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+ Le Péloponnèse (en grec ancien et moderne Πελοπόννησος / Pelopónnēsos, « l’île de Pélops ») est une péninsule grecque, qui couvre 21 379 km2 pour 1,1 million d'habitants (2011). Elle a donné son nom à la périphérie du même nom qui couvre une part importante de la péninsule, regroupant cinq des sept nomes modernes qui la divisent. Seuls deux nomes (l'Achaïe et l'Élide) situés au nord-ouest de celle-ci sont rattachés à la périphérie de Grèce-Occidentale.
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+ Le Péloponnèse s'étend sur une superficie de 21 549 km2 et constitue la partie méridionale de la Grèce continentale, dont elle est séparée par le golfe de Corinthe au nord et le golfe Saronique au nord-est. Il n'est relié au continent que par l'isthme de Corinthe, bien que, techniquement parlant, il soit devenu une île depuis le percement de l'isthme par le canal de Corinthe en 1893. Il est également relié au continent par le pont Rion-Antirion, achevé en 2004.
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+ La péninsule se caractérise par un relief montagneux et des côtes très découpées. Son point culminant est le mont Taygète (2 404 m). Elle possède elle-même quatre péninsules orientées vers le sud : d'ouest en est, la Messénie, le Magne avec le cap Ténare, la péninsule d'Epidaure Limira avec le cap Malée et l'Argolide, à l'extrémité nord-est.
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+ Le Péloponnèse est entouré par deux groupes d'îles : les îles Saroniques à l'Est et les îles Ioniennes dont six principales d'entre elles sont à l'ouest ; la septième, Cythère, se trouve au sud, au large de la péninsule d'Épidaure Limira.
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+ Le Péloponnèse a été peuplé depuis des millénaires. Les premiers fermiers du Néolithique ont quitté le Nord Ouest de l'Anatolie pour s'installer dans la péninsule vers 9 000 av. J.C. Entre 1 650 à 1 100 av. J.-C. environ se développe la civilisation mycénienne. Le débat reste ouvert pour savoir dans quelle mesure cette nouvelle civilisation correspond à l'arrivée de nouvelles populations venues du Nord vers 2 200 av. J.C. ou si celle-ci a émergé des sociétés néolithiques locales après l'affaiblissement de la civilisation minoenne. Au début du premier millénaire av. J.C., les Doriens envahissent la région.
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+ Le Péloponnèse voit plusieurs cités antiques se développer durant l'époque mycénienne (1550-1100 av. J.-C.). Les plus célèbres sont Mycènes, Tyrinthe et Argos. Le Péloponnèse était nommé aussi « Argos » (principale puissance de l'époque) par Homère. À l'époque classique, il est divisé entre plusieurs cités dont les principales sont Sparte, Argos et Corinthe. Le centre de la péninsule est constitué par l'Arcadie. Dans le nord-ouest, le sanctuaire d'Olympie est un des plus importants de la Grèce, tandis qu'à l'est on trouve les sanctuaires d'Épidaure et de Némée.
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+ Le Péloponnèse occupe une place relativement mineure pendant la période romaine, où il forme la province d'Achaïe. Corinthe, capitale de la province, est alors la principale ville de Grèce.
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+ Avec l'affaiblissement de l'Empire romain d'Orient dans les Balkans à la fin du VIe siècle, l'intérieur du Péloponnèse est occupé par des tribus slaves qui se mêlent à la population grecque[1] et se gouvernent elles-mêmes en Sklavinies, tandis que les côtes et notamment les points d'appui comme Corinthe ou Nauplie restent aux mains des Byzantins. La péninsule revient progressivement à l'autorité byzantine à partir du milieu du VIIIe siècle, ce qui s'accompagne d'une hellénisation et de la christianisation des Slaves, assimilés par la population grecque autochtone, renforcée de réfugiés grecs venus d'autres régions alors perdues par l'Empire[2].
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+ À partir du XIIe siècle, il est appelé Morée (en grec Μωρέας/Moréas ou Μωριάς/Moriás), mot d'étymologie incertaine, aucune des explications proposées (entre autres : forme de la péninsule qu'on comparait à une feuille de mûrier, importance de la culture de cet arbre dans la région) ne semblant convaincante[3],[4]. La Morée est conquise après la Quatrième croisade par les Francs de Guillaume de Champlitte et de Geoffroi Ier de Villehardouin, lequel y fonde une principauté en 1248 : la principauté d'Achaïe ou de Morée. À la mort de son fils, la principauté passe aux Angevins de Naples (1278) puis aux Navarrais (1396), en lutte contre les Byzantins[5].
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+ Le sud-est de la péninsule repasse sous contrôle byzantin en 1262 et forme la « Morée byzantine », tandis que la principauté d'Achaïe couvre le nord et l'ouest de la péninsule. À partir du XIVe siècle, Byzance accorda une large délégation de pouvoir aux gouverneurs grecs de Morée, portant le titre de despotes, souvent membres de la dynastie régnante. Le Despotat de Morée fut d'abord tenu par les fils de l'empereur Jean VI Cantacuzène qui résidèrent à Mistra jusqu'en 1382. Leur action fut efficace, remettant le pays déserté en valeur par l'apport de populations albanaises et en poursuivant la reconquête contre les Francs. Ils eurent également à repousser les premières attaques turques. Leur action fut reprise par le premier des despotes Paléologue, Théodore Ier.
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+ Les Grecs parvinrent à reconquérir la plus grande partie de la péninsule au début du XVe siècle, mais l'arrivée des Turcs les obligea à accepter leur suzeraineté. Les dernières places byzantines et franques de Morée furent intégrées aux possessions de Venise dans la seconde moitié du XVe siècle.
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+ Les principales villes modernes du Péloponnèse sont (selon le recensement de 2001) :
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+ Deux autoroutes à péage, ainsi que des voies rapides traversent le Péloponnèse. Elles permettent de rallier Athènes en traversant le canal de Corinthe à l'est par plusieurs ponts et le nord de la Grèce par le pont Rion-Antirion qui franchit le golfe de Corinthe.
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+ Le réseau ferré du Péloponnèse géré par l'OSE, la compagnie nationale des chemins de fer grecs est principalement à voie métrique. Celui-ci est long de 730 km, ce qui en fait sans doute le plus grand réseau métrique d'Europe. La principale ligne conduit d'Athènes à Corinthe, puis se divise en deux tronçons : le long de la côte nord (Ligne du Pirée à Patras) et le long de la côte ouest vers Kalamata via Tripoli (Ligne de Corinthe à Kalamata). Les autres lignes secondaires sont centrées autour de la ville de Pyrgos dans l'ouest de péninsule et relient respectivement : Patras, Katakolo et Olympie.
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+ En 2011, ce réseau apparaît comme presque entièrement désaffecté. Une ligne à voie normale a été construite entre le nouvel aéroport d'Athènes et la gare nouvelle de Kiato (en), au-delà de Corinthe, remplaçant une petite partie de l'ancien réseau.
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+ La ligne de chemin de fer à crémaillère de Diakofto à Kalavryta est aussi l'un des principaux exemples de réseau ferré de la péninsule.
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+ Des liaisons maritimes permettent de rejoindre l'Italie à partir du port de Patras. D'autres liaisons partent de Kyllini pour rallier les îles Ioniennes (notamment les îles de Zante et de Céphalonie).
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+ Les deux principaux aéroports du Péloponnèse se trouvent à Patras (Aéroport d'Araxos) et à Kalamata.
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+ Les pénicillines sont des antibiotiques bêta-lactamines[1]. La pénicilline est une toxine synthétisée par certaines espèces de moisissures du genre Penicillium et qui est inoffensive pour l'humain.
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+ Elles n'ont été introduites pour des thérapies qu'à partir de 1941, treize ans après la découverte de la pénicilline G. La pharmacie allemande avait préféré pour sa part s'orienter dans la voie des sulfamidés.
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+ Les pénicillines sont utilisées dans le traitement d'infections bactériennes, principalement contre des bactéries à Gram positif.
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+ La pénicilline (pénicilline G) fut découverte le 3 septembre 1928, concentrée et surtout nommée par le Britannique Alexander Fleming.
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+ En 1940, une équipe de recherche britannique, composée notamment du médecin et pharmacologue australien Howard Florey, du chimiste né allemand Ernst Chain et du biologiste britannique Norman Heatley (en), a découvert comment produire suffisamment de pénicilline pour tuer les bactéries qui infectent un organisme vivant[2].
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+ Les pénicillines dérivent de l'acide 6-aminopénicillanique (6-APA)[3].
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+ Celui-ci est constitué d'un noyau 7-oxo-4-thia-1-azabicyclo[3.2.0]heptane, c'est-à-dire un cycle à 4 atomes bêta-lactame fusionné avec un hétérocyclique à cinq atomes (thiazolidine). Sur ce cycle à 5 sont liés deux groupes méthyles et un groupe carboxyle. Quant au cycle à 4, il est porteur d'une fonction amine.
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+ C'est sur cette fonction amine que se lient les diverses chaînes latérales des pénicillines (par une liaison amide).
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+ Un médecin français, Ernest Duchesne, a publié en 1897 une thèse de médecine intitulée Contribution à l’étude de la concurrence vitale chez les micro-organismes : antagonisme entre les moisissures et les microbes où il étudie en particulier l'interaction entre Escherichia coli et Penicillium glaucum. Bien qu'il soit le précurseur de la thérapie au moyen des antibiotiques, et, en particulier, de la pénicilline, ses travaux sombrent dans l'oubli[4].
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+ La pénicilline a été découverte le 3 septembre 1928[5] par Alexander Fleming. Le chercheur écossais travailla ensuite plusieurs années à essayer de purifier cet antibiotique. Ce n'est qu'en 1940 que deux autres chercheurs, Florey et Chain, réalisèrent le rêve de Duchesne et de Fleming en purifiant la pénicilline.
20
+
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+ L'industrialisation à grande échelle a été menée à bien pendant la Seconde Guerre mondiale, sous la direction du comité de recherche médical de l'Office of Scientific Research and Development. Dès 1942, l'usine Eli Lilly and Company de Terre Haute (Indiana) pouvait produire 40 milliards d'unités de pénicilline par mois dans des réservoirs de 50 000 litres[6].
22
+
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+ En 1996, les pénicillines étaient encore un traitement efficace contre le pneumocoque, bactérie provoquant principalement des pneumonies, des otites et des méningites. En 2001, la communauté scientifique constata que le pneumocoque présentait une résistance importante envers ces antibiotiques. Ce phénomène est cependant réversible ; la proportion de pneumocoques résistants à la pénicilline est ainsi passée de 47 % en 2001 à 22,3 % en 2014[7]. Cette augmentation récente du taux de sensibilité à la pénicilline est à mettre en relation avec les campagnes incitant à réduire la consommation d'antibiotique depuis 2002 (« Les antibiotiques, c'est pas automatique »)[réf. souhaitée].
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+
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+ L'allergie à la pénicilline en limite ou en interdit l'utilisation chez certaines personnes.
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+ Les pénicillines et les autres antibiotiques β-lactames agissent par inhibition de la formation des liens inter-peptidoglycanes dans la paroi cellulaire bactérienne. La copule bêta-lactame des pénicillines se lie à (et ce faisant inactive) une transpeptidase, laquelle enzyme devrait lier entre elles des molécules de peptidoglycane de la paroi bactérienne : ainsi, la pénicilline inhibe la synthèse de la paroi, ce qui empêche la multiplication des bactéries.
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+
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+ Les pénicillines tuent les bactéries contre lesquelles elles sont actives (les Gram +, et quelques Gram -). Du fait de l'inhibition de la synthèse de la paroi pendant la division cellulaire des bactéries (scissiparité), les cellules ne sont pas complètement formées en fin de division, et donc la bactérie « s'autodétruit ». Les pénicillines sont donc actives sur des bactéries en multiplication et non en phase de repos.
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+ Cependant, certaines souches ou espèces bactériennes développent une résistance à la pénicilline en hydrolysant le noyau β-lactame (au niveau de la liaison amide) grâce à une β-lactamase, ce qui cause l'inactivation de l'antibiotique. Pour contrer cela, on utilise un inhibiteur de cette enzyme, l'acide clavulanique. Ainsi, une pénicilline associée à l'acide clavulanique peut voir son spectre d'activité antibactérienne restauré, voire élargi (Cf. Co-amoxiclav, Co-ticarclav).
32
+
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+ La pénicilline G est la forme parentérale (intraveineuse ou intramusculaire) de la pénicilline. On l'utilise pour des infections plus sévères où on ne peut s'en remettre à la pénicilline sous forme orale. Elle a exactement le même spectre d'action que la pénicilline V, son parfait équivalent sous forme orale. La lettre « G » suivant le terme « pénicilline » signifie « Gold Standard ».
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+
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+ La benzathine benzylpénicilline est un mélange de benzylpénicilline (pénicilline G) et de benzathine. Elle sert exclusivement contre le Treponema pallidum, la bactérie de la syphilis. Cette forme de pénicilline à libération lente se donne en une seule injection intramusculaire ; la dose diffuse ensuite lentement dans l'organisme pendant une longue période, à la fin de laquelle une syphilis primaire sera normalement guérie.
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+ Nom commercial : Extencilline.
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+ La pénicilline V est la forme orale de la pénicilline. Sa molécule diffère de celle de la pénicilline G par le remplacement du groupe benzyle par un groupe phénoxyméthyle. Elle se fixe sur les PLP1 (protéines de liaisons aux pénicillines).
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+ Son élimination est urinaire.
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+
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+ Elle n'est plus le traitement de référence de l'angine à Streptocoque bêta-hémolytique du groupe A selon certaines recommandations de 2005[8], la pénicilline A lui étant désormais préférée en raison d'une plus grande fréquence de pénicillinases bactériennes rendant la pénicilline V inefficace dans cette indication.
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+ Nom commercial : Oracilline.
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+ Les pénicillines A sont des aminopénicillines, à spectre élargi. L'ampicilline et surtout l'amoxicilline sont ses deux principaux représentants.
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+ La bacampicilline est un ester d'ampicilline, mieux absorbé.
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+ L'ampicilline a une excrétion urinaire sous forme inchangée de 80 %, biliaire sous forme inchangée de 20 %.
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+ L'amoxicilline est excrétée sous forme inchangée à 80 % dans les urines, à 5-10 % dans la bile, le reste est métabolisé en acide pénicilloïque inactif, et excrété dans les urines.
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+ Plusieurs espèces résistantes aux pénicillines conventionnelles détiennent cette résistance grâce à une famille d'enzymes, les pénicillinases (= β lactamases), qui les protègent en détruisant les molécules de pénicilline. C'est le cas notamment du Staphylocoque doré. Pour surmonter cet obstacle, des pénicillines spéciales ont été mises au point, qui résistent à ces enzymes défensives.
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+ Ces pénicillines sont la méticilline, l'oxacilline et la cloxacilline ; elles ont toutes le même spectre d'action, soit celui des pénicillines conventionnelles plus les bactéries protégées par des pénicillinases, comme la majorité des souches de Staphylococcus aureus. Elles n'ont cependant aucune action contre le Staphylocoque aureus résistant à la méticilline (SARM). La méticilline, prototype de la famille, ne sert plus guère qu'à effectuer des tests de sensibilité. L'oxacilline est utilisée cliniquement aux États-Unis. Au Canada, on emploie la cloxacilline, qui existe sous forme pour administration intraveineuse et orale.
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+ La cloxacilline intraveineuse a malheureusement le défaut d'être très irritante pour les veines, entraînant souvent des thromboses veineuses (phlébite) au site d'injection. De plus, sa demi-vie courte oblige à l'administrer toutes les quatre heures. On lui préfère donc, souvent, une céphalosporine, plus facile d'emploi.
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+ Ce sont des antibiotiques utilisés surtout en milieu hospitalier :
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+ Essentiellement causée par la production de bêta-lactamases, dont les pénicillinases. Chez les bactéries à Gram négatif, ces bêta-lactamases agissent dans l'espace périplasmique (entre les deux membranes). Chez les Gram positif, les bêta-lactamases agissent entre la membrane plasmique et la paroi. Quand une bactérie est résistante à la méticilline, alors elle est résistante à toutes les pénicillines.
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+ Il s'agit de l'introduction des pénicillines d'hémisynthèse, qui a été rendue possible grâce à la préparation d'un précurseur, le noyau 6-APA[9]. Le spectre étroit des premières pénicillines, comme la faible activité de la phénoxyméthylpénicilline (active per os), ont conduit à la recherche de pénicillines d'hémisynthèse capables de traiter un plus grand éventail d'infections.
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+ Un des premiers progrès intéressants fut l'ampicilline, permettant de traiter un spectre plus large de germes, tant Gram-positifs (streptocoque, staphylocoque) que Gram-negatifs (Escherichia coli, Hæmophilus influenzæ, etc.)[10]. Plus tard, on en vint à l'amoxicilline, mieux absorbée.
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+ La flucloxacilline, non commercialisée en France, est réputée active sur le Staphylococcus aureus résistant à la méticilline.
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+ Les plus récentes des pénicillines sont les pénicillines dites anti-Pseudomonas æruginosa (ticarcilline, pipéracilline). Leurs actions contre ce germe Gram-negatifs, résistant habituellement à de nombreux antibiotiques, pousse à ne les utiliser qu'avec parcimonie, afin de limiter le risque de diffusion de résistance aux antibiotiques,.
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+ Bien que ce champignon soit de la même famille que Penicillium notatum (aussi appelé Penicillium chrysogenum), il n'est pas capable de réaliser la synthèse de pénicilline, par absence de la séquence nécessaire dans son génome.
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+ Une péninsule (du latin paeninsula, paene signifiant « presque » et insula « île ») est une partie de terres émergées rattachée à une masse continentale par un de ses cotés[1]. Elle se distingue d'une presqu'île par sa taille supérieure[1],[2].
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+ La péninsule Ibérique est la péninsule à la pointe sud-ouest de l'Europe, comprenant notamment l'Espagne et le Portugal.
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+ La péninsule Ibérique est entourée par la mer Méditerranée au sud et au sud-est, l’océan Atlantique au sud-ouest, à l’ouest et au nord-ouest, et les Pyrénées au nord-est qui séparent l’Espagne de la France. Elle comprend actuellement :
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+ Environ 54 millions d'habitants peuplaient la péninsule Ibérique en 2005[1].
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+ La péninsule ibérique est située au sud du continent européen et au nord du Maghreb. Le climat y est principalement méditerranéen, pour les régions à basses altitudes et le littoral. En fonction de l’altitude et des reliefs, on observe un climat aux tonalités montagnardes avec des hivers plus froids ou des chutes de neiges peuvent se produire. Le littoral possède des températures plus douces l’hiver par rapport à l’intérieur des terres.
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+ Les vastes plaines portugaises et espagnoles ont un climat nettement méditerranéen avec des étés chauds à très chauds, secs, et des hivers doux et humides.
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+ Plus l’on se déplace vers le sud de la péninsule, plus la sécheresse est forte et les pluies sont faibles en plaines et sur le littoral.
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+ Le Portugal et l’Espagne constituent deux des pays les plus secs et chauds d’Europe, ceci étant propice à la culture des essences, arbres fruitiers et plantes méditerranéennes comme l’olivier, l’amandier, le figuier de Barbarie, le citronnier, l’oranger, le dattier, le lauriers.
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+ La durée d'ensoleillement de la péninsule va de 1550 à 2900 heures par an.
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+
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+ La péninsule Ibérique est constituée d'un ensemble de boucliers, anciennes îles de la mer Téthysienne, compressées lors de l'orogenèse alpine entre des sédiments marins soulevés et plissés. Le massif de la Galice et du nord du Portugal est le fragment méridional du massif avallonien, dont le fragment septentrional est le massif armoricain. Cette fragmentation est intervenue lors de la rotation du bloc Ibérique durant l'orogenèse himalayo-alpine. Cette histoire géologique a formé un plateau central (la Meseta) entouré de chaînes plus élevées, les monts Cantabriques, les Pyrénées, la Sierra Nevada…
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+
23
+ Ses premiers habitants connus sont les Lusitaniens[2] et les Ibères, dont l'étymologie semble remonter à la racine indo-européenne *PiHwerjoHn (piouèryon, « fertile »)[3]. Puis les Carthaginois, les Celtes et enfin les Romains l'occupent successivement, la nommant Hispanie et y laissant la culture prédominante désormais, latine et chrétienne.
24
+
25
+ À la chute de l’Empire romain, les Wisigoths s'y installent, reprenant son nom antique de Bétique avant d'en être dépossédés par les Maures, qui eux la renomment Al-Andalus.
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+ Au Moyen Âge, la péninsule est divisée en de nombreux États, les taïfas côté musulman, et des petits royaumes chrétiens dans le Nord. Durant sept siècles, elle représente un important carrefour entre les cultures chrétienne et musulmane (dont il reste de nombreux vestiges), jusqu'à la chute de Grenade en 1492.
28
+
29
+ Quatre des entités politiques présentes dans la péninsule sont regroupées en 1492 au sein d'une alliance monarchique personnelle, la monarchie catholique, permettant d'accentuer le degré d'intégration politique de l'ensemble, avec la conquête du royaume de Grenade par la Castille, du royaume de Navarre par l'Aragon, et la réunion des deux Couronnes de Castille et d'Aragon autour des Habsbourg d'Espagne. Cet ensemble, composé d’États distincts, servira de base aux Bourbons d'Espagne à partir du XVIIIe siècle pour créer l'État espagnol actuel.
30
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+ L'Union ibérique, bien que transitoire et personnelle, a lieu en 1580, avec Philippe II, roi des Espagnes : le jeune roi Sébastien Ier du Portugal (Dom Sebastião) étant mort dans la bataille d'Alcácer Quibir (al-Ksar el-Kébir) en 1578, au Maroc, et n'ayant pas laissé de descendants, son grand-cousin Philippe de Habsbourg réclame son droit au trône portugais, sous le prétexte que sa mère était fille du roi portugais Manuel Ier. Bénéficiant de l'appui d'une partie de la noblesse portugaise jalouse de ses privilèges et de certains hommes d’État désireux de liquider l'énorme dette portugaise, il écarte les prétentions (légitimes) de Catherine de Bragance, vainc militairement les forces loyales au prétendant Antoine, prieur de Crato, et se proclame en 1580 roi du Portugal, sous le nom de Philippe Ier de Portugal. Le Portugal et le reste des Espagnes demeurent tout de même des royaumes indépendants les uns des autres. L'union, qui n'est que personnelle, dure soixante ans jusqu'à ce que le Portugal s'en détache définitivement à la suite d'une révolte de l'aristocratie portugaise le 1er décembre 1640, parallèle à une révolte de la Catalogne, alors que régnait Philippe IV, petit-fils de Philippe II.
32
+
33
+ Les villes principales situées sur la Péninsule Ibérique sont Madrid, Barcelone, Lisbonne, Valence, Porto, Séville, Saragosse, Malaga, Murcie, Bilbao, Vigo, Alicante, Grenade, Valladolid, Oviedo, Santander, Braga, Coimbra, Badajoz, Setúbal, Leiria, Viseu, Tolède, Faro, Aveiro, Évora et Guarda.
34
+
35
+ On dénombre actuellement plus d'une quinzaine de langues parlées dans la péninsule Ibérique (sans compter les innombrables dialectes), avec des statuts légaux très variables, mais disposant en général d'un degré de protection assez élevé. La diversité linguistique, le dynamisme culturel et les questions de société en découlant sont une des caractéristiques géopolitiques de cette région du monde[4].
36
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37
+ La constitution espagnole de 1978 reconnaît plusieurs « langues espagnoles »[5] Malgré le statut actuel des différentes langues en Espagne, il faut constater qu’il existe depuis des siècles une politique de castellanisation forcée de la péninsule ibérique, préconisée par l’Espagne pour parvenir à une homogénéisation facilitant son hégémonie, avec des répercussions internationales (par exemple, en français une équivalence complète est faite entre « castillan » et « espagnol »). Cette incapacité à accepter ou à gérer autrement les différences linguistiques et culturelles de la péninsule ibérique se manifeste encore aujourd'hui de différentes manières, à la fois au niveau populaire et au niveau des initiatives politiques. Cette pression a principalement touché les langues les plus importantes sur le plan démographique et culturel, le portugais et le catalan.
38
+ Ses statuts sont définis de la sorte :
39
+
40
+ Le Galice a été autorisée à postuler au statut de membre associé de la Communauté des pays de langue portugaise par les dirigeants de l'organisation lusophone, à condition que Madrid l'y autorise[14]. Le syndicat majoritaire de Galice a déjà un statut d’observateur à l’organisation syndicale des pays de langue portugaise[15].
41
+
42
+ D'autres langues sont parlées et enseignées dans le pays[21], justifiant son adhésion à certaines organisations internationales :
43
+
44
+ L'Andorre fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie. Il postule au statut de membre associé de la Communauté des pays de langue portugaise.
45
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+ La Cerdagne française[25], qui correspond à la moitié de la région naturelle de Cerdagne, est une partie de l'ancien comté de Cerdagne, dépendance traditionnelle des comtes de Barcelone (du XIIe au XVIIe siècle). Rattachée à la France lors du traité des Pyrénées (1659), elle appartient culturellement aux Pays catalans. On y parle :
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+ D’emblée confrontée à des climats semi-arides dans des régions océaniques et montagneuses[29] et en proie, depuis les années 1990, à une importante sécheresse[30], la péninsule Ibérique est l’une des régions européennes les plus vulnérables au réchauffement climatique. L'Ibérie est, en effet, fréquemment soumise à des sécheresses qui n’affectent pas moins de 20 % de son territoire et jusqu’à 50 % lors de très grande aridité[31]. Sécheresses que l’on peut difficilement prévoir tant spatialement que temporellement, rendant ainsi difficiles les adaptations. S’ajoutent à ces conditions peu clémentes, la situation géographique (entre l’océan Atlantique et la Méditerranée) qui occasionne non seulement des cyclones mais aussi des précipitations irrégulières : tantôt rares, tantôt abondantes, elles donnent lieu soit à des vagues de chaleur accompagnées de pénuries d’eau soit à des inondations avec des glissements de terrain[29]. L’ensemble de ces événements climatiques génèrent ainsi d’importantes conséquences sociétales et surtout économiques qui mettent notamment à mal l’agriculture qui voit ses sols se dégrader, limitant alors le développement agraire.
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+ Les études en péninsule s’intéressent davantage au cas de l’Espagne qui représente 85 % du territoire Ibérique. Si l’Espagne voit son agriculture affectée par le réchauffement climatique, c’est que celle-ci est déjà réduite à seulement 40 % de la zone nationale, le reste n’étant pas cultivable à cause de la topographie[32]. Les impacts sont très différents car il existe des disparités géographiques : au nord et au sud, la pénurie d’eau et la baisse de rendement (jusqu’à 30 %) sont plus importantes qu’en régions centrales où la perte de rendement est moindre. Mais c’est quand même l’ensemble du pays qui réclame plus d’eau pour son irrigation[33].
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+ En effet, la péninsule Ibérique entière est dotée, depuis plusieurs années déjà, de systèmes d’irrigation qui demandent énormément d’eau (75 % des besoins en eau)[34]. Les sécheresses prolongées et la diminution des ressources en eau (2/3 des ressources pluviales sont évaporées sous l’effet des influences continentales et du réchauffement climatique[35]) ont encore accru cette demande. Ces sécheresses, liées à des précipitations aléatoires, perturbent les cycles végétatifs[36] et ont affecté outre mesure l’environnement en provoquant, notamment, des feux sauvages et une importante désertification. Celle-ci a mené à une perte de la biodiversité et des écosystèmes naturels en réduisant les zones humides et agricoles ainsi que la faune et la flore qui y sont associées[34]. Ce phénomène a également provoqué l’augmentation du processus d’érosion et de salinisation des sols, réduisant encore les terres arables[37]. Face à ces problèmes, l’irrigation, étant un bon moyen contre la désertification[38], s’est naturellement multipliée.
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+ Au-delà des conséquences environnementales, il faut aussi faire face à plusieurs problèmes économiques. Il était déjà rapporté en 1999 que la production agricole variait jusqu’à 20 % selon les années[32] et ceci ne s’est pas amélioré ces dernières temps avec la baisse de l’importance économique de l’agriculture non irriguée (notamment les céréales)[39]. S’ajoute à cela le coût de l’eau qui, se faisant rare, a nécessairement augmenté. Dans un pays tel que l’Espagne, qui est le 4e plus grand producteur d’eau dessalée (production de 1,9 million de m3 par jour en 2009), cette augmentation risque d’affecter sérieusement le secteur agricole en causant, notamment, la perte de l’agriculture dans certaines régions[37]. En outre, l’irrigation n’étant même plus une ressource fiable en eau, son extension semble être une option peu recommandable.
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+ Ensuite, il faut s’attendre à des conséquences indirectes telles que la pollution des nappes aquifères et la dégradation de la qualité des eaux, dues à l’irrigation excessive. Des investissements sont alors à prévoir pour adapter des infrastructures de traitement des eaux usées et de protection contre les inondations, la pénurie d’eau et les sécheresses ; prévoir aussi les coûts supplémentaires pour l’expansion et le renforcement des réseaux de surveillance des alertes météorologiques[37].
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+ Enfin, d’un point de vue sociétal, il faut conscientiser les agriculteurs et les impliquer davantage dans une meilleure utilisation des ressources disponibles (économies d’eau…) et dans une adaptation adéquate des cultures[37]. L’ampleur des changements sera telle que les agriculteurs devront s’accommoder de manière plus importante.
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+ En conclusion, s’il existe d’autres régions, sur d’autres continents, où les problématiques dues au changement climatique sont beaucoup plus catastrophiques, la situation ibérique reste relativement alarmante pour une région d’Europe.
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+ La péninsule Ibérique est la péninsule à la pointe sud-ouest de l'Europe, comprenant notamment l'Espagne et le Portugal.
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+ La péninsule Ibérique est entourée par la mer Méditerranée au sud et au sud-est, l’océan Atlantique au sud-ouest, à l’ouest et au nord-ouest, et les Pyrénées au nord-est qui séparent l’Espagne de la France. Elle comprend actuellement :
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+ Environ 54 millions d'habitants peuplaient la péninsule Ibérique en 2005[1].
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+ La péninsule ibérique est située au sud du continent européen et au nord du Maghreb. Le climat y est principalement méditerranéen, pour les régions à basses altitudes et le littoral. En fonction de l’altitude et des reliefs, on observe un climat aux tonalités montagnardes avec des hivers plus froids ou des chutes de neiges peuvent se produire. Le littoral possède des températures plus douces l’hiver par rapport à l’intérieur des terres.
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+ Les vastes plaines portugaises et espagnoles ont un climat nettement méditerranéen avec des étés chauds à très chauds, secs, et des hivers doux et humides.
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+ Plus l’on se déplace vers le sud de la péninsule, plus la sécheresse est forte et les pluies sont faibles en plaines et sur le littoral.
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+ Le Portugal et l’Espagne constituent deux des pays les plus secs et chauds d’Europe, ceci étant propice à la culture des essences, arbres fruitiers et plantes méditerranéennes comme l’olivier, l’amandier, le figuier de Barbarie, le citronnier, l’oranger, le dattier, le lauriers.
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+ La durée d'ensoleillement de la péninsule va de 1550 à 2900 heures par an.
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+ La péninsule Ibérique est constituée d'un ensemble de boucliers, anciennes îles de la mer Téthysienne, compressées lors de l'orogenèse alpine entre des sédiments marins soulevés et plissés. Le massif de la Galice et du nord du Portugal est le fragment méridional du massif avallonien, dont le fragment septentrional est le massif armoricain. Cette fragmentation est intervenue lors de la rotation du bloc Ibérique durant l'orogenèse himalayo-alpine. Cette histoire géologique a formé un plateau central (la Meseta) entouré de chaînes plus élevées, les monts Cantabriques, les Pyrénées, la Sierra Nevada…
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+ Ses premiers habitants connus sont les Lusitaniens[2] et les Ibères, dont l'étymologie semble remonter à la racine indo-européenne *PiHwerjoHn (piouèryon, « fertile »)[3]. Puis les Carthaginois, les Celtes et enfin les Romains l'occupent successivement, la nommant Hispanie et y laissant la culture prédominante désormais, latine et chrétienne.
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+ À la chute de l’Empire romain, les Wisigoths s'y installent, reprenant son nom antique de Bétique avant d'en être dépossédés par les Maures, qui eux la renomment Al-Andalus.
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+ Au Moyen Âge, la péninsule est divisée en de nombreux États, les taïfas côté musulman, et des petits royaumes chrétiens dans le Nord. Durant sept siècles, elle représente un important carrefour entre les cultures chrétienne et musulmane (dont il reste de nombreux vestiges), jusqu'à la chute de Grenade en 1492.
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+ Quatre des entités politiques présentes dans la péninsule sont regroupées en 1492 au sein d'une alliance monarchique personnelle, la monarchie catholique, permettant d'accentuer le degré d'intégration politique de l'ensemble, avec la conquête du royaume de Grenade par la Castille, du royaume de Navarre par l'Aragon, et la réunion des deux Couronnes de Castille et d'Aragon autour des Habsbourg d'Espagne. Cet ensemble, composé d’États distincts, servira de base aux Bourbons d'Espagne à partir du XVIIIe siècle pour créer l'État espagnol actuel.
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+ L'Union ibérique, bien que transitoire et personnelle, a lieu en 1580, avec Philippe II, roi des Espagnes : le jeune roi Sébastien Ier du Portugal (Dom Sebastião) étant mort dans la bataille d'Alcácer Quibir (al-Ksar el-Kébir) en 1578, au Maroc, et n'ayant pas laissé de descendants, son grand-cousin Philippe de Habsbourg réclame son droit au trône portugais, sous le prétexte que sa mère était fille du roi portugais Manuel Ier. Bénéficiant de l'appui d'une partie de la noblesse portugaise jalouse de ses privilèges et de certains hommes d’État désireux de liquider l'énorme dette portugaise, il écarte les prétentions (légitimes) de Catherine de Bragance, vainc militairement les forces loyales au prétendant Antoine, prieur de Crato, et se proclame en 1580 roi du Portugal, sous le nom de Philippe Ier de Portugal. Le Portugal et le reste des Espagnes demeurent tout de même des royaumes indépendants les uns des autres. L'union, qui n'est que personnelle, dure soixante ans jusqu'à ce que le Portugal s'en détache définitivement à la suite d'une révolte de l'aristocratie portugaise le 1er décembre 1640, parallèle à une révolte de la Catalogne, alors que régnait Philippe IV, petit-fils de Philippe II.
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+ Les villes principales situées sur la Péninsule Ibérique sont Madrid, Barcelone, Lisbonne, Valence, Porto, Séville, Saragosse, Malaga, Murcie, Bilbao, Vigo, Alicante, Grenade, Valladolid, Oviedo, Santander, Braga, Coimbra, Badajoz, Setúbal, Leiria, Viseu, Tolède, Faro, Aveiro, Évora et Guarda.
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+ On dénombre actuellement plus d'une quinzaine de langues parlées dans la péninsule Ibérique (sans compter les innombrables dialectes), avec des statuts légaux très variables, mais disposant en général d'un degré de protection assez élevé. La diversité linguistique, le dynamisme culturel et les questions de société en découlant sont une des caractéristiques géopolitiques de cette région du monde[4].
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+ La constitution espagnole de 1978 reconnaît plusieurs « langues espagnoles »[5] Malgré le statut actuel des différentes langues en Espagne, il faut constater qu’il existe depuis des siècles une politique de castellanisation forcée de la péninsule ibérique, préconisée par l’Espagne pour parvenir à une homogénéisation facilitant son hégémonie, avec des répercussions internationales (par exemple, en français une équivalence complète est faite entre « castillan » et « espagnol »). Cette incapacité à accepter ou à gérer autrement les différences linguistiques et culturelles de la péninsule ibérique se manifeste encore aujourd'hui de différentes manières, à la fois au niveau populaire et au niveau des initiatives politiques. Cette pression a principalement touché les langues les plus importantes sur le plan démographique et culturel, le portugais et le catalan.
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+ Ses statuts sont définis de la sorte :
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+ Le Galice a été autorisée à postuler au statut de membre associé de la Communauté des pays de langue portugaise par les dirigeants de l'organisation lusophone, à condition que Madrid l'y autorise[14]. Le syndicat majoritaire de Galice a déjà un statut d’observateur à l’organisation syndicale des pays de langue portugaise[15].
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+ D'autres langues sont parlées et enseignées dans le pays[21], justifiant son adhésion à certaines organisations internationales :
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+ L'Andorre fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie. Il postule au statut de membre associé de la Communauté des pays de langue portugaise.
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+ La Cerdagne française[25], qui correspond à la moitié de la région naturelle de Cerdagne, est une partie de l'ancien comté de Cerdagne, dépendance traditionnelle des comtes de Barcelone (du XIIe au XVIIe siècle). Rattachée à la France lors du traité des Pyrénées (1659), elle appartient culturellement aux Pays catalans. On y parle :
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+ D’emblée confrontée à des climats semi-arides dans des régions océaniques et montagneuses[29] et en proie, depuis les années 1990, à une importante sécheresse[30], la péninsule Ibérique est l’une des régions européennes les plus vulnérables au réchauffement climatique. L'Ibérie est, en effet, fréquemment soumise à des sécheresses qui n’affectent pas moins de 20 % de son territoire et jusqu’à 50 % lors de très grande aridité[31]. Sécheresses que l’on peut difficilement prévoir tant spatialement que temporellement, rendant ainsi difficiles les adaptations. S’ajoutent à ces conditions peu clémentes, la situation géographique (entre l’océan Atlantique et la Méditerranée) qui occasionne non seulement des cyclones mais aussi des précipitations irrégulières : tantôt rares, tantôt abondantes, elles donnent lieu soit à des vagues de chaleur accompagnées de pénuries d’eau soit à des inondations avec des glissements de terrain[29]. L’ensemble de ces événements climatiques génèrent ainsi d’importantes conséquences sociétales et surtout économiques qui mettent notamment à mal l’agriculture qui voit ses sols se dégrader, limitant alors le développement agraire.
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+ Les études en péninsule s’intéressent davantage au cas de l’Espagne qui représente 85 % du territoire Ibérique. Si l’Espagne voit son agriculture affectée par le réchauffement climatique, c’est que celle-ci est déjà réduite à seulement 40 % de la zone nationale, le reste n’étant pas cultivable à cause de la topographie[32]. Les impacts sont très différents car il existe des disparités géographiques : au nord et au sud, la pénurie d’eau et la baisse de rendement (jusqu’à 30 %) sont plus importantes qu’en régions centrales où la perte de rendement est moindre. Mais c’est quand même l’ensemble du pays qui réclame plus d’eau pour son irrigation[33].
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+ En effet, la péninsule Ibérique entière est dotée, depuis plusieurs années déjà, de systèmes d’irrigation qui demandent énormément d’eau (75 % des besoins en eau)[34]. Les sécheresses prolongées et la diminution des ressources en eau (2/3 des ressources pluviales sont évaporées sous l’effet des influences continentales et du réchauffement climatique[35]) ont encore accru cette demande. Ces sécheresses, liées à des précipitations aléatoires, perturbent les cycles végétatifs[36] et ont affecté outre mesure l’environnement en provoquant, notamment, des feux sauvages et une importante désertification. Celle-ci a mené à une perte de la biodiversité et des écosystèmes naturels en réduisant les zones humides et agricoles ainsi que la faune et la flore qui y sont associées[34]. Ce phénomène a également provoqué l’augmentation du processus d’érosion et de salinisation des sols, réduisant encore les terres arables[37]. Face à ces problèmes, l’irrigation, étant un bon moyen contre la désertification[38], s’est naturellement multipliée.
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+ Au-delà des conséquences environnementales, il faut aussi faire face à plusieurs problèmes économiques. Il était déjà rapporté en 1999 que la production agricole variait jusqu’à 20 % selon les années[32] et ceci ne s’est pas amélioré ces dernières temps avec la baisse de l’importance économique de l’agriculture non irriguée (notamment les céréales)[39]. S’ajoute à cela le coût de l’eau qui, se faisant rare, a nécessairement augmenté. Dans un pays tel que l’Espagne, qui est le 4e plus grand producteur d’eau dessalée (production de 1,9 million de m3 par jour en 2009), cette augmentation risque d’affecter sérieusement le secteur agricole en causant, notamment, la perte de l’agriculture dans certaines régions[37]. En outre, l’irrigation n’étant même plus une ressource fiable en eau, son extension semble être une option peu recommandable.
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+ La péninsule Italienne, péninsule Italique ou botte Italienne[1] est une péninsule géologique et continentale qu'occupent aujourd'hui la majeure partie du territoire italien (à l'exception de sa portion septentrionale, telle que les Alpes et la plaine du Pô, ainsi que toutes ses îles, comme la Sicile et la Sardaigne), ainsi que la république de Saint-Marin et le Vatican.
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+ C'est l'une des trois péninsules qui constituent l'Europe du Sud avec la péninsule Ibérique et la péninsule des Balkans.
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+ Selon l'historien grec Antiochos de Syracuse, le mot Italie désignait au Ve siècle av. J.-C. la partie méridionale de l'actuelle région italienne de Calabre — l'antique Bruttium, habité les Italos. Deux auteurs grecs plus récents, Hellanicos et Timée de Locres, mettent en rapport le nom avec le mot indigène vitulus (« veau »), dont ils expliquaient la signification par le fait que l'Italie est un pays riche en bétail bovin.
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+ Au Ier siècle av. J.-C., le taureau, symbole des peuples soulevés contre Rome, est représenté sur les monnaies émises par les insurgés en train d'abattre une louve, symbole de Rome : la légende viteliú (des Italos) confirme qu'ils liaient le nom d'Italie avec veau/taureau. Par ailleurs il est aussi possible les Italos aient pris leur nom d'un animal-totem, le veau, qui, lors d'un printemps sacré, les avait guidés jusqu'aux lieux où ils s'étaient définitivement installés.
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+ Avec le temps, le nom s'est étendu à toute l'Italie méridionale pour comprendre finalement toute la péninsule. Au IIe siècle av. J.-C., l'historiographe grec Polybe appelle Italie le territoire compris entre le détroit de Messine et les Apennins septentrionaux, bien que Caton l'Ancien, son contemporain, étende le concept territorial de l'Italie jusqu'à l'Arc alpin. La Sicile, la Sardaigne et la Corse ne commenceront pas à faire partie de l'Italie avant le IIIe siècle de notre ère, à la suite des réformes administratives de Dioclétien, bien que leurs liens culturels étroits avec la péninsule permettent de les considérer comme partie intégrante.
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+ Une autre théorie soutient que la dénomination d'Italie dériverait presque certainement d'une colonie grecque dans le Bruttium (l'actuelle Calabre), ce serait le territoire des Italos (c'est-à-dire des Italiotes). Pour sa part le mot Italos en grec ancien faisait allusion au taureau jeune ; quand se termina l'hégémonie des Rasena (des « Étrusques ») en Italie et que commença celle de Rome, les peuples péninsulaires qui se sont coalisés contre la puissance romaine naissante ont adopté comme emblème le taureau.
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+ Au Ier siècle av. J.-C., le taureau, symbole des peuples soulevés contre Rome, est représenté sur les monnaies émises par les insurgés en train d'abattre une louve, symbole de Rome : la légende viteliú (des Italos) confirme qu'ils liaient le nom d'Italie avec veau/taureau. Par ailleurs il est aussi possible les Italos aient pris leur nom d'un animal-totem, le veau, qui, lors d'un printemps sacré, les avait guidés jusqu'aux lieux où ils s'étaient définitivement installés.
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+ Avec le temps, le nom s'est étendu à toute l'Italie méridionale pour comprendre finalement toute la péninsule. Au IIe siècle av. J.-C., l'historiographe grec Polybe appelle Italie le territoire compris entre le détroit de Messine et les Apennins septentrionaux, bien que Caton l'Ancien, son contemporain, étende le concept territorial de l'Italie jusqu'à l'Arc alpin. La Sicile, la Sardaigne et la Corse ne commenceront pas à faire partie de l'Italie avant le IIIe siècle de notre ère, à la suite des réformes administratives de Dioclétien, bien que leurs liens culturels étroits avec la péninsule permettent de les considérer comme partie intégrante.
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+ Le pénis[1] est l’organe mâle de copulation et de miction chez les animaux.
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+ Il constitue, avec les testicules, l’appareil génital externe du mâle. L'organe reproducteur mâle s'appelle également pénis chez d'autres animaux.
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+ Dans l'histoire évolutive du vivant, les doigts et les organes génitaux externes sont apparus au dévonien, il y a environ 410 millions d’années, lorsque les tétrapodes sont sortis de l'eau pour coloniser les terres émergées. Le pénis permet en effet un mode de fécondation interne qui pallie l'absence de milieu liquide environnant. Ce processus est confirmé par le gène du développement HOXD13 (en) qui contrôle la formation des extrémités, doigts des mains et des pieds (organes développés lors de terrestrialisation en lien avec le mode de locomotion terrestre (en)), mais aussi celle du pénis[4]. Selon le biologiste Michel Morange, « le nombre de doigts ne serait que la conséquence de contraintes situées ailleurs ; peut-être avons-nous cinq doigts pour que notre pénis soit plus efficace[5] ».
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+ Chez les tétrapodes amniotes, les pénis érectiles sont apparus au moins quatre fois indépendamment, chez les mammifères, les tortues, les reptiles à écailles et les Archosauriens (crocodiliens chez qui le sperme glisse sur le phallus via une sorte de gouttière, tandis que 97 % des oiseaux ont perdu cet organe, à l'exception des Paléognathes et des Anseriformes)[6].
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+ La plupart des marsupiaux, sauf les deux espèces les plus grandes des kangourous, ont un pénis bifurqué, c’est-à-dire qu’il se divise en deux colonnes indépendantes qui peuvent chacune s'introduire dans le double vagin des femelles[7].
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+ Les éléphants, les tapirs et les dauphins ont un pénis préhensile qui facilite la copulation[8],[9],[10]
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+ Le plus gros pénis du règne animal appartient à la baleine bleue. Celui-ci peut atteindre 2,4 m[11].
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+ Chez certains mammifères euthériens (à l'exclusion des monotrèmes et des marsupiaux), le pénis est renforcé par le baculum (mot latin signifiant « canne »), ou os pénien. Il est absent chez les humains, mais présent chez presque tous les autres primates, comme le gorille et le chimpanzé. Cet os facilite le rapport sexuel.
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+ Le pénis est homologue au clitoris femelle, puisque les deux se développent à partir de la même structure embryonnaire.
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+ Le pénis (et le clitoris) des mammifères ont une fonction importante dans le comportement de reproduction. Les récepteurs sensoriels péniens (et clitoridiens) transmettent les sensations de la copulation au niveau du système de récompense[12], ce qui favorise le développement de la motivation sexuelle[13].
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+ Chez les mammifères non-primates, la lordose est un réflexe[note 1] moteur complexe, inné et crucial pour la femelle[14]. Ce réflexe de lordose permet, par la courbure du dos, de bien présenter la région génitale au mâle, ce qui permet la pénétration vaginale. Lors de l'œstrus (les « chaleurs »), les œstrogènes arrivant dans l'hypothalamus désactivent le circuit cérébral qui bloquait le réflexe[15]. Puis, quand le mâle monte la femelle en œstrus, les stimuli tactiles sur les flancs et la croupe déclenchent la contraction réflexe des muscles lombaires, ce qui provoque la courbure de la colonne vertébrale.
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25
+ Chez les hominidés, au cours de l’évolution, la sexualité s'est progressivement dissociée des cycles hormonaux[16],[17], 90 % des gènes des récepteurs aux phéromones ont été altérés[18],[19] et le réflexe sexuel de la lordose n'est plus fonctionnel. En raison de ces modifications du système nerveux, les informations sensorielles péniennes (et clitoridiennes) deviennent plus importantes[20]. On observe que les activités sexuelles des hominidés changent : elles ne sont plus limitées à la copulation[21],[22], mais se développent autour de la stimulation du pénis (ou du clitoris). Le comportement de reproduction a évolué vers un comportement érotique où le pénis joue un rôle majeur[23],[note 2].
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27
+ Le pénis humain se constitue de trois couches de tissu :
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+ Le bout distal du corps spongieux élargi et côniforme constitue le gland du pénis (glans penis). Le gland est entouré par le prépuce (preputium), un pli de peau qui peut se retirer pour découvrir le gland et qui est supprimé lors de la circoncision. Le prépuce s’attache au-dessous du gland par une bande de peau, le frein.
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+
31
+ L’urètre (urethra), qui constitue la dernière partie du tractus urinaire, traverse le corps spongieux ; sa sortie, le méat urétral (meatus urethralis), se trouve au bout du gland. L’urètre sert également à la miction et à l’éjaculation.
32
+
33
+ Le pénis est capable d’érection lors de stimulation sexuelle, ce qui permet le coït. L’éjaculation accompagne la plupart du temps l’orgasme.
34
+
35
+ L’anatomie du pénis humain se distingue de celle du pénis de la plupart des autres mammifères par l’absence de baculum, un os qui sert à ériger le pénis avant l’acte de copulation. Les corps caverneux du pénis humain se gorgent de sang pour atteindre l’érection. L’homme ne peut pas rétracter son pénis dans son corps. Le pénis humain est un peu plus important, relativement à la masse corporelle, que celui des autres mammifères.
36
+
37
+ De même origine embryonnaire que le clitoris, le pénis présente une structure identique : le corps caverneux – corpus cavernosum – correspondant aux piliers du clitoris, convergeant en avant vers la symphyse pubienne pour former le corps du clitoris (constitué du coude – appelé aussi genou – et de la hampe) [24].
38
+
39
+ Chez les insectes, le pénis peut comprendre plusieurs pièces dont l'organe d'intromission appelé édéage, correspondant à la partie terminale sclérifiée du canal éjaculateur. Chez certaines punaises, le mâle est muni d'un pénis qui perfore le corps de la femelle, dans un acte que les entomologues appellent copulation traumatique.
40
+
41
+ La plupart des mâles céphalopodes pratiquent leur copulation à l'aide d'un bras modifié, l'hectocotyle mais le calmar géant et le poulpe ont un vrai pénis, alors que leur hectocotyle est rudimentaire[25].
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+
43
+ Les reptiles squamates mâles possèdent deux organes sexuels reproducteurs appelés « hémipénis », logés dans des poches à la base de la queue[26],[27].
44
+
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+ Pseudo-pénis d'un Canard colvert, et son éversion explosive[28]
46
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+ Pénis d'un mollusque (Doris pseudoargus) de la famille des Dorididae
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+ Hémipénis d'un serpent Crotale du Texas (Crotalus atrox)
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ L'organe reproducteur mâle s'appelle également « pénis » chez les gastéropodes[29].
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+
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+ Les anatomistes et les biologistes évolutionnistes s'étonnent depuis longtemps du fait que les mâles de nombreuses espèces sont dotés d'un pénis de forme complexe (ex : fourchue, double, en spirale, épineux). On a longtemps pensé que les formes de vagins étaient chez les femelles moins variées. En réalité l'étude anatomique du vagin est plus difficile ; elle a caché la diversité des formes de vagins selon l'espèce[30].
56
+
57
+ Une idée récente, issue de la biologie intégrative et comparative, est que la complexité de certains organes génitaux femelles (chez les baleines, les canards ou les serpents par exemple) a été sous-estimée, et la complexité des formes génitales a coévolué chez les mâles et femelles. La complexité croissante des formes du vagin pourrait (chez de nombreuses espèces) être l'origine même de la diversité phallique[30].
58
+ Selon cette hypothèse, la sélection naturelle a pu favoriser des femelles capables de mieux contrôler l'accouplement et mieux "choisir" le(s) mâle(s) les fécondant, en créant de nouveaux obstacles à des accouplements forcés. Ainsi, lors de l'évolution, des organes génitaux femelles sont devenus plus complexes. Des "contre-mesures" adaptatives sont alors apparues chez les mâles, un processus qui pourrait avoir contribué aux phénomènes de spéciation[30].
59
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60
+ Chez les insectes du genre Neotrogla, ce sont les femelles qui sont équipées d'un pénis et qui pénètrent les mâles[31], seul cas connu à ce jour dans le monde animal.
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+ Dans certaines traditions culinaires, le pénis entre dans la composition d’un plat préparé. C'est le cas de l'ahkoud ou akoud en Tunisie, dans lequel du pénis de taureau est mélangé avec d'autres abats.
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+ La Pennsylvanie Écouter, officiellement Commonwealth de Pennsylvanie (en anglais : Pennsylvania /ˌpɛn.səlˈveɪ.niə/ et Commonwealth of Pennsylvania) est un État des États-Unis, bordé au nord-ouest par le lac Érié, au nord par l'État de New York, à l'est par le New Jersey, au sud par le Delaware, le Maryland et la Virginie-Occidentale et à l'ouest par l'Ohio.
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+ En 2019, sa population s'élève à 12 801 989 habitants.
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+ Avant sa colonisation, la région était habitée par les Lenapes (aussi connus sous le nom de Delawares), les Susquehannock, Iroquois, Ériés, Chaouanons, et d'autres tribus amérindiennes[2].
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+ La forte influence suédoise issue de la colonisation de la Nouvelle-Suède sur les berges du fleuve Delaware entre 1638 et 1655 est toujours présente à l'époque des débuts de la Pennsylvanie qui comprenait aussi les comtés du futur État du Delaware.
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+ L'histoire coloniale des territoires de la Pennsylvanie est intimement liée à celle des berges du Delaware, conséquemment elle recoupe celle de l'État du Delaware. La région intérieure ne sera colonisée qu'au XVIIIe siècle.
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+ Avec la fondation de la Compagnie virginienne de Londres et l'établissement des premiers colons à Jamestown en 1607, les territoires du Delaware et de la Pennsylvanie sont considérés comme faisant partie intégrante de la colonie anglaise et ce malgré la méconnaissance réelle de la géographie et de l'hydrographie de la côte est américaine.
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+ Si, dès le voyage d'Henry Hudson pour le compte de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, en 1609, les Provinces-Unies réclament le bassin hydrographique du fleuve Delaware, ce n'est qu'en 1625 que la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, nouvellement formée, va voir l'établissement de quelques colons sur les rives du cours d'eau. En 1625, Pierre Minuit, Gouverneur de la colonie, rapatrie les trois communautés dispersées sur le territoire de la Nouvelle-Néerlande (Delaware, Fort Orange et Connecticut) pour solidifier l'entreprise coloniale sur l'île de Manhattan, fondant ainsi La Nouvelle-Amsterdam à même les terres nouvellement achetées aux Amérindiens. Une entreprise néerlandaise seigneuriale (patroonship en anglais) tente une seconde colonisation de la rive sud du Delaware en 1631. L'entreprise de Swaanendael est de courte durée et le territoire passe officieusement aux mains des Suédois entre 1638 et 1655. La Nouvelle-Suède, fondée par l'ancien gouverneur de la colonie néerlandaise plus au nord, Pierre Minuit, n'existe que pendant 17 ans mais réussit néanmoins à enraciner durablement une communauté d'au moins 500 colons scandinaves. Las de la présence d'une colonie étrangère à même le territoire des Nouveaux-Pays-Bas, Pieter Stuyvesant dirige une expédition contre le Fort Christina en 1655 et met fin à l'aventure suédoise au Nouveau monde. Cependant, jusqu'à l'immigration massive de Britanniques, de quakers et d'Irlandais-Écossais (Scotch-Irish), le delta du Delaware demeura résolument luthérien et empreint d'une forte influence suédoise. Après la conquête de La Nouvelle-Amsterdam en 1664, la ville est renommée New York et les territoires adjacents passent sous souveraineté anglaise et font partie de la Province de New York jusqu'en 1682. En 1683, les premiers Allemands sont arrivés en Amérique en Pennsylvanie.
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+ C'est l'un des treize États fondateurs des États-Unis. Le roi Charles II d'Angleterre avait contracté un emprunt important auprès du père de William Penn. Comme remboursement[n. 1], il octroya à William Penn une grande région au sud-ouest du New Jersey le 4 mars 1682[réf. nécessaire], contenant tant la Pennsylvanie que le Delaware actuel. Penn appela la région Sylvania (forêt en latin), que Charles changea en Pennsylvanie. La colonie accueille des sectes allemandes et les baptistes irlandais et gallois. Le climat de tolérance religieuse encourage l'économie. Après la guerre de Trente Ans (1618-1648) dans l'empire germanique, 125 000 luthériens allemands s'installent en Pennsylvanie.
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+ Vers 1720-30, le pain est déjà trois fois moins cher qu'au Massachusetts, notamment qu'à Boston. Vers 1750, la population de Philadelphie dépasse celle de Boston. La Pennsylvanie s'émancipe en 1760 de la tutelle seigneuriale des frères Penn, héritiers privilégiés du généreux fondateur. L'ambassadeur pour le procès à Londres n'est autre que Benjamin Franklin, un ancien imprimeur de Philadelphie entré au service des postes royales et en politique. Seul le royal souverain est en mesure de lever taxes et impôts sur la colonie. La Pennsylvanie est un contributeur net d'environ 500 000 livres par an, elle ne reçoit au mieux que 60 000 livres de la couronne britannique. Ses données fiscales souvent niées par les autorités britanniques rendent sensibles la volonté de taxer à merci toute activité coloniale rentable.
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+
23
+ Dans les années 1770, la Pennsylvanie par son opposition au Stamp Act devint l'un des principaux foyers de la Révolution américaine et Philadelphie fit office de capitale des États-Unis jusqu'à l'achèvement de Washington en 1799. Les deux Congrès continentaux siégèrent dans cette ville où furent adoptées la Déclaration d'indépendance et la déclaration des droits.
24
+
25
+ Afin d'occuper une position plus centrale, la capitale de l'État fut déplacée de Philadelphie à Lancaster en 1799, puis à Harrisburg en 1812.
26
+
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+ En 1859, c'est dans le nord-est de l'État qu'Edwin Drake fora, selon la tradition populaire, le premier puits de pétrole moderne.
28
+
29
+ En raison de la crise économique qui frappe les États-Unis à partir de 1873, les vagabonds sont de plus en plus nombreux et sont persécutés par les groupes de vigilantes organisés par les plus fortunés. Le vice-président de la Pennsylvania Railroad Alexander Cassat organise sa propre milice pour chasser tous les vagabonds de l’État[3]. Pour réprimer les grèves, la Garde nationale dirigée par le général J.K Siegfried se montre particulièrement brutale. À la fin des opérations, elle avait fait plus d'une centaine de morts dans l’État[3].
30
+
31
+ En 1897, pour protester contre les salaires d'un dollar environ par jour et l'obligation qui leur était faite de tout acheter dans les magasins de la compagnie, 400 mineurs majoritairement d'origine slave défilent en direction des mines Pardee. Le shérif et des miliciens payés par le patronat ouvrent le feu sur la manifestation, tuant 19 mineurs et en en blessant 39 autres — dont beaucoup d'une balle dans le dos, car les miliciens les poursuivirent. Les 87 miliciens inculpés seront tous acquittés par la justice au cours d'un procès à la tonalité particulièrement xénophobe[3].
32
+
33
+ La Pennsylvanie s'étend sur 274 km du nord au sud et sur 455 km d'est à l'ouest[4]. C'est le trente-troisième État au niveau de sa superficie. En 2000, elle comptait 12 281 054 habitants, soit une densité de 106 hab./km2. La Pennsylvanie est l'un des quatre États (sur 50) à porter le titre de Commonwealth. La Pennsylvanie dite aussi « L'État clef-de-voûte » (The Keystone State), est surnommée ainsi en raison de sa situation géographique entre les États du Nord et les États du Sud, et entre la côte atlantique et le Midwest.
34
+
35
+ La Pennsylvanie a 82 km de côtes le long du lac Érié[5] et 92 km de côtes le long de l'estuaire du Delaware[6]. Ses principaux fleuves et rivières sont le Delaware, la Susquehanna, la Monongahela, l'Allegheny et l'Ohio. Le point culminant se situe au mont Davis, à 979 mètres d'altitude. La Pennsylvanie est traversée en diagonale par la chaîne des Appalaches, du sud-ouest au nord-est. Au nord-ouest de ces montagnes, le plateau de l'Allegheny se poursuit vers le sud de l'État de New York. Il abrite d'importantes ressources fossiles (gaz naturel, pétrole). Ce relief justifie le fait que l'on considère parfois le tiers occidental de l'État comme une unité géophysique à part entière : il fait partie du bassin du Mississippi et son économie est caractérisée par les industries sidérurgiques aux alentours de Pittsburgh.
36
+
37
+ Le National Park Service gère les sites suivants en Pennsylvanie[7] :
38
+
39
+ L'État de Pennsylvanie est divisé en 67 comtés[8].
40
+
41
+ L'État est en partie intégré au BosWash, une mégalopole s'étendant sur plusieurs États du Nord-Est des États-Unis entre Boston et Washington.
42
+
43
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini vingt aires métropolitaines et seize aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de Pennsylvanie[9].
44
+
45
+ (5 965 343)
46
+
47
+ (6 034 678)
48
+
49
+ (1,2 %)
50
+
51
+ (821 173)
52
+
53
+ (827 048)
54
+
55
+ (0,7 %)
56
+
57
+ (565 773)
58
+
59
+ (555 506)
60
+
61
+ (-1,8 %)
62
+
63
+ (19 567 410)
64
+
65
+ (19 949 502)
66
+
67
+ (2,0 %)
68
+
69
+ En 2010, 96,7 % des Pennsylvaniens résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 88,1 % dans une aire métropolitaine et 8,6 % dans une aire micropolitaine. Les aires métropolitaines de Philadelphia-Camden-Wilmington et Pittsburgh regroupaient respectivement 31,6 % et 18,5 % de la population de l'État.
70
+
71
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini onze aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de Pennsylvanie.
72
+
73
+ (7 067 807)
74
+
75
+ (7 146 706)
76
+
77
+ (1,1 %)
78
+
79
+ (2 660 727)
80
+
81
+ (2 659 937)
82
+
83
+ (-0,0 %)
84
+
85
+ (23 076 664)
86
+
87
+ (23 484 225)
88
+
89
+ (1,8 %)
90
+
91
+ (9 051 961)
92
+
93
+ (9 443 180)
94
+
95
+ (4,3 %)
96
+
97
+ (673 614)
98
+
99
+ (661 399)
100
+
101
+ (-1,8 %)
102
+
103
+ En 2010, les aires métropolitaines combinées de Philadelphia-Reading-Camden et Pittsburgh regroupaient respectivement 34,8 % et 20,0 % de la population de l'État.
104
+
105
+ L'État de Pennsylvanie compte 2 561 municipalités[10], dont 24 de plus de 40 000 habitants.
106
+
107
+ La municipalité de Philadelphia était la 5e municipalité la plus peuplée des États-Unis en 2013 après celles de New York (8 405 837), Los Angeles (3 884 307), Chicago (2 718 782) et Houston (2 195 914).
108
+
109
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de la Pennsylvanie à 12 801 989 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 0,78 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 12 702 379 habitants[11]. Depuis 2010, l'État connaît la 9e croissance démographique la moins soutenue des États-Unis.
110
+
111
+ Avec 12 702 379 habitants en 2010, la Pennsylvanie était le 6e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 4,11 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le comté de Perry dans le township de Watts[12].
112
+
113
+ Avec 109,61 hab./km2 en 2010, la Pennsylvanie était le 9e État le plus dense des États-Unis.
114
+
115
+ Le taux d'urbains était de 78,7 % et celui de ruraux de 21,3 %[13].
116
+
117
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 11,3 ‰[14] (11,2 ‰ en 2012[15]) et le taux de mortalité à 9,8 ‰[16] (9,9 ‰ en 2012[17]). L'indice de fécondité était de 1,81 enfants par femme[14] (1,78 en 2012[15]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 7,3 ‰[16] (7,0 ‰ en 2012[17]). La population était composée de 21,98 % de personnes de moins de 18 ans, 9,93 % de personnes entre 18 et 24 ans, 24,62 % de personnes entre 25 et 44 ans, 28,05 % de personnes entre 45 et 64 ans et 15,42 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 40,1 ans[18].
118
+
119
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 71 422) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 52 931) avec un excédent des naissances (463 777) sur les décès (410 846), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 23 376) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 78 567) et un déficit des flux migratoires intérieurs (- 55 191)[19].
120
+
121
+ Selon des estimations de 2013, 92,1 % des Pennsylvaniens étaient nés dans un État fédéré, dont 73,5 % dans l'État de Pennsylvanie et 18,7 % dans un autre État (8,4 % dans le Nord-Est, 6,0 % dans le Sud, 2,8 % dans le Midwest, 1,4 % dans l'Ouest), 1,6 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 6,2 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (39,1 % en Asie, 29,2 % en Amérique latine, 21,2 % en Europe, 8,2 % en Afrique, 1,9 % en Amérique du Nord, 0,4 % en Océanie). Parmi ces derniers, 51,6 % étaient naturalisés américain et 48,4 % étaient étrangers[20],[21].
122
+
123
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 170 000 immigrés illégaux, soit 1,3 % de la population[22].
124
+
125
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 81,92 % de Blancs, 10,85 % de Noirs, 2,75 % d'Asiatiques (0,81 % d'Indiens, 0,67 % de Chinois), 1,87 % de Métis, 0,21 % d'Amérindiens, 0,03 % d'Océaniens et 2,37 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
126
+
127
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (1,73 %), principalement blanche et noire (0,69 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,15 %).
128
+
129
+ Les non-hispaniques représentaient 94,33 % de la population avec 79,47 % de Blancs, 10,45 % de Noirs, 2,73 % d'Asiatiques, 1,41 % de Métis, 0,13 % d'Amérindiens, 0,02 % d'Océaniens et 0,13 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 5,67 % de la population, principalement des personnes originaires de Porto Rico (2,88 %), du Mexique (1,02 %) et de la République dominicaine (0,49 %)[18].
130
+
131
+ En 2010, l'État de Pennsylvanie avait la 2e plus faible proportion d'Amérindiens après la Virginie-Occidentale (0,20 %) ainsi que la 5e plus faible proportion d'Océaniens après la Virginie-Occidentale (0,02 %), le Vermont (0,03 %), le Maine (0,03 %) et le Michigan (0,03 %).
132
+
133
+ L'État comptait également le 5e plus grand nombre de Blancs (10 406 288) après la Californie (21 453 934), le Texas (17 701 552), la Floride (14 109 162) et l'État de New York (12 740 974) ainsi que le 5e plus grand nombre de Blancs non hispaniques (10 094 652) après la Californie (14 956 253), le Texas (11 397 345), l'État de New York (11 304 247) et la Floride (10 884 722).
134
+
135
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 93,7 %, dont 78,2 % de Blancs, 10,6 % de Noirs, 3,0 % d'Asiatiques et 1,6 % de Métis, et celle des Hispaniques à 6,3 %[24].
136
+
137
+ En 2000, les Pennsylvaniens s'identifiaient principalement comme étant d'origine allemande (25,4 %), irlandaise (16,1 %), italienne (11,6 %), anglaise (7,9 %), polonaise (6,7 %) et américaine (5,2 %)[25].
138
+
139
+ L'État avait les 6e plus fortes proportions de personnes d'origine italienne et polonaise, la 7e plus forte proportion de personnes d'origine irlandaise ainsi que la 10e plus forte proportion de personnes d'origine allemande.
140
+
141
+ L'État abrite la 6e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 294 925 Juifs en 2013 (471 930 en 1971), soit 2,3 % de la population. Ils se concentraient principalement dans les agglomérations de Philadelphia-Camden-Wilmington (214 600), Pittsburgh (42 800), Allentown-Bethlehem-Easton (8 650) et Harrisburg (7 000)[26]. Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés de la vallée du Delaware tels que les comtés de Montgomery (8,1 %), Bucks (6,6 %), Philadelphia (4,4 %), Chester (4,2 %) et Delaware (3,8 %), ainsi que dans l'ouest de l'État dans le comté d'Allegheny (3,3 %).
142
+
143
+ L'État abrite la 2e communauté amish des États-Unis après l'Ohio. Selon une étude effectuée par Joseph F. Donnermeyer, Cory Anderson et Elizabeth C. Cooksey de l'Université d'État de l'Ohio[27], l'État comptait 59 025 Amish en 2010, soit 0,5 % de la population de l'État et 23,9 % de la population amish américaine. Ils se concentraient essentiellement dans les implantations des Comtés de Lancaster-Chester (28 356), Belleville-Reedsville (3 023), New Wilmington (2 807), Smicksburg (2 646) et Spartansburg (1 497), et plus précisément dans les comtés de Lancaster (26 270), Crawford (3 510), Mifflin (2 899), Chester (2 580), Indiana (2 577), Mercer (2 514) et Centre (1 836). Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés de Mifflin (6,2 %), Lancaster (5,1 %), Crawford (4,0 %) et Indiana (2,9 %).
144
+
145
+ Selon le Young Center for Anabaptist and Pietist Studies[28], l'État comptait 67 045 Amish en 2014 (32 710 en 1992), soit 0,5 % de la population de l'État et 23,5 % de la population amish américaine. Ils se concentraient essentiellement dans les implantations de Lancaster (32 900), Mifflin (3 360), Indiana (2 795) et New Wilmington (2 415).
146
+
147
+ Les Hispaniques étaient principalement originaires de Porto Rico (50,9 %), du Mexique (18,0 %) et de la République dominicaine (8,7 %)[29]. Composée 43,3 % de Blancs, 8,2 % de Métis, 7,0 % de Noirs, 1,4 % d'Amérindiens, 0,4 % d'Asiatiques, 0,1 % d'Océaniens et 39,5 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 37,0 % des Amérindiens, 25,7 % des Océaniens, 24,9 % des Métis, 3,7 % des Noirs, 3,0 % des Blancs, 0,8 % des Asiatiques et 94,5 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories[30].
148
+
149
+ L'État avait la 7e plus forte proportion de personnes originaires de la République dominicaine (0,49 %) et la 8e plus forte proportion de personnes originaires de Porto Rico (2,88 %).
150
+
151
+ L'État comptait également le 4e plus grand nombre de personnes originaires de Porto Rico (366 082), le 5e plus grand nombre de personnes originaires de la République dominicaine (62 348), les 8e plus grands nombres de personnes originaires de l'Équateur (10 680) et du Costa Rica (3 048) ainsi que les 10e plus grands nombres de personnes originaires de Cuba (17 930) et d'Argentine (4 269).
152
+
153
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Indiens (29,5 %), Chinois (24,3 %), Coréens (11,6 %), Viêts (11,2 %), Philippins (6,3 %) et Cambodgiens (3,4 %)[31].
154
+
155
+ L'État comptait le 5e plus grand nombre de Cambodgiens (12 042), les 8e plus grands nombres d'Indiens (103 026), de Chinois (84 812), de Viêts (39 008) et de Bangladais (3 812) ainsi que le 10e plus grand nombre de Coréens (40 505).
156
+
157
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (92,2 %), principalement blanche et noire (36,7 %), blanche et asiatique (15,2 %), blanche et autre (11,6 %), blanche et amérindienne (11,6 %), noire et amérindienne (4,5 %) et noire et autre (4,5 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (7,8 %)[32].
158
+
159
+ Selon l'institut de sondage The Gallup Organization, en 2015, 38 % des habitants de Pennsylvanie se considèrent comme « très religieux » (40 % au niveau national), 29 % comme « modérément religieux » (29 % au niveau national) et 34 % comme « non religieux » (31 % au niveau national)[34].
160
+
161
+ L'État fondé par les quakers, caractérisé dès l'origine par une grande tolérance spirituelle, a accueilli des groupes religieux très divers. On compte notamment encore aujourd'hui les communautés d'Amishs (branche des Mennonites) parmi les plus importantes du pays.
162
+
163
+ En 1790, les germanophones constituaient 25 % de la population[35]. Aujourd'hui, les Pennsylvaniens qui parlent allemand à la maison ne représentent plus que 0,5 % de la population[35].
164
+
165
+ Bien que l'anglais ne soit pas proclamé « langue officielle », des lois favorisent l'anglais en Pennsylvanie, il faut par exemple savoir parler anglais pour avoir son permis de conduire ou pour être juré[35].
166
+
167
+ Selon l'American Community Survey, en 2010 90,15 % de la population âgée de plus de 5 ans déclare parler l'anglais à la maison, 4,09 % déclare parler l'espagnol, 0,47 % l'allemand, 0,47 % une langue chinoise, 0,43 % l'italien, 0,40 % l'allemand de Pennsylvanie et 3,99 % une autre langue (français, russe, vietnamien...)[36].
168
+
169
+ Pour améliorer la vérifiabilité de l'article, merci de citer les sources primaires à travers l'analyse qu'en ont faite des sources secondaires indiquées par des notes de bas de page (modifier l'article).
170
+
171
+ La Pennsylvanie est l'un des États les plus industrialis��s des États-Unis.
172
+
173
+ L'agriculture y est bien développée et moderne. L'État produit des céréales (blé, maïs, avoine), de la betterave à sucre, des fruits et légumes. Ainsi l'État est l'un des premiers producteurs de fraises, de tomates, de canneberges, ou encore de pommes et de poires. L'élevage consiste en bovins (lait) et poulets.
174
+
175
+ L'industrie a subi une crise profonde et de ce fait une sévère restructuration. L'extraction de minerais de fer, de houille, de pétrole et de gaz a diminué, mais demeure importante. Début 2011, 71 000 forages d'exploitation de gaz de schiste sont actifs.
176
+
177
+ L'industrie, située à proximité de Philadelphie, se consacre aux industries chimiques (pneumatiques, pétrochimie), textiles et high-tech depuis la crise de l'acier.
178
+
179
+ Au cours de son histoire la Pennsylvanie a eu cinq constitutions[37] : 1776, 1790, 1838, 1874 et 1968. Auparavant la province a été gouvernée pendant un siècle par le Frame of Government of Pennsylvania qui a eu quatre versions : 1682, 1683, 1696 et 1701.
180
+
181
+ La Pennsylvanie est un État centriste, très conservateur dans les campagnes et très libéral dans les villes. James Carville, un consultant politique et stratège de la campagne présidentielle de Bill Clinton, définit la Pennsylvanie comme étant l'Alabama du Nord avec deux îlots progressistes que sont les villes de Philadelphie et Pittsburgh[38].
182
+
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+ Longtemps localement dominé par les républicains, l'État, depuis les années 2000 penche davantage vers les démocrates.
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+ Les comtés les plus régulièrement démocrates de l'État sont ceux de Philadelphie, Delaware, Érié, Allegheny, Lehigh, Northampton, Luzerne et Lackawanna. Les républicains sont généralement dominants dans les comtés de Lancaster, York, Franklin, Westmoreland, Butler, Blair, Lycoming et Cumberland. Généralement, les démocrates dominent dans les grandes zones urbaines telles celles de Philadelphie, Pittsburgh, Érié et Allentown.
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+
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+ La Pennsylvanie est l'un des États les plus convoités lors des élections présidentielles, bien qu'ayant systématiquement donné une majorité aux candidats démocrates entre 1992 et 2012.
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+ L'État est au diapason du vote national de 1828 à 1880, alternant ses votes entre les démocrates, les whigs puis les républicains avec des marges généralement assez restreintes. De 1860 à 1908, la Pennsylvanie apporte constamment ses voix aux républicains. Lors de l'élection présidentielle de 1876, elle apporte notamment ses voix à Rutherford B. Hayes (50,62 %) contre Samuel Jones Tilden (48,25 %) (le premier est élu au plan national bien qu'ayant remporté moins de voix que le second). En 1912, la Pennsylvanie est l'un des États à voter pour le républicain progressiste Theodore Roosevelt (36,53 %) devant le démocrate Woodrow Wilson (32,49 %) et devant le président et candidat républicain officiel William Howard Taft (22,45 %). De 1916 à 1932, l'État s'ancre davantage encore dans le camp républicain, préférant notamment en 1932, le président sortant Herbert Hoover (50,84 %) contre le candidat démocrate Franklin Delano Roosevelt (45,33 %), élu au plan national.
190
+
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+ Après avoir plébiscité Roosevelt aux élections de 1936, 1940 et 1944, la Pennsylvanie penche de nouveau vers les républicains de 1948 à 1956 avant de se tourner vers les démocrates pour les trois élections suivantes. De nouveau constamment au diapason du vote national de 1972 à 1996, les électeurs de l'État votent avec des marges assez restreintes pour les démocrates depuis l'élection de 2000.
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+
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+ Lors de l'élection présidentielle de 2004, John Kerry remporte l'État de justesse avec 50,92 % des suffrages contre 48,42 % à George W. Bush alors que ce dernier remporte 54 des 67 comtés de l'État, soulignant l'opposition entre les zones plus rurales et les comtés fortement urbanisés. Lors de l'élection présidentielle américaine de 2008, le candidat démocrate Barack Obama remporte l'État avec 55 % des voix face au républicain John McCain (44 %). En 2012, Barack Obama remporte une nouvelle victoire, mais l'écart est alors plus faible, 52 % contre 46,5 %. En 2016, Donald Trump gagne la Pennsylvanie d'une courte avance sur Hillary Clinton, totalisant 48,8 % des bulletins contre 47,7 % pour la candidate démocrate. Le candidat républicain avait multiplié les meetings dans l’État avant le scrutin.
194
+
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+ Au niveau fédéral, lors du 115e congrès (législature 2017-2019), la délégation de Pennsylvanie au Congrès des États-Unis comprend un sénateur démocrate (Bob Casey, Jr.), un sénateur républicain (Pat Toomey), treize représentants républicains et cinq représentants démocrates.
196
+
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+ Bob Casey, Jr., sénateur depuis 2007.
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+ Pat Toomey, sénateur depuis 2011.
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+
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+ Depuis le 20 janvier 2015, le gouverneur est le démocrate Tom Wolf, homme d'affaires élu le 4 novembre 2014.
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+
203
+ L'assemblée de Pennsylvanie comprend un Sénat de 50 membres[40] et une Chambre des représentants de 203 élus[41]. Lors de la législature 2015-2017, le Sénat est contrôlé par une majorité de 30 républicains alors que la chambre des représentants est contrôlée par 119 républicains face à 91 démocrates.
204
+
205
+ Le pouvoir judiciaire en Pennsylvanie est appelé le système judiciaire unifié de Pennsylvanie. Il consiste en un regroupement des tribunaux de l'État. Les tribunaux de Pennsylvanie sont les suivants[42]:
206
+
207
+ Le gouverneur de Pennsylvanie, Tom Wolf.
208
+
209
+ Le capitole de l'État de Pennsylvanie.
210
+
211
+ La Cour suprême de Pennsylvanie.
212
+
213
+ Parmi les plats les plus représentatifs de l'État de la Pennsylvanie on retrouve[43] :
214
+
215
+ L'exploitation du gaz de schiste produit une grande quantité d’eaux usées rejetées dans la rivière Monongahela, qui alimente plus de 800 000 personnes notamment dans la ville de Pittsburgh. Ces eaux usées sont radioactives à des taux qui peuvent atteindre 1 000 fois les limites autorisées pour l’eau de boisson. Des niveaux un peu moins élevés de radioactivité ont été observés dans la rivière Delaware, qui alimente plus de 15 millions de personnes, dans la région de Philadelphie[44].
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+ Le Pentagone (en anglais : The Pentagon) est un bâtiment qui se trouve à Arlington en Virginie, près de Washington, la capitale fédérale des États-Unis. Cet édifice abrite le quartier général du département de la Défense. En 2009, plus de 26 000 personnes y travaillent, parmi lesquelles des civils et des militaires. Son nom provient de la forme de son plan, un pentagone, et sert couramment à désigner le département de la Défense.
4
+
5
+ Cet immeuble de cinq étages, inauguré le 15 janvier 1943, est le plus vaste bâtiment administratif du monde[1], avec ses 28 kilomètres de couloirs. Constitué de cinq anneaux concentriques, il est bâti en béton armé.
6
+
7
+ Avant la construction du bâtiment, le département de la Guerre des États-Unis occupait plusieurs immeubles dans Washington construits pendant la Première Guerre mondiale. La construction du Pentagone, supervisée par Leslie Richard Groves, commença le 11 septembre 1941 sur le site de l'ancien aérodrome municipal de Washington, le Hoover Field, et du parc d'attractions voisin[2].
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9
+ Opérationnel en 1943, il devint un des symboles de la puissance militaire américaine.
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+ La cour centrale du bâtiment fut surnommée « ground zero », car elle est susceptible d'être la cible prioritaire d'un éventuel bombardement nucléaire ennemi.
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+ Le 19 mai 1972, un attentat à la bombe est commis par le Weather Underground dans les toilettes pour femmes. Il ne fait aucune victime mais détruit des ordinateurs dans la pièce adjacente[3].
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15
+ D'importants travaux de rénovations ont lieu entre 1998 et 2011 (Pentagon Renovation Program (en)), avec entre autres l'ajout d'une couche de kevlar dans le cadre de mesures antiterroristes et l’enlèvement de 53 000 t de matériaux contenant de l'amiante et d'autres éléments dangereux[4]. Ces travaux étaient en cours lorsqu'il a été percuté à 9 h 37 lors des attentats du 11 septembre 2001 par le vol AA77 de la compagnie American Airlines, détourné par des pirates de l'air, causant 189 morts (dont 125 au sol, la plupart des bureaux de la partie frappée étant inoccupés, précisément grâce à ces travaux)[2].
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17
+ La Pentagon Force Protection Agency (en), une agence fédérale créée après cette attaque, est chargée de tous les aspects de sécurité concernant le département de la Défense et englobe la United States Pentagon Police.
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19
+ Lors de la construction, l'utilisation du béton armé à la place de l'acier formé a rendu possible une économie de 43 000 tonnes d'acier, dans un contexte d'économie de guerre où l'acier était un matériau stratégique. L'utilisation de rampes en béton plutôt que des ascenseurs a encore réduit les besoins en acier. Les portes intérieures étaient en bois. Plusieurs des caractéristiques ci dessous sont obsolètes avec les divers travaux de rénovation.
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+ Le Pentagone est desservi par la ligne bleue du métro de Washington depuis le 1er 1977[4] et la ligne jaune depuis le 30 avril 1983.
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+ Un héliport de 30,5 m de côté a été construit en 1955. Il est doté d'une tour de contrôle depuis avril 1959[4]
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+ Le Pentagone (en anglais : The Pentagon) est un bâtiment qui se trouve à Arlington en Virginie, près de Washington, la capitale fédérale des États-Unis. Cet édifice abrite le quartier général du département de la Défense. En 2009, plus de 26 000 personnes y travaillent, parmi lesquelles des civils et des militaires. Son nom provient de la forme de son plan, un pentagone, et sert couramment à désigner le département de la Défense.
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+ Cet immeuble de cinq étages, inauguré le 15 janvier 1943, est le plus vaste bâtiment administratif du monde[1], avec ses 28 kilomètres de couloirs. Constitué de cinq anneaux concentriques, il est bâti en béton armé.
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+ Avant la construction du bâtiment, le département de la Guerre des États-Unis occupait plusieurs immeubles dans Washington construits pendant la Première Guerre mondiale. La construction du Pentagone, supervisée par Leslie Richard Groves, commença le 11 septembre 1941 sur le site de l'ancien aérodrome municipal de Washington, le Hoover Field, et du parc d'attractions voisin[2].
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+ Opérationnel en 1943, il devint un des symboles de la puissance militaire américaine.
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+ La cour centrale du bâtiment fut surnommée « ground zero », car elle est susceptible d'être la cible prioritaire d'un éventuel bombardement nucléaire ennemi.
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+ Le 19 mai 1972, un attentat à la bombe est commis par le Weather Underground dans les toilettes pour femmes. Il ne fait aucune victime mais détruit des ordinateurs dans la pièce adjacente[3].
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+ D'importants travaux de rénovations ont lieu entre 1998 et 2011 (Pentagon Renovation Program (en)), avec entre autres l'ajout d'une couche de kevlar dans le cadre de mesures antiterroristes et l’enlèvement de 53 000 t de matériaux contenant de l'amiante et d'autres éléments dangereux[4]. Ces travaux étaient en cours lorsqu'il a été percuté à 9 h 37 lors des attentats du 11 septembre 2001 par le vol AA77 de la compagnie American Airlines, détourné par des pirates de l'air, causant 189 morts (dont 125 au sol, la plupart des bureaux de la partie frappée étant inoccupés, précisément grâce à ces travaux)[2].
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+ La Pentagon Force Protection Agency (en), une agence fédérale créée après cette attaque, est chargée de tous les aspects de sécurité concernant le département de la Défense et englobe la United States Pentagon Police.
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+ Lors de la construction, l'utilisation du béton armé à la place de l'acier formé a rendu possible une économie de 43 000 tonnes d'acier, dans un contexte d'économie de guerre où l'acier était un matériau stratégique. L'utilisation de rampes en béton plutôt que des ascenseurs a encore réduit les besoins en acier. Les portes intérieures étaient en bois. Plusieurs des caractéristiques ci dessous sont obsolètes avec les divers travaux de rénovation.
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+ Le Pentagone est desservi par la ligne bleue du métro de Washington depuis le 1er 1977[4] et la ligne jaune depuis le 30 avril 1983.
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+ Un héliport de 30,5 m de côté a été construit en 1955. Il est doté d'une tour de contrôle depuis avril 1959[4]
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+ En géométrie, un pentagone est un polygone à cinq sommets, donc cinq côtés et cinq diagonales.
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+ Un pentagone est soit simple (convexe ou concave), soit croisé. Le pentagone régulier étoilé est le pentagramme.
6
+
7
+ Le terme « pentagone » dérive du latin pentagonum de même sens, substantivation de l'adjectif pentagonus, lui-même emprunté au grec ancien, πεντάγωνος (pentágônos), « pentagonal », « qui a cinq angles, cinq côtés »[1],[2]. Le terme grec est lui-même construit à partir de πέντε (pénte), « cinq », et γωνία (gônía), « angle ».
8
+
9
+ Le terme grec apparaît dans le livre IV des Éléments d'Euclide, probablement écrit vers 300 av. J.-C., qui traite des figures inscrites ou circonscrites, en particulier des polygones réguliers.
10
+
11
+ La somme des angles internes d'un pentagone simple (dont les arêtes ne se croisent pas) est égale à 540°. Cette égalité n'est pas vérifiée si le pentagone n'est pas simple.
12
+
13
+ Pentagone convexe quelconque
14
+
15
+ Pentagone concave quelconque
16
+
17
+ Pentagone concave dont l'un des sommets est lié aux quatre autres
18
+
19
+ Pentagone croisé quelconque
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+
21
+ Pentagone convexe équilatéral
22
+
23
+ Pentagone concave équilatéral
24
+
25
+ Pentagone convexe équiangle
26
+
27
+ Un pentagone inscriptible est un pentagone pour lequel existe un cercle circonscrit, passant par ses cinq sommets.
28
+
29
+ L'aire d'un pentagone inscriptible peut être exprimée comme la racine carrée de l'une des racines d'une équation du septième degré (en) dont les coefficients sont fonction des côtés[3],[4],[5].
30
+
31
+ Un pentagone inscrit dont les arêtes et l'aire sont des nombres rationnels est appelé pentagone de Robbins (en). Les longueurs de ses diagonales sont soit toutes rationnelles, soit toutes irrationnelles ; on conjecture qu'elles doivent être toutes rationnelles[6].
32
+
33
+ Pentagone inscriptible convexe quelconque et son cercle circonscrit.
34
+
35
+ Pentagone de Robbins, de côtés 26, 80, 72, 136 et 154, et d'aire 13 104.
36
+
37
+ Un pentagone régulier est un pentagone dont les cinq côtés sont de même longueur et dont les cinq angles internes sont de même mesure. Il en existe deux types :
38
+
39
+ Les diagonales d'un pentagone régulier convexe de côté a forment un pentagramme de côté φ a, où φ est le nombre d'or.
40
+
41
+ Il est possible de construire les deux pentagones réguliers à la règle et au compas. De nombreuses méthodes existent, l'une d'elles étant déjà connue d'Euclide au IIIe siècle av. J.-C..
42
+
43
+ Une méthode par pliage simple permet de construire un pentagone régulier : il suffit de prendre une bande de papier suffisamment longue, d'initier une boucle, d'y passer une extrémité et de serrer en ajustant[réf. souhaitée].
44
+
45
+ Le graphe complet K5 est souvent dessiné sous forme d'un pentagramme inscrit dans un pentagone régulier convexe. Ce graphe représente également la projection orthogonale des 5 arêtes et 10 sommets du pentachore, un polytope régulier convexe en dimension quatre.
46
+
47
+ Projection orthogonale d'un pentachore
48
+
49
+ Projection orthogonale d'un 5-cellules rectifié (en)
50
+
51
+ Il n'est pas possible de paver le plan euclidien par des pentagones réguliers convexes. Il est en revanche possible de le paver par des pentagones quelconques. En 2015, on connait 15 types de pavages pentagonaux isoédraux (en), c'est-à-dire employant un même type de tuile. On ignore s'il en existe d'autres.
52
+
53
+ L'agencement le plus dense connu de pentagones réguliers convexes de même taille sur un plan est une structure couvrant 92,131 % de ce plan.
54
+
55
+ Les 15 pavages pentagonaux connus en 2015.
56
+
57
+ Il existe plusieurs polyèdres dont les faces sont des pentagones :
58
+
59
+ Dodécaèdre régulier
60
+
61
+ Pyritoèdre
62
+
63
+ Icositétraèdre pentagonal
64
+
65
+ Hexacontaèdre pentagonal
66
+
67
+ Trapézoèdre tronqué (en)
68
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+ La Pentecôte (du grec ancien πεντηκοστὴ ἡμέρα / pentêkostề hêméra, « cinquantième jour ») est une fête chrétienne qui célèbre l'effusion du Saint-Esprit, le cinquantième jour à partir de Pâques, sur un groupe de disciples de Jésus de Nazareth, dont les Douze Apôtres, suivant un récit relaté dans les Actes des Apôtres.
4
+
5
+ L'Église considère la Pentecôte comme le point de départ de sa mission publique dans le monde. Selon elle, c'est la réalisation de la promesse du Christ aux apôtres au moment de son Ascension, dix jours plus tôt.
6
+
7
+ « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
8
+
9
+ — Actes 1:8
10
+
11
+ Cette fête, qui clôt le temps pascal et dont la célébration est attestée localement à partir du IVe siècle, puise son origine dans la fête juive de Chavouot, prescrite dans l'Ancien Testament, dans les livres de l'Exode et des Nombres.
12
+
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+ La Pentecôte se célèbre le septième dimanche après le dimanche de Pâques, à une date mobile calculée par le Comput. Elle tombe toujours un dimanche entre le 10 mai et le 13 juin. Elle se poursuit le lendemain, dans certains pays, par un lundi férié ou chômé, dit « lundi de Pentecôte ».
14
+
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+ Dans le calendrier juif, Chavouot se déroule « sept semaines entières » ou cinquante jours jusqu'au lendemain du septième sabbat »[v 1], après la fête de Pessa'h. De là son nom de Fête des Semaines (Chavouot, en hébreu) et celui de Pentecôte (cinquantième [jour], en grec ancien) dans le judaïsme hellénistique. Cinquante jours constituent sept semaines, selon la façon de compter de la Bible, et le chiffre 7 est éminemment symbolique[1].
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+ Fête à considérer comme un sursaut de la tradition prophétique qui tend à s'estomper dans le judaïsme du Second Temple au profit d'une religion sacerdotale, elle puise ses origines dans une fête célébrant les moissons[v 2] qui devient progressivement la célébration de l'Alliance sinaïtique entre Dieu et Moïse et de l'instauration de la Loi mosaïque[2]. Prescrite dans les livres de l'Exode et des Nombres [3], vers le début du Ier siècle elle devient l'un des trois grands pèlerinages annuels, surtout célébré par certains juifs hellénisés[n 1] et par certaines sectes juives[n 2] tout en conservant hors de ces groupes minoritaires sa dimension agricole jusqu'au Ier siècle de notre ère. Ce n'est qu'à partir du IIe siècle que le pharisianisme liera la fête de la moisson à la commémoration du don de la Loi au Sinaï[4].
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+ Les Actes des Apôtres situent explicitement lors de cette fête juive[5] le récit où les premiers disciples de Jésus de Nazareth, qui sont réunis au nombre de cent-vingt[6], reçoivent l'Esprit saint et une inspiration divine dans le Cénacle de Jérusalem : des langues de feu se posent sur chacun d'eux, formalisant la venue de l'Esprit dans un épisode de communication inspirée qui permet aux disciples de s'exprimer dans d'autres langues que le galiléen et d'être compris par des étrangers, ce qui a été assimilé soit à du polyglottisme ou de la glossolalie selon les théologiens[7],[8],[2].
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+ « Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans le même lieu. Tout à coup il vint du ciel un bruit comme celui d'un vent impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues, semblables à des langues de feu, leur apparurent, séparées les unes des autres, et se posèrent sur chacun d'eux. Et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et se mirent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. »
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+ — Actes 2:1-4[v 3]
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+ Le récit des Actes insiste à la fois sur l'universalité de l'évènement, qui concerne environ cent-vingt disciples de Jésus — au nombre desquels les Douze — et dont sont témoins des gens venus de « toutes les nations », ainsi que sur son caractère cosmique[6]. L'image du feu — conforme à la tradition juive de l'époque sur l'épisode de la révélation sinaïtique que l'épisode entend renouveler — matérialise la Voix divine. La tradition chrétienne perçoit et présente la Pentecôte comme la réception du don des langues qui permet de porter la promesse du salut universel aux confins de la terre[2] ainsi que semble en attester l'origine des témoins de l'événement, issus de toute la diaspora juive[v 4].
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+ La prise de possession des disciples par l'Esprit-Saint évoque les transes prophétiques et l'apôtre Pierre, qui cite une prophétie de Joël[v 5] qui concerne tant la Terre que le Cosmos[v 6], annonce la venue d'un peuple de prophètes, un statut accordé à tout disciple de Jésus qui peut s'engager dans une mission universelle[6] et assurer la diffusion de l'Évangile : le discours de Pierre conduit 3 000 juifs pieux au baptême[9].
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+ « Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s'augmenta d'environ trois mille âmes. »
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+ — Actes 2:41
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+ Dans un épisode rapporté par le seul évangile selon Jean, celui de la dernière Cène qui se déroule la veille de sa Passion, Jésus annonce la venue du Paraclet (traduit par le Consolateur ou le Défenseur) :
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+ « Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous,
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+ l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous[v 7],[v 8]. »
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+ Les évangiles synoptiques n'évoquent pas cette annonce.
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+ Si une période festive de cinquante jours est attestée dans certaines communautés chrétiennes à partir de la fin du IIe siècle, elle n'était pas généralisée et ce n'est qu'à partir du IVe siècle qu'est instituée la fête de la Pentecôte au dernier jour de cette période[10] ; elle est attestée à Rome et Milan vers 380[11].
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+ À l'époque de Charlemagne, la Pentecôte était devenue une fête d'obligation, mentionnée comme telle lors du concile régional de Mayence[12], au cours de laquelle l'Église catholique romaine s'adressait aux nouveaux baptisés et confirmés.
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+ La Pentecôte est une des Douze Grandes Fêtes de l'Église orthodoxe.
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+ Au début du XXe siècle apparaît le pentecôtisme, appelé aussi mouvement de Pentecôte, un courant chrétien évangélique accordant une importance spéciale aux dons du Saint-Esprit, tels ceux manifestés par les apôtres et autres fidèles rassemblés le jour de la Pentecôte [13].
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+ Depuis le concile Vatican II, l'octave de la Pentecôte n'est plus solennisée hormis dans les branches traditionalistes de l'Église. Depuis ce concile qui a remis à l'honneur le culte rendu à l'Esprit saint, cette fête donne parfois lieu à des célébrations particulièrement festives, notamment au sein des communautés charismatiques.
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+ Dans les traditions chrétiennes, la fête de la Pentecôte est une occasion spécifique de célébrer le Saint-Esprit, troisième personne de la trinité chrétienne.
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+ En cette occasion, les prières des chrétiens invoquent Dieu pour que l'Esprit-Saint leur soit accordé[14].
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+ La Pentecôte commémore la fondation de l'Église[15],[16].
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+ Dans la tradition catholique, la messe chantée à la fête de la Pentecôte comporte la séquence grégorienne Veni Sancte Spiritus. Dans quelques rares églises catholiques d'Europe occidentale, usage hérité du Moyen Âge, des pétales de roses sont lancés sur les fidèles pendant le chant de la séquence.
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+ Le compositeur français Olivier Messiaen a composé une de ses œuvres majeures pour orgue, la Messe de la Pentecôte, pour célébrer cette fête.
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+ La Pentecôte est célébrée le septième dimanche, soit quarante-neuf jours après le dimanche de Pâques. La date en est variable puisque Pâques est une fête mobile[n 3]. Elle est toujours comprise entre le 10 mai et le 13 juin.
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+ Elle est la troisième des cinq fêtes cardinales de l'année liturgique catholique.
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+ Les dates récentes ou imminentes de cette fête religieuse mobile par rapport au calendrier grégorien sont les dimanches suivants dans l'Église catholique, selon le comput[17],[18] :
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+ La fête de la Pentecôte a lieu un dimanche, jour férié dans les pays de culture chrétienne.
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+ Dans certains pays, le lendemain est également férié : le lundi de Pentecôte est actuellement jour férié en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en France, en Hongrie, en Islande, au Liechtenstein, en principauté de Monaco, au Luxembourg, aux Pays-Bas, dans certains cantons suisses, en Norvège, au Danemark[19], en Ukraine, en Roumanie, à Chypre, en Grèce (secteur public et certains secteurs du privé), à Madagascar, au Bénin, au Togo, en Côte d'Ivoire et au Sénégal qui, pourtant, est un pays à 90 % musulman.
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+ En Suède, il ne l'est plus depuis 2005, année où le 6 juin (fête nationale suédoise) est devenu férié. Mais il ne l'est pas dans des pays pourtant de tradition catholique comme l'Italie[n 4], le Brésil, l'Irlande, l'Espagne, le Canada[n 5], le Portugal, la Pologne, ni au Cameroun, ni dans certains pays de tradition orthodoxe comme la Russie.
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+ En France, le lundi de Pentecôte a été jour férié depuis le concordat de 1801 jusqu'en 2004. Entre 2004 et 2007, à la suite de la décision du gouvernement Raffarin d'en faire une journée de solidarité envers les personnes âgées, il devient non chômé pour beaucoup d'entreprises, les salariés devant travailler à titre gratuit. Les règles concernant ce travail non rémunéré sont toutefois assouplies dès 2008, et les salariés ne sont plus tenus de travailler ce jour-là[20]. Dans la polémique liée à cette mise en place, l'épiscopat français déclara qu'il n'y avait pas objection d'ordre religieux à sa suppression, mais réclama une concertation[21].
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+ Un instrument de percussion — souvent appelé simplement percussion, au féminin — est un instrument de musique dont l'émission sonore résulte de la frappe ou du grattage d'une membrane ou d'un matériau résonnant. Les instruments de percussion ont probablement constitué les tout premiers instruments de musique et font partie intégrante de la plupart des genres musicaux. On les trouve en effet depuis la musique traditionnelle jusqu'à la musique classique.
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5
+ Si dans un groupe de musique (rock, folk, pop, jazz, etc.) le batteur n'utilise généralement que quelques éléments de percussions (tambours, cymbales), le percussionniste détient une place à part entière dans les orchestres symphoniques, étant donné la variété des instruments à sa disposition (certaines œuvres peuvent de ce fait nécessiter plusieurs percussionnistes). Utilisés la plupart du temps en complément rythmique, ils sont parfois mis à l'honneur en solistes comme dans la Musique pour cordes, percussion et célesta de Béla Bartók[1] et dans l'Ionisation d'Edgard Varèse.
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7
+ Le percussionniste peut même prendre la place de tout ou partie des joueurs d'autres instruments avec l'arrivée de l'électronique, reprenant avec la boîte à rythmes la position dominante qu'il avait.
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9
+ Les percussions à peau – ou membranophones – sont différents des idiophones. On trouve également dans cette catégorie quelques cordophones, mais cela reste relativement exceptionnel.
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11
+ Le corps humain est l'instrument de percussion par excellence : il est à la fois membranophone, cordophone et idiophone. Pouvant ainsi produire une grande variété de sons synthétiques et naturels, il permet, outre sa composante vocale, d'accéder à la pratique des percussions corporelles de façon universelle.
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+ La frappe d'une peau (animale ou synthétique) tendue sur un fût, avec des baguettes ou les mains, engendre un son qui est amplifié par la caisse de résonance et par l'adjonction éventuelle de timbres. La hauteur du son dépend de la taille du fût (par exemple la grosse caisse délivre un son plus grave que la caisse claire) et de la tension de la peau. Les membranophones comptent, entre autres, la caisse claire, la grosse caisse, les toms, le tambour, le tambourin et les timbales.
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+
15
+ Un idiophone est un instrument à percussion dont le matériau lui-même produit le son lors d'un impact, soit par un accessoire extérieur (comme une baguette), soit par une autre partie de l'instrument. Ce son peut être indéterminé (ex. le Triangle) ou déterminé. Parmi les instruments de cette dernière catégorie on trouve les claviers ou lamellaphones constitués d'une série de lames accordées en bois ou en métal frappées par des baguettes comme le xylophone, le marimba, le steel-drum... .
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17
+ Certains instruments à cordes sont des instruments de percussion car les cordes sont frappées en rythme et permettent de produire un son accordé aux instruments qu'ils accompagnent.
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+ Un électrophone est un instrument dont le son est produit par l'oscillation d'un courant électrique et n'est audible que par le biais d'un haut-parleur. Le vibraphone et la batterie électronique en sont un exemple.
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+ Dans la liste suivante, on note (M) pour les membranophones, (I) pour les idiophones, (C) pour les cordophones, et (E) pour les électrophones.
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+ Un instrument de percussion — souvent appelé simplement percussion, au féminin — est un instrument de musique dont l'émission sonore résulte de la frappe ou du grattage d'une membrane ou d'un matériau résonnant. Les instruments de percussion ont probablement constitué les tout premiers instruments de musique et font partie intégrante de la plupart des genres musicaux. On les trouve en effet depuis la musique traditionnelle jusqu'à la musique classique.
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+ Si dans un groupe de musique (rock, folk, pop, jazz, etc.) le batteur n'utilise généralement que quelques éléments de percussions (tambours, cymbales), le percussionniste détient une place à part entière dans les orchestres symphoniques, étant donné la variété des instruments à sa disposition (certaines œuvres peuvent de ce fait nécessiter plusieurs percussionnistes). Utilisés la plupart du temps en complément rythmique, ils sont parfois mis à l'honneur en solistes comme dans la Musique pour cordes, percussion et célesta de Béla Bartók[1] et dans l'Ionisation d'Edgard Varèse.
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+ Le percussionniste peut même prendre la place de tout ou partie des joueurs d'autres instruments avec l'arrivée de l'électronique, reprenant avec la boîte à rythmes la position dominante qu'il avait.
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+ Les percussions à peau – ou membranophones – sont différents des idiophones. On trouve également dans cette catégorie quelques cordophones, mais cela reste relativement exceptionnel.
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+ Le corps humain est l'instrument de percussion par excellence : il est à la fois membranophone, cordophone et idiophone. Pouvant ainsi produire une grande variété de sons synthétiques et naturels, il permet, outre sa composante vocale, d'accéder à la pratique des percussions corporelles de façon universelle.
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+ La frappe d'une peau (animale ou synthétique) tendue sur un fût, avec des baguettes ou les mains, engendre un son qui est amplifié par la caisse de résonance et par l'adjonction éventuelle de timbres. La hauteur du son dépend de la taille du fût (par exemple la grosse caisse délivre un son plus grave que la caisse claire) et de la tension de la peau. Les membranophones comptent, entre autres, la caisse claire, la grosse caisse, les toms, le tambour, le tambourin et les timbales.
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+ Un idiophone est un instrument à percussion dont le matériau lui-même produit le son lors d'un impact, soit par un accessoire extérieur (comme une baguette), soit par une autre partie de l'instrument. Ce son peut être indéterminé (ex. le Triangle) ou déterminé. Parmi les instruments de cette dernière catégorie on trouve les claviers ou lamellaphones constitués d'une série de lames accordées en bois ou en métal frappées par des baguettes comme le xylophone, le marimba, le steel-drum... .
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+ Certains instruments à cordes sont des instruments de percussion car les cordes sont frappées en rythme et permettent de produire un son accordé aux instruments qu'ils accompagnent.
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+ Un électrophone est un instrument dont le son est produit par l'oscillation d'un courant électrique et n'est audible que par le biais d'un haut-parleur. Le vibraphone et la batterie électronique en sont un exemple.
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+ Le terme parent, relatif à la famille, désigne la personne qui élève et protège l'enfant. Au singulier, désigne plus largement celui qui est membre de la même famille qu'une autre personne[1]. Au pluriel, ceux dont on descend en ligne directe.
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+ Selon le philosophe Hans Jonas, la responsabilité parentale englobe tous les aspects de la vie des enfants, de la simple existence jusqu'aux intérêts les plus élevés. La responsabilité s'exprime d'abord du point de vue corporel, d'être là à tous moments dans la santé comme la maladie ; ensuite vient s'ajouter toujours davantage tout ce qui tombe sous la notion d'« éducation », dans tous les sens : les aptitudes, les relations, le comportement, le caractère, le savoir, dont la formation doit être surveillée et encouragée et, si possible, le bonheur[2].
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+ Le mot « parent » est utilisé en analyse transactionnelle dans les états du Moi, il désigne un ensemble de comportements.
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+ L'acide désoxyribonucléique ou ADN est une macromolécule biologique présente dans toutes[a] les cellules ainsi que chez de nombreux virus. L'ADN contient toute l'information génétique, appelée génome, permettant le développement, le fonctionnement et la reproduction des êtres vivants. C'est un acide nucléique, au même titre que l'acide ribonucléique (ARN). Les acides nucléiques sont, avec les peptides et les glucides, l'une des trois grandes familles de biopolymères essentiels à toutes les formes de vie connues.
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+ Les molécules d'ADN des cellules vivantes sont formées de deux brins antiparallèles enroulés l'un autour de l'autre pour former une double hélice. On dit que l'ADN est bicaténaire, ou double brin. Chacun de ces brins est un polymère appelé polynucléotide. Chaque monomère qui le constitue est un nucléotide, lequel est formé d'une base nucléique, ou base azotée — adénine (A), cytosine (C), guanine (G) ou thymine (T) — liée à un ose — ici, le désoxyribose — lui-même lié à un groupe phosphate. Les nucléotides polymérisés sont unis les uns aux autres par des liaisons covalentes entre le désoxyribose d'un nucléotide et le groupe phosphate du nucléotide suivant, formant ainsi une chaîne où alternent oses et phosphates, avec des bases nucléiques liées chacune à un ose. L'ordre dans lequel se succèdent les nucléotides le long d'un brin d'ADN constitue la séquence de ce brin. C'est cette séquence qui porte l'information génétique. Celle-ci est structurée en gènes, qui sont exprimés à travers la transcription en ARN. Ces ARN peuvent être non codants — ARN de transfert et ARN ribosomique notamment — ou bien codants : il s'agit dans ce cas d'ARN messagers, qui sont traduits en protéines par des ribosomes. La succession des bases nucléiques sur l'ADN détermine la succession des acides aminés qui constituent les protéines issues de ces gènes. La correspondance entre bases nucléiques et acides aminés est le code génétique. L'ensemble des gènes d'un organisme constitue son génome.
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+ Les bases nucléiques d'un brin d'ADN peuvent interagir avec les bases nucléiques d'un autre brin d'ADN à travers des liaisons hydrogène, qui déterminent des règles d'appariement entre paires de bases : l'adénine et la thymine s'apparient au moyen de deux liaisons hydrogène, tandis que la guanine et la cytosine s'apparient au moyen de trois liaisons hydrogène. Normalement, l'adénine et la cytosine ne s'apparient pas, tout comme la guanine et la thymine. Lorsque les séquences des deux brins sont complémentaires, ces brins peuvent s'apparier en formant une structure bicaténaire hélicoïdale caractéristique qu'on appelle double hélice d'ADN. Cette double hélice est bien adaptée au stockage de l'information génétique : la chaîne oses-phosphates est résistante aux réactions de clivage ; de plus, l'information est dupliquée sur les deux brins de la double hélice, ce qui permet de réparer un brin endommagé à partir de l'autre brin resté intact ; enfin, cette information peut être copiée à travers un mécanisme appelé réplication de l'ADN au cours duquel une double hélice d'ADN est recopiée fidèlement en une autre double hélice portant la même information. C'est en particulier ce qu'il se passe lors de la division cellulaire : chaque molécule d'ADN de la cellule mère est répliquée en deux molécules d'ADN, chacune des deux cellules filles recevant ainsi un jeu complet de molécules d'ADN, chaque jeu étant identique à l'autre.
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+ Dans les cellules, l'ADN est organisé en structures appelées chromosomes. Ces chromosomes ont pour fonction de rendre l'ADN plus compact à l'aide de protéines, notamment d'histones, qui forment, avec les acides nucléiques, une substance appelée chromatine. Les chromosomes participent également à la régulation de l'expression génétique en déterminant quelles parties de l'ADN doivent être transcrites en ARN. Chez les eucaryotes (animaux, plantes, champignons et protistes), l'ADN est essentiellement contenu dans le noyau des cellules, avec une fraction d'ADN présent également dans les mitochondries ainsi que, chez les plantes, dans les chloroplastes. Chez les procaryotes (bactéries et archées), l'ADN est contenu dans le cytoplasme. Chez les virus qui contiennent de l'ADN, celui-ci est stocké dans la capside. Quel que soit l'organisme considéré, l'ADN est transmis au cours de la reproduction : il joue le rôle de support de l'hérédité. La modification de la séquence des bases d'un gène peut conduire à une mutation génétique, laquelle peut, selon les cas, être bénéfique, sans conséquence ou néfaste pour l'organisme, voire incompatible avec sa survie. À titre d'exemple, la modification d'une seule base d'un seul gène — celui de la β-globine, une sous-unité protéique de l'hémoglobine A — du génotype humain est responsable de la drépanocytose, une maladie génétique parmi les plus répandues dans le monde.
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+ L'ADN est un long polymère formé par la répétition de monomères appelés nucléotides. Le premier ADN a été identifié et isolé en 1869 à partir du noyau de globules blancs par le Suisse Friedrich Miescher. Sa structure en double hélice a été mise en évidence en 1953 par le Britannique Francis Crick et l'Américain James Watson à partir des données expérimentales obtenues par les Britanniques Rosalind Franklin et Maurice Wilkins. Cette structure, commune à toutes les espèces, est constituée de deux chaînes polynucléotidiques hélicoïdales enroulées l'une autour de l'autre autour d'un axe commun, avec un pas d'environ 3,4 nm pour un diamètre d'environ 2,0 nm[1]. Une autre étude mesurant les paramètres géométriques de l'ADN en solution donne un diamètre de 2,2 à 2,6 nm avec une longueur par nucléotide de 0,33 nm[2]. Bien que chaque nucléotide soit très petit, les molécules d'ADN peuvent en contenir des millions et atteindre des dimensions significatives. Par exemple, le chromosome 1 humain, qui est le plus grand des chromosomes humains, contient environ 220 millions de paires de bases[3] pour une longueur linéaire de plus de 7 cm.
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+ Dans les cellules vivantes, l'ADN n'existe généralement pas sous forme monocaténaire (simple brin) mais plutôt sous forme bicaténaire (double brin) avec une configuration en double hélice[1]. Les monomères constituant chaque brin d'ADN comprennent un segment de la chaîne désoxyribose–phosphate et une base nucléique liée au désoxyribose. La molécule résultant de la liaison d'une base nucléique à un ose est appelée nucléoside ; l'adjonction d'un à trois groupes phosphate à l'ose d'un nucléoside forme un nucléotide. Un polymère résultant de la polymérisation de nucléotides est appelé polynucléotide. L'ADN et l'ARN sont des polynucléotides.
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+ L'ose constituant le squelette de la molécule est le 2’-désoxyribose, dérivé du ribose. Ce pentose alterne avec des groupes phosphate en formant des liaisons phosphodiester entre les atomes no 3’ et no 5’ de résidus de désoxyribose adjacents[4]. En raison de cette liaison asymétrique, les brins d'ADN ont un sens. Dans une double hélice, les deux brins d'ADN sont de sens opposés : ils sont dits antiparallèles. Le sens 5’ vers 3’ d'un brin d'ADN désigne conventionnellement celui de l'extrémité portant un groupe phosphate –PO32− vers l'extrémité portant un groupe hydroxyle –OH ; c'est dans ce sens qu'est synthétisé l'ADN par les ADN polymérases. L'une des grandes différences entre l'ADN et l'ARN est le fait que l'ose du squelette de la molécule est le ribose dans le cas de l'ARN à la place du désoxyribose de l'ADN, ce qui joue sur la stabilité et la géométrie de cette macromolécule.
