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+ Le béton est un assemblage de matériaux de nature généralement minérale. Il met en présence des matières inertes, appelées granulats ou agrégats (graviers, sables, etc.), et un liant (ciment, bitume, argile), c'est-à-dire une matière susceptible d'en agglomérer d'autres ainsi que des adjuvants qui modifient les propriétés physiques et chimiques du mélange. Mêlés à de l'eau, on obtient une pâte, à l'homogénéité variable, qui peut, selon le matériau, être moulée en atelier (pierre artificielle), ou coulée sur chantier[1]. Le béton fait alors « prise », c'est-à-dire qu'il se solidifie.
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+ Le coulis (ciment, eau et adjuvants) et le mortier (ciment, sable, eau et adjuvants éventuels) diffèrent du béton (ciment, sable, gravier, eau et adjuvants éventuels) essentiellement par la taille des granulats (sable et gravier). Selon l'époque et les circonstances, on a pu faire des rapprochement entre ces différents matériaux qui tiennent à leur proximité physico-chimique[4],[5]. On peut dire que les coulis et mortiers sont des cas particuliers simplifiés du béton, ou le béton un cas particulier de mortier.
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+ Le béton de ciment associé à de l'acier permet d'obtenir le béton armé ; associé à des fibres, il permet d'obtenir du béton fibré. C'est, à l'heure actuelle, l'un des matériaux de construction le plus utilisé au monde (deux tiers des habitations neuves dans le monde[6]). C'est aussi le deuxième matériau minéral le plus utilisé par l'homme après l'eau potable : 1 m3 par an et par habitant[7]. Son utilisation énergivore est source de multiples dégradations de l'environnement : la production du clinker entrant dans la composition des liants est responsable d’approximativement 5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) anthropiques[8], principaux responsables du réchauffement climatique. De plus, la quête perpétuelle d’agrégats adaptés dont le sable, a conduit à la surexploitation de 75 % des plages de la planète, détruisant nombre d'écosystèmes littoraux[6].
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+
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+ Le béton de terre est un matériau qui a mal survécu à la révolution industrielle. Son usage est motivé par des raisons économiques (matériau gratuit disponible à même le sol), écologiques (ne nécessitant pas de processus chimiques de transformation énergivore ou polluant et ne générant pas de déchets indésirables) et politiques : n'intéressant ni l'industrie — car pas de processus de transformation complexe —, ni le commerce, à cause de sa disponibilité immédiate, il est une option notamment pour les pays du tiers-monde, soucieux d'indépendance, d'autonomie et d'auto-suffisance[2].
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+ Le mot betun au sens de mortier est attesté dans le Roman de Troie (vers 1160-1170). Béton désigne d'abord (1636) une maçonnerie de chaux vive, gros gravier, blocailles, et cailloux, dont on fonde les bâtiments. Philibert Monet le traduit par le terme latin opus signinum dont la description originale est donnée par Vitruve au Ier siècle av. J.-C., sorte de bétonnage constitué de chaux, de sable et d'éclats de pierre, exempte de tuileaux, dont la compacité était obtenue au terme d’un damage intensif[9]. Il était aussi employé dans des ouvrages de citerne.
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+ « Le béton se pétrifie dans la terre et devient dur comme roc[10]. »
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+ Dans une définition plus large des bétons, les ouvrages de terre crue sont considérés comme étant des bétons. Le béton de terre est le premier de tous les bétons[11].
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+ L'argile, ou à défaut une terre argileuse, sous la couche d'humus (les anciens parlaient de « terre franche » sous la terre végétale) est présente dans beaucoup de sols, et constitue un mortier (voir l'article mortier de terre) qui peut être facilement mis en œuvre par moulage dans des techniques de brique de terre crue ou de banchage.
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+ Les premières cités découvertes dans l'ancienne Mésopotamie étaient construites en terre crue, avant même l'invention de l'écriture. Ce matériau se dégradant plus rapidement que la pierre, et il existe peu de vestiges aussi marquants que les pyramides d'Égypte. Ainsi le Moyen-Orient et l'Asie centrale comptent de nombreux sites exceptionnels tels que Tchoga Zanbil (Iran), Mari (Syrie), Shibam (Yémen) ou Merv (Turkménistan).
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+ On voit par la suite la chaux associée à d'autres matériaux. La première utilisation du ciment remonte à l'antiquité égyptienne. En effet, un des mortiers les plus anciens, composé de chaux, d’argile, de sable et d’eau, fut utilisé dans la conception de la pyramide d'Abou Rawash, érigée aux alentours de 2600 av. J.-C., sous la IVe dynastie, mais également pour d’autres ouvrages.
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+ Vers le Ier siècle apr. J.-C., la Rome antique reprend cette technique en l’améliorant avec l’incorporation de sable volcanique de Pouzzoles ou de tuiles broyées. La pouzzolane est associée à la chaux et maçonnée à des matériaux tout venant, les caementa. Elle forme une sorte de béton extrêmement résistant puisque beaucoup de bâtiments construits dans ce matériau présentent des vestiges encore debout. Comme le dit Vitruve dans son De architectura (livre II, chapitre 6), le mortier peut résister à l'eau et même faire prise en milieu très humide. Cette qualité est due à la présence d'une grande quantité de silicate d'alumine. En ajoutant à la chaux aérienne de la pouzzolane ou des tuileaux concassés, on la transforme artificiellement en chaux hydraulique. Ce n'est qu'en 1818 que Louis Vicat expliquera les principes de cette réaction, dans sa théorie de l'hydraulicité[12].
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+
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+ L’opus caementicium est une maçonnerie de blocage, un conglomérat souvent réalisé entre deux parois de petit appareil. Il permet de réaliser les volumes considérables de maçonnerie des aqueducs, ponts, basiliques, etc. Ce système constructif est performant, économique, rapide, et ne nécessite aucune qualification de la main-d'œuvre, une bonne partie des matériaux étant employés sans préparation préalable[13].
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+ Le Panthéon de Rome est ainsi réalisé dans une sorte de béton[14].
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+ En souvenir de l'usage qu'on fit de la pouzzolane, les cendres volantes silico-alumineuses issues de la combustion des charbons schisteux brûlés en centrale thermique, employées dans la confection des ciments contemporains, sont appelées également « pouzzolane[15] », de même que tous les matériaux et roches aux vertus pouzzolaniques.
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+ Au Moyen Âge, les artisans dédaignent cette pierre factice et oublient son usage. C'est seulement à partir des Lumières que quelques savants s'y intéressent à nouveau[14].
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+ Du temps de Bernard Forest de Bélidor (XVIIIe siècle), on faisait dans l'eau beaucoup de fondations avec des pierres qu'on jetait à l'endroit où on voulait établir des bases ; on plaçait avec ces pierres du mortier susceptible de durcir dans l'eau (qu'on obtient alors toujours par un mélange de chaux aérienne, de tuileaux ou de pouzzolane, et de sable). On donnait le nom de « béton » à ce mortier et cette manière de fonder s'appelait « fondation à pierres perdues ». Cette méthode avait le grand inconvénient d'exposer à mettre trop de mortier à certains endroits et pas assez à d'autres puisque lorsqu'on fondait à une grande profondeur sous l'eau, la mauvaise visibilité empêchait de bien distribuer le mortier. Le versement du béton sous l'eau se faisait par différentes méthodes : trémies, caisses fermées pour éviter que le mortier soit délavé le temps de son immersion, etc.[16],[17]. Par la suite, Vicat donna le nom de « mortier hydraulique » à celui qui a la propriété de durcir dans l'eau (Vicat le nomme aussi « béton », mais il entrevoit qu'il conviendrait de donner ce nom uniquement au mortier hydraulique dans lequel on a introduit des cailloux ou de la pierraille). On a par la suite donné le nom de « béton » uniquement au mélange de ce mortier avec des pierres concassées. « Ainsi le béton n'est autre chose qu'une maçonnerie faite avec de petits matériaux ; et en faisant sur terre le mélange du mortier hydraulique avec les pierres concassées on a le grand avantage d'obtenir dans l'eau un massif bien homogène. On forme ainsi une maçonnerie très dure si le mortier hydraulique que l'on a fait est de bonne qualité. On voit donc que la bonté du béton dépend principalement de celle du mortier hydraulique[18]. »
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+ L'opinion généralement admise dans la seconde moitié du XVIIIe siècle est que c'est l'argile qui donne à la chaux la propriété singulière de durcir dans l'eau. L’Anglais John Smeaton l'expérimente dans la construction du phare d'Eddystone. Jusqu'au début du XIXe siècle, la manière de faire le mortier, qui a presque toujours été abandonnée aux ouvriers, est l'objet de nouvelles expérimentations, éclairées par les progrès récents de la chimie, qui a été promue en science exacte. En 1796, James Parker découvre sur l'île de Sheppey, en Grande-Bretagne, un calcaire suffisamment argileux pour donner après une cuisson à 900 °C un ciment naturel à prise rapide qui est commercialisé sous la marque Ciment romain. Le ciment prompt est de même nature. Côté français, en 1818, Louis Vicat, ingénieur de l'École nationale des ponts et chaussées, expérimente les chaux hydrauliques et la possibilité de les fabriquer de manière artificielle. Sous son impulsion, en France, l'usage des chaux hydrauliques et ciments naturels se généralise et, à partir des années 1850, les ciments artificiels surcuits au nom de ciment Portland[pas clair]. Toutefois, le nom de Portland vient du brevet déposé en 1824 par le briquetier Joseph Aspdin, « ciment de Portland », pour sa chaux hydraulique à prise rapide.
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+
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+ C’est dans les années 1830 que l’on voit apparaître les premiers développements de ce matériau, avec notamment la construction d’une maison de trois étages en béton à Montauban, par l'entrepreneur François-Martin Lebrun, puis, à partir de 1852, le béton-pisé ou béton-aggloméré de l’industriel François Coignet. À la même époque, Joseph Lambot, puis Joseph Monier, développent les ciments armés, amenés à devenir bétons armés sous l'impulsion de François Hennebique ou encore de l'architecte et entrepreneur Auguste Perret au début du XXe siècle. Ce dernier déclare : « Faisant au béton l'honneur de le tailler, de le boucharder, de le ciseler, nous avons obtenu des surfaces dont la beauté ferait trembler les tailleurs de pierre[14]. »
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+ L'architecte Tony Garnier préconise l’usage du béton de mâchefer et le nouveau béton armé pour les travaux que lui confie le maire de Lyon Édouard Herriot ; il y réalise notamment le quartier des États-Unis. Pour sa part, Le Corbusier affirme dans sa charte d'Athènes : « Le béton est un matériau qui ne triche pas[14]. »
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+ En 1929, c’est Eugène Freyssinet, ingénieur français, qui va révolutionner le monde de la construction en inventant le béton précontraint.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'architecte nazi Fritz Todt utilise 17 millions de cubes d’Eisenbeton pour bâtir le mur de l'Atlantique. Après le conflit, il faut reloger rapidement les populations dont les habitations ont été détruites et reconstruire des villes rasées comme Le Havre ou Lisieux ; le béton est alors utilisé. De la même façon, le développement des grands ensembles lors des Trente Glorieuses (qui sont cependant rapidement décriés) et la démocratisation du tourisme dans les stations balnéaires comme La Grande-Motte mobilisent ce matériau[14].
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+
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+ La célèbre scène d'ouverture du film Mélodie en sous-sol (1961) d'Henri Verneuil évoque les transformation des villes par le béton. Sorti de prison, le personnage joué par Jean Gabin revient à Sarcelles pour trouver, décontenancé, sa maison entourée par des immeubles de béton : « Merde alors. […] Et dire que j'avais acheté ça pour les arbres et puis pour les jardins. Ils appelaient ça la zone verte[14] ! »
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+
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+ À la fin des années 1980, on voit apparaître les bétons hautes performances et par la suite, de nouvelles grandes innovations vont voir le jour avec notamment les bétons autoplaçants (BAP) et les bétons fibrés à ultra hautes performances (BFUP).
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+ Le béton de ciment est, à l'heure actuelle, le matériau de construction le plus utilisé au monde.
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+ La désignation « béton de terre » est récente, ce matériau est plus connu sous les termes traditionnels de pisé ou de torchis.
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+ Les matériaux de base d'un béton de terre sont : l'argile (la plus pure est le kaolin), sable, gravier, eau. Grâce à sa cohésion interne, l'argile joue le rôle de liant, le gravier et le sable sont le squelette interne, l'eau est le lubrifiant. Le béton de terre n'a cependant pas de résistance mécanique suffisante pour autoriser des applications structurales.
52
+
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+ L'argile, qui est susceptible de présenter des variations de volume en cas de modification de la teneur en eau, peut être stabilisée par adjonction de ciment Portland, chaux, d'armatures végétales (paille sèche coupée, chanvre, sisal, fibres de feuilles de palmier, copeaux de bois, écorces), par adjonction d'asphalte, d'huile de coco, etc., pour assurer l'imperméabilisation, par traitement chimique (chaux, urine de bestiaux, etc.), géopolymérisation, etc.[2]
54
+
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+ Le béton de terre est mis en œuvre dans les techniques de torchis (sur pan de bois et clayonnage ou dans la technique du pisé), de bauge, de brique de terre crue (ou adobe) ou dans les briques moulées mécaniquement[2], etc.
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+ Dans le cas du béton de chaux, c'est la chaux hydraulique qui sert de liant. Ce type de béton est notamment utilisé pour réaliser des dalles.
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+ Le béton de ciment, couramment appelé « béton », est un mélange de ciment, de granulats, d'eau et d'adjuvants.
60
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+ Le béton bitumineux (aussi appelé enrobé bitumineux) est composé de différentes fractions de gravillons, de sable, de filler et de bitume employé comme liant. Il constitue généralement la couche supérieure des chaussées (couche de roulement). L'enrobé est fabriqué dans des usines appelées « centrales à enrobés », fixes ou mobiles, utilisant un procédé de fabrication continu ou par gâchées. Il est mis en œuvre à chaud (150 °C environ) à l'aide de machines appelées « finisseurs » qui permettent de le répandre en couches d'épaisseur désirée. L'effet de « prise » apparaît dès le refroidissement (< 90 °C), aussi est-il nécessaire de compacter le béton bitumineux avant refroidissement en le soumettant au passage répété des « rouleaux compacteurs ». Contrairement au béton de ciment, il est utilisable presque immédiatement après sa mise en œuvre.
62
+
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+ Le bitume étant un dérivé pétrolier, le béton bitumineux est sensible aux hydrocarbures perdus par les automobiles. Dans les lieux exposés (stations services) on remplace le bitume par du goudron. Le tarmacadam des aérodromes est l'appellation commerciale d'un tel béton de goudron (rien à voir avec le macadam, dépourvu de liant).
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+ Le gros de la consommation d’énergie due au béton provient d'activités consommatrices d’énergie qui entraînent une émission plus ou moins forte de CO2 :
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+
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+ Si la consommation d'énergie est importante pour du béton de ciment ou du béton bitumineux, l'énergie grise du bloc de chanvre (énergie nécessaire à l’ensemble de la fabrication d’un produit) est inférieure à tous les autres matériaux isolants dans la masse (un rapport de 4 par rapport à la brique terre cuite et 3 par rapport au béton cellulaire).
68
+
69
+ L'impact carbone varie fortement selon le type de béton.
70
+
71
+ Il est important dans le cas du béton de ciment, l'utilisation énergivore du béton de ciment étant source de multiples dégradations de l'environnement : la production du clinker entrant dans la composition des liants est responsable d’approximativement 5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) anthropiques[8], principaux responsables du réchauffement climatique. Des études tendent cependant à montrer que le béton réabsorbera au cours de sa vie plus de 40 % du CO2 émis lors de son élaboration[23].
72
+
73
+ Le bloc de chanvre a au contraire un bilan CO2 négatif (stockage temporaire de CO2) le temps de la durée de vie de la structure.
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+
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+ Dans le cas du béton de ciment, la quête perpétuelle d’agrégats adaptés dont le sable a conduit à la surexploitation de 75 % des plages de la planète, détruisant nombre d'écosystèmes littoraux[6].
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+ Beta vulgaris
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+
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+ Espèce
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+
5
+ Classification phylogénétique
6
+
7
+ La betterave sucrière est un type de betterave cultivé pour sa racine charnue utilisée principalement pour la production du sucre (saccharose).
8
+
9
+ La betterave sucrière cultivée est une plante bisannuelle à la racine de couleur blanche et bien enterrée, elle se développe en deux phases :
10
+
11
+ La floraison n'intervient qu'après le premier hiver (ou parfois après un printemps inhabituellement froid)[1]. Comme chez toutes les plantes sauvages du sous-genre Beta la pollinisation est réputée essentiellement anémophile (pollens transportés par le vent), mais certains insectes semblent aussi pouvoir y contribuer[1].
12
+ Des hybrides à fleurs mâles stériles sont aujourd'hui largement cultivés[1].
13
+
14
+ Il existe de nombreuses variétés. Les principaux critères de choix sont le rendement des racines, le rendement en sucre, la pureté des jus, la résistance à des maladies telles que la rhizomanie, le rhizoctone brun et la tolérance aux nématodes. D'autres critères sont importants tels que la résistance à la montée à graine.
15
+
16
+ Au Catalogue officiel des espèces et variétés[2] on compte actuellement plus de 1 000 variétés et plus de 1 600 variétés de betteraves sont inscrites au Catalogue européen des espèces et variétés[3].
17
+
18
+ La betterave sucrière est l'une des espèces où les progrès obtenus par l'amélioration variétale sont les plus importants et continus. Le programme AKER qui vise à améliorer la productivité de la betterave regroupe de nombreux partenaires[4].
19
+
20
+ La betterave sucrière est utilisée pour la production de sucre (dont la vergeoise)[5], et secondairement d'alcool et d'éthanol-carburant. Ses sous-produits sont la mélasse qui contient encore 50 % de sucre utilisée comme aliment appétant pour les animaux ; la pulpe de betterave, résidu de l'extraction du sucre est généralement déshydratée pour le même usage ; la mélasse sert aussi à la production de levure de boulangerie ; la racine a un pouvoir méthanogène de 250 m3 de CH4/tonne de matière brute ; les collets et les feuilles servaient ou servent pour l'alimentation du bétail (avec prudence car riches en acide oxalique pouvant atteindre des doses toxiques si les feuilles sont consommées fraiches et en abondance) ou sont restitués au sol (En France, à ce jour, elles ne sont généralement plus récoltées : la quasi totalité des fanes est enfouie selon France Agrimer[6]).
21
+
22
+ Depuis quelques années, le jus de la betterave à sucre est utilisé comme fondant routier en Amérique du Nord. Utilisé seul ou mélangé avec du chlorure de sodium, le jus de betterave est efficace jusqu'à -32 °C et permet de réduire l'impact des agents de déglaçage sur l'environnement et les infrastructures[7],[8].
23
+
24
+ Le butane-2,3-diol est dérivé de l'amidon et de la betterave sucrière.
25
+
26
+ La culture occupe environ 4,5 millions d'hectares dans le monde (FAOSTAT 2014), surtout en Europe du Nord et aux États-Unis.
27
+
28
+ La production mondiale (FAO 2014) de betteraves sucrières est de 270 millions de tonnes, dont 131 pour l'Union européenne. En 1965, elle était de 197 millions de tonnes avec un pic de 309 millions de tonnes en 1990, son maximum entre 2000 et 2014 a été de 278,11 millions de tonnes en 2011[9].
29
+
30
+ Depuis 1875 jusqu'à nos jours, la France est le premier producteur mondial de betterave à sucre[10]. Cette culture est concentrée dans le nord et l'est du pays ainsi que dans le bassin parisien.
31
+
32
+ Dans l'Union européenne, la culture de la betterave sucrière est réglementée dans le cadre de la politique agricole commune. Chaque pays dispose d'un quota de production autorisé en dessous duquel le prix est garanti, à un niveau supérieur au cours mondial.
33
+
34
+ Le 1er octobre 2017, l'Union européenne met un terme aux quotas sucriers (mis en place en 1968, ils avaient pour mission de garantir la production) à un moment où le marché mondial est excédentaire et où la consommation de sucre augmente fortement dans les pays émergents[11].
35
+
36
+ La betterave sucrière est la première culture industrielle en France. Ses producteurs sont rassemblés sous la bannière de la confédération générale des planteurs de betterave, ou CGB.
37
+
38
+ En France, on sème la betterave à la mi-mars après les gelées d'hiver ; elle a besoin de six mois chauds et ensoleillés pour achever la formation de la racine ; elle aime les terres riches, profondes, bien fumées. Jusque dans les années 1970, après le semis, il était nécessaire de procéder au « démariage », c'est-à-dire à l'élimination des plants excédentaires. Les graines de betterave étaient en effet naturellement groupées par deux à quatre dans des fruits arrondis. Le plus souvent il y avait 3 graines dans un fruit est alors dit triakènes (à 3 graines) ou semences multigermes (sauf si elles ont été préparées).
39
+ En 1948 le généticien russe spécialiste de la betterave à sucre V.F Savitsky a découvert quelques plants monogermes au sein d'une variété cultivée aux Etats-Unis (« Michigan Hybrid-18 »). Des semences issues de l'un de ces plants (dénommé SLC 101) ont depuis été utilisées pour introduire le caractère monogène presque partout dans le monde. La particularité de réduction à un seul germe est liée à un gène récessif unique (Savistky 1952).
40
+ Presque au même moment (années 1940-1950) Owen découvre la stérilité mâle cytoplasmique[1] et développe une technique de sélection d’hybrides.
41
+ La sélection génétique permet alors de sélectionner et reproduire des semences dites « monogermes » (à une seule graine par glomérule) à haut-rendement, en utilisant dès les années 1970 la culture in vitro[13]. Aujourd'hui les graines sont semées graine par graine grâce à des semoirs spécifiques.
42
+
43
+ La graine de betterave est très petite et contient très peu de réserve. Sa culture est donc très sensible à la battance : lors du semis, la graine est enfouie à 2-3 cm de profondeur, lorsque les cotylédons pointent à la surface, la plantule a complètement hydrolysé ses réserves, elle a donc un besoin urgent de soleil pour commencer la photosynthèse (et la production d'énergie). Si elle rencontre un obstacle comme une croûte de battance, elle ne peut y faire face et le plant meurt.
44
+
45
+ La fertilisation azotée doit être faite sans excès sous peine de nuire au rendement en sucre. La betterave a une consommation dite « « de luxe » » car elle puise énormément de potassium (du fait de son origine halophyte), ses besoins en potasse sont donc élevés (environ 4 kg par tonne de racines). Elle exige des sols à pH basique.
46
+
47
+ Le nombre maximal de feuilles ne semble pas être borné. À part les deux premières, les feuilles se placent suivant une hélice de rang 5 (la 3e et la 8e sont superposées).
48
+
49
+ Le saccharose (C12) est directement produit dans les feuilles. Celui-ci est réduit en glucose (C6) dans les organes-puits lors de la croissance, puis stocké (si excédent) dans la racine. La richesse en sucre est un facteur important de la qualité finale de la récolte, et le prix d'achat en dépend, elle s'exprime en % et varie aujourd'hui entre 16 et 20.
50
+
51
+ Le grossissement de la racine commence tôt. La « mue de la betterave » correspond à un grossissement du cœur (différenciation de xylème et de phloème secondaires puis tertiaires) qui a pour effet d'éclater l'écorce qui se fendille. Le rendement moyen varie de 60 à 90 tonnes de racines à l'hectare.
52
+
53
+ Le sillon saccharifère, un repliement de la racine, peut retenir une masse importante de terre lors de l'arrachage. Cela entraîne une diminution de la propreté des racines lors de la livraison aux sucreries et une baisse du prix payé aux planteurs. Par la sélection variétale, il est possible de réduire l'impact du sillon saccharifère.
54
+
55
+ La récolte de la betterave à sucre est mécanisée à l'aide de machines automotrices combinant les fonctions d'arracheuse-effeuilleuse-décolleteuse-chargeuse.
56
+
57
+ Ses principaux ennemis sont les pucerons vecteurs de la jaunisse, la mouche de la betterave (ou pégomyie), les taupins et des maladies comme la rhizomanie, la cercosporiose, l'oïdium, la ramulariose et le pied noir.
58
+
59
+ Enfin, danger récent pour la betterave sucrière en France : une autre espèce de betterave, extrêmement envahissante, la betterave maritime, est en train de se répandre sur le littoral depuis 2003 en faisant disparaître tous les autres végétaux, notamment sur la côte autour du village d'Audresselles (Pas-de-Calais). Les pollens de cette variété modifient génétiquement les graines de la betterave sucrière, et rendent les pivots issus de ce croisement non producteurs de sucre en quantité suffisante pour être exploités. La Faculté des Sciences de Lille a envoyé des chercheurs à Audresselles pour étudier le phénomène et les moyens de le combattre.
60
+
61
+ Le désherbage de la betterave est une pratique qu'il faut absolument réussir car la culture est très fragile du point de vue de la concurrence avec les adventices à tous les niveaux. Il faut pour cela lutter agronomiquement ou chimiquement .
62
+
63
+ Le désherbage chimique des betteraves repose sur des programmes associant plusieurs matières actives, permettant d'élargir le spectre d'efficacité et de réduire la phytotoxicité pour la culture. Dans ce souci d'efficacité et de diminution du coût du désherbage, des techniques avec doses réduites de produits sont développées depuis de nombreuses années.
64
+
65
+ Un désherbage de pré-levée est utile, notamment dans les situations à risque, contre certains types d'adventices, les dicotylédones comme l'amarante, l'ammi élevé, l'aethusa, la matricaire...
66
+
67
+ On peut aussi utiliser ce désherbage pour renforcer et régulariser l'efficacité des interventions de post levée[14].
68
+ Le désherbage de post-levée vise les dicotylédones et les monocotylédones.
69
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+ Les principales variétés de betterave ont été décrites dès le Moyen Âge, notamment par Matthiole. L'origine de l'utilisation alimentaire des racines de betterave semble se situer dans la grande plaine qui s'étend de l'Allemagne à la Russie.
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+ En 1600, Olivier de Serres, dans Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs écrit :
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+ « Une espèce de pastenades est la bette-rave, laquelle nous est venue d'Italie n'a pas longtemps. C'est une racine fort rouge, assés grosse, dont les feuilles sont des bettes, et tout cela bon à manger, appareillé en cuisine : voire la racine est rangée entre les viandes délicates, dont le jus qu'elle rend en cuisant, semblable à sirop de sucre, est très beau à voir pour sa vermeille couleur. »
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+ Il chercha le premier à extraire le sucre des betteraves mais n'a pas réussi à trouver un processus rentable.
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+ En 1747, un Allemand, Andreas Sigismund Marggraf, avait réussi à extraire le sucre de la betterave.
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+ Toutefois la première extraction industrielle de sucre fut l'œuvre, fin 1811, d'un Français, le chimiste Jean-Baptiste Quéruel, engagé en 1809 dans la manufacture sucrière de Benjamin Delessert.
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+ C'est Napoléon 1er qui avait encouragé les recherches en ce domaine, le blocus de l’Empire Français exercé par la marine britannique, ayant coupé l'Europe des ressources en sucre de canne des Antilles.
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+ La culture de la betterave sucrière, ainsi que la fabrication du sucre, sont dès lors fortement encouragées. Le Journal du Département de Jemmappe du 24 janvier 1812 publie un décret impérial stipulant que 100 élèves, pris parmi les étudiants en pharmacie, en médecine et en chimie, seront attachés à diverses fabriques de sucre de betteraves nouvellement établies comme école spéciale de chimie, pour la fabrication du sucre de betterave. Chaque étudiant ayant suivi les cours pendant plus de trois mois et ayant prouvé qu'il connait parfaitement les procédés de fabrication recevra une indemnité de 1 000 francs. Par ailleurs, le ministre de l’intérieur prendra des mesures pour faire semer dans l'étendue de l'Empire cent mille arpents métriques de betteraves, 500 licences pour la fabrication du sucre de betterave seront accordées dans tout l'Empire. Quatre fabriques impériales de sucre de betterave seront établies en 1812 devant fabriquer avec le produit de la récolte de 1812 à 1813, deux millions de kilogrammes de sucre brut.
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+ Beta vulgaris subsp. vulgaris
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+ Sous-espèce
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+ La betterave, Beta vulgaris subsp. vulgaris, est une sous-espèce de plantes de la famille des Amaranthaceae, cultivées pour leurs racines charnues, et utilisées pour la production du sucre, comme légume dans l'alimentation humaine, comme plantes fourragères, et plus récemment comme carburant avec le bioéthanol.
6
+
7
+ Nom scientifique : Beta vulgaris L.
8
+ Famille des Chénopodiacées (selon la classification classique) ou famille des Amaranthacées (selon la classification phylogénétique).
9
+
10
+ La betterave (2n = 18 chromosomes) est une espèce bisannuelle et allogame à pollinisation principalement anémophile[1].
11
+
12
+ Les betteraves cultivées, dicotylédones, apétales, dériveraient de la betterave maritime (actuellement classée comme Beta vulgaris L. subsp. maritima (L.) Arcang.) qui est spontanée sur les rivages maritimes en Europe.
13
+ L'espèce Beta vulgaris L. inclut aussi la poirée ou bette, qui était auparavant considérée comme une espèce distincte (Beta cicla (L.) L.).
14
+
15
+ Les betteraves font l'objet d'études poussées de la part des botanistes, notamment quant à leur système de reproduction, les effets de la sélection naturelle ou agricole ou du changement climatique sur la diversité génétique et le polymorphisme nucléotidique au sein du genre Beta[2], la gynodioécie au sein des betteraves sauvages, les liens entre polymorphisme pour l'autofécondation et la diversité génétique. Interactions entre formes cultivées et formes marronnes, rudérales ou sauvages du complexe Beta vulgaris.
16
+
17
+ Il existe de nombreuses variétés, classées différemment selon les types.
18
+
19
+ Différents types.
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+
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+ Betteraves rouges.
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+ Betteraves à sucre.
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+ Plant de la betterave (Beta vulgaris).
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+ Betteraves rouges précuites.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
31
+ La betterave cultivée est une plante bisannuelle :
32
+
33
+ Les racines de Beta vulgaris contiennent une quantité significative de vitamine C et les feuilles sont une source de vitamine A. Elles sont également sources de fibres, d'acide folique et d'antioxydants. Les racines sont également riches en bétaïne (N, N, N-triméthylglycine).
34
+
35
+ La betterave est riche en nitrates qui se transforment en nitrites grâce à des bactéries de la bouche. Ces nitrites sont impliqués dans la vasodilatation et la fluidification du sang, ce qui améliore l'afflux de sang dans certaines zones du cerveau qui, avec le temps, sont moins perfusées. Une dose quotidienne de jus de betterave peut potentiellement prévenir la démence et la baisse cognitive en améliorant cet afflux sanguin cérébral[4].
36
+
37
+ Une tasse (225,8 grammes) de betteraves émincées contient :
38
+
39
+ La culture occupe environ 7 millions d'hectares dans le monde, surtout en Europe du Nord et aux États-Unis ;
40
+
41
+ Production mondiale (FAO 2002) :
42
+
43
+ La France est le premier producteur mondial de sucre de betteraves. Cette culture est concentrée dans le Nord du pays.
44
+
45
+ Dans l'Union européenne, la culture de la betterave sucrière est réglementée dans le cadre de la politique agricole commune. Chaque pays dispose d'un quota de production autorisé en dessous duquel le prix est garanti, à un niveau supérieur au cours mondial. Depuis 2017 les quotas en sucre ont été supprimés, leur suppression a été suivie par une baisse mondiale du prix du sucre et une augmentation des surfaces de betterave cultivées en France et en Europe.
46
+
47
+ L'aire d'origine de l'espèce Beta vulgaris se trouve en Mésopotamie et c'est vraisemblablement là que les premières cueillettes ont eu lieu lors de la sédentarisation des hommes[1].
48
+
49
+ La betterave est connue comme légume depuis l'Antiquité[réf. nécessaire]. Les premières traces écrites d'utilisation comme plante médicinale nous viennent des Grecs tels que Dioscoride, Galien, Hippocrate, Théocrate au Ve siècle av. J.-C.
50
+
51
+ Les principales variétés de betterave ont été décrites au Moyen Âge[5], notamment par Matthiole. L'origine de l'utilisation alimentaire des racines de betterave semble se situer dans la grande plaine qui s'étend de l'Allemagne à la Russie.
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53
+ En 1600, Olivier de Serres écrit dans Le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs :
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55
+ « Une espèce de pastenades est la bette-rave, laquelle nous est venue d'Italie n'a pas longtemps. C'est une racine fort rouge, assez grosse, dont les feuilles sont des bettes, et tout cela bon à manger, appareillé en cuisine : voire la racine est rangée entre les viandes délicates, dont le jus qu'elle rend en cuisant, semblable à sirop de sucre, est très beau à voir pour sa vermeille couleur. »
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+
57
+ Il chercha le premier à extraire le sucre des betteraves mais n'a pas réussi à trouver un processus rentable.
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+
59
+ En 1747, un Allemand, Andreas Sigismund Marggraf, avait réussi à extraire le sucre de la betterave. Son élève, le professeur Achard, met cette découverte au profit de l'Académie prussienne. Cette initiative débouche en mars 1802 sur la mise en service de la première fabrique de sucre de betteraves au monde à Kürnen-sur-Oder (Silésie). La production est artisanale : 70 kg de betteraves sont traités tous les jours, donnant environ 2 kg de sucre.
60
+
61
+ Le 21 novembre 1806 constitue une date charnière pour l'économie sucrière européenne. Pour répondre au blocus imposé par les armées britanniques sur les ports français, Napoléon Ier instaure le blocus continental : toutes les marchandises britanniques sont dès lors prohibées sur le sol français, ce qui inclut le sucre de canne provenant des Antilles. Pour compenser la soudaine pénurie de sucre de canne, l'empereur décide de soutenir activement la production de betteraves sucrières. En quelques années, de nombreuses usines de transformation sont créées.
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+ La première extraction industrielle de sucre fut l'œuvre d'un Français, Benjamin Delessert, en 1812.
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+ Lorsque le blocus est levé, le sucre de canne des colonies inonde à nouveau le marché. Sous le poids de la concurrence, l'industrie naissante accuse le coup. Un grand nombre de sucreries ferment leurs portes après avoir subi d'importantes pertes. L'abolition de l'esclavage, en 1848, engendre une forte hausse du prix du sucre de canne et une diminution de sa production. Les betteraviers en profitent. D'autant que les sucreries améliorent progressivement leurs rendements grâce à la construction de grosses unités de production.
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+
67
+ La betterave fourragère s'est fortement développée en Europe au milieu du XXe siècle pour atteindre près d'un million d'hectares en France au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Elle a fortement régressé depuis au profit du maïs ensilage pour l'alimentation hivernale des bovins.
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69
+ Plus récemment, la betterave sucrière est utilisée pour produire du bioéthanol et son utilisation est en cours de développement pour la production de biogaz.
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+ Les betteraves cultivées couvrent aujourd'hui près de 400 000 ha en France.
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+ Beta vulgaris
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+
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+ Espèce
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+
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+ Classification phylogénétique
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+
7
+ La betterave sucrière est un type de betterave cultivé pour sa racine charnue utilisée principalement pour la production du sucre (saccharose).
8
+
9
+ La betterave sucrière cultivée est une plante bisannuelle à la racine de couleur blanche et bien enterrée, elle se développe en deux phases :
10
+
11
+ La floraison n'intervient qu'après le premier hiver (ou parfois après un printemps inhabituellement froid)[1]. Comme chez toutes les plantes sauvages du sous-genre Beta la pollinisation est réputée essentiellement anémophile (pollens transportés par le vent), mais certains insectes semblent aussi pouvoir y contribuer[1].
12
+ Des hybrides à fleurs mâles stériles sont aujourd'hui largement cultivés[1].
13
+
14
+ Il existe de nombreuses variétés. Les principaux critères de choix sont le rendement des racines, le rendement en sucre, la pureté des jus, la résistance à des maladies telles que la rhizomanie, le rhizoctone brun et la tolérance aux nématodes. D'autres critères sont importants tels que la résistance à la montée à graine.
15
+
16
+ Au Catalogue officiel des espèces et variétés[2] on compte actuellement plus de 1 000 variétés et plus de 1 600 variétés de betteraves sont inscrites au Catalogue européen des espèces et variétés[3].
17
+
18
+ La betterave sucrière est l'une des espèces où les progrès obtenus par l'amélioration variétale sont les plus importants et continus. Le programme AKER qui vise à améliorer la productivité de la betterave regroupe de nombreux partenaires[4].
19
+
20
+ La betterave sucrière est utilisée pour la production de sucre (dont la vergeoise)[5], et secondairement d'alcool et d'éthanol-carburant. Ses sous-produits sont la mélasse qui contient encore 50 % de sucre utilisée comme aliment appétant pour les animaux ; la pulpe de betterave, résidu de l'extraction du sucre est généralement déshydratée pour le même usage ; la mélasse sert aussi à la production de levure de boulangerie ; la racine a un pouvoir méthanogène de 250 m3 de CH4/tonne de matière brute ; les collets et les feuilles servaient ou servent pour l'alimentation du bétail (avec prudence car riches en acide oxalique pouvant atteindre des doses toxiques si les feuilles sont consommées fraiches et en abondance) ou sont restitués au sol (En France, à ce jour, elles ne sont généralement plus récoltées : la quasi totalité des fanes est enfouie selon France Agrimer[6]).
21
+
22
+ Depuis quelques années, le jus de la betterave à sucre est utilisé comme fondant routier en Amérique du Nord. Utilisé seul ou mélangé avec du chlorure de sodium, le jus de betterave est efficace jusqu'à -32 °C et permet de réduire l'impact des agents de déglaçage sur l'environnement et les infrastructures[7],[8].
23
+
24
+ Le butane-2,3-diol est dérivé de l'amidon et de la betterave sucrière.
25
+
26
+ La culture occupe environ 4,5 millions d'hectares dans le monde (FAOSTAT 2014), surtout en Europe du Nord et aux États-Unis.
27
+
28
+ La production mondiale (FAO 2014) de betteraves sucrières est de 270 millions de tonnes, dont 131 pour l'Union européenne. En 1965, elle était de 197 millions de tonnes avec un pic de 309 millions de tonnes en 1990, son maximum entre 2000 et 2014 a été de 278,11 millions de tonnes en 2011[9].
29
+
30
+ Depuis 1875 jusqu'à nos jours, la France est le premier producteur mondial de betterave à sucre[10]. Cette culture est concentrée dans le nord et l'est du pays ainsi que dans le bassin parisien.
31
+
32
+ Dans l'Union européenne, la culture de la betterave sucrière est réglementée dans le cadre de la politique agricole commune. Chaque pays dispose d'un quota de production autorisé en dessous duquel le prix est garanti, à un niveau supérieur au cours mondial.
33
+
34
+ Le 1er octobre 2017, l'Union européenne met un terme aux quotas sucriers (mis en place en 1968, ils avaient pour mission de garantir la production) à un moment où le marché mondial est excédentaire et où la consommation de sucre augmente fortement dans les pays émergents[11].
35
+
36
+ La betterave sucrière est la première culture industrielle en France. Ses producteurs sont rassemblés sous la bannière de la confédération générale des planteurs de betterave, ou CGB.
37
+
38
+ En France, on sème la betterave à la mi-mars après les gelées d'hiver ; elle a besoin de six mois chauds et ensoleillés pour achever la formation de la racine ; elle aime les terres riches, profondes, bien fumées. Jusque dans les années 1970, après le semis, il était nécessaire de procéder au « démariage », c'est-à-dire à l'élimination des plants excédentaires. Les graines de betterave étaient en effet naturellement groupées par deux à quatre dans des fruits arrondis. Le plus souvent il y avait 3 graines dans un fruit est alors dit triakènes (à 3 graines) ou semences multigermes (sauf si elles ont été préparées).
39
+ En 1948 le généticien russe spécialiste de la betterave à sucre V.F Savitsky a découvert quelques plants monogermes au sein d'une variété cultivée aux Etats-Unis (« Michigan Hybrid-18 »). Des semences issues de l'un de ces plants (dénommé SLC 101) ont depuis été utilisées pour introduire le caractère monogène presque partout dans le monde. La particularité de réduction à un seul germe est liée à un gène récessif unique (Savistky 1952).
40
+ Presque au même moment (années 1940-1950) Owen découvre la stérilité mâle cytoplasmique[1] et développe une technique de sélection d’hybrides.
41
+ La sélection génétique permet alors de sélectionner et reproduire des semences dites « monogermes » (à une seule graine par glomérule) à haut-rendement, en utilisant dès les années 1970 la culture in vitro[13]. Aujourd'hui les graines sont semées graine par graine grâce à des semoirs spécifiques.
42
+
43
+ La graine de betterave est très petite et contient très peu de réserve. Sa culture est donc très sensible à la battance : lors du semis, la graine est enfouie à 2-3 cm de profondeur, lorsque les cotylédons pointent à la surface, la plantule a complètement hydrolysé ses réserves, elle a donc un besoin urgent de soleil pour commencer la photosynthèse (et la production d'énergie). Si elle rencontre un obstacle comme une croûte de battance, elle ne peut y faire face et le plant meurt.
44
+
45
+ La fertilisation azotée doit être faite sans excès sous peine de nuire au rendement en sucre. La betterave a une consommation dite « « de luxe » » car elle puise énormément de potassium (du fait de son origine halophyte), ses besoins en potasse sont donc élevés (environ 4 kg par tonne de racines). Elle exige des sols à pH basique.
46
+
47
+ Le nombre maximal de feuilles ne semble pas être borné. À part les deux premières, les feuilles se placent suivant une hélice de rang 5 (la 3e et la 8e sont superposées).
48
+
49
+ Le saccharose (C12) est directement produit dans les feuilles. Celui-ci est réduit en glucose (C6) dans les organes-puits lors de la croissance, puis stocké (si excédent) dans la racine. La richesse en sucre est un facteur important de la qualité finale de la récolte, et le prix d'achat en dépend, elle s'exprime en % et varie aujourd'hui entre 16 et 20.
50
+
51
+ Le grossissement de la racine commence tôt. La « mue de la betterave » correspond à un grossissement du cœur (différenciation de xylème et de phloème secondaires puis tertiaires) qui a pour effet d'éclater l'écorce qui se fendille. Le rendement moyen varie de 60 à 90 tonnes de racines à l'hectare.
52
+
53
+ Le sillon saccharifère, un repliement de la racine, peut retenir une masse importante de terre lors de l'arrachage. Cela entraîne une diminution de la propreté des racines lors de la livraison aux sucreries et une baisse du prix payé aux planteurs. Par la sélection variétale, il est possible de réduire l'impact du sillon saccharifère.
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55
+ La récolte de la betterave à sucre est mécanisée à l'aide de machines automotrices combinant les fonctions d'arracheuse-effeuilleuse-décolleteuse-chargeuse.
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57
+ Ses principaux ennemis sont les pucerons vecteurs de la jaunisse, la mouche de la betterave (ou pégomyie), les taupins et des maladies comme la rhizomanie, la cercosporiose, l'oïdium, la ramulariose et le pied noir.
58
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59
+ Enfin, danger récent pour la betterave sucrière en France : une autre espèce de betterave, extrêmement envahissante, la betterave maritime, est en train de se répandre sur le littoral depuis 2003 en faisant disparaître tous les autres végétaux, notamment sur la côte autour du village d'Audresselles (Pas-de-Calais). Les pollens de cette variété modifient génétiquement les graines de la betterave sucrière, et rendent les pivots issus de ce croisement non producteurs de sucre en quantité suffisante pour être exploités. La Faculté des Sciences de Lille a envoyé des chercheurs à Audresselles pour étudier le phénomène et les moyens de le combattre.
60
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61
+ Le désherbage de la betterave est une pratique qu'il faut absolument réussir car la culture est très fragile du point de vue de la concurrence avec les adventices à tous les niveaux. Il faut pour cela lutter agronomiquement ou chimiquement .
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+ Le désherbage chimique des betteraves repose sur des programmes associant plusieurs matières actives, permettant d'élargir le spectre d'efficacité et de réduire la phytotoxicité pour la culture. Dans ce souci d'efficacité et de diminution du coût du désherbage, des techniques avec doses réduites de produits sont développées depuis de nombreuses années.
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65
+ Un désherbage de pré-levée est utile, notamment dans les situations à risque, contre certains types d'adventices, les dicotylédones comme l'amarante, l'ammi élevé, l'aethusa, la matricaire...
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+ On peut aussi utiliser ce désherbage pour renforcer et régulariser l'efficacité des interventions de post levée[14].
68
+ Le désherbage de post-levée vise les dicotylédones et les monocotylédones.
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+ Les principales variétés de betterave ont été décrites dès le Moyen Âge, notamment par Matthiole. L'origine de l'utilisation alimentaire des racines de betterave semble se situer dans la grande plaine qui s'étend de l'Allemagne à la Russie.
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+ En 1600, Olivier de Serres, dans Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs écrit :
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+ « Une espèce de pastenades est la bette-rave, laquelle nous est venue d'Italie n'a pas longtemps. C'est une racine fort rouge, assés grosse, dont les feuilles sont des bettes, et tout cela bon à manger, appareillé en cuisine : voire la racine est rangée entre les viandes délicates, dont le jus qu'elle rend en cuisant, semblable à sirop de sucre, est très beau à voir pour sa vermeille couleur. »
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+ Il chercha le premier à extraire le sucre des betteraves mais n'a pas réussi à trouver un processus rentable.
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+ En 1747, un Allemand, Andreas Sigismund Marggraf, avait réussi à extraire le sucre de la betterave.
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+ Toutefois la première extraction industrielle de sucre fut l'œuvre, fin 1811, d'un Français, le chimiste Jean-Baptiste Quéruel, engagé en 1809 dans la manufacture sucrière de Benjamin Delessert.
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+ C'est Napoléon 1er qui avait encouragé les recherches en ce domaine, le blocus de l’Empire Français exercé par la marine britannique, ayant coupé l'Europe des ressources en sucre de canne des Antilles.
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+ La culture de la betterave sucrière, ainsi que la fabrication du sucre, sont dès lors fortement encouragées. Le Journal du Département de Jemmappe du 24 janvier 1812 publie un décret impérial stipulant que 100 élèves, pris parmi les étudiants en pharmacie, en médecine et en chimie, seront attachés à diverses fabriques de sucre de betteraves nouvellement établies comme école spéciale de chimie, pour la fabrication du sucre de betterave. Chaque étudiant ayant suivi les cours pendant plus de trois mois et ayant prouvé qu'il connait parfaitement les procédés de fabrication recevra une indemnité de 1 000 francs. Par ailleurs, le ministre de l’intérieur prendra des mesures pour faire semer dans l'étendue de l'Empire cent mille arpents métriques de betteraves, 500 licences pour la fabrication du sucre de betterave seront accordées dans tout l'Empire. Quatre fabriques impériales de sucre de betterave seront établies en 1812 devant fabriquer avec le produit de la récolte de 1812 à 1813, deux millions de kilogrammes de sucre brut.
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3
+ Beyrouth (en arabe : بيروت / bayrūt) est la capitale du Liban et la ville la plus importante du pays. C'est une métropole qui compte environ 360 000 habitants en 2011[3],[4],[7]. L'agglomération urbaine comporte entre 1,8 et 2 millions d'habitants[9],[10], soit près de 50 % de la population du pays. La ville forme le gouvernorat (muhafazat) de Beyrouth, le seul qui ne soit pas divisé en districts. Elle abrite le siège du gouvernement. Bien qu'il soit fréquent de parler de Beyrouth pour désigner la ville et ses banlieues, il n'existe pas de telle entité officielle, plusieurs administrations définissant seulement, à des fins d'études, une Région métropolitaine de Beyrouth.
4
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5
+ Avant la guerre civile libanaise, la ville était un centre financier, un port de commerce et un centre culturel d'une importance majeure à l'est de la Méditerranée et au Proche-Orient. Beyrouth est en effet située entre l'Asie, l'Afrique et l'Europe, ce qui lui a donné une place stratégique dans les échanges mondiaux. Beyrouth rivalisait autrefois avec Le Caire comme le centre culturel et éducatif du monde arabe.
6
+
7
+ Bien que l'influence économique de Beyrouth au Proche-Orient ait diminué à la suite de la guerre (en comparaison avec Tel Aviv, Dubaï, Abou Dhabi et Doha), la ville se reconstruit et joue toujours un rôle important, notamment dans les domaines culturels et éducatifs. Du fait de la présence de nombreuses entreprises et de grandes banques internationales, elle joue un rôle central dans l'économie du pays. La ville a été nommée capitale mondiale du livre 2009 par l'UNESCO. Beyrouth a également été citée dans le quotiden New York Times comme première destination à visiter en 2009[11].
8
+
9
+ Les habitants de Beyrouth sont les Beyrouthins et ses habitantes les Beyrouthines[12],[13].
10
+
11
+ Béryte est fondée vers 5000 av. J-C. Petit port à l'origine, moins puissante que les autres cités phéniciennes tel que Tyr, Byblos, ou Sidon, elle gagne de l'importance pendant l'Empire romain. Elle est renommée pour son école de droit mais elle est ravagée en 552 par un violent séisme accompagné d'un tsunami.
12
+
13
+ Pendant les croisades, elle est le centre de la seigneurie de Beyrouth, vassale du royaume franc de Jérusalem. Elle est prise par les mamelouks en 1291.
14
+
15
+ Sous l'Empire ottoman, elle joue un rôle commercial actif parmi les échelles du Levant mais subit les effets du déclin économique de la Syrie ottomane. Elle ne retrouve sa place qu'au XIXe siècle.
16
+
17
+ L'essor de la ville doit beaucoup à son port, le premier de la région à avoir été doté d'une Quarantaine, et au choix de Beyrouth par les puissances occidentales qui y implantent leurs missions religieuses, leurs universités et leurs comptoirs commerciaux.
18
+
19
+ Lors de la Deuxième Guerre égypto-ottomane opposant Méhémet Ali, vice-roi d'Égypte, au sultan ottoman Mahmoud II, Beyrouth sert de base à l'armée égyptienne, ce qui lui vaut d'être bombardée le 3 octobre 1840 par la flotte anglaise venue en soutien des Ottomans et qui détruit la ville[14].
20
+
21
+ Elle redevient une grande ville au milieu du XIXe siècle avec notamment l'afflux de réfugiés fuyant les affrontements de 1860 dans la montagne entre druzes et maronites : Beyrouth sert alors de port de débarquement à l'expédition française en Syrie.
22
+
23
+ Beyrouth passe de 7 000 habitants en 1810 à 27 000 en 1845 et 130 000 en 1915. La route de Beyrouth à Damas est percée en 1863, le port de Beyrouth est modernisé en 1888, le chemin de fer de Beyrouth à Damas entre en service en 1895. Le Collège protestant syrien, future université américaine de Beyrouth, ouvre en 1866. La ville devient la capitale d'une province, le vilayet de Beyrouth, en 1888[15].
24
+
25
+ Beyrouth fut bombardée en 1911 par l'armée italienne, lors de la guerre menée par l'Italie contre l'empire ottoman[16].
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27
+ À la suite de l'effondrement de l'Empire ottoman après la Première Guerre mondiale, Beyrouth, avec le reste du Liban, a été placée sous mandat français. Quand le Liban a obtenu son indépendance le 22 novembre 1943, Beyrouth est devenue sa capitale. La ville est restée une capitale régionale intellectuelle, devenant une destination touristique majeure et un havre bancaire, notamment pour le pétrole du golfe Persique. Dès les années 1930, la ville excède ses limites administratives. Après l'Indépendance, l'urbanisation remplit peu à peu la plaine littorale et grimpe sur les montagnes qui entourent la ville. Une agglomération se constitue mais aucune nouvelle institution administrative n'est créée malgré les projets de l'urbaniste Michel Écochard. L'urbanisme de Beyrouth et de ses banlieues se caractérise par un décalage entre les plans, nombreux, qui ont été dressés pour la ville, et les réalisations, très partielles et inachevées[17].
28
+
29
+ L'ère de prospérité relative suivant l'Indépendance a pris fin en 1975 lorsque la guerre civile libanaise a éclaté. Pendant la majeure partie de la guerre, Beyrouth a été divisée entre une partie musulmane à l'Ouest et l'Est chrétien. La basse ville, autrefois centre d'une grande partie des activités commerciales et culturelles de la ville, est devenue alors une « terre inhabitée » désignée sous le nom de « Ligne verte ». Beaucoup d'habitants ont fui vers d'autres pays. Environ 60 000 personnes sont mortes durant les deux premières années de la guerre (1975-1976), et une partie importante de la ville a été dévastée.
30
+
31
+ Une période particulièrement destructrice a été le siège, en 1978, de l'armée syrienne contre Achrafieh, le principal quartier chrétien de Beyrouth. Les troupes syriennes ont bombardé sans relâche le quartier oriental de la ville. Les milices chrétiennes ont cependant réussi à repousser victorieusement de multiples tentatives des forces d'élite syriennes d'occuper la zone stratégique de la ville, dans une campagne de trois mois connue plus tard sous le nom de guerre des 100 jours.
32
+
33
+ Un autre chapitre destructeur a été l'invasion israélienne en 1982, pendant laquelle Beyrouth-Ouest fut assiégée par les troupes israéliennes. En effet, durant l'été 1982, la ville a été soumise par l'armée israélienne à un siège et à un blocus hermétique. L'offensive provoque la mort de 20 000 civils libanais et palestiniens[18]. Le 23 octobre 1983, les casernes françaises et américaines ont subi des attentats à la bombe du Hezbollah, tuant 241 militaires américains, 58 militaires français, 6 civils et les deux kamikazes.
34
+
35
+ Après 1982, la guerre à Beyrouth prend également une dimension intestine, via les affrontements à l'intérieur de chaque secteur entre des milices et des groupes qui luttent pour la suprématie locale. Des combats très violents se déroulent entre 1985 et 1987 entre la milice Amal et les forces palestiniennes : c'est la « guerre des camps ». En 1990, la rivalité entre l'armée libanaise, dirigée par le général Michel Aoun et les troupes miliciennes fidèles à Samir Geagea débouche sur deux rounds de guerre. Depuis 1987, l'armée syrienne est de retour à Beyrouth. Elle est combattue par le général Aoun dans la guerre de Libération nationale à partir de 1989 et les combats frappent durement plusieurs secteurs chrétiens ainsi que les zones environnants les positions syriennes dans l'agglomération. Le général Aoun est vaincu le 13 octobre 1990 et se réfugie en France.
36
+
37
+ Durant la guerre, les destructions sont très importantes. Plus de 15 000 immeubles sont détruits ou touchés. Les infrastructures sont endommagées par les combats ou, faute d'entretien, ne fonctionnent plus, comme l'électricité qui n'est plus assurée que six heures par jour à la fin de la guerre.
38
+
39
+ D'autre part, les déplacements entraînés par les combats conduisent à une forte extension de l'urbanisation dans les banlieues. La banlieue Sud se gonfle de réfugiés du Sud-Liban et des secteurs de Beyrouth-Est vidés par les milices chrétiennes. Inversement, Beyrouth-Est accueille les réfugiés en provenance du Chouf ou de Beyrouth-Ouest.
40
+
41
+ L'agglomération beyrouthine s'étend vers Jounieh et vers les localités de montagne[19]. La disparition de l'autorité de l'État ou son affaiblissement au détriment des différents coagulums confessionnels constitutifs du "consensus" libanais, ainsi que le fractionnement politique rendent impossible le contrôle d'une urbanisation devenue anarchique[20]. La ville et ses banlieues subissent alors de nombreuses infractions aux règles d'urbanisme et de la construction, qu'il s'agisse de l'occupation du littoral[21], des immeubles des quartiers chics ou moins chics qui ne respectent pas les réglementations urbaines[22], ou de secteurs construits illégalement, parfois sur des terrains squattés, surtout dans la banlieue sud mais également dans d'autres zones de l'agglomération[23].
42
+
43
+ Depuis la fin de la guerre en 1990, les Libanais ont reconstruit Beyrouth, transformant la capitale en un énorme chantier, si bien qu'en 2006, au début du conflit entre Israël et le Liban, la ville n'avait pas ou très peu retrouvé son statut de centre touristique, commercial, culturel et intellectuel au Moyen-Orient, ainsi que pour la mode et les médias. La reconstruction du centre-ville de Beyrouth a été largement menée par Solidere, une société de développement créée en 1994 par Rafik Hariri. Ce projet ambitieux a été vigoureusement combattu, de 1991 à 1994, par les ayants droit expropriés (propriétaires et locataires) ainsi que par des intellectuels comme les architectes Assem Salam et Jad Tabet, futurs présidents de l'Ordre des ingénieurs et architectes libanais, le sociologue Nabil Beyhum ou l'économiste, et futur ministre des Finances, Georges Corm. Ces critiques ont toutefois eu un résultat très limité et n'ont pas empêché la mise en œuvre du projet. Celui-ci a conduit à détruire 80% des parcelles, alors que nombre de bâtiments pouvaient être restaurés[24]. L'enjeu était, aux yeux des promoteurs du projet, la modernisation et la densification du centre-ville. Malgré les réalisations, le centre-ville ne se reconstruit pas aussi vite que prévu (1/3 seulement du programme était bâti en 2011), et de nombreux appartements et bureaux restent vides[25].
44
+
45
+ Beyrouth redevient une destination touristique et un centre commercial et médiatique. Elle abrite le couturier Elie Saab, le joaillier Robert Moawad et plusieurs chaînes populaires de télévision par satellite, telles que Future TV et New TV. La ville a accueilli la Coupe d'Asie des clubs champions de basket-ball en 1999 et 2000 et la Coupe d'Asie des nations de football en 2000. Beyrouth a également accueilli avec succès le concours de Miss Europe à neuf reprises, de 1960 à 1964 et de 1999 à 2002.
46
+
47
+ L'assassinat en 2005 de l'ancien premier ministre libanais Rafik Hariri, près de la baie Saint-Georges à Beyrouth, a secoué le pays tout entier. Environ un million de personnes se sont rassemblées pour une manifestation d'opposition à Beyrouth un mois après la mort de Hariri. À cette époque, la révolution du Cèdre a été le plus grand rassemblement dans l'histoire du Liban. Le 26 avril 2005, les dernières troupes syriennes se sont retirées de Beyrouth.
48
+
49
+ En 2006, pendant le conflit opposant Israël au Hezbollah, la marine et l'aviation israéliennes, poursuivant des cibles du Hezbollah, causent des dommages dans de nombreux quartiers de Beyrouth, détruisant infrastructures et voies d'accès, en particulier dans Beyrouth Sud, pauvre et largement chiite, qui est contrôlée par le Hezbollah. 270 immeubles sont alors détruits, près de 1 000 sont touchés à des degrés divers et 30 000 personnes doivent temporairement trouver refuge ailleurs[26].
50
+
51
+ En mai 2008, de violents affrontements éclatent à Beyrouth après que le gouvernement de Fouad Siniora ait entrepris de dissoudre le réseau de communications du Hezbollah, décision qui doit être annulée par la suite.
52
+
53
+ Haret Hreik, le quartier anéanti par les bombes israéliennes, a fait également l'objet d'une reconstruction sur un périmètre d'environ 40 hectares, achevée en 2012[27]. Un vif débat oppose des professionnels et universitaires sur les options à suivre. Finalement, le Hezbollah impose une reconstruction à l'identique, afin de faire l'économie du temps de nouvelles études et des aléas politiques du moment, craignant que ses adversaires de la coalition du 14 mars ne tirent profit de leur position de force au gouvernement pour bloquer ou retarder le projet de reconstruction. Le financement du projet est assuré par les indemnités reçues par les propriétaires, que ces derniers consentent à reverser à la structure Waad (la promesse en arabe)[28] qui coordonne les travaux. Le restant du financement, qui se monte au total à 400 millions de dollars, est apporté directement par les services sociaux du Hezbollah.
54
+
55
+ Les quartiers de Beyrouth subissent une transformation physique et sociale de grande ampleur : les modifications de la loi sur la construction, les connivences entre la classe politique et les promoteurs[29] et la hausse des prix immobiliers provoquée par l'argent en provenance du Golfe et les remises des émigrés figurent parmi les principales causes. De plus, la loi qui protégeait les anciens locataires a été remise en cause par un vote parlementaire en mai 2014 même si elle n'est pas encore appliquée un an après. Tous ces éléments favorisent le départ des couches modestes de la zone centrale de la ville. Elles sont remplacées par des constructions de beaucoup plus grande hauteur, que leur prix réserve à des couches plus fortunées. Ce processus est bien entamé à Achrafieh[30], mais aussi Hamra, Qantari, Verdun, Gemmayzeh et Mar Mikhail, etc.
56
+
57
+ Depuis la crise syrienne, et en particulier à partir de la fin 2012, l'installation à Beyrouth de réfugiés syriens accroît la pression sur le marché du logement et sur celui du travail. Selon les données du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, près de 400 000 réfugiés syriens (soit environ 85 000 familles) sont enregistrés en mars 2015 à Beyrouth et dans le Mont Liban, la majorité d'entre elles étant dans le grand Beyrouth[31]. L'impact du conflit syrien se traduit aussi par une reprise des attentats comme ceux du 12 novembre 2015.
58
+
59
+ À partir d'août 2015, l'arrêt du service de ramassage des ordures, prolongé pendant plusieurs mois, déclenche une crise politique et sanitaire et un mouvement de protestation.
60
+
61
+ Beyrouth se situe sur un cap rocheux qui constitue, à égale distance des frontières nord et sud du Liban, un élargissement de la plaine côtière du pays. La ville comprend deux collines : Achrafiyeh à l'est et Ras-Beyrouth à l'ouest et entre les deux, l'avenue venant de l'aéroport plonge vers le centre-ville, quartier le plus ancien.
62
+
63
+ Le sud de la ville (Bir Hassan, Bois des Pins, Badaro...) est sablonneux. Beyrouth est tangentée sur son flanc est par Nahr Beyrouth (le fleuve) dont les sources se situent dans le Haut-Metn. Au nord, les collines plongent de manière abrupte dans la mer et les profondeurs marines sont importantes (ce qui avantage le port). À l'ouest, le bord de mer est marqué par quelques falaises (Raouché, grotte aux Pigeons), puis par une plage sableuse (Ramlet el-Baida).
64
+
65
+ Avec des étés chauds et humides (mais sans précipitations et convection) et des hivers doux et pluvieux, Beyrouth jouit d'un climat méditerranéen.
66
+
67
+ De novembre à mars, la période hivernale est caractérisée par des orages parfois violents et des températures proches de 13 °C le jour. En décembre-janvier, le thermomètre de Beyrouth descend à 7 °C la nuit, quoiqu'il ne soit pas rare qu'il atteigne les 4 °C.
68
+ En avril-mai souffle le khamsin, apportant avec lui une couche de poussière qui déferle sur la ville.
69
+ De juin à septembre, s'étend la période estivale, avec une température moyenne de 31 °C le jour et de 24 °C la nuit et près de 13 heures d'ensoleillement.
70
+ Malgré un taux humidité relativement élevé durant toute l'année (55-85 %), les mois d'octobre et d'avril sont assez agréables, avec une température moyenne de 23 °C et des précipitations faibles (50 mm).
71
+
72
+ Cependant depuis les années 1980, Beyrouth connaît un réchauffement climatique important (près de 2,5 °C).
73
+
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75
+
76
+ Le niveau de pollution à Beyrouth est trois fois supérieur à ce que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère comme dangereux[32].
77
+
78
+ Beyrouth intra-muros est divisée en douze quartiers, eux-mêmes divisés en secteurs.
79
+
80
+ Le centre-ville est en majeure partie le centre historique de la ville. On retrouve la Place de l'Étoile, le Parlement, le Sérail, les boîtes de nuit et les bars à Gemmayzeh, ainsi que les tours Marina, image d'une économie à nouveau prospère.
81
+
82
+ Le quartier connu sous le nom de Badaro (appellation administrative Horsh ou Parc), principalement résidentiel, est situé au cœur de Beyrouth. Il est approximativement délimité par la rue de Damas au nord, par l'hippodrome à l'ouest, par l'avenue Sami el Solh (avenue de la Forêt de Pins) au sud-est et par le rond-point Tayoune au sud. Le quartier est un des plus attrayants de Beyrouth, un bel endroit pour se promener pendant la journée et une destination pour sortir le soir. En raison de ses rues arborées, de ses larges trottoirs, de sa vie nocturne animée et de sa fréquentation, Badaro est un petit village au cœur de Beyrouth. Il correspond à la partie urbanisée du secteur administratif du Parc, à côté d'un parc public de 40 hectares (la « forêt des pins de Beyrouth ») et de l'hippodrome. C'est un quartier à échelle très humaine avec de petites épiceries à chaque coin de rue. S'y trouvent restaurants, pubs et cafés-terrasses de presque tous les styles. À de nombreux endroits, il y a des snacks très abordables et on peut savourer son repas sur le trottoir. On y compte aussi quelques restaurants haut de gamme bien connus dans le quartier. Badaro est également le quartier ou l'on retrouve l'un des meilleurs hôtels de Beyrouth, le Smallville, à l'emplacement unique à côté du musée national de Beyrouth et à la décoration de style design très attractive. En plus de ses cafés animés, des bars et des restaurants, les principales attractions de Badaro sont ses deux remarquables musées : le musée national de Beyrouth et le Mineral Museum (MIM). Le « Village » de Badaro fourmille de résidents, de Beyrouthins venus d'autres quartiers, d'employés de bureau (Badaro est aussi un quartier d'affaires) et de nombreux expatriés[réf. nécessaire] (Badaro se trouve dans le quartier francophone, entouré par des établissements francophones tels l'Université Saint-Joseph, l'ambassade et le consulat français, le Lycée français et la résidence de l'ambassadeur de France, un palais connu sous le nom « la résidence des pins »).
83
+
84
+ Les coupures d'électricité durent généralement trois heures par jour[33].
85
+
86
+ Beyrouth est desservie par l'aéroport international Rafik Hariri au sud de la ville. L'accès s'y fait par taxi.
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+
88
+ Beyrouth est également reliée à plusieurs villes grâce aux TTS Buses : Beyrouth-Amman et Amman-Beyrouth. D'autres compagnies de bus relient Beyrouth à d'autres villes du pays : Zahlé, Tripoli, Saida[34].
89
+
90
+ L'agglomération est très mal dotée en transports en commun. La ville est traversée par onze lignes de bus. Le tarif du ticket est d'environ 1 500 LBP, soit 1 EUR ou 1 USD. Les lignes couvrent 186 km de l'agglomération et vont jusqu'à Aley, Jbeil, Broummana et Khaldé. Elles fonctionnent de 6 h à 18 h et certaines jusqu'à 22 h[35]. Les taxis partagés, appelés localement « taxis service », assurent une part importante des déplacements.
91
+
92
+ La mobilité motorisée individuelle est prédominante et de nombreux usagers ont une mobilité très contrainte. Selon des statistiques du bureau d'étude ELARD, en 2004, l'automobile privée assure 68 % des déplacements, les taxis et taxi-service 15 %, les bus 8 %, les minibus 8 % également[36].
93
+
94
+ Des bacs de recyclage sont installés depuis quelques années dans Beyrouth par l'entreprise de gestion de déchets Cedar Environmental. Ces bacs, au nombre de 150 fin 2018, sont entièrement fabriqués à partir de sacs en plastique grâce à une technologie brevetée[37].
95
+
96
+ Bac de tri sélectif pour le papier dans le quartier de Badaro.
97
+
98
+ Bacs de tri sélectif pour les bouteilles en plastique et le papier.
99
+
100
+ Bacs de tri sélectif pour les contenants en métal, aluminium et verre.
101
+
102
+ Chaque année a lieu à Beyrouth le Festival du film libanais.
103
+
104
+ Des festivals et d'autres manifestations à caractère international sont souvent organisés au BIEL (Beirut International Exhibition & Leisure Center).
105
+
106
+ Depuis 1994, le festival Al-Bustan, qui a lieu en hiver, présente de la musique de chambre, de la musique symphonique, des chorales, des opéras et des spectacles de marionnettes[38].
107
+
108
+ Le Printemps de Beyrouth est un festival pluridisciplinaire organisé depuis 2009 par la Fondation Samir Kassir (journaliste et écrivain libanais mort en 2005). Chaque édition s'étend sur une semaine et sa programmation est ouverte à un large public, la représentation — différente chaque soir — ayant lieu dans un site différent de Beyrouth. Ce festival se démarque par la gratuité de ses activités.
109
+
110
+ Plusieurs fois par an, l'Escalier de l'Art accueille les œuvres d'artistes amateurs et professionnels le long de l'Escalier Saint-Nicolas, dans le quartier de Gemmayzé.
111
+
112
+ Le Beirut Art Center (Centre d'art contemporain), ouvert en 2009, accueille les œuvres d'artistes libanais.
113
+
114
+ Le musée national et le musée Sursock sont les deux autres principaux musées de la ville. Depuis quelques années, Beyrouth voit l'ouverture de nombreuses galeries d'art contemporain, comme la Sfeir-Semler Gallery en 2005[réf. souhaitée].
115
+
116
+ Le Farhat art Museum (متحف فرحات) et le Farhat Cultural Center (فرحات للثقافة والفنون) ont pour but principal de soutenir les artistes arabes contemporains, mais ils comptent également différents artistes occidentaux tels que Suzanne Klotz (en), ou Rinaldo Cuneo (en), Albert Gleizes, Fernand Léger ou Raoul Dufy dans leurs collections[39].
117
+
118
+ Le musée MIM est un musée privé de minéraux qui a ouvert ses portes au public en octobre 2013. Environ 2 000 minéraux provenant de plus de 70 pays y sont exposés[40]. La collection du MIM est aujourd’hui considérée comme l’une des plus importantes collections privées au monde par la variété et la qualité des minéraux qu’elle présente[41],[42]. Un parcours didactique, jalonné d’écrans présentant des films et des applications scientifiques sur la minéralogie, fait découvrir ce monde qui recèle des pièces uniques tant du point de vue esthétique que scientifique.
119
+
120
+ Une aile spéciale est dédiée au mimodactylus libanensis surnommé « mimo », fossile d’un ptérodactyle unique au Moyen-Orient et découvert au Liban. Ce fossile est mis en valeur par des techniques modernes : hologramme, film auto-stéréoscopique, reconstitution grandeur nature, ainsi qu’un jeu permettant de « voler avec mimo »[43]. Les plus beaux fossiles, remontant à 100 millions d'années, ont été achetés au musée Mémoire du temps de Byblos[44][source insuffisante].
121
+
122
+ Le MIM accueille une exposition thématique « Fish’n’stone », organisée avec la collaboration du musée Mémoire du Temps[réf. nécessaire]. Elle illustre environ 200 des plus beaux fossiles marins. Célèbres dans le monde entier, ces fossiles ont été dégagés dans les carrières libanaises. Une animation retraçant la formation de ces fossiles plonge le visiteur dans le monde marin et sous-marin d’il y a 100 millions d’années.
123
+
124
+ L'agglomération beyrouthine est riche de nombreux autres musées, cinémas et théâtres, dont le Picadilly (où jouait Fayrouz) dans le quartier de Hamra, le théâtre Monnot dans la rue Monnot et le Casino du Liban dans la banlieue nord près de la ville de Jounieh.
125
+
126
+ Le quotidien américain ''The New York Times'' a classé Beyrouth au premier rang des son palmarès 2009 des lieux qui méritent le déplacement [11],[45].
127
+
128
+ Beyrouth est réputée pour sa vie nocturne. Elle héberge de nombreuses discothèques, boîtes de nuit et pubs dans les quartiers Monnot, Verdun, Hamra, Gemmayzé, Badaro et sur les corniches du bord de mer et dans le centre-ville.
129
+
130
+ À Hamra, la rue comporte une multitude de restaurants, de cafés et de boutiques. Rue Monnot, les boîtes de nuits et les discothèques sont omniprésentes, ce qui en fait une des plus agitées de la ville.
131
+
132
+ La corniche de Beyrouth, longeant la mer, est fréquentée par des promeneurs à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.
133
+
134
+ Le centre-ville est le quartier le mieux construit à Beyrouth, véritable œuvre d'art architecturale. Il a été entièrement rénové et comprend une multitude de restaurants, de cafés et boutiques. De nombreuses boutiques de marques de luxe européennes s'y sont installées.
135
+
136
+ Juste à proximité, le village Saifi, qui se démarque par son architecture, est presque entièrement voué aux galeries d'art.
137
+
138
+ La cathédrale maronite Saint-Georges et la mosquée Mohammed al-Amine.
139
+
140
+ La cathédrale grecque-orthodoxe Saint-Georges.
141
+
142
+ La mosquée Mohammed al-Amine.
143
+
144
+ La synagogue Maghen Abraham de Beyrouth.
145
+
146
+ L'église nationale évangélique de Beyrouth.
147
+
148
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
149
+
150
+ Après le baccalauréat, les étudiants ont principalement le choix de poursuivre leurs études supérieures selon le système éducatif américain ou selon le système éducatif français. Les trois principales universités du pays sont :
151
+
152
+ L'université américaine de Beyrouth (AUB).
153
+
154
+ L'université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ).
155
+
156
+ La ville de Beyrouth est jumelée avec:
157
+
158
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/648.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,185 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+ Royaume du Bhoutan
2
+
3
+ (dz) Druk Yul
4
+
5
+ 27° 29′ N, 89° 38′ E
6
+
7
+ modifier
8
+
9
+ Le Bhoutan (dont le nom est prononcé en français : /butɑ̃/[3] ; en dzongkha Druk Yul[pas clair], འབྲུག་ཡུལ་, translittération Wylie ʼbrug-yul ; /ḍu yː/)[4], en forme longue le royaume du Bhoutan, est un pays d’Asie du Sud sans accès à la mer. Il est situé dans l’Est de la chaîne de l’Himalaya, enclavé entre l’Inde au sud, à l’est et à l’ouest-sud-ouest, avec laquelle il partage 605 km de frontières terrestres, et la Chine (région autonome du Tibet) au nord et à l'ouest-nord-ouest avec 470 km de frontières. Plus à l'ouest, il est séparé du Népal par l'État indien du Sikkim, et plus au sud il est séparé du Bangladesh par les États indiens d'Assam et du Bengale-Occidental. Sa capitale et plus grande ville est Thimphou.
10
+
11
+ Le Bhoutan est un ensemble de fiefs mineurs en guerre jusqu'au début du XVIIe siècle, quand le lama et chef militaire Shabdrung Ngawang Namgyal, fuyant la persécution religieuse au Tibet, unifie la région et cultive une identité bhoutanaise distincte. À la fin du XVIIIe siècle, le Bhoutan entre en contact avec l'Empire britannique. Il en devient ensuite un protectorat. Le Bhoutan continue de maintenir des relations bilatérales fortes avec l'Inde de laquelle il se détache en 1949.
12
+
13
+ La géographie du Bhoutan varie des plaines subtropicales dans le sud aux montagnes de l'Himalaya au nord, où certains sommets excèdent 7 000 m. Sa superficie est de 38 394 km2 et le pays mesure environ 300 km dans sa plus grande longueur est-ouest, et 170 km dans le sens nord-sud.
14
+
15
+ La religion d'État du Bhoutan est le bouddhisme vajrayāna (bouddhisme tibétain). Le bouddhisme prédomine dans sa population estimée à presque 750 000 personnes en 2012/13[5]. L'hindouisme est la seconde religion du pays.
16
+
17
+ À partir de 1985, le gouvernement bhoutanais décide de ne plus considérer comme bhoutanaise la population d'origine népalaise, ce qui entraîne l'exil, plus ou moins contraint, de ces Bhoutanais d'origine népalaise, privés de leur citoyenneté. Nombre d'entre eux vivent désormais au Népal dans des camps de réfugiés sous l'égide du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
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+ En 2008, le Bhoutan passe d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle et organise ses premières élections générales. Il est membre des Nations unies, ainsi que de l'Association sud-asiatique pour la coopération régionale (ASACR), dont il a accueilli le seizième sommet en avril 2010.
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+ L'étymologie précise de Bhoutan est inconnue, mais il est probable que le nom dérive de l'endonyme tibétain Bod, utilisé pour le Grand Tibet. Bod passe traditionnellement pour être une transcription du sanscrit Bhoṭa-anta (भोट-अन्त, « extrémité du Tibet »)[6], allusion à la position du Bhoutan à l'extrémité sud du plateau tibétain et sa culture[7],[8].
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+ Des noms similaires à Bhoutan, comme Bottanthis, Bottan et Bottanter, font leur apparition en Europe à partir des années 1580[réf. nécessaire]. Dans la Relação (lettre) du jésuite portugais Estevao Cacella, écrite en octobre 1627, le Bhoutan est appelé Cambirasi (« parmi les Cooch Beharis »)[9], Potente et Mon (un endonyme pour le sud du Tibet)[10]. La première fois qu'un royaume distinct du Bhoutan apparaît sur une carte occidentale, il est désigné sous son nom local, Broukpa[10].
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+ L'orthographe Boutan (sans le h) apparaît pour la première fois dans Six voyages du Français Jean-Baptiste Tavernier, publié en 1676. Toutefois, tous ces usages renvoient non au Bhoutan tel qu'on le connaît aujourd'hui, mais au royaume du Tibet. La distinction moderne entre ces deux entités ne se fait qu'à partir de la fin de l'expédition de 1774 de George Bogle. Celui-ci apprend à discerner les différences entre les deux régions, cultures et États. Dans son rapport final à la Compagnie britannique des Indes orientales, il propose d'appeler officiellement le royaume de Druk Desi (en) Boutan (selon l'orthographe française), et celui du panchen-lama Tibet. L'expert géomètre James Rennell anglicise le nom du premier en Bootan avant de populariser la distinction entre celui-ci et le grand Tibet[10].
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+ Sur place, le Bhoutan a beaucoup de noms différents. Le nom local du pays est Brug-yul, souvent transcrit Druk Yul, il signifie « terre du dragon ». Il est aussi nommé Druk Tsendhen (« terre du dragon tonnerre »), le tonnerre étant interprété comme étant les grognements de dragons. D'autres noms recensés sont Lho Mon (« terres sombres du sud »), Lho Tsendenjong (« terres du sud du cyprès »), Lhomen Khazhi (« terres du sud des quatre chemins »), et Lho Men Jong (« terres du sud des plantes médicinales »)[11],[12].
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+ Des outils en différents matériaux, des armes, des ivoires et des ossements d'éléphants, et des ruines de constructions en pierre témoignent de la présence humaine vers 2000 av. J.-C., mais il n'existe pas de documents écrits.
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+ Le Bhoutan aurait été peuplé entre 500 et 600 av. J.-C. par l'ethnie Monba, pratiquant la tradition animiste du bön. Cette culture aurait existé dans l'État de Lho Mon (« terres sombres du sud ») ou Mon Yul (« terres sombres »)[13],[14].
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+ Le bouddhisme y prend racine au VIIe siècle de notre ère. Le roi tibétain Songtsen Gampo (régnant de 627 à 649)[15], se convertit au bouddhisme et étend l'empire tibétain jusqu'en Sikkim et au Bhoutan[16] : il ordonne la construction de deux temples bouddhistes, l'un à Jakar et l'autre à Kyichu (près de Paro, dans la vallée du Paro)[17]. Le bouddhisme se propage véritablement[15] dès 746[18], sous le roi Sindhu Raja (aussi appelé Künjom[19], Sendha Gyab, ou Chakhar Gyalpo), un roi indien exilé. Il établit un gouvernement au palais de Chakhar Gutho, dans le district de Bumthang[20],[21]. Le maître et saint indien Padmasambhava (aussi appelé Gourou Rinpoche), arrive en 747[22].
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+ La plus grande partie de l'histoire bhoutanaise n'est pas très bien connue car en 1827 un incendie a ravagé l'ancienne capitale, Punakha, détruisant les archives.
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+ Au Xe siècle, le développement politique du Bhoutan est très fortement influencé par la religion. Plusieurs variantes du bouddhisme y émergent, soutenues par divers chefs de guerre mongols. À la suite du déclin de la dynastie Yuan au XIVe siècle, ces ordres religieux luttent entre eux pour dominer la région politiquement et religieusement. Ceci mène à la victoire de l'ordre Drukpa au XVIe siècle[17],[23].
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+ Au XIe siècle, le territoire est occupé par des forces militaires tibéto-mongoles. Jusqu'au début du XVIIe siècle, il n'est qu'une mosaïque de petits fiefs guerriers que va unifier le lama et chef militaire tibétain Shabdrung Ngawang Namgyal en créant un réseau de forteresses (dzong) à codirection administrative (penlop) et spirituelle (lama). Il promulgue la Tsa Yig, un code législatif qui aide à unifier les chefs locaux. Beaucoup de ces dzong existent toujours, et jouent encore un rôle spirituel et administratif. Les jésuites portugais Estevao Cacella et João Cabral sont les premiers Européens dont on peut attester la présence au Bhoutan. Ils le traversent, en route pour Shigatsé, au Tibet. Ils y sont fort courtoisement reçus[24]. Après presque huit mois dans la région, Cacella écrit une longue lettre décrivant ses voyages. Elle contient une des rares références contemporaines au Shabdrung[25],[26]. La mort de Ngawang Namgyal en 1592 reste secrète pendant 54 ans. Après une période de consolidation, le Bhoutan est à nouveau le théâtre de conflits armés internes. En 1711 commence une guerre contre l'empire moghol et ses subedars, qui restaurent Cooch Behar dans le sud. Dans le chaos qui s'ensuit, les Tibétains cherchent à reprendre le Bhoutan en 1714, sans succès[27].
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+ Au XVIIIe siècle, les Bhoutanais envahissent et occupent le royaume de Cooch Behar au sud. En 1772, Cooch Behar fait appel à la Compagnie britannique des Indes orientales, qui l'aide à expulser les Bhoutanais et à attaquer le Bhoutan lui-même en 1774. Un traité de paix est signé et le Bhoutan se replie sur ses frontières de 1730. La paix est fragile : les escarmouches avec les Britanniques continuent pendant encore un siècle. Ces escarmouches mènent à la guerre du Bhoutanguerre du Bhoutan (1864-1865) pour le contrôle des Duars. Après sa défaite, le Bhoutan signe le traité de Sinchula avec l'Inde britannique. L'indemnité de guerre inclut la cession des Duars au Royaume-Uni en échange d'une rente de 50 000 roupies.
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+ Dans les années 1870, une guerre civile entre les gouverneurs (penlop) des vallées rivales du Paro et du Tongsa débouche sur la victoire d'Ugyen Wangchuck qui, soutenu par les Britanniques, instaure en 1907 la dynastie royale des Wangchuck. De sa base au centre du Bhoutan, Ugyen Wangchuck met en échec ses rivaux politiques et unifie le pays après plusieurs guerres civiles et rébellions de 1882 à 1885[28].
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+ Le 17 décembre 1907 (la fête nationale célébrée le 17 décembre commémore cet événement)[29], Ugyen Wangchuck est unanimement élu roi héréditaire du pays par une assemblée de lamas, des penlops et des chefs de clans (nobles). Le gouvernement britannique reconnaît aussitôt la monarchie. En 1910, le Bhoutan signe le traité de Punakha, qui le place sous protectorat britannique : les Britanniques s'occupent des relations internationales mais s’abstiennent de s’immiscer dans les affaires intérieures du Bhoutan. Ce traité n’affecte pas les relations du Bhoutan avec le Tibet, indépendant de facto à ce moment. Lors de l'indépendance de l'Inde le 15 août 1947, le Bhoutan devient l'un des premiers pays à reconnaître le nouveau pays. Le 8 août 1949, un traité similaire à celui de 1910 est signé avec l'Inde[13].
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+ Le nouveau roi Jigme Dorji Wangchuck entend réformer et moderniser le pays. En 1953, il fonde la législature du pays (une assemblée nationale de 130 membres, appelée Tshogdu), afin de promouvoir un système de gouvernement moins autocratique. En 1956 il abolit le servage et l'esclavage et opère une réforme agraire[30]. En 1965, il fonde le Conseil consultatif royal, et en 1968 le conseil des ministres. Le Bhoutan devient membre des Nations unies en 1971 après avoir été membre observateur pendant trois ans.
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+ Le couronnement du quatrième roi, Jigme Singye Wangchuck, en 1974, est l'occasion pour le royaume de s'ouvrir davantage sur le monde. Il introduit de nouvelles réformes politiques significatives. Il transfère la plus grande partie de ses pouvoirs administratifs au conseil des ministres, et permet la motion de censure du roi par une majorité de deux tiers de l'Assemblée nationale[31]. Mais il cherche aussi à unifier le pays en imposant la langue bhoutanaise dzongkha et la culture bhoutanaise à tous les habitants, assimilant ainsi de force les minorités issues de l'immigration : en 1985, une loi prive de leur citoyenneté les Lhotshampas, population d'origine népalaise vivant dans les plaines du Sud ; leur langue est interdite, ils doivent porter la tenue vestimentaire drukpa[32]. En septembre 1990, des manifestations contre la politique du gouvernement visant à éradiquer les cultures, les langues, les religions et les tenues vestimentaires non-drukpa, sont réprimées et se soldent par 400 victimes[33]. Des violences (vols, agressions, viols et meurtres) visant des citoyens bhoutanais d'origine népalaise, répandent un climat de peur et d'insécurité qui déclenche, à partir de 1992, un exode des Lhotshampa vers l'Assam ou le Bengale-Occidental en Inde et vers le Népal[34],[35]. 100 000 d'entre eux fuient la répression.
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+ Toutefois, pour Françoise Pommaret, directeur de recherche spécialiste du Bhoutan, si certains expulsés le furent de façon illégitime, la majorité d'entre eux n'étaient pas originaires du Bhoutan, où ils sont arrivés ces dernières décennies, à la recherche de terres et de services sociaux inexistants au Népal. En raison de leur tradition de castes, ils méprisaient les autres communautés et la plupart refusaient de parler le dzongkha, ce qui était mal perçu par les ethnies bouddhistes[36]. Contestant les chiffres, les autorités bhoutanaises affirment que nombre de réfugiés ayant rejoint les camps ne viennent pas du Bhoutan, mais de l'Inde ou du Népal, pour bénéficier de l'aide internationale[36].
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+ En 1999, le gouvernement lève l'interdiction sur la télévision et internet. Le Bhoutan devient ainsi l'un des derniers pays du monde à avoir accédé à la télévision. Dans un discours, le roi annonce que la télévision est un pas critique en avant pour la modernisation du Bhoutan, et qu'elle contribuera au bonheur national brut[37]. Toutefois, il met en garde contre « l'usage abusif » de la télévision, qui pourrait effacer certaines valeurs traditionnelles bhoutanaises[38].
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+ Une nouvelle constitution est présentée en 2005. Le 14 décembre 2006, Jigme Singye Wangchuck abdique en faveur de son fils aîné, Jigme Khesar Namgyel Wangchuck. Celui-ci est couronné le 6 novembre 2008[39].
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+ Les premières élections parlementaires ont lieu en décembre 2007 et mars 2008[40].
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+ Le système politique du Bhoutan a récemment changé d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle. En 1999, le 4e roi du Bhoutan crée le Lhengye Zhungtshog (le Conseil des ministres). Le Druk Gyalpo (roi de Druk Yul) est le chef d'État. Le pouvoir exécutif est exercé par le Lhengye Zhungtshog, et le pouvoir législatif par le gouvernement et l'Assemblée nationale.
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+ Le 17 décembre 2005, le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, annonça[41] que le royaume se transformerait en une démocratie parlementaire en 2008 et qu’il abdiquerait à cette date en faveur du prince héritier Dasho Jigme Khesar Namgyel Wangchuck, son fils aîné, âgé de vingt-cinq ans en 2005. Il abdique le 14 décembre 2006 et délègue ses pouvoirs à son fils. Le 6 novembre 2008 Jigme Khesar Namgyel Wangchuck est officiellement couronné cinquième roi du Bhoutan, et devient ainsi, à vingt-huit ans, le plus jeune roi de l'histoire du Bhoutan[42]. Le 13 octobre 2011, il épouse une roturière, Jetsun Pema[43].
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+ Le projet de Constitution, en préparation depuis 2001, prévoit la création d’un Parlement bicaméral, composé d’une Assemblée nationale de 75 membres et d’un Conseil national de 25 membres. Le chef de l’État demeure le roi, mais il pourrait être destitué par un vote réunissant les voix des deux tiers des membres du Parlement.
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+ Les élections pour la chambre haute (le Conseil national) ont lieu le 31 décembre 2007 et le 23 avril 2013, et celles pour la chambre basse (l'Assemblée nationale) le 24 mars 2008 et le 13 juillet 2013.
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+ Le 24 mars 2008, lors des premières élections législatives, le Parti vertueux du Bhoutan, dirigé par Jigme Thinley, âgé de 56 ans et formé aux États-Unis, remporte 44 sièges sur 47 de la chambre basse du Parlement, contre le Parti démocratique populaire. Jigme Thinley devient Premier ministre le 9 avril[44]. Dans les élections de 2013, le Parti démocratique populaire gagne 32 sièges avec 54,88 % des suffrages.
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+ L'Armée royale du Bhoutan est la force militaire du pays. Elle inclut la Garde royale et la Police royale. Le service militaire est volontaire, l'âge minimum étant fixé à 18 ans. L'armée compte 18 000 membres et est formée par l'armée de terre (en) de l'Inde[45]. Son budget annuel est d'environ 13,7 millions de dollars, soit 1,8 % du PIB du pays. N'ayant pas accès à la mer, le Bhoutan n'a pas de marine. Il n'a pas de forces aériennes : son armée de terre dépend du Commandement de l'Est de la Force aérienne indienne pour les actions aériennes.
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+ Le Bhoutan maintient des relations économiques, stratégiques et militaires étroites avec l'Inde voisine[46],[47]. Le 8 février 2007, le Bhoutan et l'Inde signent un nouveau traité clarifiant le contrôle du Bhoutan sur ses propres relations internationales. Ce traité remplace celui signé en 1949. Le traité de 1949 est encore parfois interprété comme permettant à l'Inde de contrôler les affaires étrangères du Bhoutan, mais c'est le gouvernement du Bhoutan qui se charge de toutes les affaires étrangères du pays, y compris les sujets intéressant le gouvernement indien, comme la frontière entre le Bhoutan et la Chine.
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+ Le Bhoutan maintient des relations diplomatiques avec 52 pays et l'Union européenne. Il a des ambassades ou consulats en Inde, au Bangladesh, en Thaïlande et au Koweït, ainsi que deux missions aux Nations unies (l'une à New York et l'autre à Genève). Thimphou abrite deux ambassades, celles de l'Inde et du Bangladesh, ainsi qu'un consulat, celui de Thaïlande. D'autres pays maintiennent un contact diplomatique informel via leurs ambassades à New Delhi. Il existe des consulats bhoutanais honoraires à Londres et à Washington[48],[49],[50].
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+ Un accord de longue date permet aux citoyens de l'Inde et du Bhoutan de voyager dans le pays voisin sans passeport ni visa, mais avec leurs documents d'identité. Les Bhoutanais peuvent également travailler en Inde sans restriction aucune.
76
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+ Le Bhoutan ne maintient pas de relations diplomatiques formelles avec son voisin au nord, la Chine, mais en ces dernières années il y a eu une hausse significative de réunions bilatérales. Le premier accord bilatéral entre la Chine et le Bhoutan est signé en 1998, et le Bhoutan a des consulats honoraires à Macao et à Hong Kong. La frontière avec la Chine est en grande partie non délimitée, et donc contestée à certains endroits. Environ 269 km2 restent contestés entre les deux pays[51].
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+ Le 13 novembre 2005, des soldats chinois pénètrent les territoires contestés entre la Chine et le Bhoutan, et commencent à y construire des routes et des ponts[52]. Le ministre bhoutanais des affaires étrangères, Khandu Wangchuk, parle du problème avec les autorités chinoises après une discussion à ce sujet au Parlement bhoutanais. Qin Gang, porte-parole de la Chine, répond que la frontière reste contestée et que les deux parties continuent à travailler afin de trouver une solution pour le conflit[53]. Un officier du service de renseignement indien dit que la délégation chinoise au Bhoutan accuse les Bhoutanais de « dramatiser ». Le journal bhoutanais Kuensel dit que la Chine pourrait utiliser les routes construites pour promouvoir la possession chinoise de la région contestée[52].
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+ L’une des particularités du Bhoutan est sa recherche du bonheur à travers l’amélioration de ce qu'il appelle le « bonheur national brut » ou BNB. Là où la majorité des gouvernements se basent sur la valeur du produit national brut (PNB) pour mesurer le niveau de richesse des citoyens, le Bhoutan a substitué le BNB pour mesurer le niveau de bonheur de ses habitants. Cet indice, instauré par le roi Jigme Singye Wangchuck en 1972, se base sur quatre principes fondamentaux, piliers du développement durable, à savoir :
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+
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+ Une première rencontre internationale sur la définition de la prospérité a eu lieu en 2004 à l’Université Saint-Francis-Xavier, au Canada. Sur les quatre cents personnes venant de plus de dix pays différents, plus d’une trentaine étaient bhoutanaises, dont des enseignants, des moines et des responsables politiques. Elle a été suivie de rencontres en 2007 (en Thaïlande), en 2008 (au Bhoutan) et en 2011 (à l'ONU)[56].
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+ Le discours sur le Bonheur national brut est remis en cause par le Premier ministre nommé en juillet 2013, Tshering Tobgay, qui explique que le gouvernement précédent a passé beaucoup plus de temps à en parler qu'à agir, et relève que le pays est confronté à quatre grands défis : l'endettement, la monnaie, le chômage (dont celui des jeunes), et la perception d'une corruption croissante[57].
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+ Le Bhoutan est divisé en 20 dzongkhag :
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+ Un gewog (en dzongkha « bloc ») est un groupe de villages formant une unité administrative géographique intermédiaire entre le village et le dzongkhag. Le pays comprend 205 gewog, qui couvrent chacun en moyenne une région de 230 km2.
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+
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+ Depuis la fin des années 1980, le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuck, poursuit un programme à long terme de décentralisation. En 1991, les gewog sont devenus des unités administratives officielles, chacun d'entre eux étant dirigé par un gup (« chef »).
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+ La superficie du Bhoutan est de 38 394 km2. L’Himalaya domine le paysage du Nord du pays et de nombreux sommets dépassent les 7 000 mètres d’altitude. Le Kula Kangri est généralement considéré comme le point culminant du Bhoutan, à 7 553 mètres, mais la Chine le revendique. La forêt couvre 70 % du territoire national. La plus grande partie de la population est concentrée sur les hauts plateaux et dans les vallées de l’ouest.
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+ Le climat du Bhoutan est un climat de montagne qui varie beaucoup d'une région à l'autre. Le climat bhoutanais varie au vu de sa diversité géographique et de ses différents degrés d'altitude. Le sud du Bhoutan est marqué par un climat tropical avec des périodes de mousson (pluies venues du golfe du Bengale). Le centre du pays est marqué par un climat semi-tropical tandis que le nord du pays (autour de Thimphou, Paro et Ha) est caractérisé par un climat rude et très froid, avec des chutes de neige en hiver qui peuvent bloquer certains cols[58].
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+ L'économie du Bhoutan est une des moins développées au monde ; elle est fondée sur l’agriculture, l'élevage, l’exploitation forestière, la vente à l’Inde d’électricité d’origine hydraulique, et le tourisme.
98
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+ Au nord du pays, au-delà de 3 500 mètres d'altitude (région du Grand Himalaya), l'élevage du yack prédomine mais perd en rentabilité pour les éleveurs. Cette activité, en 2010, ne représente plus que 3 % de la production du beurre, du fromage et de la viande du pays. Elle a, par contre, l'avantage d'être utilisée pour les fêtes traditionnelles et surtout d'être un attrait touristique[59].
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+
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+ L'agriculture est en grande partie vivrière et pratique l'élevage. Les montagnes dominent le territoire et rendent la construction de routes et de toute autre infrastructure difficile et chère. L'économie est étroitement alignée sur celle de l'Inde par de forts liens commerciaux et monétaires et dépend fortement de l'aide financière de ce pays. Le secteur, très délaissé, de la technologie industrielle n'est pas une priorité et la plupart des productions proviennent d'ateliers familiaux.
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+
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+ La majorité des projets de développement, tels que la construction de routes, est tributaire de la main-d'œuvre saisonnière indienne. Le potentiel de production hydro-électrique et l'activité touristique sont les ressources principales en capitaux du pays.
104
+
105
+ Les programmes modèle sociaux, d'éducation et d'environnement en cours se font avec l'appui d'organismes multilatéraux de développement. Chaque programme économique doit tenir compte de la politique gouvernementale de protection de l'environnement et des traditions culturelles du pays.
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107
+ Les contrôles poussés et les politiques dans les domaines de l'industrie, du commerce, du travail et des finances constituent une maîtrise de l'investissement étranger.
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+ Le pays ne s'est ouvert aux touristes qu'en 1974. Cette ouverture reste très mesurée et exclut le tourisme de masse par le prix élevé des séjours organisés, culturels et de randonnée. Le tourisme en 2002 fournissait un cinquième des ressources du pays[60].
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111
+ La monnaie est le ngultrum, code BTN, qui est lié à la roupie indienne selon une parité fixe de 1/1.
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+
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+ Dans les années 1970 et 1980, le gouvernement royal du Bhoutan a émis des timbres-poste aux formes et dans des matières originales afin d’obtenir de nouveaux revenus. Ces timbres sont aujourd’hui très recherchés par les philatélistes. Le promoteur de cette production philatélique, l’Américain Burt Todd, en a fait commencer la production en 1962. Des timbres destinés à la poste aérienne ont été diffusés avant même que le pays soit doté d’un aéroport, en 1992.
114
+
115
+ De manière générale, le courrier est très marginal au Bhoutan, pays de tradition bouddhiste où les familles vivent très rapprochées. Les timbres visent surtout à rapporter des devises.
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+
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+ Le système de santé est totalement gratuit pour tout le monde quel que soit le traitement. Tous les villages sont dotés d'une école et d'une antenne locale de santé[54].
118
+
119
+ Le pays est régulièrement touché par le paludisme surtout dans la zone méridionale. Les autres maladies présentes au Bhoutan sont la polio, la diphtérie, la méningite et la rougeole.
120
+
121
+ Selon le World Factbook de la CIA, la population s'élève à 741 919 habitants[1]. Selon une estimation de 2005 la population serait 2 232 291 mais le gouvernement ne recense que 810 000 Bhoutanais. Ceci provient du fait que 40 % de la population vivant au Bhoutan, appelés Lhotshampas, est d’origine népalaise et de religion hindoue et que le gouvernement bhoutanais ne les reconnaît plus comme citoyens depuis 1988. Depuis cette date, l'instruction du népalais est interdite à l'école et la langue tibétaine dzongkha est obligatoire[61]. Les Lhotshampa subissent une discrimination culturelle et ethnique au point que certaines professions leur sont interdites (administration, enseignement, etc.)[62],[63].
122
+
123
+ Quelques statistiques démographiques :
124
+
125
+ La langue officielle du Bhoutan est le dzongkha, un dialecte du tibétain. Les autres langues couramment pratiquées sont le tshangla et le népalais.
126
+
127
+ Le pays possède quatre aéroports : l'aéroport international de Paro qui est le principal aéroport du pays, et trois aéroports régionaux, les aéroports de Bathpalathang, Gelephu et Yongphulla.
128
+ La compagnie nationale bhoutanaise Druk Air, équipée d'Airbus 319-115, utilise l'aéroport de Paro comme plate-forme de correspondance. Il existe aussi une autre compagnie aérienne, privée, Bhutan Airlines.
129
+
130
+ Le réseau routier, très sommaire, suit les anciens chemins caravaniers. On compte très peu de ponts ou de tunnels. Mettre huit heures de voiture pour parcourir deux cents kilomètres est la norme en raison de l'étroitesse des routes, dont l'entretien est difficile.
131
+
132
+ En 2014, le Bhoutan passe un accord avec Renault-Nissan pour l'achat d'une centaine de voitures électriques. L'objectif fixé par le premier ministre Tshering Tobgay est d'atteindre à terme le « zéro émission »[64].
133
+
134
+ La religion principale (et religion d'État) du pays est le bouddhisme vajrayāna, le bouddhisme tibétain dans sa forme tantrique, appelé aussi lamaïsme, pratiqué par 75 % de la population[65]. Le Bhoutan est actuellement le seul royaume au monde où le bouddhisme tantrique est religion d'État. Le reste de la population (25 %) a pour religion l'hindouisme indien (et à influence népalaise).
135
+
136
+ Selon des ONG d'obédience chrétienne, les chrétiens y sont peu nombreux en raison d'entraves à la foi chrétienne dans ce royaume[66],[67]. D'après le site « Aide à l'Église en détresse », en 2008 les chrétiens seraient au nombre de 12 255, dont 1 000 catholiques baptisés. Ils ne représentent que 0,5 % de la population contre 74 % pour les bouddhistes, 20,5 % pour les Hindous, 3,8 % pour les animistes et 1,2 % pour ceux n'entrant pas dans ces catégories[68].
137
+
138
+ La loi bhoutanaise incite la population à porter les vêtements traditionnels que sont le gho (en) (pour les hommes) et la kira (pour les femmes)[69].
139
+
140
+ La musique bhoutanaise est proche des musiques tibétaine et indienne en raison de son passé colonial et sa culture bouddhiste. Du fait de la fermeture politique du pays, cette culture a été préservée jusqu'à très récemment. Il existe encore une nette délimitation entre musique religieuse et musique profane[70],[71], la première ayant une large prééminence et s'associant volontiers aux danses.
141
+
142
+ Le dzong du Bhoutan est un monastère-forteresse bouddhiste. Il servait autrefois de centre religieux, militaire, administratif et social du district qu'il commandait. Il pouvait abriter une garnison si nécessaire ainsi qu'une armurerie. Il accueillait les structures administratives du district ainsi que les moines. C'était aussi un lieu d'échanges et souvent le site d'un tséchu ou festival religieux annuel. Les premiers dzongs furent construits dans le pays dès le XIIe siècle, mais leur âge d'or fut la première moitié du XVIIe siècle, qui vit le renforcement défensif du pays par le shabdrung ou grand lama Ngawang Namgyal (1594-1651), l'unificateur du Bhoutan moderne.
143
+
144
+ Du côté sportif, le tir à l'arc est considéré comme la discipline sportive traditionnelle du pays[72],[73].
145
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+ La joaillerie et l'argenterie sont au cœur de l'artisanat local. Parmi les objets les plus populaires figurent les récipients à alcool en bois sertis et décorés avec de l'argent martelé. La bijouterie est relativement peu développée mais comporte cependant un important savoir-faire : les boucles d'oreilles en or et turquoise, les bracelets et les ceintures en argent ou encore les colliers en perles baroques rendent l'artisanat bhoutanais singulier.
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+ Le Bhoutan est le dernier pays du monde à avoir reçu la télévision en 1999. 48 chaînes peuvent être reçues par satellite[74],[75]. Le 2 juin 1999, à l'occasion du 25e anniversaire du couronnement du roi Jigme Singye Wangchuck, le pays se dote de sa première chaîne de télévision nationale (BBS TV) et de son premier accès internet. Lorsque la télévision arriva au Bhoutan en 1999, les évènements sportifs sur Ten Sports causèrent des bagarres dans les cours de récréation ; en regardant la chaîne sud-coréenne Arirang TV, des adolescentes se sont mises à se décolorer les cheveux en blond et des bandes se sont formées pour la première fois dans la capitale[76],[77].
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+ Voyageurs et Magiciens (Chang hup the gi tril nung) de Khyentse Norbu (2003) est le premier long métrage entièrement produit et réalisé au Bhoutan.
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+ Le tourisme est volontairement limité dans la volonté de préserver l'environnement et la culture du pays. Le Bhoutan accueille principalement un tourisme de luxe. L'accès est néanmoins plus facile depuis la privatisation de l'industrie en 1991[réf. souhaitée]. La plupart des dzong, qui abritent toujours à la fois les services administratifs de la région et des locaux à usage religieux, sont ouverts aux étrangers.
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+ L'anglais est appris à l'école et la presque totalité des documents officiels (dont les affiches électorales) est publiée également en anglais.
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+ En 2005, on estimait à 7 000 le nombre de touristes (hommes d'affaires compris) au Bhoutan.
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+ On estime que 24 % de ces touristes viennent des États-Unis, 17 % du Japon, 11 % du Royaume-Uni et 48 % d'autres pays. Chaque touriste doit s'affranchir d'un forfait de 250 dollars par jour, lequel comprend hôtel, repas, voiture avec chauffeur et guide[78],[79].
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+ Le Bhoutan a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie centrale
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+ Asie de l'Ouest
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Le biathlon, du latin bi-, « deux », et du grec athlon (ἆθλον) « combat, lutte », est une épreuve combinant deux disciplines. Par coutume, quand on parle du biathlon, on évoque la combinaison du ski de fond et tir à la carabine. Ce sport d'origine militaire[1] combine ainsi l'endurance nécessaire au ski de fond au calme et à l’adresse nécessaires au tir. La maîtrise de ces deux disciplines pourtant antagonistes est le principe même du biathlon, sport olympique depuis les Jeux de Squaw Valley en 1960, mais dont l'ancêtre, la Patrouille militaire, avait été disputé dès les premiers Jeux d'hiver en 1924 à Chamonix
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+ Le biathlon est un sport relativement jeune, en témoignent les modifications récentes et régulières apportées aux courses internationales. Ainsi, d'une seule épreuve olympique en 1960 (le 20 km individuel masculin), le biathlon est désormais une discipline qui en compte sept : sprint, poursuite, individuel, départ groupé (mass start), relais hommes et dames, relais mixte et relais simple mixte. Aidé par le format spectaculaire de compétitions individuelles mises au point dans les années 1990 qui ne durent généralement pas plus de 40 minutes avec des courses en ligne à confrontation directe, la popularité du biathlon va croissant, au point d'être un sport national en Allemagne, en Russie ou dans les pays nordiques. En France, la médaille d'or obtenue par le relais féminin aux Jeux olympiques d'hiver d'Albertville en 1992 a été le point de départ de la reconnaissance du biathlon[2]. L'athlète masculin le plus médaillé des Jeux olympiques d'hiver et le plus titré du ski en général est un biathlète : le Norvégien Ole Einar Bjørndalen, qui compte treize médailles aux Jeux, 20 titres mondiaux et 95 victoires individuelles sur la Coupe du monde.
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+ De nos jours, la pratique du biathlon de haut niveau est réglementée par l'Union internationale de biathlon (IBU) qui organise les principales compétitions : Coupe du monde et championnats du monde annuels, sauf en année olympique pour ces derniers. Bien que considéré comme discipline du ski ou sport de neige, le biathlon est totalement autonome vis-à-vis de la Fédération internationale de ski (FIS), autre institution mondiale ayant autorité sur toutes les autres disciplines des sports d'hiver disputées sur la neige.
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+ Le biathlon peut être pratiqué hors saison hivernale, particulièrement en été, ce qui permet aux néophytes de s'initier à cette discipline dans un contexte loisirs grâce à l'utilisation de skis à roulettes et de carabines à air comprimé sur des stands de tir adaptés (15m).
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+ Les sportifs de haut niveau s'entraînent également hors saison sur skis à roulettes. Il existe par ailleurs au calendrier des championnats du monde de biathlon d'été.
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+ Dans les pays nordiques, le ski de fond était le mode de déplacement le plus pratique durant les hivers. Les hommes utilisaient des planches de bois pour se déplacer et des armes pour chasser, comme le montrent des vestiges de l'art antique scandinave. En Norvège, des peintures rupestres datant d’environ 5 000 ans ont été retrouvées attestant le fait que les hommes pratiquaient déjà la chasse au gibier au moyen de skis pour se déplacer sur la neige. Ces chasseurs organisaient des compétitions pour désigner les meilleurs d'entre eux.
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+ De nombreux écrits antiques chinois, grecs ou romains font le récit de combats entre soldats équipés de skis, certains datant de 400 av. J.-C. Le poète Virgile décrit des pratiques de chasse avec des skis[3]. Au Moyen Âge vers 1050, des pierres runiques retrouvées en Norvège représentent des hommes chassant à l'aide d'arcs, de flèches et des skis pour se déplacer. Plus généralement dans toute l'Europe du Nord, les écrits composés de sagas et de légendes évoquent l'utilisation combinée de skis et d'armes pour se défendre mais aussi pour se distraire.
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+ Ces observations permettent de penser que les pratiques ancestrales du biathlon répondaient à des normes utilitaires : les déplacements, l'alimentation. Elles touchent également le domaine militaire, cadre où se développe ce sport combiné.
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+ Sur le plan sportif, les origines du biathlon se situent essentiellement dans le domaine militaire. Dès le début de l’ère des Vikings, les populations autochtones du Nord de l’Europe se défendaient à skis contre les Vikings danois qui procédaient à de régulières invasions. Au Moyen Âge, des factions militaires armées équipées de skis deviennent des éléments essentiels des armées en Scandinavie et en Russie, des régions régulièrement enneigées.
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+ Au XVIIIe siècle, les unités de patrouilles des armées nordiques pratiquent le biathlon pour surveiller les frontières. Le bon soldat de ces régions est alors à la fois bon tireur mais aussi excellent skieur. En 1767, la première compétition est organisée sur la frontière suédo-norvégienne entre des patrouilles des deux pays[4]. Jusqu’à la toute fin du XIXe siècle, la combinaison du tir et du ski n’est utilisée qu’au sein de l’armée, à l’exception de la chasse.
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+ Le tout premier club de ski associé au tir, le Trysil Skytte og Skiloberlag (club de tir et de ski de Trysil), est créé le 30 mai 1861 en Norvège à Trysil[4],[5] (il a alors pour but de former les soldats pour leurs missions). Le biathlon est également apprécié dans les pays de langue allemande où la combinaison du ski de fond et du tir n’est pas rare. Plus encore, les premiers championnats militaires sont organisés dans l’Empire allemand en 1895. En Norvège en 1912, une course individuelle est organisée ; les concurrents doivent alors passer par deux séances de dix tirs positionnées sur le parcours de ski. Tous les participants étaient alors exclusivement des soldats recrutés au sein de l’armée qui organisait toutes les compétitions. Mais à partir du moment où les skis sont fabriqués industriellement, la pratique sportive est facilitée en dehors du strict cadre militaire.
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+ Le format de ces compétitions évolue jusqu'en 1915 et la première course de patrouille militaire. Alors que l'exercice individuel était jusqu'ici de mise, ski de fond et tir sont désormais pratiqués par équipe. Composée de quatre membres, une patrouille militaire est menée par un officier accompagné d'un sous-officier et de deux soldats. Sur un parcours allant de 25 à 30 kilomètres, le groupe doit effectuer une séance de tir à mi-distance, couché ou debout. Trente secondes étaient ajoutées au temps de l'équipe en cas d'erreur sur ce pas de tir.
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+ Ce sport connaît un engouement particulier dans les années 1920 et 1930. En 1924, la patrouille militaire fait ainsi partie du programme olympique des premiers jeux d'hiver organisés à Chamonix en tant que sport officiel[6]. La patrouille militaire est un sport de démonstration aux Jeux de 1928, de 1936 et de 1948.
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+ Une fois la Seconde Guerre mondiale finie, le ski militaire entre dans une nouvelle ère et s'ouvre davantage aux civils. Aux Jeux olympiques d'hiver de 1948, le pentathlon d'hiver, nouvelle discipline introduite par le CIO, côtoie la traditionnelle patrouille militaire comme sport de démonstration[7]. Alliant équitation, escrime, tir, ski de fond et ski alpin, cette épreuve est le pendant hivernal du pentathlon moderne. Elle fait son unique apparition au sein du programme olympique en 1948[7] et peine à convaincre. Le 3 août 1948 à Sandhurst est créée l'Union internationale de pentathlon moderne (UIPM), présidée par le Suédois Tom Wibom, et composée de 17 pays membres. L'UIPM exprime son intérêt pour le sport hivernal[4],[7] et étudie ainsi la définition du pentathlon moderne d'hiver dont les premiers championnats du monde sont prévus pour 1953. Parallèlement se développe une pratique sportive alliant uniquement tir et ski de fond, qui connaît un rapide engouement en Scandinavie, en Allemagne et en Autriche[7]. Ce sport, par sa plus grande facilité de mise en oeuvre (deux disciplines combinées en une épreuve au lieu de cinq disciplines indépendantes), séduit l'UIPM qui planche alors sur ce dernier au détriment du projet de pentathlon moderne d'hiver qui est finalement enterré. Sur proposition de Sven Thofelt, le terme de « biathlon moderne d'hiver » est logiquement retenu pour désigner ce sport[7] dont les règles, élaborées en 1955 à Macolin en Suisse, sont approuvées le 17 novembre 1956 à Melbourne. En 1957, le biathlon intègre officiellement l'UIPM (qui deviendra Union internationale de pentathlon moderne et de biathlon en 1967) et est immédiatement reconnu par le Comité international olympique[7].
29
+
30
+ Dans la foulée, et sans passer par la case "démonstration", le biathlon devient sport olympique dès 1960 (JO de Squaw Valley), deux ans après l'organisation de premiers championnats du monde à Saalfelden[8] en Autriche. 1978 marque un tournant pour le biathlon, avec le passage des gros calibres au .22 Long Rifle, se démarquant ainsi du monde militaire, ce qui permit la création de la Coupe du monde[7],[9]. L'administration du biathlon par l'UIPM perdure jusqu'en 1993, année de création d'une instance indépendante lors d'une session extraordinaire à Londres, l'Union internationale de biathlon[10] (International Biathlon Union). La séparation formelle entre les deux unions a lieu en 1998[11]. Désormais autonome, l'IBU organise seule la plupart des compétitions internationales de biathlon[12], les autres sports d'hiver comme le ski alpin, le saut à ski, le ski de fond ou le combiné nordique étant sous l'autorité de la Fédération internationale de ski.
31
+
32
+ Le biathlon féminin a connu un développement plus tardif que pour les hommes. Il faut en effet attendre 1980 et un congrès organisé à Sarajevo pour que l'UIPMB adopte de premières règles sur la pratique du biathlon par les femmes[10]. En 1981, une première épreuve féminine internationale est organisée à Jáchymov en Tchécoslovaquie[10]. Les premiers championnats du monde féminins se déroulent en 1984 à Chamonix, séparément de ceux des hommes[10]. En 1989, les premiers championnats du monde réunissant hommes et femmes ont lieu à Feistritz (Autriche). Un an auparavant, le Comité international olympique intégrait le biathlon féminin au programme des jeux olympiques d'hiver, une décision concrétisée en 1992 à Albertville[10]. Dès lors et très rapidement, le biathlon féminin a rattrapé son retard puisque, à l'image d'une majorité des sports d'hiver, le biathlon est l'un des sports proposant une médiatisation quasiment égale entre les hommes et les femmes.
33
+
34
+ Les règles complètes du biathlon sont consignées dans le livre des règles officielles de l'IBU. Toutefois, la description succincte ci-dessous, devrait être suffisante pour qu'un spectateur puisse comprendre ce qui se passe dans un stade de biathlon[13].
35
+
36
+ Le biathlon allie le ski de fond sur un circuit à parcourir plusieurs fois et le tir à la carabine effectué à chaque tour sur cinq cibles situées à une distance de 50 mètres, et ce dans deux positions : couché et debout[14]. Les cibles sur lesquelles les biathlètes tirent ont un diamètre de 45 mm pour le tir couché et de 115 mm pour le tir debout. L’intérêt et la complexité de cette discipline reposent sur l'alternance des phases d’effort intense sur les skis et des phases de calme et concentration sur le pas de tir où précision et rapidité sont recherchées. A la performance individuelle s'ajoutent la gestion de situations de confrontation directe avec les adversaires et des aléas météorologiques (vent, chutes de neige, froid ou les trois combinés) impliquant parfois des modifications de réglage (clics) des organes de visée de la carabine.
37
+
38
+ La pénalité pour chaque cible manquée se traduit par une minute ajoutée au temps total pour l'individuel, ou par un anneau de pénalité de 150 m[15] à parcourir pour tous les autres formats de course, sauf le relais mixte simple[16] pour lequel le tour de pénalité est de 75 m. Lors des relais, les biathlètes disposent de trois balles de pioche avant d'effectuer, le cas échéant, un ou plusieurs anneaux de pénalité.
39
+
40
+ Les épreuves du sprint et de l'individuel sont des courses contre-la-montre. La poursuite est une course en ligne avec départ par handicap d'après les résultats de la course précédente, tandis que l'ensemble des concurrents des relais ainsi que du départ groupé prennent le départ en même temps[2].
41
+
42
+ Toutes les techniques de ski de fond sont autorisées dans le biathlon, le style "skating" appelé aussi "pas de patineur" étant préféré car plus rapide et nécessitant moins de mouvement du haut du corps, ce qui est un handicap lorsqu'une carabine doit être portée sur le dos. Aucun équipement autre que les skis et les bâtons de ski ne peut être utilisé pour se déplacer le long de la piste.
43
+
44
+ La carabine utilisée en biathlon est une carabine de calibre 22 Long Rifle (5,6 × 15 mm) que les athlètes portent sur le dos tout au long du parcours. Elle doit peser 3,5 kg au minimum[17]. Les athlètes n’ont pas le droit de toucher à la culasse de la carabine en dehors du tapis de tir, ni même de retirer la carabine de leur dos. De plus, aucune balle ne doit se trouver dans la culasse et aucun chargeur alimenté ne doit être engagé dans la carabine en dehors du tapis de tir. Une douille vide, dans la culasse, ou un chargeur vide, connecté à la culasse, sont autorisés. C’est pourquoi les coureurs n’éjectent généralement pas la cinquième douille de leur canon, ni n’enlèvent le chargeur vide après un tir. Les chargeurs peuvent contenir cinq balles, plus trois balles de recharge pour les épreuves de relais[17].
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+ La cible est située à une distance de 50 mètres[17], aussi bien pour le tir debout que pour le tir couché. Les cibles ont un diamètre de 45 mm pour le tir couché, et de 115 mm pour le tir debout[17]. L'impact de la balle sur la cible active un mécanisme qui va placer un cache blanc sur la cible. Le tir est considéré valide uniquement si ce mécanisme s'est activé. Ainsi il arrive que des cibles soient activées par un ricochet de la balle.
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+ Pour des raisons de sécurité, l'arme doit toujours pointer vers le ciel ou vers les cibles.
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+ En cas de sprint final, à l'instar du ski de fond, c'est la fixation du premier ski franchissant la ligne d'arrivée qui fait foi. Il est donc courant de voir des biathlètes jeter leur ski en avant sur la ligne.
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+ Pour tout type d'épreuve, ski de fond et tir à la carabine.
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54
+ Pour toutes les épreuves individuelles, un biathlète dispose de cinq balles pour abattre les cinq cibles proposées lors de chaque séance de tir.
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+ L'individuel est la course de biathlon la plus ancienne[18] qui s'appelait simplement biathlon à l'origine. Le terme d'individuel apparut cependant très vite, non seulement à cause de la pratique individuelle, mais aussi et surtout parce que lors des six premières éditions des Championnats du monde, deux classements distincts portant sur cette unique épreuve étaient établis (individuel et par équipes). Lors de l'introduction de l'épreuve du relais, le terme d'individuel fut naturellement conservé pour nommer et distinguer l'épreuve historique du 20 km.
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+ La compétition de l'individuel est une course contre la montre, où les biathlètes s'élancent un par un avec un intervalle de 30 secondes. Le biathlète doit effectuer cinq fois le parcours prévu, les quatre premiers étant conclus par une séance de tir dont l'ordre est obligatoirement le suivant : tir couché, tir debout, tir couché, tir debout. L'individuel est la seule épreuve du biathlon où une erreur au tir entraîne une minute de pénalité et non un tour de pénalité[18]. À ce titre, un tir manqué sur l'individuel est davantage sanctionné que sur les autres épreuves, puisqu'un tour de pénalité ne coûte qu'environ 25 secondes. Ainsi cette épreuve distingue surtout les meilleurs tireurs et est souvent le théâtre de rebondissements lorsque les favoris échouent au tir, plusieurs minutes de pénalités étant rarement rattrapables sur la piste. Cette épreuve est difficile à suivre pour des spectateurs non avertis, puisque les pénalités sont ajoutées au temps total, et il est ainsi très difficile d'avoir une vision globale des positions sans l'aide des moyens de mesure électroniques[18].
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+ C'est au tout début des années 1970 que le sprint a fait son apparition. Il s'agit d'une épreuve contre la montre individuelle où trois tours de circuit, entrecoupés par deux séances de tir, couché puis debout, sont à parcourir[19]. Épreuve la plus courte du biathlon (10 km pour les hommes, 7,5 km pour les femmes), le sprint est aussi celle proposant le moins de tirs, mettant ainsi l'accent sur la vitesse de déplacement à ski[19]. Le sprint est en quelque sorte un demi-individuel (distance, nombre de tirs et pénalité y sont divisés par deux). Comme pour l'individuel, les biathlètes démarrent leur course un par un avec trente secondes d'intervalle. Chaque erreur au tir est sanctionnée par un tour de pénalité de 150 mètres, ce qui équivaut à environ 25 secondes de pénalité[19] (un peu plus de la moitié moins que sur un individuel).
61
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+ Le résultat final d'un sprint est doublement important car le classement final détermine l'ordre de départ pour une autre épreuve : la poursuite. Un mauvais résultat lors du sprint diminue ainsi les chances de bien figurer lors de la poursuite suivante. Seuls les 60 premiers de cette épreuve obtiennent le droit de participer à la poursuite.
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64
+ Afin de rendre plus distrayant et spectaculaire le biathlon, la poursuite est inventée au milieu des années 1990[11]. En effet, alors que les épreuves existantes sont basées sur le concept du contre-la-montre, la poursuite confronte directement les biathlètes sur la piste. Il s’agit donc directement d’une lutte contre les autres athlètes, et non contre le temps. Elle a lieu après le sprint, dont les écarts sont comptabilisés pour donner l'ordre de départ.
65
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66
+ Cinq boucles sont parcourues lors d'une poursuite pour une distance totale de 12,5 km pour les hommes et de 10 km pour les femmes. Quatre séances de tir sont proposées, une à la fin de chacun des quatre premiers tours de course. La sanction d'une faute au tir est la même que sur un sprint : une boucle de pénalité de 150 m. Contrairement à l'individuel, l'ordre des tirs n'est pas intercalé ; les deux premiers tirs sont effectués couché, les deux derniers debout. Seuls les 60 premiers classés de l'épreuve qualificative sont autorisés à participer à cette épreuve. Cette épreuve qualificative peut être aussi bien le sprint que l'individuel, mais généralement le sprint est utilisé[20]. L'ordre de départ de la poursuite correspond au classement final du sprint, les écarts à l'arrivée de cette dernière épreuve étant arrondis à la seconde pour déterminer l'ordre et les écarts de temps au départ de la poursuite[20] (voir tableau ci-dessous).
67
+
68
+ Les poursuites sont en général des courses très nerveuses, marquées par de nombreux rebondissements. En effet, les quatre séances de tir au programme, combinées à la relativement faible distance de la course peuvent rapidement envoyer un coureur dans les profondeurs du classement à la suite de plusieurs pénalités. De plus, cette course est bien plus difficile mentalement pour les athlètes, puisqu’ils se retrouvent relativement groupés sur le pas de tir, directement à la lutte avec leurs adversaires.
69
+
70
+ Créé à la fin des années 1990, le départ groupé[21], dit aussi mass start ou mass-start, est la quatrième épreuve individuelle reconnue. Épreuve en confrontation directe entre les biathlètes, la mass start est similaire à la poursuite, mais sans le handicap de temps au départ, puisque tous les athlètes partent en même temps, et avec deux fois moins de concurrents. Il s’agit donc également d’une course nerveuse et à rebondissements.
71
+
72
+ Depuis la Coupe du monde 2010-2011 les 25 premiers du classement général de la coupe du monde et les cinq meilleures performances des courses de l'étape en cours peuvent participer à cette épreuve[22]. Cinq tours de circuit et quatre séances de tir sont au programme de cette course (deux tirs couché suivis de deux tirs debout, une boucle de 150 m supplémentaire par cible manquée). Le vainqueur est le premier à franchir la ligne d'arrivée. Long de 15 km pour les hommes et de 12,5 km pour les femmes, le départ groupé se situe ainsi entre la poursuite et l'individuel en termes de distance. Lors du premier tir, chaque athlète se place sur la cible correspondant à son dossard, alors que pour les trois tirs suivants, c'est le classement en cours de la course qui détermine sur quelle ligne de tir se placer[23]. Prendre un tour de retard sur la tête de la course est éliminatoire[23].
73
+
74
+ Traditionnellement, le départ groupé est la dernière épreuve disputée lors d'une étape de Coupe du monde quand elle est au programme. De même, elle clôt habituellement la saison hivernale de Coupe du monde en réunissant les meilleurs biathlètes pour décerner les diverses récompenses.
75
+
76
+ Le relais de biathlon est une épreuve où s'affrontent plusieurs équipes composées de quatre sportifs du même sexe représentant un seul et même pays. Chaque athlète parcourt au total 7,5 km pour les hommes et 6 km pour les femmes, entrecoupé d’une séance de tir couché puis debout. Dans les catégories de jeunes et de juniors, les relais sont constitués de trois membres et les distances plus courtes.
77
+
78
+ Le départ d'un relais s'effectue à la manière du départ groupé. Le relais entre deux membres d'une équipe se fait dans une zone délimitée de 30 m dans laquelle celui qui finit son parcours doit toucher le corps de son partenaire avec la main (les bâtons et les skis ne comptent pas).
79
+
80
+ Il y a au total huit tirs, quatre couché et quatre debout, et donc 40 cibles à abattre lors de cette course. Mais contrairement aux épreuves individuelles, un biathlète ne dispose plus de cinq balles pour descendre cinq cibles mais de huit. Les cinq premières sont présentés dans un chargeur, les trois dernières, appelées balles de pioche, doivent au besoin être chargées manuellement dans la carabine[24]. Toute cible non abattue après ces huit balles entraîne une pénalité d'une boucle de 150 m supplémentaire. De ce fait, un retard conséquent peut être concédé si au temps pour recharger sa carabine s'ajoute celui nécessaire à effectuer son tour de pénalité.
81
+
82
+ Cette course se déroule selon le même schéma qu'un relais masculin ou féminin (4×2 tirs avec pioches), à la différence que chaque équipe est mixte et constituée de deux hommes et deux femmes[25]. La formule du relais mixte concernant les distances et l'ordre des relais évolue au fil du temps depuis les débuts de l'épreuve en 2005 aux Championnats du monde, la plus couramment utilisée voyant les deux femmes effectuer les premiers relais (6 km chacune), suivies des deux hommes (7,5 km chacun) pour terminer la course[25]. Afin de doubler avec le relais mixte et compléter ainsi le programme des compétitions, une épreuve plus courte, le relais mixte simple, a été introduite plus récemment. Elle met aux prises des équipes constituées de deux coureurs, une femme et un homme se relayant 2 fois[26].
83
+
84
+ Version moderne du ski militaire (épreuve de patrouille disputée aux Jeux olympiques de 1924). Les quatre biathlètes partent en même temps et doivent également arriver ensemble (à l'instar du contre-la-montre par équipe en cyclisme). Cette épreuve n'est plus courue en Coupe du monde.
85
+
86
+ ou :
87
+
88
+ 2 × 7,5 km (H) +
89
+
90
+ 2 × 7,5 km (F)
91
+
92
+ 7,5 km (H)
93
+
94
+ ou :
95
+
96
+ 6 km (H) +
97
+
98
+ 7,5 km (F)
99
+
100
+ Un pas de tir est divisé en 30 zones d'environ 2,75 m de largeur, donc accessible à autant de tireurs[37]. Chaque position de tir est numérotée, de 1 à 30 de droite à gauche en regardant les cibles de face. Pour les courses de sprint et d'individuel, le skieur entrant sur le stand de tir a le choix entre ces 30 positions pour effectuer chaque séquence de tirs, les cibles 1 à 15 étant réglées en position couché, celles de 16 à 30 en position debout. Il n'a en revanche pas le choix lors des autres épreuves. Ainsi, pour les épreuves de poursuite, de départ groupé et de relais, l'attribution des positions de tir se fait en fonction de l'ordre d'arrivée sur le pas de tir. Le leader d'une course se positionne ainsi sur le tapis de tir 1, son dauphin sur le tapis de tir 2, etc. En revanche, pour le premier tir des épreuves de relais et de départ groupé, le biathlète doit se positionner sur le tapis correspondant à son numéro de dossard même s'il mène la course avec un dossard élevé. L'écart entre les athlètes étant généralement trop faible pour déterminer clairement un classement.
101
+
102
+ Le pas de tir est équipé de fanions de vent qui indiquent aux biathlètes et aux observateurs (dont l'entraîneur de tir placé en arrière du pas de tir) la force et la direction du vent. Ces paramètres sont pris en compte par les compétiteurs pour la conduite du tir (réglage éventuel des organes de visée).
103
+
104
+ Cinq balles pour cinq cibles accolées, positionnées à 50 m du tireur sont à abattre lors de chaque séquence de tir[13]. Ces cibles ont un diamètre de 4,5 cm lors d'un tir couché, 11,5 cm lors d'un tir debout. La cible de couleur noire avant le tir s'efface après un impact ayant fait mouche et laisse la place à un fond blanc pour signaler au biathlète son succès. Toute cible noire restante est sanctionnée par une pénalité. Il en existe trois types[13] :
105
+
106
+ Les pénalités s'additionnent pour chaque cible manquée. Ainsi, lors d'un individuel, un athlète qui raterait trois cibles se verrait infliger une pénalité de trois minutes sur son temps final.
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+ Le biathlète peut choisir dans quel ordre il souhaite abattre les cinq cibles. De même, si une cible est manquée, il est rare que le biathlète s'attaque de nouveau à celle-ci préférant se concentrer sur la suivante. Les rythmes de tir varient beaucoup selon les biathlètes mais des styles et des habitudes personnelles sont rapidement décelables.
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+
110
+ Les meilleurs biathlètes passent moins de 30 secondes sur le pas de tir, entre le moment où ils pénètrent sur le tapis et le moment où ils le quittent.
111
+
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+ Le matériel de ski de fond d'un biathlète est totalement similaire à celui d'un fondeur. Il se compose ainsi d'une paire de skis de skating, environ 5 à 10 % plus long que la taille du biathlète, d'une paire de bâtons dont la longueur est similaire à la hauteur d'épaule, ainsi que d'une paire de chaussures, le tout étant particulièrement léger[38]. La taille minimale du ski correspond à la taille de skieur moins 4 cm[17]. Le ski doit avoir une largeur minimale de 40 mm mesurée sous la fixation, et peser au minimum 750 g sans la fixation[17].
113
+
114
+ Avant l'avènement de la technique du pas de patineur (ou skating) les biathlètes utilisaient le style classique. Néanmoins depuis la fin des années 1980, le style libre est utilisé exclusivement.
115
+
116
+ Jusqu'en 1977, le biathlète tirait avec une arme de gros calibre. Les cibles étaient alors positionnées à 100 mètres du tireur pour le tir debout, et de 150 à 250 mètres pour le tir couché. Il s'agissait d'une discipline sportive plus adaptée aux militaires, qu'à une pratique populaire. Dès le début des années 1970, le remplacement de ces armes par de plus petits calibres est évoqué ceux-ci ayant l'avantage d'être faciles d'accès, plus économiques, moins dangereux et facilitant le montage du pas de tir[7]. La décision est finalement prise de rendre obligatoire ces armes en février 1976 à Seefeld, un changement effectif à partir de 1978[7].
117
+
118
+ Depuis 1978, seules des carabines de petit calibre, dont la brèche est chambrée pour l'utilisation de .22 Long Rifle sont admises, soit un diamètre de l'âme du canon de 5,56 mm. Bien que leur calibre soit standard, les carabines de biathlon sont fabriquées spécialement pour cette utilisation[38] et pèsent entre 3,5 kg et 6 kg, sans chargeurs ni munitions. Le chargement de la cartouche dans la brèche doit être manuel, soit depuis le chargeur, soit en insérant directement la balle dans la brèche en ouvrant la culasse. Les armes automatiques ou semi–automatiques ne sont pas autorisées. Le poids de déclenchement de la détente doit être au minimum de 500 g.
119
+
120
+ La carabine est équipée d'un viseur réglable, permettant de compenser la visée, en particulier en raison de l'effet du vent sur la trajectoire du projectile, ainsi que d'un tunnel à guidon situé au bout du canon. C'est l'alignement du viseur, du guidon dans le tunnel et de la cible qui permet la visée. L'utilisation de tout système de grossissement est interdite par le règlement. La carabine est généralement équipée d'un clapet empêchant, s'il est fermé, à la neige de pénétrer dans la bouche du canon ainsi que dans le viseur - ces parties se trouvant face au ciel au-dessus et derrière la tête du coureur en ordre de marche. Les chargeurs sont toujours chargés de cinq cartouches au départ de la course[38], plus trois balles de recharge lors des épreuves de relais. Un râtelier est généralement aménagé sur la crosse avant, permettant le transport de quatre chargeurs. Durant son parcours de ski de fond, le biathlète doit placer sa carabine sur le dos, grâce à un harnais fixé sur un côté de la crosse, comprenant deux bretelles rembourrées semblables à celles d'un petit sac à dos.
121
+
122
+ Les très rares biathlètes gauchers, comme Simon Eder, ont des carabines spécifiques.
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+ Les munitions utilisées sont de calibre .22 Long Rifle, à percussion annulaire. Le projectile, d'un alliage tendre de plomb et sans enveloppe de cuivre, a un diamètre de 5,56 mm. L'étui vide de la balle fait 15 mm de long. La vitesse des balles ne doit pas dépasser 380 m/s[38], ce qui leur confère néanmoins une vitesse supersonique.
125
+
126
+ L'inscription officielle du biathlon moderne comme sport olympique est effective à partir de 1960 et les VIIIe Jeux olympiques d'hiver organisés par la station de sports d'hiver américaine de Squaw Valley[39]. Néanmoins, dès les jeux de 1924 à Chamonix, une épreuve de patrouille militaire est disputée à titre officiel avant de devenir sport de démonstration jusqu'en 1948.
127
+
128
+ Devant le désir du Comité international olympique d'inscrire une épreuve combinée au sein du programme olympique[40], une compétition de pentathlon d'hiver est organisée comme sport de démonstration à Saint-Moritz en 1948. Alliant ski de fond, descente de ski alpin, tir, escrime et équitation[39], ce sport n'est finalement pas retenu par le CIO qui préfère inclure le biathlon pour 1960[40].
129
+
130
+ En 1960, la seule épreuve de biathlon existante à l'époque (le 20 km), est alors disputée lors du rendez-vous américain (le premier champion olympique est le Suédois Klas Lestander). Une épreuve de relais 4 × 7,5 km est inscrite au calendrier à partir de 1968[39]. S'y ajoute le sprint 10 km en 1980 à Lake Placid[39].
131
+
132
+ Les Jeux olympiques d'Albertville en 1992 marquent le début du biathlon féminin[39],[41]. Hommes et femmes disputent alors les mêmes épreuves : l'individuel, le sprint et le relais[42].
133
+
134
+ Le nombre d'épreuves disputées augmente avec l'introduction dans le calendrier olympique de la poursuite lors des Jeux de Salt Lake City en 2002[43] puis du départ groupé en 2006 à Turin et du relais mixte en 2014 à Sotchi. Ce sont donc aujourd'hui onze épreuves, cinq pour les femmes, cinq pour les hommes et une mixte, qui figurent au programme olympique.
135
+
136
+ Les premiers championnats du monde de biathlon sont organisés en 1958 dans la station de sports d'hiver autrichienne de Saalfelden[8]. L'unique épreuve de biathlon existante disputée sur 20 km donne alors lieu à deux classements (individuel et par équipes) qui permettent ainsi d'étoffer la distribution des prix (jusqu'en 1965). Prenant la place du classement pas équipes, l'épreuve du relais est disputée officiellement à partir de 1966 à Garmisch-Partenkirchen[8], celle du sprint en 1974 à Minsk[9].
137
+
138
+ Les femmes disputent pour la première fois des mondiaux en 1984 qui se tiennent à Chamonix, un événement auquel les hommes ne participent pas, année olympique oblige. Dès l'année suivante, deux rendez-vous séparés, un masculin et un féminin, sont mis en place dans deux lieux différents. Il faut patienter jusqu'en 1989 pour assister à la réunion des hommes et des femmes dans une seule et même compétition[10]. À cette occasion, des épreuves par équipes font leur apparition avant de disparaître en 1997, année d'introduction de la poursuite comme nouvelle épreuve[11]. Les compétitions de départ groupé intègrent le programme des championnats du monde en 1999 tandis que le mondial de relais mixte est organisé en 2005, en marge des mondiaux d'Hochfilzen, lors d'une grande première pour clore la saison à Khanty-Mansiïsk.
139
+
140
+ Validée en 1966 lors d'un congrès organisé à Garmisch-Partenkirchen[7], la première édition des championnats du monde juniors masculins se déroule en 1967 à Altenberg[8]. Les juniors féminines disputent cette compétition à partir de 1989[10].
141
+
142
+ Discutée en 1977 à Lillehammer[7], la coupe du monde de biathlon voit le jour en 1978 pour les hommes[9], les femmes la disputant à partir de 1983. Généralement commencée en novembre ou décembre, la saison de coupe du monde se termine régulièrement en mars. Actuellement le vainqueur de chaque épreuve individuelle se voit attribuer 60 points pour le classement général établi sur l'ensemble des épreuves individuelles de la saison, le second 54 points et le troisième 48 points. Les quarante premiers biathlètes à l'arrivée d'une course marquent des points (voir le tableau ci-dessous). Des classements particuliers sont établis pour chaque discipline et le sportif remportant ce classement décroche un petit globe de cristal. Le vainqueur du classement général se voit quant à lui décerner le gros globe de cristal.
143
+
144
+ Avant la saison 2010-2011, l'ensemble des résultats d'un biathlète n'était cependant pas pris en compte à la fin de la saison puisque les points des trois moins bons résultats étaient ôtés pour constituer le classement général final[44]. Pendant quelques saisons, à partir de 2010-2011, l'ensemble des résultats a été pris en compte. Aujourd'hui ce sont les deux plus mauvais résultats qui sont retirés.
145
+
146
+ Une saison de coupe du monde est par ailleurs ponctuée par d'autres rendez-vous internationaux comme les Jeux olympiques organisés tous les quatre ans et les championnats du monde se déroulant chaque année, sauf lors des années olympiques. Les épreuves disputées dans le cadre de ces deux événements comptaient pour les différents classements de la coupe du monde[45].
147
+
148
+ Pour les mass-start, les points attribués actuellement sont identiques jusqu'à la 21e place, mais diffèrent de la 22e à la 30e place.
149
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150
+ En parallèle au circuit mondial de la coupe du monde se déroulent des compétitions continentales en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Asie. Ces compétitions adoptent deux formats : le format « coupe », qui récompense la régularité des biathlètes grâce à la constitution de classements généraux, et le format « championnats », qui récompense les biathlètes sur des courses d'un jour. Ces compétitions constituent régulièrement une filière d'accession pour participer aux épreuves de coupe du monde. En Europe, les grands pays du biathlon alignent généralement des équipes réserves souvent constituées de jeunes sportifs en devenir. Les étapes de la coupe d'Europe (IBU Cup) se déroulent parfois au même endroit que celles de coupe du monde.
151
+
152
+ En coupe du monde, la liste des villes accueillant des épreuves est régulièrement renouvelée par de nouvelles destinations. Cependant, le circuit international se déroule essentiellement en Europe où certaines étapes sont devenues incontournables. Ainsi, la saison débute traditionnellement en novembre ou décembre dans les pays nordiques où la neige est déjà présente (Östersund[46] en Suède, Kontiolahti[47] en Finlande). Au mois de décembre, l'Europe centrale accueille quelques étapes : Hochfilzen (Autriche), Osrblie (Slovaquie), Pokljuka (Slovénie).
153
+
154
+ Au mois de janvier, la coupe du monde fait régulièrement étape en Allemagne à Ruhpolding et à Oberhof (ces deux villes sont d'ailleurs parfois désignées comme les « Mecque du biathlon »[48], puis en Italie à Antholz-Anterselva.
155
+
156
+ Plus occasionnellement, la coupe du monde quitte l'Europe pour d'autres horizons : la Corée du Sud organise ainsi une étape à Pyeongchang en 2008, les États-Unis plusieurs entre 1999 et 2004 (Park City[49], Lake Placid ou Fort Kent[50]), le Canada à Valcartier en 1999[51], le Japon à Nagano en 1997[49].
157
+
158
+ L'organisation des championnats du monde ou des Jeux Olympiques interrompt souvent la coupe du monde en février. Enfin, il est devenu habituel de clôturer la saison par une étape en Russie dans la ville de Khanty-Mansiïsk ou en Norvège sur le fameux site d'Holmenkollen[52].
159
+
160
+ Le palmarès international du biathlon place trois pays au sommet de la hiérarchie mondiale. En effet, l'Union Soviétique puis la Russie, l'Allemagne et la Norvège dominent les tableaux historiques des médailles tant aux Jeux olympiques d'hiver qu'aux championnats du monde. Plus récemment, la France, la Suède, l'Italie ou certains pays issus de la dislocation de l'Union soviétique ou de l'Europe de l'Est se sont immiscés sur les podiums internationaux.
161
+
162
+ Les débuts de la coupe du monde ont été marqués par la domination de la RDA jusqu'à la fin des années 1980, grâce à des athlètes tels que Frank Ullrich et Frank-Peter Roetsch, avec respectivement quatre et trois victoires au classement général de la coupe du monde.
