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+ République de Corée
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+
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+ 대한민국 / 大韓民國
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+
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+ Daehan Minguk
6
+
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+ 37°35'N, 127°0'E
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+
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+ modifier
10
+
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+ La Corée du Sud (en coréen Hanguk, 한국 (hangeul), 韓國 (hanja) Écouter), officiellement la république de Corée (en coréen Daehan Minguk, 대한민국 (hangeul), 大韓民國 (hanja) Écouter), est un pays d'Asie de l'Est qui couvre la moitié sud de la péninsule coréenne. Sa capitale est Séoul. La langue officielle est le coréen, dont l'écriture est le hangeul ou hangul et la monnaie le won. L'animal représentant le pays est le tigre.
12
+
13
+ Au nord, son unique frontière terrestre d'une longueur de 238 km avec la Corée du Nord, est constituée par la zone démilitarisée (DMZ). La Corée du Sud est bordée par la mer Jaune à l’ouest, par la mer du Japon à l’est (dont l'appellation est dénoncée par les Sud-Coréens qui la désignent « mer de l'Est ») et par le détroit de Corée au sud.
14
+
15
+ Actuellement, la Corée du Sud est classée douzième puissance économique mondiale selon le calcul du produit intérieur brut en parité de pouvoir d'achat et quinzième selon le critère monétaire traditionnel. Elle est à la fois le pays d’Asie de l’Est avec l’IDH le plus élevé et la fécondité la plus faible.
16
+
17
+ La Corée du Sud est officiellement en guerre contre la Corée du Nord depuis la guerre de Corée. Chacun des deux États revendique l’intégralité de la péninsule coréenne. Toutefois, en avril 2018, les dirigeants des deux pays se rencontrent et se disent prêts à faire la paix. Un programme de dénucléarisation de toute la péninsule coréenne est même envisagé.
18
+
19
+ Le nom que les Sud-Coréens donnent à leur pays est Hanguk, qui signifie littéralement « Pays des Han » (en hangeul : 한국 ; en hanja : 韓國), du nom des populations de la Préhistoire de la Corée qui habitaient le sud de la péninsule (à ne pas confondre avec les Han chinois).
20
+
21
+ Le pays est surnommé le Pays du matin frais (Joseon, 朝鮮), généralement mal traduit par Pays du Matin calme[4].
22
+
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+ Daehan Minguk est également utilisé, qui signifie « république de Corée » ou littéralement Grande République des Han (대한민국 ; 大韓民國).
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+
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+ La péninsule de Corée est baignée à l'Ouest par la mer Jaune, au Sud par le détroit de Corée et à l'Est par la mer de l'Est ou mer du Japon. La surface de la Corée du Sud couvre environ deux fois celle de la Suisse.
26
+
27
+ Large en moyenne de 200 km, le territoire sud-coréen est composé à 70 % de montagnes, orientées dans l'axe nord-sud, rendant les communications est-ouest difficiles. Le volcan Halla (Hallasan), sur l'île de Jeju, est le point culminant de la Corée du Sud, à 1 950 m d'altitude. Aucun volcanisme n'est actif en Corée, qui ne subit quasiment aucun tremblement de terre, même de faible ampleur. Sur le continent, le mont Jiri (Jirisan) (1 915 m) et le mont Seorak (Seoraksan) à 1 708 m sont les points culminants en Corée du Sud. La chaîne du Mont Seorak, très proches de la côte Est, fait barrage aux entrées maritimes depuis la mer de l'Est et produit des hivers secs et froids sur le versant Ouest. Le versant Est subit de temps à autre des typhons venus de la mer du Japon. Sur cette face Est les terrains sont profondément ravinés par les précipitations importantes, les galets constituent les lits des torrents et rivières. Le versant Ouest, peu érodé, présente des collines douces et des plaines agricoles aux sols riches. La côte est très découpée, parsemée de nombreuses îles et Îlots. Les plages de la côte Est sont très appréciées ; par ailleurs la rencontre de deux courants marins au large des côtes rendent ces eaux très poissonneuses.
28
+
29
+ Sur le plan géologique, le socle de la péninsule, constitué de gneiss du Précambrien, est recouvert par les sédiments et le granit du Mésozoïque (Ère secondaire) et par des sédiments du Quaternaire.
30
+
31
+ La Corée du Sud est divisée en neuf provinces (do, 도, 道), six villes métropolitaines (gwangyeoksi, 광역시, 廣域市), et deux villes spéciales, la capitale Séoul et Sejong, (teukbyeolsi, 특별시, 特別市). Administrativement, les villes ont le même statut que les provinces. Elles sont marquées par une étoile dans la liste suivante :
32
+
33
+ Le niveau de vie s'est grandement amélioré en Corée du Sud, concomitamment à la croissance du nombre de citadins : 28 % de la population en 1961, 81,6 % en 2016[5].
34
+
35
+ Sur les 50,5 millions de Sud-Coréens[5], la moitié — 25,6 millions — vivent dans la mégapole de Séoul dont 10,3 dans la capitale même[6]. Son métro la relie à des villes comme Suwon au sud ou Gimpo (aéroport intérieur) et surtout Incheon à l’ouest (la liaison avec l’aéroport international a été bouclée en 2006).
36
+
37
+ Si le pays a une densité très élevée, les principales villes se trouvent sur un axe nord-ouest / sud-est, entre Séoul-Incheon et Pusan en passant par Daejeon et Daegu. Le quart nord-est du pays ne compte que Chuncheon comme grande ville, sans que celle-ci rayonne vraiment sur la région.
38
+
39
+ Daejeon s’impose comme un nœud de circulation vital, et ce n’est pas un hasard si les deux premières lignes du TGV coréen (le Korea Train Express) inauguré en 2004 passent par cette ville :
40
+
41
+ Villes ayant plus de 750 000 habitants en 2016 (intra-muros)[7] :
42
+
43
+ Des mouvements de défense de l'environnement se sont développés en Corée du Sud depuis les années 1980.
44
+
45
+ La Corée du Sud est le pays de l'OCDE où la qualité environnementale, en particulier la qualité de l'air, est la pire en 2018. L'exposition annuelle aux particules a augmenté en moyenne de 4 % entre 2005 et 2013 à cause des vents de sable et de pollution venant de la Chine[8].
46
+
47
+ Le tigre, qui aurait disparu du sud de la Corée en 1922, a été réintroduit en Corée du Sud en 1986. Par ailleurs, l'hibiscus syriacus (Mugunghwa en coréen) est un des emblèmes de la Corée du Sud, cette fleur étant originaire de la Corée[9].
48
+
49
+ Les premières migrations de peuplades néolithiques dans la péninsule coréenne remontent au IIIe millénaire av. J.‑C.[10]. Depuis lors, ce pays a survécu tant bien que mal entre la Chine et le Japon sans toutefois perdre son identité. La Corée garde encore une culture riche qui a son caractère propre.
50
+
51
+ La division contemporaine de la Corée remonte aux suites de l’occupation japonaise commencée à partir de 1905. À la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, la Corée a été divisée en deux zones par les puissances mondiales, les États-Unis et l'URSS. En 1948, le Sud et le Nord se constituèrent chacun en un État indépendant, un Nord communiste, et un Sud sous influence américaine. En 1949, l’armée sud-coréenne a réprimé férocement un soulèvement paysan sur l'île de Jeju, tuant 60 000 personnes[11]. La guerre de Corée commença en juin 1950. Le Sud était soutenu par les États-Unis et le Nord par la Chine. L'armistice de Panmunjeom (signé en 1953), met fin aux combats. Mais à ce jour, la guerre n'est toujours pas officiellement terminée. Depuis, la péninsule est divisée par une zone démilitarisée (DMZ) aux alentours du 38e parallèle, qui est, paradoxalement, la plus militarisée au monde.
52
+
53
+ Après la guerre, la république de Corée, régime autoritaire sous le gouvernement autocratique de Syngman Rhee (qui met en place le principe de l'Ilminisme) puis sous la dictature de Park Chung-hee, a connu une croissance économique rapide (à travers le mouvement Saemaul) faisant d'un pays du tiers-monde un des Quatre dragons asiatiques. Park est assassiné le 26 octobre 1979.
54
+
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+ C’est dans les années 1980 que des manifestations ont mis fin à la dictature pour installer un pouvoir démocratique. Le 18 mai 1980 à Gwangju, des centaines, voire des milliers de manifestants, étudiants, syndicalistes, sont tués pendant les neuf jours de répression organisés par le régime sud-coréen[12]. La première élection présidentielle au suffrage universel direct se déroule en 1987. Élu en 1997, Kim Dae-jung est le premier[réf. nécessaire] président bénéficiant d'une véritable légitimité démocratique.
56
+
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+ En 1997[13], comme les autres pays asiatiques, la Corée du Sud fait face à un afflux massif de capitaux étrangers[14] qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie du pays[15].
58
+
59
+ Le chef d'État de la république de Corée est le président, qui est élu par scrutin direct pour une période de 5 ans. Premier représentant de la République et chef des armées, le président dispose en outre d'un pouvoir exécutif important ; il nomme le Premier ministre avec l'approbation du Parlement. Il préside et nomme également le Conseil d'État.
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+
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+ Le parlement coréen est appelé Assemblée nationale ou Kukhoe ; ses membres sont élus pour quatre ans. Il compte actuellement 299 sièges, dont 245 sont pourvus au suffrage direct et les autres distribués proportionnellement parmi les partis ayant cinq sièges ou plus. L’instance judiciaire la plus élevée est la Cour suprême, dont les juges sont nommés par le président avec le consentement du Parlement.
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+
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+ La déclaration commune Nord-Sud, signée le 15 juin 2000 entre le président Kim Dae-jung et son homologue nord-coréen Kim Jong-il, marque le début d'un dialogue entre les deux Corées.
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+
65
+ Le Parlement sud-coréen a adopté, le 12 mars 2004, une motion sans précédent qui suspendait de ses fonctions le président Roh Moo-hyun. La Cour constitutionnelle a infirmé cette destitution le 14 mai 2004. Le président avait apporté en février 2004 son soutien au Parti Uri (pour les élections d'avril), ce qui est une infraction au code électoral. Voir l’affaire de la destitution de février 2004.
66
+
67
+ Fin octobre 2004, la Cour constitutionnelle déclarait que la localisation de la capitale nationale à Séoul était implicitement du domaine constitutionnel en raison de plusieurs centaines d'années de tradition. Par conséquent, la loi de délocalisation de la capitale Séoul vers la province de Chungcheong du Sud (au centre du pays) votée en décembre 2003 par le parti Uri du président Roh et l'opposition du GPN de Park Geun-hye était invalidée[16]. Il faudrait pour que la délocalisation soit effective que l'amendement de délocalisation soit voté comme une modification constitutionnelle sanctionnée d'une part par un vote à la majorité des 2/3 à l'Assemblée, d'autre part par un référendum national. Après de long débat, un compromis est adopté fin 2010 prévoyant le déménagement de 36 ministères et agences publiques et la création de la ville spéciale de Sejong, à 120 km au sud de Séoul[17]. La capitale administrative est inaugurée le 1er juillet 2012 et les premiers ministères déménagent en septembre 2012[18].
68
+
69
+ Dans un contexte de forte impopularité du chef de l'État, les élections locales (municipales et provinciales) du 31 mai 2006 se sont traduites par un fort recul de la majorité gouvernementale, au profit de l'opposition conservatrice du Grand parti national, alors que l'abstention a été très élevée (près de 49 %).
70
+
71
+ Lee Myung-bak (grand parti national, GPN) a été élu président de la république de Corée en décembre 2007, lors de la seizième élection présidentielle avec 48,7 % des voix face à Chung Dong-young (26,1 %) du nouveau parti démocratique uni (NPDU) son adversaire Lee Hoi-chang (15,1 %) qui était également membre du GPN. Il a pris ses fonctions le 25 février 2008. En décembre 2012, Park Geun-hye du GPN est élue présidente avec 51,6 % des voix[19]. Après un scandale, et d'énormes manifestations, cette dernière démissionne et Moon Jae-in est élu à la présidence de la République en 2017.
72
+
73
+ L’armée sud-coréenne est actuellement l'une des plus puissantes d’Asie, avec les armées chinoise, japonaise et nord-coréenne. Ses effectifs sont de 672 000 hommes en armée d’active, et de 4 500 000 hommes en réserve, après avoir été d’un très modeste effectif à sa création.
74
+
75
+ Le service militaire est obligatoire pour une durée d'au minimum 21 mois. L'homosexualité y est interdite et peut conduire à une peine allant jusqu’à deux ans de prison[20].
76
+
77
+ Le budget de la Défense demandé pour 2010 est de 30 800 milliards de wons (24 milliards de dollars US), soit 2,8 % du Produit intérieur brut[21].
78
+
79
+ Selon l’Institut de recherches international pour la paix de Stockholm, les dépenses militaires de la Corée du Sud ont atteint 21,9 milliards de dollars US en 2006, la classant au onzième rang mondial[22]. En 2003, la Corée du Sud avait consacré 14,5 milliards de dollars à son budget de défense, soit environ 15 % du budget global de l’État (en comparaison, la France dépensait, à la même époque, 45,2 milliards de dollars US pour sa défense, soit 2,5 % du PIB).
80
+
81
+ L’industrie de l’armement de ce pays s’est développée et diversifiée depuis les années 1970 et pourvoit à une large part des besoins nationaux.
82
+
83
+ L’Institut coréen de recherche aérospatiale ou KARI (Korea Aerospace Research Institute) développe depuis 2002 une famille de lanceurs KSLV (Korea Space Launch Vehicle), en collaboration avec la Russie et a, en 2009, lancé dix satellites artificiels mis en orbite par des lanceurs étrangers.
84
+
85
+ Le vol inaugural du lanceur de base, le KSLV-1, qui a eu lieu le 25 août 2009 a été un échec, le satellite STSAT-2A ne s'étant pas détaché du deuxième étage de la fusée[23].
86
+ Une seconde tentative a eu lieu le 10 juin 2010, mais la fusée a explosé après deux minutes de vol, Russes et Coréens se rejetant la faute[24].
87
+ Le 3e lancement, le 30 janvier 2013, a finalement été couronné de succès, réussissant la mise à poste du satellite[25]. Il intervenait après plusieurs reports pour des anomalies techniques, et sous la pression du succès du 1er tir de la Corée du Nord, intervenu le 12 décembre 2012.
88
+
89
+ Environ 30 000 soldats américains sont stationnés en Corée du Sud depuis la fin de la guerre de Corée. Le nombre de soldats américains en Corée a diminué à 25 000 en 2008 dans le cadre d’un redéploiement des forces. En cas de guerre, les États-Unis exerceraient le commandement militaire en Corée du Sud. Cette subordination militaire aux États-Unis découle de l’accord de défense mutuelle entre les deux États signé le 1er octobre 1953[26]. À la suite de négociations terminées en 2007, un accord prévoit que le 17 avril 2012, date qui a été repoussée à décembre 2015 lors du sommet du G20 à Toronto le 26 juin 2010, le commandement des forces combinées en cas de conflit passe sous la responsabilité de la Corée du Sud[27].
90
+
91
+ De par l'Accord de statut des forces (SOFA) en vigueur, les soldats américains bénéficient d’un privilège d’extraterritorialité : les affaires judiciaires impliquant des soldats américains basés en Corée du Sud pour des actes commis en Corée sont jugés par des tribunaux américains, et non par des tribunaux coréens de même que les actes délictueux d'éventuels militaires sud-coréens aux États-Unis sont également couverts par le même statut. Ce statut a été critiqué lorsque des soldats américains ont été à plusieurs reprises impliqués dans des affaires de viol ou de mort de Sud-Coréens (tués accidentellement par des conducteurs de véhicules), pourtant, les SOFA établis par la Corée du Sud avec d'autres pays prévoient le même statut, comme c'est le cas de la majorité des accords de ce type entre États.
92
+
93
+ La Corée du Sud est aussi un élément important du dispositif d’endiguement maritime de la Chine par les États-Unis[28] ; 28 500 soldats américains y sont stationnés de manière permanente. Le projet de déploiement du bouclier antimissiles américain sur le sol coréen est actuellement source de grandes tensions entre la Corée du Sud, la Chine et la Corée du Nord[29].
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+
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+ La politique extérieure de la Corée du Sud reste dominée par la question des relations intercoréennes et de la réunification de la Corée. La déclaration commune Nord-Sud, signée le 15 juin 2000 entre le président Kim Dae-jung et son homologue nord-coréen Kim Jong-il, a marqué l'approfondissement du dialogue entre les deux Corée.
96
+
97
+ Un second sommet intercoréen, entre le dirigeant du Nord Kim Jong-il et le président sud-coréen Roh Moo-hyun, initialement prévu à Pyongyang du 28 au 30 août 2007[30],[31], a été reporté du 2 au 4 octobre[32] après que les plus graves inondations en Corée du Nord depuis quarante ans ont entraîné 600 morts et disparus et touché un million de personnes[33]. L'accord intercoréen signé le 4 octobre 2007 a souligné l'engagement commun des deux États pour promouvoir la paix et la prospérité économique dans la péninsule[34].
98
+
99
+ En 2008, la situation était toujours extrêmement tendue entre les deux Corée. Exemple avec la menace d'« attaque préventive » proférée par la Corée du Nord le 24 décembre 2008[35] et le torpillage d'une corvette sud-coréenne par un submersible nord-coréen. La Corée du Sud propose un milliard de wons (815 000 euros) de récompense aux Nord-Coréens qui feraient défection et livreraient des informations sensibles[36],[37]Le 27 avril 2018 semble marquer l'arrivée d'une nouvelle page dans l'histoire de la péninsule coréenne, le dirigeant suprême nord-coréen Kim Jong-un et le président de la République de Corée Moon Jae-in se rencontrent sur le sol sud-coréen. Cette rencontre est historique dans la mesure où aucun dirigeant se trouvant de part et d'autre de la péninsule ne s'était rencontré depuis la guerre de Corée (1950-1953). Depuis d'autres rencontres ont eu lieu, le but principal affiché étant un retour à la paix sur la péninsule, ce dernier passant par la dénucléarisation de la Corée du Nord.[réf. nécessaire]
100
+
101
+ Par ailleurs, la Corée du Sud est un allié des États-Unis dont environ 30 000 soldats stationnent sur son territoire. La Corée du Sud a apporté le plus important contingent étranger, après celui des États-Unis, lors de la guerre du Viêt Nam.
102
+
103
+ Elle a également envoyé des troupes en Irak ; le 28 novembre 2006, le gouvernement sud-coréen a annoncé son intention de diminuer de moitié (de 2 300 à 1 200 hommes) la taille du contingent alors présent en Irak[38]. Les forces sud-coréennes ont quitté ce pays lors de la fin du mandat de la coalition militaire en Irak en décembre 2008[39].
104
+
105
+ Après la fin de l’occupation japonaise en 1945, la Corée du Sud et le Japon, où réside toujours une minorité coréenne de 600 000 personnes, n’ont établi de relations diplomatiques qu’en 1965[40]. L’accord du 22 juin 1965, signé sous l’impulsion du président Park Chung-hee avec les encouragements des États-Unis, malgré d’importantes manifestations d’opposition en Corée du Sud, a entraîné le versement d’une aide économique pendant dix ans (1965-1975) du Japon à la Corée du Sud, dont la majeure partie sous forme de dons[41].
106
+
107
+ Toutefois, l’ensemble des contentieux historiques liés à l’occupation japonaise restent présents dans les relations entre Coréens et Japonais, ces tensions ayant des conséquences sur les relations diplomatiques. Ainsi, des initiatives ont été prises pour que le gouvernement japonais reconnaisse l’esclavage sexuel des femmes de réconfort pendant la Seconde Guerre mondiale[42]. Le révisionnisme au Japon, s’agissant notamment de la présentation de l’occupation japonaise dans les manuels d’histoire japonais, est très fortement ressenti par l’opinion sud-coréenne. Enfin, les visites de l'ancien Premier ministre japonais Jun'ichirō Koizumi au sanctuaire de Yasukuni-jinja, sur les tombes des généraux japonais de la Seconde Guerre mondiale, a fait peser des risques d’annulation des sommets bilatéraux entre les deux États, à l’automne 2005[43].
108
+
109
+ La souveraineté des Rochers Liancourt en mer du Japon est un sujet de contentieux entre les deux pays. Territoire coréen avant d’être envahi — tout comme le reste de la Corée — par le Japon en 1905, les rochers Liancourt ne sont pas clairement rendus à la Corée lors de la signature du traité de San Francisco[44]. De ce fait, le Japon les considère comme territoire japonais, puisqu’il n’est précisé sur aucun traité qu’ils doivent être rétrocédés à la Corée. La république de Corée occupe militairement les rochers depuis 1954. Voir Contentieux sur les rochers Liancourt.
110
+
111
+ La Corée du Sud se bat de plus contre l’appellation « mer du Japon » et souhaite qu’elle soit changée en « mer de l’Est ». Selon les Coréens, l’appellation « mer du Japon » est un vestige inacceptable de l’impérialisme japonais[45]. Le Japon soutient de son côté que l’appellation provient des cartographes occidentaux — plus de 2 000 cartes du XIXe siècle av. J.-C. utilisent l’appellation « mer du Japon » — bien avant que le Japon ne devienne une puissance impériale[46]. Voir Sea of Japan naming dispute (en). De nombreux Coréens sont de même persuadés que si la traduction en anglais de « Corée » est Korea et non Corea, c’est à cause de la volonté du Japon d’apparaître en premier dans l’ordre alphabétique[47].
112
+
113
+ La désignation de l’ancien ministre des affaires étrangères Ban Ki-moon au poste de secrétaire général des Nations unies, depuis le 1er janvier 2007, a constitué un succès pour la diplomatie sud-coréenne. La Corée du Sud participe aussi activement aux missions de maintien de la paix de l’ONU : le 28 novembre 2006, le gouvernement sud-coréen a annoncé que 400 soldats seraient déployés au Liban sous mandat de l’ONU[48].
114
+
115
+ La Chine et la république de Corée ont établi des relations diplomatiques en 1992.
116
+
117
+ Alors que la Chine est devenue un des principaux partenaires commerciaux de la Corée du Sud, la rencontre du président Roh Moo-hyun avec son homologue chinois Hu Jintao, en septembre 2005, a témoigné d'une communauté de vues dans le domaine diplomatique. Le président sud-coréen a alors salué les démarches accomplies par la Chine pour promouvoir le dialogue intercoréen[49].
118
+
119
+ Le 14 janvier 2007, à Cebu (Philippines), en marge du forum de l'ASEAN, s'est tenue la septième rencontre trilatérale entre les chefs d'État et de gouvernement chinois, japonais et sud-coréen. Ces échanges doivent approfondir la coopération entre les trois États sur des questions d'intérêt commun, notamment dans les domaines économique, culturel et de protection de l'environnement[50].
120
+
121
+ Les premières relations diplomatiques entre la France et la Corée ont été établies en 1886. Des cérémonies ont été organisées en 2006 en France et en Corée du Sud pour célébrer le 120e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays.
122
+
123
+ Souhaitant diversifier ses relations extérieures, la Corée du Sud s'est engagée, en septembre 2006, à tripler son aide à l'Afrique[51]. En particulier, la Corée du Sud doit financer en 2007 un projet de lutte contre la méningite en Côte d'Ivoire qui concerne un million de personnes[52].
124
+
125
+ Le 7 décembre 2007, la collision d'une barge appartenant à Samsung Heavy Industries avec un pétrolier hongkongais au mouillage, le Hebei Spirit, a causé la plus grave marée noire qu'ait connue la Corée du Sud.
126
+
127
+ Le plus grand des quatre dragons asiatiques en termes de poids économique, la Corée du Sud a connu une phase spectaculaire de croissance et d’intégration dans l’économie mondiale moderne. Dans les années 1960, le PIB par habitant était comparable à celui des pays les plus pauvres de l’Afrique et de l’Asie. En 2007, son PIB par habitant à parité de pouvoir d'achat (PPA), à 26 523 dollars[53], le place devant le Portugal, au même niveau que la Slovénie, et légèrement inférieur à l'Espagne, pays membres de l'Union européenne.
128
+
129
+ À partir des années 1960, la Corée du Sud a suivi une politique économique protectionniste. La plupart des produits d'importation sont interdits, le système financier est nationalisé, des plans quinquennaux sont adoptés, l’État n'emprunte que très peu et les investissements étrangers ne sont pas favorisés. Une réforme agraire conduit à l'expropriation sans compensation des grandes propriétés japonaises et les terres ont été divisées en petites parcelles. Les paysans sont cependant obligés par la loi de vendre leur production à bas prix, ce qui les laisse dans la pauvreté[54].
130
+
131
+ Du fait du contexte de guerre froide et de sa situation géographique, la Corée du Sud fut particulièrement privilégiée par les États-Unis qui lui apportèrent une forte aide économique annuelle. Le fer de lance de la politique gouvernementale fut la création des chaebol ; ces conglomérats familiaux (Hyundai, Samsung, LG Group, etc) bénéficièrent de subventions publiques, de protection face à la concurrence internationale, des terrains mis à leur disposition, d'une faible fiscalité et de normes spécifiques. Le gouvernement ne reconnait pas de salaire minimum ou de congé hebdomadaire, impose des périodes de travail gratuit à son bénéfice et les journées de travail sont d'une durée de douze heures. En outre, les syndicats et les grèves sont interdits. Dans les années 1980, la semaine de travail d'un ouvrier sud-coréen est la plus longue au monde[54]
132
+
133
+ En 2008, la Corée du Sud est devenue la 13e puissance économique mondiale avec un PIB de 1 024 milliards de dollars américain[55]. Au niveau des échanges, en 2007, il s'agit de la 11e et 13e puissance commerciale mondiale respectivement en termes d'exportation et d'importation de marchandises. Si l'on exclut les échanges intra-Union Européenne, la Corée du Sud devient respectivement la 6e et la 7e puissance exportatrice et importatrice de biens[56].
134
+
135
+ Ce succès, à la fin des années 1980, a été obtenu grâce à des liens étroits entre le gouvernement et le monde des affaires, prévoyant notamment un système de crédit dirigé, des restrictions sur les importations, le financement de certaines industries et une politique d’endettement massif. Le gouvernement a favorisé l’importation de matières premières et de technologie aux dépens des biens de consommation et a encouragé l’épargne et l’investissement au détriment de la consommation. Il s’explique aussi par une très importante quantité de travail demandé aux ouvriers. En 1980, la semaine de travail d'un ouvrier sud-coréen est la plus longue au monde entier et celui-ci ne représente que 50 % du coût salarial d'un ouvrier mexicain. Les syndicats sont alors illégaux[57].
136
+
137
+ La crise économique asiatique de 1997 a exposé des faiblesses anciennes du modèle de développement de la Corée du Sud, y compris des ratios dettes/capitaux propres élevés, la dépendance vis-à-vis de prêts étrangers massifs, le manque de rigueur du secteur financier. La croissance a chuté de 6,6 % en 1998, puis a fortement récupéré : 10,8 % en 1999 et 9,2 % en 2000. La croissance est tombée de nouveau à 3,3 % en 2001 en raison du ralentissement global de l’économie, qui entraîne des baisses d’exportation, et de la perception que les réformes tant nécessaires ont stagné. Menée par l’industrie et la construction, la croissance en 2002 a retrouvé un taux dynamique de 5,8 % en dépit de la croissance globale anémique. En 2007, l'économie de la Corée du Sud a continué sur une croissance de 5 %.
138
+
139
+ Ayant fait le choix d’un modèle d’économie tournée vers les exportations, la Corée du Sud, qui s'est longtemps concentrée sur le marché nord-américain, a récemment diversifié ses partenariats commerciaux. En 2007, la Corée du Sud est devenu le troisième pays fournisseur de la Chine, à hauteur de 10,9 % de l'importation totale, après le Japon et l'Union européenne. Le marché de la Chine a représenté d'ailleurs plus de 22 % de l'exportation totale de la Corée, devant celui de l'Union européenne (15,1 %) et les États-Unis (12,4 %)[56]. Les récents traités de libre-échange en vigueur établis avec le Chili (entré en vigueur le 1er avril 2004), Singapour (depuis mars 2006) et les pays de l'ASEAN (depuis juin 2007 pour les produits manufacturiers et depuis mai 2009 pour les services), ainsi que ceux en attente de promulgation établis avec les États-Unis (traité conclu en avril 2007), l'Union européenne (en phase de conclusion en août 2009) et la récente conclusion de l'accord de partenariat économique global avec l'Inde (août 2008) permettraient de maintenir à terme une croissance relativement élevée comparée aux autres pays développés. Parmi les points faibles de son agriculture, le pays était ainsi quatrième au palmarès des importateurs mondiaux de céréales au milieu des années 2010.
140
+
141
+ Annoncé par le président de la Corée du Sud Lee Myung-bak en août 2008, un programme de relance économique fondé essentiellement sur les énergies renouvelables, appelé Bas carbone, croissance verte a été mis sur pied.La Corée du Sud fait partie de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC), de l'ASEAN+3 incluant les pays membres de l'ASEAN ainsi que la Chine, le Japon et la Corée du Sud, et du G20.
142
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143
+ La Corée du Sud a un faible taux de chômage mais l'un des taux de stress au travail les plus élevés de l'OCDE, et plus de 30 % des employés ont un travail qui ne répond pas à leurs qualifications[58].
144
+
145
+ Les chaebol sont parfois considérés comme des « colosses aux pieds d'argile » ; surendettés, ils ne survivent que par un soutien sans faille du système bancaire et du gouvernement. Cette collusion entreprises-gouvernement-hauts fonctionnaires a généré une très grande corruption. Ainsi, le général Roh Tae-woo (au pouvoir de 1988 à 1993), a bénéficié de 650 millions de dollars de pots-de-vin et le scandale Choi Soon-sil provoque la chute du gouvernement en 2016. En outre, les chaebol sont handicapés par leur dépendance technologique à l'égard des pays étrangers, les conduisant à pratiquer une politique systématique de veille et d’espionnage technologique et industriel.
146
+
147
+ Les inégalités sociales sont croissantes et très élevées. En 2014, un rapport de la Banque asiatique de développement souligne que : « la rapidité de la détérioration des inégalités de revenu en Corée du Sud au cours des vingt dernières années a été la cinquième plus importante sur vingt-huit pays asiatiques »[59].
148
+
149
+ Voir aussi : Liste d'entreprises sud-coréennes.
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+ La presse écrite est dominée par trois quotidiens de sensibilité conservatrice : le Chosun Ilbo, le Dong-a Ilbo et le Joong-ang Ilbo. Les autres principaux titres sont le Hankook Ilbo, le Hankyoreh, le Kyunghyang Shinmun, le journal financier Hanguk Kyeongje Sinmun et, en langue anglaise, The Korea Herald et The Korea Times. Trois magazines d'opinion jouent un rôle important : le Sisajonol, le News and People et le Hangyore 21.
152
+
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+ Les trois principales chaînes de télévision sont la Korean Broadcasting System (KBS, publique), la Munhwa Broadcasting Corporation (acronyme anglais : MBC, publique) et la Seoul Broadcasting System (SBS, privée).
154
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+ La Corée du Sud est un des pays les mieux connectés à Internet au monde et le site OhmyNews y est influent[60].
156
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157
+ Le moteur de recherche Internet Naver domine le marché sud-coréen. Il est utilisé par 77 % des internautes sud-coréens, alors que Yahoo! atteint 4,5 %, Daum un autre moteur de recherche coréen arrive en deuxième place. Google a moins de 2 %.
158
+
159
+ La population coréenne était l'une des plus homogènes du monde, ethniquement et linguistiquement, avec comme seule minorité une petite communauté chinoise (21 000 à la fin des années 1970). Depuis lors, le nombre d'étrangers a augmenté et a dépassé un million en 2007 et 2 millions en 2016[61].
160
+
161
+ Des Coréens ont vécu en Mandchourie pendant de nombreux siècles, et constituent maintenant une minorité en Chine. Joseph Staline a envoyé des milliers de Coréens, contre leur volonté, en Asie centrale (ancienne Union soviétique) depuis Vladivostok et Khabarovsk. La majorité de la population coréenne au Japon s'y trouve depuis la période coloniale.
162
+
163
+ Le taux de fécondité en Corée du Sud est le plus bas du monde : 0,88 enfant par femme. L’effondrement de la natalité s’expliquerait par un système économique qui multiplie les exclus, une société de plus en plus solitaire et le manque de confiance en l'avenir[62].
164
+
165
+ L'instabilité politique, sociale et économique en Corée du Sud ont conduit beaucoup de Sud-Coréens à émigrer à l'étranger, principalement aux États-Unis ou au Canada.
166
+
167
+ La ville de Séoul est une des plus grandes zones métropolitaines du monde. Sa densité lui a permis de devenir l'une des villes les plus « numériques » dans l'économie globalisée d'aujourd'hui.
168
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169
+ La langue coréenne est aujourd’hui considérée comme un isolat[63], elle fut un temps considérée comme faisant partie de la famille — supposée — des langues altaïques. Le système d'écriture coréen, han'gû ou hangeul, ou hangul a été inventé en 1443 par le roi Sejong le Grand pour faciliter l'éducation de ses sujets — en effet, les caractères chinois étaient jugés trop difficiles et trop longs à apprendre pour un individu moyen — par la proclamation royale de Hunmin jeongeum (훈민정음, 訓民正音), qui signifie littéralement « les sons appropriés pour enseigner au peuple ». Il est différent de la forme chinoise de communication écrite (hanja) car il est fondé sur la phonétique coréenne.
170
+
171
+ Durant les siècles qui suivirent l’invention de l’alphabet coréen, la connaissance des sinogrammes était synonyme d’érudition ; l’alphabet étant réservé aux classes sociales non éduquées. Avant 1912, l’alphabet s’appelait en effet le « eonmun », ce qui signifie « écriture vulgaire ». Il se nomme aujourd’hui « hangeul », ce qui signifie « écriture (des) Han », en référence à l’ethnie coréenne Han à ne pas confondre avec l’ethnie chinoise Han. L’adoption massive de l’alphabet comme moyen d’écriture débute durant la période du protectorat japonais et prend toute son ampleur à la fin de la seconde guerre mondiale.
172
+
173
+ De nombreux mots fondamentaux du coréen ont été empruntés au chinois via les hanja, et les Coréens plus âgés préfèrent toujours écrire des mots en hanja, identiques aux sinogrammes chinois et aux kanji japonais, car il était strictement interdit d'étudier et de parler le coréen durant la domination japonaise.
174
+
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+ Il existe principalement deux méthodes concurrentes de romanisation du coréen en Corée du Sud.
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+ Les noms des personnes et des entreprises utilisent la plupart du temps un autre système de transcription adapté aux règles de prononciation de l'anglais.
178
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+ On enseigne l'anglais comme deuxième langue dans la plupart des écoles primaires. On enseigne également au lycée durant deux années le chinois, le japonais, le français, l'allemand ou l'espagnol. En raison de la colonisation japonaise de 1910 à 1945, certaines personnes âgées comprennent, ou parlent le japonais. [réf. nécessaire] Il existe une petite minorité dont le japonais est la langue maternelle, mais ces locuteurs sont généralement bilingues japonais et coréen.
180
+
181
+ Le coréen de Corée du Nord s'appelle officiellement 조선말 Chosôn mal, littéralement la parole/conversation de Chosôn, en référence au royaume de Chosôn. Le coréen de Corée du Sud s'appelle officiellement 한국어 Han'guk ô, littéralement la langue Han, en référence à l’ethnie Han coréenne à ne pas confondre avec les Han de Chine.
182
+
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+ Le Chosôn mal et le Han'guk ô utilisent le même alphabet appelé 조선글 Chosôn'gûl en Corée du Nord et 한글 Han'gû en Corée du Sud[66].
184
+
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+ Il existe deux facteurs à l'origine des différences orthographiques entre le Chosôn mal et le Han'guk ô. Le Coréen est une langue agglutinante qui emploie des particules qui viennent se coller aux mots.
186
+
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+ Le Han'guk ô emploie des espaces entre les différents termes faisant partie d'un groupe nominal ce qui n'est pas le cas en Chosôn mal. Par exemple le nom officiel de la Corée du Nord en Chosôn mal s'écrit 조선민주주의인민공화국. En Han'guk ô il s'écrit 조선 민주주의 인민공화국. Les Sud-Coréens plaisantent souvent à ce propos et disent que la Corée du Nord colle tous les mots pour faire des économies de papier[66].
188
+
189
+ Certaines lettres de l'alphabet coréen se prononcent différemment en Corée du Nord et en Corée du Sud. La Corée du Sud a adapté l'orthographe afin que cela se rapproche plus de la prononciation standardisée sud-coréenne. Par exemple le nom de l'ex-président sud-coréen Roh Moo-hyun s'écrit 노무현 No Mu Hyôn au sud tandis qu'au Nord il s'écrirait 로무현 Ro Mu Hyôn. Les Sud-coréens trouvant la prononciation du R en début de mot difficile, ont peu à peu modifié l'orthographe et ont remplacé les R par des N.
190
+
191
+ Depuis la mise en place de l'idéologie Juche en Corée du Nord, le régime maintient une ligne politique pro-coréenne et proscrit donc tout ce qui est étranger et met en avant ce qui est coréen. La Corée du Sud qui est restée longtemps sous la tutelle des U.S.A et qui entretient encore aujourd'hui des relations importantes notamment au niveau militaire avec les U.S.A, a très vite intégré des mots d'anglais. Par ailleurs, comme les autres pays voisins de la Chine elle a intégré au cours de l'histoire beaucoup de vocabulaire dit sino-coréen, originaire des caractères chinois utilisés par la Corée avant l'invention du système alphabétique coréen par le roi Sejong le Grand. La Corée du Nord a donc inventé de nouveaux mots pour se débarrasser des mots sino-coréens et anglais.
192
+
193
+ Exemple : œsophage se dit 식도 Shikdo en sud-coréen et provient des caractères chinois 食道. Les Nord-Coréens ont créé le mot 밥길 pap qui signifie littéralement le trajet/la route de la nourriture.
194
+
195
+ Certains nouveaux mots ainsi créés eurent du succès, d'autres ne furent finalement pas utilisés, jugés peu élégants[66].
196
+
197
+ Le christianisme (31,6 % de la population, dont 24 % de protestants et 7,6 % de catholiques) et le bouddhisme (24,2 % des croyants) sont les deux religions dominantes de la Corée du Sud. On estime en outre que 43,3 % des Sud-Coréens sont sans religion[67].
198
+
199
+ Bien que seulement 3 % de la population se déclare confucianiste, la société est fortement imprégnée des valeurs et croyances confucéennes. Le restant des Coréens pratique le chamanisme (culte traditionnel de l’esprit) et le Cheondogyo (« manière divine »), une religion traditionnelle, encore populaire.
200
+
201
+ Le bouddhisme apparut sur le continent indien au Ve siècle avant J.C et fut introduit en Corée au IVe siècle de notre ère via la Chine. Entre le 10e et le XIVe siècle le bouddhisme prit une grande ampleur en Corée et devint la religion d'État du Royaume de Koryô. Le bouddhisme était alors inscrit dans les rites et les cultes civils  subventionnés par l'État.
202
+
203
+ Le catholicisme fut introduit en Corée au XVIIIe siècle via la Chine. Bénéficiant d'un statut spécial à la cour chinoise, les occidentaux et missionnaires y dispensaient leurs sciences ainsi que le catholicisme. Cela permit la diffusion de ce dernier en Corée malgré la politique hostile du Royaume de Chosôn à son égard. Les missionnaires ainsi que les converties furent chassés et persécutés.
204
+
205
+ Le protestantisme quant à lui fut introduit en Corée au XIXe siècle par les missionnaires accompagnant des expéditions occidentales. La colonisation japonaise contribua à son développement[68].
206
+
207
+ La Corée du Sud partage sa culture traditionnelle avec celle de la Corée du Nord. La culture coréenne est influencée par celle de la Chine, influence par contre celle du Japon. Mais elles sont essentiellement distinctes. La culture traditionnelle a été également influencée par le bouddhisme et le confucianisme.
208
+
209
+ Parmi les États industrialisés membres de l'OCDE, la Corée du Sud est le pays où le taux de suicides (28,1 suicides pour 100 000 personnes en 2018[54]) est le plus élevé : le suicide est la première cause de décès entre 20 et 40 ans[69].
210
+
211
+ Depuis la division de la Corée en deux États séparés, la culture contemporaine coréenne s'est ramifiée en deux formes distinctes.
212
+
213
+ Les deux principaux syndicats sont la Fédération des syndicats coréens (FKTU) et la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) (voir aussi l’article détaillé syndicalisme en Corée du Sud).
214
+
215
+ Les Coréens du Sud doivent recevoir la permission de leur gouvernement pour visiter la Corée du Nord ; à défaut, ils peuvent être emprisonnés à leur retour, en application de la Loi de sécurité nationale.
216
+
217
+ La Corée du Sud est l'un des rares pays industrialisés à interdire l'avortement. Toutefois, la Cour Constitutionnelle demande en 2018 une modification de la législation. Actuellement, les femmes qui se font avorter sont passibles d'un an d'emprisonnement et d'une amende. Les médecins encourent deux ans d'emprisonnement[70].
218
+
219
+ Les Sud-Coréens semblent peu confiants en l'avenir. Selon un sondage réalisé en 2019, 80 % des Sud-Coréens considèrent leur pays comme un « enfer » et 75 % des jeunes âgés de 19 à 34 ans souhaitent émigrer[71],[58]. Beaucoup de personnes considèrent que leur avenir est en grande partie déterminé par la classe sociale dont elles sont issues et ne pas pouvoir rivaliser avec les personnes issues d'un milieu privilégié[58].
220
+
221
+ Plusieurs sites sud-coréens sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO[72] :
222
+
223
+ Au niveau national, les objets et les bâtiments possédant une valeur historique et artistique exceptionnelle ont été regroupés dans la liste des trésors nationaux.
224
+
225
+ Les Jeux olympiques d'été de 1988 ont été organisés à Séoul et les Jeux olympiques d'hiver de 2018 sont organisés à Pyeongchang.
226
+
227
+ Le baseball a été introduit en 1905[73], et en 1982 l’Organisation coréenne de baseball a été formée. L’équipe nationale a gagné la petite finale du Classique mondiale de baseball en 2004.
228
+
229
+ Le handball a obtenu de très bons résultats à l'échelle internationale, en particulier l'équipe nationale féminine qui est double championne olympique (1988 et 1992), une fois championne du monde (1995) et onze fois championne d'Asie. De plus, trois Sud-Coréens ont été élus meilleur handballeur de l'année, les joueuses Kim Hyun-mee et Lim O-kyeong, puis le joueur Yoon Kyung-shin qui a également été élu sportif sud-coréen du XXe siècle.
230
+
231
+ La Corée du Sud, associée au Japon, a accueilli la coupe du monde de football 2002 ; au cours de cette compétition, les résultats de l’équipe nationale ont entraîné un engouement sans précédent de la population pour le football. En effet, la Corée du Sud a atteint la demi-finale en battant la Pologne, le Portugal, l’Italie et l’Espagne, avant d’être éliminée par l’Allemagne.
232
+ Elle est éliminée au premier tour lors de la coupe du monde 2006 et en huitième de finales lors de la coupe du monde 2010.
233
+
234
+ Lors des cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques de 2000, 2004 et 2006, les deux Corées ont défilé ensemble sans toutefois concourir sous un même drapeau lors des épreuves. Elles ne sont plus parvenues à se mettre d'accord depuis 2008.
235
+
236
+ La Corée du Sud est également connue pour la patineuse Kim Yuna, championne du monde en 2009 et championne olympique aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010.
237
+
238
+ Parmi les sportifs sud-coréens célèbres, il y a : Son Heung-min, Park Tae-hwan, Lee Yong-dae, Shin A-lam, Kim Yuna, Park Ji-sung…
239
+
240
+ En Formule 1, le circuit international de Yeongam a été construit dans la banlieue de Mokpo pour accueillir le Grand prix de Corée du Sud de 2010 à 2013.
241
+
242
+ Parmi les sports les plus importants du pays, il y a aussi le taekwondo et le sport électronique, ce dernier étant le deuxième sport le plus regardé[74], après le baseball.
243
+
244
+ Lors des Jeux olympiques d'été de 2012, la Corée du Sud finit à la 5e place au classement des médailles.
245
+
246
+ En tir à l'arc, la Corée du Sud est la nation dominante aux Jeux Olympiques, elle détient le record du nombre de médailles gagnées pour un pays depuis 1972 avec 39 médailles, dont la plupart sont en or.
247
+
248
+ L’accès des Sud-Coréens à la société de consommation s’est traduit par une diversification des loisirs : alors que les promenades dans les parcs restent un des passe-temps favoris en fin de semaine, les jeunes Sud-Coréens apprécient les sorties au café ou au cinéma, tandis que le taux d’accès à Internet compte parmi les plus élevés au monde.
249
+
250
+ Outre la pratique des sports coréens traditionnels (comme le tir à l’arc ou le taekwondo), le football et le baseball sont particulièrement populaires[75].
251
+
252
+ Une autre passion est la pratique des jeux vidéo. On trouve en Corée des véritables compétitions, notamment, de StarCraft 2: Wings of Liberty, très médiatisées. En effet, des chaines de télévisions retransmettent les événements, qui sont parfois entrecoupés par des concerts de K-pop. On trouve également beaucoup d'adeptes de MMO en particulier pour jouer à des jeux tels que Aion dans les PC-bangs[74].
253
+
254
+ La Corée du Sud est aussi connue pour avoir de nombreux joueurs professionnels de Go comme Lee Sedol. C'est un loisir en plein essor et les joueurs coréens occupent le devant de la scène internationale.
255
+
256
+ La Corée du Sud est le premier marché au monde pour les produits cosmétiques masculins[76].
257
+
258
+ Les enfants et adolescents sans-abri seraient environ 250 000 dans toute la Corée du Sud[77].
259
+
260
+ Les loyers représentent 50 % des salaires des Sud-Coréens, et maisons sont « si petites que même avec seulement un ou deux résidents, elles sont déjà surpeuplées », selon le rapporteur spécial des Nations unies sur le logement[58].
261
+
262
+ Le système scolaire coréen est semblable à celui du Japon. En effet, il est divisé en 5 niveaux : école maternelle, école primaire, collège, lycée et université. Ils scolarisent les enfants dès l'âge de 6 ans.
263
+
264
+ Selon CIA World Factbook, le taux d'alphabétisation des personnes âgées de plus de 15 ans en Corée du Sud est 97,9 % en 2012 (soit 99,2 % pour les hommes et 96,6 % pour les femmes)[78].
265
+
266
+ Depuis la partition de la Corée, l’anticommunisme tient une place importante dans l’enseignement moral et civique. La scolarisation des filles reste significativement inférieure dans tous les ordres d’enseignement : de 46 % dans l’élémentaire à 35 % à l’université, cette tendance étant plus marquée dans l’enseignement privé[79].
267
+
268
+ La Corée du Sud compte plus de 350 000 résidents étrangers en situation irrégulière en 2019[80].
269
+
270
+ Quand les autorités arrêtent des étrangers en situation irrégulière, elles emprisonnent avec eux leurs enfants, même si ceux-ci sont très jeunes. Cette pratique est dénoncée par les ONG de défense des droits de l’homme mais jusqu'à présent sans succès. L’ONG World Vision Korea rappelle que la Corée du Sud viole les conventions internationales sur les droits de l’enfant qu’elle a pourtant signées[80].
271
+
272
+ La Corée du Sud importe une partie de sa main d’œuvre à l’étranger, essentiellement en Asie du Sud-Est. Ces ouvriers migrants occupent les emplois mal payés et dangereux, souffrent souvent de conditions de travail exécrables et d’employeurs abusifs. Ils ne peuvent changer d’emploi sans l’autorisation de leur patron. Les accidents du travail sont nombreux, de même que les descentes de police, arrestations et expulsions lorsque leur visas arrivent à leur terme[80].
273
+
274
+ La Corée du Sud a pour codes :
275
+
276
+ Sur les autres projets Wikimedia :
277
+
278
+ Asie centrale
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280
+ Kazakhstan1 · Kirghizistan · Ouzbékistan · Tadjikistan · Turkménistan
281
+
282
+ Asie de l’Est
283
+
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+ Chine · Corée du Nord · Corée du Sud · Japon · Mongolie · Taïwan
285
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286
+ Asie de l'Ouest
287
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+ Abkhazie · Arabie saoudite · Arménie · Azerbaïdjan · Bahreïn · Chypre · Chypre du Nord · Égypte2 · Émirats arabes unis · Géorgie · Haut-Karabagh · Irak · Iran · Israël · Jordanie · Koweït · Liban · Oman · Ossétie du Sud · Palestine · Qatar · Syrie · Turquie1 · Yémen
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+
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+ Asie du Sud-Est
291
+
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+ Birmanie · Brunei · Cambodge · Île Christmas3 (Australie) · Îles Cocos3 (Australie) · Indonésie3 · Laos · Malaisie · Philippines · Singapour · Thaïlande · Timor oriental3 · Viêt Nam
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+
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+ Asie du Sud
295
+
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+ Afghanistan · Bangladesh · Bhoutan · Inde · Maldives · Népal · Pakistan · Sri Lanka · Territoire britannique de l'océan Indien2 (Royaume-Uni)
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+ Russie1 (Sibérie, Extrême-Orient russe)
fr/2638.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,121 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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5
+ Le HyperText Markup Language, généralement abrégé HTML ou dans sa dernière version HTML5, est le langage de balisage conçu pour représenter les pages web. C’est un langage permettant d’écrire de l’hypertexte, d’où son nom. HTML permet également de structurer sémantiquement la page, de mettre en forme le contenu, de créer des formulaires de saisie, d’inclure des ressources multimédias dont des images, des vidéos, et des programmes informatiques. Il permet de créer des documents interopérables avec des équipements très variés de manière conforme aux exigences de l’accessibilité du web. Il est souvent utilisé conjointement avec le langage de programmation JavaScript et des feuilles de style en cascade (CSS). HTML est inspiré du Standard Generalized Markup Language (SGML). Il s'agit d'un format ouvert.
6
+
7
+ L’anglais Hypertext Markup Language se traduit littéralement en langage de balisage d’hypertexte[1]. On utilise généralement le sigle HTML, parfois même en répétant le mot « langage » comme dans « langage HTML ». Hypertext est parfois écrit HyperText pour marquer le T du sigle HTML.
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9
+ Le public non averti parle parfois de HTM au lieu de HTML, HTM étant l’extension de nom de fichier tronquée à trois lettres, une limitation qu’on trouve sur d’anciens systèmes d’exploitation de Microsoft.
10
+
11
+ Durant la première moitié des années 1990, avant l’apparition des technologies web comme le langage JavaScript (js), les feuilles de style en cascade (css) et le Document Object Model (Dom), l’évolution de HTML a dicté l’évolution du World Wide Web. Depuis 1997 et HTML 4, l’évolution de HTML a fortement ralenti ; 10 ans plus tard, HTML 4 reste utilisé dans les pages web. En 2008, la spécification du HTML5 est à l’étude[2] et devient d'usage courant dans la seconde moitié des années 2010.
12
+
13
+ HTML est une des trois inventions à la base du World Wide Web, avec le Hypertext Transfer Protocol (HTTP) et les adresses web (URL). HTML a été inventé pour permettre d'écrire des documents hypertextuels liant les différentes ressources d’Internet avec des hyperliens. Aujourd’hui, ces documents sont appelés « page web ». En août 1991, lorsque Tim Berners-Lee annonce publiquement le web sur Usenet, il ne cite que le langage SGML, mais donne l’URL d’un document de suffixe .html. Dans son livre Weaving the web[3], Tim Berners-Lee décrit la décision de baser HTML sur SGML comme étant aussi « diplomatique » que technique : techniquement, il trouvait SGML trop complexe, mais il voulait attirer la communauté hypertexte qui considérait que SGML était le langage le plus prometteur pour standardiser le format des documents hypertexte. En outre, SGML était déjà utilisé par son employeur, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN).
14
+ Les premiers éléments du langage HTML comprennent le titre du document, les hyperliens, la structuration du texte en titres, sous-titres, listes ou texte brut, et un mécanisme rudimentaire de recherche par index. La description de HTML est alors assez informelle et principalement définie par le support des divers navigateurs web contemporains. Dan Connolly a aidé à faire de HTML une véritable application de SGML[4].
15
+
16
+ L’état de HTML correspond alors à ce que l’on pourrait appeler HTML 1.0. Il n’existe cependant aucune spécification portant ce nom, notamment parce que le langage était alors en pleine évolution. Un effort de normalisation était cependant en cours[5]. À partir de fin 1993, le terme HTML+ est utilisé pour désigner la version future de HTML[6]. Malgré l’effort de normalisation ainsi initié, et jusqu’à la fin des années 1990, HTML est principalement défini par les implémentations des navigateurs.
17
+ Avec le navigateur NCSA Mosaic, HTML connaît deux inventions majeures. D’abord l’invention de l’élément IMG permet d’intégrer des images (dans un premier temps, uniquement aux formats GIF et XBM) aux pages web (Mosaic 0.10). Ensuite l’invention des formulaires (Mosaic 2.0pre5) rend le web interactif en permettant aux visiteurs de saisir des données dans les pages et de les envoyer au serveur web. Cette invention permet notamment de passer des commandes, donc d’utiliser le web pour faire du commerce électronique.
18
+
19
+ Avec l’apparition de Netscape Navigator 0.9 le 13 octobre 1994, le support de nombreux éléments de présentation est ajouté : attributs de texte, clignotement, centrage, etc. Le développement de HTML prend alors deux voies divergentes. D’une part, les développeurs de navigateurs s’attachent à maximiser l’impact visuel des pages web en réponse aux demandes des utilisateurs[7]. D’autre part, les concepteurs du web proposent d’étendre les capacités de description sémantique (logos, notes de bas de page, etc.) et les domaines d’applications (formules mathématiques, tables) de HTML. En ceci, ils suivent les principes de SGML consistant à laisser la présentation à un langage de style. En l’occurrence, les feuilles de style en cascade (CSS) sont prévues pour HTML. Seul le support des tables est rapidement intégré aux navigateurs, notamment parce qu’il permet une très nette amélioration de la présentation.
20
+ Outre la multiplication des éléments de présentation, les logiciels d’alors produisant et consommant du HTML conçoivent souvent les documents comme une suite de commandes de formatage plutôt que comme un marquage représentant la structure en arbre aujourd’hui appelée Document Object Model (DOM). Le manque de structure du HTML alors mis en œuvre est parfois dénoncé comme étant de la « soupe de balises », en anglais : tag soup.
21
+
22
+ En mars 1995, le World Wide Web Consortium (W3C) nouvellement fondé propose le résultat de ses recherches sur HTML+ : le brouillon HTML 3.0. Il comprend notamment le support des tables, des figures et des expressions mathématiques. Ce brouillon expire le 28 septembre 1995 sans donner de suites directes. Fin 1995, le RFC 1866[8] décrivant HTML 2.0 est finalisé. Le principal éditeur est Dan Connolly. Ce document décrit HTML tel qu’il existait avant juin 1994, donc sans les nombreuses additions de Netscape Navigator.
23
+
24
+ Le 14 janvier 1997, le W3C publie la spécification HTML 3.2. Elle décrit la pratique courante observée début 1996[9], donc avec une partie des additions de Netscape Navigator et d’Internet Explorer. Ses plus importantes nouveautés sont la standardisation des tables et de nombreux éléments de présentation. HTML 3.2 précède de peu HTML 4.0 et contient des éléments en prévision du support des styles et des scripts.
25
+ Le 18 décembre 1997, le W3C publie la spécification HTML 4.0 qui standardise de nombreuses extensions supportant les styles et les scripts, les cadres (frames) et les objets (inclusion généralisée de contenu). HTML 4.0 apporte également différentes améliorations pour l’accessibilité des contenus[10] dont principalement la possibilité d’une séparation plus explicite entre structure et présentation du document, ou le support d’informations supplémentaires sur certains contenus complexes tels que les formulaires, les tableaux ou les sigles.
26
+ HTML 4.0 introduit trois variantes du format, destinées à favoriser l’évolution vers un balisage plus signifiant, tout en tenant compte des limites temporaires des outils de production :
27
+
28
+ Ces variantes perdurent par la suite sans modifications notables en HTML 4.01 et dans le format de transition XHTML 1.0 issu de HTML.
29
+ La dernière spécification de HTML est la version 4.01 datant du 24 décembre 1999. Elle n’apporte que des corrections mineures à la version 4.0.
30
+
31
+ Le développement de HTML en tant qu’application du Standard Generalized Markup Language (SGML) est officiellement abandonné au profit de XHTML, application de Extensible Markup Language (XML).
32
+ Cependant, en 2004, des fabricants de navigateurs web[11] créent le web Hypertext Application Technology Working Group (WHATWG) dans le but, notamment, de relancer le développement du format HTML et de répondre aux nouveaux besoins sur une base technologique jugée plus aisément implémentable que celle du XHTML 2.0 en cours de conception. Ceci s’inscrit dans le contexte d’une contestation plus générale du mode de fonctionnement du W3C, réputé trop fermé par une partie des développeurs et designers web[12].
33
+
34
+ En mars 2007, tirant la conséquence des réticences d’une partie de l’industrie et des concepteurs de contenus web face à XHTML 2.0[13], le W3C relance le développement de HTML et crée un nouveau groupe de travail encadré par Chris Wilson (Microsoft) et initialement Dan Connolly (W3C), maintenant Michael Smith (W3C). Il s’agit notamment[14] :
35
+
36
+ Les travaux du WHATWG ont été formellement adoptés en mai 2007 comme point de départ d’une nouvelle spécification HTML5[15]. Ce document[16] a été publié sous forme de Working Draft le 22 janvier 2008.
37
+ Parmi les principes de conception évoqués par le groupe de travail figurent en particulier[17] :
38
+
39
+ Une Accessibility Task Force est créée par le W3C en novembre 2009 afin de résoudre les problèmes de compatibilité du nouveau format avec les normes d'accessibilité[18], liés notamment à l'implémentation d'ARIA, aux alternatives textuelles et aux nouveaux éléments canvas et video[19].
40
+
41
+ Le développement de XHTML 2.0 est initialement poursuivi en parallèle, en réponse aux besoins d’autres secteurs du web, tels que les périphériques mobiles, les applications d’entreprise et les applications serveurs[20]. Puis, en juillet 2009, le W3C décide la non-reconduction du XHTML 2 Working Group à la fin 2009[21].
42
+
43
+ Avec l'abandon du XHTML 2, la version XHTML 1.1 reste donc la version normalisée. Le HTML5 sera compatible avec le XHTML et le XML, et autorisera donc des documents XHTML5[22][réf. non conforme]. Cependant, il est probable que le W3C s'oriente vers un abandon pur et simple du XHTML 1.1, car l'implantation du XML dans le HTML5 rend inutile la définition de document de type XHTML y.y (où y.y sont les numéros de version)[22].
44
+
45
+ En janvier 2011, des divergences de points de vue entre Ian Hickson (ingénieur chez Google), qui écrit la spécification HTML5, et les membres du groupe de travail du W3C conduisent le WHATWG à créer HTML Living Standard (littéralement : standard vivant du HTML), une spécification de HTML prévue pour être en constante évolution, afin de coller avec les développements rapides de nouvelles fonctionnalités par les développeurs de navigateurs[23][réf. non conforme] (par opposition à des versions numérotées, donc « fixes »).
46
+
47
+ Le HTML Living Standard a pour but d'inclure le HTML5, et de le développer en permanence[24][réf. non conforme]. En particulier, dans la version du 22 août 2012, le document de référence[24] explique que le HTML5 du W3C, publié le 22 juin 2012, est basé sur une version du HTML Living Standard, mais que le HTML Living Standard ne s'arrête pas à cette version, et continue à évoluer. Il développe en particulier les différences entre la version W3C (le HTML5) et la version HTML Living Standard (par exemple, les nouveaux bugs ne sont pas pris en compte dans le HTML5, des différences syntaxiques sont répertoriées, et de nouvelles balises créées par le HTML Living Standard ne sont pas incluses dans le HTML5).
48
+
49
+ HTML est un langage de description de format de document qui se présente sous la forme d’un langage de balisage dont la syntaxe vient du Standard Generalized Markup Language (SGML).
50
+
51
+ Jusqu’à sa version 4.01 comprise, HTML est formellement décrit comme une application du Standard Generalized Markup Language (SGML). Cependant, les spécifications successives admettent, par différents biais, que les agents utilisateurs ne sont pas, en pratique, des analyseurs SGML conformes[25]. Les navigateurs Web n’ont jamais été capables de déchiffrer l’ensemble des variations de syntaxe permises par SGML[26] ; en revanche ils sont généralement capables de rattraper automatiquement de nombreuses erreurs de syntaxe, suivant la première partie de la « loi de Postel » : « Soyez libéral dans ce que vous acceptez, et conservateur dans ce que vous envoyez » (RFC 791[27]). De fait, les développeurs de pages Web et de navigateurs Web ont toujours pris beaucoup de liberté avec les règles syntaxiques de SGML. Enfin, la document type definition (DTD) de HTML, soit la description technique formelle de HTML, n’a été écrite par Dan Connolly que quelques années après l’introduction de HTML[4].
52
+
53
+ Malgré les libertés prises avec la norme, la terminologie propre à SGML est utilisée : document, élément, attribut, valeur, balise, entité, validité, application, etc. Grâce à la DTD, il est possible de vérifier automatiquement la validité d’un document HTML à l’aide d’un parseur SGML[28].
54
+
55
+ À l’origine, HTML a été conçu pour baliser (ou marquer) simplement le texte, notamment pour y ajouter des hyperliens. On utilisait un minimum de balises, comme dans le document HTML suivant :
56
+
57
+ Cet exemple contient du texte, cinq balises et une référence d’entité :
58
+
59
+ Un document HTML valide est un document qui respecte la syntaxe SGML, n’utilise que des éléments et attributs standardisés, et respecte l’imbrication des éléments décrite par le standard. Il ne manque qu’une déclaration de type de document à l’exemple précédent pour qu’il soit un document HTML 2.0 valide[29][réf. non conforme].
60
+
61
+ Un document valide n’est cependant pas suffisant pour être conforme à la spécification HTML visée. En effet, outre l’exigence de validité, un document conforme est soumis à d’autres contraintes qui ne sont pas exprimées par la définition de type de document (DTD), mais qui le sont par la spécification elle-même. C’est notamment le cas du type de contenu de certains attributs, comme celui de l’attribut datetime : pour être conforme à HTML 4.01, celui-ci doit être lui-même conforme à un sous-ensemble de la norme ISO 8601[30]. Un parseur strictement SGML tel que le validateur HTML du W3C ne peut donc pas garantir la conformité d’un document HTML.
62
+
63
+ Dans les premières années, les documents HTML étaient souvent considérés comme des structures plates, et les balises comme des commandes de style[31]. Ainsi la balise <p> était considérée comme un saut de ligne, et la balise </p> était ignorée. Ou encore lorsque JavaScript 1.0 est apparu, il ne donnait accès qu’aux liens et formulaires du document à travers les tables document.forms et document.links.
64
+
65
+ Avec l’introduction des Cascading Style Sheets et du Document Object Model, il a fallu considérer que les documents HTML ont une véritable structure en arbre, avec un élément racine contenant tous les autres éléments[32]. Les balises ouvrantes et fermantes de ces éléments restent d’ailleurs optionnelles. Cependant, aujourd’hui, on a tendance à baliser chaque élément[33] et à indiquer la DTD. À l'exception de l'élément à la racine, chaque élément a exactement un élément parent direct ; cet « arbre du document » est notamment utilisé par la structure de formatage qui en est dérivée pour l’application des feuilles de style en cascade où chaque élément peut avoir un fond, un bord et une marge propres.
66
+
67
+ La structure et le code des sites web peut d'ailleurs se consulter en ajoutant view-source: devant l'url de la page. Pour la page ci-présente cela donnerait view-source:https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Hypertext_Markup_Language.
68
+
69
+ html
70
+
71
+ head
72
+
73
+ title
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+ texte
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+ body
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+
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+ texte
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+ a
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+ texte
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+
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+ texte
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+
87
+ p
88
+
89
+ texte
90
+
91
+ La version 4 de HTML décrit 91 éléments. En suivant la spécification de HTML 4, les fonctionnalités implémentées par HTML peuvent être réparties ainsi :
92
+
93
+ Les attributs permettent de préciser les propriétés des éléments HTML. Il y a 188 attributs dans la version 4 de HTML[47].
94
+
95
+ Certains attributs s’appliquent à presque tous les éléments :
96
+
97
+ D’autres attributs sont propres à un élément unique, ou des éléments similaires. Par exemple :
98
+
99
+ La plupart des attributs sont facultatifs. Quelques éléments ont cependant des attributs obligatoires :
100
+
101
+ Le type de contenu des attributs HTML échappe pour partie au champ d’application de cette norme, et sa validation relève de normes tierces telles que les URI, les types de contenu ou les codes de langages.
102
+
103
+ Certains attributs sont enfin de type booléen. Ce sont les seuls attributs dont la syntaxe peut être validement implicite en HTML : l’attribut selected d’un contrôle de formulaire peut ainsi être raccourci sous la forme selected remplaçant la forme complète selected="selected". Cette forme particulière est un des points différenciant HTML de la syntaxe des documents « bien formés » au sens XML.
104
+
105
+ Les pages Web peuvent être rédigées dans toutes sortes de langues et de très nombreux caractères peuvent être utilisés, ce qui requiert soit un jeu de caractères par type d’écriture, soit un jeu de caractères universel. Lors de l’apparition de HTML, le jeu de caractères universel Unicode n’était pas encore inventé, et de nombreux jeux de caractères se côtoyaient, notamment ISO-8859-1 pour l’alphabet latin et ouest-européen, Shift-JIS pour le japonais, KOI8-R pour le cyrillique. Aujourd’hui, le codage UTF-8 de Unicode est le plus répandu.
106
+
107
+ Le protocole de communication HTTP transmet le nom du jeu de caractères. L’en-tête HTML peut comporter le rappel de ce jeu de caractères, qui devrait être identique, sauf erreur de réglage. Enfin, à la suite d'un mauvais réglage, le jeu de caractères réellement utilisé peut encore différer du jeu annoncé. Ces mauvais réglages causent généralement des erreurs d’affichage du texte, notamment pour les caractères non couverts par la norme ASCII.
108
+
109
+ Avant la généralisation d'Unicode, des entités ont été définies pour représenter certains caractères non ASCII. Cela a commencé avec les caractères d'ISO 8859-1 dans la norme HTML 2.0. Pour les diacritiques, ces entités suivent un principe simple : la lettre suivie de l'abréviation de la diacritique associée.
110
+
111
+ Tel qu’il a été formalisé par le W3C, HTML est conçu pour optimiser l’interopérabilité des documents. Le HTML ne sert pas à décrire le rendu final des pages web. En particulier, contrairement à la publication assistée par ordinateur, HTML n’est pas conçu pour spécifier l’apparence visuelle des documents. HTML est plutôt conçu pour donner du sens aux différentes parties du texte : titre, liste, passage important, citation, etc. Le langage HTML a été développé avec l’intuition que les appareils de toutes sortes seraient utilisés pour consulter le web : les ordinateurs personnels avec des écrans de résolution et de profondeur de couleurs variables, les téléphones portables, les appareils de synthèse et de reconnaissance de la parole, les ordinateurs avec une bande passante faible comme élevée, et ainsi de suite.
112
+
113
+ Comme HTML ne s’attache pas au rendu final du document, un même document HTML peut être consulté à l’aide de matériels et logiciels très divers. Au niveau matériel, un document peut notamment être affiché sur un écran d'ordinateur en mode graphique ou un terminal informatique en mode texte, il peut être imprimé, ou il peut être prononcé par synthèse vocale. Au niveau logiciel, HTML ne fait pas non plus de supposition, et plusieurs types de logiciels lisent le HTML : navigateur web, robot d'indexation, scripts divers (en Perl, PHP) de traitement automatique.
114
+
115
+ Un haut degré d’interopérabilité permet de baisser les coûts des fournisseurs de contenus car une seule version de chaque document sert des besoins très variés. Pour l’utilisateur du web, l’interopérabilité permet l’existence de nombreux navigateurs concurrents, tous capables de consulter l’ensemble du web.
116
+
117
+ Chaque version de HTML a essayé de refléter le plus grand consensus entre les acteurs de l’industrie, de sorte que les investissements consentis par les fournisseurs de contenus ne soient pas gaspillés et que leurs documents ne deviennent en peu de temps illisibles. La séparation du fond et de la forme n’a pas toujours été respectée au cours du développement du langage, comme en témoigne par exemple le balisage de style de texte, qui permet d’indiquer notamment la police de caractères souhaitée pour l’affichage, sa taille, ou sa couleur.
118
+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Documents officiels :
fr/2639.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,53 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Le fleuve Jaune (chinois : 黃河 ; pinyin : Huáng hé) est le deuxième plus long fleuve de Chine après le Yangzi Jiang. Long de 5 464 kilomètres, il prend sa source dans le plateau tibétain et après avoir traversé les provinces de Gansu, Ningxia, Mongolie-Intérieure, Shaanxi, Shanxi, Henan et Shandong il se jette dans la mer de Bohai, dans la mer Jaune. Le bassin versant du fleuve d'une superficie de 752 443 km2 est caractérisé par un climat en grande partie semi-aride qui explique le débit modéré du fleuve à son embouchure (2 571 m3/s).
4
+
5
+ Le fleuve Jaune a joué un rôle crucial dans l'histoire de la Chine car la civilisation chinoise est née au confluent du fleuve et de son affluent le Wei He puis s'est développée le long de son cours. Caractérisé par des crues violentes et une forte charge sédimentaire arrachée au plateau de Lœss qu'il traverse sur son cours moyen, le fleuve Jaune a façonné et fertilisé la grande plaine du Nord de la Chine. Sur son cours aval qui traverse celle-ci les hommes ont depuis des millénaires tenté d'endiguer le fleuve et de limiter ses crues dévastatrices. Des travaux gigantesques ont été fréquemment mis en échec entrainant des changements de lit qui ont dans certains cas déplacés son embouchure sur plusieurs centaines de kilomètres.
6
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7
+ Le bassin versant du Fleuve Jaune est peuplé 110 millions de Chinois. Ses eaux sont utilisées pour irriguer des terres jouant un rôle crucial dans la production agricole chinois (40 % de la production totale de céréales) et fournit en eau potable 155 millions de personnes. Grâce à plus d'une vingtaine de grands barrages installés ses son cours supérieur et moyen, il produit en moyenne 40 Twh d'électricité par an. Le développement agricole et des secteurs industriel et minier ainsi que l'accroissement de la population et de son niveau de vie, ont très fortement dégradé au cours des dernières décennies la qualité de ses eaux et accru les prélèvements au point que certaines années le fleuve est complètement à sec au niveau de son embouchure. Le gouvernement a lancé des chantiers importants pour résoudre ces problèmes qui menacent tout l'écosystème du fleuve.
8
+
9
+ Le fleuve Jaune ou Huang He (黃河), s'écrit également en hanyu pinyin Huánghé, en tibétain རྨ་ཆུ་, rMa chu, littéralement « le fleuve du paon »). Son nom lui vient de sa couleur boueuse liée à sa forte turbidité car il charrie de grandes quantités d'alluvions (lœss, limons) qui fertilisent la grande plaine du Nord de la Chine.
10
+
11
+ Le cours du fleuve Jaune est par convention divisé en trois sous-ensembles. Le cours supérieur débute lorsque le fleuve quitte la région ou il prend sa source située sur le plateau tibétain à environ 4 500 mètres d'altitude et s'achève lorsque le fleuve quitte le plateau tibétain. Sur son cours moyen le fleuve jaune trace une grande boucle à travers le plateau de loess puis se fraie un chemin à travers une région montagneuse avant de déboucher dans la grande plaine du Nord de la Chine. Commence alors le cours inférieur qui traverse cette plaine et s'achève lorsque le fleuve se jette dans le golfe de Bohai.
12
+
13
+ La source du fleuve Jaune est située dans la partie nord-est du plateau tibétain. Ce dernier est le château d'eau d'une dizaine de grands fleuves d'Asie dont l'autre grand fleuve chinois le Yangzi Jiang. Le cours supérieur du fleuve est situé dans la province du Qinghai. La source du fleuve est située à une altitude d'environ 5 000 mètres dans le bassin de Yueguzonglie sur le flanc nord de la cordillère de Bayan Har prolongement de la cordillère du Kunlun. Celle-ci sépare son bassin versant de celui du Yangzi Jiang. Le fleuve coule d'abord sur 350 km dans une large vallée plate dont l'altitude est comprise entre 4 200 et 4 350 mètres. Cette vallée est encadrée par des massifs cristallins érodés (contreforts de smonts Buqing au nord, Monts Bayan Har au sud) qui la dominent de 300 à 500 mètres. Le fleuve se dirige d'ouest en est en traversant les lacs Gyaring et Ngoring. La pente est faible (inférieure à 1 %) et le fleuve dessine des méandres dans cette large vallée. Cette partie du plateau tibétain est caractérisée par un climat froid (moyenne annuelle de -3,7 °C), des précipitations relativement faibles et concentrées durant l'été, des vents forts. La végétation est composée de prairies alpines et de steppes. La région est pratiquement dépourvue d'habitants, la seule activité humaine étant l'élevage[1].
14
+
15
+ Le fleuve descend du plateau en franchissant des gorges profondes orientées dans un premier temps vers le sud-est puis vers le nord-est en contournant le mont Amnye Machen. La pente est de 2 mètres par kilomètre. Le cours du fleuve prend alors une direction est en passant entre les monts Xiqing et les monts Min. En quittant ces gorges le fleuve quitte le plateau du Tibet peu avant la ville de Lanzhou. Depuis sa source il a alors franchi 1 165 kilomètres. Le bassin versant du cours supérieur d'une superficie de 124 000 km2 est composé essentiellement de terrains montagneux, difficilement accessibles et peu peuplés caractérisés par un climat froid.
16
+
17
+ Sur son cours moyen, qui s'étire sur 2 900 kilomètres, le fleuve effectue une grand boucle qui draine le plateau de loess. Le fleuve se dirige d'abord vers le nord-est sur 880 km en traversant les terrains sableux du nord de la province du Ningxia et de la partie occidentale du plateau d'Ordos. À cet endroit le fleuve traverses plusieurs gorges et comprend de nombreux rapides. Le cours du fleuve tourne ensuite à 90° et se dirige sur 800 km vers l'est en traversant les plaines alluviales de la Mongolie intérieure. La pente est très faible (9 centimètres par kilomètre) et le fleuve s'étale en de nombreux chenaux créés durant le dernier millénaire pour irriguer les terres agricoles. Le fleuve tourne ensuite de nouveau de 90° en se dirigeant vers le sud sur 715 kilomètres. Il sépare les provinces du Shaanxi et du Shanxi. Dans cette partie, le fleuve circule initialement dans des gorges étroites (45 à 60 mètres) et profondes de plus de 100 mètres puis s'élargit progressivement après avoir reçu les eaux de ses deux affluents les plus longs : les rivières Fen en provenance de la province de Shanxi et Wei dont le cours se situe dans la province de Shaanxi. Au niveau de son confluent avec la rivière Wei, le fleuve modifie brutalement son cours en prenant la direction de l'est sur 480 kilomètres. Il s'engage dans une série de gorges étroites entre les monts Zhongtiao et les monts Qinling. La pente moyenne, qui est de 20 centimètres par kilomètres, est particulièrement accentuée dans les 160 derniers kilomètres. Le fleuve débouche dans la grande plaine du Nord de la Chine au niveau de la ville de Zhengzhou dans la province de Henan.
18
+
19
+ Sur son cours inférieur, le fleuve Jaune traverse notamment les villes de Kaifeng, Wuhai, Baotou, Jinan (capitale du Shandong) et se jette finalement dans la mer de Bohai sous la forme d'un delta.
20
+
21
+ En aval de Zhengzhou, le fleuve Jaune pénètre dans la grande plaine du Nord de la Chine. Celle-ci s'est formée il y a 25 millions d'années à la suite du comblement progressif d'une mer peu profonde qui occupait la région par les sédiments transportés par le fleuve Jaune et d'autres rivières. Pratiquement plate, les seuls reliefs sont constituées par les collines basses de la péninsule du Shangdong situées en son centre. La plaine abrite une population dense et est depuis des millénaires une des principales régions agricoles de la Chine. Au cours de cette période le fleuve a changé son cours à de nombreuses reprises et les habitants ont très tôt construit des réseaux de digues pour contrôler ses débordements et exploiter ses eaux pour irriguer les cultures.
22
+
23
+ Le cours inférieur du fleuve Jaune qui est long d'environ 700 km est caractérisé par une pente très faible (5 centimètres par kilomètre). Les dépôts de sédiments ont rehaussé progressivement le lit du fleuve corseté par le réseau de digues si bien le niveau des eaux est 5 à 11 mètres au-dessus de la campagne environnante. Le delta du fleuve commence 80 kilomètres avant son embouchure dans le golfe de Bohai. D'une superficie de 5 400 km², il est constitué par une vaste zone marécageuse couverte de roseaux. Du fait de la présence d'une barre sableuse à l'embouchure, celle-ci ne peut être franchie que par des navires de faible tirant d'eau. Les sédiments transportés par le fleuve accroissaient autrefois la superficie du delta. Entre 1870 et 1970, le delta s'est avancé dans le golfe de 19 km. Mais la construction des barrages à partir des années 1950 a réduit la quantité de sédiments transportés et le delta tout en continuant à s'étendre s'est en même érodé sur certaines parties.
24
+
25
+ En 1938, le Kuomintang détruit des digues retenant le fleuve dans le but de ralentir l'avancée de l'armée japonaise, ce qui provoque de graves inondations et cause au moins 500 000 morts parmi la population locale.
26
+
27
+ Le fleuve Jaune est réputé pour ses crues désastreuses, au cours desquelles il a plusieurs fois changé de cours, avec parfois un parcours alternatif beaucoup plus méridional passant par le lac Hongze.
28
+
29
+ Les principaux affluents du fleuve Jaune sont en partant de sa source :
30
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+ Le fleuve Jaune traverse de vastes régions agricoles et industrielles qui subissent un climat caractérisé par des précipitations à la fois insuffisantes et très irrégulières. Par ailleurs le fleuve jaune est sujet à des crues violentes dues à la concentration des précipitations. Pour irriguer les terres agricoles, réduire l'impact des crues mais également produire de l'électricité et assurer l’alimentation en eau de l’industrie et de la population, le cours du fleuve Jaune comprend environ 10 000 réservoirs ayant une capacité totale de 62 milliards de m³ et 23 grands barrages ayant une capacité installée de 10 Gw et produisant en moyenne 40 TWh par an. Les principaux barrages sont[2] :
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+ Depuis le milieu des années 1980 le niveau de pollution, qui était déjà élevé, a encore été multiplié par deux[18].
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+ La pollution, par les métaux lourds et métalloïdes notamment, (abondamment retrouvés dans les sédiments de l'estuaire[19]) provient de la concentration d'usines de l'industrie chimique et pharmaceutique installées le long du fleuve et de ses affluents, notamment à Shizuishan, actuellement considérée comme l'une des villes les plus polluées du monde[20].
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+ Par suite d'un essor économique brutal, des prélèvements d'eau importants sur le fleuve Jaune liés à la prolifération d'exploitations agricoles, de villes, et d'usines, provoquent l'asséchement du fleuve[20]. La prélèvement d'eau représente en effet 70 % du débit total moyen à long terme du fleuve Jaune. La période durant laquelle le fleuve s'assèche avant d'atteindre la mer ne cesse de s'allonger d'année en année - à peu près 200 jours en 1997[21]. Cette situation pousse les autorités à pomper l'eau de la nappe phréatique à une vitesse qui dépasse la recharge de la nappe, de sorte que son niveau baisse inexorablement[22]. Ce phénomène est l'un des problèmes de pénurie d'eau les plus sensibles de la planète, du fait que le fleuve draine un immense bassin céréalier qui alimente une population très nombreuse. Il ne s'agit que de l'un des nombreux problèmes d'utilisation non durable de l'eau que l'on rencontre aujourd'hui dans le monde[23].
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+ Le fleuve Jaune est un exemple extrême d'un cours d'eau ayant virtuellement perdu toutes ses fonctions écosystémiques et naturelles en raison de la gravité des altérations anthropiques portées au régime hydrologique et à l'écosystème fluvial.
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+ Le fleuve Jaune à Lanzhou, vu depuis la colline de la grande pagode blanche.
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+ Xian de Zoigê au Sichuan.
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+ Le fleuve Jaune dans la province du Qinghai (plateau de Lœss).
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+ À Wuhai en Mongolie-Intérieure.
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+ Le fleuve Jaune à Lanzhou.
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+ Kaifeng.
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+ Œuvres principales
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+ Le Journal d'Anne Frank
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+ Annelies Marie Frank, plus connue sous le nom d’Anne Frank, née le 12 juin 1929 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne, sous la République de Weimar, et morte en février 1945 ou mars 1945 à Bergen-Belsen en Allemagne nazie, est une adolescente allemande, connue pour avoir écrit un journal intime. Celui-ci est rapporté dans le livre Le Journal d'Anne Frank, écrit pendant les deux années où elle se cachait avec sa famille à Amsterdam, aux Pays-Bas, alors sous occupation allemande, afin d'éviter la Shoah.
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+ La famille quitte Francfort pour Amsterdam à la fin de l’année 1933, afin d'échapper aux persécutions nazies à l'encontre des Juifs qui se multiplient depuis l’arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler en janvier. Alors que les dangers s'intensifient à Amsterdam occupée par les Allemands depuis mai 1940, les Frank se cachent en juillet 1942 dans un appartement secret aménagé dans l’Annexe de l'entreprise Opekta d'Otto Frank, le père. Anne a alors treize ans. Après deux ans passés dans ce refuge, où ils sont rejoints par quatre autres personnes, le groupe, sans doute trahi, est arrêté le 4 août 1944 puis déporté le 2 septembre 1944 vers le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. Sept mois après son arrestation, Anne meurt du typhus dans le camp de Bergen-Belsen, quelques jours après sa sœur Margot Frank. Le camp est libéré par des troupes britanniques le 15 avril 1945, Amsterdam est libérée le 5 mai 1945.
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+ Son père Otto, l'unique survivant du groupe, revient à Amsterdam à la fin de la guerre et apprend que le journal d'Anne, dans lequel elle relate sa vision des événements du 12 juin 1942 jusqu'au 1er août 1944, a été préservé. Convaincu du caractère unique de l'œuvre, Otto décide de la faire éditer : le texte original en néerlandais est publié en 1947 sous le titre Het Achterhuis: Dagboekbrieven van 12 Juni 1942 – 1 Augustus 1944 (La maison annexe : notes du journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944 en français). Décrit comme le travail d'un esprit mûr et perspicace, l'œuvre donne un point de vue intime et particulier sur la vie quotidienne pendant l'occupation nazie. Ce journal d'une adolescente au destin tragique a fait d'Anne Frank l'une des victimes emblématiques de la Shoah. Il a en effet été traduit du néerlandais dans de nombreuses langues et serait le livre le plus traduit et le plus lu dans le monde après la Bible[1]. Plusieurs films, téléfilms, pièces de théâtre et opéras en ont été tirés.
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+ Anne Frank, seconde fille d'Otto Heinrich Frank (12 mai 1889 – 19 août 1980) et d'Edith Frank-Holländer (16 janvier 1900 – 6 janvier 1945), naît le 12 juin 1929 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne. Elle a une sœur prénommée Margot (16 février 1926 – mars 1945). Son nom de naissance est Annelies Marie, mais pour sa famille et ses amis, elle est simplement « Anne ». Son père l'appelle parfois « Annelein » (« petite Anne »). La famille vit dans une communauté mixte de citoyens juifs et non-juifs, et les enfants grandissent en côtoyant des amis de confession catholique, protestante et juive. Les Frank sont juifs réformistes, pratiquant beaucoup des traditions de la foi juive, sans observer l'ensemble des coutumes. Dans la famille, Edith est la plus dévouée à sa foi. Otto Frank, ancien officier allemand décoré pendant la Première Guerre mondiale, veut poursuivre ses études et possède une importante bibliothèque ; les deux parents encouragent leurs filles à lire. En mars 1933, les élections pour renouveler le conseil municipal de Francfort voit le parti nazi d'Adolf Hitler l'emporter. Des manifestations antisémites ont immédiatement lieu, et les Frank commencent à craindre pour leur sécurité s'ils restent en Allemagne. Plus tard la même année, Edith et les enfants se rendent à Aix-la-Chapelle pour habiter avec Rosa Holländer, la mère d'Edith. Otto Frank reste à Francfort, mais après avoir reçu une offre pour démarrer une affaire à Amsterdam, il s'y rend pour organiser la société et préparer la venue de sa famille.
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+ Otto commence à travailler chez Opekta Works, une société qui vend la pectine extraite des fruits, et trouve un appartement à Merwedeplein dans la banlieue d'Amsterdam. En février 1934, Edith et les enfants arrivent à Amsterdam et les deux filles sont inscrites à l'école ; Margot dans une école publique et Anne dans une école montessorienne. Margot montre ses facultés en arithmétique et Anne découvre ses aptitudes à la lecture et l'écriture. Son amie Hannah Goslar se rappellera plus tard que pendant sa tendre enfance, Anne écrivait régulièrement, cachant ses écrits avec sa main et refusant de discuter du contenu de ceux-ci. Ces écrits précoces n'ont pas traversé l'histoire et ont été égarés. Anne et Margot ont deux personnalités bien distinctes ; Margot est maniérée, réservée et studieuse tandis qu'Anne est expressive, énergique et extravertie. En 1938, Otto Frank démarre une seconde affaire en partenariat avec Hermann Van Pels, un boucher qui avait fui Osnabrück en Allemagne avec sa famille. En 1939, la mère d'Edith vient vivre avec les Frank et reste avec eux jusqu'à sa mort en janvier 1942. En mai 1940, l'Allemagne envahit les Pays-Bas. Le gouvernement d'occupation commence à persécuter les Juifs en instaurant des lois répressives et discriminatoires, l'inscription obligatoire et la ségrégation des Juifs s'ensuivent rapidement. Margot et Anne excellent alors dans leurs études et ont de nombreux amis, mais l'application d'un décret statuant que les enfants juifs ne peuvent suivre des cours que dans des écoles juives, elles sont contraintes de s'inscrire au lycée juif.
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+ Pour son treizième anniversaire le 12 juin 1942, Anne reçoit un carnet qu'elle avait montré à son père dans un magasin quelques jours plus tôt. Lorsqu'elle écrit, elle s'adresse à « Kitty », une amie imaginaire. Bien que ce soit un livre d'autographe, relié avec un morceau de tissu rouge et blanc et muni d'une petite fermeture à l'avant, Anne décide de l'utiliser comme journal. Elle commence à y écrire presque immédiatement, se décrivant personnellement, décrivant sa famille et ses amis, sa vie à l'école, ses « admirateurs » et les endroits du voisinage qu'elle aime visiter. Si ces premiers écrits montrent que sa vie est celle d'une écolière typique, ils abordent également les changements dont Anne est témoin depuis le début de l'occupation allemande. Quelques références sont apparemment occasionnelles et non soulignées. Néanmoins en quelques passages, Anne fournit plus de détails sur l'oppression grandissante. Par exemple, elle écrit à propos de l'étoile jaune que les Juifs sont obligés de porter en public, et liste quelques restrictions et persécutions qui bouleversèrent la vie de la population juive d'Amsterdam.
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+
19
+ Le 5 juillet 1942, Margot reçoit un avis de mobilisation du Bureau central de l’immigration juive (Zentralstelle für jüdische Auswanderung) lui ordonnant de se présenter pour être relogée dans un camp de travail. On explique alors à Anne le plan qu'Otto a préparé avec ses employés les plus fidèles et dont Margot avait eu connaissance depuis quelque temps : la famille va se cacher dans des pièces au-dessus et à l'arrière des bureaux de la société Opekta sur le Prinsengracht, une rue le long d'un des canaux d'Amsterdam.
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21
+ Le matin du 6 juillet 1942[2], la famille va s'installer dans la cachette. Leur appartement est laissé dans un désordre apparent pour donner l'impression qu'ils étaient partis soudainement, et Otto laisse une note indiquant qu'ils s'en étaient allés en Suisse. La nécessité du secret de l'opération les contraint d'abandonner le chat d'Anne, Moortje. Comme les Juifs n'ont pas le droit d'utiliser les transports publics, ils doivent marcher pendant plusieurs kilomètres depuis leur appartement, chacun revêtant plusieurs couches de vêtements pour qu'on ne s'aperçoive pas qu'ils transportent des valises. L'Annexe (Achterhuis) est un espace à trois niveaux à l'arrière du bâtiment auquel on accède par un palier situé au-dessus des bureaux de la société Opekta. Au premier niveau se trouvent deux petites pièces avec une salle de bains et des toilettes adjacentes. Au-dessus il y a un vaste espace ouvert avec une petite pièce adjacente. Depuis cette petite pièce une échelle donne sur le grenier. La porte de l’Annexe fut par la suite cachée par une bibliothèque pour éviter qu'elle ne soit découverte. L'immeuble principal, situé à un bloc de Westerkerk est un vieil immeuble typique des quartiers ouest d'Amsterdam.
22
+
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+ Victor Kugler, Johannes Kleiman, Miep Gies et Bep Voskuijl sont les seuls employés qui savent que la famille Frank se cache. Eux quatre, ainsi que Jan Gies, mari de Miep, et Johannes Hendrik Voskuijl, père de Bep, aident les clandestins pendant la durée de leur confinement. Ils sont le seul contact entre les occupants de l'Annexe et le monde extérieur ; ils les tiennent au courant des nouvelles de la guerre et des événements politiques. Ils subviennent à tous leurs besoins, assurent leur sécurité et les ravitaillent en nourriture, une tâche de plus en plus difficile à mesure que le temps passe. Anne évoque dans son journal leur dévouement et leurs efforts pour garder le moral des occupants de l'Annexe pendant les moments les plus dangereux. Ils sont tous conscients du fait qu'ils encourent la peine de mort s’ils sont pris à cacher des Juifs. Dans la journée, les clandestins doivent se montrer très prudents et rester silencieux afin que le personnel des bureaux ne les entende pas. À midi, lorsque les employés rentrent chez eux, les protecteurs se rendent souvent à l’Annexe pour y prendre leur repas. Les clandestins attendent toujours leur visite avec impatience.
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25
+ Le 13 juillet 1942, la famille Frank est rejointe par la famille Van Pels (rebaptisée « Van Daan » dans le livre — la plupart des noms ayant été modifiés, hormis la famille Frank) : Hermann, Augusta ou Auguste[4] (rebaptisée Petronella), et leur fils Peter âgé de 16 ans, puis en novembre par Fritz Pfeffer, un dentiste et ami de la famille. Anne écrit son plaisir d'avoir de nouvelles personnes à qui parler, mais des tensions surviennent rapidement dans le groupe, forcé de vivre dans un environnement restreint. Après avoir partagé sa chambre avec Pfeffer, elle le trouve insupportable, et elle se dispute avec Augusta, qu'elle considère comme une idiote. Ses relations avec sa mère sont également tendues et Anne écrit qu'elles ont peu de choses en commun, sa mère étant trop distante. Bien qu'elle ait parfois eu des disputes avec Margot, elle écrit à propos du lien inattendu qui se développa entre elles, bien qu'elle reste émotionnellement plus proche de son père. Quelque temps plus tard, après avoir d'abord écarté les avances du timide et maladroit Peter van Pels, elle s'aperçoit de ses sentiments naissants pour lui et ils ont peut-être une liaison[5].
26
+
27
+ Anne passe l'essentiel de son temps à lire et étudier, tout en continuant à écrire son journal. En plus de fournir une description des événements dans leur ordre chronologique, elle écrit également à propos de ses sentiments, sa peur de vivre cachée, ses croyances, ses ambitions parmi lesquelles celle de devenir journaliste et écrivain, des thèmes qu'elle ne pense pouvoir partager avec personne. À mesure que sa confiance dans son style d'écriture grandit et qu'elle devient plus mûre, les sujets qu'elle aborde deviennent plus abstraits, comme sa croyance en Dieu et la manière dont elle définit la nature humaine. Elle développa sa vision de l'avenir du peuple juif[5].
28
+
29
+ Jusqu'au printemps 1944, Anne écrit ses lettres pour elle seule, jusqu'au moment où elle entend, à la radio de Londres, le ministre de l'Éducation du gouvernement néerlandais en exil dire qu'après la guerre il faudrait rassembler et publier tout ce qui avait trait aux souffrances du peuple néerlandais pendant l'occupation allemande. Il cite à titre d'exemple, entre autres, les journaux intimes. Frappée par ce discours, Anne décide de publier un livre après la guerre, son journal devant servir de base. Elle entame alors un travail de réécriture, corrigeant ou supprimant les passages qu'elle juge peu intéressants, et en ajoutant d'autres en puisant dans sa mémoire[6]. Parallèlement, elle continue à écrire régulièrement son journal original jusqu'à sa dernière lettre qui date du 1er août 1944.
30
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31
+ Le 4 août 1944, entre 10 h et 10 h 30, l'Annexe est découverte par les services de sécurité de la police allemande (Grüne Polizei) soit sur l’indication d'un informateur qui n'a jamais pu être identifié formellement[7],[8], soit suite à une descente de police visant d'autres activités « illicites »[9]. Mené par le Schutzstaffel Oberscharführer Karl Silberbauer du Sicherheitsdienst, le groupe comprend au moins trois membres hollandais au service de la police allemande, en civil mais armés. Lorsque Silberbauer entre dans la maison, il semble savoir précisément où il doit se rendre. Il se dirige droit vers la « porte-bibliothèque » pivotante qui cache la porte d'accès à l'Annexe et exige qu'on l'ouvre. Silberbauer poste quelques hommes dans l'Annexe en attendant l'arrivée d'un véhicule pour emmener les clandestins. Alors qu'il interroge Otto Frank, Silberbauer voit une sacoche en cuir dont il vide le contenu, sans doute avec l'idée d'y trouver des bijoux. Elle ne contient que des feuilles de papier et divers livres. Parmi eux se trouve le journal d'Anne. Le SS demande alors à Otto, s'il se trouve dans la cachette quelques bijoux ou de la monnaie. Otto lui indique alors de la main les meubles contenant les quelques bijoux et monnaies en leur possession. Silberbauer poursuit son interrogatoire en demandant ensuite depuis quand ils vivaient reclus dans leur cachette. « Deux ans » lui répondit-on. Devant l'incrédulité du nazi face à une telle durée, Otto fait remarquer alors, sur le mur à côté de l'officier, de nombreux traits horizontaux marqués à l'encre violette. Ces diverses lignes étaient datées depuis le début de leur cachette en 1942 et représentaient les poussées de croissance de Margot et d'Anne. Alors que le sous-officier indique à voix haute qu'il octroie cinq minutes aux clandestins pour réunir leurs affaires, il continue de parler avec Otto et fut particulièrement surpris d'apprendre que ce dernier est vétéran de la Grande Guerre, avec le grade d'officier dans l'armée de terre allemande au moment de l'armistice de 1918.
32
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33
+ Toutefois, selon une étude publiée en 2016 par la Maison d'Anne Frank, il se pourrait que les personnes dénoncées à la police ne fussent pas les Frank. Il y avait dans l'immeuble des trafiquants de coupons illégaux d'alimentation, qui, d'ailleurs, en fournissaient aux Frank. De plus, la compagnie employait du personnel non déclaré. « Une compagnie où des gens travaillaient illégalement et où deux représentants de commerce avaient été arrêtés pour trafic de coupons d'alimentation courait évidemment le risque d'attirer l'attention des autorités », lit-on dans cette étude, qui relève encore que les policiers qui découvrirent la famille Frank n'étaient pas occupés en général à la traque des Juifs, mais à des enquêtes sur des affaires de monnaie, de garanties financières et de bijouterie[10].
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35
+ Les occupants de l'Annexe sont embarqués dans des camions et emmenés pour être interrogés. Victor Kugler et Johannes Kleiman sont emmenés puis emprisonnés, tandis que Miep Gies et Bep Voskuijl ne sont pas interpellées. Plus tard, elles reviennent à l'Annexe où elles trouvent le journal et les écrits d'Anne, plus de 300 pages manuscrites, éparpillées sur le sol. Elles les récupèrent ainsi que plusieurs albums de famille et Miep cache le tout dans le tiroir de son bureau, projetant de les rendre à Anne après la guerre. Les clandestins sont transportés au quartier général de la Gestapo où ils sont interrogés et détenus toute la nuit. Le 5 août, ils sont transférés à la Huis van Bewaring (maison de détention), une prison surpeuplée sur le Weteringschans[11]. Deux jours plus tard les huit prisonniers sont transportés à Westerbork (camp de regroupement et de transit), situé aux Pays-Bas. À l'époque, plus de 100 000 Juifs y transitent. Ayant été arrêtés alors qu'ils se cachaient, ils sont considérés comme criminels et sont donc envoyés aux baraquements disciplinaires pour y réaliser de lourds travaux[12]. Dans la journée, ils doivent ouvrir des piles et en retirer le métal. C’est un travail salissant et le métal est nocif, mais les prisonniers ont le droit de se parler et Anne et Peter restent la plupart du temps ensemble dès qu'ils en ont la possibilité.
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+ Le 3 septembre 1944, le groupe est déporté avec ce qui fut le dernier convoi de Westerbork pour le camp d'extermination d'Auschwitz, où ils arrivent dans la nuit du 5 au 6 septembre 1944 après un voyage de trois jours. Les prisonniers reçoivent l’ordre de laisser leurs bagages dans le train. Sur place, tous sont séparés selon leur sexe, de sorte que les femmes et les hommes ainsi séparés ne se revirent jamais. Otto Frank est alors séparé de sa femme et de ses filles : « Jamais je n'oublierai le regard de Margot », dira-t-il plus tard. Sur les 1 019 passagers du convoi, 549 personnes dont la totalité des enfants âgés de moins de quinze ans, sont envoyés directement dans les chambres à gaz où ils trouvent la mort. Anne qui a fêté ses quinze ans trois mois plus tôt est épargnée et bien que tous les membres de l'Annexe aient survécu à cette sélection, Anne crut alors que son père avait été tué. Avec d'autres femmes non sélectionnées pour une mort immédiate, Anne est forcée de se dévêtir pour être désinfectée, avoir sa tête rasée au plus court et enfin être tatouée avec un numéro d'identification sur son bras. Edith, Margot et Anne sont ensemble dans la même baraque, tandis qu'Augusta se trouve sans doute dans une autre partie du camp. Bloeme Evers-Emden parle parfois avec elles, qu’elles connaissaient du lycée juif d’Amsterdam. Après la guerre, elle déclare : « Il m’est arrivé de leur parler. Elles étaient toujours ensemble, la mère et ses deux filles. Les irritations que l’on devine dans le Journal avaient complètement disparu par les circonstances. Il fallait survivre. Elles étaient toujours toutes les trois et elles se sont sûrement beaucoup soutenues mutuellement. » Le jour, les femmes sont utilisées comme travailleuses esclaves ; la nuit, elles sont enfermées dans des baraquements bondés et glaciaux. Les maladies foisonnent et Anne devient sérieusement infectée par la gale. Otto, Fritz, Hermann et Peter restent ensemble. Peter a de la chance, il obtient une place au bureau de poste du camp. Les gardes et les prisonniers non-juifs ont le droit de recevoir du courrier. Ce poste lui permet de se procurer un peu de nourriture supplémentaire de temps en temps.
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39
+ Le 28 octobre 1944, devant l'avancée de l'Armée rouge, les SS décident d'évacuer une partie du camp afin de diriger vers l’Allemagne les prisonniers qui sont encore capables de travailler. De nouvelles sélections commencent alors parmi les femmes pour être relogées à Bergen-Belsen. Plus de 8 000 d'entre elles, dont Anne et Margot, sont ainsi déplacées. Edith reste seule à Auschwitz. Après un voyage en train de trois jours, Margot et Anne arrivent exténuées à Bergen-Belsen. Le nombre de prisonniers venant d’autres camps ne cesse d’augmenter. Le camp est déjà surpeuplé lorsqu’elles arrivent. Elles sont tout d’abord abritées par des tentes dressées pour parer à l'afflux des prisonnières, mais lorsque quelques jours après leur arrivée une tempête éclate, toutes les tentes sont détruites. Elles rejoignent alors les baraques où s’entassent trop de détenues. On les fait travailler au recyclage des vieilles chaussures qui affluent de toute l'Allemagne[13]. À mesure que la population s'accroît, le taux de mortalité dû aux nombreuses maladies augmente rapidement.
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+ Fin novembre, un nouveau transport arrive d’Auschwitz. Parmi les prisonnières se trouve Augusta. Elle retrouve Margot et Anne. Mais après quelques mois, elle doit quitter le camp pour Raguhn, qui fait partie du camp de concentration de Buchenwald. Puis de Raguhn, elle est transférée à Theresienstadt. Elle meurt quelque part en route, entre l’Allemagne et la Tchécoslovaquie, entre le 9 avril et le 8 mai 1945. À Bergen-Belsen, Anne est brièvement réunie avec deux amies, Hanneli Goslar (surnommée « Lies » dans le journal) et Nanette Blitz, qui survivent toutes deux à la guerre. Blitz décrivit par la suite Anne comme étant chauve, tremblante, les traits émaciés. Goslar dit que bien qu'Anne ait été malade, elle lui dit qu'elle était plus inquiète pour Margot, dont la maladie semblait plus sérieuse et qui restait allongée sur sa couchette, trop faible pour marcher. Anne leur dit également qu'elle pensait que leurs parents étaient morts. Hanneli a déjà passé un an à Bergen-Belsen, mais elle se trouve dans une autre partie du camp. Lorsque Augusta lui apprend qu'Anne est là, elle est étonnée car elle la croyait en Suisse avec sa famille. Elle souhaite vivement rencontrer son amie, mais pour cela elle doit ruser, les différentes parties du camp étant séparées par des bottes de paille, des grilles et des fils barbelés. Les deux amies parviennent finalement à se parler à travers les barrières, mais elles ne peuvent se voir. Elles pleurent beaucoup lors de leur première rencontre. Anne raconte qu'elle est rasée et qu'elle a beaucoup maigri. Elle craint que ses parents ne soient morts. Lorsqu'elles se rencontrent de nouveau, Hanneli a apporté un paquet pour Anne, contenant des vêtements et de la nourriture. Elle le jette par-dessus la grille. Elle entend Anne hurler. Anne lui dit en pleurant qu'une autre détenue s'est emparée du paquet. Hanneli lui promet de lui apporter un autre paquet le lendemain. C'est ce qu'elle fait et cette fois, Anne l'attrape. Elles se rencontrent encore quelques fois, mais vers la fin du mois de février 1945, Anne change de baraque et dès lors elles ne se voient plus.
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+ Durant les premiers mois de 1945, il neige souvent à Bergen-Belsen et Anne et Margot souffrent du froid. Il arrive qu'elles soient privées de nourriture pendant de longues périodes. Dans leur baraque, elles se trouvent près de la porte et sont exposées aux courants d'air. Elles n'ont plus de vêtements chauds et régulièrement, on les entend demander que l'on ferme la porte, étant trop faibles pour se lever. En mars 1945, une épidémie de typhus, une maladie contagieuse propagée par les poux, se propage dans le camp, tuant environ 17 000 prisonniers. La nourriture est insuffisante et les conditions d’hygiène sont dramatiques. Des témoins certifièrent que Margot tomba de sa couchette dans son état de faiblesse extrême et succomba au choc, et que quelques jours plus tard Anne mourut à son tour. Ils estiment que ceci se passa quelques semaines avant que le camp ne soit libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945, et bien que les dates exactes n'aient pas été conservées, il est généralement reconnu que cela eut lieu entre la fin février et le milieu du mois de mars. Lors de ses derniers jours, c'est Gena Turgel, une autre déportée, qui prit soin d'elle[14]. Les corps des deux jeunes filles se trouvent sûrement dans la fosse commune de Bergen-Belsen.
44
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45
+ Après la guerre, il fut estimé que sur les 110 000 Juifs déportés des Pays-Bas pendant l'occupation nazie, seuls 5 000 ont survécu.
46
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47
+ Une étude réalisée en 2015 par des historiens travaillant pour l'institution Maison Anne Frank avancent d'au moins un mois la date de la mort des deux sœurs. Cette institution déclare que « le jour de leur mort a plus probablement eu lieu en février ». Elles souffraient du typhus dès la fin du mois de janvier. Or la « plupart des décès dus au typhus ont lieu douze jours après l'apparition des premiers symptômes », d'après l'Institut néerlandais pour la santé publique. « Il est donc improbable qu'elles aient survécu jusqu'à la fin du mois de mars », comme on le pensait jusque-là[18].
48
+
49
+ Otto Frank survit au camp d'Auschwitz et est libéré par l'Armée rouge le 27 janvier 1945. Il revient à Amsterdam et cherche à savoir ce que sont devenues sa femme et ses filles. Il garde espoir de les retrouver. Il est informé que sa femme est morte à Auschwitz et que ses filles avaient été transférées à Bergen-Belsen. Finalement, la Croix-Rouge lui apprend en juin 1945 les décès d'Anne et Margot. C'est seulement à ce moment que Miep lui donne le journal d'Anne qu'elle avait réussi à sauver. Otto le lit et expliquera plus tard qu'il ne s'était pas rendu compte qu'Anne avait conservé une trace aussi précise et bien écrite du temps qu'ils avaient passé ensemble. Sachant qu'Anne désirait devenir écrivain, il commence à envisager de le publier. Quand on lui demanda plusieurs années plus tard quelle avait été sa première réaction, il dit simplement : « Je ne savais pas que ma petite Anne était aussi profonde[19]. »
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+ Le journal d'Anne débute avec l'expression privée de ses pensées et elle y écrit plusieurs fois qu'elle n'autoriserait jamais personne à le lire. Il décrit sa vie de manière candide, ses familles et ses compagnons, leur situation, tout en commençant à reconnaître les ambitions de son auteure d'écrire et publier des œuvres de fiction. Au printemps 1944, à la suite de l'émission de Radio Londres au cours de laquelle elle entendit le ministre de l'Éducation du gouvernement néerlandais en exil dire que lorsque la guerre serait terminée, il rendrait publics les témoignages de l'oppression du peuple néerlandais sous l'occupation allemande, elle commença à corriger ses écrits, supprimant des sections, en réécrivant d'autres, dans le but de les publier. Son journal original fut agrémenté de plusieurs autres carnets de notes et feuilles volantes. Elle créa des pseudonymes pour les membres de l'Annexe et les personnes qui les avaient aidés. La famille van Pels devint Hermann, Petronella, et Peter van Daan, et Fritz Pfeffer devint Albert Düssell. Otto utilisa son journal original, connu sous le nom de « version A », et la version corrigée, connue sous le nom de « version B », pour produire la première publication du journal. Il supprime certains passages, principalement ceux parlant de sa femme dans des termes peu flatteurs, ainsi que des sections décrivant la puberté d'Anne. Bien qu'il ait restauré les identités véritables des membres de sa famille, il ne modifie pas les autres pseudonymes.
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+ Otto donne le journal à l'historienne Annie Romein-Verschoor, qui essaye sans succès de le publier. Elle le donne alors à son mari Jan Romein, qui écrivit un article au sujet du journal intitulé « Kinderstem » (« La Voix d'un Enfant »), publié dans le quotidien Het Parool le 3 avril 1946. Il écrit que le journal « bégayé par la voix d'un enfant, incarne toute la cruauté du fascisme, plus que toutes les preuves que le procès de Nuremberg ait pu réunir[20]. » Son article attire l'attention d'éditeurs, et le journal est publié en 1947, suivi d'une seconde publication en 1950. La première version américaine est publiée en 1952 sous le titre Anne Frank: The Diary of a Young Girl (Anne Frank : Le Journal d'une jeune fille). Une pièce basée sur le journal, par Frances Goodrich et Albert Hackett, est présentée en première à New York le 5 octobre 1955 avant de gagner plus tard le prix Pulitzer dans la catégorie Drames. Elle est suivie en 1959 par le film The Diary of Anne Frank (Le Journal d'Anne Frank), qui est un succès critique et commercial. Au fil des années la popularité du journal grandit et dans plusieurs écoles, en particulier aux États-Unis, il est intégré dans le programme scolaire, faisant ainsi découvrir Anne Frank à de nouvelles générations de lecteurs.
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+ En 1986, l'Institut national des documents de guerre des Pays-Bas publia une édition critique du journal. Elle incluait des comparaisons de toutes les versions connues, publiées. Il incluait aussi des commentaires certifiant l'authenticité du journal ainsi que des informations historiques supplémentaires sur la famille Frank et le journal lui-même.
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+ En 1999, Cornelis Suijk, un ancien directeur de la fondation Anne-Frank et président du centre américain pour l'éducation sur la Shoah, annonça qu'il était en possession de cinq pages qui avaient été enlevées du journal par M. Frank avant sa publication ; Suijk déclara qu'Otto Frank lui avait donné ces pages avant sa mort en 1980. Les passages manquants du journal contenaient des remarques critiques d'Anne par rapport aux tensions entre ses parents, et montrent le peu d'affection d'Anne envers sa mère[21].
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+ Une controverse apparut quand Suijk réclama ses droits de publication sur les cinq pages et voulut les vendre pour collecter de l'argent pour sa fondation américaine. L'Institut National des Documents de Guerre des Pays-Bas, le précédent propriétaire du manuscrit, réclama la restitution des pages en question. En 2000, le ministre hollandais de l'Éducation, de la Culture et des Sciences conclut un accord avec la fondation de Suijk en lui versant 300 000 USD et les pages furent rendues en 2001. Depuis lors, elles ont été incluses dans les nouvelles éditions du journal.
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+ Dans son introduction de la première publication américaine du journal, Eleanor Roosevelt le décrivit comme « un des plus sages et bouleversants témoignages sur la guerre et son impact sur les êtres humains que j'aie jamais lu ». L'écrivain russe Ilya Ehrenbourg dit plus tard : « une voix parle pour six millions d'autres – la voix non pas d'un sage ou d'un poète mais d'une petite fille ordinaire. » À mesure que la stature d'Anne Frank en tant qu'écrivain et humaniste s'affirmait, on parla d'elle de manière spécifique comme de l'un des symboles de la Shoah et plus gén��ralement comme le symbole de la persécution. Hillary Clinton, dans le discours qu'elle prononça lorsqu'elle reçut le prix humanitaire Elie-Wiesel en 1994, lut Le Journal d'Anne Frank et parla d'elle comme « nous éveillant à la folie de l'indifférence et au terrible prix qu'elle faisait peser sur notre jeunesse », que Clinton reliait aux événements alors en cours à Sarajevo en Somalie et au Rwanda[22].
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+ Après avoir reçu un prix humanitaire de la Fondation Anne-Frank en 1994, Nelson Mandela, s'adressant à la foule à Johannesbourg, déclara qu'il avait lu Le Journal d'Anne Frank pendant son emprisonnement et que celui-ci lui avait donné beaucoup de courage. Il compara la lutte d'Anne Frank contre le nazisme avec sa lutte contre l'Apartheid, décrivant un parallélisme entre les deux philosophies avec le commentaire « parce que ces croyances sont évidemment fausses, et parce qu'elles étaient, et seront toujours, défiées par des personnes semblables à Anne Frank, elles sont vouées à l'échec[23] ».
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+ Le journal a aussi été reconnu pour ses qualités littéraires. Commentant le style d'écriture d'Anne Frank, le dramaturge Meyer Levin, qui travailla avec Otto Frank sur la mise au point d'un drame basé sur le journal peu de temps après sa publication[24], loua sa capacité à « entretenir la tension d'une nouvelle bien construite », tandis que le poète John Berryman écrivit qu'il s'agissait d'une description unique, non seulement de l'adolescence mais aussi « du processus mystérieux et fondamental d'un enfant devenant adulte comme si cela était en train de se dérouler ». Sa biographe Melissa Müller dit qu'elle écrivait « dans un style précis, économique et confiant époustouflant d'honnêteté ». Son écriture est principalement une étude de caractères et elle examine chaque personne de son cercle avec un regard judicieux et intransigeant. Elle est parfois cruelle et souvent biaisée, en particulier dans sa description de Fritz Pfeffer et de sa propre mère. Müller explique qu'elle canalisa les sautes d'humeur normales de l'adolescence par ses écrits. Son examen personnel et celui de son entourage est soutenu pendant une longue période de manière très critique, analytique et introspective, et dans des moments de frustration elle dépeint la bataille intérieure dont elle fait l'objet entre la « bonne Anne » qu'elle voudrait être, et la « mauvaise Anne » qu'elle pense incarner. Otto Frank rappela plus tard son éditeur pour lui expliquer la raison pour laquelle il pensait que le journal avait été lu par tant de monde ; selon lui « le journal aborde tant d'étapes de la vie que chaque lecteur peut y trouver quelque chose qui l'émouvra personnellement ».
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+ En juin 1999, Time Magazine publia une édition spéciale intitulée TIME 100 : Heroes & Icons of the 20th century ; une liste des politiciens, artistes, innovateurs, scientifiques et personnalités les plus influentes du XXe siècle. Anne Frank fut choisie pour en faire partie. L'écrivain Roger Rosenblatt, auteur de Children of War, écrivit le passage consacré à Anne Frank[25] dans lequel il décrit son héritage : « Les passions déchaînées par ce livre suggèrent qu'Anne Frank appartient à tous, qu'elle s'est élevée au-dessus de la Shoah, du judaïsme, de la féminité et du bien, pour devenir une icône du monde moderne — la moralité individuelle assaillie par le mécanisme de la destruction, insistant sur le droit de vivre, questionnant et espérant pour le futur de la condition humaine. »
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+ Son authenticité ayant été contestée par l'historien Pierre Vidal-Naquet et l'anthropologue Claude Karnoouh[26] (ils n’en contestent pas l’existence, mais affirment que son père l’a réécrit, supprimant les passages intimes et en rajoutant d’autres), le Journal d’Anne Frank est devenu un enjeu politique entre les défenseurs du devoir de mémoire envers la Shoah et les négationnistes, qui incitèrent Teresien da Silva à déclarer en 1999 : « Pour beaucoup de mouvements politiques d’extrême droite, Anne s’avère être un obstacle. Son témoignage personnel de la persécution des Juifs et sa mort dans un camp de concentration empêchent la réhabilitation du national socialisme. »
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+ Depuis les années 1970, la négation de la Shoah constitue un crime dans plusieurs pays d’Europe, dont l’Allemagne, et la loi a été utilisée pour prévenir une recrudescence des activités néo-nazies.
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+ Mais les contestations des négationnistes n'ont pas attendu les doutes des historiens sur l'authenticité du texte : dès 1958, Simon Wiesenthal fut défié par un groupe de manifestants lors de la représentation théâtrale du Journal d'Anne Frank à Vienne, de prouver qu'Anne a bien existé, en retrouvant l’homme qui l’avait arrêtée. Wiesenthal commença à chercher Karl Silberbauer et le trouva en 1963. Lors de son interview, Silberbauer admit directement son rôle, et identifia Anne Frank à partir d’une photographie comme étant l’une des personnes arrêt��es. Il fournit un compte rendu complet des événements et se rappela qu’il avait vidé une valisette pleine de papiers sur le sol. Ses déclarations corroborèrent la version des événements qui avait précédemment été présentée par des témoins oculaires comme Otto Frank. Aucune charge ne put être retenue contre Silberbauer, qui n'avait fait que suivre les ordres. Les informations qu’il donna ne permirent pas à Wiesenthal de trouver le dénonciateur de la famille Frank, qui reste une énigme pour les historiens[8].
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+ À Lübeck en 1959, Otto Frank attaqua en justice Lothar Stielau, un professeur d'école, ancien membre des Jeunesses hitlériennes, qui avait publié un prospectus scolaire décrivant le journal comme une contrefaçon. La Cour de justice examina le journal et, en 1960, le déclara comme étant authentique. Stielau rétracta ses précédentes déclarations et Otto Frank arrêta la procédure judiciaire.
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+ Depuis les années 1970, le négationniste David Irving a affirmé de manière régulière que le journal n'était pas authentique[27].
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+ En 1976, M. Frank engagea une autre procédure contre Heinz Roth de Francfort, qui avait également publié des pamphlets proclamant que le journal était une contrefaçon. Le juge statua que s'il publiait de nouveaux écrits de ce type, il serait passible de 500 000 Deutsche Mark d'amende et d'une peine de six mois de prison. Deux autres plaintes furent rejetées par des tribunaux allemands en 1978 et 1979 sur base de la liberté d'expression, car la plainte n'avait pas été déposée par une des parties visées par les écrits. La cour statua dans les deux cas que si la plainte avait été déposée par une partie concernée, comme Otto Frank, une charge pour calomnie aurait pu être retenue.
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+ La controverse atteignit son sommet avec, à la suite d'une nouvelle plainte d'Otto Frank, l'arrestation et le jugement de deux néo-nazis, Ernst Römer et Edgar Geiss, qui furent jugés coupables de produire et de distribuer de la littérature dénonçant Le Journal d'Anne Frank comme étant une contrefaçon. Quand ils firent appel de leur condamnation, une équipe d'historiens étudia les documents en collaboration avec Otto Frank, et conclut qu'ils étaient authentiques. En 1978, durant la procédure d'appel des jugements Römer et Geiss, le laboratoire du tribunal criminel allemand (Bundeskriminalamt, BKA) eut pour tâche d'examiner le type de papier et les types d'encres utilisées dans le manuscrit du journal. Bien que ses conclusions aient indiqué que l'encre avec laquelle le journal avait été écrit était utilisée pendant la guerre, le BKA conclut que « les corrections subséquentes appliquées sur les pages volantes ont été écrites avec des stylos à bille noirs, verts et bleus ». Bien que le BKA n'ait pas donné plus de précisions à propos de ces supposées corrections au stylo à billes, les négationnistes dénonçant l'authenticité du journal se sont focalisés sur cette phrase, car les stylos à bille ne sont devenus populaires qu'après la Seconde Guerre mondiale.
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+ Le BKA publia en juillet 2006 un communiqué de presse dans lequel il déclara que les recherches effectuées en 1980 ne peuvent en aucune manière être utilisées pour remettre en cause l'authenticité du Journal d'Anne Frank[28].
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+ En 1986, le Laboratoire national de sciences légales néerlandais de Rijswijk exécuta une autre expertise technique exhaustive du manuscrit. Bien que le BKA fût invité par ce laboratoire à indiquer sur quelles pages volantes il avait détecté des corrections au stylo à bille, celui-ci fut incapable de présenter un seul exemple. Le laboratoire lui-même trouva seulement deux pages de manuscrits rédigées avec de l'encre de stylo à bille, qui avaient été ajoutées dans les pages volantes du manuscrit. L'édition critique révisée du Journal d'Anne Frank (publiée en 2003) fournit des images (pages 167-171) de ces deux pages du manuscrit et dans le chapitre résumant les découvertes faites par le Laboratoire national de sciences légales hollandais, H.J.J. Hardy écrit à ce sujet :
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+ « Le seul passage au stylo à bille fut découvert sur deux morceaux de papier inclus parmi les feuilles volantes. Les figures VI-I-I et 3 montrent la manière dont ces morceaux de papier avaient été insérés dans le dossier plastique concerné. En tout état de cause, ces écrits au stylo à bille n'ont aucune influence sur le contenu factuel du journal. De plus, l'écriture observée sur ces morceaux de papier diffère de façon saisissante de celle du journal. »
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+ — page 167
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+ Une note de bas de page ajoute : « Le psychologue et expert en graphologie d'Hambourg Hans Ockleman déclare dans une lettre à la Fondation Anne Frank datée du 27 septembre 1987 que sa mère, Dorothea Ockleman, est l'auteur de ces morceaux de papier écrits au stylo à bille. Elle les écrivit quand elle collabora à l'étude des journaux avec Minna Becker. »
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+ Avec la mort d'Otto en 1980, le manuscrit original du Journal, ainsi que les lettres et les feuilles volantes, furent réclamés par l'Institut national des documents de guerre des Pays-Bas, qui demanda une étude légale au ministère de la Justice des Pays-Bas en 1986. Ils comparèrent le manuscrit et plusieurs exemplaires connus. Ils conclurent qu'ils concordaient mais aussi que le papier, la colle et l'encre utilisés étaient disponibles à l'époque à laquelle le journal est supposé avoir été écrit. Leur conclusion finale confirma l'authenticité du journal comme le fit également la Cour régionale de Hambourg le 23 mars 1990.
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+ Néanmoins, certains négationnistes ont persisté dans leurs affirmations selon lesquelles le journal est une contrefaçon. En 1991, Robert Faurisson et Siegfried Verbeke produisent un livret intitulé : Le Journal d'Anne Frank : une approche critique. Ils déclarent qu'Otto Frank était l'auteur du journal, basé sur le fait que le journal contient plusieurs contradictions, que se cacher dans l'annexe aurait été impossible et que le style et l'écriture d'Anne Frank ne seraient pas ceux d'une adolescente[29].
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+ En décembre 1993, la Maison Anne Frank à Amsterdam et la Fondation Anne-Frank de Bâle déclenchèrent une action au civil de manière à interdire la poursuite de la distribution du livret Le Journal d'Anne Frank : une approche critique aux Pays-Bas. Le 9 décembre 1998, la Cour du District d'Amsterdam statua en faveur des plaignants, rendant hors la loi tout déni concernant l'authenticité du journal, toute distribution des publications de même nature et imposa une amende de 25 000 florins par contravention constatée[30].
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+ Le 3 mai 1957, un groupe de citoyens, parmi lesquels Otto Frank, créa la fondation de la Maison d'Anne Frank dans le but initial de sauvegarder l'immeuble Prinsengracht menacé de démolition et de le rendre accessible au public[31]. Otto Frank insista sur le fait que l'objectif de la fondation serait de promouvoir les contacts et la communication entre les jeunes de différentes origines, cultures et religions, mais aussi de lutter contre l'intolérance et la discrimination raciale[32]. La Maison d'Anne Frank ouvrit ses portes le 3 mai 1960. La même année, Shelley Winters fait don de son premier Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, obtenu pour Le Journal d'Anne Frank, à la Fondation Anne-Frank. On peut à présent admirer la mythique statuette dorée au musée jouxtant l'immeuble. Elle comprend l'entrepôt et les bureaux de la société Opekta ainsi que l'Annexe, le tout non meublé de manière que les visiteurs puissent circuler librement dans les pièces. Certains effets personnels des précédents occupants sont restés, comme une affiche d'une star de cinéma collée au mur par Anne, un morceau de papier peint sur lequel Otto Frank marquait la taille de ses filles à mesure qu'elles grandissaient et une carte sur le mur où il notait l'avance des forces alliées, le tout étant protégé par du papier Perspex (Plexiglas). Depuis la petite pièce qui fut celle de Peter van Pels, une allée relie l'immeuble aux bâtiments voisins, également rachetés par la Fondation. Ces autres immeubles sont utilisés pour héberger le journal mais aussi des expositions qui présentent différents aspects de la Shoah et des études plus contemporaines sur l'intolérance raciale dans différentes parties du globe. La Maison d'Anne Frank est devenue l'attraction touristique la plus fréquentée d'Amsterdam avec plus d'un million et demi de visiteurs chaque année.
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+ En 1963, Otto Frank et sa seconde femme Elfriede Geiringer-Markovits établissent la Fondation Anne-Frank en tant qu'organisation caritative, basée à Bâle en Suisse. La Fondation collecte l'argent pour le donner à des causes qui lui semblent louables. Jusqu'à sa mort, Otto légua ses droits sur le journal à la Fondation, à la condition que les premiers 80 000 francs suisses de revenus annuels soient distribués à ses héritiers, le reste étant crédité à la Fondation à destination des projets que ses administrateurs jugent valables. Cela a permis de soutenir tous les ans le traitement médical des Justes parmi les nations, d'éduquer les jeunes contre le racisme et de prêter certains écrits d'Anne Frank au musée américain dédié au mémorial de l'Holocauste de Washington pour une exposition en 2003. Le rapport annuel de la même année permet de se faire une idée des efforts réalisés pour contribuer à un niveau plus global, avec le support de l'Allemagne, d'Israël, de l'Inde, de la Suisse, de l'Angleterre et des États-Unis[33].
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+ Des dizaines d'écoles à travers le monde ont été baptisées « Anne Frank », en souvenir de la jeune fille[34]. Son nom a également été donné à un astéroïde, peu après la Seconde Guerre mondiale ((5535) Annefrank). La vie et les écrits d'Anne Frank ont inspiré divers groupes d'artistes et commentateurs populaires, faisant référence à elle en littérature, musiques populaires, télévision, et d'autres formes de média. En 1959, son journal a été adapté pour le cinéma par George Stevens ; il a fait l'objet ensuite de plusieurs téléfilms et d'une adaptation japonaise en dessin animé (Anne no nikki, 1995).
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+ Le 30 juillet 2009, le journal est ajouté avec d'autres documents au Registre de la Mémoire du monde de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO)[35]. Le 30 septembre 2009, le musée Anne Frank annonce la publication des vidéos[36] montrant des images de la jeune fille[37].
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+ En 2007, le châtaignier situé devant la maison où Anne Frank se cachait, et dont elle parle plusieurs fois dans son fameux journal, est sauvé provisoirement de l'abattage. L'arbre, âgé de 150 ans, était malade et jugé dangereux, mais le conseil municipal décida de surseoir à la décision[38]. Le châtaignier est finalement renversé par une tempête[39] le 23 août 2010 ; les volontaires d'une fondation protégeant l'arbre tenteront de le faire repousser, grâce à l'accord du propriétaire du terrain[40].
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+ En France, en 2015, 95 établissements scolaires portent son nom, fait rare pour une personnalité étrangère[41].
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+ Le protestantisme est l'une des principales branches du christianisme avec le catholicisme et l'orthodoxie. Entendu largement, le protestantisme est l'ensemble des églises qui sont issues de la Réforme, selon Le Petit Larousse[1]. Selon cette perspective, le protestantisme englobe des mouvements variés, tels les luthériens, presbytériens, réformés, méthodistes, évangéliques (baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique évangélique et christianisme non-dénominationnel). En 2011, l'ensemble de ces Églises regroupent environ 37 % des chrétiens, soit 800 millions de protestants[2].
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5
+ La Réforme est le résultat du rejet des orientations prises par le catholicisme pendant le Moyen Âge (et qui ont été définitivement réaffirmées par Rome au concile de Trente). La Réforme a été menée sous l'impulsion de théologiens tels que Martin Luther, Ulrich Zwingli, Jean Calvin, Sébastien Castellion, parmi tant d'autres. Pierre Valdo, John Wyclif, Jan Hus, Lefèvre d'Etaples sont considérés comme des précurseurs de la Réforme. À la suite de ces théologiens, le protestantisme comprend des courants théologiques très divers. Au sein de la seule fédération protestante de France, on dénombre vingt-six unions d'Églises[3], tandis que, sur le plan international, ce sont environ trois cent vingt Églises issues du protestantisme qui participent au conseil œcuménique des Églises, aux côtés d'une trentaine d’Églises orthodoxes et des Églises vieilles-catholiques.
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7
+ Ce sont les adversaires de la Réforme qui, les premiers, utilisèrent ce quolibet en 1529, en Allemagne, en désignant les princes protestants et les villes libres[4],[5]. La plupart des princes-électeurs avaient choisi de suivre la réforme de Luther tolérée par Charles Quint, l'empereur élu par eux. Mais en 1529, ce fervent catholique change d'avis et ordonne le ralliement inconditionnel à l’Église catholique romaine. La promulgation de cette prescription, provoque le refus des princes : ils « protestent devant Dieu […] ainsi que devant tous les hommes » de leur refus d'admettre un décret qu'ils jugent contraire « à Dieu, à sa sainte Parole, à [leur] bonne conscience et au salut de [leur] âme »[6]. Plutôt attribué de façon péjorative, cet adjectif fut ensuite adopté comme substantif par les adeptes de la Réforme. En effet, la définition (vieillie ou littéraire) de ce mot est : Exprimer avec certitude, promettre avec force (à quelqu'un) que quelque chose est vrai, que quelque chose existe[7]. En revendiquant le sens positif de ce mot[8], les protestants affirment leur croyance, ils font profession de leur foi. De là l'origine du mot protestant[9]. La portée du mot est parfois restreinte aux seuls courants luthérien et réformé, dont la cohérence et l'unité ont été affirmées très tôt[10].
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9
+ Les débuts du protestantisme sont généralement datés du 31 octobre 1517, le moine augustin allemand et docteur en théologie Martin Luther publie les 95 Thèses dénonçant les travers de l’Église catholique romaine comme la vente des indulgences, et affirme que la Bible doit être la seule autorité sur laquelle repose la foi. Protégé par le duc Jean-Frédéric de Saxe (1503-1554), Luther brûle la bulle Exsurge Domine le menaçant d’excommunication en 1520.
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11
+ L'année 1521 est également considérée comme déterminante : en janvier, Martin Luther, devant la Diète de Worms, refuse de se rétracter, s’estimant soumis à l’autorité de la Bible et de sa conscience plutôt qu’à celle de la hiérarchie ecclésiastique[11] et est excommunié. Invoqués ici pour la première fois, l'appel direct à Dieu et à la conscience individuelle sont les marqueurs du protestantisme. Parmi les idées de Luther, l'accès de tous à la Bible sans discrimination sociale et l'égalité entre les hommes ont un fort écho dans la population majoritairement paysanne, à tel point qu'elles provoquent, au printemps 1525, le Bauernkrieg (guerre des paysans) dans le Saint-Empire romain germanique.
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13
+ Afin de mettre un terme rapide à cette explosion de violence contre la classe dirigeante, les princes se réunissent lors de la première diète de Spire, en 1526. Ils conviennent du décret de l'état d'urgence et décident que chaque prince choisit le culte à pratiquer dans son État, les opposants étant contraints de fuir vers un autre État favorable à leur foi. Cette confessionnalisation est déjà initiée à la fin de 1526 par Jean Ier de Saxe qui institutionnalisa le luthéranisme.
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15
+ Cependant, absent de cette assemblée formée par ses électeurs, Charles Quint demeure hostile à ces dispositions. Accusé par le Saint-Siège de soutenir Luther, Charles Quint décide d'endiguer la propagation des thèses luthériennes. Il convoque donc en 1529, avec son frère Ferdinand Ier, une seconde diète de Spire lors de laquelle il révoque toutes les concessions faites par les princes aux paysans. Ainsi, il réinstaure le culte catholique et la messe en latin. Ces derniers réagissent immédiatement sous la conduite de Jean de Saxe en émettant une protestation. Les princes signataires sont appelés « protestants », origine du mot protestant (voir supra).
16
+
17
+ Le luthéranisme se répand dans toute l'Europe le long des voies de communication commerciales du Nord. De nombreux princes allemands l'adoptent, ce qui va dans le sens de leur quête d'indépendance par rapport aux pouvoirs extérieurs qui régissent le Saint-Empire romain germanique : le pape et l'empereur. L'empereur Charles Quint, justement, est aux prises avec les Turcs qui conquièrent de plus en plus de territoires européens depuis la chute de Constantinople et menacent à présent l'Est de son empire ; il ne peut donc intervenir à l'encontre des princes qui deviennent protestants. Le luthéranisme devient religion d’État en Suède en 1529, puis au Danemark en 1536. En 1536, Jean Calvin publie en latin l’Institution de la religion chrétienne. En 1545, le concile de Trente réaffirme les dogmes et la discipline de l’Église catholique. Il se termine en 1563.
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+ Aux XVIe et XVIIe siècles, la France bascule dans les guerres de religion (1562-98) puis après une période de tolérance sous l'édit de Nantes, dans une proscription croissante du protestantisme associé à des violences : destruction de temples, enlèvement d'enfants, logement de troupes, interdiction d'exercice de certains métiers et charges, ce qui conduit, malgré l'interdiction faite également d'émigrer, à l'exode de quelque deux cent cinquante à trois cent mille personnes vers l'Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas et l'Angleterre[12].
20
+
21
+ Dans le Saint-Empire romain germanique, les troubles avaient pris fin dès 1555 avec la paix d'Augsbourg, qui promulguait le principe « un prince, une religion » et permettait donc de facto une tolérance, ceux qui étaient résolus à conserver leur religion étant libres de se déplacer, parfois de quelques kilomètres seulement, pour l'exercer librement[13].