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+
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+ La double hélice d'ADN est stabilisée essentiellement par deux forces : les liaisons hydrogène entre nucléotides d'une part, et les interactions d'empilement des cycles aromatiques des bases nucléiques d'autre part[5]. Dans l'environnement aqueux de la cellule, les liaisons π conjuguées de ces bases s'alignent perpendiculairement à l'axe de la molécule d'ADN afin de minimiser leurs interactions avec la couche de solvatation et, par conséquent, leur enthalpie libre. Les quatre bases nucléiques constitutives de l'ADN sont l'adénine (A), la cytosine (C), la guanine (G) et la thymine (T), formant respectivement les quatre nucléotides suivants, composant l'ADN :
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+ Les quatre bases nucléiques de l'ADN sont de deux types : d'une part les purines — adénine et guanine — qui sont des composés bicycliques comprenant deux hétérocycles à cinq et six atomes respectivement, d'autre part les pyrimidines — cytosine et thymine — qui sont des composés monocycliques comprenant un hétérocycle à six atomes. Les paires de bases de la double hélice d'ADN sont constituées d'une purine interagissant avec une pyrimidine à travers deux ou trois liaisons hydrogène :
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+ En raison de cette complémentarité, toute l'information génétique portée par l'un des brins de la double hélice d'ADN est également portée à l'identique sur l'autre brin. C'est sur ce principe que repose le mécanisme de la réplication de l'ADN, et c'est sur cette complémentarité entre bases nucléiques que reposent toutes les fonctions biologiques de l'ADN dans les cellules vivantes.
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+ L'ADN de certains virus, tels que les bactériophages PBS1 et PBS2 de Bacillus subtilis, le bactériophage φR1-37 de Yersinia[6] et le phage S6 de Staphylococcus[7], peut remplacer la thymine par l'uracile, une pyrimidine habituellement caractéristique de l'ARN mais normalement absente de l'ADN, où on ne le trouve que comme produit de dégradation de la cytosine.
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+ Les bases nucléiques s'apparient le plus souvent en formant les paires de bases dites « Watson-Crick » correspondant à deux ou trois liaisons hydrogène établies entre deux bases orientées anti sur les résidus de désoxyribose. Des liaisons hydrogène peuvent cependant également s'établir entre une purine orientée syn et une pyrimidine orientée anti : il s'agit dans ce cas d'un appariement Hoogsteen. Une paire de bases Watson-Crick est susceptible d'établir en plus des liaisons hydrogène de type Hoogsteen avec une troisième base, ce qui permet la formation de structures à trois brins d'ADN.
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+
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+ Seul l'un des brins d'un segment d'ADN constituant un gène est transcrit en ARN fonctionnel, de sorte que les deux brins d'un gène ne sont pas équivalents : celui qui est transcrit en ARN fonctionnel est dit à polarité négative et porte une séquence antisens, tandis que le brin complémentaire — qui peut également être transcrit en ARN, mais non fonctionnel — est dit à polarité positive et porte une séquence d'ADN sens. Le brin transcrit en ARN fonctionnel est parfois appelé brin codant, mais cette désignation n'est valable qu'au sein d'un gène donné car les deux brins d'une même double hélice d'ADN peuvent coder différentes protéines ; on parle alors de brins ambisens[8],[9],[10]. Des ARN sont également transcrits à partir des séquences d'ADN sens — avec par conséquent des séquences d'ARN antisens — aussi bien chez les procaryotes que chez les eucaryotes, mais leur rôle biologique n'est pas entièrement élucidé[11] ; l'une des hypothèses est que ces ARN antisens pourraient intervenir dans la régulation de l'expression génétique à travers l'appariement entre séquences d'ARN sens et antisens, qui sont, par définition, complémentaires[12].
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+ La distinction entre brins d'ADN sens et antisens est brouillée dans certains types de gènes chevauchants, assez rares chez les procaryotes et les eucaryotes mais plus fréquents sur les plasmides et chez les virus, dans lesquels les deux brins d'un même segment d'ADN encodent chacun un ARN fonctionnel différent[13]. Chez les bactéries, ce chevauchement peut jouer un rôle dans la régulation de la transcription des gènes[14] tandis que, chez les virus, les gènes chevauchants accroissent la quantité d'information génétique susceptible d'être encodée dans la petite taille du génome viral[15].
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+ L'ADN relâché peut être linéaire, comme c'est typiquement le cas chez les eucaryotes, ou circulaire, comme chez les procaryotes. Il peut cependant être entortillé de façon parfois complexe sous l'effet de l'introduction de tours d'hélice supplémentaires ou de la suppression de tours dans la double hélice. La double hélice d'ADN ainsi surenroulée sous l'effet de supertours positifs ou négatifs présente un pas respectivement raccourci ou allongé par rapport à son état relâché : dans le premier cas, les bases nucléiques sont arrangées de façon plus compacte ; dans le second cas, elles interagissent au contraire de façon moins étroite[16]. In vivo, l'ADN présente généralement un surenroulement légèrement négatif sous l'effet d'enzymes appelées ADN topoisomérases[17], qui sont également indispensables pour relâcher les contraintes introduites dans l'ADN lors des processus qui impliquent que la double hélice soit déroulée pour en séparer les deux brins, comme c'est notamment le cas lors de la réplication de l'ADN et lors de sa transcription en ARN[18].
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31
+ Les liaisons hydrogène n'étant pas des liaisons covalentes, elles peuvent être rompues assez facilement. Il est ainsi possible de séparer les deux brins de la double hélice d'ADN à la façon d'une fermeture à glissière aussi bien mécaniquement que sous l'effet d'une température élevée[19], ainsi qu'à faible salinité, à pH élevé — solution basique — et à pH faible — solution acide, qui altère cependant l'ADN notamment par dépurination. Cette séparation des brins d'un ADN bicaténaire pour former deux molécules d'ADN monocaténaires est appelé fusion ou dénaturation de l'ADN. La température à laquelle 50 % de l'ADN bicaténaire est dissocié en deux molécules d'ADN monocaténaire est dite température de fusion ou température de semi-dénaturation de l'ADN, notée Tm. On peut la mesurer en suivant l'absorption optique à 260 nm de la solution contenant l'ADN : cette absorption augmente au cours du désappariement, ce qu'on appelle hyperchromicité. Les molécules d'ADN monocaténaire libérées n'ont pas de configuration particulière, mais certaines structures tridimensionnelles sont plus stables que d'autres[20].
32
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33
+ La stabilité d'une double hélice d'ADN dépend essentiellement du nombre de liaisons hydrogène à briser pour en séparer les deux brins. Par conséquent, plus la double hélice est longue, plus elle est stable. Cependant, les paires GC étant unies par trois liaisons hydrogène au lieu de deux pour les paires AT, la stabilité de molécules d'ADN bicaténaires de même longueur croît avec le nombre de paires GC qu'elles contiennent[21], mesuré par leur taux de GC. Cet effet est renforcé par le fait que les interactions d'empilement entre bases nucléiques d'un même brin d'ADN sont plus fortes entre résidus de guanine et de cytosine, de sorte que la séquence de l'ADN influence également sur sa stabilité. La température de fusion de l'ADN dépend par conséquent de la longueur des molécules, de leur taux de GC, de leur séquence, de leur concentration dans le solvant et de la force ionique dans celui-ci. En biologie moléculaire, on observe que les segments d'ADN bicaténaire dont la fonction implique que les deux brins de la double hélice puissent s'écarter facilement possèdent un taux élevé de paires AT[22] : c'est le cas de la séquence TATAAT typique de la boîte de Pribnow de certains promoteurs.
34
+
35
+ Les deux brins de l'ADN forment une double hélice dont le squelette détermine deux sillons. Ces sillons sont adjacents aux paires de bases et sont susceptibles de fournir un site de liaison pour diverses molécules. Les brins d'ADN n'étant pas positionnés de façon symétrique par rapport à l'axe de la double hélice, ils définissent deux sillons de taille inégale : le grand sillon est large de 2,2 nm tandis que le petit sillon est large de 1,2 nm[23]. Les bords des bases nucléiques sont plus accessibles dans le grand sillon que dans le petit sillon. Ainsi, les protéines, telles que les facteurs de transcription, qui se lient à des séquences spécifiques dans l'ADN bicaténaire le font généralement au niveau du grand sillon[24].
36
+
37
+ Il existe de nombreux conformères possibles de la double hélice d'ADN. Les formes classiques sont appelées ADN A, ADN B et ADN Z, dont seules les deux dernières ont été observées directement in vivo[4]. La conformation adoptée par l'ADN bicaténaire dépend de son degré d'hydratation, de sa séquence, de son taux de surenroulement, des modifications chimiques des bases qui le composent, de la nature et de la concentration des ions métalliques en solution, voire de la présence de polyamines[25].
38
+
39
+ L'expression génétique de l'ADN dépend de la façon dont l'ADN est conditionné dans les chromosomes en une structure appelée chromatine. Certaines bases peuvent être modifiées lors de la formation de la chromatine, les résidus de cytosine des régions peu ou pas exprimées génétiquement étant généralement fortement méthylées, et ce majoritairement aux sites CpG. Les histones autour desquelles l'ADN est enroulé dans les chromatines peuvent également être modifiées de façon covalente. La chromatine elle-même peut être modifiée par des complexes de remodelage de la chromatine. De plus, la méthylation de l'ADN et la modification covalente des histones sont coordonnées pour affecter la chromatine et l'expression des gènes[44].
40
+
41
+ Ainsi, la méthylation des résidus de cytosine produit de la 5-méthylcytosine, qui joue un rôle important dans l'inactivation du chromosome X[45]. Le taux de méthylation varie entre organismes, le nématode Caenorhabditis elegans en étant totalement dépourvu tandis que les vertébrés ont environ 1 % de leur ADN contenant de la 5-méthylcytosine[46].
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+
43
+ Les pyrimidines ont une structure moléculaire très similaire. Ainsi, la cytosine et la 5-méthylcytosine peuvent être désaminées pour produire l'uracile (qui n'est pas une base faisant partie du code de l'ADN) et la thymine, respectivement. La réaction de désamination pourrait par conséquent favoriser les mutations génétiques[47],[48].
44
+
45
+ Il existe également d'autres bases modifiées dans l'ADN, résultant par exemple de la méthylation de résidus d'adénine chez les bactéries[49] mais également chez des nématodes (Caenorhabditis elegans[50]), des algues vertes (Chlamydomonas[51]) et des drosophiles[52]. La 5-hydroxyméthylcytosine est un dérivé de la cytosine particulièrement abondant dans le cerveau des mammifères[53]. Des organismes tels que les flagellés Diplonema et Euglena et le genre Kinetoplastida, contiennent par ailleurs une pyrimidine glycosylée issue de l'uracile et appelée base J[54],[55] ; cette base modifiée agit comme signal de terminaison de transcription pour l'ARN polymérase II[56],[57]. Un certain nombre de protéines qui se lient spécifiquement à la base J ont été identifiées[58],[59],[60].
46
+
47
+ L'ADN peut être endommagé par un grand nombre de mutagènes qui modifient sa séquence. Ces mutagènes comprennent les oxydants, les alkylants, les rayonnements électromagnétiques énergétiques tels que les ultraviolets et les rayons X et gamma, ainsi que les particules subatomiques des rayonnements ionisants tels que ceux résultant de la radioactivité voire des rayons cosmiques. Le type de dommages produits dépend du type de mutagène. Ainsi, les rayons ultraviolets sont susceptibles d'endommager l'ADN en produisant des dimères de pyrimidine en établissant des liaisons entre bases adjacentes d'un même brin d'ADN[62]. Les oxydants tels que les radicaux libres ou le peroxyde d'hydrogène produisent plusieurs types de dommages, comme des modifications de bases, notamment de la guanosine, et des cassures de la structure bicaténaire[63]. Une cellule humaine typique contient environ 150 000 bases endommagées par un oxydant[64]. Parmi ces lésions dues à des oxydants, les plus dangereuses sont les ruptures bicaténaires parce que ce sont les plus difficiles à réparer et qu'elles sont susceptibles de produire des mutations ponctuelles, des insertions et des délétions au sein de la séquence d'ADN, ainsi que des translocations chromosomiques[65]. Ces mutations sont susceptibles de provoquer des cancers. Les altérations naturelles de l'ADN, qui résultent par exemple de processus cellulaires produisant des dérivés réactifs de l'oxygène, sont assez fréquentes. Bien que les mécanismes de réparation de l'ADN résorbent l'essentiel de ces lésions, certaines d'entre elles ne sont pas réparées et s'accumulent au fil du temps dans les tissus postmitotiques des mammifères. L'accumulation de telles lésions non réparées semble être une importante cause sous-jacente du vieillissement[66],[67].
48
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49
+ De nombreux mutagènes s'insèrent dans l'espace entre deux paires de bases adjacentes selon un mode qu'on appelle intercalation. La plupart des intercalations sont le fait de composés aromatiques et de molécules planes, telles que le bromure d'éthidium, les acridines, la daunorubicine ou la doxorubicine. Les bases doivent s'écarter afin de permettre l'insertion du composé d'intercalation, ce qui provoque une distorsion de la double hélice par désenroulement partiel. Ceci bloque à la fois la transcription et la réplication de l'ADN, entraînant cytotoxicité et mutations[68]. En conséquence, les composés d'intercalation peuvent être cancérogènes et, dans le cas du thalidomide, tératogènes[69]. D'autres composés tels que le benzo[a]pyrène diol époxyde et l'aflatoxine forment avec l'ADN des adduits qui provoquent des erreurs lors de la réplication[70]. Cependant, en raison de leur aptitude à bloquer la transcription et la réplication de l'ADN, d'autres toxines semblables sont également utilisées en chimiothérapie contre les cellules à prolifération rapide[71].
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+ L'ADN se trouve essentiellement au sein de chromosomes, généralement linéaires chez les eucaryotes et circulaires chez les procaryotes. Chez ces derniers, il peut également se trouver en dehors des chromosomes, au sein de plasmides. L'ensemble de l'ADN d'une cellule constitue son génome. Le génome humain représente environ trois milliards de paires de bases distribués dans 46 chromosomes[72]. L'information contenue dans le génome est portée par des segments d'ADN formant les gènes. L'information génétique est transmise grâce aux règles spécifiques d'appariement des bases dites appariement Watson-Crick : les deux seules paires de bases normalement permises sont l'adénine avec la thymine et la guanine avec la cytosine. Ces règles d'appariement sont sous-jacentes aux différents processus à l'œuvre dans les fonctions biologiques de l'ADN :
52
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+ Lorsqu'une cellule se divise, elle doit répliquer l'ADN portant son génome afin que les deux cellules filles héritent de la même information génétique que la cellule mère. La double hélice de l'ADN fournit un mécanisme de réplication simple : les deux brins sont déroulés pour être séparés et chacun des deux brins sert de modèle pour recréer un brin à la séquence complémentaire par appariement entre bases nucléiques, ce qui permet de reconstituer deux hélices d'ADN bicaténaire identiques l'une à l'autre. Ce processus est catalysé par un ensemble d'enzymes parmi lesquelles les ADN polymérases sont celles qui complémentent les brins d'ADN déroulées pour reconstruire les deux brins complémentaires. Comme ces ADN polymérases ne peuvent polymériser l'ADN que dans le sens 5' vers 3', différents mécanismes interviennent pour copier les brins antiparallèles de la double hélice[73] :
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+ L'ADN du génome est organisé et compacté selon un processus appelé condensation de l'ADN afin de pouvoir se loger dans l'espace restreint d'une cellule. Chez les eucaryotes, l'ADN est localisé essentiellement dans le noyau, avec une petite fraction également dans les mitochondries et, chez les plantes, dans les chloroplastes. Chez les procaryotes, l'ADN se trouve au sein d'une structure irrégulière du cytoplasme appelée nucléoïde[75]. L'information génétique du génome est organisée au sein de gènes, et l'ensemble complet de cette information est appelé génotype. Un gène est une fraction de l'ADN qui influence une caractéristique particulière de l'organisme et constitue de ce fait un élément de l'hérédité. Il contient un cadre de lecture ouvert qui peut être transcrit en ARN, ainsi que des séquences de régulation de l'expression génétique telles que les promoteurs et les amplificateurs qui en contrôlent la transcription.
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+ Chez la plupart des espèces, seule une petite fraction du génome encode des protéines. Ainsi, environ 1,5 % du génome humain est constitué d'exons codant des protéines, tandis que plus de 50 % de l'ADN humain est constitué de séquences répétées non codantes[76] ; le reste de l'ADN code différents types d'ARN tels que des ARN de transfert et des ARN ribosomiques. La présence d'une telle quantité d'ADN non codant dans le génome des eucaryotes ainsi que la grande variabilité de la taille du génome des différents organismes — taille qui n'a aucun rapport avec la complexité des organismes correspondants — est une question connue depuis les débuts de la biologie moléculaire et souvent appelée paradoxe de la valeur C, cette « valeur C » désignant, chez les organismes diploïdes, la taille du génome, et un multiple de cette taille chez les polyploïdes[77]. Cependant, certaines séquences d'ADN qui n'encodent pas de protéines peuvent coder des molécules d'ARN fonctionnelles intervenant dans la régulation de l'expression génétique[78].
58
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59
+ Certaines séquences d'ADN non codantes jouent un rôle structurel dans les chromosomes. Les télomères et les centromères contiennent généralement peu de gènes mais contribuent significativement aux fonctions biologiques et à la stabilité mécanique des chromosomes[38],[79]. Une fraction significative de l'ADN non codant est constituée de pseudogènes, qui sont des copies de gènes rendues inactives à la suite de mutations[80]. Ces séquences ne sont généralement que des fossiles moléculaires mais peuvent parfois servir de matière première génétique pour la création de nouveaux gènes à travers des processus de duplication génétique et de divergence évolutive[81].
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61
+ L'expression génétique consiste à convertir le génotype d'un organisme en phénotype, c'est-à-dire en un ensemble de caractéristiques propres à cet organisme. Ce processus est influencé par divers stimuli extérieurs et comprend les trois grandes étapes suivantes :
62
+
63
+ Notons qu'un même ADN peut à deux étapes du développement d'un organisme s'exprimer (en raison de répresseurs et dérépresseurs différents) de façons très dissemblables, l'exemple le plus connu étant celui de la chenille et du papillon, morphologiquement très éloignés.
64
+
65
+ L'information génétique codée par la séquence des nucléotides des gènes de l'ADN peut être copiée sur un acide nucléique différent de l'ADN et appelé ARN. Cet ARN est structurellement très semblable à une molécule d'ADN monocaténaire mais en diffère par la nature de l'ose de ses nucléotides — l'ARN contient du ribose là où l'ADN contient du désoxyribose — ainsi que par l'une de ses bases nucléiques — la thymine de l'ADN y est remplacée par l'uracile.
66
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67
+ La transcription de l'ADN en ARN est un processus complexe dont l'élucidation fut une avancée majeure de la biologie moléculaire au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Elle est étroitement régulée, notamment par des protéines appelées facteurs de transcription qui, en réponse à des hormones par exemple, permettent la transcription de gènes cibles : c'est par exemple le cas des hormones sexuelles telles que les œstrogènes, la progestérone et la testostérone.
68
+
69
+ L'ARN issu de la transcription de l'ADN peut être non codant ou codant. Dans le premier cas, il possède une fonction physiologique propre dans la cellule ; dans le second cas, il s'agit d'un ARN messager, qui sert à transporter l'information génétique contenue dans l'ADN vers les ribosomes, qui organisent le décodage de cette information à l'aide de l'ARN de transfert. Ces ARN de transfert sont liés à un acide aminé parmi les 22 acides aminés protéinogènes et possèdent chacun un groupe de trois bases nucléiques consécutives appelées anticodon. Les trois bases de ces anticodons peuvent s'apparier à trois bases consécutives de l'ARN messager, ce triplet de bases formant un codon complémentaire de l'anticodon de l'ARN de transfert. La complémentarité du codon de l'ARN messager et de l'anticodon de l'ARN de transfert repose sur des règles d'appariement de type Watson-Crick régissant la structure secondaire des ADN bicaténaires.
70
+
71
+ La correspondance entre les 64 codons possibles et les 22 acides aminés protéinogènes est appelée code génétique. Ce code est matérialisé par les différents ARN de transfert réalisant physiquement la liaison entre un acide aminé donné et différents anticodons selon les différents ARN de transfert pouvant se lier à un même acide aminé. Ainsi, une séquence donnée de bases nucléiques au sein d'un gène sur l'ADN peut être convertie en une séquence précise d'acides aminés formant une protéine dans le cytoplasme de la cellule.
72
+
73
+ Il existe davantage de codons qu'il n'existe d'acides aminés à coder. On dit de ce fait que le code génétique est dégénéré. Outre les acides aminés protéinogènes, il code également la fin de traduction à l'aide de trois codons particuliers dits codons STOP : TAA, TGA et TAG sur l'ADN.
74
+
75
+ Toutes les fonctions biologiques de l'ADN dépendent d'interactions avec des protéines. Il peut s'agir d'interactions non spécifiques comme d'interactions avec des protéines qui se lient spécifiquement à une séquence précise de l'ADN. Des enzymes peuvent également se lier à l'ADN et, parmi celles-ci, les polymérases qui assurent la réplication de l'ADN ainsi que sa transcription en ARN jouent un rôle particulièrement déterminant.
76
+
77
+ Les protéines structurelles qui se lient à l'ADN offrent des exemples bien compris d'interactions non spécifiques entre des protéines et de l'ADN. Celui-ci est maintenu au sein des chromosomes en formant des complexes avec des protéines structurelles qui condensent l'ADN en une structure compacte appelée chromatine. Chez les eucaryotes, cette structure fait intervenir de petites protéines basiques appelées histones, tandis qu'elle fait intervenir de nombreuses protéines de différentes sortes chez les procaryotes[84],[85]. Les histones forment avec l'ADN un complexe en forme de disque appelé nucléosome contenant deux tours complets d'une molécule d'ADN bicaténaire enroulée autour de la protéine. Ces interactions non spécifiques s'établissent entre les résidus basiques des histones et le squelette acide constitué d'une alternance ose–phosphate portant les bases nucléiques de la double hélice d'ADN. Il se forme ainsi des liaisons ioniques indépendantes de la séquence des bases de l'ADN[86]. Ces résidus d'acides aminés basiques subissent des modifications chimiques telles que des méthylations, des phosphorylations et des acétylations[87]. Ces modifications chimiques modifient l'intensité des interactions entre l'ADN et les histones, rendant l'ADN plus ou moins accessible aux facteurs de transcription et modulant ainsi l'activité de transcription[88]. Parmi les autres protéines se liant à l'ADN de façon non spécifique, on compte les protéines nucléaires du groupe à haute mobilité électrophorétique, dites HMG, qui se lient à l'ADN courbé ou distordu[89]. Ces protéines sont importantes pour infléchir les réseaux de nucléosomes et les arranger en structures plus grandes qui constituent les chromosomes[90].
78
+
79
+ Parmi les protéines à interactions non spécifiques avec l'ADN, celles qui se lient spécifiquement à l'ADN monocaténaire constituent un groupe particulier. Chez l'homme, la protéine A en est le représentant le mieux compris. Elle intervient lorsque les deux brins d'une double hélice sont séparés, notamment lors de la réplication, la recombinaison et la réparation de l'ADN[91]. Ces protéines semblent stabiliser l'ADN monocaténaire et empêcher qu'il ne forme des structures en tige-boucle — épingle à cheveux — ou ne soit dégradé par des nucléases.
80
+
81
+ A contrario, d'autres protéines ne se lient qu'à des séquences d'ADN spécifiques. Parmi ces protéines, les plus étudiées sont les différents facteurs de transcription, qui sont des protéines régulant la transcription. Chaque facteur de transcription ne se lie qu'à un ensemble particulier de séquences d'ADN et active ou inhibe les gènes dont l'une de ces séquences spécifique est proche du promoteur. Les facteurs de transcription réalisent ceci de deux façons. Ils peuvent tout d'abord se lier à l'ARN polymérase responsable de la transcription, directement ou par l'intermédiaire d'autres protéines médiatrices ; ceci positionne la polymérase au niveau du promoteur et lui permet de commencer la transcription[92]. Ils peuvent également se lier à des enzymes qui modifient les histones au niveau du promoteur, ce qui a pour effet de modifier l'accessibilité de l'ADN pour la polymérase[93].
82
+
83
+ Dans la mesure où ces cibles d'ADN peuvent se distribuer dans tout le génome d'un organisme, un changement de l'activité d'un seul type de facteurs de transcription peut affecter des milliers de gènes[94]. Par conséquent, ces protéines sont souvent la cible de processus de transduction de signal contrôlant les réponses à des changements environnementaux, le développement ou la différenciation cellulaires. La spécificité de l'interaction de ces facteurs de transcription avec l'ADN vient du fait que ces protéines établissent de nombreux contacts avec les bords des bases nucléiques, ce qui leur permet de « lire » la séquence de l'ADN. La plupart de ces interactions ont lieu dans le grand sillon de la double hélice de l'ADN, là où les bases sont le plus accessibles[24].
84
+
85
+ Les nucléases sont des enzymes qui clivent les brins d'ADN en catalysant l'hydrolyse des liaisons phosphodiester. Les nucléases qui clivent les nucléotides situés à l'extrémité des brins d'ADN sont appelées exonucléases, tandis que celles qui clivent les nucléotides situés à l'intérieur des brins d'ADN sont appelées endonucléases. Les nucléases les plus couramment utilisées en biologie moléculaire sont les enzymes de restriction, qui clivent l'ADN au niveau de séquences spécifiques. Ainsi l'enzyme EcoRV reconnaît la séquence de six bases 5′-GATATC-3′ et la clive en son milieu. In vivo, ces enzymes protègent les bactéries contre l'infection par des phages en digérant l'ADN de ces virus lorsqu'il pénètre dans la cellule bactérienne[96]. En ingénierie moléculaire, elles sont utilisées dans les techniques de clonage moléculaire et pour déterminer l'empreinte génétique.
86
+
87
+ À l'inverse, les enzymes appelées ADN ligases peuvent recoller des brins d'ADN rompus ou clivés[97]. Ces enzymes sont particulièrement importantes au cours de la réplication de l'ADN car ce sont elles qui suturent les fragments d'Okazaki produits sur le brin retardé, appelé aussi brin indirect, au niveau de la fourche de réplication. Elles interviennent également dans les mécanismes de réparation de l'ADN et de recombinaison génétique[97].
88
+
89
+ Les topoisomérases sont des enzymes ayant à la fois une activité nucléase et une activité ligase. L'ADN gyrase est un exemple de telles enzymes. Ces protéines modifient le taux de surenroulement de l'ADN en sectionnant une double hélice pour permettre aux deux segments formés de tourner l'un par rapport à l'autre en relâchant les supertours avant d'être à nouveau suturés l'un à l'autre[17]. D'autres types de topoisomérases sont capables de sectionner une double hélice pour permettre le passage d'un autre segment de double hélice à travers la brèche ainsi formée avant de refermer cette dernière[98]. Les topoisomérases sont indispensables à de nombreux processus impliquant l'ADN, tels que la transcription et la réplication de l'ADN[18].
90
+
91
+ Les hélicases constituent des sortes de moteurs moléculaires. Elles utilisent l'énergie chimique de nucléosides triphosphate, essentiellement l'ATP, pour briser les liaisons hydrogène unissant les paires de bases et dérouler la double hélice d'ADN pour en libérer les deux brins[99]. Ces enzymes sont indispensables à la plupart des processus nécessitant que des enzymes accèdent aux bases de l'ADN.
92
+
93
+ Les ADN polymérases sont des enzymes qui synthétisent des chaînes de polynucléotides à partir de nucléosides triphosphates. La séquence des chaînes qu'elles synthétisent est déterminée par celle d'une chaîne de polynucléotides préexistante appelée matrice. Ces enzymes fonctionnent en ajoutant continuellement des nucléotides à l'hydroxyle de l'extrémité 3’ de la chaîne polypeptidique en cours de croissance. Pour cette raison, toutes les polymérases fonctionnent dans le sens 5’ vers 3’[100]. Le nucléoside triphosphate ayant une base complémentaire de celle de la matrice s'apparie à celle-ci dans le site actif de ces enzymes , ce qui permet aux polymérases de produire des brins d'ADN dont la séquence est exactement complémentaire de celle du brin matrice. Les polymérases sont classées en fonction du type de brins qu'elles utilisent.
94
+
95
+ Au cours de la réplication, les ADN polymérases ADN-dépendantes réalisent des copies de brins d'ADN. Afin de préserver l'information génétique, il est essentiel que la séquence des bases de chaque copie soit exactement complémentaire de la séquence des bases sur le brin matrice. Pour ce faire, de nombreuses ADN polymérases ont la capacité de corriger leurs éventuelles erreurs de réplication — fonction de proofreading. Elles sont pour cela capables d'identifier le défaut de formation d'une paire de bases entre le brin matrice et le brin en cours de croissance au niveau de la base qu'elles viennent d'insérer et de cliver ce nucléotide à l'aide d'une activité exonucléase 3’ → 5’ afin d'éliminer cette erreur de réplication[101]. Chez la plupart des organismes, les ADN polymérases fonctionnent au sein de grands complexes appelés réplisomes qui contiennent plusieurs sous-unités complémentaires telles que clamps — pinces à ADN — et hélicases[102].
96
+
97
+ Les ADN polymérases ARN-dépendantes sont une classe de polymérases spécialisées capables de copier une séquence d'ARN en ADN. Elles comprennent la transcriptase inverse, qui est une enzyme virale impliquée dans l'infection des cellules hôte par les rétrovirus, et la télomérase, enzyme indispensable à la réplication des télomères[37],[103]. La télomérase est une polymérase inhabituelle en ce qu'elle contient sa propre matrice d'ARN au sein de sa structure[38].
98
+
99
+ La transcription est réalisée par une ARN polymérase ADN-dépendante qui copie une séquence d'ADN en ARN. Afin de commencer la transcription d'un gène, l'ARN polymérase se lie tout d'abord une séquence de l'ADN appelée promoteur et sépare les brins d'ADN. Puis elle copie la séquence d'ADN constituant le gène en une séquence complémentaire d'ARN jusqu'à atteindre une région de l'ADN appelée terminateur, où elle s'arrête et se détache de l'ADN. Tout comme l'ADN polymérase ADN-dépendante, l'ARN polymérase II — enzyme qui transcrit la plupart des gènes du génome humain — fonctionne au sein d'un grand complexe protéique comprenant plusieurs sous-unités complémentaires et régulatrices[104].
100
+
101
+ Chaque division cellulaire est précédée d'une réplication de l'ADN conduisant à une réplication des chromosomes. Ce processus conserve normalement l'information génétique de la cellule, chacune des deux cellules filles héritant d'un patrimoine génétique complet identique à celui de la cellule mère. Il arrive cependant que ce processus ne se déroule pas normalement et que l'information génétique de la cellule s'en trouve modifiée. On parle dans ce cas de mutation génétique. Cette altération du génotype peut être sans conséquence ou, au contraire, altérer également le phénotype résultant de l'expression des gènes altérés.
102
+
103
+ Une double hélice d'ADN n'interagit généralement pas avec d'autres segments d'ADN et, dans les cellules humaines, les différents chromosomes occupent même chacun une région qui leur est propre au sein du noyau et appelée territoire chromosomique[106]. Cette séparation physique des différents chromosomes est essentielle au fonctionnement de l'ADN comme répertoire stable et pérenne de l'information génétique dans la mesure où l'une des rares fois où des chromosomes interagissent survient lors de l'enjambement responsable de la recombinaison génétique, c'est-à-dire lorsque deux doubles hélices d'ADN sont rompues, échangent leurs sections et se ressoudent.
104
+
105
+ La recombinaison permet aux chromosomes d'échanger du matériel génétique et de produire de nouvelles combinaisons de gènes, ce qui accroît l'efficacité de la sélection naturelle et peut être déterminant dans l'évolution rapide de nouvelles protéines[107]. La recombinaison génétique peut également survenir lors de la réparation de l'ADN, notamment en cas de rupture simultanée des deux brins de la double hélice d'ADN[108].
106
+
107
+ La forme la plus courante de recombinaison chromosomique est la recombinaison homologue, lors de laquelle les deux chromosomes en interaction partagent des séquences très semblables. Les recombinaisons non homologues peuvent fortement endommager les cellules car elles peuvent conduire à des translocations et des anomalies génétiques. La réaction de recombinaison est catalysée par des enzymes appelées recombinases, telle que la protéine Rad51[109]. La première étape de ce processus est une rupture des deux brins de la double hélice provoquée par une endonucléase ou par un dommage à l'ADN[110]. Une suite d'étapes catalysées par la recombinase conduit à réunir les deux hélices par au moins une jonction de Holliday dans laquelle un segment monocaténaire de chaque double hélice est ressoudé au brin complémentaire de l'autre double hélice. La jonction de Holliday est une jonction cruciforme qui, lorsque les brins ont des séquences symétriques, peut se déplacer le long de la paire de chromosomes en échangeant un brin avec l'autre. La réaction de recombinaison s'arrête par clivage de la jonction et suture de l'ADN libéré[111].
108
+
109
+ L'information génétique codée par l'ADN n'est pas nécessairement fixe dans le temps et certaines séquences sont susceptibles de se déplacer d'une partie du génome à une autre. Ce sont les éléments génétiques mobiles. Ces éléments sont mutagènes et peuvent altérer le génome des cellules. On trouve parmi eux notamment les transposons et les rétrotransposons, ces derniers agissant, contrairement aux premiers, à travers un ARN intermédiaire redonnant une séquence d'ADN sous l'action d'une transcriptase inverse. Ils se déplacent au sein du génome sous l'effet de transposases, enzymes particulières qui les détachent d'un endroit et les recollent à un autre endroit du génome cellulaire, et seraient responsables de la migration de pas moins de 40 % du génome humain au cours de l'évolution d'Homo sapiens[112].
110
+
111
+ Ces éléments transposables constituent une fraction important du génome des êtres vivants, notamment chez les plantes où ils représentent souvent l'essentiel de l'ADN nucléaire, comme chez le maïs où de 49 à 78 % du génome est constitué de rétrotransposons[113]. Chez le blé, près de 90 % du génome est formé de séquences répétées et 68 % d'éléments transposables[114]. Chez les mammifères, près de la moitié du génome — de 45 à 48 % — est constituée d'éléments transposables ou de rémanents de ces derniers, et environ de 42 % du génome humain est formé de rétrotransposons, tandis que 2 à 3 % est formé de transposons d'ADN[115]. Ce sont par conséquent des éléments importants du fonctionnement et de l'évolution du génome des organismes[116].
112
+
113
+ Les introns dits du groupe I et du groupe II sont d'autres éléments génétiques mobiles. Ce sont des ribozymes, c'est-à-dire de séquences d'ARN douées de propriétés catalytiques comme les enzymes, susceptibles d'autocatalyser leur propre épissage. Ceux du groupe I ont besoin de nucléotides à guanine pour fonctionner, contrairement à ceux du groupe II. Les introns du groupe I, par exemple, se retrouvent sporadiquement chez les bactéries, plus significativement chez les eucaryotes simples, et chez un très grand nombre de plantes supérieures. On les trouve enfin au sein de gènes d'un grand nombre de bactériophages de bactéries à Gram positif[117], mais de seulement quelques phages de bactéries à Gram négatif — par exemple le phage T4[117],[118],[119],[120].
114
+
115
+ L'information génétique d'une cellule peut évoluer sous l'effet de l'incorporation de matériel génétique exogène absorbé à travers la membrane plasmique. On parle de transfert horizontal de gènes, par opposition au transfert vertical découlant la reproduction des êtres vivants. Il s'agit d'un important facteur d'évolution chez de nombreux organismes[121], notamment chez les unicellulaires. Ce processus fait souvent intervenir des bactériophages ou des plasmides[122],[123].
116
+
117
+ Les bactéries en état de compétence sont susceptibles d'absorber directement une molécule d'ADN extérieure et de l'incorporer dans leur propre génome, processus appelé transformation génétique. Elles peuvent également obtenir cet ADN sous forme de plasmide d'une autre bactérie à travers le processus de conjugaison bactérienne. Enfin, elles peuvent recevoir cet ADN par l'intermédiaire d'un bactériophage (un virus) par transduction. Les eucaryotes peuvent également recevoir du matériel génétique exogène, à travers un processus appelé transfection.
118
+
119
+ L'ADN recèle toute l'information génétique permettant aux êtres vivants de vivre, de croître et de se reproduire. On ignore cependant si, au cours des 4 milliards d'années de l'histoire de la vie sur Terre, l'ADN a toujours joué ce rôle. Une théorie propose que ce soit un autre acide nucléique, l'ARN, qui ait été le support de l'information génétique des premières formes de vies apparues sur notre planète[124],[125]. L'ARN aurait joué le rôle central dans une première forme de métabolisme cellulaire dans la mesure où il est susceptible à la fois de véhiculer de l'information génétique et de catalyser des réactions chimiques en formant des ribozymes[126]. Ce monde à ARN, dans lequel l'ARN aurait servi à la fois de support de l'hérédité et d'enzymes, aurait influencé l'évolution du code génétique à quatre bases nucléiques, lequel offre un compromis entre la précision du codage de l'information génétique favorisée par un nombre restreint de bases d'une part et l'efficacité catalytique des enzymes favorisée par un plus grand nombre de monomères d'autre part[127].
120
+
121
+ Il n'existe cependant aucune preuve directe de l'existence passée de systèmes métaboliques et génétiques différents de ceux que nous connaissons aujourd'hui dans la mesure où il demeure impossible d'extraire du matériel génétique de la plupart des fossiles. L'ADN ne persiste en effet plus d'un million d'années avant d'être dégradé en fragments courts. L'existence d'ADN intact plus ancien a été proposée, en particulier celui d'une bactérie viable extraite d'un cristal de sel vieux de 150 millions d'années[128], mais ces publications demeurent controversées[129],[130].
122
+
123
+ Certains constituants de l'ADN — l'adénine, la guanine et des composés organiques apparentés — peuvent avoir été formés dans l'espace[131],[132],[133]. Des constituants de l'ADN et de l'ARN tels que l'uracile, la cytosine et la thymine, ont également été obtenus en laboratoire dans des conditions reproduisant celles rencontrées dans le milieu interplanétaire et interstellaire à partir de composés plus simples tels que la pyrimidine, retrouvée dans des météorites. La pyrimidine, tout comme certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) — les composés les plus riches en carbone détectés dans l'univers — pourraient se former dans les étoiles géantes rouges ou dans les nuages interstellaires[134].
124
+
125
+ Des méthodes ont été développées permettant de purifier l'ADN des êtres vivants, telles que l'extraction au phénol-chloroforme, et le manipuler en laboratoire, telles que les enzymes de restriction et la PCR. La biologie et la biochimie modernes font un usage intensif de ces techniques au cours du clonage moléculaire (en). L'ADN recombinant est une séquence d'ADN synthétique assemblée à partir d'autres séquences d'ADN. De tels ADN peuvent transformer des organismes sous forme de plasmides ou à l'aide d'un vecteur viral[137]. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) résultants peuvent être utilisés pour produire par exemple des protéines recombinantes, utilisées dans la recherche médicale[138], ou dans l'agriculture[139],[140].
126
+
127
+ L'ADN extrait du sang, du sperme, de la salive, d'un fragment de peau ou d'un poil prélevé sur une scène de crime peut être utilisé en médecine légale pour déterminer l'empreinte génétique d'un suspect. À cette fin, la séquence de segments d'ADN tels que des séquences microsatellites ou des minisatellites est comparée avec celle d'individus choisis pour l'occasion ou déjà répertoriés dans des bases de données. Cette méthode est généralement d'une très grande fiabilité pour identifier l'ADN correspondant à celui d'un individu suspect[141]. L'identification peut cependant être rendue plus complexe si la scène de crime est contaminée par l'ADN de plusieurs personnes[142]. L'identification par empreinte génétique a été développée en 1984 par le généticien britannique Sir Alec Jeffreys[143] et a été utilisée pour la première fois en 1987 pour confondre un violeur et tueur en série[144].
128
+
129
+ Dans la mesure où l'ADN accumule des mutations au cours du temps qui sont transmises par hérédité, il recèle des informations historiques qui, lorsqu'elles sont analysées par des généticiens en comparant des séquences issues d'organismes aux histoires différentes, permettent de retracer l'histoire de l'évolution de ces organismes, c'est-à-dire leur phylogenèse[145]. Cette discipline, mettant la génétique au service de la paléobiologie, offre un puissant outil d'investigation en biologie de l'évolution. En comparant des séquences d'ADN issues d'une même espèce, les généticiens des populations peuvent étudier l'histoire de populations particulières d'êtres vivants, un domaine allant de la génétique écologique jusqu'à l'anthropologie. Ainsi, l'étude de l'ADN mitochondrial au sein des populations humaines est utilisée pour retracer les migrations d'Homo sapiens. L'haplogroupe X a par exemple été étudié en paléodémographie afin d'évaluer la parenté éventuelle des Paléoaméricains avec les populations européennes du Paléolithique supérieur[146].
130
+
131
+ (en) Arbre phylogénétique soulignant les trois domaines du vivant : les eucaryotes sont représentés en rouge, les archées en vert et les bactéries en bleu[147].
132
+
133
+ Carte des migrations humaines déduite d'études phylogénétiques du génome mitochondrial humain[148].
134
+
135
+ La bio-informatique fait intervenir la manipulation, la recherche et l'exploration de données biologiques, ce qui comprend les séquences d'ADN. Le développement de techniques de stockage et de recherche de séquences d'ADN ont conduit à des avancées informatiques largement utilisées par ailleurs, notamment en ce qui concerne les algorithmes de recherche de sous-chaînes, l'apprentissage automatique et la théorie des bases de données[149]. Les algorithmes de recherche de chaînes de caractères, qui permettent de trouver une suite de lettres incluse dans une suite de lettres plus longue, ont été développés pour rechercher des séquences spécifiques de nucléotides[150]. La séquence d'ADN peut être alignée avec d'autres séquences d'ADN afin d'identifier des séquences homologues et situer les mutations spécifiques qui les distinguent. Ces techniques, notamment l'alignement de séquences multiples, sont utilisées afin d'étudier les relations phylogénétiques et les fonctions des protéines[151].
136
+
137
+ Les répertoires de données représentant la séquence complète d'un génome, tels que ceux produits par le Projet génome humain, atteignent une taille telle qu'ils sont difficiles à utiliser sans les annotations qui identifient l'emplacement des gènes et des éléments de régulation sur chaque chromosome. Les régions des séquences d'ADN qui possèdent les motifs caractéristiques associés aux gènes codant des protéines ou des ARN fonctionnels peuvent être identifiés par des algorithmes de prédiction de gènes, qui permettent aux chercheurs de prédire la présence de produits géniques particuliers et leur fonction possible au sein d'un organisme avant même qu'ils soient isolés expérimentalement[152]. Des génomes entiers peuvent également être comparés, ce qui peut mettre en évidence l'histoire de l'évolution d'organismes particuliers et permettre d'étudier des événements complexes de cette évolution.
138
+
139
+ Les nanotechnologies de l'ADN utilisent les propriétés uniques de reconnaissance moléculaire (en) de l'ADN et plus généralement des acides nucléiques afin de créer des complexes ramifiés d'ADN auto-assemblé doués de propriétés intéressantes[154]. De ce point de vue, l'ADN est utilisé comme matériau structurel plutôt que comme porteur d'une information biologique. Ceci a conduit à la création de réseaux périodiques bidimensionnels, qu'ils soient assemblés par briques ou par le procédé de l'origami d'ADN, ou tridimensionnels ayant une forme polyédrique[155]. On a également réalisé des nanomachines en ADN et des constructions par auto-assemblage algorithmique[156]. De telles structures en ADN ont pu être utilisées pour organiser l'arrangement d'autres molécules telles que des nanoparticules d'or et des molécules de streptavidine[157], une protéine qui forme des complexes très résistants avec la biotine. Les recherches en électronique moléculaire fondée sur l'ADN ont conduit la société Microsoft a développer un langage de programmation appelé DNA Strand Displacement[158] (DSD) utilisé dans certaines réalisations de composants nanoélectroniques moléculaires à base d'ADN[159],[160].
140
+
141
+ L'ADN étant utilisé par les êtres vivants pour stocker leur information génétique, certaines équipes de recherche l'étudient également comme support destiné au stockage d'informations numériques au même titre qu'une mémoire informatique. Les acides nucléiques présenteraient en effet l'avantage d'une densité de stockage de l'information considérablement supérieure à celle des médias traditionnels — théoriquement plus d'une dizaine d'ordres de grandeur — avec une durée de vie également très supérieure.
142
+
143
+ Il est théoriquement possible d'encoder jusqu'à deux bits de données par nucléotide, permettant une capacité de stockage atteignant 455 millions de téraoctets par gramme d'ADN monocaténaire demeurant lisibles pendant plusieurs millénaires y compris dans des conditions de stockage non idéales[161], et une technique d'encodage atteignant 215 000 téraoctets par gramme d'ADN a été proposée en 2017[162] ; à titre de comparaison, un DVD double face double couche contient à peine 17 gigaoctets pour une masse typique de 16 g — soit une capacité de stockage 400 milliards de fois moindre par unité de masse. Une équipe de l'Institut européen de bio-informatique est ainsi parvenue en 2012 à coder 757 051 octets sur 17 940 195 nucléotides[163], ce qui correspond à une densité de stockage d'environ 2 200 téraoctets par gramme d'ADN[164]. De son côté, une équipe suisse a publié en février 2015 une étude démontrant la robustesse de l'ADN encapsulé dans de la silice comme support durable de l'information[165].
144
+
145
+ Par ailleurs, d'autres équipes travaillent sur la possibilité de stocker des informations directement dans des cellules vivantes, afin par exemple d'encoder des compteurs sur l'ADN d'une cellule pour en déterminer le nombre de divisions ou de différenciations, ce qui pourrait trouver des applications dans les recherches sur le cancer et sur le vieillissement[166].
146
+
147
+ L'ADN a été isolé pour la première fois en 1869 par le biologiste suisse Friedrich Miescher sous la forme d'une substance riche en phosphore dans le pus de bandages chirurgicaux usagés. Comme cette substance se trouvait dans le noyau des cellules, Miescher l'appela nucléine[167],[168]. En 1878, le biochimiste allemand Albrecht Kossel isola le composant non protéique de cette « nucléine » — les acides nucléiques — puis en identifia les cinq bases nucléiques[169]. En 1919, le biologiste américain Phoebus Levene identifia les constituants des nucléotides, c'est-à-dire la présence d'une base, d'un ose et d'un groupe phosphate[170]. Il suggéra que l'ADN consistait en une chaîne de nucléotides unis les uns aux autres par leurs groupes phosphate. Il pensait que les chaînes étaient courtes et que les bases s'y succédaient de façon répétée selon un ordre fixe. En 1937, le physicien et biologiste moléculaire britannique William Astbury réalisa le premier diagramme de diffraction de l'ADN par cristallographie aux rayons X, montrant que l'ADN possède une structure ordonnée[171].
148
+
149
+ En 1927, le biologiste russe Nikolai Koltsov eut l'intuition que l'hérédité reposait sur une « molécule héréditaire géante » constituée de « deux brins miroirs l'un de l'autre qui se reproduiraient de manière semi-conservative en utilisant chaque brin comme modèle »[172]. Il considérait cependant que c'étaient des protéines qui portaient l'information génétique[173]. En 1928, le bactériologiste anglais Frederick Griffith réalisa une expérience célèbre qui porte dorénavant son nom et par laquelle il démontra que des bactéries vivantes non virulentes mises en contact avec des bactéries virulentes tuées par la chaleur pouvaient être transformées en bactéries virulentes[174],[175]. Cette expérience ouvrit la voie à l'identification en 1944 de l'ADN comme vecteur de l'information génétique à travers l'expérience d'Avery, MacLeod et McCarty[176]. Le biochimiste belge Jean Brachet démontra en 1946 que l'ADN est un constituant des chromosomes[177], et le rôle de l'ADN dans l'hérédité fut confirmé en 1952 par les expériences de Hershey et Chase qui démontrèrent que le matériel génétique du phage T2 est constitué d'ADN[178].
150
+
151
+ La première structure en double hélice antiparallèle aujourd'hui reconnue comme modèle correct de l'ADN a été publiée en 1953 par le biochimiste américain James Watson et le biologiste britannique Francis Crick dans un article devenu classique de la revue Nature[1]. Ils travaillaient sur le sujet depuis 1951 au laboratoire Cavendish de l'université de Cambridge, et entretenaient à ce titre une correspondance privée avec le biochimiste autrichien Erwin Chargaff, à l'origine des règles de Chargaff, publiées au printemps 1952, selon lesquelles, au sein d'une molécule d'ADN, le taux de chacune des bases puriques est sensiblement égal au taux de l'une des deux bases pyrimidiques, plus précisément le taux de guanine est égal à celui de cytosine et que le taux d'adénine est égal à celui de thymine[179],[180], ce qui suggéra l'idée d'un appariement de l'adénine avec la thymine et de la guanine avec la cytosine.
152
+
153
+ En mai 1952, l'étudiant britannique Raymond Gosling, qui travaillait sous la direction de Rosalind Franklin dans l'équipe de John Randall, prit un cliché de diffraction aux rayons X (le cliché 51[181]) d'un cristal d'ADN fortement hydraté. Ce cliché fut partagé avec Crick et Watson à l'insu de Franklin et fut déterminant dans l'établissement de la structure correcte de l'ADN. Franklin avait par ailleurs indiqué aux deux chercheurs que l'ossature phosphorée de la structure devait ��tre à l'extérieur de celle-ci, et non près de l'axe central comme on le pensait alors. Elle avait de surcroît identifié le groupe d'espace des cristaux d'ADN, qui permit à Crick de déterminer que les deux brins d'ADN sont antiparallèles[182]. Alors que Linus Pauling et Robert Corey publiaient un modèle moléculaire d'acide nucléique formé de trois chaînes entrelacées avec, conformément aux idées de l'époque, les groupes phosphate près de l'axe central et les bases nucléiques orientées vers l'extérieur[183], Crick et Watson finalisèrent en février 1953 leur modèle à deux chaînes antiparallèles ayant les groupes phosphate à l'extérieur et les bases nucléiques à l'intérieur de la double hélice, modèle aujourd'hui considéré comme la première structure correcte de l'ADN à avoir jamais été proposée.
154
+
155
+ Ces travaux furent publiés dans le numéro du 25 avril 1953 de la revue Nature à travers cinq articles décrivant la structure finalisée par Crick et Watson, ainsi que les preuves à l'appui de ce résultat. Dans le premier article, intitulé Molecular Structure of Nucleic Acids: A Structure for Deoxyribose Nucleic Acid, Crick et Watson indiquent : « il ne nous a pas échappé que l'appariement spécifique que nous avons postulé suggère immédiatement un mécanisme possible pour la réplication du matériel génétique »[1]. Cet article était suivi d'une publication du britannique Maurice Wilkins et al. portant sur la diffraction de rayons X par de l'ADN B in vivo, ce qui appuyait l'existence de la structure en double hélice dans les cellules vivantes et pas seulement in vitro[184], et de la première publication des travaux de Franklin et Goslin sur les données qu'ils avaient obtenues par diffraction aux rayons X et leur propre méthode d'analyse[185].
156
+
157
+ Rosalind Franklin mourut en 1958 d'un cancer et ne reçut donc pas le prix Nobel de physiologie ou médecine décerné en 1962, « pour leurs découvertes relatives à la structure moléculaire des acides nucléiques et leur importance pour le transfert de l'information génétique dans la matière vivante », à Francis Crick, James Watson et Maurice Wilkins[186], qui n'eurent pas un mot pour créditer Franklin de ses travaux ; le fait qu'elle n'ait pas été associée à ce prix Nobel continue de faire débat[187].
158
+
159
+ En 1957, Crick publia un document mettant en forme ce qui est aujourd'hui connu comme la théorie fondamentale de la biologie moléculaire en décrivant les relations entre l'ADN, l'ARN et les protéines, articulées autour de « l'hypothèse de l'adaptateur »[188]. La confirmation du mode de réplication semi-conservative de la double hélice est intervenue en 1958 avec l'expérience de Meselson et Stahl[189]. Crick et al. poursuivirent leurs travaux et montrèrent que le code génétique est fondé sur des triplets de bases nucléiques successifs appelés codons, ce qui permit le déchiffrement du code génétique lui-même par Robert W. Holley, Har Gobind Khorana et Marshall W. Nirenberg[190]. Ces découvertes marquèrent la naissance de la biologie moléculaire.
160
+
161
+ La structure hélicoïdale de l'ADN a inspiré plusieurs artistes, le plus célèbre étant le peintre surréaliste Salvador Dalí, qui s'en inspire dans neuf tableaux entre 1956 et 1976, dont Paysage de papillon (Le Grand masturbateur dans un paysage surréaliste avec ADN)[191],[192] (1957-1958) et Galacidalacidesoxyribonucleicacid[193] (1963).
162
+
163
+ We recovered 757,051 bytes of information from 337 pg of DNA, giving an information storage density of 2,2 PB/g (= 757 051 / 337×10−12). We note that this information density is enough to store the US National Archives and Records Administration’s Electronic Records Archives’ 2011 total of ~100 TB in < 0.05 g of DNA, the Internet Archive Wayback Machines’s 2 PB archive of web sites in ~1 g of DNA, and CERN’s 80 PB CASTOR system for LHC data in ~35 g of DNA.
164
+
165
+ Ich habe mich daher später mit meinen Versuchen an die ganzen Kerne gehalten, die Trennung der Körper, die ich einstweilen ohne weiteres Präjudiz als lösliches und unlösliches Nuclein bezeichnen will, einem günstigeren Material überlassend.
166
+
167
+ « Je pense que la taille des chromosomes dans les glandes salivaires [des drosophiles] est déterminée par la multiplication des génonèmes. Je désigne par ce terme le fil axial du chromosome, dans lequel les généticiens situent la combinaison linéaire des gènes ; … dans le chromosome normal, il n'y a généralement qu'un seul génonème ; avant la division cellulaire, ce génonème se trouve divisé en deux brins. »
168
+
169
+ Butterfly Landscape (The Great Masturbator in Surrealist Landscape with DNA) shows Dali’s take. Though this was the first, created only a few years after Watson and Crick’s announcement of the double-helix, DNA would show up in many of Dali’s future works. As the agent of creation, it is perhaps easy to see why butterflies spring from the iconic structure in this painting. But it also seems that Dali used DNA to symbolize not only creation, but the greater idea of God, and this may be why some of the molecular structure is visibly jutting from the clouds.
170
+
171
+ « Salvador Dali évoque son rapport à la science, notamment à l'ADN, comme source d'inspiration de son œuvre. Il donne à la science une dimension poétique et la détourne à des fins plastiques. Il la met en scène et l'utilise au service de ses fantasmes et de la méthode « paranoïaque-critique ». »
172
+
173
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+ Solanum melongena
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+ Espèce
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+ L’aubergine (Solanum melongena L.) est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Solanaceae, originaire d'Asie.
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+ Ce sont des plantes herbacées annuelles, largement cultivées pour leurs fruits comestibles comme plantes potagères ou maraîchères. L'espèce a été domestiquée en Asie depuis l'époque préhistorique. Le terme désigne également le fruit.
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+
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+ Elle constitue aux côtés des aubergines africaines : S. aethiopicum L., aubergine amère [2], ou gilo, et S. macrocarpon L., ou gboma, les trois espèces d'aubergines cultivées[3].
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+ À la différence de la pomme de terre et de la tomate, ces solanacées de l'Ancien Monde suivent un parcours de mondialisation qui leur est propre.
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+
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+ De Candolle donne pour origine du terme français moderne le sanskrit vaatingan, devenu baadangan en hindustani, bâdenǧân (بادنجان) en persan, patlıcan en turc, bedengiam, baadanjaan, al-bâdinjân en arabe (al est l'article défini), berenjena en espagnol, albergínia en catalan, aubergine en français. Le portugais beringela aurait été adopté en Inde sous la forme brinjal, que l'on retrouve dans le français béringéde, bringelle (employés à La Réunion et à l'île Maurice), et brème en français cadien[4].
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+
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+ L'aubergine s'est aussi nommée mélongène (ou mélongine). Avicenne est le premier à la nommer melongena, que retient Linné avec le nom binominal Solanum melongena. Le nom latin mala insana (« fruit malsain ») attribué au XVe siècle par Hermolao Barbaro, a été utilisé par les botanistes. Il a donné l'italien melanzana et le grec moderne melitzána (μελιτζάνα).
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+
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+ R. Arveiller a publié à ce sujet en 1969 une importante étude philologique intitulée Les noms français de l'aubergine[5].
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18
+ Le nom plante aux œufs, en usage en anglais (États-Unis) eggplant, à l'origine de l'allemand Eierfrucht, date de l'époque de l'occupation de l'Inde par les Britanniques. C'est en sanskrit qu'on dénombre le plus grand nombre de noms pour l'aubergine : 41, suivi du tamoul : 17 [6]
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+ Aubergine de Siam à fruits panachés désigne Solanum ferox et Solanum virginianum selon les auteurs [7],[2].
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+ Le port de l'aubergine est dressé, buissonnant, et 50 cm à 2 m de hauteur selon le climat.
23
+
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+ Les fleurs, de couleur blanche ou violette, solitaires, sont portées à l'aisselle des feuilles. Les fruits sont des baies d'une grande variété de forme (ovoïdes, piriformes, sphériques, cylindriques et très allongées) et de couleurs différentes (du blanc ivoire, jaune, vert, et plus généralement pourpre, violacé jusqu'à presque noir) uniformes, dégradées ou striée, comme la superbe Listada de Gandia violet sombre à raies et points crème.
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+
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+ L'espèce Solanum melongena a été décrite par Linné et publiée en 1753 dans son Species plantarum 1: 186[8].
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+
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+ Selon Catalogue of Life (28 août 2018)[9] :
29
+
30
+ Selon Tropicos (28 août 2018)[10] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :
31
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+ À la différence de la tomate (Solanum lycopersicum), de la pomme de terre (Solanum tuberosum), ou des poivrons et piments (Capsicum) originaires du Nouveau Monde, et qui ont fait l'objet d'une domestication secondaire en Europe, l'aubergine est une solanacée de l'Ancien Monde. Sa diffusion spontanée dans le Moyen-Orient et l'Asie du Sud précède sa domestication[11].
33
+
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+ L'aubergine est une plante domestiquée à plusieurs reprises[12] à partir de populations sauvages de S. incanum L. et S. undatum Lam , plantes morphologiquement et génétiquement proches et spontanées en Afrique du Nord [13] et Moyen-Orient[14],[15] Quoi qu'il en soit S. melongena, l'aubergine cultivée, n'existe pas à l'état sauvage[12]. En 2012, une équipe du New York Botanical Garden a reconstitué les routes de diffusion de l'aubergine cultivées depuis deux centres en Inde centrale et la Chine du Sud et d'un événement séparé de domestication en Indonésie du Nord-est[16].
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+
36
+ Concernant le centre indien, les anciens dictionnaires sanscrits donnent de nombreux noms pour l'aubergine dès avant notre ère. Concernant le centre chinois, la première mention de la culture de la plante date de 59 av. J.-C.[17]. Sa culture est attestée au Japon au VIIIe. En Mésopotamie antique, le Livre de l'agriculture nabatéenne recense six variétés [18] alors qu'elle est inconnue des Grecs et des Romains. Sa présence en Iran semble ancienne, c'est là que les Arabes la rencontrent et l'adoptent[19]. Le prophète Mahomet la recommande[20].
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+
38
+ Ce sont les Arabes qui l'introduisent en Méditerranée au IXe siècle, on trouve des restes d'aubergine longue en provenance d'Inde dans le port égyptien de Kusayr, ex-Myos Hormos (XIe – XIIIe siècle) [21], sa présence est établie au Xe siècle en Ibérie arabe [22]. Au XIe siècle, l'agronome Abû I-Khayr mentionne quatre cultivars : égyptiennes à fruit blanc et à fruit pourpre, syrienne à fruit rouge violet, locale à fruit noir, cordouanne à fruits brun. Analysant 120 recettes de légumes des deux livres de cuisine du Moyen Âge andalou (L'art culinaire d'Ibn Râzin al-Tujîbî et l'Anonyme andalou), Louis Albertini écrit : « L'aubergine est sans conteste le légume le plus apprécié des deux cuisiniers » (48 recettes). C'est un plat populaire, les bergers font le mu'allak, en la mijotant avec de l'agneau et du fromage de brebis [18]. Les premières recettes en dehors de la zone culturelle arabe sont attestées au XIVe siècle en Italie. Dans le Sud de l'Europe elle devient de consommation courante à la Renaissance.
39
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+ Au nord de l'Europe, elle attire la défiance depuis sa première mention vers 1280 par Albert le Grand dans son traité De vegetabilibus. Le nom italien melongiane signifie mala insana, c'est-à-dire fruit malsain. En français la mélongène est également nommée « pomme des fous ». Hildegarde de Bingen (XIIIe siècle) la considère comme un médicament. Il faut attendre le XIXe siècle pour qu'elle devienne un légume, alors qu'elle est déjà cultivée en Amérique, où les Portugais l'ont diffusée depuis le XVIIe siècle (Pison la rencontra au Brésil en 1658[23]). En 1808, Jaume Saint-Hilaire écrit encore à son propos « dans nos climats on ne la cultive que par curiosité et pour la singularité de ses fruits... Quelques médecins conseillent néanmoins d'en faire peu d'usage, parce qu'ils donnent des vents , des indigestions et des fièvres »[24].
41
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+ C'est en 1825 que le marchand de primeur Decouflé[3] la fait venir de Provence sur les marchés parisiens. De cette lente arrivée dans le Nord de la France il reste une méfiance envers l'aubergine qui n'a jamais totalement disparue. Sa consommation annuelle reste inférieure à 1 kg par habitant en 2013, à comparer aux 10 kg par habitant au Moyen-Orient. Michel Pitrat écrit : « Encore récemment un procès de l'aubergine fut fait dans la presse, pour les infimes traces de nicotine que ces fruits contiennent »[3]. Darra Goldstein, Kathrin Merkle rappellent qu'en Europe du Nord « la plupart des gens n'avaient encore jamais vu d'aubergines dans les années 1960 »[25]
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+ Une dizaine d'espèces voisines existent en Afrique [26].
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+ L'aubergine appartient au clade Leptostemonum (subgénero Leptostemonum Bitter) dont la taxinomie a été synthétisée en 2013[12]. Une équipe de généticiens chinois (2018) a séquencé 45 séquences microsatellites (marqueurs SSR) de 287 cultivars d'aubergines du monde entier, puis les ont classés en 4 groupes phylogénétiques : hormis 2 groupes marginaux (Afrique et Brésil, et le petit groupe d'aubergine thaï à petits fruits ovoïdes de diverses couleurs) les deux groupes ultra majoritaires ont des centres de gravité chinois pour le groupe III et diversifié de l'ancien monde pour le groupe IV [27].
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+ La domestication est vraisemblablement ancienne (Ier millénaire avant notre ère ?) primitivement en Inde et en Chine, puis sur une vaste zone du Sud-Est asiatique, toujours en climat chaud. Il en résulte une très grande diversité des variétés et cultivars[28]. Une étude (2019) des effets de la sélection humaine et sauvage sur les transcriptomes de l'aubergine montre que la pression sélective porte sur le fruit (gène OG12205) mais aussi sur la tolérance au stress et la résistance aux maladies (8 gènes concernés)[29].
49
+
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+ En culture potagère on cultive toujours des cultivars locaux ou fixés traditionnels. En culture intensive les hybrides F1 sont généralisés, les premiers hybrides F1 ont été mis au point au Japon dans les années 1930.
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+ 341 variétés sont inscrites au Catalogue officiel des espèces et variétés végétales [30](2018) dont 108 aux Pays-Bas, 71 en Italie, 45 en Espagne, 40 au Catalogue français [31], dont 2 sur la liste Sans Valeur Intrinsèque (SVI : qui correspond à la liste des anciennes variétés pour amateurs) et 3 en Belgique. La plupart des cultivars actuels sont des hybrides F1, sans pour autant que l'érosion génétique ne soit importante au niveau mondial. Bien au contraire, l'hybridation avec des espèces sauvages proches (S. torvum, S. anguivi, S. aethopicum) ouvre des possibilités nouvelles aux obtenteurs [32].
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+ Depuis 50 ans d'énormes ressources génétiques ont été rassemblées en Chine (3 000 accessions), en Inde (1 000 accessions) en Russie [33] et en Europe dans le cadre du réseau EGGplant genetic resources NETwork [1] l'INRA indique 1122 accessions en collection[34]. Les séquences SSR et les microsatellites sont rassemblés (2018) par une équipe italienne [35] dans une banque de donnée accessible sur le site Eggplant Microsatellite Database [2].
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+ L’amélioration des caractéristiques agronomiques répond dans un premier temps à la demande de la production intensive : taille, forme, poids, couleur, homogénéité des fruits, rendement et rapidité de la mise à fruit, adaptation aux conditions climatiques (lumière, chaleur) adaptation à la culture sous serre : réduction de la masse foliaire[36]. Le cultivar japonais Ryoma est destiné à la culture en pot en appartement et en hiver[37].
57
+
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+ Plus récemment, résistance aux maladies et propriétés organoleptiques et nutritionnelles sont devenus des axes de sélection[36]. La cartographie génétique a été réalisée en 2015 , elle est centralisé sur Eggplant Genome Project en Italie et Eggplant Genome DataBase[38] au Japon. Eggplant Microsatellite Database qui donne une bonne information au sujet de la recherche génétique a annoncé avoir inventorié les séquences microsatellites (SSR) en 2018 [39]. Les gènes impliqués dans la synthèse des anthocyanes qui colorent la peau sous l'effet de la lumière sont décrits en 2018 (sans qu'une démonstration expérimentale ne confirme les résultats du séquençage)[40].
59
+
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+ À partir d'une variété traditionnelle locale, Mahyco, filiale indienne de Monsanto, a développé une aubergine OGM (aubergine Bt) qui possède un gène de Bacillus thuringiensis (abrégé Bt), bactérie qui secrète une toxine insecticide, en vue de supprimer les dégâts causés par un lépidoptère (Leucinodes orbonalis). En effet, de nombreux insectes attaquent les cultures potagères d'aubergine sous les tropiques [41]. La diffusion de cette variété OGM est sous moratoire en Inde[42] depuis 2010 et formellement interdite depuis décembre 2016 dans l'état d'Uttarakhand [43]. Au Bangladesh, en revanche, après deux années de tests (sur 12 ha en 2014 puis sur 25 ha en 2015), en 2016 elle est cultivée avec succès par 6000 agriculteurs[44], le gouvernement bangladais déclare en janvier 2017 « développer une gamme d'aubergines locales OGM résistantes aux ravageurs »[45], en 2018 27000 agriculteurs l'adoptent [46].
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+ Une étude réalisée en hiver 2016-17, publiée en 2018, sur 851 agriculteurs donne un rendement 6,7 fois supérieur chez les agriculteurs Bt, le nombre d'application de pesticides est divisé par quatre avec une baisse de 61 % du coût des traitements, l'intention d'utiliser des aubergines Bt lors de la prochaine campagne est 100 % chez les Bt, et 86 % chez les non Bt[47]. En Inde l'aubergine est le deuxième légume le plus consommé après les pommes de terre[48]. À diverses reprises l'existence d'un marché noir des graines d'aubergine Bt - dont de fausse semence Bt - y a été signalée. En mai 2019, dans l'état de Maharashtra, le parti Shetkari Sangathan aide 1500 fermiers à planter ces OGM et prône la désobéissance civile [49] suite à la destruction par la force publique de 2 ha de culture interdite[50] appelant un nouveau satyagraha, héros de l'indépendance invoqué par Mahatma Gandhi dans cette même région pour les campagnes de désobéissance civile non-violente contre les colons britanniques[50]. Un avis juridique recommande au ministre de l'agriculture de détruire les plantations d'aubergine Bt et de poursuivre au pénal les agriculteurs contrevenant au moratoire [51]. Le motif est désormais le risque de pollution génétique des 2500 variétés (d'après la presse) traditionnelles locales, l'action répressive est conduite par le Ministère de l'environnement[52].
63
+
64
+ L'aubergine nommée Plante à œufs, Œuf Végétal, qui ressemble de près à l'œuf de poule aussi bien en forme qu'en dimensions est classée actuellement comme une sous espèce : S. melongena subsp. ovigerum (ex S. ovigerum Dunal). Elle aurait été domestiquée séparément aux Philippines en tant que plante décorative.
65
+
66
+ Le peu de chair disponible, une fois la peau épluchée et les graines retirées, en fait un légume plus décoratif qu'intéressant à consommer.
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+
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+ Plantes à œufs.
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+
70
+ Deux aubergines plante à œufs.
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+
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+ Aubergines œufs en saumure.
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+
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+ Aubergine œuf entre deux œufs de poule.
75
+
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+ Une domestication ancienne, vraisemblablement Ier millénaire avant notre ère en Inde et en Chine, puis gagnant une vaste zone peuplée du Sud-Est asiatique, la culture d’aubergines sauvages ou demi domestiquées (moyennement épineuses) en Afrique, de nombreuses zones de culture au gré des migrations humaines amènent une forte diversité des variétés et cultivars23.
77
+
78
+ Michel H. Porcher (Université de Melbourne – 2009) [53]a tenté un inventaire des cultivars disponibles au début du XXIe siècle et souligné la difficulté des classements. Il distingue :
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+
80
+ Solanum melongena est thermophile, sa plage de température est 10-12 °C (11,1 °C) à 32-35 °C (33,9 °C), optimal nocturne 17-22 °C (20 °C), optimal diurne 22 °C-27 °C (25 °C) la croissance s'arrête en dessous de 12 °C (11,6 °C). Les cultivars thaï (petits fruits ovoïdes) demandent des températures environ 25 % plus élevées. Elle redoute l'humidité excessive (optimal 50-60 %), exige une bonne luminosité y compris en climat sub tropical [58] : pour la culture hivernale en serre ou en plein champs [59] le climat sud méditerranéen est adapté[60]. La température optimale de germination est 20-30 °C (70-26,6 °C). Dans des climats tempérés chauds le semis en godets se fait durant les jours courts, le repiquage des jeunes plants de 6 à 7 semaines se fait quand la température minimale est de 10 °C (10 °C). La distance de plantation usuelle de 0.6 m. est confirmée dans une étude malaise (2018) [61]. Elle préfère un sol légèrement acide (pH 5.5 à 6[61]) et drainant[60], bien fumé (8 kg de fumier par mètre carré).
81
+
82
+ Au potager l'aubergine se taille en dégageant toute végétation des 10 premiers centimètres au-dessus du sol, dans les climats tempérés on laisse 2 ou 3 charpentières (conduite à deux branches)[60] et pince au-dessus du 2e étage de fleurs ( 6e étage au sud de la Méditerranée) de façon que les fruits mûrissent. En climat chaud le tuteurage est de rigueur. Il convient d'assurer une bonne aération de la plante afin d'améliorer la pollinisation et de prévenir de Botrytis et de Sclerotinia. Le froid et l'humidité sont préjudiciables à une bonne fructification, y compris en climat sub-tropical [62].
83
+
84
+ Le fruit est consommé immature quand il se colore en violet, vert ou blanc selon les cultivars, avant que les graines ne durcissent et quand il est brillant.
85
+
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+ Selon Karagiannidis & al (2002), parmi les oligoéléments qu'elle trouve normalement dans le sol et/ou dans l'eau, elle a notamment besoin de manganèse[63]. Les recherches sur les bio-stimulants de l'aubergine ont montré (2018) que l'application foliaire d'une solution à 3 % de poudre curcuma (Curcuma longa) a un effet favorable sur la croissance de la plante et sur le contenu nutritionnel du fruit[64].
87
+
88
+ Le greffage de l'aubergine est devenu une pratique courante en Chine et chez les professionnels, dans une moindre mesure chez les jardiniers amateurs. Il permet d'obtenir des plantes plus vigoureuses et de s'affranchir de maladies du sol[65]. Certaines variétés d'aubergines sont utilisées comme porte-greffe, notamment pour les tomates et réciproquement : l'aubergine greffée sur tomate gagne en précocité[60],[66].
89
+
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+ Les maladies et ravageurs de l’aubergine sont proches de ceux de la tomate, sachant que l'aubergine est plus rustique, notamment les cultivars locaux.
91
+
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+ Selon les climats et conditions de culture, les principaux ravageurs et maladies sont les maladies cryptogamiques : flétrissement verticillien, anthracnose, mildiou, divers phytophora, pourriture du collet, rouille de l’aubergine (aecidium habunguense), etc; les parasites : acariens, pucerons, mineuses dont tuta absoluta, nématodes à galles, le doryphore dans les climats tempérés, les punaises et les noctuelles...
93
+
94
+ Moins fréquentes sont les maladies bactériennes (maladie du flétrissement) mais non moins graves, tels les phytoplasmes provoquant le jaunissement de la feuille puis la mort, et les maladies virales : virus mosaïque.
95
+
96
+ Le site ephytia de l'INRA apporte une aide au diagnostic[67], une publication synthétique en anglais décrit les principales affections et la conduite à tenir [68].
97
+
98
+ L'amélioration variétale met à notre disposition de plus en plus de variétés résistantes, en climat tropical [69], comme en climat tempéré. Dans ces climats les cultivars les plus citées sont Baluroi F1 , Bonica F1, Cristal résistante à la mosaïque, Megal F1…
99
+
100
+ L'aubergine est encore peu consommée en Europe du Nord et en Amérique du Nord, voire très peu consommée dans les pays nordiques. Elle reste un légume asiatique (l'Asie produit 93 % des aubergines mondiales en 2013) et marginalement méditerranéen.
101
+
102
+ La Chine et l'Inde représentent 85 % de la production mondiale d'aubergine. La production chinoise a connu une croissance incroyable[70] depuis le début du XXIe siècle, les Chinois et les Taïwanais ont industrialisé la production de plants greffés en serre hors sol. La Chine est premier producteur mondial depuis 35 ans, elle a vigoureusement augmenté sa productivité.
103
+
104
+ En Europe, les principaux producteurs sont l'Italie, l'Espagne et la Grèce. En France, la production est concentrée dans le Midi (vallées du Rhône et de la Garonne). Les rendements y sont en moyenne de 25 t/ha.
105
+
106
+ Production en tonnes. Chiffres 2012-2013[71] Données de FAOSTAT (FAO)
107
+
108
+ L'aubergine se consomme cuite ou crue, notamment dans certaines cultures asiatiques, au Japon les «aubergines d'eau» (水ナス) se font en tsukemono ou au sel. On conserve la peau des variétés sans amertume, les cultivars modernes ont une peau de plus en plus fine et digeste.
109
+
110
+ Le goût de l'aubergine cuite évoque celui des champignons, Georges Cuvier le compare à celui de l'oronge[72].
111
+
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+ Elle est très peu calorique (24 calories pour 100 g, 2 % de l'AJR pour 100 g[73]), ne contient pas de graisses, et est riche en fibres solubles dont 100 g assure 10 %[74] de l'AJR. Elle apporte des minéraux, spécialement le potassium, le manganèse, le cuivre et le sélénium. Elle est riche en de nombreuses vitamines B (B1 ou thiamine, B5 ou acide pantothénique, B6 ou pyridoxine, B9 ou acide folique). Elle constitue donc une bonne candidate pour la diète anti-obésité, sous réserve de la cuisiner sans huile qu'elle prend plaisir à absorber (cuire à l'eau, à la vapeur, au four sous sac de cuisson, à sec où au jus de lime à la poêle, grillée, marinées, etc.). En 2019, une équipe brésilienne a conduit une expérimentation de quatre mois, double aveugle randomisée sur 420 femmes obèses soumises à un régime hypoénergétique avec ou sans addition de farine d'aubergine, la farine d'aubergine augmente significativement les effets anti oxydants et la réduction de la masse grasse[75].
113
+
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+ L'aubergine est une solanacée qui contient (comme la tomate ou la pomme de terre) des composés anti-nutritionnels : alcaloïdes stéroïdiques (glycoalcaloïdes) SGA, dont la solasodine, et des saponosides. Ces substances ont, selon leur dosage, des effets pharmaceutiques (hypocholestérolémique, hypotensives, anticancéreuse...) ou une toxicité plus ou moins grande. Elles étaient surtout présentes dans la peau du fruit des anciennes variétés. C'est pourquoi jadis on pelait les aubergines dont la peau était amère, ou on les dégorgeait au sel... les aubergines actuelles ont perdu beaucoup de leurs composants toxiques, en Asie les cultivars actuels locaux sont consommés crus avec leur peau. L'amélioration des qualités nutritionnelles de l'aubergine est un objectif prioritaire. En 2008, une publication espagnole sur les teneurs en composés phénoliques des aubergines a conclu qu'il existe des variations de compositions suffisantes entre cultivars pour poursuivre l'amélioration de l'aubergine et notamment à partir de cultivars locaux. En 2016 une publication italienne décrit la carte locus de caractères quantitatifs (LCQ ou QTL, parties de l'ADN) déterminant la biochimie et la morphologie de l'aubergine[36] ouvrant ainsi la voie à l'élimination totale des composés anti-nutritionnels.
115
+
116
+ En 2013 une expérience égyptienne chez le rat arthritique a montré une amplification des douleurs[76] en fonction directe des quantités de solanine de pomme de terre présente dans le sang. Cette publication affirme que de très faibles doses de solanine peuvent être toxiques. Dans la mesure où la solanine se concentre dans la peau et sous la peau des aubergines, consommer des aubergines pelées est une façon de limiter le risque pour les arthritiques.
117
+
118
+ En 2003, une étude approfondie réalisée par les pays nordiques - où il ne se consomme que 0,2 kg d'aubergine par an et par habitant - avait conclu que « dans l'état des connaissances, il est impossible de dire si la très faible exposition à ces substances lors de la consommation d'aubergine a une incidence sur notre santé »[77]
119
+
120
+ Cultivée sur des sols ou avec des eaux pollués l'aubergine peut être contaminée[78],[79]. La plante accumule spécialement le Cd, le Ni et le Pb[80]. Les taux de métaux lourds trouvés lors recherches (Pb, Zn, Cd et Ni) réalisées en Bulgarie[81], en Iran (800 échantillons)[82], en Irak (2010)[83] étaient inférieurs aux normes OMS en vigueur. Au-delà d'un certain seuil le cuivre[84] ou le chrome[85] peuvent avoir un effet phytotoxique[86].
121
+
122
+ Des cas d’allergie à l'aubergine sont documentés dans des publications indiennes. En 2008, une étude sur 761 sujets montre 1,4 % de symptômes allergiques en réaction à un test cutané, avec prédominance féminine[87]. Un cas a été analysé en Inde en 2008[88]. En 2009 une évaluation sur 6 sujets a permis d'identifier 6 allergènes présents « dans toutes les parties comestibles avec prépondérance dans la peau ». La même année une recherche de cultivars allergènes (à forte teneur teneur en histamine, qui est à peu près la même crue ou cuite) montre une forte hétérogénéité entre cultivars, les vertes sphériques ayant le plus fort pourcentage. « On peut en conclure écrivent les auteurs, que la quantité d'histamine présente dans l'aubergine ne produit pas une réponse SPT positive dans la majorité des sujets sans antécédents allergique aux aubergines, et qu'une réponse positive chez quelques sujets est susceptible d'être diagnostiquée à tort comme une allergie ».
123
+
124
+ En Chine, on aime l'aubergine (tsié 茄) en beignet ou frite, souvent servie en ragout avec du porc, en aigre doux et toujours assaisonnée d'ail, oignon, graines de sésame, etc. Les sites de recette chinois donnent une majorité de recette en sauce. Au Japon, cuite au four gratinée ou simplement ouverte coupée en deux, elle est servie avec un vinaigre sucré ou au miellé, tout comme la tempura d'aubergine. Dans l'infinie variété des recettes indiennes à noter les aubergines farcies d'oignon, fenouil, coriandre, poudre mangue sèche. Al-Wusla Ila Al-habib, auteur arabe égyptien du XIIIe siècle donne une recette d'aubergine à la mode indienne : « frites à l'huile de sésame... qui ont une saveur merveilleuse » [89]
125
+
126
+ En Iran, on conserve les aubergines confites dans du vinaigre (recette qui se retrouve en Espagne avec la Berenjena de Almagro[90])
127
+
128
+ Mulûkhiyya, kibritiyya... l'aubergine se sert avec de la viande en hachis ou en boulettes dans la cuisine médiévale arabe. De nos jours un penchant marqué de cette cuisine est l'aubergine farcie à la viande, au riz, aux légumes. L'aubergine panée est également fréquente.
129
+
130
+ Les usages médicaux et pharmaceutiques des diverses aubergines sauvages et cultivées sont aussi anciens que les usages alimentaires, dans son inventaire des sources archéobotaniques et linguistiques d'Inde, de Chine et des Philippines, Rachel Meyer et al. note 77 types d'indications relatives à la santé [91].
131
+
132
+ Les propriétés antioxydantes de l'aubergine sont remarquables, crue[92] ou cuite[88]. Elles sont en démontrées in vitro (2019)[93]. Une étude algérienne[94] a montré en 2014 que «(...) les extraits des cortex étudiés présentent une propriété antioxydante très élevée et révèlent leurs richesses en contenu polyphénolique par apport au fruit entier et la pulpe» , en particulier la variété violette pourpre. Les anthocyanes de la peau ne sont pas seules concernés, les composés phénoliques totaux, les flavonoïdes, l'acide ascorbique permettent de qualifier son activité antioxydante de puissante. Les études réalisées[95] sur un grand nombre de cultivars montrent une variabilité significative, les pourpres ressortent toujours en tête[96] les aubergines tropicales (S. gilo, S. kumba et S. aethiopicum) limitent la neurodégénérescence hyperglycémique chez le rat (2019) [97].
133
+
134
+ Ce sont ces propriétés qui suscitent les recherches actuelles, dont les résultats corroborent des observations traditionnelles : les extraits d'aubergine ont un effet hypotenseur et diurétique[98]. Une expérience japonaise (2019) conduite pendant 12 semaines sur 100 sujets humains hypertendus et en état de stress psychologique double aveugle contre placebo, montre que le groupe qui reçoit quotidiennement une gélule de 1.2 g. de poudre d'aubergine connait une baisse sensible de sa pression artérielle de la 8e semaine (P.A. diastolique) à la 12e semaine ( P.A. systolique) ainsi qu'une amélioration de l'état psychologique. Les auteurs attribuent cette action à l’acétylcholine présente dans l'aubergine (1.2g. de poudre équivaut à 2.3 mg d’acétylcholine par jour) [99].
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+
136
+ L'American Diabetes Association recommande une diète basée sur l'aubergine dans le cadre du contrôle du diabète type 2 [100], les résultats d'une étude publiée en 2011 montrent que l'aubergine crue ou grillée contient des composés puissamment cardioprotecteurs, une étude égyptienne publiée (2013) montre que les extraits de peau d'aubergine (Methanol Extract of the Peels : MEP) ont une activité anticancéreuse, la cytotoxicité des glycoalcaloïdes de la peau d'aubergine contre des lignées cellulaires de cancer du foie humain est démontrée in vitro en 2019[101], une étude brésilienne (2018) confirme un effet hypercholestérolémique[92].
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+ Le traitement des inflammations cutanées est un des usages de la pulpe d'aubergine en ethno-médecine. Une confirmation expérimentale a été obtenue chez la souris albinos : un gel à base de 10% d'alcoolat d'aubergine a un pouvoir cicatrisant aussi puissant qu'une formulation pharmaceutique régénérante réputée [102],[103].
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+ L'aubergine a une teneur en nicotine double de celle de la purée de tomate, proche de celle du poivre vert[104], largement inférieure au seuil de toxicité, environ 100 ng/g.[3][105] dont l'effet serait hypotenseur.
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+ L’aubergine est un des dix légumes le plus consommé par la majorité des humains. Elle bénéficie d’améliorations constantes.
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+ Une étude bangladaise a montré (2019) que la priorité de la recherche en vue d'améliorer la productivité et la qualité des aubergines doit porter prioritairement sur l'amélioration de cultivars plutôt que sur les conditions de culture[106]. L’apport de la génétique, énorme depuis une décennie, permet d’avancer sur deux problématiques prioritaires :
145
+
146
+ L’obtention de cultivars peu sensibles à la lumière et moins gourmands en chaleur est chose acquise, il reste donc à l’aubergine à conquérir les pays septentrionaux.
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+ Au Japon, premier pays développé consommateur d'aubergine, elle est consommée fraîche et juste cuisinée. Cette niche d’aubergine avec un goût délicat, vendues en frais demeurera. Mais son futur (sur le modèle de la tomate[109]) sera son adaptation au mode de vie actuel sous forme transformée, facile à consommer et à conserver (produits dérivés, surgelés, secs, plats cuisinés etc.) ce qui implique un important travail d’innovation.
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+ Une équipe de chercheurs roumains (2020) suggère l'addition d'extrait de peau d'aubergine dans la fabrication de la bière dont l'activité anti-oxydante se trouve croitre linéairement en fonction de la quantité ajoutée, tout en gagnant une jolie couleur rouge [110].
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+ Épines sur fleur d'aubergine plante à œufs.
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+ Épines sur feuille d'aubergine plante à œufs.
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+ Épines sous branches d'aubergine plante à œufs.
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+ Coupe transversale d'un fruit d'aubergine montrant la disposition des graines.
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+ Le terme parent, relatif à la famille, désigne la personne qui élève et protège l'enfant. Au singulier, désigne plus largement celui qui est membre de la même famille qu'une autre personne[1]. Au pluriel, ceux dont on descend en ligne directe.
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+ Selon le philosophe Hans Jonas, la responsabilité parentale englobe tous les aspects de la vie des enfants, de la simple existence jusqu'aux intérêts les plus élevés. La responsabilité s'exprime d'abord du point de vue corporel, d'être là à tous moments dans la santé comme la maladie ; ensuite vient s'ajouter toujours davantage tout ce qui tombe sous la notion d'« éducation », dans tous les sens : les aptitudes, les relations, le comportement, le caractère, le savoir, dont la formation doit être surveillée et encouragée et, si possible, le bonheur[2].
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+ Le mot « parent » est utilisé en analyse transactionnelle dans les états du Moi, il désigne un ensemble de comportements.
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+ Le père Noël est un personnage folklorique, archétypal, fictif et mythique lié à la fête de Noël dont les racines profondes remontent à des rites et croyances antiques. Il est associé à la mère Noël.
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+ Le père Noël tel qu'il est communément représenté (comme ci-contre, à droite) ne se réduit pas à la fonction « pédagogique » qui dominerait son usage actuel. Il peut être vu comme une construction syncrétiste relativement moderne mais ayant de lointaines origines : si Nicolas de Myre est traditionnellement considéré comme le saint à l'origine du père Noël, ce personnage cosmopolite est le fruit d'un mélange entre plusieurs traditions, contes, légendes et folklores. La sociologue Martyne Perrot résume ce syncrétisme : « l'idée que le père Noël est américain est partiellement vraie car la construction de ce personnage est en fait liée à l'histoire des migrants newyorkais ; c'est un personnage migrant, qui a pris un peu de tous les pays où il est passé et il est riche d'emprunts culturels divers. »[1]
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+ Noël renvoie au jour de la Nativité, c'est-à-dire au jour de la naissance de Jésus : le père Noël est donc avant tout rattaché à une fête chrétienne[réf. nécessaire].
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+ Pendant longtemps, on fêta la Nativité et l'Épiphanie — fixée au 6 janvier — le même jour. Au IVe siècle, sous le règne de l'empereur Constantin, la toute première célébration chrétienne de Noël a lieu à Rome à la date du 25 décembre 336 et il s'ensuivit que les deux événements furent fêtés distinctement.
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+ Le rapprochement de la fête de Noël avec celle des Saturnales dans la Rome antique a été fait depuis longtemps. Marquées par de grandes réjouissances populaires, les Saturnales voyaient les barrières sociales disparaître : on organisait des repas, on échangeait des cadeaux, on offrait des figurines aux enfants et on plaçait des plantes vertes dans les maisons, notamment du houx, du gui et du lierre. À partir de 274, les Saturnales sont prolongées le 25 décembre par le Dies Natalis Solis Invicti « le jour de naissance de Sol Invictus », le retour du Soleil, le rallongement du jour[2].
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+
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+ Pendant longtemps, l'année commençait avec les premiers jours du printemps, qui donnait lieu également à des rites. Symmaque écrit à la fin du IVe siècle, que « aux premiers jours de mars, en ville, on vit advenir la coutume d'offrir des cadeaux en souvenir du roi Tatius qui avait été le premier à lire les signes de bons auspices pour l'année à venir dans les branches de l'arbre fertile qui se trouvait dans le bois sacré de Strena. »[3] Certains exégètes juifs et chrétiens ont écrit que les fêtes de Hanoucca et de la Nativité avaient été créées pour contrebalancer les fêtes du « Soleil invaincu ». Au Moyen Âge, la fête des Fous donna lieu à tant d'excès qu'elle fut limitée, voire recadrée.
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+ Des ethnobotanistes comme Jonathan Ott (en) suggèrent l'idée que la tenue rouge et blanche du père Noël est liée à l'amanite tue-mouches utilisée par les chamanes en Sibérie pour ses propriétés psychoactives qui altèrent leur état de conscience, pouvant ainsi réaliser leur « vol » à travers le trou de fumée d'une yourte (ce rituel chamanique étant analogue au passage du père Noël par les cheminées)[4]. L'historien Ronald Hutton juge cette thèse sans fondement sérieux[5]. Le renne volant pourrait symboliser l'utilisation d'amanite tue-mouches par des chamanes samis[6].
16
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17
+ D'autres hypothèses relient le père Noël à la mythologie nordique. Il pourrait puiser ses origines dans les dieux Thor, vieillard habillé en rouge et à barbe blanche voyageant sur son char que tirent des boucs[7],[8], ou Odin chevauchant Sleipnir, son cheval à huit pattes (avatar du traîneau du père Noël, tiré par huit rennes)[9]. Certains ethnologues, tel Arnold van Gennep, veulent y voir le succédané ou la survivance d'un prétendu dieu celte Gargan qui portait une hotte et des bottes[10].
18
+
19
+ Avec l'arrivée de la chrétienté, il y eut plusieurs réformes pour essayer de supprimer les anciens rituels : en France, sous l'Ancien Régime, le 1er janvier est fixé comme premier jour de l'année civile par l'édit du Roussillon du 9 août 1564, mais d'autres États l'avaient adopté auparavant, comme le Saint-Empire romain. Du côté de Lyon, avant cet édit, par exemple, l'année commençait justement le 25 décembre[11].
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+
21
+ La légende de saint Nicolas est établie depuis le Moyen Âge : on le célèbre le 6 décembre, mais selon le calendrier Julien, le jour tombe le 19 décembre. Ce rite vient naturellement se confondre avec ceux, plus anciens, de célébration du solstice d'hiver. Personnage populaire de l'hagiographie chrétienne, son culte se développe rapidement en Europe occidentale après l'arrivée de ses reliques à Bari en Italie en 1087.
22
+
23
+ Lors des Croisades, au XIe siècle, sa dépouille avait été volée par des marchands italiens. Les reliques ont été transférées à Bari. Un chevalier lorrain aurait aussi récupéré une de ses phalanges et l’offrit à l’église de Port. Devenue lieu de pèlerinage, la ville est alors rebaptisée Saint-Nicolas-de-Port. Saint Nicolas devient le saint patron de la Lorraine. En 1477, le duc de Lorraine, René II, lui attribue sa victoire contre Charles le Téméraire[12]. Par la suite, sa légende sera reliée à la Nativité. Il deviendra dans presque toute la France « Papa Noël » soit « père de la Nativité ».
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+ À Bari, la relique aurait produit des miracles. Selon une légende, saint Nicolas aurait ressuscité trois enfants découpés par un horrible boucher. Il est alors présenté comme le saint protecteur des tout-petits. C’est pourquoi, en sa mémoire, le 6 décembre de chaque année, principalement dans les pays d’Europe du Nord et de l’Est (notamment dans l’Est de la France en Alsace, à Metz, à Nancy et à Saint-Nicolas-de-Port), la coutume veut qu’un personnage, habillé comme on imaginait que saint Nicolas l’était (grande barbe, crosse d’évêque, mitre, grand vêtement à capuche), va alors de maison en maison pour offrir des cadeaux aux enfants sages. Au XVIe siècle, la légende du saint s’enrichit avec le personnage du père Fouettard qui punit les enfants désobéissants (selon certaines traditions, celui-ci serait en fait le boucher de la légende). En France, à partir du XIIe siècle également, le vieux qui présidait ce cortège est par la suite appelé « Noël ».
26
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27
+ Dans l'historiographie, le « bonhomme Hiver » remonte au Moyen Âge, il est cet homme usé qui vient se réchauffer au feu nouveau (la grosse bûche consacrée) et à qui l'on offre des présents. Au XVIIIe siècle, l'idée de Noël comme jour sacré de la famille fait son chemin tant dans l'aristocratie que chez les bourgeois et les artisans. Au cours de la première révolution industrielle, se met en place un processus qui associe cadeaux, commerce et moments de générosité envers les enfants : c'est l'invention de la vitrine pleine de jouets et du mythe de la cheminée, profondément urbaine.
28
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+ Au moment de la Réforme, les protestants luthériens, qui rejettent le rôle patronal des saints, remplacent saint Nicolas par l’enfant Jésus (le Christkind allemand). Aux Pays-Bas, saint Nicolas se transforme après la Réforme en un personnage semi-laïc, Sinter Klaas par l’influence des huguenots. Au Canada, les francophones catholiques utiliseront longtemps le personnage de l’enfant Jésus, alors que Santa Claus se charge de distribuer des cadeaux aux petits anglophones. Au XVIIIe siècle, les souverains allemands entament un processus de laïcisation[réf. nécessaire] : les figures chrétiennes sont remplacées par d’anciens symboles germaniques. C’est le retour du petit peuple des fées, des elfes et du vieil homme de Noël (le Weihnachtsmann) qui distribue en traîneau des sapins décorés de cadeaux.
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31
+ L'historiographie du père Noël est donc très complexe : à la fin du XVIIe siècle, on trouve par exemple un « father Christmas » dans des gravures anglaises, qui renvoie à des mascarades depuis longtemps établies au moment du solstice d'hiver dans toutes les îles Britanniques. La tradition du père Noël semble donc avoir des origines en Europe du Nord.
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+ Le père Noël est l'équivalent français du Father Christmas britannique, du Santa Claus nord-américain dont le nom est lui-même une déformation du Sinterklaas (saint Nicolas) néerlandais. Il est, par son apparence, en partie inspiré de Julenisse, un lutin nordique qui apporte des cadeaux, lors de la fête du milieu de l'hiver appelée la Midtvintersblot.
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35
+ Le père Noël a-t-il toujours été en habits rouges, avec une barbe et un bonnet pointu ? Non : l'imagerie française le montre vers 1870-1890 en vieil homme habillé d'un manteau principalement vert et parfois bleu. Un peu avant 1914, il s'habille de rouge.
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37
+ Le père Noël tel que nous le connaissons aujourd'hui est issu d'un triple mouvement en profondeur, l’américanisation, l’uniformisation et la déchristianisation[13]. Il est popularisé dans la deuxième moitié du XIXe siècle aux États-Unis, nation d’immigrants, en majorité de protestants qui rapportent avec eux les traditions européennes et les légendes des pays froids, leurs rennes, leurs lutins et leurs sapins[14]. Il prend le nom de Santa Claus, directement inspiré du saint Nicolas des Flandres néerlandaises.
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39
+ En 1821, le livre A New-year’s Present, to the Little Ones from Five to Twelve (Un Cadeau pour le nouvel an aux petits de cinq à douze ans) est publié à New York (sous l’influence des Hollandais qui, en fondant La Nouvelle-Amsterdam au XVIIe siècle, importent le Sinter Klaas[15]). Il contient le poème anonyme Old Santeclaus qui décrit un vieil homme qui apporte des cadeaux aux enfants sur un traîneau tiré par des rennes[16].
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41
+ Le 23 décembre 1823, le journal Sentinel de Troy, dans l'État de New York, publie anonymement (mais attribué au professeur américain Clement Clarke Moore ou au major Henry Livingston Junior) le poème A Visit from St. Nicholas dans lequel saint Nicolas est présenté comme un lutin sympathique, dodu et souriant, qui distribue des cadeaux dans les maisons et se déplace sur un traîneau volant tiré par huit rennes nommés respectivement : Fougueux (Dasher), Danseur (Dancer), Fringant (Prancer), Rusé (Vixen), Comète (Comet), Cupidon (Cupid), Tonnerre (Donder) et Éclair (Blitzen)[17]. Ce poème a joué un rôle très important dans l’élaboration du mythe actuel, reprenant les attributs de saint Nicolas (barbe blanche, vêtements rouges et hotte) mais troquant sa mitre, sa crosse et son âne pour un bonnet rouge, un sucre d'orge et un traîneau tout en se débarrassant du père Fouettard[18]. Après le journal Sentinel en 1823, il est repris les années suivantes par plusieurs journaux britanniques et américains (notamment sous l'influence des illustrateurs John Tenniel pour l'hebdomadaire Punch en 1850 et Thomas Nast dans le Harper's Weekly en 1863 qui fixent la figure du père Noël que nous connaissons aujourd'hui, un joyeux vieillard dodu à barbe blanche de 153 à 193 ans, pantalon bouffant retenu par un ceinturon noir et vareuse bordée de fourrure blanche, bonnet rouge et hotte remplie de jouets[19],[17]), puis traduit en plusieurs langues et diffusé dans le monde entier[20].
42
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43
+ Il ne semble pas que la fête de Saint-Nicolas soit réapparue à New York durant la guerre d'indépendance, pour raviver la mémoire de l'origine hollandaise de la ville, autrefois appelée La Nouvelle-Amsterdam : cette thèse a été réfutée par Charles W. Jones qui affirme ne pas avoir retrouvé de documentation pour l'étayer[21]. Howard G. Hageman, qui maintient l'existence d'une fête populaire de Saint-Nicolas chez les premiers colons hollandais de la vallée de l'Hudson en dépit de l'hostilité de la hiérarchie protestante, affirme cependant que cette tradition hollandaise de fêter saint Nicolas avait complètement disparu lorsque Washington Irving fonda la St. Nicholas Society of New York en 1835[22].
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+ C'est vers 1850 que le passage de la célébration de la Saint-Nicolas à celle de Noël se fixe au Royaume-Uni, en lien avec Charles Dickens et ses « Livres de Noël » qui connaissent un gros succès (des traductions en français sont disponibles moins de dix ans plus tard). En 1863, le journal new-yorkais Harper's Weekly représente un « Santa Claus » vêtu d'un costume orné de fourrure blanche et d'une large ceinture de cuir. Pendant près de trente ans, Thomas Nast, illustrateur et caricaturiste du journal, décline ensuite par des centaines de dessins tous les aspects de la légende de Santa Claus et donne au mythe ses principales caractéristiques visuelles : un petit bonhomme rond, vêtu d'une houppelande en fourrure, la pipe au coin de la bouche comme un Hollandais (notamment dans un livre en couleur de 1866 intitulé Santa Klaus and his works où la couleur rouge de l'habit est établie, mais pas encore le blanc de la fourrure parfois de couleur sombre). C'est également Nast qui, dans un dessin de 1885, établit la résidence officielle du père Noël au pôle Nord. Les raisons du choix d'une contrée froide et éloignée ne sont pas claires mais certainement en rapport avec l'iconographie de Santa Claus habillé chaudement et utilisant un traîneau tiré par des rennes. Le petit-fils de Nast a affirmé que le choix de son grand-père a été dicté par le fait que ce pôle est équidistant de la majorité des pays de l'hémisphère Nord[23]. Cette idée est reprise l'année suivante par l'écrivain George P. Webster qui précise que « sa manufacture de jouets et sa demeure, pendant les longs mois d'été, sont cachées dans la glace et la neige du pôle Nord »[24].
46
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+ Qu'il soit appelé Father Christmas ou Santa Claus en anglais, Weihnachtsmann en allemand, ou père Noël, sa fonction principale est de distribuer des cadeaux aux enfants dans les maisons pendant la nuit de Noël qui a lieu chaque année du 24 au 25 décembre.
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+ Même si le mythe peut varier fortement d'une région à l'autre, notamment à cause du climat du 25 décembre qui peut aller du début de l'hiver dans l'hémisphère nord au début de l'été dans l'hémisphère sud, on l'imagine généralement comme un gros homme avec une longue barbe blanche, habillé de vêtements chauds de couleur rouge avec un liseré de fourrure blanche ; des lutins l'aident à préparer les cadeaux. Il effectue la distribution à bord d'un traîneau volant tiré par des rennes.
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51
+ Il entre dans les maisons par la cheminée et dépose les cadeaux dans des chaussures disposées autour du sapin de Noël ou devant la cheminée (en France), dans des chaussettes prévues à cet effet accrochées à la cheminée (en Amérique du Nord et au Royaume-Uni), ou tout simplement sous le sapin. En Islande, il dépose un petit cadeau dans une chaussure que les enfants laissent sur le bord d'une fenêtre dès le début du mois de décembre. Au Québec, les cadeaux au pied du sapin sont de mise, en plus des « bas de Noël » disposés sur la cheminée dans lesquels on met les petites surprises.
52
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53
+ Jusqu'au tournant du XXe siècle, le père Noël n'a que huit rennes (Tornade, Danseur, Furie, Fringant, Comète, Cupidon, Éclair et Tonnerre). Le neuvième, nommé Rudolph (Rodolphe en français), fut créé en 1939 par le poète Robert L. May dans un conte où le père Noël doit affronter des conditions météorologiques si mauvaises qu'il risque d'être en retard dans sa livraison de cadeaux. Dans cette histoire, il réussit à les distribuer grâce au nez lumineux de Rudolph qui l'orientait dans la tempête.
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+ En 2001 est sorti un film d'animation anglais avec des personnages en pâte à modeler dont le héros est Robbie le renne qui rêve de devenir un membre de l'attelage du père Noël comme son père.
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57
+ Le lieu d'habitation supposé du père Noël est très controversé. Selon les Norvégiens il habite à Drøbak, à 50 km au sud d'Oslo. Pour les Suédois, c'est à Gesunda (en), au nord-ouest de Stockholm, et pour les Danois au Groenland. Les Américains considèrent encore aujourd'hui qu'il habite au pôle Nord. En 1927 les Finlandais ont décrété que le père Noël ne pouvait pas y vivre, car il lui fallait nourrir ses rennes : ils fixèrent sa résidence en Laponie, au Korvatunturi puis, cette région étant un peu isolée, ils l'ont fait déménager près de la ville de Rovaniemi au Village du Père Noël. Depuis 1999, Ded Moroz, le cousin russe du père Noël, avec sa petite fille Snégourotchka, a une résidence officielle dans la ville de Veliki Oustioug, dans le nord de la Russie[25]. Au Canada une grande partie de la population croit qu'il réside au pôle Nord, certains qu'il serait dans le grand nord canadien. Selon la célèbre chanson de Joseph (Pierre Laurendeau), reprise par Les Colocs, le personnage serait en fait québécois comme l'indique le titre lui-même, Le Père Noël c't'un Québécois.
58
+
59
+ En 1953, Réal Rousseau et Jacques T. Melchers construisirent la résidence d'été du père Noël à Val-David dans les Laurentides, au Québec. Le père Noël y déménagea l'année-même et y arriva en hélicoptère. Il y revient à chaque été et a reçu près de 3 millions de visiteurs[26].
60
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61
+ Dans le Pacifique, l'île Christmas se revendique également comme une résidence secondaire du père Noël. La Turquie, qui a gardé des reliques de saint Nicolas dans la très touristique région d'Antalya, est aussi de la partie.
62
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63
+ Dans certains pays, une lettre envoyée au père Noël (quelle que soit l'adresse inscrite : pôle Nord, Laponie ou autre) peut être traitée par le service des postes qui répond ainsi aux jeunes expéditeurs.
64
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65
+ H0H 0H0 est un code postal utilisé par Postes Canada pour acheminer le million de lettres annuelles destinées au père Noël au pôle Nord. En 1974, le personnel de Postes Canada à Montréal recevait une quantité considérable de lettres adressées au père Noël et ces lettres étaient traitées comme « indistribuables ». Comme les employés ne voulaient pas que les expéditeurs, pour la plupart des enfants, soient déçus par l'absence de réponse, ils se mirent à répondre eux-mêmes. La quantité de courrier adressé au père Noël a augmenté chaque année, au point où Postes Canada décida de mettre en place un programme officiel de réponse aux lettres adressées au père Noël, en 1983. Environ un million de lettres pour le père Noël sont reçues chaque année, dont certaines provenant d'autres pays que le Canada. Chaque expéditeur recevra une réponse dans la langue qu'il a utilisée pour écrire au père Noël.
66
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67
+ Postes Canada a mis en place une adresse spéciale pour le père Noël, avec son code postal dédié[27] : Père Noël, Pôle Nord H0H 0H0, Canada. Le code postal « H0H 0H0 » a été choisi en ressemblance au rire caractéristique du père Noël (en anglais) : « Ho ! Ho ! Ho ! ».
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69
+ Le 22 décembre 2010, le ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration a affirmé lui avoir remis son certificat de citoyenneté[28].
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+ D'après la Base historique du vocabulaire français[29], le premier emploi attesté de la locution nominale père Noël se trouve dans le numéro de La Revue comique à l'usage des gens sérieux paru le 23 décembre 1848 :
72
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73
+ « – Pan ! pan ! – Qui est là ? – Le vieux père Noël de 1848. – Farceur ! – Il n'y a pas de farceur ; je suis réellement le père Noël qui vient vous rendre visite. Ouvrez, je meurs de froid. – Entrez, alors ; mais, à vrai dire, je ne vous attendais guère. Pourquoi n'êtes-vous pas tombé chez moi par la cheminée, selon l'usage[30] ? »
74
+
75
+ Le Trésor de la langue française informatisé[31] retient comme premier emploi significatif de père Noël celui qu'en fait l'écrivaine George Sand dans son Histoire de ma vie, parue en 1855 :
76
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77
+ « Ce que je n'ai pas oublié, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à barbe blanche, qui, à l'heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y trouvais à mon réveil[32]. »
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80
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81
+ La date de la disparition de Cupidon coïncide étrangement à la première découverte d'ivoire dans les dents humaines.
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+ Cet usage propre à George Sand cité ci-dessus n'est pas général à la France de cette époque, puisque dans la deuxième partie du XIXe siècle, on parle du « bonhomme de Noël », du « bonhomme Noël », ou du « petit Noël ou petit Jésus »[33]. D'autre part, la France est surtout un ensemble de traditions locales très riches et variées : par exemple, la Provence privilégie les santons, la crèche et l'arrivée des Rois Mages chargés de cadeaux ; en Franche-Comté, il s'agit d'une fée montée sur son âne, qui arrive le jour de Noël ou, bien plus tard, le jour de l’Épiphanie — l'arrivée des Rois chargés de présents —, comme en Italie, où la Befana, qui est aussi une sorte de fée ou de mère-fouetarde, vient récompenser ou punir les enfants dans la nuit précédant le jour de l'Épiphanie : elle offre soit des bonbons, soit du charbon, et cette tradition est encore très vive dans la Péninsule, profondément attachée aux figures féminines (comme la Vierge), et où les enfants n'ont leurs cadeaux que ce jour-là et non pas le soir du 24 décembre[34].
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+
85
+ Depuis le début du XXe siècle, cette fête se laïcise et n'est plus l'apanage des chrétiens.
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87
+ En 1946, la chanson Petit Papa Noël est transmise sur les ondes françaises : à l'origine, elle a été créée en hommage aux enfants dont les pères sont absents du fait de la guerre.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, le père Noël à l'image actuelle (vieillard débonnaire barbu, rondelet et jovial, à la houppelande rouge et au ceinturon noir) arrive en France avec le plan Marshall et la marque Coca-Cola qui fige cette image du père Noël qu’il n’a pas créée, mais simplement popularisée, dans les années 1930. Une campagne de presse condamnant son utilisation comme outil de merchandising est alors menée[35] et atteint son paroxysme lorsqu'un prêtre dijonnais, Jacques Nourissat, condamne au bûcher le personnage du père Noël, outré qu'il soit à l'effigie des grands magasins de Dijon. Cet autodafé a lieu sur les grilles de la cathédrale Saint-Bénigne le 23 décembre 1951. Cet évènement donne lieu à de vifs débats entre les écrivains catholiques Gilbert Cesbron et François Mauriac, qui reprochent la marchandisation du père Noël, tandis que des personnalités comme René Barjavel, Jean Cocteau ou Claude Lévi-Strauss prennent sa défense[36].
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+ Le secrétariat du Père Noël est créé par le ministre des PTT, Jacques Marette, en 1962 dans le service des « rebuts » de l'hôtel des Postes à Paris. Il est ensuite transféré en 1967 au sein du centre des recherches du courrier la Poste à Libourne (le seul qui soit autorisé à ouvrir le courrier)[37]. La lettre au Père Noël est donc ouverte pour retrouver l'adresse de l'expéditeur et lui envoyer gratuitement une carte-réponse. La première « secrétaire du père Noël » qui rédige ainsi la première réponse par l'entremise des PTT en 1962, est en réalité la propre sœur du ministre Marette, la pédiatre et psychanalyste[38] Françoise Dolto[39].
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+ Cette opération, plébiscitée par les enfants et leurs parents, connaît un succès grandissant : le courrier reçu par le père Noël a plus que doublé en dix ans. En 2007, le père Noël a reçu plus d'1,6 million de courriers, dont 1,43 million de lettres et 181 200 courriels (via le portail Internet du Groupe La Poste et le site du père Noël de La Poste - www.laposte.fr/pere-noel)[40], cette évolution se stabilisant depuis[41]. Le Service Client Courrier de Libourne est toujours au service du père Noël. En 2012, plus de 1 700 000 lettres et de 200 000 courriels, en provenance de plus de 120 pays. Chaque enfant peut imaginer l'adresse qu'il souhaite et le nom du père Noël, la lettre arrivera et sera traitée. En 2014, toute l'histoire du secrétariat du père Noël de La Poste est racontée pour la première fois dans un livre scientifique[42].
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+ La dimension mercantile de Noël ne doit pas être évacuée : c'est un dispositif mis en place depuis au moins le milieu du XIXe siècle. Comme le démontre du reste Martyne Perrot, « il s’agit d’une fête et d’une pratique qui sont étroitement liées aux différentes évolutions du commerce, que ce soit pour les bimbeloteries ou le développement des grands magasins. On voit apparaître alors, dès le XIXe siècle, différentes innovations qui perdurent encore de nos jours : les catalogues qui soulignent les tendances du moment, les affiches publicitaires avec les premiers personnages incarnant Noël, l’empaquetage systématique du présent par du papier cadeau, ou encore l’instauration des premières vitrines animées des grands magasins[43]. »
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+ L'idée selon laquelle le père Noël aurait été dessiné par la compagnie Coca-Cola en 1931 est une légende urbaine[44],[45]. Une étude de la représentation du père Noël dans les années précédentes montre en effet que l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui était déjà répandu, y compris sa couleur rouge, utilisée dès 1866, et même avant, par exemple aux Pays-Bas[46]. Ainsi, dès 1896, le père Noël apparaît déjà habillé en rouge et blanc essentiellement sous sa forme actuelle dans plusieurs couvertures du magazine Puck. Cette couleur est dès lors celle qui est principalement associée à la pompe ecclésiastique, de même que la mitre : cependant, lorsque l'on regarde l'iconographie de saint Nicolas sur plusieurs siècles, l'habit prend de multiples couleurs... Coca-Cola, en 1931, associe sa marque aux représentations de Santa Claus fabriquées par l'illustrateur Haddon Sundblom qui travailla longtemps pour la D'Arcy Advertising Agency (en) : il s'inspira du poème A Visit From St. Nicholas datant de 1822 et se prit lui-même pour modèle[47]. De nombreuses entreprises avaient déjà utilisé son image dans des publicités, comme le fabricant de stylos Waterman en 1907, le manufacturier de pneumatiques Michelin[46] en 1919, le fabricant de savon Colgate en 1920 et même Coca-Cola, dès les années 1920, qui reprit alors les illustrations de Thomas Nast[47]. Néanmoins, il est vraisemblable que Coca-Cola ait largement contribué à fixer l'image actuelle du père Noël[48].
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+ Dans les régions européennes où la tradition de Santa Claus n'existait pas, l'arrivée du père Noël sous sa forme actuelle a pu être ressentie comme l'intrusion d'une fête américaine dans un contexte principalement marchand, ce qui a pu susciter quelques réactions de rejet. Ainsi, le 23 décembre 1951, un Dijonnais particulièrement exalté brûla l'effigie du père Noël sur le parvis de la cathédrale[49].
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+ Aujourd'hui, le père Noël est également utilisé, le 25 décembre, dans des pays n'ayant pas de tradition chrétienne, tels que la Chine, comme outil de vente et comme occasion d'offrir des cadeaux, de décorer la ville et de réunir la famille. La hotte du père Noël[50] peut être un panier ou être une sorte de grand sac marron dans lequel les cadeaux des enfants doivent être entreposés.
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+ « La marque « Papa Noël » vaut 1 600 milliards de dollars, tandis qu'Apple est évaluée à 87,3 milliards », affirmait David Haigh, PDG de Brand Finance en 2013[51], qui ajoute : « Il n'est pas étonnant que des marques comme Coca-Cola, Volkswagen ou KFC se pressent pour obtenir son appui. »
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+ Toutes ces marques sont connues dans le monde entier, comme l'image actuelle du père Noël, qui est en définitive aussi le fruit d'une mondialisation des imaginaires, dont les repères ont tendance à s'uniformiser du fait des modes de consommation.