163
+
164
+ Le biathlète le plus titré est le Norvégien Ole Einar Bjørndalen qui a remporté treize récompenses olympiques dont huit en or. Au cours d'une brillante carrière longue d'un quart de siècle à laquelle il mit un terme en 2018 à l'âge de 44 ans, ses principaux adversaires ont été, entre la fin des années 1990 et les années 2000, le Français Raphaël Poirée et les Allemands Sven Fischer, Ricco Groß, Frank Luck et Michael Greis, rares biathlètes à avoir construit un palmarès individuel imposant aux côtés de Bjørndalen alors au sommet.
165
+
166
+ Depuis 2007, une nouvelle génération de biathlètes, menée par le Français Martin Fourcade (cinq titres olympiques (deux aux jeux de Sotchi en 2014 et trois aux jeux de Pyeongchang en 2018, sept victoires consécutives du classement général de coupe du monde depuis la saison 2011-2012, 83 victoires et 150 podiums en Coupe du monde) et les Norvégiens Emil Hegle Svendsen (deux titres olympiques aux Jeux de Vancouver 2010 et Sotchi 2014 et une victoire de classement général du coupe du monde lors de la saison 2009-2010), Tarjei Bø (vainqueur de la Coupe du monde 2010-2011) et son frère Johannes Thingnes Bø (vainqueur de la Coupe du monde 2018-2019) émerge.
167
+
168
+ Néanmoins, en dehors de ces derniers, aucun n'a encore montré suffisamment de constance pour marquer comme eux l'histoire du biathlon. Globalement, la Norvège, l'Allemagne, la Russie et la France se sont partagé les grands biathlètes, puisqu'une seule victoire au classement général de la coupe du monde a échappé à l'un de ces pays entre 1978 et 2019 (le Suédois Mikael Löfgren l'emporte à l'issue de la saison 1992-1993).
169
+
170
+ Le Français Martin Fourcade détient le record de victoires au classement général de la Coupe du monde avec sept trophées remportés consécutivement de 2012 à 2018. Il compte aussi le plus grand nombre de petits et gros globes de cristal, 33, et avec 83 victoires, se situe au 2e rang des biathlètes les plus victorieux derrière Bjørndalen avec qui il partage le record de onze titres mondiaux gagnés dans des épreuves individuelles. Il est aussi le sportif français le plus titré aux Jeux olympiques avec cinq médailles d'or.
171
+
172
+ En 2019 et 2020, c'est le Norvégien Johannes Thingnes Bø qui s'adjuge le gros globe de cristal récompensant chaque année le vainqueur de la coupe du monde.
173
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+ Durant les années 1980, les biathlètes soviétiques et norvégiennes ont été les plus en vue notamment grâce aux performances d'Elena Golovina ou de Svetlana Davidova, gagnant de multiples médailles mondiales et signant de nombreux succès en coupe du monde.
175
+
176
+ La fin des années 1990 a vu la domination presque sans partage en coupe du monde de la Suédoise Magdalena Forsberg. Entre 1997 et sa retraite en 2002, elle a en effet remporté chaque année le classement général de la coupe du monde en y ajoutant 17 victoires dans les classements particuliers des disciplines et ce grâce à un record de 42 victoires individuelles dans les épreuves de coupe du monde. À cette emprise sur la coupe du monde, la Suédoise a ajouté douze médailles mondiales dont six en or. En revanche, son palmarès olympique reste vierge de tout titre olympique et ne compte que deux médailles de bronze. Ses principales adversaires ont été la Norvégienne Liv Grete Poirée (octuple championne du monde) et l'Allemande Uschi Disl qui, avec 19 médailles mondiales et neuf médailles olympiques, est encore la biathlète la plus médaillée dans ces deux événements. Elle a illustré la domination globale exercée par les Allemandes sur le biathlon féminin depuis les années 1990 : Kati Wilhelm (triple championne olympique), Petra Behle (nonuple championne du monde) ou Andrea Henkel, puis Magdalena Neuner, qui seulement âgée de 24 ans possédait déjà le record de titres mondiaux[53], et plus récemment Laura Dahlmeier (large gagnante de la coupe du monde 2016-2017 avec 10 victoires durant la saison, dont un record de cinq médailles d'or aux championnats du monde de Hochfilzen), en ont été les principaux exemples.
177
+
178
+ La disparition de l'Union soviétique a eu pour effet de multiplier le nombre de biathlètes représentant les pays de l'Est (Olena Zubrilova, successivement Ukrainienne puis Biélorusse et dont le palmarès faisait état de 17 médailles mondiales, en a été l'illustration). La Russie a bénéficié d'un important vivier de talents régulièrement récompensés parmi lesquelles Anfisa Reztsova, Svetlana Ishmouratova ou Olga Pyleva.
179
+
180
+ Les biathlètes résistant à ces deux nations ont été rares, mais elles ont existé : ainsi, la Française Sandrine Bailly a remporté de justesse le globe de cristal en 2004-2005 pour une poignée de points devant Wilhelm et Pyleva, la Suédoise Helena Jonsson a remporté la coupe du monde 2008-2009 devant Kati Wilhelm et Tora Berger, laquelle a remporté la coupe du monde 2012-2013. Lors des saisons 2010-2011 , 2013-2014 et 2017-2018, la Finlandaise Kaisa Mäkäräinen a remporté la coupe du monde. Elle a été suivie par la Biélorusse Darya Domracheva, triple championne olympique à Sotchi, en 2014-2015 et par la Tchèque Gabriela Koukalová, en 2015-2016. C'est l'italienne Dorothea Wierer qui a remporté la coupe du monde 2018-2019 et 2019-2020.
181
+
182
+ Le biathlon est aujourd'hui pratiqué dans l'ensemble des pays participant régulièrement aux épreuves de coupe du monde d'hiver, principalement en Europe et en Amérique du Nord.
183
+
184
+ En particulier en Russie et en Scandinavie, le biathlon fait partie depuis longtemps des sports d'hiver traditionnels. Depuis les années 1990, l'intérêt pour ce sport s'est rapidement développé en Allemagne, devenant quasiment un sport national. Ainsi les chaînes Das Erste et ZDF diffusent toutes les épreuves de coupe du monde, réunissant parfois jusqu'à cinq millions de téléspectateurs, atteignant ainsi les meilleurs scores d'audience pour un sport d'hiver[54],[55].
185
+
186
+ Le biathlon est très populaire en Allemagne où les sports d'hiver tiennent globalement une place significative parmi les événements sportifs les plus suivis. Ainsi, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, les sportifs allemands de l'année récemment récompensés sont souvent des biathlètes[56],[57]. Régulièrement récompensé dans les principales compétitions, le pays est également le principal bailleur de fond du biathlon. Ainsi, en 2008, trois des quatre principaux sponsors de l'Union internationale de biathlon sont allemands : E.ON Ruhrgas filiale du leader allemand du secteur énergétique E.ON, le groupe Viessmann leader mondial des solutions de chauffage et la banque Deutsche Kreditbank[58]. Plus récemment encore, la marque automobile BMW est sponsor-titre des étapes de Coupe du monde. Le biathlon touche également un large public comme l'illustre l'organisation des épreuves de coupe du monde à Oberhof ou Ruhpolding, deux des rendez-vous les plus attendus chaque hiver. Autre signe de la popularité du biathlon en Allemagne, le World Team Challenge, démonstration organisée chaque année depuis 2002 dans le stade de football de la Veltins-Arena aménagé pour l'occasion, réunit plus de 60 000 spectateurs et les meilleurs biathlètes mondiaux[59].
187
+
188
+ Ailleurs en Europe, le biathlon est également populaire dans d'autres régions germanophones, notamment en Autriche et dans le Tyrol italien. À l'image de l'ensemble des sports d'hiver, le biathlon est très suivi en Suède, en Finlande ou en Norvège. Dans ce dernier, il est même le sport le plus populaire[60] et un grand pourvoyeur de récompenses olympiques notamment grâce aux performances d'Ole Einar Bjørndalen, multiple champion olympique et du monde. Largement diffusé dans les pays de l'Est de l'Europe, le biathlon est le sport le plus populaire en Biélorussie[61] et une source de victoires diverses en Russie, en République Tchèque, en Slovaquie, en Slovénie et également en Ukraine.
189
+
190
+ En France et malgré le faible nombre de licenciés[62], le biathlon est un des principaux sports pourvoyeurs de médailles aux Jeux olympiques d'hiver. Si le pays a pris pour habitude de s'illustrer en coupe du monde notamment grâce aux performances de ses têtes d'affiche Raphaël Poirée (aujourd'hui retraité) et Martin Fourcade (devenu en 2018 le plus titré des sportifs français aux Jeux avec cinq médailles d'or, également retraité depuis mars 2020), il n'a disposé d'aucune installation susceptible d'accueillir une manifestation d'ampleur mondiale jusqu'à la saison 2011-2012, durant laquelle Le Grand-Bornand devait accueillir une étape de coupe du monde[63]. Malheureusement cette étape est annulée pour manque de neige. Une épreuve au Grand Bornand s'est finalement déroulée en décembre 2013 comptant pour la Coupe du monde de biathlon 2013-2014 puis deux autres qui ont connu un grand succès populaire, lors des saisons 2017-2018 et 2019-2020[64]. De plus, les apparitions du biathlon à la télévision étaient rares, aucune chaîne gratuite française ne diffusait en effet les compétitions hormis lors des Jeux olympiques. Depuis la saison 2015-2016, la Chaîne l'Équipe diffuse sur la TNT la Coupe du monde de biathlon, ce qui lui permet de battre ses records d'audience[65].
191
+ Alexis Bœuf, ancien champion français de biathlon, assure les commentaires en qualité de consultant pour cette chaîne.
192
+
193
+ Sous l'égide de l'UIPM, des contrôles antidopage sont institués en 1966 à Melbourne[7]. Mais les premières décisions concernant le dopage sont intervenues peu de temps après la constitution du sport. Ainsi, des règles antidopage sont adoptées dès 1965 à Elverum en Norvège avant qu'un règlement précis ne soit établi pour lutter contre cette pratique en 1979 à Ruhpolding[7].
194
+
195
+ Tandis que la lutte antidopage se généralise dans l'univers sportif depuis les années 2000, plusieurs cas de dopage avérés touchent le biathlon ces dernières années. Ainsi, en janvier 2003, la Russe Albina Akhatova est contrôlée positive à la nicéthamide à l'issue d'une course de relais organisée à Antholz-Anterselva. Si la fédération russe et un médecin de l'équipe sont respectivement pénalisés financièrement et suspendus trois mois, la biathlète n'est pas écartée par l'Union internationale de biathlon[66],[67]. Quelques années plus tard, les jeux olympiques d'hiver de 2006 organisés à Turin sont émaillés de plusieurs affaires de dopage qui ternissent l'image du biathlon en période olympique. Médaillée d'argent sur l'épreuve de l'individuel 15 km, la Russe Olga Pyleva est la première sportive contrôlée positive lors de cet événement olympique[68]. Déchue de sa médaille, elle est par la suite suspendue deux années par l'IBU[69]. Toujours lors de la quinzaine olympique, une vaste affaire éclate au sein de la délégation des biathlètes et fondeurs autrichiens. Diligentée par le Comité international olympique, une perquisition dans le chalet autrichien permet de retrouver du matériel de transfusion sanguine ; en revanche, les contrôles antidopage effectués auprès des sportifs visés se révèlent tous négatifs. Pour autant, le matériel retrouvé et le fait que le sulfureux Walter Mayer se trouvât dans les locaux autrichiens alors qu'il était suspendu huit années pour une autre affaire suffisent à convaincre le CIO de bannir à vie six sportifs dont trois biathlètes un an après les faits[70],[71].
196
+
197
+ En janvier 2008, deux nouvelles affaires de dopage s'immiscent dans l'actualité des sports d'hiver. Contrôlée positive pour la seconde fois dans sa carrière, l'ancienne fondeuse finlandaise Kaisa Varis, reconvertie depuis peu dans le biathlon, est suspendue à vie par l'IBU alors qu'elle venait de signer un premier succès en carrière. Dans le même temps, plusieurs médias allemands et autrichiens relayent des rumeurs selon lesquelles des sportifs parmi lesquels des biathlètes auraient eu recours aux services du laboratoire autrichien Humanplasma lui-même impliqué dans une enquête diligentée par l'Agence mondiale antidopage[72]. Il est en effet reproché à ce laboratoire de pratiquer le dopage sanguin[73]. Durant les championnats, plusieurs biathlètes sont directement désignés dans une lettre anonyme adressée à un quotidien autrichien[74]. Les sportifs visés récusent immédiatement ces accusations et une plainte est rapidement rédigée pour dénonciation calomnieuse[74],[75]. Le biathlon allemand faisant l'objet de ces accusations, c'est le biathlon tout court qui est menacé, l'Allemagne étant le principal bailleur de fonds de ce sport[76].
198
+
199
+ La multiplication des cas de dopage dans le biathlon, notamment au sein de l'équipe russe[77], fait apparaître des critiques pointant le laxisme des institutions internationales vis-à-vis des cas de dopage avérés et un calendrier jugé surchargé par certains[78]. À ce titre et à l'instar du cyclisme, l'IBU envisage la mise en place d'un passeport sanguin pour surveiller plus régulièrement l'ensemble des sportifs[79].
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+ Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dit Gutenberg[note 1] (on trouve aussi dans des ouvrages anciens l'orthographe francisée Gutemberg[note 2], de même que son prénom est parfois francisé en Jean[note 3]), né vers 1400 à Mayence dans le Saint-Empire romain germanique et mort le 3 février 1468 dans sa ville natale, est un imprimeur dont l'invention des caractères métalliques mobiles en Europe a été déterminante dans la diffusion des textes et du savoir.
4
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5
+ Alors que son invention est considérée comme un événement majeur de la Renaissance, Gutenberg connut une existence difficile. Associé à Johann Fust[note 4] et Peter Schoeffer, il perdit en octobre 1455 le procès contre son créancier Fust qui saisit l’atelier avec le matériel et les impressions réalisées. Gutenberg ne sera sauvé de la misère que grâce à Adolphe II de Nassau qui lui accorda une pension à vie et le titre de gentilhomme de sa cour.
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7
+ La documentation concernant ce personnage est maigre : on ne connaît que trente-six documents antérieurs à sa mort, la majorité étant des archives judiciaires particulièrement arides et sujettes à diverses interprétations, ce qui a donné lieu à de nombreux portraits fantasmés et ambivalents : génial inventeur ou voleur d'idées, victime dépouillée de son invention ou usurpateur qui aurait exploité un procédé mis au point par d'autres inventeurs avant lui, humaniste ou homme d'affaires uniquement motivé par l'appât du gain[1].
8
+
9
+ Johannes Gutenberg, né à Mayence aux alentours de 1400[note 5] (comme souvent à cette époque, sa date de naissance ne peut être établie précisément) est le troisième enfant d'une famille aisée de la haute bourgeoisie, celle de Friele Gensfleisch zur Laden, orfèvre de profession mais également commerçant d'étoffes, et d'Else Wirich[2],[note 6]. On croit qu'il a été baptisé dans l'église Saint-Christophe proche de sa maison natale[3].
10
+
11
+ Les lieux de séjour et les activités de Gutenberg, ne sont pas connus entre 1400 et 1420. Au regard de ses activités ultérieures et du niveau social de sa famille, des études universitaires sont probables[4]. En 1429, les corporations d'artisans et de commerçants de la ville libre de Mayence se soulèvent contre le patriarcat oligarchique et forcent les familles dirigeantes à l'exil[5].
12
+
13
+ Entre 1434[note 7] et 1444[note 8] (peut-être dès 1429), la famille Gutenberg s'installe dans le quartier Saint-Arbogast de Strasbourg[6]. Gutenberg a peut-être été formé à des techniques d'orfèvrerie[note 9]. Il se forme notamment à la ciselure et à la maîtrise des alliages, qui constitueront les bases de sa future invention, lui permettant de concevoir des caractères d'imprimerie résistants et reproductibles. Il s'associe notamment vers 1438 avec le bailli de Lichtenau et des négociants pour fabriquer des enseignes de pèlerinage (en) certaines constituées d'un alliage où dominent le plomb et l'étain, et serties d'un petit miroir, d'autres peut-être constituées d'une feuille de métal estampé[7], toutes devant être mises en vente lors du pèlerinage d'Aix-la-Chapelle de 1439[8].
14
+
15
+ Il n'existe aucune trace de son activité sur les quatre années suivantes[9]. De retour à Mayence en 1448 au plus tard, il poursuit les travaux commencés à Strasbourg et emprunte de l'argent à son cousin Arnold Gelthus[10] pour construire une presse.
16
+
17
+ Le concile de Bâle débuté en 1431 rassemble de nombreux intellectuels et universitaires dont les écrits ont besoin d'être reproduits, ce qui conduit au développement de moulins à papier. Vingt ans plus tard, les frères Galliziani venus du Piémont, s'installent à Bâle et importent en Suisse et en France leur technique de fabrication du papier d'imprimerie moins coûteux que le papier de chancellerie. Les besoins des bibliothèques et des universités qui se développent, l'ouverture d'écoles, la multiplication de lecteurs, sont autant de facteurs qui justifient les recherches de Gutenberg à Strasbourg, grand centre commercial et intellectuel européen, pour assurer la reproduction rapide et multiple des textes et l'abaissement des prix du livre par une répartition des coûts de fabrication sur plusieurs exemplaires[11].
18
+
19
+ Rentré dans sa ville natale de Mayence en 1448, Johannes Gutenberg y poursuit ses recherches et, deux ans plus tard, persuade le riche banquier Johann Fust de l'aider à financer son projet. Fust prête 800 florins
20
+ — somme considérable pour l'époque — à Gutenberg[note 10] et 300 florins par an pour les frais généraux. Il devient de fait son associé. En homme d’affaires avisé, Fust rédige un contrat particulièrement contraignant pour Gutenberg. En garantie d’hypothèque, Gutenberg devra engager sa presse et les outils et réglera 6 % d’intérêt l’an. Fust se montrera magnanime et ne lui réclamera pas les intérêts, du moins dans un premier temps[12]. Pour espérer des revenus suffisants, Fust et Gutenberg doivent choisir d'imprimer un livre dont le tirage permettra de couvrir les sommes engagées. À l’époque, le seul livre capable d’un succès immédiat est la Bible dans sa version en latin de saint Jérôme, la Vulgate, livre qui nécessite environ trois ans de travail à un moine copiste pour être entièrement recopié[13]. L'idée première de Gutenberg pour imposer son invention sera d'imiter parfaitement les livres manuscrits (codex). À ce jour, on n’a pas trouvé le modèle précis de Bible utilisé par Gutenberg.
21
+
22
+ C'est à cette époque que Gutenberg perfectionne simultanément les différents éléments qui constituent son invention :
23
+
24
+ Les nouveaux outils mis au point par Gutenberg et ses ouvriers lui servent d'abord à imprimer de petits documents, des poèmes, la grammaire latine de Donat (dont il ne subsiste que quelques fragments), des lettres d'indulgence pour l'Église, etc. Les lettres d'indulgence à trente et une lignes (dont la plus vieille, datée du 22 octobre 1454, est le premier spécimen d'une œuvre d'imprimerie venant de Mayence) et les petits ouvrages connus ont semble-t-il été produits par un apprenti de Gutenberg. Le plus ancien ouvrage complet qui subsiste à ce jour, imprimé par Gutenberg, est probablement le calendrier turc (Turk-Kalendar), portant le titre Eine Mahnung der Christenheit wider die Tiirken (Une admonition de la chrétienté contre les Turcs) et dont l'unique exemplaire conservé dans la bibliothèque de Munich, date de 1455[14]. Toutes ces publications sont caractérisées par les mêmes caractères typographiques, appelés DK-type (abréviation de Donat, Kalender Type)[15].
25
+
26
+ La mise au point de la presse prend plus de temps que prévu, les frais courent et les premiers investissements de Fust ne suffisent plus pour financer l'entreprise. En 1454, Fust avance à nouveau huit cents florins pour poursuivre l’impression des Bibles sur vélin et, sans doute par économie, sur papier.
27
+
28
+ Gutenberg et ses ouvriers, dont Pierre Schoeffer, impriment la Bible en six cent quarante et un feuillets répartis en soixante-six cahiers.
29
+
30
+ Composée à partir de la Vulgate de saint Jérôme, la Bible de Gutenberg est considérée comme l'œuvre la plus techniquement complexe et la plus belle de l'imprimerie de Gutenberg. Chaque page, présentée comme une page manuscrite et composée de caractères gothiques de type textura, se divise en deux colonnes de quarante-deux lignes chacune. Entre 1452 et 1455, la Bible à quarante-deux lignes a été imprimée à environ cent quatre-vingts exemplaires. Quarante-huit d'entre eux ont été conservés et douze sont imprimés sur parchemin.
31
+
32
+ Malheureusement pour Gutenberg, l'impression des livres connaît un succès mitigé. Dans l’inventaire de son atelier, les bibles resteront en rayonnage quelque temps.
33
+
34
+ Fust, qui a investi plus de 2 500 florins dans l'entreprise, est furieux contre Gutenberg, car il lui avait promis un succès rapide. Gutenberg refusant de payer — ou ne le pouvant pas — les intérêts et le capital qu'il lui avait prêtés, il décide de porter l'affaire en justice. Le tribunal tranche en faveur de Fust, en reconnaissant toutefois qu'il ne s'agissait pas d'un prêt mais d'un investissement, et que Fust n'était pas prêteur mais associé[16],[17].
35
+
36
+ Fust obtient alors la gestion de l'atelier et la mise en gage de la presse. Il continue l'entreprise d'imprimerie sous son propre nom. Dans la plus vieille édition du Psalmorum Codex, paru pour la première fois le 14 août 1457, seuls les noms de Fust et de Schoeffer sont mentionnés. Ce livre, remarquable par sa qualité d’impression, par son texte imprimé en noir et rouge et par la régularité de la fonte des caractères, décoré de lettrines ornées et filigranées, apporte alors une certaine notoriété aux deux hommes.
37
+
38
+ Pour élargir leur clientèle et dépasser le petit cercle des bourgeois cultivés et des universitaires, Fust et Schoeffer orientent rapidement leur production vers des éditions de moindre ampleur, mais plus faciles à vendre. Ils s’installent à Paris pour y vendre leurs livres en 1463, une date où l’imprimerie n’existe pas encore en France[18]. Fust n’en profitera pas longtemps : il meurt à Paris en 1466, mais il aura tout de même le temps de voir s'installer, rue Saint-Jacques, une quantité d'imprimeurs d'origine germanique.
39
+
40
+ Insolvable, Gutenberg tente de relancer un atelier d'imprimerie et participe en 1459 à une édition de la Bible dans la ville de Bamberg. Ses travaux ne portant ni date ni nom, il est encore difficile d'identifier avec certitude les documents provenant de son atelier. Le dictionnaire Catholicon de sept cent quarante-quatre pages, imprimé à trois cents exemplaires à Mayence en 1460, est de sa composition. Il imprime entre autres des lettres d'indulgence. À partir de 1461, on ne trouve plus de traces de publication issue de l'atelier de Mayence de Gutenberg. Sans doute est-il trop vieux pour exercer son activité mais il est possible qu'il ait enseigné son art contre rétribution[19].
41
+
42
+ En janvier 1465, alors qu'il vit modestement dans l'hospice Algesheimer Hof (de), Gutenberg est nommé gentilhomme auprès de l'archevêque de Mayence Adolphe II de Nassau. Il bénéficie alors d'une rente et de divers avantages en nature[20]. Il meurt probablement le 3 février 1468, largement méconnu par ses contemporains, et est enterré à Mayence dans un cimetière qui sera détruit plus tard. Sa tombe est aujourd'hui perdue[21].
43
+
44
+ Associé à Johann Fust et à Pierre Schoeffer, Johannes Gutenberg est l’inventeur de l’imprimerie à caractères mobiles en Europe.
45
+
46
+ Pour parvenir à ses fins, Gutenberg est à l’origine de nombreuses innovations :
47
+
48
+ Depuis longtemps, l’histoire conteste à Johannes Gutenberg l’invention de l’imprimerie typographique et celui-ci n’a jamais rien fait pour s’assurer la paternité de son invention. Aucune date d’impression ni de signature ne figure sur les livres. Le premier colophon apparaît avec les impressions de Johann Fust et Pierre Schoeffer.
49
+
50
+ Pourtant, dès 1472, Guillaume Fichet, bibliothécaire à la Sorbonne, écrit en latin dans une lettre jointe à l’édition princeps « De l’orthographia de Gasparino Barzizza » que « Joannem Benemontano [traduction latine de Johannes Gutenberg] est le premier à avoir imprimé un livre digne de ce nom », en référence aux livres manuscrits de l’époque, les codex. Guillaume Fichet, qui a très largement contribué à l’installation de l’imprimerie en France avec l’aide des anciens élèves de Jean Gutenberg, Ulrich Gering, Martin Grantz et Michel Friburger, avait appris par eux le nom de leur maître.
51
+
52
+ En 1504, le professeur Ivo Wittig de Mayence dédicace un livre à Gutenberg, qualifié d’inventeur de la typographie[23].
53
+
54
+ Au XIXe siècle, Ambroise Firmin Didot, fervent partisan de Gutenberg, trouva des lettres, dont la plus ancienne, datée de 1499, atteste clairement la paternité de l’invention à Jean Gutenberg.
55
+
56
+ Au Moyen Âge, les textes étaient peu répandus car peu de gens savaient lire. Les livres sont produits ou reproduits dans les monastères par des moines copistes. Les illustrations sont réalisées par des moines spécialisés, les enlumineurs. Les rubricateurs intervenaient pour faire ressortir, par des couleurs, les Nomina sacra.
57
+
58
+ Dans certains cas, les laïcs pouvaient produire des codex avec l’approbation des monastères. À partir du XIVe siècle, le procédé de xylographie permettait de reproduire un texte à grande échelle : il consistait à graver un document à l’envers sur du bois, puis à l’appliquer, une fois recouvert d’encre, sur du papier.
59
+
60
+ Selon la légende, c’est en voyant fonctionner un pressoir à vin à Strasbourg, que Gutenberg eut l’idée d’inventer un nouveau procédé d’impression qui permit de produire 180 Bibles en l’espace de trois ans, alors qu’un moine recopiait une Bible dans le même temps.
61
+
62
+ En imaginant la mobilité des caractères et en améliorant leur longévité grâce à leur consistance métallique, Gutenberg rendait les caractères réutilisables et interchangeables. Cette innovation a provoqué une révolution culturelle : le livre est rendu public, dans les villes commerçantes et universitaires, et les ateliers d’imprimerie se multiplient, augmentant la production des livres. Cette révolution s’étend à toute l’Europe, principalement en Italie et aux Pays-Bas.
63
+
64
+ Grâce à cette explosion culturelle, le savoir n’est plus réservé aux clercs. L’accès plus facile à la connaissance développe le partage des idées, l’esprit critique et, avec lui, l’humanisme.
65
+
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+ À la mort de Gutenberg en février 1468, les différents collaborateurs de l’imprimeur ont déjà quitté Mayence depuis longtemps et vont émigrer dans toute l’Europe, en France et en Italie principalement.
67
+
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+ Une grande quantité des témoignages sur Gutenberg provient des archives judiciaires, l'inventeur étant manifestement assez procédurier. Parmi les procès où son nom est cité, on peut mentionner :
69
+
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+ « Dieu souffre dans des multitudes d'âmes auxquelles sa parole sacrée ne peut pas descendre ; la vérité religieuse est captive dans un petit nombre de livres manuscrits qui garde le trésor commun, au lieu de le répandre. Brisons le sceau qui scelle les choses saintes, donnons des ailes à la vérité, et qu'au moyen de la parole, non plus écrite à grand frais par la main qui se lasse, mais multipliée comme l'air par une machine infatigable, elle aille chercher toute âme venant en ce monde[25] ! »
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+ — Gutenberg, 1455 (traduction d'Alphonse de Lamartine)
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+ Le Nouveau Testament (en grec ancien : Ἡ Καινὴ Διαθήκη / Hê Kainề Diathếkê) est l'ensemble des écrits relatifs à la vie de Jésus et à l'enseignement de ses premiers disciples qui ont été reconnus comme « canoniques » par les autorités chrétiennes au terme d'un processus de plusieurs siècles. La liste des textes retenus par l'Église pour former le Nouveau Testament a été fixée en 363 lors du Concile de Laodicée ; cependant, elle ne comprenait pas encore le texte de l'Apocalypse.
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+
3
+ Le mot « testament » vient du latin testamentum, « testament, témoignage », lui-même issu du grec διαθήκη (diathếkê), « testament, contrat, convention ». Le mot grec a un sens plus large que le mot latin, puisqu'il comporte la notion de contrat. Aussi certains préfèrent-ils le traduire par « alliance ».
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+ Pour le christianisme, la Bible se compose de l'Ancien Testament (c'est-à-dire la Bible hébraïque) et du Nouveau Testament.
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+ Le Nouveau Testament comprend, selon l'ordre du canon occidental :
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+ Le canon se clôt à 27 livres par décision de l'Église au Concile de Rome en 382[1]. Le canon a été confirmé aux synodes régionaux de Carthage de 397 et de 419. Jusqu'aux dernières années du IVe siècle, il exclut l'épître aux Hébreux. Cette question n'est pas traitée dans les conciles œcuméniques de la fin du siècle. En dépit des décrets de Gélase, les littératures apocalyptiques autres que celle de Jean seront recopiées et tenues pour partie prenante du Nouveau Testament jusqu'au milieu du Moyen Âge (XIIIe siècle).
10
+
11
+ Certaines Églises orthodoxes n'ont pas inclue le livre Apocalypse dans leur canon[2].
12
+
13
+ Le classement des livres du Nouveau Testament n'est pas chronologique selon leur date d'écriture — qui n'est d'ailleurs pas connue avec précision (en raison du problème synoptique) — mais répond à une progression logique[3] :
14
+
15
+ Les Évangiles synoptiques sont les trois premiers Évangiles : selon Matthieu (Mt), selon Marc (Mc) et selon Luc (Lc). Mt et Lc ont en commun une grande partie de leurs récits et ont été vraisemblablement écrits à partir de deux sources communes : l'Évangile selon Marc et la source Q[4].
16
+
17
+ L'Évangile selon Matthieu (Τὸ κατὰ Ματθαῖον εὐαγγέλιον) est le premier des quatre Évangiles canoniques que contient le Nouveau Testament[5]. Il est attribué par la tradition chrétienne à l'apôtre Matthieu, collecteur d'impôt devenu disciple de Jésus-Christ, mais cette attribution n'est pas reconnue par les historiens. En tout état de cause, ce texte date des années 70-80 ou 75-90, selon les chercheurs, et semble provenir d'Antioche, où vivait l'une des toutes premières communautés chrétiennes.
18
+
19
+ Ce premier évangile s'adresse avant tout aux Juifs pour leur démontrer à l'aide de l'Ancien Testament que Jésus-Christ est réellement le Fils de Dieu et l'Emmanuel (« Dieu avec nous ») depuis le début, le fils de David, l'héritier de tous les rois d'Israël et le Messie qu'ils espéraient. Dès l'entrée, Jésus est présenté comme Sauveur (cf. Mt 1,21), Emmanuel (1,23), roi (2,2), Messie ou Christ (2,4), Fils de Dieu (2,15), en accomplissement de toutes les prophéties.
20
+
21
+ Le nom de fils de David, qui lui est associé et qui revient en dix occurrences[6], présente Jésus comme le nouveau Salomon : en effet, Jésus s'exprime comme la Sagesse incarnée. En vertu du titre de Fils de l'homme, qui parcourt l'évangile, et qui provient du prophète Daniel et du Livre d'Hénoch, Jésus se voit doté de toute autorité divine sur le Royaume de Dieu, aux cieux comme sur la terre.
22
+
23
+ L'Évangile selon Marc (Τὸ κατὰ Μάρκον εὐαγγέλιον) est le deuxième (par sa place) des quatre Évangiles canoniques et aussi le plus bref[7]. Il est probablement le plus ancien, avec une date de rédaction située en 65-70 ou 65-75 selon les chercheurs.
24
+
25
+ Sa rédaction est attribuée à Marc, identifié par la tradition chrétienne au Marc compagnon de Paul, puis de Pierre, que l'on connaît par le Nouveau Testament, spécialement les Actes des Apôtres et les épîtres de Paul et de Pierre. Pour les historiens, le personnage de Marc est plus difficile à cerner.
26
+
27
+ L'Évangile selon Luc (Τὸ κατὰ Λουκᾶν εὐαγγέλιον) a pour auteur Luc (médecin et selon la tradition chrétienne, compagnon de Paul)[8]. C'est le plus long des quatre Évangiles retenus dans le Nouveau Testament. Il raconte la vie du Christ, même s'il ne l'a pas connu personnellement.
28
+
29
+ Luc a composé également les Actes des Apôtres, qui sont la suite de son évangile et narrent les débuts de l'Église chrétienne[9]. Les deux livres sont dédiés à « Théophile » (« ami de Dieu »), personnage réel ou fictif, figure de tous les « amis de Dieu ». Le fait que Luc soit l'auteur de ces deux textes est généralement admis par les historiens, non pas en raison de la dédicace commune ni même parce que le livre des Actes se présente comme la suite de l'évangile lucanien, mais parce que leurs styles littéraires sont identiques. Ainsi Raymond E. Brown écrit-il que l'Évangile selon Luc « se continue par le livre des Actes »[9] pendant que Daniel Marguerat voit dans ces deux livres un « ensemble littéraire à deux volets, dont l'homogénéité littéraire est avérée »[10].
30
+
31
+ Les deux ouvrages furent rédigés probablement dans les années 80-90.
32
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33
+ L’Évangile selon Jean (en grec Τὸ κατὰ Ἰωάννην εὐαγγέλιον, To kata Iōánnēn euangélion) est le dernier des quatre évangiles du Nouveau Testament. Il a été attribué à l'un des disciples de Jésus, l'apôtre Jean de Zébédée. Cette attribution a été rejetée par des historiens, pour lesquels ce texte provient d'une communauté johannique et date de la fin du Ier siècle. L'attribution de l'évangile à un Jean le Presbytre, distinct du fils de Zébédée, a été défendue par plusieurs exégètes comme Jean Colson[11], Oscar Cullmann[12], François Le Quéré[13], Joseph A. Grassi[14], James H. Charlesworth[15], Xavier Léon-Dufour[16]. Il n'en reste pas moins que les chercheurs s'accordent à voir dans ce texte le plus tardif des quatre évangiles canoniques, daté selon toute vraisemblance des années 90-95.
34
+
35
+ Cet évangile se démarque des trois autres par sa composition, son style poétique, sa théologie, et probablement par ses sources[17].
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+
37
+ Dans la doctrine trinitaire, l'Évangile selon Jean est le plus important en matière de christologie, car il énonce la divinité de Jésus[18].
38
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39
+ Le récit des Actes des Apôtres, cinquième livre du Nouveau Testament, est la seconde partie de l’œuvre dédicacée à Théophile et attribuée à Luc, la première partie étant l'Évangile selon Luc[19]. Le récit débute avec l'Ascension suivie de la Pentecôte et relate les débuts de l'Église primitive qui se constitua autour des Apôtres à Jérusalem et se répandit ensuite en Judée, Galilée et Samarie et dans les communautés juives de la diaspora, avant de se séparer d'elles.
40
+
41
+ Parmi les Épîtres de Paul, 13 sont explicitement attribuées à Paul (l'Épître aux Hébreux étant anonyme)[20]:
42
+
43
+ Seules 7 d'entre elles sont jugées authentiques par la majorité des historiens : Rm, 1 Co, 2 Co, Ga, Ph, 1 Th et Phm. On les appelle « épîtres proto-pauliniennes »[21].
44
+
45
+ Les autres sont les 3 « épîtres deutéro-pauliniennes », écrites par des disciples proches de Paul (Ép, Col et 2 Th), et enfin les 3 « épîtres trito-pauliniennes » ou « pastorales », dues à des disciples plus tardifs (1 Tm, 2 Tm et Tt)[21],[22].
46
+
47
+ On peut grouper ces lettres selon les thèmes traités et l'époque à laquelle elles ont probablement été écrites :
48
+
49
+ D'après un passage de l'Épître aux Romains, les lettres auraient été dictées à un secrétaire[23].
50
+
51
+ Les Épîtres universelles ou Épîtres catholiques viennent immédiatement après les Épîtres de Paul. Ce sont une épître de Jacques, deux de Pierre, trois de Jean et une de Jude[24]. On les appelle universelles ou catholiques car elles étaient adressées à un public plus large que celui des épîtres de Paul, c'est-à-dire à l'Église entière ou universelle au lieu d'une église purement locale comme celle d'Éphèse ou de Corinthe. Les Épîtres catholiques font partie du canon protestant aussi bien que de celui des Églises catholique et orthodoxe.
52
+
53
+ L’Apocalypse ou Apocalypse de Jean ou encore livre de la Révélation, également appelé Révélation de Jésus-Christ, est le dernier livre du Nouveau Testament canonique[25].
54
+
55
+ L'œuvre a été composée vers la fin du Ier siècle[26] par un auteur nommé Jean, censé résider à Patmos au moment de l’écriture du texte, et que la tradition a identifié parfois à l'apôtre Jean fils de Zébédée ou à Jean le Presbytre.
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+ Une bibliothèque (du grec ancien βιϐλιοθήκη : biblio, « livre » ; thêkê, « dépôt ») est le lieu où est conservée et lue une collection organisée de livres. Il existe des bibliothèques privées (y compris de riches bibliothèques ouvertes au public) et des bibliothèques publiques. Les bibliothèques proposent souvent d'autres documents (journaux, périodiques, enregistrements sonores, enregistrements vidéo, cartes et plans, partitions) ainsi que des accès à internet et sont parfois appelées médiathèques ou informathèques.
2
+
3
+ La majorité des bibliothèques (municipales, universitaires) autorisent le prêt de leurs documents gratuitement. D'autres, comme la Bibliothèque publique d'information notamment, permettent la consultation sur place seulement. Elles peuvent alors être divisées en salles de lectures, ouvertes au public, et en magasins bibliothécaires, fermés, pour le stockage de livres moins consultés. D'autres espaces, ouverts ou non au public, peuvent s'ajouter.
4
+
5
+ En 2010, avec plus de 144,5 millions de documents, dont 21,8 millions de livres, la plus grande bibliothèque du monde est la bibliothèque du Congrès à Washington D.C.. Néanmoins, la collection cumulée de livres des deux bibliothèques nationales russes atteint 32,5 millions de volumes et la collection de la British Library 150 millions d'articles. D'après l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture la plus vieille bibliothèque du monde encore en activité est la bibliothèque Al Quaraouiyine de Fès au Maroc, elle renferme 4000 manuscrits d'une valeur inestimable ayant appartenu à des scientifiques universels comme le géographe Al Idrissi, le botaniste Al-Ghassani, ou encore le medecin Avenzoar[1].
6
+
7
+ Les bibliothèques apparaissent avec le besoin d'organiser la conservation et le travail des textes. Ces lieux dépendent des pouvoirs religieux et politiques, en proportion variable selon les civilisations. À Ninive, les archéologues ont retrouvé dans une partie du palais des rois d'Assyrie, vingt-deux mille tablettes d'argile, correspondant sans doute à la bibliothèque et aux archives du palais. En Égypte, les « maisons de vie », situées à proximité des temples, abritaient des bibliothèques où officiaient des bibliothécaires-enseignants dont les cours étaient réputés, y compris hors du pays. En Grèce, la tradition attribue l'ouverture de la première bibliothèque à Athènes aux Pisistratides, quoique cette assertion ait été remise en cause[2].
8
+
9
+ La plus célèbre bibliothèque antique est celle d'Alexandrie, en Égypte, créée au IIIe siècle av. J.-C.. Les rois hellénistiques ayant du mal à légitimer leur pouvoir aux yeux des Égyptiens autochtones, ils se devaient de mener une politique d'évergétisme, afin d'apparaître comme bienfaiteurs. Ils constituaient et entretenaient de grandes bibliothèques ouvertes au public, dans des complexes culturels (musée, gymnase). Le coût de ces équipements était très élevé car, outre le prix d'achat ou de copie des livres et du papyrus, que l'on ne trouvait qu'en Égypte, il fallait recopier les ouvrages régulièrement puisqu'ils s'abîmaient rapidement. Les rois entretenaient également des esclaves lecteurs pour faciliter le travail des usagers de la bibliothèque. Athènes et Pergame possédaient aussi de grandes bibliothèques, comptant plusieurs centaines de milliers de volumen. Des bibliothèques un peu plus modestes existaient à Rhodes et à Antioche.
10
+
11
+ À Rome, certaines maisons privées pouvaient comporter une bibliothèque à côté du triclinium. Celle du grammairien Tyrannion aurait contenu 30 000 volumes, tandis que celle du médecin Serenus Sammonicus en aurait contenu 60 000[3]. Celle de Pison à Herculanum, située dans la villa des Papyrus en est un autre exemple. Il existait aussi des bibliothèques ouvertes au public, souvent gérées de manière privée ou, en tout cas, fondées sur des initiatives individuelles. Ces créations étaient largement justifiées par des objectifs de prestige politique. Par exemple, Lucullus en avait installé une dans ses jardins, Jules César voulait en ouvrir une pour les mêmes raisons et son projet fut repris par son allié Asinius Pollio, qui installa une bibliothèque publique sur le mont Aventin, à côté du Temple de la Liberté en 39 avant notre ère[4]. Peu après, l'empereur Auguste en fonda deux autres. Rome comptait ainsi trois grandes bibliothèques au début du premier millénaire. Sous l'Empire, ce nombre s'accroît à vingt-huit bibliothèques en 377. Si certaines étaient des établissements autonomes, des bibliothèques étaient souvent intégrées aux thermes. Dans d'autres grandes villes de l'Empire, il existait aussi des bibliothèques. Le grand architecte Vitruve, qui s'était intéressé à la construction de ce genre d'édifice, recommandait qu'il soit orienté vers l'est afin de capter la lumière du matin et de réduire l'humidité susceptible d'endommager les livres[5].
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+ En Chine, la diffusion des textes prend de l'importance durant les Royaumes combattants (IVe – IIIe siècle av. J.-C.), un moment d'effervescence intellectuelle comparable à la Grèce classique. Les cours seigneuriales entretenaient des lettrés, mais apparaissent aussi des écoles compilant leurs classiques. Qin Shi Huang unifia l'empire (-221), fonda la bibliothèque impériale, selon une méthode de tri plutôt autoritaire puisqu'il brûla certains livres et les lettrés qui s'en réclamaient (confucianisme). La dynastie Han perpétua l'institution pendant quatre siècles, le confucianisme devint idéologie officielle, sans pour autant réprimer les autres écoles. Dans l'histoire des idées chinoises, elle joua un rôle aussi essentiel que la bibliothèque d'Alexandrie pour la transmission de la philosophie occidentale. La catégorie de taoïsme par exemple, est due à un bibliographe Han, aussi imprécise et pourtant féconde que le titre de métaphysique donné à un livre d'Aristote.
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+ La tradition de la Rome antique n'a pas totalement disparu au Haut Moyen Âge. Elle se prolonge sans aucune interruption dans l'Empire romain d'Orient. La ville de Constantinople est dotée d'une bibliothèque par Constantin Ier. Cependant, la querelle iconoclaste provoque une dispersion des livres (730-840). En Occident, Cassiodore crée en 550 une importante bibliothèque à Vivarium en Calabre. Toutefois, au Moyen Âge, ce sont essentiellement les monastères qui entretiennent et enrichissent les bibliothèques, au sein desquelles sont conservés les textes utiles à la liturgie et à la prière ; mais aussi des textes non religieux, ou d'autres cultures (grecque, arabe, byzantine, etc.). C'est une volonté de préserver, de traduire le savoir sous toutes ses formes, comme le Coran, des œuvres païennes issues de l'Antiquité, des écrits scientifiques, philosophiques, d'agricultures, de batailles, de médecine (réactualisée par les savants arabes du Moyen-Âge), sur les plantes, etc., qui animent alors les érudits des monastères. On peut citer les moines bénédictins (issus de toutes les couches de la société) consacrant souvent leur temps de travail à des scriptoria (singulier : scriptorium), ateliers de copie des livres alors rares et précieux en Occident. Les scriptoria étaient généralement couplés à une bibliothèque. La plus importante d'Occident, celle du monastère du Mont-Cassin, comptait deux à trois mille volumes. Il faut citer aussi celles de Saint-Gall ou de Cîteaux.
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+ Dès leur création au XIIe siècle, les universités prennent le relais et complètent l'action des monastères. Les universités qui se créent peu à peu dans toute l'Europe ont souvent leurs propres bibliothèques. Il convient d'y ajouter les nombreux collèges, qui sont aussi des lieux d'études et ont des bibliothèques. Les rois créent à leur tour leurs propres bibliothèques, qui prennent parfois une grande ampleur, comme celles de Saint Louis ou de Charles V. Certaines d'entre elles sont à l'origine des bibliothèques actuelles, comme la Bibliothèque vaticane, fondée par Sixte IV. D'importantes bibliothèques se créent également dans le monde islamique, avec le développement de la culture islamique au VIe siècle, permettant en particulier la diffusion de la culture grecque, traduite en langue arabe, ainsi que celle de la culture arabe anté-islamique[6]. La bibliothèque Al Quaraouiyine à Fès au Maroc est souvent citée comme la plus ancienne bibliothèque au monde encore en activité[7]. Récemment rénovée, elle comporte vingt mille manuscrits dont 3800 très précieux remontant au VIIIe siècle[8],[9].
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+ Au Moyen Âge, le mot « librairie » (issu du latin impérial) est utilisé en français dans le sens de bibliothèque, qui perdurera jusqu'à la Renaissance (ex : la « librairie de Montaigne »).
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+ Le développement de l'Humanisme à partir du XIVe siècle entraîne, avec l'intérêt particulier porté à l'utilité publique, l'ouverture de bibliothèques publiques et le développement de bibliothèques privées. L'invention de l'imprimerie modifie, à partir du XVIe siècle, le contenu de ces bibliothèques. À la fin du XIVe siècle à Florence, Niccolò Niccoli lègue sa bibliothèque privée pour qu'elle soit ouverte au public. L'organisation de cette bibliothèque est confiée à Cosme l'Ancien et la première bibliothèque publique est ouverte dans le couvent dominicain de San Marco. Parallèlement, tout au long des XVe et XVIe siècles, Cosme puis Laurent de Médicis et leurs descendants, au premier rang desquels Cosme Ier de Médicis, enrichissent une bibliothèque privée, où les manuscrits tiennent encore le premier rang, qu'ils font aménager par Michel-Ange, pour l'ouvrir finalement au public en 1571 : c’est la bibliothèque Laurentienne (biblioteca Mediceo Laurenziana), qui existe encore aujourd'hui. Cosme l'Ancien voulait y concentrer les productions de la pensée humaine et les rendre accessibles aux gens lettrés.
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+ En France, François Ier institue le dépôt légal, obligation pour les imprimeurs libraires de déposer un exemplaire de chacune de leurs publications à la bibliothèque du roi. Les bibliothèques s'ouvrent progressivement au public à partir de la fin du XVIe siècle (à Salins en 1593), très timidement au début, assez largement au XVIIIe siècle. Les grandes bibliothèques comme la bibliothèque du roi connaissent une réputation prestigieuse et deviennent un lieu de visite obligée pour les voyageurs de marque, en particulier au nord de l'Italie. En Angleterre au XVIIe siècle (par exemple la Bibliotheca Smithiana[10]), en Europe centrale au XVIIIe siècle, des libraires ouvrent en annexe à leur boutique une bibliothèque de prêt[11]. Plusieurs bibliothèques privées, données ou léguées par leurs propriétaires, deviennent des bibliothèques publiques, comme la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras.
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+ Le modèle européen de bibliothèque se déplace dans les colonies, en particulier dans les futurs États-Unis, où de nombreuses bibliothèques universitaires actuelles sont issues des établissements d'enseignement fondés dès le XVIIe siècle sur le modèle de ceux du Vieux Continent. À Florence, la collection léguée par Antonio Magliabechi en 1714 à la ville (trente mille volumes) constituent le début de ce qui deviendra ensuite la Bibliothèque nationale centrale de Florence (BNCF), devenue publique dès 1737. François II de Toscane décide d'y faire déposer aussi un exemplaire de tout ce qui s'imprime à Florence (1737) puis dans toute la Toscane (1743). Elle reçoit toujours une partie du dépôt légal italien.
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+ Le développement des bibliothèques de tous types s'accélère entre la fin du XVIIIe et le XXIe siècle. Le transfert de collections privées au public se poursuit. En France, ce transfert se fait en grande partie à la suite de la confiscation des biens du clergé, des aristocrates et des institutions d'Ancien Régime dissoutes (y compris les académies) par la Révolution française[12], dont les bibliothèques sont réunies, dans chaque département, dans un seul dépôt. Ces dépôts sont confiés aux villes en 1803[12] et constituent le noyau de base d'une partie des bibliothèques municipales au XIXe siècle. Toutefois, les villes vont parfois très tardivement s'occuper de ces bibliothèques et leur donner accès. Lorsqu'on finit par nommer un bibliothécaire (non payé), en général la bibliothèque est logée dans l'hôtel de ville, même si certaines villes construisent un bâtiment spécifique (Amiens, 1823). Les cabinets de lecture privés se développent, et proposent soit la consultation sur place soit une forme de location de livres ou de journaux. Les abonnements sont assez chers, ce qui en réserve l'emploi à la bourgeoisie. Mais parallèlement, et pendant tout le XIXe siècle, on voit de nombreuses créations ou tentatives de création de bibliothèques populaires : ligues catholiques et protestantes, mouvements ouvriers. Déterminant fut le rôle d'Alexandre Vattemare (1796-1864), fondateur du premier système d'échanges culturels internationaux et promoteur des bibliothèques publiques[13]. Le développement des études supérieures entraîne celui des bibliothèques universitaires, en particulier en Allemagne qui y consacre de grands efforts ; la France suit, mais avec un retard important.
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+ Les bibliothèques connaissent un développement significatif au XXe siècle, sous l'impulsion de l'Américain Melvil Dewey, suivi par Paul Otlet et Henri La Fontaine, et du Français Eugène Morel. Il se traduit notamment par une amélioration des catalogues et des classifications, par un mouvement de normalisation de description, mais aussi par une volonté de renforcer l'accueil et le service auprès du public. Aux États-Unis, les bibliothécaires instaurent ainsi, dès qu'ils le peuvent, l'accès direct aux documents. Cette politique d'accès libre s'exporte en France dès la fin de la Première Guerre mondiale grâce à l'action de bibliothécaires américains dans les régions dévastées, mais se répand lentement : dans les années 1980, la plupart des documents des bibliothèques universitaires françaises sont encore en communication indirecte. Dans le même esprit, les bibliothèques diversifient peu à peu leurs activités, avec des expositions, des lectures (heure du conte), des conférences et colloques, des animations diverses. Toujours sous l'impulsion de Melvil Dewey et Eugène Morel se développe, dès la fin du XIXe siècle, une formation professionnelle des bibliothécaires, couplée avec une meilleure coopération entre bibliothèques. Ces deux phénomènes favorisent l'émergence d'une profession autonome de mieux en mieux formée, ce qui ne supprime toutefois pas le bénévolat. Le développement des bibliothèques publiques s'amplifie à partir des années 1970, en relation avec l'augmentation de la part de la population poursuivant des études supérieures, la politique culturelle de l'État et des collectivités territoriales et les possibilités offertes par l'informatique. En effet, dès les débuts de cette nouvelle technique dans les années 1950, les ingénieurs ont eu l'idée de l'adapter aux bibliothèques. Toutefois, les phases d'expérimentation ont duré assez longtemps, de sorte que l'informatisation effective ne date souvent que des années 1980, et ne s'est imposée que lentement. Désormais, la plupart des bibliothèques des pays développés sont informatisées, mais ce n'est pas le cas général ; en revanche, de nombreuses bibliothèques en sont à la réinformatisation. Après une période pendant laquelle le modèle de construction était celui d'un bâtiment accueillant à la fois la bibliothèque et le musée, comme à Grenoble, le XXe siècle voit la construction de bâtiments spécifiques, comme la bibliothèque Carnegie à Reims, parfois de grande taille comme la bibliothèque de La Part-Dieu, à Lyon, au milieu des années 1970.
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+ Les bibliothèques présentent une grande diversité. Ce sont tantôt des établissements à part entière, tantôt des services faisant partie d'un autre établissement. Certaines sont très largement ouvertes, d'autres accessibles à un public restreint. Certaines bibliothèques sont gérées par les pouvoirs publics, d'autres par des organismes de droit privé. Cependant, le critère principal dans la typologie des bibliothèques est celui de leur fonction. Dans chaque pays, les bibliothèques nationales recueillent et conservent les documents qui font l'objet du dépôt légal ; elles conservent souvent aussi d'autres documents. Elles assurent généralement le rôle d'agence bibliographique nationale, en assurant la description de la production imprimée nationale et la diffusion de bibliographies nationales. Certains pays peuvent avoir plusieurs bibliothèques nationales.
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+ Il existe également des bibliothèques régionales dans certains pays. De statut varié (certaines sont aussi universitaires), elles assurent la conservation à long terme d'un grand nombre de documents. Elles peuvent servir de « bibliothèques de recours » pour la population de la région et participer à des réseaux de coopération avec les plus petites bibliothèques. Tel est le cas des bibliothèques cantonales en Suisse ou des bibliothèques de Land en Allemagne, ou des bibliothèques régionales en République tchèque.
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+ Le terme de bibliothèque publique, calqué sur l'anglais public library, est rendu aussi en français sous la forme « bibliothèque de lecture publique ». Ces bibliothèques sont destinées à l'ensemble de la population locale pour lui permettre de s'informer et de se divertir. Elles sont souvent gérées par les collectivités locales, mais peuvent fonctionner sous forme d'associations ou concédées au secteur privé ; elles peuvent aussi être gérées par l'État. Stricto sensu, on peut compter les bibliothèques universitaires dans les bibliothèques publiques, car elles sont elles aussi ouvertes à tous les publics. L'utilisation du terme « bibliothèque publique » est donc fluctuante. Ainsi les bibliothèques de comités d'entreprise sont des bibliothèques de lecture publique à statut privé. Les bibliothèques d'enseignement et de recherche apportent leur appui aux activités pédagogiques et scientifiques qui se déroulent dans l'établissement dont elles font partie. Il s'agit d'une part de bibliothèques d'école (telles que la Bibliothèque des sciences expérimentales de l'École normale supérieure de Paris), de collège, suivant les noms employés dans les différents pays, ainsi que des bibliothèques universitaires.
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+ Des bibliothèques libres[14] comme en Savoie disséminent la mise à disposition libre de livres dans la ville. Un réseau international, appelé Bookcrossing, s'est même développé autour de cette idée d'abandonner des livres dans les espaces publics. D'ailleurs, du mobilier urbain, à l'instar de cabines téléphoniques[15], a même été transformé pour abriter ces bibliothèques libres.
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+ Les bibliothèques spécialisées, comme leur nom l'indique, développent des collections dans une discipline ou autour d'un thème[16]. Il existe ainsi des bibliothèques musicales, médicales, juridiques. Cette dénomination inclut parfois (surtout en anglais, special collections) les bibliothèques ou services de bibliothèques conservant les collections patrimoniales.
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+ Ces différents types de bibliothèques ne sont pas toujours cloisonnés et une même bibliothèque peut avoir plusieurs fonctions :
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+ En 2018, le Catalogue collectif de France recense 5 045 bibliothèques publiques de tous types en France métropolitaine et 96 en outre-mer.
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+ Les bibliothèques scolaires, qui offrent des services dans des établissements d'enseignements, constituent également un autre type de bibliothèque.
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+ Les activités des bibliothèques s'articulent essentiellement autour des collections et du public.
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+ Ces activités sont les plus traditionnelles :
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+ Ces activités se sont fortement développées depuis la fin des années 1970 :
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+ La majorité des bibliothèques ont maintenant leur propre portail Internet, ou au moins une page d'accès accordée par leur administration de tutelle, avec leur catalogue en ligne, consultable à distance. Pour les plus importantes, leur catalogue est intégré au portail, de même que leur bibliothèque numérique et des outils comme des bibliographies, des listes de nouveautés, des expositions virtuelles, ainsi que l'accès pour chaque lecteur à l'état de son abonnement (documents empruntés et date limitée de retour).
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+ Dans la plupart des pays, le développement de l'Internet a fait stagner le taux d'inscription en bibliothèque et les prêts sont généralement en baisse. Mais la lecture sur Internet augmente, notamment pour les livres anciens tombés dans le domaine public, scannés et mis en ligne par Google ou d'autres opérateurs. Les salles de lecture et les postes multimédias restent pourtant très convoités. En France, les usagers non inscrits sont en nette augmentation et viennent plus longtemps, mais il est difficile de savoir si c'est le signe d'un déclin ou d'un nouveau départ pour les bibliothèques et leur rôle de recueil et diffusion de la connaissance[19].
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+ Pour prendre en compte les nouveaux modes de consommation du livre, dont le principal est la lecture numérique, la France, sous l'égide du ministère de la Culture, a décidé de lancer le Prêt numérique en bibliothèque (PNB). Ce projet a vu le jour en 2011 et il est désormais accessible dans les bibliothèques de certaines villes depuis septembre 2014, après une phase de test mi-2014[20].
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+ Les bibliothèques, grâce à leur système de prêt numérique, permettent aux communautés éloignées l'accès aux livres. Toutefois, quelques bibliothèques limitent l'inscription de leur usager à un territoire délimité[21].
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+ Au Québec, il existe plusieurs institutions qui offrent le prêt numérique. Notamment, la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, la bibliothèque de Québec et les bibliothèques de la Ville de Montréal. Pour la plupart, le système d'emprunt se fait par l'entremise l'application PretNumérique[22].
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+ Aux États-Unis, les bibliothèques voient leurs moyens financiers se réduire en raison des nouvelles technologies et du désengagement des États :«  Depuis quelques décennies, les dirigeants politiques, guidés par la logique du marché, prétendent qu’elles seraient devenues obsolètes : mieux vaudrait selon eux investir dans les nouvelles technologies. Dans la plupart des régions, les bibliothèques manquent donc cruellement de ressources et sont abritées dans des bâtiments vétustes. Malgré une fréquentation en hausse, elles ont dû réduire leurs horaires et rogner sur les jours d’ouverture. Le nombre de postes de bibliothécaire n’a cessé de diminuer, tout comme les budgets alloués à l’achat de livres, journaux et films[23]. »
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+ Traditionnellement, les personnes chargées de gérer la bibliothèque et d'assurer les services au public sont appelées « bibliothécaires ». Toutefois, le titre de bibliothécaire est réservé dans de nombreux pays au personnel d'encadrement justifiant de diplômes universitaires de second cycle en sciences de l'information. En France, le terme de bibliothécaire reste employé de manière générique pour désigner toutes les personnes assurant les activités de bibliothèque, quels que soient leur statut réel et leur profession.
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+ Dès l’Antiquité, lors de son élaboration, la bibliothèque est conçue selon une perspective de stockage et conservation du savoir, dans une optique de protection du pouvoir (à l'image de la grande bibliothèque d'Alexandrie). Elle est alors réservée aux érudits, avec la pratique de la lecture silencieuse et du travail de recherche.
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+ Dans les années 1960 - 1970, la France s'empare d'une conception libérale avec la perspective d'accueillir le public. Cette conception tient ses origines du modèle anglo-saxon de la Public Library dans le courant du 19ème siècle. C'est un objectif de démocratisation, d'ouverture de la bibliothèque à toute la population. Néanmoins, de nombreux sociologues de l’École l'ayant analysée comme facteur de reproduction sociale (exemple de Pierre Bourdieu[24],[25]), analysent la bibliothèque selon le même principe[26]. Ils constatent que malgré une volonté d'ouverture au public (via la gratuité de l'entrée), cet espace institutionnel demeure fortement marqué par la domination de la culture scolaire et savante[27]. Elle agit comme un véritable lieu de domination symbolique, son accès est rendu difficile selon la distance de l'usager par rapport à la culture légitime. Serge Paugam, dans son ouvrage Des pauvres à la bibliothèque,[28] observe la fréquentation de la bibliothèque par la classe populaire et les étudiants, et y analyse les pratiques de ce "nouveau" public. Il démontre les difficultés de ce public populaire à s'approprier les codes et prescriptions en recherche d'information, compare l'entrée à la bibliothèque à l'entrée dans le monde de la classe dominante. La construction des Idea Stores vient de ce constat et tente d'y trouver une solution.
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+ Les chercheuses en sciences de l'information et de la communication Valentine Mazurier et Anne Lehmans observent la construction d'une altérité, d'une diversité dans les espaces documentaires que sont les bibliothèques et les centres de documentation et d'information[29]. Dans ces derniers, elles décrivent l'écart entre les pratiques de recherche d'information privées et les pratiques scolaires.
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+ Les plus grandes bibliothèques dans le monde comprenant plus de dix millions de volumes (en 2009) sont[30] :
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+ Lors d'une conférence de l'UNESCO en 1964, il fut agréé internationalement qu'un livre est défini comme une publication imprimée non périodique d'au moins quarante-neuf pages[51]. Au même titre que les bibliothèques nationales chargées du dépôt légal, allemande, italienne, voire française, et surtout canadienne, implantées sur plusieurs sites, la Bibliothèque nationale russe additionne en réalité les collections de la Bibliothèque d'État de Russie à Moscou et de la Bibliothèque nationale russe à Saint-Pétersbourg, soit 78,4 millions de documents et une collection cumulée de 32,5 millions de volumes, qui en fait alors la première au monde. Certains chiffres doivent être nuancés, dès lors que certaines bibliothèques, notamment en Europe de l'Est, comptent également chaque tome annuel de périodiques comme un volume, mais pour les deux bibliothèques nationales russes, ceux-ci sont bien distingués des volumes de livres et brochures dans le décompte des collections[40].
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+ Le périmètre des collections n'est pas non plus identique entre les bibliothèques : la British Library conserve ainsi les collections nationales de timbres (8 millions) et de brevets industriels (58 millions) qui dans d'autres pays sont conservées par d'autres institutions. Depuis quelques années, ces établissements, mais aussi des moteurs de recherche sur internet développent une pratique de numérisation de livres ainsi que des sites Web qui conduiront bientôt à relativiser l'importance de ces données, en prenant en compte les services offerts par ces bibliothèques aux utilisateurs éloignés.
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+ La British Library of Political and Economic Science : la bibliothèque de la London School of Economics, avec plus de 4 millions de volumes imprimés, constitue la plus grande bibliothèque des sciences sociales au monde.
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+ Des bibliothèques, réelles ou non, apparaissent dans de nombreuses œuvres de fiction[52]. De nombreux écrivains ont développé le thème d'une bibliothèque idéale, donc imaginaire. Le poète et nouvelliste argentin Jorge Luis Borges en est l'un des exemples les plus illustres. Toutefois certaines bibliothèques imaginaires sont constituées de livres réellement écrits, tandis que d’autres, qualifiées de Biblia abiblia par Max Beerbohm[53], renferment des ouvrages n’ayant jamais existé[54].
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+ On peut citer également les bibliothèques disparues, mais utilisées dans les œuvres de fiction :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Une bibliothèque (du grec ancien βιϐλιοθήκη : biblio, « livre » ; thêkê, « dépôt ») est le lieu où est conservée et lue une collection organisée de livres. Il existe des bibliothèques privées (y compris de riches bibliothèques ouvertes au public) et des bibliothèques publiques. Les bibliothèques proposent souvent d'autres documents (journaux, périodiques, enregistrements sonores, enregistrements vidéo, cartes et plans, partitions) ainsi que des accès à internet et sont parfois appelées médiathèques ou informathèques.
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+ La majorité des bibliothèques (municipales, universitaires) autorisent le prêt de leurs documents gratuitement. D'autres, comme la Bibliothèque publique d'information notamment, permettent la consultation sur place seulement. Elles peuvent alors être divisées en salles de lectures, ouvertes au public, et en magasins bibliothécaires, fermés, pour le stockage de livres moins consultés. D'autres espaces, ouverts ou non au public, peuvent s'ajouter.
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+ En 2010, avec plus de 144,5 millions de documents, dont 21,8 millions de livres, la plus grande bibliothèque du monde est la bibliothèque du Congrès à Washington D.C.. Néanmoins, la collection cumulée de livres des deux bibliothèques nationales russes atteint 32,5 millions de volumes et la collection de la British Library 150 millions d'articles. D'après l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture la plus vieille bibliothèque du monde encore en activité est la bibliothèque Al Quaraouiyine de Fès au Maroc, elle renferme 4000 manuscrits d'une valeur inestimable ayant appartenu à des scientifiques universels comme le géographe Al Idrissi, le botaniste Al-Ghassani, ou encore le medecin Avenzoar[1].
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+ Les bibliothèques apparaissent avec le besoin d'organiser la conservation et le travail des textes. Ces lieux dépendent des pouvoirs religieux et politiques, en proportion variable selon les civilisations. À Ninive, les archéologues ont retrouvé dans une partie du palais des rois d'Assyrie, vingt-deux mille tablettes d'argile, correspondant sans doute à la bibliothèque et aux archives du palais. En Égypte, les « maisons de vie », situées à proximité des temples, abritaient des bibliothèques où officiaient des bibliothécaires-enseignants dont les cours étaient réputés, y compris hors du pays. En Grèce, la tradition attribue l'ouverture de la première bibliothèque à Athènes aux Pisistratides, quoique cette assertion ait été remise en cause[2].
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+ La plus célèbre bibliothèque antique est celle d'Alexandrie, en Égypte, créée au IIIe siècle av. J.-C.. Les rois hellénistiques ayant du mal à légitimer leur pouvoir aux yeux des Égyptiens autochtones, ils se devaient de mener une politique d'évergétisme, afin d'apparaître comme bienfaiteurs. Ils constituaient et entretenaient de grandes bibliothèques ouvertes au public, dans des complexes culturels (musée, gymnase). Le coût de ces équipements était très élevé car, outre le prix d'achat ou de copie des livres et du papyrus, que l'on ne trouvait qu'en Égypte, il fallait recopier les ouvrages régulièrement puisqu'ils s'abîmaient rapidement. Les rois entretenaient également des esclaves lecteurs pour faciliter le travail des usagers de la bibliothèque. Athènes et Pergame possédaient aussi de grandes bibliothèques, comptant plusieurs centaines de milliers de volumen. Des bibliothèques un peu plus modestes existaient à Rhodes et à Antioche.
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+ À Rome, certaines maisons privées pouvaient comporter une bibliothèque à côté du triclinium. Celle du grammairien Tyrannion aurait contenu 30 000 volumes, tandis que celle du médecin Serenus Sammonicus en aurait contenu 60 000[3]. Celle de Pison à Herculanum, située dans la villa des Papyrus en est un autre exemple. Il existait aussi des bibliothèques ouvertes au public, souvent gérées de manière privée ou, en tout cas, fondées sur des initiatives individuelles. Ces créations étaient largement justifiées par des objectifs de prestige politique. Par exemple, Lucullus en avait installé une dans ses jardins, Jules César voulait en ouvrir une pour les mêmes raisons et son projet fut repris par son allié Asinius Pollio, qui installa une bibliothèque publique sur le mont Aventin, à côté du Temple de la Liberté en 39 avant notre ère[4]. Peu après, l'empereur Auguste en fonda deux autres. Rome comptait ainsi trois grandes bibliothèques au début du premier millénaire. Sous l'Empire, ce nombre s'accroît à vingt-huit bibliothèques en 377. Si certaines étaient des établissements autonomes, des bibliothèques étaient souvent intégrées aux thermes. Dans d'autres grandes villes de l'Empire, il existait aussi des bibliothèques. Le grand architecte Vitruve, qui s'était intéressé à la construction de ce genre d'édifice, recommandait qu'il soit orienté vers l'est afin de capter la lumière du matin et de réduire l'humidité susceptible d'endommager les livres[5].
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+ En Chine, la diffusion des textes prend de l'importance durant les Royaumes combattants (IVe – IIIe siècle av. J.-C.), un moment d'effervescence intellectuelle comparable à la Grèce classique. Les cours seigneuriales entretenaient des lettrés, mais apparaissent aussi des écoles compilant leurs classiques. Qin Shi Huang unifia l'empire (-221), fonda la bibliothèque impériale, selon une méthode de tri plutôt autoritaire puisqu'il brûla certains livres et les lettrés qui s'en réclamaient (confucianisme). La dynastie Han perpétua l'institution pendant quatre siècles, le confucianisme devint idéologie officielle, sans pour autant réprimer les autres écoles. Dans l'histoire des idées chinoises, elle joua un rôle aussi essentiel que la bibliothèque d'Alexandrie pour la transmission de la philosophie occidentale. La catégorie de taoïsme par exemple, est due à un bibliographe Han, aussi imprécise et pourtant féconde que le titre de métaphysique donné à un livre d'Aristote.
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+ La tradition de la Rome antique n'a pas totalement disparu au Haut Moyen Âge. Elle se prolonge sans aucune interruption dans l'Empire romain d'Orient. La ville de Constantinople est dotée d'une bibliothèque par Constantin Ier. Cependant, la querelle iconoclaste provoque une dispersion des livres (730-840). En Occident, Cassiodore crée en 550 une importante bibliothèque à Vivarium en Calabre. Toutefois, au Moyen Âge, ce sont essentiellement les monastères qui entretiennent et enrichissent les bibliothèques, au sein desquelles sont conservés les textes utiles à la liturgie et à la prière ; mais aussi des textes non religieux, ou d'autres cultures (grecque, arabe, byzantine, etc.). C'est une volonté de préserver, de traduire le savoir sous toutes ses formes, comme le Coran, des œuvres païennes issues de l'Antiquité, des écrits scientifiques, philosophiques, d'agricultures, de batailles, de médecine (réactualisée par les savants arabes du Moyen-Âge), sur les plantes, etc., qui animent alors les érudits des monastères. On peut citer les moines bénédictins (issus de toutes les couches de la société) consacrant souvent leur temps de travail à des scriptoria (singulier : scriptorium), ateliers de copie des livres alors rares et précieux en Occident. Les scriptoria étaient généralement couplés à une bibliothèque. La plus importante d'Occident, celle du monastère du Mont-Cassin, comptait deux à trois mille volumes. Il faut citer aussi celles de Saint-Gall ou de Cîteaux.
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+ Dès leur création au XIIe siècle, les universités prennent le relais et complètent l'action des monastères. Les universités qui se créent peu à peu dans toute l'Europe ont souvent leurs propres bibliothèques. Il convient d'y ajouter les nombreux collèges, qui sont aussi des lieux d'études et ont des bibliothèques. Les rois créent à leur tour leurs propres bibliothèques, qui prennent parfois une grande ampleur, comme celles de Saint Louis ou de Charles V. Certaines d'entre elles sont à l'origine des bibliothèques actuelles, comme la Bibliothèque vaticane, fondée par Sixte IV. D'importantes bibliothèques se créent également dans le monde islamique, avec le développement de la culture islamique au VIe siècle, permettant en particulier la diffusion de la culture grecque, traduite en langue arabe, ainsi que celle de la culture arabe anté-islamique[6]. La bibliothèque Al Quaraouiyine à Fès au Maroc est souvent citée comme la plus ancienne bibliothèque au monde encore en activité[7]. Récemment rénovée, elle comporte vingt mille manuscrits dont 3800 très précieux remontant au VIIIe siècle[8],[9].
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+ Au Moyen Âge, le mot « librairie » (issu du latin impérial) est utilisé en français dans le sens de bibliothèque, qui perdurera jusqu'à la Renaissance (ex : la « librairie de Montaigne »).
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+ Le développement de l'Humanisme à partir du XIVe siècle entraîne, avec l'intérêt particulier porté à l'utilité publique, l'ouverture de bibliothèques publiques et le développement de bibliothèques privées. L'invention de l'imprimerie modifie, à partir du XVIe siècle, le contenu de ces bibliothèques. À la fin du XIVe siècle à Florence, Niccolò Niccoli lègue sa bibliothèque privée pour qu'elle soit ouverte au public. L'organisation de cette bibliothèque est confiée à Cosme l'Ancien et la première bibliothèque publique est ouverte dans le couvent dominicain de San Marco. Parallèlement, tout au long des XVe et XVIe siècles, Cosme puis Laurent de Médicis et leurs descendants, au premier rang desquels Cosme Ier de Médicis, enrichissent une bibliothèque privée, où les manuscrits tiennent encore le premier rang, qu'ils font aménager par Michel-Ange, pour l'ouvrir finalement au public en 1571 : c’est la bibliothèque Laurentienne (biblioteca Mediceo Laurenziana), qui existe encore aujourd'hui. Cosme l'Ancien voulait y concentrer les productions de la pensée humaine et les rendre accessibles aux gens lettrés.
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+ En France, François Ier institue le dépôt légal, obligation pour les imprimeurs libraires de déposer un exemplaire de chacune de leurs publications à la bibliothèque du roi. Les bibliothèques s'ouvrent progressivement au public à partir de la fin du XVIe siècle (à Salins en 1593), très timidement au début, assez largement au XVIIIe siècle. Les grandes bibliothèques comme la bibliothèque du roi connaissent une réputation prestigieuse et deviennent un lieu de visite obligée pour les voyageurs de marque, en particulier au nord de l'Italie. En Angleterre au XVIIe siècle (par exemple la Bibliotheca Smithiana[10]), en Europe centrale au XVIIIe siècle, des libraires ouvrent en annexe à leur boutique une bibliothèque de prêt[11]. Plusieurs bibliothèques privées, données ou léguées par leurs propriétaires, deviennent des bibliothèques publiques, comme la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras.
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+ Le modèle européen de bibliothèque se déplace dans les colonies, en particulier dans les futurs États-Unis, où de nombreuses bibliothèques universitaires actuelles sont issues des établissements d'enseignement fondés dès le XVIIe siècle sur le modèle de ceux du Vieux Continent. À Florence, la collection léguée par Antonio Magliabechi en 1714 à la ville (trente mille volumes) constituent le début de ce qui deviendra ensuite la Bibliothèque nationale centrale de Florence (BNCF), devenue publique dès 1737. François II de Toscane décide d'y faire déposer aussi un exemplaire de tout ce qui s'imprime à Florence (1737) puis dans toute la Toscane (1743). Elle reçoit toujours une partie du dépôt légal italien.
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+ Le développement des bibliothèques de tous types s'accélère entre la fin du XVIIIe et le XXIe siècle. Le transfert de collections privées au public se poursuit. En France, ce transfert se fait en grande partie à la suite de la confiscation des biens du clergé, des aristocrates et des institutions d'Ancien Régime dissoutes (y compris les académies) par la Révolution française[12], dont les bibliothèques sont réunies, dans chaque département, dans un seul dépôt. Ces dépôts sont confiés aux villes en 1803[12] et constituent le noyau de base d'une partie des bibliothèques municipales au XIXe siècle. Toutefois, les villes vont parfois très tardivement s'occuper de ces bibliothèques et leur donner accès. Lorsqu'on finit par nommer un bibliothécaire (non payé), en général la bibliothèque est logée dans l'hôtel de ville, même si certaines villes construisent un bâtiment spécifique (Amiens, 1823). Les cabinets de lecture privés se développent, et proposent soit la consultation sur place soit une forme de location de livres ou de journaux. Les abonnements sont assez chers, ce qui en réserve l'emploi à la bourgeoisie. Mais parallèlement, et pendant tout le XIXe siècle, on voit de nombreuses créations ou tentatives de création de bibliothèques populaires : ligues catholiques et protestantes, mouvements ouvriers. Déterminant fut le rôle d'Alexandre Vattemare (1796-1864), fondateur du premier système d'échanges culturels internationaux et promoteur des bibliothèques publiques[13]. Le développement des études supérieures entraîne celui des bibliothèques universitaires, en particulier en Allemagne qui y consacre de grands efforts ; la France suit, mais avec un retard important.
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+ Les bibliothèques connaissent un développement significatif au XXe siècle, sous l'impulsion de l'Américain Melvil Dewey, suivi par Paul Otlet et Henri La Fontaine, et du Français Eugène Morel. Il se traduit notamment par une amélioration des catalogues et des classifications, par un mouvement de normalisation de description, mais aussi par une volonté de renforcer l'accueil et le service auprès du public. Aux États-Unis, les bibliothécaires instaurent ainsi, dès qu'ils le peuvent, l'accès direct aux documents. Cette politique d'accès libre s'exporte en France dès la fin de la Première Guerre mondiale grâce à l'action de bibliothécaires américains dans les régions dévastées, mais se répand lentement : dans les années 1980, la plupart des documents des bibliothèques universitaires françaises sont encore en communication indirecte. Dans le même esprit, les bibliothèques diversifient peu à peu leurs activités, avec des expositions, des lectures (heure du conte), des conférences et colloques, des animations diverses. Toujours sous l'impulsion de Melvil Dewey et Eugène Morel se développe, dès la fin du XIXe siècle, une formation professionnelle des bibliothécaires, couplée avec une meilleure coopération entre bibliothèques. Ces deux phénomènes favorisent l'émergence d'une profession autonome de mieux en mieux formée, ce qui ne supprime toutefois pas le bénévolat. Le développement des bibliothèques publiques s'amplifie à partir des années 1970, en relation avec l'augmentation de la part de la population poursuivant des études supérieures, la politique culturelle de l'État et des collectivités territoriales et les possibilités offertes par l'informatique. En effet, dès les débuts de cette nouvelle technique dans les années 1950, les ingénieurs ont eu l'idée de l'adapter aux bibliothèques. Toutefois, les phases d'expérimentation ont duré assez longtemps, de sorte que l'informatisation effective ne date souvent que des années 1980, et ne s'est imposée que lentement. Désormais, la plupart des bibliothèques des pays développés sont informatisées, mais ce n'est pas le cas général ; en revanche, de nombreuses bibliothèques en sont à la réinformatisation. Après une période pendant laquelle le modèle de construction était celui d'un bâtiment accueillant à la fois la bibliothèque et le musée, comme à Grenoble, le XXe siècle voit la construction de bâtiments spécifiques, comme la bibliothèque Carnegie à Reims, parfois de grande taille comme la bibliothèque de La Part-Dieu, à Lyon, au milieu des années 1970.
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+ Les bibliothèques présentent une grande diversité. Ce sont tantôt des établissements à part entière, tantôt des services faisant partie d'un autre établissement. Certaines sont très largement ouvertes, d'autres accessibles à un public restreint. Certaines bibliothèques sont gérées par les pouvoirs publics, d'autres par des organismes de droit privé. Cependant, le critère principal dans la typologie des bibliothèques est celui de leur fonction. Dans chaque pays, les bibliothèques nationales recueillent et conservent les documents qui font l'objet du dépôt légal ; elles conservent souvent aussi d'autres documents. Elles assurent généralement le rôle d'agence bibliographique nationale, en assurant la description de la production imprimée nationale et la diffusion de bibliographies nationales. Certains pays peuvent avoir plusieurs bibliothèques nationales.
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+ Il existe également des bibliothèques régionales dans certains pays. De statut varié (certaines sont aussi universitaires), elles assurent la conservation à long terme d'un grand nombre de documents. Elles peuvent servir de « bibliothèques de recours » pour la population de la région et participer à des réseaux de coopération avec les plus petites bibliothèques. Tel est le cas des bibliothèques cantonales en Suisse ou des bibliothèques de Land en Allemagne, ou des bibliothèques régionales en République tchèque.
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+ Le terme de bibliothèque publique, calqué sur l'anglais public library, est rendu aussi en français sous la forme « bibliothèque de lecture publique ». Ces bibliothèques sont destinées à l'ensemble de la population locale pour lui permettre de s'informer et de se divertir. Elles sont souvent gérées par les collectivités locales, mais peuvent fonctionner sous forme d'associations ou concédées au secteur privé ; elles peuvent aussi être gérées par l'État. Stricto sensu, on peut compter les bibliothèques universitaires dans les bibliothèques publiques, car elles sont elles aussi ouvertes à tous les publics. L'utilisation du terme « bibliothèque publique » est donc fluctuante. Ainsi les bibliothèques de comités d'entreprise sont des bibliothèques de lecture publique à statut privé. Les bibliothèques d'enseignement et de recherche apportent leur appui aux activités pédagogiques et scientifiques qui se déroulent dans l'établissement dont elles font partie. Il s'agit d'une part de bibliothèques d'école (telles que la Bibliothèque des sciences expérimentales de l'École normale supérieure de Paris), de collège, suivant les noms employés dans les différents pays, ainsi que des bibliothèques universitaires.
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+ Des bibliothèques libres[14] comme en Savoie disséminent la mise à disposition libre de livres dans la ville. Un réseau international, appelé Bookcrossing, s'est même développé autour de cette idée d'abandonner des livres dans les espaces publics. D'ailleurs, du mobilier urbain, à l'instar de cabines téléphoniques[15], a même été transformé pour abriter ces bibliothèques libres.
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+ Les bibliothèques spécialisées, comme leur nom l'indique, développent des collections dans une discipline ou autour d'un thème[16]. Il existe ainsi des bibliothèques musicales, médicales, juridiques. Cette dénomination inclut parfois (surtout en anglais, special collections) les bibliothèques ou services de bibliothèques conservant les collections patrimoniales.
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+ Ces différents types de bibliothèques ne sont pas toujours cloisonnés et une même bibliothèque peut avoir plusieurs fonctions :
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+ En 2018, le Catalogue collectif de France recense 5 045 bibliothèques publiques de tous types en France métropolitaine et 96 en outre-mer.
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+ Les bibliothèques scolaires, qui offrent des services dans des établissements d'enseignements, constituent également un autre type de bibliothèque.
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+ Les activités des bibliothèques s'articulent essentiellement autour des collections et du public.
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+ Ces activités sont les plus traditionnelles :
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+ Ces activités se sont fortement développées depuis la fin des années 1970 :
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+ La majorité des bibliothèques ont maintenant leur propre portail Internet, ou au moins une page d'accès accordée par leur administration de tutelle, avec leur catalogue en ligne, consultable à distance. Pour les plus importantes, leur catalogue est intégré au portail, de même que leur bibliothèque numérique et des outils comme des bibliographies, des listes de nouveautés, des expositions virtuelles, ainsi que l'accès pour chaque lecteur à l'état de son abonnement (documents empruntés et date limitée de retour).
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+ Dans la plupart des pays, le développement de l'Internet a fait stagner le taux d'inscription en bibliothèque et les prêts sont généralement en baisse. Mais la lecture sur Internet augmente, notamment pour les livres anciens tombés dans le domaine public, scannés et mis en ligne par Google ou d'autres opérateurs. Les salles de lecture et les postes multimédias restent pourtant très convoités. En France, les usagers non inscrits sont en nette augmentation et viennent plus longtemps, mais il est difficile de savoir si c'est le signe d'un déclin ou d'un nouveau départ pour les bibliothèques et leur rôle de recueil et diffusion de la connaissance[19].
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+ Pour prendre en compte les nouveaux modes de consommation du livre, dont le principal est la lecture numérique, la France, sous l'égide du ministère de la Culture, a décidé de lancer le Prêt numérique en bibliothèque (PNB). Ce projet a vu le jour en 2011 et il est désormais accessible dans les bibliothèques de certaines villes depuis septembre 2014, après une phase de test mi-2014[20].
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+ Les bibliothèques, grâce à leur système de prêt numérique, permettent aux communautés éloignées l'accès aux livres. Toutefois, quelques bibliothèques limitent l'inscription de leur usager à un territoire délimité[21].
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+ Au Québec, il existe plusieurs institutions qui offrent le prêt numérique. Notamment, la Bibliothèque et Archives nationales du Québec, la bibliothèque de Québec et les bibliothèques de la Ville de Montréal. Pour la plupart, le système d'emprunt se fait par l'entremise l'application PretNumérique[22].
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+ Aux États-Unis, les bibliothèques voient leurs moyens financiers se réduire en raison des nouvelles technologies et du désengagement des États :«  Depuis quelques décennies, les dirigeants politiques, guidés par la logique du marché, prétendent qu’elles seraient devenues obsolètes : mieux vaudrait selon eux investir dans les nouvelles technologies. Dans la plupart des régions, les bibliothèques manquent donc cruellement de ressources et sont abritées dans des bâtiments vétustes. Malgré une fréquentation en hausse, elles ont dû réduire leurs horaires et rogner sur les jours d’ouverture. Le nombre de postes de bibliothécaire n’a cessé de diminuer, tout comme les budgets alloués à l’achat de livres, journaux et films[23]. »
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+ Traditionnellement, les personnes chargées de gérer la bibliothèque et d'assurer les services au public sont appelées « bibliothécaires ». Toutefois, le titre de bibliothécaire est réservé dans de nombreux pays au personnel d'encadrement justifiant de diplômes universitaires de second cycle en sciences de l'information. En France, le terme de bibliothécaire reste employé de manière générique pour désigner toutes les personnes assurant les activités de bibliothèque, quels que soient leur statut réel et leur profession.
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+ Dès l’Antiquité, lors de son élaboration, la bibliothèque est conçue selon une perspective de stockage et conservation du savoir, dans une optique de protection du pouvoir (à l'image de la grande bibliothèque d'Alexandrie). Elle est alors réservée aux érudits, avec la pratique de la lecture silencieuse et du travail de recherche.
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+ Dans les années 1960 - 1970, la France s'empare d'une conception libérale avec la perspective d'accueillir le public. Cette conception tient ses origines du modèle anglo-saxon de la Public Library dans le courant du 19ème siècle. C'est un objectif de démocratisation, d'ouverture de la bibliothèque à toute la population. Néanmoins, de nombreux sociologues de l’École l'ayant analysée comme facteur de reproduction sociale (exemple de Pierre Bourdieu[24],[25]), analysent la bibliothèque selon le même principe[26]. Ils constatent que malgré une volonté d'ouverture au public (via la gratuité de l'entrée), cet espace institutionnel demeure fortement marqué par la domination de la culture scolaire et savante[27]. Elle agit comme un véritable lieu de domination symbolique, son accès est rendu difficile selon la distance de l'usager par rapport à la culture légitime. Serge Paugam, dans son ouvrage Des pauvres à la bibliothèque,[28] observe la fréquentation de la bibliothèque par la classe populaire et les étudiants, et y analyse les pratiques de ce "nouveau" public. Il démontre les difficultés de ce public populaire à s'approprier les codes et prescriptions en recherche d'information, compare l'entrée à la bibliothèque à l'entrée dans le monde de la classe dominante. La construction des Idea Stores vient de ce constat et tente d'y trouver une solution.
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+ Les chercheuses en sciences de l'information et de la communication Valentine Mazurier et Anne Lehmans observent la construction d'une altérité, d'une diversité dans les espaces documentaires que sont les bibliothèques et les centres de documentation et d'information[29]. Dans ces derniers, elles décrivent l'écart entre les pratiques de recherche d'information privées et les pratiques scolaires.
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+ Les plus grandes bibliothèques dans le monde comprenant plus de dix millions de volumes (en 2009) sont[30] :
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+ Lors d'une conférence de l'UNESCO en 1964, il fut agréé internationalement qu'un livre est défini comme une publication imprimée non périodique d'au moins quarante-neuf pages[51]. Au même titre que les bibliothèques nationales chargées du dépôt légal, allemande, italienne, voire française, et surtout canadienne, implantées sur plusieurs sites, la Bibliothèque nationale russe additionne en réalité les collections de la Bibliothèque d'État de Russie à Moscou et de la Bibliothèque nationale russe à Saint-Pétersbourg, soit 78,4 millions de documents et une collection cumulée de 32,5 millions de volumes, qui en fait alors la première au monde. Certains chiffres doivent être nuancés, dès lors que certaines bibliothèques, notamment en Europe de l'Est, comptent également chaque tome annuel de périodiques comme un volume, mais pour les deux bibliothèques nationales russes, ceux-ci sont bien distingués des volumes de livres et brochures dans le décompte des collections[40].
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+ Le périmètre des collections n'est pas non plus identique entre les bibliothèques : la British Library conserve ainsi les collections nationales de timbres (8 millions) et de brevets industriels (58 millions) qui dans d'autres pays sont conservées par d'autres institutions. Depuis quelques années, ces établissements, mais aussi des moteurs de recherche sur internet développent une pratique de numérisation de livres ainsi que des sites Web qui conduiront bientôt à relativiser l'importance de ces données, en prenant en compte les services offerts par ces bibliothèques aux utilisateurs éloignés.
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+ La British Library of Political and Economic Science : la bibliothèque de la London School of Economics, avec plus de 4 millions de volumes imprimés, constitue la plus grande bibliothèque des sciences sociales au monde.
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+ Des bibliothèques, réelles ou non, apparaissent dans de nombreuses œuvres de fiction[52]. De nombreux écrivains ont développé le thème d'une bibliothèque idéale, donc imaginaire. Le poète et nouvelliste argentin Jorge Luis Borges en est l'un des exemples les plus illustres. Toutefois certaines bibliothèques imaginaires sont constituées de livres réellement écrits, tandis que d’autres, qualifiées de Biblia abiblia par Max Beerbohm[53], renferment des ouvrages n’ayant jamais existé[54].
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+ On peut citer également les bibliothèques disparues, mais utilisées dans les œuvres de fiction :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le Nouveau Testament (en grec ancien : Ἡ Καινὴ Διαθήκη / Hê Kainề Diathếkê) est l'ensemble des écrits relatifs à la vie de Jésus et à l'enseignement de ses premiers disciples qui ont été reconnus comme « canoniques » par les autorités chrétiennes au terme d'un processus de plusieurs siècles. La liste des textes retenus par l'Église pour former le Nouveau Testament a été fixée en 363 lors du Concile de Laodicée ; cependant, elle ne comprenait pas encore le texte de l'Apocalypse.
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+ Le mot « testament » vient du latin testamentum, « testament, témoignage », lui-même issu du grec διαθήκη (diathếkê), « testament, contrat, convention ». Le mot grec a un sens plus large que le mot latin, puisqu'il comporte la notion de contrat. Aussi certains préfèrent-ils le traduire par « alliance ».
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+ Pour le christianisme, la Bible se compose de l'Ancien Testament (c'est-à-dire la Bible hébraïque) et du Nouveau Testament.
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+ Le Nouveau Testament comprend, selon l'ordre du canon occidental :
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+ Le canon se clôt à 27 livres par décision de l'Église au Concile de Rome en 382[1]. Le canon a été confirmé aux synodes régionaux de Carthage de 397 et de 419. Jusqu'aux dernières années du IVe siècle, il exclut l'épître aux Hébreux. Cette question n'est pas traitée dans les conciles œcuméniques de la fin du siècle. En dépit des décrets de Gélase, les littératures apocalyptiques autres que celle de Jean seront recopiées et tenues pour partie prenante du Nouveau Testament jusqu'au milieu du Moyen Âge (XIIIe siècle).
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+ Certaines Églises orthodoxes n'ont pas inclue le livre Apocalypse dans leur canon[2].
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+ Le classement des livres du Nouveau Testament n'est pas chronologique selon leur date d'écriture — qui n'est d'ailleurs pas connue avec précision (en raison du problème synoptique) — mais répond à une progression logique[3] :
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+ Les Évangiles synoptiques sont les trois premiers Évangiles : selon Matthieu (Mt), selon Marc (Mc) et selon Luc (Lc). Mt et Lc ont en commun une grande partie de leurs récits et ont été vraisemblablement écrits à partir de deux sources communes : l'Évangile selon Marc et la source Q[4].
16
+
17
+ L'Évangile selon Matthieu (Τὸ κατὰ Ματθαῖον εὐαγγέλιον) est le premier des quatre Évangiles canoniques que contient le Nouveau Testament[5]. Il est attribué par la tradition chrétienne à l'apôtre Matthieu, collecteur d'impôt devenu disciple de Jésus-Christ, mais cette attribution n'est pas reconnue par les historiens. En tout état de cause, ce texte date des années 70-80 ou 75-90, selon les chercheurs, et semble provenir d'Antioche, où vivait l'une des toutes premières communautés chrétiennes.
18
+
19
+ Ce premier évangile s'adresse avant tout aux Juifs pour leur démontrer à l'aide de l'Ancien Testament que Jésus-Christ est réellement le Fils de Dieu et l'Emmanuel (« Dieu avec nous ») depuis le début, le fils de David, l'héritier de tous les rois d'Israël et le Messie qu'ils espéraient. Dès l'entrée, Jésus est présenté comme Sauveur (cf. Mt 1,21), Emmanuel (1,23), roi (2,2), Messie ou Christ (2,4), Fils de Dieu (2,15), en accomplissement de toutes les prophéties.
20
+
21
+ Le nom de fils de David, qui lui est associé et qui revient en dix occurrences[6], présente Jésus comme le nouveau Salomon : en effet, Jésus s'exprime comme la Sagesse incarnée. En vertu du titre de Fils de l'homme, qui parcourt l'évangile, et qui provient du prophète Daniel et du Livre d'Hénoch, Jésus se voit doté de toute autorité divine sur le Royaume de Dieu, aux cieux comme sur la terre.
22
+
23
+ L'Évangile selon Marc (Τὸ κατὰ Μάρκον εὐαγγέλιον) est le deuxième (par sa place) des quatre Évangiles canoniques et aussi le plus bref[7]. Il est probablement le plus ancien, avec une date de rédaction située en 65-70 ou 65-75 selon les chercheurs.
24
+
25
+ Sa rédaction est attribuée à Marc, identifié par la tradition chrétienne au Marc compagnon de Paul, puis de Pierre, que l'on connaît par le Nouveau Testament, spécialement les Actes des Apôtres et les épîtres de Paul et de Pierre. Pour les historiens, le personnage de Marc est plus difficile à cerner.
26
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+ L'Évangile selon Luc (Τὸ κατὰ Λουκᾶν εὐαγγέλιον) a pour auteur Luc (médecin et selon la tradition chrétienne, compagnon de Paul)[8]. C'est le plus long des quatre Évangiles retenus dans le Nouveau Testament. Il raconte la vie du Christ, même s'il ne l'a pas connu personnellement.
28
+
29
+ Luc a composé également les Actes des Apôtres, qui sont la suite de son évangile et narrent les débuts de l'Église chrétienne[9]. Les deux livres sont dédiés à « Théophile » (« ami de Dieu »), personnage réel ou fictif, figure de tous les « amis de Dieu ». Le fait que Luc soit l'auteur de ces deux textes est généralement admis par les historiens, non pas en raison de la dédicace commune ni même parce que le livre des Actes se présente comme la suite de l'évangile lucanien, mais parce que leurs styles littéraires sont identiques. Ainsi Raymond E. Brown écrit-il que l'Évangile selon Luc « se continue par le livre des Actes »[9] pendant que Daniel Marguerat voit dans ces deux livres un « ensemble littéraire à deux volets, dont l'homogénéité littéraire est avérée »[10].
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+ Les deux ouvrages furent rédigés probablement dans les années 80-90.
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+ L’Évangile selon Jean (en grec Τὸ κατὰ Ἰωάννην εὐαγγέλιον, To kata Iōánnēn euangélion) est le dernier des quatre évangiles du Nouveau Testament. Il a été attribué à l'un des disciples de Jésus, l'apôtre Jean de Zébédée. Cette attribution a été rejetée par des historiens, pour lesquels ce texte provient d'une communauté johannique et date de la fin du Ier siècle. L'attribution de l'évangile à un Jean le Presbytre, distinct du fils de Zébédée, a été défendue par plusieurs exégètes comme Jean Colson[11], Oscar Cullmann[12], François Le Quéré[13], Joseph A. Grassi[14], James H. Charlesworth[15], Xavier Léon-Dufour[16]. Il n'en reste pas moins que les chercheurs s'accordent à voir dans ce texte le plus tardif des quatre évangiles canoniques, daté selon toute vraisemblance des années 90-95.
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+ Cet évangile se démarque des trois autres par sa composition, son style poétique, sa théologie, et probablement par ses sources[17].
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+ Dans la doctrine trinitaire, l'Évangile selon Jean est le plus important en matière de christologie, car il énonce la divinité de Jésus[18].
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+ Le récit des Actes des Apôtres, cinquième livre du Nouveau Testament, est la seconde partie de l’œuvre dédicacée à Théophile et attribuée à Luc, la première partie étant l'Évangile selon Luc[19]. Le récit débute avec l'Ascension suivie de la Pentecôte et relate les débuts de l'Église primitive qui se constitua autour des Apôtres à Jérusalem et se répandit ensuite en Judée, Galilée et Samarie et dans les communautés juives de la diaspora, avant de se séparer d'elles.
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+ Parmi les Épîtres de Paul, 13 sont explicitement attribuées à Paul (l'Épître aux Hébreux étant anonyme)[20]:
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+
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+ Seules 7 d'entre elles sont jugées authentiques par la majorité des historiens : Rm, 1 Co, 2 Co, Ga, Ph, 1 Th et Phm. On les appelle « épîtres proto-pauliniennes »[21].
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+
45
+ Les autres sont les 3 « épîtres deutéro-pauliniennes », écrites par des disciples proches de Paul (Ép, Col et 2 Th), et enfin les 3 « épîtres trito-pauliniennes » ou « pastorales », dues à des disciples plus tardifs (1 Tm, 2 Tm et Tt)[21],[22].
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+
47
+ On peut grouper ces lettres selon les thèmes traités et l'époque à laquelle elles ont probablement été écrites :
48
+
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+ D'après un passage de l'Épître aux Romains, les lettres auraient été dictées à un secrétaire[23].
50
+
51
+ Les Épîtres universelles ou Épîtres catholiques viennent immédiatement après les Épîtres de Paul. Ce sont une épître de Jacques, deux de Pierre, trois de Jean et une de Jude[24]. On les appelle universelles ou catholiques car elles étaient adressées à un public plus large que celui des épîtres de Paul, c'est-à-dire à l'Église entière ou universelle au lieu d'une église purement locale comme celle d'Éphèse ou de Corinthe. Les Épîtres catholiques font partie du canon protestant aussi bien que de celui des Églises catholique et orthodoxe.
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+
53
+ L’Apocalypse ou Apocalypse de Jean ou encore livre de la Révélation, également appelé Révélation de Jésus-Christ, est le dernier livre du Nouveau Testament canonique[25].
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+ L'œuvre a été composée vers la fin du Ier siècle[26] par un auteur nommé Jean, censé résider à Patmos au moment de l’écriture du texte, et que la tradition a identifié parfois à l'apôtre Jean fils de Zébédée ou à Jean le Presbytre.
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+ Une bicyclette (aussi appelée bicycle en Amérique du Nord), ou un vélo (abréviation du mot vélocipède), est un véhicule terrestre à propulsion humaine entrant dans la catégorie des cycles et composé de deux roues alignées, qui lui donnent son nom. La force motrice est fournie par son conducteur (appelé « cycliste »), en position le plus souvent assise, par l'intermédiaire de deux pédales entraînant la roue arrière par une chaîne à rouleaux.
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+ La roue avant est directrice et assure l'équilibre. Son orientation est commandée par un guidon. Le cycliste a souvent les deux mains en contact avec le guidon afin de contrôler la trajectoire, le freinage ainsi que le passage des vitesses.
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+ La bicyclette est l'un des principaux moyens de transport dans de nombreuses parties du monde. Son efficacité énergétique est particulièrement élevée. Sa pratique, le cyclisme, constitue à la fois un usage quotidien de transport, un loisir populaire et un sport.
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+ En 1817, le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn invente sa Laufmaschine ou « machine à courir » qui est présentée à Paris le 5 avril 1818 (Brevet d'importation français déposé par Louis-Joseph Dineur au nom du Baron Drais le 17 février 1818 : sous l'appellation d'une « Machine dite vélocipède. »)[1].
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+ La draisienne (version 1817) possède deux roues alignées, reliées à un cadre en bois par des fourches, la roue avant pouvant pivoter latéralement, et elle est équipée d'un rudimentaire frein à sabot sur la roue arrière. Cet engin connait un certain succès, en particulier en France puis au Royaume-Uni.
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+ Dans ce pays, il sera nommé « hobby-horse ».
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+ La première conception visuelle attestée d'un deux-roues de type bicyclette est due à Alexandre Mercier. Elle figure dans son brevet du 8 mai 1843. Le pédalage est alternatif, à l'instar des Lévoyclettes Terrot des années 1910. C'est également le premier exemple probant d'équilibre soutenu sur deux roues, alors que sur la draisienne, l'équilibre n'est que passager. Dans son brevet, Mercier dit avoir essayé sa machine avec succès à Amiens, mais ce n'est pas prouvé.
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+ Si la draisienne fait partie de la préhistoire de la bicyclette, la véritable histoire commence en France avec les vélocipèdes à pédales pendant les années 1860. C'est vers 1867 que sont commercialisés les premiers vélocipèdes à pédales des maisons Sargent, Michaux, Vincent, etc., avec un vrai succès populaire au rendez-vous. Pierre Michaux, serrurier parisien en voiture à façon, aurait inventé le vélocipède à pédales en 1855. La date précise de l'invention et l'identité de l'inventeur sont toutefois très discutées. En 1893, lors d'une controverse avec les frères André et Aimé Olivier, anciens associés qui ont toujours nié le rôle de Michaux dans l'invention, Henry Michaux, fils de Pierre Michaux, avoue que ce serait son frère Ernest qui aurait eu l'idée des pédales, et que l'invention daterait en fait de 1861[2]. Cette date est toutefois mise en doute par certains historiens, qui donnent 1864 comme date plus plausible, et émettent également des doutes sur la paternité de l'invention de la famille Michaux[3]. Il est vrai que nous n'avons aucune preuve à ce jour. Parallèlement, un autre Français, Pierre Lallement, revendique avoir inventé et expérimenté un système à pédales dès 1862, et obtient en 1866 un brevet américain pour une machine qu'il appelle « bicycle »[4]. Une dizaine d'autres inventeurs revendiquent cette invention. Le plus plausible aujourd’hui, bien que sans preuve également, est Georges Radisson.
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+ Pierre Michaux ne dépose qu'en 1868 un brevet pour son invention, qu'il appelle « pédivelle » (brevet français no 80637 déposé le 24 avril 1868 : « Perfectionnement dans la construction des vélocipèdes. »), auquel il ajoute également un frein. À partir de l'automne 1867, le vélocipède a énormément de succès en France, et les premières courses de vélocipèdes, les clubs et les journaux apparaissent.
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+ Pierre Lallement émigre en 1865 aux États-Unis sans avoir pu trouver de soutien financier à Paris pour sa machine, et obtient le premier brevet au monde sur le vélocipède à pédales en novembre 1866. Il réussit à vendre son brevet à un New-yorkais, Calvin Witty, qui sera le premier à fabriquer des deux-roues aux États-Unis (un seul de ces vélocipèdes semble avoir survécu) et retourne en France en 1868[5]. À la fin de cette année, Witti vendant sa licence à d'autres constructeurs, le succès se produit également aux États-Unis. Quelques-uns surnommèrent la machine boneshaker (« secoueuse d'os »), en raison de la conception des roues, en bois cerclées de fer. Les premières garnitures de roues en caoutchouc dur apparaissent en 1869 et améliorent sensiblement le confort de l'engin[6].
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+ En 1869, Charles Desnos dépose un brevet sur l'amélioration du vélocipède qui fixe certaines caractéristiques toujours présentes dans les vélos modernes, notamment la roue arrière motrice et la transmission multiplicatrice par courroie ou chaine[7].
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+ Après la guerre de 1870, le perfectionnement des vélocipèdes se poursuit surtout en Angleterre. La roue avant se fait plus grande tandis que la roue arrière diminue de taille. Le premier grand-bi, appelé Ordinary, apparait en 1872. Ce genre de bicyclette connait un succès foudroyant auprès de la bourgeoisie qui seule avait les moyens de se l'offrir. En Angleterre, il est surnommé penny farthing (d'après la taille respective de ces deux pièces de monnaie, par analogie avec les roues). En France, il est utilisé de manière ostentatoire par les bourgeois (exemple : culture du plaisir et de l'élégance dans le bois de Boulogne)[8].
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+ Le premier brevet de bicyclette a été déposé en 1871 par Viarengo de Forville, un Italien résidant en France[9]. Dans son brevet français du 30 septembre 1871 sont jointes des photos représentant une bicyclette d'homme et une de femme.
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+ En 1884, John Kemp Starley de la société The Coventry Sewing Machine Company (« société des machines à coudre de Coventry »), qui deviendra Rover, invente la « bicyclette de sécurité » avec des roues de taille raisonnable et un entraînement par chaîne. Le cycliste y est installé à l'arrière, ce qui rend presque impossible la chute de type « soleil » où le cycliste est catapulté par-dessus la roue avant[10].
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+ En 1886, Peugeot commercialise ses premières bicyclettes. En 1885, le Bordelais Juzan en construit quelques-unes également, au look plus moderne que les anglaises.
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+ Un engrenage plus grand à l'avant (le plateau) qu'à l'arrière (le pignon) fait tourner la roue arrière plus vite que les pédales ne tournent, ce qui permet à ce type d'engin d'aller vite même sans une roue géante.
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+ En 1888, John Boyd Dunlop invente le pneumatique (brevet français no 193281 déposé par John Boyd Dunlop le 1er octobre 1888 : « Garniture de jante applicable aux roues de véhicules. ») qui contribue à améliorer encore le confort du cycliste. Édouard Michelin perfectionne cette invention en déposant en 1891 un brevet de « pneu démontable », la chambre à air.
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+ Les bicyclettes de sécurité de 1890 ressemblent déjà beaucoup aux bicyclettes actuelles. Elles ont des pneumatiques de taille comparable à celle d'un vélo moderne, des roues à rayons, un cadre en tubes d'acier et une transmission par chaîne. La seule chose qui leur manque est le changement de vitesses.
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+ Dans les années 1890, ce nouveau modèle de bicyclette élargit la cible des utilisateurs potentiels. De plus, en lien avec la seconde révolution industrielle, les bicyclettes deviennent un produit industriel (en France, les grandes marques sont alors Peugeot dans le Doubs, Manufrance à Saint-Étienne, Mercier dans la Loire), réduisant leur prix à un point qui les rend abordables aux ouvriers. Cela conduit à une « folie de la bicyclette »[11], qui est à l'origine d'une évolution sociale importante (passage du vélo loisir au vélo utilitaire).
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+ Dès cette période, la bicyclette s'impose comme un moyen de découvrir le monde. Alors que se développe la mode des tours du monde, le premier tour à vélo se déroule entre 1891 et 1894[12]. La première femme à avoir réalisé cet exploit en solitaire est Annie Cohen Kopchovsky, dite Annie Londonderry, sur un modèle masculin de bicyclette de marque Sterling, en quinze mois[13].
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+ À ce sujet, le développement de la bicyclette a permis le progrès de l'émancipation des femmes, même si l'accès au vélo pour ces dernières a été semé d'embûches. La féministe Susan B. Anthony a ainsi déclaré en 1896 que l'engin avait accompli davantage pour cette libération que quoi que ce soit d'autre au monde[14]. Malgré le tour du monde à vélo d'Annie Londonderry en 1895, certains médecins et moralistes persistaient à affirmer que la bicyclette présenterait une menace pour la santé physique et mentale des femmes. De plus, elle encouragerait au dévergondage et à l'exhibitionnisme[15]. On pensait par exemple que chevaucher une selle et se mettre en mouvement dans cette position pouvait conduire les femmes à développer des pratiques masturbatoires, absolument immorales à l'époque. De fait, les vêtements féminins du XIXe siècle n'étaient absolument pas adaptés à la pratique sportive, le port du pantalon étant réservé aux hommes[16]. Les femmes se sont alors battues pour porter le bloomer, sorte de short féminin, afin de pouvoir pratiquer la bicyclette. Dès 1868, certaines compétitions ont néanmoins été ouvertes aux femmes. De façon prémonitoire, Jacques Mauprat déclare dans Le Progrès du 21 avril 1895 : « Oui, la faible femme a fait ses preuves sur la bicyclette. Elle est arrivée à des performances très satisfaisantes ; et cela non seulement sans préjudice pour sa santé […]. Cette introduction de la femme dans le monde du sport est une révélation pour elle et sera presque la source d'une révolution dans les mœurs de la société, en commençant par le costume et en finissant par la régénération de bien des qualités perdues par l'inactivité musculaire. »
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+ Bicyclette moderne construite par Georges Juzan.
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+ Publicité 1897.
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+ Des cyclistes dans Hyde Park, réalisé par Robert W. Paul (1896).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ En 1903 naît le Tour de France. Le premier gagnant de cette grande épreuve est Maurice Garin.
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+ Après la Première Guerre mondiale, le terme « vélo » devient le mot populaire pour décrire la bicyclette utilisée par les ouvriers, paysans et enfants[8].
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+ Dans les années 1930, les systèmes à plusieurs vitesses commencent à être utilisés dans les compétitions de vélo.
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+ Le vélocar apparaît dans les années 1930, vélo couché et ancêtre de la vélomobile.
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+ Pendant l'occupation de la France par l'Allemagne, les voitures sont restreintes à l'usage des médecins, de la police ou de la milice, la bicyclette devenant la reine des transports (ravitaillement et marché noir, trajets pour le travail ou aller voir des proches, développement de vélo taxis dans les grandes villes), succès des compétitions de cyclisme[17].
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+ Les dérailleurs se développent durant les années 1950.
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+ Enfin, les vélomobiles renaissent à la fin des années 1980.
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+ Depuis le début des années 1990, dans plusieurs pays, des manifestations spontanées rassemblent, une fois par mois dans plusieurs centaines de villes, des défenseurs et promoteurs de l'usage du vélo en ville. Ce sont les masses critiques ou vélorution en France.
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+ Le 28 mars 2017, dans une note publique[18], le think tank La fabrique écologique estime que la Coordination interministérielle pour le développement de l'usage du vélo (Ciduv) est « dotée de faibles moyens humains et budgétaires » et « ne peut pas assurer le pilotage d'une stratégie nationale ambitieuse ». La France manque de compréhension des freins à l'usage du vélo. L’indemnité kilométrique vélo (IKV) peine à se développer et l'Ademe consacre peu de moyens au vélo. La compétence vélo est déléguée au niveau local (par la loi NOTRe) aux collectivités où la culture « transport en commun » domine, manquant d'une « impulsion nationale forte ». Le think tank propose des bases pour une stratégie nationale du vélo afin de rattraper les 20–25 ans de retard acquis sur l'Europe du Nord, prônant la création d'une mission interministérielle vélo (MIV) et la considération du vélo non plus comme un loisir mais comme un « instrument de la politique des transports »[19].
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+
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+ De fait, en France, selon une étude de l'Insee portant sur l'année 2015, seuls 2 % des actifs ayant un emploi vont travailler à vélo. Le vélo est surtout utilisé lorsque le lieu de travail se trouve jusqu'à 4 km du domicile. Ce mode de transport est en général bien moins utilisé que l’automobile, largement prédominante, les transports en commun ou la marche, mais il fait jeu égal avec les deux-roues motorisés[20]. En ville, toutefois, comme à Paris, les trajets à vélo représentent le tiers de ceux effectués en voiture[21] (voir section #Bicyclette et urbanisme).
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+
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+ La bicyclette ne dispose que de deux points d'appui au sol : elle se trouve nécessairement en équilibre instable. Les physiciens parlent d'équilibre métastable car le passage de la position d'équilibre temporaire à une position de déséquilibre perceptible est relativement lent.
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+ Les principales forces en action sont :
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+ L'équilibre est maintenu dynamiquement par les actions du cycliste, qui s'emploie à toujours redresser sa machine en la penchant légèrement dans la direction opposée à celle où elle commence à tomber.
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+ Le cycliste jongle donc en permanence entre ces deux forces pour compenser les effets de l'une avec l'autre. Il est aidé en cela par la chasse du vélo : il s'agit de la distance entre l'intersection de l'axe de la fourche avec le sol et le point de contact de la roue avant au sol. En effet, l'axe de la fourche est incliné de manière que son intersection avec le sol se trouve en avant du point de contact de la roue avec le sol. Ainsi, si le vélo est penché d'un côté, la roue avant est forcée à se placer de manière à faire tourner le vélo du même côté, engageant ainsi un virage tendant à équilibrer cette inclinaison.
79
+
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+ Enfin, lorsque le vélo roule, l'effet gyroscopique lié à la rotation des roues contrarie toute variation de la position de leurs axes. Ce phénomène est proportionnel à la vitesse de rotation des roues et à leur masse. Cet effet reste habituellement négligeable et est normalement imperceptible par le cycliste. En effet, la masse et donc l'inertie du vélo et de son pilote sont d'un ordre de grandeur supérieur à celle des roues, ce qui réduit considérablement l'influence de l'effet gyroscopique[réf. souhaitée].
81
+
82
+ Par rapport à la marche, à effort énergétique égal, le vélo est deux à trois fois plus efficace[22] et entre deux et quatre fois plus rapide.
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+ Par rapport aux autres organismes biologiques, le vélo est plus efficace, du point de vue de l'énergie (issue de la nourriture) dépensée pour parcourir une distance, que n'importe quel mode de locomotion de n'importe quel organisme biologique (l’animal le plus efficace dans ce domaine étant le martinet, suivi du saumon)[réf. nécessaire].
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+
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+ Enfin, l'efficacité énergétique de vélo surpasse également celle de tous les autres véhicules de conception humaine[23].
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+ Les bicyclettes courantes sont constituées d'un ensemble de pièces facilement identifiables.
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+ Le cadre en est la partie principale, il consiste généralement en un triangle sur lequel le poids du cycliste est réparti à partir du point d'appui de la selle, associé à un second triangle plus petit sur lequel est monté la roue arrière : ce second triangle se compose de haubans (arrête extérieure du triangle arrière) et de bases (base du triangle arrière). La roue avant est fixée au cadre par une fourche, la partie haute de celle-ci est montée sur des roulements à billes au travers d'un tube presque vertical à l'avant du cadre. Ces roulements à billes constituent le jeu de direction. Le sommet de la fourche constitue une potence à laquelle est fixé le guidon. La fourche peut être suspendue. De nombreux modèles de vélos modernes sont par ailleurs conçus sans haubans fixes, remplacés par un système suspendu. Ce système peut prendre des formes diverses et variées, de l'utilisation d'articulations basées sur des roulements, jusqu'à l'emploi de matériaux flexibles (titane notamment) qui autorisent une déformation progressive. De tels vélos « tout-suspendus » sont conçus pour la pratique en terrain inégal comme le VTT pour apporter un confort supplémentaire.
91
+
92
+ L'énergie est fournie par le cycliste par l'intermédiaire de ses pieds, avec lesquels il appuie sur les pédales, reliées à un ou plusieurs engrenages au niveau du pédalier : le ou les plateaux. L'engrenage arrière, le pignon (mais il y a souvent plusieurs pignons de tailles différentes fixés ensemble, on parle alors de cassette) est monté sur la roue arrière par un mécanisme à cliquet anti-retour : la roue-libre. La transmission du mouvement entre un plateau et un pignon est assurée par la chaîne. En fonction du type de pratique pour laquelle le vélo est conçu, la cassette peut être « plate » comme souvent sur un vélo de route, ce qui veut dire qu'entre deux pignons successifs, il n'y a qu'une dent de plus sur le plus grand ; sur d'autres types de vélos comme les VTT, le nombre de dents peut augmenter bien plus vite entre les pignons successifs. L'ensemble des éléments compris entre les pédales et la roue arrière est désigné par le terme de transmission.
93
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94
+ La possibilité de changer de vitesses constitue l'une des avancées majeures de la technique cycliste. Le travail des jambes est plus efficace à certaines vitesses de rotation (ou cadences) du pédalier. Disposer d'une possibilité de sélection plus étendue des rapports de vitesses entre plateaux et pignons permet au cycliste de conserver sa cadence de pédalage la plus proche d'une valeur désirée. C'est pourquoi les vélos de route sont équipés de pignons « plats » [précision nécessaire], de manière à permettre au cycliste de bien contrôler sa cadence en fonction du petit nombre de configurations de terrain qu'il pourra usuellement rencontrer. Le dérailleur est un dispositif simple qui pousse la chaîne latéralement de manière à l'obliger à changer de pignon (ou de plateau pour le dérailleur avant). Les côtés des pignons eux-mêmes ont une forme spécifique avec des indentations aux dimensions des maillons de la chaîne, pour « attraper » la chaîne lorsqu'elle est poussée contre le pignon, l'engageant ainsi sur les dents de ce pignon. Le système est considérablement plus simple que les systèmes plus anciens comme la bicyclette à trois vitesses, mais tarda à conquérir le marché, en raison de la différence fondamentale avec tous les systèmes de changement de vitesses utilisés auparavant.
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+
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+ Les dispositifs de changement de vitesse, dont les leviers ont d'abord été fixés au cadre, puis au guidon, sont devenus bien plus efficaces et sophistiqués. On assiste cependant depuis la fin des années 2000 à un certain engouement pour les vélos à pignon fixe (sans vitesse et avec un seul pignon), du type de ceux utilisés dans les courses de vélodrome, mais de la part d'une clientèle citadine, pour des déplacements urbains.
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+ Il peut aussi être utilisé via une courroie qui, contrairement à la chaîne, ne nécessite aucun entretien particulier. L'industrie du vélo propose une gamme complète de courroies qui peuvent être en caoutchouc, carbone ou kevlar. Les plateaux et pignons sont adaptés aux diverses formes de courroies[24]. La transmission par courroie n'utilise pas de dérailleur. Les vitesses peuvent être intégrées dans un moyeu sur la roue arrière ou dans le pédalier comme les pédaliers à engrenage « planétaires ».
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100
+ La transmission du mouvement du pédalier à la roue peut aussi se faire grâce à un arbre de transmission ou à un joint de Cardan, associé à des engrenages, système également appelé transmission acatène (du latin signifiant « sans chaîne »). Ce système a été inventé vers 1895 et connut un certain succès[25], mais il imposait un pignon fixe et n'a pas perduré.
101
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102
+ Depuis l'invention, en 1901, d'un moyeu arrière contenant trois paliers, par les Anglais Henry Sturmey et James Archer[26], le changement de vitesses est également possible grâce à un moyeu à vitesses intégrées. Ce système est très fréquent sur les vélos en libre-service et peut maintenant offrir jusqu'à quatorze vitesses. Des dispositifs de transmission par corde, cordelette ou « string » font aussi leur apparition[27] ; le « string Bike » est créé par le Hongrois Robert Kohlheb[28].
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104
+ Cadre aluminium pour vélo enfant.
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+ Stringbike.
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+ Vélo équipé d'un arbre de transmission.
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110
+ Roue équipée d'un moyeu à vitesses intégrées.
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112
+ Transmission à courroie sur un vélo enfant.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'un des plus importants organes d'un vélo est le système de freinage. Il est composé de deux poignées de frein indépendantes, commandant chacune une mâchoire venant appliquer des tampons en caoutchouc sur la jante par l'intermédiaire de câbles de frein. Les câbles sont la plupart du temps protégés dans des gaines. Certains systèmes de freinage, pour plus de performance, sont basés sur le principe du frein à disque, ou du frein à tambour, intégré dans le moyeu.
117
+
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+ Depuis les années 1950, la plupart des systèmes de freinage sont dérivés de la conception des mâchoires à tirage latéral inventée par Campagnolo. Les deux bras de la mâchoire se resserrent lorsque le câble, fixé à l'extrémité d'un des bras et passant par l'extrémité de l'autre, est tendu. La pression des tampons appliqués par la jante s'équilibre grâce à un ressort qui répartit l'effort entre les deux bras de mâchoires.
119
+
120
+ L'usage de plus en plus fréquent de pneumatiques plus gros sur les VTT a fini par poser un problème : la jante et son pneumatique devenaient trop larges pour passer entre les mâchoires de freins. Dans un premier temps, le système cantilever a apporté une réponse à ce problème. Les bras de la mâchoire devenaient indépendants, tout en étant reliés par un câble court de répartition de l'effort de freinage. Le câble de commande vient alors se fixer au milieu du câble de répartition. Cependant ce système présente quelques faiblesses : si la fixation du câble de commande n'est pas centrée, l'effort est mal réparti entre les bras, et si le connecteur se décroche, le câble de répartition peut bloquer la roue brutalement en se coinçant dans les dessins du pneumatique, ce qui peut entraîner un accident si cela se produit sur la roue avant.
121
+
122
+ Une solution plus adaptée au problème de la largeur des pneumatiques est le v-brake. Le câble est fixé de manière à être dirigé vers le haut de manière à ne pas pouvoir retomber sur le pneumatique, et transmet en outre de bien meilleure façon la puissance de freinage impulsée par la poignée de frein, tout en étant un peu plus facile à centrer lors du montage.
123
+
124
+ Les roues sont munies de pneumatiques, ou pneus, afin d'accroître le confort du cycliste, et de diminuer les contraintes subies par la mécanique.
125
+
126
+ Les pneumatiques peuvent être fixés de deux manières sur les jantes : soit collés (on parle alors de boyaux), soit montés sur une encoche qui fait le tour de chaque côté de la jante (pneumatiques classiques). La largeur et les sculptures des pneumatiques sont adaptées en fonction de l'usage du vélo : fins et lisses pour la route, plus épais et avec de nombreux crampons pour le VTT, etc.
127
+
128
+ En Amérique du Nord et dans les autres régions où le sol gèle pendant l'hiver, il est possible d'installer des pneus dotés de pointes métalliques. Ceux-ci assurent une plus grande adhérence sur des surfaces glacées et les adeptes de ce moyen de déplacement peuvent ainsi circuler pendant tout l'hiver.
129
+
130
+ L'équipement de signalisation est principalement composé d'un éclairage actif et de réflecteurs ou catadioptres.
131
+
132
+ L'éclairage est constitué par une lampe blanche vers l'avant, une rouge vers l'arrière, le plus souvent alimentées par un alternateur, souvent improprement appelé dynamo.
133
+
134
+ Des réflecteurs destinés à compléter la visibilité du cycliste peuvent être installés. Pour la visibilité latérale, il peut s'agir de réflecteurs orangés que l'on fixe entre les rayons des roues, ou de bandes réfléchissantes blanches peintes sur les pneumatiques ou insérée entre les rayons tout contre la jante. Pour la visibilité de face et depuis l'arrière, les feux de position sont normalement doublés de réflecteurs de la même couleur et les pédales sont équipées de réflecteurs orangés.
135
+
136
+ Enfin, les vélos disposent en général d'une sonnette actionnée au guidon, et qui les distingue clairement des avertisseurs de véhicules automobiles.
137
+
138
+ Divers accessoires peuvent être ajoutés à l'équipement d'une bicyclette : garde-boue, porte-bagages, siège enfant, indicateur de vitesse, porte-bidon, pompe à vélo, porte-téléphone, etc. Le cycliste peut quant à lui porter un équipement spécifique incluant par exemple un casque de vélo, obligatoire dans certains pays.
139
+
140
+ Certains cycles Peugeot anciens sont équipés d'un antivol Neiman directement dans le cadre.
141
+
142
+ Neiman amovible sur cycle Peugeot.
143
+
144
+ Cylindre du Neiman amovible sur cycle Peugeot.
145
+
146
+ Les matériaux utilisés pour la fabrication des bicyclettes sont proches de ceux utilisés en aéronautique, l'objectif dans les deux cas étant d'obtenir une structure légère et résistante. Presque tous les vélos d'avant les années 1970 étaient faits d'un alliage d'acier et de chrome : le chromaloy (ou chromoloy). Au début des années 1980, l'aluminium connut un certain succès, notamment en raison de la baisse de son coût.
147
+
148
+ À ce jour, ce métal est probablement le plus utilisé pour des vélos de milieu de gamme. Dans le haut de gamme, on utilise la fibre de carbone et le titane, mais ces matériaux sont onéreux. Chaque type de matériau utilisé pour le cadre a ses avantages et ses inconvénients, bien que pour une géométrie de cadre donnée, l'ensemble des bicyclettes possèdent des qualités similaires dans leur comportement général.
149
+
150
+ Les différences les plus flagrantes entre matériaux apparaissent lorsqu'on compare leur tenue dans le temps, leur esthétique, leur capacité à être réparés et leur poids. Comme la rigidité du cadre dans le plan vertical, même pour un matériau très élastique, est d'un ordre de grandeur supérieur à celui de la rigidité des pneumatiques et de la selle, le confort du vélo se résume plutôt à un problème de choix de la selle, de la géométrie du cadre, des pneumatiques et de réglage général du vélo.
151
+
152
+ L'entretien courant d'un vélo consiste principalement à s'assurer de la pression et de l'état des pneumatiques, réparer les petites crevaisons, changer les patins et les câbles de freins, lubrifier les câbles de freins et les organes de transmission, nettoyer la boue et la poussière qui se déposent sur le cadre. Dans le cas où l'éclairage utilise des piles ou des batteries, il convient également de les remplacer ou de les recharger régulièrement.
153
+
154
+ À intervalles plus larges, il peut être nécessaire de dévoiler les roues voire de les remplacer, il faut aussi vérifier et remplacer les organes de la transmission (plateau de pédalier, chaîne, pignons de la roue libre) lorsque leur usure devient trop importante, ainsi que réduire le jeu du tube de direction.
155
+
156
+ Bien que réparer un vélo soit simple dans son principe, nombre de pièces sont relativement complexes et certains préfèrent déléguer la maintenance de leur engin à des professionnels. Toutefois, beaucoup de personnes préfèrent entretenir leur vélo autant que possible, que ce soit pour économiser de l'argent, ou tout simplement pour le plaisir de bricoler, par passion pour le vélo.
157
+
158
+ La diversité a toujours été présente dans l'histoire des cycles. Elle réapparaît plus clairement encore depuis la renaissance des vélos couchés. Quelques bicyclettes sont emblématiques de leur histoire, telles :
159
+
160
+ De nombreuses innovations ont transformé la bicyclette et donné lieu à l'apparition de modèles :
161
+
162
+ Certaines bicyclettes se sont spécialisées pour des usages spécifiques, notamment sportifs :
163
+
164
+ Certaines bicyclettes sont utilitaires et peuvent être utilisées pour transporter des marchandises ou des personnes, jusqu'à effectuer des déménagements : vélos cargos ou équipés de remorques[29].
165
+
166
+ Il existe enfin des bicyclettes de forme insolite, comme des vélos imitant le style des motos Harley-Davidson ou les tall bikes.
167
+
168
+ Vélo tout terrain.
169
+
170
+ BMX freestyle.
171
+
172
+ Vélo de course.
173
+
174
+ Vélos de ville en libre-service.
175
+
176
+ Vélo couché de randonnée.
177
+
178
+ Tall bike.
179
+
180
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
181
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182
+ Pour chaque typologie, il existe une grande liberté d'expression dans les formes de constructions. De nombreux matériaux peuvent être utilisés par les designers : acier, aluminium, carbone, titane, bois, bambous, plastiques, constructions en impression 3D... Chaque élément est sujet à l'innovation, le design, l'art.
183
+
184
+ En 2013, le designer Philippe Starck présente le modèle Pibal, vélo-patinette, pour remplacer la flotte de vélos en libre-service de la ville de Bordeaux[30]. Confrontés à des fissures du cadre et des contraintes d'homologation, le fabriquant Peugeot et la ville conviennent de la destruction des Pibal en avril 2019[31].
185
+
186
+ Des véhicules dérivés de la bicyclette ont également fait leur apparition :
187
+
188
+ D'autres engins conçus sur le modèle de la bicyclette sont utilisés pour produire de l'énergie : vélos qui permettent en pédalant de recharger des appareils, pour faire de la musique (SolarSoundSystem), pour mixer des fruits (Smoocyclette), pour fabriquer de la barbe à papa[réf. nécessaire], etc.
189
+
190
+ L'apprentissage de la conduite d'une bicyclette a souvent lieu dès l'enfance. Des dispositifs spéciaux facilitent l'apprentissage par les plus jeunes enfants, par exemple l'ajout de deux petites roues latérales sur la roue arrière où l'utilisation de cannes ou de barres de remorquage qui tiennent l'enfant en équilibre. D'autres dispositifs, comme la draisienne ou le tricycle, permettent également aux jeunes enfants de s'initier à la pratique du vélo[33].
191
+
192
+ L'apprentissage pour adulte peut se faire rapidement avec des conseils adaptés. Des associations prodiguent souvent ce genre de formation[34],[35].
193
+
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+ Le réseau paneuropéen de véloroutes et de voies vertes, en cours de constitution en 2018, permet aux cyclistes de se déplacer sans danger à travers toute l'Europe, tout en ayant un accès facilité à des lieux dignes d'intérêts. Au Québec, un projet similaire au réseau paneuropéen, la route verte, a été inauguré en 2007 et couvre le territoire habité d'est en ouest.
195
+
196
+ De nombreuses régions européennes sont aménagées à l'intention des cyclistes, bien que les différences nord-sud et ville-campagne restent importantes[réf. souhaitée]. Les Pays-Bas et le Danemark se distinguent à ce titre, les villes de Groningue et de Copenhague étant souvent citées en exemple[réf. souhaitée]. La commune néerlandaise de Giethoorn est en outre totalement libre de voitures, les déplacements se faisant à pied, à vélo ou en bateau. Aux Pays-Bas, les vélos peuvent emprunter des infrastructures réservées : ronds-points, signalisation et autoroutes permettent de traverser le pays en pédalant alors que des pistes cyclables sont également très présentes en campagne. Certaines autres municipalités développent sur leurs budgets divers projets novateurs : des pistes faites de panneaux solaires, d'autres phosphorescentes, ou des poubelles suspendues afin que les cyclistes puissent jeter leurs déchets sans s'arrêter. En Italie, à Ferrare, près d'un tiers des déplacements se font à vélo[36].
197
+
198
+ Les maires des grandes villes peuvent aider au développement de la bicyclette, en particulier en développant les aménagements cyclables. Dans le cadre de l'adaptation à la pandémie de Covid-19 en 2020, plusieurs grandes villes du monde ont ainsi soudainement ouvert de larges pistes pour désengorger les transports en commun et éviter le recours généralisé à la voiture, qui congestionnerait les voies et s'accompagnerait d'un pic de pollution[37]. Cette « reprise durable, à bas carbone » passe aussi par la piétonisation de quartiers. « La façon dont nous structurons nos efforts de récupération définira nos villes pour les décennies à venir », explique le maire de Milan, les initiatives à court terme ayant le potentiel pour perdurer ; « notre reprise économique doit aller de pair avec notre reprise sociale », indique également le maire de Montréal. Daisy Narayanan, de Sustrans, synthétise : « Covid-19 a souligné les rapports entre qualité de nos lieux de vie, santé publique, économie, transport, enseignement, qualité de l'air et justice sociale ».
199
+
200
+ Avec plus d'un milliard et demi de bicyclettes circulant sur la planète, le vélo est toujours le moyen de transport le plus utilisé au monde. L'apparition du vélo aurait provoqué ou accéléré plusieurs évolutions de société. Néanmoins, le nombre moyen de kilomètres parcouru par personne et par an varie fortement selon les régions et les pays.
201
+
202
+ Sous sa forme à deux roues avec un cadre composé de deux triangles dos à dos, la bicyclette (quasiment identique à celle que nous utilisons maintenant) a procuré aux femmes une mobilité sans précédent, facilitant ainsi leur émancipation. Dans les années 1890, l'engouement pour le cyclisme chez les femmes a été à l'origine de la création d'une mode de vêtements[38] comme les jupes-pantalons qui ont aidé les femmes à se libérer du corset et d'autres vêtements contraignants.
203
+
204
+ La bicyclette a été utilisée par différentes armées dans des régiments d'infanterie cycliste.
205
+
206
+ Historiquement, en ville, en Europe mais surtout en Chine et dans certains pays d'Asie du Sud-Est, les bicyclettes ont réduit la concentration de population du centre-ville, en donnant aux travailleurs un moyen d'effectuer des déplacements pendulaires entre les habitations individuelles en banlieue proche et les lieux de travail en ville. Le recours aux chevaux a également diminué dans la même période. La bicyclette, combinée aux congés, a permis aux gens de voyager dans leur pays d'origine, avec une grande autonomie, à une époque où l'automobile restait un moyen de transport onéreux accessible seulement aux classes supérieures.
207
+
208
+ Tous les deux ans depuis 2007, le site Copenhagenize.com dresse un classement des villes où la part modale du vélo est la plus importante. En 2017, les dix premières villes étaient : Copenhague, Utrecht, Amsterdam, Strasbourg, Malmö, Bordeaux, Anvers, Ljubljana, Tokyo et Berlin[39].
209
+
210
+ En France, dans les années 2000, une proportion croissante de la population utilise la bicyclette comme moyen de transport sur de courtes distances[40],[41], particulièrement dans des villes densément peuplées où l'usage de l'auto est rendu moins intéressant par la congestion de la circulation, la faible vitesse moyenne[42] et les coûts d'usage et de stationnement. Ainsi, par exemple, le nombre de trajets effectués quotidiennement à vélo par les Parisiens représente-t-il en 2010 un tiers de leurs trajets réalisés en voiture[21]. Cette tendance s'est accélérée avec le processus de vieillissement de la population[réf. souhaitée].
211
+
212
+ De plus en plus de municipalités construisent maintenant des aménagements cyclables, comme les pistes ou des bandes réservées, pour faciliter et favoriser l'usage du vélo, tant comme moyen de locomotion au quotidien que comme loisir. L'intermodalité entre les transports progresse également, avec le développement de systèmes d'accrochage de vélos dans les bus, les trains, etc.
213
+
214
+ La bicyclette est toujours l'un des véhicules individuels les plus utilisés dans de nombreux pays en développement[réf. souhaitée].
215
+
216
+ Le vol, assez fréquent en France et particulièrement dans les grandes villes, a conduit à la mise en place de meilleurs moyens antivols. Ainsi, le marquage des vélos par gravure d'un Bicycode sur le cadre[43] et le fichage des vélos volés ont-ils été mis au point en 2004 par la FUB et permettent de dissuader le vol ou de retrouver le propriétaire d'un vélo volé. Les antivols sont quant à eux régulièrement évalués et les données des tests mises à disposition[44],[45]. Enfin, de nombreux parcs à vélos s'équipent d'arceaux, de garages ou de consignes à vélo.
217
+
218
+ La fabrication industrielle des bicyclettes avec cadre en double triangle dos à dos a nécessité la mise au point de techniques avancées dans le travail du métal, ainsi que l'invention de composants comme le roulement à billes et les engrenages. Ces inventions et techniques ont permis plus tard de développer des pièces mécaniques qui seront utilisées dans les premières automobiles et en aéronautique. Un exemple d'une telle évolution est celui des frères Orville et Wilbur Wright, qui avaient débuté en tant que fabricants de bicyclettes.
219
+
220
+ L'usage du vélo a entraîné l'organisation sur le plan politique des cyclistes et des amateurs de bicyclette, sous forme de groupes de pression, pour promouvoir auprès des institutions la création d'un réseau routier revêtu, bien entretenu et cartographié.
221
+
222
+ Tant le modèle d'organisation de ces groupes de pression que celui des routes elles-mêmes facilita plus tard le développement de l'usage d'un autre véhicule à roues : l'automobile. Dans certaines sociétés occidentales, la bicyclette fut reléguée après la Seconde Guerre mondiale au rang de jouet pour les enfants, et il en fut ainsi durant plusieurs années, notamment aux États-Unis. Dans certains pays occidentaux, en particulier au Danemark et aux Pays-Bas, la bicyclette est toujours très utilisée comme moyen de transport.
223
+
224
+ La défense du vélo et du mode de vie cyclable a pu donner à certains philosophes et auteurs le qualificatif de « vélosophes ». La vélosophie renverrait à la dimension spirituelle que permet la pratique du vélo. Ainsi, pour Jean-François Balaudé[46], philosophe et président de l'université Paris-Nanterre et adepte de la bicyclette, le vélo constitue « une sorte de métaphysique incarnée » car il s'agit d'un sport ou d'un mode de déplacement caractérisé par une vitesse modérée, dénué de chocs et de traumatismes, fondé sur la réitération d'un mouvement circulaire, propice à la méditation. Balaudé parle d'un « éveil à la fois physique et cérébral ». Le vélo porte des valeurs écologiques et sociales à l'opposé de celles de la voiture, qui pour lui favorise la généralisation de comportements agressifs dans l'espace public. Pour les penseurs de la « vélosophie », il s'avère donc un élément central des politiques publiques de développement soutenable mais aussi de coexistence sociale. La vélorution (mot-valise mêlant vélo et révolution) est un mouvement dont le but principal est de promouvoir l'utilisation des moyens de transports personnels non polluants (bicyclette, patin à roulettes, planche à roulettes) et de dénoncer la place réservée à l'automobile dans les sociétés industrielles, son emprise dans l'espace urbain, rejoignant des préoccupations proche des mouvements de la décroissance et du convivialisme.
225
+
226
+ Eloigné de ce folklore, et selon une approche d'inspiration individualiste, le philosophe Christophe Salaün remarque, dans son Éloge de la roue libre, que la pratique du vélo invite chacun à expérimenter trois conditions essentielles : celle de la volupté, celle de la vertu et celle de la contemplation du monde, « le vélo étant tour à tour et tout autant, un hédonisme, une éthique de l’effort, et une approche esthétique du monde » (p. 16-17). Il interroge également le rapport que nous avons avec les objets techniques – le vélo renvoyant à une forme de « compagnonnage », voire de lien intime avec l'univers des machines (p. 47-63). Il traduit enfin un rapport au monde « non invasif », « discret », qui effleure le monde au lieu de le consommer (p. 107).
227
+
228
+ Le vélo est un moyen de déplacement économe en énergie, peu dangereux et occupant peu d'espace. Il a une faible empreinte écologique. En milieu urbain, pour les déplacements courts, il est une bonne alternative à l'automobile. Pour les déplacements plus longs ou pour se rendre à son travail, toujours en milieu urbain, il constitue un excellent complément aux transports en commun, car il démultiplie l'aire desservie[réf. nécessaire].
229
+
230
+ Les vélos en libre-service, vélo-taxis, vélos cargos (triporteurs utilitaires multi-fonctions convenant au transport et aux livraisons comme aux activités de propreté ou à la vente ambulante[47]) et le déménagement à vélo sont d'autres exemples d'alternatives écologiques et d'écomobilité.
231
+
232
+ Une étude sur la décarbonation de la mobilité dans les zones de moyenne densité de population, c'est-à-dire périurbaines proches, est publiée en 2020 par The Shift Project, que préside Jean-Marc Jancovici. Il en ressort qu'une politique volontariste permettrait de réduire de 60 à 70 % les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports, sur dix ans. Le vélo, à lui seul, contribuerait à réduire de 15 à 30 % ces émissions, suivi du covoiturage, des transports en commun, de la distribution optimisée des achats et du télétravail[48].
233
+
234
+ La pratique du vélo apporte des bienfaits en matière de santé publique, parce qu'il s'agit d'une activité physique d'intensité moyenne, idéale pour réduire les risques de maladies cardiovasculaires. La pratique quotidienne du vélo est également recommandée par l'Organisation mondiale de la santé[49] ou la Commission européenne dans la lutte contre l'obésité[50]. Aux Pays-Bas, une étude commandée par le ministère néerlandais des Transports montre que dans ce pays un travailleur sur trois va régulièrement au travail à vélo. Ceux qui utilisent un vélo tous les jours ouvrés sont statistiquement moins souvent malades et donc plus rentables pour leurs employeurs. Si l'on considère que les deux autres tiers rassemblent des personnes en moins bonne santé, celles-ci se porteraient mieux en pratiquant le vélo. Le ministre a prévu à la suite de cette étude 70 millions d’euros en 2009 pour aménager des pistes cyclables facilitant les trajets domicile-travail et pour des mesures d’accompagnement des cyclistes (augmentation des parcs à vélos sécurisés dans les gares)[51].
235
+
236
+ Le transport à vélo présente plusieurs avantages sur les autres modes de transport. Une étude du ministère de l'Environnement français souligne l'intérêt sanitaire de développer une politique en faveur des déplacements domicile-travail à vélo :
237
+
238
+ L'utilisation du vélo comporte aussi des risques, tels que les accidents de circulation ou l’exposition aux polluants atmosphériques. Malgré l'amélioration de la qualité de l’air respiré par rapport aux automobilistes, l’exposition aux polluants atmosphériques lors du déplacement à vélo est supérieure à celle des piétons. Le cycliste n'est cependant pas toujours moins exposé aux polluants de l'air que les autres usagers de la route[53]. Même sur une route circulante, les concentrations de gaz et de particules peuvent être inférieures aux concentrations dans les voitures parce que le cycliste roule sur le côté de la chaussée et parce que la prise d'air des véhicules est généralement plus proche des pots d'échappement que ne l'est le nez du cycliste. Sa position surélevée lui permet d'échapper à certains polluants qui sont plus lourds que l'air. Néanmoins, la plupart des études montrent que les différences en matière de concentrations de particules dépendent très fortement de l’endroit où les mesures sont prises. Si on prend en compte l’aspect respiration dû à l’effort physique que fournit le cycliste lors de son déplacement, il y a de très fortes différences vélo-voiture en ce qui concerne les quantités de pollution inhalées. Le cycliste inhale un volume d’air 4,3 fois supérieur à celui inhalé par l’automobiliste, ce qui augmente significativement l’exposition du cycliste aux émissions de polluants générées par la circulation et cela peut provoquer des effets (semble-til peu importants) sur sa santé[53],[54]. En outre, les cyclistes peuvent profiter de leur flexibilité pour explorer des parcours qui évitent les grands axes de circulation[55].
