renouveau de la langue arabe, attesté par la création depuis quelques années de tests, comme CIMA développé par l'Institut du monde arabe avec le CIEP, pour certifier le niveau de langue.
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+
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+ L’arabe a légué une série de mots aux langues romanes (et de là aux autres langues d’Europe dont le français), surtout à l'espagnol, à l'italien et au portugais.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
94
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+ On trouve de nombreux mots d'origine arabe en français. Ces emprunts se sont faits soit :
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+ D’autre part, l’arabe a transmis au français des mots originaires d’autres langues, notamment l’hindi (bonduc, candi) [réf. nécessaire], le persan ( alkékenge, alkermès, aniline, aubergine,azur, babouche, borax, bore, douane, orange, timbale, etc.) [réf. nécessaire], mais aussi le grec ( alambic,almanach, antimoine, etc.) [réf. nécessaire].
98
+
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+ Citons enfin le cas du mot abricot, qui vient du latin praecoquum (qui a donné le doublet précoce) et qui est revenu en français sous cette forme après un voyage par l’intermédiaire du grec ancien πραικόκιον (praikókion), de l’arabe أَلْبَرْقُوق (ʾal-barqūq) (qui veut dire prune ou pruneau), de l’espagnol albaricoque ; un intermédiaire catalan albercoc avait donné aubercot, mot qui ne s’est cependant pas imposé contre albricòt de l'occitan pour abricot[15].
100
+
101
+ En ce qui concerne les noms propres, beaucoup de noms d’étoiles viennent également de l’arabe : Aldébaran, Bételgeuse, Algol, Alioth, Véga, Mizar, Fomalhaut, Altaïr, Saïph (Kappa Orionis), etc.
102
+
103
+ L’article défini dans les langues romanes dérive des démonstratifs latins comme "ille", "illa" [16]. Il existe par ailleurs, indépendamment, dans les langues germaniques ("der, die, das"), ou en grec ancien et moderne. De même, l’article indéfini provient du nom du chiffre "un" dans les langues indo-européennes ("uno, una" dans les langues romanes, "an" ou "ein" en anglais ou en allemand…).
104
+
105
+ Mais une théorie croit y voir un emprunt à l’arabe dans les langues romanes, se fondant sur la ressemblance avec a- ou al, l’unique article défini arabe (on a al normalement quand le mot arabe commence par une « consonne lunaire », c’est-à-dire principalement q, m, k et b ; et a- quand il commence par une « consonne solaire », c’est-à-dire principalement d, r, s, t et z ; pour plus de détails, consulter alphabet arabe).
106
+
107
+ Pour certains mots empruntés à l'arabe, les Européens en ont parfois conservé cet article défini et l’ont agglutiné au substantif. Les diverses langues romannes n’ont pas toujours conservé l’article défini pour un même mot emprunté à l’arabe. Ainsi, l’espagnol et le portugais en ont conservé davantage que le français : à algodón et azúcar en espagnol correspondent coton et sucre, par exemple, ou encore, dogana en italien en face de aduana en espagnol. En français, on a l'alcool, l'alcali, l'algèbre, etc. et du temps de Voltaire on parlait de l'Alcoran.
108
+
109
+ Les chiffres arabes, utilisés dans la numérotation occidentale, ont été empruntés aux Arabes, qui les avaient eux-mêmes empruntés aux Indiens[17].
110
+
111
+ Actuellement, dans le monde arabe, seuls les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc, Libye, Mauritanie) utilisent les chiffres "arabes" dans leur forme occidentale ; les autres pays utilisent les anciens chiffres arabes, appelés naturellement "indiens" (mais ils sont différents des vrais chiffres hindis).