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+ Le père Noël est généralement reconnu et célébré dans la plupart des pays européens et nord-américains. Ailleurs, celui qui distribue les cadeaux durant les vacances d'hiver, incluant le nom, l'apparence, l'histoire, et la date d'arrivée, varie grandement. En Amérique latine, il est généralement désigné sous le vocable « Papá Noel », mais cette appellation connaît quelques variations dans certains pays. En Asie, les pays qui ont adopté cette tradition occidentale, célèbrent également Noël et le distributeur traditionnel de cadeaux, au moment des congés de fin d'année, tels Hong Kong, les Philippines (pays catholique), le Timor oriental, la Corée du Sud, la Malaisie, Singapour, l'Inde, et les communautés chrétiennnes d'Asie centrale et du Moyen-Orient. Les chrétiens d'Afrique et Moyen-Orient perpétuent la tradition de Noël depuis le XIXe siècle et le XVIe siècle. Les descendants d'anciens colonisateurs perpétuent la tradition de leurs ancêtres[52].
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+ Ces dernières années, des spécialistes en médecine et en prévention se sont sérieusement penchés sur la santé du père Noël et sur ses conditions de travail[55],[56].
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+ Une équipe de chercheurs de l'UFR des sciences de la santé de Montigny-le-Bretonneux (France) et de l’Université d’Helsinki (Finlande) a établi la liste des troubles cutanés dont souffrirait le père Noël au titre de maladies professionnelles, et la publie en 2018 dans le Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology[57]. Des médecins canadiens à l’université d’Alberta se sont également intéressés en 2016 aux autres pathologies potentielles qui menacent le distributeur de cadeaux comme certaines formes de cancer, les troubles musculo-squelettiques, les rhumatismes, les risques traumatologique, cardiovasculaire et ophtalmologique, les affections respiratoires, le surpoids, le stress (santé mentale au travail), etc.[17],[55]. Déjà en 2015, des spécialistes en médecine préventive s'inquiétaient dans le Journal of Occupational Medicine and Toxicology des risques traumatologique, cardiovasculaire et même psychiatrique que court le père Noël sur son traîneau, outre son alcoolémie la nuit de Noël[58]. C'est notamment pourquoi, dès 2009, l'article paru dans le British Medical Journal (BMJ) s'intitule « Santa Claus : un paria de la santé publique ? »[59].
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+ Par ailleurs, une étude conjointe de chercheurs, approuvée par le comité d'éthique de l'Academic Medical Centre de l'université d'Amsterdam et du Norwegian Animal Research Authority de la Norvège, et publiée en 2012, s'est penchée sur la microcirculation du nez rouge de Rudolph, le célèbre renne du père Noël[60].
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+ Dans un article du Monde paru le 24 décembre 2019, est démontré, textes de loi à l'appui, que le père Noël est un délinquant qui viole chaque année la loi, dans la plus totale impunité et pour d'obscures raisons[61].
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+ Après calcul des différentes infractions constatées (violation de domicile par manœuvre ; contrebande en bande organisée et transport illégal de marchandises ; tapage nocturne ; contrefaçon en bande organisée ; actes de cruauté envers les animaux ; survol de zones interdites ; non-respect des lois sur les données personnelles ; vol d'un aéronef sans détention de certificat de navigabilité ; déjections animales sur la voie publique et enfin non-utilisation d'un aéroport international), les auteurs de l’article estiment que le père Noël pourrait être condamné — rien qu'en France et sans tenir compte les dommages-intérêts — à une peine minimum de 31 ans de prison, 21 371 568 € d'amende et à la fermeture définitive de son établissement (l'atelier des lutins)[61].
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+ Le père Noël est un personnage folklorique, archétypal, fictif et mythique lié à la fête de Noël dont les racines profondes remontent à des rites et croyances antiques. Il est associé à la mère Noël.
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+ Le père Noël tel qu'il est communément représenté (comme ci-contre, à droite) ne se réduit pas à la fonction « pédagogique » qui dominerait son usage actuel. Il peut être vu comme une construction syncrétiste relativement moderne mais ayant de lointaines origines : si Nicolas de Myre est traditionnellement considéré comme le saint à l'origine du père Noël, ce personnage cosmopolite est le fruit d'un mélange entre plusieurs traditions, contes, légendes et folklores. La sociologue Martyne Perrot résume ce syncrétisme : « l'idée que le père Noël est américain est partiellement vraie car la construction de ce personnage est en fait liée à l'histoire des migrants newyorkais ; c'est un personnage migrant, qui a pris un peu de tous les pays où il est passé et il est riche d'emprunts culturels divers. »[1]
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+ Noël renvoie au jour de la Nativité, c'est-à-dire au jour de la naissance de Jésus : le père Noël est donc avant tout rattaché à une fête chrétienne[réf. nécessaire].
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+ Pendant longtemps, on fêta la Nativité et l'Épiphanie — fixée au 6 janvier — le même jour. Au IVe siècle, sous le règne de l'empereur Constantin, la toute première célébration chrétienne de Noël a lieu à Rome à la date du 25 décembre 336 et il s'ensuivit que les deux événements furent fêtés distinctement.
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+ Le rapprochement de la fête de Noël avec celle des Saturnales dans la Rome antique a été fait depuis longtemps. Marquées par de grandes réjouissances populaires, les Saturnales voyaient les barrières sociales disparaître : on organisait des repas, on échangeait des cadeaux, on offrait des figurines aux enfants et on plaçait des plantes vertes dans les maisons, notamment du houx, du gui et du lierre. À partir de 274, les Saturnales sont prolongées le 25 décembre par le Dies Natalis Solis Invicti « le jour de naissance de Sol Invictus », le retour du Soleil, le rallongement du jour[2].
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+ Pendant longtemps, l'année commençait avec les premiers jours du printemps, qui donnait lieu également à des rites. Symmaque écrit à la fin du IVe siècle, que « aux premiers jours de mars, en ville, on vit advenir la coutume d'offrir des cadeaux en souvenir du roi Tatius qui avait été le premier à lire les signes de bons auspices pour l'année à venir dans les branches de l'arbre fertile qui se trouvait dans le bois sacré de Strena. »[3] Certains exégètes juifs et chrétiens ont écrit que les fêtes de Hanoucca et de la Nativité avaient été créées pour contrebalancer les fêtes du « Soleil invaincu ». Au Moyen Âge, la fête des Fous donna lieu à tant d'excès qu'elle fut limitée, voire recadrée.
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+ Des ethnobotanistes comme Jonathan Ott (en) suggèrent l'idée que la tenue rouge et blanche du père Noël est liée à l'amanite tue-mouches utilisée par les chamanes en Sibérie pour ses propriétés psychoactives qui altèrent leur état de conscience, pouvant ainsi réaliser leur « vol » à travers le trou de fumée d'une yourte (ce rituel chamanique étant analogue au passage du père Noël par les cheminées)[4]. L'historien Ronald Hutton juge cette thèse sans fondement sérieux[5]. Le renne volant pourrait symboliser l'utilisation d'amanite tue-mouches par des chamanes samis[6].
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+ D'autres hypothèses relient le père Noël à la mythologie nordique. Il pourrait puiser ses origines dans les dieux Thor, vieillard habillé en rouge et à barbe blanche voyageant sur son char que tirent des boucs[7],[8], ou Odin chevauchant Sleipnir, son cheval à huit pattes (avatar du traîneau du père Noël, tiré par huit rennes)[9]. Certains ethnologues, tel Arnold van Gennep, veulent y voir le succédané ou la survivance d'un prétendu dieu celte Gargan qui portait une hotte et des bottes[10].
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19
+ Avec l'arrivée de la chrétienté, il y eut plusieurs réformes pour essayer de supprimer les anciens rituels : en France, sous l'Ancien Régime, le 1er janvier est fixé comme premier jour de l'année civile par l'édit du Roussillon du 9 août 1564, mais d'autres États l'avaient adopté auparavant, comme le Saint-Empire romain. Du côté de Lyon, avant cet édit, par exemple, l'année commençait justement le 25 décembre[11].
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+ La légende de saint Nicolas est établie depuis le Moyen Âge : on le célèbre le 6 décembre, mais selon le calendrier Julien, le jour tombe le 19 décembre. Ce rite vient naturellement se confondre avec ceux, plus anciens, de célébration du solstice d'hiver. Personnage populaire de l'hagiographie chrétienne, son culte se développe rapidement en Europe occidentale après l'arrivée de ses reliques à Bari en Italie en 1087.
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+ Lors des Croisades, au XIe siècle, sa dépouille avait été volée par des marchands italiens. Les reliques ont été transférées à Bari. Un chevalier lorrain aurait aussi récupéré une de ses phalanges et l’offrit à l’église de Port. Devenue lieu de pèlerinage, la ville est alors rebaptisée Saint-Nicolas-de-Port. Saint Nicolas devient le saint patron de la Lorraine. En 1477, le duc de Lorraine, René II, lui attribue sa victoire contre Charles le Téméraire[12]. Par la suite, sa légende sera reliée à la Nativité. Il deviendra dans presque toute la France « Papa Noël » soit « père de la Nativité ».
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+ À Bari, la relique aurait produit des miracles. Selon une légende, saint Nicolas aurait ressuscité trois enfants découpés par un horrible boucher. Il est alors présenté comme le saint protecteur des tout-petits. C’est pourquoi, en sa mémoire, le 6 décembre de chaque année, principalement dans les pays d’Europe du Nord et de l’Est (notamment dans l’Est de la France en Alsace, à Metz, à Nancy et à Saint-Nicolas-de-Port), la coutume veut qu’un personnage, habillé comme on imaginait que saint Nicolas l’était (grande barbe, crosse d’évêque, mitre, grand vêtement à capuche), va alors de maison en maison pour offrir des cadeaux aux enfants sages. Au XVIe siècle, la légende du saint s’enrichit avec le personnage du père Fouettard qui punit les enfants désobéissants (selon certaines traditions, celui-ci serait en fait le boucher de la légende). En France, à partir du XIIe siècle également, le vieux qui présidait ce cortège est par la suite appelé « Noël ».
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+ Dans l'historiographie, le « bonhomme Hiver » remonte au Moyen Âge, il est cet homme usé qui vient se réchauffer au feu nouveau (la grosse bûche consacrée) et à qui l'on offre des présents. Au XVIIIe siècle, l'idée de Noël comme jour sacré de la famille fait son chemin tant dans l'aristocratie que chez les bourgeois et les artisans. Au cours de la première révolution industrielle, se met en place un processus qui associe cadeaux, commerce et moments de générosité envers les enfants : c'est l'invention de la vitrine pleine de jouets et du mythe de la cheminée, profondément urbaine.
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+ Au moment de la Réforme, les protestants luthériens, qui rejettent le rôle patronal des saints, remplacent saint Nicolas par l’enfant Jésus (le Christkind allemand). Aux Pays-Bas, saint Nicolas se transforme après la Réforme en un personnage semi-laïc, Sinter Klaas par l’influence des huguenots. Au Canada, les francophones catholiques utiliseront longtemps le personnage de l’enfant Jésus, alors que Santa Claus se charge de distribuer des cadeaux aux petits anglophones. Au XVIIIe siècle, les souverains allemands entament un processus de laïcisation[réf. nécessaire] : les figures chrétiennes sont remplacées par d’anciens symboles germaniques. C’est le retour du petit peuple des fées, des elfes et du vieil homme de Noël (le Weihnachtsmann) qui distribue en traîneau des sapins décorés de cadeaux.
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31
+ L'historiographie du père Noël est donc très complexe : à la fin du XVIIe siècle, on trouve par exemple un « father Christmas » dans des gravures anglaises, qui renvoie à des mascarades depuis longtemps établies au moment du solstice d'hiver dans toutes les îles Britanniques. La tradition du père Noël semble donc avoir des origines en Europe du Nord.
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+ Le père Noël est l'équivalent français du Father Christmas britannique, du Santa Claus nord-américain dont le nom est lui-même une déformation du Sinterklaas (saint Nicolas) néerlandais. Il est, par son apparence, en partie inspiré de Julenisse, un lutin nordique qui apporte des cadeaux, lors de la fête du milieu de l'hiver appelée la Midtvintersblot.
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+ Le père Noël a-t-il toujours été en habits rouges, avec une barbe et un bonnet pointu ? Non : l'imagerie française le montre vers 1870-1890 en vieil homme habillé d'un manteau principalement vert et parfois bleu. Un peu avant 1914, il s'habille de rouge.
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37
+ Le père Noël tel que nous le connaissons aujourd'hui est issu d'un triple mouvement en profondeur, l’américanisation, l’uniformisation et la déchristianisation[13]. Il est popularisé dans la deuxième moitié du XIXe siècle aux États-Unis, nation d’immigrants, en majorité de protestants qui rapportent avec eux les traditions européennes et les légendes des pays froids, leurs rennes, leurs lutins et leurs sapins[14]. Il prend le nom de Santa Claus, directement inspiré du saint Nicolas des Flandres néerlandaises.
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39
+ En 1821, le livre A New-year’s Present, to the Little Ones from Five to Twelve (Un Cadeau pour le nouvel an aux petits de cinq à douze ans) est publié à New York (sous l’influence des Hollandais qui, en fondant La Nouvelle-Amsterdam au XVIIe siècle, importent le Sinter Klaas[15]). Il contient le poème anonyme Old Santeclaus qui décrit un vieil homme qui apporte des cadeaux aux enfants sur un traîneau tiré par des rennes[16].
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+ Le 23 décembre 1823, le journal Sentinel de Troy, dans l'État de New York, publie anonymement (mais attribué au professeur américain Clement Clarke Moore ou au major Henry Livingston Junior) le poème A Visit from St. Nicholas dans lequel saint Nicolas est présenté comme un lutin sympathique, dodu et souriant, qui distribue des cadeaux dans les maisons et se déplace sur un traîneau volant tiré par huit rennes nommés respectivement : Fougueux (Dasher), Danseur (Dancer), Fringant (Prancer), Rusé (Vixen), Comète (Comet), Cupidon (Cupid), Tonnerre (Donder) et Éclair (Blitzen)[17]. Ce poème a joué un rôle très important dans l’élaboration du mythe actuel, reprenant les attributs de saint Nicolas (barbe blanche, vêtements rouges et hotte) mais troquant sa mitre, sa crosse et son âne pour un bonnet rouge, un sucre d'orge et un traîneau tout en se débarrassant du père Fouettard[18]. Après le journal Sentinel en 1823, il est repris les années suivantes par plusieurs journaux britanniques et américains (notamment sous l'influence des illustrateurs John Tenniel pour l'hebdomadaire Punch en 1850 et Thomas Nast dans le Harper's Weekly en 1863 qui fixent la figure du père Noël que nous connaissons aujourd'hui, un joyeux vieillard dodu à barbe blanche de 153 à 193 ans, pantalon bouffant retenu par un ceinturon noir et vareuse bordée de fourrure blanche, bonnet rouge et hotte remplie de jouets[19],[17]), puis traduit en plusieurs langues et diffusé dans le monde entier[20].
42
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43
+ Il ne semble pas que la fête de Saint-Nicolas soit réapparue à New York durant la guerre d'indépendance, pour raviver la mémoire de l'origine hollandaise de la ville, autrefois appelée La Nouvelle-Amsterdam : cette thèse a été réfutée par Charles W. Jones qui affirme ne pas avoir retrouvé de documentation pour l'étayer[21]. Howard G. Hageman, qui maintient l'existence d'une fête populaire de Saint-Nicolas chez les premiers colons hollandais de la vallée de l'Hudson en dépit de l'hostilité de la hiérarchie protestante, affirme cependant que cette tradition hollandaise de fêter saint Nicolas avait complètement disparu lorsque Washington Irving fonda la St. Nicholas Society of New York en 1835[22].
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+ C'est vers 1850 que le passage de la célébration de la Saint-Nicolas à celle de Noël se fixe au Royaume-Uni, en lien avec Charles Dickens et ses « Livres de Noël » qui connaissent un gros succès (des traductions en français sont disponibles moins de dix ans plus tard). En 1863, le journal new-yorkais Harper's Weekly représente un « Santa Claus » vêtu d'un costume orné de fourrure blanche et d'une large ceinture de cuir. Pendant près de trente ans, Thomas Nast, illustrateur et caricaturiste du journal, décline ensuite par des centaines de dessins tous les aspects de la légende de Santa Claus et donne au mythe ses principales caractéristiques visuelles : un petit bonhomme rond, vêtu d'une houppelande en fourrure, la pipe au coin de la bouche comme un Hollandais (notamment dans un livre en couleur de 1866 intitulé Santa Klaus and his works où la couleur rouge de l'habit est établie, mais pas encore le blanc de la fourrure parfois de couleur sombre). C'est également Nast qui, dans un dessin de 1885, établit la résidence officielle du père Noël au pôle Nord. Les raisons du choix d'une contrée froide et éloignée ne sont pas claires mais certainement en rapport avec l'iconographie de Santa Claus habillé chaudement et utilisant un traîneau tiré par des rennes. Le petit-fils de Nast a affirmé que le choix de son grand-père a été dicté par le fait que ce pôle est équidistant de la majorité des pays de l'hémisphère Nord[23]. Cette idée est reprise l'année suivante par l'écrivain George P. Webster qui précise que « sa manufacture de jouets et sa demeure, pendant les longs mois d'été, sont cachées dans la glace et la neige du pôle Nord »[24].
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+ Qu'il soit appelé Father Christmas ou Santa Claus en anglais, Weihnachtsmann en allemand, ou père Noël, sa fonction principale est de distribuer des cadeaux aux enfants dans les maisons pendant la nuit de Noël qui a lieu chaque année du 24 au 25 décembre.
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+ Même si le mythe peut varier fortement d'une région à l'autre, notamment à cause du climat du 25 décembre qui peut aller du début de l'hiver dans l'hémisphère nord au début de l'été dans l'hémisphère sud, on l'imagine généralement comme un gros homme avec une longue barbe blanche, habillé de vêtements chauds de couleur rouge avec un liseré de fourrure blanche ; des lutins l'aident à préparer les cadeaux. Il effectue la distribution à bord d'un traîneau volant tiré par des rennes.
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+ Il entre dans les maisons par la cheminée et dépose les cadeaux dans des chaussures disposées autour du sapin de Noël ou devant la cheminée (en France), dans des chaussettes prévues à cet effet accrochées à la cheminée (en Amérique du Nord et au Royaume-Uni), ou tout simplement sous le sapin. En Islande, il dépose un petit cadeau dans une chaussure que les enfants laissent sur le bord d'une fenêtre dès le début du mois de décembre. Au Québec, les cadeaux au pied du sapin sont de mise, en plus des « bas de Noël » disposés sur la cheminée dans lesquels on met les petites surprises.
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53
+ Jusqu'au tournant du XXe siècle, le père Noël n'a que huit rennes (Tornade, Danseur, Furie, Fringant, Comète, Cupidon, Éclair et Tonnerre). Le neuvième, nommé Rudolph (Rodolphe en français), fut créé en 1939 par le poète Robert L. May dans un conte où le père Noël doit affronter des conditions météorologiques si mauvaises qu'il risque d'être en retard dans sa livraison de cadeaux. Dans cette histoire, il réussit à les distribuer grâce au nez lumineux de Rudolph qui l'orientait dans la tempête.
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+ En 2001 est sorti un film d'animation anglais avec des personnages en pâte à modeler dont le héros est Robbie le renne qui rêve de devenir un membre de l'attelage du père Noël comme son père.
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+ Le lieu d'habitation supposé du père Noël est très controversé. Selon les Norvégiens il habite à Drøbak, à 50 km au sud d'Oslo. Pour les Suédois, c'est à Gesunda (en), au nord-ouest de Stockholm, et pour les Danois au Groenland. Les Américains considèrent encore aujourd'hui qu'il habite au pôle Nord. En 1927 les Finlandais ont décrété que le père Noël ne pouvait pas y vivre, car il lui fallait nourrir ses rennes : ils fixèrent sa résidence en Laponie, au Korvatunturi puis, cette région étant un peu isolée, ils l'ont fait déménager près de la ville de Rovaniemi au Village du Père Noël. Depuis 1999, Ded Moroz, le cousin russe du père Noël, avec sa petite fille Snégourotchka, a une résidence officielle dans la ville de Veliki Oustioug, dans le nord de la Russie[25]. Au Canada une grande partie de la population croit qu'il réside au pôle Nord, certains qu'il serait dans le grand nord canadien. Selon la célèbre chanson de Joseph (Pierre Laurendeau), reprise par Les Colocs, le personnage serait en fait québécois comme l'indique le titre lui-même, Le Père Noël c't'un Québécois.
58
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59
+ En 1953, Réal Rousseau et Jacques T. Melchers construisirent la résidence d'été du père Noël à Val-David dans les Laurentides, au Québec. Le père Noël y déménagea l'année-même et y arriva en hélicoptère. Il y revient à chaque été et a reçu près de 3 millions de visiteurs[26].
60
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61
+ Dans le Pacifique, l'île Christmas se revendique également comme une résidence secondaire du père Noël. La Turquie, qui a gardé des reliques de saint Nicolas dans la très touristique région d'Antalya, est aussi de la partie.
62
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63
+ Dans certains pays, une lettre envoyée au père Noël (quelle que soit l'adresse inscrite : pôle Nord, Laponie ou autre) peut être traitée par le service des postes qui répond ainsi aux jeunes expéditeurs.
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65
+ H0H 0H0 est un code postal utilisé par Postes Canada pour acheminer le million de lettres annuelles destinées au père Noël au pôle Nord. En 1974, le personnel de Postes Canada à Montréal recevait une quantité considérable de lettres adressées au père Noël et ces lettres étaient traitées comme « indistribuables ». Comme les employés ne voulaient pas que les expéditeurs, pour la plupart des enfants, soient déçus par l'absence de réponse, ils se mirent à répondre eux-mêmes. La quantité de courrier adressé au père Noël a augmenté chaque année, au point où Postes Canada décida de mettre en place un programme officiel de réponse aux lettres adressées au père Noël, en 1983. Environ un million de lettres pour le père Noël sont reçues chaque année, dont certaines provenant d'autres pays que le Canada. Chaque expéditeur recevra une réponse dans la langue qu'il a utilisée pour écrire au père Noël.
66
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67
+ Postes Canada a mis en place une adresse spéciale pour le père Noël, avec son code postal dédié[27] : Père Noël, Pôle Nord H0H 0H0, Canada. Le code postal « H0H 0H0 » a été choisi en ressemblance au rire caractéristique du père Noël (en anglais) : « Ho ! Ho ! Ho ! ».
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+ Le 22 décembre 2010, le ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration a affirmé lui avoir remis son certificat de citoyenneté[28].
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+ D'après la Base historique du vocabulaire français[29], le premier emploi attesté de la locution nominale père Noël se trouve dans le numéro de La Revue comique à l'usage des gens sérieux paru le 23 décembre 1848 :
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+ « – Pan ! pan ! – Qui est là ? – Le vieux père Noël de 1848. – Farceur ! – Il n'y a pas de farceur ; je suis réellement le père Noël qui vient vous rendre visite. Ouvrez, je meurs de froid. – Entrez, alors ; mais, à vrai dire, je ne vous attendais guère. Pourquoi n'êtes-vous pas tombé chez moi par la cheminée, selon l'usage[30] ? »
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+ Le Trésor de la langue française informatisé[31] retient comme premier emploi significatif de père Noël celui qu'en fait l'écrivaine George Sand dans son Histoire de ma vie, parue en 1855 :
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+ « Ce que je n'ai pas oublié, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à barbe blanche, qui, à l'heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y trouvais à mon réveil[32]. »
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+ La date de la disparition de Cupidon coïncide étrangement à la première découverte d'ivoire dans les dents humaines.
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+ Cet usage propre à George Sand cité ci-dessus n'est pas général à la France de cette époque, puisque dans la deuxième partie du XIXe siècle, on parle du « bonhomme de Noël », du « bonhomme Noël », ou du « petit Noël ou petit Jésus »[33]. D'autre part, la France est surtout un ensemble de traditions locales très riches et variées : par exemple, la Provence privilégie les santons, la crèche et l'arrivée des Rois Mages chargés de cadeaux ; en Franche-Comté, il s'agit d'une fée montée sur son âne, qui arrive le jour de Noël ou, bien plus tard, le jour de l’Épiphanie — l'arrivée des Rois chargés de présents —, comme en Italie, où la Befana, qui est aussi une sorte de fée ou de mère-fouetarde, vient récompenser ou punir les enfants dans la nuit précédant le jour de l'Épiphanie : elle offre soit des bonbons, soit du charbon, et cette tradition est encore très vive dans la Péninsule, profondément attachée aux figures féminines (comme la Vierge), et où les enfants n'ont leurs cadeaux que ce jour-là et non pas le soir du 24 décembre[34].
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+ Depuis le début du XXe siècle, cette fête se laïcise et n'est plus l'apanage des chrétiens.
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+ En 1946, la chanson Petit Papa Noël est transmise sur les ondes françaises : à l'origine, elle a été créée en hommage aux enfants dont les pères sont absents du fait de la guerre.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, le père Noël à l'image actuelle (vieillard débonnaire barbu, rondelet et jovial, à la houppelande rouge et au ceinturon noir) arrive en France avec le plan Marshall et la marque Coca-Cola qui fige cette image du père Noël qu’il n’a pas créée, mais simplement popularisée, dans les années 1930. Une campagne de presse condamnant son utilisation comme outil de merchandising est alors menée[35] et atteint son paroxysme lorsqu'un prêtre dijonnais, Jacques Nourissat, condamne au bûcher le personnage du père Noël, outré qu'il soit à l'effigie des grands magasins de Dijon. Cet autodafé a lieu sur les grilles de la cathédrale Saint-Bénigne le 23 décembre 1951. Cet évènement donne lieu à de vifs débats entre les écrivains catholiques Gilbert Cesbron et François Mauriac, qui reprochent la marchandisation du père Noël, tandis que des personnalités comme René Barjavel, Jean Cocteau ou Claude Lévi-Strauss prennent sa défense[36].
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+ Le secrétariat du Père Noël est créé par le ministre des PTT, Jacques Marette, en 1962 dans le service des « rebuts » de l'hôtel des Postes à Paris. Il est ensuite transféré en 1967 au sein du centre des recherches du courrier la Poste à Libourne (le seul qui soit autorisé à ouvrir le courrier)[37]. La lettre au Père Noël est donc ouverte pour retrouver l'adresse de l'expéditeur et lui envoyer gratuitement une carte-réponse. La première « secrétaire du père Noël » qui rédige ainsi la première réponse par l'entremise des PTT en 1962, est en réalité la propre sœur du ministre Marette, la pédiatre et psychanalyste[38] Françoise Dolto[39].
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+ Cette opération, plébiscitée par les enfants et leurs parents, connaît un succès grandissant : le courrier reçu par le père Noël a plus que doublé en dix ans. En 2007, le père Noël a reçu plus d'1,6 million de courriers, dont 1,43 million de lettres et 181 200 courriels (via le portail Internet du Groupe La Poste et le site du père Noël de La Poste - www.laposte.fr/pere-noel)[40], cette évolution se stabilisant depuis[41]. Le Service Client Courrier de Libourne est toujours au service du père Noël. En 2012, plus de 1 700 000 lettres et de 200 000 courriels, en provenance de plus de 120 pays. Chaque enfant peut imaginer l'adresse qu'il souhaite et le nom du père Noël, la lettre arrivera et sera traitée. En 2014, toute l'histoire du secrétariat du père Noël de La Poste est racontée pour la première fois dans un livre scientifique[42].
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+ La dimension mercantile de Noël ne doit pas être évacuée : c'est un dispositif mis en place depuis au moins le milieu du XIXe siècle. Comme le démontre du reste Martyne Perrot, « il s’agit d’une fête et d’une pratique qui sont étroitement liées aux différentes évolutions du commerce, que ce soit pour les bimbeloteries ou le développement des grands magasins. On voit apparaître alors, dès le XIXe siècle, différentes innovations qui perdurent encore de nos jours : les catalogues qui soulignent les tendances du moment, les affiches publicitaires avec les premiers personnages incarnant Noël, l’empaquetage systématique du présent par du papier cadeau, ou encore l’instauration des premières vitrines animées des grands magasins[43]. »
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+ L'idée selon laquelle le père Noël aurait été dessiné par la compagnie Coca-Cola en 1931 est une légende urbaine[44],[45]. Une étude de la représentation du père Noël dans les années précédentes montre en effet que l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui était déjà répandu, y compris sa couleur rouge, utilisée dès 1866, et même avant, par exemple aux Pays-Bas[46]. Ainsi, dès 1896, le père Noël apparaît déjà habillé en rouge et blanc essentiellement sous sa forme actuelle dans plusieurs couvertures du magazine Puck. Cette couleur est dès lors celle qui est principalement associée à la pompe ecclésiastique, de même que la mitre : cependant, lorsque l'on regarde l'iconographie de saint Nicolas sur plusieurs siècles, l'habit prend de multiples couleurs... Coca-Cola, en 1931, associe sa marque aux représentations de Santa Claus fabriquées par l'illustrateur Haddon Sundblom qui travailla longtemps pour la D'Arcy Advertising Agency (en) : il s'inspira du poème A Visit From St. Nicholas datant de 1822 et se prit lui-même pour modèle[47]. De nombreuses entreprises avaient déjà utilisé son image dans des publicités, comme le fabricant de stylos Waterman en 1907, le manufacturier de pneumatiques Michelin[46] en 1919, le fabricant de savon Colgate en 1920 et même Coca-Cola, dès les années 1920, qui reprit alors les illustrations de Thomas Nast[47]. Néanmoins, il est vraisemblable que Coca-Cola ait largement contribué à fixer l'image actuelle du père Noël[48].
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+ Dans les régions européennes où la tradition de Santa Claus n'existait pas, l'arrivée du père Noël sous sa forme actuelle a pu être ressentie comme l'intrusion d'une fête américaine dans un contexte principalement marchand, ce qui a pu susciter quelques réactions de rejet. Ainsi, le 23 décembre 1951, un Dijonnais particulièrement exalté brûla l'effigie du père Noël sur le parvis de la cathédrale[49].
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+ Aujourd'hui, le père Noël est également utilisé, le 25 décembre, dans des pays n'ayant pas de tradition chrétienne, tels que la Chine, comme outil de vente et comme occasion d'offrir des cadeaux, de décorer la ville et de réunir la famille. La hotte du père Noël[50] peut être un panier ou être une sorte de grand sac marron dans lequel les cadeaux des enfants doivent être entreposés.
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+ « La marque « Papa Noël » vaut 1 600 milliards de dollars, tandis qu'Apple est évaluée à 87,3 milliards », affirmait David Haigh, PDG de Brand Finance en 2013[51], qui ajoute : « Il n'est pas étonnant que des marques comme Coca-Cola, Volkswagen ou KFC se pressent pour obtenir son appui. »
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+ Toutes ces marques sont connues dans le monde entier, comme l'image actuelle du père Noël, qui est en définitive aussi le fruit d'une mondialisation des imaginaires, dont les repères ont tendance à s'uniformiser du fait des modes de consommation.
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+ Le père Noël est généralement reconnu et célébré dans la plupart des pays européens et nord-américains. Ailleurs, celui qui distribue les cadeaux durant les vacances d'hiver, incluant le nom, l'apparence, l'histoire, et la date d'arrivée, varie grandement. En Amérique latine, il est généralement désigné sous le vocable « Papá Noel », mais cette appellation connaît quelques variations dans certains pays. En Asie, les pays qui ont adopté cette tradition occidentale, célèbrent également Noël et le distributeur traditionnel de cadeaux, au moment des congés de fin d'année, tels Hong Kong, les Philippines (pays catholique), le Timor oriental, la Corée du Sud, la Malaisie, Singapour, l'Inde, et les communautés chrétiennnes d'Asie centrale et du Moyen-Orient. Les chrétiens d'Afrique et Moyen-Orient perpétuent la tradition de Noël depuis le XIXe siècle et le XVIe siècle. Les descendants d'anciens colonisateurs perpétuent la tradition de leurs ancêtres[52].
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+ Ces dernières années, des spécialistes en médecine et en prévention se sont sérieusement penchés sur la santé du père Noël et sur ses conditions de travail[55],[56].
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+ Une équipe de chercheurs de l'UFR des sciences de la santé de Montigny-le-Bretonneux (France) et de l’Université d’Helsinki (Finlande) a établi la liste des troubles cutanés dont souffrirait le père Noël au titre de maladies professionnelles, et la publie en 2018 dans le Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology[57]. Des médecins canadiens à l’université d’Alberta se sont également intéressés en 2016 aux autres pathologies potentielles qui menacent le distributeur de cadeaux comme certaines formes de cancer, les troubles musculo-squelettiques, les rhumatismes, les risques traumatologique, cardiovasculaire et ophtalmologique, les affections respiratoires, le surpoids, le stress (santé mentale au travail), etc.[17],[55]. Déjà en 2015, des spécialistes en médecine préventive s'inquiétaient dans le Journal of Occupational Medicine and Toxicology des risques traumatologique, cardiovasculaire et même psychiatrique que court le père Noël sur son traîneau, outre son alcoolémie la nuit de Noël[58]. C'est notamment pourquoi, dès 2009, l'article paru dans le British Medical Journal (BMJ) s'intitule « Santa Claus : un paria de la santé publique ? »[59].
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+ Par ailleurs, une étude conjointe de chercheurs, approuvée par le comité d'éthique de l'Academic Medical Centre de l'université d'Amsterdam et du Norwegian Animal Research Authority de la Norvège, et publiée en 2012, s'est penchée sur la microcirculation du nez rouge de Rudolph, le célèbre renne du père Noël[60].
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+ Dans un article du Monde paru le 24 décembre 2019, est démontré, textes de loi à l'appui, que le père Noël est un délinquant qui viole chaque année la loi, dans la plus totale impunité et pour d'obscures raisons[61].
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+ Après calcul des différentes infractions constatées (violation de domicile par manœuvre ; contrebande en bande organisée et transport illégal de marchandises ; tapage nocturne ; contrefaçon en bande organisée ; actes de cruauté envers les animaux ; survol de zones interdites ; non-respect des lois sur les données personnelles ; vol d'un aéronef sans détention de certificat de navigabilité ; déjections animales sur la voie publique et enfin non-utilisation d'un aéroport international), les auteurs de l’article estiment que le père Noël pourrait être condamné — rien qu'en France et sans tenir compte les dommages-intérêts — à une peine minimum de 31 ans de prison, 21 371 568 € d'amende et à la fermeture définitive de son établissement (l'atelier des lutins)[61].
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+ Le père Noël est un personnage folklorique, archétypal, fictif et mythique lié à la fête de Noël dont les racines profondes remontent à des rites et croyances antiques. Il est associé à la mère Noël.
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+ Le père Noël tel qu'il est communément représenté (comme ci-contre, à droite) ne se réduit pas à la fonction « pédagogique » qui dominerait son usage actuel. Il peut être vu comme une construction syncrétiste relativement moderne mais ayant de lointaines origines : si Nicolas de Myre est traditionnellement considéré comme le saint à l'origine du père Noël, ce personnage cosmopolite est le fruit d'un mélange entre plusieurs traditions, contes, légendes et folklores. La sociologue Martyne Perrot résume ce syncrétisme : « l'idée que le père Noël est américain est partiellement vraie car la construction de ce personnage est en fait liée à l'histoire des migrants newyorkais ; c'est un personnage migrant, qui a pris un peu de tous les pays où il est passé et il est riche d'emprunts culturels divers. »[1]
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+ Noël renvoie au jour de la Nativité, c'est-à-dire au jour de la naissance de Jésus : le père Noël est donc avant tout rattaché à une fête chrétienne[réf. nécessaire].
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+ Pendant longtemps, on fêta la Nativité et l'Épiphanie — fixée au 6 janvier — le même jour. Au IVe siècle, sous le règne de l'empereur Constantin, la toute première célébration chrétienne de Noël a lieu à Rome à la date du 25 décembre 336 et il s'ensuivit que les deux événements furent fêtés distinctement.
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+ Le rapprochement de la fête de Noël avec celle des Saturnales dans la Rome antique a été fait depuis longtemps. Marquées par de grandes réjouissances populaires, les Saturnales voyaient les barrières sociales disparaître : on organisait des repas, on échangeait des cadeaux, on offrait des figurines aux enfants et on plaçait des plantes vertes dans les maisons, notamment du houx, du gui et du lierre. À partir de 274, les Saturnales sont prolongées le 25 décembre par le Dies Natalis Solis Invicti « le jour de naissance de Sol Invictus », le retour du Soleil, le rallongement du jour[2].
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+
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+ Pendant longtemps, l'année commençait avec les premiers jours du printemps, qui donnait lieu également à des rites. Symmaque écrit à la fin du IVe siècle, que « aux premiers jours de mars, en ville, on vit advenir la coutume d'offrir des cadeaux en souvenir du roi Tatius qui avait été le premier à lire les signes de bons auspices pour l'année à venir dans les branches de l'arbre fertile qui se trouvait dans le bois sacré de Strena. »[3] Certains exégètes juifs et chrétiens ont écrit que les fêtes de Hanoucca et de la Nativité avaient été créées pour contrebalancer les fêtes du « Soleil invaincu ». Au Moyen Âge, la fête des Fous donna lieu à tant d'excès qu'elle fut limitée, voire recadrée.
14
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+ Des ethnobotanistes comme Jonathan Ott (en) suggèrent l'idée que la tenue rouge et blanche du père Noël est liée à l'amanite tue-mouches utilisée par les chamanes en Sibérie pour ses propriétés psychoactives qui altèrent leur état de conscience, pouvant ainsi réaliser leur « vol » à travers le trou de fumée d'une yourte (ce rituel chamanique étant analogue au passage du père Noël par les cheminées)[4]. L'historien Ronald Hutton juge cette thèse sans fondement sérieux[5]. Le renne volant pourrait symboliser l'utilisation d'amanite tue-mouches par des chamanes samis[6].
16
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17
+ D'autres hypothèses relient le père Noël à la mythologie nordique. Il pourrait puiser ses origines dans les dieux Thor, vieillard habillé en rouge et à barbe blanche voyageant sur son char que tirent des boucs[7],[8], ou Odin chevauchant Sleipnir, son cheval à huit pattes (avatar du traîneau du père Noël, tiré par huit rennes)[9]. Certains ethnologues, tel Arnold van Gennep, veulent y voir le succédané ou la survivance d'un prétendu dieu celte Gargan qui portait une hotte et des bottes[10].
18
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19
+ Avec l'arrivée de la chrétienté, il y eut plusieurs réformes pour essayer de supprimer les anciens rituels : en France, sous l'Ancien Régime, le 1er janvier est fixé comme premier jour de l'année civile par l'édit du Roussillon du 9 août 1564, mais d'autres États l'avaient adopté auparavant, comme le Saint-Empire romain. Du côté de Lyon, avant cet édit, par exemple, l'année commençait justement le 25 décembre[11].
20
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21
+ La légende de saint Nicolas est établie depuis le Moyen Âge : on le célèbre le 6 décembre, mais selon le calendrier Julien, le jour tombe le 19 décembre. Ce rite vient naturellement se confondre avec ceux, plus anciens, de célébration du solstice d'hiver. Personnage populaire de l'hagiographie chrétienne, son culte se développe rapidement en Europe occidentale après l'arrivée de ses reliques à Bari en Italie en 1087.
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+ Lors des Croisades, au XIe siècle, sa dépouille avait été volée par des marchands italiens. Les reliques ont été transférées à Bari. Un chevalier lorrain aurait aussi récupéré une de ses phalanges et l’offrit à l’église de Port. Devenue lieu de pèlerinage, la ville est alors rebaptisée Saint-Nicolas-de-Port. Saint Nicolas devient le saint patron de la Lorraine. En 1477, le duc de Lorraine, René II, lui attribue sa victoire contre Charles le Téméraire[12]. Par la suite, sa légende sera reliée à la Nativité. Il deviendra dans presque toute la France « Papa Noël » soit « père de la Nativité ».
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+ À Bari, la relique aurait produit des miracles. Selon une légende, saint Nicolas aurait ressuscité trois enfants découpés par un horrible boucher. Il est alors présenté comme le saint protecteur des tout-petits. C’est pourquoi, en sa mémoire, le 6 décembre de chaque année, principalement dans les pays d’Europe du Nord et de l’Est (notamment dans l’Est de la France en Alsace, à Metz, à Nancy et à Saint-Nicolas-de-Port), la coutume veut qu’un personnage, habillé comme on imaginait que saint Nicolas l’était (grande barbe, crosse d’évêque, mitre, grand vêtement à capuche), va alors de maison en maison pour offrir des cadeaux aux enfants sages. Au XVIe siècle, la légende du saint s’enrichit avec le personnage du père Fouettard qui punit les enfants désobéissants (selon certaines traditions, celui-ci serait en fait le boucher de la légende). En France, à partir du XIIe siècle également, le vieux qui présidait ce cortège est par la suite appelé « Noël ».
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+ Dans l'historiographie, le « bonhomme Hiver » remonte au Moyen Âge, il est cet homme usé qui vient se réchauffer au feu nouveau (la grosse bûche consacrée) et à qui l'on offre des présents. Au XVIIIe siècle, l'idée de Noël comme jour sacré de la famille fait son chemin tant dans l'aristocratie que chez les bourgeois et les artisans. Au cours de la première révolution industrielle, se met en place un processus qui associe cadeaux, commerce et moments de générosité envers les enfants : c'est l'invention de la vitrine pleine de jouets et du mythe de la cheminée, profondément urbaine.
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+ Au moment de la Réforme, les protestants luthériens, qui rejettent le rôle patronal des saints, remplacent saint Nicolas par l’enfant Jésus (le Christkind allemand). Aux Pays-Bas, saint Nicolas se transforme après la Réforme en un personnage semi-laïc, Sinter Klaas par l’influence des huguenots. Au Canada, les francophones catholiques utiliseront longtemps le personnage de l’enfant Jésus, alors que Santa Claus se charge de distribuer des cadeaux aux petits anglophones. Au XVIIIe siècle, les souverains allemands entament un processus de laïcisation[réf. nécessaire] : les figures chrétiennes sont remplacées par d’anciens symboles germaniques. C’est le retour du petit peuple des fées, des elfes et du vieil homme de Noël (le Weihnachtsmann) qui distribue en traîneau des sapins décorés de cadeaux.
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+ L'historiographie du père Noël est donc très complexe : à la fin du XVIIe siècle, on trouve par exemple un « father Christmas » dans des gravures anglaises, qui renvoie à des mascarades depuis longtemps établies au moment du solstice d'hiver dans toutes les îles Britanniques. La tradition du père Noël semble donc avoir des origines en Europe du Nord.
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+ Le père Noël est l'équivalent français du Father Christmas britannique, du Santa Claus nord-américain dont le nom est lui-même une déformation du Sinterklaas (saint Nicolas) néerlandais. Il est, par son apparence, en partie inspiré de Julenisse, un lutin nordique qui apporte des cadeaux, lors de la fête du milieu de l'hiver appelée la Midtvintersblot.
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+ Le père Noël a-t-il toujours été en habits rouges, avec une barbe et un bonnet pointu ? Non : l'imagerie française le montre vers 1870-1890 en vieil homme habillé d'un manteau principalement vert et parfois bleu. Un peu avant 1914, il s'habille de rouge.
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+ Le père Noël tel que nous le connaissons aujourd'hui est issu d'un triple mouvement en profondeur, l’américanisation, l’uniformisation et la déchristianisation[13]. Il est popularisé dans la deuxième moitié du XIXe siècle aux États-Unis, nation d’immigrants, en majorité de protestants qui rapportent avec eux les traditions européennes et les légendes des pays froids, leurs rennes, leurs lutins et leurs sapins[14]. Il prend le nom de Santa Claus, directement inspiré du saint Nicolas des Flandres néerlandaises.
38
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39
+ En 1821, le livre A New-year’s Present, to the Little Ones from Five to Twelve (Un Cadeau pour le nouvel an aux petits de cinq à douze ans) est publié à New York (sous l’influence des Hollandais qui, en fondant La Nouvelle-Amsterdam au XVIIe siècle, importent le Sinter Klaas[15]). Il contient le poème anonyme Old Santeclaus qui décrit un vieil homme qui apporte des cadeaux aux enfants sur un traîneau tiré par des rennes[16].
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+ Le 23 décembre 1823, le journal Sentinel de Troy, dans l'État de New York, publie anonymement (mais attribué au professeur américain Clement Clarke Moore ou au major Henry Livingston Junior) le poème A Visit from St. Nicholas dans lequel saint Nicolas est présenté comme un lutin sympathique, dodu et souriant, qui distribue des cadeaux dans les maisons et se déplace sur un traîneau volant tiré par huit rennes nommés respectivement : Fougueux (Dasher), Danseur (Dancer), Fringant (Prancer), Rusé (Vixen), Comète (Comet), Cupidon (Cupid), Tonnerre (Donder) et Éclair (Blitzen)[17]. Ce poème a joué un rôle très important dans l’élaboration du mythe actuel, reprenant les attributs de saint Nicolas (barbe blanche, vêtements rouges et hotte) mais troquant sa mitre, sa crosse et son âne pour un bonnet rouge, un sucre d'orge et un traîneau tout en se débarrassant du père Fouettard[18]. Après le journal Sentinel en 1823, il est repris les années suivantes par plusieurs journaux britanniques et américains (notamment sous l'influence des illustrateurs John Tenniel pour l'hebdomadaire Punch en 1850 et Thomas Nast dans le Harper's Weekly en 1863 qui fixent la figure du père Noël que nous connaissons aujourd'hui, un joyeux vieillard dodu à barbe blanche de 153 à 193 ans, pantalon bouffant retenu par un ceinturon noir et vareuse bordée de fourrure blanche, bonnet rouge et hotte remplie de jouets[19],[17]), puis traduit en plusieurs langues et diffusé dans le monde entier[20].
42
+
43
+ Il ne semble pas que la fête de Saint-Nicolas soit réapparue à New York durant la guerre d'indépendance, pour raviver la mémoire de l'origine hollandaise de la ville, autrefois appelée La Nouvelle-Amsterdam : cette thèse a été réfutée par Charles W. Jones qui affirme ne pas avoir retrouvé de documentation pour l'étayer[21]. Howard G. Hageman, qui maintient l'existence d'une fête populaire de Saint-Nicolas chez les premiers colons hollandais de la vallée de l'Hudson en dépit de l'hostilité de la hiérarchie protestante, affirme cependant que cette tradition hollandaise de fêter saint Nicolas avait complètement disparu lorsque Washington Irving fonda la St. Nicholas Society of New York en 1835[22].
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+ C'est vers 1850 que le passage de la célébration de la Saint-Nicolas à celle de Noël se fixe au Royaume-Uni, en lien avec Charles Dickens et ses « Livres de Noël » qui connaissent un gros succès (des traductions en français sont disponibles moins de dix ans plus tard). En 1863, le journal new-yorkais Harper's Weekly représente un « Santa Claus » vêtu d'un costume orné de fourrure blanche et d'une large ceinture de cuir. Pendant près de trente ans, Thomas Nast, illustrateur et caricaturiste du journal, décline ensuite par des centaines de dessins tous les aspects de la légende de Santa Claus et donne au mythe ses principales caractéristiques visuelles : un petit bonhomme rond, vêtu d'une houppelande en fourrure, la pipe au coin de la bouche comme un Hollandais (notamment dans un livre en couleur de 1866 intitulé Santa Klaus and his works où la couleur rouge de l'habit est établie, mais pas encore le blanc de la fourrure parfois de couleur sombre). C'est également Nast qui, dans un dessin de 1885, établit la résidence officielle du père Noël au pôle Nord. Les raisons du choix d'une contrée froide et éloignée ne sont pas claires mais certainement en rapport avec l'iconographie de Santa Claus habillé chaudement et utilisant un traîneau tiré par des rennes. Le petit-fils de Nast a affirmé que le choix de son grand-père a été dicté par le fait que ce pôle est équidistant de la majorité des pays de l'hémisphère Nord[23]. Cette idée est reprise l'année suivante par l'écrivain George P. Webster qui précise que « sa manufacture de jouets et sa demeure, pendant les longs mois d'été, sont cachées dans la glace et la neige du pôle Nord »[24].
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+
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+ Qu'il soit appelé Father Christmas ou Santa Claus en anglais, Weihnachtsmann en allemand, ou père Noël, sa fonction principale est de distribuer des cadeaux aux enfants dans les maisons pendant la nuit de Noël qui a lieu chaque année du 24 au 25 décembre.
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+
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+ Même si le mythe peut varier fortement d'une région à l'autre, notamment à cause du climat du 25 décembre qui peut aller du début de l'hiver dans l'hémisphère nord au début de l'été dans l'hémisphère sud, on l'imagine généralement comme un gros homme avec une longue barbe blanche, habillé de vêtements chauds de couleur rouge avec un liseré de fourrure blanche ; des lutins l'aident à préparer les cadeaux. Il effectue la distribution à bord d'un traîneau volant tiré par des rennes.
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+ Il entre dans les maisons par la cheminée et dépose les cadeaux dans des chaussures disposées autour du sapin de Noël ou devant la cheminée (en France), dans des chaussettes prévues à cet effet accrochées à la cheminée (en Amérique du Nord et au Royaume-Uni), ou tout simplement sous le sapin. En Islande, il dépose un petit cadeau dans une chaussure que les enfants laissent sur le bord d'une fenêtre dès le début du mois de décembre. Au Québec, les cadeaux au pied du sapin sont de mise, en plus des « bas de Noël » disposés sur la cheminée dans lesquels on met les petites surprises.
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+ Jusqu'au tournant du XXe siècle, le père Noël n'a que huit rennes (Tornade, Danseur, Furie, Fringant, Comète, Cupidon, Éclair et Tonnerre). Le neuvième, nommé Rudolph (Rodolphe en français), fut créé en 1939 par le poète Robert L. May dans un conte où le père Noël doit affronter des conditions météorologiques si mauvaises qu'il risque d'être en retard dans sa livraison de cadeaux. Dans cette histoire, il réussit à les distribuer grâce au nez lumineux de Rudolph qui l'orientait dans la tempête.
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+ En 2001 est sorti un film d'animation anglais avec des personnages en pâte à modeler dont le héros est Robbie le renne qui rêve de devenir un membre de l'attelage du père Noël comme son père.
56
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57
+ Le lieu d'habitation supposé du père Noël est très controversé. Selon les Norvégiens il habite à Drøbak, à 50 km au sud d'Oslo. Pour les Suédois, c'est à Gesunda (en), au nord-ouest de Stockholm, et pour les Danois au Groenland. Les Américains considèrent encore aujourd'hui qu'il habite au pôle Nord. En 1927 les Finlandais ont décrété que le père Noël ne pouvait pas y vivre, car il lui fallait nourrir ses rennes : ils fixèrent sa résidence en Laponie, au Korvatunturi puis, cette région étant un peu isolée, ils l'ont fait déménager près de la ville de Rovaniemi au Village du Père Noël. Depuis 1999, Ded Moroz, le cousin russe du père Noël, avec sa petite fille Snégourotchka, a une résidence officielle dans la ville de Veliki Oustioug, dans le nord de la Russie[25]. Au Canada une grande partie de la population croit qu'il réside au pôle Nord, certains qu'il serait dans le grand nord canadien. Selon la célèbre chanson de Joseph (Pierre Laurendeau), reprise par Les Colocs, le personnage serait en fait québécois comme l'indique le titre lui-même, Le Père Noël c't'un Québécois.
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59
+ En 1953, Réal Rousseau et Jacques T. Melchers construisirent la résidence d'été du père Noël à Val-David dans les Laurentides, au Québec. Le père Noël y déménagea l'année-même et y arriva en hélicoptère. Il y revient à chaque été et a reçu près de 3 millions de visiteurs[26].
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+ Dans le Pacifique, l'île Christmas se revendique également comme une résidence secondaire du père Noël. La Turquie, qui a gardé des reliques de saint Nicolas dans la très touristique région d'Antalya, est aussi de la partie.
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+ Dans certains pays, une lettre envoyée au père Noël (quelle que soit l'adresse inscrite : pôle Nord, Laponie ou autre) peut être traitée par le service des postes qui répond ainsi aux jeunes expéditeurs.
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+ H0H 0H0 est un code postal utilisé par Postes Canada pour acheminer le million de lettres annuelles destinées au père Noël au pôle Nord. En 1974, le personnel de Postes Canada à Montréal recevait une quantité considérable de lettres adressées au père Noël et ces lettres étaient traitées comme « indistribuables ». Comme les employés ne voulaient pas que les expéditeurs, pour la plupart des enfants, soient déçus par l'absence de réponse, ils se mirent à répondre eux-mêmes. La quantité de courrier adressé au père Noël a augmenté chaque année, au point où Postes Canada décida de mettre en place un programme officiel de réponse aux lettres adressées au père Noël, en 1983. Environ un million de lettres pour le père Noël sont reçues chaque année, dont certaines provenant d'autres pays que le Canada. Chaque expéditeur recevra une réponse dans la langue qu'il a utilisée pour écrire au père Noël.
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+ Postes Canada a mis en place une adresse spéciale pour le père Noël, avec son code postal dédié[27] : Père Noël, Pôle Nord H0H 0H0, Canada. Le code postal « H0H 0H0 » a été choisi en ressemblance au rire caractéristique du père Noël (en anglais) : « Ho ! Ho ! Ho ! ».
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+ Le 22 décembre 2010, le ministre canadien de la Citoyenneté et de l’Immigration a affirmé lui avoir remis son certificat de citoyenneté[28].
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+ D'après la Base historique du vocabulaire français[29], le premier emploi attesté de la locution nominale père Noël se trouve dans le numéro de La Revue comique à l'usage des gens sérieux paru le 23 décembre 1848 :
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+ « – Pan ! pan ! – Qui est là ? – Le vieux père Noël de 1848. – Farceur ! – Il n'y a pas de farceur ; je suis réellement le père Noël qui vient vous rendre visite. Ouvrez, je meurs de froid. – Entrez, alors ; mais, à vrai dire, je ne vous attendais guère. Pourquoi n'êtes-vous pas tombé chez moi par la cheminée, selon l'usage[30] ? »
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+ Le Trésor de la langue française informatisé[31] retient comme premier emploi significatif de père Noël celui qu'en fait l'écrivaine George Sand dans son Histoire de ma vie, parue en 1855 :
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+ « Ce que je n'ai pas oublié, c'est la croyance absolue que j'avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à barbe blanche, qui, à l'heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j'y trouvais à mon réveil[32]. »
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+ La date de la disparition de Cupidon coïncide étrangement à la première découverte d'ivoire dans les dents humaines.
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+ Cet usage propre à George Sand cité ci-dessus n'est pas général à la France de cette époque, puisque dans la deuxième partie du XIXe siècle, on parle du « bonhomme de Noël », du « bonhomme Noël », ou du « petit Noël ou petit Jésus »[33]. D'autre part, la France est surtout un ensemble de traditions locales très riches et variées : par exemple, la Provence privilégie les santons, la crèche et l'arrivée des Rois Mages chargés de cadeaux ; en Franche-Comté, il s'agit d'une fée montée sur son âne, qui arrive le jour de Noël ou, bien plus tard, le jour de l’Épiphanie — l'arrivée des Rois chargés de présents —, comme en Italie, où la Befana, qui est aussi une sorte de fée ou de mère-fouetarde, vient récompenser ou punir les enfants dans la nuit précédant le jour de l'Épiphanie : elle offre soit des bonbons, soit du charbon, et cette tradition est encore très vive dans la Péninsule, profondément attachée aux figures féminines (comme la Vierge), et où les enfants n'ont leurs cadeaux que ce jour-là et non pas le soir du 24 décembre[34].
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+ Depuis le début du XXe siècle, cette fête se laïcise et n'est plus l'apanage des chrétiens.
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+ En 1946, la chanson Petit Papa Noël est transmise sur les ondes françaises : à l'origine, elle a été créée en hommage aux enfants dont les pères sont absents du fait de la guerre.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, le père Noël à l'image actuelle (vieillard débonnaire barbu, rondelet et jovial, à la houppelande rouge et au ceinturon noir) arrive en France avec le plan Marshall et la marque Coca-Cola qui fige cette image du père Noël qu’il n’a pas créée, mais simplement popularisée, dans les années 1930. Une campagne de presse condamnant son utilisation comme outil de merchandising est alors menée[35] et atteint son paroxysme lorsqu'un prêtre dijonnais, Jacques Nourissat, condamne au bûcher le personnage du père Noël, outré qu'il soit à l'effigie des grands magasins de Dijon. Cet autodafé a lieu sur les grilles de la cathédrale Saint-Bénigne le 23 décembre 1951. Cet évènement donne lieu à de vifs débats entre les écrivains catholiques Gilbert Cesbron et François Mauriac, qui reprochent la marchandisation du père Noël, tandis que des personnalités comme René Barjavel, Jean Cocteau ou Claude Lévi-Strauss prennent sa défense[36].
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+ Le secrétariat du Père Noël est créé par le ministre des PTT, Jacques Marette, en 1962 dans le service des « rebuts » de l'hôtel des Postes à Paris. Il est ensuite transféré en 1967 au sein du centre des recherches du courrier la Poste à Libourne (le seul qui soit autorisé à ouvrir le courrier)[37]. La lettre au Père Noël est donc ouverte pour retrouver l'adresse de l'expéditeur et lui envoyer gratuitement une carte-réponse. La première « secrétaire du père Noël » qui rédige ainsi la première réponse par l'entremise des PTT en 1962, est en réalité la propre sœur du ministre Marette, la pédiatre et psychanalyste[38] Françoise Dolto[39].
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+ Cette opération, plébiscitée par les enfants et leurs parents, connaît un succès grandissant : le courrier reçu par le père Noël a plus que doublé en dix ans. En 2007, le père Noël a reçu plus d'1,6 million de courriers, dont 1,43 million de lettres et 181 200 courriels (via le portail Internet du Groupe La Poste et le site du père Noël de La Poste - www.laposte.fr/pere-noel)[40], cette évolution se stabilisant depuis[41]. Le Service Client Courrier de Libourne est toujours au service du père Noël. En 2012, plus de 1 700 000 lettres et de 200 000 courriels, en provenance de plus de 120 pays. Chaque enfant peut imaginer l'adresse qu'il souhaite et le nom du père Noël, la lettre arrivera et sera traitée. En 2014, toute l'histoire du secrétariat du père Noël de La Poste est racontée pour la première fois dans un livre scientifique[42].
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+ La dimension mercantile de Noël ne doit pas être évacuée : c'est un dispositif mis en place depuis au moins le milieu du XIXe siècle. Comme le démontre du reste Martyne Perrot, « il s’agit d’une fête et d’une pratique qui sont étroitement liées aux différentes évolutions du commerce, que ce soit pour les bimbeloteries ou le développement des grands magasins. On voit apparaître alors, dès le XIXe siècle, différentes innovations qui perdurent encore de nos jours : les catalogues qui soulignent les tendances du moment, les affiches publicitaires avec les premiers personnages incarnant Noël, l’empaquetage systématique du présent par du papier cadeau, ou encore l’instauration des premières vitrines animées des grands magasins[43]. »
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97
+ L'idée selon laquelle le père Noël aurait été dessiné par la compagnie Coca-Cola en 1931 est une légende urbaine[44],[45]. Une étude de la représentation du père Noël dans les années précédentes montre en effet que l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui était déjà répandu, y compris sa couleur rouge, utilisée dès 1866, et même avant, par exemple aux Pays-Bas[46]. Ainsi, dès 1896, le père Noël apparaît déjà habillé en rouge et blanc essentiellement sous sa forme actuelle dans plusieurs couvertures du magazine Puck. Cette couleur est dès lors celle qui est principalement associée à la pompe ecclésiastique, de même que la mitre : cependant, lorsque l'on regarde l'iconographie de saint Nicolas sur plusieurs siècles, l'habit prend de multiples couleurs... Coca-Cola, en 1931, associe sa marque aux représentations de Santa Claus fabriquées par l'illustrateur Haddon Sundblom qui travailla longtemps pour la D'Arcy Advertising Agency (en) : il s'inspira du poème A Visit From St. Nicholas datant de 1822 et se prit lui-même pour modèle[47]. De nombreuses entreprises avaient déjà utilisé son image dans des publicités, comme le fabricant de stylos Waterman en 1907, le manufacturier de pneumatiques Michelin[46] en 1919, le fabricant de savon Colgate en 1920 et même Coca-Cola, dès les années 1920, qui reprit alors les illustrations de Thomas Nast[47]. Néanmoins, il est vraisemblable que Coca-Cola ait largement contribué à fixer l'image actuelle du père Noël[48].
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99
+ Dans les régions européennes où la tradition de Santa Claus n'existait pas, l'arrivée du père Noël sous sa forme actuelle a pu être ressentie comme l'intrusion d'une fête américaine dans un contexte principalement marchand, ce qui a pu susciter quelques réactions de rejet. Ainsi, le 23 décembre 1951, un Dijonnais particulièrement exalté brûla l'effigie du père Noël sur le parvis de la cathédrale[49].
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101
+ Aujourd'hui, le père Noël est également utilisé, le 25 décembre, dans des pays n'ayant pas de tradition chrétienne, tels que la Chine, comme outil de vente et comme occasion d'offrir des cadeaux, de décorer la ville et de réunir la famille. La hotte du père Noël[50] peut être un panier ou être une sorte de grand sac marron dans lequel les cadeaux des enfants doivent être entreposés.
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+ « La marque « Papa Noël » vaut 1 600 milliards de dollars, tandis qu'Apple est évaluée à 87,3 milliards », affirmait David Haigh, PDG de Brand Finance en 2013[51], qui ajoute : « Il n'est pas étonnant que des marques comme Coca-Cola, Volkswagen ou KFC se pressent pour obtenir son appui. »
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+ Toutes ces marques sont connues dans le monde entier, comme l'image actuelle du père Noël, qui est en définitive aussi le fruit d'une mondialisation des imaginaires, dont les repères ont tendance à s'uniformiser du fait des modes de consommation.
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+ Le père Noël est généralement reconnu et célébré dans la plupart des pays européens et nord-américains. Ailleurs, celui qui distribue les cadeaux durant les vacances d'hiver, incluant le nom, l'apparence, l'histoire, et la date d'arrivée, varie grandement. En Amérique latine, il est généralement désigné sous le vocable « Papá Noel », mais cette appellation connaît quelques variations dans certains pays. En Asie, les pays qui ont adopté cette tradition occidentale, célèbrent également Noël et le distributeur traditionnel de cadeaux, au moment des congés de fin d'année, tels Hong Kong, les Philippines (pays catholique), le Timor oriental, la Corée du Sud, la Malaisie, Singapour, l'Inde, et les communautés chrétiennnes d'Asie centrale et du Moyen-Orient. Les chrétiens d'Afrique et Moyen-Orient perpétuent la tradition de Noël depuis le XIXe siècle et le XVIe siècle. Les descendants d'anciens colonisateurs perpétuent la tradition de leurs ancêtres[52].
108
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109
+ Ces dernières années, des spécialistes en médecine et en prévention se sont sérieusement penchés sur la santé du père Noël et sur ses conditions de travail[55],[56].
110
+
111
+ Une équipe de chercheurs de l'UFR des sciences de la santé de Montigny-le-Bretonneux (France) et de l’Université d’Helsinki (Finlande) a établi la liste des troubles cutanés dont souffrirait le père Noël au titre de maladies professionnelles, et la publie en 2018 dans le Journal of the European Academy of Dermatology and Venereology[57]. Des médecins canadiens à l’université d’Alberta se sont également intéressés en 2016 aux autres pathologies potentielles qui menacent le distributeur de cadeaux comme certaines formes de cancer, les troubles musculo-squelettiques, les rhumatismes, les risques traumatologique, cardiovasculaire et ophtalmologique, les affections respiratoires, le surpoids, le stress (santé mentale au travail), etc.[17],[55]. Déjà en 2015, des spécialistes en médecine préventive s'inquiétaient dans le Journal of Occupational Medicine and Toxicology des risques traumatologique, cardiovasculaire et même psychiatrique que court le père Noël sur son traîneau, outre son alcoolémie la nuit de Noël[58]. C'est notamment pourquoi, dès 2009, l'article paru dans le British Medical Journal (BMJ) s'intitule « Santa Claus : un paria de la santé publique ? »[59].
112
+
113
+ Par ailleurs, une étude conjointe de chercheurs, approuvée par le comité d'éthique de l'Academic Medical Centre de l'université d'Amsterdam et du Norwegian Animal Research Authority de la Norvège, et publiée en 2012, s'est penchée sur la microcirculation du nez rouge de Rudolph, le célèbre renne du père Noël[60].
114
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+ Dans un article du Monde paru le 24 décembre 2019, est démontré, textes de loi à l'appui, que le père Noël est un délinquant qui viole chaque année la loi, dans la plus totale impunité et pour d'obscures raisons[61].
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+
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+ Après calcul des différentes infractions constatées (violation de domicile par manœuvre ; contrebande en bande organisée et transport illégal de marchandises ; tapage nocturne ; contrefaçon en bande organisée ; actes de cruauté envers les animaux ; survol de zones interdites ; non-respect des lois sur les données personnelles ; vol d'un aéronef sans détention de certificat de navigabilité ; déjections animales sur la voie publique et enfin non-utilisation d'un aéroport international), les auteurs de l’article estiment que le père Noël pourrait être condamné — rien qu'en France et sans tenir compte les dommages-intérêts — à une peine minimum de 31 ans de prison, 21 371 568 € d'amende et à la fermeture définitive de son établissement (l'atelier des lutins)[61].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/4504.html.txt ADDED
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+ Le périmètre d'une figure plane est la longueur développée du contour de cette figure. Le calcul du périmètre sert par exemple à déterminer la quantité de grillage nécessaire à la clôture d'un terrain.
2
+
3
+ Pour tout polygone, le périmètre est égal à la somme des longueurs des côtés. Il existe des formules simples pour le calcul du périmètre des figures de base, mais le problème devient beaucoup plus ardu pour des figures plus complexes : il fait appel à des calculs d'intégrales ou de limites. Dans ce cas, une méthode consiste à approcher la figure complexe par d'autres, plus simples et mieux connues, pour obtenir une approximation du périmètre voulu.
4
+
5
+ La question de savoir, pour un périmètre donné, quelle est la surface dont l'aire est maximale (ou isopérimétrie) a été posée très tôt et sa réponse seulement établie au XIXe siècle.
6
+
7
+ En dehors du contexte mathématique, le mot périmètre est parfois utilisé pour désigner la ligne qui délimite une figure[2]. Il est toutefois préférable de nommer cette ligne la circonférence pour une figure de forme approximativement circulaire, ou le contour pour toute autre figure.
8
+
9
+ Dans une acception courante, le mot périmètre est aussi utilisé pour désigner la zone qui s'étend autour d'un lieu déterminé (périmètre de protection)[2].
10
+
11
+ Le mot périmètre (du grec ancien : περίμετρος) est composé du préfixe péri- qui signifie « autour » et du suffixe -mètre : « mesure »[3].
12
+
13
+ Le cas des polygones est fondamental, non seulement par sa simplicité, mais aussi parce que de nombreux périmètres sont calculés, en valeur approchée, par une suite de polygones tendant vers ces courbes. Le premier mathématicien connu pour avoir utilisé ce raisonnement fut Archimède qui approcha le périmètre d'un cercle en l'encadrant par celui de polygones réguliers[4].
14
+
15
+ Le périmètre d'un polygone est égal à la somme des longueurs de ses côtés.
16
+
17
+ En particulier, un rectangle de dimensions a et b a pour périmètre 2(a + b). Un polygone équilatéral est un polygone dont tous les côtés ont la même longueur (un losange est un polygone équilatéral à quatre côtés). Pour calculer le périmètre d'un polygone équilatéral, il suffit de multiplier cette longueur par le nombre de côtés.
18
+
19
+ Un polygone régulier est souvent défini par son nombre de côtés et son rayon, c'est-à-dire la distance constante qui sépare son centre de chacun des sommets. Il est possible de calculer la longueur du côté par un raisonnement de trigonométrie. Si R est le rayon d'un polygone régulier et n le nombre de ses côtés, son périmètre est[5] :
20
+
21
+ Ces méthodes sont résumées dans le tableau ci-dessous.
22
+
23
+ Le périmètre d'un cercle est la longueur développée de son contour. Il est proportionnel à son diamètre[6]. C'est-à-dire qu'il existe une constante π (le p grec de périmètre) telle que, quel que soit un cercle de diamètre D et de périmètre P,
24
+
25
+ L'usage du compas ayant favorisé l'utilisation du rayon R du cercle plutôt que de son diamètre, cette formule devient :
26
+
27
+ Ces deux formules sont parfaitement équivalentes puisque, pour tout cercle, D = 2 R.
28
+
29
+ Il suffit, pour calculer le périmètre d'un cercle, de connaître son rayon ou son diamètre et le nombre π. Le problème est que ce nombre n'est pas rationnel (on ne peut pas l'écrire sous la forme d'un quotient de deux entiers) ni même algébrique (il n'est pas la racine d'un polynôme à coefficients entiers). Obtenir une valeur approchée de π aussi précise qu'on le souhaite n'est donc pas évident. La recherche des décimales de π mobilise des connaissances en analyse, algorithmique et informatique.
30
+
31
+ Le périmètre d'un cercle est souvent appelé par extension circonférence même si la circonférence désigne une courbe et non une mesure de longueur. L'usage du terme longueur du cercle est ambigu et doit être évité car cette notion peut tout aussi bien recouvrir la distance entre deux points opposés (le diamètre) que la longueur développée du contour du cercle (le périmètre).
32
+
33
+ Le périmètre est, avec l'aire, l'une des deux mesures principales des figures géométriques. Il est fréquent de confondre ces deux notions[7] ou de croire que, plus l'une est grande, plus l'autre l'est aussi. En effet l'agrandissement (ou la réduction) d'une figure géométrique fait croître (ou décroître) simultanément son aire et son périmètre. Par exemple, si un terrain est représenté sur une carte à l'échelle 1:10 000, le périmètre réel du terrain peut être calculé en multipliant le périmètre de la représentation par 10 000 et l'aire en multipliant celle de la représentation par 10 0002. Il n'existe cependant aucun lien direct entre l'aire et le périmètre d'une figure quelconque. Par exemple, un rectangle possédant une aire égale à un mètre carré peut avoir comme dimensions, en mètres : 0,5 et 2 (donc un périmètre égal à 5 m) mais aussi 0,001 et 1000 (donc un périmètre de plus de 2 000 m). Proclus (Ve siècle) rapporte que des paysans grecs se sont partagé « équitablement » des champs suivant leurs périmètres, mais avec des aires différentes[8],[1]. Or, la production d'un champ est proportionnelle à l'aire, non au périmètre : certains paysans naïfs ont pu obtenir des champs avec de longs périmètres, mais une aire (et donc une récolte) médiocre.
34
+
35
+ Lorsqu'on ôte une partie d'une figure, son aire diminue (on a aussi « ôté » une aire). Mais il n'en est pas toujours de même du périmètre. Dans le cas de figure très « découpées », à la confusion aire/périmètre s'ajoute celle avec l'enveloppe convexe de la figure plutôt que son tour au sens strict[9]. L'enveloppe convexe d'une figure est semblable à un élastique qui entourerait cette figure. Sur l'animation ci-contre à gauche, toutes les figures ont la même enveloppe convexe : le grand hexagone initial.
36
+
37
+ L'isopérimétrie traite, en particulier, la question de trouver la surface la plus vaste possible, pour un périmètre donné. La réponse est intuitive, c'est le disque[10]. Ceci explique pourquoi, notamment, les yeux à la surface d'un bouillon ont une forme circulaire.
38
+
39
+ Ce problème, d'apparence anodin, fait appel à des théories sophistiquées pour obtenir une démonstration rigoureuse. On simplifie parfois le problème isopérimétrique en limitant les surfaces autorisées. Par exemple on cherche le quadrilatère ou le triangle d'aire la plus vaste possible, toujours pour un périmètre donné. Les solutions respectives sont le carré et le triangle équilatéral. De manière générale, le polygone à n sommets ayant la plus grande surface, à périmètre donné, est celui qui se rapproche le plus du cercle, c'est le polygone régulier.
40
+
41
+ L'isopérimétrie ne se limite pas à ces questions. On recherche aussi une zone d'aire la plus vaste possible pour un périmètre donné, avec des géométries différentes. Par exemple, dans le cas d'un demi-plan, la réponse est le demi-disque.
42
+
43
+ Ce concept donne naissance à une famille de théorèmes, dit isopérimétriques, à des majorations dites inégalités isopérimétriques, ainsi qu'à un rapport, appelé quotient isopérimétrique. L'inégalité isopérimétrique indique qu'une surface de périmètre p et d'aire a vérifie la majoration suivante :
44
+
45
+ Le terme de gauche, est appelé quotient isopérimétrique, il est égal à 1 si, et seulement si la surface est un disque.
46
+
47
+ Si l'origine de cette question date d'au moins 2 900 ans[11], ce n'est qu'en 1895, à l'aide de méthodes dérivées du théorème de Minkowski que la question est définitivement résolue sous sa forme antique[12]. Ces méthodes permettent de démontrer le théorème isopérimétrique et de le généraliser à des dimensions supérieures dans le cas d'une géométrie euclidienne.
48
+
49
+ Voir l'article isopérimétrie pour les aspects élémentaires de cette question. Des éléments de réponse, faisant usage d'outils mathématiques plus sophistiqués, sont proposés dans l'article Théorème isopérimétrique.
50
+
51
+ Mis à part les cas des polygones et des cercles, le périmètre de la plupart des surfaces est malaisé à calculer : il fait intervenir une intégrale qui ne s'exprime pas souvent au moyen de fonctions élémentaires (polynômes, sinus, etc.).
52
+
53
+ L'ellipse peut paraître simple : il ne s'agit après tout que d'un « cercle écrasé ».
54
+
55
+ Soit une ellipse de demi-grand axe a et de demi-petit axe b.
56
+
57
+ L'aire est aisée à calculer[13] :
58
+
59
+
60
+
61
+ π
62
+ a
63
+ b
64
+
65
+
66
+ {\displaystyle \pi ab}
67
+
68
+ .
69
+
70
+ Mais le périmètre P de l'ellipse ne peut être obtenu qu'à l'aide d'une intégrale elliptique[14] :
71
+
72
+ qui s'exprime sous forme de série, en notant e l'excentricité de l'ellipse (formule de J.H. Lambert (1772)) :
73
+
74
+ La difficulté de ces calculs a conduit à développer des approximations. La deuxième proposée, plus précise, est l'œuvre de Ramanujan[14] :
75
+
76
+ Le problème du calcul d'un périmètre est plus ardu si la frontière est courbe et non plus polygonale.
77
+
78
+ Il est toujours possible d'approcher la longueur d'une courbe par celle d'un polygone d'approximation. La longueur du polygone d'approximation est la somme des longueurs de ses côtés. Lorsque le pas, c'est-à-dire la longueur maximale entre deux sommets consécutifs du polygone, tend vers zéro, la limite supérieure de la longueur du polygone tend vers la longueur de la courbe. Si la longueur de la courbe est finie, celle-ci est dite rectifiable. Ce raisonnement permet de calculer des valeurs approchées de nombreuses courbes.
79
+
80
+ Une valeur exacte est possible lorsque la courbe est paramétrée par une fonction continûment dérivable. Alors la courbe est rectifiable. Si la courbe est un arc paramétré par une fonction f définie sur un intervalle [c;d], alors sa longueur est :
81
+
82
+ En particulier, si f(t) = (x(t) ; y(t)) et si les coordonnées s'expriment dans une base orthonormale, la longueur L de la courbe est donnée par :
83
+
84
+ Cette formule permet d'établir celle donnée plus haut, pour le périmètre de l'ellipse ( x(t)=a cos t, y(t)=b sin t, I=]0,  π/4[ ).
85
+
86
+ Il est également possible d'utiliser les coordonnées polaires (θ, r(θ)) où r est une fonction continûment dérivable de θ définie sur un intervalle [θ1;θ2]. Dans ce cas :
87
+
88
+ Le flocon de Koch est construit par une suite de polygones à la fois très simple et aux propriétés étonnantes.
89
+
90
+ À chaque itération, le polygone obtenu possède un périmètre égal à 4⁄3 de celui du précédent, la suite des périmètres obtenus tend vers l'infini. Pourtant, tous ces polygones sont inclus dans le cercle circonscrit au premier triangle, et ont une aire finie.
91
+
92
+ Si plusieurs surfaces ont des périmètres infinis, il est toutefois possible que certaines aient un « plus long périmètre » que d'autres[15]. La dimension de Hausdorff introduite en 1918, permet de les comparer en étendant encore la notion de longueur, et donc celle de périmètre.
93
+
94
+ Des plans tracés sur des tablettes d'argile et datant d'Ur III (fin du IIIe millénaire av. J.‑C.) comportent des mentions de longueurs de terrains, qui sont découpés en triangles et quadrilatères afin de faciliter les calculs. Mais les aires de polygones, notamment les surfaces des champs, étaient calculées à partir des périmètres, même si certains scribes semblent s'être rendu compte que ces raisonnements pouvaient être faux[16]. Cette façon de mesurer des villes ou des régions par leur périmètre est utilisée par Homère pour Troie[1] ou encore par Hérodote :
95
+
96
+ « aussi donnait-on autrefois le nom d'Égypte à la Thébaïde, dont la circonférence est de six mille cent vingt stades[17]. »
97
+
98
+ Dès 1800 av. J.-C., les problèmes de géométrie au sujet de périmètres sont attestés. Un problème classique trouvé sur de nombreuses tablettes consistait à trouver les dimensions d'un rectangle, connaissant son aire et son périmètre[18] :
99
+
100
+ Exemple de problème babylonien — Un champ rectangulaire possède une aire de 96 et un périmètre de 40. Quelles sont les longueur et largeur du champ ?
101
+
102
+ La légende[19] veut que Didon, vers 800 av. J.-C., cherchant une terre pour fonder une nouvelle cité pour son peuple, obtint d'un roi qu'il lui en cède « autant qu'il en pourrait tenir dans la peau d'un bœuf ». Didon découpa une peau de bœuf en très fines lanières et choisit une péninsule : avec les lanières, elle sépara la péninsule du continent et put ainsi délimiter un vaste terrain. Carthage était née. La légende de Didon peut avoir une origine didactique, car elle montre qu'aire et périmètre ne sont pas liés, elle est également une première approche du problème d'isopérimétrie[1].
103
+
104
+ La fondation de Rome est également une question de périmètre : Romulus trace, avec sa charrue, le périmètre circulaire de sa future ville. Le mot latin Urbs (la Ville, qui désigne Rome et a donné en français les mots urbain, urbaniser) serait une déformation d'une expression signifiant « tracer le périmètre ». Une racine indo-européenne signifiant pourtour, périmètre, clôture en serait à l'origine[20].
105
+
106
+ Le problème de l'isopérimétrie est très ancien, comme l'atteste la légende de Didon, et ses différentes réponses (polygone régulier, demi-disque dans un demi-plan, cercle) étaient connues dès l'antiquité grecque[21], bien qu'il ait fallu attendre le XIXe siècle pour qu'une démonstration rigoureuse soit élaborée.
107
+
108
+ Les Babyloniens liaient l'aire A et le périmètre P d'un cercle suivant un algorithme de calcul équivalent à la formule
109
+
110
+
111
+
112
+ A
113
+ =
114
+
115
+
116
+
117
+ P
118
+
119
+ 2
120
+
121
+
122
+ 12
123
+
124
+
125
+
126
+
127
+ {\displaystyle A={\frac {P^{2}}{12}}}
128
+
129
+ ce qui donne une approximation[22] de π égale à 3. Même lorsqu'ils connaissaient le diamètre d'un cercle, les scribes passaient toujours par le calcul de son périmètre (en multipliant le diamètre par 3) pour ensuite obtenir son aire. La dimension usuelle pour un cercle était toujours son périmètre, jamais son diamètre ni son rayon. Cela montre que, pour les anciens, un cercle était plutôt vu comme une circonférence plutôt que comme une courbe définie par un centre et un rayon[23]. La procédure pour calculer l'aire d'un disque à partir de son diamètre était la suivante[24], utilisée, dans cet exemple, pour déterminer le volume d'une bûche cylindrique dont le diamètre était 1 + 2⁄3 :
130
+
131
+ Méthode babylonienne — Triple 1 + 2⁄3, le dessus de la bûche, et 5, la circonférence de la bûche, viendra. Prends le carré de 5 et 25 viendra. Multiplie 25 par 1⁄12, la constante, et 2 + 1⁄12, l'aire, viendra.
132
+
133
+ L'approximation de π par 3 est également utilisée dans la Bible[25] :
134
+
135
+ « Il fit la mer de fonte. Elle avait dix coudées d’un bord à l’autre, une forme entièrement ronde, cinq coudées de hauteur, et une circonférence que mesurait un cordon de trente coudées[26]. »
136
+
137
+ et le Talmud[25] :
138
+
139
+ « Ce qui a trois palmes de tour est large d'une palme. »
140
+
141
+ Archimède énonça[6] et démontra, dans son traité De la mesure du cercle :
142
+
143
+ Approximation de π par Archim��de — Le quotient du périmètre de tout cercle par son diamètre est plus petit que
144
+
145
+
146
+
147
+ 3
148
+ +
149
+
150
+
151
+ 10
152
+ 70
153
+
154
+
155
+
156
+
157
+ {\displaystyle 3+{\frac {10}{70}}}
158
+
159
+ mais plus grand que
160
+
161
+
162
+
163
+ 3
164
+ +
165
+
166
+
167
+ 10
168
+ 71
169
+
170
+
171
+
172
+
173
+ {\displaystyle 3+{\frac {10}{71}}}
174
+
175
+ .
176
+
177
+ Ce qui donne un encadrement de π (qui est le quotient du périmètre de tout cercle par son diamètre). Pour parvenir à ce résultat, Archimède encadra le cercle par deux polygones réguliers dont il calcula les périmètres. Son résultat utilise des polygones réguliers à 96 côtés.
178
+
179
+ En 1424, Al-Kachi, dans son Traité sur le cercle, calcule une valeur approchée de π en encadrant le cercle entre deux polygones réguliers à 805 306 368 côtés avec seize décimales exactes. Son objectif était de déterminer une valeur approchée de π suffisamment précise pour pouvoir calculer non seulement la circonférence de la Terre, mais aussi celle de l'Univers[27]. Son traité commence ainsi[28] :
180
+
181
+ « Louange à Allah, qui connaît le rapport du diamètre à la circonférence [...] et paix à Mahomet, l'Élu, qui est le centre du cercle des prophètes. »
182
+
183
+ La méthode d'Archimède a été reprise[29] en 1579 par François Viète et en 1593 par Adrien Romain pour calculer de douze à quinze décimales de π.
184
+
185
+ D'autres mathématiciens ont calculé des valeurs approchées de π en utilisant des calculs d'aires puis, à partir du XVIIe siècle, les techniques du calcul infinitésimal.
186
+
187
+ La question du calcul de la longueur développée d'une courbe prend, au XVIIe siècle le nom de rectification d'une courbe[30]. Elle est en général considérée comme impossible à résoudre, ce que Descartes exprime par : « la proportion qui est entre les droites et les courbes n'étant pas connue, et même je crois ne le pouvant être par les hommes[31] ».
188
+
189
+ Au XVIIe siècle, l'invention du calcul infinitésimal a conduit à interpréter le calcul de la longueur développée d'une courbe comme celui d'une intégrale[32] suivant la formule vue plus haut (voir l'exemple de l'ellipse).
190
+
191
+ Au XIXe siècle, Camille Jordan donne une nouvelle définition de la longueur développée d'une courbe[33], se rapprochant de celle d'Archimède mais utilisant les outils modernes (dont le calcul de la limite d'une suite) : il approche la courbe par un polygone dont les sommets sont des points de cette courbe. Lorsque le nombre de ces points tend vers l'infini, la limite supérieure de la suite des longueurs des polygones obtenus, si elle est majorée, est la longueur développée de cette courbe. Cette définition de courbe rectifiable englobe et étend la précédente qui utilisait une intégrale.
192
+
193
+ Durant les XIXe et XXe siècles, des mathématiciens découvrent de nombreuses courbes « bizarres » comme celle de von Koch, qui ne sont pas rectifiables[34].
194
+ À partir de 1967, Benoît Mandelbrot[15] définit et étudie les fractales à partir d'une question apparemment très simple :
195
+
196
+ Question — Combien mesure la côte de la Bretagne ?
197
+
198
+ Mandelbrot explique que plus on cherchera à préciser la mesure, plus celle-ci sera grande, jusqu'à éventuellement devenir infinie[15]. En effet, si on mesure grossièrement le périmètre de la Bretagne (ou de tout pays) sur une carte, on va obtenir un polygone. Mais plus la carte sera précise, plus le polygone sera découpé et donc son périmètre grandira. Si l'on veut le « vrai » périmètre de la Bretagne, il faudra aller sur place mesurer chaque caillou, chaque escarpement de rocher, voire chaque atome de ces composants. L'étude de ces objets dépasse le cadre du calcul de périmètres.
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+ Le baroque couvre une grande période dans l’histoire de la musique et de l'opéra. Il s’étend du début du XVIIe siècle jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, de façon plus ou moins uniforme selon les pays. De façon nécessairement schématique, l’esthétique et l’inspiration baroques succèdent à celles de la Renaissance, apogée du contrepoint et de la polymélodie, et précèdent celles du classicisme, naissance d'éléments discursifs et rationnels, comme la phrase musicale ponctuée comme dans l'architecture. Les « figures » musicales baroques sont soutenues par une basse continue très stable. Nous pouvons dire que nous sommes à la jonction entre contrepoint et harmonie.
4
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5
+ Le mot « baroque » vient vraisemblablement du portugais barroco qui désigne des perles de forme irrégulière. Il fut choisi pour qualifier, au début de façon péjorative, l’architecture baroque venue d’Italie. Le mot n'a été utilisé pour parler de la musique de cette époque qu'à partir des années 1950 (en 1951, création de « L'Ensemble Baroque de Paris » par le claveciniste français Robert Veyron-Lacroix). Toute connotation péjorative a disparu depuis lors, et le terme tend davantage maintenant à désigner la période de composition que le caractère de l’œuvre.
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+ L’ère de la musique baroque débute symboliquement en Italie avec l'opéra de Claudio Monteverdi (1567-1643), L'Orfeo (1607), et se termine avec les contemporains de Johann Sebastian Bach, de Georg Friedrich Haendel et d'Antonio Vivaldi. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) et Georg Philipp Telemann (1681-1767), du fait de leur longévité, composent leurs dernières œuvres dans les années 1760 mais, bien avant cette décennie, les compositeurs plus jeunes se sont tournés vers un nouveau style.
8
+
9
+ Au cours de la période baroque, la musique instrumentale s’émancipe et naît véritablement : elle ne se contente plus d’accompagner ou de compléter une polyphonie essentiellement vocale ; si elle emprunte encore, au début du XVIIe siècle, ses formes à la musique vocale, elle ne tarde pas à élaborer ses propres structures, adaptées à leurs possibilités techniques et expressives.
10
+
11
+ Les deux pôles de la musique baroque sont l’Italie et la France, dont les styles sont fortement opposés malgré des influences réciproques. Cette opposition était telle que beaucoup de musiciens de l’une des écoles allaient jusqu’à refuser de jouer des œuvres provenant de l’autre. Le style italien se diffusa largement hors d’Italie. La France est sans doute le pays qui résista le plus à cette domination, sous l’influence de Jean-Baptiste Lully (Italien naturalisé français), ceci jusqu’à la Querelle des Bouffons, au milieu du XVIIIe. Par ailleurs, la France a suivi avec retard le mouvement européen d’évolution de la musique vers le style dit « classique » illustré notamment par Haydn et Mozart.
12
+
13
+ D’autres foyers existent et participent au mouvement en y apportant leurs spécificités : les Pays-Bas et l’Allemagne du Nord (le stylus fantasticus, le choral), l’Angleterre (l’art de la variation), un peu l’Espagne, où l'influence africaine apporte deux éléments rythmiques, la syncope et le contretemps[1]. Une synthèse apparaît dans la musique allemande, qui emprunte à ces différents courants et culmine dans l’œuvre de Jean-Sébastien Bach. Elle existe aussi, de façon beaucoup moins accomplie, chez quelques autres dont Johann Jakob Froberger (musicien « européen » par excellence), Georg Muffat, Savoyard devenu Autrichien après avoir étudié en France et en Italie, François Couperin (les Goûts Réunis). Quant à Georg Friedrich Haendel, son œuvre relève plus de l’assimilation personnelle de chaque style que d’une véritable synthèse : il sait composer comme un Allemand du Nord, comme un Italien, comme un Français, et crée même le nouveau genre de l’oratorio en anglais.
14
+
15
+ Le style baroque se caractérise notamment par l’importance du contrepoint puis par une harmonie qui s’enrichit progressivement, par une expressivité accrue, par l’importance donnée aux ornements, par la division fréquente de l’orchestre avec basse continue, qui est nommé ripieno, par un groupe de solistes qui est le concertino et par la technique de la basse continue chiffrée comme accompagnement de sonates. C’est un style savant et sophistiqué.
16
+
17
+ Le style baroque exprime aussi beaucoup de contrastes : les oppositions notes tenues/notes courtes, graves/aiguës, sombres/claires (un accord majeur à la fin d’une pièce mineure)... ou encore l’apparition du concerto (de l’italien concertar « dialoguer ») qui met en opposition un soliste au reste de l’orchestre (le tutti), l’opposition entre pièces d’invention (prélude, toccata, fantaisie) et pièces construites (fugue) ne sont que des exemples.
18
+
19
+ Le classicisme, plus tard, aura pour ambition de « revenir à la nature ». La confrontation de ces deux idéaux trouve une de ses illustrations les plus célèbres dans la véhémente « Querelle des Bouffons » qui confronte, en France vers 1740 la tragédie lyrique à la française et l’opéra-bouffe italien (Rameau contre Rousseau).
20
+
21
+ De nombreuses formes musicales sont créées pendant cette période d’un siècle et demi : certaines y atteignent leur apogée (par exemple : la suite, le concerto grosso…) pour ensuite tomber dans l’oubli, d’autres connaîtront une fortune qui durera bien au-delà de la fin du baroque : l’opéra, la sonate (qui engendrera la symphonie), le concerto de soliste.
22
+
23
+ La période baroque est aussi un moment important pour ce qui concerne l’élaboration de la théorie musicale. On y passe progressivement des tonalités de la polyphonie (tons ecclésiastiques du plain-chant) à la gamme tempérée et aux deux modes majeur et mineur légués à la période classique. On aura entretemps inventé et expérimenté de nombreux tempéraments et posé les bases de l’harmonie classique. Des instruments s’effacent, d’autres apparaissent ou prennent leur forme définitive, pendant que la facture fait de nombreux progrès et que les techniques d’exécution se stabilisent et se codifient. Il s’agit donc, à tous égards d’une période très féconde.
24
+
25
+ Beaucoup d’œuvres de cette époque, notamment les plus marquées par le contrepoint, ont connu une longue éclipse de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle. L'œuvre de Haendel a survécu en Grande-Bretagne après sa mort, principalement à travers son œuvre la plus célèbre, Le Messie, grâce aux concerts de son assistant Christopher Smith, les éditions disponibles, et surtout le soutien de Georges III lors des commémorations tenues à Westminster Abbey en 1784. Le Messie de Haendel commencera à se répandre en Allemagne du Nord. À Vienne, le baron Van Swieten, admirateur de Bach et Haendel, commandera des arrangements, entre autres du Messie à Mozart pour être donnés en concert. Ce dernier arrangera aussi des œuvres de Bach. Bach a été quasiment oublié de sa mort (1750) jusqu’en 1829, qui voit le retour (initié par Félix Mendelssohn) de la Passion selon saint Matthieu dans le répertoire, après un siècle de délaissement. À la suite de cet événement, l’intérêt s’accroît pour les musiques du passé qui semblaient devoir ne jamais revenir au répertoire. Cependant, certains musicologues se lancent dans la compilation et l’édition critique des œuvres de grands compositeurs tels Bach, Haendel, Charpentier, Rameau, Couperin… Les instruments ont évolué, et certains ont disparu ; le clavecin ressuscité au début du XXe siècle sous l’impulsion notoire de Wanda Landowska ne ressemble plus guère à celui des grands facteurs parisiens du XVIIIe siècle ; les violes ont cédé la place depuis longtemps. Au sein de la Schola Cantorum, Vincent d'Indy fit œuvre de restaurateur de la musique ancienne et baroque, de Palestrina, Bach, Monteverdi à Gluck, Corelli, Destouches. Les « Concerts historiques » de la Schola Cantorum (qui attiraient l'élite artistique de Paris, de Léon Bloy à Debussy) révélèrent quantité d'œuvres anciennes que l'on ne jouait plus. C'est dans ce contexte que Wanda Landowska tint une classe de clavecin rue Saint-Jacques.
26
+
27
+ Le XXe siècle baroque commence en 1904, lorsque Albert Schweitzer fait paraître un livre intitulé « J.S. Bach, le musicien-poète ». S'ouvre alors une ère nouvelle, où la musique baroque n'est plus seulement étudiée dans son architecture certes géniale, mais aussi dans la beauté de la ligne, la vérité du dessin, et dans tout ce qu'elle est capable d'émouvoir. C'est d'ailleurs en étudiant J.-S. Bach que le nom de Vivaldi apparaîtra, par transcription de concertos interposés. Malgré les travaux de recherche et de compréhension de tout le patrimoine musical de l'Europe baroque entrepris par nombre de musicologues, notamment les Français André Pirro et Marc Pincherle ou l'Italien Fausto Torrefranca (it), la diffusion de cette musique restera finalement assez confidentielle jusqu'en 1945.
28
+
29
+ Parallèlement, en ce début de XXe siècle, quelques musiciens passionnés s’efforcent de retrouver les principes d'interprétations en cours à l'époque baroque. Sous l’impulsion également des facteurs d’instruments qui tentent de leur fabriquer des copies d’anciens, ces musiciens étudient les traités relatifs à l’exécution laissés par les théoriciens, de façon très dispersée en général.
30
+
31
+ Cette avant-garde est inaugurée d’abord en Grande-Bretagne par le violoniste et facteur d’instruments français Arnold Dolmetsch (1858-1940), en France par Henri Casadesus (viole d'amour) et Édouard Nanny (contrebasse), qui en 1901 sont les cocréateurs de la « Société de concerts des Instruments anciens », sous la présidence du compositeur Camille Saint-Saëns, qui a pour objectif de faire revivre la musique des XVIIe et XVIIIe siècles en utilisant parfois des instruments d’époque.
32
+ En Allemagne, le violoncelliste Christian Döbereiner (1874-1961), s’occupait de remettre à l’honneur les violes. Il fonda en 1905 la Vereinigung für Alte Musik. Le mouvement des « violistes » des années 1920 constitua une forme de protestation contre l’« establishment » artistique musical.
33
+
34
+ À partir de 1927, en Allemagne, le musicien August Wenzinger (qui après la Seconde Guerre mondiale dirigerait la célèbre Schola Cantorum Basiliensis), expérimentait le jeu avec un nouveau diapason (la = 415 Hz, soit un demi-ton plus bas que le 440 Hz), sous le patronat de l’industriel et violoniste amateur Hans Hoesch.
35
+
36
+ La première moitié du siècle voit aussi l'exhumation de certaines œuvres, tels quelques opéras de Haendel, qui n'avaient pas été interprétées depuis plus de 150 ans. En complète ignorance des règles de l'opera seria, les rôles autrefois dévolus aux castrats - d'ailleurs disparus entretemps - sont retranscrits pour des voix plus masculines, donc considérées comme plus réalistes pour les héros de la mythologie ou de l'histoire, au prix d'une véritable "falsification" des partitions du passé.
37
+
38
+ En 1953 – juste à l'arrivée du disque microsillon –, la naissance du label Erato en France donne véritablement le coup d'envoi à la découverte du répertoire baroque. Avec Jean-François Paillard et des musiciens aussi prestigieux que Maurice André, Jean-Pierre Rampal, Marie-Claire Alain ou Pierre Pierlot, les Français découvrent, le microsillon aidant, les œuvres du répertoire baroque : ces musiciens, à qui l'on doit souvent les premiers enregistrements de la majeure partie des œuvres de Telemann, Haendel ou Vivaldi, parcourent la planète entière et imposent une nouvelle façon de jouer. Leur style est basé sur l'ensemble des écrits disponibles renseignant sur la façon d'interpréter le répertoire baroque ; mais ces musiciens ne souhaitent pas revenir aux instruments anciens. La firme sera la première à se spécialiser dans ce répertoire. En dix ans, son succès gagnera tous les continents. On doit aussi à Antoine Geoffroy-Dechaume, organiste et musicologue, d'avoir rassemblé dans un livre référence, Les Secrets de la musique ancienne, recherches sur l'interprétation[2], les recherches musicologiques de l'époque sur l'interprétation baroque.
39
+
40
+ Les autres pays européens participent aussi à la résurgence du répertoire baroque : on doit citer l'Allemand Karl Richter, dont les interprétations de la musique religieuse de Bach ont une audience internationale immense, ou des ensembles tels I Musici en Italie ou l'English Chamber Orchestra en Angleterre.
41
+
42
+ Au début des années 1970, la diffusion des œuvres baroques atteint son apogée : en France, la vente des disques consacrés à la période baroque a dépassé les 30 % des ventes totales des disques classiques entre la fin des années 1960 et le début des années 1980[3].
43
+
44
+ Au cours des années 1970, Gustav Leonhardt, Nikolaus Harnoncourt, et des chefs et interprètes tels que Jean-Claude Malgoire, John Eliot Gardiner ou Sigiswald Kuijken, Trevor Pinnock, James Bowman ou Reinhard Goebel remettent en cause le « mouvement », en introduisant des instruments anciens, modifiant le diapason, remplaçant les femmes par des enfants dans les chœurs pour partir à la recherche du son perdu. À l’époque, ce mouvement est le plus souvent raillé par les musiciens « établis ». L’enregistrement intégral des cantates sacrées de Jean-Sébastien Bach entrepris conjointement par Nikolaus Harnoncourt et Gustav Leonhardt en 1971 devient le cheval de bataille de ceux que la critique ne tarde pas à surnommer, avec un certain mépris « les baroqueux » ou les « baroquisants »[4]. Instruments anciens, chœurs et solistes garçons, airs d’alto confiés à un homme. Beaucoup s’insurgent et crient au scandale, voire sont choqués, comme Antoine Goléa « piquant une de ses pyramidales colères après audition d’un enregistrement d’Alfred Deller : « Cet homme qui chante avec une voix de femme, c’est... c’est... c’est... enfin, vous voyez ce que je veux dire ! »[5].
45
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46
+ Les années 1980 voient peu à peu s’imposer les interprètes évoqués et naître de nouveaux talents comme : William Christie, Philippe Herreweghe, René Jacobs, Gérard Lesne, Jordi Savall, Ton Koopman, Christophe Coin… Dans les années 1990, le mouvement de la musique ancienne est bien ancré dans la pratique musicale grâce à une nouvelle génération, au moins en Europe. Il est représenté notamment par Marc Minkowski, Hervé Niquet, Christophe Rousset, Hugo Reyne, Philippe Jaroussky, Martin Gester et beaucoup d’autres.
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48
+ On parle alors d'« interprétation baroque », lorsque le chef d’orchestre décide de jouer une œuvre avec les instruments de l’époque, les rythmes dits de l’époque (plus rapides) et les diapasons supposés de l’époque.
49
+
50
+ Le diapason utilisé était en effet variable en fonction des lieux, souvent déterminé par la longueur des tuyaux de l'orgue de l'église, eux-mêmes fonction de la richesse de la paroisse et du budget qu'elle pouvait consacrer à la fabrication de l'instrument. Le diapason, c'est-à-dire la valeur du « la » de référence pourra varier au-dessus ou en dessous du « la 440 Hz » de l'accord romantique.
51
+
52
+ Depuis l'an 2000, un certain consensus se retrouve aujourd'hui dans l'interprétation des pages baroques. Les musiciens « modernes » ont pris en compte la clarté du discours imposé par les « baroqueux », et les dits « baroqueux » sont revenus sur certains points ayant divisé la critique : par exemple, les voix d'enfants ont à peu près disparu des enregistrements des œuvres vocales religieuses. Par ailleurs, dans la plupart des conservatoires et écoles de musique du monde, la pratique des instruments anciens est aujourd'hui proposée, mais elle reste encore relativement marginale.
53
+
54
+ De nombreux festivals de musique, en Europe notamment, se consacrent à la découverte de ce répertoire. Les plus célèbres sont celui d'Utrecht (Festival OudeMuziek)[6], d'Innsbruck (Festival d'opéra baroque)[7], de York[8] ou encore le Festival Bach de Leipzig[9]. En 2011 se déroule pour la première fois à Venise le Festival Monteverdi Vivaldi, organisé par le Venetian Centre for Baroque Music[10],[11].
55
+
56
+ En France, les festivals d'Ambronay[12], d'Arques-la-Bataille[13], de Beaune[14], de la Chaise-Dieu[15], de Conques[16], de Lanvellec[17], de Paris[18], de Pontoise[19], de Sablé-sur-Sarthe[20], et le Festival Sinfonia en Périgord[21], sont les plus connus.
57
+
58
+ En Amérique du Nord, on compte d'importants festivals de musique baroque aux États-Unis comme à Boston[22], à Indianapolis[23] ou à Carmel[24], ainsi qu'au Canada avec le Festival international de musique baroque de Lamèque au Nouveau-Brunswick[25],[26], le Festival Montréal Baroque[27] au Québec, et le Festival de Musique Ancienne de Vancouver[28].
59
+
60
+ Quelques instruments sont spécifiquement liés à cette époque où ils atteignent leur apogée (de la facture comme de la littérature) avant de connaître le déclin voire l’oubli complet du milieu du XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe siècle ou plus tard. La tradition de facture s’étant perdue entretemps a pu être restituée, au moins partiellement par l’analyse des instruments anciens qui subsistent, et l’étude des traités lorsqu’ils existent.
61
+
62
+ Voici une Liste de compositeurs de la période baroque.
63
+
64
+ Sur les autres projets Wikimedia :
65
+
66
+ Partitions :
67
+
68
+ Webradio (radio Internet) :
fr/4506.html.txt ADDED
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+ Une perle est une concrétion calcaire, généralement de couleur blanche, fabriquée par certains mollusques bivalves (principalement les huîtres perlières). Quand un objet irritant passe à l'intérieur de la coquille, l'animal réagit en entourant l'objet d'une couche de carbonate de calcium CaCO3 sous la forme d'aragonite ou de calcite. Ce mélange est appelé nacre.
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+ Autrefois obtenues par le hasard ou cueillies par des professionnels dans le Golfe persique, les perles font au début du XXIe siècle l'objet d'une culture qui a été mise au point par les Japonais du début du XXe siècle aux années 1970. Depuis, le secret de leur technique s'est répandu dans tous les archipels de l'océan Pacifique, et la Polynésie française en est le principal producteur en 2010.
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+ La nacre est un carbonate de calcium cristallisé sous forme orthorhombique (maille parallélépipédique) formant des cristaux d'aragonite. Ces cristaux se forment sur un substrat de protéines et de sucres complexes (4-6 %) qui lui confère une grande solidité. Il s'agit, de fait, d'une bio-minéralisation, qui peut servir de mécanisme de défense vis-à-vis de l'intrusion d'un corps étranger[1].
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+ La qualité esthétique de la perle dépend de l'épaisseur de la nacre (plus importante lorsque la perle est naturelle) mais aussi de la régularité de la cristallisation. Sa coloration est multifactorielle (par ex. espèce du mollusque, nutrition de l’huître, composition chimique des minéraux dissous dans l'eau environnante...).
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+ Durant la préhistoire, "plusieurs tombes du Paléolithique ont livré chacune des centaines (voire des milliers) de perles et/ou de coquillages apparemment cousus à même les vêtements. Les exemples les plus connus sont ceux de La Madeleine (Dordogne), de Grimaldi (Italie) et de Sungir (Russie). Ce dernier site, un campement de plein air dans la steppe russe daté d'environ 32 000 ans, abritait la tombe d'un adulte et, séparée de lui, celle de deux enfants inhumés ensemble.[2] Des milliers de perles ornaient les habits des trois individus."[3]
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+ Une perle connue a été découverte dans les fouilles d'Oumm al Qaïwaïn par la mission archéologique française aux Émirats arabes unis[4]. Elle se trouvait dans une tombe collective, collée au crâne d'un défunt dont le corps avait été déplacé lors d'inhumations ultérieures. Des datations au carbone 14 datent le niveau de 5500 env. av. J.-C.[5] La présence de perles en contexte funéraire était déjà attestée dans la région du golfe Persique et de l'océan Indien[6], mais jamais avant le Ve millénaire. À cette époque, les perles étaient généralement posées sur la lèvre supérieure du mort ; au IVe millénaire, elles étaient plutôt placées dans sa main[7].
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+ Les perles sont utilisées pour confectionner des bijoux depuis l'Antiquité ; elles étaient appelées les larmes d'Aphrodite. Les familles romaines qui en avaient les moyens, achetaient à leurs filles une ou deux perles chaque année, afin qu'elles aient un collier complet à leur majorité. Le CIBJO reconnait quatre catégories de perles : les perles naturelles (très rares), les perles de culture, les perles composées, les perles d'imitation. À cela s'ajoutent les deux catégories d'eau douce ou d'eau de mer.
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+ La valeur des perles est déterminée par leur forme (symétrie), leur brillance, leur taille, leur couleur et leur poids.
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+ Les perles sont divisées en huit formes de base : rondes, semi-rondes, bouton, goutte, ovale, poire, baroque, baguée.
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+ La brillance (ou lustre de la perle) est le plus important des critères pour juger de la qualité d'une perle, surtout pour les joailliers ; mais plus la perle est grosse, plus elle se vend cher. Les grosses perles parfaitement rondes sont très rares, et très recherchées pour des colliers à plusieurs rangs.
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+
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+ L'épaisseur de la nacre est un critère déterminant la qualité d'une perle. La nacre peut être considérée comme l'essence de la perle, car elle va lui apporter son lustre, sa teinte et sa durabilité. Une nacre épaisse permet à la perle de conserver durablement sa teinte et son apparence, contrairement à la nacre fine qui, même si elle peut être très belle, aura plus de mal à durer dans le temps[8].
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+
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+ La taille des perles dépend fortement de l'espèce produisant la perle. Pour les perles de Tahiti, le gouvernement de Polynésie Française avait fixé l'épaisseur minimale à 0,8 millimètre de nacre. On ne permettait à aucune perle de Tahiti dont la nacre n'entrait pas dans cette norme d'être commercialisée. Cette interdiction n'est pas reconduite dans la loi du Pays n° 2017‐16 du 18 juillet 2017[9].
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+ La description complète d'une perle doit indiquer forme, qualité de surface, taille en mm et couleur (éventuellement la rareté de la combinaison).
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+ Appelé lustre, c'est le reflet brillant à la surface de la perle. Il est dû à la diffraction successive de la lumière à travers les différentes couches de nacre.
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+
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+ Les perles ayant des couches de nacre épaisses ont généralement un plus beau lustre que celles ayant des couches plus fines. L'épaisseur des couches successive de nacre n'est cependant pas le seul facteur donnant un beau lustre ; la translucidité et l'arrangement des plaques de nacre ont même une plus grande influence.
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+
31
+ Une croissance rapide exerce une influence négative sur le lustre, car plus la nacre est produite rapidement - par exemple en eau chaude -, moins elle est translucide. Les perles de mer ont en général un meilleur lustre que les perles d'eau douce.
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+
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+ Le GIA considère 4 catégories de lustre :
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+
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+ Un lustre de grade excellent donnera une perle très brillante. La surface de la perle agit comme un miroir, elle reflète distinctement les objets.
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+ Plus le lustre est faible, moins la perle a de pouvoir de réflexion.
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+
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+ De façon générale, les perles d'Akoya présentent le plus beau lustre. Elles sont d'ailleurs cultivées en eau froide.
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+
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+ Certaines perles n'ont pas d'effet-miroir mais présentent néanmoins un lustre de très bon niveau avec un effet plus doux, comme satiné.
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+
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+ Le lustre est rarement si ce n'est jamais indiqué dans la description d'une perle.
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+
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+ La classification n'est valable qu'avec une analyse perle par perle. Pour l'évaluation d'un bijou composé de plusieurs perles comme les bracelets ou les colliers la classification se fait selon la majorité des perles. Dans un collier complet, certaines perles peuvent donc être de rang inférieur.
45
+
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+ Système ABCD (système de Tahiti)
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+ Cette norme est en usage en Polynésie Française, soutenue par des textes législatifs et donc très utilisée pour les perles de Tahiti.
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+
49
+ Il est possible de donner plus de précision en notant un "+" pour les meilleurs de chaque catégorie.
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+
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+ Par un arrêté daté du 31 juillet 2017[10], le gouvernement de Polynésie Française introduit une catégorie supplémentaire, la catégorie E, correspondant aux perles ne remplissant pas les critères des qualités A à D.
52
+
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+ Système AAA-A
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+ Un standard très utilisé est celui du Gemological Institute of America (GIA). Cet institut sous forme associative regroupe un ensemble d'experts en gemmologie.
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+ Évalue les perles selon des critères de formes, lustre, surface etc. Ce système est utilisé pour les perles d'eau douce, les perles d'Akoya et souvent aussi pour les perles des mers du Sud et de Tahiti.
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+
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+ Il est courant de voir un tableau analogique entre les deux systèmes, assimilant la catégorie AAA à la calégorie A de Tahiti pour les plus belles perles et la catégorie A du GIA avec D de Tahiti. Cette correspondance n'est qu'approximative et indicative car les deux systèmes n'ont pas les mêmes critères de références. Celui du GIA est plus global mais aussi plus sélectif car multi-factoriel, et celui de Tahiti est plus précis car ne mesurant qu'un seul paramètre.
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+
59
+ Pour l'usage en joaillerie, on considère une tolérance de 0,5 mm comme non significative. c'est-à-dire que par exemple pour un collier dit composé de perles de 7,0 mm, celles-ci auront en réalité un diamètre pouvant varier de 6,75 à 7,25 mm. Les plus petites perles de la série sont placées près du fermoir. Le collier est cependant considéré comme composé de perles uniformes.
60
+
61
+ La taille est indiquée par le diamètre donné en fractions de mm. Les perles d'un diamètre inférieur à 10 mm nécessitent une précision à 0,25 mm ; celles d'un diamètre supérieur à 10 mm sont données à 0,1 mm près. Pour les semi-baroques, les mesures indiquent le diamètre et la longueur.
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+ Il est rare en joaillerie d'utiliser des perles d'un diamètre inférieur à 7,5 mm. Les perles les plus courantes ont un diamètre tournant autour de 7 à 7,5 mm. Les dimensions supérieures à 12 mm sont très rares et ont donc beaucoup de valeur, et au-dessus de 14 mm ce sont des pièces exceptionnelles.
63
+
64
+ Le diamètre des perles de Tahiti va de 7,5 à 16 et jusqu'à 18 mm. Le diamètre de celles des mers du sud va de 9 à 18 mm et jusqu'à 20 mm (la plus grosse Tahiti connue a un diamètre de 25 mm). Les perles d'Akoya ne dépassent pas les 10 mm, ce qui est d'ailleurs excessivement rare. Les perles d'eau douce atteignent plus facilement ce diamètre.
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+
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+ Il faut 2 à 3 ans pour obtenir une perle de calibre moyen, et jusqu'à 5 ans pour les plus gros calibres.
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+
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+ Un usage encore répandu est de mesurer la taille pour les perles de culture alors que pour les perles naturelles on mesure la masse en g. Ceci parce que la nature du nucléus influe évidemment sur la masse, et ce critère est donc moins significatif pour la taille des perles de cultures.
69
+
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+ La nouvelle norme du Cibjo préconise le millimètre et le gramme mais accepte certaines unités traditionnelles utilisées pour chiffrer la masse des perles (improprement généralement nommé "le poids"). Ces unités traditionnelles varient selon les régions du monde et les sortes de perles.
71
+
72
+ Les perles naturelles sont pesées en carats, en grains ; un grain de joaillier vaut 0,05 grammes (avant la Révolution française, 0,053 grammes). Il y a 75 grains dans un momme (3,75 grammes). D'autres unités sont parfois utilisées mais de plus en plus rarement : liang (500 g), methgal (4,5 g), chaw (conversion de poids en volume selon la formule (c)² × 0,6518 ; c = poids en carats).
73
+
74
+ Pour la masse des perles de cultures, il est parfois utilisé le carat, le momme, le kan, le liang.
75
+
76
+ 1 carat = 4 grains = 200 mg = 0,2 g
77
+
78
+ 1 grain = 0,25 carat = 50 mg = 0,05 g
79
+
80
+ 1 momme = 18,75 carats = 3 750 mg = 3,75 g
81
+
82
+ Le momme est une mesure de poids utilisée traditionnellement au Japon. De nos jours, la majorité des commerçants en perles de culture, dans leurs dialogues avec les producteurs et grossistes, préfèrent toujours le momme comme unité standard de mesure pour les perles à l'unité et au fil. Un momme correspond à 1/1000 kan.