239
+
240
+ Ce gain en matière de santé est toutefois partiellement contrebalancé par le risque d'accident, variable d'un pays à l'autre. Les pays comptant le plus de cyclistes sont les moins dangereux pour les cyclistes. Selon une étude anglaise publiée en 2007 et comparant les risques encourus par des cyclistes âgés de dix à quatorze ans dans huit pays, les Pays-Bas et la Norvège sont les pays les plus sûrs, suivis de la Suisse et de l'Allemagne[56]. Des parts modales élevées de cyclistes sont généralement corrélées avec de faibles risques d’accidents graves à vélo, selon le principe de « sécurité par le nombre »[57]. Des différences spatiales fortes concernant le risque d’accident à vélo sont observées en Europe[58]. En queue de classement, on trouve la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande. Les usagers de la route sont disciplinés dans ces pays, mais le cyclisme y est peu répandu. Le surcroît d'accidents proviendrait du fait que les automobilistes n'ont pas suffisamment l'habitude de côtoyer des cyclistes.
241
+
242
+ Ces résultats confirment ce que d'autres chercheurs, notamment suédois et américains[59], postulent depuis le début des années 2000 : si on multiplie le nombre de cyclistes par dix, le nombre d'accidents les concernant n'est multiplié « que » par quatre. Il serait donc souhaitable que leur nombre augmente pour améliorer leur sécurité.
243
+
244
+ En Suisse, pays au relief accidenté, chaque année, deux fois moins de personnes meurent à vélo qu'à moto[60] alors que les cyclistes effectuent davantage de déplacements que les motards (la statistique inclut les scooters dès 125 cm3 parmi les motos). Par kilomètre parcouru, les motards et scootéristes sont 18 fois plus exposés à un accident mortel que les automobilistes, les cyclistes sept fois plus, et les piétons six fois. Si l'on calcule le risque de décès par heure, se déplacer à vélo reste plus risqué que de rouler en voiture, mais l'heure de vélo est sept à huit fois moins dangereuse que l'heure de moto ou de scooter.
245
+
246
+ Au Royaume-Uni, une étude du département des transports a estimé à 30,9 le nombre de morts par milliard de kilomètres parcourus à vélo, contre 35,8 piétons et 122 motocyclistes pour la même distance[61].
247
+
248
+ Le sous-enregistrement des accidents légers est également confirmé par plusieurs chercheurs : les cyclistes ne déclarent pas systématiquement les accidents qui les impliquent, malgré le fait que le coût total moyen d’un accident léger à bicyclette s’élève à un peu plus de 800 €[62],[57].
249
+
250
+ Ce qui réunit cyclistes et motards, c'est que dans la plupart des accidents les concernant, une automobile est impliquée et c'est l'automobiliste qui est fautif (refus de priorité, heurt par l'arrière). Les cyclistes sont moins exposés que les motards car ils roulent moins vite, ils entendent mieux les bruits de leur environnement, et leur véhicule est plus léger.[réf. nécessaire]
251
+
252
+ Dans la plupart des pays, des guides sont disponibles, qui rappellent les consignes de prudence et bonnes pratiques[63]. Le port du casque, en particulier, est sujet à controverse : son obligation serait largement contre-productive, en faisant baisser le nombre de cyclistes. Or, une augmentation du nombre de cyclistes entraîne une baisse du taux d'accidents, car les automobilistes sont plus « habitués » à leur présence. Il faudrait donc passer davantage par des circulations plus « douces » et un mode de conduite « apaisé », plutôt que par une profusion de protections pour les cyclistes[64].
253
+
254
+ Au Danemark, une étude tenant compte de tous les points positifs et négatifs liés à la pratique du vélo a montré que le risque de mourir dans l'année est réduit d'un tiers chez les personnes qui se rendent au travail à vélo, comparé à celles qui utilisent un autre moyen de transport[65]. L'activité physique quotidienne apporte donc un gain plus important que le risque d'accident.
255
+
256
+ Compte tenu des effets positifs de la bicyclette pour l'environnement et la santé, le 18 avril 2018, l'Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution faisant du 3 juin la « journée mondiale de la bicyclette »[66],[67]. En 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, l'ONU encourage ce jour-là les États membres à développer une culture de la bicyclette, pour ses bienfaits en matière de santé et d'environnement, mais aussi comme un moyen de répondre aux défis que pose la reprise des activités après le passage de la pandémie[68].
257
+
258
+ En France, le décret no 95-937 d'août 1995 relatif à la prévention des risques résultant de l'usage des bicyclettes précise la nature d'un vélo : « On entend par bicyclette tout produit comportant deux roues et une selle, et propulsé principalement par l'énergie musculaire de la personne montée sur ce véhicule, en particulier au moyen de pédales »[69]. Des conseils et la réglementation concernant le cycliste se trouvent sur le site du ministère de l'Intérieur[70].
259
+
260
+ Dans certains pays (Pays-Bas, Belgique) et depuis peu en France (2016, pour certains cyclistes, dans le cadre d'une expérimentation ou du volontariat de certains employeurs), a été mise en place une indemnité kilométrique vélo (IKV) et/ou des avantages fiscaux encourageant l'usage du vélo.
261
+
262
+ En France, en 2017, l'atelier « Mobilités plus propres » des Assises nationales de la mobilité a rappelé que la stratégie nationale de mobilité propre prévoyait à l’horizon 2030 […] de fixer au vélo une part modale de 12,5 % minimum. « L’opportunité du Vélo à assistance électrique doit être saisie en changeant d’échelle dans la mise en œuvre d’itinéraires de qualité, l’équipement en pistes cyclables et en parkings sécurisés pour vélos, notamment dans les pôles d’échanges intermodaux. » La création d’un fonds vélo a été évoquée pour financer de nouveaux itinéraires cyclables et aider à l'achat de VAE. En décembre 2017, la ministre des Transports Élisabeth Borne a annoncé une indemnité kilométrique vélo obligatoire[71] et la création d’un Plan vélo national qui « abordera l’ensemble des dimensions de ce sujet : santé publique, infrastructures, éducation, fiscalité… »
263
+
264
+ Deux grands salons se tiennent annuellement, présentant les nouveautés de l'industrie mondiale du cycle : Eurobike pour l'Europe (fin août, en Allemagne), et Interbike pour les États-Unis, en septembre à Las Vegas. Beaucoup d'autres salons existent, dans différents pays, mais ils sont de moins grande taille, pas tous annuels et présentent seulement les produits de quelques pays[réf. souhaitée].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Un bidonville, comme défini par le Programme des Nations unies pour les établissements humains, est la partie défavorisée d'une ville caractérisée par des logements très insalubres, une grande pauvreté et sans aucun droit ou sécurité foncière. D'après les Nations unies, le pourcentage de citadins qui vit dans des bidonvilles est passé de 47 à 37 % dans les pays en développement entre 1990 et 2005[1]. Cependant, à cause de l'accroissement de la population mondiale et surtout de la population urbaine, le nombre d'habitants des bidonvilles est en augmentation. Un milliard de personnes sur la planète vivaient dans des bidonvilles en 2008[2] et les prévisions sont de deux milliards pour 2030[3].
2
+
3
+ Le mot « bidonville » a été employé pour la première fois par un médecin dans la Voix du Tunisien à propos d'habitats précaires à Tunis[4],[5] pour désigner littéralement des « maisons en bidons », c'est-à-dire un ensemble d'habitations construites par des travailleurs installés dans la ville, avec des matériaux de récupération, cependant, la première attestation de Bidonville en tant que toponyme remonte à un article paru dans la revue l'exportateur français où la vue d'ensemble de Bidonville est exposée sur une carte postale de Casablanca datant de 1932. Pour illustrer l’ambiguïté qui demeure encore aujourd’hui entre le toponyme d'origine et le générique, la même carte postale est reproduite dans un ouvrage de Mohammed Nachoui en 1998, mais la légende en fait tout simplement: «un bidonville»[6]. Ce mot a progressivement pris une signification plus large pour rejoindre les termes anglais shanty town et slum. Ce dernier a été forgé au début du XIXe siècle, probablement par l'écrivain James Hardy Vaux pour décrire les taudis de Dublin[7], mais signifiait davantage « racket » ou « commerce criminel » à l'époque ; shanty town signifie littéralement « quartier/ville de taudis ».
4
+
5
+ D'autres noms existent, propres à chaque langue, voire à chaque pays ou chaque ville. On trouve ainsi les « bidonvilles » dans les pays francophones, mais pas seulement comme le montre l'exemple des mapane ou matiti au Gabon. Il existe une grande variété de noms locaux : les gecekondus en Turquie, les favelas au Brésil, les musseques en Angola, jhugi ou bustee en Inde, kachi abadi au Pakistan, slum, kijiji ou korogocho au Kenya, mudduku au Sri Lanka, imijondolo/township en Afrique du Sud, karyane et brarek au Maroc, bairro de lata au Portugal, lušnynai en Lituanie ou encore kartonsko naselje en Serbie. Dans les pays hispanophones, on trouve barrio en République dominicaine, ranchos au Venezuela, asentamientos au Guatemala, cantegriles en Uruguay, ciudades perdidas ou colonias (mais ce terme peut aussi s'appliquer à des quartiers chics) au Mexique et dans le sud du Texas, invasiones en Équateur et Colombie, poblaciones callampas, poblas ou campamentos au Chili, chacarita au Paraguay, chabolas en Espagne, pueblos jóvenes ou barriadas au Pérou, villas miseria en Argentine ou precario/tugurio au Costa Rica. Les Achwayates en Algérie.
6
+
7
+ Les premières définitions des bidonvilles remontent au XIXe siècle, en particulier sous l'impulsion du chercheur et philanthrope britannique Charles Booth, auteur de Life and Labour of the People of London. Le bidonville y est vu comme « un amalgame de conditions de logement sordides, de surpeuplement, de maladie, de pauvreté et de vice »[8], incluant ainsi une dimension morale.
8
+ Dans The slums of Baltimore, Chicago, New York and Philadelphia de 1894, les slums sont définis comme des « zones de ruelles sales, notamment lorsqu'elles sont habitées par une population de misérables et de criminels »[9].
9
+
10
+ Cette dimension morale va diminuer au cours du XXe siècle, en réalisant que les habitants des bidonvilles sont plus souvent victimes que générateurs de la criminalité et sont dans des situations différentes d'appréhension du problème par les urbanistes d'état et de villes selon le pays[10]. Chaque pays, voire chaque ville utilise une définition différente, avec des critères adaptés à la situation locale.
11
+
12
+ Il n'y a pas actuellement de « définition universelle » des bidonvilles. Une définition très simple telle que proposée par l'UN-Habitat est :
13
+
14
+ « Une zone urbaine très densément peuplée, caractérisée par un habitat inférieur aux normes et misérable[11]. »
15
+
16
+ Cette définition inclut les éléments de base de la plupart des bidonvilles : surpeuplement, habitat de mauvaise qualité, et pauvreté. Mais face aux diverses définitions générales, l'UN-Habitat a eu besoin d'une définition opérationnelle, utilisable par exemple pour recenser le nombre d'habitants des bidonvilles ; elle a donc recensé les caractéristiques communes des bidonvilles, d'après les définitions existantes[12] :
17
+
18
+ Afin de pouvoir effectuer un recensement global, l'UN-Habitat a ainsi retenu une définition opérationnelle, adoptée officiellement au sommet des Nations unies de Nairobi en 2002. Elle s'en tient aux dimensions physiques et légales des implantations, et laisse de côté les dimensions sociales, plus difficile à quantifier. Les critères retenus sont :
19
+
20
+ « l'accès inadéquat à l'eau potable, l'accès inadéquat à l'assainissement et aux autres infrastructures, la mauvaise qualité des logements, le surpeuplement, et le statut précaire de la résidence[12]. »
21
+
22
+ Un « bidonville », au sens des Nations unies, est donc une zone urbaine présentant certains de ces aspects. Des seuils ont été définis, comme 20 litres d'eau potable par jour et par personne provenant d'une source « améliorée », ou une surface minimale de 5 m2 par personne ; sur le terrain, ces seuils sont toutefois adaptés à la situation.
23
+
24
+ Selon un rapport sur l’urbanisation mondiale durable, du Worldwatch institute (ONG, organisme de recherche indépendante), alors que la part de l'argent consacrée au logement ou au loyer ne cesse d'augmenter, plus de la moitié des 1,1 milliard de personnes censées s’ajouter à la population mondiale d’ici 2030 (environ 70 millions de personnes supplémentaires par an pour les années 2000) pourrait vivre dans des bidonvilles si l'on ne reconsidère pas les priorités de développement global.
25
+ Selon un rapport des Nations unies de juin 2006, près d'un citadin sur trois habite déjà dans un bidonville[13]. En Afrique, la croissance de ces quartiers précaires atteint 4,5 % par an[14]. Dans les pays développés, 6,4 % de la population totale vit dans des bidonvilles ou des taudis[15].
26
+
27
+ Les bidonville-ghettos se retrouvent essentiellement dans les grandes villes d'Asie du Sud et du Sud-Est. Ils sont symptomatiques de ces mégapoles en devenir qui ont pensé l'urbanisation pour leur hypercentre mais n'ont pas pu anticiper ce qui se passerait dans leurs faubourgs. À Jakarta, par exemple, les ONG estiment que chaque année, 50 000 migrants rejoignent des bidonvilles. À New Delhi, ils seraient 60 000. À Manille, Jakarta, Phnom Penh, Calcutta et même Hô-Chi-Minh-Ville, les zones de précarité ont pris une telle ampleur qu'elles atteignent le centre-ville mais ne jouissent d'aucune des infrastructures disponibles.
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+ La majeure partie des bidonvilles, à leur début, sont dépourvus de toute infrastructure (électrification, écoulement des eaux usées, ramassage des ordures, écoles, postes de santé...). La pauvreté, la promiscuité, le manque d'hygiène et la présence de bouillons de culture réunissent les conditions de développement de foyers infectieux, pouvant être source de pandémies futures.
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+ De nombreuses associations agissent pour améliorer cette situation et parfois des États, en rendant légale l'occupation des sols, ont investi dans l'infrastructure.
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+ Cependant, dans la majeure partie des pays du monde, la « résorption des bidonvilles » a consisté à repousser toujours plus loin du centre-ville les familles et groupes habitant ces bidonvilles. En dispersant ainsi les personnes, les réseaux de survie, fondés sur les relations entre les gens, se trouvent cassés, rendant plus aléatoire encore la possibilité de se sortir de cette situation.
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+ Dans les pays en développement, la plupart des bidonvilles sont situés en périphérie, mais les habitants cherchent cependant à se rapprocher le plus possible de lieux où ils pourraient trouver du travail.
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+ Les bidonvilles sont des zones bondées, dues à l’exode rural et aux statuts économiques faibles des personnes y résidant qui ne leur permet pas d’avoir un logement classique. La plupart du temps, dépourvus de toute infrastructure (électrification, écoulement des eaux usées, ramassage des ordures, écoles, postes de santé...), les bidonvilles sont des foyers infectieux permettant la prolifération de nombreuses maladies. Au commencement, les nombreux ruraux allant vers les villes dans l’espoir d’y trouver un travail, sont souvent accompagnés de leurs animaux de ferme porteurs de maladies alors inconnues pour la ville.
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+ Parallèlement au problème de la surpopulation, les bidonvilles sont majoritairement construits dans des sites dangereux, que ce soit au niveau géologique ou au niveau sanitaire. En effet, certains sont construits à flancs de collines et d’autres sur des décharges publiques. Les habitations des bidonvilles sont construites avec des matériaux de récupération tels que la ferraille et le plastique. Ces logements sont très petits et non adaptés aux nombreuses personnes qui y vivent. Cette proximité entre les individus multiplie fortement les risques de propagation des maladies. Outre les maladies infectieuses, les habitants des bidonvilles développent de nombreuses maladies respiratoires telles que l’asthme, en raison de l’absence de fenêtres en nombre suffisant et plus généralement d’ouvertures sur l’extérieur.
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+ Le manque d’eau est un problème récurrent dans les bidonvilles. Ce problème entraîne une mauvaise hygiène corporelle et également une mauvaise hygiène de vie qui provoque de nombreuses infections et maladies telles que le choléra ou la galle. En effet, les habitants des bidonvilles sont généralement contraints de boire et de cuisiner avec de l’eau contaminée. Quant à l’eau potable, elle reste un bien de luxe, vendue à des tarifs inaccessibles pour cette population.
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+ Le manque d’eau potable est responsable de plus de 5 millions de morts chaque année et de centaines de millions de maladies hydriques[16].
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+ Très peu de bidonvilles disposent de systèmes d’évacuation des eaux usées ou des déchets solides. Les habitants sont donc obligés de les jeter à même le sol ce qui signifie qu’ils vivent entourés de déchets, de matières fécales et d’eaux polluées qui constituent un terrain favorisant le développement d'insectes porteurs de maladies telles que la malaria. En ce qui concerne les infrastructures sanitaires telles que les toilettes et les douches, elles sont absentes ou en nombre nettement insuffisant. Dans les bidonvilles du Kenya, différentes solutions sont mises en œuvre afin d’améliorer la qualité des toilettes[17]. Cela reste cependant, à l’échelle de la planète, des initiatives touchant peu de personnes. De plus, les déchets, en se consumant, dégagent des vapeurs toxiques. Celles-ci s’ajoutent aux rejets toxiques provenant des usines, ce qui dégrade d’autant plus la qualité de l’air, entraînant une augmentation considérable des infections respiratoires. Selon une étude de l’OMS, on dénombre chaque année dans les pays en voie de développement 50 millions de cas de problèmes respiratoires, cardio-vasculaires et de cancers directement en lien avec la pollution de l’air[18].
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+ L’accès aux soins est fortement inégal. Il y a une corrélation entre l’accès aux soins et le statut socio-économique : seuls les plus nantis fréquentent les infrastructures de soins. Les habitants des bidonvilles n’ayant pas de couverture sociale suffisante pour accéder aux soins, le corps médical n’y est pas suffisamment présent.
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+ Au Canada, en Australie, aux États-Unis, comme dans les autres terres colonisées par la Grande-Bretagne, le terme historique de township est perçu comme un campement de colons organisé sous le système cantonal de partage des terres.
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+ Le terme historique de township est cependant resté et est aujourd’hui associé aux villes et villages bâtis sur les campements d'origine.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, du fait de la destruction de certaines cités, du niveau de pauvreté, de l'exode rural et de la venue de main-d'œuvre étrangère, se pose un problème crucial de logement pour les sans-abri. Les bidonvilles de Nanterre (situé à l'emplacement actuel de la préfecture des Hauts-de-Seine) et de Noisy-le-Grand furent les plus notoires en périphérie de Paris. Il faudra attendre presque la moitié des années 1970 pour que la politique de résorption des bidonvilles impulsée par le premier ministre Jacques Chaban-Delmas porte totalement ses fruits et que ces bidonvilles disparaissent avec le relogement des familles qui y vivaient. L'abbé Pierre sera l'un de ceux qui porteront assistance aux habitants des bidonvilles, surtout pendant l'hiver 1954, qui fut particulièrement froid. Avec l'argent rassemblé à la suite de son appel à la radio, il fera construire des cités d'urgence (dont celle de Noisy-le-Grand ressemble à un bidonville car elle s'inspire du projet de l'architecte américain Martin Wagner, les bâtiments sont en forme de demi-bidon métallique[23]). Ces cités appelées à être provisoires se transformèrent progressivement, dans le meilleur des cas, en cités HLM. Selon l'état des lieux des bidonvilles en France métropolitaine effectué en juillet 2018[24] par la Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement (DIHAL), 16 096 personnes habitent dans 497 sites en France dont plus d'un tiers en Ile-de-France (33 %).
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+ Dans les années 1960, de nombreux immigrés portugais constituèrent le bidonville de Champigny-sur-Marne, qui compta jusqu’à 10 000 habitants.
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+ Au début du XXIe siècle, en France, perdurent de micro-bidonvilles, généralement cachés à la vue, le long de voies de communication ou dans des friches industrielles :
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+ De plus en plus, aux Philippines, la population se concentre dans les métropoles. Dans cette région de l'Asie du Sud-Est, le taux de croissance des bidonvilles est de 1,34 %[28] par an.
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+ Vivre dans ce milieu a de nombreux impacts nocifs sur la vie d'un individu. Les urban poors, vivant dans des habitats de la solidité d'une cabane sur des terrains non propices à la construction, sont à chaque fois les premiers touchés par les catastrophes naturelles. Chaque année, les Philippines sont traversées par près de 30 cyclones[29].
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+ Dans les grandes villes, plus particulièrement dans les bidonvilles où bien souvent des déchets se consument dégageant des vapeurs toxiques, la qualité de l'air est médiocre. Plus de 60 % des infections respiratoires y sont liées. Le sol et l'eau, pollués par les déchets et rejets des humains et des industries contaminent les personnes qui l'exploitent. Autre problématique : celle de l'accès à l'eau et la potabilité de celle-ci. Le manque d'eau potable est responsable de plus de 5 millions de morts chaque année et de centaines de millions de maladies liées à l'eau[30].
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+ Aux Philippines, à cause de l'exode des cerveaux, il n'y a qu'1,14 médecin et 4,26 infirmiers pour 1000 habitants[31]. Et comme le secteur de la santé se privatise et que l'état de la santé publique se dégrade toujours plus - le gouvernement n'y consacre que 1,4 % de son PNB[32] -, l'accès aux soins n'est pas garanti.
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+ Le bien-être et la santé mentale relèvent également de l'état de santé général. Dans les zones urbaines, celle-ci prend diverses formes. Aux Philippines, les violences faites aux femmes sont une réalité quotidienne. Les femmes pauvres doivent plus souvent faire face que les autres aux agressions de leur partenaire[33].
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+ Sortir cent millions de personnes des bidonvilles en vingt ans, telle était l'ambition de l'ONU en 2000 ; un objectif dépassé, à en croire l'institution internationale.
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+ Le nombre de personnes vivant dans des bidonvilles croît dans le monde à un rythme de 30 à 50 millions de personnes par an.
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+ D'ici à 2050, la population des bidonvilles et des taudis, dans le monde pourrait atteindre 1.5 milliard en 2020, et 3 milliards en 2050, (soit un tiers de la population mondiale) si rien n'est fait pour enrayer la tendance[34]. En 2010, 828 millions de personnes vivaient dans des taudis. Ils seront 59 millions de plus en 2020.
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+ Un bidonville, comme défini par le Programme des Nations unies pour les établissements humains, est la partie défavorisée d'une ville caractérisée par des logements très insalubres, une grande pauvreté et sans aucun droit ou sécurité foncière. D'après les Nations unies, le pourcentage de citadins qui vit dans des bidonvilles est passé de 47 à 37 % dans les pays en développement entre 1990 et 2005[1]. Cependant, à cause de l'accroissement de la population mondiale et surtout de la population urbaine, le nombre d'habitants des bidonvilles est en augmentation. Un milliard de personnes sur la planète vivaient dans des bidonvilles en 2008[2] et les prévisions sont de deux milliards pour 2030[3].
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+ Le mot « bidonville » a été employé pour la première fois par un médecin dans la Voix du Tunisien à propos d'habitats précaires à Tunis[4],[5] pour désigner littéralement des « maisons en bidons », c'est-à-dire un ensemble d'habitations construites par des travailleurs installés dans la ville, avec des matériaux de récupération, cependant, la première attestation de Bidonville en tant que toponyme remonte à un article paru dans la revue l'exportateur français où la vue d'ensemble de Bidonville est exposée sur une carte postale de Casablanca datant de 1932. Pour illustrer l’ambiguïté qui demeure encore aujourd’hui entre le toponyme d'origine et le générique, la même carte postale est reproduite dans un ouvrage de Mohammed Nachoui en 1998, mais la légende en fait tout simplement: «un bidonville»[6]. Ce mot a progressivement pris une signification plus large pour rejoindre les termes anglais shanty town et slum. Ce dernier a été forgé au début du XIXe siècle, probablement par l'écrivain James Hardy Vaux pour décrire les taudis de Dublin[7], mais signifiait davantage « racket » ou « commerce criminel » à l'époque ; shanty town signifie littéralement « quartier/ville de taudis ».
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5
+ D'autres noms existent, propres à chaque langue, voire à chaque pays ou chaque ville. On trouve ainsi les « bidonvilles » dans les pays francophones, mais pas seulement comme le montre l'exemple des mapane ou matiti au Gabon. Il existe une grande variété de noms locaux : les gecekondus en Turquie, les favelas au Brésil, les musseques en Angola, jhugi ou bustee en Inde, kachi abadi au Pakistan, slum, kijiji ou korogocho au Kenya, mudduku au Sri Lanka, imijondolo/township en Afrique du Sud, karyane et brarek au Maroc, bairro de lata au Portugal, lušnynai en Lituanie ou encore kartonsko naselje en Serbie. Dans les pays hispanophones, on trouve barrio en République dominicaine, ranchos au Venezuela, asentamientos au Guatemala, cantegriles en Uruguay, ciudades perdidas ou colonias (mais ce terme peut aussi s'appliquer à des quartiers chics) au Mexique et dans le sud du Texas, invasiones en Équateur et Colombie, poblaciones callampas, poblas ou campamentos au Chili, chacarita au Paraguay, chabolas en Espagne, pueblos jóvenes ou barriadas au Pérou, villas miseria en Argentine ou precario/tugurio au Costa Rica. Les Achwayates en Algérie.
6
+
7
+ Les premières définitions des bidonvilles remontent au XIXe siècle, en particulier sous l'impulsion du chercheur et philanthrope britannique Charles Booth, auteur de Life and Labour of the People of London. Le bidonville y est vu comme « un amalgame de conditions de logement sordides, de surpeuplement, de maladie, de pauvreté et de vice »[8], incluant ainsi une dimension morale.
8
+ Dans The slums of Baltimore, Chicago, New York and Philadelphia de 1894, les slums sont définis comme des « zones de ruelles sales, notamment lorsqu'elles sont habitées par une population de misérables et de criminels »[9].
9
+
10
+ Cette dimension morale va diminuer au cours du XXe siècle, en réalisant que les habitants des bidonvilles sont plus souvent victimes que générateurs de la criminalité et sont dans des situations différentes d'appréhension du problème par les urbanistes d'état et de villes selon le pays[10]. Chaque pays, voire chaque ville utilise une définition différente, avec des critères adaptés à la situation locale.
11
+
12
+ Il n'y a pas actuellement de « définition universelle » des bidonvilles. Une définition très simple telle que proposée par l'UN-Habitat est :
13
+
14
+ « Une zone urbaine très densément peuplée, caractérisée par un habitat inférieur aux normes et misérable[11]. »
15
+
16
+ Cette définition inclut les éléments de base de la plupart des bidonvilles : surpeuplement, habitat de mauvaise qualité, et pauvreté. Mais face aux diverses définitions générales, l'UN-Habitat a eu besoin d'une définition opérationnelle, utilisable par exemple pour recenser le nombre d'habitants des bidonvilles ; elle a donc recensé les caractéristiques communes des bidonvilles, d'après les définitions existantes[12] :
17
+
18
+ Afin de pouvoir effectuer un recensement global, l'UN-Habitat a ainsi retenu une définition opérationnelle, adoptée officiellement au sommet des Nations unies de Nairobi en 2002. Elle s'en tient aux dimensions physiques et légales des implantations, et laisse de côté les dimensions sociales, plus difficile à quantifier. Les critères retenus sont :
19
+
20
+ « l'accès inadéquat à l'eau potable, l'accès inadéquat à l'assainissement et aux autres infrastructures, la mauvaise qualité des logements, le surpeuplement, et le statut précaire de la résidence[12]. »
21
+
22
+ Un « bidonville », au sens des Nations unies, est donc une zone urbaine présentant certains de ces aspects. Des seuils ont été définis, comme 20 litres d'eau potable par jour et par personne provenant d'une source « améliorée », ou une surface minimale de 5 m2 par personne ; sur le terrain, ces seuils sont toutefois adaptés à la situation.
23
+
24
+ Selon un rapport sur l’urbanisation mondiale durable, du Worldwatch institute (ONG, organisme de recherche indépendante), alors que la part de l'argent consacrée au logement ou au loyer ne cesse d'augmenter, plus de la moitié des 1,1 milliard de personnes censées s’ajouter à la population mondiale d’ici 2030 (environ 70 millions de personnes supplémentaires par an pour les années 2000) pourrait vivre dans des bidonvilles si l'on ne reconsidère pas les priorités de développement global.
25
+ Selon un rapport des Nations unies de juin 2006, près d'un citadin sur trois habite déjà dans un bidonville[13]. En Afrique, la croissance de ces quartiers précaires atteint 4,5 % par an[14]. Dans les pays développés, 6,4 % de la population totale vit dans des bidonvilles ou des taudis[15].
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27
+ Les bidonville-ghettos se retrouvent essentiellement dans les grandes villes d'Asie du Sud et du Sud-Est. Ils sont symptomatiques de ces mégapoles en devenir qui ont pensé l'urbanisation pour leur hypercentre mais n'ont pas pu anticiper ce qui se passerait dans leurs faubourgs. À Jakarta, par exemple, les ONG estiment que chaque année, 50 000 migrants rejoignent des bidonvilles. À New Delhi, ils seraient 60 000. À Manille, Jakarta, Phnom Penh, Calcutta et même Hô-Chi-Minh-Ville, les zones de précarité ont pris une telle ampleur qu'elles atteignent le centre-ville mais ne jouissent d'aucune des infrastructures disponibles.
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+ La majeure partie des bidonvilles, à leur début, sont dépourvus de toute infrastructure (électrification, écoulement des eaux usées, ramassage des ordures, écoles, postes de santé...). La pauvreté, la promiscuité, le manque d'hygiène et la présence de bouillons de culture réunissent les conditions de développement de foyers infectieux, pouvant être source de pandémies futures.
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+ De nombreuses associations agissent pour améliorer cette situation et parfois des États, en rendant légale l'occupation des sols, ont investi dans l'infrastructure.
32
+ Cependant, dans la majeure partie des pays du monde, la « résorption des bidonvilles » a consisté à repousser toujours plus loin du centre-ville les familles et groupes habitant ces bidonvilles. En dispersant ainsi les personnes, les réseaux de survie, fondés sur les relations entre les gens, se trouvent cassés, rendant plus aléatoire encore la possibilité de se sortir de cette situation.
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+ Dans les pays en développement, la plupart des bidonvilles sont situés en périphérie, mais les habitants cherchent cependant à se rapprocher le plus possible de lieux où ils pourraient trouver du travail.
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+ Les bidonvilles sont des zones bondées, dues à l’exode rural et aux statuts économiques faibles des personnes y résidant qui ne leur permet pas d’avoir un logement classique. La plupart du temps, dépourvus de toute infrastructure (électrification, écoulement des eaux usées, ramassage des ordures, écoles, postes de santé...), les bidonvilles sont des foyers infectieux permettant la prolifération de nombreuses maladies. Au commencement, les nombreux ruraux allant vers les villes dans l’espoir d’y trouver un travail, sont souvent accompagnés de leurs animaux de ferme porteurs de maladies alors inconnues pour la ville.
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+ Parallèlement au problème de la surpopulation, les bidonvilles sont majoritairement construits dans des sites dangereux, que ce soit au niveau géologique ou au niveau sanitaire. En effet, certains sont construits à flancs de collines et d’autres sur des décharges publiques. Les habitations des bidonvilles sont construites avec des matériaux de récupération tels que la ferraille et le plastique. Ces logements sont très petits et non adaptés aux nombreuses personnes qui y vivent. Cette proximité entre les individus multiplie fortement les risques de propagation des maladies. Outre les maladies infectieuses, les habitants des bidonvilles développent de nombreuses maladies respiratoires telles que l’asthme, en raison de l’absence de fenêtres en nombre suffisant et plus généralement d’ouvertures sur l’extérieur.
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+ Le manque d’eau est un problème récurrent dans les bidonvilles. Ce problème entraîne une mauvaise hygiène corporelle et également une mauvaise hygiène de vie qui provoque de nombreuses infections et maladies telles que le choléra ou la galle. En effet, les habitants des bidonvilles sont généralement contraints de boire et de cuisiner avec de l’eau contaminée. Quant à l’eau potable, elle reste un bien de luxe, vendue à des tarifs inaccessibles pour cette population.
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+ Le manque d’eau potable est responsable de plus de 5 millions de morts chaque année et de centaines de millions de maladies hydriques[16].
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+ Très peu de bidonvilles disposent de systèmes d’évacuation des eaux usées ou des déchets solides. Les habitants sont donc obligés de les jeter à même le sol ce qui signifie qu’ils vivent entourés de déchets, de matières fécales et d’eaux polluées qui constituent un terrain favorisant le développement d'insectes porteurs de maladies telles que la malaria. En ce qui concerne les infrastructures sanitaires telles que les toilettes et les douches, elles sont absentes ou en nombre nettement insuffisant. Dans les bidonvilles du Kenya, différentes solutions sont mises en œuvre afin d’améliorer la qualité des toilettes[17]. Cela reste cependant, à l’échelle de la planète, des initiatives touchant peu de personnes. De plus, les déchets, en se consumant, dégagent des vapeurs toxiques. Celles-ci s’ajoutent aux rejets toxiques provenant des usines, ce qui dégrade d’autant plus la qualité de l’air, entraînant une augmentation considérable des infections respiratoires. Selon une étude de l’OMS, on dénombre chaque année dans les pays en voie de développement 50 millions de cas de problèmes respiratoires, cardio-vasculaires et de cancers directement en lien avec la pollution de l’air[18].
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+ L’accès aux soins est fortement inégal. Il y a une corrélation entre l’accès aux soins et le statut socio-économique : seuls les plus nantis fréquentent les infrastructures de soins. Les habitants des bidonvilles n’ayant pas de couverture sociale suffisante pour accéder aux soins, le corps médical n’y est pas suffisamment présent.
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+ Au Canada, en Australie, aux États-Unis, comme dans les autres terres colonisées par la Grande-Bretagne, le terme historique de township est perçu comme un campement de colons organisé sous le système cantonal de partage des terres.
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+ Le terme historique de township est cependant resté et est aujourd’hui associé aux villes et villages bâtis sur les campements d'origine.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, du fait de la destruction de certaines cités, du niveau de pauvreté, de l'exode rural et de la venue de main-d'œuvre étrangère, se pose un problème crucial de logement pour les sans-abri. Les bidonvilles de Nanterre (situé à l'emplacement actuel de la préfecture des Hauts-de-Seine) et de Noisy-le-Grand furent les plus notoires en périphérie de Paris. Il faudra attendre presque la moitié des années 1970 pour que la politique de résorption des bidonvilles impulsée par le premier ministre Jacques Chaban-Delmas porte totalement ses fruits et que ces bidonvilles disparaissent avec le relogement des familles qui y vivaient. L'abbé Pierre sera l'un de ceux qui porteront assistance aux habitants des bidonvilles, surtout pendant l'hiver 1954, qui fut particulièrement froid. Avec l'argent rassemblé à la suite de son appel à la radio, il fera construire des cités d'urgence (dont celle de Noisy-le-Grand ressemble à un bidonville car elle s'inspire du projet de l'architecte américain Martin Wagner, les bâtiments sont en forme de demi-bidon métallique[23]). Ces cités appelées à être provisoires se transformèrent progressivement, dans le meilleur des cas, en cités HLM. Selon l'état des lieux des bidonvilles en France métropolitaine effectué en juillet 2018[24] par la Délégation interministérielle à l'hébergement et à l'accès au logement (DIHAL), 16 096 personnes habitent dans 497 sites en France dont plus d'un tiers en Ile-de-France (33 %).
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+ Dans les années 1960, de nombreux immigrés portugais constituèrent le bidonville de Champigny-sur-Marne, qui compta jusqu’à 10 000 habitants.
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+ De plus en plus, aux Philippines, la population se concentre dans les métropoles. Dans cette région de l'Asie du Sud-Est, le taux de croissance des bidonvilles est de 1,34 %[28] par an.
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+ Vivre dans ce milieu a de nombreux impacts nocifs sur la vie d'un individu. Les urban poors, vivant dans des habitats de la solidité d'une cabane sur des terrains non propices à la construction, sont à chaque fois les premiers touchés par les catastrophes naturelles. Chaque année, les Philippines sont traversées par près de 30 cyclones[29].
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+ Dans les grandes villes, plus particulièrement dans les bidonvilles où bien souvent des déchets se consument dégageant des vapeurs toxiques, la qualité de l'air est médiocre. Plus de 60 % des infections respiratoires y sont liées. Le sol et l'eau, pollués par les déchets et rejets des humains et des industries contaminent les personnes qui l'exploitent. Autre problématique : celle de l'accès à l'eau et la potabilité de celle-ci. Le manque d'eau potable est responsable de plus de 5 millions de morts chaque année et de centaines de millions de maladies liées à l'eau[30].
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+ Aux Philippines, à cause de l'exode des cerveaux, il n'y a qu'1,14 médecin et 4,26 infirmiers pour 1000 habitants[31]. Et comme le secteur de la santé se privatise et que l'état de la santé publique se dégrade toujours plus - le gouvernement n'y consacre que 1,4 % de son PNB[32] -, l'accès aux soins n'est pas garanti.
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+ Le bien-être et la santé mentale relèvent également de l'état de santé général. Dans les zones urbaines, celle-ci prend diverses formes. Aux Philippines, les violences faites aux femmes sont une réalité quotidienne. Les femmes pauvres doivent plus souvent faire face que les autres aux agressions de leur partenaire[33].
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+ Le nombre de personnes vivant dans des bidonvilles croît dans le monde à un rythme de 30 à 50 millions de personnes par an.
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+ D'ici à 2050, la population des bidonvilles et des taudis, dans le monde pourrait atteindre 1.5 milliard en 2020, et 3 milliards en 2050, (soit un tiers de la population mondiale) si rien n'est fait pour enrayer la tendance[34]. En 2010, 828 millions de personnes vivaient dans des taudis. Ils seront 59 millions de plus en 2020.
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+ Bélarus
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+ République de Biélorussie ou république du Bélarus
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+ (be) Рэспубліка Беларусь
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+
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+ (ru) Республика Беларусь
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+ 53°55′N 27°33′E
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+
11
+ modifier
12
+
13
+ La Biélorussie ou Bélarus, en forme longue la république de Biélorussie ou la république du Bélarus, est un pays d'Europe orientale sans accès à la mer, bordée par la Lettonie au nord, par la Russie au nord-est et à l'est, par l'Ukraine au sud, par la Pologne à l'ouest et par la Lituanie au nord-ouest. « Biélorussie » est le terme par la Commission d'enrichissement de la langue française[2]. « Bélarus » est la francisation du nom du pays en biélorusse : Беларусь (Biélarous'), en russe : Белоруссия (Béloroussia) ou Беларусь (Bélarous'), adopté par les Nations unies.
14
+
15
+ Le pays, vaste plaine au climat continental, est couvert à 40 % de forêts[3], dont une forêt primaire abritant des espèces animales disparues dans le reste de l'Europe. Les principales ressources du pays, au sous-sol pauvre, sont l'agriculture et l'industrie. Le Sud du pays, difficile d'accès, surtout pour les étrangers occidentaux, reste contaminé par les radiations de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl, comme c'est le cas dans le Nord de l'Ukraine.
16
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17
+ La Biélorussie, peuplée de 9 477 918 habitants[1], connaît une des densités de population les plus faibles du continent : 46 hab./km2. Les Biélorusses vivent majoritairement en milieu urbain ; les plus grandes villes du pays sont Minsk (la capitale), Homiel, Hrodna, Mahiliow, Brest, Vitebsk et Babrouïsk.
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+ Le pays fait partie du foyer d'origine des langues slaves, l'ancienne Polésie est une région historique, qui fut autrefois incluse dans de grandes puissances : le Grand-duché de Lituanie, l'Empire russe, mais la Biélorussie est aujourd'hui un État jeune : les Biélorusses ne prirent réellement conscience de leur spécificité qu'au XIXe siècle, et ne furent connus par le reste du monde que lorsque leur pays devint une république de l'URSS.
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+ La Biélorussie est indépendante depuis la dislocation de l'URSS, en 1991. Les relations avec la Russie sont encore très étroites, les pays partageant une langue commune, le russe (le biélorusse n'est surtout utilisé qu'à l'écrit ou dans les musées, pour la signalisation routière, et dans le langage courant en milieu rural).
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+ La Biélorussie n'a pas connu de réforme économique d'inspiration libérale comme son voisin russe dans les années 1990 : son industrie et son agriculture, à l'époque plutôt développées comparativement au reste de l'URSS, sont restés relativement stables (notamment la fabrication de tracteurs, de réfrigérateurs et l'élevage bovin), et les inégalités sont moins fortes qu'en Russie. Depuis juillet 2010, la Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan ont formé une union douanière, supprimant notamment les contrôles à leurs frontières communes.
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+ En 2018, la Biélorussie est classée 53e sur 189 pays selon l’indice de développement humain de l’ONU, et se trouve dans le groupe des États avec un « très haut développement ». Disposant d'un système de santé performant, elle présente un taux de mortalité infantile très bas de 2,9 (contre 6,6 en Russie ou 3,7 au Royaume-Uni). Le taux de médecins par habitants s’élève à 40,7 pour 10,000 habitants (le chiffre est de 26,7 en Roumanie, 32 en Finlande, 41,9 en Suède) et le taux d'alphabétisation est estimé à 99 %. Selon le Programme des Nations unies pour le développement, le coefficient de Gini (indicateur d'inégalités) est l’un des plus bas d'Europe[4].
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+ Le pays est considéré par certains gouvernements et médias occidentaux comme l'un des derniers régimes autoritaires d'Europe, la vague de démocratisation des pays de l'Europe centrale et orientale consécutive à la chute des régimes communistes en Europe ayant été rapidement réprimée dès 1992, sous la présidence de Stanislaw Chouchkievitch. L'actuel président biélorusse Alexandre Loukachenko, ainsi que la majorité de ses proches collaborateurs, furent interdits de visa au sein de l'UE et aux États-Unis en février 2011, en raison de pratiques politiques qualifiées de dictatoriales et répressives[5]. L'UE abandonna ces sanctions en 2016[6] à la faveur de la crise ukrainienne et du rôle pacificateur qu'y joue ce pays depuis.
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+ En français, le nom du pays a connu plusieurs variantes : appelé Russie blanche ou Ruthénie blanche dans les atlas du début du XXe siècle, puis Biélorussie (francisation du russe Белоруссия (Belorussiya)) pendant toute la période soviétique, le pays, indépendant depuis 1991, est souvent nommé Bélarus dans les documents officiels. La dénomination officielle de l'ONU en français est République de Bélarus (proposée par le gouvernement biélorusse lui-même), adaptation française de la transcription approximative de Беларусь (Belarus’). En revanche, la Commission nationale de toponymie (française), les ministères français des Affaires étrangères et de l'Éducation nationale, l'Académie française, l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN) et la Commission de toponymie du Québec recommandent l'usage du terme Biélorussie[7]. L'ambassadeur de Biélorussie en France a néanmoins redemandé à la Commission de toponymie de revoir sa position (séance du 11 décembre 2007), mais un revirement semble peu probable.
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+ La forme Bélarus est cependant exigée dans tous les textes officiels par les autorités biélorusses elles-mêmes depuis le 19 septembre 1991[8], quelle que soit la langue, sans tenir compte des particularités grammaticales et orthographiques de chacune d'entre elles, et des autorités compétentes pour la normalisation de chaque langue. Le russe étant une des langues officielles de la Biélorussie, on y trouve le terme Беларусь (Belarus’) dans les documents imprimés en russe en Biélorussie. Le terme Белоруссия (Belorussiya) est en revanche utilisé dans la plupart des documents en russe imprimés en Russie et ailleurs. Cependant, l'usage populaire en Russie est de désigner oralement la Biélorussie à l'aide du vocable biélorusse traditionnel (Беларусь), le vocable russe (Белоруссия, créé à l'époque soviétique[réf. nécessaire]) étant souvent jugé artificiel et administratif.
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+ L'ajout de бела- (bela-) à la Русь (Rus’) (Ruthénie) vient, selon certaines sources[9], de ce qu'il s'agissait de désigner par un nom approprié la partie de la Ruthénie insubordonnée aux Tatars. Il faut donc bien comprendre l'adjectif белая (belaya) comme « franche » et non en tant que « blanche », traduction littérale mais donc inexacte. D'autres auteurs ont proposé d'autres étymologies.
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+ Le Sud de la Biélorussie est pendant l'Antiquité le berceau des Protoslaves. D'après les fouilles archéologiques, ceux-ci se concentraient entre la Vistule et le haut-Dniepr. Les peuples slaves se dispersent lors des Invasions barbares, et s'installent dans toute la moitié orientale de l'Europe, où ils constituent ensuite une multitude d'États, qui seront plus tard évangélisés.
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+ L'ancêtre de la Biélorussie, la principauté de Polotsk, est mentionnée pour la première fois au Xe siècle. C'est alors un État peuplé par des Slaves de l'Est. En 1067, Minsk apparaît dans les chroniques. La principauté est incluse en 1129 dans la Rus' de Kiev. Lors de la séparation des Églises d'Orient et d'Occident, leurs souverains et populations choisissent l'obédience orthodoxe. Les invasions des Mongols et de la Horde d'or au XIIIe siècle provoquent la chute de la Rus' de Kiev et sa dislocation en une multitude de petits fiefs. La principauté de Polotsk, sur le déclin, intègre le Grand-duché de Lituanie, capable de la protéger d'autres invasions. Le Grand-Duché est majoritairement constitué des territoires actuel de la Lituanie et la Biélorussie ; ses autres territoires sont le Nord de l'Ukraine, et la région de Smolensk.
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+ En 1386, le Grand-duché de Lituanie s'unit au Royaume de Pologne et, les deux États forment en 1569 la République des Deux Nations. Minsk, Brest, Polotsk, Vitebsk, Navahroudak et Mstsislaw sont chefs-lieux de voïévodies. Le découpage administratif de l'époque préfigure celui des voblasts de la Biélorussie d'aujourd'hui.
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+ En 1517, l'humaniste Francysk Skaryna publie la première bible en biélorusse[10] ; c'est le premier témoignage imprimé de la langue.
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+ Au début du XVIIIe siècle, lors de la grande guerre du Nord, la Biélorussie actuelle est traversée par les armées belligérantes : suédoise, puis russe. Le pays décline. La Russie, la Prusse et l'Autriche profitent de la fragilité politique qui paralyse la République des Deux Nations pour procéder à son partage, en 1772, 1793, puis 1795.
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+ La Biélorussie est alors progressivement annexée par l'Empire russe. Vitebsk, Polotsk et Gomel sont rattachées en 1772, Minsk en 1793 et Brest en 1795. Le dernier territoire, Grodno, fut incorporé en 1808.
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+ Le pays est envahi par les troupes de Napoléon Ier en 1812. Quelques mois plus tard, les Français doivent retraverser la Biélorussie et connaissent là un des épisodes les plus éprouvants de la campagne de Russie, le passage de la Bérézina[11]. Une mission française a conduit sur ce site une première campagne de fouilles en 2012, au moment du bicentenaire. La recherche de vestiges des ponts et des fosses communes des soldats de la Grande Armée a fourni de nombreuses informations, permettant une seconde campagne en 2013[12].
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+ Tout au long du XIXe siècle, la Biélorussie subit fortement l'influence de la culture russe. L'importance de Minsk devient incontestable, et la ville est le foyer de la résistance culturelle biélorusse. Comme les autres régions industrielles de l'Empire, Minsk connaît les premiers mouvements ouvriers, et accueille en 1898 le premier congrès du Parti ouvrier social-démocrate de Russie.
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+ Pendant la Première Guerre mondiale, la Biélorussie est le théâtre de combats entre les Allemands et les Russes, et le front se stabilise sur une ligne allant de Pinsk à Braslaw.
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+ Après le traité de Brest-Litovsk entre l'Empire allemand et le gouvernement de Lénine, la Biélorussie se proclame indépendante le 25 mars 1918, et devient la République populaire biélorusse : Minsk est choisie comme capitale. Mais la Russie soviétique n'accepte pas cette indépendance, et envahit le pays. Depuis 1919, la Rada de la République démocratique biélorusse est en exil. En 2017, il s'agit du plus ancien gouvernement en exil.
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+ Le traité de Riga, signé le 18 mars 1921 après la guerre soviéto-polonaise, partage le territoire de la Biélorussie en deux : la partie occidentale est attribuée à la Deuxième République de Pologne, la partie orientale devient la République socialiste soviétique de Biélorussie en 1922, lors de la création de l'Union des républiques socialistes soviétiques.
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+ En septembre 1939, la Biélorussie polonaise sera le point de rencontre des forces allemandes, qui prennent Brest, et des Soviétiques, qui envahissent le pays par l'est. Les nazis remettent la ville et la forteresse aux Soviétiques. La Biélorussie ex-polonaise intègre alors la Biélorussie soviétique.
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+ Le 22 juin 1941, la Biélorussie est envahie par l'Allemagne nazie : Brest est une nouvelle fois l'enjeu de durs combats. La Seconde Guerre mondiale est pour le pays un désastre. La forte minorité juive est alors anéantie : près de 800 000 juifs disparaissent dans les ghettos organisés par les forces d'occupation allemandes ou sont assassinés par les Einsatzgruppen, ce qui représente 90 % de la population juive du pays[13]. Les villages chrétiens seront des centaines à être entièrement incendiés, pour un soldat allemand tué par les partisans, dix otages civils étaient pendus ou fusillés, femmes et enfants inclus. Aucun des belligérants ne respecte les conventions de Genève. Les grandes villes sont presque entièrement détruites, et au total la population est décimée à hauteur de 25 %. Minsk est reprise le 3 juillet 1944 par les troupes soviétiques, dans le cadre de l'opération Bagration, et l'Ouest de la Biélorussie peu de temps après. Environ 98 % du patrimoine et des monuments historiques du pays sont détruits.
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+ Le 24 octobre 1945, la Biélorussie devient membre de l’Organisation des Nations unies, tout comme l'Ukraine. L'Union soviétique dispose ainsi de trois voix à l'Assemblée générale des Nations unies. C'est aussi une récompense concédée par les Alliés pour l'effort de guerre exceptionnel du pays [réf. souhaitée]. À la proposition de Joseph Staline de doter chaque république socialiste soviétique d'un siège à l'ONU, Franklin D. Roosevelt proposa d'en faire autant pour chacun des quarante-huit États des États-Unis. On en resta finalement à ce compromis pour les seules Biélorussie et Ukraine.
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+ Le pays, meurtri par la guerre, se relève peu à peu ; l'industrialisation massive orchestrée par le régime stalinien, permettra la reconstruction des villes avant le début des années 1960.
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+ Le 26 avril 1986, la Biélorussie est touchée par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Le pays (qui ne possède aucune centrale nucléaire) reçoit environ 70 % des retombées radioactives de l'explosion de la centrale ukrainienne voisine, qui entraîne une contamination « en taches de léopard ». Deux millions de Biélorusses, dont 500 000 enfants, vivent dans les zones contaminées. Les populations ne sont pas évacuées, et elles sont généralement très peu informées[réf. souhaitée].
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+ La Biélorussie n'a jamais été un foyer de contestation au pouvoir central de Moscou[14]. Signe du changement, le pape Jean-Paul II nomme en 1989 le premier évêque catholique biélorusse depuis la guerre. Peu de temps après, le 27 juillet 1990, la Biélorussie proclame sa « souveraineté ». Le 25 août 1991 c'est alors l'indépendance qui est déclarée[15], alors que Stanislaw Chouchkievitch est élu chef de l’État en septembre.
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+ Le 8 décembre 1991 sont signés les accords de Minsk, qui créent la Communauté des États indépendants, regroupant la Russie et l'Ukraine, puis douze des autres anciennes républiques soviétiques. Minsk est choisie pour accueillir le siège de l'organisation et la Biélorussie rejoint la CEI le 21 décembre.
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+ Après un bref intermède démocratique en 1991-1992, la Biélorussie présente le 12 mars 1993 sa candidature au Conseil de l'Europe[16]. Aujourd'hui, la Biélorussie n'en est toujours pas membre, et elle est le seul État européen à ne pas en faire partie. Le pays n'est pas accepté en raison de sa non abolition de la peine de mort[17] et de son gouvernement peu démocratique. Après cet épisode, Alexandre Loukachenko produit un rapport qui mène à la destitution du président Stanislaw Chouchkievitch, pour corruption.
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+ Loukachenko est élu le 10 juillet 1994 président de la République, avec 80 % des voix[18]; il dote la Biélorussie d'une nouvelle constitution à sa convenance. Il appuie sa politique sur la nostalgie du communisme, sous un gouvernement autoritaire. En 1995 et à la suite du référendum organisé par Alexandre Loukachenko le drapeau de la Biélorussie reprend les couleurs de celui de la République socialiste soviétique de Biélorussie. La Biélorussie est également, avec la Transnistrie, l'une des rares anciennes républiques issues de l'ancienne Union soviétique, à maintenir le nom de KGB pour sa police politique. En 1996, Loukachenko signe un accord de partenariat avec la Russie, et visite la France pour la première fois. Il fait amender la constitution après un référendum, renforçant le pouvoir présidentiel et allongeant la durée de son mandat de deux ans.
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+ En 1997, le traité d’union russo-biélorusse est signé à Moscou. Ce traité permet à Alexandre Loukachenko et Boris Eltsine d'envisager une union politique et monétaire entre la Russie et la Biélorussie. Le traité instaure également des tarifs préférentiels pour le commerce entre les deux pays, ce qui évite une pénurie à la Biélorussie.
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+ En 1998, la « crise des résidences » secoue les relations diplomatiques entre les pays occidentaux et la Biélorussie : les ambassadeurs occidentaux sont rappelés à la suite de pressions subies en vue de les expulser de la zone résidentielle de Drozdy, jouxtant la résidence du président. Il faut attendre 1999 pour qu'un compromis soit trouvé, et que les ambassadeurs européens et des États-Unis retournent à Minsk.
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+ Le 16 mai 1999, l’opposition organise une élection présidentielle non officielle à la date correspondant à la fin du mandat du président Alexandre Loukachenko, selon les termes précédant la modification de la constitution. Entre 1999 et 2000, quatre personnalités d'opposition ont disparu : Ioury Zakharanka, Viktar Hantchar, Anatol Krassowski (be) et Dmitri Zawadski[19]. En outre, en mars 1999, le politicien d'opposition Henadz Karpenka est mort dans des circonstances mystérieuses[20].
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+ L'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000 freine le processus de rapprochement entre la Russie et la Biélorussie, à cause de ses mauvaises relations avec Loukachenko, notamment sur la question des prix du gaz russe. La Biélorussie continue néanmoins d'être un très proche allié de la Russie, particulièrement au moment de l'arrivée au pouvoir en Russie de Dmitri Medvedev.
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+ Alexandre Loukachenko est réélu haut la main en 2001, en 2006 (alors que le KGB biélorusse, en dehors de tout contrôle judiciaire, menace de peine de mort les « terroristes » qui oseraient manifester contre les résultats du scrutin[21]), et encore en 2010, malgré un mouvement d'opposition s'inspirant de la révolution orange ukrainienne, mais qui reste beaucoup plus faible numériquement, puis une fois de plus en 2015.
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+ La constitution de 1994 fait de la Biélorussie un État laïque. Les religions principales sont le christianisme orthodoxe et le catholicisme (notamment chez la minorité polonaise).
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+ La Biélorussie est considérée comme étant modérément religieuse selon la Swiss Meta Data Base of Religious Affiliation in Europe (SMRE, Université de Lucerne). C’est un pays multiconfessionnel, avec une administration publique faible dans la sphère religieuse[22].
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+ Le président Alexandre Loukachenko a été élu en 1994 et réélu en 2001, 2006, 2010 et 2015. Il conduit une politique dirigiste sur le plan économique, et nationaliste dans ses relations extérieures. La majorité présidentielle le soutenant est formée notamment par :
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+ Le 19 mars 2006 Loukachenko est réélu président de la République. Le déroulement de ces élections est contesté par le Conseil de l'Europe[24] et par l'OSCE[25], alors que toute la Communauté des États indépendants qualifie le scrutin de transparent et ouvert[26]. La « République de Bélarus » est parfois désignée comme la « dernière dictature d'Europe »[27],[28],[29]. Le pays est classé dans les régimes autoritaires à partir de l'indice de démocratie qui le place au 125e rang mondial[30]. Le 30 mars 2006, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord décide de réévaluer son partenariat avec le Bélarus[31]. Le 16 mai de la même année, les États-Unis interdisent à Loukachenko et à un certain nombre d'officiels biélorusses de se rendre sur le territoire américain[32].
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+ En 2012, l'association Reporters sans frontières, qui dresse une carte mondiale de la cybercensure, place la Biélorussie parmi les ennemis d'Internet[33]. Dans le classement de la liberté de la presse 2015 de Reporters sans frontières, la Biélorussie est classée 157e sur 180 pays[34].
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+ La Biélorussie est le dernier pays européen à pratiquer la peine de mort. Ainsi, Dmitri Konovalov et Vladislav Kovalev, âgés tous deux de 25 ans, sont condamnés à la peine de mort par la Cour suprême de Biélorussie, ces derniers ayant été jugés coupables de l'attentat du métro de Minsk le 11 avril 2011, qui avait ayant fait quatorze morts et 204 blessés. Ils ont été exécutés le 18 mars 2012. Le président Loukachenko a déclaré qu'elle sera abolie quand les États-Unis l'aboliront sur tout leur territoire.
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+ Le but des opposants biélorusses est de faire barrage au gouvernement d'Alexandre Loukachenko, qu'ils qualifient d'autoritaire, et d'établir une démocratie dans le pays. Au nom de la démocratie ou de la transition démocratique, à Vilnius en Lituanie, des camps de formation informatique ont été fondés pour les opposants à ces gouvernements qui « ne sont pas appréciés des USA »[réf. nécessaire]. Ces TechCamps[35] forment à l'organisation de l'action politique via internet et les réseaux sociaux[36].
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+ Des nationalistes conservateurs du Front populaire biélorusse au Parti des communistes de Biélorussie, une coalition s'est mise en place, associée à des ONG opposées au gouvernement de Loukachenko.
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+ En octobre 2005, le Congrès des forces démocratiques de Biélorussie a désigné Alexandre Milinkevitch comme candidat à l'élection présidentielle. Le Congrès de forces démocratiques de Biélorussie représente la très grande majorité des partis d'opposition. Les principaux partis qui le composent sont :
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+ Bien que leurs liens soient assez évidents avec les partis d'opposition, les associations n'inscrivent pas leur action dans un cadre purement politique.
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+ Reprenant le nom de l'animal emblématique de Biélorussie, Zubr est une organisation de jeunesse. Elle revendique environ 2 000 membres. Le but de cette organisation est l'établissement de la démocratie en Biélorussie, l'intégration à l'Union européenne et à l'OTAN. Créée en 2001, cette organisation revendique une certaine filiation avec les Serbes de Otpor (étudiants serbes très actifs dans la lutte contre le gouvernement de Slobodan Milošević) et des Ukrainiens de Pora! (actifs dans la révolution orange). Au départ, cette association était surtout estudiantine, beaucoup de ses membres ont par ailleurs été chassés de l'université; elle s'est depuis élargie à l'ensemble de la jeunesse.
106
+ Mouvement depuis auto-dissous pour se fondre au sein du mouvement d'opposition unitaire.
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+ Cela n'est pas à proprement parler une association. À l'initiative d'Iryna Krassouskaïa, veuve d'Anatol Krassouski, un homme d'affaires proche de l'opposition disparu en 1999, très probablement assassiné, d'Iryna Khalip, journaliste très connue pour son combat contre le gouvernement, et de Mikita Sassim, activiste de Zubr.
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+ Depuis octobre 2005, tous les seize du mois, les Journées de la solidarité appellent à des manifestations silencieuses aux chandelles pour commémorer l'enlèvement de Viktar Hantchar et d'Anatol Krassouski. Plus largement, cette action a comme but d'appeler à la solidarité envers tous ceux qui luttent pour la démocratie en Biélorussie.
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+ Depuis 2006, les Jeunes Européens fédéralistes (JEF-Europe), appellent à la mobilisation contre la « dictature de Loukachenko », mobilisation suivie dans plus de 120 villes à travers le monde, chaque année le 18 mars[37].
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+ Avec la Russie, la Biélorussie s'est engagée en avril 1997, dans un processus d'union de type confédéral qui dépasserait les objectifs d'une simple union douanière et monétaire. La dépendance de Minsk en énergie et en termes de débouchés permet à Moscou de préserver son influence dans cette république slave. Fin 2006, la Biélorussie a ardemment négocié le prix de son gaz, qu'elle payait jusqu'à cette date 47 $ pour 1 000 m3 (contre plus de 250 $ alors sur le marché européen). Menaçant de couper les robinets à moins d'obtenir le prix qu'elle demandait, la Russie a obtenu un accord final in extremis le 31 décembre 2006 à un prix de 100 $ pour 1 000 m3. Elle a de plus obtenu une compensation, sous la forme de 50 % de titres dans la société gazière biélorusse Beltransgaz (dont le montant affiché de 5 milliards de dollars était estimé surévalué par les experts russes). En réaction, la Biélorussie a appliqué une taxe sur le transit du pétrole russe vers les pays situés plus à l'Ouest (45 $/tonne), qu'elle a dû abandonner quelques jours après sous la pression de la Russie. Cette confrontation entre les deux alliés traditionnels s'est déroulée malgré le soutien que la Russie apporte traditionnellement au président Loukachenko, toujours au pouvoir à la suite de l'élection présidentielle controversée du 19 mars 2006, qui lui a valu les critiques des pays européens.
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+ Le projet d'union politique et monétaire entre la Russie avec la Biélorussie n'a cependant pas beaucoup avancé. Cela pourrait être lié aux conflits récurrents sur la question gazière entre la Russie et la Biélorussie, mais aussi sur le nom du futur dirigeant de l'Union[38]. À ces problèmes d'organisation interne s'ajoutent également les problèmes géopolitiques aux frontières ouest et sud-ouest de la Russie, liées aux relations conflictuelles avec les anciens pays membres du pacte de Varsovie devenus membres de l'Union européenne, mais aussi avec les guerres du Caucase[39].
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+ En 2007 est lancé le projet de centrale nucléaire d'Astraviets, à la suite du conflit d'énergie entre la Russie et la Biélorussie.
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+ En 2015, la Biélorussie rejoint l'Organisation de Coopération de Shangaï, en qualité d'observateur.
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+ À la suite de l'arrivée au pouvoir d'Alexandre Loukachenko en 1994, les relations bilatérales se sont détériorées et distancées. Bien qu'elles se soient améliorées depuis 2008[40],[41], les résultats de l'élection présidentielle biélorusse de 2010, qui ont été contestés par l'opposition, et ont vu réélire Loukachenko, ont été source de nouvelles tensions.
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+ Après seize années à la tête de la République, Alexandre Loukachenko briguait sans surprise un quatrième mandat consécutif. Le scrutin de décembre 2010 le crédite de 79,67 % des voix. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) évoque un dépouillement « imparfait », et une élection « loin des principes démocratiques »[42],[43],[44], [45], [46]
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+ Le dimanche 19 décembre 2010, jour de la proclamation des résultats du scrutin, de nombreuses manifestations protestant contre la falsification des résultats sont émaillées de violences policières[47]. Des portes et fenêtres du siège gouvernemental sont cassées[48], des centaines de manifestants d'opposition arrêtés[49]. Sept des neuf candidats de l'opposition sont arrêtés le même jour. L'Union européenne et les États-Unis condamnent la vague de répression[50].
127
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+ Le 22 décembre, alors que la Russie entend « ne pas commenter cette élection, qui est un évènement interne à la Biélorussie et externe à la Fédération russe », le président de la République ukrainienne, Viktor Ianoukovytch reconnaît la victoire de Loukachenko et « félicite le vainqueur, M. Loukachenko, pour sa victoire dans cette élection », tandis que le président de la république du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev, « salue la victoire de Loukachenko, et le reconnaît vainqueur de l'élection présidentielle ».
129
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+ En signe de protestation contre les arrestations d'opposants au gouvernement, et après plusieurs années d'ouverture diplomatique, l'Union européenne et les États-Unis décident début 2011 une série de sanctions, faisant suite à celles initiées en 2006 (puis levées en 2008 après des concessions biélorusses).
131
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+ Fin janvier, les sanctions européennes prévoient le gel d'importants avoirs financiers et économiques, ainsi que l'interdiction de visa européen pour 158 personnes dont le président Alexandre Loukachenko, deux de ses fils, le ministre de la défense Iouri Jadobine et le chef du KGB de la Biélorussie, Vadim Zaïtsev[5].
133
+
134
+ De leur côté, les États-Unis ont annoncé un nouveau train de sanctions contre la Biélorussie, dont la révocation d'une licence permettant les relations d'affaires entre des citoyens américains et deux filiales de Belneftekhim, la compagnie nationale biélorusse d'hydrocarbures[5].
135
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136
+ Par ailleurs, l'Union européenne a interrompu son dialogue avec la Biélorussie, et l'OSCE a quitté le pays le 31 mars 2011[51], en signe de protestation et sanction.
137
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+ Le 15 février 2016, les ministres des affaires étrangères des États membres de l’Union européenne ont décidé, à l'unanimité de lever la quasi totalité des sanctions européennes frappant la Biélorussie.
139
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140
+ Trois entreprises et 170 personnalités biélorusses interdites de visas, et dont les avoirs étaient gelés dans l’UE, sont concernées, en tête desquelles le président Alexandre Loukachenko.
141
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142
+ Toutefois, l’embargo sur les armes reste en vigueur, pour une période de douze mois, de même que les mesures restrictives à l'encontre de quatre personnes liées aux disparitions non résolues de deux figures de l’opposition[52].
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+
144
+ Les principales divisions administratives biélorusses sont les voblasts (Вобласць en biélorusse). Ces voblasts, au nombre de six, sont nommés d'après leur chef-lieu. Minsk, en tant que capitale et plus grande ville du pays, possède un statut particulier, qui fait d'elle un chef-lieu de voblast et une municipalité autonome de ce voblast.
145
+
146
+ Les voblasts sont eux-mêmes divisés en d'autres unités, qui varient selon l'environnement. Les principales unités sont les raions et les villes.
147
+
148
+ La Biélorussie est située sur la bordure orientale de l'Europe, sans accès à la mer. Plus à l'est, c'est la Russie, avec laquelle elle partage 959 km de frontières. Au sud on rencontre l'Ukraine avec 891 km de frontières, à l'ouest la Pologne (605 km de frontières), au nord-ouest la Lituanie (502 km), au nord la Lettonie
149
+ (102 km). Soit 3 098 km de frontières terrestres au total.
150
+
151
+ La Biélorussie a une superficie de 207 600 km2.
152
+
153
+ Le territoire biélorusse est un territoire ouvert (sans limites naturelles précises) et dépourvu d'accès à la mer. Il s'agit d'une grande plaine de faible altitude (159 mètres d'altitude en moyenne), dont le point culminant est le mont chauve, appelé par les Soviétiques mont Dzerjinski (345 mètres).
154
+
155
+ Ce pays plat possède une des plus vastes régions marécageuses d'Europe (le marais du Pripiat), et est couvert de vastes forêts. Il est aussi sillonné par de grands fleuves (la Dvina et le Niémen, qui drainent les cours d'eau du nord et de l'ouest du pays vers la mer Baltique, et le Dniepr, qui draine ceux de l'est et du sud vers la mer Noire), et aussi par de nombreuses rivières, le territoire étant ponctué de plus de dix mille lacs (le plus grand, le lac Naratch, a une superficie de 79,6 km2) qui lui valent le surnom de « pays aux yeux bleus ». Les terres marécageuses ou humides occupent ainsi presque un tiers du territoire, et les forêts un autre tiers.
156
+
157
+ La Biélorussie connaît un climat continental et humide. La moyenne annuelle des précipitations varie entre 550 et 700 mm. Les températures maximales d'ouest en est varient de −4 °C à −8 °C en janvier, et de 17 °C à 19 °C en juillet.
158
+
159
+ Trois grandes régions naturelles sont généralement distinguées :
160
+
161
+ Outre la capitale Minsk (1 950 000 hab.), les principales villes sont Homiel (520 000 hab.), Mahiliow (378 000 hab.), Vitebsk (370 000 hab.), Hrodna (365 000 hab.), Brest (340 000 hab.) et Bobrouïsk (217 000 hab.). Quinze villes comptent plus de cent mille habitants.
162
+
163
+ Selon un rapport de 2004 de la Banque mondiale, la Biélorussie « a rapidement retrouvé une croissance de son PIB après le choc économique initial résultant de son indépendance, a réduit les niveaux de pauvreté de façon significative, a maintenu une ample couverture de services de santé et d’éducation et a accompli cela sans un accroissement des inégalités. Les mesures politiques mises en place ont réussi à maintenir le niveau de vie et à réduire la pauvreté mieux que dans plusieurs économies en transition »[4].
164
+
165
+ Après leurs études, les étudiants doivent travailler deux ans à un poste généralement assigné par leur centre universitaire n'importe où en Biélorussie. Toutes les professions sont concernées par le dispositif. Les étudiants diplômés ont également la possibilité de présenter un emploi qu'ils ont eux-mêmes trouvé, mais doivent obtenir l'autorisation de leur université avant de l'exercer. Créé à l’époque communiste et en partie maintenu après l’indépendance de la Biélorussie, ce dispositif est censé répondre à l’« exigence de protection sociale des jeunes diplômés et à la satisfaction des besoins en spécialistes, ouvriers et employés des branches de l’économie et de la sphère sociale ». D'après les autorités, ce système a obtenu de bons résultats en matière de lutte contre la désertification des régions rurales et des petites villes[14].
166
+
167
+ Les entreprises publiques rassemblent 50 % des salariés et sont à l'origine de 60 % de la production nationale. L'économie biélorusse a connu au milieu des années 2010 des taux de croissance proches des 10 %. Les inégalités sont assez faibles au regard des autres pays européens et si 6 % de la population du pays vivent sous le seuil de pauvreté, ce taux reste inférieur à celui de la Pologne voisine (14,8 %)[14].
168
+
169
+ L'ouest de la Biélorussie est devenu plus attractif depuis quelques années pour les Baltes de Lituanie et de Lettonie et les Polonais, du fait de leur proximité géographique, de leur connaissance fréquente de la langue russe ou biélorusse et d'un niveau de vie financièrement plus élevé, depuis l'entrée de leurs pays dans l'Union européenne. Le transit frontalier est favorisé par l'utilisation d'autocars affretés auprès d'agences de voyages européennes occidentales ou biélorusses pour organiser du tourisme de groupe.[réf. souhaitée] (Voir, par exemple, le site touristique officiel en polonais dans les liens extérieurs cités en dessous de cet article). La ville de Hrodna exerce une attraction importante du fait de son patrimoine religieux restauré qui appartient au catholicisme, à l'orthodoxie et au judaïsme.
170
+
171
+ Les voyages en Biélorussie de touristes européens individuels sont plus difficiles qu'à l'intérieur de l'Union européenne : l'obtention d'un visa est obligatoire[56] (le séjour doit être authentifié hôtel par hôtel s'il n'est pas organisé chez l'habitant), obligation d'une inscription dans des offices de l'immigration pour des voyages de plus de 15 jours. Inversement, les voyages des Biélorusses en Europe dans l'espace Schengen leur occasionnent des difficultés similaires.
172
+
173
+ Dans le sud du pays, certaines zones militaires sont interdites aux touristes européens, et aux citoyens biélorusses eux-mêmes. Mais surtout, dans le sud du pays, ce sont les zones contaminées par l'accident nucléaire de la centrale de Tchernobyl, en avril 1986, qui sont interdites aux touristes européens et étrangers. Toutefois, il est possible d'aller en certains lieux, en obtenant des « laisser-passer » ou dérogations de l'administration militaire biélorusse, le plus souvent délivrés à des citoyens biélorusses ou russes. Il faut justifier le sens de sa présence en ces lieux, dire si l'on connait quelqu'un, etc. Obtenir une autorisation est très long, avec un minimum d'attente de au moins une semaine, qui décourage souvent les visiteurs demandeurs. Globalement, la législation est plus favorables aux citoyens de Biélorussie, et aux visiteurs russes, et de la CEI. Les visiteurs étrangers qui contournent les ordres pour aller vers les zones interdites sont généralement expulsés de Biélorussie, avec signalement au tampon rouge sur les passeports et signalements à l'ambassade à l'étranger, qui refusera toute nouvelle demande de visa[réf. nécessaire].
174
+
175
+ Le canal d'Augustów, qui relie la ville d'Augustów en Pologne à Hrodna en Biélorussie, depuis qu'il a été restauré en 2005, est un exemple des contacts qui se renouent entre les deux pays. La demande d'inscription (2004) dans le Patrimoine mondial UNESCO, faite conjointement par la Pologne et de la Biélorussie pour ce canal est un exemple du travail en commun des deux pays voisins en matière touristique. Mais depuis cette période il n'y a pas eu d'évolutions.
176
+
177
+ L'architecture des villes a souffert des ravages de la Seconde Guerre mondiale. La restauration après la guerre a été marquée par le sceau de l'architecture stalinienne. Le patrimoine ancien qui avait été détruit est maintenant restauré à l'identique. Le patrimoine nouveau tente d'échapper à la morosité des barres et des tours servant à l'habitation. La ville de Minsk, en est l'exemple le plus important, du fait de sa taille et de son statut de capitale.
178
+
179
+ Les sites UNESCO du château de Mir et du château de Niasvij, la ville de Homiel, la ville de Hrodna avec ses églises bernardines et jésuites, ainsi que sa synagogue, sont des sites d’intérêt touristique. La ville de Brest (anciennement Brest-Litovsk), à la frontière avec la Pologne, a une histoire et un patrimoine intéressants du fait de sa position géographique au carrefour du monde slave oriental et occidental. La ville de Vitebsk attire aussi les amateurs de Marc Chagall, peintre natif de cette ville, et un musée lui est consacré. Au nord-est, la ville de Mahiliow est un lieu historique pour la période de la Seconde Guerre mondiale, mais on trouve encore dans les villages des environs de la ville des rares traces du passage des troupes napoléoniennes, sous forme des tombes de soldats de l'armée française restées après l'épopée.
180
+
181
+ Le baroque biélorusse est un style architecturale qui est représenté par de multiples édifices religieux, appartenant à plusieurs religions (orthodoxe, catholique, gréco-catholique). L'Église du Corpus Christi (Niasvij) est le premier édifice baroque construit en Europe orientale suivant le modèle de l'église de l'Église du Gesù de Rome, du XVIe siècle.
182
+
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+ La forêt de Białowieża (Belovej), partagée avec la Pologne, est une forêt primaire d'Europe qui est restée à l'écart de la plupart des influences humaines. Les marais du Prypiat, ou marais du Pripiat, au sud du pays, présentent une diversité biologique remarquable, et des paysages typiques des zones de marais. Pour les Biélorusses, le lac Naratch, au nord-ouest du pays, est une destination touristique privilégiée, du fait de l’absence d'accès à la mer dans ce pays.
184
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+ On constate que la population du pays augmente entre 1960 et 1993, diminue entre 1993 et 2012, puis stagne depuis 2012.
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+ En 2005, la Biélorussie comptait 10 350 194 habitants dont 78 % de Biélorusses, 13 % de Russes, 5 % de Polonais et 2,3 % d'Ukrainiens. Les 0–14 ans représentent 16 % de la population, les 15–64 ans 68 %, les plus de 65 ans 14,6 %. L'espérance de vie est de 63 ans pour les hommes, et 75 ans pour les femmes. Le taux de croissance de la population est de 0,4 % par an. La natalité est de 10,83 ‰, pour 1,4 enfant par femme, la mortalité de 14,15 ‰. La mortalité infantile est de 13,37 ‰. Le taux de migration est de 2,42 %. La population est majoritairement bilingue, et parle russe, ou possède des notions de cette langue, à plus de 85 %.
188
+
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+ Le pays a connu cinq crises démographiques majeures au cours de son histoire :
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+ Le taux de fécondité est estimé à 1,71 enfant par femme en 2015.
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+ Les langues officielles de la Biélorussie sont le biélorusse, qui est la langue nationale du pays et la langue maternelle de 53 % des Biélorusses, et, depuis 1995, le russe, qui est la langue maternelle de 42 % de la population du pays.
194
+
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+ La population est majoritairement bilingue, et parle ainsi également le russe, ou possède des notions de cette langue, à 84 % (soit 7 978 400 Biélorusses en 2009)[57]. La langue biélorusse n'est parlée couramment que par une minorité de la population dans les campagnes (12 % des Biélorusses), la langue du quotidien dans les villes importantes étant le russe (72 %), les 16 % restants utilisent un mélange des deux langues.
196
+
197
+ 29 % des Biélorusses savent parler, lire et écrire le biélorusse, 52 % savent uniquement le parler et le lire sans savoir l'écrire, tandis que 10 % ne comprennent pas du tout le biélorusse[58].
198
+
199
+ Les actes officiels sont rédigés en russe, ceux qui le sont en biélorusse étant pratiquement inexistants.
200
+
201
+ Sont également parlés, de façon minoritaire, le polonais, l'ukrainien et le yiddish [59]
202
+
203
+ La Biélorussie possède le nombre de lits d'hôpitaux pour 1 000 personnes le plus élevé au monde. Il s’élève en 2013, selon la Banque mondiale, à 11 pour 1 000 personnes, contre 6,5 en France et 2,9 aux États-Unis[60]
204
+
205
+ Le hockey sur glace est le sport national en Biélorussie. La Biélorussie est 10e au classement IIHF et a comme meilleur résultat une 4e place aux Jeux olympiques de 2002. Ses meilleurs joueurs sont Ouladzimir Dzianissaw, Mikhail Hrabowski, Andreï Kastsitsyne et Sergei Kostitsyn. Le 78e Championnat du monde de hockey sur glace s'est disputé en Biélorussie du 9 mai au 25 mai 2014 dans la ville de Minsk.
206
+
207
+ En football, l'équipe nationale biélorusse ne s'est jamais qualifiée pour la phase finale d'une grande compétition internationale (Coupe du Monde, Euro) depuis son indépendance en 1990. Néanmoins, la Biélorussie compte quelques bons joueurs tels que Vitali Kutuzov (notamment passé dans de grands clubs italiens comme le Milan AC, l'UC Sampdoria ou Parme AC) mais surtout, avec Aliaksandr Hleb, un joueur de classe mondiale, qui a réalisé de grandes performances dans tous les clubs où il est passé (VfB Stuttgart, Arsenal FC, FC Barcelone...) et qui joue désormais au FK Isloch Minsk Raion. Hleb avait été transféré d'Arsenal à Barcelone en 2008 pour 15 millions d'euros. Le football biélorusse a fait parler de lui en 2008 avec la qualification du club phare biélorusse, le FK BATE Borisov pour les phases de poules de la Ligue des champions, ce qui constitue un exploit historique pour la Biélorussie. Lors des tours préliminaires, le FK BATE Borisov avait éliminé les Belges du RSC Anderlecht puis les Bulgares du Levski Sofia qui étaient des adversaires supérieurs sur le papier. Le BATE Borisov a de nouveau participé aux phases de poules de la Ligue des champions en 2012 et en 2014.
208
+
209
+ L'équipe nationale masculine de handball s'est déjà qualifiée neuf fois pour la phase finale d'une grande compétition internationale (8e à l'Euro 1994, 9e au Mondial de 1995, 15e à l'Euro 2008, 15e au Mondial de 2013, 12e à l'Euro 2014, 18e au Mondial de 2015, 10e à l'Euro de 2016, 11e au Mondial de 2017, 10e à l'Euro de 2018) depuis son indépendance en 1990, tandis que leurs homologues féminines se sont quant à elles qualifiées six fois pour une phase finale (16e au Mondial de 1997, 14e au Mondial de 1999, 11e à l'Euro 2000, 16e à l'Euro 2002, 16e à l'Euro 2004, 12e à l'Euro 2008). La Biélorussie compte et a compté quelques joueurs de talents tels que Mikhaïl Iakimovitch, vainqueur de cinq Ligues des champions, de quatre Coupes des coupes, d'une Coupe EHF ainsi que de deux Supercoupes d'Europe, ou Aleksandr Toutchkine, vainqueur de cinq Ligues des champions, d'une Coupe des coupes et d'une Coupe des Villes. On peut également citer des joueurs tels que Andrej Klimovets, Dimitri Nikulenkau ou encore Siarhei Rutenka, vainqueur de six Ligues des champions et de deux Supercoupes d'Europe, alors que chez les femmes on peut citer Elena Abramovich ou encore Anastasia Lobach. Au niveau des clubs, le SKA Minsk a dominé le handball biélorusse des années 1990 aux années 2000 : meilleur club soviétique des années 1980 avec six championnats et trois Coupes d'URSS remportés ainsi que, au niveau international, trois Coupe des clubs champions et deux Coupes des coupes, la formation remporta onze fois le championnat biélorusse, sept fois la Coupe de Biélorussie, six championnats d'URSS ainsi qu'une Coupe Challenge (C4) en 2013. Cependant la suprématie du SKA Minsk est stoppée par le HC Meshkov Brest qui est donc le deuxième club de Biélorussie en matière de titre : il a remporté neuf fois le championnat biélorusse et dix fois la Coupe de Biélorussie. Vers le début des années 2010, un autre club de la capitale réussit à freiner Brest : le HC Dinamo Minsk qui a remporté cinq fois le championnat biélorusse et une fois la Coupe de Biélorussie avant de disparaître à cause de problèmes financiers. Depuis lors, le leadership est assuré par le HC Meshkov Brest qui représente la Biélorussie en Ligue SEHA et en Ligue des champions. Chez les dames, le BNTU Minsk (anciennement Politechnik Minsk), avec quasiment tous les titres remportés depuis la création du championnat, domine la compétition. Un seul autre club a remporté le championnat, le HC Gorodnichanka en 2008 avant que le HC Homiel ne remporte la compétition en 2016 et 2017.
210
+
211
+ En athlétisme, la Biélorussie est omniprésente dans les épreuves de lancer, en particulier, le lancer du marteau et du poids. Cependant, les lanceurs biélorusses sont souvent soupçonnés dans des affaires de dopages comme Ivan Tsikhan et Vadzim Dzeviatouski qui furent respectivement médaille d'argent et de bronze du lancer du marteau lors des Jeux olympiques d'ét�� de 2008 et qui quelques jours après la fin des JO furent contrôlés positifs. Aksana Miankova, chez les femmes, fut championne olympique du lancer de marteau lors des JO de Pékin.
212
+ Alexander Medved, Catherine Karsten-Khodotovic
213
+ Julia Nesterenko - "White lightning"
214
+
215
+ En cyclisme, la Biélorussie compte quelques bons coureurs comme Vasil Kiryienka (3 étapes du Giro, une de la Vuelta, champion du monde du contre-la-montre 2015) et Kanstantstin Siutsiou (une étape du Giro). Mais ces deux coureurs sont vieux, et personne ne semble pour le moment en mesure de les remplacer.
216
+
217
+ En tennis, la Biélorussie avait deux bons joueurs au début des années 2000 avec Max Mirnyi (ex no 18 mondial et surtout excellent joueur de double) et Vladimir Voltchkov (ex no 25 mondial et qui est connu pour avoir atteint les demi-finales de Wimbledon en 2000 alors qu'il n'était que 237e mondial). Depuis qu'ils ont mis fin à leur carrière en simple, la relève pourrait venir de Uladzimir Ignatik, qui fait partie des meilleurs jeunes joueurs de la génération née en 1990. La joueuse Victoria Azarenka représente également un grand espoir pour le tennis du pays. Déjà titrée à plusieurs reprises, elle compte un sacre à Miami remporté face à Serena Williams 6/3 6/1 le 4 avril 2009. Elle fait son entrée dans le top 10 mondial le 6 avril 2009 et connaît la consécration en remportant son premier titre majeur en janvier 2012 à Melbourne, accédant ainsi à la première place mondiale.
218
+ En tennis de table Vladimir Samsonov est un joueur de tout premier plan, vice champion du monde en 1997, plusieurs fois champion d'Europe et vainqueur de la Coupe du monde de tennis de table à trois reprises.
219
+ En volley-ball, le joueur puis entraineur Vladimir Alekno est aussi mondialement connu.
220
+
221
+ En biathlon, la Biélorussie est représentée par Darya Domracheva, médaillée de bronze du 15 km des JO de Vancouver en 2010 et triple championne olympique des JO de Sotchi en 2014.
222
+
223
+ En championnat de combat libre UFC, Andrei Arlovski plusieurs fois champion du monde "Heavyweight".
224
+ En ski acrobatique, Alexei Grishin et Dmitri Dashchinsky ont remporté plusieurs titres olympiques et mondiaux.
225
+
226
+ La Biélorussie a pour code :
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228
+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/659.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,3 @@
 
 
 
 
1
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Bien est un nom de famille notamment porté par :
fr/66.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,359 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+
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+ République d'Afrique du Sud
4
+
5
+ (en) Republic of South Africa
6
+
7
+ (zu) iRiphabhuliki yaseNingizimu Afrika
8
+
9
+ (xh) iRiphabliki yomZantsi Afrika
10
+
11
+ (af) Republiek van Suid-Afrika
12
+
13
+ (nso) Repabliki ya Afrika-Borwa
14
+
15
+ modifier
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+ L'Afrique du Sud, en forme longue la république d'Afrique du Sud, est un pays situé à l'extrémité australe du continent africain. Sa capitale administrative est Pretoria. Il est frontalier à l'ouest-nord-ouest avec la Namibie, au nord et au nord-nord-est avec le Botswana, au nord-est avec le Zimbabwe, et à l'est-nord-est avec le Mozambique et l'Eswatini. Le Lesotho est pour sa part un État enclavé dans le territoire sud-africain.
18
+
19
+ L'Afrique du Sud compte 56,72 millions d’habitants[3]en 2017 répartis en 80,2 % de Noirs, 8,8 % de Coloureds, 8,4 % de Blancs et 2,5 % d'asiatiques (sous-continent indien)[3]. Nation aux phénotypes très variés, l'Afrique du Sud est ainsi en Afrique le pays présentant la plus grande portion de populations dites coloureds, blanches et indiennes. Elle est souvent appelée « nation arc-en-ciel », notion inventée par l'archevêque Desmond Tutu pour désigner la diversité de la nation sud-africaine et qui a remplacé le concept de société plurale employé précédemment par les théoriciens de l'apartheid (1948-1991).
20
+
21
+ L'égalité des revenus entre les différents groupes de populations n'a pas progressé depuis la fin de l'apartheid et l'Afrique du Sud connaît un taux d'inégalité parmi les plus élevés au monde[4]. C'est toutefois une puissance de référence pour le continent africain[4] avec l'une des économies les plus développées du continent et des infrastructures modernes couvrant tout le pays. C'est la deuxième puissance économique d'Afrique derrière le Nigeria[5],[6]. Le pays se caractérise aussi par une importante population de souche européenne (Afrikaners, Anglo-sud-africains) et par d'importantes richesses minières (or, diamant, charbon, etc.) qui en ont fait un allié indispensable des pays occidentaux durant la guerre froide.
22
+
23
+ La dénomination « république d'Afrique du Sud »[N 1] a succédé à celle d'« union d'Afrique du Sud » le 31 mai 1961, lorsque le pays a cessé d'être une monarchie pour devenir une république.
24
+
25
+ Les frontières terrestres sud-africaines atteignent 5 244 km (Botswana : 1 969 km; Lesotho : 1 106 km ; Namibie : 1 005 km ; Mozambique : 496 km ; Eswatini : 438 km ; Zimbabwe : 230 km)[7].
26
+
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+ Les climats régionaux du territoire sont[8] :
28
+
29
+ Pour faire face à la sécheresse, les autorités instaurent en octobre 2019 des restrictions d’eau dans les principales villes du pays. Plusieurs régions du centre et du nord du pays avaient déjà subi des coupures d'eau, notamment en raison de la défaillance des installations du principal distributeur d’eau d'Afrique du Sud, Rand Water. Dans certaines provinces, comme celles du Cap-Oriental et du Cap-Occidental, la sécheresse a ruiné les récoltes et provoqué la mort de troupeaux de bétail[9].
30
+
31
+ Dans la partie sud du pays se trouvent les monts du Drakensberg, qui s'étendent du KwaZulu-Natal jusqu'à la province du Cap (ceinture plissée du Cap), soit sur environ 1 000 km[10].
32
+
33
+ L'altitude moyenne est de 3 000 m, le point culminant de ce relief étant le Thabana Ntlenyana, au Lesotho, à 3 482 m. C'est dans ce massif que se trouve le plus haut sommet d'Afrique du Sud, le Mafadi, à 3 450 m.
34
+
35
+ Le massif du Drakensberg est plutôt ancien avec des sommets arrondis ; c'est une zone verdoyante et un lieu de vie du peuple San. C'est également dans ce massif que le fleuve Orange prend sa source.
36
+
37
+ Au nord du pays se trouve une ancienne zone volcanique, Pilanesberg. C'est une zone relativement escarpée qui comporte des cratères. La faune y est très riche : mammifères dont des cervidés, etc.
38
+
39
+ On y rencontre également une flore typique : adansonia, teck, ébène, hibiscus, etc.
40
+
41
+ Enfin, l'altitude suffisamment élevée pour cette latitude permet la pratique du ski lors de l'hiver austral. Il n'est pas rare, comme lors du mois de juin 2007, de voir tomber de la neige en quantité (30 cm en une journée). Elle reste cependant généralement cantonnée aux plus hauts sommets du Drakensberg pendant l'hiver, et même si la température est assez basse pour l'empêcher de fondre, la faiblesse des précipitations limite l'enneigement. La neige tombe une fois tous les dix ans sur Johannesburg, mais presque jamais à Pretoria, pourtant distante de seulement 60 kilomètres, mais à une altitude plus faible.
42
+
43
+ Les plaines se situent principalement dans le Nord-Ouest et dans l'État libre d'Orange, qui sont les greniers céréaliers de l'Afrique du Sud, grâce à la production de blé et de maïs. Le coton est également cultivé. On y pratique aussi l'élevage de moutons. Le pays est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010 et neuvième au palmarès des producteurs africains de thé au début de la décennie 2010, dominé par le Kenya.
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+
45
+ Le sous-sol est également très riche en or, en diamants, en uranium et en charbon, particulièrement dans les villes de Kimberley et Bloemfontein.
46
+
47
+ Le nord-ouest du pays est occupé par le désert du Kalahari qui s'étend également sur le Botswana et la Namibie, et qui a une superficie de près de 1 million de km2. Caractérisé par ses dunes de sable rouge, c'est un désert semi-aride comportant de nombreuses zones de savanes et quelques arbres tels les acacias à épines et les baobabs.
48
+ On y observe de nombreuses migrations animales.
49
+
50
+ L'Afrique du Sud compte 2 898 km de côtes.
51
+
52
+ Le long de la façade de l'Atlantique, le littoral est plutôt régulier et les côtes mesurent 2 798 kilomètres[11]. Dans le Namaqualand on observe une explosion florale pendant un mois, où plus de 4 000 espèces végétales fleurissent en même temps, lys, aloes, protea, etc. entre mi-août et mi-septembre. Cette zone est très touristique. La zone du cap de Bonne-Espérance est principalement rocheuse et des colonies de manchots y sont installées. On trouve également l'île aux Phoques Robben Island qui accueille des phoques venant principalement de l'Antarctique.
53
+
54
+ Plus à l'est, le littoral est une alternance de côtes rocheuses et de plages de sable fin.
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+
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+ Les principales stations balnéaires sont dans l'est du pays, East London, Jeffreys Bay, Port Elizabeth, Durban…
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+
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+ On trouve également des zones maritimes protégées dans le cadre de parcs Nationaux comme la réserve Phinda (en), s'étendant sur terre et au large, où l'on peut pratiquer la plongée sous-marine.
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+
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+ La Montagne de la Table et le Waterfront du Cap.
61
+
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+ Montagnes du Drakensberg au KwaZulu-Natal.
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+ Namaqualand au Cap-Occidental.
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+
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+ Péninsule du Cap.
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+
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+ L'Afrique du Sud possède, grâce à sa grande variété d'écosystèmes, une faune et une flore très diversifiées. Les déserts, savanes arides, savanes humides, forêts, fynbos, montagnes et côtes, offrent de nombreuses niches écologiques pour les nombreuses espèces animales et végétales. Des populations très importantes de mammifères marins vivent aux abords des côtes, notamment atlantiques, parmi lesquelles des baleines, des dauphins, des globicéphales et de très importantes colonies de pinnipèdes. Elle fait partie des dix-sept pays mégadivers, pays dont la biodiversité est la plus importante de la planète.
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+
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+ La protea royale, emblème végétal du pays.
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+
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+ Antilope springbok, emblème animal de l'Afrique du Sud.
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+
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+ Depuis le début du XXe siècle, 37 espèces de plantes ont disparu en Afrique du Sud, principalement victimes de la déforestation[12].
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+
76
+ Traditionnellement, l'on a reconnu historiquement trois capitales officielles à l'Afrique du Sud, l'une, administrative, à Pretoria, l'autre, législative, au Cap et enfin une troisième, judiciaire, à Bloemfontein. Toutefois désormais seule la ville du Cap est mentionnée par la Constitution en tant que siège du parlement. Par ailleurs, l'instance judiciaire suprême du pays, la Cour constitutionnelle, siégeant à Johannesbourg, la ville de Bloemfontein ne mérite dès lors plus son surnom de capitale judiciaire. La métropole de Johannesbourg, la plus riche du pays et siège de la Bourse sud-africaine, est également considérée comme sa capitale économique.
77
+
78
+ En avril 1994, les quatre provinces et les dix bantoustans qui constituaient géographiquement et politiquement l'Afrique du Sud ont été dissous pour former neuf nouvelles provinces intégrées :
79
+
80
+ Chacune de ces provinces est divisée en municipalités métropolitaines et en districts municipaux. Ces derniers sont à leur tour divisés en municipalités locales. Les municipalités locales et métropolitaines sont divisées en circonscriptions électorales appelées wards.
81
+
82
+ Les municipalités métropolitaines exercent l’intégralité du pouvoir municipal, contrairement aux autres territoires dans lesquels le pouvoir est partagé entre les districts et les municipalités locales[13].
83
+ Les municipalités métropolitaines sont dirigées par un conseil municipal dont les conseillers sont directement élus lors d’un scrutin proportionnel par liste[14].
84
+
85
+ Les huit municipalités métropolitaines correspondent aux plus grandes agglomérations du pays :
86
+ Buffalo City (East London), Le Cap, Ekurhuleni (East Rand), eThekwini (Durban), Johannesbourg, Mangaung (Bloemfontein), Nelson Mandela Bay (Port Elizabeth), et Tshwane (Pretoria)[13],[15].
87
+
88
+ Les districts ont la charge de nombreuses missions dont le développement économique, l’entretien des routes et les transports publics. Les conseillers municipaux des districts sont élus au scrutin proportionnel par liste pour 40 % d’entre eux, les 60 % restants étant nommés au sein des conseils des municipalités locales[14].
89
+
90
+ Les districts municipaux sont divisés en 226 municipalités locales. Généralement, elles englobent une ou plusieurs villes ainsi que les villages et les zones rurales aux alentours. Les municipalités locales exercent le pouvoir local en complément des attributions des districts. Les conseillers sont élus pour moitié au scrutin proportionnel par liste, l’autre moitié étant élue au scrutin uninominal dans les wards (circonscriptions électorales).
91
+
92
+ Une famille khoïkhoï.
93
+
94
+ Arrivée de Jan van Riebeeck dans la baie de la Table en 1652 pour y fonder une station de ravitaillement et premiers contacts avec les Khoïkhoïs.
95
+
96
+ L'arrivée au Cap des navires de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (1762).
97
+
98
+ Les Voortrekkers - illustration de J.S. Skelton (1909).
99
+
100
+ Le premier drapeau national d'Afrique du Sud (1928-1994).
101
+
102
+ Panneau formalisant les lois de l'apartheid (1948-1991).
103
+
104
+ L'actuel drapeau d’Afrique du Sud adopté en 1994 pour les premières élections nationales non ségréguées.
105
+
106
+ Nelson Mandela, président de l'Afrique du Sud à la suite des premières élections nationales au suffrage universel.
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+
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+
110
+ Les Khoïsan, regroupant les Khoïkhoïs et les Sans, sont les premiers habitants connus de l'Afrique du Sud (40 000 av. J.-C.).
111
+
112
+ Les premiers peuples de langues bantoues, venant à l'origine du grassland camerounais actuel, atteignent l'actuelle province du KwaZulu-Natal vers l'an 500 de notre ère. Au Xe siècle, des xhosas s'installent dans la région de la Fish River (Transkei).
113
+
114
+ En 1488 le navigateur portugais Bartolomeu Dias atteint le cap des Tempêtes (cap de Bonne-Espérance), suivi en 1497 par le navigateur portugais Vasco de Gama qui longe la côte du Natal.
115
+
116
+ L'implantation définitive d'Européens en Afrique du Sud date de 1652 avec l'établissement, pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, d'une station de ravitaillement au Cap dirigée par le Néerlandais Jan van Riebeeck.
117
+
118
+ En 1657, plusieurs salariés de la compagnie sont autorisés à s'établir définitivement au Cap alors que des esclaves sont déportés de Batavia et de Madagascar pour pallier le manque de main d'œuvre sur place. En 1688, deux cents huguenots français rejoignent les 800 administrés du comptoir commercial et fondent Franschhoek. En 1691, la colonie du Cap est mise en place.
119
+
120
+ C'est en 1770 que sont relatés les premiers contacts entre les bantous et les boers (les fermiers libres d'origine franco-néerlandaise) à la hauteur de la Great Fish River (à 900 km à l'est de la cité mère). Les relations sont rapidement conflictuelles et, en 1779, débute la première des neuf guerres cafres (1779-1878).
121
+
122
+ Entre 1795 et 1804, les Britanniques occupent l'Afrique du Sud. La colonie est restituée brièvement aux Néerlandais, entre 1804 et 1806.
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+
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+ En 1806, les Néerlandais cèdent définitivement la place aux Britanniques qui deviennent la nouvelle puissance coloniale.
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+ De 1818 à 1825, lors du Mfecane, le Roi des Zoulous, Chaka, étend son empire sur l'est de l'Afrique du Sud au prix d'une conquête sanglante sur les autres peuples tribaux.
127
+
128
+ En 1835, les Boers quittent la colonie du Cap pour les territoires intérieurs de l'Afrique du Sud afin d'échapper à l'administration britannique. C'est le Grand Trek, parsemé de tragédies et de batailles (bataille de Blood River contre les Zoulous en 1838). Deux républiques boers indépendantes sont finalement fondées et reconnues par le Royaume-Uni : la république sud-africaine du Transvaal (1852) et l'État libre d'Orange (1854).
129
+
130
+ En 1866, la colonie du Cap étend également son territoire et annexe la cafrerie britannique alors que les premiers diamants sont découverts à Kimberley, puis des gisements d'or dans le Witwatersrand au Transvaal.
131
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+ En 1879, durant la Guerre anglo-zouloue, les Britanniques subissent une défaite historique lors de la bataille d'Isandhlwana avant de finalement s'imposer au Zoulouland.
133
+
134
+ Après l'annexion d'autres territoires tribaux, une des plus grandes spéculations de l'histoire boursière provoque la crise boursière des mines d'or sud-africaines de 1895, au moment du Raid Jameson, perpétré par les britanniques, en vue du percement de mines jusqu'à 4 kilomètres sous terre.
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+
136
+ Motivée en partie par ces mines d'or, la Seconde guerre des Boers (1899-1902) et l'annexion du Transvaal et de l'État libre d'Orange consacre la domination britannique sur la majeure partie de l'Afrique australe, au prix de l'internement et de la mort de milliers de civils boers dans des camps de concentration.
137
+
138
+ Le 31 mai 1910, huit ans après la fin de la Seconde guerre des Boers et après quatre ans de négociations, le South Africa Act accorde l'indépendance nominale, en créant l'union d'Afrique du Sud. Le pays est fondé à partir du regroupement des colonies du Cap, du Natal, du Transvaal et de l'Orange. Le South Africa Act établit une démocratie parlementaire sur le modèle de Westminster avec un régime de type monarchie constitutionnelle et un parlement souverain. Les modalités d'octroi du droit de vote diffèrent cependant entre les quatre nouvelles provinces (si le corps électoral est essentiellement blanc, les provinces du Natal et du Cap accordent sous condition censitaire le droit de vote aux personnes de couleur dites « civilisées »). Le général boer Louis Botha devient le premier chef du gouvernement sud-africain.
139
+
140
+ En 1912, un parti politique, le Congrès national africain (ANC), est fondé à Bloemfontein, revendiquant une plus grande participation des populations noires aux affaires du pays. L'année suivante, le Native land act est adopté. Basé sur le système des réserves établi à l'époque coloniale et dans les républiques boers, il divise le territoire sud-africain entre les terres indigènes (7 % puis 13 % du territoire) et les terres destinées aux Blancs et aux administrations publiques (87 % du territoire).
141
+
142
+ En 1915, engagées dans la Première Guerre mondiale, les troupes sud-africaines subissent de lourdes pertes dans la Somme (France). En Afrique, elles prennent le contrôle du Sud-Ouest africain allemand (future Namibie) qui leur est octroyé sous mandat par la Société des Nations en 1920.
143
+
144
+ En 1918, le Broederbond, une société secrète est fondée avec pour objectif la promotion politique, sociale et économique des Afrikaners (la dénomination devenue usuelle des Boers).
145
+
146
+ La révolte ouvrière des Afrikaners du Witwatersrand en 1922, durement réprimée, permet aux nationalistes blancs de s'unifier et de remporter les élections générales de 1924 sous la direction de James Barry Hertzog. En 1934, face à la crise économique, Hertzog s'unit néanmoins aux libéraux de Jan Smuts pour former un gouvernement d'union nationale. À la même époque, des anthropologues et des linguistes de l'université de Stellenbosch comme Werner Max Eiselen forgent un nouveau concept social et politique qui donnera naissance à l'idéologie de l'apartheid : rejetant l'idée de société unique sud-africaine, ils proposent de séparer géographiquement, politiquement et économiquement les noirs et les blancs d'Afrique du Sud ainsi que les différentes ethnies entre elles, afin de maintenir et renforcer leurs identités ethniques et linguistiques et de lutter contre les effets qu'ils estiment acculturants de l'urbanisation et du travail migrant sur les structures traditionnelles africaines[16],[17],[18]. En 1936, la franchise électorale des populations noires au Cap est supprimée. En 1939, le pays, sous la direction de Smuts, s'engage au côté des alliés dans la Seconde Guerre mondiale. En 1945, Smuts participe à la rédaction du préambule de l'Organisation des Nations unies.
147
+
148
+ En 1948, le parti national remporte les élections générales. Le nouveau premier ministre, Daniel François Malan, met en place la politique d'apartheid, renforcée en 1956 par la suppression de la franchise du droit de vote des Coloureds (gouvernement Strijdom). En 1958, Hendrik Verwoerd devient premier ministre.
149
+
150
+ En 1960, le massacre de Sharpeville puis l'interdiction de l'ANC et des mouvements nationalistes africains mènent à la condamnation de la politique d'apartheid par les Nations unies et par la communauté internationale.
151
+
152
+ Le 31 mai 1961, le pays devient une république à la suite d'un référendum où les électeurs votent majoritairement pour la fin de la monarchie. La république d'Afrique du Sud est alors proclamée, et le dernier gouverneur général du pays, Charles Swart, devient ainsi le premier président d'État. Le pays se retire également du Commonwealth. L'ANC débute alors la lutte armée dans l'Umkhonto we Sizwe.
153
+
154
+ En 1963, Nelson Mandela, l'un des chefs de Umkhonto we Sizwe est condamné à perpétuité pour terrorisme et les autres chefs de l'ANC sont emprisonnés ou exilés. En 1966, Hendrik Verwoerd, premier ministre d'Afrique du Sud et grand architecte de l'apartheid, est assassiné.
155
+
156
+ En 1976, les émeutes dans le township de Soweto contre l'enseignement obligatoire en afrikaans conduisent le gouvernement à déclarer l'état d'urgence alors que le Bantoustan du Transkei est déclaré indépendant dans le cadre de la politique d'apartheid.
157
+
158
+ En 1984, pour sortir du blocage politique, le régime politique est présidentialisé et un parlement tricaméral, ouvert aux Indiens et aux Coloureds, est inauguré. Néanmoins, l'état d'urgence est de nouveau proclamé en 1986 alors que des sanctions économiques et politiques internationales isolent le pays en dépit de l'abrogation de lois symboliques de l'apartheid comme le passeport intérieur. Seul l'État d'Israël continue d'avoir des relations discrètes et collabore avec le pouvoir au point de vue militaire et sécuritaire (échanges de technologies, contrats de licences de fabrication d'armement, échanges techniques en matière de sécurité intérieure et savoir-faire d'espionnage).
159
+
160
+ En 1990, le nouveau président sud-africain, Frederik de Klerk, légalise l'ANC, le parti communiste sud-africain et tous les mouvements noirs. Nelson Mandela est libéré.
161
+
162
+ En juin 1991, le gouvernement abolit les dernières lois de l'apartheid et entame un processus de transition constitutionnelle (Codesa). Ce processus de négociations permet entre autres la création d'une nouvelle assemblée constituante, laquelle se penche sur un projet intérimaire de constitution en 1993. La nouvelle constitution promulguée réorganise l'État sud-africain autour des valeurs-clés de liberté, égalité, dignité et place en son sommet une Cour constitutionnelle. Le processus de transition démocratique âprement négocié aboutit le 27 avril 1994 aux premières élections multiraciales de l'histoire du pays, remportées par l'ANC. Nelson Mandela devient alors le premier président noir du pays. Par la même occasion, le pays réintègre le Commonwealth.
163
+
164
+ En 1995, une Commission vérité et réconciliation est mise en place, puis l'année suivante, le 10 décembre 1996[19] est adoptée une nouvelle constitution sud-africaine, principalement fondée sur la constitution provisoire de 1993.
165
+
166
+ De 1999 à 2008, le pays est présidé par Thabo Mbeki. Est ainsi apparue aux côtés de la bourgeoisie blanche une bourgeoisie noire ; ni l'ANC, ni le parti communiste, ni le syndicat COSATU (« Congrès des syndicats sud-africains ») n'ont remis en cause l'ordre économique et social. Au contraire, les privatisations se sont multipliées. L'Afrique du Sud est un des pays les plus inégalitaires du monde, ainsi que l'atteste son coefficient de Gini[Quand ?].
167
+
168
+ À la suite des difficultés économiques et sociales apparues lors du second mandat de Thabo Mbeki, caractérisées en 2008 par une grave pénurie d'électricité en Afrique du Sud et la dégradation des infrastructures, son parti l'ANC lui retire son mandat le 21 septembre 2008. Thabo Mbeki remet sa démission au Parlement[20] qui élit alors Kgalema Motlanthe pour terminer son mandat jusqu'aux élections générales de 2009.
169
+
170
+ Après les élections générales du 22 avril 2009, remportées par l'ANC, Jacob Zuma, ancien vice-président de 1999 à 2005, devient le nouveau président de la République. Il prête serment le 9 mai 2009 et forme un gouvernement plus ouvert aux partis politiques minoritaires, dont le parti communiste mais aussi, pour la première fois depuis 1994, le front de la liberté (droite afrikaner). Le massacre de Marikana en 2012, où la police tire sur des salariés grévistes faisant des dizaines de morts, entache la gouvernance de l'ANC au sein de son électorat mais lors des élections générales sud-africaines de 2014, Jacob Zuma est réélu pour un second mandat, l'ANC restant nettement en tête dans l'électorat bien qu'en recul face à l'Alliance démocratique et aux Combattants pour la liberté économique de Julius Malema.
171
+
172
+ Visé par des affaires de corruption, Jacob Zuma démissionne sous la pression de son parti début 2018, après avoir été menacé de destitution, et Cyril Ramaphosa lui succède comme président de la République par intérim[21],[22]. Le 15 février 2018, le Parlement élit formellement Cyril Ramaphosa président de la République[23].
173
+
174
+ Il est réélu chef de l’État le 22 mai 2019, à l’issue d’élections générales lors desquelles l’ANC obtient le plus faible score de son histoire (57,5 %), passant sous la barre des 60 % pour la première fois depuis un quart de siècle et payant ainsi les errements et les scandales de l'ère Zuma, son prédécesseur[24].
175
+
176
+ Il doit également faire face à une opposition interne au sein de l'ANC, avec un clan resté fidèle à Jacob Zuma, ayant à sa tête le secrétaire général de l’ANC, Ace Magashule, et son adjointe, Jessie Duarte[25]. Une vague de xénophobie vis-à-vis les migrants, les « étrangers », secoue également le pays[26].
177
+
178
+ Le 10 février 2020, Cyril Ramaphosa prend la présidence de l'Union africaine, succédant à Abdel Fattah al-Sissi[27].
179
+
180
+ Le régime est parlementaire depuis le South Africa Act en 1910 et le suffrage universel en vigueur depuis 1994. La constitution sud-africaine, la cinquième de l’État sud-africain, fut promulguée par le Président Nelson Mandela le 10 décembre 1996 et est entrée en vigueur le 4 février 1997.
181
+
182
+ Les fonctions de chef du gouvernement et de chef d'État se confondent sous le titre de président de la république d'Afrique du Sud. Ce dernier est élu par le parlement.
183
+
184
+ Le parlement d’Afrique du Sud est composé de deux chambres : une chambre basse, l’assemblée nationale et une chambre haute, le conseil national des provinces (en anglais : National Council of Provinces, NCoP). Les 400 membres de l'assemblée nationale sont élus par scrutin proportionnel de liste. Le NCoP, qui a remplacé le Sénat en 1997, est composé de 90 membres représentant les neuf provinces.
185
+
186
+ Chaque province est dotée d'une législature provinciale monocamérale, et d'un conseil exécutif présidé par un premier ministre (premier en anglais et en afrikaans). Les provinces sont moins autonomes que celles, par exemple, du Canada ou que les États aux États-Unis. Il s'agit alors d'un système fédéral modéré. L'État compte 11 langues officielles qui, en pratique, sont traitées différemment, l'afrikaans perdant du terrain devant l'anglais favorisé par l'ANC.
187
+
188
+ Enfin, le système judiciaire sud-africain est hybride en ce sens qu'il se fonde sur le système du common law s'agissant des activités administratives, alors que le droit privé est essentiellement imprégné par la tradition romano-germanique. L'organisation judiciaire est divisée, à l'image du modèle anglo-saxon, entre cours locales, Magistrates' Courts, hautes-cours provinciales d'appel et une Cour suprême d'appel lorsque des causes non constitutionnelles sont en jeu. Le système judiciaire sud-africain est chapeauté par une Cour constitutionnelle, instance suprême du pays chargée d'exercer un contrôle de la constitutionnalité des actes du parlement et du gouvernement et de toute autre cause si l'intérêt de la justice le commande. La Cour constitutionnelle, de type Cour suprême mixte, siège à Constitution Hill, Braamfontein, Johannesburg.
189
+
190
+ Des élections générales de 1994 à celles de 2014, l'ANC domine la vie politique et demeure de loin le premier parti du pays notamment parce qu'il est le seul à avoir pu réaliser un complet maillage électoral du pays, disposant de militants jusque dans les bourgades les plus reculées.
191
+
192
+ Le gouvernement doit résoudre le problème des violences qui touchent les campagnes du pays : la réforme agraire impose la redistribution des terres aux Noirs et les fermiers afrikaners doivent souvent vendre leurs exploitations au gouvernement, ce qui suscite des résistances. Ces fermiers, au nombre de 35 000 environ, sont parfois attaqués par des bandes organisées et certains s'inscrivent à des stages commandos pour pallier le manque d'aide du gouvernement. Plusieurs partis d'extrême droite continuent de recruter au sein d'une frange de cette population qui se sent délaissée.
193
+
194
+ Cependant, depuis l'élection de Jacob Zuma en 2009, les performances électorales de l'ANC sont contestées par une opposition hétéroclite qui, bien que morcelée, progresse fortement. En 2014, si l'ANC remporte nettement, pour la cinquième fois, les élections générales avec 62,15 % des voix, il réalise son plus mauvais score national face notamment à l’Alliance démocratique (22,23 %) et aux Combattants pour la liberté économique (6,35 %), un jeune parti radical dirigé par Julius Malema. Lors des élections municipales sud-africaines de 2016, l'ANC enregistre sa plus forte baisse électorale et son plus faible score national (53,91 %). S'il parvient à encore conserver la très grande majorité des municipalités, en particulier en zone rurale (à l'exception notable des municipalités du Cap-Occidental), l'ANC est battu dans les plus grandes métropoles du pays (Le Cap, Tshwane, Johannesbourg, Nelson Mandela Bay) au profit de Alliance démocratique, alliée parfois pour la circonstance au parti de Malema. Cette baisse nationale de l'ANC peut être analysée comme liée aux scandales de corruption visant le président Jacob Zuma et aux mauvaises performances économiques de l'Afrique du Sud.
195
+
196
+ En 2011, 93 % de l'électricité de l'Afrique du Sud provient du charbon. C'est l'un des pays les plus dépendant de ce combustible ; le port de Richards Bay abrite le premier terminal portuaire exportateur de charbon au monde[28].
197
+
198
+ Le pays dispose de la seule centrale nucléaire du continent africain, située à Koeberg, entrée en service en 1982. Pour assurer son développement et sa croissance économique, le pays doit cependant continuer à investir dans le secteur énergétique[4], notamment nucléaire, mais aussi thermique, pour assurer ses besoins immédiats : construction d'une centrale à charbon à Medupi.
199
+
200
+ En 2019, l'Afrique du Sud peine à produire les besoins en électricité du pays, et le pays fait face à de nombreuses coupures. Pour remédier à cette situation, en partie liée à des sabotages ou des problèmes de gouvernance mais également à un manque d'équipements, l'État a décidé de créer de nouvelles centrales à charbon. Toutefois, la société publique Eskom demeure très endettée tout comme d'autres entreprises publiques[29].
201
+
202
+ L'Afrique du Sud est le premier pollueur du continent africain, et le quatorzième au niveau mondial, de par ses émissions de carbone. Le gouvernement instaure en 2019 une taxe carbone pour tenter d'inciter les entreprises à faire des efforts. Bien que soutenue par les organisations environnementales, cette initiative est jugée insuffisante et peu dissuasive[30].
203
+
204
+ La pollution de l'air représenterait un coût annuel de deux milliards d’euros[31].
205
+
206
+ Le pays bénéficie de caractéristiques naturelles adéquates pour la production d'énergie verte : ensoleillement, vent ou encore espaces maritimes.
207
+
208
+ Le drapeau de l'Afrique du Sud a été adopté le 15 mars 1994 et est officiellement l'emblème du pays depuis le 27 avril 1994.
209
+
210
+ Son prédécesseur était contesté pour son symbolisme exclusivement lié à l'histoire afrikaner et britannique du pays.
211
+
212
+ Les six couleurs symbolisent à la fois les diverses tendances politiques du pays, les couleurs prédominantes des anciens drapeaux utilisés par l'Afrique du Sud au cours de son histoire ainsi que ses ressources naturelles.
213
+
214
+ Le 21 octobre 2016, l'Afrique du Sud annonce son retrait de la Cour pénale internationale (CPI)[32].
215
+
216
+ La population sud-africaine compte près de 54 millions d'habitants en 2014. Elle est inégalement répartie : la plupart des habitants résident dans l'Est du pays. Le Gauteng est la région la plus peuplée suivie par le KwaZulu-Natal[33]. L'aridité explique en partie les faibles densités du Nord-Ouest.
217
+
218
+ Selon le recensement de 2010, 79,2 % des Sud-Africains sont noirs, 9,4 % sont blancs, 8,8 % sont coloureds (métis) et 2,6 % des sud-africains sont indo-asiatique[34],[35].
219
+
220
+ La population noire se répartit en différentes ethnies dont les plus importantes sont les Zoulous et les Xhosas. Concentrée dans l'Est du pays, elle est cependant minoritaire dans les deux provinces du Cap-Occidental et du Cap-Nord. Parmi la population blanche du pays, la plus ancienne, les Afrikaners (ou Boers) représentent une proportion de 60 % des Blancs du pays. Les ancêtres de ces Afrikaners étaient originaires des Pays-Bas ou d'Europe du Nord. Une partie non négligeable étaient également des huguenots français (voir aussi l'article huguenots d'Afrique du Sud) qui s'installèrent dans la colonie du Cap durant les guerres de religion en France (ces derniers font cependant partie de la communauté Afrikaner, on estime d'ailleurs que 25 % des noms de familles afrikaners sont d'origine française). Les autres blancs (40 %) sont surtout d'origine britannique, portugaise et allemande.
221
+
222
+ Selon un rapport de la SAIRR (institut sud-africain des relations raciales), environ 900 000 blancs, soit un sixième de la population, ont quitté le pays depuis 1994. Ces départs massifs, surtout de jeunes Sud-Africains diplômés, ont été dénoncés par l'opposition qui a attaqué l'ANC sur ces trop nombreux départs. Cependant, on constate depuis un nouveau phénomène, la « révolution du retour au foyer »[36]. Ainsi, alors que les coupures de courant, le taux de criminalité élevé et les incertitudes politiques décourageaient les Sud-Africains blancs, qui émigraient précipitamment[37], les exilés, dans leurs nouveaux pays, ont connu pour certains des problèmes financiers lors de la crise mondiale qui les ont poussés à revenir, malgré la peur de la criminalité et de la discrimination positive, en Afrique du Sud[37]. Bien qu'il n'y ait pas de statistiques officielles, Charles Luyckx, le directeur exécutif d’Elliott International qui détient près de 30 % des parts de marché du déménagement affirme alors que l’on comptait quatre départs pour un retour en 2008, le ratio se rapproche en 2009 d’un pour un[37].
223
+
224
+ Beaucoup d’enfants issus des régions rurales n'ont pas de pièce d’identité ou d'acte de naissance, parfois trop coûteux à aller chercher pour les parents. L’ONG Scalabrini Center estime à 40 % la part de ces enfants qui demeurent hors du système éducatif[38].
225
+
226
+ L'Apartheid a doté l'Afrique du Sud d'un système de santé de renommée mondiale mais circonscrit aux zones géographiques blanches. Depuis la fin de l'Apartheid, la situation s'est détériorée en raison d'un plan de départ de fonctionnaires et médecins blancs lancé par le gouvernement et du développement de la corruption[39].
227
+
228
+ L’espérance de vie a chuté de 62 ans en 1990 à 51 ans en 2005[40], avant de remonter a 60 ans en 2011[41].
229
+
230
+ Le pays a le taux d’incidence du VIH le plus élevé au monde, avec 5,6 millions de citoyens — plus de 10 % de la population — porteurs du virus[42],[43].
231
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232
+ En 2012, selon l'UNICEF, 17,9 % de la population adulte vit avec le VIH[44],[45].
233
+
234
+ L'espérance de vie des hommes est de 56,5 ans[46], celui des femmes de 60,2 ans[46]. Le taux annuel de croissance de la population est de 1,07 %, selon les chiffres des statistiques sud-africaines[46]. Le taux de natalité s'élève à 23,8 ‰ (en 2009)[46]. Le taux de mortalité atteint 16,77 ‰ en 2001, et 11 ‰ en 2002, celui de la mortalité infantile 45,70 ‰ en 2009[46]. En 2009, le taux de fécondité était de 2,38 enfants/femme[46].
235
+
236
+ Il n'y a pas de langue maternelle majoritairement dominante en Afrique du Sud.
237
+
238
+ En 1910, le néerlandais était, avec l'anglais, l'une des deux langues officielles reconnues par les nouvelles institutions de l'union de l'Afrique du Sud. En mai 1925, l'afrikaans a été promu au rang de langue officielle à la place du néerlandais (Union Act No 8 of 1925)[47]. L'Afrique du Sud adhère au début du XXIe siècle à l'Union linguistique néerlandaise, mais 60 000 citoyens seulement savent encore parler cette langue.
239
+
240
+ Depuis 1994, onze langues officielles (anglais, afrikaans, zoulou, xhosa, swati, ndebele, sesotho, sepedi, setswana, xitsonga, tshivenda[48]) sont reconnues par la Constitution sud-africaine[49] Selon l'article 6 de la constitution sud-africaine de 1996, l'État et les provinces doivent aussi faire la promotion des langues parlées par les diverses communautés vivant dans le pays ; les principales sont : l'allemand, le grec, le gujarâtî, l'hindi, le portugais, le tamoul, le télougou, l'ourdou, l'arabe, l'hébreu, le sanskrit[50].
241
+
242
+ Dans les faits, le zoulou est la langue maternelle la plus pratiquée dans les foyers sud-africains (environ ¼ des habitants)[51], suivi par le xhosa (17,6 %). En troisième place arrive l'afrikaans avec 14 %[52] de locuteurs maternels. Mais comme elle est employée en seconde langue par plus de 30 % des citoyens sud-africains, l'afrikaans est indirectement la deuxième langue la plus parlée du pays. Cependant elle souffre de la concurrence de l'anglais, qui paraît plus utile et reste la langue des affaires et de la communication[53].
243
+
244
+ D'une manière générale, l'anglais progresse dans tous les milieux et particulièrement chez les jeunes éduqués, dont beaucoup exigent de suivre un enseignement supérieur dans cette langue, et fait ainsi figure de langue véhiculaire. Si l'anglais est la première des secondes langues et que 85 % de la population du pays la parle (dont plus de 90 % chez les Blancs) ou en a des notions, elle n'est réellement la langue maternelle que d'un peu moins de 5 millions des citoyens de l'Afrique du Sud[54]. Elle reste de plus incomprise dans des zones rurales ou bien chez des personnes âgées et des membres de tribus locales assez isolées.
245
+
246
+ En Afrique du Sud environ 80 % de la population suit la religion chrétienne. La plupart des chrétiens sont des protestants. Il y a un certain nombre d'Églises chrétiennes sud-africaines. Il y a aussi environ 1,5 % de musulmans (souvent des Indiens ou originaires d'Indonésie), 1 % d'hindous et 0,2 % de juifs. Le pays compte aussi de petites communautés bouddhistes, des zoroastriens et des baha'is, et diverses sectes. Les trois quarts des Sud-Africains se déclarent chrétiens, 15 % sans religion[55].
247
+
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+ Dans le domaine sportif, l'Afrique du Sud est surtout connue pour son équipe de rugby à XV, majoritairement joué par les classes aisées et blanches, qu'ont représentée des joueurs tels que François Pienaar, Frik du Preez, Joost van der Westhuizen, André Venter, Os du Randt, Percy Montgomery, etc.
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+ Tendai Mtawarira (pilier) et Bryan Habana (ailier) sont actuellement classés parmi les meilleurs joueurs du monde.
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252
+ En sept participations, l'Afrique du Sud remporte trois fois la Coupe du monde : le 24 juin 1995 à Johannesbourg (Ellis Park) : Afrique du Sud 15-12 Nouvelle-Zélande (après prolongation) , le 20 octobre 2007 à Saint-Denis (Stade de France) : Afrique du Sud 15-6 Angleterre et le 2 novembre 2019 au Japon : Afrique du Sud 32 12 Angleterre. L'équipe nationale est donc championne du monde en titre.
253
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254
+ Le rugby à XIII, interdit pendant l’Apartheid car surtout pratiqué par les Noirs, peine à s'implanter malgré un fort succès auprès des couches sociales petites et moyennes.
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+ En 2010, l'Afrique du Sud organise la coupe du monde de football 2010, devenant ainsi le premier pays du continent africain à accueillir cette compétition. L'Afrique du Sud possède de bons joueurs évoluant en Europe. Les vuvuzelas, sortes de trompettes africaines émettant un bruit de ruches d'abeille, sont le socle d'une véritable culture du football. Le pays fut champion d'Afrique de football 1996 à Johannesbourg (FNB Stadium).
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+ L'Afrique du Sud a organisé la coupe du monde de cricket en 2003.
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+ L'Afrique du Sud compte notamment Jody Scheckter qui fut champion du monde de Formule 1 en 1979 sur Ferrari et son fils Tomas qui fait une carrière en IRL. Le pays a par ailleurs accueilli un Grand Prix du championnat du monde de formule 1 entre 1967 et 1993 sur les circuits d'East London et Kyalami.
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+ L'Afrique du Sud organise aussi plusieurs épreuves du championnat du monde de surf.
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264
+ L'Afrique du Sud compte notamment Cameron van der Burgh qui possède les records du monde au 50 mètres brasse grand bassin (26 s 67) et au 50 mètres brasse petit bassin (25 s 25) 100 mètres brasse (55 s 61).
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266
+ L'Afrique du Sud compte dans ses rangs l'athlète Wayde van Niekerk, recordman du 400 m en 43 s 03 en finale des Jeux Olympiques de Rio en 2016. Il est également le seul homme à avoir réalisé les trois temps suivants en une carrière : 100 m en moins de 10 s ; 200 m en moins de 20 s et enfin 400 m en moins de 44 s.
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+ L'Afrique du Sud est aussi bien représentée au golf. Les golfeurs sud-africains les plus connus sont Bobby Locke, Gary Player et Ernie Els. De nombreuses compétitions internationales se déroulent en Afrique du Sud.
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270
+ Selon l'indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l'Afrique du Sud a reculé de 35 places dans leur classement entre 1990 et 2005, constatant l'appauvrissement général de la population. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil d'extrême pauvreté a doublé en dix ans, passant de 1,9 à 4,2 millions, soit 8,8 % de la population. Près de 40 % des villes en Afrique du Sud sont composées de townships et cette différence entre les riches et les pauvres est très visible ainsi que très présente, elle est à l'origine de beaucoup de tension entre les deux classes sociales. Plus de 43 % de la population vit avec moins de 3 000 rands (260 euros) par mois[58]. Le chômage a un taux officiel de 23,2 % selon l'OIT[59], mais les syndicats l'estiment proche de 40 %[60]. En 2013, le revenu de la tranche la plus pauvre de la population (40 % des Sud-Africains), est inférieur de moitié à celui qu’il était en 1993[61].
271
+
272
+ Une partie de la minorité blanche effrayée par la hausse de la criminalité (3 037 fermiers blancs ont été assassinés entre la fin de l'apartheid et février 2009[62]), par la discrimination positive, par la pandémie du Sida, et par les événements survenus au Zimbabwe à l'encontre des fermiers blancs, émigre massivement en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Ainsi, près d'un million de Sud-Africains blancs auraient quitté le pays depuis 1994. De nombreux émigrés d'Afrique du Sud affirment que la criminalité est un facteur majeur qui explique leur décision de quitter le pays[63]. On assisterait cependant à un retour de beaucoup de Blancs confrontés à la crise mondiale, et qui retrouvent au pays natal des conditions de vie plus enviables[64].
273
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274
+ En mai 2008, Johannesbourg et d'autres villes du pays connaissent de violentes émeutes anti-immigrés qui font environ 50 morts, 25 000 sans-abris[65] et provoquent l'exode de plusieurs milliers d'immigrés clandestins[66]. Ces épisodes de xénophobie relativement fréquents se reproduisent fin mars 2015 dans un contexte d'immigration importante et de chômage massif[67].
275
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276
+ Le jeudi 16 août 2012, trente-quatre mineurs ont été tués et soixante-dix-huit blessés dans des affrontements entre grévistes et policiers à la mine de platine Lonmin de Marikana, au nord de Johannesbourg, selon un bilan officiel de la police nationale. Les mineurs, qui vivent dans des taudis accolés à la mine, sans eau courante, touchent environ 4 000 rands par mois (400 euros). « Nous sommes exploités, ni le gouvernement ni les syndicats ne sont venus à notre aide », a déclaré l'un d'eux.« Les sociétés minières font de l'argent grâce à notre travail et on ne nous paye presque rien. Nous ne pouvons pas nous offrir une vie décente. Nous vivons comme des animaux à cause des salaires de misère »[68]. Toutefois, le gouvernement sud-africain s'est dit prêt à compenser financièrement « dans les prochains mois » les familles des victimes du massacre de Marikana[69]
277
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278
+ En 2019, le salaire moyen des Sud-africains blancs est 3,5 fois plus élevé que celui des Sud-africains noirs. Le chômage frappe 27 % de la population[70].
279
+
280
+ À la suite de l'augmentation des cambriolages au début des années 1990, les Sud-Africains ont commencé à se barricader chez eux, élevant des clôtures et des murs pour se protéger de la rue, puis de leurs voisins. Devant la hardiesse des cambrioleurs, les plus aisés d'entre eux ont installé des détecteurs de mouvement et des alarmes dans leurs maisons puis des grilles électrifiées à 9 000 volts et des barrières à infrarouges. Les malfaiteurs s'en sont alors pris à leurs victimes devant chez elles, leur mettant un pistolet sur la tempe pour les forcer à ouvrir leur maison et à désamorcer le système d'alarme[71]. Les habitants aisés de Johannesbourg se sont retranchés dans des quartiers aux allures de forteresses, murés et sécurisés, uniquement accessibles par un portail surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Si dans ces quartiers la criminalité a chuté, parfois de 70 %, les municipalités ont souvent cependant interdit de se barricader de la sorte, afin notamment d'éviter le repli des riches entre eux[71].
281
+
282
+ D'après le journal Le Monde du 28 décembre 2004, l'Afrique du Sud bat des records en matière de criminalité : on y compte environ 25 000 meurtres par an, 30 000 tentatives de meurtre, plus de 50 000 viols et environ 300 000 cambriolages. Le taux de violence sexuelle en Afrique du Sud était, en 2000, le plus élevé au monde. En 2009, on estimait qu'un Sud-Africain sur quatre avait commis un viol[72], qu'un enfant était violé toutes les trois minutes[73],[74]. En 2013, les statistiques avancent que « 40 % des Sud-Africaines seront violées dans leur vie »[75].
283
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284
+ En 2005, l'Afrique du Sud a compté quelque 19 000 personnes assassinées, 55 000 personnes violées et 120 000 hold-ups selon les chiffres cités par le Sunday Times. Pour les années 2007 et 2008, les statistiques ont encore recensé quelque 240 000 cambriolages chez les particuliers, pas moins de 60 000 vols dans les magasins, les usines et les bureaux, près de 140 000 cas de dégradation lourde de matériel, ainsi que 18 487 assassinats et 18 795 tentatives de meurtre. Les violences se concentrent au Cap, à Durban, mais aussi à Johannesbourg et à Pretoria. Les fermiers sont aussi fréquemment victimes d'attaques[76]. Ainsi, presque tous les habitants d'Afrique du Sud ont une fois dans leur vie fait l'expérience directe de la criminalité[77].
285
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286
+ L'État sud-africain dispose pourtant de 200 000 policiers et de 60 000 militaires pour rétablir l'ordre et la sécurité mais les agents de police sont généralement mal formés et mal payés. La police fait elle-même surveiller certains commissariats par des sociétés privées[71]. Ces dernières, qui emploient 420 000 agents de sécurité privés, sont à ce jour chargées de la protection d'un million et demi d'entreprises et de foyers sud-africains[77].
287
+
288
+ En septembre 2011, les chiffres officiels de la criminalité indiquent à nouveau une forte baisse dans presque tous les types de crimes (15 940 meurtres — pour comparaison 662 au Royaume-Uni —, tentatives de meurtre, cambriolages, violences), confirmant la nette tendance des années précédentes. Le nombre de meurtres qui avait atteint il y a quelques années des records mondiaux, est retombé à des valeurs semblables aux années précédant la fin de l'apartheid en 1994. Seuls les explosions des distributeurs de billets, ou encore les crimes liés à la consommation de drogue ou d'alcool dont la répression a été renforcée, ont augmenté[78]. Ces chiffres sont toutefois à relativiser car les taux et les modalités de déclarations de crimes sont plus performants en Afrique du Sud que dans le reste de l'Afrique subsaharienne. Si en 2013, le taux d'assassinats était encore de 31,8/100 000, c'est déjà deux fois moins qu'en 1994. C'est moins qu'en Côte d'Ivoire (56,9/100 000) qui arrive juste derrière la Jamaïque et le Honduras au niveau mondial. C'est aussi moins qu'en Zambie (38 pour 100 000 habitants), en Ouganda (36,3), au Malawi (36) et au Lesotho (35,2)[79].
289
+
290
+ Longtemps première puissance économique du continent, le produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique du Sud est, depuis 2014, classé derrière celui du Nigeria à la suite d'un changement de calcul statistique bien que ce pays demeure largement derrière l'Afrique du Sud pour ce qui est du développement ou du PIB par habitant[4].
291
+
292
+ Pays capitaliste favorable à l'économie de marché, l'Afrique du Sud a opté pour un libéralisme économique tempéré par une forte implication de l'État afin de réguler l'économie, de modifier la répartition inégalitaire des richesses et d'assurer une meilleure protection des catégories sociales historiquement et économiquement les plus défavorisés. L'Afrique du Sud représente un quart du PIB africain avec un taux de croissance moyen de 5 % par an[4]. Son réseau de transports, ses installations énergétiques (avec la seule centrale nucléaire du continent à Koeberg), en ont fait un pays quasi développé[4]. Le pays bénéficie d'un sous-sol riche en matières premières comme l'or, dont il est l'un des principaux producteurs mondiaux, du platine et des métaux précieux, et surtout d'immenses réserves de charbon, première production minière du pays en 2016[80] En outre, les multinationales sud-africaines sont prospères et compétitives sur les marchés internationaux[60]. Ainsi, sur les 100 plus grandes entreprises africaines, 61 sont sud-africaines[4].
293
+
294
+ Depuis 1994, les autorités sud-africaines ont mis en œuvre une politique d'affirmative action ou regstellende aksie (discrimination positive), visant à promouvoir une meilleure représentation de la majorité noire dans les différents secteurs du pays (administration, services publics et parapublics, sociétés nationalisées et privées). Ainsi, dans de nombreux secteurs, des Blancs ont été invités à faire valoir leurs droits à la retraite ou à accepter des licenciements, moyennant une indemnité de départ. Un des résultats fut l'appauvrissement d'une partie de cette minorité blanche (10 % de ses membres vivent aujourd’hui avec 1 000 euros par an).
295
+
296
+ Ce programme a cependant contribué au développement d'une classe moyenne noire. Les black diamonds, qui gagnent plus de 6 000 rands par mois (520 euros), représentent environ 10 % de la population noire mais ceux-ci sont en général très endettés et souffrent de l'augmentation régulière des taux d'intérêt. Il est également reproché à cette politique de discrimination positive de ne favoriser qu'une toute petite partie de la population des noirs, ceux qui sont diplômés, vivant dans des centres urbains[60].
297
+
298
+ Par ailleurs, une étude rendue publique en 2006, et portant sur la période 1995-2005, montre que les blancs qualifiés émigrent en masse : en dix ans, 16,1 % des Sud-Africains blancs auraient quitté le pays. À la suite des critiques des partis d'opposition, le gouvernement sud-africain redéfinit sa politique de discrimination positive en cherchant à favoriser le retour au pays de ces expatriés trop nombreux et trop qualifiés. C'est la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka qui est chargée de mettre cette réforme en œuvre en promouvant des salaires incitatifs à ceux qui reviendraient au pays[83].
299
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300
+ En juillet 2008, l'écrivain sud-africain André Brink s'en prend à la mise en œuvre de la politique de discrimination positive constatant que l’application de celle-ci a « atteint des extrêmes ridicules qui ont conduit à l’exil bon nombre des personnes les plus qualifiées et les plus habiles du pays, tandis que le gouvernement et ses officines remplacent avec constance la compétence réelle par la médiocrité et l’infériorité »[84].
301
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302
+ En août 2008, des membres de la nouvelle direction de l'ANC, mise en place par Jacob Zuma, reconnaissaient, auprès des entrepreneurs et des représentants de la minorité blanche, les errements pratiqués dans le domaine de la discrimination positive et promettaient d'infléchir la politique du prochain gouvernement qui succéderait à celui de Thabo Mbeki[85]. Ainsi, Mathews Phosa, trésorier général de l’ANC, reconnaissait le « déficit de compétences dans des secteurs comme la gestion financière, les technologies de l’information, la gestion du système judiciaire et des questions sécuritaires » causé par la pratique de la discrimination positive. Il indiquait par ailleurs que le « personnel Blanc qualifié serait bien accueilli par la prochaine administration » en 2009[86].
303
+
304
+ Après la seconde guerre des Boers (1899-1902), la spoliation des populations noires a été institutionnalisée. En 1913, le Natives Land Act limite la propriété foncière des personnes noires à 7 % du territoire (étendu à 13 % en 1936). Quatre millions de paysans perdent alors les terres qu'ils possédaient encore et deviennent généralement métayers ou mineurs, une main d’œuvre peu couteuse pour les propriétaires[87].
305
+
306
+ En 1994, 87 % des terres arables d'Afrique du Sud appartenaient à des fermiers blancs. L'objectif de la réforme agraire alors mise en place est de redistribuer 30 % des terres aux populations noires d’ici 2014[88]. Selon le procédé mis en place, l’État sud-africain rachète les propriétés au prix du marché pour les redistribuer selon le principe du volontariat. Les deux tiers des 79 000 réclamations, enregistrées avant la date butoir fixé au 31 décembre 1998, sont satisfaites mais il s'agit majoritairement de terres en zones urbaines et non dans les régions agricoles[89]. En 2006, seules un peu plus de 3 % des terres concernées avaient effectivement été redistribuées[87]. L'objectif de 30 % est par la suite repoussé à 2025[90]. La loi prévoit que les descendants des fermiers noirs, dépossédés par la force ou injustement indemnisés dans le cadre des lois adoptées depuis 1913, peuvent demander la restitution de leurs terres. En juillet 2005, la majorité des 4 000 participants au « Sommet sur la terre », a recommandé des expropriations alors que la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka demandait d'« importer des experts du Zimbabwe ».
307
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308
+ À la mi-2011, sur 24,6 millions d’hectares, près de 2 millions d'hectares (8 %) ont été transférés à 1,2 million de noirs alors que 60 000 blancs possèdent et gèrent 80 % des surfaces cultivables. Selon d’autres estimations, la part des transferts ne serait pas supérieure à 5 %[91]. Ce faible pourcentage s'explique par la volonté de l’État sud-africain d’éviter un effondrement de la production comme au Zimbabwe voisin au début des années 2000, parce que de nouveaux acquéreurs, incapables de maintenir des rendements équivalents, ont eux-mêmes revendu leurs terres, et surtout parce que le gouvernement devrait débourser jusqu'à 5 milliards d’euros pour dédommager les propriétaires pour atteindre les 30 % escomptés[91]. Le gouvernement ne veut pas que cette redistribution affecte la rentabilité économique de ces terres (l'Afrique du Sud est un pays émergent où l'agriculture ne représente cependant que 3 % du PIB). Dans la province du Limpopo, 90 % des terres agricoles font l’objet de réclamations mais les restitutions effectuées ont majoritairement tourné au désastre, marqué par une sous-exploitation de ces terres laissées en déshérence, faute d'encadrement technique et financier[92]. L’Université de Pretoria estime ainsi que dans 44 % des cas, la production a significativement baissé quand elle n'a pas tout simplement cessé dans 24 % des cas[88].
309
+
310
+ Le 31 août 2011, sous la pression politique de Julius Malema, le jeune chef de la ligue de jeunesse de l'ANC, le ministre de la Réforme agraire présente un nouveau projet de redistribution des terres dont l'objectif est de restreindre la propriété foncière privée, de restreindre l’achat de terres par des étrangers mais aussi de transférer des terres appartenant aux Blancs à des agriculteurs noirs[91].
311
+
312
+ L'Afrique du Sud est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010 et neuvième au palmarès des producteurs africains de thé au début de la décennie 2010, dominé par le Kenya. Le secteur agricole doit cependant faire face à la sécheresse : dans la province du Cap, celle-ci a fait baisser la production de 20 % en 2019[87].
313
+
314
+ En 2018, 30 000 fermes commerciales emploient environ 840 000 ouvriers agricoles. Les conditions de vie de ces derniers sont souvent difficiles ; beaucoup vivent dans des taudis dépourvus d'eau courante. La directrice de l'association pour l'avancement rural, Laurel Oettle, souligne que « les saisonniers n'ont pas revenus pendant des mois. Certains sont parfois payés en produits agricoles. Les cas d'abus sexuels sont nombreux. L'accès aux tombes des ancêtres donne lieu à des conflits[87]. »
315
+
316
+ Depuis 1994, pratiquement tous les grands groupes miniers et les banques ont cédé entre 10 et 26 % de leur capital à des noirs, indiens et Coloureds. Dans un premier temps, une petite élite noire, issue des leaders de l'ANC, s'est reconvertie avec succès dans les affaires en bénéficiant de grosses cessions de capital d'entreprises. Le plus riche d'entre eux est Patrice Motsepe qui est devenu le 2e Noir le plus riche au monde avec 3,3 milliards de dollars derrière le Nigérian Aliko Dangote avec 13,3 milliards de dollars selon le magazine Forbes en 2011.
317
+
318
+ Depuis 2000, des objectifs précis ont été négociés dans certains secteurs (mines, banques, distribution du pétrole, etc.). Ainsi, selon la charte minière de 2002, toutes les compagnies doivent céder 26 % de leur capital d'ici à 2014. Les Noirs devront représenter 40 % des cadres en 2009. Les compagnies qui ne respecteront pas ces conditions pourront perdre leurs droits d'exploitation.
319
+
320
+ Un arsenal législatif est d'ailleurs en cours d'adoption. Des objectifs précis seront fixés notamment en matière de cession de capitaux et de promotion interne des Noirs dans les entreprises.
321
+ Toutes les entreprises y compris les PME devront remplir un bulletin de note (ceux qui auront les meilleures notes auront plus de chance de remporter les marchés publics). Les multinationales sont cependant exemptées.
322
+
323
+ En 2007, la monnaie nationale, le rand, s'était nettement dépréciée par rapport à l'euro et au dollar. En 2010-2011 par contre, elle s'est renchérie significativement. En 2012, le rand montre sa résistance face à l'euro.