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23
+ Les Pays-Bas faisaient exception à cette règle, les troubles religieux venant doubler le rejet de la mise sous tutelle de la Flandre et des Pays-Bas par les Habsbourg espagnols. La paix n'intervient qu'en 1648 (traité de Münster) à l'issue de la guerre de Quatre-Vingts Ans et consacre la division politique et religieuse des Pays-Bas : au sud, les Pays-Bas espagnols catholiques où le protestantisme est interdit, au nord les Pays-Bas indépendants, dirigés par des réformés et où le catholicisme, le luthéranisme et le mennonitisme sont tout juste tolérés[13].
24
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25
+ En Angleterre, les convenances personnelles du roi Henri VIII en matière matrimoniale le conduisent à rompre avec Rome. Née de ce schisme, l'Église anglicane conserve d'abord tous les aspects extérieurs du catholicisme mais évoluera graduellement vers le protestantisme tandis que le catholicisme poursuit son évolution divergente par le biais des doctrines promulguées après la rupture[13]. En Suisse, les cantons s'étaient déterminés séparément, les plus vastes et les plus puissants (Bâle, Zurich, Berne) basculant vers le protestantisme[13]. En Europe du Sud, les velléités du luthéranisme avaient été éteintes par l'Inquisition. Seule exception notable, la communauté hérétique dite vaudoise : lors du synode de Chanforan, la majeure partie de l'Église vaudoise choisit d'adhérer à la Réforme en 1532. Malgré les persécutions (entre autres le massacre de trois mille Vaudois du Luberon en 1545), cette petite communauté s'est maintenue dans le Piémont[13]. Le protestantisme connaît ensuite une expansion mondiale au travers des mouvements missionnaires qui, le plus souvent, accompagnent la colonisation. Dans le cas des États-Unis, il est alimenté en outre par l'exil des non-conformistes religieux d'Angleterre ou d'autres régions d'Europe : ainsi les quakers puis les non-conformistes anglicans (puritains) sont-ils très tôt et très largement implantés dans le Nouveau Monde, mais c'est le cas aussi des anabaptistes germaniques (allemands, suisses, alsaciens) qui fondent les communautés mennonites et amish aux États-Unis[13].
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+ Aujourd'hui, le protestantisme est principalement présent en Amérique du Nord, en Europe du Nord et en Afrique. Il est fortement implanté, et en croissance, en Amérique du Sud et en Asie de l'Est plus particulièrement en Chine (en nombre) et en Corée du Sud (en pourcentage). L'estimation du nombre de protestants dans le monde est assez variable, selon que l'on prend en compte les seuls protestants « historiques » (ceux remontant à la Réforme « magistérielle » du XVIe siècle : calvinistes, réformés, presbytériens ; luthériens ; anglicans low church, épiscopaliens - nom des anglicans hors d'Angleterre - ; méthodistes — XIXe siècle, dissidence anglicane — principalement), au nombre d'environ trois cent cinquante millions, ou que l'on y ajoute les descendants (baptistes et autres Églises), évangéliques, de la « Réforme radicale » (toujours au XVIe siècle mais aussi après), qui sont, en 2011, plus de cinq cents millions dans le monde[14]. Parmi les évangéliques, on estime à deux cents millions le nombre des pentecôtistes dans le monde. Les évangéliques et les pentecôtistes (apparus au tout début du XXe siècle et mettant l'accent sur le « baptême du Saint-Esprit ») sont très dynamiques et en constante expansion de par le monde (Amérique latine, Afrique, Asie…)[15]. Dans les années récentes, le calvinisme a été l'objet d'un regain en Amérique du Nord[16]. Le magazine Time a décrit en 2009 le nouveau calvinisme comme l'une des « dix idées en train de changer le monde » et ses partisans comme des baptistes réformés et des baptistes du Sud principalement[17]. Aujourd'hui, les États-Unis et la Corée du Sud sont les pays qui envoient le plus de missionnaires dans le monde. Enfin, la Chine continentale a développé de manière autonome un protestantisme non-dénominationnel particulièrement dynamique, en partie dans l'église officielle et en partie en dehors, qui est estimé à une soixantaine de millions de croyants[18].
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+ Selon la compilation des chiffres donnés par les organisations protestantes traditionnelles, le mouvement rassemble 317 millions de personnes dans le monde, en 2014.
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+ Dès le début, les Églises historiques multitudinistes sont organisées en plusieurs Églises en fonction des courants théologiques ou des circonstances historiques. Elles s'adressent dans le même mouvement à leurs membres et à la société (d'où le terme « multitudiniste »). Il s'agit[19] des Églises luthériennes (selon la Fédération luthérienne mondiale, elle rassemble 75.5 millions de membres), des Églises réformées (calvinistes ou zwingliennes) (selon la Communion mondiale d'Églises réformées, elle rassemble 80 millions de membres) et de l'Église anglicane (selon la Communion anglicane, elle rassemble 85 millions de membres).
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+ John Wesley, est à l'origine du méthodisme (selon le Conseil méthodiste mondial, l’église rassemble 80 millions de membres). Conjuguant retour à la Bible, à la prière et à l'engagement social, il est le précurseur de mouvements socio-évangéliques tels que l'Armée du salut, fondée par William Booth en Angleterre, à la fin du XIXe siècle ou les Unions Chrétiennes de Jeunes Gens (UCJG, en anglais YMCA), qui comptent 45 millions de membres dans le monde. Refusant la prédestination, confessant la responsabilité de l'individu dans sa propre foi.
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+ Les Églises protestantes libérales sont généralement attachées au dialogue de la religion avec la culture et relativisent la place première de la Bible. Elles sont favorables au dialogue interreligieux, au pluralisme, et à la laïcité. Elles critiquent les régulations orthodoxes des croyances et des pratiques, les appareils ecclésiastiques et leur pouvoir normatif.
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+ Selon l'Alliance évangélique mondiale, le mouvement rassemble 600 millions de personnes dans le monde en 2014.
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+ L'évangélisme, couramment nommé christianisme évangélique ou encore protestantisme évangélique, parfois évangélicalisme, est un mouvement chrétien.
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+ Le terme « évangélique » est au départ un simple adjectif découlant du mot évangile. L’évangélisme actuel est pour l'essentiel issu de la Réforme radicale anabaptiste à partir du XVIe siècle et de la doctrine de l’Église de professants. Les principaux mouvements évangéliques sont le baptisme, le pentecôtisme et le mouvement charismatique. L’évangélisme est également présent d’une façon plus large dans d’autres branches protestantes. Certaines dénominations chrétiennes évangéliques sont regroupées dans l'Alliance évangélique mondiale.
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+ Les chrétiens évangéliques ont essentiellement en commun l'importance qu'ils accordent à la conversion individuelle relevant d'un choix personnel et, à la suite, de l'expérience de la « rencontre avec le Christ ». Ceci implique donc un changement de vie et une relation individuelle avec Dieu s'articulant autour de la lecture de la Bible et de la communion par la prière (personnelle ou en communauté). Le premier point de distinction d'une église chrétienne évangélique est la nouvelle naissance (conversion personnelle) et le baptême du croyant.
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+ Au XVIe siècle, l'anabaptisme apparaît avec les Assemblées mennonites, dont s'inspira le pasteur anglais John Smyth en Hollande, fondateur du Baptisme. Ce mouvement se caractérise par l'importance donnée à la Bible, à la nouvelle naissance, au baptême adulte, un esprit missionnaire, un engagement moral de vie ainsi que par l’autonomie locale des églises, la séparation de l’Église et de l’État, et finalement l’autorité de la congrégation (congrégationalistes). Ils étaient accusés par les protestants traditionnels de mettre à côté ou au-dessus de la Bible une illumination intérieure considérée comme subjective, et nommés par eux « illuminés » ((de) Schwärmer) ou « anabaptistes » (parce que, ne reconnaissant qu'un baptême d'adultes, ils « rebaptisaient » ceux qui l'avaient ��té, enfants, ailleurs). Les tenants de cette Réforme radicale affirmaient, eux, que cette illumination intérieure était l'œuvre du Saint-Esprit. Les quakers occupent une place à part. Fondé en 1650 en Angleterre par George Fox, ce mouvement très ancré dans la culture anglo-saxonne se distingue des autres communautés issues du christianisme par l'absence de credo, de clergé et de hiérarchie. De nombreux quakers ne ressentent pas leur foi comme entrant dans les catégories chrétiennes traditionnelles, bien que subsiste au sein du quakerisme un large courant évangélique.
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+ Dans les siècles suivants, d'autres mouvements ont vu le jour à partir des « réveils » spirituels du XIXe siècle propagés ou inspirés par le Méthodisme. Le Réveil protestant francophone, parfois désigné par la simple expression Le Réveil est un mouvement de réveil religieux qui a bouleversé le protestantisme suisse, français et belge dans la 1re moitié du XIXe siècle, particulièrement de 1820 à 1850. Il a été précédé et aidé par le grand Réveil britannique et américain, et des mouvements comparables ont lieu à peu près en même temps en Allemagne, aux Pays-Bas et en Scandinavie. Le principal mouvement de réveil au XXe siècle est le pentecôtisme, en 1906, suivi du mouvement charismatique et du mouvement néo-charismatique. D'autres Églises indépendantes, privilégiant un aspect ou un autre de la foi ou de la pratique chrétienne, existent aussi : les Darbystes et autres « Assemblées de frères », les Adventistes du septième jour, etc. « Églises évangéliques » est le terme générique qui regroupe toutes ces dénominations. La plupart du temps, hormis dans le méthodisme classique, ce sont des « Églises de professants ou de confessants » et non « de multitude » : elles demandent un engagement et une profession de foi personnels à leurs membres et la plupart, de ce fait, ne baptisent que des adultes ou éventuellement des adolescents (elles sont « baptistes »). Certaines rebaptisent les chrétiens venus d'autres Églises, car elles ne reconnaissent que le baptême d'adultes fait par immersion. Ce terme s'applique aussi aux courants fondamentalistes d'origine nord-américaine.
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+ Les protestants modernistes hésitent à parler de « doctrine » ou de « religion ». Ils préfèrent convictions, engagements ou valeurs.
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+ Ils préfèrent toujours préserver un espace de discussion et d'échange entre les fidèles, particulièrement pour leurs expressions de foi, même les plus conservatrices.
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+ Toutes sensibilités confondues, les protestants partagent plusieurs points fondamentaux : les « cinq solae » (les deux premiers concernent le salut).
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+ La doctrine protestante repose exclusivement sur les textes sacrés, à savoir la Bible, uniquement constituée de l’Ancien et du Nouveau Testament. Les Livres deutérocanoniques ont été considérés par les Réformateurs comme intéressants mais non fondateurs de la foi[21] et ne sont plus imprimés dans les bibles protestantes depuis le XIXe siècle. Toutefois, on trouve toujours les apocryphes dans les bibles luthériennes. Le protestant croit donc à la résurrection et à la vie éternelle. À l'instar de toutes les confessions chrétiennes, la résurrection de Jésus-Christ et le salut qui en résulte peuvent être considérés comme le point essentiel de la foi[22]. Les pratiques majeures sont communes avec celles de l’Église catholique (prières, lecture de la Bible, le culte dominical et la participation à l’Eucharistie, dénommée la Sainte-Cène).
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+ Les protestants croient, comme les autres chrétiens, en un Dieu créateur, et participent, entre protestants ou dans le cadre d'initiatives œcuméniques, à des actions en faveur de la sauvegarde de la Création[23].
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+ Le baptême et la Sainte-Cène sont les deux seuls sacrements chez les protestants, qui partent du principe que, d'après le témoignage des textes bibliques, seuls ces deux actes ont été institués par Jésus-Christ. Dans certaines Églises protestantes, notamment évangéliques, le baptême n'est administré qu'à l’âge adulte tandis que d'autres laissent le choix et pratiquent assez largement le baptême des enfants.
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+
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+ La confirmation désigne la cérémonie qui conclut l’éducation religieuse des catéchumènes, en général des adolescents de 14 à 15 ans. Assez proche de la profession de foi célébrée chez les catholiques, elle n'est cependant pas un sacrement mais elle confirme les vœux du baptême et elle marque l’admission du confirmand à la cène et son passage à une vie de foi adulte[24].
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+ Le mariage est la bénédiction divine d'un amour humain et, bien que le protestantisme n'encourage pas la pratique du divorce, l'idée qu'un divorce peut être préférable à une vie de couple devenue très difficile est admise par la majorité des protestants ; le remariage de divorcés est possible.
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+
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+ Le culte des funérailles est destiné à l’accompagnement de la famille et des amis, il est centré sur l'annonce de l’Évangile et la promesse de la résurrection. Le défunt est enterré simplement, avec respect : lecture d’un passage de la Bible et prières pour les familles. Il n'y a pas de cérémonie pour les morts de type messe anniversaire. Les autopsies, les prélèvements d’organes ainsi que la crémation sont en général autorisés.
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+ Les protestants célèbrent les fêtes de Noël, des Rameaux, de Pâques (ils célèbrent le Jeudi saint et le Vendredi saint mais sans procession ni chemin de croix), de l’Ascension et de la Pentecôte.
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+ Dans les Églises historiques européennes, en plus des fêtes chrétiennes (référées à Jésus-Christ selon la Bible), on célèbre parfois :
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+ Malgré les nombreux points communs entre catholicisme et protestantisme tous deux issus du rameau occidental du christianisme, et malgré le rapprochement doctrinal obtenu par le dialogue œcuménique, par exemple par le Groupe des Dombes, il existe de nombreuses différences entre le culte protestant et le culte catholique.
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+ Le protestantisme, promoteur de la lecture — puisque la lecture de la Bible par tous y est encouragée —, s'est toujours passionné pour l'enseignement. C'est ce que Jean Jaurès avait éloquemment décrit en 1911 : « C'est la Réforme qui s'est passionnée pour l'instruction du peuple… Elle a voulu que tout homme sût lire, et quel livre ? Celui où elle-même puisait la vie[31]. » Parmi les grands éducateurs protestants, on trouve Friedrich Fröbel, inventeur du jardin d'enfants qui deviendra l'école maternelle (développée en France par la protestante Pauline Kergomard), ou le pasteur Jean-Frédéric Oberlin, qui pratiquera l'éducation populaire dans sa paroisse déshéritée du Ban-de-la-Roche.
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+ L'impact du protestantisme sur l’éducation est particulièrement fort en France, sous la IIIe République, où Jules Ferry compte plusieurs personnalités protestantes dans son entourage. En particulier Ferdinand Buisson (qui conçoit les grandes lois scolaires de 1881-1885 et crée les Écoles normales supérieures de Saint-Cloud et Fontenay-aux-Roses), Félix Pécaut et Jules Steeg.
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+ L'enseignement féminin doit aussi beaucoup au protestantisme, Madame Jules Favre étant la créatrice de l'École Normale Supérieure de jeunes filles de Sèvres et l'inspiratrice de la pédagogie de toute une génération d'enseignantes. Les lycées de jeunes filles comptent, en 1885, 22 % d'élèves protestantes, 10 % d'enseignants protestants et 25 % de chefs d'établissements protestants[32].
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+ Max Weber a mis en évidence, dans L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme, la contribution unique du protestantisme à la création d'une culture favorable à la liberté d'entreprendre et au capitalisme, culture qui s'est à présent imposée à l'échelle mondiale[33]. Weber met particulièrement en évidence le rôle des calvinistes et des puritains, caractérisés par un ascétisme qui mène à la thésaurisation donc à la formation de capital. Les activités industrielles, de négoce ou de banque menées par des protestants ont donc prospéré dans la durée. Des alliances réfléchies entre familles protestantes ont également permis de consolider et de diversifier ces activités économiques. De nombreuses entreprises françaises, toujours en activité, ont ainsi été créées par des protestants et demeurent de véritables réussites.
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+ Thèse toutefois remise en cause par Fernand Braudel dans son livre[34].
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+ La diaconie, le service envers les plus faibles ou les plus pauvres, existe depuis l’origine de l’Église. Pour les protestants, la diaconie fait bien partie de la vocation de l’Église, au même titre que la prédication de l’Évangile, bien que la laïcité ait conduit en France à séparer les associations cultuelles et les associations ou fondations à caractère social, médico-social ou sanitaire.
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+ En 2007, Olivier Brès, président de la Fédération d'entraide protestante (FEP), distinguait deux grands types d'activité[35] :
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+ a. Les associations locales d’entraide ou diaconats. Il y a presque un diaconat par Église locale, avec des activités d’écoute, des distributions alimentaires, des vestiaires, des accompagnements plus ou moins précis de personnes isolées (hors ou dans l’Église), mais aussi du financement et de l’accompagnement d’actions de solidarité avec le Sud (associations ou Églises) au gré des rencontres et des intérêts des membres des Entraides. Cela représente des milliers de bénévoles qui collaborent souvent dans leurs activités avec d’autres associations caritatives (laïques, catholiques, …).
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+ b. Les associations membres de la Fédération d'entraide protestante (FEP), soit environ deux cents associations ou fondations engagées dans plusieurs secteurs :
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+ Ces associations regroupent des milliers d’administrateurs, de bénévoles et de salariés.
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+ Ci-dessous, quelques exemples d’œuvres d'origine protestante.
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+ La fondation John-Bost, créée en 1848 par le pasteur John Bost, est une institution sanitaire et médico-sociale protestante, reconnue d'utilité publique, dont le siège est situé à La Force près de Bergerac. Elle accueille, soigne et accompagne au long cours plus d'un millier de personnes (enfants, adolescents, adultes et seniors) souffrant de troubles psychiques et de handicap physique et/ou mental dont l'état nécessite une vie sociale adaptée, ainsi que des personnes âgées dépendantes. L'institution est composée d'établissements ou services sanitaires et médico-sociaux répartis dans plusieurs régions, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Île-de-France et Normandie. Comme le souhaitait le pasteur John Bost, les résidents sont accueillis dans un environnement « sans mur ni clôture », espérant ainsi offrir une bonne qualité de vie[36].
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+ En créant la Maison protestante de santé de Bordeaux en 1863 (reconnue d'utilité publique en 1867), les Églises protestantes de la ville ont créé une œuvre dont le modernisme perdure encore dans le modèle sanitaire et social d'aujourd'hui. Dès 1920 le docteur Anna Hamilton en fait, sur le site de Bagatelle à Talence, un hôpital-école très en avance sur son temps, et fonde la première école d'infirmières selon les principes de Florence Nightingale lesquels ont révolutionné les soins infirmiers. Aujourd'hui, la Fondation Bagatelle gère et anime dix établissements sur la Gironde notamment un hôpital général (MCO), privé, très moderne (avec délégation de service public), de 250 lits et un hôpital à domicile (HAD), de 200 lits, numéro 1 sur la grande Aquitaine.
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+ L'Armée du salut naît en pleine révolution industrielle, à la fin du XIXe siècle. Elle est créée, en 1878, par le pasteur méthodiste anglais William Booth, scandalisé par le spectacle des foules ouvrières qui s'entassent dans les quartiers pauvres de l'Est londonien. Pour lui, le changement s'opère en chaque individu. Le progrès social, politique et économique doit découler d'une profonde transformation intérieure de l'homme, réconcilié avec lui-même par la puissance de l'Évangile. William Booth estime par ailleurs qu'avant de parler à quelqu'un de religion, il faut lui proposer des conditions de vie décentes, d'où l'investissement social du mouvement salutiste, et sa devise aux trois S, « soupe, savon, salut ».
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+ À la fin des années 1950, l'éducatrice Anne Sommermeyer constate le dénuement des familles ayant des enfants handicapés, qui étaient de facto exclus du système scolaire traditionnel et peu pris en charge par la Sécurité sociale. Indignée, elle commence par recevoir chez elle quelques enfants, pour permettre à leurs parents de prendre quelques jours de repos et de dormir quelques nuits en paix. En 1957, elle ouvre un jardin d'enfants pour déficients mentaux dans une maisonnette de 18 m2 qu'une jeune communauté protestante (mennonite) venait d'ériger au milieu des vergers, à Châtenay-Malabry. En 1961, elle crée des activités de jour pour de jeunes adultes en situation de handicap dans le cadre du Centre d'Aide par le Travail (CAT) « l'Atelier » puis du Centre d'Initiation au Travail et aux Loisirs (CITL) « Égalité ». Pour répondre aux sollicitations croissantes des familles, d'autres établissements et services vont peu à peu voir le jour, en concertation avec les pouvoirs publics. Le besoin d'hébergement collectif conduit d'abord l'association à créer deux foyers d'hébergement. En 50 ans, l'Association ouvre une soixantaine d'établissements et services qui vont du CAT à l'IME (Institut médico-éducatif). Elle compte environ 2 600 bénéficiaires et 1 550 salariés. En 2011, l'Association devient la Fondation des Amis de l'Atelier, reconnue d'utilité publique[37].
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+ Créée en septembre 1939 à l'instigation de la théologienne protestante Suzanne de Dietrich pour venir en aide aux populations alsacienne et lorraine évacuées vers le sud de la France à cause de l’entrée en guerre contre l’Allemagne, l'action de la CIMADE (dont le nom signifie Comité inter mouvements auprès des évacués) s'est rapidement élargie aux réfugiés de toutes origines (Tziganes, communistes, Allemands fuyant le nazisme, Juifs…). Souvent médiatisée par son actions en faveur des migrants et personnes sans papiers d'identité, la CIMADE poursuit également une action de terrain grâce à ses quelque 2 000 bénévoles : assistance juridique aux étrangers en centre de rétention administrative, gestion d'établissements sanitaires et sociaux, formation et adaptation linguistique, accueil des étrangers dans les permanences régionales, actions de solidarité internationale, interventions en prison et en locaux de rétention.
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+ Véritable précurseur de l'aide humanitaire médicale, le pasteur et médecin d'origine alsacienne, Albert Schweitzer, fonde en 1913 à Lambaréné (Gabon) un hôpital destiné à soigner les malades de la région mais aussi à étudier les maladies tropicales afin de mieux les prévenir et de mieux les soigner. Dès 1930, Albert Schweitzer constitue à Strasbourg une association de soutien. En 1974, la fondation de droit gabonais Albert-Schweitzer est créée pour gérer l'hôpital. Grâce à ses nombreux soutiens, l'hôpital va se moderniser en permanence. Sont créés un laboratoire de biologie et de bactériologie, une salle de radiologie, un bloc opératoire, une clinique dentaire, un pavillon de pédiatrie, un pavillon de médecine interne, des écoles. Un effort important est réalisé en direction de la formation du personnel médical et paramédical originaire d’Afrique[38].
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+ Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est la plus ancienne organisation internationale humanitaire existante. Elle a été créée en 1863 par un groupe de cinq citoyens protestants de Genève, dont Henri Dunant (prix Nobel de la paix en 1901) et le général Dufour. D'après ses statuts, la Croix-Rouge est une institution de secours volontaire et désintéressée dont la mission est d'agir au plus près des personnes touchées par les conflits armés et de répondre au mieux à leurs besoins[39]. Le CICR, qui a toujours son siège à Genève en Suisse, emploie environ 11 000 personnes dans 80 pays à travers le monde (2013)[40]. L'action du CICR a été récompensée par trois prix Nobel de la paix (1917, 1944 et 1963).
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+ La musique joue un rôle fondamental au sein des églises protestantes. Au début du XVIe siècle, la musique était chantée en latin dans le chœur par des religieux. Les réformateurs ont voulu faire chanter l’ensemble des fidèles, y compris les femmes. L’Église luthérienne a conservé les instruments de musique et les chœurs professionnels ce qui a permis une très riche production musicale aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les plus célèbres compositeurs sont Heinrich Schütz, Jean-Sébastien Bach et Georg Friedrich Haendel. Le gospel est un chant spirituel, né aux États-Unis, au sein des communautés évangéliques d'origine afro-américaine à la suite des negro spirituals.
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+ Cette section contient une liste de pasteurs, de théologiens et de personnalités marquantes de la pensée protestante.
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+ « Part. passé adj. et subst. de protester* d'après l'allemand Protestant (lui-même emprunté au latin protestans, - antis, part. prés. de protestari, v. protester) nom donné aux partisans de Luther, parce qu'en 1529, à l'issue de la Diète de Spire (19 avril) ils protestèrent publiquement d'appeler du décret de l'Empereur, à un Concile général : « so protestieren und bezeugen wir hier mit öffentlich vor Got…, dass ». »
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+ — Quelques mots sur les protestants
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2641.html.txt ADDED
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+ Hugues Capet est un roi robertien et le fondateur de la dynastie capétienne. Il est né vers 939-941, probablement à Dourdan[1], et mort le 24 octobre 996, probablement au lieu-dit non habité « Les Juifs », près de Prasville[n 1]. Il a été duc des Francs (960-987), puis roi des Francs (987-996). Fils de Hugues le Grand et de son épouse Hedwige de Saxe, Hugues Capet est l'héritier des puissants Robertiens, une lignée en compétition pour le pouvoir avec la dynastie carolingienne et les grandes familles aristocratiques de Francie aux IXe et Xe siècles, mais, par sa grand-mère paternelle Béatrice de Vermandois, il descend également d'un Carolingien, Bernard roi d'Italie, petit-fils de Charlemagne. Hugues Capet est le premier roi à ne plus utiliser le germanique au profit de l'ancien français[4].
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+ La fin du Xe siècle connaît le début d'une révolution économique et sociale qui allait trouver son apogée vers 1100[5]. Les progrès agricoles, le début des défrichements et l'augmentation des capacités d'échanges entraînée par l'introduction du denier d'argent par les premiers Carolingiens, entraînent une dynamique économique encore timide mais réelle. Dans le même temps, la fin des invasions et la continuité des guerres personnelles entraînent la construction des premiers châteaux privés où peuvent trouver refuge les paysans. En parallèle, la nouvelle élite guerrière, les chevaliers, entre en concurrence avec l'ancienne aristocratie foncière carolingienne. Pour canaliser ces nouveaux venus et pour assurer la protection de leurs biens, l'aristocratie et l'Église soutiennent et exploitent le mouvement de la paix de Dieu. C'est dans ce contexte qu'Hugues Capet peut instaurer la dynastie capétienne.
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+ Il bénéficie tout d'abord de l'œuvre politique de son père qui parvient à contenir les ambitions de Herbert II de Vermandois, puis à en neutraliser la lignée. Cependant, cela ne peut se faire qu'en aidant les Carolingiens, pourtant totalement évincés de la course à la couronne depuis la déchéance de Charles le Simple, à se maintenir. En 960, Hugues Capet hérite du titre de duc des Francs obtenu par son père en échange de la concession de la couronne à Louis IV d'Outremer. Mais, avant de parvenir au pouvoir, il doit se libérer de la tutelle des Ottoniens et éliminer les derniers Carolingiens. C'est avec le soutien de l'Église, et en particulier de l'évêque Adalbéron de Reims et de Gerbert d'Aurillac, tous deux proches de la cour ottonienne, qu'il est enfin élu et sacré roi des Francs en 987.
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+ La relative faiblesse de Hugues Capet est paradoxalement un atout pour son élection par les autres grandes familles avec le soutien des Ottoniens, car il est peu menaçant aux yeux des grands vassaux et pour les ambitions impériales. Cependant, si effectivement le nouveau roi ne parvient pas à soumettre ses vassaux indisciplinés, son règne voit une modification de la conception du royaume et du roi. Ainsi, Hugues Capet renoue avec l'Église en s'entourant systématiquement des principaux évêques et se rapproche de l'aristocratie en s'alliant avec les grands princes territoriaux (le duc de Normandie ou le comte d'Anjou), ce qui renforce son trône. Cette histoire du premier Capétien nous est surtout connue grâce au moine lettré Richer de Reims.
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+ La Francia occidentalis se trouve définitivement séparée de l'Empire et le premier Capétien, comme ses successeurs, met toute son énergie à créer une dynastie continue en consolidant son pouvoir sur son domaine et en y associant son fils Robert le Pieux le jour de Noël de l'an 987[6]. En 996, à la mort de son père, Robert le Pieux est couronné. Ainsi fondée, la dynastie capétienne règne sur la France sans interruption jusqu'à la Révolution, puis de la Restauration à 1848. Cette maison donne également naissance à des lignées de souverains en Espagne, en Italie, au Luxembourg, en Hongrie, au Portugal et au Brésil[7].
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13
+ L'étude du règne de Hugues Capet présente plusieurs problèmes causés par les lacunes documentaires. Aucun lettré de son temps n'a jugé nécessaire de rédiger sa biographie. Des éléments épars figurent dans l'histoire contemporaine rédigée par le moine Richer de Reims, dans la Correspondance de Gerbert d'Aurillac puis dans l'œuvre d'Abbon de Fleury, tous clercs et largement favorables au nouveau roi. Les événements confus qui se succèdent sont difficiles à reconstituer[8].
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+ Hugues est peut-être né au château de Dourdan vers 939-941[n 2]. Il est le fils de Hedwige de Saxe (sœur d'Otton Ier) et d'Hugues le Grand.
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+ Le 16 juin 956, Hugues le Grand meurt à Dourdan et son fils Hugues Capet est censé hériter d'une puissance de premier ordre : à Rome, le pape le reconnaît « glorieux prince des Francs ». Au milieu du Xe siècle, la compétition pour la couronne entre Carolingiens et Robertiens est entamée, et la victoire de ces derniers est déjà presque inéluctable[9]. La légitimité robertienne se concrétise encore davantage par le jeu des alliances. Il coule dans les veines de Hugues Capet un peu de sang carolingien apporté par sa grand-mère paternelle (Béatrice de Vermandois), mais aussi du sang germain par ascendance directe. Cette origine proviendrait de Rhénanie et non pas de Saxe selon Karl Ferdinand Werner[n 3]. Enfin, son père s'était allié avec le nouveau roi de Germanie Otton Ier, dont il avait épousé la sœur Hedwige de Saxe pour contrecarrer tout désir de Louis IV sur la Lotharingie[13]. Au total, à la mort de son père, Hugues Capet hérite théoriquement d'un titre prestigieux et d'une puissante principauté.
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+ Ce surnom est peut-être une référence au porteur de la chape abbatiale, issue de la cappa ou cape de saint Martin. Hugues était en effet comme son père abbé laïc de nombreuses abbayes, notamment de la collégiale Saint-Martin de Tours, d'où le surnom peut-être ironique de cappatus, « chapé », c'est-à-dire bien pourvu en abbayes. Il semble que ce soit Adémar de Chabannes qui, le premier, ait désigné Hugues le Grand comme « roi à la chape » dans sa chronique vers 1030[14].
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+ Le premier souverain de la dynastie capétienne n'est surnommé Capet qu'au début du XIIe siècle, époque où le mot chape est devenu chaperon ou chapeau, d'où l'étymologie légendaire donnée vers 1180 par un moine auxerrois qui fait du roi « l'homme au chapeau » n'ayant pas pu ou voulu recevoir la couronne : cette légende historique forgée a posteriori vient du fait que les chroniques ne détaillent pas le déroulement du sacre et du couronnement de Hugues et qu'une certaine propagande fait de l'accession au pouvoir de Hugues Capet une usurpation, puisque l'application du droit héréditaire aurait dû conduire sur le trône Charles de Lorraine. Quant à la dénomination « Capétien », elle apparaît pour la première fois à la fin du XIIe siècle sous la plume d'un chroniqueur anglais, Raoul de Dicet[15].
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+ Depuis la fin du IXe siècle, la politique royale ne peut se faire sans les descendants de Robert le Fort dont fait partie Hugues Capet. L'octroi de la couronne étant devenu électif, les plus grandes familles du royaume se la disputent. Les Robertiens profitent de la jeunesse puis de la déchéance de Charles le Simple pour monter sur le trône. Eudes ou Robert Ier, respectivement grand-oncle et grand-père de Hugues Capet, ont été rois des Francs (888-898 et 922-923).
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+ Cependant, son père Hugues le Grand est confronté à la montée en puissance de Herbert de Vermandois qui contrôle tour à tour le Vexin, la Champagne et Laon, octroie l'archevêché de Reims à son fils Hugues et s'allie à l'empereur Henri l'Oiseleur[16]. Le Robertien, qui avait déjà dû renoncer à la couronne en 923 au profit de Raoul de Bourgogne, faute d'héritier mâle susceptible de gérer sa principauté[16], place sur le trône en 936 le jeune carolingien Louis IV, pourtant réfugié chez son oncle en Angleterre depuis la déchéance de son père Charles le Simple et dépourvu de toute possession en Francie[17], soulignant qu'il serait illégitime de pousser vers le trône quelqu'un qui serait issu d'un lignage étranger à celui de Charlemagne.
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+ Cette manœuvre lui permet cependant de devenir le personnage le plus puissant en Francie de la première moitié du Xe siècle : à son avènement, Louis IV lui donne le titre de dux Francorum (duc des Francs), ce qui annonce à nouveau le titre royal[17]. Le roi le qualifie officiellement (peut-être sous la pression) comme « le second après nous dans tous nos royaumes »[11]. Il gagne encore en puissance quand son grand rival Herbert de Vermandois meurt en 943, car sa puissante principauté est alors divisée entre ses quatre fils[18].
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+ Hugues le Grand domine alors de nombreux territoires entre Orléans-Senlis et Auxerre-Sens, alors que le souverain carolingien est plutôt replié au nord-est de Paris (Compiègne, Laon, Soissons) (carte 1)[11]. Enfin, le duc des Francs est à la tête d'évêchés et d'abbayes comme celles de Marmoutier (près de Tours), de Fleury-sur-Loire (près d'Orléans) et de Saint-Denis. Il est aussi abbé laïc de la collégiale de Saint-Martin de Tours par laquelle Hugues le Grand et surtout son fils Hugues « Capet » hériteront peut-être de leur surnom en référence à la cappa (la cape de saint Martin) conservée comme relique dans ce lieu[n 4].
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+ Sa puissance provient aussi de ses alliances : Hugues le Grand s'est marié une première fois avec Eadhild, la sœur du roi d'Angleterre Æthelstan, un des plus puissants souverains d'Occident au début du Xe siècle[19]. Quand Otton Ier en restaurant l'Empire en fait la première puissance d'Europe, Hugues le Grand épouse sa sœur[20] ! Cependant, la puissance dont doit hériter Hugues Capet a ses limites : ses vassaux sont eux-mêmes suffisamment puissants pour avoir une large autonomie et jouer une politique d'équilibre entre Carolingiens et Robertiens[21].
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+ Le royaume recouvre l'ancienne Francie occidentale dont les frontières avaient été définies au partage de Verdun en 843. Hugues est désormais le nouveau souverain du royaume de Francie, qu'on n'appelle plus Francia occidentalis depuis la seconde moitié du Xe siècle[n 5]. Les quatre fleuves (Escaut, Meuse, Saône et Rhône) constituent ses limites au nord et à l'est, le séparant de l'empire ottonien. Au sud, les Pyrénées ne constituent pas une limite puisque le comté de Barcelone fait partie du royaume français[23]. Le royaume, duché ou comté de Bretagne ne fait pas partie du royaume de France. D'ailleurs le seigneur de Bretagne ne participe pas à l'élection de Hugues Capet. Enfin, le tracé des côtes est très différent de celui que nous connaissons, car les golfes ne sont pas colmatés, en particulier dans le bassin d'Arcachon et le golfe de Saint-Omer, et les embouchures des fleuves évoluent encore. Qu'il s'agisse de la Charente ou de la Flandre maritime, la côte ferme est loin à l'intérieur des terres actuelles, « précédées d'immenses vasières, fréquemment envahies par la mer[24] ».
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+ L'an mil connaît une croissance économique dont l'apogée se fait nettement sentir aux XIIe et XIIIe siècles. Dès le milieu du Xe siècle, on assiste à une première phase de croissance agraire. Il semble que l'« angoisse de la faim » amène la paysannerie à produire mieux et plus. Ainsi, les paysans s'adaptent : meilleure connaissance du sol, adaptation des labours selon le milieu, introduction de l'assolement triennal, lequel entraine les défrichements pour accroître les surfaces concernées, évolution de la méthode d'attelage (collier d'épaule et fer à cheval), charrue à soc dissymétrique, développement de la micro-hydraulique (fossé de drainage et irrigation)[25].
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+ La monnaie d'argent avait toujours été utilisée depuis la romanisation de la Gaule. L'or, introduit par César à Rome et généralisé par Auguste à l'ensemble de l'Empire, complétait les possibilités de paiement des échanges. Or, d'une part l'or n'arrive plus d'Orient suite aux conquêtes arabes en Méditerranée ; d'autre part depuis la chute de l'Empire Romain au Ve siècle, la plus grande confusion règne en matière de frappe et d'émission de monnaie - confusion qui entraîne une désaffection. L'homogénéisation des poids, des équivalences, des frappes et des émissions de la monnaie par les premiers Carolingiens, a réintroduit l'usage, le recours et la circulation de la monnaie d'argent, provoquant une véritable mutation économique qui porte pleinement ses fruits avec la fin des invasions. Plus adapté que la monnaie d'or héritée de l'Antiquité qui ne convient que pour des transactions très onéreuses, le denier d'argent, normalisé et abondant, permet l'introduction de millions de producteurs et de consommateurs dans le circuit commercial[26]. Les paysans commencent à pouvoir revendre leur surplus et deviennent donc intéressés à produire au-delà de ce qui est nécessaire à leur subsistance et aux droits seigneuriaux[27]. Ce phénomène est attesté par la multiplication des marchés et des ateliers de frappe de monnaie dans tout l’Occident dès le IXe siècle[28]. Dans certains cas, les propriétaires, ecclésiastiques ou laïcs, fournissent des charrues, investissent dans des équipements améliorant la productivité : moulins à eau en remplacement des meules à bras, pressoirs à huile ou à vin (en remplacement du foulage)[29], etc. La redécouverte des capacités de l'énergie hydraulique plutôt qu’animale ou humaine permet une productivité sans comparaison avec celle disponible dans le haut Moyen Âge et comparable à celle des Romains qui se servaient déjà de moulins à eau installés en série à flanc de collines ou de montagnes. Chaque meule d'un moulin à eau peut moudre cent cinquante kilogrammes de blé à l'heure, ce qui correspond au travail de quarante esclaves[30].
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+ Les rendements des terres cultivées peuvent atteindre jusqu'à cinq ou six pour un. Ces progrès dégagent de la main-d’œuvre pour d’autres activités. Pierre Bonnassie a montré que, après les grandes famines de 1005-1006 et de 1032-1033, la population devient de moins en moins exposée aux dérèglements alimentaires et, par voie de conséquence, aux épidémies : la mortalité diminue[31]. Il ne faudrait pas surestimer cette époque de renouveau économique et social car le changement n'en est qu'à sa genèse et la paysannerie est encore la victime des mauvaises récoltes, comme sous le règne de Robert le Pieux où on assiste, selon Raoul Glaber, à des famines foudroyantes où le cannibalisme est de règle dans certaines régions (1005-1006 et 1032-1033)[31]. La croissance démographique et l'augmentation de la production agricole s'auto-entretiennent en un cercle vertueux : elles sont la clef du renouveau médiéval.
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+ La société carolingienne s'efface progressivement. Ainsi, on constate la disparition de l'esclavagisme dans le Midi au profit des paysans libres. Néanmoins, un nouveau pouvoir s'affirme : la seigneurie banale. À partir de 990, l'effritement des institutions de l'époque pr��cédente amène à un nouvel usage, celui des « coutumes ». Au XIe siècle, il s'agit des droits exigés par le seigneur banal et qu'aucune autorité supérieure n'est capable de contrer. Cependant, la mise en place de la seigneurie n'empêche pas le progrès technique et l'avancée agricole[32].
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+ Le denier d'argent est l'un des principaux moteurs de la croissance économique depuis le IXe siècle. La faiblesse du pouvoir royal a entraîné la frappe de monnaie par de nombreux évêques, seigneurs et abbayes. Alors que Charles le Chauve comptait 26 ateliers de frappe monétaire, Hugues Capet et Robert le Pieux n'ont plus que celui de Laon[33]. Le règne de Hugues Capet marque l'apogée de la féodalisation de la monnaie. Il en résulte une diminution de l'uniformité du denier et l'apparition de la pratique de la refrappe de la monnaie aux marchés (on se fie au poids de la pièce pour en déterminer la valeur). Par contre, on est dans une période où l'augmentation des échanges est soutenue par l'augmentation du volume de métal disponible. En effet, l'expansion vers l'est de l'empire permet aux Ottoniens de pouvoir exploiter de nouveaux gisements d'argent. La marge de manœuvre de Robert le Pieux est faible. Or, la pratique du rognage ou des mutations entraîne des dévaluations tout à fait préjudiciables.
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+ L'Église n'est pas épargnée par les désordres des IXe et Xe siècles. Des charges d'abbés, paroissiales ou ecclésiastiques, sont données à des laïcs pour se former des clientèles et la discipline monastique se relâche ; le niveau culturel des prêtres devient médiocre[34]. En contrepoint, les rares monastères qui ont conservé une conduite irréprochable acquièrent une grande autorité morale. Ces monastères intègres reçoivent de nombreuses donations pour obtenir des prières d'absolution, en particulier postmortem[35]. Le choix des abbés s'oriente de plus en plus vers des hommes d'une grande intégrité et certains tels Guillaume d'Aquitaine vont jusqu'à donner l'autonomie et l'immunité à des monastères qui élisent leur abbé. C'est le cas des abbayes de Gorze, Brogne ou Cluny. D'autres monastères utilisent de faux certificats d'immunité pour acquérir l'autonomie[36].
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+ Parmi eux, Cluny connaît le développement et l'influence les plus remarquables. Sous la férule d'abbés dynamiques tels qu'Odon, Maïeul — un ami personnel de Hugues Capet — ou encore Odilon, l'abbaye entraîne d'autres monastères qui lui sont rattachés, et constitue bientôt un ordre très puissant (en 994, l'ordre de Cluny compte déjà trente-quatre couvents)[37]. L'une des grandes forces de Cluny est de recruter une bonne partie de ses membres et particulièrement ses abbés dans la haute aristocratie[38].
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+ Ces monastères sont le fer de lance d'un profond mouvement de réforme monastique. Leur œuvre moralisatrice touche bientôt tous les niveaux de la société. En particulier, elle s'attaque à canaliser la chevalerie par le mouvement de la Paix de Dieu puis de la Trêve de Dieu. Ce mouvement, très influent, pousse à la création d'États stables et en paix. Ces réformateurs ont le souvenir de l'empire carolingien qui soutenait la réforme bénédictine, la fondation de nombreuses abbayes et leur épanouissement spirituel, s'appuyant largement sur l'Église pour gouverner. La montée en puissance des Ottoniens leur donne l'occasion d'œuvrer à la reconstitution d'un empire universel. Hugues Capet, abbé laïc mais soutenant activement la réforme, est un candidat idéal pour occuper le trône de Francie car il est aussi considéré comme insuffisamment puissant pour échapper à l'influence des Ottoniens.
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+ Le contexte historique est celui de la « mutation féodale ». Cette notion que Georges Duby centre autour de l'an mil est discutée par Dominique Barthélemy pour lequel cette évolution se déroule sur plusieurs siècles.
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+ L’empire carolingien se désagrège dès le milieu du IXe siècle. Avec l'arrêt de l'expansion territoriale, les empereurs n'ont plus de nouvelles terres ou charges pour rétribuer leurs vassaux et n'ont donc plus prise sur eux. Peu à peu, ils doivent leur concéder la transmission héréditaire de terres et de charges, puis une autonomie de plus en plus grande. D'autre part, sur le plan militaire, l’ost carolingien puissant mais lent à rassembler se révèle incapable de répondre aux raids vikings ou sarrasins dont le principal atout est la mobilité[39]. Les châteaux en bois ou mottes castrales sont apparus aux alentours de l'an mil entre la Loire et le Rhin[40]. Cela répond aussi à la logique d'une société médiévale qui évolue : à partir de 980, le royaume des Francs est secoué par la « révolution aristocratique » qui voit les campagnes se couvrir de ces forteresses primitives en bois.
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+ Autour d'elles prolifèrent les nouvelles coutumes (mals usos)[41]. Les vieux pagi carolingiens sont éclipsés par un nouveau ressort territorial fondé sur le territoire du château (districtus)[42]. Les châteaux (les mottes) initialement conçus comme refuges, deviennent le signe de l'autorité, du développement économique et de l’expansion des terroirs.
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+ L'histoire romantique du XIXe siècle décrit une « anarchie généralisée » et une France « hérissée » de châteaux autour de l'an mil. On est actuellement plus nuancé sur la réalité de ce phénomène car, dès l'origine, les autorités tentent de canaliser les constructions castrales[43]. Des actes qui révèlent cette volonté d'interdire les constructions fortifiées ont été conservés : le Capitulaire de Pîtres (864) ou encore les Consuetudines et Justicie normandes (1091)[44]. Mais, dans ces temps d'invasions et de guerres privées continuelles, les habitants viennent se regrouper à proximité du château, ce qui légitime le châtelain et l'exercice du ban seigneurial : on parle d'incastellamento pour le Midi et d'encellulement pour le Nord de la France.
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+ Dès lors, cette nouvelle élite guerrière appuyée sur ces châteaux entre en conflit d'intérêt avec l'aristocratie et l'Église dont les revenus dépendent de l'économie paysanne[45]. Comtes, évêques et abbés qui appartiennent à de grandes lignées aristocratiques doivent réagir pour réfréner les ambitions qui entraînent nombre de guerres privées et pillages. Ces représentants des grandes familles exploitent et propagent le mouvement de la paix de Dieu, né de l'exaspération des paysans et des clercs soumis à l'arbitraire des hommes en armes (milites)[46]. La codification et la moralisation de la conduite des chevaliers sur des critères religieux entraînent l'élaboration, par l'évêque Adalbéron de Laon, d'une société divisée en trois ordres sociaux : ceux qui travaillent (laboratores), ceux qui prient (oratores) et ceux qui combattent (bellatores).
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+ Enfin, malgré la décentralisation du pouvoir, le roi conserve une autorité politique. L'époque est à la revendication de terres et de charges ; aussi, l'hommage rendu à son suzerain permet d'en officialiser la propriété. Le roi, qui est sacré, garde donc un rôle arbitral qui permet à la fonction de durer au Xe siècle. Au XIe siècle, elle est encore remise en cause par certains princes (comtes de Blois, comte de Vermandois).
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+ En 956, à la mort de son père, Hugues, l’aîné, n'est âgé que d'une quinzaine d'années et a deux frères. Otton Ier, roi de Germanie, entend mettre sous tutelle la Francie occidentale, ce qui lui est possible étant l'oncle maternel de Hugues et de Lothaire, nouveau roi des Francs qui a succédé à l'âge de 13 ans à Louis IV en 954. Le royaume de Francie en 954 et la principauté robertienne en 956 sont mis sous la tutelle de Brunon, archevêque de Cologne et duc de Lotharingie, frère du roi Otton Ier. La tutelle de Hugues est doublée par celle de Lothaire. L'objectif d'Otton Ier est de maintenir l'équilibre entre les Robertiens, les Carolingiens et les Ottoniens[9]. En 960, le roi des Francs consent à rendre à Hugues l'héritage de son père, avec le marquisat de Neustrie et le titre de duc des Francs. Mais, en contrepartie, le duc doit accepter la nouvelle indépendance acquise par les comtes de Neustrie pendant la vacance du pouvoir[47]. Son frère Otton n'obtient que le duché de Bourgogne[n 6]. Andrew W. Lewis a ainsi cherché à montrer qu'Hugues le Grand avait préparé une politique patrimoniale pour assurer à son fils aîné la majeure partie de son héritage comme le faisaient toutes les grandes familles dès cette époque[n 7].
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+ À partir de 962, l'Occident est désormais dominé par le vainqueur de la chrétienté face aux Hongrois, Otton Ier, qui restaure le titre impérial et s'empare au passage de l'Italie. Le nouvel empereur accroît sa puissance sur la Francie occidentale en portant son attraction sur certains évêchés frontaliers ; bien qu'élu de Lothaire, l'archevêque de Reims (qui assure le choix des rois de Francie) Adalbéron de Reims tend à afficher ses sympathies impériales[50]. Pris en étau, le roi Lothaire s'appuie sur d'autres évêchés (Langres, Châlons, Noyon) et sur le comte de Flandre Arnoul Ier.
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+ Lorsqu'il reçoit sa charge ducale (duc des Francs, dux francorum) en 960, Hugues Capet est moins puissant que son père (carte 1). En effet, il est jeune, politiquement inexpérimenté et, surtout, il est mis sous tutelle par son oncle Brunon de Cologne, proche du pouvoir ottonien[51].
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+ Face à cet affaiblissement, une forte poussée d'indépendance se produit chez les vassaux entre Seine et Loire. Le comte Thibaud de Blois, pourtant un ancien fidèle de Hugues le Grand qui lui a confié la cité de Laon, s'assure une quasi-indépendance en se proclamant comte de Blois, en faisant fortifier ses principales villes et en s'emparant de Chartres et de Châteaudun[52].
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+ Les diplômes royaux des années 960 montrent que les grands aristocrates ne sont plus uniquement fidèles au duc des Francs, comme au temps de Hugues le Grand, mais également au roi Lothaire. En effet, on retrouve certains d'entre eux dans les armées royales luttant contre le duché de Normandie pour le compte de Lothaire[53]. Enfin, il semblerait pour Hugues que sa place de numéro deux du royaume ait tendance à lui échapper. Deux chartes de l'abbaye de Montierender (968 et 980) font référence à Herbert III de Vermandois, alors comte de Château-Thierry, de Vitry et abbé laïc de Saint-Médard de Soissons, portant le titre de « comte des Francs » et même de « comte du palais » dans une charte de Lothaire[53].
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+ De son côté, Lothaire a aussi perdu du pouvoir face au renforcement de la monarchie ottonienne. Il fait pâle figure en participant au rassemblement des vassaux et parents d'Otton Ier en 965. Pourtant, à partir de la mort de l'empereur en 973, le roi veut renouer avec la politique de son grand-père : récupérer la Lorraine, « berceau des Carolingiens[52] ». Durant l'été 978, pour des raisons obscures, il décide de passer à l'action. Le principal témoin du temps, Richer de Reims explique :
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+ « Comme Otton possédait la Belgique (la Lorraine) et que Lothaire cherchait à s'en emparer, les deux rois tentèrent l'un contre l'autre des machinations très perfides et des coups de force, car tous les deux prétendaient que leur père l'avait possédée. »
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+ — Richer de Reims, apr. 990[54].
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+ En août 978, accompagné des grands du royaume (dont le duc Hugues qui voit d'un bon œil une brouille entre Carolingiens et Ottoniens[55]), Lothaire pille par surprise Aix-la-Chapelle, résidence d'Otton II, et se permet le geste symbolique de retourner vers l'Est l'aigle de bronze décorant la tour du palais qui après avoir été tourné vers l'Est dans le temps de Charlemagne menaçant ainsi les Slaves de Moravie, avait été tourné vers l'Ouest par les Ottoniens, défiant ainsi la Francie occidentale[56]. Mais il doit rapidement battre en retraite et se réfugier à Étampes chez Hugues. Otton II s'engage à son tour dans l'offensive et lance ses armées aux portes de Paris. Charles de Lorraine, frère de Lothaire, est même couronné roi à Laon par l'évêque de Metz, Thierry Ier. Mais, aux portes de Paris, Hugues Capet barre la route à l'empereur germanique qui, voyant l'hiver approcher (on était le 30 novembre) est contraint de s'enfuir. Les troupes de Lothaire et de Hugues Capet poursuivent Otton dont l'arrière garde, ne pouvant franchir l'Aisne en crue à Soissons, est anéantie, « ainsi il en mourut plus par l'onde que par l'épée[57] ». Cette victoire permet à Hugues Capet de retrouver ainsi sa place de premier aristocrate du royaume franc[58].
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+ Jusqu'à la fin du Xe siècle, situé en terre carolingienne, Reims est le plus important des sièges archiépiscopaux de France. Il prétend à la primatie des Gaules et son titulaire a le privilège de sacrer les rois et de diriger leur chancellerie. De ce fait, l'archevêché rémois est traditionnellement favorable à la famille régnante et a, depuis longtemps, un rôle central dans la politique royale. Mais la cité épiscopale est dirigée par Adalbéron de Reims, neveu de Adalbéron de Metz (un prélat fidèle aux Carolingiens), élu par le roi Lothaire en 969, mais qui a des liens familiaux avec les Ottoniens[59]. L'archevêque est assisté par un des esprits les plus avancés de son temps, l'écolâtre[n 8] et futur pape Gerbert d'Aurillac. Adalbéron et Gerbert œuvrent pour le rétablissement d'un empire unique dominant toute l'Europe. Le roi Lothaire, âgé de 13 ans, est de fait sous tutelle de son oncle Otton Ier. Mais, en vieillissant, il s'affirme et prend de l'indépendance, ce qui contrecarre les projets impériaux de réunir toute l'Europe sous une unique couronne. Dès lors, l'évêché lâche Lothaire et soutient Hugues Capet[59].
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+ En effet, pour que les Ottoniens puissent faire de la Francie un État vassal de l'empire, il faut impérativement que le roi des Francs ne soit pas de race carolingienne et qu'il soit suffisamment peu puissant et effacé pour accepter cette mise sous tutelle. Hugues Capet devient pour eux le candidat idéal, d'autant qu'il soutient activement la réforme monastique dans ses abbayes quand les autres prétendants continuent à distribuer des charges ecclésiales et abbatiales à leur clientèle. Une telle conduite ne pouvait que séduire les Rémois, très proches du mouvement clunisien.
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+ Grâce à la correspondance de Gerbert, beaucoup d'informations sur ces évolutions politiques ont pu être obtenues :
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+ « Le roi Lothaire n'est le premier en France que par son titre. Hugues l'est, non par le titre, mais par ses faits et gestes. »
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+ — Gerbert d'Aurillac, Correspondance, v. 985[60].
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+ Les Rémois voient également d'un mauvais œil le rapprochement entre le roi et Herbert de Vermandois, l'éternel ennemi des Carolingiens, le descendant du traître qui avait permis l'arrestation de son grand-père Charles le Simple en 923. Enfin, Adalbéron et Gerbert sont tous les deux proches de la cour ottonienne et se rapprocher de Hugues serait finalement faire renoncer la Lorraine à la Francie[50]. Enfin, Otton III a trois ans quand son père meurt : deux partis luttent alors pour assurer la régence, l'un emmené par Henri II de Bavière, dit le Querelleur et Lothaire (954-986), l'autre par les impératrices Théophano, sa mère, et Adélaïde de Bourgogne, sa grand-mère, camp adopté par Gerbert et Adalbéron qui soutiennent donc Hugues Capet contre Lothaire[61].
92
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93
+ La fin du Xe siècle, riche d'événements complexes, n'est éclairée que par l’Histoire de Richer de Reims qu'il écrit après 990. Il complète la chronologie de Flodoard de Reims qui s'arrête en 966. Cependant, son récit manque de fiabilité. Richer a le désir de bien faire, ce qui l'amène parfois à modifier la chronologie et à faire la gloire de ses maîtres rémois : Adalbéron et Gerbert[62]. Voilà sur quelles bases la chute des Carolingiens est connue.
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+ Appuyé par l'évêché de Reims, Hugues est désormais le nouvel homme fort du royaume. En 979, alors que Lothaire souhaite assurer sa succession en associant au trône son fils aîné, c'est le duc des Francs qui prend en charge la réunion des principes regnorum, c'est-à-dire les grands du royaume. La cérémonie se déroule à Compiègne en présence du roi, d'Arnoul (un fils illégitime du roi Lothaire), d'Adalbéron de Reims sous la bénédiction de Hugues. L'assemblée acclame Louis V, selon le rite carolingien, et l'archevêque de Reims le sacre roi des Francs[n 9].
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+ L'année suivante, Lothaire, voyant grandir l'emprise de Hugues, décide de se réconcilier avec Otton II : il accepte de renoncer définitivement à la Lorraine[63]. Mais Hugues, pour des raisons obscures, ne souhaite pas que Lothaire se réconcilie avec l'empereur germanique ; il s'empresse donc de prendre le castrum (la forteresse) de Montreuil, puis de partir pour Rome. Sur place, il rencontre l'empereur et le pape, en compagnie de ses fidèles Bouchard de Vendôme et Arnoul d'Orléans[64]. La tension monte entre Lothaire et Hugues. Le roi des Francs fait marier son fils Louis à Adélaïde d'Anjou qui lui apporte l'Auvergne et le comté de Toulouse, de quoi prendre en tenaille les territoires du robertien par le sud (982). C'est un échec. Le couple se sépare deux ans plus tard[65].
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+ À la suite de la mort d'Otton II (983) et profitant du jeune âge d'Otton III, Lothaire renonce à son rapprochement avec les Ottoniens et, s'alliant au duc de Bavière, il décide de reprendre l'offensive en Lorraine en mars 985. Hugues se garde bien cette fois-ci d'être de l'expédition[66].
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+ Lorsque le roi prend Verdun et fait prisonnier Godefroy (le frère de l'archevêque de Reims), Adalbéron et Gerbert demandent l'aide du duc des Francs. Mais la course folle de Lothaire s'achève puisqu'il meurt à son tour en mars 986[67].
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+ La contradiction de certains faits donnés par Richer ne nous permet pas de comprendre toute l'action politique de Hugues à la veille de son couronnement. Par exemple, on ne sait pas pourquoi il ne s'est pas opposé à l'association au trône de Louis, ni à sa succession en 986, alors qu'il s'est rendu à Rome pour rencontrer l'empereur germanique dans une intention hostile à Lothaire. Inquiet de la prise de Verdun et de l'appel d'Adalbéron, il semblerait que le duc des Francs avait lui-même rassemblé une armée. Peut-être envisageait-il de marcher contre Lothaire et de s'emparer du trône[68] ?
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+ Dans tous les cas, le nouveau souverain Louis V, comme l'avaient fait Louis IV et Lothaire, déclare qu'il prendrait les conseils du duc des Francs pour sa politique. Or, il reprend les visées de son père sur la Lorraine et on pense qu'il aurait souhaité lancer une offensive contre Reims et Laon du fait de leur rapprochement avec l'Empire[69]. On ne sait pas quel est le rôle de Hugues à ce moment-là, les sources restent vagues. Apparemment, le duc des Francs aurait limité les intentions exagérées du roi carolingien. De fait, Louis convoque l'archevêque de Reims à son palais de Compiègne pour qu'il réponde de ses agissements. Mais, au cours d'une partie de chasse, le roi trouve la mort dans une chute de cheval le 21 mai 987 en forêt de Senlis[70].
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+ En mai 987, les chroniqueurs, notamment Richer de Reims et Gerbert d'Aurillac, écrivent que, à Senlis, « s'éteignit la race des Charles ». Le roi défunt est aussitôt enterré à Saint-Corneille de Compiègne et non à Reims comme il le souhaitait[71]. Or, même si Louis V est mort sans enfant, il reste un Carolingien susceptible de monter sur le trône. Il s'agit de Charles de Lorraine, fils de Louis IV et frère de Lothaire. Cela n’a rien d'extraordinaire : ce n'est pas la première fois qu'un Carolingien est en concurrence avec un Robertien[72]. En fait, au temps du père de Hugues Capet, on ne concevait pas de rompre avec les Carolingiens tant qu’il en existerait, et le prince Louis était perçu comme jeune et pur[73]. En 987, les temps ont changé. Depuis une dizaine d'années, Hugues Capet concurrence ouvertement le roi, il semble avoir soumis les grands vassaux, mais, surtout, son adversaire Charles de Lorraine est accusé de tous les maux : il a voulu usurper la couronne (978), il est l'allié d'Otton II puis il a accusé d'adultère la reine Emma d'Italie, femme de son frère[74]. Adalbéron de Reims convoque les plus hauts seigneurs de la Francie à Senlis et leur dit :
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+ « Nous n'ignorons pas que Charles [de Lorraine] a des partisans : ils soutiennent qu'il a des droits à la couronne, transmis par ses parents. Mais on ne doit porter sur le trône qu'un homme exceptionnel par la noblesse du sang et la vertu de l'âme. Or, Charles n'obéit pas à l'honneur, il a perdu la tête au point de s'être remis au service d'un roi étranger Otton II et d'avoir pris femme dans une classe inférieure de la noblesse. »
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+ — Richer de Reims, Histoire, IV, v. 990[75].
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+ De retour d'Angleterre, Abbon de Fleury, écolâtre de Saint-Benoît-sur-Loire, établit une légende selon laquelle les derniers Carolingiens auraient été maudits par le « Loup » (Passion de saint Edmund, v. 987). En effet, tout en insistant sur la sainteté de la tête royale due au sacre, il rappelle que le loup avait précipité Louis IV et sa descendance, trop orgueilleux et brutaux à la différence du roi Edmund, souverain idéal et pacifique. Le clerc répand ainsi l'idée que les Carolingiens étaient comme condamnés par un jugement de Dieu que la contagion rendait héréditaire (Louis IV, Louis V). Il s'agit donc de bannir cette dynastie du trône[n 10]. Adalbéron plaide une dernière fois en faveur de Hugues :
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+ « Le trône ne s'acquiert point par droit héréditaire, et l'on ne doit mettre à la tête du royaume que celui qui se distingue par ses qualités. Donnez-vous donc pour chef le duc Hugues, recommandable par ses actions, par sa noblesse et par ses troupes, en qui vous trouverez un défenseur, non seulement de l'intérêt public mais aussi des intérêts privés. »
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+ — Richer de Reims, Histoire, IV, v. 990[77].
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+ Hugues fait immédiatement acquitter Adalbéron et ce dernier peut alors convoquer une nouvelle assemblée à Senlis (fief de Hugues) et il retourne à Reims écarter toute proposition de la part de Charles de Lorraine. C'est bien Hugues qui va devenir le nouveau souverain[71]. En revanche, les historiens spécialistes de la période affirment qu'« on ne sait toujours pas avec certitude quand, comment et où eurent lieu le couronnement et le sacre du premier capétien[78]. » À ces incertitudes s'ajoute le problème posé par la chronologie fournie par Richer de Reims. Le moine écrit qu'Hugues est couronné et sacré le 1er juin. Yves Sassier n'imagine pas qu'on puisse à l'époque sacrer le nouveau souverain dix jours seulement après la mort du Carolingien. Il semble plutôt qu'Hugues ait été acclamé roi par l'assemblée de Senlis (peut-être le 3 juin) puis couronné et sacré roi le 3 juillet à Noyon[79].
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+ « Le duc fut porté au trône et reconnu roi par les Gaulois, les Bretons, les Normands, les Aquitains, les Goths, les Espagnols (du comté de Barcelone) et les Gascons. »
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+ — Richer de Reims, Histoire, IV, v. 990[77].
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+ Mais les sources font également mention d'une cérémonie à Reims, d'où l'idée émise de deux cérémonies : une à Noyon (laïque) et l'autre à Reims (religieuse)[n 11]. Finalement, de quoi est-on sûr ? Hugues Capet a été acclamé par l'assemblée de Senlis (quelques jours après la mort de Louis V), puis il a été couronné et sacré, soit à Reims, soit à Noyon, entre mi-juin et mi-juillet de l'an 987. Le choix de Noyon reste obscur : pourquoi avoir choisi une cité autre que Reims alors que le nouveau souverain venait d'être élu sur l'appui d'Adalbéron de Reims ? S'agit-il d'une manœuvre afin de contrer l'archevêque de Reims comme Hugues le fera quelques mois plus tard en faisant sacrer son fils à Orléans[79] ? On ne sait rien du déroulement du sacre et du couronnement de Hugues ; en revanche il est à peu près certain qu'il portait un manteau de pourpre tissé d'or (et peut-être brodé de sujets pieux), des bas rouges, des chaussures violettes, une couronne à arche ornée de quatre fleurons et un sceptre[81].
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+ Un des premiers soucis du nouveau roi couronné (rex coronatus) est d'assurer la perpétuation d'une dynastie. Il essaye de convaincre Adalbéron de sacrer son fils Robert. Mais l'archevêque, très proche du pouvoir ottonien qui préfère l'alternance des grandes familles sur le trône de Francie plutôt qu'une puissante dynastie capable de lui faire concurrence, refuse. Hugues, venant de recevoir une lettre de Borrell II, comte de Catalogne, lui demandant de le soutenir contre Al-Mansur qui vient de razzier Barcelone, fait valoir qu'il a besoin d'avoir un successeur au cas où l'expédition contre les sarrasins tournerait mal. Adalbéron doit céder et Robert le Pieux est sacré, âgé d'une quinzaine d'années, le jour de Noël 987[82].
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+ Hugues Capet rêve de le marier à une princesse byzantine, mais ce projet échouant, Robert doit épouser la veuve d'Arnoul II, comte de Flandre, et fille de Bérenger II, roi d'Italie, membre de la famille carolingienne[82]. Rozala d'Italie est de vingt ans son aînée. N'ayant pas réussi à avoir d'enfant avec elle et parce qu'elle était trop âgée, Robert la répudie vers 991/992[83].
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+ Associé à la couronne (rex designatus, « roi désigné »), Robert assiste son père pour les questions militaires (conquête de Laon 988-991). D'autre part, sa solide instruction assurée par Gerbert d'Aurillac à Reims, lui permet de traiter des questions religieuses dont il est rapidement le garant (il dirige le concile de Verzy en 991 et celui de Chelles en 994). Il est presque certain que, contrairement à son fils, Hugues soit illettré et ne parle pas le latin mais le roman (latin vulgaire du Nord)[84].
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+ Durant son règne, Hugues doit faire face à de nombreux opposants. En premier lieu, un de ses grands rivaux : Charles de Lorraine. Ce dernier réapparaît en 988 lorsqu'il s'empare de la ville de Laon, un des derniers bastions carolingiens. Pour se faire respecter, le roi assiège par deux fois la ville sans résultat[85]. Préoccupé par cet échec, Hugues contacte plusieurs souverains afin d'obtenir leur aide. Nous avons connaissance d'une lettre rédigée en juillet 988, sous la plume de Gerbert, dans laquelle le premier capétien ne se contente pas d'informer l'impératrice Théophano (régente de son fils Otton III) des actions de Charles de Lorraine. En effet, il lui propose une rencontre :
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+ « Soucieux de confirmer pour toujours notre mutuelle amitié, nous avons décidé qu'Adélaïde, la compagne de notre trône, vous rencontrera le 22 août au village de Sternay et que nous observerons à perpétuité entre votre fils et nous, sans fraude ni dol, toutes les décisions bonnes et justes que vous y aurez prises ensemble. »
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+ — Hugues Capet à Théophano, 988[86].
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+ Or, étant à Meersburg (près du lac de Constance) au cours du mois d'août, il semble que Théophano ne se soit pas déplacée. Alors, Hugues décide de ruser.
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+ Après la mort d'Adalbéron de Reims (989), il décide d'élire comme nouvel archevêque le carolingien Arnoul (un fils illégitime du roi Lothaire) plutôt que Gerbert. On pense qu'il s'agit d'apaiser les partisans du Carolingien, mais la situation se retourne contre le roi puisque Arnoul livre Reims à Charles[85]. Les alliances se forment alors ; la guerre est ouverte : Charles est allié à l'archevêque de Reims et à Herbert de Vermandois, et Hugues reçoit le soutien d'Eudes de Blois en échange de Dreux. Quant au pape, il est sollicité par les deux adversaires, tandis que la cour d'Otton III reste neutre, malgré les demandes de Hugues[87]. La situation se débloque par la trahison d'Adalbéron de Laon, évêque de Laon, qui s'empare de Charles et d'Arnoul pendant leur sommeil et les livre au roi (991). Pour parvenir à ses fins, Adalbéron s'est fait recevoir à Laon en faisant croire à Charles et Arnould qu'il voulait se réconcilier avec eux afin de récupérer son évêché. Bien accueilli à Laon, il jure sur le pain et le vin (le jour du Dimanche des Rameaux[88] 29 mars ou le jour du Jeudi saint[89] 2 avril 991) de conserver sa foi à Charles, avant d'ouvrir les portes de la ville à l'ennemi durant la nuit[90] ! Le dernier carolingien est emprisonné à Orléans, et meurt à une date inconnue[85].
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+ Cette trahison, qui survient en plein mouvement de la Paix de Dieu (le concile de Charroux date de 989), frappe vivement les imaginations dans la moitié sud du royaume : Adalbéron de Laon est totalement discrédité dans ces provinces et l'image de Hugues Capet est ternie[n 12]. La guerre impitoyable menée contre Charles de Lorraine pour Laon et Reims (988-991), connue par le récit de Richer de Reims et les lettres de Gerbert, ont rendu le roi hostile aux yeux d'une partie de l'Église. La vision que nous avons de la politique du capétien est exclusivement celle des religieux, d'où le recul à prendre vis-à-vis du jugement à donner sur Hugues Capet[78]. Les intérêts des uns et des autres souvent mis en place par des familles différentes ne sont pas convergents. Des rivalités se font jour et les conflits entre princes sont relayés par leurs alliés religieux respectifs. Adémar de Chabannes nous donne une vision presque « manichéenne » du règne de Hugues Capet. Le même auteur nous fournit à la fois un portrait négatif et positif du souverain. C'est lui qui nous conte l'histoire d'un défi du comte Audebert à l'égard de Hugues et Robert « Qui vos reges constituerunt ? » (« Qui vous a fait roi ? »)[92].
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+ Pendant longtemps, on a affirmé que les sujets méridionaux avaient systématiquement rejeté le premier capétien. Récemment, des études ont émis des nuances. Il semblerait que le rejet soit plutôt d'ordre politique (la capture de Charles de Lorraine) plutôt que dynastique. En effet, le duc d'Aquitaine refuse de se soumettre à son roi, « réprouvant ce crime des Francs [la capture de Charles] » et l'évêque de Laon est comparé à Judas le « traître »[93]. Finalement, ils font la paix sur les bords de la Loire. Cette remarque est encore plus explicite dans la cité de Limoges. Les actes affirment que, jusqu'en 988, on reconnaît Hugues et même l'association de Robert puisqu'on les date de leur règne « regnante Ugo rege anno II et Rotberto filio suo anno primo » (« signé de la deuxième année du règne du roi Hugues et de la première de son fils Robert »). Mais cela ne dure pas, quelques mois plus tard, les chartes ne sont plus datées des règnes : il semblerait que le changement soit dû à la prise de connaissance de l'histoire de la capture de Charles de Lorraine et à la trahison de Adalbéron de Laon. Une fois mises au courant, les cités méridionales auraient rejeté la légitimité de Hugues et de Robert[94].
146
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+ Arnoul, qui a trahi le roi pour ouvrir les portes de son archevêché de Reims à son oncle Charles de Lorraine, dernier prétendant carolingien possible, est soutenu par le Saint-Siège. Hugues le fait juger au concile de Saint-Basle-de-Verzy (18 et 19 juin 991). L'assemblée est composée de treize évêques (ce qui est peu) et présidée par l'archevêque Seguin de Sens, peu favorable au roi. En revanche, les débats sont soutenus par l'évêque Arnoul d'Orléans, un proche du roi. Responsable de la défense, Abbon de Fleury avance que le souverain ne peut convoquer de concile et que seul le pape est compétent pour juger l'affaire. Arnoul d'Orléans lui réplique par un très violent réquisitoire contre le Saint-Siège[96]. Arnoul est déposé. Quelques jours plus tard, Gerbert d'Aurillac est nommé archevêque de Reims.
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+ Le pape Jean XV n'accepte pas cette procédure et veut convoquer un nouveau concile à Aix-la-Chapelle, mais les évêques de Francie refusent et confirment leur décision à Chelles (hiver 993-994)[97]. Gerbert, soutenu par d'autres évêques, prend position pour l'indépendance des Églises vis-à-vis de Rome (qui est contrôlée par les empereurs germaniques). Afin d'éviter une excommunication des évêques ayant siégé au concile de Sainte-Basle, et donc un schisme, Gerbert préfère lâcher prise. Il abandonne l'archevêché et se rend en Italie. Toute l'habileté politique de Hugues Capet consiste, dès le début de l'affaire, à demander le soutien de l'empereur et du pape (qu'il n'obtient évidemment pas), et utiliser les divisions de l'Église pour mettre en première ligne les évêques francs qu'il émancipe en échange de leur soutien. L'usage de la voie conciliaire est donc un moyen habile de contrer l'influence de l'empereur, sans entrer directement en conflit.
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+ En parallèle, Abbon de Fleury, qui avait vigoureusement défendu Arnoul, écrit qu'à partir du règne de Hugues Capet, la théorie de la royauté forgée par Hincmar de Reims est reprise : le roi règne avec les conseils des ecclésiastiques. Lui et ses contemporains, pour des raisons obscures et totalement opposées au jugement précédent, assignent à partir de ce moment un grand intérêt à la royauté. Abbon rappelle qu'il faut être fidèle au roi et que chacun des grands seigneurs ne se trouve finalement être qu'un dépositaire du service dû au roi[98].
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+ Oubliée sous les derniers Carolingiens, l'image du « roi idéal » fait son apparition : « Le pouvoir se situe toujours dans la sphère élevée du public et s'exerce comme office en vue du bien commun », ajoute Abbon. Il semble que, sur ce point, Hugues, pour redorer son blason aux yeux des évêques (en construisant des bâtiments religieux par exemple), ait dû légitimer ses actions contre les Carolingiens :
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+ « Si Louis, de sainte mémoire, avait laissé une progéniture, celle-ci lui aurait légitimement succédé. »
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+ — Hugues Capet selon Richer, 990[99].
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+ Abbon entend sauvegarder pour l'avenir la mémoire capétienne qui reste encore fragile dans les mentalités du XIe siècle. Sous Hugues Capet et encore chez Robert II le Pieux, le souverain est largement conseillé et entouré par les évêques dans la tradition carolingienne.
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+ Les historiens (notamment Ferdinand Lot[n 13] ou Jean-François Lemarignier) ont longtemps écrit qu'Hugues était un souverain très faible durant le règne duquel les châtelains avaient remplacé les princes familiers du palais et que la Paix de Dieu avait été décidée pour contrecarrer un rayonnement royal insuffisant[78]. Encore une fois, les études récentes ont nuancé ces propos trop négatifs. En 987, les contemporains ont dû avoir des doutes tant on craignait la remise en cause de l'ordre carolingien. Certains ont montré ouvertement leur hostilité (Charles de Lorraine, Eudes de Blois) et d'autres (surtout les ecclésiastiques) ont préféré patienter. On a vu qu'il y a encore, sous le règne de Hugues, des habitudes carolingiennes.
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+ Les Catalans sont souvent montrés comme étant les premiers à avoir rejeté la légitimité de Hugues. Arraché aux musulmans par les Carolingiens, le comté de Barcelone a longtemps vénéré ces derniers. Pourtant, le premier capétien ne rend pas visite aux abbayes méridionales, et donc ces dernières ne font plus appel à lui pour confirmer leurs privilèges : il y a plutôt éloignement que rupture[101]. En outre, Michel Zimmermann a montré que la rupture entre la couronne de Francie et la Catalogne n'est pas nouvelle : « Depuis Charles le Simple et les derniers Carolingiens, on assiste à un manque d'empressement des souverains à réclamer la prestation de fidélité devant leur incapacité à fournir la protection en contrepartie. » Les comtes de Barcelone renoncent donc, après 900, à faire le voyage pour l'hommage royal. On comprend désormais pourquoi la Catalogne refuse l'exigence de Hugues en janvier 988[102]. Entre-temps, Barcelone a été assiégée en 985 par Al-Mansur. Le comte Borell II fait appel à son protecteur le roi des Francs, mais Lothaire meurt au cours de l'année 986 et Louis V a un règne trop bref pour préparer une expédition. Au lendemain de l'avènement de Hugues Capet, Borrell renouvelle son appel et Hugues promet son aide en échange d'un hommage en Aquitaine, en vain[103].
164
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165
+ Enfin, Hugues doit faire face, durant tout son règne, à l'opposition d'Eudes de Blois dont les possessions prennent en tenaille le domaine royal. Le comte de Blois s'assure de la prise de Melun, alors tenue par Bouchard de Vendôme, en soudoyant le châtelain et les milites (chevaliers) du château[104].
166
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167
+ À la suite de ce coup de force, une coalition se forme entre le roi, le comte d'Anjou et le duc de Normandie (991) : Melun est reprise et Eudes vaincu. Ce dernier reprend les armes et prend Nantes, aussitôt reprise par le comte d'Anjou Foulques Nerra.
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+ Au printemps 993, le comte Eudes Ier de Blois, déçu qu'Hugues Capet et son fils aient refusé de lui conférer le titre de duc des Francs, imagina, en liaison avec Adalbéron de Laon de les faire capturer lors d'une rencontre projetée à Metz avec l'empereur Otton III et de placer Louis, fils du duc Charles de Basse-Lotharingie, sur le trône[105]. Eudes Ier de Blois serait devenu duc des Francs et Adalbéron évêque de Reims. Hugues Capet et son fils prévenus firent échouer cette tentative.
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171
+ Inquiets de la puissance de l'Angevin, Richard Ier de Normandie, Eudes de Blois et Baudouin IV de Flandre s'allient contre lui (995-996). Le conflit sans fin est interrompu par la mort d'Eudes en mars 996, puis par celle de Hugues Capet vers la fin octobre de la même année[106].
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173
+ Eudes de Blois meurt en mars 996, laisse une veuve dont est épris Robert le Pieux. Hugues Capet refuse cette union qui apporterait la Bourgogne à son fils, car Berthe de Bourgogne est sa cousine au troisième degré, et le mariage serait consanguin.
174
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+ Durant l'été 996, déjà malade, Hugues se serait rendu avec son fidèle Bouchard au monastère de Souvigny où repose son ami saint Mayeul (mort en 994).
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+ Il n'est plus en guerre contre Eudes de Blois et a environ 55 ans quand il s'éteint durant les neuf Calendes de l'an 996[n 14]. Il disparaît « sans faire de bruit » après avoir surmonté sans gloire les difficultés que lui créèrent ses ennemis.
178
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+ Le roi était peut-être atteint de la variole ; Richer témoigne : « Hugues, qui avait le corps tout couvert de pustules, s'éteignit dans son château nommé Judéis, « Les Juifs[3] ». Ce toponyme se réfère à un hameau aujourd'hui disparu, près de Chartres, au cœur de la Beauce[n 15].
180
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181
+ Le roi défunt est sitôt transporté à l'abbaye de Saint-Denis où il est inhumé devant l'autel de la Sainte-Trinité aux côtés du roi Eudes, son illustre grand-oncle[110].
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+ En 1263, le roi Saint Louis décida d'un programme visant à réaliser des monuments funéraires pour marquer le rôle de nécropole royale dévolue à l'abbaye. Il commanda une série de quatorze mausolées ornés de gisants pour recouvrir les restes des derniers carolingiens ainsi que les premiers capétiens. Parmi les tombeaux commandés figuraient ceux d'Eudes et Hugues Capet. Ceux-ci se trouvaient à la croisée du transept à côté de l'autel matutinal et derrière les tombeaux de Robert II le Pieux et de Constance d'Arles.
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+ En août 1793, ils furent parmi les premiers tombeaux détruits par ordre de la Convention à l'instigation de Bertrand Barère. Les deux gisants disparurent en même temps que celui du roi Dagobert Ier. De ces tombeaux subsiste un dessin de l'historien et collectionneur François Roger de Gaignières, conservé à la Bibliothèque nationale de France.
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+ Hugues Capet, comme ses prédécesseurs, se fait appeler « rex Francorum » (roi des Francs) et non pas « roi de France », ce qui signifie qu'il se sent plutôt le souverain d'un peuple, les Francs (les hommes libres), que d'un territoire. Bien entendu, ces liens ne reposent pas sur une présence physique qui ferait connaître le roi dans l'ensemble du royaume. Il est même possible que le premier capétien se désintéresse progressivement du sud du royaume puisque les abbayes ne font plus appel à lui pour la confirmation de leurs biens[13]. S'il est connu au nord de la Loire, cela est moins vrai dans les régions méridionales, comme le confirme le récit d'Abbon de Fleury de son voyage en Gascogne :
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+ « Me voici plus puissant en ce pays que le roi, car ici personne ne connaît sa domination. »
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+ — Abbon de Fleury, v. 1000[111].
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+ En effet, depuis le milieu du IXe siècle, les comtés créés au temps des Carolingiens sont devenus progressivement indépendants devant la faiblesse du pouvoir royal. Les plus puissants d'entre eux sont localisés aux marges du royaume (carte 2) :
194
+
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+ Les historiens se sont longtemps demandé pourquoi Hugues n'avait récupéré, à la suite de son couronnement, qu'un minuscule territoire qui allait constituer le domaine royal. Il semblerait que son élection eût été plus une reconnaissance affective qu'une reconnaissance de sa puissance vis-à-vis des grands seigneurs[115]. En effet, ses plus proches voisins (duc de Normandie ou comte d'Anjou) sont plus riches que lui en terres et en hommes. Les possessions du nouveau roi sont réduites à des morceaux de l'ancien duché robertien, consolidé jadis par son père. Ces amputations ne sont absolument pas l'objet de pertes territoriales liées à la réclamation d'un frère cadet du roi[116].
196
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197
+ Ce territoire est dominé par deux grandes villes, Paris et Orléans, puis par quelques villes moyennes, Étampes, Melun, Corbeil, Dreux et Senlis. Ces places fortes sont en réalité des chefs-lieux de pagi au sein desquels le roi n'exerce que le pouvoir comtal[116]. Dans chacune de ces villes, Hugues Capet dispose d'un palais, d'une troupe de chevaliers et de revenus fonciers et économiques[n 16]. Chacune de ses possessions est disjointe des autres puisque de gênants vassaux (Montmorency, Montlhéry…) sont venus s'y intercaler[115].
198
+
199
+ Enfin, le premier capétien dispose aussi d'abbayes qui restent de puissants appuis économiques et stratégiques : Saint-Martin à Tours, Saint-Benoît-sur-Loire (Abbaye de Fleury), Saint-Maur-des-Fossés, Saint-Germain-des-Prés et Saint-Denis. Il ne reste quasiment rien du domaine carolingien, si ce n'est autour de Laon[115]. Il serait cependant illusoire de borner le rayonnement de Hugues Capet à son seul domaine royal. Son influence s'étend sur une région beaucoup plus vaste d'Orléans à Amiens (carte 3).
200
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201
+ Comme on l'a dit, nous sommes assez mal renseignés sur le règne de Hugues Capet. On n'a conservé qu'un petit nombre d'actes émis par sa chancellerie : à peine une douzaine. C'est infime comparé aux plusieurs centaines de son contemporain Otton III[118].
202
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203
+ Hugues Capet apparaît comme un souverain qui reste très « carolingien » dans certains de ses comportements[70]. Dans un premier temps, il associe son fils unique, Robert, à la couronne. Le prince, âgé d'environ 15 ans, est acclamé puis sacré en la cathédrale d'Orléans par Adalbéron de Reims, le soir de Noël 987. Cette pratique était déjà usitée au temps des Carolingiens, mais le passé a montré que cette précaution n'empêchait pas l'élection d'un autre roi (Charles III en 922)[n 17]. De plus, Charles de Lorraine est toujours sur le devant de la scène et le roi a quelque peine à convaincre l'archevêque de Reims de le soutenir. Ce dernier, dont le rôle est capital pour légitimer le sacre, ne souhaite pas voir la nouvelle dynastie se renforcer précipitamment. Mais, face à l'argument de Hugues, qui affirme ne pas pouvoir laisser le royaume sans chef et sans succession assurée dans un univers hostile (les vassaux ennemis du roi, les Musulmans), l'archevêque doit céder[120].
204
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205
+ Plus curieusement, on assiste au maintien par le roi lui-même et par son entourage d'une tradition impériale de la monarchie franque. Ainsi, une charte royale de Hugues Capet, datée de 992, le présente lui-même et son fils se déclarant « détenteurs du pouvoir sur l'Empire des Francs » (imperii Francorum (…) potiti)[121]. Un autre souvenir franc est la confection d'un manteau royal sur ordre de la reine Adélaïde, confié à la garde de Saint-Denis. Ce vêtement, appelé orbis terrarum, symbolise le monde. C'est un manteau impérial et sa signification est claire : « celui qui s'en pare porte le monde sur ses épaules, tel Atlas »[n 18][121]. Jusqu'en 988, tous les actes royaux du premier capétien suivent une pratique carolingienne selon laquelle la signature (souscription) est réalisée à la fois par la chancellerie et par le roi, qui y appose les signes royaux : son monogramme (modèle carolingien) et le sceau. Après cette date, encore un acte sur deux (connu) se fera de cette manière[122].
206
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207
+ Enfin, le rétrécissement, tant décrié par certains historiens, des relations par actes au temps des premiers capétiens, est peu net. Sous les Carolingiens, les diplômes royaux sont rares en Normandie, Anjou, Poitou, Berry et Auvergne, et même inexistants en Gascogne, Bordelais et Toulousain. Au temps de Hugues Capet, on envoie moins de documents en Flandre et en Auvergne, mais on note une multiplication des actes vers la Normandie, la Touraine et le Berry. Il n'y a donc pas une véritable coupure avec les expéditions carolingiennes (excepté dans l'extrême sud)[124]. Bref, Richer présente le roi Hugues comme un « roi guerrier » qui accomplit des exploits avec son armée. Pour être un vrai Carolingien, il ne lui manque que le sang de Charlemagne[125]!
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+ Jusqu'en 987, les clercs ne produisent plus de grands textes. Les règnes des derniers Carolingiens ne stimulent pas les penseurs et semblent mettre de côté les hommes d'Église. Avec Hugues Capet, la situation semble changer. Dans un de ses diplômes, le roi apparaît comme l'intermédiaire entre les clercs et le peuple (mediator cleri et plebis)[126]. D'ailleurs, Abbon de Fleury et Richer de Reims sont conscients du changement avec l'ancienne dynastie. Le moine de Reims ajoute qu'Hugues et Robert réagissent :
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+ « Non par une impulsion précipitée mais comme ils avaient coutume en toutes choses, en prenant conseil de la façon la plus attentive. »
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+ — Richer de Reims, Histoires, v. 990., [127]
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+ Et les deux rois eux-mêmes, sous la plume de Gerbert d'Aurillac, insistent sur cette nécessité de consilium « ne voulant en rien abuser de la puissance royale nous décidons toutes les affaires de la res publica [la chose publique] en recourant aux conseils et sentences de nos fidèles »[127]. En fait, au besoin, les évêques du Nord assistent et soutiennent le roi lors de plaids royaux ou de synodes. Mais Hugues a besoin de l'appui de l'Église pour asseoir davantage sa légitimité, ainsi que parce que les contingents de cavaliers qui composent son armée proviennent en grande partie des évêchés[112].
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+ Concernant les actes royaux, on a vu que le roi n'est réellement présent que dans la région située entre l'Oise et la Seine. Les diplômes royaux peuvent être également des chartes privées comportant un grand nombre de souscriptions. Avec Hugues Capet s'ouvre une nouvelle pratique dans la rédaction des actes. Jusqu'en 987, ils faisaient uniformément l'objet, on l'a souligné, d'une signature de la chancellerie jointe à celle du roi. Dorénavant, le roi doit faire souscrire certains de ses diplômes (un seul connu pour Hugues Capet) non par le seul chancelier, mais par les personnes qui l'entourent (les grands seigneurs).
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+
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+ Désormais, il semblerait que l'autorité royale ne serve plus, à elle seule, à valider la décision qui est prise[128],[122]. En effet, les actes émanant de la chancellerie sont principalement des privilèges qui confirment les domaines des établissements religieux (par exemple Saint-Maur-des-Fossés, 988) et les placent sous la protection du roi (carte 4) : les clercs estiment-ils inutile de demander la protection d'un souverain aussi faible[115]? Cette remarque est aujourd'hui discutée puisqu'on considère que ce changement administratif traduit moins un affaiblissement royal qu'un changement de méthode progressif à partir de Hugues Capet[129]. Les derniers Carolingiens délivraient encore un nombre important de diplômes aux églises situées dans le Midi. Il s'agissait pour eux de mettre en place un sentiment de légitimité et de protection royale contre les musulmans proches, politique mise entre parenthèses depuis le milieu du Xe siècle[130].
220
+
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+ On assiste à un nouvel essor culturel décrit par Helgaud de Fleury à partir de la fin du Xe siècle. Si l'Antiquité a toujours été présente dans la culture du haut Moyen Âge, le paysage monumental est en train de changer. On connaît aujourd'hui l'existence d'un art préroman clairement différencié de l'art carolingien[131].
222
+
223
+ On prête à Hugues Capet et à la famille royale un certain nombre de constructions : le souverain continue la construction du monastère Saint-Magloire entreprise par son père à Paris, tandis que la reine Adélaïde fait bâtir à Senlis une chapelle pour abriter les reliques de saint Frambourg et une autre à Argenteuil pour l'abbaye Notre-Dame[132]. Hugues Capet agit en étroite collaboration avec le centre culturel de Saint-Benoît-sur-Loire. Les évêques jouent également un rôle primordial ; on travaille dans certaines cités à reconstruire ou à agrandir les sanctuaires : c'est le cas, à la fin du Xe siècle, de Beauvais et surtout de Reims. Justement, Richer de Reims nous décrit la reconstruction de la cathédrale de Reims par l'archevêque Adalbéron de Reims en 976. Plusieurs travaux sont effectués : on abat les cryptes occidentales et l'ouvrage voûté carolingien à l'entrée, on le remplace par un clocher-porche, puis on y place le corps de saint Calixte avant de faire élever un autel avec un oratoire. Enfin, l'autel principal est décoré d'une croix d'or et on fait percer de nouvelles fenêtres décorées de diverses histoires[133]. En revanche, tous les contemporains ne sont pas forcément du même goût. En effet, pour le continuateur de Flodoard, qui poursuit les annales depuis la mort de ce dernier, cette reconstruction est considérée comme un « sacrilège »[134].
224
+
225
+ Les centres urbains se développent également. À Tours, le quartier Saint-Martin, protégé par son castrum de pierre, engendre une agglomération dynamique avec de nombreuses boutiques. À Paris, à l'époque de Hugues Capet, la cité est tout entière occupée par le quartier épiscopal à l'est et le palais royal à l'ouest. Entre les deux, on note la présence d'un quartier dont les habitants fournissent le roi et l'évêque en produits précieux[135]. Sur les deux rives s'élèvent des bourgs monastiques autour desquels s'étendent des vignes, des ateliers et des ports fluviaux (Saint-Germain-des-Prés). Ailleurs, à Châteaudun, la collégiale Notre-Dame apparaît en 1003 dans l'enceinte du castrum édifié par le comte de Blois, mais cela reste un cas isolé puisque les châteaux privés restent rares. À la fin du XIe siècle, le timide éveil économique permet de poursuivre les grands traits urbains des cités (caractérisé par une structure polynucléaire) : cité épiscopale, castrum et suburbium hérités du haut Moyen Âge[136].
226
+
227
+ Hugues Capet, lui-même abbé, comprend vite tout l'intérêt qu'il peut tirer de la réforme clunisienne. Il entretient des liens d'amitié avec Maïeul de Cluny, fait montre de dévotion aux cérémonies religieuses et de soutien à la réforme monastique. Il octroie, en 994 à l'abbé Heldric de Saint-Germain d'Auxerre, l'élection de l'abbé par les seuls moines, et non plus par l'évêque d'Auxerre[137]. Il est logiquement soutenu pour son élection par les réformateurs de l'Église et, en particulier, par Gerbert d'Aurillac et Adalbéron de Reims, personnalités influentes et proches des Ottoniens. Ce d'autant que les Carolingiens se sont montrés menaçants pour Otton II et Otton III.
228
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229
+ Mais, une fois au pouvoir, il doit, aux yeux des Ottoniens, rester suffisamment faible pour que la Francie ne puisse s'ériger en contre-pouvoir. Par exemple, Adalbéron rechigne à sacrer son fils Robert, pourtant formé par son écolâtre Gerbert. Il faut toute l'habileté politique dHugues Capet pour le convaincre. Ce dernier délègue ensuite à Robert le Pieux de réelles responsabilités religieuses et militaires qui l'imposent de fait comme son successeur. La réforme monastique ne pouvant pas emporter l'adhésion de tous les abbés et évêques laïcs, des divisions existent au sein de l'Église. Odilon de Cluny et le mouvement de la Paix de Dieu sont fortement critiqués par des personnalités ecclésiastiques de premier ordre, surtout au nord de la Loire, comme Adalbéron de Laon ou Gérard de Cambrai. Les Ottoniens contrôlent le Saint-Siège et manœuvrent pour que, en Francie, le pouvoir reste partagé entre Carolingiens et Robertiens.
230
+
231
+ La trahison de l'archevêque Arnoul a porté un rude coup au crédit du roi. Cependant, ce dernier manœuvre avec habileté, utilisant la voie conciliaire pour contrer les décisions du Saint-Siège (qui est assujetti à l'empereur). De plus, en contraste avec le peu de moyens dont dispose le roi, sa légitimité s'affermit grâce au soutien de grands ecclésiastiques : ils voient bien que le roi, bien que faible, incarne la tradition d'une autorité supérieure, seule capable de maintenir l'ordre et la paix dans la société chrétienne. Les évêques aquitains et languedociens élaborent sans doute, faute de mieux, la Paix de Dieu au moment même où Hugues Capet commence à régner, mais leurs confrères du Nord, plus proches de la royauté, cherchent à lui apporter un soutien idéologique (Gérard de Cambrai, Adalbéron de Laon)[91].
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+
233
+ Justement, Abbon de Fleury, qui avait vigoureusement défendu Arnoul au concile de Verzy, écrit que, à partir du règne de Hugues Capet, la théorie de la royauté, forgée par Hincmar de Reims, est reprise : le roi règne avec les conseils des ecclésiastiques. Lui et ses contemporains, pour des raisons obscures et totalement opposées au jugement précédent, assignent à partir de ce moment un grand intérêt à la royauté. Abbon rappelle qu'il faut être fidèle au roi et que chacun des grands seigneurs ne se trouve finalement être qu'un dépositaire du service dû au roi[98]. Oubliée sous les derniers carolingiens, l'image du « roi idéal » fait son apparition : « le pouvoir se situe toujours dans la sphère élevée du public et s'exerce comme office en vue du bien commun », ajoute Abbon. Il semble que, sur ce point, Hugues, pour redorer son blason aux yeux des évêques (en construisant des bâtiments religieux par exemple), ait dû légitimer ses actions contre les Carolingiens :
234
+
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+ « Si Louis, de sainte mémoire, avait laissé une progéniture, celle-ci lui aurait légitimement succédé. »
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+ — Hugues Capet selon Richer, 990[99].
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+ Abbon entend sauvegarder pour l'avenir la mémoire capétienne, qui reste encore fragile dans les mentalités du XIe siècle. Contrairement aux derniers Carolingiens, les premiers capétiens s'attachent un clan d'évêques au nord-est de Paris (Amiens, Laon, Soissons, Châlons…), dont le soutien se montrera déterminant dans la suite des événements[127]. Hugues Capet et Robert le Pieux ont besoin de l'appui de l'Église pour asseoir davantage leur légitimité, entre autres parce que les évêchés fournissent de gros contingents pour l'armée royale[112]. Dans un de leurs diplômes, les deux rois apparaissent comme les intermédiaires entre les clercs et le peuple (mediatores et plebis)[126]. Et les deux rois eux-mêmes, sous la plume de Gerbert d'Aurillac, insistent sur cette nécessité de consilium : « Ne voulant en rien abuser de la puissance royale nous décidons toutes les affaires de la res publica en recourant aux conseils et sentences de nos fidèles[127]. ». Ce soutien de l'Église à la nouvelle dynastie se traduit au début du XIe siècle par la prophétie de saint Valery : deux auteurs originaires des monastères de Saint-Valery et de Saint-Riquier, dans le Nord, affirmèrent que saint Valery apparut à Hugues Capet pour lui promettre que ses successeurs régneraient sur le royaume des Francs « jusqu'à la septième génération[138],[139] ». Cette prophétie de saint Valery était une réponse à l'affirmation formulée à Sens au début du XIe siècle d'après laquelle les Capétiens étaient des usurpateurs[140].
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+
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+ Au total, malgré un pouvoir réel relativement faible, Hugues Capet parvient à jouer des divisions au sein de la grande aristocratie et de l'Église pour obtenir suffisamment de soutiens pour transmettre héréditairement sa couronne, en dépit de la puissance des Ottoniens. Cependant, la restauration d'un pouvoir royal plus fort répond aussi à un mouvement plus large : la Paix de Dieu est en train de fonder progressivement une société à trois ordres, dans laquelle le clergé, qui est dépositaire de la culture, se rend indispensable à l'exercice du pouvoir.
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+ Pourtant, l'évolution se fait au XIe siècle avec un soutien clérical qui apparaît de moins en moins indispensable (en particulier à partir du règne de son petit-fils Henri Ier) au profit des puissants laïcs.
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+ Le prix Hugues-Capet vise à récompenser depuis 1994 un ouvrage écrit sur « un roi de France, une reine de France, un prince capétien, l'un de leurs aïeux, de leurs conjoints, de leurs descendants, ou sur l'un des grands serviteurs du royaume »[141].
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+ Le jury a été présidé, de 1994 jusqu’à son décès en 2003, par Isabelle d'Orléans et Bragance (1911 - 2003), comtesse de Paris. Le jury est depuis présidé par Béatrice de Bourbon-Siciles (née en 1950).
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+ Une huile est un corps gras qui est à l'état liquide à température ambiante et qui ne se mélange pas à l'eau.
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+
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+ Les huiles sont des liquides gras, visqueux, d'origine animale, végétale, minérale ou synthétique. Elles se différencient des graisses qui sont pâteuses dans les conditions normales d'utilisation. Le beurre n'est pas considéré comme une huile bien qu'il soit liquide dans certains pays chauds. Dans les pays tempérés, certaines huiles, normalement liquides, peuvent se figer par temps froid.
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+
5
+ Le nom est issu du latin oleum (« huile d'olive »), qui a donné en ancien français olie, oile (d'où l'anglais oil), puis uile (XIIIe siècle). Le h initial n'a aucun caractère étymologique. En effet, il a été ajouté à partir du XIIIe siècle pour empêcher la lecture du u initial comme un v, car ces deux sons se notaient par le seul et unique v[1]. L'ajout d’un h a donc permis d'éviter la confusion entre uile et vile (ancienne graphie de ville, d'où vilain) (voir également huit, huître, huis).
6
+
7
+ Le vocable latin oleum, dérivé du latin olea « olivier » et « olive », est un proche parent du grec ἔλαιον (elaion), « huile d'olive, huile »[2], mot issu du grec ἐλαία (elaia), « olivier »[3].
8
+
9
+ Les huiles végétales et animales sont essentiellement constituées de triglycérides, c'est-à-dire des esters de glycérine (ou glycérol) et d'acides gras qui se différencient par la nature et le pourcentage relatif d'acides gras.
10
+
11
+ Du point de vue des utilisations, on différencie :
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+
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+ Les huiles minérales peuvent être différenciées :
14
+
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+ Certaines huiles alimentaires peuvent aussi avoir un usage technique (p. ex. l'huile de lin), ou un usage cosmétique, par exemple l'huile d'argan.
16
+
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+ Note : le beurre, le suif, le saindoux, etc. sont des graisses d'origine animale, mais les graisses utilisées en lubrification résultent du mélange de deux constituants essentiels, une huile de base et un savon, auxquels on adjoint de petites quantités d'autres substances ou additifs.
18
+
19
+ Les huiles essentielles, obtenues par divers procédés d'extraction, dont la distillation, en raison de leur très faible concentration dans le produit de base, ne contiennent pas de triglycérides. Elles sont utilisées dans les parfums, les huiles parfumées et les produits de soins corporel.
20
+
21
+ Les principaux acides gras que l'on trouve dans les huiles sont l'acide oléique, l'acide palmitique, l'acide linoléique et l'acide stéarique.
22
+
23
+ Les huiles végétales sont pour certaines comestibles et pour d'autres seulement utilisées dans l'industrie, en peinture, en savonnerie ou en pharmacie.
24
+
25
+ Les principales huiles végétales, en termes de production, sont :
26
+
27
+ Voir aussi la liste des principales huiles alimentaires.
28
+
29
+ Il existe aussi des matières grasses végétales à l'état solide à température ambiante : beurre de karité, beurre de cacao...
30
+
31
+ Les huiles animales sont aussi utilisées dans l'industrie, en peinture, en savonnerie ou en pharmacie. Les principales huiles et graisses animales sont :
32
+
33
+ Les huiles minérales sont obtenues par distillation de la houille, du pétrole ou de certains schistes bitumineux et servent essentiellement comme lubrifiants des organes mécaniques des machines et des moteurs. Elles sont également souvent utilisées dans les produits cosmétiques.
34
+
35
+ Une tache d'huile minérale sur un papier peut être éliminée en chauffant suffisamment, ce qui n'est pas le cas pour une tache d'huile végétale ou animale.
36
+
37
+ Les huiles végétales (huile de colza...) et les huiles animales (huile de baleine...) furent utilisées comme combustible depuis des temps très anciens, notamment dans les lampes à huile. Elles étaient encore utilisées au XVIIIe siècle comme source principale d'éclairage. Avec l'arrivée du gaz d'éclairage début XIXe siècle, l'huile restera la source d'éclairage principale, souvent à l'intérieur des habitations, presque toujours, dans les régions où le gaz d'éclairage ne s'est pas implanté. Pour obtenir du gaz d'huile, on distillera l'huile de colza et de l'huile de baleine. Le bon pouvoir éclairant du gaz d'huile, en fera un concurrent sérieux au gaz de houille majoritaire. Il sera probablement utilisé dans des contextes où l'intensité lumineuse doit être privilégiée sur l'économie.
38
+
39
+ Les huiles minérales furent aussi utilisées comme combustible, notamment dans des lampes à huile. Les historiens de l'Antiquité rapportent des usages très anciens du naphte, les affleurements de pétrole que l'on trouve fréquemment au Moyen-Orient et en Asie centrale. L'industrie pétrolière naît en Roumanie en 1857, et la première raffinerie à Ploieşti, alimente les 1 000 lampes à huile de l'éclairage public de Bucarest[5]. Fin XIXe siècle, les pétroles se déversent progressivement sur le marché européen. On utilise les résidus visqueux de la distillation du pétrole (Bitumes), lesquels sont à bas prix et les huiles minérales pour la production de gaz combustible[6] : le gaz de pétrole, le gaz Pintsch et le gaz Blau seront utilisés comme gaz d'éclairage notamment dans les voitures de chemin de fer et dans les phares, et comme carburant dans certains dirigeables.
40
+
41
+ Avec les développements de l'électricité (1880), du pétrole, et du gaz naturel (1960), les applications de l'huile, comme combustible liquide, ou gaz combustible, disparaissent peu à peu.
42
+
43
+ Les huiles végétales (mais plus largement la biomasse) suscitent un nouvel intérêt dans des applications de gazéification et de cogénération.
44
+
45
+ Les huiles suscitent un intérêt particulier comme carburant dès 1891 avec les expériences de Rudolf Diesel sur ses moteurs.
46
+
47
+ Actuellement deux grandes voies d'utilisation sont ouvertes :
48
+
49
+ Les huiles proviennent du palmier à huile, du tournesol, du colza, du jatropha ou du ricin et sont extraites par pressage (écrasement) à froid, à chaud, voire avec un solvant organique.
50
+
51
+ En industrie (pompes, chaînes de convoyages).
52
+
53
+ L'usage du beurre dans les savons de Marseille est proscrit par Jean-Baptiste Colbert de Seignelay au profit de l'huile d'olive. En 1829 on emploie dans les savons, principalement de l'huile d'olive, d'œillette et de noix[7]. Il faut par la suite ajouter huile d'arachide, huile de coprah, huile de palme, huile de palmiste. Suif et saindoux - des graisses animales - sont également employés.
54
+
55
+ Les huiles sont employées comme liant, ou sous forme d'huile essentielle comme dissolvant, dans la confection des peintures, des vernis et des mastics.
56
+
57
+ En peinture, depuis le début du XIXe siècle, plusieurs espèces d'huiles sont utilisées, tant pour broyer que pour détremper les couleurs :
58
+
59
+ L'huile de lin, l'huile d'œillette sont naturellement siccatives. L'huile de noix est semi-siccative.
60
+
61
+ Les liquides propres à dissoudre les résines qui entrent dans la composition des vernis sont appelés dissolvants - Ces dissolvants sont l'éthanol (esprit de vin), l'essence éthérée de térébenthine, l'huile d'aspic, l'huile de lavande, et les huiles siccatives d'œillet, de lin, etc.[Q 3]
62
+
63
+ L'essence de térébenthine, huile essentielle, sert ordinairement à détremper les couleurs broyées à l'huile ; si elle n'ajoute pas à l'adhérence que procure l'huile de lin, et si même elle détruit son brillant, elle a aussi l'avantage, par sa limpidité, de donner aux couleurs plus de développement, de les rendre plus brillantes, et de les faire plus promptement sécher. L'essence sert encore sous la molette pour mélanger certaines couleurs, lorsqu'elles doivent être détrempées au vernis. Elle agit encore comme mordant sous le pinceau qui trace les veines lorsqu'il s'agit d'imiter le bois d'acajou ; enfin elle est le dissolvant de toutes les résines propres à la composition des vernis gras et des vernis à l'essence[Q 4].
64
+
65
+ Un film d'huile répandu sur de l'eau permet de diminuer la fluidité, donc calme le mouvement de l'eau.
66
+
67
+ J.M. Morisot, Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment. Vocabulaire des arts et métiers en ce qui concerne les constructions (Peinture dorure), Carilian, 1814 (lire en ligne)
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+
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+ 8 (huit) est l'entier naturel qui suit 7 et qui précède 9.
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+ Le préfixe du Système international pour 1 0008 est yotta (Y), et pour son inverse yocto (y).
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+
9
+ Au départ, divers groupes en Inde écrivaient 8 plus ou moins en un trait incurvé qui ressemblait à une majuscule H avec la moitié basse de la ligne gauche et la moitié haute de la ligne droite enlevées. À un moment, ce glyphe ressembla à notre 5 moderne. Puis, dans les chiffres dits ghûbar[1] des Arabes d'Afrique et d'Espagne, la ressemblance du glyphe avec 5 fut supprimée en connectant le départ avec la fin du trait, et il ne resta plus aux Européens que le soin d'arrondir le glyphe, ce qui conduisit à notre 8 moderne.
10
+
11
+ La graphie « 8 » n'est pas la seule utilisée dans le monde ; un certain nombre d'écritures — particulièrement celles des langues du sous-continent indien et du sud-est asiatique — utilisent des graphies différentes.
12
+
13
+ graphie du nombre 8 sur un afficheur 7 segments.
14
+
15
+ Un polygone de huit côtés est un octogone. Les nombres figurés représentant les octogones (incluant huit) sont appelés des nombres octogonaux. Un polyèdre de huit faces est un octaèdre. Les nombres figurés représentant un octaèdre sont appelés des nombres octaédriques.
16
+
17
+ Les nombres sphéniques ont toujours exactement huit diviseurs.
18
+
19
+ Il y a exactement cinq groupes d'ordre huit (à isomorphisme près).
20
+
21
+ 8 est un nombre pyramidal heptagonal.
22
+
23
+ Les puissances entières successives de 8 sont :
24
+
25
+
26
+
27
+ 1
28
+ ,
29
+ 8
30
+ ,
31
+ 64
32
+ ,
33
+ 512
34
+ ,
35
+ 4096
36
+ ,
37
+ 32768...
38
+
39
+
40
+ {\displaystyle 1,8,64,512,4096,32768...}
41
+
42
+ 1
43
+
44
+
45
+ ×
46
+ 8
47
+ +
48
+ 1
49
+ =
50
+ 9
51
+
52
+
53
+
54
+
55
+ 12
56
+
57
+
58
+ ×
59
+ 8
60
+ +
61
+ 2
62
+ =
63
+ 98
64
+
65
+
66
+
67
+
68
+ 123
69
+
70
+
71
+ ×
72
+ 8
73
+ +
74
+ 3
75
+ =
76
+ 987
77
+
78
+
79
+
80
+
81
+ 1234
82
+
83
+
84
+ ×
85
+ 8
86
+ +
87
+ 4
88
+ =
89
+ 9876
90
+
91
+
92
+
93
+
94
+ 12345
95
+
96
+
97
+ ×
98
+ 8
99
+ +
100
+ 5
101
+ =
102
+ 98765
103
+
104
+
105
+
106
+
107
+ 123456
108
+
109
+
110
+ ×
111
+ 8
112
+ +
113
+ 6
114
+ =
115
+ 987654
116
+
117
+
118
+
119
+
120
+ 1234567
121
+
122
+
123
+ ×
124
+ 8
125
+ +
126
+ 7
127
+ =
128
+ 9876543
129
+
130
+
131
+
132
+
133
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134
+
135
+
136
+ ×
137
+ 8
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+ +
139
+ 8
140
+ =
141
+ 98765432
142
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143
+
144
+
145
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147
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148
+
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+ ×
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+ =
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+ {\displaystyle {\begin{array}{ll}1&\times 8+1=9\\12&\times 8+2=98\\123&\times 8+3=987\\1234&\times 8+4=9876\\12345&\times 8+5=98765\\123456&\times 8+6=987654\\1234567&\times 8+7=9876543\\12345678&\times 8+8=98765432\\123456789&\times 8+9=987654321\end{array}}}
162
+
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+ Dans de nombreuses langues du monde huit s'écrit sur la forme 5+3 ou 3+5 (système quinaire)
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Alphabet morse dans lequel le chiffre 8 correspond à « ---·· »
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+ Almanach et dictionnaire des nombres (site de Gérard Villemin)
fr/2644.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,242 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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+ Améliorez-le ou discutez des points à vérifier.
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+ Si vous venez d’apposer le bandeau, merci d’indiquer ici les points à vérifier.
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+
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+ Taxons concernés
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+
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+ Sous-pages sur l'ostréiculture
7
+
8
+ Autres sous-pages sur les huîtres
9
+
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+ modifier
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+
12
+ La dénomination vernaculaire huître désigne les mollusques marins bivalves de la famille des Ostreidae et plus largement de la super-famille des Ostreoidea. Les huîtres ne vivent que dans l'eau salée ou saumâtre et se trouvent dans toutes les mers. Ces mollusques sessiles vivent à l'état naturel fixés sur un substrat rocheux.
13
+
14
+ Espèces ingénieurs qui ont la capacité, en s'installant sur le fond, de créer un habitat favorable à de nombreux autres organismes vivants, elles forment des mini-récifs biogéniques, véritables oasis de biodiversité, et rendent de nombreux autres services écosystémiques. Ces récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques. Mais des siècles d'extraction et la dégradation du littoral ont entraîné la quasi-extinction des récifs naturels[1]. Il existe quelques projets de restauration de récifs d'huîtres[2]
15
+
16
+ L'huître présente une anatomie et une coquille, composée d'aragonite et de protéines comme la conchyoline, caractéristiques des lamellibranches.
17
+
18
+ Cette coquille, grande et inéquivalve, est fixée par la valve gauche, qui est généralement bombée, concave, avec l'extrémité antérieure plus ou moins redressée en forme de crochet[3], alors que la valve droite est plate (dans le langage courant, on parle de valves inférieure et supérieure parce que dans la nature la première repose sur le sol). L'extrémité antérieure de la coquille est donc la portion où les valves sont réunies par le ligament, l'extrémité postérieure est la bordure opposée des valves. La couleur des coquilles diffère beaucoup d'une espèce à l'autre, et même au sein d'une même espèce[4].
19
+
20
+ Le manteau constitue la structure la plus externe du corps mou de l'huître. Il correspond à la membrane qui se rétracte lorsqu'on la pique ou qu'on l'asperge de citron. Les deux moitiés du manteau sécrètent les deux valves de la coquille. Ces deux lobes, fusionnés[5] avec les viscères dans la région dorsale, délimitent la cavité palléale dans la partie ventrale de l'animal.
21
+
22
+ Une grande partie de l'intérieur de l'huître est occupée par les branchies qui divisent la cavité palléale en deux : la chambre inhalante, ventrale, et la chambre exhalante, dorsale. Ces branchies se poursuivent antérieurement par deux paires de lobes triangulaires, les palpes labiaux, révélant leur rôle respiratoire, mais également nutritionnel. En effet, les cils présents sur les axes de l'épithélium plissé des branchies créent un courant d'eau qui permet l'acheminement vers les palpes labiaux et la bouche des particules nutritives dont se nourrit l'animal[6].
23
+
24
+ Comme les autres lamellibranches, l'huître ne possède pas de tête. Bien que dépourvue d’oreille, elle est dotée d’une capacité d’audition[7],[8]. Un muscle adducteur important permet de contrôler l'ouverture de la coquille. C'est ce muscle qui maintient l'huître fermée et que l'on doit couper lors de l'ouverture de l'animal. Rappel ancestral, la larve comporte deux muscles inégaux (phase dimyaire) alors que l'adulte est monomyaire.
25
+
26
+ Huître japonaise (Crassostrea gigas), bassin de Marennes-Oléron, vue de dessus.
27
+
28
+ Huître japonaise, vue latérale.
29
+
30
+ Huître japonaise ouverte.
31
+
32
+ Comme la majorité des invertébrés benthiques, les huîtres ont un cycle de vie bentho-pélagique où une phase adulte sessile succède à une phase de vie larvaire planctonique pélagique (avec différents stades, larve trochophore, véligère, phase de pédivéligère[12] qui voit la larve plonger au fond, passant de la phase nageante à une phase rampante)[13].
33
+
34
+ La croissance accrétionnaire et saisonnière des coquilles (via les stries de croissance) est une mémoire des fluctuations environnementales. Elle permet des études sclérochronologiques, qu'on peut affiner par l'analyse des teneurs en isotopes stables (C et O), ce qui permet de rétrospectivement évaluer l'âge absolu des huîtres fossiles et reconstituer leurs dynamiques de populations. On a ainsi pu évaluer le temps représenté par certaines couches sédimentaires (cycles annuels à pluriséculaires).
35
+
36
+ Leur comportement (mouvements des valves, rythmes biologiques, croissance, date et heure de ponte) est utilisé pour suivre en temps quasi réel, et à distance, l'évolution de la qualité de l'eau sur les côtes[14].
37
+
38
+ L'huître Magallana gigas, la plus présente en France des variétés d'huître, est hermaphrodite cyclique[15]. En effet, une année sur l'autre, elle sera tantôt femelle, tantôt mâle. Lorsque la température de l'eau dépasse 10 °C, elle produit ses gamètes qu'elle libère lorsque l'eau atteint une température proche de 18 °C. Une huître libère entre 20 et 100 millions d'ovules et encore plus de spermatozoïdes. Seules 10 % des larves formées atteindront l'âge adulte. Cet hermaphrodisme successif se retrouve chez l’Ostrea edulis, l’Ostrea lurida (en) et la Crassostrea virginica, qui alternent entre phase mâle ou femelle d'une saison à l'autre, ainsi que chez d'autres bivalves[15].
39
+
40
+ Pratiquement toutes les espèces d'huîtres ont une fécondation externe : les femelles expulsent leurs millions d’ovules en battant des cils, tandis que les mâles, attirés par les phéromones dégagées, suivent le mouvement en larguant d’un filet continu, leurs spermatozoïdes. Particularité chez les Bivalves, les huîtres plates ont une fécondation interne : l'huître femelle émet ses gamètes en interne dans sa cavité palléale, tandis que le mâle répand sa laitance dans l'eau où la femelle, en la filtrant, les récolte. Après une période d'incubation qui dure entre 8 et 10 jours, et dépendant de la température, l'émission finale des larves dans l'environnement se produit[16]. Lors de la gamétogenèse qui a lieu pendant les « mois sans r » (mai, juin, juillet et août, d'où le proverbe « mois sans r, huître amère »)[17], l'huître creuse pleine de son « lait » va répandre dans l'eau ses gamètes. Le « lait » est un fluide contenant le sperme (gamète mâle) et les ovules (gamètes femelle) des huîtres. Il arrive parfois que l'huître fertile conserve son « lait », ses gamètes, toute l'année si les conditions climatiques n'ont pas été favorables (par exemple, un été trop froid), ce qui explique la présence de laitance parfois même en hiver. Les conditions climatiques favorables sont : une eau à bonne température, 21 °C ; une eau pas trop salée et donc la proximité d'une rivière.
41
+
42
+ L'union d'un gamète mâle et d'un gamète femelle forme un œuf microscopique qui va dériver au gré des flots. Chaque huître mère donne naissance à plus d'un million d'œufs par an[réf. nécessaire]. Au bout de vingt jours environ, l'œuf va se fixer sur un support solide et propre.
43
+
44
+ L'huître a quelques prédateurs naturels parmi lesquels on retrouve l'huîtrier pie, différentes espèces de crabes et de poissons (raies, brèmes, dorades), les étoiles de mer, les moules et les bigorneaux perceurs[18]. Elle peut être parasitée, notamment par des térébrants, dont le Polydore.
45
+
46
+ L'huître peut être exposée à divers polluants chimiques (métaux lourds notamment), ainsi qu'à des pathogènes pour elle-même ou pour l'Homme. La question de l'impact éventuel de toxiques perdus par les dépôts de munitions immergées proches de sites de production se pose.
47
+
48
+ Certaines espèces subissent la concurrence d'espèces introduites avec de possibles pollutions génétiques.
49
+
50
+ L'étude des huîtres fossiles montre que de nombreuses espèces ont existé dans le passé et ont, comme leurs ancêtres, joué un rôle écologique et trophique important sur les plateaux continentaux, contribuant notamment au cycle du carbone et aux puits de carbone. Les paléontologues retrouvent des accumulations massives de coquilles d'ostréidés, très épaisses (« intérieur » d'un banc ou récif constitué d'huîtres) ou en couches bidimensionnelles lorsqu'elles couvraient le sédiment. Diverses espèces ont occupé une large gamme de niches écologiques, avec des morphotypes adaptés à différents substrats et à des conditions environnementales, climatiques et édaphiques variant selon la salinité, la turbidité, l'oxygénation, le courant, la saison, la bathymétrie, etc.
51
+
52
+ L'origine des huîtres a depuis longtemps attiré l'attention des paléontologues qui ont proposé comme ancêtre le groupe fossile des Pseudomonotidae[19] des Arcoida[20], ou des Pterioida[21]. Un des genres d'huître les plus anciens, la Gryphée (épibenthique à la valve gauche posée sur un fond meuble, la coquille spiralée étant une adaptation morphologique évitant au Bivalve l'envasement) vit principalement du Trias supérieur au Jurassique, à l'époque des dinosaures[22]. L'ordre Ostreida (à l'origine de la famille des Ostreidae, les « vraies huîtres » comestibles) émerge à la fin du Permien il y a 250 millions d'années, tandis que le genre des huîtres plates Ostrea, reconnaissable à ses valves aplaties à crochet droit et saillant, apparaît au Crétacé il y a 80 millions d'années[23],[24].
53
+
54
+ D'autres familles de bivalves de l'ordre des Ostreida sont dénommées huîtres : Pteriidae, Gryphaeidae...
55
+
56
+ Les huîtres fournissent de nombreux services écosystémiques. Ressources marines, elles sont exploitées pour la pêche et l'aquaculture. Les coquilles ont servi à paver les routes ou de remblais aux fortifications et aux quais des chemins de fer[25]. Les récifs participent à la stabilisation des sédiments, à la protection du trait de côte (défense côtière par l'effet brise-lames)[26],[27], la séquestration du carbone. La capacité de pompage et de filtration de ces Bivalves qui filtrent en moyenne presque 200 litres d'eau par jour, contribue à la diminution de la turbidité de l'eau[28], à la réduction des blooms algaires et bactériens, à la dénitrification[29] et à l'amélioration de la qualité sanitaire des eaux[30]. Ce sont des sentinelles écologiques qui alertent sur la sédimentation, la pollution marine et l'érosion du littoral[31]. Espèces ingénieurs, elles ont la capacité, en s'installant sur le fond, de créer des micro-habitats qui hébergent une diversité faunistique et floristique importante (algues, pétoncles, éponges, tuniciers, cnidaires, étoiles de mer, servant même de nurserie pour les seiches). La structure feuilletée des coquilles offre même des nano-habitats, comme celle de l'huître plate qui peut abriter une centaine d'espèces, soit quatre fois plus que les autres substrats durs environnants[32]. Les récifs huîtriers sont ainsi l'équivalent tempéré des récifs coralliens tropicaux[33]. Les huîtres rendent également des services récréatifs et touristiques (fêtes de l'huître, Cité de l'Huître, « Trail de l'huître » à Riec-sur-Bélon depuis 2014[34], conchylitourisme avec des routes de l'huître dans le Morbihan, en Vendée)…
57
+
58
+ Les gestionnaires des milieux naturels ont lancé de nombreux projets d'enrichissement coquillier, de semis de naissains et de déploiement de récifs artificiels[35]. L'introduction d'espèces non indigènes dans 73 pays a pu être la cause de déséquilibres profonds (biodiversité, réseau trophique) pouvant entraîner des dommages de toutes sortes aux équilibres écologiques (développement d'espèces envahissantes avec leurs maladies associées)[36].
59
+
60
+ Depuis le début des années 2010, la baie de New York est l'objet d'un projet de restauration des récifs ostréicoles (en), le "Billion Oyster Project" ("Un milliard d'huîtres" d'ici 2035), impulsé par Fabien Cousteau non pas dans un but gastronomique mais environnemental, les colonies de la baie ayant été décimées par la pêche, la pollution et les maladies[37],[38].
61
+
62
+ Avant l'élevage des huîtres, leurs récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques, comme en attestent les amas coquilliers anthropiques sur les littoraux[39].
63
+
64
+ Les Grecs et les Romains sont très friands de l'huître plate, huître indigène européenne. L'importation à Rome des huîtres des côtes européennes aussi bien atlantiques que méditerranéennes, fait l'affaire des négociants et des transporteurs[40]. Les vestiges archéologiques ne permettent pas de savoir si ces huîtres importées sont pêchées ou élevées à cet effet[41].
65
+
66
+ Les prémices de l'ostréiculture existent déjà chez les Romains (les dépotoirs révèlent une consommation particulièrement importante à cette époque) qui, selon Pline l'Ancien, réalisent une technique d'affinage dans des « parcs à huîtres » ou « viviers à huîtres » que désignent le mot latin ostriaria[42]. Les invasions barbares mettent fin à l’ostréiculture qui ne parvient pas à se développer durant le haut Moyen Âge où les gisements suffisent à couvrir la consommation, ne redevenant une activité économique qu'au XIe siècle[43]. Les huîtres se consomment à cette époque décoquillées, sans doute séchées dans le sel, conditionnées dans une saumure ou marinées dans du vinaigre, avant d'être « exportées » vers l'intérieur des terres pour les populations aisées[44] dans les villes[45]. La consommation peut être localement importante, comme en attestent les buttes coquillières de Granville, Beauvoir-sur-Mer ou Saint-Michel-en-l'Herm[46] qui témoignent de l'activité d'importants ateliers d'écaillage médiévaux destinés à l'alimentation mais aussi à l'exploitation des coquilles pour fortifier les coquilles d'œufs des poules, ou pour la production de chaux ou d'amendements agricoles[47]. À la Renaissance, sa renommée s'accroît encore (l'huître qui se consomme décoquillée et cuite, figure dans de nombreux livres de cuisine), si bien que la facilité de son exploitation et la pêche excessive entraînent probablement l'épuisement de nombreux bancs naturels[48]. Le XVIIe siècle voit le développement des bassins ostréicoles pour répondre à la demande des huîtres consommées écaillées, mais les huîtres restent plus une ressource de subsistance pour les populations littorales qu'une denrée commerciale (surplus limité à une consommation aristocratique et urbaine)[49].
67
+
68
+ Jusqu'au XIXe siècle, l'ostréiculture consiste dans le dragage des bancs naturels, les huîtres étant, soit livrées directement à la consommation, soit placées dans des parcs situés sur le littoral au voisinage des bancs huîtriers[50].
69
+
70
+ L'ostréiculture moderne ne se développe qu'au milieu du XIXe siècle, cet élevage se traduisant en France par la mise au point du captage du naissain et le développement des premiers parcs installés dans la zone de balancement des marées dans les années 1860 à la suite des initiatives du naturaliste Victor Coste[50].
71
+
72
+ On dénombre les techniques d'élevage principales suivantes, selon le substrat et les coefficients de marée :
73
+
74
+ On dénombre trois grandes étapes dans l'élevage :
75
+
76
+ Le parc d'affinage est situé en mer, sur la côte ou sur l'estran le plus proche de la côte (aber, ria, fond de baie, anciens marais salants, etc.).
77
+
78
+ Les huîtres atteignent une taille commerciale en deux ou trois ans, selon le lieu d'élevage et la densité.
79
+
80
+ Assiette d'huîtres creuses (ou « japonaises » : Crassostrea gigas).
81
+
82
+ Assiette d'huîtres plates (ou « européennes » : Ostrea edulis).
83
+
84
+ Assiette d'huîtres creuses de Virginie (Crassostrea virginica).
85
+
86
+ Huître portugaise (Crassostrea angulata).
87
+
88
+ Huître olympe (Ostreola conchaphila).
89
+
90
+ L'huître tropicale Saccostrea cucullata est parfois consommée localement.
91
+
92
+ La production française est d'environ 130 000 tonnes par année[53], dont 98 % environ d'huître creuse (Crassostrea gigas), et 2 % d'huître plate (Ostrea edulis). La France représente l'essentiel de la production européenne (environ 90 %). La Chine est premier producteur mondial avec environ 3,7 millions de tonnes[54].
93
+
94
+ L'huître plate est élevée sur les côtes atlantiques (Bretagne) et méditerranéennes. L'huître creuse est élevée à Arcachon, à Marennes-Oléron, en Bretagne, sur l'île de Ré, l'île de Noirmoutier, en Vendée, en Normandie, dans le Languedoc (étang de Thau)[55] et en Corse (étangs d'Urbino et de Diana), cependant tous les naissains viennent de la côte Atlantique (Arcachon, Charente-Maritime et Baie de Bourgneuf).
95
+
96
+ Huîtres plates belons.
97
+
98
+ Huîtres de Normandie.
99
+
100
+ Huîtres de Saint-Germain-sur-Ay.
101
+
102
+ Huîtres de Kerpenhir (Golfe du Morbihan).
103
+
104
+ L'élevage des huîtres, et spécialement dans l'ostréiculture arcachonnaise, utilise le principe de la tuile chaulée pour le captage du naissain, avant grossissement.
105
+
106
+ L'élevage des huîtres en Méditerranée se pratique sur table d'élevage en suspension et généralement en immersion permanente. Seule l'entreprise Médithau, dans le bassin de Thau fait subir des exondations pouvant aller jusqu'à plusieurs jours durant tout le cycle de la croissance de l'huître. Ce procédé reproduit le cycle des marées présent en Atlantique.
107
+
108
+ On maîtrise maintenant la reproduction et l'élevage des larves d'huîtres en écloserie, cette technique garantit l'approvisionnement en naissain, elle cohabite avec le captage du naissain sauvage. Seules les écloseries produisent des huîtres triploïdes. Le captage naturel est surtout localisé dans le bassin d'Arcachon et la région de Marennes-Oléron où la rétention hydrodynamique est forte (milieux protégés des courants et des fortes marées), ce qui favorise la rencontre et la fécondation des gamètes[56].
109
+
110
+ Huîtres de Poitou-Charentes.
111
+
112
+ Huîtres d'Arromanches.
113
+
114
+ Huîtres de Cancale.
115
+
116
+ Huîtres du Pays de Loire.
117
+
118
+ Huîtres de l'île d’Oléron.
119
+
120
+ Les « claires »[Note 1] sont une spécialité commune de Marennes-Oléron et de la Région Pays de la Loire, elles servent à l'affinage des huîtres, dont le goût et le taux de chair peuvent varier. Du fait de leur ancienneté et de leur meilleure image marketing, les ostréiculteurs de Marennes-Oléron contrôlent l'essentiel de la commercialisation des huîtres de claire en France.
121
+
122
+ Ainsi, des huîtres nées et élevées en Bretagne, en Normandie, en Méditerranée, voire en Irlande, mais affinées dans les deux derniers mois précédant leur consommation dans les claires de Marennes-Oléron auront droit au qualificatif « affinées à Marennes-Oléron ». Après avoir passé 6 mois dans ce bassin, elles pourront porter l'appellation « Huîtres Marennes-Oléron ».
123
+ Les éleveurs d'huîtres sont des ostréiculteurs, ils constituent avec les éleveurs de moules (les mytiliculteurs) l'essentiel des conchyliculteurs (éleveurs de coquillages marins).
124
+
125
+ Les écaillers sont les professionnels qui ouvrent des huîtres pour les vendre.
126
+
127
+ En France, la dénomination des huîtres, comme celle de tous les coquillages, est régie en premier lieu par le Règlement 2065/2001[57].
128
+
129
+ Pour les huîtres creuses, les mentions complémentaires et les calibres sont définis par un accord interprofessionnel modifié pour la dernière fois en 2017[58]. Ces mentions prennent en compte l'indice de remplissage. Ce dernier est calculé sur la base de 100 fois le rapport de la masse de la chair de 20 huîtres creuses à la masse brute de ces mêmes huîtres.
130
+
131
+ Calibres (poids moyen de l'huître) :
132
+
133
+ Ainsi, un colis de 15 kg d'huîtres no 1 correspond au moins à 100 huîtres, tandis qu'un colis de même poids d'huîtres no 5 comporte au moins 333 huîtres.
134
+
135
+ Mentions complémentaires :
136
+
137
+ Pour l'huître plate, il n'existe pas d'accord interprofessionnel concernant le calibrage, mais une règle d'usage professionnelle. Les calibres sont différents :
138
+
139
+ Calibre/poids de 100 huîtres plates :
140
+
141
+ D'autres signes de qualité peuvent encore s'ajouter, comme le Label Rouge et les produits IGP, ainsi que des marques commerciales.
142
+
143
+ Dans les années 1990, une nouvelle variété d'huître creuse fait son apparition sur le marché : l’huître triploïde, créée artificiellement[59]. Cette huître triploïde relève d'une anomalie du développement embryonnaire car elle contient trois jeux de chromosomes au lieu de deux[59], soit 10 lots de trois chromosomes au lieu de 10 lots de deux chromosomes, une différence génétique obtenue par des chocs chimiques et thermiques[60]. Les huîtres triploïdes sont exclusivement produites en écloserie[60]. Elles se généralisent à partir de 1999, date à laquelle l'IFREMER (Institut public français de recherche pour l'exploitation de la mer) met en œuvre, avec les écloseries françaises, une technique développée par l'université américaine Rutgers (l'INRA avait déjà mis au point une technique analogue pour les truites, au début des années 1980[61],[62],[63]).
144
+
145
+ L'objectif initial est de créer des huîtres plus rentables : stériles et incapables de se reproduire, elles poussent en deux ans, au lieu de trois ou quatre ans pour les huîtres sauvages, bénéficiant de l'économie physiologique de la reproduction. En effet, l'énergie utilisée par l'espèce sauvage pour se reproduire est utilisée par l'huître triploïde pour grandir[59]. De plus, ne fabriquant plus d'oeufs pour se reproduire, les huîtres triploïdes ne sont donc pas « laiteuses » en été et sont par conséquent commercialisables toute l'année (les huîtres laiteuses étant souvent considérées comme inférieures). Elles présentent ainsi une amélioration majeure sur le plan sanitaire (les huîtres "en lait" se conservent très mal), sur le plan diététique (les huîtres "en lait" sont chargées en lipides contrairement aux huîtres des quatre saisons qui stockent du sucre animal : le glycogène) et sur le plan organoleptique[64].
146
+
147
+ Cette innovation provient à la fois de France et des États-Unis. En effet, dans les années 1980, l'huître native de Virginie, Ostrea virginica, est en déclin, fragilisée par les pollutions et les parasites qui se développent dans la baie de Chesapeake. Le généticien Standish Allen met au point une huître triploïde pour assurer une production toute l'année. Développée dans une écloserie (ferme spécialisée dans la production), sa croissance dans un milieu contrôlé doit s'affranchir de la pollution et des maladies[65]. Il applique aussi cette technique sur l'huître japonaise Crassostrea gigas[66].