83
+ En 1891, se refusant à abandonner cette tradition, le gouvernement japonais a formalisé le kan comme étant exactement 3,75 kilogrammes (8,28 livres). D'où 1 momme = 3,75 grammes.
84
+
85
+ Aux États-Unis, pendant les XIXe et XXe siècles, le commerce de la soie avec le Japon en est venu à utiliser le momme comme une unité indiquant la qualité du tissu de soie.
86
+
87
+ Les perles sont souvent blanches, parfois avec une teinte crème ou rose, mais peuvent aussi présenter une teinte argent, champagne, pêche, jaune, vert, bleu, marron, noir. Les perles noires sont très chères car très rares. Leur production augmente toutefois sensiblement, notamment en Polynésie.
88
+
89
+ Trois caractéristiques donnent sa couleur à la perle :
90
+
91
+ On parle d'orient profond lorsque ces couches sont très transparentes et qu'il semble y avoir une couche translucide entre le corps de la perle et la surface de contact.
92
+ Les perles doivent leur brillance iridescente (proche de l'arc-en-ciel) à la réflexion et à la réfraction de la lumière dans les couches superficielles translucides de nacre. L'orient est d'autant plus fin que les couches sont plus fines et nombreuses[11].
93
+
94
+ Certains joailliers indiquent la rareté de la couleur avec une lettre entre parenthèses : (c) pour classique, (r) pour rare, (e) pour exceptionnel.
95
+
96
+ Le terme « perles naturelles » (ou perles fines) doit être utilisé exclusivement pour les perles produites par les mollusques sans intervention humaine. Les perles de cultures sont celles produites par une opération humaine d'implantation d'un nucléus. Bien que cet usage ne soit pas recommandé, le mot « perle » utilisé sans autre qualificatif doit être entendu uniquement comme « perle naturelle ». Le terme « perle orientale » est admis uniquement pour désigner toute perle naturelle d'eau salée. En 2013, 95 % des perles du marché sont produites en eau douce en Chine.
97
+
98
+ Le Cibjo dresse la liste des termes commerciaux à éviter et préconise de désigner les perles naturelles et cultivées par le nom biologique du mollusque qui les produit ou par le nom de la zone géographique de production répertorié par le Cibjo. Il définit 69 espèces et sous-espèces de mollusques d'eau salée et d'eau douce susceptibles de produire des perles. Les plus communs sont :
99
+
100
+ Pour les rendre plus brillantes ou pour en changer la couleur, les perles peuvent subir des traitements mécaniques, chimiques, thermiques, ioniques.
101
+
102
+ Le nettoyage, le polissage, et le pelage sont seuls autorisés sans obligation de le mentionner sur l'article.
103
+
104
+ Les autres traitements comme le blanchiment chimique, la teinture, le lustrage, le chauffage, l'irradiation, le huilage, le cirage, etc. doivent obligatoirement être signalés à l'acheteur, mais ce n'est pas toujours le cas de la part des revendeurs peu scrupuleux ; en effet les perles ainsi traitées ont une valeur moindre que les perles naturellement brillantes et colorées.
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+ République du Pérou
2
+
3
+ (es) República del Perú
4
+
5
+ (qu) Piruw Republika
6
+
7
+ (ay) Piruw Suyu
8
+
9
+ 12° 02′ S, 77° 01′ O
10
+
11
+ modifier
12
+
13
+ Le Pérou, en forme longue la république du Pérou, en espagnol Perú et República del Perú ( audio), en quechua Piruw et Piruw Republika et en aymara Piruw et Piruw Suyu, est un pays situé dans l'Ouest de l'Amérique du Sud. Entouré par l'Équateur au nord-ouest, la Colombie au nord-nord-est, le Brésil au nord-est, la Bolivie au sud-est, le Chili au sud-sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest-sud-ouest, il est le troisième pays du sous-continent par sa superficie : 1 285 220 km2, et le quatrième par sa population : environ 32 millions d'habitants.
14
+
15
+ Lima, une vaste aire urbaine de 9 millions d'habitants, est la capitale et la plus grande ville du pays. Sa capitale historique est Cuzco, dans les Andes[6], ancienne capitale de l'empire inca.
16
+
17
+ Le système politique actuel repose sur la Constitution de 1993. Depuis 2002, le Pérou a été divisé en 24 départements et un important processus de décentralisation a été mis en place. Parmi ses trois langues officielles, la plus parlée est l'espagnol, suivie du quechua et de l'aymara. Le nombre d'habitants est de 31 826 018 en 2017. Les peuples descendant des Incas, principalement Quechuas et Aymaras, représentent le groupe le plus important (45 % de la population[7]), suivis par les métis Européens/Amérindiens (37 % de la population[7]) et les descendants d'Européens (15 % de la population[7]).
18
+
19
+ Il est membre du Forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et de la Communauté andine des nations (CAN). Le sol est la monnaie nationale péruvienne depuis 1991, en remplacement de l’inti[8],[9].
20
+
21
+ Le nom « Pérou » dérive de Birú, dénomination d’un cacique qui vivait près de la baie de San Miguel (Panama), au début du XVIe siècle[10]. Lorsque des aventuriers espagnols les ont parcourus en 1522, les territoires du chef local étaient la partie la plus méridionale du Nouveau Monde. Les indigènes de la zone rapporteront quelques vagues informations sur l’existence d’un riche et lointain royaume[11]. Le nom est rapidement passé dans le langage courant de l’époque pour désigner un territoire légendaire situé tout au sud de l’isthme de Panama. Par la suite, Francisco Pizarro et ses hommes, lors de l’occupation de l’empire inca en 1532, emploieront le nom Pérou pour désigner les nouvelles terres conquises.
22
+
23
+ Le plus ancien document juridique attestant la dénomination Pérou est la Capitulation de Toledo rédigée en 1529. Dans ce texte, le roi Charles Quint concède les territoires à conquérir à Francisco Pizarro avec le titre de « gouverneur de terres et provinces du Pérou et de la ville de Tumbes »[12].
24
+
25
+ Les premiers documents historiques présentent diverses graphies du mot Perú : Virú, Berú ou Pirú. Durant quelques décennies, ces diverses formes coexistent et sont employées d’une manière interchangeable, parfois dans le même texte.
26
+
27
+ Les premiers vestiges de présence humaine au Pérou ont été découverts dans la grotte Pikimachay et dateraient pour les couches les plus anciennes de 19 000 ans avant notre ère[13]. Les populations sont alors pour la plupart nomades, vivent de la chasse de camélidés et de la cueillette et s’abritent dans des grottes[14].
28
+
29
+ Durant la période archaïque tardive, les premiers villages et organisations sociales complexes apparaissent. Ils permettent l’apparition de la plus vieille ville du continent et l’une des plus anciennes du monde : Caral[15]. La cité de Caral, un grand centre urbain doté de pyramides tronquées au sommet, appartenait à un ensemble de sites archéologiques qui aurait abrité la première civilisation américaine : Caral-Supe ou Norte Chico (entre 2627 et 2100 avant notre ère[16]). Lors de fouilles, divers objets ont été exhumés, tels que des figurines anthropomorphiques en argile crue, des flûtes traversières taillées dans des os de pélican ou de condor[17], ou des cordelettes à nœuds (probablement des quipus).
30
+
31
+ Caractérisées par une nouvelle complexification de l’organisation sociale et des technologies, les cultures de la période dite de « horizon de formation » (2700-200 av. n. è) développèrent la céramique, le tissage, l’usage de l’or et du cuivre, et la construction de canaux d’irrigation et la culture en terrasse, facteurs déterminants pour l’accroissement du pouvoir étatique. Dans la culture de Chavín (~1800-300 av. n. è), la vie sociale, économique et rituelle s’organise autour des dieux féroces représentant les grands prédateurs locaux comme le jaguar, le serpent ou le caïman. Le centre cérémoniel, Chavín de Huántar, est un réseau complexe de galeries décorées par des immenses mégalithes ornés. Sur le plan iconographique, les divinités de la cosmogonie chavín seront présentes dans presque toutes les manifestations artistiques postérieures. Paracas (~800-200 av. n. è), une culture située sur une péninsule désertique portant le même nom, se distingue par ses textiles de grande valeur esthétique et scientifique.
32
+
33
+ L'effondrement de la culture Chavín ira de pair avec l’affirmation de pouvoirs régionaux, caractérisés par un relatif isolement local. Chaque région abrite alors de petites entités politiques qui adoptent leurs propres modèles de développement culturel, n’ouvrant leurs frontières qu’aux échanges commerciaux. À cette période appartiennent notamment la culture Nazca (~200 av. n. è. - 600), la culture Huari (600-1000) et la culture Mochica (~100-700), l’une des plus importantes organisations politiques de l’ancien Pérou.
34
+
35
+ La période impériale, aussi appelée Règne des belligérants, succède au déclin de la civilisation Huari, dernière entité politique régionale. Divers États locaux qui tentent de dominer politiquement et parmi ces États, nous retrouvons la culture Chimú, la culture Chanca, la culture Chincha et enfin, la plus célèbre, la culture Inca. Les origines des Incas se mêlent à la légende. Probablement, ils étaient une tribu guerrière quechua du Sud de la sierra. Entre 1100 et 1300, ils se déplacent peu à peu vers le nord de la région jusqu’à la vallée fertile de Cuzco, occupée alors par des peuples aymaras[18]. L’Empire naissant se distinguait par sa condition d’État agraire, au sommet duquel se trouvait l’Inca[19].
36
+
37
+ Cependant, la véritable expansion des Incas commence en 1438, avec Pachacutec (1438-1471), qui entreprend de conquérir les terres voisines. Durant les 70 dernières années de cette période, le royaume de Cuzco forme un vaste empire qui s’étend sur toutes les Andes. Le génie de Pachacútec se manifesta avant tout dans la législation et l’administration qu’il établit dans l’Incanat[21]. Il aboutit à accomplir l’unité d’un si vaste empire grâce à trois mesures principales. Il préserva l’unité géographique de l’Empire en développant un gigantesque réseau de routes (le Qhapaq Ñan) ; puis il fit son unité linguistique en imposant le runa simi ou quechua comme langue officielle ; enfin, grâce à une organisation centrale absolue, il forma l’unité politique impériale[22]. En même temps, il créa une élite capable de l’assister dans son œuvre : les curacas. Pour faciliter la transmission des ordres et le renseignement sur l’état des provinces, on établit un système de « chasquis » ou « coureurs messagers », qui parcouraient les chemins de l’Empire.
38
+
39
+ À la fin du XVe siècle, l’Inca Pachacutec transmet le pouvoir à son fils Tupac Yupanqui († 1493), qui étend l’Empire jusqu’à l’actuel territoire équatorien. Sous le règne de son fils, Huayna Capac († 1527), les frontières de l’empire inca sont repoussées jusqu’à la frontière de l’actuelle Colombie. Une guerre de succession éclate entre les deux fils de Huayna Capac, Huascar et Atahualpa. Ce dernier est parvenu à battre les troupes de son frère, au moment où les conquistadors arrivent au Pérou.
40
+
41
+ Lorsque les troupes de Francisco Pizarro arrivèrent en 1531, l’Empire inca était déchiré par une guerre civile. Le 16 novembre 1532, durant la bataille de Cajamarca, Pizarro captura l'empereur Atahualpa et le fit exécuter. Il faudra cependant plus de quarante ans pour briser les dernières tentatives de résistance : le dernier Inca de Vilcabamba, Túpac Amaru, fut capturé et exécuté en 1572.
42
+
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+ Les Espagnols instituèrent le système de l’encomienda : les Amérindiens devaient payer un tribut, dont une partie allait à Séville. Les encomenderos étaient chargés également de les christianiser. En tant que gouverneur du Pérou, Pizarro abusa de l'encomienda en accordant à ses soldats et compagnons un pouvoir quasi illimité sur les populations indigènes qui furent obligées à travailler sans rétribution dans des mines et des champs. Pizarro fut assassiné en 1541 par une faction menée par Diego de Almagro le jeune, surnommé « el Mozo ». En 1543, le roi Charles Quint pour réagir aux luttes intestines entre les conquistadores envoya Blasco Núñez Vela en tant que premier vice-roi. Il sera à son tour tué par Gonzalo Pizarro, le frère du premier Pizarro. Finalement, un nouveau vice-roi, Pedro de la Gasca, parvint à restaurer l'ordre et exécuta Gonzalo Pizarro après sa capture. 39 vice-rois ont succédé à Núñez Vela et ont gouverné la vice-royauté entre 1544 et 1824.
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+ Francisco de Toledo (1569-1581) fut celui qui organisa l'État colonial et fonda les « réductions » ou cités d'Indiens où ils furent regroupés. Au niveau local, les encomenderos étaient maintenant sous l'autorité des curacas. Une pyramide hiérarchique permit ainsi de contrôler toutes les villes et villages. Le recensement sous le dernier Quipucamayoc ou « maître du quipu » indiquait qu'il y avait 12 millions d'habitants dans l’empire inca. Quarante-cinq années plus tard, le recensement du vice-roi Toledo, montrait qu'il en restait 1,1 million[23]. Les villes Incas reçurent des noms catholiques et furent reconstruites selon le modèle espagnol. Elles comportaient une place centrale et une église ou cathédrale en face d'un bâtiment officiel. Quelques villes, telle Cuzco, gardèrent leurs fondations d'origine incas. Certains sites incas, tel Huánuco Viejo, furent abandonnés au profit de villes à plus basse altitude.
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+ Après l'établissement de la vice-royauté, le Pérou devint l'une des premières sources de la richesse pour l'Espagne. La ville de Lima, fondée par Pizarro le 18 janvier 1535 sous le nom de Ciudad de los Reyes (« la Ville des Rois »), devint la capitale et une ville puissante qui avait sous sa juridiction toute l'Amérique du Sud à l'exception du Brésil dominé par les Portugais. Au XVIIe siècle, Lima abritait une université et était la principale place forte de l'Espagne sur le continent américain. Toutes les richesses coloniales passaient par Lima, puis par l'isthme de Panama avant d'arriver à Séville, en Espagne.
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+ Au XVIIIe siècle, devant la difficulté de l'administration d'un territoire immense, seront réalisées des réformes dans la structure politique coloniale (« les réformes bourboniennes »). En 1717, la vice-royauté de Grenade fut formée : elle regroupa la Colombie, l'Équateur, le Panama et le Venezuela. En 1776, une nouvelle vice-royauté vit le jour, la vice-royauté du Río de la Plata : elle regroupait l'Argentine, la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay.
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+ Entre 1780 et 1781, la vice-royauté du Pérou connut la plus violente insurrection de son histoire[24]. Dirigée par Túpac Amaru II, un cacique du Cuzco, l’insurrection était à l’origine une révolte fiscale, mais très vite se transforma en un mouvement qui revendiquait l’autonomie du territoire par rapport à la Couronne espagnole[25]. Túpac Amaru arriva à réunir une armée de près de 50 000 hommes, composée majoritairement d’Amérindiens et de métis. Après quelques batailles, la révolte fut écrasée de manière extrêmement violente. Le 18 mai 1781, José Gabriel Túpac Amaru II fut écartelé et décapité à Cuzco, mais il devint pendant le XIXe siècle une figure importante de la lutte pour l'indépendance et de la liberté.
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+ Le processus d’indépendance prit définitivement son élan avec le soulèvement des propriétaires terriens d'origine espagnole. José de San Martín et Simón Bolívar étaient à la tête des troupes rebelles. Après avoir débarqué dans la baie de Paracas, San Martín s'empara de Lima et déclara, le 28 juillet 1821, l'indépendance du Pérou par rapport à l'Espagne. L'émancipation devint effective en décembre 1824, lorsque le général Antonio José de Sucre battit les Espagnols dans la bataille d'Ayacucho le (9 décembre 1824). Après cette victoire, une scission sépara le pays en Haut-Pérou resté fidèle à Bolivar (maintenant, la Bolivie) et bas Pérou (le Pérou actuel). Comme le Chili, la Bolivie, Mexique, ou la Grande-Colombie, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[26] : des centaines de techniciens anglais traversent l’océan, avec leur machine à vapeur, pour les moderniser.
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+ Après la guerre Grande Colombie-Pérou (1828-1829), les conflits frontaliers entre le Pérou et l'Équateur débutèrent à partir des années 1830. Quatre guerres éclatèrent entre ces pays entre 1858 et 1995, guerre de 1858-1860 ; guerre de 1941-1942 ; la guerre du Paquisha en 1981 et la guerre du Cenepa en 1995.
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+ Malgré la domination d'une oligarchie de propriétaires terriens, l'esclavage des Noirs et le tribut des Indiens furent abolis par le caudillo Ramón Castilla (1845-1851 et 1855-1862). Entre 1840 et 1879, le guano du Pérou, récolté par des compagnies privées ou publiques sur les côtes, généra d’énormes richesses car le pays bénéficia pendant cette période du monopole mondial de ce fertilisant. La vie politique fut alors une alternance de périodes démocratiques, de coups d'État et de dictatures.
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+ L'Espagne n'abandonna pas complètement ses ambitions coloniales et fit encore de vaines tentatives comme lors de la guerre hispano-sud-américaine. Après la bataille de Callao, elle reconnut l’indépendance du pays en 1880, établit des relations diplomatiques et signa un traité de paix et d’amitié définitif la même année. La guerre contre l’Espagne marquait pour le Pérou la consolidation de son indépendance.
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+ Entre 1879 et 1883, le Pérou mena aux côtés de la Bolivie la guerre du Pacifique. La guerre éclata lorsque le Chili envahit le port bolivien d’Antofagasta. La Bolivie déclara la guerre au Chili et le Pérou, par un traité réciproque de défense, entra à son tour dans le conflit. Malgré l'infériorité navale, le capitaine du navire Huascar, Miguel Grau, maintint sous pression la flotte chilienne pendant plusieurs mois. Le Huascar fut finalement pris par les Chiliens en octobre 1879. Pendant la campagne terrestre, le Pérou connaîtra quelques victoires, mais en 1881 les troupes chiliennes entrèrent dans Lima. La guerre prit fin le 20 octobre 1883 par le traité d'Ancón et fit perdre au pays la région de Tarapacá.
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+ En 1924, depuis Mexico, des meneurs de la Réforme universitaire au Pérou et contraint à l'exil par le gouvernement fondent l'Alliance populaire révolutionnaire américaine, qui exercera une influence majeure sur la vie politique du pays. L'APRA est ainsi en grande partie une expression politique de la Réforme universitaire et des luttes ouvrières menées dans les années 1918-1920. Le mouvement puise ses influences auprès de la révolution mexicaine et de la Constitution de 1917 qui en est issu, notamment sur les questions de l'agrarisme et de l'indigénisme, et à un degré moindre de la révolution russe. Proche du marxisme (son dirigeant, Haya de la Torre, déclare en effet que « l'APRA est l'interprétation marxiste de la réalité américaine »), elle s'en éloigne pourtant sur la question de la lutte des classes et sur l'importance donnée à la lutte pour l’unité politique de l’Amérique latine. En 1928 est fondé le Parti socialiste péruvien notamment sous l'impulsion de José Carlos Mariátegui, lui-même ancien membre de l'APRA. Le parti crée peu après, en 1929, la Confédération générale des travailleurs. L'APRA, gagnant rapidement en popularité, est mise hors la loi en 1933 par le régime de Oscar R. Benavides, qui resta président jusqu'en 1939.
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+ La constitution de 1933 réservait le droit de vote aux citoyens alphabétisés; qui en 1960, ne représentaient encore que le tiers de la population adulte. Les Indiens, presque la moitié de la population, restaient des exclus et vivaient de façon misérable. Entre 1932 et 1933 a lieu la guerre avec la Colombie. Une guerre opposa le Pérou et l'Équateur entre le 5 juillet et le 31 juillet 1941. Durant cette guerre, le Pérou occupa les provinces occidentales de Loja et el Oro. Les États-Unis, le Brésil, l'Argentine et le Chili proposèrent leur médiation et le protocole fut finalement signé. Néanmoins, un nouveau conflit éclatera entre les deux pays un demi-siècle plus tard.
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+ À nouveau autorisée en 1945, l'Alliance populaire révolutionnaire américaine soutint le président José Luis Bustamante y Rivero (1945-1948) qui, renversé par le coup d'État militaire du général Manuel A. Odría d'octobre 1948, augura du début d'une dictature. Des élections sont pourtant organisées en 1962, et remportées par le candidat apriste Víctor Raúl Haya de la Torre. Toutefois, un coup d'État militaire dirigé par le général Ricardo Pérez Godoy empêcha le respect de la légalité. La junte organisa à nouveau des élections l'année suivante, qui furent remportées par Fernando Belaúnde Terry, fondateur de l'Action populaire, qui demeura en place jusqu'en 1968.
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+ Au début des années 1960, alors que près de 70 % des terres sont possédées par 2 % des propriétaires, le Pérou connait une forte mobilisation paysanne et indigène visant à obtenir une réforme agraire. Les paysans, en grande majorité des travailleurs agricoles indigènes, formèrent alors la base de syndicats ruraux engagés face à la détérioration de leurs conditions. Les paysans eurent recours à des tactiques allant de l'occupation pacifique des terres à la confrontation violente avec les grands propriétaires et les forces armées. Plusieurs petits mouvements de guérilla se constituent mais sont rapidement écrasés par le gouvernement[27].
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+ Le 3 octobre 1968, le coup d’État réformiste mené par un groupe d’officiers dirigés par le général Juan Velasco Alvarado amène l'armée au pouvoir dans le but d’appliquer une doctrine de « progrès social et développement intégral », nationaliste et réformiste, influencé par les thèses de la CEPAL sur la dépendance et le sous-développement. Six jours après le golpe, Velasco procède à la nationalisation de l’International petroleum corporation (IPC), la société nord-américaine qui exploitait le pétrole péruvien, puis lance une réforme de l’appareil d’État, une réforme agraire. Il s'agit alors de la plus grande réforme agraire jamais entreprise en Amérique latine : elle abolit le système de latifunda et modernise l'agriculture par une redistribution plus équitable des terres (90 % des paysans forment des coopératives ou des sociétés agricoles d'intérêt social). La terre devant être possédée par ceux qui la cultivent, les grands propriétaires sont expropriés. Les seules grandes propriétés permises sont de type coopératif. Entre 1969 et 1976, 325 000 familles reçoivent une terre de l'État ayant une moyenne de 73,6 acres[28]. Le « gouvernement révolutionnaire » projette aussi des investissements massifs dans l'éducation, élève la langue quechua - parlée par près de la moitié de la population mais jusque-là méprisée par les autorités - à un statut équivalent à celui de l'espagnol et instaure l'égalité des droits pour les enfants naturels.
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+ Le Pérou souhaite s’affranchir de toute dépendance et mène une politique extérieure tiers-mondiste. Les États-Unis répondent par des pressions commerciales, économiques et diplomatiques. En 1973, le Pérou semble triompher du blocus financier imposé par Washington en négociant un prêt auprès de la Banque internationale de développement afin de financer sa politique de développement agricole et minier. Les relations avec le Chili se distendent fortement après le coup d’État du général Pinochet. Le général Edgardo Mercado Jarrin (Premier ministre et commandant en chef de l’armée) et l’amiral Guillermo Faura Gaig (ministre de la marine) échappent tour à tour, à quelques semaines d'intervalle, à une tentative d'assassinat. En 1975, le général Francisco Morales Bermúdez Cerruti s’empare du pouvoir et rompt avec la politique de son prédécesseur. Son régime participe ponctuellement à l'Opération Condor en collaboration avec d'autres dictatures militaires américaines.
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+ Le Sentier lumineux apparaît dans les années 1970 dans les universités. Ces étudiants, pour beaucoup d'origines paysannes, retournent ensuite dans leurs communautés et y organisent des comités locaux du parti. L'abandon par l’État de certaines régions rurales favorise l’implantation du parti. En juin 1979, des manifestations pour la gratuité de l’enseignement sont sévèrement réprimées par l’armée : 18 personnes sont tuées selon le bilan officiel, mais des estimations non-gouvernementales évoquent plusieurs dizaines de morts. Cet événement entraîne une radicalisation des contestations politiques dans les campagnes et aboutit finalement au déclenchement de la lutte armée. Après le début de cette lutte armée, les nouvelles recrues du Sentier lumineux sont généralement des paysans peu politisés, plutôt que des militants réellement politisés[29].
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+ En 1980, Fernando Belaúnde Terry retrouve le pouvoir en remportant l'élection présidentielle. Alan García, candidat du parti Alliance populaire révolutionnaire américaine, lui succéda le 28 juillet 1985. C'était la première fois qu'un président démocratiquement élu remplaçait un autre président démocratiquement élu en 40 ans.
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+ En 1990, inquiets des attaques terroristes du Sentier lumineux et des scandales de corruption, les électeurs choisirent Alberto Fujimori. Pour lutter contre l'inflation, Fujimori adopta des mesures d'austérité très sévères. La monnaie est dévaluée de 200 %, des centaines d'entreprises publiques sont privatisées et 300 000 emplois sont supprimés. Il parvint à faire passer l'inflation de 2 700 % en 1990 à 139 % en 1991, mais la pauvreté ne recule pas[30].
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+ En raison de l'opposition des députés à certaines réformes, Alberto Fujmori dissout le 4 avril 1992 le Congrès, modifie la Constitution, fait incarcérer un certain nombre d'adversaires politiques et prend le contrôle des médias. Sa présidence est fortement marquée par l'autoritarisme, l'usage d'escadrons de la mort pour conduire des opérations anti-guérillas, la répression politique et la corruption[31]. Alberto Fujimori fait démarrer une campagne de stérilisations forcées dans certaines régions rurales du pays. Empreint d'eugénisme, le programme est essentiellement dirigé contre les populations indigènes : 330 000 femmes et 25 000 hommes en seront victimes selon un rapport du ministère de la Santé. L'objectif aurait été de juguler la démographie afin de bénéficier d'une aide économique accrue promise par les États-Unis, mais également de réduire des populations fortement défavorisées et suspectes de sympathies pour la guérilla du Sentier lumineux[32].
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+ Son bras droit Vladimiro Montesinos entretient des liens étroits avec la CIA et les services secrets qu'il dirige reçoivent 10 millions de dollars de l'agence pour soutenir les activités de contre-guérilla du gouvernement. Les ventes d'armes des États-Unis au Pérou ont par ailleurs quadruplé sous la présidence de Fujimori[33]. Les membres de la police et de l'armée impliqués dans des crimes dans le cadre du conflit contre les guérillas sont amnistiés. Alberto Fujimori se fit réélire en 1995. Mais en novembre 2000, destitué pour corruption, il s'enfuit au Japon. Valentín Paniagua Corazao fut nommé pour le remplacer provisoirement et des élections furent organisées en avril 2001. Alejandro Toledo les remporta et devint président le 28 juillet 2001.
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+ Des manifestations hostiles au projet de privatisation de deux compagnies d'électricité tournent à l'émeute à Arequipa, deuxième ville du pays, en juin 2002. L'état d'urgence est déclaré par le gouvernement. L'état d'urgence est à nouveau proclamé en mai 2003 alors que le Pérou connait une vague de protestations sociales. Alan Garcia, déjà président entre 1985 et 1990, revient au pouvoir en 2006. En juin 2009, une intervention de police contre des indigènes qui bloquent un axe routier conduit à des dizaines de morts[34].
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+ Le Pérou est une République « démocratique, sociale, indépendante et souveraine » (article 43 de la Constitution de 1993). La Constitution de 1993 consacre le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et fonde un régime présidentiel monocaméral :
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+ L’Assemblée constituante de 1822 est la première assemblée constituante péruvienne, instituée par 79 députés élus proportionnellement selon la population de chaque département. Lors de la première séance, les députés prêtèrent le serment de défendre l’intégrité territoriale du pays et « de le libérer de ses oppresseurs ». L’achèvement de l’Acte constitutionnel fut difficile : la première Constitution fut adoptée le 12 novembre 1823. Les premières constitutions établirent une démocratie nominale et censitaire, où les analphabètes et les femmes n’étaient pas habilités à voter. Le 7 septembre 1955, le Congrès de la République promulgua une loi, qui donnait pour la première fois aux femmes péruviennes le droit de voter et d’être élues.
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+ Le Pérou est considéré comme étant le quatrième pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l'environnement, après le Brésil, le Honduras et les Philippines. Les assassinats de militants écologistes y sont en augmentation ces dernières années[35].
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+ La corruption est très présente dans la vie politique péruvienne. L’affaire Odebrecht est l’affaire la plus médiatisée. 28 millions de dollars ont été versés par la multinationale brésilienne à quatre présidents péruviens (Alejandro Toledo, 2001-2006 ; Alan Garcia, 2006-2011 ; Ollanta Humala, 2011-2016 ; Pedro Pablo Kuczynski, 2016-2018) pour obtenir des chantiers considérables comme celui de la route interocéanique entre le Pérou et le Brésil[36].
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+ Les principaux partis politiques sont les suivants, par ordre décroissant du nombre de députés élus lors des élections générales de 2016 :
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+ Le 19 novembre 2002, le Pérou adopta la Loi organique de gouvernements régionaux (Ley Orgánica de Gobiernos Regionales). Point de départ de la déconcentration d’un pouvoir administratif fortement centralisé, la loi vise à définir les principes régissant les administrations régionales et détermine les compétences entre municipalités, administrations régionales et l’État. Depuis, le pays est divisé en 24 régions (divisées elles-mêmes en provinces), auxquelles il faut ajouter la province de Lima, entité au statut particulier, distincte du département Lima.
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+ Le district est la plus petite division administrative. Chaque district est dirigé par une municipalité, avec à sa tête un maire. Les gouvernements régionaux sont composés d'une présidence régionale, d'un conseil et d'un conseil de coordination :
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+ Relief : La cordillère des Andes marque et structure les paysages et la géographie du pays. Parmi les volcans importants, on y trouve Misti et Ubinas. Le Huascarán, qui s'élève à 6 768 mètres, est le point culminant du pays dans la Cordillère occidentale.
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+ Il est tropical à l'est, désertique et sec à l'ouest. Les déserts côtiers sont liés à la présence d'un courant océanique sud-nord, donc froid, qui remonte la côte Pacifique en bloquant l'évaporation et la formation de perturbations pluvieuses (hormis épisodiquement lors d'épisodes El Nino). Dans les Andes (chaîne de montagnes) le climat est tempéré à froid en fonction de l'altitude.
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+ Le désert du Nord du Pérou abrite aujourd'hui des terres agricoles irriguées, et des zones de forêt sèche récemment fortement dégradées par l'agriculture industrielle, l'urbanisation et la production de bois et de charbon de bois. Les écosystèmes arides de ces régions se sont adaptés à décennies presque sans pluie entrecoupées de courtes pluies torrentielles subies d'un bref reverdissement du désert, de réapparition des oiseaux et de rivières.
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+ Ces pluies ont des effets dramatiques sur une population non préparée, mais sont source de vie pour le désert. Après l'El Niño de 1997–1998 on a trouvé dans le désert des espèces sauvages proches de plantes domestiquées (tomates, poivrons, courges et pommes de terre) dont les graines pouvaient encore germer après 20 ans d'enfouissement, ainsi que des plantes cultivées par des paysans sur des sols rendus fertiles par l'eau et les alluvions[41]. La destruction de la forêt sèche a exacerbé l’érosion, les inondations et leurs effets. De même pour divers aménagements du bassin versant (dont sur les rivières canalisées, barrées et draguées) ne tenant pas compte des crues inhabituelles ; et des polluants miniers, cynégétiques, routiers, urbains et agricoles (pesticides et engrais) dont dispersés par l'eau, jusqu'à l'océan souvent, ce qui inquiète les écologues.
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+ Selon B. Fraser dans la Nature (2018), « Personne n’avait prédit la catastrophe de cette année (2017) avant qu’il ne soit trop tard » et ses effets en Amérique du Sud ont été sous-estimés car si les scientifiques avaient bien prédit l'essentiel phénomène El Niño de 2015-2016, et même si le volume de précipitations de 2017 est comparable à celui de l'événement El Niño de 1997-1998, les causes en sont différentes et les scientifiques ont encore besoin de mieux comprendre le mécanisme de ces El Niños côtiers atypiques (tels que ceux des années 1920 et 1970), et de leur lien avec les cycles océaniques ou climatiques plus larges[41]. Un manque de financement a hélas freiné les études; ainsi les systèmes de surveillance installés dans des bouées océaniques par des scientifiques péruviens et équatoriens après le passage d'El Niño de 1997 à 1998 ont été vandalisés sans avoir pu être réparés et tout le réseau d'instruments océaniques d'étude de l'atmosphère océanique de la zone intertropicale souffre de détérioration et de coupures budgétaires[41].
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+ La COP 20 sur le climat a été accueillie au Pérou.
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+ Le Pérou occupe une surface de 1 285 220 km2 et possède 2 414 km de côtes.
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+ On peut distinguer trois grandes zones naturelles :
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+ Chaque zone est divisée en sous-zone nord, centrale et sud.
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+ Le versant oriental est principalement drainé par deux cours d'eau, l'Ucayali et le Marañón qui, après s'être rejoints, donnent l'Amazone. Les deux rivières captent la majeure partie des eaux du versant oriental de la Cordillère des Andes, traversent ensuite la selva péruvienne avant de confluer.
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+ Sur le versant occidental, se trouve le bassin de l'océan Pacifique, où viennent se jeter toute une série de petits fleuves descendus des hauteurs de la Cordillère. Parmi ceux-ci, l'un retient particulièrement l'attention, le Río Rímac, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, non par son débit d'eau — relativement faible — ni par la taille de son bassin, mais parce qu'il approvisionne en eau et électricité la métropole de Lima, où se concentre plus du tiers de la population du pays (10 millions d'habitants à Lima sur 32 millions[4] au Pérou). L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies, et chaque jour il devient — avec l'explosion démographique — plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans la distribution de l'eau.
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+ Au sud, un troisième bassin, celui du lac Titicaca, le plus vaste lac d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable au monde, perché entre 3 600 et 4 500 mètres d'altitude sur les plus hauts plateaux andins, entre Pérou et Bolivie, draine les eaux de quatre bassins : le lac Titicaca (T), le fleuve Desaguadero (D), le lac Poopó (P) et le salar de Coipasa (S). Ces quatre bassins constituent le système TDPS, qui s'étend sur près de 140 000 km2.
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+
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+ Le pays est sujet aux tremblements de terre. Il existe une activité volcanique dans la zone volcanique centrale des Andes située au sud du pays.
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+ Le Pérou est situé sur une faille sismique, ce qui provoque, chaque année, un certain nombre de tremblements de terre, dont l’intensité reste faible. Le pays a toutefois subi quelques séismes majeurs, ayant provoqué un grand nombre de victimes et des destructions considérables, comme celui de Yungay, en 1970, qui fit entre 25 000 et 30 000 morts.
128
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+ La population est préparée en cas de séisme. Régulièrement dans les écoles et les lieux de travail, des mesures de sécurité sont enseignées et des exercices d’évacuation effectués. Les inondations et glissements de terrain sont cependant principalement dus au phénomène El Niño.
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+
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+ Le pays est doté de ressources naturelles exceptionnelles dont d'importantes ressources halieutiques (anchois péruvien), cependant instables dans le temps à cause d'El Niño.
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+ Le pays dispose de cuivre, d'argent, d'or, de pétrole, de minerai de fer, de charbon et les phosphates.
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+ Le Pérou est le troisième pays d'Amérique latine où les niveaux de pollution de l'air sont les plus élevés, après le Mexique et le Chili[42].
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+ Un rapport publiée en 2020 par l’Autorité nationale de l’eau (ANA) du Pérou nous révèle que les glaciers du pays ont perdu plus de 50 % de leur surface depuis les années 1960[43].
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139
+ Du fait de sa position biogéographique et d'une grande diversité climatique et topographique, il existe au Pérou des milieux très diversifiés (de la plaine à la montagne et du désert à la forêt équatoriale, abritant une faune, flore et fonge extrêmement variées. C'est l’un des dix-sept pays caractérisés par une mégadiversité biologique.
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+ Il compte 84 des 117 zones naturelles existantes au monde (72 %), abritant encore 5 872 espèces endémiques (parmi lesquelles 118 types uniques d’oiseaux, 113 espèces de reptiles et 60 variétés différentes de mammifères).
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+ Parce que la variété d’étages d'altitude/température a obligé l'agriculteur/éleveur andin à utiliser et adapter les espèces convenant le mieux à chaque situation agrobiogéographique le pays abritait aussi de riches ressources génétiques en matière d'espèces alimentaires et utiles domestiquées, élevées et cultivées. Mais ce patrimoine est en forte et rapide régression[44].
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+ Sur les hauteurs, les lamas côtoient les alpagas et les vigognes. Le chinchilla à queue courte, présent à l’état sauvage autrefois dans les très hautes Andes a sans doute disparu aujourd’hui. Survolant les montagnes, le condor des Andes est un oiseau emblématique du Pérou et de ses montagnes.
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146
+ Mais c’est dans la « selva » que la faune est la plus présente. Avec entre autres les jaguars, les tatous, les caïmans, les capybaras mais aussi des singes ou des milliers d’espèces d’insectes qui vivent dans une végétation luxuriante. La vanille, l’acajou et le caoutchouc participent à cette biodiversité.
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+ Le Pérou dispose d'un vaste réseaux de parcs nationaux, de réserves naturelles et de lieux historiques nationaux. L'ensemble de ces sites couvre une superficie de 18 283 508 ha, soit 14 % du territoire péruvien. L'INRENA (Institut national de ressources naturelles) gère la plupart des aires protégées[45]. Cependant, un nombre croissant d'entre elles sont administrées par les communautés autochtones et par des associations de protection de la nature.
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+ L'Économie du Pérou est parmi les plus performantes de l'Amérique latine. Le produit national brut (PNB) est passé de 47 767 millions de dollars en 1993 à 127 598 en 2008[49]. Ce dynamisme repose principalement sur les secteurs exportateurs et sur une forte augmentation de la demande interne (12,3 % en 2008), tirée par la consommation et l’investissement public et privé[50].
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+ L’économie péruvienne dépend fortement des matières premières, qui représentent 60 % des exportations. En 2015, le Pérou est le deuxième producteur mondial d’argent, le troisième de zinc et de cuivre, le sixième d’or, et exploite aussi du gaz et du pétrole. Le pays est en revanche peu industrialisé[51]. Les grands projets miniers sur lesquels reposent le modèle économique péruvien font aussi l'objet de contestations de la part des populations rurales qui profitent peu des retombées économiques mais sont confrontées à la pollution des cours d'eau et des sols, impactant leur agriculture[36].
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+ Depuis la politique d'ouverture lancée il y a maintenant 20 ans, l'économie péruvienne a connu de profonds changements. Des privatisations, pour un total de 9,2 milliards de dollars, principalement dans les secteurs de télécommunications et de l’énergie, ont été menées entre 1990 et 2000 et il ne subsiste plus aujourd'hui qu'une quinzaine de grandes entreprises publiques. Outre la fin des contrôles de l’État, les différents gouvernements ont établi une politique monétaire restrictive, et ont mis en place un environnement fiscal favorable pour les investisseurs. Les conséquences de cette politique économique seront positives. Le taux de croissance du PIB a dépassé la barre de 9 % en 2008, après une croissance de 8,9 % en 2007[52]. Le chômage est également en baisse : 5,9 % en 2014 contre 9,4 % en 1994.
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+ D'après l'économiste José Oscatégui : « l’État péruvien est faible, parfois complètement absent de certaines provinces. Le Pérou n'a donc pas la capacité de négocier avec les multinationales, et de récupérer les impôts qui pourraient alimenter des programmes sociaux. L'industrie minière, pilier de l'économie, illustre bien cette faiblesse. Malgré leur impact très lourd sur l'environnement et leurs profits record, les grands groupes qui exploitent les métaux péruviens sont taxés à hauteur de 30% de leur bénéfice, comme toute autre entreprise locale. Mais en pratique, avec les exonérations, c'est encore moins, entre 13 et 14% » La moitié des opérateurs miniers du pays a obtenu à l'époque du président Alberto Fujimori des contrats de stabilité, c'est-à-dire une garantie contre tout changement de la politique fiscale du pays[53].
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158
+ Après avoir connu une période d'hyperinflation au cours des années 1980, la monnaie péruvienne connaît, quant à elle, une période de stabilité par rapport au dollar et aux monnaies européennes. Le taux d’inflation moyen s’est stabilisé autour de 3 %, et reste depuis plusieurs années dans les limites de la fourchette fixée par la Banque centrale du Pérou (entre 1 % et 3 %). Le taux de dollarisation de l’économie reste toutefois élevé, s’établissant à 60 % des crédits en 2006 au secteur privé contre 82 % en 2000. Parmi les grandes orientations financières, figure un axe majeur : la restructuration de la dette publique tant extérieure qu'intérieure. Elle a permis de voir passer la part de la dette interne en 5 ans de 22 % à 29 %, traduisant la confiance des marchés dans les obligations d’État. La dette publique globale, à la fin septembre 2007, atteint 31 % du PIB. En termes de compétitivité, le Pérou est considéré aujourd'hui comme la première économie d'Amérique latine[54].
159
+
160
+ Si le respect des principes d'orthodoxie financière et l'amélioration de la gestion de la dette ont abouti, semble-t-il, à un rétablissement durable des équilibres macroéconomiques et à regagner la confiance des investisseurs, cependant l'économie péruvienne doit toujours affronter deux défis majeurs:
161
+
162
+ . Premièrement, le pays reste vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières sur les marchés internationaux. Cette vulnérabilité implique une forte volatilité du PIB et cela peut avoir des effets potentiellement négatifs sur la croissance de long terme, sur le développement socioéconomique et sur les finances publiques.
163
+
164
+ . Deuxièmement, la phase conjoncturelle doit être exploitée pour favoriser la création d’un scénario de croissance et de redistribution favorable à la lutte contre la pauvreté et au développement humain, car la société péruvienne reste fortement fragmentée, culturellement et économiquement. Ainsi, les études montrent qu'une couche importante de la population reste dans la pauvreté malgré l'essor économique notable que connaît récemment le pays. L'Institut péruvien de statistiques (INEI) avance un chiffre de 21,8 % de pauvreté pour 2015, et la pauvreté extrême (moins d'un dollar par jour) s'élève à 4,1 % pour la même année[55].
165
+
166
+ Le Pérou a conservé une agriculture diversifiée, en particulier dans les zones encore boisées: au cours de la décennie des années 2010, il a confirmé sa huitième place au palmarès des quinze plus grands producteurs mondiaux de café, derrière la Colombie et le Honduras, autre grands exportateurs d'Amérique latine.
167
+
168
+ Les travailleurs informels représentent, en 2019, 70 % du marché du travail selon l’Institut national des statistiques et de l’informatique (INEI)[56]. En 2016, près de trois millions d'enfants et adolescents travaillent dans le secteur informel[57]. Dans le secteur formel le temps de travail hebdomadaire légal est de 48 heures[58].
169
+
170
+ Un réseau routier de plus de 80 000 km relie toutes les régions du pays. La côte péruvienne est traversée du nord au sud par un axe routier majeur et structurant : la route panaméricaine. Nommée aussi route 001 ou PE-1, cette route longue de 2 700 km s’étire de la ville de Tumbes jusqu’à Tacna, au sud du pays.
171
+
172
+ Deux autres grands axes longitudinaux sont la route de la Sierra (Piura-Puno, 3 508 km) et la route de la Selva (Cajamarca-Junín, 2 781 km). Une vingtaine d’axes transversaux desservent les villes de la Sierra et de l’Amazonie. Les trois axes longitudinaux mentionnés auparavant finissent par un nombre impair (PE-1, PE-3 pour la route de la Sierra, PE-5 pour la route de la Selva), alors que les routes et autoroutes transversales finissent par un nombre pair (PE-02, PE-04…). Bien que la plupart des axes soient interconnectés, leur construction est longue et coûteuse du fait du relief accidenté.
173
+
174
+ Il existe également deux axes routiers reliant les villes du Pérou et du Brésil. D’un total de 960 km, l’axe Interocéanique sud (nœud fluvial et terrestre) relie le port de Paita au nord du Pérou au port de Manaus au Brésil. Il vise aussi à l’amélioration de la navigabilité des fleuves du bassin amazonien en unissant l’Atlantique et le Pacifique. La fin de travaux de construction de l’autre axe de transport, l’Intérocéanique sud (plus de 2 600 km), devra relier l’Atlantique (notamment l’État d’Acre) et le Pacifique (Sud du Pérou), exclusivement par voie terrestre. Cela implique également l’amélioration des routes existantes et la construction de nouvelles.
175
+
176
+ Les chemins de fer du Pérou atteignent une longueur totale de 2 100 km, dont 240 km de voies appartenant à la société minière Southern-Cooper. L’entreprise Ferrovias Central Andina a pris en charge le réseau central allant du Callao aux Andes Centrales et qui sert surtout au transport de minerais. L’entreprise Ferrocarriles Transandinos administre les réseaux du Sud (Cusco-Matarani) et Sud-Est (Cusco-Machu Picchu, consacré au transports de touristes).
177
+
178
+ La Corporation péruvienne d’aéroports (Corpac) administrait, en 2007, 42 aéroports régionaux (d’un total de 210 que compte le pays). L’aéroport international Jorge-Chávez, l’un des plus modernes du continent, est de loin le plus important du Pérou. D’autres aéroports importants sont ceux de Cusco, de Trujillo et d’Arequipa. Le transport fluvial ne concerne que le bassin amazonien, où se trouvent les quatre principaux ports fluviaux : Iquitos, Yurimaguas, Port Maldonado et Pucallpa. Le plus important est celui d’Iquitos (82 % du trafic fluvial total, soit 352 000 tonnes).
179
+
180
+ D’importantes sommes d’argent ont été injectées dans le secteur des télécommunications ces dernières années. Ces investissements concernent, pour leur grande majorité, l’extension et la densification des réseaux, ainsi que la progression de la couverture des zones rurales. Le taux de pénétration global actuellement est de 80 % dont environ 10 % pour les lignes fixes[60]. Une partie importante des lignes (55 %) se trouve dans la capitale, Lima, et le port de Callao. Le parc total de lignes fixes a atteint plus de deux millions de lignes au 18 mai 2009[60]. Le nombre de lignes mobiles représente 9,5 fois le nombre de lignes fixes. En juin 2009, le parc mobile était estimé à 22,9 millions abonnés[61].
181
+
182
+ La population du Pérou est estimée en 2016 à 31 millions d’habitants, soit près de 5 % de la population de l’Amérique latine. La population a rapidement augmenté depuis les années 1960 : elle s’est multipliée par trois entre 1960 et 2009, passant de 10,4 millions à 29,1 millions d’habitants. Le taux de croissance démographique actuel cependant peut être considéré comme modéré dans le contexte latino-américain, s’élevant à 14,4 pour mille pour la période 2005-2010, soit un niveau légèrement supérieur à celui de la population latino-américaine estimée en 13,2 habitants pour mille.
183
+
184
+ La densité reste faible, le Pérou étant, avec 23,2 habitants par km2 l’un des pays les moins densément peuplés de l’Amérique. Cette densité est d’ailleurs très inégale : assez élevée sur la côte (242,7 habitants par km2 à Lima), elle est infime dans l’Amazonie péruvienne (2,4 habitants par km2 dans le département de Loreto et 1,3 habitants par km2 dans le département Madre de Dios).
185
+
186
+ Le Pérou s'est ouvert à l'immigration japonaise à la fin du XIXe siècle, recherchant surtout des travailleurs agricoles. Cette immigration a perduré jusque dans les années 1930. Elle a dû affronter la vindicte populaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Japonais-Péruviens, soupçonnés d’être restés fidèles à un Japon belliqueux, ont été internés dans des camps aux États-Unis. Leurs biens ont été confisqués au Pérou[62].
187
+
188
+ Le redressement économique qu’a connu récemment le pays s’est accompagné d’une baisse relativement importante du nombre d’émigrants. Le solde migratoire est passé de -2,2 % pour la période 1990-2000 à -0,3 % pour la période suivante (2000-2010). Le nombre de Péruviens résidant à l’étranger s’élèverait à près de 2 millions (2007), soit 7 % de la population. Ils sont installés principalement aux États-Unis et dans une moindre mesure au Canada ou en Espagne. À l’heure actuelle, la communauté péruvienne figure parmi les dix nationalités les plus représentées aux États-Unis.
189
+
190
+ Selon la Constitution de 1993, la langue officielle du Pérou est l’espagnol, toutefois le quechua, l’aymara et d’autres langues indigènes possèdent un statut de coofficialité dans les parties du territoire, où elles sont prédominantes[63].
191
+
192
+ En 2019, trois millions de Péruviens vivent à l’étranger[56].
193
+
194
+ L'indice de fécondité est estimé à 2,37 [enfants par femme en 2009, soit un niveau légèrement inférieur à la moyenne latino-américaine (2,5 enfants)[65]. La fécondité reste cependant élevée dans les zones rurales et dans les communautés d'indigènes, alors qu'elle est plus basse dans les villes. L'espérance de vie est, quant à elle, estimée à près de 71,03 ans en 2010 qui est très semblable à l'espérance de vie mondiale de 71 ans[66].
195
+
196
+ Au début des années 1950, près d’un enfant sur huit né au Pérou mourait avant la fin de sa première année. Au cours des décennies suivantes, une chute spectaculaire de la mortalité infantile s'est produite. Le taux est passé de 158,6 pour mille en 1950 à 43 pour mille en 1996 et à 21 pour mille en 2006[67].
197
+
198
+ Néanmoins, en 2019, la moitié des enfants de moins de trois ans présentent de sérieuses carences alimentaires[68].
199
+
200
+ Derrière l’apparente unité, la société péruvienne est profondément diverse. La venue de migrants originaires d'Europe, d'Afrique et d'Asie, lors des différentes périodes historiques, a favorisé le mélange de populations. Dès le XVIe siècle, le processus de colonisation est allé de pair avec la mixité des diverses composantes raciales. À cela, il faut ajouter une diminution drastique de la population autochtone au cours des premières décennies de présence espagnole. Décimés par les massacres et les épidémies, le nombre d’Amérindiens au Pérou est passé de onze millions d'habitants en 1500 à un peu plus d'un million un demi-siècle après. Le fait que Lima ait été le siège du vice-roi d'Espagne aurait encore aggravé le sort des Indiens du Pérou[69]. La venue de migrants originaires d'Europe et d'Asie lors des premières années de la République a largement contribué à rendre la société péruvienne encore plus métissée. Entre 1849 et 1874, 80 000 Chinois arrivèrent ainsi au Pérou pour travailler dans les plantations de canne à sucre ou dans les gisements de guano[70].
201
+
202
+ Selon les estimations, 47 % des Péruviens sont des métis, c'est-à-dire d'origine à la fois amérindienne et européenne, et le pourcentage de population d'origine à prédominance européenne atteindrait 15 % (10 % d'ascendance espagnole (principalement des colons arrivés pendant la colonie) et 5 % d'autre ascendance européenne (italienne 1,8 %, française 1,5 %, allemande et autrichienne 2 %)[71]. Dans certaines régions du Pérou, particulièrement sur la côte, on rencontre parfois de nombreux métis d'ascendance africaine. La proportion de la population indigène (ou personnes à prédominance indigène) fluctuerait entre 30 et 45 % de la population[71]. Cette estimation est particulièrement difficile à faire car l'Institut national de statistique du Pérou se fonde sur des critères linguistiques et non des critères purement « raciaux ». Il fixe ainsi à 15,9 % le pourcentage des Indiens définis sur un critère linguistique. De nos jours, la plupart des Péruviens se considèrent comme des métis, sans qu'il soit possible de tracer des frontières précises entre les différentes catégories[72].
203
+
204
+ Les indigènes sont majoritaires dans les régions andines du pays (Cuzco, Huancavelica, ou Puno). Sur la côte, caractérisée par une forte présence de population métisse ou d’origine européenne, les indigènes sont encore moins nombreux. De fortes minorités, telles les Ashaninkas, Shipibo-conibos et Aguarunas sont présentes dans l’Amazonie ou le piémont amazonien. Les peuples indiens d’Amazonie ont généralement moins perdu leur culture après la conquête espagnole, car leurs territoires étaient très difficiles d’accès. Au Pérou, la population autochtone n’est représentée par aucun parti politique comme c’est le cas en Équateur ou en Bolivie, où les mouvements indigènes occupent une place essentielle dans le paysage politique.
205
+
206
+ Les grandes migrations internes depuis les années 1950 ont favorisé encore plus la mixité de populations. Selon les estimations[74], le pays avait un taux d’urbanisation de 71 % en 2005. Le rythme de l’urbanisation est variable d’une région à l’autre. À un extrême, on trouve des régions fortement urbanisées (Lima ou Piura), dans lesquelles la part de la population urbaine s’élève à près de 90 %. La majeure partie de migrants ont convergé vers la capitale, Lima, qui est devenue une ville métissée, un véritable carrefour de cultures régionales.
207
+
208
+ Aujourd’hui, les médias et les intellectuels péruviens parlent d’une culture métisse. Le développement de l’indigénisme a conduit également à réévaluer le métissage.
209
+
210
+ L’accès à l’éducation est plus faible dans la population indigène, avec seulement 10,2 % d’entre eux poursuivant des études supérieures. Les opportunités sur le marché du travail sont encore plus limitées, avec une surreprésentation dans le secteur agricole et dans les emplois non qualifiés. À eux deux, ces secteurs représentent deux tiers des emplois pour la population indigène contre seulement un tiers pour les non-indigènes[75].
211
+
212
+ Lima
213
+
214
+ Trujillo
215
+
216
+ Arequipa
217
+
218
+ Le Pérou regroupe un ensemble de régions dont la population est de taille très inégale. Cinq régions seulement sur vingt-quatre rassemblent en effet plus de la moitié de la population totale (52 %) : Lima, Piura, La Libertad, Cajamarca et Puno. Lima, avec 8,4 millions d’habitants, concentre à elle seule presque un tiers de la population du pays (30,8 %). À l’autre extrême, une dizaine de régions représentent à peine plus de 10 % de la population totale du pays. En 2007, les dix plus grandes villes du Pérou[64] étaient :
219
+
220
+ Lima
221
+
222
+ Arequipa
223
+
224
+ Trujillo
225
+
226
+ Chiclayo
227
+
228
+ Piura
229
+
230
+ Iquitos
231
+
232
+ Cuzco
233
+
234
+ Chimbote
235
+
236
+ Huancayo
237
+
238
+ Tacna
239
+
240
+ Ordres nationaux :
241
+
242
+ Ordres ministériels/spécifiques :
243
+
244
+ La grande majorité des péruviens (76 %) sont catholiques. Plus de 17 % de la population se déclarent cependant de différentes organisations évangéliques, dont l'influence ne cesse de croître depuis les années 1980. En 1993, la nouvelle Constitution garantit la liberté de culte, mais souligne : « au sein du régime d'indépendance et d'autonomie, l'État reconnaît l'Église catholique comme un élément important dans la formation historique, culturelle et morale du Pérou. »[81]
245
+
246
+ Chaque année au mois d’octobre, la procession du Seigneur des miracles (el Señor de los Milagros) attire dans les rues de Lima une foule énorme de fidèles drapés de morado (violet). Ils seraient plus d'un million de Péruviens à participer aux festivités du Cristo Morado. Objet de vénération au Pérou et dans quelques pays d’Amérique latine, le culte au Christ de Pachacamilla (autre nom du Seigneur des miracles) serait la christianisation de dieu Pachacamac[82]. Le culte au Seigneur des miracles est le plus important du Pérou, mais d'autres villes rendent aussi culte à leur patrons. La fête du Corpus Christi mobilise l'ensemble de la ville de Cuzco, durant les premiers jours du mois de juin, et la Virgen de la Candelaria est une festivité importante dans la région de Puno.
247
+
248
+ Le 21 octobre 2016, le Pérou fut consacré au Sacré-Cœur par le président Pedro Pablo Kuczynski.
249
+
250
+ Gustavo Gutiérrez Merino, né à Huánuco en 1928, est considéré comme le pionnier de la théologie de la libération. Le théologien inspire le mouvement, en 1972, dans un ouvrage du même nom. Influencé par Bartolomé de las Casas et les différents mouvements sociaux du XXe siècle, il développe et approfondit la vision du Salut chrétien en tant que « choix préférentiel pour les pauvres », vision proclamée par les Conférences épiscopales latino-américaines de Medellín et de Puebla. L'enjeu de la théologie de la libération n'étant pas seulement théorique mais aussi politique, elle fait l'objet d'un débat public bien au-delà du cercle des théologiens. Ce courant théologique est devenu influent en Amérique latine et en Afrique, mais les théologiens de la libération ont dû affronter une grande opposition du Vatican, en raison de la compromission de cette théologie avec le marxisme. En 2003, le père Gutierrez a reçu le prix Prince des Asturies.
251
+
252
+ Selon Garcilaso de la Vega, Inca Roca ordonna la création des premiers établissements d'enseignement, les Yachayhuasi ou Maisons de Savoir[83]. La direction de ces « écoles » fut confiée aux amautas, savants en astronomie, qui étaient également capables de lire les quipus. Les jeunes étaient instruits aux affaires de l'État (les lois, l'administration ou l'histoire), ainsi qu'aux rites et aux préceptes de la religion. Le système éducatif pendant la longue période coloniale était déterminé par le triple impératif de transformer les populations locales en habitants utiles, en chrétiens pieux et surtout en sujets fidèles au roi. Les différents ordres religieux fondent les premières écoles : Colegio Mayor de San Pablo (1568) et Colegio Mayor de San Felipe (1575). À un niveau plus élevé, les dominicains fondent en 1551 la première université du Nouveau Monde : l'université nationale principale de San Marcos.
253
+
254
+ Le système éducatif péruvien consiste en quatre niveaux : le nido (ou wawa wasi), l'éducation primaire, l'éducation secondaire, et l'université.
255
+
256
+ Les nidos (privé) ou wawa wasis (publique), pour les enfants de 1 à 5 ans, ne sont pas obligatoires, bien que la plupart des niños les fréquentent. L'éducation primaire est divisée en six niveaux (nommés de premier au sixième grado de primaria). Depuis la Constitution de 1828, article 171, elle est obligatoire et gratuite. L'éducation secondaire, obligatoire et gratuite aussi, est composée de cinq niveaux (nommés grados de secundaria). Les deux dernières années sont surtout orientées à la préparation des examens pour entrer aux universités, préparation qui a lieu dans des centres d'enseignement nommés Academias Preuniversitarias ou Pre.
257
+
258
+ Enfin, l'éducation universitaire. Le Pérou possède un réseau de 70 universités (28 publiques et 42 privées). Contrairement au système universitaire français, les élèves qui souhaitent faire des études à l'université sont dans l'obligation de passer un examen de sélection (examen de ingreso). Les études universitaires sont divisées en deux cycles distincts : les Estudios Generales et faculté. Les diplômes de fin d'études sont le Bachillerato (à ne pas confondre avec le baccalauréat français) et la Licencia (grade académique de licencié). La recherche publique est chapeautée par le Conseil national de la science, de la technologie et de l'innovation technologique (CONCYTEC).
259
+
260
+ Le Pérou compte également quelques institutions étrangères prestigieuses parmi lesquelles le Markham College, et le lycée franco-péruvien qui appartient à l'AEFE.
261
+
262
+ Néanmoins, le Pérou est le seul des cinq pays d'Amérique latine évalués par le PISA[84] en 2004 (avec l'Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique) où plus de la moitié des jeunes de 15 ans n'a pas acquis le niveau de connaissance et les compétences en lecture suffisantes afin de poursuivre correctement son éducation. Et cela est davantage inquiétant si l'on considère que des indices indiquent que dans l'enseignement supérieur le problème s'accentue en raison de la complexité des processus d'apprentissage[85].
263
+
264
+ Pour de nombreuses familles pauvres, le travail des enfants est indispensable pour pouvoir financer leur propre scolarisation. L’école publique est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 11 ans, mais les uniformes et les fournitures scolaires représentent des postes de budget très lourds pour des foyers modestes. Chaque année, des milliers d’enfants abandonnent l’école pour des raisons économiques[57].
265
+
266
+ En 2009, le gouvernement péruvien interdit aux personnes homosexuelles de s'engager dans la police pour ne pas porter préjudice à l'image de l'institution[86].
267
+
268
+ Le Pérou comporte de très nombreuses danses et musiques.
269
+
270
+ La musique andine la plus populaire est le huayno. Dans les villes, la musique la plus populaire est désormais la musique chicha, fusion entre la cumbia et le huayno.
271
+
272
+ La musique péruvienne est très influencée par les traditions espagnoles mais également africaines (festejo, musica criolla).
273
+
274
+ La danse nationale est la marinera.
275
+
276
+ La cuisine péruvienne est remarquable pour sa diversité[87] en raison de la riche géographie du pays, de la disponibilité de ressources variées, et de l'alliance de traditions culinaires autochtones à des pratiques gastronomiques d'autres continents. Ainsi, en plus des apports de la culture espagnole, à la fin du XIXe siècle, des immigrants venus de la Chine adaptèrent leurs traditions culinaires au goût et aux ressources locales péruviennes. Ainsi naquît la cuisine chifa, qui compte une grande variété de mets.
277
+
278
+ Les diverses cuisines régionales sont souvent regroupées en trois grandes familles par l’emplacement géographique et les conditions climatiques :
279
+
280
+ Les boissons fraîches telles que la chicha morada, la chicha de jora, ou les deux boissons nationales : le pisco (alcool de vin) ou l’Inca Kola (gazeuse), accompagnées de fruits locaux comme la cherimoya, la maracuja, la lucuma ou le camu-camu complètent le menu péruvien.
281
+
282
+ Le chef de file de la cuisine péruvienne est sans doute le célèbre cuisinier Gastón Acurio.
283
+
284
+ La cuisine péruvienne poursuit son évolution multipliant les innovations sans pourtant trahir la tradition, comme le montre bien la Nouvelle Cuisine andine ou Cocina Novoandina.
285
+
286
+ À partir des années 2000, des boutiques péruviennes puis des e-boutiques très diversifiées (mais dont le cœur de leur activité reste centré sur la gastronomie) apparaissent en Europe et particulièrement en Espagne, Italie, France.
287
+
288
+ Le Pérou a pour codes :
289
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Histoire
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+ Géographie
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+ Économie et Institutions politiques
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+ Culture
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1
+ République du Pérou
2
+
3
+ (es) República del Perú
4
+
5
+ (qu) Piruw Republika
6
+
7
+ (ay) Piruw Suyu
8
+
9
+ 12° 02′ S, 77° 01′ O
10
+
11
+ modifier
12
+
13
+ Le Pérou, en forme longue la république du Pérou, en espagnol Perú et República del Perú ( audio), en quechua Piruw et Piruw Republika et en aymara Piruw et Piruw Suyu, est un pays situé dans l'Ouest de l'Amérique du Sud. Entouré par l'Équateur au nord-ouest, la Colombie au nord-nord-est, le Brésil au nord-est, la Bolivie au sud-est, le Chili au sud-sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest-sud-ouest, il est le troisième pays du sous-continent par sa superficie : 1 285 220 km2, et le quatrième par sa population : environ 32 millions d'habitants.
14
+
15
+ Lima, une vaste aire urbaine de 9 millions d'habitants, est la capitale et la plus grande ville du pays. Sa capitale historique est Cuzco, dans les Andes[6], ancienne capitale de l'empire inca.
16
+
17
+ Le système politique actuel repose sur la Constitution de 1993. Depuis 2002, le Pérou a été divisé en 24 départements et un important processus de décentralisation a été mis en place. Parmi ses trois langues officielles, la plus parlée est l'espagnol, suivie du quechua et de l'aymara. Le nombre d'habitants est de 31 826 018 en 2017. Les peuples descendant des Incas, principalement Quechuas et Aymaras, représentent le groupe le plus important (45 % de la population[7]), suivis par les métis Européens/Amérindiens (37 % de la population[7]) et les descendants d'Européens (15 % de la population[7]).
18
+
19
+ Il est membre du Forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et de la Communauté andine des nations (CAN). Le sol est la monnaie nationale péruvienne depuis 1991, en remplacement de l’inti[8],[9].
20
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21
+ Le nom « Pérou » dérive de Birú, dénomination d’un cacique qui vivait près de la baie de San Miguel (Panama), au début du XVIe siècle[10]. Lorsque des aventuriers espagnols les ont parcourus en 1522, les territoires du chef local étaient la partie la plus méridionale du Nouveau Monde. Les indigènes de la zone rapporteront quelques vagues informations sur l’existence d’un riche et lointain royaume[11]. Le nom est rapidement passé dans le langage courant de l’époque pour désigner un territoire légendaire situé tout au sud de l’isthme de Panama. Par la suite, Francisco Pizarro et ses hommes, lors de l’occupation de l’empire inca en 1532, emploieront le nom Pérou pour désigner les nouvelles terres conquises.
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+ Le plus ancien document juridique attestant la dénomination Pérou est la Capitulation de Toledo rédigée en 1529. Dans ce texte, le roi Charles Quint concède les territoires à conquérir à Francisco Pizarro avec le titre de « gouverneur de terres et provinces du Pérou et de la ville de Tumbes »[12].
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+ Les premiers documents historiques présentent diverses graphies du mot Perú : Virú, Berú ou Pirú. Durant quelques décennies, ces diverses formes coexistent et sont employées d’une manière interchangeable, parfois dans le même texte.
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+ Les premiers vestiges de présence humaine au Pérou ont été découverts dans la grotte Pikimachay et dateraient pour les couches les plus anciennes de 19 000 ans avant notre ère[13]. Les populations sont alors pour la plupart nomades, vivent de la chasse de camélidés et de la cueillette et s’abritent dans des grottes[14].
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+ Durant la période archaïque tardive, les premiers villages et organisations sociales complexes apparaissent. Ils permettent l’apparition de la plus vieille ville du continent et l’une des plus anciennes du monde : Caral[15]. La cité de Caral, un grand centre urbain doté de pyramides tronquées au sommet, appartenait à un ensemble de sites archéologiques qui aurait abrité la première civilisation américaine : Caral-Supe ou Norte Chico (entre 2627 et 2100 avant notre ère[16]). Lors de fouilles, divers objets ont été exhumés, tels que des figurines anthropomorphiques en argile crue, des flûtes traversières taillées dans des os de pélican ou de condor[17], ou des cordelettes à nœuds (probablement des quipus).
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+ Caractérisées par une nouvelle complexification de l’organisation sociale et des technologies, les cultures de la période dite de « horizon de formation » (2700-200 av. n. è) développèrent la céramique, le tissage, l’usage de l’or et du cuivre, et la construction de canaux d’irrigation et la culture en terrasse, facteurs déterminants pour l’accroissement du pouvoir étatique. Dans la culture de Chavín (~1800-300 av. n. è), la vie sociale, économique et rituelle s’organise autour des dieux féroces représentant les grands prédateurs locaux comme le jaguar, le serpent ou le caïman. Le centre cérémoniel, Chavín de Huántar, est un réseau complexe de galeries décorées par des immenses mégalithes ornés. Sur le plan iconographique, les divinités de la cosmogonie chavín seront présentes dans presque toutes les manifestations artistiques postérieures. Paracas (~800-200 av. n. è), une culture située sur une péninsule désertique portant le même nom, se distingue par ses textiles de grande valeur esthétique et scientifique.
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+ L'effondrement de la culture Chavín ira de pair avec l’affirmation de pouvoirs régionaux, caractérisés par un relatif isolement local. Chaque région abrite alors de petites entités politiques qui adoptent leurs propres modèles de développement culturel, n’ouvrant leurs frontières qu’aux échanges commerciaux. À cette période appartiennent notamment la culture Nazca (~200 av. n. è. - 600), la culture Huari (600-1000) et la culture Mochica (~100-700), l’une des plus importantes organisations politiques de l’ancien Pérou.
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+ La période impériale, aussi appelée Règne des belligérants, succède au déclin de la civilisation Huari, dernière entité politique régionale. Divers États locaux qui tentent de dominer politiquement et parmi ces États, nous retrouvons la culture Chimú, la culture Chanca, la culture Chincha et enfin, la plus célèbre, la culture Inca. Les origines des Incas se mêlent à la légende. Probablement, ils étaient une tribu guerrière quechua du Sud de la sierra. Entre 1100 et 1300, ils se déplacent peu à peu vers le nord de la région jusqu’à la vallée fertile de Cuzco, occupée alors par des peuples aymaras[18]. L’Empire naissant se distinguait par sa condition d’État agraire, au sommet duquel se trouvait l’Inca[19].
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+ Cependant, la véritable expansion des Incas commence en 1438, avec Pachacutec (1438-1471), qui entreprend de conquérir les terres voisines. Durant les 70 dernières années de cette période, le royaume de Cuzco forme un vaste empire qui s’étend sur toutes les Andes. Le génie de Pachacútec se manifesta avant tout dans la législation et l’administration qu’il établit dans l’Incanat[21]. Il aboutit à accomplir l’unité d’un si vaste empire grâce à trois mesures principales. Il préserva l’unité géographique de l’Empire en développant un gigantesque réseau de routes (le Qhapaq Ñan) ; puis il fit son unité linguistique en imposant le runa simi ou quechua comme langue officielle ; enfin, grâce à une organisation centrale absolue, il forma l’unité politique impériale[22]. En même temps, il créa une élite capable de l’assister dans son œuvre : les curacas. Pour faciliter la transmission des ordres et le renseignement sur l’état des provinces, on établit un système de « chasquis » ou « coureurs messagers », qui parcouraient les chemins de l’Empire.
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+ À la fin du XVe siècle, l’Inca Pachacutec transmet le pouvoir à son fils Tupac Yupanqui († 1493), qui étend l’Empire jusqu’à l’actuel territoire équatorien. Sous le règne de son fils, Huayna Capac († 1527), les frontières de l’empire inca sont repoussées jusqu’à la frontière de l’actuelle Colombie. Une guerre de succession éclate entre les deux fils de Huayna Capac, Huascar et Atahualpa. Ce dernier est parvenu à battre les troupes de son frère, au moment où les conquistadors arrivent au Pérou.
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+ Lorsque les troupes de Francisco Pizarro arrivèrent en 1531, l’Empire inca était déchiré par une guerre civile. Le 16 novembre 1532, durant la bataille de Cajamarca, Pizarro captura l'empereur Atahualpa et le fit exécuter. Il faudra cependant plus de quarante ans pour briser les dernières tentatives de résistance : le dernier Inca de Vilcabamba, Túpac Amaru, fut capturé et exécuté en 1572.
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+ Les Espagnols instituèrent le système de l’encomienda : les Amérindiens devaient payer un tribut, dont une partie allait à Séville. Les encomenderos étaient chargés également de les christianiser. En tant que gouverneur du Pérou, Pizarro abusa de l'encomienda en accordant à ses soldats et compagnons un pouvoir quasi illimité sur les populations indigènes qui furent obligées à travailler sans rétribution dans des mines et des champs. Pizarro fut assassiné en 1541 par une faction menée par Diego de Almagro le jeune, surnommé « el Mozo ». En 1543, le roi Charles Quint pour réagir aux luttes intestines entre les conquistadores envoya Blasco Núñez Vela en tant que premier vice-roi. Il sera à son tour tué par Gonzalo Pizarro, le frère du premier Pizarro. Finalement, un nouveau vice-roi, Pedro de la Gasca, parvint à restaurer l'ordre et exécuta Gonzalo Pizarro après sa capture. 39 vice-rois ont succédé à Núñez Vela et ont gouverné la vice-royauté entre 1544 et 1824.
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+ Francisco de Toledo (1569-1581) fut celui qui organisa l'État colonial et fonda les « réductions » ou cités d'Indiens où ils furent regroupés. Au niveau local, les encomenderos étaient maintenant sous l'autorité des curacas. Une pyramide hiérarchique permit ainsi de contrôler toutes les villes et villages. Le recensement sous le dernier Quipucamayoc ou « maître du quipu » indiquait qu'il y avait 12 millions d'habitants dans l’empire inca. Quarante-cinq années plus tard, le recensement du vice-roi Toledo, montrait qu'il en restait 1,1 million[23]. Les villes Incas reçurent des noms catholiques et furent reconstruites selon le modèle espagnol. Elles comportaient une place centrale et une église ou cathédrale en face d'un bâtiment officiel. Quelques villes, telle Cuzco, gardèrent leurs fondations d'origine incas. Certains sites incas, tel Huánuco Viejo, furent abandonnés au profit de villes à plus basse altitude.
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+ Après l'établissement de la vice-royauté, le Pérou devint l'une des premières sources de la richesse pour l'Espagne. La ville de Lima, fondée par Pizarro le 18 janvier 1535 sous le nom de Ciudad de los Reyes (« la Ville des Rois »), devint la capitale et une ville puissante qui avait sous sa juridiction toute l'Amérique du Sud à l'exception du Brésil dominé par les Portugais. Au XVIIe siècle, Lima abritait une université et était la principale place forte de l'Espagne sur le continent américain. Toutes les richesses coloniales passaient par Lima, puis par l'isthme de Panama avant d'arriver à Séville, en Espagne.
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+ Au XVIIIe siècle, devant la difficulté de l'administration d'un territoire immense, seront réalisées des réformes dans la structure politique coloniale (« les réformes bourboniennes »). En 1717, la vice-royauté de Grenade fut formée : elle regroupa la Colombie, l'Équateur, le Panama et le Venezuela. En 1776, une nouvelle vice-royauté vit le jour, la vice-royauté du Río de la Plata : elle regroupait l'Argentine, la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay.
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+ Entre 1780 et 1781, la vice-royauté du Pérou connut la plus violente insurrection de son histoire[24]. Dirigée par Túpac Amaru II, un cacique du Cuzco, l’insurrection était à l’origine une révolte fiscale, mais très vite se transforma en un mouvement qui revendiquait l’autonomie du territoire par rapport à la Couronne espagnole[25]. Túpac Amaru arriva à réunir une armée de près de 50 000 hommes, composée majoritairement d’Amérindiens et de métis. Après quelques batailles, la révolte fut écrasée de manière extrêmement violente. Le 18 mai 1781, José Gabriel Túpac Amaru II fut écartelé et décapité à Cuzco, mais il devint pendant le XIXe siècle une figure importante de la lutte pour l'indépendance et de la liberté.
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+ Le processus d’indépendance prit définitivement son élan avec le soulèvement des propriétaires terriens d'origine espagnole. José de San Martín et Simón Bolívar étaient à la tête des troupes rebelles. Après avoir débarqué dans la baie de Paracas, San Martín s'empara de Lima et déclara, le 28 juillet 1821, l'indépendance du Pérou par rapport à l'Espagne. L'émancipation devint effective en décembre 1824, lorsque le général Antonio José de Sucre battit les Espagnols dans la bataille d'Ayacucho le (9 décembre 1824). Après cette victoire, une scission sépara le pays en Haut-Pérou resté fidèle à Bolivar (maintenant, la Bolivie) et bas Pérou (le Pérou actuel). Comme le Chili, la Bolivie, Mexique, ou la Grande-Colombie, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[26] : des centaines de techniciens anglais traversent l’océan, avec leur machine à vapeur, pour les moderniser.
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+ Après la guerre Grande Colombie-Pérou (1828-1829), les conflits frontaliers entre le Pérou et l'Équateur débutèrent à partir des années 1830. Quatre guerres éclatèrent entre ces pays entre 1858 et 1995, guerre de 1858-1860 ; guerre de 1941-1942 ; la guerre du Paquisha en 1981 et la guerre du Cenepa en 1995.
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+ Malgré la domination d'une oligarchie de propriétaires terriens, l'esclavage des Noirs et le tribut des Indiens furent abolis par le caudillo Ramón Castilla (1845-1851 et 1855-1862). Entre 1840 et 1879, le guano du Pérou, récolté par des compagnies privées ou publiques sur les côtes, généra d’énormes richesses car le pays bénéficia pendant cette période du monopole mondial de ce fertilisant. La vie politique fut alors une alternance de périodes démocratiques, de coups d'État et de dictatures.
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+ L'Espagne n'abandonna pas complètement ses ambitions coloniales et fit encore de vaines tentatives comme lors de la guerre hispano-sud-américaine. Après la bataille de Callao, elle reconnut l’indépendance du pays en 1880, établit des relations diplomatiques et signa un traité de paix et d’amitié définitif la même année. La guerre contre l’Espagne marquait pour le Pérou la consolidation de son indépendance.
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+ Entre 1879 et 1883, le Pérou mena aux côtés de la Bolivie la guerre du Pacifique. La guerre éclata lorsque le Chili envahit le port bolivien d’Antofagasta. La Bolivie déclara la guerre au Chili et le Pérou, par un traité réciproque de défense, entra à son tour dans le conflit. Malgré l'infériorité navale, le capitaine du navire Huascar, Miguel Grau, maintint sous pression la flotte chilienne pendant plusieurs mois. Le Huascar fut finalement pris par les Chiliens en octobre 1879. Pendant la campagne terrestre, le Pérou connaîtra quelques victoires, mais en 1881 les troupes chiliennes entrèrent dans Lima. La guerre prit fin le 20 octobre 1883 par le traité d'Ancón et fit perdre au pays la région de Tarapacá.
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+ En 1924, depuis Mexico, des meneurs de la Réforme universitaire au Pérou et contraint à l'exil par le gouvernement fondent l'Alliance populaire révolutionnaire américaine, qui exercera une influence majeure sur la vie politique du pays. L'APRA est ainsi en grande partie une expression politique de la Réforme universitaire et des luttes ouvrières menées dans les années 1918-1920. Le mouvement puise ses influences auprès de la révolution mexicaine et de la Constitution de 1917 qui en est issu, notamment sur les questions de l'agrarisme et de l'indigénisme, et à un degré moindre de la révolution russe. Proche du marxisme (son dirigeant, Haya de la Torre, déclare en effet que « l'APRA est l'interprétation marxiste de la réalité américaine »), elle s'en éloigne pourtant sur la question de la lutte des classes et sur l'importance donnée à la lutte pour l’unité politique de l’Amérique latine. En 1928 est fondé le Parti socialiste péruvien notamment sous l'impulsion de José Carlos Mariátegui, lui-même ancien membre de l'APRA. Le parti crée peu après, en 1929, la Confédération générale des travailleurs. L'APRA, gagnant rapidement en popularité, est mise hors la loi en 1933 par le régime de Oscar R. Benavides, qui resta président jusqu'en 1939.
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+ La constitution de 1933 réservait le droit de vote aux citoyens alphabétisés; qui en 1960, ne représentaient encore que le tiers de la population adulte. Les Indiens, presque la moitié de la population, restaient des exclus et vivaient de façon misérable. Entre 1932 et 1933 a lieu la guerre avec la Colombie. Une guerre opposa le Pérou et l'Équateur entre le 5 juillet et le 31 juillet 1941. Durant cette guerre, le Pérou occupa les provinces occidentales de Loja et el Oro. Les États-Unis, le Brésil, l'Argentine et le Chili proposèrent leur médiation et le protocole fut finalement signé. Néanmoins, un nouveau conflit éclatera entre les deux pays un demi-siècle plus tard.
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+ À nouveau autorisée en 1945, l'Alliance populaire révolutionnaire américaine soutint le président José Luis Bustamante y Rivero (1945-1948) qui, renversé par le coup d'État militaire du général Manuel A. Odría d'octobre 1948, augura du début d'une dictature. Des élections sont pourtant organisées en 1962, et remportées par le candidat apriste Víctor Raúl Haya de la Torre. Toutefois, un coup d'État militaire dirigé par le général Ricardo Pérez Godoy empêcha le respect de la légalité. La junte organisa à nouveau des élections l'année suivante, qui furent remportées par Fernando Belaúnde Terry, fondateur de l'Action populaire, qui demeura en place jusqu'en 1968.
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+ Au début des années 1960, alors que près de 70 % des terres sont possédées par 2 % des propriétaires, le Pérou connait une forte mobilisation paysanne et indigène visant à obtenir une réforme agraire. Les paysans, en grande majorité des travailleurs agricoles indigènes, formèrent alors la base de syndicats ruraux engagés face à la détérioration de leurs conditions. Les paysans eurent recours à des tactiques allant de l'occupation pacifique des terres à la confrontation violente avec les grands propriétaires et les forces armées. Plusieurs petits mouvements de guérilla se constituent mais sont rapidement écrasés par le gouvernement[27].
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+ Le 3 octobre 1968, le coup d’État réformiste mené par un groupe d’officiers dirigés par le général Juan Velasco Alvarado amène l'armée au pouvoir dans le but d’appliquer une doctrine de « progrès social et développement intégral », nationaliste et réformiste, influencé par les thèses de la CEPAL sur la dépendance et le sous-développement. Six jours après le golpe, Velasco procède à la nationalisation de l’International petroleum corporation (IPC), la société nord-américaine qui exploitait le pétrole péruvien, puis lance une réforme de l’appareil d’État, une réforme agraire. Il s'agit alors de la plus grande réforme agraire jamais entreprise en Amérique latine : elle abolit le système de latifunda et modernise l'agriculture par une redistribution plus équitable des terres (90 % des paysans forment des coopératives ou des sociétés agricoles d'intérêt social). La terre devant être possédée par ceux qui la cultivent, les grands propriétaires sont expropriés. Les seules grandes propriétés permises sont de type coopératif. Entre 1969 et 1976, 325 000 familles reçoivent une terre de l'État ayant une moyenne de 73,6 acres[28]. Le « gouvernement révolutionnaire » projette aussi des investissements massifs dans l'éducation, élève la langue quechua - parlée par près de la moitié de la population mais jusque-là méprisée par les autorités - à un statut équivalent à celui de l'espagnol et instaure l'égalité des droits pour les enfants naturels.
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+ Le Pérou souhaite s’affranchir de toute dépendance et mène une politique extérieure tiers-mondiste. Les États-Unis répondent par des pressions commerciales, économiques et diplomatiques. En 1973, le Pérou semble triompher du blocus financier imposé par Washington en négociant un prêt auprès de la Banque internationale de développement afin de financer sa politique de développement agricole et minier. Les relations avec le Chili se distendent fortement après le coup d’État du général Pinochet. Le général Edgardo Mercado Jarrin (Premier ministre et commandant en chef de l’armée) et l’amiral Guillermo Faura Gaig (ministre de la marine) échappent tour à tour, à quelques semaines d'intervalle, à une tentative d'assassinat. En 1975, le général Francisco Morales Bermúdez Cerruti s’empare du pouvoir et rompt avec la politique de son prédécesseur. Son régime participe ponctuellement à l'Opération Condor en collaboration avec d'autres dictatures militaires américaines.
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+ Le Sentier lumineux apparaît dans les années 1970 dans les universités. Ces étudiants, pour beaucoup d'origines paysannes, retournent ensuite dans leurs communautés et y organisent des comités locaux du parti. L'abandon par l’État de certaines régions rurales favorise l’implantation du parti. En juin 1979, des manifestations pour la gratuité de l’enseignement sont sévèrement réprimées par l’armée : 18 personnes sont tuées selon le bilan officiel, mais des estimations non-gouvernementales évoquent plusieurs dizaines de morts. Cet événement entraîne une radicalisation des contestations politiques dans les campagnes et aboutit finalement au déclenchement de la lutte armée. Après le début de cette lutte armée, les nouvelles recrues du Sentier lumineux sont généralement des paysans peu politisés, plutôt que des militants réellement politisés[29].
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+ En 1980, Fernando Belaúnde Terry retrouve le pouvoir en remportant l'élection présidentielle. Alan García, candidat du parti Alliance populaire révolutionnaire américaine, lui succéda le 28 juillet 1985. C'était la première fois qu'un président démocratiquement élu remplaçait un autre président démocratiquement élu en 40 ans.
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+ En 1990, inquiets des attaques terroristes du Sentier lumineux et des scandales de corruption, les électeurs choisirent Alberto Fujimori. Pour lutter contre l'inflation, Fujimori adopta des mesures d'austérité très sévères. La monnaie est dévaluée de 200 %, des centaines d'entreprises publiques sont privatisées et 300 000 emplois sont supprimés. Il parvint à faire passer l'inflation de 2 700 % en 1990 à 139 % en 1991, mais la pauvreté ne recule pas[30].
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+ En raison de l'opposition des députés à certaines réformes, Alberto Fujmori dissout le 4 avril 1992 le Congrès, modifie la Constitution, fait incarcérer un certain nombre d'adversaires politiques et prend le contrôle des médias. Sa présidence est fortement marquée par l'autoritarisme, l'usage d'escadrons de la mort pour conduire des opérations anti-guérillas, la répression politique et la corruption[31]. Alberto Fujimori fait démarrer une campagne de stérilisations forcées dans certaines régions rurales du pays. Empreint d'eugénisme, le programme est essentiellement dirigé contre les populations indigènes : 330 000 femmes et 25 000 hommes en seront victimes selon un rapport du ministère de la Santé. L'objectif aurait été de juguler la démographie afin de bénéficier d'une aide économique accrue promise par les États-Unis, mais également de réduire des populations fortement défavorisées et suspectes de sympathies pour la guérilla du Sentier lumineux[32].
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+ Son bras droit Vladimiro Montesinos entretient des liens étroits avec la CIA et les services secrets qu'il dirige reçoivent 10 millions de dollars de l'agence pour soutenir les activités de contre-guérilla du gouvernement. Les ventes d'armes des États-Unis au Pérou ont par ailleurs quadruplé sous la présidence de Fujimori[33]. Les membres de la police et de l'armée impliqués dans des crimes dans le cadre du conflit contre les guérillas sont amnistiés. Alberto Fujimori se fit réélire en 1995. Mais en novembre 2000, destitué pour corruption, il s'enfuit au Japon. Valentín Paniagua Corazao fut nommé pour le remplacer provisoirement et des élections furent organisées en avril 2001. Alejandro Toledo les remporta et devint président le 28 juillet 2001.
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+ Des manifestations hostiles au projet de privatisation de deux compagnies d'électricité tournent à l'émeute à Arequipa, deuxième ville du pays, en juin 2002. L'état d'urgence est déclaré par le gouvernement. L'état d'urgence est à nouveau proclamé en mai 2003 alors que le Pérou connait une vague de protestations sociales. Alan Garcia, déjà président entre 1985 et 1990, revient au pouvoir en 2006. En juin 2009, une intervention de police contre des indigènes qui bloquent un axe routier conduit à des dizaines de morts[34].
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+ Le Pérou est une République « démocratique, sociale, indépendante et souveraine » (article 43 de la Constitution de 1993). La Constitution de 1993 consacre le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et fonde un régime présidentiel monocaméral :
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+ L’Assemblée constituante de 1822 est la première assemblée constituante péruvienne, instituée par 79 députés élus proportionnellement selon la population de chaque département. Lors de la première séance, les députés prêtèrent le serment de défendre l’intégrité territoriale du pays et « de le libérer de ses oppresseurs ». L’achèvement de l’Acte constitutionnel fut difficile : la première Constitution fut adoptée le 12 novembre 1823. Les premières constitutions établirent une démocratie nominale et censitaire, où les analphabètes et les femmes n’étaient pas habilités à voter. Le 7 septembre 1955, le Congrès de la République promulgua une loi, qui donnait pour la première fois aux femmes péruviennes le droit de voter et d’être élues.
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+ Le Pérou est considéré comme étant le quatrième pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l'environnement, après le Brésil, le Honduras et les Philippines. Les assassinats de militants écologistes y sont en augmentation ces dernières années[35].
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+ La corruption est très présente dans la vie politique péruvienne. L’affaire Odebrecht est l’affaire la plus médiatisée. 28 millions de dollars ont été versés par la multinationale brésilienne à quatre présidents péruviens (Alejandro Toledo, 2001-2006 ; Alan Garcia, 2006-2011 ; Ollanta Humala, 2011-2016 ; Pedro Pablo Kuczynski, 2016-2018) pour obtenir des chantiers considérables comme celui de la route interocéanique entre le Pérou et le Brésil[36].
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+ Les principaux partis politiques sont les suivants, par ordre décroissant du nombre de députés élus lors des élections générales de 2016 :
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+ Le 19 novembre 2002, le Pérou adopta la Loi organique de gouvernements régionaux (Ley Orgánica de Gobiernos Regionales). Point de départ de la déconcentration d’un pouvoir administratif fortement centralisé, la loi vise à définir les principes régissant les administrations régionales et détermine les compétences entre municipalités, administrations régionales et l’État. Depuis, le pays est divisé en 24 régions (divisées elles-mêmes en provinces), auxquelles il faut ajouter la province de Lima, entité au statut particulier, distincte du département Lima.
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+ Le district est la plus petite division administrative. Chaque district est dirigé par une municipalité, avec à sa tête un maire. Les gouvernements régionaux sont composés d'une présidence régionale, d'un conseil et d'un conseil de coordination :
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+ Relief : La cordillère des Andes marque et structure les paysages et la géographie du pays. Parmi les volcans importants, on y trouve Misti et Ubinas. Le Huascarán, qui s'élève à 6 768 mètres, est le point culminant du pays dans la Cordillère occidentale.
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+ Il est tropical à l'est, désertique et sec à l'ouest. Les déserts côtiers sont liés à la présence d'un courant océanique sud-nord, donc froid, qui remonte la côte Pacifique en bloquant l'évaporation et la formation de perturbations pluvieuses (hormis épisodiquement lors d'épisodes El Nino). Dans les Andes (chaîne de montagnes) le climat est tempéré à froid en fonction de l'altitude.
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+ Le désert du Nord du Pérou abrite aujourd'hui des terres agricoles irriguées, et des zones de forêt sèche récemment fortement dégradées par l'agriculture industrielle, l'urbanisation et la production de bois et de charbon de bois. Les écosystèmes arides de ces régions se sont adaptés à décennies presque sans pluie entrecoupées de courtes pluies torrentielles subies d'un bref reverdissement du désert, de réapparition des oiseaux et de rivières.
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+ Ces pluies ont des effets dramatiques sur une population non préparée, mais sont source de vie pour le désert. Après l'El Niño de 1997–1998 on a trouvé dans le désert des espèces sauvages proches de plantes domestiquées (tomates, poivrons, courges et pommes de terre) dont les graines pouvaient encore germer après 20 ans d'enfouissement, ainsi que des plantes cultivées par des paysans sur des sols rendus fertiles par l'eau et les alluvions[41]. La destruction de la forêt sèche a exacerbé l’érosion, les inondations et leurs effets. De même pour divers aménagements du bassin versant (dont sur les rivières canalisées, barrées et draguées) ne tenant pas compte des crues inhabituelles ; et des polluants miniers, cynégétiques, routiers, urbains et agricoles (pesticides et engrais) dont dispersés par l'eau, jusqu'à l'océan souvent, ce qui inquiète les écologues.
108
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109
+ Selon B. Fraser dans la Nature (2018), « Personne n’avait prédit la catastrophe de cette année (2017) avant qu’il ne soit trop tard » et ses effets en Amérique du Sud ont été sous-estimés car si les scientifiques avaient bien prédit l'essentiel phénomène El Niño de 2015-2016, et même si le volume de précipitations de 2017 est comparable à celui de l'événement El Niño de 1997-1998, les causes en sont différentes et les scientifiques ont encore besoin de mieux comprendre le mécanisme de ces El Niños côtiers atypiques (tels que ceux des années 1920 et 1970), et de leur lien avec les cycles océaniques ou climatiques plus larges[41]. Un manque de financement a hélas freiné les études; ainsi les systèmes de surveillance installés dans des bouées océaniques par des scientifiques péruviens et équatoriens après le passage d'El Niño de 1997 à 1998 ont été vandalisés sans avoir pu être réparés et tout le réseau d'instruments océaniques d'étude de l'atmosphère océanique de la zone intertropicale souffre de détérioration et de coupures budgétaires[41].
110
+
111
+ La COP 20 sur le climat a été accueillie au Pérou.
112
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113
+ Le Pérou occupe une surface de 1 285 220 km2 et possède 2 414 km de côtes.
114
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115
+ On peut distinguer trois grandes zones naturelles :
116
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117
+ Chaque zone est divisée en sous-zone nord, centrale et sud.
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+
119
+ Le versant oriental est principalement drainé par deux cours d'eau, l'Ucayali et le Marañón qui, après s'être rejoints, donnent l'Amazone. Les deux rivières captent la majeure partie des eaux du versant oriental de la Cordillère des Andes, traversent ensuite la selva péruvienne avant de confluer.
120
+
121
+ Sur le versant occidental, se trouve le bassin de l'océan Pacifique, où viennent se jeter toute une série de petits fleuves descendus des hauteurs de la Cordillère. Parmi ceux-ci, l'un retient particulièrement l'attention, le Río Rímac, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, non par son débit d'eau — relativement faible — ni par la taille de son bassin, mais parce qu'il approvisionne en eau et électricité la métropole de Lima, où se concentre plus du tiers de la population du pays (10 millions d'habitants à Lima sur 32 millions[4] au Pérou). L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies, et chaque jour il devient — avec l'explosion démographique — plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans la distribution de l'eau.
122
+
123
+ Au sud, un troisième bassin, celui du lac Titicaca, le plus vaste lac d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable au monde, perché entre 3 600 et 4 500 mètres d'altitude sur les plus hauts plateaux andins, entre Pérou et Bolivie, draine les eaux de quatre bassins : le lac Titicaca (T), le fleuve Desaguadero (D), le lac Poopó (P) et le salar de Coipasa (S). Ces quatre bassins constituent le système TDPS, qui s'étend sur près de 140 000 km2.
124
+
125
+ Le pays est sujet aux tremblements de terre. Il existe une activité volcanique dans la zone volcanique centrale des Andes située au sud du pays.
126
+
127
+ Le Pérou est situé sur une faille sismique, ce qui provoque, chaque année, un certain nombre de tremblements de terre, dont l’intensité reste faible. Le pays a toutefois subi quelques séismes majeurs, ayant provoqué un grand nombre de victimes et des destructions considérables, comme celui de Yungay, en 1970, qui fit entre 25 000 et 30 000 morts.
128
+
129
+ La population est préparée en cas de séisme. Régulièrement dans les écoles et les lieux de travail, des mesures de sécurité sont enseignées et des exercices d’évacuation effectués. Les inondations et glissements de terrain sont cependant principalement dus au phénomène El Niño.
130
+
131
+ Le pays est doté de ressources naturelles exceptionnelles dont d'importantes ressources halieutiques (anchois péruvien), cependant instables dans le temps à cause d'El Niño.
132
+
133
+ Le pays dispose de cuivre, d'argent, d'or, de pétrole, de minerai de fer, de charbon et les phosphates.
134
+
135
+ Le Pérou est le troisième pays d'Amérique latine où les niveaux de pollution de l'air sont les plus élevés, après le Mexique et le Chili[42].
136
+
137
+ Un rapport publiée en 2020 par l’Autorité nationale de l’eau (ANA) du Pérou nous révèle que les glaciers du pays ont perdu plus de 50 % de leur surface depuis les années 1960[43].
138
+
139
+ Du fait de sa position biogéographique et d'une grande diversité climatique et topographique, il existe au Pérou des milieux très diversifiés (de la plaine à la montagne et du désert à la forêt équatoriale, abritant une faune, flore et fonge extrêmement variées. C'est l’un des dix-sept pays caractérisés par une mégadiversité biologique.
140
+ Il compte 84 des 117 zones naturelles existantes au monde (72 %), abritant encore 5 872 espèces endémiques (parmi lesquelles 118 types uniques d’oiseaux, 113 espèces de reptiles et 60 variétés différentes de mammifères).
141
+
142
+ Parce que la variété d’étages d'altitude/température a obligé l'agriculteur/éleveur andin à utiliser et adapter les espèces convenant le mieux à chaque situation agrobiogéographique le pays abritait aussi de riches ressources génétiques en matière d'espèces alimentaires et utiles domestiquées, élevées et cultivées. Mais ce patrimoine est en forte et rapide régression[44].
143
+
144
+ Sur les hauteurs, les lamas côtoient les alpagas et les vigognes. Le chinchilla à queue courte, présent à l’état sauvage autrefois dans les très hautes Andes a sans doute disparu aujourd’hui. Survolant les montagnes, le condor des Andes est un oiseau emblématique du Pérou et de ses montagnes.
145
+
146
+ Mais c’est dans la « selva » que la faune est la plus présente. Avec entre autres les jaguars, les tatous, les caïmans, les capybaras mais aussi des singes ou des milliers d’espèces d’insectes qui vivent dans une végétation luxuriante. La vanille, l’acajou et le caoutchouc participent à cette biodiversité.
147
+
148
+ Le Pérou dispose d'un vaste réseaux de parcs nationaux, de réserves naturelles et de lieux historiques nationaux. L'ensemble de ces sites couvre une superficie de 18 283 508 ha, soit 14 % du territoire péruvien. L'INRENA (Institut national de ressources naturelles) gère la plupart des aires protégées[45]. Cependant, un nombre croissant d'entre elles sont administrées par les communautés autochtones et par des associations de protection de la nature.
149
+
150
+ L'Économie du Pérou est parmi les plus performantes de l'Amérique latine. Le produit national brut (PNB) est passé de 47 767 millions de dollars en 1993 à 127 598 en 2008[49]. Ce dynamisme repose principalement sur les secteurs exportateurs et sur une forte augmentation de la demande interne (12,3 % en 2008), tirée par la consommation et l’investissement public et privé[50].
151
+
152
+ L’économie péruvienne dépend fortement des matières premières, qui représentent 60 % des exportations. En 2015, le Pérou est le deuxième producteur mondial d’argent, le troisième de zinc et de cuivre, le sixième d’or, et exploite aussi du gaz et du pétrole. Le pays est en revanche peu industrialisé[51]. Les grands projets miniers sur lesquels reposent le modèle économique péruvien font aussi l'objet de contestations de la part des populations rurales qui profitent peu des retombées économiques mais sont confrontées à la pollution des cours d'eau et des sols, impactant leur agriculture[36].
153
+
154
+ Depuis la politique d'ouverture lancée il y a maintenant 20 ans, l'économie péruvienne a connu de profonds changements. Des privatisations, pour un total de 9,2 milliards de dollars, principalement dans les secteurs de télécommunications et de l’énergie, ont été menées entre 1990 et 2000 et il ne subsiste plus aujourd'hui qu'une quinzaine de grandes entreprises publiques. Outre la fin des contrôles de l’État, les différents gouvernements ont établi une politique monétaire restrictive, et ont mis en place un environnement fiscal favorable pour les investisseurs. Les conséquences de cette politique économique seront positives. Le taux de croissance du PIB a dépassé la barre de 9 % en 2008, après une croissance de 8,9 % en 2007[52]. Le chômage est également en baisse : 5,9 % en 2014 contre 9,4 % en 1994.
155
+
156
+ D'après l'économiste José Oscatégui : « l’État péruvien est faible, parfois complètement absent de certaines provinces. Le Pérou n'a donc pas la capacité de négocier avec les multinationales, et de récupérer les impôts qui pourraient alimenter des programmes sociaux. L'industrie minière, pilier de l'économie, illustre bien cette faiblesse. Malgré leur impact très lourd sur l'environnement et leurs profits record, les grands groupes qui exploitent les métaux péruviens sont taxés à hauteur de 30% de leur bénéfice, comme toute autre entreprise locale. Mais en pratique, avec les exonérations, c'est encore moins, entre 13 et 14% » La moitié des opérateurs miniers du pays a obtenu à l'époque du président Alberto Fujimori des contrats de stabilité, c'est-à-dire une garantie contre tout changement de la politique fiscale du pays[53].
157
+
158
+ Après avoir connu une période d'hyperinflation au cours des années 1980, la monnaie péruvienne connaît, quant à elle, une période de stabilité par rapport au dollar et aux monnaies européennes. Le taux d’inflation moyen s’est stabilisé autour de 3 %, et reste depuis plusieurs années dans les limites de la fourchette fixée par la Banque centrale du Pérou (entre 1 % et 3 %). Le taux de dollarisation de l’économie reste toutefois élevé, s’établissant à 60 % des crédits en 2006 au secteur privé contre 82 % en 2000. Parmi les grandes orientations financières, figure un axe majeur : la restructuration de la dette publique tant extérieure qu'intérieure. Elle a permis de voir passer la part de la dette interne en 5 ans de 22 % à 29 %, traduisant la confiance des marchés dans les obligations d’État. La dette publique globale, à la fin septembre 2007, atteint 31 % du PIB. En termes de compétitivité, le Pérou est considéré aujourd'hui comme la première économie d'Amérique latine[54].
159
+
160
+ Si le respect des principes d'orthodoxie financière et l'amélioration de la gestion de la dette ont abouti, semble-t-il, à un rétablissement durable des équilibres macroéconomiques et à regagner la confiance des investisseurs, cependant l'économie péruvienne doit toujours affronter deux défis majeurs:
161
+
162
+ . Premièrement, le pays reste vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières sur les marchés internationaux. Cette vulnérabilité implique une forte volatilité du PIB et cela peut avoir des effets potentiellement négatifs sur la croissance de long terme, sur le développement socioéconomique et sur les finances publiques.
163
+
164
+ . Deuxièmement, la phase conjoncturelle doit être exploitée pour favoriser la création d’un scénario de croissance et de redistribution favorable à la lutte contre la pauvreté et au développement humain, car la société péruvienne reste fortement fragmentée, culturellement et économiquement. Ainsi, les études montrent qu'une couche importante de la population reste dans la pauvreté malgré l'essor économique notable que connaît récemment le pays. L'Institut péruvien de statistiques (INEI) avance un chiffre de 21,8 % de pauvreté pour 2015, et la pauvreté extrême (moins d'un dollar par jour) s'élève à 4,1 % pour la même année[55].
165
+
166
+ Le Pérou a conservé une agriculture diversifiée, en particulier dans les zones encore boisées: au cours de la décennie des années 2010, il a confirmé sa huitième place au palmarès des quinze plus grands producteurs mondiaux de café, derrière la Colombie et le Honduras, autre grands exportateurs d'Amérique latine.
167
+
168
+ Les travailleurs informels représentent, en 2019, 70 % du marché du travail selon l’Institut national des statistiques et de l’informatique (INEI)[56]. En 2016, près de trois millions d'enfants et adolescents travaillent dans le secteur informel[57]. Dans le secteur formel le temps de travail hebdomadaire légal est de 48 heures[58].
169
+
170
+ Un réseau routier de plus de 80 000 km relie toutes les régions du pays. La côte péruvienne est traversée du nord au sud par un axe routier majeur et structurant : la route panaméricaine. Nommée aussi route 001 ou PE-1, cette route longue de 2 700 km s’étire de la ville de Tumbes jusqu’à Tacna, au sud du pays.
171
+
172
+ Deux autres grands axes longitudinaux sont la route de la Sierra (Piura-Puno, 3 508 km) et la route de la Selva (Cajamarca-Junín, 2 781 km). Une vingtaine d’axes transversaux desservent les villes de la Sierra et de l’Amazonie. Les trois axes longitudinaux mentionnés auparavant finissent par un nombre impair (PE-1, PE-3 pour la route de la Sierra, PE-5 pour la route de la Selva), alors que les routes et autoroutes transversales finissent par un nombre pair (PE-02, PE-04…). Bien que la plupart des axes soient interconnectés, leur construction est longue et coûteuse du fait du relief accidenté.
173
+
174
+ Il existe également deux axes routiers reliant les villes du Pérou et du Brésil. D’un total de 960 km, l’axe Interocéanique sud (nœud fluvial et terrestre) relie le port de Paita au nord du Pérou au port de Manaus au Brésil. Il vise aussi à l’amélioration de la navigabilité des fleuves du bassin amazonien en unissant l’Atlantique et le Pacifique. La fin de travaux de construction de l’autre axe de transport, l’Intérocéanique sud (plus de 2 600 km), devra relier l’Atlantique (notamment l’État d’Acre) et le Pacifique (Sud du Pérou), exclusivement par voie terrestre. Cela implique également l’amélioration des routes existantes et la construction de nouvelles.
175
+
176
+ Les chemins de fer du Pérou atteignent une longueur totale de 2 100 km, dont 240 km de voies appartenant à la société minière Southern-Cooper. L’entreprise Ferrovias Central Andina a pris en charge le réseau central allant du Callao aux Andes Centrales et qui sert surtout au transport de minerais. L’entreprise Ferrocarriles Transandinos administre les réseaux du Sud (Cusco-Matarani) et Sud-Est (Cusco-Machu Picchu, consacré au transports de touristes).
177
+
178
+ La Corporation péruvienne d’aéroports (Corpac) administrait, en 2007, 42 aéroports régionaux (d’un total de 210 que compte le pays). L’aéroport international Jorge-Chávez, l’un des plus modernes du continent, est de loin le plus important du Pérou. D’autres aéroports importants sont ceux de Cusco, de Trujillo et d’Arequipa. Le transport fluvial ne concerne que le bassin amazonien, où se trouvent les quatre principaux ports fluviaux : Iquitos, Yurimaguas, Port Maldonado et Pucallpa. Le plus important est celui d’Iquitos (82 % du trafic fluvial total, soit 352 000 tonnes).
179
+
180
+ D’importantes sommes d’argent ont été injectées dans le secteur des télécommunications ces dernières années. Ces investissements concernent, pour leur grande majorité, l’extension et la densification des réseaux, ainsi que la progression de la couverture des zones rurales. Le taux de pénétration global actuellement est de 80 % dont environ 10 % pour les lignes fixes[60]. Une partie importante des lignes (55 %) se trouve dans la capitale, Lima, et le port de Callao. Le parc total de lignes fixes a atteint plus de deux millions de lignes au 18 mai 2009[60]. Le nombre de lignes mobiles représente 9,5 fois le nombre de lignes fixes. En juin 2009, le parc mobile était estimé à 22,9 millions abonnés[61].
181
+
182
+ La population du Pérou est estimée en 2016 à 31 millions d’habitants, soit près de 5 % de la population de l’Amérique latine. La population a rapidement augmenté depuis les années 1960 : elle s’est multipliée par trois entre 1960 et 2009, passant de 10,4 millions à 29,1 millions d’habitants. Le taux de croissance démographique actuel cependant peut être considéré comme modéré dans le contexte latino-américain, s’élevant à 14,4 pour mille pour la période 2005-2010, soit un niveau légèrement supérieur à celui de la population latino-américaine estimée en 13,2 habitants pour mille.
183
+
184
+ La densité reste faible, le Pérou étant, avec 23,2 habitants par km2 l’un des pays les moins densément peuplés de l’Amérique. Cette densité est d’ailleurs très inégale : assez élevée sur la côte (242,7 habitants par km2 à Lima), elle est infime dans l’Amazonie péruvienne (2,4 habitants par km2 dans le département de Loreto et 1,3 habitants par km2 dans le département Madre de Dios).
185
+
186
+ Le Pérou s'est ouvert à l'immigration japonaise à la fin du XIXe siècle, recherchant surtout des travailleurs agricoles. Cette immigration a perduré jusque dans les années 1930. Elle a dû affronter la vindicte populaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Japonais-Péruviens, soupçonnés d’être restés fidèles à un Japon belliqueux, ont été internés dans des camps aux États-Unis. Leurs biens ont été confisqués au Pérou[62].
187
+
188
+ Le redressement économique qu’a connu récemment le pays s’est accompagné d’une baisse relativement importante du nombre d’émigrants. Le solde migratoire est passé de -2,2 % pour la période 1990-2000 à -0,3 % pour la période suivante (2000-2010). Le nombre de Péruviens résidant à l’étranger s’élèverait à près de 2 millions (2007), soit 7 % de la population. Ils sont installés principalement aux États-Unis et dans une moindre mesure au Canada ou en Espagne. À l’heure actuelle, la communauté péruvienne figure parmi les dix nationalités les plus représentées aux États-Unis.
189
+
190
+ Selon la Constitution de 1993, la langue officielle du Pérou est l’espagnol, toutefois le quechua, l’aymara et d’autres langues indigènes possèdent un statut de coofficialité dans les parties du territoire, où elles sont prédominantes[63].
191
+
192
+ En 2019, trois millions de Péruviens vivent à l’étranger[56].
193
+
194
+ L'indice de fécondité est estimé à 2,37 [enfants par femme en 2009, soit un niveau légèrement inférieur à la moyenne latino-américaine (2,5 enfants)[65]. La fécondité reste cependant élevée dans les zones rurales et dans les communautés d'indigènes, alors qu'elle est plus basse dans les villes. L'espérance de vie est, quant à elle, estimée à près de 71,03 ans en 2010 qui est très semblable à l'espérance de vie mondiale de 71 ans[66].
195
+
196
+ Au début des années 1950, près d’un enfant sur huit né au Pérou mourait avant la fin de sa première année. Au cours des décennies suivantes, une chute spectaculaire de la mortalité infantile s'est produite. Le taux est passé de 158,6 pour mille en 1950 à 43 pour mille en 1996 et à 21 pour mille en 2006[67].
197
+
198
+ Néanmoins, en 2019, la moitié des enfants de moins de trois ans présentent de sérieuses carences alimentaires[68].
199
+
200
+ Derrière l’apparente unité, la société péruvienne est profondément diverse. La venue de migrants originaires d'Europe, d'Afrique et d'Asie, lors des différentes périodes historiques, a favorisé le mélange de populations. Dès le XVIe siècle, le processus de colonisation est allé de pair avec la mixité des diverses composantes raciales. À cela, il faut ajouter une diminution drastique de la population autochtone au cours des premières décennies de présence espagnole. Décimés par les massacres et les épidémies, le nombre d’Amérindiens au Pérou est passé de onze millions d'habitants en 1500 à un peu plus d'un million un demi-siècle après. Le fait que Lima ait été le siège du vice-roi d'Espagne aurait encore aggravé le sort des Indiens du Pérou[69]. La venue de migrants originaires d'Europe et d'Asie lors des premières années de la République a largement contribué à rendre la société péruvienne encore plus métissée. Entre 1849 et 1874, 80 000 Chinois arrivèrent ainsi au Pérou pour travailler dans les plantations de canne à sucre ou dans les gisements de guano[70].
201
+
202
+ Selon les estimations, 47 % des Péruviens sont des métis, c'est-à-dire d'origine à la fois amérindienne et européenne, et le pourcentage de population d'origine à prédominance européenne atteindrait 15 % (10 % d'ascendance espagnole (principalement des colons arrivés pendant la colonie) et 5 % d'autre ascendance européenne (italienne 1,8 %, française 1,5 %, allemande et autrichienne 2 %)[71]. Dans certaines régions du Pérou, particulièrement sur la côte, on rencontre parfois de nombreux métis d'ascendance africaine. La proportion de la population indigène (ou personnes à prédominance indigène) fluctuerait entre 30 et 45 % de la population[71]. Cette estimation est particulièrement difficile à faire car l'Institut national de statistique du Pérou se fonde sur des critères linguistiques et non des critères purement « raciaux ». Il fixe ainsi à 15,9 % le pourcentage des Indiens définis sur un critère linguistique. De nos jours, la plupart des Péruviens se considèrent comme des métis, sans qu'il soit possible de tracer des frontières précises entre les différentes catégories[72].
203
+
204
+ Les indigènes sont majoritaires dans les régions andines du pays (Cuzco, Huancavelica, ou Puno). Sur la côte, caractérisée par une forte présence de population métisse ou d’origine européenne, les indigènes sont encore moins nombreux. De fortes minorités, telles les Ashaninkas, Shipibo-conibos et Aguarunas sont présentes dans l’Amazonie ou le piémont amazonien. Les peuples indiens d’Amazonie ont généralement moins perdu leur culture après la conquête espagnole, car leurs territoires étaient très difficiles d’accès. Au Pérou, la population autochtone n’est représentée par aucun parti politique comme c’est le cas en Équateur ou en Bolivie, où les mouvements indigènes occupent une place essentielle dans le paysage politique.
205
+
206
+ Les grandes migrations internes depuis les années 1950 ont favorisé encore plus la mixité de populations. Selon les estimations[74], le pays avait un taux d’urbanisation de 71 % en 2005. Le rythme de l’urbanisation est variable d’une région à l’autre. À un extrême, on trouve des régions fortement urbanisées (Lima ou Piura), dans lesquelles la part de la population urbaine s’élève à près de 90 %. La majeure partie de migrants ont convergé vers la capitale, Lima, qui est devenue une ville métissée, un véritable carrefour de cultures régionales.
207
+
208
+ Aujourd’hui, les médias et les intellectuels péruviens parlent d’une culture métisse. Le développement de l’indigénisme a conduit également à réévaluer le métissage.
209
+
210
+ L’accès à l’éducation est plus faible dans la population indigène, avec seulement 10,2 % d’entre eux poursuivant des études supérieures. Les opportunités sur le marché du travail sont encore plus limitées, avec une surreprésentation dans le secteur agricole et dans les emplois non qualifiés. À eux deux, ces secteurs représentent deux tiers des emplois pour la population indigène contre seulement un tiers pour les non-indigènes[75].