324
+
325
+ Si en 1970, un rand valait un dollar, la monnaie sud-africaine n'a cessé de se déprécier depuis les années 1980. En février 2008, l'euro valait plus de 11 rands alors que le dollar valait 7,50 rands (soit une perte de 12 % de sa valeur depuis le début de la même année). En 2011, l'euro ne vaut plus que 9,90 rands et le dollar vaut 7,10 rands, ce qui semble confirmer la valeur refuge que le rand peut constituer face aux turbulences rencontrées en Europe et aux États-Unis. Depuis lors, en 2011, les taux ont sensiblement baissé, passant de 15 % en 2007 à moins de 9 % en 2011.
326
+
327
+ En 2007, l'inflation qui avait été jusque-là maîtrisée, atteint 8,6 % alors que la hausse des prix dépasse les 6 %, obligeant la Banque centrale sud-africaine à augmenter à quatre reprises ses taux d'intérêt[60]. En 2011, l'inflation retombe à 4 %.
328
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329
+ Dans les années 1950, l'Afrique du Sud avait développé une large gamme d’hydrocarbures synthétiques. Elle y était contrainte par deux facteurs : l'Apartheid, qui avait entraîné un blocus des produits pétroliers, puis, bien plus tard, en 1979, par l’arrêt des livraisons en provenance de l’Iran, seul fournisseur de l’Afrique du Sud jusqu'à la révolution qui renversa le régime du Shah[93].
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+ En 2008, la croissance sud-africaine a été minée par des coupures d'électricité qui ont paralysé les grandes villes, provoquent des embouteillages monstres sur les grandes artères et menacent l'économie du pays et de la région, en provoquant notamment la fermeture provisoire des principales mines d'or, de platine et de diamant. À la suite de cette crise qui remet en cause l'activité salariée de 450 000 personnes, le gouvernement fait son mea culpa pour n'avoir pas modernisé ou construit de centrales électriques depuis la fin de l’apartheid. Cette crise a menacé un temps la valeur du Rand en baisse constante à l'époque ainsi que la capacité de l'Afrique du Sud à organiser la Coupe du monde de football en 2010[94]. Ces prévisions alarmistes se sont véritablement vérifiées aux vues des pertes engendrées par la Coupe du Monde de football et ce malgré la mise en marche de nouvelles centrales électriques. Cette Coupe du Monde aura eu un effet dévastateur sur l'emploi, et entraîné des pertes financières estimées à 2,1 milliards d'euros[95]. 85 % de l'électricité sud-africaine est produite à partir de centrales thermiques fonctionnant au charbon, dont certaines sont vieillissantes[80].
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+ Pour pallier cette pénurie, de nouvelles centrales électriques sont en construction, comme la centrale solaire de Khi Solar One dans le Cap-Nord, ou le parc éolien West Cost One dans le Cap-Occidental[80].
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+ Néanmoins, à la fin du mandat du président Thabo Mbeki en 2008, de nombreuses faiblesses ou erreurs de sa gestion sont mises en exergue par la presse occidentale, notamment la dégradation de l'état des routes (qui demeure le meilleur réseau routier d'Afrique, devant celui du Maroc), les carences du système de santé publique[60], la dégradation des hôpitaux publics et des écoles publiques. La corruption et l'inefficacité de l'administration, par manque de personnel, de motivation et de moyens complètent le tableau des difficultés structurelles auxquelles fait face l'Afrique du Sud[96].
336
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+ En 2018, d'après la géographe spécialiste de l'énergie Bernadette Mérenne-Schoumaker, l'un des grands défis de l'économie sud-africaine est de diversifier son mix énergétique dans l'optique d'une transition énergétique, sans abandonner un secteur minier qui représente plus de 455 000 emplois dans un pays où le chômage dépasse 27 %[80].
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+ L'Afrique du Sud connaît un essor touristique continu[97]. La découverte des parcs nationaux et autres réserves d'animaux aux excellentes structures d’accueil reste l'un des arguments principaux du séjour, mais le pays présente de nombreux autres attraits.
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+ En partant du nord-est vers le sud-ouest, on trouve en Afrique du Sud l'une des plus grandes diversités d'animaux du continent[97],[98] :
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+ Un élément notable des paysages sud-africains est une longue barrière montagneuse, le Drakensberg, qui court des confins du Mozambique jusqu'à la province du Cap. Les panoramas que le Drakensberg a engendrés dans le Transvaal, tout particulièrement ceux du Blyde River Canyon (26 km) comptent parmi les plus beaux du pays. Ils attirent les randonneurs dont les plus chevronnés se lancent, à l'est du KwaZulu-Natal et du pays zoulou, vers les sommets au-dessus de 3 000 m de Cathedral Peak ou du parc national de Royal Natal.
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+ Au sud, les paysages gagnent en diversité : on peut aussi bien apprécier les reliefs tourmentés et déchiquetés de la région désertique du Karoo et de la vallée de la Désolation que la douceur de la route des vins, à l'est du Cap.
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+ Les huguenots chassés de France se sont installés dans cette région : « le coin des Français » (Franschhoek) et ces vignobles en sont un fort symbole.
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+ On peut également choisir des visites ponctuelles : tout près du Cap, le jardin botanique national de Kirstenbosch, le plus riche du pays grâce à ses 4 500 espèces, ou les grottes du Cango, réputées notamment parce qu'elles renferment des fresques et des motifs sans.
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+ D'autres peintures et gravures bochimans sont visibles dans le KwaZulu-Natal, le long de la frontière est du Lesotho (Royal Natal National ParkRoyal Natal National Park, Giant's Castle (en)), où il est aussi possible de se familiariser avec les coutumes du peuple zoulou.
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+ Deux curiosités caractérisent la région du fleuve Orange : Les spectaculaires chutes d'Augrabies, d'une hauteur de 146 m, et les mines de diamant de Kimberley.
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+ La majorité de ces sites bénéficient d'une excellente structure touristique et d'un important réseau national de grandes randonnées.
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+ L'Afrique du Sud a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La bière est une boisson alcoolisée obtenue par fermentation alcoolique d'un moût de produits végétaux amylacés tels que l'orge, le maïs, le riz (saké), la banane, le manioc... Ce moût est obtenu à l'issue d'une étape importante de la fabrication de la bière, le brassage, opération à l'origine des vocables brasseur et brasserie. C'est la plus ancienne boisson alcoolisée connue au monde et la boisson la plus consommée après l'eau et le thé[1].
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+ La bière actuelle (à partir du Moyen Âge) est généralement produite à partir d’eau, de malt d'orge (parfois additionnée d'autres céréales) et de houblon. Ce dernier, en particulier, apporte un parfum et de l'amertume à la bière et agit comme conservateur. Cette boisson est consommée à la pression, en bouteille ou en canette. La consommation de bière est à l'origine de nombreux évènements festifs tels que la Fête de la bière, le Mondial de la bière, la Journée internationale de la bière ; et suscite également de nombreux jeux à boire comme le bière-pong, le Flip cup (en), le bong à bière (en), la botte de bière (de) ou le barathon. Des versions très faiblement alcoolisées (variant de 2° à 0°) sont présentes sur le marché. Contrairement aux autres boissons « sans alcool », elles sont élaborées par les mêmes procédés que la bière classique. La production de bière est réalisée industriellement ou artisanalement dans une brasserie, tout en étant possible par le particulier.
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+ L'histoire de la bière est intimement liée à celle de ses ingrédients, ainsi qu'aux avancées technologiques qui firent de cette boisson le breuvage que l'on connaît aujourd’hui. Les premières cultures de céréales, notamment de l'orge et de l'épeautre (une variété de blé), ont été attestées en 8000 av. J.-C. en Mésopotamie[2]. Tous les ingrédients étant disponibles dès cette époque, la bière pouvait donc exister et l'on estime son invention/découverte à 6000 av. J.-C. Cependant, les preuves formelles de son existence, découvertes dans la province de Sumer, remontent au IVe millénaire av. J.-C. À cette époque, la bière, alors appelée « sikaru »[3] (dont la traduction littérale est « pain liquide ») était à la base de l'alimentation quotidienne. On la fabriquait par cuisson de galettes à base d'épeautre et d'orge que l'on mettait à tremper dans de l'eau, afin de déclencher la fermentation nécessaire à la production d'alcool, et que l'on assaisonnait avec de la cannelle, du miel ou toutes autres épices en fonction des préférences des clients. La bière, connue des peuples de Chaldée (maintenant Irak, Koweït) et d'Assyrie (Irak, Syrie, Liban, Palestine[4],[2]), devenue monnaie d'échange, commença sa dissémination. Des recherches archéologiques ont pu démontrer que les Provençaux brassaient déjà leur bière au Ve siècle av. J.-C.[5].
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+ Consommée en famille et utilisée comme moyen de paiement à Babylone, boisson des dieux en Égypte, la bière devint dans la Grèce antique (Diodore de Sicile dit qu'elle fut inventée par Dionysos[6]) et dans l’Empire romain celle du pauvre, et le vin celle des dieux. Elle resta cependant la boisson de choix des peuples du Nord, Celtes et Germains. La préférence pour le vin se confirma dans l’Europe chrétienne au début du Moyen Âge, notamment grâce au concile d’Aix-la-Chapelle de 816 qui encouragea les viticultures épiscopales et monastiques dans le but de célébrer l’eucharistie. Il fallut attendre le VIIIe siècle pour voir le brassage de la bière y reprendre de l’importance, en particulier en Bavière. Par la suite, aux environs du XIIe siècle, certains monastères (par exemple en Alsace et en Bavière) se spécialisèrent dans le brassage de la bière, bue par la population à la place d’une eau souvent non potable.
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+ Aujourd’hui, la bière jouit d’un succès mondial en tant que boisson désaltérante et de dégustation. Ce succès remonte au XIXe siècle où la maîtrise de la fermentation basse grâce à la réfrigération et la pasteurisation permirent la production de nouvelles variétés de bière ainsi que leur exportation.
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+
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+ La bière est une boisson qui intervient également dans de nombreuses recettes de cuisine à la bière comme ingrédient premier (exemple : soupe à la bière) ou secondaire apportant une caractéristique particulière au mets (exemple : carbonade flamande).
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+ La bière est utilisée pour le lavage ou l’affinage de certains fromages (exemple : le Cochon 'nez et le Bergues). Elle a aussi été utilisée pour la conservation de la viande.
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+ Elle sert de badigeon après chaulage des murs.
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+ L'élaboration de la bière a évolué à travers les âges. Ce que l’on considérait comme de la bière il y a 8 000 ans est sans aucun doute très éloigné de ce que nous connaissons aujourd’hui. Les « migrations » de ce breuvage à travers le monde et le temps ont obligé les brasseurs à adapter le mode de fabrication en fonction des évolutions techniques et des matières premières disponibles. Ce qui n’était autrefois qu’une sorte de « bouillie » alcoolisée, plus proche des aliments solides que des boissons, est devenu, notamment grâce aux progrès de la microbiologie et des techniques industrielles au XIXe siècle, la boisson limpide que l’on connaît aujourd’hui. Les méthodes de fabrication actuelles sont cependant très proches de celles de ces derniers siècles ce qui dénote une normalisation dans le processus de fabrication.
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+ Pour produire de la bière, il faut certaines matières premières qui vont être transformées tout au long du processus de fabrication. Il est nécessaire de disposer :
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+ D’autre part, on peut aussi utiliser :
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+ Selon le Reinheitsgebot édicté le 23 avril 1516, les brasseurs allemands ne pouvaient utiliser que l'orge, le houblon et l'eau.
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+ Pour transformer ces matières premières par voies enzymatiques et microbiologiques, on utilise diverses techniques de chauffage et de trempage, ainsi que des levures afin de permettre la fermentation du moût (production d’alcool).
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+ Les étapes sont les suivantes :
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+ On distingue quatre types de fermentations :
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+ Certaines bières, notamment en Belgique, subissent une nouvelle fermentation après la mise en bouteille. Une levure, potentiellement différente de la première, peut être ajoutée à cette occasion.
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+ Il existe des bières triples ou tripel, qui ne sont pas des bières ayant subi une triple fermentation, mais des bières pour lesquelles on a ajouté du sucre par rapport à une bière classique, cela vaut aussi pour les bières doubles ou dubbel. Ces bières atteignent généralement un pourcentage relativement élevé d'alcool (plus de 7 %).
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+ La couleur[8] résulte des types de malts de spécialité utilisés. À peine 10 % de malt black patent, mélangé à un malt de base, est suffisant pour produire une bière noire comme l’ébène :
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+ Les bières sont naturellement troubles, cependant, la tendance actuelle tend à généraliser la filtration de la bière en post-fermentation, ce qui explique la limpidité de nos boissons actuelles. C’est notamment le cas des pils ou de la Kölsch. À l’opposé de cette logique de marché, certains brasseurs continuent de produire des bières non (ou peu) filtrées. Les bières trappistes, qui sont fermentées une nouvelle fois durant leur période de garde, font partie de ces bières troubles. Une garde prolongée sans filtration permet d’obtenir une bière parfaitement limpide sans toutefois occasionner la perte de saveurs souvent obtenue lors de la filtration.
38
+
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+ En France, on note généralement la bière par son degré d’alcool, mais également par d’autres degrés indiquant la proportion de céréales dans le moût :
40
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+ Il ne faut pas confondre ces degrés entre eux. Par exemple, l’Eku 28 titre 28° Balling et environ 11° d’alcool. On peut retenir que le degré alcoolique est généralement un peu plus du tiers du degré Balling.
42
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+ On peut regrouper les bières par structure de goût[9] :
44
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45
+ La bière en tant qu'aliment possède à la fois une valeur nutritive et énergétique qui dépend du type de bière et du type de consommation qui en est fait : boisson ou ingrédient culinaire.
46
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47
+ Issue de l'orge commune, une céréale peu panifiable, la bière a toujours eu ce caractère nutritif de pain liquide[10] depuis son usage par les moines lors du carême, ou encore sa confection domestique par des ménagères telle que Katharina von Bora au Moyen Âge[11]. Certains brasseurs perpétuent cette tradition en refusant toute filtration et en proposant ainsi des bières plus rustiques (Kellerbier, Zwickelbier, Zoigl).
48
+
49
+ Une tendance récente, représentée notamment par le gastronome suisse Harry Schraemli[12] favorise en outre le développement de la cuisine à la bière.
50
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51
+ En Égypte ancienne, les femmes utilisaient la bière à des fins cosmétiques ou dermatologiques (cette tradition est toujours vivante en République tchèque sous forme de bain de bière). En Grèce antique, Hippocrate utilisait la bière pour faciliter la diurèse et combattre la fièvre. Arétée la conseillait en cas de diabète et de migraine.
52
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53
+ Au Moyen Âge, cet alcool était réputé pour stimuler l’humeur et l’appétit, calmer et favoriser le sommeil. La bière remplaçait aussi avantageusement l'eau souvent contaminée en ce temps, et jusqu'aux réformes des hygiénistes au XIXe siècle, car les germes infectieux étaient détruits lors du brassage.
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+ Au XIXe siècle, la bière était encore fabriquée et vendue en pharmacie, additionnée de plantes telles que le gruit aux vertus diverses[13].
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+ Au XXe siècle, la médecine dénonce les conséquences nocives de l’abus d’alcool et les médicaments ont remplacé l’alcool en tant que remède.
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+ Pour des raisons pratiques, les consommateurs ont rapidement classé les bières afin de s’y retrouver parmi le nombre important de bières sur le marché. Il existe deux types principaux de classement : le « classement par couleur », et le « classement par fermentation ». Le « classement par couleur » correspond uniquement à la couleur de la bière, indépendamment de sa méthode de fabrication, de sa composition, ou de sa provenance. Au contraire, le « classement par fermentation » correspond au type de fermentation de la bière, ainsi que, dans certains cas, de la couleur.
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+ Certaines catégories sont sans rapport avec les caractéristiques intrinsèques de la bière :
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+ Certains spécialistes ainsi que diverses associations ont tenté d’établir un classement le plus complet possible des différents types de bières existants (voir article détaillé). Le classement créé conjointement par le Beer Judge Certification Program (BJCP) et l’Institut de la bière décrit par exemple 23 types et 78 sous-types de bières.
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+
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+ Il existe sept grands types de verres. Les flûtes pour servir les pils, les verres calices pour servir les bières d’abbaye et trappistes, les godets de différentes grosseur pour la witbier, le lambic (straight et gueuze) pour les ales britanniques, les chopes (ou bocks) pour les ales anglaises et pour le service de grandes quantités de bières lors de festivals, les tulipes pour certaines blanches, les ballons pour les bières liquoreuses et les verres fantaisistes (verre de cocher, verre en forme de botte, etc.).
66
+
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+ La contenance des verres à bière oscille entre 12,5 cl et 2 l. La contenance standard varie d’une région à l’autre, tout comme les appellations que l’on donne aux différentes contenances.
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+ La bière est parfois servie au mètre : un présentoir de 1 mètre de long est percé de façon à pouvoir y présenter une douzaine de verres de 25 cl (0,25 l). Dans les pubs et les bars, on peut également trouver un mode de service original : la « girafe » (cf. photo ci-contre). La « girafe » est un cylindre transparent, d’une contenance de 2,5 à 5 l, monté sur un présentoir et muni d’un robinet pour assurer le service. Bien que le mot soit une expression entrée dans le langage courant, elle est en fait une marque déposée par la société PMP Innovation.
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+ Il existe également des verres « trompeurs » en forme de botte, de spirale, etc., que l’on peut trouver en Allemagne par exemple et qui sont utilisés lors des fêtes de la bière. Le contenu du verre se renverse sur le buveur si celui-ci n’y prend pas garde.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Depuis l’origine de la bière, le problème majeur a été de conserver et transporter ce liquide fragile. Au début, les Égyptiens et les Romains utilisaient des amphores en terre cuite, ce qui a permis le commerce de la « bière ». Mais le transport était délicat du fait de la relative fragilité de la terre cuite. L’utilisation par la suite du tonneau en bois inventé par les Gaulois permit d’améliorer la transportabilité.
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+ Par la suite, les moyens de stockage n’ont guère évolué jusqu’au XIXe siècle où les premiers fûts métalliques furent utilisés. Les fûts métalliques sont toujours utilisés par les débitants de boissons (de 20 à 60 l) et par certaines brasseries pour les périodes de garde (jusqu’à 400 l).
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+ Le véritable engouement pour la consommation à domicile de la bière est arrivé grâce à l’invention de la bouteille de 33 cl en 1949 suivi de près par la bouteille de 25 cl et de la canette métallique en 1953. Mais, il existe de nombreuses autres déclinaisons de ces contenants individuels qui sont parfois endémiques à certaines régions du globe.
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+ La bouteille de bière s’appelle également une canette.
82
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+ La lumière, en provoquant la photolyse des isomères de l’humulone (un composé du houblon) contenu dans la bière, donne à cette dernière une odeur de mouffette[14]. Seul un contenant de verre coloré ou – mieux encore – opaque, protège la bière adéquatement contre ce phénomène, ce qui explique la coloration de la plupart des bouteilles.
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+ La chimie ayant permis la production de dérivés du houblon plus stables à la lumière, certaines marques vendent désormais leurs produits dans des bouteilles transparentes[15], dans le but de développer un marketing plus efficace.
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+ Évolution des principaux pays producteurs de bière entre 2002 et 2013 en millions d'hectolitres[16] :
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+ La France est le cinquième producteur européen de bière avec une production de 16,8 millions d’hectolitres en 2004 dont elle exporte 10 %. Le secteur brassicole génère près de 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel et entretient plus de 4 500 emplois. L’essentiel de la production est assurée en Alsace (60 % de la production française), en Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais mais aussi en Bretagne et en Bourgogne. En 2010, quatre entreprises (Kronenbourg, Heineken, Champigneulles, Saint-Omer) dépassent la production annuelle du million d'hectolitre et cumulent ensemble 88,6 % de la production nationale avec 15,6 millions d’hectolitres.
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+
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+ Malgré un marché de petite taille et une forte tradition vinicole, plus de 300 bières différentes sont produites sur le sol français. Il faut également noter qu’au XXe siècle, plus de 4 500 brasseries ont existé en France, dont au moins 1 500 rien que pour la région Nord/Pas-de-Calais. Avec les 5,4 millions d’hectolitres d’importation en 2004, la consommation moyenne par an et par habitant atteint les 33,7 l[17] ce qui situe les Français parmi les plus faibles consommateurs de bière d’Europe. En effet, la consommation de bière en France a chuté de 30 % entre 1980 et 2010[18].
92
+
93
+ La Belgique est souvent reconnue comme étant le pays de la bière. Il s’y produit plus de mille bières différentes dont six des dix bières trappistes reprenant le logo officiel : Orval, Chimay, Westvleteren, Rochefort, Westmalle et Achel. La consommation annuelle par habitant est de 96,2 l en 2003. Le plus important brasseur en quantité est : Anheuser-Busch InBev (souvent appelé AB InBev) issu de la fusion de Anheuser-Busch et InBev.
94
+
95
+ Si l'on regarde plus loin que la Consommation annuelle de bière par habitant par pays, la production mondiale, bien qu’en baisse ces dernières années, avoisine actuellement les 1 400 millions d’hectolitres, dont 268 millions d´hectolitres consommés en Chine. Cette production est aux mains d’un nombre de plus en plus réduit de firmes internationales.
96
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97
+
98
+
99
+ En 2009, les ventes de bières en grande distribution se concentrent sur les marques suivantes[22] :
100
+
101
+ En 2014[23] :
102
+
103
+ En 2007[24]
104
+
105
+ En 2005 :
106
+
107
+ En 2004[réf. nécessaire] :
108
+
109
+ En 2000[réf. nécessaire] :
110
+
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+ Compte tenu de la baisse de consommation dans les pays développés, le secteur connaît une opération de concentration rapide :
112
+
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+ L'industrie de la bière connaît de nombreuses innovations, tant sur le produit, que sur le packaging. Concernant les innovations autour du produit, les bières sans alcool ont vu le jour en 2000[27], les bières aromatisées (ex. la Pietra rouge en juillet 2014)[28] et le concentré en sachet en février 2014[29]. Concernant les innovations autour du packaging il y a eu les tonnelets sous pression et le kit de préparation à domicile[30].
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+ En mai 2019, des chercheurs et microbiologistes israéliens parviennent à recréer une bière dite « bière des pharaons »[2] avec une teneur en alcool de 6 % et un hydromel à 14 % à partir de souches de levures datant d'il y a environ 3 000 ans et retrouvées dans des jarres antiques découvertes sur des sites archéologiques dans le centre d'Israël (près du lieu de combat de David et Goliath raconté dans la Bible hébraïque), dans la région de Jérusalem, à Tel Aviv[4] ainsi que dans le désert du Néguev (faisant partie anciennement de l'Egypte des pharaons), qu'ils ont brassées selon les méthodes modernes[31]. Les chercheurs de l'Autorité des antiquités israéliennes et les trois universités du pays qui ont participé à l'expérience se sont aperçus que l'une des levures découvertes ressemblait à celle utilisée dans la bière traditionnelle du Zimbabwe et une autre à celle utilisée dans la fabrication du Tedj, un hydromel éthiopien[32],[33]. C'est la première fois au monde que des chercheurs parviennent à recréer des aliments à partir d'ingrédients de cette époque antique[33].
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+ Le Big Bang (« Grand Boum »[a]) est un modèle cosmologique utilisé par les scientifiques pour décrire l'origine et l'évolution de l'Univers[1].
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+ De façon générale, le terme « Big Bang » est associé à toutes les théories qui décrivent notre Univers comme issu d'une dilatation rapide. Par extension, il est également associé à cette époque dense et chaude qu’a connue l’Univers il y a 13,8 milliards d’années[b], sans que cela préjuge de l’existence d’un « instant initial » ou d’un commencement à son histoire. La comparaison avec une explosion, souvent employée, est elle aussi abusive[3].
6
+
7
+ Le terme a été initialement proposé en 1927 par l'astrophysicien et chanoine catholique belge Georges Lemaître[4], qui décrivait dans les grandes lignes l’expansion de l'Univers, avant que celle-ci soit mise en évidence par l'astronome américain Edwin Hubble en 1929[5]. Ce modèle est désigné pour la première fois sous le terme ironique de « Big Bang » lors d’une émission de la BBC, The Nature of Things le 28 mars 1949[6] (dont le texte fut publié en 1950), par le physicien britannique Fred Hoyle[7], qui lui-même préférait les modèles d'état stationnaire[8].
8
+
9
+ Le concept général du Big Bang, à savoir que l’Univers est en expansion et a été plus dense et plus chaud par le passé, doit sans doute être attribué au Russe Alexandre Friedmann, qui l'avait proposé en 1922, cinq ans avant Lemaître[9]. Son assise ne fut cependant établie qu’en 1965 avec la découverte du fond diffus cosmologique, l'« éclat disparu de la formation des mondes », selon les termes de Georges Lemaître, qui attesta de façon définitive la réalité de l’époque dense et chaude de l’Univers primordial. Albert Einstein, en mettant au point la relativité générale, aurait pu déduire l'expansion de l'Univers, mais a préféré modifier ses équations en y ajoutant sa constante cosmologique, car il était persuadé que l'Univers devait être statique.
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+
11
+ Le terme de « Big Bang chaud » (« Hot Big Bang ») était parfois utilisé initialement pour indiquer que, selon ce modèle, l’Univers était plus chaud quand il était plus dense. Le qualificatif de « chaud » était ajouté par souci de précision, car le fait que l’on puisse associer une notion de température à l’Univers dans son ensemble n’était pas encore bien compris au moment où le modèle a été proposé, au milieu du XXe siècle.
12
+
13
+ La découverte de la relativité générale par Albert Einstein en 1915 marque le début de la cosmologie moderne, où il devient possible de décrire l’Univers dans son ensemble comme un système physique, son évolution à grande échelle étant décrite par la relativité générale.
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+
15
+ Einstein est d’ailleurs le premier à utiliser sa théorie fraîchement découverte, tout en y ajoutant un terme supplémentaire, la constante cosmologique, pour proposer une solution issue de la relativité générale décrivant l’espace dans son ensemble, appelée univers d’Einstein. Ce modèle introduit un concept extrêmement audacieux pour l’époque, le principe cosmologique, qui stipule que l’Homme n’occupe pas de position privilégiée dans l’Univers, ce qu’Einstein traduit par le fait que l’Univers soit homogène et isotrope, c’est-à-dire semblable à lui-même quels que soient le lieu et la direction dans laquelle on regarde. Cette hypothèse était relativement hardie, car, à l’époque, aucune observation concluante ne permettait d’affirmer l’existence d’objets extérieurs à la Voie lactée, bien que le débat sur cette question existe dès cette époque (par la suite appelé le Grand Débat).
16
+
17
+ Au principe cosmologique, Einstein ajoute implicitement une autre hypothèse qui paraît aujourd’hui nettement moins justifiée, celle que l’Univers est statique, c’est-à-dire n’évolue pas avec le temps. C’est cet ensemble qui le conduit à modifier sa formulation initiale en ajoutant à ses équations le terme de constante cosmologique. L’avenir lui donne tort, car dans les années 1920, Edwin Hubble découvre la nature extragalactique de certaines « nébuleuses » (aujourd’hui appelées galaxies), puis leur éloignement de la Galaxie avec une vitesse proportionnelle à leur distance[c] : c’est la loi de Hubble. Dès lors, plus rien ne justifie l’hypothèse d’un Univers statique proposée par Einstein.
18
+
19
+ Avant même la découverte de Hubble, plusieurs physiciens, dont Willem de Sitter, Georges Lemaître et Alexandre Friedmann, découvrent d’autres solutions de la relativité générale décrivant un Univers en expansion. Leurs modèles sont alors immédiatement acceptés dès la découverte de l’expansion de l’Univers. Ils décrivent ainsi un Univers en expansion depuis plusieurs milliards d’années. Par le passé, celui-ci était donc plus dense et plus chaud.
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+
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+ La découverte de l’expansion de l’Univers prouve que celui-ci n’est pas statique, mais laisse place à plusieurs interpr��tations possibles :
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+
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+ Dans un premier temps, c’est cette seconde hypothèse qui a été la plus populaire, bien que le phénomène de création de matière ne soit pas motivé par des considérations physiques. L’une des raisons de ce succès est que dans ce modèle, appelé théorie de l’état stationnaire, l’univers est éternel. Il ne peut donc y avoir de conflit entre l’âge de celui-ci et l'âge d’un objet céleste quelconque.
24
+
25
+ À l’inverse, dans l’hypothèse du Big Bang, l’Univers a un âge fini, que l’on déduit directement de son taux d’expansion (voir équations de Friedmann). Dans les années 1940, le taux d’expansion de l’Univers était très largement surestimé, ce qui conduisait à une importante sous-estimation de l’âge de l’Univers. Or diverses méthodes de datation de la Terre indiquaient que celle-ci était plus vieille que l’âge de l’Univers estimé par son taux d’expansion. Les modèles de type Big Bang étaient donc en difficulté vis-à-vis de telles observations. Ces difficultés ont disparu à la suite d'une réévaluation plus précise du taux d’expansion de l’Univers.
26
+
27
+ Deux preuves observationnelles décisives ont donné raison aux modèles de Big Bang : il s’agit de la détection du fond diffus cosmologique, rayonnement de basse énergie (domaine micro-onde) vestige de l’époque chaude de l’histoire de l’univers, et la mesure de l’abondance des éléments légers, c’est-à-dire des abondances relatives de différents isotopes de l’hydrogène, de l’hélium et du lithium qui se sont formés pendant la phase chaude primordiale.
28
+
29
+ Ces deux observations remontent au début de la seconde moitié du XXe siècle, et ont assis le Big Bang comme le modèle décrivant l’univers observable. Outre la cohérence quasi parfaite du modèle avec tout un autre ensemble d’observations cosmologiques effectuées depuis, d’autres preuves relativement directes sont venues s’ajouter : l’observation de l’évolution des populations galactiques, et la mesure du refroidissement du fond diffus cosmologique depuis plusieurs milliards d’années.
30
+
31
+ L’expansion induit naturellement que l’Univers a été plus dense par le passé. À l’instar d’un gaz qui s’échauffe quand on le comprime, l’Univers devait aussi être plus chaud par le passé. Cette possibilité semble évoquée pour la première fois en 1934 par Georges Lemaître, mais n’est réellement étudiée qu’à partir des années 1940. Selon l’étude de George Gamow (entre autres), l’Univers doit être empli d'un rayonnement qui perd de l’énergie du fait de l’expansion, selon un processus semblable à celui du décalage vers le rouge du rayonnement des objets astrophysiques distants.
32
+
33
+ Gamow réalise en effet que les fortes densités de l’Univers primordial doivent avoir permis l’instauration d’un équilibre thermique entre les atomes, et par suite l’existence d'un rayonnement émis par ceux-ci. Ce rayonnement devait être d’autant plus intense que l'Univers était dense, et devait donc encore exister aujourd’hui, bien que considérablement moins intense. Gamow fut le premier (avec Ralph Alpher et Robert C. Herman) à réaliser que la température actuelle de ce rayonnement pouvait être calculée à partir de la connaissance de l’âge de l'Univers, la densité de matière, et l'abondance d’hélium.
34
+
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+ Ce rayonnement est appelé aujourd’hui fond diffus cosmologique, ou parfois rayonnement fossile. Il correspond à un rayonnement de corps noir à basse température (2,7 kelvins), conformément aux prédictions de Gamow. Sa découverte, quelque peu fortuite, est due à Arno Allan Penzias et Robert Woodrow Wilson en 1965, qui seront récompensés par le Prix Nobel de physique en 1978.
36
+
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+ L’existence d’un rayonnement de corps noir est facile à expliquer dans le cadre du modèle du Big Bang : par le passé, l’Univers est très chaud et baigne dans un rayonnement intense. Sa densité, très élevée, fait que les interactions entre matière et rayonnement sont très nombreuses, ce qui a pour conséquence que le rayonnement est thermalisé, c’est-à-dire que son spectre électromagnétique est celui d’un corps noir. L’existence d’un tel rayonnement dans la théorie de l’état stationnaire est par contre quasiment impossible à justifier (bien que ses rares tenants affirment le contraire).
38
+
39
+ Bien que correspondant à un rayonnement à basse température et peu énergétique, le fond diffus cosmologique n’en demeure pas moins la plus grande forme d’énergie électromagnétique de l’Univers : près de 96 % de l’énergie existant sous forme de photons est dans le rayonnement fossile, les 4 % restants résultant du rayonnement des étoiles (dans le domaine visible) et du gaz froid dans les galaxies (en infrarouge). Ces deux autres sources émettent des photons certes plus énergétiques, mais nettement moins nombreux.
40
+
41
+ Dans la théorie de l’état stationnaire, l’existence du fond diffus cosmologique est supposée résulter d���une thermalisation du rayonnement stellaire par d’hypothétiques aiguillettes de fer microscopiques, un tel modèle s’avère en contradiction avec les données observables, tant en termes d’abondance du fer qu’en termes d’efficacité du processus de thermalisation (il est impossible d’expliquer dans ce cadre que le fond diffus cosmologique soit un corps noir quasiment parfait) ou d’isotropie (on s’attendrait à ce que la thermalisation soit plus ou moins efficace selon la distance aux galaxies).
42
+
43
+ La découverte du fond diffus cosmologique fut historiquement la preuve décisive du Big Bang.
44
+
45
+ Dès la découverte de l’interaction forte et du fait que c’était elle qui était la source d’énergie des étoiles, s’est posée la question d’expliquer l’abondance des différents éléments chimiques dans l’Univers. Au tournant des années 1950 deux processus expliquant cette abondance étaient en compétition : la nucléosynthèse stellaire et la nucléosynthèse primordiale.
46
+
47
+ Des tenants de l'idée d’état stationnaire comme Fred Hoyle supposaient que de l’hydrogène était produit constamment au cours du temps, et que celui-ci était peu à peu transformé en hélium puis en éléments plus lourds au cœur des étoiles. La fraction d’hélium ou des autres éléments lourds restait constante au cours du temps car la proportion d’hélium augmentait du fait de la nucléosynthèse, mais diminuait en proportion semblable du fait de la création d’hydrogène. À l’inverse, les tenants du Big Bang supposaient que tous les éléments, de l’hélium à l’uranium, avaient été produits lors de la phase dense et chaude de l’univers primordial.
48
+
49
+ Le modèle actuel emprunte aux deux hypothèses :
50
+
51
+ D’après celle-ci, l’hélium et le lithium ont effectivement été produits pendant la nucléosynthèse primordiale, mais les éléments plus lourds, comme le carbone ou l’oxygène, ont été créés plus tard au cœur des étoiles (nucléosynthèse stellaire). La principale preuve de cela vient de l’étude de l’abondance des éléments dits « légers » (hydrogène, hélium, lithium) dans les quasars lointains. D’après le modèle du Big Bang, leurs abondances relatives dépendent exclusivement d’un seul paramètre, à savoir le rapport de la densité de photons à la densité de baryons, qui est quasi constant depuis la nucléosynthèse primordiale. À partir de ce seul paramètre, que l’on peut d’ailleurs mesurer par d’autres méthodes, on peut expliquer l’abondance des deux isotopes de l’hélium (3He et 4He) et de celle du lithium (7Li). On observe également une augmentation de la fraction d’hélium au sein des galaxies proches, signe de l’enrichissement progressif du milieu interstellaire par les éléments synthétisés par les étoiles.
52
+
53
+ Le modèle du Big Bang présuppose que l’Univers ait été par le passé dans un état bien plus homogène qu’aujourd’hui. La preuve en est apportée par l’observation du fond diffus cosmologique dont le rayonnement est extraordinairement isotrope : les écarts de température ne varient guère plus d’un cent-millième de degré selon la direction d’observation.
54
+
55
+ Il est donc supposé que les structures astrophysiques (galaxies, amas de galaxies) n’existaient pas à l’époque du Big Bang mais se sont peu à peu formées. Le processus à l’origine de leur formation est d’ailleurs connu depuis les travaux de James Jeans en 1902 : c’est l’instabilité gravitationnelle.
56
+
57
+ Le Big Bang prédit donc que les galaxies que nous observons se sont formées quelque temps après le Big Bang, et d’une manière générale que les galaxies du passé ne ressemblaient pas exactement à celles que l’on observe dans notre voisinage. Comme la lumière voyage à une vitesse finie, il suffit de regarder des objets lointains pour voir à quoi ressemblait l’univers par le passé.
58
+
59
+ L’observation des galaxies lointaines, qui d’après la loi de Hubble ont un grand décalage vers le rouge montre effectivement que les galaxies primordiales étaient assez différentes de celles d’aujourd’hui : les interactions entre galaxies étaient plus nombreuses, les galaxies massives moins nombreuses, ces dernières étant apparues plus tard des suites des phénomènes de fusion entre galaxies. De même, la proportion de galaxies spirale, elliptique et irrégulière varie au cours du temps.
60
+
61
+ Toutes ces observations sont relativement délicates à effectuer, en grande partie car les galaxies lointaines sont peu lumineuses et nécessitent des moyens d’observation très performants pour être bien observées. Depuis la mise en service du télescope spatial Hubble en 1990 puis des grands observatoires au sol VLT, Keck, Subaru, l’observation des galaxies à grand redshift a permis de vérifier les phénomènes d’évolution des populations galactiques prédits par les modèles de formation et d’évolution des galaxies dans le cadre des modèles du Big Bang.
62
+
63
+ L’étude des toutes premières générations d’étoiles et de galaxies demeure un des enjeux majeurs de la recherche astronomique du début du XXIe siècle.
64
+
65
+ En décembre 2000, Raghunathan Srianand, Patrick Petitjean et Cédric Ledoux ont mesuré la température du fond diffus cosmologique baignant un nuage interstellaire dont ils ont observé l’absorption du rayonnement émis par le quasar d’arrière plan PKS 1232+0815, situé à un décalage vers le rouge de 2,57 [10].
66
+
67
+ L’étude du spectre d’absorption permet de déduire la composition chimique du nuage, mais aussi sa température si l’on peut détecter les raies correspondant à des transitions entre différents niveaux excités de divers atomes ou ions présents dans le nuage (dans le cas présent, du carbone neutre). La principale difficulté dans une telle analyse est d’arriver à séparer les différents processus physiques pouvant peupler les niveaux excités des atomes.
68
+
69
+ Les propriétés chimiques de ce nuage, ajoutées à la très haute résolution spectrale de l’instrument utilisé (le spectrographe UVES du Very Large Telescope) ont pour la première fois permis d’isoler la température du rayonnement de fond. Srianand, Petitjean et Ledoux ont trouvé une température du fond diffus cosmologique comprise entre 6 et 14 kelvins, en accord avec la prédiction du Big Bang, de 9,1 K, étant donné que le nuage est situé à un décalage vers le rouge de 2,33 771[précision nécessaire].
70
+
71
+ Du fait de l’expansion, l’Univers était par le passé plus dense et plus chaud. La chronologie du Big Bang revient essentiellement à déterminer à rebours l’état de l’Univers à mesure que sa densité et sa température augmentent dans le passé.
72
+
73
+ L’Univers est à l’heure actuelle extrêmement peu dense (quelques atomes par mètre cube, voir l’article densité critique) et froid (2,73 kelvins, soit −271 °C). En effet, s’il existe des objets astrophysiques très chauds (les étoiles), le rayonnement ambiant dans lequel baigne l’Univers est très faible. Cela provient du fait que la densité d’étoiles est extrêmement faible dans l’Univers : la distance moyenne d’un point quelconque de l’univers à l’étoile la plus proche est immense[précision nécessaire]. L’observation astronomique nous apprend de plus que les étoiles ont existé très tôt dans l’histoire de l’Univers : moins d’un milliard d’années après le Big Bang, étoiles et galaxies existaient déjà en nombre. Cependant, à des époques encore plus reculées elles n’existaient pas encore. Si tel avait été le cas, le fond diffus cosmologique porterait les traces de leur présence.
74
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75
+ 380 000 ans après le Big Bang, alors que l’Univers est mille fois plus chaud et un milliard de fois plus dense qu’aujourd’hui, les étoiles et les galaxies n’existaient pas encore. Ce moment marque l’époque où l’Univers est devenu suffisamment peu dense pour que la lumière puisse s’y propager, essentiellement grâce au fait que le principal obstacle à sa propagation était la présence d’électrons libres. Lors de son refroidissement, l’Univers voit les électrons libres se combiner aux noyaux atomiques pour former les atomes. Cette époque porte pour cette raison le nom de recombinaison. Comme elle correspond aussi au moment où l’Univers a permis la propagation de la lumière, on parle aussi de découplage entre matière et rayonnement. La lueur du fond diffus cosmologique a donc pu se propager jusqu’à nous depuis cette époque[d].
76
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77
+ Moins de 380 000 ans après le Big Bang, l’Univers est composé d’un plasma d’électrons et de noyaux atomiques. Quand la température est suffisamment élevée, les noyaux atomiques eux-mêmes ne peuvent exister. On est alors en présence d’un mélange de protons, de neutrons et d’électrons. Dans les conditions qui règnent dans l’Univers primordial, ce n’est que lorsque sa température descend en dessous de 0,1 MeV (soit environ un milliard de degrés) que les nucléons peuvent se combiner pour former des noyaux atomiques. Il n’est cependant pas possible de fabriquer ainsi des noyaux atomiques lourds plus gros que le lithium. Ainsi, seuls les noyaux d’hydrogène, d’hélium et de lithium sont produits lors de cette phase qui commence environ une seconde après le Big Bang et qui dure environ trois minutes[11]. C’est ce que l’on appelle la nucléosynthèse primordiale, dont la prédiction, la compréhension et l’observation des conséquences représentent un des premiers accomplissements majeurs de la cosmologie moderne.
78
+
79
+ Peu avant la nucléosynthèse primordiale (qui débute à 0,1 MeV), la température de l’Univers dépasse 0,5 MeV (cinq milliards de degrés), correspondant à l’énergie de masse des électrons. Au-delà de cette température, interactions entre électrons et photons peuvent spontanément créer des paires d’électron-positrons. Ces paires s’annihilent spontanément mais sont sans cesse recréées tant que la température dépasse le seuil de 0,5 MeV. Dès qu'elle descend en dessous de celui-ci, la quasi-totalité des paires s’annihilent en photons, laissant place au très léger excès d’électrons issus de la baryogenèse (voir infra).
80
+
81
+ Peu avant cette époque, la température est supérieure à 1 MeV (dix milliards de degrés), ce qui est suffisant pour qu’électrons, photons et neutrinos aient de nombreuses interactions. Ces trois espèces sont à l’équilibre thermique à des températures plus élevées. Quand l’Univers refroidit, électrons et photons continuent à interagir, mais plus les neutrinos, qui cessent également d’interagir entre eux. À l’instar du découplage mentionné plus haut qui concernait les photons, cette époque correspond à celle du découplage des neutrinos. Il existe donc un fond cosmologique de neutrinos présentant des caractéristiques semblables à celles du fond diffus cosmologique. L’existence de ce fond cosmologique de neutrinos est attestée indirectement par les résultats de la nucléosynthèse primordiale, puisque ceux-ci y jouent un rôle indirect[e]. La détection directe de ce fond cosmologique de neutrinos représente un défi technologique extraordinairement difficile[12], mais son existence n’en est aucunement remise en cause.
82
+
83
+ La physique des particules repose sur l’idée générale, étayée par l’expérience, que les diverses particules élémentaires et interactions fondamentales ne sont que des aspects différents d’entités plus élémentaires (par exemple, l’électromagnétisme et la force nucléaire faible peuvent être décrits comme deux aspects d’une seule interaction, l’interaction électrofaible). Plus généralement, il est présumé que les lois de la physique et par la suite l’Univers dans son ensemble sont dans un état plus « symétrique » à plus haute température. On considère ainsi que par le passé, matière et antimatière existaient en quantités strictement identiques dans l’Univers. Les observations actuelles indiquent que l’antimatière est quasiment absente dans l’univers observable[f]. La présence de matière est donc le signe qu’à un moment donné s’est formé un léger excès de matière par rapport à l’antimatière. Lors de l’évolution ultérieure de l’Univers, matière et antimatière se sont annihilées en quantités strictement égales, laissant derrière elles le très léger surplus de matière qui s’était formé. Comme la matière ordinaire est formée de particules appelées baryons, la phase où cet excès de matière s’est formé est appelée baryogenèse. Très peu de choses sont connues sur cette phase ou sur le processus qui s’est produit alors. Par exemple l’échelle de température où elle s’est produite varie, selon les modèles, de 103 à 1016 GeV (soit entre 1016 et 1029 kelvins…). Les conditions nécessaires pour que la baryogenèse se produise sont appelées conditions de Sakharov, à la suite des travaux du physicien russe Andreï Sakharov en 1967.
84
+
85
+ Un nombre croissant d’indications suggère que les forces électromagnétiques, faible et forte ne sont que des aspects différents d’une seule et unique interaction. Celle-ci est en général appelée théorie grand unifiée (« GUT » en anglais, pour Grand Unified Theory), ou grande unification. On pense qu’elle se manifeste au-delà de températures de l’ordre de 1016 GeV (1029 kelvin). Il est donc probable que l’Univers ait connu une phase où la théorie grand unifiée était de mise. Cette phase pourrait être à l’origine de la baryogenèse, ainsi éventuellement que de la matière noire, dont la nature exacte reste inconnue.
86
+
87
+ Le Big Bang amène de nouvelles questions en cosmologie. Par exemple, il suppose que l’Univers est homogène et isotrope (ce qu’il est effectivement, du moins dans la région observable), mais n’explique pas pourquoi il devrait en être ainsi. Or dans sa version naïve, il n’existe pas de mécanisme pendant le Big Bang qui provoque une homogénéisation de l’Univers (voir infra). La motivation initiale de l’inflation était ainsi de proposer un processus provoquant l’homogénéisation et l’isotropisation de l’Univers.
88
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89
+ L’inventeur de l’inflation est Alan Guth qui a été le premier à proposer explicitement un scénario réaliste décrivant un tel processus. À son nom méritent aussi d’être associés ceux de François Englert et Alexeï Starobinski, qui ont également travaillé sur certaines de ces problématiques à la même époque (1980). Il a par la suite été réalisé (en 1982) que l’inflation permettait non seulement d’expliquer pourquoi l’Univers était homogène, mais aussi pourquoi il devait aussi présenter de petits écarts à l’homogénéité, comportant les germes des grandes structures astrophysiques.
90
+
91
+ L’on peut montrer que pour que l’inflation résolve tous ces problèmes, elle doit avoir eu lieu à des époques extrêmement reculées et chaudes de l’histoire de l’Univers (entre 1014 et 1019 GeV, soit de 1027 à 1032 degrés…), c’est-à-dire au voisinage des époques de Planck et de grande unification. L’efficacité de l’inflation à résoudre la quasi-totalité des problèmes exhibés par le Big Bang lui a rapidement donné un statut de premier plan en cosmologie, bien que divers autres scénarios, souvent plus complexes et moins aboutis (pré Big Bang, défauts topologiques, univers ekpyrotique), aient été proposés pour résoudre les mêmes problèmes. Depuis l’observation détaillée des anisotropies du fond diffus cosmologique, les modèles d’inflation sont sortis considérablement renforcés. Leur accord avec l’ensemble des observations allié à l’élégance du concept font de l’inflation le scénario de loin le plus intéressant pour les problématiques qu’il aborde.
92
+
93
+ La phase d’inflation en elle-même se compose d’une expansion extrêmement rapide de l’Univers (pouvant durer un temps assez long), à l’issue de laquelle la dilution causée par cette expansion rapide est telle qu’il n’existe essentiellement plus aucune particule dans l’Univers, mais que celui-ci est empli d’une forme d’énergie très homogène. Cette énergie est alors convertie de façon très efficace en particules qui très vite vont se mettre à interagir et à s’échauffer. Ces deux phases qui closent l’inflation sont appelées préchauffage pour la création « explosive » de particules et réchauffage pour leur thermalisation. Si le mécanisme général de l’inflation est parfaitement bien compris (quoique de très nombreuses variantes existent), celui du préchauffage et du réchauffage le sont beaucoup moins et sont toujours l’objet de nombreuses recherches.
94
+
95
+ Au-delà de la phase d’inflation, et plus généralement à des températures de l’ordre de la température de Planck, on entre dans le domaine où les théories physiques actuelles ne deviennent plus valables, car nécessitant un traitement de la relativité générale incluant les concepts de la mécanique quantique. Cette théorie de la gravité quantique, non découverte à ce jour mais qui sera peut-être issue de la théorie des cordes encore en développement, laisse à l’heure actuelle place à des spéculations nombreuses concernant l’Univers à cette époque dite ère de Planck. Plusieurs auteurs, dont Stephen Hawking, ont proposé diverses pistes de recherche pour tenter de décrire l’Univers à ces époques. Ce domaine de recherche est ce que l’on appelle la cosmologie quantique.
96
+
97
+ L’étude des modèles de Big Bang révèle un certain nombre de problèmes inhérents à ce type de modèle. En l’absence de modifications, le modèle naïf du Big Bang apparaît peu convaincant, car il nécessite de supposer qu’un certain nombre de quantités physiques sont soit extrêmement grandes, soit extrêmement petites par rapport aux valeurs que l’on pourrait naïvement penser leur attribuer. En d’autres termes, le Big Bang semble nécessiter d’ajuster un certain nombre de paramètres à des valeurs inattendues pour pouvoir être viable. Ce type d’ajustement fin de l’univers est considéré comme problématique dans tout modèle physique (en rapport avec la cosmologie ou pas, d’ailleurs), au point que le Big Bang pourrait être considéré comme un concept posant autant de problèmes qu’il en résout, rendant cette solution peu attractive, malgré ses succès à expliquer nombre d’observations. Fort heureusement, des scénarios existent, en particulier l’inflation cosmique, qui, inclus dans les modèles de Big Bang, permettent d’éviter les observations initialement considérées comme étant problématiques. Il est ainsi possible d’avoir aujourd’hui une vision unifiée du contenu matériel, de la structure, de l’histoire et de l’évolution de l’univers, appelée par analogie avec la physique des particules le modèle standard de la cosmologie.
98
+
99
+ Les observations indiquent que l’univers est homogène et isotrope. Il est possible de montrer à l’aide des équations de Friedmann qu’un univers homogène et isotrope à un instant donné va le rester. Par contre, le fait que l’univers soit homogène et isotrope dès l’origine est plus difficile à justifier.
100
+
101
+ À l’exception d’arguments esthétiques et de simplicité, il n’existe pas a priori de raison valable de supposer que l’univers soit aussi homogène et isotrope que ce qui est observé. Aucun mécanisme satisfaisant n’explique par ailleurs pourquoi il devrait exister de petits écarts à cette homogénéité, comme ceux qui sont observés dans les anisotropies du fond diffus cosmologique et qui seraient responsables de la formation des grandes structures dans l’univers (galaxie, amas de galaxies…).
102
+
103
+ Cette situation est insatisfaisante et on a longtemps cherché à proposer des mécanismes qui, partant de conditions initiales relativement génériques, pourraient expliquer pourquoi l’univers a évolué vers l’état observé à notre ère. On peut en effet montrer que deux régions distantes de l’univers observable sont tellement éloignées l’une de l’autre qu’elles n���ont pas eu le temps d’échanger une quelconque information, quand bien même elles étaient bien plus proches l’une de l’autre par le passé qu’elles ne le sont aujourd’hui. Le fait que ces régions distantes présentent essentiellement les mêmes caractéristiques reste donc difficile à justifier. Ce problème est connu sous le nom de problème de l’horizon.
104
+
105
+ Un autre problème qui apparaît quand on considère l’étude de l’évolution de l’univers est celui de son éventuel rayon de courbure.
106
+
107
+ La relativité générale indique que si la répartition de matière est homogène dans l’univers, alors la géométrie de celui-ci ne dépend que d’un paramètre, appelé courbure spatiale. Intuitivement, cette quantité donne l’échelle de distance au-delà de laquelle la géométrie euclidienne (comme le théorème de Pythagore) cesse d’être valable. Par exemple, la somme des angles d’un triangle de taille gigantesque (plusieurs milliards d’années-lumière) pourrait ne pas être égale à 180 degrés. Il reste parfaitement possible que de tels effets, non observés, n’apparaissent qu’à des distances bien plus grandes que celles de l’univers observable.
108
+
109
+ Néanmoins un problème apparaît si l’on remarque que cette échelle de longueur, appelée rayon de courbure, a tendance à devenir de plus en plus petite par rapport à la taille de l’univers observable. En d’autres termes, si le rayon de courbure était à peine plus grand que la taille de l’univers observable il y a 5 milliards d’années, il devrait être aujourd’hui plus petit que cette dernière, et les effets géométriques sus-mentionnés devraient devenir visibles. En continuant ce raisonnement, il est possible de voir qu’à l’époque de la nucléosynthèse le rayon de courbure devait être immensément plus grand que la taille de l’univers observable pour que les effets dus à la courbure ne soient pas encore visibles aujourd’hui. Le fait que le rayon de courbure soit encore aujourd’hui plus grand que la taille de l’univers observable est connu sous le nom de problème de la platitude.
110
+
111
+ La physique des particules prévoit l’apparition progressive de nouvelles particules lors du refroidissement résultant de l’expansion de l’univers.
112
+
113
+ Certaines sont produites lors d’un phénomène appelé transition de phase que l’on pense générique dans l’univers primordial. Ces particules, dont certaines sont appelées monopôles, ont la particularité d’être stables, extrêmement massives (ordinairement 1015 fois plus que le proton) et très nombreuses. Si de telles particules existaient, leur contribution à la densité de l’univers devrait en fait être considérablement plus élevée que celle de la matière ordinaire.
114
+
115
+ Or, si une partie de la densité de l’univers est due à des formes de matière mal connues (voir plus bas), il n’y a certainement pas la place pour une proportion significative de monopôles. Le problème des monopôles est donc la constatation qu’il n’existe pas en proportion significative de telles particules massives dans l’univers, alors que la physique des particules prédit naturellement leur existence avec une abondance très élevée.
116
+
117
+ Si l’observation révèle que l’univers est homogène à grande échelle, elle révèle aussi qu’il présente des hétérogénéités importantes à plus petite échelle (planètes, étoiles, galaxies, etc.). Le fait que l’univers présente des hétérogénéités plus marquées à petite échelle n’est pas évident en soi. L’on sait expliquer comment, dans certaines circonstances, une petite hétérogénéité dans la distribution de matière peut croître jusqu’à former un objet astrophysique significativement plus compact que son environnement : c’est ce que l’on appelle le mécanisme d’instabilité gravitationnelle, ou instabilité de Jeans (du nom de James Jeans). Cependant, pour qu’un tel mécanisme se produise, il faut supposer la présence initiale d’une petite hétérogénéité, et de plus la variété des structures astrophysiques observées indique que la répartition en amplitude et en taille de ces hétérogénéités initiales suivait une loi bien précise, connue sous le nom de spectre de Harrison-Zeldovitch. Les premiers modèles de Big Bang étaient dans l’incapacité d’expliquer la présence de telles fluctuations. On parlait alors du problème de la formation des structures.
118
+
119
+ Les problèmes de l’horizon et de la platitude ont une origine commune. Le problème de l’horizon vient du fait qu’à mesure que le temps passe, l’on a accès à des régions de plus en plus grandes, et contenant de plus en plus de matière. Par exemple, avec une expansion dictée par de la matière ordinaire, un nombre croissant de galaxies est visible au cours du temps. Il est donc surprenant que celles-ci possèdent les mêmes caractéristiques.
120
+
121
+ On se rend compte que ce problème pourrait être résolu si on imaginait qu’une certaine information sur l’état de l’univers ait pu se propager extrêmement rapidement tôt dans l’histoire de l’univers. Dans un tel cas, des régions extrêmement distantes les unes des autres pourraient avoir échangé suffisamment d’information pour qu’il soit possible qu’elles soient dans des configurations semblables. La relativité restreinte stipule cependant que rien ne peut se déplacer plus vite que la lumière, aussi paraît-il difficilement imaginable que le processus proposé soit possible.
122
+
123
+ Néanmoins, si on suppose que l’expansion de l’univers est très rapide et se fait à taux d’expansion constant, alors on peut contourner la limitation de la relativité restreinte. En effet, dans un tel cas, la distance entre deux régions de l’univers croît exponentiellement au cours du temps, tandis que la taille de l’univers observable reste constante. Une région initialement très petite et homogène va donc avoir la possibilité de prendre une taille démesurée par rapport à la région de l’univers qui est observable. Quand cette phase à taux d’expansion constant s’achève, la région homogène de l’univers dans laquelle nous nous trouvons peut alors être immensément plus grande que celle qui est accessible à nos observations. Quand bien même la phase d’expansion classique reprend son cours, il devient naturel d’observer un univers homogène sur des distances de plus en plus grandes, tant que les limites de la région homogène initiale ne sont pas atteintes. Un tel scénario nécessite que l’expansion de l’univers puisse se faire à taux constant, ou plus généralement de façon accélérée (la vitesse à laquelle deux régions distantes s’éloignent doit croître avec le temps). Les équations de Friedmann stipulent que cela est possible, mais au prix de l’hypothèse qu’une forme de matière atypique existe dans l’univers (elle doit avoir une pression négative).
124
+
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+ Le problème de la platitude peut se résoudre de façon essentiellement identique. Initialement, le problème vient du fait que le rayon de courbure croît moins vite que la taille de l’univers observable. Or cela peut ne plus être vrai si la loi qui gouverne l’expansion est différente de celle qui gouverne l’expansion d’un univers empli de matière ordinaire. Si en lieu et place de celle-ci l’on imagine qu’une autre forme de matière aux propriétés atypiques existe (que sa pression soit négative), alors on peut montrer que, dans un tel cas, le rayon de courbure va croître plus vite que la taille de l’univers observable. Si une telle phase d’expansion s’est produite dans le passé et a duré suffisamment longtemps, alors il n’est plus surprenant que le rayon de courbure ne soit pas mesurable.
126
+
127
+ Enfin, le problème des monopôles est naturellement résolu avec une phase d’expansion accélérée, car celle-ci a tendance à diluer toute la matière ordinaire de l’univers. Cela amène un nouveau problème : la phase d’expansion accélérée laisse un univers homogène, spatialement plat, sans reliques massives, mais vide de matière. Il faut donc repeupler l’univers avec de la matière ordinaire à l’issue de cette phase d’expansion accélérée.
128
+
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+ Le scénario de l’inflation cosmique, proposé par Alan Guth au début des années 1980 répond à l’ensemble de ces critères. La forme de matière atypique qui cause la phase d’expansion accélérée est ce que l’on appelle un champ scalaire (souvent appelé inflaton dans ce contexte), qui possède toutes les propriétés requises. Il peut être à l’origine du démarrage de cette phase accélérée si certaines conditions favorables génériques se trouvent réunies en un endroit de l’univers. À l’issue de cette phase d’expansion accélérée, c’est le champ scalaire lui-même responsable de cette phase d’expansion qui devient instable et se désintègre en plusieurs étapes en particules du modèle standard au cours d’un ensemble de processus complexes appelés préchauffage et réchauffage (voir plus haut).
130
+
131
+ Les premiers modèles d’inflation souffraient d’un certain nombre de problèmes techniques, notamment les circonstances qui donnaient lieu au démarrage de la phase d’expansion accélérée et à son arrêt étaient peu satisfaisantes. Les modèles d’inflation plus récents évitent ces écueils, et proposent des scénarios tout à fait plausibles pour décrire une telle phase.
132
+
133
+ De plus l’inflaton possède, comme toute forme de matière, des fluctuations quantiques (résultat du principe d’indétermination d’Heisenberg). Une des conséquences inattendues de l’inflation est que ces fluctuations, initialement de nature quantique, évoluent durant la phase d’expansion accélérée pour devenir des variations classiques ordinaires de densité. Par ailleurs le calcul du spectre de ces fluctuations effectué dans le cadre de la théorie des perturbations cosmologiques montre qu’il suit précisément les contraintes du spectre de Harrison-Zeldovitch.
134
+
135
+ Ainsi, l’inflation permet d’expliquer l’apparition de petits écarts à l’homogénéité de l’univers, résolvant du même coup le problème de la formation des structures susmentionnées. Ce succès inattendu de l’inflation a immédiatement contribué à en faire un modèle extrêmement attractif, d’autant que le détail des inhomogénéités créées lors de la phase d’inflation peut être confronté aux inhomogénéités existant dans l’univers actuel.
136
+
137
+ L’accord remarquable entre les prévisions du modèle cosmologique standard et l'exploitation des données relatives aux fluctuations du fond diffus, fournies entre autres par les satellites COBE et WMAP et de façon beaucoup plus précise encore par le satellite Planck, ainsi que les catalogues de galaxies comme celui réalisé par la mission SDSS est sans nul doute un des plus grands succès de la cosmologie du XXe siècle.
138
+
139
+ Il n’en demeure pas moins vrai que des alternatives à l’inflation ont été proposées malgré les succès indéniables de celle-ci. Parmi ceux-ci, citons le pré Big Bang proposé entre autres par Gabriele Veneziano, et l’univers ekpyrotique. Ces modèles sont globalement considérés comme moins génératiques, moins esthétiques et moins achevés que les modèles d’inflation. Ce sont donc ces derniers qui à l’heure actuelle sont de loin considérés comme les plus réalistes.
140
+
141
+ La construction de ce qui est désormais appelé le modèle standard de la cosmologie est la conséquence logique de l’idée du Big Bang proposée dans la première partie du XXe siècle. Ce modèle standard de la cosmologie, qui tire son nom par analogie avec le modèle standard de la physique des particules, offre une description de l’univers compatible avec l’ensemble des observations de l’univers. Il stipule en particulier les deux points suivants :
142
+
143
+ Un très grand nombre d’observations astronomiques rendent ces ingrédients indispensables pour décrire l’univers que nous connaissons. La recherche en cosmologie vise essentiellement à déterminer l’abondance et les propriétés de ces formes de matière, ainsi qu’à contraindre le scénario d’expansion accélérée de l’univers primordial (ou d’en proposer d’autres). Trois ingrédients de ce modèle standard de la cosmologie nécessitent de faire appel à des phénomènes physiques non observés en laboratoire : l’inflation, la matière noire et l’énergie noire. Néanmoins, les indications observationnelles en faveur de l’existence de ces trois phénomènes sont telles qu’il semble extrêmement difficile d’envisager d’éviter d’y faire appel. Il n’existe de fait aucun modèle cosmologique satisfaisant s’affranchissant d’un ou plusieurs de ces ingrédients.
144
+
145
+ Il indique seulement que celui-ci a connu une période dense et chaude. De nombreux modèles cosmologiques décrivent de façons très diverses cette phase dense et chaude. Le statut de cette phase a d’ailleurs été soumis à maints remaniements. Dans un de ses premiers modèles, Georges Lemaître proposait un état initial dont la matière aurait la densité de la matière nucléaire (1015 g/cm3). Lemaître considérait (à juste titre) qu’il était difficile de prétendre connaître avec certitude le comportement de la matière à de telles densités, et supposait que c’était la désintégration de ce noyau atomique géant et instable qui avait initié l’expansion (hypothèse de l’atome primitif). Auparavant, Lemaître avait en 1931 fait remarquer que la mécanique quantique devait invariablement être invoquée pour décrire les tout premiers instants de l’histoire de l’Univers, jetant par là les bases de la cosmologie quantique, et que les notions de temps et d’espace perdaient probablement leur caractère usuel[13]. Aujourd’hui, certains modèles d’inflation supposent par exemple un univers éternel[14], d’autres modèles comme celui du pré Big Bang supposent un état initial peu dense mais en contraction suivi d’une phase de rebond, d’autres modèles encore, basés sur la théorie des cordes, prédisent que l’univers observable n’est qu’un objet appelé « brane » (tiré du mot anglais « membrane », identique à sa traduction française) plongé dans un espace à plus de quatre dimensions (le « bulk »), le big bang et le démarrage de l’expansion étant dus à une collision entre deux branes (univers ekpyrotique). Cependant, c’est lors de cette phase dense et chaude que se forment les particules élémentaires que nous connaissons aujourd’hui, puis, plus tard toutes les structures que l’on observe dans l’Univers. Ainsi reste-t-il légitime de dire que l’univers est né du Big Bang, au sens où l’Univers tel que nous le connaissons s’est structuré à cette époque.
146
+
147
+ Le Big Bang ne s’est pas produit en un point d’où aurait été éjectée la matière qui forme aujourd’hui les galaxies, contrairement à ce que son nom suggère et à ce que l’imagerie populaire véhicule souvent[15]. À l’« époque » du Big Bang, les conditions qui régnaient « partout » dans l’Univers (du moins la région de l’Univers observable) étaient identiques. Il est par contre vrai que les éléments de matière s’éloignaient alors très rapidement les uns des autres, du fait de l’expansion de l'Univers. Le terme de Big Bang renvoie donc à la violence de ce mouvement d’expansion, mais pas à un « lieu » privilégié. En particulier il n’y a pas de « centre » du Big Bang ou de direction privilégiée dans laquelle il nous faudrait observer pour le voir. C’est l’observation des régions lointaines de l’Univers (quelle que soit leur direction) qui nous permet de voir l’Univers tel qu’il était par le passé (car la lumière voyageant à une vitesse finie, elle nous fait voir des objets lointains tels qu’ils étaient à une époque reculée, leur état actuel nous étant d’ailleurs inaccessible) et donc de nous rapprocher de cette époque. Ce qu’il nous est donné de voir aujourd’hui n’est pas l’époque du Big Bang lui-même, mais le fond diffus cosmologique, sorte d’écho lumineux de cette phase chaude de l’histoire de l’Univers. Ce rayonnement est essentiellement uniforme quelle que soit la direction dans laquelle on l’observe, ce qui indique que le Big Bang s’est produit de façon extrêmement homogène dans les régions qu’il nous est possible d’observer. La raison pour laquelle il n’est pas possible de voir jusqu’au Big Bang est que l’Univers primordial est opaque au rayonnement du fait de sa densité élevée, de même qu’il n’est pas possible de voir directement le centre du Soleil et que l’on ne peut observer que sa surface. Voir l’article fond diffus cosmologique pour plus de détails.
148
+
149
+ L’aspect étonnamment « créationniste » que suggère le Big Bang — du moins dans son interprétation naïve — a bien sûr été à l’origine de nombreuses réflexions, y compris hors des cercles scientifiques, puisque pour la première fois était entrevue la possibilité que la science apporte des éléments de réponse à des domaines jusque-là réservés à la philosophie et la théologie. Ce point de vue sera en particulier exprimé par le pape Pie XII (voir infra).
150
+
151
+ Remarquons au passage que la chronologie suggérée par le Big Bang va à l’inverse des convictions des deux grands architectes des théories de la gravitation, Isaac Newton et Albert Einstein, qui croyaient que la Création était éternelle. Dans le cas d’Einstein, toutefois, il ne semble pas avéré qu’il y avait un préconçu philosophique pour motiver cette intuition, qui pourrait être avant tout issue de motivations physiques (voir l’article Univers d’Einstein).
152
+
153
+ Lemaître élaborera un point de vue différent de celui exprimé par le pape : la cosmologie, et la science en général, n’ont pas vocation à conforter ou à infirmer ce qui est du domaine du religieux (ou philosophique). Elle se contente de proposer un scénario réaliste permettant de décrire de façon cohérente l’ensemble des observations dont on dispose à un instant donné. Pour l’heure, l’interprétation des décalages vers le rouge en termes d’expansion de l’Univers est établie au-delà de tout doute raisonnable, aucune autre interprétation ne résistant à un examen sérieux, ou étant motivée par des arguments physiques pertinents, et l’existence de la phase dense et chaude est également avérée (voir plus haut).
154
+
155
+ Par contre les convictions ou les réticences des acteurs qui ont participé à l’émergence du concept ont joué un rôle dans ce processus de maturation, et il a souvent été dit que les convictions religieuses de Lemaître l’avaient aidé à proposer le modèle du Big Bang, bien que cela ne repose pas sur des preuves tangibles[16]. En revanche, l’idée que tout l’Univers eût pu avoir été créé à un instant donné paraissait à Fred Hoyle bien plus critiquable que son hypothèse de création lente mais continue de matière dans la théorie de l’état stationnaire, ce qui est sans doute à l’origine de son rejet du Big Bang. De nombreux autres exemples de réticences sont connus chez des personnalités du monde scientifique, en particulier :
156
+
157
+ « Arno et moi, bien sûr, étions très heureux d’avoir une réponse de quelque nature que ce soit à notre problème. Toute explication raisonnable nous aurait satisfait. […] Nous nous étions habitués à l’idée d’une cosmologie de l’état stationnaire. […] Philosophiquement, j’aimais la cosmologie de l’état stationnaire. Aussi ai-je pensé que nous devions rapporter notre résultat comme une simple mesure : au moins la mesure pourrait rester vraie après que la cosmologie derrière s’avèrerait fausse. »
158
+
159
+ Même aujourd’hui, et malgré ses succès indéniables, le Big Bang rencontre encore une opposition (quoique très faible) de la part d’une partie du monde scientifique, y compris chez certains astronomes. Parmi ceux-ci figurent ses opposants historiques comme Geoffrey Burbidge, Fred Hoyle et Jayant Narlikar, qui après avoir finalement abandonné la théorie de l’état stationnaire, en ont proposé une version modifiée, toujours basée sur la création de matière, mais avec une succession de phases d’expansion et de recontraction, la théorie de l'état quasi stationnaire[18], n’ayant pas rencontré de succès probant en raison de leur incapacité à faire des prédictions précises et compatibles avec les données observationnelles actuelles, notamment celles du fond diffus cosmologique[19]. Une des critiques récurrentes du Big Bang porte sur l’éventuelle incohérence entre l’âge de l’Univers, plus jeune que celui d’objets lointains, comme cela a été le cas pour les galaxies Abell 1835 IR1916 et HUDF-JD2, mais la plupart du temps, ces problèmes d’âge résultent surtout de mauvaises estimations de l’âge de ces objets (voir les articles correspondants), ainsi qu’une sous-estimation des barres d’erreur correspondantes[g].
160
+
161
+ Dans le monde francophone, Jean-Claude Pecker, membre de l’académie des sciences, Jean-Marc Bonnet-Bidaud, astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique émettent des critiques sur le Big Bang[20]. Christian Magnan, chercheur au Groupe de recherches en astronomie (GRAAL) de l'université de Montpellier continue à défendre fermement la réalité du Big Bang mais se montre néanmoins insatisfait du modèle standard de la cosmologie. Il critique notamment ce qu’il décrit comme « la soumission inconditionnelle au modèle d’Univers homogène et isotrope » (c’est-à-dire satisfaisant au principe cosmologique) qui conduit selon lui à des difficultés[21]. La plupart de ces critiques ne sont cependant pas étayées par des éléments scientifiques concrets, et ces personnes ne comptent pas de publications sur le sujet dans des revues scientifiques à comité de lecture[22]. Il n’en demeure pas moins que la presse scientifique grand public se fait souvent l’écho de telles positions marginales, offrant parfois une vision faussée du domaine à ses lecteurs[23].
162
+
163
+ Les progrès constants dans le domaine de la cosmologie observationnelle donnent à la théorie du Big Bang une assise solide dont résulte un large consensus parmi les chercheurs travaillant dans le domaine[24], même si des réserves sont émises par des chercheurs demeurant dans le cadre de cette théorie[25]. Il n’existe d’autre part aucun modèle concurrent sérieux au Big Bang. Le seul qui ait jamais existé, la théorie de l’état stationnaire, est aujourd’hui complètement marginal du fait de son incapacité à expliquer les observations élémentaires du fond diffus cosmologique, de l’abondance des éléments légers et surtout de l’évolution des galaxies. Ses auteurs se sont d’ailleurs finalement résignés à en proposer au début des années 1990 une version significativement différente, la théorie de l'état quasi stationnaire, qui comme son nom ne l’indique pas comporte un cycle de phases denses et chaudes, lors desquelles les conditions sont essentiellement semblables à celles du Big Bang.
164
+
165
+ Il n’existe désormais pas d’argument théorique sérieux pour remettre en cause le Big Bang. Celui-ci est en effet une conséquence relativement générique de la théorie de la relativité générale qui n’a, à l’heure actuelle, pas été mise en défaut par les observations. Remettre en cause le Big Bang nécessiterait donc soit de rejeter la relativité générale (malgré l’absence d’éléments observationnels allant dans ce sens), soit de supposer des propriétés extrêmement exotiques d’une ou plusieurs formes de matière. Même dans ce cas, il semble impossible de nier que la nucléosynthèse primordiale ait eu lieu, ce qui implique que l’Univers soit passé par une phase un milliard de fois plus chaude et un milliard de milliards de milliards de fois plus dense qu’aujourd’hui. De telles conditions rendent le terme de Big Bang légitime pour parler de cette époque dense et chaude. De plus, les seuls modèles réalistes permettant de rendre compte de la présence des grandes structures dans l’Univers supposent que celui-ci a connu une phase dont les températures étaient entre 1026 et 1029 fois plus élevées qu’aujourd’hui.
166
+
167
+ Cela étant, il arrive que la presse scientifique grand public se fasse parfois l’écho de telles positions marginales[20],[23]. Il est par contre faux de dire que l’intégralité du scénario décrivant cette phase dense et chaude est comprise. Plusieurs époques ou phénomènes en sont encore mal connus, comme en particulier celle de la baryogénèse, qui a vu se produire un léger excès de matière par rapport à l’antimatière avant la disparition de cette dernière, ainsi que les détails de la fin de la phase d’inflation (si celle-ci a effectivement eu lieu), en particulier le préchauffage et le réchauffage : si les modèles de Big Bang sont en constante évolution, le concept général est en revanche très difficilement discutable.
168
+
169
+ L’illustration la plus révélatrice sans doute des réactions suscitées par l’invention du Big Bang est celle du pape Pie XII. Celui-ci, dans un discours de 1951 resté célèbre[26] et très explicitement intitulé Les preuves de l’existence de Dieu à la lumière de la science actuelle de la nature, fait le point sur les dernières découvertes en astrophysique, physique nucléaire et cosmologie, faisant preuve d’une connaissance aiguë de la science de son temps. Il ne mentionne aucunement la théorie de l’état stationnaire, mais tire de l’observation de l’expansion et de la cohérence entre âge estimé de l’Univers et autres méthodes de datation la preuve de la création du monde :
170
+
171
+ « […] Avec le même regard limpide et critique dont, il [l’esprit éclairé et enrichi par les connaissances scientifiques] examine et juge les faits, il y entrevoit et reconnaît l’œuvre de la Toute-Puissance créatrice, dont la vérité, suscitée par le puissant « Fiat » prononcé il y a des milliards d’années par l’Esprit créateur, s’est déployée dans l’Univers […]. Il semble, en vérité, que la science d’aujourd’hui, remontant d’un trait des millions de siècles, ait réussi à se faire témoin de ce « Fiat Lux » initial, de cet instant où surgit du néant avec la matière, un océan de lumière et de radiations, tandis que les particules des éléments chimiques se séparaient et s’assemblaient en millions de galaxies. »
172
+
173
+ Il conclut son texte en affirmant :
174
+
175
+ « Ainsi, création dans le temps ; et pour cela, un Créateur ; et par conséquent, Dieu ! Le voici, donc — encore qu’implicite et imparfait — le mot que Nous demandions à la science et que la présente génération attend d’elle. […] »
176
+
177
+ N’approuvant pas une telle interprétation de découvertes scientifiques, Lemaître demanda audience à Pie XII, lui faisant part de son point de vue que science et foi ne devaient pas être mêlées[27]. Il est souvent dit que Pie XII se rétracta de ce premier commentaire lors d’un discours prononcé l’année suivante, devant un auditoire d’astronomes[28]. Sans parler de rétractation, Pie XII n’évoque plus la création de l’Univers, mais invite les astronomes à « acquérir un perfectionnement plus profond de l’image astronomique de l’Univers ».
178
+
179
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+
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+ Concepts fondamentaux :
182
+
183
+ Fondateurs du modèle :
fr/662.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,183 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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2
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+ Le Big Bang (« Grand Boum »[a]) est un modèle cosmologique utilisé par les scientifiques pour décrire l'origine et l'évolution de l'Univers[1].
4
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5
+ De façon générale, le terme « Big Bang » est associé à toutes les théories qui décrivent notre Univers comme issu d'une dilatation rapide. Par extension, il est également associé à cette époque dense et chaude qu’a connue l’Univers il y a 13,8 milliards d’années[b], sans que cela préjuge de l’existence d’un « instant initial » ou d’un commencement à son histoire. La comparaison avec une explosion, souvent employée, est elle aussi abusive[3].
6
+
7
+ Le terme a été initialement proposé en 1927 par l'astrophysicien et chanoine catholique belge Georges Lemaître[4], qui décrivait dans les grandes lignes l’expansion de l'Univers, avant que celle-ci soit mise en évidence par l'astronome américain Edwin Hubble en 1929[5]. Ce modèle est désigné pour la première fois sous le terme ironique de « Big Bang » lors d’une émission de la BBC, The Nature of Things le 28 mars 1949[6] (dont le texte fut publié en 1950), par le physicien britannique Fred Hoyle[7], qui lui-même préférait les modèles d'état stationnaire[8].
8
+
9
+ Le concept général du Big Bang, à savoir que l’Univers est en expansion et a été plus dense et plus chaud par le passé, doit sans doute être attribué au Russe Alexandre Friedmann, qui l'avait proposé en 1922, cinq ans avant Lemaître[9]. Son assise ne fut cependant établie qu’en 1965 avec la découverte du fond diffus cosmologique, l'« éclat disparu de la formation des mondes », selon les termes de Georges Lemaître, qui attesta de façon définitive la réalité de l’époque dense et chaude de l’Univers primordial. Albert Einstein, en mettant au point la relativité générale, aurait pu déduire l'expansion de l'Univers, mais a préféré modifier ses équations en y ajoutant sa constante cosmologique, car il était persuadé que l'Univers devait être statique.
10
+
11
+ Le terme de « Big Bang chaud » (« Hot Big Bang ») était parfois utilisé initialement pour indiquer que, selon ce modèle, l’Univers était plus chaud quand il était plus dense. Le qualificatif de « chaud » était ajouté par souci de précision, car le fait que l’on puisse associer une notion de température à l’Univers dans son ensemble n’était pas encore bien compris au moment où le modèle a été proposé, au milieu du XXe siècle.
12
+
13
+ La découverte de la relativité générale par Albert Einstein en 1915 marque le début de la cosmologie moderne, où il devient possible de décrire l’Univers dans son ensemble comme un système physique, son évolution à grande échelle étant décrite par la relativité générale.
14
+
15
+ Einstein est d’ailleurs le premier à utiliser sa théorie fraîchement découverte, tout en y ajoutant un terme supplémentaire, la constante cosmologique, pour proposer une solution issue de la relativité générale décrivant l’espace dans son ensemble, appelée univers d’Einstein. Ce modèle introduit un concept extrêmement audacieux pour l’époque, le principe cosmologique, qui stipule que l’Homme n’occupe pas de position privilégiée dans l’Univers, ce qu’Einstein traduit par le fait que l’Univers soit homogène et isotrope, c’est-à-dire semblable à lui-même quels que soient le lieu et la direction dans laquelle on regarde. Cette hypothèse était relativement hardie, car, à l’époque, aucune observation concluante ne permettait d’affirmer l’existence d’objets extérieurs à la Voie lactée, bien que le débat sur cette question existe dès cette époque (par la suite appelé le Grand Débat).
16
+
17
+ Au principe cosmologique, Einstein ajoute implicitement une autre hypothèse qui paraît aujourd’hui nettement moins justifiée, celle que l’Univers est statique, c’est-à-dire n’évolue pas avec le temps. C’est cet ensemble qui le conduit à modifier sa formulation initiale en ajoutant à ses équations le terme de constante cosmologique. L’avenir lui donne tort, car dans les années 1920, Edwin Hubble découvre la nature extragalactique de certaines « nébuleuses » (aujourd’hui appelées galaxies), puis leur éloignement de la Galaxie avec une vitesse proportionnelle à leur distance[c] : c’est la loi de Hubble. Dès lors, plus rien ne justifie l’hypothèse d’un Univers statique proposée par Einstein.
18
+
19
+ Avant même la découverte de Hubble, plusieurs physiciens, dont Willem de Sitter, Georges Lemaître et Alexandre Friedmann, découvrent d’autres solutions de la relativité générale décrivant un Univers en expansion. Leurs modèles sont alors immédiatement acceptés dès la découverte de l’expansion de l’Univers. Ils décrivent ainsi un Univers en expansion depuis plusieurs milliards d’années. Par le passé, celui-ci était donc plus dense et plus chaud.
20
+
21
+ La découverte de l’expansion de l’Univers prouve que celui-ci n’est pas statique, mais laisse place à plusieurs interpr��tations possibles :
22
+
23
+ Dans un premier temps, c’est cette seconde hypothèse qui a été la plus populaire, bien que le phénomène de création de matière ne soit pas motivé par des considérations physiques. L’une des raisons de ce succès est que dans ce modèle, appelé théorie de l’état stationnaire, l’univers est éternel. Il ne peut donc y avoir de conflit entre l’âge de celui-ci et l'âge d’un objet céleste quelconque.
24
+
25
+ À l’inverse, dans l’hypothèse du Big Bang, l’Univers a un âge fini, que l’on déduit directement de son taux d’expansion (voir équations de Friedmann). Dans les années 1940, le taux d’expansion de l’Univers était très largement surestimé, ce qui conduisait à une importante sous-estimation de l’âge de l’Univers. Or diverses méthodes de datation de la Terre indiquaient que celle-ci était plus vieille que l’âge de l’Univers estimé par son taux d’expansion. Les modèles de type Big Bang étaient donc en difficulté vis-à-vis de telles observations. Ces difficultés ont disparu à la suite d'une réévaluation plus précise du taux d’expansion de l’Univers.
26
+
27
+ Deux preuves observationnelles décisives ont donné raison aux modèles de Big Bang : il s’agit de la détection du fond diffus cosmologique, rayonnement de basse énergie (domaine micro-onde) vestige de l’époque chaude de l’histoire de l’univers, et la mesure de l’abondance des éléments légers, c’est-à-dire des abondances relatives de différents isotopes de l’hydrogène, de l’hélium et du lithium qui se sont formés pendant la phase chaude primordiale.
28
+
29
+ Ces deux observations remontent au début de la seconde moitié du XXe siècle, et ont assis le Big Bang comme le modèle décrivant l’univers observable. Outre la cohérence quasi parfaite du modèle avec tout un autre ensemble d’observations cosmologiques effectuées depuis, d’autres preuves relativement directes sont venues s’ajouter : l’observation de l’évolution des populations galactiques, et la mesure du refroidissement du fond diffus cosmologique depuis plusieurs milliards d’années.
30
+
31
+ L’expansion induit naturellement que l’Univers a été plus dense par le passé. À l’instar d’un gaz qui s’échauffe quand on le comprime, l’Univers devait aussi être plus chaud par le passé. Cette possibilité semble évoquée pour la première fois en 1934 par Georges Lemaître, mais n’est réellement étudiée qu’à partir des années 1940. Selon l’étude de George Gamow (entre autres), l’Univers doit être empli d'un rayonnement qui perd de l’énergie du fait de l’expansion, selon un processus semblable à celui du décalage vers le rouge du rayonnement des objets astrophysiques distants.
32
+
33
+ Gamow réalise en effet que les fortes densités de l’Univers primordial doivent avoir permis l’instauration d’un équilibre thermique entre les atomes, et par suite l’existence d'un rayonnement émis par ceux-ci. Ce rayonnement devait être d’autant plus intense que l'Univers était dense, et devait donc encore exister aujourd’hui, bien que considérablement moins intense. Gamow fut le premier (avec Ralph Alpher et Robert C. Herman) à réaliser que la température actuelle de ce rayonnement pouvait être calculée à partir de la connaissance de l’âge de l'Univers, la densité de matière, et l'abondance d’hélium.
34
+
35
+ Ce rayonnement est appelé aujourd’hui fond diffus cosmologique, ou parfois rayonnement fossile. Il correspond à un rayonnement de corps noir à basse température (2,7 kelvins), conformément aux prédictions de Gamow. Sa découverte, quelque peu fortuite, est due à Arno Allan Penzias et Robert Woodrow Wilson en 1965, qui seront récompensés par le Prix Nobel de physique en 1978.
36
+
37
+ L’existence d’un rayonnement de corps noir est facile à expliquer dans le cadre du modèle du Big Bang : par le passé, l’Univers est très chaud et baigne dans un rayonnement intense. Sa densité, très élevée, fait que les interactions entre matière et rayonnement sont très nombreuses, ce qui a pour conséquence que le rayonnement est thermalisé, c’est-à-dire que son spectre électromagnétique est celui d’un corps noir. L’existence d’un tel rayonnement dans la théorie de l’état stationnaire est par contre quasiment impossible à justifier (bien que ses rares tenants affirment le contraire).
38
+
39
+ Bien que correspondant à un rayonnement à basse température et peu énergétique, le fond diffus cosmologique n’en demeure pas moins la plus grande forme d’énergie électromagnétique de l’Univers : près de 96 % de l’énergie existant sous forme de photons est dans le rayonnement fossile, les 4 % restants résultant du rayonnement des étoiles (dans le domaine visible) et du gaz froid dans les galaxies (en infrarouge). Ces deux autres sources émettent des photons certes plus énergétiques, mais nettement moins nombreux.
40
+
41
+ Dans la théorie de l’état stationnaire, l’existence du fond diffus cosmologique est supposée résulter d���une thermalisation du rayonnement stellaire par d’hypothétiques aiguillettes de fer microscopiques, un tel modèle s’avère en contradiction avec les données observables, tant en termes d’abondance du fer qu’en termes d’efficacité du processus de thermalisation (il est impossible d’expliquer dans ce cadre que le fond diffus cosmologique soit un corps noir quasiment parfait) ou d’isotropie (on s’attendrait à ce que la thermalisation soit plus ou moins efficace selon la distance aux galaxies).
42
+
43
+ La découverte du fond diffus cosmologique fut historiquement la preuve décisive du Big Bang.
44
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45
+ Dès la découverte de l’interaction forte et du fait que c’était elle qui était la source d’énergie des étoiles, s’est posée la question d’expliquer l’abondance des différents éléments chimiques dans l’Univers. Au tournant des années 1950 deux processus expliquant cette abondance étaient en compétition : la nucléosynthèse stellaire et la nucléosynthèse primordiale.
46
+
47
+ Des tenants de l'idée d’état stationnaire comme Fred Hoyle supposaient que de l’hydrogène était produit constamment au cours du temps, et que celui-ci était peu à peu transformé en hélium puis en éléments plus lourds au cœur des étoiles. La fraction d’hélium ou des autres éléments lourds restait constante au cours du temps car la proportion d’hélium augmentait du fait de la nucléosynthèse, mais diminuait en proportion semblable du fait de la création d’hydrogène. À l’inverse, les tenants du Big Bang supposaient que tous les éléments, de l’hélium à l’uranium, avaient été produits lors de la phase dense et chaude de l’univers primordial.
48
+
49
+ Le modèle actuel emprunte aux deux hypothèses :
50
+
51
+ D’après celle-ci, l’hélium et le lithium ont effectivement été produits pendant la nucléosynthèse primordiale, mais les éléments plus lourds, comme le carbone ou l’oxygène, ont été créés plus tard au cœur des étoiles (nucléosynthèse stellaire). La principale preuve de cela vient de l’étude de l’abondance des éléments dits « légers » (hydrogène, hélium, lithium) dans les quasars lointains. D’après le modèle du Big Bang, leurs abondances relatives dépendent exclusivement d’un seul paramètre, à savoir le rapport de la densité de photons à la densité de baryons, qui est quasi constant depuis la nucléosynthèse primordiale. À partir de ce seul paramètre, que l’on peut d’ailleurs mesurer par d’autres méthodes, on peut expliquer l’abondance des deux isotopes de l’hélium (3He et 4He) et de celle du lithium (7Li). On observe également une augmentation de la fraction d’hélium au sein des galaxies proches, signe de l’enrichissement progressif du milieu interstellaire par les éléments synthétisés par les étoiles.
52
+
53
+ Le modèle du Big Bang présuppose que l’Univers ait été par le passé dans un état bien plus homogène qu’aujourd’hui. La preuve en est apportée par l’observation du fond diffus cosmologique dont le rayonnement est extraordinairement isotrope : les écarts de température ne varient guère plus d’un cent-millième de degré selon la direction d’observation.
54
+
55
+ Il est donc supposé que les structures astrophysiques (galaxies, amas de galaxies) n’existaient pas à l’époque du Big Bang mais se sont peu à peu formées. Le processus à l’origine de leur formation est d’ailleurs connu depuis les travaux de James Jeans en 1902 : c’est l’instabilité gravitationnelle.
56
+
57
+ Le Big Bang prédit donc que les galaxies que nous observons se sont formées quelque temps après le Big Bang, et d’une manière générale que les galaxies du passé ne ressemblaient pas exactement à celles que l’on observe dans notre voisinage. Comme la lumière voyage à une vitesse finie, il suffit de regarder des objets lointains pour voir à quoi ressemblait l’univers par le passé.
58
+
59
+ L’observation des galaxies lointaines, qui d’après la loi de Hubble ont un grand décalage vers le rouge montre effectivement que les galaxies primordiales étaient assez différentes de celles d’aujourd’hui : les interactions entre galaxies étaient plus nombreuses, les galaxies massives moins nombreuses, ces dernières étant apparues plus tard des suites des phénomènes de fusion entre galaxies. De même, la proportion de galaxies spirale, elliptique et irrégulière varie au cours du temps.
60
+
61
+ Toutes ces observations sont relativement délicates à effectuer, en grande partie car les galaxies lointaines sont peu lumineuses et nécessitent des moyens d’observation très performants pour être bien observées. Depuis la mise en service du télescope spatial Hubble en 1990 puis des grands observatoires au sol VLT, Keck, Subaru, l’observation des galaxies à grand redshift a permis de vérifier les phénomènes d’évolution des populations galactiques prédits par les modèles de formation et d’évolution des galaxies dans le cadre des modèles du Big Bang.
62
+
63
+ L’étude des toutes premières générations d’étoiles et de galaxies demeure un des enjeux majeurs de la recherche astronomique du début du XXIe siècle.
64
+
65
+ En décembre 2000, Raghunathan Srianand, Patrick Petitjean et Cédric Ledoux ont mesuré la température du fond diffus cosmologique baignant un nuage interstellaire dont ils ont observé l’absorption du rayonnement émis par le quasar d’arrière plan PKS 1232+0815, situé à un décalage vers le rouge de 2,57 [10].
66
+
67
+ L’étude du spectre d’absorption permet de déduire la composition chimique du nuage, mais aussi sa température si l’on peut détecter les raies correspondant à des transitions entre différents niveaux excités de divers atomes ou ions présents dans le nuage (dans le cas présent, du carbone neutre). La principale difficulté dans une telle analyse est d’arriver à séparer les différents processus physiques pouvant peupler les niveaux excités des atomes.
68
+
69
+ Les propriétés chimiques de ce nuage, ajoutées à la très haute résolution spectrale de l’instrument utilisé (le spectrographe UVES du Very Large Telescope) ont pour la première fois permis d’isoler la température du rayonnement de fond. Srianand, Petitjean et Ledoux ont trouvé une température du fond diffus cosmologique comprise entre 6 et 14 kelvins, en accord avec la prédiction du Big Bang, de 9,1 K, étant donné que le nuage est situé à un décalage vers le rouge de 2,33 771[précision nécessaire].
70
+
71
+ Du fait de l’expansion, l’Univers était par le passé plus dense et plus chaud. La chronologie du Big Bang revient essentiellement à déterminer à rebours l’état de l’Univers à mesure que sa densité et sa température augmentent dans le passé.
72
+
73
+ L’Univers est à l’heure actuelle extrêmement peu dense (quelques atomes par mètre cube, voir l’article densité critique) et froid (2,73 kelvins, soit −271 °C). En effet, s’il existe des objets astrophysiques très chauds (les étoiles), le rayonnement ambiant dans lequel baigne l’Univers est très faible. Cela provient du fait que la densité d’étoiles est extrêmement faible dans l’Univers : la distance moyenne d’un point quelconque de l’univers à l’étoile la plus proche est immense[précision nécessaire]. L’observation astronomique nous apprend de plus que les étoiles ont existé très tôt dans l’histoire de l’Univers : moins d’un milliard d’années après le Big Bang, étoiles et galaxies existaient déjà en nombre. Cependant, à des époques encore plus reculées elles n’existaient pas encore. Si tel avait été le cas, le fond diffus cosmologique porterait les traces de leur présence.
74
+
75
+ 380 000 ans après le Big Bang, alors que l’Univers est mille fois plus chaud et un milliard de fois plus dense qu’aujourd’hui, les étoiles et les galaxies n’existaient pas encore. Ce moment marque l’époque où l’Univers est devenu suffisamment peu dense pour que la lumière puisse s’y propager, essentiellement grâce au fait que le principal obstacle à sa propagation était la présence d’électrons libres. Lors de son refroidissement, l’Univers voit les électrons libres se combiner aux noyaux atomiques pour former les atomes. Cette époque porte pour cette raison le nom de recombinaison. Comme elle correspond aussi au moment où l’Univers a permis la propagation de la lumière, on parle aussi de découplage entre matière et rayonnement. La lueur du fond diffus cosmologique a donc pu se propager jusqu’à nous depuis cette époque[d].
76
+
77
+ Moins de 380 000 ans après le Big Bang, l’Univers est composé d’un plasma d’électrons et de noyaux atomiques. Quand la température est suffisamment élevée, les noyaux atomiques eux-mêmes ne peuvent exister. On est alors en présence d’un mélange de protons, de neutrons et d’électrons. Dans les conditions qui règnent dans l’Univers primordial, ce n’est que lorsque sa température descend en dessous de 0,1 MeV (soit environ un milliard de degrés) que les nucléons peuvent se combiner pour former des noyaux atomiques. Il n’est cependant pas possible de fabriquer ainsi des noyaux atomiques lourds plus gros que le lithium. Ainsi, seuls les noyaux d’hydrogène, d’hélium et de lithium sont produits lors de cette phase qui commence environ une seconde après le Big Bang et qui dure environ trois minutes[11]. C’est ce que l’on appelle la nucléosynthèse primordiale, dont la prédiction, la compréhension et l’observation des conséquences représentent un des premiers accomplissements majeurs de la cosmologie moderne.
78
+
79
+ Peu avant la nucléosynthèse primordiale (qui débute à 0,1 MeV), la température de l’Univers dépasse 0,5 MeV (cinq milliards de degrés), correspondant à l’énergie de masse des électrons. Au-delà de cette température, interactions entre électrons et photons peuvent spontanément créer des paires d’électron-positrons. Ces paires s’annihilent spontanément mais sont sans cesse recréées tant que la température dépasse le seuil de 0,5 MeV. Dès qu'elle descend en dessous de celui-ci, la quasi-totalité des paires s’annihilent en photons, laissant place au très léger excès d’électrons issus de la baryogenèse (voir infra).
80
+
81
+ Peu avant cette époque, la température est supérieure à 1 MeV (dix milliards de degrés), ce qui est suffisant pour qu’électrons, photons et neutrinos aient de nombreuses interactions. Ces trois espèces sont à l’équilibre thermique à des températures plus élevées. Quand l’Univers refroidit, électrons et photons continuent à interagir, mais plus les neutrinos, qui cessent également d’interagir entre eux. À l’instar du découplage mentionné plus haut qui concernait les photons, cette époque correspond à celle du découplage des neutrinos. Il existe donc un fond cosmologique de neutrinos présentant des caractéristiques semblables à celles du fond diffus cosmologique. L’existence de ce fond cosmologique de neutrinos est attestée indirectement par les résultats de la nucléosynthèse primordiale, puisque ceux-ci y jouent un rôle indirect[e]. La détection directe de ce fond cosmologique de neutrinos représente un défi technologique extraordinairement difficile[12], mais son existence n’en est aucunement remise en cause.
82
+
83
+ La physique des particules repose sur l’idée générale, étayée par l’expérience, que les diverses particules élémentaires et interactions fondamentales ne sont que des aspects différents d’entités plus élémentaires (par exemple, l’électromagnétisme et la force nucléaire faible peuvent être décrits comme deux aspects d’une seule interaction, l’interaction électrofaible). Plus généralement, il est présumé que les lois de la physique et par la suite l’Univers dans son ensemble sont dans un état plus « symétrique » à plus haute température. On considère ainsi que par le passé, matière et antimatière existaient en quantités strictement identiques dans l’Univers. Les observations actuelles indiquent que l’antimatière est quasiment absente dans l’univers observable[f]. La présence de matière est donc le signe qu’à un moment donné s’est formé un léger excès de matière par rapport à l’antimatière. Lors de l’évolution ultérieure de l’Univers, matière et antimatière se sont annihilées en quantités strictement égales, laissant derrière elles le très léger surplus de matière qui s’était formé. Comme la matière ordinaire est formée de particules appelées baryons, la phase où cet excès de matière s’est formé est appelée baryogenèse. Très peu de choses sont connues sur cette phase ou sur le processus qui s’est produit alors. Par exemple l’échelle de température où elle s’est produite varie, selon les modèles, de 103 à 1016 GeV (soit entre 1016 et 1029 kelvins…). Les conditions nécessaires pour que la baryogenèse se produise sont appelées conditions de Sakharov, à la suite des travaux du physicien russe Andreï Sakharov en 1967.
84
+
85
+ Un nombre croissant d’indications suggère que les forces électromagnétiques, faible et forte ne sont que des aspects différents d’une seule et unique interaction. Celle-ci est en général appelée théorie grand unifiée (« GUT » en anglais, pour Grand Unified Theory), ou grande unification. On pense qu’elle se manifeste au-delà de températures de l’ordre de 1016 GeV (1029 kelvin). Il est donc probable que l’Univers ait connu une phase où la théorie grand unifiée était de mise. Cette phase pourrait être à l’origine de la baryogenèse, ainsi éventuellement que de la matière noire, dont la nature exacte reste inconnue.
86
+
87
+ Le Big Bang amène de nouvelles questions en cosmologie. Par exemple, il suppose que l’Univers est homogène et isotrope (ce qu’il est effectivement, du moins dans la région observable), mais n’explique pas pourquoi il devrait en être ainsi. Or dans sa version naïve, il n’existe pas de mécanisme pendant le Big Bang qui provoque une homogénéisation de l’Univers (voir infra). La motivation initiale de l’inflation était ainsi de proposer un processus provoquant l’homogénéisation et l’isotropisation de l’Univers.
88
+
89
+ L’inventeur de l’inflation est Alan Guth qui a été le premier à proposer explicitement un scénario réaliste décrivant un tel processus. À son nom méritent aussi d’être associés ceux de François Englert et Alexeï Starobinski, qui ont également travaillé sur certaines de ces problématiques à la même époque (1980). Il a par la suite été réalisé (en 1982) que l’inflation permettait non seulement d’expliquer pourquoi l’Univers était homogène, mais aussi pourquoi il devait aussi présenter de petits écarts à l’homogénéité, comportant les germes des grandes structures astrophysiques.
90
+
91
+ L’on peut montrer que pour que l’inflation résolve tous ces problèmes, elle doit avoir eu lieu à des époques extrêmement reculées et chaudes de l’histoire de l’Univers (entre 1014 et 1019 GeV, soit de 1027 à 1032 degrés…), c’est-à-dire au voisinage des époques de Planck et de grande unification. L’efficacité de l’inflation à résoudre la quasi-totalité des problèmes exhibés par le Big Bang lui a rapidement donné un statut de premier plan en cosmologie, bien que divers autres scénarios, souvent plus complexes et moins aboutis (pré Big Bang, défauts topologiques, univers ekpyrotique), aient été proposés pour résoudre les mêmes problèmes. Depuis l’observation détaillée des anisotropies du fond diffus cosmologique, les modèles d’inflation sont sortis considérablement renforcés. Leur accord avec l’ensemble des observations allié à l’élégance du concept font de l’inflation le scénario de loin le plus intéressant pour les problématiques qu’il aborde.
92
+
93
+ La phase d’inflation en elle-même se compose d’une expansion extrêmement rapide de l’Univers (pouvant durer un temps assez long), à l’issue de laquelle la dilution causée par cette expansion rapide est telle qu’il n’existe essentiellement plus aucune particule dans l’Univers, mais que celui-ci est empli d’une forme d’énergie très homogène. Cette énergie est alors convertie de façon très efficace en particules qui très vite vont se mettre à interagir et à s’échauffer. Ces deux phases qui closent l’inflation sont appelées préchauffage pour la création « explosive » de particules et réchauffage pour leur thermalisation. Si le mécanisme général de l’inflation est parfaitement bien compris (quoique de très nombreuses variantes existent), celui du préchauffage et du réchauffage le sont beaucoup moins et sont toujours l’objet de nombreuses recherches.
94
+
95
+ Au-delà de la phase d’inflation, et plus généralement à des températures de l’ordre de la température de Planck, on entre dans le domaine où les théories physiques actuelles ne deviennent plus valables, car nécessitant un traitement de la relativité générale incluant les concepts de la mécanique quantique. Cette théorie de la gravité quantique, non découverte à ce jour mais qui sera peut-être issue de la théorie des cordes encore en développement, laisse à l’heure actuelle place à des spéculations nombreuses concernant l’Univers à cette époque dite ère de Planck. Plusieurs auteurs, dont Stephen Hawking, ont proposé diverses pistes de recherche pour tenter de décrire l’Univers à ces époques. Ce domaine de recherche est ce que l’on appelle la cosmologie quantique.
96
+
97
+ L’étude des modèles de Big Bang révèle un certain nombre de problèmes inhérents à ce type de modèle. En l’absence de modifications, le modèle naïf du Big Bang apparaît peu convaincant, car il nécessite de supposer qu’un certain nombre de quantités physiques sont soit extrêmement grandes, soit extrêmement petites par rapport aux valeurs que l’on pourrait naïvement penser leur attribuer. En d’autres termes, le Big Bang semble nécessiter d’ajuster un certain nombre de paramètres à des valeurs inattendues pour pouvoir être viable. Ce type d’ajustement fin de l’univers est considéré comme problématique dans tout modèle physique (en rapport avec la cosmologie ou pas, d’ailleurs), au point que le Big Bang pourrait être considéré comme un concept posant autant de problèmes qu’il en résout, rendant cette solution peu attractive, malgré ses succès à expliquer nombre d’observations. Fort heureusement, des scénarios existent, en particulier l’inflation cosmique, qui, inclus dans les modèles de Big Bang, permettent d’éviter les observations initialement considérées comme étant problématiques. Il est ainsi possible d’avoir aujourd’hui une vision unifiée du contenu matériel, de la structure, de l’histoire et de l’évolution de l’univers, appelée par analogie avec la physique des particules le modèle standard de la cosmologie.
98
+
99
+ Les observations indiquent que l’univers est homogène et isotrope. Il est possible de montrer à l’aide des équations de Friedmann qu’un univers homogène et isotrope à un instant donné va le rester. Par contre, le fait que l’univers soit homogène et isotrope dès l’origine est plus difficile à justifier.
100
+
101
+ À l’exception d’arguments esthétiques et de simplicité, il n’existe pas a priori de raison valable de supposer que l’univers soit aussi homogène et isotrope que ce qui est observé. Aucun mécanisme satisfaisant n’explique par ailleurs pourquoi il devrait exister de petits écarts à cette homogénéité, comme ceux qui sont observés dans les anisotropies du fond diffus cosmologique et qui seraient responsables de la formation des grandes structures dans l’univers (galaxie, amas de galaxies…).
102
+
103
+ Cette situation est insatisfaisante et on a longtemps cherché à proposer des mécanismes qui, partant de conditions initiales relativement génériques, pourraient expliquer pourquoi l’univers a évolué vers l’état observé à notre ère. On peut en effet montrer que deux régions distantes de l’univers observable sont tellement éloignées l’une de l’autre qu’elles n���ont pas eu le temps d’échanger une quelconque information, quand bien même elles étaient bien plus proches l’une de l’autre par le passé qu’elles ne le sont aujourd’hui. Le fait que ces régions distantes présentent essentiellement les mêmes caractéristiques reste donc difficile à justifier. Ce problème est connu sous le nom de problème de l’horizon.
104
+
105
+ Un autre problème qui apparaît quand on considère l’étude de l’évolution de l’univers est celui de son éventuel rayon de courbure.
106
+
107
+ La relativité générale indique que si la répartition de matière est homogène dans l’univers, alors la géométrie de celui-ci ne dépend que d’un paramètre, appelé courbure spatiale. Intuitivement, cette quantité donne l’échelle de distance au-delà de laquelle la géométrie euclidienne (comme le théorème de Pythagore) cesse d’être valable. Par exemple, la somme des angles d’un triangle de taille gigantesque (plusieurs milliards d’années-lumière) pourrait ne pas être égale à 180 degrés. Il reste parfaitement possible que de tels effets, non observés, n’apparaissent qu’à des distances bien plus grandes que celles de l’univers observable.
108
+
109
+ Néanmoins un problème apparaît si l’on remarque que cette échelle de longueur, appelée rayon de courbure, a tendance à devenir de plus en plus petite par rapport à la taille de l’univers observable. En d’autres termes, si le rayon de courbure était à peine plus grand que la taille de l’univers observable il y a 5 milliards d’années, il devrait être aujourd’hui plus petit que cette dernière, et les effets géométriques sus-mentionnés devraient devenir visibles. En continuant ce raisonnement, il est possible de voir qu’à l’époque de la nucléosynthèse le rayon de courbure devait être immensément plus grand que la taille de l’univers observable pour que les effets dus à la courbure ne soient pas encore visibles aujourd’hui. Le fait que le rayon de courbure soit encore aujourd’hui plus grand que la taille de l’univers observable est connu sous le nom de problème de la platitude.
110
+
111
+ La physique des particules prévoit l’apparition progressive de nouvelles particules lors du refroidissement résultant de l’expansion de l’univers.
112
+
113
+ Certaines sont produites lors d’un phénomène appelé transition de phase que l’on pense générique dans l’univers primordial. Ces particules, dont certaines sont appelées monopôles, ont la particularité d’être stables, extrêmement massives (ordinairement 1015 fois plus que le proton) et très nombreuses. Si de telles particules existaient, leur contribution à la densité de l’univers devrait en fait être considérablement plus élevée que celle de la matière ordinaire.
114
+
115
+ Or, si une partie de la densité de l’univers est due à des formes de matière mal connues (voir plus bas), il n’y a certainement pas la place pour une proportion significative de monopôles. Le problème des monopôles est donc la constatation qu’il n’existe pas en proportion significative de telles particules massives dans l’univers, alors que la physique des particules prédit naturellement leur existence avec une abondance très élevée.
116
+
117
+ Si l’observation révèle que l’univers est homogène à grande échelle, elle révèle aussi qu’il présente des hétérogénéités importantes à plus petite échelle (planètes, étoiles, galaxies, etc.). Le fait que l’univers présente des hétérogénéités plus marquées à petite échelle n’est pas évident en soi. L’on sait expliquer comment, dans certaines circonstances, une petite hétérogénéité dans la distribution de matière peut croître jusqu’à former un objet astrophysique significativement plus compact que son environnement : c’est ce que l’on appelle le mécanisme d’instabilité gravitationnelle, ou instabilité de Jeans (du nom de James Jeans). Cependant, pour qu’un tel mécanisme se produise, il faut supposer la présence initiale d’une petite hétérogénéité, et de plus la variété des structures astrophysiques observées indique que la répartition en amplitude et en taille de ces hétérogénéités initiales suivait une loi bien précise, connue sous le nom de spectre de Harrison-Zeldovitch. Les premiers modèles de Big Bang étaient dans l’incapacité d’expliquer la présence de telles fluctuations. On parlait alors du problème de la formation des structures.
118
+
119
+ Les problèmes de l’horizon et de la platitude ont une origine commune. Le problème de l’horizon vient du fait qu’à mesure que le temps passe, l’on a accès à des régions de plus en plus grandes, et contenant de plus en plus de matière. Par exemple, avec une expansion dictée par de la matière ordinaire, un nombre croissant de galaxies est visible au cours du temps. Il est donc surprenant que celles-ci possèdent les mêmes caractéristiques.
120
+
121
+ On se rend compte que ce problème pourrait être résolu si on imaginait qu’une certaine information sur l’état de l’univers ait pu se propager extrêmement rapidement tôt dans l’histoire de l’univers. Dans un tel cas, des régions extrêmement distantes les unes des autres pourraient avoir échangé suffisamment d’information pour qu’il soit possible qu’elles soient dans des configurations semblables. La relativité restreinte stipule cependant que rien ne peut se déplacer plus vite que la lumière, aussi paraît-il difficilement imaginable que le processus proposé soit possible.
122
+
123
+ Néanmoins, si on suppose que l’expansion de l’univers est très rapide et se fait à taux d’expansion constant, alors on peut contourner la limitation de la relativité restreinte. En effet, dans un tel cas, la distance entre deux régions de l’univers croît exponentiellement au cours du temps, tandis que la taille de l’univers observable reste constante. Une région initialement très petite et homogène va donc avoir la possibilité de prendre une taille démesurée par rapport à la région de l’univers qui est observable. Quand cette phase à taux d’expansion constant s’achève, la région homogène de l’univers dans laquelle nous nous trouvons peut alors être immensément plus grande que celle qui est accessible à nos observations. Quand bien même la phase d’expansion classique reprend son cours, il devient naturel d’observer un univers homogène sur des distances de plus en plus grandes, tant que les limites de la région homogène initiale ne sont pas atteintes. Un tel scénario nécessite que l’expansion de l’univers puisse se faire à taux constant, ou plus généralement de façon accélérée (la vitesse à laquelle deux régions distantes s’éloignent doit croître avec le temps). Les équations de Friedmann stipulent que cela est possible, mais au prix de l’hypothèse qu’une forme de matière atypique existe dans l’univers (elle doit avoir une pression négative).
124
+
125
+ Le problème de la platitude peut se résoudre de façon essentiellement identique. Initialement, le problème vient du fait que le rayon de courbure croît moins vite que la taille de l’univers observable. Or cela peut ne plus être vrai si la loi qui gouverne l’expansion est différente de celle qui gouverne l’expansion d’un univers empli de matière ordinaire. Si en lieu et place de celle-ci l’on imagine qu’une autre forme de matière aux propriétés atypiques existe (que sa pression soit négative), alors on peut montrer que, dans un tel cas, le rayon de courbure va croître plus vite que la taille de l’univers observable. Si une telle phase d’expansion s’est produite dans le passé et a duré suffisamment longtemps, alors il n’est plus surprenant que le rayon de courbure ne soit pas mesurable.
126
+
127
+ Enfin, le problème des monopôles est naturellement résolu avec une phase d’expansion accélérée, car celle-ci a tendance à diluer toute la matière ordinaire de l’univers. Cela amène un nouveau problème : la phase d’expansion accélérée laisse un univers homogène, spatialement plat, sans reliques massives, mais vide de matière. Il faut donc repeupler l’univers avec de la matière ordinaire à l’issue de cette phase d’expansion accélérée.
128
+
129
+ Le scénario de l’inflation cosmique, proposé par Alan Guth au début des années 1980 répond à l’ensemble de ces critères. La forme de matière atypique qui cause la phase d’expansion accélérée est ce que l’on appelle un champ scalaire (souvent appelé inflaton dans ce contexte), qui possède toutes les propriétés requises. Il peut être à l’origine du démarrage de cette phase accélérée si certaines conditions favorables génériques se trouvent réunies en un endroit de l’univers. À l’issue de cette phase d’expansion accélérée, c’est le champ scalaire lui-même responsable de cette phase d’expansion qui devient instable et se désintègre en plusieurs étapes en particules du modèle standard au cours d’un ensemble de processus complexes appelés préchauffage et réchauffage (voir plus haut).
130
+
131
+ Les premiers modèles d’inflation souffraient d’un certain nombre de problèmes techniques, notamment les circonstances qui donnaient lieu au démarrage de la phase d’expansion accélérée et à son arrêt étaient peu satisfaisantes. Les modèles d’inflation plus récents évitent ces écueils, et proposent des scénarios tout à fait plausibles pour décrire une telle phase.
132
+
133
+ De plus l’inflaton possède, comme toute forme de matière, des fluctuations quantiques (résultat du principe d’indétermination d’Heisenberg). Une des conséquences inattendues de l’inflation est que ces fluctuations, initialement de nature quantique, évoluent durant la phase d’expansion accélérée pour devenir des variations classiques ordinaires de densité. Par ailleurs le calcul du spectre de ces fluctuations effectué dans le cadre de la théorie des perturbations cosmologiques montre qu’il suit précisément les contraintes du spectre de Harrison-Zeldovitch.
134
+
135
+ Ainsi, l’inflation permet d’expliquer l’apparition de petits écarts à l’homogénéité de l’univers, résolvant du même coup le problème de la formation des structures susmentionnées. Ce succès inattendu de l’inflation a immédiatement contribué à en faire un modèle extrêmement attractif, d’autant que le détail des inhomogénéités créées lors de la phase d’inflation peut être confronté aux inhomogénéités existant dans l’univers actuel.
136
+
137
+ L’accord remarquable entre les prévisions du modèle cosmologique standard et l'exploitation des données relatives aux fluctuations du fond diffus, fournies entre autres par les satellites COBE et WMAP et de façon beaucoup plus précise encore par le satellite Planck, ainsi que les catalogues de galaxies comme celui réalisé par la mission SDSS est sans nul doute un des plus grands succès de la cosmologie du XXe siècle.
138
+
139
+ Il n’en demeure pas moins vrai que des alternatives à l’inflation ont été proposées malgré les succès indéniables de celle-ci. Parmi ceux-ci, citons le pré Big Bang proposé entre autres par Gabriele Veneziano, et l’univers ekpyrotique. Ces modèles sont globalement considérés comme moins génératiques, moins esthétiques et moins achevés que les modèles d’inflation. Ce sont donc ces derniers qui à l’heure actuelle sont de loin considérés comme les plus réalistes.
140
+
141
+ La construction de ce qui est désormais appelé le modèle standard de la cosmologie est la conséquence logique de l’idée du Big Bang proposée dans la première partie du XXe siècle. Ce modèle standard de la cosmologie, qui tire son nom par analogie avec le modèle standard de la physique des particules, offre une description de l’univers compatible avec l’ensemble des observations de l’univers. Il stipule en particulier les deux points suivants :
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+ Un très grand nombre d’observations astronomiques rendent ces ingrédients indispensables pour décrire l’univers que nous connaissons. La recherche en cosmologie vise essentiellement à déterminer l’abondance et les propriétés de ces formes de matière, ainsi qu’à contraindre le scénario d’expansion accélérée de l’univers primordial (ou d’en proposer d’autres). Trois ingrédients de ce modèle standard de la cosmologie nécessitent de faire appel à des phénomènes physiques non observés en laboratoire : l’inflation, la matière noire et l’énergie noire. Néanmoins, les indications observationnelles en faveur de l’existence de ces trois phénomènes sont telles qu’il semble extrêmement difficile d’envisager d’éviter d’y faire appel. Il n’existe de fait aucun modèle cosmologique satisfaisant s’affranchissant d’un ou plusieurs de ces ingrédients.
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+ Il indique seulement que celui-ci a connu une période dense et chaude. De nombreux modèles cosmologiques décrivent de façons très diverses cette phase dense et chaude. Le statut de cette phase a d’ailleurs été soumis à maints remaniements. Dans un de ses premiers modèles, Georges Lemaître proposait un état initial dont la matière aurait la densité de la matière nucléaire (1015 g/cm3). Lemaître considérait (à juste titre) qu’il était difficile de prétendre connaître avec certitude le comportement de la matière à de telles densités, et supposait que c’était la désintégration de ce noyau atomique géant et instable qui avait initié l’expansion (hypothèse de l’atome primitif). Auparavant, Lemaître avait en 1931 fait remarquer que la mécanique quantique devait invariablement être invoquée pour décrire les tout premiers instants de l’histoire de l’Univers, jetant par là les bases de la cosmologie quantique, et que les notions de temps et d’espace perdaient probablement leur caractère usuel[13]. Aujourd’hui, certains modèles d’inflation supposent par exemple un univers éternel[14], d’autres modèles comme celui du pré Big Bang supposent un état initial peu dense mais en contraction suivi d’une phase de rebond, d’autres modèles encore, basés sur la théorie des cordes, prédisent que l’univers observable n’est qu’un objet appelé « brane » (tiré du mot anglais « membrane », identique à sa traduction française) plongé dans un espace à plus de quatre dimensions (le « bulk »), le big bang et le démarrage de l’expansion étant dus à une collision entre deux branes (univers ekpyrotique). Cependant, c’est lors de cette phase dense et chaude que se forment les particules élémentaires que nous connaissons aujourd’hui, puis, plus tard toutes les structures que l’on observe dans l’Univers. Ainsi reste-t-il légitime de dire que l’univers est né du Big Bang, au sens où l’Univers tel que nous le connaissons s’est structuré à cette époque.
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+ Le Big Bang ne s’est pas produit en un point d’où aurait été éjectée la matière qui forme aujourd’hui les galaxies, contrairement à ce que son nom suggère et à ce que l’imagerie populaire véhicule souvent[15]. À l’« époque » du Big Bang, les conditions qui régnaient « partout » dans l’Univers (du moins la région de l’Univers observable) étaient identiques. Il est par contre vrai que les éléments de matière s’éloignaient alors très rapidement les uns des autres, du fait de l’expansion de l'Univers. Le terme de Big Bang renvoie donc à la violence de ce mouvement d’expansion, mais pas à un « lieu » privilégié. En particulier il n’y a pas de « centre » du Big Bang ou de direction privilégiée dans laquelle il nous faudrait observer pour le voir. C’est l’observation des régions lointaines de l’Univers (quelle que soit leur direction) qui nous permet de voir l’Univers tel qu’il était par le passé (car la lumière voyageant à une vitesse finie, elle nous fait voir des objets lointains tels qu’ils étaient à une époque reculée, leur état actuel nous étant d’ailleurs inaccessible) et donc de nous rapprocher de cette époque. Ce qu’il nous est donné de voir aujourd’hui n’est pas l’époque du Big Bang lui-même, mais le fond diffus cosmologique, sorte d’écho lumineux de cette phase chaude de l’histoire de l’Univers. Ce rayonnement est essentiellement uniforme quelle que soit la direction dans laquelle on l’observe, ce qui indique que le Big Bang s’est produit de façon extrêmement homogène dans les régions qu’il nous est possible d’observer. La raison pour laquelle il n’est pas possible de voir jusqu’au Big Bang est que l’Univers primordial est opaque au rayonnement du fait de sa densité élevée, de même qu’il n’est pas possible de voir directement le centre du Soleil et que l’on ne peut observer que sa surface. Voir l’article fond diffus cosmologique pour plus de détails.
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+ L’aspect étonnamment « créationniste » que suggère le Big Bang — du moins dans son interprétation naïve — a bien sûr été à l’origine de nombreuses réflexions, y compris hors des cercles scientifiques, puisque pour la première fois était entrevue la possibilité que la science apporte des éléments de réponse à des domaines jusque-là réservés à la philosophie et la théologie. Ce point de vue sera en particulier exprimé par le pape Pie XII (voir infra).
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+ Remarquons au passage que la chronologie suggérée par le Big Bang va à l’inverse des convictions des deux grands architectes des théories de la gravitation, Isaac Newton et Albert Einstein, qui croyaient que la Création était éternelle. Dans le cas d’Einstein, toutefois, il ne semble pas avéré qu’il y avait un préconçu philosophique pour motiver cette intuition, qui pourrait être avant tout issue de motivations physiques (voir l’article Univers d’Einstein).
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+ Lemaître élaborera un point de vue différent de celui exprimé par le pape : la cosmologie, et la science en général, n’ont pas vocation à conforter ou à infirmer ce qui est du domaine du religieux (ou philosophique). Elle se contente de proposer un scénario réaliste permettant de décrire de façon cohérente l’ensemble des observations dont on dispose à un instant donné. Pour l’heure, l’interprétation des décalages vers le rouge en termes d’expansion de l’Univers est établie au-delà de tout doute raisonnable, aucune autre interprétation ne résistant à un examen sérieux, ou étant motivée par des arguments physiques pertinents, et l’existence de la phase dense et chaude est également avérée (voir plus haut).
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+ Par contre les convictions ou les réticences des acteurs qui ont participé à l’émergence du concept ont joué un rôle dans ce processus de maturation, et il a souvent été dit que les convictions religieuses de Lemaître l’avaient aidé à proposer le modèle du Big Bang, bien que cela ne repose pas sur des preuves tangibles[16]. En revanche, l’idée que tout l’Univers eût pu avoir été créé à un instant donné paraissait à Fred Hoyle bien plus critiquable que son hypothèse de création lente mais continue de matière dans la théorie de l’état stationnaire, ce qui est sans doute à l’origine de son rejet du Big Bang. De nombreux autres exemples de réticences sont connus chez des personnalités du monde scientifique, en particulier :
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+ « Arno et moi, bien sûr, étions très heureux d’avoir une réponse de quelque nature que ce soit à notre problème. Toute explication raisonnable nous aurait satisfait. […] Nous nous étions habitués à l’idée d’une cosmologie de l’état stationnaire. […] Philosophiquement, j’aimais la cosmologie de l’état stationnaire. Aussi ai-je pensé que nous devions rapporter notre résultat comme une simple mesure : au moins la mesure pourrait rester vraie après que la cosmologie derrière s’avèrerait fausse. »
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+ Même aujourd’hui, et malgré ses succès indéniables, le Big Bang rencontre encore une opposition (quoique très faible) de la part d’une partie du monde scientifique, y compris chez certains astronomes. Parmi ceux-ci figurent ses opposants historiques comme Geoffrey Burbidge, Fred Hoyle et Jayant Narlikar, qui après avoir finalement abandonné la théorie de l’état stationnaire, en ont proposé une version modifiée, toujours basée sur la création de matière, mais avec une succession de phases d’expansion et de recontraction, la théorie de l'état quasi stationnaire[18], n’ayant pas rencontré de succès probant en raison de leur incapacité à faire des prédictions précises et compatibles avec les données observationnelles actuelles, notamment celles du fond diffus cosmologique[19]. Une des critiques récurrentes du Big Bang porte sur l’éventuelle incohérence entre l’âge de l’Univers, plus jeune que celui d’objets lointains, comme cela a été le cas pour les galaxies Abell 1835 IR1916 et HUDF-JD2, mais la plupart du temps, ces problèmes d’âge résultent surtout de mauvaises estimations de l’âge de ces objets (voir les articles correspondants), ainsi qu’une sous-estimation des barres d’erreur correspondantes[g].
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+ Dans le monde francophone, Jean-Claude Pecker, membre de l’académie des sciences, Jean-Marc Bonnet-Bidaud, astrophysicien au Commissariat à l’énergie atomique émettent des critiques sur le Big Bang[20]. Christian Magnan, chercheur au Groupe de recherches en astronomie (GRAAL) de l'université de Montpellier continue à défendre fermement la réalité du Big Bang mais se montre néanmoins insatisfait du modèle standard de la cosmologie. Il critique notamment ce qu’il décrit comme « la soumission inconditionnelle au modèle d’Univers homogène et isotrope » (c’est-à-dire satisfaisant au principe cosmologique) qui conduit selon lui à des difficultés[21]. La plupart de ces critiques ne sont cependant pas étayées par des éléments scientifiques concrets, et ces personnes ne comptent pas de publications sur le sujet dans des revues scientifiques à comité de lecture[22]. Il n’en demeure pas moins que la presse scientifique grand public se fait souvent l’écho de telles positions marginales, offrant parfois une vision faussée du domaine à ses lecteurs[23].
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+ Les progrès constants dans le domaine de la cosmologie observationnelle donnent à la théorie du Big Bang une assise solide dont résulte un large consensus parmi les chercheurs travaillant dans le domaine[24], même si des réserves sont émises par des chercheurs demeurant dans le cadre de cette théorie[25]. Il n’existe d’autre part aucun modèle concurrent sérieux au Big Bang. Le seul qui ait jamais existé, la théorie de l’état stationnaire, est aujourd’hui complètement marginal du fait de son incapacité à expliquer les observations élémentaires du fond diffus cosmologique, de l’abondance des éléments légers et surtout de l’évolution des galaxies. Ses auteurs se sont d’ailleurs finalement résignés à en proposer au début des années 1990 une version significativement différente, la théorie de l'état quasi stationnaire, qui comme son nom ne l’indique pas comporte un cycle de phases denses et chaudes, lors desquelles les conditions sont essentiellement semblables à celles du Big Bang.
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+ Il n’existe désormais pas d’argument théorique sérieux pour remettre en cause le Big Bang. Celui-ci est en effet une conséquence relativement générique de la théorie de la relativité générale qui n’a, à l’heure actuelle, pas été mise en défaut par les observations. Remettre en cause le Big Bang nécessiterait donc soit de rejeter la relativité générale (malgré l’absence d’éléments observationnels allant dans ce sens), soit de supposer des propriétés extrêmement exotiques d’une ou plusieurs formes de matière. Même dans ce cas, il semble impossible de nier que la nucléosynthèse primordiale ait eu lieu, ce qui implique que l’Univers soit passé par une phase un milliard de fois plus chaude et un milliard de milliards de milliards de fois plus dense qu’aujourd’hui. De telles conditions rendent le terme de Big Bang légitime pour parler de cette époque dense et chaude. De plus, les seuls modèles réalistes permettant de rendre compte de la présence des grandes structures dans l’Univers supposent que celui-ci a connu une phase dont les températures étaient entre 1026 et 1029 fois plus élevées qu’aujourd’hui.
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+ Cela étant, il arrive que la presse scientifique grand public se fasse parfois l’écho de telles positions marginales[20],[23]. Il est par contre faux de dire que l’intégralité du scénario décrivant cette phase dense et chaude est comprise. Plusieurs époques ou phénomènes en sont encore mal connus, comme en particulier celle de la baryogénèse, qui a vu se produire un léger excès de matière par rapport à l’antimatière avant la disparition de cette dernière, ainsi que les détails de la fin de la phase d’inflation (si celle-ci a effectivement eu lieu), en particulier le préchauffage et le réchauffage : si les modèles de Big Bang sont en constante évolution, le concept général est en revanche très difficilement discutable.
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+ L’illustration la plus révélatrice sans doute des réactions suscitées par l’invention du Big Bang est celle du pape Pie XII. Celui-ci, dans un discours de 1951 resté célèbre[26] et très explicitement intitulé Les preuves de l’existence de Dieu à la lumière de la science actuelle de la nature, fait le point sur les dernières découvertes en astrophysique, physique nucléaire et cosmologie, faisant preuve d’une connaissance aiguë de la science de son temps. Il ne mentionne aucunement la théorie de l’état stationnaire, mais tire de l’observation de l’expansion et de la cohérence entre âge estimé de l’Univers et autres méthodes de datation la preuve de la création du monde :
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+ « […] Avec le même regard limpide et critique dont, il [l’esprit éclairé et enrichi par les connaissances scientifiques] examine et juge les faits, il y entrevoit et reconnaît l’œuvre de la Toute-Puissance créatrice, dont la vérité, suscitée par le puissant « Fiat » prononcé il y a des milliards d’années par l’Esprit créateur, s’est déployée dans l’Univers […]. Il semble, en vérité, que la science d’aujourd’hui, remontant d’un trait des millions de siècles, ait réussi à se faire témoin de ce « Fiat Lux » initial, de cet instant où surgit du néant avec la matière, un océan de lumière et de radiations, tandis que les particules des éléments chimiques se séparaient et s’assemblaient en millions de galaxies. »
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+ Il conclut son texte en affirmant :
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+ « Ainsi, création dans le temps ; et pour cela, un Créateur ; et par conséquent, Dieu ! Le voici, donc — encore qu’implicite et imparfait — le mot que Nous demandions à la science et que la présente génération attend d’elle. […] »
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+ N’approuvant pas une telle interprétation de découvertes scientifiques, Lemaître demanda audience à Pie XII, lui faisant part de son point de vue que science et foi ne devaient pas être mêlées[27]. Il est souvent dit que Pie XII se rétracta de ce premier commentaire lors d’un discours prononcé l’année suivante, devant un auditoire d’astronomes[28]. Sans parler de rétractation, Pie XII n’évoque plus la création de l’Univers, mais invite les astronomes à « acquérir un perfectionnement plus profond de l’image astronomique de l’Univers ».
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Big Ben est le surnom de la grande cloche de 13,5 tonnes se trouvant au sommet de la tour Élisabeth (Elizabeth Tower), la tour horloge du palais de Westminster, qui est le siège du Parlement britannique (Houses of Parliament), à Londres. La tour a été renommée à l'occasion du jubilé de diamant d'Élisabeth II en 2012. Auparavant, elle était simplement appelée tour de l'Horloge (Clock Tower). Par métonymie, le nom de la cloche est aussi communément employé pour désigner l'horloge dans son ensemble et la tour qui abrite le tout. Il s'agit d'un symbole de la ville de Londres.
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+ Seules les personnes qui habitent au Royaume-Uni peuvent visiter la tour de l'horloge, après avoir obtenu une autorisation[2].
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+ Le bâtiment fait face à la Tamise, entre le pont de Westminster (Westminster Bridge) et l'abbaye de Westminster (Westminster Abbey).
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+ Au départ, le nom de cette cloche est The Great Bell (la « grande cloche »). L’origine de l’appellation Big Ben est incertaine. L’une des hypothèses les plus connues à ce sujet se réfère à celui qui a ordonné la fonte de la cloche, Benjamin Hall, ingénieur civil et politicien, dont le surnom était Ben et qui était très grand (big), on l'appelait « Big Ben ». Une autre hypothèse renvoie plutôt au surnom d’un champion de boxe, Ben Caunt, qui aurait acquis la célébrité grâce à un combat de soixante rounds à poings nus contre Nat Langham, champion en titre, l’année où le nom de la cloche était au cœur des débats[3].
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+ Un incendie dévaste une partie du bâtiment du Parlement en 1834. À la suite de cet événement, une commission est mise en place pour choisir le nouveau style de l'édifice. Le plan qui remporte ce grand concours est celui de Charles Barry, qui prévoit entre autres d’y intégrer un clocher.
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+ La première cloche est fabriquée en 1856. Pour pouvoir la transporter jusqu’à la tour de l’horloge, elle est installée sur un chariot tiré par 16 chevaux. Elle se fend quelques mois après son installation, une deuxième cloche est alors moulée à la fonderie de Whitechapel le 10 avril 1858. En octobre de la même année, la cloche est déplacée de 61 mètres jusqu’au beffroi du clocher en 18 heures. Le 31 mai 1859[4], la célèbre horloge entre en service.
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+ La fréquence du balancier est réglé à 2 cinquièmes de seconde près par jour, par l'ajout (pour accélérer) ou le retrait (pour ralentir) d'anciennes pièces de 1 penny datant de l'époque où le système monétaire britannique n'était pas décimal.
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+ Le son de la cloche « Big Ben » est dû au fait que celle-ci s'est aussi fissurée en 1859, à peine deux mois après son installation officielle, ce qui lui donne une tonalité très distinctive. Pour des raisons techniques, la cloche est orientée de manière que le marteau ne frappe pas à l'endroit de la fissure.
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+ Le célèbre air du carillon qui marque l'heure est appelé Westminster Quarters. La mélodie est constituée de cinq permutations de quatre notes dans la tonalité de mi majeur : si, mi, fa♯, sol♯[5].
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+ La première émission radio de la BBC du carillon de Big Ben date du 31 décembre 1923[6].
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+ À trois occasions, la cloche Big Ben a été sonnée pour le deuil national, aux obsèques nationales ; 68 fois pour les funérailles d'Édouard VII en 1910, 70 fois pour celles de George V en 1936, et 56 fois pour celles de George VI en 1952. Chaque son de la cloche représente un an de leurs vies[7].
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+ La tour horloge est devenue la « Tour Élisabeth », en hommage à la reine Élisabeth II, pour son jubilé de diamant[8],[9].
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+ Depuis 1859, ce sont les cloches de Big Ben qui, à minuit le 31 décembre, annoncent dans tous les foyers anglais le début de la nouvelle année. Le son est retransmis sur toutes les chaînes de télévision et de radio du pays.
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35
+ John Burland, professeur et directeur de recherche à l'Imperial College London, a rapporté au Sunday Telegraph que la tour s'enfonçait dans le sol de manière inégale, penchant de plus en plus en direction du nord-ouest, cette tendance s'étant accélérée depuis 2003.
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37
+ Les carillons de Big Ben et les autres cloches sont diffusés quotidiennement sur BBC Radio 4, une des stations de radio les plus écoutées en Grande-Bretagne, à 6 h du soir et à minuit (ainsi que 10 h du soir le dimanche), en prélude au programme d'information.
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+ Depuis le 21 août 2017, la tour est en rénovation jusqu'en 2021[10],[11]. Sauf quelques rares exceptions, la cloche ne devrait plus sonner avant la fin des travaux[12]. Cette décision divise néanmoins la population et les députés britanniques ; selon la Première ministre Theresa May, « il n’est pas raisonnable que Big Ben soit réduite au silence pendant quatre ans »[13].
40
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41
+ Techniquement, Big Ben se réfère strictement à la cloche la plus grosse de l'horloge, tandis que l'horloge elle-même est la Great Westminster Clock et que la tour a été rebaptisée en 2012 tour Élisabeth (Elizabeth Tower) à l'occasion du jubilé de diamant d'Élisabeth II. Cependant, dans la pratique, Big Ben est utilisé indifféremment pour les trois.
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43
+ Cette tour, considérée comme le chef d’œuvre d'Augustus Pugin, s'inspire de la typologie des beffrois caractéristiques de l'architecture gothique civile du Moyen Âge d'Europe continentale, comme ceux de Gand, Ypres, Bergues ou encore Toruń et Gdańsk, et qui symbolisaient l'autonomie du pouvoir civil vis-à-vis de celui des féodaux dans les cités-états médiévales. La silhouette et plusieurs éléments de la tour ont aussi probablement une source d'inspiration italienne, notamment les campaniles de Venise et de Florence. Ce type de tour civile gothique n'existait pas en Angleterre avant la construction de celle-ci, mais elle fut traitée et habillée avec des lignes et une riche décoration qui relèvent du style gothique tardif appelé « gothique perpendiculaire », très typique de l'Angleterre, comme les autres parties du palais de Westminster. Cet exercice de style, consistant à imprimer une identité anglaise sur un monument nouveau dans le pays, relève de la vision culturaliste propre au romantisme nationaliste dans lequel baigne le mouvement néogothique. Cette opération est si réussie que la tour est devenue le symbole architectural de Londres et du Royaume-Uni le plus reconnu dans le monde. Elle a ensuite elle-même inspiré la construction de nombreuses autres tours d'horloges.
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45
+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
46
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+ Il existe aussi une petite tour d'horloge à Londres proche de la gare Victoria d'un dessin similaire à Big Ben et appelée « Little Ben ». Construite en 1894, elle fut placée à proximité d'un lieu de rencontre populaire pour les voyageurs arrivant à la gare lorsque celle-ci était utilisée dans le cadre de liaisons « trains + bateaux ». Déménagée en 1961, Little Ben a été réinstallée à son emplacement en 1981 après remise en état grâce au parrainage de la compagnie pétrolière française Elf Aquitaine. En 2012, elle a été déménagée de nouveau dans le cadre de travaux d’amélioration de la gare, son retour a été effectué le 28 février 2016.
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+ Une réplique de Little Ben, appelée « l'Horloge » et peinte de couleur argentée, est érigée en 1903 au centre de Victoria, la capitale des Seychelles.
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+ Vue en contre-plongée.
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+ Partie supérieure de la tour de l'horloge.
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+ La cloche Big Ben.
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+ Big Ben le 27 novembre 2011 depuis Birdcage Walk.
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+ Vue depuis la Tamise.
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+ Little Ben, une petite tour similaire.
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+ Big Ben de nuit.
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+ Big Ben est le surnom de la grande cloche de 13,5 tonnes se trouvant au sommet de la tour Élisabeth (Elizabeth Tower), la tour horloge du palais de Westminster, qui est le siège du Parlement britannique (Houses of Parliament), à Londres. La tour a été renommée à l'occasion du jubilé de diamant d'Élisabeth II en 2012. Auparavant, elle était simplement appelée tour de l'Horloge (Clock Tower). Par métonymie, le nom de la cloche est aussi communément employé pour désigner l'horloge dans son ensemble et la tour qui abrite le tout. Il s'agit d'un symbole de la ville de Londres.
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+ Seules les personnes qui habitent au Royaume-Uni peuvent visiter la tour de l'horloge, après avoir obtenu une autorisation[2].
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+ Au départ, le nom de cette cloche est The Great Bell (la « grande cloche »). L’origine de l’appellation Big Ben est incertaine. L’une des hypothèses les plus connues à ce sujet se réfère à celui qui a ordonné la fonte de la cloche, Benjamin Hall, ingénieur civil et politicien, dont le surnom était Ben et qui était très grand (big), on l'appelait « Big Ben ». Une autre hypothèse renvoie plutôt au surnom d’un champion de boxe, Ben Caunt, qui aurait acquis la célébrité grâce à un combat de soixante rounds à poings nus contre Nat Langham, champion en titre, l’année où le nom de la cloche était au cœur des débats[3].
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+ Un incendie dévaste une partie du bâtiment du Parlement en 1834. À la suite de cet événement, une commission est mise en place pour choisir le nouveau style de l'édifice. Le plan qui remporte ce grand concours est celui de Charles Barry, qui prévoit entre autres d’y intégrer un clocher.
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+ La première cloche est fabriquée en 1856. Pour pouvoir la transporter jusqu’à la tour de l’horloge, elle est installée sur un chariot tiré par 16 chevaux. Elle se fend quelques mois après son installation, une deuxième cloche est alors moulée à la fonderie de Whitechapel le 10 avril 1858. En octobre de la même année, la cloche est déplacée de 61 mètres jusqu’au beffroi du clocher en 18 heures. Le 31 mai 1859[4], la célèbre horloge entre en service.
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+ La fréquence du balancier est réglé à 2 cinquièmes de seconde près par jour, par l'ajout (pour accélérer) ou le retrait (pour ralentir) d'anciennes pièces de 1 penny datant de l'époque où le système monétaire britannique n'était pas décimal.
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+ Le son de la cloche « Big Ben » est dû au fait que celle-ci s'est aussi fissurée en 1859, à peine deux mois après son installation officielle, ce qui lui donne une tonalité très distinctive. Pour des raisons techniques, la cloche est orientée de manière que le marteau ne frappe pas à l'endroit de la fissure.
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+ Le célèbre air du carillon qui marque l'heure est appelé Westminster Quarters. La mélodie est constituée de cinq permutations de quatre notes dans la tonalité de mi majeur : si, mi, fa♯, sol♯[5].
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+ La première émission radio de la BBC du carillon de Big Ben date du 31 décembre 1923[6].
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+ À trois occasions, la cloche Big Ben a été sonnée pour le deuil national, aux obsèques nationales ; 68 fois pour les funérailles d'Édouard VII en 1910, 70 fois pour celles de George V en 1936, et 56 fois pour celles de George VI en 1952. Chaque son de la cloche représente un an de leurs vies[7].
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+ La tour horloge est devenue la « Tour Élisabeth », en hommage à la reine Élisabeth II, pour son jubilé de diamant[8],[9].
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+ Depuis 1859, ce sont les cloches de Big Ben qui, à minuit le 31 décembre, annoncent dans tous les foyers anglais le début de la nouvelle année. Le son est retransmis sur toutes les chaînes de télévision et de radio du pays.
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+ John Burland, professeur et directeur de recherche à l'Imperial College London, a rapporté au Sunday Telegraph que la tour s'enfonçait dans le sol de manière inégale, penchant de plus en plus en direction du nord-ouest, cette tendance s'étant accélérée depuis 2003.
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+ Les carillons de Big Ben et les autres cloches sont diffusés quotidiennement sur BBC Radio 4, une des stations de radio les plus écoutées en Grande-Bretagne, à 6 h du soir et à minuit (ainsi que 10 h du soir le dimanche), en prélude au programme d'information.
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+ Depuis le 21 août 2017, la tour est en rénovation jusqu'en 2021[10],[11]. Sauf quelques rares exceptions, la cloche ne devrait plus sonner avant la fin des travaux[12]. Cette décision divise néanmoins la population et les députés britanniques ; selon la Première ministre Theresa May, « il n’est pas raisonnable que Big Ben soit réduite au silence pendant quatre ans »[13].
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+ Techniquement, Big Ben se réfère strictement à la cloche la plus grosse de l'horloge, tandis que l'horloge elle-même est la Great Westminster Clock et que la tour a été rebaptisée en 2012 tour Élisabeth (Elizabeth Tower) à l'occasion du jubilé de diamant d'Élisabeth II. Cependant, dans la pratique, Big Ben est utilisé indifféremment pour les trois.
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+ Cette tour, considérée comme le chef d’œuvre d'Augustus Pugin, s'inspire de la typologie des beffrois caractéristiques de l'architecture gothique civile du Moyen Âge d'Europe continentale, comme ceux de Gand, Ypres, Bergues ou encore Toruń et Gdańsk, et qui symbolisaient l'autonomie du pouvoir civil vis-à-vis de celui des féodaux dans les cités-états médiévales. La silhouette et plusieurs éléments de la tour ont aussi probablement une source d'inspiration italienne, notamment les campaniles de Venise et de Florence. Ce type de tour civile gothique n'existait pas en Angleterre avant la construction de celle-ci, mais elle fut traitée et habillée avec des lignes et une riche décoration qui relèvent du style gothique tardif appelé « gothique perpendiculaire », très typique de l'Angleterre, comme les autres parties du palais de Westminster. Cet exercice de style, consistant à imprimer une identité anglaise sur un monument nouveau dans le pays, relève de la vision culturaliste propre au romantisme nationaliste dans lequel baigne le mouvement néogothique. Cette opération est si réussie que la tour est devenue le symbole architectural de Londres et du Royaume-Uni le plus reconnu dans le monde. Elle a ensuite elle-même inspiré la construction de nombreuses autres tours d'horloges.