148
+
149
+ Parallèlement, l'IFREMER invente une huître triploïde. Le laboratoire de Génétique et Pathologie de la station de La Tremblade croise l'huître diploïde femelle sauvage (à deux jeux de chromosomes, qui est l'huître rencontrée dans la nature) et l'huître tétraploïde mâle (à quatre jeux de chromosomes et à fort potentiel reproducteur ; le premier brevet en 1995 utilise, pour obtenir la polyploïdie, l'induction chimique par un produit mutagène au stade embryonnaire sur une huître diploïde ; l'IFREMER rachète un brevet américain en 2004, le brevet Rutgers, puis dépose en 2008 un nouveau brevet en nom propre, qui utilise un inducteur chimique non cancérigène)[60]. L'écloserie de La Tremblade fournit l'huître tétraploïde badgée et pucée aux écloseries commerciales[Note 4] depuis le début des années 2000, ces dernières les croisant avec leurs géniteurs diploïdes pour produire du naissain triploïde[67].
150
+
151
+ En 2001, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) n'a émis aucune objection à sa commercialisation, semblant assurée de son innocuité pour les consommateurs[68],[69].
152
+
153
+ Ces huîtres triploïdes ont été créées à la suite d'une demande spécifique des ostréiculteurs et peuvent avoir des conséquences sur le patrimoine biologique, leur biodiversité réduite pouvant accentuer leur sensibilité aux maladies, mais les résultats sur les taux de mortalité entre les deux types d'huîtres sont contradictoires[70]. Elles sont accusées de coloniser les milieux naturels et déstabiliser les élevages naturels. Elles posent aussi des problèmes plus éthiques sur les modifications génétiques des aliments et sur la transparence de l'information des consommateurs. Procédé coûteux et complexe, l'huître tétraploïde serait vendue 1 000 euros l'étalon aux écloseries[71]. De plus, l'ostréiculteur devient dépendant des écloseries, celui-ci ne pouvant faire se reproduire ses huîtres.
154
+
155
+ Constituant une part significative de la production française (30 % en 2008, 50 % en 2014 selon le Syndicat conchylicole national[72]), y compris en haut de gamme, les huîtres triploïdes ne sont pas considérées juridiquement comme des OGM, mais comme des OVM [73], si bien qu'au niveau légal, aucune obligation d'étiquetage ni étude préalable ne sont requises. Selon Libération, « on ne parle pas d’organisme génétiquement modifié (OGM), car on n’introduit pas dans l’huître de caractéristique nouvelle qu’elle ne possède pas à l’état naturel. L’huître triploïde est donc un OVM, un organisme vivant modifié »[74]. La Commission européenne déclare : « Les huîtres triploïdes peuvent se trouver à l'état naturel (sic). Il n'y a pas de justification à des mentions obligatoires particulières. Toutefois, les producteurs, sur une base volontaire, peuvent informer les consommateurs sur leurs caractéristiques »[75]. Les huîtres triploïdes peuvent éventuellement être reconnues grâce à leur talon relativement plus relevé (charnière qui se retourne sur elle-même) et à la forme ventrue de la coquille[76]. Cependant il existe une grande variabilité morphologique chez l'huître creuse, en particulier selon la méthode d'élevage. Des ostréiculteurs anti-triploïdes, regroupés notamment dans l’association « Ostréiculteur traditionnel » ou sous le Comité national de la conchyliculture, revendiquent l'authenticité de leurs huîtres naturelles, cherchant à développer des appellations contrôlées et apposer la mention « nées et élevées en mer » sur leurs produits[77].
156
+
157
+ Depuis 2007, on constate une mortalité anormale des huîtres qui se développent dans les eaux salines. L'une des origines de cette mortalité est due à l'acidification des océans, qui absorbent 22 millions de tonnes de CO2 par jour. Cette acidification du milieu rend les coquilles des larves moins solides et plus vulnérables[78].
158
+
159
+ Depuis 2008 on constate également une mortalité anormale des huîtres sur le littoral français, en particulier des juvéniles. La surmortalité touche plus particulièrement les zones de production atlantiques. Ifremer a rendu un rapport qui présente cette mortalité comme multifactorielle, le facteur le plus important étant le virus OsHV-1[79].
160
+
161
+ Les huîtres sont très prisées sur le plan gastronomique, surtout depuis le XVIIIe siècle en France et en Italie[80].
162
+
163
+ Dans les trois premiers jours suivant leur date de conditionnement, elles gardent une forte saveur saline. Leur optimum de saveur est entre le 4e et 9e jour car elles ont eu le temps de se régénérer[81].
164
+
165
+ En France en 2013, 50 % de la production annuelle reste écoulée durant la période des fêtes de fin d'année, le marché français de cette « perle » des coquillages se caractérisant surtout par cette saisonnalité. Les huîtres y représentent 11 % des coquillages achetés, derrière les moules (67 %) et les coquilles Saint Jacques (18 %)[82]. Les Français sont les premiers consommateurs au monde d'huîtres fraîches, avec deux kilogrammes par an et par habitant[83].
166
+
167
+ L'ouverture est difficile, et entraine des accidents domestiques. De nombreuses inventions sont tentées chaque année pour en faciliter l'ouverture, mais la meilleure consiste à placer les huîtres au four micro-ondes une à deux minutes. Elles seront alors chaudes ou tièdes et risquent d'en mourir, mais leur qualité nutritive n'est pas affectée.
168
+
169
+ Les huîtres peuvent être dégustées crues vivantes ou cuisinées. Elles doivent être conservées au frais, stockées à plat, et consommées dans les dix jours suivant leur sortie de l'eau. Au-delà, elles peuvent provoquer de sérieuses intoxications alimentaires. Elles ne se gobent pas mais se mâchent[84].
170
+
171
+ Les huîtres peuvent donner lieu à des troubles digestifs pour plusieurs raisons[85] :
172
+
173
+ Un contrôle sanitaire est exercé sur leur production, et les zones d'élevage font l'objet d'une constante surveillance de la qualité de leurs eaux par l'Ifremer[87]. En France, les zones sont classées selon leur qualité (A, B, C et D), les huîtres pouvant être élevées dans les zones A et B, mais finies et expédiées seulement des zones classées A[88].
174
+
175
+ Cette pollution « naturelle » des zones d'élevage est réversible si la qualité des eaux s'améliore, car l'huître filtre en permanence cette eau et rejettera les toxines produites par ces algues, qui se dégradent aussi avec le temps. En revanche, les pollutions par les métaux lourds ou polluants pétroliers sont irréversibles (et parfois mortelles sur le naissain), et les coquillages ainsi contaminés doivent être détruits. En France, ce contrôle est dévolu aux services vétérinaires, il est particulièrement strict au plan phytosanitaire sur les bassins d'affinage, qui sont très protégés et surveillés.
176
+
177
+ Crue, l'huître est souvent dégustée nature. Un usage consiste à l'arroser de quelques gouttes de jus de citron ou de vinaigre d'échalote ; cette pratique se justifiait en particulier lorsque l'on avait un doute sur leur fraicheur, l'animal se rétractant au contact du citron ou du vinaigre. Elle fait très souvent partie des plateaux de fruits de mer.
178
+
179
+ Dans la gastronomie chinoise, l'huître est l'ingrédient principal de la sauce d'huître (蠔油 háoyóu), condiment couramment utilisé, surtout dans la cuisine du sud de la Chine[89]. Elles peuvent aussi servir de garniture à une omelette (蚵仔煎, « ô-á-chian »).
180
+
181
+ L'huître est très riche en protéines et pauvre en calories (70 kcal/100 g), en graisses, en cholestérol. C'est un aliment de choix en raison de ses apports nutritifs exceptionnels mais rares dans le reste de l'alimentation.
182
+
183
+ Elle est connue pour sa teneur record en zinc (6,5 mg/100 g) et en iode (0,06 mg/100 g), mais contient aussi un intéressant taux de sélénium (0,06 mg/100 g), de manganèse (1 mg/100 g) et de fer (5,8 mg/100 g). Il faut ajouter à cette liste d'autres oligo-éléments et minéraux tels que le calcium, le magnésium, le potassium, le fluor et le cuivre.
184
+
185
+ L'huître est naturellement riche en vitamines E, B, D, et dans une moindre mesure en vitamine C (l'apport en vitamine C du jus de citron qui l'accompagne souvent est négligeable). La consommation de l'huître avec le jus de citron a aussi le défaut de détruire presque immédiatement l'essentiel des ressources en vitamine E, contrairement à la consommation nature ou avec le vinaigre de la sauce mignonnette souvent préférée au citron par les gourmets (et les nutritionnistes) en raison de son acidité plus faible. Contrairement aux idées reçues, le citron n'a aucun effet sur le niveau sanitaire (il est sans effet sur les éventuelles toxines présentes).
186
+
187
+ Il est souvent conseillé de ne pas consommer la « première eau » présente dans la coquille à l'ouverture, qui est de toute façon présente en trop grande quantité et contient l'eau d'affinage, parfois un peu de sable désagréable, ou peut être trop salée (dans le cas des huîtres insuffisamment affinées), ou encore contenir un peu de leur eau de lavage (réalisé préalablement à la vente dans une eau légèrement chlorée), ce qui en masque ou dégrade le goût (de plus cette eau a plus de chance de contenir encore les micro-algues vivantes, si leur lavage n'a pas suffi, les toxines produites par ces algues étant à l'origine des désordres digestifs) : une fois ouverte, et vidée de cette eau, l'huître encore vivante exfiltre en une ou deux minutes une eau purifiée suffisante pour apprécier sa consommation et très riche en éléments nutritifs et sels minéraux facilement assimilables.
188
+
189
+ Les huîtres dites « laiteuses » correspondent à leur période de reproduction (mai à août, les fameux mois sans "r") et contiennent davantage de glucides. Elles sont tout à fait comestibles, même si leur valeur gustative n'est pas autant appréciée de tous.
190
+
191
+ La plupart des coquillages, et en particulier les mollusques bivalves, captent leur nourriture (phytoplancton, débris microscopiques, bactéries…) en filtrant l'eau. Ceci se fait avec une certaine sélectivité : si les nutriments présents dans le milieu ne leur conviennent pas, ils peuvent s'arrêter momentanément de filtrer, ou les rejeter avant absorption sous forme de pseudo-fèces. Après absorption, les éléments indésirables sont soit rejetés avec les fèces, soit assimilés, soit comme pour certains métaux lourds en grande partie fixés dans la coquille où ils sont ainsi provisoirement inertés.
192
+
193
+ Plusieurs types d'éléments indésirables peuvent être présents dans la chair du coquillage au moment de sa consommation par l'homme :
194
+
195
+ Une surveillance régulière des eaux marines, des blooms planctoniques et des coquillages permet de contrôler l'absence de ces espèces dans le milieu et des toxines dans les denrées. La fermeture préventive des zones de production est la seule possibilité de se garantir de ces intoxications alimentaires[94].
196
+
197
+ De plus, les mollusques bivalves vivants sont considérés comme propres à la consommation humaine lorsqu'ils possèdent les caractéristiques organoleptiques liés à la fraîcheur et à la vitalité, en particulier l'absence de souillure de la coquille, la réponse adéquate à la percussion et une quantité normale de liquide intervalvaire.
198
+
199
+ Les coquilles d'huître étaient autrefois broyées et valorisées comme source de calcium notamment à destination des élevages de volailles, pour améliorer la production d'œufs et la croissance des poulets. Le calcium de coquille d'huître était considéré comme hautement bioassimilable, autrement dit présentant une excellente biodisponibilité (assimilé à 76 %[95], et réputé être une des meilleures sources de calcium biodisponible[95].), mais les coquilles peuvent aussi avoir accumulé divers métaux lourds.
200
+
201
+ En tant que sous-produit aquacole et pour leur structure naturellement « feuilletée », après avoir été imprégnées d'aluminium, puis carbonisées[96], les coquilles ont été testées comme « catalyseur solide » industriel pour la transestérification d'huile de soja[97].
202
+
203
+ Biodégradation des coquilles : Elle permet l'intégration dans le sol puis l'assimilation par les plantes, les champignons ou la microflore et microfaune du sol des nutriments (calcium notamment) contenus dans la coquille.
204
+
205
+ Ces coquilles sont aussi utilisées comme source d'amendement minéral du sol[98] (plus efficacement si préalablement compostées[99]).
206
+
207
+ Une analyse métagénomique de coquilles d'huître, visant à évaluer la diversité des populations bactériennes trouvées sur ou dans la coquille d'huître selon ses modalités de stockage (température), a montré une forte prédominance (jusqu'à près de 70 %) de bactéries firmicutes (qui pourraient donc être le groupe responsable de la biodégradation des coquilles[100],[101].
208
+
209
+ Bien que toutes les huîtres puissent sécréter des perles, les huîtres comestibles ne sont pas utilisées à ces fins. L'huître perlière appartient à une famille différente, les Pteriidae. Les perles produites naturellement ou en culture proviennent de cette famille d'huîtres.
210
+
211
+ La perle de nacre est fabriquée par l'huître quand un corps étranger (sable, larve…) s'immisce entre sa coquille et son manteau. Au fil des ans, ce corps étranger est recouvert de couches concentriques de carbonate de calcium qui cristallise sous forme d'aragonite, phénomène désigné sous le nom d'accrétion ; ceci finit par donner une perle[102]. Seules l'huître perlière des mers chaudes (appelée aussi « pintadine ») et la moule perlière d'eau douce peuvent en fabriquer.
212
+
213
+ Pêche intensive ou surpêche par dragages[103], surexploitation, mais aussi dégradation des côtes, pollution des mers, anoxie et sédimentation, maladies ou prédateurs invasifs affectent les populations d'huîtres sauvages affaiblies par l'acidification des océans[104],[105]…
214
+ À l'état sauvage, ces populations sont devenues rares dans une grande partie de leur aire naturelle de répartition[106]. Selon une étude de l'association américaine Nature Conservancy, publiée en 2009, près de 85 % des récifs ont été perdus à l'échelle mondiale, un taux supérieur aux pertes signalées pour d’autres habitats importants, comme les récifs coralliens, les forêts de mangrove ou les herbiers. Ils sont en mauvais état, ayant connu un déclin de plus de 90 % par rapport aux niveaux historiques, dans 70 % des baies et 63 % des écorégions marines du monde. Plus préoccupant, ils sont aujourd’hui fonctionnellement éteints (plus de 99% de perte de récifs) dans 37 % des estuaires et 28 % des écorégions[107].
215
+
216
+ En revanche, l'ostréiculture est en plein essor : 4 400 000 tonnes collectées aujourd'hui, soit quatre fois plus qu'il y a vingt ans. Bien gérés, ces élevages auraient un faible impact environnemental, mais ils ont contribué à l'introduction de souches exogènes et de parasites qui ont décimé les huîtres sauvages ou certaines souches cultivées.
217
+
218
+ En Grèce antique, notamment à Athènes, certains votes se faisaient à l'aide de coquilles d'huîtres : c'est de là qu'est issu le terme « ostracisme » de ostra : huître. Le terme français huître est issu du latin ostrea, emprunt au ὄστρεον (ostreon), devenu oistre en ancien français (terme en usage jusqu'au XVIIe siècle), parallèlement on trouve huistre dès le XVe siècle[108], dont le h graphique n'est pas étymologique, mais sert à éviter la lecture « vitre ». En effet, les lettres u et v étaient jadis notées toutes deux par le seul et unique v. L'amuïssement du s devant t, explique l'accent circonflexe sur le î, d'où huistre> huître (voir pour le h graphique huile, huit, huis).
219
+
220
+ L'huître est un sujet privilégié des natures mortes et particulièrement dans l'art flamand et néerlandais du siècle d'Or. Par son aspect physique mais aussi par les connotations qui lui sont associés : hermétisme et complexité cachée (Édouard Manet, Le Philosophe), intimité, plaisir charnel et même érotisme[109]. Elle trouve sa place dans les tableaux de banquets divins (Frans Floris de Vriendt, Le Festin des dieux) et princiers. L'huître peut suggérer le plaisir des sens et la tension érotique (Frans Van Mieris, Le repas d'huîtres, 1661).
221
+
222
+ En 1678, Jean de La Fontaine publie les fables L'Huître et les Plaideurs et Le Rat et l'Huître.
223
+
224
+ Déjà, le fabuliste grec Ésope, avait mis en scène l'huître dans De l’aigle et de la corneille, pour illustrer la même morale reprise par Jean de la Fontaine.
225
+
226
+ Elle devient sous la plume de Francis Ponge (« L'huître », dans Le Parti pris des choses) l'image même de la création poétique. De façon plus contemporaine, l'huître est l'objet de la réflexion de l'artiste Philip Ross[110].
227
+
228
+ L'huître est présente dans le livre Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, à travers l'histoire du Morse et du Charpentier.
229
+
230
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
231
+
232
+ Osias Beert, Nature morte aux huîtres, 1610, Staatsgalerie, Stuttgart.
233
+
234
+ Cornelis de Heem, Fruits de mer.
235
+
236
+ Willem Claeszoon Heda, Nature morte aux pièces d'étain, (1656 ou 1636).
237
+
238
+ Jan Steen, La Mangeuse d'huîtres, (1658-1660), Mauritshuis, La Haye.
239
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240
+ Jørn Utzon, Opéra de Sydney.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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1
+ Améliorez-le ou discutez des points à vérifier.
2
+ Si vous venez d’apposer le bandeau, merci d’indiquer ici les points à vérifier.
3
+
4
+ Taxons concernés
5
+
6
+ Sous-pages sur l'ostréiculture
7
+
8
+ Autres sous-pages sur les huîtres
9
+
10
+ modifier
11
+
12
+ La dénomination vernaculaire huître désigne les mollusques marins bivalves de la famille des Ostreidae et plus largement de la super-famille des Ostreoidea. Les huîtres ne vivent que dans l'eau salée ou saumâtre et se trouvent dans toutes les mers. Ces mollusques sessiles vivent à l'état naturel fixés sur un substrat rocheux.
13
+
14
+ Espèces ingénieurs qui ont la capacité, en s'installant sur le fond, de créer un habitat favorable à de nombreux autres organismes vivants, elles forment des mini-récifs biogéniques, véritables oasis de biodiversité, et rendent de nombreux autres services écosystémiques. Ces récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques. Mais des siècles d'extraction et la dégradation du littoral ont entraîné la quasi-extinction des récifs naturels[1]. Il existe quelques projets de restauration de récifs d'huîtres[2]
15
+
16
+ L'huître présente une anatomie et une coquille, composée d'aragonite et de protéines comme la conchyoline, caractéristiques des lamellibranches.
17
+
18
+ Cette coquille, grande et inéquivalve, est fixée par la valve gauche, qui est généralement bombée, concave, avec l'extrémité antérieure plus ou moins redressée en forme de crochet[3], alors que la valve droite est plate (dans le langage courant, on parle de valves inférieure et supérieure parce que dans la nature la première repose sur le sol). L'extrémité antérieure de la coquille est donc la portion où les valves sont réunies par le ligament, l'extrémité postérieure est la bordure opposée des valves. La couleur des coquilles diffère beaucoup d'une espèce à l'autre, et même au sein d'une même espèce[4].
19
+
20
+ Le manteau constitue la structure la plus externe du corps mou de l'huître. Il correspond à la membrane qui se rétracte lorsqu'on la pique ou qu'on l'asperge de citron. Les deux moitiés du manteau sécrètent les deux valves de la coquille. Ces deux lobes, fusionnés[5] avec les viscères dans la région dorsale, délimitent la cavité palléale dans la partie ventrale de l'animal.
21
+
22
+ Une grande partie de l'intérieur de l'huître est occupée par les branchies qui divisent la cavité palléale en deux : la chambre inhalante, ventrale, et la chambre exhalante, dorsale. Ces branchies se poursuivent antérieurement par deux paires de lobes triangulaires, les palpes labiaux, révélant leur rôle respiratoire, mais également nutritionnel. En effet, les cils présents sur les axes de l'épithélium plissé des branchies créent un courant d'eau qui permet l'acheminement vers les palpes labiaux et la bouche des particules nutritives dont se nourrit l'animal[6].
23
+
24
+ Comme les autres lamellibranches, l'huître ne possède pas de tête. Bien que dépourvue d’oreille, elle est dotée d’une capacité d’audition[7],[8]. Un muscle adducteur important permet de contrôler l'ouverture de la coquille. C'est ce muscle qui maintient l'huître fermée et que l'on doit couper lors de l'ouverture de l'animal. Rappel ancestral, la larve comporte deux muscles inégaux (phase dimyaire) alors que l'adulte est monomyaire.
25
+
26
+ Huître japonaise (Crassostrea gigas), bassin de Marennes-Oléron, vue de dessus.
27
+
28
+ Huître japonaise, vue latérale.
29
+
30
+ Huître japonaise ouverte.
31
+
32
+ Comme la majorité des invertébrés benthiques, les huîtres ont un cycle de vie bentho-pélagique où une phase adulte sessile succède à une phase de vie larvaire planctonique pélagique (avec différents stades, larve trochophore, véligère, phase de pédivéligère[12] qui voit la larve plonger au fond, passant de la phase nageante à une phase rampante)[13].
33
+
34
+ La croissance accrétionnaire et saisonnière des coquilles (via les stries de croissance) est une mémoire des fluctuations environnementales. Elle permet des études sclérochronologiques, qu'on peut affiner par l'analyse des teneurs en isotopes stables (C et O), ce qui permet de rétrospectivement évaluer l'âge absolu des huîtres fossiles et reconstituer leurs dynamiques de populations. On a ainsi pu évaluer le temps représenté par certaines couches sédimentaires (cycles annuels à pluriséculaires).
35
+
36
+ Leur comportement (mouvements des valves, rythmes biologiques, croissance, date et heure de ponte) est utilisé pour suivre en temps quasi réel, et à distance, l'évolution de la qualité de l'eau sur les côtes[14].
37
+
38
+ L'huître Magallana gigas, la plus présente en France des variétés d'huître, est hermaphrodite cyclique[15]. En effet, une année sur l'autre, elle sera tantôt femelle, tantôt mâle. Lorsque la température de l'eau dépasse 10 °C, elle produit ses gamètes qu'elle libère lorsque l'eau atteint une température proche de 18 °C. Une huître libère entre 20 et 100 millions d'ovules et encore plus de spermatozoïdes. Seules 10 % des larves formées atteindront l'âge adulte. Cet hermaphrodisme successif se retrouve chez l’Ostrea edulis, l’Ostrea lurida (en) et la Crassostrea virginica, qui alternent entre phase mâle ou femelle d'une saison à l'autre, ainsi que chez d'autres bivalves[15].
39
+
40
+ Pratiquement toutes les espèces d'huîtres ont une fécondation externe : les femelles expulsent leurs millions d’ovules en battant des cils, tandis que les mâles, attirés par les phéromones dégagées, suivent le mouvement en larguant d’un filet continu, leurs spermatozoïdes. Particularité chez les Bivalves, les huîtres plates ont une fécondation interne : l'huître femelle émet ses gamètes en interne dans sa cavité palléale, tandis que le mâle répand sa laitance dans l'eau où la femelle, en la filtrant, les récolte. Après une période d'incubation qui dure entre 8 et 10 jours, et dépendant de la température, l'émission finale des larves dans l'environnement se produit[16]. Lors de la gamétogenèse qui a lieu pendant les « mois sans r » (mai, juin, juillet et août, d'où le proverbe « mois sans r, huître amère »)[17], l'huître creuse pleine de son « lait » va répandre dans l'eau ses gamètes. Le « lait » est un fluide contenant le sperme (gamète mâle) et les ovules (gamètes femelle) des huîtres. Il arrive parfois que l'huître fertile conserve son « lait », ses gamètes, toute l'année si les conditions climatiques n'ont pas été favorables (par exemple, un été trop froid), ce qui explique la présence de laitance parfois même en hiver. Les conditions climatiques favorables sont : une eau à bonne température, 21 °C ; une eau pas trop salée et donc la proximité d'une rivière.
41
+
42
+ L'union d'un gamète mâle et d'un gamète femelle forme un œuf microscopique qui va dériver au gré des flots. Chaque huître mère donne naissance à plus d'un million d'œufs par an[réf. nécessaire]. Au bout de vingt jours environ, l'œuf va se fixer sur un support solide et propre.
43
+
44
+ L'huître a quelques prédateurs naturels parmi lesquels on retrouve l'huîtrier pie, différentes espèces de crabes et de poissons (raies, brèmes, dorades), les étoiles de mer, les moules et les bigorneaux perceurs[18]. Elle peut être parasitée, notamment par des térébrants, dont le Polydore.
45
+
46
+ L'huître peut être exposée à divers polluants chimiques (métaux lourds notamment), ainsi qu'à des pathogènes pour elle-même ou pour l'Homme. La question de l'impact éventuel de toxiques perdus par les dépôts de munitions immergées proches de sites de production se pose.
47
+
48
+ Certaines espèces subissent la concurrence d'espèces introduites avec de possibles pollutions génétiques.
49
+
50
+ L'étude des huîtres fossiles montre que de nombreuses espèces ont existé dans le passé et ont, comme leurs ancêtres, joué un rôle écologique et trophique important sur les plateaux continentaux, contribuant notamment au cycle du carbone et aux puits de carbone. Les paléontologues retrouvent des accumulations massives de coquilles d'ostréidés, très épaisses (« intérieur » d'un banc ou récif constitué d'huîtres) ou en couches bidimensionnelles lorsqu'elles couvraient le sédiment. Diverses espèces ont occupé une large gamme de niches écologiques, avec des morphotypes adaptés à différents substrats et à des conditions environnementales, climatiques et édaphiques variant selon la salinité, la turbidité, l'oxygénation, le courant, la saison, la bathymétrie, etc.
51
+
52
+ L'origine des huîtres a depuis longtemps attiré l'attention des paléontologues qui ont proposé comme ancêtre le groupe fossile des Pseudomonotidae[19] des Arcoida[20], ou des Pterioida[21]. Un des genres d'huître les plus anciens, la Gryphée (épibenthique à la valve gauche posée sur un fond meuble, la coquille spiralée étant une adaptation morphologique évitant au Bivalve l'envasement) vit principalement du Trias supérieur au Jurassique, à l'époque des dinosaures[22]. L'ordre Ostreida (à l'origine de la famille des Ostreidae, les « vraies huîtres » comestibles) émerge à la fin du Permien il y a 250 millions d'années, tandis que le genre des huîtres plates Ostrea, reconnaissable à ses valves aplaties à crochet droit et saillant, apparaît au Crétacé il y a 80 millions d'années[23],[24].
53
+
54
+ D'autres familles de bivalves de l'ordre des Ostreida sont dénommées huîtres : Pteriidae, Gryphaeidae...
55
+
56
+ Les huîtres fournissent de nombreux services écosystémiques. Ressources marines, elles sont exploitées pour la pêche et l'aquaculture. Les coquilles ont servi à paver les routes ou de remblais aux fortifications et aux quais des chemins de fer[25]. Les récifs participent à la stabilisation des sédiments, à la protection du trait de côte (défense côtière par l'effet brise-lames)[26],[27], la séquestration du carbone. La capacité de pompage et de filtration de ces Bivalves qui filtrent en moyenne presque 200 litres d'eau par jour, contribue à la diminution de la turbidité de l'eau[28], à la réduction des blooms algaires et bactériens, à la dénitrification[29] et à l'amélioration de la qualité sanitaire des eaux[30]. Ce sont des sentinelles écologiques qui alertent sur la sédimentation, la pollution marine et l'érosion du littoral[31]. Espèces ingénieurs, elles ont la capacité, en s'installant sur le fond, de créer des micro-habitats qui hébergent une diversité faunistique et floristique importante (algues, pétoncles, éponges, tuniciers, cnidaires, étoiles de mer, servant même de nurserie pour les seiches). La structure feuilletée des coquilles offre même des nano-habitats, comme celle de l'huître plate qui peut abriter une centaine d'espèces, soit quatre fois plus que les autres substrats durs environnants[32]. Les récifs huîtriers sont ainsi l'équivalent tempéré des récifs coralliens tropicaux[33]. Les huîtres rendent également des services récréatifs et touristiques (fêtes de l'huître, Cité de l'Huître, « Trail de l'huître » à Riec-sur-Bélon depuis 2014[34], conchylitourisme avec des routes de l'huître dans le Morbihan, en Vendée)…
57
+
58
+ Les gestionnaires des milieux naturels ont lancé de nombreux projets d'enrichissement coquillier, de semis de naissains et de déploiement de récifs artificiels[35]. L'introduction d'espèces non indigènes dans 73 pays a pu être la cause de déséquilibres profonds (biodiversité, réseau trophique) pouvant entraîner des dommages de toutes sortes aux équilibres écologiques (développement d'espèces envahissantes avec leurs maladies associées)[36].
59
+
60
+ Depuis le début des années 2010, la baie de New York est l'objet d'un projet de restauration des récifs ostréicoles (en), le "Billion Oyster Project" ("Un milliard d'huîtres" d'ici 2035), impulsé par Fabien Cousteau non pas dans un but gastronomique mais environnemental, les colonies de la baie ayant été décimées par la pêche, la pollution et les maladies[37],[38].
61
+
62
+ Avant l'élevage des huîtres, leurs récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques, comme en attestent les amas coquilliers anthropiques sur les littoraux[39].
63
+
64
+ Les Grecs et les Romains sont très friands de l'huître plate, huître indigène européenne. L'importation à Rome des huîtres des côtes européennes aussi bien atlantiques que méditerranéennes, fait l'affaire des négociants et des transporteurs[40]. Les vestiges archéologiques ne permettent pas de savoir si ces huîtres importées sont pêchées ou élevées à cet effet[41].
65
+
66
+ Les prémices de l'ostréiculture existent déjà chez les Romains (les dépotoirs révèlent une consommation particulièrement importante à cette époque) qui, selon Pline l'Ancien, réalisent une technique d'affinage dans des « parcs à huîtres » ou « viviers à huîtres » que désignent le mot latin ostriaria[42]. Les invasions barbares mettent fin à l’ostréiculture qui ne parvient pas à se développer durant le haut Moyen Âge où les gisements suffisent à couvrir la consommation, ne redevenant une activité économique qu'au XIe siècle[43]. Les huîtres se consomment à cette époque décoquillées, sans doute séchées dans le sel, conditionnées dans une saumure ou marinées dans du vinaigre, avant d'être « exportées » vers l'intérieur des terres pour les populations aisées[44] dans les villes[45]. La consommation peut être localement importante, comme en attestent les buttes coquillières de Granville, Beauvoir-sur-Mer ou Saint-Michel-en-l'Herm[46] qui témoignent de l'activité d'importants ateliers d'écaillage médiévaux destinés à l'alimentation mais aussi à l'exploitation des coquilles pour fortifier les coquilles d'œufs des poules, ou pour la production de chaux ou d'amendements agricoles[47]. À la Renaissance, sa renommée s'accroît encore (l'huître qui se consomme décoquillée et cuite, figure dans de nombreux livres de cuisine), si bien que la facilité de son exploitation et la pêche excessive entraînent probablement l'épuisement de nombreux bancs naturels[48]. Le XVIIe siècle voit le développement des bassins ostréicoles pour répondre à la demande des huîtres consommées écaillées, mais les huîtres restent plus une ressource de subsistance pour les populations littorales qu'une denrée commerciale (surplus limité à une consommation aristocratique et urbaine)[49].
67
+
68
+ Jusqu'au XIXe siècle, l'ostréiculture consiste dans le dragage des bancs naturels, les huîtres étant, soit livrées directement à la consommation, soit placées dans des parcs situés sur le littoral au voisinage des bancs huîtriers[50].
69
+
70
+ L'ostréiculture moderne ne se développe qu'au milieu du XIXe siècle, cet élevage se traduisant en France par la mise au point du captage du naissain et le développement des premiers parcs installés dans la zone de balancement des marées dans les années 1860 à la suite des initiatives du naturaliste Victor Coste[50].
71
+
72
+ On dénombre les techniques d'élevage principales suivantes, selon le substrat et les coefficients de marée :
73
+
74
+ On dénombre trois grandes étapes dans l'élevage :
75
+
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+ Le parc d'affinage est situé en mer, sur la côte ou sur l'estran le plus proche de la côte (aber, ria, fond de baie, anciens marais salants, etc.).
77
+
78
+ Les huîtres atteignent une taille commerciale en deux ou trois ans, selon le lieu d'élevage et la densité.
79
+
80
+ Assiette d'huîtres creuses (ou « japonaises » : Crassostrea gigas).
81
+
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+ Assiette d'huîtres plates (ou « européennes » : Ostrea edulis).
83
+
84
+ Assiette d'huîtres creuses de Virginie (Crassostrea virginica).
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+
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+ Huître portugaise (Crassostrea angulata).
87
+
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+ Huître olympe (Ostreola conchaphila).
89
+
90
+ L'huître tropicale Saccostrea cucullata est parfois consommée localement.
91
+
92
+ La production française est d'environ 130 000 tonnes par année[53], dont 98 % environ d'huître creuse (Crassostrea gigas), et 2 % d'huître plate (Ostrea edulis). La France représente l'essentiel de la production européenne (environ 90 %). La Chine est premier producteur mondial avec environ 3,7 millions de tonnes[54].
93
+
94
+ L'huître plate est élevée sur les côtes atlantiques (Bretagne) et méditerranéennes. L'huître creuse est élevée à Arcachon, à Marennes-Oléron, en Bretagne, sur l'île de Ré, l'île de Noirmoutier, en Vendée, en Normandie, dans le Languedoc (étang de Thau)[55] et en Corse (étangs d'Urbino et de Diana), cependant tous les naissains viennent de la côte Atlantique (Arcachon, Charente-Maritime et Baie de Bourgneuf).
95
+
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+ Huîtres plates belons.
97
+
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+ Huîtres de Normandie.
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+
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+ Huîtres de Saint-Germain-sur-Ay.
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+
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+ Huîtres de Kerpenhir (Golfe du Morbihan).
103
+
104
+ L'élevage des huîtres, et spécialement dans l'ostréiculture arcachonnaise, utilise le principe de la tuile chaulée pour le captage du naissain, avant grossissement.
105
+
106
+ L'élevage des huîtres en Méditerranée se pratique sur table d'élevage en suspension et généralement en immersion permanente. Seule l'entreprise Médithau, dans le bassin de Thau fait subir des exondations pouvant aller jusqu'à plusieurs jours durant tout le cycle de la croissance de l'huître. Ce procédé reproduit le cycle des marées présent en Atlantique.
107
+
108
+ On maîtrise maintenant la reproduction et l'élevage des larves d'huîtres en écloserie, cette technique garantit l'approvisionnement en naissain, elle cohabite avec le captage du naissain sauvage. Seules les écloseries produisent des huîtres triploïdes. Le captage naturel est surtout localisé dans le bassin d'Arcachon et la région de Marennes-Oléron où la rétention hydrodynamique est forte (milieux protégés des courants et des fortes marées), ce qui favorise la rencontre et la fécondation des gamètes[56].
109
+
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+ Huîtres de Poitou-Charentes.
111
+
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+ Huîtres d'Arromanches.
113
+
114
+ Huîtres de Cancale.
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+
116
+ Huîtres du Pays de Loire.
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+
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+ Huîtres de l'île d’Oléron.
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+
120
+ Les « claires »[Note 1] sont une spécialité commune de Marennes-Oléron et de la Région Pays de la Loire, elles servent à l'affinage des huîtres, dont le goût et le taux de chair peuvent varier. Du fait de leur ancienneté et de leur meilleure image marketing, les ostréiculteurs de Marennes-Oléron contrôlent l'essentiel de la commercialisation des huîtres de claire en France.
121
+
122
+ Ainsi, des huîtres nées et élevées en Bretagne, en Normandie, en Méditerranée, voire en Irlande, mais affinées dans les deux derniers mois précédant leur consommation dans les claires de Marennes-Oléron auront droit au qualificatif « affinées à Marennes-Oléron ». Après avoir passé 6 mois dans ce bassin, elles pourront porter l'appellation « Huîtres Marennes-Oléron ».
123
+ Les éleveurs d'huîtres sont des ostréiculteurs, ils constituent avec les éleveurs de moules (les mytiliculteurs) l'essentiel des conchyliculteurs (éleveurs de coquillages marins).
124
+
125
+ Les écaillers sont les professionnels qui ouvrent des huîtres pour les vendre.
126
+
127
+ En France, la dénomination des huîtres, comme celle de tous les coquillages, est régie en premier lieu par le Règlement 2065/2001[57].
128
+
129
+ Pour les huîtres creuses, les mentions complémentaires et les calibres sont définis par un accord interprofessionnel modifié pour la dernière fois en 2017[58]. Ces mentions prennent en compte l'indice de remplissage. Ce dernier est calculé sur la base de 100 fois le rapport de la masse de la chair de 20 huîtres creuses à la masse brute de ces mêmes huîtres.
130
+
131
+ Calibres (poids moyen de l'huître) :
132
+
133
+ Ainsi, un colis de 15 kg d'huîtres no 1 correspond au moins à 100 huîtres, tandis qu'un colis de même poids d'huîtres no 5 comporte au moins 333 huîtres.
134
+
135
+ Mentions complémentaires :
136
+
137
+ Pour l'huître plate, il n'existe pas d'accord interprofessionnel concernant le calibrage, mais une règle d'usage professionnelle. Les calibres sont différents :
138
+
139
+ Calibre/poids de 100 huîtres plates :
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+
141
+ D'autres signes de qualité peuvent encore s'ajouter, comme le Label Rouge et les produits IGP, ainsi que des marques commerciales.
142
+
143
+ Dans les années 1990, une nouvelle variété d'huître creuse fait son apparition sur le marché : l’huître triploïde, créée artificiellement[59]. Cette huître triploïde relève d'une anomalie du développement embryonnaire car elle contient trois jeux de chromosomes au lieu de deux[59], soit 10 lots de trois chromosomes au lieu de 10 lots de deux chromosomes, une différence génétique obtenue par des chocs chimiques et thermiques[60]. Les huîtres triploïdes sont exclusivement produites en écloserie[60]. Elles se généralisent à partir de 1999, date à laquelle l'IFREMER (Institut public français de recherche pour l'exploitation de la mer) met en œuvre, avec les écloseries françaises, une technique développée par l'université américaine Rutgers (l'INRA avait déjà mis au point une technique analogue pour les truites, au début des années 1980[61],[62],[63]).
144
+
145
+ L'objectif initial est de créer des huîtres plus rentables : stériles et incapables de se reproduire, elles poussent en deux ans, au lieu de trois ou quatre ans pour les huîtres sauvages, bénéficiant de l'économie physiologique de la reproduction. En effet, l'énergie utilisée par l'espèce sauvage pour se reproduire est utilisée par l'huître triploïde pour grandir[59]. De plus, ne fabriquant plus d'oeufs pour se reproduire, les huîtres triploïdes ne sont donc pas « laiteuses » en été et sont par conséquent commercialisables toute l'année (les huîtres laiteuses étant souvent considérées comme inférieures). Elles présentent ainsi une amélioration majeure sur le plan sanitaire (les huîtres "en lait" se conservent très mal), sur le plan diététique (les huîtres "en lait" sont chargées en lipides contrairement aux huîtres des quatre saisons qui stockent du sucre animal : le glycogène) et sur le plan organoleptique[64].
146
+
147
+ Cette innovation provient à la fois de France et des États-Unis. En effet, dans les années 1980, l'huître native de Virginie, Ostrea virginica, est en déclin, fragilisée par les pollutions et les parasites qui se développent dans la baie de Chesapeake. Le généticien Standish Allen met au point une huître triploïde pour assurer une production toute l'année. Développée dans une écloserie (ferme spécialisée dans la production), sa croissance dans un milieu contrôlé doit s'affranchir de la pollution et des maladies[65]. Il applique aussi cette technique sur l'huître japonaise Crassostrea gigas[66].
148
+
149
+ Parallèlement, l'IFREMER invente une huître triploïde. Le laboratoire de Génétique et Pathologie de la station de La Tremblade croise l'huître diploïde femelle sauvage (à deux jeux de chromosomes, qui est l'huître rencontrée dans la nature) et l'huître tétraploïde mâle (à quatre jeux de chromosomes et à fort potentiel reproducteur ; le premier brevet en 1995 utilise, pour obtenir la polyploïdie, l'induction chimique par un produit mutagène au stade embryonnaire sur une huître diploïde ; l'IFREMER rachète un brevet américain en 2004, le brevet Rutgers, puis dépose en 2008 un nouveau brevet en nom propre, qui utilise un inducteur chimique non cancérigène)[60]. L'écloserie de La Tremblade fournit l'huître tétraploïde badgée et pucée aux écloseries commerciales[Note 4] depuis le début des années 2000, ces dernières les croisant avec leurs géniteurs diploïdes pour produire du naissain triploïde[67].
150
+
151
+ En 2001, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) n'a émis aucune objection à sa commercialisation, semblant assurée de son innocuité pour les consommateurs[68],[69].
152
+
153
+ Ces huîtres triploïdes ont été créées à la suite d'une demande spécifique des ostréiculteurs et peuvent avoir des conséquences sur le patrimoine biologique, leur biodiversité réduite pouvant accentuer leur sensibilité aux maladies, mais les résultats sur les taux de mortalité entre les deux types d'huîtres sont contradictoires[70]. Elles sont accusées de coloniser les milieux naturels et déstabiliser les élevages naturels. Elles posent aussi des problèmes plus éthiques sur les modifications génétiques des aliments et sur la transparence de l'information des consommateurs. Procédé coûteux et complexe, l'huître tétraploïde serait vendue 1 000 euros l'étalon aux écloseries[71]. De plus, l'ostréiculteur devient dépendant des écloseries, celui-ci ne pouvant faire se reproduire ses huîtres.
154
+
155
+ Constituant une part significative de la production française (30 % en 2008, 50 % en 2014 selon le Syndicat conchylicole national[72]), y compris en haut de gamme, les huîtres triploïdes ne sont pas considérées juridiquement comme des OGM, mais comme des OVM [73], si bien qu'au niveau légal, aucune obligation d'étiquetage ni étude préalable ne sont requises. Selon Libération, « on ne parle pas d’organisme génétiquement modifié (OGM), car on n’introduit pas dans l’huître de caractéristique nouvelle qu’elle ne possède pas à l’état naturel. L’huître triploïde est donc un OVM, un organisme vivant modifié »[74]. La Commission européenne déclare : « Les huîtres triploïdes peuvent se trouver à l'état naturel (sic). Il n'y a pas de justification à des mentions obligatoires particulières. Toutefois, les producteurs, sur une base volontaire, peuvent informer les consommateurs sur leurs caractéristiques »[75]. Les huîtres triploïdes peuvent éventuellement être reconnues grâce à leur talon relativement plus relevé (charnière qui se retourne sur elle-même) et à la forme ventrue de la coquille[76]. Cependant il existe une grande variabilité morphologique chez l'huître creuse, en particulier selon la méthode d'élevage. Des ostréiculteurs anti-triploïdes, regroupés notamment dans l’association « Ostréiculteur traditionnel » ou sous le Comité national de la conchyliculture, revendiquent l'authenticité de leurs huîtres naturelles, cherchant à développer des appellations contrôlées et apposer la mention « nées et élevées en mer » sur leurs produits[77].
156
+
157
+ Depuis 2007, on constate une mortalité anormale des huîtres qui se développent dans les eaux salines. L'une des origines de cette mortalité est due à l'acidification des océans, qui absorbent 22 millions de tonnes de CO2 par jour. Cette acidification du milieu rend les coquilles des larves moins solides et plus vulnérables[78].
158
+
159
+ Depuis 2008 on constate également une mortalité anormale des huîtres sur le littoral français, en particulier des juvéniles. La surmortalité touche plus particulièrement les zones de production atlantiques. Ifremer a rendu un rapport qui présente cette mortalité comme multifactorielle, le facteur le plus important étant le virus OsHV-1[79].
160
+
161
+ Les huîtres sont très prisées sur le plan gastronomique, surtout depuis le XVIIIe siècle en France et en Italie[80].
162
+
163
+ Dans les trois premiers jours suivant leur date de conditionnement, elles gardent une forte saveur saline. Leur optimum de saveur est entre le 4e et 9e jour car elles ont eu le temps de se régénérer[81].
164
+
165
+ En France en 2013, 50 % de la production annuelle reste écoulée durant la période des fêtes de fin d'année, le marché français de cette « perle » des coquillages se caractérisant surtout par cette saisonnalité. Les huîtres y représentent 11 % des coquillages achetés, derrière les moules (67 %) et les coquilles Saint Jacques (18 %)[82]. Les Français sont les premiers consommateurs au monde d'huîtres fraîches, avec deux kilogrammes par an et par habitant[83].
166
+
167
+ L'ouverture est difficile, et entraine des accidents domestiques. De nombreuses inventions sont tentées chaque année pour en faciliter l'ouverture, mais la meilleure consiste à placer les huîtres au four micro-ondes une à deux minutes. Elles seront alors chaudes ou tièdes et risquent d'en mourir, mais leur qualité nutritive n'est pas affectée.
168
+
169
+ Les huîtres peuvent être dégustées crues vivantes ou cuisinées. Elles doivent être conservées au frais, stockées à plat, et consommées dans les dix jours suivant leur sortie de l'eau. Au-delà, elles peuvent provoquer de sérieuses intoxications alimentaires. Elles ne se gobent pas mais se mâchent[84].
170
+
171
+ Les huîtres peuvent donner lieu à des troubles digestifs pour plusieurs raisons[85] :
172
+
173
+ Un contrôle sanitaire est exercé sur leur production, et les zones d'élevage font l'objet d'une constante surveillance de la qualité de leurs eaux par l'Ifremer[87]. En France, les zones sont classées selon leur qualité (A, B, C et D), les huîtres pouvant être élevées dans les zones A et B, mais finies et expédiées seulement des zones classées A[88].
174
+
175
+ Cette pollution « naturelle » des zones d'élevage est réversible si la qualité des eaux s'améliore, car l'huître filtre en permanence cette eau et rejettera les toxines produites par ces algues, qui se dégradent aussi avec le temps. En revanche, les pollutions par les métaux lourds ou polluants pétroliers sont irréversibles (et parfois mortelles sur le naissain), et les coquillages ainsi contaminés doivent être détruits. En France, ce contrôle est dévolu aux services vétérinaires, il est particulièrement strict au plan phytosanitaire sur les bassins d'affinage, qui sont très protégés et surveillés.
176
+
177
+ Crue, l'huître est souvent dégustée nature. Un usage consiste à l'arroser de quelques gouttes de jus de citron ou de vinaigre d'échalote ; cette pratique se justifiait en particulier lorsque l'on avait un doute sur leur fraicheur, l'animal se rétractant au contact du citron ou du vinaigre. Elle fait très souvent partie des plateaux de fruits de mer.
178
+
179
+ Dans la gastronomie chinoise, l'huître est l'ingrédient principal de la sauce d'huître (蠔油 háoyóu), condiment couramment utilisé, surtout dans la cuisine du sud de la Chine[89]. Elles peuvent aussi servir de garniture à une omelette (蚵仔煎, « ô-á-chian »).
180
+
181
+ L'huître est très riche en protéines et pauvre en calories (70 kcal/100 g), en graisses, en cholestérol. C'est un aliment de choix en raison de ses apports nutritifs exceptionnels mais rares dans le reste de l'alimentation.
182
+
183
+ Elle est connue pour sa teneur record en zinc (6,5 mg/100 g) et en iode (0,06 mg/100 g), mais contient aussi un intéressant taux de sélénium (0,06 mg/100 g), de manganèse (1 mg/100 g) et de fer (5,8 mg/100 g). Il faut ajouter à cette liste d'autres oligo-éléments et minéraux tels que le calcium, le magnésium, le potassium, le fluor et le cuivre.
184
+
185
+ L'huître est naturellement riche en vitamines E, B, D, et dans une moindre mesure en vitamine C (l'apport en vitamine C du jus de citron qui l'accompagne souvent est négligeable). La consommation de l'huître avec le jus de citron a aussi le défaut de détruire presque immédiatement l'essentiel des ressources en vitamine E, contrairement à la consommation nature ou avec le vinaigre de la sauce mignonnette souvent préférée au citron par les gourmets (et les nutritionnistes) en raison de son acidité plus faible. Contrairement aux idées reçues, le citron n'a aucun effet sur le niveau sanitaire (il est sans effet sur les éventuelles toxines présentes).
186
+
187
+ Il est souvent conseillé de ne pas consommer la « première eau » présente dans la coquille à l'ouverture, qui est de toute façon présente en trop grande quantité et contient l'eau d'affinage, parfois un peu de sable désagréable, ou peut être trop salée (dans le cas des huîtres insuffisamment affinées), ou encore contenir un peu de leur eau de lavage (réalisé préalablement à la vente dans une eau légèrement chlorée), ce qui en masque ou dégrade le goût (de plus cette eau a plus de chance de contenir encore les micro-algues vivantes, si leur lavage n'a pas suffi, les toxines produites par ces algues étant à l'origine des désordres digestifs) : une fois ouverte, et vidée de cette eau, l'huître encore vivante exfiltre en une ou deux minutes une eau purifiée suffisante pour apprécier sa consommation et très riche en éléments nutritifs et sels minéraux facilement assimilables.
188
+
189
+ Les huîtres dites « laiteuses » correspondent à leur période de reproduction (mai à août, les fameux mois sans "r") et contiennent davantage de glucides. Elles sont tout à fait comestibles, même si leur valeur gustative n'est pas autant appréciée de tous.
190
+
191
+ La plupart des coquillages, et en particulier les mollusques bivalves, captent leur nourriture (phytoplancton, débris microscopiques, bactéries…) en filtrant l'eau. Ceci se fait avec une certaine sélectivité : si les nutriments présents dans le milieu ne leur conviennent pas, ils peuvent s'arrêter momentanément de filtrer, ou les rejeter avant absorption sous forme de pseudo-fèces. Après absorption, les éléments indésirables sont soit rejetés avec les fèces, soit assimilés, soit comme pour certains métaux lourds en grande partie fixés dans la coquille où ils sont ainsi provisoirement inertés.
192
+
193
+ Plusieurs types d'éléments indésirables peuvent être présents dans la chair du coquillage au moment de sa consommation par l'homme :
194
+
195
+ Une surveillance régulière des eaux marines, des blooms planctoniques et des coquillages permet de contrôler l'absence de ces espèces dans le milieu et des toxines dans les denrées. La fermeture préventive des zones de production est la seule possibilité de se garantir de ces intoxications alimentaires[94].
196
+
197
+ De plus, les mollusques bivalves vivants sont considérés comme propres à la consommation humaine lorsqu'ils possèdent les caractéristiques organoleptiques liés à la fraîcheur et à la vitalité, en particulier l'absence de souillure de la coquille, la réponse adéquate à la percussion et une quantité normale de liquide intervalvaire.
198
+
199
+ Les coquilles d'huître étaient autrefois broyées et valorisées comme source de calcium notamment à destination des élevages de volailles, pour améliorer la production d'œufs et la croissance des poulets. Le calcium de coquille d'huître était considéré comme hautement bioassimilable, autrement dit présentant une excellente biodisponibilité (assimilé à 76 %[95], et réputé être une des meilleures sources de calcium biodisponible[95].), mais les coquilles peuvent aussi avoir accumulé divers métaux lourds.
200
+
201
+ En tant que sous-produit aquacole et pour leur structure naturellement « feuilletée », après avoir été imprégnées d'aluminium, puis carbonisées[96], les coquilles ont été testées comme « catalyseur solide » industriel pour la transestérification d'huile de soja[97].
202
+
203
+ Biodégradation des coquilles : Elle permet l'intégration dans le sol puis l'assimilation par les plantes, les champignons ou la microflore et microfaune du sol des nutriments (calcium notamment) contenus dans la coquille.
204
+
205
+ Ces coquilles sont aussi utilisées comme source d'amendement minéral du sol[98] (plus efficacement si préalablement compostées[99]).
206
+
207
+ Une analyse métagénomique de coquilles d'huître, visant à évaluer la diversité des populations bactériennes trouvées sur ou dans la coquille d'huître selon ses modalités de stockage (température), a montré une forte prédominance (jusqu'à près de 70 %) de bactéries firmicutes (qui pourraient donc être le groupe responsable de la biodégradation des coquilles[100],[101].
208
+
209
+ Bien que toutes les huîtres puissent sécréter des perles, les huîtres comestibles ne sont pas utilisées à ces fins. L'huître perlière appartient à une famille différente, les Pteriidae. Les perles produites naturellement ou en culture proviennent de cette famille d'huîtres.
210
+
211
+ La perle de nacre est fabriquée par l'huître quand un corps étranger (sable, larve…) s'immisce entre sa coquille et son manteau. Au fil des ans, ce corps étranger est recouvert de couches concentriques de carbonate de calcium qui cristallise sous forme d'aragonite, phénomène désigné sous le nom d'accrétion ; ceci finit par donner une perle[102]. Seules l'huître perlière des mers chaudes (appelée aussi « pintadine ») et la moule perlière d'eau douce peuvent en fabriquer.
212
+
213
+ Pêche intensive ou surpêche par dragages[103], surexploitation, mais aussi dégradation des côtes, pollution des mers, anoxie et sédimentation, maladies ou prédateurs invasifs affectent les populations d'huîtres sauvages affaiblies par l'acidification des océans[104],[105]…
214
+ À l'état sauvage, ces populations sont devenues rares dans une grande partie de leur aire naturelle de répartition[106]. Selon une étude de l'association américaine Nature Conservancy, publiée en 2009, près de 85 % des récifs ont été perdus à l'échelle mondiale, un taux supérieur aux pertes signalées pour d’autres habitats importants, comme les récifs coralliens, les forêts de mangrove ou les herbiers. Ils sont en mauvais état, ayant connu un déclin de plus de 90 % par rapport aux niveaux historiques, dans 70 % des baies et 63 % des écorégions marines du monde. Plus préoccupant, ils sont aujourd’hui fonctionnellement éteints (plus de 99% de perte de récifs) dans 37 % des estuaires et 28 % des écorégions[107].
215
+
216
+ En revanche, l'ostréiculture est en plein essor : 4 400 000 tonnes collectées aujourd'hui, soit quatre fois plus qu'il y a vingt ans. Bien gérés, ces élevages auraient un faible impact environnemental, mais ils ont contribué à l'introduction de souches exogènes et de parasites qui ont décimé les huîtres sauvages ou certaines souches cultivées.
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+
218
+ En Grèce antique, notamment à Athènes, certains votes se faisaient à l'aide de coquilles d'huîtres : c'est de là qu'est issu le terme « ostracisme » de ostra : huître. Le terme français huître est issu du latin ostrea, emprunt au ὄστρεον (ostreon), devenu oistre en ancien français (terme en usage jusqu'au XVIIe siècle), parallèlement on trouve huistre dès le XVe siècle[108], dont le h graphique n'est pas étymologique, mais sert à éviter la lecture « vitre ». En effet, les lettres u et v étaient jadis notées toutes deux par le seul et unique v. L'amuïssement du s devant t, explique l'accent circonflexe sur le î, d'où huistre> huître (voir pour le h graphique huile, huit, huis).
219
+
220
+ L'huître est un sujet privilégié des natures mortes et particulièrement dans l'art flamand et néerlandais du siècle d'Or. Par son aspect physique mais aussi par les connotations qui lui sont associés : hermétisme et complexité cachée (Édouard Manet, Le Philosophe), intimité, plaisir charnel et même érotisme[109]. Elle trouve sa place dans les tableaux de banquets divins (Frans Floris de Vriendt, Le Festin des dieux) et princiers. L'huître peut suggérer le plaisir des sens et la tension érotique (Frans Van Mieris, Le repas d'huîtres, 1661).
221
+
222
+ En 1678, Jean de La Fontaine publie les fables L'Huître et les Plaideurs et Le Rat et l'Huître.
223
+
224
+ Déjà, le fabuliste grec Ésope, avait mis en scène l'huître dans De l’aigle et de la corneille, pour illustrer la même morale reprise par Jean de la Fontaine.
225
+
226
+ Elle devient sous la plume de Francis Ponge (« L'huître », dans Le Parti pris des choses) l'image même de la création poétique. De façon plus contemporaine, l'huître est l'objet de la réflexion de l'artiste Philip Ross[110].
227
+
228
+ L'huître est présente dans le livre Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, à travers l'histoire du Morse et du Charpentier.
229
+
230
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
231
+
232
+ Osias Beert, Nature morte aux huîtres, 1610, Staatsgalerie, Stuttgart.
233
+
234
+ Cornelis de Heem, Fruits de mer.
235
+
236
+ Willem Claeszoon Heda, Nature morte aux pièces d'étain, (1656 ou 1636).
237
+
238
+ Jan Steen, La Mangeuse d'huîtres, (1658-1660), Mauritshuis, La Haye.
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+ Jørn Utzon, Opéra de Sydney.
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+ Taxons concernés
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+ Sous-pages sur l'ostréiculture
7
+
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+ Autres sous-pages sur les huîtres
9
+
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+ modifier
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+
12
+ La dénomination vernaculaire huître désigne les mollusques marins bivalves de la famille des Ostreidae et plus largement de la super-famille des Ostreoidea. Les huîtres ne vivent que dans l'eau salée ou saumâtre et se trouvent dans toutes les mers. Ces mollusques sessiles vivent à l'état naturel fixés sur un substrat rocheux.
13
+
14
+ Espèces ingénieurs qui ont la capacité, en s'installant sur le fond, de créer un habitat favorable à de nombreux autres organismes vivants, elles forment des mini-récifs biogéniques, véritables oasis de biodiversité, et rendent de nombreux autres services écosystémiques. Ces récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques. Mais des siècles d'extraction et la dégradation du littoral ont entraîné la quasi-extinction des récifs naturels[1]. Il existe quelques projets de restauration de récifs d'huîtres[2]
15
+
16
+ L'huître présente une anatomie et une coquille, composée d'aragonite et de protéines comme la conchyoline, caractéristiques des lamellibranches.
17
+
18
+ Cette coquille, grande et inéquivalve, est fixée par la valve gauche, qui est généralement bombée, concave, avec l'extrémité antérieure plus ou moins redressée en forme de crochet[3], alors que la valve droite est plate (dans le langage courant, on parle de valves inférieure et supérieure parce que dans la nature la première repose sur le sol). L'extrémité antérieure de la coquille est donc la portion où les valves sont réunies par le ligament, l'extrémité postérieure est la bordure opposée des valves. La couleur des coquilles diffère beaucoup d'une espèce à l'autre, et même au sein d'une même espèce[4].
19
+
20
+ Le manteau constitue la structure la plus externe du corps mou de l'huître. Il correspond à la membrane qui se rétracte lorsqu'on la pique ou qu'on l'asperge de citron. Les deux moitiés du manteau sécrètent les deux valves de la coquille. Ces deux lobes, fusionnés[5] avec les viscères dans la région dorsale, délimitent la cavité palléale dans la partie ventrale de l'animal.
21
+
22
+ Une grande partie de l'intérieur de l'huître est occupée par les branchies qui divisent la cavité palléale en deux : la chambre inhalante, ventrale, et la chambre exhalante, dorsale. Ces branchies se poursuivent antérieurement par deux paires de lobes triangulaires, les palpes labiaux, révélant leur rôle respiratoire, mais également nutritionnel. En effet, les cils présents sur les axes de l'épithélium plissé des branchies créent un courant d'eau qui permet l'acheminement vers les palpes labiaux et la bouche des particules nutritives dont se nourrit l'animal[6].
23
+
24
+ Comme les autres lamellibranches, l'huître ne possède pas de tête. Bien que dépourvue d’oreille, elle est dotée d’une capacité d’audition[7],[8]. Un muscle adducteur important permet de contrôler l'ouverture de la coquille. C'est ce muscle qui maintient l'huître fermée et que l'on doit couper lors de l'ouverture de l'animal. Rappel ancestral, la larve comporte deux muscles inégaux (phase dimyaire) alors que l'adulte est monomyaire.
25
+
26
+ Huître japonaise (Crassostrea gigas), bassin de Marennes-Oléron, vue de dessus.
27
+
28
+ Huître japonaise, vue latérale.
29
+
30
+ Huître japonaise ouverte.
31
+
32
+ Comme la majorité des invertébrés benthiques, les huîtres ont un cycle de vie bentho-pélagique où une phase adulte sessile succède à une phase de vie larvaire planctonique pélagique (avec différents stades, larve trochophore, véligère, phase de pédivéligère[12] qui voit la larve plonger au fond, passant de la phase nageante à une phase rampante)[13].
33
+
34
+ La croissance accrétionnaire et saisonnière des coquilles (via les stries de croissance) est une mémoire des fluctuations environnementales. Elle permet des études sclérochronologiques, qu'on peut affiner par l'analyse des teneurs en isotopes stables (C et O), ce qui permet de rétrospectivement évaluer l'âge absolu des huîtres fossiles et reconstituer leurs dynamiques de populations. On a ainsi pu évaluer le temps représenté par certaines couches sédimentaires (cycles annuels à pluriséculaires).
35
+
36
+ Leur comportement (mouvements des valves, rythmes biologiques, croissance, date et heure de ponte) est utilisé pour suivre en temps quasi réel, et à distance, l'évolution de la qualité de l'eau sur les côtes[14].
37
+
38
+ L'huître Magallana gigas, la plus présente en France des variétés d'huître, est hermaphrodite cyclique[15]. En effet, une année sur l'autre, elle sera tantôt femelle, tantôt mâle. Lorsque la température de l'eau dépasse 10 °C, elle produit ses gamètes qu'elle libère lorsque l'eau atteint une température proche de 18 °C. Une huître libère entre 20 et 100 millions d'ovules et encore plus de spermatozoïdes. Seules 10 % des larves formées atteindront l'âge adulte. Cet hermaphrodisme successif se retrouve chez l’Ostrea edulis, l’Ostrea lurida (en) et la Crassostrea virginica, qui alternent entre phase mâle ou femelle d'une saison à l'autre, ainsi que chez d'autres bivalves[15].
39
+
40
+ Pratiquement toutes les espèces d'huîtres ont une fécondation externe : les femelles expulsent leurs millions d’ovules en battant des cils, tandis que les mâles, attirés par les phéromones dégagées, suivent le mouvement en larguant d’un filet continu, leurs spermatozoïdes. Particularité chez les Bivalves, les huîtres plates ont une fécondation interne : l'huître femelle émet ses gamètes en interne dans sa cavité palléale, tandis que le mâle répand sa laitance dans l'eau où la femelle, en la filtrant, les récolte. Après une période d'incubation qui dure entre 8 et 10 jours, et dépendant de la température, l'émission finale des larves dans l'environnement se produit[16]. Lors de la gamétogenèse qui a lieu pendant les « mois sans r » (mai, juin, juillet et août, d'où le proverbe « mois sans r, huître amère »)[17], l'huître creuse pleine de son « lait » va répandre dans l'eau ses gamètes. Le « lait » est un fluide contenant le sperme (gamète mâle) et les ovules (gamètes femelle) des huîtres. Il arrive parfois que l'huître fertile conserve son « lait », ses gamètes, toute l'année si les conditions climatiques n'ont pas été favorables (par exemple, un été trop froid), ce qui explique la présence de laitance parfois même en hiver. Les conditions climatiques favorables sont : une eau à bonne température, 21 °C ; une eau pas trop salée et donc la proximité d'une rivière.
41
+
42
+ L'union d'un gamète mâle et d'un gamète femelle forme un œuf microscopique qui va dériver au gré des flots. Chaque huître mère donne naissance à plus d'un million d'œufs par an[réf. nécessaire]. Au bout de vingt jours environ, l'œuf va se fixer sur un support solide et propre.
43
+
44
+ L'huître a quelques prédateurs naturels parmi lesquels on retrouve l'huîtrier pie, différentes espèces de crabes et de poissons (raies, brèmes, dorades), les étoiles de mer, les moules et les bigorneaux perceurs[18]. Elle peut être parasitée, notamment par des térébrants, dont le Polydore.
45
+
46
+ L'huître peut être exposée à divers polluants chimiques (métaux lourds notamment), ainsi qu'à des pathogènes pour elle-même ou pour l'Homme. La question de l'impact éventuel de toxiques perdus par les dépôts de munitions immergées proches de sites de production se pose.
47
+
48
+ Certaines espèces subissent la concurrence d'espèces introduites avec de possibles pollutions génétiques.
49
+
50
+ L'étude des huîtres fossiles montre que de nombreuses espèces ont existé dans le passé et ont, comme leurs ancêtres, joué un rôle écologique et trophique important sur les plateaux continentaux, contribuant notamment au cycle du carbone et aux puits de carbone. Les paléontologues retrouvent des accumulations massives de coquilles d'ostréidés, très épaisses (« intérieur » d'un banc ou récif constitué d'huîtres) ou en couches bidimensionnelles lorsqu'elles couvraient le sédiment. Diverses espèces ont occupé une large gamme de niches écologiques, avec des morphotypes adaptés à différents substrats et à des conditions environnementales, climatiques et édaphiques variant selon la salinité, la turbidité, l'oxygénation, le courant, la saison, la bathymétrie, etc.
51
+
52
+ L'origine des huîtres a depuis longtemps attiré l'attention des paléontologues qui ont proposé comme ancêtre le groupe fossile des Pseudomonotidae[19] des Arcoida[20], ou des Pterioida[21]. Un des genres d'huître les plus anciens, la Gryphée (épibenthique à la valve gauche posée sur un fond meuble, la coquille spiralée étant une adaptation morphologique évitant au Bivalve l'envasement) vit principalement du Trias supérieur au Jurassique, à l'époque des dinosaures[22]. L'ordre Ostreida (à l'origine de la famille des Ostreidae, les « vraies huîtres » comestibles) émerge à la fin du Permien il y a 250 millions d'années, tandis que le genre des huîtres plates Ostrea, reconnaissable à ses valves aplaties à crochet droit et saillant, apparaît au Crétacé il y a 80 millions d'années[23],[24].
53
+
54
+ D'autres familles de bivalves de l'ordre des Ostreida sont dénommées huîtres : Pteriidae, Gryphaeidae...
55
+
56
+ Les huîtres fournissent de nombreux services écosystémiques. Ressources marines, elles sont exploitées pour la pêche et l'aquaculture. Les coquilles ont servi à paver les routes ou de remblais aux fortifications et aux quais des chemins de fer[25]. Les récifs participent à la stabilisation des sédiments, à la protection du trait de côte (défense côtière par l'effet brise-lames)[26],[27], la séquestration du carbone. La capacité de pompage et de filtration de ces Bivalves qui filtrent en moyenne presque 200 litres d'eau par jour, contribue à la diminution de la turbidité de l'eau[28], à la réduction des blooms algaires et bactériens, à la dénitrification[29] et à l'amélioration de la qualité sanitaire des eaux[30]. Ce sont des sentinelles écologiques qui alertent sur la sédimentation, la pollution marine et l'érosion du littoral[31]. Espèces ingénieurs, elles ont la capacité, en s'installant sur le fond, de créer des micro-habitats qui hébergent une diversité faunistique et floristique importante (algues, pétoncles, éponges, tuniciers, cnidaires, étoiles de mer, servant même de nurserie pour les seiches). La structure feuilletée des coquilles offre même des nano-habitats, comme celle de l'huître plate qui peut abriter une centaine d'espèces, soit quatre fois plus que les autres substrats durs environnants[32]. Les récifs huîtriers sont ainsi l'équivalent tempéré des récifs coralliens tropicaux[33]. Les huîtres rendent également des services récréatifs et touristiques (fêtes de l'huître, Cité de l'Huître, « Trail de l'huître » à Riec-sur-Bélon depuis 2014[34], conchylitourisme avec des routes de l'huître dans le Morbihan, en Vendée)…
57
+
58
+ Les gestionnaires des milieux naturels ont lancé de nombreux projets d'enrichissement coquillier, de semis de naissains et de déploiement de récifs artificiels[35]. L'introduction d'espèces non indigènes dans 73 pays a pu être la cause de déséquilibres profonds (biodiversité, réseau trophique) pouvant entraîner des dommages de toutes sortes aux équilibres écologiques (développement d'espèces envahissantes avec leurs maladies associées)[36].
59
+
60
+ Depuis le début des années 2010, la baie de New York est l'objet d'un projet de restauration des récifs ostréicoles (en), le "Billion Oyster Project" ("Un milliard d'huîtres" d'ici 2035), impulsé par Fabien Cousteau non pas dans un but gastronomique mais environnemental, les colonies de la baie ayant été décimées par la pêche, la pollution et les maladies[37],[38].
61
+
62
+ Avant l'élevage des huîtres, leurs récifs ont dominé les estuaires du monde entier, alimentant les économies côtières et les civilisations depuis les hommes préhistoriques, comme en attestent les amas coquilliers anthropiques sur les littoraux[39].
63
+
64
+ Les Grecs et les Romains sont très friands de l'huître plate, huître indigène européenne. L'importation à Rome des huîtres des côtes européennes aussi bien atlantiques que méditerranéennes, fait l'affaire des négociants et des transporteurs[40]. Les vestiges archéologiques ne permettent pas de savoir si ces huîtres importées sont pêchées ou élevées à cet effet[41].
65
+
66
+ Les prémices de l'ostréiculture existent déjà chez les Romains (les dépotoirs révèlent une consommation particulièrement importante à cette époque) qui, selon Pline l'Ancien, réalisent une technique d'affinage dans des « parcs à huîtres » ou « viviers à huîtres » que désignent le mot latin ostriaria[42]. Les invasions barbares mettent fin à l’ostréiculture qui ne parvient pas à se développer durant le haut Moyen Âge où les gisements suffisent à couvrir la consommation, ne redevenant une activité économique qu'au XIe siècle[43]. Les huîtres se consomment à cette époque décoquillées, sans doute séchées dans le sel, conditionnées dans une saumure ou marinées dans du vinaigre, avant d'être « exportées » vers l'intérieur des terres pour les populations aisées[44] dans les villes[45]. La consommation peut être localement importante, comme en attestent les buttes coquillières de Granville, Beauvoir-sur-Mer ou Saint-Michel-en-l'Herm[46] qui témoignent de l'activité d'importants ateliers d'écaillage médiévaux destinés à l'alimentation mais aussi à l'exploitation des coquilles pour fortifier les coquilles d'œufs des poules, ou pour la production de chaux ou d'amendements agricoles[47]. À la Renaissance, sa renommée s'accroît encore (l'huître qui se consomme décoquillée et cuite, figure dans de nombreux livres de cuisine), si bien que la facilité de son exploitation et la pêche excessive entraînent probablement l'épuisement de nombreux bancs naturels[48]. Le XVIIe siècle voit le développement des bassins ostréicoles pour répondre à la demande des huîtres consommées écaillées, mais les huîtres restent plus une ressource de subsistance pour les populations littorales qu'une denrée commerciale (surplus limité à une consommation aristocratique et urbaine)[49].
67
+
68
+ Jusqu'au XIXe siècle, l'ostréiculture consiste dans le dragage des bancs naturels, les huîtres étant, soit livrées directement à la consommation, soit placées dans des parcs situés sur le littoral au voisinage des bancs huîtriers[50].
69
+
70
+ L'ostréiculture moderne ne se développe qu'au milieu du XIXe siècle, cet élevage se traduisant en France par la mise au point du captage du naissain et le développement des premiers parcs installés dans la zone de balancement des marées dans les années 1860 à la suite des initiatives du naturaliste Victor Coste[50].
71
+
72
+ On dénombre les techniques d'élevage principales suivantes, selon le substrat et les coefficients de marée :
73
+
74
+ On dénombre trois grandes étapes dans l'élevage :
75
+
76
+ Le parc d'affinage est situé en mer, sur la côte ou sur l'estran le plus proche de la côte (aber, ria, fond de baie, anciens marais salants, etc.).
77
+
78
+ Les huîtres atteignent une taille commerciale en deux ou trois ans, selon le lieu d'élevage et la densité.
79
+
80
+ Assiette d'huîtres creuses (ou « japonaises » : Crassostrea gigas).
81
+
82
+ Assiette d'huîtres plates (ou « européennes » : Ostrea edulis).
83
+
84
+ Assiette d'huîtres creuses de Virginie (Crassostrea virginica).
85
+
86
+ Huître portugaise (Crassostrea angulata).
87
+
88
+ Huître olympe (Ostreola conchaphila).
89
+
90
+ L'huître tropicale Saccostrea cucullata est parfois consommée localement.
91
+
92
+ La production française est d'environ 130 000 tonnes par année[53], dont 98 % environ d'huître creuse (Crassostrea gigas), et 2 % d'huître plate (Ostrea edulis). La France représente l'essentiel de la production européenne (environ 90 %). La Chine est premier producteur mondial avec environ 3,7 millions de tonnes[54].
93
+
94
+ L'huître plate est élevée sur les côtes atlantiques (Bretagne) et méditerranéennes. L'huître creuse est élevée à Arcachon, à Marennes-Oléron, en Bretagne, sur l'île de Ré, l'île de Noirmoutier, en Vendée, en Normandie, dans le Languedoc (étang de Thau)[55] et en Corse (étangs d'Urbino et de Diana), cependant tous les naissains viennent de la côte Atlantique (Arcachon, Charente-Maritime et Baie de Bourgneuf).
95
+
96
+ Huîtres plates belons.
97
+
98
+ Huîtres de Normandie.
99
+
100
+ Huîtres de Saint-Germain-sur-Ay.
101
+
102
+ Huîtres de Kerpenhir (Golfe du Morbihan).
103
+
104
+ L'élevage des huîtres, et spécialement dans l'ostréiculture arcachonnaise, utilise le principe de la tuile chaulée pour le captage du naissain, avant grossissement.
105
+
106
+ L'élevage des huîtres en Méditerranée se pratique sur table d'élevage en suspension et généralement en immersion permanente. Seule l'entreprise Médithau, dans le bassin de Thau fait subir des exondations pouvant aller jusqu'à plusieurs jours durant tout le cycle de la croissance de l'huître. Ce procédé reproduit le cycle des marées présent en Atlantique.
107
+
108
+ On maîtrise maintenant la reproduction et l'élevage des larves d'huîtres en écloserie, cette technique garantit l'approvisionnement en naissain, elle cohabite avec le captage du naissain sauvage. Seules les écloseries produisent des huîtres triploïdes. Le captage naturel est surtout localisé dans le bassin d'Arcachon et la région de Marennes-Oléron où la rétention hydrodynamique est forte (milieux protégés des courants et des fortes marées), ce qui favorise la rencontre et la fécondation des gamètes[56].
109
+
110
+ Huîtres de Poitou-Charentes.
111
+
112
+ Huîtres d'Arromanches.
113
+
114
+ Huîtres de Cancale.
115
+
116
+ Huîtres du Pays de Loire.
117
+
118
+ Huîtres de l'île d’Oléron.
119
+
120
+ Les « claires »[Note 1] sont une spécialité commune de Marennes-Oléron et de la Région Pays de la Loire, elles servent à l'affinage des huîtres, dont le goût et le taux de chair peuvent varier. Du fait de leur ancienneté et de leur meilleure image marketing, les ostréiculteurs de Marennes-Oléron contrôlent l'essentiel de la commercialisation des huîtres de claire en France.
121
+
122
+ Ainsi, des huîtres nées et élevées en Bretagne, en Normandie, en Méditerranée, voire en Irlande, mais affinées dans les deux derniers mois précédant leur consommation dans les claires de Marennes-Oléron auront droit au qualificatif « affinées à Marennes-Oléron ». Après avoir passé 6 mois dans ce bassin, elles pourront porter l'appellation « Huîtres Marennes-Oléron ».
123
+ Les éleveurs d'huîtres sont des ostréiculteurs, ils constituent avec les éleveurs de moules (les mytiliculteurs) l'essentiel des conchyliculteurs (éleveurs de coquillages marins).
124
+
125
+ Les écaillers sont les professionnels qui ouvrent des huîtres pour les vendre.
126
+
127
+ En France, la dénomination des huîtres, comme celle de tous les coquillages, est régie en premier lieu par le Règlement 2065/2001[57].
128
+
129
+ Pour les huîtres creuses, les mentions complémentaires et les calibres sont définis par un accord interprofessionnel modifié pour la dernière fois en 2017[58]. Ces mentions prennent en compte l'indice de remplissage. Ce dernier est calculé sur la base de 100 fois le rapport de la masse de la chair de 20 huîtres creuses à la masse brute de ces mêmes huîtres.
130
+
131
+ Calibres (poids moyen de l'huître) :
132
+
133
+ Ainsi, un colis de 15 kg d'huîtres no 1 correspond au moins à 100 huîtres, tandis qu'un colis de même poids d'huîtres no 5 comporte au moins 333 huîtres.
134
+
135
+ Mentions complémentaires :
136
+
137
+ Pour l'huître plate, il n'existe pas d'accord interprofessionnel concernant le calibrage, mais une règle d'usage professionnelle. Les calibres sont différents :
138
+
139
+ Calibre/poids de 100 huîtres plates :
140
+
141
+ D'autres signes de qualité peuvent encore s'ajouter, comme le Label Rouge et les produits IGP, ainsi que des marques commerciales.
142
+
143
+ Dans les années 1990, une nouvelle variété d'huître creuse fait son apparition sur le marché : l’huître triploïde, créée artificiellement[59]. Cette huître triploïde relève d'une anomalie du développement embryonnaire car elle contient trois jeux de chromosomes au lieu de deux[59], soit 10 lots de trois chromosomes au lieu de 10 lots de deux chromosomes, une différence génétique obtenue par des chocs chimiques et thermiques[60]. Les huîtres triploïdes sont exclusivement produites en écloserie[60]. Elles se généralisent à partir de 1999, date à laquelle l'IFREMER (Institut public français de recherche pour l'exploitation de la mer) met en œuvre, avec les écloseries françaises, une technique développée par l'université américaine Rutgers (l'INRA avait déjà mis au point une technique analogue pour les truites, au début des années 1980[61],[62],[63]).
144
+
145
+ L'objectif initial est de créer des huîtres plus rentables : stériles et incapables de se reproduire, elles poussent en deux ans, au lieu de trois ou quatre ans pour les huîtres sauvages, bénéficiant de l'économie physiologique de la reproduction. En effet, l'énergie utilisée par l'espèce sauvage pour se reproduire est utilisée par l'huître triploïde pour grandir[59]. De plus, ne fabriquant plus d'oeufs pour se reproduire, les huîtres triploïdes ne sont donc pas « laiteuses » en été et sont par conséquent commercialisables toute l'année (les huîtres laiteuses étant souvent considérées comme inférieures). Elles présentent ainsi une amélioration majeure sur le plan sanitaire (les huîtres "en lait" se conservent très mal), sur le plan diététique (les huîtres "en lait" sont chargées en lipides contrairement aux huîtres des quatre saisons qui stockent du sucre animal : le glycogène) et sur le plan organoleptique[64].
146
+
147
+ Cette innovation provient à la fois de France et des États-Unis. En effet, dans les années 1980, l'huître native de Virginie, Ostrea virginica, est en déclin, fragilisée par les pollutions et les parasites qui se développent dans la baie de Chesapeake. Le généticien Standish Allen met au point une huître triploïde pour assurer une production toute l'année. Développée dans une écloserie (ferme spécialisée dans la production), sa croissance dans un milieu contrôlé doit s'affranchir de la pollution et des maladies[65]. Il applique aussi cette technique sur l'huître japonaise Crassostrea gigas[66].
148
+
149
+ Parallèlement, l'IFREMER invente une huître triploïde. Le laboratoire de Génétique et Pathologie de la station de La Tremblade croise l'huître diploïde femelle sauvage (à deux jeux de chromosomes, qui est l'huître rencontrée dans la nature) et l'huître tétraploïde mâle (à quatre jeux de chromosomes et à fort potentiel reproducteur ; le premier brevet en 1995 utilise, pour obtenir la polyploïdie, l'induction chimique par un produit mutagène au stade embryonnaire sur une huître diploïde ; l'IFREMER rachète un brevet américain en 2004, le brevet Rutgers, puis dépose en 2008 un nouveau brevet en nom propre, qui utilise un inducteur chimique non cancérigène)[60]. L'écloserie de La Tremblade fournit l'huître tétraploïde badgée et pucée aux écloseries commerciales[Note 4] depuis le début des années 2000, ces dernières les croisant avec leurs géniteurs diploïdes pour produire du naissain triploïde[67].
150
+
151
+ En 2001, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) n'a émis aucune objection à sa commercialisation, semblant assurée de son innocuité pour les consommateurs[68],[69].
152
+
153
+ Ces huîtres triploïdes ont été créées à la suite d'une demande spécifique des ostréiculteurs et peuvent avoir des conséquences sur le patrimoine biologique, leur biodiversité réduite pouvant accentuer leur sensibilité aux maladies, mais les résultats sur les taux de mortalité entre les deux types d'huîtres sont contradictoires[70]. Elles sont accusées de coloniser les milieux naturels et déstabiliser les élevages naturels. Elles posent aussi des problèmes plus éthiques sur les modifications génétiques des aliments et sur la transparence de l'information des consommateurs. Procédé coûteux et complexe, l'huître tétraploïde serait vendue 1 000 euros l'étalon aux écloseries[71]. De plus, l'ostréiculteur devient dépendant des écloseries, celui-ci ne pouvant faire se reproduire ses huîtres.
154
+
155
+ Constituant une part significative de la production française (30 % en 2008, 50 % en 2014 selon le Syndicat conchylicole national[72]), y compris en haut de gamme, les huîtres triploïdes ne sont pas considérées juridiquement comme des OGM, mais comme des OVM [73], si bien qu'au niveau légal, aucune obligation d'étiquetage ni étude préalable ne sont requises. Selon Libération, « on ne parle pas d’organisme génétiquement modifié (OGM), car on n’introduit pas dans l’huître de caractéristique nouvelle qu’elle ne possède pas à l’état naturel. L’huître triploïde est donc un OVM, un organisme vivant modifié »[74]. La Commission européenne déclare : « Les huîtres triploïdes peuvent se trouver à l'état naturel (sic). Il n'y a pas de justification à des mentions obligatoires particulières. Toutefois, les producteurs, sur une base volontaire, peuvent informer les consommateurs sur leurs caractéristiques »[75]. Les huîtres triploïdes peuvent éventuellement être reconnues grâce à leur talon relativement plus relevé (charnière qui se retourne sur elle-même) et à la forme ventrue de la coquille[76]. Cependant il existe une grande variabilité morphologique chez l'huître creuse, en particulier selon la méthode d'élevage. Des ostréiculteurs anti-triploïdes, regroupés notamment dans l’association « Ostréiculteur traditionnel » ou sous le Comité national de la conchyliculture, revendiquent l'authenticité de leurs huîtres naturelles, cherchant à développer des appellations contrôlées et apposer la mention « nées et élevées en mer » sur leurs produits[77].
156
+
157
+ Depuis 2007, on constate une mortalité anormale des huîtres qui se développent dans les eaux salines. L'une des origines de cette mortalité est due à l'acidification des océans, qui absorbent 22 millions de tonnes de CO2 par jour. Cette acidification du milieu rend les coquilles des larves moins solides et plus vulnérables[78].
158
+
159
+ Depuis 2008 on constate également une mortalité anormale des huîtres sur le littoral français, en particulier des juvéniles. La surmortalité touche plus particulièrement les zones de production atlantiques. Ifremer a rendu un rapport qui présente cette mortalité comme multifactorielle, le facteur le plus important étant le virus OsHV-1[79].
160
+
161
+ Les huîtres sont très prisées sur le plan gastronomique, surtout depuis le XVIIIe siècle en France et en Italie[80].
162
+
163
+ Dans les trois premiers jours suivant leur date de conditionnement, elles gardent une forte saveur saline. Leur optimum de saveur est entre le 4e et 9e jour car elles ont eu le temps de se régénérer[81].
164
+
165
+ En France en 2013, 50 % de la production annuelle reste écoulée durant la période des fêtes de fin d'année, le marché français de cette « perle » des coquillages se caractérisant surtout par cette saisonnalité. Les huîtres y représentent 11 % des coquillages achetés, derrière les moules (67 %) et les coquilles Saint Jacques (18 %)[82]. Les Français sont les premiers consommateurs au monde d'huîtres fraîches, avec deux kilogrammes par an et par habitant[83].
166
+
167
+ L'ouverture est difficile, et entraine des accidents domestiques. De nombreuses inventions sont tentées chaque année pour en faciliter l'ouverture, mais la meilleure consiste à placer les huîtres au four micro-ondes une à deux minutes. Elles seront alors chaudes ou tièdes et risquent d'en mourir, mais leur qualité nutritive n'est pas affectée.
168
+
169
+ Les huîtres peuvent être dégustées crues vivantes ou cuisinées. Elles doivent être conservées au frais, stockées à plat, et consommées dans les dix jours suivant leur sortie de l'eau. Au-delà, elles peuvent provoquer de sérieuses intoxications alimentaires. Elles ne se gobent pas mais se mâchent[84].
170
+
171
+ Les huîtres peuvent donner lieu à des troubles digestifs pour plusieurs raisons[85] :
172
+
173
+ Un contrôle sanitaire est exercé sur leur production, et les zones d'élevage font l'objet d'une constante surveillance de la qualité de leurs eaux par l'Ifremer[87]. En France, les zones sont classées selon leur qualité (A, B, C et D), les huîtres pouvant être élevées dans les zones A et B, mais finies et expédiées seulement des zones classées A[88].
174
+
175
+ Cette pollution « naturelle » des zones d'élevage est réversible si la qualité des eaux s'améliore, car l'huître filtre en permanence cette eau et rejettera les toxines produites par ces algues, qui se dégradent aussi avec le temps. En revanche, les pollutions par les métaux lourds ou polluants pétroliers sont irréversibles (et parfois mortelles sur le naissain), et les coquillages ainsi contaminés doivent être détruits. En France, ce contrôle est dévolu aux services vétérinaires, il est particulièrement strict au plan phytosanitaire sur les bassins d'affinage, qui sont très protégés et surveillés.
176
+
177
+ Crue, l'huître est souvent dégustée nature. Un usage consiste à l'arroser de quelques gouttes de jus de citron ou de vinaigre d'échalote ; cette pratique se justifiait en particulier lorsque l'on avait un doute sur leur fraicheur, l'animal se rétractant au contact du citron ou du vinaigre. Elle fait très souvent partie des plateaux de fruits de mer.
178
+
179
+ Dans la gastronomie chinoise, l'huître est l'ingrédient principal de la sauce d'huître (蠔油 háoyóu), condiment couramment utilisé, surtout dans la cuisine du sud de la Chine[89]. Elles peuvent aussi servir de garniture à une omelette (蚵仔煎, « ô-á-chian »).
180
+
181
+ L'huître est très riche en protéines et pauvre en calories (70 kcal/100 g), en graisses, en cholestérol. C'est un aliment de choix en raison de ses apports nutritifs exceptionnels mais rares dans le reste de l'alimentation.
182
+
183
+ Elle est connue pour sa teneur record en zinc (6,5 mg/100 g) et en iode (0,06 mg/100 g), mais contient aussi un intéressant taux de sélénium (0,06 mg/100 g), de manganèse (1 mg/100 g) et de fer (5,8 mg/100 g). Il faut ajouter à cette liste d'autres oligo-éléments et minéraux tels que le calcium, le magnésium, le potassium, le fluor et le cuivre.
184
+
185
+ L'huître est naturellement riche en vitamines E, B, D, et dans une moindre mesure en vitamine C (l'apport en vitamine C du jus de citron qui l'accompagne souvent est négligeable). La consommation de l'huître avec le jus de citron a aussi le défaut de détruire presque immédiatement l'essentiel des ressources en vitamine E, contrairement à la consommation nature ou avec le vinaigre de la sauce mignonnette souvent préférée au citron par les gourmets (et les nutritionnistes) en raison de son acidité plus faible. Contrairement aux idées reçues, le citron n'a aucun effet sur le niveau sanitaire (il est sans effet sur les éventuelles toxines présentes).
186
+
187
+ Il est souvent conseillé de ne pas consommer la « première eau » présente dans la coquille à l'ouverture, qui est de toute façon présente en trop grande quantité et contient l'eau d'affinage, parfois un peu de sable désagréable, ou peut être trop salée (dans le cas des huîtres insuffisamment affinées), ou encore contenir un peu de leur eau de lavage (réalisé préalablement à la vente dans une eau légèrement chlorée), ce qui en masque ou dégrade le goût (de plus cette eau a plus de chance de contenir encore les micro-algues vivantes, si leur lavage n'a pas suffi, les toxines produites par ces algues étant à l'origine des désordres digestifs) : une fois ouverte, et vidée de cette eau, l'huître encore vivante exfiltre en une ou deux minutes une eau purifiée suffisante pour apprécier sa consommation et très riche en éléments nutritifs et sels minéraux facilement assimilables.
188
+
189
+ Les huîtres dites « laiteuses » correspondent à leur période de reproduction (mai à août, les fameux mois sans "r") et contiennent davantage de glucides. Elles sont tout à fait comestibles, même si leur valeur gustative n'est pas autant appréciée de tous.
190
+
191
+ La plupart des coquillages, et en particulier les mollusques bivalves, captent leur nourriture (phytoplancton, débris microscopiques, bactéries…) en filtrant l'eau. Ceci se fait avec une certaine sélectivité : si les nutriments présents dans le milieu ne leur conviennent pas, ils peuvent s'arrêter momentanément de filtrer, ou les rejeter avant absorption sous forme de pseudo-fèces. Après absorption, les éléments indésirables sont soit rejetés avec les fèces, soit assimilés, soit comme pour certains métaux lourds en grande partie fixés dans la coquille où ils sont ainsi provisoirement inertés.
192
+
193
+ Plusieurs types d'éléments indésirables peuvent être présents dans la chair du coquillage au moment de sa consommation par l'homme :
194
+
195
+ Une surveillance régulière des eaux marines, des blooms planctoniques et des coquillages permet de contrôler l'absence de ces espèces dans le milieu et des toxines dans les denrées. La fermeture préventive des zones de production est la seule possibilité de se garantir de ces intoxications alimentaires[94].
196
+
197
+ De plus, les mollusques bivalves vivants sont considérés comme propres à la consommation humaine lorsqu'ils possèdent les caractéristiques organoleptiques liés à la fraîcheur et à la vitalité, en particulier l'absence de souillure de la coquille, la réponse adéquate à la percussion et une quantité normale de liquide intervalvaire.
198
+
199
+ Les coquilles d'huître étaient autrefois broyées et valorisées comme source de calcium notamment à destination des élevages de volailles, pour améliorer la production d'œufs et la croissance des poulets. Le calcium de coquille d'huître était considéré comme hautement bioassimilable, autrement dit présentant une excellente biodisponibilité (assimilé à 76 %[95], et réputé être une des meilleures sources de calcium biodisponible[95].), mais les coquilles peuvent aussi avoir accumulé divers métaux lourds.
200
+
201
+ En tant que sous-produit aquacole et pour leur structure naturellement « feuilletée », après avoir été imprégnées d'aluminium, puis carbonisées[96], les coquilles ont été testées comme « catalyseur solide » industriel pour la transestérification d'huile de soja[97].
202
+
203
+ Biodégradation des coquilles : Elle permet l'intégration dans le sol puis l'assimilation par les plantes, les champignons ou la microflore et microfaune du sol des nutriments (calcium notamment) contenus dans la coquille.
204
+
205
+ Ces coquilles sont aussi utilisées comme source d'amendement minéral du sol[98] (plus efficacement si préalablement compostées[99]).
206
+
207
+ Une analyse métagénomique de coquilles d'huître, visant à évaluer la diversité des populations bactériennes trouvées sur ou dans la coquille d'huître selon ses modalités de stockage (température), a montré une forte prédominance (jusqu'à près de 70 %) de bactéries firmicutes (qui pourraient donc être le groupe responsable de la biodégradation des coquilles[100],[101].
208
+
209
+ Bien que toutes les huîtres puissent sécréter des perles, les huîtres comestibles ne sont pas utilisées à ces fins. L'huître perlière appartient à une famille différente, les Pteriidae. Les perles produites naturellement ou en culture proviennent de cette famille d'huîtres.
210
+
211
+ La perle de nacre est fabriquée par l'huître quand un corps étranger (sable, larve…) s'immisce entre sa coquille et son manteau. Au fil des ans, ce corps étranger est recouvert de couches concentriques de carbonate de calcium qui cristallise sous forme d'aragonite, phénomène désigné sous le nom d'accrétion ; ceci finit par donner une perle[102]. Seules l'huître perlière des mers chaudes (appelée aussi « pintadine ») et la moule perlière d'eau douce peuvent en fabriquer.
212
+
213
+ Pêche intensive ou surpêche par dragages[103], surexploitation, mais aussi dégradation des côtes, pollution des mers, anoxie et sédimentation, maladies ou prédateurs invasifs affectent les populations d'huîtres sauvages affaiblies par l'acidification des océans[104],[105]…
214
+ À l'état sauvage, ces populations sont devenues rares dans une grande partie de leur aire naturelle de répartition[106]. Selon une étude de l'association américaine Nature Conservancy, publiée en 2009, près de 85 % des récifs ont été perdus à l'échelle mondiale, un taux supérieur aux pertes signalées pour d’autres habitats importants, comme les récifs coralliens, les forêts de mangrove ou les herbiers. Ils sont en mauvais état, ayant connu un déclin de plus de 90 % par rapport aux niveaux historiques, dans 70 % des baies et 63 % des écorégions marines du monde. Plus préoccupant, ils sont aujourd’hui fonctionnellement éteints (plus de 99% de perte de récifs) dans 37 % des estuaires et 28 % des écorégions[107].
215
+
216
+ En revanche, l'ostréiculture est en plein essor : 4 400 000 tonnes collectées aujourd'hui, soit quatre fois plus qu'il y a vingt ans. Bien gérés, ces élevages auraient un faible impact environnemental, mais ils ont contribué à l'introduction de souches exogènes et de parasites qui ont décimé les huîtres sauvages ou certaines souches cultivées.
217
+
218
+ En Grèce antique, notamment à Athènes, certains votes se faisaient à l'aide de coquilles d'huîtres : c'est de là qu'est issu le terme « ostracisme » de ostra : huître. Le terme français huître est issu du latin ostrea, emprunt au ὄστρεον (ostreon), devenu oistre en ancien français (terme en usage jusqu'au XVIIe siècle), parallèlement on trouve huistre dès le XVe siècle[108], dont le h graphique n'est pas étymologique, mais sert à éviter la lecture « vitre ». En effet, les lettres u et v étaient jadis notées toutes deux par le seul et unique v. L'amuïssement du s devant t, explique l'accent circonflexe sur le î, d'où huistre> huître (voir pour le h graphique huile, huit, huis).
219
+
220
+ L'huître est un sujet privilégié des natures mortes et particulièrement dans l'art flamand et néerlandais du siècle d'Or. Par son aspect physique mais aussi par les connotations qui lui sont associés : hermétisme et complexité cachée (Édouard Manet, Le Philosophe), intimité, plaisir charnel et même érotisme[109]. Elle trouve sa place dans les tableaux de banquets divins (Frans Floris de Vriendt, Le Festin des dieux) et princiers. L'huître peut suggérer le plaisir des sens et la tension érotique (Frans Van Mieris, Le repas d'huîtres, 1661).
221
+
222
+ En 1678, Jean de La Fontaine publie les fables L'Huître et les Plaideurs et Le Rat et l'Huître.
223
+
224
+ Déjà, le fabuliste grec Ésope, avait mis en scène l'huître dans De l’aigle et de la corneille, pour illustrer la même morale reprise par Jean de la Fontaine.
225
+
226
+ Elle devient sous la plume de Francis Ponge (« L'huître », dans Le Parti pris des choses) l'image même de la création poétique. De façon plus contemporaine, l'huître est l'objet de la réflexion de l'artiste Philip Ross[110].
227
+
228
+ L'huître est présente dans le livre Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, à travers l'histoire du Morse et du Charpentier.
229
+
230
+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
231
+
232
+ Osias Beert, Nature morte aux huîtres, 1610, Staatsgalerie, Stuttgart.
233
+
234
+ Cornelis de Heem, Fruits de mer.
235
+
236
+ Willem Claeszoon Heda, Nature morte aux pièces d'étain, (1656 ou 1636).
237
+
238
+ Jan Steen, La Mangeuse d'huîtres, (1658-1660), Mauritshuis, La Haye.
239
+
240
+ Jørn Utzon, Opéra de Sydney.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ 58 kg (Banner)400 kg (Hulk gris)475 à 635 kg (Hulk vert/sauvage)520 kg (Hulk du Panthéon)[2]
4
+
5
+ (fr) Fantask no 5(juin 1969, avec Fantastic Four (vol. 1) #12 ; Incredible Hulk #1 a été publié dans Gamma no 1 au 1er trimestre 1979)[2]
6
+
7
+ Le docteur Robert Bruce Banner (souvent nommé Bruce Banner, son deuxième prénom), alias Hulk, est un super-héros évoluant dans l'univers Marvel de la maison d'édition Marvel Comics. Créé par le scénariste Stan Lee et le dessinateur Jack Kirby, le personnage de fiction apparaît pour la première fois dans le comic book The Incredible Hulk (vol. 1) #1 en mai 1962.
8
+
9
+ En France, il apparaît pour la première fois dans la revue Fantask no 5 (juin 1969) (qui publie Fantastic Four #12), puis dans ses propres aventures à partir du no 23 d’Étranges Aventures (novembre 1971). Ses toutes premières aventures en solo furent traduites dans Gamma no 1 (1979).
10
+
11
+ Hulk, surnommé le « Titan Vert », est devenu l'un des super-héros les plus forts et les plus résistants de l'univers Marvel à la suite d'une exposition accidentelle de Banner aux rayons gamma lors d'une explosion atomique. Il est aussi l'un des membres fondateurs du groupe de super-héros les Vengeurs.
12
+
13
+ Dans le classement de 2008 du magazine Wizard, Hulk est classé au dix-neuvième rang des « 200 Greatest Comic Book Characters of All Time »[4],[5].
14
+
15
+ Le personnage a été incarné à la télévision dans les années 1970 par Bill Bixby et Lou Ferrigno dans la série L'incroyable Hulk. Au cinéma, il est incarné tout d'abord par Eric Bana dans Hulk (2003), puis dans l'univers cinématographique Marvel par Edward Norton avec L'Incroyable Hulk (2008) avant d'être repris par Mark Ruffalo à partir d’Avengers (2012) et dans les sorties suivantes du MCU.
16
+
17
+ Hulk a été créé dans la période d'engouement pour les super-héros au début des années 1960. Il figure dans la continuité des « monster comics » (récits à chute présentant des monstres, souvent des envahisseurs extraterrestres, parfois démons, parfois robots, etc.) dont Jack Kirby s'était fait une spécialité au sein des maisons d'édition ancêtres de Marvel Comics.
18
+
19
+ L'histoire de Bruce Banner / Hulk est une adaptation moderne de celle de Dr Jekyll / Mr Hyde de Robert Louis Stevenson avec l'ajout du mythe de Frankenstein, selon les propres dires de Stan Lee[6].
20
+
21
+ Hulk est le deuxième titre publié par Marvel après le lancement et le succès des Quatre Fantastiques. Dans le premier numéro, Hulk est au départ gris. Mais devant le piètre résultat imprimé, il est décidé rapidement qu'il sera vert, une couleur plus facile à reproduire à l'époque[7]. De plus, aucun super-héros n'était vert à l'époque[8]. La série ne durera que six numéros, tous écrits par Stan Lee, et dessinés par Kirby, puis par Steve Ditko avant son départ de la série, du fait de l'insuccès du titre[9].
22
+
23
+ Il intègre alors le sommaire de l'anthologie Tales to Astonish, aux côtés de l'Homme-Fourmi / Giant Man qui est remplacé plus tard par Namor[9]. Il se distingue ensuite en tant que membre fondateur de l'équipe des Vengeurs. Sa popularité s'accroit également (selon le site d'analyses CBR) lors de plusieurs affrontements avec la Chose au fil des pages de quelques numéros des Fantastic Four[10]. Stan Lee est toujours le scénariste des aventures du personnage, mais au dessin se succèdent Jack Kirby, Gil Kane et Marie Severin, souvent encrée par Herb Trimpe qui plus tard sera chargé du dessin.
24
+
25
+ Marie Severin reste du no 92 jusqu'au no 101, publié en mars 1968, qui est le dernier de Tales to Astonish. En effet, à cette date, Marvel peut éditer plus de comics qu'auparavant et les deux personnages du comic book gagnent un titre qui leur est consacré. Tales to Astonish est changé en Incredible Hulk. Si Marie Severin continue de dessiner les aventures du héros, en revanche Lee passe la main à Gary Friedrich et l'encrage est assuré par Frank Giacoia ou George Tuska[9]. Le no 106 voit l'arrivée de Herb Trimpe qui prend en charge le dessin sur des crayonnés de Marie Severin. Trimpe est ensuite seul dessinateur à partir du no 107 et il le reste pendant une centaine d'épisodes ; l'encrage est parfois assuré par John Severin, le frère de Marie[11].
26
+
27
+ Le personnage trouve à cette époque sa formule, connue mondialement : Bruce Banner est un savant timide qui cache en lui un monstre ravageur à l'esprit d'enfant, qui demande uniquement qu'on le laisse en paix. Cette formule durera des années, présidera à la direction de la série télévisée L'Incroyable Hulk avec Bill Bixby et Lou Ferrigno, et permettra d'inclure Hulk parmi les Défenseurs, un groupe où il trouvera une place plus tranquille que chez les Vengeurs… C'est la formule que les successeurs de Stan Lee (Roy Thomas, Archie Goodwin, Steve Englehart, Roger Stern, etc.) choisissent de conserver : celle d'un monstre très puissant et bagarreur, mais maladroit et parfois attendrissant.
28
+
29
+ Au milieu des années 1980, le scénariste Bill Mantlo, qui officie sur la série depuis des années, rend Hulk intelligent, via un scénario dans lequel l'esprit de Banner prend possession du corps du « colosse de jade ».
30
+
31
+ L'arrivée de Peter David permet d'avoir davantage d'explications. David explique que le Hulk gris (qui a fait son retour dans la seconde partie des années 1980 sous le nom de « Joe Fixit », un agent de sécurité de casinos combattant la mafia — il possède alors une intelligence normale) est l'expression de la frustration adolescente de Banner, alors que le Hulk vert est l'expression des peurs de l'enfance.
32
+
33
+ Au no 377, Hulk suit une psychothérapie grâce à son ami le docteur Leonard Samson, ce qui lui permet de fondre toutes ses personnalités contradictoires en un seul homme ayant l'apparence du colosse vert mais avec une intelligence aussi poussée que celle de Banner. Celui que l'on surnomme le « Hulk prof » rejoint alors un groupe de personnages issus de la mythologie grecque, le Panthéon (en). Après de nombreuses aventures, il découvre que sa personnalité, contrairement à ce qu'il imaginait, n'est pas celle de Banner car trop prétentieuse et égoïste.
34
+
35
+ Depuis, les apports de Peter David à l'univers de Hulk ont fourni un matériau pour de nombreuses histoires. Après lui, ce sont Joe Casey, John Byrne, Paul Jenkins, Bruce Jones, Peter David (de retour) et depuis Daniel Way qui rédigent les aventures du « Titan vert ».
36
+
37
+ En France, le personnage apparaît avec l'épisode Fantastic Four no 12 publié dans Fantask no 5 en juin 1969. Il est alors baptisé « le Titan ». Mais sa vraie carrière éditoriale débute dans les années 1970 en petit format chez Arédit/Artima dans la revue Étranges Aventures de la collection Comics Pocket et Hulk de la « Collection Flash », avant de poursuivre ses aventures en grand format et en couleurs dans la revue Gamma puis dans la « Nouvelle Collection Flash » dans une présentation plus économique. Le personnage de Hulk apparaît aussi en parallèle en « invité » dans d'autres séries Marvel, publiées dans les albums Une aventure des Fantastiques et autres revues des éditions Lug.
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+ Dans les années 1990, les droits de sa série principale sont repris par l'éditeur Semic qui la publie en format « Version Intégrale ». Quand Panini/Marvel France reprend la licence en 1997, la série continue sur la même numérotation. Puis le personnage, à cause de mauvaises ventes, intègre le sommaire de quelques revues anthologies avant d'avoir une éphémère nouvelle série à son nom dans les années 2000, puis quelques albums dans la collection « 100 % Marvel » et la collection « Monster ».
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+ À la fin de la publication qui suivait la numérotation des Versions Intégrales de Semic, Panini publie un arc narratif complet dans un numéro du magazine Marvel Top puis, à l'occasion de la nouvelle série du personnage lancée par John Byrne, l'installe dans le magazine anthologique Marvel Select (où sont alors publiées les séries Silver Surfer et Thunderbolts).
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+ Après la disparition de ce magazine en 2000, Hulk émigre dans le mensuel Marvel Elite (au côté des séries Fantastic Four et Thor) où il finit par être remplacé par Captain America avant la fin de parution du magazine. En juillet 2003, à l'occasion de la sortie du film Hulk, Panini lance un mensuel entièrement consacré au personnage (profitant du même coup de la toute nouvelle équipe artistique) qui ne durera que huit numéros, la série étant arrêtée à la suite d'un mauvais accueil du public.
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+ En 2008, Panini publie World War Hulk au format kiosque. En juillet 2012, (à la suite du succès d'Avengers quelques mois auparavant), un nouveau magazine Hulk est lancé par Panini. Cette revue mensuelle regroupe les séries The Incredible Hulk et Thunderbolts.
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+ Le docteur Bruce Banner, un brillant physicien nucléaire, crée pour les forces armées des États-Unis un nouveau type d'arme nucléaire, la bombe G, basée sur des rayons gamma.
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+ Durant un essai, Banner aperçoit un adolescent, Rick Jones, allongé dans sa voiture, qui répond bêtement à un pari de ses camarades. Demandant à son assistant Igor Starsky de stopper le compte à rebours, le physicien court vers la zone d'essai et sauve le jeune inconscient en le poussant dans une tranchée de protection. Mais Starsky, qui se nomme en réalité Drenkov, est un espion russe à la solde du gouvernement envoyé pour s'emparer des secrets de Banner. Il laisse la bombe exploser. Le docteur n'a pas le temps de se mettre à l'abri ; il est alors bombardé de rayons gamma, ce qui a pour effet de modifier profondément son ADN, mais qui, à la surprise de tous, ne le tue pas[12],[13].
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+ Banner reste en observation à l'infirmerie en compagnie de Rick Jones jusqu'au soir où Banner, dans une intense souffrance, voit son corps se transformer en un individu aux proportions colossales tandis que sa peau devient grise et que son psychisme se modifie pour adopter une intelligence quasi animale. Dans cet état, il détruit le mur de l'infirmerie simplement en le poussant de la main puis, lorsqu'une jeep de l'armée lui fonce dessus, reste immobile alors que le véhicule s'écrase sur lui sans qu'il subisse de dommages, démontrant ainsi posséder une force et une résistance stupéfiante. En raison de sa corpulence, un garde le surnomme « Hulk »[12] lors d'une description faite à ses supérieurs[a].
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+ Depuis, lors de moments de stress ou de colère intense, le docteur Banner se métamorphose en une créature colossale à la peau verte (cette couleur ayant rapidement remplacé la peau grise originale) dotée d'une force phénoménale et animée par une rage qu'il ne parvient pas à contrôler (cette rage est présente en Banner depuis sa jeunesse quand, petit garçon, il est battu par son père et quand il vit sa mère mourir sous les coups de ce dernier).
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+
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+ Par la suite, après des aventures en solo où il combat notamment l’armée américaine (qui souhaite le capturer) ainsi que plusieurs adversaires successifs tels que, entre autres, l'Abomination, le Leader ou Wolverine, il rejoint l'équipe de super-héros les Vengeurs dont il devient l'un des membres fondateurs, et plus tard rejoint l'équipe des Défenseurs.
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+ Dans Planète Hulk (prélude à World War Hulk), le colosse de jade est envoyé par les Illuminati sur une planète déserte et éloignée à bord d'une navette spatiale, afin de préserver la Terre du danger qu'il représente. La navette dévie de sa trajectoire initiale et Hulk se retrouve sur la planète Sakaar, où règne un dictateur sanguinaire.
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+
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+ Capturé, Hulk devient gladiateur et doit combattre pour recouvrer sa liberté ; à force de victoires, il gagne la considération du peuple et finit par vaincre le tyran qui règne sur Sakaar. Il libère les victimes de l'esclavage et devient leur « élu », la « Balafre verte », un individu sacré décrit dans leurs légendes. Désigné roi d'un peuple enfin unifié et en paix, il choisit sa reine, Caiera, qui lui donnera un enfant.
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+ Sa tranquillité prend fin quand la navette l'ayant conduit sur Sakaar, devenue un objet de culte, explose et manque de peu de détruire la planète entière, bien que le titan vert ait lancé le vaisseau de toutes ses forces vers le ciel. De nombreux habitants périssent, dont sa femme. Après ce drame, Hulk décide de retourner sur Terre pour punir ceux qu'il rend responsable de ce désastre, c'est-à-dire ceux qui sont apparus sur une vidéo enregistrée dans le vaisseau juste avant qu'il n'explose, sur laquelle on voit les Illuminati Flèche noire, Mr Fantastique, le Docteur Strange et Iron Man expliquer qu'ils ont pris la décision d'envoyer Hulk dans l'espace.
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+ World War Hulk raconte donc comment Hulk effectue le siège de Manhattan et s'attaque aux Illuminati les uns après les autres, triomphant d'eux tous.
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+ Finalement, Hulk combat Sentry, et la puissance dégagée par leurs coups et leur énergie est telle que les deux retrouvent leurs formes humaines en même temps. Sentry, dans un état critique, est évacué. Découvrant que le véritable coupable est l'un de ses alliés l'ayant accompagné pour mener cette guerre, le nommé Miek qui avait doucement mis en place sa trahison, Banner redevient Hulk et le détruit.
66
+
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+ Enfin, dans un état de colère inégalé jusque-là (les secousses créées par ses coups de pied au sol s'étalant sur plusieurs centaines de kilomètres), il demande à Tony Stark de l'arrêter avant qu'il ne réduise la planète à néant. Il est alors emprisonné par le SHIELD.
68
+
69
+ Après World War Hulk, Bruce Banner est enfermé dans une base Gamma, mais parvient à s'échapper. Face à une nouvelle menace d'une origine mystérieuse, le Hulk Rouge (Red Hulk, aussi appelé « Rulk »), il retrouve sa forme de colosse émeraude et affronte la créature, mais est battu par le monstre ultra-puissant, se faisant même casser un bras.
70
+
71
+ Dans Fear Itself, Hulk obtient l'un des sept Marteaux Sacrés libérés par Sin et se retrouve transformé en Nul, le Briseur de mondes[1].
72
+
73
+ Lors d’un combat contre Thor à New York, le dieu asgardien l’envoie dans la stratosphère[14] ; il atterrit dans les Carpates. Après à une confrontation avec Dracula dans son château, il est débarrassé de l’influence du dieu Serpent (en) et retrouve sa vraie nature[15].
74
+
75
+ Le docteur Bruce Banner est considéré comme l'un des plus grands esprits scientifiques de la Terre, possédant « un esprit tellement brillant qu'il ne peut être mesuré par aucun test d’intelligence connu »[16]. Il détient une expertise dans divers domaines, notamment en biologie, chimie, ingénierie, physiologie et principalement en physique nucléaire.
76
+
77
+ Grâce à cette connaissance, Banner a créé une technologie avancée baptisée « Bannertech » qui est comparable au développement technologique de Tony Stark, du Docteur Fatalis ou de Red Richards. On peut citer notamment un champ de force qui peut le protéger contre les attaques d'entités du même niveau de puissance que Hulk, et un téléporteur.
78
+
79
+ Cependant, sa capacité émotionnelle (intelligence émotionnelle) est sensiblement réduite, ce qui l’amène à être en permanence renfermé sur lui-même[2]. Durant ses errances à travers le monde, Banner a appris à devenir un fugitif doué, capable de dissimuler avec aisance sa véritable identité. Sur Sakaar, Hulk a été entraîné au maniement de nombreuses armes de duel[2].
80
+
81
+ Bruce Banner souffre d’un trouble dissociatif de l'identité (aussi appelé « syndrome de personnalités multiples »)[2]. Les multiples identités de Hulk expriment sa tendance à la colère et à la fureur, une rage que Banner (sous sa forme humaine) a réprimée toute sa vie[2].
82
+
83
+ L’étendue du trouble de l'identité de Banner n’a été découvert que plusieurs années après sa transformation originelle[2]. Plusieurs identités (ou personnalités), ont été ensuite identifiées[2] :
84
+
85
+ Il existerait des douzaines — sinon des centaines — de fragments distincts de personnalités coexistant dans l’esprit de Bruce Banner/Hulk[2]. Les différences entre ces identités ont énormément varié au cours du temps, Banner ayant lui-même une capacité très variable à ressentir des émotions[2].
86
+
87
+ À certains moments, l’identité de Banner a pu contrôler celle de Hulk (avec des degrés variables). Par ailleurs, les souvenirs de Bruce Banner concernant ses actions sous la forme de Hulk — et inversement — varient énormément au cours du temps. Même la personnalité apparemment « intégrée » s’est révélé n’être qu’une autre personnalité dissociative, un fragment de l’ensemble rebaptisé « le Professeur »[2].
88
+
89
+ Bruce Banner devient Hulk lorsqu'il est submergé par la colère et le stress, il acquiert alors une taille dépassant facilement les 2 mètres (mais sa taille varie beaucoup, faisant 2,13 m dans L'Incroyable Hulk, 3 m dans Avengers ou bien jusqu'à 4,50 m dans Hulk) et son poids atteint quasiment les 500 kg (là aussi variable, parfois 300, parfois 600). Sa force devient surhumaine : il peut soulever des voitures, des camions, des bus, des tanks ou encore remplacer le pilier d'un pont pour le soutenir (dans le 1er numéro de The Avengers, il s'incline sous un pont pour le soutenir, afin que le train puisse passer sans encombre). Il peut également déplacer des wagons de chemin de fer ou soulever des blocs de rochers très lourds[2].
90
+
91
+ En fait, lorsque Hulk est « calme », il peut aisément soulever, déplacer ou exercer une pression équivalente à 100 tonnes. Mais lorsqu'il s'énerve, sa force augmente de manière exponentielle ; il peut alors largement soulever plus de 200 tonnes. On raconte que si Hulk atteignait un degré de colère immense, il pourrait déplacer une planète, mais il n’a encore jamais atteint ce stade. Lorsque Hulk s'énerve, seul des êtres exceptionnels comme Sentry, Thanos ou Galactus peuvent lui tenir tête et le stopper[2].
92
+
93
+ Tout comme le Fléau, il est capable de provoquer des ondes de choc très puissantes en claquant violemment des mains, ou provoquer des tremblements de terre en frappant le sol du pied[2]. Sa force exceptionnelle lui permet aussi de faire des bonds dans les airs pour se déplacer ; il est ainsi capable de franchir des kilomètres (parfois plus de 4 kilomètres) en un seul bond[2]. On l'a même vu sauter suffisamment haut dans l’atmosphère pour qu’il arrive à atteindre une orbite presque stable[2].
94
+
95
+ Outre sa force extraordinaire, Hulk possède une résistance incroyable. Sa peau verte, renforcée par les rayons gamma et qui lui ont donné sa couleur, lui permet de résister à des chocs et des coups extrêmement violents. On l’a vu supporter sans dommages l'impact de tirs de balles, de grenades, d'obus de canon et même de missiles. De fait, les armes balistiques sont inefficaces contre lui[2].
96
+
97
+ Tout comme sa force, la colère de Hulk renforce son invulnérabilité ; on l'a vu ainsi résister plusieurs fois à l'impact d'explosions nucléaires, comme en Antarctique où il affrontait Thor, et sur la planète Sakaar lorsque les sakaarien déclenchèrent une bombe atomique d'une telle puissance qu'elle créa un déséquilibre sur la planète. Hulk a aussi résisté simultanément aux supernovas de la Torche humaine et à la foudre de Tornade des X-Men[17],[2].
98
+
99
+ Les seuls métaux capables d’entamer la peau de Hulk sont le vibranium, le métal dont sont faites notamment les dagues de Warpath, ainsi que l'adamantium qui compose notamment les griffes de Wolverine. Cependant, même s'il est blessé, les tissus de Hulk se régénèrent à très grande vitesse ; il déclarera d'ailleurs à Wolverine lors d'un combat[18] qu'aucun d'eux ne pourrait mourir à la suite de blessures, leurs facteurs auto-guérisseurs les en empêchant[2].
100
+
101
+ Hulk n'a pas de véritables pouvoirs psychiques, mais possède des facultés rares de résistance à ceux-ci. Dans World War Hulk, le Professeur Xavier explore l'esprit de Hulk, alors exceptionnellement énervé et conclut qu'il a peu de chances de le maîtriser sans que celui-ci ne le frappe pour se défendre. Onslaught a toutefois réussi à le contrôler, ainsi qu'Apocalypse (même si leur domination n'a pas duré très longtemps)[2].
102
+
103
+ Hulk possède également la faculté de percevoir les formes astrales, comme celles du Professeur Xavier et du Docteur Strange. Dans World War Hulk, il parvient même à obliger la forme corporelle de Xavier à venir à lui, alors que celui-ci se trouvait sous sa forme astrale[2].
104
+
105
+ Dans World War Hulk, Spider-Man qualifie Hulk d'« humain le plus puissant de la galaxie » après Sentry (avec une définition très large de l'humain), ajoutant qu'il a révisé son classement après la victoire de Hulk sur Flèche noire. Il semble que même ce classement était trop défavorable à Hulk, car finalement Sentry et Hulk se neutralisent mutuellement. Le scénariste de World War Hulk, Greg Pak, a déclaré que durant cet évènement la puissance de Hulk avait atteint un niveau tel qu'il a dépassé tous les mortels et la plupart des immortels ayant marché sur Terre, et que seul un être du niveau de Galactus pourrait réellement l'arrêter.
106
+
107
+ Même le surpuissant Thanos craint Hulk en combat au corps à corps, le Titan vert ayant déjà vaincu le Jardinier, l'une des grandes entités cosmiques de l'univers Marvel, ainsi que des adversaires de très haut niveau comme Thor, Gladiator (de l'empire Shi'ar), Colossus, le Fléau, Hercule ou la Chose — ce dernier n'a d'ailleurs jamais fait le poids physiquement contre Hulk, mais compense par une détermination sans faille et une volonté de fer.
108
+
109
+ Les équivalents de Hulk en puissance brute sont Sentry et le Surfer d'argent. De plus, Hulk Rouge a déjà vaincu Hulk en arrêtant un de ses coups de poing puis en lui cassant le bras. Enfin, dans des circonstances normales, l'Abomination est plus fort que Hulk.
110
+
111
+ Hulk a beau avoir une force illimitée, il y a certaines choses qu'il ne pourra jamais soulever ni briser, par exemple :
112
+
113
+ Hulk est quasiment invincible mais il a quand même une limite, c'est Bruce Banner. En effet, ce dernier ne disparaît pas totalement quand il se transforme en Hulk, étant sa conscience et limitant inconsciemment sa force. Il a été prouvé que lorsque Banner se retrouvait physiquement séparé de Hulk, le Titan vert n'avait plus de conscience et était incontrôlable et invincible.
114
+
115
+ Un autre exemple est que quand Hulk a voulu affronter Onslaught, il n'était pas de taille et ce dernier pouvait même le contrôler mentalement (même si le contrôle ne durait pas longtemps). Mais dès que Jean Grey lui a ôté ses inhibitions (en faisant disparaître Banner de son esprit), Hulk est devenu si puissant qu'il pouvait non seulement résister aux pouvoirs psychiques d'Onslaught mais aussi le surpasser en force physique, et ainsi détruire son corps physique. Cela montre que Hulk est bien plus puissant quand Banner n'est plus en lui.
116
+
117
+ Liste non exhaustive.
118
+
119
+ Dans cet univers parallèle, les super-héros ont presque tous été massacrés par une coalition de super-vilains, mené par Crâne Rouge, qui deviendra maître des États-Unis.
120
+
121
+ L'Abomination deviendra propriétaire de la Californie, mais sera plus tard remplacé par Hulk. Ce dernier, devenu apparemment fou, a eu plusieurs enfants par sa relation consanguine avec sa cousine Jennifer Walters, alias Miss Hulk. Banner et sa très nombreuses famille forment donc le « Gang des Hulk ».
122
+
123
+ Ultra-violents, cruels et parfois cannibales, les Banner exigent un loyer important à Logan (autrefois le X-man Wolverine), désormais un vieux fermier et père de famille ayant abandonné sa vie de super-héros. Refusant désormais d'utiliser la violence, le mutant laisse le gang le dominer et se moquer de lui. Pour payer son loyer, il accepte la proposition de Clint Barton : servir de chauffeur à ce dernier pour emmener une mystérieuse cargaison à travers les Etats-Unis, jusqu'à la côte Est.
124
+
125
+ À la fin de l'histoire, Logan revient avec l'argent, mais apprend que sa famille a été tuée par les Banner. Fou de rage et ivre de vengeance, Logan ressort ses griffes. Il massacre le gang, puis confronte Bruce Banner lui-même. Celui-ci lui explique qu'il a fait tuer sa famille pour avoir l'opportunité de combattre le mutant griffu encore une fois. Wolverine parvient finalement à le tuer.
126
+
127
+ On peut constater dans cette série que Banner possède la force de Hulk même sous sa forme humaine.
128
+
129
+ Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
130
+
131
+ Interprété par Bill Bixby (David Bruce Banner) et Lou Ferrigno (Hulk)
132
+
133
+ À noter que dans cette série, il est appelé « David Bruce Banner » (ou David Banner), tandis que dans le comics c’est « Robert Bruce Banner » (ou Bruce Banner).
134
+
135
+ Interprété par Eric Bana
136
+
137
+ Interprété par Edward Norton dans l'univers cinématographique Marvel
138
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139
+ Interprété par Mark Ruffalo dans l'univers cinématographique Marvel
140
+
141
+ De nombreux jeux vidéo sur le personnage de Hulk sont également sortis : Hulk en 1994, Hulk en 1996, The Hulk en 2003, Incredible Hulk: Ultimate Destruction en 2005 et L'Incroyable Hulk en 2008.
142
+
143
+ Il apparait également comme personnage jouable dans la série des jeux de combat de Capcom : Marvel Super Heroes, Marvel Super Heroes vs. Street Fighter, Marvel vs. Capcom, Marvel vs. Capcom 2: New Age of Heroes et Marvel vs. Capcom 3: Fate of Two Worlds.
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+
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+ Le personnage apparaît aussi dans Lego Marvel Super Heroes ainsi que dans Marvel : Tournoi des champions et dans le jeu de plateau HeroScape Marvel
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147
+ De plus, Playtech a créé un jeu vidéo de machine à sous en ligne titré The Incredible Hulk slot. Ce slot à 5 rouleaux et à 25 (plus tard 50) lignes de paiement présentait le personnage de Hulk dans tous ses éléments ; le jeu est arrêté en avril 2017[19].
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+
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2648.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,318 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1
+
2
+
3
+ Homme moderne, Homme, humain, être humain
4
+
5
+ Espèce
6
+
7
+ Statut de conservation UICN
8
+
9
+ LC  : Préoccupation mineure
10
+
11
+ Répartition géographique
12
+
13
+ Homo sapiens, plus communément appelé « Homme moderne », « Homme », « Humain », ou « Être humain », est une espèce de primates originaire d'Afrique qui s'est aujourd'hui répandue et naturalisée sur l'ensemble de la planète hormis l'Antarctique. Il appartient à la famille des hominidés et est le seul représentant actuel du genre Homo, les autres espèces étant éteintes. Les plus anciens fossiles connus de cette espèce sont datés d'environ 300 000 ans[1].
14
+
15
+ Parmi les hominidés actuels, il se distingue du point de vue physiologique par un mode locomoteur au sol exclusivement bipède, son cerveau plus volumineux et sa pilosité moins développée[2]. Il faut ajouter à ces critères, l’existence d’une ménopause chez la femme, rare chez les autres hominidés.
16
+
17
+ Du point de vue de l'éthologie, et par rapport au reste du règne animal, l'Homo sapiens se distingue par la complexité de ses relations sociales, l'utilisation d'un langage articulé élaboré transmis par l'apprentissage, la fabrication d'outils, le port de vêtements, la maîtrise du feu, la domestication de nombreuses espèces végétales et animales, ainsi que l'aptitude de son système cognitif à l'abstraction, à l'introspection et à la spiritualité. Certaines de ces caractéristiques étaient partagées par d'autres espèces du genre Homo.
18
+
19
+ Plus généralement, il se distingue de toute autre espèce animale par l'abondance et la sophistication de ses réalisations techniques et artistiques, l'importance de l'apprentissage et de l'apport culturel dans le développement de l'individu, mais aussi par l'ampleur des transformations qu'il opère sur les écosystèmes[a].
20
+
21
+ La science qui étudie les humains actuels sous tous leurs aspects est l'anthropologie. Celle qui étudie son évolution est la paléoanthropologie.
22
+
23
+ L'espèce Homo sapiens fut décrite par Carl von Linné en 1758 dans la 10e édition de son ouvrage Systema naturae[3]. Deux siècles plus tard, William Thomas Stearn désigna Linné lui-même comme lectotype de l'espèce[b],[3].
24
+
25
+ Le mot français « Homme » est une évolution du latin hominem, accusatif de homo (être humain), et peut faire référence à l'espèce Homo sapiens dans son ensemble (le nominatif homo a donné en français le pronom indéfini on[4]). Sapiens est un adjectif latin signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent », adjectif issu du gérondif du verbe sapio signifiant « avoir du goût, de la saveur, du jugement ».
26
+
27
+ Homo sapiens est aussi appelé « Homme », « Homme moderne », « humain » ou encore « être humain ». Le mot « homme » désigne aussi le mâle adulte, plus prosaïquement qualifié d'individu de genre masculin. Le terme « femme » pour sa part désigne la femelle adulte. Les termes « garçon » et « fille » désignent respectivement le mâle et la femelle à leur stade infantile ou pubère. « Fils » et « fille » renvoient indifféremment à l'individu jeune ou adulte lorsque l'accent est mis sur la filiation.
28
+
29
+ On emploie aussi le terme « Humanité », au singulier et avec une majuscule, pour désigner l'espèce humaine dans son ensemble.
30
+
31
+ Dans le dernier quart du XXe siècle, l'espèce Homo sapiens a parfois été subdivisée en deux sous-espèces, l'Homme moderne dit Homo sapiens sapiens et l'Homme de Néandertal dit Homo sapiens neanderthalensis. Le consensus actuel classe à nouveau les deux groupes humains dans deux espèces séparées, l'Homme de Néandertal étant désormais dit Homo neanderthalensis[5], ce qui rend inutile le recours à une dénomination trinominale pour Homo sapiens[6]. Si à l'avenir une véritable sous-espèce d'Homo sapiens est découverte, l'Homme moderne pourra retrouver une dénomination trinominale (avec ou non sapiens comme troisième terme).
32
+
33
+ Homo sapiens fait partie, comme toute autre espèce du vivant, de plusieurs groupes emboîtés en cascade, dont chacun est caractérisé par un ou plusieurs caractères dérivés, qui s'ajoutent ou remplacent des caractères ancestraux.
34
+
35
+ Dans la classe des mammifères, l'espèce Homo sapiens fait partie des[7] :
36
+
37
+ Phylogénie des familles de singes, d'après Perelman et al. (2011)[8] et Springer et al. (2012)[9] :
38
+
39
+ Cercopithecidae (Babouin, Macaque, Colobe…)
40
+
41
+ Hylobatidae (Gibbon)
42
+
43
+ Hominidae (Orang-outan, Gorille, Chimpanzé et Homme)
44
+
45
+ Cebidae (Sapajou, Singes-écureuil, Ouistiti, Tamarin…)
46
+
47
+ Pitheciidae (Saki, Ouakari, Titi…)
48
+
49
+ Atelidae (Atèle, Singe-hurleur…)
50
+
51
+ Phylogénie des genres actuels d'hominidés, d'après Shoshani et al. (1996)[10] et Springer et al. (2012)[11] :
52
+
53
+ Pongo (Orang-outan)
54
+
55
+ Gorilla (Gorille)
56
+
57
+ Pan (Chimpanzé)
58
+
59
+ Homo (Homme)
60
+
61
+ Les grands singes génétiquement les plus proches de l'Homme moderne sont les deux espèces de Chimpanzé : Pan troglodytes (le Chimpanzé commun) et Pan paniscus (le Bonobo). Le génome de l'Homme moderne (d'une longueur approximative de 3,2 milliards de paires de nucléotides) ne diffère que de 1,2 % de celui des chimpanzés[12],[c],[13] (soit quand même 38,4 millions de paires de nucléotides).
62
+
63
+ Selon la plupart des paléoanthropologues, la divergence entre Hominina et Panina (lignée des chimpanzés) remonterait à au moins 7 millions d'années[14].
64
+
65
+
66
+
67
+ Les plus anciens Hominina identifiés à ce jour sont Sahelanthropus tchadensis, daté de 7 millions d'années, découvert en 2001 au Tchad, et Orrorin tugenensis, daté de 6 millions d'années, découvert en 2000 au Kenya.
68
+
69
+ Le genre Australopithèque, apparu vers 4,2 millions d'années en Afrique de l'Est, a formé de nombreuses espèces en Afrique, du Pliocène jusqu'au début du Pléistocène. La découverte de l'australopithèque Lucy en 1974 en Éthiopie, datée de 3,2 millions d'années, à la bipédie affirmée mais dotée d'un cerveau de faible volume (seulement légèrement plus gros que celui des chimpanzés), a confirmé, après l'enfant de Taung découvert en 1924 en Afrique du Sud, que la bipédie était de loin plus ancienne que l'augmentation du volume cérébral. Des empreintes de pas fossilisées datant de 3,66 Ma, trouvées à Laetoli en Tanzanie, montrent cependant une bipédie encore archaïque chez les Australopithèques.
70
+
71
+ Il y a près de 3 millions d'années, en réaction à un probable assèchement du climat en Afrique de l'Est, il semble se produire une divergence évolutive, donnant d'un côté les Paranthropes et de l'autre le genre Homo. La sélection naturelle pourrait avoir joué un rôle significatif par l'adaptation à un couvert végétal de moins en moins arboré.
72
+
73
+ Le plus ancien fossile attribué au genre Homo (découvert en 2013 en Éthiopie et désigné sous le code LD 350-1) est une mandibule fragmentaire datée d'environ 2,8 millions d'années. Elle montre des caractères intermédiaires entre les Australopithèques et Homo habilis[15].
74
+
75
+ À partir d'environ 2 millions d'années, les fossiles d'Homo ergaster attestent d'une bipédie devenue exclusive, avec des membres antérieurs nettement plus courts que les membres postérieurs et la présence d'une voûte plantaire. Les jambes sont plus longues que la hauteur du torse et adaptées à la marche d'endurance et à la course. Des traces de pas comparables à celles de l'Homme moderne et datant de 1,51 à 1,52 million d'années ont notamment été trouvées à Ileret (en), au Kenya[16].
76
+
77
+ De manière générale, tout au long de l'évolution humaine, le squelette devient de plus en plus gracile, alors que les Homo archaïques ont des squelettes robustes.
78
+
79
+ L'évolution vers Homo sapiens se caractérise par les éléments suivants :
80
+
81
+ L'un des éléments caractérisant le processus évolutif ayant accompagné l'émergence d’Homo sapiens serait la néoténie, c'est-à-dire une modification héréditaire du phénotype consistant en une persistance de caractères juvéniles à l'âge adulte. Certaines caractéristiques de la physiologie et de l'éthologie humaine actuelles seraient directement liées à la néoténie[2].
82
+
83
+ L'enchainement des différentes espèces humaines depuis quelque 2,5 millions d'années demeure un sujet de débat chez les spécialistes, faute de fossiles en nombre suffisant qui puissent permettre de proposer une phylogénie consensuelle. Seules les espèces humaines les plus récentes peuvent faire l'objet d'hypothèses sérieuses, notamment grâce aux récentes avancées de la paléogénétique.
84
+
85
+ Phylogénie des espèces récentes du genre Homo,
86
+ d'après Strait, Grine & Fleagle (2015)[17],
87
+ et Meyer, Pääbo & al. (2016)[18] :
88
+
89
+ Homo antecessor †
90
+
91
+ Homo heidelbergensis †
92
+
93
+ Homo denisovensis †
94
+
95
+ Homo neanderthalensis †
96
+
97
+ Homo rhodesiensis †
98
+
99
+ Homo sapiens
100
+
101
+ Pour les paléoanthropologues, les ossements fossiles du genre Homo peuvent être attribués à Homo sapiens s'ils présentent un certain nombre de critères distinctifs, dont les plus importants sont un volume endocrânien supérieur à 1 300 cm3, une face réduite sous la boite crânienne, un angle facial compris entre 82 et 88° (prognathisme faible à nul), un bourrelet sus-orbitaire réduit, et un menton osseux saillant.