211
+
212
+ Lima
213
+
214
+ Trujillo
215
+
216
+ Arequipa
217
+
218
+ Le Pérou regroupe un ensemble de régions dont la population est de taille très inégale. Cinq régions seulement sur vingt-quatre rassemblent en effet plus de la moitié de la population totale (52 %) : Lima, Piura, La Libertad, Cajamarca et Puno. Lima, avec 8,4 millions d’habitants, concentre à elle seule presque un tiers de la population du pays (30,8 %). À l’autre extrême, une dizaine de régions représentent à peine plus de 10 % de la population totale du pays. En 2007, les dix plus grandes villes du Pérou[64] étaient :
219
+
220
+ Lima
221
+
222
+ Arequipa
223
+
224
+ Trujillo
225
+
226
+ Chiclayo
227
+
228
+ Piura
229
+
230
+ Iquitos
231
+
232
+ Cuzco
233
+
234
+ Chimbote
235
+
236
+ Huancayo
237
+
238
+ Tacna
239
+
240
+ Ordres nationaux :
241
+
242
+ Ordres ministériels/spécifiques :
243
+
244
+ La grande majorité des péruviens (76 %) sont catholiques. Plus de 17 % de la population se déclarent cependant de différentes organisations évangéliques, dont l'influence ne cesse de croître depuis les années 1980. En 1993, la nouvelle Constitution garantit la liberté de culte, mais souligne : « au sein du régime d'indépendance et d'autonomie, l'État reconnaît l'Église catholique comme un élément important dans la formation historique, culturelle et morale du Pérou. »[81]
245
+
246
+ Chaque année au mois d’octobre, la procession du Seigneur des miracles (el Señor de los Milagros) attire dans les rues de Lima une foule énorme de fidèles drapés de morado (violet). Ils seraient plus d'un million de Péruviens à participer aux festivités du Cristo Morado. Objet de vénération au Pérou et dans quelques pays d’Amérique latine, le culte au Christ de Pachacamilla (autre nom du Seigneur des miracles) serait la christianisation de dieu Pachacamac[82]. Le culte au Seigneur des miracles est le plus important du Pérou, mais d'autres villes rendent aussi culte à leur patrons. La fête du Corpus Christi mobilise l'ensemble de la ville de Cuzco, durant les premiers jours du mois de juin, et la Virgen de la Candelaria est une festivité importante dans la région de Puno.
247
+
248
+ Le 21 octobre 2016, le Pérou fut consacré au Sacré-Cœur par le président Pedro Pablo Kuczynski.
249
+
250
+ Gustavo Gutiérrez Merino, né à Huánuco en 1928, est considéré comme le pionnier de la théologie de la libération. Le théologien inspire le mouvement, en 1972, dans un ouvrage du même nom. Influencé par Bartolomé de las Casas et les différents mouvements sociaux du XXe siècle, il développe et approfondit la vision du Salut chrétien en tant que « choix préférentiel pour les pauvres », vision proclamée par les Conférences épiscopales latino-américaines de Medellín et de Puebla. L'enjeu de la théologie de la libération n'étant pas seulement théorique mais aussi politique, elle fait l'objet d'un débat public bien au-delà du cercle des théologiens. Ce courant théologique est devenu influent en Amérique latine et en Afrique, mais les théologiens de la libération ont dû affronter une grande opposition du Vatican, en raison de la compromission de cette théologie avec le marxisme. En 2003, le père Gutierrez a reçu le prix Prince des Asturies.
251
+
252
+ Selon Garcilaso de la Vega, Inca Roca ordonna la création des premiers établissements d'enseignement, les Yachayhuasi ou Maisons de Savoir[83]. La direction de ces « écoles » fut confiée aux amautas, savants en astronomie, qui étaient également capables de lire les quipus. Les jeunes étaient instruits aux affaires de l'État (les lois, l'administration ou l'histoire), ainsi qu'aux rites et aux préceptes de la religion. Le système éducatif pendant la longue période coloniale était déterminé par le triple impératif de transformer les populations locales en habitants utiles, en chrétiens pieux et surtout en sujets fidèles au roi. Les différents ordres religieux fondent les premières écoles : Colegio Mayor de San Pablo (1568) et Colegio Mayor de San Felipe (1575). À un niveau plus élevé, les dominicains fondent en 1551 la première université du Nouveau Monde : l'université nationale principale de San Marcos.
253
+
254
+ Le système éducatif péruvien consiste en quatre niveaux : le nido (ou wawa wasi), l'éducation primaire, l'éducation secondaire, et l'université.
255
+
256
+ Les nidos (privé) ou wawa wasis (publique), pour les enfants de 1 à 5 ans, ne sont pas obligatoires, bien que la plupart des niños les fréquentent. L'éducation primaire est divisée en six niveaux (nommés de premier au sixième grado de primaria). Depuis la Constitution de 1828, article 171, elle est obligatoire et gratuite. L'éducation secondaire, obligatoire et gratuite aussi, est composée de cinq niveaux (nommés grados de secundaria). Les deux dernières années sont surtout orientées à la préparation des examens pour entrer aux universités, préparation qui a lieu dans des centres d'enseignement nommés Academias Preuniversitarias ou Pre.
257
+
258
+ Enfin, l'éducation universitaire. Le Pérou possède un réseau de 70 universités (28 publiques et 42 privées). Contrairement au système universitaire français, les élèves qui souhaitent faire des études à l'université sont dans l'obligation de passer un examen de sélection (examen de ingreso). Les études universitaires sont divisées en deux cycles distincts : les Estudios Generales et faculté. Les diplômes de fin d'études sont le Bachillerato (à ne pas confondre avec le baccalauréat français) et la Licencia (grade académique de licencié). La recherche publique est chapeautée par le Conseil national de la science, de la technologie et de l'innovation technologique (CONCYTEC).
259
+
260
+ Le Pérou compte également quelques institutions étrangères prestigieuses parmi lesquelles le Markham College, et le lycée franco-péruvien qui appartient à l'AEFE.
261
+
262
+ Néanmoins, le Pérou est le seul des cinq pays d'Amérique latine évalués par le PISA[84] en 2004 (avec l'Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique) où plus de la moitié des jeunes de 15 ans n'a pas acquis le niveau de connaissance et les compétences en lecture suffisantes afin de poursuivre correctement son éducation. Et cela est davantage inquiétant si l'on considère que des indices indiquent que dans l'enseignement supérieur le problème s'accentue en raison de la complexité des processus d'apprentissage[85].
263
+
264
+ Pour de nombreuses familles pauvres, le travail des enfants est indispensable pour pouvoir financer leur propre scolarisation. L’école publique est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 11 ans, mais les uniformes et les fournitures scolaires représentent des postes de budget très lourds pour des foyers modestes. Chaque année, des milliers d’enfants abandonnent l’école pour des raisons économiques[57].
265
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266
+ En 2009, le gouvernement péruvien interdit aux personnes homosexuelles de s'engager dans la police pour ne pas porter préjudice à l'image de l'institution[86].
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268
+ Le Pérou comporte de très nombreuses danses et musiques.
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+ La musique andine la plus populaire est le huayno. Dans les villes, la musique la plus populaire est désormais la musique chicha, fusion entre la cumbia et le huayno.
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+ La musique péruvienne est très influencée par les traditions espagnoles mais également africaines (festejo, musica criolla).
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+ La danse nationale est la marinera.
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+ La cuisine péruvienne est remarquable pour sa diversité[87] en raison de la riche géographie du pays, de la disponibilité de ressources variées, et de l'alliance de traditions culinaires autochtones à des pratiques gastronomiques d'autres continents. Ainsi, en plus des apports de la culture espagnole, à la fin du XIXe siècle, des immigrants venus de la Chine adaptèrent leurs traditions culinaires au goût et aux ressources locales péruviennes. Ainsi naquît la cuisine chifa, qui compte une grande variété de mets.
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+
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+ Les diverses cuisines régionales sont souvent regroupées en trois grandes familles par l’emplacement géographique et les conditions climatiques :
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+ Les boissons fraîches telles que la chicha morada, la chicha de jora, ou les deux boissons nationales : le pisco (alcool de vin) ou l’Inca Kola (gazeuse), accompagnées de fruits locaux comme la cherimoya, la maracuja, la lucuma ou le camu-camu complètent le menu péruvien.
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+ Le chef de file de la cuisine péruvienne est sans doute le célèbre cuisinier Gastón Acurio.
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+ La cuisine péruvienne poursuit son évolution multipliant les innovations sans pourtant trahir la tradition, comme le montre bien la Nouvelle Cuisine andine ou Cocina Novoandina.
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+ À partir des années 2000, des boutiques péruviennes puis des e-boutiques très diversifiées (mais dont le cœur de leur activité reste centré sur la gastronomie) apparaissent en Europe et particulièrement en Espagne, Italie, France.
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+ Le Pérou a pour codes :
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+ Charles Perrault, né le 12 janvier 1628 à Paris et mort dans cette même ville le 16 mai 1703, est un homme de lettres français, célèbre pour ses Contes de ma mère l’Oye.
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+ Auteur de textes religieux, chef de file des Modernes dans la Querelle des Anciens et des Modernes, Charles Perrault est l'un des grands auteurs du XVIIe siècle. L'essentiel de son travail consiste en la collecte et la retranscription de contes issus de la tradition orale française. Il est l'un des formalisateurs du genre littéraire écrit du conte merveilleux.
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+ Charles Perrault est né dans une famille bourgeoise tourangelle installée à Paris. Son grand-père a été brodeur du roi, son père Pierre († 1652) avocat au Parlement de Paris s'est marié en 1608 à Paquette Le Clerc († 1657) qui lui donne sept enfants. Charles est le dernier de cette fratrie[2] : Jean, l’aîné, avocat comme son père, meurt en 1669 ; Pierre (1611-1680), receveur général des finances, perd pour indélicatesse son crédit auprès de Colbert en 1664 ; Claude (1613-1688), médecin et architecte, membre de l'Académie des sciences[3] et du Conseil des bâtiments, publie des ouvrages d’histoire naturelle et d’architecture, on lui doit notamment la colonnade du Louvre ; Nicolas (1624-1662), amateur de mathématiques et théologien, est exclu de la Sorbonne pour jansénisme en 1656 ; Marie, l’unique fille, meurt à treize ans[4] ; il a également un frère jumeau, François, mort en bas âge, à 6 mois[5].
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+ Charles Perrault est baptisé le 13 janvier 1628 en l'église Saint-Étienne-du-Mont à Paris. Son parrain est son frère Pierre et sa marraine est Françoise Pépin, sa cousine[6].
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11
+ Il fait des études littéraires brillantes au collège de Beauvais à Paris dont il raconte, dans ses Mémoires, qu’y étant élève de philosophie, il quitta la classe à la suite d’une discussion avec son professeur, en compagnie d’un de ses camarades. Tous deux décident de ne plus retourner au collège, et ils se mettent avec ardeur à la lecture des auteurs sacrés et profanes, des Pères de l'Église, de la Bible, de l’histoire de France, faisant de tout des traductions et des extraits. C’est à la suite de ce singulier amalgame de libres études qu’il met en vers burlesques le sixième livre de l'Énéide et écrit les Murs de Troie ou l’Origine du burlesque.
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+ Reçu avocat en 1651 après avoir obtenu sa licence de droit, il s’inscrit au barreau mais, s’ennuie bientôt de « traîner une robe dans le Palais ». En 1653, il publie avec son frère Claude un poème, « Les murs de Troie ou L'origine du burlesque ». Un an plus tard, il entre en qualité de commis chez son frère qui était receveur général des finances. Cette place lui laissant du loisir, il en profite pour se livrer à son goût pour la poésie[7].
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+
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+ Il est chargé par Colbert de la politique artistique et littéraire de Louis XIV en 1663 en tant que secrétaire de séance de la Petite Académie, puis en 1672 en tant que contrôleur général de la Surintendance des bâtiments du roi[8]. Dès lors, Perrault use de la faveur du ministre au profit des lettres, des sciences et des arts. Il n'est pas étranger au projet d’après lequel des pensions sont distribuées aux écrivains et aux savants de France et d’Europe.
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+
17
+ À 44 ans, il épouse une jeune femme de 19 ans, Marie Guichon, avec qui il a quatre enfants[9].
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+ Perrault contribue également à la fondation de l’Académie des sciences et à la reconstitution de l’Académie de peinture[10]. Il fait partie, dès l’origine, de la commission des devises et inscriptions qui devint l’Académie des inscriptions et belles-lettres mais à la mort de Colbert en 1683, il perd sa charge de contrôleur général et est exclu de cette Académie. Entré à l’Académie française en 1671, il y donne l’idée des jetons de présence, de rendre publiques les séances de réception et de faire les élections « par scrutin et par billets, afin que chacun soit dans une pleine liberté de nommer qui il lui plairait. » C’est lui encore qui rédige la préface du Dictionnaire de l'Académie en 1694.
20
+
21
+ Perrault était un touche-à-tout littéraire qui s’essaya au genre galant avec Dialogue de l’amour et de l’amitié (1660) et Le Miroir ou la Métamorphose d’Orante. Toutes ses productions littéraires se bornaient à quelques poésies légères, comme le Portrait d’Iris, lorsqu’il lut à l’Académie, le 27 janvier 1687, un poème intitulé le Siècle de Louis le Grand. Ce poème, où Perrault, parlant avec assez peu de respect d’Homère, de Ménandre et des plus révérés d’entre les auteurs classiques, plaça pour la première fois le XVIIe siècle au-dessus de tous les siècles précédents, tient une place importante dans l’histoire des lettres en ce qu’il inaugure la Querelle des Anciens et des Modernes. Perrault, qui sera le chef de file des partisans des Modernes, y explique l’égalité nécessaire entre les diff��rents âges par une loi de la nature :
22
+
23
+ À former les esprits comme à former les corps,
24
+ La nature en tout temps fait les mêmes efforts ;
25
+ Son être est immuable, et cette force aisée
26
+ Dont elle produit tout ne s’est point épuisée :
27
+ Jamais l’astre du jour qu’aujourd’hui nous voyons
28
+ N’eut le front couronné de plus brillants rayons ;
29
+ Jamais dans le printemps les roses empourprées
30
+ D’un plus vif incarnat ne furent colorées.
31
+ De cette même main les forces infinies
32
+ Produisent en tout temps de semblables génies.
33
+
34
+ À cette lecture, Boileau se leva furieux, disant que c’était une honte de la supporter. D’autres académiciens, qui y voyaient une flatterie pour eux-mêmes, applaudirent vivement. Racine félicita ironiquement Perrault d’avoir si bien mené ce jeu d’esprit et d’avoir si parfaitement rendu le contraire de ce qu’il pensait. Ainsi naquit une des plus fameuses querelles littéraires, s’il est vrai, comme on l’a dit, que ce fut pour répondre à Racine que Perrault entreprit une démonstration méthodique de sa thèse et publia le Parallèle des anciens et des modernes (Paris, 1688-1698, 4 vol. in-12), ouvrage écrit sous forme de dialogue entre un président savant et un peu entêté, un chevalier léger, agréable et hardi, et un abbé qui représente la modération. Son quatrième tome consacre une part importante à l’architecture, reprenant les idées que son frère Claude Perrault avait développé dans ses ouvrages, en se posant à l’encontre des canons éternels de la notion du beau.
35
+
36
+ Boileau répondit par des épigrammes et dans les Réflexions sur Longin. Dans cette discussion, où les adversaires avaient à la fois raison et tort à différents points de vue, et où, suivant chacun sa voie, ils se répliquaient sans se répondre, Perrault l'emporta en général par l’urbanité. On l’injuriait, il ripostait d’un ton spirituellement dégagé :
37
+
38
+ L’aimable dispute où nous nous amusons
39
+ Passera, sans finir, jusqu’aux races futures ;
40
+ Nous dirons toujours des raisons,
41
+ Ils diront toujours des injures.
42
+
43
+ Perrault se laissa cependant aller à quelques paroles trop vives dans son Apologie des femmes, qu’il publia en 1694, pour répondre à la satire de Boileau contre les femmes. Les deux ennemis furent réconciliés, du moins en apparence, en 1700 et leur querelle fut continuée par d’autres écrivains.
44
+
45
+ Perrault avait commencé en 1696 et termina en 1701 un ouvrage intitulé les Hommes illustres qui ont paru en France pendant ce siècle (2 vol. in-fol.), recueil de cent deux biographies, courtes, précises et exactes, accompagnées de magnifiques portraits gravés.
46
+
47
+ Mais ce qui a fait l’immortelle popularité de Charles Perrault, ce n’est ni cette riche publication, ni ses discussions littéraires, c’est le petit volume intitulé Contes de ma mère l’Oye, ou Histoires du temps passé (1697, petit in-12, édition très rare et contrefaite la même année) qu’il publia sous le nom de son jeune fils, Perrault d’Armancourt.
48
+
49
+ Comme Charles Perrault n'a couché par écrit que les versions qu'il avait entendues, et du fait de la forte légitimité de l'écrit, les contes dits « de Perrault » ont souvent pris le pas sur les autres versions des mêmes histoires, issues du patrimoine oral de France et du monde entier. Ainsi, Pierre Dubois pense que Charles Perrault a considérablement modifié la perception de la fée en faisant des « belles de mai » mentionnées dans les anciennes croyances des femmes raffinées, délicates et élégantes fréquentant la cour dans ses contes, détruisant ainsi leur symbolisme originel lié au renouveau de la nature. Selon lui, il « détourne et dénature » les fées des saisons avec l'ajout de ses morales[11].
50
+
51
+ Cependant, le point de vue de cet auteur, Pierre Dubois, est lié à la perception écologique que l'on a des fées en cette fin de XXe et début de XXIe siècle[12], bien que les auteurs de Fantasy (dont il fait partie[13]) dépeignent rarement les fées comme étant des ordonnatrices de la Mère Nature. Pour Perrault les fées sont surtout les instruments du Destin[14] et des magiciennes comme elles l'ont été durant tout le Moyen Âge. Ne disait-on pas fée pour désigner un objet magique, alors que tout ce qui était lié à la nature et à son renouveau était selon Paracelse[15] plutôt du domaine des éléments et de leurs représentants, les elfes, les lutins, les trolls. Dans la légende arthurienne de la Table Ronde, Viviane et Morgane ne sont pas des fées des saisons mais bel et bien des magiciennes[16]. Les fées de Perrault ne sont pas les délicates fréquentant la cour comme dit cet auteur de bandes dessinées[17], le conte Les Fées met en scène une magicienne qui tour à tour endosse l'apparence d'une vieille femme[18] puis d'une dame pour rendre justice à la bonté, la fée de Cendrillon transforme une citrouille en carrosse mais nulle part il n'est question d'une femme de cour, elle est une marraine, une protectrice[19] et quant à la vieille fée dans La belle au bois dormant, elle serait plus proche de la sorcière jeteuse de sorts[20]. Perrault était un écrivain philosophe qui a laissé dans ses contes les traces d'un enseignement hermétique comme le souligne Armand Langlois[21] dans son analyse des contes de Perrault. Il n'était pas un auteur de Fantasy, il n'a jamais prétendu endormir les enfants avec de jolies histoires mais c'était un moraliste[22] qui a utilisé le merveilleux pour éduquer[23] et donner une direction pour l'accomplissement de la personne humaine.
52
+
53
+ En 1691, Perrault publie une « nouvelle » en vers :
54
+
55
+ En 1693, il publie un premier « conte en vers » dans le Mercure galant[24] :
56
+
57
+ En 1694, il réunit dans une même édition[25] les deux œuvres précédentes et y ajoute une troisième histoire, deuxième « conte en vers » :
58
+
59
+ En 1696 paraît dans le Mercure galant un conte en prose : La Belle au bois dormant.
60
+
61
+ L’année suivante, sort de chez Claude Barbin un volume intitulé Histoires ou Contes du temps passé (1697). Ce volume contient les huit contes en prose suivants :
62
+
63
+ Ce recueil subit deux contrefaçons la même année : l'édition de Jacques Desbordes, à Amsterdam, Histoire ou Contes du temps passé. Avec Moralitez, et l'édition du Prince de Dombes, à Trévoux, Histoires ou Contes du temps passé. Avec des Moralitez[27].
64
+
65
+ La critique moderne retient, outre les publications très importantes des deux contes parus dans Le Mercure galant, le manuscrit d'apparat de 1695 dédié à Elisabeth-Charlotte d'Orléans, fille de Monsieur et de la Princesse Palatine, nièce de Louis XIV. Apparaissent dans une première version les cinq premiers contes du recueil. L'étude des modifications génétiques apportées en 1697 est très intéressante: ajout de Moralités, transformation significative du début des Fées qui s'ajuste au sixième conte : Cendrillon.[28] Le livre de 1697 multiplie quantitativement le volume en multipliant par deux le nombre de pages et multiplie les relations entre les huit contes qui sont trop souvent étudiés de manière individuelle, comme des textes autonomes, au lieu de prendre en compte la logique du recueil, intégrant le frontispice, la vignette qui surplombe la dédicace et l'épître dédicatoire à Mademoiselle.
66
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67
+ Il fait paraître son recueil sous le nom de son troisième fils, Pierre Darmancour, ou d’Armancour, Armancour étant le nom du domaine que Charles vient d’acquérir et d’offrir à Pierre. Ce dernier, né en 1678[29], aspirait à devenir secrétaire de « Mademoiselle », nièce de Louis XIV, à qui est dédicacé l’ouvrage.
68
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69
+ De plus, Perrault voulait éviter une nouvelle polémique entre Anciens et Modernes (il était le chef de file de ces derniers) avec la publication de ses Contes. Il s’était réconcilié avec Boileau en 1694. Le nom de son fils lui a donc été d’une grande aide pour éviter la reprise de la querelle.
70
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+ Cependant, des avis pour l'attribution des Contes en prose au fils subsistent, insistant sur le fait qu'ils étaient trop maladroits et trop immoraux pour être de la main du père[30]. Cette position est aujourd'hui assez largement contestée avec un certain nombre de preuves détaillées, par exemple, par Ute Heidmann et Jean-Michel Adam[28].
72
+
73
+ En 1683, Perrault, ayant perdu à la fois son poste à l’Académie et sa femme, décide de se consacrer à l’éducation de ses enfants et écrit Les Contes de ma mère l’Oye (1697).
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+
75
+ Il meurt le 16 mai 1703 dans sa maison de la rue de l'Estrapade sur la Montagne Sainte-Geneviève et est inhumé le lendemain en l'église Saint-Benoît-le-Bétourné en présence de son fils Charles Perrault[31].
76
+
77
+ Le genre des contes de fées est à la mode dans les salons mondains : les membres de la haute société assistent aux veillées populaires et prennent note des histoires qui s’y racontent. Son recueil intitulé Contes de ma mère l’Oye, où les contes sont à la fois d’inspiration orale (la « Mère l’Oye » désigne la nourrice qui raconte des histoires aux enfants) et littéraire (Boccace avait déjà écrit une première version de Griselidis dans le Décaméron). Le travail que Perrault opère sur cette matière déjà existante, c’est qu’il les moralise et en fait des outils « à l'enseignement des jeunes enfants ». Ainsi, il rajoute des moralités à la fin de chaque conte, signalant quelles valeurs il illustre.
78
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79
+ Perrault conçoit ses contes comme une contestation des positions des Anciens et dans un dialogue avec ses contemporains : La Fontaine et Fénelon, Marie-Jeanne Lhéritier et Catherine Bernard. Il a été largement démontré aujourd'hui qu'il promeut un certain usage des textes latins et s'inspire très massivement de Virgile et d'Apulée[32],[33], mais aussi de Straparola (Le Piacevoli Notti) et de Basile (Locunto de li ).
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+ Marc Soriano dit de Perrault qu’il est « le plus méconnu des classiques » : tout le monde connaît ses contes, mais très peu connaissent sa version des contes : ainsi, chez Perrault, le petit chaperon rouge et sa grand-mère finissent mangés par le loup : la version postérieure où le chasseur les sort du ventre est de Grimm. De même, c’est dans Disney que le baiser du prince réveille la Belle au bois dormant (c'est également la version des frères Grimm) : chez Perrault, elle se réveille toute seule après que le Prince se soit agenouillé près d'elle. De même, on a longtemps eu un doute sur la fameuse pantoufle de verre : était-elle en verre ou en vair ? C'est en fait Balzac qui, pour rationaliser les contes de Perrault, modifia le conte en prétendant qu'il s'agissait d'une pantoufle de vair. Idée reprise par Littré dans son célèbre dictionnaire. Il s'agissait bien d'une pantoufle de verre.
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+ Et la postérité a préféré ne garder que ce que Perrault appelait le « conte tout sec », c’est-à-dire le conte de fée, en oubliant les moralités. Or, les moralités de Perrault sont tout aussi essentielles à ses contes que ne le sont les moralités des Fables de La Fontaine.
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+ Les contes de Perrault inspirèrent plusieurs chefs-d'œuvre du ballet classique, comme :
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+ Il existe de très nombreuses adaptations cinématographiques de ses contes, parmi lesquelles :
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+ Auckland (prononcé en français : /oklɑ̃d/[2] ; en anglais : /ˈɔːklənd/[3] ; en maori : Tāmaki[4] /ˈtaːmaki/[5]) est la ville la plus peuplée de Nouvelle-Zélande. Située sur l'île du Nord, c'est la plus grande zone urbaine du pays, avec plus de 1 500 000 habitants — soit plus d'un quart de la population du pays[6]. Les données démographiques indiquent qu'elle continuera à croître plus rapidement que le reste du pays. Auckland est également la ville du monde qui abrite le plus grand nombre de personnes d'origine polynésienne[7].
4
+
5
+ Il s'agit d'une conurbation composée des villes d'Auckland (les îles du golfe de Hauraki exclus), de North Shore, ainsi que des parties urbaines des villes de Waitakere et Manukau, du district de Papakura et plusieurs parties urbaines des districts de Rodney et Franklin. Auckland est considérée comme étant une ville mondiale du fait de ses importants échanges commerciaux et de sa culture.
6
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7
+ La ville est baptisée en l'honneur de George Eden (1784-1849), 1er comte d'Auckland, qui occupa les fonctions de premier Lord de l'Amirauté (trois fois), et de gouverneur général des Indes (1836-1842).
8
+
9
+ Auckland est située sur et autour d'un isthme, reliant la Péninsule de Northland au reste de l'île du Nord, large de moins de deux kilomètres à son point le plus étroit, situé au sud à Ōtāhuhu (en) entre l'anse de Mangére (en) et l'estuaire du fleuve Tamaki
10
+ Cet isthme formant la zone urbaine centrale, est entouré de deux ports naturels[8] : le port de Waitemata au nord, qui s'ouvre à l'Est sur le golfe de Hauraki, et le port de Manukau au sud, qui s'ouvre à l'Ouest sur la mer de Tasman. C'est l'une des rares villes au monde à avoir deux ports sur deux aussi importantes étendues d'eau[9], et la ville est marquée par cette particularité[10].
11
+
12
+ Des ponts enjambent plusieurs parties des deux ports, notamment l’Auckland Harbour Bridge croisant le port de Waitemata à l'Ouest de l’Auckland Central Business District (CBD). Le pont de Mangere et l’Upper Harbour Bridge enjambent respectivement les parties supérieures des ports de Manukau et Waitemata. Il y avait autrefois des chemins de portage croisant les sections les plus étroites de l'isthme.
13
+
14
+ Plusieurs des îles dans le golfe de Hauraki sont administrées en tant que partie d'Auckland City, mais elles ne font pas toutefois partie de la région métropolitaine d'Auckland. Certaines parties de l'île Waiheke sont effectivement des banlieues d'Auckland, tandis que plusieurs autres îles près d'Auckland sont pour la plupart des zones de récréation ou des sanctuaires naturels, et donc protégées.
15
+
16
+ C'est dans le port d'Auckland que le 10 juillet 1985 fut saboté le Rainbow Warrior, bateau de Greenpeace, par les services de renseignement français, ce qui donna lieu à un scandale retentissant et à des tensions diplomatiques entre la France et la Nouvelle-Zélande.
17
+
18
+ Auckland est à cheval sur les volcans du champ volcanique monogénique d'Auckland. Il y a environ cinquante volcans prenant des formes différentes (cônes, lacs, lagons, îles, dépressions…) et plusieurs ont produit de grandes coulées de lave. La plus grande partie des cônes a été partiellement ou entièrement extraite. Les volcans sont considérés éteints, quoique le champ volcanique lui-même soit dormant.
19
+
20
+ Le volcan le plus grand et le plus jeune est l'île Rangitoto, formé dans les 1 000 dernières années. Ses éruptions ont détruit les établissements maori de l'île Motutapu il y a 700 ans. Sa taille, sa symétrie, sa position à l'entrée du port de Waitemata et le fait qu'il soit visible depuis de nombreux endroits de la région d'Auckland en ont fait le symbole naturel de la ville. Peu d'espèces d'oiseaux et d'insectes y vivent à cause de la terre riche en acides et de la flore poussant sur la terre rocheuse.
21
+
22
+ Auckland a un climat océanique très doux, avec des étés chauds et humides et des hivers doux et très pluvieux. C'est la ville avec le climat le plus chaud du pays ; de 2003 à 2006 elle a également été la plus ensoleillée, avec une moyenne de 2 170 heures de soleil par an[11]. La température maximale moyenne en février est de 23,7°C, et en juillet de 14,5 °C. Le maximum jamais enregistré est de 30,5 °C, le minimum −2,5 °C[12]. Les précipitations sont abondantes toute l'année, avec une moyenne de 1 240 mm par an répartis sur 137 jours de pluie[12]. Les conditions varient selon la région de la ville en raison de sa géographie variée. Il y a donc des records de température intra-muros officieux, dont le maximum de 32,4 °C à Henderson en février 1998[13]. Le 27 juillet 1939, Auckland vit la seule tombée de neige connue de son histoire[14].
23
+
24
+ Le calme tôt le matin avant que les vents de la mer commencent à souffler sur l'isthme, les jours de beau temps, a été décrit pour la première fois en 1853 : « En toutes saisons, la beauté de la journée se voit tôt le matin. À cette heure on voit généralement dominer un calme grave et parfait… »[15]. Les Aucklanders profitent souvent de cette période du jour pour marcher ou courir dans les parcs[16].
25
+
26
+ Comme le taux de possession de voiture est très haut et le contrôle des émissions relativement faible, l'air d'Auckland souffre de pollution, particulièrement en ce qui concerne les émissions de particules en suspension fines. Le niveau maximum accepté de monoxyde de carbone est souvent franchi[17]. Quoique les vents maritimes puissent balayer la pollution assez rapidement, elle peut parfois apparaître dans la forme de smog, particulièrement les jours calmes d'hiver.
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30
+ L'isthme fut tout d'abord occupé par les Māori qui s'y établirent autour de l'an 1350, attirés par les terres fertiles et riches de la région. Dans un premier temps, les Māori attribuèrent le nom Tamaki Makau Rau[18] à la ville. Beaucoup de pa (villages fortifiés) y furent construits, particulièrement sur les volcans (aujourd'hui, il est toujours possible d'observer les traces de pa, notamment sur les anciens volcans que sont le Mont Éden et le One Tree Hill). La population Maori de la région avant l'arrivée des Européens est estimée à environ 20 000 personnes[19],[20]. L'introduction des armes à feu, d'abord dans le Northland, perturbe l'équilibre des pouvoirs et mène à des guerres inter-iwi dévastatrices, ayant pour conséquence le déplacement d'iwi qui se réfugient dans des régions moins susceptibles aux raids, à l'intérieur des terres. Par la suite, la région abrite relativement peu de Maori lors du début de la colonisation européenne de la Nouvelle-Zélande. Il n'y a toutefois pas de preuve que ce soit à cause d'une politique délibérée de la part des Européens[21],[22].
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+ Lors de la signature du traité de Waitangi le 6 février 1840, le nouveau Gouverneur de Nouvelle-Zélande, William Hobson, avait pour mission de choisir une capitale pour la nouvelle colonie. Il choisit Auckland même si à l'époque Port Nicholson (aujourd'hui Wellington), était vu comme meilleur choix du fait de sa proximité de l'île du Sud, qui était en train d'être colonisée assez rapidement. En même temps, Auckland était la capitale et ville principale de la province d'Auckland ; elle le restera jusqu'à l'abolition du système provincial en 1876. Le premier colon à s'établir la même année de la fondation de la ville dans l'isthme d'Auckland, fut un médecin écossais nommé John Logan Campbell (1817 – 1912), qui y construisit donc la première maison (Acacia Cottage) et ouvrit le premier commerce. Il deviendra par la suite un personnage important dans la vie économique du pays, avant de se lancer dans la politique et devenir membre du Parlement de Nouvelle-Zélande, puis maire d'Auckland durant un an à la fin de sa vie. À partir de l'installation de Campbell, l'immigration vers la ville resta forte même après la perte de son statut de capitale nationale en faveur de Wellington en 1865.
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+ Au début des années 1860, la construction de routes vers le sud, au Waikato, et le fait qu'Auckland devint une base contre le Kingitanga (mouvement royaliste maori), permit aux Pakeha (Néo-Zélandais d'origine européenne) de répandre leur influence. La population de la ville croît assez rapidement, de 1 500 en 1841 à 12 423 en 1864. La croissance se voit surtout autour du port et entraîne des problèmes de surpeuplement et de pollution.
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+ Le système ferroviaire affectera l'expansion rapide d'Auckland lors de la première moitié du XXe siècle, mais devient vite obsolète avec le développement de la voiture ; les routes sont une caractéristique géographique du paysage urbain. Elles permettent l'expansion qui résultent en la croissance de zones urbaines proches, dont North Shore (particulièrement après la construction de l'Auckland Harbour Bridge, et Manukau au sud).
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+ Une grande partie d'Auckland est dominée par un style architectural très suburbain : la ville a ainsi une densité de population très faible. Sa population représente un sixième de la population de Londres mais s'étend sur une superficie presque aussi grande (plus de 1 000 km2). Le transport public y est donc plus cher que dans d'autres villes plus denses.
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40
+ Auckland voit une augmentation de sa population via l'immigration et la croissance naturelle de sa population native (soit un tiers et deux tiers de la croissance totale, respectivement), et comptera environ 2 millions d'habitants en 2050[23]. Cette augmentation aura un impact majeur sur le transport, le logement et d'autres infrastructures, qui sont pour certaines déjà sous pression. Certaines organisations, dont l'autorité territoriale d'Auckland, le Auckland Regional Council, pensent que cette croissance causera un étalement humain et qu'il faut donc régler ce problème aussitôt que possible avec une politique d'aménagement urbain.
41
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+ Une politique appelée Regional Growth Strategy a été adoptée pour mettre des limites aux subdivisions et l'intensification de l'usage actuel des infrastructures ; elle est l'une des principales mesures de durabilité[24]. Cette politique est sujette à controverse parce qu'elle limite l'usage des terres privées, particulièrement aux frontières de la ville[25], en mettant des limites à la zone métropolitaine urbaine dans des documents tels que le District Plan[26].
43
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44
+ Le gouvernement local fait également débat, avec des points de vue très différents : certains Aucklanders blâment une mauvaise gouvernance pour le progrès limité de la ville et sa fragmentation en plusieurs conseils (aujourd'hui il y a sept autorités de ville ou de district, et une autorité régionale). D'autres remarquent que le fait de l'intégration ancienne de beaucoup de petits conseils de district ne produisit pas les avantages promis et réduisit la participation à la politique au niveau local[27]. En 2007, le gouvernement travailliste de Nouvelle-Zélande mit en place une Royal Commission of Inquiry qui donnera le résultat de ses recherches sur la ville[28],[29].
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+
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+ Auckland abrite une population cosmopolite. La plus grande partie se revendique d'origine européenne (surtout britannique), mais il y a de grandes communautés maori, polynésienne, et asiatique. Auckland est la ville au monde qui possède la plus grande population d'origine polynésienne, ainsi que la proportion la plus haute de personnes d'origine asiatique du pays.
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+ La proportion d'Asiatiques et autres immigrants non-européens a augmenté ces dernières décennies. Cela est dû à l'immigration[30] et à une baisse des restrictions à l'immigration directement ou indirectement basées sur la race. L'immigration en Nouvelle-Zélande est en grande partie concentrée à Auckland, à cause du plus grand nombre d'offres de travail. Cette attractivité d'Auckland a conduit les autorités de l'immigration à donner plus de points aux demandes de visas des immigrants voulant s'installer ailleurs que dans la région d'Auckland[31].
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50
+ Le tableau suivant montre le profil ethnique de la population d'Auckland selon les recensements de 2001, 2006 et 2013[32]. Les pourcentages font plus de 100 % parce que certains se déclarent comme faisant partie de plus d'un groupe ethnique. La baisse marquée d'« Européens » entre 2001 et 2006 est principalement due à la croissance dans le nombre de personnes se définissant comme « Néo-Zélandais ».
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+ Comme dans le reste du pays, plus de la moitié des Aucklanders sont chrétiens, mais moins de 10 % vont à l'église régulièrement et presque 40 % ne se disent plus affiliés à aucune religion[33]. Les confessions principales sont le catholicisme, l'anglicanisme, et le presbytérianisme. Les églises pentecôtistes et charismatiques recrutent le plus rapidement. Les immigrants polynésiens vont à l'église plus régulièrement que les autres habitants, quoique cela diminue avec la deuxième et la troisième génération. D'autres cultures étrangères ont enrichi la diversité religieuse de la ville, comme le bouddhisme, l'hindouisme, l'islam et le sikhisme. Il y a également une toute petite communauté juive de longue date.
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+ Il est à noter que le premier évêque catholique d'Auckland est un mariste (congrégation pionnière en Océanie) français, Jean-Baptiste Pompallier (1802-1871), sa mémoire est encore très présente dans les édifices ou institutions catholiques du pays, comme à la cathédrale Saint-Patrick d'Auckland.
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+ La plus grande partie des entreprises multinationales ont un bureau à Auckland, celle-ci étant vue comme la capitale économique de la Nouvelle-Zélande. Les bureaux les plus chers sont au centre-ville, autour de Queen Street et du Viaduct Basin. Ils comptent pour une part importante de l'économie du centre-ville[34]. Une grande partie des entreprises plus techniques et de main-d'œuvre sont situées dans les zones industrielles du sud de la ville. La « skyline » d'Auckland comporte une quinzaine de gratte-ciels.
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+ Les zones commerciales et industrielles les plus grandes du Grand Auckland sont au sud-est de la ville ainsi que dans l'ouest de Manukau, particulièrement la région sur le port de Manukau et l'estuaire de la rivière Tamaki.
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+ Le statut de ville commerciale du pays se reflète dans le revenu (par personne, par année) : 44 304 NZ$ (environ 33 000 U$) pour la région en 2005 ; ceux travaillant au centre-ville gagnent le plus souvent davantage[35]. Le revenu moyen pour toute personne au-dessus de l'âge de 15 ans, par année, est de 22 300 NZ$[36], soit plus que toute autre ville sauf North Shore (elle-même dans la région d'Auckland) et Wellington. Les employés de bureaux sont encore la majorité des personnes travaillant à Auckland, mais les grands complexes de bureaux dans d'autres parties de la région, dont Takapuna et Albany (à North Shore), deviennent de plus en plus communs, diminuant ainsi la concentration d'employés au centre-ville.
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+ Auckland abrite plusieurs institutions importantes d'enseignement, dont plusieurs des plus grandes universités du pays. Elle est également connue comme centre majeur de l'apprentissage de l'anglais ; grand nombre d'étudiants ��trangers (particulièrement d'Asie) y vont étudier et apprendre cette langue aux universités de la ville (leur nombre a toutefois diminué dans le pays entier depuis 2003)[37]. En 2007, il y avait environ 50 établissements certifiés par le New Zealand Qualifications Authority à enseigner l'anglais dans la région d'Auckland[38].
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+ Auckland a également une multitude d'écoles primaires et secondaires, les plus connues étant Auckland (Boys') Grammar School, Mount Albert Grammar School, Auckland Girls' Grammar School et Epsom Girls' Grammar School. Il y a plusieurs écoles privées, dont le très élitiste King's College et la Diocesan School for Girls, ainsi que le fameux St Peter's College dans le quartier de Grafton ou le Sacred Heart College. C'est à Auckland qu'on trouve aussi les plus grands lycées par nombre d'étudiants à temps plein : Rangitoto College, Avondale College et Manurewa High School (en ordre descendant du nombre d'étudiants).
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+ Parmi les institutions d'enseignement supérieur les plus importantes on trouve l'Université d'Auckland (campus en ville ou à Tamaki), l'Université de technologie d'Auckland (en ville), l'Université Massey (à Albany), et l'Institut de technologie de Manukau (à Otara) ; Unitec New Zealand est le plus grand institut technique d'Auckland.
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+ Le type de logement varie de façon importante entre logement de l'État dans les banlieues pauvres et grandes maisons au bord de l'eau. Le logement traditionnel des Aucklanders était le bungalow sur 1 000 m2[39], mais la subdivision de ces propriétés est courante depuis longtemps. Les préférences des Aucklanders pour ce genre de logement a contribué à l'étalement urbain et à la dépendance à la voiture. Cela va probablement continuer, une grande majorité (70 %) des Aucklanders habitant des logements à basse densité, il est prévu que cela reste ainsi en 2050[39].
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+ Dans certains quartiers, les villas victoriennes sont en train d'être démolies afin de construire de grandes maisons avec courts de tennis et piscines. Cela a mené le conseil communal à voter des lois protégeant certaines banlieues ou rues. Auckland a été décrite comme ayant « la plus grande diversité de maisons en bois du monde, avec détails et décorations classiques », beaucoup d'entre elles de style victorien-edwardien[40].
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+ Auckland dépend énormément des véhicules privés comme principal moyen de transport. Seulement 5 % des trajets dans la région d'Auckland se font en autobus[41], ce qui entraîne des problèmes de circulation et beaucoup d'embouteillages. Des recherches menées par l'Université Griffith ont démontré que dans les 50 dernières années, Auckland a mené une politique parmi les plus pro-automobile au monde[42]. Avec le déclin drastique des transports publics dans la seconde moitié du XXe siècle (reflété dans beaucoup d'autres pays occidentaux, dont les États-Unis)[43], et une augmentation des dépenses sur les routes et les automobiles, la Nouvelle-Zélande (et plus spécifiquement Auckland), est aujourd'hui au deuxième rang au monde en ce qui concerne la possession de véhicules, avec environ 578 véhicules pour 1 000 personnes[44].
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+ Les lignes de bus à Auckland prennent généralement des routes radiales et non circulaires, du fait qu'Auckland est située sur un isthme. Le service est limité tard la nuit (après minuit), les fins de semaine comprises. Le train est généralement limité à des trajets vers l'ouest ou le sud-ouest d'Auckland, avec des options limitées de longue distance. En 2007, des projets étaient en cours ou planifiés, dans la région d'Auckland, pour améliorer le transport public sur la décennie suivante, pour une somme d'environ 5,3 milliards de NZ$, soit 31 % du budget de la ville[45].
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+ Les ports maritimes d'Auckland sont les plus grands du pays. Une importante partie du commerce (export et import) passe par la ville, surtout via les installations au nord-est du centre-ville. Les marchandises sont ensuite généralement distribuées par la route, quoique les installations portuaires sont reliées à des lignes ferroviaires. C'est également un port de plaisance très prisé, principalement autour du Princes Wharf. Le centre-ville est relié à certaines banlieues et aux îles du port par ferry.
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+ Près de la ville, on peut trouver plusieurs petits aéroports régionaux ainsi que l'aéroport international d'Auckland, le plus fréquenté du pays.
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+ Le réseau de routes nationales relie les villes de la région d'Auckland ; les plus utilisées sont les routes du nord, du sud, du nord-ouest et du sud-ouest.
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+ L'Auckland Harbour Bridge (faisant partie de la route du nord), est la route principale menant à North Shore City, mais souvent sujette à embouteillages. Le Central Motorway Junction, aussi appelé « Spaghetti Junction » en raison de sa complexité, forme l'intersection entre les deux grandes routes d'Auckland (State Highway 1 et State Highway 16), et les relie aux environs de la ville. Deux des plus longues routes de la région — Great North Road et Great South Road —, furent les plus utilisées pour ces directions (nord et sud), avant la construction du réseau de routes nationales.
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+ Auckland possède un réseau de trains de banlieue composé de quatre lignes et servant l'ouest, le sud, et le centre-est depuis le Britomart Transport Centre. Situé au centre-ville, celui-ci est le terminus de toutes les lignes et permet des correspondances avec les lignes de ferry et d'autobus.
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+ Auckland est connue pour son climat doux, son grand nombre d'emplois, d'écoles et ses institutions culturelles, naturelles et sportives. Toutefois, parmi les facteurs négatifs de la vie à Auckland, on trouve les problèmes de circulation routière (comparé aux autres villes néo-zélandaises), un manque de transport public, le prix du logement[46], ainsi que la criminalité[47]. Auckland est 3e dans le classement Mercer des meilleures villes dans lesquelles vivre en 2012[48] et est 23e sur le classement UBS des villes les plus riches du monde[49].
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+ Auckland est communément appelée « City of Sails » (« Ville des voiles » pour son port de plaisance comptant des centaines de yachts. Il y a environ 135 000 yachts et bateaux dans la ville, soit plus de navires par habitant que toute autre ville du monde. Environ 60 500 des personnes habilitées à conduire un yacht (sur 149 900 dans la Nouvelle-Zélande en général) viennent de la région d'Auckland[50],[51]. Le Viaduct Basin a reçu deux Coupes de l'America (en 2000 et 2003), et ses cafés, restaurants et boîtes de nuit font partie de la vie de la ville. Auckland reçoit beaucoup d'évènements nautiques dans le port de Waitemata, possède un grand nombre de clubs nautiques. La Westhaven Marina est la plus grande de l'hémisphère sud[51],[52].
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+ Newmarket et Parnell sont des districts commerciaux ; Otara, Victoria Park, et Avondale sont connus pour leurs marchés aux puces. Les centres commerciaux plus modernes en dehors du centre-ville se trouvent à Sylvia Park, Howick et Albany.
91
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+ La mairie d'Auckland et l’Aotea Centre (en) accueillent des conférences et évènements culturels, dont des pièces de théâtre, des kapa haka et de l'opéra. Auckland possède un orchestre philharmonique, l'Auckland Philharmonia Orchestra et organise depuis 2003 un festival d'art bisannuel, le Festival d'Auckland.
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+
94
+ Beaucoup de trésors nationaux sont présentés au public au Auckland Art Gallery, tandis que d'autres artefacts culturels sont au Musée du mémorial de guerre d'Auckland, au Musée maritime d'Auckland, et au Musée du transport et de la technologie. On peut observer des animaux au Parc zoologique d'Auckland et au Kelly Tarlton's Underwater World. Les cinémas et concerts de rock sont également très fréquentés.
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+ L'Auckland Domain est l'un des plus grands parcs de la ville, près du centre-ville dans le quartier de Grafton ; il a une bonne vue du golfe et de l'île de Rangitoto. Parmi les parcs plus petits, on trouve Albert Park, Myers Park, Western Park et Victoria Park.
97
+
98
+ Quoique beaucoup des volcans aient été endommagés par les carrières, beaucoup des cônes restants sont aujourd'hui situés dans des parcs et retiennent un peu de la géographie naturelle de la ville environnante. Des fouilles archéologiques ont permis de retrouver des traces de pa (fortifications Maori) dans plusieurs de ces parcs : Mont Éden, North Head et One Tree Hill.
99
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100
+ Il y a d'autres parcs autour de la ville, notamment à Western Springs. Le Parc zoologique est également situé en dehors de la ville. Le Jardin botanique d'Auckland est situé plus au sud, à Manurewa.
101
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102
+ Les ferries assurent le transport aux parcs et réserves naturelles, de Devonport, l'île de Waiheke et l'île de Rangitoto. Le Parc régional des monts Waitakere est à l'ouest de la ville, et les monts Hunua au sud.
103
+
104
+ Les sports les plus populaires à Auckland et en Nouvelle-Zélande en général sont le rugby à XV et le cricket. Auckland possède bon nombre de terrains pour les deux ainsi que des terrains pour les sports automobiles, le tennis, le badminton, le netball, la natation, le football, le rugby à XIII, et beaucoup d'autres. L'équipe de rugby à XV de la ville s'appelle les Blues, l'équipe de rugby à XIII s'appelle les New Zealand Warriors et l'équipe de cricket les Aces.
105
+
106
+ L'Eden Park est le stade principal de la ville et reçoit le plus souvent des matchs de rugby à XV de l'équipe nationale et de cricket (également de l'équipe nationale). Mount Smart Stadium est généralement utilisé pour les matchs de rugby à XIII de l'équipe nationale ainsi que ceux des Warriors. On y pratique aussi le football, et des concerts y sont régulièrement organisés. North Harbour Stadium abrite des matchs de rugby à XV, de rugby à XIII et de football et des concerts.
107
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+ Le port de Waitemata possède plusieurs plages prisées des nageurs, notamment à Mission Bay, Devonport, Takapuna, Long Bay et Maraetai. La côte ouest est prisée des surfeurs, particulièrement les plages de Piha et de Muriwai. Beaucoup de plages de la ville sont patrouillées par des clubs de surf lifesaving.
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+ Parmi les évènements sportifs les plus importants on trouve le Harbour Crossing (une course de natation entre Devonport et le Viaduct Basin, soit 2,5 km, avec plus de 1 000 compétiteurs par an, la plus grande course de natation du pays)[53], la course à pied Round the Bays (8,4 km, sur la côte et jusqu'à la banlieue de St Heliers), qui attire des dizaines de milliers de spectateurs), et le marathon d'Auckland. Auckland, comme les autres villes du pays, a accueilli la coupe du monde de rugby à XV 2011, dans ses stades l'Eden Park et le North Harbour Stadium.
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+ Persée (en grec ancien Περσεύς / Perseús), roi argien, est un héros de la mythologie grecque.
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+ Persée est le fils de Danaé, fille du roi d'Argos, Acrisios[2]. Ce dernier, averti par un oracle que son petit-fils le tuera, enferme sa fille dans une tour d'airain, ce qui n'empêche pas Zeus de la séduire sous la forme d'une pluie d'or[3]. Persée naît ainsi dans le secret. Révélé à son grand-père par ses cris, il est enfermé dans un coffre avec sa mère et jeté dans les flots, qui les portent jusqu'à l'île de Sériphos. Tous deux sont recueillis par un pêcheur nommé Dictys, qui élève le garçon comme son fils. Devenu adulte, Persée se voit confier par Polydecte, le roi de l'île, la mission de tuer la gorgone Méduse, dont le regard pétrifie ceux qu'il atteint. Vainqueur grâce aux armes magiques remises par Hermès et Athéna, il passe sur le chemin du retour par l'Éthiopie, où il rencontre la princesse Andromède, qui doit être livrée à un monstre marin en punition des paroles imprudentes de sa mère Cassiopée. Persée la délivre et l'épouse. De retour à Sériphos, il se venge de Polydecte, qui a tenté de violer sa mère Danaé. Il rejoint ensuite sa patrie, Argos, qu'Acrisios a fui par peur de l'oracle pour se réfugier à Larissa. Or, le roi de cette cité organise des jeux funebres auxquels Persée prend part. En lançant le disque, il tue accidentellement Acrisios, qui assiste aux épreuves comme spectateur. Par égard pour son défunt grand-père, Persée échange sa royauté d'Argos contre celle de Tirynthe et donne l'île de Sériphos au pêcheur.
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7
+ La légende de Persée a connu une grande fortune après l’Antiquité, en particulier les épisodes de Méduse et d'Andromède. Il est probable qu'elle ait influencé les légendes chrétiennes des saints pourfendeurs de dragon, comme celle de saint Georges[4]. Nombre des épisodes de la légende se retrouvent, plus ou moins déformés, dans les contes traditionnels du folklore international, et ses motifs ont fait l'objet d'une codification par Stith Thompson.
8
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9
+ Selon Pierre Chantraine, le nom de Persée est d'origine obscure[5]. Les auteurs antiques le rapprochent de πέρθω / pérthô, « détruire, mettre à sac, piller ». Selon Thalia Feldman, le radical perth- serait issu de l'indo-européen *bher-, « couper »[6].
10
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11
+ Persée est déjà mentionné chez Homère, qui le nomme le fils de Zeus et de Danaé, sans autre précision[7]. Le Catalogue des femmes ajoute que Danaé est jetée à la mer dans un coffre[8],[9], mais il faut attendre Phérécyde d'Athènes, au Ve siècle av. J.-C., pour que le récit soit complet : Acrisios, roi d'Argos, et son épouse Eurydice engendrent une fille, Danaé. L'oracle de Delphes, interrogé, lui annonce qu'il n'aura pas de fils, mais que le petit-fils que lui donnera Danaé le tuera[10]. De retour chez lui, Acrisios fait bâtir une chambre de bronze souterraine où il enferme Danaé et sa nourrice. Zeus aperçoit pourtant la jeune fille et la séduit après s'être transformé en pluie d'or[2]. Danaé donne naissance à Persée et l'élève en secret, jusqu'à ce que les cris du jeune enfant, âgé de trois ou quatre ans, trahissent son existence. Acrisios fait exécuter la nourrice et exige de savoir qui est le père de Persée. Refusant de croire les déclarations de Danaé, il la fait jeter à la mer dans un coffre, avec son fils. Le coffre est emporté par les flots jusqu'à l'île de Sériphos, où Danaé et Persée sont secourus par un pêcheur généreux, Dictys (« filet »), qui élève le garçon comme son fils.
12
+
13
+ Une scholie de l’Iliade fait de Proétos, frère d'Acrisios, le véritable père de Persée, ce qui aurait été le motif de la querelle entre les deux frères[11]. Cette variante, que le scholiaste attribue à Pindare, est également citée par le pseudo-Apollodore[12]. Pindare mentionne pourtant l'histoire de la pluie d'or par ailleurs[13]. Il est possible que dans la source du scholiaste et d'Apollodore, Danaé ait été séduite par Proétos et emprisonnée par son père en punition, laissant ainsi le champ libre à Zeus[14]. La variante suivant laquelle Danaé est enfermée dans une tour plutôt que dans une chambre souterraine remonte à Horace[15], suivi par Ovide[16].
14
+
15
+ Toujours selon Phérécyde, Dictys est le frère du roi de l'île, Polydecte[17]. Alors que Persée a atteint l'âge adulte, Polydecte aperçoit Danaé et s'éprend d'elle. Il organise un eranos, c'est-à-dire un banquet où chacun apporte sa contribution, auquel il convie le jeune homme. Polydecte feint d'avoir besoin de présents pour les noces d'Hippodamie, fille d'Œnomaos. À la demande de Persée, Polydecte précise qu'il veut des chevaux ; le jeune homme répond alors qu'il apportera la tête de la Gorgone – pour fanfaronner, précise Apollodore[18]. Polydecte le prend au mot et quand Persée apporte un cheval le lendemain, il refuse et insiste pour obtenir la tête de la Gorgone, menaçant de s'emparer de Danaé si le jeune homme ne s'exécute pas.
16
+
17
+ Le récit de Phérécyde n'est pas très clair : on ne comprend pas bien quelle était l'intention initiale de Polydecte en organisant le banquet, car il ne pouvait pas prévoir que Persée évoquerait Méduse. Des auteurs modernes expliquent que Polydecte réclame un cheval à Persée en sachant très bien que celui-ci n'en possède pas[19], mais cet élément ne se retrouve dans aucune source ancienne[20].
18
+
19
+ La décapitation de Méduse par Persée ne figure pas chez Homère, mais elle apparaît dès la Théogonie d'Hésiode : Méduse, fille de Céto et Phorcys, est la seule des trois Gorgones à être mortelle et à être séduite par Poséidon ; elle est décapitée par Persée sur les bords d'Océan, et de son sang naissent le cheval ailé Pégase et le géant Chrysaor à l'épée d'or[21]. Le Bouclier d'Héraclès montre Persée équipé du casque d'Hadès, poursuivi par les Gorgones après avoir décapité Méduse, dont la tête est enfermée dans un sac à franges d'or qu'il porte sur son dos[22].
20
+
21
+ Un récit plus complet se trouve chez Phérécyde. Persée, à qui Polydecte, roi amoureux de sa mère, a réclamé la tête de Méduse afin de l'éloigner, se retire pour se lamenter. Hermès lui apparaît et, après avoir appris la cause de son chagrin, le mène chez les Grées, en compagnie d'Athéna. Sur les conseils divins, Persée vole l'unique œil et l'unique dent dont les trois sœurs sont pourvues, et qu'elles se passent de l'une à l'autre. Les Grées sont contraintes d'aider Persée pour récupérer leur bien et lui indiquent l'endroit où il pourra trouver les nymphes qui détiennent trois objets magiques : la kunée ou casque d'Hadès, qui rend invisible son porteur, une paire de sandales ailées qui permet de voler dans les airs et une besace (en grec ancien, kibisis) destinée à recueillir la tête de Méduse. Persée leur rend alors œil et dent et part trouver les nymphes pour obtenir les trois objets. Grâce aux sandales, Persée gagne les bords d'Océan où résident les Gorgones, toujours accompagné par Hermès et Athéna qui lui recommandent de ne pas rencontrer le regard de Méduse. Persée coiffé du casque d'Hadès s'approche des Gorgones endormies, tranche la tête de Méduse[23], qu'il met dans la besace et s'enfuit, talonné par les deux autres Gorgones réveillées, qui suivent son odeur.
22
+
23
+ Le récit est simplifié chez Eschyle, qui ne mentionne pas les nymphes : Persée y reçoit une épée d'Héphaïstos[24] et Hermès fournit lui-même les sandales ailées et le casque d'Hadès. Les Grées y sont les gardiennes des Gorgones, ce qui pousse Persée à jeter leur œil dans le lac Triton, pour les empêcher de prévenir leurs sœurs de son approche[25]. Apollodore ajoute au récit de Phérécyde quelques détails : Hermès donne à Persée une épée courbe et Athéna aide Persée à décapiter Méduse en tendant un bouclier poli comme un miroir[18], idée qu'on trouve pour la première fois chez Ovide[26].
24
+
25
+ Dans la version d'Ovide[27], Persée revient en Grèce en passant par le pays d'Atlas. Celui-ci apprend que Persée est un fils de Zeus et tente de l'éloigner par la force, car Thémis lui a prédit qu'un fils de Zeus volerait un jour les pommes d'or du jardin des Hespérides. Persée, en colère, pétrifie Atlas en lui montrant la tête de Méduse, et le transforme en une chaîne de montagnes sur laquelle repose le ciel. Cette légende, probablement assez tardive[28], s'oppose à la version plus connue de la quête des pommes d'or entreprise par Héraclès dans laquelle Atlas est toujours vivant après plusieurs générations.
26
+
27
+ Isabelle Turcan[29] interprète la légende de Persée, victorieux de la gorgone Méduse comme un mythe cosmologique, celui d'un génie solaire vainqueur du règne de l'hiver. Les Grées comme les Gorgones sont liées au monde noir d'Ouranos, respectivement les premières sont du pays de la nuit et les Gorgones résident à l'extrême occident là où chaque jour disparaît le soleil. Le pouvoir pétrifiant du regard de Méduse est celui du gel.
28
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29
+ Le Catalogue des femmes mentionne le mariage de Persée et d'Andromède[8] et l'épisode d'Andromède apparaît pour la première fois sur un vase corinthien à figures noires de 575-570 av. J.-C. environ, c'est-à-dire avant les premières traces de l'histoire de Méduse[30]. Le premier récit développé semble être celui de Phérécyde, préservé chez Apollodore, puis Sophocle et Euripide consacrent à la légende des tragédies intitulées Andromède, dont il ne subsiste plus que des fragments.
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+ Cassiopée, mère d'Andromède, s'est vantée que sa fille soit plus belle que les Néréides. En punition, Poséidon envoie un monstre marin qui ravage le pays. Après avoir interrogé l'oracle d'Ammon, Céphée, roi d'Éthiopie et mari de Cassiopée, doit offrir sa fille en sacrifice. Persée arrive et, après avoir débattu avec Céphée, libère la jeune fille. Des amphores corinthiennes du VIe siècle av. J.-C. montrent Persée tenant Andromède par la main et repoussant le monstre marin à coups de pierre. Chez Ovide et les peintres sur vase postérieurs, Persée le tue à coup d'épée[31]. Le recours à la tête de Méduse pour pétrifier le monstre n'apparaît pas avant Lucien de Samosate[32],[33](IIe siècle).
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+ Persée épouse Andromède bien qu'elle ait été promise à Phinée, le frère de Céphée. Une querelle éclate lors des noces entre les deux hommes et Persée change Phinée en pierre grâce à la tête de la Gorgone[34]. Chez Hygin, Agénor et non Phinée est le prétendant malheureux d'Andromède ; il est difficile de déterminer s'il s'agit d'une véritable variante ou d'une confusion de l'auteur[31]. Andromède donne à Persée plusieurs enfants. Homère[35] et le Catalogue des femmes[8] citent seulement Sthénélos. La tradition ultérieure, notamment Apollodore, nomment également Persès, que Persée confie à Céphée[35], Alcée, Héléos, Mestor, Électryon, et une fille, Gorgophoné (« la tueuse de Gorgone »)[36].
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+ À Sériphos, il délivra sa mère de Polydecte en se servant de nouveau de la tête de Méduse, changeant ainsi en pierre le roi et ses partisans. Persée laissa à Dictys le pouvoir sur Sériphos et se rendit avec Andromède à Argos, royaume d'Acrisios. Celui-ci, apprenant la venue de son petit-fils, s'enfuit à Larissa en Thessalie, par crainte que la prophétie ne se réalise. De retour en Grèce, Persée participa à des jeux funèbres que le roi thessalien Teutamidès donnait en l'honneur de son père et auxquels assistait Acrisios. Dépassant sa cible au lancer du disque, il frappa et tua accidentellement le vieillard, accomplissant ainsi la prophétie.
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+ Ovide rapporte que revenant à Argos, Persée découvrit que Proétos, le frère jumeau d'Acrisios, et selon certains, le père véritable de Persée, avait usurpé le trône de son frère. Le héros le tua en le transformant en rocher et monta sur le trône de la ville. Mais il préféra ne pas régner sur Argos, ayant tué le roi précédent. Il échangea donc son royaume contre celui de Tirynthe dont le roi était Mégapenthès et il y fonda les villes de Mycènes et de Midée.
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+ Comme la tâche de Persée était accomplie, Athéna lui recommanda de remettre les objets magiques à Hermès, qui les rendrait à leurs propriétaires respectifs. Selon certaines traditions, Athéna conserva le bouclier sur lequel elle plaça la tête de la Gorgone. Persée se rendit en Asie, où son fils Persès devint le fondateur légendaire de l'empire des Perses, à qui il donna son nom ; Platon dit que les Perses descendent de lui[37],[38] et Xénophon rapporte dans sa Cyropédie[39] que Cyrus II descend de lui.
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+ Hygin donne toutefois une version très différente de ces événements mythiques. Pour lui, Polydecte fut un roi paisible qui épousa Danaé et mit Persée au service d'Athéna. D'autre part, Acrisios fut tué accidentellement par le jeune homme à Sériphos, pendant les jeux funèbres en l'honneur de Polydecte. Hygin indiqua aussi, rejoignant la version d'Ovide, que Persée fut tué par Mégapenthès, qui vengeait la mort de son père Proétos.
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43
+ On raconte que Persée se querella avec les suivantes de Dionysos, dont le culte fut introduit en Argolide à la même époque. Persée a également lancé une statue dans le lac de Lerne et a livré combat contre une certaine « Femme de la Mer ». Athéna place Andromède et Céphée au nombre des constellations du ciel et Zeus fait de même avec Persée et le monstre marin[40],[41].
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45
+ Si le mythe de Persée n'est attesté dans des textes conservés qu'à partir du Ve siècle av. J.-C., il est probablement plus ancien. Au IVe siècle av. J.-C., un personnage de la Samienne de Ménandre s'exclame ainsi : « N'as-tu pas entendu ce qu'ils racontent, ça, dis-moi, Nicératos, les poètes tragiques, comment, après s'être changé en or, Zeus s'est laissé couler à travers un toit jusqu'à une recluse, toute jeunette, pour la séduire ? »[42]
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47
+ Persée est en effet un sujet très fréquent à l'époque classique. Simonide de Céos chante dans l'un de ses poèmes la lamentation de Danaé, enfermée dans le coffre, et son appel à Zeus[43]. Eschyle consacre à Danaé et Persée une trilogie complète. On ne connaît des tragédies que deux titres, Les Phorcydes et Polydecte, et quelques fragments[14]. Le drame satyrique qui complétait la trilogie est mieux conservé ; intitulé Les Satyres tireurs de filets, il évoque le sauvetage de Danaé et Persée par Dictys. Sophocle compose également un Acrisios, une Danaé et Les Gens de Larisa, qui forment probablement une trilogie et qui ne survivent qu'à l'état de fragments. Les deux premières pièces portent probablement sur la décision respectivement d'enfermer Danaé puis de tuer Persée, tandis que la dernière évoque la mort d'Acrisios, tué involontairement par Persée. La Danaé d'Euripide raconte la séduction de la jeune fille par Zeus et sa punition.[réf. nécessaire]
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49
+ Dans The Folktale (voir Bibliographie), Stith Thompson signale une étude de Hartland[44] sur la légende de Persée, dans laquelle l'auteur compare des contes traditionnels du monde entier sur ce thème ; il met notamment la légende en relation avec les contes-types du Tueur de dragons (AT 300) et des Deux Frères (AT 303), même s'il n'est pas possible de garantir que ces contes dérivent directement de la légende. Thompson mentionne divers motifs que l'on retrouve aussi bien dans la légende grecque que dans de nombreux contes populaires, ainsi : T511 (naissance surnaturelle du héros), S301 (le héros persécuté et abandonné en compagnie de sa mère)[45], K333.2 (l'œil unique dérobé aux Phorcydes), D581 (la victoire sur Méduse au regard pétrifiant), T68.1 (la libération de l'héroïne livrée au monstre marin). Des motifs tels que la jeune fille enfermée dans la tour, les sandales ailées ou le casque d'invisibilité trouvent également écho dans les contes.
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51
+ Les diverses aventures de Persée ont fourni des sujets à la peinture et à la sculpture de la Renaissance au néo-classisisme et même jusqu'à l'époque contemporaine. Parmi les principaux artistes qui lui ont consacré des ouvrages, il faut citer :
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53
+ À ces noms s'ajoutent ceux de Pierre Puget, Pablo Picasso et Salvador Dalí.
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55
+ Dans le domaine de la sculpture, Benvenuto Cellini a réalisé un bronze, Persée tenant la tête de Méduse (de 1545 à 1554), exposé à Florence, loggia del Lanzi. Pierre Puget a donné un marbre Persée et Andromède (1684), exposé au Musée du Louvre. Antonio Canova a fait une sculpture appelée Persée tenant la tête de Méduse en 1801 qui se trouve au Musée Pio-Clementino au Vatican. Persée et la Gorgone est le titre d'une sculpture de Camille Claudel datée de 1902. C'est aussi celui d'une sculpture créée par Laurent Marqueste en 1875 (Persée et la Gorgone).
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+ Le thème de Persée combattant le monstre marin et délivrant Andromède se distingue de légendes similaires par des accessoires évoquant les autres aventures du héros : tête de Méduse, sandales d'Hermès, casque de Hadès.
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+ La représentation possible de Persée monté sur le cheval ailé Pégase, né de la mort de Méduse, n'est pas issue des récits antiques, mais d'une confusion induite par le manuscrit de l′Ovide moralisé, faisant suivre le récit de Bellérophon par celui de Persée[46]. Bien qu'Andromède soit éthiopienne, elle est presque toujours représentée extrêmement blanche de teint.[réf. nécessaire]
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+ Au cinéma, les aventures de Persée ont été adaptées librement par plusieurs péplums. En 1963, Persée l'invincible (Perseo l'invincibile), film italo-espagnol de Alberto De Martino, montre Persée affrontant Acrisios et son acolyte Galeron ainsi qu'une Méduse aux allures de plante à tentacules dotée d'un œil unique, qui peut animer et contrôler les hommes qu'elle a changées en statues ; Persée affronte aussi un monstrueux dragon. Un péplum américain inspiré de l'histoire de Persée est Le Choc des Titans, réalisé en 1981. Le Choc des titans donne lieu à un remake américain dirigé par Louis Leterrier et portant le même titre. Ce remake donne lieu à son tour à une suite, La Colère des Titans, réalisée par Jonathan Liebesman et sortie en 2012.
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+ Les premiers tomes de la série américaine de romans Percy Jackson de Rick Riordan, parue dans les années 2000, donnent lieu à des adaptations au cinéma dont la première est Percy Jackson : Le Voleur de foudre réalisé par Chris Columbus en 2010, suivi du second: Percy Jackson : La mer des monstres réalisé en 2013 par Thor Freudenthal[47]. Dans ces fictions, Percy tient son nom de Persée car, selon sa mère, c'est le seul héros à avoir eu une fin heureuse. Le troisième film n'est pas sorti.
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+ Persée est le héros du jeu d'aventure en mode texte Perseus and Andromeda développé en 1983 par Digital Fantasia, qui est une adaptation du mythe grec illustrée par des images composées de lettres et de lignes et qui est diffusé sur la plupart des ordinateurs personnels disponibles à l'époque (ZX Spectrum, Atari 8-bit, BBC Micro, Commodore 64, Commodore 16 et Oric-1).
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+ Dans le jeu vidéo God of War II, un jeu vidéo américain d'action-aventure sorti sur consoles en 2007 et qui s'inspire très librement de la mythologie grecque, Persée est l'un des « boss » que Kratos, le héros du jeu, doit affronter. Persée est armé d'une épée, un bouclier, une fronde et un casque lui permettant de devenir invisible.
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Persée (en grec ancien Περσεύς / Perseús), roi argien, est un héros de la mythologie grecque.
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+ Persée est le fils de Danaé, fille du roi d'Argos, Acrisios[2]. Ce dernier, averti par un oracle que son petit-fils le tuera, enferme sa fille dans une tour d'airain, ce qui n'empêche pas Zeus de la séduire sous la forme d'une pluie d'or[3]. Persée naît ainsi dans le secret. Révélé à son grand-père par ses cris, il est enfermé dans un coffre avec sa mère et jeté dans les flots, qui les portent jusqu'à l'île de Sériphos. Tous deux sont recueillis par un pêcheur nommé Dictys, qui élève le garçon comme son fils. Devenu adulte, Persée se voit confier par Polydecte, le roi de l'île, la mission de tuer la gorgone Méduse, dont le regard pétrifie ceux qu'il atteint. Vainqueur grâce aux armes magiques remises par Hermès et Athéna, il passe sur le chemin du retour par l'Éthiopie, où il rencontre la princesse Andromède, qui doit être livrée à un monstre marin en punition des paroles imprudentes de sa mère Cassiopée. Persée la délivre et l'épouse. De retour à Sériphos, il se venge de Polydecte, qui a tenté de violer sa mère Danaé. Il rejoint ensuite sa patrie, Argos, qu'Acrisios a fui par peur de l'oracle pour se réfugier à Larissa. Or, le roi de cette cité organise des jeux funebres auxquels Persée prend part. En lançant le disque, il tue accidentellement Acrisios, qui assiste aux épreuves comme spectateur. Par égard pour son défunt grand-père, Persée échange sa royauté d'Argos contre celle de Tirynthe et donne l'île de Sériphos au pêcheur.
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+ La légende de Persée a connu une grande fortune après l’Antiquité, en particulier les épisodes de Méduse et d'Andromède. Il est probable qu'elle ait influencé les légendes chrétiennes des saints pourfendeurs de dragon, comme celle de saint Georges[4]. Nombre des épisodes de la légende se retrouvent, plus ou moins déformés, dans les contes traditionnels du folklore international, et ses motifs ont fait l'objet d'une codification par Stith Thompson.
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+ Selon Pierre Chantraine, le nom de Persée est d'origine obscure[5]. Les auteurs antiques le rapprochent de πέρθω / pérthô, « détruire, mettre à sac, piller ». Selon Thalia Feldman, le radical perth- serait issu de l'indo-européen *bher-, « couper »[6].
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+ Persée est déjà mentionné chez Homère, qui le nomme le fils de Zeus et de Danaé, sans autre précision[7]. Le Catalogue des femmes ajoute que Danaé est jetée à la mer dans un coffre[8],[9], mais il faut attendre Phérécyde d'Athènes, au Ve siècle av. J.-C., pour que le récit soit complet : Acrisios, roi d'Argos, et son épouse Eurydice engendrent une fille, Danaé. L'oracle de Delphes, interrogé, lui annonce qu'il n'aura pas de fils, mais que le petit-fils que lui donnera Danaé le tuera[10]. De retour chez lui, Acrisios fait bâtir une chambre de bronze souterraine où il enferme Danaé et sa nourrice. Zeus aperçoit pourtant la jeune fille et la séduit après s'être transformé en pluie d'or[2]. Danaé donne naissance à Persée et l'élève en secret, jusqu'à ce que les cris du jeune enfant, âgé de trois ou quatre ans, trahissent son existence. Acrisios fait exécuter la nourrice et exige de savoir qui est le père de Persée. Refusant de croire les déclarations de Danaé, il la fait jeter à la mer dans un coffre, avec son fils. Le coffre est emporté par les flots jusqu'à l'île de Sériphos, où Danaé et Persée sont secourus par un pêcheur généreux, Dictys (« filet »), qui élève le garçon comme son fils.
12
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+ Une scholie de l’Iliade fait de Proétos, frère d'Acrisios, le véritable père de Persée, ce qui aurait été le motif de la querelle entre les deux frères[11]. Cette variante, que le scholiaste attribue à Pindare, est également citée par le pseudo-Apollodore[12]. Pindare mentionne pourtant l'histoire de la pluie d'or par ailleurs[13]. Il est possible que dans la source du scholiaste et d'Apollodore, Danaé ait été séduite par Proétos et emprisonnée par son père en punition, laissant ainsi le champ libre à Zeus[14]. La variante suivant laquelle Danaé est enfermée dans une tour plutôt que dans une chambre souterraine remonte à Horace[15], suivi par Ovide[16].
14
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15
+ Toujours selon Phérécyde, Dictys est le frère du roi de l'île, Polydecte[17]. Alors que Persée a atteint l'âge adulte, Polydecte aperçoit Danaé et s'éprend d'elle. Il organise un eranos, c'est-à-dire un banquet où chacun apporte sa contribution, auquel il convie le jeune homme. Polydecte feint d'avoir besoin de présents pour les noces d'Hippodamie, fille d'Œnomaos. À la demande de Persée, Polydecte précise qu'il veut des chevaux ; le jeune homme répond alors qu'il apportera la tête de la Gorgone – pour fanfaronner, précise Apollodore[18]. Polydecte le prend au mot et quand Persée apporte un cheval le lendemain, il refuse et insiste pour obtenir la tête de la Gorgone, menaçant de s'emparer de Danaé si le jeune homme ne s'exécute pas.
16
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17
+ Le récit de Phérécyde n'est pas très clair : on ne comprend pas bien quelle était l'intention initiale de Polydecte en organisant le banquet, car il ne pouvait pas prévoir que Persée évoquerait Méduse. Des auteurs modernes expliquent que Polydecte réclame un cheval à Persée en sachant très bien que celui-ci n'en possède pas[19], mais cet élément ne se retrouve dans aucune source ancienne[20].
18
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19
+ La décapitation de Méduse par Persée ne figure pas chez Homère, mais elle apparaît dès la Théogonie d'Hésiode : Méduse, fille de Céto et Phorcys, est la seule des trois Gorgones à être mortelle et à être séduite par Poséidon ; elle est décapitée par Persée sur les bords d'Océan, et de son sang naissent le cheval ailé Pégase et le géant Chrysaor à l'épée d'or[21]. Le Bouclier d'Héraclès montre Persée équipé du casque d'Hadès, poursuivi par les Gorgones après avoir décapité Méduse, dont la tête est enfermée dans un sac à franges d'or qu'il porte sur son dos[22].
20
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+ Un récit plus complet se trouve chez Phérécyde. Persée, à qui Polydecte, roi amoureux de sa mère, a réclamé la tête de Méduse afin de l'éloigner, se retire pour se lamenter. Hermès lui apparaît et, après avoir appris la cause de son chagrin, le mène chez les Grées, en compagnie d'Athéna. Sur les conseils divins, Persée vole l'unique œil et l'unique dent dont les trois sœurs sont pourvues, et qu'elles se passent de l'une à l'autre. Les Grées sont contraintes d'aider Persée pour récupérer leur bien et lui indiquent l'endroit où il pourra trouver les nymphes qui détiennent trois objets magiques : la kunée ou casque d'Hadès, qui rend invisible son porteur, une paire de sandales ailées qui permet de voler dans les airs et une besace (en grec ancien, kibisis) destinée à recueillir la tête de Méduse. Persée leur rend alors œil et dent et part trouver les nymphes pour obtenir les trois objets. Grâce aux sandales, Persée gagne les bords d'Océan où résident les Gorgones, toujours accompagné par Hermès et Athéna qui lui recommandent de ne pas rencontrer le regard de Méduse. Persée coiffé du casque d'Hadès s'approche des Gorgones endormies, tranche la tête de Méduse[23], qu'il met dans la besace et s'enfuit, talonné par les deux autres Gorgones réveillées, qui suivent son odeur.
22
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23
+ Le récit est simplifié chez Eschyle, qui ne mentionne pas les nymphes : Persée y reçoit une épée d'Héphaïstos[24] et Hermès fournit lui-même les sandales ailées et le casque d'Hadès. Les Grées y sont les gardiennes des Gorgones, ce qui pousse Persée à jeter leur œil dans le lac Triton, pour les empêcher de prévenir leurs sœurs de son approche[25]. Apollodore ajoute au récit de Phérécyde quelques détails : Hermès donne à Persée une épée courbe et Athéna aide Persée à décapiter Méduse en tendant un bouclier poli comme un miroir[18], idée qu'on trouve pour la première fois chez Ovide[26].
24
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25
+ Dans la version d'Ovide[27], Persée revient en Grèce en passant par le pays d'Atlas. Celui-ci apprend que Persée est un fils de Zeus et tente de l'éloigner par la force, car Thémis lui a prédit qu'un fils de Zeus volerait un jour les pommes d'or du jardin des Hespérides. Persée, en colère, pétrifie Atlas en lui montrant la tête de Méduse, et le transforme en une chaîne de montagnes sur laquelle repose le ciel. Cette légende, probablement assez tardive[28], s'oppose à la version plus connue de la quête des pommes d'or entreprise par Héraclès dans laquelle Atlas est toujours vivant après plusieurs générations.
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+ Isabelle Turcan[29] interprète la légende de Persée, victorieux de la gorgone Méduse comme un mythe cosmologique, celui d'un génie solaire vainqueur du règne de l'hiver. Les Grées comme les Gorgones sont liées au monde noir d'Ouranos, respectivement les premières sont du pays de la nuit et les Gorgones résident à l'extrême occident là où chaque jour disparaît le soleil. Le pouvoir pétrifiant du regard de Méduse est celui du gel.
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+ Le Catalogue des femmes mentionne le mariage de Persée et d'Andromède[8] et l'épisode d'Andromède apparaît pour la première fois sur un vase corinthien à figures noires de 575-570 av. J.-C. environ, c'est-à-dire avant les premières traces de l'histoire de Méduse[30]. Le premier récit développé semble être celui de Phérécyde, préservé chez Apollodore, puis Sophocle et Euripide consacrent à la légende des tragédies intitulées Andromède, dont il ne subsiste plus que des fragments.
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+ Cassiopée, mère d'Andromède, s'est vantée que sa fille soit plus belle que les Néréides. En punition, Poséidon envoie un monstre marin qui ravage le pays. Après avoir interrogé l'oracle d'Ammon, Céphée, roi d'Éthiopie et mari de Cassiopée, doit offrir sa fille en sacrifice. Persée arrive et, après avoir débattu avec Céphée, libère la jeune fille. Des amphores corinthiennes du VIe siècle av. J.-C. montrent Persée tenant Andromède par la main et repoussant le monstre marin à coups de pierre. Chez Ovide et les peintres sur vase postérieurs, Persée le tue à coup d'épée[31]. Le recours à la tête de Méduse pour pétrifier le monstre n'apparaît pas avant Lucien de Samosate[32],[33](IIe siècle).
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+ Persée épouse Andromède bien qu'elle ait été promise à Phinée, le frère de Céphée. Une querelle éclate lors des noces entre les deux hommes et Persée change Phinée en pierre grâce à la tête de la Gorgone[34]. Chez Hygin, Agénor et non Phinée est le prétendant malheureux d'Andromède ; il est difficile de déterminer s'il s'agit d'une véritable variante ou d'une confusion de l'auteur[31]. Andromède donne à Persée plusieurs enfants. Homère[35] et le Catalogue des femmes[8] citent seulement Sthénélos. La tradition ultérieure, notamment Apollodore, nomment également Persès, que Persée confie à Céphée[35], Alcée, Héléos, Mestor, Électryon, et une fille, Gorgophoné (« la tueuse de Gorgone »)[36].
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+ À Sériphos, il délivra sa mère de Polydecte en se servant de nouveau de la tête de Méduse, changeant ainsi en pierre le roi et ses partisans. Persée laissa à Dictys le pouvoir sur Sériphos et se rendit avec Andromède à Argos, royaume d'Acrisios. Celui-ci, apprenant la venue de son petit-fils, s'enfuit à Larissa en Thessalie, par crainte que la prophétie ne se réalise. De retour en Grèce, Persée participa à des jeux funèbres que le roi thessalien Teutamidès donnait en l'honneur de son père et auxquels assistait Acrisios. Dépassant sa cible au lancer du disque, il frappa et tua accidentellement le vieillard, accomplissant ainsi la prophétie.
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+ Ovide rapporte que revenant à Argos, Persée découvrit que Proétos, le frère jumeau d'Acrisios, et selon certains, le père véritable de Persée, avait usurpé le trône de son frère. Le héros le tua en le transformant en rocher et monta sur le trône de la ville. Mais il préféra ne pas régner sur Argos, ayant tué le roi précédent. Il échangea donc son royaume contre celui de Tirynthe dont le roi était Mégapenthès et il y fonda les villes de Mycènes et de Midée.
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+ Comme la tâche de Persée était accomplie, Athéna lui recommanda de remettre les objets magiques à Hermès, qui les rendrait à leurs propriétaires respectifs. Selon certaines traditions, Athéna conserva le bouclier sur lequel elle plaça la tête de la Gorgone. Persée se rendit en Asie, où son fils Persès devint le fondateur légendaire de l'empire des Perses, à qui il donna son nom ; Platon dit que les Perses descendent de lui[37],[38] et Xénophon rapporte dans sa Cyropédie[39] que Cyrus II descend de lui.
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+ Hygin donne toutefois une version très différente de ces événements mythiques. Pour lui, Polydecte fut un roi paisible qui épousa Danaé et mit Persée au service d'Athéna. D'autre part, Acrisios fut tué accidentellement par le jeune homme à Sériphos, pendant les jeux funèbres en l'honneur de Polydecte. Hygin indiqua aussi, rejoignant la version d'Ovide, que Persée fut tué par Mégapenthès, qui vengeait la mort de son père Proétos.
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+ On raconte que Persée se querella avec les suivantes de Dionysos, dont le culte fut introduit en Argolide à la même époque. Persée a également lancé une statue dans le lac de Lerne et a livré combat contre une certaine « Femme de la Mer ». Athéna place Andromède et Céphée au nombre des constellations du ciel et Zeus fait de même avec Persée et le monstre marin[40],[41].
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+ Si le mythe de Persée n'est attesté dans des textes conservés qu'à partir du Ve siècle av. J.-C., il est probablement plus ancien. Au IVe siècle av. J.-C., un personnage de la Samienne de Ménandre s'exclame ainsi : « N'as-tu pas entendu ce qu'ils racontent, ça, dis-moi, Nicératos, les poètes tragiques, comment, après s'être changé en or, Zeus s'est laissé couler à travers un toit jusqu'à une recluse, toute jeunette, pour la séduire ? »[42]
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+ Persée est en effet un sujet très fréquent à l'époque classique. Simonide de Céos chante dans l'un de ses poèmes la lamentation de Danaé, enfermée dans le coffre, et son appel à Zeus[43]. Eschyle consacre à Danaé et Persée une trilogie complète. On ne connaît des tragédies que deux titres, Les Phorcydes et Polydecte, et quelques fragments[14]. Le drame satyrique qui complétait la trilogie est mieux conservé ; intitulé Les Satyres tireurs de filets, il évoque le sauvetage de Danaé et Persée par Dictys. Sophocle compose également un Acrisios, une Danaé et Les Gens de Larisa, qui forment probablement une trilogie et qui ne survivent qu'à l'état de fragments. Les deux premières pièces portent probablement sur la décision respectivement d'enfermer Danaé puis de tuer Persée, tandis que la dernière évoque la mort d'Acrisios, tué involontairement par Persée. La Danaé d'Euripide raconte la séduction de la jeune fille par Zeus et sa punition.[réf. nécessaire]
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+ Dans The Folktale (voir Bibliographie), Stith Thompson signale une étude de Hartland[44] sur la légende de Persée, dans laquelle l'auteur compare des contes traditionnels du monde entier sur ce thème ; il met notamment la légende en relation avec les contes-types du Tueur de dragons (AT 300) et des Deux Frères (AT 303), même s'il n'est pas possible de garantir que ces contes dérivent directement de la légende. Thompson mentionne divers motifs que l'on retrouve aussi bien dans la légende grecque que dans de nombreux contes populaires, ainsi : T511 (naissance surnaturelle du héros), S301 (le héros persécuté et abandonné en compagnie de sa mère)[45], K333.2 (l'œil unique dérobé aux Phorcydes), D581 (la victoire sur Méduse au regard pétrifiant), T68.1 (la libération de l'héroïne livrée au monstre marin). Des motifs tels que la jeune fille enfermée dans la tour, les sandales ailées ou le casque d'invisibilité trouvent également écho dans les contes.
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+ Les diverses aventures de Persée ont fourni des sujets à la peinture et à la sculpture de la Renaissance au néo-classisisme et même jusqu'à l'époque contemporaine. Parmi les principaux artistes qui lui ont consacré des ouvrages, il faut citer :
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+ À ces noms s'ajoutent ceux de Pierre Puget, Pablo Picasso et Salvador Dalí.
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+ Dans le domaine de la sculpture, Benvenuto Cellini a réalisé un bronze, Persée tenant la tête de Méduse (de 1545 à 1554), exposé à Florence, loggia del Lanzi. Pierre Puget a donné un marbre Persée et Andromède (1684), exposé au Musée du Louvre. Antonio Canova a fait une sculpture appelée Persée tenant la tête de Méduse en 1801 qui se trouve au Musée Pio-Clementino au Vatican. Persée et la Gorgone est le titre d'une sculpture de Camille Claudel datée de 1902. C'est aussi celui d'une sculpture créée par Laurent Marqueste en 1875 (Persée et la Gorgone).
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+ Le thème de Persée combattant le monstre marin et délivrant Andromède se distingue de légendes similaires par des accessoires évoquant les autres aventures du héros : tête de Méduse, sandales d'Hermès, casque de Hadès.
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+ La représentation possible de Persée monté sur le cheval ailé Pégase, né de la mort de Méduse, n'est pas issue des récits antiques, mais d'une confusion induite par le manuscrit de l′Ovide moralisé, faisant suivre le récit de Bellérophon par celui de Persée[46]. Bien qu'Andromède soit éthiopienne, elle est presque toujours représentée extrêmement blanche de teint.[réf. nécessaire]
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+ Au cinéma, les aventures de Persée ont été adaptées librement par plusieurs péplums. En 1963, Persée l'invincible (Perseo l'invincibile), film italo-espagnol de Alberto De Martino, montre Persée affrontant Acrisios et son acolyte Galeron ainsi qu'une Méduse aux allures de plante à tentacules dotée d'un œil unique, qui peut animer et contrôler les hommes qu'elle a changées en statues ; Persée affronte aussi un monstrueux dragon. Un péplum américain inspiré de l'histoire de Persée est Le Choc des Titans, réalisé en 1981. Le Choc des titans donne lieu à un remake américain dirigé par Louis Leterrier et portant le même titre. Ce remake donne lieu à son tour à une suite, La Colère des Titans, réalisée par Jonathan Liebesman et sortie en 2012.
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+ Les premiers tomes de la série américaine de romans Percy Jackson de Rick Riordan, parue dans les années 2000, donnent lieu à des adaptations au cinéma dont la première est Percy Jackson : Le Voleur de foudre réalisé par Chris Columbus en 2010, suivi du second: Percy Jackson : La mer des monstres réalisé en 2013 par Thor Freudenthal[47]. Dans ces fictions, Percy tient son nom de Persée car, selon sa mère, c'est le seul héros à avoir eu une fin heureuse. Le troisième film n'est pas sorti.
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+ Persée est le héros du jeu d'aventure en mode texte Perseus and Andromeda développé en 1983 par Digital Fantasia, qui est une adaptation du mythe grec illustrée par des images composées de lettres et de lignes et qui est diffusé sur la plupart des ordinateurs personnels disponibles à l'époque (ZX Spectrum, Atari 8-bit, BBC Micro, Commodore 64, Commodore 16 et Oric-1).
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+ Dans le jeu vidéo God of War II, un jeu vidéo américain d'action-aventure sorti sur consoles en 2007 et qui s'inspire très librement de la mythologie grecque, Persée est l'un des « boss » que Kratos, le héros du jeu, doit affronter. Persée est armé d'une épée, un bouclier, une fronde et un casque lui permettant de devenir invisible.
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Persée (en grec ancien Περσεύς / Perseús), roi argien, est un héros de la mythologie grecque.
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+ Persée est le fils de Danaé, fille du roi d'Argos, Acrisios[2]. Ce dernier, averti par un oracle que son petit-fils le tuera, enferme sa fille dans une tour d'airain, ce qui n'empêche pas Zeus de la séduire sous la forme d'une pluie d'or[3]. Persée naît ainsi dans le secret. Révélé à son grand-père par ses cris, il est enfermé dans un coffre avec sa mère et jeté dans les flots, qui les portent jusqu'à l'île de Sériphos. Tous deux sont recueillis par un pêcheur nommé Dictys, qui élève le garçon comme son fils. Devenu adulte, Persée se voit confier par Polydecte, le roi de l'île, la mission de tuer la gorgone Méduse, dont le regard pétrifie ceux qu'il atteint. Vainqueur grâce aux armes magiques remises par Hermès et Athéna, il passe sur le chemin du retour par l'Éthiopie, où il rencontre la princesse Andromède, qui doit être livrée à un monstre marin en punition des paroles imprudentes de sa mère Cassiopée. Persée la délivre et l'épouse. De retour à Sériphos, il se venge de Polydecte, qui a tenté de violer sa mère Danaé. Il rejoint ensuite sa patrie, Argos, qu'Acrisios a fui par peur de l'oracle pour se réfugier à Larissa. Or, le roi de cette cité organise des jeux funebres auxquels Persée prend part. En lançant le disque, il tue accidentellement Acrisios, qui assiste aux épreuves comme spectateur. Par égard pour son défunt grand-père, Persée échange sa royauté d'Argos contre celle de Tirynthe et donne l'île de Sériphos au pêcheur.
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+ La légende de Persée a connu une grande fortune après l’Antiquité, en particulier les épisodes de Méduse et d'Andromède. Il est probable qu'elle ait influencé les légendes chrétiennes des saints pourfendeurs de dragon, comme celle de saint Georges[4]. Nombre des épisodes de la légende se retrouvent, plus ou moins déformés, dans les contes traditionnels du folklore international, et ses motifs ont fait l'objet d'une codification par Stith Thompson.
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+ Selon Pierre Chantraine, le nom de Persée est d'origine obscure[5]. Les auteurs antiques le rapprochent de πέρθω / pérthô, « détruire, mettre à sac, piller ». Selon Thalia Feldman, le radical perth- serait issu de l'indo-européen *bher-, « couper »[6].
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+ Persée est déjà mentionné chez Homère, qui le nomme le fils de Zeus et de Danaé, sans autre précision[7]. Le Catalogue des femmes ajoute que Danaé est jetée à la mer dans un coffre[8],[9], mais il faut attendre Phérécyde d'Athènes, au Ve siècle av. J.-C., pour que le récit soit complet : Acrisios, roi d'Argos, et son épouse Eurydice engendrent une fille, Danaé. L'oracle de Delphes, interrogé, lui annonce qu'il n'aura pas de fils, mais que le petit-fils que lui donnera Danaé le tuera[10]. De retour chez lui, Acrisios fait bâtir une chambre de bronze souterraine où il enferme Danaé et sa nourrice. Zeus aperçoit pourtant la jeune fille et la séduit après s'être transformé en pluie d'or[2]. Danaé donne naissance à Persée et l'élève en secret, jusqu'à ce que les cris du jeune enfant, âgé de trois ou quatre ans, trahissent son existence. Acrisios fait exécuter la nourrice et exige de savoir qui est le père de Persée. Refusant de croire les déclarations de Danaé, il la fait jeter à la mer dans un coffre, avec son fils. Le coffre est emporté par les flots jusqu'à l'île de Sériphos, où Danaé et Persée sont secourus par un pêcheur généreux, Dictys (« filet »), qui élève le garçon comme son fils.
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+ Une scholie de l’Iliade fait de Proétos, frère d'Acrisios, le véritable père de Persée, ce qui aurait été le motif de la querelle entre les deux frères[11]. Cette variante, que le scholiaste attribue à Pindare, est également citée par le pseudo-Apollodore[12]. Pindare mentionne pourtant l'histoire de la pluie d'or par ailleurs[13]. Il est possible que dans la source du scholiaste et d'Apollodore, Danaé ait été séduite par Proétos et emprisonnée par son père en punition, laissant ainsi le champ libre à Zeus[14]. La variante suivant laquelle Danaé est enfermée dans une tour plutôt que dans une chambre souterraine remonte à Horace[15], suivi par Ovide[16].
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+ Toujours selon Phérécyde, Dictys est le frère du roi de l'île, Polydecte[17]. Alors que Persée a atteint l'âge adulte, Polydecte aperçoit Danaé et s'éprend d'elle. Il organise un eranos, c'est-à-dire un banquet où chacun apporte sa contribution, auquel il convie le jeune homme. Polydecte feint d'avoir besoin de présents pour les noces d'Hippodamie, fille d'Œnomaos. À la demande de Persée, Polydecte précise qu'il veut des chevaux ; le jeune homme répond alors qu'il apportera la tête de la Gorgone – pour fanfaronner, précise Apollodore[18]. Polydecte le prend au mot et quand Persée apporte un cheval le lendemain, il refuse et insiste pour obtenir la tête de la Gorgone, menaçant de s'emparer de Danaé si le jeune homme ne s'exécute pas.
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17
+ Le récit de Phérécyde n'est pas très clair : on ne comprend pas bien quelle était l'intention initiale de Polydecte en organisant le banquet, car il ne pouvait pas prévoir que Persée évoquerait Méduse. Des auteurs modernes expliquent que Polydecte réclame un cheval à Persée en sachant très bien que celui-ci n'en possède pas[19], mais cet élément ne se retrouve dans aucune source ancienne[20].
18
+
19
+ La décapitation de Méduse par Persée ne figure pas chez Homère, mais elle apparaît dès la Théogonie d'Hésiode : Méduse, fille de Céto et Phorcys, est la seule des trois Gorgones à être mortelle et à être séduite par Poséidon ; elle est décapitée par Persée sur les bords d'Océan, et de son sang naissent le cheval ailé Pégase et le géant Chrysaor à l'épée d'or[21]. Le Bouclier d'Héraclès montre Persée équipé du casque d'Hadès, poursuivi par les Gorgones après avoir décapité Méduse, dont la tête est enfermée dans un sac à franges d'or qu'il porte sur son dos[22].
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+ Un récit plus complet se trouve chez Phérécyde. Persée, à qui Polydecte, roi amoureux de sa mère, a réclamé la tête de Méduse afin de l'éloigner, se retire pour se lamenter. Hermès lui apparaît et, après avoir appris la cause de son chagrin, le mène chez les Grées, en compagnie d'Athéna. Sur les conseils divins, Persée vole l'unique œil et l'unique dent dont les trois sœurs sont pourvues, et qu'elles se passent de l'une à l'autre. Les Grées sont contraintes d'aider Persée pour récupérer leur bien et lui indiquent l'endroit où il pourra trouver les nymphes qui détiennent trois objets magiques : la kunée ou casque d'Hadès, qui rend invisible son porteur, une paire de sandales ailées qui permet de voler dans les airs et une besace (en grec ancien, kibisis) destinée à recueillir la tête de Méduse. Persée leur rend alors œil et dent et part trouver les nymphes pour obtenir les trois objets. Grâce aux sandales, Persée gagne les bords d'Océan où résident les Gorgones, toujours accompagné par Hermès et Athéna qui lui recommandent de ne pas rencontrer le regard de Méduse. Persée coiffé du casque d'Hadès s'approche des Gorgones endormies, tranche la tête de Méduse[23], qu'il met dans la besace et s'enfuit, talonné par les deux autres Gorgones réveillées, qui suivent son odeur.
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+ Le récit est simplifié chez Eschyle, qui ne mentionne pas les nymphes : Persée y reçoit une épée d'Héphaïstos[24] et Hermès fournit lui-même les sandales ailées et le casque d'Hadès. Les Grées y sont les gardiennes des Gorgones, ce qui pousse Persée à jeter leur œil dans le lac Triton, pour les empêcher de prévenir leurs sœurs de son approche[25]. Apollodore ajoute au récit de Phérécyde quelques détails : Hermès donne à Persée une épée courbe et Athéna aide Persée à décapiter Méduse en tendant un bouclier poli comme un miroir[18], idée qu'on trouve pour la première fois chez Ovide[26].
24
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25
+ Dans la version d'Ovide[27], Persée revient en Grèce en passant par le pays d'Atlas. Celui-ci apprend que Persée est un fils de Zeus et tente de l'éloigner par la force, car Thémis lui a prédit qu'un fils de Zeus volerait un jour les pommes d'or du jardin des Hespérides. Persée, en colère, pétrifie Atlas en lui montrant la tête de Méduse, et le transforme en une chaîne de montagnes sur laquelle repose le ciel. Cette légende, probablement assez tardive[28], s'oppose à la version plus connue de la quête des pommes d'or entreprise par Héraclès dans laquelle Atlas est toujours vivant après plusieurs générations.
26
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27
+ Isabelle Turcan[29] interprète la légende de Persée, victorieux de la gorgone Méduse comme un mythe cosmologique, celui d'un génie solaire vainqueur du règne de l'hiver. Les Grées comme les Gorgones sont liées au monde noir d'Ouranos, respectivement les premières sont du pays de la nuit et les Gorgones résident à l'extrême occident là où chaque jour disparaît le soleil. Le pouvoir pétrifiant du regard de Méduse est celui du gel.
28
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29
+ Le Catalogue des femmes mentionne le mariage de Persée et d'Andromède[8] et l'épisode d'Andromède apparaît pour la première fois sur un vase corinthien à figures noires de 575-570 av. J.-C. environ, c'est-à-dire avant les premières traces de l'histoire de Méduse[30]. Le premier récit développé semble être celui de Phérécyde, préservé chez Apollodore, puis Sophocle et Euripide consacrent à la légende des tragédies intitulées Andromède, dont il ne subsiste plus que des fragments.
30
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31
+ Cassiopée, mère d'Andromède, s'est vantée que sa fille soit plus belle que les Néréides. En punition, Poséidon envoie un monstre marin qui ravage le pays. Après avoir interrogé l'oracle d'Ammon, Céphée, roi d'Éthiopie et mari de Cassiopée, doit offrir sa fille en sacrifice. Persée arrive et, après avoir débattu avec Céphée, libère la jeune fille. Des amphores corinthiennes du VIe siècle av. J.-C. montrent Persée tenant Andromède par la main et repoussant le monstre marin à coups de pierre. Chez Ovide et les peintres sur vase postérieurs, Persée le tue à coup d'épée[31]. Le recours à la tête de Méduse pour pétrifier le monstre n'apparaît pas avant Lucien de Samosate[32],[33](IIe siècle).
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+ Persée épouse Andromède bien qu'elle ait été promise à Phinée, le frère de Céphée. Une querelle éclate lors des noces entre les deux hommes et Persée change Phinée en pierre grâce à la tête de la Gorgone[34]. Chez Hygin, Agénor et non Phinée est le prétendant malheureux d'Andromède ; il est difficile de déterminer s'il s'agit d'une véritable variante ou d'une confusion de l'auteur[31]. Andromède donne à Persée plusieurs enfants. Homère[35] et le Catalogue des femmes[8] citent seulement Sthénélos. La tradition ultérieure, notamment Apollodore, nomment également Persès, que Persée confie à Céphée[35], Alcée, Héléos, Mestor, Électryon, et une fille, Gorgophoné (« la tueuse de Gorgone »)[36].
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+ À Sériphos, il délivra sa mère de Polydecte en se servant de nouveau de la tête de Méduse, changeant ainsi en pierre le roi et ses partisans. Persée laissa à Dictys le pouvoir sur Sériphos et se rendit avec Andromède à Argos, royaume d'Acrisios. Celui-ci, apprenant la venue de son petit-fils, s'enfuit à Larissa en Thessalie, par crainte que la prophétie ne se réalise. De retour en Grèce, Persée participa à des jeux funèbres que le roi thessalien Teutamidès donnait en l'honneur de son père et auxquels assistait Acrisios. Dépassant sa cible au lancer du disque, il frappa et tua accidentellement le vieillard, accomplissant ainsi la prophétie.
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+ Ovide rapporte que revenant à Argos, Persée découvrit que Proétos, le frère jumeau d'Acrisios, et selon certains, le père véritable de Persée, avait usurpé le trône de son frère. Le héros le tua en le transformant en rocher et monta sur le trône de la ville. Mais il préféra ne pas régner sur Argos, ayant tué le roi précédent. Il échangea donc son royaume contre celui de Tirynthe dont le roi était Mégapenthès et il y fonda les villes de Mycènes et de Midée.
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+ Comme la tâche de Persée était accomplie, Athéna lui recommanda de remettre les objets magiques à Hermès, qui les rendrait à leurs propriétaires respectifs. Selon certaines traditions, Athéna conserva le bouclier sur lequel elle plaça la tête de la Gorgone. Persée se rendit en Asie, où son fils Persès devint le fondateur légendaire de l'empire des Perses, à qui il donna son nom ; Platon dit que les Perses descendent de lui[37],[38] et Xénophon rapporte dans sa Cyropédie[39] que Cyrus II descend de lui.
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+ Hygin donne toutefois une version très différente de ces événements mythiques. Pour lui, Polydecte fut un roi paisible qui épousa Danaé et mit Persée au service d'Athéna. D'autre part, Acrisios fut tué accidentellement par le jeune homme à Sériphos, pendant les jeux funèbres en l'honneur de Polydecte. Hygin indiqua aussi, rejoignant la version d'Ovide, que Persée fut tué par Mégapenthès, qui vengeait la mort de son père Proétos.
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+ On raconte que Persée se querella avec les suivantes de Dionysos, dont le culte fut introduit en Argolide à la même époque. Persée a également lancé une statue dans le lac de Lerne et a livré combat contre une certaine « Femme de la Mer ». Athéna place Andromède et Céphée au nombre des constellations du ciel et Zeus fait de même avec Persée et le monstre marin[40],[41].
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+ Si le mythe de Persée n'est attesté dans des textes conservés qu'à partir du Ve siècle av. J.-C., il est probablement plus ancien. Au IVe siècle av. J.-C., un personnage de la Samienne de Ménandre s'exclame ainsi : « N'as-tu pas entendu ce qu'ils racontent, ça, dis-moi, Nicératos, les poètes tragiques, comment, après s'être changé en or, Zeus s'est laissé couler à travers un toit jusqu'à une recluse, toute jeunette, pour la séduire ? »[42]
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+ Persée est en effet un sujet très fréquent à l'époque classique. Simonide de Céos chante dans l'un de ses poèmes la lamentation de Danaé, enfermée dans le coffre, et son appel à Zeus[43]. Eschyle consacre à Danaé et Persée une trilogie complète. On ne connaît des tragédies que deux titres, Les Phorcydes et Polydecte, et quelques fragments[14]. Le drame satyrique qui complétait la trilogie est mieux conservé ; intitulé Les Satyres tireurs de filets, il évoque le sauvetage de Danaé et Persée par Dictys. Sophocle compose également un Acrisios, une Danaé et Les Gens de Larisa, qui forment probablement une trilogie et qui ne survivent qu'à l'état de fragments. Les deux premières pièces portent probablement sur la décision respectivement d'enfermer Danaé puis de tuer Persée, tandis que la dernière évoque la mort d'Acrisios, tué involontairement par Persée. La Danaé d'Euripide raconte la séduction de la jeune fille par Zeus et sa punition.[réf. nécessaire]
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+ Dans The Folktale (voir Bibliographie), Stith Thompson signale une étude de Hartland[44] sur la légende de Persée, dans laquelle l'auteur compare des contes traditionnels du monde entier sur ce thème ; il met notamment la légende en relation avec les contes-types du Tueur de dragons (AT 300) et des Deux Frères (AT 303), même s'il n'est pas possible de garantir que ces contes dérivent directement de la légende. Thompson mentionne divers motifs que l'on retrouve aussi bien dans la légende grecque que dans de nombreux contes populaires, ainsi : T511 (naissance surnaturelle du héros), S301 (le héros persécuté et abandonné en compagnie de sa mère)[45], K333.2 (l'œil unique dérobé aux Phorcydes), D581 (la victoire sur Méduse au regard pétrifiant), T68.1 (la libération de l'héroïne livrée au monstre marin). Des motifs tels que la jeune fille enfermée dans la tour, les sandales ailées ou le casque d'invisibilité trouvent également écho dans les contes.
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+ Les diverses aventures de Persée ont fourni des sujets à la peinture et à la sculpture de la Renaissance au néo-classisisme et même jusqu'à l'époque contemporaine. Parmi les principaux artistes qui lui ont consacré des ouvrages, il faut citer :
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+ À ces noms s'ajoutent ceux de Pierre Puget, Pablo Picasso et Salvador Dalí.
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+ Dans le domaine de la sculpture, Benvenuto Cellini a réalisé un bronze, Persée tenant la tête de Méduse (de 1545 à 1554), exposé à Florence, loggia del Lanzi. Pierre Puget a donné un marbre Persée et Andromède (1684), exposé au Musée du Louvre. Antonio Canova a fait une sculpture appelée Persée tenant la tête de Méduse en 1801 qui se trouve au Musée Pio-Clementino au Vatican. Persée et la Gorgone est le titre d'une sculpture de Camille Claudel datée de 1902. C'est aussi celui d'une sculpture créée par Laurent Marqueste en 1875 (Persée et la Gorgone).
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+ Le thème de Persée combattant le monstre marin et délivrant Andromède se distingue de légendes similaires par des accessoires évoquant les autres aventures du héros : tête de Méduse, sandales d'Hermès, casque de Hadès.
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+ La représentation possible de Persée monté sur le cheval ailé Pégase, né de la mort de Méduse, n'est pas issue des récits antiques, mais d'une confusion induite par le manuscrit de l′Ovide moralisé, faisant suivre le récit de Bellérophon par celui de Persée[46]. Bien qu'Andromède soit éthiopienne, elle est presque toujours représentée extrêmement blanche de teint.[réf. nécessaire]
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+ Au cinéma, les aventures de Persée ont été adaptées librement par plusieurs péplums. En 1963, Persée l'invincible (Perseo l'invincibile), film italo-espagnol de Alberto De Martino, montre Persée affrontant Acrisios et son acolyte Galeron ainsi qu'une Méduse aux allures de plante à tentacules dotée d'un œil unique, qui peut animer et contrôler les hommes qu'elle a changées en statues ; Persée affronte aussi un monstrueux dragon. Un péplum américain inspiré de l'histoire de Persée est Le Choc des Titans, réalisé en 1981. Le Choc des titans donne lieu à un remake américain dirigé par Louis Leterrier et portant le même titre. Ce remake donne lieu à son tour à une suite, La Colère des Titans, réalisée par Jonathan Liebesman et sortie en 2012.
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+ Les premiers tomes de la série américaine de romans Percy Jackson de Rick Riordan, parue dans les années 2000, donnent lieu à des adaptations au cinéma dont la première est Percy Jackson : Le Voleur de foudre réalisé par Chris Columbus en 2010, suivi du second: Percy Jackson : La mer des monstres réalisé en 2013 par Thor Freudenthal[47]. Dans ces fictions, Percy tient son nom de Persée car, selon sa mère, c'est le seul héros à avoir eu une fin heureuse. Le troisième film n'est pas sorti.
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+ Persée est le héros du jeu d'aventure en mode texte Perseus and Andromeda développé en 1983 par Digital Fantasia, qui est une adaptation du mythe grec illustrée par des images composées de lettres et de lignes et qui est diffusé sur la plupart des ordinateurs personnels disponibles à l'époque (ZX Spectrum, Atari 8-bit, BBC Micro, Commodore 64, Commodore 16 et Oric-1).
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+ Dans le jeu vidéo God of War II, un jeu vidéo américain d'action-aventure sorti sur consoles en 2007 et qui s'inspire très librement de la mythologie grecque, Persée est l'un des « boss » que Kratos, le héros du jeu, doit affronter. Persée est armé d'une épée, un bouclier, une fronde et un casque lui permettant de devenir invisible.
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+ Persée (en grec ancien Περσεύς / Perseús), roi argien, est un héros de la mythologie grecque.
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+ Persée est le fils de Danaé, fille du roi d'Argos, Acrisios[2]. Ce dernier, averti par un oracle que son petit-fils le tuera, enferme sa fille dans une tour d'airain, ce qui n'empêche pas Zeus de la séduire sous la forme d'une pluie d'or[3]. Persée naît ainsi dans le secret. Révélé à son grand-père par ses cris, il est enfermé dans un coffre avec sa mère et jeté dans les flots, qui les portent jusqu'à l'île de Sériphos. Tous deux sont recueillis par un pêcheur nommé Dictys, qui élève le garçon comme son fils. Devenu adulte, Persée se voit confier par Polydecte, le roi de l'île, la mission de tuer la gorgone Méduse, dont le regard pétrifie ceux qu'il atteint. Vainqueur grâce aux armes magiques remises par Hermès et Athéna, il passe sur le chemin du retour par l'Éthiopie, où il rencontre la princesse Andromède, qui doit être livrée à un monstre marin en punition des paroles imprudentes de sa mère Cassiopée. Persée la délivre et l'épouse. De retour à Sériphos, il se venge de Polydecte, qui a tenté de violer sa mère Danaé. Il rejoint ensuite sa patrie, Argos, qu'Acrisios a fui par peur de l'oracle pour se réfugier à Larissa. Or, le roi de cette cité organise des jeux funebres auxquels Persée prend part. En lançant le disque, il tue accidentellement Acrisios, qui assiste aux épreuves comme spectateur. Par égard pour son défunt grand-père, Persée échange sa royauté d'Argos contre celle de Tirynthe et donne l'île de Sériphos au pêcheur.
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+ La légende de Persée a connu une grande fortune après l’Antiquité, en particulier les épisodes de Méduse et d'Andromède. Il est probable qu'elle ait influencé les légendes chrétiennes des saints pourfendeurs de dragon, comme celle de saint Georges[4]. Nombre des épisodes de la légende se retrouvent, plus ou moins déformés, dans les contes traditionnels du folklore international, et ses motifs ont fait l'objet d'une codification par Stith Thompson.
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+ Selon Pierre Chantraine, le nom de Persée est d'origine obscure[5]. Les auteurs antiques le rapprochent de πέρθω / pérthô, « détruire, mettre à sac, piller ». Selon Thalia Feldman, le radical perth- serait issu de l'indo-européen *bher-, « couper »[6].
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+ Persée est déjà mentionné chez Homère, qui le nomme le fils de Zeus et de Danaé, sans autre précision[7]. Le Catalogue des femmes ajoute que Danaé est jetée à la mer dans un coffre[8],[9], mais il faut attendre Phérécyde d'Athènes, au Ve siècle av. J.-C., pour que le récit soit complet : Acrisios, roi d'Argos, et son épouse Eurydice engendrent une fille, Danaé. L'oracle de Delphes, interrogé, lui annonce qu'il n'aura pas de fils, mais que le petit-fils que lui donnera Danaé le tuera[10]. De retour chez lui, Acrisios fait bâtir une chambre de bronze souterraine où il enferme Danaé et sa nourrice. Zeus aperçoit pourtant la jeune fille et la séduit après s'être transformé en pluie d'or[2]. Danaé donne naissance à Persée et l'élève en secret, jusqu'à ce que les cris du jeune enfant, âgé de trois ou quatre ans, trahissent son existence. Acrisios fait exécuter la nourrice et exige de savoir qui est le père de Persée. Refusant de croire les déclarations de Danaé, il la fait jeter à la mer dans un coffre, avec son fils. Le coffre est emporté par les flots jusqu'à l'île de Sériphos, où Danaé et Persée sont secourus par un pêcheur généreux, Dictys (« filet »), qui élève le garçon comme son fils.
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+ Une scholie de l’Iliade fait de Proétos, frère d'Acrisios, le véritable père de Persée, ce qui aurait été le motif de la querelle entre les deux frères[11]. Cette variante, que le scholiaste attribue à Pindare, est également citée par le pseudo-Apollodore[12]. Pindare mentionne pourtant l'histoire de la pluie d'or par ailleurs[13]. Il est possible que dans la source du scholiaste et d'Apollodore, Danaé ait été séduite par Proétos et emprisonnée par son père en punition, laissant ainsi le champ libre à Zeus[14]. La variante suivant laquelle Danaé est enfermée dans une tour plutôt que dans une chambre souterraine remonte à Horace[15], suivi par Ovide[16].