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+ Cet article contient une ou plusieurs listes. Ces listes gagneraient à être rédigées sous la forme de paragraphes synthétiques, plus agréables à la lecture, les listes pouvant être aussi introduites par une partie rédigée et sourcée, de façon à bien resituer les différents items.
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+ Il existe aussi une petite tour d'horloge à Londres proche de la gare Victoria d'un dessin similaire à Big Ben et appelée « Little Ben ». Construite en 1894, elle fut placée à proximité d'un lieu de rencontre populaire pour les voyageurs arrivant à la gare lorsque celle-ci était utilisée dans le cadre de liaisons « trains + bateaux ». Déménagée en 1961, Little Ben a été réinstallée à son emplacement en 1981 après remise en état grâce au parrainage de la compagnie pétrolière française Elf Aquitaine. En 2012, elle a été déménagée de nouveau dans le cadre de travaux d’amélioration de la gare, son retour a été effectué le 28 février 2016.
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+ Une réplique de Little Ben, appelée « l'Horloge » et peinte de couleur argentée, est érigée en 1903 au centre de Victoria, la capitale des Seychelles.
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+ Vue en contre-plongée.
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+ Partie supérieure de la tour de l'horloge.
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+ La cloche Big Ben.
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+ Big Ben le 27 novembre 2011 depuis Birdcage Walk.
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+ Vue depuis la Tamise.
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+ Little Ben, une petite tour similaire.
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+ Big Ben de nuit.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le Hobbit (The Hobbit) ou Bilbo le Hobbit est un roman de fantasy de l’écrivain britannique J. R. R. Tolkien. Il narre les aventures du hobbit Bilbo (ou Bilbon), entraîné malgré lui par le magicien Gandalf et une compagnie de treize nains dans leur voyage vers la Montagne Solitaire, à la recherche du trésor gardé par le dragon Smaug.
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+ Rédigé de manière intermittente de la fin des années 1920 au début des années 1930, Le Hobbit n’a d’autre but à l’origine que de divertir les jeunes enfants de Tolkien. Le manuscrit inachevé circule parmi les proches de l’écrivain et arrive finalement chez l’éditeur londonien George Allen & Unwin, qui demande à Tolkien d’achever le récit et de l’illustrer.
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+ Le Hobbit paraît le 21 septembre 1937 au Royaume-Uni. C’est la première œuvre publiée qui explore l’univers de la Terre du Milieu, sur lequel Tolkien travaille depuis une vingtaine d’années. Elle rencontre un franc succès critique et commercial, qui incite Allen & Unwin à réclamer une suite à son auteur. Cette suite devient le roman le plus connu de Tolkien : Le Seigneur des anneaux, une œuvre beaucoup plus complexe et sombre. Le souci de cohérence entre les deux ouvrages pousse l’écrivain à procéder à des révisions du texte du Hobbit, concernant en particulier le rôle de Gollum.
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+ Le Hobbit a connu des adaptations sur de nombreux supports : au théâtre, à la radio, en téléfilm d'animation, en jeux de société et en jeux vidéo. Une adaptation cinématographique en trois volets, réalisée par Peter Jackson, est sortie entre 2012 et 2014.
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+ Le hobbit Bilbo Bessac[N 1] (Bilbo Baggins) mène une existence paisible dans son trou de Cul-de-Sac (Bag End) jusqu’au jour où il croise le magicien Gandalf. Le lendemain, il a la surprise de voir venir prendre le thé chez lui non seulement Gandalf, mais également une compagnie de treize nains menée par Thorïn Lécudechesne (Thorin Oakenshield) et composée de Balin, Dwalin, Fili, Kili, Dori, Nori, Ori, Oïn, Gloïn, Bifur, Bofur et Bombur. La compagnie est en route vers la Montagne Solitaire, où elle espère vaincre le dragon Smaug, qui a jadis dépossédé les nains de leur royaume et de leurs trésors. Cependant, pour mener à bien leurs projets, il leur faut un expert-cambrioleur, et Gandalf leur a recommandé Bilbo. Celui-ci est plus que réticent à l’idée de partir à l’aventure, mais il finit par accompagner la troupe.
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+ En chemin pour les Montagnes de Brume (Misty Mountains), la compagnie est capturée par trois trolls et ne s’en sort que grâce à l’astuce de Gandalf. Le magicien, connaissant le point faible de ces créatures, les distrait jusqu’à l’aube, moment où ils se transforment en pierre sous l’effet de la lumière du soleil. Dans le repaire des trolls, la compagnie découvre des épées de l’ancien royaume elfique de Gondolin. Thorin et Gandalf prennent chacun une épée, tandis que Bilbo reçoit une dague qu’il baptise par la suite Dard. Peu après, la compagnie atteint Fendeval (Rivendell), la demeure du semi-elfe Elrond, qui les aide à déchiffrer la carte du trésor de Smaug et les inscriptions runiques des épées.
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+ Une fois dans les Montagnes de Brume, une tempête oblige la compagnie à se réfugier dans une caverne. Pendant la nuit, des gobelins capturent les nains et Bilbo grâce à une ouverture au fond de la grotte. Les nains et Bilbo sont amenés au cœur de la montagne auprès du Grand Gobelin qui les interroge. Mais Gandalf, qui s'était tenu à l'écart, par sa magie fait éteindre les lumières et tue le Grand Gobelin avec son épée. Les orques, privés de leur chefs, s'affolent et prennent la compagnie en chasse au sein de la caverne. Dans la confusion, Bilbo perd ses compagnons de vue. Après avoir découvert un mystérieux anneau, le hobbit parvient sur la berge d’un lac souterrain, où vit une créature nommée Gollum. Celui-ci le soumet à un jeu d’énigmes : si Gollum l’emporte, il pourra manger Bilbo ; dans le cas contraire, il conduira le hobbit jusqu’à la sortie. Bilbo remporte le concours grâce à une question qu'il se pose involontairement à haute voix « Qu’est-ce qu’il y a dans ma poche ? », énigme à laquelle Gollum ne parvient pas à répondre. Celui-ci n’a aucune intention de remplir sa part du marché et part à la recherche de son anneau pour tuer Bilbo, qui découvre que l’objet lui confère l’invisibilité lorsqu’il le passe au doigt. Grâce à lui, le hobbit parvient à s’enfuir des grottes et à rejoindre ses compagnons. Ils sont à nouveau pourchassés par un groupe de gobelins et de wargs (sorte de grands loups sauvages), mais l’intervention des aigles géants leur permet de s’en sortir vivants.
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+ La compagnie descend des montagnes et arrive à la demeure de Beorn le changeur de peau, un homme qui peut se changer en ours. Beorn leur prête des armes et des poneys pour qu’ils puissent rejoindre la forêt de Grand’Peur (Mirkwood). Arrivés à l’orée des bois, Gandalf les quitte pour vaquer à ses propres affaires. Durant leur longue et pénible traversée de la forêt, les nains, épuisés et affamés, sont capturés à deux reprises, d’abord par des araignées géantes, contre lesquelles Bilbo met à profit son anneau magique pour libérer ses compagnons, puis par les Elfes de la Forêt.
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+ Les Elfes ont fait prisonnier les nains et les détiennent au palais du roi, qui se trouve à l'intérieur de la forêt dans une grande caverne fermée par des portes magiques en pierre. Grâce à son anneau, Bilbo les a suivis sans se faire remarquer. Le hobbit reste une semaine ou deux à traîner dans le palais, cherchant un moyen de s'enfuir avec les nains jusqu'ici tenus prisonniers. Finalement une occasion se présente : la troupe s'enfuit en se cachant dans des tonneaux à vin qui doivent être déchargés dans la rivière traversant la caverne.
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+ La compagnie arrive finalement à l’établissement humain de Bourg-du-Lac (Lacville), où elle prend un peu de repos avant de se diriger vers la Montagne où se terre le dragon. Avec son anneau, Bilbo se faufile jusqu'à la tanière du dragon endormi sur son trésor et lui dérobe une coupe en or. Smaug se réveille un peu plus tard et entre dans une grande colère voyant la coupe disparue, mais le dragon ne trouve pas le coupable. Le lendemain Bilbo retourne à la tanière du dragon mais Smaug le surprend et discute malicieusement avec le hobbit. Bilbo parle en énigme et Smaug croit alors que le voleur a la complicité des hommes de Bourg-du-Lac. Bilbo s’enfuit de nouveau en échappant aux flammes du dragon. Smaug se dirige alors vers la ville des humains pour la détruire. L’archer Bard (Barde), héritier des princes du Val (Dale), parvient à le tuer : sa flèche noire trouve le seul point du ventre de Smaug que ne couvre pas son armure de pierres précieuses.
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+ L'ancien trésor des nains, spolié par Smaug, n’a désormais plus de maître ; et les hommes de Bourg-du-Lac comme les elfes de la Forêt se dirigent vers la Montagne. Ils découvrent que les nains sont en vie et ont renforcé les défenses de leur royaume sous la montagne. Bard réclame une partie du trésor en guise de compensation pour la ville détruite et pour l'aide donnée aux nains lors des préparatifs. Mais Thorin refuse toute négociation, convaincu que le trésor tout entier lui revient de droit. Alors que les hommes et les elfes commencent à tenir un siège, Bilbo se rend dans leur campement avec la Pierre Arcane (Arkenstone), l’objet du trésor le plus précieux aux yeux de Thorin. Le hobbit avait droit à une partie du trésor choisie à sa guise, et espère ainsi réconcilier tout le monde. C'est à ce moment que Gandalf réapparaît auprès de Bilbo, des humains et des elfes.
24
+
25
+ Le lendemain arrivent des renforts nains conduits par Dain, le cousin de Thorin, qui persiste dans son refus de toute négociation. Les deux camps sont prêts à croiser le fer lorsqu’ils sont surpris par une immense armée de gobelins et de wargs. Nains, elfes et hommes s’unissent alors pour les combattre lors de la bataille des Cinq Armées, qui semble perdue jusqu’à l’arrivée des aigles, ainsi que de Beorn. Celui-ci tue Bolg, le chef des gobelins, et leur armée, démoralisée, est aisément vaincue. La victoire est acquise, mais Thorin et ses neveux Fili et Kili trouvent la mort durant l’affrontement. Une part du trésor est finalement confiée à Bard, mais Bilbo n'accepte que deux petits coffres. Le hobbit rentre chez lui et conserve l’anneau magique.
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+ Le contexte de l'histoire est précisé dans des romans du même auteur mais qui seront publiés après Le Hobbit et qui constituent la Chronologie de la Terre du Milieu.
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+
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+ On y apprend que le royaume sous la Montagne est fondé en l’an 1999 du Troisième Âge par les nains du peuple de Durin, qui ont dû fuir leur demeure ancestrale de la Moria quelques années auparavant. Ils connaissent une grande prospérité en commerçant avec les hommes du Val, cité établie au pied de la Montagne, ainsi qu’avec les elfes de Grand’Peur. Leur richesse attire l’attention du dragon Smaug, qui attaque la Montagne en 2770. Les nains sont décimés, la cité du Val anéantie, et les quelques survivants du désastre, dont le roi Thror, son fils Thrain et son petit-fils Thorin, doivent s’enfuir et sont réduits à une vie de misère et d’errance. Ils s’établissent dans les Montagnes Bleues[1].
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31
+ Un siècle avant les événements du Hobbit, en 2841, Thrain, devenu roi, décide de retourner à la Montagne. En chemin, il est capturé et emprisonné à Dol Guldur, où on lui extorque le dernier des Sept anneaux des Nains. Neuf ans plus tard, le magicien Gandalf pénètre en secret à Dol Guldur. Il y découvre par hasard le vieux nain à l’agonie, qui lui remet la carte et la clef de la Montagne avant de mourir. Gandalf découvre également que le maître de Dol Guldur n’est autre que Sauron, le Seigneur des Ténèbres. Il tente de convaincre le Conseil Blanc d’attaquer la forteresse avant qu’il ne soit redevenu trop puissant, mais le chef du Conseil, Saroumane, s’y oppose. Peu après, ce dernier commence à rechercher l’Anneau unique dans les Champs aux Iris[2].
32
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33
+ En réalité, l’Anneau ne s’y trouve plus depuis plusieurs siècles : le hobbit Déagol l’a découvert dans les Champs aux Iris vers 2460, pour être aussitôt assassiné par son cousin Sméagol. Celui-ci utilise l’Anneau à mauvais escient et finit par être chassé par son peuple. Il se réfugie dans les cavernes des Montagnes de Brume. L’Anneau prolonge son existence de plusieurs siècles et en fait une créature corrompue et contrefaite, Gollum[2].
34
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35
+ Au début des années 1930, Tolkien occupe la chaire Rawlinson & Bosworth de vieil anglais du Pembroke College, à l'université d'Oxford. Il publie régulièrement des poèmes dans diverses revues universitaires[3]. Ses capacités créatives s'expriment également dans les Lettres du Père Noël qu'il envoie à ses enfants chaque année. Ces lettres richement illustrées racontent les aventures du Père Noël, de son assistant l'ours polaire et d'elfes luttant contre des gobelins. En parallèle, il poursuit depuis la fin des années 1910 le développement d'une mythologie personnelle, liée à ses langues elfiques, qui deviendra Le Silmarillion.
36
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37
+ En 1955, J. R. R. Tolkien raconte dans une lettre à W. H. Auden comment, un été où il était occupé à la correction de copies de littérature anglaise, il écrivit sur une copie laissée blanche la première phrase de Le Hobbit : « Dans un trou vivait un hobbit », sans savoir d'où venait cette idée[4]. Tolkien déclare par ailleurs ne pas se souvenir de la date exacte à laquelle il écrivit cette phrase, ni le premier chapitre, mais seulement que rien n'était prévu consciemment et que le récit progressa au fur et à mesure que les idées lui venaient. Son deuxième fils Michael suggère l'année 1929 comme début de rédaction du roman : quelques-uns de ses propres écrits, datant de cette période, sont clairement inspirés de Le Hobbit, roman que son père lisait à ses fils au cours de son élaboration[5]. Néanmoins, John D. Rateliff, dans The History of the Hobbit, suggère que la rédaction du récit n'a pas débuté avant l'été 1930[6].
38
+
39
+ Pendant une brève période après l'invention de la première phrase, Tolkien ne fait que dessiner la carte de Thrór, qui représente les territoires où se déroulent les principaux événements du roman[4]. Cependant, une fois lancé, Tolkien rédige les chapitres avec aisance, sans guère de corrections, jusqu'au moment de la mort du dragon Pryftan. Dans cette première version, le chef des nains s'appelle Gandalf et le magicien, Bladorthin[7].
40
+
41
+ Le roman est dès le début soumis à l'influence des textes du futur Silmarillion. Bladorthin raconte aux nains l'histoire de Beren et Lúthien triomphant du Nécromancien, établissant ainsi l'identité de ce personnage avec Thû (plus tard nommé Sauron). Le roi des gobelins tué par Bandobras Touque lors de la bataille des Champs Verts est tout d'abord appelé Fingolfin, tout comme le fils du roi Finwë dans les Contes perdus[8]. Le personnage d'Elrond est apparenté aux semi-elfes, bien que Tolkien ne considère cela que comme « un heureux hasard, dû à la difficulté qu'il y a à inventer sans cesse de bons noms pour les nouveaux personnages[9] ». Le roman comprend aussi des allusions aux Gnomes (plus tard appelés Ñoldor) et à la destruction du royaume elfique de Gondolin.
42
+
43
+ Le récit de la traversée des Montagnes de Brume est inspiré des vacances passées par Tolkien en Suisse durant l'été 1911[10],[11]. Des années auparavant, Tolkien avait rédigé un poème intitulé Glip et parlant d'une créature visqueuse aux yeux lumineux qui ronge des os dans une caverne, annonçant le personnage de Gollum[12]. Le chapitre qui se déroule dans la forêt de Grand'Peur est celui qui évolue le plus par rapport à la version publiée : le passage de la Rivière enchantée et la capture des nains par les elfes n'apparaissent pas dans la première version[13].
44
+
45
+ Le chef des nains est rebaptisé avec un autre nom tiré de la Völuspá, Eikinskjaldi, qui devient Oakenshield en anglais, tandis que le magicien prend le nom de Gandalf, plus approprié car signifiant selon Tolkien « elfe au bâton » en islandais[14],[7]. Le nom Bladorthin est attribué à un roi mystérieux, mentionné une seule fois dans le texte du roman et nulle part ailleurs dans l'œuvre de Tolkien. Le dragon change également de nom : il devient Smaug, qui correspond au parfait du verbe germanique primitif smugan « se glisser dans un trou », ce que Tolkien qualifie de « mauvaise blague de philologue ». À l'origine, c'est Bilbo qui est censé tuer le dragon avec Dard et l'anneau magique, mais en fin de compte, souhaitant quelque chose de plus crédible, Tolkien attribue finalement ce rôle à l'archer Bard. C'est à ce point que Tolkien abandonne l'écriture du roman, qui reste inachevé[7].
46
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47
+ Fin 1932, Tolkien fait lire une copie de Le Hobbit à son ami C. S. Lewis[15]. Il le prête également à Elaine Griffiths, une ancienne élève et amie de la famille Tolkien qui travaille pour l'éditeur britannique Allen & Unwin. En 1936, Griffiths parle du roman à une ancienne camarade d'Oxford, Susan Dagnall, qui demande à Tolkien de lui prêter le livre. Intéressée, Dagnall lui demande de terminer Le Hobbit afin de le proposer à l'éditeur[7].
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49
+ Au début, Tolkien prévoit de situer la bataille contre les gobelins lors du voyage de retour de Bilbo ; elle se serait alors appelée « bataille de la Vallée de l’Anduin ». Cependant, la situation se complique du fait de la convoitise provoquée par le trésor, et de la volonté des habitants de Lacville d'obtenir une part de l'or pour reconstruire leur ville détruite par Smaug, ce qui entraîne au bout du compte la bataille des Cinq Armées[16]. Le Hobbit est terminé à l'été 1936, mais Tolkien ne l'envoie à Allen & Unwin que le 3 octobre. De l'avis de Stanley Unwin, les meilleurs juges de la littérature jeunesse sont les enfants eux-mêmes, et il fait donc lire le roman à son fils Rayner, alors âgé de dix ans. Celui-ci rédige un compte-rendu enthousiaste, qui décide son père à publier le livre[15],[17] :
50
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51
+ « Bilbo Sacquet était un hobbit qui vivait dans un trou de hobbit et ne partait jamais à l'aventure, et enfin le sorcier Gandalf et ses nains l'ont persuadé de partir. Il a eu des moments passionnants à se battre contre les lutins et les wargs, enfin ils sont arrivés à la montagne solitaire ; Smaug le dragon tout rouge est tué et après une terrible bataille avec les lutins il rentre chez lui — riche ! Ce livre, avec ses cartes, n'a pas besoin d'images, il est bon et devrait plaire à tous les enfants entre 5 et 9 ans. »
52
+
53
+ — Avis de Rayner Unwin sur Le Hobbit[7].
54
+
55
+ Quand il reçoit les épreuves d'imprimerie en février 1937, Tolkien trouve quelques passages à rectifier car il n'avait pas eu le temps de relire avec attention le manuscrit envoyé à l'éditeur[7]. À cause de cela et de quelques problèmes avec les illustrations, le roman n'est pas publié avant septembre.
56
+
57
+ Le Hobbit témoigne de l’influence de plusieurs poèmes épiques, mythes et contes de fées lus par Tolkien, notamment Beowulf, le poème épique anglo-saxon sur lequel Tolkien travailla toute sa vie, les contes de fées d’Andrew Lang et ceux des frères Grimm, La Princesse et le Gobelin et sa suite, The Princess and Curdie, de George MacDonald, ou encore, The Marvellous Land of Snergs d’Edward Wyke-Smith[18].
58
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59
+ Selon la biographie de Tolkien par Humphrey Carpenter, le magicien Gandalf trouve son origine dans une carte postale achetée par l’écrivain en 1911[N 2], pendant ses vacances en Suisse, qui reproduit un tableau du peintre allemand Josef Madlener intitulé Der Berggeist (« l’esprit de la montagne »). Cette peinture représente un vieillard à la barbe blanche, vêtu d’un long manteau et d’un ample chapeau, caressant un faon dans un décor champêtre, avec des montagnes à l’arrière-plan. Carpenter affirme dans sa biographie que, des années après avoir acquis cette carte postale, Tolkien nota dessus : « Origine de Gandalf »[20].
60
+
61
+ Le personnage de Gandalf est particulièrement influencé par la divinité germanique et nordique Odin dans son incarnation de Vegtamr, un vieillard à longue barbe blanche, avec un large chapeau et un bâton de marche[19]. Le nom de Gandalf et des nains de la compagnie sont tirés de l’Edda poétique, une collection de poèmes écrits en vieux norrois, et plus particulièrement de la Völuspá, le premier d’entre eux[14]. Comme Gandalf abandonne les nains et Bilbo plusieurs fois juste avant qu’ils ne soient capturés, Douglas A. Anderson remarque que sa conduite rappelle celle de l’esprit de la montagne des monts des Géants tchéco-polonais, le Rübezahl, qui s’amuse de l’égarement des voyageurs[21].
62
+
63
+ Tom Shippey suggère qu’un autre des poèmes de l’Edda poétique, le Skirnismál (« chant de Skirnir »), a pu influencer Tolkien pour les Montagnes de Brume, et notamment le chapitre « De Charybde en Scylla », en particulier un passage du poème qu’il traduit par : « The mirk is outside, I call it our business to fare over the misty mountains, over the tribes of orcs[22] ». Il observe en outre que Beorn présente des ressemblances avec Beowulf et Bothvarr Bjarki, personnage de la saga nordique de Hrólfr Kraki[23].
64
+
65
+ Lorsque l’on demande à Tolkien si le passage dans lequel Bilbo vole la coupe à Smaug est inspiré du vol de la coupe dans Beowulf, il répond :
66
+
67
+ « Beowulf fait partie des sources que j’estime le plus, bien qu’il n’ait pas été consciemment présent à mon esprit tandis que j’écrivais, et l’épisode du vol s’est présenté naturellement (et presque inévitablement) au vu des circonstances. Il est difficile d’envisager une quelconque autre façon de poursuivre l’histoire à ce moment-là. J’aime à penser que l’auteur de Beowulf dirait à peu près la même chose[24]. »
68
+
69
+ — J. R. R. Tolkien, lettre au rédacteur en chef de l’Observer
70
+
71
+ Selon Tom Shippey, la conversation entre les deux personnages s’inspire également du Fáfnismál (« La ballade de Fáfnir »), un poème de l’Edda poétique[26]. Douglas Anderson remarque que les deux grands dragons de la littérature nordique, celui de la Völsunga saga (Fáfnir) et celui de Beowulf, meurent quand on les blesse au ventre, de même que Smaug[25]. Anderson cite également les romans de George MacDonald, La Princesse et le Gobelin et sa suite, La Princesse et Curdie, comme ayant influé sur l’aspect des gobelins[27], la vision des piémonts montagneux[28] ou le comportement de Galion, échanson de Thranduil, qui est semblable à celui du majordome du roi dans The Princess and Curdie, puisque les deux aiment boire les meilleurs vins de leurs seigneurs respectifs[29].
72
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73
+ En 1955, Tolkien admet dans une lettre à W. H. Auden que le roman pour enfants The Marvellous Land of Snergs, de E. A. Wyke-Smith, est « sans doute une source littéraire inconsciente (!) pour les Hobbits et pour rien d’autre »[4]. Ce roman raconte l’histoire d’un Snerg, membre d’une race anthropomorphe caractérisée par sa petite taille, de même que les hobbits. Tolkien déclare que le mot « hobbit » a pu lui être inspiré par le roman satirique Babbitt, de Sinclair Lewis.
74
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75
+ Le passage des wargs s’inspire en partie de la bataille des lycanthropes dans The Black Douglas, considéré par Tolkien comme l’un des meilleurs romans de S. R. Crockett, qui l’a particulièrement impressionné dans son enfance[11]. Douglas Anderson propose de voir dans le Maître de Lacville et ses conseillers un reflet des membres du conseil municipal de la cité de Hamelin dans le poème Le Joueur de flûte de Hamelin de Robert Browning (1842) : il est lui aussi « avare, égoïste, et il se préoccupe des intérêts de ses concitoyens seulement dans la mesure où cela sert les siens[30] ».
76
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77
+ La première édition du Hobbit voit le jour en 1937. Elle est le résultat de longues discussions entre Tolkien et son éditeur, notamment au sujet des illustrations. Le grand succès du livre entraîne plusieurs réimpressions, tandis que la publication du Seigneur des anneaux incite Tolkien à en réviser le contenu.
78
+
79
+ La correspondance entre Tolkien et ses éditeurs témoigne de l’implication de l’auteur sur les illustrations. Tous les éléments ont fait l’objet d’une correspondance intense, comme en témoigne Rayner Unwin dans ses mémoires :
80
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81
+ « En 1937 uniquement, Tolkien écrivit 26 lettres à George Allen & Unwin […] parfois longues (elles pouvaient facilement totaliser cinq pages), détaillées, éloquentes, souvent mordantes, mais infiniment polies et d'une précision exaspérante. […] Je doute qu'aucun écrivain actuel, aussi célèbre soit-il, puisse recevoir d'un éditeur une attention aussi scrupuleuse[31]. »
82
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83
+ Les cartes sont également sources de débats : Tolkien veut en inclure cinq à l’origine. Il souhaite notamment que la carte de Thror soit insérée dans le livre à sa première mention dans le texte, avec les runes « magiques » imprimées de sorte à n’être visibles uniquement par transparence[32],[7]. Ce procédé se révèlerait trop coûteux, et en fin de compte, le livre ne comprend que deux cartes, la carte de Thrór et celle de la Sauvagerie, reproduites en deux couleurs (noir et rouge)[33].
84
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85
+ Dans un premier temps, Allen & Unwin envisage de n’illustrer le livre qu’avec des cartes, mais les premiers brouillons de Tolkien leur plaisent tellement qu’ils décident de les intégrer sans augmenter le prix du livre, malgré les coûts supplémentaires. Encouragé, l’auteur leur offre un second lot de dix illustrations en noir et blanc : « La Colline : Hobbiteville de l’autre côté de l’Eau » (The Hill: Hobbiton across the Water), « Les Trolls » (The Trolls), « Le Sentier de montagne » (The Mountain Path), « Les Montagnes de Brume vue du haut de l’Aire, regardant vers l’ouest et la Porte des Gobelins » (The Misty Mountains looking West from the Eyrie towards Goblin Gate), « La Salle de Beorn » (Beorn’s Hall), « Grand’Peur » (Mirkwood), « La Porte du Roi elfe » (The Elvenking’s Gate), « Le Bourg-du-Lac » (Lake Town), et « La Grande Porte » (The Front Gate). Ces illustrations occupent chacune une pleine page, hormis « Grand’Peur », qui exige une double page[34].
86
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87
+ Après les avoir acceptées, la maison d’édition convainc Tolkien de dessiner aussi la jaquette du livre, alors même qu’il doute de ses capacités de dessinateur. L’inscription runique autour de la jaquette est une translittération phonétique de l’anglais, donnant le titre du livre et les noms de l’auteur et des éditeurs[35]. Cependant, ce dessin nécessite plusieurs couleurs pour son impression : rouge, bleu, vert et noir, ce qui est particulièrement coûteux[36],[37]. Tolkien redessine la jaquette plusieurs fois, avec de moins en moins de couleurs ; la version finale ne comporte plus que du noir, du vert et du bleu sur un fond blanc[38].
88
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89
+ La maison d’édition américaine Houghton Mifflin, chargée de publier le livre aux États-Unis, suggère d’engager un dessinateur anonyme qui produirait quelques illustrations en couleur pour accompagner les dessins en noir et blanc de Tolkien. Celui-ci ne s’y oppose pas, à la seule condition que les illustrations ne rappellent ni ne soient influencées par Disney, que Tolkien n’apprécie guère. En revanche, Stanley Unwin estime qu’il vaudrait mieux que Tolkien illustre lui-même tout le livre, ce qui sera finalement le cas[39]. La première édition américaine remplace « La Colline : Hobbiteville de l’autre côté de l’Eau » par une version en couleur et ajoute de nouvelles planches colorées : « Fendeval » (Rivendell), « Bilbo se réveilla avec le soleil de l’aurore dans les yeux » (Bilbo Woke Up with the Early Sun in His Eyes), « Bilbo arrive aux huttes des elfes des radeaux » (Bilbo comes to the Huts of the Raft-elves) et « Conversation avec Smaug » (Conversation with Smaug), avec une malédiction nanique écrite en tengwar, un alphabet inventé par Tolkien, et signée de deux þ pour Thráin et Thrór[40]. La deuxième édition britannique reprend les illustrations en couleur, à l’exception de « Bilbo se réveilla avec le soleil de l’aurore dans les yeux »[41].
90
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91
+ Les différentes éditions du livre ont été illustrées de façons diverses. Plusieurs suivent plus ou moins fidèlement l’arrangement original, mais beaucoup d’autres sont illustrées par d’autres artistes, particulièrement les versions traduites. Certaines éditions les moins chères, en livre de poche, ne contiennent que les cartes. De manière inhabituelle, l’édition du The Children's Book Club de 1942 contient les illustrations en noir et blanc, mais pas les cartes.
92
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93
+ L’usage des runes fait par Tolkien, comme simples éléments de décoration ou comme signes magiques dans l’histoire, est considéré comme l’une des raisons de la popularité de ce système d’écriture dans le courant New Age et la littérature ésotérique[42], du fait de la popularité de l’œuvre de Tolkien en tant qu’élément de la contreculture des années 1970[43].
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+ Le Hobbit est publié au Royaume-Uni par Allen & Unwin le 21 septembre 1937. Grâce aux critiques enthousiastes, le premier tirage de 1 500 exemplaires est écoulé avant la fin de l’année, et un second tirage de 2 300 exemplaires, comprenant cette fois-ci quatre illustrations en couleurs (les illustrations de Tolkien étant entre-temps revenues d’Amérique), est édité en décembre. Aux États-Unis, Le Hobbit paraît chez Houghton Mifflin le 1er mars 1938, avec quatre illustrations en couleur, et rencontre un tout aussi grand succès : près de 3 000 exemplaires sont écoulés avant le mois de juin[44].
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+ Le succès du livre ne se dément pas, mais le rationnement du papier pendant la Seconde Guerre mondiale et les années qui suivent entraîne une baisse des ventes et rend le livre presque introuvable, bien qu’il ait été réimprimé en 1942[45]. Les ventes du livre augmentent considérablement avec la publication du Seigneur des anneaux et atteignent leur maximum dans les années 1960[46]. En 2008, près de cent millions d’exemplaires du Hobbit ont été vendus dans le monde[47].
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+ Un exemplaire de la première édition anglaise fut vendu aux enchères à la fin de 2004 pour 6 000 livres sterling[48], alors qu’un autre, cette fois signé, atteignit les 60 000 livres dans une vente aux enchères réalisée en mars 2008[47].
100
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+ En décembre 1937, Stanley Unwin demande à Tolkien une suite au Hobbit. En réponse, celui-ci lui propose les manuscrits du Silmarillion, mais l’éditeur les refuse, estimant que le public désire « plus d’informations sur les hobbits[49] ». Tolkien commence alors à travailler sur ce qui va devenir Le Seigneur des anneaux, ce qui l’oblige à apporter des modifications au Hobbit.
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103
+ Ainsi, dans la première édition du Hobbit, Gollum propose son anneau magique en gage du jeu des énigmes, et après sa défaite, il est disposé à l’offrir à Bilbo. Cependant, l’ayant perdu, il offre à la place au hobbit de le conduire hors des cavernes des gobelins[50]. Afin de refléter le nouveau concept de l’anneau et son pouvoir de corruption, Tolkien rend Gollum plus agressif et moins honnête envers Bilbo, qu’il ne guide plus hors des cavernes qu’involontairement.
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105
+ En 1947, Tolkien envoie à Unwin cette version réécrite du cinquième chapitre « Énigmes dans l’obscurité », à titre d’exemple des changements nécessaires pour rendre le livre cohérent avec Le Seigneur des anneaux. Trois ans plus tard, Tolkien est surpris de découvrir que cette nouvelle version du chapitre est incorporée dans les épreuves de la nouvelle édition du Hobbit, n’ayant pas été prévenu que ce changement allait être apporté[51]. Cette deuxième édition paraît en 1951, avec une note explicative dans laquelle Tolkien explique de manière interne la modification du chapitre 5 : la première version était celle que Bilbo avait racontée à ses compagnons, alors que celle de la deuxième édition raconte les véritables événements, Gandalf ayant obtenu la vérité à force de pressions[50].
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+ Pour adapter davantage le ton du Hobbit à celui de sa suite, Tolkien commence une nouvelle version du roman en 1960. Cette réécriture adapte notamment la géographie des premiers chapitres selon le trajet suivi par Frodon dans Le Seigneur des anneaux. Cependant, Tolkien l’abandonne dès le chapitre 3, s’étant vu dire que « ce n’était tout simplement plus Le Hobbit » : sa réécriture avait perdu le ton insouciant et le rythme soutenu du récit original[52].
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+ En 1965, la maison d’édition américaine Ace Books publie une édition de poche non autorisée du Seigneur des anneaux. Les éditeurs américains officiels de Tolkien, Houghton Mifflin (grand format) et Ballantine Books (poche), demandent à Tolkien de produire une version révisée du roman, afin d’en corriger les petites erreurs et d’avoir une version clairement soumise au droit d’auteur sur le sol américain. Bien que cette révision soit urgente, Tolkien préfère se consacrer à une nouvelle révision du Hobbit, introduisant de nouveaux changements pour correspondre à l’évolution de la Quenta Silmarillion. Ainsi, le passage « elves that are now called Gnomes » (« les elfes à présent appelés Gnomes ») devient « High Elves of the West, my kin » (« les Hauts Elfes de l’Ouest, mon peuple »). Tolkien utilisait à l’origine le terme Gnome pour désigner les Ñoldor : l’étymologie grecque gnosis (« connaissance ») lui paraissait en faire un nom approprié pour les plus sages des elfes. Cependant, l’idée qu’on puisse associer ses elfes aux gnomes de Paracelse lui fait abandonner cette idée. Cette troisième édition est publiée en février 1966[45].
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+ Le roman attire rapidement l’attention des éditeurs étrangers. À l’été 1938, peu avant le début de la Seconde Guerre mondiale, la maison d’édition allemande Rütten & Loening, souhaitant publier Le Hobbit dans son pays, écrit à Tolkien pour s’enquérir de ses éventuelles origines juives. Trouvant les lois de ségrégation nazies « démentes » et leur doctrine raciale « totalement pernicieuse et non scientifique », Tolkien écrit à son éditeur pour lui signaler son refus de toute traduction allemande dans ces conditions[53]. L’éclatement de la Seconde Guerre mondiale entraîne l’abandon de ce projet, au grand regret de Tolkien, qui avait parié avec son fils aîné sur la traduction de la fameuse première phrase du roman[54].
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+ La première traduction du Hobbit en langue étrangère est la suédoise, parue en 1947. Tolkien en est très mécontent, affirmant qu’elle « avait pris des libertés injustifiées avec le texte »[55], notamment en traduisant le terme hobbit par hompen. Deux autres traductions suédoises sont éditées par la suite, en 1962, puis en 1971. Cependant, c’est le succès du Seigneur des anneaux qui incite les éditeurs étrangers à publier des traductions du Hobbit. Parmi les premières, sorties du vivant de Tolkien, on compte celles en allemand (1957), en néerlandais (1960), en polonais (1960), en portugais (1962), en espagnol (1964), en japonais (1965), en danois (1969), en français (1969), en norvégien (1972), en finnois (1973), en italien (1973) et en slovaque (1973). Quelques mois avant sa mort, Tolkien apprend qu’une traduction islandaise est en préparation, une nouvelle qui le remplit de joie[56] ; mais cette traduction ne sort pas avant 1978. En tout, le livre est paru dans une quarantaine de langues.
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+ L'idée d’une traduction française est abordée par Allen & Unwin dès novembre 1937. Tolkien recommande son amie Simonne d’Ardenne comme traductrice, à la suite de son travail sur la première version française du Farmer Giles of Ham[57]. Finalement, Le Hobbit est traduit en français par Francis Ledoux et paraît en 1969 aux éditions Stock, dans une collection générale, visant donc un public adulte. En 1976, Le Hobbit est réédité dans la Bibliothèque verte, témoignage d’un glissement de la perception française de la fantasy vers la littérature jeunesse[58]. En 2012, l'éditeur Christian Bourgois publie une nouvelle traduction du Hobbit par Daniel Lauzon, qui assure également la traduction du Hobbit annoté de Douglas A. Anderson la même année.
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117
+ À sa sortie, les critiques littéraires consacrées au Hobbit sont majoritairement positives. Beaucoup d’entre elles reprennent la publicité réalisée par Allen & Unwin qui le compare à Alice au pays des merveilles et à De l'autre côté du miroir, deux romans de Lewis Carroll. Cependant, J. R. R. Tolkien n’apprécie pas la comparaison et cette mention disparaît dans la deuxième édition[59].
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119
+ L’écrivain C. S. Lewis, ami de Tolkien, publie deux critiques anonymes dans le supplément littéraire du Times, puis dans le Times lui-même, dans lesquelles il fait l’éloge du roman comme de Tolkien et prédit son futur succès.
120
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121
+ « Il faut comprendre que nous avons ici un livre pour enfants, au sens où la première de nombreuses lectures peut être entreprise à la nursery. Alice est lue avec sérieux par les enfants, alors que les plus grands en rient ; Le Hobbit, au contraire, fera rire surtout les plus petits, et ce n'est que bien des années plus tard, à leur dixième ou vingtième lecture, qu'ils commenceront à se faire une idée de l'érudition habile et de la profonde réflexion qu'il a fallu pour donner un fruit aussi mûr, aussi agréable, et aussi vrai, à sa manière. La divination est un art dangereux, mais Le Hobbit pourrait bien devenir un classique[60]. »
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+ — C. S. Lewis, The Times Literary Supplement, 2 octobre 1937
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+ Le Hobbit reçoit de bonnes critiques dans le Horn Book Magazine de la part de l’éditrice Bertha E. Mahony et de la chroniqueuse Anne Carroll Moore, alors que William Rose Benét le qualifie dans le Saturday Review of Literature de « fantastique splendide »[61]. Dans le New York Times, Anne T. Eaton le décrit comme « un conte merveilleux relatant une magnifique aventure, pleine de suspense et assaisonnée d’un humour tranquille tout à fait irrésistible » et voit en lui l’un des meilleurs livres pour enfants publiés à l’époque[62]. Lors du Second Annual Children’s Festival du 1er mai 1938, le New York Herald Tribune choisit Le Hobbit pour recevoir un prix d’une valeur de 250 dollars en tant que meilleur livre pour enfants publié ce printemps-là[63],[64].
126
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127
+ Quelques critiques négatives apparaissent néanmoins. Pour Junior Bookshelf, les péripéties que rencontrent les personnages « donnent plutôt l’impression d’avoir été placées délibérément sur leur chemin, ne devant rien à la succession naturelle des événements[65] ». Dans son article sur les différentes révisions du Hobbit (1981), Constance B. Hieatt défend le roman contre certaines critiques en remarquant que « beaucoup de critiques se sont trompés parce qu’ils n’étaient pas capables de différencier les diverses révisions »[66].
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129
+ Le Hobbit est nommé au prix littéraire Carnegie Medal, remis annuellement par The Library Association au livre pour enfants le plus remarquable[67]. Il est également reconnu comme « roman le plus important du XXe siècle » dans la catégorie « livres pour enfants du siècle » par la revue Books for Keeps[67].
130
+
131
+ Bien que Le Hobbit ait été à l’origine de nombreuses œuvres dérivées, sa suite, Le Seigneur des anneaux, est considérée comme son principal héritage. L’intrigue suit la même progression en aller et retour, les deux histoires commençant et s’achevant à Cul-de-Sac (Bag End), la maison de Bilbo Sacquet ; Gandalf envoie les protagonistes dans une quête vers l’est, Elrond offre refuge et conseil, les héros échappent de peu à des créatures souterraines (gobelins/la Moria), ils rencontrent un autre groupe d’elfes (elfes sylvains/Lothlórien), ils traversent des terres ravagées (la Désolation de Smaug/les Marais des Morts), ils se battent dans une importante bataille (bataille des Cinq Armées/bataille des champs du Pelennor), un descendant de roi retrouve son trône (Bard l’Archer/Aragorn) et quand le hobbit rentre chez lui, il trouve une situation altérée (biens mis aux enchères/industrialisation de la Comté par Saroumane)[68]... L’arrivée des Aigles lors de la bataille de la Porte Noire dans le Seigneur des anneaux est une référence directe à leur intervention lors de la bataille des Cinq Armées dans Le Hobbit[69].
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133
+ « — Les Aigles arrivent ! Les Aigles arrivent !
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+ La pensée de Pippin balança un instant.
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+ « Bilbon ! dit-elle. Mais non ! Cela s’est passé dans son histoire, il y a très, très longtemps. Ceci est la mienne et elle est maintenant terminée. Adieu[70] ! »
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137
+ — J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux
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139
+ Dans les deux romans, l’arrivée des Aigles est le ressort de l’eucatastrophe[71].
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+ Le Seigneur des anneaux a néanmoins une intrigue beaucoup plus complexe, à cause du plus grand nombre de personnages principaux. Le ton est presque dépourvu d’humour et les thèmes moraux et philosophiques sont plus développés et plus complexes. Ce décalage entre les deux œuvres a pu être perturbant pour certains lecteurs[68]. De nombreuses différences stylistiques viennent du fait que Tolkien avait conçu Le Hobbit pour un public enfantin et que le Seigneur des anneaux visait les mêmes lecteurs, qui entre-temps avaient grandi. Il existe des différences de détails : par exemple les gobelins sont plus souvent appelés Orques dans le Seigneur des anneaux. De plus, l’idée que Tolkien se faisait de la Terre du Milieu n’avait cessé d’évoluer et évolua tout au long de sa vie[72]. Ces différences de ton et de vocabulaire sont accentuées par la traduction française qui n’emploie pas les mêmes termes dans l’une et l’autre œuvres.
142
+
143
+ À l’intérieur du Seigneur des anneaux, Le Hobbit, appelé Histoire d’un aller et retour, est présenté comme la première partie du Livre rouge de la Marche de l'Ouest, rédigé par Bilbo lui-même, assimilé au narrateur. Cela permet de plus d’expliquer les différentes éditions du livre, selon la sincérité de Bilbo par rapport à sa relation avec l’anneau.
144
+
145
+ La prose de Tolkien est sans prétention et directe, prenant pour acquis son monde imaginaire et décrivant ses détails d’une façon pratique, en introduisant souvent le fantastique d’une façon détournée. Ce style très terre-à-terre, repris dans des œuvres de fantasy plus tardives comme Les Garennes de Watership Down de Richard Adams, ou La Dernière Licorne de Peter Beagle, accepte le lecteur dans le monde fictif plutôt que de tenter de le convaincre de sa réalité[73]. Alors que Le Hobbit est écrit de façon simple et amicale, chacun de ses personnages a une voix unique. Le narrateur, qui interrompt occasionnellement la narration avec des incises (dispositif présent aussi bien dans la littérature d’enfance que dans la littérature anglo-saxonne[74]), a son propre style différencié de celui des personnages principaux[75].
146
+
147
+ La forme de base de l’histoire est une quête[76], effectuée par épisodes. Pendant la plus grande partie du livre, chaque chapitre introduit un habitant différent de la Sauvagerie, parfois amical envers les protagonistes, et parfois dangereux. Bien que de nombreuses rencontres soient menaçantes, le ton général est léger, et interrompu par des chansons. Un exemple de l’usage des chansons pour maintenir la légèreté de ton est quand Thorin et la compagnie sont capturés par les gobelins, marchent dans les profondeurs des cavernes et chantent :
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+
149
+ Clap! Snap! the black crack!
150
+ Grip, grab! Pinch, nab!
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+ And down down to Goblin-town
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+ You go, my lad!
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+
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+ Cric ! Crac ! à l'attaque !
155
+ Serre, tords ! Pince, mords !
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+ File, file ! À Gobelin-ville
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+ Tu vas, mon gars !
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+
159
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160
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161
+ Ce chant d’onomatopées offre une interruption comique au milieu d’une scène effrayante. Tolkien réalise l’équilibre entre humour et danger par d’autres moyens également, comme le ridicule et le parler cockney des trolls, ou l’ivresse des elfes qui capturent les nains[77]. La forme générale, celle d’un voyage dans des pays étranges, est présentée sur un mode léger et entrecoupé de chansons, peut-être sur le modèle des Icelandic Journals de William Morris, auteur très apprécié de Tolkien[78].
162
+
163
+ Le Hobbit reprend les modèles narratifs de la littérature pour enfants, comme le narrateur omniscient et les personnages auxquels les enfants peuvent s’identifier, comme le petit, gourmand et moralement ambigu Bilbo. Le texte souligne la relation entre le temps et les progrès narratifs et il distingue clairement les lieux « sûrs » des lieux « dangereux » dans sa géographie. Ce sont des éléments-clefs des ouvrages destinés aux enfants[79], tout comme la structure en « aller et retour », typique des romans initiatiques[80]. Bien que Tolkien ait par la suite affirmé ne pas apprécier que le narrateur s’adresse directement au lecteur[7], cet aspect contribua significativement au succès du roman, l’histoire pouvant être facilement lue à haute voix[81]. Emer O’Sullivan, dans son Comparative Children's Literature, remarque que Le Hobbit est un des rares livres pour enfants accepté dans la littérature courante, à côté du Monde de Sophie de Jostein Gaarder (1991) et de la série Harry Potter de J. K. Rowling (1997–2007)[82].
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165
+ Tolkien considérait Le Hobbit comme un conte de fées et l’écrivit sur un ton approprié aux enfants[83]. Beaucoup d’éléments du conte de fées, comme la répétition des événements (arrivée des nains chez Bilbo et chez Beorn, éléments folkloriques[84]…), y sont repris. Cependant, Bilbo n’est pas le héros habituel des contes de fées : il n’est pas le beau fils aîné ou la plus jeune et belle fille, mais un hobbit dodu, d’âge moyen, assez aisé[85]. Le Hobbit est conforme aux 31 motifs du conte établis par Vladimir Propp dans son livre de 1928 Morphology of the Folk Tale à partir d’une analyse structurelle du folklore russe[86].
166
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167
+ Le roman est le plus souvent classé dans la fantasy mais, de même que Peter Pan de J. M. Barrie et The Princess and the Goblin de George MacDonald, qui ont tous deux influencé Tolkien et contiennent des éléments de fantasy, il est avant tout considéré comme une œuvre de littérature enfance et jeunesse. Les deux genres ne sont pas mutuellement exclusifs : certaines définitions de la high fantasy comprennent des livres pour enfants, comme ceux de L. Frank Baum et Lloyd Alexander, à côté des romans plus adultes de Gene Wolfe et Jonathan Swift. C. W. Sullivan affirme que la première publication du Hobbit est une étape importante du développement de la high fantasy, et ajoute que les versions de poche du Hobbit et du Seigneur des anneaux dans les années 1960 ont été essentielles pour la création d’un marché de masse pour ce type de fiction, permettant le développement de la fantasy actuelle[74].
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+ Le thème principal du roman est le développement et le mûrissement du personnage principal et éponyme : le hobbit Bilbo. Dans Children's Literature, Matthew Grenby affirme que Le Hobbit est un livre de développement personnel et qu’il ne le considère pas simplement comme une aventure fantastique traditionnelle, mais comme un roman d’apprentissage, dans lequel le personnage acquiert une conscience plus grande de son identité et une meilleure confiance dans le monde extérieur grâce au voyage qu’il réalise[87].
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+
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+ Dans son essai The Psychological Journey of Bilbo Baggins, repris dans A Tolkien Compass de Jared Lobdell, Dorothy Matthews voit dans plusieurs chapitres du roman le concept jungien d’« individuation ». Elle décrit le voyage de Bilbo comme une quête de maturité et comme une métaphore de ce processus de découverte de soi[88],, une observation partagée par l’écrivain Ursula K. Le Guin[89]. L’analogie de l’« au-delà » et du héros qui en revient avec des trésors profitables (comme l’anneau ou les lames elfiques) rappelle les archétypes mythiques relatifs à l’initiation et au passage à l’âge adulte, comme le décrit le mythographe Joseph Campbell[77]. Dans Tolkien's Art, Jane Chance relie le développement et la croissance de Bilbo, par contraste avec d’autres personnages, avec les concepts de royauté juste et de royauté impure tels qu’ils apparaissent dans l’Ancrene Wisse, ainsi qu’avec une interprétation chrétienne de Beowulf[90].
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+ Toujours dans Children's Literature, Matthew Grenby estime que le dépassement de la convoitise et de l’égoïsme est la principale morale de l’histoire[87]. La convoitise est un thème récurrent : plusieurs péripéties naissent du désir d’un ou plusieurs personnages pour de la nourriture (les trolls voulant manger les nains ou les nains voulant goûter au banquet des elfes) ou pour des objets précieux, or ou joyaux[91]. Cette avarice, avec la malignité qui en découle, arrive au premier plan avec le désir de Thorin pour l’Arkenstone, qui constitue le point moral crucial du récit. Bilbo vole l’Arkenstone, une antique relique naine, et essaye de la négocier avec Thorin en échange de la paix. Pourtant, Thorin se retourne contre le hobbit qu’il considère comme un traître, malgré les précédentes promesses qu’il lui avait faites[92]. À la fin, Bilbo cède la pierre précieuse et la plus grande partie de sa part du trésor pour aider ceux qui en ont le plus besoin. Tolkien explore également le motif des joyaux provoquant une intense avidité, comme les silmarils du Silmarillion ; du reste, les mots « Arkenstone » et « silmaril » sont étymologiquement liés dans son œuvre[93].
174
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+ Un autre thème du Hobbit, souligné par divers auteurs, est l’animisme, un concept important en anthropologie et dans le développement de l’enfant, fondé sur l’idée que toutes les choses, y compris les objets inanimés, les phénomènes naturels, les animaux et les plantes, possèdent une intelligence humaine. Dans The History of The Hobbit, John D. Rateliff l’appelle le « thème du docteur Dolittle » et cite la multitude d’animaux qui parlent comme indice pour confirmer cette idée, par exemple les corbeaux, les araignées et le dragon Smaug, sans compter les créatures anthropomorphiques que sont les gobelins ou les elfes. Selon Patrick Curry (dans Defending Middle-Earth), l’animisme parcourt tout le roman et apparaît également dans d’autres œuvres de Tolkien ; il mentionne les « racines de la montagne » et les « pieds des arbres » comme des passages de l’inanimé à l’animé[94].
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+ Le Hobbit peut être considéré comme l’expression créative des travaux théoriques et universitaires de Tolkien. Les thèmes présents dans la littérature en vieil anglais, et plus particulièrement dans le poème Beowulf, ont une importance énorme dans la caractérisation du monde antique où évolue Bilbo. Tolkien connaissait parfaitement Beowulf, et il compte parmi les premiers à avoir étudié Beowulf comme une œuvre littéraire dont la valeur n’est pas uniquement historique. Sa conférence de 1936 Beowulf : Les Monstres et les Critiques est toujours utilisée par les étudiants en vieil anglais au début du XXIe siècle. Plusieurs éléments de Beowulf sont repris dans Le Hobbit, comme le dragon monstrueux et intelligent[95]. Certaines descriptions du roman semblent directement tirées de Beowulf, comme le moment où le dragon étire le cou pour renifler les intrus[96]. De même, les descriptions de Tolkien de l’accès à l’antre du dragon reflètent les passages secrets de Beowulf. Tolkien en profite pour affiner les passages de Beowulf qu’il estimait moins satisfaisants, comme le vol de la coupe ou l’intellect et la personnalité du dragon[97].
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179
+ Une autre influence du vieil anglais sur Le Hobbit apparaît à travers les épées nommées et ornées de runes. C’est en utilisant sa lame elfique que Bilbo réalise sa première action héroïque indépendante. En la nommant « Dard », Bilbo accepte les pratiques culturelles présentes dans Beowulf, ce qui marque son entrée dans l’ancien monde dans lequel il évolue[98]. Cette progression culmine avec le vol de Bilbo d’une coupe dans le trésor du dragon, éveillant ainsi sa colère, incident rappelant directement Beowulf et inspiré de schémas narratifs traditionnels, comme l’explique Tolkien lui-même : « l’épisode du vol s’est présenté naturellement (et presque inévitablement) au vu des circonstances. Il est difficile d’envisager une quelconque autre façon de poursuivre l’histoire à ce moment-là. J'aime à penser que l’auteur de Beowulf dirait à peu près la même chose[24]. »
180
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181
+ Tolkien utilise également ses théories littéraires pour concevoir ses personnages et leurs interactions. Il dépeint Bilbo comme un anachronisme moderne explorant un monde antique. Bilbo est capable de négocier et d’interagir dans ce monde ancien, car la langue et les traditions créent des liens entre les deux mondes. Par exemple, les énigmes posées par Gollum proviennent de sources historiques, tandis que celles de Bilbo sont tirées de livres pour enfants contemporains. C’est la forme commune du jeu de devinettes qui permet à Gollum et Bilbo d’interagir, et non le contenu des énigmes elles-mêmes. Cette idée d’un contraste superficiel entre les styles individuels des différents personnages, leurs tons et leurs centres d’intérêt, menant à une profonde unité entre l’ancien et le moderne, est un thème récurrent dans Le Hobbit[99].
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+ Smaug est l’antagoniste principal du roman. L’épisode de Smaug reflète par de nombreux points le dragon de Beowulf, et Tolkien utilise ce passage pour mettre en pratique certaines théories littéraires qu’il a développées autour du portrait du dragon dans le poème anglo-saxon, dotant la créature d’une intelligence bestiale au-delà de son rôle purement symbolique[95]. Smaug le dragon et ses réserves d’or peuvent être envisagés comme un reflet des relations traditionnelles entre le mal et la métallurgie, comme les réunit la description du Pandémonium dans Le Paradis perdu de John Milton[100]. De tous les personnages, Smaug est celui dont le parler est le plus moderne.
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+ De même que les théories de Tolkien ont influencé le conte, ses expériences personnelles ont pesé dans sa conception. Le Hobbit, avec son héros tiré de son foyer rural et jeté dans une guerre lointaine où l’héroïsme traditionnel est futile, peut être envisagé comme une parabole de la Première Guerre mondiale[101]. Le conte explore également le thème de l’héroïsme. Comme le remarque Janet Croft, la réaction littéraire de Tolkien à la guerre diffère de celle de la plupart des auteurs d’après-guerre : il ne recourt pas à l’ironie comme moyen de distanciation, privilégiant la mythologie pour transmettre son expérience[102]. Le Hobbit présente des ressemblances avec les ouvrages d’autres écrivains ayant combattu durant la Grande Guerre, notamment la représentation de la guerre comme antipastorale : la « désolation de Smaug », région sur laquelle il exerce son influence et où se déroule la bataille des Cinq Armées, est décrite comme un paysage désolé et meurtri[103]. Le Hobbit est un avertissement contre la répétition des tragédies de la Première Guerre mondiale[104] et l’attitude de Tolkien comme vétéran peut être résumée par la phrase de Bilbo à l’issue de la bataille[102] :
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+ « Ce doit être la victoire, après tout ! Mais il semble que ce soit une bien morne affaire. »
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+ Depuis la mort de J. R. R. Tolkien, trois éditions particulières du Hobbit ont été publiées : Le Hobbit annoté de Douglas A. Anderson, une édition commentée du roman ; une édition illustrée par Alan Lee ; et The History of The Hobbit de J. D. Rateliff, une étude de la rédaction du roman, à l’image de l’Histoire de la Terre du Milieu de Christopher Tolkien pour Le Seigneur des anneaux et Le Silmarillion.
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+ L’édition annotée d’Anderson, publiée en 1988, célèbre le cinquantième anniversaire de la publication du Hobbit aux États-Unis. Elle reproduit le texte complet du roman, avec des commentaires d’Anderson en marge. Ses annotations portent sur divers sujets : les influences de Tolkien pour certains passages, les liens avec Le Seigneur des anneaux et Le Silmarillion, ainsi que les modifications apportées au texte dans les révisions effectuées par Tolkien. L’ouvrage est abondamment illustré, reprenant les dessins réalisés par Tolkien lui-même, ainsi que ceux produits par d’autres illustrateurs pour les traductions en d’autres langues[106].
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+ L’édition illustrée par Alan Lee paraît en 1997, à l’occasion du soixantième anniversaire de la publication du Hobbit au Royaume-Uni. L’œuvre comprend 26 illustrations en couleur et 38 en noir et blanc, toutes de Lee[105].
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+ The History of The Hobbit est paru en 2007. Dans cet ouvrage en deux tomes, Mr. Baggins et Return to Bag End, John D. Rateliff propose une analyse extensive des brouillons de l’œuvre, y compris ceux des révisions de 1947 et 1960[107].
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197
+ La première adaptation à l’écran du Hobbit est un court métrage d'animation réalisé par Gene Deitch en 1966. Réalisé dans l'urgence à la demande du producteur William L. Snyder, dont les droits sur l'adaptation du roman (acquis en 1962) étaient sur le point d'expirer, The Hobbit ne dure que douze minutes et prend de nombreuses libertés avec l'œuvre d'origine[108]. Il n'a connu qu'une seule diffusion sur grand écran, le 30 juin 1966 dans un cinéma new-yorkais, mais a depuis refait surface sur YouTube[109],[110].
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+ The Hobbit, téléfilm d’animation produit par Arthur Rankin Jr. et Jules Bass, est diffusé sur la chaîne NBC le 27 novembre 1977. Avec un budget de près de trois millions de dollars, c'est à l’époque le téléfilm d’animation le plus coûteux jamais réalisé[111]. Quelques-uns des poèmes présents dans le livre sont mis en musique par Maury Laws pour le téléfilm. Le scénario de Romeo Muller respecte l’essentiel du roman, à quelques exceptions près, notamment la disparition du personnage de Beorn. Muller remporte un Peabody Award en 1978 pour le scénario du Hobbit ; la même année, le téléfilm est également nommé aux prix Hugo, dans la catégorie « meilleure présentation dramatique », mais le trophée revient à Star Wars. La marque discographique Walt Disney Records publie un LP reprenant le doublage audio du film[112]. En Union soviétique le livre est également adapté en téléfilm par Vladimir Latychev en 1985[113]. Le personnage de narrateur inspiré de Tolkien lui-même y est interprété par Zinovi Gerdt[114].
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+ En 1995, le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson et son épouse Fran Walsh expriment leur intérêt pour une adaptation cinématographique du Hobbit, qui serait la première partie d’une trilogie complétée par deux films sur Le Seigneur des anneaux. Cependant, les droits du Hobbit appartiennent alors à United Artists, et ils ne peuvent que réaliser une adaptation cinématographique du Seigneur des anneaux, dont les droits ont été rachetés par New Line Cinema[115].
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+ Après le succès de la trilogie de Jackson, la compagnie Metro-Goldwyn-Mayer, qui a acheté United Artists et possède donc les droits du Hobbit, annonce en septembre 2006 son souhait de travailler avec New Line et Jackson pour réaliser la préquelle[116]. Cependant, une dispute oppose Jackson et New Line à propos des revenus provenant des produits de La Communauté de l’anneau[117]. Finalement, les deux parties parviennent à un accord en décembre 2007, et après avoir payé à Jackson l’argent qu’elle lui doit, New Line le confirme comme producteur du Hobbit[118].
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+ Le réalisateur mexicain Guillermo del Toro participe à l’élaboration du scénario avec Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens, et doit réaliser ce film[119]. Néanmoins, le 31 mai 2010, après plus de deux années de participation à la conception de l’adaptation, Del Toro annonce renoncer à la réalisation en raison des retards dans le commencement du tournage et des problèmes financiers de Metro-Goldwyn-Mayer[120]. Le projet original comprend deux films, le premier suivant l'intrigue du Hobbit tandis que le second doit servir de lien avec Le Seigneur des anneaux en couvrant les événements survenus dans la période séparant les deux histoires[121], mais cette idée est finalement abandonnée[122]. Le tournage des films, qui se déroule en Nouvelle-Zélande[119], débute le 21 mars 2011 après de nombreux contretemps. Les deux films annoncés laissent la place à une trilogie : le premier volet, Un voyage inattendu, est sorti en France le mercredi 12 décembre 2012 ; le second volet, La Désolation de Smaug, est sorti le mercredi 11 décembre 2013 ; le troisième volet, La Bataille des Cinq Armées, est sorti le mercredi 10 décembre 2014.
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+ Depuis sa publication, plusieurs jeux de société et jeux de rôles se sont inspirés du roman.
208
+ En 1975, Larry Smith crée et commercialise le jeu de société The Battle of the Five Armies, dont les droits sont achetés par la suite par la compagnie américaine Tactical Studies Rules[123].
209
+ En 1983, Iron Crown Enterprises (ICE) lance un autre jeu de société, The Lonely Mountain: Lair of Smaug the Dragon, conçu par Coleman Charlton[124] ; un an après, la même compagnie crée sa propre version de The Battle of the Five Armies, développée également par Charlton avec Richard H. Britton et John Crowll[125], et un jeu de rôle appelé Middle-earth Role Playing, fondé aussi bien sur Le Hobbit que sur Le Seigneur des anneaux[126], traduit en français par Hexagonal en 1986 sous le nom Jeu de rôle des Terres du Milieu (JRTM).
210
+ En 2001, un nouveau jeu de société apparaît sur le marché : The Hobbit: The Defeat of the Evil Dragon Smaug, conçu par Keith Meyers et Michael Stern[127] et illustré par Ted Nasmith[128].
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+ Plusieurs jeux vidéo ont ��galement été tirés du livre, avec ou sans permission. L’un de ceux qui rencontre le plus de succès est le jeu pour ordinateur The Hobbit, développé en 1982 par Beam Software et distribué par Melbourne House, qui remporte en 1983 le Golden Joystick Award dans la catégorie « jeu de stratégie de l’année »[129]. En 2003, Sierra Entertainment propose un jeu de plates-formes avec des éléments de jeu de rôle, également intitulé Bilbo le Hobbit, pour PC, PlayStation 2, Xbox et GameCube[130]. Une version reprenant l’histoire et les graphismes des personnages, mais avec une plate-forme isométrique en 2D et des personnages en 3D, est conçue pour Game Boy Advance[131]. Un MMORPG "Le Seigneur des Anneaux Online" est également sorti en 2007 et la franchise Lego a annoncé un jeu vidéo Lego Le Hobbit prévu pour fin 2014/début 2015 pour PC, Wii, Xbox 360, PS3, Nintendo DS, Nintendo 3DS, Xbox One, et PS4.
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+ De septembre à novembre 1968, la BBC Radio 4 diffuse une adaptation radiophonique du Hobbit réalisée par Michael Kilgarriff et produite par John Powell. Divisée en huit parties, cette série radiophonique de quatre heures suit de près la trame de la seconde édition du roman (celle de 1951). Anthony Jackson occupe le rôle de narrateur, Paul Daneman interprète Bilbo, Wolfe Morris Gollum, John Justin Thorin, John Pullen Elrond, Peter Williams Bard et Heron Carvic Gandalf. En 1988, cette série est éditée au format cassette audio, puis en CD en 1997[132].
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+ En 1989, la maison d’édition Eclipse Comics publie un roman graphique du Hobbit, écrit par Charles « Chuck » Dixon et Sean Deming, et illustré par David Wenzel. Il est divisé en trois volumes, le premier se terminant lorsque Gollum joue aux énigmes avec Bilbo, et le deuxième quand la compagnie échappe aux elfes sylvains[133].
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+ Le Hobbit a été adapté de nombreuses fois au théâtre, et ce dès les années 1950. L’intrigue du roman est plus ou moins malmenée selon les auteurs de l’adaptation ; le cas le plus extrême étant sans doute Down in Middle Earth, une comédie musicale américaine pour enfants de 1969, notable pour son emploi d’un langage « branché », ses allusions à la sexualité et ses éclairages psychédéliques[134].
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+ Selon Dick Huemer, cité par David Koenig, Walt Disney aurait eu l’idée dès 1938 d’adapter Le Hobbit car il ne parvenait pas à saisir l’histoire d’Alice au pays des merveilles pour en faire un film[135].
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+ En 2014 la chaine Arte diffuse À la recherche du Hobbit, une série documentaire en cinq épisodes de 26 minutes, produite par Yannis Metzinger et Alexis Metzinger, et réalisée par Olivier Simonnet. La série amène le spectateur aux sources des légendes et des inspirations qui ont mené J. R. R. Tolkien à écrire les romans du Hobbit et du Seigneur des anneaux.
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+ La bibliographie est classée par ordre alphabétique des auteurs, les articles étant placés par date à la fin.
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+ La vésicule biliaire est un organe creux, situé dans l'abdomen contre le foie. Faisant partie des voies biliaires, elle est reliée à la voie biliaire principale par le conduit cystique. La principale fonction de la vésicule est le stockage de la bile en vue de sa restitution au cours de la digestion, particulièrement à la suite d'un repas lourd ou gras.
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+ La vésicule biliaire est un organe creux, piriforme (en forme de poire), de couleur gris-bleu et mesurant chez l'adulte 7 à 10 cm de long pour 3 cm de large. Sa capacité est de 50 mL en moyenne. Située dans l'abdomen, c'est un organe sous-hépatique, accolé au foie au niveau du lit vésiculaire, sur la scissure médiane hépatique. Elle est recouverte de péritoine sur son versant libre. La vésicule appartient aux voies biliaires et est reliée à la voie biliaire principale par le conduit cystique.
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+ On lui distingue trois parties : le fundus, le corps et le col. Le fundus est l'extrémité antérieure de la vésicule, libre. Il déborde sous le foie et est en contact avec la paroi abdominale antérieure. Le corps, dirigé obliquement vers le haut, l'arrière et la gauche, est aplati de haut en bas. Il répond en arrière au duodénum. Le col est l'extrémité postérieure de la vésicule, sa direction forme un angle avec le corps. Il se continue en arrière avec le conduit cystique.
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+ La vésicule est vascularisée par l'artère cystique, issue de l'artère hépatique droite. Elle longe la partie antérieure du conduit cystique pour rejoindre la partie supérieure du col de la vésicule. Elle se divise alors en deux, une branche superficielle pour la partie inférieure de la vésicule, et une branche profonde pour sa partie supérieure. La vésicule est drainée par de multiples veines cystiques qui se jettent dans des veines portes segmentaires du foie.
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+ L'innervation est assurée par des branches du plexus hépatique, lui-même partie du plexus cœliaque.
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+ La vésicule biliaire stocke et concentre la bile produite par le foie en attendant que celle-ci soit nécessaire à la digestion. Elle permet ainsi, en complément de la production normale du foie, de faire face à une alimentation importante ou particulièrement grasse. La bile est composée de mucus, de pigments biliaires, de sels biliaires, de cholestérol et de sels minéraux (calcium).
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+ La cholécystographie consiste à utiliser les rayons X avec un produit de contraste pour visualiser la vésicule. Cette technique a été utilisée pour la première fois en 1924[1]. Cela est resté l'examen de référence jusqu'aux années 1980[2] où elle est détronée par l'échographie.
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+ L'échographie abdominale utilise les ultrasons et obtient une imagerie simple et indolore de la vésicule.
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+ Le scanner abdominal ainsi que l'imagerie par résonance magnétique permettent également de visualiser cet organe.
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+ Dans la vésicule, à l'occasion d'une modification hormonale (grossesse) ou de façon fortuite, les éléments de la bile peuvent cristalliser. Il y aura ensuite coalition de calculs pour réaliser une lithiase biliaire, ou calcul biliaire. Il peut contenir principalement du calcium, du cholestérol, ou des pigments biliaires, ou être mixte.
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+ La lithiase vésiculaire est très fréquente (20 % de la population), souvent asymptomatique. Elle se complique dans un nombre assez limité de cas (colique hépatique, cholécystite, angiocholite, péritonite, pancréatite). Le traitement chirurgical consiste essentiellement en l'ablation de la vésicule, car la destruction du calcul risquerait de provoquer une obstruction du colédoque par les résidus; une telle ablation n'est indiquée qu'en présence de symptômes compatibles avec ces complications.
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25
+ Le calcul ainsi constitué peut s'enclaver dans le canal cystique. Au moment du repas, quand la contraction de la vésicule tentera d'évacuer la bile vers le tube digestif, le calcul obstruera le cystique et c'est l'augmentation de la pression de la bile à l'intérieur de la vésicule qui provoquera la douleur. La crise durera quelques heures et s'arrêtera spontanément.
26
+ La colique hépatique se manifeste sur le plan clinique par une douleur siégeant dans l'hypochondre droit, irradiant vers l'omoplate droite. Elle peut s'accompagner d'une respiration superficielle. La palpation de l'hypochondre droit ne met pas en évidence de contracture mais révèle le signe de Murphy : douleur provoquée à la palpation avec inhibition respiratoire.
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+ La cholecystite est l'inflammation de la vésicule biliaire. Elle est le plus souvent secondaire à une obstruction du canal cystique par un calcul. Elle s'exprime par une douleur accompagnée de fièvre et nécessite en principe un traitement chirurgical.
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+ C'est un cancer très rare, qui touche de deux à trois fois plus la femme que l'homme. Il se déclare généralement après 65 ans.
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+ Le cancer de la vésicule biliaire ne provoque des symptômes qu'à un stade avancé, c'est-à-dire quand la tumeur a commencé à s'étendre aux organes voisins (foie…). Voici une liste des symptômes possibles : vomissements, ictère, amaigrissement...
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+ Si les cellules cancéreuses n'ont pas traversé la muqueuse de la vésicule, le pronostic est généralement très bon. En revanche, si la tumeur s'est propagée à un ou des organes voisins, le pronostic est beaucoup plus réservé.
35
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+ Si la tumeur est décelée à un stade peu avancé, on peut opérer en réséquant la vésicule biliaire. La chimiothérapie et la radiothérapie ne sont pas toujours efficaces et le risque de récidive est important.
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+ La cholécystectomie est une des interventions chirurgicales les plus fréquentes. Le geste chirurgical consiste en une ablation de la vésicule biliaire. Cette opération a plusieurs indications, notamment les pathologies d'origine lithiasique. Elle n'est pas recommandée lorsque la lithiase vésiculaire est asymptomatique[3].
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+ La vésicule biliaire des ours est utilisée dans la médecine traditionnelle chinoise comme aphrodisiaque. Comme ces animaux sont protégés, les seules utilisées sont obtenues soit par trafic illégal d'espèces sauvages[4] ou dans des élevages dont les conditions d'exploitations sont soumises à controverse[5]. Les "fermes à ours" chinoises et coréennes maintiennent ces animaux par milliers dans des conditions d'élevage et d'extraction quotidienne de la bile qui attirent l'attention de nombreuses organisations de défense animale. Les ours sont encagés dans des box de contention en métal de la dimension de leur corps sur des périodes de 20 à 30 ans, sans jamais pouvoir se mouvoir. La bile est extraite sans anesthésie via un cathéter infiltré dans la vésicule biliaire de l'animal. Cette pratique étendue à l'échelle industrielle est décriée pour des raisons éthiques.
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+ William Jefferson Clinton (de son nom de naissance William Jefferson Blythe III), dit Bill Clinton [bɪl ˈklɪntən][1], né le 19 août 1946 à Hope (Arkansas), est un juriste et homme d'État américain, 42e président des États-Unis en fonction de 1993 à 2001.
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+ Membre du Parti démocrate, il est procureur général d'État en Arkansas de 1977 à 1979 puis gouverneur de 1979 à 1981 ainsi que de 1983 à 1992. Il est marié avec Hillary Rodham, future secrétaire d'État des États-Unis, en 1975, qu'il avait rencontrée pendant ses études à Yale.
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+ Son mandat à la Maison-Blanche est marqué par la plus longue période d'expansion économique en temps de paix de l'histoire moderne américaine[2], par la ratification de l'ALENA (Accord de libre échange nord-américain)[3], par l'intervention de l'armée américaine en Haïti, par les accords d'Oslo, par l'intervention des troupes de l'OTAN dans les guerres de Yougoslavie, par le premier attentat contre le World Trade Center à New York (1993) et par les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. Il est aussi ponctué d'un certain nombre d'affaires comme le scandale du Whitewater et celui de l'affaire Lewinsky, qui lui vaut d'être l'objet devant le Congrès d'une procédure d'impeachment qui n'aboutit pas. Symbole des Nouveaux démocrates, il est ouvert à la déréglementation dans les secteurs de l'agriculture et des télécommunications. Sa présidence s'est déroulée avec un Congrès dominé par les démocrates puis les républicains à partir de 1995.
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+ Le 19 mai 2009, il est nommé émissaire spécial de l'ONU pour Haïti par le secrétaire général Ban Ki-moon. Depuis 1997, il dirige en outre la Fondation Clinton.
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+ Bill Clinton naît à Hope dans l'Arkansas, et s’appelle de naissance William Jefferson Blythe III, le même nom que son père, William Jefferson Blythe, Jr. (1918-1946), un voyageur commercial tué dans un accident de voiture trois mois avant sa naissance. Après l'accident, sa mère, Virginia Cassidy (1923-1994), déménage à la Nouvelle Orléans pour ses études d'infirmière, laissant son bébé à sa famille. Bill grandit avec ses grand-parents, Eldridge et Edith Cassidy, jusqu'à ce que sa mère revienne 4 ans plus tard. Elle se maria à Roger Clinton[4] Sr (1908-1967) qui adopta Bill. Celui-ci adopta le nom de famille de son beau-père à l’âge de 15 ans. Bill Clinton a décrit son beau-père comme joueur, alcoolique et battant régulièrement sa femme et son demi-frère[5].
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+ Bill Clinton est un bon élève, joueur de saxophone. Il pense même devenir musicien professionnel[6]. Alors qu’il est au lycée, il fait partie d'une délégation d’élèves sélectionnés pour leur mérite et invités à la Maison-Blanche. Il y rencontre le président John Fitzgerald Kennedy et on dit que cet événement est le catalyseur de son envie d’entrer en politique. Pendant sa jeunesse, il était brièvement membre de DeMolay, qui est une organisation de jeunesse paramaçonnique américaine[7].
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15
+ Bien qu’originaire d’une famille pauvre, il réussit à obtenir son diplôme de politique internationale à l'université de Georgetown. Parmi ses professeurs figurent Carroll Quigley. Il reçoit une bourse Rhodes qui lui permet d’aller étudier à l’université d'Oxford au Royaume-Uni pendant deux ans, et revient à l'université Yale pour y faire ses études de droit. C’est là qu’il rencontre Hillary Rodham avec qui il se marie en 1975 ; ils auront une fille, Chelsea Clinton, née en 1980.
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+ À la suite de ses problèmes de santé (des opérations à cœur ouvert en 2004 puis 2010), Bill Clinton s'est tourné vers le végétalisme[8],[9], tout en admettant consommer du saumon et des œufs environ une fois par semaine[10],[11].
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+ Clinton commence par être professeur de droit à l’université de l'Arkansas et tente, sans succès, d’être élu à la Chambre des représentants.
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+ Il est élu procureur général de l'Arkansas en 1976 puis gouverneur de l'Arkansas en 1978. À 32 ans, il est alors le plus jeune gouverneur d’un État. Son premier mandat n’est pas facile, car il fait adopter une loi impopulaire créant une vignette sur les automobiles et doit gérer la crise causée par la fuite de prisonniers cubains, immigrés illégaux détenus dans une prison de l’État. Sa femme décide aussi de conserver son « nom de jeune fille » dans un État plutôt conservateur, alors qu’elle doit remplir le rôle d’hôtesse dans les réceptions officielles. Toutes ces raisons font que Clinton n'est pas réélu en 1980 pour un second mandat de deux ans et laisse son poste à Frank D. White, un républicain.
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+ Clinton comprend ses erreurs et renoue de bonnes relations avec les entrepreneurs et les politiciens en place. Sa femme porte son nom et adopte une attitude plus traditionnelle, tout en continuant à s’intéresser à la politique au travers de son emploi d'avocat. En 1982, Bill Clinton se présente de nouveau et prend sa revanche sur Frank D. White. Il est ensuite réélu en 1984, pour un mandat de deux ans et, après l'entrée en vigueur de l'amendement 63 à la constitution de l'Arkansas[12], en 1986 et 1990 pour des mandats de quatre ans. Grâce à ses contacts amicaux avec les entrepreneurs, il réussit à amadouer ses critiques. Il a pour priorité l'éducation dont il augmente le budget. Sous sa gouvernance, le chômage baisse et l'Arkansas se développe. Les résultats de l'Arkansas en matière de santé, de réduction de la pauvreté, d'éducation, d'emploi et de développement dépassent la moyenne nationale.
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+ Désigné candidat du parti démocrate à l'élection présidentielle de 1992 contre le président républicain sortant, George H. W. Bush, il choisit Al Gore comme colistier, bien que ce dernier soit aussi un politicien issu d'un État du Sud. La campagne électorale est pleine d'attaques personnelles, car Clinton s'est fait réformer pour ne pas accomplir son service militaire, admet avoir fumé de la marijuana mais sans en avoir avalé la fumée, aurait eu plusieurs aventures avec des femmes de son entourage et aurait conclu quelques contrats douteux.
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+ En novembre 1992, il est élu président avec une large majorité des grands électeurs (370 contre 168) mais seulement 43 % des suffrages contre 37,4 % à George Bush. Cette élection est en effet marquée par le score important d'un troisième candidat, l'homme d'affaires conservateur, Ross Perot, qui remporte 19 % des voix et prive Bush de majorité dans de nombreux États de l'Ouest et du Midwest. Bill Clinton est élu en promettant de réformer l'État-providence, de réduire les impôts pour la classe moyenne, de réduire les impôts pour 90 % des petits entrepreneurs[13], de les augmenter pour les 1,2 % des contribuables les plus aisés[14], d'étendre le crédit d'impôt sur les revenus pour les travailleurs pauvres. Son élection marque ainsi l'arrivée au pouvoir des Nouveaux démocrates, un courant centriste du Parti démocrate, prônant des positions sociales et culturelles plutôt conservatrices et des politiques fiscales proche des libéraux classiques, assez éloignées des prises de positions de George McGovern (en 1972) ou de Walter Mondale (en 1984).
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+ La mise en place de son gouvernement est assez chaotique, notamment dû au fait qu'il a nommé nombre de ses collaborateurs plus ou moins au dernier moment et que certains ne se sont pas révélés adaptés au poste, comme son chef de cabinet Mack McLarty, un ami très proche, qui est remplacé un an plus tard. La nomination de l'Attorney General des États-Unis est également difficile, où les deux premiers choix de Clinton, Zoë Baird et Kimba Wood, ont toutes les deux dû renoncer à la nomination pour avoir employé des étrangers en situation irrégulière[15].
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+ Le début de son mandat est marqué par plusieurs lois symboliques comme celle autorisant les salariés des grandes entreprises à s’absenter pour des motifs familiaux ou en cas d’urgence médicale et l'admission des homosexuels dans l’armée, en dépit de longues tergiversations avec le Pentagone (loi Don't ask, don't tell).
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+ Au début de son mandat, Clinton adopte un mode de gouvernement très personnel ; alors que ses prédécesseurs déléguaient leur autorité et travaillaient par la voie hiérarchique, Clinton s'appuie sur un nombre de confidents restreints, dont sa femme Hillary. C'est elle qui prépare un projet de loi sur la sécurité sociale et l'assurance maladie, permettant à tous les Américains une couverture maladie. Mais le projet est bloqué par le Congrès à majorité démocrate en partie en raison de sa complexité et de son aspect institutionnel[16]. L'une des conséquences de cette politique est néanmoins le renversement de majorité dans les deux chambres du Congrès lors des élections de mi-mandat en novembre 1994.
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+ Les disputes entre le président et le Congrès, désormais à majorité républicaine, à partir de janvier 1995, se traduisent par des retards dans le vote du budget et le gouvernement se trouve dans l'obligation de fermer tous les ministères pendant plusieurs jours. En effet, Clinton refuse de céder aux Républicains sur l'assainissement budgétaire et ces derniers finiront par adopter le budget proposé par Clinton.
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+ En 1996, l'économie étant forte et les sondages étant très favorables dès le début de la campagne (15 à 20 % d'écart), Clinton remporte facilement et sans surprise l'élection présidentielle face au républicain Bob Dole et à l'indépendant Ross Perot, moins influent que lors de sa précédente tentative[17],[18],[19]. La majorité républicaine du Congrès est cependant renforcée. Ce dernier l'obligera à adopter un budget en équilibre pour la première fois depuis 1969, du temps du président Nixon. De plus, il fait voter une loi interdisant la vente d'armes d'assaut. Il augmente le nombre de policiers afin d'assurer la sécurité et crée un service civil volontaire. De plus, il fait voter la loi sur les congés parentaux permettant aux salariés de prendre des congés pour la naissance d'un enfant ou la mort d'un proche. Il engage une lutte contre la drogue et la criminalité, et prend de plus de nombreuses mesures en faveur de l'environnement et crée de nombreuses réserves naturelles.
38
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+ Clinton fait intervenir les forces armées des États-Unis à plusieurs reprises et en même temps réduit drastiquement le budget de la Défense. Depuis fin 1992, des troupes américaines sont engagées en Somalie dans le cadre de l'opération Restore Hope et tentent de ramener la stabilité dans le pays ; une opération visant à arrêter un chef de guerre local s'opposant aux actions de l'ONU tourne mal les 3 et 4 octobre 1993 et 18 soldats américains sont tués. Face à de violentes critiques à propos de ces morts, Clinton décida de retirer tous les militaires américains du pays.
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+ Concernant l'Union européenne, Bill Clinton a déclaré lors de sa conférence de presse à Ankara qu'il continuerait à se faire l'avocat de l'entrée de la Turquie dans la construction européenne[20].
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+ L'armée intervient aussi à Haïti en 1994 pour aider le président Jean-Bertrand Aristide, victime d'un coup d'État.
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+ Les troupes américaines participent aussi aux missions de l'OTAN dans les guerres de Yougoslavie et de maintien de la paix au Kosovo. C'est sous l'impulsion de Clinton que l'OTAN organise des frappes aériennes sur la Serbie pour empêcher le nettoyage ethnique des musulmans bosniaques. L'administration Clinton est à l'origine du plan de paix dans les Balkans. Après ses mandats présidentiels, Bill Clinton inaugure le 20 septembre 2003, le Mémorial de Potocari-Srebrenica, où reposent des victimes du massacre de Srebrenica[21].
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+ Enfin, plusieurs raids sont effectués sur l'Irak en punition des violations des sanctions imposées par l'ONU après la Guerre du Golfe.
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49
+ Clinton est particulièrement fier des accords d'Oslo entre les Israëliens et les Palestiniens. Toutefois malgré toute sa volonté il ne parvient pas à faire accepter à Yasser Arafat et à Yitzhak Rabin un plan de paix qui aurait pu mettre fin au conflit.
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51
+ Il admet qu'il n'a pas réussi à empêcher les massacres du Rwanda. C'est aussi pendant ses mandats que des terroristes liés au mouvement Al-Qaida tentent de détruire le World Trade Center à New York, détruisent les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie et réussissent à endommager l'USS Cole en escale au Yémen.
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53
+ Pendant sa présidence, il entretient d'excellentes relations avec le président Jacques Chirac ; ce dernier apporte son soutien à Clinton lors de l'affaire Lewinsky. Les deux présidents restent amis à partir de ce moment-là et s'entendent politiquement dans plusieurs domaines, ce qui explique en partie les relations tendues entre Jacques Chirac et les conservateurs américains dont le successeur de Clinton, George W. Bush.
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+ Il s'engage en faveur de Boris Eltsine lors de l'élection présidentielle russe de 1996. Il intervient auprès du Fonds monétaire international (FMI) afin de faire octroyer à la Russie un prêt de 10,2 milliards de dollars durant la période préélectorale. Des conseillers américains sont également envoyés, sur instruction de la Maison-Blanche, rejoindre l'équipe de campagne du président russe, alors extrêmement impopulaire, pour enseigner de nouvelles techniques de propagande électorale[22].
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+ Il lance en 1999 le plan Colombie qui vise à soutenir le gouvernement colombien dans sa lutte contre les guérillas communistes, moyennant le versement de 1,6 milliard de dollars sur trois ans à l’armée colombienne. Un amendement vient rapidement souligner la seconde fonction du plan : favoriser les investissements étrangers en « insist[ant] pour que le gouvernement colombien complète les réformes urgentes destinées à ouvrir complètement son économie à l’investissement et au commerce extérieur »[23].
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+ Aidé par l'engouement des années 1990 pour la technologie, Bill Clinton est resté pour les Américains le président qui a créé 22,5 millions d'emplois en huit ans (1992-2000), dont 20,6 millions dans le secteur privé, record depuis inégalé, qui a largement éclipsé les 14,7 millions d'emplois[24] créés par Ronald Reagan sur la même durée (1980-1988)[25]. Le taux de chômage de la population afro-américaine a en particulier été divisé par deux, passant de 14,2 % à 7,3 % en huit ans[25], grâce à 116 mois consécutifs de croissance[25].
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+ En arrivant au pouvoir, il trouve le pays dans une situation économique très dégradée dans plusieurs domaines : le chômage et la pauvreté ont augmenté, contribuant aux six jours d'émeutes de 1992 à Los Angeles, qui causent 55 morts. Surtout les déficits publics atteignent des sommets, à 400 milliards de dollars[26].
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+ Conformément au pacte passé avec le président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan[27], Clinton équilibre le budget, afin de faire diminuer les taux d'intérêt à long terme, puis dégage des excédents importants lors de ses deux dernières années à la présidence. Il est aidé en cela par l'imposition des plus-values générées par la très forte hausse de Wall Street, la plus forte de l'histoire des bourses de valeurs après celle de la Bourse japonaise au cours de la décennie précédente. La forte croissance a contribué aux excédents budgétaires, bien plus que le mix de hausses des impôts et de baisse des dépenses de Clinton.
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+ Son prédécesseur George H. W. Bush avait réussi à contrôler le taux d'inflation, ce qui lui a facilité aussi la tâche. Pendant la double mandature Clinton, les États-Unis bénéficient d’une économie en expansion à un rythme moyen de 4 % par an, comparé au taux moyen de 2,8 % pendant les douze années précédentes[25].
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+ Soucieux de ne pas multiplier les conflits avec le congrès républicain, il ne met pas son veto au Gramm-Leach-Bliley Act Financial Services Modernization Act de 1999, qui abolit une partie du Glass-Steagall Act de 1933, même si 44 des 45 sénateurs démocrates ont voté contre la version initiale et qu'une partie significative d'entre eux a voté aussi contre sa version finale. Le texte permet la création du conglomérat financier Citigroup.
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+ En quittant la présidence, Clinton laisse une économie en bien meilleur état qu'à son arrivée. Il a réussi à :
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+ Le 22 août 1996, à la fin de son premier mandat, il signe le Personal Responsibility and Work Opportunity Act (« loi sur la responsabilité individuelle et le travail »). Selon le sociologue Loïc Wacquant, cette loi « instaure le dispositif social le plus régressif promulgué par un gouvernement démocratique au XXe siècle »[30]. Il signe également la suppression d'une aide fédérale aux familles monoparentales[31].
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+ Au printemps de la même année, au terme de son premier mandat et en vue d'alimenter son budget de campagne électorale, l'équipe du président Clinton propose aux enchères de passer une nuit à la Maison-Blanche ou prendre un café avec le président, ce qui est critiqué. Le 13 mai 1996, les principaux banquiers américains sont reçus quatre-vingt-dix minutes à la Maison-Blanche par le président Clinton, le secrétaire du Tresor Robert Rubin (ex-directeur de Goldman Sachs), l'adjoint chargé des affaires monétaires John D. Hawke Jr. (en), le trésorier du Parti démocrate, Marvin S. Rosen, et le directeur de la régulation des banques Eugene Ludwig (en). D'après le porte-parole de ce dernier, « les banquiers discutèrent de la législation à venir, y compris des idées qui permettraient de briser la barrière séparant les banques des autres institutions financières ». L'abrogation définitive du Glass-Steagall Act intervient en 1999, sous la présidence Clinton.
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+ Pour Serge Halimi, directeur du mensuel Le Monde diplomatique, au regard de la responsabilité directe de l'abrogation de la séparation entre banque de dépôt et banque d'investissement dans le déclenchement de la Crise des subprimes en 2007, ce café de travail « pourrait avoir coûté quelques milliers de milliards de dollars à l'économie mondiale, favorisé l'envol de la dette des États et provoqué la perte de dizaines de millions d'emplois »[32].
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+ Premier président appartenant à la génération de l'après-guerre, Clinton apparaît comme différent de ses prédécesseurs. Il se conduit comme un homme du commun. Le fait qu'il soit souvent client de la chaîne de restauration rapide McDonald's le rend sympathique auprès des couches populaires. Ses options politiques se traduisent par des phrases courtes semblables à des couplets de chansons à la mode et ses détracteurs l'appellent « le président MTV ». Il réussit toutefois à faire voter un grand nombre d'électeurs de la jeune génération, dont beaucoup lui donnent leur voix. Il est aussi très populaire auprès des Afro-Américains qui le considèrent comme l'un d'entre eux : « Sa mère l'a élevé seule, il est né pauvre dans une famille ouvrière, il joue du saxophone et il adore les sandwiches du McDo ». Ils s'amusent souvent à dire qu'il est « le plus noir des présidents » ou encore « plus noir que Barack Obama ». Bill Clinton a terminé son deuxième mandat avec une cote de popularité de 60 %, un score qui avait atteint 73 % au plus fort de l'affaire Monica Lewinsky[33].
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+ Sa femme Hillary Clinton joue un grand rôle dans son gouvernement et est vivement critiquée. Beaucoup de gens considèrent le couple comme des partenaires politiques et certains pensent même que c'est Hillary qui « porte la culotte »[34].
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+ La bonne société, conservatrice, a du mal à accepter les frasques de Clinton dans les années 1960, l'ère hippie. Clinton avait réussi à ne pas être appelé sous les drapeaux en allant étudier à l'étranger pendant la Guerre du Viêt Nam et, s'il a admis avoir essayé la marijuana, il affirme « ne pas avoir avalé la fumée »[35] Une partie des blancs du sud considèrent aussi que Clinton les a trahis, car s'il appartient à la classe populaire, il a fait des études dans les meilleures universités et a adopté des idées proches de l'anti-conformisme. Il n'est pas conforme au modèle traditionnel des politiciens du sud même si, au même moment, d'autres conservateurs tels que Newt Gingrich, président de la Chambre des représentants, ont à faire face à des accusations similaires à celles de Clinton.
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+ Pourtant, le nouveau président se place résolument à droite des démocrates sur les sujets de société, en s'affirmant favorable à la peine de mort, à l'interdiction de laisser les adolescents traîner dans la rue, aux uniformes dans les écoles. Il intensifie aussi la lutte contre la drogue et annonce au début de 1994, un an après sa prise de fonctions, le recrutement de 100 000 policiers supplémentaires[36]. On parle alors de Nouveau Démocrate, ou de triangulation, pour reprendre le concept créé par son conseiller Dick Morris. Ainsi lors du discours de l'État de l'Union de 1994, le président Clinton se prononce en faveur de la prière à l'école. Il en résulte qu'au cours des années 1990, le parti démocrate s'éloigne, dans sa majorité, des quelques représentants de l'aile gauche du parti, comme Ted Kennedy et Howard Dean. Hillary Clinton se recentre aussi politiquement depuis 2004, la gauche américaine étant alors plutôt incarnée par le parti de Ralph Nader.
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+ Dès le début de la campagne électorale de 1992, des rumeurs courent sur les liaisons extraconjugales de Clinton. L'une de ses anciennes collaboratrices, Paula Jones, l'accuse de harcèlement sexuel et d'autres aventures sont rendues publiques, en particulier lorsque l'enregistrement d'une conversation téléphonique entre Monica Lewinsky et Paula Jones révèle que la première affirme avoir pratiqué des fellations alors qu'elle était stagiaire à la Maison-Blanche.
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+ Dès le début de sa présidence, Clinton fait face à de nombreuses attaques personnelles de la part de ses adversaires politiques. On l'accuse d'avoir bénéficié de donations illégales pendant sa campagne électorale, en particulier en provenance de la Chine. On ressort des dossiers sur des contrats douteux qu'il aurait passés pendant ses mandats de gouverneur en Arkansas. L'une de ses anciennes collaboratrices, Paula Jones, l'accuse de harcèlement sexuel. Ces accusations sont tellement nombreuses que ses partisans sont persuadés qu'il s'agit d'une conspiration nationale menée par les républicains à des fins purement politiques. C'est lors des interrogatoires lors de ce procès, qui va jusqu'à la Cour suprême en mai 1997, que Clinton fait ses déclarations concernant Monica Lewinsky, une stagiaire de la Maison-Blanche, avec qui il nie avoir eu quelque relation que ce soit, ce qui lui vaudra l'accusation de parjure par le procureur Kenneth Starr. Dans Clinton versus Jones, la Cour juge qu'un président en exercice peut être poursuivi au civil pour des actes commis avant sa prise de fonction et sans rapport avec celle-ci. Sur le fond, Paula Jones perdit toutefois son procès ; en appel, elle passa un accord négocié hors-tribunal avec Clinton en novembre 1998, celui-ci acceptant de lui payer 850 000 dollars contre l'abandon des charges[37].
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+ Le 17 janvier 1998, Bill Clinton, sous serment, nie avoir eu des relations sexuelles avec Monica Lewinsky. Le 17 août, devant le grand jury, il admet une « relation inconvenante », doit expliquer le détail de ses relations avec Monica Lewinsky mais persiste à déclarer qu'il ne s'agissait pas de relations sexuelles : « Je n'ai pas eu de rapports sexuels avec cette femme, Mademoiselle Lewinsky ». (« I did not have sexual relations with that woman, Miss Lewinsky »). Cette phrase restera plus tard célèbre pour sa construction syntaxique avec une véracité à caractère trompeur suivant la définition donnée à « relations sexuelles ». Le lendemain, dans un discours télévisé écrit en grande partie par sa femme et mis en scène par son ami Harry Thomason (en), producteur de télévision[38], Bill Clinton confesse, le visage défait et la voix rauque, avoir eu une « relation inappropriée avec Mademoiselle Lewinsky » et exprime son « profond remords »[39]. Mais l'accusation de parjure devant le grand jury et d’obstruction de l’instruction permet au Congrès d'entamer une procédure d'impeachment. Le vote est strictement politique, beaucoup de sénateurs et de représentants rendant publique leur intention de vote avant que le procès ait lieu. Le 19 décembre 1998, les républicains votent pour la destitution et les démocrates contre (accusé de parjure par 228 voix contre 206, et d'obstruction par 221 voix face à 212). En janvier 1999, il passe en procès devant le Sénat, mais la condamnation d'impeachment n'est pas votée par la majorité requise des deux-tiers. Des sénateurs républicains refusent de voter pour la destitution de Clinton, jugée politique.
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+ À la fin de son mandat, son innocence sera déclarée dans plusieurs affaires[40], notamment sur des contrats passés lorsqu'il était gouverneur. De plus, il était accusé d'avoir encouragé plusieurs personnes à mentir sous serment ; son innocence a toutefois été prouvée[40].
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+
93
+ Comme beaucoup d’anciens présidents, Clinton, après son mandat, est devenu un conférencier recherché ; ses interventions lui auraient rapporté plus de 100 millions de dollars (de 200 000 à 475 000 dollars par conférence) depuis qu'il a quitté la Maison-Blanche[41]. Il discourt sur les problèmes politiques d’actualité et il a soutenu la candidature de sa femme au siège de sénateur de l’État de New-York en ouvrant son bureau à Harlem, le quartier noir de Manhattan.
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95
+ En juin 2004, Clinton publie ses mémoires dans un livre intitulé Ma vie. Ce livre reste longtemps en tête des meilleures ventes, en particulier sur les sites Internet, lui rapportant au total 12 millions de dollars[41].
96
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97
+ Le 26 juillet 2004, il s’adresse à la Convention nationale du Parti démocrate, pour la cinquième fois de suite, en soutien du candidat John Kerry. De nombreux critiques considèrent son discours comme l’un des meilleurs. Il y critique le candidat républicain George W. Bush en ces termes « l’utilisation de la force et de l’intelligence ne sont pas forcément exclusives l’une de l’autre ».
98
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99
+ En septembre 2004, pendant la campagne électorale, il subit une intervention à cœur ouvert et les chirurgiens affirment qu’il aurait subi une attaque cardiaque majeure à brève échéance s’il n’avait pas été opéré.
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101
+ Peu de temps après le tremblement de terre du 26 décembre 2004, il est nommé émissaire spécial de l'ONU pour l'aide humanitaire aux pays frappés par les raz de marée.
102
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103
+ Depuis la fin de sa présidence, Clinton dirige la Fondation Clinton et préside la Clinton Global Initiative, une ONG vouée à combattre la pauvreté en Afrique, la paludisme et le sida.
104
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+ En 10 ans, la Fondation Clinton a levé plus de 500 millions de dollars, grâce à des donations provenant essentiellement de contributeurs étrangers, notamment de la famille royale saoudienne, du roi du Maroc et de plusieurs monarchies pétrolières du Moyen-Orient[42]. La Fondation a cependant été critiquée pour son manque de transparence. En novembre 2008, alors que le nouveau président élu Barack Obama envisage de nommer Hillary Clinton à un poste de son administration, l’équipe de transition doit s’assurer que les activités lucratives de son mari ne présentent pas un conflit d'intérêts[43]. Par ailleurs, l'ancien président siège au conseil d'administration de plusieurs entreprises et est également associé à un fonds d'investissement qui gère des avoirs de Dubaï et place des capitaux en Chine[44].
106
+
107
+ Bill Clinton a en outre érigé à Little Rock, la William J. Clinton Presidential Center and Park pour 500 millions de dollars comprenant une bibliothèque présidentielle, les locaux de sa Fondation Clinton et la Clinton School of Public Service, école rattachée à l'université de l'Arkansas.
108
+
109
+ Les rumeurs continuent à courir sur son futur politique. Certains le voient au poste de secrétaire général des Nations unies comme successeur de Kofi Annan. Le 8 janvier 2009, il participe au déjeuner réunissant à la Maison-Blanche tous les présidents des États-Unis encore vivants : George H. W. Bush, Barack Obama (président élu), George W. Bush (président en exercice) et Jimmy Carter.
110
+ Il est nommé émissaire spécial des Nations unies pour Haïti après le séisme qui a ravagé le pays le 12 janvier 2010, faisant plus de 200 000 morts, par le secrétaire général Ban Ki-moon. L’ancien président américain est chargé d'attirer l’attention du monde sur ce pays, le plus pauvre du continent américain. Le 11 février 2010, il subit à New York une seconde intervention cardiaque : une angioplastie d'une artère coronaire[45].
111
+
112
+ Il est venu soutenir Barack Obama à la Convention démocrate du 6 septembre 2012, où il reçoit une longue ovation, en insistant sur le thème central de l'emploi et déclarant que si « la Maison-Blanche a été occupée durant 28 ans par un républicain, et 24 ans par un démocrate » depuis 1961, le bilan de très long terme est favorable à ces derniers, avec 24 millions d'emplois créés sous les républicains et 42 millions sous les démocrates[46]. Les plus grands médias américains, comme CNN[47], CBS et l'Associated Press[48] et Bloomberg[49] s'empressent de lancer une vérification, et doivent constater que l'ex-président dit vrai, son propre mandat ayant en particulier permis la création d'environ 22,5 millions d'emplois. Selon le site officiel de la Maison-Blanche, c'est un record[50].
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+ Alors que sa femme Hillary Clinton avait échoué à obtenir la nomination du Parti démocrate pour la présidence des États-Unis en 2008, elle l'obtient huit ans plus tard face à Bernie Sanders. Bill Clinton et leur fille Chelsea font campagne avec elle, mais elle perd le 8 novembre 2016 face au républicain Donald Trump.
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+ Le 21 novembre 2017, dans le cadre des révélations suivant l'affaire Harvey Weinstein, la presse annonce que quatre femmes ont introduit de nouvelles plaintes pour agressions sexuelles à charge de Bill Clinton[51].
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+ En août 2019, un tableau de l'artiste Petrina Ryan-Kleid, titré Parsing Bill, est retrouvé aux murs du domicile à Manhattan du prédateur sexuel Jeffrey Epstein, mort en prison quelques jours plus tôt. Le tableau représente Bill Clinton en robe du soir bleue et talons hauts rouges, assis dans un fauteuil du Bureau ovale ; l'artiste, qui avait peint un tableau de George W. Bush jouant avec des avions en papier dans le même bureau, se dit surprise que le milliardaire ait accroché son œuvre au mur[52].
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+ République d'Afrique du Sud
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+ (en) Republic of South Africa
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+ (zu) iRiphabhuliki yaseNingizimu Afrika
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+ (xh) iRiphabliki yomZantsi Afrika
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+ (af) Republiek van Suid-Afrika
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+ (nso) Repabliki ya Afrika-Borwa
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+ modifier
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+ L'Afrique du Sud, en forme longue la république d'Afrique du Sud, est un pays situé à l'extrémité australe du continent africain. Sa capitale administrative est Pretoria. Il est frontalier à l'ouest-nord-ouest avec la Namibie, au nord et au nord-nord-est avec le Botswana, au nord-est avec le Zimbabwe, et à l'est-nord-est avec le Mozambique et l'Eswatini. Le Lesotho est pour sa part un État enclavé dans le territoire sud-africain.
18
+
19
+ L'Afrique du Sud compte 56,72 millions d’habitants[3]en 2017 répartis en 80,2 % de Noirs, 8,8 % de Coloureds, 8,4 % de Blancs et 2,5 % d'asiatiques (sous-continent indien)[3]. Nation aux phénotypes très variés, l'Afrique du Sud est ainsi en Afrique le pays présentant la plus grande portion de populations dites coloureds, blanches et indiennes. Elle est souvent appelée « nation arc-en-ciel », notion inventée par l'archevêque Desmond Tutu pour désigner la diversité de la nation sud-africaine et qui a remplacé le concept de société plurale employé précédemment par les théoriciens de l'apartheid (1948-1991).
20
+
21
+ L'égalité des revenus entre les différents groupes de populations n'a pas progressé depuis la fin de l'apartheid et l'Afrique du Sud connaît un taux d'inégalité parmi les plus élevés au monde[4]. C'est toutefois une puissance de référence pour le continent africain[4] avec l'une des économies les plus développées du continent et des infrastructures modernes couvrant tout le pays. C'est la deuxième puissance économique d'Afrique derrière le Nigeria[5],[6]. Le pays se caractérise aussi par une importante population de souche européenne (Afrikaners, Anglo-sud-africains) et par d'importantes richesses minières (or, diamant, charbon, etc.) qui en ont fait un allié indispensable des pays occidentaux durant la guerre froide.
22
+
23
+ La dénomination « république d'Afrique du Sud »[N 1] a succédé à celle d'« union d'Afrique du Sud » le 31 mai 1961, lorsque le pays a cessé d'être une monarchie pour devenir une république.
24
+
25
+ Les frontières terrestres sud-africaines atteignent 5 244 km (Botswana : 1 969 km; Lesotho : 1 106 km ; Namibie : 1 005 km ; Mozambique : 496 km ; Eswatini : 438 km ; Zimbabwe : 230 km)[7].
26
+
27
+ Les climats régionaux du territoire sont[8] :
28
+
29
+ Pour faire face à la sécheresse, les autorités instaurent en octobre 2019 des restrictions d’eau dans les principales villes du pays. Plusieurs régions du centre et du nord du pays avaient déjà subi des coupures d'eau, notamment en raison de la défaillance des installations du principal distributeur d’eau d'Afrique du Sud, Rand Water. Dans certaines provinces, comme celles du Cap-Oriental et du Cap-Occidental, la sécheresse a ruiné les récoltes et provoqué la mort de troupeaux de bétail[9].
30
+
31
+ Dans la partie sud du pays se trouvent les monts du Drakensberg, qui s'étendent du KwaZulu-Natal jusqu'à la province du Cap (ceinture plissée du Cap), soit sur environ 1 000 km[10].
32
+
33
+ L'altitude moyenne est de 3 000 m, le point culminant de ce relief étant le Thabana Ntlenyana, au Lesotho, à 3 482 m. C'est dans ce massif que se trouve le plus haut sommet d'Afrique du Sud, le Mafadi, à 3 450 m.
34
+
35
+ Le massif du Drakensberg est plutôt ancien avec des sommets arrondis ; c'est une zone verdoyante et un lieu de vie du peuple San. C'est également dans ce massif que le fleuve Orange prend sa source.
36
+
37
+ Au nord du pays se trouve une ancienne zone volcanique, Pilanesberg. C'est une zone relativement escarpée qui comporte des cratères. La faune y est très riche : mammifères dont des cervidés, etc.
38
+
39
+ On y rencontre également une flore typique : adansonia, teck, ébène, hibiscus, etc.
40
+
41
+ Enfin, l'altitude suffisamment élevée pour cette latitude permet la pratique du ski lors de l'hiver austral. Il n'est pas rare, comme lors du mois de juin 2007, de voir tomber de la neige en quantité (30 cm en une journée). Elle reste cependant généralement cantonnée aux plus hauts sommets du Drakensberg pendant l'hiver, et même si la température est assez basse pour l'empêcher de fondre, la faiblesse des précipitations limite l'enneigement. La neige tombe une fois tous les dix ans sur Johannesburg, mais presque jamais à Pretoria, pourtant distante de seulement 60 kilomètres, mais à une altitude plus faible.
42
+
43
+ Les plaines se situent principalement dans le Nord-Ouest et dans l'État libre d'Orange, qui sont les greniers céréaliers de l'Afrique du Sud, grâce à la production de blé et de maïs. Le coton est également cultivé. On y pratique aussi l'élevage de moutons. Le pays est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010 et neuvième au palmarès des producteurs africains de thé au début de la décennie 2010, dominé par le Kenya.
44
+
45
+ Le sous-sol est également très riche en or, en diamants, en uranium et en charbon, particulièrement dans les villes de Kimberley et Bloemfontein.
46
+
47
+ Le nord-ouest du pays est occupé par le désert du Kalahari qui s'étend également sur le Botswana et la Namibie, et qui a une superficie de près de 1 million de km2. Caractérisé par ses dunes de sable rouge, c'est un désert semi-aride comportant de nombreuses zones de savanes et quelques arbres tels les acacias à épines et les baobabs.
48
+ On y observe de nombreuses migrations animales.
49
+
50
+ L'Afrique du Sud compte 2 898 km de côtes.
51
+
52
+ Le long de la façade de l'Atlantique, le littoral est plutôt régulier et les côtes mesurent 2 798 kilomètres[11]. Dans le Namaqualand on observe une explosion florale pendant un mois, où plus de 4 000 espèces végétales fleurissent en même temps, lys, aloes, protea, etc. entre mi-août et mi-septembre. Cette zone est très touristique. La zone du cap de Bonne-Espérance est principalement rocheuse et des colonies de manchots y sont installées. On trouve également l'île aux Phoques Robben Island qui accueille des phoques venant principalement de l'Antarctique.
53
+
54
+ Plus à l'est, le littoral est une alternance de côtes rocheuses et de plages de sable fin.
55
+
56
+ Les principales stations balnéaires sont dans l'est du pays, East London, Jeffreys Bay, Port Elizabeth, Durban…
57
+
58
+ On trouve également des zones maritimes protégées dans le cadre de parcs Nationaux comme la réserve Phinda (en), s'étendant sur terre et au large, où l'on peut pratiquer la plongée sous-marine.
59
+
60
+ La Montagne de la Table et le Waterfront du Cap.
61
+
62
+ Montagnes du Drakensberg au KwaZulu-Natal.
63
+
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+ Namaqualand au Cap-Occidental.
65
+
66
+ Péninsule du Cap.
67
+
68
+ L'Afrique du Sud possède, grâce à sa grande variété d'écosystèmes, une faune et une flore très diversifiées. Les déserts, savanes arides, savanes humides, forêts, fynbos, montagnes et côtes, offrent de nombreuses niches écologiques pour les nombreuses espèces animales et végétales. Des populations très importantes de mammifères marins vivent aux abords des côtes, notamment atlantiques, parmi lesquelles des baleines, des dauphins, des globicéphales et de très importantes colonies de pinnipèdes. Elle fait partie des dix-sept pays mégadivers, pays dont la biodiversité est la plus importante de la planète.
69
+
70
+ La protea royale, emblème végétal du pays.
71
+
72
+ Antilope springbok, emblème animal de l'Afrique du Sud.
73
+
74
+ Depuis le début du XXe siècle, 37 espèces de plantes ont disparu en Afrique du Sud, principalement victimes de la déforestation[12].
75
+
76
+ Traditionnellement, l'on a reconnu historiquement trois capitales officielles à l'Afrique du Sud, l'une, administrative, à Pretoria, l'autre, législative, au Cap et enfin une troisième, judiciaire, à Bloemfontein. Toutefois désormais seule la ville du Cap est mentionnée par la Constitution en tant que siège du parlement. Par ailleurs, l'instance judiciaire suprême du pays, la Cour constitutionnelle, siégeant à Johannesbourg, la ville de Bloemfontein ne mérite dès lors plus son surnom de capitale judiciaire. La métropole de Johannesbourg, la plus riche du pays et siège de la Bourse sud-africaine, est également considérée comme sa capitale économique.
77
+
78
+ En avril 1994, les quatre provinces et les dix bantoustans qui constituaient géographiquement et politiquement l'Afrique du Sud ont été dissous pour former neuf nouvelles provinces intégrées :
79
+
80
+ Chacune de ces provinces est divisée en municipalités métropolitaines et en districts municipaux. Ces derniers sont à leur tour divisés en municipalités locales. Les municipalités locales et métropolitaines sont divisées en circonscriptions électorales appelées wards.
81
+
82
+ Les municipalités métropolitaines exercent l’intégralité du pouvoir municipal, contrairement aux autres territoires dans lesquels le pouvoir est partagé entre les districts et les municipalités locales[13].
83
+ Les municipalités métropolitaines sont dirigées par un conseil municipal dont les conseillers sont directement élus lors d’un scrutin proportionnel par liste[14].
84
+
85
+ Les huit municipalités métropolitaines correspondent aux plus grandes agglomérations du pays :
86
+ Buffalo City (East London), Le Cap, Ekurhuleni (East Rand), eThekwini (Durban), Johannesbourg, Mangaung (Bloemfontein), Nelson Mandela Bay (Port Elizabeth), et Tshwane (Pretoria)[13],[15].
87
+
88
+ Les districts ont la charge de nombreuses missions dont le développement économique, l’entretien des routes et les transports publics. Les conseillers municipaux des districts sont élus au scrutin proportionnel par liste pour 40 % d’entre eux, les 60 % restants étant nommés au sein des conseils des municipalités locales[14].
89
+
90
+ Les districts municipaux sont divisés en 226 municipalités locales. Généralement, elles englobent une ou plusieurs villes ainsi que les villages et les zones rurales aux alentours. Les municipalités locales exercent le pouvoir local en complément des attributions des districts. Les conseillers sont élus pour moitié au scrutin proportionnel par liste, l’autre moitié étant élue au scrutin uninominal dans les wards (circonscriptions électorales).
91
+
92
+ Une famille khoïkhoï.
93
+
94
+ Arrivée de Jan van Riebeeck dans la baie de la Table en 1652 pour y fonder une station de ravitaillement et premiers contacts avec les Khoïkhoïs.
95
+
96
+ L'arrivée au Cap des navires de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (1762).
97
+
98
+ Les Voortrekkers - illustration de J.S. Skelton (1909).
99
+
100
+ Le premier drapeau national d'Afrique du Sud (1928-1994).
101
+
102
+ Panneau formalisant les lois de l'apartheid (1948-1991).
103
+
104
+ L'actuel drapeau d’Afrique du Sud adopté en 1994 pour les premières élections nationales non ségréguées.
105
+
106
+ Nelson Mandela, président de l'Afrique du Sud à la suite des premières élections nationales au suffrage universel.
107
+
108
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
109
+
110
+ Les Khoïsan, regroupant les Khoïkhoïs et les Sans, sont les premiers habitants connus de l'Afrique du Sud (40 000 av. J.-C.).
111
+
112
+ Les premiers peuples de langues bantoues, venant à l'origine du grassland camerounais actuel, atteignent l'actuelle province du KwaZulu-Natal vers l'an 500 de notre ère. Au Xe siècle, des xhosas s'installent dans la région de la Fish River (Transkei).
113
+
114
+ En 1488 le navigateur portugais Bartolomeu Dias atteint le cap des Tempêtes (cap de Bonne-Espérance), suivi en 1497 par le navigateur portugais Vasco de Gama qui longe la côte du Natal.
115
+
116
+ L'implantation définitive d'Européens en Afrique du Sud date de 1652 avec l'établissement, pour le compte de la Compagnie hollandaise des Indes orientales, d'une station de ravitaillement au Cap dirigée par le Néerlandais Jan van Riebeeck.
117
+
118
+ En 1657, plusieurs salariés de la compagnie sont autorisés à s'établir définitivement au Cap alors que des esclaves sont déportés de Batavia et de Madagascar pour pallier le manque de main d'œuvre sur place. En 1688, deux cents huguenots français rejoignent les 800 administrés du comptoir commercial et fondent Franschhoek. En 1691, la colonie du Cap est mise en place.
119
+
120
+ C'est en 1770 que sont relatés les premiers contacts entre les bantous et les boers (les fermiers libres d'origine franco-néerlandaise) à la hauteur de la Great Fish River (à 900 km à l'est de la cité mère). Les relations sont rapidement conflictuelles et, en 1779, débute la première des neuf guerres cafres (1779-1878).
121
+
122
+ Entre 1795 et 1804, les Britanniques occupent l'Afrique du Sud. La colonie est restituée brièvement aux Néerlandais, entre 1804 et 1806.
123
+
124
+ En 1806, les Néerlandais cèdent définitivement la place aux Britanniques qui deviennent la nouvelle puissance coloniale.
125
+
126
+ De 1818 à 1825, lors du Mfecane, le Roi des Zoulous, Chaka, étend son empire sur l'est de l'Afrique du Sud au prix d'une conquête sanglante sur les autres peuples tribaux.
127
+
128
+ En 1835, les Boers quittent la colonie du Cap pour les territoires intérieurs de l'Afrique du Sud afin d'échapper à l'administration britannique. C'est le Grand Trek, parsemé de tragédies et de batailles (bataille de Blood River contre les Zoulous en 1838). Deux républiques boers indépendantes sont finalement fondées et reconnues par le Royaume-Uni : la république sud-africaine du Transvaal (1852) et l'État libre d'Orange (1854).
129
+
130
+ En 1866, la colonie du Cap étend également son territoire et annexe la cafrerie britannique alors que les premiers diamants sont découverts à Kimberley, puis des gisements d'or dans le Witwatersrand au Transvaal.
131
+
132
+ En 1879, durant la Guerre anglo-zouloue, les Britanniques subissent une défaite historique lors de la bataille d'Isandhlwana avant de finalement s'imposer au Zoulouland.
133
+
134
+ Après l'annexion d'autres territoires tribaux, une des plus grandes spéculations de l'histoire boursière provoque la crise boursière des mines d'or sud-africaines de 1895, au moment du Raid Jameson, perpétré par les britanniques, en vue du percement de mines jusqu'à 4 kilomètres sous terre.
135
+
136
+ Motivée en partie par ces mines d'or, la Seconde guerre des Boers (1899-1902) et l'annexion du Transvaal et de l'État libre d'Orange consacre la domination britannique sur la majeure partie de l'Afrique australe, au prix de l'internement et de la mort de milliers de civils boers dans des camps de concentration.
137
+
138
+ Le 31 mai 1910, huit ans après la fin de la Seconde guerre des Boers et après quatre ans de négociations, le South Africa Act accorde l'indépendance nominale, en créant l'union d'Afrique du Sud. Le pays est fondé à partir du regroupement des colonies du Cap, du Natal, du Transvaal et de l'Orange. Le South Africa Act établit une démocratie parlementaire sur le modèle de Westminster avec un régime de type monarchie constitutionnelle et un parlement souverain. Les modalités d'octroi du droit de vote diffèrent cependant entre les quatre nouvelles provinces (si le corps électoral est essentiellement blanc, les provinces du Natal et du Cap accordent sous condition censitaire le droit de vote aux personnes de couleur dites « civilisées »). Le général boer Louis Botha devient le premier chef du gouvernement sud-africain.
139
+
140
+ En 1912, un parti politique, le Congrès national africain (ANC), est fondé à Bloemfontein, revendiquant une plus grande participation des populations noires aux affaires du pays. L'année suivante, le Native land act est adopté. Basé sur le système des réserves établi à l'époque coloniale et dans les républiques boers, il divise le territoire sud-africain entre les terres indigènes (7 % puis 13 % du territoire) et les terres destinées aux Blancs et aux administrations publiques (87 % du territoire).
141
+
142
+ En 1915, engagées dans la Première Guerre mondiale, les troupes sud-africaines subissent de lourdes pertes dans la Somme (France). En Afrique, elles prennent le contrôle du Sud-Ouest africain allemand (future Namibie) qui leur est octroyé sous mandat par la Société des Nations en 1920.
143
+
144
+ En 1918, le Broederbond, une société secrète est fondée avec pour objectif la promotion politique, sociale et économique des Afrikaners (la dénomination devenue usuelle des Boers).
145
+
146
+ La révolte ouvrière des Afrikaners du Witwatersrand en 1922, durement réprimée, permet aux nationalistes blancs de s'unifier et de remporter les élections générales de 1924 sous la direction de James Barry Hertzog. En 1934, face à la crise économique, Hertzog s'unit néanmoins aux libéraux de Jan Smuts pour former un gouvernement d'union nationale. À la même époque, des anthropologues et des linguistes de l'université de Stellenbosch comme Werner Max Eiselen forgent un nouveau concept social et politique qui donnera naissance à l'idéologie de l'apartheid : rejetant l'idée de société unique sud-africaine, ils proposent de séparer géographiquement, politiquement et économiquement les noirs et les blancs d'Afrique du Sud ainsi que les différentes ethnies entre elles, afin de maintenir et renforcer leurs identités ethniques et linguistiques et de lutter contre les effets qu'ils estiment acculturants de l'urbanisation et du travail migrant sur les structures traditionnelles africaines[16],[17],[18]. En 1936, la franchise électorale des populations noires au Cap est supprimée. En 1939, le pays, sous la direction de Smuts, s'engage au côté des alliés dans la Seconde Guerre mondiale. En 1945, Smuts participe à la rédaction du préambule de l'Organisation des Nations unies.
147
+
148
+ En 1948, le parti national remporte les élections générales. Le nouveau premier ministre, Daniel François Malan, met en place la politique d'apartheid, renforcée en 1956 par la suppression de la franchise du droit de vote des Coloureds (gouvernement Strijdom). En 1958, Hendrik Verwoerd devient premier ministre.
149
+
150
+ En 1960, le massacre de Sharpeville puis l'interdiction de l'ANC et des mouvements nationalistes africains mènent à la condamnation de la politique d'apartheid par les Nations unies et par la communauté internationale.
151
+
152
+ Le 31 mai 1961, le pays devient une république à la suite d'un référendum où les électeurs votent majoritairement pour la fin de la monarchie. La république d'Afrique du Sud est alors proclamée, et le dernier gouverneur général du pays, Charles Swart, devient ainsi le premier président d'État. Le pays se retire également du Commonwealth. L'ANC débute alors la lutte armée dans l'Umkhonto we Sizwe.
153
+
154
+ En 1963, Nelson Mandela, l'un des chefs de Umkhonto we Sizwe est condamné à perpétuité pour terrorisme et les autres chefs de l'ANC sont emprisonnés ou exilés. En 1966, Hendrik Verwoerd, premier ministre d'Afrique du Sud et grand architecte de l'apartheid, est assassiné.
155
+
156
+ En 1976, les émeutes dans le township de Soweto contre l'enseignement obligatoire en afrikaans conduisent le gouvernement à déclarer l'état d'urgence alors que le Bantoustan du Transkei est déclaré indépendant dans le cadre de la politique d'apartheid.
157
+
158
+ En 1984, pour sortir du blocage politique, le régime politique est présidentialisé et un parlement tricaméral, ouvert aux Indiens et aux Coloureds, est inauguré. Néanmoins, l'état d'urgence est de nouveau proclamé en 1986 alors que des sanctions économiques et politiques internationales isolent le pays en dépit de l'abrogation de lois symboliques de l'apartheid comme le passeport intérieur. Seul l'État d'Israël continue d'avoir des relations discrètes et collabore avec le pouvoir au point de vue militaire et sécuritaire (échanges de technologies, contrats de licences de fabrication d'armement, échanges techniques en matière de sécurité intérieure et savoir-faire d'espionnage).
159
+
160
+ En 1990, le nouveau président sud-africain, Frederik de Klerk, légalise l'ANC, le parti communiste sud-africain et tous les mouvements noirs. Nelson Mandela est libéré.
161
+
162
+ En juin 1991, le gouvernement abolit les dernières lois de l'apartheid et entame un processus de transition constitutionnelle (Codesa). Ce processus de négociations permet entre autres la création d'une nouvelle assemblée constituante, laquelle se penche sur un projet intérimaire de constitution en 1993. La nouvelle constitution promulguée réorganise l'État sud-africain autour des valeurs-clés de liberté, égalité, dignité et place en son sommet une Cour constitutionnelle. Le processus de transition démocratique âprement négocié aboutit le 27 avril 1994 aux premières élections multiraciales de l'histoire du pays, remportées par l'ANC. Nelson Mandela devient alors le premier président noir du pays. Par la même occasion, le pays réintègre le Commonwealth.
163
+
164
+ En 1995, une Commission vérité et réconciliation est mise en place, puis l'année suivante, le 10 décembre 1996[19] est adoptée une nouvelle constitution sud-africaine, principalement fondée sur la constitution provisoire de 1993.
165
+
166
+ De 1999 à 2008, le pays est présidé par Thabo Mbeki. Est ainsi apparue aux côtés de la bourgeoisie blanche une bourgeoisie noire ; ni l'ANC, ni le parti communiste, ni le syndicat COSATU (« Congrès des syndicats sud-africains ») n'ont remis en cause l'ordre économique et social. Au contraire, les privatisations se sont multipliées. L'Afrique du Sud est un des pays les plus inégalitaires du monde, ainsi que l'atteste son coefficient de Gini[Quand ?].
167
+
168
+ À la suite des difficultés économiques et sociales apparues lors du second mandat de Thabo Mbeki, caractérisées en 2008 par une grave pénurie d'électricité en Afrique du Sud et la dégradation des infrastructures, son parti l'ANC lui retire son mandat le 21 septembre 2008. Thabo Mbeki remet sa démission au Parlement[20] qui élit alors Kgalema Motlanthe pour terminer son mandat jusqu'aux élections générales de 2009.
169
+
170
+ Après les élections générales du 22 avril 2009, remportées par l'ANC, Jacob Zuma, ancien vice-président de 1999 à 2005, devient le nouveau président de la République. Il prête serment le 9 mai 2009 et forme un gouvernement plus ouvert aux partis politiques minoritaires, dont le parti communiste mais aussi, pour la première fois depuis 1994, le front de la liberté (droite afrikaner). Le massacre de Marikana en 2012, où la police tire sur des salariés grévistes faisant des dizaines de morts, entache la gouvernance de l'ANC au sein de son électorat mais lors des élections générales sud-africaines de 2014, Jacob Zuma est réélu pour un second mandat, l'ANC restant nettement en tête dans l'électorat bien qu'en recul face à l'Alliance démocratique et aux Combattants pour la liberté économique de Julius Malema.
171
+
172
+ Visé par des affaires de corruption, Jacob Zuma démissionne sous la pression de son parti début 2018, après avoir été menacé de destitution, et Cyril Ramaphosa lui succède comme président de la République par intérim[21],[22]. Le 15 février 2018, le Parlement élit formellement Cyril Ramaphosa président de la République[23].
173
+
174
+ Il est réélu chef de l’État le 22 mai 2019, à l’issue d’élections générales lors desquelles l’ANC obtient le plus faible score de son histoire (57,5 %), passant sous la barre des 60 % pour la première fois depuis un quart de siècle et payant ainsi les errements et les scandales de l'ère Zuma, son prédécesseur[24].
175
+
176
+ Il doit également faire face à une opposition interne au sein de l'ANC, avec un clan resté fidèle à Jacob Zuma, ayant à sa tête le secrétaire général de l’ANC, Ace Magashule, et son adjointe, Jessie Duarte[25]. Une vague de xénophobie vis-à-vis les migrants, les « étrangers », secoue également le pays[26].
177
+
178
+ Le 10 février 2020, Cyril Ramaphosa prend la présidence de l'Union africaine, succédant à Abdel Fattah al-Sissi[27].
179
+
180
+ Le régime est parlementaire depuis le South Africa Act en 1910 et le suffrage universel en vigueur depuis 1994. La constitution sud-africaine, la cinquième de l’État sud-africain, fut promulguée par le Président Nelson Mandela le 10 décembre 1996 et est entrée en vigueur le 4 février 1997.
181
+
182
+ Les fonctions de chef du gouvernement et de chef d'État se confondent sous le titre de président de la république d'Afrique du Sud. Ce dernier est élu par le parlement.
183
+
184
+ Le parlement d’Afrique du Sud est composé de deux chambres : une chambre basse, l’assemblée nationale et une chambre haute, le conseil national des provinces (en anglais : National Council of Provinces, NCoP). Les 400 membres de l'assemblée nationale sont élus par scrutin proportionnel de liste. Le NCoP, qui a remplacé le Sénat en 1997, est composé de 90 membres représentant les neuf provinces.
185
+
186
+ Chaque province est dotée d'une législature provinciale monocamérale, et d'un conseil exécutif présidé par un premier ministre (premier en anglais et en afrikaans). Les provinces sont moins autonomes que celles, par exemple, du Canada ou que les États aux États-Unis. Il s'agit alors d'un système fédéral modéré. L'État compte 11 langues officielles qui, en pratique, sont traitées différemment, l'afrikaans perdant du terrain devant l'anglais favorisé par l'ANC.
187
+
188
+ Enfin, le système judiciaire sud-africain est hybride en ce sens qu'il se fonde sur le système du common law s'agissant des activités administratives, alors que le droit privé est essentiellement imprégné par la tradition romano-germanique. L'organisation judiciaire est divisée, à l'image du modèle anglo-saxon, entre cours locales, Magistrates' Courts, hautes-cours provinciales d'appel et une Cour suprême d'appel lorsque des causes non constitutionnelles sont en jeu. Le système judiciaire sud-africain est chapeauté par une Cour constitutionnelle, instance suprême du pays chargée d'exercer un contrôle de la constitutionnalité des actes du parlement et du gouvernement et de toute autre cause si l'intérêt de la justice le commande. La Cour constitutionnelle, de type Cour suprême mixte, siège à Constitution Hill, Braamfontein, Johannesburg.
189
+
190
+ Des élections générales de 1994 à celles de 2014, l'ANC domine la vie politique et demeure de loin le premier parti du pays notamment parce qu'il est le seul à avoir pu réaliser un complet maillage électoral du pays, disposant de militants jusque dans les bourgades les plus reculées.
191
+
192
+ Le gouvernement doit résoudre le problème des violences qui touchent les campagnes du pays : la réforme agraire impose la redistribution des terres aux Noirs et les fermiers afrikaners doivent souvent vendre leurs exploitations au gouvernement, ce qui suscite des résistances. Ces fermiers, au nombre de 35 000 environ, sont parfois attaqués par des bandes organisées et certains s'inscrivent à des stages commandos pour pallier le manque d'aide du gouvernement. Plusieurs partis d'extrême droite continuent de recruter au sein d'une frange de cette population qui se sent délaissée.
193
+
194
+ Cependant, depuis l'élection de Jacob Zuma en 2009, les performances électorales de l'ANC sont contestées par une opposition hétéroclite qui, bien que morcelée, progresse fortement. En 2014, si l'ANC remporte nettement, pour la cinquième fois, les élections générales avec 62,15 % des voix, il réalise son plus mauvais score national face notamment à l’Alliance démocratique (22,23 %) et aux Combattants pour la liberté économique (6,35 %), un jeune parti radical dirigé par Julius Malema. Lors des élections municipales sud-africaines de 2016, l'ANC enregistre sa plus forte baisse électorale et son plus faible score national (53,91 %). S'il parvient à encore conserver la très grande majorité des municipalités, en particulier en zone rurale (à l'exception notable des municipalités du Cap-Occidental), l'ANC est battu dans les plus grandes métropoles du pays (Le Cap, Tshwane, Johannesbourg, Nelson Mandela Bay) au profit de Alliance démocratique, alliée parfois pour la circonstance au parti de Malema. Cette baisse nationale de l'ANC peut être analysée comme liée aux scandales de corruption visant le président Jacob Zuma et aux mauvaises performances économiques de l'Afrique du Sud.
195
+
196
+ En 2011, 93 % de l'électricité de l'Afrique du Sud provient du charbon. C'est l'un des pays les plus dépendant de ce combustible ; le port de Richards Bay abrite le premier terminal portuaire exportateur de charbon au monde[28].
197
+
198
+ Le pays dispose de la seule centrale nucléaire du continent africain, située à Koeberg, entrée en service en 1982. Pour assurer son développement et sa croissance économique, le pays doit cependant continuer à investir dans le secteur énergétique[4], notamment nucléaire, mais aussi thermique, pour assurer ses besoins immédiats : construction d'une centrale à charbon à Medupi.
199
+
200
+ En 2019, l'Afrique du Sud peine à produire les besoins en électricité du pays, et le pays fait face à de nombreuses coupures. Pour remédier à cette situation, en partie liée à des sabotages ou des problèmes de gouvernance mais également à un manque d'équipements, l'État a décidé de créer de nouvelles centrales à charbon. Toutefois, la société publique Eskom demeure très endettée tout comme d'autres entreprises publiques[29].
201
+
202
+ L'Afrique du Sud est le premier pollueur du continent africain, et le quatorzième au niveau mondial, de par ses émissions de carbone. Le gouvernement instaure en 2019 une taxe carbone pour tenter d'inciter les entreprises à faire des efforts. Bien que soutenue par les organisations environnementales, cette initiative est jugée insuffisante et peu dissuasive[30].
203
+
204
+ La pollution de l'air représenterait un coût annuel de deux milliards d’euros[31].
205
+
206
+ Le pays bénéficie de caractéristiques naturelles adéquates pour la production d'énergie verte : ensoleillement, vent ou encore espaces maritimes.
207
+
208
+ Le drapeau de l'Afrique du Sud a été adopté le 15 mars 1994 et est officiellement l'emblème du pays depuis le 27 avril 1994.
209
+
210
+ Son prédécesseur était contesté pour son symbolisme exclusivement lié à l'histoire afrikaner et britannique du pays.
211
+
212
+ Les six couleurs symbolisent à la fois les diverses tendances politiques du pays, les couleurs prédominantes des anciens drapeaux utilisés par l'Afrique du Sud au cours de son histoire ainsi que ses ressources naturelles.
213
+
214
+ Le 21 octobre 2016, l'Afrique du Sud annonce son retrait de la Cour pénale internationale (CPI)[32].
215
+
216
+ La population sud-africaine compte près de 54 millions d'habitants en 2014. Elle est inégalement répartie : la plupart des habitants résident dans l'Est du pays. Le Gauteng est la région la plus peuplée suivie par le KwaZulu-Natal[33]. L'aridité explique en partie les faibles densités du Nord-Ouest.
217
+
218
+ Selon le recensement de 2010, 79,2 % des Sud-Africains sont noirs, 9,4 % sont blancs, 8,8 % sont coloureds (métis) et 2,6 % des sud-africains sont indo-asiatique[34],[35].
219
+
220
+ La population noire se répartit en différentes ethnies dont les plus importantes sont les Zoulous et les Xhosas. Concentrée dans l'Est du pays, elle est cependant minoritaire dans les deux provinces du Cap-Occidental et du Cap-Nord. Parmi la population blanche du pays, la plus ancienne, les Afrikaners (ou Boers) représentent une proportion de 60 % des Blancs du pays. Les ancêtres de ces Afrikaners étaient originaires des Pays-Bas ou d'Europe du Nord. Une partie non négligeable étaient également des huguenots français (voir aussi l'article huguenots d'Afrique du Sud) qui s'installèrent dans la colonie du Cap durant les guerres de religion en France (ces derniers font cependant partie de la communauté Afrikaner, on estime d'ailleurs que 25 % des noms de familles afrikaners sont d'origine française). Les autres blancs (40 %) sont surtout d'origine britannique, portugaise et allemande.
221
+
222
+ Selon un rapport de la SAIRR (institut sud-africain des relations raciales), environ 900 000 blancs, soit un sixième de la population, ont quitté le pays depuis 1994. Ces départs massifs, surtout de jeunes Sud-Africains diplômés, ont été dénoncés par l'opposition qui a attaqué l'ANC sur ces trop nombreux départs. Cependant, on constate depuis un nouveau phénomène, la « révolution du retour au foyer »[36]. Ainsi, alors que les coupures de courant, le taux de criminalité élevé et les incertitudes politiques décourageaient les Sud-Africains blancs, qui émigraient précipitamment[37], les exilés, dans leurs nouveaux pays, ont connu pour certains des problèmes financiers lors de la crise mondiale qui les ont poussés à revenir, malgré la peur de la criminalité et de la discrimination positive, en Afrique du Sud[37]. Bien qu'il n'y ait pas de statistiques officielles, Charles Luyckx, le directeur exécutif d’Elliott International qui détient près de 30 % des parts de marché du déménagement affirme alors que l’on comptait quatre départs pour un retour en 2008, le ratio se rapproche en 2009 d’un pour un[37].
223
+
224
+ Beaucoup d’enfants issus des régions rurales n'ont pas de pièce d’identité ou d'acte de naissance, parfois trop coûteux à aller chercher pour les parents. L’ONG Scalabrini Center estime à 40 % la part de ces enfants qui demeurent hors du système éducatif[38].
225
+
226
+ L'Apartheid a doté l'Afrique du Sud d'un système de santé de renommée mondiale mais circonscrit aux zones géographiques blanches. Depuis la fin de l'Apartheid, la situation s'est détériorée en raison d'un plan de départ de fonctionnaires et médecins blancs lancé par le gouvernement et du développement de la corruption[39].
227
+
228
+ L’espérance de vie a chuté de 62 ans en 1990 à 51 ans en 2005[40], avant de remonter a 60 ans en 2011[41].
229
+
230
+ Le pays a le taux d’incidence du VIH le plus élevé au monde, avec 5,6 millions de citoyens — plus de 10 % de la population — porteurs du virus[42],[43].
231
+
232
+ En 2012, selon l'UNICEF, 17,9 % de la population adulte vit avec le VIH[44],[45].
233
+
234
+ L'espérance de vie des hommes est de 56,5 ans[46], celui des femmes de 60,2 ans[46]. Le taux annuel de croissance de la population est de 1,07 %, selon les chiffres des statistiques sud-africaines[46]. Le taux de natalité s'élève à 23,8 ‰ (en 2009)[46]. Le taux de mortalité atteint 16,77 ‰ en 2001, et 11 ‰ en 2002, celui de la mortalité infantile 45,70 ‰ en 2009[46]. En 2009, le taux de fécondité était de 2,38 enfants/femme[46].
235
+
236
+ Il n'y a pas de langue maternelle majoritairement dominante en Afrique du Sud.
237
+
238
+ En 1910, le néerlandais était, avec l'anglais, l'une des deux langues officielles reconnues par les nouvelles institutions de l'union de l'Afrique du Sud. En mai 1925, l'afrikaans a été promu au rang de langue officielle à la place du néerlandais (Union Act No 8 of 1925)[47]. L'Afrique du Sud adhère au début du XXIe siècle à l'Union linguistique néerlandaise, mais 60 000 citoyens seulement savent encore parler cette langue.
239
+
240
+ Depuis 1994, onze langues officielles (anglais, afrikaans, zoulou, xhosa, swati, ndebele, sesotho, sepedi, setswana, xitsonga, tshivenda[48]) sont reconnues par la Constitution sud-africaine[49] Selon l'article 6 de la constitution sud-africaine de 1996, l'État et les provinces doivent aussi faire la promotion des langues parlées par les diverses communautés vivant dans le pays ; les principales sont : l'allemand, le grec, le gujarâtî, l'hindi, le portugais, le tamoul, le télougou, l'ourdou, l'arabe, l'hébreu, le sanskrit[50].
241
+
242
+ Dans les faits, le zoulou est la langue maternelle la plus pratiquée dans les foyers sud-africains (environ ¼ des habitants)[51], suivi par le xhosa (17,6 %). En troisième place arrive l'afrikaans avec 14 %[52] de locuteurs maternels. Mais comme elle est employée en seconde langue par plus de 30 % des citoyens sud-africains, l'afrikaans est indirectement la deuxième langue la plus parlée du pays. Cependant elle souffre de la concurrence de l'anglais, qui paraît plus utile et reste la langue des affaires et de la communication[53].
243
+
244
+ D'une manière générale, l'anglais progresse dans tous les milieux et particulièrement chez les jeunes éduqués, dont beaucoup exigent de suivre un enseignement supérieur dans cette langue, et fait ainsi figure de langue véhiculaire. Si l'anglais est la première des secondes langues et que 85 % de la population du pays la parle (dont plus de 90 % chez les Blancs) ou en a des notions, elle n'est réellement la langue maternelle que d'un peu moins de 5 millions des citoyens de l'Afrique du Sud[54]. Elle reste de plus incomprise dans des zones rurales ou bien chez des personnes âgées et des membres de tribus locales assez isolées.
245
+
246
+ En Afrique du Sud environ 80 % de la population suit la religion chrétienne. La plupart des chrétiens sont des protestants. Il y a un certain nombre d'Églises chrétiennes sud-africaines. Il y a aussi environ 1,5 % de musulmans (souvent des Indiens ou originaires d'Indonésie), 1 % d'hindous et 0,2 % de juifs. Le pays compte aussi de petites communautés bouddhistes, des zoroastriens et des baha'is, et diverses sectes. Les trois quarts des Sud-Africains se déclarent chrétiens, 15 % sans religion[55].
247
+
248
+ Dans le domaine sportif, l'Afrique du Sud est surtout connue pour son équipe de rugby à XV, majoritairement joué par les classes aisées et blanches, qu'ont représentée des joueurs tels que François Pienaar, Frik du Preez, Joost van der Westhuizen, André Venter, Os du Randt, Percy Montgomery, etc.
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250
+ Tendai Mtawarira (pilier) et Bryan Habana (ailier) sont actuellement classés parmi les meilleurs joueurs du monde.
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252
+ En sept participations, l'Afrique du Sud remporte trois fois la Coupe du monde : le 24 juin 1995 à Johannesbourg (Ellis Park) : Afrique du Sud 15-12 Nouvelle-Zélande (après prolongation) , le 20 octobre 2007 à Saint-Denis (Stade de France) : Afrique du Sud 15-6 Angleterre et le 2 novembre 2019 au Japon : Afrique du Sud 32 12 Angleterre. L'équipe nationale est donc championne du monde en titre.
253
+
254
+ Le rugby à XIII, interdit pendant l’Apartheid car surtout pratiqué par les Noirs, peine à s'implanter malgré un fort succès auprès des couches sociales petites et moyennes.
255
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256
+ En 2010, l'Afrique du Sud organise la coupe du monde de football 2010, devenant ainsi le premier pays du continent africain à accueillir cette compétition. L'Afrique du Sud possède de bons joueurs évoluant en Europe. Les vuvuzelas, sortes de trompettes africaines émettant un bruit de ruches d'abeille, sont le socle d'une véritable culture du football. Le pays fut champion d'Afrique de football 1996 à Johannesbourg (FNB Stadium).
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+ L'Afrique du Sud a organisé la coupe du monde de cricket en 2003.
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260
+ L'Afrique du Sud compte notamment Jody Scheckter qui fut champion du monde de Formule 1 en 1979 sur Ferrari et son fils Tomas qui fait une carrière en IRL. Le pays a par ailleurs accueilli un Grand Prix du championnat du monde de formule 1 entre 1967 et 1993 sur les circuits d'East London et Kyalami.
261
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262
+ L'Afrique du Sud organise aussi plusieurs épreuves du championnat du monde de surf.
263
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264
+ L'Afrique du Sud compte notamment Cameron van der Burgh qui possède les records du monde au 50 mètres brasse grand bassin (26 s 67) et au 50 mètres brasse petit bassin (25 s 25) 100 mètres brasse (55 s 61).
265
+
266
+ L'Afrique du Sud compte dans ses rangs l'athlète Wayde van Niekerk, recordman du 400 m en 43 s 03 en finale des Jeux Olympiques de Rio en 2016. Il est également le seul homme à avoir réalisé les trois temps suivants en une carrière : 100 m en moins de 10 s ; 200 m en moins de 20 s et enfin 400 m en moins de 44 s.
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+ L'Afrique du Sud est aussi bien représentée au golf. Les golfeurs sud-africains les plus connus sont Bobby Locke, Gary Player et Ernie Els. De nombreuses compétitions internationales se déroulent en Afrique du Sud.