102
+
103
+ Le volume cérébral d'Homo sapiens, qui est en moyenne aujourd'hui chez l'humain moderne de 1 350 cm3, était plus élevé au Paléolithique supérieur, sans atteindre toutefois le volume cérébral moyen de l'Homme de Néandertal. La réduction du volume global du cerveau se serait accompagnée d'une réorganisation des aires cérébrales aux conséquences plus importantes que la variation du volume brut.
104
+
105
+ Historiquement, les premiers restes fossiles d'Homo sapiens ont été découverts en 1823 au Pays de Galles : il s'agit de la Dame rouge de Paviland. Puis des restes ont été découverts en 1829 à Engis, en Belgique, dans les grottes Schmerling, en même temps que les premiers restes néandertaliens. Mais dans les deux cas, ils n'ont pas été reconnus lors de leur découverte comme des restes fossiles d'Homo sapiens. C'est Louis Lartet qui, en mettant au jour en 1868 en Dordogne les fossiles de l'Homme de Cro-Magnon, datés de 28 000 ans, fait reconnaitre pour la première fois l'ancienneté d'Homo sapiens.
106
+
107
+ On a déjà découvert à ce jour de nombreux fossiles d'Homo sapiens plus ou moins archaïques, en Afrique, et de plus en plus, hors d'Afrique. Les fossiles suivants lui sont généralement attribués (non exhaustif) :
108
+
109
+ Le site de Fuyan en Chine a livré en 2015 47 dents datées d'au moins 80 000 ans et appartenant à Homo sapiens[29].
110
+
111
+ 8 dents trouvées dans la grotte de Qesem, à proximité de Tel Aviv-Jaffa, dont les plus vieilles seraient datées d'environ 400 000 ans, auraient éventuellement des affinités avec Homo sapiens, hypothèse étudiée par M. Gopher et son équipe[30], mais elles ne peuvent être attribuées de façon certaine[31].
112
+
113
+ En 2018 est annoncée la découverte sur le site de Nwya Devu (en) de fossiles d'Homo sapiens qui ont colonisé le plateau tibétain, à 4 600 m d'altitude, il y a 30 à 40 000 ans. Il s’agit de la plus ancienne présence connue d'Homo sapiens à haute altitude[32].
114
+
115
+ Les fossiles européens les plus anciens sont des fragments d'os et de dents trouvés dans la grotte de Bacho Kiro, en Bulgarie, datés à 46 790 ans (cal AP). La grotte a été utilisée par Homo sapiens jusqu'à −42 810 ans (cal AP)[33],[34].
116
+
117
+ Les études génétiques basées sur la comparaison de l'ADN nucléaire de différentes populations humaines actuelles indiquent que notre espèce Homo sapiens s'est constituée en Afrique au terme d'une évolution allant d'environ 300 000 à 60 000 ans avant le présent. Par la suite l'Homme moderne aurait quitté l'Afrique principalement entre 70 000 et 50 000 ans pour se répandre sur tous les continents en supplantant les espèces humaines antérieures, comme l'Homme de Néandertal en Europe ou l'Homme de Denisova en Asie, avec lesquelles ils ont néanmoins pu s'hybrider, ce qui a favorisé leur adaptation aux nouveaux environnements rencontrés. Cette influence néandertalienne s'est ensuite rétrodiffusée en Afrique[35].
118
+
119
+ La vision de l’émergence d'Homo sapiens a évolué depuis les années 1980. Parmi les différents modèles proposés, on distingue[36] :
120
+
121
+ La diversité génétique humaine actuelle s'est construite à partir de trois principaux évènements radiatifs en Afrique[44] :
122
+
123
+ Plusieurs autres espèces du genre Homo, l'Homme de Néandertal, l'Homme de Denisova, l'Homme de Florès, ont été contemporaines d’Homo sapiens, avec lequel certaines d'entre elles ont pu coexister pendant des milliers d'années avant de s'éteindre.
124
+ Selon de nombreuses études génétiques publiées depuis 2010, des croisements ont eu lieu entre espèces humaines. On relève en particulier environ 1,8 % d'ADN néandertalien chez les populations non africaines modernes[45].
125
+
126
+ Bien qu'Homo sapiens et Homo neanderthalensis soient désormais considérés comme deux espèces distinctes, il s'est produit une hybridation entre Sapiens et Néandertal il y a 50 000 à 70 000 ans au Proche-Orient, produisant aujourd'hui un héritage de 1,8 à 2,6 % de gènes néandertaliens chez tous les non-Africains[46]. Depuis, l'ADN néandertalien a été rétrodiffusé en Afrique. Certains de ces gènes, sélectionnés positivement par les africains, améliorent leur immunité ou les protègent contre le rayonnement ultraviolet. Une partie des gènes qu'ils partagent avec les Néandertaliens (0.3 % en moyenne) provient de migrations eurasiatiques relativement récentes. L'autre témoigne en fait d'une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[47].
127
+
128
+ Plusieurs études publiées depuis 2010, basées sur le séquençage de l'ADN nucléaire extrait d'une phalange et de dents dénisoviennes, indiquent que l'Homme de Denisova a contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Mélanésiens et Aborigènes d'Australie actuels, et aurait été relativement répandu en Asie à la fin du Pléistocène[48],[49],[50]. Une étude de 2014 montre qu'une partie du matériel génétique de Denisova a été sélectionnée chez Homo sapiens pour s'adapter à la haute altitude. Un variant du gène EPAS1 provenant des Dénisoviens améliore le transport d'oxygène et est présent uniquement chez les Tibétains et chez les Chinois Han dans une moindre proportion[51].
129
+
130
+ Homo sapiens est un hominidé dont la caractéristique physique la plus manifeste est sa station debout : la colonne vertébrale est redressée et les membres antérieurs ne s'appuient pas sur le sol. Il fait partie des très rares mammifères adoptant ce mode de locomotion.
131
+
132
+ Un humain adulte mesure de 1,40 à 2 m, mais cet écart peut s'étendre d'environ 70 cm à environ 2,70 m, dans les deux extrêmes du nanisme et du gigantisme. La taille est influencée par des facteurs environnementaux, tels que la disponibilité de nourriture, mais aussi par le caryotype constitutionnel. Ainsi, toutes autres choses égales par ailleurs, les femmes au caryotype 46,XX sont plus petites que les hommes au caryotype 46,XY, qui eux-mêmes sont plus petits que les hommes atteints du Syndrome de Klinefelter (47,XXY) ou du syndrome 47,XYY. Les femmes au caryotype 46,XX sont aussi plus petites que les femmes atteintes du syndrome triple X. De façon générale, la taille semble croître avec le nombre de chromosomes sexuels.
133
+
134
+ Le poids moyen est d'environ 62 kg[52]. Les données individuelles varient beaucoup autour des moyennes, avec une forte influence de facteurs environnementaux, alimentaires et comportementaux. Les moyennes elles-mêmes varient beaucoup selon les populations et les époques. Les hommes sont en moyenne 12 centimètres plus grands que les femmes[53].
135
+
136
+ La pilosité humaine est réduite par rapport à celle des autres primates[2] ; elle est essentiellement limitée à certaines parties du corps (cuir chevelu, aisselles et pubis).
137
+
138
+ La couleur de la peau humaine présente une grande variété (noire, brune, beige ou rosée très claire), liée à la présence plus ou moins abondante de mélanine, un pigment brun filtrant les rayons ultraviolets. La peau humaine est plus foncée dans la zone intertropicale. Cette variété de pigmentation est une adaptation génétique aux différences d'ensoleillement selon les zones géographiques[54]. En Afrique, les albinos ont ainsi un risque accru de cancers de la peau[55].
139
+
140
+ L'humain a besoin du soleil pour synthétiser la vitamine D. Plus il s’est trouvé sous des latitudes faiblement ensoleillées, plus sa peau s’est éclaircie, ce qui facilite la production de vitamine D. La peau noire a en revanche un très haut pouvoir filtrant face aux UV. La dépigmentation a suivi la migration des populations humaines vers les zones septentrionales de la planète.
141
+
142
+ La peau humaine se ride, s’amincit et perd son élasticité avec l’âge (un test consiste à pincer et à tirer légèrement la peau du dessus de la main ouverte et à mesurer le temps qu'elle met pour reprendre son aspect normal une fois relâchée : l’écart entre un sujet jeune et un sujet âgé est d'environ une seconde). Des pratiques à visée ornementale ou rituelle peuvent modifier l'aspect de la peau et y faire apparaître des motifs divers[56].
143
+
144
+ Caractères sexuels secondaires : la pilosité est moindre sur le corps féminin, à l'exception notable du cuir chevelu. En effet, le cycle de vie des cheveux est de cinq ans chez la femme, et de trois ans chez l'homme. Les cheveux poussent aussi plus rapidement chez la femme, ce qui, combiné à des facteurs culturels, peut expliquer que sa chevelure soit souvent plus longue que celle de l'homme. La femme a des seins proéminents en dehors même des périodes de gestation et d’allaitement, une tessiture vocale haute, un bassin plus large et un rapport taille / hanche inférieur. La pilosité masculine est généralement chez l'adulte plus abondante, le bassin est étroit, la musculature plus puissante, la voix plus grave, etc. Toute considération ethnique mise à part, la couleur de la peau est plus sombre chez l'homme que chez la femme. Cette différence serait due à l'influence de certains œstrogènes sur la sécrétion de mélanine[57].
145
+
146
+ L’humain porte généralement des vêtements, recouvrant presque toujours au moins les parties génitales. Le port de vêtements pourrait, selon une analyse comparative des génomes du pou et du morpion, remonter à environ 170 000 ans[58].
147
+
148
+ Les êtres humains ont 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes sexuels XX ou XY. Selon le système XY de détermination sexuelle, les individus de type XY sont mâles et ceux de type XX sont femelles.
149
+
150
+ Le génome des humains est identique à 99,9 %, soit un niveau de similitude qui ne se trouve que rarement chez les mammifères[59]. Cette similitude est explicable par la relative jeunesse de l'espèce et le brassage des populations. Celle-ci est encore plus faible entre eurasiens, sortis d'Afrique il y a moins de 60 000 ans. À titre de comparaison, on constate une variation de 1,2 % du génome entre humains d'une part, et bonobos et chimpanzés d'autre part.
151
+
152
+ Plusieurs théories concurrentes de goulot d'étranglement génétique ont été émises depuis les années 1990 afin de tenter d'expliquer la faible diversité génétique de l'humanité actuelle[60],[61], mais ces théories ne sont pas confirmées par l'état actuel de la science, selon lequel l'effet fondateur suffit à expliquer cette faible diversité[62],[63].
153
+
154
+ Une étude, publiée en 2008 dans la revue Science, a été réalisée sur l'ADN de plus d'un millier d'individus : la comparaison de 650 000 nucléotides chez 938 individus (non apparentés) appartenant à 51 ethnies a estimé que 89 % de la variation entre individus était contenue à l'intérieur des populations, pour 9 % entre continents et 2 % entre populations d'un même continent. La génétique permet donc d'identifier l'origine géographique des individus en se basant sur la présence de mutations sur certains allèles[64],[65].
155
+
156
+ L'hétérozygotie diminue au fur et à mesure que la distance avec l'Afrique subsaharienne augmente, ce qui confirme l'origine africaine des humains actuels. Par ailleurs d'une manière générale, plus deux individus sont nés dans des lieux éloignés géographiquement plus ils sont différents génétiquement, à l'exception du continent africain, qui recèle la plus grande diversité génétique entre les individus. Cependant l'histoire des migrations humaines durant la période historique doit aussi être prise en compte pour pondérer cette règle générale[66].
157
+
158
+ Par rapport aux autres primates, l'humain serait « hypermétabolique »[67]. On a longtemps pensé que les singes et humains brûlaient leurs calories à la même vitesse et les premières études concernaient en outre des individus au repos.
159
+
160
+ En 2010 des études métaboliques ont surpris en montrant que l'orang-outan avait un taux métabolique étonnamment faible. Puis en mai 2016, une étude publiée dans Nature révèle qu’un humain moyen consomme chaque jour environ 400 calories de plus qu’un chimpanzé ou bonobo, et 635 calories de plus qu’un gorille et 820 de plus qu’un orang-outan. Un humain moyen brûle en moyenne 27 % d'énergie par jour en plus qu’un chimpanzé. Cet hypermétabolisme pourrait être dû au cerveau humain (au moins trois fois plus gros que celui de tous les autres singes et particulièrement énergivore). La même étude montre que l’humain sédentaire est également le plus gras de tous les primates (y compris que les primates sédentaires de zoos)[67]. Une autre explication pourrait être que les femmes produisent potentiellement plus de bébés, plus longs à élever et à intervalles plus court que les singes femelles[67].
161
+
162
+ Une hypothèse est que le grossissement du cerveau humain, il y a 1,6 million d'années environ se serait accompagné d'une perte de muscles et de longueur d'intestin (par rapport aux autres grands singes) avec un moindre besoin énergétique, une facilité à se tenir debout et courir ; le différentiel pouvant être mis à profit par le cerveau. D’autres ont pensé que l’invention du feu, la cuisson et le partage des aliments ont aussi contribué à cette économie d’énergie au profit du cerveau[68].
163
+
164
+ Homo sapiens est omnivore et opportuniste. Un humain végétarien ou zoophage demeure omnivore : l'alimentation humaine est donc une attitude culturelle avant tout, et l'humanité dans son ensemble n'est pas « omnivore » culturellement[pas clair].
165
+
166
+ L'Homme peut chasser n'importe quelle espèce animale, et est même capable de chasser des animaux normalement considérés comme des superprédateurs. Pour cette raison, l'Homme est parfois considéré comme le superprédateur ultime. Selon des données collectées par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture entre 1961 et 2009, l'être humain n'est cependant pas haut dans la chaîne alimentaire en raison de son régime omnivore qui comporte une large proportion d'aliments d'origine végétale[69].
167
+
168
+ Les Hommes dans leur ensemble consomment des aliments très diversifiés, qu'ils soient d'origine végétale ou animale. Depuis le Néolithique, la base de leur alimentation est toutefois constituée de féculents, issus en particulier de trois céréales : le blé, le maïs et le riz. Cette propension à consommer des féculents semble être une spécialisation humaine : le taux d'amylase dans la salive humaine est en effet de six à huit fois plus élevé que dans la salive d'autres Hominidés comme le chimpanzé[70]. Avant l'essor des céréales au Néolithique, les Hommes devaient probablement se procurer des féculents par la consommation de tubercules[71]. Cet usage s'est conservé jusqu'à nos jours, notamment depuis l'expansion de la pomme de terre après l'échange colombien.
169
+
170
+ Une particularité de l'alimentation humaine est que la plupart des aliments sont cuits, en particulier la viande. Parce qu'elle accélère le processus de digestion, et permet ainsi d'accroître l'apport énergétique alimentaire, la cuisson semble avoir joué un rôle essentiel dans le développement particulièrement prononcé du cerveau humain[70],[72],[73]. La cuisson améliore aussi l'innocuité microbiologique des aliments.
171
+
172
+ Normalement un adulte présente, comme la plupart des mammifères, une intolérance au lactose. Cependant, une mutation génétique a été sélectionnée plusieurs fois il y a six à huit mille ans dans certaines régions d'Europe, d'Asie, et d'Afrique, en raison de l'essor de l'élevage laitier dans ces régions. De nos jours, environ 15 % de la population mondiale présente à l'âge adulte une tolérance au lactose sous forme de lait.[réf. nécessaire] La plupart des adultes sont cependant capables de consommer des fromages, dont la production est une pratique très ancienne. Il semble que la consommation de fromage a contribué à sélectionner la tolérance au lactose[74].
173
+
174
+ L'Homme possède une appétence prononcée pour certaines saveurs, notamment le salé et le sucré. Le sel et le sucre sont normalement présents en faibles quantités dans la nature, mais l'Homme depuis peu est capable d'en produire en quantités industrielles et à faible coût. Cet écart entre l'appétence pour ces substances et leur abondance est l'un des facteurs à l'origine de problèmes de santé tels que l'obésité, l'hypertension artérielle ou le diabète, et ce principalement chez les individus disposant d'un niveau de vie relativement faible, mais tout de même suffisamment élevé, d'un point de vue anthropologique, pour avoir accès aux productions industrielles[75],[76],[77].
175
+
176
+ Dès le Néolithique, la plupart des sociétés humaines ont fait fermenter des jus de fruits divers ou autres solutions végétales, afin d'en obtenir une boisson alcoolisée. L'alcool a en effet longtemps été le moyen le plus simple d'assurer l'asepsie des boissons et ainsi de permettre le transport de l'eau sur de longues distances, ou son stockage pendant de longues périodes[78].
177
+
178
+ L'ensemble des habitudes alimentaires et arts culinaires de chaque culture est regroupé sous le terme de gastronomie.
179
+
180
+ Contrairement à la plupart des autres hominoïdes, l'être humain n'est que peu apte à la brachiation. Seul un individu jeune et en bonne santé peut, après entrainement, effectuer ce type de locomotion. L'anatomie humaine conserve cependant les caractéristiques associées que sont la flexibilité des épaules permettant de lever les bras au-dessus du corps, ainsi que les mains préhensiles.
181
+
182
+ L’Homme est en revanche spécialisé dans la bipédie, dont il maitrise parfaitement les deux allures : la marche et la course. Sa marche est plantigrade[d], mais sa course peut être digitigrade aux allures les plus rapides. Il marche à une vitesse de 5 à 6 km/h, et peut courir jusqu'à une vitesse d'environ 36 km/h[e], ce qui est particulièrement lent en comparaison de nombreuses espèces de mammifères terrestres.
183
+
184
+ En effet, Homo sapiens ne se distingue pas par la vitesse mais par l'endurance. La marche et la course sur de longues distances sont favorisées par l'absence de pelage, qui contribue à la thermorégulation en favorisant la sudation. Cette aptitude à la marche et à la course était probablement déjà présente il y a plus de 1,5 million d'années chez Homo ergaster en Afrique.
185
+
186
+ Homo sapiens partage son endurance avec plusieurs espèces de canidés, dont le loup et le chien qui en est issu. Mais l'Homme a dans ce domaine l'avantage sur la plupart des mammifères herbivores, ce qui lui permet de pratiquer avec succès la chasse à l'épuisement sur des animaux comme les cerfs ou les antilopes. Cette faculté à parcourir de longues distances aisément a aussi pu faciliter les échanges entre les tribus humaines, comme c'est le cas aujourd'hui chez les Tarahumaras[réf. souhaitée].
187
+
188
+ L’Homme est capable, de manière occasionnelle et selon les situations, de ramper, grimper, sauter. L'Homme semble aussi avoir des prédispositions naturelles à la nage (absence de pilosité, étanchéité parfaite des lèvres fermées, horizontalité des fosses nasales, contrôle efficace de la respiration, etc.), et même à l'apnée : il manifeste par exemple un réflexe bradycarde à l'immersion, et ses poumons peuvent recevoir un afflux supplémentaire de sang afin de compenser l'excès de pression à partir de trente mètres. Ce phénomène, appelé transfert sanguin (en), a longtemps été cru limité aux seuls mammifères aquatiques[79]. Ces prédispositions font partie des éléments qui appuient l'hypothèse d'un passage transitoire à un mode de vie aquatique ou semi-aquatique au cours de l'hominisation[80].
189
+
190
+ L'être humain est particulièrement apte au lancer de projectiles divers, notamment par rapport aux autres hominidés. Selon des chercheurs de l'université de Harvard[81], cette aptitude exceptionnelle résulte d'évolutions propres à l'anatomie humaine : l'existence d'une taille souple entre le bassin et la cage thoracique, le positionnement bas des épaules, et une légère torsion de l'humérus. Cette aptitude au lancer aurait joué un « rôle clé » dans l'évolution humaine[82].
191
+
192
+ Les aptitudes physiques de l’être humain présentent un dimorphisme sexuel, la puissance musculaire des femmes étant généralement inférieure à celles des hommes. À titre indicatif, l'actuel record du monde de l'épreuve féminine du 100 mètres est en 10 s 49, contre 9 s 58 pour l'épreuve masculine.
193
+
194
+ De tous les animaux à système nerveux central, l’Homme est probablement celui qui a le cerveau le plus développé et performant[f]. Ses seuls rivaux dans ce domaine sont certains cétacés. D'un point de vue anatomique, ces capacités cognitives sont associées au développement particulièrement prononcé du néocortex, bien que certaines expériences suggèrent que des différences au niveau neuronal jouent aussi un rôle[83].
195
+
196
+ Les capacités de l'esprit humain notamment en termes de mémoire, d'imagination et d'abstraction sont probablement ce qui explique le mieux le succès évolutif de l'espèce.
197
+
198
+ L’Homme est capable d’appréhender les règles qui organisent le monde qui l’entoure, de près comme de loin : du mouvement des astres aux lois qui structurent la matière, en passant par les règles qui organisent l’espace et les principes nécessaires à l’induction.
199
+
200
+ Plus précisément, on peut dire que depuis le milieu du XXe siècle, Homo sapiens est capable d’appréhender toutes les règles qui régissent l’organisation du monde visible, à l’exception de celles qui sont à l’origine des forces subatomiques, et des raisons qui font que la matière courbe l’espace-temps. En effet, selon le prix Nobel de physique Richard Feynman, ces deux domaines sont les seuls qui ne sont pas couverts par l’électrodynamique quantique[84].
201
+
202
+ Cette aptitude à comprendre le monde s'est traduite par l'accumulation d'un ensemble de connaissances appelées « sciences » et le développement d'outils divers appelés « techniques ». L'attitude plus générale qui consiste à clarifier sa pensée et à chercher à comprendre le monde par-delà les seules considérations matérielles, est quant à elle appelée philosophie.
203
+
204
+ Cependant ces savoirs collectifs résultent de l'échange et de la spécialisation, la totalité des connaissances n'étant jamais maîtrisée par un seul individu. Cette dichotomie entre les connaissances individuelles et l'intégralité de la connaissance et de la culture humaine appuie d'ailleurs une conception de la culture comme entité évolutive propre, dont les constituants sont appelés mèmes, et qui évolue avec l'homo sapiens de façon symbiotique ou même commensale.
205
+
206
+ Les capacités cognitives de l'être humain lui permettent d'avoir conscience de lui-même. Comme quelques autres espèces animales, il réussit systématiquement le test du miroir.
207
+
208
+ Concernant le dimorphisme sexuel, on note quelques différences anatomiques entre les cerveaux féminins et masculins[85] mais la complexité des interactions fonctionnelles rend difficile la corrélation de différences anatomiques avec des différences cognitives[86]. « Il existe bien des patterns d'activation différents en fonction du sexe pour des tâches variées comme la rotation mentale, le traitement verbal, la compréhension d'idiomes etc. Toutefois, ces résultats sont variables voire divergents d'une étude à l'autre et il n’y a pas de parallélisme strict entre les différences d'activation et les différences de performance[87] ».
209
+
210
+ Le cycle reproductif humain comporte un vocabulaire spécifique par rapport aux autres mammifères :
211
+
212
+ La puberté se manifeste en moyenne vers l'âge de 12 à 15 ans. La ménarche intervient chez les jeunes filles vers l'âge de 11 ans. Pour les garçons, la capacité à procréer est en théorie continue, de la puberté jusqu'à la fin de la vie. Chez la femme, cette capacité disparaît à la ménopause, qui survient généralement entre 40 et 50 ans. La ménopause est rare chez les mammifères, y compris chez les primates. Chez les autres femelles de primates, la fertilité diminue généralement progressivement avec l'âge[88]. Une durée de vie longue après la ménopause pourrait être un avantage sélectif acquis au cours de l'hominisation (c'est l' « hypothèse de la grand-mère »[89]). L'andropause chez l'homme n'est pas l'équivalent de la ménopause chez la femme.
213
+
214
+ Le cycle ovarien dure environ 28 jours et est marqué par les menstruations. Contrairement à la plupart des femelles de primates, la femme ne manifeste pas de chaleurs et la période de meilleure fécondité n'est donc pas directement décelable par les mâles[2],[88]. Cependant, il est avéré que le comportement des femmes, en particulier lors de la recherche d'un partenaire sexuel, est sensiblement différent pendant l'œstrus[90]. L'homme quant à lui serait plus attiré par les femmes en période d'ovulation, en raison de modifications physiques de la femme[91].
215
+
216
+ Bien que le coït reste la principale méthode de fécondation, la femme peut avoir recours à des techniques de procréation médicalement assistée, telles que l'insémination artificielle et la fécondation in vitro, que ce soit dans le cadre de la lutte contre la stérilité, ou pour les femmes célibataires ou en couple homosexuel. Inversement, les êtres humains ont la particularité de pouvoir contrôler et réduire consciemment leur fécondité en empêchant la fécondation lors du coït, par diverses méthodes de contraception. Dans plusieurs endroits du monde, ces pratiques qui tendent à décorréler, de façon unique dans le règne animal, la reproduction de l'activité sexuelle ont un impact drastique sur le taux de fécondité, le rendant inférieur au seuil de renouvellement des générations[92].
217
+
218
+ La gestation est appelée grossesse et dure environ neuf mois. Une femme gravide est dite enceinte[g]. La grossesse est le plus souvent monoembryonnaire, même si une grossesse sur quarante[réf. nécessaire] est gémellaire. La parturition est appelée accouchement.
219
+
220
+ L'accouchement s'effectue le plus souvent dans la douleur du fait des contractions utérines, de la dilatation du col de l'utérus et de la distension périnéale[93]. Les difficultés liées à l'accouchement sont parfois associées à l'antagonisme de deux aspects anatomiques propre à l'être humain : la taille croissante du crâne et l'absence de développement concomitant du bassin des femmes attribué à la station debout[94]. Cette hypothèse, appelée dilemme obstétrique (en), est cependant régulièrement remise en question[95].
221
+
222
+ L'accouchement ne se fait pas toujours par voie basse : le recours à la césarienne, pratiquée depuis l'Antiquité, représente parfois plus de 30 % des naissances dans certains pays développés[96]. Une équipe de scientifiques, observant cet accroissement sur quelques années, a émis l'hypothèse que le recours à la césarienne empêcherait la sélection naturelle et mènerait à une évolution humaine où il y aurait de plus en plus de bébés avec un gros crâne et de mères avec un bassin étroit, ce qui accroitrait à son tour le taux de césariennes. L'hypothèse a été contestée par un paléoanthropologue, qui considère que compte tenu de la disparité des taux de césariennes entre pays avancés et moins avancés, il y a probablement d'autres facteurs biologiques et culturels en jeu. Des obstétriciens ont relevé que l'hypothèse ne prenait pas en compte l'augmentation du nombre de mères obèses ou diabétiques, ni la pression juridique qui conduisait les médecins à prendre de moins en moins de risques lors des accouchements [97],[98].[pertinence contestée] Par ailleurs, l'être humain est capable, à l'aide de dispositifs techniques divers, d'assurer la survie d'un enfant prématuré à partir d'un âge gestationnel d'environ vingt-cinq semaines[99].
223
+
224
+ À la naissance, le bébé est complètement dépendant de sa mère, ce qui constitue une différence notable par rapport aux autres hominidés. La mère peut allaiter son enfant pendant plusieurs années, l'allaitement exclusif couvrant l'intégralité de ses besoins jusqu'à ses 6 mois[100] date à laquelle démarre généralement le début de la diversification alimentaire. Homo sapiens élève généralement sa progéniture au moins jusqu'à la puberté.
225
+
226
+ Les jeunes naissent avec une masse autour de 3 kg, et une taille d'environ 50 à 60 cm, après une gestation de neuf mois. Ils sont totalement dépendants à la naissance, et leur croissance dure plusieurs années. La maturité sexuelle survient entre 12 et 15 ans. La croissance des garçons continue souvent jusque vers 18 ans (la croissance se termine vers 21-25 ans avec la solidification de la clavicule).
227
+
228
+ L'espérance de vie est très dépendante des conditions matérielles et de la disponibilité de soins médicaux[évasif]. L'espérance de vie se situe aujourd'hui autour de 75 ans dans les pays les plus riches, et est inférieure à 50 ans dans les plus pauvres. Des cas isolés de longévité approchent 120 ans, et la personne ayant vécu le plus longtemps dont l'âge a pu être vérifié est la Française Jeanne Calment, qui avait 122 ans et un peu plus de 5 mois le jour de son décès.
229
+
230
+ Même s'il existe des exceptions, Homo sapiens possède depuis au moins cinq milliers d'années une forte tendance à la monogamie sociale, et dans une bien moindre mesure, à la monogamie sexuelle[2],[101],[102]. Les couples forment le plus souvent la base de la structure familiale et sociale, s'établissent dès la puberté et durent en général jusqu'à la mort. Cette tendance s'explique par le très fort investissement que nécessitent la protection et l'éducation des enfants, rendant nécessaire d'un point de vue évolutif la cohésion du couple. Il s'agit là encore d'un caractère distinguant l'Homme des autres Hominidés. L'espèce humaine est principalement une espèce à stratégie de reproduction de type K.
231
+
232
+ Le sexe-ratio moyen à la naissance observé chez l'être humain est entre 100[103] et 105[104], donc une quasi-symétrie avec un très léger excédent de garçons. Ce chiffre suggère que les humains sont donc biologiquement prédisposés à la monogamie[105].
233
+
234
+ Les êtres humains, à l'instar des bonobos[106] ou des chimpanzés[réf. nécessaire], peuvent pratiquer le coït de façon ludique ou sociale, ou avoir des pratiques sexuelles à visée non reproductive, comme la masturbation, la sodomie, la sexualité orale, ou les pratiques homosexuelles. Le coït est souvent la manifestation d'un très fort attachement affectif et émotionnel. Il se déroule en général à l'écart du groupe, c'est-à-dire dans l'intimité. Il est le plus souvent nocturne, fait l'objet de préliminaires[2] et peut s'effectuer selon diverses positions.
235
+
236
+ Avec la bipédie permanente et une modification de la pilosité, les femelles humaines acquièrent trois caractères originaux : le camouflage de l'œstrus (sexe dissimulé par la posture bipède et la pilosité pubienne qui pourrait favoriser la dissémination de phéromones) ; une réceptivité sexuelle constante (à n'importe quel moment de leur cycle menstruel) ; l'érotisation du corps à l'adolescence : développement des parties adipeuses des hanches, développement de seins dont les formes, inhabituelles pour une femelle de primates, auraient évolué en évoquant celles des fesses[88][source insuffisante], courbure de la lordose lombaire et formation d'une taille en violoncelle. Le corps des mâles passe aussi par des modifications en rapport avec les jeux de séduction et d'attachement entre les deux personnes : taille plus grande ; musculature et épaules plus puissantes (corps en trapèze) ; allongement du pénis dépourvu d'os pénien contrairement aux autres primates, notamment le chimpanzé et le gorille, ce qui autorise une variation angulaire de l'érection, utile selon les positions de l'accouplement ; mue de la voix ; développement de la pilosité pubienne et faciale ; testicules de taille relativement moyenne, en relation avec la capacité de répéter des copulations[107].
237
+
238
+ Comme mentionné plus haut, le coït peut être pratiqué à des fins non-reproductives, c'est-à-dire récréatives, hédonistiques ou sociales. Ceci inclut aussi son échange marchand, appelé prostitution.[pertinence contestée]
239
+
240
+ Chez l'humain il n'existe pas à proprement parler de parade nuptiale codifiée, même si certaines pratiques et situations, liées notamment à des activités culturelles telles que la danse et la musique, peuvent s'avérer plus propices que d'autres à la formation de couples. Toutefois, selon l'ethnomusicologue australien Joseph Jordania (en), les origines de la danse et de la musique ne seraient pas liés aux comportements reproductifs mais plutôt aux moyens naturels de défense, et représenteraient une forme d'aposématisme[108]. La séduction est, chez les humains, un processus souvent long et complexe, du fait de l'importance de l'investissement parental.
241
+
242
+ L'émotion est une expérience psychophysiologique complexe de l'état d'esprit d'un individu lorsqu'il réagit aux influences biochimiques (internes) et environnementales (externes). Chez les humains, l'émotion inclut fondamentalement « un comportement physiologique, des comportements expressifs et une conscience »[109]. L'émotion est associée à l'humeur, au tempérament, à la personnalité, à la disposition et à la motivation.
243
+
244
+ Une taxonomie non-définitive des émotions existe. Certaines catégorisations incluent :
245
+
246
+ Il faut distinguer, entre l'émotion et les résultats d'émotions, principalement les expressions et les comportements émotionnels. Chaque individu réagit généralement d'une manière déterminée par son état émotionnel, sa réponse se situant généralement dans l'un des axes combattre – fuir – subir.
247
+
248
+ L'humain est un animal diurne, même s’il peut se tenir éveillé la nuit, ou dormir le jour. Son rythme circadien n'est d'ailleurs pas tout à fait ajusté à la durée du jour[réf. souhaitée].
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+
250
+ Homo sapiens manifeste une activité culturelle variée, qui se présente notamment sous forme :
251
+
252
+ On admet qu'il existe des cultures simples chez les autres primates actuels (méthode de toilettage, outils à termites…)[110] mais ce n'est qu'au sein de l'espèce humaine que l'on constate une modification de la culture avec un aspect cumulatif, ce qui lui permet d'atteindre un haut niveau de complexité[111].
253
+
254
+ Un aspect important de la culture humaine, qui améliore à la fois sa transmission et son accumulation (mais aussi le dogmatisme), est l'existence de l'écriture.
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+ La culture est hétérogène et différencie des groupes d'individus. L'étude de ces groupes appelés peuples et de leurs différentes caractéristiques est l'objet de l'ethnologie.
257
+
258
+ Les premières cultures techniques qui se sont traduites par la confection des premiers outils ou la maîtrise du feu sont bien antérieures à Homo sapiens. Les premiers rites funéraires sûrement liés à des croyances, les premiers objets artistiques ou décoratifs sont attribués à Homo neanderthalensis[112]. En revanche, l'art préhistorique, qu'il soit pariétal, rupestre ou mobilier, et les premières représentations humaines font leur apparition au début du Paléolithique supérieur, chez l'espèce humaine moderne.
259
+
260
+ Comme tous les Hominidés[113], l’Homme manifeste un comportement social complexe et dispose d'aptitudes à la communication telles qu'une expressivité faciale, accentuée chez lui par la mobilité des sourcils qu'offre l'absence de bourrelet sus-orbitaire[114]. Un autre élément notable de l'expressivité faciale chez l'Homme est la forme des yeux. En effet chez l'Homme le blanc de l'œil est ostensiblement visible et permet de suivre aisément la direction du regard. Cette particularité est unique parmi les mammifères, et peut-être même dans tout le règne animal[70].
261
+
262
+ L'Homme est capable de vocaliser un langage articulé complexe, appelé parole, et dont l'usage particulier, appelé langue[h], se transmet de façon culturelle[115]. Les vocalisations et l’acquisition du langage sont liés à la protéine FOXP2, qui semble être plus abondante dans le cerveau des femmes, ce qui pourrait expliquer une maîtrise du langage plus rapide chez les petites filles[116]. À un degré bien moindre que l'articulation, le langage implique parfois l'usage de clics.
263
+
264
+ L’Homme manifeste aussi un réflexe respiratoire et nerveux, appelé rire, qui permet d’exprimer la joie ou l’incongruité d’une situation. Le rire semble inné et propre à l’espèce, mais il existerait néanmoins sous une forme moins accentuée chez d’autres primates et même chez les rats. Le rire est doté d’un pouvoir communicatif et peut faire office de signal d’apaisement dans une situation éventuellement conflictuelle.
265
+
266
+ Le rire possède une version atténuée se limitant à une expression faciale, appelée sourire, qui semble ne pas avoir d'équivalent non plus chez les autres Hominidés à l'exception peut-être du chimpanzé[réf. nécessaire]. Contrairement au rire (qui peut tout de même être simulé), le sourire peut être déclenché de façon consciente[2], ce qui lui fait jouer un rôle particulier dans les conventions sociales : le sourire est dans certaines cultures un élément de salutation requis par la politesse[117].
267
+
268
+ Une autre réponse émotionnelle propre à l'espèce peut aussi être observée, en particulier chez les individus jeunes : le pleur. Le caractère unique du pleur chez l'être humain est toutefois disputé.
269
+
270
+ Les humains, pour qui le nombre de Dunbar est estimé à 150, forment des sociétés complexes et souvent hiérarchisées, dont le fonctionnement est essentiellement basé sur une répartition des activités qui peut prendre la forme de la division du travail. Au sein de ces sociétés, chaque individu peut avoir des moyens de subsistance extrêmement variés, qui dépendent du type de société dont il s’agit, et de la position hiérarchique qu’il y occupe[118]. Ces sociétés s'affrontent souvent dans des conflits appelés guerres, le plus souvent liés au partage des ressources, à la religion ou à l'occupation territoriale. Selon le professeur David Carrier de l'université de l'Utah, le rôle de la violence dans l'évolution humaine serait suffisant pour être visible dans l'anatomie, notamment en ce qui concerne la forme et la biomécanique des mains[119]. Selon une étude anthropologique dont les résultats ont été publiés en 2013[120], la guerre est rare parmi les peuples nomades de type chasseurs-cueilleurs, et serait surtout présente chez les peuples sédentarisés pratiquant l'agriculture.
271
+
272
+ Bien que les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques soient attribuables à l'Homme de Néandertal et datent du Paléolithique moyen, les plus anciennes représentations humaines sont le fait d’Homo sapiens et peuvent être datées du Paléolithique supérieur (vers 40 000 à 10 000 ans BP). Ainsi à l'Aurignacien (vers 40 000 à 28 000 ans BP), premier faciès culturel attribué à l'Homme en Europe, sont associées les statuettes des grottes de Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohlenstein-Stadel qui restituent des figures en ronde bosse représentant des mammouths, des félins, des ours, des chevaux et des hommes. Dans l'art pariétal, la représentation de vulves féminines et d'individus mi-homme mi-animal est attestée, comme à la grotte Chauvet[121]. Au Gravettien (29 000 à 22 000 ans BP) sont sculptées des figures féminines dites « Vénus paléolithiques ». Au Magdalénien (19 000 à 10 000 ans BP), les représentations humaines sur paroi ou sur objet se font plus fréquentes.
273
+
274
+ La Vénus de Willendorf.
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+ La Vénus de Lespugue.
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+
278
+ Main négative sur une paroi de la Grotte du Pech Merle, datée de 25 000 ans.
279
+
280
+ Certains aspects de la culture humaine, notamment la médecine, et les connaissances scientifiques et techniques, influencent les processus biologiques et reproductifs, et ont un impact sur l'espérance de vie ou la fécondité, et sur la démographie[122].
281
+
282
+ Par sa capacité à maîtriser des techniques lui permettant d'affronter des conditions climatiques difficiles, Homo sapiens prospère sous toutes les latitudes et sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique.
283
+
284
+ Il a tendance à se regrouper à l'intérieur de villes et de grandes cités atteignant parfois plusieurs millions d'habitants, souvent situées sur une côte ou sur un fleuve. Ailleurs, il occupe l'espace indirectement, notamment par son activité agricole, qui façonne le paysage et influe fortement sur les écosystèmes.
285
+
286
+ La population humaine est estimée à près de 7,5 milliards d'individus en 2017[123]. Les perspectives démographiques pour le siècle à venir sont incertaines. Compte tenu des incertitudes concernant l'évolution du comportement reproductif des individus, on ignore à quel niveau la population humaine pourrait se stabiliser, ni même si elle se stabilisera. En effet, il est difficile de prévoir si le taux de fécondité au niveau mondial va baisser sous les 2 enfants par femme, ou s'il se stabilisera au-dessus du seuil de remplacement (2,1 enfants par femme), et si le taux de mortalité mondial va continuer de baisser au même rythme que jusqu'à présent.
287
+
288
+ L'Organisation des Nations unies s'attend à ce que la population mondiale atteigne un pic aux alentours de 11 milliards d'individus en 2100[123]. Cette projection suppose que le taux de fécondité au niveau mondial descende en dessous de deux enfants par femme bien avant 2100. L'éventualité d'un crash démographique est envisagée par certains démographes[92],[124], tandis qu'un modèle mathématique conçu en 2013 à partir des données démographiques recueillies de 1950 à 2010 suggère que l'effectif humain mondial pourrait se stabiliser aux alentours de l'an 2050[125].
289
+
290
+ Homo sapiens exerce un impact important sur son environnement, surtout depuis l'époque moderne, parfois appelée anthropocène, essentiellement du fait de ses activités agricoles et industrielles. Cet impact se traduit en particulier par un phénomène d'extinction d'espèces considéré depuis peu comme la sixième extinction massive, parfois appelée crise anthropique[126].
291
+
292
+ Dans certaines régions du monde, cet impact est ancien ; par exemple, la déforestation de la Chine a été entamée il y a 8 000 ans environ. On a longtemps pensé que l’extension de l’agriculture en Afrique centrale avait été rendue possible uniquement par un recul naturel de la forêt tropicale humide primaire qui serait dû à des périodes de sécheresses sévères, longues qui se seraient succédé il y a 3 000 ans environ[127]. Mais l'analyse[128] des sédiments anciens déposés par le fleuve Congo, qui offrent un enregistrement continu du Climat d'Afrique centrale pour les 40 000 dernières années, réalisée par des géochimistes, montre que la responsabilité humaine pourrait être au moins en grande partie à l’origine de la relativement brusque disparition de forêts tropicales d'Afrique centrale (il y a 3 000 ans environ), via une déforestation active qui a augmenté l’érosion, intensifié les intempéries et asséché cette partie de l’Afrique[127].
293
+
294
+ Les carottages de sédiments fournissent des données montrant des modifications des précipitations normalement corrélées aux flux de sédiments pour la période de -20 000 à -3 500 ans, mais depuis près de 3 000 ans, on observe « un découplage total » entre précipitations et érosion, montrant que dans ce cas « le climat ne peut pas être le seul facteur expliquant la déforestation ». L’équipe de Germain Bayon, géochimiste à l’Institut de recherche Français d’exploration de la mer à Plouzané, suggère que les ancêtres des actuelles ethnies bantous de l'actuel Nigeria et Cameroun, connus pour avoir entamé des migrations en l'Afrique il y a environ 4 000 ans, ont eu « un impact significatif sur la forêt tropicale » en déforestant pour l’agriculture et pour les forges permettant la métallurgie du fer.
295
+
296
+ En 2012, de nombreux paléobotanistes[129] peinent encore à croire que les outils disponibles à l’époque aient pu permettre aux premiers bantous de la région d’abattre assez d’arbres pour causer des érosions de cette importance, plus graves que ceux produits par les abattis avec culture sur brûlis actuellement selon Katharina Neumann[129]. D'autres[130], estiment aussi qu'un réchauffement climatique a plutôt été en grande partie responsable de la perte de la forêt tropicale d'Afrique centrale, mais que les premiers bantous ont effectivement pu exacerber un recul des forêts induit par un réchauffement[127]. Bayon estime lui-même que ces données ne contredisent pas les théories existantes, mais illustrent « combien la combinaison de la culture et le climat peuvent affecter l'environnement. Les êtres humains peuvent avoir un impact énorme sur les processus naturels »[127]. Pour David Harris[131], l'étude pose par contre des questions importantes concernant les impacts climatiques de la déforestation et d'autres activités humaines susceptibles d'exacerber les effets d’un changement climatique, « qui devraient nous inciter à plus de vigilance quant aux impacts contemporains de l'exploitation forestière, des transports modernes, des groupes déplacés par les conflits, et des marchés modernes pour l'alimentation et les produits forestiers »[127]. L'Homme semble aussi en zone tempérée responsable en Eurasie et Amérique du Nord de l'extinction de presque toutes les espèces de la grande faune et mégafaune qui avait survécu à trois glaciations. La déforestation, qui a tendance à provoquer la réduction voire la destruction du milieu de vie de nombreuses autres espèces (animales, végétales, fongiques, terrestres et aquatiques), est une pratique ancienne en zone tempérée de l'hémisphère nord, mais récente et très rapide au niveau des forêts tropicales et humides telles que celles d'Amérique du Sud et d'Indonésie et d'Afrique (Bassin du Congo par exemple). La disparition accélérée de groupes entiers d'espèces animales, végétales et fongiques qui en découle, est parfois qualifiée d'« extinction de l'holocène » ou de « 6e extinction ».
297
+
298
+ L'agriculture intensive fait un usage important d'engrais, de pesticides et de désherbants chimiques, dont l'innocuité sur la qualité des sols ne fait pas l'unanimité.
299
+
300
+ Un autre aspect important de l'impact de l'Homme sur l'environnement est le fait qu'il transporte avec lui de nombreuses espèces domestiques ou synanthropes. Cela fait de lui un important vecteur d'échanges biotiques intercontinentaux. Un exemple très significatif d'un tel échange est l'échange colombien, déjà évoqué.
301
+
302
+ Outre sa capacité à faire disparaître des espèces, l'Homme influe aussi sur l'évolution d'un bon nombre d'entre elles, notamment du fait de la domestication. De façon plus directe encore, il est aussi capable de modifier le génome de certaines espèces en ayant recours pour cela non pas à la sélection artificielle, mais à une manipulation directe du noyau des cellules germinales, par diverses techniques dite de génie génétique. Ces techniques peuvent consister notamment à prélever des gènes chez une espèce et à les introduire dans le génome d'une espèce qui peut être d'un taxon complètement différent : par exemple le gène de synthèse de la soie d'une arachnide implanté dans le génome d'une espèce de caprin[132], ou encore un gène bactérien implanté dans le génome du maïs pour lui permettre de résister au glyphosate[133]. Cette pratique appelée transgénèse fait de l'espèce humaine un pont permettant la recombinaison génétique entre des lignées évolutives séparées depuis plusieurs ères géologiques, ou même plusieurs éons.
303
+
304
+ Au début du XXIe siècle, une espèce de type bactérien, dont le génome a été entièrement conçu par ordinateur, a été créée pour la première fois[134]. On ignore à l'heure actuelle quel pourrait être l'impact de ces productions humaines sur l'environnement à long terme, mais d'ores et déjà l'apparition de ces espèces, par un processus qui ne relève pas de la théorie synthétique de l'évolution, constitue un évènement sans précédent dans l'histoire de la vie sur Terre. La mise au point récente des techniques dites de forçage génétique constitue aussi un jalon remarquable car il permet à des gènes d'être transmis par reproduction sexuée sans pour autant respecter les lois de Mendel.
305
+
306
+ L'activité humaine produit aussi annuellement environ vingt milliards de tonnes de dioxyde de carbone par l'utilisation de combustibles fossiles comme source primaire d'énergie, ce qui fait de l'espèce humaine le premier facteur biotique de production de ce gaz. Les quantités dégagées restent significatives même par rapport aux facteurs de production abiotiques tels que le volcanisme. Cette production a entraîné une augmentation sensible de la quantité de CO2 dans l'atmosphère. Le dioxyde de carbone étant un gaz à effet de serre, ces taux élevés dans l'atmosphère sont considérés comme l'un des facteurs prépondérants pour expliquer le réchauffement climatique.
307
+
308
+ Compte tenu aussi bien de l'évolution rapide de son effectif que des changements perpétuels de ses différents modes de vie, il apparaît que l'espèce humaine est une forme de vie actuellement instable, de telle sorte que son avenir à moyen et long terme est tout à fait incertain.
309
+
310
+ Cependant, étant donnée l'influence considérable qu'ont les connaissances techniques sur l'organisation des sociétés humaines, il existe plusieurs courants intellectuels extrapolant l'évolution de ces connaissances techniques dans le temps pour tenter de prévoir le futur de l'espèce humaine. Il s'agit soit d'une démarche artistique, à travers essentiellement un courant littéraire appelé science-fiction, soit d'une démarche qui se veut plus scientifique, appelée futurologie.
311
+
312
+ Un thème fréquent est notamment l'idée que la capacité humaine à utiliser des moyens techniques pour augmenter sa mobilité spatiale, devrait in fine l'amener à s'affranchir de l'attraction terrestre et donc à se rendre et peut-être même s'installer à proximité immédiate d'autres objets du système solaire ou même au-delà. Il s'agit du projet, au moins partiellement entamé, d'exploration spatiale.
313
+
314
+ D'autres approches semblent focaliser plus sur les aspects destructifs ou délétères de la technologie, et en concluent soit l'extinction prochaine de l'espèce humaine, soit une nette dégradation de son effectif et de ses conditions de vie. Ce type de scénario fait l'objet notamment de ce qu'on appelle la science-fiction post-apocalyptique, apparue en particulier à la suite de la création par l'Homme d'engins de destruction utilisant l'énergie nucléaire. Un autre type de scénario s'appuie sur la capacité de l'être humain à subvenir à tous ses besoins matériels, combinée à sa récente explosion démographique. Il est alors avancé, en s'appuyant en particulier sur des expérimentations animales réalisées par John B. Calhoun, que l'esp��ce humaine pourrait subir une forme de surpopulation conduisant in fine à son extinction, non pas en raison de l'épuisement de ses ressources naturelles, mais plutôt en raison de l'apparition de cloaques comportementaux et de la concomitante disparition des schémas de comportements nécessaires à la perpétuation de l'espèce[135]. D'autres approches concluent en l'extinction prochaine de l'espèce humaine à partir de raisonnements logiques ou philosophiques, par exemple avec l'argument de l'Apocalypse, ou avec le Grand filtre, vu en tant que résolution du paradoxe de Fermi.
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+ Enfin, un point de vue plus récent s'appuie sur le constat empirique du rythme de l'évolution de la capacité de calcul des machines construites par l'Homme. Cette évolution semble en effet suivre une progression géométrique, selon la loi dite de Moore. L'extrapolation de cette loi suggère qu'au cours du vingt-et-unième siècle, l'humanité atteindra un seuil, appelé singularité technologique, à partir duquel les machines qu'elle produit seront plus aptes à comprendre le monde que ne le sont les cerveaux humains. Dès lors, il est avancé que le développement scientifique et technique échappera à la compréhension humaine et empruntera une voie qu'il est par définition impossible d'appréhender. Ces considérations sont parfois accompagnées de spéculations sur la capacité future de l'Homme à modifier son organisme par des procédés techniques divers incluant une modification ou une réécriture complète de son génome, ce qui constituerait une forme d'eugénisme. Le mouvement culturel qui étudie et parfois promeut ce type de perspective est le transhumanisme.
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+ LC  : Préoccupation mineure
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12
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13
+ Homo sapiens, plus communément appelé « Homme moderne », « Homme », « Humain », ou « Être humain », est une espèce de primates originaire d'Afrique qui s'est aujourd'hui répandue et naturalisée sur l'ensemble de la planète hormis l'Antarctique. Il appartient à la famille des hominidés et est le seul représentant actuel du genre Homo, les autres espèces étant éteintes. Les plus anciens fossiles connus de cette espèce sont datés d'environ 300 000 ans[1].
14
+
15
+ Parmi les hominidés actuels, il se distingue du point de vue physiologique par un mode locomoteur au sol exclusivement bipède, son cerveau plus volumineux et sa pilosité moins développée[2]. Il faut ajouter à ces critères, l’existence d’une ménopause chez la femme, rare chez les autres hominidés.
16
+
17
+ Du point de vue de l'éthologie, et par rapport au reste du règne animal, l'Homo sapiens se distingue par la complexité de ses relations sociales, l'utilisation d'un langage articulé élaboré transmis par l'apprentissage, la fabrication d'outils, le port de vêtements, la maîtrise du feu, la domestication de nombreuses espèces végétales et animales, ainsi que l'aptitude de son système cognitif à l'abstraction, à l'introspection et à la spiritualité. Certaines de ces caractéristiques étaient partagées par d'autres espèces du genre Homo.
18
+
19
+ Plus généralement, il se distingue de toute autre espèce animale par l'abondance et la sophistication de ses réalisations techniques et artistiques, l'importance de l'apprentissage et de l'apport culturel dans le développement de l'individu, mais aussi par l'ampleur des transformations qu'il opère sur les écosystèmes[a].
20
+
21
+ La science qui étudie les humains actuels sous tous leurs aspects est l'anthropologie. Celle qui étudie son évolution est la paléoanthropologie.
22
+
23
+ L'espèce Homo sapiens fut décrite par Carl von Linné en 1758 dans la 10e édition de son ouvrage Systema naturae[3]. Deux siècles plus tard, William Thomas Stearn désigna Linné lui-même comme lectotype de l'espèce[b],[3].
24
+
25
+ Le mot français « Homme » est une évolution du latin hominem, accusatif de homo (être humain), et peut faire référence à l'espèce Homo sapiens dans son ensemble (le nominatif homo a donné en français le pronom indéfini on[4]). Sapiens est un adjectif latin signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent », adjectif issu du gérondif du verbe sapio signifiant « avoir du goût, de la saveur, du jugement ».
26
+
27
+ Homo sapiens est aussi appelé « Homme », « Homme moderne », « humain » ou encore « être humain ». Le mot « homme » désigne aussi le mâle adulte, plus prosaïquement qualifié d'individu de genre masculin. Le terme « femme » pour sa part désigne la femelle adulte. Les termes « garçon » et « fille » désignent respectivement le mâle et la femelle à leur stade infantile ou pubère. « Fils » et « fille » renvoient indifféremment à l'individu jeune ou adulte lorsque l'accent est mis sur la filiation.
28
+
29
+ On emploie aussi le terme « Humanité », au singulier et avec une majuscule, pour désigner l'espèce humaine dans son ensemble.
30
+
31
+ Dans le dernier quart du XXe siècle, l'espèce Homo sapiens a parfois été subdivisée en deux sous-espèces, l'Homme moderne dit Homo sapiens sapiens et l'Homme de Néandertal dit Homo sapiens neanderthalensis. Le consensus actuel classe à nouveau les deux groupes humains dans deux espèces séparées, l'Homme de Néandertal étant désormais dit Homo neanderthalensis[5], ce qui rend inutile le recours à une dénomination trinominale pour Homo sapiens[6]. Si à l'avenir une véritable sous-espèce d'Homo sapiens est découverte, l'Homme moderne pourra retrouver une dénomination trinominale (avec ou non sapiens comme troisième terme).
32
+
33
+ Homo sapiens fait partie, comme toute autre espèce du vivant, de plusieurs groupes emboîtés en cascade, dont chacun est caractérisé par un ou plusieurs caractères dérivés, qui s'ajoutent ou remplacent des caractères ancestraux.
34
+
35
+ Dans la classe des mammifères, l'espèce Homo sapiens fait partie des[7] :
36
+
37
+ Phylogénie des familles de singes, d'après Perelman et al. (2011)[8] et Springer et al. (2012)[9] :
38
+
39
+ Cercopithecidae (Babouin, Macaque, Colobe…)
40
+
41
+ Hylobatidae (Gibbon)
42
+
43
+ Hominidae (Orang-outan, Gorille, Chimpanzé et Homme)
44
+
45
+ Cebidae (Sapajou, Singes-écureuil, Ouistiti, Tamarin…)
46
+
47
+ Pitheciidae (Saki, Ouakari, Titi…)
48
+
49
+ Atelidae (Atèle, Singe-hurleur…)
50
+
51
+ Phylogénie des genres actuels d'hominidés, d'après Shoshani et al. (1996)[10] et Springer et al. (2012)[11] :
52
+
53
+ Pongo (Orang-outan)
54
+
55
+ Gorilla (Gorille)
56
+
57
+ Pan (Chimpanzé)
58
+
59
+ Homo (Homme)
60
+
61
+ Les grands singes génétiquement les plus proches de l'Homme moderne sont les deux espèces de Chimpanzé : Pan troglodytes (le Chimpanzé commun) et Pan paniscus (le Bonobo). Le génome de l'Homme moderne (d'une longueur approximative de 3,2 milliards de paires de nucléotides) ne diffère que de 1,2 % de celui des chimpanzés[12],[c],[13] (soit quand même 38,4 millions de paires de nucléotides).
62
+
63
+ Selon la plupart des paléoanthropologues, la divergence entre Hominina et Panina (lignée des chimpanzés) remonterait à au moins 7 millions d'années[14].
64
+
65
+
66
+
67
+ Les plus anciens Hominina identifiés à ce jour sont Sahelanthropus tchadensis, daté de 7 millions d'années, découvert en 2001 au Tchad, et Orrorin tugenensis, daté de 6 millions d'années, découvert en 2000 au Kenya.
68
+
69
+ Le genre Australopithèque, apparu vers 4,2 millions d'années en Afrique de l'Est, a formé de nombreuses espèces en Afrique, du Pliocène jusqu'au début du Pléistocène. La découverte de l'australopithèque Lucy en 1974 en Éthiopie, datée de 3,2 millions d'années, à la bipédie affirmée mais dotée d'un cerveau de faible volume (seulement légèrement plus gros que celui des chimpanzés), a confirmé, après l'enfant de Taung découvert en 1924 en Afrique du Sud, que la bipédie était de loin plus ancienne que l'augmentation du volume cérébral. Des empreintes de pas fossilisées datant de 3,66 Ma, trouvées à Laetoli en Tanzanie, montrent cependant une bipédie encore archaïque chez les Australopithèques.
70
+
71
+ Il y a près de 3 millions d'années, en réaction à un probable assèchement du climat en Afrique de l'Est, il semble se produire une divergence évolutive, donnant d'un côté les Paranthropes et de l'autre le genre Homo. La sélection naturelle pourrait avoir joué un rôle significatif par l'adaptation à un couvert végétal de moins en moins arboré.
72
+
73
+ Le plus ancien fossile attribué au genre Homo (découvert en 2013 en Éthiopie et désigné sous le code LD 350-1) est une mandibule fragmentaire datée d'environ 2,8 millions d'années. Elle montre des caractères intermédiaires entre les Australopithèques et Homo habilis[15].
74
+
75
+ À partir d'environ 2 millions d'années, les fossiles d'Homo ergaster attestent d'une bipédie devenue exclusive, avec des membres antérieurs nettement plus courts que les membres postérieurs et la présence d'une voûte plantaire. Les jambes sont plus longues que la hauteur du torse et adaptées à la marche d'endurance et à la course. Des traces de pas comparables à celles de l'Homme moderne et datant de 1,51 à 1,52 million d'années ont notamment été trouvées à Ileret (en), au Kenya[16].
76
+
77
+ De manière générale, tout au long de l'évolution humaine, le squelette devient de plus en plus gracile, alors que les Homo archaïques ont des squelettes robustes.
78
+
79
+ L'évolution vers Homo sapiens se caractérise par les éléments suivants :
80
+
81
+ L'un des éléments caractérisant le processus évolutif ayant accompagné l'émergence d’Homo sapiens serait la néoténie, c'est-à-dire une modification héréditaire du phénotype consistant en une persistance de caractères juvéniles à l'âge adulte. Certaines caractéristiques de la physiologie et de l'éthologie humaine actuelles seraient directement liées à la néoténie[2].
82
+
83
+ L'enchainement des différentes espèces humaines depuis quelque 2,5 millions d'années demeure un sujet de débat chez les spécialistes, faute de fossiles en nombre suffisant qui puissent permettre de proposer une phylogénie consensuelle. Seules les espèces humaines les plus récentes peuvent faire l'objet d'hypothèses sérieuses, notamment grâce aux récentes avancées de la paléogénétique.
84
+
85
+ Phylogénie des espèces récentes du genre Homo,
86
+ d'après Strait, Grine & Fleagle (2015)[17],
87
+ et Meyer, Pääbo & al. (2016)[18] :
88
+
89
+ Homo antecessor †
90
+
91
+ Homo heidelbergensis †
92
+
93
+ Homo denisovensis †
94
+
95
+ Homo neanderthalensis †
96
+
97
+ Homo rhodesiensis †
98
+
99
+ Homo sapiens
100
+
101
+ Pour les paléoanthropologues, les ossements fossiles du genre Homo peuvent être attribués à Homo sapiens s'ils présentent un certain nombre de critères distinctifs, dont les plus importants sont un volume endocrânien supérieur à 1 300 cm3, une face réduite sous la boite crânienne, un angle facial compris entre 82 et 88° (prognathisme faible à nul), un bourrelet sus-orbitaire réduit, et un menton osseux saillant.
102
+
103
+ Le volume cérébral d'Homo sapiens, qui est en moyenne aujourd'hui chez l'humain moderne de 1 350 cm3, était plus élevé au Paléolithique supérieur, sans atteindre toutefois le volume cérébral moyen de l'Homme de Néandertal. La réduction du volume global du cerveau se serait accompagnée d'une réorganisation des aires cérébrales aux conséquences plus importantes que la variation du volume brut.
104
+
105
+ Historiquement, les premiers restes fossiles d'Homo sapiens ont été découverts en 1823 au Pays de Galles : il s'agit de la Dame rouge de Paviland. Puis des restes ont été découverts en 1829 à Engis, en Belgique, dans les grottes Schmerling, en même temps que les premiers restes néandertaliens. Mais dans les deux cas, ils n'ont pas été reconnus lors de leur découverte comme des restes fossiles d'Homo sapiens. C'est Louis Lartet qui, en mettant au jour en 1868 en Dordogne les fossiles de l'Homme de Cro-Magnon, datés de 28 000 ans, fait reconnaitre pour la première fois l'ancienneté d'Homo sapiens.
106
+
107
+ On a déjà découvert à ce jour de nombreux fossiles d'Homo sapiens plus ou moins archaïques, en Afrique, et de plus en plus, hors d'Afrique. Les fossiles suivants lui sont généralement attribués (non exhaustif) :
108
+
109
+ Le site de Fuyan en Chine a livré en 2015 47 dents datées d'au moins 80 000 ans et appartenant à Homo sapiens[29].
110
+
111
+ 8 dents trouvées dans la grotte de Qesem, à proximité de Tel Aviv-Jaffa, dont les plus vieilles seraient datées d'environ 400 000 ans, auraient éventuellement des affinités avec Homo sapiens, hypothèse étudiée par M. Gopher et son équipe[30], mais elles ne peuvent être attribuées de façon certaine[31].
112
+
113
+ En 2018 est annoncée la découverte sur le site de Nwya Devu (en) de fossiles d'Homo sapiens qui ont colonisé le plateau tibétain, à 4 600 m d'altitude, il y a 30 à 40 000 ans. Il s’agit de la plus ancienne présence connue d'Homo sapiens à haute altitude[32].
114
+
115
+ Les fossiles européens les plus anciens sont des fragments d'os et de dents trouvés dans la grotte de Bacho Kiro, en Bulgarie, datés à 46 790 ans (cal AP). La grotte a été utilisée par Homo sapiens jusqu'à −42 810 ans (cal AP)[33],[34].
116
+
117
+ Les études génétiques basées sur la comparaison de l'ADN nucléaire de différentes populations humaines actuelles indiquent que notre espèce Homo sapiens s'est constituée en Afrique au terme d'une évolution allant d'environ 300 000 à 60 000 ans avant le présent. Par la suite l'Homme moderne aurait quitté l'Afrique principalement entre 70 000 et 50 000 ans pour se répandre sur tous les continents en supplantant les espèces humaines antérieures, comme l'Homme de Néandertal en Europe ou l'Homme de Denisova en Asie, avec lesquelles ils ont néanmoins pu s'hybrider, ce qui a favorisé leur adaptation aux nouveaux environnements rencontrés. Cette influence néandertalienne s'est ensuite rétrodiffusée en Afrique[35].
118
+
119
+ La vision de l’émergence d'Homo sapiens a évolué depuis les années 1980. Parmi les différents modèles proposés, on distingue[36] :
120
+
121
+ La diversité génétique humaine actuelle s'est construite à partir de trois principaux évènements radiatifs en Afrique[44] :
122
+
123
+ Plusieurs autres espèces du genre Homo, l'Homme de Néandertal, l'Homme de Denisova, l'Homme de Florès, ont été contemporaines d’Homo sapiens, avec lequel certaines d'entre elles ont pu coexister pendant des milliers d'années avant de s'éteindre.
124
+ Selon de nombreuses études génétiques publiées depuis 2010, des croisements ont eu lieu entre espèces humaines. On relève en particulier environ 1,8 % d'ADN néandertalien chez les populations non africaines modernes[45].
125
+
126
+ Bien qu'Homo sapiens et Homo neanderthalensis soient désormais considérés comme deux espèces distinctes, il s'est produit une hybridation entre Sapiens et Néandertal il y a 50 000 à 70 000 ans au Proche-Orient, produisant aujourd'hui un héritage de 1,8 à 2,6 % de gènes néandertaliens chez tous les non-Africains[46]. Depuis, l'ADN néandertalien a été rétrodiffusé en Afrique. Certains de ces gènes, sélectionnés positivement par les africains, améliorent leur immunité ou les protègent contre le rayonnement ultraviolet. Une partie des gènes qu'ils partagent avec les Néandertaliens (0.3 % en moyenne) provient de migrations eurasiatiques relativement récentes. L'autre témoigne en fait d'une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[47].
127
+
128
+ Plusieurs études publiées depuis 2010, basées sur le séquençage de l'ADN nucléaire extrait d'une phalange et de dents dénisoviennes, indiquent que l'Homme de Denisova a contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Mélanésiens et Aborigènes d'Australie actuels, et aurait été relativement répandu en Asie à la fin du Pléistocène[48],[49],[50]. Une étude de 2014 montre qu'une partie du matériel génétique de Denisova a été sélectionnée chez Homo sapiens pour s'adapter à la haute altitude. Un variant du gène EPAS1 provenant des Dénisoviens améliore le transport d'oxygène et est présent uniquement chez les Tibétains et chez les Chinois Han dans une moindre proportion[51].
129
+
130
+ Homo sapiens est un hominidé dont la caractéristique physique la plus manifeste est sa station debout : la colonne vertébrale est redressée et les membres antérieurs ne s'appuient pas sur le sol. Il fait partie des très rares mammifères adoptant ce mode de locomotion.
131
+
132
+ Un humain adulte mesure de 1,40 à 2 m, mais cet écart peut s'étendre d'environ 70 cm à environ 2,70 m, dans les deux extrêmes du nanisme et du gigantisme. La taille est influencée par des facteurs environnementaux, tels que la disponibilité de nourriture, mais aussi par le caryotype constitutionnel. Ainsi, toutes autres choses égales par ailleurs, les femmes au caryotype 46,XX sont plus petites que les hommes au caryotype 46,XY, qui eux-mêmes sont plus petits que les hommes atteints du Syndrome de Klinefelter (47,XXY) ou du syndrome 47,XYY. Les femmes au caryotype 46,XX sont aussi plus petites que les femmes atteintes du syndrome triple X. De façon générale, la taille semble croître avec le nombre de chromosomes sexuels.
133
+
134
+ Le poids moyen est d'environ 62 kg[52]. Les données individuelles varient beaucoup autour des moyennes, avec une forte influence de facteurs environnementaux, alimentaires et comportementaux. Les moyennes elles-mêmes varient beaucoup selon les populations et les époques. Les hommes sont en moyenne 12 centimètres plus grands que les femmes[53].
135
+
136
+ La pilosité humaine est réduite par rapport à celle des autres primates[2] ; elle est essentiellement limitée à certaines parties du corps (cuir chevelu, aisselles et pubis).
137
+
138
+ La couleur de la peau humaine présente une grande variété (noire, brune, beige ou rosée très claire), liée à la présence plus ou moins abondante de mélanine, un pigment brun filtrant les rayons ultraviolets. La peau humaine est plus foncée dans la zone intertropicale. Cette variété de pigmentation est une adaptation génétique aux différences d'ensoleillement selon les zones géographiques[54]. En Afrique, les albinos ont ainsi un risque accru de cancers de la peau[55].
139
+
140
+ L'humain a besoin du soleil pour synthétiser la vitamine D. Plus il s’est trouvé sous des latitudes faiblement ensoleillées, plus sa peau s’est éclaircie, ce qui facilite la production de vitamine D. La peau noire a en revanche un très haut pouvoir filtrant face aux UV. La dépigmentation a suivi la migration des populations humaines vers les zones septentrionales de la planète.
141
+
142
+ La peau humaine se ride, s’amincit et perd son élasticité avec l’âge (un test consiste à pincer et à tirer légèrement la peau du dessus de la main ouverte et à mesurer le temps qu'elle met pour reprendre son aspect normal une fois relâchée : l’écart entre un sujet jeune et un sujet âgé est d'environ une seconde). Des pratiques à visée ornementale ou rituelle peuvent modifier l'aspect de la peau et y faire apparaître des motifs divers[56].
143
+
144
+ Caractères sexuels secondaires : la pilosité est moindre sur le corps féminin, à l'exception notable du cuir chevelu. En effet, le cycle de vie des cheveux est de cinq ans chez la femme, et de trois ans chez l'homme. Les cheveux poussent aussi plus rapidement chez la femme, ce qui, combiné à des facteurs culturels, peut expliquer que sa chevelure soit souvent plus longue que celle de l'homme. La femme a des seins proéminents en dehors même des périodes de gestation et d’allaitement, une tessiture vocale haute, un bassin plus large et un rapport taille / hanche inférieur. La pilosité masculine est généralement chez l'adulte plus abondante, le bassin est étroit, la musculature plus puissante, la voix plus grave, etc. Toute considération ethnique mise à part, la couleur de la peau est plus sombre chez l'homme que chez la femme. Cette différence serait due à l'influence de certains œstrogènes sur la sécrétion de mélanine[57].
145
+
146
+ L’humain porte généralement des vêtements, recouvrant presque toujours au moins les parties génitales. Le port de vêtements pourrait, selon une analyse comparative des génomes du pou et du morpion, remonter à environ 170 000 ans[58].
147
+
148
+ Les êtres humains ont 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes sexuels XX ou XY. Selon le système XY de détermination sexuelle, les individus de type XY sont mâles et ceux de type XX sont femelles.
149
+
150
+ Le génome des humains est identique à 99,9 %, soit un niveau de similitude qui ne se trouve que rarement chez les mammifères[59]. Cette similitude est explicable par la relative jeunesse de l'espèce et le brassage des populations. Celle-ci est encore plus faible entre eurasiens, sortis d'Afrique il y a moins de 60 000 ans. À titre de comparaison, on constate une variation de 1,2 % du génome entre humains d'une part, et bonobos et chimpanzés d'autre part.
151
+
152
+ Plusieurs théories concurrentes de goulot d'étranglement génétique ont été émises depuis les années 1990 afin de tenter d'expliquer la faible diversité génétique de l'humanité actuelle[60],[61], mais ces théories ne sont pas confirmées par l'état actuel de la science, selon lequel l'effet fondateur suffit à expliquer cette faible diversité[62],[63].
153
+
154
+ Une étude, publiée en 2008 dans la revue Science, a été réalisée sur l'ADN de plus d'un millier d'individus : la comparaison de 650 000 nucléotides chez 938 individus (non apparentés) appartenant à 51 ethnies a estimé que 89 % de la variation entre individus était contenue à l'intérieur des populations, pour 9 % entre continents et 2 % entre populations d'un même continent. La génétique permet donc d'identifier l'origine géographique des individus en se basant sur la présence de mutations sur certains allèles[64],[65].
155
+
156
+ L'hétérozygotie diminue au fur et à mesure que la distance avec l'Afrique subsaharienne augmente, ce qui confirme l'origine africaine des humains actuels. Par ailleurs d'une manière générale, plus deux individus sont nés dans des lieux éloignés géographiquement plus ils sont différents génétiquement, à l'exception du continent africain, qui recèle la plus grande diversité génétique entre les individus. Cependant l'histoire des migrations humaines durant la période historique doit aussi être prise en compte pour pondérer cette règle générale[66].
157
+
158
+ Par rapport aux autres primates, l'humain serait « hypermétabolique »[67]. On a longtemps pensé que les singes et humains brûlaient leurs calories à la même vitesse et les premières études concernaient en outre des individus au repos.
159
+
160
+ En 2010 des études métaboliques ont surpris en montrant que l'orang-outan avait un taux métabolique étonnamment faible. Puis en mai 2016, une étude publiée dans Nature révèle qu’un humain moyen consomme chaque jour environ 400 calories de plus qu’un chimpanzé ou bonobo, et 635 calories de plus qu’un gorille et 820 de plus qu’un orang-outan. Un humain moyen brûle en moyenne 27 % d'énergie par jour en plus qu’un chimpanzé. Cet hypermétabolisme pourrait être dû au cerveau humain (au moins trois fois plus gros que celui de tous les autres singes et particulièrement énergivore). La même étude montre que l’humain sédentaire est également le plus gras de tous les primates (y compris que les primates sédentaires de zoos)[67]. Une autre explication pourrait être que les femmes produisent potentiellement plus de bébés, plus longs à élever et à intervalles plus court que les singes femelles[67].
161
+
162
+ Une hypothèse est que le grossissement du cerveau humain, il y a 1,6 million d'années environ se serait accompagné d'une perte de muscles et de longueur d'intestin (par rapport aux autres grands singes) avec un moindre besoin énergétique, une facilité à se tenir debout et courir ; le différentiel pouvant être mis à profit par le cerveau. D’autres ont pensé que l’invention du feu, la cuisson et le partage des aliments ont aussi contribué à cette économie d’énergie au profit du cerveau[68].
163
+
164
+ Homo sapiens est omnivore et opportuniste. Un humain végétarien ou zoophage demeure omnivore : l'alimentation humaine est donc une attitude culturelle avant tout, et l'humanité dans son ensemble n'est pas « omnivore » culturellement[pas clair].
165
+
166
+ L'Homme peut chasser n'importe quelle espèce animale, et est même capable de chasser des animaux normalement considérés comme des superprédateurs. Pour cette raison, l'Homme est parfois considéré comme le superprédateur ultime. Selon des données collectées par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture entre 1961 et 2009, l'être humain n'est cependant pas haut dans la chaîne alimentaire en raison de son régime omnivore qui comporte une large proportion d'aliments d'origine végétale[69].
167
+
168
+ Les Hommes dans leur ensemble consomment des aliments très diversifiés, qu'ils soient d'origine végétale ou animale. Depuis le Néolithique, la base de leur alimentation est toutefois constituée de féculents, issus en particulier de trois céréales : le blé, le maïs et le riz. Cette propension à consommer des féculents semble être une spécialisation humaine : le taux d'amylase dans la salive humaine est en effet de six à huit fois plus élevé que dans la salive d'autres Hominidés comme le chimpanzé[70]. Avant l'essor des céréales au Néolithique, les Hommes devaient probablement se procurer des féculents par la consommation de tubercules[71]. Cet usage s'est conservé jusqu'à nos jours, notamment depuis l'expansion de la pomme de terre après l'échange colombien.
169
+
170
+ Une particularité de l'alimentation humaine est que la plupart des aliments sont cuits, en particulier la viande. Parce qu'elle accélère le processus de digestion, et permet ainsi d'accroître l'apport énergétique alimentaire, la cuisson semble avoir joué un rôle essentiel dans le développement particulièrement prononcé du cerveau humain[70],[72],[73]. La cuisson améliore aussi l'innocuité microbiologique des aliments.
171
+
172
+ Normalement un adulte présente, comme la plupart des mammifères, une intolérance au lactose. Cependant, une mutation génétique a été sélectionnée plusieurs fois il y a six à huit mille ans dans certaines régions d'Europe, d'Asie, et d'Afrique, en raison de l'essor de l'élevage laitier dans ces régions. De nos jours, environ 15 % de la population mondiale présente à l'âge adulte une tolérance au lactose sous forme de lait.[réf. nécessaire] La plupart des adultes sont cependant capables de consommer des fromages, dont la production est une pratique très ancienne. Il semble que la consommation de fromage a contribué à sélectionner la tolérance au lactose[74].
173
+
174
+ L'Homme possède une appétence prononcée pour certaines saveurs, notamment le salé et le sucré. Le sel et le sucre sont normalement présents en faibles quantités dans la nature, mais l'Homme depuis peu est capable d'en produire en quantités industrielles et à faible coût. Cet écart entre l'appétence pour ces substances et leur abondance est l'un des facteurs à l'origine de problèmes de santé tels que l'obésité, l'hypertension artérielle ou le diabète, et ce principalement chez les individus disposant d'un niveau de vie relativement faible, mais tout de même suffisamment élevé, d'un point de vue anthropologique, pour avoir accès aux productions industrielles[75],[76],[77].
175
+
176
+ Dès le Néolithique, la plupart des sociétés humaines ont fait fermenter des jus de fruits divers ou autres solutions végétales, afin d'en obtenir une boisson alcoolisée. L'alcool a en effet longtemps été le moyen le plus simple d'assurer l'asepsie des boissons et ainsi de permettre le transport de l'eau sur de longues distances, ou son stockage pendant de longues périodes[78].
177
+
178
+ L'ensemble des habitudes alimentaires et arts culinaires de chaque culture est regroupé sous le terme de gastronomie.
179
+
180
+ Contrairement à la plupart des autres hominoïdes, l'être humain n'est que peu apte à la brachiation. Seul un individu jeune et en bonne santé peut, après entrainement, effectuer ce type de locomotion. L'anatomie humaine conserve cependant les caractéristiques associées que sont la flexibilité des épaules permettant de lever les bras au-dessus du corps, ainsi que les mains préhensiles.
181
+
182
+ L’Homme est en revanche spécialisé dans la bipédie, dont il maitrise parfaitement les deux allures : la marche et la course. Sa marche est plantigrade[d], mais sa course peut être digitigrade aux allures les plus rapides. Il marche à une vitesse de 5 à 6 km/h, et peut courir jusqu'à une vitesse d'environ 36 km/h[e], ce qui est particulièrement lent en comparaison de nombreuses espèces de mammifères terrestres.
183
+
184
+ En effet, Homo sapiens ne se distingue pas par la vitesse mais par l'endurance. La marche et la course sur de longues distances sont favorisées par l'absence de pelage, qui contribue à la thermorégulation en favorisant la sudation. Cette aptitude à la marche et à la course était probablement déjà présente il y a plus de 1,5 million d'années chez Homo ergaster en Afrique.
185
+
186
+ Homo sapiens partage son endurance avec plusieurs espèces de canidés, dont le loup et le chien qui en est issu. Mais l'Homme a dans ce domaine l'avantage sur la plupart des mammifères herbivores, ce qui lui permet de pratiquer avec succès la chasse à l'épuisement sur des animaux comme les cerfs ou les antilopes. Cette faculté à parcourir de longues distances aisément a aussi pu faciliter les échanges entre les tribus humaines, comme c'est le cas aujourd'hui chez les Tarahumaras[réf. souhaitée].
187
+
188
+ L’Homme est capable, de manière occasionnelle et selon les situations, de ramper, grimper, sauter. L'Homme semble aussi avoir des prédispositions naturelles à la nage (absence de pilosité, étanchéité parfaite des lèvres fermées, horizontalité des fosses nasales, contrôle efficace de la respiration, etc.), et même à l'apnée : il manifeste par exemple un réflexe bradycarde à l'immersion, et ses poumons peuvent recevoir un afflux supplémentaire de sang afin de compenser l'excès de pression à partir de trente mètres. Ce phénomène, appelé transfert sanguin (en), a longtemps été cru limité aux seuls mammifères aquatiques[79]. Ces prédispositions font partie des éléments qui appuient l'hypothèse d'un passage transitoire à un mode de vie aquatique ou semi-aquatique au cours de l'hominisation[80].
189
+
190
+ L'être humain est particulièrement apte au lancer de projectiles divers, notamment par rapport aux autres hominidés. Selon des chercheurs de l'université de Harvard[81], cette aptitude exceptionnelle résulte d'évolutions propres à l'anatomie humaine : l'existence d'une taille souple entre le bassin et la cage thoracique, le positionnement bas des épaules, et une légère torsion de l'humérus. Cette aptitude au lancer aurait joué un « rôle clé » dans l'évolution humaine[82].
191
+
192
+ Les aptitudes physiques de l’être humain présentent un dimorphisme sexuel, la puissance musculaire des femmes étant généralement inférieure à celles des hommes. À titre indicatif, l'actuel record du monde de l'épreuve féminine du 100 mètres est en 10 s 49, contre 9 s 58 pour l'épreuve masculine.
193
+
194
+ De tous les animaux à système nerveux central, l’Homme est probablement celui qui a le cerveau le plus développé et performant[f]. Ses seuls rivaux dans ce domaine sont certains cétacés. D'un point de vue anatomique, ces capacités cognitives sont associées au développement particulièrement prononcé du néocortex, bien que certaines expériences suggèrent que des différences au niveau neuronal jouent aussi un rôle[83].
195
+
196
+ Les capacités de l'esprit humain notamment en termes de mémoire, d'imagination et d'abstraction sont probablement ce qui explique le mieux le succès évolutif de l'espèce.
197
+
198
+ L’Homme est capable d’appréhender les règles qui organisent le monde qui l’entoure, de près comme de loin : du mouvement des astres aux lois qui structurent la matière, en passant par les règles qui organisent l’espace et les principes nécessaires à l’induction.
199
+
200
+ Plus précisément, on peut dire que depuis le milieu du XXe siècle, Homo sapiens est capable d’appréhender toutes les règles qui régissent l’organisation du monde visible, à l’exception de celles qui sont à l’origine des forces subatomiques, et des raisons qui font que la matière courbe l’espace-temps. En effet, selon le prix Nobel de physique Richard Feynman, ces deux domaines sont les seuls qui ne sont pas couverts par l’électrodynamique quantique[84].
201
+
202
+ Cette aptitude à comprendre le monde s'est traduite par l'accumulation d'un ensemble de connaissances appelées « sciences » et le développement d'outils divers appelés « techniques ». L'attitude plus générale qui consiste à clarifier sa pensée et à chercher à comprendre le monde par-delà les seules considérations matérielles, est quant à elle appelée philosophie.
203
+
204
+ Cependant ces savoirs collectifs résultent de l'échange et de la spécialisation, la totalité des connaissances n'étant jamais maîtrisée par un seul individu. Cette dichotomie entre les connaissances individuelles et l'intégralité de la connaissance et de la culture humaine appuie d'ailleurs une conception de la culture comme entité évolutive propre, dont les constituants sont appelés mèmes, et qui évolue avec l'homo sapiens de façon symbiotique ou même commensale.
205
+
206
+ Les capacités cognitives de l'être humain lui permettent d'avoir conscience de lui-même. Comme quelques autres espèces animales, il réussit systématiquement le test du miroir.
207
+
208
+ Concernant le dimorphisme sexuel, on note quelques différences anatomiques entre les cerveaux féminins et masculins[85] mais la complexité des interactions fonctionnelles rend difficile la corrélation de différences anatomiques avec des différences cognitives[86]. « Il existe bien des patterns d'activation différents en fonction du sexe pour des tâches variées comme la rotation mentale, le traitement verbal, la compréhension d'idiomes etc. Toutefois, ces résultats sont variables voire divergents d'une étude à l'autre et il n’y a pas de parallélisme strict entre les différences d'activation et les différences de performance[87] ».
209
+
210
+ Le cycle reproductif humain comporte un vocabulaire spécifique par rapport aux autres mammifères :
211
+
212
+ La puberté se manifeste en moyenne vers l'âge de 12 à 15 ans. La ménarche intervient chez les jeunes filles vers l'âge de 11 ans. Pour les garçons, la capacité à procréer est en théorie continue, de la puberté jusqu'à la fin de la vie. Chez la femme, cette capacité disparaît à la ménopause, qui survient généralement entre 40 et 50 ans. La ménopause est rare chez les mammifères, y compris chez les primates. Chez les autres femelles de primates, la fertilité diminue généralement progressivement avec l'âge[88]. Une durée de vie longue après la ménopause pourrait être un avantage sélectif acquis au cours de l'hominisation (c'est l' « hypothèse de la grand-mère »[89]). L'andropause chez l'homme n'est pas l'équivalent de la ménopause chez la femme.
213
+
214
+ Le cycle ovarien dure environ 28 jours et est marqué par les menstruations. Contrairement à la plupart des femelles de primates, la femme ne manifeste pas de chaleurs et la période de meilleure fécondité n'est donc pas directement décelable par les mâles[2],[88]. Cependant, il est avéré que le comportement des femmes, en particulier lors de la recherche d'un partenaire sexuel, est sensiblement différent pendant l'œstrus[90]. L'homme quant à lui serait plus attiré par les femmes en période d'ovulation, en raison de modifications physiques de la femme[91].
215
+
216
+ Bien que le coït reste la principale méthode de fécondation, la femme peut avoir recours à des techniques de procréation médicalement assistée, telles que l'insémination artificielle et la fécondation in vitro, que ce soit dans le cadre de la lutte contre la stérilité, ou pour les femmes célibataires ou en couple homosexuel. Inversement, les êtres humains ont la particularité de pouvoir contrôler et réduire consciemment leur fécondité en empêchant la fécondation lors du coït, par diverses méthodes de contraception. Dans plusieurs endroits du monde, ces pratiques qui tendent à décorréler, de façon unique dans le règne animal, la reproduction de l'activité sexuelle ont un impact drastique sur le taux de fécondité, le rendant inférieur au seuil de renouvellement des générations[92].
217
+
218
+ La gestation est appelée grossesse et dure environ neuf mois. Une femme gravide est dite enceinte[g]. La grossesse est le plus souvent monoembryonnaire, même si une grossesse sur quarante[réf. nécessaire] est gémellaire. La parturition est appelée accouchement.
219
+
220
+ L'accouchement s'effectue le plus souvent dans la douleur du fait des contractions utérines, de la dilatation du col de l'utérus et de la distension périnéale[93]. Les difficultés liées à l'accouchement sont parfois associées à l'antagonisme de deux aspects anatomiques propre à l'être humain : la taille croissante du crâne et l'absence de développement concomitant du bassin des femmes attribué à la station debout[94]. Cette hypothèse, appelée dilemme obstétrique (en), est cependant régulièrement remise en question[95].
221
+
222
+ L'accouchement ne se fait pas toujours par voie basse : le recours à la césarienne, pratiquée depuis l'Antiquité, représente parfois plus de 30 % des naissances dans certains pays développés[96]. Une équipe de scientifiques, observant cet accroissement sur quelques années, a émis l'hypothèse que le recours à la césarienne empêcherait la sélection naturelle et mènerait à une évolution humaine où il y aurait de plus en plus de bébés avec un gros crâne et de mères avec un bassin étroit, ce qui accroitrait à son tour le taux de césariennes. L'hypothèse a été contestée par un paléoanthropologue, qui considère que compte tenu de la disparité des taux de césariennes entre pays avancés et moins avancés, il y a probablement d'autres facteurs biologiques et culturels en jeu. Des obstétriciens ont relevé que l'hypothèse ne prenait pas en compte l'augmentation du nombre de mères obèses ou diabétiques, ni la pression juridique qui conduisait les médecins à prendre de moins en moins de risques lors des accouchements [97],[98].[pertinence contestée] Par ailleurs, l'être humain est capable, à l'aide de dispositifs techniques divers, d'assurer la survie d'un enfant prématuré à partir d'un âge gestationnel d'environ vingt-cinq semaines[99].
223
+
224
+ À la naissance, le bébé est complètement dépendant de sa mère, ce qui constitue une différence notable par rapport aux autres hominidés. La mère peut allaiter son enfant pendant plusieurs années, l'allaitement exclusif couvrant l'intégralité de ses besoins jusqu'à ses 6 mois[100] date à laquelle démarre généralement le début de la diversification alimentaire. Homo sapiens élève généralement sa progéniture au moins jusqu'à la puberté.
225
+
226
+ Les jeunes naissent avec une masse autour de 3 kg, et une taille d'environ 50 à 60 cm, après une gestation de neuf mois. Ils sont totalement dépendants à la naissance, et leur croissance dure plusieurs années. La maturité sexuelle survient entre 12 et 15 ans. La croissance des garçons continue souvent jusque vers 18 ans (la croissance se termine vers 21-25 ans avec la solidification de la clavicule).
227
+
228
+ L'espérance de vie est très dépendante des conditions matérielles et de la disponibilité de soins médicaux[évasif]. L'espérance de vie se situe aujourd'hui autour de 75 ans dans les pays les plus riches, et est inférieure à 50 ans dans les plus pauvres. Des cas isolés de longévité approchent 120 ans, et la personne ayant vécu le plus longtemps dont l'âge a pu être vérifié est la Française Jeanne Calment, qui avait 122 ans et un peu plus de 5 mois le jour de son décès.
229
+
230
+ Même s'il existe des exceptions, Homo sapiens possède depuis au moins cinq milliers d'années une forte tendance à la monogamie sociale, et dans une bien moindre mesure, à la monogamie sexuelle[2],[101],[102]. Les couples forment le plus souvent la base de la structure familiale et sociale, s'établissent dès la puberté et durent en général jusqu'à la mort. Cette tendance s'explique par le très fort investissement que nécessitent la protection et l'éducation des enfants, rendant nécessaire d'un point de vue évolutif la cohésion du couple. Il s'agit là encore d'un caractère distinguant l'Homme des autres Hominidés. L'espèce humaine est principalement une espèce à stratégie de reproduction de type K.
231
+
232
+ Le sexe-ratio moyen à la naissance observé chez l'être humain est entre 100[103] et 105[104], donc une quasi-symétrie avec un très léger excédent de garçons. Ce chiffre suggère que les humains sont donc biologiquement prédisposés à la monogamie[105].
233
+
234
+ Les êtres humains, à l'instar des bonobos[106] ou des chimpanzés[réf. nécessaire], peuvent pratiquer le coït de façon ludique ou sociale, ou avoir des pratiques sexuelles à visée non reproductive, comme la masturbation, la sodomie, la sexualité orale, ou les pratiques homosexuelles. Le coït est souvent la manifestation d'un très fort attachement affectif et émotionnel. Il se déroule en général à l'écart du groupe, c'est-à-dire dans l'intimité. Il est le plus souvent nocturne, fait l'objet de préliminaires[2] et peut s'effectuer selon diverses positions.
235
+
236
+ Avec la bipédie permanente et une modification de la pilosité, les femelles humaines acquièrent trois caractères originaux : le camouflage de l'œstrus (sexe dissimulé par la posture bipède et la pilosité pubienne qui pourrait favoriser la dissémination de phéromones) ; une réceptivité sexuelle constante (à n'importe quel moment de leur cycle menstruel) ; l'érotisation du corps à l'adolescence : développement des parties adipeuses des hanches, développement de seins dont les formes, inhabituelles pour une femelle de primates, auraient évolué en évoquant celles des fesses[88][source insuffisante], courbure de la lordose lombaire et formation d'une taille en violoncelle. Le corps des mâles passe aussi par des modifications en rapport avec les jeux de séduction et d'attachement entre les deux personnes : taille plus grande ; musculature et épaules plus puissantes (corps en trapèze) ; allongement du pénis dépourvu d'os pénien contrairement aux autres primates, notamment le chimpanzé et le gorille, ce qui autorise une variation angulaire de l'érection, utile selon les positions de l'accouplement ; mue de la voix ; développement de la pilosité pubienne et faciale ; testicules de taille relativement moyenne, en relation avec la capacité de répéter des copulations[107].
237
+
238
+ Comme mentionné plus haut, le coït peut être pratiqué à des fins non-reproductives, c'est-à-dire récréatives, hédonistiques ou sociales. Ceci inclut aussi son échange marchand, appelé prostitution.[pertinence contestée]
239
+
240
+ Chez l'humain il n'existe pas à proprement parler de parade nuptiale codifiée, même si certaines pratiques et situations, liées notamment à des activités culturelles telles que la danse et la musique, peuvent s'avérer plus propices que d'autres à la formation de couples. Toutefois, selon l'ethnomusicologue australien Joseph Jordania (en), les origines de la danse et de la musique ne seraient pas liés aux comportements reproductifs mais plutôt aux moyens naturels de défense, et représenteraient une forme d'aposématisme[108]. La séduction est, chez les humains, un processus souvent long et complexe, du fait de l'importance de l'investissement parental.
241
+
242
+ L'émotion est une expérience psychophysiologique complexe de l'état d'esprit d'un individu lorsqu'il réagit aux influences biochimiques (internes) et environnementales (externes). Chez les humains, l'émotion inclut fondamentalement « un comportement physiologique, des comportements expressifs et une conscience »[109]. L'émotion est associée à l'humeur, au tempérament, à la personnalité, à la disposition et à la motivation.
243
+
244
+ Une taxonomie non-définitive des émotions existe. Certaines catégorisations incluent :
245
+
246
+ Il faut distinguer, entre l'émotion et les résultats d'émotions, principalement les expressions et les comportements émotionnels. Chaque individu réagit généralement d'une manière déterminée par son état émotionnel, sa réponse se situant généralement dans l'un des axes combattre – fuir – subir.
247
+
248
+ L'humain est un animal diurne, même s’il peut se tenir éveillé la nuit, ou dormir le jour. Son rythme circadien n'est d'ailleurs pas tout à fait ajusté à la durée du jour[réf. souhaitée].
249
+
250
+ Homo sapiens manifeste une activité culturelle variée, qui se présente notamment sous forme :
251
+
252
+ On admet qu'il existe des cultures simples chez les autres primates actuels (méthode de toilettage, outils à termites…)[110] mais ce n'est qu'au sein de l'espèce humaine que l'on constate une modification de la culture avec un aspect cumulatif, ce qui lui permet d'atteindre un haut niveau de complexité[111].
253
+
254
+ Un aspect important de la culture humaine, qui améliore à la fois sa transmission et son accumulation (mais aussi le dogmatisme), est l'existence de l'écriture.
255
+
256
+ La culture est hétérogène et différencie des groupes d'individus. L'étude de ces groupes appelés peuples et de leurs différentes caractéristiques est l'objet de l'ethnologie.
257
+
258
+ Les premières cultures techniques qui se sont traduites par la confection des premiers outils ou la maîtrise du feu sont bien antérieures à Homo sapiens. Les premiers rites funéraires sûrement liés à des croyances, les premiers objets artistiques ou décoratifs sont attribués à Homo neanderthalensis[112]. En revanche, l'art préhistorique, qu'il soit pariétal, rupestre ou mobilier, et les premières représentations humaines font leur apparition au début du Paléolithique supérieur, chez l'espèce humaine moderne.
259
+
260
+ Comme tous les Hominidés[113], l’Homme manifeste un comportement social complexe et dispose d'aptitudes à la communication telles qu'une expressivité faciale, accentuée chez lui par la mobilité des sourcils qu'offre l'absence de bourrelet sus-orbitaire[114]. Un autre élément notable de l'expressivité faciale chez l'Homme est la forme des yeux. En effet chez l'Homme le blanc de l'œil est ostensiblement visible et permet de suivre aisément la direction du regard. Cette particularité est unique parmi les mammifères, et peut-être même dans tout le règne animal[70].
261
+
262
+ L'Homme est capable de vocaliser un langage articulé complexe, appelé parole, et dont l'usage particulier, appelé langue[h], se transmet de façon culturelle[115]. Les vocalisations et l’acquisition du langage sont liés à la protéine FOXP2, qui semble être plus abondante dans le cerveau des femmes, ce qui pourrait expliquer une maîtrise du langage plus rapide chez les petites filles[116]. À un degré bien moindre que l'articulation, le langage implique parfois l'usage de clics.
263
+
264
+ L’Homme manifeste aussi un réflexe respiratoire et nerveux, appelé rire, qui permet d’exprimer la joie ou l’incongruité d’une situation. Le rire semble inné et propre à l’espèce, mais il existerait néanmoins sous une forme moins accentuée chez d’autres primates et même chez les rats. Le rire est doté d’un pouvoir communicatif et peut faire office de signal d’apaisement dans une situation éventuellement conflictuelle.
265
+
266
+ Le rire possède une version atténuée se limitant à une expression faciale, appelée sourire, qui semble ne pas avoir d'équivalent non plus chez les autres Hominidés à l'exception peut-être du chimpanzé[réf. nécessaire]. Contrairement au rire (qui peut tout de même être simulé), le sourire peut être déclenché de façon consciente[2], ce qui lui fait jouer un rôle particulier dans les conventions sociales : le sourire est dans certaines cultures un élément de salutation requis par la politesse[117].
267
+
268
+ Une autre réponse émotionnelle propre à l'espèce peut aussi être observée, en particulier chez les individus jeunes : le pleur. Le caractère unique du pleur chez l'être humain est toutefois disputé.
269
+
270
+ Les humains, pour qui le nombre de Dunbar est estimé à 150, forment des sociétés complexes et souvent hiérarchisées, dont le fonctionnement est essentiellement basé sur une répartition des activités qui peut prendre la forme de la division du travail. Au sein de ces sociétés, chaque individu peut avoir des moyens de subsistance extrêmement variés, qui dépendent du type de société dont il s’agit, et de la position hiérarchique qu’il y occupe[118]. Ces sociétés s'affrontent souvent dans des conflits appelés guerres, le plus souvent liés au partage des ressources, à la religion ou à l'occupation territoriale. Selon le professeur David Carrier de l'université de l'Utah, le rôle de la violence dans l'évolution humaine serait suffisant pour être visible dans l'anatomie, notamment en ce qui concerne la forme et la biomécanique des mains[119]. Selon une étude anthropologique dont les résultats ont été publiés en 2013[120], la guerre est rare parmi les peuples nomades de type chasseurs-cueilleurs, et serait surtout présente chez les peuples sédentarisés pratiquant l'agriculture.
271
+
272
+ Bien que les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques soient attribuables à l'Homme de Néandertal et datent du Paléolithique moyen, les plus anciennes représentations humaines sont le fait d’Homo sapiens et peuvent être datées du Paléolithique supérieur (vers 40 000 à 10 000 ans BP). Ainsi à l'Aurignacien (vers 40 000 à 28 000 ans BP), premier faciès culturel attribué à l'Homme en Europe, sont associées les statuettes des grottes de Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohlenstein-Stadel qui restituent des figures en ronde bosse représentant des mammouths, des félins, des ours, des chevaux et des hommes. Dans l'art pariétal, la représentation de vulves féminines et d'individus mi-homme mi-animal est attestée, comme à la grotte Chauvet[121]. Au Gravettien (29 000 à 22 000 ans BP) sont sculptées des figures féminines dites « Vénus paléolithiques ». Au Magdalénien (19 000 à 10 000 ans BP), les représentations humaines sur paroi ou sur objet se font plus fréquentes.
273
+
274
+ La Vénus de Willendorf.
275
+
276
+ La Vénus de Lespugue.
277
+
278
+ Main négative sur une paroi de la Grotte du Pech Merle, datée de 25 000 ans.
279
+
280
+ Certains aspects de la culture humaine, notamment la médecine, et les connaissances scientifiques et techniques, influencent les processus biologiques et reproductifs, et ont un impact sur l'espérance de vie ou la fécondité, et sur la démographie[122].
281
+
282
+ Par sa capacité à maîtriser des techniques lui permettant d'affronter des conditions climatiques difficiles, Homo sapiens prospère sous toutes les latitudes et sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique.
283
+
284
+ Il a tendance à se regrouper à l'intérieur de villes et de grandes cités atteignant parfois plusieurs millions d'habitants, souvent situées sur une côte ou sur un fleuve. Ailleurs, il occupe l'espace indirectement, notamment par son activité agricole, qui façonne le paysage et influe fortement sur les écosystèmes.
285
+
286
+ La population humaine est estimée à près de 7,5 milliards d'individus en 2017[123]. Les perspectives démographiques pour le siècle à venir sont incertaines. Compte tenu des incertitudes concernant l'évolution du comportement reproductif des individus, on ignore à quel niveau la population humaine pourrait se stabiliser, ni même si elle se stabilisera. En effet, il est difficile de prévoir si le taux de fécondité au niveau mondial va baisser sous les 2 enfants par femme, ou s'il se stabilisera au-dessus du seuil de remplacement (2,1 enfants par femme), et si le taux de mortalité mondial va continuer de baisser au même rythme que jusqu'à présent.
287
+
288
+ L'Organisation des Nations unies s'attend à ce que la population mondiale atteigne un pic aux alentours de 11 milliards d'individus en 2100[123]. Cette projection suppose que le taux de fécondité au niveau mondial descende en dessous de deux enfants par femme bien avant 2100. L'éventualité d'un crash démographique est envisagée par certains démographes[92],[124], tandis qu'un modèle mathématique conçu en 2013 à partir des données démographiques recueillies de 1950 à 2010 suggère que l'effectif humain mondial pourrait se stabiliser aux alentours de l'an 2050[125].
289
+
290
+ Homo sapiens exerce un impact important sur son environnement, surtout depuis l'époque moderne, parfois appelée anthropocène, essentiellement du fait de ses activités agricoles et industrielles. Cet impact se traduit en particulier par un phénomène d'extinction d'espèces considéré depuis peu comme la sixième extinction massive, parfois appelée crise anthropique[126].
291
+
292
+ Dans certaines régions du monde, cet impact est ancien ; par exemple, la déforestation de la Chine a été entamée il y a 8 000 ans environ. On a longtemps pensé que l’extension de l’agriculture en Afrique centrale avait été rendue possible uniquement par un recul naturel de la forêt tropicale humide primaire qui serait dû à des périodes de sécheresses sévères, longues qui se seraient succédé il y a 3 000 ans environ[127]. Mais l'analyse[128] des sédiments anciens déposés par le fleuve Congo, qui offrent un enregistrement continu du Climat d'Afrique centrale pour les 40 000 dernières années, réalisée par des géochimistes, montre que la responsabilité humaine pourrait être au moins en grande partie à l’origine de la relativement brusque disparition de forêts tropicales d'Afrique centrale (il y a 3 000 ans environ), via une déforestation active qui a augmenté l’érosion, intensifié les intempéries et asséché cette partie de l’Afrique[127].
293
+
294
+ Les carottages de sédiments fournissent des données montrant des modifications des précipitations normalement corrélées aux flux de sédiments pour la période de -20 000 à -3 500 ans, mais depuis près de 3 000 ans, on observe « un découplage total » entre précipitations et érosion, montrant que dans ce cas « le climat ne peut pas être le seul facteur expliquant la déforestation ». L’équipe de Germain Bayon, géochimiste à l’Institut de recherche Français d’exploration de la mer à Plouzané, suggère que les ancêtres des actuelles ethnies bantous de l'actuel Nigeria et Cameroun, connus pour avoir entamé des migrations en l'Afrique il y a environ 4 000 ans, ont eu « un impact significatif sur la forêt tropicale » en déforestant pour l’agriculture et pour les forges permettant la métallurgie du fer.
295
+
296
+ En 2012, de nombreux paléobotanistes[129] peinent encore à croire que les outils disponibles à l’époque aient pu permettre aux premiers bantous de la région d’abattre assez d’arbres pour causer des érosions de cette importance, plus graves que ceux produits par les abattis avec culture sur brûlis actuellement selon Katharina Neumann[129]. D'autres[130], estiment aussi qu'un réchauffement climatique a plutôt été en grande partie responsable de la perte de la forêt tropicale d'Afrique centrale, mais que les premiers bantous ont effectivement pu exacerber un recul des forêts induit par un réchauffement[127]. Bayon estime lui-même que ces données ne contredisent pas les théories existantes, mais illustrent « combien la combinaison de la culture et le climat peuvent affecter l'environnement. Les êtres humains peuvent avoir un impact énorme sur les processus naturels »[127]. Pour David Harris[131], l'étude pose par contre des questions importantes concernant les impacts climatiques de la déforestation et d'autres activités humaines susceptibles d'exacerber les effets d’un changement climatique, « qui devraient nous inciter à plus de vigilance quant aux impacts contemporains de l'exploitation forestière, des transports modernes, des groupes déplacés par les conflits, et des marchés modernes pour l'alimentation et les produits forestiers »[127]. L'Homme semble aussi en zone tempérée responsable en Eurasie et Amérique du Nord de l'extinction de presque toutes les espèces de la grande faune et mégafaune qui avait survécu à trois glaciations. La déforestation, qui a tendance à provoquer la réduction voire la destruction du milieu de vie de nombreuses autres espèces (animales, végétales, fongiques, terrestres et aquatiques), est une pratique ancienne en zone tempérée de l'hémisphère nord, mais récente et très rapide au niveau des forêts tropicales et humides telles que celles d'Amérique du Sud et d'Indonésie et d'Afrique (Bassin du Congo par exemple). La disparition accélérée de groupes entiers d'espèces animales, végétales et fongiques qui en découle, est parfois qualifiée d'« extinction de l'holocène » ou de « 6e extinction ».
297
+
298
+ L'agriculture intensive fait un usage important d'engrais, de pesticides et de désherbants chimiques, dont l'innocuité sur la qualité des sols ne fait pas l'unanimité.
299
+
300
+ Un autre aspect important de l'impact de l'Homme sur l'environnement est le fait qu'il transporte avec lui de nombreuses espèces domestiques ou synanthropes. Cela fait de lui un important vecteur d'échanges biotiques intercontinentaux. Un exemple très significatif d'un tel échange est l'échange colombien, déjà évoqué.
301
+
302
+ Outre sa capacité à faire disparaître des espèces, l'Homme influe aussi sur l'évolution d'un bon nombre d'entre elles, notamment du fait de la domestication. De façon plus directe encore, il est aussi capable de modifier le génome de certaines espèces en ayant recours pour cela non pas à la sélection artificielle, mais à une manipulation directe du noyau des cellules germinales, par diverses techniques dite de génie génétique. Ces techniques peuvent consister notamment à prélever des gènes chez une espèce et à les introduire dans le génome d'une espèce qui peut être d'un taxon complètement différent : par exemple le gène de synthèse de la soie d'une arachnide implanté dans le génome d'une espèce de caprin[132], ou encore un gène bactérien implanté dans le génome du maïs pour lui permettre de résister au glyphosate[133]. Cette pratique appelée transgénèse fait de l'espèce humaine un pont permettant la recombinaison génétique entre des lignées évolutives séparées depuis plusieurs ères géologiques, ou même plusieurs éons.
303
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+ Au début du XXIe siècle, une espèce de type bactérien, dont le génome a été entièrement conçu par ordinateur, a été créée pour la première fois[134]. On ignore à l'heure actuelle quel pourrait être l'impact de ces productions humaines sur l'environnement à long terme, mais d'ores et déjà l'apparition de ces espèces, par un processus qui ne relève pas de la théorie synthétique de l'évolution, constitue un évènement sans précédent dans l'histoire de la vie sur Terre. La mise au point récente des techniques dites de forçage génétique constitue aussi un jalon remarquable car il permet à des gènes d'être transmis par reproduction sexuée sans pour autant respecter les lois de Mendel.
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+ L'activité humaine produit aussi annuellement environ vingt milliards de tonnes de dioxyde de carbone par l'utilisation de combustibles fossiles comme source primaire d'énergie, ce qui fait de l'espèce humaine le premier facteur biotique de production de ce gaz. Les quantités dégagées restent significatives même par rapport aux facteurs de production abiotiques tels que le volcanisme. Cette production a entraîné une augmentation sensible de la quantité de CO2 dans l'atmosphère. Le dioxyde de carbone étant un gaz à effet de serre, ces taux élevés dans l'atmosphère sont considérés comme l'un des facteurs prépondérants pour expliquer le réchauffement climatique.
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+ Compte tenu aussi bien de l'évolution rapide de son effectif que des changements perpétuels de ses différents modes de vie, il apparaît que l'espèce humaine est une forme de vie actuellement instable, de telle sorte que son avenir à moyen et long terme est tout à fait incertain.
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+ Cependant, étant donnée l'influence considérable qu'ont les connaissances techniques sur l'organisation des sociétés humaines, il existe plusieurs courants intellectuels extrapolant l'évolution de ces connaissances techniques dans le temps pour tenter de prévoir le futur de l'espèce humaine. Il s'agit soit d'une démarche artistique, à travers essentiellement un courant littéraire appelé science-fiction, soit d'une démarche qui se veut plus scientifique, appelée futurologie.
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+ Un thème fréquent est notamment l'idée que la capacité humaine à utiliser des moyens techniques pour augmenter sa mobilité spatiale, devrait in fine l'amener à s'affranchir de l'attraction terrestre et donc à se rendre et peut-être même s'installer à proximité immédiate d'autres objets du système solaire ou même au-delà. Il s'agit du projet, au moins partiellement entamé, d'exploration spatiale.
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+ D'autres approches semblent focaliser plus sur les aspects destructifs ou délétères de la technologie, et en concluent soit l'extinction prochaine de l'espèce humaine, soit une nette dégradation de son effectif et de ses conditions de vie. Ce type de scénario fait l'objet notamment de ce qu'on appelle la science-fiction post-apocalyptique, apparue en particulier à la suite de la création par l'Homme d'engins de destruction utilisant l'énergie nucléaire. Un autre type de scénario s'appuie sur la capacité de l'être humain à subvenir à tous ses besoins matériels, combinée à sa récente explosion démographique. Il est alors avancé, en s'appuyant en particulier sur des expérimentations animales réalisées par John B. Calhoun, que l'esp��ce humaine pourrait subir une forme de surpopulation conduisant in fine à son extinction, non pas en raison de l'épuisement de ses ressources naturelles, mais plutôt en raison de l'apparition de cloaques comportementaux et de la concomitante disparition des schémas de comportements nécessaires à la perpétuation de l'espèce[135]. D'autres approches concluent en l'extinction prochaine de l'espèce humaine à partir de raisonnements logiques ou philosophiques, par exemple avec l'argument de l'Apocalypse, ou avec le Grand filtre, vu en tant que résolution du paradoxe de Fermi.
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+ Enfin, un point de vue plus récent s'appuie sur le constat empirique du rythme de l'évolution de la capacité de calcul des machines construites par l'Homme. Cette évolution semble en effet suivre une progression géométrique, selon la loi dite de Moore. L'extrapolation de cette loi suggère qu'au cours du vingt-et-unième siècle, l'humanité atteindra un seuil, appelé singularité technologique, à partir duquel les machines qu'elle produit seront plus aptes à comprendre le monde que ne le sont les cerveaux humains. Dès lors, il est avancé que le développement scientifique et technique échappera à la compréhension humaine et empruntera une voie qu'il est par définition impossible d'appréhender. Ces considérations sont parfois accompagnées de spéculations sur la capacité future de l'Homme à modifier son organisme par des procédés techniques divers incluant une modification ou une réécriture complète de son génome, ce qui constituerait une forme d'eugénisme. Le mouvement culturel qui étudie et parfois promeut ce type de perspective est le transhumanisme.
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+ Annie Cordy, née Léonie Cooreman le 16 juin 1928 à Laeken (Bruxelles-ville), est une chanteuse, meneuse de revue et actrice belge.
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+ Artiste prolifique, elle a enregistré plus de 700 chansons au style enjoué et festif, joué dans une vingtaine de comédies musicales et d'opérettes, une quarantaine de films, une trentaine de séries et téléfilms, une dizaine de pièces de théâtre, donné près de 10 000 galas. Très énergique et toujours de bonne humeur lors de ses apparitions en public, elle vante les mérites du sourire, même s'il lui arrive d'incarner des rôles plus graves au cinéma ou pour des fictions à la télévision.
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+ Anoblie par le roi des Belges Albert II qui l'a faite baronne en 2004, elle choisit pour devise La passion fait la force.
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+ Son père menuisier s'appelait Jan Cornelius Cooreman. Sa mère Maria de Leeuw a donné à sa fille le goût des chansons en lui faisant écouter la TSF. Elle a un frère aîné, Louis, et une sœur, Jeanne[1].
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+ À huit ans, comme elle est de constitution fragile, sa mère l'inscrit à un cours de danse. Elle apprend le piano et le solfège, tout en poursuivant ses études, puis participe à des galas de bienfaisance. Entre les numéros dansés, elle chante les succès du moment. Très vite, tout s'enchaîne : radio-crochets, concours… Aussitôt remarquée par le directeur artistique du Lido qui réussit à la convaincre de quitter Bruxelles, sa ville natale, Annie Cordy débarque à Paris le 1er mai 1950, engagée comme meneuse de revue.
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+ Elle débute à Bruxelles au Bœuf sur le toit, puis débarque à Paris, où elle rencontre François-Henri Bruno, qui devient à la fois son époux et son impresario. Annie mène ensuite diverses revues au Lido et à l’ABC. Elle accompagne également la caravane du Tour de France.
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+ En 1952, elle commence à montrer les autres facettes de son talent : elle signe un contrat avec Pathé-Marconi, obtient à Deauville le Prix Maurice Chevalier, et est engagée pour La Route fleurie avec Georges Guétary et Bourvil. Tout en continuant l'opérette, Annie Cordy enregistre ses premiers succès — Les trois bandits de Napoli, Bonbons Caramels, Fleur de papillon, Léon, La tantina de Burgos, La ballade de Davy Crockett, etc. — qui l'imposent définitivement. Elle apparaît également au grand écran dans Si Versailles m'était conté... de Sacha Guitry (1953), Poisson d'avril avec Bourvil et Louis de Funès (1954) et Bonjour sourire avec Henri Salvador (1955). La même année, elle passe en vedette à l'Olympia et à Bobino, et reçoit le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros pour la chanson Oh Bessie ! Le 18 avril 1956, elle chante pour les fiançailles de Grace Kelly et du prince Rainier III de Monaco.
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+ Après le succès au cinéma du Chanteur de Mexico avec Luis Mariano et Bourvil, c'est l'Amérique qui l'accueille : le Plazza à New York, le Copacabana à Rio de Janeiro, puis Cuba, Mexico ou encore Porto Rico. Un contrat pour une grande comédie musicale lui est alors proposé aux États-Unis, mais son manager et mari n'appréciant pas l'Amérique, elle abandonne une carrière internationale prometteuse.
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+ En 1957, elle commence une nouvelle opérette, Tête de Linotte, avant de retrouver Luis Mariano dans Visa pour l'Amour (de 1961 à 1964), et Bourvil dans Ouah ! Ouah ! (1965). Avec Darry Cowl comme compositeur et partenaire, elle crée Pic et Pioche en 1967 et en compagnie de Pierre Doris, Indien vaut mieux que deux tu l'auras.
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+ En 1964, elle retrouve la scène de Bobino pour une rentrée parisienne. En février 1965, sur les conseils de Maurice Chevalier, elle présente aux Parisiens un véritable « Show », où chaque chanson donne lieu à une mise en scène, à des ballets et à des costumes : Annie Cordy en deux actes et 32 tableaux. Un an plus tard, elle enchaîne sur une tournée internationale qui la mène de Berlin à Madrid, en passant par Moscou – où elle retournera pour dix-neuf concerts l'année suivante.
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+
23
+ En 1972, elle crée la version française de Hello, Dolly !, ce qui lui vaut l'Award de la meilleure show-woman européenne, triomphant avec Nini la Chance (1976) et Envoyez la musique ! (1982). Elle connaît le succès également au théâtre, en interprétant Madame Sans Gêne et Madame de Sévigné. En 1994, son interprétation de la Célestine consacre définitivement son talent dramatique.
24
+
25
+ Malgré une vive présence au devant de la scène théâtrale, elle continue d'enregistrer des chansons qui rencontrent le succès auprès du public : Cigarettes, Whisky et P'tites Pépées (1957), Hello le soleil brille (no 1 durant 26 semaines en 1958[2]), Nick nack paddy whack (1959), Salade de fruits (1959), Un clair de lune à Maubeuge (1962), Six roses (1964), Le p'tit coup de chance (1965), T'as vu Monte Carlo (1969), Hello, Dolly! (1972), La Bonne du curé (plus d'un million de disques vendus[3] en 1974), Frida oum papa (1975), La bébête (1976), Ça ira mieux demain (1976), Nini la chance (1976), Le Kazou (1979), Señorita Raspa (1980), Tata Yoyo (1981), Cho Ka Ka O (1985) ainsi que Les Enfants de la Terre (1998).
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+ Elle enchaîne ainsi les galas à un rythme effréné, en ayant effectué près de 10 000 et ayant enregistré plus de 700 chansons. Lors d'une interview, elle révèle que, en comptant les reprises, les hommages sur les plateaux TV et bien sûr les enregistrements, elle a chanté près de 2 000 chansons.
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+ En 1969, Annie Cordy tourne Le Passager de la pluie sous la direction de René Clément, où elle dévoile un talent dramatique, qui sera confirmé dans Le Chat (1971) aux côtés de Jean Gabin et Simone Signoret, mais aussi dans Rue Haute (Award de la meilleure comédienne en 1976) et Un été après l'autre (1989).
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31
+ Elle apparaît également dans plusieurs films populaires, tels que Elle court, elle court la banlieue (1973), La Vengeance d'une blonde (1994), Madame Édouard (2004), Disco (2008) et Le crime est notre affaire (2008), et effectue le doublage voix dans des dessins animés tels que Pocahontas (1995) et Frère des ours (2003).
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+ Au total, 19 de ces films ont dépassé le million d'entrées en France[4].
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+ Elle tourne dans une quarantaine de films tout au long de sa carrière, qu'elle consacre à plein temps dès les années 2010.
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+ En 1981, elle devient la première héroïne récurrente dans une série télévisée en interprétant Madame S.O.S., et tient le rôle principal dans plusieurs autres téléfilms au cours de la décennie. Dans les années 1990, elle tourne aux côtés de Charles Aznavour dans Baldipata, Sans Cérémonie, Baldi et Tini et Passage du Bac.
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+
38
+ En 2003 et 2005, elle tourne dans les séries Fabien Cosma et Le Tuteur avec Roland Magdane.
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+
40
+ En 2012, elle joue dans le prime-time de Scènes de ménages, dans lequel elle incarne le rôle de la grand-mère de Marion (Audrey Lamy). Fin 2013, elle joue dans un épisode de la série de France 2 Y'a pas d'âge avec Jérôme Commandeur, ainsi que dans la série Chefs.
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+
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+ Durant sa carrière, elle tourne dans une trentaine de séries télévisées et téléfilms.
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+
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+ Durant les années 70 et 80, elle est l'une des invités les plus récurrentes des plateaux télés, comme ceux des Carpentier, de Danièle Gilbert ou de Michel Drucker.
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+
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+ Dans ces émissions, elle aura fait des duos avec la majorité des stars de l'époque, tels que Sacha Distel, Dalida, Petula ClarkSheila, Jacques Dutronc, Danièle Gilbert, Mireille Mathieu, Claude François, Julio Iglesias, Enrico Macias, Michel Drucker, Charles Aznavour, etc.
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+
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+ Elle a été de nombreuses fois invitée du Gala de l'union des artistes, comme en 1953, 1959, 1970 ou 1981. Également, elle chante lors de la soirée électorale de 1969, ainsi que celle de 1974.
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+ Elle anime et participe en tant qu'artiste, en février et mars 1971, à l'émission de variétés Annie sur la 2, diffusée sur la seconde chaîne de l'ORTF (ORTF 2).
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+ En 1977 et 1978, elle présente Chansons à la carte pour la RTBF.
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54
+ Pendant l'été 1985, elle présente quelques numéros du jeu Anagram sur TF1[5].
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+ En 2000, elle participe au concert des Enfoirés, retransmis sur France 2, où elle chante notamment Une belle histoire avec Alain Souchon et Francis Cabrel.
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+ En 2006, Annie Cordy est la voix off de Moi, Belgique, une série de documentaires sur l'histoire de la Belgique diffusée en première partie de soirée sur la RTBF.
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+ Elle continue d'être régulièrement invitée des plateaux télés, comme La Méthode Cauet, Tous Ensemble, les Enfants de la télé sur TF1, C'est au programme, les Années Bonheur, le Plus grand cabaret du monde, Vivement Dimanche sur France 2, Les Grands du Rire, Chabada, Les Chansons d'abord, Questions pour un champion (spéciale idoles) sur France 3, C à vous sur France 5, le Morning Live sur M6 ou encore Touche pas à mon poste sur D8.
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+ Elle est également souvent invitée pour des émissions hommages, notamment aux Carpentier ou à Dalida, en 2012 sur France 3.
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+ En octobre 2010, France 3 lui consacre une émission en prime-time, Tous vos amis sont là, présentée par Stéphane Bern, avec de nombreux invités.
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+ En janvier 2015, c'est France 2 qui lui consacre un prime-time, toujours présenté par Stéphane Bern, C'est votre vie !.
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+ Durant sa carrière, Annie Cordy a prêté son image à plusieurs marques pour de la publicité. Les canapés-lits Beka sont les premiers à faire appel à elle[6]. En 1958, elle devient ambassadrice de la bière à table, notamment avec la Triple Piedboeuf, où un livret est même édité.
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+ L'une de ses principales publicités est celle pour les parapluies Aka, en 1960, accompagnée de la chanson Mon chouette pépin[7].
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+ Dans les années 1970, elle réitère la publicité pour les bières, avec cette fois-ci la Geuze Bellevue. En 1975, elle prête son image aux robots ménagers STECA.
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+ Le 9 février 1989, Annie Cordy perd son mari François-Henri Bruno[8]. Le début des années 1990 s'annonce difficile, mais la chanteuse retrouvera le sourire par le travail et la scène.
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76
+ En 1998, elle fête son 70e anniversaire et ses 50 ans de carrière sur la scène de l'Olympia, et publie ses mémoires sous le titre Nini la Chance. Elle effectue plusieurs apparitions remarquées à la télévision, notamment avec Michaël Youn dans Morning Live sur M6, où elle chante Stach Stach avec les Bratisla Boys, et dans un sketch de l'émission des Frères Taloche.
77
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78
+ Au début des années 2000, elle revient dans le domaine de la publicité en devenant l'égérie des produits à l'eau de javel La Croix, dans un spot publicitaire[9].
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80
+ Elle repart en 2003 sur les routes avec son spectacle Que du bonheur !, qui connaît un grand succès durant trois années, puis entame deux nouvelles pièces de théâtre, Lily et Lily (2006) et Laissez-moi sortir[10] (2009) avec lesquelles elle part en tournée.
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+ À partir de 2008, elle participe avec d'autres chanteurs des années 1960 à 1980 aux saisons 3, 6 et 8 de la tournée Âge tendre et tête de bois.
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+ En novembre 2011, elle participe à l'album de Thierry Gali Il était une fois, en soutien de l'action de l'Unicef[11], ainsi que, un an plus tard, au single caritatif Je reprends ma route en faveur de l'association Les Voix de l'enfant[12].
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+ Son dernier album de chansons originales paraît en novembre 2012 : Ça me plaît… Pourvu que ça vous plaise[13], suivi d'une tournée en 2013 : Cordy et ses Gus[14].
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+ Le 17 novembre 2014, est publié un album composé de chansons de Noël, Annie Cordy chante Noël. Elle cessera par la suite de publier des disques. La même année, elle enregistre le titre Histoire d'amours, pour l'association Le Refuge, qui a créé un collectif de 200 artistes, Les Funambules.
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+ Le 14 janvier 2015 sort le film Les Souvenirs, de Jean-Paul Rouve, où Annie Cordy tient le rôle principal, aux côtés de Mathieu Spinosi, Michel Blanc, Chantal Lauby et Audrey Lamy. Les critiques sont unanimes pour souligner la performance de la chanteuse[15]. Elle apparaît dans beaucoup d'émissions à l'occasion de la sortie du film et de ses 70 ans de carrière. France 2 lui consacre un prime-time, C'est votre vie !, présenté par Stéphane Bern. Le 16 mars sort l'album Joyeux anniversaire M'sieur Dutronc, un album hommage à Jacques Dutronc y participe notamment Annie Cordy. Elle enregistre la même année, en duo avec Cyrille Gallais, une reprise de L'Indifférence de Gilbert Bécaud, ainsi qu'un duo avec Michou intitulé 85 % d'amour et 60 ans de cabaret à l'occasion du 85e anniversaire et des 60 ans du cabaret de ce dernier. Elle tourne également le film Le Cancre, de et avec Paul Vecchiali, Catherine Deneuve et Mathieu Amalric, projeté au festival de Cannes.
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+ Le 18 mai 2016, pour la première fois, elle monte les marches du Festival de Cannes pour un film dans lequel elle joue, à l'occasion de la projection du film Le Cancre, aux côtés de Paul Vecchiali, Catherine Deneuve et Mathieu Amalric.
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94
+ Le 4 juillet 2018, elle apparaît dans le film Tamara Vol.2, et un téléfilm pour France 3 : Illettré[16].
95
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96
+ Le 8 juillet 2018, inauguration du parc Annie Cordy[17]. Le parc est attenant à l'ancienne gare de Laeken dans la section du même nom de la ville de Bruxelles[17].
97
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98
+ En 2019, à 91 ans, Annie Cordy reçoit le prix d'interprétation au festival international Entr'2 Marches organisé parallèlement au Festival de Cannes pour sa performance dans le court-métrage Les Jouvencelles de Delphine Corrard[18],[19].
99
+
100
+ En 1951, elle rencontre celui qui deviendra son mari et manager, François-Henri Bruno (1911-1989)[20], qu'elle épousera le 3 février 1958, à la mairie de Bièvres, où ils habiteront, dès avril 1960, dans leur grande maison « La Roseraie ».
101
+
102
+ Annie Cordy a reçu le 11 octobre 2004, des mains du roi des Belges, Albert II, les lettres patentes accordant à Léonie Cooreman « concession de noblesse personnelle avec le titre personnel de baronne ».
103
+
104
+ Ses armoiries dessinées par Fernand Brose[21], se blasonnent ainsi : Écu en losange de gueules chargé d'un épi de blé d'or feuillé de deux pièces, accompagné de deux masques de la commedia dell'arte, celui à dextre riant posé en bande, et celui à senestre pleurant posé en barre. L'écu sommé d'une couronne de baronne et supporté par deux lions d'or lampassés de gueules. Devise : « LA PASSION FAIT LA FORCE », en lettres d'or sur un listel de sable[22].
105
+
106
+ Selon l'artiste, l'épi de blé représente son père (coor signifiant « blé » en flamand), les lions représentent sa mère (leeuw signifiant « lion » en flamand) et sont au nombre de deux, car c'était une femme très énergique. Enfin, les masques de la commedia dell'arte représentent son métier d'artiste[1].
107
+
108
+ Belgique
109
+
110
+ France
111
+
112
+ Ses chansons les plus célèbres révèlent souvent son caractère fantaisiste : elle a enregistré plus de 700 chansons à ce jour et obtenu douze Disques d'or.
113
+
114
+ Narration de l'adaptation en livre-disque des Aventures de Bernard et Bianca.
115
+
116
+ Duos d'Annie Cordy avec d'autres artistes lors d'émissions, de concerts ou de festivals. Liste non exhaustive.
117
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+ Gianni Nazzaro, Yves Lecoq
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+ Pour certains duos, les dates ne sont pas identifiées :
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+ La plupart de ces duos ont été créés lors des émissions des Carpentier, dont :
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+ Homme moderne, Homme, humain, être humain
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+ Espèce
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+ Statut de conservation UICN
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+ LC  : Préoccupation mineure
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+ Répartition géographique
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+
13
+ Homo sapiens, plus communément appelé « Homme moderne », « Homme », « Humain », ou « Être humain », est une espèce de primates originaire d'Afrique qui s'est aujourd'hui répandue et naturalisée sur l'ensemble de la planète hormis l'Antarctique. Il appartient à la famille des hominidés et est le seul représentant actuel du genre Homo, les autres espèces étant éteintes. Les plus anciens fossiles connus de cette espèce sont datés d'environ 300 000 ans[1].
14
+
15
+ Parmi les hominidés actuels, il se distingue du point de vue physiologique par un mode locomoteur au sol exclusivement bipède, son cerveau plus volumineux et sa pilosité moins développée[2]. Il faut ajouter à ces critères, l’existence d’une ménopause chez la femme, rare chez les autres hominidés.
16
+
17
+ Du point de vue de l'éthologie, et par rapport au reste du règne animal, l'Homo sapiens se distingue par la complexité de ses relations sociales, l'utilisation d'un langage articulé élaboré transmis par l'apprentissage, la fabrication d'outils, le port de vêtements, la maîtrise du feu, la domestication de nombreuses espèces végétales et animales, ainsi que l'aptitude de son système cognitif à l'abstraction, à l'introspection et à la spiritualité. Certaines de ces caractéristiques étaient partagées par d'autres espèces du genre Homo.
18
+
19
+ Plus généralement, il se distingue de toute autre espèce animale par l'abondance et la sophistication de ses réalisations techniques et artistiques, l'importance de l'apprentissage et de l'apport culturel dans le développement de l'individu, mais aussi par l'ampleur des transformations qu'il opère sur les écosystèmes[a].
20
+
21
+ La science qui étudie les humains actuels sous tous leurs aspects est l'anthropologie. Celle qui étudie son évolution est la paléoanthropologie.
22
+
23
+ L'espèce Homo sapiens fut décrite par Carl von Linné en 1758 dans la 10e édition de son ouvrage Systema naturae[3]. Deux siècles plus tard, William Thomas Stearn désigna Linné lui-même comme lectotype de l'espèce[b],[3].
24
+
25
+ Le mot français « Homme » est une évolution du latin hominem, accusatif de homo (être humain), et peut faire référence à l'espèce Homo sapiens dans son ensemble (le nominatif homo a donné en français le pronom indéfini on[4]). Sapiens est un adjectif latin signifiant « intelligent, sage, raisonnable, prudent », adjectif issu du gérondif du verbe sapio signifiant « avoir du goût, de la saveur, du jugement ».
26
+
27
+ Homo sapiens est aussi appelé « Homme », « Homme moderne », « humain » ou encore « être humain ». Le mot « homme » désigne aussi le mâle adulte, plus prosaïquement qualifié d'individu de genre masculin. Le terme « femme » pour sa part désigne la femelle adulte. Les termes « garçon » et « fille » désignent respectivement le mâle et la femelle à leur stade infantile ou pubère. « Fils » et « fille » renvoient indifféremment à l'individu jeune ou adulte lorsque l'accent est mis sur la filiation.
28
+
29
+ On emploie aussi le terme « Humanité », au singulier et avec une majuscule, pour désigner l'espèce humaine dans son ensemble.
30
+
31
+ Dans le dernier quart du XXe siècle, l'espèce Homo sapiens a parfois été subdivisée en deux sous-espèces, l'Homme moderne dit Homo sapiens sapiens et l'Homme de Néandertal dit Homo sapiens neanderthalensis. Le consensus actuel classe à nouveau les deux groupes humains dans deux espèces séparées, l'Homme de Néandertal étant désormais dit Homo neanderthalensis[5], ce qui rend inutile le recours à une dénomination trinominale pour Homo sapiens[6]. Si à l'avenir une véritable sous-espèce d'Homo sapiens est découverte, l'Homme moderne pourra retrouver une dénomination trinominale (avec ou non sapiens comme troisième terme).
32
+
33
+ Homo sapiens fait partie, comme toute autre espèce du vivant, de plusieurs groupes emboîtés en cascade, dont chacun est caractérisé par un ou plusieurs caractères dérivés, qui s'ajoutent ou remplacent des caractères ancestraux.
34
+
35
+ Dans la classe des mammifères, l'espèce Homo sapiens fait partie des[7] :
36
+
37
+ Phylogénie des familles de singes, d'après Perelman et al. (2011)[8] et Springer et al. (2012)[9] :
38
+
39
+ Cercopithecidae (Babouin, Macaque, Colobe…)
40
+
41
+ Hylobatidae (Gibbon)
42
+
43
+ Hominidae (Orang-outan, Gorille, Chimpanzé et Homme)
44
+
45
+ Cebidae (Sapajou, Singes-écureuil, Ouistiti, Tamarin…)
46
+
47
+ Pitheciidae (Saki, Ouakari, Titi…)
48
+
49
+ Atelidae (Atèle, Singe-hurleur…)
50
+
51
+ Phylogénie des genres actuels d'hominidés, d'après Shoshani et al. (1996)[10] et Springer et al. (2012)[11] :
52
+
53
+ Pongo (Orang-outan)
54
+
55
+ Gorilla (Gorille)
56
+
57
+ Pan (Chimpanzé)
58
+
59
+ Homo (Homme)
60
+
61
+ Les grands singes génétiquement les plus proches de l'Homme moderne sont les deux espèces de Chimpanzé : Pan troglodytes (le Chimpanzé commun) et Pan paniscus (le Bonobo). Le génome de l'Homme moderne (d'une longueur approximative de 3,2 milliards de paires de nucléotides) ne diffère que de 1,2 % de celui des chimpanzés[12],[c],[13] (soit quand même 38,4 millions de paires de nucléotides).
62
+
63
+ Selon la plupart des paléoanthropologues, la divergence entre Hominina et Panina (lignée des chimpanzés) remonterait à au moins 7 millions d'années[14].