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+ Toujours selon Phérécyde, Dictys est le frère du roi de l'île, Polydecte[17]. Alors que Persée a atteint l'âge adulte, Polydecte aperçoit Danaé et s'éprend d'elle. Il organise un eranos, c'est-à-dire un banquet où chacun apporte sa contribution, auquel il convie le jeune homme. Polydecte feint d'avoir besoin de présents pour les noces d'Hippodamie, fille d'Œnomaos. À la demande de Persée, Polydecte précise qu'il veut des chevaux ; le jeune homme répond alors qu'il apportera la tête de la Gorgone – pour fanfaronner, précise Apollodore[18]. Polydecte le prend au mot et quand Persée apporte un cheval le lendemain, il refuse et insiste pour obtenir la tête de la Gorgone, menaçant de s'emparer de Danaé si le jeune homme ne s'exécute pas.
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+ Le récit de Phérécyde n'est pas très clair : on ne comprend pas bien quelle était l'intention initiale de Polydecte en organisant le banquet, car il ne pouvait pas prévoir que Persée évoquerait Méduse. Des auteurs modernes expliquent que Polydecte réclame un cheval à Persée en sachant très bien que celui-ci n'en possède pas[19], mais cet élément ne se retrouve dans aucune source ancienne[20].
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+ La décapitation de Méduse par Persée ne figure pas chez Homère, mais elle apparaît dès la Théogonie d'Hésiode : Méduse, fille de Céto et Phorcys, est la seule des trois Gorgones à être mortelle et à être séduite par Poséidon ; elle est décapitée par Persée sur les bords d'Océan, et de son sang naissent le cheval ailé Pégase et le géant Chrysaor à l'épée d'or[21]. Le Bouclier d'Héraclès montre Persée équipé du casque d'Hadès, poursuivi par les Gorgones après avoir décapité Méduse, dont la tête est enfermée dans un sac à franges d'or qu'il porte sur son dos[22].
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+ Un récit plus complet se trouve chez Phérécyde. Persée, à qui Polydecte, roi amoureux de sa mère, a réclamé la tête de Méduse afin de l'éloigner, se retire pour se lamenter. Hermès lui apparaît et, après avoir appris la cause de son chagrin, le mène chez les Grées, en compagnie d'Athéna. Sur les conseils divins, Persée vole l'unique œil et l'unique dent dont les trois sœurs sont pourvues, et qu'elles se passent de l'une à l'autre. Les Grées sont contraintes d'aider Persée pour récupérer leur bien et lui indiquent l'endroit où il pourra trouver les nymphes qui détiennent trois objets magiques : la kunée ou casque d'Hadès, qui rend invisible son porteur, une paire de sandales ailées qui permet de voler dans les airs et une besace (en grec ancien, kibisis) destinée à recueillir la tête de Méduse. Persée leur rend alors œil et dent et part trouver les nymphes pour obtenir les trois objets. Grâce aux sandales, Persée gagne les bords d'Océan où résident les Gorgones, toujours accompagné par Hermès et Athéna qui lui recommandent de ne pas rencontrer le regard de Méduse. Persée coiffé du casque d'Hadès s'approche des Gorgones endormies, tranche la tête de Méduse[23], qu'il met dans la besace et s'enfuit, talonné par les deux autres Gorgones réveillées, qui suivent son odeur.
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23
+ Le récit est simplifié chez Eschyle, qui ne mentionne pas les nymphes : Persée y reçoit une épée d'Héphaïstos[24] et Hermès fournit lui-même les sandales ailées et le casque d'Hadès. Les Grées y sont les gardiennes des Gorgones, ce qui pousse Persée à jeter leur œil dans le lac Triton, pour les empêcher de prévenir leurs sœurs de son approche[25]. Apollodore ajoute au récit de Phérécyde quelques détails : Hermès donne à Persée une épée courbe et Athéna aide Persée à décapiter Méduse en tendant un bouclier poli comme un miroir[18], idée qu'on trouve pour la première fois chez Ovide[26].
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25
+ Dans la version d'Ovide[27], Persée revient en Grèce en passant par le pays d'Atlas. Celui-ci apprend que Persée est un fils de Zeus et tente de l'éloigner par la force, car Thémis lui a prédit qu'un fils de Zeus volerait un jour les pommes d'or du jardin des Hespérides. Persée, en colère, pétrifie Atlas en lui montrant la tête de Méduse, et le transforme en une chaîne de montagnes sur laquelle repose le ciel. Cette légende, probablement assez tardive[28], s'oppose à la version plus connue de la quête des pommes d'or entreprise par Héraclès dans laquelle Atlas est toujours vivant après plusieurs générations.
26
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27
+ Isabelle Turcan[29] interprète la légende de Persée, victorieux de la gorgone Méduse comme un mythe cosmologique, celui d'un génie solaire vainqueur du règne de l'hiver. Les Grées comme les Gorgones sont liées au monde noir d'Ouranos, respectivement les premières sont du pays de la nuit et les Gorgones résident à l'extrême occident là où chaque jour disparaît le soleil. Le pouvoir pétrifiant du regard de Méduse est celui du gel.
28
+
29
+ Le Catalogue des femmes mentionne le mariage de Persée et d'Andromède[8] et l'épisode d'Andromède apparaît pour la première fois sur un vase corinthien à figures noires de 575-570 av. J.-C. environ, c'est-à-dire avant les premières traces de l'histoire de Méduse[30]. Le premier récit développé semble être celui de Phérécyde, préservé chez Apollodore, puis Sophocle et Euripide consacrent à la légende des tragédies intitulées Andromède, dont il ne subsiste plus que des fragments.
30
+
31
+ Cassiopée, mère d'Andromède, s'est vantée que sa fille soit plus belle que les Néréides. En punition, Poséidon envoie un monstre marin qui ravage le pays. Après avoir interrogé l'oracle d'Ammon, Céphée, roi d'Éthiopie et mari de Cassiopée, doit offrir sa fille en sacrifice. Persée arrive et, après avoir débattu avec Céphée, libère la jeune fille. Des amphores corinthiennes du VIe siècle av. J.-C. montrent Persée tenant Andromède par la main et repoussant le monstre marin à coups de pierre. Chez Ovide et les peintres sur vase postérieurs, Persée le tue à coup d'épée[31]. Le recours à la tête de Méduse pour pétrifier le monstre n'apparaît pas avant Lucien de Samosate[32],[33](IIe siècle).
32
+
33
+ Persée épouse Andromède bien qu'elle ait été promise à Phinée, le frère de Céphée. Une querelle éclate lors des noces entre les deux hommes et Persée change Phinée en pierre grâce à la tête de la Gorgone[34]. Chez Hygin, Agénor et non Phinée est le prétendant malheureux d'Andromède ; il est difficile de déterminer s'il s'agit d'une véritable variante ou d'une confusion de l'auteur[31]. Andromède donne à Persée plusieurs enfants. Homère[35] et le Catalogue des femmes[8] citent seulement Sthénélos. La tradition ultérieure, notamment Apollodore, nomment également Persès, que Persée confie à Céphée[35], Alcée, Héléos, Mestor, Électryon, et une fille, Gorgophoné (« la tueuse de Gorgone »)[36].
34
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+ À Sériphos, il délivra sa mère de Polydecte en se servant de nouveau de la tête de Méduse, changeant ainsi en pierre le roi et ses partisans. Persée laissa à Dictys le pouvoir sur Sériphos et se rendit avec Andromède à Argos, royaume d'Acrisios. Celui-ci, apprenant la venue de son petit-fils, s'enfuit à Larissa en Thessalie, par crainte que la prophétie ne se réalise. De retour en Grèce, Persée participa à des jeux funèbres que le roi thessalien Teutamidès donnait en l'honneur de son père et auxquels assistait Acrisios. Dépassant sa cible au lancer du disque, il frappa et tua accidentellement le vieillard, accomplissant ainsi la prophétie.
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+ Ovide rapporte que revenant à Argos, Persée découvrit que Proétos, le frère jumeau d'Acrisios, et selon certains, le père véritable de Persée, avait usurpé le trône de son frère. Le héros le tua en le transformant en rocher et monta sur le trône de la ville. Mais il préféra ne pas régner sur Argos, ayant tué le roi précédent. Il échangea donc son royaume contre celui de Tirynthe dont le roi était Mégapenthès et il y fonda les villes de Mycènes et de Midée.
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+ Comme la tâche de Persée était accomplie, Athéna lui recommanda de remettre les objets magiques à Hermès, qui les rendrait à leurs propriétaires respectifs. Selon certaines traditions, Athéna conserva le bouclier sur lequel elle plaça la tête de la Gorgone. Persée se rendit en Asie, où son fils Persès devint le fondateur légendaire de l'empire des Perses, à qui il donna son nom ; Platon dit que les Perses descendent de lui[37],[38] et Xénophon rapporte dans sa Cyropédie[39] que Cyrus II descend de lui.
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+ Hygin donne toutefois une version très différente de ces événements mythiques. Pour lui, Polydecte fut un roi paisible qui épousa Danaé et mit Persée au service d'Athéna. D'autre part, Acrisios fut tué accidentellement par le jeune homme à Sériphos, pendant les jeux funèbres en l'honneur de Polydecte. Hygin indiqua aussi, rejoignant la version d'Ovide, que Persée fut tué par Mégapenthès, qui vengeait la mort de son père Proétos.
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43
+ On raconte que Persée se querella avec les suivantes de Dionysos, dont le culte fut introduit en Argolide à la même époque. Persée a également lancé une statue dans le lac de Lerne et a livré combat contre une certaine « Femme de la Mer ». Athéna place Andromède et Céphée au nombre des constellations du ciel et Zeus fait de même avec Persée et le monstre marin[40],[41].
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+ Si le mythe de Persée n'est attesté dans des textes conservés qu'à partir du Ve siècle av. J.-C., il est probablement plus ancien. Au IVe siècle av. J.-C., un personnage de la Samienne de Ménandre s'exclame ainsi : « N'as-tu pas entendu ce qu'ils racontent, ça, dis-moi, Nicératos, les poètes tragiques, comment, après s'être changé en or, Zeus s'est laissé couler à travers un toit jusqu'à une recluse, toute jeunette, pour la séduire ? »[42]
46
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47
+ Persée est en effet un sujet très fréquent à l'époque classique. Simonide de Céos chante dans l'un de ses poèmes la lamentation de Danaé, enfermée dans le coffre, et son appel à Zeus[43]. Eschyle consacre à Danaé et Persée une trilogie complète. On ne connaît des tragédies que deux titres, Les Phorcydes et Polydecte, et quelques fragments[14]. Le drame satyrique qui complétait la trilogie est mieux conservé ; intitulé Les Satyres tireurs de filets, il évoque le sauvetage de Danaé et Persée par Dictys. Sophocle compose également un Acrisios, une Danaé et Les Gens de Larisa, qui forment probablement une trilogie et qui ne survivent qu'à l'état de fragments. Les deux premières pièces portent probablement sur la décision respectivement d'enfermer Danaé puis de tuer Persée, tandis que la dernière évoque la mort d'Acrisios, tué involontairement par Persée. La Danaé d'Euripide raconte la séduction de la jeune fille par Zeus et sa punition.[réf. nécessaire]
48
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49
+ Dans The Folktale (voir Bibliographie), Stith Thompson signale une étude de Hartland[44] sur la légende de Persée, dans laquelle l'auteur compare des contes traditionnels du monde entier sur ce thème ; il met notamment la légende en relation avec les contes-types du Tueur de dragons (AT 300) et des Deux Frères (AT 303), même s'il n'est pas possible de garantir que ces contes dérivent directement de la légende. Thompson mentionne divers motifs que l'on retrouve aussi bien dans la légende grecque que dans de nombreux contes populaires, ainsi : T511 (naissance surnaturelle du héros), S301 (le héros persécuté et abandonné en compagnie de sa mère)[45], K333.2 (l'œil unique dérobé aux Phorcydes), D581 (la victoire sur Méduse au regard pétrifiant), T68.1 (la libération de l'héroïne livrée au monstre marin). Des motifs tels que la jeune fille enfermée dans la tour, les sandales ailées ou le casque d'invisibilité trouvent également écho dans les contes.
50
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51
+ Les diverses aventures de Persée ont fourni des sujets à la peinture et à la sculpture de la Renaissance au néo-classisisme et même jusqu'à l'époque contemporaine. Parmi les principaux artistes qui lui ont consacré des ouvrages, il faut citer :
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+ À ces noms s'ajoutent ceux de Pierre Puget, Pablo Picasso et Salvador Dalí.
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+ Dans le domaine de la sculpture, Benvenuto Cellini a réalisé un bronze, Persée tenant la tête de Méduse (de 1545 à 1554), exposé à Florence, loggia del Lanzi. Pierre Puget a donné un marbre Persée et Andromède (1684), exposé au Musée du Louvre. Antonio Canova a fait une sculpture appelée Persée tenant la tête de Méduse en 1801 qui se trouve au Musée Pio-Clementino au Vatican. Persée et la Gorgone est le titre d'une sculpture de Camille Claudel datée de 1902. C'est aussi celui d'une sculpture créée par Laurent Marqueste en 1875 (Persée et la Gorgone).
56
+
57
+ Le thème de Persée combattant le monstre marin et délivrant Andromède se distingue de légendes similaires par des accessoires évoquant les autres aventures du héros : tête de Méduse, sandales d'Hermès, casque de Hadès.
58
+ La représentation possible de Persée monté sur le cheval ailé Pégase, né de la mort de Méduse, n'est pas issue des récits antiques, mais d'une confusion induite par le manuscrit de l′Ovide moralisé, faisant suivre le récit de Bellérophon par celui de Persée[46]. Bien qu'Andromède soit éthiopienne, elle est presque toujours représentée extrêmement blanche de teint.[réf. nécessaire]
59
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60
+ Au cinéma, les aventures de Persée ont été adaptées librement par plusieurs péplums. En 1963, Persée l'invincible (Perseo l'invincibile), film italo-espagnol de Alberto De Martino, montre Persée affrontant Acrisios et son acolyte Galeron ainsi qu'une Méduse aux allures de plante à tentacules dotée d'un œil unique, qui peut animer et contrôler les hommes qu'elle a changées en statues ; Persée affronte aussi un monstrueux dragon. Un péplum américain inspiré de l'histoire de Persée est Le Choc des Titans, réalisé en 1981. Le Choc des titans donne lieu à un remake américain dirigé par Louis Leterrier et portant le même titre. Ce remake donne lieu à son tour à une suite, La Colère des Titans, réalisée par Jonathan Liebesman et sortie en 2012.
61
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62
+ Les premiers tomes de la série américaine de romans Percy Jackson de Rick Riordan, parue dans les années 2000, donnent lieu à des adaptations au cinéma dont la première est Percy Jackson : Le Voleur de foudre réalisé par Chris Columbus en 2010, suivi du second: Percy Jackson : La mer des monstres réalisé en 2013 par Thor Freudenthal[47]. Dans ces fictions, Percy tient son nom de Persée car, selon sa mère, c'est le seul héros à avoir eu une fin heureuse. Le troisième film n'est pas sorti.
63
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+ Persée est le héros du jeu d'aventure en mode texte Perseus and Andromeda développé en 1983 par Digital Fantasia, qui est une adaptation du mythe grec illustrée par des images composées de lettres et de lignes et qui est diffusé sur la plupart des ordinateurs personnels disponibles à l'époque (ZX Spectrum, Atari 8-bit, BBC Micro, Commodore 64, Commodore 16 et Oric-1).
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+ Dans le jeu vidéo God of War II, un jeu vidéo américain d'action-aventure sorti sur consoles en 2007 et qui s'inspire très librement de la mythologie grecque, Persée est l'un des « boss » que Kratos, le héros du jeu, doit affronter. Persée est armé d'une épée, un bouclier, une fronde et un casque lui permettant de devenir invisible.
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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+ Persée (en grec ancien Περσεύς / Perseús), roi argien, est un héros de la mythologie grecque.
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+ Persée est le fils de Danaé, fille du roi d'Argos, Acrisios[2]. Ce dernier, averti par un oracle que son petit-fils le tuera, enferme sa fille dans une tour d'airain, ce qui n'empêche pas Zeus de la séduire sous la forme d'une pluie d'or[3]. Persée naît ainsi dans le secret. Révélé à son grand-père par ses cris, il est enfermé dans un coffre avec sa mère et jeté dans les flots, qui les portent jusqu'à l'île de Sériphos. Tous deux sont recueillis par un pêcheur nommé Dictys, qui élève le garçon comme son fils. Devenu adulte, Persée se voit confier par Polydecte, le roi de l'île, la mission de tuer la gorgone Méduse, dont le regard pétrifie ceux qu'il atteint. Vainqueur grâce aux armes magiques remises par Hermès et Athéna, il passe sur le chemin du retour par l'Éthiopie, où il rencontre la princesse Andromède, qui doit être livrée à un monstre marin en punition des paroles imprudentes de sa mère Cassiopée. Persée la délivre et l'épouse. De retour à Sériphos, il se venge de Polydecte, qui a tenté de violer sa mère Danaé. Il rejoint ensuite sa patrie, Argos, qu'Acrisios a fui par peur de l'oracle pour se réfugier à Larissa. Or, le roi de cette cité organise des jeux funebres auxquels Persée prend part. En lançant le disque, il tue accidentellement Acrisios, qui assiste aux épreuves comme spectateur. Par égard pour son défunt grand-père, Persée échange sa royauté d'Argos contre celle de Tirynthe et donne l'île de Sériphos au pêcheur.
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+ La légende de Persée a connu une grande fortune après l’Antiquité, en particulier les épisodes de Méduse et d'Andromède. Il est probable qu'elle ait influencé les légendes chrétiennes des saints pourfendeurs de dragon, comme celle de saint Georges[4]. Nombre des épisodes de la légende se retrouvent, plus ou moins déformés, dans les contes traditionnels du folklore international, et ses motifs ont fait l'objet d'une codification par Stith Thompson.
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+ Selon Pierre Chantraine, le nom de Persée est d'origine obscure[5]. Les auteurs antiques le rapprochent de πέρθω / pérthô, « détruire, mettre à sac, piller ». Selon Thalia Feldman, le radical perth- serait issu de l'indo-européen *bher-, « couper »[6].
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11
+ Persée est déjà mentionné chez Homère, qui le nomme le fils de Zeus et de Danaé, sans autre précision[7]. Le Catalogue des femmes ajoute que Danaé est jetée à la mer dans un coffre[8],[9], mais il faut attendre Phérécyde d'Athènes, au Ve siècle av. J.-C., pour que le récit soit complet : Acrisios, roi d'Argos, et son épouse Eurydice engendrent une fille, Danaé. L'oracle de Delphes, interrogé, lui annonce qu'il n'aura pas de fils, mais que le petit-fils que lui donnera Danaé le tuera[10]. De retour chez lui, Acrisios fait bâtir une chambre de bronze souterraine où il enferme Danaé et sa nourrice. Zeus aperçoit pourtant la jeune fille et la séduit après s'être transformé en pluie d'or[2]. Danaé donne naissance à Persée et l'élève en secret, jusqu'à ce que les cris du jeune enfant, âgé de trois ou quatre ans, trahissent son existence. Acrisios fait exécuter la nourrice et exige de savoir qui est le père de Persée. Refusant de croire les déclarations de Danaé, il la fait jeter à la mer dans un coffre, avec son fils. Le coffre est emporté par les flots jusqu'à l'île de Sériphos, où Danaé et Persée sont secourus par un pêcheur généreux, Dictys (« filet »), qui élève le garçon comme son fils.
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+ Une scholie de l’Iliade fait de Proétos, frère d'Acrisios, le véritable père de Persée, ce qui aurait été le motif de la querelle entre les deux frères[11]. Cette variante, que le scholiaste attribue à Pindare, est également citée par le pseudo-Apollodore[12]. Pindare mentionne pourtant l'histoire de la pluie d'or par ailleurs[13]. Il est possible que dans la source du scholiaste et d'Apollodore, Danaé ait été séduite par Proétos et emprisonnée par son père en punition, laissant ainsi le champ libre à Zeus[14]. La variante suivant laquelle Danaé est enfermée dans une tour plutôt que dans une chambre souterraine remonte à Horace[15], suivi par Ovide[16].
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+ Toujours selon Phérécyde, Dictys est le frère du roi de l'île, Polydecte[17]. Alors que Persée a atteint l'âge adulte, Polydecte aperçoit Danaé et s'éprend d'elle. Il organise un eranos, c'est-à-dire un banquet où chacun apporte sa contribution, auquel il convie le jeune homme. Polydecte feint d'avoir besoin de présents pour les noces d'Hippodamie, fille d'Œnomaos. À la demande de Persée, Polydecte précise qu'il veut des chevaux ; le jeune homme répond alors qu'il apportera la tête de la Gorgone – pour fanfaronner, précise Apollodore[18]. Polydecte le prend au mot et quand Persée apporte un cheval le lendemain, il refuse et insiste pour obtenir la tête de la Gorgone, menaçant de s'emparer de Danaé si le jeune homme ne s'exécute pas.
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+ Le récit de Phérécyde n'est pas très clair : on ne comprend pas bien quelle était l'intention initiale de Polydecte en organisant le banquet, car il ne pouvait pas prévoir que Persée évoquerait Méduse. Des auteurs modernes expliquent que Polydecte réclame un cheval à Persée en sachant très bien que celui-ci n'en possède pas[19], mais cet élément ne se retrouve dans aucune source ancienne[20].
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+ La décapitation de Méduse par Persée ne figure pas chez Homère, mais elle apparaît dès la Théogonie d'Hésiode : Méduse, fille de Céto et Phorcys, est la seule des trois Gorgones à être mortelle et à être séduite par Poséidon ; elle est décapitée par Persée sur les bords d'Océan, et de son sang naissent le cheval ailé Pégase et le géant Chrysaor à l'épée d'or[21]. Le Bouclier d'Héraclès montre Persée équipé du casque d'Hadès, poursuivi par les Gorgones après avoir décapité Méduse, dont la tête est enfermée dans un sac à franges d'or qu'il porte sur son dos[22].
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+ Un récit plus complet se trouve chez Phérécyde. Persée, à qui Polydecte, roi amoureux de sa mère, a réclamé la tête de Méduse afin de l'éloigner, se retire pour se lamenter. Hermès lui apparaît et, après avoir appris la cause de son chagrin, le mène chez les Grées, en compagnie d'Athéna. Sur les conseils divins, Persée vole l'unique œil et l'unique dent dont les trois sœurs sont pourvues, et qu'elles se passent de l'une à l'autre. Les Grées sont contraintes d'aider Persée pour récupérer leur bien et lui indiquent l'endroit où il pourra trouver les nymphes qui détiennent trois objets magiques : la kunée ou casque d'Hadès, qui rend invisible son porteur, une paire de sandales ailées qui permet de voler dans les airs et une besace (en grec ancien, kibisis) destinée à recueillir la tête de Méduse. Persée leur rend alors œil et dent et part trouver les nymphes pour obtenir les trois objets. Grâce aux sandales, Persée gagne les bords d'Océan où résident les Gorgones, toujours accompagné par Hermès et Athéna qui lui recommandent de ne pas rencontrer le regard de Méduse. Persée coiffé du casque d'Hadès s'approche des Gorgones endormies, tranche la tête de Méduse[23], qu'il met dans la besace et s'enfuit, talonné par les deux autres Gorgones réveillées, qui suivent son odeur.
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+ Le récit est simplifié chez Eschyle, qui ne mentionne pas les nymphes : Persée y reçoit une épée d'Héphaïstos[24] et Hermès fournit lui-même les sandales ailées et le casque d'Hadès. Les Grées y sont les gardiennes des Gorgones, ce qui pousse Persée à jeter leur œil dans le lac Triton, pour les empêcher de prévenir leurs sœurs de son approche[25]. Apollodore ajoute au récit de Phérécyde quelques détails : Hermès donne à Persée une épée courbe et Athéna aide Persée à décapiter Méduse en tendant un bouclier poli comme un miroir[18], idée qu'on trouve pour la première fois chez Ovide[26].
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+ Dans la version d'Ovide[27], Persée revient en Grèce en passant par le pays d'Atlas. Celui-ci apprend que Persée est un fils de Zeus et tente de l'éloigner par la force, car Thémis lui a prédit qu'un fils de Zeus volerait un jour les pommes d'or du jardin des Hespérides. Persée, en colère, pétrifie Atlas en lui montrant la tête de Méduse, et le transforme en une chaîne de montagnes sur laquelle repose le ciel. Cette légende, probablement assez tardive[28], s'oppose à la version plus connue de la quête des pommes d'or entreprise par Héraclès dans laquelle Atlas est toujours vivant après plusieurs générations.
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+ Isabelle Turcan[29] interprète la légende de Persée, victorieux de la gorgone Méduse comme un mythe cosmologique, celui d'un génie solaire vainqueur du règne de l'hiver. Les Grées comme les Gorgones sont liées au monde noir d'Ouranos, respectivement les premières sont du pays de la nuit et les Gorgones résident à l'extrême occident là où chaque jour disparaît le soleil. Le pouvoir pétrifiant du regard de Méduse est celui du gel.
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+ Le Catalogue des femmes mentionne le mariage de Persée et d'Andromède[8] et l'épisode d'Andromède apparaît pour la première fois sur un vase corinthien à figures noires de 575-570 av. J.-C. environ, c'est-à-dire avant les premières traces de l'histoire de Méduse[30]. Le premier récit développé semble être celui de Phérécyde, préservé chez Apollodore, puis Sophocle et Euripide consacrent à la légende des tragédies intitulées Andromède, dont il ne subsiste plus que des fragments.
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+ Cassiopée, mère d'Andromède, s'est vantée que sa fille soit plus belle que les Néréides. En punition, Poséidon envoie un monstre marin qui ravage le pays. Après avoir interrogé l'oracle d'Ammon, Céphée, roi d'Éthiopie et mari de Cassiopée, doit offrir sa fille en sacrifice. Persée arrive et, après avoir débattu avec Céphée, libère la jeune fille. Des amphores corinthiennes du VIe siècle av. J.-C. montrent Persée tenant Andromède par la main et repoussant le monstre marin à coups de pierre. Chez Ovide et les peintres sur vase postérieurs, Persée le tue à coup d'épée[31]. Le recours à la tête de Méduse pour pétrifier le monstre n'apparaît pas avant Lucien de Samosate[32],[33](IIe siècle).
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+ Persée épouse Andromède bien qu'elle ait été promise à Phinée, le frère de Céphée. Une querelle éclate lors des noces entre les deux hommes et Persée change Phinée en pierre grâce à la tête de la Gorgone[34]. Chez Hygin, Agénor et non Phinée est le prétendant malheureux d'Andromède ; il est difficile de déterminer s'il s'agit d'une véritable variante ou d'une confusion de l'auteur[31]. Andromède donne à Persée plusieurs enfants. Homère[35] et le Catalogue des femmes[8] citent seulement Sthénélos. La tradition ultérieure, notamment Apollodore, nomment également Persès, que Persée confie à Céphée[35], Alcée, Héléos, Mestor, Électryon, et une fille, Gorgophoné (« la tueuse de Gorgone »)[36].
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+ À Sériphos, il délivra sa mère de Polydecte en se servant de nouveau de la tête de Méduse, changeant ainsi en pierre le roi et ses partisans. Persée laissa à Dictys le pouvoir sur Sériphos et se rendit avec Andromède à Argos, royaume d'Acrisios. Celui-ci, apprenant la venue de son petit-fils, s'enfuit à Larissa en Thessalie, par crainte que la prophétie ne se réalise. De retour en Grèce, Persée participa à des jeux funèbres que le roi thessalien Teutamidès donnait en l'honneur de son père et auxquels assistait Acrisios. Dépassant sa cible au lancer du disque, il frappa et tua accidentellement le vieillard, accomplissant ainsi la prophétie.
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+ Ovide rapporte que revenant à Argos, Persée découvrit que Proétos, le frère jumeau d'Acrisios, et selon certains, le père véritable de Persée, avait usurpé le trône de son frère. Le héros le tua en le transformant en rocher et monta sur le trône de la ville. Mais il préféra ne pas régner sur Argos, ayant tué le roi précédent. Il échangea donc son royaume contre celui de Tirynthe dont le roi était Mégapenthès et il y fonda les villes de Mycènes et de Midée.
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+ Comme la tâche de Persée était accomplie, Athéna lui recommanda de remettre les objets magiques à Hermès, qui les rendrait à leurs propriétaires respectifs. Selon certaines traditions, Athéna conserva le bouclier sur lequel elle plaça la tête de la Gorgone. Persée se rendit en Asie, où son fils Persès devint le fondateur légendaire de l'empire des Perses, à qui il donna son nom ; Platon dit que les Perses descendent de lui[37],[38] et Xénophon rapporte dans sa Cyropédie[39] que Cyrus II descend de lui.
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+ Hygin donne toutefois une version très différente de ces événements mythiques. Pour lui, Polydecte fut un roi paisible qui épousa Danaé et mit Persée au service d'Athéna. D'autre part, Acrisios fut tué accidentellement par le jeune homme à Sériphos, pendant les jeux funèbres en l'honneur de Polydecte. Hygin indiqua aussi, rejoignant la version d'Ovide, que Persée fut tué par Mégapenthès, qui vengeait la mort de son père Proétos.
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+ On raconte que Persée se querella avec les suivantes de Dionysos, dont le culte fut introduit en Argolide à la même époque. Persée a également lancé une statue dans le lac de Lerne et a livré combat contre une certaine « Femme de la Mer ». Athéna place Andromède et Céphée au nombre des constellations du ciel et Zeus fait de même avec Persée et le monstre marin[40],[41].
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+ Si le mythe de Persée n'est attesté dans des textes conservés qu'à partir du Ve siècle av. J.-C., il est probablement plus ancien. Au IVe siècle av. J.-C., un personnage de la Samienne de Ménandre s'exclame ainsi : « N'as-tu pas entendu ce qu'ils racontent, ça, dis-moi, Nicératos, les poètes tragiques, comment, après s'être changé en or, Zeus s'est laissé couler à travers un toit jusqu'à une recluse, toute jeunette, pour la séduire ? »[42]
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+ Persée est en effet un sujet très fréquent à l'époque classique. Simonide de Céos chante dans l'un de ses poèmes la lamentation de Danaé, enfermée dans le coffre, et son appel à Zeus[43]. Eschyle consacre à Danaé et Persée une trilogie complète. On ne connaît des tragédies que deux titres, Les Phorcydes et Polydecte, et quelques fragments[14]. Le drame satyrique qui complétait la trilogie est mieux conservé ; intitulé Les Satyres tireurs de filets, il évoque le sauvetage de Danaé et Persée par Dictys. Sophocle compose également un Acrisios, une Danaé et Les Gens de Larisa, qui forment probablement une trilogie et qui ne survivent qu'à l'état de fragments. Les deux premières pièces portent probablement sur la décision respectivement d'enfermer Danaé puis de tuer Persée, tandis que la dernière évoque la mort d'Acrisios, tué involontairement par Persée. La Danaé d'Euripide raconte la séduction de la jeune fille par Zeus et sa punition.[réf. nécessaire]
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+ Dans The Folktale (voir Bibliographie), Stith Thompson signale une étude de Hartland[44] sur la légende de Persée, dans laquelle l'auteur compare des contes traditionnels du monde entier sur ce thème ; il met notamment la légende en relation avec les contes-types du Tueur de dragons (AT 300) et des Deux Frères (AT 303), même s'il n'est pas possible de garantir que ces contes dérivent directement de la légende. Thompson mentionne divers motifs que l'on retrouve aussi bien dans la légende grecque que dans de nombreux contes populaires, ainsi : T511 (naissance surnaturelle du héros), S301 (le héros persécuté et abandonné en compagnie de sa mère)[45], K333.2 (l'œil unique dérobé aux Phorcydes), D581 (la victoire sur Méduse au regard pétrifiant), T68.1 (la libération de l'héroïne livrée au monstre marin). Des motifs tels que la jeune fille enfermée dans la tour, les sandales ailées ou le casque d'invisibilité trouvent également écho dans les contes.
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+ Les diverses aventures de Persée ont fourni des sujets à la peinture et à la sculpture de la Renaissance au néo-classisisme et même jusqu'à l'époque contemporaine. Parmi les principaux artistes qui lui ont consacré des ouvrages, il faut citer :
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+ À ces noms s'ajoutent ceux de Pierre Puget, Pablo Picasso et Salvador Dalí.
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+ Dans le domaine de la sculpture, Benvenuto Cellini a réalisé un bronze, Persée tenant la tête de Méduse (de 1545 à 1554), exposé à Florence, loggia del Lanzi. Pierre Puget a donné un marbre Persée et Andromède (1684), exposé au Musée du Louvre. Antonio Canova a fait une sculpture appelée Persée tenant la tête de Méduse en 1801 qui se trouve au Musée Pio-Clementino au Vatican. Persée et la Gorgone est le titre d'une sculpture de Camille Claudel datée de 1902. C'est aussi celui d'une sculpture créée par Laurent Marqueste en 1875 (Persée et la Gorgone).
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+ Le thème de Persée combattant le monstre marin et délivrant Andromède se distingue de légendes similaires par des accessoires évoquant les autres aventures du héros : tête de Méduse, sandales d'Hermès, casque de Hadès.
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+ La représentation possible de Persée monté sur le cheval ailé Pégase, né de la mort de Méduse, n'est pas issue des récits antiques, mais d'une confusion induite par le manuscrit de l′Ovide moralisé, faisant suivre le récit de Bellérophon par celui de Persée[46]. Bien qu'Andromède soit éthiopienne, elle est presque toujours représentée extrêmement blanche de teint.[réf. nécessaire]
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+ Au cinéma, les aventures de Persée ont été adaptées librement par plusieurs péplums. En 1963, Persée l'invincible (Perseo l'invincibile), film italo-espagnol de Alberto De Martino, montre Persée affrontant Acrisios et son acolyte Galeron ainsi qu'une Méduse aux allures de plante à tentacules dotée d'un œil unique, qui peut animer et contrôler les hommes qu'elle a changées en statues ; Persée affronte aussi un monstrueux dragon. Un péplum américain inspiré de l'histoire de Persée est Le Choc des Titans, réalisé en 1981. Le Choc des titans donne lieu à un remake américain dirigé par Louis Leterrier et portant le même titre. Ce remake donne lieu à son tour à une suite, La Colère des Titans, réalisée par Jonathan Liebesman et sortie en 2012.
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+ Les premiers tomes de la série américaine de romans Percy Jackson de Rick Riordan, parue dans les années 2000, donnent lieu à des adaptations au cinéma dont la première est Percy Jackson : Le Voleur de foudre réalisé par Chris Columbus en 2010, suivi du second: Percy Jackson : La mer des monstres réalisé en 2013 par Thor Freudenthal[47]. Dans ces fictions, Percy tient son nom de Persée car, selon sa mère, c'est le seul héros à avoir eu une fin heureuse. Le troisième film n'est pas sorti.
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+ Persée est le héros du jeu d'aventure en mode texte Perseus and Andromeda développé en 1983 par Digital Fantasia, qui est une adaptation du mythe grec illustrée par des images composées de lettres et de lignes et qui est diffusé sur la plupart des ordinateurs personnels disponibles à l'époque (ZX Spectrum, Atari 8-bit, BBC Micro, Commodore 64, Commodore 16 et Oric-1).
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+ Dans le jeu vidéo God of War II, un jeu vidéo américain d'action-aventure sorti sur consoles en 2007 et qui s'inspire très librement de la mythologie grecque, Persée est l'un des « boss » que Kratos, le héros du jeu, doit affronter. Persée est armé d'une épée, un bouclier, une fronde et un casque lui permettant de devenir invisible.
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+ Une personnalité politique est une personne impliquée dans la vie politique. Plusieurs synonymes sont également employés, tels que femme politique, homme politique ou, familièrement, politique. Les mots politicien et politicienne sont également couramment utilisés, en particulier au Canada et en Suisse, mais peuvent présenter une connotation péjorative dans d'autres pays de la francophonie[1]. En effet, il s'emploie parfois pour parler de quelqu'un qui ne vit que de ses fonctions politiques et fait preuve d'une grande habileté dans les intrigues de la vie politique.
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+ L'expression « femme politique » est plus récente, car la majeure partie des fonctions politiques ont longtemps été exercées par des hommes, de façon exclusive ou non[citation nécessaire]. Des mesures telles que la parité ont pour objectif de faire évoluer cet état de fait. Lorsqu'une personnalité politique exerce les plus hautes fonctions exécutives, elle est connue en tant qu'homme ou femme d'État.
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+ En démocratie, les personnalités politiques sont généralement élues au suffrage universel[citation nécessaire], direct ou indirect, et occupent des postes comme :
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+ En Belgique :
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+ Au Canada :
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+ La majorité civile ou majorité légale ou encore simplement majorité est l'âge auquel un individu est juridiquement considéré comme civilement capable et responsable, c'est-à-dire essentiellement l'âge à partir duquel il est capable de s'engager par les liens d'un contrat ou d'un autre acte juridique (sauf exception).
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+ Avant cette date, l'individu est dit « mineur ». Un mineur peut être propriétaire ou être engagé par les liens d'un contrat, mais il ne peut disposer librement de sa propriété ni en principe s'engager seul (à moins d'être émancipé). Toutefois, pour adapter le statut à la progression de la maturité de l'individu, un mécanisme est proposé et appliqué dans certains pays, la pré-majorité, ouvrant partiellement les possibilités de s'engager seul.
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+ Selon les époques, l'autorité envers le mineur a été exercée par le père de famille ou par les parents (ensemble ou pas). En l'absence de parent, un tuteur est attribué au mineur, qui a pour rôle de préserver les intérêts de l'enfant.
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+ Le mineur est dit civilement « irresponsable ». Ce concept est distinct de l’irresponsabilité pénale. De même, la majorité civile est à distinguer de la nubilité (âge minimal pour se marier), majorité matrimoniale (âge minimal pour se marier sans le consentement des parents), de la majorité sexuelle, du droit de vote, de l'âge légal pour la consommation d'alcool, de l'âge préalable pour obtenir de nombreux permis (de chasser, de conduire…) ou encore pour intégrer l'armée.
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+ Il n'y a pas nécessairement de lien entre la majorité civile et le droit de vote, qui est un droit politique. En France, l'âge de la majorité civile, celui du droit de vote et celui d'être éligible coïncident depuis 2011 (sauf pour être élu sénateur), ce qui fut justifié comme étant un équilibre entre droits et devoirs d'un citoyen[6].
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+ À l'inverse, en Autriche, il est possible d'exercer son droit de vote deux ans avant d'être majeur ; en Italie, il est impossible de se présenter à une élection durant les sept années suivant la majorité civile.
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+ Le droit romain distinguait les mineurs (lat. impubères) des majeurs (pubères). Si les filles accédaient à la majorité à 12 ans et les garçons à 14 ans, obtenant ainsi une capacité pleine et entière, une protection particulière était toutefois assurée au majeur jusqu'à l'âge de 25 ans. En droit germanique, l'âge de la majorité dépendant de la maturité individuelle, variait de 10 à 18 ans.
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+ Reprenant la notion de puberté du droit romain commun pour déterminer la capacité matrimoniale, le droit ecclésiastique détermina très largement l'âge de majorité civile.
19
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+ Quel que soit son âge, un jeune résidant dans la maison de ses parents était soumis à leur autorité. Encore, les femmes n'accédaient pas à la majorité civile : elles passaient de l'autorité de leur père à celle de leur mari.
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+ L'âge de la majorité civile varie dans le monde de 15 à 21 ans. Une grande majorité des pays opte pour la majorité à 18 ans.
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+ République du Pérou
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+ (es) República del Perú
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+
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+ (qu) Piruw Republika
6
+
7
+ (ay) Piruw Suyu
8
+
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+ 12° 02′ S, 77° 01′ O
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+
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+ modifier
12
+
13
+ Le Pérou, en forme longue la république du Pérou, en espagnol Perú et República del Perú ( audio), en quechua Piruw et Piruw Republika et en aymara Piruw et Piruw Suyu, est un pays situé dans l'Ouest de l'Amérique du Sud. Entouré par l'Équateur au nord-ouest, la Colombie au nord-nord-est, le Brésil au nord-est, la Bolivie au sud-est, le Chili au sud-sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest-sud-ouest, il est le troisième pays du sous-continent par sa superficie : 1 285 220 km2, et le quatrième par sa population : environ 32 millions d'habitants.
14
+
15
+ Lima, une vaste aire urbaine de 9 millions d'habitants, est la capitale et la plus grande ville du pays. Sa capitale historique est Cuzco, dans les Andes[6], ancienne capitale de l'empire inca.
16
+
17
+ Le système politique actuel repose sur la Constitution de 1993. Depuis 2002, le Pérou a été divisé en 24 départements et un important processus de décentralisation a été mis en place. Parmi ses trois langues officielles, la plus parlée est l'espagnol, suivie du quechua et de l'aymara. Le nombre d'habitants est de 31 826 018 en 2017. Les peuples descendant des Incas, principalement Quechuas et Aymaras, représentent le groupe le plus important (45 % de la population[7]), suivis par les métis Européens/Amérindiens (37 % de la population[7]) et les descendants d'Européens (15 % de la population[7]).
18
+
19
+ Il est membre du Forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et de la Communauté andine des nations (CAN). Le sol est la monnaie nationale péruvienne depuis 1991, en remplacement de l’inti[8],[9].
20
+
21
+ Le nom « Pérou » dérive de Birú, dénomination d’un cacique qui vivait près de la baie de San Miguel (Panama), au début du XVIe siècle[10]. Lorsque des aventuriers espagnols les ont parcourus en 1522, les territoires du chef local étaient la partie la plus méridionale du Nouveau Monde. Les indigènes de la zone rapporteront quelques vagues informations sur l’existence d’un riche et lointain royaume[11]. Le nom est rapidement passé dans le langage courant de l’époque pour désigner un territoire légendaire situé tout au sud de l’isthme de Panama. Par la suite, Francisco Pizarro et ses hommes, lors de l’occupation de l’empire inca en 1532, emploieront le nom Pérou pour désigner les nouvelles terres conquises.
22
+
23
+ Le plus ancien document juridique attestant la dénomination Pérou est la Capitulation de Toledo rédigée en 1529. Dans ce texte, le roi Charles Quint concède les territoires à conquérir à Francisco Pizarro avec le titre de « gouverneur de terres et provinces du Pérou et de la ville de Tumbes »[12].
24
+
25
+ Les premiers documents historiques présentent diverses graphies du mot Perú : Virú, Berú ou Pirú. Durant quelques décennies, ces diverses formes coexistent et sont employées d’une manière interchangeable, parfois dans le même texte.
26
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27
+ Les premiers vestiges de présence humaine au Pérou ont été découverts dans la grotte Pikimachay et dateraient pour les couches les plus anciennes de 19 000 ans avant notre ère[13]. Les populations sont alors pour la plupart nomades, vivent de la chasse de camélidés et de la cueillette et s’abritent dans des grottes[14].
28
+
29
+ Durant la période archaïque tardive, les premiers villages et organisations sociales complexes apparaissent. Ils permettent l’apparition de la plus vieille ville du continent et l’une des plus anciennes du monde : Caral[15]. La cité de Caral, un grand centre urbain doté de pyramides tronquées au sommet, appartenait à un ensemble de sites archéologiques qui aurait abrité la première civilisation américaine : Caral-Supe ou Norte Chico (entre 2627 et 2100 avant notre ère[16]). Lors de fouilles, divers objets ont été exhumés, tels que des figurines anthropomorphiques en argile crue, des flûtes traversières taillées dans des os de pélican ou de condor[17], ou des cordelettes à nœuds (probablement des quipus).
30
+
31
+ Caractérisées par une nouvelle complexification de l’organisation sociale et des technologies, les cultures de la période dite de « horizon de formation » (2700-200 av. n. è) développèrent la céramique, le tissage, l’usage de l’or et du cuivre, et la construction de canaux d’irrigation et la culture en terrasse, facteurs déterminants pour l’accroissement du pouvoir étatique. Dans la culture de Chavín (~1800-300 av. n. è), la vie sociale, économique et rituelle s’organise autour des dieux féroces représentant les grands prédateurs locaux comme le jaguar, le serpent ou le caïman. Le centre cérémoniel, Chavín de Huántar, est un réseau complexe de galeries décorées par des immenses mégalithes ornés. Sur le plan iconographique, les divinités de la cosmogonie chavín seront présentes dans presque toutes les manifestations artistiques postérieures. Paracas (~800-200 av. n. è), une culture située sur une péninsule désertique portant le même nom, se distingue par ses textiles de grande valeur esthétique et scientifique.
32
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33
+ L'effondrement de la culture Chavín ira de pair avec l’affirmation de pouvoirs régionaux, caractérisés par un relatif isolement local. Chaque région abrite alors de petites entités politiques qui adoptent leurs propres modèles de développement culturel, n’ouvrant leurs frontières qu’aux échanges commerciaux. À cette période appartiennent notamment la culture Nazca (~200 av. n. è. - 600), la culture Huari (600-1000) et la culture Mochica (~100-700), l’une des plus importantes organisations politiques de l’ancien Pérou.
34
+
35
+ La période impériale, aussi appelée Règne des belligérants, succède au déclin de la civilisation Huari, dernière entité politique régionale. Divers États locaux qui tentent de dominer politiquement et parmi ces États, nous retrouvons la culture Chimú, la culture Chanca, la culture Chincha et enfin, la plus célèbre, la culture Inca. Les origines des Incas se mêlent à la légende. Probablement, ils étaient une tribu guerrière quechua du Sud de la sierra. Entre 1100 et 1300, ils se déplacent peu à peu vers le nord de la région jusqu’à la vallée fertile de Cuzco, occupée alors par des peuples aymaras[18]. L’Empire naissant se distinguait par sa condition d’État agraire, au sommet duquel se trouvait l’Inca[19].
36
+
37
+ Cependant, la véritable expansion des Incas commence en 1438, avec Pachacutec (1438-1471), qui entreprend de conquérir les terres voisines. Durant les 70 dernières années de cette période, le royaume de Cuzco forme un vaste empire qui s’étend sur toutes les Andes. Le génie de Pachacútec se manifesta avant tout dans la législation et l’administration qu’il établit dans l’Incanat[21]. Il aboutit à accomplir l’unité d’un si vaste empire grâce à trois mesures principales. Il préserva l’unité géographique de l’Empire en développant un gigantesque réseau de routes (le Qhapaq Ñan) ; puis il fit son unité linguistique en imposant le runa simi ou quechua comme langue officielle ; enfin, grâce à une organisation centrale absolue, il forma l’unité politique impériale[22]. En même temps, il créa une élite capable de l’assister dans son œuvre : les curacas. Pour faciliter la transmission des ordres et le renseignement sur l’état des provinces, on établit un système de « chasquis » ou « coureurs messagers », qui parcouraient les chemins de l’Empire.
38
+
39
+ À la fin du XVe siècle, l’Inca Pachacutec transmet le pouvoir à son fils Tupac Yupanqui († 1493), qui étend l’Empire jusqu’à l’actuel territoire équatorien. Sous le règne de son fils, Huayna Capac († 1527), les frontières de l’empire inca sont repoussées jusqu’à la frontière de l’actuelle Colombie. Une guerre de succession éclate entre les deux fils de Huayna Capac, Huascar et Atahualpa. Ce dernier est parvenu à battre les troupes de son frère, au moment où les conquistadors arrivent au Pérou.
40
+
41
+ Lorsque les troupes de Francisco Pizarro arrivèrent en 1531, l’Empire inca était déchiré par une guerre civile. Le 16 novembre 1532, durant la bataille de Cajamarca, Pizarro captura l'empereur Atahualpa et le fit exécuter. Il faudra cependant plus de quarante ans pour briser les dernières tentatives de résistance : le dernier Inca de Vilcabamba, Túpac Amaru, fut capturé et exécuté en 1572.
42
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43
+ Les Espagnols instituèrent le système de l’encomienda : les Amérindiens devaient payer un tribut, dont une partie allait à Séville. Les encomenderos étaient chargés également de les christianiser. En tant que gouverneur du Pérou, Pizarro abusa de l'encomienda en accordant à ses soldats et compagnons un pouvoir quasi illimité sur les populations indigènes qui furent obligées à travailler sans rétribution dans des mines et des champs. Pizarro fut assassiné en 1541 par une faction menée par Diego de Almagro le jeune, surnommé « el Mozo ». En 1543, le roi Charles Quint pour réagir aux luttes intestines entre les conquistadores envoya Blasco Núñez Vela en tant que premier vice-roi. Il sera à son tour tué par Gonzalo Pizarro, le frère du premier Pizarro. Finalement, un nouveau vice-roi, Pedro de la Gasca, parvint à restaurer l'ordre et exécuta Gonzalo Pizarro après sa capture. 39 vice-rois ont succédé à Núñez Vela et ont gouverné la vice-royauté entre 1544 et 1824.
44
+
45
+ Francisco de Toledo (1569-1581) fut celui qui organisa l'État colonial et fonda les « réductions » ou cités d'Indiens où ils furent regroupés. Au niveau local, les encomenderos étaient maintenant sous l'autorité des curacas. Une pyramide hiérarchique permit ainsi de contrôler toutes les villes et villages. Le recensement sous le dernier Quipucamayoc ou « maître du quipu » indiquait qu'il y avait 12 millions d'habitants dans l’empire inca. Quarante-cinq années plus tard, le recensement du vice-roi Toledo, montrait qu'il en restait 1,1 million[23]. Les villes Incas reçurent des noms catholiques et furent reconstruites selon le modèle espagnol. Elles comportaient une place centrale et une église ou cathédrale en face d'un bâtiment officiel. Quelques villes, telle Cuzco, gardèrent leurs fondations d'origine incas. Certains sites incas, tel Huánuco Viejo, furent abandonnés au profit de villes à plus basse altitude.
46
+
47
+ Après l'établissement de la vice-royauté, le Pérou devint l'une des premières sources de la richesse pour l'Espagne. La ville de Lima, fondée par Pizarro le 18 janvier 1535 sous le nom de Ciudad de los Reyes (« la Ville des Rois »), devint la capitale et une ville puissante qui avait sous sa juridiction toute l'Amérique du Sud à l'exception du Brésil dominé par les Portugais. Au XVIIe siècle, Lima abritait une université et était la principale place forte de l'Espagne sur le continent américain. Toutes les richesses coloniales passaient par Lima, puis par l'isthme de Panama avant d'arriver à Séville, en Espagne.
48
+
49
+ Au XVIIIe siècle, devant la difficulté de l'administration d'un territoire immense, seront réalisées des réformes dans la structure politique coloniale (« les réformes bourboniennes »). En 1717, la vice-royauté de Grenade fut formée : elle regroupa la Colombie, l'Équateur, le Panama et le Venezuela. En 1776, une nouvelle vice-royauté vit le jour, la vice-royauté du Río de la Plata : elle regroupait l'Argentine, la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay.
50
+
51
+ Entre 1780 et 1781, la vice-royauté du Pérou connut la plus violente insurrection de son histoire[24]. Dirigée par Túpac Amaru II, un cacique du Cuzco, l’insurrection était à l’origine une révolte fiscale, mais très vite se transforma en un mouvement qui revendiquait l’autonomie du territoire par rapport à la Couronne espagnole[25]. Túpac Amaru arriva à réunir une armée de près de 50 000 hommes, composée majoritairement d’Amérindiens et de métis. Après quelques batailles, la révolte fut écrasée de manière extrêmement violente. Le 18 mai 1781, José Gabriel Túpac Amaru II fut écartelé et décapité à Cuzco, mais il devint pendant le XIXe siècle une figure importante de la lutte pour l'indépendance et de la liberté.
52
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53
+ Le processus d’indépendance prit définitivement son élan avec le soulèvement des propriétaires terriens d'origine espagnole. José de San Martín et Simón Bolívar étaient à la tête des troupes rebelles. Après avoir débarqué dans la baie de Paracas, San Martín s'empara de Lima et déclara, le 28 juillet 1821, l'indépendance du Pérou par rapport à l'Espagne. L'émancipation devint effective en décembre 1824, lorsque le général Antonio José de Sucre battit les Espagnols dans la bataille d'Ayacucho le (9 décembre 1824). Après cette victoire, une scission sépara le pays en Haut-Pérou resté fidèle à Bolivar (maintenant, la Bolivie) et bas Pérou (le Pérou actuel). Comme le Chili, la Bolivie, Mexique, ou la Grande-Colombie, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[26] : des centaines de techniciens anglais traversent l’océan, avec leur machine à vapeur, pour les moderniser.
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+ Après la guerre Grande Colombie-Pérou (1828-1829), les conflits frontaliers entre le Pérou et l'Équateur débutèrent à partir des années 1830. Quatre guerres éclatèrent entre ces pays entre 1858 et 1995, guerre de 1858-1860 ; guerre de 1941-1942 ; la guerre du Paquisha en 1981 et la guerre du Cenepa en 1995.
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+ Malgré la domination d'une oligarchie de propriétaires terriens, l'esclavage des Noirs et le tribut des Indiens furent abolis par le caudillo Ramón Castilla (1845-1851 et 1855-1862). Entre 1840 et 1879, le guano du Pérou, récolté par des compagnies privées ou publiques sur les côtes, généra d’énormes richesses car le pays bénéficia pendant cette période du monopole mondial de ce fertilisant. La vie politique fut alors une alternance de périodes démocratiques, de coups d'État et de dictatures.
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+ L'Espagne n'abandonna pas complètement ses ambitions coloniales et fit encore de vaines tentatives comme lors de la guerre hispano-sud-américaine. Après la bataille de Callao, elle reconnut l’indépendance du pays en 1880, établit des relations diplomatiques et signa un traité de paix et d’amitié définitif la même année. La guerre contre l’Espagne marquait pour le Pérou la consolidation de son indépendance.
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+ Entre 1879 et 1883, le Pérou mena aux côtés de la Bolivie la guerre du Pacifique. La guerre éclata lorsque le Chili envahit le port bolivien d’Antofagasta. La Bolivie déclara la guerre au Chili et le Pérou, par un traité réciproque de défense, entra à son tour dans le conflit. Malgré l'infériorité navale, le capitaine du navire Huascar, Miguel Grau, maintint sous pression la flotte chilienne pendant plusieurs mois. Le Huascar fut finalement pris par les Chiliens en octobre 1879. Pendant la campagne terrestre, le Pérou connaîtra quelques victoires, mais en 1881 les troupes chiliennes entrèrent dans Lima. La guerre prit fin le 20 octobre 1883 par le traité d'Ancón et fit perdre au pays la région de Tarapacá.
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+ En 1924, depuis Mexico, des meneurs de la Réforme universitaire au Pérou et contraint à l'exil par le gouvernement fondent l'Alliance populaire révolutionnaire américaine, qui exercera une influence majeure sur la vie politique du pays. L'APRA est ainsi en grande partie une expression politique de la Réforme universitaire et des luttes ouvrières menées dans les années 1918-1920. Le mouvement puise ses influences auprès de la révolution mexicaine et de la Constitution de 1917 qui en est issu, notamment sur les questions de l'agrarisme et de l'indigénisme, et à un degré moindre de la révolution russe. Proche du marxisme (son dirigeant, Haya de la Torre, déclare en effet que « l'APRA est l'interprétation marxiste de la réalité américaine »), elle s'en éloigne pourtant sur la question de la lutte des classes et sur l'importance donnée à la lutte pour l’unité politique de l’Amérique latine. En 1928 est fondé le Parti socialiste péruvien notamment sous l'impulsion de José Carlos Mariátegui, lui-même ancien membre de l'APRA. Le parti crée peu après, en 1929, la Confédération générale des travailleurs. L'APRA, gagnant rapidement en popularité, est mise hors la loi en 1933 par le régime de Oscar R. Benavides, qui resta président jusqu'en 1939.
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+ La constitution de 1933 réservait le droit de vote aux citoyens alphabétisés; qui en 1960, ne représentaient encore que le tiers de la population adulte. Les Indiens, presque la moitié de la population, restaient des exclus et vivaient de façon misérable. Entre 1932 et 1933 a lieu la guerre avec la Colombie. Une guerre opposa le Pérou et l'Équateur entre le 5 juillet et le 31 juillet 1941. Durant cette guerre, le Pérou occupa les provinces occidentales de Loja et el Oro. Les États-Unis, le Brésil, l'Argentine et le Chili proposèrent leur médiation et le protocole fut finalement signé. Néanmoins, un nouveau conflit éclatera entre les deux pays un demi-siècle plus tard.
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+ À nouveau autorisée en 1945, l'Alliance populaire révolutionnaire américaine soutint le président José Luis Bustamante y Rivero (1945-1948) qui, renversé par le coup d'État militaire du général Manuel A. Odría d'octobre 1948, augura du début d'une dictature. Des élections sont pourtant organisées en 1962, et remportées par le candidat apriste Víctor Raúl Haya de la Torre. Toutefois, un coup d'État militaire dirigé par le général Ricardo Pérez Godoy empêcha le respect de la légalité. La junte organisa à nouveau des élections l'année suivante, qui furent remportées par Fernando Belaúnde Terry, fondateur de l'Action populaire, qui demeura en place jusqu'en 1968.
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+ Au début des années 1960, alors que près de 70 % des terres sont possédées par 2 % des propriétaires, le Pérou connait une forte mobilisation paysanne et indigène visant à obtenir une réforme agraire. Les paysans, en grande majorité des travailleurs agricoles indigènes, formèrent alors la base de syndicats ruraux engagés face à la détérioration de leurs conditions. Les paysans eurent recours à des tactiques allant de l'occupation pacifique des terres à la confrontation violente avec les grands propriétaires et les forces armées. Plusieurs petits mouvements de guérilla se constituent mais sont rapidement écrasés par le gouvernement[27].
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+ Le 3 octobre 1968, le coup d’État réformiste mené par un groupe d’officiers dirigés par le général Juan Velasco Alvarado amène l'armée au pouvoir dans le but d’appliquer une doctrine de « progrès social et développement intégral », nationaliste et réformiste, influencé par les thèses de la CEPAL sur la dépendance et le sous-développement. Six jours après le golpe, Velasco procède à la nationalisation de l’International petroleum corporation (IPC), la société nord-américaine qui exploitait le pétrole péruvien, puis lance une réforme de l’appareil d’État, une réforme agraire. Il s'agit alors de la plus grande réforme agraire jamais entreprise en Amérique latine : elle abolit le système de latifunda et modernise l'agriculture par une redistribution plus équitable des terres (90 % des paysans forment des coopératives ou des sociétés agricoles d'intérêt social). La terre devant être possédée par ceux qui la cultivent, les grands propriétaires sont expropriés. Les seules grandes propriétés permises sont de type coopératif. Entre 1969 et 1976, 325 000 familles reçoivent une terre de l'État ayant une moyenne de 73,6 acres[28]. Le « gouvernement révolutionnaire » projette aussi des investissements massifs dans l'éducation, élève la langue quechua - parlée par près de la moitié de la population mais jusque-là méprisée par les autorités - à un statut équivalent à celui de l'espagnol et instaure l'égalité des droits pour les enfants naturels.
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+ Le Pérou souhaite s’affranchir de toute dépendance et mène une politique extérieure tiers-mondiste. Les États-Unis répondent par des pressions commerciales, économiques et diplomatiques. En 1973, le Pérou semble triompher du blocus financier imposé par Washington en négociant un prêt auprès de la Banque internationale de développement afin de financer sa politique de développement agricole et minier. Les relations avec le Chili se distendent fortement après le coup d’État du général Pinochet. Le général Edgardo Mercado Jarrin (Premier ministre et commandant en chef de l’armée) et l’amiral Guillermo Faura Gaig (ministre de la marine) échappent tour à tour, à quelques semaines d'intervalle, à une tentative d'assassinat. En 1975, le général Francisco Morales Bermúdez Cerruti s’empare du pouvoir et rompt avec la politique de son prédécesseur. Son régime participe ponctuellement à l'Opération Condor en collaboration avec d'autres dictatures militaires américaines.
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+ Le Sentier lumineux apparaît dans les années 1970 dans les universités. Ces étudiants, pour beaucoup d'origines paysannes, retournent ensuite dans leurs communautés et y organisent des comités locaux du parti. L'abandon par l’État de certaines régions rurales favorise l’implantation du parti. En juin 1979, des manifestations pour la gratuité de l’enseignement sont sévèrement réprimées par l’armée : 18 personnes sont tuées selon le bilan officiel, mais des estimations non-gouvernementales évoquent plusieurs dizaines de morts. Cet événement entraîne une radicalisation des contestations politiques dans les campagnes et aboutit finalement au déclenchement de la lutte armée. Après le début de cette lutte armée, les nouvelles recrues du Sentier lumineux sont généralement des paysans peu politisés, plutôt que des militants réellement politisés[29].
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+ En 1980, Fernando Belaúnde Terry retrouve le pouvoir en remportant l'élection présidentielle. Alan García, candidat du parti Alliance populaire révolutionnaire américaine, lui succéda le 28 juillet 1985. C'était la première fois qu'un président démocratiquement élu remplaçait un autre président démocratiquement élu en 40 ans.
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+ En 1990, inquiets des attaques terroristes du Sentier lumineux et des scandales de corruption, les électeurs choisirent Alberto Fujimori. Pour lutter contre l'inflation, Fujimori adopta des mesures d'austérité très sévères. La monnaie est dévaluée de 200 %, des centaines d'entreprises publiques sont privatisées et 300 000 emplois sont supprimés. Il parvint à faire passer l'inflation de 2 700 % en 1990 à 139 % en 1991, mais la pauvreté ne recule pas[30].
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+ En raison de l'opposition des députés à certaines réformes, Alberto Fujmori dissout le 4 avril 1992 le Congrès, modifie la Constitution, fait incarcérer un certain nombre d'adversaires politiques et prend le contrôle des médias. Sa présidence est fortement marquée par l'autoritarisme, l'usage d'escadrons de la mort pour conduire des opérations anti-guérillas, la répression politique et la corruption[31]. Alberto Fujimori fait démarrer une campagne de stérilisations forcées dans certaines régions rurales du pays. Empreint d'eugénisme, le programme est essentiellement dirigé contre les populations indigènes : 330 000 femmes et 25 000 hommes en seront victimes selon un rapport du ministère de la Santé. L'objectif aurait été de juguler la démographie afin de bénéficier d'une aide économique accrue promise par les États-Unis, mais également de réduire des populations fortement défavorisées et suspectes de sympathies pour la guérilla du Sentier lumineux[32].
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+ Son bras droit Vladimiro Montesinos entretient des liens étroits avec la CIA et les services secrets qu'il dirige reçoivent 10 millions de dollars de l'agence pour soutenir les activités de contre-guérilla du gouvernement. Les ventes d'armes des États-Unis au Pérou ont par ailleurs quadruplé sous la présidence de Fujimori[33]. Les membres de la police et de l'armée impliqués dans des crimes dans le cadre du conflit contre les guérillas sont amnistiés. Alberto Fujimori se fit réélire en 1995. Mais en novembre 2000, destitué pour corruption, il s'enfuit au Japon. Valentín Paniagua Corazao fut nommé pour le remplacer provisoirement et des élections furent organisées en avril 2001. Alejandro Toledo les remporta et devint président le 28 juillet 2001.
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+ Des manifestations hostiles au projet de privatisation de deux compagnies d'électricité tournent à l'émeute à Arequipa, deuxième ville du pays, en juin 2002. L'état d'urgence est déclaré par le gouvernement. L'état d'urgence est à nouveau proclamé en mai 2003 alors que le Pérou connait une vague de protestations sociales. Alan Garcia, déjà président entre 1985 et 1990, revient au pouvoir en 2006. En juin 2009, une intervention de police contre des indigènes qui bloquent un axe routier conduit à des dizaines de morts[34].
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+ Le Pérou est une République « démocratique, sociale, indépendante et souveraine » (article 43 de la Constitution de 1993). La Constitution de 1993 consacre le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et fonde un régime présidentiel monocaméral :
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+ L’Assemblée constituante de 1822 est la première assemblée constituante péruvienne, instituée par 79 députés élus proportionnellement selon la population de chaque département. Lors de la première séance, les députés prêtèrent le serment de défendre l’intégrité territoriale du pays et « de le libérer de ses oppresseurs ». L’achèvement de l’Acte constitutionnel fut difficile : la première Constitution fut adoptée le 12 novembre 1823. Les premières constitutions établirent une démocratie nominale et censitaire, où les analphabètes et les femmes n’étaient pas habilités à voter. Le 7 septembre 1955, le Congrès de la République promulgua une loi, qui donnait pour la première fois aux femmes péruviennes le droit de voter et d’être élues.
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+ Le Pérou est considéré comme étant le quatrième pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l'environnement, après le Brésil, le Honduras et les Philippines. Les assassinats de militants écologistes y sont en augmentation ces dernières années[35].
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+ La corruption est très présente dans la vie politique péruvienne. L’affaire Odebrecht est l’affaire la plus médiatisée. 28 millions de dollars ont été versés par la multinationale brésilienne à quatre présidents péruviens (Alejandro Toledo, 2001-2006 ; Alan Garcia, 2006-2011 ; Ollanta Humala, 2011-2016 ; Pedro Pablo Kuczynski, 2016-2018) pour obtenir des chantiers considérables comme celui de la route interocéanique entre le Pérou et le Brésil[36].
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+ Les principaux partis politiques sont les suivants, par ordre décroissant du nombre de députés élus lors des élections générales de 2016 :
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+ Le 19 novembre 2002, le Pérou adopta la Loi organique de gouvernements régionaux (Ley Orgánica de Gobiernos Regionales). Point de départ de la déconcentration d’un pouvoir administratif fortement centralisé, la loi vise à définir les principes régissant les administrations régionales et détermine les compétences entre municipalités, administrations régionales et l’État. Depuis, le pays est divisé en 24 régions (divisées elles-mêmes en provinces), auxquelles il faut ajouter la province de Lima, entité au statut particulier, distincte du département Lima.
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+ Le district est la plus petite division administrative. Chaque district est dirigé par une municipalité, avec à sa tête un maire. Les gouvernements régionaux sont composés d'une présidence régionale, d'un conseil et d'un conseil de coordination :
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+ Relief : La cordillère des Andes marque et structure les paysages et la géographie du pays. Parmi les volcans importants, on y trouve Misti et Ubinas. Le Huascarán, qui s'élève à 6 768 mètres, est le point culminant du pays dans la Cordillère occidentale.
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+
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+ Il est tropical à l'est, désertique et sec à l'ouest. Les déserts côtiers sont liés à la présence d'un courant océanique sud-nord, donc froid, qui remonte la côte Pacifique en bloquant l'évaporation et la formation de perturbations pluvieuses (hormis épisodiquement lors d'épisodes El Nino). Dans les Andes (chaîne de montagnes) le climat est tempéré à froid en fonction de l'altitude.
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+
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+ Le désert du Nord du Pérou abrite aujourd'hui des terres agricoles irriguées, et des zones de forêt sèche récemment fortement dégradées par l'agriculture industrielle, l'urbanisation et la production de bois et de charbon de bois. Les écosystèmes arides de ces régions se sont adaptés à décennies presque sans pluie entrecoupées de courtes pluies torrentielles subies d'un bref reverdissement du désert, de réapparition des oiseaux et de rivières.
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+ Ces pluies ont des effets dramatiques sur une population non préparée, mais sont source de vie pour le désert. Après l'El Niño de 1997–1998 on a trouvé dans le désert des espèces sauvages proches de plantes domestiquées (tomates, poivrons, courges et pommes de terre) dont les graines pouvaient encore germer après 20 ans d'enfouissement, ainsi que des plantes cultivées par des paysans sur des sols rendus fertiles par l'eau et les alluvions[41]. La destruction de la forêt sèche a exacerbé l’érosion, les inondations et leurs effets. De même pour divers aménagements du bassin versant (dont sur les rivières canalisées, barrées et draguées) ne tenant pas compte des crues inhabituelles ; et des polluants miniers, cynégétiques, routiers, urbains et agricoles (pesticides et engrais) dont dispersés par l'eau, jusqu'à l'océan souvent, ce qui inquiète les écologues.
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+
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+ Selon B. Fraser dans la Nature (2018), « Personne n’avait prédit la catastrophe de cette année (2017) avant qu’il ne soit trop tard » et ses effets en Amérique du Sud ont été sous-estimés car si les scientifiques avaient bien prédit l'essentiel phénomène El Niño de 2015-2016, et même si le volume de précipitations de 2017 est comparable à celui de l'événement El Niño de 1997-1998, les causes en sont différentes et les scientifiques ont encore besoin de mieux comprendre le mécanisme de ces El Niños côtiers atypiques (tels que ceux des années 1920 et 1970), et de leur lien avec les cycles océaniques ou climatiques plus larges[41]. Un manque de financement a hélas freiné les études; ainsi les systèmes de surveillance installés dans des bouées océaniques par des scientifiques péruviens et équatoriens après le passage d'El Niño de 1997 à 1998 ont été vandalisés sans avoir pu être réparés et tout le réseau d'instruments océaniques d'étude de l'atmosphère océanique de la zone intertropicale souffre de détérioration et de coupures budgétaires[41].
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+ La COP 20 sur le climat a été accueillie au Pérou.
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+ Le Pérou occupe une surface de 1 285 220 km2 et possède 2 414 km de côtes.
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+ On peut distinguer trois grandes zones naturelles :
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+ Chaque zone est divisée en sous-zone nord, centrale et sud.
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+ Le versant oriental est principalement drainé par deux cours d'eau, l'Ucayali et le Marañón qui, après s'être rejoints, donnent l'Amazone. Les deux rivières captent la majeure partie des eaux du versant oriental de la Cordillère des Andes, traversent ensuite la selva péruvienne avant de confluer.
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+ Sur le versant occidental, se trouve le bassin de l'océan Pacifique, où viennent se jeter toute une série de petits fleuves descendus des hauteurs de la Cordillère. Parmi ceux-ci, l'un retient particulièrement l'attention, le Río Rímac, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, non par son débit d'eau — relativement faible — ni par la taille de son bassin, mais parce qu'il approvisionne en eau et électricité la métropole de Lima, où se concentre plus du tiers de la population du pays (10 millions d'habitants à Lima sur 32 millions[4] au Pérou). L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies, et chaque jour il devient — avec l'explosion démographique — plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans la distribution de l'eau.
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+
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+ Au sud, un troisième bassin, celui du lac Titicaca, le plus vaste lac d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable au monde, perché entre 3 600 et 4 500 mètres d'altitude sur les plus hauts plateaux andins, entre Pérou et Bolivie, draine les eaux de quatre bassins : le lac Titicaca (T), le fleuve Desaguadero (D), le lac Poopó (P) et le salar de Coipasa (S). Ces quatre bassins constituent le système TDPS, qui s'étend sur près de 140 000 km2.
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+ Le pays est sujet aux tremblements de terre. Il existe une activité volcanique dans la zone volcanique centrale des Andes située au sud du pays.
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+ Le Pérou est situé sur une faille sismique, ce qui provoque, chaque année, un certain nombre de tremblements de terre, dont l’intensité reste faible. Le pays a toutefois subi quelques séismes majeurs, ayant provoqué un grand nombre de victimes et des destructions considérables, comme celui de Yungay, en 1970, qui fit entre 25 000 et 30 000 morts.
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+ La population est préparée en cas de séisme. Régulièrement dans les écoles et les lieux de travail, des mesures de sécurité sont enseignées et des exercices d’évacuation effectués. Les inondations et glissements de terrain sont cependant principalement dus au phénomène El Niño.
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+ Le pays est doté de ressources naturelles exceptionnelles dont d'importantes ressources halieutiques (anchois péruvien), cependant instables dans le temps à cause d'El Niño.
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+ Le pays dispose de cuivre, d'argent, d'or, de pétrole, de minerai de fer, de charbon et les phosphates.
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135
+ Le Pérou est le troisième pays d'Amérique latine où les niveaux de pollution de l'air sont les plus élevés, après le Mexique et le Chili[42].
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+ Un rapport publiée en 2020 par l’Autorité nationale de l’eau (ANA) du Pérou nous révèle que les glaciers du pays ont perdu plus de 50 % de leur surface depuis les années 1960[43].
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139
+ Du fait de sa position biogéographique et d'une grande diversité climatique et topographique, il existe au Pérou des milieux très diversifiés (de la plaine à la montagne et du désert à la forêt équatoriale, abritant une faune, flore et fonge extrêmement variées. C'est l’un des dix-sept pays caractérisés par une mégadiversité biologique.
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+ Il compte 84 des 117 zones naturelles existantes au monde (72 %), abritant encore 5 872 espèces endémiques (parmi lesquelles 118 types uniques d’oiseaux, 113 espèces de reptiles et 60 variétés différentes de mammifères).
141
+
142
+ Parce que la variété d’étages d'altitude/température a obligé l'agriculteur/éleveur andin à utiliser et adapter les espèces convenant le mieux à chaque situation agrobiogéographique le pays abritait aussi de riches ressources génétiques en matière d'espèces alimentaires et utiles domestiquées, élevées et cultivées. Mais ce patrimoine est en forte et rapide régression[44].
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+ Sur les hauteurs, les lamas côtoient les alpagas et les vigognes. Le chinchilla à queue courte, présent à l’état sauvage autrefois dans les très hautes Andes a sans doute disparu aujourd’hui. Survolant les montagnes, le condor des Andes est un oiseau emblématique du Pérou et de ses montagnes.
145
+
146
+ Mais c’est dans la « selva » que la faune est la plus présente. Avec entre autres les jaguars, les tatous, les caïmans, les capybaras mais aussi des singes ou des milliers d’espèces d’insectes qui vivent dans une végétation luxuriante. La vanille, l’acajou et le caoutchouc participent à cette biodiversité.
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148
+ Le Pérou dispose d'un vaste réseaux de parcs nationaux, de réserves naturelles et de lieux historiques nationaux. L'ensemble de ces sites couvre une superficie de 18 283 508 ha, soit 14 % du territoire péruvien. L'INRENA (Institut national de ressources naturelles) gère la plupart des aires protégées[45]. Cependant, un nombre croissant d'entre elles sont administrées par les communautés autochtones et par des associations de protection de la nature.
149
+
150
+ L'Économie du Pérou est parmi les plus performantes de l'Amérique latine. Le produit national brut (PNB) est passé de 47 767 millions de dollars en 1993 à 127 598 en 2008[49]. Ce dynamisme repose principalement sur les secteurs exportateurs et sur une forte augmentation de la demande interne (12,3 % en 2008), tirée par la consommation et l’investissement public et privé[50].
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+ L’économie péruvienne dépend fortement des matières premières, qui représentent 60 % des exportations. En 2015, le Pérou est le deuxième producteur mondial d’argent, le troisième de zinc et de cuivre, le sixième d’or, et exploite aussi du gaz et du pétrole. Le pays est en revanche peu industrialisé[51]. Les grands projets miniers sur lesquels reposent le modèle économique péruvien font aussi l'objet de contestations de la part des populations rurales qui profitent peu des retombées économiques mais sont confrontées à la pollution des cours d'eau et des sols, impactant leur agriculture[36].
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+ Depuis la politique d'ouverture lancée il y a maintenant 20 ans, l'économie péruvienne a connu de profonds changements. Des privatisations, pour un total de 9,2 milliards de dollars, principalement dans les secteurs de télécommunications et de l’énergie, ont été menées entre 1990 et 2000 et il ne subsiste plus aujourd'hui qu'une quinzaine de grandes entreprises publiques. Outre la fin des contrôles de l’État, les différents gouvernements ont établi une politique monétaire restrictive, et ont mis en place un environnement fiscal favorable pour les investisseurs. Les conséquences de cette politique économique seront positives. Le taux de croissance du PIB a dépassé la barre de 9 % en 2008, après une croissance de 8,9 % en 2007[52]. Le chômage est également en baisse : 5,9 % en 2014 contre 9,4 % en 1994.
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+
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+ D'après l'économiste José Oscatégui : « l’État péruvien est faible, parfois complètement absent de certaines provinces. Le Pérou n'a donc pas la capacité de négocier avec les multinationales, et de récupérer les impôts qui pourraient alimenter des programmes sociaux. L'industrie minière, pilier de l'économie, illustre bien cette faiblesse. Malgré leur impact très lourd sur l'environnement et leurs profits record, les grands groupes qui exploitent les métaux péruviens sont taxés à hauteur de 30% de leur bénéfice, comme toute autre entreprise locale. Mais en pratique, avec les exonérations, c'est encore moins, entre 13 et 14% » La moitié des opérateurs miniers du pays a obtenu à l'époque du président Alberto Fujimori des contrats de stabilité, c'est-à-dire une garantie contre tout changement de la politique fiscale du pays[53].
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+ Après avoir connu une période d'hyperinflation au cours des années 1980, la monnaie péruvienne connaît, quant à elle, une période de stabilité par rapport au dollar et aux monnaies européennes. Le taux d’inflation moyen s’est stabilisé autour de 3 %, et reste depuis plusieurs années dans les limites de la fourchette fixée par la Banque centrale du Pérou (entre 1 % et 3 %). Le taux de dollarisation de l’économie reste toutefois élevé, s’établissant à 60 % des crédits en 2006 au secteur privé contre 82 % en 2000. Parmi les grandes orientations financières, figure un axe majeur : la restructuration de la dette publique tant extérieure qu'intérieure. Elle a permis de voir passer la part de la dette interne en 5 ans de 22 % à 29 %, traduisant la confiance des marchés dans les obligations d’État. La dette publique globale, à la fin septembre 2007, atteint 31 % du PIB. En termes de compétitivité, le Pérou est considéré aujourd'hui comme la première économie d'Amérique latine[54].
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+
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+ Si le respect des principes d'orthodoxie financière et l'amélioration de la gestion de la dette ont abouti, semble-t-il, à un rétablissement durable des équilibres macroéconomiques et à regagner la confiance des investisseurs, cependant l'économie péruvienne doit toujours affronter deux défis majeurs:
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+
162
+ . Premièrement, le pays reste vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières sur les marchés internationaux. Cette vulnérabilité implique une forte volatilité du PIB et cela peut avoir des effets potentiellement négatifs sur la croissance de long terme, sur le développement socioéconomique et sur les finances publiques.
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+ . Deuxièmement, la phase conjoncturelle doit être exploitée pour favoriser la création d’un scénario de croissance et de redistribution favorable à la lutte contre la pauvreté et au développement humain, car la société péruvienne reste fortement fragmentée, culturellement et économiquement. Ainsi, les études montrent qu'une couche importante de la population reste dans la pauvreté malgré l'essor économique notable que connaît récemment le pays. L'Institut péruvien de statistiques (INEI) avance un chiffre de 21,8 % de pauvreté pour 2015, et la pauvreté extrême (moins d'un dollar par jour) s'élève à 4,1 % pour la même année[55].
165
+
166
+ Le Pérou a conservé une agriculture diversifiée, en particulier dans les zones encore boisées: au cours de la décennie des années 2010, il a confirmé sa huitième place au palmarès des quinze plus grands producteurs mondiaux de café, derrière la Colombie et le Honduras, autre grands exportateurs d'Amérique latine.
167
+
168
+ Les travailleurs informels représentent, en 2019, 70 % du marché du travail selon l’Institut national des statistiques et de l’informatique (INEI)[56]. En 2016, près de trois millions d'enfants et adolescents travaillent dans le secteur informel[57]. Dans le secteur formel le temps de travail hebdomadaire légal est de 48 heures[58].
169
+
170
+ Un réseau routier de plus de 80 000 km relie toutes les régions du pays. La côte péruvienne est traversée du nord au sud par un axe routier majeur et structurant : la route panaméricaine. Nommée aussi route 001 ou PE-1, cette route longue de 2 700 km s’étire de la ville de Tumbes jusqu’à Tacna, au sud du pays.
171
+
172
+ Deux autres grands axes longitudinaux sont la route de la Sierra (Piura-Puno, 3 508 km) et la route de la Selva (Cajamarca-Junín, 2 781 km). Une vingtaine d’axes transversaux desservent les villes de la Sierra et de l’Amazonie. Les trois axes longitudinaux mentionnés auparavant finissent par un nombre impair (PE-1, PE-3 pour la route de la Sierra, PE-5 pour la route de la Selva), alors que les routes et autoroutes transversales finissent par un nombre pair (PE-02, PE-04…). Bien que la plupart des axes soient interconnectés, leur construction est longue et coûteuse du fait du relief accidenté.
173
+
174
+ Il existe également deux axes routiers reliant les villes du Pérou et du Brésil. D’un total de 960 km, l’axe Interocéanique sud (nœud fluvial et terrestre) relie le port de Paita au nord du Pérou au port de Manaus au Brésil. Il vise aussi à l’amélioration de la navigabilité des fleuves du bassin amazonien en unissant l’Atlantique et le Pacifique. La fin de travaux de construction de l’autre axe de transport, l’Intérocéanique sud (plus de 2 600 km), devra relier l’Atlantique (notamment l’État d’Acre) et le Pacifique (Sud du Pérou), exclusivement par voie terrestre. Cela implique également l’amélioration des routes existantes et la construction de nouvelles.
175
+
176
+ Les chemins de fer du Pérou atteignent une longueur totale de 2 100 km, dont 240 km de voies appartenant à la société minière Southern-Cooper. L’entreprise Ferrovias Central Andina a pris en charge le réseau central allant du Callao aux Andes Centrales et qui sert surtout au transport de minerais. L’entreprise Ferrocarriles Transandinos administre les réseaux du Sud (Cusco-Matarani) et Sud-Est (Cusco-Machu Picchu, consacré au transports de touristes).
177
+
178
+ La Corporation péruvienne d’aéroports (Corpac) administrait, en 2007, 42 aéroports régionaux (d’un total de 210 que compte le pays). L’aéroport international Jorge-Chávez, l’un des plus modernes du continent, est de loin le plus important du Pérou. D’autres aéroports importants sont ceux de Cusco, de Trujillo et d’Arequipa. Le transport fluvial ne concerne que le bassin amazonien, où se trouvent les quatre principaux ports fluviaux : Iquitos, Yurimaguas, Port Maldonado et Pucallpa. Le plus important est celui d’Iquitos (82 % du trafic fluvial total, soit 352 000 tonnes).
179
+
180
+ D’importantes sommes d’argent ont été injectées dans le secteur des télécommunications ces dernières années. Ces investissements concernent, pour leur grande majorité, l’extension et la densification des réseaux, ainsi que la progression de la couverture des zones rurales. Le taux de pénétration global actuellement est de 80 % dont environ 10 % pour les lignes fixes[60]. Une partie importante des lignes (55 %) se trouve dans la capitale, Lima, et le port de Callao. Le parc total de lignes fixes a atteint plus de deux millions de lignes au 18 mai 2009[60]. Le nombre de lignes mobiles représente 9,5 fois le nombre de lignes fixes. En juin 2009, le parc mobile était estimé à 22,9 millions abonnés[61].
181
+
182
+ La population du Pérou est estimée en 2016 à 31 millions d’habitants, soit près de 5 % de la population de l’Amérique latine. La population a rapidement augmenté depuis les années 1960 : elle s’est multipliée par trois entre 1960 et 2009, passant de 10,4 millions à 29,1 millions d’habitants. Le taux de croissance démographique actuel cependant peut être considéré comme modéré dans le contexte latino-américain, s’élevant à 14,4 pour mille pour la période 2005-2010, soit un niveau légèrement supérieur à celui de la population latino-américaine estimée en 13,2 habitants pour mille.
183
+
184
+ La densité reste faible, le Pérou étant, avec 23,2 habitants par km2 l’un des pays les moins densément peuplés de l’Amérique. Cette densité est d’ailleurs très inégale : assez élevée sur la côte (242,7 habitants par km2 à Lima), elle est infime dans l’Amazonie péruvienne (2,4 habitants par km2 dans le département de Loreto et 1,3 habitants par km2 dans le département Madre de Dios).
185
+
186
+ Le Pérou s'est ouvert à l'immigration japonaise à la fin du XIXe siècle, recherchant surtout des travailleurs agricoles. Cette immigration a perduré jusque dans les années 1930. Elle a dû affronter la vindicte populaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Japonais-Péruviens, soupçonnés d’être restés fidèles à un Japon belliqueux, ont été internés dans des camps aux États-Unis. Leurs biens ont été confisqués au Pérou[62].
187
+
188
+ Le redressement économique qu’a connu récemment le pays s’est accompagné d’une baisse relativement importante du nombre d’émigrants. Le solde migratoire est passé de -2,2 % pour la période 1990-2000 à -0,3 % pour la période suivante (2000-2010). Le nombre de Péruviens résidant à l’étranger s’élèverait à près de 2 millions (2007), soit 7 % de la population. Ils sont installés principalement aux États-Unis et dans une moindre mesure au Canada ou en Espagne. À l’heure actuelle, la communauté péruvienne figure parmi les dix nationalités les plus représentées aux États-Unis.
189
+
190
+ Selon la Constitution de 1993, la langue officielle du Pérou est l’espagnol, toutefois le quechua, l’aymara et d’autres langues indigènes possèdent un statut de coofficialité dans les parties du territoire, où elles sont prédominantes[63].
191
+
192
+ En 2019, trois millions de Péruviens vivent à l’étranger[56].
193
+
194
+ L'indice de fécondité est estimé à 2,37 [enfants par femme en 2009, soit un niveau légèrement inférieur à la moyenne latino-américaine (2,5 enfants)[65]. La fécondité reste cependant élevée dans les zones rurales et dans les communautés d'indigènes, alors qu'elle est plus basse dans les villes. L'espérance de vie est, quant à elle, estimée à près de 71,03 ans en 2010 qui est très semblable à l'espérance de vie mondiale de 71 ans[66].
195
+
196
+ Au début des années 1950, près d’un enfant sur huit né au Pérou mourait avant la fin de sa première année. Au cours des décennies suivantes, une chute spectaculaire de la mortalité infantile s'est produite. Le taux est passé de 158,6 pour mille en 1950 à 43 pour mille en 1996 et à 21 pour mille en 2006[67].
197
+
198
+ Néanmoins, en 2019, la moitié des enfants de moins de trois ans présentent de sérieuses carences alimentaires[68].
199
+
200
+ Derrière l’apparente unité, la société péruvienne est profondément diverse. La venue de migrants originaires d'Europe, d'Afrique et d'Asie, lors des différentes périodes historiques, a favorisé le mélange de populations. Dès le XVIe siècle, le processus de colonisation est allé de pair avec la mixité des diverses composantes raciales. À cela, il faut ajouter une diminution drastique de la population autochtone au cours des premières décennies de présence espagnole. Décimés par les massacres et les épidémies, le nombre d’Amérindiens au Pérou est passé de onze millions d'habitants en 1500 à un peu plus d'un million un demi-siècle après. Le fait que Lima ait été le siège du vice-roi d'Espagne aurait encore aggravé le sort des Indiens du Pérou[69]. La venue de migrants originaires d'Europe et d'Asie lors des premières années de la République a largement contribué à rendre la société péruvienne encore plus métissée. Entre 1849 et 1874, 80 000 Chinois arrivèrent ainsi au Pérou pour travailler dans les plantations de canne à sucre ou dans les gisements de guano[70].
201
+
202
+ Selon les estimations, 47 % des Péruviens sont des métis, c'est-à-dire d'origine à la fois amérindienne et européenne, et le pourcentage de population d'origine à prédominance européenne atteindrait 15 % (10 % d'ascendance espagnole (principalement des colons arrivés pendant la colonie) et 5 % d'autre ascendance européenne (italienne 1,8 %, française 1,5 %, allemande et autrichienne 2 %)[71]. Dans certaines régions du Pérou, particulièrement sur la côte, on rencontre parfois de nombreux métis d'ascendance africaine. La proportion de la population indigène (ou personnes à prédominance indigène) fluctuerait entre 30 et 45 % de la population[71]. Cette estimation est particulièrement difficile à faire car l'Institut national de statistique du Pérou se fonde sur des critères linguistiques et non des critères purement « raciaux ». Il fixe ainsi à 15,9 % le pourcentage des Indiens définis sur un critère linguistique. De nos jours, la plupart des Péruviens se considèrent comme des métis, sans qu'il soit possible de tracer des frontières précises entre les différentes catégories[72].
203
+
204
+ Les indigènes sont majoritaires dans les régions andines du pays (Cuzco, Huancavelica, ou Puno). Sur la côte, caractérisée par une forte présence de population métisse ou d’origine européenne, les indigènes sont encore moins nombreux. De fortes minorités, telles les Ashaninkas, Shipibo-conibos et Aguarunas sont présentes dans l’Amazonie ou le piémont amazonien. Les peuples indiens d’Amazonie ont généralement moins perdu leur culture après la conquête espagnole, car leurs territoires étaient très difficiles d’accès. Au Pérou, la population autochtone n’est représentée par aucun parti politique comme c’est le cas en Équateur ou en Bolivie, où les mouvements indigènes occupent une place essentielle dans le paysage politique.
205
+
206
+ Les grandes migrations internes depuis les années 1950 ont favorisé encore plus la mixité de populations. Selon les estimations[74], le pays avait un taux d’urbanisation de 71 % en 2005. Le rythme de l’urbanisation est variable d’une région à l’autre. À un extrême, on trouve des régions fortement urbanisées (Lima ou Piura), dans lesquelles la part de la population urbaine s’élève à près de 90 %. La majeure partie de migrants ont convergé vers la capitale, Lima, qui est devenue une ville métissée, un véritable carrefour de cultures régionales.
207
+
208
+ Aujourd’hui, les médias et les intellectuels péruviens parlent d’une culture métisse. Le développement de l’indigénisme a conduit également à réévaluer le métissage.
209
+
210
+ L’accès à l’éducation est plus faible dans la population indigène, avec seulement 10,2 % d’entre eux poursuivant des études supérieures. Les opportunités sur le marché du travail sont encore plus limitées, avec une surreprésentation dans le secteur agricole et dans les emplois non qualifiés. À eux deux, ces secteurs représentent deux tiers des emplois pour la population indigène contre seulement un tiers pour les non-indigènes[75].
211
+
212
+ Lima
213
+
214
+ Trujillo
215
+
216
+ Arequipa
217
+
218
+ Le Pérou regroupe un ensemble de régions dont la population est de taille très inégale. Cinq régions seulement sur vingt-quatre rassemblent en effet plus de la moitié de la population totale (52 %) : Lima, Piura, La Libertad, Cajamarca et Puno. Lima, avec 8,4 millions d’habitants, concentre à elle seule presque un tiers de la population du pays (30,8 %). À l’autre extrême, une dizaine de régions représentent à peine plus de 10 % de la population totale du pays. En 2007, les dix plus grandes villes du Pérou[64] étaient :
219
+
220
+ Lima
221
+
222
+ Arequipa
223
+
224
+ Trujillo
225
+
226
+ Chiclayo
227
+
228
+ Piura
229
+
230
+ Iquitos
231
+
232
+ Cuzco
233
+
234
+ Chimbote
235
+
236
+ Huancayo
237
+
238
+ Tacna
239
+
240
+ Ordres nationaux :
241
+
242
+ Ordres ministériels/spécifiques :
243
+
244
+ La grande majorité des péruviens (76 %) sont catholiques. Plus de 17 % de la population se déclarent cependant de différentes organisations évangéliques, dont l'influence ne cesse de croître depuis les années 1980. En 1993, la nouvelle Constitution garantit la liberté de culte, mais souligne : « au sein du régime d'indépendance et d'autonomie, l'État reconnaît l'Église catholique comme un élément important dans la formation historique, culturelle et morale du Pérou. »[81]
245
+
246
+ Chaque année au mois d’octobre, la procession du Seigneur des miracles (el Señor de los Milagros) attire dans les rues de Lima une foule énorme de fidèles drapés de morado (violet). Ils seraient plus d'un million de Péruviens à participer aux festivités du Cristo Morado. Objet de vénération au Pérou et dans quelques pays d’Amérique latine, le culte au Christ de Pachacamilla (autre nom du Seigneur des miracles) serait la christianisation de dieu Pachacamac[82]. Le culte au Seigneur des miracles est le plus important du Pérou, mais d'autres villes rendent aussi culte à leur patrons. La fête du Corpus Christi mobilise l'ensemble de la ville de Cuzco, durant les premiers jours du mois de juin, et la Virgen de la Candelaria est une festivité importante dans la région de Puno.
247
+
248
+ Le 21 octobre 2016, le Pérou fut consacré au Sacré-Cœur par le président Pedro Pablo Kuczynski.
249
+
250
+ Gustavo Gutiérrez Merino, né à Huánuco en 1928, est considéré comme le pionnier de la théologie de la libération. Le théologien inspire le mouvement, en 1972, dans un ouvrage du même nom. Influencé par Bartolomé de las Casas et les différents mouvements sociaux du XXe siècle, il développe et approfondit la vision du Salut chrétien en tant que « choix préférentiel pour les pauvres », vision proclamée par les Conférences épiscopales latino-américaines de Medellín et de Puebla. L'enjeu de la théologie de la libération n'étant pas seulement théorique mais aussi politique, elle fait l'objet d'un débat public bien au-delà du cercle des théologiens. Ce courant théologique est devenu influent en Amérique latine et en Afrique, mais les théologiens de la libération ont dû affronter une grande opposition du Vatican, en raison de la compromission de cette théologie avec le marxisme. En 2003, le père Gutierrez a reçu le prix Prince des Asturies.
251
+
252
+ Selon Garcilaso de la Vega, Inca Roca ordonna la création des premiers établissements d'enseignement, les Yachayhuasi ou Maisons de Savoir[83]. La direction de ces « écoles » fut confiée aux amautas, savants en astronomie, qui étaient également capables de lire les quipus. Les jeunes étaient instruits aux affaires de l'État (les lois, l'administration ou l'histoire), ainsi qu'aux rites et aux préceptes de la religion. Le système éducatif pendant la longue période coloniale était déterminé par le triple impératif de transformer les populations locales en habitants utiles, en chrétiens pieux et surtout en sujets fidèles au roi. Les différents ordres religieux fondent les premières écoles : Colegio Mayor de San Pablo (1568) et Colegio Mayor de San Felipe (1575). À un niveau plus élevé, les dominicains fondent en 1551 la première université du Nouveau Monde : l'université nationale principale de San Marcos.
253
+
254
+ Le système éducatif péruvien consiste en quatre niveaux : le nido (ou wawa wasi), l'éducation primaire, l'éducation secondaire, et l'université.
255
+
256
+ Les nidos (privé) ou wawa wasis (publique), pour les enfants de 1 à 5 ans, ne sont pas obligatoires, bien que la plupart des niños les fréquentent. L'éducation primaire est divisée en six niveaux (nommés de premier au sixième grado de primaria). Depuis la Constitution de 1828, article 171, elle est obligatoire et gratuite. L'éducation secondaire, obligatoire et gratuite aussi, est composée de cinq niveaux (nommés grados de secundaria). Les deux dernières années sont surtout orientées à la préparation des examens pour entrer aux universités, préparation qui a lieu dans des centres d'enseignement nommés Academias Preuniversitarias ou Pre.
257
+
258
+ Enfin, l'éducation universitaire. Le Pérou possède un réseau de 70 universités (28 publiques et 42 privées). Contrairement au système universitaire français, les élèves qui souhaitent faire des études à l'université sont dans l'obligation de passer un examen de sélection (examen de ingreso). Les études universitaires sont divisées en deux cycles distincts : les Estudios Generales et faculté. Les diplômes de fin d'études sont le Bachillerato (à ne pas confondre avec le baccalauréat français) et la Licencia (grade académique de licencié). La recherche publique est chapeautée par le Conseil national de la science, de la technologie et de l'innovation technologique (CONCYTEC).
259
+
260
+ Le Pérou compte également quelques institutions étrangères prestigieuses parmi lesquelles le Markham College, et le lycée franco-péruvien qui appartient à l'AEFE.
261
+
262
+ Néanmoins, le Pérou est le seul des cinq pays d'Amérique latine évalués par le PISA[84] en 2004 (avec l'Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique) où plus de la moitié des jeunes de 15 ans n'a pas acquis le niveau de connaissance et les compétences en lecture suffisantes afin de poursuivre correctement son éducation. Et cela est davantage inquiétant si l'on considère que des indices indiquent que dans l'enseignement supérieur le problème s'accentue en raison de la complexité des processus d'apprentissage[85].
263
+
264
+ Pour de nombreuses familles pauvres, le travail des enfants est indispensable pour pouvoir financer leur propre scolarisation. L’école publique est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 11 ans, mais les uniformes et les fournitures scolaires représentent des postes de budget très lourds pour des foyers modestes. Chaque année, des milliers d’enfants abandonnent l’école pour des raisons économiques[57].
265
+
266
+ En 2009, le gouvernement péruvien interdit aux personnes homosexuelles de s'engager dans la police pour ne pas porter préjudice à l'image de l'institution[86].
267
+
268
+ Le Pérou comporte de très nombreuses danses et musiques.
269
+
270
+ La musique andine la plus populaire est le huayno. Dans les villes, la musique la plus populaire est désormais la musique chicha, fusion entre la cumbia et le huayno.
271
+
272
+ La musique péruvienne est très influencée par les traditions espagnoles mais également africaines (festejo, musica criolla).
273
+
274
+ La danse nationale est la marinera.
275
+
276
+ La cuisine péruvienne est remarquable pour sa diversité[87] en raison de la riche géographie du pays, de la disponibilité de ressources variées, et de l'alliance de traditions culinaires autochtones à des pratiques gastronomiques d'autres continents. Ainsi, en plus des apports de la culture espagnole, à la fin du XIXe siècle, des immigrants venus de la Chine adaptèrent leurs traditions culinaires au goût et aux ressources locales péruviennes. Ainsi naquît la cuisine chifa, qui compte une grande variété de mets.
277
+
278
+ Les diverses cuisines régionales sont souvent regroupées en trois grandes familles par l’emplacement géographique et les conditions climatiques :
279
+
280
+ Les boissons fraîches telles que la chicha morada, la chicha de jora, ou les deux boissons nationales : le pisco (alcool de vin) ou l’Inca Kola (gazeuse), accompagnées de fruits locaux comme la cherimoya, la maracuja, la lucuma ou le camu-camu complètent le menu péruvien.
281
+
282
+ Le chef de file de la cuisine péruvienne est sans doute le célèbre cuisinier Gastón Acurio.
283
+
284
+ La cuisine péruvienne poursuit son évolution multipliant les innovations sans pourtant trahir la tradition, comme le montre bien la Nouvelle Cuisine andine ou Cocina Novoandina.
285
+
286
+ À partir des années 2000, des boutiques péruviennes puis des e-boutiques très diversifiées (mais dont le cœur de leur activité reste centré sur la gastronomie) apparaissent en Europe et particulièrement en Espagne, Italie, France.
287
+
288
+ Le Pérou a pour codes :
289
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Histoire
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+ Géographie
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+ Économie et Institutions politiques
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+ Culture
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1
+ République du Pérou
2
+
3
+ (es) República del Perú
4
+
5
+ (qu) Piruw Republika
6
+
7
+ (ay) Piruw Suyu
8
+
9
+ 12° 02′ S, 77° 01′ O
10
+
11
+ modifier
12
+
13
+ Le Pérou, en forme longue la république du Pérou, en espagnol Perú et República del Perú ( audio), en quechua Piruw et Piruw Republika et en aymara Piruw et Piruw Suyu, est un pays situé dans l'Ouest de l'Amérique du Sud. Entouré par l'Équateur au nord-ouest, la Colombie au nord-nord-est, le Brésil au nord-est, la Bolivie au sud-est, le Chili au sud-sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest-sud-ouest, il est le troisième pays du sous-continent par sa superficie : 1 285 220 km2, et le quatrième par sa population : environ 32 millions d'habitants.
14
+
15
+ Lima, une vaste aire urbaine de 9 millions d'habitants, est la capitale et la plus grande ville du pays. Sa capitale historique est Cuzco, dans les Andes[6], ancienne capitale de l'empire inca.
16
+
17
+ Le système politique actuel repose sur la Constitution de 1993. Depuis 2002, le Pérou a été divisé en 24 départements et un important processus de décentralisation a été mis en place. Parmi ses trois langues officielles, la plus parlée est l'espagnol, suivie du quechua et de l'aymara. Le nombre d'habitants est de 31 826 018 en 2017. Les peuples descendant des Incas, principalement Quechuas et Aymaras, représentent le groupe le plus important (45 % de la population[7]), suivis par les métis Européens/Amérindiens (37 % de la population[7]) et les descendants d'Européens (15 % de la population[7]).
18
+
19
+ Il est membre du Forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et de la Communauté andine des nations (CAN). Le sol est la monnaie nationale péruvienne depuis 1991, en remplacement de l’inti[8],[9].
20
+
21
+ Le nom « Pérou » dérive de Birú, dénomination d’un cacique qui vivait près de la baie de San Miguel (Panama), au début du XVIe siècle[10]. Lorsque des aventuriers espagnols les ont parcourus en 1522, les territoires du chef local étaient la partie la plus méridionale du Nouveau Monde. Les indigènes de la zone rapporteront quelques vagues informations sur l’existence d’un riche et lointain royaume[11]. Le nom est rapidement passé dans le langage courant de l’époque pour désigner un territoire légendaire situé tout au sud de l’isthme de Panama. Par la suite, Francisco Pizarro et ses hommes, lors de l’occupation de l’empire inca en 1532, emploieront le nom Pérou pour désigner les nouvelles terres conquises.
22
+
23
+ Le plus ancien document juridique attestant la dénomination Pérou est la Capitulation de Toledo rédigée en 1529. Dans ce texte, le roi Charles Quint concède les territoires à conquérir à Francisco Pizarro avec le titre de « gouverneur de terres et provinces du Pérou et de la ville de Tumbes »[12].
24
+
25
+ Les premiers documents historiques présentent diverses graphies du mot Perú : Virú, Berú ou Pirú. Durant quelques décennies, ces diverses formes coexistent et sont employées d’une manière interchangeable, parfois dans le même texte.
26
+
27
+ Les premiers vestiges de présence humaine au Pérou ont été découverts dans la grotte Pikimachay et dateraient pour les couches les plus anciennes de 19 000 ans avant notre ère[13]. Les populations sont alors pour la plupart nomades, vivent de la chasse de camélidés et de la cueillette et s’abritent dans des grottes[14].
28
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29
+ Durant la période archaïque tardive, les premiers villages et organisations sociales complexes apparaissent. Ils permettent l’apparition de la plus vieille ville du continent et l’une des plus anciennes du monde : Caral[15]. La cité de Caral, un grand centre urbain doté de pyramides tronquées au sommet, appartenait à un ensemble de sites archéologiques qui aurait abrité la première civilisation américaine : Caral-Supe ou Norte Chico (entre 2627 et 2100 avant notre ère[16]). Lors de fouilles, divers objets ont été exhumés, tels que des figurines anthropomorphiques en argile crue, des flûtes traversières taillées dans des os de pélican ou de condor[17], ou des cordelettes à nœuds (probablement des quipus).
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+ Caractérisées par une nouvelle complexification de l’organisation sociale et des technologies, les cultures de la période dite de « horizon de formation » (2700-200 av. n. è) développèrent la céramique, le tissage, l’usage de l’or et du cuivre, et la construction de canaux d’irrigation et la culture en terrasse, facteurs déterminants pour l’accroissement du pouvoir étatique. Dans la culture de Chavín (~1800-300 av. n. è), la vie sociale, économique et rituelle s’organise autour des dieux féroces représentant les grands prédateurs locaux comme le jaguar, le serpent ou le caïman. Le centre cérémoniel, Chavín de Huántar, est un réseau complexe de galeries décorées par des immenses mégalithes ornés. Sur le plan iconographique, les divinités de la cosmogonie chavín seront présentes dans presque toutes les manifestations artistiques postérieures. Paracas (~800-200 av. n. è), une culture située sur une péninsule désertique portant le même nom, se distingue par ses textiles de grande valeur esthétique et scientifique.
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+ L'effondrement de la culture Chavín ira de pair avec l’affirmation de pouvoirs régionaux, caractérisés par un relatif isolement local. Chaque région abrite alors de petites entités politiques qui adoptent leurs propres modèles de développement culturel, n’ouvrant leurs frontières qu’aux échanges commerciaux. À cette période appartiennent notamment la culture Nazca (~200 av. n. è. - 600), la culture Huari (600-1000) et la culture Mochica (~100-700), l’une des plus importantes organisations politiques de l’ancien Pérou.
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+ La période impériale, aussi appelée Règne des belligérants, succède au déclin de la civilisation Huari, dernière entité politique régionale. Divers États locaux qui tentent de dominer politiquement et parmi ces États, nous retrouvons la culture Chimú, la culture Chanca, la culture Chincha et enfin, la plus célèbre, la culture Inca. Les origines des Incas se mêlent à la légende. Probablement, ils étaient une tribu guerrière quechua du Sud de la sierra. Entre 1100 et 1300, ils se déplacent peu à peu vers le nord de la région jusqu’à la vallée fertile de Cuzco, occupée alors par des peuples aymaras[18]. L’Empire naissant se distinguait par sa condition d’État agraire, au sommet duquel se trouvait l’Inca[19].
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+ Cependant, la véritable expansion des Incas commence en 1438, avec Pachacutec (1438-1471), qui entreprend de conquérir les terres voisines. Durant les 70 dernières années de cette période, le royaume de Cuzco forme un vaste empire qui s’étend sur toutes les Andes. Le génie de Pachacútec se manifesta avant tout dans la législation et l’administration qu’il établit dans l’Incanat[21]. Il aboutit à accomplir l’unité d’un si vaste empire grâce à trois mesures principales. Il préserva l’unité géographique de l’Empire en développant un gigantesque réseau de routes (le Qhapaq Ñan) ; puis il fit son unité linguistique en imposant le runa simi ou quechua comme langue officielle ; enfin, grâce à une organisation centrale absolue, il forma l’unité politique impériale[22]. En même temps, il créa une élite capable de l’assister dans son œuvre : les curacas. Pour faciliter la transmission des ordres et le renseignement sur l’état des provinces, on établit un système de « chasquis » ou « coureurs messagers », qui parcouraient les chemins de l’Empire.
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+ À la fin du XVe siècle, l’Inca Pachacutec transmet le pouvoir à son fils Tupac Yupanqui († 1493), qui étend l’Empire jusqu’à l’actuel territoire équatorien. Sous le règne de son fils, Huayna Capac († 1527), les frontières de l’empire inca sont repoussées jusqu’à la frontière de l’actuelle Colombie. Une guerre de succession éclate entre les deux fils de Huayna Capac, Huascar et Atahualpa. Ce dernier est parvenu à battre les troupes de son frère, au moment où les conquistadors arrivent au Pérou.
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+ Lorsque les troupes de Francisco Pizarro arrivèrent en 1531, l’Empire inca était déchiré par une guerre civile. Le 16 novembre 1532, durant la bataille de Cajamarca, Pizarro captura l'empereur Atahualpa et le fit exécuter. Il faudra cependant plus de quarante ans pour briser les dernières tentatives de résistance : le dernier Inca de Vilcabamba, Túpac Amaru, fut capturé et exécuté en 1572.
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+ Les Espagnols instituèrent le système de l’encomienda : les Amérindiens devaient payer un tribut, dont une partie allait à Séville. Les encomenderos étaient chargés également de les christianiser. En tant que gouverneur du Pérou, Pizarro abusa de l'encomienda en accordant à ses soldats et compagnons un pouvoir quasi illimité sur les populations indigènes qui furent obligées à travailler sans rétribution dans des mines et des champs. Pizarro fut assassiné en 1541 par une faction menée par Diego de Almagro le jeune, surnommé « el Mozo ». En 1543, le roi Charles Quint pour réagir aux luttes intestines entre les conquistadores envoya Blasco Núñez Vela en tant que premier vice-roi. Il sera à son tour tué par Gonzalo Pizarro, le frère du premier Pizarro. Finalement, un nouveau vice-roi, Pedro de la Gasca, parvint à restaurer l'ordre et exécuta Gonzalo Pizarro après sa capture. 39 vice-rois ont succédé à Núñez Vela et ont gouverné la vice-royauté entre 1544 et 1824.
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+ Francisco de Toledo (1569-1581) fut celui qui organisa l'État colonial et fonda les « réductions » ou cités d'Indiens où ils furent regroupés. Au niveau local, les encomenderos étaient maintenant sous l'autorité des curacas. Une pyramide hiérarchique permit ainsi de contrôler toutes les villes et villages. Le recensement sous le dernier Quipucamayoc ou « maître du quipu » indiquait qu'il y avait 12 millions d'habitants dans l’empire inca. Quarante-cinq années plus tard, le recensement du vice-roi Toledo, montrait qu'il en restait 1,1 million[23]. Les villes Incas reçurent des noms catholiques et furent reconstruites selon le modèle espagnol. Elles comportaient une place centrale et une église ou cathédrale en face d'un bâtiment officiel. Quelques villes, telle Cuzco, gardèrent leurs fondations d'origine incas. Certains sites incas, tel Huánuco Viejo, furent abandonnés au profit de villes à plus basse altitude.
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+ Après l'établissement de la vice-royauté, le Pérou devint l'une des premières sources de la richesse pour l'Espagne. La ville de Lima, fondée par Pizarro le 18 janvier 1535 sous le nom de Ciudad de los Reyes (« la Ville des Rois »), devint la capitale et une ville puissante qui avait sous sa juridiction toute l'Amérique du Sud à l'exception du Brésil dominé par les Portugais. Au XVIIe siècle, Lima abritait une université et était la principale place forte de l'Espagne sur le continent américain. Toutes les richesses coloniales passaient par Lima, puis par l'isthme de Panama avant d'arriver à Séville, en Espagne.
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+ Au XVIIIe siècle, devant la difficulté de l'administration d'un territoire immense, seront réalisées des réformes dans la structure politique coloniale (« les réformes bourboniennes »). En 1717, la vice-royauté de Grenade fut formée : elle regroupa la Colombie, l'Équateur, le Panama et le Venezuela. En 1776, une nouvelle vice-royauté vit le jour, la vice-royauté du Río de la Plata : elle regroupait l'Argentine, la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay.
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+ Entre 1780 et 1781, la vice-royauté du Pérou connut la plus violente insurrection de son histoire[24]. Dirigée par Túpac Amaru II, un cacique du Cuzco, l’insurrection était à l’origine une révolte fiscale, mais très vite se transforma en un mouvement qui revendiquait l’autonomie du territoire par rapport à la Couronne espagnole[25]. Túpac Amaru arriva à réunir une armée de près de 50 000 hommes, composée majoritairement d’Amérindiens et de métis. Après quelques batailles, la révolte fut écrasée de manière extrêmement violente. Le 18 mai 1781, José Gabriel Túpac Amaru II fut écartelé et décapité à Cuzco, mais il devint pendant le XIXe siècle une figure importante de la lutte pour l'indépendance et de la liberté.
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+ Le processus d’indépendance prit définitivement son élan avec le soulèvement des propriétaires terriens d'origine espagnole. José de San Martín et Simón Bolívar étaient à la tête des troupes rebelles. Après avoir débarqué dans la baie de Paracas, San Martín s'empara de Lima et déclara, le 28 juillet 1821, l'indépendance du Pérou par rapport à l'Espagne. L'émancipation devint effective en décembre 1824, lorsque le général Antonio José de Sucre battit les Espagnols dans la bataille d'Ayacucho le (9 décembre 1824). Après cette victoire, une scission sépara le pays en Haut-Pérou resté fidèle à Bolivar (maintenant, la Bolivie) et bas Pérou (le Pérou actuel). Comme le Chili, la Bolivie, Mexique, ou la Grande-Colombie, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[26] : des centaines de techniciens anglais traversent l’océan, avec leur machine à vapeur, pour les moderniser.
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+ Après la guerre Grande Colombie-Pérou (1828-1829), les conflits frontaliers entre le Pérou et l'Équateur débutèrent à partir des années 1830. Quatre guerres éclatèrent entre ces pays entre 1858 et 1995, guerre de 1858-1860 ; guerre de 1941-1942 ; la guerre du Paquisha en 1981 et la guerre du Cenepa en 1995.
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+ Malgré la domination d'une oligarchie de propriétaires terriens, l'esclavage des Noirs et le tribut des Indiens furent abolis par le caudillo Ramón Castilla (1845-1851 et 1855-1862). Entre 1840 et 1879, le guano du Pérou, récolté par des compagnies privées ou publiques sur les côtes, généra d’énormes richesses car le pays bénéficia pendant cette période du monopole mondial de ce fertilisant. La vie politique fut alors une alternance de périodes démocratiques, de coups d'État et de dictatures.
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+ L'Espagne n'abandonna pas complètement ses ambitions coloniales et fit encore de vaines tentatives comme lors de la guerre hispano-sud-américaine. Après la bataille de Callao, elle reconnut l’indépendance du pays en 1880, établit des relations diplomatiques et signa un traité de paix et d’amitié définitif la même année. La guerre contre l’Espagne marquait pour le Pérou la consolidation de son indépendance.