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270
+ Selon l'indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), l'Afrique du Sud a reculé de 35 places dans leur classement entre 1990 et 2005, constatant l'appauvrissement général de la population. Le nombre de personnes vivant en dessous du seuil d'extrême pauvreté a doublé en dix ans, passant de 1,9 à 4,2 millions, soit 8,8 % de la population. Près de 40 % des villes en Afrique du Sud sont composées de townships et cette différence entre les riches et les pauvres est très visible ainsi que très présente, elle est à l'origine de beaucoup de tension entre les deux classes sociales. Plus de 43 % de la population vit avec moins de 3 000 rands (260 euros) par mois[58]. Le chômage a un taux officiel de 23,2 % selon l'OIT[59], mais les syndicats l'estiment proche de 40 %[60]. En 2013, le revenu de la tranche la plus pauvre de la population (40 % des Sud-Africains), est inférieur de moitié à celui qu’il était en 1993[61].
271
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272
+ Une partie de la minorité blanche effrayée par la hausse de la criminalité (3 037 fermiers blancs ont été assassinés entre la fin de l'apartheid et février 2009[62]), par la discrimination positive, par la pandémie du Sida, et par les événements survenus au Zimbabwe à l'encontre des fermiers blancs, émigre massivement en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Ainsi, près d'un million de Sud-Africains blancs auraient quitté le pays depuis 1994. De nombreux émigrés d'Afrique du Sud affirment que la criminalité est un facteur majeur qui explique leur décision de quitter le pays[63]. On assisterait cependant à un retour de beaucoup de Blancs confrontés à la crise mondiale, et qui retrouvent au pays natal des conditions de vie plus enviables[64].
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274
+ En mai 2008, Johannesbourg et d'autres villes du pays connaissent de violentes émeutes anti-immigrés qui font environ 50 morts, 25 000 sans-abris[65] et provoquent l'exode de plusieurs milliers d'immigrés clandestins[66]. Ces épisodes de xénophobie relativement fréquents se reproduisent fin mars 2015 dans un contexte d'immigration importante et de chômage massif[67].
275
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276
+ Le jeudi 16 août 2012, trente-quatre mineurs ont été tués et soixante-dix-huit blessés dans des affrontements entre grévistes et policiers à la mine de platine Lonmin de Marikana, au nord de Johannesbourg, selon un bilan officiel de la police nationale. Les mineurs, qui vivent dans des taudis accolés à la mine, sans eau courante, touchent environ 4 000 rands par mois (400 euros). « Nous sommes exploités, ni le gouvernement ni les syndicats ne sont venus à notre aide », a déclaré l'un d'eux.« Les sociétés minières font de l'argent grâce à notre travail et on ne nous paye presque rien. Nous ne pouvons pas nous offrir une vie décente. Nous vivons comme des animaux à cause des salaires de misère »[68]. Toutefois, le gouvernement sud-africain s'est dit prêt à compenser financièrement « dans les prochains mois » les familles des victimes du massacre de Marikana[69]
277
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278
+ En 2019, le salaire moyen des Sud-africains blancs est 3,5 fois plus élevé que celui des Sud-africains noirs. Le chômage frappe 27 % de la population[70].
279
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280
+ À la suite de l'augmentation des cambriolages au début des années 1990, les Sud-Africains ont commencé à se barricader chez eux, élevant des clôtures et des murs pour se protéger de la rue, puis de leurs voisins. Devant la hardiesse des cambrioleurs, les plus aisés d'entre eux ont installé des détecteurs de mouvement et des alarmes dans leurs maisons puis des grilles électrifiées à 9 000 volts et des barrières à infrarouges. Les malfaiteurs s'en sont alors pris à leurs victimes devant chez elles, leur mettant un pistolet sur la tempe pour les forcer à ouvrir leur maison et à désamorcer le système d'alarme[71]. Les habitants aisés de Johannesbourg se sont retranchés dans des quartiers aux allures de forteresses, murés et sécurisés, uniquement accessibles par un portail surveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Si dans ces quartiers la criminalité a chuté, parfois de 70 %, les municipalités ont souvent cependant interdit de se barricader de la sorte, afin notamment d'éviter le repli des riches entre eux[71].
281
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282
+ D'après le journal Le Monde du 28 décembre 2004, l'Afrique du Sud bat des records en matière de criminalité : on y compte environ 25 000 meurtres par an, 30 000 tentatives de meurtre, plus de 50 000 viols et environ 300 000 cambriolages. Le taux de violence sexuelle en Afrique du Sud était, en 2000, le plus élevé au monde. En 2009, on estimait qu'un Sud-Africain sur quatre avait commis un viol[72], qu'un enfant était violé toutes les trois minutes[73],[74]. En 2013, les statistiques avancent que « 40 % des Sud-Africaines seront violées dans leur vie »[75].
283
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284
+ En 2005, l'Afrique du Sud a compté quelque 19 000 personnes assassinées, 55 000 personnes violées et 120 000 hold-ups selon les chiffres cités par le Sunday Times. Pour les années 2007 et 2008, les statistiques ont encore recensé quelque 240 000 cambriolages chez les particuliers, pas moins de 60 000 vols dans les magasins, les usines et les bureaux, près de 140 000 cas de dégradation lourde de matériel, ainsi que 18 487 assassinats et 18 795 tentatives de meurtre. Les violences se concentrent au Cap, à Durban, mais aussi à Johannesbourg et à Pretoria. Les fermiers sont aussi fréquemment victimes d'attaques[76]. Ainsi, presque tous les habitants d'Afrique du Sud ont une fois dans leur vie fait l'expérience directe de la criminalité[77].
285
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286
+ L'État sud-africain dispose pourtant de 200 000 policiers et de 60 000 militaires pour rétablir l'ordre et la sécurité mais les agents de police sont généralement mal formés et mal payés. La police fait elle-même surveiller certains commissariats par des sociétés privées[71]. Ces dernières, qui emploient 420 000 agents de sécurité privés, sont à ce jour chargées de la protection d'un million et demi d'entreprises et de foyers sud-africains[77].
287
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288
+ En septembre 2011, les chiffres officiels de la criminalité indiquent à nouveau une forte baisse dans presque tous les types de crimes (15 940 meurtres — pour comparaison 662 au Royaume-Uni —, tentatives de meurtre, cambriolages, violences), confirmant la nette tendance des années précédentes. Le nombre de meurtres qui avait atteint il y a quelques années des records mondiaux, est retombé à des valeurs semblables aux années précédant la fin de l'apartheid en 1994. Seuls les explosions des distributeurs de billets, ou encore les crimes liés à la consommation de drogue ou d'alcool dont la répression a été renforcée, ont augmenté[78]. Ces chiffres sont toutefois à relativiser car les taux et les modalités de déclarations de crimes sont plus performants en Afrique du Sud que dans le reste de l'Afrique subsaharienne. Si en 2013, le taux d'assassinats était encore de 31,8/100 000, c'est déjà deux fois moins qu'en 1994. C'est moins qu'en Côte d'Ivoire (56,9/100 000) qui arrive juste derrière la Jamaïque et le Honduras au niveau mondial. C'est aussi moins qu'en Zambie (38 pour 100 000 habitants), en Ouganda (36,3), au Malawi (36) et au Lesotho (35,2)[79].
289
+
290
+ Longtemps première puissance économique du continent, le produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique du Sud est, depuis 2014, classé derrière celui du Nigeria à la suite d'un changement de calcul statistique bien que ce pays demeure largement derrière l'Afrique du Sud pour ce qui est du développement ou du PIB par habitant[4].
291
+
292
+ Pays capitaliste favorable à l'économie de marché, l'Afrique du Sud a opté pour un libéralisme économique tempéré par une forte implication de l'État afin de réguler l'économie, de modifier la répartition inégalitaire des richesses et d'assurer une meilleure protection des catégories sociales historiquement et économiquement les plus défavorisés. L'Afrique du Sud représente un quart du PIB africain avec un taux de croissance moyen de 5 % par an[4]. Son réseau de transports, ses installations énergétiques (avec la seule centrale nucléaire du continent à Koeberg), en ont fait un pays quasi développé[4]. Le pays bénéficie d'un sous-sol riche en matières premières comme l'or, dont il est l'un des principaux producteurs mondiaux, du platine et des métaux précieux, et surtout d'immenses réserves de charbon, première production minière du pays en 2016[80] En outre, les multinationales sud-africaines sont prospères et compétitives sur les marchés internationaux[60]. Ainsi, sur les 100 plus grandes entreprises africaines, 61 sont sud-africaines[4].
293
+
294
+ Depuis 1994, les autorités sud-africaines ont mis en œuvre une politique d'affirmative action ou regstellende aksie (discrimination positive), visant à promouvoir une meilleure représentation de la majorité noire dans les différents secteurs du pays (administration, services publics et parapublics, sociétés nationalisées et privées). Ainsi, dans de nombreux secteurs, des Blancs ont été invités à faire valoir leurs droits à la retraite ou à accepter des licenciements, moyennant une indemnité de départ. Un des résultats fut l'appauvrissement d'une partie de cette minorité blanche (10 % de ses membres vivent aujourd’hui avec 1 000 euros par an).
295
+
296
+ Ce programme a cependant contribué au développement d'une classe moyenne noire. Les black diamonds, qui gagnent plus de 6 000 rands par mois (520 euros), représentent environ 10 % de la population noire mais ceux-ci sont en général très endettés et souffrent de l'augmentation régulière des taux d'intérêt. Il est également reproché à cette politique de discrimination positive de ne favoriser qu'une toute petite partie de la population des noirs, ceux qui sont diplômés, vivant dans des centres urbains[60].
297
+
298
+ Par ailleurs, une étude rendue publique en 2006, et portant sur la période 1995-2005, montre que les blancs qualifiés émigrent en masse : en dix ans, 16,1 % des Sud-Africains blancs auraient quitté le pays. À la suite des critiques des partis d'opposition, le gouvernement sud-africain redéfinit sa politique de discrimination positive en cherchant à favoriser le retour au pays de ces expatriés trop nombreux et trop qualifiés. C'est la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka qui est chargée de mettre cette réforme en œuvre en promouvant des salaires incitatifs à ceux qui reviendraient au pays[83].
299
+
300
+ En juillet 2008, l'écrivain sud-africain André Brink s'en prend à la mise en œuvre de la politique de discrimination positive constatant que l’application de celle-ci a « atteint des extrêmes ridicules qui ont conduit à l’exil bon nombre des personnes les plus qualifiées et les plus habiles du pays, tandis que le gouvernement et ses officines remplacent avec constance la compétence réelle par la médiocrité et l’infériorité »[84].
301
+
302
+ En août 2008, des membres de la nouvelle direction de l'ANC, mise en place par Jacob Zuma, reconnaissaient, auprès des entrepreneurs et des représentants de la minorité blanche, les errements pratiqués dans le domaine de la discrimination positive et promettaient d'infléchir la politique du prochain gouvernement qui succéderait à celui de Thabo Mbeki[85]. Ainsi, Mathews Phosa, trésorier général de l’ANC, reconnaissait le « déficit de compétences dans des secteurs comme la gestion financière, les technologies de l’information, la gestion du système judiciaire et des questions sécuritaires » causé par la pratique de la discrimination positive. Il indiquait par ailleurs que le « personnel Blanc qualifié serait bien accueilli par la prochaine administration » en 2009[86].
303
+
304
+ Après la seconde guerre des Boers (1899-1902), la spoliation des populations noires a été institutionnalisée. En 1913, le Natives Land Act limite la propriété foncière des personnes noires à 7 % du territoire (étendu à 13 % en 1936). Quatre millions de paysans perdent alors les terres qu'ils possédaient encore et deviennent généralement métayers ou mineurs, une main d’œuvre peu couteuse pour les propriétaires[87].
305
+
306
+ En 1994, 87 % des terres arables d'Afrique du Sud appartenaient à des fermiers blancs. L'objectif de la réforme agraire alors mise en place est de redistribuer 30 % des terres aux populations noires d’ici 2014[88]. Selon le procédé mis en place, l’État sud-africain rachète les propriétés au prix du marché pour les redistribuer selon le principe du volontariat. Les deux tiers des 79 000 réclamations, enregistrées avant la date butoir fixé au 31 décembre 1998, sont satisfaites mais il s'agit majoritairement de terres en zones urbaines et non dans les régions agricoles[89]. En 2006, seules un peu plus de 3 % des terres concernées avaient effectivement été redistribuées[87]. L'objectif de 30 % est par la suite repoussé à 2025[90]. La loi prévoit que les descendants des fermiers noirs, dépossédés par la force ou injustement indemnisés dans le cadre des lois adoptées depuis 1913, peuvent demander la restitution de leurs terres. En juillet 2005, la majorité des 4 000 participants au « Sommet sur la terre », a recommandé des expropriations alors que la vice-présidente Phumzile Mlambo-Ngcuka demandait d'« importer des experts du Zimbabwe ».
307
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308
+ À la mi-2011, sur 24,6 millions d’hectares, près de 2 millions d'hectares (8 %) ont été transférés à 1,2 million de noirs alors que 60 000 blancs possèdent et gèrent 80 % des surfaces cultivables. Selon d’autres estimations, la part des transferts ne serait pas supérieure à 5 %[91]. Ce faible pourcentage s'explique par la volonté de l’État sud-africain d’éviter un effondrement de la production comme au Zimbabwe voisin au début des années 2000, parce que de nouveaux acquéreurs, incapables de maintenir des rendements équivalents, ont eux-mêmes revendu leurs terres, et surtout parce que le gouvernement devrait débourser jusqu'à 5 milliards d’euros pour dédommager les propriétaires pour atteindre les 30 % escomptés[91]. Le gouvernement ne veut pas que cette redistribution affecte la rentabilité économique de ces terres (l'Afrique du Sud est un pays émergent où l'agriculture ne représente cependant que 3 % du PIB). Dans la province du Limpopo, 90 % des terres agricoles font l’objet de réclamations mais les restitutions effectuées ont majoritairement tourné au désastre, marqué par une sous-exploitation de ces terres laissées en déshérence, faute d'encadrement technique et financier[92]. L’Université de Pretoria estime ainsi que dans 44 % des cas, la production a significativement baissé quand elle n'a pas tout simplement cessé dans 24 % des cas[88].
309
+
310
+ Le 31 août 2011, sous la pression politique de Julius Malema, le jeune chef de la ligue de jeunesse de l'ANC, le ministre de la Réforme agraire présente un nouveau projet de redistribution des terres dont l'objectif est de restreindre la propriété foncière privée, de restreindre l’achat de terres par des étrangers mais aussi de transférer des terres appartenant aux Blancs à des agriculteurs noirs[91].
311
+
312
+ L'Afrique du Sud est au palmarès des huit premiers producteurs de coton d'Afrique de l'est, du sud et du nord au milieu des années 2010 et neuvième au palmarès des producteurs africains de thé au début de la décennie 2010, dominé par le Kenya. Le secteur agricole doit cependant faire face à la sécheresse : dans la province du Cap, celle-ci a fait baisser la production de 20 % en 2019[87].
313
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314
+ En 2018, 30 000 fermes commerciales emploient environ 840 000 ouvriers agricoles. Les conditions de vie de ces derniers sont souvent difficiles ; beaucoup vivent dans des taudis dépourvus d'eau courante. La directrice de l'association pour l'avancement rural, Laurel Oettle, souligne que « les saisonniers n'ont pas revenus pendant des mois. Certains sont parfois payés en produits agricoles. Les cas d'abus sexuels sont nombreux. L'accès aux tombes des ancêtres donne lieu à des conflits[87]. »
315
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316
+ Depuis 1994, pratiquement tous les grands groupes miniers et les banques ont cédé entre 10 et 26 % de leur capital à des noirs, indiens et Coloureds. Dans un premier temps, une petite élite noire, issue des leaders de l'ANC, s'est reconvertie avec succès dans les affaires en bénéficiant de grosses cessions de capital d'entreprises. Le plus riche d'entre eux est Patrice Motsepe qui est devenu le 2e Noir le plus riche au monde avec 3,3 milliards de dollars derrière le Nigérian Aliko Dangote avec 13,3 milliards de dollars selon le magazine Forbes en 2011.
317
+
318
+ Depuis 2000, des objectifs précis ont été négociés dans certains secteurs (mines, banques, distribution du pétrole, etc.). Ainsi, selon la charte minière de 2002, toutes les compagnies doivent céder 26 % de leur capital d'ici à 2014. Les Noirs devront représenter 40 % des cadres en 2009. Les compagnies qui ne respecteront pas ces conditions pourront perdre leurs droits d'exploitation.
319
+
320
+ Un arsenal législatif est d'ailleurs en cours d'adoption. Des objectifs précis seront fixés notamment en matière de cession de capitaux et de promotion interne des Noirs dans les entreprises.
321
+ Toutes les entreprises y compris les PME devront remplir un bulletin de note (ceux qui auront les meilleures notes auront plus de chance de remporter les marchés publics). Les multinationales sont cependant exemptées.
322
+
323
+ En 2007, la monnaie nationale, le rand, s'était nettement dépréciée par rapport à l'euro et au dollar. En 2010-2011 par contre, elle s'est renchérie significativement. En 2012, le rand montre sa résistance face à l'euro.
324
+
325
+ Si en 1970, un rand valait un dollar, la monnaie sud-africaine n'a cessé de se déprécier depuis les années 1980. En février 2008, l'euro valait plus de 11 rands alors que le dollar valait 7,50 rands (soit une perte de 12 % de sa valeur depuis le début de la même année). En 2011, l'euro ne vaut plus que 9,90 rands et le dollar vaut 7,10 rands, ce qui semble confirmer la valeur refuge que le rand peut constituer face aux turbulences rencontrées en Europe et aux États-Unis. Depuis lors, en 2011, les taux ont sensiblement baissé, passant de 15 % en 2007 à moins de 9 % en 2011.
326
+
327
+ En 2007, l'inflation qui avait été jusque-là maîtrisée, atteint 8,6 % alors que la hausse des prix dépasse les 6 %, obligeant la Banque centrale sud-africaine à augmenter à quatre reprises ses taux d'intérêt[60]. En 2011, l'inflation retombe à 4 %.
328
+
329
+ Dans les années 1950, l'Afrique du Sud avait développé une large gamme d’hydrocarbures synthétiques. Elle y était contrainte par deux facteurs : l'Apartheid, qui avait entraîné un blocus des produits pétroliers, puis, bien plus tard, en 1979, par l’arrêt des livraisons en provenance de l’Iran, seul fournisseur de l’Afrique du Sud jusqu'à la révolution qui renversa le régime du Shah[93].
330
+
331
+ En 2008, la croissance sud-africaine a été minée par des coupures d'électricité qui ont paralysé les grandes villes, provoquent des embouteillages monstres sur les grandes artères et menacent l'économie du pays et de la région, en provoquant notamment la fermeture provisoire des principales mines d'or, de platine et de diamant. À la suite de cette crise qui remet en cause l'activité salariée de 450 000 personnes, le gouvernement fait son mea culpa pour n'avoir pas modernisé ou construit de centrales électriques depuis la fin de l’apartheid. Cette crise a menacé un temps la valeur du Rand en baisse constante à l'époque ainsi que la capacité de l'Afrique du Sud à organiser la Coupe du monde de football en 2010[94]. Ces prévisions alarmistes se sont véritablement vérifiées aux vues des pertes engendrées par la Coupe du Monde de football et ce malgré la mise en marche de nouvelles centrales électriques. Cette Coupe du Monde aura eu un effet dévastateur sur l'emploi, et entraîné des pertes financières estimées à 2,1 milliards d'euros[95]. 85 % de l'électricité sud-africaine est produite à partir de centrales thermiques fonctionnant au charbon, dont certaines sont vieillissantes[80].
332
+
333
+ Pour pallier cette pénurie, de nouvelles centrales électriques sont en construction, comme la centrale solaire de Khi Solar One dans le Cap-Nord, ou le parc éolien West Cost One dans le Cap-Occidental[80].
334
+
335
+ Néanmoins, à la fin du mandat du président Thabo Mbeki en 2008, de nombreuses faiblesses ou erreurs de sa gestion sont mises en exergue par la presse occidentale, notamment la dégradation de l'état des routes (qui demeure le meilleur réseau routier d'Afrique, devant celui du Maroc), les carences du système de santé publique[60], la dégradation des hôpitaux publics et des écoles publiques. La corruption et l'inefficacité de l'administration, par manque de personnel, de motivation et de moyens complètent le tableau des difficultés structurelles auxquelles fait face l'Afrique du Sud[96].
336
+
337
+ En 2018, d'après la géographe spécialiste de l'énergie Bernadette Mérenne-Schoumaker, l'un des grands défis de l'économie sud-africaine est de diversifier son mix énergétique dans l'optique d'une transition énergétique, sans abandonner un secteur minier qui représente plus de 455 000 emplois dans un pays où le chômage dépasse 27 %[80].
338
+
339
+ L'Afrique du Sud connaît un essor touristique continu[97]. La découverte des parcs nationaux et autres réserves d'animaux aux excellentes structures d’accueil reste l'un des arguments principaux du séjour, mais le pays présente de nombreux autres attraits.
340
+
341
+ En partant du nord-est vers le sud-ouest, on trouve en Afrique du Sud l'une des plus grandes diversités d'animaux du continent[97],[98] :
342
+
343
+ Un élément notable des paysages sud-africains est une longue barrière montagneuse, le Drakensberg, qui court des confins du Mozambique jusqu'à la province du Cap. Les panoramas que le Drakensberg a engendrés dans le Transvaal, tout particulièrement ceux du Blyde River Canyon (26 km) comptent parmi les plus beaux du pays. Ils attirent les randonneurs dont les plus chevronnés se lancent, à l'est du KwaZulu-Natal et du pays zoulou, vers les sommets au-dessus de 3 000 m de Cathedral Peak ou du parc national de Royal Natal.
344
+
345
+ Au sud, les paysages gagnent en diversité : on peut aussi bien apprécier les reliefs tourmentés et déchiquetés de la région désertique du Karoo et de la vallée de la Désolation que la douceur de la route des vins, à l'est du Cap.
346
+
347
+ Les huguenots chassés de France se sont installés dans cette région : « le coin des Français » (Franschhoek) et ces vignobles en sont un fort symbole.
348
+
349
+ On peut également choisir des visites ponctuelles : tout près du Cap, le jardin botanique national de Kirstenbosch, le plus riche du pays grâce à ses 4 500 espèces, ou les grottes du Cango, réputées notamment parce qu'elles renferment des fresques et des motifs sans.
350
+
351
+ D'autres peintures et gravures bochimans sont visibles dans le KwaZulu-Natal, le long de la frontière est du Lesotho (Royal Natal National ParkRoyal Natal National Park, Giant's Castle (en)), où il est aussi possible de se familiariser avec les coutumes du peuple zoulou.
352
+
353
+ Deux curiosités caractérisent la région du fleuve Orange : Les spectaculaires chutes d'Augrabies, d'une hauteur de 146 m, et les mines de diamant de Kimberley.
354
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355
+ La majorité de ces sites bénéficient d'une excellente structure touristique et d'un important réseau national de grandes randonnées.
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+ L'Afrique du Sud a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ La monnaie est définie par Aristote[1],[2] par trois fonctions : unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges. À la période contemporaine, cette définition ancienne persiste mais doit être amendée, entre autres par la suppression de toute référence à des matières précieuses (à partir du IVe siècle en Chine) avec la dématérialisation progressive des supports monétaires, et les aspects légaux de l'usage de la monnaie — et notamment les droits juridiques qui sont attachés au cours légal et au pouvoir libératoire —, qui sont plus apparents. Ces droits sont fixés par l'État et font de la monnaie une institution constitutionnelle et la référence à un territoire marchand sous la forme d'un marché national (lié par une unité monétaire, de compte commun).
2
+
3
+ La monnaie est l'instrument de paiement en vigueur en un lieu et à une époque donnée :
4
+
5
+ La monnaie est censée remplir trois fonctions principales :
6
+
7
+ Une monnaie se caractérise par la confiance qu'ont ses utilisateurs dans la persistance de sa valeur et de sa capacité à servir de moyen d'échange. Elle a donc des dimensions sociales, politiques, psychologiques, juridiques et économiques. En période de troubles, de perte de confiance, une monnaie de nécessité peut apparaître.
8
+
9
+ La monnaie a pris au cours de l'histoire les formes les plus diverses : bœuf, sel, nacre, ambre, métal, papier, coquillages, etc. Après une très longue période où l'or et l'argent (ainsi que divers métaux) en ont été les supports privilégiés, la monnaie est aujourd'hui principalement dématérialisée : les espèces, ou monnaie fiduciaire, ne constituent plus qu'une petite partie de la masse monétaire.
10
+
11
+ Chaque monnaie est définie, sous le nom de devise, pour une zone monétaire. Elle y prend la forme principalement de crédits qui font les dépôts et accessoirement de billets de banque et de pièces de monnaie. Les devises s'échangent entre elles dans le cadre du système monétaire international.
12
+
13
+ En raison de l'importance de la monnaie, les États cherchent très tôt à s'assurer le maximum de pouvoir monétaire. Ils définissent la devise officielle en usage sur leur territoire et font en sorte que cette devise soit symbole et marque de leur puissance. Ils s'arrogent progressivement le monopole de l'émission des billets et des pièces et exercent un contrôle sur la création monétaire des banques via la législation et la politique monétaire des banques centrales.
14
+
15
+ L'origine et l'histoire de la monnaie sont largement développées dans les articles suivants :
16
+
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+
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+
19
+ Voir également Proto-monnaie
20
+
21
+ La notion de paléomonnaie[note 1] a été proposée par Jean-Michel Servet[3],[note 2] qui a « inventé (le) terme »[3] vers 1976-1977[3], avant d'en « justifi(er) l'emploi » dans son Essai sur les origines de la monnaie[3] paru en 1979[4]. Il désigne une monnaie primitive. La particule monnaie indique que les paléomonnaies remplissent les fonctions qui sont dévolues à une monnaie au sens élargi. Le préfixe « paléo- » signifie qu'aux yeux de Servet ces monnaies ne sont pas des antécédents des monnaies actuelles mais des formes monétaires simples répondant aux besoins du milieu qui les produit[5]. En cela il rejoint les points de vue de Karl Polanyi ou de Bronislaw Malinowski selon lequel la culture est un tout indivisible dans lequel prend place l'ensemble des institutions[6].
22
+
23
+ Les paléomonnaies ont pour fonction de satisfaire des obligations sociales ou rituelles. Elles servent à régler des naissances, des mariages et des deuils, à déclarer la guerre ou à faire la paix et à compenser des meurtres, des injures, des offenses et des dommages physiques ou moraux. Elles sont amenées à changer de mains selon les circonstances. Certaines obligations rituelles nécessitent la détention de paléomonnaies. Il est alors possible de les acheter ou de les emprunter. Les paléomonnaies consacrent des hiérarchies dans la société. Elles peuvent constituer des moyens de pouvoir. Les formes et les usages sont variés d'une société à l'autre, voire à l'intérieur d'une société.
24
+
25
+ Les formes sont très diverses et variables : coquillages, dents de chien ou de marsouin, plumes collées, pierres polies, coquillages travaillés, etc. Dans tous les cas les paléomonnaies ont un caractère inutile, précieux et rare.
26
+
27
+ Une forme particulière de ces proto-monnaies (monnaie de commodité) est la monnaie de pierre des Îles Yap (Océanie, États fédérés de Micronésie)
28
+
29
+ Jean-Michel Servet estime que les paléomonnaies sont une genèse de la monnaie. Nombre de leurs caractéristiques les rapprochent d'une monnaie. Elles ont un caractère inutile, précieux et rare. Elles sont standardisées et codifiées. Leurs techniques de fabrication sont très sophistiquées. Elles sont fondées sur la confiance.
30
+
31
+ Les paléomonnaies indispensables à l'exécution d'un rite ou à la réalisation d'obligations sociales sont prêtables. Elles peuvent alors être soumises à intérêt.
32
+
33
+ Les trois fonctions des monnaies de nos jours, unité de compte, instrument de paiement et instrument de réserve, se retrouvent dans les paléomonnaies soit seules, soit réunies. Elles codifient et rythment des activités et des biens à la manière d'unités de compte. Étant standardisées elles préfigurent des moyens de paiement. Vu leurs rituels de conservation et le jeu des dettes et des créances elles préfigurent un instrument de réserve.
34
+
35
+ Jean-Michel Servet relève dans les rites et mythes de nombreuses sociétés une correspondance entre excréments et paléomonnaies. Il rejoint en cela les interprétations psychanalytiques de l'argent notamment développées par Sandor Ferenczi[7].
36
+
37
+ Voir dans les paléomonnaies une genèse de la monnaie relève d'une théorie évolutionniste de la monnaie. D'autres chercheurs, et notamment Jacques Mélitz[8] contestent cette vision. Ils estiment que le fait monétaire est le résultat d'une diffusion[9].
38
+
39
+ L'utilisation d'un type d'objet privilégié comme des coquillages servant de référence pour l'établissement des prix et utilisé comme moyen d'échange, et l'utilisation d'une unité de compte par les scribes des civilisations antiques pour établir une comptabilité précise de leur empire, est considéré depuis Adam Smith comme marquant le passage d'une économie de troc à une économie de marché[10]. La plus ancienne monnaie connue — au sens actuel du terme — fut créée par le roi de Lydie, Gygès, qui en, 687 av. J.-C., substitua aux lingots d'or des morceaux d'électrum (alliage naturel d'or et d'argent provenant de filons locaux, notamment de la rivière Pactole) dotés des caractéristiques suivantes : poids invariable, formes identiques, et marqués d'un signe authentifiant leur étalonnage.
40
+
41
+ Le développement de la monnaie métallique est parallèle au développement de vastes territoires politiquement unifiés et centralisateurs tels l'Empire romain et la Chine Qin. La monnaie permet en effet à distance de gouverner, de payer les soldats et l'administration : cette gouvernance passe nécessairement par le biais d'instruments de crédit ou «  lettre de change » : un document authentifié permet de débloquer une masse de métal précieux en échange d'un service.
42
+
43
+ Après la chute de l'Empire romain, l'usage de la monnaie connaît une régression dans l'Europe du Haut Moyen Âge avec les restrictions au commerce et la mise en place presque partout de systèmes féodaux laissant peu de place aux libertés économiques.
44
+ Au Moyen Âge, toutes les unités monétaires locales sont définies partout en référence à leur poids d'or ou d'argent. En France, les seigneurs qui parfois créent des monnaies locales sont régulièrement rappelés à l'ordre par des ordonnances ou règlements royaux, dont par une ordonnance de 1315[11]. Le monde musulman, s'inspirant du monnayage parthe (IIIe siècle), met en place un système monétaire trimétallique.
45
+
46
+ Avec le développement du commerce international, la banque, au sens moderne, fait son apparition en Europe. Venise, républicaine et indépendante, devient la plateforme monétaire du monde. Son succès repose principalement sur l'arbitrage entre les cours respectifs de l'or et de l'argent entre Orient et Occident. Elle assèche l'argent existant en Europe provoquant de nombreuses difficultés monétaires et, par ricochet, favorisant les manipulations monétaires. En contrepartie les rois de France, par exemple, usent de tous les artifices pour fausser en leur faveur le rapport entre valeur nominale des monnaies et teneur en métal. L'histoire monétaire devient celle de la production relative de l'or et de l'argent et des conséquences de la variation des taux d'échange entre ces deux métaux. Ils varieront dans des proportions de 1 à 7 et 1 à 12 entre le XIVe siècle et la fin du XIXe siècle.
47
+
48
+ La Première Guerre mondiale marque la fin des monnaies indexées sur les métaux précieux : les états européens continentaux sont dans l'incapacité de rembourser leurs dettes en or. Après la Seconde Guerre mondiale, la plupart des monnaies sont indexées sur le dollar, qui seul reste théoriquement convertible en or[12]. La guerre du Viêt Nam mettra fin à l'étalon-or. En 1976 avec les accords de Kingston le cours des devises devient flottant. C'est l'explosion du système monétaire international qui se traduit par la fin des parités fixes en Asie une quinzaine d'années plus tard.
49
+
50
+ Par le passé, les historiens de l'anthropologie économique considéraient que la monnaie avait quatre fonctions principales (moyen d'échange — notion la plus familière —, unité de compte, réserve de valeur et norme de paiement différé). Les manuels d'économie modernes ne distinguent plus que trois fonctions, celle de norme de paiement différé (impôts, amendes) étant englobée dans les autres[13].
51
+
52
+ Il y a eu de nombreux débats historiques sur la distinction entre ces différentes fonctions, d'autant plus que la monnaie, actif généralement accepté comme moyen de paiement, est dominée par des actifs plus rentables (tels les Bons du Trésor) aussi le terme « capital financier » est plus général pour désigner les liquidités et la fusion de l'ensemble des fonctions de la monnaie[14].
53
+
54
+ Selon une conception élargie de la monnaie (conception substantive de Karl Polanyi), il suffit qu'un objet réponde à une de ces fonctions pour qu'il puisse être qualifié d'« objet monétaire »[15].
55
+
56
+ En l'absence de monnaie, les échanges commerciaux et relations professionnelles ne peuvent se réaliser que sous forme de troc d'un bien ou d'un service contre un autre. Pour que deux agents A et B échangent des biens X et Y, il faut que celui qui possède X préfère Y et que celui qui possède Y préfère X. C'est ce qu'on appelle la condition de « double coïncidence des désirs ». Cette condition limite le nombre de situations où le troc est immédiatement possible pour ces échanges et relations.
57
+
58
+ La monnaie permet de s'affranchir des limitations du troc en constituant une valeur échangeable contre biens et services dans la mesure où les autres acteurs de l'économie l'acceptent aussi. La monnaie a pour valeur la convention collective de l'utiliser pour tous les échanges qui nécessiteraient sinon du troc ou une autre comptabilité pour des échanges différés dans le temps.
59
+
60
+ Un échange d'un bien contre un autre utilise alors la monnaie comme un intermédiaire qui dissocie deux opérations distinctes : d'abord la vente du bien possédé contre de la monnaie, et ensuite l'achat du bien désiré. La fonction de moyen de paiement, quelquefois présentée comme une quatrième fonction de la monnaie est de servir d'intermédiaire commun comme moyen d'échange immédiat. En facilitant les échanges par rapport au troc, la monnaie est un outil essentiel du commerce libre[réf. souhaitée].
61
+
62
+ La monnaie facilite aussi le paiement de rémunérations de travailleurs libres qui autrement ne peut se faire qu'au pair ou plus généralement par compensation. Ces dernières méthodes sont lourdes, potentiellement arbitraires et sujettes à contentieux.
63
+
64
+ La monnaie facilite l'emploi salarié, la division du travail et l'établissement des contrats. Elle donne une expression commode aux obligations privées nées de toutes les sortes de contrat, ou publiques (amendes, taxes, impôts) dès lors que la puissance publique lui donne un pouvoir libératoire.
65
+
66
+ C'est une institution fondamentale pour l'économie des sociétés modernes fondées sur la liberté du travail, des productions, de la consommation et de l'épargne.
67
+
68
+ Par réserve de valeur ou d'épargne, on entend la capacité que possède un instrument financier ou réel de transférer du pouvoir d'achat dans le temps. Ainsi, un bien immobilier constitue une réserve de valeur puisqu'il peut être acheté aujourd'hui et revendu dans le futur en procurant un pouvoir d'achat à son détenteur. On appelle cela un actif réel par opposition à la notion d'actifs financiers ou de titres, dont les actions et les obligations font partie.
69
+
70
+ La capacité de la monnaie est pratiquement garantie à court terme : il est rare qu'elle soit amputée fortement de sa valeur du jour au lendemain, même si cela s'est déjà produit. À plus long terme le pouvoir d'achat de l'unité monétaire est réduit par l'inflation. Pour échapper à ce phénomène, les épargnants cherchent à placer leur épargne plutôt qu'à la conserver sous forme de monnaie, sauf en cas de panique.
71
+
72
+ La thésaurisation de la monnaie est le placement le plus liquide. La propension collective à conserver plus ou moins « liquide » son épargne conditionne tous les marchés financiers et est suivie avec attention par les autorités monétaires. Lorsque les agents économiques accroissent leurs encaisses, c'est qu'ils se détournent des placements et la conséquence la plus fréquente est une restriction du crédit. Les paniques financières se manifestent par des ruées vers les espèces (monnaie de banque centrale) qui déstabilisent gravement le système bancaire.
73
+
74
+ La monnaie est une unité de compte, un moyen standardisé d'expression de la valeur des flux et des stocks. On parle de calcul économique quand cette évaluation est faite a priori et de comptabilité quand elle est faite a posteriori. Il existe des unités de compte qui ne sont pas de la monnaie.
75
+
76
+ Une monnaie fiduciaire (du latin fides, la confiance) est une monnaie (ou plus généralement un instrument financier) dont les supports sont dépourvus de valeur intrinsèque et qui ne peuvent être convertis en or. Ce n'est plus la valeur des métaux précieux qui servent de gage à la monnaie mais la confiance du public. Cette confiance peut porter sur l'émetteur et lorsque l'émetteur est une banque centrale publique, la confiance se porte sur la société tout entière. L'expression de monnaie fiduciaire a été utilisée pour caractériser les monnaies de billon d'alliage métallique qui n'avaient pas de valeur intrinsèque. Mais lorsque les unités monétaires ont perdu leur définition en or — soit leur convertibilité — (le franc français en 1936, le dollar américain en 1976), c'est toute la monnaie émise par une banque centrale qui est devenue fiduciaire. Aussi, c'est le corps - d'où l'expression de monnaie corporelle - qui caractérise les billets et les pièces et non la confiance puisque, de nos jours, toutes les monnaies reposent sur la confiance.
77
+
78
+ La monnaie scripturale, littéralement écrite, est constituée des dépôts bancaires sur les comptes courants dans les banques commerciales. Ces écritures longtemps tenues dans des registres sont maintenant gérées par informatique[16]. Ils forment l'essentiel de la masse monétaire, très loin devant les billets et les pièces.
79
+
80
+ Avec le développement des outils informatiques on assiste à une numérisation de la monnaie. Alors que la carte de paiement a déplacé la banque sur le lieu de transaction, la monnaie électronique entraîne la suppression de l'organisme de contrôle lors de l'échange. Aussi le droit limite fortement l'usage de la monnaie électronique à cause des risques de fraude qu'elle pose.
81
+
82
+ La masse monétaire est une mesure de la quantité de monnaie en circulation. À l'origine la masse monétaire correspondait aux réserves d'or disponibles dans le coffre de la banque centrale. Mais l'abandon de l'étalon or et le développement de la monnaie scripturale nécessitent une nouvelle mesure. De fait il existe plusieurs masses monétaires selon les types de compte qui sont comptabilisés. En effet si un compte courant créditeur représente une dette d'une banque vis-à-vis d'une personne (la banque est engagée par la loi à fournir au détenteur du compte la somme créditée en billets de banque), il existe d'autres types de compte bancaire comme le livret A et plus généralement d'autres types de dette. Ainsi on distingue les masses monétaires :
83
+
84
+ La création monétaire est le processus par lequel la masse monétaire d'un pays ou d'une région (comme la zone euro) est augmentée. Dans le système des réserves fractionnaires (réserves obligatoires déposées auprès des banques centrales) la création monétaire résultait essentiellement de l'effet multiplicateur du crédit, i.e. de la création de dette. Les banques centrales créent de la monnaie en achetant des actifs financiers comme des bons du trésor ou en prêtant de l'argent aux banques commerciales en échange d'une reconnaissance de dette. Les banques commerciales peuvent pour leur part créer aussi de l'argent en prêtant à des particuliers ou à des entreprises. Les réserves obligatoires exigées par les banques centrales étant devenues symboliques ou nulles pour ne pas nuire à la liquidité bancaire, la quantité de monnaie qui peut être créée par les banques commerciales est désormais limitée essentiellement par des règles prudentielles de solvabilité et liquidité fixés dans des traités internationaux comme Bâle III[17].
85
+
86
+ Imaginons que :
87
+
88
+ Il y a demande de crédit :
89
+
90
+ Il y a toujours une demande de crédit :
91
+
92
+ Ainsi de suite pour arriver à ce que les réserves excédentaires soient de 0, puisque le total des fuites sera de 100.
93
+
94
+ Dans cet exemple, au total, à partir de 100 de monnaie centrale dont 71,4 se retrouveront en monnaie fiduciaire et 28,6 en réserves obligatoires des banques auprès de la banque centrale, les banques auront créé 357 et le retour des dépôts dans le système bancaire sera de 285,6.
95
+
96
+ La création de monnaie permanente peut pallier, dans certains cas, l'incapacité de la monnaie d'endettement à atteindre le niveau souhaitable du PIB[18].
97
+
98
+ La politique monétaire est l'action par laquelle l'autorité monétaire, en général la banque centrale, agit sur l'offre de monnaie dans le but de remplir son objectif de stabilité des prix. Elle tâche également d'atteindre les autres objectifs de la politique économique, qualifiés de triangle keynésien : la croissance, le plein emploi, l'équilibre extérieur. Depuis le début de la crise économique de 2008, les Banques centrales ont de plus en plus recours à des politiques dites non conventionnelles dont l'assouplissement quantitatif (en anglais Quantitative easing).
99
+
100
+ La politique monétaire se distingue de la politique budgétaire. Ces deux politiques interagissent et forment ensemble le policy-mix.
101
+
102
+ Le marché monétaire désigne le marché informel où les institutions financières – Trésors nationaux, banques centrales, banques commerciales, gestionnaires de fonds, assureurs, etc. – et les grandes entreprises (marché des billets de trésorerie), placent leurs avoirs ou empruntent à court terme (moins d'un ou deux ans). De plus avec l'adoption des changes flottants, les devises sont devenues des commodités comme les autres, un bien qui s'achète et se vend. Le marché monétaire est un élément essentiel au fonctionnement des marchés financiers.
103
+
104
+ La monnaie a eu une profonde influence sur l'évolution du droit et réciproquement. L'émission de monnaie de crédit est strictement encadrée par le droit bancaire et des institutions ��tatiques de contrôle.
105
+
106
+ En l'absence de monnaie, la sanction publique ne peut prendre que des formes physiques : confiscation de bien ; travail forcé. Elle est relativement difficile à étager. La monnaie permet de simplifier le système des amendes et de proposer des sanctions nuancées qui peuvent pour les délits sans trop d'importance ne pas entraver la vie courante des contrevenants.
107
+
108
+ Dans le domaine civil l'absence de monnaie impose la compensation, c'est-à-dire la recherche d'une indemnisation en nature systématique et souvent très difficile à mettre en œuvre de façon juste et simple. L'indemnisation pécuniaire a été un grand progrès.
109
+
110
+ Les pouvoirs publics sont seuls capables de donner un pouvoir libératoire à une monnaie, c'est-à-dire une capacité d'éteindre toute dette y compris les dettes fiscales et les dettes pénales ou civiles, en tout lieu et à tout moment dans la zone où un moyen de paiement a cours légal. Toutes les formes monétaires n'ont pas nécessairement cours légal. Généralement n'en sont dotés que seuls les billets émis par une Banque centrale et les pièces de monnaie. Le chèque n'a généralement pas cours légal. Il peut être refusé par les commerçants.
111
+
112
+ Pourtant, inversement, il n'est pas possible d'effectuer tous les paiements avec une forme monétaire ayant cours légal. Par exemple en France, alors que l'article R642-3 du Code pénal prévoit que « le fait de refuser de recevoir des pièces de monnaie ou des billets de banque ayant cours légal est puni de l'amende prévue pour les contraventions de deuxième classe »[19], la Cour de Cassation s'appuie sur l'article L112-5 du Code monétaire et financier qui dispose qu'« en cas de paiement en billets et pièces, il appartient au débiteur de faire l'appoint »[20].
113
+
114
+ Les théories économiques cherchent à établir des liens entre les grandeurs comme les prix, la croissance, le chômage, l'inflation, les taux d'intérêt, les salaires...
115
+ La pensée économique sur la monnaie est multiple.
116
+
117
+ La théorie quantitative de la monnaie résulte du constat que les prix sont influencés par la quantité de monnaie en circulation. Cette théorie a été développée par différents auteurs dans différents pays. Son précurseur est Martin d'Azpilcueta, illustre Dominicain de l'École de Salamanque, et nous pouvons citer aussi Nicolas Copernic au XVIe siècle[21]. Jean Bodin est le premier à la formuler[22], David Ricardo développe ses travaux, et c'est Irving Fisher qui formule en 1911 l'équation de la théorie quantitative de la monnaie (MV=PT) en. Elle a été reformulée par les théories monétaristes au cours des années 1970, dans une version restrictive, pour attaquer les théories keynésiennes.
118
+
119
+ Pour John Keynes la monnaie n'est pas neutre, mais au contraire joue un rôle actif dans le fonctionnement de l'économie. Dans son livre Tract on Monetary Reform de 1923, il souligne que l'inflation peut conduire à la révolution, qu'une réforme monétaire est nécessaire pour reconstruire l'Europe et qu'il vaut mieux dévaluer que recourir à la déflation. Récemment, certains modèles nouveaux Keynésiens ont montré que la monnaie a un rôle à court terme sur les dynamiques économiques en fonction du niveau d'aversion au risque des ménages[23].
120
+
121
+ Le monétarisme est un courant de pensée économique pour lequel l'action de l'État en matière monétaire est inutile voire nuisible. La réflexion sur ce thème est ancienne (cf. les écrits de Jean Bodin, David Hume, ou plus récemment Irving Fisher). Mais le rénovateur de ce courant est sans conteste l'économiste Milton Friedman (chef de file de l'École de Chicago), qui a contribué à réhabiliter et à relancer la théorie quantitative de la monnaie contre le paradigme dominant de l'époque, le keynésianisme. Ainsi la politique monétaire est réapparue sur le devant de la scène pour figurer depuis quelques années parmi les instruments essentiels de la politique économique.
122
+
123
+ Le Chartalisme est une théorie monétaire. Selon cette théorie, la monnaie est une émanation de l'état. L'état crée de la monnaie en payant les personnes à son service comme les soldats et en exigeant que les dettes fiscales de ses sujets soient soldées par une certaine somme de monnaie. Les sujets sur le territoire contrôlé par l'état sont obligés de travailler ou d'échanger avec les personnes qui possèdent de la monnaie afin de payer les taxes réclamées par l'état. La valeur de la monnaie découle selon cette théorie directement des taxes qu'elle permet de solder. La monnaie représente donc une fraction du pouvoir de l'état.
124
+
125
+ La quantité de monnaie est conservée lors d'un échange économique (voir aussi Atomicité (économie)). La conservation de la monnaie lors des échanges économiques implique que la monnaie tend à se répartir entre les agents économiques suivant une distribution exponentielle indépendamment de la nature des échanges. En l'absence de dette, cette distribution ne dépend que de la quantité de monnaie moyenne par agent et en présence de dette (monnaie négative) elle dépend aussi du niveau de dette autorisée[24].
126
+
127
+ La question est : quelles sont les règles à appliquer à l'émission des billets de banque ? La querelle se produit en Angleterre, d'abord en 1810 quand la banque d'Angleterre suspend la convertibilité en métal de ses billets, puis dans les années 1840 à la suite d'une crise bancaire qui a vu la faillite de plusieurs banques, puis encore, aux États-Unis, dans les années 1870 à propos des greenbacks (Demand Note et United States Note).
128
+
129
+ Le currency principle dispose que les billets remplacent les monnaies métalliques 1 pour 1. Tout billet émis peut donc être converti sans aucune difficulté ce qui assiéra la confiance et permettra de bénéficier des avantages du billet sans les risques d'insolvabilité des banques que l'on constate.
130
+
131
+ Le banking principle considère que l'émission des billets doit être ajustée au besoin de l'économie qui, si elle est contrainte par le faible accroissement des ressources en métal, ne sera pas optimale. Selon cette doctrine, le fait que le public a toujours la faculté d'exiger le remboursement en or des billets suffit à en garantir la valeur, pourvu toutefois que les actifs de la banque, non seulement en or, mais aussi sous n'importe quelle autre forme (doctrine des effets réels) restent suffisants.
132
+
133
+ La loi de 1844, le Banking Act, tranche la querelle au profit du currency principle, du moins en théorie puisqu'en pratique à chaque crise des mesures d'exceptions seront adoptées.
134
+
135
+ La démonétisation de l'or et de l'argent a rendu cette querelle très inactuelle, elle subsiste néanmoins sous la forme de la question de la garantie des dépôts et du niveau de réserve (en monnaie banque centrale) qu'on exige des banques.
136
+
137
+ L'argent métal est démonétisé aux États-Unis en 1873, dans le cadre d'un mouvement international qui verra la fin du bimétallisme au profit de l'étalon-or. La question agite fortement la vie politique américaine au point qu'un « parti de l'argent » est constitué qui aura un rôle dans toutes les élections présidentielles et législatives de la fin du XIXe siècle appuyé par les états producteurs de ce métal.
138
+
139
+ La querelle durera jusque dans les années trente où Roosevelt remonétise partiellement l'argent, provoquant une raréfaction en Asie qui mettra en difficulté le régime chinois de Tchang Kai Check et favorisera involontairement la révolution communiste[25].
140
+
141
+ Milton Friedman[26] donnera raison rétrospectivement aux partisans du bimétallisme en montrant que la raréfaction de monnaie due à la disparition de l'argent monétaire explique pour une partie importante la récession qui a suivi.
142
+
143
+ Les questions monétaires ont toujours agité les États-Unis. Après l'épisode d'hyperinflation des billets du Congrès on ressent le besoin d'une émission monétaire un peu mieux contrôlée. Une banque des États-Unis est créée en 1791 par Alexander Hamilton, dont la charte, temporaire, dure 20 ans[27]. Elle ouvrit huit succursales, servit de dépôt pour les fonds de l'État, assura les transferts d'un bout à l'autre des États-Unis et joua le rôle de payeur général des dépenses publiques. Elle émit des billets convertibles en or ou en argent. Ces billets ne perdirent pas de leur valeur et « connurent l'estime générale »[25].
144
+
145
+ La Constitution américaine définit strictement la monnaie et donne au Congrès (Sénat et Chambre des représentants réunis) la responsabilité des questions monétaires. Une grande querelle politique s'installa lorsqu'il s'agit de renouveler ou non la franchise de la banque. Menée par Thomas Jefferson, l'opposition au renouvellement gagna. Une seconde Banque des États-Unis vit le jour peu de temps après. Cette fois là c'est le Président Andrew Jackson qui l'étouffa.
146
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147
+ L'idée d'une banque centrale s'effaça pour longtemps (80 ans).
148
+
149
+ L'avis de Jefferson était sans nuance : « J'ai toujours été l'ennemi des banques : non de celles qui acceptent des dépôts mais bien de celles qui vous refilent leurs billets de papier, écartant ainsi les honnêtes espèces de la circulation. Mon zèle contre ces institutions était tel qu'à l'ouverture de la Banque des États-Unis je m'amusais comme un fou des contorsions de ces bateleurs de banquiers cherchant à arracher au public la matière de leur jongleries financières et de leurs gains stériles. »[28]
150
+
151
+ Les banques se développeront à un rythme très rapide, surtout dans la seconde partie du XIXe siècle. Par exemple la Wells Fargo ouvrit 3 500 succursales entre 1871 et 1900. Les Westerns rendent compte de cette frénésie bancaire en montrant que dans tout village qui se crée se monte aussitôt un relais de diligence, un saloon et… une banque. Il est vrai que les colons qui accédaient à un lopin de terre n'avaient pas de ressources. La banque les leur fournissait, avec la terre comme garantie et les résultats d'exploitation comme source de remboursement. Il fallut attendre la crise de 1907 qui vit de nombreuses faillites de banques pour que l'idée d'une banque centrale assurant la fonction de « prêteur de dernier ressort » prît corps à nouveau[29].
152
+
153
+ Mais les préventions étaient telles qu'on lui donna un nom neutre (Système Fédéral de Réserve, dit familièrement FED) et on créa dans plusieurs régions (states) un établissement similaire avec de larges pouvoirs. Ce n'est que bien après le déclenchement de la crise de 1929 et la faillite de plus de 9000 banques que la FED obtint de Roosevelt, en 1935, tous les pouvoirs d'une véritable banque centrale (1929 : 659 faillites de banque, 1930 : 1352, 1931 : 2294 ; fin 1933, près de la moitié des banques avaient disparu car 4004 banques firent faillite cette année-là). Mais ce n'est pas à la FED que l'on doit l'arrêt des faillites bancaires mais à la Société Fédérale D'assurances des dépôts, « Federal Deposit Insurance Corporation » (FDIC), qui offrit une garantie d'État aux déposants. En 1934, 62 banques cessèrent leur paiement. La crise bancaire était terminée.
154
+
155
+ Note : Cette situation se répéta en 2008 où après la crise de confiance suivant la chute des bourses et la faillite de Lehman Brothers, ce sont les États qui déclarèrent garantir les déposants, et non les banques centrales.
156
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157
+ Le projet, historiquement entièrement nouveau, de créer une zone monétaire unifiée plurinationale en Europe a été une source de tensions politiques extrêmement fortes. Celles-ci ont suscité de très vives dissensions au sein des partis de gouvernement dans tous les pays concernés.
158
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159
+ Les souverainistes expliquèrent que la monnaie était un attribut fondamental de la nation qui ne pouvait être transféré et que l'abandon de la souveraineté monétaire signifiait l'abandon de la souveraineté tout court.
160
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161
+ L'extrême gauche fit campagne pour dénoncer le projet d'euro comme une concession au « néolibéralisme » et privait l'État de toute politique monétaire rejoignant curieusement les affirmations d'une de leurs bêtes noires, Milton Friedman, qui répondit dans le no 53 de Géopolitique au printemps 96 à la question « Croyez-vous à la possibilité d'une monnaie unique en Europe » par ces mots : « Pas de mon vivant en tout cas. Pas plus en 97 qu'en 99 ou en 2002 ! ».
162
+
163
+ Les désordres monétaires en cours auraient plutôt conforté le désir de rejoindre une zone monétaire large comme celle l'Euro que celui d'en quitter la protection. Les difficultés extrêmes que connaît l'Islande portent des pays comme la Hongrie ou certains pays baltes à réfléchir, eux qui ont dû pousser leurs taux d'intérêt très haut, au détriment de leur économie, pour éviter le naufrage de leur monnaie. Éviter le retour de situations de ce genre pèserait nécessairement sur le débat pour l'adoption de l'Euro par la Hongrie. La situation est la même notamment au Danemark et en Pologne.
164
+
165
+ Toutefois, certains économistes pourtant partisans de l'Euro comme Thomas Piketty critiquent sa gestion par la BCE et préconisent que celle-ci prête aux États à des taux d'intérêt nuls ou faibles afin qu'ils puissent rembourser les intérêts de la dette[30].
166
+
167
+ Une crise est spécifiquement monétaire lorsque l'épargne conservée en monnaie perd tout ou partie de sa valeur, soit à la suite de la disparition des dépôts ou des titres de placements monétaires, soit parce que la valeur nominale de l'unité monétaire perd massivement de son pouvoir d'achat.
168
+
169
+ Lorsque la monnaie était métallique, ce genre de crise était possible en cas d'afflux massif de métal précieux sans contrepartie économique, notamment à la suite d'une expédition militaire particulièrement réussie (cas de l'Espagne à la suite de la conquête de l'Amérique) ou, plus rarement, à la suite d'un boom minier. Inversement il pouvait se produire une raréfaction du métal pour la raison symétrique (paiement d'un énorme tribut, pillage) ou à la suite d'une crise de confiance induisant une thésaurisation de précaution massive.
170
+
171
+ Aujourd'hui les crises ne sont plus physiques. Cependant l'utilisation excessive de la planche à billets, par un ou plusieurs États, et l'augmentation correspondante de la masse monétaire en circulation, peuvent aboutir à un résultat similaire. Quoi qu'il en soit, les crises prennent essentiellement la forme d'une perte massive de confiance.
172
+
173
+ On en distingue plusieurs types :
174
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175
+ Les déposants se ruent à leur banque pour retirer leurs dépôts, récupérer physiquement leur monnaie sous une forme sûre (selon le cas, monnaie métallique ou monnaie légale). Si la banque fonctionnait selon le currency principle (cf. supra), rien ne se passerait. Mais si la banque fonctionne selon le banking principle, comme c'est le cas de nos jours, elle a prêté à d'autres l'argent mis en dépôt chez elle (obtenant en échange des biens dont la valeur est supérieure, mais moins disponibles) et elle est incapable de rembourser à vue : c'est la faillite assurée, sauf intervention d'un sauveteur.
176
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177
+ Dans une situation normale, de par les revenus qu'ils procurent, les prêts consentis par la banque (avec les dépôts qu'il s'agit de rembourser) ont une valeur supérieure à ces dépôts. Ils peuvent attirer un acheteur de la banque (qui est sauvée en échange de son indépendance) : une autre banque plus grosse, un assureur, voire un État (nationalisation). Ils peuvent aussi servir de garantie à un prêt (même type d'intervenants, plus la banque centrale dont les ressources sont sans limite puisqu'elle dispose de la planche à billets, les billets émis à cette occasion pouvant être détruits dès le prêt remboursé).
178
+
179
+ Si une opération de sauvetage n'a pas lieu (par exemple, le portefeuille de prêts n'est pas, ou ne semble pas, de valeur suffisante pour attirer un acheteur ou un prêteur), la banque fait faillite. Comme selon toute probabilité la banque a elle-même des dettes chez d'autres banques, celles-ci sont fragilisées et peuvent à leur tour devenir victimes d'une panique, éventuellement avec un effet boule de neige capable de dévaster entièrement le système bancaire d'un pays en quelques mois. C'est une des composantes du « risque systémique ». Une telle éventualité est trop grave pour être prise à la légère par les États.
180
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+ La panique est consubstantielle à l'application du banking principle, c'est-à-dire à la possibilité de convertir les dépôts (à court terme et disponibles immédiatement, mais ne rapportant rien et suscitant des frais de stockage) en valeurs mobilières (source de revenu mais risquée et bloquée pour un temps plus ou moins long). Il s'en produit encore de nos jours (exemple de la banque Northern Rock au Royaume-Uni). Mais avec le temps, les exigences en termes de réserve ont baissé, ce qui rend à la fois plus probables et plus graves les phénomènes de panique.
182
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+ La réduction des exigences concernant les réserves en fonds propres fait système avec la garantie des dépôts par les États (au moins pour un montant maximum connu à l'avance) : cette garantie réduit les risques de panique (si l'éventuelle faillite de la banque n'a pas d'effet sur les avoirs des déposants, il n'est pas nécessaire de courir retirer ses fonds), et inversement, elle rend possible une réduction des fonds propres (puisque la panique n'a pas de raison de se produire, il n'est pas nécessaire de prévoir les moyens d'y faire face).
184
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185
+ L'hyperinflation est une situation où les prix montent à très grande vitesse et la spirale s'achève quand la monnaie ne vaut plus rien. En fin de scénario, les billets peuvent atteindre des montants vertigineux se comptant en dizaines ou centaines de milliards.
186
+
187
+ Au XVIIIe siècle, les assignats en France au début de la Révolution, et les billets de la Convention aux États-Unis pendant la révolution furent des hyperinflations. Au XXe siècle, on connut l'hyperinflation autrichienne suivie de l'hyperinflation de la République de Weimar en 1922-1923 dont les effets néfastes restent ancrés dans la mémoire collective allemande. Au XXIe siècle, on connut l'hyperinflation au Zimbabwe jusqu'à mi-2009.
188
+
189
+ L'exemple le plus récent est l'explosion du système de caisse d'émission monétaire (currency board) argentin au début des années 2000. Le système assurait une parité entre le Peso et le Dollar. Il avait permis de restaurer la convertibilité de la monnaie, la stabilisation des prix, l'investissement étranger et une forte croissance initiale. Mais la forte remontée du dollar provoqua la crise des pays émergents (voir crise asiatique) et mit à mal les monnaies les plus fragiles.
190
+
191
+ Le Réal brésilien fut dévalué fortement fin 1999, alors qu'il s'agissait du pays ayant les plus importantes relations économiques avec l'Argentine. Le pays était engagé dans une déflation douloureuse, et confronté à un assèchement des liquidités. Certaines provinces argentines produisirent des monnaies de substitution (comme l'argentino) en même temps que les dollars fuirent le pays ou, surtout, n'y entrèrent plus.
192
+
193
+ Les comptes des argentins furent bloqués dans un « corralito », puis autoritairement dévalués. Les comptes en dollars furent convertis de force en comptes en pesos, avec une forte décote. Les épargnants perdent une part très importante de leurs avoirs, de même que les investisseurs étrangers.
194
+
195
+ Les CDO sont des dettes en général immobilières du marché américain qui ont été rassemblées puis transformées en titres, découpées en mini blocs notés par les agences de notation et vendus aux enchères sur le marché de gré à gré des produits quasi liquides. Elles ont été intégrées en masse dans les placements monétaires « dynamiques » par des intermédiaires financiers qui ont ainsi dopé un temps le rendement de la trésorerie de particuliers comme d'entreprises. En juillet 2007, ces titres se sont révélés invendables et ont perdu l'essentiel de leur valeur provoquant des pertes directes et massives de trésorerie et bloquant le marché interbancaire.
196
+
197
+ La panique bancaire américaine de 1907 offre également un exemple de rupture majeure du marché interbancaire.
198
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199
+ Quelle qu'en soit la forme, les crises monétaires sont les plus graves, car elles provoquent un collapsus général et immédiat de pans entiers de l'économie.
200
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201
+ En Argentine, la perte de l'épargne monétaire entraîna une récession catastrophique avec un recul du PIB de 46,1 % en 2002 et une très forte montée de la pauvreté.
202
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203
+ Au Zimbabwe, il n'y avait pratiquement plus d'économie. Le journal Le Monde du 4 décembre 2008 indique : « L'inflation atteint officiellement 231 millions pour cent. L'eau vient d'être coupée à Harare. Une épidémie de choléra touche 9 provinces sur 10 ». 11071 cas de choléra ont coûté la vie à 425 personnes. Des groupes de soldats se sont attaqués à des changeurs ». L'armée, non payée, commence à piller les magasins. De tels évènements démontrent à quel point la monnaie est symptomatique d'un régime et démontrent les dégâts éventuellement mortels de l'absence de monnaie saine.
204
+
205
+ En Autriche et en Allemagne, le traumatisme de la première moitié du XXe siècle fut tel que la BUBA, la banque centrale allemande, eut toujours par la suite une politique extrêmement conservatrice, fuyant tout risque d'inflation au point de faire échouer les accords de Bretton Woods en 1971, pour éviter les conséquences d'une arrivée inflationniste de dollars, et finalement imposa cet état d'esprit lors de la création de la Banque Centrale Européenne (BCE), dont la mission essentielle est de lutter contre l'inflation.
206
+
207
+ L'un des désagréments de la crise économique mondiale débutée en 2007 est qu'elle est très largement monétaire, donc sévère.
208
+
209
+ La fonction d'échange que permet les monnaies est, selon l'Organisation des Nations unies, le seul garant de la paix dans le monde car elle canalise la violence[31]. Mais la fin de la monnaie fiduciaire conventionnelle, que l'on entend par pièces ou billets, pourrait être la cause de nouveaux conflits sociaux sans précédents[32]. Un retour à la valeur refuge des monnaies métalliques telles que l'or et de l'argent apparait dans ce cadre inéluctable.
210
+
211
+ Les numismates collectionnent et étudient les formes circulantes de la monnaie (pièces et billets). La recherche numismatique a permis de comprendre l'émergence des monnaies, leur diffusion, leur technique de production, leur manipulation. Même si l'aspect artistique et le goût de la collection priment, il ne faut pas négliger la contribution de la numismatique à l'histoire économique. L'investissement en pièces d'or est aussi un acte de précaution contre la dévaluation des monnaies et le risque de défaillance bancaire généralisée.
212
+
213
+ L'étude de la monnaie permet aux historiens et aux archéologues de dater des sites, d'identifier la succession des régimes, et de caractériser les flux économiques du passé, tout en clarifiant les sphères d'influence.
214
+
215
+ Maurice Allais, prix Nobel d'économie affirme que « Dans son essence, la création monétaire ex nihilo actuelle par le système bancaire est identique, je n'hésite pas à le dire pour bien faire comprendre ce qui est réellement en cause, à la création de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement condamnée par la loi. Concrètement elle aboutit aux mêmes résultats. La seule différence est que ceux qui en profitent sont différents »[33], or celle-ci est pratiquée couramment par les banques commerciales.
216
+
217
+ Le faux-monnayage a commencé dès la création de la monnaie. La première fraude connue à ce jour, repérée en Lydie, fut pratiquement contemporaine de la création de la monnaie métallique.
218
+
219
+ Il a longtemps été sanctionné par la peine capitale. Partout, encore de nos jours, la sanction du faux monnayage reste très élevée dans l'échelle des peines, proche de celle encourue pour un meurtre. Certains billets qui portèrent un temps la promesse d'un remboursement finirent par n'afficher que les sanctions encourues en cas de faux monnayage.
220
+
221
+ Le développement des techniques de numérisation et d'impression couleur ont créé un risque nouveau qui a obligé les banques centrales à mettre en œuvre des techniques de plus en plus complexes pour contrer les tentations offertes par la facilité de la photocopie des billets. Le passage à l'Euro a permis en Europe de supprimer des coupures qui étaient devenues trop faciles à imiter. La généralisation chez les commerçants de dispositifs permettant de détecter les faux billets traduit la montée du faux monnayage.
222
+
223
+ Certaines théories militaires ont laissé penser qu'en s'attaquant à la monnaie d'un pays on pouvait durablement porter atteinte à ses fondements. On a prêté cette intention aux Nazis puis à l'Union soviétique vis-à-vis du dollar. Cette fantaisie a nourri une abondante littérature mais l'histoire ne rend pas compte de tentatives qui aient eu ne serait-ce que le début d'un effet. En revanche, on cite abondamment les propos de Keynes ou de Lénine expliquant que le meilleur moyen de créer les conditions d'une révolution ��tait de pervertir la monnaie.
224
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225
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226
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227
+ Cependant, sans condamner la monnaie elle-même, le christianisme condamne la richesse qui deviendrait sa propre fin, et valorise la pauvreté. On le voit dans certains passage de la Bible comme lorsque Jésus dit à ses fidèles « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon » (Mammon étant l'incarnation du péché d'avarice, ou plus généralement de l'argent), ou encore avec cette célèbre métaphore : « Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche de rejoindre le royaume des cieux. »
228
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229
+ Plus précisément, la Bible condamne l'« usure » (Exode 22:25, Lévitique 25:36-37, Deutéronome 23:19, Ézéchiel 18:13…), c'est-à-dire le prêt d'argent avec un taux d'intérêt. Cet aspect de la condamnation morale de l'argent a eu des conséquences : le rôle de prêteur a été dévolu aux Juifs, qui étaient donc avec les Lombards les seuls qui servaient de banquiers.
230
+ Concernant le judaïsme, on notera que cette religion ne rejoint pas le catholicisme dans sa conception morale de l'argent. Les juifs, au contraire, voient en la richesse la marque d'une élection divine, et lui reconnaissent certaines qualités ; en effet, l'argent permettrait de faire des offrandes au Temple, d'accomplir son devoir envers les pauvres, et de dégager du temps (puisque le riche n'a pas besoin de travailler) pour l'étude de la Loi.
231
+
232
+ S'agissant de l'islam, on peut avant tout noter la description que le Coran fait d'Abraham, un homme « lourd en or, en argent et en troupeau. » Il est donc riche et bon, ce qui reviendrait à un oxymore pour les chrétiens. De plus, la religion musulmane valorise le commerce (« Un dinhar gagné par le commerce vaut mieux que dix dinhars gagnés autrement ») et condamne l'« usure ». Ainsi on voit dans les banques modernes l'apparition de « l'islamic banking » qui découle de ce principe, parmi d'autres.
233
+
234
+ Le souci de l'avenir de la planète et les préoccupations écologiques ont développé une critique de la croissance et de ses moyens. La monnaie créée par le crédit, instrument de la croissance, a été ainsi mise au banc des accusés. Pour rembourser un prêt à intérêt il faut nécessairement de la croissance sinon l'intérêt entraînerait une capture progressive de tout le capital. Comme la monnaie est aujourd'hui presque entièrement créée par le mécanisme du crédit, il faut revenir sur la pratique de la monnaie de crédit souvent présentée comme une « monnaie dette » dans ces textes ou vidéos contestataires.
235
+
236
+ Ces derniers pointent également du doigt l'importance jugée excessive du pouvoir de la monnaie au sein de la société, qui a pour conséquence l'existence d'idées, mesures politiques ou comportements n'ayant aucun bienfait pour la société si on met de côté leur rentabilité économique, et qui à l'inverse, compromet -voire empêche- l'existence de ces dernières si elles sont peu rentables, même quand il s'agit de leur seul et unique inconvénient.
237
+
238
+ Plusieurs courants de pensées (écologiste, altermondialiste, etc.) se sont organisés pour créer d'autres modes de consommations. Souvent appelés « consom'acteur », ces nouveaux acteurs se sont investis dans différents projets pour consommer propre, consommer mieux... Leur démarche est de donner des bases éthiques à leurs échanges. Ils ont donné naissance aux AMAP (Association de Maintien de l'Agriculture Paysanne), ainsi que notamment, aux monnaies complémentaires locales. Certains économistes (Bernard Lietaer un des fondateurs de l'euro) pensent que ce sont les monnaies complémentaires ou alternatives qui vont permettre d'atténuer les effets des crises mondiales à venir. Ces monnaies nécessitent des réseaux de personnes, d'entrepreneurs, d'acheteurs, de vendeurs, pour pouvoir fonctionner. Certains de ces projets sont financés par les instances locales : département, région, commune.
239
+
240
+ C'est une monnaie qui est donc locale, qui vient en complément de la monnaie de tenue du pays. Elle est valorisable en monnaie. Du point de vue de la loi Française elle est vue comme un bon d'achat, au même titre que les tickets restaurants ou chèques vacances. Certaines de ces monnaies sont dites « fondantes », c'est-à-dire que leur valeur diminue avec le temps, ceci pour éviter la thésaurisation. Lorsque la valeur diminue il faut racheter un timbre (collé sur le billet) pour lui redonner sa valeur initiale pendant une durée donnée. Comme cette monnaie s'appuie sur la monnaie du pays, on peut acheter des billets avec des euros par exemple. Quelques monnaies complémentaires existant en France : « l'abeille », « les lucioles », « la mesure », etc. Elle utilisent pratiquement les mêmes mécanismes que la monnaie classique.
241
+
242
+ C'est une monnaie qui ne s'appuie pas sur la monnaie de tenue du pays. Elle peut être utilisée de façon indépendante. Certains projets de monnaies alternatives utilisent d'autres paradigmes et ne fonctionnent pas du tout comme les autres types de monnaies tel que le projet expérimental « HORABANK »[34], qui est une banque du temps (avec paiement numérique), dont les modes de calculs interne mettent en jeu des mécanismes permettant de valoriser les individus (en prenant en compte leur travail, leur connaissance, l'âge, l'ancienneté, etc.). Leur action « éthique » est en général plus forte qu'une monnaie complémentaire.
243
+
244
+ Les crypto-monnaies sont des devises ou jetons fonctionnant sur la base d'un système cryptographique.
245
+ Par opposition au système de banque centrale, les crypto-monnaies sont système monétaire concurrentiel de banque libre (free banking) comportant une pluralité d'émetteurs privés, sans dépendance avec la banque centrale[35]. Les crypto-monnaies de type Bitcoin sont un exemple de système monétaire sans banque centrale[36].
246
+
247
+ L'écosystème dynamique actuel des devises numériques tel que Bitcoin est une mise en œuvre des idées originelles de Friedrich Hayek où des milliers de devises sont évaluées quotidiennement par le marché selon les facteurs changeants. La technologie blockchain permet en effet de concevoir des concepts de monnaies qui sont en concurrence, ou le marché définit le prix de chaque monnaie[37].
248
+
249
+ Selon la BCE[38],[39], l'ouvrage de Friedrich Hayek Pour une vraie concurrence des monnaies constituerait la base théorique du Bitcoin (et de la technologie blockchain) où des milliers de monnaies privées sont en concurrence[40].
250
+
251
+ La monnaie est normalement le compagnon de tous les jours du citoyen. La confiance qu'il a en sa monnaie a des influences extrêmement importantes sur l'activité économique.
252
+
253
+ Une action psychologique visant à rassurer la population a été pratiquée en tous temps. La monnaie stimule la mythification de certains personnages. En France, le cas le plus notable est celui de M. Antoine Pinay, « l'ermite de Saint Chamond ».
254
+
255
+ Ayant réussi le lancement d'un grand emprunt gagé sur l'or à un moment où les finances publiques françaises de la quatrième République étaient au plus bas, il deviendra une sorte d'oracle que tout ministre des finances se devait de consulter à chaque émission d'un nouvel emprunt. On vit ainsi Valéry Giscard d'Estaing, puis Raymond Barre, faire le déplacement à Saint-Chamond pour obtenir la caution de l'oracle.
256
+
257
+ En Allemagne, Herr Schacht fut considéré comme le père d'une sorte de miracle allemand lors qu'il réussit à faire sortir l'Allemagne des suites de la crise de 1929 et son aura réussit à survivre au discrédit du nazisme.
258
+
259
+ Plus récemment le Président de la Fed, l'américain Alan Greenspan, fut aussi largement considéré comme un génie de la finance dont les prévisions, à dessein rarement compréhensibles, étaient guettées avec ferveur par les milieux économiques et boursiers dans les années 1990 et jusqu'en 2007. Considéré désormais comme un des instigateurs de la crise des subprimes, la magie de son verbe a quelque peu faibli.
260
+
261
+ Tous les grands plans lancés actuellement pour faire face à la crise monétaire, bancaire, boursière et économique en cours ont une forte dimension d'action psychologique. La réunion du G20 à Washington en novembre 2008 avait essentiellement pour but de montrer la détermination et l'unité de l'ensemble des grands pays. L'affichage de plans de sauvetage gigantesques et de plans de relance colossaux est aussi largement d'essence psychologique.
262
+
263
+ S'ils n'ont pas permis de supprimer le pessimisme ambiant ni d'altérer le cours de la récession, ils ont tout de même réussi à conjurer une panique bancaire et une ruée désastreuse sur les dépôts.
264
+
265
+ La psychologie du consommateur et de l'épargnant qui le pousse soit à l'euphorie soit à une rétraction très forte est une force économique de première importance. Mais il est très difficile de l'influencer.
266
+
267
+ L'or, valeur psychologique s'il en est, est un bon indice de la confiance. Bien que démonétisé, il est le refuge en cas de peur sur la monnaie. Actuellement, le dollar a perdu environ 95 % de sa valeur en or, traduisant l'effet de l'inflation rampante depuis 1971 et celui d'une certaine fuite devant cette monnaie. Cette dévaluation est d'autant plus remarquable que la production d'or est au plus haut. Alors qu'il n'avait été extrait que 45 360 tonnes de l'origine des temps à 1956, 102 700 tonnes[réf. nécessaire] ont été extraites après 1956. Les monnaies ne se sont pas dévaluées par rapport à un métal toujours rare mais beaucoup plus abondant…
268
+
269
+ Sur les autres projets Wikimedia :
270
+
271
+ Améliorez sa vérifiabilité en les associant par des références à l'aide d'appels de notes.
fr/671.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,73 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ William Henry Gates III, dit Bill Gates [bɪl ɡeɪts][1], né le 28 octobre 1955 à Seattle (État de Washington), est un informaticien et entrepreneur américain, pionnier dans le domaine de la micro-informatique. Il a fondé en 1975, à l'âge de 20 ans, avec son ami Paul Allen, la société de logiciels de micro-informatique Micro-Soft (rebaptisée depuis Microsoft). Son entreprise acheta le système d'exploitation QDOS pour en faire le MS-DOS, puis conçut le système d'exploitation Windows, tous deux en situation de quasi-monopole mondial.
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+ Il est devenu, grâce au succès commercial de Microsoft, l'homme le plus riche du monde de 1996 à 2007, ainsi qu'en 2009, et de 2014 à 2016. Lorsqu'il redevient l'homme le plus riche du monde, selon le classement Bloomberg, en janvier 2014, sa fortune s'élève à 78,5 milliards de dollars américains[2],[3].
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+ En 2019, le magazine Forbes classe Bill Gates comme le deuxième homme le plus riche du monde avec une fortune de 105 milliards de dollars américains, détrôné par le fondateur du site Amazon Jeff Bezos, qui, lui, dispose d'une fortune estimée à 112 milliards de dollars américains.
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+ Bill Gates se consacre depuis octobre 2007 à sa fondation humanitaire.
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+ Bill Gates naît le 28 octobre 1955 à Seattle (État de Washington) aux États-Unis, dans une famille aisée.
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+ Son père, William Henry Gates II, est avocat d'affaires. Sa mère, Mary Maxwell Gates, est professeur et présidente de la direction de quelques entreprises et banques de la United Way of America et le First Interstate Bank (en)[4],[5].
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+ Bill Gates découvre l'informatique à la très sélective Lakeside School de Seattle, qui dispose alors d'un PDP-10 loué. Il y réalise avec son ami d'enfance Paul Allen son premier programme informatique : un jeu de tic-tac-toe (morpion).
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+ En 1968, âgé de 13 ans, il fonde avec Allen et quelques autres amis le Lakeside Programmers Group. Quelques sociétés recourront à leurs talents, essentiellement pour améliorer des systèmes et des applications existantes écrites en langage assembleur.
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+ En 1973, Gates entre à l'université Harvard, à l'âge de 18 ans. Il y rencontre Steve Ballmer, futur CEO de Microsoft. Il abandonne rapidement ses études pour se consacrer uniquement à la programmation informatique.
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+ Bill Gates co-réalise avec Allen un interpréteur BASIC pour l'Altair 8800. Cette réalisation est à la fois un tour de force et un coup de chance : le développement se fait entièrement sur PDP-10 et l'Altair BASIC n'est essayé sur un véritable Altair 8800 que le jour de la démonstration, laquelle réussit parfaitement. L'Altair BASIC marque une étape dans l'histoire de la micro-informatique : ce sera le premier langage de programmation à avoir fonctionné sur un micro-ordinateur commercial. Ce sera également le premier logiciel édité par la société Microcomputer Software, fondée pour l'occasion, en 1975, alors que Bill Gates est âgé de 20 ans, et dont la contraction Micro-Soft puis Microsoft est aujourd'hui plus familière.
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+ Le 31 janvier 1976, Bill Gates écrit une lettre intitulée « An Open Letter to Hobbyists » (« Lettre ouverte aux bricoleurs »), dans laquelle il condamne pour la première fois le partage illégal de l'un de ses logiciels, le BASIC d'Altair : « We have written 6800 BASIC, and are writing 8080 APL and 6800 APL, but there is very little incentive to make this software available to hobbyists. Most directly, the thing you do is theft. » (« nous avons écrit le 6800 BASIC et nous écrivons les 8080 et 6800 APL, mais nous n'avons pas envie de fournir ce logiciel aux amateurs. Pour être clair, ce que vous faites, c'est du vol »).
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+ En 1980, Microsoft signe un accord avec IBM pour développer un système d'exploitation à commercialiser avec chaque ordinateur personnel IBM PC. MS-DOS est commercialisé aux États-Unis à partir du 12 août 1981. Il s'agit d'une version modifiée d'un autre produit : Microsoft a, le 6 janvier 1981, acquis des droits d'exploitation de 86-DOS à la société Seattle Computer Products (SCP)[6], puis le 22 juillet 1981 a conclu un accord de commercialisation[7] avec la société SCP permettant à Microsoft de présenter le produit comme sien et à SCP de toucher des redevances sur le volume de vente, chaque société pouvant faire évoluer le produit indépendamment. L'accord incluait déjà une version pour utilisateurs multiples.
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+ Sa fortune est faite, et ne cessera plus de croître à des niveaux record. Bill Gates est persuadé qu'un jour tous les foyers et le monde professionnel seront équipés d'ordinateurs personnels. IBM est loin d'être le premier sur le marché : Apple, entre autres, s'était déjà lancé sur ce marché quatre ans auparavant avec un succès foudroyant. Le poids d'IBM est alors d'une importance primordiale pour le décollage de MS-DOS.
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+ Microsoft fait évoluer au rythme effréné des micro-ordinateurs son système d'exploitation et sa gamme de logiciels bureautiques Microsoft Office, traitement de texte, tableur, base de données, utilitaires, jeux, etc. En 1985, Windows est alors, et pour 10 ans encore, une simple interface graphique, le système d'exploitation restant MS-DOS. Le succès met très longtemps à venir pour les premières versions de Windows, l'interface étant graphiquement très peu aboutie et d'une utilisation loin d'être intuitive[8]. Windows est cependant déjà devenu le système d'exploitation le plus vendu au monde et fait la fortune de Microsoft et de ses actionnaires, avec une emprise sur le marché mondial gravitant autour de 90 %, au point de lui coûter un procès pour monopole et une grave menace de dissolution de son entreprise dans les années 2000.
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31
+ En 1986, Microsoft fait son entrée en Bourse. Les investisseurs l'accueillent avec enthousiasme : le jour même, Bill Gates devient milliardaire. Il deviendra l'homme le plus riche du monde dix ans plus tard en 1996. Selon le magazine Forbes, sa fortune personnelle était en 2007 estimée à 56 milliards de dollars (voir liste des milliardaires du monde). Ses actions dans la société Microsoft, dont il détient en 2005 un peu moins de 10 % du capital, constituent environ 50 % de sa fortune.
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+ Bien peu d'entreprises ont eu une image liée si fortement à leur fondateur, si bien qu'il a souvent été comparé à Henry Ford et à William Rockefeller, qui furent comme lui à l'origine de nouveaux domaines économiques (véhicules particuliers et industrie pétrolière), et également d'excès de la société de consommation. C'est en tant que grande figure du marché qu'il subit son entartage par Noël Godin et ses acolytes, en 1998 à Bruxelles[9].
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+ En novembre 2004, Steve Ballmer indique que Bill Gates est sans doute la personne la plus spammée au monde, puisqu'il reçoit 4 millions d'e-mails par jour. Tout un service de Microsoft est à cette époque consacré à trier cette masse, essentiellement composée de spams, et dont seulement dix messages par jour arrivent finalement à Bill Gates[10].
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+ Le 15 juin 2006, Bill Gates a annoncé qu'à partir de juillet 2008 il ne s'occuperait plus des affaires courantes de Microsoft. Il restera à son poste et conseillera certains projets mais se concentrera sur les œuvres caritatives[11]. Il quitte toute fonction opérationnelle au sein de Microsoft le 27 juin 2008[12]. Le 4 février 2014, Bill Gates annonce qu'il abandonne également la présidence du conseil d'administration de Microsoft[13]. Le 14 mars 2020, la presse annonce que Bill Gates quitte le Conseil administration de Microsoft et qu'il ne conservera que des fonctions de conseiller technique auprès des dirigeants de la société[14],[15].
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+ En 2000, il crée la fondation Bill-et-Melinda-Gates, qui a pour objectif d'apporter à la population mondiale des innovations en matière de santé et d’acquisition de connaissances. Elle dispose de 102,8 milliards de dollars.
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+ En 2006, la fondation Gates avait déjà dépensé 25,26 milliards de dollars[16], en particulier pour vacciner 55 millions d'enfants. Bill Gates a également annoncé vouloir léguer 95 % de sa fortune à sa fondation.
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+ Ces actions ont contribué à ce que le magazine Time désigne Bill Gates « Personnalité de l'année 2005 », aux côtés de son épouse Melinda et de Bono (chanteur du groupe U2), pour leurs actions sur le front philanthropique[17].
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+ Le 2 mars 2005, Bill Gates est anobli par la reine Élisabeth II du Royaume-Uni au grade de Chevalier commandeur de l'ordre de l'Empire britannique pour sa contribution aux entreprises britanniques et pour les efforts qu'il déploie à combattre la pauvreté dans le monde. Toutefois, n'étant pas citoyen d'un pays du Commonwealth, il ne peut préfixer son nom du titre Sir. Il peut cependant ajouter les lettres KBE (Knight of British Empire, Chevalier de l'Empire britannique) à la suite de son nom.
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+ La majorité de l'héritage de Bill Gates devrait revenir à sa fondation, par laquelle il est devenu l'un des plus grands donateurs contre la pauvreté dans le monde, avec plusieurs milliards de dollars de sa fortune personnelle. En 2006, il a annoncé qu'il léguerait 95 % de sa fortune à la lutte contre les maladies et l'analphabétisme dans les pays du sud.
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+ Le 16 juin 2010, Bill et Melinda Gates lancent une campagne, The Giving Pledge[18], pour laquelle les milliardaires sont invités à formuler des promesses de donation dépassant 50 % de leur fortune personnelle[19]. Warren Buffett écrit la première lettre dans laquelle il indique son intention de léguer plus de 99 % de sa fortune. Bill Gates estime que « seulement 15 % des milliardaires font don de larges parts de leur fortune »[20]. Cette démarche arrive au moment où les Américains les plus fortunés sont pointés du doigt comme étant à l'origine de la crise et où la fondation Bill-et-Melinda-Gates fait aussi l’objet de controverses.
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+ En novembre 2011, Bill Gates a appelé le G20 à augmenter son aide aux pays pauvres[21].
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+ Dans le cadre de la réforme de l'éducation portée par le gouvernement de Barack Obama, Bill Gates œuvre notamment à la mise en place du programme « Common Core », qu'il a massivement subventionné[22].
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+ D'autre part la fondation Bill Gates est critiquée comme étant, sous couvert de philanthropie et sous prétexte de lutter contre les inégalités, une façon de faire des affaires à travers la générosité en multipliant les richesses de ses dirigeants, nourrissant ainsi un système destructeur ; un système de fonds d'investissements et placements financiers très profitables que le journaliste Lionel Astruc analyse et nomme « l'art de la fausse générosité », ou le « philanthro-capitalisme », dans son essai consacré à la fondation Gates[23]. En réalité, beaucoup des investissements des partenaires de la Fondation sont réalisés dans les domaines de l'armement, des énergies fossiles, les laboratoires pharmaceutiques, les OGM (Monsanto), l'industrie alimentaire (Coca-Cola, McDonald's), entre autres — secteurs financièrement très rentables[réf. souhaitée][24].
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59
+ Bill Gates a manifesté son intérêt pour la géo-ingénierie. Il s'intéresse notamment à la capture du dioxyde de carbone dans l’air et à la dispersion d'aérosols soufrés[25]. Une étude de l'Université de Lund sur les super-émetteurs a montré qu'en 2017, Gates avait entrepris 59 vols en jet privé; cela signifie qu'il a parcouru plus de 200 000 miles aériens en 2017[26]. Cela correspond à une émission de CO2 de 1 600 tonnes. Les émissions de CO2 de Gates équivalent donc aux émissions de CO2 d'environ 10 000 personnes en moyenne[26]. Gates fut interrogé sur l'étendue de ses voyages aériens. Il appelle cela le "plaisir coupable" ("guilty pleasure")[27].
60
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61
+ Il a également montré un intérêt pour les substituts de viande, en apportant en 2013 son soutien à l'entreprise Beyond Meat ; ayant essayé un produit à base de plante de la compagnie tentant d'imiter l'aspect et le goût de la viande de poulet, Bill Gates aurait déclaré qu'il « ne pouvait pas faire la différence entre le poulet Beyond Meat et le vrai poulet »[28],[29].
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+ Bill Gates a publié sous son vrai nom en 1979 un article de recherche concernant le tri de crêpes[30],[31].
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+ Bill Gates est un joueur de bridge assidu[32]. Son partenaire préféré est Warren Buffett.
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+ Bill Gates a investi dans Bridge Base Online (BBO). Le fondateur de BBO, Fred Gitelman (en), lui avait été présenté par Warren Buffett, et c'est au cours d'une partie de bridge où Gitelman faisait le quatrième que Gates a décidé d'investir dans BBO. Gates détient 20 % de BBO. Il fait aussi régulièrement des tournois de haut niveau avec des champions sur BBO[33].
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+ Le 1er janvier 1994, il épouse Melinda French, responsable du marketing de Microsoft, avec laquelle il aura deux filles, prénommées Jennifer Katharine (née en 1996) et Phœbe Adele (née en 2002), et un garçon, Rory John (né en 1999).
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+ Il habite avec sa famille au bord du lac Washington près de Seattle dans une maison estimée à 131 millions de dollars[34].
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+ La biodiversité désigne la variété des formes de vie sur la Terre. Ce terme composé du préfixe bio (du grec βίος « vie ») et du mot « diversité ». Elle s'apprécie en considérant la diversité des écosystèmes, des espèces et des gènes dans l'espace et dans le temps, ainsi que les interactions au sein de ces niveaux d'organisation et entre eux. Lorsque la science cherche à évaluer la biodiversité, d'un lieu particulier, les différents éléments des listes d'espèces, écosystèmes ou gènes sont pondérés en fonction de leur rareté.
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3
+ Depuis le sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, la préservation de la biodiversité est considérée comme un des enjeux essentiels du développement durable. L'adoption de la Convention sur la diversité biologique (CDB) au cours de ce sommet engage les pays signataires à protéger et restaurer la diversité du vivant[1]. Au-delà des raisons éthiques, la biodiversité est essentielle aux sociétés humaines qui en sont entièrement dépendantes à travers les services écosystémiques.
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5
+ 2010 a été l'année internationale de la biodiversité, conclue par la Conférence de Nagoya sur la biodiversité qui a reconnu l'échec de l'objectif international qui était de stopper la régression de la biodiversité avant 2010, et proposé de nouveaux objectifs (protocole de Nagoya).
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7
+ Depuis 2012, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), un groupe d'experts intergouvernemental sur le modèle du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), a été lancée par le programme des Nations unies pour l'environnement pour conseiller les gouvernements sur cette thématique.
8
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9
+ En 2019, le nombre d'espèces menacées d'extinction est évalué à un million[2].
10
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11
+ Au sens large, la biodiversité, ou diversité biologique, désigne la variété et la variabilité du monde vivant sous toutes ses formes. Elle est définie plus précisément dans l'article 2 de la convention sur la diversité biologique comme la « variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes »[3]. Selon Robert Barbault, le concept de biodiversité renvoie également à la présence de l'Homme : « l’homme qui la menace, l'homme qui la convoite, l'homme qui en dépend pour un développement durable de ses sociétés »[4].
12
+
13
+ La biodiversité existe à différents niveaux d'organisation interdépendants qui s'emboîtent. Les scientifiques considèrent généralement ces niveaux au nombre de trois : la diversité des gènes, la diversité des espèces et la diversité des écosystèmes[5],[6]. À cela s'ajoute la diversité des interactions à l'intérieur des trois autres niveaux et entre eux, et la diversité fonctionnelle, c'est-à-dire la diversité des caractéristiques fonctionnelles des organismes, indépendamment des espèces auxquelles ils appartiennent[7]. La biodiversité ne se limite donc pas à la somme des espèces, mais représente l'ensemble des interactions entre les êtres vivants, ainsi qu'avec leur environnement physico-chimique, sur plusieurs niveaux.
14
+
15
+ L'émergence du concept de biodiversité est étroitement liée à l'histoire mondiale de la protection de la nature et l'évolution des idées concernant ce que l'on appelait auparavant plus volontiers la « nature »[9]. Dès l'Antiquité, la diversité du monde vivant a fasciné les esprits, mais il faut attendre le XVIIIe siècle et le XIXe siècle pour que l'idée de protéger la nature n'apparaisse véritablement dans le monde occidental avec les progrès des sciences naturelles et les prémices de l'écologie qui modifient la perception de l'Homme du monde vivant. Parmi toutes ces découvertes, la publication de L'origine des espèces de Charles Darwin en 1859 marque une avancée majeure en fournissant la première théorie scientifique convaincante sur l'origine de la diversité du vivant[10]. Fondatrice de la biologie moderne, la théorie de l'évolution bouleverse la vision de l'Homme sur la nature et sur lui-même en repoussant l'idée d'une nature figée et inaltérable diffusée jusque-là par la culture judéo-chrétienne[11].
16
+
17
+ À mesure de l'essor de la révolution industrielle, motivé par le gaspillage des ressources naturelles, et de raisons esthétiques, le développement de la pensée environnementaliste en Europe et en Amérique du Nord au XIXe siècle fait prendre conscience de la nécessité de la conservation du patrimoine naturel[9]. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, la conquête de l'Ouest et la colonisation des territoires sauvages aux États-Unis suscitent une inquiétude et un mouvement de pensée qui conduit notamment à l'émergence du concept de parc national[12]. Ainsi, dans un premier temps, la création d'espaces naturels protégés apparaît comme une solution pour préserver la nature.
18
+
19
+ En parallèle de la sanctuarisation des espaces naturels apparaissent aussi les premières réglementations sur l'utilisation des espèces afin de contrôler le développement de la chasse et de la pêche industrielle et de loisir[9]. Différentes rencontres internationales sont organisées sur ce thème à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, comme la 1re Conférence internationale pour la protection de la nature à Berne en 1913. Celle-ci aboutit à la création d'une Commission consultative pour la protection internationale de la nature, ancêtre de la future UICN[9],[13].
20
+
21
+ Tout s'accélère à partir des années 1960 où de nombreux scientifiques commencent véritablement à mettre en garde sur la menace d'une crise écologique causée par les activités humaines et sur la nécessité d'une utilisation raisonnée des ressources naturelles[9]. De nombreux livres au ton alarmiste sont publiés, comme le fameux Avant que Nature meure de Jean Dorst en 1965[14]. Au cours de cette période, la sensibilité écologique va se développer considérablement dans les pays occidentaux et devenir politique.
22
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23
+ Un virage majeur arrive au début des années 1970 où plusieurs évènements marquants vont se succéder[15]. À la suite de la conférence de la biosphère à Paris en 1968, l'UNESCO lance le programme sur l'homme et la biosphère (MAB, Man and Biosphere) en 1971. Ce programme de recherche intergouvernemental vise à établir les bases scientifiques pour une gestion durable de la nature à partir d'approches écologiques, sociales et économiques. En 1972, le Club de Rome publie son rapport Halte à la croissance ? (The Limits to Growth) qui alerte les sphères politiques et médiatiques sur la problématique environnementale et notamment les relations entre la croissance économique et les limites écologiques[16]. C'est aussi l'année du premier sommet de la Terre, avec la Conférence des Nations unies sur l'environnement de Stockholm de laquelle nait le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
24
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25
+ Les années 1980 voient l'émergence d'une nouvelle branche de la biologie consacrée à l'évaluation des impacts de l'Homme sur les espèces et les écosystèmes : la biologie de la conservation, popularisée par Michael Soulé à partir de 1985. Mêlant science et gestion, la biologie de la conservation vise à apporter des solutions face à la crise écologique en utilisant les concepts et théories scientifiques de l'écologie pour mettre en œuvre des actions appropriées pour la conservation de la nature[17]. C'est au sein de cette nouvelle discipline que la notion de biodiversité trouve son origine.
26
+
27
+ L'invention du terme « diversité biologique » (biological diversity) est créditée à Raymond F. Dasmann en 1968[18] puis à Thomas Lovejoy qui l'utilise dans deux publications en 1980. L'expression est ensuite contractée en « biodiversité » (biodiversity) par Walter G. Rosen à l'occasion d'un congrès tenu à Washington en 1986 et intitulé The National Forum on BioDiversity. Le compte-rendu du colloque, sous l'égide d'Edward Osborne Wilson, est ensuite publié en 1988 sous le titre BioDiversity. À partir de là, le concept et l'expression vont connaître un intérêt croissant[19],[20].
28
+
29
+ En juin 1992, le sommet de la Terre à Rio de Janeiro représente une étape majeure dans la prise de conscience internationale de la crise environnementale, avec notamment l'officialisation du concept de développement durable. Au cours de ce sommet est adoptée la convention sur la diversité biologique (CDB) qui marque la convergence des enjeux du développement durable et de la biodiversité en reconnaissant la protection de la biodiversité comme « préoccupation commune à l’humanité » et en devenant le cadre des stratégies nationales en faveur de la biodiversité[21]. Le mot biodiversité est introduit dans le Dictionnaire Petit Larousse en 1994[22].
30
+
31
+ Étant donné son extrême complexité, il n'existe aucune mesure universelle de la biodiversité et les différentes manières de l'estimer sont sujettes à débat[23],[24]. Mesurer l'ensemble de la biodiversité d'un système donné étant une tâche quasiment irréalisable, des indicateurs de biodiversité sont utilisés afin d'en obtenir une estimation. En tant qu'outils de suivi, ces indicateurs sont un élément important d'aide à la décision dans la mise en œuvre de politiques de protection adaptées et pour connaître l'efficacité des actions menées (prix de la nature). Ils représentent également un puissant outil de communication en permettant d'exposer la réalité des faits de manière concise et claire, facilement interprétable pour tous les acteurs même en dehors du champ scientifique[25].
32
+
33
+ Néanmoins, l'absence d'un indicateur unique qui synthétiserait l'état de la biodiversité et la profusion des indicateurs proposés tendent à semer une certaine confusion[26]. En 2001, le PNUE dénombrait 236 indicateurs de biodiversité, classés selon le niveau de perception (gènes, espèces, écosystème) et le type de milieux (généraux, forestier, agricole, aquatique)[27],[28]. À cette confusion s'ajoutent de nombreuses complications, comme le caractère dynamique de la biodiversité qui varie en fonction du temps et de l'espace ou les difficultés à poser des limites claires entre les espèces ou entre les écosystèmes[29].
34
+
35
+ En France, l'Observatoire national de la biodiversité rassemble un jeu d'indicateurs destiné à suivre la biodiversité, son état, les pressions et les menaces qui pèsent sur elle et les réponses de la société[30]
36
+
37
+ La richesse spécifique, c'est-à-dire le nombre d'espèces présentes dans un milieu, est l'unité de mesure la plus courante, au point que l'on résume parfois à tort la biodiversité à ce simple facteur[24]. Certaines espèces, appelées « espèces bioindicatrices », sont particulièrement sensibles aux modifications de certaines caractéristiques biotiques ou abiotiques de leur habitat. Le suivi de ces espèces est une façon de connaître l'état global de l'écosystème et d'identifier précocement les variations de leur environnement.
38
+
39
+ L'un des principaux outils pour évaluer la diversité biologique est encore de réaliser un inventaire du patrimoine naturel, dans la tradition des naturalistes des siècles précédents. L’inventaire permet d’approfondir les connaissances sur cette biodiversité afin d'en réaliser un suivi et identifier si celle-ci est menacée[31].
40
+
41
+ La systématique et la taxonomie explorent la biodiversité en dénombrant et en classifiant par taxon les êtres vivants. Environ 1,7 million d'espèces ont été découvertes mais il est très vraisemblable que ces espèces ne représentent que la partie la plus visible de la biodiversité. Si l'on tenait compte de l'existence de Complexes d'espèces cryptiques le nombre d'espèce réellement existantes (et disparues) devrait être réévalué à la hausse[32]. En réalité, le nombre total d'espèces est estimé entre 3 et 100 millions selon les études, et la valeur la plus vraisemblable est généralement fixée autour de 10 millions[33]. Au sein de cet immense champ d'exploration se cache notamment la biodiversité « négligée », très mal connue car difficilement accessible. Il s'agit essentiellement des organismes unicellulaires eucaryotes et surtout des bactéries[34]. Si l'océan représente 99 % du volume offert à la vie, il abrite uniquement 13 % des espèces répertoriées du monde vivant (correspondant à 12 des 31 phyla connus, les plus anciens, qui ne sont jamais sortis de ce milieu océanique) car il est un milieu stable depuis 100 millions d'années[35]. Néanmoins, la biodiversité marine reste très majoritairement inconnue avec environ 95 % de l'océan demeurant inexploré et probablement entre 70 et 80 % des espèces marines encore à découvrir selon le programme international Census of Marine Life[36],[37].
42
+
43
+ Avec plusieurs milliers de nouvelles espèces découvertes chaque année, l'inventaire des espèces est donc loin d'être complet. Face à l'érosion croissante de la biodiversité et l'extinction de nombreuses espèces, il est fort probable que certaines espèces contemporaines disparaissent avant même qu'une occasion de les répertorier n'advienne[38],[39]. En 2013, la liste rouge de l'UICN dénombrait 20 934 espèces menacées sur les 70 294 étudiées[40].
44
+
45
+ En 2005, le rapport sur l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (EM, Millenium Ecosystem Assessment) a fourni aux Nations-Unies une première synthèse mondiale scientifique de l'ampleur des modifications subies par les écosystèmes et des conséquences pour la condition humaine[41],[42]. Il a mobilisé plus de 1 300 experts du monde entier, issus de toutes les disciplines scientifiques[41]. Reflet de l'opinion générale de l'un des plus grands groupes de spécialistes des sciences naturelles et humaines jamais réunis, sa principale conclusion est que l'humanité a plus profondément et plus rapidement modifié les écosystèmes depuis ces cinquante dernières années que depuis toute l'histoire de l'humanité, essentiellement pour assouvir ses besoins en nourriture, en eau, en bois, en fibre et en énergie. Quatre grands facteurs anthropiques ont entraîné une grave perte de la diversité biologique, largement irréversible[43],[41]. Ces 4 facteurs sont :
46
+
47
+ Près de 15 ans plus tard (2019), l’IPBES a mis à jour cet état des lieux. Selon le « rapport sur l’état de la biodiversité mondiale » (2019, réalisé en 3 ans, par 145 experts par de 50 pays à partir de plus de 15.000 références scientifiques) :
48
+
49
+ La biodiversité n'est pas uniformément répartie sur Terre : elle tend globalement à augmenter des pôles vers l'équateur, et à diminuer avec l'altitude sur terre, alors qu'elle diminue avec la profondeur en mer (où vivent moins d'espèces que sur les continents, mais avec une plus grandes diversité de rangs taxonomiques (nombre d'embranchements notamment)[20]. Des ONG et institutions scientifiques ont cartographié les lieux où la biodiversité possède une particularité justifiant une protection prioritaire[48]. Cette vision n'est pas partagée par tous les biologistes, certains craignant que se focaliser sur ces points chauds amène à négliger les autres régions du monde où la biodiversité est également en danger[49].
50
+
51
+ Depuis 1988, Norman Myers et l'association Conservation International s'appuient sur ce concept de point chaud de biodiversité (hotspot de biodiversité) pour identifier les régions où la biodiversité est considérée comme la plus riche et la plus menacée. Deux critères principaux sont : abriter au moins 1 500 espèces de plantes vasculaires endémiques, et avoir perdu au moins 70 % de l'habitat initial[50]. Au total, 34 points chauds de biodiversité ont été identifiés dont 20 se situent au niveau des tropiques[51]. Sur seulement 11,8 % de la surface des terres émergées, ces points chauds abritent 44 % des espèces de plantes et 35 % des vertébrés terrestres[50].
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+ Pour la biodiversité marine, il s'agit des récifs coralliens souvent assimilés à des « forêts tropicales de la mer ».
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+ Pour la biodiversité terrestre, les forêts tropicales abritent la biodiversité la plus élevée ; mieux conservée dans les régions peu fragmentés par l’homme, et là où le dérangement humain est moindre (le dérangement peut doubler la perte de biodiversité liée à la déforestation tropicale[52]).
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+ En juillet 2017, la revue Nature publie un travail confirmant que le recul mondial de la forêt naturelle érode de manière « disproportionnée » la biodiversité ; les dernières forêts et paysages intacts devraient être protégés concluent les auteurs[53]. La forêt tropicale continue à régresser[54],[55] et là où le couvert forestier recule, le risque qu’une espèce glisse dans la catégorie « menacée » ou qu'elle bascule dans une catégorie de menace plus élevée et qu'elle présente des populations en déclin augmente « considérablement »[53]. Ce risque est en outre « disproportionné » dans les hot-spots de biodiversité que sont les massifs forestiers tropicaux de Bornéo, d'Amazonie centrale et Forêt du bassin du Congo[53] ; Là même une très faible déforestation (routes, pistes forestières, aires de stockage, petite urbanisation…) a de graves conséquences pour la biodiversité des vertébrés (et donc probablement pour les espèces qui en dépendent). Les scientifiques n’ont pas trouvé de preuve que la perte de forêt est plus grave et plus préjudiciable dans les paysages déjà fragmentés que dans ces massifs mieux préservés[53] ; pour Bornéo, l'Amazonie centrale et le bassin du Congo une modélisation prédit que au rythme actuel de leur dégradation rien que pour les vertébrés, 121 à 219 autres espèces rejoindront la liste des espèces menacées entre 2017 et 2050[53]. Le réchauffement climatique pourrait encore aggraver la situation, de même que la dette d’extinction. Or l’artificialisation du monde s’aggrave rapidement[56]. Or seules 17,9 % de ces trois zones sont actuellement protégées par un document écrit et moins de la moitié (8,9 %) ont une protection stricte. De nouveaux efforts de conservation et de restauration de l’intégrité écologique des forêts sont urgemment à mettre en œuvre à grande échelle (mégaréserves naturelles, réellement protégées, déjà suggérées en 2005 par C. Peres[57]) « pour éviter une nouvelle vague d'extinction globale »[53].
58
+
59
+ Un concept complémentaire : celui de pays mégadivers complète cette approche. Il vise à rapprocher entre eux les pays sur la base de leur capital naturel. Ainsi, 17 pays ont été identifiés par le WCMC comme possédant à eux seuls 70 % de la biodiversité planétaire, leur conférant une rôle particulier dans la préservation de cette diversité[58],[59].
60
+
61
+ Depuis le Sommet de la Terre de 1992, il est établi que la biodiversité est gravement menacée par les activités humaines et s’appauvrit d'année en année à un rythme sans précédent[60],[61],[62]. Depuis son apparition il y a 100 000 ans, l'Homme a eu un impact croissant sur l'environnement jusqu'à en devenir le principal facteur de changement[63]. Avec la révolution industrielle, le rapport de domination de l'Homme sur la nature est devenu si considérable que certains scientifiques soutiennent que ce fait marque l'entrée dans une nouvelle époque géologique, l'Anthropocène[64]. La disparition des espèces est bien souvent le signe le plus visible de cette érosion de la biodiversité[34]. À tel point que l'on parle parfois de « Sixième Extinction » pour désigner cette extinction massive et contemporaine des espèces, l'extinction de l'Holocène, en référence aux cinq grandes vagues d'extinctions massives survenues sur Terre au cours des temps géologiques[65].
62
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63
+ Cinq menaces majeures pesant sur la biodiversité ont été identifiées : la première menace est la destruction des habitats, suivie par la surexploitation (chasse, pêche), les espèces envahissantes, le changement climatique et la pollution[66],[67].
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+
65
+ La détérioration des habitats a été la principale cause de l'érosion de la biodiversité ces cinquante dernières années, principalement en raison de la conversion de milieux naturels et semi-naturels en terres agricoles[68],[69]. Ainsi, 50 % de la superficie d'au moins la moitié des 14 biomes de la planète ont déjà été convertis en terre de culture[70]. La déforestation a détruit 16 millions d'hectares de forêts par an dans les années 1990 et 13 millions d'hectares ont également disparu au cours des années 2000[71]. L'une des principales conséquences de cette utilisation du sol est la fragmentation des habitats qui a des répercussions graves sur de nombreuses espèces[68].
66
+
67
+ La croissance démographique exponentielle de la population mondiale a intensifié la pression liée à l'exploitation des ressources naturelles[72] (voir Gestion des ressources naturelles). Les espèces ou groupes d'espèces les plus surexploités sont les poissons et invertébrés marins, les arbres, les animaux chassés pour la « viande de brousse », et les plantes et les animaux recherchés pour le commerce d'espèces sauvages[72]. En 2012, la FAO constate que 57 % des stocks de pêche en mer sont exploités au maximum de leur capacité et qu'environ 30 % sont en situation de surpêche[73]. Près de 1 700 espèces animales sont victimes de braconnage ou de trafic (pour la viande, la peau, l’ivoire, les cornes ou le commerce d’animaux sauvages), à l’exemple de l’éléphant d’Afrique, du rhinocéros de Sumatra, du gorille de l'Ouest ou du pangolin de Chine[74].
68
+
69
+ L’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire propose quatre scénarios sur l'évolution future des écosystèmes au cours du XXIe siècle selon l'importance qu'en accordera le monde et les modes de gestion[75]. Ces futurs peuvent emprunter deux voies : un monde de plus en plus mondialisé ou un monde de plus en plus régionalisé. Les scénarios s'appuient ensuite sur différentes approches concernant notamment la croissance économique, la sécurité nationale, les technologies vertes et le traitement des biens publics. Le rapport conclut qu'il est possible de relever le défi d'inverser le processus de dégradation des écosystèmes mais que cela nécessite des changements profonds de politiques et de pratiques qui sont loin d'être en voie de réalisation[43].
70
+
71
+ En 2010, le Secrétariat de la CDB a proposé également plusieurs scénarios possibles sur l'évolution de la biodiversité au cours du siècle en réponse à ce changement global[76].
72
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73
+ La biodiversité induit et stabilise des processus écosystémiques fondamentaux, dans l'espace et dans le temps ; parfois quand une espèces ou un biotope disparaît, les services écosystémiques ou les fonctions qu'il permettait sont maintenues grâce à d'autres espèces (on parle alors de réorganisation, avec redondance fonctionnelle), mais il apparaît que dans les écosystèmes complexes (forêt tropicale, récifs coralliens par exemple), cette redondance est limitée[77].
74
+
75
+ Sous l'effet de l'anthropisation du monde, et du dérèglement climatique, une partie des écosystèmes s'est récemment dégradée et simplifiée ; des espèces disparaissent et les populations d'animaux, de végétaux, champignons et microbes régressent ou changent d'aire.
76
+ Des groupes d'espèces, à des vitesses différentes selon leurs capacité de mobilité, se rapprochent des pôles ou sont trouvés plus en altitude pour coloniser des zones dont la température leur convient mieux. Et les espèces ubiquistes ont étendu leurs territoires (devenant pour certaines invasives.
77
+
78
+ En 2019, alors qu'on commence à mieux différencier les effets écologiques induits par les changements d'échelle de distribution, de ceux induits par les changements d'abondance des espèces, de la densité et de l'agrégation[78] une étude dresse un bilan de 25 ans de recherches sur les relations entre biodiversité et fonctions écosystémiques ; il confirme montre des effets d'échelle ; il reste difficile de mesurer localement les effets des pertes globales mondiales[79] ; Blowes et al. (2019) ont analysé plus de 50 000 séries chronologiques sur la biodiversité provenant de 239 études ayant produit des enregistrements temporels de composition d'espèces sur un site ; les principaux types d'écosystème et de zones climatiques étant ici représentés. Ce bilan montre que les espèces et leur abondance ont rapidement et significativement changé, même sur les seules 25 dernières années. Les effets de cette réorganisation ne sont encre qu'incomplètement compris mais ils affectent déjà l'économie mondiale[80].
79
+
80
+ Des études[Lesquelles ?] en ethnobotanique et ethnobiologie suggèrent que la disparition de langues locales peut avoir un impact sur la biodiversité[réf. nécessaire], celles-ci pouvant refléter une profonde compréhension de l'environnement local. La disparition de ces langues peut être synonyme de disparition de pratiques et connaissances, et se répercuter sur la diversité des espèces (cultivées par exemple).
81
+
82
+ La Convention sur la diversité biologique témoigne que la nécessité de protéger la biodiversité est au XXème siècle devenu une priorité mondiale. Cependant la valeur à lui accorder est une notion débattue (tant pour la définition de cette valeur, que pour la manière de la qualifier et la quantifier[81]. Valeur ne doit pas ici être confondu avec prix ou coût[82].
83
+
84
+ Selon la FRB, la valeur de la biodiversité est triple[81] :
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86
+ Ces valeurs cohabitaient initialement sans hiérarchie. En 2005, l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire a popularisé le concept de service écosystémique. Depuis, la vision anthropocentrée et utilitariste de la nature est devenue si prépondérante qu'elle a tendance à prendre le pas sur les autres valeurs bien que celles-ci soient complémentaires[88].
87
+
88
+ La conservation de la nature s'est longtemps prioritairement occupé des espèces et espaces emblématique, l'approche écosystémique et par les services met l'accent sur la biodiversité ordinaire, qui par sa biomasse participe à l'essentiel des processus écologiques[89].
89
+
90
+ En 2010, l'économiste Pavan Sukhdev juge que l'invisibilité économique du capital naturel cause sa dégradation[90]. Pourtant et à titre d'exemple, la valeur des biens et services environnementaux produits dans les seules zones protégées pourrait se chiffrer entre 4 400 et 5 200 milliards de dollars par an selon Balmford et al. 2002, dans la revue Science[91]. L'intégration de la dimension économique de la biodiversité reste difficile, car ses estimations monétaires sont complexes et controversées, et les valeurs des différents points de vue sont difficilement conciliables[92],[93]. Cette approche économiste a connu un tournant majeur en 2005 avec l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire dont l'idée de poser une évaluation économique sur les services écosystémiques a été depuis largement reprise et développée[94]. Des méthodologies diverses ont été initiés par plusieurs instances.
91
+
92
+ L’Économie des écosystèmes et de la biodiversité (TEEB, The Economics of Ecosystems and Biodiversity) est un programme d'étude international lancé en 2007 par le G8+5[n 1] afin d'attirer l'attention sur les bénéfices économiques de la biodiversité. Le TEEB vise notamment a évaluer le coût global de la dégradation de la biodiversité et des services écosystémiques. Dans ce cadre, une première évaluation, rendue en 2008, estime le coût de la dégradation des services écosystémiques à 13 938 milliards d'euros par an et qu'il atteindrait, à ce rythme, jusqu'à 7 % du PIB mondial en 2050[95].
93
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94
+ Cette approche socioéconomique de la biodiversité soulève également une autre question épineuse : la nature des droits de propriété applicables à la biodiversité[96]. Cette nouvelle vision des richesses de la biodiversité fait en effet craindre le développement des actes de biopiraterie, c'est-à-dire notamment l'appropriation abusive des ressources du vivant et des savoir-faire traditionnels généralement par le biais des droits de propriété intellectuelle[97].
95
+
96
+ Il existe de nombreux termes et méthodes relatifs à la sauvegarde de la biodiversité qui interviennent selon les acteurs, les stratégies et les moyens disponibles. Pour simplifier, on peut distinguer trois grandes approches : la protection, la conservation et la restauration[98]. La conservation et la protection sont des termes souvent confondus[n 2] mais ils renvoient pourtant à deux écoles de pensée distinctes.
97
+
98
+ La préservation repose sur l'idée de garder en l'état un milieu naturel. La conservation in situ, c'est-à-dire directement dans le milieu naturel, passe notamment par la création d'aires protégées. Cette méthode est souvent vue comme la stratégie idéale mais est rarement possible. En complément, il existe des mesures de conservation ex situ qui consistent à sortir une espèce menacée de son milieu naturel afin de la placer dans un lieu à l'abri sous la surveillance de l'Homme (parc animalier, banque de graines…).
99
+
100
+ La conservation admet l'exploitation des ressources naturelles par les activités humaines mais vise à en fixer des limites raisonnables pour en permettre le renouvellement.
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+ Enfin, la restauration a pour objectif de réintroduire la biodiversité et rétablir la santé des écosystèmes, soit en procédant à la réhabilitation de milieux dégradés, soit en réintroduisant des espèces en voie d'extinction dans leur milieu naturel.
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+ Une autre option repose sur la mise en place de mesures compensatoires qui visent à contrebalancer les effets négatifs des activités humaines sur la biodiversité.
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+ La convention sur la diversité biologique (CDB) a été adoptée à la suite du Sommet de la Terre qui s'est déroulé à Rio de Janeiro en 1992. Pour la première fois en droit international, la CDB reconnaît la préservation de la biodiversité comme « préoccupation commune à l’humanité » et fournit un cadre légal universel. À ce jour, 168 des 193 États membres de l'ONU ont signé ce traité et les États-Unis sont le seul grand pays à ne pas l'avoir ratifié[99].
107
+
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+ La convention établit trois objectifs principaux :
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110
+ La CDB est à l'origine de l'élaboration par les pays signataires des stratégies pour la biodiversité. Chaque année, les pays signataires organisent une conférence des parties (COP) afin de faire progresser la mise en œuvre de la convention[100]. Rattachée au PNUE, le secrétariat de la convention sur la diversité biologique (SCDB) est chargé de la préparation des réunions de la COP ainsi que des autres groupes de travail reliés à la convention, ainsi que de leur coordination avec les autres organismes internationaux[101].
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+ En janvier 2005, la France organise une conférence internationale intitulée « Biodiversité : science et gouvernance » afin de débattre entre scientifiques et politiques sur différents thèmes relatifs à la biodiversité. Au cours de cette conférence, l'idée d'un mécanisme international d'expertise scientifique sur la biodiversité est évoqué pour la première fois. Appuyé par la France, l'idée fait ensuite son chemin et abouti à la création de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES, Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) en 2012 à la suite des accords de Nagoya.
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114
+ L'IPBES est un organisme servant d'interface entre les gouvernements et la communauté scientifique sur le sujet de la diversité biologique. Sur le modèle du GIEC pour le changement climatique, sa mission est de sensibiliser les gouvernements et les populations à l'érosion de la biodiversité et fournir une aide à la prise de décision en produisant régulièrement des synthèses sur la question. Lors de la réunion de l'IPBES à Paris au mois de mai 2019, les chercheurs ont lancé une alerte mondiale sur les atteintes à la biodiversité et le risque de disparition d'un million d'espèces animales et végétales.
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+ Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry et mort le 13 avril 1695 à Paris, est un poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure pour ses contes. On lui doit également des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.
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+ Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l'écart de la cour royale mais fréquente les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l'Académie française en 1684. Mêlé aux débats de l'époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.
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+ C'est en effet en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième (livres VII à XI) en 1678, et le dernier (livre XII actuel) est daté de 1694. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le fabuliste a éclipsé le conteur d'autant que le souci moralisant a mis dans l’ombre les contes licencieux publiés entre 1665 et 1674.
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+ Jean de La Fontaine est le fils de Charles de La Fontaine (1594-1658), maître des Eaux et Forêts et capitaine des chasses du duché de Château-Thierry, et de Françoise Pidoux (1582-1644), issue de la famille Pidoux et fille de Jean Pidoux, seigneur de la Maduère (1550-1610). Il a un frère cadet, prénommé Claude et né en 1623. Il a également une demi-sœur aînée, Anne de Jouy, née en 1611 d'une première union de sa mère avec honorable homme Louis de Jouy, marchand[1].
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+ Issu d'une famille de marchands-drapiers en voie d'anoblissement[2], il passe ses premières années à Château-Thierry, dans l'hôtel particulier que ses parents ont acheté en 1617 au moment de leur mariage. Jean de La Fontaine exercera d'ailleurs la charge de maître particulier jusqu'en 1671[3]. Le poète gardera cette maison jusqu'en 1676, époque où il connaît des embarras pécuniaires après avoir dilapidé la fortune paternelle[4]. Classée monument historique en 1887, la demeure du fabuliste abrite aujourd’hui le musée Jean-de-La-Fontaine[5].
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+ On dispose de très peu d’informations sur les années de formation de Jean de La Fontaine. On sait qu’il a étudié au collège de sa ville natale jusqu’en troisième où il se lie d'amitié avec François de Maucroix et apprend surtout le latin, mais n’étudie pas le grec[6]. Ses parents le destinant au séminaire, ils le placent en 1641 à l’Oratoire. Mais dès 1642 il renonce à l'état clérical, préférant lire L'Astrée, d’Honoré d'Urfé, et Rabelais, plutôt que saint Augustin[7],[8].
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+ Il reprend des études de droit à Paris et fréquente un cercle de jeunes poètes : les chevaliers de la table ronde, où il rencontre Pellisson, François Charpentier, Tallemant des Réaux, et Antoine de Rambouillet de La Sablière, qui épousera la future protectrice du poète Marguerite de La Sablière[9]. Il obtient en 1649, un diplôme d’avocat au parlement de Paris[10].
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+ Entretemps, en 1647, son père lui organise un mariage de complaisance avec Marie Héricart (1633-1709), à la Ferté-Milon. Marie Héricart est la fille de Louis Héricart (1605-1641), lieutenant civil et criminel du bailliage de La Ferté-Milon, et d’Agnès Petit de Heurtebise (1606-1670). Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Château-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. Il est alors âgé de 26 ans et elle de 14 ans et demi,[11]. Elle lui donne un fils, Charles (1652-1722). Il se lasse très vite de son épouse qu’il délaisse, voici ce qu'en dit Tallemant des Réaux dans ses Historiettes :
18
+ « Sa femme dit qu'il resve tellement qu'il est quelque fois trois semaines sans croire estre marié. C'est une coquette qui s'est assez mal gouvernée depuis quelque temps : il ne s'en tourmente point. On luy dit : mais un tel cajolle vostre femmes - Ma foy ! répond-il qu'il fasse ce qu'il pourra; je ne m'en soucie point. Il s'en lassera comme j'ay fait. Cette indiférence a fait enrager cette femme, elle seiche de chagrin[12]. »
19
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20
+ Ses fréquentations parisiennes, pour ce que l’on en sait, sont celles des sociétés précieuses et libertines de l’époque.
21
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22
+ Son attitude pendant les troubles de la Fronde, de 1648 à 1653, est inconnue. L'instabilité politique et les revirements continuels de cette période ont pu lui inspirer la morale désabusée de certaines fables comme Conseil tenu par les rats ou La Chauve-souris et les Deux Belettes : « Le Sage dit, selon les gens, Vive le Roi, vive la Ligue »[13].
23
+
24
+ En 1652, La Fontaine acquiert la charge de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry, à laquelle se cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Tâche dont on soupçonne La Fontaine de ne guère s’occuper avec passion ni assiduité et qu’il revend intégralement en 1672. En 1652, il a un fils Charles dont il confie l'éducation à son parrain, le chanoine Maucroix. La Fontaine se consacre à cette époque entièrement à sa carrière de poète. Il publie son premier texte, une comédie en cinq actes adaptée de Térence, L’Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaperçue[14],[15].
25
+
26
+ En 1658, après que La Fontaine et sa femme ont demandé la séparation de biens par mesure de prudence, il entre au service de Fouquet, surintendant des Finances, auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat — une « pension poétique » — il dédie le poème épique Adonis tiré d’Ovide et élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le Songe de Vaux, qui restera inachevé, car Fouquet est arrêté sur ordre de Louis XIV[16]. Cette arrestation survient au lendemain des fêtes fastueuses que Fouquet avait organisées en son château de Vaux-le-Vicomte et dont La Fontaine donne un compte rendu détaillé à son ami Maucroix[17],[18].
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+ Fidèle en amitié, La Fontaine écrit en faveur de son protecteur en 1662, l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux[19]. Certains biographes ont soutenu que cette défense de Fouquet alors arrêté lui avait valu la haine de Jean-Baptiste Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même, sans que l’on dispose de témoignages clairs à ce sujet[20]. On ne sait pas exactement si son voyage en Limousin en 1663 résulte d'un exil ordonné par l’administration de Louis XIV ou de la décision librement consentie de faire accompagner de sa femme l'oncle Jannart, exilé, qui lui avait présenté Fouquet en 1658. Il tire de ce déplacement une Relation d’un voyage de Paris en Limousin : il s’agit d’un récit de voyage sous forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de façon posthume. Dans ce récit, il mentionne sa rencontre avec une servante d'auberge à Bellac, ce qui permettra à Jean Giraudoux, originaire de ce lieu, de s'imaginer une affiliation avec ce poète, pour qui l'écrivain noue une grande passion.
29
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30
+ En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse douairière d’Orléans[21]. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et Château-Thierry en qualité de gentilhomme — ce qui assure son anoblissement[22]. C’est le moment où La Fontaine fait une entrée remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré de l'Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite querelle littéraire, sous forme d’une compétition avec la traduction qu’en a proposée Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où le texte de Bouillon est extrêmement fidèle, voire parfois littéral, celui de La Fontaine s’écarte à plusieurs reprises du récit du Roland furieux. La Dissertation sur Joconde, qu’on attribue traditionnellement à Boileau, tranche le débat magistralement à l’avantage du conte de La Fontaine.
31
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+ Deux recueils des Contes et nouvelles en vers se succèdent alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent nouvelles nouvelles[23]. Continuation de cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, dédiées au Grand Dauphin, paraissent en 1668[24].
33
+
34
+ En 1669, La Fontaine ajoute un nouveau genre à son activité en publiant le roman Les Amours de Psyché et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique — cette fois tiré d’Apulée — et de conversations littéraires, le texte contrevient à des principes élémentaires de l’esthétique classique.
35
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36
+ C’est à partir de la fiction des « quatre amis » que met en scène ce roman que s'est développée, dans la critique du XIXe siècle, chez Sainte-Beuve et Émile Faguet notamment, la légende d'une amitié entre La Fontaine, Molière, Boileau et Racine, qui les aurait amenés à poser ensemble les principes d'une « école de 1660 ». Il n'y a aucune trace de relations entre Molière et La Fontaine. Racine et La Fontaine ont eu une correspondance amicale mais où n'apparaît aucune discussion d'ordre littéraire ou artistique. Quant à Boileau, il ne fait aucune mention de La Fontaine dans son Art poétique ou ailleurs, et se présente contre lui à l'Académie française[25].
37
+
38
+ Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et diverses édité en 1670 par Port-Royal, La Fontaine publie successivement, en 1671, un troisième recueil de Contes et nouvelles en vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des poèmes de l’époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables nouvelles et autres poésies.
39
+
40
+ En 1672, meurt la Duchesse d’Orléans : La Fontaine connaît alors de nouvelles difficultés financières ; Marguerite de La Sablière l’accueille et l’héberge quelques mois après, probablement en 1673[26].
41
+
42
+ En 1674, La Fontaine se lance dans un nouveau genre : l’opéra, avec un projet de collaboration avec Jean-Baptiste Lully, qui avorte. C’est l’occasion d’une violente satire de La Fontaine contre Lully, registre rare dans son œuvre, dans un poème intitulé Le Florentin (Lully était originaire de Florence).
43
+
44
+ La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié — mais cette fois-ci, sans qu’on sache très bien pourquoi, l’édition est saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la tradition du genre et dans une topique[Quoi ?] qui rendait relativement inoffensive leur charge.
45
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46
+ Après deux recueils de Contes, c’est à nouveau un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maîtresse du Roi : ce sont les livres actuellement VII à XI des Fables, mais alors numérotés de I à V.
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+ Période moins faste, où les productions sont quantitativement moins importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine publie un « Poème du Quinquina », poème philosophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, et accompagné de deux nouveaux contes.
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+ L’activité littéraire des années 1665-1679 se solde en 1684 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l’Académie française, sans qu’on puisse préciser les exactes raisons de cette difficulté : on a pu faire l’hypothèse que l’administration louis-quatorzième gardait rancune au poète qui avait publié deux poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le discours des opposants à cette entrée de La Fontaine à l’Académie s’appuie quant à lui sur l’accusation d’immoralité lancée contre les recueils de Contes et nouvelles en vers,[27]. Toujours est-il que La Fontaine, après une vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à l’Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un Discours à Madame de La Sablière où il se définit, en une formule fameuse, comme « papillon du Parnasse ».
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+ L’année suivante, l’Académie est encore le cadre d’une nouvelle affaire dans laquelle est impliqué La Fontaine : Antoine Furetière, qui en composant son propre dictionnaire a passé outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien ami, qu’il accuse de trahison et contre lequel il reprend l’accusation de libertinage.
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+ C’est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui donne jour, la même année, aux Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par François de Maucroix et de nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse.
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+ Nouveau scandale, de plus grande ampleur, à l’Académie : la lecture du poème Le siècle de Louis Le Grand de Charles Perrault déclenche la Querelle des Anciens et des Modernes, dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du côté des Anciens, par une Épître à Monsieur de Soissons, prétexte à une déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste « Mon imitation n’est point un esclavage »[28].
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+ Une série de fables est publiée en revue entre 1689 et 1692, qui est rassemblée en 1693 avec des inédites et celles de 1685, dans un ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au duc de Bourgogne, fils aîné du Grand Dauphin, et à ce titre héritier présomptif de la Couronne[29].
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+ La Fontaine tombe gravement malade fin 1692, vraisemblablement de la tuberculose. Il demande alors à voir un prêtre, et le curé de l'église Saint-Roch lui envoie le jeune abbé Pouget, qui vient d'obtenir son doctorat de théologie[30]. Celui-ci s'applique à lui faire abjurer sa vie épicurienne et ses écrits anticléricaux, et le soumet quotidiennement à des exercices religieux. Il reçoit l'extrême-onction le 12 février 1693. Sont présents des membres de l'Académie française, des amis, et des prêtres. La Fontaine annonce renoncer à l'écriture et à la publication de ses contes et fables. Cet événement est en particulier rapporté par un récit de l'abbé Pouget, en 1718, mais ne figure pas sur les registres de l'Académie. Il promet également de n'écrire que des ouvrages pieux. Il traduira ainsi le Dies iræ, qu'il fera lire devant l'Académie le jour de l'introduction de Jean de La Bruyère.
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+ Il meurt le 13 avril 1695 au 61 rue Platrière. En procédant à sa toilette mortuaire, on trouve sur son corps un cilice, pénitence que l'abbé Pouget jure ne pas avoir ordonnée. Il est inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents[31] comme le stipule son acte de décès, reconstitué après l'incendie de l'Hôtel de Ville en 1871[32]. Son tombeau, ainsi que celui de Molière inhumé au cimetière Saint-Joseph[33], est transporté au musée des monuments français, lors de la démolition de la chapelle et du cimetière, au commencement de la Révolution française. Les restes supposés de La Fontaine sont transférés en 1817 avec ceux de Molière au cimetière du Père-Lachaise[34].
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+ La Fontaine avait composé lui-même son épitaphe[33], où il s'attribue un caractère désinvolte et paresseux. Cette paresse revendiquée peut être associée à la facilité de ses œuvres, qui n'est pourtant qu'apparente :
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+ Jean s'en alla comme il était venu,
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+ Mangeant son fonds après son revenu ;
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+ Croyant le bien chose peu nécessaire.
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+ Quant à son temps, bien sçut le dispenser :
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+ Deux parts en fit, dont il souloit passer
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+ L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.
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+ Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique[réf. nécessaire], et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque-là n’avait aucune dignité littéraire et n'était réservé qu'aux exercices scolaires de rhétorique et de latin.
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+ Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est une œuvre écrite entre 1668 et 1694. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin. Ces fables furent écrites dans un but éducatif et étaient adressées au Dauphin.
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+ Le premier recueil des Fables publié correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il a été publié en 1668, et était dédié au dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales : « je me sers d’animaux pour instruire les hommes. »
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+ Le deuxième recueil des fables correspond aux livres VII à XI des éditions modernes. Il est publié en 1678, et était dédié à Madame de Montespan, la maîtresse du roi.
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+ Le dernier recueil publié correspond au livre XII actuel. Il est publié en 1693, mais daté de 1694. Il est dédié au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi.
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+ Travail de réécriture des fables d’Ésope (par exemple La Cigale et la Fourmi), de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra (Pilpay), mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live (« les Membres et l’estomac »), de lettres apocryphes d’Hippocrate (« Démocrite et les Abdéritains »), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.
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+ Au début du XIXe siècle, elles influenceront à leur tour le fabuliste russe Ivan Krylov.
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+ Le fabuliste a éclipsé le conteur, dont les textes sont ici en vers. La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à jouer de l’implicite pour (ne pas) nommer la sexualité, à « dire sans dire », dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur[37]. La Fontaine connaît ses premiers succès littéraires grâce à ces Contes et nouvelles en vers qualifiés de licencieux, libertins, coquins, grivois, lestes, érotiques ou encore gaillards[38]. La Fontaine s'inscrit dans une vieille tradition littéraire mais le fait à sa manière, en transformant les contes grossiers en œuvres plus raffinées[39]. Il prend ainsi soin d'emprunter des détours, de suggérer, de voiler ses propos pour les rendre plus amusants. Dès la sortie de son recueil de conte, les critiques applaudissent et le succès est tel qu'il faut réimprimer l'ouvrage par deux fois au cours de l'année[40]. La Fontaine est enfin célèbre, avec une réputation particulière : il est qualifié d'excellent conteur doublé d'un esprit libre et original[40].
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+ La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narration enjouée des Fables, les Contes pourraient bien participer d’une même entreprise, celle d’une narration poétique sous le signe d’une gaieté sans illusions.
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+ L’œuvre de La Fontaine offre la figure, exemplaire, d’une sagesse désabusée : elle choisit, comme le Démocrite de la fable Démocrite et les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité d’Abdère soumise aux pensers du vulgaire, et, face à la violence forcenée du réel elle préfère, contre l’Héraclite de l’Histoire, le rire plutôt que les pleurs.
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+ Le Cas de conscience (version couverte)
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+ Le Cas de conscience (version dénudée)
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+ Le Diable de Papefiguière (version couverte)
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+ Le Diable de Papefiguière (version dénudée)
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+ La Fontaine de son vivant a collaboré avec trois compositeurs, mais il n'obtient pas la reconnaissance escomptée. Le livret de Daphné (présenté en 1674, publié en 1691) a été refusé par Lully. La postérité seule va lui rendre justice et être à l'origine de nombreuses créations musicales. En voici quelques-unes :
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+ En 2015, Jean de La Fontaine est le quatorzième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 335 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434), Jean Jaurès (429), Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Sainte Marie (377), Victor Hugo (365), Louis Pasteur (361), Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Paul Langevin (296)[41].
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+ À Paris, il existe une statue de lui jardin du Ranelagh (16e arrondissement).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Portrait par Hyacinthe Rigaud (1690, au musée de Montserrat).
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+ Gravure d'Étienne Jehandier Desrochers
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+ Statue de Jean-Louis Jaley au Louvre à Paris.
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+ La cigale et la fourmi, par Gustave Doré.
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+ Grandville : Le loup et le chien.
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+ La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf (1936).
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+ Le lièvre et la tortue (1936).
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+ Le Loup devenu berger.
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+ Mobilier avec tapisseries d'Aubusson.
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+ La besace, par François Chauveau.
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+ La chien qui lâche la proie pour l'ombre, par Benjamin Rabier.
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+ Statue de Pierre Julien au musée du Louvre à Paris.
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+ Statue de Charles-René Laitié à Château-Thierry.
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+ Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry et mort le 13 avril 1695 à Paris, est un poète français de grande renommée, principalement pour ses Fables et dans une moindre mesure pour ses contes. On lui doit également des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.
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+ Proche de Nicolas Fouquet, Jean de La Fontaine reste à l'écart de la cour royale mais fréquente les salons comme celui de Madame de La Sablière et malgré des oppositions, il est reçu à l'Académie française en 1684. Mêlé aux débats de l'époque, il se range dans le parti des Anciens dans la fameuse Querelle des Anciens et des Modernes.
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+ C'est en effet en s'inspirant des fabulistes de l'Antiquité gréco-latine et en particulier d'Ésope, qu'il écrit les Fables qui font sa renommée. Le premier recueil qui correspond aux livres I à VI des éditions actuelles est publié en 1668, le deuxième (livres VII à XI) en 1678, et le dernier (livre XII actuel) est daté de 1694. Le brillant maniement des vers et la visée morale des textes, beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît à la première lecture, ont déterminé le succès de cette œuvre à part et les Fables de La Fontaine sont toujours considérées comme un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le fabuliste a éclipsé le conteur d'autant que le souci moralisant a mis dans l’ombre les contes licencieux publiés entre 1665 et 1674.
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+ Jean de La Fontaine est le fils de Charles de La Fontaine (1594-1658), maître des Eaux et Forêts et capitaine des chasses du duché de Château-Thierry, et de Françoise Pidoux (1582-1644), issue de la famille Pidoux et fille de Jean Pidoux, seigneur de la Maduère (1550-1610). Il a un frère cadet, prénommé Claude et né en 1623. Il a également une demi-sœur aînée, Anne de Jouy, née en 1611 d'une première union de sa mère avec honorable homme Louis de Jouy, marchand[1].
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+ Issu d'une famille de marchands-drapiers en voie d'anoblissement[2], il passe ses premières années à Château-Thierry, dans l'hôtel particulier que ses parents ont acheté en 1617 au moment de leur mariage. Jean de La Fontaine exercera d'ailleurs la charge de maître particulier jusqu'en 1671[3]. Le poète gardera cette maison jusqu'en 1676, époque où il connaît des embarras pécuniaires après avoir dilapidé la fortune paternelle[4]. Classée monument historique en 1887, la demeure du fabuliste abrite aujourd’hui le musée Jean-de-La-Fontaine[5].
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+ On dispose de très peu d’informations sur les années de formation de Jean de La Fontaine. On sait qu’il a étudié au collège de sa ville natale jusqu’en troisième où il se lie d'amitié avec François de Maucroix et apprend surtout le latin, mais n’étudie pas le grec[6]. Ses parents le destinant au séminaire, ils le placent en 1641 à l’Oratoire. Mais dès 1642 il renonce à l'état clérical, préférant lire L'Astrée, d’Honoré d'Urfé, et Rabelais, plutôt que saint Augustin[7],[8].
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+ Il reprend des études de droit à Paris et fréquente un cercle de jeunes poètes : les chevaliers de la table ronde, où il rencontre Pellisson, François Charpentier, Tallemant des Réaux, et Antoine de Rambouillet de La Sablière, qui épousera la future protectrice du poète Marguerite de La Sablière[9]. Il obtient en 1649, un diplôme d’avocat au parlement de Paris[10].
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+ Entretemps, en 1647, son père lui organise un mariage de complaisance avec Marie Héricart (1633-1709), à la Ferté-Milon. Marie Héricart est la fille de Louis Héricart (1605-1641), lieutenant civil et criminel du bailliage de La Ferté-Milon, et d’Agnès Petit de Heurtebise (1606-1670). Le contrat de mariage est signé dans cette bourgade proche de Château-Thierry le 10 novembre 1647, chez le notaire Thierry François. Il est alors âgé de 26 ans et elle de 14 ans et demi,[11]. Elle lui donne un fils, Charles (1652-1722). Il se lasse très vite de son épouse qu’il délaisse, voici ce qu'en dit Tallemant des Réaux dans ses Historiettes :
18
+ « Sa femme dit qu'il resve tellement qu'il est quelque fois trois semaines sans croire estre marié. C'est une coquette qui s'est assez mal gouvernée depuis quelque temps : il ne s'en tourmente point. On luy dit : mais un tel cajolle vostre femmes - Ma foy ! répond-il qu'il fasse ce qu'il pourra; je ne m'en soucie point. Il s'en lassera comme j'ay fait. Cette indiférence a fait enrager cette femme, elle seiche de chagrin[12]. »
19
+
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+ Ses fréquentations parisiennes, pour ce que l’on en sait, sont celles des sociétés précieuses et libertines de l’époque.
21
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+ Son attitude pendant les troubles de la Fronde, de 1648 à 1653, est inconnue. L'instabilité politique et les revirements continuels de cette période ont pu lui inspirer la morale désabusée de certaines fables comme Conseil tenu par les rats ou La Chauve-souris et les Deux Belettes : « Le Sage dit, selon les gens, Vive le Roi, vive la Ligue »[13].
23
+
24
+ En 1652, La Fontaine acquiert la charge de maître particulier triennal des eaux et des forêts du duché de Château-Thierry, à laquelle se cumule celle de son père à la mort de celui-ci. Tâche dont on soupçonne La Fontaine de ne guère s’occuper avec passion ni assiduité et qu’il revend intégralement en 1672. En 1652, il a un fils Charles dont il confie l'éducation à son parrain, le chanoine Maucroix. La Fontaine se consacre à cette époque entièrement à sa carrière de poète. Il publie son premier texte, une comédie en cinq actes adaptée de Térence, L’Eunuque, en 1654, qui passe totalement inaperçue[14],[15].
25
+
26
+ En 1658, après que La Fontaine et sa femme ont demandé la séparation de biens par mesure de prudence, il entre au service de Fouquet, surintendant des Finances, auquel, outre une série de poèmes de circonstances prévus par contrat — une « pension poétique » — il dédie le poème épique Adonis tiré d’Ovide et élabore un texte composite à la gloire du domaine de son patron, le Songe de Vaux, qui restera inachevé, car Fouquet est arrêté sur ordre de Louis XIV[16]. Cette arrestation survient au lendemain des fêtes fastueuses que Fouquet avait organisées en son château de Vaux-le-Vicomte et dont La Fontaine donne un compte rendu détaillé à son ami Maucroix[17],[18].
27
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+ Fidèle en amitié, La Fontaine écrit en faveur de son protecteur en 1662, l’Ode au Roi puis l’Élégie aux nymphes de Vaux[19]. Certains biographes ont soutenu que cette défense de Fouquet alors arrêté lui avait valu la haine de Jean-Baptiste Colbert, puis celle de Louis XIV lui-même, sans que l’on dispose de témoignages clairs à ce sujet[20]. On ne sait pas exactement si son voyage en Limousin en 1663 résulte d'un exil ordonné par l’administration de Louis XIV ou de la décision librement consentie de faire accompagner de sa femme l'oncle Jannart, exilé, qui lui avait présenté Fouquet en 1658. Il tire de ce déplacement une Relation d’un voyage de Paris en Limousin : il s’agit d’un récit de voyage sous forme de lettres en vers et en prose adressées à son épouse, publié de façon posthume. Dans ce récit, il mentionne sa rencontre avec une servante d'auberge à Bellac, ce qui permettra à Jean Giraudoux, originaire de ce lieu, de s'imaginer une affiliation avec ce poète, pour qui l'écrivain noue une grande passion.