64
+
65
+
66
+
67
+ Les plus anciens Hominina identifiés à ce jour sont Sahelanthropus tchadensis, daté de 7 millions d'années, découvert en 2001 au Tchad, et Orrorin tugenensis, daté de 6 millions d'années, découvert en 2000 au Kenya.
68
+
69
+ Le genre Australopithèque, apparu vers 4,2 millions d'années en Afrique de l'Est, a formé de nombreuses espèces en Afrique, du Pliocène jusqu'au début du Pléistocène. La découverte de l'australopithèque Lucy en 1974 en Éthiopie, datée de 3,2 millions d'années, à la bipédie affirmée mais dotée d'un cerveau de faible volume (seulement légèrement plus gros que celui des chimpanzés), a confirmé, après l'enfant de Taung découvert en 1924 en Afrique du Sud, que la bipédie était de loin plus ancienne que l'augmentation du volume cérébral. Des empreintes de pas fossilisées datant de 3,66 Ma, trouvées à Laetoli en Tanzanie, montrent cependant une bipédie encore archaïque chez les Australopithèques.
70
+
71
+ Il y a près de 3 millions d'années, en réaction à un probable assèchement du climat en Afrique de l'Est, il semble se produire une divergence évolutive, donnant d'un côté les Paranthropes et de l'autre le genre Homo. La sélection naturelle pourrait avoir joué un rôle significatif par l'adaptation à un couvert végétal de moins en moins arboré.
72
+
73
+ Le plus ancien fossile attribué au genre Homo (découvert en 2013 en Éthiopie et désigné sous le code LD 350-1) est une mandibule fragmentaire datée d'environ 2,8 millions d'années. Elle montre des caractères intermédiaires entre les Australopithèques et Homo habilis[15].
74
+
75
+ À partir d'environ 2 millions d'années, les fossiles d'Homo ergaster attestent d'une bipédie devenue exclusive, avec des membres antérieurs nettement plus courts que les membres postérieurs et la présence d'une voûte plantaire. Les jambes sont plus longues que la hauteur du torse et adaptées à la marche d'endurance et à la course. Des traces de pas comparables à celles de l'Homme moderne et datant de 1,51 à 1,52 million d'années ont notamment été trouvées à Ileret (en), au Kenya[16].
76
+
77
+ De manière générale, tout au long de l'évolution humaine, le squelette devient de plus en plus gracile, alors que les Homo archaïques ont des squelettes robustes.
78
+
79
+ L'évolution vers Homo sapiens se caractérise par les éléments suivants :
80
+
81
+ L'un des éléments caractérisant le processus évolutif ayant accompagné l'émergence d’Homo sapiens serait la néoténie, c'est-à-dire une modification héréditaire du phénotype consistant en une persistance de caractères juvéniles à l'âge adulte. Certaines caractéristiques de la physiologie et de l'éthologie humaine actuelles seraient directement liées à la néoténie[2].
82
+
83
+ L'enchainement des différentes espèces humaines depuis quelque 2,5 millions d'années demeure un sujet de débat chez les spécialistes, faute de fossiles en nombre suffisant qui puissent permettre de proposer une phylogénie consensuelle. Seules les espèces humaines les plus récentes peuvent faire l'objet d'hypothèses sérieuses, notamment grâce aux récentes avancées de la paléogénétique.
84
+
85
+ Phylogénie des espèces récentes du genre Homo,
86
+ d'après Strait, Grine & Fleagle (2015)[17],
87
+ et Meyer, Pääbo & al. (2016)[18] :
88
+
89
+ Homo antecessor †
90
+
91
+ Homo heidelbergensis †
92
+
93
+ Homo denisovensis †
94
+
95
+ Homo neanderthalensis †
96
+
97
+ Homo rhodesiensis †
98
+
99
+ Homo sapiens
100
+
101
+ Pour les paléoanthropologues, les ossements fossiles du genre Homo peuvent être attribués à Homo sapiens s'ils présentent un certain nombre de critères distinctifs, dont les plus importants sont un volume endocrânien supérieur à 1 300 cm3, une face réduite sous la boite crânienne, un angle facial compris entre 82 et 88° (prognathisme faible à nul), un bourrelet sus-orbitaire réduit, et un menton osseux saillant.
102
+
103
+ Le volume cérébral d'Homo sapiens, qui est en moyenne aujourd'hui chez l'humain moderne de 1 350 cm3, était plus élevé au Paléolithique supérieur, sans atteindre toutefois le volume cérébral moyen de l'Homme de Néandertal. La réduction du volume global du cerveau se serait accompagnée d'une réorganisation des aires cérébrales aux conséquences plus importantes que la variation du volume brut.
104
+
105
+ Historiquement, les premiers restes fossiles d'Homo sapiens ont été découverts en 1823 au Pays de Galles : il s'agit de la Dame rouge de Paviland. Puis des restes ont été découverts en 1829 à Engis, en Belgique, dans les grottes Schmerling, en même temps que les premiers restes néandertaliens. Mais dans les deux cas, ils n'ont pas été reconnus lors de leur découverte comme des restes fossiles d'Homo sapiens. C'est Louis Lartet qui, en mettant au jour en 1868 en Dordogne les fossiles de l'Homme de Cro-Magnon, datés de 28 000 ans, fait reconnaitre pour la première fois l'ancienneté d'Homo sapiens.
106
+
107
+ On a déjà découvert à ce jour de nombreux fossiles d'Homo sapiens plus ou moins archaïques, en Afrique, et de plus en plus, hors d'Afrique. Les fossiles suivants lui sont généralement attribués (non exhaustif) :
108
+
109
+ Le site de Fuyan en Chine a livré en 2015 47 dents datées d'au moins 80 000 ans et appartenant à Homo sapiens[29].
110
+
111
+ 8 dents trouvées dans la grotte de Qesem, à proximité de Tel Aviv-Jaffa, dont les plus vieilles seraient datées d'environ 400 000 ans, auraient éventuellement des affinités avec Homo sapiens, hypothèse étudiée par M. Gopher et son équipe[30], mais elles ne peuvent être attribuées de façon certaine[31].
112
+
113
+ En 2018 est annoncée la découverte sur le site de Nwya Devu (en) de fossiles d'Homo sapiens qui ont colonisé le plateau tibétain, à 4 600 m d'altitude, il y a 30 à 40 000 ans. Il s’agit de la plus ancienne présence connue d'Homo sapiens à haute altitude[32].
114
+
115
+ Les fossiles européens les plus anciens sont des fragments d'os et de dents trouvés dans la grotte de Bacho Kiro, en Bulgarie, datés à 46 790 ans (cal AP). La grotte a été utilisée par Homo sapiens jusqu'à −42 810 ans (cal AP)[33],[34].
116
+
117
+ Les études génétiques basées sur la comparaison de l'ADN nucléaire de différentes populations humaines actuelles indiquent que notre espèce Homo sapiens s'est constituée en Afrique au terme d'une évolution allant d'environ 300 000 à 60 000 ans avant le présent. Par la suite l'Homme moderne aurait quitté l'Afrique principalement entre 70 000 et 50 000 ans pour se répandre sur tous les continents en supplantant les espèces humaines antérieures, comme l'Homme de Néandertal en Europe ou l'Homme de Denisova en Asie, avec lesquelles ils ont néanmoins pu s'hybrider, ce qui a favorisé leur adaptation aux nouveaux environnements rencontrés. Cette influence néandertalienne s'est ensuite rétrodiffusée en Afrique[35].
118
+
119
+ La vision de l’émergence d'Homo sapiens a évolué depuis les années 1980. Parmi les différents modèles proposés, on distingue[36] :
120
+
121
+ La diversité génétique humaine actuelle s'est construite à partir de trois principaux évènements radiatifs en Afrique[44] :
122
+
123
+ Plusieurs autres espèces du genre Homo, l'Homme de Néandertal, l'Homme de Denisova, l'Homme de Florès, ont été contemporaines d’Homo sapiens, avec lequel certaines d'entre elles ont pu coexister pendant des milliers d'années avant de s'éteindre.
124
+ Selon de nombreuses études génétiques publiées depuis 2010, des croisements ont eu lieu entre espèces humaines. On relève en particulier environ 1,8 % d'ADN néandertalien chez les populations non africaines modernes[45].
125
+
126
+ Bien qu'Homo sapiens et Homo neanderthalensis soient désormais considérés comme deux espèces distinctes, il s'est produit une hybridation entre Sapiens et Néandertal il y a 50 000 à 70 000 ans au Proche-Orient, produisant aujourd'hui un héritage de 1,8 à 2,6 % de gènes néandertaliens chez tous les non-Africains[46]. Depuis, l'ADN néandertalien a été rétrodiffusé en Afrique. Certains de ces gènes, sélectionnés positivement par les africains, améliorent leur immunité ou les protègent contre le rayonnement ultraviolet. Une partie des gènes qu'ils partagent avec les Néandertaliens (0.3 % en moyenne) provient de migrations eurasiatiques relativement récentes. L'autre témoigne en fait d'une transmission de gènes d'Africains à Néandertaliens, probablement il y a plus de 100 000 ans au Moyen-Orient lors d'une première tentative d'émigration hors d'Afrique[47].
127
+
128
+ Plusieurs études publiées depuis 2010, basées sur le séquençage de l'ADN nucléaire extrait d'une phalange et de dents dénisoviennes, indiquent que l'Homme de Denisova a contribué à hauteur de 4 à 6 % au génome des Mélanésiens et Aborigènes d'Australie actuels, et aurait été relativement répandu en Asie à la fin du Pléistocène[48],[49],[50]. Une étude de 2014 montre qu'une partie du matériel génétique de Denisova a été sélectionnée chez Homo sapiens pour s'adapter à la haute altitude. Un variant du gène EPAS1 provenant des Dénisoviens améliore le transport d'oxygène et est présent uniquement chez les Tibétains et chez les Chinois Han dans une moindre proportion[51].
129
+
130
+ Homo sapiens est un hominidé dont la caractéristique physique la plus manifeste est sa station debout : la colonne vertébrale est redressée et les membres antérieurs ne s'appuient pas sur le sol. Il fait partie des très rares mammifères adoptant ce mode de locomotion.
131
+
132
+ Un humain adulte mesure de 1,40 à 2 m, mais cet écart peut s'étendre d'environ 70 cm à environ 2,70 m, dans les deux extrêmes du nanisme et du gigantisme. La taille est influencée par des facteurs environnementaux, tels que la disponibilité de nourriture, mais aussi par le caryotype constitutionnel. Ainsi, toutes autres choses égales par ailleurs, les femmes au caryotype 46,XX sont plus petites que les hommes au caryotype 46,XY, qui eux-mêmes sont plus petits que les hommes atteints du Syndrome de Klinefelter (47,XXY) ou du syndrome 47,XYY. Les femmes au caryotype 46,XX sont aussi plus petites que les femmes atteintes du syndrome triple X. De façon générale, la taille semble croître avec le nombre de chromosomes sexuels.
133
+
134
+ Le poids moyen est d'environ 62 kg[52]. Les données individuelles varient beaucoup autour des moyennes, avec une forte influence de facteurs environnementaux, alimentaires et comportementaux. Les moyennes elles-mêmes varient beaucoup selon les populations et les époques. Les hommes sont en moyenne 12 centimètres plus grands que les femmes[53].
135
+
136
+ La pilosité humaine est réduite par rapport à celle des autres primates[2] ; elle est essentiellement limitée à certaines parties du corps (cuir chevelu, aisselles et pubis).
137
+
138
+ La couleur de la peau humaine présente une grande variété (noire, brune, beige ou rosée très claire), liée à la présence plus ou moins abondante de mélanine, un pigment brun filtrant les rayons ultraviolets. La peau humaine est plus foncée dans la zone intertropicale. Cette variété de pigmentation est une adaptation génétique aux différences d'ensoleillement selon les zones géographiques[54]. En Afrique, les albinos ont ainsi un risque accru de cancers de la peau[55].
139
+
140
+ L'humain a besoin du soleil pour synthétiser la vitamine D. Plus il s’est trouvé sous des latitudes faiblement ensoleillées, plus sa peau s’est éclaircie, ce qui facilite la production de vitamine D. La peau noire a en revanche un très haut pouvoir filtrant face aux UV. La dépigmentation a suivi la migration des populations humaines vers les zones septentrionales de la planète.
141
+
142
+ La peau humaine se ride, s’amincit et perd son élasticité avec l’âge (un test consiste à pincer et à tirer légèrement la peau du dessus de la main ouverte et à mesurer le temps qu'elle met pour reprendre son aspect normal une fois relâchée : l’écart entre un sujet jeune et un sujet âgé est d'environ une seconde). Des pratiques à visée ornementale ou rituelle peuvent modifier l'aspect de la peau et y faire apparaître des motifs divers[56].
143
+
144
+ Caractères sexuels secondaires : la pilosité est moindre sur le corps féminin, à l'exception notable du cuir chevelu. En effet, le cycle de vie des cheveux est de cinq ans chez la femme, et de trois ans chez l'homme. Les cheveux poussent aussi plus rapidement chez la femme, ce qui, combiné à des facteurs culturels, peut expliquer que sa chevelure soit souvent plus longue que celle de l'homme. La femme a des seins proéminents en dehors même des périodes de gestation et d’allaitement, une tessiture vocale haute, un bassin plus large et un rapport taille / hanche inférieur. La pilosité masculine est généralement chez l'adulte plus abondante, le bassin est étroit, la musculature plus puissante, la voix plus grave, etc. Toute considération ethnique mise à part, la couleur de la peau est plus sombre chez l'homme que chez la femme. Cette différence serait due à l'influence de certains œstrogènes sur la sécrétion de mélanine[57].
145
+
146
+ L’humain porte généralement des vêtements, recouvrant presque toujours au moins les parties génitales. Le port de vêtements pourrait, selon une analyse comparative des génomes du pou et du morpion, remonter à environ 170 000 ans[58].
147
+
148
+ Les êtres humains ont 23 paires de chromosomes, dont une paire de chromosomes sexuels XX ou XY. Selon le système XY de détermination sexuelle, les individus de type XY sont mâles et ceux de type XX sont femelles.
149
+
150
+ Le génome des humains est identique à 99,9 %, soit un niveau de similitude qui ne se trouve que rarement chez les mammifères[59]. Cette similitude est explicable par la relative jeunesse de l'espèce et le brassage des populations. Celle-ci est encore plus faible entre eurasiens, sortis d'Afrique il y a moins de 60 000 ans. À titre de comparaison, on constate une variation de 1,2 % du génome entre humains d'une part, et bonobos et chimpanzés d'autre part.
151
+
152
+ Plusieurs théories concurrentes de goulot d'étranglement génétique ont été émises depuis les années 1990 afin de tenter d'expliquer la faible diversité génétique de l'humanité actuelle[60],[61], mais ces théories ne sont pas confirmées par l'état actuel de la science, selon lequel l'effet fondateur suffit à expliquer cette faible diversité[62],[63].
153
+
154
+ Une étude, publiée en 2008 dans la revue Science, a été réalisée sur l'ADN de plus d'un millier d'individus : la comparaison de 650 000 nucléotides chez 938 individus (non apparentés) appartenant à 51 ethnies a estimé que 89 % de la variation entre individus était contenue à l'intérieur des populations, pour 9 % entre continents et 2 % entre populations d'un même continent. La génétique permet donc d'identifier l'origine géographique des individus en se basant sur la présence de mutations sur certains allèles[64],[65].
155
+
156
+ L'hétérozygotie diminue au fur et à mesure que la distance avec l'Afrique subsaharienne augmente, ce qui confirme l'origine africaine des humains actuels. Par ailleurs d'une manière générale, plus deux individus sont nés dans des lieux éloignés géographiquement plus ils sont différents génétiquement, à l'exception du continent africain, qui recèle la plus grande diversité génétique entre les individus. Cependant l'histoire des migrations humaines durant la période historique doit aussi être prise en compte pour pondérer cette règle générale[66].
157
+
158
+ Par rapport aux autres primates, l'humain serait « hypermétabolique »[67]. On a longtemps pensé que les singes et humains brûlaient leurs calories à la même vitesse et les premières études concernaient en outre des individus au repos.
159
+
160
+ En 2010 des études métaboliques ont surpris en montrant que l'orang-outan avait un taux métabolique étonnamment faible. Puis en mai 2016, une étude publiée dans Nature révèle qu’un humain moyen consomme chaque jour environ 400 calories de plus qu’un chimpanzé ou bonobo, et 635 calories de plus qu’un gorille et 820 de plus qu’un orang-outan. Un humain moyen brûle en moyenne 27 % d'énergie par jour en plus qu’un chimpanzé. Cet hypermétabolisme pourrait être dû au cerveau humain (au moins trois fois plus gros que celui de tous les autres singes et particulièrement énergivore). La même étude montre que l’humain sédentaire est également le plus gras de tous les primates (y compris que les primates sédentaires de zoos)[67]. Une autre explication pourrait être que les femmes produisent potentiellement plus de bébés, plus longs à élever et à intervalles plus court que les singes femelles[67].
161
+
162
+ Une hypothèse est que le grossissement du cerveau humain, il y a 1,6 million d'années environ se serait accompagné d'une perte de muscles et de longueur d'intestin (par rapport aux autres grands singes) avec un moindre besoin énergétique, une facilité à se tenir debout et courir ; le différentiel pouvant être mis à profit par le cerveau. D’autres ont pensé que l’invention du feu, la cuisson et le partage des aliments ont aussi contribué à cette économie d’énergie au profit du cerveau[68].
163
+
164
+ Homo sapiens est omnivore et opportuniste. Un humain végétarien ou zoophage demeure omnivore : l'alimentation humaine est donc une attitude culturelle avant tout, et l'humanité dans son ensemble n'est pas « omnivore » culturellement[pas clair].
165
+
166
+ L'Homme peut chasser n'importe quelle espèce animale, et est même capable de chasser des animaux normalement considérés comme des superprédateurs. Pour cette raison, l'Homme est parfois considéré comme le superprédateur ultime. Selon des données collectées par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture entre 1961 et 2009, l'être humain n'est cependant pas haut dans la chaîne alimentaire en raison de son régime omnivore qui comporte une large proportion d'aliments d'origine végétale[69].
167
+
168
+ Les Hommes dans leur ensemble consomment des aliments très diversifiés, qu'ils soient d'origine végétale ou animale. Depuis le Néolithique, la base de leur alimentation est toutefois constituée de féculents, issus en particulier de trois céréales : le blé, le maïs et le riz. Cette propension à consommer des féculents semble être une spécialisation humaine : le taux d'amylase dans la salive humaine est en effet de six à huit fois plus élevé que dans la salive d'autres Hominidés comme le chimpanzé[70]. Avant l'essor des céréales au Néolithique, les Hommes devaient probablement se procurer des féculents par la consommation de tubercules[71]. Cet usage s'est conservé jusqu'à nos jours, notamment depuis l'expansion de la pomme de terre après l'échange colombien.
169
+
170
+ Une particularité de l'alimentation humaine est que la plupart des aliments sont cuits, en particulier la viande. Parce qu'elle accélère le processus de digestion, et permet ainsi d'accroître l'apport énergétique alimentaire, la cuisson semble avoir joué un rôle essentiel dans le développement particulièrement prononcé du cerveau humain[70],[72],[73]. La cuisson améliore aussi l'innocuité microbiologique des aliments.
171
+
172
+ Normalement un adulte présente, comme la plupart des mammifères, une intolérance au lactose. Cependant, une mutation génétique a été sélectionnée plusieurs fois il y a six à huit mille ans dans certaines régions d'Europe, d'Asie, et d'Afrique, en raison de l'essor de l'élevage laitier dans ces régions. De nos jours, environ 15 % de la population mondiale présente à l'âge adulte une tolérance au lactose sous forme de lait.[réf. nécessaire] La plupart des adultes sont cependant capables de consommer des fromages, dont la production est une pratique très ancienne. Il semble que la consommation de fromage a contribué à sélectionner la tolérance au lactose[74].
173
+
174
+ L'Homme possède une appétence prononcée pour certaines saveurs, notamment le salé et le sucré. Le sel et le sucre sont normalement présents en faibles quantités dans la nature, mais l'Homme depuis peu est capable d'en produire en quantités industrielles et à faible coût. Cet écart entre l'appétence pour ces substances et leur abondance est l'un des facteurs à l'origine de problèmes de santé tels que l'obésité, l'hypertension artérielle ou le diabète, et ce principalement chez les individus disposant d'un niveau de vie relativement faible, mais tout de même suffisamment élevé, d'un point de vue anthropologique, pour avoir accès aux productions industrielles[75],[76],[77].
175
+
176
+ Dès le Néolithique, la plupart des sociétés humaines ont fait fermenter des jus de fruits divers ou autres solutions végétales, afin d'en obtenir une boisson alcoolisée. L'alcool a en effet longtemps été le moyen le plus simple d'assurer l'asepsie des boissons et ainsi de permettre le transport de l'eau sur de longues distances, ou son stockage pendant de longues périodes[78].
177
+
178
+ L'ensemble des habitudes alimentaires et arts culinaires de chaque culture est regroupé sous le terme de gastronomie.
179
+
180
+ Contrairement à la plupart des autres hominoïdes, l'être humain n'est que peu apte à la brachiation. Seul un individu jeune et en bonne santé peut, après entrainement, effectuer ce type de locomotion. L'anatomie humaine conserve cependant les caractéristiques associées que sont la flexibilité des épaules permettant de lever les bras au-dessus du corps, ainsi que les mains préhensiles.
181
+
182
+ L’Homme est en revanche spécialisé dans la bipédie, dont il maitrise parfaitement les deux allures : la marche et la course. Sa marche est plantigrade[d], mais sa course peut être digitigrade aux allures les plus rapides. Il marche à une vitesse de 5 à 6 km/h, et peut courir jusqu'à une vitesse d'environ 36 km/h[e], ce qui est particulièrement lent en comparaison de nombreuses espèces de mammifères terrestres.
183
+
184
+ En effet, Homo sapiens ne se distingue pas par la vitesse mais par l'endurance. La marche et la course sur de longues distances sont favorisées par l'absence de pelage, qui contribue à la thermorégulation en favorisant la sudation. Cette aptitude à la marche et à la course était probablement déjà présente il y a plus de 1,5 million d'années chez Homo ergaster en Afrique.
185
+
186
+ Homo sapiens partage son endurance avec plusieurs espèces de canidés, dont le loup et le chien qui en est issu. Mais l'Homme a dans ce domaine l'avantage sur la plupart des mammifères herbivores, ce qui lui permet de pratiquer avec succès la chasse à l'épuisement sur des animaux comme les cerfs ou les antilopes. Cette faculté à parcourir de longues distances aisément a aussi pu faciliter les échanges entre les tribus humaines, comme c'est le cas aujourd'hui chez les Tarahumaras[réf. souhaitée].
187
+
188
+ L’Homme est capable, de manière occasionnelle et selon les situations, de ramper, grimper, sauter. L'Homme semble aussi avoir des prédispositions naturelles à la nage (absence de pilosité, étanchéité parfaite des lèvres fermées, horizontalité des fosses nasales, contrôle efficace de la respiration, etc.), et même à l'apnée : il manifeste par exemple un réflexe bradycarde à l'immersion, et ses poumons peuvent recevoir un afflux supplémentaire de sang afin de compenser l'excès de pression à partir de trente mètres. Ce phénomène, appelé transfert sanguin (en), a longtemps été cru limité aux seuls mammifères aquatiques[79]. Ces prédispositions font partie des éléments qui appuient l'hypothèse d'un passage transitoire à un mode de vie aquatique ou semi-aquatique au cours de l'hominisation[80].
189
+
190
+ L'être humain est particulièrement apte au lancer de projectiles divers, notamment par rapport aux autres hominidés. Selon des chercheurs de l'université de Harvard[81], cette aptitude exceptionnelle résulte d'évolutions propres à l'anatomie humaine : l'existence d'une taille souple entre le bassin et la cage thoracique, le positionnement bas des épaules, et une légère torsion de l'humérus. Cette aptitude au lancer aurait joué un « rôle clé » dans l'évolution humaine[82].
191
+
192
+ Les aptitudes physiques de l’être humain présentent un dimorphisme sexuel, la puissance musculaire des femmes étant généralement inférieure à celles des hommes. À titre indicatif, l'actuel record du monde de l'épreuve féminine du 100 mètres est en 10 s 49, contre 9 s 58 pour l'épreuve masculine.
193
+
194
+ De tous les animaux à système nerveux central, l’Homme est probablement celui qui a le cerveau le plus développé et performant[f]. Ses seuls rivaux dans ce domaine sont certains cétacés. D'un point de vue anatomique, ces capacités cognitives sont associées au développement particulièrement prononcé du néocortex, bien que certaines expériences suggèrent que des différences au niveau neuronal jouent aussi un rôle[83].
195
+
196
+ Les capacités de l'esprit humain notamment en termes de mémoire, d'imagination et d'abstraction sont probablement ce qui explique le mieux le succès évolutif de l'espèce.
197
+
198
+ L’Homme est capable d’appréhender les règles qui organisent le monde qui l’entoure, de près comme de loin : du mouvement des astres aux lois qui structurent la matière, en passant par les règles qui organisent l’espace et les principes nécessaires à l’induction.
199
+
200
+ Plus précisément, on peut dire que depuis le milieu du XXe siècle, Homo sapiens est capable d’appréhender toutes les règles qui régissent l’organisation du monde visible, à l’exception de celles qui sont à l’origine des forces subatomiques, et des raisons qui font que la matière courbe l’espace-temps. En effet, selon le prix Nobel de physique Richard Feynman, ces deux domaines sont les seuls qui ne sont pas couverts par l’électrodynamique quantique[84].
201
+
202
+ Cette aptitude à comprendre le monde s'est traduite par l'accumulation d'un ensemble de connaissances appelées « sciences » et le développement d'outils divers appelés « techniques ». L'attitude plus générale qui consiste à clarifier sa pensée et à chercher à comprendre le monde par-delà les seules considérations matérielles, est quant à elle appelée philosophie.
203
+
204
+ Cependant ces savoirs collectifs résultent de l'échange et de la spécialisation, la totalité des connaissances n'étant jamais maîtrisée par un seul individu. Cette dichotomie entre les connaissances individuelles et l'intégralité de la connaissance et de la culture humaine appuie d'ailleurs une conception de la culture comme entité évolutive propre, dont les constituants sont appelés mèmes, et qui évolue avec l'homo sapiens de façon symbiotique ou même commensale.
205
+
206
+ Les capacités cognitives de l'être humain lui permettent d'avoir conscience de lui-même. Comme quelques autres espèces animales, il réussit systématiquement le test du miroir.
207
+
208
+ Concernant le dimorphisme sexuel, on note quelques différences anatomiques entre les cerveaux féminins et masculins[85] mais la complexité des interactions fonctionnelles rend difficile la corrélation de différences anatomiques avec des différences cognitives[86]. « Il existe bien des patterns d'activation différents en fonction du sexe pour des tâches variées comme la rotation mentale, le traitement verbal, la compréhension d'idiomes etc. Toutefois, ces résultats sont variables voire divergents d'une étude à l'autre et il n’y a pas de parallélisme strict entre les différences d'activation et les différences de performance[87] ».
209
+
210
+ Le cycle reproductif humain comporte un vocabulaire spécifique par rapport aux autres mammifères :
211
+
212
+ La puberté se manifeste en moyenne vers l'âge de 12 à 15 ans. La ménarche intervient chez les jeunes filles vers l'âge de 11 ans. Pour les garçons, la capacité à procréer est en théorie continue, de la puberté jusqu'à la fin de la vie. Chez la femme, cette capacité disparaît à la ménopause, qui survient généralement entre 40 et 50 ans. La ménopause est rare chez les mammifères, y compris chez les primates. Chez les autres femelles de primates, la fertilité diminue généralement progressivement avec l'âge[88]. Une durée de vie longue après la ménopause pourrait être un avantage sélectif acquis au cours de l'hominisation (c'est l' « hypothèse de la grand-mère »[89]). L'andropause chez l'homme n'est pas l'équivalent de la ménopause chez la femme.
213
+
214
+ Le cycle ovarien dure environ 28 jours et est marqué par les menstruations. Contrairement à la plupart des femelles de primates, la femme ne manifeste pas de chaleurs et la période de meilleure fécondité n'est donc pas directement décelable par les mâles[2],[88]. Cependant, il est avéré que le comportement des femmes, en particulier lors de la recherche d'un partenaire sexuel, est sensiblement différent pendant l'œstrus[90]. L'homme quant à lui serait plus attiré par les femmes en période d'ovulation, en raison de modifications physiques de la femme[91].
215
+
216
+ Bien que le coït reste la principale méthode de fécondation, la femme peut avoir recours à des techniques de procréation médicalement assistée, telles que l'insémination artificielle et la fécondation in vitro, que ce soit dans le cadre de la lutte contre la stérilité, ou pour les femmes célibataires ou en couple homosexuel. Inversement, les êtres humains ont la particularité de pouvoir contrôler et réduire consciemment leur fécondité en empêchant la fécondation lors du coït, par diverses méthodes de contraception. Dans plusieurs endroits du monde, ces pratiques qui tendent à décorréler, de façon unique dans le règne animal, la reproduction de l'activité sexuelle ont un impact drastique sur le taux de fécondité, le rendant inférieur au seuil de renouvellement des générations[92].
217
+
218
+ La gestation est appelée grossesse et dure environ neuf mois. Une femme gravide est dite enceinte[g]. La grossesse est le plus souvent monoembryonnaire, même si une grossesse sur quarante[réf. nécessaire] est gémellaire. La parturition est appelée accouchement.
219
+
220
+ L'accouchement s'effectue le plus souvent dans la douleur du fait des contractions utérines, de la dilatation du col de l'utérus et de la distension périnéale[93]. Les difficultés liées à l'accouchement sont parfois associées à l'antagonisme de deux aspects anatomiques propre à l'être humain : la taille croissante du crâne et l'absence de développement concomitant du bassin des femmes attribué à la station debout[94]. Cette hypothèse, appelée dilemme obstétrique (en), est cependant régulièrement remise en question[95].
221
+
222
+ L'accouchement ne se fait pas toujours par voie basse : le recours à la césarienne, pratiquée depuis l'Antiquité, représente parfois plus de 30 % des naissances dans certains pays développés[96]. Une équipe de scientifiques, observant cet accroissement sur quelques années, a émis l'hypothèse que le recours à la césarienne empêcherait la sélection naturelle et mènerait à une évolution humaine où il y aurait de plus en plus de bébés avec un gros crâne et de mères avec un bassin étroit, ce qui accroitrait à son tour le taux de césariennes. L'hypothèse a été contestée par un paléoanthropologue, qui considère que compte tenu de la disparité des taux de césariennes entre pays avancés et moins avancés, il y a probablement d'autres facteurs biologiques et culturels en jeu. Des obstétriciens ont relevé que l'hypothèse ne prenait pas en compte l'augmentation du nombre de mères obèses ou diabétiques, ni la pression juridique qui conduisait les médecins à prendre de moins en moins de risques lors des accouchements [97],[98].[pertinence contestée] Par ailleurs, l'être humain est capable, à l'aide de dispositifs techniques divers, d'assurer la survie d'un enfant prématuré à partir d'un âge gestationnel d'environ vingt-cinq semaines[99].
223
+
224
+ À la naissance, le bébé est complètement dépendant de sa mère, ce qui constitue une différence notable par rapport aux autres hominidés. La mère peut allaiter son enfant pendant plusieurs années, l'allaitement exclusif couvrant l'intégralité de ses besoins jusqu'à ses 6 mois[100] date à laquelle démarre généralement le début de la diversification alimentaire. Homo sapiens élève généralement sa progéniture au moins jusqu'à la puberté.
225
+
226
+ Les jeunes naissent avec une masse autour de 3 kg, et une taille d'environ 50 à 60 cm, après une gestation de neuf mois. Ils sont totalement dépendants à la naissance, et leur croissance dure plusieurs années. La maturité sexuelle survient entre 12 et 15 ans. La croissance des garçons continue souvent jusque vers 18 ans (la croissance se termine vers 21-25 ans avec la solidification de la clavicule).
227
+
228
+ L'espérance de vie est très dépendante des conditions matérielles et de la disponibilité de soins médicaux[évasif]. L'espérance de vie se situe aujourd'hui autour de 75 ans dans les pays les plus riches, et est inférieure à 50 ans dans les plus pauvres. Des cas isolés de longévité approchent 120 ans, et la personne ayant vécu le plus longtemps dont l'âge a pu être vérifié est la Française Jeanne Calment, qui avait 122 ans et un peu plus de 5 mois le jour de son décès.
229
+
230
+ Même s'il existe des exceptions, Homo sapiens possède depuis au moins cinq milliers d'années une forte tendance à la monogamie sociale, et dans une bien moindre mesure, à la monogamie sexuelle[2],[101],[102]. Les couples forment le plus souvent la base de la structure familiale et sociale, s'établissent dès la puberté et durent en général jusqu'à la mort. Cette tendance s'explique par le très fort investissement que nécessitent la protection et l'éducation des enfants, rendant nécessaire d'un point de vue évolutif la cohésion du couple. Il s'agit là encore d'un caractère distinguant l'Homme des autres Hominidés. L'espèce humaine est principalement une espèce à stratégie de reproduction de type K.
231
+
232
+ Le sexe-ratio moyen à la naissance observé chez l'être humain est entre 100[103] et 105[104], donc une quasi-symétrie avec un très léger excédent de garçons. Ce chiffre suggère que les humains sont donc biologiquement prédisposés à la monogamie[105].
233
+
234
+ Les êtres humains, à l'instar des bonobos[106] ou des chimpanzés[réf. nécessaire], peuvent pratiquer le coït de façon ludique ou sociale, ou avoir des pratiques sexuelles à visée non reproductive, comme la masturbation, la sodomie, la sexualité orale, ou les pratiques homosexuelles. Le coït est souvent la manifestation d'un très fort attachement affectif et émotionnel. Il se déroule en général à l'écart du groupe, c'est-à-dire dans l'intimité. Il est le plus souvent nocturne, fait l'objet de préliminaires[2] et peut s'effectuer selon diverses positions.
235
+
236
+ Avec la bipédie permanente et une modification de la pilosité, les femelles humaines acquièrent trois caractères originaux : le camouflage de l'œstrus (sexe dissimulé par la posture bipède et la pilosité pubienne qui pourrait favoriser la dissémination de phéromones) ; une réceptivité sexuelle constante (à n'importe quel moment de leur cycle menstruel) ; l'érotisation du corps à l'adolescence : développement des parties adipeuses des hanches, développement de seins dont les formes, inhabituelles pour une femelle de primates, auraient évolué en évoquant celles des fesses[88][source insuffisante], courbure de la lordose lombaire et formation d'une taille en violoncelle. Le corps des mâles passe aussi par des modifications en rapport avec les jeux de séduction et d'attachement entre les deux personnes : taille plus grande ; musculature et épaules plus puissantes (corps en trapèze) ; allongement du pénis dépourvu d'os pénien contrairement aux autres primates, notamment le chimpanzé et le gorille, ce qui autorise une variation angulaire de l'érection, utile selon les positions de l'accouplement ; mue de la voix ; développement de la pilosité pubienne et faciale ; testicules de taille relativement moyenne, en relation avec la capacité de répéter des copulations[107].
237
+
238
+ Comme mentionné plus haut, le coït peut être pratiqué à des fins non-reproductives, c'est-à-dire récréatives, hédonistiques ou sociales. Ceci inclut aussi son échange marchand, appelé prostitution.[pertinence contestée]
239
+
240
+ Chez l'humain il n'existe pas à proprement parler de parade nuptiale codifiée, même si certaines pratiques et situations, liées notamment à des activités culturelles telles que la danse et la musique, peuvent s'avérer plus propices que d'autres à la formation de couples. Toutefois, selon l'ethnomusicologue australien Joseph Jordania (en), les origines de la danse et de la musique ne seraient pas liés aux comportements reproductifs mais plutôt aux moyens naturels de défense, et représenteraient une forme d'aposématisme[108]. La séduction est, chez les humains, un processus souvent long et complexe, du fait de l'importance de l'investissement parental.
241
+
242
+ L'émotion est une expérience psychophysiologique complexe de l'état d'esprit d'un individu lorsqu'il réagit aux influences biochimiques (internes) et environnementales (externes). Chez les humains, l'émotion inclut fondamentalement « un comportement physiologique, des comportements expressifs et une conscience »[109]. L'émotion est associée à l'humeur, au tempérament, à la personnalité, à la disposition et à la motivation.
243
+
244
+ Une taxonomie non-définitive des émotions existe. Certaines catégorisations incluent :
245
+
246
+ Il faut distinguer, entre l'émotion et les résultats d'émotions, principalement les expressions et les comportements émotionnels. Chaque individu réagit généralement d'une manière déterminée par son état émotionnel, sa réponse se situant généralement dans l'un des axes combattre – fuir – subir.
247
+
248
+ L'humain est un animal diurne, même s’il peut se tenir éveillé la nuit, ou dormir le jour. Son rythme circadien n'est d'ailleurs pas tout à fait ajusté à la durée du jour[réf. souhaitée].
249
+
250
+ Homo sapiens manifeste une activité culturelle variée, qui se présente notamment sous forme :
251
+
252
+ On admet qu'il existe des cultures simples chez les autres primates actuels (méthode de toilettage, outils à termites…)[110] mais ce n'est qu'au sein de l'espèce humaine que l'on constate une modification de la culture avec un aspect cumulatif, ce qui lui permet d'atteindre un haut niveau de complexité[111].
253
+
254
+ Un aspect important de la culture humaine, qui améliore à la fois sa transmission et son accumulation (mais aussi le dogmatisme), est l'existence de l'écriture.
255
+
256
+ La culture est hétérogène et différencie des groupes d'individus. L'étude de ces groupes appelés peuples et de leurs différentes caractéristiques est l'objet de l'ethnologie.
257
+
258
+ Les premières cultures techniques qui se sont traduites par la confection des premiers outils ou la maîtrise du feu sont bien antérieures à Homo sapiens. Les premiers rites funéraires sûrement liés à des croyances, les premiers objets artistiques ou décoratifs sont attribués à Homo neanderthalensis[112]. En revanche, l'art préhistorique, qu'il soit pariétal, rupestre ou mobilier, et les premières représentations humaines font leur apparition au début du Paléolithique supérieur, chez l'espèce humaine moderne.
259
+
260
+ Comme tous les Hominidés[113], l’Homme manifeste un comportement social complexe et dispose d'aptitudes à la communication telles qu'une expressivité faciale, accentuée chez lui par la mobilité des sourcils qu'offre l'absence de bourrelet sus-orbitaire[114]. Un autre élément notable de l'expressivité faciale chez l'Homme est la forme des yeux. En effet chez l'Homme le blanc de l'œil est ostensiblement visible et permet de suivre aisément la direction du regard. Cette particularité est unique parmi les mammifères, et peut-être même dans tout le règne animal[70].
261
+
262
+ L'Homme est capable de vocaliser un langage articulé complexe, appelé parole, et dont l'usage particulier, appelé langue[h], se transmet de façon culturelle[115]. Les vocalisations et l’acquisition du langage sont liés à la protéine FOXP2, qui semble être plus abondante dans le cerveau des femmes, ce qui pourrait expliquer une maîtrise du langage plus rapide chez les petites filles[116]. À un degré bien moindre que l'articulation, le langage implique parfois l'usage de clics.
263
+
264
+ L’Homme manifeste aussi un réflexe respiratoire et nerveux, appelé rire, qui permet d’exprimer la joie ou l’incongruité d’une situation. Le rire semble inné et propre à l’espèce, mais il existerait néanmoins sous une forme moins accentuée chez d’autres primates et même chez les rats. Le rire est doté d’un pouvoir communicatif et peut faire office de signal d’apaisement dans une situation éventuellement conflictuelle.
265
+
266
+ Le rire possède une version atténuée se limitant à une expression faciale, appelée sourire, qui semble ne pas avoir d'équivalent non plus chez les autres Hominidés à l'exception peut-être du chimpanzé[réf. nécessaire]. Contrairement au rire (qui peut tout de même être simulé), le sourire peut être déclenché de façon consciente[2], ce qui lui fait jouer un rôle particulier dans les conventions sociales : le sourire est dans certaines cultures un élément de salutation requis par la politesse[117].
267
+
268
+ Une autre réponse émotionnelle propre à l'espèce peut aussi être observée, en particulier chez les individus jeunes : le pleur. Le caractère unique du pleur chez l'être humain est toutefois disputé.
269
+
270
+ Les humains, pour qui le nombre de Dunbar est estimé à 150, forment des sociétés complexes et souvent hiérarchisées, dont le fonctionnement est essentiellement basé sur une répartition des activités qui peut prendre la forme de la division du travail. Au sein de ces sociétés, chaque individu peut avoir des moyens de subsistance extrêmement variés, qui dépendent du type de société dont il s’agit, et de la position hiérarchique qu’il y occupe[118]. Ces sociétés s'affrontent souvent dans des conflits appelés guerres, le plus souvent liés au partage des ressources, à la religion ou à l'occupation territoriale. Selon le professeur David Carrier de l'université de l'Utah, le rôle de la violence dans l'évolution humaine serait suffisant pour être visible dans l'anatomie, notamment en ce qui concerne la forme et la biomécanique des mains[119]. Selon une étude anthropologique dont les résultats ont été publiés en 2013[120], la guerre est rare parmi les peuples nomades de type chasseurs-cueilleurs, et serait surtout présente chez les peuples sédentarisés pratiquant l'agriculture.
271
+
272
+ Bien que les premières manifestations de préoccupations esthétiques ou symboliques soient attribuables à l'Homme de Néandertal et datent du Paléolithique moyen, les plus anciennes représentations humaines sont le fait d’Homo sapiens et peuvent être datées du Paléolithique supérieur (vers 40 000 à 10 000 ans BP). Ainsi à l'Aurignacien (vers 40 000 à 28 000 ans BP), premier faciès culturel attribué à l'Homme en Europe, sont associées les statuettes des grottes de Vogelherd, de Geissenklösterle et de Hohlenstein-Stadel qui restituent des figures en ronde bosse représentant des mammouths, des félins, des ours, des chevaux et des hommes. Dans l'art pariétal, la représentation de vulves féminines et d'individus mi-homme mi-animal est attestée, comme à la grotte Chauvet[121]. Au Gravettien (29 000 à 22 000 ans BP) sont sculptées des figures féminines dites « Vénus paléolithiques ». Au Magdalénien (19 000 à 10 000 ans BP), les représentations humaines sur paroi ou sur objet se font plus fréquentes.
273
+
274
+ La Vénus de Willendorf.
275
+
276
+ La Vénus de Lespugue.
277
+
278
+ Main négative sur une paroi de la Grotte du Pech Merle, datée de 25 000 ans.
279
+
280
+ Certains aspects de la culture humaine, notamment la médecine, et les connaissances scientifiques et techniques, influencent les processus biologiques et reproductifs, et ont un impact sur l'espérance de vie ou la fécondité, et sur la démographie[122].
281
+
282
+ Par sa capacité à maîtriser des techniques lui permettant d'affronter des conditions climatiques difficiles, Homo sapiens prospère sous toutes les latitudes et sur tous les continents, à l'exception de l'Antarctique.
283
+
284
+ Il a tendance à se regrouper à l'intérieur de villes et de grandes cités atteignant parfois plusieurs millions d'habitants, souvent situées sur une côte ou sur un fleuve. Ailleurs, il occupe l'espace indirectement, notamment par son activité agricole, qui façonne le paysage et influe fortement sur les écosystèmes.
285
+
286
+ La population humaine est estimée à près de 7,5 milliards d'individus en 2017[123]. Les perspectives démographiques pour le siècle à venir sont incertaines. Compte tenu des incertitudes concernant l'évolution du comportement reproductif des individus, on ignore à quel niveau la population humaine pourrait se stabiliser, ni même si elle se stabilisera. En effet, il est difficile de prévoir si le taux de fécondité au niveau mondial va baisser sous les 2 enfants par femme, ou s'il se stabilisera au-dessus du seuil de remplacement (2,1 enfants par femme), et si le taux de mortalité mondial va continuer de baisser au même rythme que jusqu'à présent.
287
+
288
+ L'Organisation des Nations unies s'attend à ce que la population mondiale atteigne un pic aux alentours de 11 milliards d'individus en 2100[123]. Cette projection suppose que le taux de fécondité au niveau mondial descende en dessous de deux enfants par femme bien avant 2100. L'éventualité d'un crash démographique est envisagée par certains démographes[92],[124], tandis qu'un modèle mathématique conçu en 2013 à partir des données démographiques recueillies de 1950 à 2010 suggère que l'effectif humain mondial pourrait se stabiliser aux alentours de l'an 2050[125].
289
+
290
+ Homo sapiens exerce un impact important sur son environnement, surtout depuis l'époque moderne, parfois appelée anthropocène, essentiellement du fait de ses activités agricoles et industrielles. Cet impact se traduit en particulier par un phénomène d'extinction d'espèces considéré depuis peu comme la sixième extinction massive, parfois appelée crise anthropique[126].
291
+
292
+ Dans certaines régions du monde, cet impact est ancien ; par exemple, la déforestation de la Chine a été entamée il y a 8 000 ans environ. On a longtemps pensé que l’extension de l’agriculture en Afrique centrale avait été rendue possible uniquement par un recul naturel de la forêt tropicale humide primaire qui serait dû à des périodes de sécheresses sévères, longues qui se seraient succédé il y a 3 000 ans environ[127]. Mais l'analyse[128] des sédiments anciens déposés par le fleuve Congo, qui offrent un enregistrement continu du Climat d'Afrique centrale pour les 40 000 dernières années, réalisée par des géochimistes, montre que la responsabilité humaine pourrait être au moins en grande partie à l’origine de la relativement brusque disparition de forêts tropicales d'Afrique centrale (il y a 3 000 ans environ), via une déforestation active qui a augmenté l’érosion, intensifié les intempéries et asséché cette partie de l’Afrique[127].
293
+
294
+ Les carottages de sédiments fournissent des données montrant des modifications des précipitations normalement corrélées aux flux de sédiments pour la période de -20 000 à -3 500 ans, mais depuis près de 3 000 ans, on observe « un découplage total » entre précipitations et érosion, montrant que dans ce cas « le climat ne peut pas être le seul facteur expliquant la déforestation ». L’équipe de Germain Bayon, géochimiste à l’Institut de recherche Français d’exploration de la mer à Plouzané, suggère que les ancêtres des actuelles ethnies bantous de l'actuel Nigeria et Cameroun, connus pour avoir entamé des migrations en l'Afrique il y a environ 4 000 ans, ont eu « un impact significatif sur la forêt tropicale » en déforestant pour l’agriculture et pour les forges permettant la métallurgie du fer.
295
+
296
+ En 2012, de nombreux paléobotanistes[129] peinent encore à croire que les outils disponibles à l’époque aient pu permettre aux premiers bantous de la région d’abattre assez d’arbres pour causer des érosions de cette importance, plus graves que ceux produits par les abattis avec culture sur brûlis actuellement selon Katharina Neumann[129]. D'autres[130], estiment aussi qu'un réchauffement climatique a plutôt été en grande partie responsable de la perte de la forêt tropicale d'Afrique centrale, mais que les premiers bantous ont effectivement pu exacerber un recul des forêts induit par un réchauffement[127]. Bayon estime lui-même que ces données ne contredisent pas les théories existantes, mais illustrent « combien la combinaison de la culture et le climat peuvent affecter l'environnement. Les êtres humains peuvent avoir un impact énorme sur les processus naturels »[127]. Pour David Harris[131], l'étude pose par contre des questions importantes concernant les impacts climatiques de la déforestation et d'autres activités humaines susceptibles d'exacerber les effets d’un changement climatique, « qui devraient nous inciter à plus de vigilance quant aux impacts contemporains de l'exploitation forestière, des transports modernes, des groupes déplacés par les conflits, et des marchés modernes pour l'alimentation et les produits forestiers »[127]. L'Homme semble aussi en zone tempérée responsable en Eurasie et Amérique du Nord de l'extinction de presque toutes les espèces de la grande faune et mégafaune qui avait survécu à trois glaciations. La déforestation, qui a tendance à provoquer la réduction voire la destruction du milieu de vie de nombreuses autres espèces (animales, végétales, fongiques, terrestres et aquatiques), est une pratique ancienne en zone tempérée de l'hémisphère nord, mais récente et très rapide au niveau des forêts tropicales et humides telles que celles d'Amérique du Sud et d'Indonésie et d'Afrique (Bassin du Congo par exemple). La disparition accélérée de groupes entiers d'espèces animales, végétales et fongiques qui en découle, est parfois qualifiée d'« extinction de l'holocène » ou de « 6e extinction ».
297
+
298
+ L'agriculture intensive fait un usage important d'engrais, de pesticides et de désherbants chimiques, dont l'innocuité sur la qualité des sols ne fait pas l'unanimité.
299
+
300
+ Un autre aspect important de l'impact de l'Homme sur l'environnement est le fait qu'il transporte avec lui de nombreuses espèces domestiques ou synanthropes. Cela fait de lui un important vecteur d'échanges biotiques intercontinentaux. Un exemple très significatif d'un tel échange est l'échange colombien, déjà évoqué.
301
+
302
+ Outre sa capacité à faire disparaître des espèces, l'Homme influe aussi sur l'évolution d'un bon nombre d'entre elles, notamment du fait de la domestication. De façon plus directe encore, il est aussi capable de modifier le génome de certaines espèces en ayant recours pour cela non pas à la sélection artificielle, mais à une manipulation directe du noyau des cellules germinales, par diverses techniques dite de génie génétique. Ces techniques peuvent consister notamment à prélever des gènes chez une espèce et à les introduire dans le génome d'une espèce qui peut être d'un taxon complètement différent : par exemple le gène de synthèse de la soie d'une arachnide implanté dans le génome d'une espèce de caprin[132], ou encore un gène bactérien implanté dans le génome du maïs pour lui permettre de résister au glyphosate[133]. Cette pratique appelée transgénèse fait de l'espèce humaine un pont permettant la recombinaison génétique entre des lignées évolutives séparées depuis plusieurs ères géologiques, ou même plusieurs éons.
303
+
304
+ Au début du XXIe siècle, une espèce de type bactérien, dont le génome a été entièrement conçu par ordinateur, a été créée pour la première fois[134]. On ignore à l'heure actuelle quel pourrait être l'impact de ces productions humaines sur l'environnement à long terme, mais d'ores et déjà l'apparition de ces espèces, par un processus qui ne relève pas de la théorie synthétique de l'évolution, constitue un évènement sans précédent dans l'histoire de la vie sur Terre. La mise au point récente des techniques dites de forçage génétique constitue aussi un jalon remarquable car il permet à des gènes d'être transmis par reproduction sexuée sans pour autant respecter les lois de Mendel.
305
+
306
+ L'activité humaine produit aussi annuellement environ vingt milliards de tonnes de dioxyde de carbone par l'utilisation de combustibles fossiles comme source primaire d'énergie, ce qui fait de l'espèce humaine le premier facteur biotique de production de ce gaz. Les quantités dégagées restent significatives même par rapport aux facteurs de production abiotiques tels que le volcanisme. Cette production a entraîné une augmentation sensible de la quantité de CO2 dans l'atmosphère. Le dioxyde de carbone étant un gaz à effet de serre, ces taux élevés dans l'atmosphère sont considérés comme l'un des facteurs prépondérants pour expliquer le réchauffement climatique.
307
+
308
+ Compte tenu aussi bien de l'évolution rapide de son effectif que des changements perpétuels de ses différents modes de vie, il apparaît que l'espèce humaine est une forme de vie actuellement instable, de telle sorte que son avenir à moyen et long terme est tout à fait incertain.
309
+
310
+ Cependant, étant donnée l'influence considérable qu'ont les connaissances techniques sur l'organisation des sociétés humaines, il existe plusieurs courants intellectuels extrapolant l'évolution de ces connaissances techniques dans le temps pour tenter de prévoir le futur de l'espèce humaine. Il s'agit soit d'une démarche artistique, à travers essentiellement un courant littéraire appelé science-fiction, soit d'une démarche qui se veut plus scientifique, appelée futurologie.
311
+
312
+ Un thème fréquent est notamment l'idée que la capacité humaine à utiliser des moyens techniques pour augmenter sa mobilité spatiale, devrait in fine l'amener à s'affranchir de l'attraction terrestre et donc à se rendre et peut-être même s'installer à proximité immédiate d'autres objets du système solaire ou même au-delà. Il s'agit du projet, au moins partiellement entamé, d'exploration spatiale.
313
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+ D'autres approches semblent focaliser plus sur les aspects destructifs ou délétères de la technologie, et en concluent soit l'extinction prochaine de l'espèce humaine, soit une nette dégradation de son effectif et de ses conditions de vie. Ce type de scénario fait l'objet notamment de ce qu'on appelle la science-fiction post-apocalyptique, apparue en particulier à la suite de la création par l'Homme d'engins de destruction utilisant l'énergie nucléaire. Un autre type de scénario s'appuie sur la capacité de l'être humain à subvenir à tous ses besoins matériels, combinée à sa récente explosion démographique. Il est alors avancé, en s'appuyant en particulier sur des expérimentations animales réalisées par John B. Calhoun, que l'esp��ce humaine pourrait subir une forme de surpopulation conduisant in fine à son extinction, non pas en raison de l'épuisement de ses ressources naturelles, mais plutôt en raison de l'apparition de cloaques comportementaux et de la concomitante disparition des schémas de comportements nécessaires à la perpétuation de l'espèce[135]. D'autres approches concluent en l'extinction prochaine de l'espèce humaine à partir de raisonnements logiques ou philosophiques, par exemple avec l'argument de l'Apocalypse, ou avec le Grand filtre, vu en tant que résolution du paradoxe de Fermi.
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+ Enfin, un point de vue plus récent s'appuie sur le constat empirique du rythme de l'évolution de la capacité de calcul des machines construites par l'Homme. Cette évolution semble en effet suivre une progression géométrique, selon la loi dite de Moore. L'extrapolation de cette loi suggère qu'au cours du vingt-et-unième siècle, l'humanité atteindra un seuil, appelé singularité technologique, à partir duquel les machines qu'elle produit seront plus aptes à comprendre le monde que ne le sont les cerveaux humains. Dès lors, il est avancé que le développement scientifique et technique échappera à la compréhension humaine et empruntera une voie qu'il est par définition impossible d'appréhender. Ces considérations sont parfois accompagnées de spéculations sur la capacité future de l'Homme à modifier son organisme par des procédés techniques divers incluant une modification ou une réécriture complète de son génome, ce qui constituerait une forme d'eugénisme. Le mouvement culturel qui étudie et parfois promeut ce type de perspective est le transhumanisme.
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+ L'humanisme est un mouvement de pensée européen pendant la Renaissance qui se caractérise par un retour aux textes antiques comme modèle de vie, d'écriture et de pensée[N 1]. Le terme est formé sur le latin : au XVIe siècle, l'humaniste, « l'humanista » s'occupe d'humanités, studia humanitatis en latin : il enseigne les langues, les littératures et les cultures latines et grecques. Plus largement, le terme humanitas est pris dans le sens cicéronien et représente « la culture qui, parachevant les qualités naturelles de l'homme, le rend digne de ce nom[1] ». L'humanisme au sens d'étude littéraire et philologique de la culture antique côtoie ce sens élargi pendant toute la période et encore aujourd'hui dans l'historiographie.
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+ C’est avec Pétrarque (1304-1374) que naît en Italie l'humanisme. Le poète commence par recueillir les inscriptions sur les vieilles pierres de Rome et poursuit dans les manuscrits sa quête des Anciens. Il retrouve ainsi des lettres de Cicéron, ressuscite un écrivain statufié par les écoles. Il s’illustre également en détectant un faux document au profit de son souverain. Lorenzo Valla (1407-1457), lui aussi traque la vérité historique, préconisant l’étude philologique des textes et le retour à la pureté classique. Parti d’Italie, le courant humaniste rayonne dans toute l’Europe.
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+ Mouvement de pensée né en Italie au XIVe siècle, il prend sa source dans l'essor de la culture laïque qui éclot à cette époque dans les cités italiennes[2]. Touchant différents arts dès cette époque (peinture, sculpture, littérature), il évolue rapidement et touche également la philosophie et la religion par la suite.
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+ Le milieu initial où nait la culture humaniste est l'Italie septentrionale, où les cités états génèrent un foisonnement culturel dû, en partie, à leur ouverture sur le monde et leurs rivalités[2].
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+ Le milieu des lettrés italiens connait un foisonnement d'activités littéraires surtout historiques, pour partie dues à des érudits qui ne sont pas des professionnels. De nombreux notaires, scribes de chancellerie, juges, médecins, marchands, banquiers, se mettent à écrire des histoires de leurs cités, pour en vanter les mérites. Ces personnes écrivent aussi leurs vies, pour édifier leurs successeurs, et insèrent dans leurs récits des réflexions philosophiques et religieuses[2].
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+ Florence connait de nombreux prosateurs, tels Ricordano Malispini (it)[3], Dino Compagni[4] ou Filippo Villani le Jeune[5]. Venise a Martino Canal ou Andrea Dandolo, Asti a Ogerio Alfi, Padoue a Rolandino[4].
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+ Plusieurs personnalités commencent également avant même le trecento à traduire de la poésie en langue vulgaire. Au sein de la cour de Palerme de Frédéric II, plusieurs poètes tentent de restituer l'amour courtois en un sicilien mêlé de latin et de dialectes provençaux. Au début du trecento, l'école du dolce stil novo chante également l'amour et la femme, en mêlant leurs textes de philosophie et de considérations morales. Composé principalement de Guido Cavalcanti, Guido Guinizelli ou Cino da Pistoia, ils comptent Dante parmi leurs jeunes élèves[6]. En parallèle, un autre mouvement entreprend de reprendre la poésie antique en voie de redécouverte. Né à Padoue dans le second XIIIe siècle autour de la figure du juge Lovato Lovati, il se poursuit avec Albertino Mussato à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe[7].
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+ Au sein d'un milieu où les travaux intellectuels en langue vulgaire se multiplient, Dante Alighieri est le premier « à avoir élevé le parler véhiculaire de ses concitoyens en une authentique langue littéraire »[8]. Sans avoir été l'unique personne à travailler en ce but, le poète florentin est celui qui accomplit une révolution majeure, notamment avec la Divine Comédie.
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+ Commençant une carrière politique importante, il voit sa vie basculer en 1301 lorsque le parti gibelin prend le pouvoir et l'exile en tant que Guelfe. Durant les vingt années suivantes, jusqu'à sa mort, il erre de cité en cité, de protecteur en protecteur. C'est durant cette période qu'il écrit l'essentiel de son œuvre, avec laquelle il espère fonder une langue pure qui souderait les cités italiennes entre elles. Cette utopie, qu'il partage avec plusieurs lettrés, se base sur le fait que les peuples italiens disposent d'une culture commune, qu'une langue pure doit permettre de diffuser pleinement[9]. Cette œuvre a un impact immense dès sa diffusion. « Le public italien cultivé de l'époque a pour la première fois la sensation d'appartenir à une civilisation qui, même dans sa variété et son polycentrisme, a des fondements communs »[10].
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+ Dante est pleinement un humaniste à la fois par le rapprochement entre son état personnel et la condition de l'homme en général, mais aussi par les intonations lyriques, pathétiques, puissantes imprégnant son œuvre[11].
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+ Après les fondateurs du mouvement que sont Pétrarque et Boccace, de nombreux savants étudient les auteurs anciens d'une nouvelle manière, proprement humaniste. Critique philologique et contextualisation des auteurs démarquent fortement ce mouvement intellectuel des renaissances médiévales précédentes. Une autre nouveauté est la naissance d'un enseignement du grec et de l'hébreu en Europe.
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+ Les deux hommes, malgré des parcours différents, sont les archétypes de l'humaniste de la Renaissance. Brillants manipulateurs de la langue vulgaire autant que du latin, chercheurs inlassables de textes anciens qu'ils exhument et diffusent, ils écrivent des textes en touchant à de nombreux genres : conte, histoire, philosophie, biographie, géographie. Mais ni Pétrarque ni Boccace ne seront reclus, ils sont partie prenante de la vie publique de leurs cités. Les deux, enfin, sont des passerelles entre la culture classique et le message chrétien. Très connus et célébrés de leur vivant, ils appuient de nombreux autres savants humanistes, diffusant leur savoir et leur méthode[12].
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+ Si le centre le plus notable de l'humanisme à cette époque est Florence, avec notamment Coluccio Salutati, chancelier créant la première chaire de grec dans la cité, il n'est pas le seul. Tout d'abord, les humanistes se déplacent beaucoup d'une ville à l'autre, et de nombreuses principautés cherchent à s'attacher les services de ces savants. Ainsi, de nombreux papes du XVe siècle comme Nicolas V, Pie II ou Sixte IV cherchent à attirer de grands noms dans l'Université romaine, tels Laurent Valla, Théodore de Gaza, Argyropoulos[13].
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+ La nouveauté radicale commune à tous ces savants n'est pas de rechercher, exhumer et diffuser des textes antiques, de telles entreprises ayant été menées à bien lors de l'époque carolingienne ou au XIIe siècle. Mais bel et bien la critique que ces savants portent à ces textes. Ils sont conscients des deux décalages propres aux textes qu'ils lisent issus de l'antiquité : le contexte et la déformation dues aux copies. Ils s'efforcent ainsi tout autant de retrouver par la recherche philologique le texte initial dans sa plus grande justesse, que de retrouver le contexte dans lequel il a été rédigé, pour en comprendre le sens originel[14].
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+ Par ailleurs, un enseignement de la langue grecque se développe dans de nombreuses cités. Rendu possible par l'exode de nombreux savants byzantins avant et surtout après la conquête turque de l'Empire byzantin, il permet de redécouvrir de nombreux auteurs anciens à partir des textes d'origine. Le premier d'entre eux est Platon, dont la philosophie conquiert l'Europe. Mais Thucydide, Xénophon, Hérodote, Ptolémée, Strabon, Aristophane, Eschyle sont découverts, et traduits ensuite en latin[15].
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+ Avant sa relecture dans le texte, au Moyen Âge, Platon n'est guère connu. Il revient en Europe notamment avec Giovanni Aurispa, qui ramène dans les années 1430 à Florence les œuvres complètes en grec du philosophe achetées à Constantinople. Peu après, le savant byzantin Gemiste Pléthon vient en Italie et diffuse la pensée platonicienne. Une controverse entre partisans de la philosophie d'Aristote et de Platon voit alors le jour. Cosme l'Ancien soutient l'étude de Platon en soutenant Marsile Ficin et en fondant ce qui allait devenir l'"Académie de Florence". Ficin traduit progressivement en latin une grande partie de l'œuvre de Platon[16].
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+ La Renaissance n'a pas dépendu de l'imprimerie pour apparaitre et exister. De grands humanistes de la Renaissance italienne, comme Pétrarque, sont morts avant l'invention de l'imprimerie. Les découvertes majeures des textes classiques étaient déjà faites : dans les universités italiennes, la studia humanitatis était en place. De même, dans les universités d'Europe, le mouvement intellectuel de la Renaissance était déjà en cours[17].
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+ Cependant, sans avoir un rôle soudain, l'imprimerie va jouer un rôle clé dans la diffusion des idées humanistes, en accélérant fortement le processus parti de l'Italie vers l'Europe du Nord. La Renaissance italienne s'est déroulée en trois ou quatre générations. Grâce à l'imprimerie, la Renaissance des autres pays d'Europe s'effectue en moins de deux générations[17].
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+ L'imprimerie permet une augmentation exponentielle du nombre d'ouvrages. Ainsi, la première édition de la Bible de Gutenberg (1455) est estimée avoir été tirée à, selon les historiens, entre 70 et 270 exemplaires, puis le tirage pour une seule édition augmente progressivement jusqu'à mille. Au XVIe siècle, à Venise, l'édition de mille exemplaires devient la norme habituelle pour les titres dont on espère une vente ordinaire. Les « best sellers », dont on espère une vente à l'échelle européenne, peuvent être tirés jusqu'à quatre ou cinq mille exemplaires[18]. À cela s'ajoutent les éventuelles ré-éditions et contre-façons qui peuvent être faites par d'autres imprimeurs concurrents (absence de copyright à cette époque, jusqu'à l'apparition du privilège)[19].
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+ D'abord chers, les livres deviennent accessibles à moindre coût. Les premiers ouvrages imprimés (incunables) pouvaient valoir entre 2 et 8 ducats par volume, un professeur d'université de modeste réputation, gagnait entre 50 et 100 ducats par an, les plus fameux jusqu'à 200 ducats et plus. Aux débuts de l'imprimerie, seuls les princes, les nobles et les riches bourgeois dotés d'un revenu annuel de plusieurs milliers de ducats pouvaient s'acheter facilement des livres[18].
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+ Au cours du XVIe siècle le prix du livre chute d'un facteur dix au moins. Le prix d'un volume de 150 à 400 pages de format in-8 devient inférieur à 40 soldi (un ducat = 124 soldi), et de nombreux livres de plus petit format sont vendus à moins de 10 soldi[18]. À la fin du siècle, toute personne sachant lire, avec un revenu annuel de quelques dizaines de ducats, peut posséder quelques livres ; un professeur d'université peut se constituer une bibliothèque personnelle d'une centaine de livres ou plus ; jusqu'aux plusieurs milliers de volumes des riches collectionneurs (15 000 titres pour Fernand Colomb)[17].
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+ Ce processus se renforce de lui-même par le fait qu'il est plus facile d'apprendre à lire et à écrire à partir de textes imprimés que de manuscrits. Les écoliers et les adultes disposent personnellement de grammaire latine, de glossaires, et de textes élémentaires de lecture. Par cette production, l'imprimerie élargit son propre marché de lecteurs[17].
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+ L'imprimerie participe à une sorte de démocratisation du savoir. Quiconque connaissant un peu le latin, avec une connaissance élémentaire des textes classiques païens et chrétiens, est en mesure de participer aux discussions majeures de son temps (universitaires, politiques, religieuses...). De plus, les différents textes commencent à être traduits ou publiés en langue vernaculaire et non plus en langue véhiculaire comme auparavant. Durant une courte période, centrée sur le milieu du XVIe siècle, tout individu en ayant les moyens et le goût, peut constituer une bibliothèque personnelle de quelques centaines de livres représentant l'ensemble des savoirs de son temps[17]. Un exemple fameux est celui de Michel de Montaigne.
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+ L'imprimerie favorise aussi la diversification des sujets abordés : non seulement les classiques antiques, mais aussi les auteurs médiévaux, les travaux universitaires contemporains, les romans de chevalerie, l'arithmétique commerciale, etc. d'où un éclectisme propre à l'humanisme de la Renaissance[18].
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+ Cette multiplicité est renforcée par le commerce international des livres qui se met en place au cours du XVIe siècle. Pour la diffusion des idées, les grandes villes commerciales prennent plus d'importance que les villes universitaires. Par exemple, Venise imprime des ouvrages espagnols, et Londres des ouvrages italiens. Les imprimeurs de Venise distribuent leurs ouvrages vers Londres, Madrid, Cracovie ou le Proche-Orient. La foire du livre de Francfort est la plus importante : elle se tient deux fois par an en accueillant imprimeurs-éditeurs-libraires[20], universitaires et auteurs venus de toute l'Europe[18]. De même en France, la ville de Lyon s'impose comme une grande ville d'imprimeurs.
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+ En sciences, l'imprimerie offre l'avantage de dupliquer fidèlement les illustrations (arts graphiques de la gravure), contrairement aux enluminures des manuscrits. De fait, les dessins anatomiques, les figures géométriques, les dessins de plantes ou d'animaux, les cartes géographiques, les plans de machine, etc. peuvent être figurés en milliers d'exemplaires identiques, et faire l'objet de critiques en cas d'erreur ou d'imprécision en étant corrigés. Les représentations fabuleuses ou improbables, dont on ne retrouve pas la réalité, commencent à être rejetées[17].
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+ Les hommes de la Renaissance ne polémiquaient pas plus que ceux du Moyen Âge, mais leurs polémiques sont fortement amplifiées par l'imprimerie.
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+ Avant l'imprimerie, deux auteurs engagés dans une discussion publique, orale ou par correspondance, n'avaient qu'une très faible audience, et il fallait de très longues années pour que la controverse s'étende. Avec l'imprimerie, c'est une affaire de semaines, voire de jours (« aussi vite qu'un auteur puisse écrire, et un imprimeur imprimer »). Les controverses ont alors une audience nationale, voire européenne. Par exemple, celle de Reuchlin sur la valeur de l'hébreu ; celle d'Érasme ; celle de Luther ; celle de Servet ; celles de Copernic et de Galilée ; ou encore la guerre des pamphlets en France au cours des guerres de Religion etc[17].
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+ Cette liberté de recherche, de conscience et d'expression s'accompagne en réaction d'une censure des textes imprimés, surtout après la séparation religieuse en Europe (Réforme et Contre-Réforme). Aussi on ne peut dire que la liberté de pensée soit apparue avec la Renaissance, mais celle-ci a bien transmis la vision optimiste d'une humanité capable de mener des recherches ouvertes sur le monde[21].
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+ L'apprentissage du grec quitte l'Italie pour se diffuser dans toute l'Europe, Les érudits s'attaquent alors à la retraduction d'œuvres majeures pour en retrouver le sens premier. Thomas More publie les Dialogues de Lucien de Samosate en 1506, Érasme propose une nouvelle traduction du Nouveau Testament en 1516, différent de la Vulgate. Des outils de travail pour retrouver une compréhension parfaite du grec sont imprimés d'abord par Guillaume Budé avec les Commentarii linguæ graecæ de 1529 et ensuite par Henri II Estienne avec le Thesaurus linguæ graecæ en 1578[16].
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+ Ce travail d'édition est basé sur l'examen comparatif des différentes versions manuscrites. Il apparait alors que les Saintes Écritures sont des documents transmis par des humains qui peuvent se tromper. Toute édition peut être révisée et améliorée, c'est aussi le début d'une approche scientifique de la critique des textes[22] ou philologie.
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+ Le terme humaniste vient du latin umanista, le professeur qui enseigne les « humanités », c’est-à-dire la grammaire et surtout la rhétorique latine et grecque. Cette acception remonte à l'éducation antique et médiévale.
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+ Un siècle avant la fin de l'Empire romain d'Orient, des Grecs érudits étaient venus en Italie et donnèrent des cours de grec à Florence. Le Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome, où échoua la tentative de rapprochement des Églises latine et orthodoxe, fit venir en Italie de grands érudits, comme le cardinal Bessarion. Avec la chute de l'Empire byzantin en 1453 et la prise de sa capitale Constantinople, de nombreux érudits se réfugièrent en Italie, emmenant avec eux leur savoir et des livres. Des chaires de grec sont créées peu à peu dans ou à côté des universités. Ces érudits jouent un rôle dans le développement de l'humanisme au sens de l'étude des textes de l'Antiquité gréco-latine, liée au progrès de la philologie et de l'édition des textes, autre activité de ces humanistes.
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+ Un siècle après les débuts de l'humanisme, la diffusion des textes fut facilitée par le développement de l'imprimerie, mise au point vers 1455 par Johannes Gutenberg à Mayence. Le nombre de livres mis en circulation augmente et des livres à moindre coût sont imprimés dès le début du XVIe siècle. En décalage de plus de cinquante ans, les humanistes améliorent les méthodes d'édition des textes antiques, par l'utilisation de la collation, de la comparaison entre manuscrits, et la discussion lancée dès 1480 sur les mérites comparés de la correction ope ingenii et de la correction ope codicii [23]fait rage tout au long du siècle suivant. De nouveaux métiers apparaissent, liés à l'enseignement, l'édition ou la réflexion sur la vie sociale. Des artistes s'inspirent de ces nouvelles idées. Le mouvement se diffuse sur tout le continent aux XVe et XVIe siècles à travers ce qu'on appelle la République des Lettres, née elle aussi avec retard, et grâce aux nouveaux lieux de sociabilité et d'émulation que sont les Académies, nées en Italie.
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+ Le terme humaniste est aussi utilisé dans un sens tout différent : il désigne un courant culturel, philosophique et politique qui propose un « modèle humain » défini comme synthèse des qualités intellectuelles, sociales, affectives, caractéristiques de la « nature humaine ». L'humanisme est un courant de pensée idéaliste et optimiste qui place l'Homme au centre du monde, et honore les valeurs humaines.
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+ Les humanistes sont passionnés par les civilisations anciennes, romaine et grecque, mais aussi araméenne et proche-orientale. Ils entreprennent d'éditer et de traduire tous les textes antiques à partir des témoins subsistants, pour certains redécouverts (comme Quintilien par Le Pogge) ou trouvés dans l'ancien Empire romain d'Orient par des Grecs chargés par les princes occidentaux d'enrichir leurs collections comme Antoine Éparque et Janus Lascaris : la Bible, directement traduite de l’hébreu ou de l’araméen, les auteurs grecs qui forment la base des études, que l'on traduit à nouveau pour ceux que l'on lisait déjà en latin des scolastiques[24] ou que l'on lit désormais de plus en plus dans le texte original. Les humanistes éditent (au sens scientifique) et expliquent les textes, se cantonnant à une approche philologique qui les différencie des philosophes qui, à la même époque, réfléchissent sur les textes, reprennent les mythes et les légendes en les chargeant de nouvelles significations ; c'est le temps d'une spécialisation naissante dans le domaine, et d'autres deviennent "antiquaires", c'est-à-dire historiens, ou géographes. Érasme critique le « langage barbare », c'est-à-dire le mauvais latin des scolastiques, leur ignorance des lettres et des langues. Une bataille s'ensuit autour de l'usage de la langue de Cicéron et du Ciceronianus, des humanistes se répondant par publications interposées comme le fait Étienne Dolet. Après une période où la Bible est traitée comme les autres textes anciens (avec par exemple l'édition des Psaumes à Paris dans plusieurs versions anciennes par Henri Estienne), les théologiens s'opposent à la traduction par Érasme du grec au latin du Nouveau Testament et peu à peu au travail des humanistes sur les textes saints, y voyant un relativisme dangereux.
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+ Érasme écrit dans les Antibarbares que seule la culture liée aux textes anciens est à même de transformer des sauvages ou des « hommes de pierre » en personnes civilisées et de mœurs honnêtes : seule la maîtrise du latin et du grec permet de faire un honnête homme. Les études sur le langage permettent aux humanistes de mettre fin à l'explication surnaturelle de la diversité des langues, à savoir le mythe de la tour de Babel.
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+ La pédagogie est pour les humanistes du XVe et du XVIe siècle un domaine particulièrement important. Il faut que l'enfant soit formé d'une manière continue et progressive, de sa naissance à l'âge adulte, et même au-delà pour devenir un homme conforme à l'idéal professé par les humanistes. Le milieu spécifique de l'homme, c'est le monde de la culture et non de la nature. Mais pour l'enseignement les humanistes s'opposent au "dressage" traditionnel où coups, sévices, supplices sont monnaie courante. À ce sujet Érasme déclare en 1529 « Il faut former les enfants à la vertu et aux lettres dans un esprit libéral et cela dès la naissance ». Il s'oppose aux châtiments corporels dans l’enseignement : « Ce genre de formation, d’autres l’approuvent, moi, je ne pousserai jamais à faire ainsi quiconque voudra que son enfant soit éduqué dans un esprit libéral […] Il est vrai que la méthode ordinaire est plus économique car il est plus facile à un seul de contraindre plusieurs par la crainte que d’en former un seul dans la liberté. Mais ce n’est rien de grand de commander à des ânes ou à des bœufs. C’est former des êtres libres dans la liberté qui est à la fois difficile et très beau. Il est digne d’un tyran d’opprimer des citoyens dans la crainte, les maintenir dans le devoir par la bienveillance, la modération, la sagesse, cela est d’un roi… [24]». Guarino à Venise, Ferrare ou Vérone, Victorin de Feltre à Mantoue, proposent une nouvelle pédagogie où le sport et les jeux de plein air sont autant à l'honneur que le latin, la rhétorique et la Bible[25]. Un des livres les plus étudiés reste ainsi l'Éthique à Nicomaque d'Aristote.
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+ Rabelais dénonce dans Gargantua, l'éducation traditionnelle avec son dogmatisme religieux qui n’admet aucune évolution puisque fondée sur des préceptes divins. Il critique sa sévérité et son oubli du corps[26]. L'humanisme pédagogique s'oppose à l'enseignement scolastique en imposant l'étude des lettres latines et grecques dans leurs textes « authentiques ». Les idées humanistes en matière d'éducation aboutissent à la création de nouvelles écoles dans toute l'Europe où est formée la nouvelle élite administrative des États : Deventer aux Pays-Bas ou de Saint-Paul de Londres, du Corpus Christi College à Oxford, le Gymnase strasbourgeois de Sturm, le Collège trilingue de Louvain (latin, du grec et de l'hébreu)[25]. François Ier fonde le Collège des lecteurs royaux, à l'instigation de Guillaume Budé, dans le but de faire prévaloir cette pédagogie fondée sur l'étude des « humanités » antiques.
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+ La pensée nouvelle fait une place première à l'expérimentation. Les dogmes, même issus de la bibliographie gréco-romaine, sont remis en question, et doivent passer par l'épreuve du fait (cf Bernard Palissy, Discours admirables aux Eaux et Fontaines). Ainsi se développe une pensée critique, où l'expérience scientifique permet de dégager une connaissance libre de préjugés. Artistes, lettrés et savants se lancent dans la construction d'un savoir moderne. Léonard de Vinci, par exemple, s'intéresse à l'anatomie et opère plusieurs dissections dont témoignent ses carnets de dessin. Copernic conçoit le modèle héliocentrique, en réaction au modèle géocentrique de Ptolémée et Aristote. Rabelais donne dans son Gargantua l'exemple d'une éducation idéale et universelle, ajoutant aux langues anciennes la connaissance des mathématiques, de l'astronomie et des sciences naturelles.
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+ Les humanistes prônent des valeurs morales et intellectuelles contenues dans la littérature gréco-latine et leur adaptation à des besoins nouveaux. De ce fait certains scolastiques les accusent de paganisme. Pour les humanistes, la philosophie grecque a préparé le monde à la religion chrétienne, celle de l'Évangile, des Épîtres de saint Paul et des Pères de l'Église.
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+ Érasme est un des plus fervents partisans de l'humanisme chrétien. Il fait la conjonction entre la religion et la liberté dans son livre de 1503, Enchiridion militis christiani. À une religion basée sur un ritualisme sans âme et des obligations comme la messe dominicale, il oppose une religion de l'homme s'adressant directement à Dieu[27]. À sa suite, l'humanisme chrétien touche exclusivement les pratiques ecclésiastiques, et non pas la religion. À ce titre, les humanistes sont en partie à l'origine de la Réforme protestante du XVIe siècle introduite par Martin Luther en Allemagne et Jean Calvin à Genève. En 1524, Érasme se lance dans une controverse avec Luther en publiant Essai sur le libre-arbitre. Le réformateur allemand y répond par l' Essai sur le serf-arbitre. Les débats portent sur la liberté de l'homme et la manière dont celui-ci l'utilise face à la Grâce divine[27].
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+ Les humanistes sont en général pacifistes et cosmopolites. Même quand ils sont au service d'un prince, comme Guillaume Budé, ils font passer leurs impératifs moraux avant les considérations politiques. Érasme, quant à lui, est un temps conseiller de Charles Quint. En 1516, il écrit L'Institution du prince chrétien. Il y loue la notion de bien commun dans un État où le devoir du peuple est mis en parallèle avec celui du prince[27]. Parfois ils envoient des lettres ou dédient leurs ouvrages à un souverain pour essayer d'exercer une influence salutaire sur leurs décisions politiques. Ils proposent volontiers des réformes politiques comme Érasme dans L'Éloge de la Folie en 1511, Thomas More dans l'Utopie en 1515-1516, Rabelais dans Gargantua en 1534. À Florence, tout au long du XVe siècle et même au début du XVIe siècle, les grands humanistes de la ville sont aussi les Chanceliers de la République : Leonardo Bruni, Ange Politien, Nicolas Machiavel...
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+ L'humanisme est un mouvement de pensée européen pendant la Renaissance qui se caractérise par un retour aux textes antiques comme modèle de vie, d'écriture et de pensée[N 1]. Le terme est formé sur le latin : au XVIe siècle, l'humaniste, « l'humanista » s'occupe d'humanités, studia humanitatis en latin : il enseigne les langues, les littératures et les cultures latines et grecques. Plus largement, le terme humanitas est pris dans le sens cicéronien et représente « la culture qui, parachevant les qualités naturelles de l'homme, le rend digne de ce nom[1] ». L'humanisme au sens d'étude littéraire et philologique de la culture antique côtoie ce sens élargi pendant toute la période et encore aujourd'hui dans l'historiographie.
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+ C’est avec Pétrarque (1304-1374) que naît en Italie l'humanisme. Le poète commence par recueillir les inscriptions sur les vieilles pierres de Rome et poursuit dans les manuscrits sa quête des Anciens. Il retrouve ainsi des lettres de Cicéron, ressuscite un écrivain statufié par les écoles. Il s’illustre également en détectant un faux document au profit de son souverain. Lorenzo Valla (1407-1457), lui aussi traque la vérité historique, préconisant l’étude philologique des textes et le retour à la pureté classique. Parti d’Italie, le courant humaniste rayonne dans toute l’Europe.
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+ Mouvement de pensée né en Italie au XIVe siècle, il prend sa source dans l'essor de la culture laïque qui éclot à cette époque dans les cités italiennes[2]. Touchant différents arts dès cette époque (peinture, sculpture, littérature), il évolue rapidement et touche également la philosophie et la religion par la suite.
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+ Le milieu initial où nait la culture humaniste est l'Italie septentrionale, où les cités états génèrent un foisonnement culturel dû, en partie, à leur ouverture sur le monde et leurs rivalités[2].
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+ Le milieu des lettrés italiens connait un foisonnement d'activités littéraires surtout historiques, pour partie dues à des érudits qui ne sont pas des professionnels. De nombreux notaires, scribes de chancellerie, juges, médecins, marchands, banquiers, se mettent à écrire des histoires de leurs cités, pour en vanter les mérites. Ces personnes écrivent aussi leurs vies, pour édifier leurs successeurs, et insèrent dans leurs récits des réflexions philosophiques et religieuses[2].
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+ Florence connait de nombreux prosateurs, tels Ricordano Malispini (it)[3], Dino Compagni[4] ou Filippo Villani le Jeune[5]. Venise a Martino Canal ou Andrea Dandolo, Asti a Ogerio Alfi, Padoue a Rolandino[4].
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+ Plusieurs personnalités commencent également avant même le trecento à traduire de la poésie en langue vulgaire. Au sein de la cour de Palerme de Frédéric II, plusieurs poètes tentent de restituer l'amour courtois en un sicilien mêlé de latin et de dialectes provençaux. Au début du trecento, l'école du dolce stil novo chante également l'amour et la femme, en mêlant leurs textes de philosophie et de considérations morales. Composé principalement de Guido Cavalcanti, Guido Guinizelli ou Cino da Pistoia, ils comptent Dante parmi leurs jeunes élèves[6]. En parallèle, un autre mouvement entreprend de reprendre la poésie antique en voie de redécouverte. Né à Padoue dans le second XIIIe siècle autour de la figure du juge Lovato Lovati, il se poursuit avec Albertino Mussato à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe[7].
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+ Au sein d'un milieu où les travaux intellectuels en langue vulgaire se multiplient, Dante Alighieri est le premier « à avoir élevé le parler véhiculaire de ses concitoyens en une authentique langue littéraire »[8]. Sans avoir été l'unique personne à travailler en ce but, le poète florentin est celui qui accomplit une révolution majeure, notamment avec la Divine Comédie.
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+ Commençant une carrière politique importante, il voit sa vie basculer en 1301 lorsque le parti gibelin prend le pouvoir et l'exile en tant que Guelfe. Durant les vingt années suivantes, jusqu'à sa mort, il erre de cité en cité, de protecteur en protecteur. C'est durant cette période qu'il écrit l'essentiel de son œuvre, avec laquelle il espère fonder une langue pure qui souderait les cités italiennes entre elles. Cette utopie, qu'il partage avec plusieurs lettrés, se base sur le fait que les peuples italiens disposent d'une culture commune, qu'une langue pure doit permettre de diffuser pleinement[9]. Cette œuvre a un impact immense dès sa diffusion. « Le public italien cultivé de l'époque a pour la première fois la sensation d'appartenir à une civilisation qui, même dans sa variété et son polycentrisme, a des fondements communs »[10].
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+ Dante est pleinement un humaniste à la fois par le rapprochement entre son état personnel et la condition de l'homme en général, mais aussi par les intonations lyriques, pathétiques, puissantes imprégnant son œuvre[11].
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+ Après les fondateurs du mouvement que sont Pétrarque et Boccace, de nombreux savants étudient les auteurs anciens d'une nouvelle manière, proprement humaniste. Critique philologique et contextualisation des auteurs démarquent fortement ce mouvement intellectuel des renaissances médiévales précédentes. Une autre nouveauté est la naissance d'un enseignement du grec et de l'hébreu en Europe.
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+ Les deux hommes, malgré des parcours différents, sont les archétypes de l'humaniste de la Renaissance. Brillants manipulateurs de la langue vulgaire autant que du latin, chercheurs inlassables de textes anciens qu'ils exhument et diffusent, ils écrivent des textes en touchant à de nombreux genres : conte, histoire, philosophie, biographie, géographie. Mais ni Pétrarque ni Boccace ne seront reclus, ils sont partie prenante de la vie publique de leurs cités. Les deux, enfin, sont des passerelles entre la culture classique et le message chrétien. Très connus et célébrés de leur vivant, ils appuient de nombreux autres savants humanistes, diffusant leur savoir et leur méthode[12].
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+ Si le centre le plus notable de l'humanisme à cette époque est Florence, avec notamment Coluccio Salutati, chancelier créant la première chaire de grec dans la cité, il n'est pas le seul. Tout d'abord, les humanistes se déplacent beaucoup d'une ville à l'autre, et de nombreuses principautés cherchent à s'attacher les services de ces savants. Ainsi, de nombreux papes du XVe siècle comme Nicolas V, Pie II ou Sixte IV cherchent à attirer de grands noms dans l'Université romaine, tels Laurent Valla, Théodore de Gaza, Argyropoulos[13].
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+ La nouveauté radicale commune à tous ces savants n'est pas de rechercher, exhumer et diffuser des textes antiques, de telles entreprises ayant été menées à bien lors de l'époque carolingienne ou au XIIe siècle. Mais bel et bien la critique que ces savants portent à ces textes. Ils sont conscients des deux décalages propres aux textes qu'ils lisent issus de l'antiquité : le contexte et la déformation dues aux copies. Ils s'efforcent ainsi tout autant de retrouver par la recherche philologique le texte initial dans sa plus grande justesse, que de retrouver le contexte dans lequel il a été rédigé, pour en comprendre le sens originel[14].
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+ Par ailleurs, un enseignement de la langue grecque se développe dans de nombreuses cités. Rendu possible par l'exode de nombreux savants byzantins avant et surtout après la conquête turque de l'Empire byzantin, il permet de redécouvrir de nombreux auteurs anciens à partir des textes d'origine. Le premier d'entre eux est Platon, dont la philosophie conquiert l'Europe. Mais Thucydide, Xénophon, Hérodote, Ptolémée, Strabon, Aristophane, Eschyle sont découverts, et traduits ensuite en latin[15].
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+ Avant sa relecture dans le texte, au Moyen Âge, Platon n'est guère connu. Il revient en Europe notamment avec Giovanni Aurispa, qui ramène dans les années 1430 à Florence les œuvres complètes en grec du philosophe achetées à Constantinople. Peu après, le savant byzantin Gemiste Pléthon vient en Italie et diffuse la pensée platonicienne. Une controverse entre partisans de la philosophie d'Aristote et de Platon voit alors le jour. Cosme l'Ancien soutient l'étude de Platon en soutenant Marsile Ficin et en fondant ce qui allait devenir l'"Académie de Florence". Ficin traduit progressivement en latin une grande partie de l'œuvre de Platon[16].
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+ La Renaissance n'a pas dépendu de l'imprimerie pour apparaitre et exister. De grands humanistes de la Renaissance italienne, comme Pétrarque, sont morts avant l'invention de l'imprimerie. Les découvertes majeures des textes classiques étaient déjà faites : dans les universités italiennes, la studia humanitatis était en place. De même, dans les universités d'Europe, le mouvement intellectuel de la Renaissance était déjà en cours[17].
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+ Cependant, sans avoir un rôle soudain, l'imprimerie va jouer un rôle clé dans la diffusion des idées humanistes, en accélérant fortement le processus parti de l'Italie vers l'Europe du Nord. La Renaissance italienne s'est déroulée en trois ou quatre générations. Grâce à l'imprimerie, la Renaissance des autres pays d'Europe s'effectue en moins de deux générations[17].
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+ L'imprimerie permet une augmentation exponentielle du nombre d'ouvrages. Ainsi, la première édition de la Bible de Gutenberg (1455) est estimée avoir été tirée à, selon les historiens, entre 70 et 270 exemplaires, puis le tirage pour une seule édition augmente progressivement jusqu'à mille. Au XVIe siècle, à Venise, l'édition de mille exemplaires devient la norme habituelle pour les titres dont on espère une vente ordinaire. Les « best sellers », dont on espère une vente à l'échelle européenne, peuvent être tirés jusqu'à quatre ou cinq mille exemplaires[18]. À cela s'ajoutent les éventuelles ré-éditions et contre-façons qui peuvent être faites par d'autres imprimeurs concurrents (absence de copyright à cette époque, jusqu'à l'apparition du privilège)[19].
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+ D'abord chers, les livres deviennent accessibles à moindre coût. Les premiers ouvrages imprimés (incunables) pouvaient valoir entre 2 et 8 ducats par volume, un professeur d'université de modeste réputation, gagnait entre 50 et 100 ducats par an, les plus fameux jusqu'à 200 ducats et plus. Aux débuts de l'imprimerie, seuls les princes, les nobles et les riches bourgeois dotés d'un revenu annuel de plusieurs milliers de ducats pouvaient s'acheter facilement des livres[18].
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+ Au cours du XVIe siècle le prix du livre chute d'un facteur dix au moins. Le prix d'un volume de 150 à 400 pages de format in-8 devient inférieur à 40 soldi (un ducat = 124 soldi), et de nombreux livres de plus petit format sont vendus à moins de 10 soldi[18]. À la fin du siècle, toute personne sachant lire, avec un revenu annuel de quelques dizaines de ducats, peut posséder quelques livres ; un professeur d'université peut se constituer une bibliothèque personnelle d'une centaine de livres ou plus ; jusqu'aux plusieurs milliers de volumes des riches collectionneurs (15 000 titres pour Fernand Colomb)[17].
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+ Ce processus se renforce de lui-même par le fait qu'il est plus facile d'apprendre à lire et à écrire à partir de textes imprimés que de manuscrits. Les écoliers et les adultes disposent personnellement de grammaire latine, de glossaires, et de textes élémentaires de lecture. Par cette production, l'imprimerie élargit son propre marché de lecteurs[17].
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+ L'imprimerie participe à une sorte de démocratisation du savoir. Quiconque connaissant un peu le latin, avec une connaissance élémentaire des textes classiques païens et chrétiens, est en mesure de participer aux discussions majeures de son temps (universitaires, politiques, religieuses...). De plus, les différents textes commencent à être traduits ou publiés en langue vernaculaire et non plus en langue véhiculaire comme auparavant. Durant une courte période, centrée sur le milieu du XVIe siècle, tout individu en ayant les moyens et le goût, peut constituer une bibliothèque personnelle de quelques centaines de livres représentant l'ensemble des savoirs de son temps[17]. Un exemple fameux est celui de Michel de Montaigne.
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+ L'imprimerie favorise aussi la diversification des sujets abordés : non seulement les classiques antiques, mais aussi les auteurs médiévaux, les travaux universitaires contemporains, les romans de chevalerie, l'arithmétique commerciale, etc. d'où un éclectisme propre à l'humanisme de la Renaissance[18].
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+ Cette multiplicité est renforcée par le commerce international des livres qui se met en place au cours du XVIe siècle. Pour la diffusion des idées, les grandes villes commerciales prennent plus d'importance que les villes universitaires. Par exemple, Venise imprime des ouvrages espagnols, et Londres des ouvrages italiens. Les imprimeurs de Venise distribuent leurs ouvrages vers Londres, Madrid, Cracovie ou le Proche-Orient. La foire du livre de Francfort est la plus importante : elle se tient deux fois par an en accueillant imprimeurs-éditeurs-libraires[20], universitaires et auteurs venus de toute l'Europe[18]. De même en France, la ville de Lyon s'impose comme une grande ville d'imprimeurs.
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+ En sciences, l'imprimerie offre l'avantage de dupliquer fidèlement les illustrations (arts graphiques de la gravure), contrairement aux enluminures des manuscrits. De fait, les dessins anatomiques, les figures géométriques, les dessins de plantes ou d'animaux, les cartes géographiques, les plans de machine, etc. peuvent être figurés en milliers d'exemplaires identiques, et faire l'objet de critiques en cas d'erreur ou d'imprécision en étant corrigés. Les représentations fabuleuses ou improbables, dont on ne retrouve pas la réalité, commencent à être rejetées[17].
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+ Les hommes de la Renaissance ne polémiquaient pas plus que ceux du Moyen Âge, mais leurs polémiques sont fortement amplifiées par l'imprimerie.
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+ Avant l'imprimerie, deux auteurs engagés dans une discussion publique, orale ou par correspondance, n'avaient qu'une très faible audience, et il fallait de très longues années pour que la controverse s'étende. Avec l'imprimerie, c'est une affaire de semaines, voire de jours (« aussi vite qu'un auteur puisse écrire, et un imprimeur imprimer »). Les controverses ont alors une audience nationale, voire européenne. Par exemple, celle de Reuchlin sur la valeur de l'hébreu ; celle d'Érasme ; celle de Luther ; celle de Servet ; celles de Copernic et de Galilée ; ou encore la guerre des pamphlets en France au cours des guerres de Religion etc[17].
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+ Cette liberté de recherche, de conscience et d'expression s'accompagne en réaction d'une censure des textes imprimés, surtout après la séparation religieuse en Europe (Réforme et Contre-Réforme). Aussi on ne peut dire que la liberté de pensée soit apparue avec la Renaissance, mais celle-ci a bien transmis la vision optimiste d'une humanité capable de mener des recherches ouvertes sur le monde[21].
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+ L'apprentissage du grec quitte l'Italie pour se diffuser dans toute l'Europe, Les érudits s'attaquent alors à la retraduction d'œuvres majeures pour en retrouver le sens premier. Thomas More publie les Dialogues de Lucien de Samosate en 1506, Érasme propose une nouvelle traduction du Nouveau Testament en 1516, différent de la Vulgate. Des outils de travail pour retrouver une compréhension parfaite du grec sont imprimés d'abord par Guillaume Budé avec les Commentarii linguæ graecæ de 1529 et ensuite par Henri II Estienne avec le Thesaurus linguæ graecæ en 1578[16].
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+ Ce travail d'édition est basé sur l'examen comparatif des différentes versions manuscrites. Il apparait alors que les Saintes Écritures sont des documents transmis par des humains qui peuvent se tromper. Toute édition peut être révisée et améliorée, c'est aussi le début d'une approche scientifique de la critique des textes[22] ou philologie.
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+ Le terme humaniste vient du latin umanista, le professeur qui enseigne les « humanités », c’est-à-dire la grammaire et surtout la rhétorique latine et grecque. Cette acception remonte à l'éducation antique et médiévale.
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+ Un siècle avant la fin de l'Empire romain d'Orient, des Grecs érudits étaient venus en Italie et donnèrent des cours de grec à Florence. Le Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome, où échoua la tentative de rapprochement des Églises latine et orthodoxe, fit venir en Italie de grands érudits, comme le cardinal Bessarion. Avec la chute de l'Empire byzantin en 1453 et la prise de sa capitale Constantinople, de nombreux érudits se réfugièrent en Italie, emmenant avec eux leur savoir et des livres. Des chaires de grec sont créées peu à peu dans ou à côté des universités. Ces érudits jouent un rôle dans le développement de l'humanisme au sens de l'étude des textes de l'Antiquité gréco-latine, liée au progrès de la philologie et de l'édition des textes, autre activité de ces humanistes.
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+ Un siècle après les débuts de l'humanisme, la diffusion des textes fut facilitée par le développement de l'imprimerie, mise au point vers 1455 par Johannes Gutenberg à Mayence. Le nombre de livres mis en circulation augmente et des livres à moindre coût sont imprimés dès le début du XVIe siècle. En décalage de plus de cinquante ans, les humanistes améliorent les méthodes d'édition des textes antiques, par l'utilisation de la collation, de la comparaison entre manuscrits, et la discussion lancée dès 1480 sur les mérites comparés de la correction ope ingenii et de la correction ope codicii [23]fait rage tout au long du siècle suivant. De nouveaux métiers apparaissent, liés à l'enseignement, l'édition ou la réflexion sur la vie sociale. Des artistes s'inspirent de ces nouvelles idées. Le mouvement se diffuse sur tout le continent aux XVe et XVIe siècles à travers ce qu'on appelle la République des Lettres, née elle aussi avec retard, et grâce aux nouveaux lieux de sociabilité et d'émulation que sont les Académies, nées en Italie.
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+ Le terme humaniste est aussi utilisé dans un sens tout différent : il désigne un courant culturel, philosophique et politique qui propose un « modèle humain » défini comme synthèse des qualités intellectuelles, sociales, affectives, caractéristiques de la « nature humaine ». L'humanisme est un courant de pensée idéaliste et optimiste qui place l'Homme au centre du monde, et honore les valeurs humaines.
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+ Les humanistes sont passionnés par les civilisations anciennes, romaine et grecque, mais aussi araméenne et proche-orientale. Ils entreprennent d'éditer et de traduire tous les textes antiques à partir des témoins subsistants, pour certains redécouverts (comme Quintilien par Le Pogge) ou trouvés dans l'ancien Empire romain d'Orient par des Grecs chargés par les princes occidentaux d'enrichir leurs collections comme Antoine Éparque et Janus Lascaris : la Bible, directement traduite de l’hébreu ou de l’araméen, les auteurs grecs qui forment la base des études, que l'on traduit à nouveau pour ceux que l'on lisait déjà en latin des scolastiques[24] ou que l'on lit désormais de plus en plus dans le texte original. Les humanistes éditent (au sens scientifique) et expliquent les textes, se cantonnant à une approche philologique qui les différencie des philosophes qui, à la même époque, réfléchissent sur les textes, reprennent les mythes et les légendes en les chargeant de nouvelles significations ; c'est le temps d'une spécialisation naissante dans le domaine, et d'autres deviennent "antiquaires", c'est-à-dire historiens, ou géographes. Érasme critique le « langage barbare », c'est-à-dire le mauvais latin des scolastiques, leur ignorance des lettres et des langues. Une bataille s'ensuit autour de l'usage de la langue de Cicéron et du Ciceronianus, des humanistes se répondant par publications interposées comme le fait Étienne Dolet. Après une période où la Bible est traitée comme les autres textes anciens (avec par exemple l'édition des Psaumes à Paris dans plusieurs versions anciennes par Henri Estienne), les théologiens s'opposent à la traduction par Érasme du grec au latin du Nouveau Testament et peu à peu au travail des humanistes sur les textes saints, y voyant un relativisme dangereux.
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+ Érasme écrit dans les Antibarbares que seule la culture liée aux textes anciens est à même de transformer des sauvages ou des « hommes de pierre » en personnes civilisées et de mœurs honnêtes : seule la maîtrise du latin et du grec permet de faire un honnête homme. Les études sur le langage permettent aux humanistes de mettre fin à l'explication surnaturelle de la diversité des langues, à savoir le mythe de la tour de Babel.
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+ La pédagogie est pour les humanistes du XVe et du XVIe siècle un domaine particulièrement important. Il faut que l'enfant soit formé d'une manière continue et progressive, de sa naissance à l'âge adulte, et même au-delà pour devenir un homme conforme à l'idéal professé par les humanistes. Le milieu spécifique de l'homme, c'est le monde de la culture et non de la nature. Mais pour l'enseignement les humanistes s'opposent au "dressage" traditionnel où coups, sévices, supplices sont monnaie courante. À ce sujet Érasme déclare en 1529 « Il faut former les enfants à la vertu et aux lettres dans un esprit libéral et cela dès la naissance ». Il s'oppose aux châtiments corporels dans l’enseignement : « Ce genre de formation, d’autres l’approuvent, moi, je ne pousserai jamais à faire ainsi quiconque voudra que son enfant soit éduqué dans un esprit libéral […] Il est vrai que la méthode ordinaire est plus économique car il est plus facile à un seul de contraindre plusieurs par la crainte que d’en former un seul dans la liberté. Mais ce n’est rien de grand de commander à des ânes ou à des bœufs. C’est former des êtres libres dans la liberté qui est à la fois difficile et très beau. Il est digne d’un tyran d’opprimer des citoyens dans la crainte, les maintenir dans le devoir par la bienveillance, la modération, la sagesse, cela est d’un roi… [24]». Guarino à Venise, Ferrare ou Vérone, Victorin de Feltre à Mantoue, proposent une nouvelle pédagogie où le sport et les jeux de plein air sont autant à l'honneur que le latin, la rhétorique et la Bible[25]. Un des livres les plus étudiés reste ainsi l'Éthique à Nicomaque d'Aristote.
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+ Rabelais dénonce dans Gargantua, l'éducation traditionnelle avec son dogmatisme religieux qui n’admet aucune évolution puisque fondée sur des préceptes divins. Il critique sa sévérité et son oubli du corps[26]. L'humanisme pédagogique s'oppose à l'enseignement scolastique en imposant l'étude des lettres latines et grecques dans leurs textes « authentiques ». Les idées humanistes en matière d'éducation aboutissent à la création de nouvelles écoles dans toute l'Europe où est formée la nouvelle élite administrative des États : Deventer aux Pays-Bas ou de Saint-Paul de Londres, du Corpus Christi College à Oxford, le Gymnase strasbourgeois de Sturm, le Collège trilingue de Louvain (latin, du grec et de l'hébreu)[25]. François Ier fonde le Collège des lecteurs royaux, à l'instigation de Guillaume Budé, dans le but de faire prévaloir cette pédagogie fondée sur l'étude des « humanités » antiques.
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+ La pensée nouvelle fait une place première à l'expérimentation. Les dogmes, même issus de la bibliographie gréco-romaine, sont remis en question, et doivent passer par l'épreuve du fait (cf Bernard Palissy, Discours admirables aux Eaux et Fontaines). Ainsi se développe une pensée critique, où l'expérience scientifique permet de dégager une connaissance libre de préjugés. Artistes, lettrés et savants se lancent dans la construction d'un savoir moderne. Léonard de Vinci, par exemple, s'intéresse à l'anatomie et opère plusieurs dissections dont témoignent ses carnets de dessin. Copernic conçoit le modèle héliocentrique, en réaction au modèle géocentrique de Ptolémée et Aristote. Rabelais donne dans son Gargantua l'exemple d'une éducation idéale et universelle, ajoutant aux langues anciennes la connaissance des mathématiques, de l'astronomie et des sciences naturelles.
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+ Les humanistes prônent des valeurs morales et intellectuelles contenues dans la littérature gréco-latine et leur adaptation à des besoins nouveaux. De ce fait certains scolastiques les accusent de paganisme. Pour les humanistes, la philosophie grecque a préparé le monde à la religion chrétienne, celle de l'Évangile, des Épîtres de saint Paul et des Pères de l'Église.
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+ Érasme est un des plus fervents partisans de l'humanisme chrétien. Il fait la conjonction entre la religion et la liberté dans son livre de 1503, Enchiridion militis christiani. À une religion basée sur un ritualisme sans âme et des obligations comme la messe dominicale, il oppose une religion de l'homme s'adressant directement à Dieu[27]. À sa suite, l'humanisme chrétien touche exclusivement les pratiques ecclésiastiques, et non pas la religion. À ce titre, les humanistes sont en partie à l'origine de la Réforme protestante du XVIe siècle introduite par Martin Luther en Allemagne et Jean Calvin à Genève. En 1524, Érasme se lance dans une controverse avec Luther en publiant Essai sur le libre-arbitre. Le réformateur allemand y répond par l' Essai sur le serf-arbitre. Les débats portent sur la liberté de l'homme et la manière dont celui-ci l'utilise face à la Grâce divine[27].
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+ Les humanistes sont en général pacifistes et cosmopolites. Même quand ils sont au service d'un prince, comme Guillaume Budé, ils font passer leurs impératifs moraux avant les considérations politiques. Érasme, quant à lui, est un temps conseiller de Charles Quint. En 1516, il écrit L'Institution du prince chrétien. Il y loue la notion de bien commun dans un État où le devoir du peuple est mis en parallèle avec celui du prince[27]. Parfois ils envoient des lettres ou dédient leurs ouvrages à un souverain pour essayer d'exercer une influence salutaire sur leurs décisions politiques. Ils proposent volontiers des réformes politiques comme Érasme dans L'Éloge de la Folie en 1511, Thomas More dans l'Utopie en 1515-1516, Rabelais dans Gargantua en 1534. À Florence, tout au long du XVe siècle et même au début du XVIe siècle, les grands humanistes de la ville sont aussi les Chanceliers de la République : Leonardo Bruni, Ange Politien, Nicolas Machiavel...
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Pour une première approche sur l'Italie humaniste à la Renaissance :
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+ Marvel Worldwide Inc., plus communément appelé Marvel Comics ou Marvel, après avoir été nommé Timely Comics puis Atlas Comics, est une subdivision de Marvel Entertainment et l'une des principales maisons d'édition américaines de comic books. Parmi les personnages possédés par Marvel figurent les célèbres Spider-Man, X-Men, Quatre Fantastiques, Hulk, Thor, Captain America, Iron Man, Daredevil, Wolverine et de nombreux autres. La plupart de ces personnages évoluent et interagissent dans le même monde fictif appelé Univers Marvel.
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+ En 2014, Marvel Comics est le premier éditeur devant DC Comics, Image Comics, IDW Publishing et Dark Horse Comics[1].
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+ Martin Goodman, éditeur de Pulps[n 1] depuis 1933, fonde en 1939 Timely Publications dans les locaux de sa société afin de profiter du succès de Superman. Il en est le directeur éditorial et le gestionnaire, Abraham Goodman en étant officiellement l'éditeur[n 2]. Les comic books sont édités sous le nom Timely Comics.
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+ Goodman ne possédant pas encore d'équipe de dessinateurs décide de faire appel à Funnies, Inc. pour lui fournir des bandes dessinées, et la première publication, Marvel Comics (qui devient Marvel Mystery Comics au deuxième numéro) voit le jour en octobre 1939. On y trouve parmi d'autres les aventures de la Torche humaine de Carl Burgos et celles de Namor réalisées par Bill Everett mais aussi les aventures de l'Ange, le héros de la jungle Ka-Zar et le personnage de Western The masked raider. Marvel Mystery Comics est suivi de Daring Mystery Comics (1940), Mystic Comics (mars 1940) et Human Torch Comics (automne 1940). Les ventes sont bonnes, mais c'est avec l'apparition en décembre 1940 du premier fascicule de Captain America, héros patriotique créé par Joe Simon et Jack Kirby, que Timely atteint pour la première fois des tirages supérieurs à un million d'exemplaires[n 3]. Le nombre de comics publiés augmente encore avec The Submariner (printemps 1941) et de nouveaux comics aux héros patriotiques : USA Comics (août 1941), All Winners Comics (été 1941), Young allies Comics (été 1941) et Kid Comics (février 1943). Même si la plupart de ces titres sont publiés avant l'entrée en guerre des États-Unis contre les forces de l'Axe, l'ennemi est déjà bien marqué comme étant le nazi.
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+ Joe Simon est alors directeur de publication mais Jack Kirby et lui se brouillent avec Martin Goodman qui ne respecte pas le contrat qui les lient au regard des sommes qui devaient être dues aux auteurs. Kirby et Simon vont donc quitter Timely pour National Comics. Vincent Fago va prendre la place de Joe Simon comme directeur de publication de 1942 à 1945.
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+ À la fin de la guerre en 1945, Marvel lance aussi des magazines et comics humoristiques pour filles, créant notamment les personnages « ordinaires » de Patsy Walker et Millie the Model qui seront publiés pendant plus de vingt ans.
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+ Cependant, après la guerre, les ventes de comics de super-héros déclinent. Afin de rationaliser son entreprise, Goodman décide à partir de 1951 d'accoler à ses nombreuses publications le logo de sa compagnie de distribution, Atlas. Avec Atlas, Goodman publie essentiellement des bandes dessinées des genres alors à la mode : horreur, policier, humour, science-fiction, western, etc. Les diverses tentatives de ressusciter les super-héros que ce soit Captain America, Human Torch ou Submariner se soldent par des échecs. De guerre lasse, Timely sort son dernier comics de super-héros, un numéro de Submariner Comics, en octobre 1955[2]. Cet échec n'empêche cependant pas Timely/Atlas d'être encore en 1957 une des maisons d'éditions de comics les plus importantes. Malheureusement, Goodman commet l'erreur en 1956 de ne plus distribuer ses propres comics mais de sous-traiter cette activité à la société American News Company qui est la plus importante entreprise de distribution du pays[3]. Or, six mois après cette décision, American News met la clef sous la porte et Martin Goodman comme de nombreux autres éditeurs est obligé de chercher un nouveau distributeur[4]. Il parvient alors à signer un accord avec Independent News Company, qui est une division de DC Comics, mais à des conditions très dures. En effet, alors qu'Atlas publiait 85 comic books au début de 1957, soit juste avant la chute d'American News, il est obligé par Independent News à ne conserver que huit titres mensuels. Goodman et son neveu Stan Lee décident de publier 16 bimensuels et limitent les genres publiés au western, à la romance et à la guerre essentiellement[3].
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+ Ainsi à la fin des années 1950, Goodman suit la mode d'alors, à savoir les films de science-fiction, et lance six titres offrant ce type d'histoires : Strange Worlds #1 ; World of Fantasy #15 ; Strange Tales #67 ; Journey into Mystery #50 ; Tales of Suspense #1 ; et Tales to Astonish #1. Ceux-ci n'ont que peu de succès et dès la fin 1959, la plupart d'entre eux (sauf Strange Worlds et World of Fantasy, dont la publication est arrêtée) sont dévoués aux monstres de série B. La plupart contiennent des histoires de Jack Kirby (souvent encrées par Dick Ayers), suivies d'histoires de jungle ou d'évasion de Don Heck, de bandes réalisées par Paul Reinman ou Joe Sinnott, et terminées par un récit-court de Stan Lee et Steve Ditko[5].
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+ Marvel publie aussi de nombreux comics humoristiques pour filles, tel que Kathy (« The teenage tornado! ») (octobre 1959) ou Linda Carter, Student Nurse (septembre 1961).
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+ Bien que les couvertures des publications Timely portaient parfois la phrase « A Marvel magazine » sur leur couverture dès All Surprise Comics #12 (Hiver 1946-7), et bien que celles-ci portèrent durant plusieurs mois en 1949-1950 un logo « Marvel Comic », le premier comic book officiellement édité par « Marvel Comics » est le recueil d'histoires de science-fiction Amazing Adventures #3, qui porte la boîte « MC » sur sa couverture. Daté sur celle-ci d'août 1961, il a été publié le 9 mai 1961[6],[n 4].
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+ Stan Lee est directeur de publication de Marvel Comics de 1941 à 1942 et 1945 à 1972.
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+ Au début des années 1960, Martin Goodman, apprenant le succès auprès du public américain du comics la Ligue de justice d'Amérique, demande à Stan Lee d'en créer pour profiter de cet effet d'engouement. Avec Jack Kirby, Stan Lee imagine les aventures de cette nouvelle équipe, nommée les Fantastic Four[7], dont les aventures sont contées dans le comics éponyme à partir de novembre 1961[8]. Puis c'est le tour de Hulk en mai 1962 (Lee et Kirby), Thor en août 1962 (Lee et Kirby), Spider-Man en août 1962 (Lee et Steve Ditko), Iron Man en mars 1963 (Lee et Don Heck), Les X-Men et Les Vengeurs tous deux en septembre 1963 (Lee et Kirby), Daredevil en avril 1964 (Lee et Bill Everett), etc. Tous sont des succès qui amènent Marvel à être la première maison d'édition de comics devant DC Comics[9]. Alors que les héros de l'univers DC comme Superman apparaissent à une époque émerveillée par la science (génétique, physique quantique) et se développent dans le contexte de la conquête spatiale, les héros de Marvel, tous ou presque victimes d'irradiations, sont intimement liés au contexte de la guerre froide qui éveille la crainte de la bombe atomique et du nucléaire[10]. Il faut cependant noter que chaque héros ne reçoit pas nécessairement son comic book. Toujours limité en nombre de comics à cause de l'accord commercial avec Independant News, Marvel réunit dans quelques comics les histoires de deux personnages. Ainsi Tales to Astonish accueille Submariner et Hulk, Tales of Suspense Captain America et Iron Man, et Strange Tales le Docteur Strange et la Torche humaine remplacée ensuite par Nick Fury, agent of S.H.I.E.L.D[11].
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+ Alors que les comics après l'instauration du Comics Code Authority, ne se préoccupaient pas des changements dans la société, Stan Lee abandonne cette habitude. Il crée avec Jack Kirby, la Panthère noire, le premier super-héros noir en 1966 dans le comic book des Quatre Fantastiques[12]. Dès 1963, Lee avait abordé le thème du racisme en créant, en septembre 1963, les X-men. Le comics présente des super-héros détestés pour ce qu'ils sont, à savoir des mutants. En éditant ce comics, Lee ouvre la voie à une nouvelle façon de voir les comics de super-héros qui au-delà des combats des gentils contre les méchants peuvent aussi aborder des sujets sérieux[13].
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+ Stan Lee, lorsqu'il commence à créer ses comics de super-héros, décide de ne plus suivre les schémas habituels. Il commence par descendre les super-héros de leur piédestal, comme pouvaient l'être les personnages de DC Comics, et d'en faire de simples humains, avec tous les soucis que ceux-ci peuvent éprouver dans la vie quotidienne, dotés en plus de super-pouvoirs. Il décide en plus de produire un véritable univers fictionnel dans lequel les personnages sont constamment en relation que ce soit par de simples rencontres, des combats ou des alliances et chaque nouvel élément apporté à cet univers est rapidement connu par les lecteurs quel que soit le comics qu'ils lisent[14]. Enfin, étant au début des années 1960 le seul scénariste de Marvel, il est amené à confier une part importante du récit aux dessinateurs. Après avoir discuté des grandes lignes de l'intrigue avec le dessinateur, il le laisse organiser ses planches pour ensuite ajouter les textes. Cette méthode est d'autant plus facile à mettre en œuvre que Lee travaille avec des artistes tels que Jack Kirby, Steve Ditko, Wally Wood ou Bill Everett qui sont des maîtres dans l'art du récit dessiné[15].
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+ Lee invite les dessinateurs à imiter le style énergique de Jack Kirby, qui est le dessinateur vedette de la maison[16], bien que certains, comme Steve Ditko dont le dessin plus anguleux est apprécié sur le comics de Spiderman, n'abandonnent pas leur personnalité[15].
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+ Les artistes, peu à peu, adoptent un style plus expressif. Jack Kirby abandonne le formalisme du gaufrier et insère dans le récit des pleines pages[17] parfois construites à partir de photographies découpées dans des magazines qui constituent un décor fantastique où il place par la suite ses personnages[18]. À la fin de l'Âge d'argent, des dessinateurs tels que Jim Steranko, Neal Adams ou Gene Colan se libèrent du cadre antérieur par un art plus expressif[19].
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+ Les couvertures sont longtemps préparées par Marie Severin qui propose des brouillons aux autres artistes afin qu'aucun comics ne sorte le même mois avec une couverture trop semblable à celle d'un autre. De plus, ces couvertures sont inspirées par le scénario alors que chez d'autres éditeurs elles peuvent n'avoir aucun rapport avec l'histoire[20].
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+ Marvel a également fait connaître de grands auteurs fantastiques aux jeunes générations, en adaptant en BD les meilleures nouvelles de Robert Bloch, Ray Bradbury, Lovecraft, mais avec un succès moindre.
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+ Fin 1996, Marvel Enterprises se retrouve en faillite et est rachetée en 1998 par Toy Biz (un fabricant de jouets) qui se rebaptise Marvel Entertainment créant un groupe diversifié. Avec l'hommes d'affaires Avi Arad, l'éditeur Bill Jemas et l'éditeur en chef Bob Harras, Ike Perlmutter, co-propriétaire de Toy Biz, stabilise les dépenses et sauve la marque[21].
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+ En 2000, Marvel lance à l'instigation de Joe Quesada et Bill Jemas, ses dirigeants de l'époque, la ligne Ultimate pour essayer d'attirer un nouveau lectorat en se débarrassant des contraintes de la continuité et avec des héros remis au goût du jour. Bien que ces comics comptent parmi les meilleures ventes de Marvel, le projet est un échec partiel, n'arrivant pas s'affirmer de manière décisive en dehors du lectorat traditionnel de l'éditeur. En parallèle, Marvel signe des accords avec des studios de cinéma pour produire des longs métrages.
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+ En 2000, fort du succès des séries Marvel Knights, Joe Quesada devient directeur de publication de Marvel Comics. La maison échappe à la faillite et commence à diversifier ses lignes éditoriales : en créant en 2001 son propre système de classement (le Marvel Rating System), elle lance les collections MAX (plus violent et adulte, avec les histoires du Punisher par Garth Ennis) ou Marvel Adventures (pour les enfants), ainsi qu'un autre univers, Ultimate Marvel, où certains personnages sont l'objet d'un reboot pour les nouveaux lecteurs.
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+ Marvel commence également à s'impliquer dans les adaptations cinématographiques des licences : après les succès des adaptations tirées de séries mineures comme Men in Black en 1997 et Blade en 1998, elle négocie les droits d'adaptation avec différents studios, permettant ainsi la production de grands succès comme X-Men en 2000 et Spider-Man en 2002.
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+ Le 31 août 2009, The Walt Disney Company rachète Marvel Entertainment pour 4 milliards de dollars (soit 2,8 milliards d'euros)[22]. L'achat se fait par échange d'actions au taux de 0,745 action Disney pour une Marvel et 30 $ en numéraire mais cette transaction nécessite l'approbation de la commission anti-monopole et des actionnaires de Marvel[22]. Cet évènement entraîne le fait que Warner et Disney, déjà opposé dans le domaine du dessin animé (Warner étant le créateur des Looney Toons), se trouvent à nouveau en rivalité dans le domaine des comics, à travers Marvel et DC Comics (appartenant également à Warner, créateur, entre autres, de Superman et Batman).
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+ Le 4 janvier 2011, Axel Alonso est nommé directeur de publication de Marvel Comics[23]. Le 16 février 2011, Marvel Comics et Disney Publishing annoncent leur première collaboration concrète avec le lancement d'un mensuel nommé Disney-Pixar Presents en mai 2011 avec des personnages de Pixar[24]. Le 11 avril 2011, Marvel Comics et Disney annoncent qu'ils lanceront en juin une publication grand format sur les Muppets[25].
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+
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+ Le 13 février 2012, Disney Publishing Worldwide annonce emménager dans le même immeuble que Marvel Comics à New York[26]. Disney était installé depuis 2007 à White Plains[27]. Le 12 juin 2012, Club Penguin annonce que les personnages de Marvel Comics seront disponibles dans le jeu à compter du 3 juillet[28]. Le 16 novembre 2013, Disney lance son premier comic book publié par la maison d'édition Marvel Comics, une filiale de Disney depuis 2009 intitulé Disney Kingdoms : Seekers of the Weird[29]. Le 3 janvier 2014, Marvel annonce récupérer à partir de 2015 la licence Lucasfilm des publications Star Wars au détriment de Dark Horse[30].
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+ En 2014 à Paris, les super-héros Marvel sont mis à l'honneur le temps d'une exposition à Art ludique - Le Musée, preuve de leur impact fort dans la culture populaire occidentale du XXIe siècle[31]. Le 28 avril 2015, Maker Studios lance une campagne de création de contenu sur Marvel et sur les X Games d'ESPN[32],[33],[34].
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+
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+ En 2014, Marvel adopte une ligne éditoriale « All-New, All-Different » pour mettre en avant les femmes auteures ou héroïnes et les minorités. Une fraction du lectorat dénonce cette ligne éditoriale. En mars 2017, Marvel fait un retour en arrière. Durant l'été 2017, les auteures de Marvel sont victimes de harcèlement sur Internet[35].
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+
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+ En 2020, Marvel officialise la récupération des droits des séries Alien et Prédator dû au rachat par Disney de la 21st Century Fox. De la même façon que pour les comics Star Wars, Disney a donné à Marvel, la tache de décliner cette licence de Science-Fiction en comics. [36]
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+ Marvel a publié certains comics sous des labels spécifiques :
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+ En France, les revues de Marvel ont été diffusées par les éditions Arédit/Artima et les éditions Lug devenues Semic et enfin par Panini Comics. Chaque numéro des mensuels ou trimestriels (Strange, Titans, Spécial Strange, Nova, etc.) distribués par leurs soins étaient composés d'histoires provenant de plusieurs revues américaines distinctes.
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+ Au Québec, plusieurs titres de Marvel furent publiés, dans un format similaire aux originaux, par Les Éditions Héritage.
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+ Voir la catégorie Personnage de comics Marvel et ses sous-catégories.
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+ Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article
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+ Un hydrocarbure (HC) est un composé organique constitué exclusivement d'atomes de carbone (C) et d'hydrogène (H)[1]. Sa formule brute est donc de la forme : CnHm, n et m étant deux nombres entiers naturels.
2
+
3
+ Sous forme de carbone fossile, les hydrocarbures (charbon, pétrole et gaz naturel principalement) constituent une ressource énergétique essentielle pour l'économie depuis la révolution industrielle, mais sont aussi source de gaz à effet de serre issus de leur utilisation importante.
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+
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+ Il s'agit de ressources non renouvelables (à l'échelle chronologique humaine) dont les gisements commencent localement à s'épuiser ou à être très coûteux et difficiles à exploiter (gisements marins ou très profonds, souvent de moindre qualité), qu'il s'agisse du charbon, du pétrole[2] ou du gaz naturel[3].
6
+
7
+ On peut trouver des lacs d'hydrocarbures sur Titan, un satellite de Saturne[4] et on trouve des taches d'hydrocarbures sur Pluton[5].
8
+
9
+ On distingue selon leur nature :
10
+
11
+ De plus, il existe plusieurs enchaînements possibles :
12
+
13
+ On distingue selon leur provenance :
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+
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+ Les trois derniers de ces hydrocarbures forment en réalité un continuum (de qualité de plus en plus mauvaise du point de vue industriel et environnemental[6])
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+
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+ Les hydrocarbures saturés linéaires ou ramifiés possèdent la formule brute suivante: CnH(2n+2), où n est un nombre entier naturel non nul.
18
+ Exemple : molécule de méthane, un atome de carbone : C1 d'où le nombre d'atomes d'hydrogène H(1*2+2) : CH4
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+
20
+ Les hydrocarbures saturés cycliques possèdent une formule brute différente. Celle-ci varie en fonction du nombre de cycles que contient la molécule. S'il n'y a qu'un cycle : CnH2n. S'il y en a deux : CnH(2n-2). Chaque cycle requiert une paire d'atome d'hydrogène en moins. La formule brute générale est : CnH(2(n-c)+2) « c » étant le nombre entier naturel de cycles.
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+
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+ Les hydrocarbures insaturés linéaires ou ramifiés possèdent la formule brute : CnH(2(n-i)+2), où n est un entier naturel non nul et i est le nombre entier d'insaturation.
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+
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+ Les hydrocarbures insaturés cycliques possèdent la formule brute suivante: CnH(2(n-i-c)+2), où n est un nombre entier naturel non nul et i est le nombre entier naturel d'insaturation, c étant le nombre entier naturel de cycles.
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+ Radical en fonction du nombre de carbones
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ On appelle combustible fossile tous les combustibles riches en carbone — essentiellement des hydrocarbures — issus de la méthanisation d'êtres vivants morts et enfouis dans le sol depuis plusieurs millions d’années, jusqu’à parfois 650 millions d’années[1]. Il s’agit du pétrole, du charbon, de la tourbe et du gaz naturel. Parmi ces derniers, le méthane (CH4) présente le rapport H/C le plus élevé, alors que l’anthracite et certaines houilles sont composés de carbone presque pur.
2
+
3
+ Ces sources d'énergie ne sont pas renouvelables car elles demandent des millions d'années pour se constituer et qu'elles sont utilisées beaucoup plus rapidement que le temps nécessaire pour recréer des réserves. L’utilisation de combustibles fossiles a plus que doublé depuis les années 1970[2].
4
+
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+ Les combustibles fossiles représentaient en 2002 environ 80 % des 10 078 MTep d'énergie consommée dans le monde. Ils sont généralement classés en deux grandes catégories :
6
+
7
+ Les combustibles fossiles conventionnels représentent la quasi-totalité de la consommation actuelle d’énergies fossiles.
8
+
9
+ Parmi les combustibles fossiles non conventionnels, on peut citer :
10
+
11
+ Les réserves prouvées de combustibles fossiles dans le monde au 1er janvier 2013 sont les suivantes (entre parenthèses, les 3 premiers pays du monde en termes de réserves pour chaque catégorie) :
12
+
13
+ Les ressources sont inégalement réparties à l'échelle planétaire. Pour le pétrole, les 3 pays les mieux dotés possèdent 45 % des réserves mondiales totales, et les 20 premiers pays plus de 95 %[4]. En ce qui concerne le gaz, les 20 premiers pays détiennent plus de 91 % des réserves prouvées[5]. Finalement, environ 60 % des réserves de charbon sont détenues par 3 pays[6].
14
+
15
+ Aujourd'hui (année 2018), l’utilisation par l’humanité de quantités considérables de combustibles fossiles est à l’origine d’un déséquilibre important du cycle du carbone, ce qui provoque une augmentation de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère terrestre et, par voie de conséquence, entraîne des changements climatiques.
16
+
17
+ Les réserves de combustibles fossiles de la planète se renouvellent bien plus lentement que leur vitesse de consommation actuelle, ce qui a laissé présager leur épuisement au cours des prochaines décennies. Pour donner un ordre de grandeur de la vitesse d’utilisation des combustibles fossiles, on considère que, au rythme actuel, l’humanité aura épuisé en moins de 200 ans les réserves accumulées pendant plusieurs centaines de millions d’années (pour fixer les idées, on prendra 200 millions d’années, sachant que le carbonifère dura environ 60 millions d’années[pourquoi ?]). On constate ainsi que l’humanité épuise les réserves de combustibles fossiles environ un million de fois plus vite que ce que la nature a mis pour les constituer.
18
+
19
+ La théorie du pic pétrolier (ou de pic de Hubbert), popularisée au début des années 2000, prédisait la survenue sous quelques années du moment où la production mondiale de pétrole plafonnerait et commencerait à décliner en raison d'un épuisement des ressources disponibles. Ces prédictions ont cependant été rendues caduques à la suite de la crise économique de 2008, qui a entraîné un affaiblissement de la demande mondiale. L'entrée en exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis et dans d'autres pays à partir de 2010 a quant à elle contribué à étendre les réserves exploitables, repoussant d'autant la perspective d'un épuisement du pétrole. En 2014, l'Agence internationale de l'énergie prévoyait une hausse de 15 % de la production mondiale de pétrole d'ici 2040, en fonction d'arbitrages opérés par les pays de l'OPEP[7].
20
+
21
+ La part des énergies fossiles dans le mix énergétique mondial devrait passer de 82 % en 2014 à 75 % en 2040, au profit d'une progression des énergies renouvelables[8].
22
+
23
+ En novembre 2019, la Banque européenne d'investissement (BEI) annonce la fin de ses financements de projets énergétiques en lien avec les énergies fossiles (pétrole, charbon et gaz) à partir de 2022[9]. Cette annonce fait suite à d'autres engagements semblables comme celui du fonds souverain norvégien[10],[11].
24
+
25
+ La Chine et quelques pays continuent à fortement soutenir le développement du charbon.
26
+
27
+ Le gaz de schiste a connu un fort développement aux États-Unis, mais pourrait connaitre un ralentissement en raison des impacts environnementaux des techniques de fracturation hydraulique et des fluides de fracturation nécessaires pour extraire ce gaz des couches de schiste compact.
28
+
29
+ En 2013, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie un premier inventaire de la « fiscalité noire », c'est-à-dire des soutiens aux énergies fossiles accordés par les 34 pays-membres de cette institution ; de même qu'un inventaire des « effets des taux légaux des taxes sur divers carburants et combustibles, lorsque ces taux sont exprimés par unité d’énergie ou par unité d’émission de dioxyde de carbone (CO2) »[12]. Les conclusions de cette étude et le communiqué qui l'accompagne encouragent les États-membres de l’OCDE à accélérer de développement de leur fiscalité écologique (« fiscalité verte ») pour notamment favoriser l’efficacité énergétique et la transition énergétique (afin de sortir de la dépendance aux énergies fossiles en particulier) en développant les énergies propres et sûres, tout en diminuant la pollution. En France, Pascal Saint-Amans (directeur du Centre de politique et d'administration fiscales), rappelant que la fiscalité relève de la souveraineté des États, a encouragé le sénat à soutenir l'action politique en faveur de l'écotaxe en France, lors d’une audition par la commission des finances du Sénat (20 février 2013)[13].
30
+
31
+ L'OCDE dénonce à cette occasion la persistance et l'importance de cette « fiscalité noire » et encourage à la supprimer (les subventions à la production et consommation d’énergies fossiles ont représenté de 55 à 90 Md$ (de 41 à 67 Md€) par an de 2005 à 2011 pour les 34 États de l’OCDE, les 2⁄3 de ces subventions ayant été touchés par l’industrie pétrolière, le 1⁄3 restant ayant été équitablement partagé entre l'Industrie du charbon et la filière gaz naturel. L'OCDE note aussi une « distorsion inquiétante », de la fiscalité du Gazole (carburant très polluant et affectant le plus la santé en termes de mortalité), surfavorisé par une moindre taxation (−37 % par rapport à l’essence).
32
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33
+ Le Danemark est félicité pour ses écotaxes.
34
+
35
+ L'Allemagne est encouragée à poursuivre une réforme qui a déjà (en 2012) divisé par 2 les soutiens à la production de combustibles fossiles (2 Md€ en 2011, soit environ 0,1 % du PIB) tout en soutenant le développement du solaire et de l’éolien.<vbr/>la France fait encore figure de mauvaise élève avec de nombreuses exonérations (carburants de navires, taxis, pour certains usages agricole, pour des droits d'accise offertes producteurs de gaz naturel, l'industrie du raffinage, avec également des exonérations de TVA pour les équipements de forage en mer, des aides aux stations-service des régions isolées, des soutiens au Diesel, etc.)[13].
36
+
37
+ En 2013, l’OCDE liste une trentaine de subventions encourageant les énergies fossiles et polluantes, sur la base de données fournies par la France (qui a oublié la détaxation du kérosène utilisé par les vols intérieurs)[13].
38
+
39
+ En septembre 2015, l'OCDE publie un nouvel Inventaire des mesures de soutien pour les combustibles fossiles : le soutien public (affiché dans les budgets nationaux) à la production et à la consommation de combustibles fossiles dans les pays de l’OCDE et les grandes économies émergentes y est évalué à environ 160-200 milliards USD par an, ce qui entrave l'effort mondial de réduction des émissions et de lutter contre le changement climatique. Près de 800 programmes de dépenses et d'allégements fiscaux ont été mis en œuvre dans les 34 pays de l’OCDE et six grandes économies émergentes du G20 (Brésil, Chine, Inde, Indonésie, Russie et Afrique du Sud), qui incitent encore à produire ou consommer des combustibles fossiles, notamment en réduisant les prix pour les consommateurs ainsi que les coûts d’exploration et d’exploitation pour les compagnies pétrolières et gazières. Au sein de l'OCDE, le montant de ces mesures a chuté d'un tiers en 6 ans (2008-2014) mais principalement grâce aux efforts du Mexique et de l'Inde, et en ne décroissant que depuis 2013 dans les pays émergents[14]. La France continue à soutenir des énergies fossiles en encourageant le diesel, et en subventionnant certains outils de cogénération, le secteur agricoles, les raffineries. Ce travail n'inclut pas les subventions existantes dans les pays pétroliers hors OCDE, ni les soutiens transnationaux comme les crédits à l'export de charbon ; il ne présente qu'une partie de la fiscalité noire dans le monde[14].