112
+
113
+ Les « chiffres arabes » dans leur forme actuelle ont été introduits en Europe par le mathématicien italien Fibonacci qui en a appris l’usage dans la ville de Béjaïa capitale de la petite Kabylie (Algérie) au Moyen Âge. En 1202, Fibonacci publie Liber abaci (« Le livre des calculs »), un traité sur les calculs et la comptabilité fondée sur le calcul décimal à une époque où l’Occident utilisait encore les chiffres romains et calculait sur abaque. Ce livre est fortement influencé par sa vie dans les pays arabes ; il est d’ailleurs rédigé en partie de droite à gauche. Par cette publication, Fibonacci introduit le système de notation arabe en Europe. Ce système est bien plus puissant et rapide que la notation romaine, et Fibonacci en est pleinement conscient. Il peina cependant à s’imposer avant plusieurs siècles. L’invention sera mal reçue car le public ne comprenait plus les calculs que faisaient les commerçants. En 1280, Florence interdit même l’usage des chiffres arabes par les banquiers. On jugea que le 0 apportait de la confusion et des difficultés au point qu'ils appelèrent ce système cifra (de sifr, zero en arabe), qui prit la signification de « code secret » en latin, tout comme le mot chiffre en français.
114
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+ La linguistique tient compte de la diversité de la langue arabe qui se présente sous les formes diglossiques d'une langue classique, coranique et littéraire, mais aussi sous une multiplicité de formes dialectales.
116
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117
+ La linguistique, appliquée à chacun de ces « niveaux de la langue », étudie successivement l'arabe aux points de vue suivants.
118
+
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+ La prononciation de l'arabe est étudiée par trois sciences linguistiques complémentaires qu'il convient de ne pas confondre, la phonétique, la phonologie, et l'orthophonie. Cette dernière est normative et comprend l'étude de la cantillation des textes arabes liturgiques.
120
+
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+ L'écriture de l'arabe est un phénomène qui peut être étudié, soit en tant que système graphique de l'arabe, soit au point de vue des modalités techniques de cette écriture.
122
+
123
+ L'étude du système graphique s'attache à décrire l'alphabet arabe et les signes diacritiques de l'arabe parmi lesquels se détachent les particularités de l'écriture de la hamza. Les chiffres arabes intègrent aussi ce système graphique de l'arabe. La linguistique étudie aussi les problèmes de translittération (telle la translittération baha'ie) et de transposition, mais aussi l'usage du système graphique arabe pour écrire des langues non arabes (comme le urdu) qui exige des adaptations de l'alphabet arabe à ce nouvel usage.
124
+
125
+ Les modalités techniques de l'écriture arabe sont la calligraphie, la typographie, la dactylographie, et l'usage contemporains des programmes informatiques dont voici quelques exemples :
126
+
127
+ À noter que DIN-31635 est une norme du Deutsches Institut für Normung adoptée en 1982, elle permet la translittération de l'alphabet arabe ; cette norme est la plus utilisée dans le domaine des études arabes dans les pays occidentaux.
128
+
129
+ À noter également que l'arabe s'écrit de la droite vers la gauche.
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+
131
+ La grammaire arabe étudie la formation des mots, la morphologie, et leur composition en phrases, la syntaxe.
132
+
133
+ L'étude sémantique de la langue arabe s'attache au sens des mots.
134
+
135
+ La lexicographie de l'arabe étudie le vocabulaire de cette langue et la composition de dictionnaires.
136
+
137
+ Plus spécifiquement, elle étudie le vocabulaire de l'islam, ainsi que la formation de prénoms arabes et de noms propres arabes.
138
+
139
+ La stylistique de l'arabe étudie la littéralité des textes arabes, et l'usage qu'ils font des figures de style, tant en prose qu'en poésie.
140
+
141
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
143
+ Les ouvrages sont classés par date d'édition :
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1
+ Pour améliorer la vérifiabilité de l'article, merci de citer les sources primaires à travers l'analyse qu'en ont faite des sources secondaires indiquées par des notes de bas de page (modifier l'article).
2
+
3
+ La lave est une roche, en fusion ou solidifiée, émise par un volcan lors d’une éruption. C'est un magma arrivé en surface et partiellement dégazé.
4
+
5
+ Les laves, au moment où elles sont émises, atteignent des températures qui, selon leur composition chimique, varient de 700 à 1 200 °C. Elles se solidifient rapidement par refroidissement au contact du sol, de l’atmosphère ou de l’eau et forment alors des roches volcaniques, comme les basaltes ou les rhyolites.