29
+
30
+ En 1664, il passe au service de la duchesse de Bouillon et de la duchesse douairière d’Orléans[21]. La Fontaine partage alors son temps entre Paris et Château-Thierry en qualité de gentilhomme — ce qui assure son anoblissement[22]. C’est le moment où La Fontaine fait une entrée remarquée sur la scène littéraire publique avec un premier conte, tiré de l'Arioste, Joconde. Cette réécriture suscite en effet une petite querelle littéraire, sous forme d’une compétition avec la traduction qu’en a proposée Bouillon peu de temps avant ; le débat porte sur la liberté dont peut disposer le conteur par rapport à son modèle : là où le texte de Bouillon est extrêmement fidèle, voire parfois littéral, celui de La Fontaine s’écarte à plusieurs reprises du récit du Roland furieux. La Dissertation sur Joconde, qu’on attribue traditionnellement à Boileau, tranche le débat magistralement à l’avantage du conte de La Fontaine.
31
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+ Deux recueils des Contes et nouvelles en vers se succèdent alors, en 1665 et 1666, dont les canevas licencieux sont tirés notamment de Boccace et des Cent nouvelles nouvelles[23]. Continuation de cette expérience narrative mais sous une autre forme brève, cette fois de tradition morale, les Fables choisies et mises en vers, dédiées au Grand Dauphin, paraissent en 1668[24].
33
+
34
+ En 1669, La Fontaine ajoute un nouveau genre à son activité en publiant le roman Les Amours de Psyché et de Cupidon, qui suscite une relative incompréhension au vu de sa forme inédite : mélange de prose et de vers, de récit mythologique — cette fois tiré d’Apulée — et de conversations littéraires, le texte contrevient à des principes élémentaires de l’esthétique classique.
35
+
36
+ C’est à partir de la fiction des « quatre amis » que met en scène ce roman que s'est développée, dans la critique du XIXe siècle, chez Sainte-Beuve et Émile Faguet notamment, la légende d'une amitié entre La Fontaine, Molière, Boileau et Racine, qui les aurait amenés à poser ensemble les principes d'une « école de 1660 ». Il n'y a aucune trace de relations entre Molière et La Fontaine. Racine et La Fontaine ont eu une correspondance amicale mais où n'apparaît aucune discussion d'ordre littéraire ou artistique. Quant à Boileau, il ne fait aucune mention de La Fontaine dans son Art poétique ou ailleurs, et se présente contre lui à l'Académie française[25].
37
+
38
+ Après sa participation à un Recueil de poésies chrétiennes et diverses édité en 1670 par Port-Royal, La Fontaine publie successivement, en 1671, un troisième recueil de Contes et nouvelles en vers, et un recueil bigarré, contenant des contes, des fables, des poèmes de l’époque de Fouquet, des élégies, sous le titre de Fables nouvelles et autres poésies.
39
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+ En 1672, meurt la Duchesse d’Orléans : La Fontaine connaît alors de nouvelles difficultés financières ; Marguerite de La Sablière l’accueille et l’héberge quelques mois après, probablement en 1673[26].
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+ En 1674, La Fontaine se lance dans un nouveau genre : l’opéra, avec un projet de collaboration avec Jean-Baptiste Lully, qui avorte. C’est l’occasion d’une violente satire de La Fontaine contre Lully, registre rare dans son œuvre, dans un poème intitulé Le Florentin (Lully était originaire de Florence).
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+ La même année, un recueil de Nouveaux Contes est publié — mais cette fois-ci, sans qu’on sache très bien pourquoi, l’édition est saisie et sa vente interdite : si La Fontaine avait chargé le trait anticlérical et la licence, reste que ces contes demeuraient dans la tradition du genre et dans une topique[Quoi ?] qui rendait relativement inoffensive leur charge.
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+ Après deux recueils de Contes, c’est à nouveau un recueil de Fables choisies et mises en vers que publie La Fontaine en 1678 et 1679, cette fois-ci dédié à Madame de Montespan, maîtresse du Roi : ce sont les livres actuellement VII à XI des Fables, mais alors numérotés de I à V.
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+ Période moins faste, où les productions sont quantitativement moins importantes, mais non moins diverses : ainsi, en 1682, La Fontaine publie un « Poème du Quinquina », poème philosophique dans la manière revendiquée de Lucrèce à l’éloge du nouveau médicament, et accompagné de deux nouveaux contes.
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+ L’activité littéraire des années 1665-1679 se solde en 1684 par une élection, néanmoins tumultueuse, à l’Académie française, sans qu’on puisse préciser les exactes raisons de cette difficulté : on a pu faire l’hypothèse que l’administration louis-quatorzième gardait rancune au poète qui avait publié deux poèmes en faveur de Fouquet lors du procès de celui-ci ; le discours des opposants à cette entrée de La Fontaine à l’Académie s’appuie quant à lui sur l’accusation d’immoralité lancée contre les recueils de Contes et nouvelles en vers,[27]. Toujours est-il que La Fontaine, après une vague promesse de ne plus rimer de contes, est reçu le 2 mai 1684 à l’Académie, où, en sus du remerciement traditionnel, il prononce un Discours à Madame de La Sablière où il se définit, en une formule fameuse, comme « papillon du Parnasse ».
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+ L’année suivante, l’Académie est encore le cadre d’une nouvelle affaire dans laquelle est impliqué La Fontaine : Antoine Furetière, qui en composant son propre dictionnaire a passé outre le privilège de la compagnie en cette matière, est exclu, et lance une série de pamphlets notamment contre La Fontaine, son ancien ami, qu’il accuse de trahison et contre lequel il reprend l’accusation de libertinage.
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+ C’est une autre vieille amitié, elle sans rupture, qui donne jour, la même année, aux Ouvrages de prose et de poésie des sieurs de Maucroix et de La Fontaine ; le recueil contient des traductions de Platon, Démosthène et Cicéron par François de Maucroix et de nouvelles fables et de nouveaux contes de La Fontaine, qui aura peu attendu pour trousser quelque nouvelle licencieuse.
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+ Nouveau scandale, de plus grande ampleur, à l’Académie : la lecture du poème Le siècle de Louis Le Grand de Charles Perrault déclenche la Querelle des Anciens et des Modernes, dans laquelle La Fontaine se range, non sans ambiguïtés, du côté des Anciens, par une Épître à Monsieur de Soissons, prétexte à une déclaration de principes littéraires, dont la plus fameuse reste « Mon imitation n’est point un esclavage »[28].
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+ Une série de fables est publiée en revue entre 1689 et 1692, qui est rassemblée en 1693 avec des inédites et celles de 1685, dans un ultime recueil, notre actuel livre XII, dédié au duc de Bourgogne, fils aîné du Grand Dauphin, et à ce titre héritier présomptif de la Couronne[29].
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+ La Fontaine tombe gravement malade fin 1692, vraisemblablement de la tuberculose. Il demande alors à voir un prêtre, et le curé de l'église Saint-Roch lui envoie le jeune abbé Pouget, qui vient d'obtenir son doctorat de théologie[30]. Celui-ci s'applique à lui faire abjurer sa vie épicurienne et ses écrits anticléricaux, et le soumet quotidiennement à des exercices religieux. Il reçoit l'extrême-onction le 12 février 1693. Sont présents des membres de l'Académie française, des amis, et des prêtres. La Fontaine annonce renoncer à l'écriture et à la publication de ses contes et fables. Cet événement est en particulier rapporté par un récit de l'abbé Pouget, en 1718, mais ne figure pas sur les registres de l'Académie. Il promet également de n'écrire que des ouvrages pieux. Il traduira ainsi le Dies iræ, qu'il fera lire devant l'Académie le jour de l'introduction de Jean de La Bruyère.
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+ Il meurt le 13 avril 1695 au 61 rue Platrière. En procédant à sa toilette mortuaire, on trouve sur son corps un cilice, pénitence que l'abbé Pouget jure ne pas avoir ordonnée. Il est inhumé le lendemain au cimetière des Saints-Innocents[31] comme le stipule son acte de décès, reconstitué après l'incendie de l'Hôtel de Ville en 1871[32]. Son tombeau, ainsi que celui de Molière inhumé au cimetière Saint-Joseph[33], est transporté au musée des monuments français, lors de la démolition de la chapelle et du cimetière, au commencement de la Révolution française. Les restes supposés de La Fontaine sont transférés en 1817 avec ceux de Molière au cimetière du Père-Lachaise[34].
63
+
64
+ La Fontaine avait composé lui-même son épitaphe[33], où il s'attribue un caractère désinvolte et paresseux. Cette paresse revendiquée peut être associée à la facilité de ses œuvres, qui n'est pourtant qu'apparente :
65
+
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+ Jean s'en alla comme il était venu,
67
+ Mangeant son fonds après son revenu ;
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+ Croyant le bien chose peu nécessaire.
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+ Quant à son temps, bien sçut le dispenser :
70
+ Deux parts en fit, dont il souloit passer
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+ L'une à dormir, et l'autre à ne rien faire.
72
+
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+ Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique[réf. nécessaire], et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque-là n’avait aucune dignité littéraire et n'était réservé qu'aux exercices scolaires de rhétorique et de latin.
74
+
75
+ Les Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (ou plus simplement Les Fables) est une œuvre écrite entre 1668 et 1694. Il s’agit, comme son nom l’indique, d’un recueil de fables écrites en vers, la plupart mettant en scène des animaux anthropomorphes et contenant une morale au début ou à la fin. Ces fables furent écrites dans un but éducatif et étaient adressées au Dauphin.
76
+
77
+ Le premier recueil des Fables publié correspond aux livres I à VI des éditions actuelles. Il a été publié en 1668, et était dédié au dauphin. La Fontaine insiste sur ses intentions morales : « je me sers d’animaux pour instruire les hommes. »
78
+
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+ Le deuxième recueil des fables correspond aux livres VII à XI des éditions modernes. Il est publié en 1678, et était dédié à Madame de Montespan, la maîtresse du roi.
80
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+ Le dernier recueil publié correspond au livre XII actuel. Il est publié en 1693, mais daté de 1694. Il est dédié au duc de Bourgogne, le petit-fils du roi.
82
+
83
+ Travail de réécriture des fables d’Ésope (par exemple La Cigale et la Fourmi), de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra (Pilpay), mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live (« les Membres et l’estomac »), de lettres apocryphes d’Hippocrate (« Démocrite et les Abdéritains »), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.
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+
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+ Au début du XIXe siècle, elles influenceront à leur tour le fabuliste russe Ivan Krylov.
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+ Le fabuliste a éclipsé le conteur, dont les textes sont ici en vers. La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes licencieux dont le défi poétique consiste à jouer de l’implicite pour (ne pas) nommer la sexualité, à « dire sans dire », dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur[37]. La Fontaine connaît ses premiers succès littéraires grâce à ces Contes et nouvelles en vers qualifiés de licencieux, libertins, coquins, grivois, lestes, érotiques ou encore gaillards[38]. La Fontaine s'inscrit dans une vieille tradition littéraire mais le fait à sa manière, en transformant les contes grossiers en œuvres plus raffinées[39]. Il prend ainsi soin d'emprunter des détours, de suggérer, de voiler ses propos pour les rendre plus amusants. Dès la sortie de son recueil de conte, les critiques applaudissent et le succès est tel qu'il faut réimprimer l'ouvrage par deux fois au cours de l'année[40]. La Fontaine est enfin célèbre, avec une réputation particulière : il est qualifié d'excellent conteur doublé d'un esprit libre et original[40].
88
+
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+ La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693 : bien plus qu’un laboratoire de la narration enjouée des Fables, les Contes pourraient bien participer d’une même entreprise, celle d’une narration poétique sous le signe d’une gaieté sans illusions.
90
+
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+ L’œuvre de La Fontaine offre la figure, exemplaire, d’une sagesse désabusée : elle choisit, comme le Démocrite de la fable Démocrite et les Abdéritains, la retraite méditative plutôt que la vie de la cité d’Abdère soumise aux pensers du vulgaire, et, face à la violence forcenée du réel elle préfère, contre l’Héraclite de l’Histoire, le rire plutôt que les pleurs.
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+
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+ Le Cas de conscience (version couverte)
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+ Le Cas de conscience (version dénudée)
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+ Le Diable de Papefiguière (version couverte)
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+ Le Diable de Papefiguière (version dénudée)
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+ La Fontaine de son vivant a collaboré avec trois compositeurs, mais il n'obtient pas la reconnaissance escomptée. Le livret de Daphné (présenté en 1674, publié en 1691) a été refusé par Lully. La postérité seule va lui rendre justice et être à l'origine de nombreuses créations musicales. En voici quelques-unes :
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+
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+ En 2015, Jean de La Fontaine est le quatorzième personnage le plus célébré au fronton des 67 000 établissements publics français : pas moins de 335 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Joseph (880), Jules Ferry (642), Notre-Dame (546), Jacques Prévert (472), Jean Moulin (434), Jean Jaurès (429), Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Sainte Marie (377), Victor Hugo (365), Louis Pasteur (361), Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Paul Langevin (296)[41].
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+ À Paris, il existe une statue de lui jardin du Ranelagh (16e arrondissement).
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Portrait par Hyacinthe Rigaud (1690, au musée de Montserrat).
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+ Gravure d'Étienne Jehandier Desrochers
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+ Statue de Jean-Louis Jaley au Louvre à Paris.
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+ La cigale et la fourmi, par Gustave Doré.
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+ Grandville : Le loup et le chien.
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+ La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf (1936).
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+ Le lièvre et la tortue (1936).
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+ Le Loup devenu berger.
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+ Mobilier avec tapisseries d'Aubusson.
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+ La besace, par François Chauveau.
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+ La chien qui lâche la proie pour l'ombre, par Benjamin Rabier.
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+ Statue de Pierre Julien au musée du Louvre à Paris.
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+ Statue de Charles-René Laitié à Château-Thierry.
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+ Une biographie Écouter (ou, en abrégé, une bio), du grec ancien βίος (bíos), « vie » et γραφή (graphè), « écrit », est un écrit qui a pour objet l'histoire d'une vie particulière ou d'un événement dans la vie du protagoniste. Elle peut être écrite par la personne elle-même, auquel cas on parle de préférence d'autobiographie, ou par une autre personne.
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+ De nombreux facteurs ou une personne peuvent pousser un auteur à rédiger une biographie : par exemple, le souhait d'apporter sa propre interprétation à un parcours, la volonté d'affirmer son intérêt pour celui dont on fait la biographie, la volonté de lutter contre l'oubli ou la tentation de s'ériger en gardien de la mémoire tout en laissant un témoignage historique.
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+ Le genre biographique existe depuis l'Antiquité (le IVe siècle av. J.-C., en Grèce)[1], mais le terme biographie n'existe que depuis le XVIIe siècle.
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+ Dans l'Égypte ancienne, la biographie existe sous forme « Si l'on examine l'ensemble des biographies publiées depuis les origines de l'imprimerie jusqu'au milieu du XXe siècle, on ne compte guère plus de 150 noms d'artistes sur 25000 noms de personnalités ayant fait l'objet d'une monographie »[2] de nécrologies inscrites sur les stèles, où se trouve l'identité et les actions et réalisations du défunt.
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+ Dans l'Antiquité gréco-romaine on trouve des biographies d'hommes illustres pour qu'ils servent d'exemple, de modèle pour faire l'éloge des qualités, montrer les vertus utiles pour la collectivité.
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+ Au Moyen Âge, on trouve des hagiographies (vie exemplaire d'un saint ou d'une sainte).
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+ Les biographies d'artistes ne sont apparues que très tardivement, comme en fait foi l'ouvrage de Eduard Maria Oettinger :
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+ Depuis quelques décennies déjà, de nombreux documentaires retracent, au cinéma ou à la télévision, la vie d'une personnalité. La voix off propose, en général, un récit du même type que celui d'une biographie écrite, accompagné d'images d'archives, de documentations visuelles et sonores. La biographie peut également prendre la forme d'une fiction[3]. Au cinéma, on parle alors de biopic.
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+ Depuis la fin du XXe siècle, le média vidéo, en permettant au plus grand nombre d'accéder au support audiovisuel, renouvelle la forme autobiographique. La forme sonore est également utilisée par des particuliers ; à leur demande, ceux-ci contactent des biographes utilisant la mémoire orale pour constituer l'écriture sonore d'un récit de vie : ce sont des biographies sonores : une voix et des souvenirs enregistrés puis restitués après montage et réalisation sonore.
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+
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+ Aujourd'hui il semble que chacun, célèbre ou non, souhaite laisser une trace : en témoigne le développement d'entreprises spécialisées, proposant aux particuliers de réaliser leur propre biographie, pour conserver la mémoire de leur vie, dans un but privé ou public. Il s'agit de « films de vie » ou « biographies filmées » ou encore de récits de vie écrits par des écrivains publics, conseils en écriture ou biographes. L’impartialité, la véracité même du récit n’ont plus ici aucune importance : son personnage souhaite voir transcrit le recueil de sa seule parole, donc la vision subjective et personnelle de son histoire. Cette prétention à la subjectivité se retrouve aussi dans la biographie romancée, ou exofiction, en vogue en France depuis 2015.
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+ La biologie (du grec bios « la vie » et logos, « discours ») est la science du vivant. Elle recouvre une partie des sciences de la nature et de l'histoire naturelle des êtres vivants[1].
4
+
5
+ La vie se présentant sous de nombreuses formes et à des échelles très différentes, la biologie s'étend du niveau moléculaire, à celui de la cellule, puis de l'organisme, jusqu'au niveau de la population et de l'écosystème.
6
+
7
+ Le terme biologie est formé par la composition des deux mots grecs bios (βιος) en français « vie » et logos (λογος) qui signifie « discours, parole »[2],[3].
8
+
9
+ Ce néologisme est créé à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle et de façon indépendante :
10
+
11
+ « Tout ce qui est généralement commun aux végétaux et aux animaux comme toutes les facultés qui sont propres à chacun de ces êtres sans exception, doit constituer l'unique et vaste objet d'une science particulière qui n'est pas encore fondée, qui n'a même pas de nom, et à laquelle je donnerai le nom de biologie. »
12
+
13
+ Chez Lamarck on trouve, pour la première fois, une conception de l'être vivant qui reconnaît son originalité comparativement aux objets inanimés sans pour autant la faire déroger aux lois de la physique, contrairement à ce qu'avaient tendance à faire les vitalistes et les fixistes.
14
+
15
+ Le même Lamarck, bien avant de donner des cours de biologie en 1819, sépare dans son ouvrage Hydrogéologie, paru également en 1802, la physique terrestre en trois parties :
16
+
17
+ Les savants allemands, à l'appel de Treviranus, lancent les méticuleux inventaires de la flore et de la faune, réalisés par ceux qui, respectivement, se nommeront botanistes et zoologistes. Vers le milieu du XIXe siècle, un intérêt pour les fonctions du vivant oriente la recherche biologique vers la physiologie.
18
+
19
+ L'objet de la biologie est l'être vivant et la vie dans son ensemble et son fonctionnement. Mais qu'est-ce qu'un être vivant ? En quoi se différencie-t-il des objets inanimés et des machines ? Et qu'est-ce que la vie[5] ? À ces questions, les biologistes n'ont actuellement pas de réponse précise qui fasse l'unanimité dans la communauté scientifique. Certains d'entre eux, et non des moindres, pensent même que ces questions sont sans objet.
20
+
21
+ Ainsi Claude Bernard, dans la première des Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux (1878), déclare explicitement que l'on n'a pas à définir a priori la notion de vie, car la biologie doit être une science expérimentale ; ce serait là une définition a priori et « la méthode qui consiste à définir et à tout déduire d'une définition peut convenir aux sciences de l'esprit, mais elle est contraire à l'esprit même des sciences expérimentales ». En conséquence, « il suffit que l'on s'entende sur le mot vie pour l'employer » et « il est illusoire et chimérique, contraire à l'esprit même de la science, d'en chercher une définition absolue ».
22
+
23
+ La biologie semble être restée fidèle à cette conception, puisqu'elle continue à ne pas précisément définir la notion de vie pour se limiter à l'analyse de « choses naturelles » ou parfois en partie créées par l'humain (via la sélection puis le génie génétique) que le sens commun lui désigne comme vivants. Cette analyse permet de mettre en évidence un certain nombre de caractères communs à ces objets d'étude, et ainsi d'appliquer ce qualificatif de vivant à d'autres objets présentant les mêmes caractères. Cette méthode, exclusivement analytique et expérimentale, a considérablement renforcé l'efficacité et la scientificité du travail du biologiste, comparativement aux conceptions souvent spéculatives d'avant Claude Bernard. Elle a cependant amené une « physicalisation » telle que l'on a parfois l'impression que, pour rendre scientifique la biologie, il a fallu nier toute spécificité à son objet.
24
+
25
+ De fait, certains biologistes en viennent à déclarer que « la vie n'existe pas ! », ou plus exactement qu'elle serait un processus physico-chimique parmi d'autres.
26
+
27
+ Le premier d’entre eux est probablement Albert Szent-Györgyi, prix Nobel de médecine en 1937, qui a déclaré :
28
+
29
+ « La vie en tant que telle n’existe pas, personne ne l’a jamais vue[6]. »
30
+
31
+ Le plus connu est François Jacob :
32
+
33
+ « On n'interroge plus la vie aujourd'hui dans les laboratoires. On ne cherche plus à en cerner les contours. […] C'est aux algorithmes du monde vivant que s'intéresse aujourd'hui la biologie[7]. »
34
+
35
+ Plus récemment, c'est aussi la position d'Henri Atlan :
36
+
37
+ « L’objet de la biologie est physico-chimique. À partir du moment où l’on fait de la biochimie et de la biophysique, et où l’on comprend les mécanismes physico-chimiques qui rendent compte des propriétés des êtres vivants, alors la vie s’évanouit ! Aujourd’hui, un biologiste moléculaire n’a pas à utiliser pour son travail le mot « vie ��. Cela s’explique historiquement : il s’occupe d’une chimie qui existe dans la nature, dans un certain nombre de systèmes physico-chimiques particuliers, aux propriétés spécifiques, et appelés animaux ou plantes, c’est tout[8] ! »
38
+
39
+ Cette dernière citation illustre la confusion entre l'étude de la vie et celle de la matière des êtres vivants, où transparaît la tentation de réduire la biologie à la seule biologie moléculaire en niant au vivant, grâce au nivellement que permet la chimie, toute spécificité qui ne soit pas une simple différence physico-chimique. Autrement dit, il est tentant, en réduisant la biologie à la biologie moléculaire, de ne différencier le vivant de l'inanimé que par les critères par lesquels la biologie moléculaire se différencie du reste de la chimie.
40
+
41
+ Cette négation de la spécificité du vivant vient d'une conception où l'on n'admet aucune discontinuité entre vivant et inanimé pour conserver un univers cohérent et unifié. On y admet donc une gradation progressive entre l'inanimé et le vivant, tant dans les formes actuelles (les virus, censés être à la limite du vivant et de l'inanimé) que dans l'apparition de la vie sur Terre (cette apparition y est comprise comme une phase prébiotique progressive sans discontinuité marquée). En fait, cette négation de la spécificité du vivant, qui se veut matérialiste, confond simplement le matérialisme épistémologique et les sciences de la matière. Les sciences, y compris la biologie, se doivent d'être matérialistes, personne ne dira le contraire. Mais doivent-elles pour autant n'être que des sciences de la matière ? La physique est depuis longtemps la science modèle pour toutes les autres, à tel point qu'on a fini par la confondre avec l'idéal du matérialisme épistémologique.
42
+
43
+ Parler de la notion de vie, de la spécificité de l'être vivant, c'est, en biologie, s'exposer à se voir qualifier de vitaliste, voire d'animiste, car qui s'écarte un peu de la physico-chimie est censé sortir du matérialisme épistémologique. Si bien qu'aujourd'hui on a l'impression que ce que vise la biologie n'est pas tant l'étude de la vie (ou de l'être vivant dans ce qu'il a de spécifique relativement à l'objet inanimé) que sa pure et simple négation, le nivellement et l'unification de l'univers par la physico-chimie. Comme si, pour unifier, il valait mieux nier les solutions de continuité que les comprendre.
44
+
45
+ Une autre approche est plus systémique ainsi résumée par Jacob (1970) : « Tout objet que considère la Biologie représente un système de systèmes; lui - même élément d'un système d'ordre supérieur, il obéit parfois à des règles qui ne peuvent être déduites de sa propre analyse » ; c'est une des base de l'écologie scientifique et de son « approche écosystémique ».
46
+
47
+ Le problème de la spécificité de l'être vivant n'est donc pas encore réglé par la biologie moderne qui ainsi n'a donc aucune définition claire et explicite de son objet. Ce problème est seulement occulté de diverses manières, qui toutes tendent à ramener, faute de mieux, la conception de Descartes de l'être vivant comme plus ou moins semblable à une machine très complexe. Rares sont les biologistes qui s'inscrivent en faux contre cette approximation en avançant une conception du vivant plus précise et proche de la réalité[9]. Un certain nombre de travaux en biologie théorique visent cependant à dépasser ces limitations, tels que ceux de Francisco Varela, Robert Rosen ou Stuart Kauffman[10]. L'enjeu est alors souvent la différence entre biologie et physique[11].
48
+
49
+ La première théorie de l'évolution du vivant a été avancée par Jean-Baptiste Lamarck dans son ouvrage Philosophie Zoologique en 1809. Comme son titre l'indique, elle se présente sous la forme d'un système philosophique, bien qu'elle pose les bases essentielles pour la compréhension des êtres vivants et de leur évolution. Cinquante ans plus tard, en 1859, avec la parution de L'Origine des espèces[12], Charles Darwin propose une explication scientifique de l'évolution, sous la forme d'un mécanisme simple, avec le principe de sélection naturelle. Avec le temps, la théorie originelle de Darwin a été affinée avec les résultats des expériences et observations que les biologistes ont effectuées. La théorie faisant actuellement consensus est celle de la théorie synthétique de l'évolution, appelée aussi néodarwinisme.
50
+
51
+ Le caractère évolutionniste de la vie a pendant très longtemps été discuté et est même encore mis en doute par certaines personnes en dehors de la communauté scientifique, mais aucune de ces objections à la théorie de l'évolution n'est scientifiquement fondée. La communauté scientifique a depuis très largement admis l'évolutionnisme de la vie comme un fait démontré par l'expérience et l'observation à maintes reprises notamment par :
52
+
53
+ Si la biologie est si vaste, c'est en raison de l'extrême diversité du vivant qui se présente sous tellement de formes que l'on peut avoir du mal à discerner des points communs. Une hiérarchisation du vivant a tout de même été réalisée, qui est le domaine de la systématique et de la taxinomie. Tous les êtres vivants sont classés en trois domaines :
54
+
55
+ Bien qu'étant différentes, toutes les formes de vie partagent des caractères communs. Ce qui porte à croire que la vie sur Terre a pour origine une seule et même forme de vie, désignée sous l'acronyme de LUCA (pour l'anglais : Last universal common ancestor), qui serait apparue sur Terre il y a au moins 2,5 milliards d'années.
56
+
57
+ Les principaux caractères universels du vivant sont :
58
+
59
+ En raison du caractère extrêmement vaste du sujet, l'étude de la biologie nécessite un morcellement en domaines d'études. Une approche un peu « réductrice » mais ayant l'avantage de clarifier les thèmes consiste à définir des niveaux d'organisation. Dans un souci de parvenir à une compréhension plus globale de la biologie, des ponts se sont naturellement créés entre les différentes disciplines. Permet l'exploration de différents sujets originaux comme la biologie moléculaire, la biotechnologie, la toxicologie, la science biomédicale, etc.
60
+
61
+ Les domaines étudiant la structure du vivant sont à l'échelle de l'atome pour la biologie moléculaire et de la cellule pour la biologie cellulaire.
62
+
63
+ Le domaine de la biologie moléculaire étudie les composés de bases du vivant, comme l'ADN et les protéines. Pendant longtemps, on a cru que les lois de la chimie régissant le vivant étaient différentes de celles pour la matière inanimée. Mais depuis la synthèse de nombreux composés organiques, il est clairement admis que les lois chimiques sont les mêmes que pour la matière inorganique. Aucune force vitale n'insuffle la vie à la matière comme on le pensait avant avec la théorie vitaliste.
64
+
65
+ La mise au point du microscope avec lequel Robert Hooke a découvert les cellules en 1665 a marqué la naissance de la biologie cellulaire et celle d'un monde alors insoupçonné. Cette découverte et les nombreuses qui ont suivi ont permis d'expliquer certains phénomènes comme ce que l'on qualifiait à l'époque de génération spontanée. C'est à cette échelle que l'on rencontre les premiers organismes vivants.
66
+
67
+ Prise au sens structurelle et fonctionnelle, la biologie recouvre également l'ensemble des disciplines, classiques et modernes, qui étudient des structures comme les tissus avec l'histologie ou les organes avec l'anatomie. La physiologie quant à elle étudie les principes mécaniques, physiques et biochimiques des organismes vivants et est séparée en deux branches : la physiologie végétale et la physiologie animale.
68
+
69
+ L'extrême diversité du vivant n'empêche en rien le groupement en entités ou taxons (Taxinomie), leurs relations les uns par rapport aux autres et leur classement (systématique).
70
+
71
+ Les interactions des êtres vivants entre eux et les liens les unissant avec leur environnement est le domaine de l'écologie. L'éthologie quant à elle étudie le comportement animal dans le milieu naturel.
72
+
73
+ Les Sciences de la Vie comprennent de nombreuses disciplines et sous-disciplines plus ou moins reliées entre elles et parfois imbriquées. Ces disciplines sont organisées soit par niveau d'observation, soit par approche méthodologique, soit par type d'organisme étudié.
74
+
75
+ Les applications des découvertes en biologie sont nombreuses et très présentes dans le quotidien de l'être humain. Les avancées importantes de ces dernières décennies en médecine ont principalement pour origine les découvertes sur le fonctionnement du corps humain. Le domaine pharmaceutique profite également des avancées en chimie organique.
76
+
77
+ Plus récemment, la découverte de la structure de l'ADN et une meilleure compréhension de l'hérédité ont permis de modifier finement les êtres vivants[Comment ?] et trouvent des applications dans les domaines agricole et agro-alimentaire.
78
+
79
+ La biologie peut également avoir des applications en criminologie. Dans la Revue française de criminologie et de droit pénal, Laurent Lemasson présente trois corrélations entre biologie et criminalité mises en évidence par différents chercheurs: la présence des gènes MAOA et HTR2B chez une part importante de criminels[13] ; un fonctionnement anormal des régions frontales et temporales du cerveau[14] ; enfin un état de sous-excitation physiologique chez les criminels multirécidivistes[15].
80
+
81
+ Depuis le développement de la biologie moléculaire et de la physiologie cellulaire dans la seconde partie du XXe siècle, les progrès de la biologie sont devenus quotidiens et ont un impact énorme sur la société : compréhension des mécanismes moléculaires de plusieurs centaines de maladies, amélioration des traitements contre le cancer, compréhension des mécanismes neurologiques, amélioration des traitements des maladies mentales et dépistage de tares génétiques in utero. Une meilleure compréhension de l'évolution moléculaire, substrat physique à l'évolution des espèces, permet de transposer aux humains les découvertes faites sur les animaux, y compris des vers comme C. elegans ou la mouche drosophile, dont on a montré que les mécanismes moléculaires de segmentation du corps au cours de l'embryogenèse sont identiques à ceux de l'humain, et, de manière générale, à tout le vivant métazoaire.
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+
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+ Toutefois, les progrès très rapides de la biologie suscitent parfois des interrogations philosophiques, de vives inquiétudes, voire une forte opposition de certaines associations ou organisations non gouvernementales (ONG). Citons notamment : le clonage, les organismes génétiquement modifiés (OGM), le séquençage, et les problèmes de propriété intellectuelle qui en découlent.
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+ Animalia - Bos primigenius taurus
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+ Planta - Triticum
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+ Fungi - Morchella esculenta
92
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+ Stramenopila/Chromista - Fucus serratus
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+ Bacteria - Gemmatimonas aurantiaca (- = 1 Micrometer)
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+ Archaea - Halobacteria
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+ Virus - Gamma phage
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+ La biologie (du grec bios « la vie » et logos, « discours ») est la science du vivant. Elle recouvre une partie des sciences de la nature et de l'histoire naturelle des êtres vivants[1].
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+ La vie se présentant sous de nombreuses formes et à des échelles très différentes, la biologie s'étend du niveau moléculaire, à celui de la cellule, puis de l'organisme, jusqu'au niveau de la population et de l'écosystème.
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+ Le terme biologie est formé par la composition des deux mots grecs bios (βιος) en français « vie » et logos (λογος) qui signifie « discours, parole »[2],[3].
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+ Ce néologisme est créé à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle et de façon indépendante :
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+ « Tout ce qui est généralement commun aux végétaux et aux animaux comme toutes les facultés qui sont propres à chacun de ces êtres sans exception, doit constituer l'unique et vaste objet d'une science particulière qui n'est pas encore fondée, qui n'a même pas de nom, et à laquelle je donnerai le nom de biologie. »
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+ Chez Lamarck on trouve, pour la première fois, une conception de l'être vivant qui reconnaît son originalité comparativement aux objets inanimés sans pour autant la faire déroger aux lois de la physique, contrairement à ce qu'avaient tendance à faire les vitalistes et les fixistes.
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+ Le même Lamarck, bien avant de donner des cours de biologie en 1819, sépare dans son ouvrage Hydrogéologie, paru également en 1802, la physique terrestre en trois parties :
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+ Les savants allemands, à l'appel de Treviranus, lancent les méticuleux inventaires de la flore et de la faune, réalisés par ceux qui, respectivement, se nommeront botanistes et zoologistes. Vers le milieu du XIXe siècle, un intérêt pour les fonctions du vivant oriente la recherche biologique vers la physiologie.
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+ L'objet de la biologie est l'être vivant et la vie dans son ensemble et son fonctionnement. Mais qu'est-ce qu'un être vivant ? En quoi se différencie-t-il des objets inanimés et des machines ? Et qu'est-ce que la vie[5] ? À ces questions, les biologistes n'ont actuellement pas de réponse précise qui fasse l'unanimité dans la communauté scientifique. Certains d'entre eux, et non des moindres, pensent même que ces questions sont sans objet.
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+ Ainsi Claude Bernard, dans la première des Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux (1878), déclare explicitement que l'on n'a pas à définir a priori la notion de vie, car la biologie doit être une science expérimentale ; ce serait là une définition a priori et « la méthode qui consiste à définir et à tout déduire d'une définition peut convenir aux sciences de l'esprit, mais elle est contraire à l'esprit même des sciences expérimentales ». En conséquence, « il suffit que l'on s'entende sur le mot vie pour l'employer » et « il est illusoire et chimérique, contraire à l'esprit même de la science, d'en chercher une définition absolue ».
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+ La biologie semble être restée fidèle à cette conception, puisqu'elle continue à ne pas précisément définir la notion de vie pour se limiter à l'analyse de « choses naturelles » ou parfois en partie créées par l'humain (via la sélection puis le génie génétique) que le sens commun lui désigne comme vivants. Cette analyse permet de mettre en évidence un certain nombre de caractères communs à ces objets d'étude, et ainsi d'appliquer ce qualificatif de vivant à d'autres objets présentant les mêmes caractères. Cette méthode, exclusivement analytique et expérimentale, a considérablement renforcé l'efficacité et la scientificité du travail du biologiste, comparativement aux conceptions souvent spéculatives d'avant Claude Bernard. Elle a cependant amené une « physicalisation » telle que l'on a parfois l'impression que, pour rendre scientifique la biologie, il a fallu nier toute spécificité à son objet.
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+ De fait, certains biologistes en viennent à déclarer que « la vie n'existe pas ! », ou plus exactement qu'elle serait un processus physico-chimique parmi d'autres.
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+ Le premier d’entre eux est probablement Albert Szent-Györgyi, prix Nobel de médecine en 1937, qui a déclaré :
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+ « La vie en tant que telle n’existe pas, personne ne l’a jamais vue[6]. »
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+ Le plus connu est François Jacob :
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+ « On n'interroge plus la vie aujourd'hui dans les laboratoires. On ne cherche plus à en cerner les contours. […] C'est aux algorithmes du monde vivant que s'intéresse aujourd'hui la biologie[7]. »
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+ Plus récemment, c'est aussi la position d'Henri Atlan :
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+ « L’objet de la biologie est physico-chimique. À partir du moment où l’on fait de la biochimie et de la biophysique, et où l’on comprend les mécanismes physico-chimiques qui rendent compte des propriétés des êtres vivants, alors la vie s’évanouit ! Aujourd’hui, un biologiste moléculaire n’a pas à utiliser pour son travail le mot « vie ��. Cela s’explique historiquement : il s’occupe d’une chimie qui existe dans la nature, dans un certain nombre de systèmes physico-chimiques particuliers, aux propriétés spécifiques, et appelés animaux ou plantes, c’est tout[8] ! »
38
+
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+ Cette dernière citation illustre la confusion entre l'étude de la vie et celle de la matière des êtres vivants, où transparaît la tentation de réduire la biologie à la seule biologie moléculaire en niant au vivant, grâce au nivellement que permet la chimie, toute spécificité qui ne soit pas une simple différence physico-chimique. Autrement dit, il est tentant, en réduisant la biologie à la biologie moléculaire, de ne différencier le vivant de l'inanimé que par les critères par lesquels la biologie moléculaire se différencie du reste de la chimie.
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+ Cette négation de la spécificité du vivant vient d'une conception où l'on n'admet aucune discontinuité entre vivant et inanimé pour conserver un univers cohérent et unifié. On y admet donc une gradation progressive entre l'inanimé et le vivant, tant dans les formes actuelles (les virus, censés être à la limite du vivant et de l'inanimé) que dans l'apparition de la vie sur Terre (cette apparition y est comprise comme une phase prébiotique progressive sans discontinuité marquée). En fait, cette négation de la spécificité du vivant, qui se veut matérialiste, confond simplement le matérialisme épistémologique et les sciences de la matière. Les sciences, y compris la biologie, se doivent d'être matérialistes, personne ne dira le contraire. Mais doivent-elles pour autant n'être que des sciences de la matière ? La physique est depuis longtemps la science modèle pour toutes les autres, à tel point qu'on a fini par la confondre avec l'idéal du matérialisme épistémologique.
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+ Parler de la notion de vie, de la spécificité de l'être vivant, c'est, en biologie, s'exposer à se voir qualifier de vitaliste, voire d'animiste, car qui s'écarte un peu de la physico-chimie est censé sortir du matérialisme épistémologique. Si bien qu'aujourd'hui on a l'impression que ce que vise la biologie n'est pas tant l'étude de la vie (ou de l'être vivant dans ce qu'il a de spécifique relativement à l'objet inanimé) que sa pure et simple négation, le nivellement et l'unification de l'univers par la physico-chimie. Comme si, pour unifier, il valait mieux nier les solutions de continuité que les comprendre.
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+ Une autre approche est plus systémique ainsi résumée par Jacob (1970) : « Tout objet que considère la Biologie représente un système de systèmes; lui - même élément d'un système d'ordre supérieur, il obéit parfois à des règles qui ne peuvent être déduites de sa propre analyse » ; c'est une des base de l'écologie scientifique et de son « approche écosystémique ».
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+ Le problème de la spécificité de l'être vivant n'est donc pas encore réglé par la biologie moderne qui ainsi n'a donc aucune définition claire et explicite de son objet. Ce problème est seulement occulté de diverses manières, qui toutes tendent à ramener, faute de mieux, la conception de Descartes de l'être vivant comme plus ou moins semblable à une machine très complexe. Rares sont les biologistes qui s'inscrivent en faux contre cette approximation en avançant une conception du vivant plus précise et proche de la réalité[9]. Un certain nombre de travaux en biologie théorique visent cependant à dépasser ces limitations, tels que ceux de Francisco Varela, Robert Rosen ou Stuart Kauffman[10]. L'enjeu est alors souvent la différence entre biologie et physique[11].
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+ La première théorie de l'évolution du vivant a été avancée par Jean-Baptiste Lamarck dans son ouvrage Philosophie Zoologique en 1809. Comme son titre l'indique, elle se présente sous la forme d'un système philosophique, bien qu'elle pose les bases essentielles pour la compréhension des êtres vivants et de leur évolution. Cinquante ans plus tard, en 1859, avec la parution de L'Origine des espèces[12], Charles Darwin propose une explication scientifique de l'évolution, sous la forme d'un mécanisme simple, avec le principe de sélection naturelle. Avec le temps, la théorie originelle de Darwin a été affinée avec les résultats des expériences et observations que les biologistes ont effectuées. La théorie faisant actuellement consensus est celle de la théorie synthétique de l'évolution, appelée aussi néodarwinisme.
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+ Le caractère évolutionniste de la vie a pendant très longtemps été discuté et est même encore mis en doute par certaines personnes en dehors de la communauté scientifique, mais aucune de ces objections à la théorie de l'évolution n'est scientifiquement fondée. La communauté scientifique a depuis très largement admis l'évolutionnisme de la vie comme un fait démontré par l'expérience et l'observation à maintes reprises notamment par :
52
+
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+ Si la biologie est si vaste, c'est en raison de l'extrême diversité du vivant qui se présente sous tellement de formes que l'on peut avoir du mal à discerner des points communs. Une hiérarchisation du vivant a tout de même été réalisée, qui est le domaine de la systématique et de la taxinomie. Tous les êtres vivants sont classés en trois domaines :
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+
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+ Bien qu'étant différentes, toutes les formes de vie partagent des caractères communs. Ce qui porte à croire que la vie sur Terre a pour origine une seule et même forme de vie, désignée sous l'acronyme de LUCA (pour l'anglais : Last universal common ancestor), qui serait apparue sur Terre il y a au moins 2,5 milliards d'années.
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+
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+ Les principaux caractères universels du vivant sont :
58
+
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+ En raison du caractère extrêmement vaste du sujet, l'étude de la biologie nécessite un morcellement en domaines d'études. Une approche un peu « réductrice » mais ayant l'avantage de clarifier les thèmes consiste à définir des niveaux d'organisation. Dans un souci de parvenir à une compréhension plus globale de la biologie, des ponts se sont naturellement créés entre les différentes disciplines. Permet l'exploration de différents sujets originaux comme la biologie moléculaire, la biotechnologie, la toxicologie, la science biomédicale, etc.
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+ Les domaines étudiant la structure du vivant sont à l'échelle de l'atome pour la biologie moléculaire et de la cellule pour la biologie cellulaire.
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+ Le domaine de la biologie moléculaire étudie les composés de bases du vivant, comme l'ADN et les protéines. Pendant longtemps, on a cru que les lois de la chimie régissant le vivant étaient différentes de celles pour la matière inanimée. Mais depuis la synthèse de nombreux composés organiques, il est clairement admis que les lois chimiques sont les mêmes que pour la matière inorganique. Aucune force vitale n'insuffle la vie à la matière comme on le pensait avant avec la théorie vitaliste.
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+ La mise au point du microscope avec lequel Robert Hooke a découvert les cellules en 1665 a marqué la naissance de la biologie cellulaire et celle d'un monde alors insoupçonné. Cette découverte et les nombreuses qui ont suivi ont permis d'expliquer certains phénomènes comme ce que l'on qualifiait à l'époque de génération spontanée. C'est à cette échelle que l'on rencontre les premiers organismes vivants.
66
+
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+ Prise au sens structurelle et fonctionnelle, la biologie recouvre également l'ensemble des disciplines, classiques et modernes, qui étudient des structures comme les tissus avec l'histologie ou les organes avec l'anatomie. La physiologie quant à elle étudie les principes mécaniques, physiques et biochimiques des organismes vivants et est séparée en deux branches : la physiologie végétale et la physiologie animale.
68
+
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+ L'extrême diversité du vivant n'empêche en rien le groupement en entités ou taxons (Taxinomie), leurs relations les uns par rapport aux autres et leur classement (systématique).
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+ Les interactions des êtres vivants entre eux et les liens les unissant avec leur environnement est le domaine de l'écologie. L'éthologie quant à elle étudie le comportement animal dans le milieu naturel.
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+ Les Sciences de la Vie comprennent de nombreuses disciplines et sous-disciplines plus ou moins reliées entre elles et parfois imbriquées. Ces disciplines sont organisées soit par niveau d'observation, soit par approche méthodologique, soit par type d'organisme étudié.
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+ Les applications des découvertes en biologie sont nombreuses et très présentes dans le quotidien de l'être humain. Les avancées importantes de ces dernières décennies en médecine ont principalement pour origine les découvertes sur le fonctionnement du corps humain. Le domaine pharmaceutique profite également des avancées en chimie organique.
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+ Plus récemment, la découverte de la structure de l'ADN et une meilleure compréhension de l'hérédité ont permis de modifier finement les êtres vivants[Comment ?] et trouvent des applications dans les domaines agricole et agro-alimentaire.
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79
+ La biologie peut également avoir des applications en criminologie. Dans la Revue française de criminologie et de droit pénal, Laurent Lemasson présente trois corrélations entre biologie et criminalité mises en évidence par différents chercheurs: la présence des gènes MAOA et HTR2B chez une part importante de criminels[13] ; un fonctionnement anormal des régions frontales et temporales du cerveau[14] ; enfin un état de sous-excitation physiologique chez les criminels multirécidivistes[15].
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+
81
+ Depuis le développement de la biologie moléculaire et de la physiologie cellulaire dans la seconde partie du XXe siècle, les progrès de la biologie sont devenus quotidiens et ont un impact énorme sur la société : compréhension des mécanismes moléculaires de plusieurs centaines de maladies, amélioration des traitements contre le cancer, compréhension des mécanismes neurologiques, amélioration des traitements des maladies mentales et dépistage de tares génétiques in utero. Une meilleure compréhension de l'évolution moléculaire, substrat physique à l'évolution des espèces, permet de transposer aux humains les découvertes faites sur les animaux, y compris des vers comme C. elegans ou la mouche drosophile, dont on a montré que les mécanismes moléculaires de segmentation du corps au cours de l'embryogenèse sont identiques à ceux de l'humain, et, de manière générale, à tout le vivant métazoaire.
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+ Toutefois, les progrès très rapides de la biologie suscitent parfois des interrogations philosophiques, de vives inquiétudes, voire une forte opposition de certaines associations ou organisations non gouvernementales (ONG). Citons notamment : le clonage, les organismes génétiquement modifiés (OGM), le séquençage, et les problèmes de propriété intellectuelle qui en découlent.
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+ Animalia - Bos primigenius taurus
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+ Planta - Triticum
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+ Fungi - Morchella esculenta
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+ Stramenopila/Chromista - Fucus serratus
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+ Bacteria - Gemmatimonas aurantiaca (- = 1 Micrometer)
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+ Archaea - Halobacteria
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+ Virus - Gamma phage
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+ Myanmar
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+
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+ BirmanieMyanmarRépublique de l'Union du Myanmar
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+
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+
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+
7
+ Pyidaungzu Thammada Myanma Naingngandaw
8
+
9
+ 19° 45′ N, 96° 06′ E
10
+
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+ modifier
12
+
13
+ La Birmanie[2] ou Myanmar (en birman courant ဗမာ = Bama, en birman formel မြန်မာ = Myanmâ /mjænˈmɑ/), en forme longue la république de l'Union du Myanmar[5], en birman Pyidaungzu Thammada Myanma Naingngandaw[6]) est un pays d'Asie du Sud-Est continentale ayant une frontière commune avec la Chine au nord-nord-est, le Laos à l'est, la Thaïlande au sud-sud-est, le Bangladesh à l'ouest et l'Inde au nord-nord-ouest. La partie méridionale a une façade sur la mer d'Andaman orientée vers le sud et l'ouest et la partie septentrionale s'ouvre sur le golfe du Bengale à l'ouest-sud-ouest, avec environ 2 000 kilomètres de côtes au total.
14
+
15
+ Le pays a connu depuis 1962 une série de dictatures militaires[7]. De 1988 à 2011, la Birmanie a été officiellement dirigée par le Conseil d'État pour la paix et le développement. Cette junte a officiellement laissé la place en 2011 à un pouvoir civil dirigé par l'un de ses anciens membres, mais le poids de la hiérarchie militaire reste prépondérant dans les faits[8]. La relative libéralisation du pays qui s'est confirmée depuis a conduit l'Union européenne et les États-Unis à suspendre ou lever en avril et septembre 2012 l'embargo qu'ils imposaient au pays depuis les années 1990, exception faite des ventes d'armes. À la suite de la victoire de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (NDL) aux élections de novembre 2015, un proche d'Aung San Suu Kyi, Htin Kyaw, devient président de la Birmanie le 15 mars 2016, alors qu'elle-même accède le 6 avril au poste de « ministre du conseil d'État », équivalent de premier ministre. Toutefois 25% des sièges de députés sont occupés par des militaires non élus[9]. Le 28 mars 2018, Win Myint devient le nouveau président, après la démission de Htin Kyaw pour raisons de santé.
16
+
17
+ En français, « Birmans » qualifie tous les citoyens du pays (en anglais : Burmese), qu'ils soient Birmans ethniquement issus de l'ancien royaume de Birmanie (en anglais : Burman) ou des territoires rattachés à celui-ci par l’occupant britannique.
18
+
19
+ Le pays est devenu indépendant du Royaume-Uni le 4 janvier 1948 avec pour nom officiel en anglais Burma, en forme longue Union of Burma. Aujourd'hui, son nom officiel en birman est myanma () écrit faussement « Myanmar » en transcription[10]. Ce terme, dont la première trace remonte au roi Kyanzittha[11] en 1102, fait référence aux « premiers habitants du monde »[12]. L'anglais Burma et le français « Birmanie » viennent de « Bama » (), le nom de l'ethnie majoritaire birmane. Par extrapolation, les Birmans ont appliqué ce terme à l'ensemble des habitants de leur pays ; aussi « Myanmar » est-il littéraire, alors que « Bama » ou « Bamar » relève de la langue orale. De nos jours, le mot « Birmans » englobe l'ensemble des populations vivant en Birmanie[13]. Plus exactement, « Myan Ma » signifierait le pays merveilleux créé par ces « esprits-habitants mythiques » (« Bya Ma »). Avec cette dénomination et l'usage du mot « Union », le caractère multi-ethnique de l'État est souligné.
20
+
21
+ Le pays est devenu la république socialiste de l'Union de Birmanie le 4 janvier 1974, avant de redevenir l'Union de Birmanie le 23 septembre 1988. Le 18 juin 1989, le nom officiel en anglais a été changé en Union du Myanmar par le pouvoir dictatorial des généraux mais ce changement controversé n'est pas reconnu par l'opposition politique[14] et plusieurs pays anglophones, ni par un voisin comme la Thaïlande.
22
+
23
+ Le 21 octobre 2010, la junte militaire a changé le nom en république de l'Union du Myanmar, ainsi que le drapeau et l'hymne national[5].
24
+
25
+ En français, l'usage oral du mot « Birmanie » reste majoritaire, et on utilise presque toujours les adjectifs dérivés de ce mot : « birman », « birmane ». L'usage oral et écrit des adjectifs « myanmarais » et « myanmaraise » est rarissime[15]. Le nom « Myanmar » est officiellement utilisé par l'ONU[16],[17]
26
+ , la Suisse[18],[19] et le Canada[20], tandis que la France utilise officiellement le nom « Birmanie »[2],[12].
27
+
28
+ La presse est divisée sur l'appellation à utiliser, les agences comme AFP ou Reuters privilégiant « Myanmar », Le Monde ou Der Spiegel privilégiant « Birmanie » ou « Burma »[21]. Début 2012, le Financial Times décide d'utiliser « Myanmar », arguant d'une plus grande respectabilité du gouvernement du pays[21].
29
+
30
+ La Birmanie partage ses frontières terrestres avec la Chine (2 185 km), avec le Laos (235 km), avec la Thaïlande (1 800 km), avec le Bangladesh (193 km), enfin avec l'Inde (1 463 km) pour un total de 5 876 km.
31
+
32
+ La Birmanie est le plus vaste État de l’Asie du Sud-Est continentale. Il comprend une longue plaine centrale, où vit la majeure partie de la population, et sa partie la plus large ne dépasse pas 960 km. Cette plaine est bordée d'espaces montagneux, ainsi à l’ouest, la chaîne de l’Arakan.
33
+
34
+ La région de l’intérieur, qui s’ordonne autour du bassin de Mandalay où convergent Irrawaddy et Chindwin et d’où sort le Sittang, est connue sous le nom de Haute Birmanie, cœur historique du pays. La région côtière (zone alluvionnaire du delta de l’Irrawaddy et plaine du Sittang), bordée de nombreuses îles, est connue sous le nom de Basse Birmanie. Dans les régions périphériques, montagneuses, la forêt domine.
35
+
36
+ Son point le plus haut est le Hkakabo Razi, qui culmine à 5 881 m, et son point le plus bas la mer d'Andaman, avec 0 m.
37
+
38
+ La Birmanie est partagée en sept « régions[22] » (hunkhu ou တိုင်းဒေသကြီး) et sept États (chiu ou ပြည်နယ်). Chaque État ou région se subdivise en communes, districts et villages. Les principales villes : Rangoun, Mandalay et Pagan sont divisées en communes.
39
+
40
+ Les sept régions forment ce que les Birmans appellent la « Birmanie proprement dite » (Burma proper en anglais), c'est-à-dire le pays des Birmans. Ce sont :
41
+
42
+ Les sept États correspondent chacun à un des autres grands groupes ethniques qui peuplent la Birmanie et sont :
43
+
44
+ L'histoire de la Birmanie est ancienne et complexe. Elle se déroule à l'intérieur des frontières actuelles du pays, mais implique aussi les peuples des États voisins, sur les territoires actuels de la république populaire de Chine, de l'Inde et du Bangladesh, du Laos et de la Thaïlande, et plus tard les puissances coloniales : Portugal, France et surtout Royaume-Uni.
45
+
46
+ Des arguments archéologiques montrent que l'Homo erectus vivait dans la région dénommée actuellement Birmanie il y a 400 000 ans[23]. La première preuve de la présence d'Homo sapiens est datée d'environ 11 000 av. J.-C., à l'Âge de la pierre dans le cadre de la culture appelée Anyathian marquée par la découverte d'outils de pierre dans le centre de la Birmanie.
47
+
48
+ Les preuves de la domestication des plantes et des animaux au Néolithique et l'utilisation d'outils en pierres polies entre 10 000 et 6 000 av. J.-C. ont été découvertes avec des peintures murales dans des grottes près de la ville de Taunggyi[24]. L'âge du bronze arriva aux alentours de 1500 av. J.-C. quand les peuples de la région transformèrent le cuivre en bronze, avec la culture du riz et la domestication des volailles et du cochon ; ils furent parmi les premiers peuples du monde à le faire[25]. L'Âge du fer commença vers 500 av. J.-C. avec l'émergence du travail du fer et l'installation de royaumes dans la partie sud constituant actuellement Mandalay[26].
49
+
50
+ L'occupation humaine de la région remonte donc au moins à 11 000 ans. La première civilisation connue est celle des Môns, arrivés dans la région vers le IIIe millénaire av. J.-C. Mélangeant leur culture et celle de l'Inde, ils dominent le sud du pays du VIe jusque vers le milieu du IXe siècle (culture de Dvâravatî). C'est de cette époque que datent les débuts du bouddhisme en Birmanie. Les Indiens leur communiquèrent leur écriture et le sanskrit ainsi que le pali[27].
51
+
52
+ Les Môns sont refoulés vers le sud par les Pyus, descendus du nord vers le VIIe siècle, qui établissent plusieurs cités-États dans le centre du pays. Durant cette période, la Birmanie est sur la route commerciale entre la Chine et l'Inde. Le saccage de la capitale des Pyus par le royaume de Nanzhao au milieu du IXe siècle, marque la fin de leur domination.
53
+
54
+ Les Birmans commencent également à s'infiltrer dans la région. En 849, ils prennent le relais des Pyus en fondant un royaume puissant, centré autour de la ville de Pagan (ou Bagan). Un de leurs rois, Anawrahta (1044-1077), unifie la Birmanie et fonde le premier Empire birman (royaume de Pagan) en 1057. Ses successeurs consolident le royaume : au milieu du XIIe siècle, l'essentiel de l'Asie du Sud-Est continentale est sous la domination du royaume de Pagan ou de l'empire khmer. Le royaume de Pagan s'affaiblit lentement : il est finalement détruit par les Mongols en 1287. L'unité de la Birmanie se défait alors rapidement.
55
+
56
+ Durant deux siècles, la Birmanie est divisée entre les Birmans en Haute-Birmanie (Royaume d'Ava) et les Môns en Basse-Birmanie (Royaume de Pégou). C'est une période de relative stabilité et d'épanouissement intellectuel et religieux.
57
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+ En 1535, le roi Tabinshwehti réunifie la Birmanie et fonde le deuxième Empire birman (dynastie Taungû, 1535-1752). Cet empire est presque constamment en guerre contre le royaume d'Ayutthaya, dans l'actuelle Thaïlande. C'est aussi le moment où les Européens commencent à vouloir s'implanter dans la région. Face à des révoltes et des incursions portugaises, la dynastie Taungû se replie sur la Birmanie centrale. Elle réunifie à nouveau le pays en 1613 et repousse définitivement les tentatives de conquête portugaise. Mais la révolte des Môns du sud du pays, encouragée par les Français d'Inde, affaiblit le royaume qui s'effondre finalement en 1752.
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+ Le troisième Empire birman est fondé presque immédiatement par le roi Alaungpaya. La dynastie Konbaung (1752-1885) mène une politique expansionniste, lançant des campagnes contre Manipur, l'Arakan, l'Assam et le Royaume d'Ayutthaya, auquel l'Empire birman arrache le Tenasserim.
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+ Elle repousse aussi des incursions de la Dynastie Qing et affermit son contrôle sur les régions limitrophes avec la Chine. La Birmanie lui doit ses frontières actuelles.
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+ Cependant la conquête de l'Assam en 1824 met l'Empire birman face aux intérêts britanniques en Inde. La première des Guerres anglo-birmanes (1824-1826) se termine par une victoire britannique et la Birmanie perd toutes ses conquêtes récentes par le traité de Yandabo. Les Britanniques, convoitant ses ressources naturelles et voulant s'assurer d'une route pour Singapour, provoquent ensuite une deuxième guerre anglo-birmane en 1852, qui leur permet d'annexer toute la Basse-Birmanie. En dépit des efforts du roi Mindon (1853-1878) pour moderniser le pays, celui-ci ne résiste pas à une troisième agression britannique : le 1er janvier 1886, la Reine Victoria reçoit la Birmanie comme cadeau de nouvel an.
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+ Le pays entre dans le Raj britannique, puis constitue une colonie britannique distincte à partir de 1937. Envahie par l'Empire du Japon au début 1942, la Birmanie est jusqu'en 1945 le théâtre de combats entre Alliés et Japonais. L'homme politique indépendantiste Ba Maw dirige un gouvernement pro-japonais entre août 1943 et mars 1945.
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+ Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la voie est tracée vers l'indépendance, sous la conduite du général Aung San. En dépit de l'assassinat de ce dernier le 19 juillet 1947, le pays devient indépendant et quitte le Commonwealth le 4 janvier 1948 ; le premier ministre U Nu instaure une démocratie parlementaire.
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+ Des insurrections se déclarent rapidement, soutenues par le Parti communiste chinois[28], mais la situation reste à peu près sous contrôle jusqu'au coup d'État militaire du général Ne Win en 1962. Celui-ci dirige le pays d'une main de fer pendant vingt-six ans, introduisant des réformes socialistes brutales, tout en restant dans le camp des non-alignés.
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+ En 1988, un important mouvement de protestation populaire permet à un groupe de généraux de renverser Ne Win en septembre et d'établir une nouvelle junte militaire, le Conseil d'État pour la restauration de la Loi et de l'Ordre. En 1990, ils organisent des élections libres, remportées à plus de 80 % par la Ligue nationale pour la démocratie d'Aung San Suu Kyi, fille d'Aung San et futur prix Nobel de la paix (1991). Les élections sont annulées et Aung San Suu Kyi, assignée à résidence.
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+ En 1995, la Birmanie devient membre de l'Organisation mondiale du commerce et en 1997 de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN).
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+ Le pouvoir est alors partagé entre le président Than Shwe et Maung Aye (en), chef des armées, qui ont réussi en 2004 à évincer leur rival Khin Nyunt, chef des services de renseignement des armées. Le 7 novembre 2005, la capitale est transférée de Rangoun dans une nouvelle ville « plus sûre », Naypyidaw, dans le centre du pays.
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+ La junte résiste ensuite aux graves évènements de septembre 2007 (probablement plusieurs centaines de tués) et à la catastrophe provoquée par le cyclone Nargis en mai 2008 (plus de 130 000 morts et un million de sinistrés), mais Aung San Suu Kyi est finalement libérée le 13 novembre 2010[29] et le nouveau président Thein Sein, élu officiellement le 30 mars 2011 engage une politique d'ouverture et de libéralisation. Les années suivantes ont été néanmoins marquées par de graves incidents dans les provinces, notamment en Arakan où les Rohingyas, de religion musulmane, se voient toujours refuser la nationalité birmane et sont victimes de graves persécutions longtemps passées sous silence par la communauté internationale[30].
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+ Cette répression est attisée par le mouvement 969, organisation bouddhiste ouvertement islamophobe mené par le moine Ashin Wirathu[31]. D'autres rébellions ethniques existent comme celle des Wa largement soutenus par la Chine[28].
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+ Aux élections législatives de novembre 2015, la Ligue nationale pour la démocratie (NDL) d'Aung San Suu Kyi remporte une écrasante victoire sur le Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP) du président Thein Sein, 60,3 % contre 4,9 % pour la Chambre Haute (Amyotha Hluttaw) et 58 % contre 6,8 % pour la Chambre basse (Pyithu Hluttaw)[32], en place jusqu'à l'élection du futur président au début de 2016. Htin Kyaw, un proche d'Aung San Suu Kyi, succède à Thein Sein le 15 mars 2016. Elle-même devient le 6 avril « ministre du conseil d'État », nouvelle fonction qui s'apparente à un premier ministre[33]. Tous deux entendent désormais poursuivre la transition démocratique pacifique[34]. Le 28 mars 2018, Win Myint succède à Htin Kyaw qui démissionne pour raisons de santé [35].
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+ La Birmanie est membre de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) et aurait dû en prendre la présidence en 2006 si la pression de la communauté internationale n'avait réussi à éviter cette embarrassante situation.
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+ Régime autoritaire, la Birmanie a été dirigée par une dictature militaire marxiste après le coup d'État de 1962[7]. Le régime a été dominé de 1962 à 1988 par Ne Win, qui a occupé les postes de premier ministre, chef de l'État, et chef du parti unique de l'époque, le Parti du programme socialiste birman. La démission de Ne Win lors des évènements de 1988 a été suivie par la prise de pouvoir par une junte militaire, le Conseil d'État pour la restauration de la loi et de l'ordre, qui a pris en 1997 le nom de Conseil d'État pour la paix et le développement. Le travail forcé est une pratique courante. Les organisations internationales des droits de l'homme classent la Birmanie parmi les pires pays du monde en matière de libertés publiques : la liberté de la presse et les droits de l'homme n'existent pas, le pouvoir judiciaire n'est pas indépendant de l'exécutif et les partis d'opposition sont interdits.
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+ Après l'indépendance avec l'Angleterre, la Tatmadaw (l'armée nationale) était la seule institution assez forte pour imposer son autorité sur un pays divisé.
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+ Dotée d'un budget représentant environ 50 % du PNB, l'armée, forte de 400 000 hommes, n'a pourtant pas d'ennemi extérieur déclaré, malgré des tensions récurrentes avec la Thaïlande, qui conduisirent à des escarmouches à la frontière entre les deux pays. En plus de la protection extérieure, son rôle est de contrôler la population et elle participe à des missions de maintien de l'ordre et de répression au même titre que la police.
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+ Le parti d'opposition mené par Aung San Suu Kyi (la Ligue nationale pour la démocratie ou NLD) a remporté les élections législatives en mai 1990 avec près de 60 % de voix et 80 % des sièges en sa faveur, à la surprise de la junte militaire, qui espérait légitimer ainsi son pouvoir. Celle-ci a alors invalidé les élections. Le NLD lutte pour le retour de la démocratie dans le pays.
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+ En 1996, l'affaire Nichols marque une nouvelle étape dans la dégradation de la situation des droits de l'homme et des relations de la Birmanie avec la communauté internationale. James Leander Nichols, proche d'Aung San Suu Kyi, était consul honoraire du Danemark, de la Finlande, de la Norvège et de la Suisse. Malgré les protestations de ces quatre États et de l'Union européenne, son arrestation arbitraire, sa détention dans de mauvaises conditions et sa mort en prison n'ont pas donné lieu à des réactions birmanes ; les autorités birmanes ont également refusé qu'il soit procédé à une autopsie indépendante[36],[37].
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+ Le 18 octobre 2004, le Premier ministre, le général Khin Nyunt, a été « autorisé à prendre sa retraite pour raisons de santé » et assigné à résidence. Il a été remplacé par Soe Win, un « dur » tenu pour responsable de l’embuscade contre le convoi d’Aung San Suu Kyi en mai 2003. Khin Nyunt premier ministre depuis août 2003, supervisait les services secrets birmans depuis plus de vingt ans et était considéré comme un modéré. Son opposant au sein de la junte, le général Maung Aye, réputé très dur, qui occupait jusqu'alors les fonctions de vice-président du Conseil d'État pour la paix et le développement, est également chef d'état-major. Il est en concurrence pour le pouvoir avec le général Than Shwe, président de la junte et commandant en chef des forces armées.
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+ La junte a une position ambiguë envers l'opposante Aung San Suu Kyi, qui est très populaire dans le monde à la suite de son prix Nobel de la paix en 1991. Sa popularité et son statut de fille du héros national Aung San lui procurent une certaine protection, alors que la junte voudrait pouvoir se débarrasser de cette épine dans le pied. Face à ce dilemme, la junte l'a placée a plusieurs reprises en résidence surveillée. Le 4 mai 2009, un américain, John Yettaw (en), gagne sa résidence en traversant un lac à la nage. Il est hébergé pendant deux jours par Aung San Suu Kyi, entraînant leur arrestation et leur jugement. Aung San Suu Kyi est condamnée le 11 août 2009 à 18 mois d'assignation à résidence, à la suite d'un décret de Than Shwe réduisant la peine initiale de moitié. Ce jugement très controversé, la rendait inéligible pour les élections de 2010. Le 13 novembre, quelques jours après celles-ci, elle a été finalement libérée.
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+ La politique mise en place par les généraux occasionne des migrations massives de certaines minorités, comme les Karens par exemple, vers la Thaïlande.
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+ Les sanctions économiques prises contre le régime militaire birman par la communauté internationale, dont les États-Unis, la Malaisie et les pays de l'Union européenne, n'ont eu que peu d'effet, ceci étant dû en grande partie à l'inventivité des collaborateurs de la Junte, comme à la volonté de nombreux pays asiatiques soucieux de continuer à promouvoir les échanges économiques avec la Birmanie et notamment au vu des profits générés par les investissements dans l'extraction des ressources naturelles du pays. On peut cependant dire que ces sanctions ont eu pour effet de mettre au chômage plus de 100 000 personnes, du jour au lendemain, qui travaillaient auparavant dans les usines textiles qui commençaient à émerger dans le pays. Beaucoup des jeunes filles qui travaillaient dans ce secteur sont allées grossir les rangs des prostituées de la capitale. Les sanctions semblent donc plus contribuer à un appauvrissement de la population qu'à une démocratisation du pays[réf. nécessaire].
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+
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+ Dans la même logique que les sanctions, de nombreuses voix se sont élevées contre les sociétés comme Total investissant dans le pays et contre les voyageurs qui font fonctionner l'industrie du tourisme. Selon les démocrates, l'entrée de devises étrangères aiderait le gouvernement actuel et contribuerait à la généralisation du travail forcé.
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+ Parallèlement, en 2008, la junte a proposé au référendum la mise en place d'une constitution, avec un objectif à terme de démocratiser la vie publique, via la mise en place d'élections législatives. Malgré les protestations de l'opposition appelant à rejeter le texte qu'elle considérait comme une mascarade, les résultats officiels du référendum permettent l'adoption de cette constitution, et des élections législatives se tiennent en 2012 et en 2015. Ces dernières voient la victoire du parti de Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie. Aung San Suu Kyi annonce alors une transition progressive vers la démocratie[34]. En 2016, celle-ci ne pouvant être nommée présidente en raison d'une règle sur mesure de la constitution de 2008[38], c'est la candidature d'un de ses proches, Htin Kyaw, qui est proposée au Parlement. Au terme du processus parlementaire celui-ci est nommé président de Birmanie le 15 mars 2016[39] et Aung San Suu Kyi, tout en conservant les ministères des Affaires étrangères et de l'Éducation[40], devient le 6 avril « conseiller pour l'État », nouvelle fonction qui s'apparente à la création d'un premier ministre. Cette décision, votée par les deux chambres et signée par le président, a provoqué de vives protestations chez les représentants militaires qui dénoncent une concentration des pouvoirs exécutif et législatif dans les mains d'une seule personne, en violation de l'article 11 de la constitution[41]. En mars 2018, Htin Kyaw se retire pour raisons de santé ; le 30 mars 2018, lui succède le président de la chambre basse, Win Myint, âgé de 66 ans, membre de la LND, proche lui-aussi de Aung San Suu Kyi. Il annonce sa volonté « d'amender la constitution afin de construire une union démocratique fédérale »[42].
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+ Selon le recensement de 2014, le premier depuis 1983, la Birmanie aurait 51 419 420 habitants[43], alors que les projections précédentes estimaient que la population du pays était plutôt de l'ordre de 60 millions d'habitants[44]. Selon le ministère du travail le pays compterait en 2019 54 450 000 habitants de nationalité birmane[45].
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+ Statistiques de The World Factbook, pour 2015[1]:
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+ La Birmanie regroupe, en sus de la majorité birmane de souche, plus de 130 minorités ethniques avec leurs langues et leurs cultures propres. Elles forment près d'un tiers de la population et occupent plus de la moitié du territoire. Sept « races nationales » sont reconnues par le gouvernement : Shans, Môns, Karens, Karenni (en), Chins, Kachin (Jingpo), Arakanais (Rakhine). L’hétérogénéité de cette population est à l’origine des nombreux problèmes intercommunautaires qu’a connus le pays, comme la répression infligée en 2012 à la minorité Rohingya [46], qui vit au nord de l'Arakan. Début 2014, des forces de police birmanes sont accusées d'avoir assassiné au moins 40 Rohingyas en réponse au meurtre d'un policier le 13 janvier 2014[47]. Celle-ci n'a toujours pas récupéré la nationalité birmane dont elle a été privée en 1982[48].
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+ Leur situation s'est dramatiquement aggravée en 2016 et 2017 : À la suite de l'attaque de postes-frontières par l'Armée du salut des Rohingya de l'Arakan (ARSA)[49], l'armée déclenche de violentes représailles qui entraînent un exode massif des Rohingyas au Bangladesh. Fin 2017, selon un rapport de Médecins sans frontières, les autorités birmanes auraient tué 6 700 personnes de la communauté en août et septembre de la même année[50].
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+ Il existe trois types d'enseignement, public, privé et religieux, principalement bouddhiste. Le ministère de l'Éducation (celui des Affaires Religieuses pour les écoles monastiques et celui des Affaires Frontalières pour les régions des minorités ethniques non sécurisées) assure un enseignement officiellement gratuit et obligatoire de cinq ans pour des enfants de cinq à neuf ans en moyenne. L'enseignement secondaire dont l'entrée est soumis à un examen portant sur les matières fondamentales est constitué d'un premier degré de quatre ans ("middle school") et d'un second degré ("high school") de deux ans. À son terme la réussite au "matriculation exam" permet l'accès aux universités et instituts. L'année scolaire commence en juin et se termine en mars. L'enseignement supérieur[51] dont les principaux établissements se trouvent à Rangoun, Mandalay et Taunggyi relève aussi pour l'essentiel du ministère de l'Éducation et regroupe universités et instituts, équivalents des grandes écoles françaises. Leur accès se fait sur dossier, en fonction des notes obtenues au "matriculation exam". Les études sont organisées selon le système anglo-saxon, licence, master, doctorat. Un enseignement à distance existe depuis 1992. L'Institut français de Birmanie (IFB), ancienne Alliance française, est situé à Rangoun.
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+ La plupart des universités fermées et/ou déplacées en banlieue en décembre 1996 pour des raisons de sécurité ont rouvert leurs portes. Mais le système scolaire à tous les niveaux reste gravement défaillant, du fait de la situation socio-économique du pays, d'un financement insuffisant (6% du budget contre 13% pour l'armée en 2014-2015) [52]), de l'insuffisance de formation des enseignants et d'une corruption endémique. La scolarisation s'est indéniablement améliorée entre 2010 et 2014, le nombre d'enfants non scolarisés étant passé selon l'Unesco de 649.341 à 284.278 [53], mais, à cette même date, un enfant sur cinq travaille encore au lieu d'aller à l'école, soit un 1 700 000 jeunes [54] ; bien des familles n'ont pas les moyens de payer les fournitures scolaires et les uniformes qui sont à leur charge cependant que les écoles doivent faire appel à des donations pour se pourvoir en matériel indispensable ; quant aux salaires des enseignants, ils sont dérisoires. Selon l'UNICEF, en 2010, seulement 28 % des enfants des familles les plus pauvres étaient scolarisés[55].
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+ La nécessité de réformer le système éducatif est souligné par Aung San Suu Kyi, conseillère d'État, qui a signé la préface du Plan Stratégique de l'Éducation (NESP) [56]. Ce programme ambitieux, élaboré pendant plus de trois ans avec l'aide de donateurs et de conseillers étrangers et présenté fin février 2017, concerne la période 2016-2021 [57]. Il envisage de profondes transformations pour atteindre un niveau proche des systèmes éducatifs des pays de l'Asean : porter de 11 à 13 ans l'enseignement de base en développant en particulier la prise en charge de la petite enfance, modifier les programmes et les méthodes de manière à favoriser l'initiative et l'ouverture d'esprit des élèves alors qu'aujourd'hui le "par cœur" règne en maître, rendre efficaces l'enseignement et la formation professionnels, ouvrant sur des emplois qualifiés en phase avec le progrès économique du pays.
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+ Les manuscrits laqués et enluminés produits par les moines entre les XVIIe et XIXe siècles sont un des plus beaux témoignages de la culture birmane. Une trentaine d’entre eux, conservés par le musée des arts asiatiques Guimet, ont donné lieu à une exposition du 19 octobre 2011 au 23 janvier 2012[58].
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+ La musique traditionnelle birmane est un métissage entre la musique chinoise, indienne et thaïlandaise étant donnée la situation enclavée de la Birmanie.
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+ Dans ces dernières années, la musique moderne s'est très fortement rapprochée des styles occidentaux.
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+ La littérature birmane commence à se développer au XIIe siècle, au contact des cultures Pali, Môn et Thaï, puis occidentale après le rattachement du pays à l'Empire britannique.
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+ Le bouddhisme en Birmanie est d'une manière prédominante de la tradition Theravāda mêlé avec les convictions locales. Selon le recensement de 2014 effectué par le gouvernement sous l'égide des Nations unies, il est pratiqué par près de 88 % de la population[59], surtout parmi les Bamar, Rakhine, Shan, Mon, et Chinois. Le bouddhisme Theravada fut introduit en Birmanie par des envoyés du roi Ashoka, au IIIe siècle avant notre ère. Le Mahayana, lui, n'apparut que dix siècles plus tard, dans les régions proches de la frontière chinoise, bientôt suivi par le Vajrayana. Les trois écoles coexistèrent jusque sous le règne du roi Anawrahta (XIe siècle), qui opta pour le Theravada et essaya de la restaurer dans sa pureté originelle. Il voulut, par exemple, interdire le culte des nats mais se rendant compte que les Birmans n'étaient pas prêts à abandonner cette croyance et risquaient dès lors de se détourner du bouddhisme, il autorisa la présence des nats dans les sanctuaires - pour autant que la prééminence du Bouddha soit maintenue. L'originalité du bouddhisme birman réside justement dans la manière dont il a assimilé les croyances populaires relatives aux esprits. Aujourd'hui, 85 % de la population pratiquent un bouddhisme theravada dans lequel les influences animiste, tantrique, hindouiste et mahayaniste se font toujours fortement sentir. La pagode Shwedagon (« dragon d'or » en birman), édifiée entre le VIe et le Xe siècle, est l'un des principaux temples de Birmanie.
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+ Le christianisme est pratiqué par 6 % de la population[59], principalement parmi les minorités ethniques, Chin, Kachin, Menton, Kayin ainsi que par les Eurasiens. L'État Chin compte 85,9 % de chrétiens. Environ quatre cinquièmes des chrétiens du pays sont protestants. La Convention baptiste du Myanmar est fondée en 1865 [60]. En 2017, elle compterait 5 126 églises et 999 316 membres [61]. Les catholiques romains ainsi que la communauté apolitique des témoins de Jéhovah (neutre sur le plan politique) arrivée sur le territoire en 1914 forment le reste.
128
+ L’islam, principalement sunnite, est pratiqué par un peu plus de 4 % de la population[59], ce qui contredit les affirmations du Ma Ba Tha, groupe de moines bouddhistes extrémistes, l'un d'eux, Ashin Sopaka, prétendant que leur proportion s'élevait à 22 %[62]. Les musulmans sont divisés en Indiens, Indo-Birmans, Persans, Arabes, Panthays[63] et Rohingya.
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+ L’hindouisme est principalement pratiqué par les Indiens birmans.
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+ Les populations musulmanes et chrétiennes font face à la persécution religieuse. Le gouvernement militaire a révoqué la citoyenneté des musulmans Rohingya de Rakhine Septentrional et des populations de minorité ethniques chrétiennes ont été attaquées. De telles persécutions ciblant des civils sont particulièrement notables en Birmanie de l’est, où plus de 3 000 villages ont été détruits ces dix dernières années[64],[65].
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+ Depuis le 5 septembre 2007, où des moines bouddhistes ont été frappés par des miliciens de la junte birmane lors d'une manifestation à Pakokku, à 500 kilomètres au nord de Rangoun, un mouvement de protestation des bonzes s’est développé à travers toute la Birmanie. Ce mouvement fait suite à des manifestations organisées depuis le 19 août 2007 à Rangoun pour protester contre l'augmentation massive des prix des carburants et des transports en commun. Lancé par des membres de l'opposition de la Ligue nationale pour la démocratie, il est dirigé par Aung San Suu Kyi[66],[67].
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+ Depuis le mois d'août 2017, les persécutions envers les minorités Rohingya sont en augmentation à la suite des combats entre l'armée de l'État et les rebelles rohingya[68]. Des centaines de milliers de personnes se sont réfugiées au Bangladesh[69].
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137
+ Le pays est très peu industrialisé, la population est essentiellement rurale (70,4 % selon le recensement en 2014[43]). L'Organisation internationale du travail (OIT), dans son rapport de juillet 1998, décrit l'utilisation systématique par les militaires du travail forcé de la population civile. Depuis 2009, de nombreux Birmans ont été forcés à construire les pipelines qui transportent le pétrole et le gaz étrangers jusqu'en Chine.
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+ La Birmanie produit des pierres précieuses comme le rubis, le saphir et le jade. Les rubis représentent la ressource la plus importante : 90 % des rubis du monde proviennent de ce pays dont les pierres rouges sont prisées pour leur pureté et leur teinte. La Thaïlande achète la plus grande partie des gemmes. La « Vallée des rubis » birmane, dans la région montagneuse de Mogok, à 200 km au nord de Mandalay, est réputée pour ses rares rubis « sang de pigeon » et ses saphirs bleus[70].
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+ Les conditions d’extraction sont très dures, les compagnies minières employant de nombreux travailleurs illégaux. Les sites attirent également de nombreux travailleurs pauvres qui tentent de trouver des morceaux de jade aux abords des mines[71]. Nombre de sociétés américaines et européennes de joaillerie comme Bulgari, Tiffany ou Cartier refusent d'importer ces pierres à cause des conditions de travail déplorables dans les mines[72]. Des dizaines de personnes à la recherche du jade « oublié » par les exploitants meurent tous les mois dans les éboulements des mines à ciel ouvert de la région de HpakantHpakant[73]. Le 21 novembre 2015, plus d'une centaine de ces travailleurs pauvres sont tués par une montagne de remblais qui s'est effondrée, lors d'un glissement de terrain, sur les cabanes de fortune dans lesquelles ils dormaient[74] ; une catastrophe plus grave encore se produit le 2 juillet 2020 à la mine de Wai Khar, dans la même région de Hpakant lorsqu'un glissement de terrain , provoqué par la mousson, entraîne un raz-de-marée dans un lac : plus de 170 mineurs sont tués, des dizaines blessés ou disparus [75],[76]. L'organisation Human Rights Watch encourage l'interdiction complète de l'achat de pierres précieuses birmanes dont la quasi totalité des profits vont à la junte au pouvoir, la majorité de l'activité minière du pays étant gérée par le gouvernement[77]. Le gouvernement birman contrôle le commerce des bijoux par une participation directe ou par des joint-ventures avec les propriétaires privés des mines[78]
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+ Sous le protectorat britannique, Myanmar était le deuxième pays le plus riche du sud-est asiatique : c'était le plus gros exportateur de riz. Dans les années 1930, la production agricole s'est effondrée par suite de la chute des cours du riz, et il fallut des décennies pour qu'elle se redresse[79]. La production d'opium est abondante et favorisée par le régime. Le pavot rapporte au pays davantage de devises que toutes les autres exportations réunies. Madeleine Allbright, secrétaire d'État américaine sous le mandat Clinton, déclarait, en 1997, que « L'argent de la drogue pollue toute l'activité économique de la Birmanie ». Le pays est considéré comme un des plus corrompus du monde (176e sur 178 dans l'indice de perception de la corruption 2010 de Transparency International[80]).
144
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+ La Birmanie a une petite production pétrolière à terre. C'est un vieux pays pétrolier : sous le Raj britannique, la Birmanie exportait du pétrole brut dès 1853, ce qui en fait l'un des plus vieux producteurs de pétrole au monde[81] : elle assurait 75 % de la production mondiale d'alors[82]. La Burmah Oil Company a été créée en 1896 pour l'exploration et la production pétrolières en Inde britannique. Principal actionnaire de la British Petroleum, qui n'avait pas d'activité aux Indes, la Burmah a limité ses activités à ce territoire. En mer, Total exploite le champ gazier de Yadana, dont la production alimente une centrale électrique à Rangoun, mais surtout va à la Thaïlande. Le marché birman étant limité, un accord de vente de gaz à la Thaïlande a été signé en 1995 : 80 % de la production sont acheminés vers la centrale électrique de Ratchaburi, située à l'ouest de Bangkok et les 20 % restants servent à la consommation intérieure birmane. Le gisement de gaz de Yadana (plus de 140 milliards de m3) est situé dans le golfe de Martaban, en mer d'Andaman, à plus de 300 km au large des côtes birmanes.
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+ Malgré la persistance de violations répétées des droits de l'homme par la junte au pouvoir, la Birmanie
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+ reste une destination touristique appréciée. Le nombre annuel de touristes ne dépasse cependant jamais 200 000, en majorité des Chinois et des Japonais.
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+ L'opposition désapprouve le tourisme (et l'aide humanitaire) sous le prétexte qu'il représente un soutien financier très important de la dictature (ce qui est discutable comme cela est expliqué plus haut). Les grandes structures de ce secteur, tout comme le secteur bancaire, sont détenues par la junte et ses sympathisants. Mais il reste toujours possible pour les visiteurs de voyager de manière éthique et de faire en sorte que leur argent parvienne à la population locale (petits taxis, guesthouses, restaurants locaux, petits magasins, guides locaux, trajets en voiture, etc.).
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+ La Birmanie vend gaz, électricité, bois et minerais à la Chine, la Thaïlande et la Corée du Sud, entre autres. La Chine, la Thaïlande et d'autres puissances asiatiques concurrentes y ont toutefois investi en masse pour exploiter ses ressources - pétrole, gaz, bois, minerais, pierres précieuses et hydroélectricité. Les investissements étrangers — plusieurs milliards d'euros par an — ont amoindri l'impact des sanctions économiques mais attisé les tensions dans les régions ethniques les plus abondantes en ressources. Le pays finance de vastes projets d'infrastructures, tandis que la population parvient tout juste à survivre. Pour écraser la résistance ethnique, l'armée a déplacé des milliers de villages - surtout là où se trouvent des ressources.
153
+
154
+ La Birmanie est également un pavillon de complaisance.
155
+
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+ La Birmanie a pour codes :
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+ La presse en Birmanie :
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+ La Birmanie dans les séries :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Asie centrale
165
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+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
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+ Asie de l’Est
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+
170
+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
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+
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+ Asie de l'Ouest
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+
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+ Asie du Sud-Est
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+ Asie du Sud
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Asie du Nord
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
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+ Une année bissextile (ou un an bissextil) est une année comportant 366 jours au lieu de 365 jours pour une année régulière. Le jour supplémentaire, le 29 février, est placé après le dernier jour de ce mois qui compte habituellement 28 jours dans le calendrier grégorien. Sauf cas particuliers précisés ci-après, les années sont bissextiles tous les quatre ans. L'année 2020 est bissextile et les années 2024 et 2028 le seront aussi.
2
+
3
+ Ce genre d'année existe pour compenser la différence de temps entre l'année calendaire (365 jours) et l'année solaire, c'est-à-dire le temps pris par la Terre pour effectuer une révolution complète autour du Soleil, qui est 365,2422 jours. Un jour surnuméraire est donc ajouté régulièrement pour que la moyenne de la durée des années calendaires soit la plus proche possible de l'année solaire. Sans cette correction, la date des saisons se décalerait progressivement dans le calendrier.
4
+
5
+ Depuis l'ajustement du calendrier grégorien, l'année n’est bissextile (elle aura 366 jours)[1] que dans l’un des deux cas suivants :
6
+
7
+ Dans un autre cas, l'année n'est pas bissextile : elle a la durée habituelle de 365 jours.
8
+
9
+ (« divisible » signifie que la division donne un nombre entier, sans reste).
10
+
11
+ Ainsi, 2020 est bissextile. L'an 2008 était bissextil suivant la première règle (divisible par 4 et non divisible par 100). L'an 1900 n'était pas bissextil car divisible par 4, mais aussi par 100 (première règle non respectée) et non divisible par 400 (seconde règle non respectée). L'an 2000 était bissextil car divisible par 400.
12
+
13
+ Le calendrier julien, qui avait cours avant le calendrier actuel, ne distinguait pas les fins de siècles (années divisibles par 100). Une année était bissextile tous les quatre ans, sans autre exception. Le calendrier julien avait ainsi une année moyenne de 365,25 jours, au lieu des 365,242 2 jours de l'année tropique. Ce qui a engendré l'accumulation d'une dizaine de jours de retard en quinze siècles.
14
+
15
+ L'instauration du calendrier grégorien a permis d'une part de rattraper le retard en supprimant des jours, et d'autre part de ralentir le rythme en supprimant trois années bissextiles tous les 400 ans. Ce calendrier grégorien offre selon les règles énoncées une année moyenne de 365,242 5 jours, ce qui est encore un peu trop long, mais n'engendre qu'un retard de trois jours en 10 000 ans.
16
+
17
+ L'habitude d'ajouter une journée intercalaire afin de rattraper le retard pris par l'année civile sur l'année solaire remonte aux Romains. Ceux-ci, avant le calendrier julien, utilisaient l'année dite « de Numa » de 355 jours, soit douze mois lunaires. Le retard avec le calendrier solaire était compensé par des mois intercalaires d'une durée variable fixée par le grand pontife. Ce système s'était cependant déréglé au moment des guerres civiles.
18
+
19
+ Les calendriers luni-solaires de type chinois, encore utilisés dans nombre de pays de l'Asie du Sud-Est pour fixer les fêtes traditionnelles, adoptent aussi ce principe : ajout d'un mois intercalaire 7 fois en 19 ans, selon un cycle dit « de Méton ».
20
+
21
+ En 45, avant l'ère chrétienne, Jules César, alors dictateur (au sens latin du terme) et grand pontife de la République romaine, fit appel à l'astronome grec Sosigène d'Alexandrie, afin de régler le décalage trop important que l'on constatait entre les années solaires et civiles depuis les guerres civiles. Sosigène d'Alexandrie n'eut qu'à puiser dans le calendrier égyptien et se remémorer le décret de Canope pour proposer une solution.
22
+ Ainsi, Jules César fixa notre année de 365 jours, plus une journée intercalaire tous les quatre ans.
23
+
24
+ Ce jour « additionnel » se plaçait juste avant le 24 février[1]. Il s'agissait donc d'un « 23 février bis ». On nommait le 24 février a. d. VI Kal. Mart., soit ante diem sextum Kalendas Martias, ce qui signifie « le sixième jour avant les calendes de mars » (les Romains comptaient les jours à rebours, bornes incluses, à partir de trois dates de référence présentes dans chaque mois, à savoir les calendes, le 1er du mois, les ides, le 13 ou 15 selon les mois, et les nones, neuf jours bornes incluses avant les ides, comme leur nom l'indique, c'est-à-dire le 5 ou 7) ; le « 23 février bis » se disait donc tout naturellement a. d. bis VI Kal. Mart., soit ante diem bis sextum Kalendas Martias : « le sixième jour bis avant les calendes (le premier jour) de mars ». Une année bissextile comprend deux fois le sixième jour avant le premier mars ; « deux fois [le] sixième » se dit bis sextus en latin ; par l'ajout du suffixe -ilis, est dérivé l'adjectif bissextilis, d'où « bissextile » en français.
25
+
26
+ Plus tard, le jour intercalaire fut positionné le 29 du mois de février, à partir du moment où la méthode latine de décompte des jours fut remplacée par celle que nous employons toujours aujourd'hui.
27
+
28
+ Les personnes étant nées un 29 février fêtent habituellement leur anniversaire le 28 février les années non bissextiles comme 2011 ou 2013.
29
+ Dans certains pays, par exemple à Taïwan, une personne née un 29 février l'est légalement le 28. Par exemple, une personne née le 29 février 1980 aurait eu 18 ans le 28 février 1998.
30
+
31
+ Depuis 1980 en France, un petit groupe de personnes édite un journal qui paraît seulement les 29 février, appelé La Bougie du sapeur. En 2020, il publie son numéro 11.
32
+
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+ En 1700, la Suède tenta d'utiliser un calendrier julien modifié pour passer graduellement du calendrier julien au calendrier grégorien. Le processus devait réduire graduellement un jour par an, pendant 11 ans.
34
+ Seule l'année 1700 fut ainsi modifiée et en 1712 pour rattraper le calendrier julien, il fallut rajouter un jour supplémentaire en février qui devint ainsi doublement bissextile et possédait un 30 février.
35
+
36
+ En 1929, l'Union soviétique introduisit un calendrier révolutionnaire dans lequel chaque mois avait 30 jours, et les cinq ou six jours en excès étaient des jours de congé ne faisant partie d'aucun mois, à la manière des sans-culottides du calendrier républicain français. Les années 1930 et 1931 eurent donc un « 30 février » (un 2e mois de 30 jours), mais en 1932 ce calendrier fut partiellement abandonné et les mois retrouvèrent leur longueur antérieure.
37
+
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+ Il reste une différence minime entre le calendrier grégorien dont l’année vaut 365,2425 jours et la réalité ~365,2422 jours.
39
+
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+ La formule actuelle permet de gérer l'écart de 0,2425 jour sur un cycle de 400 ans :
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+ Une formule plus précise permettrait de gérer l'écart de 0,242 2 jour (sur un cycle de 20 000 ans) mais le décalage actuel d’un jour tous les 4 000 ans ne justifie pas une telle correction.
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+ Le bit est l'unité la plus simple dans un système de numération, ne pouvant prendre que deux valeurs, désignées le plus souvent par les chiffres 0 et 1. Un bit ou élément binaire peut représenter aussi bien une alternative logique, exprimée par faux et vrai, qu'un chiffre du système binaire.
2
+
3
+ Dans la théorie de l'information, un bit est la quantité minimale d'information transmise par un message, et constitue à ce titre l'unité de mesure de base de l'information en informatique. La quantité d'information effectivement transmise s'exprime en shannons, et ne peut dépasser la taille du message en bits.
4
+
5
+ Les systèmes numériques traitent exclusivement des informations réduites en bits, en général associés dans des groupes de taille fixe appelés bytes (/bait/).
6
+
7
+ Le mot « bit » est la contraction des mots anglais binary digit, qui signifient « chiffre binaire », avec un jeu de mot sur bit, « petit morceau ». On en doit la popularisation à Claude Shannon, qui en attribue l'invention à John Tukey[1].
8
+
9
+ Le bit ou élément binaire est l'élément constitutif du système de numération binaire[2]. Ce système, le plus analytique de tous les systèmes de numération, puisqu'il décompose les nombres en éléments indivisibles, est à la base de presque tous les systèmes informatiques[3].
10
+
11
+ Un bit ne peut prendre que deux valeurs. En logique (algèbre de Boole), ces valeurs sont faux et vrai, ou quelquefois non et oui. En arithmétique, ce sont 0 et 1.
12
+
13
+ De nombreux moyens techniques permettent de coder une information binaire. La polarisation magnétique, la charge électrique servent au stockage, le courant ou la tension électriques, l'intensité lumineuse sont couramment utilisés pour la transmission. L'essentiel est de distinguer avec une très bonne fiabilité les deux états de manière à limiter les erreurs. La correspondance entre chacun des deux états et une valeur du bit correspondant est affaire de convention. Un Interrupteur peut être soit ouvert, soit fermé pour coder 0 ou 1 ; l'autre état code l'autre valeur. Il en va de même pour la tension ou le courant électriques, la polarisation magnétique, la lumière allumée ou éteinte.
14
+
15
+ Selon la théorie mathématique de l'information de Shannon, lorsque l'on reçoit l'information correspondant à l'occurrence d'un évènement ayant 1 chance sur 2 de se produire, on reçoit un bit d'information.
16
+
17
+ Lors du tir à pile ou face de l'engagement d'un match de football, quand l'arbitre indique que la pièce est tombée sur pile, il transmet un bit d'information aux 2 capitaines des équipes en compétition, parce qu'avant cette annonce, la probabilité d'obtenir l'un ou l'autre résultat était égale.
18
+
19
+ Le nom de l'unité élémentaire d'information est le shannon, symbole Sh[4].
20
+
21
+ Dans un encodage idéal de l'information, tout bit (élément binaire) porterait un shannon d'information. Ce n'est pas le cas, parce que les informations environnant un bit dans un flux peuvent affecter sa probabilité d'avoir l'une ou l'autre valeur. L'information contenue dans un flux de n bits est au maximum de n shannons. Elle est en général moindre, parce que toutes les combinaisons ne correspondent pas à des messages valides de probabilité égale.
22
+
23
+ Pour assurer une détection d'erreur, on transmet volontairement des informations excédentaires, qui se déduisent des données transmises. Un des systèmes les plus simples consiste à coder sur 8 bits un mot de 7 bits, le huitième, appelé bit de parité, étant calculé de telle sorte que le nombre total de 1 dans l'ensemble soit toujours soit pair, soit impair, selon la convention en vigueur.
24
+
25
+ Un tel ensemble de 8 bits n'a que 27 valeurs possibles, et transporte 7 et non 8 shannons.
26
+
27
+ Outre ces redondances volontaires, introduites dans le but de corriger les erreurs de transmission, les encodages contiennent une part de répétition que l'on conserve parce qu'elles facilitent le traitement des données numériques.
28
+
29
+ En informatique, on code souvent les grandeurs en nombres à virgule flottante. La norme IEEE 754 fixe, pour le codage sur 32 bits, un encodage qui détermine 4 286 578 689 valeurs valides sur les 232, soit 4 294 967 296 possibles.
30
+
31
+ Un nombre en virgule flottante de 32 bits apporte ainsi 31,997 et non 32 shannons d'information.
32
+
33
+ En outre, les communications humaines contiennent une part involontaire de répétition, qui peut être partiellement réduite par l'analyse statistique. La compression de données vise à rapprocher le nombre de bits d'un message de la quantité d'information qu'il transmet, élevant ainsi le nombre de shannons par bit.
34
+
35
+ Lorsqu'on ne se préoccupe pas de l'efficacité de l'encodage, un bit et un shannon sont pratiquement équivalents.
36
+
37
+ Si on souhaite renoncer à cette correspondance éventuellement trompeuse entre l'unité de codage et celle d'information, on peut exprimer la quantité d'information en nats, basés sur le logarithme naturel et non comme le bit sur le logarithme en base 2. Un nat est égal à un shannon multiplié par le logarithme naturel de 2, soit environ 0,7.
38
+
39
+ Il ne faut pas confondre un bit avec un byte, mot anglais qui se prononce /bait/ et se traduit par multiplet[5], suite de bits. En informatique, le byte est généralement une suite de 8 bits, ce qui dans ce cas fait un octet. Quand le nombre d'éléments binaires qui le compose est différent, cela est normalement précisé. On peut ainsi trouver les formes « doublet », « triplet », et plus généralement, « n-uplet »[6].
40
+
41
+ Il n'y a pas de norme universellement acceptée au sujet des abréviations de bit et byte.
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+ Taxons concernés
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+
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+ Dans la famille des Mephitidae, le genre :
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+
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+ modifier
6
+
7
+ Blaireau est un terme du vocabulaire courant qui désigne plusieurs espèces de mammifères appartenant à la famille des Mustelidae. Ce nom ne correspond pas à un niveau précis de la classification scientifique des espèces. Autrement dit, il s'agit d'un nom vernaculaire dont le sens est ambigu en biologie car il désigne une dizaine d'espèces distinctes parmi les Melinae (blaireaux eurasiatiques), les Mellivora (ratel) et Taxidea (Blaireau d'Amérique). Le plus souvent toutefois, en parlant de « blaireau » les francophones font référence au Blaireau européen (Meles meles).
8
+
9
+ Les animaux désignés sous le nom de blaireau sont des mammifères omnivores de taille moyenne, au corps massif, à pattes courtes et museau allongé. La fourrure épaisse et rude est bicolore, noir ou gris-brun, avec le plus souvent de larges bandes blanches partant de la tête et se prolongeant plus au moins loin sur le cou ou le dos, selon les espèces[1].
10
+
11
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
12
+
13
+ Blaireau européen.
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+
15
+ Blaireau du Japon.
16
+
17
+ Blaireau d'Amérique.
18
+
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+ Blaireau à gorge blanche.
20
+
21
+ Blaireau-furet (ici de Chine).
22
+
23
+ Blaireau à miel.
24
+
25
+ Ces mustélidés peuvent être confondus avec d'autres carnivores de taille moyenne et dont la face présente également un masque facial sombre. Toutefois, même vu de loin, le Raton laveur commun (Procyon lotor) est d'aspect plus rond avec une fourrure plus soyeuse et le Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides)[2] est proportionnellement plus haut sur pattes.
26
+
27
+ Blaireau européen (Meles meles).
28
+
29
+ Raton laveur commun (Procyon lotor).
30
+
31
+ Chien viverrin (Nyctereutes procyonoides).
32
+
33
+ Les caractéristiques générales des blaireaux sont celles des mustélidés, avec des nuances pour chaque espèce. La plupart ont en commun de déposer leurs crottes dans de petits trous non refermés appelés pots. (voir les articles détaillés pour plus d'informations sur leur description ou leur mode de vie).
34
+
35
+ Le blaireau peut être responsable de la transmission de la tuberculose bovine. Toutefois, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail a publié en octobre 2019 un rapport sur l'inutilité d'abattre les animaux, ou de les piéger dans les zones indemnes de tuberculose bovine. Si le blaireau peut transmettre la maladie aux bovins, il n'est pas la seule espèce sauvage concernée. Certains départements pratiquent encore l'abattage préventif[3].
36
+
37
+ Liste alphabétique de noms vulgaires ou de noms vernaculaires attestés[4] en français.
38
+
39
+ Note : certaines espèces ont plusieurs noms et figurent donc plusieurs fois dans cette liste. Les classifications évoluant encore, certains noms scientifiques ont peut-être un autre synonyme valide. En gras, l'espèce la plus connue des francophones.
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+ Blaise Pascal, né le 19 juin 1623 à Clermont (aujourd'hui Clermont-Ferrand) en Auvergne et mort le 19 août 1662 à Paris, est un mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français[1].
4
+
5
+ Enfant précoce, il est éduqué par son père. Les premiers travaux de Pascal concernent les sciences naturelles et appliquées. Il contribue de manière importante à l’étude des fluides et clarifie les concepts de pression et de vide en étendant le travail de Torricelli. Il est l'auteur de textes importants sur la méthode scientifique.
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+
7
+ À 19 ans[2],[3], il invente la première machine à calculer[4],[5] et après trois ans de développement et cinquante prototypes, il la présente à ses contemporains en la dédiant au chancelier Séguier[6]. Dénommée machine d’arithmétique, puis roue pascaline et enfin pascaline, il en construisit une vingtaine d'exemplaires dans la décennie suivante[7].
8
+
9
+ Mathématicien de premier ordre, il crée deux nouveaux champs de recherche majeurs. Tout d’abord, il publie un traité de géométrie projective à seize ans ; ensuite il développe en 1654 une méthode de résolution du « problème des partis » qui, donnant naissance au cours du XVIIIe siècle au calcul des probabilités, influencera fortement les théories économiques modernes et les sciences sociales.
10
+
11
+ Après une expérience mystique qu'il éprouve en novembre 1654[8],[9], il se consacre à la réflexion philosophique et religieuse, sans toutefois renoncer aux travaux scientifiques. Il écrit pendant cette période Les Provinciales et les Pensées, publiées seulement après sa mort qui survient deux mois après son 39e anniversaire, alors qu’il a été longtemps malade.
12
+
13
+ Le 8 juillet 2017, dans un entretien au quotidien italien "La Repubblica", le pape François annonce que Blaise Pascal « mériterait la béatification » et qu'il envisageait de lancer la procédure officielle[réf. nécessaire].
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+
15
+ Né à Clairmont (actuel Clermont-Ferrand[10]), en Auvergne, Blaise Pascal est auvergnat de naissance, de famille bourgeoise proche de la noblesse de robe, et sa famille est auvergnate depuis plusieurs générations. Il est baptisé en l'église Saint-Pierre[11] le 27 juin 1623. Il perd sa mère, Antoinette Begon, le 29 juin 1626, alors qu’il n'a que trois ans[12],[13].
16
+
17
+ Son père, Étienne Pascal (1588-1651[12]), très intéressé par les mathématiques et les sciences[14], était conseiller du roi[15] pour l'élection de Basse-Auvergne, puis second président à la Cour des aides de Montferrand. Devenu veuf, il décide d'éduquer seul ses enfants. Blaise Pascal avait deux sœurs, Jacqueline, née en 1625, et Gilberte (née en 1620, mariée en 1642 à Florin Périer (de), conseiller à la cour des aides de Clairmont) qui lui survécut[16].
18
+
19
+ En 1631, Étienne part avec ses enfants à Paris, alors que Blaise n'a encore que 8 ans. Il décide d’éduquer lui-même son fils, qui montre des dispositions mentales et intellectuelles extraordinaires. En effet très tôt, Blaise a une capacité immédiate pour les mathématiques et la science, peut-être inspirée par les conversations fréquentes de son père avec les principaux savants de l’époque : Roberval, Marin Mersenne, Girard Desargues, Claude Mydorge, Pierre Gassendi et Descartes[17]. Malgré sa jeunesse, Blaise participe activement aux séances à l'occasion desquelles les membres de l’académie Mersenne soumettent leurs travaux à l'examen de leurs pairs[16].
20
+
21
+ À onze ans, il compose un court Traité des sons des corps vibrants et aurait démontré la 32e proposition du Ier livre d’Euclide (concernant la somme des angles d'un triangle)[18]. Étienne réagit en interdisant à son fils toute poursuite de ses études en mathématiques jusqu’à quinze ans, afin qu’il puisse étudier le latin et le grec. Sainte-Beuve (dans son Port-Royal, III, p. 484) raconte :
22
+
23
+ « Je n’ai rien à dire des éléments de géométrie, si ce n’est que Pascal, qui les avait lus en manuscrit, les jugea si clairs et si bien ordonnés qu’il jeta au feu, dit-on, un essai d’éléments qu’il avait fait lui-même d’après Euclide et qu’Arnauld avait jugé confus ; c’est même ce qui avait d’abord donné à Arnauld l’idée de composer son essai : en riant, Pascal le défia de faire mieux, et le docteur, à son premier loisir, tint et gagna la gageure. »
24
+
25
+ À douze ans (1635), il commence à travailler seul sur la géométrie. Le travail de Desargues l'intéresse particulièrement et lui inspire, à seize ans, un traité sur les sections coniques qu'il soumet à l'académie Mersenne : Essai sur les coniques. La majeure partie en est perdue mais un résultat essentiel et original en reste sous le nom de théorème de Pascal. Le travail de Pascal est si précoce que Descartes, en voyant le manuscrit, croira qu’il est de son père[19].
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+ En 1638, Étienne, opposé aux dispositions fiscales du cardinal de Richelieu, quitte Paris avec sa famille pour échapper à la Bastille. Lorsque Jacqueline, sœur de Blaise, dit un compliment particulièrement bien tourné devant Richelieu, Étienne obtient sa grâce. En 1639, la famille s’installe à Rouen où Étienne devient commissaire délégué par le Roi pour l’impôt et la levée des tailles.
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+ À dix-huit ans (1641), Pascal commence le développement de la pascaline, machine à calculer capable d’effectuer des additions et des soustractions[20], afin d’aider son père dans son travail. Il en écrit le mode d’emploi : Avis nécessaire à ceux qui auront la curiosité de voir ladite machine et s’en servir. Plusieurs exemplaires sont conservés, en France, au Musée des arts et métiers à Paris et au musée de Clermont-Ferrand. Bien que ce soit le tout début du calcul mécanique, la machine est un échec commercial à cause de son coût élevé (100 livres). Pascal améliore la conception de la machine pendant encore dix années et en construit une vingtaine d’exemplaires.
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+ Pascal est également à l’origine de l’invention de la presse hydraulique, s'appuyant sur le principe qui porte son nom.
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+ On lui attribue également l’invention de la brouette ou vinaigrette, et du haquet, véhicule hippomobile conçu pour le transport des marchandises en tonneaux. Ces attributions semblent remonter à un ouvrage de Bossut, qui réalise la première édition complète des écrits de Pascal, dans l’avertissement duquel il mentionne ces inventions d’après le témoignage de M. Le Roi, de l’Académie des Sciences, qui tient ses informations de son père, Julien Le Roi[21].
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+ T. S. Eliot décrit Pascal, à cette période de sa vie, comme « un homme mondain parmi les ascètes et comme un ascète parmi les hommes du monde ». Le style de vie ascétique de Pascal venait de sa foi en ce qu'il était naturel et normal pour un homme de souffrir. Dans ses dernières années troublées par une mauvaise santé, il rejette les ordonnances de ses médecins en disant : « La maladie est l'état naturel du chrétien. » D'après sa sœur Gilberte, il aurait écrit alors la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies. En 1659, Pascal tombe sérieusement malade.
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+ Louis XIV a interdit le mouvement janséniste de Port-Royal en 1661. En réponse, Pascal écrit un de ses derniers travaux, Écrit sur la signature du formulaire, recommandant instamment aux jansénistes de ne pas le signer. Plus tard, au cours de cette année, sa sœur Jacqueline meurt, ce qui convainc Pascal de cesser sa polémique à propos du jansénisme.
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+ Grâce à ses connaissances en hydrostatique, il participe à l’assèchement des marais poitevins, à la demande du duc de Roannez. C'est avec ce dernier qu'il inaugure la dernière de ses réalisations qui reflète parfaitement le souci d’action concrète qui habite le savant : la première ligne de « transports en commun », convoyant les passagers dans Paris avec des carrosses à cinq sols munis de plusieurs sièges.
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+ En 1662, la maladie de Pascal est devenue plus violente. Conscient du fait qu'il a peu de chances de survivre, il songe à trouver un hôpital pour les maladies incurables, mais ses médecins le déclarent intransportable. À Paris, le 17 août 1662, Pascal a des convulsions et reçoit l’extrême onction. Sa sœur Gilberte l'accompagne jusqu'à la fin. Il meurt le 19 août[22], au no 8 de la rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont (devenue le 2 rue Rollin). On dit que ses dernières paroles furent « que Dieu ne m'abandonne jamais »[23]. Il est enterré dans l'église Saint-Étienne-du-Mont.
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+ L'autopsie pratiquée après sa mort révèle de graves problèmes stomacaux et abdominaux, accompagnés de lésions cérébrales. Malgré cette autopsie, la raison exacte de sa santé chancelante n'est pas connue. Des spéculations ont eu lieu à propos de tuberculose, d'un cancer de l'estomac ou d'une combinaison des deux. Les maux de tête qui affectaient Pascal sont attribués à la lésion cérébrale (Marguerite Périer, sa nièce, dit dans sa biographie de Pascal que l'autopsie révéla que « le crâne ne comportait aucune trace de suture autre que la lambdoïde… avec une abondance de cervelle, dont la substance était si solide et si condensée… »).
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+ Les professeurs M. Dordain et R. Dailly, de la Faculté de Médecine de Rouen, développent, dans les années 1970, les travaux de MM. Augeix, Chedecal, Crussaire et Nautiacq et établissent un « diagnostic d’insuffisance rénale chronique » avec « suspicion d’une maladie polykistique des reins » et « présence de lésions vasculaires cérébrales en voie de complications (thrombose) ». Pascal aurait donc été atteint « d’une maladie génétique [dont] les expressions cliniques [entrent] dans le cadre des dystrophies angioplasiques congénitales… objet de travaux (Pr J.-M. Cormier et Dr J.-M. André, 1978 et 1987) ces dernières années »[24].
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+ Quand Pascal revient à Paris, juste après avoir surveillé la publication de sa dernière lettre, sa croyance religieuse est renforcée par sa proximité avec un miracle apparent qui concerne sa nièce Marguerite Périer âgée de dix ans, dans la chapelle du couvent de Port-Royal. Sa sœur Gilberte Périer raconte dans La vie de Monsieur Pascal qu’elle a consacrée à son frère :
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+ « Ce fut en ce temps-là qu’il plut à Dieu de guérir ma fille d’une fistule lacrymale, dont elle était affligée il y avait trois ans et demi. Cette fistule était d’une si mauvaise qualité, que les plus habiles chirurgiens de Paris la jugèrent incurable. Et enfin Dieu s’était réservé de la guérir par l’attouchement d’une Sainte-Épine qui est à Port-Royal des Champs ; et ce miracle fut attesté par plusieurs chirurgiens et médecins, et autorisé par le jugement solennel de l’Église. »
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+ Plus tard, les jansénistes et les catholiques utilisèrent pour leur défense ce miracle bien documenté. En 1728, le pape Benoît XIII s’en servit pour montrer que l’âge des miracles n’était pas terminé.
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+ Pascal mit dans son blason un œil surmonté d’une couronne d’épines, avec l’inscription Scio cui credidi (« Je sais en qui j'ai cru »). Sa foi renouvelée, il se décida à écrire son œuvre testamentaire, inachevée, les Pensées.
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+ Pascal ne put achever, avant de mourir, son travail théologique le plus important : un examen soutenu et logique de la défense de la foi chrétienne, avec pour titre original Apologie de la religion chrétienne.
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+ Après sa mort, de nombreuses feuilles de papier sont trouvées lors du tri de ses effets personnels, sur lesquelles sont notées des pensées isolées, feuilles regroupées en liasses dans un ordre provisoire mais parlant. La première version de ces notes éparses est imprimée en 1670 sous le titre Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets[25],[20]. Elles deviennent très vite un classique. Parce que ses amis et les disciples de Port-Royal sont conscients que ces « pensées » fragmentaires peuvent mener au scepticisme plutôt qu’à la piété, ils cachent les pensées sceptiques et modifient une partie du reste, de peur que le roi ou l’église n’en prenne offense alors que la persécution de Port-Royal a cessé, et les rédacteurs ne souhaitent pas une reprise de la polémique. Il faut attendre le XIXe siècle pour que les Pensées soient publiées complètement et avec le texte d’origine, tirées de l'oubli et éditées par le philosophe Victor Cousin.
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+ Les Pensées de Pascal sont largement considérées comme l'une des pièces maîtresses et une étape de la littérature française. En présentant ses observations sur un chapitre, Sainte-Beuve considérait ces pages comme les plus fines de la langue française. Will Durant, dans son onzième volume de l’Histoire des civilisations, le juge comme « le livre le plus éloquent en français ». Dans les Pensées, Pascal présente plusieurs paradoxes philosophiques : infini et néant, foi et raison, âme et matière, mort et vie, sens et vanité — apparemment n’arrivant à aucune conclusion définitive sans l’appui de l’humilité et de la grâce. En les rassemblant, il développe le pari de Pascal.
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+ D’un point de vue biographique, deux influences de base guident Pascal vers sa conversion : le jansénisme et la maladie.
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+ Les enfants Pascal ont reçu une éducation chrétienne de la part de leur père et de leur gouvernante Louise Delfault. En témoignent les poèmes de Jacqueline. Étienne reçoit les plus grands esprits de son époque, dont certains se vantent d’être libertins, d’avoir secoué le joug de la religion. Étienne les écoute et les réfute avec une telle force de conviction que Blaise en est frappé et rêve de devenir un jour non seulement mathématicien, mais défenseur de la religion. De plus, Étienne laisse à son fils cette consigne : « tout ce qui est l’objet de la foi ne le saurait être de la raison ». En 1645, d’après deux textes de Jacqueline et trois de Pascal, celui-ci semble avoir eu une déception amoureuse qui faillit lui être fatale. Il décide de ne pas se marier.
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+ En 1646, le père de Pascal s’est démis la cuisse en tombant sur la glace, il est soigné par deux médecins jansénistes (ces frères Deschamps ayant été anoblis sous les noms de La Bouteillerie et Des Landes), disciples de Jean Duvergier de Hauranne (abbé de Saint-Cyran) qui introduisit le jansénisme en France[26]. Blaise parle fréquemment avec eux durant les trois mois du traitement de son père, il leur emprunte des livres d’auteurs jansénistes, enthousiasmé en particulier par le Discours de la réformation de l'homme intérieur écrit par Cornelius Jansen en 1628, dont il ressort si vivement marqué qu'il communique son admiration à ses proches, certains affirmant donc que ce fut là la date de sa « première conversion ». Il est fortement marqué par leur témoignage. Par eux, Dieu l’appelle. Il répond en se donnant à Lui, il communique sa ferveur à ses proches, et Jacqueline jusqu’alors écartelée entre l’amour de Dieu et le monde où elle brille veut devenir religieuse. Ce n’est pas une conversion ; selon le mot de Jacqueline c’est un Progrès. (Il faut lire le témoignage de sa sœur Gilberte sur Pascal. Il n’est question ni de jansénisme, ni de Port-Royal, ni de conversion).
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+ Il découvre que marcher sur les traces de Copernic et de Galilée pour libérer la physique du poids mort d’Aristote et de la scolastique n’est que la démarche d’une vaine raison, impliquée dans la souillure de l’humanité tout entière, et que tout ce génie qui bouillonne en lui ne le conduit qu’à le divertir d’une révélation terrible et rédemptrice. Que signifie un savoir qui ne jette pas l’homme au pied de la Croix ? Dans cette période, Pascal vit une sorte de « première conversion » et commence, au cours de cette année, d’écrire sur des sujets théologiques. Toute sa famille se met à « goûter Dieu » avec lui.
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+ Dès sa dix-huitième année, il subit un mal nerveux qui le laisse rarement un jour sans souffrance. En 1647, une attaque de paralysie l’atteint au point qu’il ne peut plus se mouvoir sans béquilles. Il a mal à la tête, des maux de ventre, ses jambes et ses pieds sont continuellement froids et demandent des soins pour activer la circulation sanguine ; il porte des bas trempés dans de l’eau-de-vie pour se réchauffer les pieds. En partie pour avoir de meilleurs traitements médicaux, il se rend à Paris avec sa sœur Jacqueline. Sa santé s’améliore mais son système nerveux est perturbé de manière permanente. Dorénavant, il est sujet à une profonde hypocondrie, qui a affecté son caractère et sa philosophie. Il est devenu irritable, sujet à des accès de colère fière et impérieuse, et il sourit rarement.
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+ Pascal s’éloigne de son premier engagement religieux et il vit pendant quelques années ce qu’il a appelé « une période mondaine » (1648-1654)[27]. Ce sont les expériences sur le vide, à la suite des travaux de Torricelli, qui l'occupent pleinement. De 1646 à 1654, il multiplie les expérimentations avec toutes sortes d’instruments. L’une d’entre elles, en 1648, lui permet de confirmer la réalité du vide et de la pression atmosphérique et d’établir la théorie générale de l’équilibre des liquides.
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+ Son père meurt en 1651 et Pascal prend possession de son héritage et de celui de sa sœur Jacqueline. Le 4 janvier 1651, en dépit de l’opposition de son frère, Jacqueline entre à Port-Royal de Paris[27]. Légalement, elle perd ses droits civiques. Pascal se coupe de Port-Royal pendant deux ans et neuf mois, sauf quelques entrevues orageuses avec sa sœur. L’entrée de sa sœur au couvent déclenche chez Pascal une dépression. Les médecins lui conseillent de se marier, de prendre une charge. Pascal s’y oppose, les médecins insistent. Finalement Pascal accepte et fait des démarches dans ce sens. Il aurait pu, marié, garder sa fidélité à Dieu comme les deux infirmiers, comme Gaston de Renty dont il a lu la vie écrite par Saint-Jure, un jésuite, mais il comprend vite que ce n’est pas sa voie. En septembre 1652, il part à Clermont-Ferrand où Florin vient d’acheter Bienassis avec son beau château. Il y restera huit mois. Bienassis jouxte le domaine des carmes déchaussés où Pascal retrouve Blaise Chardon, son cousin et ami d’enfance qui est religieux. Pascal fait une première retraite qu’attestera sa sœur et il lit Jean de la Croix. Il découvre la contemplation et devient mystique. Au moment de prononcer ses vœux en juin 1653, Jacqueline veut faire une dot importante au monastère, ce qui est illégal. En mai, Pascal est à Clermont. Avec Florin Périer, époux de Gilberte, ils refusent en se plaçant sur le plan juridique. Pascal rentre à Paris pour régler l’affaire. Entrevue orageuse ! Finalement il sera généreux.[style à revoir]
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+ Ainsi, Pascal se trouve à la fois riche et libre. Il prend une maison somptueusement meublée, avec beaucoup de domestiques et se fait conduire dans Paris avec une voiture tirée par quatre ou six chevaux. Il passe son temps en compagnie de beaux esprits, de femmes et de joueurs (comme son travail sur les probabilités le montre). Il poursuit un temps ses travaux en Auvergne, alors qu'il y poursuit aussi de ses assiduités une dame de grande beauté, qu’il appelle la « Sapho de la campagne ». À cette époque, il inspire un Discours sur les passions de l’amour (qui ne semble pas être de sa main), et apparemment il a médité sur le mariage qu’il décrit plus tard comme « la plus basse des conditions de la vie permises à un chrétien ».
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+ Jacqueline lui reproche sa frivolité et prie pour qu’il change de vie. Durant les visites à sa sœur à Port-Royal en 1654, il montre du mépris pour les affaires du monde mais il n’est pas attiré par Dieu.
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+ À la fin de 1654, rapporte M. Arnoul de Saint-Victor, curé de Chambourcy et ami du philosophe (Gustave Michaut[28] data la chose du 8 novembre), Pascal aurait eu un accident sur le pont de Neuilly : les chevaux auraient plongé par-dessus le parapet, la voiture étant près de les suivre. Mais l’attelage se serait rompu et la voiture serait restée en équilibre sur le bord du pont. Selon M. Arnoul, Pascal et ses amis sortent alors de la voiture, mais le philosophe hypersensible, terrifié par la proximité de la mort, s’évanouit et reste inconscient. Victor Giraud[29] dès 1902 a mis en doute que cet accident, s'il a réellement eu lieu, soit à l'origine de la conversion de Pascal, car l'histoire n'est relatée que par le seul témoignage de M. Arnoul, de deuxième ou de troisième main, qui ne mentionne ni date exacte (« quelques années avant sa mort »), ni évanouissement. Par ailleurs, aucun des proches de Pascal ne mentionne l’incident. L'anecdote a été en revanche largement reprise aux siècles suivants. Tony Gheeraert ajoute : « Il est difficile de tirer argument d’un tel texte : le témoignage, qui n’est pas signé, relate un épisode inconnu jusque-là de la vie de Pascal, rapporté en outre de troisième ou quatrième main. On notera aussi que l’accident n’est pas précisément daté (« quelques années avant sa mort »), et on ne sait par ailleurs rien d’une interruption par Pascal de ses promenades : on le voit au contraire, à la fin de sa vie, prendre en charge une jeune fille abandonnée rencontrée dans la rue et visiter les églises en guise de « divertissement »[30].
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+ Le 23 novembre 1654, entre dix heures et demie et minuit et demi, Pascal a une intense vision religieuse qu’il écrit immédiatement pour lui-même en une note brève, appelé le « Mémorial » en littérature, commençant par : « Feu. Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants… » et qu’il conclut par une citation du Psaume 119,16 : « Je n’oublierai pas tes enseignements. Amen. » Il coud soigneusement ce document dans son manteau et le transfère toujours quand il change de vêtement ; un serviteur le découvrira par hasard après sa mort. Pendant sa vie, Pascal a souvent été considéré par erreur comme un libertin et, plus tard, il a été tenu à l’écart comme une personne n’ayant eu une conversion que sur son lit de mort.
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+ Sa croyance et son engagement religieux réactivés, Pascal loge dans le plus ancien des deux couvents de Port-Royal pour une retraite de quinze jours en janvier 1655[27]. Pendant les quatre années suivantes, il fit régulièrement le voyage entre Paris et Port-Royal des Champs. Dans les mois qui suivent sa conversion, Pascal tombe dans une piété que sa sœur Jacqueline trouve excessive, tant il néglige sa personne : « Soyez, au moins durant quelques mois, aussi propre que vous êtes sale […] », ajoutant qu’il sera toujours temps qu’il lui soit « glorieux, et édifiant aux autres, de [le] voir dans l’ordure », bien que, poursuit-elle avec ironie, saint Bernard n’eût pas été de cet avis[31]. Peu après cette lettre du premier décembre 1655, paraissent Les Provinciales[20].
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+ Pascal participa aux travaux de traduction en français de la Bible par Louis-Isaac Lemaistre de Sacy.
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+ Dès l'âge de seize ans, Pascal commence à travailler sur ce qui deviendra plus tard la géométrie projective. Il utilise et approfondit les travaux du Brouillon-project d'une atteinte aux evenemens des rencontres du cone avec un plan de Girard Desargues ainsi que ceux d'Apollonius. Ainsi, en 1640, il fait imprimer son Essai pour les coniques[20] et achève, en 1648, un traité de la Generatio conisectionum (Génération des sections coniques), dont il ne reste que des extraits pris par Leibniz. La grande innovation est le théorème de Pascal qui dit que l’hexagramme formé par six points d’une conique a ses côtés opposés concourants en trois points alignés.
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+ À partir de 1650, Pascal s’intéresse au calcul infinitésimal et, en arithmétique, aux suites de nombres entiers. Les recherches du Traité du triangle arithmétique de 1654[20] constituent une importante préparation du travail de Leibniz sur le calcul infinitésimal et il y utilise pour la première fois le principe du raisonnement par récurrence. Le formalisme, auquel il recourt assez peu, est plus proche de celui de François Viète[32] et de Francesco Maurolico[33] que de Descartes.
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+ Dans ce Traité du triangle arithmétique, il donne une présentation commode en tableau des coefficients du binôme, le « triangle arithmétique », maintenant connu sous le nom de « triangle de Pascal ». Yang Hui, mathématicien chinois sous la dynastie Qin, avait travaillé quatre siècles plus tôt sur un concept semblable ainsi qu'Omar Khayyam au XIe siècle.
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+ Pascal utilise ce tableau arithmétique afin de résoudre le « problème des partis »[34], discuté depuis le XIVe siècle. Ce problème, qui lui a été soumis par son ami le chevalier de Méré, concernait le partage équitable des gains d'un jeu de hasard interrompu : deux joueurs décident d’arrêter de jouer avant la fin du jeu et souhaitent partager les gains de manière équitable en s’appuyant sur les chances que chacun avait de gagner une fois à ce point. Pascal correspond alors avec Fermat[35],[36], d'abord par l'intermédiaire de Carcavi, et cette confrontation de leurs méthodes qui aboutissent à un même résultat le renforce dans l'idée qu'il a réussi à inventer une « géométrie du hasard ».
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+ Le talent de Pascal, nourri de son expérience de géomètre et de juriste, a été de voir se dessiner la possibilité d'une mathématique du hasard, proprement un oxymore à son époque, et d'avoir approché ainsi la question des décisions équitables et justes, fondamentalement d'ordre juridique. Mis au courant de ces travaux au cours d'un voyage à Paris en 1655, Christian Huygens rédige alors le premier traité sur le calcul des chances, De ratiociniis in ludo aleae (« Sur le calcul dans les jeux de hasard », 1657)[37], ou des probabilités, dans lequel il introduit explicitement la notion d'espérance, plus précisément de « valeur de l'espérance » d'une situation d'incertitude.
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+ Ce travail mathématique sera utilisé à des fins théologiques, dans ce qu'on appelle le « pari de Pascal », évoqué dans Pensées. Celui-ci suggère l'avantage de la croyance en Dieu et de la pratique des vertus. Cet argument repose sur une utilisation de son calcul du problème des partis permettant d'évaluer le poids probable (son « espérance », dira Huygens) d'une situation incertaine et ainsi de prendre une décision « rationnelle ». On ne peut dire avec certitude si Pascal a choisi cette approche pour susciter habilement l'intérêt de nobles sceptiques en religion, mais rompus aux jeux de hasard, ou comme fondement effectif d'une théorie des comportements.
98
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+ Après l’expérience mystique de 1654, Pascal abandonne presque complètement tout travail de mathématique. Il envisage un temps de publier un Promotus Apolloniis Gallus sur le mode de ce qu'avait réalisé François Viète[38], mais le manuscrit s'en est égaré[39].
100
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101
+ Ses derniers travaux scientifiques concernent les cycloïdes. Cependant, en 1658, il offre anonymement un prix pour la résolution de la quadrature du cercle et la rectification de la cycloïde et autres problèmes liés. Des solutions sont proposées par Wallis, Huygens, Wren et d’autres ; Pascal, sous le pseudonyme d'Amos Dettonville, publie alors très vite sa propre solution, Histoire de la roulette (en français et en latin) avec une Suite de l’histoire de la roulette à la fin de l’année. En 1659, sous le même pseudonyme, il envoie à Huygens une Lettre sur la dimension des lignes courbes.
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103
+ La contribution majeure de Pascal à la philosophie des mathématiques est De l'Esprit géométrique et de l'Art de persuader, écrit originellement comme une préface d’un manuel Éléments de géométrie[20] pour les Petites écoles de Port-Royal, à la demande d’Arnauld. Ce travail n’est publié qu’un siècle après sa mort. Pascal y examine les possibilités de découvrir la vérité, argumentant que l’idéal pour une semblable méthode serait de se fonder sur les propositions dont la vérité est déjà établie. Toutefois, il affirme que c’était impossible parce que pour établir ces vérités, il faudrait s’appuyer sur d’autres vérités et que les principes premiers ne pourraient être atteints. De ce point de vue, Pascal affirme que la procédure utilisée en géométrie est aussi parfaite que possible, avec certains principes énoncés mais non démontrés et les autres propositions étant développées à partir d’eux. Néanmoins, il n’existe pas de possibilité de savoir si ces principes étaient vrais.
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105
+ Dans De l’Esprit géométrique et de l’Art de persuader, Pascal étudie plus encore la méthode axiomatique en géométrie, particulièrement comment le peuple peut être convaincu par les axiomes sur lesquels les conclusions sont ensuite fondées. Pascal est d’accord avec Montaigne sur le fait qu’obtenir la certitude à propos de ces axiomes et des conclusions grâce aux méthodes humaines est impossible. Il assure que ces principes ne peuvent être saisis que par l’intuition et que ce fait souligne la nécessité de la soumission à Dieu dans la recherche de la vérité.
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107
+ Dans le même ouvrage, Pascal fait l’épistémologie des mathématiques. Les mathématiques reposent d’abord sur des principes évidents connus par intuition (Pascal, comme Descartes, ignore ce mot et le remplace par « cœur », « sentiment » ou « instinct »). Il serait vain de vouloir démontrer ces principes évidents en utilisant des affirmations moins évidentes. Mais les mathématiques reposent aussi sur des principes conventionnels, non évidents, non démontrés, et qui une fois admis ont autant de force que les précédents (ce qui ouvre la porte aux géométries non euclidiennes).
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109
+ Pascal développe enfin, dans De l’Esprit géométrique…, une théorie de la définition. Il distingue les définitions qui sont des termes conventionnels définis par l’auteur et les définitions incluses dans le langage et comprises par tous parce qu’elles désignent naturellement leur référent. Les secondes sont caractéristiques de la philosophie de l’essence (essentialisme). Pascal affirme que seules les définitions du premier type sont importantes pour la science et les mathématiques, considérant que ces domaines devraient adopter la philosophie du formalisme, comme Descartes l’a établie.
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+ Pascal montre dans ces Éléments de géométrie tout son intérêt pour l’enseignement et ses réflexions à propos de la pédagogie des mathématiques ainsi que, dans un autre fragment, connu par l’intermédiaire de Leibniz, sur une méthode de lecture qu’il a discutée avec sa sœur Jacqueline, chargée d’enseigner dans les petites-écoles de Port-Royal. Il a semble-t-il lui-même enseigné, chez lui, à plusieurs enfants « en loques » (d’après Villandry). Dans cette méthode de lecture, qu’il présente comme « une nouvelle manière pour apprendre à lire facilement en toutes sortes de langues », il recommande :
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+ « Cette méthode regarde principalement ceux qui ne savent pas encore lire. […] chaque lettre ayant son nom, on la prononce seule autrement qu’en l’assemblant avec d’autres. […] Il semble que la voie la plus naturelle […] est que ceux qui montrent à lire, n’apprissent d’abord aux enfants à connaître les lettres, que par le nom de leur prononciation. »
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+ Pascal donne des indications sur l’ordre de présentation des lettres et des divers cas avec ou sans diphtongue, etc.
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+ « Et ensuite on leur apprendrait à prononcer à part, et sans épeler, les syllabes ce, ci, ge, gi, tia, tie, tii... »
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+ Blaise Pascal a également réalisé la fameuse expérience des liqueurs (qu’on traduirait aujourd’hui par Expérience des liquides), qui prouva qu’il existait une « pression atmosphérique ». À l’époque, (où la science était encore très liée à la scolastique et à Église) l’idée était courante selon laquelle « la nature a horreur du vide ». La plupart des scientifiques supposaient que quelque invisible matière remplissait cet espace, mais que ce n’était pas un espace vide. Des inondations ayant eu lieu en Italie et en Hollande avaient conduit à des pompages d’eau pour vider les carrières de minerai des deux pays. Mais les pompes énormes fabriquées pour l’occasion laissaient perplexes les hommes de l’Église : la hauteur de l’eau dans les tubes de pompage s’arrêtait à 10,33 m. Et cela en des lieux très différents. À Clermont, Blaise Pascal est en train d’écrire un traité sur la mécanique des fluides. Il émet donc l’hypothèse qu’une sorte de « pression atmosphérique » empêche l’eau de monter très haut dans les pompes, et que le vide occupe l’espace supérieur des tubes. Cependant, il se heurte fortement à certains esprits de son temps et particulièrement à l'Église, qui fait refaire l’étanchéité des pompes afin de vérifier qu’il ne s’agit pas d’air. Mais leurs travaux leur donnent finalement tort.
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+ Blaise Pascal répète, en 1646 avec son père à Rouen, les expériences de Torricelli sur le vide. Un procès-verbal en est envoyé à leur ami Chanut (ambassadeur du Roi en Suède). En 1647, Pascal publie ses Expériences nouvelles touchant le vide et une préface pour un Traité du Vide, où il détaille les règles de base décrivant à quel degré les divers liquides pouvaient être maintenus par la pression de l’air. Il fournit aussi les raisons pour lesquelles un vide se trouvait réellement au-dessus de la colonne de liquide dans le tube barométrique. Il a alors l’idée d’une expérience qu’il va réaliser le 19 septembre 1648 : la pression atmosphérique devrait être différente en ville (à Clermont) et en haut de la montagne la plus proche, le Puy de Dôme, où la pression doit être inférieure à la pression régnant au niveau de la ville. Pascal fait donc transporter par son beau-frère, Florin Périer (de), un tube de Torricelli en haut du Puy-de-Dôme. Des curés et des savants suivent l’expérience. Grâce au tube-témoin en ville, la présence de vide est démontrée. Il publie le Récit de la grande expérience de l’équilibre des liqueurs.
122
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123
+ Ce travail de recherche se termine en 1651 par un Traité du vide (seuls des fragments en sont connus) et sa réduction par Pascal en deux traités de l’Équilibre des liqueurs et de la Pesanteur de l’air. C’est en septembre de cette année que son père Étienne meurt.
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+ Face aux critiques qui soutenaient que quelque matière invisible existait dans l’espace vide de Pascal, Pascal répondit à Étienne Noël (qu'il appelle « très bon révérend père Noël, Recteur, de la Société de Jésus, de Paris »)[40] par un des principes fondateurs de la méthode scientifique au XVIIe siècle :
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+ « Pour montrer qu’une hypothèse est évidente, il ne suffit pas que tous les phénomènes la suivent ; au lieu de cela, si elle conduit à quelque chose de contraire à un seul des phénomènes, cela suffit pour établir sa fausseté[41]. »
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+ Son insistance sur l’existence du vide le place, aussi, en conflit avec de nombreux scientifiques éminents, y compris Descartes (peut-être aussi et surtout pour des raisons religieuses).
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+ Le premier grand principe lié au concept de pression est découvert par Archimède (vers 287-212 avant j.-C.). La première avancée dans ce domaine doit être attribuée au mathématicien, physicien et ingénieur flamand Simon Stevin (1548-1620), qui intitula son opus le plus célèbre La statique ou l'art de peser (1586). Il y démontre l'équilibre des forces sur un plan incliné, en utilisant une méthode graphique très ingénieuse qui permet de démontrer l'équilibre à partir de l'impossibilité du mouvement perpétuel. Cette construction, qui consiste en une chaîne de corps égaux et séparés par des distances égales autour d'un plan incliné, est connue sous le nom d'« épitaphe de Stevinius ». Cependant, le mérite d'avoir précisé le concept de pression revient à Pascal, qui le fait dans les deux traités déjà cités publiés après sa mort De l'équilibre des liqueurs et De la pesanteur de la masse d'air. Il y énonce clairement l'idée fondamentale de la pression, en exprimant que la force qu'exerce un liquide en équilibre sur toutes les parties du récipent qui le contient, quel que soit son poids, est proportionnelle à la surface où ce liquide s'applique.
132
+
133
+ La participation de Pascal à l'étude de la pression atmosphérique et l'importance globale de ses recherches expérimentales dans ce domaine de la physique, ont conduit à donner son nom à une unité de dérivée du Système international et utilisée pour mesurer la pression ainsi qu'à une des lois qui la régissent. Le Pascal — de symbole Pa — est une unité dérivée du Système international et utilisée pour mesurer la pression. Cette unité se définit comme un newton/un M².
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+
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+ Le travail de Pascal dans l’étude des fluides (hydrodynamique et hydrostatique) est centré sur les principes des fluides hydrauliques. Il invente le principe de la presse hydraulique (dénommé à l'époque « principe du vaisseau d'eau », utilisant la pression hydraulique pour multiplier la force) et la seringue[42]
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+ Antoine Arnauld, chef de file des jansénistes depuis la mort de Jean Duvergier de Hauranne, était en désaccord avec la Sorbonne au sujet d’une bulle d’Innocent X (mai 1653). Cherchant à défendre l’un de ses amis, le marquis de Liancourt, il s’attira les foudres de la Sorbonne. Les jansénistes cherchèrent un défenseur en la personne de Pascal.
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+ Pascal accepta, assurant qu’il savait (selon Sainte-Beuve) « comment on pourrait faire ce factum », mais qu’il ne pouvait promettre qu’« une ébauche » que d’autres se chargeraient de « polir ». Pascal commença à publier les lettres à partir du 23 janvier 1656 sous le pseudonyme de Louis de Montalte. Pascal lança une attaque mémorable contre la casuistique, une méthode morale populaire chez les penseurs catholiques, particulièrement les jésuites. Pascal dénonça la casuistique comme l’utilisation d’un raisonnement complexe pour justifier une morale laxiste. Sa méthode pour argumenter fut subtile : les Provinciales prétendaient être les Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux R.R.P.P. (révérends pères) Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces pères. Il s’adresse à un ami qui vit en province à propos des discussions sur la morale et la théologie qui excitaient les cercles intellectuels et religieux de la capitale, particulièrement la Sorbonne. Pascal allia la ferveur d’un nouveau converti et l’esprit brillant d’un homme du monde, avec un style de la prose française inconnu jusque là. À côté de leur influence religieuse, Les Provinciales ont été une œuvre littéraire populaire. Pascal se servit de l’humour, de la moquerie et de la satire méchante dans ses arguments, pour permettre une utilisation publique des lettres qui influenceront plus tard des écrivains français comme Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, et surtout le Montesquieu des Lettres persanes.
140
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+ Les premières lettres défendent la position des jansénistes contre leurs adversaires jésuites ou dominicains (Thomistes), sur les questions du pouvoir prochain (Lettre I), de la grâce efficace ou suffisante (Lettre II), de la possibilité que la grâce puisse manquer à un juste (Lettre III). À partir de la quatrième lettre, Pascal passe à l'offensive. Ses attaques contre les autorités prennent, selon Jean Lacouture, un ton polémique tel que « Voltaire lui-même n’a jamais peut-être atteint à cette fulgurance » : il nomma personnellement et par écrit un grand nombre de personnalités. Les dernières lettres montrent Pascal davantage sur la défensive — les pressions sur les jansénistes de Port-Royal pour qu’ils renoncent à leur enseignement sont croissantes pendant ce temps — et contiennent l’attaque contre la casuistique. La Lettre XIV présente une seule excuse : « Je voudrais avoir écrit une lettre plus courte, mais je n’en ai pas le temps. »
142
+
143
+ La série de dix-huit lettres, publiées entre 1656 et 1657 par Pierre Le Petit, choque Louis XIV, qui a commandé en 1660 que le livre soit déchiqueté et brûlé. En 1661, l’école janséniste de Port-Royal était condamnée à son tour et fermée, ceci aboutissant à la signature d’une bulle papale condamnant l’enseignement des jansénistes comme hérétiques. La dernière lettre défiait le pape lui-même, provoquant Alexandre VII à condamner les lettres le 6 septembre 1657. Mais ceci n’empêcha pas la France cultivée de les lire.
144
+
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+ Le pape Alexandre VII, alors qu’il s’opposait publiquement à elles, était convaincu par les arguments de Pascal. Il ordonna une révision des textes casuistiques juste quelques années après, en 1665 et 1666. Le pape Innocent XI condamna le « laxisme » dans l’Église en 1679.
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+
147
+ Les Provinciales ont été largement diffusées dès leur parution, à plus d’une dizaine de milliers d’exemplaires.
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+ Voltaire les a jugées « le meilleur livre qui ait jamais paru en France », et quand on a demandé à Jacques-Bénigne Bossuet quel livre il aurait aimé écrire, il a répondu, Les Provinciales de Pascal.
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+ Jean Lacouture (Jésuites) cite d’autres appréciations, celles d’Henri Gouhier et de François Mauriac.
152
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153
+ Au sujet de l’impact qu’eurent les Provinciales dans leur contexte historique, Jean Lacouture cite l’historien Marc Fumaroli (voir Révolution copernicienne : Réaction des scientifiques : Pascal).
154
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155
+ Dans ses Pensées (1669), Pascal introduit la notion d'ordre comme « un ensemble homogène et autonome, régi par des lois, se rangeant à un certain modèle, d'où dérive son indépendance par rapport à un ou plusieurs autres ordres ». Les trois ordres identifiés par Pascal sont l'ordre du corps, l'ordre de l'esprit ou de la raison, et l'ordre du cœur ou de la charité[43]. Cette notion d'ordre a été reprise par le philosophe André Comte-Sponville[44].
156
+
157
+ En l’honneur de ses contributions scientifiques, le nom de pascal a été donné à l’unité de pression du Système international, et en hydrostatique au principe de Pascal. En mathématiques et en philosophie, comme mentionné ci-dessus, le triangle de Pascal et le pari de Pascal portent également son nom.
158
+
159
+ Le développement de la théorie des probabilités est la contribution de Pascal la plus importante en mathématiques. À l’origine appliquée au jeu, elle est aujourd’hui utilisée dans les sciences économiques, particulièrement en science actuarielle. John Ross écrit[réf. souhaitée] :
160
+
161
+ « La théorie des probabilités et les découvertes qui la suivent ont changé la manière dont nous considérons l’incertitude, le risque, la prise de décision, et la capacité d’un individu ou de la société d’influencer le cours d’événements futurs. »
162
+
163
+ Cependant, il convient de noter que Pascal et Fermat, qui effectuent les premiers travaux importants en théorie des probabilités, n’ont pas développé très loin ce champ d’études. Christian Huygens, étudiant la question en 1655 à partir de ouï-dire à propos de la correspondance entre Pascal et Fermat, écrit le premier livre sur le sujet[37]. Jacques Bernoulli, Pierre Rémond de Montmort, Abraham de Moivre, Thomas Bayes, Nicolas de Condorcet et Pierre-Simon de Laplace sont, parmi les auteurs qui ont prolongé le développement de la théorie, ceux dont la contribution a été la plus importante au XVIIIe siècle.