40
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41
+ L'Agence internationale de l'énergie, avec une méthodologie différente et un champ plus large, évalue à 548 Mds $ (milliards de dollars) en 2013 les subventions à la consommation mondiale de combustibles fossiles, dont plus de la moitié pour les produits pétroliers ; c'est quatre fois le montant de celles attribuées aux énergies renouvelables et plus de quatre fois supérieures aux investissements dans l'amélioration de l'efficacité énergétique[15]. Les pays pétroliers (Moyen-Orient, Afrique du Nord) ne sont pas repris dans les statistiques de l'OCDE (ci-dessus), or ce sont ceux qui subventionnent le plus le carbone fossile : Iran 84 Mds $, Arabie Saoudite 62 Mds $, Russie 47 Mds $, Venezuela 38 Mds $, Égypte 30 Mds $, Indonésie 29 Mds $, etc. L'AIE note aussi que les deux pays les plus peuplés ont aussi des subventions importantes : Inde 47 Mds $ et Chine 21 Mds $[16].
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+
43
+ Des initiatives courageuses ont été prises récemment : le président indonésien Joko Widodo, à peine intronisé en 2014, a d'emblée imposé une hausse de 30 % du prix de l'essence, afin de récupérer le coût des subventions à l'énergie, estimé à plus de 20 milliards de dollars par an, pour dégager des marges suffisantes en vue de moderniser les infrastructures et investir dans l'éducation[17].
44
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45
+ Ce sont des énergies non renouvelables à l'échelle de l'humanité car leur reconstitution naturelle demanderait des millions d’années pour être achevée[18]. Outre leur épuisement inéluctable, l’exploitation de ces combustibles est à l’origine de problèmes environnementaux relatifs aux dégâts écologiques liés à leur extraction (celle des sables bitumineux de l’Athabasca a été particulièrement médiatisée) et à leur utilisation (réchauffement climatique dont seraient en grande partie responsables les gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone massivement émis par leur combustion et le méthane émis lors de l'extraction et du transport du gaz naturel).
46
+
47
+ Selon la revue Nature (janvier 2015), un tiers des réserves de pétrole, la moitié de celles de gaz, et 80 % de celles de charbon devraient rester sous terre pour que soit respecté l’objectif de seuil maximal de hausse des températures de 2 °C d’ici à 2050[19].
48
+
49
+ De nombreuses conférences sur le climat ont eu lieu depuis des décennies pour essayer de contenir le réchauffement climatique. La plus médiatisée a été la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP21). Malgré ces mises en garde répétées, le quasi-consensus scientifique sur l'impact de l'exploitation des combustibles fossiles sur le climat, et les risques d'accident sur les plateformes en mer, les grandes entreprises des secteurs pétrolier et gazier, profitant d'une certaine absence de réglementation internationale sur l'exploitation en mer des hydrocarbures, poursuivent cette exploitation. Depuis 2004, elles organisent chaque année une conférence sur l'exploitation des hydrocarbures en eaux profondes, appelée MCE Deepwater Development (MCEDD)[20]. La conférence de 2016 s'est tenue à Pau du 5 au 7 avril 2016, et avait pour objectif de « réussir une baisse significative des coûts pour que l’industrie opérant en mer profonde puisse rester compétitive »[21].
50
+
51
+ L'ONU rappelait en 2007 dans son rapport GEO-4[22] que la « combustion des carburants fossiles dans les centrales électriques et dans les véhicules est la principale source d’émissions de CO2, de SO2 et de NOx », précisant que « les liens entre l’exposition aux polluants atmosphériques et les problèmes sanitaires humains ne font aucun doute. Dans les premières années de notre décennie, on estime que la pollution de l’air a été à l’origine de 70 000 morts prématurées par an aux États-Unis et de 5 900 au Canada. On sait qu’elle favorise l’asthme, dont l’augmentation du nombre de cas est importante, en particulier chez les enfants. Le mercure émis lors de la combustion du charbon dans les centrales électriques entre dans la chaîne alimentaire, affectant les peuples indigènes du Nord de l'Amérique plus que tout autre Nord Américain (voir Chapitre 2 et la section de ce chapitre consacrée aux régions polaires). Ses effets sur la santé peuvent être très graves ».
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+
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+
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+ 0,0708 kg·L-1 (liquide, −253 °C),
4
+ 0,0706 kg·L-1 (solide, −262 °C)[1]
5
+
6
+
7
+
8
+ L'hydrogène est l'élément chimique de numéro atomique 1, de symbole H. L'hydrogène présent sur Terre est presque entièrement constitué de l'isotope 1H (un proton, zéro neutron) ; il comporte environ 0,01 % de 2H (un proton, un neutron). Ces deux isotopes sont stables. Un troisième isotope 3H (un proton, deux neutrons), instable, est produit dans les explosions nucléaires. Ces trois isotopes sont respectivement appelés « protium », « deutérium » et « tritium ».
9
+
10
+ L'hydrogène peut avoir les nombres d'oxydation 0 (dihydrogène H2 ou hydrogène métallique), +I (dans la plupart de ses composés chimiques) et –I (dans les hydrures métalliques). L'hydrogène est un élément électropositif, fréquemment ionisé à l'état H+ ou H3O+. Mais il forme aussi des liaisons covalentes, notamment dans l'eau et la matière organique.
11
+
12
+ L'hydrogène est le principal constituant du Soleil et de la plupart des étoiles (dont l'énergie provient de la fusion thermonucléaire de cet hydrogène), et de la matière interstellaire ou intergalactique. C'est un composant majeur des planètes géantes, sous forme métallique au cœur de Jupiter et de Saturne, et sous la forme de dihydrogène solide, liquide ou gazeux dans leurs couches plus externes et dans les autres planètes géantes. Sur Terre il est surtout présent à l'état d'eau liquide, solide (glace) ou gazeuse (vapeur d'eau), mais il se trouve aussi dans les émanations de certains volcans sous forme H2 et de méthane CH4.
13
+
14
+ Ce gaz a été mis en évidence par Cavendish en 1766, qui l'a appelé « air inflammable » parce qu'il brûle ou explose en présence de l'oxygène, où il forme de la vapeur d'eau. Lavoisier a désigné ce gaz par le nom hydrogène, composé du préfixe « hydro- », du grec ὕδωρ (hudôr) signifiant « eau », et du suffixe « -gène », du grec γεννάω (gennaô), « engendrer »[7]. Il s'agit du gaz de formule chimique H2 dont le nom scientifique est désormais « dihydrogène ».
15
+
16
+ Le dihydrogène est toujours appelé « hydrogène » dans le langage courant.
17
+
18
+ L'hydrogène est l'élément le plus abondant de l'Univers : 75 % en masse et 92 % en nombre d'atomes.
19
+ Il est présent en grande quantité dans les étoiles et les planètes gazeuses ; il est également le composant principal des nébuleuses et du gaz interstellaire.
20
+
21
+ Dans la croûte terrestre, l'hydrogène ne représente que 0,22 % des atomes, loin derrière l'oxygène (47 %) et le silicium (27 %)[8]. Il est rare également dans l'atmosphère terrestre, puisqu'il ne représente en volume que 0,55 ppm des gaz atmosphériques. Sur Terre, la source la plus commune d'hydrogène est l'eau, dont la molécule est constituée de deux atomes d'hydrogène et d'un atome d'oxygène ; l'hydrogène est surtout le principal constituant (en nombre d'atomes) de toute matière vivante, associé au carbone dans tous les composés organiques. Par exemple, l'hydrogène représente 63 % des atomes et 10 % de la masse du corps humain[8].
22
+
23
+ Sous de très faibles pressions, comme celles qui existent dans l'espace, l'hydrogène a tendance à exister sous forme d'atomes individuels car il n'entre pas en collision avec d'autres atomes pour se combiner. Les nuages d'hydrogène sont à la base du processus de la formation des étoiles.
24
+
25
+ L'hydrogène est l'élément chimique le plus simple ; son isotope le plus commun est constitué seulement d'un proton et d'un électron. L'hydrogène est l'atome le plus léger. Comme il ne possède qu'un électron, il ne peut former qu'une liaison covalente : c'est un atome univalent.
26
+
27
+ Cependant, l'hydrogène solide peut être métallique lorsqu'il se trouve sous très haute pression. Il cristallise alors avec une liaison métallique (voir hydrogène métallique). Dans le tableau périodique des éléments, il se trouve dans la colonne des métaux alcalins. N'étant toutefois pas présent dans cet état sur Terre, il n'est pas considéré comme un métal en chimie.
28
+
29
+ La section efficace de capture de l'hydrogène (200 mb aux neutrons thermiques et 0,04 mb aux neutrons rapides)[9] est suffisamment faible pour permettre l'utilisation de l'eau comme modérateur et réfrigérant des réacteurs nucléaires.
30
+
31
+ L'atome d'hydrogène est l'atome le plus simple qui existe. C'est donc celui pour lequel la résolution de l'équation de Schrödinger, en mécanique quantique, est la plus simple. L'étude de ce cas est fondamentale, puisqu'elle a permis d'expliquer les orbitales atomiques, et ensuite les différentes liaisons chimiques avec la théorie des orbitales moléculaires.
32
+
33
+ L’hydrogène est le seul élément dont chaque isotope porte un nom spécifique, car leur différence de masse (comparativement à celle de l'atome d'hydrogène) est significative : du simple au double ou au triple, ce qui explique que, contrairement à ce qui vaut pour les isotopes en général, ces différences peuvent influencer les propriétés chimiques du deutérium ou du tritium par rapport au protium (effet isotopique). L'eau lourde (D2O), qui contient des isotopes d'hydrogène lourds, est par exemple toxique (à forte dose) pour de nombreuses espèces. En effet, en raison de la grande différence de masse entre les isotopes la cinétique des réactions en solution aqueuse est considérablement ralentie.
34
+
35
+ Les isotopes les plus notables de l'hydrogène sont :
36
+
37
+ L'hydrogène, présent en grandes quantités dans le cœur des étoiles, est une source d'énergie par les réactions de fusion nucléaire, qui combinent deux noyaux d'atomes d'hydrogène (deux protons) pour former un noyau d'atome d'hélium. Les deux voies de cette fusion nucléaire naturelle sont la chaîne proton-proton, de Eddington, et le cycle carbone-azote-oxygène catalytique, de Bethe et von Weizsäcker.
38
+
39
+ La fusion nucléaire réalisée dans les bombes à hydrogène ou bombes H concerne des isotopes intermédiaires de la fusion (l'hydrogène se transforme en hélium), comme celle qui se déroule dans les étoiles : isotopes lourds de l'hydrogène, hélium 3, tritium, etc. Mais, dans une bombe H, les réactions nucléaires ne durent que quelques dizaines de nanosecondes, ce qui permet uniquement des réactions en une unique étape. Or, pour aboutir à la transformation de l'hydrogène en hélium, il faut plusieurs étapes dont la première, la réaction d'un proton, est très lente.
40
+
41
+ Sauf aux pressions extrêmement basses (comme dans l'espace intergalactique) ou extrêmement hautes (comme dans les parties centrales de Jupiter et Saturne), le corps simple hydrogène est formé de molécules H2 (dihydrogène).
42
+
43
+ Aux pressions extrêmement hautes, l'hydrogène est dans un état dit « sombre », intermédiaire entre un gaz et un métal. Il ne reflète pas la lumière et ne la transmet pas. Il devient aussi très faiblement conducteur d'électricité[14]. Il s'apparente aux métaux alcalins qui le suivent dans le groupe 1 du tableau de Mendeleïev.
44
+
45
+ Aux pressions les plus basses, l'hydrogène est un gaz monoatomique.
46
+
47
+ La molécule de dihydrogène existe sous deux isomères de spin nucléaire: l'hydrogène ortho (spins parallèles) et l'hydrogène para (spins antiparallèles)[15].
48
+
49
+ Dans les conditions normales de température et de pression, comme dans la plupart des conditions qui intéressent la chimie et les sciences de la Terre, l'hydrogène est un gaz moléculaire de formule H2, le dihydrogène. Le dihydrogène forme aussi de vastes « nuages moléculaires » dans les galaxies, qui sont à l'origine de la formation des étoiles.
50
+
51
+ À très basse pression et très haute température l'hydrogène est un gaz monoatomique (donc de formule H), c'est notamment le cas du gaz interstellaire ou intergalactique. En raison de l'immensité de ces espaces et malgré la très faible densité du gaz, l'hydrogène monoatomique constitue près de 75 % de la masse baryonique de l'univers[16].
52
+
53
+ L'hydrogène solide est obtenu en abaissant la température en dessous du point de fusion du dihydrogène, situé à 14,01 K (−259,14 °C)[17]. L'état solide fut obtenu pour la première fois en 1899 par James Dewar[18],[19].
54
+
55
+ L'hydrogène métallique est une phase de l'hydrogène survenant lorsqu'il est soumis à une très forte pression et à de très basses températures. C'est un exemple de matière dégénérée.
56
+ D'aucuns estiment qu'il y a un intervalle de pressions (autour de 400 GPa) sous lesquelles l'hydrogène métallique est liquide, même à de très basses températures[20],[21].
57
+
58
+ L'hydrogène triatomique est une forme allotropique très instable du corps simple hydrogène, de formule H3[22].
59
+
60
+ L'atome d'hydrogène peut perdre son unique électron pour donner l'ion H+, désigné couramment par le nom de proton. En effet l'atome qui a perdu son seul électron est réduit à son noyau, et dans le cas de l'isotope le plus abondant 1H, ce noyau n'est constitué que d'un proton. Cette appellation n'est pas rigoureusement correcte si l'on tient compte de la présence, certes discrète (inférieure à 0,02 %), des autres isotopes. L'appellation hydron est plus générale (on dit aussi ion hydrogène, malgré la confusion possible avec l'anion H–). Son rayon est très petit : environ 1,5 × 10−15 m contre 5 × 10−11 m pour l'atome.
61
+
62
+ En solution, le proton n'existe pas à l'état libre mais est toujours lié au nuage électronique d'une molécule. En solution aqueuse il est solvaté par des molécules d'eau ; on peut en simplifiant considérer qu'il est capté par une molécule d'eau H2O, formant un ion « hydronium » H3O+, aussi appelé « oxonium » ou « hydroxonium ».
63
+
64
+ L'atome d'hydrogène peut aussi acquérir un second électron pour donner l'ion « hydrure » H–, ce qui lui confère le même cortège électronique stable que l'atome d'hélium.
65
+
66
+ L'hydrogène joue un rôle primordial dans une réaction acido-basique (au sens de la théorie de Brønsted-Lowry) puisque cette dernière correspond formellement à l'échange d'un ion hydrog��ne H+ entre deux espèces, la première (l'acide) libérant H+ par rupture d'une liaison covalente, et la deuxième (la base) captant cet H+ par formation d'une nouvelle liaison covalente :
67
+
68
+ La liaison hydrogène est une interaction électrostatique entre un atome d'hydrogène, lié chimiquement à un atome électronégatif A, et un autre atome électronégatif B (A et B étant typiquement O, N ou F en chimie organique).
69
+
70
+ Cette liaison joue un rôle important en chimie organique, puisque les atomes d'oxygène O, d'azote N ou de fluor F sont susceptibles de créer des liaisons hydrogène, mais aussi en chimie inorganique, entre les alcools et les alcoolates métalliques.
71
+
72
+ L'atome d'hydrogène peut engager son unique électron pour former une liaison covalente avec de nombreux atomes non-métalliques.
73
+
74
+ Les composés les plus connus sont :
75
+
76
+ L'hydrogène est également présent dans toutes les molécules organiques, où il est lié principalement à des atomes de carbone, d'oxygène et d'azote.
77
+
78
+ L'hydrogène se combine avec la plupart des autres éléments car il possède une électronégativité moyenne (2,2) et peut ainsi former des composés avec des éléments métalliques ou non-métalliques. Les composés qu'il forme avec les métaux sont appelés « hydrures », dans lesquels il se trouve sous forme d'ions H− trouvés généralement en solution. Dans les composés avec les éléments non-métalliques, l'hydrogène forme des liaisons covalentes, car l'ion H+ a une forte tendance à s'associer avec les électrons. Dans les acides en solution aqueuse, il se forme des ions H3O+ appelés ions « hydronium » ou « oxonium », association du proton et d'une molécule d'eau.
79
+
80
+ L'hydrogène corrode de nombreux systèmes d'alliages en les fragilisant[23]. Ceci peut conduire à des défaillances catastrophiques, par exemple de piles à combustible ou de certains processus catalytiques. C'est un problème grave pour les industries qui produisent ou utilisent de l'hydrogène. C'est encore un frein à la production, au transport, au stockage et à un large usage de ce produit[23].
81
+
82
+ La science des matériaux recherche des matériaux plus résistants à la fragilisation par l'hydrogène, mais ce travail est rendu difficile par la difficulté de mesurer ou d'observer l'hydrogène de manière expérimentale et à l'échelle atomique[23]. Chen et al.[24] ont réussi en 2017 à observer la répartition tridimensionnelle (3D) précise des atomes d'hydrogène dans la matière grâce à une nouvelle approche de la tomographie par sonde atomique basée sur la deutérisation, le transfert cryogénique et des algorithmes appropriés d'analyse de données[23].
83
+
84
+ Dans un rapport publié en juin 2019, l'Agence internationale de l'énergie note la polyvalence de l'hydrogène, qui peut être produit à partir de tous les combustibles fossiles, des énergies renouvelables et du nucléaire, peut être transporté sous forme gazeuse ou liquide et être transformé en électricité ou en méthane pour un large éventail d'usages[25].
85
+
86
+ On peut distinguer trois catégories d'hydrogène, selon leur mode de production[26]:
87
+
88
+ L'hydrogène produit dans la croûte terrestre (par la diagenèse et la radiolyse), ainsi que l'hydrogène primordial (présent depuis la formation de la Terre) sont d'autres sources envisageables, mais qui n'ont pas encore été explorées[27].
89
+
90
+ L'hydrogène est actuellement presque entièrement produit à partir de gaz naturel et de charbon.
91
+
92
+ Pour ses propres besoins, l'industrie produit de l'hydrogène (ex. : en France, plus de 900 000 t/an d'hydrogène, notamment pour la désulfurisation de carburants pétroliers et pour fabriquer l'ammoniac des engrais nitratés — l'hydrogène est alors un intrant chimique et non un vecteur énergétique). Le processus industriel le moins cher pour produire cet hydrogène, en 2018, est le reformage d'hydrocarbures, le plus souvent par vaporeformage du gaz naturel (lequel est essentiellement composé de méthane). À une température comprise entre 700 et 1 100 °C, la vapeur d'eau réagit avec le méthane en donnant du monoxyde de carbone et de l'hydrogène. La purification de l'hydrogène étant plus facile sous forte pression, le reformage est réalisé sous une pression de vingt bars. Le mélange hydrogène/monoxyde de carbone est communément appelé « gaz de synthèse ». Si la réaction est faite en présence d'un excès de vapeur d'eau, le monoxyde de carbone est oxydé au niveau d'oxydation supérieur, conduisant au dioxyde de carbone, ce qui augmente la production d'hydrogène.
93
+
94
+ La production industrielle « traditionnelle » d'hydrogène à partir d'hydrocarbures fossiles a un mauvais bilan carbone et est très émettrice de gaz à effet de serre, avec presque dix millions de tonnes d'équivalent CO2 par an vers 2015-2017, soit 7,5 % des émissions de gaz à effet de serre de l'industrie française, d'après l'ADEME en 2018[28], et des émissions de CO2 équivalentes en 2019 à celles de l'Indonésie et du Royaume-Uni réunis. Mais le coût de production de l'hydrogène à partir d'électricité renouvelable, élevé, pourrait baisser de 30 % d'ici 2030 grâce au déclin des coûts des énergies renouvelables et aux économies d'échelle[25].
95
+
96
+ La société Air liquide possède une maîtrise particulière de ce processus. En 2015, elle a mis en service en Arabie saoudite, sur le site de Yanbu, une unité ayant une capacité totale de production d'hydrogène de 340 000 m3/h aux CNTP[29].
97
+
98
+ En 2019, l'agence australienne d'énergie renouvelable (ARENA) va aider à hauteur de 9,41 millions de dollars australiens (8,5 M€) un projet du Groupe Hazer (compagnie d'énergie renouvelable australienne) visant à convertir du biogaz issu de méthanisation de boues d'épuration en hydrogène et en graphite. Hazer veut construire une usine démonstratrice de 15,8 millions de dollars US à Munster (Australie de l'Ouest)[30].
99
+
100
+ La filière hydrogène produit, stocke, promeut et valorise l'hydrogène et la recherche sur l'hydrogène. En 2015, des expérimentations d'hydrogène vert (décarboné) existent mais ce gaz est encore « majoritairement produit à partir de gaz naturel (fossile) et employé comme composant chimique dans des procédés industriels », avec un mauvais bilan carbone et une contribution conséquente à l'effet de serre. La filière est néanmoins présentée comme intéressante pour le développement durable, car :
101
+
102
+ Le 8 juillet 2020, la Commission européenne présente un programme pour le développement de l’hydrogène vert, fixant l'objectif que l'hydrogène couvre 12 à 14 % des besoins en énergie d'ici 2050 afin de décarboner certains secteurs de l'industrie et des transports. Elle compte sur l'hydrogène pour contribuer à la transition énergétique et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. En parallèle, le commissaire européen au commerce intérieur, Thierry Breton annonce la création de l'alliance de l'hydrogène[33].
103
+
104
+ L'ADEME envisage un mix électrique à 40 % composé de "renouvelables" en 2035, puis à 60 % et 70 % en 2050 (contre près de 18 % en 2017, alors en majorité de source hydroélectrique)[31].
105
+
106
+ La filière cherche à industrialiser ses processus pour diminuer ses coûts (notamment celui de la pile à combustible). Le développement d'une « mobilité hydrogène » est également freiné par un nombre encore très faible de stations de recharge (et de leur capacité encore faible : 10 à 80 kg H2/j à 350 bar). L'hydrogène peut améliorer la puissance du véhicule, prolonger son autonomie et améliorer la rapidité de recharge, par rapport aux batteries[32],[34].
107
+
108
+ L'Ademe juge que l'hydrogène aura un rôle important dans la transition énergétique, comme vecteur d'optimisation des réseaux énergétiques, pour stocker l'énergie dans l'autoconsommation solaire ou photovoltaïque, et pour certains véhicules professionnels, à condition de décarboner sa production grâce à une électrolyse utilisant une électricité verte et à la transformation de la biomasse (vaporeformage de biogaz, pyrogazéification de biomasse solide). Le bilan environnemental de la filière dépendra surtout de « la source primaire utilisée pour fabriquer l'hydrogène ». L'agence invite à limiter à moins de cent kilomètres la distance de transport de l'hydrogène entre le point de fabrication et la station de distribution. Les véhicules à batterie restent à privilégier, lorsque c'est possible (autonomie, disponibilité, etc.), compte tenu du meilleur rendement de ce type de stockage, et les économies d'énergie restent une priorité[31]. L'une des pistes de développement (en cours de test en 2018/2019) est l'injection dans le réseau de gaz, en France via deux démonstrateurs : GRHYD et Jupiter 1000, pour lever les verrous techniques qui subsistent encore[32].
109
+
110
+ En juin 2018, le gouvernement français mandate l'Ademe pour lancer le « plan national de déploiement de l’hydrogène » (ou « plan hydrogène »), afin de donner une impulsion à ce secteur dont le « fort potentiel » est perçu par les acteurs publics. L'objectif du gouvernement est « de créer une filière industrielle française décarbonée, d'ouvrir de nouvelles perspectives au stockage des énergies renouvelables et de développer des solutions zéro émission pour les transports »[35]. Un an après, l'agence publique a réalisé de multiples appels à projets, dont « Écosystèmes de mobilité hydrogène », qui a permis de sélectionner des projets « sur tous les territoires » et diversifiés, comme « la livraison du dernier kilomètre en milieu urbain, le transport collectif de personnes en bus ou en navette maritime, la location de voitures, la collecte de déchets, les flottes d'entreprises et de collectivités, ou encore l'usage de poids lourds comme véhicules de chantier ».
111
+
112
+ Le CEA, promet une nouvelle technologie d'électrolyse industrielle, baptisée rSOC avec un seul métal précieux : l'Indium[36] (un métal utilisé dans les écrans LCD), avec de moindres températures (de 700 °C à 800 °C) et une moindre consommation électrique. Elle est également réversible, permettant de produire de l'hydrogène ou de restituer de l'énergie électrique telle une pile à combustible[37].
113
+
114
+ Fin 2019, Air Liquide et Engie s'associent à Durance-Luberon-Verdon Agglomération (DLVA) pour produire, stocker et distribuer de "l'hydrogène vert" (dans le cadre du projet "HyGreen Provence" lancé en 2017, visant 1 300 GWh d'électricité solaire et plusieurs milliers de tonnes:an d'hydrogène produit par électrolyse. Plusieurs dizaines de milliers de tonnes d'hydrogène renouvelable par an pourraient être produites à terme, stockable dans une cavité saline locale[38].
115
+
116
+ La société française McPhy, qui a déjà installé 17 MW de capacité de production d'hydrogène par électrolyse sous pression, dont 6 MW chez Audi en Allemagne, annonce en janvier 2020 la signature du contrat d'ingénierie d'un projet de production d'hydrogène vert industriel de 20 MW, le plus gros projet à ce jour en Europe, implanté à Delfzijl aux Pays-Bas d'ici 2022. L'usine produira 3 000 tonnes d'hydrogène par an par électrolyse de l'eau au moyen d'électricité éolienne et servira à la fabrication de bioéthanol. Le projet bénéficie de 15 millions d'euros de subventions de l'Union européenne et d'un fonds néerlandais. Selon McPhy, la bonne échelle sera de 100 ou 200 MW pour atteindre un prix compétitif dans l'industrie[39].
117
+
118
+ Une équipe de la KUL conçoit un prototype de cellule photoélectrochimique de 1,6 m2 produisant en moyenne 250 litres de dihydrogène par jour à partir de la vapeur d'eau atmosphérique. Le dispositif convertit 15 % de l'énergie solaire en dihydrogène et en dioxygène. Et cette technologie ne fait pas appel à des métaux précieux ou autres matériaux coûteux. Avec vingt panneaux, une maison bien isolée serait autonome en électricité et en chauffage pendant un an[40],[41].
119
+
120
+ Colruyt Group (acteur belge important de la distribution) veut décarboner ses activités autant que possible. Un de ses centres logistiques est en 2018 équipé de 75 élévateurs alimentés à l'hydrogène « décarboné » et sa flotte de camion doit être convertie d'ici 2030. Avec un acteur gazier, se prépare un projet d'installation de 12 à 25 MW (extensible) de convertion en hydrogène dl'électricité issue de l'éolien en mer, à échelle industrielle.[42],[43],[44].
121
+
122
+ Fin 2017, le Japon, gros importateur d'énergie, confirme vouloir devenir chef de file en tant que « société hydrogène » avec un objectif de « parité coût » avec l’essence et le GNL pour la production électrique. Comme pour le nucléaire autrefois, l'hydrogène est présenté comme un moyen majeur de décarboner l'énergie, mais les projets pilotes donneront leurs conclusions vers 2020[45],[46]. En 2018, le Japon est en tête pour la mobilité hydrogène, avec près de 2 500 voitures à pile à hydrogène en circulation et plus de cent stations hydrogène (contre 45 en Allemagne, 42 aux États-Unis[47] et une vingtaine en France au même moment)[45],[48]. Le pays vise à diviser par plus de trois le coût de production avant 2030, puis de 80 % avant 2050. Entre 2013 et 2017, l'État japonais a déjà investi 1,5 milliard de dollars dans la R&D et le développement de l’hydrogène[45].
123
+
124
+ En octobre 2019, la Californie compte 7 570 voitures à hydrogène immatriculées[49] et les 42 stations publiques américaines[47].
125
+
126
+ Le gouvernement allemand adopte un plan ambitieux de développement de l'hydrogène « vert », doté de 9 milliards d'euros[50].
127
+
128
+ Très peu d'études semblent avoir été menées à ces sujets, probablement parce que les organismes vivants ne sont pas supposés être dans la nature exposés à de l'hydrogène gazeux. En effet, ce gaz étant très léger, il se disperse rapidement vers les très hautes couches de l'atmosphère.
129
+
130
+ En matière de toxicité pour l'homme, l'hydrogène peut être absorbé dans l’organisme par inhalation. En milieu industriel ou en présence d'une fuite importante, une concentration nocive de ce gaz (sans odeur) dans l'air peut être rapidement atteinte (et former aussi un mélange explosif avec l'air, l'oxygène, les halogènes et tout oxydant puissant, surtout en présence d'un catalyseur métallique comme le nickel ou le platine)[51]. À concentration élevée, l'hydrogène expose à une aggravation de problèmes pulmonaires préexistant et à une anoxie, avec alors des « symptômes tels que maux de tête, bourdonnements dans les oreilles, vertiges, somnolence, perte de conscience, nausée, vomissements et dépression de tous les sens » et une peau pouvant prendre une teinte bleutée, avant asphyxie si l'exposition se prolonge[51].
131
+
132
+ L'hydrogène n'est pas à ce jour (2019) connu comme étant source de mutagénicité, d'embryotoxicité, de tératogénicité ni de toxicité pour la reproduction[51].
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+ La Marseillaise (Version masculine)
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+ La Marseillaise est un chant patriotique de la Révolution française adopté par la France comme hymne national : une première fois par la Convention pendant neuf ans du 14 juillet 1795 jusqu'à l'Empire en 1804, puis en 1879 sous la Troisième République[1].
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+ Les six premiers couplets sont écrits par Rouget de Lisle[2] sous le titre de Chant de guerre pour l'armée du Rhin[3] en 1792 pour l'armée du Rhin à Strasbourg, à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche. Dans ce contexte originel, La Marseillaise est un chant de guerre révolutionnaire, un hymne à la liberté, un appel patriotique à la mobilisation générale et une exhortation au combat contre la tyrannie et l'invasion étrangère.
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+ La Marseillaise est décrétée chant national le 14 juillet 1795 (26 messidor an III) par la Convention, à l'initiative du Comité de salut public. Abandonnée en 1804 sous l’Empire et remplacée par le Chant du départ, elle est reprise en 1830 pendant la révolution des Trois Glorieuses qui porte Louis-Philippe Ier au pouvoir. Berlioz en élabore une orchestration qu’il dédie à Rouget de Lisle. Mais Louis-Philippe impose La Parisienne, chant plus modéré. La Marseillaise est de nouveau interdite sous le second Empire[3].
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+ La IIIe République en fait l'hymne national le 14 février 1879 et, en 1887, une « version officielle » est adoptée en prévision de la célébration du centenaire de la Révolution.
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+ Le 14 juillet 1915, les cendres de Rouget de Lisle sont transférées aux Invalides.
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+ Pendant la période du régime de Vichy, elle est remplacée par le chant Maréchal, nous voilà[4] ! En zone occupée, le commandement militaire allemand interdit de la jouer et de la chanter à partir du 17 juillet 1941[5].
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+ Son caractère d’hymne national est à nouveau affirmé dans l’article 2 de la Constitution du 27 octobre 1946 par la IVe République, et en 1958 — par l’article 2 de la Constitution de la Cinquième République française.
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+ Valéry Giscard d'Estaing, sous son mandat de président de la République française, fait ralentir le tempo de La Marseillaise afin de retrouver le rythme originel. Selon Guillaume Mazeau, la motivation était aussi « qu'elle ressemble moins à une marche militaire »[3].
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+ Elle est écrite par Claude Joseph Rouget de Lisle, capitaine du Génie alors en poste à Strasbourg dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche du 20 avril 1792[6].
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+ Elle porte initialement différents noms, tous éphémères : Chant de guerre pour l'armée du Rhin ; Chant de marche des volontaires de l'armée du Rhin.
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+ Le Dr François Mireur, futur général des armées d'Italie et d'Égypte, venu à Marseille afin d'organiser la marche conjointe des volontaires du Midi (Montpellier et Marseille), publie ce chant, à Marseille, pour la première fois, avec un nouveau titre : Chant de guerre des armées aux frontières. De fait, ce sont les troupes des fédérés marseillais qui, l'ayant adopté comme chant de marche, l'entonnent lors de leur entrée triomphale, aux Tuileries, à Paris, le 30 juillet 1792. Immédiatement, la foule parisienne, sans se préoccuper de ses différents noms, baptise ce chant : La Marseillaise. Ce titre, outre sa simplicité, a l'avantage de marquer de Strasbourg à Marseille, de l'Est au Midi, l'unité de la Nation[7].
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+ Le 25 avril 1792, le maire de Strasbourg, le baron Philippe Frédéric de Dietrich, reçoit à son domicile de la place Broglie[8] le maréchal Luckner, les généraux Victor de Broglie, d'Aiguillon et du Châtelet, les futurs généraux Kléber, Desaix et Malet, ainsi que le capitaine du génie Rouget de Lisle. Il demande à ce dernier d'écrire un chant de guerre. Retourné en soirée à son domicile, rue de la Mésange (entre la place de l'Homme-de-Fer et la place Broglie), Rouget de Lisle compose son Chant de guerre pour l'armée du Rhin dédié au maréchal Luckner, qui commande cette armée et est d'origine bavaroise. Au matin, Rouget retourne chez Dietrich et lui présente son chant que ce dernier déchiffre. Le soir du 26, nouvelle réunion chez le maire, qui chante lui-même l'hymne, accompagné au clavecin par sa femme, Sybille de Dietrich, ou peut-être sa nièce Louise[9]. Le chant retentit ensuite publiquement pour la première fois sur la place d'Armes, à l'occasion d'une parade militaire le dimanche suivant 29 avril[10]. L'historien strasbourgeois Claude Betzinger conteste cependant le lieu de la première exécution de La Marseillaise : elle aurait eu lieu chez le maire, Philippe Frédéric de Dietrich, domicilié alors au 17, rue des Charpentiers à Strasbourg et non à la maison familiale des Dietrich[11]. A cette thèse qui remettait en cause deux siècles de consensus[12], il a été répondu quatre ans après qu'il n'y avait pas lieu de changer le lieu de la première exécution[13].
30
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31
+ Le texte est fortement inspiré d'une affiche apposée à l'époque sur les murs de Strasbourg par la Société des amis de la Constitution[14], qui commence ainsi : « Aux armes citoyens, l'étendard de la guerre est déployé, le signal est donné. Il faut combattre, vaincre ou mourir. Aux armes citoyens... Marchons[9],[15]… » L'expression les « enfants de la Patrie » ferait référence aux engagés volontaires du Bas-Rhin, dont faisaient partie les deux fils du maire. Un parent de Rouget de Lisle rapporte qu'il aurait affirmé, lors d'une réunion, s'être inspiré d'un chant protestant de 1560 exécuté lors de la conjuration d'Amboise. Enfin, certains ont suggéré que Rouget a pu songer à l'ode de Nicolas Boileau « sur un bruit qui courut, en 1656, que Cromwell et les Anglais allaient faire la guerre à la France »[14],[16].
32
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33
+ La cinquième strophe évoque les « complices de Bouillé », général en chef de l'armée de Sarre et Moselle de 1790 à 1791, à qui on reproche alors son rôle dans l'affaire de Nancy et la fuite de Varennes. Rouget de Lisle écrit le chant neuf jours seulement après la libération, le 15 avril, des Suisses de Nancy emprisonnés à Brest. De son côté, le Courrier de Strasbourg du 4 septembre 1792 a imprimé « les complices de Condé ». Puis, le 5 décembre, François Boissel propose au club des Jacobins de remplacer le vers par « Mais ces vils complices de Motier »[14],[17].
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+ Le septième couplet, dit « couplet des enfants », a été ajouté en octobre 1792 par Gossec lors de la représentation à l'Opéra de « l'Offrande de la liberté, scène religieuse sur la chanson des Marseillais »[18] ; le poète normand Louis Du Bois et l'abbé Antoine Pessonneaux en ont revendiqué la paternité, qui a également été attribuée à André Chénier ou à son frère Marie-Joseph[19],[20].
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37
+ L'origine de la musique est plus discutée, puisqu'elle n'est pas signée (contrairement aux autres compositions de Rouget de Lisle).
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39
+ En 1861, les journaux allemands ont prétendu que La Marseillaise était l'œuvre de Holtzmann, maître de chapelle dans le Palatinat (on a parlé du Credo de la Missa solemnis no 4), mais ce n'était qu'un canular[21]. L’air du début de l'Oratorio Esther, de Jean-Baptiste Lucien Grisons intitulé « Stances sur la Calomnie » a été évoqué[22] ; mais Hervé Luxardo dit que l'air en question a été introduit postérieurement[23]. La première phrase « allons enfants de la patrie » apparaît dans deux trios, La Flûte enchantée et l'allegro maestoso du concerto pour piano no 25[24] (datant de 1786) de Wolfgang Amadeus Mozart[14].
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41
+ De son côté, le prince Michel de Grèce évoque une parenté avec l'hymne des Wurtemberg[25] joué chaque jour dans la principauté de Montbéliard qu'ils possédaient[26], air que devait connaître la femme de Dietrich, Sybille Ochs, qui était d'origine bâloise[27]. Or cette dernière, excellente musicienne, a travaillé à orchestrer la Marseillaise[28].
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+ Même si André Grétry juge que « l'air des Marseillais a été composé par un amateur qui n'a que du goût et ignore les accords », d'autres comme Louis Garros et Philippe Barres avancent qu'il peut s'agir d'Ignace Joseph Pleyel, par ailleurs compositeur de L'Hymne de la liberté, dont Rouget de Lisle a écrit les paroles. Toutefois, il est absent de Strasbourg en décembre 1791 pour diriger les « Professional Concerts » à Londres, où il va résider jusqu'en mai 1792[14].
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45
+ Plus tardivement, en 1863, François-Joseph Fétis prétend que Guillaume Navoigille est l'auteur de la musique[29]. Mais peu après, sous la menace d'un procès, il se rétracte et reconnaît avoir été mystifié[30].
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+ Dans le monde artistique, la scène de création de La Marseillaise est immortalisée, notamment dans le tableau d'Isidore Pils en 1849, conservé au Musée historique de Strasbourg[31]. Ce thème appartenant à la mémoire nationale, de nombreuses copies de ce tableau seront réalisées par la suite par des artistes français, voire étrangers comme celle du peintre polonais Waléry Plauszewski exécutée en 1890 et exposée au musée de la Révolution française[32].
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+ Une autre représentation de La Marseillaise a également été exécutée par Auguste de Pinelli en 1875 dont le tableau est conservé au musée de la Révolution française[33].
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+ Le 17 juin 1792 à Montpellier, une cérémonie funèbre eut lieu sur l'esplanade en l'honneur du maire Simoneau de la ville d'Étampes, récemment assassiné dans une émeute. L'absoute fut donnée par l’évêque Pouderous et fut suivie du Chant de Guerre pour l'Armée du Rhin interprété par un envoyé de Strasbourg. Un délégué du Club des amis de la Constitution de Montpellier, le docteur François Mireur, venu coordonner les départs de volontaires du Midi vers le front, assistait à cette cérémonie et « fut électrisé par son rythme exaltant »[34]. Après un discours prononcé le 21 juin devant le Club des amis de la Constitution de Marseille, rue Thubaneau[35], Mireur est l'invité d'honneur d'un banquet le lendemain et, prié de prononcer un nouveau discours, il entonne le chant entendu à Montpellier quelques jours plus tôt. Dans l'ardente atmosphère patriotique de l'heure, Mireur suscite l'enthousiasme et le chant est imprimé dès le lendemain par le journal des départements méridionaux daté du 23 juin 1792 et dirigé par Alexandre Ricord. Ce périodique donne sur sa seconde colonne de sa quatrième et dernière page le texte du Chant de guerre aux armées des frontières sur l'air de Sarguines[36]. Cette édition locale de la future Marseillaise pose un problème par son titre et par sa référence à l'opéra-comique de Nicolas Dalayrac[37]. Il est probable que les rédacteurs du journal ont voulu indiquer un air connu de leur lecteur qui offre quelque ressemblance avec celui de Rouget de Lisle[38]. En juillet 1792 un tiré à part de ce chant sera distribué aux volontaires marseillais qui l'entonneront tout au long de leur marche vers Paris en juillet 1792[39].
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+ De la rue Thubaneau aux Champs-Élysées, le chant de Rouget de Lisle devient l'hymne des Marseillais et bientôt La Marseillaise. De fait, on lui attribue souvent à tort d'avoir été écrite à Marseille mais elle a bien été écrite à Strasbourg, rue de la Mésange. François Mireur, lui, parti de Marseille en avant des Marseillais pour rejoindre le bataillon des volontaires de l'Hérault, fera une brillante carrière militaire et mourra général, en Égypte, à l'âge de 28 ans.
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+ La Marseillaise est déclarée chant national le 14 juillet 1795. Mais elle est concurrencée au début par un autre chant patriotique écrit en 1795 en réaction contre la Terreur : il s'agit du Réveil du Peuple.
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+ Sous l'Empire, Napoleon lui préfère Veillons au salut de l'Empire mais aussi le Chant du départ et la Marche consulaire. Mais il n'y a pas eu d'interdiction formelle[40]. La Restauration essaye de promouvoir l'ancien air populaire Vive Henri IV ! comme hymne de la nouvelle monarchie française[41]. La Marseillaise est reprise après la révolution de 1830. Hector Berlioz en compose une nouvelle version (H15A) pour solistes, 2 chœurs et orchestre (1830), régulièrement interprétée depuis. En 1871, La Marseillaise de la Commune de Mme Jules Faure devient l'hymne de la Commune de Paris. Les élites politiques de la IIIe République, soucieuses d'ordre moral dans le début des années 1870, considèrent La Marseillaise comme une chanson blasphématoire et subversive et, après maintes hésitations, commandent en 1877 à Charles Gounod la musique d'un hymne qu'il compose sur des paroles du poète patriote Paul Déroulède, Vive la France, un chant de concorde plus pacifique que La Marseillaise[42]. Mais, craignant un retour de la monarchie, les députés républicains redécouvrent les vertus émancipatrices de La Marseillaise et en font l'hymne national par la loi de 14 février 1879 — le président de la République de l'époque est alors Jules Grévy — qui indique que le décret du 14 juillet 1795 est toujours en vigueur[43]. Une version officielle est adoptée par le Ministère de la Guerre en 1887. Maurice-Louis Faure, ministre de l'Instruction publique, instaure en 1911 l'obligation de l'apprendre à l'école. Une circulaire de septembre 1944 du ministère de l'Éducation nationale préconise d'en pratiquer le chant dans toutes les écoles, pratique qui est dorénavant obligatoire à l'école primaire (proposition de loi du 19 février 2005, adoptée le 23 avril 2005, modifiant l'article L321-3 du Code de l'éducation). Les Constitutions de 1946 (IVe République) et de 1958 (Ve République) conservent La Marseillaise comme hymne national (article 2 de la Constitution de la Cinquième République française)[44].
58
+
59
+ Pendant l'occupation allemande (1940-1944), l'interprétation publique de La Marseillaise est contrôlée par les autorités allemandes et par le régime de Vichy. Le chef de l'État, Philippe Pétain, choisit de ne conserver qu'un certain nombre de strophes en fonction de leur pertinence par rapport à son projet politique (« Travail, famille, patrie »), notamment celles commençant par « Amour sacré de la patrie » et « Allons enfants de la patrie ». On jouait l'hymne chaque fois que le Maréchal faisait un discours ou qu'il se rendait dans une ville. En 1941, François Darlan, chef du gouvernement de Vichy, demande que l'hymne et le drapeau soient honorés comme il sied à des symboles de la nation. Une demande d'autorisation sera désormais exigée pour chanter l'hymne (sauf, toutefois, si un représentant du gouvernement est présent). Cette mesure vise à donner au régime le monopole de l'hymne et à empêcher la Résistance de se l'approprier. Cela n'empêchera pas pour autant les boîtes de nuit parisiennes de mêler quelques bribes de Marseillaise à leurs morceaux en défi à l'occupant allemand[45].
60
+
61
+ Avec les évolutions actuelles de la société (individualisation, démythification du « roman national » français), La Marseillaise a tendance aujourd'hui à être parfois désacralisée et remise en question[46].
62
+
63
+ La Marseillaise n'est pas seulement l’hymne français. Comme chant révolutionnaire de la première heure, elle est reprise et adoptée par nombre de révolutionnaires sur tous les continents.
64
+
65
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, la loge maçonnique Liberté chérie, créée dans les camps de concentration nazis, tire son nom de cet hymne des combattants de la liberté.
66
+
67
+ Arsène Wenger, ancien entraîneur de l'équipe de football Nagoya Grampus, de Nagoya (Japon), lui ayant fait gagner la Coupe du Japon de football, les supporters de cette équipe encouragent encore aujourd'hui leur équipe sur l'air de La Marseillaise.
68
+
69
+ Le carillon à l'hôtel de ville de Cham (Bavière) sonne La Marseillaise pour commémorer Nicolas Luckner.
70
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71
+ En 1967, les Beatles cherchent une introduction à la résonance internationale pour leur titre All You Need is Love, et choisissent les premières notes de La Marseillaise.
72
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73
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74
+
75
+ En réalité, la version complète de La Marseillaise ne compte pas moins de quinze couplets[49], mais le texte a subi plusieurs modifications. On compte aujourd'hui six couplets et un couplet dit « des enfants ». Seul le premier couplet est chanté lors des événements. Deux couplets (les « couplets des enfants ») ont été ajoutés ultérieurement ; l'un d'eux a depuis été supprimé de la version « officielle ». Enfin, eu égard à son caractère religieux, le 8e couplet a été supprimé par Joseph Servan, ministre de la Guerre, en 1792. Un autre couplet a été supprimé car il a été jugé trop violent.[Lequel ?]
76
+
77
+ Sur le manuscrit autographe de Rouget de Lisle, reproduit sur le site de l'Assemblée nationale[50], on remarque que certains « nos » originaux ont été remplacés dans la version « officielle » par « vos » : « Ils viennent jusques dans nos bras / Égorger nos fils, nos compagnes ! » On y voit clairement le refrain noté comme deux alexandrins[51] : « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons, / Marchez, qu'un sang impur abreuve nos sillons. », les verbes « marchez » et « formez » étant tous deux à la 2e personne du pluriel. La transcription « officielle » est pourtant sur cinq vers avec une 1re personne du pluriel « Marchons, marchons », qui tenterait d'établir une rime avec « bataillons » et « sillons[52] ».
78
+
79
+ En réalité, Rouget de Lisle était capitaine. En qualité d'officier, il commandait ses hommes, d'où la 2e personne de l'impératif. Néanmoins, La Marseillaise est une marche et on peut imaginer que les soldats en manœuvre en reprenaient le refrain, en chantant « marchons » et non « marchez ». Cette version se serait imposée par transmission orale.
80
+
81
+ La version dite « officielle » est la suivante[53] :
82
+
83
+ Allons, enfants de la Patrie,
84
+ Le jour de gloire est arrivé !
85
+ Contre nous de la tyrannie
86
+ L'étendard sanglant est levé, (bis)
87
+ Entendez-vous dans les campagnes
88
+ Mugir ces féroces soldats ?
89
+ Ils viennent jusque dans vos bras
90
+ Égorger vos fils, vos compagnes !
91
+
92
+ Aux armes, citoyens,
93
+ Formez vos bataillons,
94
+ Marchons, marchons !
95
+ Qu'un sang impur
96
+ Abreuve nos sillons !
97
+
98
+ Que veut cette horde d'esclaves,
99
+ De traîtres, de rois conjurés ?
100
+ Pour qui ces ignobles entraves,
101
+ Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
102
+ Français, pour nous, ah ! quel outrage !
103
+ Quels transports il doit exciter !
104
+ C'est nous qu'on ose méditer
105
+ De rendre à l'antique esclavage !
106
+
107
+ Quoi ! des cohortes étrangères
108
+ Feraient la loi dans nos foyers !
109
+ Quoi ! ces phalanges mercenaires
110
+ Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
111
+ Grand Dieu ! par des mains enchaînées
112
+ Nos fronts sous le joug se ploieraient !
113
+ De vils despotes deviendraient
114
+ Les maîtres de nos destinées !
115
+
116
+ Tremblez, tyrans, et vous, perfides,
117
+ L'opprobre de tous les partis,
118
+ Tremblez ! vos projets parricides
119
+ Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
120
+ Tout est soldat pour vous combattre,
121
+ S'ils tombent, nos jeunes héros,
122
+ La terre en produit de nouveaux,
123
+ Contre vous tout prêts à se battre !
124
+
125
+ Français, en guerriers magnanimes,
126
+ Portez ou retenez vos coups !
127
+ Épargnez ces tristes victimes,
128
+ À regret s'armant contre nous. (bis)
129
+ Mais ces despotes sanguinaires,
130
+ Mais ces complices de Bouillé,
131
+ Tous ces tigres qui, sans pitié,
132
+ Déchirent le sein de leur mère !
133
+
134
+ Amour sacré de la Patrie,
135
+ Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
136
+ Liberté, Liberté chérie,
137
+ Combats avec tes défenseurs ! (bis)
138
+ Sous nos drapeaux que la victoire
139
+ Accoure à tes mâles accents,
140
+ Que tes ennemis expirants
141
+ Voient ton triomphe et notre gloire !
142
+
143
+ Nous entrerons dans la carrière
144
+ Quand nos aînés n'y seront plus,
145
+ Nous y trouverons leur poussière
146
+ Et la trace de leurs vertus (bis)
147
+ Bien moins jaloux de leur survivre
148
+ Que de partager leur cercueil,
149
+ Nous aurons le sublime orgueil
150
+ De les venger ou de les suivre.
151
+
152
+ Rouget de Lisle n’ayant écrit que six couplets, le site officiel de l’Élysée indique que l’auteur du 7e couplet reste inconnu.
153
+
154
+ Dans son ouvrage posthume Sous le bonnet rouge de sa collection « La Petite Histoire », paru en 1936, G. Lenotre rapporte la rumeur viennoise traditionnelle, selon laquelle ce couplet aurait été composé par l’abbé Antoine Pessonneaux. Cette version a été reprise par Claude Muller dans Les Mystères du Dauphiné[54]. Selon lui, l'abbé, professeur de rhétorique au collège de Vienne de 1788 à 1793 né à Lyon le 31 janvier 1761, jugeant que le texte était incomplet, puisqu'il n'évoquait pas les nouvelles générations, écrivit le « couplet des enfants » qu'il fit chanter par les élèves lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1792 en présence de la population et de soldats de bataillon de fédérés marseillais alors en transit dans la ville. Ce couplet passa ensuite à Paris, grâce au député Benoît Michel de Comberousse. Traduit devant le tribunal à Lyon — le 1er janvier 1794 (12 nivôse an II) selon G. Lenotre —, l'abbé aurait été sauvé de la mort en se présentant comme l'auteur du septième couplet de La Marseillaise. L'abbé Pessonneaux mourut le 10 mars 1835.
155
+
156
+ Un autre personnage, Louis Du Bois, ancien sous-préfet né à Lisieux le 16 novembre 1773, mort le 9 juillet 1855, en a clairement revendiqué la paternité dans sa Notice sur La Marseillaise publiée en 1848 : « Au mois d'octobre 1792, j'ajoutai un septième couplet qui fut bien accueilli dans les journaux : c'est le couplet des Enfants, dont l'idée est empruntée au chant des Spartiates, rapporté par Plutarque »[55]. Cette revendication est également mentionnée par Claude Muller[56].
157
+
158
+ Il existe aussi huit couplets supplémentaires qu'on peut lire dans Wikisource[57]. On peut mettre en évidence[interprétation personnelle] le 11e couplet qui parle de l'Europe et le 15e et dernier couplet, qui est le deuxième couplet adressé aux enfants. Il semble difficile de connaître là aussi avec certitude l'auteur ou les auteurs de tous ces couplets.
159
+
160
+ L'article 2 de la Constitution de la République française affirme : « l'hymne national est La Marseillaise ».
161
+
162
+ Le 24 janvier 2003, l'ensemble des députés adopte, dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi), un amendement créant le délit d'« outrage » au drapeau français et à l'hymne national, La Marseillaise, délit sanctionné par un emprisonnement de 6 mois et 7 500 euros d'amende[58]. Un certain nombre de citoyens et d'associations de défense des droits de l'homme se sont insurgés contre ce qu'ils considèrent comme une atteinte manifeste à la liberté d'expression et contre le flou entretenu par le mot « outrage »[59],[60].
163
+
164
+ Le Conseil constitutionnel en limite les possibilités d'application :
165
+
166
+ « […] Sont exclus du champ d'application de l'article critiqué les œuvres de l'esprit, les propos tenus dans un cercle privé, ainsi que les actes accomplis lors de manifestations non organisées par les autorités publiques ou non réglementées par elles ; que l'expression « manifestations réglementées par les autorités publiques », éclairée par les travaux parlementaires, doit s'entendre des manifestations publiques à caractère sportif, récréatif ou culturel se déroulant dans des enceintes soumises par les lois et règlements à des règles d'hygiène et de sécurité en raison du nombre de personnes qu'elles accueillent[61]. »
167
+
168
+ La loi Fillon, visant à réformer l'éducation et adoptée en mars 2005, a rendu obligatoire l'apprentissage de La Marseillaise dans les classes maternelles et primaires à partir de la rentrée 2005. On retrouve l'obligation d'enseigner l’hymne national dans d'autres pays, comme les États-Unis, la Serbie ou encore l’Autriche.
169
+
170
+ Pierre Dupont (1888-1969)[62], chef de la musique de la Garde républicaine de 1927 à 1944, compose l'arrangement officiel de l'hymne national. C'est cette version qui est encore actuellement en usage.
171
+
172
+ Mais La Marseillaise a eu de nombreux interprètes, dont :
173
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174
+ De nombreux compositeurs ou critiques ont cherché à attribuer la musique de La Marseillaise à un autre auteur. Le seul cas indécidable, selon Frédéric Robert, serait celui de l'introduction d'Esther, un oratorio de Jean-Baptiste Grisons, contredisant ainsi l'avis de Constant Pierre, pour qui Esther est postérieur à La Marseillaise. Toutefois, Robert constate que dès 1786, « des accents, des rythmes, des figures mélodiques annoncent La Marseillaise » On trouve l'ébauche de la mélodie de La Marseillaise dans le concerto pour piano et orchestre no 25 (ut majeur KV 503) de Mozart composé en 1786[71] : les douze premières notes de l'hymne sont jouées au piano par la main gauche à la fin du premier mouvement allegro maestoso. Jacques-Gabriel Prod’homme retrouve les quinzième et seizième mesures de La Marseillaise dans les mesures 7 et 8 du Chant du 14 juillet (1791) de François-Joseph Gossec[71].
175
+
176
+ À partir d'un certain moment, l'air et la trame de construction de La Marseillaise étaient connus d'un large public. Il était tentant et commode d'inscrire des couplets proches, sur le même air, pour la défense et l'illustration d'une cause. C'est ce que firent certains auteurs qui, en agissant ainsi, ne prétendaient pas nécessairement parodier l'hymne original. Ce fut, par exemple, le cas de Léo Taxil, en 1881, qui rédigea Le chant des électeurs, plus connu sous le nom de la Marseillaise anticléricale. C'était une chanson politique, comique, violemment anticléricale, appelant à voter aux élections pour le Parti radical.
177
+
178
+ Dès 1792, de très nombreux compositeurs se livrent à des adaptations du thème « outre l'harmonisation, sont apparus en France et à l'étranger : variation, insertion, superposition contrapuntique et même développement symphonique avec Le Patriote de Cambini »[71]. Sous la Terreur, la compositrice et marquise Hélène de Montgeroult sauve sa tête de la guillotine en improvisant au piano-forte sur le thème de La Marseillaise.
179
+
180
+ Claude Balbastre écrit des variations sur le thème : Marche des Marseillois et l’Air Ça ira / Arrangés pour le Forte Piano / Par le Citoyen C. Balbastre / Aux braves défenseurs de la République française l’an 1792 1er de la République[72].
181
+
182
+ Jean-Jacques Beauvarlet Charpentier écrit dans les années 1790 une Marche des Marseillois avec Variations pour orgue[73].
183
+
184
+ Jean-Baptiste Devaux compose en 1794 une Symphonie concertante, ponctuée de chants patriotiques, La Marseillaise et Ça ira.
185
+
186
+ Giuseppe Maria Cambini a pris le thème à Airs patriotiques pour deux violons, où il est cité et repris avec variations, avec d'autres mélodies patriotiques. On trouve aussi dans la même période François-Joseph Gossec avec Offrandes à la liberté (1792), Giovanni Battista Viotti avec Six quatuors d'air connus, dialogués et variés, op. 23 (1795), aux côtés de Ferdinand Albert Gautier, Albert Gautier, et de nombreux autres[71].
187
+
188
+ Il existe aussi plusieurs Marseillaises des francs-maçons, dont celle écrite par le frère Jouy de l'Orient de Toulouse en 1792[74] et la Nouvelle Marseillaise[75] du frère Delalande en 1796 pour une autre loge maçonnique, celle de l'Orient de Douay.
189
+
190
+ L'air de l'hymne officieux du royaume de Wurtemberg rappelle La Marseillaise mais les paroles dues à Justinus Kerner sont d'une tout autre inspiration. Cet hymne a pour titre : Preisend mit viel schönen Reden ou Der rechte Fürst.
191
+
192
+ Au stade Bollaert-Delelis à Lens, la Marseillaise lensoise accompagne l'entrée des joueurs en première mi-temps et reprend le premier couplet ainsi que le refrain, l'adaptant à un chant de supporter.
193
+
194
+ En 1830, Hector Berlioz arrange l'hymne dans une première version pour grand orchestre, double chœur, et « tout ce qui a une voix, un cœur et du sang dans les veines[76],[77]. ». Il en réalise une seconde version pour ténor solo, chœur et piano, en 1848.
195
+
196
+ La même année, le compositeur italien Ferdinando Carulli publie son op. 330, des Variations sur La Marseillaise pour guitare solo[78]
197
+
198
+ En 1839, Schumann inclut une citation des premières notes de La Marseillaise dans le premier mouvement du Carnaval de Vienne, par défi envers Metternich qui en avait interdit toute exécution à Vienne. Schumann l'évoquera également dans l'ouverture de Hermann et Dorothée en 1851 (opus 136) et dans Les Deux Grenadiers.
199
+
200
+ En 1848, la Marseillaise des cotillons est un hymne féministe de L. de Chaumont publié dans La République des femmes, journal des cotillons et organe des Vésuviennes, jeunes femmes suivant la tradition saint-simonienne d'émancipation féminine.
201
+
202
+ En 1867, peu après la guerre de Sécession, La Marseillaise noire, version militante contre l'esclavage fut écrite par Camille Naudin, un afro-américain de la Nouvelle-Orléans, d'origine française[79]. Cette version ne doit pas être confondue avec celle de Lamartine pour sa pièce Toussaint-Louverture, et encore moins avec le poème de Louise Michel, sans rapport avec l'esclavage.
203
+
204
+ En 1871, le texte de l'hymne ouvrier l'Internationale fut probablement écrit à l'origine sur l'air de la Marseillaise, qui a la même coupe[80] (écouter ici[81] “La Marseillaise de la Commune”)
205
+
206
+ Il fallut attendre 1888 pour que fût composé l'air actuel de l'Internationale, par Pierre Degeyter. En 1979, Coco Briaval enregistra ces deux œuvres sur un disque 45 tours, La Marseillaise - l'Internationale, paru chez Unidisc.
207
+
208
+ En 1872, le compositeur hongrois Franz Liszt a composé une fantaisie pour piano sur l'air de la Marseillaise.
209
+
210
+ En 1880, le thème de La Marseillaise a été repris par Piotr Ilitch Tchaïkovski dans son Ouverture solennelle 1812 opus 49 célébrant la victoire russe de 1812 sur les armées napoléoniennes. On peut y entendre les premières notes de la mélodie utilisées comme motif mélodique récurrent, en opposition aux thèmes mélodiques de différents chants patriotiques russes.
211
+
212
+ Vers 1888 une version boulangiste fut composée[82].
213
+
214
+ À l'occasion du 1er mai 1891, le mineur Séraphin Cordier a écrit La Nouvelle Marseillaise des mineurs, hymne de protestation contre l'exploitation des mineurs.
215
+
216
+ En 1913, Claude Debussy termine son 2e Livre de Préludes pour piano par une pièce intitulée Feux d'Artifice qui se conclut par une citation de quelques notes du refrain de La Marseillaise.
217
+
218
+ En 1914, Erik Satie introduit une brève citation des premières notes de la Marseillaise dans « Les Courses », treizième morceau de Sports et Divertissements.
219
+
220
+ Durant la Première Guerre mondiale, une version corse, La Corsica, fut composée par Toussaint Gugliemi : « Adieu, Berceau de Bonaparte / Corse, notre île de Beauté[83]… »
221
+
222
+ En 1919, Igor Stravinsky compose un arrangement pour violon.
223
+
224
+ En 1929, Dmitri Chostakovitch l'a utilisé dans sa musique pour le film La Nouvelle Babylone, en la superposant parfois avec le french cancan d'Offenbach. De la même manière, en 1999, le compositeur polonais Wojciech Kilar a repris des fragments du thème de la Marseillaise dans le film Pan Tadeusz : Quand Napoléon traversait le Niémen, également dans le passage intitulé Rok 1812 (L'année 1812).
225
+
226
+ En 1942, un arrangement au ton dramatique de la Marseillaise sert de générique au film américain Casablanca de Michael Curtiz avec une musique de Max Steiner. Le thème est réutilisé au cours du film dans différents tons. Une des scènes du film voit par ailleurs la confrontation entre la Marseillaise et Die Wacht am Rhein, hymne officieux de l'Allemagne nazie.
227
+
228
+ En 1946, Django Reinhardt et le Quintette du Hot Club de France enregistrent Echos de France, reprise de La Marseillaise.
229
+
230
+ En 1965, le saxophoniste Albert Ayler compose une oeuvre intitulée Spirits rejoice reprenant la musique des couplets de La Marseillaise.
231
+
232
+ En 1967, dans la chanson All You Need Is Love, les Beatles se sont servis de l'intro de la Marseillaise pour illustrer le début de leur chanson.
233
+
234
+ En 1981, Mel Brooks en a aussi fait une reprise, en introduction, sur son morceau It's Good To Be The King.
235
+
236
+ En 1992, pour le bicentenaire de La Marseillaise, Guy Reibel compose La Marseillaise des Mille (par référence à la Symphonie des Mille de Mahler), créée aux Invalides en juillet et faisant intervenir dix formations instrumentales et cinq cents chanteurs tous provenant de divers corps des armées françaises[84].
237
+
238
+ Pierre Cochereau, organiste titulaire du grand-orgue de Notre-Dame de Paris de 1955 à sa mort en 1984, a improvisé plusieurs pièces remarquables sur cet instrument, dont Prélude, Adagio et Choral varié (1968)[85], Sortie de messe (1977)[86]
239
+
240
+ Les fans de l'équipe de football de Manchester United reprenaient l'air de la Marseillaise en l'honneur d'Éric Cantona lorsqu'il jouait dans leur club, remplaçant « Aux armes citoyens ! » par « Oh ah, Cantona[87] ! »
241
+
242
+ En 2006, CharlÉlie Couture a repris le thème musical dans une chanson intitulée Ma Marseillaise.
243
+
244
+ Le 21 juillet 2007, alors occupé à essayer de former un gouvernement, l'homme politique belge Yves Leterme l'entonne lorsqu’un journaliste de la RTBF lui demande de chanter La Brabançonne[88],[89], suscitant de nombreuses réactions dans la classe politique.
245
+
246
+ En 2012, la comédienne syrio-libanaise Darina Al Joundi crée le spectacle Ma Marseillaise[90].
247
+
248
+ En 2015, lors de la messe solennelle à Notre-Dame de Paris le dimanche 15 novembre en hommage aux victimes des attentats, Olivier Latry, l'un des 4 co-titulaires du grand-orgue, improvise une prenante fin d'offertoire sur La Marseillaise[91]
249
+
250
+ En 2018, pendant la finale de coupe du monde de football France/Croatie le 15 juillet, l'organiste anglais David Briggs improvise une Symphonie pour orgue sur le grand-orgue de la Cathédrale Saint-Étienne de Bourges[92]
251
+
252
+ En 2020, le compositeur franco-américain Francis Kayali fait paraître Rouget (12 variations sur La Marseillaise) pour piano solo[93]
253
+
254
+ L'Alliance populaire révolutionnaire américaine, principal parti politique péruvien, a repris l'air de la Marseillaise pour son hymne.
255
+
256
+ Le Parti socialiste du Chili utilise également la musique de la Marseillaise pour son hymne (La Marseillaise socialiste)[94].
257
+
258
+ Comme tout chant ou chanson célèbre, la Marseillaise a été souvent parodiée par divers artistes ou confréries, à des fins humoristiques ou politiques. On peut citer, comme exemples :
259
+
260
+ On trouve aussi Le chant des blancs, une « Marseillaise milanaise », En avant peuple d'Italie, la Marseillaisa dos Peréreus, la Marseillaise des femmes, etc.
261
+
262
+ Le nom même de « Marseillaise » a été employé au sens d'« hymne », dans divers textes ou chansons. Ainsi :
263
+
264
+ Selon une étude faite par deux musicologues[102], l’air entraînant de La Marseillaise, le fait que le public puisse chanter à pleins poumons sans crainte de se tromper, rendent particulièrement accessible ce chant national. Ces chercheurs ayant comparé six hymnes nationaux sur la base d’une trentaine de variables (effort vocal requis, longueur des strophes, vocabulaire, etc.), il s'avère que La Marseillaise, devant les hymnes australien, allemand et canadien, se distingue par sa facilité à être chantée ; les hymnes américain et britannique étant, pour leur part, qualifiés par les musicologues de « véritables épreuves ».
265
+
266
+ Le musicologue Maurice Le Roux[103] expliquait en 1972 que « Dans la Marseillaise ce qui projette les gens hors d'eux-mêmes ce sont les quatre premières notes. Le premier intervalle est une quarte, un intervalle considéré comme viril, comme fort (par exemple, toutes les interventions de Don Giovanni dans l'opéra de Mozart commencent par des quartes). C'est un intervalle ardent ! Les quatre premières notes de La Marseillaise forment ensemble l'intervalle le plus grand qu'en principe une voix peut chanter, c'est-à-dire une octave. On a dans ces quatre notes une sorte d'élan formidable. […] Il y a dans La Marseillaise tout ce qui est de plus caractéristique dans le langage musical européen du XVIIIe siècle. »
267
+
268
+ L’hymne national français est un chant guerrier hérité des guerres de la Révolution française et un hymne à la liberté. Le 20 avril 1792, l’Assemblée législative déclare la guerre à l’empereur romain germanique Léopold II. Dans la nuit du 25 au 26 avril, Rouget de Lisle compose le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, destiné à encourager les troupes.
269
+
270
+ En France, certaines paroles de La Marseillaise n'ont pas été sans susciter des polémiques et des critiques, en particulier le vers « Qu'un sang impur abreuve nos sillons », dans lequel on a pu voir l'expression d'une violente xénophobie pouvant choquer la sensibilité moderne[104].
271
+
272
+ Selon une théorie tardive, avancée par le professeur de lettres Frédéric Dufourg dans la première édition (2003) de son livre La Marseillaise[105],[106] et reprise par l'écrivain et essayiste Dimitri Casali[107], ces vers font référence indirectement au « sang bleu » des aristocrates, sang « noble » et « pur »[105], les révolutionnaires se désignant par opposition comme les « sangs impurs », prêts à donner leur vie pour sauver la France et la République trahies par la famille royale[108],[109]. Cependant cette théorie est démentie par les historiens.
273
+
274
+ Pour l'homme politique Jean Jaurès[110], les historiens Jean-Clément Martin[111],[112], Diego Venturino[113], Élie Barnavi[114], le journaliste Paul Goossens[114], et l'historien Bernard Richard[115], aux yeux de Rouget de Lisle et des révolutionnaires, le « sang impur » est bel et bien celui de leurs ennemis. Les discours et les déclarations des révolutionnaires, de même que l'iconographie de l'époque[116], attribuent clairement le « sang impur » aux contre-révolutionnaires.
275
+
276
+ « C'est au Dieu des armées que nous adressons nos vœux : notre désir est d'abreuver nos frontières du sang impur de l'hydre aristocrate qui les infecte : la terreur est chez eux et la mort part de nos mains. Citoyens ! nous serons vainqueurs[117],[118]. »
277
+
278
+ — Lettre écrite par 45 volontaires du 3e bataillon de la Meurthe à la municipalité de Lunéville, le 10 août 1792.
279
+
280
+ « J’ai démontré la nécessité d’abattre quelques centaines de têtes criminelles pour conserver trois cent mille têtes innocentes, de verser quelques gouttes de sang impur pour éviter d’en verser de très-pur, c’est-à-dire d’écraser les principaux contre-révolutionnaires pour sauver la patrie[119]. »
281
+
282
+ — Jean-Paul Marat, Journal de la République française, le 7 novembre 1792.
283
+
284
+ « Cette partie de la République française présente un sol aride, sans eaux et sans bois ; les Allemands s'en souviendront, leur sang impur fécondera peut-être cette terre ingrate qui en est abreuvée[120]. »
285
+
286
+ — Discours de Dumouriez devant la Convention nationale, le 10 octobre 1792.
287
+
288
+ « Nous sommes ici à exterminer le restant des chouans, enfouis dans des bois ; le sang impur des prêtres et des aristocrates abreuve donc nos sillons dans les campagnes et ruisselle à grands flots sur les échafauds dans nos cités. Jugez quel spectacle est-ce pour un républicain animé, comme je le suis, du plus pur amour du feu le plus sacré de la liberté et de la patrie qui brûle dans mes veines[121]. »
289
+
290
+ — Lettre de Cousin à Robespierre, à Cossé le 27 nivôse an II (16 janvier 1794).
291
+
292
+ « Eh bien, foutre, il n'en coûtera pas plus pour anéantir les traîtres qui conspirent contre la République. La dernière heure de leur mort va sonner ; quand leur sang impur sera versé, les aboyeurs de l'aristocratie rentreront dans leurs caves comme au 10 août[122]. »
293
+
294
+ — Jacques-René Hébert, Le Père Duchesne
295
+
296
+ « Quel espoir peut rester à l’empereur et au roi d’Espagne depuis que la justice nationale a scellé la liberté française par le sang impur de ses tyrans[123] ? »
297
+
298
+ — Discours de Jacques-Nicolas Billaud-Varenne devant la Convention nationale, le 20 avril 1794.
299
+
300
+ « Par toute la France le sang a coulé mais presque partout cela a été le sang impur des ennemis de la Liberté, de la Nation et qui depuis longtemps, s'engraissent à leurs dépens[124]. »
301
+
302
+ — Napoléon Bonaparte, lettre écrite à son frère Joseph, le 9 août 1789.
303
+
304
+ En 1903, Jean Jaurès publie une défense des chants révolutionnaires socialistes, et notamment de l'Internationale, à laquelle ses détracteurs opposent La Marseillaise. Admirateur de ce chant, Jaurès en rappelle cependant la violence et critique le couplet sur le « sang impur », jugé méprisant envers les soldats étrangers de la Première Coalition :
305
+
306
+ « Mais ce n'est pas seulement sur la forme que porte la controverse ; c'est sur les idées. Or, je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute pleine des idées qu'on dénonce le plus violemment dans L'Internationale. Que signifie, je vous prie, le fameux refrain du « sang impur » ? — « Qu'un sang impur abreuve nos sillons ! », l'expression est atroce. C'est l'écho d'une parole bien étourdiment cruelle de Barnave. On sait qu'à propos de quelques aristocrates massacrés par le peuple, il s'écria : « Après tout, le sang qui coule est-il donc si pur ? » Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient contre elle ?Quoi ! tous ces Italiens, tous ces Autrichiens, tous ces Prussiens qui sous le drapeau de leur gouvernement combattent la France révolutionnaire, tous les hommes qui, pour obéir à la volonté de leurs princes, c'est-à-dire à ce qui est alors la loi de leur pays, affrontent la fatigue, la maladie et la mort ne sont que des êtres vils ? Il ne suffit pas de les repousser et de les vaincre ; il faut les mépriser. Même la mort ne les protège pas contre l'outrage ; car de leurs larges blessures, c'est « un sang impur » qui a coulé. Oui, c'est une parole sauvage. Et pourquoi donc la Révolution l'a-t-elle prononcée ? Parce qu'à ses yeux tous les hommes qui consentaient, sous le drapeau de leur roi et de leur pays, à lutter contre la liberté française, espoir de la liberté du monde, tous ces hommes cessaient d'être des hommes ; ils n'étaient plus que des esclaves et des brutes. (…)Et qu'on ne se méprenne pas : toujours les combattants ont essayé de provoquer des désertions chez l'ennemi. Mais ici il y a quelque chose de nouveau : c'est qu'aux yeux de la Révolution, le déserteur, quand il quitte le camp de la tyrannie pour passer dans le camp de la liberté, ne se dégrade pas, mais se relève au contraire ; le sang de ses veines s'épure, et il cesse d'être un esclave, une brute, pour devenir un homme, le citoyen de la grande patrie nouvelle, la patrie de la liberté, les déserteurs, bien loin de se méfier d'eux, elle les traite en citoyens. Elle ne se borne pas à leur jeter une prime, elle leur assure sur les biens nationaux des petits domaines et elle les inscrit, par là, dans l'élite révolutionnaire ; elle les enracine à la noble terre de France, elle leur réserve la même récompense qu'elle donne aux vétérans de ses propres armées. Bien mieux, elle les organise en bataillons glorieux, elle les envoie en Vendée pour combattre la contre-révolution, non pas comme des mercenaires mais comme des fils en qui elle met sa complaisance. Seul Marat, avec son bon sens irrité et son réalisme aigu, rappelle la Révolution à plus de prudence. « Que pouvez-vous attendre, écrit-il, des hommes qui, quoique vous en pensiez, ne sont venus à vous que pour de l'argent[110] ? »
307
+
308
+ — Jean Jaurès, La Petite République socialiste, 30 août 1903.
309
+
310
+ Selon Diego Venturino, l'expression « sang bleu » est inexistante au XVIIIe siècle, à cette époque avoir le « sang pur » est synonyme de vertu et le « sang impur » est synonyme de vice : « Lorsque les Révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle chantaient « marchons, marchons, qu'un sang impur abreuve nos sillons », voulaient-ils discriminer le sang pur de la race française du sang impur des étrangers ? ou bien évoquer les traîtres à la patrie et les ennemis des valeurs de la révolution en particulier, ces hommes qui sont devenus impurs par leur refus de la nouvelle religion révolutionnaire. Il s'agit là d'une genèse historique non biologique de la pureté ou de l'impureté »[113].
311
+
312
+ Pour Élie Barnavi et Paul Goossens « Rouget de Lisle utilisera cette notion de sang impur (dans La Marseillaise) mais sans l'associer à un peuple. Pour lui, le sang impur est celui de l'ennemi »[114].
313
+
314
+ Pour Jean-Clément Martin, les paroles de La Marseillaise sont à replacer dans le contexte de l'époque, où les diverses factions révolutionnaires sont fortement divisées et rivales. Rouget de Lisle, révolutionnaire monarchien, surenchérit dans la violence des paroles pour s'opposer à Marat et aux sans-culottes :
315
+
316
+ « Le Chant de guerre de l'armée du Rhin, devenu quelques mois plus tard La Marseillaise, est une chanson initialement proposée en alternative aux couplets jugés dangereux de La Carmagnole qu'il fallait contrer dans l'esprit du compositeur Rouget de Lisle et de son promoteur le Strasbourgeois Dietrich. La chanson est popularisée, sur les routes vers Paris, par les fédérés marseillais, autant fervents patriotes que fermement opposés à Marat ! Selon un schéma fréquent au sein de toute période révolutionnaire, les divisions, d'origine politiques, sociales, culturelles, régionales aussi, ne jouent donc pas entre deux camps mais aussi à l'intérieur de chacun. Il faut ainsi comprendre la véhémence des paroles de La Marseillaise dénonçant la « horde d'esclaves » et poussant à répandre le « sang impur » des « complices de Bouillé » et des traîtres. Dans la lutte contre les « barbares », le plus révolutionnaire est le plus radical. On attend aussi que les troupes étrangères se rallient à la Révolution, rejoignant leurs frères véritables. Ce ne sera que par la suite que l'ennemi sera identifié à l'étranger et que la Révolution s'engagera dans une défense de l'identité nationale[111]. »
317
+
318
+ — Jean-Clément Martin, Violence et Révolution : Essai sur la naissance d'un mythe national.
319
+
320
+ Toujours selon Jean-Clément Martin à propos de l’interprétation de Casali qui a depuis été largement véhiculée sur Internet :
321
+
322
+ « Une interprétation aussi fausse que dangereuse, parce qu’elle nourrit la confusion des esprits, court à propos de l’expression « sang impur » dans la Marseillaise, pour faire de ce sang impur celui des « révolutionnaires », du « peuple » sacrifié pour la bonne cause. Les textes de l’époque démentent catégoriquement cette vision sacrificielle et a-historique. Il faut assumer son passé et éviter de le déformer, pour empêcher des dérives dramatiques[125]. »
323
+
324
+ — Jean-Clément Martin, « Qu'un sang impur abreuve nos sillons » à propos d'une mauvaise querelle.
325
+
326
+ Éric Besson, alors ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a rappelé le sens de ces paroles de La Marseillaise sur France Inter le 8 février 2010[126] :
327
+
328
+ « Sur La Marseillaise, […] je pense que tous nos concitoyens et notamment les plus jeunes d’entre eux, doivent comprendre et connaître les paroles de La Marseillaise, et notamment pour une raison qui ne vous a pas échappé, c’est que la formule, la phrase « qu’un sang impur abreuve nos sillons » en 2010, elle n’a rien d’évident. Qu’est-ce qu’il faut expliquer ? Que le sang impur ce n’est pas le sang des étrangers, c’est historiquement le sang de ceux qui voulaient abattre la Révolution française, le sang de ceux qui voulaient mettre fin à notre République. »
329
+
330
+ Nombreuses furent les tentatives de réécriture du texte[127]. Ainsi peut-on citer un poème d'Alphonse de Lamartine, La Marseillaise de la paix[128], la version avec le même titre de Paul Robin à la fin du XIXe siècle[129], la Franceillaise d'André Breton[130], L'hymne pour la jeune Europe de Muse Dalbray[131] dans les années 1930, récemment les versions de Graeme Allwright[132], Christian Guillet[133], Philippe Dac, Pierre Ménager[134], Pascal Lefèvre, Aude Gagnier ou encore Édith de Chalon[135].
331
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332
+ « Pour une Marseillaise de la Fraternité » fut une initiative conduite dans les années 1990 par le Père Jean Toulat pour obtenir une révision des paroles avec le soutien de personnes telles que l'abbé Pierre et Théodore Monod[136],[137].
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+ En octobre 2007, Christine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, a proposé de changer l'ordre des couplets de La Marseillaise en cas d'élection à la fonction présidentielle, afin de rendre l'hymne national « moins sanguinaire et moins révolutionnaire »[138].
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+ Depuis longtemps déjà, plusieurs personnes et associations proposent des textes de révision de la Marseillaise et veulent organiser des concours ou des forums dans les écoles ou sur internet[139],[140],[141].
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+ L'interprétation de l'hymne en accompagnement de manifestations sportives auxquelles participent des représentants français a été, depuis les années 1990, l'occasion de certaines polémiques, principalement dans le domaine du football.
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+ Une controverse, épisodique mais récurrente, concerne l'interprétation de l'hymne par les joueurs de l'équipe de France de football avant le début des rencontres. En 1996, durant le championnat d'Europe, Jean-Marie Le Pen déplore qu'une partie des membres de l'équipe de France, venus selon lui « de l'étranger », ne reprennent pas en chœur l'hymne national[142]. Dans le courant des années 2000, la polémique autour de la nécessité ou non, pour des athlètes français, d'entonner La Marseillaise, refait surface au point de devenir un sujet de débat régulier. En 2010, la secrétaire d'État aux sports Rama Yade et sa ministre de tutelle Roselyne Bachelot s'expriment ainsi sur le sujet, la première jugeant qu'il ne faut pas imposer aux joueurs de chanter l'hymne avant les rencontres, la seconde émettant le souhait qu'il soit chanté[143],[144],[145]. Une partie de la classe politique française réclame que les Bleus entonnent systématiquement La Marseillaise ; en 2010, le sélectionneur Laurent Blanc incite ses joueurs à reprendre l'hymne, soulignant que « les gens sont très sensibles à ce sujet »[146]. Michel Platini rappelle pour sa part qu'il n'a jamais, au cours de sa carrière, chanté La Marseillaise, précisant qu'il aime la France mais pas cet « hymne guerrier qui n'a rien à voir avec le jeu »[147]. En 2012, Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, déplore que des joueurs de l'équipe de France ne chantent pas La Marseillaise, ce qui lui apparaît comme un « problème de savoir-vivre, de culture, de respect »[148], et dit souhaiter que l'hymne, « sinon chanté », « soit au moins ressenti »[149],.
341
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+ Parallèlement aux controverses sur l'attitude des sportifs représentant la France envers leur hymne national, La Marseillaise est à plusieurs reprises, durant les années 2000, l'objet d'outrages dans le contexte de matches de football, ce qui entraîne d'importantes polémiques publiques, puis des conséquences législatives. Le 6 octobre 2001, lors du match France – Algérie au stade de France qui a été par la suite interrompu par l'irruption sur le terrain des spectateurs, La Marseillaise avait été sifflée par une partie du public[150] ; ceci avait provoqué une vive réaction à travers le pays. Au printemps 2002, certains supporters corses du Sporting Club Bastiais avaient sifflé à nouveau l'hymne national à l'occasion de la finale de la Coupe de France, provoquant l'ire du président Jacques Chirac, qui avait décidé en conséquence de boycotter la remise du trophée au vainqueur. À la suite de ces affaires, en mars 2003, un amendement à la loi pour la sécurité intérieure crée en France le délit d'outrage au drapeau ou à l'hymne national[151].
343
+
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+ Lors d'un déplacement en 2005 en Israël, comptant pour les qualifications pour le Mondial 2006, les spectateurs du stade Ramat-Gan de Tel-Aviv sifflent l'hymne français et conspuent Fabien Barthez tout au long de la partie[152].
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346
+ Ce type d'événement s'est reproduit lors des matchs amicaux de football France – Maroc, le 17 novembre 2007[153], et France – Tunisie, le 14 octobre 2008[154], là encore au stade de France. L'ambassade de Tunisie en France, sollicitée par la presse, émet un communiqué dont le dernier point invite à « éviter les amalgames afin de ne pas donner du grain à moudre aux intolérants de tous bords »[155].
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348
+ Michel Platini, ancien capitaine international français et président de l'UEFA estime que ces sifflets représentent des « manifestations contre un adversaire d'un soir, en l'occurrence l'équipe de France » et « ne sont pas une insulte à la France »[156]. Il déplore ce qu'il appelle la récupération politique qui est faite de ces sifflets, inhérents au monde du football et du sport en général. Il rappelle les manifestations de joie au lendemain de la victoire des « Black-Blancs-Beurs » de la coupe du monde de 1998, les drapeaux français tenus à bout de bras et la Marseillaise chantée par les supporters français.
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+ La Marseillaise a également été sifflée, de même que le sélectionneur Raymond Domenech lors de l'apparition de son portrait sur écran géant dans le stade, par des supporters italiens lors du match Italie — France le 8 septembre 2007 et Tunisie — France en 2008, dans le cadre d'une rencontre de qualification pour l'Euro 2008 disputée à San Siro (Milan). Ces sifflements ont été commis en réponse aux attaques répétées du sélectionneur français dans la presse contre la sélection italienne avant ce match[152]. Selon le sociologue Emmanuel Todd, ce type de manifestation lors des matchs de football qui survient en pleine crise financière en 2008 serait instrumentalisé par les hommes politiques pour masquer les réels problèmes que connaît la France comme la « crise de la démocratie » et les menaces qui pèsent sur son industrie[157].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ « Gavroche : « …En avant les hommes ! qu'un sang impur inonde les sillons ! Je donne mes jours pour la patrie, … » »
fr/2658.html.txt ADDED
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+ La Marseillaise (Version masculine)
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+ La Marseillaise est un chant patriotique de la Révolution française adopté par la France comme hymne national : une première fois par la Convention pendant neuf ans du 14 juillet 1795 jusqu'à l'Empire en 1804, puis en 1879 sous la Troisième République[1].
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+ Les six premiers couplets sont écrits par Rouget de Lisle[2] sous le titre de Chant de guerre pour l'armée du Rhin[3] en 1792 pour l'armée du Rhin à Strasbourg, à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche. Dans ce contexte originel, La Marseillaise est un chant de guerre révolutionnaire, un hymne à la liberté, un appel patriotique à la mobilisation générale et une exhortation au combat contre la tyrannie et l'invasion étrangère.
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+ La Marseillaise est décrétée chant national le 14 juillet 1795 (26 messidor an III) par la Convention, à l'initiative du Comité de salut public. Abandonnée en 1804 sous l’Empire et remplacée par le Chant du départ, elle est reprise en 1830 pendant la révolution des Trois Glorieuses qui porte Louis-Philippe Ier au pouvoir. Berlioz en élabore une orchestration qu’il dédie à Rouget de Lisle. Mais Louis-Philippe impose La Parisienne, chant plus modéré. La Marseillaise est de nouveau interdite sous le second Empire[3].
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+ La IIIe République en fait l'hymne national le 14 février 1879 et, en 1887, une « version officielle » est adoptée en prévision de la célébration du centenaire de la Révolution.
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+ Le 14 juillet 1915, les cendres de Rouget de Lisle sont transférées aux Invalides.
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+ Pendant la période du régime de Vichy, elle est remplacée par le chant Maréchal, nous voilà[4] ! En zone occupée, le commandement militaire allemand interdit de la jouer et de la chanter à partir du 17 juillet 1941[5].
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+ Son caractère d’hymne national est à nouveau affirmé dans l’article 2 de la Constitution du 27 octobre 1946 par la IVe République, et en 1958 — par l’article 2 de la Constitution de la Cinquième République française.
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+ Valéry Giscard d'Estaing, sous son mandat de président de la République française, fait ralentir le tempo de La Marseillaise afin de retrouver le rythme originel. Selon Guillaume Mazeau, la motivation était aussi « qu'elle ressemble moins à une marche militaire »[3].
22
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23
+ Elle est écrite par Claude Joseph Rouget de Lisle, capitaine du Génie alors en poste à Strasbourg dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 à la suite de la déclaration de guerre de la France à l'Autriche du 20 avril 1792[6].
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+ Elle porte initialement différents noms, tous éphémères : Chant de guerre pour l'armée du Rhin ; Chant de marche des volontaires de l'armée du Rhin.
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+ Le Dr François Mireur, futur général des armées d'Italie et d'Égypte, venu à Marseille afin d'organiser la marche conjointe des volontaires du Midi (Montpellier et Marseille), publie ce chant, à Marseille, pour la première fois, avec un nouveau titre : Chant de guerre des armées aux frontières. De fait, ce sont les troupes des fédérés marseillais qui, l'ayant adopté comme chant de marche, l'entonnent lors de leur entrée triomphale, aux Tuileries, à Paris, le 30 juillet 1792. Immédiatement, la foule parisienne, sans se préoccuper de ses différents noms, baptise ce chant : La Marseillaise. Ce titre, outre sa simplicité, a l'avantage de marquer de Strasbourg à Marseille, de l'Est au Midi, l'unité de la Nation[7].
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+ Le 25 avril 1792, le maire de Strasbourg, le baron Philippe Frédéric de Dietrich, reçoit à son domicile de la place Broglie[8] le maréchal Luckner, les généraux Victor de Broglie, d'Aiguillon et du Châtelet, les futurs généraux Kléber, Desaix et Malet, ainsi que le capitaine du génie Rouget de Lisle. Il demande à ce dernier d'écrire un chant de guerre. Retourné en soirée à son domicile, rue de la Mésange (entre la place de l'Homme-de-Fer et la place Broglie), Rouget de Lisle compose son Chant de guerre pour l'armée du Rhin dédié au maréchal Luckner, qui commande cette armée et est d'origine bavaroise. Au matin, Rouget retourne chez Dietrich et lui présente son chant que ce dernier déchiffre. Le soir du 26, nouvelle réunion chez le maire, qui chante lui-même l'hymne, accompagné au clavecin par sa femme, Sybille de Dietrich, ou peut-être sa nièce Louise[9]. Le chant retentit ensuite publiquement pour la première fois sur la place d'Armes, à l'occasion d'une parade militaire le dimanche suivant 29 avril[10]. L'historien strasbourgeois Claude Betzinger conteste cependant le lieu de la première exécution de La Marseillaise : elle aurait eu lieu chez le maire, Philippe Frédéric de Dietrich, domicilié alors au 17, rue des Charpentiers à Strasbourg et non à la maison familiale des Dietrich[11]. A cette thèse qui remettait en cause deux siècles de consensus[12], il a été répondu quatre ans après qu'il n'y avait pas lieu de changer le lieu de la première exécution[13].
30
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31
+ Le texte est fortement inspiré d'une affiche apposée à l'époque sur les murs de Strasbourg par la Société des amis de la Constitution[14], qui commence ainsi : « Aux armes citoyens, l'étendard de la guerre est déployé, le signal est donné. Il faut combattre, vaincre ou mourir. Aux armes citoyens... Marchons[9],[15]… » L'expression les « enfants de la Patrie » ferait référence aux engagés volontaires du Bas-Rhin, dont faisaient partie les deux fils du maire. Un parent de Rouget de Lisle rapporte qu'il aurait affirmé, lors d'une réunion, s'être inspiré d'un chant protestant de 1560 exécuté lors de la conjuration d'Amboise. Enfin, certains ont suggéré que Rouget a pu songer à l'ode de Nicolas Boileau « sur un bruit qui courut, en 1656, que Cromwell et les Anglais allaient faire la guerre à la France »[14],[16].
32
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33
+ La cinquième strophe évoque les « complices de Bouillé », général en chef de l'armée de Sarre et Moselle de 1790 à 1791, à qui on reproche alors son rôle dans l'affaire de Nancy et la fuite de Varennes. Rouget de Lisle écrit le chant neuf jours seulement après la libération, le 15 avril, des Suisses de Nancy emprisonnés à Brest. De son côté, le Courrier de Strasbourg du 4 septembre 1792 a imprimé « les complices de Condé ». Puis, le 5 décembre, François Boissel propose au club des Jacobins de remplacer le vers par « Mais ces vils complices de Motier »[14],[17].
34
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35
+ Le septième couplet, dit « couplet des enfants », a été ajouté en octobre 1792 par Gossec lors de la représentation à l'Opéra de « l'Offrande de la liberté, scène religieuse sur la chanson des Marseillais »[18] ; le poète normand Louis Du Bois et l'abbé Antoine Pessonneaux en ont revendiqué la paternité, qui a également été attribuée à André Chénier ou à son frère Marie-Joseph[19],[20].
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37
+ L'origine de la musique est plus discutée, puisqu'elle n'est pas signée (contrairement aux autres compositions de Rouget de Lisle).
38
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39
+ En 1861, les journaux allemands ont prétendu que La Marseillaise était l'œuvre de Holtzmann, maître de chapelle dans le Palatinat (on a parlé du Credo de la Missa solemnis no 4), mais ce n'était qu'un canular[21]. L’air du début de l'Oratorio Esther, de Jean-Baptiste Lucien Grisons intitulé « Stances sur la Calomnie » a été évoqué[22] ; mais Hervé Luxardo dit que l'air en question a été introduit postérieurement[23]. La première phrase « allons enfants de la patrie » apparaît dans deux trios, La Flûte enchantée et l'allegro maestoso du concerto pour piano no 25[24] (datant de 1786) de Wolfgang Amadeus Mozart[14].
40
+
41
+ De son côté, le prince Michel de Grèce évoque une parenté avec l'hymne des Wurtemberg[25] joué chaque jour dans la principauté de Montbéliard qu'ils possédaient[26], air que devait connaître la femme de Dietrich, Sybille Ochs, qui était d'origine bâloise[27]. Or cette dernière, excellente musicienne, a travaillé à orchestrer la Marseillaise[28].
42
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43
+ Même si André Grétry juge que « l'air des Marseillais a été composé par un amateur qui n'a que du goût et ignore les accords », d'autres comme Louis Garros et Philippe Barres avancent qu'il peut s'agir d'Ignace Joseph Pleyel, par ailleurs compositeur de L'Hymne de la liberté, dont Rouget de Lisle a écrit les paroles. Toutefois, il est absent de Strasbourg en décembre 1791 pour diriger les « Professional Concerts » à Londres, où il va résider jusqu'en mai 1792[14].
44
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45
+ Plus tardivement, en 1863, François-Joseph Fétis prétend que Guillaume Navoigille est l'auteur de la musique[29]. Mais peu après, sous la menace d'un procès, il se rétracte et reconnaît avoir été mystifié[30].
46
+
47
+ Dans le monde artistique, la scène de création de La Marseillaise est immortalisée, notamment dans le tableau d'Isidore Pils en 1849, conservé au Musée historique de Strasbourg[31]. Ce thème appartenant à la mémoire nationale, de nombreuses copies de ce tableau seront réalisées par la suite par des artistes français, voire étrangers comme celle du peintre polonais Waléry Plauszewski exécutée en 1890 et exposée au musée de la Révolution française[32].
48
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49
+ Une autre représentation de La Marseillaise a également été exécutée par Auguste de Pinelli en 1875 dont le tableau est conservé au musée de la Révolution française[33].
50
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+ Le 17 juin 1792 à Montpellier, une cérémonie funèbre eut lieu sur l'esplanade en l'honneur du maire Simoneau de la ville d'Étampes, récemment assassiné dans une émeute. L'absoute fut donnée par l’évêque Pouderous et fut suivie du Chant de Guerre pour l'Armée du Rhin interprété par un envoyé de Strasbourg. Un délégué du Club des amis de la Constitution de Montpellier, le docteur François Mireur, venu coordonner les départs de volontaires du Midi vers le front, assistait à cette cérémonie et « fut électrisé par son rythme exaltant »[34]. Après un discours prononcé le 21 juin devant le Club des amis de la Constitution de Marseille, rue Thubaneau[35], Mireur est l'invité d'honneur d'un banquet le lendemain et, prié de prononcer un nouveau discours, il entonne le chant entendu à Montpellier quelques jours plus tôt. Dans l'ardente atmosphère patriotique de l'heure, Mireur suscite l'enthousiasme et le chant est imprimé dès le lendemain par le journal des départements méridionaux daté du 23 juin 1792 et dirigé par Alexandre Ricord. Ce périodique donne sur sa seconde colonne de sa quatrième et dernière page le texte du Chant de guerre aux armées des frontières sur l'air de Sarguines[36]. Cette édition locale de la future Marseillaise pose un problème par son titre et par sa référence à l'opéra-comique de Nicolas Dalayrac[37]. Il est probable que les rédacteurs du journal ont voulu indiquer un air connu de leur lecteur qui offre quelque ressemblance avec celui de Rouget de Lisle[38]. En juillet 1792 un tiré à part de ce chant sera distribué aux volontaires marseillais qui l'entonneront tout au long de leur marche vers Paris en juillet 1792[39].
52
+
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+ De la rue Thubaneau aux Champs-Élysées, le chant de Rouget de Lisle devient l'hymne des Marseillais et bientôt La Marseillaise. De fait, on lui attribue souvent à tort d'avoir été écrite à Marseille mais elle a bien été écrite à Strasbourg, rue de la Mésange. François Mireur, lui, parti de Marseille en avant des Marseillais pour rejoindre le bataillon des volontaires de l'Hérault, fera une brillante carrière militaire et mourra général, en Égypte, à l'âge de 28 ans.
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+ La Marseillaise est déclarée chant national le 14 juillet 1795. Mais elle est concurrencée au début par un autre chant patriotique écrit en 1795 en réaction contre la Terreur : il s'agit du Réveil du Peuple.
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+ Sous l'Empire, Napoleon lui préfère Veillons au salut de l'Empire mais aussi le Chant du départ et la Marche consulaire. Mais il n'y a pas eu d'interdiction formelle[40]. La Restauration essaye de promouvoir l'ancien air populaire Vive Henri IV ! comme hymne de la nouvelle monarchie française[41]. La Marseillaise est reprise après la révolution de 1830. Hector Berlioz en compose une nouvelle version (H15A) pour solistes, 2 chœurs et orchestre (1830), régulièrement interprétée depuis. En 1871, La Marseillaise de la Commune de Mme Jules Faure devient l'hymne de la Commune de Paris. Les élites politiques de la IIIe République, soucieuses d'ordre moral dans le début des années 1870, considèrent La Marseillaise comme une chanson blasphématoire et subversive et, après maintes hésitations, commandent en 1877 à Charles Gounod la musique d'un hymne qu'il compose sur des paroles du poète patriote Paul Déroulède, Vive la France, un chant de concorde plus pacifique que La Marseillaise[42]. Mais, craignant un retour de la monarchie, les députés républicains redécouvrent les vertus émancipatrices de La Marseillaise et en font l'hymne national par la loi de 14 février 1879 — le président de la République de l'époque est alors Jules Grévy — qui indique que le décret du 14 juillet 1795 est toujours en vigueur[43]. Une version officielle est adoptée par le Ministère de la Guerre en 1887. Maurice-Louis Faure, ministre de l'Instruction publique, instaure en 1911 l'obligation de l'apprendre à l'école. Une circulaire de septembre 1944 du ministère de l'Éducation nationale préconise d'en pratiquer le chant dans toutes les écoles, pratique qui est dorénavant obligatoire à l'école primaire (proposition de loi du 19 février 2005, adoptée le 23 avril 2005, modifiant l'article L321-3 du Code de l'éducation). Les Constitutions de 1946 (IVe République) et de 1958 (Ve République) conservent La Marseillaise comme hymne national (article 2 de la Constitution de la Cinquième République française)[44].
58
+
59
+ Pendant l'occupation allemande (1940-1944), l'interprétation publique de La Marseillaise est contrôlée par les autorités allemandes et par le régime de Vichy. Le chef de l'État, Philippe Pétain, choisit de ne conserver qu'un certain nombre de strophes en fonction de leur pertinence par rapport à son projet politique (« Travail, famille, patrie »), notamment celles commençant par « Amour sacré de la patrie » et « Allons enfants de la patrie ». On jouait l'hymne chaque fois que le Maréchal faisait un discours ou qu'il se rendait dans une ville. En 1941, François Darlan, chef du gouvernement de Vichy, demande que l'hymne et le drapeau soient honorés comme il sied à des symboles de la nation. Une demande d'autorisation sera désormais exigée pour chanter l'hymne (sauf, toutefois, si un représentant du gouvernement est présent). Cette mesure vise à donner au régime le monopole de l'hymne et à empêcher la Résistance de se l'approprier. Cela n'empêchera pas pour autant les boîtes de nuit parisiennes de mêler quelques bribes de Marseillaise à leurs morceaux en défi à l'occupant allemand[45].
60
+
61
+ Avec les évolutions actuelles de la société (individualisation, démythification du « roman national » français), La Marseillaise a tendance aujourd'hui à être parfois désacralisée et remise en question[46].
62
+
63
+ La Marseillaise n'est pas seulement l’hymne français. Comme chant révolutionnaire de la première heure, elle est reprise et adoptée par nombre de révolutionnaires sur tous les continents.
64
+
65
+ Durant la Seconde Guerre mondiale, la loge maçonnique Liberté chérie, créée dans les camps de concentration nazis, tire son nom de cet hymne des combattants de la liberté.
66
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67
+ Arsène Wenger, ancien entraîneur de l'équipe de football Nagoya Grampus, de Nagoya (Japon), lui ayant fait gagner la Coupe du Japon de football, les supporters de cette équipe encouragent encore aujourd'hui leur équipe sur l'air de La Marseillaise.
68
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+ Le carillon à l'hôtel de ville de Cham (Bavière) sonne La Marseillaise pour commémorer Nicolas Luckner.
70
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+ En 1967, les Beatles cherchent une introduction à la résonance internationale pour leur titre All You Need is Love, et choisissent les premières notes de La Marseillaise.
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74
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75
+ En réalité, la version complète de La Marseillaise ne compte pas moins de quinze couplets[49], mais le texte a subi plusieurs modifications. On compte aujourd'hui six couplets et un couplet dit « des enfants ». Seul le premier couplet est chanté lors des événements. Deux couplets (les « couplets des enfants ») ont été ajoutés ultérieurement ; l'un d'eux a depuis été supprimé de la version « officielle ». Enfin, eu égard à son caractère religieux, le 8e couplet a été supprimé par Joseph Servan, ministre de la Guerre, en 1792. Un autre couplet a été supprimé car il a été jugé trop violent.[Lequel ?]
76
+
77
+ Sur le manuscrit autographe de Rouget de Lisle, reproduit sur le site de l'Assemblée nationale[50], on remarque que certains « nos » originaux ont été remplacés dans la version « officielle » par « vos » : « Ils viennent jusques dans nos bras / Égorger nos fils, nos compagnes ! » On y voit clairement le refrain noté comme deux alexandrins[51] : « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons, / Marchez, qu'un sang impur abreuve nos sillons. », les verbes « marchez » et « formez » étant tous deux à la 2e personne du pluriel. La transcription « officielle » est pourtant sur cinq vers avec une 1re personne du pluriel « Marchons, marchons », qui tenterait d'établir une rime avec « bataillons » et « sillons[52] ».
78
+
79
+ En réalité, Rouget de Lisle était capitaine. En qualité d'officier, il commandait ses hommes, d'où la 2e personne de l'impératif. Néanmoins, La Marseillaise est une marche et on peut imaginer que les soldats en manœuvre en reprenaient le refrain, en chantant « marchons » et non « marchez ». Cette version se serait imposée par transmission orale.
80
+
81
+ La version dite « officielle » est la suivante[53] :
82
+
83
+ Allons, enfants de la Patrie,
84
+ Le jour de gloire est arrivé !
85
+ Contre nous de la tyrannie
86
+ L'étendard sanglant est levé, (bis)
87
+ Entendez-vous dans les campagnes
88
+ Mugir ces féroces soldats ?
89
+ Ils viennent jusque dans vos bras
90
+ Égorger vos fils, vos compagnes !
91
+
92
+ Aux armes, citoyens,
93
+ Formez vos bataillons,
94
+ Marchons, marchons !
95
+ Qu'un sang impur
96
+ Abreuve nos sillons !
97
+
98
+ Que veut cette horde d'esclaves,
99
+ De traîtres, de rois conjurés ?
100
+ Pour qui ces ignobles entraves,
101
+ Ces fers dès longtemps préparés ? (bis)
102
+ Français, pour nous, ah ! quel outrage !
103
+ Quels transports il doit exciter !
104
+ C'est nous qu'on ose méditer
105
+ De rendre à l'antique esclavage !
106
+
107
+ Quoi ! des cohortes étrangères
108
+ Feraient la loi dans nos foyers !
109
+ Quoi ! ces phalanges mercenaires
110
+ Terrasseraient nos fiers guerriers ! (bis)
111
+ Grand Dieu ! par des mains enchaînées
112
+ Nos fronts sous le joug se ploieraient !
113
+ De vils despotes deviendraient
114
+ Les maîtres de nos destinées !
115
+
116
+ Tremblez, tyrans, et vous, perfides,
117
+ L'opprobre de tous les partis,
118
+ Tremblez ! vos projets parricides
119
+ Vont enfin recevoir leurs prix ! (bis)
120
+ Tout est soldat pour vous combattre,
121
+ S'ils tombent, nos jeunes héros,
122
+ La terre en produit de nouveaux,
123
+ Contre vous tout prêts à se battre !
124
+
125
+ Français, en guerriers magnanimes,
126
+ Portez ou retenez vos coups !
127
+ Épargnez ces tristes victimes,
128
+ À regret s'armant contre nous. (bis)
129
+ Mais ces despotes sanguinaires,
130
+ Mais ces complices de Bouillé,
131
+ Tous ces tigres qui, sans pitié,
132
+ Déchirent le sein de leur mère !
133
+
134
+ Amour sacré de la Patrie,
135
+ Conduis, soutiens nos bras vengeurs.
136
+ Liberté, Liberté chérie,
137
+ Combats avec tes défenseurs ! (bis)
138
+ Sous nos drapeaux que la victoire
139
+ Accoure à tes mâles accents,
140
+ Que tes ennemis expirants
141
+ Voient ton triomphe et notre gloire !
142
+
143
+ Nous entrerons dans la carrière
144
+ Quand nos aînés n'y seront plus,
145
+ Nous y trouverons leur poussière
146
+ Et la trace de leurs vertus (bis)
147
+ Bien moins jaloux de leur survivre
148
+ Que de partager leur cercueil,
149
+ Nous aurons le sublime orgueil
150
+ De les venger ou de les suivre.
151
+
152
+ Rouget de Lisle n’ayant écrit que six couplets, le site officiel de l’Élysée indique que l’auteur du 7e couplet reste inconnu.
153
+
154
+ Dans son ouvrage posthume Sous le bonnet rouge de sa collection « La Petite Histoire », paru en 1936, G. Lenotre rapporte la rumeur viennoise traditionnelle, selon laquelle ce couplet aurait été composé par l’abbé Antoine Pessonneaux. Cette version a été reprise par Claude Muller dans Les Mystères du Dauphiné[54]. Selon lui, l'abbé, professeur de rhétorique au collège de Vienne de 1788 à 1793 né à Lyon le 31 janvier 1761, jugeant que le texte était incomplet, puisqu'il n'évoquait pas les nouvelles générations, écrivit le « couplet des enfants » qu'il fit chanter par les élèves lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1792 en présence de la population et de soldats de bataillon de fédérés marseillais alors en transit dans la ville. Ce couplet passa ensuite à Paris, grâce au député Benoît Michel de Comberousse. Traduit devant le tribunal à Lyon — le 1er janvier 1794 (12 nivôse an II) selon G. Lenotre —, l'abbé aurait été sauvé de la mort en se présentant comme l'auteur du septième couplet de La Marseillaise. L'abbé Pessonneaux mourut le 10 mars 1835.
155
+
156
+ Un autre personnage, Louis Du Bois, ancien sous-préfet né à Lisieux le 16 novembre 1773, mort le 9 juillet 1855, en a clairement revendiqué la paternité dans sa Notice sur La Marseillaise publiée en 1848 : « Au mois d'octobre 1792, j'ajoutai un septième couplet qui fut bien accueilli dans les journaux : c'est le couplet des Enfants, dont l'idée est empruntée au chant des Spartiates, rapporté par Plutarque »[55]. Cette revendication est également mentionnée par Claude Muller[56].
157
+
158
+ Il existe aussi huit couplets supplémentaires qu'on peut lire dans Wikisource[57]. On peut mettre en évidence[interprétation personnelle] le 11e couplet qui parle de l'Europe et le 15e et dernier couplet, qui est le deuxième couplet adressé aux enfants. Il semble difficile de connaître là aussi avec certitude l'auteur ou les auteurs de tous ces couplets.
159
+
160
+ L'article 2 de la Constitution de la République française affirme : « l'hymne national est La Marseillaise ».
161
+
162
+ Le 24 janvier 2003, l'ensemble des députés adopte, dans le cadre de la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure (Lopsi), un amendement créant le délit d'« outrage » au drapeau français et à l'hymne national, La Marseillaise, délit sanctionné par un emprisonnement de 6 mois et 7 500 euros d'amende[58]. Un certain nombre de citoyens et d'associations de défense des droits de l'homme se sont insurgés contre ce qu'ils considèrent comme une atteinte manifeste à la liberté d'expression et contre le flou entretenu par le mot « outrage »[59],[60].
163
+
164
+ Le Conseil constitutionnel en limite les possibilités d'application :
165
+
166
+ « […] Sont exclus du champ d'application de l'article critiqué les œuvres de l'esprit, les propos tenus dans un cercle privé, ainsi que les actes accomplis lors de manifestations non organisées par les autorités publiques ou non réglementées par elles ; que l'expression « manifestations réglementées par les autorités publiques », éclairée par les travaux parlementaires, doit s'entendre des manifestations publiques à caractère sportif, récréatif ou culturel se déroulant dans des enceintes soumises par les lois et règlements à des règles d'hygiène et de sécurité en raison du nombre de personnes qu'elles accueillent[61]. »
167
+
168
+ La loi Fillon, visant à réformer l'éducation et adoptée en mars 2005, a rendu obligatoire l'apprentissage de La Marseillaise dans les classes maternelles et primaires à partir de la rentrée 2005. On retrouve l'obligation d'enseigner l’hymne national dans d'autres pays, comme les États-Unis, la Serbie ou encore l’Autriche.
169
+
170
+ Pierre Dupont (1888-1969)[62], chef de la musique de la Garde républicaine de 1927 à 1944, compose l'arrangement officiel de l'hymne national. C'est cette version qui est encore actuellement en usage.
171
+
172
+ Mais La Marseillaise a eu de nombreux interprètes, dont :
173
+
174
+ De nombreux compositeurs ou critiques ont cherché à attribuer la musique de La Marseillaise à un autre auteur. Le seul cas indécidable, selon Frédéric Robert, serait celui de l'introduction d'Esther, un oratorio de Jean-Baptiste Grisons, contredisant ainsi l'avis de Constant Pierre, pour qui Esther est postérieur à La Marseillaise. Toutefois, Robert constate que dès 1786, « des accents, des rythmes, des figures mélodiques annoncent La Marseillaise » On trouve l'ébauche de la mélodie de La Marseillaise dans le concerto pour piano et orchestre no 25 (ut majeur KV 503) de Mozart composé en 1786[71] : les douze premières notes de l'hymne sont jouées au piano par la main gauche à la fin du premier mouvement allegro maestoso. Jacques-Gabriel Prod’homme retrouve les quinzième et seizième mesures de La Marseillaise dans les mesures 7 et 8 du Chant du 14 juillet (1791) de François-Joseph Gossec[71].
175
+
176
+ À partir d'un certain moment, l'air et la trame de construction de La Marseillaise étaient connus d'un large public. Il était tentant et commode d'inscrire des couplets proches, sur le même air, pour la défense et l'illustration d'une cause. C'est ce que firent certains auteurs qui, en agissant ainsi, ne prétendaient pas nécessairement parodier l'hymne original. Ce fut, par exemple, le cas de Léo Taxil, en 1881, qui rédigea Le chant des électeurs, plus connu sous le nom de la Marseillaise anticléricale. C'était une chanson politique, comique, violemment anticléricale, appelant à voter aux élections pour le Parti radical.
177
+
178
+ Dès 1792, de très nombreux compositeurs se livrent à des adaptations du thème « outre l'harmonisation, sont apparus en France et à l'étranger : variation, insertion, superposition contrapuntique et même développement symphonique avec Le Patriote de Cambini »[71]. Sous la Terreur, la compositrice et marquise Hélène de Montgeroult sauve sa tête de la guillotine en improvisant au piano-forte sur le thème de La Marseillaise.
179
+
180
+ Claude Balbastre écrit des variations sur le thème : Marche des Marseillois et l’Air Ça ira / Arrangés pour le Forte Piano / Par le Citoyen C. Balbastre / Aux braves défenseurs de la République française l’an 1792 1er de la République[72].
181
+
182
+ Jean-Jacques Beauvarlet Charpentier écrit dans les années 1790 une Marche des Marseillois avec Variations pour orgue[73].
183
+
184
+ Jean-Baptiste Devaux compose en 1794 une Symphonie concertante, ponctuée de chants patriotiques, La Marseillaise et Ça ira.
185
+
186
+ Giuseppe Maria Cambini a pris le thème à Airs patriotiques pour deux violons, où il est cité et repris avec variations, avec d'autres mélodies patriotiques. On trouve aussi dans la même période François-Joseph Gossec avec Offrandes à la liberté (1792), Giovanni Battista Viotti avec Six quatuors d'air connus, dialogués et variés, op. 23 (1795), aux côtés de Ferdinand Albert Gautier, Albert Gautier, et de nombreux autres[71].
187
+
188
+ Il existe aussi plusieurs Marseillaises des francs-maçons, dont celle écrite par le frère Jouy de l'Orient de Toulouse en 1792[74] et la Nouvelle Marseillaise[75] du frère Delalande en 1796 pour une autre loge maçonnique, celle de l'Orient de Douay.
189
+
190
+ L'air de l'hymne officieux du royaume de Wurtemberg rappelle La Marseillaise mais les paroles dues à Justinus Kerner sont d'une tout autre inspiration. Cet hymne a pour titre : Preisend mit viel schönen Reden ou Der rechte Fürst.
191
+
192
+ Au stade Bollaert-Delelis à Lens, la Marseillaise lensoise accompagne l'entrée des joueurs en première mi-temps et reprend le premier couplet ainsi que le refrain, l'adaptant à un chant de supporter.
193
+
194
+ En 1830, Hector Berlioz arrange l'hymne dans une première version pour grand orchestre, double chœur, et « tout ce qui a une voix, un cœur et du sang dans les veines[76],[77]. ». Il en réalise une seconde version pour ténor solo, chœur et piano, en 1848.
195
+
196
+ La même année, le compositeur italien Ferdinando Carulli publie son op. 330, des Variations sur La Marseillaise pour guitare solo[78]
197
+
198
+ En 1839, Schumann inclut une citation des premières notes de La Marseillaise dans le premier mouvement du Carnaval de Vienne, par défi envers Metternich qui en avait interdit toute exécution à Vienne. Schumann l'évoquera également dans l'ouverture de Hermann et Dorothée en 1851 (opus 136) et dans Les Deux Grenadiers.
199
+
200
+ En 1848, la Marseillaise des cotillons est un hymne féministe de L. de Chaumont publié dans La République des femmes, journal des cotillons et organe des Vésuviennes, jeunes femmes suivant la tradition saint-simonienne d'émancipation féminine.
201
+
202
+ En 1867, peu après la guerre de Sécession, La Marseillaise noire, version militante contre l'esclavage fut écrite par Camille Naudin, un afro-américain de la Nouvelle-Orléans, d'origine française[79]. Cette version ne doit pas être confondue avec celle de Lamartine pour sa pièce Toussaint-Louverture, et encore moins avec le poème de Louise Michel, sans rapport avec l'esclavage.
203
+
204
+ En 1871, le texte de l'hymne ouvrier l'Internationale fut probablement écrit à l'origine sur l'air de la Marseillaise, qui a la même coupe[80] (écouter ici[81] “La Marseillaise de la Commune”)
205
+
206
+ Il fallut attendre 1888 pour que fût composé l'air actuel de l'Internationale, par Pierre Degeyter. En 1979, Coco Briaval enregistra ces deux œuvres sur un disque 45 tours, La Marseillaise - l'Internationale, paru chez Unidisc.
207
+
208
+ En 1872, le compositeur hongrois Franz Liszt a composé une fantaisie pour piano sur l'air de la Marseillaise.
209
+
210
+ En 1880, le thème de La Marseillaise a été repris par Piotr Ilitch Tchaïkovski dans son Ouverture solennelle 1812 opus 49 célébrant la victoire russe de 1812 sur les armées napoléoniennes. On peut y entendre les premières notes de la mélodie utilisées comme motif mélodique récurrent, en opposition aux thèmes mélodiques de différents chants patriotiques russes.
211
+
212
+ Vers 1888 une version boulangiste fut composée[82].
213
+
214
+ À l'occasion du 1er mai 1891, le mineur Séraphin Cordier a écrit La Nouvelle Marseillaise des mineurs, hymne de protestation contre l'exploitation des mineurs.
215
+
216
+ En 1913, Claude Debussy termine son 2e Livre de Préludes pour piano par une pièce intitulée Feux d'Artifice qui se conclut par une citation de quelques notes du refrain de La Marseillaise.
217
+
218
+ En 1914, Erik Satie introduit une brève citation des premières notes de la Marseillaise dans « Les Courses », treizième morceau de Sports et Divertissements.
219
+
220
+ Durant la Première Guerre mondiale, une version corse, La Corsica, fut composée par Toussaint Gugliemi : « Adieu, Berceau de Bonaparte / Corse, notre île de Beauté[83]… »
221
+
222
+ En 1919, Igor Stravinsky compose un arrangement pour violon.
223
+
224
+ En 1929, Dmitri Chostakovitch l'a utilisé dans sa musique pour le film La Nouvelle Babylone, en la superposant parfois avec le french cancan d'Offenbach. De la même manière, en 1999, le compositeur polonais Wojciech Kilar a repris des fragments du thème de la Marseillaise dans le film Pan Tadeusz : Quand Napoléon traversait le Niémen, également dans le passage intitulé Rok 1812 (L'année 1812).
225
+
226
+ En 1942, un arrangement au ton dramatique de la Marseillaise sert de générique au film américain Casablanca de Michael Curtiz avec une musique de Max Steiner. Le thème est réutilisé au cours du film dans différents tons. Une des scènes du film voit par ailleurs la confrontation entre la Marseillaise et Die Wacht am Rhein, hymne officieux de l'Allemagne nazie.
227
+
228
+ En 1946, Django Reinhardt et le Quintette du Hot Club de France enregistrent Echos de France, reprise de La Marseillaise.
229
+
230
+ En 1965, le saxophoniste Albert Ayler compose une oeuvre intitulée Spirits rejoice reprenant la musique des couplets de La Marseillaise.
231
+
232
+ En 1967, dans la chanson All You Need Is Love, les Beatles se sont servis de l'intro de la Marseillaise pour illustrer le début de leur chanson.
233
+
234
+ En 1981, Mel Brooks en a aussi fait une reprise, en introduction, sur son morceau It's Good To Be The King.
235
+
236
+ En 1992, pour le bicentenaire de La Marseillaise, Guy Reibel compose La Marseillaise des Mille (par référence à la Symphonie des Mille de Mahler), créée aux Invalides en juillet et faisant intervenir dix formations instrumentales et cinq cents chanteurs tous provenant de divers corps des armées françaises[84].
237
+
238
+ Pierre Cochereau, organiste titulaire du grand-orgue de Notre-Dame de Paris de 1955 à sa mort en 1984, a improvisé plusieurs pièces remarquables sur cet instrument, dont Prélude, Adagio et Choral varié (1968)[85], Sortie de messe (1977)[86]
239
+
240
+ Les fans de l'équipe de football de Manchester United reprenaient l'air de la Marseillaise en l'honneur d'Éric Cantona lorsqu'il jouait dans leur club, remplaçant « Aux armes citoyens ! » par « Oh ah, Cantona[87] ! »
241
+
242
+ En 2006, CharlÉlie Couture a repris le thème musical dans une chanson intitulée Ma Marseillaise.
243
+
244
+ Le 21 juillet 2007, alors occupé à essayer de former un gouvernement, l'homme politique belge Yves Leterme l'entonne lorsqu’un journaliste de la RTBF lui demande de chanter La Brabançonne[88],[89], suscitant de nombreuses réactions dans la classe politique.
245
+
246
+ En 2012, la comédienne syrio-libanaise Darina Al Joundi crée le spectacle Ma Marseillaise[90].
247
+
248
+ En 2015, lors de la messe solennelle à Notre-Dame de Paris le dimanche 15 novembre en hommage aux victimes des attentats, Olivier Latry, l'un des 4 co-titulaires du grand-orgue, improvise une prenante fin d'offertoire sur La Marseillaise[91]
249
+
250
+ En 2018, pendant la finale de coupe du monde de football France/Croatie le 15 juillet, l'organiste anglais David Briggs improvise une Symphonie pour orgue sur le grand-orgue de la Cathédrale Saint-Étienne de Bourges[92]
251
+
252
+ En 2020, le compositeur franco-américain Francis Kayali fait paraître Rouget (12 variations sur La Marseillaise) pour piano solo[93]
253
+
254
+ L'Alliance populaire révolutionnaire américaine, principal parti politique péruvien, a repris l'air de la Marseillaise pour son hymne.
255
+
256
+ Le Parti socialiste du Chili utilise également la musique de la Marseillaise pour son hymne (La Marseillaise socialiste)[94].
257
+
258
+ Comme tout chant ou chanson célèbre, la Marseillaise a été souvent parodiée par divers artistes ou confréries, à des fins humoristiques ou politiques. On peut citer, comme exemples :
259
+
260
+ On trouve aussi Le chant des blancs, une « Marseillaise milanaise », En avant peuple d'Italie, la Marseillaisa dos Peréreus, la Marseillaise des femmes, etc.
261
+
262
+ Le nom même de « Marseillaise » a été employé au sens d'« hymne », dans divers textes ou chansons. Ainsi :
263
+
264
+ Selon une étude faite par deux musicologues[102], l’air entraînant de La Marseillaise, le fait que le public puisse chanter à pleins poumons sans crainte de se tromper, rendent particulièrement accessible ce chant national. Ces chercheurs ayant comparé six hymnes nationaux sur la base d’une trentaine de variables (effort vocal requis, longueur des strophes, vocabulaire, etc.), il s'avère que La Marseillaise, devant les hymnes australien, allemand et canadien, se distingue par sa facilité à être chantée ; les hymnes américain et britannique étant, pour leur part, qualifiés par les musicologues de « véritables épreuves ».
265
+
266
+ Le musicologue Maurice Le Roux[103] expliquait en 1972 que « Dans la Marseillaise ce qui projette les gens hors d'eux-mêmes ce sont les quatre premières notes. Le premier intervalle est une quarte, un intervalle considéré comme viril, comme fort (par exemple, toutes les interventions de Don Giovanni dans l'opéra de Mozart commencent par des quartes). C'est un intervalle ardent ! Les quatre premières notes de La Marseillaise forment ensemble l'intervalle le plus grand qu'en principe une voix peut chanter, c'est-à-dire une octave. On a dans ces quatre notes une sorte d'élan formidable. […] Il y a dans La Marseillaise tout ce qui est de plus caractéristique dans le langage musical européen du XVIIIe siècle. »
267
+
268
+ L’hymne national français est un chant guerrier hérité des guerres de la Révolution française et un hymne à la liberté. Le 20 avril 1792, l’Assemblée législative déclare la guerre à l’empereur romain germanique Léopold II. Dans la nuit du 25 au 26 avril, Rouget de Lisle compose le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, destiné à encourager les troupes.
269
+
270
+ En France, certaines paroles de La Marseillaise n'ont pas été sans susciter des polémiques et des critiques, en particulier le vers « Qu'un sang impur abreuve nos sillons », dans lequel on a pu voir l'expression d'une violente xénophobie pouvant choquer la sensibilité moderne[104].
271
+
272
+ Selon une théorie tardive, avancée par le professeur de lettres Frédéric Dufourg dans la première édition (2003) de son livre La Marseillaise[105],[106] et reprise par l'écrivain et essayiste Dimitri Casali[107], ces vers font référence indirectement au « sang bleu » des aristocrates, sang « noble » et « pur »[105], les révolutionnaires se désignant par opposition comme les « sangs impurs », prêts à donner leur vie pour sauver la France et la République trahies par la famille royale[108],[109]. Cependant cette théorie est démentie par les historiens.
273
+
274
+ Pour l'homme politique Jean Jaurès[110], les historiens Jean-Clément Martin[111],[112], Diego Venturino[113], Élie Barnavi[114], le journaliste Paul Goossens[114], et l'historien Bernard Richard[115], aux yeux de Rouget de Lisle et des révolutionnaires, le « sang impur » est bel et bien celui de leurs ennemis. Les discours et les déclarations des révolutionnaires, de même que l'iconographie de l'époque[116], attribuent clairement le « sang impur » aux contre-révolutionnaires.
275
+
276
+ « C'est au Dieu des armées que nous adressons nos vœux : notre désir est d'abreuver nos frontières du sang impur de l'hydre aristocrate qui les infecte : la terreur est chez eux et la mort part de nos mains. Citoyens ! nous serons vainqueurs[117],[118]. »
277
+
278
+ — Lettre écrite par 45 volontaires du 3e bataillon de la Meurthe à la municipalité de Lunéville, le 10 août 1792.
279
+
280
+ « J’ai démontré la nécessité d’abattre quelques centaines de têtes criminelles pour conserver trois cent mille têtes innocentes, de verser quelques gouttes de sang impur pour éviter d’en verser de très-pur, c’est-à-dire d’écraser les principaux contre-révolutionnaires pour sauver la patrie[119]. »
281
+
282
+ — Jean-Paul Marat, Journal de la République française, le 7 novembre 1792.
283
+
284
+ « Cette partie de la République française présente un sol aride, sans eaux et sans bois ; les Allemands s'en souviendront, leur sang impur fécondera peut-être cette terre ingrate qui en est abreuvée[120]. »
285
+
286
+ — Discours de Dumouriez devant la Convention nationale, le 10 octobre 1792.
287
+
288
+ « Nous sommes ici à exterminer le restant des chouans, enfouis dans des bois ; le sang impur des prêtres et des aristocrates abreuve donc nos sillons dans les campagnes et ruisselle à grands flots sur les échafauds dans nos cités. Jugez quel spectacle est-ce pour un républicain animé, comme je le suis, du plus pur amour du feu le plus sacré de la liberté et de la patrie qui brûle dans mes veines[121]. »
289
+
290
+ — Lettre de Cousin à Robespierre, à Cossé le 27 nivôse an II (16 janvier 1794).
291
+
292
+ « Eh bien, foutre, il n'en coûtera pas plus pour anéantir les traîtres qui conspirent contre la République. La dernière heure de leur mort va sonner ; quand leur sang impur sera versé, les aboyeurs de l'aristocratie rentreront dans leurs caves comme au 10 août[122]. »
293
+
294
+ — Jacques-René Hébert, Le Père Duchesne
295
+
296
+ « Quel espoir peut rester à l’empereur et au roi d’Espagne depuis que la justice nationale a scellé la liberté française par le sang impur de ses tyrans[123] ? »
297
+
298
+ — Discours de Jacques-Nicolas Billaud-Varenne devant la Convention nationale, le 20 avril 1794.
299
+
300
+ « Par toute la France le sang a coulé mais presque partout cela a été le sang impur des ennemis de la Liberté, de la Nation et qui depuis longtemps, s'engraissent à leurs dépens[124]. »
301
+
302
+ — Napoléon Bonaparte, lettre écrite à son frère Joseph, le 9 août 1789.
303
+
304
+ En 1903, Jean Jaurès publie une défense des chants révolutionnaires socialistes, et notamment de l'Internationale, à laquelle ses détracteurs opposent La Marseillaise. Admirateur de ce chant, Jaurès en rappelle cependant la violence et critique le couplet sur le « sang impur », jugé méprisant envers les soldats étrangers de la Première Coalition :
305
+
306
+ « Mais ce n'est pas seulement sur la forme que porte la controverse ; c'est sur les idées. Or, je dis que La Marseillaise, la grande Marseillaise de 1792, est toute pleine des idées qu'on dénonce le plus violemment dans L'Internationale. Que signifie, je vous prie, le fameux refrain du « sang impur » ? — « Qu'un sang impur abreuve nos sillons ! », l'expression est atroce. C'est l'écho d'une parole bien étourdiment cruelle de Barnave. On sait qu'à propos de quelques aristocrates massacrés par le peuple, il s'écria : « Après tout, le sang qui coule est-il donc si pur ? » Propos abominable, car dès que les partis commencent à dire que le sang est impur qui coule dans les veines de leurs adversaires, ils se mettent à le répandre à flots et les révolutions deviennent des boucheries. Mais de quel droit la Révolution flétrissait-elle de ce mot avilissant et barbare tous les peuples, tous les hommes qui combattaient contre elle ?Quoi ! tous ces Italiens, tous ces Autrichiens, tous ces Prussiens qui sous le drapeau de leur gouvernement combattent la France révolutionnaire, tous les hommes qui, pour obéir à la volonté de leurs princes, c'est-à-dire à ce qui est alors la loi de leur pays, affrontent la fatigue, la maladie et la mort ne sont que des êtres vils ? Il ne suffit pas de les repousser et de les vaincre ; il faut les mépriser. Même la mort ne les protège pas contre l'outrage ; car de leurs larges blessures, c'est « un sang impur » qui a coulé. Oui, c'est une parole sauvage. Et pourquoi donc la Révolution l'a-t-elle prononcée ? Parce qu'à ses yeux tous les hommes qui consentaient, sous le drapeau de leur roi et de leur pays, à lutter contre la liberté française, espoir de la liberté du monde, tous ces hommes cessaient d'être des hommes ; ils n'étaient plus que des esclaves et des brutes. (…)Et qu'on ne se méprenne pas : toujours les combattants ont essayé de provoquer des désertions chez l'ennemi. Mais ici il y a quelque chose de nouveau : c'est qu'aux yeux de la Révolution, le déserteur, quand il quitte le camp de la tyrannie pour passer dans le camp de la liberté, ne se dégrade pas, mais se relève au contraire ; le sang de ses veines s'épure, et il cesse d'être un esclave, une brute, pour devenir un homme, le citoyen de la grande patrie nouvelle, la patrie de la liberté, les déserteurs, bien loin de se méfier d'eux, elle les traite en citoyens. Elle ne se borne pas à leur jeter une prime, elle leur assure sur les biens nationaux des petits domaines et elle les inscrit, par là, dans l'élite révolutionnaire ; elle les enracine à la noble terre de France, elle leur réserve la même récompense qu'elle donne aux vétérans de ses propres armées. Bien mieux, elle les organise en bataillons glorieux, elle les envoie en Vendée pour combattre la contre-révolution, non pas comme des mercenaires mais comme des fils en qui elle met sa complaisance. Seul Marat, avec son bon sens irrité et son réalisme aigu, rappelle la Révolution à plus de prudence. « Que pouvez-vous attendre, écrit-il, des hommes qui, quoique vous en pensiez, ne sont venus à vous que pour de l'argent[110] ? »
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+ — Jean Jaurès, La Petite République socialiste, 30 août 1903.
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+ Selon Diego Venturino, l'expression « sang bleu » est inexistante au XVIIIe siècle, à cette époque avoir le « sang pur » est synonyme de vertu et le « sang impur » est synonyme de vice : « Lorsque les Révolutionnaires de la fin du XVIIIe siècle chantaient « marchons, marchons, qu'un sang impur abreuve nos sillons », voulaient-ils discriminer le sang pur de la race française du sang impur des étrangers ? ou bien évoquer les traîtres à la patrie et les ennemis des valeurs de la révolution en particulier, ces hommes qui sont devenus impurs par leur refus de la nouvelle religion révolutionnaire. Il s'agit là d'une genèse historique non biologique de la pureté ou de l'impureté »[113].
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+ Pour Élie Barnavi et Paul Goossens « Rouget de Lisle utilisera cette notion de sang impur (dans La Marseillaise) mais sans l'associer à un peuple. Pour lui, le sang impur est celui de l'ennemi »[114].
313
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314
+ Pour Jean-Clément Martin, les paroles de La Marseillaise sont à replacer dans le contexte de l'époque, où les diverses factions révolutionnaires sont fortement divisées et rivales. Rouget de Lisle, révolutionnaire monarchien, surenchérit dans la violence des paroles pour s'opposer à Marat et aux sans-culottes :
315
+
316
+ « Le Chant de guerre de l'armée du Rhin, devenu quelques mois plus tard La Marseillaise, est une chanson initialement proposée en alternative aux couplets jugés dangereux de La Carmagnole qu'il fallait contrer dans l'esprit du compositeur Rouget de Lisle et de son promoteur le Strasbourgeois Dietrich. La chanson est popularisée, sur les routes vers Paris, par les fédérés marseillais, autant fervents patriotes que fermement opposés à Marat ! Selon un schéma fréquent au sein de toute période révolutionnaire, les divisions, d'origine politiques, sociales, culturelles, régionales aussi, ne jouent donc pas entre deux camps mais aussi à l'intérieur de chacun. Il faut ainsi comprendre la véhémence des paroles de La Marseillaise dénonçant la « horde d'esclaves » et poussant à répandre le « sang impur » des « complices de Bouillé » et des traîtres. Dans la lutte contre les « barbares », le plus révolutionnaire est le plus radical. On attend aussi que les troupes étrangères se rallient à la Révolution, rejoignant leurs frères véritables. Ce ne sera que par la suite que l'ennemi sera identifié à l'étranger et que la Révolution s'engagera dans une défense de l'identité nationale[111]. »
317
+
318
+ — Jean-Clément Martin, Violence et Révolution : Essai sur la naissance d'un mythe national.