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+ Entre 1879 et 1883, le Pérou mena aux côtés de la Bolivie la guerre du Pacifique. La guerre éclata lorsque le Chili envahit le port bolivien d’Antofagasta. La Bolivie déclara la guerre au Chili et le Pérou, par un traité réciproque de défense, entra à son tour dans le conflit. Malgré l'infériorité navale, le capitaine du navire Huascar, Miguel Grau, maintint sous pression la flotte chilienne pendant plusieurs mois. Le Huascar fut finalement pris par les Chiliens en octobre 1879. Pendant la campagne terrestre, le Pérou connaîtra quelques victoires, mais en 1881 les troupes chiliennes entrèrent dans Lima. La guerre prit fin le 20 octobre 1883 par le traité d'Ancón et fit perdre au pays la région de Tarapacá.
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+ En 1924, depuis Mexico, des meneurs de la Réforme universitaire au Pérou et contraint à l'exil par le gouvernement fondent l'Alliance populaire révolutionnaire américaine, qui exercera une influence majeure sur la vie politique du pays. L'APRA est ainsi en grande partie une expression politique de la Réforme universitaire et des luttes ouvrières menées dans les années 1918-1920. Le mouvement puise ses influences auprès de la révolution mexicaine et de la Constitution de 1917 qui en est issu, notamment sur les questions de l'agrarisme et de l'indigénisme, et à un degré moindre de la révolution russe. Proche du marxisme (son dirigeant, Haya de la Torre, déclare en effet que « l'APRA est l'interprétation marxiste de la réalité américaine »), elle s'en éloigne pourtant sur la question de la lutte des classes et sur l'importance donnée à la lutte pour l’unité politique de l’Amérique latine. En 1928 est fondé le Parti socialiste péruvien notamment sous l'impulsion de José Carlos Mariátegui, lui-même ancien membre de l'APRA. Le parti crée peu après, en 1929, la Confédération générale des travailleurs. L'APRA, gagnant rapidement en popularité, est mise hors la loi en 1933 par le régime de Oscar R. Benavides, qui resta président jusqu'en 1939.
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+ La constitution de 1933 réservait le droit de vote aux citoyens alphabétisés; qui en 1960, ne représentaient encore que le tiers de la population adulte. Les Indiens, presque la moitié de la population, restaient des exclus et vivaient de façon misérable. Entre 1932 et 1933 a lieu la guerre avec la Colombie. Une guerre opposa le Pérou et l'Équateur entre le 5 juillet et le 31 juillet 1941. Durant cette guerre, le Pérou occupa les provinces occidentales de Loja et el Oro. Les États-Unis, le Brésil, l'Argentine et le Chili proposèrent leur médiation et le protocole fut finalement signé. Néanmoins, un nouveau conflit éclatera entre les deux pays un demi-siècle plus tard.
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+ À nouveau autorisée en 1945, l'Alliance populaire révolutionnaire américaine soutint le président José Luis Bustamante y Rivero (1945-1948) qui, renversé par le coup d'État militaire du général Manuel A. Odría d'octobre 1948, augura du début d'une dictature. Des élections sont pourtant organisées en 1962, et remportées par le candidat apriste Víctor Raúl Haya de la Torre. Toutefois, un coup d'État militaire dirigé par le général Ricardo Pérez Godoy empêcha le respect de la légalité. La junte organisa à nouveau des élections l'année suivante, qui furent remportées par Fernando Belaúnde Terry, fondateur de l'Action populaire, qui demeura en place jusqu'en 1968.
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+ Au début des années 1960, alors que près de 70 % des terres sont possédées par 2 % des propriétaires, le Pérou connait une forte mobilisation paysanne et indigène visant à obtenir une réforme agraire. Les paysans, en grande majorité des travailleurs agricoles indigènes, formèrent alors la base de syndicats ruraux engagés face à la détérioration de leurs conditions. Les paysans eurent recours à des tactiques allant de l'occupation pacifique des terres à la confrontation violente avec les grands propriétaires et les forces armées. Plusieurs petits mouvements de guérilla se constituent mais sont rapidement écrasés par le gouvernement[27].
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+ Le 3 octobre 1968, le coup d’État réformiste mené par un groupe d’officiers dirigés par le général Juan Velasco Alvarado amène l'armée au pouvoir dans le but d’appliquer une doctrine de « progrès social et développement intégral », nationaliste et réformiste, influencé par les thèses de la CEPAL sur la dépendance et le sous-développement. Six jours après le golpe, Velasco procède à la nationalisation de l’International petroleum corporation (IPC), la société nord-américaine qui exploitait le pétrole péruvien, puis lance une réforme de l’appareil d’État, une réforme agraire. Il s'agit alors de la plus grande réforme agraire jamais entreprise en Amérique latine : elle abolit le système de latifunda et modernise l'agriculture par une redistribution plus équitable des terres (90 % des paysans forment des coopératives ou des sociétés agricoles d'intérêt social). La terre devant être possédée par ceux qui la cultivent, les grands propriétaires sont expropriés. Les seules grandes propriétés permises sont de type coopératif. Entre 1969 et 1976, 325 000 familles reçoivent une terre de l'État ayant une moyenne de 73,6 acres[28]. Le « gouvernement révolutionnaire » projette aussi des investissements massifs dans l'éducation, élève la langue quechua - parlée par près de la moitié de la population mais jusque-là méprisée par les autorités - à un statut équivalent à celui de l'espagnol et instaure l'égalité des droits pour les enfants naturels.
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+ Le Pérou souhaite s’affranchir de toute dépendance et mène une politique extérieure tiers-mondiste. Les États-Unis répondent par des pressions commerciales, économiques et diplomatiques. En 1973, le Pérou semble triompher du blocus financier imposé par Washington en négociant un prêt auprès de la Banque internationale de développement afin de financer sa politique de développement agricole et minier. Les relations avec le Chili se distendent fortement après le coup d’État du général Pinochet. Le général Edgardo Mercado Jarrin (Premier ministre et commandant en chef de l’armée) et l’amiral Guillermo Faura Gaig (ministre de la marine) échappent tour à tour, à quelques semaines d'intervalle, à une tentative d'assassinat. En 1975, le général Francisco Morales Bermúdez Cerruti s’empare du pouvoir et rompt avec la politique de son prédécesseur. Son régime participe ponctuellement à l'Opération Condor en collaboration avec d'autres dictatures militaires américaines.
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+ Le Sentier lumineux apparaît dans les années 1970 dans les universités. Ces étudiants, pour beaucoup d'origines paysannes, retournent ensuite dans leurs communautés et y organisent des comités locaux du parti. L'abandon par l’État de certaines régions rurales favorise l’implantation du parti. En juin 1979, des manifestations pour la gratuité de l’enseignement sont sévèrement réprimées par l’armée : 18 personnes sont tuées selon le bilan officiel, mais des estimations non-gouvernementales évoquent plusieurs dizaines de morts. Cet événement entraîne une radicalisation des contestations politiques dans les campagnes et aboutit finalement au déclenchement de la lutte armée. Après le début de cette lutte armée, les nouvelles recrues du Sentier lumineux sont généralement des paysans peu politisés, plutôt que des militants réellement politisés[29].
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+ En 1980, Fernando Belaúnde Terry retrouve le pouvoir en remportant l'élection présidentielle. Alan García, candidat du parti Alliance populaire révolutionnaire américaine, lui succéda le 28 juillet 1985. C'était la première fois qu'un président démocratiquement élu remplaçait un autre président démocratiquement élu en 40 ans.
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+ En 1990, inquiets des attaques terroristes du Sentier lumineux et des scandales de corruption, les électeurs choisirent Alberto Fujimori. Pour lutter contre l'inflation, Fujimori adopta des mesures d'austérité très sévères. La monnaie est dévaluée de 200 %, des centaines d'entreprises publiques sont privatisées et 300 000 emplois sont supprimés. Il parvint à faire passer l'inflation de 2 700 % en 1990 à 139 % en 1991, mais la pauvreté ne recule pas[30].
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+ En raison de l'opposition des députés à certaines réformes, Alberto Fujmori dissout le 4 avril 1992 le Congrès, modifie la Constitution, fait incarcérer un certain nombre d'adversaires politiques et prend le contrôle des médias. Sa présidence est fortement marquée par l'autoritarisme, l'usage d'escadrons de la mort pour conduire des opérations anti-guérillas, la répression politique et la corruption[31]. Alberto Fujimori fait démarrer une campagne de stérilisations forcées dans certaines régions rurales du pays. Empreint d'eugénisme, le programme est essentiellement dirigé contre les populations indigènes : 330 000 femmes et 25 000 hommes en seront victimes selon un rapport du ministère de la Santé. L'objectif aurait été de juguler la démographie afin de bénéficier d'une aide économique accrue promise par les États-Unis, mais également de réduire des populations fortement défavorisées et suspectes de sympathies pour la guérilla du Sentier lumineux[32].
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+ Son bras droit Vladimiro Montesinos entretient des liens étroits avec la CIA et les services secrets qu'il dirige reçoivent 10 millions de dollars de l'agence pour soutenir les activités de contre-guérilla du gouvernement. Les ventes d'armes des États-Unis au Pérou ont par ailleurs quadruplé sous la présidence de Fujimori[33]. Les membres de la police et de l'armée impliqués dans des crimes dans le cadre du conflit contre les guérillas sont amnistiés. Alberto Fujimori se fit réélire en 1995. Mais en novembre 2000, destitué pour corruption, il s'enfuit au Japon. Valentín Paniagua Corazao fut nommé pour le remplacer provisoirement et des élections furent organisées en avril 2001. Alejandro Toledo les remporta et devint président le 28 juillet 2001.
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+ Des manifestations hostiles au projet de privatisation de deux compagnies d'électricité tournent à l'émeute à Arequipa, deuxième ville du pays, en juin 2002. L'état d'urgence est déclaré par le gouvernement. L'état d'urgence est à nouveau proclamé en mai 2003 alors que le Pérou connait une vague de protestations sociales. Alan Garcia, déjà président entre 1985 et 1990, revient au pouvoir en 2006. En juin 2009, une intervention de police contre des indigènes qui bloquent un axe routier conduit à des dizaines de morts[34].
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+ Le Pérou est une République « démocratique, sociale, indépendante et souveraine » (article 43 de la Constitution de 1993). La Constitution de 1993 consacre le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et fonde un régime présidentiel monocaméral :
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+ L’Assemblée constituante de 1822 est la première assemblée constituante péruvienne, instituée par 79 députés élus proportionnellement selon la population de chaque département. Lors de la première séance, les députés prêtèrent le serment de défendre l’intégrité territoriale du pays et « de le libérer de ses oppresseurs ». L’achèvement de l’Acte constitutionnel fut difficile : la première Constitution fut adoptée le 12 novembre 1823. Les premières constitutions établirent une démocratie nominale et censitaire, où les analphabètes et les femmes n’étaient pas habilités à voter. Le 7 septembre 1955, le Congrès de la République promulgua une loi, qui donnait pour la première fois aux femmes péruviennes le droit de voter et d’être élues.
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+ Le Pérou est considéré comme étant le quatrième pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l'environnement, après le Brésil, le Honduras et les Philippines. Les assassinats de militants écologistes y sont en augmentation ces dernières années[35].
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+ La corruption est très présente dans la vie politique péruvienne. L’affaire Odebrecht est l’affaire la plus médiatisée. 28 millions de dollars ont été versés par la multinationale brésilienne à quatre présidents péruviens (Alejandro Toledo, 2001-2006 ; Alan Garcia, 2006-2011 ; Ollanta Humala, 2011-2016 ; Pedro Pablo Kuczynski, 2016-2018) pour obtenir des chantiers considérables comme celui de la route interocéanique entre le Pérou et le Brésil[36].
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+ Les principaux partis politiques sont les suivants, par ordre décroissant du nombre de députés élus lors des élections générales de 2016 :
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+ Le 19 novembre 2002, le Pérou adopta la Loi organique de gouvernements régionaux (Ley Orgánica de Gobiernos Regionales). Point de départ de la déconcentration d’un pouvoir administratif fortement centralisé, la loi vise à définir les principes régissant les administrations régionales et détermine les compétences entre municipalités, administrations régionales et l’État. Depuis, le pays est divisé en 24 régions (divisées elles-mêmes en provinces), auxquelles il faut ajouter la province de Lima, entité au statut particulier, distincte du département Lima.
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+ Le district est la plus petite division administrative. Chaque district est dirigé par une municipalité, avec à sa tête un maire. Les gouvernements régionaux sont composés d'une présidence régionale, d'un conseil et d'un conseil de coordination :
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+ Relief : La cordillère des Andes marque et structure les paysages et la géographie du pays. Parmi les volcans importants, on y trouve Misti et Ubinas. Le Huascarán, qui s'élève à 6 768 mètres, est le point culminant du pays dans la Cordillère occidentale.
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+ Il est tropical à l'est, désertique et sec à l'ouest. Les déserts côtiers sont liés à la présence d'un courant océanique sud-nord, donc froid, qui remonte la côte Pacifique en bloquant l'évaporation et la formation de perturbations pluvieuses (hormis épisodiquement lors d'épisodes El Nino). Dans les Andes (chaîne de montagnes) le climat est tempéré à froid en fonction de l'altitude.
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+ Le désert du Nord du Pérou abrite aujourd'hui des terres agricoles irriguées, et des zones de forêt sèche récemment fortement dégradées par l'agriculture industrielle, l'urbanisation et la production de bois et de charbon de bois. Les écosystèmes arides de ces régions se sont adaptés à décennies presque sans pluie entrecoupées de courtes pluies torrentielles subies d'un bref reverdissement du désert, de réapparition des oiseaux et de rivières.
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+ Ces pluies ont des effets dramatiques sur une population non préparée, mais sont source de vie pour le désert. Après l'El Niño de 1997–1998 on a trouvé dans le désert des espèces sauvages proches de plantes domestiquées (tomates, poivrons, courges et pommes de terre) dont les graines pouvaient encore germer après 20 ans d'enfouissement, ainsi que des plantes cultivées par des paysans sur des sols rendus fertiles par l'eau et les alluvions[41]. La destruction de la forêt sèche a exacerbé l’érosion, les inondations et leurs effets. De même pour divers aménagements du bassin versant (dont sur les rivières canalisées, barrées et draguées) ne tenant pas compte des crues inhabituelles ; et des polluants miniers, cynégétiques, routiers, urbains et agricoles (pesticides et engrais) dont dispersés par l'eau, jusqu'à l'océan souvent, ce qui inquiète les écologues.
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+ Selon B. Fraser dans la Nature (2018), « Personne n’avait prédit la catastrophe de cette année (2017) avant qu’il ne soit trop tard » et ses effets en Amérique du Sud ont été sous-estimés car si les scientifiques avaient bien prédit l'essentiel phénomène El Niño de 2015-2016, et même si le volume de précipitations de 2017 est comparable à celui de l'événement El Niño de 1997-1998, les causes en sont différentes et les scientifiques ont encore besoin de mieux comprendre le mécanisme de ces El Niños côtiers atypiques (tels que ceux des années 1920 et 1970), et de leur lien avec les cycles océaniques ou climatiques plus larges[41]. Un manque de financement a hélas freiné les études; ainsi les systèmes de surveillance installés dans des bouées océaniques par des scientifiques péruviens et équatoriens après le passage d'El Niño de 1997 à 1998 ont été vandalisés sans avoir pu être réparés et tout le réseau d'instruments océaniques d'étude de l'atmosphère océanique de la zone intertropicale souffre de détérioration et de coupures budgétaires[41].
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111
+ La COP 20 sur le climat a été accueillie au Pérou.
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+ Le Pérou occupe une surface de 1 285 220 km2 et possède 2 414 km de côtes.
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+ On peut distinguer trois grandes zones naturelles :
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+ Chaque zone est divisée en sous-zone nord, centrale et sud.
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+ Le versant oriental est principalement drainé par deux cours d'eau, l'Ucayali et le Marañón qui, après s'être rejoints, donnent l'Amazone. Les deux rivières captent la majeure partie des eaux du versant oriental de la Cordillère des Andes, traversent ensuite la selva péruvienne avant de confluer.
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+ Sur le versant occidental, se trouve le bassin de l'océan Pacifique, où viennent se jeter toute une série de petits fleuves descendus des hauteurs de la Cordillère. Parmi ceux-ci, l'un retient particulièrement l'attention, le Río Rímac, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, non par son débit d'eau — relativement faible — ni par la taille de son bassin, mais parce qu'il approvisionne en eau et électricité la métropole de Lima, où se concentre plus du tiers de la population du pays (10 millions d'habitants à Lima sur 32 millions[4] au Pérou). L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies, et chaque jour il devient — avec l'explosion démographique — plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans la distribution de l'eau.
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+ Au sud, un troisième bassin, celui du lac Titicaca, le plus vaste lac d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable au monde, perché entre 3 600 et 4 500 mètres d'altitude sur les plus hauts plateaux andins, entre Pérou et Bolivie, draine les eaux de quatre bassins : le lac Titicaca (T), le fleuve Desaguadero (D), le lac Poopó (P) et le salar de Coipasa (S). Ces quatre bassins constituent le système TDPS, qui s'étend sur près de 140 000 km2.
124
+
125
+ Le pays est sujet aux tremblements de terre. Il existe une activité volcanique dans la zone volcanique centrale des Andes située au sud du pays.
126
+
127
+ Le Pérou est situé sur une faille sismique, ce qui provoque, chaque année, un certain nombre de tremblements de terre, dont l’intensité reste faible. Le pays a toutefois subi quelques séismes majeurs, ayant provoqué un grand nombre de victimes et des destructions considérables, comme celui de Yungay, en 1970, qui fit entre 25 000 et 30 000 morts.
128
+
129
+ La population est préparée en cas de séisme. Régulièrement dans les écoles et les lieux de travail, des mesures de sécurité sont enseignées et des exercices d’évacuation effectués. Les inondations et glissements de terrain sont cependant principalement dus au phénomène El Niño.
130
+
131
+ Le pays est doté de ressources naturelles exceptionnelles dont d'importantes ressources halieutiques (anchois péruvien), cependant instables dans le temps à cause d'El Niño.
132
+
133
+ Le pays dispose de cuivre, d'argent, d'or, de pétrole, de minerai de fer, de charbon et les phosphates.
134
+
135
+ Le Pérou est le troisième pays d'Amérique latine où les niveaux de pollution de l'air sont les plus élevés, après le Mexique et le Chili[42].
136
+
137
+ Un rapport publiée en 2020 par l’Autorité nationale de l’eau (ANA) du Pérou nous révèle que les glaciers du pays ont perdu plus de 50 % de leur surface depuis les années 1960[43].
138
+
139
+ Du fait de sa position biogéographique et d'une grande diversité climatique et topographique, il existe au Pérou des milieux très diversifiés (de la plaine à la montagne et du désert à la forêt équatoriale, abritant une faune, flore et fonge extrêmement variées. C'est l’un des dix-sept pays caractérisés par une mégadiversité biologique.
140
+ Il compte 84 des 117 zones naturelles existantes au monde (72 %), abritant encore 5 872 espèces endémiques (parmi lesquelles 118 types uniques d’oiseaux, 113 espèces de reptiles et 60 variétés différentes de mammifères).
141
+
142
+ Parce que la variété d’étages d'altitude/température a obligé l'agriculteur/éleveur andin à utiliser et adapter les espèces convenant le mieux à chaque situation agrobiogéographique le pays abritait aussi de riches ressources génétiques en matière d'espèces alimentaires et utiles domestiquées, élevées et cultivées. Mais ce patrimoine est en forte et rapide régression[44].
143
+
144
+ Sur les hauteurs, les lamas côtoient les alpagas et les vigognes. Le chinchilla à queue courte, présent à l’état sauvage autrefois dans les très hautes Andes a sans doute disparu aujourd’hui. Survolant les montagnes, le condor des Andes est un oiseau emblématique du Pérou et de ses montagnes.
145
+
146
+ Mais c’est dans la « selva » que la faune est la plus présente. Avec entre autres les jaguars, les tatous, les caïmans, les capybaras mais aussi des singes ou des milliers d’espèces d’insectes qui vivent dans une végétation luxuriante. La vanille, l’acajou et le caoutchouc participent à cette biodiversité.
147
+
148
+ Le Pérou dispose d'un vaste réseaux de parcs nationaux, de réserves naturelles et de lieux historiques nationaux. L'ensemble de ces sites couvre une superficie de 18 283 508 ha, soit 14 % du territoire péruvien. L'INRENA (Institut national de ressources naturelles) gère la plupart des aires protégées[45]. Cependant, un nombre croissant d'entre elles sont administrées par les communautés autochtones et par des associations de protection de la nature.
149
+
150
+ L'Économie du Pérou est parmi les plus performantes de l'Amérique latine. Le produit national brut (PNB) est passé de 47 767 millions de dollars en 1993 à 127 598 en 2008[49]. Ce dynamisme repose principalement sur les secteurs exportateurs et sur une forte augmentation de la demande interne (12,3 % en 2008), tirée par la consommation et l’investissement public et privé[50].
151
+
152
+ L’économie péruvienne dépend fortement des matières premières, qui représentent 60 % des exportations. En 2015, le Pérou est le deuxième producteur mondial d’argent, le troisième de zinc et de cuivre, le sixième d’or, et exploite aussi du gaz et du pétrole. Le pays est en revanche peu industrialisé[51]. Les grands projets miniers sur lesquels reposent le modèle économique péruvien font aussi l'objet de contestations de la part des populations rurales qui profitent peu des retombées économiques mais sont confrontées à la pollution des cours d'eau et des sols, impactant leur agriculture[36].
153
+
154
+ Depuis la politique d'ouverture lancée il y a maintenant 20 ans, l'économie péruvienne a connu de profonds changements. Des privatisations, pour un total de 9,2 milliards de dollars, principalement dans les secteurs de télécommunications et de l’énergie, ont été menées entre 1990 et 2000 et il ne subsiste plus aujourd'hui qu'une quinzaine de grandes entreprises publiques. Outre la fin des contrôles de l’État, les différents gouvernements ont établi une politique monétaire restrictive, et ont mis en place un environnement fiscal favorable pour les investisseurs. Les conséquences de cette politique économique seront positives. Le taux de croissance du PIB a dépassé la barre de 9 % en 2008, après une croissance de 8,9 % en 2007[52]. Le chômage est également en baisse : 5,9 % en 2014 contre 9,4 % en 1994.
155
+
156
+ D'après l'économiste José Oscatégui : « l’État péruvien est faible, parfois complètement absent de certaines provinces. Le Pérou n'a donc pas la capacité de négocier avec les multinationales, et de récupérer les impôts qui pourraient alimenter des programmes sociaux. L'industrie minière, pilier de l'économie, illustre bien cette faiblesse. Malgré leur impact très lourd sur l'environnement et leurs profits record, les grands groupes qui exploitent les métaux péruviens sont taxés à hauteur de 30% de leur bénéfice, comme toute autre entreprise locale. Mais en pratique, avec les exonérations, c'est encore moins, entre 13 et 14% » La moitié des opérateurs miniers du pays a obtenu à l'époque du président Alberto Fujimori des contrats de stabilité, c'est-à-dire une garantie contre tout changement de la politique fiscale du pays[53].
157
+
158
+ Après avoir connu une période d'hyperinflation au cours des années 1980, la monnaie péruvienne connaît, quant à elle, une période de stabilité par rapport au dollar et aux monnaies européennes. Le taux d’inflation moyen s’est stabilisé autour de 3 %, et reste depuis plusieurs années dans les limites de la fourchette fixée par la Banque centrale du Pérou (entre 1 % et 3 %). Le taux de dollarisation de l’économie reste toutefois élevé, s’établissant à 60 % des crédits en 2006 au secteur privé contre 82 % en 2000. Parmi les grandes orientations financières, figure un axe majeur : la restructuration de la dette publique tant extérieure qu'intérieure. Elle a permis de voir passer la part de la dette interne en 5 ans de 22 % à 29 %, traduisant la confiance des marchés dans les obligations d’État. La dette publique globale, à la fin septembre 2007, atteint 31 % du PIB. En termes de compétitivité, le Pérou est considéré aujourd'hui comme la première économie d'Amérique latine[54].
159
+
160
+ Si le respect des principes d'orthodoxie financière et l'amélioration de la gestion de la dette ont abouti, semble-t-il, à un rétablissement durable des équilibres macroéconomiques et à regagner la confiance des investisseurs, cependant l'économie péruvienne doit toujours affronter deux défis majeurs:
161
+
162
+ . Premièrement, le pays reste vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières sur les marchés internationaux. Cette vulnérabilité implique une forte volatilité du PIB et cela peut avoir des effets potentiellement négatifs sur la croissance de long terme, sur le développement socioéconomique et sur les finances publiques.
163
+
164
+ . Deuxièmement, la phase conjoncturelle doit être exploitée pour favoriser la création d’un scénario de croissance et de redistribution favorable à la lutte contre la pauvreté et au développement humain, car la société péruvienne reste fortement fragmentée, culturellement et économiquement. Ainsi, les études montrent qu'une couche importante de la population reste dans la pauvreté malgré l'essor économique notable que connaît récemment le pays. L'Institut péruvien de statistiques (INEI) avance un chiffre de 21,8 % de pauvreté pour 2015, et la pauvreté extrême (moins d'un dollar par jour) s'élève à 4,1 % pour la même année[55].
165
+
166
+ Le Pérou a conservé une agriculture diversifiée, en particulier dans les zones encore boisées: au cours de la décennie des années 2010, il a confirmé sa huitième place au palmarès des quinze plus grands producteurs mondiaux de café, derrière la Colombie et le Honduras, autre grands exportateurs d'Amérique latine.
167
+
168
+ Les travailleurs informels représentent, en 2019, 70 % du marché du travail selon l’Institut national des statistiques et de l’informatique (INEI)[56]. En 2016, près de trois millions d'enfants et adolescents travaillent dans le secteur informel[57]. Dans le secteur formel le temps de travail hebdomadaire légal est de 48 heures[58].
169
+
170
+ Un réseau routier de plus de 80 000 km relie toutes les régions du pays. La côte péruvienne est traversée du nord au sud par un axe routier majeur et structurant : la route panaméricaine. Nommée aussi route 001 ou PE-1, cette route longue de 2 700 km s’étire de la ville de Tumbes jusqu’à Tacna, au sud du pays.
171
+
172
+ Deux autres grands axes longitudinaux sont la route de la Sierra (Piura-Puno, 3 508 km) et la route de la Selva (Cajamarca-Junín, 2 781 km). Une vingtaine d’axes transversaux desservent les villes de la Sierra et de l’Amazonie. Les trois axes longitudinaux mentionnés auparavant finissent par un nombre impair (PE-1, PE-3 pour la route de la Sierra, PE-5 pour la route de la Selva), alors que les routes et autoroutes transversales finissent par un nombre pair (PE-02, PE-04…). Bien que la plupart des axes soient interconnectés, leur construction est longue et coûteuse du fait du relief accidenté.
173
+
174
+ Il existe également deux axes routiers reliant les villes du Pérou et du Brésil. D’un total de 960 km, l’axe Interocéanique sud (nœud fluvial et terrestre) relie le port de Paita au nord du Pérou au port de Manaus au Brésil. Il vise aussi à l’amélioration de la navigabilité des fleuves du bassin amazonien en unissant l’Atlantique et le Pacifique. La fin de travaux de construction de l’autre axe de transport, l’Intérocéanique sud (plus de 2 600 km), devra relier l’Atlantique (notamment l’État d’Acre) et le Pacifique (Sud du Pérou), exclusivement par voie terrestre. Cela implique également l’amélioration des routes existantes et la construction de nouvelles.
175
+
176
+ Les chemins de fer du Pérou atteignent une longueur totale de 2 100 km, dont 240 km de voies appartenant à la société minière Southern-Cooper. L’entreprise Ferrovias Central Andina a pris en charge le réseau central allant du Callao aux Andes Centrales et qui sert surtout au transport de minerais. L’entreprise Ferrocarriles Transandinos administre les réseaux du Sud (Cusco-Matarani) et Sud-Est (Cusco-Machu Picchu, consacré au transports de touristes).
177
+
178
+ La Corporation péruvienne d’aéroports (Corpac) administrait, en 2007, 42 aéroports régionaux (d’un total de 210 que compte le pays). L’aéroport international Jorge-Chávez, l’un des plus modernes du continent, est de loin le plus important du Pérou. D’autres aéroports importants sont ceux de Cusco, de Trujillo et d’Arequipa. Le transport fluvial ne concerne que le bassin amazonien, où se trouvent les quatre principaux ports fluviaux : Iquitos, Yurimaguas, Port Maldonado et Pucallpa. Le plus important est celui d’Iquitos (82 % du trafic fluvial total, soit 352 000 tonnes).
179
+
180
+ D’importantes sommes d’argent ont été injectées dans le secteur des télécommunications ces dernières années. Ces investissements concernent, pour leur grande majorité, l’extension et la densification des réseaux, ainsi que la progression de la couverture des zones rurales. Le taux de pénétration global actuellement est de 80 % dont environ 10 % pour les lignes fixes[60]. Une partie importante des lignes (55 %) se trouve dans la capitale, Lima, et le port de Callao. Le parc total de lignes fixes a atteint plus de deux millions de lignes au 18 mai 2009[60]. Le nombre de lignes mobiles représente 9,5 fois le nombre de lignes fixes. En juin 2009, le parc mobile était estimé à 22,9 millions abonnés[61].
181
+
182
+ La population du Pérou est estimée en 2016 à 31 millions d’habitants, soit près de 5 % de la population de l’Amérique latine. La population a rapidement augmenté depuis les années 1960 : elle s’est multipliée par trois entre 1960 et 2009, passant de 10,4 millions à 29,1 millions d’habitants. Le taux de croissance démographique actuel cependant peut être considéré comme modéré dans le contexte latino-américain, s’élevant à 14,4 pour mille pour la période 2005-2010, soit un niveau légèrement supérieur à celui de la population latino-américaine estimée en 13,2 habitants pour mille.
183
+
184
+ La densité reste faible, le Pérou étant, avec 23,2 habitants par km2 l’un des pays les moins densément peuplés de l’Amérique. Cette densité est d’ailleurs très inégale : assez élevée sur la côte (242,7 habitants par km2 à Lima), elle est infime dans l’Amazonie péruvienne (2,4 habitants par km2 dans le département de Loreto et 1,3 habitants par km2 dans le département Madre de Dios).
185
+
186
+ Le Pérou s'est ouvert à l'immigration japonaise à la fin du XIXe siècle, recherchant surtout des travailleurs agricoles. Cette immigration a perduré jusque dans les années 1930. Elle a dû affronter la vindicte populaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Japonais-Péruviens, soupçonnés d’être restés fidèles à un Japon belliqueux, ont été internés dans des camps aux États-Unis. Leurs biens ont été confisqués au Pérou[62].
187
+
188
+ Le redressement économique qu’a connu récemment le pays s’est accompagné d’une baisse relativement importante du nombre d’émigrants. Le solde migratoire est passé de -2,2 % pour la période 1990-2000 à -0,3 % pour la période suivante (2000-2010). Le nombre de Péruviens résidant à l’étranger s’élèverait à près de 2 millions (2007), soit 7 % de la population. Ils sont installés principalement aux États-Unis et dans une moindre mesure au Canada ou en Espagne. À l’heure actuelle, la communauté péruvienne figure parmi les dix nationalités les plus représentées aux États-Unis.
189
+
190
+ Selon la Constitution de 1993, la langue officielle du Pérou est l’espagnol, toutefois le quechua, l’aymara et d’autres langues indigènes possèdent un statut de coofficialité dans les parties du territoire, où elles sont prédominantes[63].
191
+
192
+ En 2019, trois millions de Péruviens vivent à l’étranger[56].
193
+
194
+ L'indice de fécondité est estimé à 2,37 [enfants par femme en 2009, soit un niveau légèrement inférieur à la moyenne latino-américaine (2,5 enfants)[65]. La fécondité reste cependant élevée dans les zones rurales et dans les communautés d'indigènes, alors qu'elle est plus basse dans les villes. L'espérance de vie est, quant à elle, estimée à près de 71,03 ans en 2010 qui est très semblable à l'espérance de vie mondiale de 71 ans[66].
195
+
196
+ Au début des années 1950, près d’un enfant sur huit né au Pérou mourait avant la fin de sa première année. Au cours des décennies suivantes, une chute spectaculaire de la mortalité infantile s'est produite. Le taux est passé de 158,6 pour mille en 1950 à 43 pour mille en 1996 et à 21 pour mille en 2006[67].
197
+
198
+ Néanmoins, en 2019, la moitié des enfants de moins de trois ans présentent de sérieuses carences alimentaires[68].
199
+
200
+ Derrière l’apparente unité, la société péruvienne est profondément diverse. La venue de migrants originaires d'Europe, d'Afrique et d'Asie, lors des différentes périodes historiques, a favorisé le mélange de populations. Dès le XVIe siècle, le processus de colonisation est allé de pair avec la mixité des diverses composantes raciales. À cela, il faut ajouter une diminution drastique de la population autochtone au cours des premières décennies de présence espagnole. Décimés par les massacres et les épidémies, le nombre d’Amérindiens au Pérou est passé de onze millions d'habitants en 1500 à un peu plus d'un million un demi-siècle après. Le fait que Lima ait été le siège du vice-roi d'Espagne aurait encore aggravé le sort des Indiens du Pérou[69]. La venue de migrants originaires d'Europe et d'Asie lors des premières années de la République a largement contribué à rendre la société péruvienne encore plus métissée. Entre 1849 et 1874, 80 000 Chinois arrivèrent ainsi au Pérou pour travailler dans les plantations de canne à sucre ou dans les gisements de guano[70].
201
+
202
+ Selon les estimations, 47 % des Péruviens sont des métis, c'est-à-dire d'origine à la fois amérindienne et européenne, et le pourcentage de population d'origine à prédominance européenne atteindrait 15 % (10 % d'ascendance espagnole (principalement des colons arrivés pendant la colonie) et 5 % d'autre ascendance européenne (italienne 1,8 %, française 1,5 %, allemande et autrichienne 2 %)[71]. Dans certaines régions du Pérou, particulièrement sur la côte, on rencontre parfois de nombreux métis d'ascendance africaine. La proportion de la population indigène (ou personnes à prédominance indigène) fluctuerait entre 30 et 45 % de la population[71]. Cette estimation est particulièrement difficile à faire car l'Institut national de statistique du Pérou se fonde sur des critères linguistiques et non des critères purement « raciaux ». Il fixe ainsi à 15,9 % le pourcentage des Indiens définis sur un critère linguistique. De nos jours, la plupart des Péruviens se considèrent comme des métis, sans qu'il soit possible de tracer des frontières précises entre les différentes catégories[72].
203
+
204
+ Les indigènes sont majoritaires dans les régions andines du pays (Cuzco, Huancavelica, ou Puno). Sur la côte, caractérisée par une forte présence de population métisse ou d’origine européenne, les indigènes sont encore moins nombreux. De fortes minorités, telles les Ashaninkas, Shipibo-conibos et Aguarunas sont présentes dans l’Amazonie ou le piémont amazonien. Les peuples indiens d’Amazonie ont généralement moins perdu leur culture après la conquête espagnole, car leurs territoires étaient très difficiles d’accès. Au Pérou, la population autochtone n’est représentée par aucun parti politique comme c’est le cas en Équateur ou en Bolivie, où les mouvements indigènes occupent une place essentielle dans le paysage politique.
205
+
206
+ Les grandes migrations internes depuis les années 1950 ont favorisé encore plus la mixité de populations. Selon les estimations[74], le pays avait un taux d’urbanisation de 71 % en 2005. Le rythme de l’urbanisation est variable d’une région à l’autre. À un extrême, on trouve des régions fortement urbanisées (Lima ou Piura), dans lesquelles la part de la population urbaine s’élève à près de 90 %. La majeure partie de migrants ont convergé vers la capitale, Lima, qui est devenue une ville métissée, un véritable carrefour de cultures régionales.
207
+
208
+ Aujourd’hui, les médias et les intellectuels péruviens parlent d’une culture métisse. Le développement de l’indigénisme a conduit également à réévaluer le métissage.
209
+
210
+ L’accès à l’éducation est plus faible dans la population indigène, avec seulement 10,2 % d’entre eux poursuivant des études supérieures. Les opportunités sur le marché du travail sont encore plus limitées, avec une surreprésentation dans le secteur agricole et dans les emplois non qualifiés. À eux deux, ces secteurs représentent deux tiers des emplois pour la population indigène contre seulement un tiers pour les non-indigènes[75].
211
+
212
+ Lima
213
+
214
+ Trujillo
215
+
216
+ Arequipa
217
+
218
+ Le Pérou regroupe un ensemble de régions dont la population est de taille très inégale. Cinq régions seulement sur vingt-quatre rassemblent en effet plus de la moitié de la population totale (52 %) : Lima, Piura, La Libertad, Cajamarca et Puno. Lima, avec 8,4 millions d’habitants, concentre à elle seule presque un tiers de la population du pays (30,8 %). À l’autre extrême, une dizaine de régions représentent à peine plus de 10 % de la population totale du pays. En 2007, les dix plus grandes villes du Pérou[64] étaient :
219
+
220
+ Lima
221
+
222
+ Arequipa
223
+
224
+ Trujillo
225
+
226
+ Chiclayo
227
+
228
+ Piura
229
+
230
+ Iquitos
231
+
232
+ Cuzco
233
+
234
+ Chimbote
235
+
236
+ Huancayo
237
+
238
+ Tacna
239
+
240
+ Ordres nationaux :
241
+
242
+ Ordres ministériels/spécifiques :
243
+
244
+ La grande majorité des péruviens (76 %) sont catholiques. Plus de 17 % de la population se déclarent cependant de différentes organisations évangéliques, dont l'influence ne cesse de croître depuis les années 1980. En 1993, la nouvelle Constitution garantit la liberté de culte, mais souligne : « au sein du régime d'indépendance et d'autonomie, l'État reconnaît l'Église catholique comme un élément important dans la formation historique, culturelle et morale du Pérou. »[81]
245
+
246
+ Chaque année au mois d’octobre, la procession du Seigneur des miracles (el Señor de los Milagros) attire dans les rues de Lima une foule énorme de fidèles drapés de morado (violet). Ils seraient plus d'un million de Péruviens à participer aux festivités du Cristo Morado. Objet de vénération au Pérou et dans quelques pays d’Amérique latine, le culte au Christ de Pachacamilla (autre nom du Seigneur des miracles) serait la christianisation de dieu Pachacamac[82]. Le culte au Seigneur des miracles est le plus important du Pérou, mais d'autres villes rendent aussi culte à leur patrons. La fête du Corpus Christi mobilise l'ensemble de la ville de Cuzco, durant les premiers jours du mois de juin, et la Virgen de la Candelaria est une festivité importante dans la région de Puno.
247
+
248
+ Le 21 octobre 2016, le Pérou fut consacré au Sacré-Cœur par le président Pedro Pablo Kuczynski.
249
+
250
+ Gustavo Gutiérrez Merino, né à Huánuco en 1928, est considéré comme le pionnier de la théologie de la libération. Le théologien inspire le mouvement, en 1972, dans un ouvrage du même nom. Influencé par Bartolomé de las Casas et les différents mouvements sociaux du XXe siècle, il développe et approfondit la vision du Salut chrétien en tant que « choix préférentiel pour les pauvres », vision proclamée par les Conférences épiscopales latino-américaines de Medellín et de Puebla. L'enjeu de la théologie de la libération n'étant pas seulement théorique mais aussi politique, elle fait l'objet d'un débat public bien au-delà du cercle des théologiens. Ce courant théologique est devenu influent en Amérique latine et en Afrique, mais les théologiens de la libération ont dû affronter une grande opposition du Vatican, en raison de la compromission de cette théologie avec le marxisme. En 2003, le père Gutierrez a reçu le prix Prince des Asturies.
251
+
252
+ Selon Garcilaso de la Vega, Inca Roca ordonna la création des premiers établissements d'enseignement, les Yachayhuasi ou Maisons de Savoir[83]. La direction de ces « écoles » fut confiée aux amautas, savants en astronomie, qui étaient également capables de lire les quipus. Les jeunes étaient instruits aux affaires de l'État (les lois, l'administration ou l'histoire), ainsi qu'aux rites et aux préceptes de la religion. Le système éducatif pendant la longue période coloniale était déterminé par le triple impératif de transformer les populations locales en habitants utiles, en chrétiens pieux et surtout en sujets fidèles au roi. Les différents ordres religieux fondent les premières écoles : Colegio Mayor de San Pablo (1568) et Colegio Mayor de San Felipe (1575). À un niveau plus élevé, les dominicains fondent en 1551 la première université du Nouveau Monde : l'université nationale principale de San Marcos.
253
+
254
+ Le système éducatif péruvien consiste en quatre niveaux : le nido (ou wawa wasi), l'éducation primaire, l'éducation secondaire, et l'université.
255
+
256
+ Les nidos (privé) ou wawa wasis (publique), pour les enfants de 1 à 5 ans, ne sont pas obligatoires, bien que la plupart des niños les fréquentent. L'éducation primaire est divisée en six niveaux (nommés de premier au sixième grado de primaria). Depuis la Constitution de 1828, article 171, elle est obligatoire et gratuite. L'éducation secondaire, obligatoire et gratuite aussi, est composée de cinq niveaux (nommés grados de secundaria). Les deux dernières années sont surtout orientées à la préparation des examens pour entrer aux universités, préparation qui a lieu dans des centres d'enseignement nommés Academias Preuniversitarias ou Pre.
257
+
258
+ Enfin, l'éducation universitaire. Le Pérou possède un réseau de 70 universités (28 publiques et 42 privées). Contrairement au système universitaire français, les élèves qui souhaitent faire des études à l'université sont dans l'obligation de passer un examen de sélection (examen de ingreso). Les études universitaires sont divisées en deux cycles distincts : les Estudios Generales et faculté. Les diplômes de fin d'études sont le Bachillerato (à ne pas confondre avec le baccalauréat français) et la Licencia (grade académique de licencié). La recherche publique est chapeautée par le Conseil national de la science, de la technologie et de l'innovation technologique (CONCYTEC).
259
+
260
+ Le Pérou compte également quelques institutions étrangères prestigieuses parmi lesquelles le Markham College, et le lycée franco-péruvien qui appartient à l'AEFE.
261
+
262
+ Néanmoins, le Pérou est le seul des cinq pays d'Amérique latine évalués par le PISA[84] en 2004 (avec l'Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique) où plus de la moitié des jeunes de 15 ans n'a pas acquis le niveau de connaissance et les compétences en lecture suffisantes afin de poursuivre correctement son éducation. Et cela est davantage inquiétant si l'on considère que des indices indiquent que dans l'enseignement supérieur le problème s'accentue en raison de la complexité des processus d'apprentissage[85].
263
+
264
+ Pour de nombreuses familles pauvres, le travail des enfants est indispensable pour pouvoir financer leur propre scolarisation. L’école publique est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 11 ans, mais les uniformes et les fournitures scolaires représentent des postes de budget très lourds pour des foyers modestes. Chaque année, des milliers d’enfants abandonnent l’école pour des raisons économiques[57].
265
+
266
+ En 2009, le gouvernement péruvien interdit aux personnes homosexuelles de s'engager dans la police pour ne pas porter préjudice à l'image de l'institution[86].
267
+
268
+ Le Pérou comporte de très nombreuses danses et musiques.
269
+
270
+ La musique andine la plus populaire est le huayno. Dans les villes, la musique la plus populaire est désormais la musique chicha, fusion entre la cumbia et le huayno.
271
+
272
+ La musique péruvienne est très influencée par les traditions espagnoles mais également africaines (festejo, musica criolla).
273
+
274
+ La danse nationale est la marinera.
275
+
276
+ La cuisine péruvienne est remarquable pour sa diversité[87] en raison de la riche géographie du pays, de la disponibilité de ressources variées, et de l'alliance de traditions culinaires autochtones à des pratiques gastronomiques d'autres continents. Ainsi, en plus des apports de la culture espagnole, à la fin du XIXe siècle, des immigrants venus de la Chine adaptèrent leurs traditions culinaires au goût et aux ressources locales péruviennes. Ainsi naquît la cuisine chifa, qui compte une grande variété de mets.
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+ Les diverses cuisines régionales sont souvent regroupées en trois grandes familles par l’emplacement géographique et les conditions climatiques :
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+ Les boissons fraîches telles que la chicha morada, la chicha de jora, ou les deux boissons nationales : le pisco (alcool de vin) ou l’Inca Kola (gazeuse), accompagnées de fruits locaux comme la cherimoya, la maracuja, la lucuma ou le camu-camu complètent le menu péruvien.
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+ Le chef de file de la cuisine péruvienne est sans doute le célèbre cuisinier Gastón Acurio.
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+ La cuisine péruvienne poursuit son évolution multipliant les innovations sans pourtant trahir la tradition, comme le montre bien la Nouvelle Cuisine andine ou Cocina Novoandina.
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+ À partir des années 2000, des boutiques péruviennes puis des e-boutiques très diversifiées (mais dont le cœur de leur activité reste centré sur la gastronomie) apparaissent en Europe et particulièrement en Espagne, Italie, France.
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+ Le Pérou a pour codes :
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+ République du Pérou
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+ (es) República del Perú
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+ (qu) Piruw Republika
6
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+ (ay) Piruw Suyu
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+ 12° 02′ S, 77° 01′ O
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13
+ Le Pérou, en forme longue la république du Pérou, en espagnol Perú et República del Perú ( audio), en quechua Piruw et Piruw Republika et en aymara Piruw et Piruw Suyu, est un pays situé dans l'Ouest de l'Amérique du Sud. Entouré par l'Équateur au nord-ouest, la Colombie au nord-nord-est, le Brésil au nord-est, la Bolivie au sud-est, le Chili au sud-sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest-sud-ouest, il est le troisième pays du sous-continent par sa superficie : 1 285 220 km2, et le quatrième par sa population : environ 32 millions d'habitants.
14
+
15
+ Lima, une vaste aire urbaine de 9 millions d'habitants, est la capitale et la plus grande ville du pays. Sa capitale historique est Cuzco, dans les Andes[6], ancienne capitale de l'empire inca.
16
+
17
+ Le système politique actuel repose sur la Constitution de 1993. Depuis 2002, le Pérou a été divisé en 24 départements et un important processus de décentralisation a été mis en place. Parmi ses trois langues officielles, la plus parlée est l'espagnol, suivie du quechua et de l'aymara. Le nombre d'habitants est de 31 826 018 en 2017. Les peuples descendant des Incas, principalement Quechuas et Aymaras, représentent le groupe le plus important (45 % de la population[7]), suivis par les métis Européens/Amérindiens (37 % de la population[7]) et les descendants d'Européens (15 % de la population[7]).
18
+
19
+ Il est membre du Forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et de la Communauté andine des nations (CAN). Le sol est la monnaie nationale péruvienne depuis 1991, en remplacement de l’inti[8],[9].
20
+
21
+ Le nom « Pérou » dérive de Birú, dénomination d’un cacique qui vivait près de la baie de San Miguel (Panama), au début du XVIe siècle[10]. Lorsque des aventuriers espagnols les ont parcourus en 1522, les territoires du chef local étaient la partie la plus méridionale du Nouveau Monde. Les indigènes de la zone rapporteront quelques vagues informations sur l’existence d’un riche et lointain royaume[11]. Le nom est rapidement passé dans le langage courant de l’époque pour désigner un territoire légendaire situé tout au sud de l’isthme de Panama. Par la suite, Francisco Pizarro et ses hommes, lors de l’occupation de l’empire inca en 1532, emploieront le nom Pérou pour désigner les nouvelles terres conquises.
22
+
23
+ Le plus ancien document juridique attestant la dénomination Pérou est la Capitulation de Toledo rédigée en 1529. Dans ce texte, le roi Charles Quint concède les territoires à conquérir à Francisco Pizarro avec le titre de « gouverneur de terres et provinces du Pérou et de la ville de Tumbes »[12].
24
+
25
+ Les premiers documents historiques présentent diverses graphies du mot Perú : Virú, Berú ou Pirú. Durant quelques décennies, ces diverses formes coexistent et sont employées d’une manière interchangeable, parfois dans le même texte.
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27
+ Les premiers vestiges de présence humaine au Pérou ont été découverts dans la grotte Pikimachay et dateraient pour les couches les plus anciennes de 19 000 ans avant notre ère[13]. Les populations sont alors pour la plupart nomades, vivent de la chasse de camélidés et de la cueillette et s’abritent dans des grottes[14].
28
+
29
+ Durant la période archaïque tardive, les premiers villages et organisations sociales complexes apparaissent. Ils permettent l’apparition de la plus vieille ville du continent et l’une des plus anciennes du monde : Caral[15]. La cité de Caral, un grand centre urbain doté de pyramides tronquées au sommet, appartenait à un ensemble de sites archéologiques qui aurait abrité la première civilisation américaine : Caral-Supe ou Norte Chico (entre 2627 et 2100 avant notre ère[16]). Lors de fouilles, divers objets ont été exhumés, tels que des figurines anthropomorphiques en argile crue, des flûtes traversières taillées dans des os de pélican ou de condor[17], ou des cordelettes à nœuds (probablement des quipus).
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+ Caractérisées par une nouvelle complexification de l’organisation sociale et des technologies, les cultures de la période dite de « horizon de formation » (2700-200 av. n. è) développèrent la céramique, le tissage, l’usage de l’or et du cuivre, et la construction de canaux d’irrigation et la culture en terrasse, facteurs déterminants pour l’accroissement du pouvoir étatique. Dans la culture de Chavín (~1800-300 av. n. è), la vie sociale, économique et rituelle s’organise autour des dieux féroces représentant les grands prédateurs locaux comme le jaguar, le serpent ou le caïman. Le centre cérémoniel, Chavín de Huántar, est un réseau complexe de galeries décorées par des immenses mégalithes ornés. Sur le plan iconographique, les divinités de la cosmogonie chavín seront présentes dans presque toutes les manifestations artistiques postérieures. Paracas (~800-200 av. n. è), une culture située sur une péninsule désertique portant le même nom, se distingue par ses textiles de grande valeur esthétique et scientifique.
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+ L'effondrement de la culture Chavín ira de pair avec l’affirmation de pouvoirs régionaux, caractérisés par un relatif isolement local. Chaque région abrite alors de petites entités politiques qui adoptent leurs propres modèles de développement culturel, n’ouvrant leurs frontières qu’aux échanges commerciaux. À cette période appartiennent notamment la culture Nazca (~200 av. n. è. - 600), la culture Huari (600-1000) et la culture Mochica (~100-700), l’une des plus importantes organisations politiques de l’ancien Pérou.
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+
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+ La période impériale, aussi appelée Règne des belligérants, succède au déclin de la civilisation Huari, dernière entité politique régionale. Divers États locaux qui tentent de dominer politiquement et parmi ces États, nous retrouvons la culture Chimú, la culture Chanca, la culture Chincha et enfin, la plus célèbre, la culture Inca. Les origines des Incas se mêlent à la légende. Probablement, ils étaient une tribu guerrière quechua du Sud de la sierra. Entre 1100 et 1300, ils se déplacent peu à peu vers le nord de la région jusqu’à la vallée fertile de Cuzco, occupée alors par des peuples aymaras[18]. L’Empire naissant se distinguait par sa condition d’État agraire, au sommet duquel se trouvait l’Inca[19].
36
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+ Cependant, la véritable expansion des Incas commence en 1438, avec Pachacutec (1438-1471), qui entreprend de conquérir les terres voisines. Durant les 70 dernières années de cette période, le royaume de Cuzco forme un vaste empire qui s’étend sur toutes les Andes. Le génie de Pachacútec se manifesta avant tout dans la législation et l’administration qu’il établit dans l’Incanat[21]. Il aboutit à accomplir l’unité d’un si vaste empire grâce à trois mesures principales. Il préserva l’unité géographique de l’Empire en développant un gigantesque réseau de routes (le Qhapaq Ñan) ; puis il fit son unité linguistique en imposant le runa simi ou quechua comme langue officielle ; enfin, grâce à une organisation centrale absolue, il forma l’unité politique impériale[22]. En même temps, il créa une élite capable de l’assister dans son œuvre : les curacas. Pour faciliter la transmission des ordres et le renseignement sur l’état des provinces, on établit un système de « chasquis » ou « coureurs messagers », qui parcouraient les chemins de l’Empire.
38
+
39
+ À la fin du XVe siècle, l’Inca Pachacutec transmet le pouvoir à son fils Tupac Yupanqui († 1493), qui étend l’Empire jusqu’à l’actuel territoire équatorien. Sous le règne de son fils, Huayna Capac († 1527), les frontières de l’empire inca sont repoussées jusqu’à la frontière de l’actuelle Colombie. Une guerre de succession éclate entre les deux fils de Huayna Capac, Huascar et Atahualpa. Ce dernier est parvenu à battre les troupes de son frère, au moment où les conquistadors arrivent au Pérou.
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41
+ Lorsque les troupes de Francisco Pizarro arrivèrent en 1531, l’Empire inca était déchiré par une guerre civile. Le 16 novembre 1532, durant la bataille de Cajamarca, Pizarro captura l'empereur Atahualpa et le fit exécuter. Il faudra cependant plus de quarante ans pour briser les dernières tentatives de résistance : le dernier Inca de Vilcabamba, Túpac Amaru, fut capturé et exécuté en 1572.
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+ Les Espagnols instituèrent le système de l’encomienda : les Amérindiens devaient payer un tribut, dont une partie allait à Séville. Les encomenderos étaient chargés également de les christianiser. En tant que gouverneur du Pérou, Pizarro abusa de l'encomienda en accordant à ses soldats et compagnons un pouvoir quasi illimité sur les populations indigènes qui furent obligées à travailler sans rétribution dans des mines et des champs. Pizarro fut assassiné en 1541 par une faction menée par Diego de Almagro le jeune, surnommé « el Mozo ». En 1543, le roi Charles Quint pour réagir aux luttes intestines entre les conquistadores envoya Blasco Núñez Vela en tant que premier vice-roi. Il sera à son tour tué par Gonzalo Pizarro, le frère du premier Pizarro. Finalement, un nouveau vice-roi, Pedro de la Gasca, parvint à restaurer l'ordre et exécuta Gonzalo Pizarro après sa capture. 39 vice-rois ont succédé à Núñez Vela et ont gouverné la vice-royauté entre 1544 et 1824.
44
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+ Francisco de Toledo (1569-1581) fut celui qui organisa l'État colonial et fonda les « réductions » ou cités d'Indiens où ils furent regroupés. Au niveau local, les encomenderos étaient maintenant sous l'autorité des curacas. Une pyramide hiérarchique permit ainsi de contrôler toutes les villes et villages. Le recensement sous le dernier Quipucamayoc ou « maître du quipu » indiquait qu'il y avait 12 millions d'habitants dans l’empire inca. Quarante-cinq années plus tard, le recensement du vice-roi Toledo, montrait qu'il en restait 1,1 million[23]. Les villes Incas reçurent des noms catholiques et furent reconstruites selon le modèle espagnol. Elles comportaient une place centrale et une église ou cathédrale en face d'un bâtiment officiel. Quelques villes, telle Cuzco, gardèrent leurs fondations d'origine incas. Certains sites incas, tel Huánuco Viejo, furent abandonnés au profit de villes à plus basse altitude.
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+ Après l'établissement de la vice-royauté, le Pérou devint l'une des premières sources de la richesse pour l'Espagne. La ville de Lima, fondée par Pizarro le 18 janvier 1535 sous le nom de Ciudad de los Reyes (« la Ville des Rois »), devint la capitale et une ville puissante qui avait sous sa juridiction toute l'Amérique du Sud à l'exception du Brésil dominé par les Portugais. Au XVIIe siècle, Lima abritait une université et était la principale place forte de l'Espagne sur le continent américain. Toutes les richesses coloniales passaient par Lima, puis par l'isthme de Panama avant d'arriver à Séville, en Espagne.
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+ Au XVIIIe siècle, devant la difficulté de l'administration d'un territoire immense, seront réalisées des réformes dans la structure politique coloniale (« les réformes bourboniennes »). En 1717, la vice-royauté de Grenade fut formée : elle regroupa la Colombie, l'Équateur, le Panama et le Venezuela. En 1776, une nouvelle vice-royauté vit le jour, la vice-royauté du Río de la Plata : elle regroupait l'Argentine, la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay.
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+ Entre 1780 et 1781, la vice-royauté du Pérou connut la plus violente insurrection de son histoire[24]. Dirigée par Túpac Amaru II, un cacique du Cuzco, l’insurrection était à l’origine une révolte fiscale, mais très vite se transforma en un mouvement qui revendiquait l’autonomie du territoire par rapport à la Couronne espagnole[25]. Túpac Amaru arriva à réunir une armée de près de 50 000 hommes, composée majoritairement d’Amérindiens et de métis. Après quelques batailles, la révolte fut écrasée de manière extrêmement violente. Le 18 mai 1781, José Gabriel Túpac Amaru II fut écartelé et décapité à Cuzco, mais il devint pendant le XIXe siècle une figure importante de la lutte pour l'indépendance et de la liberté.
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53
+ Le processus d’indépendance prit définitivement son élan avec le soulèvement des propriétaires terriens d'origine espagnole. José de San Martín et Simón Bolívar étaient à la tête des troupes rebelles. Après avoir débarqué dans la baie de Paracas, San Martín s'empara de Lima et déclara, le 28 juillet 1821, l'indépendance du Pérou par rapport à l'Espagne. L'émancipation devint effective en décembre 1824, lorsque le général Antonio José de Sucre battit les Espagnols dans la bataille d'Ayacucho le (9 décembre 1824). Après cette victoire, une scission sépara le pays en Haut-Pérou resté fidèle à Bolivar (maintenant, la Bolivie) et bas Pérou (le Pérou actuel). Comme le Chili, la Bolivie, Mexique, ou la Grande-Colombie, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[26] : des centaines de techniciens anglais traversent l’océan, avec leur machine à vapeur, pour les moderniser.
54
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+ Après la guerre Grande Colombie-Pérou (1828-1829), les conflits frontaliers entre le Pérou et l'Équateur débutèrent à partir des années 1830. Quatre guerres éclatèrent entre ces pays entre 1858 et 1995, guerre de 1858-1860 ; guerre de 1941-1942 ; la guerre du Paquisha en 1981 et la guerre du Cenepa en 1995.
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+ Malgré la domination d'une oligarchie de propriétaires terriens, l'esclavage des Noirs et le tribut des Indiens furent abolis par le caudillo Ramón Castilla (1845-1851 et 1855-1862). Entre 1840 et 1879, le guano du Pérou, récolté par des compagnies privées ou publiques sur les côtes, généra d’énormes richesses car le pays bénéficia pendant cette période du monopole mondial de ce fertilisant. La vie politique fut alors une alternance de périodes démocratiques, de coups d'État et de dictatures.
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+ L'Espagne n'abandonna pas complètement ses ambitions coloniales et fit encore de vaines tentatives comme lors de la guerre hispano-sud-américaine. Après la bataille de Callao, elle reconnut l’indépendance du pays en 1880, établit des relations diplomatiques et signa un traité de paix et d’amitié définitif la même année. La guerre contre l’Espagne marquait pour le Pérou la consolidation de son indépendance.
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+ Entre 1879 et 1883, le Pérou mena aux côtés de la Bolivie la guerre du Pacifique. La guerre éclata lorsque le Chili envahit le port bolivien d’Antofagasta. La Bolivie déclara la guerre au Chili et le Pérou, par un traité réciproque de défense, entra à son tour dans le conflit. Malgré l'infériorité navale, le capitaine du navire Huascar, Miguel Grau, maintint sous pression la flotte chilienne pendant plusieurs mois. Le Huascar fut finalement pris par les Chiliens en octobre 1879. Pendant la campagne terrestre, le Pérou connaîtra quelques victoires, mais en 1881 les troupes chiliennes entrèrent dans Lima. La guerre prit fin le 20 octobre 1883 par le traité d'Ancón et fit perdre au pays la région de Tarapacá.
62
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63
+ En 1924, depuis Mexico, des meneurs de la Réforme universitaire au Pérou et contraint à l'exil par le gouvernement fondent l'Alliance populaire révolutionnaire américaine, qui exercera une influence majeure sur la vie politique du pays. L'APRA est ainsi en grande partie une expression politique de la Réforme universitaire et des luttes ouvrières menées dans les années 1918-1920. Le mouvement puise ses influences auprès de la révolution mexicaine et de la Constitution de 1917 qui en est issu, notamment sur les questions de l'agrarisme et de l'indigénisme, et à un degré moindre de la révolution russe. Proche du marxisme (son dirigeant, Haya de la Torre, déclare en effet que « l'APRA est l'interprétation marxiste de la réalité américaine »), elle s'en éloigne pourtant sur la question de la lutte des classes et sur l'importance donnée à la lutte pour l’unité politique de l’Amérique latine. En 1928 est fondé le Parti socialiste péruvien notamment sous l'impulsion de José Carlos Mariátegui, lui-même ancien membre de l'APRA. Le parti crée peu après, en 1929, la Confédération générale des travailleurs. L'APRA, gagnant rapidement en popularité, est mise hors la loi en 1933 par le régime de Oscar R. Benavides, qui resta président jusqu'en 1939.
64
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65
+ La constitution de 1933 réservait le droit de vote aux citoyens alphabétisés; qui en 1960, ne représentaient encore que le tiers de la population adulte. Les Indiens, presque la moitié de la population, restaient des exclus et vivaient de façon misérable. Entre 1932 et 1933 a lieu la guerre avec la Colombie. Une guerre opposa le Pérou et l'Équateur entre le 5 juillet et le 31 juillet 1941. Durant cette guerre, le Pérou occupa les provinces occidentales de Loja et el Oro. Les États-Unis, le Brésil, l'Argentine et le Chili proposèrent leur médiation et le protocole fut finalement signé. Néanmoins, un nouveau conflit éclatera entre les deux pays un demi-siècle plus tard.
66
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+ À nouveau autorisée en 1945, l'Alliance populaire révolutionnaire américaine soutint le président José Luis Bustamante y Rivero (1945-1948) qui, renversé par le coup d'État militaire du général Manuel A. Odría d'octobre 1948, augura du début d'une dictature. Des élections sont pourtant organisées en 1962, et remportées par le candidat apriste Víctor Raúl Haya de la Torre. Toutefois, un coup d'État militaire dirigé par le général Ricardo Pérez Godoy empêcha le respect de la légalité. La junte organisa à nouveau des élections l'année suivante, qui furent remportées par Fernando Belaúnde Terry, fondateur de l'Action populaire, qui demeura en place jusqu'en 1968.
68
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69
+ Au début des années 1960, alors que près de 70 % des terres sont possédées par 2 % des propriétaires, le Pérou connait une forte mobilisation paysanne et indigène visant à obtenir une réforme agraire. Les paysans, en grande majorité des travailleurs agricoles indigènes, formèrent alors la base de syndicats ruraux engagés face à la détérioration de leurs conditions. Les paysans eurent recours à des tactiques allant de l'occupation pacifique des terres à la confrontation violente avec les grands propriétaires et les forces armées. Plusieurs petits mouvements de guérilla se constituent mais sont rapidement écrasés par le gouvernement[27].
70
+
71
+ Le 3 octobre 1968, le coup d’État réformiste mené par un groupe d’officiers dirigés par le général Juan Velasco Alvarado amène l'armée au pouvoir dans le but d’appliquer une doctrine de « progrès social et développement intégral », nationaliste et réformiste, influencé par les thèses de la CEPAL sur la dépendance et le sous-développement. Six jours après le golpe, Velasco procède à la nationalisation de l’International petroleum corporation (IPC), la société nord-américaine qui exploitait le pétrole péruvien, puis lance une réforme de l’appareil d’État, une réforme agraire. Il s'agit alors de la plus grande réforme agraire jamais entreprise en Amérique latine : elle abolit le système de latifunda et modernise l'agriculture par une redistribution plus équitable des terres (90 % des paysans forment des coopératives ou des sociétés agricoles d'intérêt social). La terre devant être possédée par ceux qui la cultivent, les grands propriétaires sont expropriés. Les seules grandes propriétés permises sont de type coopératif. Entre 1969 et 1976, 325 000 familles reçoivent une terre de l'État ayant une moyenne de 73,6 acres[28]. Le « gouvernement révolutionnaire » projette aussi des investissements massifs dans l'éducation, élève la langue quechua - parlée par près de la moitié de la population mais jusque-là méprisée par les autorités - à un statut équivalent à celui de l'espagnol et instaure l'égalité des droits pour les enfants naturels.
72
+
73
+ Le Pérou souhaite s’affranchir de toute dépendance et mène une politique extérieure tiers-mondiste. Les États-Unis répondent par des pressions commerciales, économiques et diplomatiques. En 1973, le Pérou semble triompher du blocus financier imposé par Washington en négociant un prêt auprès de la Banque internationale de développement afin de financer sa politique de développement agricole et minier. Les relations avec le Chili se distendent fortement après le coup d’État du général Pinochet. Le général Edgardo Mercado Jarrin (Premier ministre et commandant en chef de l’armée) et l’amiral Guillermo Faura Gaig (ministre de la marine) échappent tour à tour, à quelques semaines d'intervalle, à une tentative d'assassinat. En 1975, le général Francisco Morales Bermúdez Cerruti s’empare du pouvoir et rompt avec la politique de son prédécesseur. Son régime participe ponctuellement à l'Opération Condor en collaboration avec d'autres dictatures militaires américaines.
74
+
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+ Le Sentier lumineux apparaît dans les années 1970 dans les universités. Ces étudiants, pour beaucoup d'origines paysannes, retournent ensuite dans leurs communautés et y organisent des comités locaux du parti. L'abandon par l’État de certaines régions rurales favorise l’implantation du parti. En juin 1979, des manifestations pour la gratuité de l’enseignement sont sévèrement réprimées par l’armée : 18 personnes sont tuées selon le bilan officiel, mais des estimations non-gouvernementales évoquent plusieurs dizaines de morts. Cet événement entraîne une radicalisation des contestations politiques dans les campagnes et aboutit finalement au déclenchement de la lutte armée. Après le début de cette lutte armée, les nouvelles recrues du Sentier lumineux sont généralement des paysans peu politisés, plutôt que des militants réellement politisés[29].
76
+
77
+ En 1980, Fernando Belaúnde Terry retrouve le pouvoir en remportant l'élection présidentielle. Alan García, candidat du parti Alliance populaire révolutionnaire américaine, lui succéda le 28 juillet 1985. C'était la première fois qu'un président démocratiquement élu remplaçait un autre président démocratiquement élu en 40 ans.
78
+
79
+ En 1990, inquiets des attaques terroristes du Sentier lumineux et des scandales de corruption, les électeurs choisirent Alberto Fujimori. Pour lutter contre l'inflation, Fujimori adopta des mesures d'austérité très sévères. La monnaie est dévaluée de 200 %, des centaines d'entreprises publiques sont privatisées et 300 000 emplois sont supprimés. Il parvint à faire passer l'inflation de 2 700 % en 1990 à 139 % en 1991, mais la pauvreté ne recule pas[30].
80
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81
+ En raison de l'opposition des députés à certaines réformes, Alberto Fujmori dissout le 4 avril 1992 le Congrès, modifie la Constitution, fait incarcérer un certain nombre d'adversaires politiques et prend le contrôle des médias. Sa présidence est fortement marquée par l'autoritarisme, l'usage d'escadrons de la mort pour conduire des opérations anti-guérillas, la répression politique et la corruption[31]. Alberto Fujimori fait démarrer une campagne de stérilisations forcées dans certaines régions rurales du pays. Empreint d'eugénisme, le programme est essentiellement dirigé contre les populations indigènes : 330 000 femmes et 25 000 hommes en seront victimes selon un rapport du ministère de la Santé. L'objectif aurait été de juguler la démographie afin de bénéficier d'une aide économique accrue promise par les États-Unis, mais également de réduire des populations fortement défavorisées et suspectes de sympathies pour la guérilla du Sentier lumineux[32].
82
+
83
+ Son bras droit Vladimiro Montesinos entretient des liens étroits avec la CIA et les services secrets qu'il dirige reçoivent 10 millions de dollars de l'agence pour soutenir les activités de contre-guérilla du gouvernement. Les ventes d'armes des États-Unis au Pérou ont par ailleurs quadruplé sous la présidence de Fujimori[33]. Les membres de la police et de l'armée impliqués dans des crimes dans le cadre du conflit contre les guérillas sont amnistiés. Alberto Fujimori se fit réélire en 1995. Mais en novembre 2000, destitué pour corruption, il s'enfuit au Japon. Valentín Paniagua Corazao fut nommé pour le remplacer provisoirement et des élections furent organisées en avril 2001. Alejandro Toledo les remporta et devint président le 28 juillet 2001.
84
+
85
+ Des manifestations hostiles au projet de privatisation de deux compagnies d'électricité tournent à l'émeute à Arequipa, deuxième ville du pays, en juin 2002. L'état d'urgence est déclaré par le gouvernement. L'état d'urgence est à nouveau proclamé en mai 2003 alors que le Pérou connait une vague de protestations sociales. Alan Garcia, déjà président entre 1985 et 1990, revient au pouvoir en 2006. En juin 2009, une intervention de police contre des indigènes qui bloquent un axe routier conduit à des dizaines de morts[34].
86
+
87
+ Le Pérou est une République « démocratique, sociale, indépendante et souveraine » (article 43 de la Constitution de 1993). La Constitution de 1993 consacre le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et fonde un régime présidentiel monocaméral :
88
+
89
+ L’Assemblée constituante de 1822 est la première assemblée constituante péruvienne, instituée par 79 députés élus proportionnellement selon la population de chaque département. Lors de la première séance, les députés prêtèrent le serment de défendre l’intégrité territoriale du pays et « de le libérer de ses oppresseurs ». L’achèvement de l’Acte constitutionnel fut difficile : la première Constitution fut adoptée le 12 novembre 1823. Les premières constitutions établirent une démocratie nominale et censitaire, où les analphabètes et les femmes n’étaient pas habilités à voter. Le 7 septembre 1955, le Congrès de la République promulgua une loi, qui donnait pour la première fois aux femmes péruviennes le droit de voter et d’être élues.
90
+
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+ Le Pérou est considéré comme étant le quatrième pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l'environnement, après le Brésil, le Honduras et les Philippines. Les assassinats de militants écologistes y sont en augmentation ces dernières années[35].
92
+
93
+ La corruption est très présente dans la vie politique péruvienne. L’affaire Odebrecht est l’affaire la plus médiatisée. 28 millions de dollars ont été versés par la multinationale brésilienne à quatre présidents péruviens (Alejandro Toledo, 2001-2006 ; Alan Garcia, 2006-2011 ; Ollanta Humala, 2011-2016 ; Pedro Pablo Kuczynski, 2016-2018) pour obtenir des chantiers considérables comme celui de la route interocéanique entre le Pérou et le Brésil[36].
94
+
95
+ Les principaux partis politiques sont les suivants, par ordre décroissant du nombre de députés élus lors des élections générales de 2016 :
96
+
97
+ Le 19 novembre 2002, le Pérou adopta la Loi organique de gouvernements régionaux (Ley Orgánica de Gobiernos Regionales). Point de départ de la déconcentration d’un pouvoir administratif fortement centralisé, la loi vise à définir les principes régissant les administrations régionales et détermine les compétences entre municipalités, administrations régionales et l’État. Depuis, le pays est divisé en 24 régions (divisées elles-mêmes en provinces), auxquelles il faut ajouter la province de Lima, entité au statut particulier, distincte du département Lima.
98
+
99
+ Le district est la plus petite division administrative. Chaque district est dirigé par une municipalité, avec à sa tête un maire. Les gouvernements régionaux sont composés d'une présidence régionale, d'un conseil et d'un conseil de coordination :
100
+
101
+ Relief : La cordillère des Andes marque et structure les paysages et la géographie du pays. Parmi les volcans importants, on y trouve Misti et Ubinas. Le Huascarán, qui s'élève à 6 768 mètres, est le point culminant du pays dans la Cordillère occidentale.
102
+
103
+ Il est tropical à l'est, désertique et sec à l'ouest. Les déserts côtiers sont liés à la présence d'un courant océanique sud-nord, donc froid, qui remonte la côte Pacifique en bloquant l'évaporation et la formation de perturbations pluvieuses (hormis épisodiquement lors d'épisodes El Nino). Dans les Andes (chaîne de montagnes) le climat est tempéré à froid en fonction de l'altitude.
104
+
105
+ Le désert du Nord du Pérou abrite aujourd'hui des terres agricoles irriguées, et des zones de forêt sèche récemment fortement dégradées par l'agriculture industrielle, l'urbanisation et la production de bois et de charbon de bois. Les écosystèmes arides de ces régions se sont adaptés à décennies presque sans pluie entrecoupées de courtes pluies torrentielles subies d'un bref reverdissement du désert, de réapparition des oiseaux et de rivières.
106
+
107
+ Ces pluies ont des effets dramatiques sur une population non préparée, mais sont source de vie pour le désert. Après l'El Niño de 1997–1998 on a trouvé dans le désert des espèces sauvages proches de plantes domestiquées (tomates, poivrons, courges et pommes de terre) dont les graines pouvaient encore germer après 20 ans d'enfouissement, ainsi que des plantes cultivées par des paysans sur des sols rendus fertiles par l'eau et les alluvions[41]. La destruction de la forêt sèche a exacerbé l’érosion, les inondations et leurs effets. De même pour divers aménagements du bassin versant (dont sur les rivières canalisées, barrées et draguées) ne tenant pas compte des crues inhabituelles ; et des polluants miniers, cynégétiques, routiers, urbains et agricoles (pesticides et engrais) dont dispersés par l'eau, jusqu'à l'océan souvent, ce qui inquiète les écologues.
108
+
109
+ Selon B. Fraser dans la Nature (2018), « Personne n’avait prédit la catastrophe de cette année (2017) avant qu’il ne soit trop tard » et ses effets en Amérique du Sud ont été sous-estimés car si les scientifiques avaient bien prédit l'essentiel phénomène El Niño de 2015-2016, et même si le volume de précipitations de 2017 est comparable à celui de l'événement El Niño de 1997-1998, les causes en sont différentes et les scientifiques ont encore besoin de mieux comprendre le mécanisme de ces El Niños côtiers atypiques (tels que ceux des années 1920 et 1970), et de leur lien avec les cycles océaniques ou climatiques plus larges[41]. Un manque de financement a hélas freiné les études; ainsi les systèmes de surveillance installés dans des bouées océaniques par des scientifiques péruviens et équatoriens après le passage d'El Niño de 1997 à 1998 ont été vandalisés sans avoir pu être réparés et tout le réseau d'instruments océaniques d'étude de l'atmosphère océanique de la zone intertropicale souffre de détérioration et de coupures budgétaires[41].
110
+
111
+ La COP 20 sur le climat a été accueillie au Pérou.
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+
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+ Le Pérou occupe une surface de 1 285 220 km2 et possède 2 414 km de côtes.
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+
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+ On peut distinguer trois grandes zones naturelles :
116
+
117
+ Chaque zone est divisée en sous-zone nord, centrale et sud.
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+
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+ Le versant oriental est principalement drainé par deux cours d'eau, l'Ucayali et le Marañón qui, après s'être rejoints, donnent l'Amazone. Les deux rivières captent la majeure partie des eaux du versant oriental de la Cordillère des Andes, traversent ensuite la selva péruvienne avant de confluer.
120
+
121
+ Sur le versant occidental, se trouve le bassin de l'océan Pacifique, où viennent se jeter toute une série de petits fleuves descendus des hauteurs de la Cordillère. Parmi ceux-ci, l'un retient particulièrement l'attention, le Río Rímac, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, non par son débit d'eau — relativement faible — ni par la taille de son bassin, mais parce qu'il approvisionne en eau et électricité la métropole de Lima, où se concentre plus du tiers de la population du pays (10 millions d'habitants à Lima sur 32 millions[4] au Pérou). L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies, et chaque jour il devient — avec l'explosion démographique — plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans la distribution de l'eau.
122
+
123
+ Au sud, un troisième bassin, celui du lac Titicaca, le plus vaste lac d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable au monde, perché entre 3 600 et 4 500 mètres d'altitude sur les plus hauts plateaux andins, entre Pérou et Bolivie, draine les eaux de quatre bassins : le lac Titicaca (T), le fleuve Desaguadero (D), le lac Poopó (P) et le salar de Coipasa (S). Ces quatre bassins constituent le système TDPS, qui s'étend sur près de 140 000 km2.
124
+
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+ Le pays est sujet aux tremblements de terre. Il existe une activité volcanique dans la zone volcanique centrale des Andes située au sud du pays.
126
+
127
+ Le Pérou est situé sur une faille sismique, ce qui provoque, chaque année, un certain nombre de tremblements de terre, dont l’intensité reste faible. Le pays a toutefois subi quelques séismes majeurs, ayant provoqué un grand nombre de victimes et des destructions considérables, comme celui de Yungay, en 1970, qui fit entre 25 000 et 30 000 morts.
128
+
129
+ La population est préparée en cas de séisme. Régulièrement dans les écoles et les lieux de travail, des mesures de sécurité sont enseignées et des exercices d’évacuation effectués. Les inondations et glissements de terrain sont cependant principalement dus au phénomène El Niño.
130
+
131
+ Le pays est doté de ressources naturelles exceptionnelles dont d'importantes ressources halieutiques (anchois péruvien), cependant instables dans le temps à cause d'El Niño.
132
+
133
+ Le pays dispose de cuivre, d'argent, d'or, de pétrole, de minerai de fer, de charbon et les phosphates.
134
+
135
+ Le Pérou est le troisième pays d'Amérique latine où les niveaux de pollution de l'air sont les plus élevés, après le Mexique et le Chili[42].
136
+
137
+ Un rapport publiée en 2020 par l’Autorité nationale de l’eau (ANA) du Pérou nous révèle que les glaciers du pays ont perdu plus de 50 % de leur surface depuis les années 1960[43].
138
+
139
+ Du fait de sa position biogéographique et d'une grande diversité climatique et topographique, il existe au Pérou des milieux très diversifiés (de la plaine à la montagne et du désert à la forêt équatoriale, abritant une faune, flore et fonge extrêmement variées. C'est l’un des dix-sept pays caractérisés par une mégadiversité biologique.
140
+ Il compte 84 des 117 zones naturelles existantes au monde (72 %), abritant encore 5 872 espèces endémiques (parmi lesquelles 118 types uniques d’oiseaux, 113 espèces de reptiles et 60 variétés différentes de mammifères).
141
+
142
+ Parce que la variété d’étages d'altitude/température a obligé l'agriculteur/éleveur andin à utiliser et adapter les espèces convenant le mieux à chaque situation agrobiogéographique le pays abritait aussi de riches ressources génétiques en matière d'espèces alimentaires et utiles domestiquées, élevées et cultivées. Mais ce patrimoine est en forte et rapide régression[44].
143
+
144
+ Sur les hauteurs, les lamas côtoient les alpagas et les vigognes. Le chinchilla à queue courte, présent à l’état sauvage autrefois dans les très hautes Andes a sans doute disparu aujourd’hui. Survolant les montagnes, le condor des Andes est un oiseau emblématique du Pérou et de ses montagnes.
145
+
146
+ Mais c’est dans la « selva » que la faune est la plus présente. Avec entre autres les jaguars, les tatous, les caïmans, les capybaras mais aussi des singes ou des milliers d’espèces d’insectes qui vivent dans une végétation luxuriante. La vanille, l’acajou et le caoutchouc participent à cette biodiversité.
147
+
148
+ Le Pérou dispose d'un vaste réseaux de parcs nationaux, de réserves naturelles et de lieux historiques nationaux. L'ensemble de ces sites couvre une superficie de 18 283 508 ha, soit 14 % du territoire péruvien. L'INRENA (Institut national de ressources naturelles) gère la plupart des aires protégées[45]. Cependant, un nombre croissant d'entre elles sont administrées par les communautés autochtones et par des associations de protection de la nature.
149
+
150
+ L'Économie du Pérou est parmi les plus performantes de l'Amérique latine. Le produit national brut (PNB) est passé de 47 767 millions de dollars en 1993 à 127 598 en 2008[49]. Ce dynamisme repose principalement sur les secteurs exportateurs et sur une forte augmentation de la demande interne (12,3 % en 2008), tirée par la consommation et l’investissement public et privé[50].
151
+
152
+ L’économie péruvienne dépend fortement des matières premières, qui représentent 60 % des exportations. En 2015, le Pérou est le deuxième producteur mondial d’argent, le troisième de zinc et de cuivre, le sixième d’or, et exploite aussi du gaz et du pétrole. Le pays est en revanche peu industrialisé[51]. Les grands projets miniers sur lesquels reposent le modèle économique péruvien font aussi l'objet de contestations de la part des populations rurales qui profitent peu des retombées économiques mais sont confrontées à la pollution des cours d'eau et des sols, impactant leur agriculture[36].
153
+
154
+ Depuis la politique d'ouverture lancée il y a maintenant 20 ans, l'économie péruvienne a connu de profonds changements. Des privatisations, pour un total de 9,2 milliards de dollars, principalement dans les secteurs de télécommunications et de l’énergie, ont été menées entre 1990 et 2000 et il ne subsiste plus aujourd'hui qu'une quinzaine de grandes entreprises publiques. Outre la fin des contrôles de l’État, les différents gouvernements ont établi une politique monétaire restrictive, et ont mis en place un environnement fiscal favorable pour les investisseurs. Les conséquences de cette politique économique seront positives. Le taux de croissance du PIB a dépassé la barre de 9 % en 2008, après une croissance de 8,9 % en 2007[52]. Le chômage est également en baisse : 5,9 % en 2014 contre 9,4 % en 1994.
155
+
156
+ D'après l'économiste José Oscatégui : « l’État péruvien est faible, parfois complètement absent de certaines provinces. Le Pérou n'a donc pas la capacité de négocier avec les multinationales, et de récupérer les impôts qui pourraient alimenter des programmes sociaux. L'industrie minière, pilier de l'économie, illustre bien cette faiblesse. Malgré leur impact très lourd sur l'environnement et leurs profits record, les grands groupes qui exploitent les métaux péruviens sont taxés à hauteur de 30% de leur bénéfice, comme toute autre entreprise locale. Mais en pratique, avec les exonérations, c'est encore moins, entre 13 et 14% » La moitié des opérateurs miniers du pays a obtenu à l'époque du président Alberto Fujimori des contrats de stabilité, c'est-à-dire une garantie contre tout changement de la politique fiscale du pays[53].
157
+
158
+ Après avoir connu une période d'hyperinflation au cours des années 1980, la monnaie péruvienne connaît, quant à elle, une période de stabilité par rapport au dollar et aux monnaies européennes. Le taux d’inflation moyen s’est stabilisé autour de 3 %, et reste depuis plusieurs années dans les limites de la fourchette fixée par la Banque centrale du Pérou (entre 1 % et 3 %). Le taux de dollarisation de l’économie reste toutefois élevé, s’établissant à 60 % des crédits en 2006 au secteur privé contre 82 % en 2000. Parmi les grandes orientations financières, figure un axe majeur : la restructuration de la dette publique tant extérieure qu'intérieure. Elle a permis de voir passer la part de la dette interne en 5 ans de 22 % à 29 %, traduisant la confiance des marchés dans les obligations d’État. La dette publique globale, à la fin septembre 2007, atteint 31 % du PIB. En termes de compétitivité, le Pérou est considéré aujourd'hui comme la première économie d'Amérique latine[54].
159
+
160
+ Si le respect des principes d'orthodoxie financière et l'amélioration de la gestion de la dette ont abouti, semble-t-il, à un rétablissement durable des équilibres macroéconomiques et à regagner la confiance des investisseurs, cependant l'économie péruvienne doit toujours affronter deux défis majeurs:
161
+
162
+ . Premièrement, le pays reste vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières sur les marchés internationaux. Cette vulnérabilité implique une forte volatilité du PIB et cela peut avoir des effets potentiellement négatifs sur la croissance de long terme, sur le développement socioéconomique et sur les finances publiques.
163
+
164
+ . Deuxièmement, la phase conjoncturelle doit être exploitée pour favoriser la création d’un scénario de croissance et de redistribution favorable à la lutte contre la pauvreté et au développement humain, car la société péruvienne reste fortement fragmentée, culturellement et économiquement. Ainsi, les études montrent qu'une couche importante de la population reste dans la pauvreté malgré l'essor économique notable que connaît récemment le pays. L'Institut péruvien de statistiques (INEI) avance un chiffre de 21,8 % de pauvreté pour 2015, et la pauvreté extrême (moins d'un dollar par jour) s'élève à 4,1 % pour la même année[55].
165
+
166
+ Le Pérou a conservé une agriculture diversifiée, en particulier dans les zones encore boisées: au cours de la décennie des années 2010, il a confirmé sa huitième place au palmarès des quinze plus grands producteurs mondiaux de café, derrière la Colombie et le Honduras, autre grands exportateurs d'Amérique latine.
167
+
168
+ Les travailleurs informels représentent, en 2019, 70 % du marché du travail selon l’Institut national des statistiques et de l’informatique (INEI)[56]. En 2016, près de trois millions d'enfants et adolescents travaillent dans le secteur informel[57]. Dans le secteur formel le temps de travail hebdomadaire légal est de 48 heures[58].
169
+
170
+ Un réseau routier de plus de 80 000 km relie toutes les régions du pays. La côte péruvienne est traversée du nord au sud par un axe routier majeur et structurant : la route panaméricaine. Nommée aussi route 001 ou PE-1, cette route longue de 2 700 km s’étire de la ville de Tumbes jusqu’à Tacna, au sud du pays.
171
+
172
+ Deux autres grands axes longitudinaux sont la route de la Sierra (Piura-Puno, 3 508 km) et la route de la Selva (Cajamarca-Junín, 2 781 km). Une vingtaine d’axes transversaux desservent les villes de la Sierra et de l’Amazonie. Les trois axes longitudinaux mentionnés auparavant finissent par un nombre impair (PE-1, PE-3 pour la route de la Sierra, PE-5 pour la route de la Selva), alors que les routes et autoroutes transversales finissent par un nombre pair (PE-02, PE-04…). Bien que la plupart des axes soient interconnectés, leur construction est longue et coûteuse du fait du relief accidenté.
173
+
174
+ Il existe également deux axes routiers reliant les villes du Pérou et du Brésil. D’un total de 960 km, l’axe Interocéanique sud (nœud fluvial et terrestre) relie le port de Paita au nord du Pérou au port de Manaus au Brésil. Il vise aussi à l’amélioration de la navigabilité des fleuves du bassin amazonien en unissant l’Atlantique et le Pacifique. La fin de travaux de construction de l’autre axe de transport, l’Intérocéanique sud (plus de 2 600 km), devra relier l’Atlantique (notamment l’État d’Acre) et le Pacifique (Sud du Pérou), exclusivement par voie terrestre. Cela implique également l’amélioration des routes existantes et la construction de nouvelles.
175
+
176
+ Les chemins de fer du Pérou atteignent une longueur totale de 2 100 km, dont 240 km de voies appartenant à la société minière Southern-Cooper. L’entreprise Ferrovias Central Andina a pris en charge le réseau central allant du Callao aux Andes Centrales et qui sert surtout au transport de minerais. L’entreprise Ferrocarriles Transandinos administre les réseaux du Sud (Cusco-Matarani) et Sud-Est (Cusco-Machu Picchu, consacré au transports de touristes).
177
+
178
+ La Corporation péruvienne d’aéroports (Corpac) administrait, en 2007, 42 aéroports régionaux (d’un total de 210 que compte le pays). L’aéroport international Jorge-Chávez, l’un des plus modernes du continent, est de loin le plus important du Pérou. D’autres aéroports importants sont ceux de Cusco, de Trujillo et d’Arequipa. Le transport fluvial ne concerne que le bassin amazonien, où se trouvent les quatre principaux ports fluviaux : Iquitos, Yurimaguas, Port Maldonado et Pucallpa. Le plus important est celui d’Iquitos (82 % du trafic fluvial total, soit 352 000 tonnes).
179
+
180
+ D’importantes sommes d’argent ont été injectées dans le secteur des télécommunications ces dernières années. Ces investissements concernent, pour leur grande majorité, l’extension et la densification des réseaux, ainsi que la progression de la couverture des zones rurales. Le taux de pénétration global actuellement est de 80 % dont environ 10 % pour les lignes fixes[60]. Une partie importante des lignes (55 %) se trouve dans la capitale, Lima, et le port de Callao. Le parc total de lignes fixes a atteint plus de deux millions de lignes au 18 mai 2009[60]. Le nombre de lignes mobiles représente 9,5 fois le nombre de lignes fixes. En juin 2009, le parc mobile était estimé à 22,9 millions abonnés[61].
181
+
182
+ La population du Pérou est estimée en 2016 à 31 millions d’habitants, soit près de 5 % de la population de l’Amérique latine. La population a rapidement augmenté depuis les années 1960 : elle s’est multipliée par trois entre 1960 et 2009, passant de 10,4 millions à 29,1 millions d’habitants. Le taux de croissance démographique actuel cependant peut être considéré comme modéré dans le contexte latino-américain, s’élevant à 14,4 pour mille pour la période 2005-2010, soit un niveau légèrement supérieur à celui de la population latino-américaine estimée en 13,2 habitants pour mille.
183
+
184
+ La densité reste faible, le Pérou étant, avec 23,2 habitants par km2 l’un des pays les moins densément peuplés de l’Amérique. Cette densité est d’ailleurs très inégale : assez élevée sur la côte (242,7 habitants par km2 à Lima), elle est infime dans l’Amazonie péruvienne (2,4 habitants par km2 dans le département de Loreto et 1,3 habitants par km2 dans le département Madre de Dios).
185
+
186
+ Le Pérou s'est ouvert à l'immigration japonaise à la fin du XIXe siècle, recherchant surtout des travailleurs agricoles. Cette immigration a perduré jusque dans les années 1930. Elle a dû affronter la vindicte populaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Japonais-Péruviens, soupçonnés d’être restés fidèles à un Japon belliqueux, ont été internés dans des camps aux États-Unis. Leurs biens ont été confisqués au Pérou[62].
187
+
188
+ Le redressement économique qu’a connu récemment le pays s’est accompagné d’une baisse relativement importante du nombre d’émigrants. Le solde migratoire est passé de -2,2 % pour la période 1990-2000 à -0,3 % pour la période suivante (2000-2010). Le nombre de Péruviens résidant à l’étranger s’élèverait à près de 2 millions (2007), soit 7 % de la population. Ils sont installés principalement aux États-Unis et dans une moindre mesure au Canada ou en Espagne. À l’heure actuelle, la communauté péruvienne figure parmi les dix nationalités les plus représentées aux États-Unis.
189
+
190
+ Selon la Constitution de 1993, la langue officielle du Pérou est l’espagnol, toutefois le quechua, l’aymara et d’autres langues indigènes possèdent un statut de coofficialité dans les parties du territoire, où elles sont prédominantes[63].
191
+
192
+ En 2019, trois millions de Péruviens vivent à l’étranger[56].
193
+
194
+ L'indice de fécondité est estimé à 2,37 [enfants par femme en 2009, soit un niveau légèrement inférieur à la moyenne latino-américaine (2,5 enfants)[65]. La fécondité reste cependant élevée dans les zones rurales et dans les communautés d'indigènes, alors qu'elle est plus basse dans les villes. L'espérance de vie est, quant à elle, estimée à près de 71,03 ans en 2010 qui est très semblable à l'espérance de vie mondiale de 71 ans[66].
195
+
196
+ Au début des années 1950, près d’un enfant sur huit né au Pérou mourait avant la fin de sa première année. Au cours des décennies suivantes, une chute spectaculaire de la mortalité infantile s'est produite. Le taux est passé de 158,6 pour mille en 1950 à 43 pour mille en 1996 et à 21 pour mille en 2006[67].
197
+
198
+ Néanmoins, en 2019, la moitié des enfants de moins de trois ans présentent de sérieuses carences alimentaires[68].
199
+
200
+ Derrière l’apparente unité, la société péruvienne est profondément diverse. La venue de migrants originaires d'Europe, d'Afrique et d'Asie, lors des différentes périodes historiques, a favorisé le mélange de populations. Dès le XVIe siècle, le processus de colonisation est allé de pair avec la mixité des diverses composantes raciales. À cela, il faut ajouter une diminution drastique de la population autochtone au cours des premières décennies de présence espagnole. Décimés par les massacres et les épidémies, le nombre d’Amérindiens au Pérou est passé de onze millions d'habitants en 1500 à un peu plus d'un million un demi-siècle après. Le fait que Lima ait été le siège du vice-roi d'Espagne aurait encore aggravé le sort des Indiens du Pérou[69]. La venue de migrants originaires d'Europe et d'Asie lors des premières années de la République a largement contribué à rendre la société péruvienne encore plus métissée. Entre 1849 et 1874, 80 000 Chinois arrivèrent ainsi au Pérou pour travailler dans les plantations de canne à sucre ou dans les gisements de guano[70].
201
+
202
+ Selon les estimations, 47 % des Péruviens sont des métis, c'est-à-dire d'origine à la fois amérindienne et européenne, et le pourcentage de population d'origine à prédominance européenne atteindrait 15 % (10 % d'ascendance espagnole (principalement des colons arrivés pendant la colonie) et 5 % d'autre ascendance européenne (italienne 1,8 %, française 1,5 %, allemande et autrichienne 2 %)[71]. Dans certaines régions du Pérou, particulièrement sur la côte, on rencontre parfois de nombreux métis d'ascendance africaine. La proportion de la population indigène (ou personnes à prédominance indigène) fluctuerait entre 30 et 45 % de la population[71]. Cette estimation est particulièrement difficile à faire car l'Institut national de statistique du Pérou se fonde sur des critères linguistiques et non des critères purement « raciaux ». Il fixe ainsi à 15,9 % le pourcentage des Indiens définis sur un critère linguistique. De nos jours, la plupart des Péruviens se considèrent comme des métis, sans qu'il soit possible de tracer des frontières précises entre les différentes catégories[72].
203
+
204
+ Les indigènes sont majoritaires dans les régions andines du pays (Cuzco, Huancavelica, ou Puno). Sur la côte, caractérisée par une forte présence de population métisse ou d’origine européenne, les indigènes sont encore moins nombreux. De fortes minorités, telles les Ashaninkas, Shipibo-conibos et Aguarunas sont présentes dans l’Amazonie ou le piémont amazonien. Les peuples indiens d’Amazonie ont généralement moins perdu leur culture après la conquête espagnole, car leurs territoires étaient très difficiles d’accès. Au Pérou, la population autochtone n’est représentée par aucun parti politique comme c’est le cas en Équateur ou en Bolivie, où les mouvements indigènes occupent une place essentielle dans le paysage politique.
205
+
206
+ Les grandes migrations internes depuis les années 1950 ont favorisé encore plus la mixité de populations. Selon les estimations[74], le pays avait un taux d’urbanisation de 71 % en 2005. Le rythme de l’urbanisation est variable d’une région à l’autre. À un extrême, on trouve des régions fortement urbanisées (Lima ou Piura), dans lesquelles la part de la population urbaine s’élève à près de 90 %. La majeure partie de migrants ont convergé vers la capitale, Lima, qui est devenue une ville métissée, un véritable carrefour de cultures régionales.
207
+
208
+ Aujourd’hui, les médias et les intellectuels péruviens parlent d’une culture métisse. Le développement de l’indigénisme a conduit également à réévaluer le métissage.
209
+
210
+ L’accès à l’éducation est plus faible dans la population indigène, avec seulement 10,2 % d’entre eux poursuivant des études supérieures. Les opportunités sur le marché du travail sont encore plus limitées, avec une surreprésentation dans le secteur agricole et dans les emplois non qualifiés. À eux deux, ces secteurs représentent deux tiers des emplois pour la population indigène contre seulement un tiers pour les non-indigènes[75].
211
+
212
+ Lima
213
+
214
+ Trujillo
215
+
216
+ Arequipa
217
+
218
+ Le Pérou regroupe un ensemble de régions dont la population est de taille très inégale. Cinq régions seulement sur vingt-quatre rassemblent en effet plus de la moitié de la population totale (52 %) : Lima, Piura, La Libertad, Cajamarca et Puno. Lima, avec 8,4 millions d’habitants, concentre à elle seule presque un tiers de la population du pays (30,8 %). À l’autre extrême, une dizaine de régions représentent à peine plus de 10 % de la population totale du pays. En 2007, les dix plus grandes villes du Pérou[64] étaient :
219
+
220
+ Lima
221
+
222
+ Arequipa
223
+
224
+ Trujillo
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+
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+ Chiclayo
227
+
228
+ Piura
229
+
230
+ Iquitos
231
+
232
+ Cuzco
233
+
234
+ Chimbote
235
+
236
+ Huancayo
237
+
238
+ Tacna
239
+
240
+ Ordres nationaux :
241
+
242
+ Ordres ministériels/spécifiques :
243
+
244
+ La grande majorité des péruviens (76 %) sont catholiques. Plus de 17 % de la population se déclarent cependant de différentes organisations évangéliques, dont l'influence ne cesse de croître depuis les années 1980. En 1993, la nouvelle Constitution garantit la liberté de culte, mais souligne : « au sein du régime d'indépendance et d'autonomie, l'État reconnaît l'Église catholique comme un élément important dans la formation historique, culturelle et morale du Pérou. »[81]
245
+
246
+ Chaque année au mois d’octobre, la procession du Seigneur des miracles (el Señor de los Milagros) attire dans les rues de Lima une foule énorme de fidèles drapés de morado (violet). Ils seraient plus d'un million de Péruviens à participer aux festivités du Cristo Morado. Objet de vénération au Pérou et dans quelques pays d’Amérique latine, le culte au Christ de Pachacamilla (autre nom du Seigneur des miracles) serait la christianisation de dieu Pachacamac[82]. Le culte au Seigneur des miracles est le plus important du Pérou, mais d'autres villes rendent aussi culte à leur patrons. La fête du Corpus Christi mobilise l'ensemble de la ville de Cuzco, durant les premiers jours du mois de juin, et la Virgen de la Candelaria est une festivité importante dans la région de Puno.
247
+
248
+ Le 21 octobre 2016, le Pérou fut consacré au Sacré-Cœur par le président Pedro Pablo Kuczynski.
249
+
250
+ Gustavo Gutiérrez Merino, né à Huánuco en 1928, est considéré comme le pionnier de la théologie de la libération. Le théologien inspire le mouvement, en 1972, dans un ouvrage du même nom. Influencé par Bartolomé de las Casas et les différents mouvements sociaux du XXe siècle, il développe et approfondit la vision du Salut chrétien en tant que « choix préférentiel pour les pauvres », vision proclamée par les Conférences épiscopales latino-américaines de Medellín et de Puebla. L'enjeu de la théologie de la libération n'étant pas seulement théorique mais aussi politique, elle fait l'objet d'un débat public bien au-delà du cercle des théologiens. Ce courant théologique est devenu influent en Amérique latine et en Afrique, mais les théologiens de la libération ont dû affronter une grande opposition du Vatican, en raison de la compromission de cette théologie avec le marxisme. En 2003, le père Gutierrez a reçu le prix Prince des Asturies.
251
+
252
+ Selon Garcilaso de la Vega, Inca Roca ordonna la création des premiers établissements d'enseignement, les Yachayhuasi ou Maisons de Savoir[83]. La direction de ces « écoles » fut confiée aux amautas, savants en astronomie, qui étaient également capables de lire les quipus. Les jeunes étaient instruits aux affaires de l'État (les lois, l'administration ou l'histoire), ainsi qu'aux rites et aux préceptes de la religion. Le système éducatif pendant la longue période coloniale était déterminé par le triple impératif de transformer les populations locales en habitants utiles, en chrétiens pieux et surtout en sujets fidèles au roi. Les différents ordres religieux fondent les premières écoles : Colegio Mayor de San Pablo (1568) et Colegio Mayor de San Felipe (1575). À un niveau plus élevé, les dominicains fondent en 1551 la première université du Nouveau Monde : l'université nationale principale de San Marcos.
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+
254
+ Le système éducatif péruvien consiste en quatre niveaux : le nido (ou wawa wasi), l'éducation primaire, l'éducation secondaire, et l'université.
255
+
256
+ Les nidos (privé) ou wawa wasis (publique), pour les enfants de 1 à 5 ans, ne sont pas obligatoires, bien que la plupart des niños les fréquentent. L'éducation primaire est divisée en six niveaux (nommés de premier au sixième grado de primaria). Depuis la Constitution de 1828, article 171, elle est obligatoire et gratuite. L'éducation secondaire, obligatoire et gratuite aussi, est composée de cinq niveaux (nommés grados de secundaria). Les deux dernières années sont surtout orientées à la préparation des examens pour entrer aux universités, préparation qui a lieu dans des centres d'enseignement nommés Academias Preuniversitarias ou Pre.
257
+
258
+ Enfin, l'éducation universitaire. Le Pérou possède un réseau de 70 universités (28 publiques et 42 privées). Contrairement au système universitaire français, les élèves qui souhaitent faire des études à l'université sont dans l'obligation de passer un examen de sélection (examen de ingreso). Les études universitaires sont divisées en deux cycles distincts : les Estudios Generales et faculté. Les diplômes de fin d'études sont le Bachillerato (à ne pas confondre avec le baccalauréat français) et la Licencia (grade académique de licencié). La recherche publique est chapeautée par le Conseil national de la science, de la technologie et de l'innovation technologique (CONCYTEC).
259
+
260
+ Le Pérou compte également quelques institutions étrangères prestigieuses parmi lesquelles le Markham College, et le lycée franco-péruvien qui appartient à l'AEFE.
261
+
262
+ Néanmoins, le Pérou est le seul des cinq pays d'Amérique latine évalués par le PISA[84] en 2004 (avec l'Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique) où plus de la moitié des jeunes de 15 ans n'a pas acquis le niveau de connaissance et les compétences en lecture suffisantes afin de poursuivre correctement son éducation. Et cela est davantage inquiétant si l'on considère que des indices indiquent que dans l'enseignement supérieur le problème s'accentue en raison de la complexité des processus d'apprentissage[85].
263
+
264
+ Pour de nombreuses familles pauvres, le travail des enfants est indispensable pour pouvoir financer leur propre scolarisation. L’école publique est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 11 ans, mais les uniformes et les fournitures scolaires représentent des postes de budget très lourds pour des foyers modestes. Chaque année, des milliers d’enfants abandonnent l’école pour des raisons économiques[57].
265
+
266
+ En 2009, le gouvernement péruvien interdit aux personnes homosexuelles de s'engager dans la police pour ne pas porter préjudice à l'image de l'institution[86].
267
+
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+ Le Pérou comporte de très nombreuses danses et musiques.
269
+
270
+ La musique andine la plus populaire est le huayno. Dans les villes, la musique la plus populaire est désormais la musique chicha, fusion entre la cumbia et le huayno.
271
+
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+ La musique péruvienne est très influencée par les traditions espagnoles mais également africaines (festejo, musica criolla).
273
+
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+ La danse nationale est la marinera.
275
+
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+ La cuisine péruvienne est remarquable pour sa diversité[87] en raison de la riche géographie du pays, de la disponibilité de ressources variées, et de l'alliance de traditions culinaires autochtones à des pratiques gastronomiques d'autres continents. Ainsi, en plus des apports de la culture espagnole, à la fin du XIXe siècle, des immigrants venus de la Chine adaptèrent leurs traditions culinaires au goût et aux ressources locales péruviennes. Ainsi naquît la cuisine chifa, qui compte une grande variété de mets.
277
+
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+ Les diverses cuisines régionales sont souvent regroupées en trois grandes familles par l’emplacement géographique et les conditions climatiques :
279
+
280
+ Les boissons fraîches telles que la chicha morada, la chicha de jora, ou les deux boissons nationales : le pisco (alcool de vin) ou l’Inca Kola (gazeuse), accompagnées de fruits locaux comme la cherimoya, la maracuja, la lucuma ou le camu-camu complètent le menu péruvien.
281
+
282
+ Le chef de file de la cuisine péruvienne est sans doute le célèbre cuisinier Gastón Acurio.
283
+
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+ La cuisine péruvienne poursuit son évolution multipliant les innovations sans pourtant trahir la tradition, comme le montre bien la Nouvelle Cuisine andine ou Cocina Novoandina.
285
+
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+ À partir des années 2000, des boutiques péruviennes puis des e-boutiques très diversifiées (mais dont le cœur de leur activité reste centré sur la gastronomie) apparaissent en Europe et particulièrement en Espagne, Italie, France.
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+ Le Pérou a pour codes :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Histoire
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1
+ République du Pérou
2
+
3
+ (es) República del Perú
4
+
5
+ (qu) Piruw Republika
6
+
7
+ (ay) Piruw Suyu
8
+
9
+ 12° 02′ S, 77° 01′ O
10
+
11
+ modifier
12
+
13
+ Le Pérou, en forme longue la république du Pérou, en espagnol Perú et República del Perú ( audio), en quechua Piruw et Piruw Republika et en aymara Piruw et Piruw Suyu, est un pays situé dans l'Ouest de l'Amérique du Sud. Entouré par l'Équateur au nord-ouest, la Colombie au nord-nord-est, le Brésil au nord-est, la Bolivie au sud-est, le Chili au sud-sud-est et l'océan Pacifique à l'ouest-sud-ouest, il est le troisième pays du sous-continent par sa superficie : 1 285 220 km2, et le quatrième par sa population : environ 32 millions d'habitants.
14
+
15
+ Lima, une vaste aire urbaine de 9 millions d'habitants, est la capitale et la plus grande ville du pays. Sa capitale historique est Cuzco, dans les Andes[6], ancienne capitale de l'empire inca.
16
+
17
+ Le système politique actuel repose sur la Constitution de 1993. Depuis 2002, le Pérou a été divisé en 24 départements et un important processus de décentralisation a été mis en place. Parmi ses trois langues officielles, la plus parlée est l'espagnol, suivie du quechua et de l'aymara. Le nombre d'habitants est de 31 826 018 en 2017. Les peuples descendant des Incas, principalement Quechuas et Aymaras, représentent le groupe le plus important (45 % de la population[7]), suivis par les métis Européens/Amérindiens (37 % de la population[7]) et les descendants d'Européens (15 % de la population[7]).
18
+
19
+ Il est membre du Forum de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) et de la Communauté andine des nations (CAN). Le sol est la monnaie nationale péruvienne depuis 1991, en remplacement de l’inti[8],[9].
20
+
21
+ Le nom « Pérou » dérive de Birú, dénomination d’un cacique qui vivait près de la baie de San Miguel (Panama), au début du XVIe siècle[10]. Lorsque des aventuriers espagnols les ont parcourus en 1522, les territoires du chef local étaient la partie la plus méridionale du Nouveau Monde. Les indigènes de la zone rapporteront quelques vagues informations sur l’existence d’un riche et lointain royaume[11]. Le nom est rapidement passé dans le langage courant de l’époque pour désigner un territoire légendaire situé tout au sud de l’isthme de Panama. Par la suite, Francisco Pizarro et ses hommes, lors de l’occupation de l’empire inca en 1532, emploieront le nom Pérou pour désigner les nouvelles terres conquises.
22
+
23
+ Le plus ancien document juridique attestant la dénomination Pérou est la Capitulation de Toledo rédigée en 1529. Dans ce texte, le roi Charles Quint concède les territoires à conquérir à Francisco Pizarro avec le titre de « gouverneur de terres et provinces du Pérou et de la ville de Tumbes »[12].
24
+
25
+ Les premiers documents historiques présentent diverses graphies du mot Perú : Virú, Berú ou Pirú. Durant quelques décennies, ces diverses formes coexistent et sont employées d’une manière interchangeable, parfois dans le même texte.
26
+
27
+ Les premiers vestiges de présence humaine au Pérou ont été découverts dans la grotte Pikimachay et dateraient pour les couches les plus anciennes de 19 000 ans avant notre ère[13]. Les populations sont alors pour la plupart nomades, vivent de la chasse de camélidés et de la cueillette et s’abritent dans des grottes[14].
28
+
29
+ Durant la période archaïque tardive, les premiers villages et organisations sociales complexes apparaissent. Ils permettent l’apparition de la plus vieille ville du continent et l’une des plus anciennes du monde : Caral[15]. La cité de Caral, un grand centre urbain doté de pyramides tronquées au sommet, appartenait à un ensemble de sites archéologiques qui aurait abrité la première civilisation américaine : Caral-Supe ou Norte Chico (entre 2627 et 2100 avant notre ère[16]). Lors de fouilles, divers objets ont été exhumés, tels que des figurines anthropomorphiques en argile crue, des flûtes traversières taillées dans des os de pélican ou de condor[17], ou des cordelettes à nœuds (probablement des quipus).
30
+
31
+ Caractérisées par une nouvelle complexification de l’organisation sociale et des technologies, les cultures de la période dite de « horizon de formation » (2700-200 av. n. è) développèrent la céramique, le tissage, l’usage de l’or et du cuivre, et la construction de canaux d’irrigation et la culture en terrasse, facteurs déterminants pour l’accroissement du pouvoir étatique. Dans la culture de Chavín (~1800-300 av. n. è), la vie sociale, économique et rituelle s’organise autour des dieux féroces représentant les grands prédateurs locaux comme le jaguar, le serpent ou le caïman. Le centre cérémoniel, Chavín de Huántar, est un réseau complexe de galeries décorées par des immenses mégalithes ornés. Sur le plan iconographique, les divinités de la cosmogonie chavín seront présentes dans presque toutes les manifestations artistiques postérieures. Paracas (~800-200 av. n. è), une culture située sur une péninsule désertique portant le même nom, se distingue par ses textiles de grande valeur esthétique et scientifique.
32
+
33
+ L'effondrement de la culture Chavín ira de pair avec l’affirmation de pouvoirs régionaux, caractérisés par un relatif isolement local. Chaque région abrite alors de petites entités politiques qui adoptent leurs propres modèles de développement culturel, n’ouvrant leurs frontières qu’aux échanges commerciaux. À cette période appartiennent notamment la culture Nazca (~200 av. n. è. - 600), la culture Huari (600-1000) et la culture Mochica (~100-700), l’une des plus importantes organisations politiques de l’ancien Pérou.
34
+
35
+ La période impériale, aussi appelée Règne des belligérants, succède au déclin de la civilisation Huari, dernière entité politique régionale. Divers États locaux qui tentent de dominer politiquement et parmi ces États, nous retrouvons la culture Chimú, la culture Chanca, la culture Chincha et enfin, la plus célèbre, la culture Inca. Les origines des Incas se mêlent à la légende. Probablement, ils étaient une tribu guerrière quechua du Sud de la sierra. Entre 1100 et 1300, ils se déplacent peu à peu vers le nord de la région jusqu’à la vallée fertile de Cuzco, occupée alors par des peuples aymaras[18]. L’Empire naissant se distinguait par sa condition d’État agraire, au sommet duquel se trouvait l’Inca[19].
36
+
37
+ Cependant, la véritable expansion des Incas commence en 1438, avec Pachacutec (1438-1471), qui entreprend de conquérir les terres voisines. Durant les 70 dernières années de cette période, le royaume de Cuzco forme un vaste empire qui s’étend sur toutes les Andes. Le génie de Pachacútec se manifesta avant tout dans la législation et l’administration qu’il établit dans l’Incanat[21]. Il aboutit à accomplir l’unité d’un si vaste empire grâce à trois mesures principales. Il préserva l’unité géographique de l’Empire en développant un gigantesque réseau de routes (le Qhapaq Ñan) ; puis il fit son unité linguistique en imposant le runa simi ou quechua comme langue officielle ; enfin, grâce à une organisation centrale absolue, il forma l’unité politique impériale[22]. En même temps, il créa une élite capable de l’assister dans son œuvre : les curacas. Pour faciliter la transmission des ordres et le renseignement sur l’état des provinces, on établit un système de « chasquis » ou « coureurs messagers », qui parcouraient les chemins de l’Empire.
38
+
39
+ À la fin du XVe siècle, l’Inca Pachacutec transmet le pouvoir à son fils Tupac Yupanqui († 1493), qui étend l’Empire jusqu’à l’actuel territoire équatorien. Sous le règne de son fils, Huayna Capac († 1527), les frontières de l’empire inca sont repoussées jusqu’à la frontière de l’actuelle Colombie. Une guerre de succession éclate entre les deux fils de Huayna Capac, Huascar et Atahualpa. Ce dernier est parvenu à battre les troupes de son frère, au moment où les conquistadors arrivent au Pérou.
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+ Lorsque les troupes de Francisco Pizarro arrivèrent en 1531, l’Empire inca était déchiré par une guerre civile. Le 16 novembre 1532, durant la bataille de Cajamarca, Pizarro captura l'empereur Atahualpa et le fit exécuter. Il faudra cependant plus de quarante ans pour briser les dernières tentatives de résistance : le dernier Inca de Vilcabamba, Túpac Amaru, fut capturé et exécuté en 1572.