164
+
165
+ Au Canada, un concours annuel de mathématiques est appelé en son honneur « Concours Pascal », qui est ouvert à n’importe quel élève du Canada de moins de 14 ans et en 9e au plus.
166
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167
+ En informatique, Pascal est un langage de programmation créé par Niklaus Wirth et nommé en l'honneur de Blaise Pascal.
168
+
169
+ L’Université Clermont-Ferrand II a été baptisée à son nom et édite les Annales Mathématiques Blaise Pascal. Le nom a également été donné à une université de Cordoba, en Argentine.
170
+
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+ La Banque de France a émis un billet de banque, le 500 francs Pascal, sa plus haute coupure de 1969 à 1994, à son effigie.
172
+
173
+ En 1964, l'Union astronomique internationale a donné le nom de Pascal à un cratère lunaire.
174
+
175
+ Une statue de Pascal figure parmi les Hommes illustres au musée du Louvre, à Paris.
176
+
177
+ En littérature, Pascal est considéré comme un des auteurs les plus importants de la période classique française et il est lu aujourd’hui en tant qu’un des plus grands maîtres de la prose française. Son utilisation de la satire et de l’esprit a influencé des polémistes postérieurs. On se souvient bien de la teneur de son travail littéraire à cause de sa forte opposition au rationalisme de René Descartes et de l’affirmation simultanée que l’empirisme philosophique était également insuffisant pour déterminer des vérités majeures.
178
+
179
+ Chateaubriand a décrit ses contributions dans une célèbre envolée lyrique[45] se concluant par « (il) fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort […] cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal ».
180
+
181
+ Jules Barbey d'Aurevilly voit en Pascal un « Hamlet du catholicisme ». Charles Baudelaire le paraphrase et lui consacre son poème « Le gouffre ».
182
+
183
+ Une discussion à propos de Pascal et de son « pari » occupe une place importante dans le film Ma nuit chez Maud du réalisateur français Éric Rohmer.
184
+
185
+ La méditation pascalienne sur le divertissement trouve un prolongement dans le roman de Jean Giono, Un roi sans divertissement (1947). Giono emprunte le titre et la dernière phrase du livre à un passage des Pensées (fragment 142 de l’édition Brunschvicg) : « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères. »
186
+
187
+ Pour Julien Green, Pascal est « Le plus grand des Français »[46].
188
+
189
+ Sœur Emmanuelle, dans son livre Vivre, à quoi ça sert ? (éditions J’ai Lu) s’appuie sur quelques principes de la pensée pascalienne qui fut un guide pour elle, tout au long de sa vie.
190
+
191
+ Vers la fin de sa vie le sociologue Pierre Bourdieu a publié un livre de réflexions sur son domaine qui est intitulé Méditations pascaliennes[47].
192
+
193
+ Dans son récit La Nuit de feu (2015), expression reprise du mémorial de Pascal, Éric-Emmanuel Schmitt donne une répercussion contemporaine aux distinctions pascaliennes entre foi et raison, mystère et connaissance.
194
+
195
+ Dans son essai, Un coup de dés, éditions Tinbad, 2019, Claude Minière, présente le débat de Pascal avec la notion de "hasard".
196
+
197
+ En juillet 2017, le pape François a montré son souhait et évoqué une possible procédure en béatification de Blaise Pascal[48],[49].
198
+
199
+ « Moi aussi, je pense qu’il mériterait la béatification [...] J’envisage de demander la procédure nécessaire et l’avis des organes du Vatican chargés de ces questions, en faisant part de ma conviction personnelle positive. »
200
+
201
+ — Pape François
202
+
203
+ Plusieurs raisons expliquent ce choix du souverain pontife, malgré les critiques de Blaise Pascal envers les jésuites. Le pape François insiste notamment sur le rôle de fervent chrétien du théologien et scientifique, ainsi que sur son rôle auprès des pauvres[50].
204
+
205
+ Le pape François a également reçu l'appui de son ami journaliste Eugenio Scalfari[51]. Le fondateur du journal La Repubblica, bien qu'athée, se montre favorable à la béatification à l'auteur, croyant qu'il admire beaucoup[52].
206
+
207
+ La chronologie exacte des œuvres de Pascal est difficile à établir car de nombreux textes ne sont pas datés et ont été publiés longtemps après avoir été rédigés. Certains n’ont été connus qu’un siècle ou plus après le décès de Pascal, d’autres ne nous sont parvenus que de manière fragmentaire ou indirecte (notes de Leibniz ou correspondance, par exemple).
208
+
209
+ De très nombreuses éditions existent :
210
+
211
+ « Il y avait un homme qui, à douze ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ; qui, à seize, avait fait le plus savant traité des coniques qu'on eût vu depuis l'Antiquité ; qui, à dix-neuf, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l'entendement ; qui à vingt-trois, démontra les phénomènes de la pesanteur de l'air, et détruisit une des grandes erreurs de l'ancienne physique ; qui, à cet âge où les autres commencent à peine à naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s'aperçut de leur néant et tourna ses pensées vers la religion ; qui, depuis ce moment jusqu'à sa mort, arrivé dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ; enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut, par distraction, un des plus hauts problèmes de la géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant du Dieu que de l'homme. Cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal »
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+ Le blanc est un champ chromatique caractérisé par une impression de forte luminosité, sans aucune teinte dominante.
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+
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+ Pour certains, inspirés des expériences de décomposition et de recomposition de la lumière par Isaac Newton, le blanc n'est pas une couleur, mais « c'est la teinte obtenue en mélangeant la lumière de toutes les couleurs ». Pour d'autres, et suivant les théories de Goethe, de Hering et de nombreux autres, le blanc opposé au noir est une des trois paires de couleurs pures qui orientent la perception visuelle.
4
+
5
+ Le blanc s'associe dans la culture occidentale à de nombreux concepts positifs du domaine du sacré. Symboliquement, il s'oppose autant à la souillure, quelle qu'en soit la nature, matérielle ou morale, qu'au noir et aux autres couleurs.
6
+
7
+ Le blanc est une notion intuitive, dont la définition rigoureuse suscite des difficultés insurmontables.
8
+
9
+ Dans une scène, la vision humaine situe les couleurs les unes par rapport aux autres, et s'adapte à l'éclairage. Cela rend difficile de définir ce qu'est une lumière blanche[1]. Nous percevons comme gris un objet qui renvoie à peu près également toutes les composantes monochromatiques de la lumière, et comme blanc le plus lumineuse des gris possibles— on peut voir une scène sans y trouver aucun blanc —. En colorimétrie, pour simplifier, on définit, pour une série de mesures, un illuminant conventionnel qui correspond à une situation commune : lumière du jour, lampe à incandescence, tube fluorescent. Des tables indiquent la répartition de son énergie lumineuse dans le spectre visible.
10
+
11
+ Dans un diagramme de chromaticité, le point blanc est la position de l'illuminant.
12
+
13
+ En éclairage et en photographie, on utilise des lumières réelles, dont la répartition spectrale n'est pas en général exactement celles des illuminants conventionnels de la colorimétrie. La lumière du jour est orangée au soleil couchant ; le rayonnement d'un arc électrique est bleuâtre, celui des lampes à incandescence est aussi très variable et encore plus celui des éclairages fluorescents ou électroluminescents.
14
+
15
+ On résume les caractéristiques de ces luminaires par la température de couleur. Si l'on observe, dans un même champ visuel, des surfaces blanches éclairées par des sources lumineuses variées, celles éclairées par une source de température de couleur plus faible semblent orangées, tandis que celles illuminées par une source d'une température de couleur supérieure apparaissent bleuâtres.
16
+
17
+ Le commerce classe les lampes destinées à la consommation courante selon les termes en usage dans les arts et la décoration, de couleurs chaudes et froides. Un blanc chaud, correspond à une température de couleur plutôt basse, comme celle des lampes à incandescentes ; un blanc froid, correspond à une lumière du jour éclairant sans chauffer, à température de couleur élevée.
18
+
19
+ On classe comme blanches un nombre relativement petit de couleurs distinctes ; on dit couramment d'une surface qu'elle est plus blanche qu'une autre. Les artistes et décorateurs connaissent plusieurs nuances de blanc. Le blanc cassé évite l'aspect éblouissant d'un blanc fortement éclairé. Une prothèse dentaire se fabrique dans le blanc qui correspond le mieux à la dentition naturelle du patient.
20
+
21
+ En demandant à des personnes de désigner une surface comme blanche, on donne au champ chromatique des blancs des limites approximatives ; une tâche assez complexe, puisque la présence d'une légère coloration affecte différemment la blancheur selon sa couleur. Il est avéré qu'une teinte tendant légèrement vers le bleu se perçoit comme plus blanche qu'une autre, de caractère parfaitement neutre, même si celle-ci est légèrement plus lumineuse ; aussi les blanchisseurs ajoutent-ils du bleu aux lessives dans un procédé appelé azurage[2]. Une luminosité supérieure à 90 % du maximum sans aucune coloration peut se dire blanche[3].
22
+
23
+ Cette difficulté à définir le blanc augmente encore quand on considère l'interaction des couleurs, qui fait que la couleur d'une surface se perçoit par comparaison avec celle qui l'entoure, et l'adaptation chromatique, qui fait que la perception de ce qui est blanc varie selon l'ensemble de la scène vue[4].
24
+
25
+ Dans une scène réelle, les surfaces ne sont pas toutes éclairées directement par la source principales. Les ombres reçoivent la lumière de lumières secondaires, dont la couleur est différente. Pourtant, la vision des couleurs perçoit toujours comme « blanc dans l'ombre » un objet, même s'il semble plus ou moins coloré quand on l'examine en éliminant le reste de la scène par un cache gris. Ce phénomène de constance de couleur montre que la perception des couleurs les considère comme une propriété des objets plutôt que comme un rayonnement.
26
+
27
+ Influencés par les expériences de Newton sur la décomposition de la lumière, certains n'ont voulu connaître de couleurs que celles de l'arc-en-ciel, dites couleurs pures, plus les pourpres. Les autres sont des couleurs dégradées. L'invention, puis la diffusion de la photographie, initialement capable de proposer uniquement une représentation en grisaille ou en camaïeu, appelée, improprement puisqu'elle comporte principalement des gris, « en noir et blanc », a influencé cette opinion[5].
28
+
29
+ Cette théorie qui fait de la couleur une grandeur indépendante de la luminosité contredit, malgré une apparente rigueur, les perceptions exprimées dans le langage courant. On ne considère pas que la couleur de l'orange soit celle du marron, bien qu'elle ne diffèrent que par la luminosité[6].
30
+
31
+ Ces conceptions se basent sur l'étude des rayons lumineux. La vision des couleurs en fait une propriété des objets, de sorte qu'un objet blanc se perçoit comme blanc, que la lumière qu'il diffuse soit bleuâtre, verdâtre ou rougeâtre[7]. On peut donner une définition physique d'un objet blanc : il diffuserait dans toutes les directions le mélange des lumières qu'il reçoit de toutes les directions. Les corps qui approchent suffisamment de cet idéal sont blancs[8]. Les théories fondées sur la pratique, qui traitaient toutes, jusqu'à l'invention de la télévision en couleurs, d'objets colorés, acceptent toutes le blanc, les gris et le noir parmi les couleurs. Chevreul compte le blanc parmi ses couleurs primitives[9]. Goethe, se basant sur l'échange avec des artistes et l'introspection, rejette absolument la théorie des couleurs pures dans sa Théorie de la couleur, qui reste influente jusqu'à nos jours. Hering établit sa psychophysique de la vision sur la triple opposition entre le blanc et le noir, le rouge et le vert, le bleu et le jaune. Les études physiologiques plus récentes ont montré que la base de ces oppositions se trouve dans les cellules de l'œil lui-même[10].
32
+
33
+ Léonard de Vinci, partant d'une autre intuition, issue de sa pratique de peintre, considérait que « le blanc n'est pas une couleur par lui-même ; il est le contenant de toutes les couleurs[11] ». C'est qu'en effet, les colorants transparents, purs, donnent en couche épaisse une couleur si profonde qu'elle se confond avec le noir, d'autant plus que les surfaces alentour sont claires. L'effet coloré, que la colorimétrie appelle « chromatisme », c'est-à-dire la différence d'aspect par rapport à une surface grise de même luminosité, atteint son maximum quand on mélange le colorant avec une certaine quantité de pigment blanc.
34
+
35
+ Des auteurs ont jugé utile d'enseigner que le blanc, comme le noir, n'est pas une couleur. Cette classification se base sur la notion de couleur pure et sur l'opposition, dans le langage, entre gris et coloré[12]. Il encourage à dépasser les notions du sens commun et à interroger les perceptions : c'était l'objet de la leçon de choses dans l'enseignement primaire en France depuis la fin du XIXe siècle[13]. Dans la salle de classe française, le blanc est une couleur en histoire ou en instruction civique, puisque c'est une des trois couleurs du drapeau, il ne l'est pas en leçon de choses. Les études plus poussées évitent de constituer des catégories fermées. Elles situent les couleurs avec des grandeurs continues : clarté ou luminosité, saturation ou pureté ou chromaticité, teinte. Selon cette approche, le blanc correspond à une clarté ou luminosité proche du maximum, avec corrélativement une chromaticité très faible.
36
+
37
+ En synthèse soustractive des couleurs, comme en peinture et en imprimerie, le blanc est souvent la couleur du support. Le rayonnement qui parvient à l'œil depuis les objets éclairés est à l'origine de la vision. Ce rayonnement est la combinaison de la réflectance de ce support et de la composition spectrale de l'éclairage. Le blanc est la plus faible des valeurs, comme on appelle les luminosités échelonnées jusqu'au noir. Ajouter de la peinture blanche à une couleur, c'est la dégrader[14].
38
+
39
+ Quand le support n'est pas blanc, comme au tableau noir et dans les procédés de peinture qui utilisent une
40
+ sous-couche colorée, le blanc ne s'obtient qu'avec une matière suffisamment opaque. Si la sous-couche ne réfléchit pas suffisamment de lumière, les pigments transparents sont sans effet, il faut les mélanger à une matière opaque, ou peindre d'abord une couche opaque qu'on modifie ensuite par glacis.
41
+
42
+ En synthèse additive des couleurs — comme dans cet écran —, le blanc s'obtient par un mélange équilibré des trois couleurs primaires.
43
+
44
+ Pour obtenir un bon rendu des couleurs, les appareils photographiques électroniques doivent, automatiquement ou par une intervention d'un opérateur, effectuer une balance des blancs, consistant à fixer des coefficients aux couleurs primaires du système de captation pour que la chromaticité d'un blanc dans la scène photographiée coïncide avec celle du point blanc du système de reproduction.
45
+
46
+ Obtenir un blanchissement du fond suffisant pour donner de l'éclat à toutes les couleurs est un problème ancien, commun aux teinturiers et aux artistes. Non seulement le produit doit être aussi blanc que possible, avec un bon pouvoir diffusant, mais il doit le rester au cours du temps, alors que beaucoup de matières ont tendance à noircir ou à jaunir. Le Colour Index a donc une catégorie de pigments blancs, indiqués par la lettre W ((en) white).
47
+
48
+ La céruse (PW1), à base de plomb, a longtemps été le seul pigment vraiment blanc et couvrant, avec l'inconvénient de la toxicité, cause de son interdiction depuis son remplacement par le blanc de zinc (PW4), le lithopone (PW5) et le blanc de titane (PW6)[15].
49
+
50
+ Les pigments blancs pour la décoration se différencient les uns des autres par d'autres qualités visuelles que la couleur. Les blancs brillants s'opposent aux blancs mats, les satinés ont une apparence intermédiaire. Les blancs nacrés sont blancs en lumière diffuse, mais les sources de lumière s'y reflètent avec des irisations.
51
+
52
+ Dans certaines applications, comme le blanc anti-flash, et d'autres moins belliqueuses, les caractéristiques d'absorption des infra-rouges et des ultraviolets doit aussi être considérée.
53
+
54
+ Les blancs les plus éclatants ne sont pas obtenus par des pigments, mais par une structure de la surface d'un matériau qui diffuse et réfléchit la lumière presque parfaitement. C'est notamment le cas des écailles de la carapace des coléoptères asiatiques de l'espèce Lepidiota stigma et du genre Cyphochilus (en) (réflectances : 90 et 88 %, respectivement).
55
+
56
+ Une équipe britannique s'est inspirée de ces écailles pour créer, par décomposition spinodale d'un mélange à base d'acétate de cellulose et de chlorure de calcium puis vitrification, un film d'une douzaine de micromètres d'épaisseur de structure analogue à celle des écailles des deux types de coléoptères, obtenant ainsi une réflectance de 94 %[16],[17].
57
+
58
+ Le blanc réfléchit bien tous les rayonnements. En conséquence ils n'absorbent et ne transforment en chaleur qu'une faible partie de l'énergie rayonnante qu'ils reçoivent. C'est pour cette raison que les réservoirs et contenants dont le contenu craint la chaleur, comme les réfrigérateurs domestiques, sont très souvent recouverts de blanc.
59
+ Dans les pays chauds, les voitures blanches sont particulièrement appréciées, car la couleur blanche met plus facilement en valeur la ligne du véhicule et, en renvoyant une partie des rayons solaires, permet un meilleur confort à l'intérieur. Depuis quelques années, au Moyen-Orient et au Japon, le blanc est très apprécié et le taux de voitures blanches augmente, d'autant plus que de nombreuses nuances sont disponibles (pur, neige, ivoire, nacré...).
60
+
61
+ Étymologiquement le mot blanc vient du germanique blank, ce qui signifiait « brillant, clair, sans tache », deuxième sens, « nu ». C’est à partir de cette racine que sont nés les mots dans les langues latines : « blanco » (espagnol), « branco » (portugais), « bianco » (italien). Dans les langues germaniques les mots « weiss » (allemand) ou « white » (anglais) sont à rapprocher du vieux haut-allemand « wiz » dont la racine indogermanique est « kuei » signifiant « brillant, clair » ; on retrouve cette racine dans « Weizen » en allemand ou « Wheat » en anglais, pour dire « céréale » en référence à la blancheur de la farine (sources étymologiques données par Duden[réf. non conforme]).
62
+
63
+ Dans la langue moderne, le blanc peut aussi désigner des objets qui ne sont pas de couleur blanche, par opposition à des objets similaires, mais qui présentent une autre coloration. Ainsi, dans les jeux de dames, d'échecs ou de go, oppose-t-on les pièces blanches aux pièces noires, bien qu'elles puissent être beiges et brunes. Divers auteurs, de Michel-Eugène Chevreul[18] à Claude Levi-Strauss, ont vu dans ces oppositions l'expression d'une loi générale de la pensée.
64
+
65
+ Les anthropologues Berlin et Kay, observant les termes de couleur fondamentaux d'une centaine de langues, c'est-à-dire ceux qui ne sont pas des comparaisons avec des objets, ont conclu que, lorsqu'une langue n'a que deux termes de couleur, ceux-ci se traduisent par blanc et noir et désignent les champs chromatiques du clair opposé à celui du foncé[19].
66
+
67
+ Le terme de Blanc — ou race blanche — désigne de manière générique l'ensemble des groupes ethniques composés d'individus à la peau claire originaires d'Europe du Moyen-Orient et d'Afrique du nord. Cette classification des groupes humains selon un des critères apparents (racialisme) a été particulièrement courante en Europe à partir du XIXe siècle. Dans le langage courant, les personnes de type européen sont désignées comme des Blancs.
68
+
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+ La peau des blancs n'est pourtant pas blanche ; mais, dans ce cas comme dans d'autres, le blanc s'oppose au noir, au jaune et même au rouge, pour former des catégories qui ne sont pas gouvernées par la couleur, qui n'est qu'une synecdoque.
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+ Dans les sociétés coloniales européennes, un « petit blanc » est un homme d'origine européenne mais pauvre ou de condition modeste ; et un blanc honoraire est une personne qui ne présente pas les caractères physiques et ethniques d'un européen, mais qui en a les prérogatives.
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+ Dans le commerce des tissus, le blanc est l'ensemble des tissus à l'origine traités pour perdre leur couleur brute (écrue, beige, grège), comprenant les draps de lit, serviettes de bain, nappes, voilages. Le blanc s'oppose aux tissus teints, destinés à l'habillement ou à l'ameublement.
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+ Autrefois, ce blanchiment se faisait par l'exposition au soleil après la lessive de cendres ; plus tard avec de l'eau de Javel.
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+ À l'époque moderne, rien n'empêche le blanc, dans ce sens particulier, d'être décoré en couleurs, teint ou imprimé.
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+ Un blanc dans un texte s'oppose à toute partie écrite (quelle que soit la couleur du support). Un chèque en blanc est signé, mais laisse la personne qui le reçoit mettre le montant ; de même qu'un blanc-seing est, figurativement, un ordre en blanc signé du sceau de l'autorité, sans texte, de sorte que l'agent qui le reçoit se trouve investi de tous les pouvoirs de l'autorité, approuvé dans tout ce qui lui semblera utile d'y mettre. « Avoir carte blanche », a exactement la même signification ; par une lettre d'ordres en blanc, l'autorité délègue sans donner d'instructions.
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+ Un vote blanc n'indique aucun vœu, aucune préférence.
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+ Une pièce en vers blancs respecte la métrique sans rimes.
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+ Une balle à blanc, un examen blanc, un mariage blanc n'ont en principe aucune conséquence dans leur domaines respectifs d'action.
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+ Blanc s'applique aussi à des substances transparentes incolores : verre blanc, diamant blanc.
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+ La symbolique est un système dont chaque élément ne vaut que dans ses rapports aux autres. Dans la symbolique des couleurs, le domaine de chacune d'entre elles se définit aussi bien par ce qu'elle n'est pas. Le blanc, d'un point de vue positif, est lumière ; mais « la lumière n'existe que par le feu dont le symbole est le rouge[20] ». Opposé aux ténèbres maléfiques, le blanc désigne le bien ; mais opposé à la séduction des couleurs et au rouge du sang vital, il désigne l'absence et la pâleur de la mort[21].
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+
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+ Georges Dumézil, constatant que cette symbolique se trouve dans toutes les cultures de l'Inde à l'Europe, interprète le blanc comme l'emblème de la première fonction, du magique et du religieux, dans l'idéologie indo-européenne de la trifonctionnalité.
92
+
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+ Le blanc s'oppose à l'arc noir-rouge comprenant la suie, l'excrément, le sang, et peut ainsi signifier l'exemption de toutes les catégories de souillure physique ou morale ; ainsi en fait-on le signe de l'innocence[22], de la chasteté et de la virginité féminines.
94
+
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+ Opposé au rouge du sang versé, le drapeau blanc signale un renoncement au combat, définitif par la reddition ou temporaire par la trêve. Le porteur du drapeau blanc indique qu'il souhaite parlementer.
96
+
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+ Les symboles ont la particularité de pouvoir désigner à la fois une chose et, subrepticement, son contraire. La symbolique des couleurs n'échappe pas à cette règle, et celle du blanc est ainsi ambigüe ; notamment parce que la couleur apparaît comme une qualité superficielle. Ainsi, le blanchiment de l'argent ne change-t-il pas la qualité fondamentalement criminelle de son origine (PRV1).
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+
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+ Le blanc est ainsi associé, par son exclusion des couleurs, à la perte : la vieillesse (cheveux blancs) et la mort (linceul, os), mais aussi l'angoisse devant la fameuse « feuille blanche » des étudiants lors des examens, ou de l'écrivain lorsqu'il commence son œuvre. La pâleur de la peau ne marque pas que la mort ; c'est aussi le signe du froid et de la terreur :
100
+
101
+ « C'est cette qualité insaisissable qui, dès lors que la pensée de la blancheur est dissociée du monde des significations plaisantes et rattachée à un objet terrible par lui-même, porte cette terreur à sa plus extrême intensité. Voyez l'ours blanc des pôles et le requin blanc des tropiques ; d'où vient l'horreur transcendant qu'ils inspirent, sinon de la lisse et floconneuse blancheur de leur robe ? La blancheur sinistre - voilà ce qui donne à leur muette avidité un si repoussant caractère de douceur, qui révulse, d'ailleurs, plus qu'il ne terrifie. Pareillement, le tigre aux crocs cruels et au pelage armorié n'ébranle pas autant le courage que l'ours ou le requin enlinceulés de blanc. »
102
+
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+ — Herman Melville, Moby Dick (1851), chapitre 42 « De la blancheur de la baleine ».
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+
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+ « Le blanc agit sur notre âme comme un silence, un rien avant tout commencement. »
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+
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+ — Vassily Kandinsky
108
+
109
+ À la Renaissance, la sculpture abandonne la couleur et ne s'exprime plus, désormais, que dans le volume blanc du marbre, à l'imitation des statues antiques retrouvées enfouies, dont la peinture a depuis longtemps disparu.
110
+
111
+ Carré blanc sur fond blanc est une huile sur toile de Kasimir Malevitch créée en 1917-1918.
112
+
113
+ Depuis 1998, Olivier Mérijon travaille essentiellement les textures de peinture blanches dans ses toiles intitulées « Whites »[23].
114
+
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+ Dans la symbolique asiatique, le blanc est associé à la mort, au deuil. La mort étant le passage obligé vers un nouveau monde, elle est considérée comme une renaissance, dont le blanc évoque la pureté.
116
+
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+ On retrouve l'opposition blanc/noir dans le Yin-Yang.
118
+
119
+ En Mongolie, pendant le Tsagaan Sar, le « mois blanc » on mange blanc. Dans tous les foyers un autel est confectionné à base de pain rassis, de gâteaux secs, de morceaux de sucre et de fromage séché, dans lequel on picore.
120
+
121
+ Comme dans la symbolique asiatique, le blanc est associé à la mort, au deuil.
122
+
123
+ Cependant, dans l'Égypte antique, le blanc était associé à la joie et au faste: il rappelle la couleur de l'aurore, la lumière qui triomphe de l'obscurité. Elle représente également l'argent dont les os des dieux sont faits. Le blanc est utilisé pour le hedjet dans la couronne des pharaons appelée skhemty pour représenter l'ancien royaume du sud (Haute-Égypte), associée au dieu Seth ; en opposition au rouge qui représente l'ancien royaume du nord (Basse-Égypte), associée au dieu Hor (Horus).
124
+
125
+ En fait, le verbe « hédji » tiré du mot « hedj » (blanc), veut dire « être blanc » mais aussi « détruire, être un peu simplet, anéantir, tuer, abattre, périr, renverser, désobéir, annuler, endommager » d’après les textes égyptiens mêmes « hedji » va dans le sens du désordre (c’est-à-dire Iséfèt en Égypte) et de Seth, le dieu roux à peau claire, assassin d’Osiris dans la ville de Nédit.
126
+
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+ En Afrique de l'Ouest, le blanc est une des trois couleurs fondamentales avec le rouge et le noir. En Yoruba, le blanc (Funfun), s'associe à la vieillesse et à l'enfance, et à l'orisha Oxalá, qui est passé, sous ses aspects Oxaguian et Oxalufan, dans le vaudou et le candomblé brésilien.
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+ En France, le drapeau national est blanc, couleur du roi, jusqu'à ce que la Révolution française adopte le tricolore. Jusqu'au XXe siècle, le blanc est la couleurs des monarchistes.
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+ En Belgique, la Marche blanche est un mouvement de protestation qui s'est développé à la suite de l'affaire Dutroux en 1996, affaire criminelle dont le principal protagoniste était accusé de viols et de meurtres sur des enfants et jeunes adolescentes. Depuis, l'expression désigne une manifestation sans pancartes ni slogans, en réaction à un évènement dramatique[24].
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+ En Uruguay, le parti blanc est le parti national, conservateur, opposé au parti coloré, libéral.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Triticum
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+ Genre
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+ Classification APG III (2009)
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+
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+ Espèces de rang inférieur
8
+
9
+ « Blé » est un terme générique qui désigne plusieurs céréales appartenant au genre Triticum. Ce sont des plantes annuelles de la famille des graminées ou Poacées, cultivées dans de très nombreux pays. Le mot « blé » désigne également le « grain » (caryopse) produit par ces plantes.
10
+
11
+ Le blé fait partie des trois grandes céréales avec le maïs et le riz. C'est, avec environ 700 millions de tonnes annuelles, la troisième par l'importance de la récolte mondiale et, avec le riz, la plus consommée par l'homme. Le blé est, dans la civilisation occidentale et au Moyen-Orient, un composant central de l'alimentation humaine. Deux espèces de blé ont été domestiquées au Proche-Orient à partir de deux blés sauvages. Sa consommation remonte à la plus haute Antiquité. Les premières cultures apparaissent au VIIIe millénaire av. J.-C., en Mésopotamie et dans les vallées du Tigre et de l'Euphrate (aujourd'hui l'Irak et le sud-est de la Turquie), dans la région du Croissant fertile.
12
+
13
+ D'un point de vue économique, les deux types variétaux importants actuels sont des blés à grains nus :
14
+
15
+ Près de 150 variétés sont inscrites au Catalogue officiel français des espèces et variétés créées par 10 entreprises de sélection et près de 530 au Catalogue européen[1].
16
+
17
+ Quelques variétés de blé dur cultivées en France: Acalou, Actisur, Akenaton, Alexis, Anvergur, Argelès, Augur, Byblos, Chistera, Cordeiro, Duetto, Floridou, Joyau, Luminur, Pescadou, Pharaon, Sachem, Tablur...
18
+
19
+ Plus de 780 variétés sont inscrites au Catalogue officiel des espèces et variétés créées par 20 entreprises de sélection et près de 2 400 sont inscrites au Catalogue européen[1].
20
+
21
+ Quelques variétés de blé tendre cultivées en France :
22
+
23
+ Lors de l'inscription des variétés au catalogue officiel des espèces et variétés, le Comité Technique Permanent de la Sélection (CTPS) distingue les types suivants de blé tendre selon la valeur technologique de leurs farines et notamment leur teneur en protéine :
24
+
25
+ NB Parfois une traduction inexacte de variétés cultivées aux États-Unis sous le nom de hard red winter laisse penser que ce sont des blés durs alors que ce sont en réalité des blés de force.
26
+
27
+ Sont cultivés avec un regain d'intérêt des blés rustiques et les formes suivantes de blés à grains vêtus (les grains étant fortement enserrés dans leurs enveloppes, après le battage il faut les décortiquer pour pouvoir les utiliser)
28
+
29
+ Depuis 1999, l'Inra et Arvalis travaillent avec les chambres d'agriculture pour évaluer les capacités de blés rustiques, mieux adaptés à des systèmes d'agriculture biologique ou raisonnée, pas ou moins consommatrices d'intrants chimiques (engrais et produits phytosanitaires)[3].
30
+
31
+ Le blé étant strictement autogame, l'obtention de variétés hybrides nécessite la culture côte à côte de lignées en rangs mâles et femelles et la stérilisation du parent mâle par application d'un gamétocide[4]
32
+
33
+ L'utilisation de blé hybride est faible et en progression : 4 % du blé tendre et 7 % du blé est hybride en France[5],[6], les gains de rendement sont d'environ 6 quintaux en théorie mais seulement de 3 quintaux en pratique. L'adoption du blé hybride nécessite une modification des techniques de culture, la densité de semis est fortement réduite (jusqu'à 75 grains au mètre carré contre plus de 200 en variété classique)[7] et le prix des semences est élevé. Cette prise de risque est difficile pour les agriculteurs par ailleurs satisfaits par les rendements élevés et stables du blé classique. Ce risque est toutefois éliminé avec l'utilisation de semoirs monograines récemment adaptés aux céréales à paille.
34
+
35
+ Les progrès de la génétique et des marqueurs génétiques « microsatellites »[8],[9] permettent[10],[11] d'évaluer[12],[13],[14],[15] et de suivre l'évolution de la biodiversité variétale et intrinsèque à chaque variété cultivée (variété considérée comme gage de l'adaptation des plantes aux maladies et changements environnementaux[16]). Cette diversité a lentement augmenté de la préhistoire au XIXe siècle, mais a régressé à la suite du passage d'une sélection réalisée par les paysans à une sélection généalogique réalisée par des semenciers. Cette évolution a accompagné l'industrialisation de l'agriculture puis la « révolution verte » en modifiant significativement les caractéristiques et la diversité génétique des blés les plus semés dans les pays industrialisés[17],[18], dont les États-Unis[19] et l'Europe[20]. Par exemple, pour le blé tendre, une étude (2011) lancée sur la diversité génétique des variétés de blés tendres utilisées en France au XXe siècle a confirmé une tendance à l'homogénéisation génétique des variétés cultivées dans ce pays. Un indicateur composite a permis de traduire par année, la surface cultivée pour chaque variété, en croisant cette information avec la proximité génétique de ces variétés entre elles[21] et avec les données existantes sur la biodiversité intravariétale. Pour la FRB qui a piloté l'étude, « ces résultats scientifiquement validés soulèvent des questions sur les modes d’évaluation de la diversité génétique des plantes cultivées, et alertent sur la résilience de ces cultures dans le contexte d’une hausse de la fréquence d'événements climatiques critiques pour la production agricole »[22].
36
+
37
+ Le substantif masculin[23],[24],[25],[26] « blé » est issu de l'ancien bas[23],[24] francique[25],[26] *blād (« produit de la terre »).
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+
39
+ L'arrivée du blé en France remonte probablement au Ve millénaire av. J.‑C. Les Celtes s'installent en Gaule vers 2000 av. J.-C., et les Francs se sédentarisent en Gaule romaine vers 580[réf. nécessaire]. Le terme « blé » peut venir du gaulois *mlato, qui devient *blato, « farine » (équivalent du latin molitus, « moulu ») ; cette étymologie est cependant contestée et un étymon francique *blâd, « produit de la terre », est proposée, les Francs, peuple non sédentarisé, étant arrivés tardivement en Gaule d'une région où la culture du blé n'était pas pratiquée[réf. nécessaire]. Quel que soit l'étymon, il est aussi à l'origine des verbes de l'ancien français bléer, blaver et emblaver, « ensemencer en blé ») et désigne les grains broyés qui fournissent de la farine.
40
+
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+ Au Moyen Âge et à la Renaissance, le mot bleds, le plus souvent au pluriel, et sous diverses orthographes (bleds, bledz, bleedz, blees, bleetz, bleez, blés, bletz, blez, bleiz, blye, blefs...), désignait les cultures annuelles et les terres labourées qui les portent — catégorie placée sur le même plan que les prés, les vignes, les vergers, les bois et les « eaux ». Ces blés (terres labourées) sont ainsi nommés parce qu'ils portent des blés (plantes cultivées), dont les expressions fréquentes « tutz manere de blez » « toutes sortes de bleds » ou « de tout autre bled, mesme des legumes » (Olivier de Serres, 1600[27]) disent nombreuses les espèces qui entrent sous ce vocable[28] : froment, seigle, orge, avoine, pois, fèves… et, lorsqu’ils furent introduits, le sarrasin (« blé noir ») et le maïs (« blé de Turquie » ou « blé d'Inde »[29],[30]). Blé désignait en fait alors toute plante cultivée donnant des graines pouvant être réduites en farine utilisable en alimentation humaine.
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+ Le nom de genre scientifique Triticum dérive du latin tritus, broiement, frottement, car le blé est destiné à la mouture.
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+ Les premières cultures furent à l'origine de bouleversements majeurs pour les sociétés humaines avec la néolithisation. En effet, l'homme sachant produire sa propre nourriture, sa survie devenait moins dépendante de son environnement. L'agriculture marque aussi le début du commerce et de la sédentarisation.
46
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47
+ Dans un premier temps, le blé semble avoir été consommé cru puis grillé ou cuit sous forme de bouillie puis de galettes sèches (pains peu ou pas levés) élaborées à partir des grains simplement broyés entre deux pierres (voir carpologie). Le blé s'impose par la suite comme l'aliment essentiel de la civilisation occidentale sous forme d'aliments variés : pain, semoule, pâtes, biscuits...
48
+
49
+ La culture du blé est beaucoup moins difficile que celle du riz : elle ne demande ni aménagement spécifique du champ ni un lourd travail d'entretien. Entre la période des labours-semis et celle de la moisson, les travaux sont plutôt réduits. Après la récolte, le blé, à la différence du riz, ne demande pas d'opération particulière comme le décorticage. Les régions agricoles reposant fortement sur la culture du blé comptent moins de travailleurs que les régions du maïs et du riz.
50
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51
+ La culture du blé s'est imposée en raison de cette facilité de culture mais aussi parce que l'essentiel des progrès agricoles a été expérimenté sur lui. Les instruments aratoires simples ont été remplacés par du matériel de plus en plus perfectionné :
52
+
53
+ Au Moyen Âge, les fermiers des campagnes à blé européennes utilisaient la charrue à roue et le cheval. Les pays à seigle en restaient à l'araire et aux bovins. Le semoir mécanique et la moissonneuse-batteuse ont été mis au point dans les régions à blé d'Europe et d'Amérique du Nord. Le blé est également le premier à bénéficier de l'usage des amendements (comme dans l'Est de la France) et des engrais chimiques. La sélection des semences permet de meilleurs rendements. Pendant plusieurs millénaires, le blé n'est cultivé qu'en faibles quantités et avec de très bas rendements. Au Moyen Âge et jusque vers 1700, il fallait en moyenne plus de trois heures de travail pour obtenir un kilogramme de blé ; alors, les céréales constituaient la nourriture de base, presque unique. Le blé étant trop cher, c'était le méteil qui servait d'aliment aux Français les plus pauvres (90 % de la population) car il fallait en moyenne deux heures de travail seulement pour un kilogramme de méteil. Dès que les conditions climatiques étaient mauvaises, c'était la famine ; les dernières famines en France datent de la fin du XVIIe siècle, jusqu'en 1709. Alors le prix du blé[31] atteignait le salaire de six à huit heures de travail le kilogramme. On voit le prix du blé diminuer progressivement au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Au cours du XXe siècle, les progrès de la technologie permettent d'augmenter formidablement la production céréalière.
54
+ Le blé est introduit au Nouveau Monde par Juan Garrido, compagnon mexicain d'Hernan Cortes, qui en ayant trouvé trois graines dans un sac de riz les plante en 1523 dans sa propriété de Coyoacán à proximité de Mexicó[32].
55
+
56
+ À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, l'agriculture s'est mécanisée et rationalisée. Les machines agricoles, tirées au départ par des chevaux puis par des machines à vapeur et enfin, par des engins à moteur, se sont multipliées en particulier dans les pays développés. Depuis 1950, les récoltes de blé s'effectuent avec des moissonneuses-batteuses qui coupent et battent les céréales en une seule opération. De même, des engins agricoles spécialisés existent pour le labour et les semis.
57
+
58
+ La culture moderne du blé est longtemps restée confinée au bassin méditerranéen et à l'Europe. En Europe, à la fin du XIXe siècle, la culture du blé commence à reculer au bénéfice d'autres cultures. Les travaux de Jean Fourastié montrent que les progrès des techniques de production permettent un rendement meilleur et que les céréales et le blé peuvent être remplacées dans la production et donc la consommation, par une alimentation plus variée. La production à peu près exclusivement rurale et à base de céréales a pu être diversifiée, avec des productions de légumes et de viande, puis une production qui n'est plus presque uniquement à visée alimentaire, un développement de l'industrie et des services. En conséquence, ont pu se généraliser l'économie urbaine, le développement des moyens de transport et les moindres coûts de production en outre-mer. La baisse du prix du blé par rapport aux salaires est, selon Jean Fourastié le fait majeur de l'évolution économique depuis le XVIIe siècle ; le progrès du niveau de vie des Français et de la plupart des occidentaux a son origine dans cette évolution.
59
+
60
+ La production de blé reprend son essor au cours du XXe siècle grâce aux progrès de la mécanisation, à la sélection de nouvelles variétés productrices et au développement de l'usage de fertilisants. Le blé est, au début du XXIe siècle, une des céréales les plus rentables à l'intérieur du système des prix européens. L'Europe importait plus d'une dizaine de millions de tonnes de blé au moment de la guerre. Depuis, elle est devenue exportatrice. L'excédent final européen atteignait près de 17 millions de tonnes en 1990.
61
+
62
+ L'AGPB (Association Générale des Producteurs de Blé) est une association spécialisée de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) qui regroupe l'ensemble des céréaliers. Elle a créé avec l'AGPM (Association générale des producteurs de maïs) et la FOP (Fédération française des producteurs d'oléagineux et de protéagineux) une union syndicale, l'Union des Grandes Cultures.
63
+
64
+ Reconstitution d'une faucille néolithique (os, silex et résine).
65
+
66
+ Meule néolithique pour écraser le grain.
67
+
68
+ Le réchauffement de la planète entraîne une accumulation de périodes sèches et chaudes et donc une augmentation des fluctuations des rendements de la production de blé[33]. Sur la base d'essais au champ, on peut estimer que la quantité de blé produite dans le monde va diminuer de 6% par degré Celsius d'augmentation de la température[34]. Même si la limite de réchauffement planétaire de deux degrés Celsius convenue dans l'Accord de Paris est respectée, cela aura une incidence négative sur les rendements mondiaux des cultures par superficie cultivée[33]. Cela entraîne la nécessité de passer à des variétés de blé plus résistantes à la sécheresse, par exemple en sélectionnant de nouvelles variétés de blé, qui peuvent atténuer partiellement mais pas complètement la baisse des rendements afin de s'adapter au changement climatique[33].
69
+
70
+ Le blé moderne est le résultat d'une construction génétique unique : il contient le génome complet de trois espèces différentes, les chromosomes de ces espèces ne se mélangeant pas lors de la méiose. Il est le résultat d'événements de polyploïdisation intervenus à la suite de croisements entre espèces : chaque génome fut entièrement conservé, ce qui explique l'augmentation de la ploïdie.
71
+
72
+ En France, le CNRA de Versailles (devenu l'INRA - Institut national de la recherche agronomique) et le laboratoire de M. Bustaret ont cherché à comprendre l’origine du blé. Il a fallu vingt ans à M. Jolivet pour réussir la synthèse du blé à partir de l'égilope en augmentant par étapes successives son taux de ploïdie. Pour ce faire, il a exposé la plante et son génome à une toxine, la colchicine (puissant agent anti-mitotique). Il a conservé les plantes passées d’une diploïdie (à 14 chromosomes) à des plantes triploïdes (21 chromosomes), au moyen de croisements, puis à une souche tétraploïde (28 chromosomes) et enfin hexaploïde (42 chromosomes), grâce à la colchicine. Cette variété originale reconstituée en laboratoire a servi à enrichir les variétés avec des gènes inédits ou perdus depuis la domestication.
73
+
74
+ Parmi les dizaines de milliers de formes de blés cultivés, (au moins 30 000), tous les « Speltoidea » à 42 chromosomes, qui fournissent la plupart des blés cultivés tendres (froment), aux grains riches en amidon, descendent de cet ancêtre. Les autres proviennent du stade précédent qui a donné les « Dicoccoida » à 28 chromosomes, qui sont les blés durs, aux épis denses et aux graines riches en gluten.
75
+
76
+ On ne sait pas exactement comment la sélection a commencé à se faire à la charnière Mésolithique-Néolithique. Il est possible que des épis inhabituellement gros soient spontanément apparus après des accidents de fécondation de l'ancêtre du blé et que, par croisement, des blés de plus en plus productifs aient été sélectionnés.
77
+
78
+ Araire de l'Égypte antique, vers 1200 av. J.-C..
79
+
80
+ Battage au fléau, Tacuinum sanitatis, manuel du XIVe siècle.
81
+
82
+ Le blé (fermentum) du Tacuinum sanitatis correspond au chaud et humide, l'optimum : grains gonflés et lourds dont l'usage est recommandé pour l’ouverture des abcès mais provoque des occlusions.
83
+
84
+ Mars, les labours, Les Très Riches Heures du duc de Berry, XVe siècle.
85
+
86
+ Moissonneuse de McCormick, 1889.
87
+
88
+ Les blés sont des plantes herbacées annuelles, monocotylédones, à feuilles alternes, formées d'un chaume portant un épi constitué de deux rangées d'épillets sessiles et aplatis.
89
+
90
+ Les fleurs sont nombreuses, petites et peu visibles car achlamydes. Elles sont groupées en épis situés à l'extrémité des chaumes.
91
+
92
+ Les tiges sont des chaumes, cylindriques, souvent creux par résorption de la moelle centrale. Ils se présentent comme des tubes cannelés avec de longs et nombreux faisceaux conducteurs de sève. Ces faisceaux sont régulièrement entrecroisés et renferment des fibres à parois épaisses, assurant la solidité de la structure. Les chaumes sont interrompus par des nœuds qui sont une succession de zones d'où émerge une longue feuille, qui engaine d'abord la tige puis s'allonge en un limbe étroit à nervures parallèles.
93
+
94
+ Parmi les autres caractères de cet appareil végétatif, il existe dans l'épiderme une concentration de multiples amas de silice microscopiques mais très durs. Ils peuvent user les outils tranchants (faucille ou faux par exemple ; ce fait permet de reconnaître les outils préhistoriques ayant servi aux moissons, car ils présentent de fines rayures et parfois des restes d'accumulation de silice.)
95
+
96
+ L'épi de blé est formé de deux rangées d'épillets situés de part et d'autre de l'axe. Un épillet regroupe trois fleurs à l'intérieur de deux glumes. Chaque fleur est dépourvue de pétales, et est entourée de deux glumelles (pièces écailleuses non colorées). Elle contient trois étamines (pièces mâles), un ovaire surmonté de deux styles plumeux (les pièces femelles). La fleur du blé est dite cléistogame, c’est-à-dire que le pollen est relâché le plus souvent avant que les étamines ne sortent de la fleur. Il s'attache alors au stigmate, où peut se produire la fécondation.
97
+
98
+ Le blé est une plante presque strictement autogame. En espaçant les variétés de seulement 2,5 m, on constate une pollinisation croisée limitée à 0,03 %[36]. En effet, à cause du caractère cléistogame de la fleur, l'autofécondation est le mode de reproduction le plus fréquent chez les blés : ce sont les anthérozoïdes (cellules reproductrices mâles) issus du pollen d'une fleur qui fécondent l'oosphère et la cellule centrale du sac embryonnaire de l'ovaire de cette même fleur (les cellules sexuelles femelles sont protégées dans un sac embryonnaire fermé au sein d'un ovule).
99
+
100
+ Après fécondation, l'ovaire donnera le grain de blé. Dans le cas du blé, le grain est à la fois le fruit et la graine. En effet, Les enveloppes du fruit sont soudées à celles de la graine. On appelle ce type de fruit un caryopse.
101
+
102
+ Au moment du battage, les glumes et les glumelles sont perdues. Ses réserves sont contenues dans l'albumen (on dit que la graine est albuminée), composé à 70 % d'amidon et 15 % de gluten (une protéine). L'embryon n'a qu'un cotylédon (le blé est une plante monocotylédone).
103
+
104
+ Les principaux caractères des espèces de blé que l'homme a cherché à sélectionner sont : la robustesse de l'axe de l'épi (qui ne doit pas se casser lors de la récolte), la séparation facile des enveloppes du grain, la grande taille des grains et la compacité des épis (plus maniable que l'épi lâche).
105
+
106
+ La sélection d'une plante cultivée se base sur l'ensemble de gènes existants dans l'espèce considérée, ce qui justifie l'intérêt de la préservation de la biodiversité. Pour certaines propriétés désirées, telles que la résistance aux maladies fongiques ou virales, la diversité au sein du groupe de gènes du blé n'est pas suffisante. Pour cette raison, il a été complété par de nouveaux gènes. Un croisement entre le blé et ses plantes parentes ne se fait pas naturellement. Par conséquent, des techniques de culture tissulaire et de cytogénétique (mais pas de génie génétique) doivent être employées pour introduire du matériel génétique exogène dans le génome du blé. C'est ainsi qu'on a pu créer un hybride entre le blé et le seigle nommé « triticale ».
107
+
108
+ La création et l'utilisation de variétés de blé génétiquement modifié est techniquement possible. Cependant, cette technique n'a pas été utilisée à grande échelle pour le blé.
109
+
110
+
111
+
112
+ Le grain de blé est un fruit particulier, le caryopse. Dans un caryopse, la paroi du fruit adhère au tégument de la graine et la protège des influences extérieures. Au cours de la mouture, ces enveloppes sont habituellement séparées du grain (embryon + albumen) et commercialisées en tant que son. Le grain contient 65 à 70 % d'amidon ainsi qu'une substance protéique (le gluten) dispersée parmi les grains d'amidon. Le gluten est responsable de l'élasticité de la pâte malaxée ainsi que de la masticabilité des produits à base de céréales cuits au four. Cette visco-élasticité permet de faire du pain de qualité : les bulles de CO2 dégagées lors de la dégradation anaérobie de l'amidon par les levures sont piégées dans le réseau de gluten à la fois tenace et élastique (la pâte « lève »).
113
+
114
+ L'embryon ou germe est la partie essentielle de la graine permettant la reproduction de la plante : en se développant il devient à son tour une jeune plante. Contenant beaucoup de matières grasses (environ 15 %) ou d'huiles, l'embryon pourrait donc rancir et est souvent éliminé lors du nettoyage des grains. Les germes de céréales sont vendus dans les boutiques de diététique car ils sont considérés comme très nutritifs en raison de leur haute teneur en sels minéraux, vitamines, protéines et huiles.
115
+
116
+ Le germe de blé, en diététique, fournit la majeure partie des vitamines B, hautement spécialisées dans la défense et l'entretien du système nerveux. Il apporte aussi, en quantité, les vitamines A, C, E, du zinc et des acides aminés.
117
+
118
+ Si l'on compare les deux principaux types de blé, le blé dur et le blé tendre, le qualificatif de dur est d'une part utilisé dans une logique classificatoire tenant compte de la structure génétique de la variété, et d'autre part utilisé pour décrire d'un point de vue mécanique la résistance du grain à la mouture (à la mouture, un grain dur dont une partie de l'amidon est vitreux donnera une poudre granuleuse, au lieu d'une farine poudreuse). Ces deux aspects, génétiques et mécaniques, ne sont pas entièrement dépendants. Ainsi un blé génétiquement dur sera le plus souvent, mécaniquement, dur mais pourra aussi être éventuellement tendre. Les grains tendres d'un blé dur sont qualifiés de mitadinés.
119
+
120
+ Les cultivars sont les variations des deux espèces qui sont effectivement cultivées dans les champs[37].
121
+
122
+ La paille est la partie de la tige des graminées coupée lors de la moisson et rejetée, débarrassée des graines, sur le champ par la moissonneuse-batteuse, dans le cas de récolte mécanisée. La partie de la tige, de faible hauteur qui reste au sol s'appelle le chaume (en botanique, on appelle chaume la tige des graminées).
123
+
124
+ La paille, sous-produit agricole, peut être récoltée. Les principaux usages sont : la litière pour le bétail (bovins, porcins, ovins et équins), qui forme ainsi la base du fumier utilisé comme fertilisant et amendement organiques des sols; le fourrage pour les ruminants dans un cadre spécifique (en cas de nécessité) et, pratique en renouveau, de matériau pour la construction des bâtiments agricoles ou de véritables maisons. Le torchis peut inclure de la paille.
125
+
126
+ Elle peut aussi être enfouie[38], laissée sur place et ainsi contribuer à la vie biologique du sol et à la conservation de ses qualités agronomique (taux de matière organique et aération par les vers de terre) ou brûlée sur place. Cela évite les opérations de récolte et de transport, relativement coûteuses, surtout dans les régions céréalières où l'élevage a disparu (comme le bassin parisien).
127
+
128
+ La hauteur du chaume dépend du réglage en hauteur de la barre de coupe de la moissonneuse-batteuse, selon principalement si l'on désire ou non récolter un maximum de paille. Cependant, sur une parcelle de terre comportant des trous ou ornières, le réglage sera haut afin d'éviter de casser la barre de coupe.
129
+
130
+ Certaines moissonneuses-batteuses sont équipées d'un ou de deux broyeurs (ou hache-paille) :
131
+
132
+ Le broyeur avant facilite le déchaumage en hachant le chaume. Le broyeur arrière hache et éparpille la paille, idéalement de façon uniforme.
133
+
134
+ Après la moisson, les agriculteurs procèdent au déchaumage, qui consiste en une façon superficielle, souvent à l'aide d'outil à disques, ou déchaumeuse, destinée à accélérer la décomposition du chaume et des restes de paille. Ce déchaumage accompagne éventuellement un semis de couvert[39]. Le déchaumage a également pour fonction de permettre la germination des graines non récoltées et de certaines adventices, ce qui permet de réaliser un faux semis. Ainsi ces graines ne viendront pas concurrencer une future autre culture. Il est aussi possible de ne pas déchaumer et de réaliser un semis direct d'un couvert ou de la culture suivante.
135
+
136
+ Les systèmes de cultures ont favorisé divers types de blé :
137
+
138
+ L'installation d'une culture de blé est très importante puisqu'elle conditionne le développement et la croissance des plantes. Le succès de cette installation dépend :
139
+
140
+ L'agriculteur cultive généralement plusieurs variétés de blé. Cette diversité lui permet d'étaler son travail et de limiter les risques liés au climat et aux différents ennemis des cultures (ravageurs et maladies). Les critères de choix possible sont donc les critères techniques :
141
+
142
+ Elle dépend de plusieurs facteurs :
143
+
144
+ Les blés d'hiver ont besoin de périodes de froid assez prolongées pour acquérir l'aptitude à fleurir : c'est le phénomène de vernalisation. Il faut donc procéder à un semis précoce avant l'hiver.
145
+
146
+ Ce qui importe ce n'est pas la quantité de semences à l'hectare mais le nombre d'épis voire le nombre de plantes par mètre carré. C'est-à-dire le peuplement à réaliser. Elle varie selon :
147
+
148
+ Au début de la germination, la semence de blé est sèche. Après humidification, il sort une radicule (première petite racine) puis un coléoptile. Une première feuille paraît au sommet du coléoptile.
149
+ La germination est uniquement déterminée par le cumul journalier de la température positive. Il faut en moyenne 30 degrés jour (ou Dj) pour la germination, soit trois jours à 10 °C ou 10 jours à 3 °C, et environ 150 Dj pour la levée.
150
+
151
+ L'axe portant le bourgeon terminal se développe en un rhizome (tige souterraine) dont la croissance s'arrête à 2 cm en dessous de la surface du sol. Il apparaît un renflement dans la partie supérieure du rhizome qui grossit et forme le plateau de tallage.
152
+
153
+ La levée commence quand la plantule sort de terre et que la première feuille pointe au grand jour son limbe.
154
+ Un désherbage peut être pratiqué en pré-semis (juste avant le semis) ou en post-semis pré-levée (entre le semis et la levée).
155
+
156
+ Le rythme d'émission des feuilles est réglé par des facteurs externes comme la durée du jour et le rayonnement au moment de la levée. On exprime le nombre de feuilles en fonction des cumuls de températures depuis le semis (voir aussi phyllotherme). Le phyllotherme est la durée exprimée en somme de température séparant l'apparition de deux feuilles successives. Il est estimé à 100 Dj et varie entre 80 Dj (semis tardif) à 110 Dj (semis précoce). Le blé a besoin d'une période de froid d'environ 100 jours, ce qui explique le fait qu'il n'y a pas de développement de la culture du blé dans les régions équatoriales.
157
+
158
+ Le blé mûrit plus vite dans une température de 30 °C et plus. Conséquemment ses épis portent moins de grains et ces derniers sont plus petits. D'autre part, un réchauffement local de 2 °C diminuerait la période de croissance de 9 jours et réduirait les rendements de 20 %. Cette diminution de la récolte est particulièrement inquiétante pour l'Inde, pays tropical et 2e producteur mondial derrière la Chine[40].
159
+
160
+ La période « quelques feuilles » peut être le moment de désherber et parfois de traiter contre les insectes (larves de taupins, tipules) en agriculture conventionnelle.
161
+
162
+ Le stade « 3 feuilles » est une phase repère pour le développement du blé.
163
+ Des bourgeons se forment à l'aisselle des feuilles et donnent des pousses – ou talles. Chaque talle primaire donne des talles secondaires. Apparaissent alors, à partir de la base du plateau de tallage, des racines secondaires ou adventives, qui seront à l'origine de l'augmentation du nombre d'épis.
164
+
165
+ Le tallage commence pendant l'hiver et se poursuit jusqu'à la reprise du printemps. Il est marqué par l'apparition d'une tige secondaire, une talle, à la base de la première feuille. Les autres feuilles poussent elles aussi leurs talles vertes. Au moment du plein tallage, la plante est étalée ou a un port retombant.
166
+
167
+ À l'intérieur de la tige, on peut trouver ce qu'on appelle la pointe de croissance. Elle commence à ressembler à un épi de blé. Initialement, la pointe est sous terre, protégée contre le gel. Au fur et à mesure de la reprise de la végétation, la pointe de croissance va s'élever dans la tige.
168
+
169
+ La montaison se produit de fin avril à fin mai en France. Au sommet du bourgeon terminal se produit le début du développement de l'épi. Parallèlement, on assiste à l'allongement des entrenœuds. Le stade « épi à 1 cm » du plateau de tallage est caractérisé par une croissance active des talles. Le plant de blé a besoin, durant cette phase, d'un important apport d'azote.
170
+
171
+ À la fin de la montaison apparaît la F1. Ce terme désigne la dernière feuille sortie. En semis dense, cette feuille est essentielle car elle va à elle seule contribuer à 75 % du rendement en grains. Juste avant la maturité, les plants trop densément semés se concurrençant entre eux, c'est même généralement la seule feuille encore vivante. Lorsque cette feuille est touchée, le poids de la récolte en grain devient vite désastreux. En effet, avec des plants serrés le poids unitaire des grains est déjà faible. De surcroît, cette faible distance entre chaque plant facilite la propagation des maladies. Au moindre stress, la céréale risque alors de donner des grains de très faible poids. On prévient dans l'immédiat cette baisse du rendement avec l'épandage préalable d'engrais et de pesticides.
172
+
173
+ L'épiaison se produit en mai ou juin en France, lorsque la gaine éclatée laisse entrevoir l'épi qui s'en dégage peu à peu (on parle de gonflement). Pour les variétés barbues comme le blé dur, c'est le moment où apparaissent les extrémités des barbes à la base de la ligule de la dernière feuille. Avant l'apparition de l'épi, on peut voir un gonflement de la gaine.
174
+
175
+ À ce stade, le nombre total d'épis est défini, de même que le nombre total de fleurs par épi. Chaque fleur peut potentiellement donner un grain (par exemple 25 grains par épi), mais il est possible que certaines fleurs ne donnent pas de grain, en raison de déficit de fécondation par exemple.
176
+
177
+ La floraison s'observe à partir du moment où quelques étamines sont visibles dans le tiers moyen de l'épi, en dehors des glumelles. Quand les anthères apparaissent, elles sont jaunes ; après exposition au soleil, elles deviennent blanches. Le grain de pollen des blés est monoporé et sa dispersion est relativement faible.
178
+
179
+ À la fin de la floraison, quelques étamines séchées subsistent sur l'épi. Environ quinze jours après la floraison, le blé commence à changer de couleur : du vert il passe au jaune, doré, bronze et rouge.
180
+
181
+ Le cycle s'achève par la maturation qui dure en moyenne 45 jours. Les grains vont progressivement se remplir et passer par différents stades tels que le stade laiteux, puis pâteux, au cours desquels la teneur en amidon augmente et le taux d'humidité diminue. Durant cette phase, les réserves migrent depuis les parties vertes jusqu'aux grains. Quand le blé est mûr, le végétal est sec et les graines des épis sont chargées de réserves.
182
+
183
+ La formation du grain se fait quand les grains du tiers moyen de l'épi parviennent à la moitié de leur développement. Les grains se développent en deux stades :
184
+
185
+ Les glumes et les glumelles sont jaunes striées de vert, les feuilles sèches et les nœuds de la tige encore verts.
186
+
187
+ Puis le grain mûrit : brillant, durci, il prend une couleur jaune. À maturité complète, le grain a la couleur typique de sa variété et la plante est sèche. À sur-maturité, le grain est mat et tombe tout seul de l'épi.
188
+
189
+ Dans les conditions favorables, une seule semence peut produire une centaine de nouveaux grains.
190
+
191
+ Les maladies rencontrées au niveau de la semence peuvent être localisées à l'extérieur ou à l'intérieur du grain.
192
+
193
+ Les premiers symptômes apparaissent à la montaison. Les plantes affectées sont de couleur bleutée et peuvent être plus courtes. La maladie se manifeste plus nettement après l'épiaison. Les tiges et l’épi ont toujours une couleur verte, bleuâtre. Les glumes s'écartent pour laisser apparaître des grains de forme arrondie et de couleur vert olive. À maturité, ces grains brunissent et donnent à l'épi un aspect ébouriffé. Un grain carié peut contenir jusqu'à neuf millions de spores alors que seulement 20 à 40 spores suffisent à la contamination. Ces spores peuvent se conserver jusqu’à 5 ans dans un sol. À noter que ce champignon a deux modes de contamination : par la semence et par le sol.
194
+
195
+ Le blé de consommation peut être infesté de divers charançons dont le charançon du blé.
196
+
197
+ Liste des produits phytopharmaceutiques autorisés en France pour lutter contre les parasites du blé : « Le catalogue des produits phytopharmaceutiques et de leurs usages, des matières fertilisantes et des supports de culture autorisés en France », sur ephy.anses.fr (consulté le 13 juin 2020).
198
+
199
+ La consommation humaine (pain, biscuiterie et tous les produits à base de farine) reste le débouché principal (58 % de la récolte), suivie de l'alimentation animale (34 %). Les 8 % restants représentent les usages industriels (amidonnerie et glutennerie). Le blé peut également servir de substrat pour produire du biocarburant, le bioéthanol[41]. Il est également utilisé pour alimenter des chaudières[42].
200
+
201
+ Le blé tendre, ou froment, est le produit agricole de base pour la fabrication du pain, en raison de sa composition en gluten supérieure aux autres céréales. Il doit passer par le secteur de la meunerie pour subir la transformation en farine.
202
+
203
+ Le pain est un aliment qui résulte de la cuisson d'une pâte obtenue par pétrissage d'un mélange composé de farines de blé panifiables correspondant à des types officiellement définis, d'eau potable et de « sel de cuisine », et soumis à un agent de fermentation : la levure ou le levain.
204
+
205
+ Le blé dur est à la base de la fabrication des semoules, utilisées pour la préparation du couscous ainsi que des pâtes alimentaires (toutefois les pâtes chinoises au blé sont fabriquées avec du blé tendre, de même qu'elles l'étaient traditionnellement dans l'Europe du Nord).
206
+
207
+ La production mondiale de tous les types de blés est de 729 millions de tonnes lors de la campagne 2014 c'est-à-dire près de 100 kg par habitant, pour l'ensemble de la population mondiale. En volume de production, c'est la quatrième culture mondiale derrière la canne à sucre, le maïs et le riz. Les statistiques mondiales sont calculées par le Conseil International des Céréales[43]. L'amélioration mondiale des techniques culturales et la sélection génétique (création de la variété Norin 10 par exemple) ont conduit à un accroissement considérable des rendements moyens, passant de moins de 10 q/ha en 1900 - soit 1 tonne par hectare - à 29 q/ha en 2010. On pense désormais que la progression des rendements peut se poursuivre assez longtemps encore.
208
+
209
+ Le développement de l'irrigation, la réduction des pertes, l'amélioration des infrastructures (routes, capacités de stockage) constituent des moyens qui peuvent encore être mis en œuvre dans de nombreuses régions pour augmenter la production.
210
+
211
+ L'Amérique du Sud connaît des rendements stables avec 20 q/ha, l'Afrique et le Proche-Orient 10 q/ha (avec une grande variabilité selon les années au Maghreb), l'Égypte et l'Arabie saoudite ont atteint, en culture irriguée, 35 à 40 q/ha.
212
+
213
+ En Europe, des rendements très élevés sont obtenus en culture intensive. Le rendement moyen est passé de 30 à 60 quintaux par hectare durant les 30 dernières années, soit une progression moyenne de 1 quintal/ha/an[réf. nécessaire]. En France, les rendements sont passés de 14 à 70 quintaux par hectare entre 1945 et 1995[44]. La production s'élève ponctuellement à 100 quintaux par hectare en moyenne régionale certaines années exceptionnelles[45]. L'augmentation des rendements et des surfaces cultivées ont conduit à un fort accroissement de la production qui atteignait 275 millions de tonnes en 1965 et 600 en 1998.
214
+ La courbe de la productivité dans les pays de culture intensive serait parvenue à un plateau, le débat n'est pas tranché.[réf. nécessaire]
215
+
216
+ Données de Production 2014-2016 (moyenne triennale) Source: FAOSTAT Interrogation de FAOSTAT du 02 novembre 2018
217
+
218
+ Le blé est la première céréale sur le plan du commerce international : 127 millions de tonnes de blé sont échangées en 2010.
219
+
220
+ Les importations mondiales atteignent 128 millions de tonnes en 2008 (source FAO). 36 pays importent plus de 1 Mt annuellement et représentent 80 % du total. Parmi ces pays, 13 réalisent 51,9 % du total, ce sont dans l'ordre décroissant en volume : Égypte (6,5 %), Algérie (5,4 %), Brésil (4,7 %), Japon (4,5 %), Italie (4,2 %), Iran (4,1 %), Espagne (3,6 %), Indonésie, Pays-Bas, Maroc, Turquie, Mexique et la Belgique.
221
+
222
+ Les exportations françaises de blé trouvent pour débouché par ordre décroissant : l'Italie (23 %), la Belgique (12 %), l'Algérie (11 %), les Pays-Bas (10 %), l'Espagne (7 %), la Côte d'Ivoire (7 %), la Tunisie (7 %) et l'Allemagne (7 %). Ces 8 pays représentent donc 84 % des débouchés commerciaux français.
223
+
224
+ La production française de blé tendre atteint 36 millions de tonnes[46], soit 26 % de la production de l'Union européenne (138 Mt)[46].
225
+
226
+ En France, en 2012, un hectare de blé intensif produit environ 7 tonnes (par an), qui rapportent environ 1 750 € (prix de début de campagne 250 €/tonne). Durant la période 2006-2012, les prix du blé (rendu Rouen) ont varié entre 100 et 280 euros la tonne[47]. Le blé « bio » se vend plus cher et économise les achats de produits phytosanitaires, mais ses rendements sont plus faibles, entre 20 et 40 %[48]. La variété de blé bio historique, et la plus cultivée, est le blé Renan. Il s'agit d'un blé tendre d'hiver, mis au point par l’INRA en 1989 grâce à des techniques d'hybridation (croisement avec une espèce pont : le blé dur) entre le blé tendre et Aegilops ventricosa, sélectionnée pour sa résistance à plusieurs maladies, dont la rouille brune du blé et l'oïdium du blé[49],[50],[51],[52],[53].
227
+
228
+ Les producteurs reçoivent également une subvention à l'hectare dans le cadre de la PAC qui est indépendante de la culture en place et basée sur des références historiques.
229
+
230
+ Les blés panifiables dominent avec 92 % des surfaces en blé tendre[54]. Le paysage variétal reste assez stable par rapport à 2010, avec le maintien des deux variétés de tête, Apache et Premio[55]. En France, ces dernières années, le rendement du blé a peu progressé[56],[57].
231
+
232
+ Un problème est la perte de diversité génétique qui pourrait limiter les adaptations futures du blé aux maladies et au dérèglement climatique, par exemple au sein des blés tendres[22].
233
+
234
+ Le marché mondial du blé suit plusieurs caractéristiques propres aux matières premières agricoles. La première est une relative instabilité et imprédictibilité des prix à court et moyen terme. L'offre mondiale de blé varie d'année en année en fonction des choix de semis des agriculteurs, des aléas climatiques, phytosanitaires, politiques et économiques, en étant lissée en partie par l'existence de stocks[58]. La demande mondiale en blé est relativement stable et inélastique face à l'offre. Cette inélasticité de la demande face à une offre fluctuante crée l'instabilité du marché. Cette instabilité s'est par exemple traduite par la hausse des prix de 2007-2008, amplifiée par des phénomènes spéculatifs. Cette crise, lors de laquelle le prix du blé a doublé, a eu comme conséquence une importante crise alimentaire.
235
+
236
+ Le prix du blé est fortement corrélé aux prix des autres céréales comme l'orge, le maïs, un peu moins avec celui du riz, et il est aussi un peu corrélé aux prix des oléagineux comme le soja et le colza. Mais cela n'est pas dû à un phénomène de substitution à court terme de la consommation de blé par d'autres céréales, qui est faible : d'une part, les habitudes alimentaires l'empêchent, d'autre part, plusieurs céréales sont produites dans les mêmes zones et une mauvaise récolte de l'une augure souvent une mauvaise récolte de l'autre.
237
+
238
+ La deuxième caractéristique importante du marché du blé, aussi commune aux autres matières premières, est sa baisse tendancielle sur le long terme, en monnaie constante, causée principalement par les gains de productivité. Par exemple, un seul agriculteur en France peut aujourd'hui produire 10 tonnes de blé par hectare sur une exploitation de 100 ha, soit 1 000 tonnes de production nette, alors qu'au début du siècle, il n'en aurait produit que 1 t/ha sur 10 ha, soit 10 t (il s'agit d'un exemple en production nette, les gains de productivité sont moins importants car les coûts ont aussi augmenté). Cette baisse tendancielle explique que le nombre d'agriculteurs soit moins important qu'auparavant dans les pays développés (pour générer un revenu il faut produire davantage, donc disposer de plus de surface), et provoque une dégradation des termes de l'échange pour les pays producteurs.
239
+
240
+ Certains économistes agricoles[59] se demandent si cette baisse tendancielle n'a pas été remplacée, depuis la campagne 2007, par un rattachement aux marchés de l'énergie, sensible depuis que l'industrie des biocarburants est devenue un débouché significatif pour le maïs américain (plus de 100 millions de tonnes transformés en bioéthanol) et pour le colza européen (80 % de l'huile étant destinée au biodiesel), le marché du blé étant touché indirectement. La transformation du blé en bioéthanol concerne actuellement 4,2 millions de tonnes annuellement dans l'Union européenne[60], ce qui reste une utilisation mineure.
241
+
242
+ Du point de vue technique, le marché du blé est composé de plusieurs marchés nationaux tous connectés entre eux. Les marchés peuvent être « physiques », par exemple « livré Rouen » - le port français d'exportation par excellence[61], ou virtuels, correspondant à des cotations de « futures » sur les places de marché électroniques régulées (Euronext[62] et CBOT[63]). Les fluctuations journalières dépendent des révisions des estimations de récoltes du CIC[43] ou d'instances nationales comme l'USDA ou FranceAgriMer, des achats intérieurs et de la demande internationale (Cf. les appels d'offre égyptiens et algériens). L'essentiel du trading est assuré par les maisons de négoce spécialisées comme Cargill ou Invivo.
243
+
244
+ Lors des crises de 2007-2008 et de 2010-2011, certains dirigeants français ont rendu la spéculation responsable de la volatilité des prix constatée. Un rapport exhaustif commandé à des experts nuance le sujet[64]. La régulation des marchés agricoles constitue un des sujets de discussion du G20.
245
+
246
+ Par nature, les marchés à terme sont spéculatifs, puisque déterminant des prix futurs, mais ce sont des instruments de couverture essentiels aux professionnels du négoce. Les règles très précises de fonctionnement (dépôt de garantie, liquidation journalière des positions, interdiction de position dominante, etc.) peuvent contrôler ces marchés.[réf. nécessaire]
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+ Le blé est en général considéré approprié à la consommation humaine, sauf si la teneur en certains contaminants excède les valeurs limites autorisées[65]. Les contaminants les plus étudiés sont le cadmium, le déoxynivalénol, l'ochratoxine, la zéaralénone, l'ergot du seigle, le datura stramoine et la carie du blé.
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+ La conservation du blé dépend du taux d'humidité - que l'on peut abaisser par ventilation, de la température (on cherche à éviter l'« échauffement » des grains qui est une fermentation) et du contrôle des ravageurs (insectes, rongeurs, oiseaux). D'une manière générale le blé se conserve mieux quand il est sec, froid et bien ventilé[66]. Dans les installations de stockage (silos) et de transport, on cherche à limiter la production de poussières qui peuvent, dans certaines conditions, être explosives[67].
251
+
252
+ Dans la pratique de la récolte et du transport du blé, d'autres impuretés peuvent être présents: graines d'adventices ou d'autres cultures - qui peuvent être éliminées par triage, présence de grains germés qui peuvent nuire à la conservation, à la valeur meunière et à la valeur boulangère du blé. Un certain pourcentage des grains peut être déformé: grains échaudés, grains fusariés[68]. On mesure également le poids spécifique (PS) qui est la masse d'un hectolitre de blé[69].
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+
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+ Le blé est très rarement consommé entier par l'homme, mais cela peut arriver (consommation des céréales entières écrasées par exemple). Le plus souvent, le blé est moulu, on en sépare les enveloppes qui constituent le son, et le germe. C'est la farine de blé, qui en résulte, qui est probablement l'ingrédient alimentaire le plus consommé dans le monde. La farine de blé constitue la matière première de plusieurs secteurs de l'industrie agro-alimentaire: boulangerie (artisanale et industrielle), amidonnerie/glucoserie de blé, biscotterie, pâtisserie, biscuiterie. Le pain composé essentiellement de farine de blé, d'eau, de sel, et de levure ou de levain est probablement le premier aliment consommé dans le monde.
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+
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+ La farine de blé contient essentiellement de l'amidon et des protéines, certaines solubles (albumines, globulines), d'autres insolubles (prolamines, gliadines et gluténines), les protéines insolubles constituant le gluten. La maladie cœliaque est une forme d'intolérance au gluten, cependant il se pourrait que les gliadines favorisent l'augmentation de la perméabilité intestinale indépendamment de toute prédisposition génétique[70]. La dermatite herpétiforme peut également être liée à la consommation de gluten.
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+ Les protéines du blé sont relativement pauvres en lysine, ce qui en fait leur acide aminé limitant. La farine contient très peu de matières grasses, celles-ci étant concentrées dans le germe, écarté lors de la mouture. La farine est relativement pauvre en vitamines (pas de vitamine A, de vitamine C, de vitamine B12)[71], mais assez riche en minéraux, leur taux dépendant du taux d'extraction. On constate cependant que la biodisponibilité de ces minéraux varie en fonction de la teneur en son, lui-même riche en acide phytique[72].
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+ Il existe des facteurs anti-nutritionnels endogènes dans le blé[73], présents aussi en partie dans la farine: facteurs anti-trypsiques, inhibiteurs de l'alpha-amylase, lectines ou agglutinines (dans le germe et dans le gluten), pentosanes et acide phytique (plutôt présents dans le son). La plupart de ces substances sont éliminées par la mouture, par trempage, traitement thermique ou fermentation.
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+ La consommation de blé (grain entier, souvent appelé blé complet) joue un rôle protecteur en santé humaine, vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires, de certains cancers, du diabète et de l'obésité[74],[75],[76]. L'effet serait lié à la teneur en acide phytique, en lignanes, et en d'autres composés[77],[78], et n'est pas complètement explicité. Dans les années 1980 et 90 on mettait l'accent sur le rôle des fibres, particulièrement aux États-Unis, mais cette approche 'composant' est désormais délaissée, c'est l'ensemble du produit (ici le blé complet) qui présente des avantages pour la santé. Aux États-Unis une allégation nutritionnelle est autorisée liant consommation de grains complets et protection vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires et du cancer[79].
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+ Dans le calendrier républicain français, le 29e jour du mois de Messidor est dénommé jour du Blé[80].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le bleu est un champ chromatique, regroupant les teintes rappelant celles du ciel ou de la mer par temps clair[a].
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+ On rencontre des pierres, des oiseaux, des fleurs et des papillons bleus, mais les matières bleues sont moins fréquentes dans la nature que les vertes, les rouges et les jaunes[réf. souhaitée].
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+ Le champ chromatique « bleu » comprend de nombreuses nuances soit saturées, comme le bleu outremer, soit désaturées, comme le bleu ciel, soit claires, soit foncées comme le bleu nuit. Il s'étend des bleu-verts ou turquoise aux bleus outremer et bleus violacés.
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+ Les longueurs d'onde des lumières bleues s'étendent de 450 à 500 nanomètres environ[1] ; la norme AFNOR X08-010 « Classification méthodique générale des couleurs » fixe ces limites de 476 à 483 nm, et de 466 à 490 nm en incluant les bleu-violet et les bleu-vert. Au contraire des rouges qui deviennent roses, les couleurs les plus lavées de blanc s'appellent toujours bleu, jusqu'à la limite avec les gris[2].
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+ La lumière monochromatique centrale du champ des bleus a une longueur d'onde de 479 nm environ. La couleur complémentaire de ce bleu central dépend de l'illuminant (blanc de référence) choisi ; elle se situe dans les jaunes, entre 573 et 579 nm.
10
+
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+ Dans l'augmentation progressive du nombre de termes de couleur notée dans les langues du monde, le bleu apparaît seulement en sixième, quand les langues ont déjà séparé le noir, le blanc, le rouge, le vert et le jaune[3]. Dans les langues européennes, cette distinction est apparue au Moyen Âge[4]. Auparavant, les bleus se décrivent comme soit comme des nuances de blanc[c], soit comme des variétés de noirs ou de verts. La langue n'avait pas de nom de couleur qui couvre à la fois le bleu clair du ciel et le bleu sombre de minéraux comme le lapis-lazuli. Aristote place ces couleurs en deux endroits différents de son classement des couleurs du noir au blanc.
12
+
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+ Dans le système de description de la perception des couleurs de Hering, présentant probablement une bonne approximation du système visuel au-delà de la sensibilité des cônes dans la rétine, le bleu est une des quatre teintes élémentaires, l'opposition bleu-jaune venant, avec l'opposition rouge-vert, créer l'impression de couleur[5].
14
+
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+ Dans la synthèse additive des couleurs, une des couleurs primaires est le plus souvent un bleu, choisi parmi les teintes les plus saturées de ce champ, selon les possibilités techniques d'en obtenir, soit par des luminophores, soit par un filtre optique à partir d'une lumière moins saturée[d].
16
+
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+ Dans la synthèse soustractive, le bleu se constitue par la superposition de deux couleurs fondamentales, le cyan, qui retire les radiations de l'aire des rouges, et le magenta, qui retire les radiations de l'aire des verts, ne laissant que celles de l'aire des bleus.
18
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+ Dans les arts visuels les bleus se situent sur le cercle chromatique entre les verts et les rouges, à l'opposé des jaunes.
20
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+ Le bleu primaire des écrans de télévision et d'ordinateur est un bleu-violet à la limite du violet, selon la classification des couleurs AFNOR X08-010. Sa longueur d'onde dominante est, avec l'illuminant D65, de 466 nm, avec une pureté d'excitation de 93% pour les écrans conformes sRGB ou Adobe RGB.
22
+
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+ Pour les lumières monochromatiques, la discrimination[e] du bleu 480 nm est de l'ordre de 1 nm sur la longueur d'onde, au minimum et au même niveau que pour les orangés ; elle croît rapidement jusqu'à cinq fois cette valeur quand la longueur d'onde décroît (bleu-violet). Il semble que les cônes S de la rétine, sensibles au bleu, aient un seuil de discrimination à peu près cinq fois moindre que celle des deux autres types, M et L, sensibles au vert et au rouge[6] ; mais cela ne veut pas dire que le nombre total des bleus soit moindre. La perception colorée implique toujours à la fois les trois types de cône et la partie nerveuse de l'appareil visuel[7]. Comme le champ chromatique des bleus n'est pas entamé par d'autres classes de couleur, comme celui des rouges l'est par celui des roses, il se pourrait qu'on y distingue autant ou plus de nuances.
24
+
25
+ Le mot blanc suscite de nombreuses associations mentales. Du point de vue de la colorimétrie, il désigne une forte luminosité, dépourvue de sensation colorée. Mais on sait avec certitude qu'une surface légèrement bleutée est jugée plus blanche qu'une surface idéalement neutre, même plus claire[8].
26
+
27
+ Les lessives contiennent des grains bleus afin de donner plus de blancheur au linge (de plus une légère coloration bleue compense le jaunissement des tissus blancs). Les cachets effervescents destinés à nettoyer les appareils dentaires sont aussi colorés en bleu, pour les mêmes raisons.
28
+
29
+ La pratique de l'azurage, pour obtenir une sensation de blancheur supérieure, en s'éloignant du blanc défini par l'analyse trichrome par l'ajout de bleu, témoigne d'une limite de cette description des couleurs.
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31
+ Dans les arts graphiques, le bleu est la couleur la plus froide. Refroidir une couleur, c'est lui mélanger une autre de telle sorte qu'elle se rapproche du bleu sur le cercle chromatique. Dans les images thermographiques en fausse couleur, le bleu dénote invariablement le froid ; comme sur la robinetterie domestique, la pastille bleue indique l'eau froide.
32
+
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+ Les couleurs froides, et particulièrement le bleu, sont des couleurs fuyantes. L'enseignement classique professe que la perspective atmosphérique consiste à bleuir les lointains, et que les ombres dans les creux sont plus bleues et plus sombres que le ton local. Les sujets d'une expérience de psychologie expérimentale interprètent un disque bleu placé sur un fond moins froid comme un trou dans le fond ; alors qu'ils interprètent une forme identique, mais rouge, comme une pastille posée sur le fond[9].
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+ Des phénomènes de diffusion donnent une couleur bleue au ciel par temps clair. Cette lumière est diffuse et polarisée, et se combine à des diffractions, diffusions et réflexions pour donner le bleu de la mer[10]. Cependant, la couleur bleu marine n'a qu'un rapport indirect avec celle de la mer par beau temps : c'est celle des uniformes de la marine[11].
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+ Les ailes de certains papillons, des parties des plumes du paon ou du geai bleu[12] ont une couleur structurelle bleue sans l'intervention d'aucun pigment.
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+ La fabrication de verres et émaux bleus à partir de sels de fer, de sels de cuivre et de sels de cobalt remonte à l'Antiquité. Les pièces se sont conservées à travers les siècles. Des livres indiquent des procédés de fabrication. De nombreux minéraux contenant du cuivre donnent un bleu-vert, l'azurite et la lazulite permettent d'obtenir des bleus plus profonds, et le lapis-lazuli une nuance par comparaison violacée. Le verre bleu, au cobalt, est attesté en Égypte ancienne au XVIe siècle av. J.-C.[13]. La fabrication des verres et émaux bleus subit de grandes variations, selon l'approvisionnement en matières premières et les procédés locaux de fabrication[14]. Les verres bleus fabriqués avant l'identification du cobalt comme un métal étaient connus sous le nom de safre ou de smalt.
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+
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+ Difficiles à fabriquer et à maîtriser, certains pigments bleus furent longtemps rares ; le bleu outremer, obtenu par broyage de la pierre semi-précieuse lapis-lazuli importée du Moyen-Orient, était la couleur la plus chère.
42
+
43
+ La difficulté à produire du bleu s'est avérée encore récemment pour les diodes électroluminescentes. Les diodes lumineuses rouges et vertes, puis jaunes et orange ont été inventées et produites dans les années 1960 ; on n'est parvenu à produire des diodes bleues qu'après plus de 30 ans, à la fin des années 1990[17].
44
+
45
+ La solidité à la lumière de huit teintures bleues sert de référence pour évaluer celle d'un nouveau colorant, par un processus simple. On expose le colorant à coter à la lumière en même temps qu'une échelle des bleus constituée avec ces huit bleus. La cote est le numéro de la plage qui perd sa couleur comme l'échantillon.
46
+
47
+ Les associations symboliques du bleu ont largement évolué en Europe au cours de l'histoire. Elles sont différentes selon qu'il s'agisse d'un bleu pâle, couleur de ciel, ou d'un bleu soutenu, couleur sombre.
48
+
49
+ Au début du XXe siècle l'artiste peintre Vassily Kandinsky affirmait que « le bleu développe très profondément l'élément du calme. Glissant vers le noir, il prend la consonance d'une tristesse inhumaine (…) À mesure qu'il s'éclaircit, ce qui lui convient moins, le bleu prend un aspect plus indifférent (…) jusqu'à devenir un calme muet[18] ».
50
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51
+ L'Antiquité privilégie le noir, le blanc et le rouge pour leur symbolique. Les civilisations antiques autour de la Méditerranée considèrent le bleu foncé de la mer et celui, lumineux, du ciel comme des couleurs absolument différentes, qu'Aristote placera, sur son échelle des couleurs, l'une près du noir, l'autre près du blanc. Dans l'Égypte ancienne, le bleu foncé de la mer symbolisait la femme tandis que le bleu ciel (du ciel) était associé au principe mâle[19].
52
+
53
+ Les anciens Grecs appelaient κυανός, kuanos une nuance de bleu sombre, en sanskrit shyam, d'où le jargon scientifique de la chimie a produit le préfixe cyan— pour désigner les produits ayant une affinité pour le bleu (comme le ferrocyanure ferrique dit bleu de Prusse. Le nom cyan a été choisi pour désigner la couleur fondamentale de la synthèse soustractive des couleurs utilisée en photographie argentique et pour l'impression en quadrichromie, complémentaire du rouge.
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55
+ Le politicien britannique et helléniste William Gladstone releva dans L’Iliade et L’Odyssée chaque passage où Homère décrit un objet par sa couleur. Il découvrit avec étonnement que si de nombreuses allusions au noir et au blanc existent dans les deux ouvrages, quelques-unes au rouge, au jaune et au vert, rien n'indiquait une couleur bleue. Il en déduisit que les anciens grecs étaient moins sensibles que ses contemporains au bleu et au vert. Cette conclusion invraisemblable, même à son époque, amuse les linguistes qui ont constaté qu'aucun texte antique, y compris les textes bibliques, ne connaît la catégorie « bleu ». La question de l'importance des catégories du langage pour la perception a donné l'hypothèse de Sapir-Whorf[20]. Le lexique grec met le bleu foncé, le gris et le vert dans une seule catégorie ; en latin classique, le lexique des bleus est instable, imprécis[21]. On observe la même évolution dans la plupart des langues ; la catégorie bleu n'apparaît qu'après qu'on a distingué, d'abord le noir du blanc, puis le rouge, le jaune et le vert[22].
56
+
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+ Toutefois, le bleu foncé est la couleur qui distingue le sébastokrator, marquant une subordination par rapport à la pourpre et au cinabre impériaux[réf. nécessaire].
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+ En Inde, dans l'hindouisme, la divinité Krishna, dont le nom signifie bleu-noir, est présenté sous les traits d'un homme à la peau bleue. « Krichna est l'incarnation de la vérité divine, son corps est azuré; mais abaissé à la condition humaine, il s'est soumis aux tentations du mal et la symbolique indienne lui consacre également le bleu foncé et le noir. ».
60
+
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+ Les langues qui ont contribué à la formation du français avaient divers termes recouvrant la notion de « bleu ». Le bleu clair du ciel était, dans ces langues, souvent une couleur différente du bleu sombre de la mer, comme c'est encore le cas en russe où голубой (galouboy) désigne le bleu clair ou pâle, синий (siniy) le bleu soutenu.
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+ Bleu vient de l'ancien français blef, blev, qui dérive lui-même de blanc ; du vieux-francique blao à rapprocher de l'allemand blau[11].
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+ Azur (du latin médiéval azurium, tiré de l'arabe al-lazward, ou du persan lazhward) est synonyme de bleu, et le désigne en héraldique. C'est l'origine du mot qui signifie bleu dans plusieurs langues romanes[23].
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+ Considéré avant le Moyen Âge, s'il est soutenu, comme une simple variante du noir, ou, s'il est pâle comme le bleu ciel, comme une variété de blanc, le bleu acquiert à partir de la fin du XIe siècle une signification autonome. L'Église catholique en fait la couleur conventionnelle du voile de la Vierge Marie. La robe est bleue avec éventuellement un manteau rouge chez les orthodoxes, alors que chez les catholiques le manteau est bleu avec une robe ou un corsage rouge[24].
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+ Le bleu soutenu qu'obtiennent les pigments et teintures nouvellement fabriquées se répand sur les vêtements bleu roi des souverains de France qui s'inspirent du bleu marial. Les capétiens Philippe Auguste puis son petit-fils Louis IX (Saint Louis) font du bleu la couleur royale au XIIe siècle. Le blason royal porte des fleurs de lys d'or sur champ d'azur. Les seigneurs s'empressent d'imiter les rois. Les gens du peuple et les moines s'habillent en vert et en brun[réf. souhaitée]. Au XIIIe siècle, l'auteur du Sone de Nansay écrit : « Et le bleu réconforte le cœur car des couleurs il est l'empereur[25] ». Le bleu devient le symbole de la sérénité, de la candeur[réf. souhaitée].
70
+
71
+ Les lois somptuaires interdisent en Italie dans les années 1350-1380 de porter des vêtements bleus ou rouges jugés ostentatoires alors que le pays est touché par la peste noire. La culture de la guède et l'importation de l'indigo vont rendre le bleu plus accessible, et il finit par être la couleur préférée des Européens au XVIIIe siècle[26].
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+
73
+ Depuis le XVe et XVIIe siècles le bleu a remplacé le vert ou le noir pour représenter conventionnellement la couleur de l'eau (Pastoureau 1989).
74
+
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+ Au début du XIXe siècle, la fin des guerres permet l'importation de l'indigo et du coton. La révolution industrielle concentre la production textile. La chimie améliore le mordançage, facilitant la teinture en bleu. Le bleu foncé rivalise avec l'écru et le cachou pour la fabrication de vêtements de travail. La blouse ou le bourgeron du travailleur devient « bleu de travail »[27].
76
+
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+ Le bleu de Prusse est le premier colorant synthétique ; il n'est néanmoins pas très stable. Le bleu de cobalt suit ; il est cher. En 1826, Guimet produit un bleu outremer synthétique, qui rend la teinture et la peinture bleues beaucoup moins chères. Ces inventions rencontrent un marché, dans le goût bourgeois qui recherche des teintes à la fois colorées et discrètes[28].
78
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79
+ Selon Michel Pastoureau, depuis que l'on dispose d'enquêtes d'opinion (c'est-à-dire depuis 1890 environ), le bleu est la couleur préférée de plus de la moitié de la population occidentale, « des hommes comme des femmes, toutes catégories sociales confondues », à 50 %, devant le vert (20 %) et le rouge (10 %)[29].
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81
+ Dans les pays anglo-saxons l'expression « blue devils » signifie « idées noires ». Le blues est un état de mélancolie (spleen) qui a donné le blues, un genre musical. Le baby blues est le nom donné à l'état dépressif de la mère pouvant survenir après l'accouchement.
82
+
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+ En France, sous l'Ancien Régime, le bleu est la couleur de l'honneur[réf. souhaitée]. Le cordon bleu, insigne de la décoration de l'Ordre du Saint-Esprit, est bleu pâle, couleur de l'Esprit Saint[30].
84
+
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+ Les soldats au service direct du roi de France portent du bleu depuis le XVIe siècle. Le régiment des Gardes françaises se distingue par un manteau de ce qu'on appellera le bleu roi, avec des parements rouges et blancs. Cette tenue deviendra celle de la garde nationale. Après la Révolution française, les manteaux bleu clair ou bleu foncé se généraliseront.
86
+
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+ Pour les secondes fêtes de la fédération en 1792, les Conventionnels revêtirent un uniforme bleu barbeau. Ce bleu clair a aussi servi pour des uniformes militaires, et une nuance similaire, sinon identique, a été adoptée par l'armée française en 1915 sous le nom de bleu horizon.
88
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89
+ La marine française utilise le bleu marine depuis qu'un règlement du premier Empire lui a imposé l'uniforme en 1804. De nombreux autres état-majors de marine de par le monde, mais non tous, ont fait un choix similaire. Le bleu pour ces uniformes se produit en France à partir de la guède (Pastel des teinturiers) ou, quand la guerre navale avec la Grande-Bretagne ne s'y oppose pas, à partir de l'indigo.
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+ Les organisateurs de l'aviation ont choisi l'uniforme bleu, de préférence aux couleurs bleu horizon puis kaki et vert de l'armée de terre.
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+ Les chasseurs alpins, qui aiment à se désigner comme diables bleus, portent une tenue de sortie bleu sombre.
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+ Le bleu se trouve ainsi, en France, fortement associé à l'idée nationale.
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+ Après la seconde Guerre mondiale, les Nations unies choisissent une couleur qui n'a été arborée par aucun des combattants, le bleu clair, comme symbole des nouvelles relations entre les nations. Les soldats de la « force de maintien de la paix des Nations unies » utilisent des casques peints en bleu pâle et sont surnommés couramment « casques bleus ».
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+ En 1955, l'Union européenne, fondée entre des anciens belligérants, se donne un drapeau à cercle étoilé sur fond bleu soutenu.
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+ L'association entre le bleu et la paix, opposé au rouge de la guerre, est ancienne, et explique pourquoi dans de nombreux pays, les uniformes des gardiens de la paix, de la gendarmerie et plus généralement de la police sont bleus[réf. souhaitée], comme la police belge[31]
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+ Dans certaines cultures et en fonction des époques, le bleu est associé au genre masculin, par opposition au rose, désignant le genre féminin[32],[33].
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+ Un bleu est, dans le langage courant, par métonymie, une quantité d'objets bleus :
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+ Turquoise (pierre).
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+ Chalcantite (cristaux de sulfate de cuivre hydraté).
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+ Saphir bleu.
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+ Azurite.
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+ Lapis-lazuli.
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+ Lactarius indigo
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+ Entoloma hochstetteri
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+ Bleuet
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+ Myosotis
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+ Scilla
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+
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+ Jacinthe des bois
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+ Graines bleues de l'arbre du voyageur de Madagascar
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+ Morpho menelaus didius
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+ Linckia laevigata (étoile de mer bleue)
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+ Martin-pêcheur
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+ Mésange bleue
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+ Geai bleu
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+ Le bleu est un champ chromatique, regroupant les teintes rappelant celles du ciel ou de la mer par temps clair[a].
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+ On rencontre des pierres, des oiseaux, des fleurs et des papillons bleus, mais les matières bleues sont moins fréquentes dans la nature que les vertes, les rouges et les jaunes[réf. souhaitée].
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+ Le champ chromatique « bleu » comprend de nombreuses nuances soit saturées, comme le bleu outremer, soit désaturées, comme le bleu ciel, soit claires, soit foncées comme le bleu nuit. Il s'étend des bleu-verts ou turquoise aux bleus outremer et bleus violacés.
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+ Les longueurs d'onde des lumières bleues s'étendent de 450 à 500 nanomètres environ[1] ; la norme AFNOR X08-010 « Classification méthodique générale des couleurs » fixe ces limites de 476 à 483 nm, et de 466 à 490 nm en incluant les bleu-violet et les bleu-vert. Au contraire des rouges qui deviennent roses, les couleurs les plus lavées de blanc s'appellent toujours bleu, jusqu'à la limite avec les gris[2].
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+ La lumière monochromatique centrale du champ des bleus a une longueur d'onde de 479 nm environ. La couleur complémentaire de ce bleu central dépend de l'illuminant (blanc de référence) choisi ; elle se situe dans les jaunes, entre 573 et 579 nm.
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+ Dans l'augmentation progressive du nombre de termes de couleur notée dans les langues du monde, le bleu apparaît seulement en sixième, quand les langues ont déjà séparé le noir, le blanc, le rouge, le vert et le jaune[3]. Dans les langues européennes, cette distinction est apparue au Moyen Âge[4]. Auparavant, les bleus se décrivent comme soit comme des nuances de blanc[c], soit comme des variétés de noirs ou de verts. La langue n'avait pas de nom de couleur qui couvre à la fois le bleu clair du ciel et le bleu sombre de minéraux comme le lapis-lazuli. Aristote place ces couleurs en deux endroits différents de son classement des couleurs du noir au blanc.
12
+
13
+ Dans le système de description de la perception des couleurs de Hering, présentant probablement une bonne approximation du système visuel au-delà de la sensibilité des cônes dans la rétine, le bleu est une des quatre teintes élémentaires, l'opposition bleu-jaune venant, avec l'opposition rouge-vert, créer l'impression de couleur[5].
14
+
15
+ Dans la synthèse additive des couleurs, une des couleurs primaires est le plus souvent un bleu, choisi parmi les teintes les plus saturées de ce champ, selon les possibilités techniques d'en obtenir, soit par des luminophores, soit par un filtre optique à partir d'une lumière moins saturée[d].
16
+
17
+ Dans la synthèse soustractive, le bleu se constitue par la superposition de deux couleurs fondamentales, le cyan, qui retire les radiations de l'aire des rouges, et le magenta, qui retire les radiations de l'aire des verts, ne laissant que celles de l'aire des bleus.
18
+
19
+ Dans les arts visuels les bleus se situent sur le cercle chromatique entre les verts et les rouges, à l'opposé des jaunes.
20
+
21
+ Le bleu primaire des écrans de télévision et d'ordinateur est un bleu-violet à la limite du violet, selon la classification des couleurs AFNOR X08-010. Sa longueur d'onde dominante est, avec l'illuminant D65, de 466 nm, avec une pureté d'excitation de 93% pour les écrans conformes sRGB ou Adobe RGB.
22
+
23
+ Pour les lumières monochromatiques, la discrimination[e] du bleu 480 nm est de l'ordre de 1 nm sur la longueur d'onde, au minimum et au même niveau que pour les orangés ; elle croît rapidement jusqu'à cinq fois cette valeur quand la longueur d'onde décroît (bleu-violet). Il semble que les cônes S de la rétine, sensibles au bleu, aient un seuil de discrimination à peu près cinq fois moindre que celle des deux autres types, M et L, sensibles au vert et au rouge[6] ; mais cela ne veut pas dire que le nombre total des bleus soit moindre. La perception colorée implique toujours à la fois les trois types de cône et la partie nerveuse de l'appareil visuel[7]. Comme le champ chromatique des bleus n'est pas entamé par d'autres classes de couleur, comme celui des rouges l'est par celui des roses, il se pourrait qu'on y distingue autant ou plus de nuances.
24
+
25
+ Le mot blanc suscite de nombreuses associations mentales. Du point de vue de la colorimétrie, il désigne une forte luminosité, dépourvue de sensation colorée. Mais on sait avec certitude qu'une surface légèrement bleutée est jugée plus blanche qu'une surface idéalement neutre, même plus claire[8].
26
+
27
+ Les lessives contiennent des grains bleus afin de donner plus de blancheur au linge (de plus une légère coloration bleue compense le jaunissement des tissus blancs). Les cachets effervescents destinés à nettoyer les appareils dentaires sont aussi colorés en bleu, pour les mêmes raisons.
28
+
29
+ La pratique de l'azurage, pour obtenir une sensation de blancheur supérieure, en s'éloignant du blanc défini par l'analyse trichrome par l'ajout de bleu, témoigne d'une limite de cette description des couleurs.
30
+
31
+ Dans les arts graphiques, le bleu est la couleur la plus froide. Refroidir une couleur, c'est lui mélanger une autre de telle sorte qu'elle se rapproche du bleu sur le cercle chromatique. Dans les images thermographiques en fausse couleur, le bleu dénote invariablement le froid ; comme sur la robinetterie domestique, la pastille bleue indique l'eau froide.
32
+
33
+ Les couleurs froides, et particulièrement le bleu, sont des couleurs fuyantes. L'enseignement classique professe que la perspective atmosphérique consiste à bleuir les lointains, et que les ombres dans les creux sont plus bleues et plus sombres que le ton local. Les sujets d'une expérience de psychologie expérimentale interprètent un disque bleu placé sur un fond moins froid comme un trou dans le fond ; alors qu'ils interprètent une forme identique, mais rouge, comme une pastille posée sur le fond[9].
34
+
35
+ Des phénomènes de diffusion donnent une couleur bleue au ciel par temps clair. Cette lumière est diffuse et polarisée, et se combine à des diffractions, diffusions et réflexions pour donner le bleu de la mer[10]. Cependant, la couleur bleu marine n'a qu'un rapport indirect avec celle de la mer par beau temps : c'est celle des uniformes de la marine[11].
36
+
37
+ Les ailes de certains papillons, des parties des plumes du paon ou du geai bleu[12] ont une couleur structurelle bleue sans l'intervention d'aucun pigment.
38
+
39
+ La fabrication de verres et émaux bleus à partir de sels de fer, de sels de cuivre et de sels de cobalt remonte à l'Antiquité. Les pièces se sont conservées à travers les siècles. Des livres indiquent des procédés de fabrication. De nombreux minéraux contenant du cuivre donnent un bleu-vert, l'azurite et la lazulite permettent d'obtenir des bleus plus profonds, et le lapis-lazuli une nuance par comparaison violacée. Le verre bleu, au cobalt, est attesté en Égypte ancienne au XVIe siècle av. J.-C.[13]. La fabrication des verres et émaux bleus subit de grandes variations, selon l'approvisionnement en matières premières et les procédés locaux de fabrication[14]. Les verres bleus fabriqués avant l'identification du cobalt comme un métal étaient connus sous le nom de safre ou de smalt.
40
+
41
+ Difficiles à fabriquer et à maîtriser, certains pigments bleus furent longtemps rares ; le bleu outremer, obtenu par broyage de la pierre semi-précieuse lapis-lazuli importée du Moyen-Orient, était la couleur la plus chère.
42
+
43
+ La difficulté à produire du bleu s'est avérée encore récemment pour les diodes électroluminescentes. Les diodes lumineuses rouges et vertes, puis jaunes et orange ont été inventées et produites dans les années 1960 ; on n'est parvenu à produire des diodes bleues qu'après plus de 30 ans, à la fin des années 1990[17].
44
+
45
+ La solidité à la lumière de huit teintures bleues sert de référence pour évaluer celle d'un nouveau colorant, par un processus simple. On expose le colorant à coter à la lumière en même temps qu'une échelle des bleus constituée avec ces huit bleus. La cote est le numéro de la plage qui perd sa couleur comme l'échantillon.
46
+
47
+ Les associations symboliques du bleu ont largement évolué en Europe au cours de l'histoire. Elles sont différentes selon qu'il s'agisse d'un bleu pâle, couleur de ciel, ou d'un bleu soutenu, couleur sombre.
48
+
49
+ Au début du XXe siècle l'artiste peintre Vassily Kandinsky affirmait que « le bleu développe très profondément l'élément du calme. Glissant vers le noir, il prend la consonance d'une tristesse inhumaine (…) À mesure qu'il s'éclaircit, ce qui lui convient moins, le bleu prend un aspect plus indifférent (…) jusqu'à devenir un calme muet[18] ».
50
+
51
+ L'Antiquité privilégie le noir, le blanc et le rouge pour leur symbolique. Les civilisations antiques autour de la Méditerranée considèrent le bleu foncé de la mer et celui, lumineux, du ciel comme des couleurs absolument différentes, qu'Aristote placera, sur son échelle des couleurs, l'une près du noir, l'autre près du blanc. Dans l'Égypte ancienne, le bleu foncé de la mer symbolisait la femme tandis que le bleu ciel (du ciel) était associé au principe mâle[19].
52
+
53
+ Les anciens Grecs appelaient κυανός, kuanos une nuance de bleu sombre, en sanskrit shyam, d'où le jargon scientifique de la chimie a produit le préfixe cyan— pour désigner les produits ayant une affinité pour le bleu (comme le ferrocyanure ferrique dit bleu de Prusse. Le nom cyan a été choisi pour désigner la couleur fondamentale de la synthèse soustractive des couleurs utilisée en photographie argentique et pour l'impression en quadrichromie, complémentaire du rouge.
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55
+ Le politicien britannique et helléniste William Gladstone releva dans L’Iliade et L’Odyssée chaque passage où Homère décrit un objet par sa couleur. Il découvrit avec étonnement que si de nombreuses allusions au noir et au blanc existent dans les deux ouvrages, quelques-unes au rouge, au jaune et au vert, rien n'indiquait une couleur bleue. Il en déduisit que les anciens grecs étaient moins sensibles que ses contemporains au bleu et au vert. Cette conclusion invraisemblable, même à son époque, amuse les linguistes qui ont constaté qu'aucun texte antique, y compris les textes bibliques, ne connaît la catégorie « bleu ». La question de l'importance des catégories du langage pour la perception a donné l'hypothèse de Sapir-Whorf[20]. Le lexique grec met le bleu foncé, le gris et le vert dans une seule catégorie ; en latin classique, le lexique des bleus est instable, imprécis[21]. On observe la même évolution dans la plupart des langues ; la catégorie bleu n'apparaît qu'après qu'on a distingué, d'abord le noir du blanc, puis le rouge, le jaune et le vert[22].
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+ Toutefois, le bleu foncé est la couleur qui distingue le sébastokrator, marquant une subordination par rapport à la pourpre et au cinabre impériaux[réf. nécessaire].
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+ En Inde, dans l'hindouisme, la divinité Krishna, dont le nom signifie bleu-noir, est présenté sous les traits d'un homme à la peau bleue. « Krichna est l'incarnation de la vérité divine, son corps est azuré; mais abaissé à la condition humaine, il s'est soumis aux tentations du mal et la symbolique indienne lui consacre également le bleu foncé et le noir. ».
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+
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+ Les langues qui ont contribué à la formation du français avaient divers termes recouvrant la notion de « bleu ». Le bleu clair du ciel était, dans ces langues, souvent une couleur différente du bleu sombre de la mer, comme c'est encore le cas en russe où голубой (galouboy) désigne le bleu clair ou pâle, синий (siniy) le bleu soutenu.
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+
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+ Bleu vient de l'ancien français blef, blev, qui dérive lui-même de blanc ; du vieux-francique blao à rapprocher de l'allemand blau[11].
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+ Azur (du latin médiéval azurium, tiré de l'arabe al-lazward, ou du persan lazhward) est synonyme de bleu, et le désigne en héraldique. C'est l'origine du mot qui signifie bleu dans plusieurs langues romanes[23].
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+ Considéré avant le Moyen Âge, s'il est soutenu, comme une simple variante du noir, ou, s'il est pâle comme le bleu ciel, comme une variété de blanc, le bleu acquiert à partir de la fin du XIe siècle une signification autonome. L'Église catholique en fait la couleur conventionnelle du voile de la Vierge Marie. La robe est bleue avec éventuellement un manteau rouge chez les orthodoxes, alors que chez les catholiques le manteau est bleu avec une robe ou un corsage rouge[24].
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+ Le bleu soutenu qu'obtiennent les pigments et teintures nouvellement fabriquées se répand sur les vêtements bleu roi des souverains de France qui s'inspirent du bleu marial. Les capétiens Philippe Auguste puis son petit-fils Louis IX (Saint Louis) font du bleu la couleur royale au XIIe siècle. Le blason royal porte des fleurs de lys d'or sur champ d'azur. Les seigneurs s'empressent d'imiter les rois. Les gens du peuple et les moines s'habillent en vert et en brun[réf. souhaitée]. Au XIIIe siècle, l'auteur du Sone de Nansay écrit : « Et le bleu réconforte le cœur car des couleurs il est l'empereur[25] ». Le bleu devient le symbole de la sérénité, de la candeur[réf. souhaitée].
70
+
71
+ Les lois somptuaires interdisent en Italie dans les années 1350-1380 de porter des vêtements bleus ou rouges jugés ostentatoires alors que le pays est touché par la peste noire. La culture de la guède et l'importation de l'indigo vont rendre le bleu plus accessible, et il finit par être la couleur préférée des Européens au XVIIIe siècle[26].
72
+
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+ Depuis le XVe et XVIIe siècles le bleu a remplacé le vert ou le noir pour représenter conventionnellement la couleur de l'eau (Pastoureau 1989).
74
+
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+ Au début du XIXe siècle, la fin des guerres permet l'importation de l'indigo et du coton. La révolution industrielle concentre la production textile. La chimie améliore le mordançage, facilitant la teinture en bleu. Le bleu foncé rivalise avec l'écru et le cachou pour la fabrication de vêtements de travail. La blouse ou le bourgeron du travailleur devient « bleu de travail »[27].
76
+
77
+ Le bleu de Prusse est le premier colorant synthétique ; il n'est néanmoins pas très stable. Le bleu de cobalt suit ; il est cher. En 1826, Guimet produit un bleu outremer synthétique, qui rend la teinture et la peinture bleues beaucoup moins chères. Ces inventions rencontrent un marché, dans le goût bourgeois qui recherche des teintes à la fois colorées et discrètes[28].
78
+
79
+ Selon Michel Pastoureau, depuis que l'on dispose d'enquêtes d'opinion (c'est-à-dire depuis 1890 environ), le bleu est la couleur préférée de plus de la moitié de la population occidentale, « des hommes comme des femmes, toutes catégories sociales confondues », à 50 %, devant le vert (20 %) et le rouge (10 %)[29].
80
+
81
+ Dans les pays anglo-saxons l'expression « blue devils » signifie « idées noires ». Le blues est un état de mélancolie (spleen) qui a donné le blues, un genre musical. Le baby blues est le nom donné à l'état dépressif de la mère pouvant survenir après l'accouchement.
82
+
83
+ En France, sous l'Ancien Régime, le bleu est la couleur de l'honneur[réf. souhaitée]. Le cordon bleu, insigne de la décoration de l'Ordre du Saint-Esprit, est bleu pâle, couleur de l'Esprit Saint[30].
84
+
85
+ Les soldats au service direct du roi de France portent du bleu depuis le XVIe siècle. Le régiment des Gardes françaises se distingue par un manteau de ce qu'on appellera le bleu roi, avec des parements rouges et blancs. Cette tenue deviendra celle de la garde nationale. Après la Révolution française, les manteaux bleu clair ou bleu foncé se généraliseront.
86
+
87
+ Pour les secondes fêtes de la fédération en 1792, les Conventionnels revêtirent un uniforme bleu barbeau. Ce bleu clair a aussi servi pour des uniformes militaires, et une nuance similaire, sinon identique, a été adoptée par l'armée française en 1915 sous le nom de bleu horizon.
88
+
89
+ La marine française utilise le bleu marine depuis qu'un règlement du premier Empire lui a imposé l'uniforme en 1804. De nombreux autres état-majors de marine de par le monde, mais non tous, ont fait un choix similaire. Le bleu pour ces uniformes se produit en France à partir de la guède (Pastel des teinturiers) ou, quand la guerre navale avec la Grande-Bretagne ne s'y oppose pas, à partir de l'indigo.
90
+
91
+ Les organisateurs de l'aviation ont choisi l'uniforme bleu, de préférence aux couleurs bleu horizon puis kaki et vert de l'armée de terre.
92
+
93
+ Les chasseurs alpins, qui aiment à se désigner comme diables bleus, portent une tenue de sortie bleu sombre.
94
+
95
+ Le bleu se trouve ainsi, en France, fortement associé à l'idée nationale.
96
+
97
+ Après la seconde Guerre mondiale, les Nations unies choisissent une couleur qui n'a été arborée par aucun des combattants, le bleu clair, comme symbole des nouvelles relations entre les nations. Les soldats de la « force de maintien de la paix des Nations unies » utilisent des casques peints en bleu pâle et sont surnommés couramment « casques bleus ».
98
+
99
+ En 1955, l'Union européenne, fondée entre des anciens belligérants, se donne un drapeau à cercle étoilé sur fond bleu soutenu.
100
+
101
+ L'association entre le bleu et la paix, opposé au rouge de la guerre, est ancienne, et explique pourquoi dans de nombreux pays, les uniformes des gardiens de la paix, de la gendarmerie et plus généralement de la police sont bleus[réf. souhaitée], comme la police belge[31]
102
+
103
+ Dans certaines cultures et en fonction des époques, le bleu est associé au genre masculin, par opposition au rose, désignant le genre féminin[32],[33].
104
+
105
+ Un bleu est, dans le langage courant, par métonymie, une quantité d'objets bleus :
106
+
107
+ Turquoise (pierre).
108
+
109
+ Chalcantite (cristaux de sulfate de cuivre hydraté).
110
+
111
+ Saphir bleu.
112
+
113
+ Azurite.
114
+
115
+ Lapis-lazuli.
116
+
117
+ Lactarius indigo
118
+
119
+ Entoloma hochstetteri
120
+
121
+ Bleuet
122
+
123
+ Myosotis
124
+
125
+ Scilla
126
+
127
+ Jacinthe des bois
128
+
129
+ Graines bleues de l'arbre du voyageur de Madagascar
130
+
131
+ Morpho menelaus didius
132
+
133
+ Linckia laevigata (étoile de mer bleue)
134
+
135
+ Martin-pêcheur
136
+
137
+ Mésange bleue
138
+
139
+ Geai bleu
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+ Merlebleu azuré
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+ Perroquets Aras bleus
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ ← Hautes fréquences          Basses fréquences →
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+
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3
+
4
+
5
+ Allemand : « Freude am Fahren »
6
+ Anglais : « Sheer driving pleasure »
7
+
8
+ BMW (ou Bayerische Motoren Werke en allemand, litt. « Manufacture bavaroise de moteurs »), est un constructeur allemand d'automobiles haut-de-gamme, sportives et luxueuses et de motos, après avoir été un grand constructeur de moteurs d'avions. L'entreprise a été fondée en 1916 par Gustav Otto et Karl Friedrich Rapp. BMW fait partie du Groupe BMW avec Mini et Rolls-Royce.
9
+
10
+ Le siège social et le musée de BMW sont situés à Munich (en Bavière) en Allemagne.
11
+
12
+ En 2018, BMW a vendu 2 125 026 véhicules automobiles et 123 495 deux-roues (BMW Motorrad).
13
+
14
+ BMW est créée le 7 mars 1916[2], par fusion de deux entreprises de mécanique de Munich, la Bayerische Flugzeugwerke et Rapp Motorenwerke, un fabricant de moteurs d'avion. L'emblème de la marque BMW reprend le cercle noir du logo de Rapp, avec au centre le bleu et blanc symbolisant les couleurs de la Bavière.
15
+
16
+ Lorsque l'entreprise devient la « Bayerische Motoren Werke », en 1917, ses dirigeants décident d'utiliser les couleurs de la Bavière. Toutefois, pour ménager les susceptibilités de la monarchie très centralisatrice à l'époque (l'Allemagne n'est unie que depuis 1871) et éviter de raviver les tendances régionalistes, les couleurs bavaroises sont inversées, le bleu passant avant le blanc. En 1929, douze ans après la création du logo BMW, un lien est fait sur une publicité avec la symbolisation d'une hélice en rotation (les quartiers blancs représentent cette hélice, les bleus le ciel)[3]. L'hélice n'est donc pas à l'origine du logo, mais les services de marketing y voyant des avantages laissèrent la légende perdurer[4].
17
+
18
+ À la suite de la défaite de l'Allemagne lors de la Première Guerre mondiale et du traité de Versailles signé en 1919, il lui fut interdit de produire des avions ainsi que des moteurs pour son pays, et l'entreprise fut donc forcée de se reconvertir. Elle se diversifia et produisit des moteurs pour motocyclettes (1922, avec un bicylindre à plat dessiné par Max Friz), camions et voitures[5]. La production de motos prit de l'importance, avec un investissement important dans la compétition. En 1929, une BMW atteint 216,75 km/h, pilotée par l'Allemand Ernst Jakob Henne.
19
+
20
+ En dehors d'un record d'altitude clandestin en 1920 (9 760 mètres), la production de moteurs d'avions reprit dans les années 1930, d'abord avec la fabrication sous licence de moteurs américains Pratt & Whitney, puis avec le moteur en étoile BMW 801 qui équipa le Focke-Wulf Fw 190.
21
+
22
+ En 1928, BMW rachète le constructeur allemand Dixi dont les usines sont situées à Eisenach et se lance dans l'assemblage de la minuscule Austin Seven anglaise dont Dixi a acquis la licence de construction. C'est ainsi que naît en 1929 la 3/15 PS (trois vitesses, 15 ch). La principale modification aura été de passer toute la visserie et boulonnerie des pas Whitworth aux pas métriques. Une 3/15 PS gagne la Coupe des Alpes en 1929.
23
+
24
+ En 1930, sort un modèle nommé Wartburg, de 748 cm3. En 1933 sortent la 303, équipée d'un six-cylindres de 1 773 cm3 et la 315 de 1 490 cm3.
25
+
26
+ Les activités motocyclistes continuent, puisque la 100 000e moto sort en 1938 et que le record de vitesse passe à 279,5 km/h en 1939. Le modèle R 75 avec side-car équipera l'armée.
27
+
28
+ Selon Joachim Scholtyseck[6], un historien indépendant, Günther Quandt, important actionnaire de BMW, ainsi que ses fils Herbert et Harald (dont la mère a épousé Joseph Goebbels en secondes noces), « faisaient partie du régime » nazi. Ainsi, durant la Seconde Guerre mondiale, BMW a exploité plus de cinquante mille travailleurs forcés, prisonniers de guerre ou issus de camps de concentration, notamment dans le camp d'Allach, et ce, parfois, jusqu'à la mort. Dans son enquête publiée fin septembre 2011, cet historien qualifie Günther Quandt d'« entrepreneur sans scrupules » et démontre l'origine immorale de son immense fortune, issue notamment de la spoliation des entrepreneurs juifs. BMW participe, avec onze autres groupes allemands, à un fonds d'indemnisation des victimes du travail forcé sous le nazisme[7], doté fin 1999 de dix milliards de Deutsche Marks[8].
29
+
30
+ En novembre 2007, le Norddeutscher Rundfunk présente le film Das Schweigen der Quandts (« Le Silence des Quandt »). Le film montre des centaines de prisonniers devenus incapables de travailler après avoir servi dans l'usine d'accumulateurs des Quandt à Hanovre-Stöcken et logés dans une succursale du camp de concentration de Neuengamme. Ils furent déportés à Gardelegen et y furent assassinés dans la grange d'Isenschnibbe.
31
+
32
+ Entre 1939 et 1943, BMW développe le moteur à réaction BMW 003, considéré comme le premier turboréacteur moderne au monde avec son compresseur axial et son étage de combustion annulaire.
33
+
34
+ En 1945, l'usine de Munich est presque totalement détruite et celle d'Eisenach en Thuringe est occupée par les Soviétiques. Ceux-ci vandalisent les usines et s'emparent de la technologie de BMW, le siège de Munich est « dévalisé » par les britanniques au titre des dommages de guerre[9]. En 1948, la société doit alors se contenter de la production de motocyclettes et d'équipements ménagers et électroménagers[5]. En 1950, le secteur automobile repart à son tour, avec la sortie d’une grosse berline, la 501. Trop chère et presque indécente dans une Allemagne qui n’en finit pas de déblayer ses ruines, elle ne connaîtra qu’une diffusion confidentielle[9].
35
+
36
+ En 1952, l'entreprise d'Eisenach (située en Allemagne de l'Est) est nationalisée. Jusqu'à cette période, l'usine de Munich n'avait jamais produit de voitures. En 1952, la production d'automobiles démarre avec des modèles faisant pâle figure à côté de leur concurrent direct, l'allemand Mercedes-Benz. À cette époque, BMW fabrique aussi bien une huit-cylindres (la 502) que l'Isetta, petit véhicule urbain, sous licence italienne ISO Rivolta, équipé d'un monocylindre quatre-temps issu d'une moto de la gamme de l'époque et qui se vend à plus de 150 000 exemplaires[9]. Cependant, le coût élevé de sa production endette un peu plus encore BMW. En 1959, la production de la 700 assure un sursis à la société au bord de la faillite.
37
+
38
+ La reprise en main de la gestion de la société par Herbert Quandt, fils de l'industriel Günther Quandt, qui devient un des principaux actionnaires, réoriente radicalement la stratégie de l'entreprise, axée sur des modèles plus abordables et plus proches de la demande (dans une Allemagne ruinée par la guerre) avec un nouveau slogan « Die neue Klasse » (« la nouvelle classe »)[9]. Il fait table rase de la hiérarchie préexistante et introduit un système basé sur la méritocratie dans la culture de l'entreprise, ce qui permet à celle-ci de connaître un essor sans précédent.
39
+
40
+ La BMW 1500 est présentée en 1961 au salon de l'automobile de Francfort, ce qui tourne une page dans l'histoire de la marque. Motocyclettes et automobiles font gagner à BMW sa notoriété lors de confrontations sportives.
41
+
42
+ En 1966, BMW rachète le constructeur allemand Glas (en)[10].
43
+
44
+ En 1992 a lieu la création de la branche de personnalisation BMW Individual[réf. nécessaire].
45
+
46
+ En janvier 1994, sous l'ère Bernd Pischetsrieder, la société prend le contrôle de Rover.
47
+ Mais six ans plus tard, Rover continue à subir des pertes colossales et BMW cède Rover et Morris Garage au consortium Phoenix Venture Holdings (en) (PVH).
48
+
49
+ En décembre 1994, BMW signe un accord avec Vickers propriétaire de Rolls-Royce et Bentley, pour la production commune de moteurs[10].
50
+
51
+ En 1998, BMW rachète le fabricant de voitures de luxe Rolls-Royce, qui lance en janvier 2003 la Rolls-Royce Phantom, son premier modèle en tant que filiale de BMW.
52
+
53
+ En février 1999, BMW limoge Bernd Pieschetsrieder et nomme Joachim Milberg à la tête de BMW[11].
54
+
55
+ Le 17 mars 2000, BMW vend Land Rover à Ford pour trois milliards d'euros soit 2,8 milliards de dollars[12]. La vente a été signée à Munich par Joachim Milberg, président du groupe BMW et Jacques Nasser, président du constructeur américain.
56
+
57
+ Pendant cette même période, le groupe BMW conserve la marque Mini et les droits de production du nouveau modèle présenté l'année suivante.
58
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59
+ Depuis le 7 juillet 2001, BMW commercialise une nouvelle version de la Mini[13].
60
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61
+ En 2007, BMW rachète au groupe italien MV Agusta le constructeur de motos suédois Husqvarna que la marque intègre dans sa division moto, BMW Motorrad, et annonce poursuivre la production en Italie[14].
62
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63
+ Le 31 janvier 2013, BMW vend Husqvarna au constructeur autrichien Pierer Industrie AG, pour se concentrer sur la production de véhicules urbains et électriques[15].
64
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65
+ En août 2015, le finlandais Nokia vend sa filiale de cartographie Here à un consortium de constructeurs automobiles allemands incluant Daimler, Audi et BMW pour 2,8 milliards d'euros[16].
66
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67
+ En février 2018, le groupe BMW rachète la totalité des parts de DriveNow à la société allemande Sixt[17].
68
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69
+ En mars 2018, Daimler et BMW fusionnent leurs services de mobilité[18]. En 2019, les deux sociétés allemandes investissent dans le marché de la mobilité urbaine et annoncent le lancement de Free Now[19]. Ce service permet de réserver dans une même application des taxis, des VTC et des trottinettes[20].
70
+
71
+ En 2019, l'Union européenne accuse BMW et d'autres constructeurs européens d'entente illégale afin de « priver les consommateurs de la possibilité d'acheter des voitures moins polluantes, alors que la technologie était à la disposition des constructeurs »[21].
72
+
73
+ En août 2019, Oliver Zipse devient le nouveau patron du groupe BMW et remplace Harald Krüger à la direction[22].
74
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75
+ En 2020, BMW arrête la production de la 760Li, ce qui met également fin au moteur V12 chez BMW.[23]
76
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77
+ En 2013, le groupe BMW compte vingt-quatre sites de production dans le monde avec Mini et Rolls-Royce dans treize pays sur quatre continents :
78
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+ Site de production chez des partenaires extérieurs :
80
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81
+ Il existe trois implantations du groupe en France, à Saint-Quentin-en-Yvelines, Strasbourg[38] et Miramas.
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83
+ BMW Amérique du Nord importe en série limitée des versions Alpina de modèles BMW, certaines reçoivent leurs finitions chez Alpina à Buchloe en Bavière, les autres sont entièrement fabriquées dans les usines de BMW.
84
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+ BMW commence à produire des moteurs de motos après l'interdiction de produire des moteurs d'avion stipulée par le traité de Versailles signé en 1919. Au début, BMW copie les moteurs Douglas, boxer à soupapes latérales et dont les cylindres sont montés longitudinalement. Ces moteurs sont vendus à des assembleurs comme Victoria ou Helios.
86
+
87
+ BMW rachète Helios et redessine complètement la moto, avec un moteur 500 cm3 dont les cylindres sont cette fois orientés traditionnellement transversalement face à la route, avec une transmission par arbre sans cardan (il n'y a pas de suspension arrière), une suspension avant par ressorts à lame, et pas de frein avant : nous sommes en 1923, et c'est la R 32.
88
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89
+ En 1924, sort la R 37, à moteur culbuté, une machine très moderne pour l'époque, où l'on rencontre majoritairement des moteurs à soupapes latérales et des composants mécaniques fonctionnant à l'air libre. En 1925, sort la R 39, une 250 cm3 monocylindre culbutée (il y aura des monocylindres de 200 à 400 cm3). En 1928, sort la R 63, une 750 cm3.
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91
+ Dans l'avant-guerre, BMW commercialise plusieurs modèles 250 et 350 cm3 monocylindres, toujours 4-temps, avec arbre et cardan, à cadre tube ou en tôle emboutie.
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+ BMW sera la première marque à équiper ses motos d'une fourche télescopique en 1935.
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+ Pendant la Seconde Guerre mondiale, BMW sera célèbre pour sa Afrika Korps très inspirée du side-car belge FN Herstal), side-car à roue du side motrice, copié après la chute de l'Allemagne, par les soviétiques Ural. Après la guerre, la firme française CEMEC fabriquera des copies de BMW plus ou moins modifiées pour les administrations françaises.
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+ De 1950 à 1972, BMW continuera ses flat-twins à cardan, avec la série 2, reconnaissable à sa fourche Earles (bras oscillant). La couleur est le noir, parfois blanc, rarement rouge. En 1954, BMW produit une moto de course, la RS « Rennsport », équipée d'une fourche Earles, qui sera fameuse sous le nom de R 54. D'une cylindrée de 500 cm3 développant 52 ch elle pouvait atteindre 205 km/h[39]. La RS sera fabriquée jusqu'en 1957. La firme restera victorieuse en compétition avec la RS et la RS Sidecar jusqu'aux années 1970. La RS se différenciait des productions de série (distribution à tiges et culbuteurs) par une distribution à arbres à cames en tête (ACT).
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+ La Rennsport ne sera jamais championne du monde en version solo, les pilotes, y compris les plus capés comme Geoffrey Duke, étant gênés par le couple de renversement du moteur qui déclenchait des embardées au changement de régime, un problème également rencontré avec les machines routières les plus puissantes comme la R 69 S.
100
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+ Pour le side-car, au contraire, ce moteur plat au centre de gravité très bas était parfait et resta indétrônable jusqu'à la fin des années 1970.
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+ Ceci étant, BMW n'abandonne pas tout de suite les monocylindres, avec des 250 cm3 à cardan : la R 25 en 1953 (fourche télescopique) et la R 27 en 1964 (fourche Earles), jusqu'en 1966. La fourche télescopique ne reviendra qu'avec la série 5 (déclinée en 500, 600 et 750 cm3), de 1969 à 1973.
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+ La série 6 verra apparaître une 900 cm3, et une version plus puissante, la R 90 S, avec une tête de fourche (1973 à 1976). La 500 disparaît.
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+ La série 7 comportera quatre modèles de 1 000 cm3 : la R 100/7, non carénée, la R 100 S avec la tête de fourche tourisme de la R 90 S, la R 100 RS, avec carénage intégral sport, et la R 100 RT avec carénage intégral grand tourisme (1976 à 1995).
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+ Par la suite, on verra de « petites » BMW, toujours en flat-twin, en 450 et 650 cm3 (R 45 et R 65) et la R 75 passer en 800 cm3 (R 80/7).
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+ BMW ne proposera autre chose qu'un flat-twin qu'avec la série « K », en 1983 : la K 100 (4-cylindres de 1 000 cm3). Ce moteur avait la particularité d'être un 4-cylindres en ligne longitudinal à arbre, couché horizontalement. Puis la K 75 (3-cylindres de 750 cm3).
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113
+ Le C1, sorti en 2000, est un des premiers scooters dont la conduite n'impose pas le port du casque car il est muni d'un toit, de protections latérales et d'une ceinture de sécurité.
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+ BMW continuera à innover en matière de suspensions, avec les nouvelles séries « R » équipées de moteur boxer 1 100, 1 150 puis 1 200 cm3, munies d'une fourche télescopique sans effet amortisseur, associée à un combiné ressort/huile situé sur le moteur (Telelever puis Duolever). L'avantage étant la conservation de l'assiette horizontale durant toute la phase de freinage (gain important de sécurité).
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+ BMW sera aussi le premier à monter un ABS en série, sur sa K 1.
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+ En 2006, BMW inaugure un tout nouveau moteur bicylindre en ligne vertical avec la F 800. Il reprend le calage à 360° du flat-twin, gage d'une grande disponibilité, et développe 85 ch à 8 000 tr/min. La F 800 se décline en sport GT (S), GT (ST), à transmission par courroie, et GS. Légères, vives, maniables, elles veulent élargir la clientèle BMW.
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121
+ Depuis 2007, de nouvelles innovations technologiques de premier plan sont apparues sur les nouveaux modèles de la marque : un système électronique d'anti-patinage (ASC) inauguré par la R 1200 R, tel qu'on le trouve sur les autos, et permettant d'affronter des conditions d'adhérence très mauvaises en toute sécurité, un système de suspensions réglables électriquement en roulant (ESA) et un système de contrôle de la pression de gonflage des pneus (RDC).
122
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123
+ Après le C1, BMW est revenu sur le segment des scooters en 2013 avec deux maxi-scooters de 650 cm3 : le 650 GT et le 600 Sport, afin de concurrencer le Yamaha TMAX, leader du segment. Le moteur est fabriqué et assemblé par Kymco mais sa conception et le choix des matériaux qui le composent est réalisé par BMW. Ces deux scooters disposent d'un bicylindre de 647 cm3 à refroidissement liquide et transmission entièrement automatique qui développe 60 ch.
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+ Lors du Salon automobile de Francfort en 2013, BMW a annoncé la mise en production de son concept de scooter électrique, le C Evolution. Le stockage de l'électricité fait appel à un imposant caisson en aluminium renfermant une centaine de kilogrammes de batterie lithium-ion, d'une capacité de 8 kWh qui fait également office d'élément porteur de la partie cycle. Sur celui-ci se greffent deux structures tubulaires en acier, l'une supportant la colonne de direction, l'autre le bras oscillant avec le moteur. L'électronique gérant la batterie vient de la partie Automobile du groupe et est très proche de ce qui équipe la BMW i3. Le bloc électrique développe 11 kW de puissance nominale, classant le C Evolution dans la catégorie des équivalents 125 cm3. Cependant sa puissance de crête est de 35 kW et le classe plutôt parmi les maxi-scooters. Grâce à ses imposantes batteries, il dispose d'une autonomie d'environ 100 km.
126
+
127
+ Depuis les années 1970, les modèles de la marque sont identifiés par un nombre à trois chiffres, le premier correspondant à la série, les deux autres à la cylindrée du moteur (sauf exceptions) suivi d'une lettre indiquant le carburant utilisé ou le type de transmission. Par exemple pour un modèle 728i il s'agit d'une série 7 avec moteur 2,8 litres à injection. Les SUV reprennent le même principe de numéro mais avec la lettre X en préfixe (idem pour le roadsters avec la lettre Z).
128
+
129
+ Le nom de code interne de compose d'une lettre et d'un nombre à deux chiffres.
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+
131
+ Les séries principales actuelles sont :
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133
+ À l'origine, les deux derniers chiffres indiquaient la cylindrée. Par exemple :
134
+
135
+ Petit à petit, pour des raisons commerciales, BMW a, au fil des années, de plus en plus fréquemment fait exception à cette règle :
136
+
137
+ Le carburant de prédilection de la marque fut d’abord l’essence. Les modèles, alors souvent à carburateurs, étaient désignés par le numéro de la série suivi de ceux indiquant la cylindrée (exemples : 320, 528). L’apparition de l’injection amène BMW à différencier les modèles équipés avec un « i » après le nombre (exemple : 330i, 528i). Aujourd’hui, tous les modèles essence sont à injection et portent donc la lettre « i ». Les modèles à moteur Diesel sont eux désignés par la lettre « d » (exemple : 330d). Une exception eu lieu dans les années 1980, durant lesquelles l’après choc pétrolier a fait apparaître des versions essence dites « économiques » et affublées d’un « e » (exemple : 525e). La lettre « e » est réutilisée à partir de 2016 pour désigner des versions hybrides dites « écologiques ».
138
+
139
+ Les lettres « i » et « d » sont combinées avec d’autres lettres, elles-mêmes combinées entre elles, pour désigner des variantes. Les modèles à quatre roues motrices étaient désignés par la lettre « x » (pour « Xdrive »), par exemple : 525ix, 330xi (le « x » est d’abord mis après le « i » ; puis avant) ; dénomination qui a été remplacée par l’ajout de xDrive après le numéro (exemple : 335i xDrive). Les coupés étaient désignés par la lettre « C », (exemple : 650 Ci) jusqu’au milieu des années 2000. Les versions longues de la Série 7 sont désignées par la lettre « L », par exemple : 750iL, 750Ld (le « L » est d’abord mis après le « i » ou « d » ; puis avant). Les versions à tendance sportive étaient affublées d’un « S » ou « s » (exemples : 630 CS, 325is). Les versions turbo-Diesel étaient désignées par les lettres « td » (exemples : 320td, 525tds) avant l’apparition des moteurs à injection directe à rampe commune. La lettre « g » désigne les très rares modèles pouvant fonctionner au gaz naturel et à l’essence, comme la 518g. Depuis les années 2010, certains modèles à tendance sportive plus ou moins liés aux modèles BMW M sont désignés par la lettre M précédant leur numéro (par exemple, M140i, M760Li, X4 M40i), mais ils ne sont pas comparables aux M535i et M635 CSi des années 1980 qui étaient de purs produits BMW Motorsport. La lettre « A » est fréquemment utilisée pour désigner les modèles à boîte automatique (exemple : 540iA) mais cette dénomination ne semble pas officielle. Enfin, les modèles sportifs Alpina vendus en série limitée par BMW uniquement aux États-Unis et au Canada portent les noms BMW Alpina B6 et B7, le B signifiant « Benzin » (« essence » en allemand) et le chiffre correspondant à la Série BMW (ici, Série 6 ou 7). Il s’agit de la nomenclature d’Alpina déjà utilisée pour tous ses autres modèles vendus sous la marque Alpina ailleurs dans le monde.
140
+
141
+ Depuis 2009, BMW utilise l'appellation « sDrive » pour certains de ses véhicules à propulsion (Séries X et Z) et « xDrive » pour tous ses véhicules à transmission intégrale 4x4.
142
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143
+ Aujourd'hui[Quand ?], si le plus gros de la diffusion des BMW est réalisé en Diesel sur le continent européen, le constructeur vend, à l'échelon mondial, principalement des versions à essence (très peu de versions Diesel sont proposées aux États-Unis, aucune au Japon ou en Chine notamment).
144
+
145
+ Le 29 juillet 2013, BMW introduit la marque « i » pour ses modèles électriques, en commençant par la présentation de la i3 puis de la i8[44] qui feront ensuite leurs premières apparitions mondiales au salon de Francfort 2013.
146
+
147
+ Depuis 1990, BMW a beaucoup travaillé sur la réduction des émissions de CO2 de ses véhicules. La consommation moyenne de ses berlines a été diminuée de presque 30 %. Aujourd'hui, à peu près une BMW sur deux vendue en Europe émet moins de 140 grammes de CO2 par kilomètre[45]. BMW vient de franchir une nouvelle étape avec les mesures Efficient Dynamics qui consistent en des solutions visant à réduire la consommation et les émissions des véhicules (pneus à faible frottement, indicateur de changement de vitesse pour changer de vitesse au moment opportun, rechargement de la batterie lors des phases de freinage et le moins possible en roulant, etc.).
148
+
149
+ BMW est une marque aussi innovatrice en termes de concept car. L'exemple du concept GINA Light Visionary (GINA pour « Geometry and Functions In N Adaptions ») révélé le 9 mai 2008 est symbolique. Il a remis en question la vision dont le monde automobile se fait des véhicules modernes. La modification de la géométrie d'un véhicule pourrait permettre de grande économies en termes de consommations tout comme elles seraient encore réduites par le faible poids que pèserait une carrosserie en fibre extensible. Il s'agissait d'un concept donc d'une idée pour faire réagir, et non pas d'un réel projet.
150
+
151
+ Autre concept car, le BMW Concept CS, ayant lui pour but de montrer le futur de la marque en termes d'esthétique et de design, et le concept BMW Active Tourer, un projet de monospace hybride[46].
152
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153
+ Le président du conseil de surveillance est Norbert Reithofer, depuis le 13 mai 2015[47].
154
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155
+ Le directoire comprend :
156
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157
+ Liste des principaux actionnaires au 18 octobre 2019[51].
158
+
159
+ Depuis 25 ans, les ingénieurs de BMW cherchent à développer une voiture à moteur thermique classique propulsée par un système d'alimentation en hydrogène liquide. En effet, l'hydrogène est un combustible propre car il ne génère que de la vapeur d'eau. Néanmoins, ce n'est pas une énergie primaire, de ce fait, la question est comment le produire. À l'heure actuelle, il peut être produit selon plusieurs procédés, mais tous ne sont pas « propres ». Produire de l'hydrogène à partir de gaz n'a en effet aucun sens puisque celui-ci va produire de la pollution en grande quantité. Des procédés « propres » peuvent alors être adoptés pour produire cet hydrogène (électrolyse de l'eau à partir d'électricité « propre »), mais ils ne sont actuellement pas rentables. C'est sur ce terrain que BMW tente de favoriser cette production « verte » pour ses futurs véhicules.
160
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161
+ La BMW Hydrogen 7, voiture homologuée mais non commercialisée, est l'aboutissement de leur travail. Elle dispose de deux réservoirs : un d'essence, l'autre d'hydrogène. En mode essence, le véhicule rejette 300 g/km de CO2 alors qu'il n'en rejette que 5 g/km avec le mode hydrogène[45].
162
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+ Cependant la commercialisation des modèles à hydrogène pose encore de nombreux problèmes à la firme bavaroise. Les réservoirs d'hydrogène sont en effet très lourds ; ils pèsent 220 kg. Les ingénieurs travaillent donc sur de nouveaux réservoirs moins volumineux[45].
164
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165
+ En septembre 2015, BMW convient de verser 1,6 million de dollars à des anciens employés afro-américains qui n'avaient pas été réembauchés lors d'une renégociation de leur contrat de travail en 2008 à la suite d'un changement de sous-traitant en Caroline du Sud[52],[53]. Selon sa procédure habituelle, BMW avait conduit une vérification des antécédents judiciaires des 645 employés de leur sous-traitant et n'avait pas renouvelé le contrat de ceux ayant un casier judiciaire, ceci, d'après l'Equal Employment Opportunity Commission (en) (EEOC), « sans évaluation au cas par cas sur la nature et la gravité des faits reprochés » et quelle que soit l'ancienneté des condamnations[53]. Soixante-dix des quatre-vingt huit personnes non réembauchées étant afro-américaines, l'EEOC a attaqué BMW pour discrimination raciale. Ils ont obtenu des dommages et intérêts et BMW s’est engagé à retrouver un nouvel emploi pour chaque victime du préjudice[54],[55].
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167
+ BMW a participé, directement ou via des équipes officielles ou clientes, à diverses compétitions automobiles :
168
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169
+ BMW rejoint le monde de la Formule 1 en 1982 en tant que motoriste de l'écurie Brabham. Le Brésilien Nelson Piquet remporte avec elle le titre de champion du monde des pilotes en 1983. L'aventure s’arrêtera en 1986, BMW totalisant neuf victoires en Grand Prix.
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+ En 2000, BMW revient à la F1 avec un nouveau moteur V10 propulsant un châssis Williams.
172
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173
+ À la fin de la saison 2005, BMW s’associe à Sauber pour créer l'écurie BMW Sauber F1 Team, engagée pour la saison 2006. L'équipe remportera une seule victoire, au Grand Prix du Canada 2008, avec Robert Kubica. BMW se retire de la compétition à la fin de la saison 2009 mais l'écurie gardera le nom de « BMW Sauber » pour la saison 2010 pour des raisons contractuelles alors qu'aucun élément BMW n'est monté sur la voiture (le moteur est fourni par Ferrari)[57].
174
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175
+ La Fondation BMW a été créée en 1985[58] sous l'égide de la Fondation de France[59]. Elle a soutenu pendant vingt-trois ans des projets artistiques (architecture, design, restauration de patrimoine), avant de réorienter en 2008 son action vers le soutien à des projets alliant respect de l'environnement et mobilité. Elle a pour partenaire l'Association pour le droit à l'initiative économique, et soutient des personnes exclues des systèmes bancaires traditionnels pour leur permettre de créer leur activité[60].
176
+
177
+ Par ailleurs, en 2012, en parallèle du soutien à la création d'activité liée à la mobilité et respectueuse de l'environnement, la Fondation BMW s'est engagée dans le domaine de la prévention routière[61] auprès des jeunes. Pour cela, elle a offert 350 stages post-permis à de jeunes conducteurs (titulaires du permis de conduire depuis moins de trois ans), pour leur permettre de mieux maîtriser le freinage et la trajectoire de leur véhicule[62].
178
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179
+ BMW est inscrit depuis 2008 au registre de transparence des représentants d'intérêts auprès de la Commission européenne. Le groupe déclare en 2015 pour cette activité des dépenses d'un montant compris entre 1 250 000 et 1 500 000 euros, et indique avoir perçu sur le même exercice 687 124 euros de subventions de l'Union européenne[63].
180
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181
+ Selon le Center for Responsive Politics (CRP), les dépenses de lobbying de BMW aux États-Unis s'élevaient à 590 000 dollars en 2015 et 410 000 dollars en 2016[64].
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