319
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320
+ Toujours selon Jean-Clément Martin à propos de l’interprétation de Casali qui a depuis été largement véhiculée sur Internet :
321
+
322
+ « Une interprétation aussi fausse que dangereuse, parce qu’elle nourrit la confusion des esprits, court à propos de l’expression « sang impur » dans la Marseillaise, pour faire de ce sang impur celui des « révolutionnaires », du « peuple » sacrifié pour la bonne cause. Les textes de l’époque démentent catégoriquement cette vision sacrificielle et a-historique. Il faut assumer son passé et éviter de le déformer, pour empêcher des dérives dramatiques[125]. »
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+ — Jean-Clément Martin, « Qu'un sang impur abreuve nos sillons » à propos d'une mauvaise querelle.
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+
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+ Éric Besson, alors ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a rappelé le sens de ces paroles de La Marseillaise sur France Inter le 8 février 2010[126] :
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328
+ « Sur La Marseillaise, […] je pense que tous nos concitoyens et notamment les plus jeunes d’entre eux, doivent comprendre et connaître les paroles de La Marseillaise, et notamment pour une raison qui ne vous a pas échappé, c’est que la formule, la phrase « qu’un sang impur abreuve nos sillons » en 2010, elle n’a rien d’évident. Qu’est-ce qu’il faut expliquer ? Que le sang impur ce n’est pas le sang des étrangers, c’est historiquement le sang de ceux qui voulaient abattre la Révolution française, le sang de ceux qui voulaient mettre fin à notre République. »
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+ Nombreuses furent les tentatives de réécriture du texte[127]. Ainsi peut-on citer un poème d'Alphonse de Lamartine, La Marseillaise de la paix[128], la version avec le même titre de Paul Robin à la fin du XIXe siècle[129], la Franceillaise d'André Breton[130], L'hymne pour la jeune Europe de Muse Dalbray[131] dans les années 1930, récemment les versions de Graeme Allwright[132], Christian Guillet[133], Philippe Dac, Pierre Ménager[134], Pascal Lefèvre, Aude Gagnier ou encore Édith de Chalon[135].
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+ « Pour une Marseillaise de la Fraternité » fut une initiative conduite dans les années 1990 par le Père Jean Toulat pour obtenir une révision des paroles avec le soutien de personnes telles que l'abbé Pierre et Théodore Monod[136],[137].
333
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334
+ En octobre 2007, Christine Boutin, présidente du Forum des républicains sociaux, a proposé de changer l'ordre des couplets de La Marseillaise en cas d'élection à la fonction présidentielle, afin de rendre l'hymne national « moins sanguinaire et moins révolutionnaire »[138].
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+ Depuis longtemps déjà, plusieurs personnes et associations proposent des textes de révision de la Marseillaise et veulent organiser des concours ou des forums dans les écoles ou sur internet[139],[140],[141].
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+ L'interprétation de l'hymne en accompagnement de manifestations sportives auxquelles participent des représentants français a été, depuis les années 1990, l'occasion de certaines polémiques, principalement dans le domaine du football.
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+ Une controverse, épisodique mais récurrente, concerne l'interprétation de l'hymne par les joueurs de l'équipe de France de football avant le début des rencontres. En 1996, durant le championnat d'Europe, Jean-Marie Le Pen déplore qu'une partie des membres de l'équipe de France, venus selon lui « de l'étranger », ne reprennent pas en chœur l'hymne national[142]. Dans le courant des années 2000, la polémique autour de la nécessité ou non, pour des athlètes français, d'entonner La Marseillaise, refait surface au point de devenir un sujet de débat régulier. En 2010, la secrétaire d'État aux sports Rama Yade et sa ministre de tutelle Roselyne Bachelot s'expriment ainsi sur le sujet, la première jugeant qu'il ne faut pas imposer aux joueurs de chanter l'hymne avant les rencontres, la seconde émettant le souhait qu'il soit chanté[143],[144],[145]. Une partie de la classe politique française réclame que les Bleus entonnent systématiquement La Marseillaise ; en 2010, le sélectionneur Laurent Blanc incite ses joueurs à reprendre l'hymne, soulignant que « les gens sont très sensibles à ce sujet »[146]. Michel Platini rappelle pour sa part qu'il n'a jamais, au cours de sa carrière, chanté La Marseillaise, précisant qu'il aime la France mais pas cet « hymne guerrier qui n'a rien à voir avec le jeu »[147]. En 2012, Noël Le Graët, président de la Fédération française de football, déplore que des joueurs de l'équipe de France ne chantent pas La Marseillaise, ce qui lui apparaît comme un « problème de savoir-vivre, de culture, de respect »[148], et dit souhaiter que l'hymne, « sinon chanté », « soit au moins ressenti »[149],.
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+ Parallèlement aux controverses sur l'attitude des sportifs représentant la France envers leur hymne national, La Marseillaise est à plusieurs reprises, durant les années 2000, l'objet d'outrages dans le contexte de matches de football, ce qui entraîne d'importantes polémiques publiques, puis des conséquences législatives. Le 6 octobre 2001, lors du match France – Algérie au stade de France qui a été par la suite interrompu par l'irruption sur le terrain des spectateurs, La Marseillaise avait été sifflée par une partie du public[150] ; ceci avait provoqué une vive réaction à travers le pays. Au printemps 2002, certains supporters corses du Sporting Club Bastiais avaient sifflé à nouveau l'hymne national à l'occasion de la finale de la Coupe de France, provoquant l'ire du président Jacques Chirac, qui avait décidé en conséquence de boycotter la remise du trophée au vainqueur. À la suite de ces affaires, en mars 2003, un amendement à la loi pour la sécurité intérieure crée en France le délit d'outrage au drapeau ou à l'hymne national[151].
343
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344
+ Lors d'un déplacement en 2005 en Israël, comptant pour les qualifications pour le Mondial 2006, les spectateurs du stade Ramat-Gan de Tel-Aviv sifflent l'hymne français et conspuent Fabien Barthez tout au long de la partie[152].
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+ Ce type d'événement s'est reproduit lors des matchs amicaux de football France – Maroc, le 17 novembre 2007[153], et France – Tunisie, le 14 octobre 2008[154], là encore au stade de France. L'ambassade de Tunisie en France, sollicitée par la presse, émet un communiqué dont le dernier point invite à « éviter les amalgames afin de ne pas donner du grain à moudre aux intolérants de tous bords »[155].
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+ Michel Platini, ancien capitaine international français et président de l'UEFA estime que ces sifflets représentent des « manifestations contre un adversaire d'un soir, en l'occurrence l'équipe de France » et « ne sont pas une insulte à la France »[156]. Il déplore ce qu'il appelle la récupération politique qui est faite de ces sifflets, inhérents au monde du football et du sport en général. Il rappelle les manifestations de joie au lendemain de la victoire des « Black-Blancs-Beurs » de la coupe du monde de 1998, les drapeaux français tenus à bout de bras et la Marseillaise chantée par les supporters français.
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+ La Marseillaise a également été sifflée, de même que le sélectionneur Raymond Domenech lors de l'apparition de son portrait sur écran géant dans le stade, par des supporters italiens lors du match Italie — France le 8 septembre 2007 et Tunisie — France en 2008, dans le cadre d'une rencontre de qualification pour l'Euro 2008 disputée à San Siro (Milan). Ces sifflements ont été commis en réponse aux attaques répétées du sélectionneur français dans la presse contre la sélection italienne avant ce match[152]. Selon le sociologue Emmanuel Todd, ce type de manifestation lors des matchs de football qui survient en pleine crise financière en 2008 serait instrumentalisé par les hommes politiques pour masquer les réels problèmes que connaît la France comme la « crise de la démocratie » et les menaces qui pèsent sur son industrie[157].
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ « Gavroche : « …En avant les hommes ! qu'un sang impur inonde les sillons ! Je donne mes jours pour la patrie, … » »
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+ L’Hymne national de la fédération de Russie ou Hymne russe (en russe : Государственный гимн Российской Федерации, Gossoudarstvennyï gimn Rossiïskoï Federatsii) est l'actuel hymne national de la Russie.
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+ Il a été adopté le 20 décembre 2000 par le président Vladimir Poutine en remplacement de la Chanson patriotique qui était utilisée depuis 1990. Il reprend la musique de l’Hymne de l'Union soviétique mais avec de nouvelles paroles[2].
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+ L’Hymne de l'Union soviétique a été adopté en 1944 en remplacement de L'Internationale (qui elle-même remplaçait La Marseillaise des travailleurs) comme hymne national du pays.
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+ La musique a été composée par Aleksandr Aleksandrov et les paroles écrites par Sergueï Mikhalkov. Cette musique fut originellement celle de l'hymne du Parti bolchévique depuis 1939, et partiellement d'une chanson appelée Jit' stalo loutchtche (La vie est meilleure).
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+ À partir de 1990, l’Hymne national de la Russie fut la Chanson patriotique de Mikhaïl Glinka, qui ne possédait pas de paroles officielles. Il était un des rares hymnes au monde à ne pas avoir de paroles. De 1991 à 2000, le comité de l'hymne national reçut plus de 6 000 propositions de paroles, la plupart sur la musique de la Chanson patriotique, d'autres sur la musique d'Aleksandrov. Mais cet hymne fut impopulaire et le Parti communiste de la fédération de Russie voulait que l'ancien Hymne de l'Union soviétique soit restauré. Lorsqu'en 2000, le Kremlin, sous l'impulsion du président Vladimir Poutine, décida de revenir à la musique d'Aleksandrov, ce fut une nouvelle proposition de paroles de Sergueï Mikhalkov, qui avait déjà écrit les paroles de l’Hymne de l'Union soviétique, qui fut retenue[3] et retravaillée en collaboration avec le Kremlin. Les références à Lénine et au communisme furent supprimées ainsi que l'idée d'une union indestructible entre les différentes républiques soviétiques. Les nouvelles paroles insistent davantage sur la grandeur et les richesses du pays.
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13
+ La reprise de la musique de l’Hymne soviétique fut vivement controversée en Russie durant toutes les années 2000. L'ancien président Boris Eltsine qui avait lui-même introduit la Chanson patriotique en remplacement de l’Hymne soviétique était contre la reprise de sa musique pour l’Hymne russe. Pour le gouvernement russe néanmoins, l'hymne représente « une représentation historique du pays, un symbole de patriotisme »[4]. Lors des obsèques de Boris Eltsine, c’est ce nouvel hymne qui fut joué. En 2010, le parti communiste russe demande le changement de l'hymne, en enlevant notamment les références faites à la religion et à « Dieu »[5] mais cela a été refusé.
14
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15
+ D'autres pays de l'ex-URSS ont également gardé ou repris la musique de la période soviétique, tels que le Tadjikistan (Surudi milli), la Biélorussie (My, Bielaroussy), ou l'Ouzbékistan (Hymne national de l'Ouzbékistan).
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+
17
+ Si un musicien peut choisir de ne jouer que la musique seule lors d'occasions privées ou officieuses, les paroles de l’Hymne national russe doivent officiellement être chantées, avec ou sans musique (mais en respectant l'air). L'hymne peut être joué lors d'occasions solennelles ou de célébrations, mais il accompagne obligatoirement l'investiture du président, l'ouverture et la fermeture des sessions parlementaires de la Douma, de chaque Conseil de la Fédération, ainsi que de toutes les cérémonies officielles de l'État. L'hymne est également joué lors du début et de la fin des programmes télévisés et radiophoniques, ou, si les programmes sont diffusés en continu, à minuit et à 6 h. Il peut être joué lors d'événements sportifs en Russie ou à l'étranger, selon le protocole de l'événement en question.
18
+
19
+ Lors de la diffusion de l'hymne national, tous les hommes et femmes doivent se découvrir la tête et se tourner vers le drapeau russe, si présent, comme le veut la tradition. Les personnes en uniforme doivent également faire un salut militaire lorsque l'hymne est joué.
20
+
21
+ Selon la loi russe sur le droit d'auteur, les symboles nationaux - dont l'hymne national - sont libres de droits d'auteurs[6], et peuvent donc librement être diffusés et modifiés, dans la limite du respect dû à ces emblèmes[7].
22
+
23
+ Россия — священная наша держава,
24
+ Россия — любимая наша страна.
25
+ Могучая воля, великая слава —
26
+ Твоё достоянье на все времена!
27
+
28
+ Rossia — sviachtchennaïa nacha derjava,
29
+ Rossia — lioubimaïa nacha strana.
30
+ Mogoutchaïa volia, velikaïa slava —
31
+ Tvoïo dostoïan'é na vse vremena!
32
+
33
+ Russie est notre puissance sacrée
34
+ Russie est notre pays bien-aimé
35
+ Forte volonté, grande gloire
36
+ Sont ton héritage à jamais !
37
+
38
+ Славься, Отечество наше свободное,
39
+ Братских народов союз вековой,
40
+ Предками данная мудрость нар��дная!
41
+ Славься, страна! Мы гордимся тобой!
42
+
43
+ Slavsia, Otietchestvo nache svobodnoïe,
44
+ Bratskikh narodov soïouz vekovoï,
45
+ Predkami dannaïa moudrost' narodnaïa!
46
+ Slavsia, strana! My gordimsia toboï!
47
+
48
+ Sois glorieuse, notre libre Patrie,
49
+ Alliance éternelle de peuples frères !
50
+ Sagesse populaire transmise par nos ancêtres !
51
+ Sois glorieux, notre pays ! Nous sommes fiers de toi !
52
+
53
+ От южных морей до полярного края
54
+ Раскинулись наши леса и поля.
55
+ Одна ты на свете! Одна ты такая —
56
+ Хранимая Богом родная земля!
57
+
58
+ Ot ioujnykh moreï do poliarnogo kraïa
59
+ Raskinoulis' nachi lesa i polia.
60
+ Odna ty na svete! Odna ty takaïa —
61
+ Khranimaïa Bogom rodnaïa zemlia!
62
+
63
+ Des mers du sud au cercle polaire
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+ S'épanouissent nos forêts et nos champs
65
+ Tu es unique au monde ! Tu es si unique,
66
+ Terre natale gardée par Dieu !
67
+
68
+ Широкий простор для мечты и для жизни
69
+ Грядущие нам открывают года.
70
+ Нам силу даёт наша верность Отчизне.
71
+ Так было, так есть и так будет всегда!
72
+
73
+ Gryadouchtnie nam otkryvaïout goda.
74
+ Nam silou daïot nacha vernost' Ottchizne.
75
+ Tak bylo, tak est' i tak boudiet vsegda!
76
+
77
+ De vastes espaces pour les rêves et la vie
78
+ Nous ouvrent l'avenir
79
+ Notre fidélité à la Patrie nous rend forts
80
+ Ce fut ainsi, c'est ainsi, et le sera toujours !
fr/266.html.txt ADDED
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+ Animalia
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+ Règne
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+ Taxons de rang inférieur
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+ Synonymes
10
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+ Metazoa Haeckel, 1874[1]
12
+
13
+ Les Animaux (Animalia) (du latin animalis « animé, vivant, animal ») sont en biologie, selon la classification classique, des êtres vivants hétérotrophes, c’est-à-dire qui se nourrissent de substances organiques. On réserve aujourd'hui le terme « animal » à des êtres complexes et multicellulaires, bien qu’on ait longtemps considéré les protozoaires comme des animaux unicellulaires. Comme les autres êtres vivants, tout animal a des semblables avec qui il forme un groupe homogène, appelé espèce.
14
+
15
+ Dans les classifications scientifiques modernes, le taxon des animaux se nomme Animalia (création originale de Linné en 1758, eu égard au Code international de nomenclature zoologique (ICZN) ou encore Metazoa (synonyme junior créé par Haeckel en 1874). Quel que soit le terme employé ou quelle que soit la classification retenue (évolutionniste ou cladiste), les animaux sont consensuellement décrits comme des organismes eucaryotes pluricellulaires généralement mobiles et hétérotrophes.
16
+
17
+ Dans le langage courant, le terme « animal » ou « bête » ou encore « animal non-humain » est souvent utilisé pour distinguer le reste du monde animal des humains. Le langage courant diffère également du biologique par le fait que « animal » renvoie souvent à une certaine taille qui exclut entre autres les insectes. Enfin, il peut être utilisé en opposition à « végétal ».
18
+
19
+ La science consacrée à l'étude du règne animal est la zoologie.
20
+
21
+ Le registre fossile des animaux est dominé par l'explosion cambrienne (−541 à −530 Ma), qui a marqué un développement et une diversification extrêmes, avec l'apparition de tous les grands plans d'organisation actuels.
22
+
23
+ Les animaux complexes sont cependant apparus au moins des dizaines de millions d'années auparavant, sans doute pendant l'Édiacarien (−635 à −541 Ma). Les fossiles les plus anciens ont été trouvés à Terre-Neuve et datent d'environ 571 Ma, mais le biote édiacarien est resté peu diversifié jusque vers −560 Ma. Les premières traces de l'existence d'animaux sont plus anciennes encore (−650 Ma dans le supergroupe de Huqf en Oman, −635 Ma dans la formation de Lantian en Chine méridionale), mais reposent sur des biomarqueurs comme le stérane ou sur des empreintes mal identifiables, et sont contestées[2].
24
+
25
+ Comme tous les organismes vivants, les animaux ont besoin d'eau, d'un comburant qui est exclusivement le dioxygène pour ces espèces, et de matières organiques provenant d'autres organismes car ils ne peuvent pas la produire par eux-mêmes à partir de molécules ne provenant pas du vivant. On dit qu'ils sont chimio-organotrophes. Cette nourriture répond à trois objectifs : fournir les substances qui servent à créer d'autres cellules; produire des substances utiles à créer des molécules et structures de l'organisme (os, poils, larmes, odeurs, etc.), et surtout fournir de l'énergie.
26
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27
+ Comme pour tous les organismes vivants, l'eau est l'élément dont les animaux ont le plus de mal à se passer. En plus du fait que les cellules sont essentiellement constituées d'eau, l'eau est nécessaire à la plupart des réactions biochimiques où elle sert de solvant. Mais, en outre, elle sert à l'évacuation des déchets azotés produits par le métabolisme des protéines qui doivent être éliminées. Les animaux sont, comme les autres espèces même non aquatiques, également confrontés aux problèmes liés à l'osmorégulation. Le besoin en eau implique d'avoir un système de régulation osmotique.
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+
29
+ Ils ont besoin de se procurer leur nourriture en se déplaçant ou en l'attrapant, et grâce à un système digestif, de dissocier les organismes en substances nécessaires qui leur sont utiles, puis de les assimiler. L'acquisition de dioxygène sert à oxyder des hydrates de carbones pour produire de l'énergie chimique, est donc aussi une priorité pour la plupart des animaux. La plupart des espèces disposent d'un système respiratoire pour absorber le dioxygène. Le dioxygène, l'eau et les diverses substances sont amenées vers les cellules, et les sous-produits inutiles sont évacués (excrétion) grâce à divers systèmes circulatoires. Les problèmes posés par les différents milieux supposent des adaptations spécifiques. Ainsi l'acquisition de dioxygène pour un organisme terrestre est moins difficile que l'acquisition de l'eau. L'inverse est vrai dans un milieu aquatique. Pour acquérir ces substances essentielles à la vie, la plupart des animaux utilisent des organes de perception. Ils utilisent également leurs sens pour fuir leurs prédateurs.
30
+ Pour assimiler les substances nécessaires à sa vie qu'il puise dans d'autres organismes vivants, l'animal a le plus souvent besoin d'un système digestif et donc d'un système d'excrétion.
31
+
32
+ Les fonctions de reproduction sont également importantes chez les animaux qui sont principalement sexués, mais certaines espèces comme l'hydre peuvent aussi se reproduire d'une manière asexuée (par bourgeonnement dans son cas). L'appareil de reproduction est vital à l'espèce seulement, sans quoi, inévitablement celle-ci disparaîtrait après un certain temps.
33
+
34
+ Les animaux possèdent également des systèmes très divers de locomotion, de perception.
35
+
36
+ En outre, ils possèdent divers systèmes de circulation de fluide à l'intérieur du corps et de coordination des différentes cellules. Le vieillissement ne semble pas faire partie des caractéristiques fondamentales, car certaines espèces d'éponges ne vieillissent pas[4].
37
+
38
+ L'organisation interne des animaux peut être très variable, comme des organisations complexes comme les insectes ou des vertébrés ou des colonies de cellules relativement amorphes que forment les éponges . Scientifiquement, les animaux sont des organismes eucaryotes multicellulaires (exception faite des Myxozoa) ce qui les différencie des Bacteria et des Protista et dépourvus de chloroplastes (hétérotrophes), ce qui les distingue des végétaux et algues. Ils se distinguent également des Mycota. Ils sont les seuls organismes vivants qui passent dans une étape de leur développement par un blastocyste[réf. nécessaire]. Ils sont aptes au mouvement, parfois seulement sous forme larvaire (cas des éponges et de nombreux invertébrés benthiques fixés au substrat). Ils forment le règne Animalia, subdivision du domaine Eukaryota.
39
+
40
+ Les animaux (ou métazoaires) sont l'un des types d'eucaryotes à s'être développés sur un mode multicellulaire, comme les plantes, certains champignons, et les algues brunes par opposition aux unicellulaires qui regroupent les levures, d'autres algues et champignons, des protozoaires, ainsi que les êtres vivants regroupés au sein des Prokaryota, composés des Eubacteria et Archaea.
41
+
42
+ On distingue, selon leur complexité d'organisation interne, trois groupes ou niveaux[5].
43
+
44
+ Les cellules animales sont hétérotrophes, c'est-à-dire qu'elles doivent manger pour survivre, contrairement aux plantes. Le mode de nutrition est souvent une caractéristique contraignante pour les animaux. La stratégie des éponges consiste à filtrer l'eau qui les traverse, pour y capturer des proies et particules.
45
+
46
+ Les éponges (Porifera) ont une organisation souvent décrite comme simple : ce sont des colonies de cellules pratiquement indifférenciées, sans structures internes bien identifiables. Ce sont des animaux sans système nerveux ni tube digestif. Leur corps n’est formé que par deux couches de cellules (ectoderme et endoderme).
47
+
48
+ Les polypes quant à eux poussent la nourriture vers un ventre (cavité gastrique) où elle pourra être digérée sans pouvoir s'échapper.
49
+
50
+ Cette autre stratégie permet de se nourrir de proies plus grosses (ce que les éponges ne peuvent pas filtrer). Par rapport aux éponges ce plan d'organisation suppose deux choses : les cellules se spécialisent (avec l'acquisition de cellules nerveuses et musculaires permettant des mouvements coordonnés) et l'organisme gagne la capacité à prendre une forme définie (morphogénèse), pour que des tentacules efficaces puissent pousser leur proie vers la cavité gastrique.
51
+
52
+ L'organisation de type ver est un autre type de plan d'organisation. La stratégie de base des organismes de type « ver » (vermiforme) est de se déplacer pour aller chercher la nourriture, au lieu d'attendre qu'elle passe à portée. Cette stratégie permet notamment d'exploiter des déchets organiques, qui peuvent être à haute valeur nutritive, mais ne se déplacent pas.
53
+
54
+ Passé le cap des éponges et des polypes, tous les organismes complexes sont des bilatériens, qui dérivent d'un schéma fondamental : le tube. Le développement est organisé autour d'un axe tête / queue d'une part, et dos / ventre d'autre part. Ces deux axes conduisent à un plan d'ensemble où les côtés droit et gauche tendent à être symétriques, d'où leur nom de bilatérien.
55
+
56
+ D'un point de vue fondamental les vers diffèrent des cnidaires les cellules nerveuses s'organisent en un système nerveux cohérent, qui chez certains organismes pourra donner un cerveau à l'avant de l'animal. Un tissu intermédiaire important est aussi présent chez les vers qui se trouve entre les tissus extérieurs qui forment la peau (ectoderme) et les tissus intérieurs du système digestif (endoderme) : le mésoderme qui peut former des organes internes complexes. On parle d'animaux triploblastiques.
57
+
58
+ Un second caractère considéré important chez les vers (absent par exemple chez les vers plats) est la présence d'un canal alimentaire : à une extrémité, une bouche absorbe la nourriture, à l'autre, un anus excrète les déchets.
59
+
60
+ L'invention du tube digestif à partir de la cavité gastrique ancestrale semble avoir été faite deux fois. Chez les protostomiens, les deux orifices du canal alimentaire sont formés à partir du blastopore, dont les lèvres se rapprochent pour former un canal par soudure longitudinale. Chez les deutérostomiens, l'orifice du blastopore devient l'anus, le canal alimentaire étant formé par un percement ultérieur qui évoluera vers la bouche.
61
+
62
+ On trouvera chez les vers une autre caractéristique évolutive importante de certains animaux : la segmentation (métamérie) qui semble être apparue dans plusieurs branches différentes.
63
+
64
+ L'apparition du tube digestif (avec deux orifices, une bouche et un anus) et de la capacité de se déplacer (en rampant) a été une innovation évolutive fondamentale chez les bilatériens : les organismes vermiformes sont assez polyvalents, et peuvent servir de base à des modes de vie très variés. C'est ce qu'on appelle une explosion radiative : à partir d'un schéma de base commun, les formes prennent des voies divergentes, se diversifiant à partir d'une forme commune.
65
+
66
+ Les principaux groupes qui relèvent du niveau d'organisation vermiforme sont :
67
+
68
+ On retrouve également cette forme chez de nombreux arthropodes (notamment les asticots), des échinodermes (concombres de mer), et même des mollusques (solenogastres).
69
+
70
+ Tous les bilatériens ne gardent pas une morphologie vermiforme. Des organismes comme les tuniciers ressemblent plus à des formes d'éponges ou de coraux qu'à des vers (ce sont des organismes fixés et filtreurs), ce qui est généralement le cas des formes retournant à un mode de vie végétatif.
71
+
72
+ Enfin, cette forme d'organisation se complexifie suivant de multiples voies, dont les parties dures pourront laisser des fossiles, par exemple :
73
+
74
+ Les mollusques évoluent à partir d'une organisation de type ver. Une innovation évolutive importante des mollusques est la coquille, permettant de se protéger des prédateurs : l'acquisition de plaques calcaires protégeant le dos. Les premiers mollusques devaient donc avoir certains points communs avec les polyplacophores (une sorte d'escargot marin qui peut se rouler en boule comme un cloporte).
75
+
76
+ Les mollusques comprennent les classes importantes suivantes :
77
+
78
+ Sur la formule générale des vers, les arthropodes ont superposé plusieurs innovations évolutives remarquables :
79
+
80
+ Cette organisation correspond à la forme générale des mille-pattes. Elle a été immédiatement à l'origine d'une nouvelle explosion radiative, entraînant la modification de certaines paires de pattes en mâchoires, antennes, pattes spécialisées, sur certaines parties du corps, ou perdant leurs pattes sur d'autres parties du corps.
81
+
82
+ L'embranchement des arthropodes est de très loin celui qui possède le plus d'espèces et le plus d'individus de tout le règne animal. On compte plus d'un million et demi d'espèces actuelles d'arthropodes. Le nombre de pattes, la manière dont le corps est organisé en différentes parties et la forme de ces pattes semblent avoir beaucoup participé à la diversification foisonnante des arthropodes.
83
+
84
+ La fonctionnalité essentielle qui a initialement structuré ce groupe a été la capacité de nager dans l'eau.
85
+
86
+ Mais cette capacité a conduit à une première explosion radiative des vertébrés: les poissons ont vite envahi l'espace en trois dimensions formé par l'eau des océans, et se sont diversifiés en un grand nombre d'espèces à l'écologie et à la morphologie différentes, en passant par l'hippocampe, le poisson lune et le requin baleine.
87
+
88
+ Plusieurs innovations marqueront l'histoire évolutive des poissons : l'apparition progressive de la tête et de la mâchoire, et enfin, la conquête de l'environnement aérien avec l'apparition de pattes, continuant leur explosion radiative en donnant les sauriens.
89
+
90
+ Les tétrapodes, animaux à quatre membres, ont eu une explosion radiative après avoir conquis la capacité à se déplacer sur la terre ferme. Cependant, certains groupes d'espèces comme les cétacés ou les serpents ne gardent, à la suite de leur évolution, que des vestiges de membres.
91
+
92
+ Les tétrapodes regroupent des animaux de tailles très différentes, des micro-mammifères à la baleine bleue qui est le plus gros animal connu de tous les temps, mais ils ne représentent qu'une infime partie à la fois des espèces vivantes (au plus 2 %) et de la biomasse. Malgré cela, ils sont parmi les espèces les mieux connues de l'homme, qui en fait lui-même partie. Bien que l'homme ait, depuis Aristote au moins, essayé de regrouper les différentes espèces suivant des groupes homogènes, il n'est parvenu à comprendre la phylogénie de ce groupe qu'à la fin du XIXe siècle. On considère aujourd'hui que ce groupe est composé des amphibiens, des Sauropsida (dont les reptiles et les oiseaux) et des mammifères.
93
+
94
+ Les mammifères sont généralement identifiables par leur peau, qui est au moins partiellement couverte de poils. Le fait que les femelles allaitent leurs petits est la caractéristique majeure de ce groupe.
95
+
96
+ Environ 1 250 000 espèces animales sont connues et répertoriées sur Terre[6]. Certains scientifiques estiment qu'il y a dix millions d'espèces vivant actuellement sur Terre et qu'il y a eu cent millions d'espèces qui ont existé en comptant toutes les espèces qui ont vécu sur Terre depuis l'apparition du vivant[7].
97
+
98
+ Une étude publiée en 2011, indique que parmi les 8 750 000 espèces (±1 300 000) d'eucaryotes estimées, la Terre recenserait 7 770 000 espèces animales (±958 000), dont 2 150 000 (±145 000) espèces vivant dans les océans[6]. Parmi ces espèces, seules 953 000 sont répertoriées dont 171 000 espèces océaniques[6].
99
+
100
+ Il existe des grandes caractéristiques générales qui permettent de classer les espèces vivantes en embranchements. D'après la théorie de l'évolution, les embranchements d'animaux actuels sont les groupes survivants de près d'une centaine existants au Cambrien, ceux-ci ne sont connus que par leurs fossiles.
101
+
102
+ Dans les classifications scientifiques modernes, le taxon des animaux se nomme Animalia[1],[11] (création originale de Linné en 1758, eu égard au Code international de nomenclature zoologique (ICZN) ou encore Metazoa (synonyme junior créé par Haeckel en 1874).
103
+
104
+ Plusieurs bases de données en ligne existent qui tentent de recenser l'ensemble des taxons actuellement reconnus. Chacune se fonde sur des choix étayés par des études publiées, ce qui ne les empêche pas forcément de se contredire, en particulier pour les taxons fossiles, pour lesquels la vérification génétique n'est pas possible.
105
+
106
+ Cette classification taxinomique est un outil pratique pour les biologistes, mais elle range artificiellement côte à côte des groupes dont le statut et l'âge n'est cependant pas le même : elle doit donc être complétée par une classification phylogénétique, sous forme d'arborescence, qui détaille le moment de divergence des différents groupes à partir d'un unique ancêtre commun.
107
+
108
+ Selon World Register of Marine Species (7 mars 2016)[12] :
109
+
110
+ Selon Catalogue of Life (7 mars 2016)[13] :
111
+
112
+
113
+
114
+ Macracanthorhynchus hirudinaceus, un Acanthocephala.
115
+
116
+ Phyllodoce mucosa, un ver Annelida.
117
+
118
+ Différents Arthropoda.
119
+
120
+ Liospiriferina rostrata, un Brachiopoda.
121
+
122
+ Sertella septentrionalis, un Bryozoa.
123
+
124
+ Priapulus caudatus, un Cephalorhyncha.
125
+
126
+ Spadella cephaloptera, un Chaetognatha.
127
+
128
+ Différents Chordata.
129
+
130
+ Différents Cnidaria.
131
+
132
+ Mnemiopsis leidyi, un Ctenophora.
133
+
134
+ Différents Echinodermata.
135
+
136
+ Barentsa discreta, un Entoprocta.
137
+
138
+ Un Gastrotricha.
139
+
140
+ Différents Hemichordata.
141
+
142
+ Différents Mollusca.
143
+
144
+ Des Nematoda.
145
+
146
+ Différents vers Nemertea.
147
+
148
+ Phoronis australis, un Phoronida.
149
+
150
+ Trichoplax adhaerens, un Placozoa.
151
+
152
+ Pseudobiceros hancockanus, un Plathelminthes.
153
+
154
+ Xestospongia testudinaria, un Porifera.
155
+
156
+ Habrotrocha rosa, un Rotifera.
157
+
158
+ Thysanocardia nigra, un Sipuncula.
159
+
160
+ Hypsibius dujardini, un Tardigrada.
161
+
162
+ Différents Xenacoelomorpha.
163
+
164
+ Diverses sciences visent à étudier le monde animal par exemple la zoologie qui se décompose en une multitude de spécialités, la médecine vétérinaire, mais aussi d'une façon dérivée la paléontologie, la biologie, et la microbiologie et l'agronomie pour son implication économique.
165
+
166
+ Depuis l'apparition de la vie, de nombreuses espèces disparaissent tandis que d'autres évoluent et donnent de nouvelles espèces. Au cours de l'histoire du vivant, il y a eu des extinctions massives (on en distingue habituellement cinq majeures) notamment après certains cataclysmes. Ces extinctions sont suivies par des explosions radiatives, c'est-à-dire une forte augmentation d'espèces nouvelles.
167
+
168
+ L'homme en tentant de domestiquer la nature, en favorisant un nombre forcément restreint d'espèces, a eu tendance à réduire le nombre de biomes. D'autre part, les pollutions générées par l'industrie et la société de consommation ont également pour effet de déstabiliser les biomes et de réduire le nombre d'espèces. Les espèces de grandes tailles sont les plus particulièrement touchées si bien que l'on considère que le nombre d'espèces pouvant s'éteindre dans les années à venir pourrait être massif. L'extinction actuelle est nommée extinction de l'Holocène et son rythme serait dix à cent fois supérieur à celui des extinctions passées.
169
+
170
+ De nombreuses lois visent à protéger la faune, ses habitats des impacts des actions des humains. Certaines sont plus spécifiques à la protection des milieux naturels et d'autres plus spécifiques à protéger les animaux de la malveillance, du roadkill, de la surexploitation ou de risques d'empoisonnement, etc.
171
+
172
+ Il existe également plusieurs types d'organisations pour la protection animale et la protection de la nature, par exemple :
173
+
174
+ Une grande partie des maladies infectieuses ou dues à un prion pathogène peuvent être véhiculées par des animaux domestiques ou sauvages. Dans un contexte de mondialisation accélérée, l'OMS, la FAO et l'OIE[14] encouragent un meilleur suivi écoépidémiologique et la mise en place de dispositifs de sécurisation des échanges ou ventes d'animaux (morts ou vifs), qui se heurtent aussi au trafic d'animaux.
175
+
176
+ Dans les cultures au droit formalisé ou coutumier, les relations entre les humains et les autres espèces animales ont beaucoup varié dans l'espace et dans le temps, et selon l'animal, avec souvent un statut particulier pour les espèces-gibier, domestiques ou des animaux-totems ou symboliques ou emblématiques.
177
+
178
+ Il a beaucoup varié selon les époques, les pays, le droit coutumier et les espèces considérées, ou encore selon que l'animal soit sauvage ou domestiqué ; de l'animal sacré ou royal à la bête de somme, en passant par l'animal de compagnie et au chien de travail ou de chasse ou de garde et jusqu'à l'abeille domestique, etc.
179
+
180
+ Des animaux semblent avoir été considérés comme responsable pénalement dans tout l'Occident chrétien entre le milieu du XIIIe siècle jusqu'à l'époque moderne. La majorité des cas connus de procès d'animaux ont eu lieu au XVIe siècle, mais ces pratiques, finalement assez rares (un peu plus de 200 affaires recensés en Europe entre le Moyen Âge et le XIXe siècle), sont considérés par les historiens comme des manifestations de la survie d'archaïsmes judiciaires[15].
181
+
182
+ En France, l'animal domestique est aujourd'hui une res propria (ayant un propriétaire, qui en est responsable). Le Code pénal considère comme un délit le fait d'infliger des souffrances injustifiées à un animal domestique. En 1976, la loi précise que « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce »[16]. Le code rural en septembre 2000[17], puis le code civil en 2015 ont reconnu l'animal comme « doué de sensibilité » mettant ainsi le droit français en conformité au droit européen, et répondant à une demande depuis longtemps portée par diverses ONG (ex. : Fondation 30 millions d'amis) et diverses personnalités dont 24 intellectuels ayant récemment, avec l'éthologue Boris Cyrulnik ou le philosophe Michel Onfray, soutenu une pétition. Cet ajout au Code civil a été fait alors qu'un groupe d'étude sur la protection des animaux, constitué au sein de l'Assemblée, préparait un projet de nouveau statut pour les animaux, et il ne change pas les catégories et statuts juridiques existants[18].
183
+
184
+ L'animal sauvage reste aujourd’hui considéré par le code rural ou le code civil ou le code de l'environnement comme res nullius (c'est-à-dire n'appartenant à personne en particulier). Et l'animal domestique reste un bien meuble[19]. Seules des espèces menacées ou jugées utiles (pour l'agriculture en général) peuvent être partiellement ou complètement protégées par la loi (Loi n°76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature[20]). Certains animaux peuvent être à certaines conditions, localement et durant un certain temps (celui durant lequel on peut démontrer que leurs populations sont excessives) déclarés nuisibles (concept ancien qui fait l'objet de polémiques au regard des progrès de la science) et peuvent alors être chassés ou piégés plus largement. Le bien-être animal ainsi que les droits des animaux et la protection des animaux sont des préoccupations croissantes dans de nombreux pays, dont dans les contextes d'élevage, animaleries, chasse, pêche, cirques, corrida, expositions animalières, expérimentation animale (scientifique, cosmétique, alimentaire ou médicale), transport d'animaux, abattoirs, trafic d'animaux, abandon d'animaux, etc.
185
+
186
+ Selon Jean-Luc Guichet, chercheur au Centre d'étude et de recherche politiques (CERPO), l'évolution de l'animal n'a été que de se rapprocher de l'homme, de sauvage à domestique puis de familier à apprivoisé[21]. L'axe de progression ainsi dégagé dans la relation de l'homme et de l'animal est celui de l'extérieur de la maison vers l'intérieur de la famille :
187
+
188
+ Plusieurs espèces disposent de plans de gestion d'espèces ou de groupes d'espèces menacées ou jugées patrimonialement importantes, visant parfois (comme pour le bison européen) à lutter contre la pollution génétique[22] ou à aider une espèce qui a failli disparaître à sortir d'un goulot d'étranglement génétique. Certains plans visent au contraire à freiner la diffusion d'espèces invasives.
189
+
190
+ En France, des « ORGFH » (Orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats) ont été écrites dans chaque région. Ce document pourra peut-être être remplacé et complété par le SRCE (Schéma régional de cohérence écologique)[23].
191
+
192
+ Plus on remonte dans le temps, plus les animaux semblent avoir eu une importance culturelle pour les sociétés humaines[24] ; l'exemple de la vénération pour la vache, pour les bovins, est le plus significatif chez les humains ayant acquis l'agriculture : vénération d'abord commune à l'ensemble de l'humanité, de même que celle d'arbres (Nietzsche, dans son cours le service divin des Grecs, rappelle que vénérer des arbres est une pratique commune à l'ensemble de l'humanité lors de la Préhistoire et pendant l'Antiquité, les arbres étant les « premiers temples […] où logeait l'esprit des divinités »[25]), la vénération sacrée des animaux (ou zoolâtrie ; les dieux prenant souvent les traits d'animaux, comme en Égypte antique) s'est éteinte (le christianisme l'ayant combattu sur les cinq continents)[24], pour ne survivre que dans des régions « animistes » ou culturellement hindoues (« Mère vache » en est le symbole). Ce qui signifie que plus on avance dans le temps, plus les animaux perdent leur statut saint ou sacré[24], statut qui garantissait à certains d'entre eux (vivant spécialement parmi les hommes) le respect[24], pour devenir dans la société de consommation des « animaux-objets » (pour les loisirs), ou des « abstractions » totales (afin de ne pas laisser place à l'affect), leur sort laissant en fait indifférent la majorité des humains de ce type de société[24].
193
+
194
+ Depuis le Paléolithique, pour s'assurer la présence d'animaux pouvant lui rendre service, l'homme en a domestiqué un certain nombre d'espèces et a créé des élevages. Les éleveurs ont su, par sélection des croisements afin d'obtenir des animaux plus dociles ou économiquement plus rentables, changer les caractéristiques de certaines espèces et créer des hybrides pour que les animaux répondent plus efficacement à leurs besoins utilitaires de produire soit du lait, des œufs, de la viande, du cuir et de la laine, soit des bêtes de somme ou de trait (la zootechnie n'ayant pas permis d'éviter l'appauvrissement génétique des animaux d'élevage, du fait de la consanguinité importante créée par des hommes[26]).
195
+
196
+ Certains animaux sont une source de revenus pour les humains, allant de la nourriture au transport, en passant par l'exhibition (on payait les montreurs d'ours pour voir leur animal), l'habillement, etc. L'utilisation des animaux (transport, élevage) explose à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, auparavant les ressources alimentaires limitées étaient réservées à la famille[27].
197
+
198
+ L'homme utilise aussi les animaux pour ses loisirs en élevant des animaux de compagnie, en les filmant, en les découvrant dans le cadre de parcs zoologiques ou de parcs safaris. Ces deux dernières activités tendent à devenir plus respectueuses de la sauvegarde des animaux dans leur milieu naturel en favorisant la reproduction d'espèces menacées et l'étude pour les parcs.
199
+
200
+ Les différentes définitions de la protection animale sont axées autour d'une même préoccupation : préserver le bien-être des animaux, en d'autres termes leur épargner toute souffrance inutile. Le bien-être de l'animal englobe sa condition physique et physiologique, et réciproquement sa bonne condition implique une santé physique satisfaisante et un sentiment de bien-être. Le bien-être animal est décliné en cinq libertés correspondant aux besoins fondamentaux de l'animal :
201
+
202
+ En Occident, Aristote a divisé le monde du vivant entre les animaux et les plantes. Celui-ci ne se pose pas encore clairement la question de la fixité des espèces, et les théologiens chrétiens qui prennent sa suite, en faisant une lecture littérale de la Bible, instituent le fixisme en considérant que l'univers et le monde connu ont été créés en une semaine, idée qui devient un dogme inquestionnable jusqu'au XVIIIe siècle. Dans cette vision, les animaux étaient là pour servir l'homme, qui dominait la Création. Cependant à partir de la Renaissance, certaines idées sont remises en question. Alors que les travaux de Carl von Linné au XVIIIe siècle cherchent à classer systématiquement toutes les espèces vivantes en leur donnant un nom unique et précis (nom binomial), Jean-Baptiste Lamarck, puis surtout Charles Darwin, élaborent des théories d'une évolution des espèces. De ces théories, et plus particulièrement avec celle de Darwin va naître une controverse avec les créationnistes qui souvent revendiquent leur soutien à une vision biblique chrétienne de l'origine de la vie. La théorie de Darwin fait de l'homme un animal, fruit d'une évolution par des processus de sélection naturelle dont la sexualité.
203
+
204
+ Linné avait défini au départ trois royaumes (Mineralia, Vegetalia, Animalia) avec les animaux séparés eux-mêmes dans les groupes suivants : Vermes, Insecta, Pisces, Amphibia, Aves, et Mammalia. Ce classement va peu à peu évoluer au fil des découvertes en zoologie ou en paléontologie. Cette classification basée sur les caractères anatomiques et physiologiques tend à devenir une classification phylogénétique, c'est-à-dire la plus proche possible de l'arbre phylogénétique.
205
+
206
+ Le catholicisme (le judaïsme et l'islam ne sont pas aussi radicaux sur ce point[réf. nécessaire]) sépare l'« Homme » du règne animal dans sa nature, son essence (l'« Homme » est le seul être créé à l'image de Dieu, qui est en l'occurrence Jésus, sauveur des seuls hommes selon le christianisme de saint Paul) comme dans sa fonction (Dieu donne la nature à l'Homme pour assurer sa subsistance, l'Homme doit « dominer » la nature)[28]. Cela n'est pas le cas néanmoins dans le catharisme, du fait de la croyance en la réincarnation.
207
+
208
+ Cette séparation radicale entre humanité et animalité a été vigoureusement critiquée, correspondant de manière plus large à celle du « posthumanisme », qui a connu un développement certain avec les sciences sociales qui puisent leur source dans la pensée rousseauiste), par Claude Lévi-Strauss.
209
+
210
+ Les religions « animistes » (africaines, asiatiques, américaines, etc.), les religions chinoises (confucianisme, taoïsme) et spécialement les religions indiennes (hindouisme, bouddhisme, jaïnisme) intègrent complètement l'animal et l'homme dans l'univers, sans rupture de continuité (la différence est de degré, non de nature), tous les êtres étant dotés d'une âme, d'un même principe vital (d'un même « vouloir-vivre » selon le philosophe Arthur Schopenhauer).
211
+
212
+ La philosophie antique a légué sa vision de l'animal à partir d'une problématique de l'homme au monde : les Stoïciens ont une vision dogmatique et anthropocentriste de l'animal alors que les Académiciens ont une vision holistique, plaçant l'histoire générale des animaux et des hommes dans l'histoire plus large de la biosphère[29].
213
+
214
+ Le philosophe français René Descartes (1596-1650) est dualiste, distinguant nettement deux formes de réalité : la pensée (l'âme) et l'étendue (la matière). L'animal, qui n'a pas d'âme, n'est donc qu'une « machine », un automate perfectionné. C'est la théorie de l'animal-machine[30]. Cette théorie, se démarquant du regard bienveillant porté par Montaigne (1533-1592) sur le monde animal et récusant son nominalisme hyperbolique[31], a été vigoureusement attaquée par le poète Jean de la Fontaine[32] et scrupuleusement disséquée par le philosophe français Jacques Derrida avec son dernier ouvrage, L'Animal que donc je suis, faisant référence au « je pense donc je suis » de Descartes, dont il accuse l'idéalisme dangereux de ce dernier.
215
+
216
+ Le philosophe français Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) voit aussi dans tout animal, y compris l'Homme, une « machine ingénieuse ». Mais il distingue l'Homme de l'animal en ce que « la nature seule fait tout dans les opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent libre. » La différence vient ici de la pensée et de la capacité d'initiative et de liberté de l'Homme qui en découle[33].
217
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218
+ La critique du dualisme radical s'est tournée vers la théorie du continuisme selon laquelle les animaux possèdent des ébauches (proto-langage, proto-culture, ébauche de conscience ou d'âme) de ce que l'homme possède en plein. Ainsi dans cette perspective philosophique spiritualiste, l'homme est un animal non seulement parmi les autres, mais aussi comme les autres[34]. Une vision matérialiste et évolutionniste de ce continuisme soutient au contraire la thèse de la singularité humaine : selon Ian Tattersall, les animaux ne sont ni rationnels ni doués de conscience[35].
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220
+ L'hypothèse Gaïa proposée par l'écologiste anglais James Lovelock en 1970, mais également évoquée par d'autres scientifiques avant lui (comme le géologue Eduard Suess qui émet en 1875 le concept de biosphère, théorisé en 1926 par le minéralogiste Vladimir Vernadski)[36], considère l'ensemble des êtres vivants sur Terre comme formant une sorte de vaste super-organisme (qu'il nomme Gaïa d'après le nom de la déesse primordiale de la mythologie grecque personnifiant la Terre), réalisant l'autorégulation de ses composants pour favoriser la continuité de la vie et une certaine stabilité du climat.
221
+
222
+ Le terme « animal », au singulier, est rejeté par le philosophe français Jacques Derrida dans sa généralité, – parce qu'il est une « simplification conceptuelle » vue comme un premier geste de « répression violente » à l'égard des animaux de la part des hommes, et qui consiste à faire une césure totale entre l'humanité et l'animalité, et un regroupement tout aussi injustifié entre des animaux qui demeurent des vivants radicalement différents les uns des autres, d'une espèce à une autre[37] :
223
+
224
+ Jacques Derrida a créé le mot-valise « l'animot » qui, prononcé, fait entendre le pluriel « animaux » dans le singulier, et rappelle l'extrême diversité des animaux que « l'animal » efface[38],[39].
225
+
226
+ À la différence, la philosophe Élisabeth de Fontenay préfère l'emploi du vieux mot français « bête », qu'elle met au pluriel « les bêtes »[40].
227
+
228
+ La phénoménologie de l'animalité propose le concept d'« existence animale », dépassant le dualisme existentialiste entre « vie animale » et « existence humaine », dans la mesure où la subjectivité n'est pas confondue à la conscience réflexive[41].
229
+
230
+ La notion d'animalité[42] a souvent été utilisée comme repoussoir par les grandes religions du livre révélé ou par la politique[43] mais des courants de pensée suggèrent de mieux reconnaître et prendre en compte l'animalité présente en chacun des hommes[44], dont sur des bases scientifiques, ce qui questionne le statut de l'humain[45],[46] et de la frontière animalité/humanité[47],[48] (Existe-t-il une « animalité transcendentale » se demande Depraz (1995)[49]), pourrait pour certains légitimer certaines formes de violence[50] et n'est pas selon Brels (2012) sans conséquences éthico-juridiques[51].
231
+
232
+ La sociologie, en ce qu’elle s’intéresse à l’homme et aux collectifs humains, propose elle aussi un point de vue et des angles d’approche de la question animale. La sociologie a pour objets d’étude les faits sociaux et essaye de percevoir dans l’activité humaine des régularités afin de comprendre et d’expliquer les actions des collectifs. C’est à l’aide d’outils théoriques et méthodologiques que la discipline institutionnalisée par les travaux d’Emile Durkheim sur le suicide[52] ou par ceux de Max Weber sur l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme[53] tente soit d’approcher les motivations des individus qui les poussent à agir d’une certaine manière, soit d’étudier les structures objectives de la société qui dirigent les actions de ces derniers. Nous pouvons par exemple citer Durkheim qui explique qu’il faut « expliquer le social par le social », soit s’écarter des considérations individuelles des actions de chacun pour s’intéresser au fait social comme une « chose » qui ne s’explique pas par l’agrégation d’actions individuelles, c’est le caractère « Sui generis » du fait social, et qui possède son propre genre. Ainsi, les individus agissent dans des cadres prénormés et préréglés avec tout de même une certaine marge de manœuvre.
233
+
234
+ La sociologie ambitionne donc de dénaturaliser les comportements individuels et collectifs en introduisant la dimension culturelle des sociétés et le caractère socialisant des catégories et représentations présentes au sein de celles-ci. Après avoir expliqué ceci, nous voyons clairement que l’analyse sociologique prend tout son sens quand il s’agit de s’intéresser aux rapports entre les individus et les animaux. C’est de cette manière que les individus évoluant dans une société particulière vont devoir agir dans la particularité que cette même société et ses cadres normés proposent.
235
+
236
+ L’analyse d’Howard Becker peut d’ailleurs nous éclairer fortement dans son analyse de la déviance[54]. En effet, celui-ci met en avant le fait qu’un acte n’est pas déviant en soi mais qu’il présente un caractère déviant en fonction des règles et des normes qu’il est amené à transgresser. Il y a selon lui un processus déviant, une carrière déviante de l’individu qui va se socialiser à l’acte déviant et être étiqueté comme déviant par d’autres individus qui eux prennent pour champ des possibles les actions encadrées par les normes et les règles présentes dans un collectif. Ce sont ces écarts à la norme que la sociologie se propose donc d’étudier ; la maltraitance des animaux ou encore la sur-humanisation de ces derniers. Cette discipline considère que la plupart des actions ne sont pas naturelles et sont par exemple régies par des mécanismes de domination pour certains (Bourdieu) ou, autre exemple, par des jeux d’acteurs (la métaphore dramaturgique[55] de Goffman).
237
+
238
+ Les sentiments et les émotions des individus représentent aussi pour la sociologie des forces du social en ce qu’ils contraignent les individus à agir dans un cadre prédéfini normativement. Ainsi, Norbert Elias observe et nous explique que nos émotions peuvent être une force d’inertie dans la mesure où elles sanctionnent déjà les actions qui ne sont pas conformes aux normes sociales et ceci avant qu’elles aient lieu. Dans cette perspective, l’individu va se conformer à des normes sociales préexistantes en adaptant ses émotions positives ou négatives vis-à-vis d’un comportement ou de la position d’un individu. Nous voyons ici que maltraiter un chat sera fortement condamné par la société et que de ce fait les émotions de l’individu vont prendre en charge de possible pulsion jusqu’à contraindre ce dernier à l’affection pour l’animal.
239
+
240
+ Dans une perspective socio-historique nous pouvons voir que la place de l’animal et son rapport à l’Homme évolue dans le temps. En effet, celui-ci a d’abord été vu comme une fin matérielle en soi (possibilité de subsister en le consommant, ou récupérer certains de ses organes pour des rites symboliques), avec une vision humaniste anthropocentrique. D’un point de vue occidental, celui-ci a petit à petit été intégré à la vie quotidienne humaine, toujours dans le même but au début (aide à la chasse dans la royauté par exemple), pour obtenir une place de choix auprès de l’Homme de nos jours, considéré parfois comme son égal. Un droit des animaux existe dans le but de sanctionner certaines maltraitances à leur encontre, ce genre de pratiques pouvant entraîner des sanctions plus graves que certains délits commis envers d’autres êtres humains, ce qui aurait pu choquer il y a à peine un siècle.
241
+
242
+ L’élevage intensif actuel des sociétés occidentales dans le but de répondre à des demandes toujours plus grandes et des délais toujours plus brefs se développe en même temps qu’un certain mode de vie : celui de ne pas du tout consommer de viande, ni d’aliments ayant un lien avec l’exploitation des animaux (comme les œufs et le lait par exemple). Ce mode de vie connaît nombre de variantes, et évolue en permanence en fonction des pratiques de consommation. Le mot « Vegan » (végétalien en anglais) regroupe plusieurs de ces modes de vie. Les individus se revendiquent eux-mêmes « Vegan », mot qui reste employé en anglais, se diffusant à travers les pays selon différents processus sociaux[pas clair]. Les pratiques observées dans certains abattoirs sont également dénoncées à travers des reportages dans les médias. On peut observer le développement de certaines contradictions en ce qui concerne le respect de la dignité des animaux et dans le même temps l'intensification de la production animale ou encore le développement d'énormes structures de production.
243
+
244
+ La place des animaux a donc grandement évolué dans le temps, et notamment ces dernières années. Claude Lévi-Strauss disait : « Un jour viendra où l'idée que, pour se nourrir, les hommes du passé élevaient et massacraient des êtres vivants et exposaient complaisamment leur chair en lambeaux dans des vitrines, inspirera sans doute la même répulsion qu'aux voyageurs du XVIe ou du XVIIe siècle, les repas cannibales des sauvages américains, océaniens ou africains[56]. »
245
+
246
+ La culture est donc très importante pour envisager sociologiquement les actions individuelles et collectives observables dans la société. Ainsi, la culture occidentale va plus intégrer un animal comme le chien quand la culture moyen-orientale va considérer ce dernier comme impur. Cette supposée impureté du chien va interdire aux individus des sociétés moyen-orientales de faire rentrer cet animal dans leur domicile quand un congénère évoluant par exemple en Europe pourra lui s’installer sur le sofa du salon d’un appartement parisien. Nous voyons ici que les catégories ne sont pas les mêmes en fonction des cultures des sociétés. Nous pouvons souligner de plus, pour l’exemple du chien dans les pays musulmans, que nous voyons dans cet interdit une expression culturelle d’une injonction cultuel. En effet, les chiens dans l’islam ne doivent pas être présents dans les habitations et les propriétés des individus sauf si ces derniers servent à garder un troupeau de bêtes, une ferme ou s'ils aident les hommes à la chasse. Tout l’enjeu pour la sociologie est ici de dénaturaliser la possession de l’animal et les comportements qui accompagnent cette possession. Ces analyses ont pour objectifs d’éviter l’ethnocentrisme qui amène les individus à la sur-légitimation de leurs comportements et à la condamnation sans équivoque des actions régies par d’autres prismes culturels. C’est une horizontalité culturelle que la sociologie propose pour comprendre le rapport aux animaux.
247
+
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+ Les hommes, depuis la nuit des temps, ont prêté aux animaux des vertus ou des caractéristiques soit humaines, soit divines. Mythes fondateurs et mythologies font une place essentielle à des animaux parfois réels (louve, renard pâle, aigle du Caucase), parfois fantastiques (hydre, dragon, oiseau-tonnerre…)[57]. Le thème de la métamorphose de l'homme en animal y revient souvent (Lycaon, Callisto)[58] et nombre d'êtres mythiques sont mi-humains, mi-animaux (femme bison[59], Minotaure).
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+ Certains animaux sont devenus des symboles, et on n'est pas étonné que les expressions populaires en fourmillent (avoir le cafard, devenir chèvre, noyer le poisson)[60]. Bon nombre de contes sont anthropomorphiques : les contes africains, par exemple, font de certains animaux des archétypes de qualités humaines : le lièvre (Lëk en wolof) et l'araignée (Jargooñ) personnifient l'astuce et l'intelligence, la hyène (Bukki) la bêtise gloutonne[61]. Les animaux tiennent une grande place dans le vocabulaire amoureux (biche, lapin, crapaud mort d'amour) depuis le Cantique des cantiques (brebis, colombe), mais aussi dans les insultes (butor, ours mal léché), d'ailleurs parfois dénommés « noms d'oiseaux »…
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+ Certaines espèces d'animaux ont également été déifiées par certains peuples. Les animaux dans les univers de fiction sont toujours très abondants. L'art martial d'animal imite des animaux, pour leur redoutable efficacité martiale.
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+ Un hymne national est une composition musicale destinée à représenter une nation dans le protocole international. D'autres allégories comme le drapeau national, les armoiries nationales ou la devise nationale peuvent concourir à cette représentation symbolique.
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+ Le choix de cette composition musicale peut résulter de la tradition, de l'usage, d'une décision du pouvoir législatif ou exécutif…
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+ L'usage des hymnes nationaux est lié à l'émergence de la notion d'état-nation et aux nécessités du protocole international.
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+ Les états-nations sont apparus en Europe au XIXe siècle. C'est à cette époque que sont nés les hymnes nationaux. Dans les rencontres entre gouvernements, les chefs d'État ou les ministres ne représentaient plus leur propre personne mais une nation. Alors qu'autrefois, les princes et les rois étaient accompagnés de la pompe et du protocole attachés à leur personne, les symboles — hymne, drapeau — changeaient de sens dès lors que les gouvernants devenaient d'abord les représentants d'une nation, d'un peuple ou d'un pays.
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+ À partir du XXe siècle, de multiples rencontres entre pays — diplomatiques, artistiques, sportives — ont nécessité de façon accrue l'utilisation protocolaire de représentations symboliques des nations, au premier rang desquelles figurent les hymnes et les drapeaux nationaux.
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+ L'hymne national, utilisé dans les manifestations internationales, peut être concurrencé par d'autres musiques dans les usages nationaux. Par exemple, les diverses armes d'un pays peuvent être dotées d'hymnes propres[1] ; localement, diverses musiques peuvent être utilisées selon les circonstances (salutation au chef d'État, commémoration des morts, levée d'armes de tel ou tel régiment, rencontres sportives, inaugurations, etc.)
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+ Les hymnes nationaux actuellement en vigueur peuvent être des chants traditionnels choisis comme hymne national :
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+ Ce peuvent être d'anciennes compositions musicales célébrant un prince et qui ont accédé plus récemment au rang d'hymne national :
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+ L'hymne national peut être une composition qui s'est imposée par l'usage ou par décision gouvernementale dans le protocole international sans être le chant patriotique préféré de la population :
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+ Inversement, une musique peut s'imposer comme l'expression d'un choix politique ou national :
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+ Plusieurs pays ont des hymnes dont la musique est restée inchangée mais dont les paroles ont varié au fil des aléas politiques :
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+ Les hymnes nationaux expriment la culture ou l'histoire de leur pays :
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+ L'hymne national peut être une création institutionnelle ex nihilo :
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+ La plupart des hymnes nationaux sont des marches. Plusieurs pays du nord de l'Europe ont adopté des musiques qui ressemblent à des chorals luthériens. Beaucoup de pays d'Amérique latine font entendre des compositions semblables à des chœurs d'opéra. Les hymnes de plusieurs pays sont simplement des fanfares.
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+ Dans les cérémonies internationales, ces musiques sont le plus souvent simplement instrumentales (orchestre, fanfare militaire…)
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+ Bien souvent, il existe des hymnes nationaux une version longue, pourvue d'une anacrouse plus ou moins étendue, de couplets multiples séparés par des reprises chorales ou instrumentales, etc. Par exemple, l'hymne français, la Marseillaise, comporte, dans la version d'Hector Berlioz, une fanfare de trompettes en introduction de chaque couplet ; les sept couplets chantés séparés par des reprises chorales, soit au total une durée d'une quinzaine de minutes.
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33
+ Les versions jouées lors des cérémonies ont une durée limitée par l'usage : celui-ci impose que durant l'exécution de l'hymne, les personnalités et le public soient fixes, au garde à vous et silencieux. Presque tous les hymnes sont joués dans une version protocolaire dont la durée est comprise entre 1 min et 1 min 30 s. Cette version protocolaire est aujourd'hui généralement précédée d'un roulement de tambour, d'une brève fanfare ou d'un accord orchestral permettant à l'assistance de se mettre en position de rigueur (debout, en silence) et, au besoin, de prendre la note pour chanter juste.
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+ L'hymne japonais, Kimi ga yo est le plus court des hymnes nationaux, il comporte dix-huit mots et dure de 45 s à 55 s. En revanche, l'hymne de l'Uruguay peut durer de 5 à 8 minutes selon le tempo.
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+ Lorsque l'hymne est chanté, le texte des paroles est le plus souvent dans la langue commune ou la langue dominante du pays. Toutefois dans plusieurs pays plurilingues, le texte de l'hymne national n'est pas dans la langue la plus parlée :
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+ Les États avec plus d'une langue officielle disposent souvent de plusieurs versions de leur hymne :
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+ Le HyperText Markup Language, généralement abrégé HTML ou dans sa dernière version HTML5, est le langage de balisage conçu pour représenter les pages web. C’est un langage permettant d’écrire de l’hypertexte, d’où son nom. HTML permet également de structurer sémantiquement la page, de mettre en forme le contenu, de créer des formulaires de saisie, d’inclure des ressources multimédias dont des images, des vidéos, et des programmes informatiques. Il permet de créer des documents interopérables avec des équipements très variés de manière conforme aux exigences de l’accessibilité du web. Il est souvent utilisé conjointement avec le langage de programmation JavaScript et des feuilles de style en cascade (CSS). HTML est inspiré du Standard Generalized Markup Language (SGML). Il s'agit d'un format ouvert.
6
+
7
+ L’anglais Hypertext Markup Language se traduit littéralement en langage de balisage d’hypertexte[1]. On utilise généralement le sigle HTML, parfois même en répétant le mot « langage » comme dans « langage HTML ». Hypertext est parfois écrit HyperText pour marquer le T du sigle HTML.
8
+
9
+ Le public non averti parle parfois de HTM au lieu de HTML, HTM étant l’extension de nom de fichier tronquée à trois lettres, une limitation qu’on trouve sur d’anciens systèmes d’exploitation de Microsoft.
10
+
11
+ Durant la première moitié des années 1990, avant l’apparition des technologies web comme le langage JavaScript (js), les feuilles de style en cascade (css) et le Document Object Model (Dom), l’évolution de HTML a dicté l’évolution du World Wide Web. Depuis 1997 et HTML 4, l’évolution de HTML a fortement ralenti ; 10 ans plus tard, HTML 4 reste utilisé dans les pages web. En 2008, la spécification du HTML5 est à l’étude[2] et devient d'usage courant dans la seconde moitié des années 2010.
12
+
13
+ HTML est une des trois inventions à la base du World Wide Web, avec le Hypertext Transfer Protocol (HTTP) et les adresses web (URL). HTML a été inventé pour permettre d'écrire des documents hypertextuels liant les différentes ressources d’Internet avec des hyperliens. Aujourd’hui, ces documents sont appelés « page web ». En août 1991, lorsque Tim Berners-Lee annonce publiquement le web sur Usenet, il ne cite que le langage SGML, mais donne l’URL d’un document de suffixe .html. Dans son livre Weaving the web[3], Tim Berners-Lee décrit la décision de baser HTML sur SGML comme étant aussi « diplomatique » que technique : techniquement, il trouvait SGML trop complexe, mais il voulait attirer la communauté hypertexte qui considérait que SGML était le langage le plus prometteur pour standardiser le format des documents hypertexte. En outre, SGML était déjà utilisé par son employeur, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN).
14
+ Les premiers éléments du langage HTML comprennent le titre du document, les hyperliens, la structuration du texte en titres, sous-titres, listes ou texte brut, et un mécanisme rudimentaire de recherche par index. La description de HTML est alors assez informelle et principalement définie par le support des divers navigateurs web contemporains. Dan Connolly a aidé à faire de HTML une véritable application de SGML[4].
15
+
16
+ L’état de HTML correspond alors à ce que l’on pourrait appeler HTML 1.0. Il n’existe cependant aucune spécification portant ce nom, notamment parce que le langage était alors en pleine évolution. Un effort de normalisation était cependant en cours[5]. À partir de fin 1993, le terme HTML+ est utilisé pour désigner la version future de HTML[6]. Malgré l’effort de normalisation ainsi initié, et jusqu’à la fin des années 1990, HTML est principalement défini par les implémentations des navigateurs.
17
+ Avec le navigateur NCSA Mosaic, HTML connaît deux inventions majeures. D’abord l’invention de l’élément IMG permet d’intégrer des images (dans un premier temps, uniquement aux formats GIF et XBM) aux pages web (Mosaic 0.10). Ensuite l’invention des formulaires (Mosaic 2.0pre5) rend le web interactif en permettant aux visiteurs de saisir des données dans les pages et de les envoyer au serveur web. Cette invention permet notamment de passer des commandes, donc d’utiliser le web pour faire du commerce électronique.
18
+
19
+ Avec l’apparition de Netscape Navigator 0.9 le 13 octobre 1994, le support de nombreux éléments de présentation est ajouté : attributs de texte, clignotement, centrage, etc. Le développement de HTML prend alors deux voies divergentes. D’une part, les développeurs de navigateurs s’attachent à maximiser l’impact visuel des pages web en réponse aux demandes des utilisateurs[7]. D’autre part, les concepteurs du web proposent d’étendre les capacités de description sémantique (logos, notes de bas de page, etc.) et les domaines d’applications (formules mathématiques, tables) de HTML. En ceci, ils suivent les principes de SGML consistant à laisser la présentation à un langage de style. En l’occurrence, les feuilles de style en cascade (CSS) sont prévues pour HTML. Seul le support des tables est rapidement intégré aux navigateurs, notamment parce qu’il permet une très nette amélioration de la présentation.
20
+ Outre la multiplication des éléments de présentation, les logiciels d’alors produisant et consommant du HTML conçoivent souvent les documents comme une suite de commandes de formatage plutôt que comme un marquage représentant la structure en arbre aujourd’hui appelée Document Object Model (DOM). Le manque de structure du HTML alors mis en œuvre est parfois dénoncé comme étant de la « soupe de balises », en anglais : tag soup.
21
+
22
+ En mars 1995, le World Wide Web Consortium (W3C) nouvellement fondé propose le résultat de ses recherches sur HTML+ : le brouillon HTML 3.0. Il comprend notamment le support des tables, des figures et des expressions mathématiques. Ce brouillon expire le 28 septembre 1995 sans donner de suites directes. Fin 1995, le RFC 1866[8] décrivant HTML 2.0 est finalisé. Le principal éditeur est Dan Connolly. Ce document décrit HTML tel qu’il existait avant juin 1994, donc sans les nombreuses additions de Netscape Navigator.
23
+
24
+ Le 14 janvier 1997, le W3C publie la spécification HTML 3.2. Elle décrit la pratique courante observée début 1996[9], donc avec une partie des additions de Netscape Navigator et d’Internet Explorer. Ses plus importantes nouveautés sont la standardisation des tables et de nombreux éléments de présentation. HTML 3.2 précède de peu HTML 4.0 et contient des éléments en prévision du support des styles et des scripts.
25
+ Le 18 décembre 1997, le W3C publie la spécification HTML 4.0 qui standardise de nombreuses extensions supportant les styles et les scripts, les cadres (frames) et les objets (inclusion généralisée de contenu). HTML 4.0 apporte également différentes améliorations pour l’accessibilité des contenus[10] dont principalement la possibilité d’une séparation plus explicite entre structure et présentation du document, ou le support d’informations supplémentaires sur certains contenus complexes tels que les formulaires, les tableaux ou les sigles.
26
+ HTML 4.0 introduit trois variantes du format, destinées à favoriser l’évolution vers un balisage plus signifiant, tout en tenant compte des limites temporaires des outils de production :
27
+
28
+ Ces variantes perdurent par la suite sans modifications notables en HTML 4.01 et dans le format de transition XHTML 1.0 issu de HTML.
29
+ La dernière spécification de HTML est la version 4.01 datant du 24 décembre 1999. Elle n’apporte que des corrections mineures à la version 4.0.
30
+
31
+ Le développement de HTML en tant qu’application du Standard Generalized Markup Language (SGML) est officiellement abandonné au profit de XHTML, application de Extensible Markup Language (XML).
32
+ Cependant, en 2004, des fabricants de navigateurs web[11] créent le web Hypertext Application Technology Working Group (WHATWG) dans le but, notamment, de relancer le développement du format HTML et de répondre aux nouveaux besoins sur une base technologique jugée plus aisément implémentable que celle du XHTML 2.0 en cours de conception. Ceci s’inscrit dans le contexte d’une contestation plus générale du mode de fonctionnement du W3C, réputé trop fermé par une partie des développeurs et designers web[12].
33
+
34
+ En mars 2007, tirant la conséquence des réticences d’une partie de l’industrie et des concepteurs de contenus web face à XHTML 2.0[13], le W3C relance le développement de HTML et crée un nouveau groupe de travail encadré par Chris Wilson (Microsoft) et initialement Dan Connolly (W3C), maintenant Michael Smith (W3C). Il s’agit notamment[14] :
35
+
36
+ Les travaux du WHATWG ont été formellement adoptés en mai 2007 comme point de départ d’une nouvelle spécification HTML5[15]. Ce document[16] a été publié sous forme de Working Draft le 22 janvier 2008.
37
+ Parmi les principes de conception évoqués par le groupe de travail figurent en particulier[17] :
38
+
39
+ Une Accessibility Task Force est créée par le W3C en novembre 2009 afin de résoudre les problèmes de compatibilité du nouveau format avec les normes d'accessibilité[18], liés notamment à l'implémentation d'ARIA, aux alternatives textuelles et aux nouveaux éléments canvas et video[19].
40
+
41
+ Le développement de XHTML 2.0 est initialement poursuivi en parallèle, en réponse aux besoins d’autres secteurs du web, tels que les périphériques mobiles, les applications d’entreprise et les applications serveurs[20]. Puis, en juillet 2009, le W3C décide la non-reconduction du XHTML 2 Working Group à la fin 2009[21].
42
+
43
+ Avec l'abandon du XHTML 2, la version XHTML 1.1 reste donc la version normalisée. Le HTML5 sera compatible avec le XHTML et le XML, et autorisera donc des documents XHTML5[22][réf. non conforme]. Cependant, il est probable que le W3C s'oriente vers un abandon pur et simple du XHTML 1.1, car l'implantation du XML dans le HTML5 rend inutile la définition de document de type XHTML y.y (où y.y sont les numéros de version)[22].
44
+
45
+ En janvier 2011, des divergences de points de vue entre Ian Hickson (ingénieur chez Google), qui écrit la spécification HTML5, et les membres du groupe de travail du W3C conduisent le WHATWG à créer HTML Living Standard (littéralement : standard vivant du HTML), une spécification de HTML prévue pour être en constante évolution, afin de coller avec les développements rapides de nouvelles fonctionnalités par les développeurs de navigateurs[23][réf. non conforme] (par opposition à des versions numérotées, donc « fixes »).
46
+
47
+ Le HTML Living Standard a pour but d'inclure le HTML5, et de le développer en permanence[24][réf. non conforme]. En particulier, dans la version du 22 août 2012, le document de référence[24] explique que le HTML5 du W3C, publié le 22 juin 2012, est basé sur une version du HTML Living Standard, mais que le HTML Living Standard ne s'arrête pas à cette version, et continue à évoluer. Il développe en particulier les différences entre la version W3C (le HTML5) et la version HTML Living Standard (par exemple, les nouveaux bugs ne sont pas pris en compte dans le HTML5, des différences syntaxiques sont répertoriées, et de nouvelles balises créées par le HTML Living Standard ne sont pas incluses dans le HTML5).
48
+
49
+ HTML est un langage de description de format de document qui se présente sous la forme d’un langage de balisage dont la syntaxe vient du Standard Generalized Markup Language (SGML).
50
+
51
+ Jusqu’à sa version 4.01 comprise, HTML est formellement décrit comme une application du Standard Generalized Markup Language (SGML). Cependant, les spécifications successives admettent, par différents biais, que les agents utilisateurs ne sont pas, en pratique, des analyseurs SGML conformes[25]. Les navigateurs Web n’ont jamais été capables de déchiffrer l’ensemble des variations de syntaxe permises par SGML[26] ; en revanche ils sont généralement capables de rattraper automatiquement de nombreuses erreurs de syntaxe, suivant la première partie de la « loi de Postel » : « Soyez libéral dans ce que vous acceptez, et conservateur dans ce que vous envoyez » (RFC 791[27]). De fait, les développeurs de pages Web et de navigateurs Web ont toujours pris beaucoup de liberté avec les règles syntaxiques de SGML. Enfin, la document type definition (DTD) de HTML, soit la description technique formelle de HTML, n’a été écrite par Dan Connolly que quelques années après l’introduction de HTML[4].
52
+
53
+ Malgré les libertés prises avec la norme, la terminologie propre à SGML est utilisée : document, élément, attribut, valeur, balise, entité, validité, application, etc. Grâce à la DTD, il est possible de vérifier automatiquement la validité d’un document HTML à l’aide d’un parseur SGML[28].
54
+
55
+ À l’origine, HTML a été conçu pour baliser (ou marquer) simplement le texte, notamment pour y ajouter des hyperliens. On utilisait un minimum de balises, comme dans le document HTML suivant :
56
+
57
+ Cet exemple contient du texte, cinq balises et une référence d’entité :
58
+
59
+ Un document HTML valide est un document qui respecte la syntaxe SGML, n’utilise que des éléments et attributs standardisés, et respecte l’imbrication des éléments décrite par le standard. Il ne manque qu’une déclaration de type de document à l’exemple précédent pour qu’il soit un document HTML 2.0 valide[29][réf. non conforme].
60
+
61
+ Un document valide n’est cependant pas suffisant pour être conforme à la spécification HTML visée. En effet, outre l’exigence de validité, un document conforme est soumis à d’autres contraintes qui ne sont pas exprimées par la définition de type de document (DTD), mais qui le sont par la spécification elle-même. C’est notamment le cas du type de contenu de certains attributs, comme celui de l’attribut datetime : pour être conforme à HTML 4.01, celui-ci doit être lui-même conforme à un sous-ensemble de la norme ISO 8601[30]. Un parseur strictement SGML tel que le validateur HTML du W3C ne peut donc pas garantir la conformité d’un document HTML.
62
+
63
+ Dans les premières années, les documents HTML étaient souvent considérés comme des structures plates, et les balises comme des commandes de style[31]. Ainsi la balise <p> était considérée comme un saut de ligne, et la balise </p> était ignorée. Ou encore lorsque JavaScript 1.0 est apparu, il ne donnait accès qu’aux liens et formulaires du document à travers les tables document.forms et document.links.
64
+
65
+ Avec l’introduction des Cascading Style Sheets et du Document Object Model, il a fallu considérer que les documents HTML ont une véritable structure en arbre, avec un élément racine contenant tous les autres éléments[32]. Les balises ouvrantes et fermantes de ces éléments restent d’ailleurs optionnelles. Cependant, aujourd’hui, on a tendance à baliser chaque élément[33] et à indiquer la DTD. À l'exception de l'élément à la racine, chaque élément a exactement un élément parent direct ; cet « arbre du document » est notamment utilisé par la structure de formatage qui en est dérivée pour l’application des feuilles de style en cascade où chaque élément peut avoir un fond, un bord et une marge propres.
66
+
67
+ La structure et le code des sites web peut d'ailleurs se consulter en ajoutant view-source: devant l'url de la page. Pour la page ci-présente cela donnerait view-source:https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Hypertext_Markup_Language.
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+
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+ html
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+ head
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+ title
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+ p
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+ texte
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+
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+ La version 4 de HTML décrit 91 éléments. En suivant la spécification de HTML 4, les fonctionnalités implémentées par HTML peuvent être réparties ainsi :
92
+
93
+ Les attributs permettent de préciser les propriétés des éléments HTML. Il y a 188 attributs dans la version 4 de HTML[47].
94
+
95
+ Certains attributs s’appliquent à presque tous les éléments :
96
+
97
+ D’autres attributs sont propres à un élément unique, ou des éléments similaires. Par exemple :
98
+
99
+ La plupart des attributs sont facultatifs. Quelques éléments ont cependant des attributs obligatoires :
100
+
101
+ Le type de contenu des attributs HTML échappe pour partie au champ d’application de cette norme, et sa validation relève de normes tierces telles que les URI, les types de contenu ou les codes de langages.
102
+
103
+ Certains attributs sont enfin de type booléen. Ce sont les seuls attributs dont la syntaxe peut être validement implicite en HTML : l’attribut selected d’un contrôle de formulaire peut ainsi être raccourci sous la forme selected remplaçant la forme complète selected="selected". Cette forme particulière est un des points différenciant HTML de la syntaxe des documents « bien formés » au sens XML.
104
+
105
+ Les pages Web peuvent être rédigées dans toutes sortes de langues et de très nombreux caractères peuvent être utilisés, ce qui requiert soit un jeu de caractères par type d’écriture, soit un jeu de caractères universel. Lors de l’apparition de HTML, le jeu de caractères universel Unicode n’était pas encore inventé, et de nombreux jeux de caractères se côtoyaient, notamment ISO-8859-1 pour l’alphabet latin et ouest-européen, Shift-JIS pour le japonais, KOI8-R pour le cyrillique. Aujourd’hui, le codage UTF-8 de Unicode est le plus répandu.
106
+
107
+ Le protocole de communication HTTP transmet le nom du jeu de caractères. L’en-tête HTML peut comporter le rappel de ce jeu de caractères, qui devrait être identique, sauf erreur de réglage. Enfin, à la suite d'un mauvais réglage, le jeu de caractères réellement utilisé peut encore différer du jeu annoncé. Ces mauvais réglages causent généralement des erreurs d’affichage du texte, notamment pour les caractères non couverts par la norme ASCII.
108
+
109
+ Avant la généralisation d'Unicode, des entités ont été définies pour représenter certains caractères non ASCII. Cela a commencé avec les caractères d'ISO 8859-1 dans la norme HTML 2.0. Pour les diacritiques, ces entités suivent un principe simple : la lettre suivie de l'abréviation de la diacritique associée.
110
+
111
+ Tel qu’il a été formalisé par le W3C, HTML est conçu pour optimiser l’interopérabilité des documents. Le HTML ne sert pas à décrire le rendu final des pages web. En particulier, contrairement à la publication assistée par ordinateur, HTML n’est pas conçu pour spécifier l’apparence visuelle des documents. HTML est plutôt conçu pour donner du sens aux différentes parties du texte : titre, liste, passage important, citation, etc. Le langage HTML a été développé avec l’intuition que les appareils de toutes sortes seraient utilisés pour consulter le web : les ordinateurs personnels avec des écrans de résolution et de profondeur de couleurs variables, les téléphones portables, les appareils de synthèse et de reconnaissance de la parole, les ordinateurs avec une bande passante faible comme élevée, et ainsi de suite.
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+ Comme HTML ne s’attache pas au rendu final du document, un même document HTML peut être consulté à l’aide de matériels et logiciels très divers. Au niveau matériel, un document peut notamment être affiché sur un écran d'ordinateur en mode graphique ou un terminal informatique en mode texte, il peut être imprimé, ou il peut être prononcé par synthèse vocale. Au niveau logiciel, HTML ne fait pas non plus de supposition, et plusieurs types de logiciels lisent le HTML : navigateur web, robot d'indexation, scripts divers (en Perl, PHP) de traitement automatique.
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+ Un haut degré d’interopérabilité permet de baisser les coûts des fournisseurs de contenus car une seule version de chaque document sert des besoins très variés. Pour l’utilisateur du web, l’interopérabilité permet l’existence de nombreux navigateurs concurrents, tous capables de consulter l’ensemble du web.
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+ Chaque version de HTML a essayé de refléter le plus grand consensus entre les acteurs de l’industrie, de sorte que les investissements consentis par les fournisseurs de contenus ne soient pas gaspillés et que leurs documents ne deviennent en peu de temps illisibles. La séparation du fond et de la forme n’a pas toujours été respectée au cours du développement du langage, comme en témoigne par exemple le balisage de style de texte, qui permet d’indiquer notamment la police de caractères souhaitée pour l’affichage, sa taille, ou sa couleur.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La péninsule Ibérique est la péninsule à la pointe sud-ouest de l'Europe, comprenant notamment l'Espagne et le Portugal.
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+ La péninsule Ibérique est entourée par la mer Méditerranée au sud et au sud-est, l’océan Atlantique au sud-ouest, à l’ouest et au nord-ouest, et les Pyrénées au nord-est qui séparent l’Espagne de la France. Elle comprend actuellement :
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+ Environ 54 millions d'habitants peuplaient la péninsule Ibérique en 2005[1].
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+ La péninsule ibérique est située au sud du continent européen et au nord du Maghreb. Le climat y est principalement méditerranéen, pour les régions à basses altitudes et le littoral. En fonction de l’altitude et des reliefs, on observe un climat aux tonalités montagnardes avec des hivers plus froids ou des chutes de neiges peuvent se produire. Le littoral possède des températures plus douces l’hiver par rapport à l’intérieur des terres.
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+ Les vastes plaines portugaises et espagnoles ont un climat nettement méditerranéen avec des étés chauds à très chauds, secs, et des hivers doux et humides.
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+ Plus l’on se déplace vers le sud de la péninsule, plus la sécheresse est forte et les pluies sont faibles en plaines et sur le littoral.
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+ Le Portugal et l’Espagne constituent deux des pays les plus secs et chauds d’Europe, ceci étant propice à la culture des essences, arbres fruitiers et plantes méditerranéennes comme l’olivier, l’amandier, le figuier de Barbarie, le citronnier, l’oranger, le dattier, le lauriers.
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+ La durée d'ensoleillement de la péninsule va de 1550 à 2900 heures par an.
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+ La péninsule Ibérique est constituée d'un ensemble de boucliers, anciennes îles de la mer Téthysienne, compressées lors de l'orogenèse alpine entre des sédiments marins soulevés et plissés. Le massif de la Galice et du nord du Portugal est le fragment méridional du massif avallonien, dont le fragment septentrional est le massif armoricain. Cette fragmentation est intervenue lors de la rotation du bloc Ibérique durant l'orogenèse himalayo-alpine. Cette histoire géologique a formé un plateau central (la Meseta) entouré de chaînes plus élevées, les monts Cantabriques, les Pyrénées, la Sierra Nevada…
22
+
23
+ Ses premiers habitants connus sont les Lusitaniens[2] et les Ibères, dont l'étymologie semble remonter à la racine indo-européenne *PiHwerjoHn (piouèryon, « fertile »)[3]. Puis les Carthaginois, les Celtes et enfin les Romains l'occupent successivement, la nommant Hispanie et y laissant la culture prédominante désormais, latine et chrétienne.
24
+
25
+ À la chute de l’Empire romain, les Wisigoths s'y installent, reprenant son nom antique de Bétique avant d'en être dépossédés par les Maures, qui eux la renomment Al-Andalus.
26
+
27
+ Au Moyen Âge, la péninsule est divisée en de nombreux États, les taïfas côté musulman, et des petits royaumes chrétiens dans le Nord. Durant sept siècles, elle représente un important carrefour entre les cultures chrétienne et musulmane (dont il reste de nombreux vestiges), jusqu'à la chute de Grenade en 1492.
28
+
29
+ Quatre des entités politiques présentes dans la péninsule sont regroupées en 1492 au sein d'une alliance monarchique personnelle, la monarchie catholique, permettant d'accentuer le degré d'intégration politique de l'ensemble, avec la conquête du royaume de Grenade par la Castille, du royaume de Navarre par l'Aragon, et la réunion des deux Couronnes de Castille et d'Aragon autour des Habsbourg d'Espagne. Cet ensemble, composé d’États distincts, servira de base aux Bourbons d'Espagne à partir du XVIIIe siècle pour créer l'État espagnol actuel.
30
+
31
+ L'Union ibérique, bien que transitoire et personnelle, a lieu en 1580, avec Philippe II, roi des Espagnes : le jeune roi Sébastien Ier du Portugal (Dom Sebastião) étant mort dans la bataille d'Alcácer Quibir (al-Ksar el-Kébir) en 1578, au Maroc, et n'ayant pas laissé de descendants, son grand-cousin Philippe de Habsbourg réclame son droit au trône portugais, sous le prétexte que sa mère était fille du roi portugais Manuel Ier. Bénéficiant de l'appui d'une partie de la noblesse portugaise jalouse de ses privilèges et de certains hommes d’État désireux de liquider l'énorme dette portugaise, il écarte les prétentions (légitimes) de Catherine de Bragance, vainc militairement les forces loyales au prétendant Antoine, prieur de Crato, et se proclame en 1580 roi du Portugal, sous le nom de Philippe Ier de Portugal. Le Portugal et le reste des Espagnes demeurent tout de même des royaumes indépendants les uns des autres. L'union, qui n'est que personnelle, dure soixante ans jusqu'à ce que le Portugal s'en détache définitivement à la suite d'une révolte de l'aristocratie portugaise le 1er décembre 1640, parallèle à une révolte de la Catalogne, alors que régnait Philippe IV, petit-fils de Philippe II.
32
+
33
+ Les villes principales situées sur la Péninsule Ibérique sont Madrid, Barcelone, Lisbonne, Valence, Porto, Séville, Saragosse, Malaga, Murcie, Bilbao, Vigo, Alicante, Grenade, Valladolid, Oviedo, Santander, Braga, Coimbra, Badajoz, Setúbal, Leiria, Viseu, Tolède, Faro, Aveiro, Évora et Guarda.
34
+
35
+ On dénombre actuellement plus d'une quinzaine de langues parlées dans la péninsule Ibérique (sans compter les innombrables dialectes), avec des statuts légaux très variables, mais disposant en général d'un degré de protection assez élevé. La diversité linguistique, le dynamisme culturel et les questions de société en découlant sont une des caractéristiques géopolitiques de cette région du monde[4].
36
+
37
+ La constitution espagnole de 1978 reconnaît plusieurs « langues espagnoles »[5] Malgré le statut actuel des différentes langues en Espagne, il faut constater qu’il existe depuis des siècles une politique de castellanisation forcée de la péninsule ibérique, préconisée par l’Espagne pour parvenir à une homogénéisation facilitant son hégémonie, avec des répercussions internationales (par exemple, en français une équivalence complète est faite entre « castillan » et « espagnol »). Cette incapacité à accepter ou à gérer autrement les différences linguistiques et culturelles de la péninsule ibérique se manifeste encore aujourd'hui de différentes manières, à la fois au niveau populaire et au niveau des initiatives politiques. Cette pression a principalement touché les langues les plus importantes sur le plan démographique et culturel, le portugais et le catalan.
38
+ Ses statuts sont définis de la sorte :
39
+
40
+ Le Galice a été autorisée à postuler au statut de membre associé de la Communauté des pays de langue portugaise par les dirigeants de l'organisation lusophone, à condition que Madrid l'y autorise[14]. Le syndicat majoritaire de Galice a déjà un statut d’observateur à l’organisation syndicale des pays de langue portugaise[15].
41
+
42
+ D'autres langues sont parlées et enseignées dans le pays[21], justifiant son adhésion à certaines organisations internationales :
43
+
44
+ L'Andorre fait partie de l'Organisation internationale de la francophonie. Il postule au statut de membre associé de la Communauté des pays de langue portugaise.
45
+
46
+ La Cerdagne française[25], qui correspond à la moitié de la région naturelle de Cerdagne, est une partie de l'ancien comté de Cerdagne, dépendance traditionnelle des comtes de Barcelone (du XIIe au XVIIe siècle). Rattachée à la France lors du traité des Pyrénées (1659), elle appartient culturellement aux Pays catalans. On y parle :
47
+
48
+ D’emblée confrontée à des climats semi-arides dans des régions océaniques et montagneuses[29] et en proie, depuis les années 1990, à une importante sécheresse[30], la péninsule Ibérique est l’une des régions européennes les plus vulnérables au réchauffement climatique. L'Ibérie est, en effet, fréquemment soumise à des sécheresses qui n’affectent pas moins de 20 % de son territoire et jusqu’à 50 % lors de très grande aridité[31]. Sécheresses que l’on peut difficilement prévoir tant spatialement que temporellement, rendant ainsi difficiles les adaptations. S’ajoutent à ces conditions peu clémentes, la situation géographique (entre l’océan Atlantique et la Méditerranée) qui occasionne non seulement des cyclones mais aussi des précipitations irrégulières : tantôt rares, tantôt abondantes, elles donnent lieu soit à des vagues de chaleur accompagnées de pénuries d’eau soit à des inondations avec des glissements de terrain[29]. L’ensemble de ces événements climatiques génèrent ainsi d’importantes conséquences sociétales et surtout économiques qui mettent notamment à mal l’agriculture qui voit ses sols se dégrader, limitant alors le développement agraire.
49
+
50
+ Les études en péninsule s’intéressent davantage au cas de l’Espagne qui représente 85 % du territoire Ibérique. Si l’Espagne voit son agriculture affectée par le réchauffement climatique, c’est que celle-ci est déjà réduite à seulement 40 % de la zone nationale, le reste n’étant pas cultivable à cause de la topographie[32]. Les impacts sont très différents car il existe des disparités géographiques : au nord et au sud, la pénurie d’eau et la baisse de rendement (jusqu’à 30 %) sont plus importantes qu’en régions centrales où la perte de rendement est moindre. Mais c’est quand même l’ensemble du pays qui réclame plus d’eau pour son irrigation[33].
51
+
52
+ En effet, la péninsule Ibérique entière est dotée, depuis plusieurs années déjà, de systèmes d’irrigation qui demandent énormément d’eau (75 % des besoins en eau)[34]. Les sécheresses prolongées et la diminution des ressources en eau (2/3 des ressources pluviales sont évaporées sous l’effet des influences continentales et du réchauffement climatique[35]) ont encore accru cette demande. Ces sécheresses, liées à des précipitations aléatoires, perturbent les cycles végétatifs[36] et ont affecté outre mesure l’environnement en provoquant, notamment, des feux sauvages et une importante désertification. Celle-ci a mené à une perte de la biodiversité et des écosystèmes naturels en réduisant les zones humides et agricoles ainsi que la faune et la flore qui y sont associées[34]. Ce phénomène a également provoqué l’augmentation du processus d’érosion et de salinisation des sols, réduisant encore les terres arables[37]. Face à ces problèmes, l’irrigation, étant un bon moyen contre la désertification[38], s’est naturellement multipliée.
53
+
54
+ Au-delà des conséquences environnementales, il faut aussi faire face à plusieurs problèmes économiques. Il était déjà rapporté en 1999 que la production agricole variait jusqu’à 20 % selon les années[32] et ceci ne s’est pas amélioré ces dernières temps avec la baisse de l’importance économique de l’agriculture non irriguée (notamment les céréales)[39]. S’ajoute à cela le coût de l’eau qui, se faisant rare, a nécessairement augmenté. Dans un pays tel que l’Espagne, qui est le 4e plus grand producteur d’eau dessalée (production de 1,9 million de m3 par jour en 2009), cette augmentation risque d’affecter sérieusement le secteur agricole en causant, notamment, la perte de l’agriculture dans certaines régions[37]. En outre, l’irrigation n’étant même plus une ressource fiable en eau, son extension semble être une option peu recommandable.
55
+
56
+ Ensuite, il faut s’attendre à des conséquences indirectes telles que la pollution des nappes aquifères et la dégradation de la qualité des eaux, dues à l’irrigation excessive. Des investissements sont alors à prévoir pour adapter des infrastructures de traitement des eaux usées et de protection contre les inondations, la pénurie d’eau et les sécheresses ; prévoir aussi les coûts supplémentaires pour l’expansion et le renforcement des réseaux de surveillance des alertes météorologiques[37].
57
+
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+ Enfin, d’un point de vue sociétal, il faut conscientiser les agriculteurs et les impliquer davantage dans une meilleure utilisation des ressources disponibles (économies d’eau…) et dans une adaptation adéquate des cultures[37]. L’ampleur des changements sera telle que les agriculteurs devront s’accommoder de manière plus importante.
59
+
60
+ En conclusion, s’il existe d’autres régions, sur d’autres continents, où les problématiques dues au changement climatique sont beaucoup plus catastrophiques, la situation ibérique reste relativement alarmante pour une région d’Europe.
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1
+ Un iceberg (prononcé [is.ˈbɛʁg] ou « à l'anglaise » [ajs.ˈbɛʁg]) est un bloc de glace d'eau douce dérivant sur un plan d'eau, généralement la mer mais dans certains cas un lac ; de tels blocs, souvent de masse considérable, se détachent du front des glaciers ou d'une barrière de glace flottante.
2
+
3
+ Le terme provient de l'anglais, où il a été emprunté du néerlandais ijsberg, littéralement « montagne de glace », de ijs « glace » et berg « montagne »[1].
4
+
5
+ 90 % du volume d'un iceberg est situé sous la surface de l'eau et il est difficile de déterminer la forme qu'adopte cette partie à partir de celle qui flotte au-dessus de la mer (comme le suggère l'expression « partie émergée de l'iceberg » ou la « pointe de l'iceberg », signifiant qu'un phénomène ou un objet ne sont qu'une partie minime ou superficielle d'un ensemble plus vaste qui se dérobe à la vue). Pour un grand iceberg tabulaire dont la hauteur apparente hors d'eau est de 35 à 40 m, la partie immergée peut descendre jusqu'à plus de 300 m sous le niveau de la mer.
6
+
7
+ La flottabilité de l'iceberg s'explique par la poussée d'Archimède. La poussée d'Archimède est la force particulière que subit un corps plongé en tout ou en partie dans un fluide (liquide ou gaz) soumis à un champ de gravité. Cette force provient de l'augmentation de la pression du fluide avec la profondeur (effet de la gravité sur le fluide, voir l'article hydrostatique) : la pression étant plus forte sur la partie inférieure d'un objet immergé que sur sa partie supérieure, il en résulte une poussée globalement verticale orientée vers le haut. C'est à partir de cette poussée qu'on définit la flottabilité d'un corps.
8
+
9
+ Considérons un solide de volume V et de masse volumique ρS flottant à la surface d'un liquide de masse volumique ρL. Si le solide flotte, c'est que son poids est équilibré par la poussée d'Archimède :
10
+
11
+ La poussée d'Archimède étant égale (en norme) au poids du volume de liquide déplacé (équivalent au volume V i immergé), on peut écrire :
12
+
13
+ Le volume immergé vaut donc
14
+
15
+ Si le solide flotte, V > V i et il s'ensuit que ρS < ρL.
16
+
17
+ Dans le cas de l'iceberg, considérons un morceau de glace pure à 0 °C flottant dans de l'eau de mer. Soient ρS = 0,917 kg/dm3 (masse volumique ρS de la glace) et ρL = 1,025 kg/dm3 (la masse volumique ρL de l'eau salée ; on aurait ρL = 1,000 kg/dm3 pour de l'eau pure à 3,98 °C). Le rapport ρS / ρL (c'est-à-dire la densité relative) est de 0,895, si bien que le volume immergé V i représente près de 90 % du volume total V de l'iceberg.
18
+
19
+ Les icebergs sont classés en fonction de leurs taille et forme. La classification suivante est utilisée par l'International Ice Patrol[2].
20
+
21
+ Lorsqu'un iceberg se détache d'un ice-shelf ou d'un glacier, il est toujours accompagné d'une multitude de fragments (< 2 m) appelés « sarrasins » ou brash ice en anglais.
22
+
23
+ Cette classification se fonde sur la forme de la partie visible de l'iceberg[3] :
24
+
25
+ Certains icebergs présentent des zébrures de teinte foncée correspondant à une formation géologique : ce sont de très anciens bancs de cendre volcanique ou des inclusions de moraines.
26
+
27
+ Les différentes nuances de bleu que présente la glace des icebergs sont en relation avec son ancienneté.
28
+
29
+ Parfois, les icebergs présentent des zones de colorations rouges, orangées ou vertes qui sont dues à la présence de différentes sortes d'algues, les diatomées (Bacillariophyta).
30
+
31
+ Vêlage : Les icebergs résultent généralement de la fragmentation d'une masse de glace débouchant sur la mer (front de glacier, glace de barrière...). Cette fragmentation, appelée « vêlage », produit une masse de glace flottante pouvant alors dériver vers le large.
32
+
33
+ Très souvent, en raison de la taille de leur partie immergée, les icebergs s'échouent temporairement sur le fond qu'ils peuvent racler en y laissant leur empreinte ou divers dépôts, puis reprennent leur errance, parfois des années plus tard. Ces traces, bien étudiées dans une partie de l'hémisphère nord[4] sont des informations intéressantes pour la paléoclimatologie.
34
+
35
+ Collision : Dans certains cas, le vêlage peut être provoqué par la collision d'un iceberg avec une langue glaciaire, comme cela a été le cas en février 2010 lorsque B-9B (de 92 km x 37 km) a percuté la langue du glacier Mertz (67° 00′ 00″ S, 145° 00′ 00″ E) et en a détaché l'iceberg C-28 (de 80 km x 37 km), soit une superficie de 2 900 km2 (plus étendu que le Grand Duché du Luxembourg).
36
+
37
+ Tsunamis : Ce sont d'autres causes possibles ; à titre d'exemple, les vagues du tsunami provoqué par le séisme de magnitude 9 au Japon le 11 mars 2011 sont arrivées 18 h plus tard très amorties en Antarctique[5]. De petites vagues de 30 cm et les nombreuses ondes de réfractions causées par les côtes du Pacifique ont libéré deux nouveaux icebergs géants (125 km2 au total) et de nombreux fragments de la plateforme de Sulzberger (77° 00′ 00″ S, 152° 00′ 00″ O) en mer de Ross.
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+ Montée de la mer et réchauffement climatique. Dans le passé, avec des cycles de 6000 à 7000 ans correspondant à des hausses du niveau de la mer, une grande quantité de glace a quitté le pôle Nord, dont des icebergs emportant des roches prélevées au socle sous-jacent. Ces roches ont parfois été relâchées beaucoup plus au sud, et sont retrouvées dans les sédiments marins[6]. Ces événements sont dits « événements de Heinrich », du nom du géologue qui les a expliqués[6].
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+ Le rôle des glaces antarctiques semblait moins important et est resté longtemps mal compris. Il est éclairé depuis 1979 par un suivi satellitaire qui n'a d'abord pas montré de diminution totale de surface (au contraire durant plusieurs décennies), alors que la calotte arctique diminuait régulièrement[7]. Des zones d'amincissement ont ensuite été observées ainsi que des fragmentations (ex : 3 500 km2 de la banquise Larsen B qui se sont brisés en morceaux en mars 2002, après apparition de crevasses en 1987 alors que cette banquise était considérée comme stable depuis 10 000 ans[8]. En 2009, c'est la plaque Wilkins, qui couvrait antérieurement 16 000 km2 qui s'est également détachée[9]. La superficie de la banquise entourant le continent antarctique augmente plutôt depuis trente ans[10],[11]. Les scientifiques s'interrogent sur les raisons de l'extension de ces glaces antarctiques. Parmi les explications proposées, selon une étude néerlandaise, la fonte des glaces qui recouvrent le continent pourrait être à l'origine de cette extension[12] probablement parce que l'eau de fonte provoquerait un refroidissement de l'eau de surface favorisant la formation de glace de mer.
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+ Une étude de la NASA et de l'Université de Californie à Irvine publiée en mai 2014 dans les revues Science et Geophysical Research Letters conclut cependant qu'une partie de l'inlandsis Ouest-Antarctique fond rapidement, et semble être en déclin irréversible, ; 40 ans d'observation du comportement des six plus grands glaciers de cette région de la mer d'Amundsen dans l'Antarctique occidental : Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler indiquent que ces glaciers « ont passé le point de non-retour » ; ils contribuent déjà de façon significative à l'élévation du niveau des mers, relâchant annuellement presque autant de glace dans l'océan que l'inlandsis du Groenland entier ; ils contiennent assez de glace pour élever le niveau général des océans de 4 pieds (1,2 mètre) et fondent plus vite qu'attendu par la plupart des scientifiques ; pour l'auteur principal (Eric Rignot), ces découvertes impliquent une révision à la hausse des prévisions actuelles d'élévation du niveau marin[13].
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+ Les paléoclimatologues comprennent maintenant mieux ce qui s'est passé lors des déglaciations précédentes, et notamment après le dernier maximum glaciaire (survenu il y a - 26 000 à - 19 000 ans[14]) : les premières données provenaient de quelques carottes de glace et d'autre part de carottages de sédiments marins[15], temporellement assez peu précises et géographiquement limitées à quelques zones terrestre ou marines peu profondes[16],[17]. Depuis l'étude de dépôts marins de couches de débris massivement transportés par les iceberg dans la passé (dénommés « BIRD » pour iceberg-rafted debris) a permis de reconstituer la dynamique des glaciers antarctiques dans les millénaires précédents : il y a huit événements documentés de flux accru d'export de grands icebergs à partir de la calotte antarctique (entre 20 000 ans avant nos jours et 9000 ans, ce qui ne correspond pas aux scénarios précédents selon lesquels le principal retrait glaciaire aurait été lancé par une fonte des glaces)[16],[18],[19],[20] continue jusqu'à la fin de l'Holocène.
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+ Le flux maximum de grands icebergs largués en Antarctique date d'environ 14 600 ans. C'est la première preuve directe d'une contribution de l'Antarctique à une brutale montée du niveau océanique. Weber & al (2014) en déduisent qu'il existe en Antarctique des rétroactions positives, faisant que de « petites » perturbations de la calotte glaciaire pourraient contribuer à un mécanisme possible d'élévation rapide du niveau marin[21].
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+ Les icebergs sont relativement pérennes et leurs flancs peuvent facilement déchirer les tôles minces qui constituent les coques des navires. En conséquence, ils présentent un réel danger pour la navigation. Le naufrage le plus célèbre dû à une collision avec un iceberg est probablement celui du Titanic, le 14 avril 1912.
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+ Au cours du XXe siècle, plusieurs organisations furent créées pour l'étude et la surveillance des icebergs. Actuellement, l'International Ice Patrol contrôle et publie leur déplacement dans l'océan Atlantique nord.
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+ Les icebergs provenant de l'Antarctique sont suivis par le National Ice Center. Ceux qui mesurent plus de 10 milles marins (18,52 kilomètres) de longueur (plus grand axe) sont désignés par un nom composé d'une lettre indiquant le quadrant d'origine, suivie par un nombre, incrémenté pour chaque nouvel iceberg. La première lettre signifie que l'iceberg est issu :
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+ Exemple : L'iceberg B-15 issu de l'ice-shelf de Ross est le quinzième iceberg suivi par le NIC dans cette zone.
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+ Lorsqu'un iceberg géant se fragmente, chaque fragment fille est affecté du code de l'iceberg mère, suivi d'une lettre (exemple : en 2010, B-15 avait donné naissance à 9 blocs (B-15B, B-15F, B-15G, B-15J, B-15K, B-15N, B-15R, B-15T et B-15V), tous en circulation autour du 6e continent.
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+ En février 2010, le National Ice Center surveillait 37 icebergs géants en Antarctique et 52 en janvier 2016.
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+ L'iceberg B-15, qui s'est détaché de la barrière de Ross en 2000 et possédait une superficie initiale de 11 000 km2, était le plus gros jamais détecté. Il mesurait à l'origine 295 km de long sur 37 km de large[22]. Il s'est brisé en deux en novembre 2002. À la fin de l'année 2004, la plus grande partie restante, l'iceberg B-15A, mesurait encore 3 000 km2 et était toujours le plus gros objet flottant sur les océans terrestres. Il a percuté le continent Antarctique le 10 avril 2005 et continue à circuler le long de ses côtes.
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+ Les scientifiques ont déterminé qu'une succession de vagues nées au nord de l'hémisphère Nord lors d'une tempête dans le Golfe d'Alaska en octobre 2005 a provoqué la fragmentation de l'iceberg B-15A en Antarctique[23]. Les vagues, hautes de dix mètres à l'origine, sont venues 6 jours plus tard parcelliser B-15A après un voyage de 13 500 km.
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+ L'expression « la partie immergée d'un iceberg » signifie ce qui est caché (non apparent).
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+ Par opposition, « la partie émergée d'un iceberg » désigne ce qui est visible. Elle est fréquemment utilisée pour attirer l'attention sur le fait que l'être humain, dans un contexte donné, ne perçoit qu'un aspect d'un tout plus vaste, une portion d'une problématique ou d'une thématique plus ample, une partie d'une réalité plus large.
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+ « Ich bin ein Berliner » [ˈʔɪç ˈbɪn ʔaɪn bɛɐ̯ˈliːnɐ][1] (« Je suis un Berlinois ») est une célèbre phrase prononcée par John Fitzgerald Kennedy, alors président des États-Unis dans le discours[2] qu'il fit lors de sa visite à Berlin-Ouest le 26 juin 1963, à l'occasion des quinze ans du blocus de Berlin.
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+ Ce discours est considéré comme l'un des meilleurs de Kennedy, mais aussi comme un moment fort de la guerre froide. Il avait pour but de montrer le soutien des États-Unis aux habitants de l'Allemagne de l'Ouest, et notamment aux Berlinois de l'Ouest qui vivaient dans une enclave en Allemagne de l'Est — au milieu de territoires communistes, alors délimités depuis presque deux ans par le mur de Berlin — et craignaient une possible invasion de la part des troupes du bloc soviétique[3].
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+ Depuis le balcon de l'hôtel de ville de Schöneberg, qui était alors le siège de la municipalité de Berlin-Ouest, située en secteur d'occupation américain, Kennedy lance :
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+ « Il y a 2 000 ans, la plus grande marque d’orgueil était de dire civis romanus sum (« je suis citoyen romain »). Aujourd'hui, dans le monde libre, la plus grande marque d’orgueil est de dire Ich bin ein Berliner. [...] Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des citoyens de Berlin. Par conséquent, en tant qu'homme libre, je suis fier de prononcer ces mots : Ich bin ein Berliner! »
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+ Quelques mois auparavant, le 9 septembre 1962, le président français Charles de Gaulle avait prononcé, lors d'une tournée solennelle en Allemagne, une allocution en langue allemande, ce qui a probablement inspiré le président américain[4],[5].
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13
+ Après l'attentat du 19 décembre 2016 à Berlin, la phrase s'est popularisée sur Internet en inspirant les modèles « Je suis Charlie », « Je suis Paris » ou « Je suis Bruxelles »[6],[7],[8],[9],[10],[11],[12]. Elle a été utilisée, entre autres, par le grand-rabbin de France Haïm Korsia[6].
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+ Voici un extrait du discours prononcé par le président J. F. Kennedy le 26 juin 1963 :
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+ « Il y a beaucoup de gens dans le monde qui ne comprennent pas ou qui prétendent ne pas comprendre quelle est la grande différence entre le monde libre et le monde communiste.Qu'ils viennent à Berlin !
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+ Il y en a qui disent qu'en Europe et ailleurs, nous pouvons travailler avec les communistes. Qu'ils viennent à Berlin ! Lass sie nach Berlin kommen !
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+ Notre liberté éprouve certes beaucoup de difficultés et notre démocratie n'est pas parfaite. Cependant, nous n'avons jamais eu besoin, nous, d'ériger un mur […] pour empêcher notre peuple de s'enfuir. […] Le mur fournit la démonstration éclatante de la faillite du système communiste. Cette faillite est visible aux yeux du monde entier. Nous n'éprouvons aucune satisfaction en voyant ce mur, car il constitue à nos yeux une offense non seulement à l'histoire mais encore une offense à l'humanité. […]
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+ Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont des citoyens de Berlin. Par conséquent, en tant qu'homme libre, je suis fier de prononcer ces mots : Ich bin ein Berliner ! »
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+ Selon une légende urbaine apparue au cours des années 1980 et fréquemment reprise par les media francophones[13], Kennedy aurait commis une faute grammaticale qui aurait changé le sens de sa phrase. Selon cette interprétation erronée, la phrase correcte aurait dû être « Ich bin Berliner » car « Ich bin ein Berliner » signifierait « je suis un Berliner », autrement dit une boule de Berlin, c'est-à-dire un beignet. Cette interprétation a été reprise à l'époque par de nombreux médias anglophones de bonne réputation (The New York Times, BBC, The Guardian, etc.). En réalité, les deux formes sont parfaitement correctes[14],[15], et même si la phrase « Ich bin Berliner » est plus fréquente, elle aurait été étrange de la part de Kennedy qui s'exprimait au sens figuré : en effet, « Ich bin Berliner » aurait donné l'impression qu'il se présentait comme étant véritablement originaire de Berlin[15], ce qui n'est pas le cas.
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+ L'Idaho (/i.da.o/ ; prononcé en anglais : /ˈaɪ.də.hoʊ/) est un État du Nord-Ouest des États-Unis, bordé à l'ouest par l'État de Washington et l'Oregon, au sud par le Nevada et l'Utah et à l'est par le Montana et le Wyoming. L'Idaho comporte également une frontière avec la province canadienne de la Colombie-Britannique.
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5
+ C'est un État des montagnes Rocheuses réputé pour la beauté de ses paysages faits de hauts sommets enneigés, de cascades, de vastes lacs et de profonds canyons. La vie sauvage y est encore en grande partie préservée. L'identité de l'État de l'Idaho est indissociable des sports d'hiver, car chaque ville possède dans son voisinage sa station de ski.
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7
+ En raison de son dynamisme démographique, l'Idaho se classe au sixième rang des États américains dont la population augmente le plus rapidement et comptait une population de 1 787 065 habitants en 2019[1].
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9
+ Idaho est un mot inventé. Le lobbyiste George M. Willing a présenté le nom d'« Idaho » au Congrès pour un nouveau territoire dans les montagnes Rocheuses, affirmant qu'il s'agissait d'un mot indien shoshone, signifiant « diamant des montagnes ». Au moment où la supercherie a été découverte, le nom d'« Idaho » était déjà en usage courant[2],[3], ou du Apache des Plaines ídaahę́.
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11
+ La région de l'Idaho est sans doute habitée depuis environ 14 500 ans. La découverte de flèches en 1959 dans la Wilson Butte Cave, près de Twin Falls, a donné la preuve d'une activité humaine parmi les plus anciennes datées en Amérique du Nord. Les tribus amérindiennes les plus importantes étaient les Nez-Percés au nord et les Shoshones au sud.
12
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13
+ Une présence précoce de trappeurs franco-canadiens est visible dans les noms et toponymes qui ont survécu à ce jour: Nez-Percés, Cœur d'Alène, Boise, Payette, entre autres. Certains datent d’avant l’expédition Lewis et Clark et les expéditions de l’American Fur Company qui eux-mêmes incluaient un nombre important de Franco-Canadiens et de guides Métis recrutés pour leur connaissance du terrain. Le missionnaire jésuite belge Pierre-Jean De Smet installe une mission au bord du Lac des Prêtres dans les années 1840, appelé "lac des robes noires" par les indiens[4].
14
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15
+ L'Idaho, en tant que partie du pays de l'Oregon, était revendiqué et par les États-Unis et par le Royaume-Uni jusqu'à ce que l'Union en gagne la juridiction en 1846. Entre cet événement et la création du Territoire de l'Idaho en 1863, des parties du territoire actuel de l'État sont données aux territoires de l'Oregon, de Washington et du Dakota. Le nouveau territoire est quant à lui composé d'une grande partie des États actuels de l'Idaho, du Montana et du Wyoming.
16
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17
+ Après quelques tribulations dans le territoire, par exemple le transfert chaotique de la capitale territoriale depuis Lewiston jusqu'à Boise, et une tentative fédérale de séparer le territoire en deux entre le Territoire de Washington et l'État du Nevada, l'Idaho devint un État le 3 juillet 1890.
18
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19
+ Le gouverneur de l’Idaho décrète l'état de siège en 1892 et demande l'intervention des troupes fédérales pour réprimer un important mouvement de grève. À la tête de 1 500 soldats, le général Schofield fait arrêter 600 ouvriers et ordonne aux propriétaires de renvoyer tous les ouvriers syndiqués. Quand les mineurs repartirent en grève en 1899, Schofield reproduisit la même tactique[5].
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21
+ L'économie du nouvel État, autrefois principalement minière, est aujourd'hui essentiellement agricole et touristique.
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23
+ L'État de l'Idaho a une surface terrestre de 216 632 km2 qui le classe au 11e rang des États américains. Le territoire s'étend entre 42 et 49 degrés de latitude nord et entre 111°03’ et 117°15’ de latitude ouest. L'État a une forme singulière. La portion nord de son territoire s'apparente en effet à une queue de poêle et forme la région de l'Idaho Panhandle. Elle est rattachée au fuseau horaire du Pacifique (UTC−08:00) alors que le reste de l'Idaho appartient au fuseau horaire de la Montagne (UTC−07:00). Une ligne de crête empruntant la ligne continentale de partage des eaux dans sa section sud sert en partie de frontière à l'est entre l'Idaho et l'État du Montana tandis qu'à l'ouest la rivière Snake sert en partie de frontière entre l'Idaho et les États de l'Oregon et de Washington. Les autres frontières suivent des méridiens ou des parallèles.
24
+
25
+ L'Idaho, avec une altitude moyenne de 1 524 m, est un État montagneux comme les autres États américains appartenant à la région des montagnes Rocheuses. Cet État présente un relief varié fait de plaines, de montagnes et de canyons. Le pic Borah, avec une altitude de 3 859 m, en est le point le plus élevé. Le point le moins élevé est situé à Lewiston, 224 m d'altitude, à la confluence de la Snake et de la Clearwater. Le centre de l'État est constitué essentiellement de hauts massifs montagneux, avec notamment les Montagnes de la Salmon River.
26
+ Au sud de l'Idaho une large plaine alluviale en forme de croissant appelée la plaine de la Snake River, du nom du principal cours d'eau qui la traverse, occupe 25 % de la surface de l'État. Cette plaine abrite notamment la ville de Boise, la plus grande ville de l'État, située à une altitude de 824 m. La Snake est une puissante rivière qui a creusé plusieurs canyons, dont le plus profond des États-Unis, le Hells Canyon, à la frontière entre l'Oregon et l'Idaho.
27
+
28
+ Environ 41 % de la surface de l'Idaho est recouverte de forêt. Celle-ci occupe surtout les montagnes Rocheuses du nord et du centre de l'État. Les conifères sont particulièrement bien représentés avec différentes variétés de pins, de sapins, d'épicéas et de cèdres. Le Pin ponderosa, résistant à la sécheresse, pousse dans les régions qui reçoivent moins de 500 mm de précipitations par an. Parmi les autres espèces locales on trouve le sapin de Douglas, le cèdre rouge de l'ouest et l'épinette des plaines. Le peuplier est également assez commun dans le sud et le bouleau dans la Panhandle. La plus grande partie du sud de l'État est aride et couverte de petits arbustes et d'une végétation des steppes.
29
+
30
+ La plupart des mammifères de grande taille des États-Unis sont présents à l'état sauvage dans l'Idaho, comme l'antilope, le wapiti, le grizzli, le lynx, le cerf mulet et le cerf de virginie. Un certain nombre de petits mammifères sont aussi représentés comme le castor, le coyote, le renard roux, la loutre, le blaireau, la belette, le vison, la marmotte et le raton-laveur.
31
+ L'Idaho sert également de lieu de passage à plusieurs centaines d'oiseaux migrateurs en direction du sud à l'automne comme le canard colvert et la bernache du Canada.
32
+
33
+ Bien que l'ouest de l'État soit distant de plus de 500 km des côtes du Pacifique, l'influence maritime s'y fait encore ressentir, surtout en hiver lorsque les nuages sont les plus nombreux et les précipitations les plus abondantes. Ainsi malgré l'altitude élevée de l'État, les hivers y sont moins rigoureux que dans les plaines centrales du Midwest situées à la même latitude. Cette influence maritime est moindre dans le sud-est de l'État, ou l'hiver est à l'inverse la saison la plus sèche. Les précipitations sont globalement faibles mais les variations sont importantes d'un point à un autre, notamment en raison du relief. Les plaines ont un climat semi-aride avec des précipitations comprises entre 200 et 500 mm/an tandis que les montagnes ont un climat assez humide avec des précipitations pouvant dépasser les 1 000 mm/an. Ainsi à Bruneau, située dans la plaine de la Snake River, on n'enregistre que 192 mm de précipitations annuelles tandis qu'à Pierce, située dans les montagnes Rocheuses du centre de l'Idaho, on enregistre 1 076 mm. En hiver d'importantes chutes de neige peuvent se produire, rendant de nombreux secteurs difficiles d'accès sur de longues périodes de temps.
34
+
35
+ L'État de l'Idaho se trouve à l'ouest de la ligne continentale de partage des eaux d'Amérique du Nord et les cours d'eau s'écoulent donc tous en direction du Pacifique. Ce sont des affluents ou des sous-affluents du fleuve Columbia qui se jette dans cet océan. Toutefois une petite portion de l'Idaho située à l'extrême sud-est fait exception. Les cours d'eau s'y dirigent vers le Grand Lac Salé et appartiennent au Grand Bassin des États-Unis.
36
+ La rivière Snake est le principal cours d'eau de l'État et draine plus de 80 % du territoire.
37
+ Les principaux affluents de la Snake River coulant dans l'Idaho se nomment:
38
+
39
+ L'extrémité nord de l'Idaho Panhandle est drainé par les affluents du fleuve Columbia suivants :
40
+
41
+ La région appartenant au Grand Bassin est drainée par la Bear River, le plus important des tributaires du Grand Lac Salé.
42
+
43
+ L'Idaho possède un grand nombre de lacs. Les plus grands se trouvent dans l'Idaho Panhandle. Le plus vaste d'entre eux est le lac Pend Oreille, 345 km2, qui est par ailleurs le cinquième plus profond des États-Unis. Le lac est alimenté par la rivière Clark Fork et la rivière Pack et a pour émissaire la rivière Pend Oreille. Les autres plus importants lacs se nomment:
44
+
45
+ L'État abrite de nombreuses curiosités naturelles (voir liste ci-dessous). Parmi celles-ci citons les chutes de Shoshone Falls. Les eaux de la Snake River y plongent depuis des falaises abruptes d'une hauteur supérieure à celle des chutes du Niagara; ce qui leur vaut le surnom de « chutes du Niagara de l'Ouest ».
46
+
47
+ L'État de l'Idaho est divisé en 44 comtés[7].
48
+
49
+ Le Bureau de la gestion et du budget a défini six aires métropolitaines et dix aires micropolitaines dans ou en partie dans l'État de l'Idaho[8].
50
+
51
+ (60 888)
52
+
53
+ (62 025)
54
+
55
+ (1,9 %)
56
+
57
+ (125 442)
58
+
59
+ (129 763)
60
+
61
+ (3,4 %)
62
+
63
+ (53 936)
64
+
65
+ (53 089)
66
+
67
+ (-1,6 %)
68
+
69
+ (31 464)
70
+
71
+ (32 543)
72
+
73
+ (3,4 %)
74
+
75
+ En 2010, 91,1 % des Idahoains résidaient dans une zone à caractère urbain, dont 65,3 % dans une aire métropolitaine et 25,8 % dans une aire micropolitaine. L'aire métropolitaine de Boise City regroupait à elle seule 39,3 % de la population de l'État.
76
+
77
+ Le Bureau de la gestion et du budget a également défini quatre aires métropolitaines combinées dans ou en partie dans l'État de l'Idaho.
78
+
79
+ (697 535)
80
+
81
+ (729 547)
82
+
83
+ (4,6 %)
84
+
85
+ (666 247)
86
+
87
+ (679 989)
88
+
89
+ (2,1 %)
90
+
91
+ (82 020)
92
+
93
+ (84 648)
94
+
95
+ (3,2 %)
96
+
97
+ L'État de l'Idaho compte 200 municipalités[9], dont 22 de plus de 10 000 habitants.
98
+
99
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estime la population de l'Idaho à 1 787 065 habitants au 1er juillet 2019, soit une hausse de 14,00 % depuis le recensement des États-Unis de 2010 qui tablait la population à 1 567 582 habitants[10]. Depuis 2010, l'État connaît la 19e croissance démographique la plus soutenue des États-Unis.
100
+
101
+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, l'Idaho devrait atteindre une population de 2 013 413 habitants en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, soit une hausse de 28,2 % par rapport à 2010[11].
102
+
103
+ Avec 1 567 582 habitants en 2010, l'Idaho était le 39e État le plus peuplé des États-Unis. Sa population comptait pour 0,51 % de la population du pays. Le centre démographique de l'État était localisé dans le nord-est du comté de Boise[12].
104
+
105
+ Avec 7,32 hab./km2 en 2010, l'Idaho était le 7e État le moins dense des États-Unis.
106
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107
+ Le taux d'urbains était de 70,6 % et celui de ruraux de 29,4 %[13].
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+
109
+ En 2010, le taux de natalité s'élevait à 14,8 ‰[14] (14,4 ‰ en 2012[15]) et le taux de mortalité à 7,3 ‰[16] (7,5 ‰ en 2012[17]). L'indice de fécondité était de 2,24 enfants par femme[14] (2,19 en 2012[15]). Le taux de mortalité infantile s'élevait à 4,8 ‰[16] (5,4 ‰ en 2012[17]). La population était composée de 27,37 % de personnes de moins de 18 ans, 9,85 % de personnes entre 18 et 24 ans, 25,55 % de personnes entre 25 et 44 ans, 24,81 % de personnes entre 45 et 64 ans et 12,42 % de personnes de 65 ans et plus. L'âge médian était de 34,6 ans[18].
110
+
111
+ Entre 2010 et 2013, l'accroissement de la population (+ 44 484) était le résultat d'une part d'un solde naturel positif (+ 35 873) avec un excédent des naissances (72 866) sur les décès (36 993), et d'autre part d'un solde migratoire positif (+ 8 631) avec un excédent des flux migratoires internationaux (+ 5 062) et un excédent des flux migratoires intérieurs (+ 3 569)[19].
112
+
113
+ Selon des estimations de 2013, 93,2 % des Idahoains étaient nés dans un État fédéré, dont 47,1 % dans l'État de l'Idaho et 46,1 % dans un autre État (30,9 % dans l'Ouest, 7,6 % dans le Midwest, 4,7 % dans le Sud, 3,0 % dans le Nord-Est), 0,9 % étaient nés dans un territoire non incorporé ou à l'étranger avec au moins un parent américain et 5,9 % étaient nés à l'étranger de parents étrangers (57,2 % en Amérique latine, 20,2 % en Asie, 13,7 % en Europe, 4,7 % en Amérique du Nord, 3,0 % en Afrique, 1,2 % en Océanie). Parmi ces derniers, 37,6 % étaient naturalisés américain et 62,4 % étaient étrangers[20],[21].
114
+
115
+ Selon des estimations de 2012 effectuées par le Pew Hispanic Center, l'État comptait 50 000 immigrés illégaux, soit 3,0 % de la population[22].
116
+
117
+ Selon le recensement des États-Unis de 2010, la population était composée de 89,09 % —1 396 487 personnes— de Blancs, 2,48 % —38 935 personnes— de Métis, 1,37 % —21 441 personnes— d'Amérindiens, 1,22 % —19 069 personnes— d'Asiatiques, 0,63 % —9 810 personnes— de Noirs, 0,15 % —2 317 personnes— d'Océaniens et 5,07 % —79 523 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
118
+
119
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (2,33 %), principalement blanche et amérindienne (0,80 %), blanche et asiatique (0,52 %) et blanche et autre (0,49 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (0,15 %).
120
+
121
+ Les non-hispaniques représentaient 88,78 % —1 391 681 personnes— de la population avec 83,97 % —1 316 243 personnes— de Blancs, 1,71 % —26 786 personnes— de Métis, 1,18 % —18 529 personnes— d'Asiatiques, 1,12 % —17 556 personnes— d'Amérindiens, 0,57 % —8 875 personnes— de Noirs, 0,14 % —2 153 personnes— d'Océaniens et 0,10 % —1 539 personnes— de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, tandis que les Hispaniques comptaient pour 11,22 % —175 901 personnes— de la population, essentiellement des personnes originaires du Mexique (9,50 %)[18].
122
+
123
+ En 2010, l'État de l'Idaho avait la 9e plus forte proportion de Blancs et la 10e plus forte proportion d'Océaniens des États-Unis. A contrario, l'État avait la 2e plus faible proportion de Noirs après le Montana (0,41 %) et la 10e plus faible proportion d'Asiatiques.
124
+
125
+ En 2013, le Bureau du recensement des États-Unis estime la part des non hispaniques à 88,2 %, dont 83,2 % de Blancs, 1,8 % de Métis, 1,5 % d'Asiatiques et 1,0 % d'Amérindiens, et celle des Hispaniques à 11,8 %[26].
126
+
127
+ L'Idaho connaît depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale une baisse continue de la part de la population blanche non hispanique au sein de la population totale, marquée fortement depuis le début des années 1990 en raison notamment d'une immigration importante en provenance du Mexique, d’un âge médian plus élevé (37,3 ans[27]) que les autres populations (22,5 ans pour les Hispaniques, 30,3 ans pour les Amérindiens, 33,4 ans pour les Asiatiques[28]), d'une natalité plus faible (13,4 ‰ en 2010) que les autres populations (25,7 ‰ pour les Hispaniques, 14,5 ‰ pour les Amérindiens) et d'une augmentation substantielle des unions mixtes.
128
+
129
+ En 2010, les Blancs non hispaniques ne représentaient plus que 75,1 % des enfants de moins de 5 ans (18,8 % pour les Hispaniques, 3,2 % pour les Métis et 1,1 % pour les Amérindiens) et 74,9 % des enfants de moins de 1 an (19,1 % pour les Hispaniques, 3,2 % pour les Métis et 1,1 % pour les Amérindiens)[29].
130
+
131
+ Selon des projections démographiques publiées par l’AARP, les Blancs non hispaniques constitueront 69,6 % de la population de l’État en 2060 si les tendances démographiques actuelles se poursuivent[11].
132
+
133
+ En 2000, les Idahoains s'identifiaient principalement comme étant d'origine allemande (18,9 %), anglaise (18,1 %), irlandaise (10,0 %), américaine (8,4 %), mexicaine (6,1 %), norvégienne (3,6 %), suédoise (3,5 %), écossaise (3,2 %) et française (3,0 %)[30].
134
+
135
+ L'État avait la plus forte proportion de personnes d'origine basque (0,5 %), la 3e plus forte proportion de personnes d'origine danoise (2,8 %), la 4e plus forte proportion de personnes d'origine anglaise, la 6e plus forte proportion de personnes d'origine écossaise, la 7e plus forte proportion de personnes d'origine suédoise ainsi que la 8e plus forte proportion de personnes d'origine néerlandaise.
136
+
137
+ L'État abrite la 2e communauté basque des États-Unis après la Californie. L’immigration basque dans l’Idaho commença à la fin des années 1880 après la découverte de gisements d’argent et s’intensifia entre 1900 et 1920. Principalement originaires de la province de Biscaye au Pays basque espagnol, les colons s’installèrent dans le Sud-Ouest de l’État, une majorité exerçant des professions agricoles, notamment dans l’élevage ovin, les autres optant pour des emplois non qualifiés à Boise[31],[32]. Selon des estimations du Bureau du recensement des États-Unis, l’État comptait 9 694 Basques en 2013, soit 0,6 % de la population de l'État et 16,9 % de la population basco-américaine. La culture basque est très prégnante encore aujourd’hui à Boise, la capitale de l’État[33],[34].
138
+
139
+ L'État abrite la 46e communauté juive des États-Unis. Selon le North American Jewish Data Bank, l'État comptait 1 525 Juifs en 2013 (630 en 1971), soit 0,1 % de la population. Ils se concentraient essentiellement dans les agglomérations de Boise (800) et d'Hailey (350)[35].
140
+
141
+ L'État abrite également la 48e communauté arabe des États-Unis. Selon des estimations du Bureau du recensement des États-Unis, l’État comptait 1 074 Arabes en 2013, soit 0,1 % de la population.
142
+
143
+ L'État abrite enfin la 24e communauté amish des États-Unis. Selon le Young Center for Anabaptist and Pietist Studies[36], l'État comptait 75 Amish en 2013 (0 en 1992) répartis dans 1 implantation[37].
144
+
145
+ L’État abritait en 2013 une population noire assez bigarrée, composée d’Africains subsahariens (43,2 %), de descendants d’esclaves déportés sur le sol américain entre le début du XVIIe siècle et le début du XIXe siècle (39,1 %), de Caribéens non hispaniques (11,5 %) et d’Hispaniques (6,2 %).
146
+
147
+ Le Bureau du recensement des États-Unis estimait le nombre d’Africains subsahariens à 3 934, soit 0,2 % de la population, et celui de Caribéens non hispaniques à 1 044, soit 0,1 % de la population.
148
+
149
+ Les Hispaniques étaient essentiellement originaires du Mexique (84,7 %)[38]. Composée à 45,6 % de Blancs, 6,9 % de Métis, 2,2 % d'Amérindiens, 0,5 % de Noirs, 0,3 % d'Asiatiques, 0,1 % d'Océaniens et 44,3 % de personnes n'entrant dans aucune de ces catégories, la population hispanique représentait 31,2 % des Métis, 18,1 % des Amérindiens, 9,5 % des Noirs, 7,1 % des Océaniens, 5,7 % des Blancs, 2,8 % des Asiatiques et 98,1 % des personnes n'entrant dans aucune de ces catégories.
150
+
151
+ L'État avait la 9e plus forte proportion de personnes originaires du Mexique (9,50 %).
152
+
153
+ Les Amérindiens s'identifiaient principalement comme étant Bannocks (17,6 %), Nez-Percés (9,2 %), Cherokees (5,5 %), Cœurs d'Alène (4,3 %), Navajos (3,6 %) et Paiutes-Shoshones (2,8 %)[39].
154
+
155
+ Les Asiatiques s'identifiaient principalement comme étant Chinois (21,2 %), Philippins (15,8 %), Japonais (13,7 %), Indiens (11,3 %), Viêts (9,0 %), Coréens (8,8 %) et Laotiens (3,8 %)[40].
156
+
157
+ Les Océaniens s'identifiaient principalement comme étant Hawaïens (27,5 %), Chamorros (23,4 %), Samoans (16,7 %) et Tongiens (7,6 %).
158
+
159
+ Les Métis se décomposaient entre ceux revendiquant deux races (93,9 %), principalement blanche et amérindienne (32,1 %), blanche et asiatique (21,1 %), blanche et autre (19,7 %), blanche et noire (11,2 %) et blanche et océanienne (3,4 %), et ceux revendiquant trois races ou plus (6,1 %)[41].
160
+
161
+ Les Hispaniques se concentraient principalement dans les agglomérations de Boise City (44,1 %), dont 25,6 % dans le seul comté de Canyon, Twin Falls (9,9 %), Idaho Falls (8,3 %) et Burley (6,9 %). Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés agricoles de la Plaine de la Snake River tels que les comtés de Clark (40,5 %), Minidoka (32,4 %), Jerome (31,0 %), Power (29,8 %), Lincoln (28,3 %), Gooding (28,1 %), Owyhee (25,8 %), Cassia (24,9 %), Canyon (23,9 %) et Blaine (20,0 %)[42].