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+ Les Espagnols instituèrent le système de l’encomienda : les Amérindiens devaient payer un tribut, dont une partie allait à Séville. Les encomenderos étaient chargés également de les christianiser. En tant que gouverneur du Pérou, Pizarro abusa de l'encomienda en accordant à ses soldats et compagnons un pouvoir quasi illimité sur les populations indigènes qui furent obligées à travailler sans rétribution dans des mines et des champs. Pizarro fut assassiné en 1541 par une faction menée par Diego de Almagro le jeune, surnommé « el Mozo ». En 1543, le roi Charles Quint pour réagir aux luttes intestines entre les conquistadores envoya Blasco Núñez Vela en tant que premier vice-roi. Il sera à son tour tué par Gonzalo Pizarro, le frère du premier Pizarro. Finalement, un nouveau vice-roi, Pedro de la Gasca, parvint à restaurer l'ordre et exécuta Gonzalo Pizarro après sa capture. 39 vice-rois ont succédé à Núñez Vela et ont gouverné la vice-royauté entre 1544 et 1824.
44
+
45
+ Francisco de Toledo (1569-1581) fut celui qui organisa l'État colonial et fonda les « réductions » ou cités d'Indiens où ils furent regroupés. Au niveau local, les encomenderos étaient maintenant sous l'autorité des curacas. Une pyramide hiérarchique permit ainsi de contrôler toutes les villes et villages. Le recensement sous le dernier Quipucamayoc ou « maître du quipu » indiquait qu'il y avait 12 millions d'habitants dans l’empire inca. Quarante-cinq années plus tard, le recensement du vice-roi Toledo, montrait qu'il en restait 1,1 million[23]. Les villes Incas reçurent des noms catholiques et furent reconstruites selon le modèle espagnol. Elles comportaient une place centrale et une église ou cathédrale en face d'un bâtiment officiel. Quelques villes, telle Cuzco, gardèrent leurs fondations d'origine incas. Certains sites incas, tel Huánuco Viejo, furent abandonnés au profit de villes à plus basse altitude.
46
+
47
+ Après l'établissement de la vice-royauté, le Pérou devint l'une des premières sources de la richesse pour l'Espagne. La ville de Lima, fondée par Pizarro le 18 janvier 1535 sous le nom de Ciudad de los Reyes (« la Ville des Rois »), devint la capitale et une ville puissante qui avait sous sa juridiction toute l'Amérique du Sud à l'exception du Brésil dominé par les Portugais. Au XVIIe siècle, Lima abritait une université et était la principale place forte de l'Espagne sur le continent américain. Toutes les richesses coloniales passaient par Lima, puis par l'isthme de Panama avant d'arriver à Séville, en Espagne.
48
+
49
+ Au XVIIIe siècle, devant la difficulté de l'administration d'un territoire immense, seront réalisées des réformes dans la structure politique coloniale (« les réformes bourboniennes »). En 1717, la vice-royauté de Grenade fut formée : elle regroupa la Colombie, l'Équateur, le Panama et le Venezuela. En 1776, une nouvelle vice-royauté vit le jour, la vice-royauté du Río de la Plata : elle regroupait l'Argentine, la Bolivie, le Paraguay et l'Uruguay.
50
+
51
+ Entre 1780 et 1781, la vice-royauté du Pérou connut la plus violente insurrection de son histoire[24]. Dirigée par Túpac Amaru II, un cacique du Cuzco, l’insurrection était à l’origine une révolte fiscale, mais très vite se transforma en un mouvement qui revendiquait l’autonomie du territoire par rapport à la Couronne espagnole[25]. Túpac Amaru arriva à réunir une armée de près de 50 000 hommes, composée majoritairement d’Amérindiens et de métis. Après quelques batailles, la révolte fut écrasée de manière extrêmement violente. Le 18 mai 1781, José Gabriel Túpac Amaru II fut écartelé et décapité à Cuzco, mais il devint pendant le XIXe siècle une figure importante de la lutte pour l'indépendance et de la liberté.
52
+
53
+ Le processus d’indépendance prit définitivement son élan avec le soulèvement des propriétaires terriens d'origine espagnole. José de San Martín et Simón Bolívar étaient à la tête des troupes rebelles. Après avoir débarqué dans la baie de Paracas, San Martín s'empara de Lima et déclara, le 28 juillet 1821, l'indépendance du Pérou par rapport à l'Espagne. L'émancipation devint effective en décembre 1824, lorsque le général Antonio José de Sucre battit les Espagnols dans la bataille d'Ayacucho le (9 décembre 1824). Après cette victoire, une scission sépara le pays en Haut-Pérou resté fidèle à Bolivar (maintenant, la Bolivie) et bas Pérou (le Pérou actuel). Comme le Chili, la Bolivie, Mexique, ou la Grande-Colombie, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[26] : des centaines de techniciens anglais traversent l’océan, avec leur machine à vapeur, pour les moderniser.
54
+
55
+ Après la guerre Grande Colombie-Pérou (1828-1829), les conflits frontaliers entre le Pérou et l'Équateur débutèrent à partir des années 1830. Quatre guerres éclatèrent entre ces pays entre 1858 et 1995, guerre de 1858-1860 ; guerre de 1941-1942 ; la guerre du Paquisha en 1981 et la guerre du Cenepa en 1995.
56
+
57
+ Malgré la domination d'une oligarchie de propriétaires terriens, l'esclavage des Noirs et le tribut des Indiens furent abolis par le caudillo Ramón Castilla (1845-1851 et 1855-1862). Entre 1840 et 1879, le guano du Pérou, récolté par des compagnies privées ou publiques sur les côtes, généra d’énormes richesses car le pays bénéficia pendant cette période du monopole mondial de ce fertilisant. La vie politique fut alors une alternance de périodes démocratiques, de coups d'État et de dictatures.
58
+
59
+ L'Espagne n'abandonna pas complètement ses ambitions coloniales et fit encore de vaines tentatives comme lors de la guerre hispano-sud-américaine. Après la bataille de Callao, elle reconnut l’indépendance du pays en 1880, établit des relations diplomatiques et signa un traité de paix et d’amitié définitif la même année. La guerre contre l’Espagne marquait pour le Pérou la consolidation de son indépendance.
60
+
61
+ Entre 1879 et 1883, le Pérou mena aux côtés de la Bolivie la guerre du Pacifique. La guerre éclata lorsque le Chili envahit le port bolivien d’Antofagasta. La Bolivie déclara la guerre au Chili et le Pérou, par un traité réciproque de défense, entra à son tour dans le conflit. Malgré l'infériorité navale, le capitaine du navire Huascar, Miguel Grau, maintint sous pression la flotte chilienne pendant plusieurs mois. Le Huascar fut finalement pris par les Chiliens en octobre 1879. Pendant la campagne terrestre, le Pérou connaîtra quelques victoires, mais en 1881 les troupes chiliennes entrèrent dans Lima. La guerre prit fin le 20 octobre 1883 par le traité d'Ancón et fit perdre au pays la région de Tarapacá.
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+ En 1924, depuis Mexico, des meneurs de la Réforme universitaire au Pérou et contraint à l'exil par le gouvernement fondent l'Alliance populaire révolutionnaire américaine, qui exercera une influence majeure sur la vie politique du pays. L'APRA est ainsi en grande partie une expression politique de la Réforme universitaire et des luttes ouvrières menées dans les années 1918-1920. Le mouvement puise ses influences auprès de la révolution mexicaine et de la Constitution de 1917 qui en est issu, notamment sur les questions de l'agrarisme et de l'indigénisme, et à un degré moindre de la révolution russe. Proche du marxisme (son dirigeant, Haya de la Torre, déclare en effet que « l'APRA est l'interprétation marxiste de la réalité américaine »), elle s'en éloigne pourtant sur la question de la lutte des classes et sur l'importance donnée à la lutte pour l’unité politique de l’Amérique latine. En 1928 est fondé le Parti socialiste péruvien notamment sous l'impulsion de José Carlos Mariátegui, lui-même ancien membre de l'APRA. Le parti crée peu après, en 1929, la Confédération générale des travailleurs. L'APRA, gagnant rapidement en popularité, est mise hors la loi en 1933 par le régime de Oscar R. Benavides, qui resta président jusqu'en 1939.
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+ La constitution de 1933 réservait le droit de vote aux citoyens alphabétisés; qui en 1960, ne représentaient encore que le tiers de la population adulte. Les Indiens, presque la moitié de la population, restaient des exclus et vivaient de façon misérable. Entre 1932 et 1933 a lieu la guerre avec la Colombie. Une guerre opposa le Pérou et l'Équateur entre le 5 juillet et le 31 juillet 1941. Durant cette guerre, le Pérou occupa les provinces occidentales de Loja et el Oro. Les États-Unis, le Brésil, l'Argentine et le Chili proposèrent leur médiation et le protocole fut finalement signé. Néanmoins, un nouveau conflit éclatera entre les deux pays un demi-siècle plus tard.
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+ À nouveau autorisée en 1945, l'Alliance populaire révolutionnaire américaine soutint le président José Luis Bustamante y Rivero (1945-1948) qui, renversé par le coup d'État militaire du général Manuel A. Odría d'octobre 1948, augura du début d'une dictature. Des élections sont pourtant organisées en 1962, et remportées par le candidat apriste Víctor Raúl Haya de la Torre. Toutefois, un coup d'État militaire dirigé par le général Ricardo Pérez Godoy empêcha le respect de la légalité. La junte organisa à nouveau des élections l'année suivante, qui furent remportées par Fernando Belaúnde Terry, fondateur de l'Action populaire, qui demeura en place jusqu'en 1968.
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+ Au début des années 1960, alors que près de 70 % des terres sont possédées par 2 % des propriétaires, le Pérou connait une forte mobilisation paysanne et indigène visant à obtenir une réforme agraire. Les paysans, en grande majorité des travailleurs agricoles indigènes, formèrent alors la base de syndicats ruraux engagés face à la détérioration de leurs conditions. Les paysans eurent recours à des tactiques allant de l'occupation pacifique des terres à la confrontation violente avec les grands propriétaires et les forces armées. Plusieurs petits mouvements de guérilla se constituent mais sont rapidement écrasés par le gouvernement[27].
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+ Le 3 octobre 1968, le coup d’État réformiste mené par un groupe d’officiers dirigés par le général Juan Velasco Alvarado amène l'armée au pouvoir dans le but d’appliquer une doctrine de « progrès social et développement intégral », nationaliste et réformiste, influencé par les thèses de la CEPAL sur la dépendance et le sous-développement. Six jours après le golpe, Velasco procède à la nationalisation de l’International petroleum corporation (IPC), la société nord-américaine qui exploitait le pétrole péruvien, puis lance une réforme de l’appareil d’État, une réforme agraire. Il s'agit alors de la plus grande réforme agraire jamais entreprise en Amérique latine : elle abolit le système de latifunda et modernise l'agriculture par une redistribution plus équitable des terres (90 % des paysans forment des coopératives ou des sociétés agricoles d'intérêt social). La terre devant être possédée par ceux qui la cultivent, les grands propriétaires sont expropriés. Les seules grandes propriétés permises sont de type coopératif. Entre 1969 et 1976, 325 000 familles reçoivent une terre de l'État ayant une moyenne de 73,6 acres[28]. Le « gouvernement révolutionnaire » projette aussi des investissements massifs dans l'éducation, élève la langue quechua - parlée par près de la moitié de la population mais jusque-là méprisée par les autorités - à un statut équivalent à celui de l'espagnol et instaure l'égalité des droits pour les enfants naturels.
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+ Le Pérou souhaite s’affranchir de toute dépendance et mène une politique extérieure tiers-mondiste. Les États-Unis répondent par des pressions commerciales, économiques et diplomatiques. En 1973, le Pérou semble triompher du blocus financier imposé par Washington en négociant un prêt auprès de la Banque internationale de développement afin de financer sa politique de développement agricole et minier. Les relations avec le Chili se distendent fortement après le coup d’État du général Pinochet. Le général Edgardo Mercado Jarrin (Premier ministre et commandant en chef de l’armée) et l’amiral Guillermo Faura Gaig (ministre de la marine) échappent tour à tour, à quelques semaines d'intervalle, à une tentative d'assassinat. En 1975, le général Francisco Morales Bermúdez Cerruti s’empare du pouvoir et rompt avec la politique de son prédécesseur. Son régime participe ponctuellement à l'Opération Condor en collaboration avec d'autres dictatures militaires américaines.
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+ Le Sentier lumineux apparaît dans les années 1970 dans les universités. Ces étudiants, pour beaucoup d'origines paysannes, retournent ensuite dans leurs communautés et y organisent des comités locaux du parti. L'abandon par l’État de certaines régions rurales favorise l’implantation du parti. En juin 1979, des manifestations pour la gratuité de l’enseignement sont sévèrement réprimées par l’armée : 18 personnes sont tuées selon le bilan officiel, mais des estimations non-gouvernementales évoquent plusieurs dizaines de morts. Cet événement entraîne une radicalisation des contestations politiques dans les campagnes et aboutit finalement au déclenchement de la lutte armée. Après le début de cette lutte armée, les nouvelles recrues du Sentier lumineux sont généralement des paysans peu politisés, plutôt que des militants réellement politisés[29].
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+ En 1980, Fernando Belaúnde Terry retrouve le pouvoir en remportant l'élection présidentielle. Alan García, candidat du parti Alliance populaire révolutionnaire américaine, lui succéda le 28 juillet 1985. C'était la première fois qu'un président démocratiquement élu remplaçait un autre président démocratiquement élu en 40 ans.
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+ En 1990, inquiets des attaques terroristes du Sentier lumineux et des scandales de corruption, les électeurs choisirent Alberto Fujimori. Pour lutter contre l'inflation, Fujimori adopta des mesures d'austérité très sévères. La monnaie est dévaluée de 200 %, des centaines d'entreprises publiques sont privatisées et 300 000 emplois sont supprimés. Il parvint à faire passer l'inflation de 2 700 % en 1990 à 139 % en 1991, mais la pauvreté ne recule pas[30].
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+ En raison de l'opposition des députés à certaines réformes, Alberto Fujmori dissout le 4 avril 1992 le Congrès, modifie la Constitution, fait incarcérer un certain nombre d'adversaires politiques et prend le contrôle des médias. Sa présidence est fortement marquée par l'autoritarisme, l'usage d'escadrons de la mort pour conduire des opérations anti-guérillas, la répression politique et la corruption[31]. Alberto Fujimori fait démarrer une campagne de stérilisations forcées dans certaines régions rurales du pays. Empreint d'eugénisme, le programme est essentiellement dirigé contre les populations indigènes : 330 000 femmes et 25 000 hommes en seront victimes selon un rapport du ministère de la Santé. L'objectif aurait été de juguler la démographie afin de bénéficier d'une aide économique accrue promise par les États-Unis, mais également de réduire des populations fortement défavorisées et suspectes de sympathies pour la guérilla du Sentier lumineux[32].
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+ Son bras droit Vladimiro Montesinos entretient des liens étroits avec la CIA et les services secrets qu'il dirige reçoivent 10 millions de dollars de l'agence pour soutenir les activités de contre-guérilla du gouvernement. Les ventes d'armes des États-Unis au Pérou ont par ailleurs quadruplé sous la présidence de Fujimori[33]. Les membres de la police et de l'armée impliqués dans des crimes dans le cadre du conflit contre les guérillas sont amnistiés. Alberto Fujimori se fit réélire en 1995. Mais en novembre 2000, destitué pour corruption, il s'enfuit au Japon. Valentín Paniagua Corazao fut nommé pour le remplacer provisoirement et des élections furent organisées en avril 2001. Alejandro Toledo les remporta et devint président le 28 juillet 2001.
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+ Des manifestations hostiles au projet de privatisation de deux compagnies d'électricité tournent à l'émeute à Arequipa, deuxième ville du pays, en juin 2002. L'état d'urgence est déclaré par le gouvernement. L'état d'urgence est à nouveau proclamé en mai 2003 alors que le Pérou connait une vague de protestations sociales. Alan Garcia, déjà président entre 1985 et 1990, revient au pouvoir en 2006. En juin 2009, une intervention de police contre des indigènes qui bloquent un axe routier conduit à des dizaines de morts[34].
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+ Le Pérou est une République « démocratique, sociale, indépendante et souveraine » (article 43 de la Constitution de 1993). La Constitution de 1993 consacre le principe de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire et fonde un régime présidentiel monocaméral :
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+ L’Assemblée constituante de 1822 est la première assemblée constituante péruvienne, instituée par 79 députés élus proportionnellement selon la population de chaque département. Lors de la première séance, les députés prêtèrent le serment de défendre l’intégrité territoriale du pays et « de le libérer de ses oppresseurs ». L’achèvement de l’Acte constitutionnel fut difficile : la première Constitution fut adoptée le 12 novembre 1823. Les premières constitutions établirent une démocratie nominale et censitaire, où les analphabètes et les femmes n’étaient pas habilités à voter. Le 7 septembre 1955, le Congrès de la République promulgua une loi, qui donnait pour la première fois aux femmes péruviennes le droit de voter et d’être élues.
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+ Le Pérou est considéré comme étant le quatrième pays le plus dangereux au monde pour les défenseurs de l'environnement, après le Brésil, le Honduras et les Philippines. Les assassinats de militants écologistes y sont en augmentation ces dernières années[35].
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+ La corruption est très présente dans la vie politique péruvienne. L’affaire Odebrecht est l’affaire la plus médiatisée. 28 millions de dollars ont été versés par la multinationale brésilienne à quatre présidents péruviens (Alejandro Toledo, 2001-2006 ; Alan Garcia, 2006-2011 ; Ollanta Humala, 2011-2016 ; Pedro Pablo Kuczynski, 2016-2018) pour obtenir des chantiers considérables comme celui de la route interocéanique entre le Pérou et le Brésil[36].
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+ Les principaux partis politiques sont les suivants, par ordre décroissant du nombre de députés élus lors des élections générales de 2016 :
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+ Le 19 novembre 2002, le Pérou adopta la Loi organique de gouvernements régionaux (Ley Orgánica de Gobiernos Regionales). Point de départ de la déconcentration d’un pouvoir administratif fortement centralisé, la loi vise à définir les principes régissant les administrations régionales et détermine les compétences entre municipalités, administrations régionales et l’État. Depuis, le pays est divisé en 24 régions (divisées elles-mêmes en provinces), auxquelles il faut ajouter la province de Lima, entité au statut particulier, distincte du département Lima.
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+ Le district est la plus petite division administrative. Chaque district est dirigé par une municipalité, avec à sa tête un maire. Les gouvernements régionaux sont composés d'une présidence régionale, d'un conseil et d'un conseil de coordination :
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+ Relief : La cordillère des Andes marque et structure les paysages et la géographie du pays. Parmi les volcans importants, on y trouve Misti et Ubinas. Le Huascarán, qui s'élève à 6 768 mètres, est le point culminant du pays dans la Cordillère occidentale.
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+ Il est tropical à l'est, désertique et sec à l'ouest. Les déserts côtiers sont liés à la présence d'un courant océanique sud-nord, donc froid, qui remonte la côte Pacifique en bloquant l'évaporation et la formation de perturbations pluvieuses (hormis épisodiquement lors d'épisodes El Nino). Dans les Andes (chaîne de montagnes) le climat est tempéré à froid en fonction de l'altitude.
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+ Le désert du Nord du Pérou abrite aujourd'hui des terres agricoles irriguées, et des zones de forêt sèche récemment fortement dégradées par l'agriculture industrielle, l'urbanisation et la production de bois et de charbon de bois. Les écosystèmes arides de ces régions se sont adaptés à décennies presque sans pluie entrecoupées de courtes pluies torrentielles subies d'un bref reverdissement du désert, de réapparition des oiseaux et de rivières.
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+ Ces pluies ont des effets dramatiques sur une population non préparée, mais sont source de vie pour le désert. Après l'El Niño de 1997–1998 on a trouvé dans le désert des espèces sauvages proches de plantes domestiquées (tomates, poivrons, courges et pommes de terre) dont les graines pouvaient encore germer après 20 ans d'enfouissement, ainsi que des plantes cultivées par des paysans sur des sols rendus fertiles par l'eau et les alluvions[41]. La destruction de la forêt sèche a exacerbé l’érosion, les inondations et leurs effets. De même pour divers aménagements du bassin versant (dont sur les rivières canalisées, barrées et draguées) ne tenant pas compte des crues inhabituelles ; et des polluants miniers, cynégétiques, routiers, urbains et agricoles (pesticides et engrais) dont dispersés par l'eau, jusqu'à l'océan souvent, ce qui inquiète les écologues.
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+ Selon B. Fraser dans la Nature (2018), « Personne n’avait prédit la catastrophe de cette année (2017) avant qu’il ne soit trop tard » et ses effets en Amérique du Sud ont été sous-estimés car si les scientifiques avaient bien prédit l'essentiel phénomène El Niño de 2015-2016, et même si le volume de précipitations de 2017 est comparable à celui de l'événement El Niño de 1997-1998, les causes en sont différentes et les scientifiques ont encore besoin de mieux comprendre le mécanisme de ces El Niños côtiers atypiques (tels que ceux des années 1920 et 1970), et de leur lien avec les cycles océaniques ou climatiques plus larges[41]. Un manque de financement a hélas freiné les études; ainsi les systèmes de surveillance installés dans des bouées océaniques par des scientifiques péruviens et équatoriens après le passage d'El Niño de 1997 à 1998 ont été vandalisés sans avoir pu être réparés et tout le réseau d'instruments océaniques d'étude de l'atmosphère océanique de la zone intertropicale souffre de détérioration et de coupures budgétaires[41].
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+ La COP 20 sur le climat a été accueillie au Pérou.
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+ Le Pérou occupe une surface de 1 285 220 km2 et possède 2 414 km de côtes.
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+ On peut distinguer trois grandes zones naturelles :
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+ Chaque zone est divisée en sous-zone nord, centrale et sud.
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+ Le versant oriental est principalement drainé par deux cours d'eau, l'Ucayali et le Marañón qui, après s'être rejoints, donnent l'Amazone. Les deux rivières captent la majeure partie des eaux du versant oriental de la Cordillère des Andes, traversent ensuite la selva péruvienne avant de confluer.
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+ Sur le versant occidental, se trouve le bassin de l'océan Pacifique, où viennent se jeter toute une série de petits fleuves descendus des hauteurs de la Cordillère. Parmi ceux-ci, l'un retient particulièrement l'attention, le Río Rímac, considéré comme l'un des fleuves les plus importants du Pérou, non par son débit d'eau — relativement faible — ni par la taille de son bassin, mais parce qu'il approvisionne en eau et électricité la métropole de Lima, où se concentre plus du tiers de la population du pays (10 millions d'habitants à Lima sur 32 millions[4] au Pérou). L'approvisionnement en eau de la capitale péruvienne est un des problèmes critiques que les autorités ne sont pas parvenues à résoudre au cours des dernières décennies, et chaque jour il devient — avec l'explosion démographique — plus aigu, nécessitant de fréquentes coupures dans la distribution de l'eau.
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+ Au sud, un troisième bassin, celui du lac Titicaca, le plus vaste lac d'Amérique du Sud et le plus haut lac navigable au monde, perché entre 3 600 et 4 500 mètres d'altitude sur les plus hauts plateaux andins, entre Pérou et Bolivie, draine les eaux de quatre bassins : le lac Titicaca (T), le fleuve Desaguadero (D), le lac Poopó (P) et le salar de Coipasa (S). Ces quatre bassins constituent le système TDPS, qui s'étend sur près de 140 000 km2.
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+ Le pays est sujet aux tremblements de terre. Il existe une activité volcanique dans la zone volcanique centrale des Andes située au sud du pays.
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+ Le Pérou est situé sur une faille sismique, ce qui provoque, chaque année, un certain nombre de tremblements de terre, dont l’intensité reste faible. Le pays a toutefois subi quelques séismes majeurs, ayant provoqué un grand nombre de victimes et des destructions considérables, comme celui de Yungay, en 1970, qui fit entre 25 000 et 30 000 morts.
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+
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+ La population est préparée en cas de séisme. Régulièrement dans les écoles et les lieux de travail, des mesures de sécurité sont enseignées et des exercices d’évacuation effectués. Les inondations et glissements de terrain sont cependant principalement dus au phénomène El Niño.
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+
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+ Le pays est doté de ressources naturelles exceptionnelles dont d'importantes ressources halieutiques (anchois péruvien), cependant instables dans le temps à cause d'El Niño.
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+
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+ Le pays dispose de cuivre, d'argent, d'or, de pétrole, de minerai de fer, de charbon et les phosphates.
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+ Le Pérou est le troisième pays d'Amérique latine où les niveaux de pollution de l'air sont les plus élevés, après le Mexique et le Chili[42].
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+
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+ Un rapport publiée en 2020 par l’Autorité nationale de l’eau (ANA) du Pérou nous révèle que les glaciers du pays ont perdu plus de 50 % de leur surface depuis les années 1960[43].
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+
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+ Du fait de sa position biogéographique et d'une grande diversité climatique et topographique, il existe au Pérou des milieux très diversifiés (de la plaine à la montagne et du désert à la forêt équatoriale, abritant une faune, flore et fonge extrêmement variées. C'est l’un des dix-sept pays caractérisés par une mégadiversité biologique.
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+ Il compte 84 des 117 zones naturelles existantes au monde (72 %), abritant encore 5 872 espèces endémiques (parmi lesquelles 118 types uniques d’oiseaux, 113 espèces de reptiles et 60 variétés différentes de mammifères).
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+ Parce que la variété d’étages d'altitude/température a obligé l'agriculteur/éleveur andin à utiliser et adapter les espèces convenant le mieux à chaque situation agrobiogéographique le pays abritait aussi de riches ressources génétiques en matière d'espèces alimentaires et utiles domestiquées, élevées et cultivées. Mais ce patrimoine est en forte et rapide régression[44].
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+ Sur les hauteurs, les lamas côtoient les alpagas et les vigognes. Le chinchilla à queue courte, présent à l’état sauvage autrefois dans les très hautes Andes a sans doute disparu aujourd’hui. Survolant les montagnes, le condor des Andes est un oiseau emblématique du Pérou et de ses montagnes.
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146
+ Mais c’est dans la « selva » que la faune est la plus présente. Avec entre autres les jaguars, les tatous, les caïmans, les capybaras mais aussi des singes ou des milliers d’espèces d’insectes qui vivent dans une végétation luxuriante. La vanille, l’acajou et le caoutchouc participent à cette biodiversité.
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+ Le Pérou dispose d'un vaste réseaux de parcs nationaux, de réserves naturelles et de lieux historiques nationaux. L'ensemble de ces sites couvre une superficie de 18 283 508 ha, soit 14 % du territoire péruvien. L'INRENA (Institut national de ressources naturelles) gère la plupart des aires protégées[45]. Cependant, un nombre croissant d'entre elles sont administrées par les communautés autochtones et par des associations de protection de la nature.
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+ L'Économie du Pérou est parmi les plus performantes de l'Amérique latine. Le produit national brut (PNB) est passé de 47 767 millions de dollars en 1993 à 127 598 en 2008[49]. Ce dynamisme repose principalement sur les secteurs exportateurs et sur une forte augmentation de la demande interne (12,3 % en 2008), tirée par la consommation et l’investissement public et privé[50].
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+ L’économie péruvienne dépend fortement des matières premières, qui représentent 60 % des exportations. En 2015, le Pérou est le deuxième producteur mondial d’argent, le troisième de zinc et de cuivre, le sixième d’or, et exploite aussi du gaz et du pétrole. Le pays est en revanche peu industrialisé[51]. Les grands projets miniers sur lesquels reposent le modèle économique péruvien font aussi l'objet de contestations de la part des populations rurales qui profitent peu des retombées économiques mais sont confrontées à la pollution des cours d'eau et des sols, impactant leur agriculture[36].
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+ Depuis la politique d'ouverture lancée il y a maintenant 20 ans, l'économie péruvienne a connu de profonds changements. Des privatisations, pour un total de 9,2 milliards de dollars, principalement dans les secteurs de télécommunications et de l’énergie, ont été menées entre 1990 et 2000 et il ne subsiste plus aujourd'hui qu'une quinzaine de grandes entreprises publiques. Outre la fin des contrôles de l’État, les différents gouvernements ont établi une politique monétaire restrictive, et ont mis en place un environnement fiscal favorable pour les investisseurs. Les conséquences de cette politique économique seront positives. Le taux de croissance du PIB a dépassé la barre de 9 % en 2008, après une croissance de 8,9 % en 2007[52]. Le chômage est également en baisse : 5,9 % en 2014 contre 9,4 % en 1994.
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+
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+ D'après l'économiste José Oscatégui : « l’État péruvien est faible, parfois complètement absent de certaines provinces. Le Pérou n'a donc pas la capacité de négocier avec les multinationales, et de récupérer les impôts qui pourraient alimenter des programmes sociaux. L'industrie minière, pilier de l'économie, illustre bien cette faiblesse. Malgré leur impact très lourd sur l'environnement et leurs profits record, les grands groupes qui exploitent les métaux péruviens sont taxés à hauteur de 30% de leur bénéfice, comme toute autre entreprise locale. Mais en pratique, avec les exonérations, c'est encore moins, entre 13 et 14% » La moitié des opérateurs miniers du pays a obtenu à l'époque du président Alberto Fujimori des contrats de stabilité, c'est-à-dire une garantie contre tout changement de la politique fiscale du pays[53].
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+ Après avoir connu une période d'hyperinflation au cours des années 1980, la monnaie péruvienne connaît, quant à elle, une période de stabilité par rapport au dollar et aux monnaies européennes. Le taux d’inflation moyen s’est stabilisé autour de 3 %, et reste depuis plusieurs années dans les limites de la fourchette fixée par la Banque centrale du Pérou (entre 1 % et 3 %). Le taux de dollarisation de l’économie reste toutefois élevé, s’établissant à 60 % des crédits en 2006 au secteur privé contre 82 % en 2000. Parmi les grandes orientations financières, figure un axe majeur : la restructuration de la dette publique tant extérieure qu'intérieure. Elle a permis de voir passer la part de la dette interne en 5 ans de 22 % à 29 %, traduisant la confiance des marchés dans les obligations d’État. La dette publique globale, à la fin septembre 2007, atteint 31 % du PIB. En termes de compétitivité, le Pérou est considéré aujourd'hui comme la première économie d'Amérique latine[54].
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+
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+ Si le respect des principes d'orthodoxie financière et l'amélioration de la gestion de la dette ont abouti, semble-t-il, à un rétablissement durable des équilibres macroéconomiques et à regagner la confiance des investisseurs, cependant l'économie péruvienne doit toujours affronter deux défis majeurs:
161
+
162
+ . Premièrement, le pays reste vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières sur les marchés internationaux. Cette vulnérabilité implique une forte volatilité du PIB et cela peut avoir des effets potentiellement négatifs sur la croissance de long terme, sur le développement socioéconomique et sur les finances publiques.
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+
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+ . Deuxièmement, la phase conjoncturelle doit être exploitée pour favoriser la création d’un scénario de croissance et de redistribution favorable à la lutte contre la pauvreté et au développement humain, car la société péruvienne reste fortement fragmentée, culturellement et économiquement. Ainsi, les études montrent qu'une couche importante de la population reste dans la pauvreté malgré l'essor économique notable que connaît récemment le pays. L'Institut péruvien de statistiques (INEI) avance un chiffre de 21,8 % de pauvreté pour 2015, et la pauvreté extrême (moins d'un dollar par jour) s'élève à 4,1 % pour la même année[55].
165
+
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+ Le Pérou a conservé une agriculture diversifiée, en particulier dans les zones encore boisées: au cours de la décennie des années 2010, il a confirmé sa huitième place au palmarès des quinze plus grands producteurs mondiaux de café, derrière la Colombie et le Honduras, autre grands exportateurs d'Amérique latine.
167
+
168
+ Les travailleurs informels représentent, en 2019, 70 % du marché du travail selon l’Institut national des statistiques et de l’informatique (INEI)[56]. En 2016, près de trois millions d'enfants et adolescents travaillent dans le secteur informel[57]. Dans le secteur formel le temps de travail hebdomadaire légal est de 48 heures[58].
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+
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+ Un réseau routier de plus de 80 000 km relie toutes les régions du pays. La côte péruvienne est traversée du nord au sud par un axe routier majeur et structurant : la route panaméricaine. Nommée aussi route 001 ou PE-1, cette route longue de 2 700 km s’étire de la ville de Tumbes jusqu’à Tacna, au sud du pays.
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+
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+ Deux autres grands axes longitudinaux sont la route de la Sierra (Piura-Puno, 3 508 km) et la route de la Selva (Cajamarca-Junín, 2 781 km). Une vingtaine d’axes transversaux desservent les villes de la Sierra et de l’Amazonie. Les trois axes longitudinaux mentionnés auparavant finissent par un nombre impair (PE-1, PE-3 pour la route de la Sierra, PE-5 pour la route de la Selva), alors que les routes et autoroutes transversales finissent par un nombre pair (PE-02, PE-04…). Bien que la plupart des axes soient interconnectés, leur construction est longue et coûteuse du fait du relief accidenté.
173
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+ Il existe également deux axes routiers reliant les villes du Pérou et du Brésil. D’un total de 960 km, l’axe Interocéanique sud (nœud fluvial et terrestre) relie le port de Paita au nord du Pérou au port de Manaus au Brésil. Il vise aussi à l’amélioration de la navigabilité des fleuves du bassin amazonien en unissant l’Atlantique et le Pacifique. La fin de travaux de construction de l’autre axe de transport, l’Intérocéanique sud (plus de 2 600 km), devra relier l’Atlantique (notamment l’État d’Acre) et le Pacifique (Sud du Pérou), exclusivement par voie terrestre. Cela implique également l’amélioration des routes existantes et la construction de nouvelles.
175
+
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+ Les chemins de fer du Pérou atteignent une longueur totale de 2 100 km, dont 240 km de voies appartenant à la société minière Southern-Cooper. L’entreprise Ferrovias Central Andina a pris en charge le réseau central allant du Callao aux Andes Centrales et qui sert surtout au transport de minerais. L’entreprise Ferrocarriles Transandinos administre les réseaux du Sud (Cusco-Matarani) et Sud-Est (Cusco-Machu Picchu, consacré au transports de touristes).
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+
178
+ La Corporation péruvienne d’aéroports (Corpac) administrait, en 2007, 42 aéroports régionaux (d’un total de 210 que compte le pays). L’aéroport international Jorge-Chávez, l’un des plus modernes du continent, est de loin le plus important du Pérou. D’autres aéroports importants sont ceux de Cusco, de Trujillo et d’Arequipa. Le transport fluvial ne concerne que le bassin amazonien, où se trouvent les quatre principaux ports fluviaux : Iquitos, Yurimaguas, Port Maldonado et Pucallpa. Le plus important est celui d’Iquitos (82 % du trafic fluvial total, soit 352 000 tonnes).
179
+
180
+ D’importantes sommes d’argent ont été injectées dans le secteur des télécommunications ces dernières années. Ces investissements concernent, pour leur grande majorité, l’extension et la densification des réseaux, ainsi que la progression de la couverture des zones rurales. Le taux de pénétration global actuellement est de 80 % dont environ 10 % pour les lignes fixes[60]. Une partie importante des lignes (55 %) se trouve dans la capitale, Lima, et le port de Callao. Le parc total de lignes fixes a atteint plus de deux millions de lignes au 18 mai 2009[60]. Le nombre de lignes mobiles représente 9,5 fois le nombre de lignes fixes. En juin 2009, le parc mobile était estimé à 22,9 millions abonnés[61].
181
+
182
+ La population du Pérou est estimée en 2016 à 31 millions d’habitants, soit près de 5 % de la population de l’Amérique latine. La population a rapidement augmenté depuis les années 1960 : elle s’est multipliée par trois entre 1960 et 2009, passant de 10,4 millions à 29,1 millions d’habitants. Le taux de croissance démographique actuel cependant peut être considéré comme modéré dans le contexte latino-américain, s’élevant à 14,4 pour mille pour la période 2005-2010, soit un niveau légèrement supérieur à celui de la population latino-américaine estimée en 13,2 habitants pour mille.
183
+
184
+ La densité reste faible, le Pérou étant, avec 23,2 habitants par km2 l’un des pays les moins densément peuplés de l’Amérique. Cette densité est d’ailleurs très inégale : assez élevée sur la côte (242,7 habitants par km2 à Lima), elle est infime dans l’Amazonie péruvienne (2,4 habitants par km2 dans le département de Loreto et 1,3 habitants par km2 dans le département Madre de Dios).
185
+
186
+ Le Pérou s'est ouvert à l'immigration japonaise à la fin du XIXe siècle, recherchant surtout des travailleurs agricoles. Cette immigration a perduré jusque dans les années 1930. Elle a dû affronter la vindicte populaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Les Japonais-Péruviens, soupçonnés d’être restés fidèles à un Japon belliqueux, ont été internés dans des camps aux États-Unis. Leurs biens ont été confisqués au Pérou[62].
187
+
188
+ Le redressement économique qu’a connu récemment le pays s’est accompagné d’une baisse relativement importante du nombre d’émigrants. Le solde migratoire est passé de -2,2 % pour la période 1990-2000 à -0,3 % pour la période suivante (2000-2010). Le nombre de Péruviens résidant à l’étranger s’élèverait à près de 2 millions (2007), soit 7 % de la population. Ils sont installés principalement aux États-Unis et dans une moindre mesure au Canada ou en Espagne. À l’heure actuelle, la communauté péruvienne figure parmi les dix nationalités les plus représentées aux États-Unis.
189
+
190
+ Selon la Constitution de 1993, la langue officielle du Pérou est l’espagnol, toutefois le quechua, l’aymara et d’autres langues indigènes possèdent un statut de coofficialité dans les parties du territoire, où elles sont prédominantes[63].
191
+
192
+ En 2019, trois millions de Péruviens vivent à l’étranger[56].
193
+
194
+ L'indice de fécondité est estimé à 2,37 [enfants par femme en 2009, soit un niveau légèrement inférieur à la moyenne latino-américaine (2,5 enfants)[65]. La fécondité reste cependant élevée dans les zones rurales et dans les communautés d'indigènes, alors qu'elle est plus basse dans les villes. L'espérance de vie est, quant à elle, estimée à près de 71,03 ans en 2010 qui est très semblable à l'espérance de vie mondiale de 71 ans[66].
195
+
196
+ Au début des années 1950, près d’un enfant sur huit né au Pérou mourait avant la fin de sa première année. Au cours des décennies suivantes, une chute spectaculaire de la mortalité infantile s'est produite. Le taux est passé de 158,6 pour mille en 1950 à 43 pour mille en 1996 et à 21 pour mille en 2006[67].
197
+
198
+ Néanmoins, en 2019, la moitié des enfants de moins de trois ans présentent de sérieuses carences alimentaires[68].
199
+
200
+ Derrière l’apparente unité, la société péruvienne est profondément diverse. La venue de migrants originaires d'Europe, d'Afrique et d'Asie, lors des différentes périodes historiques, a favorisé le mélange de populations. Dès le XVIe siècle, le processus de colonisation est allé de pair avec la mixité des diverses composantes raciales. À cela, il faut ajouter une diminution drastique de la population autochtone au cours des premières décennies de présence espagnole. Décimés par les massacres et les épidémies, le nombre d’Amérindiens au Pérou est passé de onze millions d'habitants en 1500 à un peu plus d'un million un demi-siècle après. Le fait que Lima ait été le siège du vice-roi d'Espagne aurait encore aggravé le sort des Indiens du Pérou[69]. La venue de migrants originaires d'Europe et d'Asie lors des premières années de la République a largement contribué à rendre la société péruvienne encore plus métissée. Entre 1849 et 1874, 80 000 Chinois arrivèrent ainsi au Pérou pour travailler dans les plantations de canne à sucre ou dans les gisements de guano[70].
201
+
202
+ Selon les estimations, 47 % des Péruviens sont des métis, c'est-à-dire d'origine à la fois amérindienne et européenne, et le pourcentage de population d'origine à prédominance européenne atteindrait 15 % (10 % d'ascendance espagnole (principalement des colons arrivés pendant la colonie) et 5 % d'autre ascendance européenne (italienne 1,8 %, française 1,5 %, allemande et autrichienne 2 %)[71]. Dans certaines régions du Pérou, particulièrement sur la côte, on rencontre parfois de nombreux métis d'ascendance africaine. La proportion de la population indigène (ou personnes à prédominance indigène) fluctuerait entre 30 et 45 % de la population[71]. Cette estimation est particulièrement difficile à faire car l'Institut national de statistique du Pérou se fonde sur des critères linguistiques et non des critères purement « raciaux ». Il fixe ainsi à 15,9 % le pourcentage des Indiens définis sur un critère linguistique. De nos jours, la plupart des Péruviens se considèrent comme des métis, sans qu'il soit possible de tracer des frontières précises entre les différentes catégories[72].
203
+
204
+ Les indigènes sont majoritaires dans les régions andines du pays (Cuzco, Huancavelica, ou Puno). Sur la côte, caractérisée par une forte présence de population métisse ou d’origine européenne, les indigènes sont encore moins nombreux. De fortes minorités, telles les Ashaninkas, Shipibo-conibos et Aguarunas sont présentes dans l’Amazonie ou le piémont amazonien. Les peuples indiens d’Amazonie ont généralement moins perdu leur culture après la conquête espagnole, car leurs territoires étaient très difficiles d’accès. Au Pérou, la population autochtone n’est représentée par aucun parti politique comme c’est le cas en Équateur ou en Bolivie, où les mouvements indigènes occupent une place essentielle dans le paysage politique.
205
+
206
+ Les grandes migrations internes depuis les années 1950 ont favorisé encore plus la mixité de populations. Selon les estimations[74], le pays avait un taux d’urbanisation de 71 % en 2005. Le rythme de l’urbanisation est variable d’une région à l’autre. À un extrême, on trouve des régions fortement urbanisées (Lima ou Piura), dans lesquelles la part de la population urbaine s’élève à près de 90 %. La majeure partie de migrants ont convergé vers la capitale, Lima, qui est devenue une ville métissée, un véritable carrefour de cultures régionales.
207
+
208
+ Aujourd’hui, les médias et les intellectuels péruviens parlent d’une culture métisse. Le développement de l’indigénisme a conduit également à réévaluer le métissage.
209
+
210
+ L’accès à l’éducation est plus faible dans la population indigène, avec seulement 10,2 % d’entre eux poursuivant des études supérieures. Les opportunités sur le marché du travail sont encore plus limitées, avec une surreprésentation dans le secteur agricole et dans les emplois non qualifiés. À eux deux, ces secteurs représentent deux tiers des emplois pour la population indigène contre seulement un tiers pour les non-indigènes[75].
211
+
212
+ Lima
213
+
214
+ Trujillo
215
+
216
+ Arequipa
217
+
218
+ Le Pérou regroupe un ensemble de régions dont la population est de taille très inégale. Cinq régions seulement sur vingt-quatre rassemblent en effet plus de la moitié de la population totale (52 %) : Lima, Piura, La Libertad, Cajamarca et Puno. Lima, avec 8,4 millions d’habitants, concentre à elle seule presque un tiers de la population du pays (30,8 %). À l’autre extrême, une dizaine de régions représentent à peine plus de 10 % de la population totale du pays. En 2007, les dix plus grandes villes du Pérou[64] étaient :
219
+
220
+ Lima
221
+
222
+ Arequipa
223
+
224
+ Trujillo
225
+
226
+ Chiclayo
227
+
228
+ Piura
229
+
230
+ Iquitos
231
+
232
+ Cuzco
233
+
234
+ Chimbote
235
+
236
+ Huancayo
237
+
238
+ Tacna
239
+
240
+ Ordres nationaux :
241
+
242
+ Ordres ministériels/spécifiques :
243
+
244
+ La grande majorité des péruviens (76 %) sont catholiques. Plus de 17 % de la population se déclarent cependant de différentes organisations évangéliques, dont l'influence ne cesse de croître depuis les années 1980. En 1993, la nouvelle Constitution garantit la liberté de culte, mais souligne : « au sein du régime d'indépendance et d'autonomie, l'État reconnaît l'Église catholique comme un élément important dans la formation historique, culturelle et morale du Pérou. »[81]
245
+
246
+ Chaque année au mois d’octobre, la procession du Seigneur des miracles (el Señor de los Milagros) attire dans les rues de Lima une foule énorme de fidèles drapés de morado (violet). Ils seraient plus d'un million de Péruviens à participer aux festivités du Cristo Morado. Objet de vénération au Pérou et dans quelques pays d’Amérique latine, le culte au Christ de Pachacamilla (autre nom du Seigneur des miracles) serait la christianisation de dieu Pachacamac[82]. Le culte au Seigneur des miracles est le plus important du Pérou, mais d'autres villes rendent aussi culte à leur patrons. La fête du Corpus Christi mobilise l'ensemble de la ville de Cuzco, durant les premiers jours du mois de juin, et la Virgen de la Candelaria est une festivité importante dans la région de Puno.
247
+
248
+ Le 21 octobre 2016, le Pérou fut consacré au Sacré-Cœur par le président Pedro Pablo Kuczynski.
249
+
250
+ Gustavo Gutiérrez Merino, né à Huánuco en 1928, est considéré comme le pionnier de la théologie de la libération. Le théologien inspire le mouvement, en 1972, dans un ouvrage du même nom. Influencé par Bartolomé de las Casas et les différents mouvements sociaux du XXe siècle, il développe et approfondit la vision du Salut chrétien en tant que « choix préférentiel pour les pauvres », vision proclamée par les Conférences épiscopales latino-américaines de Medellín et de Puebla. L'enjeu de la théologie de la libération n'étant pas seulement théorique mais aussi politique, elle fait l'objet d'un débat public bien au-delà du cercle des théologiens. Ce courant théologique est devenu influent en Amérique latine et en Afrique, mais les théologiens de la libération ont dû affronter une grande opposition du Vatican, en raison de la compromission de cette théologie avec le marxisme. En 2003, le père Gutierrez a reçu le prix Prince des Asturies.
251
+
252
+ Selon Garcilaso de la Vega, Inca Roca ordonna la création des premiers établissements d'enseignement, les Yachayhuasi ou Maisons de Savoir[83]. La direction de ces « écoles » fut confiée aux amautas, savants en astronomie, qui étaient également capables de lire les quipus. Les jeunes étaient instruits aux affaires de l'État (les lois, l'administration ou l'histoire), ainsi qu'aux rites et aux préceptes de la religion. Le système éducatif pendant la longue période coloniale était déterminé par le triple impératif de transformer les populations locales en habitants utiles, en chrétiens pieux et surtout en sujets fidèles au roi. Les différents ordres religieux fondent les premières écoles : Colegio Mayor de San Pablo (1568) et Colegio Mayor de San Felipe (1575). À un niveau plus élevé, les dominicains fondent en 1551 la première université du Nouveau Monde : l'université nationale principale de San Marcos.
253
+
254
+ Le système éducatif péruvien consiste en quatre niveaux : le nido (ou wawa wasi), l'éducation primaire, l'éducation secondaire, et l'université.
255
+
256
+ Les nidos (privé) ou wawa wasis (publique), pour les enfants de 1 à 5 ans, ne sont pas obligatoires, bien que la plupart des niños les fréquentent. L'éducation primaire est divisée en six niveaux (nommés de premier au sixième grado de primaria). Depuis la Constitution de 1828, article 171, elle est obligatoire et gratuite. L'éducation secondaire, obligatoire et gratuite aussi, est composée de cinq niveaux (nommés grados de secundaria). Les deux dernières années sont surtout orientées à la préparation des examens pour entrer aux universités, préparation qui a lieu dans des centres d'enseignement nommés Academias Preuniversitarias ou Pre.
257
+
258
+ Enfin, l'éducation universitaire. Le Pérou possède un réseau de 70 universités (28 publiques et 42 privées). Contrairement au système universitaire français, les élèves qui souhaitent faire des études à l'université sont dans l'obligation de passer un examen de sélection (examen de ingreso). Les études universitaires sont divisées en deux cycles distincts : les Estudios Generales et faculté. Les diplômes de fin d'études sont le Bachillerato (à ne pas confondre avec le baccalauréat français) et la Licencia (grade académique de licencié). La recherche publique est chapeautée par le Conseil national de la science, de la technologie et de l'innovation technologique (CONCYTEC).
259
+
260
+ Le Pérou compte également quelques institutions étrangères prestigieuses parmi lesquelles le Markham College, et le lycée franco-péruvien qui appartient à l'AEFE.
261
+
262
+ Néanmoins, le Pérou est le seul des cinq pays d'Amérique latine évalués par le PISA[84] en 2004 (avec l'Argentine, le Brésil, le Chili et le Mexique) où plus de la moitié des jeunes de 15 ans n'a pas acquis le niveau de connaissance et les compétences en lecture suffisantes afin de poursuivre correctement son éducation. Et cela est davantage inquiétant si l'on considère que des indices indiquent que dans l'enseignement supérieur le problème s'accentue en raison de la complexité des processus d'apprentissage[85].
263
+
264
+ Pour de nombreuses familles pauvres, le travail des enfants est indispensable pour pouvoir financer leur propre scolarisation. L’école publique est gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 11 ans, mais les uniformes et les fournitures scolaires représentent des postes de budget très lourds pour des foyers modestes. Chaque année, des milliers d’enfants abandonnent l’école pour des raisons économiques[57].
265
+
266
+ En 2009, le gouvernement péruvien interdit aux personnes homosexuelles de s'engager dans la police pour ne pas porter préjudice à l'image de l'institution[86].
267
+
268
+ Le Pérou comporte de très nombreuses danses et musiques.
269
+
270
+ La musique andine la plus populaire est le huayno. Dans les villes, la musique la plus populaire est désormais la musique chicha, fusion entre la cumbia et le huayno.
271
+
272
+ La musique péruvienne est très influencée par les traditions espagnoles mais également africaines (festejo, musica criolla).
273
+
274
+ La danse nationale est la marinera.
275
+
276
+ La cuisine péruvienne est remarquable pour sa diversité[87] en raison de la riche géographie du pays, de la disponibilité de ressources variées, et de l'alliance de traditions culinaires autochtones à des pratiques gastronomiques d'autres continents. Ainsi, en plus des apports de la culture espagnole, à la fin du XIXe siècle, des immigrants venus de la Chine adaptèrent leurs traditions culinaires au goût et aux ressources locales péruviennes. Ainsi naquît la cuisine chifa, qui compte une grande variété de mets.
277
+
278
+ Les diverses cuisines régionales sont souvent regroupées en trois grandes familles par l’emplacement géographique et les conditions climatiques :
279
+
280
+ Les boissons fraîches telles que la chicha morada, la chicha de jora, ou les deux boissons nationales : le pisco (alcool de vin) ou l’Inca Kola (gazeuse), accompagnées de fruits locaux comme la cherimoya, la maracuja, la lucuma ou le camu-camu complètent le menu péruvien.
281
+
282
+ Le chef de file de la cuisine péruvienne est sans doute le célèbre cuisinier Gastón Acurio.
283
+
284
+ La cuisine péruvienne poursuit son évolution multipliant les innovations sans pourtant trahir la tradition, comme le montre bien la Nouvelle Cuisine andine ou Cocina Novoandina.
285
+
286
+ À partir des années 2000, des boutiques péruviennes puis des e-boutiques très diversifiées (mais dont le cœur de leur activité reste centré sur la gastronomie) apparaissent en Europe et particulièrement en Espagne, Italie, France.
287
+
288
+ Le Pérou a pour codes :
289
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Histoire
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+ Géographie
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1
+ Le champ de pesanteur est le champ attractif qui s'exerce sur tout corps doté d'une masse sur la Terre (ou un autre astre). Il s'agit d'un champ d'accélération, souvent appelé plus simplement pesanteur ou « g »[1]. L'essentiel de la pesanteur terrestre est due à la gravité, mais s'en distingue du fait de l'accélération axifuge induite par la rotation de la Terre sur elle-même.
2
+
3
+ La gravité terrestre découle de la loi universelle de la gravitation de Newton, selon laquelle tous les corps massifs, dont les corps célestes et la Terre, exercent un champ de gravitation responsable d'une force attractive sur les autres corps massiques. Dans le référentiel terrestre, le mouvement de rotation autour de l'axe des pôles induit une accélération d’entraînement axifuge qui, combinée à la gravité, définit la pesanteur. Cette définition est généralisable aux autres corps célestes : on parle alors, par exemple, de pesanteur de Mars.
4
+
5
+ La force à laquelle est soumis un corps en raison de la pesanteur est appelée poids de ce corps et est directement reliée à la pesanteur par sa masse ; son unité de mesure est le newton, comme pour toute force. Cette force définit la verticale du lieu, direction suivant laquelle tous les corps libres tombent vers le sol en un lieu donné et qu'on peut mesurer par un fil à plomb.
6
+
7
+ La pesanteur terrestre varie en fonction du lieu. Pour les besoins pratiques, la Conférence générale des poids et mesures a défini en 1901[2],[3] une valeur normale de l'accélération de la pesanteur terrestre, notée g0, égale à 9,806 65 m/s2, soit approximativement 9,81 m s−2 (ou 9,81 N/kg). Cette valeur correspond à la pesanteur sur un ellipsoïde idéal approchant le niveau de la mer et à 45° de latitude.
8
+
9
+ La gravité est la principale composante de la pesanteur. Elle résulte de l'attraction qu'exerce toute masse sur une autre masse. À tous les corps massifs, dont les corps célestes, est associé un champ de gravité qui exerce une force attractive sur les objets massiques. la première description exacte de la gravitation a été donnée par la loi universelle de la gravitation de Newton :
10
+
11
+ La force de gravité
12
+
13
+
14
+
15
+ P
16
+
17
+
18
+ {\displaystyle P}
19
+
20
+ exercée sur un objet de masse
21
+
22
+
23
+
24
+ m
25
+
26
+
27
+ {\displaystyle m}
28
+
29
+ situé à la distance
30
+
31
+
32
+
33
+ R
34
+
35
+
36
+ {\displaystyle R}
37
+
38
+ d'un corps céleste, dont la masse
39
+
40
+
41
+
42
+ M
43
+
44
+
45
+ {\displaystyle M}
46
+
47
+ est supposée concentrée en son centre de masse (barycentre)[a], est dirigée vers le centre de l'astre et vaut :
48
+
49
+ G est la constante universelle de gravitation. Dans le système SI, elle vaut :
50
+
51
+ Le champ de gravité est sujet à des disparités spatiales dues aux hétérogénéités de composition et de topographies du corps céleste. En étudiant les anomalies de trajectoires des satellites gravitant autour du corps céleste, on peut déduire la distribution interne des masses ainsi que la topographie du corps survolé.
52
+
53
+ La gravité varie également en fonction de la position sur Terre : elle est plus faible à l'équateur qu'aux pôles, en raison de l'inégale valeur des rayons de la Terre, et elle diminue avec l'altitude. Dans le temps, le déplacement des masses d'eau dû aux marées produit des variations périodiques de la gravité.
54
+
55
+ La pesanteur est le champ de forces réel qu'on observe sur un corps céleste. Sur les objets liés à un corps céleste en rotation, tels la Terre, elle comprend une force d'inertie axifuge[b] qui s'oppose à la force de gravité (plus précisément, elle s'y ajoute vectoriellement).
56
+
57
+ Le champ de pesanteur est décrit par un champ vectoriel (noté
58
+
59
+
60
+
61
+
62
+
63
+
64
+ g
65
+
66
+
67
+
68
+
69
+
70
+
71
+ {\displaystyle {\vec {g}}}
72
+
73
+ ) dont la direction est indiquée par un fil à plomb et dont la norme (notée
74
+
75
+
76
+
77
+
78
+
79
+
80
+
81
+ g
82
+
83
+
84
+
85
+
86
+
87
+
88
+
89
+ {\displaystyle \|{\vec {g}}\|}
90
+
91
+ ) peut être mesurée par l'allongement d'un ressort de raideur connue, ou par la mesure de la période d'un pendule pesant[4].
92
+
93
+ Un objet de masse
94
+
95
+
96
+
97
+ m
98
+
99
+
100
+ {\displaystyle m}
101
+
102
+ , dans un lieu où l'accélération de la pesanteur vaut
103
+
104
+
105
+
106
+ g
107
+
108
+
109
+ {\displaystyle g}
110
+
111
+ , apparaît soumis à une force de pesanteur, appelée poids, dont la valeur est
112
+
113
+
114
+
115
+ P
116
+ =
117
+ m
118
+ g
119
+
120
+
121
+ {\displaystyle P=mg}
122
+
123
+ . Cette force s'exerce vers le bas selon la verticale du lieu[1], direction suivant laquelle tous les corps libres tombent vers le sol en un lieu donné et qu'on peut mesurer par un fil à plomb.
124
+
125
+ En 1903, on a défini le kilogramme-force, ou kilogramme-poids, comme unité de mesure de force. C'est le poids d'une masse de 1 kilogramme en un lieu où l'accélération de la pesanteur est égale à la valeur normale de l'accélération de la pesanteur terrestre[c], notée gn et valant 9,806 65 m s−2.
126
+
127
+ Le kilogramme-force est une unité obsolète, valant par définition 9,806 65 newtons.
128
+
129
+ La Terre tournant sur elle-même et n'étant pas un astre sphérique et homogène, l'accélération de la pesanteur dépend du lieu et des facteurs suivants :
130
+
131
+ La formule suivante donne une valeur approchée de la valeur normale de l'accélération de la pesanteur en fonction de la latitude et pour une altitude faible devant le rayon terrestre (typiquement : quelques milliers de mètres)[5] :
132
+
133
+ avec :
134
+
135
+ Pour les besoins pratiques, la Conférence générale des poids et mesures a défini en 1901[2],[3] une valeur normale de l'accélération de la pesanteur, à l'altitude 0, sur un ellipsoïde idéal approchant la surface terrestre, pour une latitude de 45°, égale à 9,806 65 m/s2, soit 980,665 Gal (une unité dérivée de l'ancien système de mesure CGS, encore parfois usitée en gravimétrie, valant 1 cm/s2.
136
+
137
+ Dans le langage courant, on parle souvent de « g » comme unité de pesanteur égale à la valeur normale de la pesanteur terrestre soit 9,806 65 m/s2, On lira par exemple que la pesanteur lunaire vaut 0,16 g, c'est-à-dire 0,16 fois la pesanteur normale terrestre, ou qu'un astronaute en centrifugeuse (ou un pilote de chasse en virage) subit une accélération de 6 g — six fois la pesanteur terrestre.
138
+
139
+ L'importance de la connaissance du champ de pesanteur de la Terre pour les géodésiens se conçoit aisément lorsqu'on sait que sa direction en chaque point, qui correspond à la verticale du lieu fournie par le fil à plomb, sert de référence lors de la mise en station de tout instrument de mesure géodésique. De manière plus détaillée, on comprend l'intérêt de la connaissance du champ de pesanteur pour les raisons suivantes :
140
+
141
+ La gravimétrie est la mesure des variations et des irrégularités de la gravité terrestre ; toutefois, celle-ci n'est pas directement mesurable : il faut d'abord mesurer la pesanteur et affecter celle-ci des corrections nécessaires, tels les effets dus à la rotation de la Terre ou les effets dus aux marées – le déplacement des masses d'eau produit des variations périodiques de la pesanteur. Les mesures gravimétriques permettent de décrire l'inégale distribution des masses à l'intérieur de la Terre qui induit des irrégularités de la pesanteur selon le lieu.
142
+
143
+ En général, les variations relatives de g sont plus importantes pour le géodésien et le géophysicien que les valeurs absolues ; effet, les mesures différentielles sont plus précises que les mesures absolues.
144
+
145
+ La variation maximale de g à la surface de la Terre atteint à peu près 5 gal (5 × 10−2 m s−2), et est attribuable à la variation de g avec la latitude. Des variations à plus courtes longueurs d'onde, connues comme anomalies gravimétriques du géoïde, sont typiquement de quelques dixièmes à quelques dizaines de milligals (mgal). Dans certains phénomènes géodynamiques dont l'observation est devenue possible depuis peu de temps grâce aux progrès de l'instrumentation géodésique, on s'intéresse à des variations de g en fonction du temps dont l'amplitude atteint seulement quelques microgals (µgal). Des études théoriques (modes du noyau, variation séculaire de g) envisagent actuellement des variations de g se situant au niveau du nanogal (ngal).
146
+
147
+ En prospection gravimétrique et en génie civil, les anomalies significatives de g sont généralement comprises entre quelques microgals et quelques dixièmes de milligal. Pour fixer les idées, lorsqu'à la surface de la Terre on s'élève de trois mètres, la pesanteur varie d'environ 1 mgal.
148
+
149
+ Si l'objet n'est pas immobile par rapport à la Terre, l'accélération de Coriolis, proportionnelle à la vitesse de l'objet, s'ajoute à celle de la pesanteur. Elle est généralement trop faible pour avoir un effet notable, mais joue un rôle prépondérant dans les mouvements de l'air dans l'atmosphère, en particulier le vent.
150
+
151
+ Même corrigée des effets d'altitude et de latitude ainsi que de la rotation diurne, l'accélération de la pesanteur ne suffit pas pour décrire complètement la chute des corps sur Terre.
152
+
153
+ Le savant italien Galilée (1564-1642) a été un des premiers à décrire et à quantifier approximativement la pesanteur terrestre. Par une expérience mythique réalisée du haut de la tour de Pise, il aurait constaté que des balles lourdes et de poids différents ont le même temps de chute, mais, quand il explique dans son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde pourquoi il en est ainsi dans le vide, il justifie par des expériences de pensée : notamment en imaginant deux pierres de même poids et forme, chutant simultanément et reliées ou non par un lien, formant ainsi deux corps séparés de même poids ou bien un seul de poids double, mais ayant dans tous les cas la même vitesse de chute[8].
154
+
155
+ Vers 1604, Galilée utilise un constat : un objet en chute libre possède une vitesse initiale nulle, mais quand il arrive au sol, sa vitesse… n'est pas nulle. Donc la vitesse varie durant la chute. Galilée propose une loi simple : la vitesse varierait continûment à partir de 0, et proportionnellement au temps écoulé depuis le début de la chute. Ainsi : vitesse = constante × temps écoulé.
156
+
157
+ Il en conclut que, pendant une chute, la distance parcourue est proportionnelle au carré du temps écoulé. Plus précisément : distance = ½ constante × temps écoulé2  (avec la même constante que ci-dessus). Son idée est confirmée dans une expérience, avec du matériel construit de sa main : une gouttière inclinée le long de laquelle des clochettes sont disposées pour indiquer le passage de la bille.
158
+
159
+ Si un objet n'est pas pesé sous vide, son poids est égal à sa masse diminuée du poids du volume d'air déplacé (poussée d'Archimède). Sans cette correction, la mesure du poids d'un kilogramme de plume est inférieure à celle d'un kilogramme de plomb (du fait que le volume de ce kilogramme de plumes est plus important que le volume du même kilogramme de plomb et que la poussée d'Archimède est donc plus importante).
160
+
161
+ Le frottement de l'air provoque des forces aérodynamiques et en particulier de la traînée qui s'oppose au mouvement, ce qui fait qu'une petite boule tombe plus vite qu'une grosse de masse identique, et que si deux boules sont de même diamètre mais de masses différentes, la plus massive tombe plus vite.
162
+
163
+ Sur la Lune, la pesanteur est environ six fois moindre que sur Terre (environ 1,6 m/s2 contre 9,8 m/s2), du fait de la moindre masse de la Lune (81,3 fois moindre) et malgré son rayon plus petit (3,67 fois plus petit)[e]. Cela explique les bonds extraordinaires des astronautes du programme spatial américain Apollo. Le phénomène a été anticipé et popularisé dans l'album de Tintin On a marché sur la Lune.
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+ Mise en garde médicale
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+ modifier - modifier le code - voir Wikidata (aide)
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5
+ La peste est une anthropozoonose, c'est-à-dire une maladie commune aux humains et aux animaux. Elle est causée par le bacille Yersinia pestis, découvert par Alexandre Yersin de l'Institut Pasteur en 1894. Ce bacille est aussi responsable de pathologies pulmonaires de moindre gravité chez certains petits mammifères et animaux de compagnie (on parle dans ce cas de peste sauvage).
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7
+ En raison des ravages qu'elle a causés, surtout au Moyen Âge, la peste a eu de nombreux impacts sur l'économie, la religion et les arts. Ainsi la peste noire de 1347-1352 a profondément marqué l'Europe en éliminant 25 % à 50 % de ses habitants ; dans le royaume de France la population a chuté de 38 %, soit 7 millions de victimes sur les 17 millions de Français de l'époque. Cependant plusieurs épidémies de maladies inconnues à forte mortalité ont pu être qualifiées de peste par les chroniqueurs de l'époque. Par analogie, d'autres maladies à forte morbidité pour d'autres espèces sont également nommées peste, comme la peste aviaire, celle du canard, celle du porc. Elles n'ont pour la plupart rien à voir avec la peste humaine, qui peut prendre trois formes : peste bubonique, peste pneumonique et peste septicémique[1].
8
+
9
+ Les récentes recherches indiquent que la maladie est transmise tout autant voire plus fréquemment sans l'intermédiaire des rats, longtemps seuls blamés pour la contagion[2].
10
+
11
+ Le terme peste apparaît en moyen français au XVe siècle (vers 1460[3], ou en 1475[4]). Il dérive du latin pestis signifiant d'abord « fléau » au sens propre (l'outil ou l'arme de guerre qui sert à battre ou à frapper) et aussi, au sens figuré, toutes les calamités, ruines et destructions, dont toute épidémie à forte mortalité[4] (pestilence ou « maladie contagieuse, épidémie »[5],[6]).
12
+
13
+ En ancien français, il existait déjà le terme pester apparu au XIIe siècle, à partir du latin vulgaire pistare pris pour pinsare « piler, broyer ». L'ancien français pester a pour sens 1) broyer, pétrir 2) piétiner, fouler 3) battre. L'ancien français pestel est le pilon, la massue, le haut du bras qui servent à frapper. De la même famille sont les termes d'ancien français pestrir « pétrir » et pestrin « pétrin »[7].
14
+
15
+ L'ancien français pestilance (pestilence) apparu en 1120, du latin pestilentia, signifie « maladie pestilentielle », fléau ou calamité, carnage ou défaite[7], ainsi que toute odeur infecte (en particulier celle d'un champ de bataille couvert de cadavres).
16
+
17
+ Les origines du terme latin pestis sont obscures ou incertaines[3]. Il n'existe pas d'équivalent en grec ancien. Plusieurs termes grecs recouvrent les sens déjà mentionnés comme epidemios « sur le peuple » (epi et demos) ; nosos « maladie » ; phtoros « ruine, destruction » ; loimos « fléau ». Tous ces termes sont utilisés par Thucydide pour désigner « la peste d'Athènes » (le texte grec original n'a pas de titre)[8].
18
+
19
+ Le terme latin plaga (le coup et son résultat) a donné le français plaie et l'anglais plague (peste). Dans la Septante, traduction de la Bible hébraïque en grec ancien, les juifs grecs d'Alexandrie utilisent le terme loimos pour chacune des 10 plaies d'Égypte en français, the 10 plagues of Egypt en anglais[8].
20
+
21
+ En langue arabe peste donne Taounn الطاعون nom verbal du verbe طعن signifie poignarder ou battre son ennemi en guerre presque le même sens qu' au latin, le récit prophétique الطاعون طعن اعدائكم من الجنّ peste est les frappes ou poignards de vos ennemis les jinns voir ibn hajar 1360 son livre[9] sur la peste il fait des commentaires sur les récits prothétiques relatifs à la peste; les victimes de la peste sont promus à l’échelon des shohada( témoins,martyrs) dans le nouveau monde dans la vie au delà, Il est à noter la presence des ennemis invisibles dans les tableaux concernant la peste de Pieter Brugel triomphe de la mort , Arnold Bocklin la peste et jean elie delanuay la peste de Rome
22
+
23
+ Le sens moderne du terme peste se précise progressivement à partir du XVIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle (découverte de la bactérie causale).
24
+
25
+ Dans le règne des bactéries, Yersinia pestis est un coccobacille de 0,5 à 0,8 μm de largeur sur 1 à 3 μm de longueur, sans motilité, capsulé, Gram négatif, aéro-anaérobie facultatif, appartenant à la famille des Enterobacteriaceæ. Il présente une coloration bipolaire en présence des colorants Wright (en), Giemsa et Wayson (en) et se développe sur des milieux de culture standards en deux jours à 28 °C.
26
+
27
+ Ce germe est résistant, il reste virulent plusieurs jours dans un organisme en putréfaction[10]. Il est sensible à la chaleur et à la dessication (il ne résiste pas longtemps à la lumière solaire[11]), mais il résiste au froid.
28
+
29
+ Il possède plusieurs facteurs de virulence qui lui permettent de survivre chez l'humain en utilisant les nutriments des cellules hôtes et en empêchant la phagocytose et d'autres mécanismes de défense.
30
+
31
+ Trois variétés de souches (variétés dites biovars) sont notées à partir de leurs caractéristiques biochimiques : antica, medievalis, et orientalis (il existe d'autres biovars, mais strictement liés aux rongeurs). Les trois biovars liés aux humains auraient correspondu à chacune des 3 pandémies historiques de peste (peste de Justinien, peste noire et peste de Chine). Cette hypothèse, proposée en 1951, est considérée comme inexacte[12].
32
+
33
+ Des traces de protéines microbiennes peuvent être détectées même après plusieurs siècles, grâce à des tests dont les archéologues peuvent faire usage[13]. Le séquençage du génome de Y. pestis a été réalisé en 2001 par l'équipe de Julian Parkhill de l'Institut Sanger à Cambridge et par B. Wren[14]. Ils ont détecté 4 012 gènes codant des protéines[15].
34
+
35
+ Ces techniques biomoléculaires ont permis de rattacher la peste noire à orientalis, et la peste de Justinien à un biovar disparu ou non retrouvé[12].
36
+
37
+ La classification biochimique des souches tend à être remplacée par une classification phylogénétique des Y. pestis en cinq grand embranchements numérotés de 0 à 4. La diversité génétique de Y. pestis est relativement limitée, du fait de son origine récente, mais avec des phases d'explosion du taux de mutations coïncidant avec des épidémies historiques[12].
38
+
39
+ Y. pestis semble être une évolution de Yersinia pseudotuberculosis[16], la divergence ayant pu avoir lieu il y a environ 10 000 à 20 000 ans[12].
40
+
41
+ La peste est d'abord une zoonose affectant surtout les rongeurs. Si l'unanimité est faite sur le modèle général rongeurs-puces-humains, de nombreux problèmes de détail (espèces exactes en cause, modalités et mécanismes...) restent controversés et en cours de discussion.
42
+
43
+ La peste aurait le paradoxe d'être conservée par des espèces qu'elle détruit. Les rongeurs sensibles (qui meurent de peste en moins d'une semaine) compensent cette mortalité par un « turn-over » particulièrement élevé[17] : les rats se reproduisent à l'âge de 4 mois, les rattes ont environ 4 portées par an, chaque portée étant de 6 petits en moyenne[18].
44
+
45
+ La peste se répartit en foyers naturels d'endémies animales ou enzooties, plus ou moins permanentes, avec des alternances d'épidémies animales ou épizooties et des phases muettes, principalement en Asie, Afrique et Amérique de l'Ouest[19].
46
+
47
+ Il existe une peste tellurique, où la bactérie peut se conserver par le froid et se multiplier dans le sol. C'est particulièrement le cas dans les terriers de rongeurs après une épizootie de peste. Lorsqu'une région se repeuple de rongeurs, ils réoccupent les terriers vides et contractent à nouveau la maladie par inhalation ou ingestion lors du fouissement. Ce phénomène pourrait expliquer le caractère cyclique de la peste, après disparition apparente[12].
48
+
49
+ Le réservoir primaire de la peste est représenté par de très nombreux rongeurs sauvages, constituant un réservoir naturel permanent de la maladie. La nature exacte du réservoir animal principal diffère selon les régions du monde[20].
50
+
51
+ Dans ces foyers enzootiques, plus de 200 espèces ont été recensées, dont une quarantaine sont des réservoirs permanents, comme des marmottes (Asie Centrale), des gerbilles (Afrique du Sud) et meriones au Proche-Orient. Les spermophiles (écureuils fouisseurs) jouent aussi un rôle important en Russie du Sud-Est (Spermophilus suslicus, S. fulvus...) ; de même dans l'Ouest des États-Unis (S. variegatus, S. becheyi) où l'on trouve aussi les chiens de prairie[19],[18].
52
+
53
+ Les rongeurs sauvages hibernants, comme la marmotte, pourraient aussi expliquer la permanence de la maladie d'une année à l'autre. Ceux qui ont contracté la peste ne présentent pas de maladie durant l'hibernation, puis l'infection se réactive brutalement au réveil, entraînant la mort de l'animal[18].
54
+
55
+ La bactérie est alors transmise de rongeur à rongeur par piqûre de puce, les différentes espèces de rongeurs étant plus ou moins sensibles ou résistantes. Il y aurait des hôtes primaires principaux, plutôt résistants (infection inapparente) où la bactérie circule en permanence, et des hôtes secondaires sensibles qui amplifient et disséminent la maladie, en particulier les rongeurs péri-domestiques.
56
+
57
+ La mort de rongeurs sensibles déclenche un lâcher de puces qui peuvent infecter des hôtes vertébrés de voisinage[12], comme l'Homme, les lagomorphes (lapin, lièvre) et les carnivores (chien, chat...). Ces derniers peuvent aussi infecter l'humain par contact (si peau lésée) ou morsure d'un animal infecté.
58
+
59
+ La peste des rongeurs commensaux des humains est la principale source d'origine de la peste humaine ou peste urbaine. En Europe, les deux espèces responsables des épidémies historiques de peste humaine sont le rat noir (Rattus rattus) et le rat gris ou surmulot (Rattus norvegicus).
60
+
61
+ Le rat noir (R. rattus) est originaire d'Asie du Sud-Est, il s'établit au Proche-Orient dans l'Antiquité et parvient en Méditerranée orientale et en Europe du sud à l'époque romaine[21]. Le rat noir est un animal sédentaire, qui ne se déplace pas activement sur de longue distance. Il vit à proximité de l'homme (on n'en trouve pas à plus de 200 m d'une habitation). Adapté aux activités de l'homme, il vit surtout dans les greniers et à bord des navires. Il peut être transporté parmi les marchandises (sacs de grains, ballots de tissus...)[18]. Sensible à la peste, il sort de son trou pour mourir, et les chroniques orientales signalent souvent la mort de rats précédant la peste humaine.
62
+
63
+ Le rat noir a été progressivement évincé par le rat gris (R. norvegicus) plus gros et plus robuste. R. norvegicus est originaire d'Asie centrale, il supplante le rat noir en Europe à partir de la Renaissance jusqu'au début du XIXe siècle. Il est moins lié à l'homme, il sait nager et aime l'humidité, il peut vivre dans les caves et les égouts en zone urbaine, ou en terriers à la campagne[18]. Cependant le rat gris est moins sensible à la peste et il ne sort pas de son trou pour mourir, ce qui limite les cas de contact. Le remplacement du rat noir par le rat gris au XVIIIe siècle serait l'un des facteurs expliquant le déclin des épidémies en Europe pendant cette période.
64
+
65
+ Les vecteurs de la peste sont des ectoparasites. Celle des rongeurs et de l'homme s'effectue par piqûre de puce, près de 80 espèces de puces sont impliquées dans cette transmission[22]. En principe, il existe une grande spécificité des puces, chaque espèce de puce étant spécialisée pour son hôte, mais des exceptions sont possibles, notamment quand la puce ne trouve pas son hôte habituel[23].
66
+
67
+ Les vecteurs principaux aboutissant à la peste humaine sont la puce du rat : Xenopsylla cheopis, dans les pays chauds comme l’Inde, ou Nosopsyllus fasciatusNosopsyllus fasciatus en Europe. Quand l'homme est touché par une puce du rat (par exemple en manipulant un rat mort), il contracte la maladie. La puce de l'homme (Pulex irritans) prend alors le relais pour la transmission d'homme à homme. Une puce infectée le reste toute sa vie. Elle transmet la bactérie par piqûre, et accessoirement par ses déjections qui se retrouvent sur la peau humaine ou dans la poussière des habitations[23].
68
+
69
+ Les deux sexes de puces sont hématophages. En se multipliant dans « l'estomac » de la puce, ou proventricule, les bactéries bloquent la digestion. La puce affamée doit à nouveau se nourrir, ce blocage proventriculaire régurgite des bactéries vers le nouvel hôte piqué. Le schéma généralement admis est que seules les puces bloquées sont des vecteurs efficaces, les partiellement bloquées étant les plus dangereuses du fait d'une survie prolongée (une puce totalement bloquée finit par en mourir)[24].
70
+
71
+ Le modèle de Marcel Baltazard (1908-1971) faisait de la puce de l'homme Pulex irritans, un vecteur essentiel de la peste humaine, pouvant expliquer des épidémies de pestes « sans rats ».
72
+
73
+ Ce schéma est critiqué sur des arguments physiologiques (pas de blocage proventriculaire de la puce humaine) et épidémiologiques, entre autres par Frédérique Audoin-Rouzeau. La peste humaine serait alors sous la responsabilité exclusive des rongeurs sauvages, des rats et de leurs puces spécifiques[24],[25].
74
+
75
+ D'autres hypothèses sont apparues au XXIe siècle. Il existerait une transmission précoce chez les puces infectées qui se mettrait en place avant même le blocage proventriculaire. Dès lors des espèces de puces considérées comme non ou peu vectrices, pourraient l'être[24].
76
+
77
+ Sur des données expérimentales, Baltazard avait aussi montré que le pou de corps de l'homme Pediculus humanus humanus pouvait être, à l'occasion, un vecteur de peste. Cette transmission, se faisant par piqûre ou lésion de grattage (transmission par les fèces de pou), est de nouveau envisagée comme probable[24],[26].
78
+
79
+ Ces différentes hypothèses sont liées à la difficulté d'expliquer (par un modèle unique et simple) le déroulement de toutes les épidémies de peste, animales ou humaines, historiques ou contemporaines.
80
+
81
+ Après la morsure de la puce infectée, le germe se multiplie au point d'inoculation laissant une vésico-pustule puis gagne le système lymphatique et colonise le ou les ganglions satellites du point d'inoculation (le bubon). Une ou plusieurs adénites localisées et suppurées apparaissent. L'évolution de la dissémination par voie hématogène permet au germe d'atteindre l'ensemble des organes et les poumons où il développera une localisation pulmonaire secondaire. Le bacille se multiplie dans les macrophages et libère une toxine qui les détruit.
82
+
83
+ En zone endémique, toute adénite suppurée doit faire évoquer un bubon pesteux[27]. La peste s'exprime sous trois formes cliniques principales différentes, pouvant parfois se succéder dans le temps :
84
+
85
+ Forme la plus fréquente, la peste bubonique fait suite à la piqûre de la puce. La peste peut se déclarer d'abord chez les rongeurs qui meurent en grand nombre. Les puces perdant leur hôte recherchent d'autres sources de sang, et contaminent l'homme et les animaux domestiques par piqûre. Après une incubation de moins d’une semaine, apparaît brutalement un état septique avec fièvre élevée sans dissociation de pouls, frissons, vertiges, sensation de malaise.
86
+
87
+ Le bubon apparaît vers le 2e jour (visible à l'œil nu) après le début fébrile, mais il peut être détecté dès les premières heures par la palpation. C'est une adénopathie (ou ganglion augmenté de volume), satellite du territoire de drainage de la piqûre de l’ectoparasite. Les aires ganglionnaires le plus souvent touchées sont l’aire inguinale (pli de l'aine) ou crurale (haut de la cuisse), plus rarement axillaire voire cervicale. Il est d'abord sensible, inflammatoire, puis de plus en plus douloureux à mesure qu'il grossit.
88
+
89
+ Des signes de déshydratation et de défaillance neurologique vont accélérer l'évolution de la maladie vers une mort en moins de sept jours en l'absence de traitement efficace. On estime entre 20 et 40 % le nombre de malades qui vont guérir spontanément après un temps de convalescence assez long.
90
+
91
+ Cette forme constitue 10 à 20 % des pestes[16]. La peste septicémique est la plupart du temps une complication de la peste bubonique, due à une multiplication très importante des bacilles dans la circulation sanguine. Cette variété de peste apparaît quand les défenses des ganglions lymphatiques et les autres types de défense sont dépassés (peste septicémique secondaire). Le bubon peut être absent, le germe se multipliant immédiatement dans le sang (peste septicémique primaire). Il s'agit d’une forme mortelle sans traitement, mais non contagieuse.
92
+
93
+ Forme plus rare que la peste bubonique, c'est la forme la plus dangereuse car extrêmement contagieuse. La peste pneumonique ou pulmonaire survient lorsque le bacille pénètre directement dans l'organisme par les poumons (peste pulmonaire primaire), ou par complication pulmonaire d'une peste septicémique (peste pulmonaire secondaire). Les humains sont contaminés, et contaminent, par les crachats (expectorations purulentes) et les projections microscopiques (toux, postillons) contenant le germe.
94
+
95
+ Après une période d'incubation de quelques heures à deux jours, s’installe une pneumopathie aiguë sévère avec état septique. Même avec un traitement antibiotique approprié, cette forme de peste est souvent mortelle en quelques jours par œdème pulmonaire aigu et défaillance respiratoire.
96
+
97
+ La peste pharyngée survient après consommation d'aliments contaminés par Yersinia pestis. Elle se présente comme une pharyngite avec amygdalite, une fièvre élevée, une toux sèche, et une lymphadénite (inflammation des ganglions du cou)[22].
98
+
99
+ La prise de sang (hémogramme) montre habituellement une augmentation du nombre de globules blancs (hyperleucocytose à polynucléaires neutrophile) de l'ordre de 15 000 à 25 000 éléments par mm3, et une baisse des plaquettes sanguines (thrombopénie modérée)[28].
100
+
101
+ Chez l'enfant, on peut observer une myélémie ou passage dans le sang d'éléments précurseurs provenant de la moelle osseuse[27].
102
+
103
+ Dans les formes graves, la thrombopénie peut s'accompagner de troubles de la coagulation consistant en une coagulation intravasculaire disséminée. Des altérations des fonctions hépatiques et rénales sont fréquemment constatées[19].
104
+
105
+ La survie du patient dépend de la précocité du diagnostic[22].
106
+
107
+ Les principaux prélèvements se font à partir d'un bubon (prélèvement par aspiration à l'aiguille), du sang, des crachats ou de l'aspiration bronchique. L'examen direct au microscope après colorations peut permettre d'identifier parfois des bacilles de coloration bipolaire caractéristique[28].
108
+
109
+ La mise en culture nécessite un délai de 48 h, elle est nécessaire pour isoler et identifier la bactérie. Dans la peste pulmonaire, le diagnostic est confirmé par la culture des crachats ou de l’aspiration bronchique. Les hémocultures (mise en culture du sang du patient) sont l'examen-clef d'une forme septicémique. L'identification de Y. pestis se fait par la mise en évidence de bactéries gram-négatives de forme ovoïde, et de l'étude de leurs caractères biochimiques à 28 °C[22].
110
+
111
+ L'inoculation à la souris entraîne la mort de l'animal en 2 à 5 jours[19].
112
+
113
+ Des techniques de biologie moléculaire par PCR permettent de porter un diagnostic en quelques heures, mais elles ne sont pas disponibles partout, notamment pas dans les pays où la peste est endémique, et le plus souvent réservées aux laboratoires de référence et de recherches[22].
114
+
115
+ Par ailleurs, la recherche de la bactérie peut se faire lors d'autopsies, cadavres de malades suspects ou de rongeurs, par prélèvement d'organe (ganglions, foie, poumons, rate...)[22], le germe étant particulièrement résistant dans les corps en putréfaction.
116
+
117
+ Les tests aux anticorps fluorescents ou ELISA sont trop tardifs (sérologie positive 6 à 10 jours après le début de l'infection). Ils restent d'intérêt épidémiologique (diagnostic rétrospectif de confirmation)[27],[22].
118
+
119
+ Depuis 2003, un test sur bandelette de diagnostic rapide (en 15 minutes) a été mis au point. Il s'effectue directement sur les échantillons biologiques pour détecter l'antigène capsulaire F1 du Yersinia pestis. Très utile en pays d'endémie, il ne permet pas d'affirmer à lui seul le diagnostic, tant que la bactérie n'a pas été isolée d'au moins un patient dans la zone considérée (résultat croisé avec d'autres yersinia comme Y. pseudotuberculosis). Il donne alors des résultats avec une excellente sensibilité et spécificité[27],[22].
120
+
121
+ Sans traitement moderne, la peste bubonique évoluait vers le décès par septicémie dans 60 % des cas, les formes septicémiques et pulmonaires étant presque toujours mortelles[19].
122
+
123
+ Un traitement réel contre la peste n’a été disponible qu’après la découverte du bacille par Alexandre Yersin en 1894. Il s'agissait de la sérothérapie par sérum antipesteux de Yersin (1896), un sérum obtenu par immunisation du cheval. Un autre traitement historique a été la phagothérapie, dans les années 1920-1930.
124
+
125
+ Le traitement par antibiotiques est le seul véritablement efficace (guérison en quelques jours). Y. pestis est naturellement résistant aux bêta-lactamines mais reste sensible aux aminosides : streptomycine, gentamicine et à la kanamycine (pour les nouveau-nés), aux cyclines[29], aux quinolones, au triméthoprime-sulfaméthoxazole (TMP-SMX), à la rifampicine, bien qu'il existe des souches résistantes à cette dernière[30].
126
+
127
+ La voie d’administration peut être orale ou parentérale, et l’antibiothérapie doit être prescrite au stade précoce (8 à 24 heures après le début de la peste pulmonaire) pour obtenir un maximum d’efficacité. Il a été décrit de rares souches résistantes à plusieurs de ces antibiotiques[31]. Cette situation reste, pour l’instant, exceptionnelle.
128
+
129
+ L'incision du bubon et son drainage ne sont plus guère recommandés.
130
+
131
+ La peste est une maladie à potentiel épidémique qui justifie un diagnostic précoce et exige une déclaration aux autorités sanitaires nationales et internationales.
132
+
133
+ En France, la peste fait partie des maladies infectieuses à déclaration obligatoire auprès des agences régionales de santé (Maladie no 21).
134
+
135
+ D’après le plan Biotox de la Direction générale de la Santé française, les mesures de protection à prendre consistent à :
136
+
137
+ La désinsectisation et la lutte contre les réservoirs animaux (dératisation obligatoire des navires) sont déterminantes dans la prévention d’une épidémie. Dans les parcs naturels aux États-Unis, des panneaux préviennent les promeneurs d'éviter tout contact avec les rongeurs[19].
138
+
139
+ Il existe un vaccin (entier inactivé) dit KWC (Killed Whole-Cell) d'origine australienne (le KWC américain n'est plus produit depuis 1999). Ce vaccin est uniquement utilisé pour protéger les personnes à très haut risque, comme les militaires en opération dans des zones endémiques de peste, ou celles qui travaillent sur la peste (microbiologistes et chercheurs sur la bactérie, les puces ou les rats infectés). Ses inconvénients sont sa faible durée de protection (de l'ordre de 6 mois), ce qui peut nécessiter des injections de rappel, avec un risque d'effets secondaires plus important. De plus, il ne protège pas de la peste pulmonaire primaire[33]. Il n'est pas disponible au public.
140
+
141
+ De nouveaux essais de vaccins sont en cours depuis 2005 au Canada[34]. Le but est de trouver un vaccin efficace contre toutes les formes de pestes, y compris la forme pulmonaire[11].
142
+
143
+ Waldemar Haffkine met au point le premier vaccin le 10 janvier 1897[35]. Appelé aussi lymphe d’Haffkine, ce vaccin était composé de germes tués[36].
144
+
145
+ En 1921, un vaccin aqueux est mis au point par l'Institut Pasteur. Des vaccins vivants atténués ont été utilisés en Union soviétique et dans les colonies françaises.
146
+
147
+ En 1932, Girard et Robic mettent au point un vaccin vivant atténué dit EV (pour Evesque, nom du patient d'où a été isolée la souche du vaccin). En France, avec le sérum antipesteux, il restera le seul traitement possible contre la peste jusqu'au traitement de la maladie par les sulfamides puis par les antibiotiques (seuls ces derniers étant véritablement efficaces). Ce vaccin n'est plus fabriqué : très douloureux, il n'a pas démontré son efficacité[19].
148
+
149
+ Depuis la fin du XXe siècle, 33 pays renferment un foyer de peste (circulation à bas bruit du bacille pesteux dans le réservoir animal). Il existe une tendance générale à l’extension géographique, probablement liée à des modifications anthropiques de l’environnement ou à la colonisation de nouveaux territoires par des rongeurs commensaux comme le rat noir. Cependant, la distribution géographique de la peste humaine est plus limitée que les foyers naturels[37].
150
+
151
+ Les deux plus grandes épidémies de peste depuis les années 1990, sont celle de l'Inde en 1994 (874 cas et 54 décès) et celle de Madagascar en 2017 (597 cas et 55 décès)[37].
152
+
153
+ De 2010 à 2015, 3 248 cas de peste humaine ayant causé 584 décès ont été répertoriés à travers le monde. Cela correspond à une baisse sensible, probablement liée à une évolution naturelle cyclique, comme il en a déjà été observé dans le passé[20].
154
+
155
+ La survenue d'une épidémie de peste est considérée par l’OMS comme une situation d'urgence sanitaire[38]. La peste est une maladie de la pauvreté en Afrique, en Amérique du Sud et en Inde. Ailleurs, dans les autres régions endémiques (Asie centrale, Ouest des États-Unis), c'est une maladie sporadique liée aux activités professionnelles ou touristiques de pleine nature.
156
+
157
+ L'Afrique est le continent le plus touché avec 90 % des cas de pestes répertoriés dans le monde, répartis dans 4 pays : Madagascar, la République démocratique du Congo, l'Ouganda et la Tanzanie.
158
+
159
+ L'Asie centrale reste le plus vaste foyer naturel de la maladie (considéré comme le berceau historique de la peste). Toutefois la population à risque se limite aux éleveurs et chasseurs des steppes et des montagnes. Quelques cas sporadiques sont signalés au Kirghizistan, en Russie, en Mongolie et en Chine.
160
+
161
+ En Amérique du Sud, des cas surviennent régulièrement au Pérou (Nord-Ouest du pays), liés à l'activité agricole, beaucoup plus rarement en Bolivie.
162
+
163
+ Dans l'Ouest des États-Unis, la peste circule parmi les rongeurs sauvages. Elle est responsable de quelques cas chaque année. La contamination peut se faire par l'intermédiaire d'animaux domestiques malades, chiens ou chats. En 2015, un cas de peste est déclaré au parc national de Yosemite en Californie [39]. Du 1er avril au 28 août 2015, les centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains rapportent 11 cas d’infection par le bacille de la peste, dont 3 décès[40]. Au total, pour la seule année 2015, les États-Unis notifient 16 cas de peste, dont 4 décès. Un cas a pu être contaminé par un autre, ce qui en fait le premier cas possible de transmission interhumaine aux États-Unis depuis 1924[20].
164
+
165
+ La tendance à la baisse se retrouve en 2018, l’incidence mondiale de la peste humaine est la plus basse depuis 30 ans. Seuls cinq pays ont rapporté des cas humains en 2018. La République Démocratique du Congo (133 cas dont 5 décès) et Madagascar (104 cas et 34 décès) sont les pays qui rapportent le plus de cas en 2018. Les trois autres pays sont le Pérou (4 cas, 1 décès), la Bolivie (1 cas décédé), et les États-Unis (1 cas, zéro décès)[37].
166
+
167
+ En 2019, un cas de peste a été signalé en Ouganda, l'enquête retrouvant 3 décès suspects dans la même famille. Le 1er mai 2019, 2 décès par peste septicémique sont survenus en Mongolie dans la province de Bayan-Ölgii[37].
168
+
169
+ Lorsque la peste humaine est sporadique, survenant dans des régions isolées, elle est repérée en général sous la forme bubonique : Pérou (depuis 2014), États-Unis (depuis 2016), Chine, Bolivie, Mongolie, Kirghiszistan et Fédération de Russie (depuis 2013).
170
+
171
+ La survenue de formes septicémiques et pulmonaires dépend en partie de la qualité de la prise en charge des patients. Un retard au diagnostic et au traitement augmente le risque de complications, notamment de la forme pulmonaire hautement contagieuse, ce fut le cas à Madagascar fin 2017, où la peste est survenue en milieu urbain avec un système de santé déjà dégradé.
172
+
173
+ Selon l'OMS, la peste connaît de grands cycles pluriannuels, difficiles à expliquer. Malgré le relatif silence épidémiologique actuel, les autorités sanitaires doivent rester vigilantes pour ne pas être déstabilisées par la survenue soudaine de cas humains. La peste reste une maladie épidémique particulièrement redoutable, notamment dans sa forme pulmonaire en milieu urbain[37].
174
+
175
+ Dans l'Antiquité, le terme de « peste », ou ses équivalents, ne désigne pas nécessairement la maladie aujourd'hui nommée peste, ni même une autre maladie spécifique. Il pouvait s'appliquer à un évènement catastrophique, frappant une cité entière, constituant en lui-même un concept culturel allant bien au-delà du concept de maladie. La peste, c'est ce contre quoi la religion et la médecine sont impuissantes, ce par quoi la Cité est mortelle sans défense possible[41]. Au cours du temps, le terme peste désigne toute maladie mortelle, en grand nombre, en même temps, en un même lieu.
176
+
177
+ La première pandémie de peste reconnue avec certitude (du point de vue médical moderne) est la peste de Justinien (seconde moitié du VIe siècle). Toutefois, la maladie existait certainement avant cette date.
178
+
179
+ Yersinia pestis serait issu de Yersinia pseudotuberculosis, la divergence datant de moins de 20 000 ans. Y. pseudotuberculosis est une bactérie à transmission oro-fécale (infection intestinale modérée), elle aurait acquis des éléments génétiques modifiant son mode de transmission (voie sanguine, et vecteur puce)[42]. Une étude de 2015 révèle que la peste était déjà endémique en Eurasie, il y a 5 000 ans, dès l’âge du bronze, mais avec un bacille moins pathogène (souche de peste non transmise par la puce, munie encore de ses flagelles bien reconnus par le système immunitaire[43]). En décembre 2018, une équipe de chercheurs annonce la découverte, dans le corps d'une jeune femme de 20 ans déterrée à Gökhem dans l'ouest de la Suède, d'une ancienne souche de peste vieille de 4 900 ans. Celle-ci constitue la souche la plus ancienne de la peste jamais trouvée. La souche de Gökhem porte les marques génétiques de la peste pneumonique[44],[45] Des études récentes ont montré que l'ADN de la peste peut être détecté dans la pulpe des dents des premiers squelettes de l'âge du bronze en Europe. Jusqu'à 8 % des squelettes étudiés hébergent ce qui était probablement la bactérie qui a causé leur mort[46].
180
+
181
+ L'hypothèse majoritaire place l'origine de la peste dans son foyer d'Asie centrale. Une étude a montré que la maladie sévissait déjà dans le voisinage de la Chine, où l'ancêtre commun des bacilles actuels serait à rechercher il y a plus de 2 600 ans[47].
182
+
183
+ Une hypothèse minoritaire, avançant que la peste était présente dans l’Égypte pharaonique[48], place l'origine de la peste dans son foyer africain (Angola).
184
+
185
+ La peste est nommée depuis l'Antiquité. Selon J.-N. Biraben, les médecins décrivent correctement la peste à partir du XVe siècle et ne la confondent plus avec aucune autre affection[49].
186
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+ Au VIe siècle, Grégoire de Tours écrit[50] :
188
+
189
+ « … on compta, un dimanche, dans une basilique de Saint-Pierre[51], trois cents corps morts. La mort était subite ; il naissait dans l’aine ou dans l’aisselle une plaie semblable à la morsure d’un serpent ; et ce venin agissait tellement sur les hommes qu’ils rendaient l’esprit le lendemain ou le troisième jour ; et la force du venin leur ôtait entièrement le sens. »
190
+
191
+ Plus tard au XVIe siècle, Nicolas de Nancel en donne la description suivante :
192
+
193
+ « Or donques la peste est une fièvre continue, aiguë et maligne, provenante d'une certaine corruption de l'air extérieur en un corps prédisposé : laquelle étant prise par contagion se rend par même moyen communicable & contagieuse : résidente aux trois parties nobles ; accompagnée de très mauvais & très dangereux accidents, & tendante de tout son pouvoir, à faire mourir l'homme, voire tout le genre humain. »
194
+
195
+ Selon les auteurs anciens, les épidémies de peste peuvent s'annoncer par des signes précurseurs : comètes, éclipses, tremblements de terre, orages violents, vol inhabituel des oiseaux, nuages en forme de cercueil, épidémies bénignes, réveil douloureux des cicatrices buboniques d'anciens pestiférés guéris…
196
+
197
+ Lorsque l'épidémie est déjà déclarée, les signes généraux du début (fièvre, céphalées, abattement) sont reconnus dès le XIVe siècle. Les charbons (escarre sur-infectée d'une piqûre de puce) sont mentionnés au XVIIe siècle (sans la reconnaissance du rôle de la puce). Les bubons sont cités au VIe siècle (Grégoire de Tours), leur description est précisée par les médecins arabes, pour être universellement reconnus comme caractère distinctif et essentiel à partir du XVe siècle. Il en est de même pour les complications hémorragiques et les formes pulmonaires. Les signes neurologiques (hallucinations, délire…) sont signalés dès le VIe siècle.
198
+
199
+ Les pestes historiques présentent quelques différences avec la peste moderne : plus grande fréquence des morts subites ou formes foudroyantes (en quelques heures), surtout lorsque l'épidémie commence, et la grande importance des vomissements[49].
200
+
201
+ La tradition signale que plusieurs professions sont épargnées : les chevriers, cochers et palefreniers (car l'odeur des chèvres et des chevaux repousse les puces du rat), et les porteurs d’huile (l’huile repousserait aussi les puces), les forgerons (le bruit et le feu de la forge éloignent les rats) ainsi que les tonneliers. D'autres sont à haut risques comme les tailleurs, drapiers, chiffonniers, lavandières… (exposés aux puces), ou encore meuniers, boulangers, bouchers (exposés aux rats).
202
+
203
+ Les multiples interprétations de la peste engendrent autant de réponses qui peuvent se combiner entre elles.
204
+
205
+ Dans l'Antiquité, des sacrifices étaient faits pour calmer un Dieu offensé. Le christianisme reprend cette conception, et appelle à la clémence divine par les prières, les confessions et les pénitences. Les saints les plus invoqués sont saint Roch[52] et saint Sébastien (voir Saints antipesteux) ; des messes sont dites, des offrandes sont faites (cierges gigantesques, cordons de cire faisant le tour des remparts) ; des processions ou pèlerinages sont organisés (transport de saintes reliques, ou procession des flagellants).
206
+
207
+ La peste est le fait d'êtres surnaturels : certains déclarent avoir vu le génie de la peste sous la forme d'une flamme bleue, que l'on voit flotter dans les rues et aller d'une maison à l'autre, dans d'autres lieux on voit un fantôme, une vieille femme, ou le diable lui-même. D'autres pensent que la peste peut se transmettre par le regard des pestiférés. Divers procédés magiques sont utilisés pour repousser les esprits malfaisants : enterrement debout, danses nues, exorcismes, inscriptions, croix fléchée, talisman, amulettes, pierres précieuses, protection par le chiffre quatre[49]…
208
+
209
+ La peste est répandue volontairement par des groupes malveillants, contre lesquels on exerce représailles ou persécutions. En Russie on accuse les Tatars, en Europe centrale les Bohémiens. Les engraisseurs sont un groupe indéterminé qui enduit les murs et les portes des maisons de graisses maléfiques. Les semeurs de pestes sont des groupes professionnels accusés de tirer profit de la peste (barbiers-chirurgiens, soignants, parfumeurs, croque-morts…). En Europe occidentale, les Juifs et les lépreux sont accusés d'empoisonner les puits et les fontaines (voir Peste noire : conséquences).
210
+
211
+ La théorie médicale dominante de la peste est la corruption de l'air par des effluves souterraines (vapeurs pestilentielles), le sous-sol étant le lieu de la décomposition et de la corruption. Ces vapeurs infectes (miasmes) réalisent autant d'ascensions venimeuses qui retombent sur les hommes d'une région donnée. Le venin passe à travers les pores de peau pour corrompre les humeurs. Il peut se transmettre par les hommes d'un pays à l'autre. La peste est une pourriture des humeurs.
212
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213
+ Contre le venin, on utilise des antidotes et contre-poisons : alexipharmaques, dont les bézoards, la thériaque, composée de multiples plantes, a été utilisée. Sa teneur en opium devait diminuer légèrement la diarrhée et les douleurs. On utilise aussi des antidotes animaux (chair, sang… d'animaux venimeux, comme la vipère). On pensait en effet qu'il devait exister un principe de protection dans la vipère, puisque la vipère vit avec son propre venin. La lutte contre les humeurs corrompues passe par leur évacuation : saignée, purge, incision des bubons à maturité, avec des querelles d'écoles sur l'utilisation et la combinaison de ces moyens.
214
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215
+ La lutte contre les miasmes de l'air passe par de grands bûchers, des plantes aromatiques, des parfums, la fumée de tabac… Le masque à bec de canard imaginé par Charles de Lorme, médecin de Louis XIII, contenait des plantes aromatiques, notamment de la girofle et du romarin, aux propriétés désinfectantes mais permettaient surtout de supporter l'odeur de la mort. En fait cette puanteur était considérée comme la cause du mal et sa manifestation tangible. Une éponge, placée devant la bouche et imprégnée de « vinaigre des quatre voleurs » (vinaigre blanc, absinthe, genièvre, marjolaine, sauge, clou de girofle, romarin et camphre) était censée protéger de la contagion.
216
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217
+ Le traitement dit « électuaire des trois adverbes »[53] : « cito, longe, tarde », (pars) vite, (va) loin, (reviens) tard – traitement pas toujours facile à mettre en œuvre, et susceptible de propager plus encore la maladie[54].
218
+
219
+ La peste était présente dès la haute Antiquité, et à l'âge du bronze. Elle s'est probablement manifestée avec l'urbanisation, mais ce qui est décrit sous le terme de peste ne peut être identifié avec suffisamment de certitude (descriptions historiques imprécises, manque de données de paléopathologie).
220
+
221
+ La peste est évoquée dans l'Ancien Testament comme un fléau envoyé par Dieu aux Hébreux. Le roi David est châtié par Dieu et doit faire le choix entre subir sept années de famine, trois mois de guerre, ou trois jours de peste ; il choisit la peste (Livre II Samuel 24). La peste des Philistins est au contraire envoyée pour défendre David (livre I Samuel 5), celle-ci a été considérée comme une première mention de peste bubonique, d'autres l'attribuent plutôt à une dysenterie ou à la bilharziose.
222
+
223
+ Les Grecs ont également subi de telles maladies. Ils attribuaient traditionnellement la peste à la vengeance d’Apollon comme cela est décrit dans l’Iliade. C’est avec un regard plus rationnel que Thucydide évoque une épidémie infectieuse survenue lors du conflit entre Sparte et Athènes, vers -430, et appelée traditionnellement « peste d'Athènes ». De nombreuses hypothèses ont été avancées pour identifier cette épidémie, notamment la rougeole, la variole, la grippe[55], le typhus ou encore la fièvre typhoïde. C'est cette dernière maladie qui aurait été identifiée par une recherche ADN sur la pulpe dentaire de cadavres retrouvés dans une sépulture de masse contemporaine de l'épidémie[56],[57]. Cette identification a toutefois été contestée[58].
224
+
225
+ L’Empire romain connut d’importantes épidémies, en particulier à partir du IIe siècle de notre ère, la plus connue étant la peste antonine, qui sévit à Rome en 166. Galien nous en a laissé une description qui laisse penser que la maladie en question était en fait la variole (voir Peste antonine). La peste de Cyprien, évêque de Carthage ayant décrit une épidémie vers 250 a.p. J.-C., reste indéterminée.
226
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227
+ L'Antiquité tardive fut marquée par la peste de Justinien (seconde moitié du VIe siècle) identifiée avec une grande certitude à la peste bubonique. Par la suite la peste semble disparaître de l'Occident au début du Moyen Âge.
228
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229
+ En 1347, des navires infectés abordent en Europe et déclenchent une épidémie dont mourra un quart de la population occidentale en quelques années. Les recherches archéologiques récentes ont confirmé qu'il s'agissait d'une épidémie due au bacille Yersinia pestis[59].
230
+
231
+ À partir du XVIe siècle, l'Europe découvre les mesures d’isolement (exemple : mur de la peste dans le Comtat Venaissin) et séparation des malades dans les hôpitaux, avec désinfection et fumigation des maisons, isolement des malades, désinfection du courrier et des monnaies, création d’hôpitaux hors les murs, incinération des morts. À cette époque, les théâtres londoniens sont automatiquement fermés pour limiter la contagion, lorsque le nombre de morts de la peste dans la capitale dépasse quarante par semaine. Les fermetures durent plusieurs mois, parfois plus d'une année[60]. La mise en place de patente maritime, de billet de santé ou passeport sanitaire, de quarantaine systématique des navires suspects s’avère efficace pour éviter de nouvelles épidémies, chaque relâchement de l’attention rappelant sans tarder les conséquences possibles.
232
+
233
+ Ainsi, jusqu'au XVIIIe siècle, des épisodes majeurs de peste sont encore signalés régulièrement en Europe, comme à Toulouse en 1628–1633[61] et dans le Nord de l'Italie[62], la grande peste de Londres en 1665–1666, la peste de Marseille en 1720, Londres en 1764, Moscou en 1771. Des flambées de la maladie se sont également produites dans des territoires proches du continent, comme aux îles Canaries (à San Cristóbal de La Laguna en 1582)[63],[64]. L'ensemble des mesures mises en place à partir du XVIe siècle, d'abord municipales puis étatiques comme le cordon sanitaire au XVIIIe siècle, conduit progressivement à l'élimination de cette pandémie.
234
+
235
+ Dans le monde musulman, l'Empire ottoman adopte en 1841 ces mesures européennes issues de trois siècles d'expérience, pour les appliquer sévèrement sur tout le territoire. Les Turcs éliminent en un an la peste du bassin méditerranéen, même dans les régions où les rats et les puces restent abondants. Il subsiste des cas sporadiques dont les foyers sont rapidement étouffés.
236
+
237
+ Appelée aussi peste de Chine ou de Mandchourie, cette pandémie naît au milieu du XIXe siècle sur les hauts plateaux d'Asie centrale. En 1891, elle est signalée à la frontière du Tonkin et de la Chine, elle explose à Canton et Hong Kong (1894), puis à Bombay (1896) et à Calcutta (1898). Elle fait le tour de la mer d'Oman, du golfe Persique et de la mer Rouge. Elle touche alors de nombreux ports sur tous les continents, où elle est le plus souvent bloquée par les mesures prises. En France, ont été touchés Marseille (1902), 33 cas en quarantaine sur l'archipel du Frioul, dont 6 décès[65], et Paris (1920) une centaine de cas dont 39 décès (quartier des chiffonniers de Saint-Ouen), contamination par péniche venue du Havre[66]. La dernière épidémie de peste en France a été celle d'Ajaccio (Corse) en 1945, avec 13 cas dont 10 décès[67].
238
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239
+ Cette dernière pandémie donne lieu à l'ensemble des découvertes modernes sur la peste. Yersin découvre le bacille responsable de la peste (1894) et un sérum anti-pesteux (1896). La sérothérapie sera mise au point en 1908 par Calmette, Yersin et Borrel. En 1912, Édouard Dujardin-Beaumetz démontre le rôle des marmottes comme réservoir sauvage. En 1898, Simond démontre le rôle de la puce, mais sa découverte sera accueillie avec scepticisme et sarcasmes pendant une dizaine d'années. En 1963, Baltazard montre l'existence d'une peste tellurique.
240
+
241
+ En 1346, les Tatars assiègent le port de la colonie génoise de Caffa en Crimée. Leur chef, le khan Djanibek, décida de catapulter des cadavres pestilentiels sur les habitants de la ville, qui furent décimés par la maladie. Il est probablement, sans le savoir, l'un des premiers utilisateurs d'une arme biologique. Le départ précipité de nombreux Génois vers l'Europe contribua à la naissance de la peste noire[68].
242
+
243
+ La peste a été utilisée comme arme par l’armée impériale japonaise lors de l’invasion de la Chine, notamment dans la région de Changde. Ces armes furent utilisées après des essais menés par des unités de recherche bactériologiques comme l'unité 731 pratiquant des expérimentations sur des humains[69].
244
+
245
+ Plus tard, les Américains, qui avaient gracié les criminels de guerre de l'équipe de Shiro Ishii, et les Russes, qui avaient condamné pour crimes de guerre douze Japonais lors du procès de Khabarovsk, ont travaillé sur des aérosols de Yersinia pestis[16]. Le germe pourrait rester viable une heure sur une distance de 10 km. Selon un rapport de l'OMS en 1970, dans le pire des scénarios, si 50 kg de Yersinia pestis étaient largués en aérosol au-dessus d'une ville de 5 millions d'habitants, la peste pulmonaire pourrait toucher 150 000 personnes occasionnant 36 000 décès. Toutefois, les chercheurs américains n'ont pas réussi à produire de telles quantités de bacilles pesteux et le programme a été arrêté en 1970[11].
246
+
247
+ Les mystères entourant l'épidémie, la mort et l'influence des récits antiques et bibliques sur les croyances populaires ont largement inspiré les auteurs et artistes jusqu'à la Renaissance. À partir des textes bibliques, Nicolas Poussin représente dans La Peste d’Ashdod (1630) les Philistins frappés par la peste en transformant l'anecdote en mythe. Le châtiment de David (retraçant le choix du roi entre la guerre, la famine et la peste dans Livre II, Samuel), est figuré dans la peinture classique du XVIIe siècle. Sébastien Bourdon réalise une gravure intitulée Peste de David. Castiglione grave Les Trois Jours de peste[70].
248
+
249
+ Les « danses macabres » constituaient des représentations d’épisodes de peste, notamment celle de l'église de Lübeck (1460), aujourd'hui disparue.
250
+
251
+ Les peintures murales de l'église romane Saint-Martin de Jenzat sont de très rares représentations médiévales de malades présentant les stigmates de la peste bubonique ou peste noire[71]. Il existe également de nombreuses représentations de saints anti-pesteux, comme celles de saint Roch, à vocation apotropaïque.
252
+
253
+ Détail de la peinture de Antoine-Jean Gros Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa.
254
+
255
+ Saint Roch (à droite) et Saint Sébastien (au centre) sont deux Saints protecteurs de la peste. Église Saint-Barthélémy de Vaugines.
256
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+ Statue de saint Roch à un angle de rues à Arles.
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+ Le thème de la peste inspira de nombreux artistes notamment tels que David (Saint Roch intercédant auprès de la Vierge pour les malades de la peste, 1780), Michel Serre, Raphaël, Antoine-Jean Gros (Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa), Jules-Élie Delaunay et Jean-François de Troy).
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+ Autrefois, trois mots résumaient les précautions à prendre contre la peste : « cito, longe, tarde » (« vite, loin et longtemps »), sous-entendant que dès l’apparition des premiers signes de la maladie dans un lieu, il fallait partir vite, aller loin et y rester longtemps.
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+ Le mot peste est devenu au fil du temps un qualificatif pour toute épidémie infectieuse, surtout dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Il est entré dans le langage populaire pour désigner une chose ou une personne pernicieuse, malicieuse, mauvaise ou espiègle, puis dans des expressions telle que « fuir quelque chose comme la peste », marquant la volonté d'éviter quelqu'un ou une chose de manière absolue. À partir du qualificatif de ceux qui ont « eu » ou qui « donnent » la peste, le mot peste a ainsi pu former la base de nom usuel de personnes — par exemple dans la langue bretonne —, de verbes — par exemple c'est à la base du verbe « taquiner » en néerlandais ou bien « pester » en français.
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+ Le mot empester signifie aujourd'hui dégager une mauvaise odeur, mais son origine est directement liée à la théorie miasmatique, où la puanteur pouvait être, en elle-même, un agent de la peste. En 1880, avec la découverte des microbes, les experts peuvent affirmer « tout ce qui pue ne tue pas, et tout ce qui tue ne pue pas »[73].
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+ Pour Michel Foucault dans les Anormaux[74] et dans Surveiller et Punir[75], la peste fait apparaître une technique de pouvoir spécifique. Il lui oppose la lèpre.
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+ Ainsi, au Moyen Âge, on excommuniait le lépreux : on allait même jusqu'à lui prononcer une oraison funèbre, puis on l'expulsait des villes. C'est là une stratégie ancienne du pouvoir, qui consiste à extérioriser la maladie. Avec la peste, tout est différent. On quadrille les villes : les villes sont sous l'autorité d'un préfet, qui les subdivise en quartiers, les quartiers en districts, les districts en blocs, etc. imposant des hiérarchies et des contrôles à tous les échelons. Un responsable de rue passe et vérifie chaque maison à intervalle régulier, invitant les appelés à se présenter à une fenêtre désignée. « Si un ne se présentait pas, c'est qu’il était couché. S’il était couché, c’est qu’il était malade. S’il était malade, c'est qu’il était dangereux. »
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+ Michel Foucault généralise ensuite cette idée de peste : de la conception de la lèpre qui excluait les lépreux en masse, le pouvoir préfère à présent, dit Foucault, quadriller, afin d'appliquer sa puissance normative sur les individus. Le but, selon Foucault, n’est plus de purifier la population, mais de produire une population saine[76].
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