6
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+ Les roches volcaniques, formées par le refroidissement en surface d’une lave, appartiennent à l’ensemble des roches magmatiques, conjointement avec les roches plutoniques qui sont formées par le refroidissement et la cristallisation d’un magma en profondeur (comme les granites ou les gabbros).
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+ L'accumulation des laves et des matériaux éruptifs éjectés (bombes, cendres et lapilli) construit le cône caractéristique des volcans dont la forme dépend de la viscosité de la lave et de sa teneur en gaz.
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+ Lorsqu'une coulée de lave, fluide ou visqueuse, se crée lors d'une éruption, l'aspect de la lave et sa composition ne sont pas toujours les mêmes.
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+ En effet, la viscosité de la lave dépend de sa teneur en silice (SiO2) : très riche en silice, elle sera visqueuse ; inversement, pauvre en silice, elle sera plus fluide. Cela permet d'expliquer les différences entre volcans de type effusif et de type explosif.
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+ Chez les volcans de type explosif, la lave émise lors d'une coulée est visqueuse et très riche en silice. Lors d'une éruption, une nuée ardente peut se créer. Des bulles de gaz se forment et remontent de la chambre magmatique. Cette poussée des gaz vers la surface s'appelle la pression des gaz. Pendant la remontée dans la cheminée, la pression est très élevée (poids de la colonne de magma) et la viscosité de la lave importante. Lorsque la pression de la colonne de magma devient inférieure à la pression des gaz, les gaz sortent brutalement et provoquent l'éjection explosive de particules et de fragments de roche en fusion (bombes, lapillis et cendres). La roche obtenue lors de telles éruptions est une roche rhyolitique.
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+ Chez les volcans de type effusif, dont la lave est pauvre en silice, la lave émise lors d'une coulée est fluide. Lors de la remontée du magma dans la cheminée, les gaz n'ont aucun mal à s'échapper vers le cratère dans la lave fluide. Il n'y a donc aucune augmentation de pression pendant la remontée du magma, qui peut jaillir en fontaine de lave. Ce type de volcan peut également présenter dans son cratère un lac permanent de lave (ex. : Kilauea, Mauna Loa). La roche obtenue lors d'une coulée de lave effusive est une roche basaltique.
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+ Pour les laves effusives formées à l'air libre, on distingue principalement deux types qui portent en volcanologie les noms que leur avaient déjà donnés les Hawaïens :
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+ Il existe deux types de laves principaux en volcanologie : la lave pauvre en silice, issue d'un volcan effusif, et la lave riche en silice, issue d'un volcan explosif.
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+ Lorsqu'un volcan effusif entre en éruption, il émet des coulées de lave fluide caractéristiques, pauvres en silicates. La température de la lave au sortir du cratère est d'environ 1 200 °C. Cette lave basaltique coule à environ 20 km/h en sortant du cratère et se refroidit lentement au contact de l'air, du sol ou de l'eau, perdant de la vitesse. Les coulées sont canalisées et relativement lentes. Lors d'une éruption près d'une zone habitée, des dégâts matériels peuvent être constatés, mais la lenteur de ces coulées permet aux gens de fuir lors d'une éruption.
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+ Lorsqu'un volcan explosif entre en éruption, il émet des coulées pyroclastiques, composées de cendres, de lapilli, de monceaux de lave brûlante et de lave visqueuse. Très riche en silicate, très peu fluide, dure, cette lave s'accumule le plus souvent au sommet du volcan, créant ainsi un dôme de lave. Cette lave explosive peut aller à des températures de 1 000 °C à l'extérieur, voire plus dans une chambre magmatique. Lorsqu'une éruption assez importante se déclenche, des pans entiers du flanc du volcan ou du dôme de lave se détachent et dévalent les pentes à des dizaines de kilomètres par heure. Ces coulées peuvent être très dangereuses pour les populations humaines, notamment par leur rapidité, leur taille, mais surtout par la potence de l'éruption, qui peut ensevelir et détruire une ville entière en quelques heures. De plus, ces coulées peuvent aller très loin par rapport à l'épicentre de l'éruption, ce qui augmente les chances de destruction d'une zone habitée près du volcan, même à des kilomètres de celui-ci.
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+ On distingue :
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