162
+
163
+ Les Amérindiens se concentraient principalement dans les réserves indiennes de l'État (35,1 %), dont 16,6 % dans la réserve de Fort Hall, 10,8 % dans la réserve de Nez Perce et 5,8 % dans la réserve de Cœur d'Alene, ainsi que dans la partie de l'agglomération de Boise City non intégrée à la réserve de Duck Valley (23,0 %), dans la partie de l'agglomération de Pocatello non intégrée à la réserve de Fort Hall (6,6 %) et dans la partie de l'agglomération de Cœur d'Alene non intégrée à la réserve de Cœur d'Alene (6,0 %). Ils constituaient une part significative de la population dans les comtés de Benewah (8,7 %), Bingham (6,5 %), Nez-Percés (5,6 %) et Lewis (4,7 %)[43].
164
+
165
+ Les Asiatiques se concentraient principalement dans les agglomérations de Boise City (58,2 %), dont 34,1 % dans la seule ville de Boise City, Pocatello (5,7 %), Twin Falls (5,2 %), Idaho Falls (5,1 %) et Cœur d'Alene (5,0 %).
166
+
167
+ Les Noirs se concentraient principalement dans les agglomérations de Boise City (56,8 %), dont 31,0 % dans la seule ville de Boise City, Mountain Home (7,5 %), Idaho Falls (5,1 %) et Pocatello (6,4 %).
168
+
169
+ L'anglais est la langue officielle de l'État depuis 2007. Selon des estimations de 2013, 89,1 % des Idahoains âgés de plus de 5 ans parlaient anglais à la maison contre 10,9 % une autre langue, dont 8,1 % espagnol ou un créole espagnol, 1,5 % une autre langue indo-européenne (0,3 % allemand, 0,2 % serbo-croate, 0,2 % français ou un créole français), 0,9 % une langue asiatique ou océanienne (0,3 % chinois) et 0,5 % une autre langue[44],[45].
170
+
171
+ Selon une enquête annuelle effectuée par l'institut The Gallup Organization en 2013[47], 47,1 % des Idahoains se considéraient comme « très religieux », soit 5,7 points de plus que la moyenne nationale (41,4 %), 24 % comme « modérément religieux » et 29,1 % comme « non religieux », soit 0,3 points de moins que la moyenne nationale (29,4 %). 37,8 % des Idahoains s'identifiaient comme protestants, 18 % sans appartenance religieuse, 16,4 % comme catholiques et 27,8 % avec une autre religion[48].
172
+
173
+ Selon le rapport de l'Association of Religion Data Archives (ARDA) de 2010[49], l'Idaho comptait 409 265 adhérents à l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (26,1 %), 201 546 adhérents aux Églises évangéliques (12,9 %) dont 22 183 aux Assemblées de Dieu (1,4 %), 20 145 aux Églises chrétiennes et Églises du Christ (1,3 %), 19 269 à l'Armée du salut (1,2 %) et 17 967 à l'Église du Nazaréen (1,2 %), 123 400 adhérents à l'Église catholique (7,9 %), 57 056 adhérents aux Églises protestantes traditionnelles (3,6 %) dont 21 315 à l'Église méthodiste unie (1,4 %), 822 adhérents aux Églises protestantes noires (0,1 %), 818 adhérents aux Églises orthodoxes (0,1 %), 8 748 adhérents à une autre religion (0,6 %) et 765 927 non-adhérents à une religion (48,9 %). Selon ce rapport, l'Idaho avait la 2e plus forte proportion de mormons des États-Unis après l'Utah (69,1 %)[50].
174
+
175
+ Selon une enquête effectuée par l'institut The Gallup Organization en 2009[51], l'Idaho comptait 45 % de protestants, 19,3 % de mormons, 16,5 % de personnes personnes sans appartenance religieuse, 15,1 % de catholiques et 0,2 % de juifs. Selon cette enquête, l'Idaho avait la 2e plus forte proportion de mormons des États-Unis après l'Utah (60,8 %).
176
+
177
+ Selon une enquête effectuée par le Pew Forum on Religion & Public Life en 2008[52], l'Idaho comptait 38 % de protestants dont 22 % d'évangéliques et 16 % de traditionnels, 23 % de mormons, 18 % de catholiques, 18 % de personnes sans appartenance religieuse, 1 % de Témoins de Jéhovah et 2 % de personnes avec une autre religion.
178
+
179
+ Selon une enquête effectuée par l'American Religious Identification Survey (ARIS) en 2008[53], l'Idaho comptait 69 % de chrétiens dont 10 % de catholiques, 8 % de baptistes, 4 % de luthériens et 3 % de méthodistes, 23 % de personnes sans appartenance religieuse et 3 % de personnes avec une autre religion. Selon cette étude, l'Idaho avait la 8e plus forte proportion de personnes sans appartenance religieuse du pays.
180
+
181
+ Selon l'United States Conference of Catholics Bishops (USCCB)[54], les catholiques représentaient 11 % de la population en 2008.
182
+
183
+ Selon des estimations effectuées par le Docteur en Géographie John R. Weeks de l'Université d'État de San Diego, l'État avait la 2e plus faible proportion de Musulmans des États-Unis en 2000 (0,2 %) après le Wyoming (0,1 %)[55].
184
+
185
+ À l'image des autres États de l'Ouest du pays, le pourcentage de la population s'identifiant comme "non-religieuse" est important en comparaison avec le reste des États-Unis.
186
+
187
+ Le Gouvernement fédéral a défini cinq réserves indiennes dans ou en partie dans l'État de l'Idaho.
188
+
189
+ (1 309)
190
+
191
+ (1 215)
192
+
193
+ En 2010, 31 402 Idahoains résidaient dans une réserve indienne, soit 2,0 % de la population de l'État.
194
+
195
+ La réserve indienne de Nez Perce (18 437 habitants) était la 12e réserve indienne la plus peuplée des États-Unis en 2010.
196
+
197
+ L’Idaho est un État conservateur dominé nationalement et localement par le Parti républicain.
198
+
199
+ Le sud-est de l'Idaho, avec une forte proportion de mormons, est la partie la plus conservatrice de l'État. Le nord de l'État, l'Idaho Panhandle, est historiquement une région minière importante, penchant vers les démocrates ; elle tend cependant vers les républicains depuis les années 1980 (à l'exception de la ville universitaire de Moscow). À l'opposé, la région de Boise est de moins en moins conservatrice, avec un afflux de migrants plutôt démocrates en provenance des côtes ou d'origine hispanique. La seule région vraiment favorable aux démocrates de l'État est le comté de Blaine, où est située la station de ski de Sun Valley[56].
200
+
201
+ Lors de la première élection présidentielle organisée dans le tout jeune État de l'Idaho en 1892, les électeurs apportèrent la majorité de leurs suffrages à James Weaver, candidat du Parti populiste (54,21 %), face au candidat républicain Benjamin Harrison (44,31 %). En 1896, William Jennings Bryan candidat du Parti démocrate mais aussi du Parti populiste remporta 78 % des suffrages dans l'Idaho et écrasa le républicain William McKinley (21,32 %), pourtant élu au plan national. Quatre ans plus tard, Bryan, candidat des seuls démocrates, l'emporte encore (50,79 %) mais avec une marge plus étroite face à McKinley (46,96 %).
202
+
203
+ En 1904, avec 65,84 % des voix, Theodore Roosevelt est le premier candidat républicain à remporter l'Idaho lors d'une élection présidentielle tandis que les démocrates reprennent l'État lors des élections présidentielles de 1912 et 1916. Le démocrate Woodrow Wilson s'impose notamment de justesse avec 32,08 % des voix en 1912, dans le cadre d'une élection triangulaire face au président républicain William Howard Taft (31,02 %) et face au candidat républicain progressiste Theodore Roosevelt (24,14 %). Les années 1920 sont marquées par une domination politique des candidats républicains alors que les candidats démocrates sont laminés. En 1924, John W. Davis n'obtient que 16 % des voix derrière le républicain Calvin Coolidge (47,12 %) mais aussi derrière Robert M. La Follette, candidat du Parti progressiste (36,52 %).
204
+ Dans les années 1930, durant la Grande Dépression, puis lors de la Seconde Guerre mondiale, le démocrate Franklin Delano Roosevelt s'impose face à tous ses adversaires républicains tout comme Harry S. Truman, de relative justesse en 1948 (avec 49,98 % des voix).
205
+
206
+ Depuis l'élection présidentielle de 1952, l'Idaho est un État acquis aux Républicains. Une seule fois cependant, en 1964, l'État est allé aux démocrates mais par une marge très étroite. Ainsi si Lyndon B. Johnson, président démocrate en fonction, était réélu nationalement avec 61,05 % des voix, il ne remportait l'Idaho qu'avec seulement 50,92 % des voix contre 49,08 % au républicain Barry Goldwater (38,47 % nationalement).
207
+
208
+ En 2008, le républicain John McCain y a obtenu 61,5 % des voix et la majorité dans 41 comtés contre 36,1 % et 3 comtés au démocrate Barack Obama, élu nationalement. Au vu de ces derniers résultats, ce sont le comté de Blaine (65,71 %) et dans une moindre mesure ceux de Latah (51,32 %) et de Teton (49,41 %) qui penchent plutôt vers les démocrates.
209
+
210
+ La constitution de l'Idaho sépare le gouvernement en trois branches : exécutive, législative et judiciaire. Le parlement est bicaméral. L'État est divisé en 35 circonscriptions qui sont représentées chacune par un sénateur et deux députés. Depuis 1946, les mandats de gouverneur, Lieutenant Governor, secrétaire d'État, Controller (Auditor depuis 1994), Trésorier, Attorney General et Superintendent of Public Instruction durent quatre ans. À l'heure actuelle, la constitution originelle de l'État, votée en 1889, est toujours en application.
211
+
212
+ Depuis 1995, tous les gouverneurs sont républicains, dont l'actuel est Brad Little depuis 2019. Les postes éligibles de lieutenant-gouverneur, secrétaire d'État, secrétaire au trésor et attorney général sont détenus par des républicains.
213
+
214
+ Depuis la création de l'État en 1890, les républicains ont été le parti politiquement dominant de l'Idaho tandis que les démocrates se scindaient en deux mouvements ou devaient affronter la concurrence du Parti populiste. Si les démocrates retrouvèrent une position dominante dans les années 1930, ils ont été cantonnés au rôle de parti minoritaire au sein du congrès local depuis les années 1960 (Les démocrates n'ont plus remporté la chambre des représentants de l'Idaho depuis 1958, qu'ils dominèrent d'un seul siège durant la législature).
215
+
216
+ Les deux chambres de l'État sont ainsi largement dominées par les républicains depuis les années 1960. Lors de la session 2011-2013, le sénat local est dominé par 28 républicains face à 7 démocrates alors que la chambre basse compte 57 républicains pour 13 démocrates.
217
+
218
+ En novembre 2006, les électeurs de l'Idaho, par 65 % des suffrages, approuvèrent un amendement constitutionnel interdisant le mariage gay. En mars 2015 est votée une loi autorisant les commerçants et entrepreneurs à discriminer et à refuser leurs services aux clients LGBT en invoquant leurs convictions religieuses.
219
+
220
+ Au niveau fédéral, lors du 112e congrès (législature 2011-2013), la délégation de l'Idaho au Congrès des États-Unis est composé de deux sénateurs républicains, Jim Risch et Mike Crapo, et de deux représentants, également républicains, Raúl Labrador et Mike Simpson.
221
+
222
+ Le dernier démocrate à avoir été élu au Sénat des États-Unis est Frank Church en 1974.
223
+
224
+ L'Idaho est un État agricole important : il produit environ un tiers de toutes les pommes de terre cultivées aux États-Unis. Une agence publique, l'Idaho Potato Commission est chargée d'assurer la promotion de cette activité. Les autres productions agricoles notables sont les haricots, les lentilles, l'orge, le blé, les taureaux et la betterave sucrière.
225
+
226
+ Les principales industries sont la production de bois, la machinerie, les produits chimiques, la production de papier, l'argent, ainsi que le tourisme. Le Idaho National Laboratory (INL), un laboratoire gouvernemental pour la recherche sur l'énergie nucléaire, constitue aussi une part importante de l'économie de l'est de l'État.
227
+
228
+ Aujourd'hui, l'industrie de l'État est en croissance, et celle-ci est menée par les produits de haute technologie. Depuis la fin des années 1970, Boise est devenue un centre pour l'élaboration des semiconducteurs, elle accueille de plus Micron Technology, la seule entreprise du pays créant des barrettes de DRAM (dynamic random access memory). Hewlett-Packard possède aussi des locaux dans cette même ville, voués à la production d'imprimantes laser.
229
+
230
+ Universités :
231
+
232
+ Les équipes de baseball de la Minor League baseball de l'État sont :
233
+
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+ Autres équipes sportives :
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+ Autoroutes principales :
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
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+ Selon le Trésor de la langue française informatisé, le terme idée évoque « ce que l'esprit conçoit ou peut concevoir, [...] tout ce qui est représenté dans l'esprit, par opposition aux phénomènes concernant l'affectivité ou l'action »[1].
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+ Dans le langage courant : « Je cherche une idée », « Avez-vous une idée ? » (pour faire ou éviter cela) et plus particulièrement en créativité heuristique, une idée est une solution nouvelle et adaptée au problème de l'interlocuteur (quelque chose qui résout son problème de façon inattendue, quelque chose d'efficace à quoi il n'avait pas pensé ou qu'il n'avait pas envisagé).
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+ En management, c'est une suggestion d'amélioration faite par un des collaborateurs. C'était hier la boîte à idées. C'est aujourd'hui, dans le cadre de l'innovation participative, le système de management des idées, appuyé le plus souvent par un logiciel installé sur l'intranet de l'entreprise.
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+ En créativité publicitaire, l'idée est alors synonyme de concept : c'est l'idée-force qui va étonner et faire passer le message voulu.
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+ De façon un peu plus technique, et en fonction de la nature du problème abordé, on doit distinguer méthodologiquement, trois grandes catégories d'idées :
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+ L'idée est un concept fondamental en philosophie.
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+ Au sens contemporain, une idée est une représentation mentale. Naïvement, on peut dire que l'idée est dans la tête de celui qui pense. Elle n'a donc pas d'existence propre, en dehors de l'esprit qui la pense. Elle fait partie du monde intérieur, par opposition au monde extérieur des choses que l'on peut percevoir par nos sens.
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+ En revanche, selon Platon, les Idées ne sont pas dépendantes de celui qui les pense. Elles désignent au contraire ce qui dans la réalité est le plus réel, c'est-à-dire l'essence des choses. L'essence est ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est, ce sans quoi elle ne peut ni être ni être conçue. Les Idées désignent donc pour Platon ce qui demeure stable et permanent dans la réalité, par-delà les variations des phénomènes. En ce sens, on peut parler d'un « monde intelligible » formé par les Idées (dans le texte, Platon parle de « lieu intelligible », car dans sa perspective grecque le monde (ou cosmos) est un tout unique). Ce « monde » est en vérité le principe du monde des apparences sensibles (les phénomènes), au sens où celles-ci ne sont jamais que des variations apparentes. Ainsi, les Idées ne sont pas étrangères au sensible, mais on ne peut les comprendre sans penser. Seule l'intelligence, le noûs, peut contempler les Idées, au moyen de la philosophie dialectique. Selon Jean-François Pradeau, « idéa désigne la réalité ou nature intelligible, quand eîdos désigne la forme de cette réalité, telle qu'on peut la retrouver dans les choses sensibles qui y participent (comme on retrouve la forme du beau dans les belles choses) »[2].
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+ Le siècle des Lumières est un mouvement philosophique, littéraire et culturel que connaît l'Europe du XVIIIe siècle (de 1715 à 1789) et qui se propose de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encouragent la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Le terme de « Lumières » a été consacré par l'usage pour rassembler la diversité des manifestations de cet ensemble d’objets, de courants, de pensées ou de sensibilités et d’acteurs historiques.
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+ La glorieuse Révolution de 1688 peut en constituer le premier jalon[1], mais pour l’historiographie française, la période charnière qui correspond à la fin du règne de Louis XIV (1643-1715) est comme sa gestation[2] et le siècle des Lumières commence conventionnellement, en 1715, à la mort de ce roi[3],[4],[5],[6],[7],[8]. La Révolution française en marque le déclin, la période 1789-1815 étant, suivant les auteurs, la conclusion ou la suite de cette période. Certains historiens, en fonction de leur objet d'étude, privilégient une chronologie plus ou moins large (1670-1820)[9].
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+ Pour les arts plastiques, il couvre la transition entre les périodes classique, rococo et néoclassique, et pour la musique, celle de la musique baroque à la musique de la période classique. L’expression provient d’emblée de son utilisation massive par les contemporains. Puis, le développement et l’affirmation de l’histoire culturelle et sociale depuis les années 1970, ont favorisé l’usage d’une notion féconde qui permet de mener des recherches de façon transversale et internationale tout en multipliant les objets d'étude et en dépassant les cadres nationaux[10].
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+ « Siècle des Lumières »[11] ? Le siècle se veut éclairé par la lumière métaphorique des connaissances — et non pas l’illumination divine, « émanation de l’absolu »[12], utilisé exclusivement au singulier — acquises par l’expérience et l’enseignement du passé. Elle suggère aussi une vision manichéenne du monde, où l’« homme éclairé » s’oppose à la masse de ceux restés dans les ténèbres. La formule a donc une dimension tant sociale que spatiale. Sous la plume des philosophes, les « Lumières » désignent par métonymie les élites européennes ouvertes aux nouveautés, une « République des Lettres éclairées ».
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+ On trouve dès les années 1670, la mention de « siècle éclairé » dans certains écrits historiques ou philosophiques relatant les expériences et les progrès scientifiques du temps[13]. L’inflexion anticléricale et combative que prend la philosophie des Lumières dans les années 1750 devait marquer l’expression[14]. Dans la France prérévolutionnaire, la formule est consacrée par les représentants des Lumières puis par les révolutionnaires eux-mêmes[15]. L’historiographie française a retenu l’expression : « Le siècle des Lumières : siècle un, profondément, mais combien divers. La raison éclaire tous les hommes, elle est la lumière, ou plus précisément, ne s’agissant pas d’un rayon, mais d’un faisceau, les Lumières »[16]. L'image de la lumière renvoie à une coutume consistant à placer une bougie allumée à sa fenêtre pour annoncer un événement. Le voisin « illuminait » à son tour. De fenêtres en fenêtres les lumières éclairaient la nuit. Les philosophes séduits par cette pratique faisant de la transmission de l'information, de la connaissance, une chaîne de lumière et s'emparent de l'idée : ils transformeront la nuit de l'ignorance en clarté, guidés par la lumière de leur raison. Diderot écrit dans Addition aux pensées : « Si je renonce à ma raison, je n'ai plus de guide [...]. Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire. »
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+ Le siècle des Lumières est marqué par une vision renouvelée et élargie du monde, héritée de questionnements, parfois angoissés, du dernier quart du XVIIe siècle. Six traits marquants d’une pensée moderne s’y affirment et peuvent être retenus[17] :
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+ Ces champs de réflexion précurseurs, qui allaient former le socle de la Philosophie des Lumières, traversent le siècle et influencent de nombreux domaines, à l’instar de l’économie politique[18]. L’idée de progrès vient couronner tous ses traits dominants et les synthétiser dans les ouvrages de Nicolas de Condorcet – Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain – ou de Louis-Sébastien Mercier – L'An 2440, rêve s'il en fut jamais.
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+ Les partisans des Lumières sont les acteurs de nombreux combats nés de « l’usage public de sa raison dans tous les domaines »[19]. Les « Causes Célèbres » ont permis une mise en perspective des lois et des coutumes d’Europe, ont ainsi opéré une révolution sociologique et ouvert la brèche à l’anthropologie politique. Le dépaysement est central dans cette démarche et le Persan et ses avatars – l’espion chinois[20], juif ou turc[21] – peut apparaître comme un symbole de cet effort de tolérance[22].
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+
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+ Les philosophes ne se contentent pas d’écrire. Ils se mettent aussi personnellement en cause, au risque d’être arrêtés, emprisonnés. Diderot et D'Alembert consacrent plus de vingt ans de leur vie à la publication de l’Encyclopédie, énorme dictionnaire de 28 volumes dont 11 volumes d’illustrations consacré à toutes les formes de la connaissance et des sciences. Tous les écrivains et les savants du siècle participent à la rédaction des articles de l’Encyclopédie, dont la publication s’étend de 1751 à 1772. Accusé de propager des idées dangereuses, Diderot est emprisonné pendant plusieurs mois. Cependant la vraie volonté de Diderot et de tous les écrivains de l'Encyclopédie était de se battre contre ce qu'ils appelaient l'Obscurantisme religieux. On oppose ainsi les Lumières à l'obscurantisme, ou le manque de culture, de savoir. La lumière permet de lutter contre l'obscurantisme c'est-à-dire la bêtise et l'ignorance qui rendent intolérants. C'est un âpre combat : Voltaire connaît l'exil et la prison. Montesquieu doit faire imprimer les lettres persanes en Hollande pour déjouer la censure. Ce combat est cependant jugé indispensable. Kant ordonne : « ose savoir ». On promeut l'idée selon laquelle seule la connaissance permet de juger d'une situation en adulte sans obéir aveuglément aux tutelles que sont le roi, la religion, ou l'armée. Les travaux du juriste Beccaria, lui-même influencé par Montesquieu, trouvent leur retentissement dans les affaires Calas et Sirven, où sont affirmées la nécessaire abolition de la question et les limites du pouvoir exécutif. Le procès du chevalier de la Barre inspire à nombre de penseurs une réflexion sur la liberté de conscience. Leur but est avant tout de « sortir les Hommes des ténèbres de leur temps » et « d’Éclairer toute chose à la lumière de la raison ».
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+ « Il est largement admis que la « science moderne » est née dans l'Europe du XVIIe siècle, introduisant une nouvelle compréhension du monde naturel. » Peter Barrett[23]. »
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+ La France possède de nombreux philosophes et écrivains des Lumières, notamment Montesquieu, Voltaire, Diderot, Beaumarchais, Rousseau et D'Alembert.
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+ L'époque des Lumières fut aussi celle de Bernoulli, Euler, Laplace, Lagrange, Monge, Condorcet, D'Alembert et Émilie du Châtelet en mathématiques, en physique générale et en astronomie. La compréhension du phénomène physique de l'électricité est amorcée en particulier par les travaux de Cavendish, Coulomb, Louis Sébastien Jacquet de Malzet et Volta.
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+ Lavoisier pose les fondements de la chimie moderne.
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+ Des savants naturalistes comme Linné, Réaumur, Buffon, Jussieu, Lamarck incarnent l'esprit des Lumières dans le domaine des sciences relevant de l'histoire naturelle dans toute son étendue.
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+ À la faveur de ces évolutions apparaissent des espaces nouveaux où se diffusent les Lumières[24], entretenues par relations privées et quelquefois par le mécénat d’État. L’Europe des Lumières a ainsi ses lieux privilégiés : cénacles des grandes villes thermales, cours des capitales européennes, chambres de lectures, théâtres, opéras, cabinets de curiosités, salons littéraires et salons artistiques, voire salons de physique à l’instar de celui animé par l’abbé Nollet, Académies, loges maçonniques, cafés mondains, clubs politiques à l’anglaise. Dans ces cadres nouveaux ou renouvelés, les gens de lettres prennent le pouvoir de la critique et font vivre débats esthétiques, querelles littéraires, réflexions politiques[25].
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+ Ces lieux où se croisent les anciennes et les nouvelles élites, les artistes sans fortune et leurs mécènes, les agents de l’État et les aventuriers, sont le creuset d’une communauté cosmopolite et hétérogène, faite d’entre soi et d’exclusion. Ils participent à l’affirmation d’une « sphère publique bourgeoise »[26], faite d’affrontements et de spectacles, où se déroulent, et plus particulièrement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les grandes affaires et les « causes célèbres » (Mémoire judiciaire) prérévolutionnaires. Dans ces nouveaux espaces de liberté se manifeste un véritable engouement pour les affaires européennes et se développe l’anglomanie.
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+ Dans le cadre français, les Lumières voient basculer dans les années 1750 leur centre de gravité de Versailles à Paris qui apparaît comme la nouvelle capitale intellectuelle et artistique, comme une capitale des Lumières. Ce brassage implique une redéfinition sociale de l’écrivain.
33
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+ Le phénomène se développe également en province, où magistrats et érudits locaux, gagnés par les Lumières, forment une classe sociale dirigeante aux nouvelles préoccupations[27].
35
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+ Le phénomène des salons commence à la fin du XVIIe siècle, dans un contexte prospère. On s'adonne �� l'art de la conversation, il s'agit là d'un phénomène parisien et plutôt français. Les salons sont tenus essentiellement par des femmes, souvent issues de la bourgeoisie et ayant des connaissances (Madame du Deffand, Madame Lambert, Claudine Guérin de Tencin, Marie-Thérèse Geoffrin, etc.). Pour que son salon connaisse le succès, la maîtresse du lieu doit s'attacher les services d'un philosophe qui lance les débats. Tenir un salon est l'une des activités les plus recherchées par les femmes, la qualité des invités témoigne de leur pouvoir d'attraction et la réputation du salon repose sur les invités.
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+ Les salons sont des lieux de diffusion de la culture. La liberté d'expression apparaît, ainsi que la notion d'égalité. Ils permettent aux encyclopédistes de faire passer leurs idées. Helvétius et Holbach exposent leurs idées matérialistes.
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+
40
+ C'est un lieu de culture qui demeure mondain, en effet, le divertissement en est le but premier. On y expose ses idées mais il n'y a pas de combat pour la vérité. Ce qui compte, c'est la bonne compagnie, les récits amusants, il ne faut pas que les débats soient trop sérieux, le risque serait de passer pour quelqu'un d'ennuyeux[28].
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+ Les vrais et grands philosophes se méfient de ces endroits de diffusion, mais pas de production d'idées. Jean-Jacques Rousseau dénonçait la futilité des discussions qui s’y tenaient et parlait de « Morale du bilboquet » pour toute personne qui s’en tenait à l’écart[29]. Les salons sont des lieux de regroupement pour les philosophes, les mathématiciens, etc.
43
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44
+ Quoique l’histoire des académies en France au siècle des Lumières remonte à la fondation à Caen de l’Académie de physique de Caen, en 1662, c’est l’Académie des sciences fondée en 1666, étroitement liée à l’État français et agissant comme l’extension d’un gouvernement en sérieux manque de scientifiques, qui a contribué à promouvoir et à organiser de nouvelles disciplines, en formant de nouveaux scientifiques et en contribuant à l’amélioration du statut des scientifiques sociaux qu’elle considérait comme « les plus utiles de tous les citoyens ». Les Académies démontrent à la fois l’intérêt croissant pour la science ainsi que sa laïcisation accrue, comme en témoigne le petit nombre d’ecclésiastiques qui y appartenaient (13 %)[30].
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+ En dépit de l’origine bourgeoise de la majorité des académiciens, cette institution était uniquement réservée aux élites scientifiques, qui se voyaient en « interprètes de la science pour le peuple ». C’est par exemple dans cet esprit que l'Académie entreprit de réfuter le magnétisme animal, pseudo-science qui inspire alors un enthousiasme populaire[31].
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+ L’argument le plus fort en faveur de l’appartenance des académies à la sphère publique vient des concours qu’elles ont parrainés dans toute la France. Comme l’a fait valoir Jeremy L. Caradonna dans un récent article paru dans les Annales, « Prendre part au siècle des Lumières : le concours académique et la culture intellectuelle au XVIIIe siècle », ces concours étaient peut-être la plus publique de toutes les institutions du siècle des Lumières. L’Académie française a remis au goût du jour une pratique médiévale en relançant les concours publics au milieu du XVIIe siècle. Vers 1725, le sujet des essais, de la poésie ou la peinture qui tournait jusque-là autour de la religion et/ou la monarchie, s’est radicalement élargi et diversifié pour inclure la propagande royale, les batailles philosophiques et les réflexions critiques sur les institutions sociales et politiques de l’Ancien Régime. Caradonna montre que les sujets controversés n’étaient pas toujours évités en citant les théories de Newton et de Descartes, la traite négrière, l’éducation des femmes, et de la justice en France comme exemples[32]. L’ouverture à tous des concours et l’anonymat obligatoire des soumissions garantissaient l’impartialité du jugement eu égard au sexe et au rang social des candidats. En dépit de l’appartenance de la « vaste majorité » des participants aux couches les plus riches de la société (« les arts libéraux, le clergé, la magistrature et la profession médicale »), il existe des cas de membres de la classe populaire à avoir soumis des essais et même à les avoir remportés[33].
49
+
50
+ Un nombre important de femmes ont également participé – et remporté – des concours. Sur un total de 2 300 concours dotés de prix proposés en France, les femmes en ont remporté 49, la majorité à des concours de poésie. Ce chiffre est certes faible par rapport aux normes modernes, mais très important à une époque où la plupart des femmes ne recevaient pas de formation scolaire avancée sauf, justement, dans un genre comme la poésie[34].
51
+
52
+ En Angleterre, la Royal Society de Londres a également joué un rôle important dans la sphère publique et la propagation des idées des Lumières en agissant comme centre d’échange pour la correspondance et les échanges intellectuels[35] et jouant, en particulier, un rôle important dans la propagation à travers l’Europe de la philosophie expérimentale de Robert Boyle qui, comme l’ont fait valoir Steven Shapin et Simon Schaffer, était « l’un des fondateurs du monde expérimental dans lequel vivent et fonctionnent aujourd’hui les scientifiques ». La méthode de Boyle basée sur la connaissance et sur l’expérimentation ayant besoin de témoins pour assurer sa légitimité empirique, la Royal Society a joué un rôle avec ses salles d’assemblée qui constituaient des endroits idéaux pour des manifestations relativement publiques nécessaire à cet « acte collectif » de témoignage[36]. Tous les témoins n’étaient pourtant pas jugés crédibles : « Les professeurs d’Oxford étaient considérés plus fiables que les paysans de l’Oxfordshire ». Deux facteurs étaient pris en compte : la connaissance d’un témoin dans la région et la « constitution morale » du témoin. En d’autres termes, seule la société civile était prise en considération pour le public de Boyle.
53
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+ La fondation officielle de la franc-maçonnerie remonte à 1717, lorsque Jean Théophile Désaguliers, James Anderson et quelques autres francs-maçons créèrent la Grande Loge de Londres. Désaguliers fut inspiré par son ami Isaac Newton qu'il avait rencontré à la Royal Society. On considère généralement que cet événement marque le début de la maçonnerie spéculative.
55
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+ La franc-maçonnerie arrive officiellement sur le continent européen en 1734, avec l’ouverture d’une loge à La Haye. La première loge pleinement fonctionnelle paraît cependant avoir existé depuis 1721 à Rotterdam. De même, des traces de la réunion d’une loge à Paris en 1725 ou 1726 ont été retrouvées[37]. Comme l’écrit Daniel Roche, en 1789, la franc-maçonnerie était particulièrement répandue en France qui ne comptait alors peut-être pas moins de 100 000 francs-maçons, ce qui en ferait la plus populaire de toutes les associations des Lumières[38]. La franc-maçonnerie ne semble cependant pas avoir été confinée à l’Europe occidentale ; Margaret Jacob a retrouvé l’existence de loges en Saxe en 1729 et en Russie en 1731[39].
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+ En dépit de ces preuves d’existence, la contribution ou même le rôle de la franc-maçonnerie comme facteur principal dans les Lumières a néanmoins fait récemment l’objet de débats parmi les historiens. Certes des figures majeures des Lumières, comme Montesquieu, Voltaire, Pope, Horace et Robert Walpole, Mozart, Goethe, Frédéric le Grand, Benjamin Franklin et George Washington étaient francs-maçons[40], mais des historiens comme Robert Palmer Roswell ont conclu que même en France, les francs-maçons, qui n’ont pas agi en groupe, étaient politiquement « inoffensifs voire ridicules »[41]. les historiens américains ont effectivement noté que Franklin et Washington étaient bien actifs dans la franc-maçonnerie, mais ils ont minimisé l’importance, à l’époque de la Révolution américaine, de ce mouvement apolitique qui comprenait aussi bien des Patriots que des Loyalistes[42].
59
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60
+ En ce qui concerne l’influence de la franc-maçonnerie sur le continent européen, l’historien allemand Reinhart Koselleck a affirmé que « Sur le continent, il y avait deux structures sociales qui ont laissé une empreinte décisive sur les Lumières : la République des Lettres et les loges maçonniques »[43], tandis que Thomas Munck, professeur à l’université de Glasgow, a fait valoir que « bien que les francs-maçons aient favorisé les contacts internationaux et intersociaux essentiellement non-religieux et ce, largement en accord avec les valeurs des Lumières, on ne peut guère les décrire comme un important réseau radical ou réformiste en propre »[44].
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+ Les loges maçonniques anglaises et écossaises originaires des guildes de compagnons du XVIIe siècle[45], se sont élargies à divers degrés, au XVIIIe siècle, dans un vaste ensemble d’associations interconnectées d’hommes, et parfois de femmes. Margaret Jacob affirme que celles-ci disposaient de leur propre mythologie et de codes de conduite spéciaux comprenant une même compréhension des notions de liberté et d’égalité héritées de la sociabilité des guildes : « liberté, fraternité et égalité »[46] La remarquable similitude de ces valeurs, généralement communes à la Grande-Bretagne et au continent, avec le slogan de la Révolution française de « Liberté, égalité, fraternité » a donné naissance à de nombreuses théories du complot. L’abbé Barruel a notamment fait remonter les origines des Jacobins et, partant, de la Révolution, aux francs-maçons français dans son Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme (Londres, Ph. le Boussonnier ; Hambourg, P. Fauche 1797-98).
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+ Il est probable que les loges maçonniques ont eu un effet, hormis les théories du complot, sur la société dans son ensemble. Giuseppe Giarrizzo a souligné le rapport étroit entre francs-maçons et Lumières[47]. Jacob fait valoir que les loges maçonniques ont « reconstitué la vie politique et instauré une forme constitutionnelle d’autonomie gouvernementale, avec ses constitutions, ses lois, ses élections et ses représentants ». En d’autres termes, les micro-sociétés mises en place dans les loges ont constitué un modèle normatif pour la société dans son ensemble. Ceci était particulièrement vrai sur le continent : lorsque les premières loges ont commencé à apparaître dans les années 1730, leur incarnation des valeurs britanniques a souvent été perçue comme une menace par les autorités gouvernementales locales. Par exemple, la loge parisienne qui s’est réunie au milieu des années 1720 se composait d’exilés jacobites anglais[48]. Les francs-maçons de toute l’Europe du XVIIIe siècle faisaient, en outre, référence aux Lumières en général. Le rite d’initiation des loges françaises citait ainsi explicitement les Lumières. Les loges britanniques se fixaient comme objectif d’« initier ceux qui ne sont pas éclairés », ce qui ne représente pas nécessairement un lien entre les loges et l’irréligion, mais ne les excluent pas non plus à l’occasion de l’hérésie. Beaucoup de loges rendaient en fait hommage au « Grand Architecte », le terme de la phraséologie maçonnique pour désigner le créateur divin d’un univers scientifiquement ordonné[49]. Daniel Roche conteste néanmoins les revendications égalitaristes de la franc-maçonnerie : « l’égalité réelle des loges était élitiste », n’attirant que les personnes de milieux sociaux similaires[50]. Cette absence de véritable égalité a été rendue explicite par la constitution de la loge de Lausanne en Suisse (1741) :
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+ « L’ordre des francs-maçons est une société de confraternité et d’égalité représentée, à cette fin, sous l’emblème d’un niveau … un frère rend à un autre frère l’honneur et la déférence qui lui sont dus à juste titre à mesure de son rang dans la société civile[51]. »
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+
68
+ L’élitisme a profité à certains membres de la société. La présence, par exemple, de femmes nobles dans les « loges d’adoption » françaises qui se sont formées dans les années 1780 est due en grande partie aux liens étroits entre ces loges et la société aristocratique[52],[53].
69
+
70
+ Les Lumières se sont pensées comme un mouvement européen[54], international et si le français qui a détrôné le latin comme langue « universelle »[55] semble s’imposer comme le langage par excellence de la nouvelle « République des Lettres », l’homme des Lumières est avant tout un « cosmopolite », un « citoyen du monde »[56] quand il n’est pas un apatride.
71
+
72
+ Dans Was ist Aufklärung? (Qu'est-ce que les Lumières ?) en 1784, le philosophe Emmanuel Kant dit que le progrès des Lumières consiste à limiter toujours davantage le despotisme du gouvernement. Frédéric II, roi de Prusse, pourtant despote lui-même, sut garantir dans son royaume la liberté de conscience et utilisa malicieusement les Lumières de Kant comme instrument de propagande et comme moyen de gouvernement en s'assurant l'alliance des meilleurs esprits de toute l'Europe en leur donnant la liberté de publier et de leur dire « Raisonnez tant que vous voudrez, mais obéissez ! », pendant qu'ailleurs ils devaient tout autant obéir, mais sans pouvoir raisonner[57].
73
+
74
+ Les philosophes de Lumières sont ouverts au monde et sont pour toute forme de liberté.
75
+ Tous les philosophes des Lumières cherchent à libérer les hommes de toutes croyances et superstitions. Mais leurs idées ont touché peu de monde car peu de personnes savaient lire à l'époque. Ils ont tout de même réussi à modifier les idées reçues.
76
+
77
+ Politiques, autant d'adversaires directs ou indirects des Ferveurs nouvelles. À leur influence s'ajoute, pour empêcher le progrès de la dévotion en France, la mode, cette mode qui, jusqu'au règne de Louis XIV, sert à l'impiété de recommandation parmi les gens du monde.
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80
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82
+
83
+ Les principales figures des Lumières:
84
+
85
+ Portrait de Emmanuel Kant, Auteur inconnu
86
+
87
+ Portrait de David Hume (1711-1776), par Allan Ramsay en 1766.
88
+
89
+ Portrait de Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1753)
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+
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+ Portrait de Suzanne Curchod (1739-1794)
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+
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+ Jean-Jacques Rousseau par Maurice Quentin de la Tour, au XVIIIe siècle, musée Antoine Lecuyer
94
+
95
+ Portrait de Denis Diderot (1713-1784)
96
+
97
+ Portrait de Madame du Deffand, par Eugène Asse (XVIIIe siècle)
98
+
99
+ Portrait de Marie Olympe de Gouges par Alexander Kucharsky.
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+
101
+ Portrait de Alessandro Volta (1745-1827)
102
+
103
+ Portrait de Émilie du Châtelet (1706-1749).
104
+
105
+ Portrait de Montesquieu (1689-1755)
106
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107
+ Portrait de Thomas Jefferson (1743-1826)
108
+
109
+ Portrait de Jean le Rond D'Alembert (1717-1783)
110
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111
+ Portrait de Adam Smith
112
+
113
+ Portrait de Mario Pagano (1748-1799)
114
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115
+ Portrait de Voltaire (1694-1778)
116
+
117
+ L'écume des lettres , Hachette édition
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+ Le siècle des Lumières est un mouvement philosophique, littéraire et culturel que connaît l'Europe du XVIIIe siècle (de 1715 à 1789) et qui se propose de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encouragent la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Le terme de « Lumières » a été consacré par l'usage pour rassembler la diversité des manifestations de cet ensemble d’objets, de courants, de pensées ou de sensibilités et d’acteurs historiques.
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+ La glorieuse Révolution de 1688 peut en constituer le premier jalon[1], mais pour l’historiographie française, la période charnière qui correspond à la fin du règne de Louis XIV (1643-1715) est comme sa gestation[2] et le siècle des Lumières commence conventionnellement, en 1715, à la mort de ce roi[3],[4],[5],[6],[7],[8]. La Révolution française en marque le déclin, la période 1789-1815 étant, suivant les auteurs, la conclusion ou la suite de cette période. Certains historiens, en fonction de leur objet d'étude, privilégient une chronologie plus ou moins large (1670-1820)[9].
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+ Pour les arts plastiques, il couvre la transition entre les périodes classique, rococo et néoclassique, et pour la musique, celle de la musique baroque à la musique de la période classique. L’expression provient d’emblée de son utilisation massive par les contemporains. Puis, le développement et l’affirmation de l’histoire culturelle et sociale depuis les années 1970, ont favorisé l’usage d’une notion féconde qui permet de mener des recherches de façon transversale et internationale tout en multipliant les objets d'étude et en dépassant les cadres nationaux[10].
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+ « Siècle des Lumières »[11] ? Le siècle se veut éclairé par la lumière métaphorique des connaissances — et non pas l’illumination divine, « émanation de l’absolu »[12], utilisé exclusivement au singulier — acquises par l’expérience et l’enseignement du passé. Elle suggère aussi une vision manichéenne du monde, où l’« homme éclairé » s’oppose à la masse de ceux restés dans les ténèbres. La formule a donc une dimension tant sociale que spatiale. Sous la plume des philosophes, les « Lumières » désignent par métonymie les élites européennes ouvertes aux nouveautés, une « République des Lettres éclairées ».
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+ On trouve dès les années 1670, la mention de « siècle éclairé » dans certains écrits historiques ou philosophiques relatant les expériences et les progrès scientifiques du temps[13]. L’inflexion anticléricale et combative que prend la philosophie des Lumières dans les années 1750 devait marquer l’expression[14]. Dans la France prérévolutionnaire, la formule est consacrée par les représentants des Lumières puis par les révolutionnaires eux-mêmes[15]. L’historiographie française a retenu l’expression : « Le siècle des Lumières : siècle un, profondément, mais combien divers. La raison éclaire tous les hommes, elle est la lumière, ou plus précisément, ne s’agissant pas d’un rayon, mais d’un faisceau, les Lumières »[16]. L'image de la lumière renvoie à une coutume consistant à placer une bougie allumée à sa fenêtre pour annoncer un événement. Le voisin « illuminait » à son tour. De fenêtres en fenêtres les lumières éclairaient la nuit. Les philosophes séduits par cette pratique faisant de la transmission de l'information, de la connaissance, une chaîne de lumière et s'emparent de l'idée : ils transformeront la nuit de l'ignorance en clarté, guidés par la lumière de leur raison. Diderot écrit dans Addition aux pensées : « Si je renonce à ma raison, je n'ai plus de guide [...]. Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire. »
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+ Le siècle des Lumières est marqué par une vision renouvelée et élargie du monde, héritée de questionnements, parfois angoissés, du dernier quart du XVIIe siècle. Six traits marquants d’une pensée moderne s’y affirment et peuvent être retenus[17] :
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+ Ces champs de réflexion précurseurs, qui allaient former le socle de la Philosophie des Lumières, traversent le siècle et influencent de nombreux domaines, à l’instar de l’économie politique[18]. L’idée de progrès vient couronner tous ses traits dominants et les synthétiser dans les ouvrages de Nicolas de Condorcet – Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain – ou de Louis-Sébastien Mercier – L'An 2440, rêve s'il en fut jamais.
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+ Les partisans des Lumières sont les acteurs de nombreux combats nés de « l’usage public de sa raison dans tous les domaines »[19]. Les « Causes Célèbres » ont permis une mise en perspective des lois et des coutumes d’Europe, ont ainsi opéré une révolution sociologique et ouvert la brèche à l’anthropologie politique. Le dépaysement est central dans cette démarche et le Persan et ses avatars – l’espion chinois[20], juif ou turc[21] – peut apparaître comme un symbole de cet effort de tolérance[22].
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+ Les philosophes ne se contentent pas d’écrire. Ils se mettent aussi personnellement en cause, au risque d’être arrêtés, emprisonnés. Diderot et D'Alembert consacrent plus de vingt ans de leur vie à la publication de l’Encyclopédie, énorme dictionnaire de 28 volumes dont 11 volumes d’illustrations consacré à toutes les formes de la connaissance et des sciences. Tous les écrivains et les savants du siècle participent à la rédaction des articles de l’Encyclopédie, dont la publication s’étend de 1751 à 1772. Accusé de propager des idées dangereuses, Diderot est emprisonné pendant plusieurs mois. Cependant la vraie volonté de Diderot et de tous les écrivains de l'Encyclopédie était de se battre contre ce qu'ils appelaient l'Obscurantisme religieux. On oppose ainsi les Lumières à l'obscurantisme, ou le manque de culture, de savoir. La lumière permet de lutter contre l'obscurantisme c'est-à-dire la bêtise et l'ignorance qui rendent intolérants. C'est un âpre combat : Voltaire connaît l'exil et la prison. Montesquieu doit faire imprimer les lettres persanes en Hollande pour déjouer la censure. Ce combat est cependant jugé indispensable. Kant ordonne : « ose savoir ». On promeut l'idée selon laquelle seule la connaissance permet de juger d'une situation en adulte sans obéir aveuglément aux tutelles que sont le roi, la religion, ou l'armée. Les travaux du juriste Beccaria, lui-même influencé par Montesquieu, trouvent leur retentissement dans les affaires Calas et Sirven, où sont affirmées la nécessaire abolition de la question et les limites du pouvoir exécutif. Le procès du chevalier de la Barre inspire à nombre de penseurs une réflexion sur la liberté de conscience. Leur but est avant tout de « sortir les Hommes des ténèbres de leur temps » et « d’Éclairer toute chose à la lumière de la raison ».
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+ « Il est largement admis que la « science moderne » est née dans l'Europe du XVIIe siècle, introduisant une nouvelle compréhension du monde naturel. » Peter Barrett[23]. »
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+ La France possède de nombreux philosophes et écrivains des Lumières, notamment Montesquieu, Voltaire, Diderot, Beaumarchais, Rousseau et D'Alembert.
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+ L'époque des Lumières fut aussi celle de Bernoulli, Euler, Laplace, Lagrange, Monge, Condorcet, D'Alembert et Émilie du Châtelet en mathématiques, en physique générale et en astronomie. La compréhension du phénomène physique de l'électricité est amorcée en particulier par les travaux de Cavendish, Coulomb, Louis Sébastien Jacquet de Malzet et Volta.
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+ Lavoisier pose les fondements de la chimie moderne.
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+ Des savants naturalistes comme Linné, Réaumur, Buffon, Jussieu, Lamarck incarnent l'esprit des Lumières dans le domaine des sciences relevant de l'histoire naturelle dans toute son étendue.
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+ À la faveur de ces évolutions apparaissent des espaces nouveaux où se diffusent les Lumières[24], entretenues par relations privées et quelquefois par le mécénat d’État. L’Europe des Lumières a ainsi ses lieux privilégiés : cénacles des grandes villes thermales, cours des capitales européennes, chambres de lectures, théâtres, opéras, cabinets de curiosités, salons littéraires et salons artistiques, voire salons de physique à l’instar de celui animé par l’abbé Nollet, Académies, loges maçonniques, cafés mondains, clubs politiques à l’anglaise. Dans ces cadres nouveaux ou renouvelés, les gens de lettres prennent le pouvoir de la critique et font vivre débats esthétiques, querelles littéraires, réflexions politiques[25].
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+ Ces lieux où se croisent les anciennes et les nouvelles élites, les artistes sans fortune et leurs mécènes, les agents de l’État et les aventuriers, sont le creuset d’une communauté cosmopolite et hétérogène, faite d’entre soi et d’exclusion. Ils participent à l’affirmation d’une « sphère publique bourgeoise »[26], faite d’affrontements et de spectacles, où se déroulent, et plus particulièrement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les grandes affaires et les « causes célèbres » (Mémoire judiciaire) prérévolutionnaires. Dans ces nouveaux espaces de liberté se manifeste un véritable engouement pour les affaires européennes et se développe l’anglomanie.
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+ Dans le cadre français, les Lumières voient basculer dans les années 1750 leur centre de gravité de Versailles à Paris qui apparaît comme la nouvelle capitale intellectuelle et artistique, comme une capitale des Lumières. Ce brassage implique une redéfinition sociale de l’écrivain.
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+ Le phénomène se développe également en province, où magistrats et érudits locaux, gagnés par les Lumières, forment une classe sociale dirigeante aux nouvelles préoccupations[27].
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+ Le phénomène des salons commence à la fin du XVIIe siècle, dans un contexte prospère. On s'adonne �� l'art de la conversation, il s'agit là d'un phénomène parisien et plutôt français. Les salons sont tenus essentiellement par des femmes, souvent issues de la bourgeoisie et ayant des connaissances (Madame du Deffand, Madame Lambert, Claudine Guérin de Tencin, Marie-Thérèse Geoffrin, etc.). Pour que son salon connaisse le succès, la maîtresse du lieu doit s'attacher les services d'un philosophe qui lance les débats. Tenir un salon est l'une des activités les plus recherchées par les femmes, la qualité des invités témoigne de leur pouvoir d'attraction et la réputation du salon repose sur les invités.
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+ Les salons sont des lieux de diffusion de la culture. La liberté d'expression apparaît, ainsi que la notion d'égalité. Ils permettent aux encyclopédistes de faire passer leurs idées. Helvétius et Holbach exposent leurs idées matérialistes.
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+ C'est un lieu de culture qui demeure mondain, en effet, le divertissement en est le but premier. On y expose ses idées mais il n'y a pas de combat pour la vérité. Ce qui compte, c'est la bonne compagnie, les récits amusants, il ne faut pas que les débats soient trop sérieux, le risque serait de passer pour quelqu'un d'ennuyeux[28].
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+ Les vrais et grands philosophes se méfient de ces endroits de diffusion, mais pas de production d'idées. Jean-Jacques Rousseau dénonçait la futilité des discussions qui s’y tenaient et parlait de « Morale du bilboquet » pour toute personne qui s’en tenait à l’écart[29]. Les salons sont des lieux de regroupement pour les philosophes, les mathématiciens, etc.
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+ Quoique l’histoire des académies en France au siècle des Lumières remonte à la fondation à Caen de l’Académie de physique de Caen, en 1662, c’est l’Académie des sciences fondée en 1666, étroitement liée à l’État français et agissant comme l’extension d’un gouvernement en sérieux manque de scientifiques, qui a contribué à promouvoir et à organiser de nouvelles disciplines, en formant de nouveaux scientifiques et en contribuant à l’amélioration du statut des scientifiques sociaux qu’elle considérait comme « les plus utiles de tous les citoyens ». Les Académies démontrent à la fois l’intérêt croissant pour la science ainsi que sa laïcisation accrue, comme en témoigne le petit nombre d’ecclésiastiques qui y appartenaient (13 %)[30].
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+ En dépit de l’origine bourgeoise de la majorité des académiciens, cette institution était uniquement réservée aux élites scientifiques, qui se voyaient en « interprètes de la science pour le peuple ». C’est par exemple dans cet esprit que l'Académie entreprit de réfuter le magnétisme animal, pseudo-science qui inspire alors un enthousiasme populaire[31].
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+ L’argument le plus fort en faveur de l’appartenance des académies à la sphère publique vient des concours qu’elles ont parrainés dans toute la France. Comme l’a fait valoir Jeremy L. Caradonna dans un récent article paru dans les Annales, « Prendre part au siècle des Lumières : le concours académique et la culture intellectuelle au XVIIIe siècle », ces concours étaient peut-être la plus publique de toutes les institutions du siècle des Lumières. L’Académie française a remis au goût du jour une pratique médiévale en relançant les concours publics au milieu du XVIIe siècle. Vers 1725, le sujet des essais, de la poésie ou la peinture qui tournait jusque-là autour de la religion et/ou la monarchie, s’est radicalement élargi et diversifié pour inclure la propagande royale, les batailles philosophiques et les réflexions critiques sur les institutions sociales et politiques de l’Ancien Régime. Caradonna montre que les sujets controversés n’étaient pas toujours évités en citant les théories de Newton et de Descartes, la traite négrière, l’éducation des femmes, et de la justice en France comme exemples[32]. L’ouverture à tous des concours et l’anonymat obligatoire des soumissions garantissaient l’impartialité du jugement eu égard au sexe et au rang social des candidats. En dépit de l’appartenance de la « vaste majorité » des participants aux couches les plus riches de la société (« les arts libéraux, le clergé, la magistrature et la profession médicale »), il existe des cas de membres de la classe populaire à avoir soumis des essais et même à les avoir remportés[33].
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50
+ Un nombre important de femmes ont également participé – et remporté – des concours. Sur un total de 2 300 concours dotés de prix proposés en France, les femmes en ont remporté 49, la majorité à des concours de poésie. Ce chiffre est certes faible par rapport aux normes modernes, mais très important à une époque où la plupart des femmes ne recevaient pas de formation scolaire avancée sauf, justement, dans un genre comme la poésie[34].
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+ En Angleterre, la Royal Society de Londres a également joué un rôle important dans la sphère publique et la propagation des idées des Lumières en agissant comme centre d’échange pour la correspondance et les échanges intellectuels[35] et jouant, en particulier, un rôle important dans la propagation à travers l’Europe de la philosophie expérimentale de Robert Boyle qui, comme l’ont fait valoir Steven Shapin et Simon Schaffer, était « l’un des fondateurs du monde expérimental dans lequel vivent et fonctionnent aujourd’hui les scientifiques ». La méthode de Boyle basée sur la connaissance et sur l’expérimentation ayant besoin de témoins pour assurer sa légitimité empirique, la Royal Society a joué un rôle avec ses salles d’assemblée qui constituaient des endroits idéaux pour des manifestations relativement publiques nécessaire à cet « acte collectif » de témoignage[36]. Tous les témoins n’étaient pourtant pas jugés crédibles : « Les professeurs d’Oxford étaient considérés plus fiables que les paysans de l’Oxfordshire ». Deux facteurs étaient pris en compte : la connaissance d’un témoin dans la région et la « constitution morale » du témoin. En d’autres termes, seule la société civile était prise en considération pour le public de Boyle.
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+ La fondation officielle de la franc-maçonnerie remonte à 1717, lorsque Jean Théophile Désaguliers, James Anderson et quelques autres francs-maçons créèrent la Grande Loge de Londres. Désaguliers fut inspiré par son ami Isaac Newton qu'il avait rencontré à la Royal Society. On considère généralement que cet événement marque le début de la maçonnerie spéculative.
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+ La franc-maçonnerie arrive officiellement sur le continent européen en 1734, avec l’ouverture d’une loge à La Haye. La première loge pleinement fonctionnelle paraît cependant avoir existé depuis 1721 à Rotterdam. De même, des traces de la réunion d’une loge à Paris en 1725 ou 1726 ont été retrouvées[37]. Comme l’écrit Daniel Roche, en 1789, la franc-maçonnerie était particulièrement répandue en France qui ne comptait alors peut-être pas moins de 100 000 francs-maçons, ce qui en ferait la plus populaire de toutes les associations des Lumières[38]. La franc-maçonnerie ne semble cependant pas avoir été confinée à l’Europe occidentale ; Margaret Jacob a retrouvé l’existence de loges en Saxe en 1729 et en Russie en 1731[39].
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+ En dépit de ces preuves d’existence, la contribution ou même le rôle de la franc-maçonnerie comme facteur principal dans les Lumières a néanmoins fait récemment l’objet de débats parmi les historiens. Certes des figures majeures des Lumières, comme Montesquieu, Voltaire, Pope, Horace et Robert Walpole, Mozart, Goethe, Frédéric le Grand, Benjamin Franklin et George Washington étaient francs-maçons[40], mais des historiens comme Robert Palmer Roswell ont conclu que même en France, les francs-maçons, qui n’ont pas agi en groupe, étaient politiquement « inoffensifs voire ridicules »[41]. les historiens américains ont effectivement noté que Franklin et Washington étaient bien actifs dans la franc-maçonnerie, mais ils ont minimisé l’importance, à l’époque de la Révolution américaine, de ce mouvement apolitique qui comprenait aussi bien des Patriots que des Loyalistes[42].
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+ En ce qui concerne l’influence de la franc-maçonnerie sur le continent européen, l’historien allemand Reinhart Koselleck a affirmé que « Sur le continent, il y avait deux structures sociales qui ont laissé une empreinte décisive sur les Lumières : la République des Lettres et les loges maçonniques »[43], tandis que Thomas Munck, professeur à l’université de Glasgow, a fait valoir que « bien que les francs-maçons aient favorisé les contacts internationaux et intersociaux essentiellement non-religieux et ce, largement en accord avec les valeurs des Lumières, on ne peut guère les décrire comme un important réseau radical ou réformiste en propre »[44].
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+ Les loges maçonniques anglaises et écossaises originaires des guildes de compagnons du XVIIe siècle[45], se sont élargies à divers degrés, au XVIIIe siècle, dans un vaste ensemble d’associations interconnectées d’hommes, et parfois de femmes. Margaret Jacob affirme que celles-ci disposaient de leur propre mythologie et de codes de conduite spéciaux comprenant une même compréhension des notions de liberté et d’égalité héritées de la sociabilité des guildes : « liberté, fraternité et égalité »[46] La remarquable similitude de ces valeurs, généralement communes à la Grande-Bretagne et au continent, avec le slogan de la Révolution française de « Liberté, égalité, fraternité » a donné naissance à de nombreuses théories du complot. L’abbé Barruel a notamment fait remonter les origines des Jacobins et, partant, de la Révolution, aux francs-maçons français dans son Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme (Londres, Ph. le Boussonnier ; Hambourg, P. Fauche 1797-98).
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+ Il est probable que les loges maçonniques ont eu un effet, hormis les théories du complot, sur la société dans son ensemble. Giuseppe Giarrizzo a souligné le rapport étroit entre francs-maçons et Lumières[47]. Jacob fait valoir que les loges maçonniques ont « reconstitué la vie politique et instauré une forme constitutionnelle d’autonomie gouvernementale, avec ses constitutions, ses lois, ses élections et ses représentants ». En d’autres termes, les micro-sociétés mises en place dans les loges ont constitué un modèle normatif pour la société dans son ensemble. Ceci était particulièrement vrai sur le continent : lorsque les premières loges ont commencé à apparaître dans les années 1730, leur incarnation des valeurs britanniques a souvent été perçue comme une menace par les autorités gouvernementales locales. Par exemple, la loge parisienne qui s’est réunie au milieu des années 1720 se composait d’exilés jacobites anglais[48]. Les francs-maçons de toute l’Europe du XVIIIe siècle faisaient, en outre, référence aux Lumières en général. Le rite d’initiation des loges françaises citait ainsi explicitement les Lumières. Les loges britanniques se fixaient comme objectif d’« initier ceux qui ne sont pas éclairés », ce qui ne représente pas nécessairement un lien entre les loges et l’irréligion, mais ne les excluent pas non plus à l’occasion de l’hérésie. Beaucoup de loges rendaient en fait hommage au « Grand Architecte », le terme de la phraséologie maçonnique pour désigner le créateur divin d’un univers scientifiquement ordonné[49]. Daniel Roche conteste néanmoins les revendications égalitaristes de la franc-maçonnerie : « l’égalité réelle des loges était élitiste », n’attirant que les personnes de milieux sociaux similaires[50]. Cette absence de véritable égalité a été rendue explicite par la constitution de la loge de Lausanne en Suisse (1741) :
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+ « L’ordre des francs-maçons est une société de confraternité et d’égalité représentée, à cette fin, sous l’emblème d’un niveau … un frère rend à un autre frère l’honneur et la déférence qui lui sont dus à juste titre à mesure de son rang dans la société civile[51]. »
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+ L’élitisme a profité à certains membres de la société. La présence, par exemple, de femmes nobles dans les « loges d’adoption » françaises qui se sont formées dans les années 1780 est due en grande partie aux liens étroits entre ces loges et la société aristocratique[52],[53].
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+ Les Lumières se sont pensées comme un mouvement européen[54], international et si le français qui a détrôné le latin comme langue « universelle »[55] semble s’imposer comme le langage par excellence de la nouvelle « République des Lettres », l’homme des Lumières est avant tout un « cosmopolite », un « citoyen du monde »[56] quand il n’est pas un apatride.
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+
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+ Dans Was ist Aufklärung? (Qu'est-ce que les Lumières ?) en 1784, le philosophe Emmanuel Kant dit que le progrès des Lumières consiste à limiter toujours davantage le despotisme du gouvernement. Frédéric II, roi de Prusse, pourtant despote lui-même, sut garantir dans son royaume la liberté de conscience et utilisa malicieusement les Lumières de Kant comme instrument de propagande et comme moyen de gouvernement en s'assurant l'alliance des meilleurs esprits de toute l'Europe en leur donnant la liberté de publier et de leur dire « Raisonnez tant que vous voudrez, mais obéissez ! », pendant qu'ailleurs ils devaient tout autant obéir, mais sans pouvoir raisonner[57].
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+
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+ Les philosophes de Lumières sont ouverts au monde et sont pour toute forme de liberté.
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+ Tous les philosophes des Lumières cherchent à libérer les hommes de toutes croyances et superstitions. Mais leurs idées ont touché peu de monde car peu de personnes savaient lire à l'époque. Ils ont tout de même réussi à modifier les idées reçues.
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+
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+ Politiques, autant d'adversaires directs ou indirects des Ferveurs nouvelles. À leur influence s'ajoute, pour empêcher le progrès de la dévotion en France, la mode, cette mode qui, jusqu'au règne de Louis XIV, sert à l'impiété de recommandation parmi les gens du monde.
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+ Les principales figures des Lumières:
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+ Portrait de Emmanuel Kant, Auteur inconnu
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+ Portrait de David Hume (1711-1776), par Allan Ramsay en 1766.
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+ Portrait de Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1753)
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91
+ Portrait de Suzanne Curchod (1739-1794)
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+ Jean-Jacques Rousseau par Maurice Quentin de la Tour, au XVIIIe siècle, musée Antoine Lecuyer
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+
95
+ Portrait de Denis Diderot (1713-1784)
96
+
97
+ Portrait de Madame du Deffand, par Eugène Asse (XVIIIe siècle)
98
+
99
+ Portrait de Marie Olympe de Gouges par Alexander Kucharsky.
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+
101
+ Portrait de Alessandro Volta (1745-1827)
102
+
103
+ Portrait de Émilie du Châtelet (1706-1749).
104
+
105
+ Portrait de Montesquieu (1689-1755)
106
+
107
+ Portrait de Thomas Jefferson (1743-1826)
108
+
109
+ Portrait de Jean le Rond D'Alembert (1717-1783)
110
+
111
+ Portrait de Adam Smith
112
+
113
+ Portrait de Mario Pagano (1748-1799)
114
+
115
+ Portrait de Voltaire (1694-1778)
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117
+ L'écume des lettres , Hachette édition
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+
119
+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Le siècle des Lumières est un mouvement philosophique, littéraire et culturel que connaît l'Europe du XVIIIe siècle (de 1715 à 1789) et qui se propose de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encouragent la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Le terme de « Lumières » a été consacré par l'usage pour rassembler la diversité des manifestations de cet ensemble d’objets, de courants, de pensées ou de sensibilités et d’acteurs historiques.
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+ La glorieuse Révolution de 1688 peut en constituer le premier jalon[1], mais pour l’historiographie française, la période charnière qui correspond à la fin du règne de Louis XIV (1643-1715) est comme sa gestation[2] et le siècle des Lumières commence conventionnellement, en 1715, à la mort de ce roi[3],[4],[5],[6],[7],[8]. La Révolution française en marque le déclin, la période 1789-1815 étant, suivant les auteurs, la conclusion ou la suite de cette période. Certains historiens, en fonction de leur objet d'étude, privilégient une chronologie plus ou moins large (1670-1820)[9].
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+ Pour les arts plastiques, il couvre la transition entre les périodes classique, rococo et néoclassique, et pour la musique, celle de la musique baroque à la musique de la période classique. L’expression provient d’emblée de son utilisation massive par les contemporains. Puis, le développement et l’affirmation de l’histoire culturelle et sociale depuis les années 1970, ont favorisé l’usage d’une notion féconde qui permet de mener des recherches de façon transversale et internationale tout en multipliant les objets d'étude et en dépassant les cadres nationaux[10].
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+ « Siècle des Lumières »[11] ? Le siècle se veut éclairé par la lumière métaphorique des connaissances — et non pas l’illumination divine, « émanation de l’absolu »[12], utilisé exclusivement au singulier — acquises par l’expérience et l’enseignement du passé. Elle suggère aussi une vision manichéenne du monde, où l’« homme éclairé » s’oppose à la masse de ceux restés dans les ténèbres. La formule a donc une dimension tant sociale que spatiale. Sous la plume des philosophes, les « Lumières » désignent par métonymie les élites européennes ouvertes aux nouveautés, une « République des Lettres éclairées ».
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+ On trouve dès les années 1670, la mention de « siècle éclairé » dans certains écrits historiques ou philosophiques relatant les expériences et les progrès scientifiques du temps[13]. L’inflexion anticléricale et combative que prend la philosophie des Lumières dans les années 1750 devait marquer l’expression[14]. Dans la France prérévolutionnaire, la formule est consacrée par les représentants des Lumières puis par les révolutionnaires eux-mêmes[15]. L’historiographie française a retenu l’expression : « Le siècle des Lumières : siècle un, profondément, mais combien divers. La raison éclaire tous les hommes, elle est la lumière, ou plus précisément, ne s’agissant pas d’un rayon, mais d’un faisceau, les Lumières »[16]. L'image de la lumière renvoie à une coutume consistant à placer une bougie allumée à sa fenêtre pour annoncer un événement. Le voisin « illuminait » à son tour. De fenêtres en fenêtres les lumières éclairaient la nuit. Les philosophes séduits par cette pratique faisant de la transmission de l'information, de la connaissance, une chaîne de lumière et s'emparent de l'idée : ils transformeront la nuit de l'ignorance en clarté, guidés par la lumière de leur raison. Diderot écrit dans Addition aux pensées : « Si je renonce à ma raison, je n'ai plus de guide [...]. Égaré dans une forêt immense pendant la nuit, je n'ai qu'une petite lumière pour me conduire. »
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+ Le siècle des Lumières est marqué par une vision renouvelée et élargie du monde, héritée de questionnements, parfois angoissés, du dernier quart du XVIIe siècle. Six traits marquants d’une pensée moderne s’y affirment et peuvent être retenus[17] :
12
+
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+ Ces champs de réflexion précurseurs, qui allaient former le socle de la Philosophie des Lumières, traversent le siècle et influencent de nombreux domaines, à l’instar de l’économie politique[18]. L’idée de progrès vient couronner tous ses traits dominants et les synthétiser dans les ouvrages de Nicolas de Condorcet – Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain – ou de Louis-Sébastien Mercier – L'An 2440, rêve s'il en fut jamais.
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+
15
+ Les partisans des Lumières sont les acteurs de nombreux combats nés de « l’usage public de sa raison dans tous les domaines »[19]. Les « Causes Célèbres » ont permis une mise en perspective des lois et des coutumes d’Europe, ont ainsi opéré une révolution sociologique et ouvert la brèche à l’anthropologie politique. Le dépaysement est central dans cette démarche et le Persan et ses avatars – l’espion chinois[20], juif ou turc[21] – peut apparaître comme un symbole de cet effort de tolérance[22].
16
+
17
+ Les philosophes ne se contentent pas d’écrire. Ils se mettent aussi personnellement en cause, au risque d’être arrêtés, emprisonnés. Diderot et D'Alembert consacrent plus de vingt ans de leur vie à la publication de l’Encyclopédie, énorme dictionnaire de 28 volumes dont 11 volumes d’illustrations consacré à toutes les formes de la connaissance et des sciences. Tous les écrivains et les savants du siècle participent à la rédaction des articles de l’Encyclopédie, dont la publication s’étend de 1751 à 1772. Accusé de propager des idées dangereuses, Diderot est emprisonné pendant plusieurs mois. Cependant la vraie volonté de Diderot et de tous les écrivains de l'Encyclopédie était de se battre contre ce qu'ils appelaient l'Obscurantisme religieux. On oppose ainsi les Lumières à l'obscurantisme, ou le manque de culture, de savoir. La lumière permet de lutter contre l'obscurantisme c'est-à-dire la bêtise et l'ignorance qui rendent intolérants. C'est un âpre combat : Voltaire connaît l'exil et la prison. Montesquieu doit faire imprimer les lettres persanes en Hollande pour déjouer la censure. Ce combat est cependant jugé indispensable. Kant ordonne : « ose savoir ». On promeut l'idée selon laquelle seule la connaissance permet de juger d'une situation en adulte sans obéir aveuglément aux tutelles que sont le roi, la religion, ou l'armée. Les travaux du juriste Beccaria, lui-même influencé par Montesquieu, trouvent leur retentissement dans les affaires Calas et Sirven, où sont affirmées la nécessaire abolition de la question et les limites du pouvoir exécutif. Le procès du chevalier de la Barre inspire à nombre de penseurs une réflexion sur la liberté de conscience. Leur but est avant tout de « sortir les Hommes des ténèbres de leur temps » et « d’Éclairer toute chose à la lumière de la raison ».
18
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+ « Il est largement admis que la « science moderne » est née dans l'Europe du XVIIe siècle, introduisant une nouvelle compréhension du monde naturel. » Peter Barrett[23]. »
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+ La France possède de nombreux philosophes et écrivains des Lumières, notamment Montesquieu, Voltaire, Diderot, Beaumarchais, Rousseau et D'Alembert.
22
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+ L'époque des Lumières fut aussi celle de Bernoulli, Euler, Laplace, Lagrange, Monge, Condorcet, D'Alembert et Émilie du Châtelet en mathématiques, en physique générale et en astronomie. La compréhension du phénomène physique de l'électricité est amorcée en particulier par les travaux de Cavendish, Coulomb, Louis Sébastien Jacquet de Malzet et Volta.
24
+ Lavoisier pose les fondements de la chimie moderne.
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+ Des savants naturalistes comme Linné, Réaumur, Buffon, Jussieu, Lamarck incarnent l'esprit des Lumières dans le domaine des sciences relevant de l'histoire naturelle dans toute son étendue.
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+ À la faveur de ces évolutions apparaissent des espaces nouveaux où se diffusent les Lumières[24], entretenues par relations privées et quelquefois par le mécénat d’État. L’Europe des Lumières a ainsi ses lieux privilégiés : cénacles des grandes villes thermales, cours des capitales européennes, chambres de lectures, théâtres, opéras, cabinets de curiosités, salons littéraires et salons artistiques, voire salons de physique à l’instar de celui animé par l’abbé Nollet, Académies, loges maçonniques, cafés mondains, clubs politiques à l’anglaise. Dans ces cadres nouveaux ou renouvelés, les gens de lettres prennent le pouvoir de la critique et font vivre débats esthétiques, querelles littéraires, réflexions politiques[25].
29
+
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+ Ces lieux où se croisent les anciennes et les nouvelles élites, les artistes sans fortune et leurs mécènes, les agents de l’État et les aventuriers, sont le creuset d’une communauté cosmopolite et hétérogène, faite d’entre soi et d’exclusion. Ils participent à l’affirmation d’une « sphère publique bourgeoise »[26], faite d’affrontements et de spectacles, où se déroulent, et plus particulièrement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les grandes affaires et les « causes célèbres » (Mémoire judiciaire) prérévolutionnaires. Dans ces nouveaux espaces de liberté se manifeste un véritable engouement pour les affaires européennes et se développe l’anglomanie.
31
+
32
+ Dans le cadre français, les Lumières voient basculer dans les années 1750 leur centre de gravité de Versailles à Paris qui apparaît comme la nouvelle capitale intellectuelle et artistique, comme une capitale des Lumières. Ce brassage implique une redéfinition sociale de l’écrivain.
33
+
34
+ Le phénomène se développe également en province, où magistrats et érudits locaux, gagnés par les Lumières, forment une classe sociale dirigeante aux nouvelles préoccupations[27].
35
+
36
+ Le phénomène des salons commence à la fin du XVIIe siècle, dans un contexte prospère. On s'adonne �� l'art de la conversation, il s'agit là d'un phénomène parisien et plutôt français. Les salons sont tenus essentiellement par des femmes, souvent issues de la bourgeoisie et ayant des connaissances (Madame du Deffand, Madame Lambert, Claudine Guérin de Tencin, Marie-Thérèse Geoffrin, etc.). Pour que son salon connaisse le succès, la maîtresse du lieu doit s'attacher les services d'un philosophe qui lance les débats. Tenir un salon est l'une des activités les plus recherchées par les femmes, la qualité des invités témoigne de leur pouvoir d'attraction et la réputation du salon repose sur les invités.
37
+
38
+ Les salons sont des lieux de diffusion de la culture. La liberté d'expression apparaît, ainsi que la notion d'égalité. Ils permettent aux encyclopédistes de faire passer leurs idées. Helvétius et Holbach exposent leurs idées matérialistes.
39
+
40
+ C'est un lieu de culture qui demeure mondain, en effet, le divertissement en est le but premier. On y expose ses idées mais il n'y a pas de combat pour la vérité. Ce qui compte, c'est la bonne compagnie, les récits amusants, il ne faut pas que les débats soient trop sérieux, le risque serait de passer pour quelqu'un d'ennuyeux[28].
41
+
42
+ Les vrais et grands philosophes se méfient de ces endroits de diffusion, mais pas de production d'idées. Jean-Jacques Rousseau dénonçait la futilité des discussions qui s’y tenaient et parlait de « Morale du bilboquet » pour toute personne qui s’en tenait à l’écart[29]. Les salons sont des lieux de regroupement pour les philosophes, les mathématiciens, etc.
43
+
44
+ Quoique l’histoire des académies en France au siècle des Lumières remonte à la fondation à Caen de l’Académie de physique de Caen, en 1662, c’est l’Académie des sciences fondée en 1666, étroitement liée à l’État français et agissant comme l’extension d’un gouvernement en sérieux manque de scientifiques, qui a contribué à promouvoir et à organiser de nouvelles disciplines, en formant de nouveaux scientifiques et en contribuant à l’amélioration du statut des scientifiques sociaux qu’elle considérait comme « les plus utiles de tous les citoyens ». Les Académies démontrent à la fois l’intérêt croissant pour la science ainsi que sa laïcisation accrue, comme en témoigne le petit nombre d’ecclésiastiques qui y appartenaient (13 %)[30].
45
+
46
+ En dépit de l’origine bourgeoise de la majorité des académiciens, cette institution était uniquement réservée aux élites scientifiques, qui se voyaient en « interprètes de la science pour le peuple ». C’est par exemple dans cet esprit que l'Académie entreprit de réfuter le magnétisme animal, pseudo-science qui inspire alors un enthousiasme populaire[31].
47
+
48
+ L’argument le plus fort en faveur de l’appartenance des académies à la sphère publique vient des concours qu’elles ont parrainés dans toute la France. Comme l’a fait valoir Jeremy L. Caradonna dans un récent article paru dans les Annales, « Prendre part au siècle des Lumières : le concours académique et la culture intellectuelle au XVIIIe siècle », ces concours étaient peut-être la plus publique de toutes les institutions du siècle des Lumières. L’Académie française a remis au goût du jour une pratique médiévale en relançant les concours publics au milieu du XVIIe siècle. Vers 1725, le sujet des essais, de la poésie ou la peinture qui tournait jusque-là autour de la religion et/ou la monarchie, s’est radicalement élargi et diversifié pour inclure la propagande royale, les batailles philosophiques et les réflexions critiques sur les institutions sociales et politiques de l’Ancien Régime. Caradonna montre que les sujets controversés n’étaient pas toujours évités en citant les théories de Newton et de Descartes, la traite négrière, l’éducation des femmes, et de la justice en France comme exemples[32]. L’ouverture à tous des concours et l’anonymat obligatoire des soumissions garantissaient l’impartialité du jugement eu égard au sexe et au rang social des candidats. En dépit de l’appartenance de la « vaste majorité » des participants aux couches les plus riches de la société (« les arts libéraux, le clergé, la magistrature et la profession médicale »), il existe des cas de membres de la classe populaire à avoir soumis des essais et même à les avoir remportés[33].
49
+
50
+ Un nombre important de femmes ont également participé – et remporté – des concours. Sur un total de 2 300 concours dotés de prix proposés en France, les femmes en ont remporté 49, la majorité à des concours de poésie. Ce chiffre est certes faible par rapport aux normes modernes, mais très important à une époque où la plupart des femmes ne recevaient pas de formation scolaire avancée sauf, justement, dans un genre comme la poésie[34].
51
+
52
+ En Angleterre, la Royal Society de Londres a également joué un rôle important dans la sphère publique et la propagation des idées des Lumières en agissant comme centre d’échange pour la correspondance et les échanges intellectuels[35] et jouant, en particulier, un rôle important dans la propagation à travers l’Europe de la philosophie expérimentale de Robert Boyle qui, comme l’ont fait valoir Steven Shapin et Simon Schaffer, était « l’un des fondateurs du monde expérimental dans lequel vivent et fonctionnent aujourd’hui les scientifiques ». La méthode de Boyle basée sur la connaissance et sur l’expérimentation ayant besoin de témoins pour assurer sa légitimité empirique, la Royal Society a joué un rôle avec ses salles d’assemblée qui constituaient des endroits idéaux pour des manifestations relativement publiques nécessaire à cet « acte collectif » de témoignage[36]. Tous les témoins n’étaient pourtant pas jugés crédibles : « Les professeurs d’Oxford étaient considérés plus fiables que les paysans de l’Oxfordshire ». Deux facteurs étaient pris en compte : la connaissance d’un témoin dans la région et la « constitution morale » du témoin. En d’autres termes, seule la société civile était prise en considération pour le public de Boyle.
53
+
54
+ La fondation officielle de la franc-maçonnerie remonte à 1717, lorsque Jean Théophile Désaguliers, James Anderson et quelques autres francs-maçons créèrent la Grande Loge de Londres. Désaguliers fut inspiré par son ami Isaac Newton qu'il avait rencontré à la Royal Society. On considère généralement que cet événement marque le début de la maçonnerie spéculative.
55
+
56
+ La franc-maçonnerie arrive officiellement sur le continent européen en 1734, avec l’ouverture d’une loge à La Haye. La première loge pleinement fonctionnelle paraît cependant avoir existé depuis 1721 à Rotterdam. De même, des traces de la réunion d’une loge à Paris en 1725 ou 1726 ont été retrouvées[37]. Comme l’écrit Daniel Roche, en 1789, la franc-maçonnerie était particulièrement répandue en France qui ne comptait alors peut-être pas moins de 100 000 francs-maçons, ce qui en ferait la plus populaire de toutes les associations des Lumières[38]. La franc-maçonnerie ne semble cependant pas avoir été confinée à l’Europe occidentale ; Margaret Jacob a retrouvé l’existence de loges en Saxe en 1729 et en Russie en 1731[39].
57
+
58
+ En dépit de ces preuves d’existence, la contribution ou même le rôle de la franc-maçonnerie comme facteur principal dans les Lumières a néanmoins fait récemment l’objet de débats parmi les historiens. Certes des figures majeures des Lumières, comme Montesquieu, Voltaire, Pope, Horace et Robert Walpole, Mozart, Goethe, Frédéric le Grand, Benjamin Franklin et George Washington étaient francs-maçons[40], mais des historiens comme Robert Palmer Roswell ont conclu que même en France, les francs-maçons, qui n’ont pas agi en groupe, étaient politiquement « inoffensifs voire ridicules »[41]. les historiens américains ont effectivement noté que Franklin et Washington étaient bien actifs dans la franc-maçonnerie, mais ils ont minimisé l’importance, à l’époque de la Révolution américaine, de ce mouvement apolitique qui comprenait aussi bien des Patriots que des Loyalistes[42].
59
+
60
+ En ce qui concerne l’influence de la franc-maçonnerie sur le continent européen, l’historien allemand Reinhart Koselleck a affirmé que « Sur le continent, il y avait deux structures sociales qui ont laissé une empreinte décisive sur les Lumières : la République des Lettres et les loges maçonniques »[43], tandis que Thomas Munck, professeur à l’université de Glasgow, a fait valoir que « bien que les francs-maçons aient favorisé les contacts internationaux et intersociaux essentiellement non-religieux et ce, largement en accord avec les valeurs des Lumières, on ne peut guère les décrire comme un important réseau radical ou réformiste en propre »[44].
61
+
62
+ Les loges maçonniques anglaises et écossaises originaires des guildes de compagnons du XVIIe siècle[45], se sont élargies à divers degrés, au XVIIIe siècle, dans un vaste ensemble d’associations interconnectées d’hommes, et parfois de femmes. Margaret Jacob affirme que celles-ci disposaient de leur propre mythologie et de codes de conduite spéciaux comprenant une même compréhension des notions de liberté et d’égalité héritées de la sociabilité des guildes : « liberté, fraternité et égalité »[46] La remarquable similitude de ces valeurs, généralement communes à la Grande-Bretagne et au continent, avec le slogan de la Révolution française de « Liberté, égalité, fraternité » a donné naissance à de nombreuses théories du complot. L’abbé Barruel a notamment fait remonter les origines des Jacobins et, partant, de la Révolution, aux francs-maçons français dans son Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme (Londres, Ph. le Boussonnier ; Hambourg, P. Fauche 1797-98).
63
+
64
+ Il est probable que les loges maçonniques ont eu un effet, hormis les théories du complot, sur la société dans son ensemble. Giuseppe Giarrizzo a souligné le rapport étroit entre francs-maçons et Lumières[47]. Jacob fait valoir que les loges maçonniques ont « reconstitué la vie politique et instauré une forme constitutionnelle d’autonomie gouvernementale, avec ses constitutions, ses lois, ses élections et ses représentants ». En d’autres termes, les micro-sociétés mises en place dans les loges ont constitué un modèle normatif pour la société dans son ensemble. Ceci était particulièrement vrai sur le continent : lorsque les premières loges ont commencé à apparaître dans les années 1730, leur incarnation des valeurs britanniques a souvent été perçue comme une menace par les autorités gouvernementales locales. Par exemple, la loge parisienne qui s’est réunie au milieu des années 1720 se composait d’exilés jacobites anglais[48]. Les francs-maçons de toute l’Europe du XVIIIe siècle faisaient, en outre, référence aux Lumières en général. Le rite d’initiation des loges françaises citait ainsi explicitement les Lumières. Les loges britanniques se fixaient comme objectif d’« initier ceux qui ne sont pas éclairés », ce qui ne représente pas nécessairement un lien entre les loges et l’irréligion, mais ne les excluent pas non plus à l’occasion de l’hérésie. Beaucoup de loges rendaient en fait hommage au « Grand Architecte », le terme de la phraséologie maçonnique pour désigner le créateur divin d’un univers scientifiquement ordonné[49]. Daniel Roche conteste néanmoins les revendications égalitaristes de la franc-maçonnerie : « l’égalité réelle des loges était élitiste », n’attirant que les personnes de milieux sociaux similaires[50]. Cette absence de véritable égalité a été rendue explicite par la constitution de la loge de Lausanne en Suisse (1741) :
65
+
66
+ « L’ordre des francs-maçons est une société de confraternité et d’égalité représentée, à cette fin, sous l’emblème d’un niveau … un frère rend à un autre frère l’honneur et la déférence qui lui sont dus à juste titre à mesure de son rang dans la société civile[51]. »
67
+
68
+ L’élitisme a profité à certains membres de la société. La présence, par exemple, de femmes nobles dans les « loges d’adoption » françaises qui se sont formées dans les années 1780 est due en grande partie aux liens étroits entre ces loges et la société aristocratique[52],[53].
69
+
70
+ Les Lumières se sont pensées comme un mouvement européen[54], international et si le français qui a détrôné le latin comme langue « universelle »[55] semble s’imposer comme le langage par excellence de la nouvelle « République des Lettres », l’homme des Lumières est avant tout un « cosmopolite », un « citoyen du monde »[56] quand il n’est pas un apatride.
71
+
72
+ Dans Was ist Aufklärung? (Qu'est-ce que les Lumières ?) en 1784, le philosophe Emmanuel Kant dit que le progrès des Lumières consiste à limiter toujours davantage le despotisme du gouvernement. Frédéric II, roi de Prusse, pourtant despote lui-même, sut garantir dans son royaume la liberté de conscience et utilisa malicieusement les Lumières de Kant comme instrument de propagande et comme moyen de gouvernement en s'assurant l'alliance des meilleurs esprits de toute l'Europe en leur donnant la liberté de publier et de leur dire « Raisonnez tant que vous voudrez, mais obéissez ! », pendant qu'ailleurs ils devaient tout autant obéir, mais sans pouvoir raisonner[57].
73
+
74
+ Les philosophes de Lumières sont ouverts au monde et sont pour toute forme de liberté.
75
+ Tous les philosophes des Lumières cherchent à libérer les hommes de toutes croyances et superstitions. Mais leurs idées ont touché peu de monde car peu de personnes savaient lire à l'époque. Ils ont tout de même réussi à modifier les idées reçues.
76
+
77
+ Politiques, autant d'adversaires directs ou indirects des Ferveurs nouvelles. À leur influence s'ajoute, pour empêcher le progrès de la dévotion en France, la mode, cette mode qui, jusqu'au règne de Louis XIV, sert à l'impiété de recommandation parmi les gens du monde.
78
+
79
+
80
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81
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82
+
83
+ Les principales figures des Lumières:
84
+
85
+ Portrait de Emmanuel Kant, Auteur inconnu
86
+
87
+ Portrait de David Hume (1711-1776), par Allan Ramsay en 1766.
88
+
89
+ Portrait de Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1753)
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+
91
+ Portrait de Suzanne Curchod (1739-1794)
92
+
93
+ Jean-Jacques Rousseau par Maurice Quentin de la Tour, au XVIIIe siècle, musée Antoine Lecuyer
94
+
95
+ Portrait de Denis Diderot (1713-1784)
96
+
97
+ Portrait de Madame du Deffand, par Eugène Asse (XVIIIe siècle)
98
+
99
+ Portrait de Marie Olympe de Gouges par Alexander Kucharsky.
100
+
101
+ Portrait de Alessandro Volta (1745-1827)
102
+
103
+ Portrait de Émilie du Châtelet (1706-1749).
104
+
105
+ Portrait de Montesquieu (1689-1755)
106
+
107
+ Portrait de Thomas Jefferson (1743-1826)
108
+
109
+ Portrait de Jean le Rond D'Alembert (1717-1783)
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+
111
+ Portrait de Adam Smith
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+
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+ Portrait de Mario Pagano (1748-1799)
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+
115
+ Portrait de Voltaire (1694-1778)
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+ L'écume des lettres , Hachette édition
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+ Un anniversaire est la date dans l'année à laquelle un événement est survenu, habituellement une naissance.
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+ Il est fréquent, dans de nombreuses cultures, de célébrer l'anniversaire de la naissance de ses proches (parents, amis) en organisant une fête et en offrant des cadeaux à la personne concernée. C'est également l'occasion, ce jour-là, de les choyer plus que d'accoutumée, comme de réaliser certains de leurs souhaits.
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+ De nombreux systèmes astrologiques existent dans le monde, qui déterminent le signe astrologique d'une personne d'après sa date d'anniversaire et éventuellement l'heure et le lieu de naissance. Ils tentent d'en déduire son caractère, ses affinités, voire de prédire son destin.
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+ Les occasions de célébrer un anniversaire important sont diverses :
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+ Les dates d'anniversaire de personnages emblématiques comme Jésus, Mahomet ou Martin Luther King sont souvent l'occasion de périodes de festivité, parfois de vacances.
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+ Si l'anniversaire concerne un événement ou une personne de notoriété, l'anniversaire pourra être assorti d'une cérémonie particulière, la commémoration, et des actions ou objets de mémoire produits à cette occasion : monument artistique, plantation d'arbre, médaille seront dits commémoratifs.
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+ L'anniversaire peut ne pas seulement concerner la naissance mais aussi différents événements notables selon les cultures : un mariage, la nomination à une fonction, le décès d'une personne, la signature d'un contrat, la survenance d'une bataille, un armistice, une catastrophe, une déclaration.
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+ Certaines personnalités, en particulier les monarques tels que la reine Élisabeth II ont des « anniversaires officiels » qui ne correspondent pas à leur date d'anniversaire réel, mais au cours desquels les célébrations ont lieu.[réf. souhaitée] Dans les cas particuliers, où la date d'anniversaire réelle d'un personnage historique n'est pas connue, par exemple celle de Jésus, il est commun qu'une date particulière lui soit attribuée.
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+ Les enfants qui sont nés le 29 février, ce qui se produit seulement pendant les années bissextiles, célèbrent souvent leur anniversaire une fois par an, le 28 février ou le 1er mars.
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+ Dans l'Antiquité, le jour de naissance fait l’objet d'une célébration régulière, la natalice (du latin natalicia, repas anniversaire de naissance) sous la forme d’un « rite religieux privé et public ». Il est notamment réservé aux empereurs dont l'anniversaire donne lieu à des sacrifices[3].
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+ Au début du XIIIe siècle, Marco Polo, dans le Devisement du Monde, décrit notamment les festivités lors de l'anniversaire de l'empereur de Chine Kubilai Khan[4].
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+ La célébration des anniversaires devient plus rare durant le Moyen Âge (la date de naissance est d'ailleurs rarement connue), l'Église catholique romaine lui étant hostile du fait de ses origines païennes et que la naissance rappelle le péché originel, préférant promouvoir la fête du « saint patron » correspondant à son prénom de baptême ou à la mort (natalice ou anniversarium funéraire) considérée comme la dies natalis, « jour de naissance » (à la résurrection). Seules exceptions : la « Nativité de Jésus-Christ », la « Nativité de saint Jean-Baptiste » et la « Nativité de la Vierge Marie » (fête chrétiennes qui récupèrent les cultes liés aux solstices mais qui ne sont pas des dates d'anniversaire au sens strict) [5]. Cependant, elle réapparaît épisodiquement à partir du XIIIe siècle (premières autobiographies astrologiques dans des traités dus à Richard de Fournival, Henri Bate de Malines, « révolution de la nativité » dans des horoscopes individuels au XIVe siècle[6]) et connaît une résurgence à l'époque de la Réforme : ils sont alors considérés comme une bonne manière de transférer l'attention vers une autre date que le jour de la fête du saint, dans la lignée du rejet du culte des saints et correspondent au renouveau des horoscopes ou parfois à l'espièglerie d'enfants des cours princières qui désirent célébrer ce jour. Néanmoins au XIXe siècle, beaucoup de codes de savoir-vivre d'orientation catholique privilégient encore la fête du « saint patron », la célébration de l'anniversaire se diffusant progressivement dans la bourgeoisie puis dans le monde ouvrier au XXe siècle[7].
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+ Famille
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+ Synonymes
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+ Les Iguanidae forment une famille de sauriens. Elle a été créée par Nicolaus Michael Oppel en 1811. Les espèces de cette famille sont appelées Iguanes.
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+
7
+ Les espèces de cette famille se rencontrent en Amérique et en Océanie
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+
9
+ Ce sont des reptiles semi-arboricoles, terrestres ou marins, végétariens[1] bien qu'ils mangent parfois des mouches et des insectes volants.
10
+ Principalement diurnes, les iguanes terrestres peuvent rester jusqu'à plusieurs heures sans bouger, et se tiennent seuls ou à plusieurs.
11
+ La couleur de leur peau écailleuse leur permet de se fondre plus ou moins dans leur environnement et ainsi d'échapper à leurs prédateurs.
12
+
13
+ Selon Reptarium Reptile Database (29 novembre 2012)[2] :
14
+
15
+ et les genres fossiles
16
+
17
+ Cette famille comprend à l'origine de très nombreux genres et espèces. Des études menées par Frost et al. en 1989[3] et 2001[4] ont affiné le découpage de cette famille, réduisant significativement le nombre des genres inclus. Les autres genres ont été déplacés dans des familles séparées, les Crotaphytidae, les Dactyloidae, les Hoplocercidae, les Opluridae, les Phrynosomatidae, les Polychrotidae et les Tropiduridae. Cette nouvelle organisation est plus ou moins acceptée selon les auteurs. Certains continuent donc d'utiliser l'ancienne classification et cette famille peut donc être présentée avec davantage de genres.
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+ Chez certains auteurs ces familles sont des sous-familles des Iguanidae, qui portent les mêmes noms mais avec une terminaison en -nae ou lieu de -dae (Crotaphytinae, Hoplocercinae, Oplurinae, Phrynosomatinae, Polychrotinae, Tropidurinae). Dans ces classifications les genres ci-dessous sont donc regroupés dans la famille des Iguanidae et la sous-famille des Iguaninae.
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+ Schulte et al. en 2003[5] ont étudié les relations phylogénétiques entre un grand nombre de genres d'Iguanidae qui a conduit à construire un arbre de relations phylogénétiques décrivant la proximité génétique de ces genres.
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+ Les mesures de protection varient beaucoup selon les espèces : certaines font simplement l'objet d'une surveillance des populations ; d'autres sont classées en annexe B de la convention de Berne (annexe II de la convention de Washington) et nécessitent simplement un numéro de CITES ; d'autres sont en annexe A, et sont donc intégralement protégées sauf dérogation scientifiques (genre Brachylophus) ; d'autres enfin tombent sous les lois spécifiques à certains pays vis-à-vis de leur faune. C'est par exemple le cas de la France pour Iguana delicatissima qui vit en Guadeloupe et en Martinique.
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+ On rencontre certaines espèces d'Iguanidae en captivité, maintenus dans des terrariums. En particulier les grandes espèces comme certains Iguana peuvent dépasser largement 1 mètre : ils nécessitent de larges installations, sont puissants et dotés de griffes pouvant causer des dégâts.
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+ Des iguanes sont traditionnellement chassés pour leur chair en Amazonie, et font l'objet d'un trafic à destination de certains terrariophiles.
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+ L'iguane possède un troisième œil (dit œil pinéal) se trouvant sur la tête, au niveau du dos. Il prend l'aspect d'un petit œil plein, grisâtre et sans paupière ; d'où la prudence à observer lors des manipulations proches de cette zone.
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+ L'œil pinéal ne confère pas une vision normale mais donne à l'iguane la possibilité, sans avoir à lever le cou et ainsi exposer ses régions anatomiques vulnérables, d'être informé d'éventuelles attaques de prédateurs ainsi que de l'intensité des rayons lumineux.
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+ Le terme Iguanidae dérive du nom vernaculaire iguane lui-même issu de l'Arawak, du Taïnos ou bien du goaxiro. Il se serait imposé en français via l'italien[6].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ L'architecture est l'art majeur de concevoir des espaces et de bâtir des édifices, en respectant des règles de construction empiriques ou scientifiques, ainsi que des concepts esthétiques, classiques ou nouveaux, de forme et d'agencement d'espace, en y incluant les aspects sociaux et environnementaux liés à la fonction de l'édifice et à son intégration dans son environnement, quelle que soit cette fonction : habitable, sépulcrale, rituelle, institutionnelle, religieuse, défensive, artisanale, commerciale, scientifique, signalétique, muséale, industrielle, monumentale, décorative, paysagère, voire purement artistique.
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+ C'est pourquoi l'architecture est définie comme « une expression de la culture ». Elle est reconnue comme le premier des arts majeurs dans la classification des arts, communément admise, du XXe siècle, des 9 arts majeurs et fait partie des beaux-arts.
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+ L'Architecture désigne également l'ensemble des connaissances et des techniques de cet art de concevoir et de construire des structures complexes, englobant les édifices terrestres, les espaces et les paysages modifiés par l'homme répondant à des critères architecturaux, les artefacts habitables naviguant sur l'eau et sous l'eau (architecture navale) et dans l'espace (architecture spatiale), que l'humanité a pu imaginer et réaliser au fil des millénaires.
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+ L'architecture intègre le domaine de la planification spatiale et met en pratique les méthodes de la planification au service de l'aménagement du territoire et de l'urbanisme. On distingue différentes échelles de la planification spatiale[1] :
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+ C'est ainsi que dans le cadre des études d'aménagement et urbanisme, on retrouve l'architecte le plus souvent autour des réflexions de la composition urbaine via la pratique de la conception urbaine.
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+ On voit dans les Dix livres de l'architecture de Vitruve que l'architecture comprend l'édification de toutes les sortes de bâtiments civils ou religieux, les ponts, les aqueducs, les ports, ainsi que les villes.
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+ Le terme architecture (en latin architectura), est issu du grec ἀρχιτέκτων de ἀρχός/ή (« commander») et τέκτων (« ouvrier, charpentier [2]») ; l'architecture désigne donc la notion de commander aux ouvriers; et l'architecte, celui qui les commande (avec ou sans dessins établis)[3].
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+ Dès le Moyen-Age, différentiés des dessins d'architecture, les dessins de construction sont qualifiés de technique[note 1].
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+ À partir du XVIe siècle, les architectes spécialisés dans la conception des bâtiments, des fortifications et des machines pour la guerre ont pris le nom d'ingénieurs.
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+ Au XIXe siècle, certains architectes occidentaux, par exemple Eugène Viollet-le-Duc, s'attachent fortement à l'aspect constructif. Ils se concentrent en particulier sur les charpentes métalliques et participent au développement de la mécanique statique. Le terme architecture peut alors avoir une étymologie sémantique basée sur le grec Techné, la force, la structure, la charpente[note 1].
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+ À partir du XXe siècle, en Occident, dont les conceptions de production d'objet sont alors devenues globalement techniques et productives, il est possible de définir l'architecture comme l'art de diriger la construction, de concevoir les structures, de donner finalement une apparence avec des matériaux. L’« art de bâtir » s'ajoute à la simple construction des édifices.
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27
+ Dans certaines autres parties du monde, on peut formuler que cet « art de bâtir » comporte toujours une ritualisation, qui a existé dans le passé en Occident, distinguant l'architecture de la construction simple.
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+ L'architecture s'occupe des bâtiments, des espaces publics, des villes et villages, des paysages, mais aussi d'ouvrages d'art, de navires (architecture navale).
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+ Étant donné l'ampleur de ses applications et la volonté d'expression mise sur la construction d'édifices, l'architecture dans toute son histoire est une activité plus proche des arts et métiers qu'une activité scientifique rigoureuse qu'elle est plus ou moins devenue. L'architecture fait d'abord appel à des savoirs organisés en un ensemble qui lui est particulier par son application à la construction tels que la composition, la géométrie, la morphologie, l'ornementation, l'harmonie (à base religieuse ou non), en même temps que le métré, la statique et le droit de manière habituelle pour la construction d'édifices. L'architecture va puiser d'abord dans les savoir-faire des différents beaux-arts et des différents métiers du bâtiment. Mais l'architecture va aussi puiser dans les ressources de différentes disciplines scientifiques : la géologie, la résistance des matériaux ainsi que dans les différentes sciences humaines comme l'anthropologie, la sociologie, la psychologie (ergonomie), l'écologie ou la géographie. L'architecture se formalise aussi en puisant dans l'Histoire.
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+ L'architecture se différencie de la construction en ce que l'architecture apporte une dimension particulière de réflexion et de planification de la part du concepteur, lorsqu'il envisage l'ensemble du cycle de vie d'une construction. Cette réflexion est à la fois esthétique, sociale, environnementale et philosophique.
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+ L'architecture naît de besoins fonctionnels tels que habiter, traverser un fleuve, travailler, se soigner, faire du sport, se divertir. Des réponses formelles spécifiques sont apportés à ces besoins concernant l’organisation, la structure, la technique de construction, tout en répondant à des objectifs notamment esthétiques et sociaux. L'architecture naît de besoins de représentation des idéaux et de la mémorisation des faits passés.
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+ La corrélation entre la variété des besoins, la variété des réponses possibles, et la variété des sensibilités esthétiques donne une infinité d’architectures différentes et de nombreuses interprétations par des architectes. On peut néanmoins les regrouper par périodes, par courants de styles (formels ou bien éthériques), par type de structure, par type de technique, par fonctions (voir « Le Patrimoine architectural » ci-après).
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39
+ On utilise l'architecture aussi bien pour la création que pour la restauration ou la transformation (rénovation) des édifices. Il s'agit parfois simplement d'une action d'ornementation du bâti, sans autre opération. Et pour des constructions anciennes, il peut s'agir de réornementation avec retour à l'aspect initial ou à l'inverse d'ajout de différences qui les modernise. Dans certains cas cela concerne la mise en ensemble des édifices, par exemple la constitution de cité. Depuis l'Antiquité, l'objet sur lequel se pose l'acte architectural est quelquefois la ville même prise dans son entier, l'agglomération de constructions, lorsque par exemple il s'agit d'une ville nouvelle aussi bien antique que contemporaine. L'histoire de l'urbanisme est totalement liée à l'histoire de l'architecture, histoires existant déjà avant la fondation de l'Égypte au IVe millénaire av. J.-C. avant l'âge des métaux. La caractérisation formelle des édifices fait partie des contraintes d'urbanisme, dont le domaine d'application est la ville et les territoires associés et pour ces domaines les données sociales et politiques ont une importance certaine.
40
+
41
+ L'architecture est nécessaire pour produire des marques dans la mémoire des peuples organisés sédentaires dans la quasi-totalité des sociétés existantes. La prise de position solennelle concernant les lieux remarquables est faite par ce moyen. L'architecture traduit pour les lieux de rassemblement leur nature et leur fonction sociale pour le public.
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+
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+ Il s’agit par l'architecture dans un ordre de priorité qui dépend de l'époque considérée :
44
+
45
+ Des choses matérielles et immatérielles sont mises en accord convenable par la disposition des éléments. L'Harmonie correspond à la civilisation et l'époque considérée[note 4]. L'architecture produit des codes à lire dans l'espace aménagé. Ces codes des formes et des matières traduisent le cosmos tel qu'il est appréhendé. Par exemple l'« architecture de ruine » apparue au XIXe siècle est une construction neuve réinscrivant temps et culture.
46
+
47
+ Dans l’aire occidentale moderne, l'architecture intervient à de nombreuses échelles depuis la "conception"[4] et la réalisation d'éléments constituant les membres de corps de bâtiments, jusqu'à celle de villes entières conçues comme un tout. L'architecture est ressentie comme un moyen de traduire l'espace entourant le corps humain par la philosophie associée à la psychologie de la sphère intime, de la sphère privée, de la sphère publique qui se définissent selon la société[note 5]. Cette modélisation des espaces contient en facteurs les importances différentes données par l'individu à la conscience de soi et à la conscience de l'extérieur. L'espace contenant est détaillé graduellement en pièces, en locaux pour l'abri de l'individu, de la famille ; puis en espace public commun ; et enfin en espace « naturel ».
48
+
49
+ L'activité de l'architecte selon sa motivation personnelle[note 6] est censée produire de l'architecture lors de la commande de structure collective (État…) ou d'individu. À partir des formes de constructions funéraires ancestrales, l'activité s'est centrée sur celle des formes habitées. Elles sont devenues « classiques » depuis le Moyen Âge : il s'agit de maisons d'habitat, écoles, hôpitaux, en plus des tribunaux, lieux de culte (églises temples...), ateliers, « mairies »… Se sont ajoutés depuis le Néolithique au fur et à mesure du temps au patrimoine des éléments venant de la modernisation de l'activité humaine et de l'organisation de la société où le côté pratique se mêle au côté rituel devenu aspect culturel. Il s'agit des éléments respectant les besoins militaires avec rassemblement (places, forts et châteaux), de besoins structurels de réseaux de transport (ponts, ports, gares ferroviaires, aéroports) et de commerce (boutiques antiques, halles, hypermarchés), besoins d'espace de rassemblement et de loisir (théâtres, stades, gymnases, piscines, patinoires, résidences balnéaires et de montagne) et parfois de besoins exprimés pour la production pré-industrielle et industrielle (manufactures usines construites selon certains modes de gestion des ressources humaines, mode de gestion de l'image publicitaire). Après la Renaissance, le projet architectural à l'occidentale aboutissant à l'Architecture exprimée sur l'édifice d'habitat ou autre prend une formulation technique de la procédure de conception définissant la présence d'Architecture. Ce qui est voulu est d'établir-procurer des sensations chez l'observateur[note 7]. Dans l'histoire de la construction en occident, la construction sans formulation architecturale est passée de la majeure partie des bâtiments à son inverse : une formulation architecturale de la majeure partie de la construction d'édifice. La formulation architecturale de l'édifice pour l'aspect et l'organisation des volumes a été associée avec la formulation de l'aspect et l'organisation des terrasses pentes et circulations de la parcelle de terrain qui reçoit l'édifice.
50
+
51
+ L’architecture désigne le corpus de tous les édifices construits, c'est-à-dire leur classification et leur étude, qu'ils aient été conçus par des constructeurs affichant une intention esthétique ou non.
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+ Le terme « architecture » suivi d'un qualificatif permet aussi de spécifier un ensemble générique du patrimoine bâti. Cette classification permet une identification de l'objet bâti. La possibilité est que l'édifice comporte une volonté d'acte architectural. Mais aussi il peut y avoir une absence de déclaration qu'il s'agit d'acte architectural, et que c'est de l'architecture par le fait (voir architecture vernaculaire).
54
+
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+ Le terme « architecture » permet ainsi de spécifier, pour l'objet créé par l'acte de bâtir, l’ensemble des caractéristiques telles que la forme et la symbolique ou les propriétés d’usage. Pour cette classification, on ajoute en général un qualificatif distinctif de la mise en ensemble par style, par usage, par époque, par matière (exemples : architecture militaire, architecture chrétienne, architecture romane, architecture bois).
56
+
57
+ Mais on utilise aussi techniquement des noms qui sont plus spécialisés et moins parlants : exemples « Bauhaus », « Roccoco », « École de Chicago ». Ces noms n'ont par ailleurs pas un sens universel : ainsi si l'époque baroque correspond à l'architecture baroque dans l'Europe partie Est, elle ne correspond pas à l'architecture baroque en France mais à l'architecture classique (les guerres de religion n'ayant en France pas permis un développement de l'architecture autre que celle des grands personnages du pouvoir établis en conflit religieux).
58
+
59
+ Les méthodes originelles utilisées pour bâtir les édifices ainsi catégorisés a posteriori ne posent pas fondamentalement la différence entre les multiples styles.
60
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61
+ Une réorganisation et une clarification du contenu paraissent nécessaires. Améliorez-le, discutez des points à améliorer ou précisez les sections à recycler en utilisant {{section à recycler}}.
62
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63
+ Il existe des maisons et des villages en bois dont les restes n'ont subsisté qu'en milieux aqueux, lac, mer ou rivière. Les plus anciens connus sont postérieurs au Paléolithique. Un site de la fin du Néolithique a été bien étudié à Charavines sur le bord du lac de Paladru en Isère[5].
64
+
65
+ La construction existe depuis l'âge de la pierre, elle est le support de l'architecture. Cet art est un des rares regroupements d'autres arts, dont les arts qui lui sont antérieurs, la chasse, la guerre, la peinture, qui la servent pour établir sa symbolique où le feu a une place notable.
66
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+ Le monolithisme de la structure initiale qu'est la grotte devient symbolique.
68
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69
+ Les tout premiers édifices porteurs d'architecture sont outre les grottes aménagées, les tumulus. Ce qui concerne à la fois les populations nomades et les populations sédentarisées. Et partie de la construction de ces tombes, une partie de l'architecture religieuse s'établit en utilisant l’élévation vers le ciel pour la construction, une autre partie s'établit en creusant la terre.
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71
+ La différenciation des constructions nécessaires à l'organisation sociale des sédentaires fait naître l'architecture par les édifices spécialisés restant dépendants du climat local et des ressources disponibles. Les arts de la peinture et de la sculpture qui sont antérieurs à l'art de construire-architecture lui sont intégrés. L'aspect conventionnel apparaît localement avec le temps et s'ébauche dès lors des « styles architecturaux ».
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+ Dans plusieurs civilisations antiques, comme l'Égypte ou la Mésopotamie, l'architecture et l'urbanisme reflètent constamment le divin et le surnaturel. De plus, elles ont recours à la monumentalité dans l'architecture pour symboliser le pouvoir politique des dirigeants, de l'élite, ou de l'État lui-même.
74
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+ L'architecture et l'urbanisme des civilisations telles que la Grèce antique et la Rome antique évoluèrent à partir d'idéaux civiques plutôt que religieux ou empiriques, et de nouveaux types de constructions émergèrent.
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+ Des textes, les « traités d'architecture », ont été écrits depuis l'Antiquité. Ces textes contiennent à la fois des conseils généraux, et des prescriptions et des canons formels. Certains des plus importants exemples de l'architecture canonique sont religieux.
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+ Après la disparition de l'Empire romain, puis le schisme entre l'église byzantine et l'église romaine au Ve siècle, l'aristocratie et le clergé chrétien prennent des initiatives architecturales et artistiques. L'invention d'une nouvelle symbolique viendra ultérieurement, entre le VIIIe siècle et le XIIe siècle. Entamant l'époque moderne au XVIIe siècle, l'« architecture classique » marque déjà la prééminence de la symbolique architecturale non sacrée sur la symbolique architecturale sacrée. Dès le XVIIIe siècle la période moderne aboutit en occident à la fin de la définition de l'architecture comme espace défini par des rituels, mais comme espace défini par la population aristocratique et bourgeoise avec art et contenant de l'art avec re-codification des éléments de l'histoire antique qui sont réutilisés. L'architecture reste un moyen d'affirmer l'identité de la population par « nation ». L'évolution de la technique de construction se conjugue avec la création de nouveaux objets architecturaux « modernes » porteurs des nouveaux styles architecturaux au XIXe siècle.
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+ Dans l'époque contemporaine, l'architecture reste un moyen d'afficher la splendeur, entre autres par le gigantisme dans la hauteur des édifices verticaux ou le gigantisme dans la portée horizontale. Mais elle devient aussi un élément du domaine économique pour des raisons politiques.
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+ Les progrès techniques des XIXe siècle et XXe siècle ont largement étendu les possibilités de réalisation qui doivent suivre les besoins démographiques et les normes d'hygiène nouvelles. La construction en métal et la construction en béton font leur apparition avec leur esthétique dite « moderne ». La modélisation de l'usage est faite. Les architectes adopteront intégralement les technologies nouvelles et la « standardisation ». L'architecture est depuis le milieu du XXe siècle une composante de la « promotion immobilière ».
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+ Un traité d'architecture est un ouvrage théorique présentant les règles de l'architecture savante. Les traités d'architecture sont le vecteur de transmission de l'architecture européenne se référant à l'Antiquité gréco-latine (du XIVe au XIXe siècle).
86
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87
+ Un dictionnaire d'architecture est un ouvrage pratique présentant les définitions des termes utilisés pour désigner des éléments d'architecture. Ils peuvent prendre une forme de récapitulatif historique.
88
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+ Les concepteurs, réalisateurs d'architectures sont communément appelés architectes, qu'ils soient professionnels ou pas, néanmoins le titre « architecte » est généralement attribué à des professionnels diplômés d'une école d'architecture. Ils sont quelquefois regroupés en corporations appelées ordre des architectes. Le nom du diplôme et des spécialités sont généralement accolés à ce titre. Toutefois selon l'objet, l'architecture est aussi le domaine des architectes paysagistes, des architectes d'intérieur, des urbanistes, des ingénieurs civils, voire de plasticiens, de designers et d'artistes divers.
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+ L’architecture est exercée, dans le respect des procédures administratives du lieu d'édification, par des architectes dont le titre professionnel est protégé juridiquement, ou des spécialistes assimilés à des architectes.
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+ Par distinction scientifique d’avec la construction qui serait le fait d’assembler différents éléments en utilisant les matériaux et les techniques appropriées, la pratique de l’architecture se caractérise par une intentionnalité établie dans le « projet ». (Voir « définition » ci-dessus). Le projet se définit ainsi en des plans, des représentations symboliques diverses qui lui font intégrer temps de construction et d’usage. Aussi, cet effort conscient et préalable propre à la conception architecturale a-t-il pour objectif de concilier l’utilité, la beauté et la solidité de formes, d’espaces et de structures (habitées ou non). Par ailleurs, la visée fonctionnelle inhérente à l’architecture, l'aspect pratique à l'usage dont découle l'aspect économique la distingue dans l'histoire également des autres arts dits décoratifs que sont le dessin, la gravure, la peinture et la sculpture qui y ont été originellement intégrés.
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+ Bien que de racines historiques antiques, la conception des villes en tant que discipline spécifique est désignée dans l'aire de la pensée occidentale depuis le milieu du XXe siècle par le terme d’« urbanisme ». Le terme urbanizaci (littéralement « urbanisation » dont l’acception française correspond au concept « urbanisme ») a été employé pour la première fois par l’ingénieur barcelonais Ildefons Cerdà dans sa Teoria general de la urbanizaci (1867), un ouvrage considéré comme précurseur de la discipline[note 8]. L'activité de l'architecte est mesurée par référence à l'édifice simple et complet. Et l'architecte a une action qui recouvre aussi bien l’élément de mobilier que la ville entière. L'urbaniste non-architecte ne peut avoir sur les édifices une action autre qu'organisatrice de l'ensemble. La maison, l'immeuble est le niveau « normal » d'objet traité, ce sont les unités de référence d'activité d'édification pour le droit en usage. Les établissements, résidence, cité, monument, ville correspondent à l'échelle d'activité au-dessus de la « moyenne ». Les mobiliers, édicules qui sont des objets à l'échelle d'en dessous de l'édifice sont la plupart du temps intégrés à l'activité normale, cependant ils composent l'activité spécifique de l'architecte d'intérieur qui ne peut avoir une action de conception au-delà de l'intérieur sur les édifices.
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+ L’architecture portant sur les ouvrages militaires, les fortifications, les engins de siège a été à l’origine de la profession d’ingénieur à partir du XVIe siècle. La technique du génie militaire comporte un ordonnancement: un arrangement des tâches aboutissant à la mise en forme de l'ouvrage. Parmi les acceptions de l’architecte, celle qui correspond davantage à la notion actuelle d’ingénieur lui a ainsi longtemps été confondue. Vitruve, auteur d’un traité célèbre, était lui-même constructeur de machines de guerre et architecte. Un autre exemple d’ingénieur militaire bâtisseur est le maréchal de Vauban manifestant également ses préoccupations d’ordre esthétique. Vauban, commissaire général des fortifications de Louis XIV, illustra ses talents de bâtisseur avec le souci d’un langage formel pourvu de réelles qualités esthétiques. Il a dirigé l’aménagement de plus de 160 forts ou places fortes et en a construit 9 ex nihilo, faisant appel à certains éléments tels que les échauguettes, non pas tant pour leur utilité défensive (devenue obsolète), que pour leur intérêt esthétique. Il a en outre réalisé des travaux d’aménagement du territoire, notamment le perfectionnement du canal du Midi. Actuellement, l'édification de bâtiment esthétique faisant appel au savoir scientifique élaboré a recours à l'ingénieur architecte.
98
+
99
+ Sur les bases de la technique du jardinage établie à la Renaissance par les jardiniers est apparu le métier de concepteur paysagiste qui s'apparente aux métiers d'architecte et de dessinateur-projeteur dans le BTP. Avec l'invention du bosquet, le jardinier devient un concepteur. Dans les parcs créés, la verdure est aménagée de chemins et allées (viabilisée) et domestiquée pour son arrosage. Elle donne une esthétique d'encadrement de l'espace de vie bâti ou non. Elle utilise principalement la perspective puis fait usage terrasses et sauts-de-loup vers la bâtisse, fait usage des haies, des broderies de buis, d'étangs et de cascades et ensuite des fabriques. Dans la période moderne de la ville du XIXe siècle, les parcs et jardins sont établis par les paysagistes comme des lieux réintroduisant la nature dans les lieux de vie devenus très denses en édifices. À partir du XXe siècle, les parcs et jardins sont conçus par des paysagistes en relation avec les urbanistes pour les villes où sont créés les « espaces verts » ou en relation avec les architectes pour les immeubles à jardin. Au XXIe siècle, les paysagistes composent les murs végétalisés dans des espaces sans emprise au sol.
100
+
101
+ L'architecture est conditionnée par l'autorisation des instances locales et le respect des directives. Particulièrement, l'architecture religieuse est conditionnée par les lois internes des pays. Et concernant l'architecture militaire, elle est conditionnée par les lois externes imposées par les vainqueurs(-colonisateurs).
102
+
103
+ Pour l'exercice de l'architecture, il y a un code déontologique. (pour plus de détails, voir l'article « Architecte »).
104
+
105
+ Par ailleurs, les œuvres architecturales sont protégées par le droit d'auteur, ce qui signifie qu'en Europe toute copie ou reproduction même partielle peut être interdite jusqu'à 70 ans[6] après la mort de l'auteur selon les pays concernés ; d'autres durées peuvent s'appliquer dans d'autres pays. Par ailleurs dans un certain nombre de pays ne garantissant pas la liberté de panorama, il est également proscrit de photographier une œuvre architecturale protégée par le droit d'auteur.
106
+
107
+ En France un projet de loi sur « la liberté de la création, l'architecture et le patrimoine », prévu pour mars puis reporté à septembre 2015[7] devrait clarifier le droit des espaces protégés avec, selon le gouvernement un souci d'efficacité et d'intelligibilité mais sans renoncer au niveau de protection, en suivant plusieurs recommandations du rapport Bloche « Pour une création architecturale désirée et libérée » publié en juillet 2015 et rassemblant 36 propositions réunies par Patrick Bloche[8].
108
+
109
+ L’un des plus prestigieux prix internationaux d’architecture est le prix Pritzker, décerné annuellement depuis 1979 par une fondation privée.
110
+
111
+ Autres prix :
112
+
113
+ D’un point de vue historique, les écoles d’architecture les plus célèbres ont été :
114
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Généralités :
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+ Entités précédentes :
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+ Entités suivantes :
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+ Le Troisième Reich désigne l'État allemand nazi dirigé par Adolf Hitler de 1933 à 1945. Ce terme est souvent utilisé en alternance avec celui d'« Allemagne nazie ».
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+ La République n'étant pas abrogée en droit durant l'année 1933, le terme « Reich allemand » (Deutsches Reich) continue d'être le nom officiel donné à l’État allemand, dans l'ensemble des documents administratifs et politiques produits par l'Allemagne jusqu'en 1945. Toutefois, à partir de l'automne 1943, le terme « Grand Reich allemand » (Grossdeutsches Reich) lui est préféré par certains représentants du régime.
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+ Adolf Hitler, le chef du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (abrégé en « NSDAP », pour l'allemand Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) est nommé chancelier par le président de la République de Weimar Paul von Hindenburg le 30 janvier 1933. Après son arrivée au pouvoir, le parti commence à anéantir toute opposition politique dans le pays et à consolider son pouvoir ; l'Allemagne devient un État totalitaire. Après le décès de Hindenburg le 2 août 1934, Hitler établit un pouvoir absolu en fusionnant les fonctions de chancelier et de président. Le 19 août 1934, il se fait appeler le « Führer ».
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+ À partir de la fin des années 1930, l'Allemagne nazie fait des revendications territoriales et menace d'une guerre. L'Autriche est annexée en 1938 et la Tchécoslovaquie en 1939. Une alliance est signée avec l'URSS et la Pologne est envahie en septembre 1939. L'alliance est rompu par l'Allemagne nazie deux ans plus tard avec l'opération Barbarossa. Une autre alliance est signée avec l'Italie fasciste et les pays de l'Axe. L'Allemagne nazie occupera la majeure partie de l'Europe, jusqu'à être défaite le 8 mai 1945. Le 23 mai, le dernier gouvernement nazi de Karl Dönitz est arrêté. La propagande nazie destinait le Troisième Reich à durer « mille ans », il en dura douze, la république de Weimar n'ayant d'ailleurs jamais été formellement abrogée par les nazis.
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+ État policier de type totalitaire, reposant avant tout sur le pouvoir absolu exercé par Adolf Hitler, le Troisième Reich est responsable du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Il laisse l'Allemagne et l'Europe en ruines.
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+ L'idéologie du Troisième Reich reposait sur le racisme, sur l'antisémitisme, la promotion du Lebensraum et la croyance dans l'existence d'une « race aryenne ». Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le régime met en place un système génocidaire, composé de camps d'extermination, de camps de concentration, de ghettos et de massacres par des unités mobiles. L'Allemagne nazie commet ainsi la Shoah, le génocide des Juifs, le génocide des Roms d'Europe (Porajmos), la mise à mort systématique des handicapés, ainsi que la déportation des personnes homosexuelles et des opposants politiques au régime.
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+ Formellement, la république, dite république de Weimar, n'a jamais été abolie. Le nom officiel reste donc le même, à savoir Deutsches Reich (Reich allemand), nom que portait déjà auparavant l'Empire de 1871. À partir de 1943, le nom de Großdeutsches Reich (Grand Reich allemand, parfois rendu en Reich grand-allemand) est aussi utilisé. Le nom Deutsches Reich est habituellement traduit en français par « Empire allemand » ou « Reich allemand » ; selon le contexte, le premier (« Empire ») est généralement utilisé pour la période 1871-1918 où le pays est dirigé par un empereur (Kaiser en allemand, le pays est donc un Kaiserreich), le second (« Reich », non-traduit) est utilisé pour la période 1918-1945, c'est-à-dire le régime désigné informellement sous le nom de république de Weimar et le régime hitlérien.
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+ En français, les expressions « Allemagne nazie » et « Troisième Reich » sont communément utilisées pour désigner le régime de Hitler — quand le contexte n'est pas ambigu, le simple mot « Reich » fait référence au régime nazi. Le nom de « Troisième Reich », adopté par les Nazis, fut utilisé pour la première fois dans un ouvrage de 1923 d'Arthur Moeller van den Bruck pour lequel le Saint-Empire romain germanique (962–1806) est le premier Reich et l'Empire allemand (1871–1918) le deuxième[1]. Dans le vocabulaire allemand actuel, la période nazie est désignée sous le nom de Zeit des Nationalsozialismus (« période nationale-socialiste »), Nationalsozialistische Gewaltherrschaft (« tyrannie nationale-socialiste ») ou simplement das dritte Reich (le Troisième Reich) ou die Hitlerzeit.
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+ Bien que n'ayant obtenu qu'un tiers des voix aux élections libres de novembre 1932, et bien qu'Adolf Hitler ait été battu à la présidentielle par Paul von Hindenburg, le NSDAP arrive au pouvoir quand son « Führer » est appelé à la Chancellerie le 30 janvier 1933.
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+ Beaucoup d'industriels et d'hommes de droite, réunis autour de Franz von Papen et d'Alfred Hugenberg, pensaient ainsi « lever l'hypothèque » nazie et se servir d'Adolf Hitler pour ramener l'ordre dans l'Allemagne en crise, avant de s'en séparer dès qu'il n'y aurait plus besoin de lui. De fait, le gouvernement Adolf Hitler ne comporte que trois nazis : Adolf Hitler chancelier du Reich, Hermann Göring, chargé en particulier de la Prusse, et Wilhelm Frick à l'Intérieur.
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+ Or loin de se laisser instrumentaliser par les conservateurs, Adolf Hitler parvient en quelques mois à mettre l'Allemagne au pas (Gleichschaltung). Le démantèlement de la république de Weimar au profit de la dictature nazie permet l'avènement et la proclamation du Troisième Reich dès le 15 mars 1933, lors d'une grandiose cérémonie de propagande tenue à Potsdam, sur le tombeau de Frédéric II de Prusse.
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+ Dès le 1er février, Adolf Hitler fait dissoudre le Reichstag par Hindenburg. Pendant la campagne électorale, la SA et les SS, milices du parti nazi, reçoivent des pouvoirs d'auxiliaires de la police. Les réunions du Parti communiste (KPD), du Parti social-démocrate (SPD) et des autres partis d'opposition sont marquées par de nombreux décès. Des opposants sont déjà brutalisés ou torturés.
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+ Dans la nuit du 27 au 28 février 1933 survient l'énigmatique incendie du Reichstag. Saisissant l'occasion, Adolf Hitler fait adopter par Hindenburg un « décret pour la protection du peuple allemand » qui suspend toutes les libertés garanties par la Constitution de Weimar. Un autre décret institue la Schutzhaft ou « détention de protection » préventive, qui permet d'arrêter et d'emprisonner sans aucun contrôle ni limite de temps.
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+ La terreur s'accélère. En deux semaines, Göring fait ainsi arrêter 10 000 communistes en Prusse, dont le chef du KPD, Ernst Thälmann, le 3 mars. En avril, près de 30 000 arrestations ont lieu dans la seule Prusse. À l'été, la Bavière compte 4 000 internés, la Saxe 4 500. Entre 1933 et 1939, un total de 150 000 à 200 000 personnes sont internées, et entre 7 000 et 9 000 sont tuées par la violence d’État. Des centaines de milliers d'autres devront fuir l'Allemagne[2].
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+ De nombreuses figures de la gauche littéraire et scientifiques s'exilent, comme Thomas Mann, Bertolt Brecht et Albert Einstein dès le 28 février 1933. D'autres sont jetées en prison comme le pacifiste Carl von Ossietzky. Les nazis condamnent l'« art dégénéré » et les « sciences juives », et détruisent ou dispersent de nombreuses œuvres des avant-gardes artistiques.
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+ Les premiers camps de concentration nazis provisoires apparaissent, où sont emprisonnés militants communistes, socialistes, et sociaux-démocrates. Dès le 20 mars 1933, Heinrich Himmler ouvre le premier camp permanent à Dachau, près de Munich. Il sera suivi en 1937 de Buchenwald et en 1939 de Ravensbrück pour les femmes.
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+ Le 5 mars 1933, les nazis obtiennent 43,9 % des voix aux élections législatives. Dans tous les Länder d'Allemagne, les nazis s'emparent par la force des leviers locaux du pouvoir. Le 23 mars 1933, Adolf Hitler obtient des deux tiers des députés le vote des pleins pouvoirs pour quatre ans. Le 2 mai, les syndicats sont dissous et leurs biens saisis. Les ouvriers sont enrôlés dans l'organisation corporatiste du Deutsche Arbeitsfront (DAF). Le 10 mai, le ministre de la Propagande Joseph Goebbels préside à Berlin à une nuit d'autodafé pendant laquelle des milliers de « mauvais livres » d'auteurs juifs, marxistes, démocrates ou psychanalystes sont brûlés pêle-mêle en public par des étudiants nazis ; la même scène se tient dans les autres grandes villes. Le KPD est officiellement interdit en mai, le SPD en juin[3]. Les autres partis politiques se sabordent ou se rallient. Le 14 juillet, la loi contre la formation de nouveaux partis fait du NSDAP le parti unique en Allemagne. Les jeunes Allemands sont obligatoirement embrigadés dans les Jeunesses hitlériennes (« Hitlerjugend »), seul mouvement de jeunesse autorisé à partir du 1er décembre 1936.
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+ Les SA de Ernst Röhm exigent que la « révolution nationale-socialiste » prenne un tour plus anticapitaliste et rêvent de prendre le contrôle de l'armée. Mais Adolf Hitler, qui a besoin des grands industriels pour sa future armée, fait massacrer une centaine de chefs SA le 30 juin 1934 au cours de la nuit des Longs Couteaux. Le IIIe Reich s'oriente dès lors vers un « État SS » (Eugen Kogon).
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+ Les nazis liquident aussi à cette occasion plusieurs dizaines de personnalités diverses, ainsi que le docteur Klausener, dirigeant de l'Action catholique.
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+ Après la mort de Paul von Hindenburg le 3 août 1934, Adolf Hitler est à la fois chancelier et président de l'État. Il est entouré d'un culte de la personnalité intense qui le célèbre comme le sauveur messianique de l'Allemagne, et fait prêter un serment de fidélité à sa propre personne, notamment par les militaires. Le Führerprinzip devient le fondement de toute autorité.
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+ Mouvement antichrétien, le nazisme tente de soumettre les Églises, et certains de ses dirigeants tels Martin Bormann rêvent même d'éradiquer le christianisme à long terme[4]. Le pouvoir provoque ainsi une scission au sein des protestants allemands, par la mise sur pied de l'Église dite des « chrétiens allemands », qui professe sans réserve le racisme et le culte du Führer. Il combat aussi l'Église confessante des pasteurs résistants Martin Niemöller et Dietrich Bonhoeffer, déportés.
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+ En 1933, le puissant parti catholique, le Zentrum, s'était sabordé en échange de la signature d'un concordat entre l'ADO (en allemand, « Ausland Deutsches Organisation ») et le Vatican. Mais en 1937, le pape Pie XI dénonce dans l'encyclique Mit brennender Sorge les violations répétées du concordat, les tracasseries contre des hommes d'Église, le racisme d'État et l'idolâtrie entourant le Reich et son chef. Son texte est interdit de lecture et de diffusion en Allemagne et ses exemplaires en circulation détruits par la Gestapo. Cependant, dans l'ensemble, « les Églises allemandes n'ont pas activé tout leur potentiel de résistance » (Jacques Sémelin), et le successeur de Pie XI, Pie XII, ancien nonce en Allemagne, évitera pendant la guerre de dénoncer les atrocités nazies, notamment par peur d'attirer des représailles sur l'Église allemande qu'il connaît bien.
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+ Au printemps 1938, Adolf Hitler accentue la prédominance nazie dans le régime. Il évince les chefs d'état-major Werner von Fritsch et Werner von Blomberg et soumet la Wehrmacht en plaçant à sa tête Alfred Jodl et Wilhelm Keitel. Le conservateur Konstantin von Neurath est remplacé par le nazi Joachim von Ribbentrop aux Affaires étrangères, et Göring prend en main l'économie autarcique aux dépens du Dr Hjalmar Schacht.
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+ La franc-maçonnerie est mise hors la loi et ses membres, pourchassés par une section spéciale de l'appareil policier.
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+ Les Témoins de Jéhovah, objecteurs de conscience, refusent par principe le service militaire et le travail dans l'industrie de guerre, tout comme le salut nazi et tout signe d'allégeance à l'idolâtrie entourant le Führer. Près de 6 000 d'entre eux sont enfermés en camp de concentration.
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+ Dès février 1933, la persécution contre les juifs se déchaîne. Une loi permet à Adolf Hitler de faire révoquer 2 000 hauts fonctionnaires et 700 universitaires juifs. Le boycott des magasins juifs est lancé le 1er avril par les SA. Des Juifs sont humiliés en public, des couples mixtes promenés dans les rues avec des pancartes insultantes autour du cou. La contribution juive à la culture allemande est niée : la musique de Felix Mendelssohn ou de Giacomo Meyerbeer est interdite, et le célèbre poème de Heinrich Heine, la Lorelei, n'a officiellement plus d'auteur. Les lois de Nuremberg, en 1935, retirent la citoyenneté allemande aux Juifs et interdisent tout mariage mixte. La liste des métiers interdits s'allonge sans fin, toute vie quotidienne normale leur est rendue impossible. Cependant, si plusieurs dizaines de milliers de Juifs s'exilent, beaucoup persistent à rester malgré les brimades, pensant qu'Adolf Hitler apaisera son courroux et parce qu'ils devaient abandonner tous leurs biens pour quitter le pays[5]. Le pogrom de la nuit de Cristal, le 9 novembre 1938, annonce leur élimination physique ainsi que leur spoliation systématique (aryanisation). À partir de 1941, ils doivent porter une étoile jaune, puis sont déportés dans les ghettos de Pologne et les camps de la mort.
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+ Seuls sont provisoirement épargnés les Mischlinge, ou les Juifs mariés à des Allemandes « aryennes », tels Victor Klemperer. Les Mischlinge sont des personnes dont un des parents n'est pas de religion juive. Cette qualification était codifiée par les lois de Nuremberg. En 1943, en plein Berlin, des conjointes de Juifs manifesteront dans la Rosenstrasse pour empêcher la déportation de leurs époux.
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+ En juillet 1933, le régime adopte une loi sur la stérilisation forcée, conforme à son objectif de « purifier la race aryenne ». Des dizaines de milliers de personnes en sont victimes. Elle concerne surtout les malades mentaux, mais aussi des Tziganes (préconisée par Robert Ritter[6]), ou encore des Noirs (planifiée par Eugen Fischer[7] ; la stérilisation touche la moitié des métis, « bâtards de Rhénanie » enfants de la « Honte noire ») : en 1937, Adolf Hitler ordonne de stériliser les 400 enfants nés dans les années 1920 de soldats noirs français et de femmes allemandes[8]. Des milliers de femmes tziganes ne survivent pas à la stérilisation.
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+ Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne nazie s'en prend également aux Slaves, peuple d'Europe de l'Est que le régime considérait comme une race inférieure.
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+ Les homosexuels sont condamnés à la stérilisation ou à la déportation en camp en vertu du paragraphe 175 du code pénal ; 25 000 condamnés sont dénombrés en deux ans (J.M. Argelès).
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+ Alors que la Gestapo n’a que seulement 6 000 hommes en 1938, et 32 000 en 1944[9], toute opposition organisée au nazisme a pratiquement disparu après 1934. La police politique ne pourrait donc avoir autant d'efficacité sans l'aide de nombreux délateurs, mouchardant pour régler des comptes personnels, par peur ou par adhésion idéologique. Il n'est pas rare non plus que des enfants, soumis à l'embrigadement intense des Jeunesses hitlériennes, finissent par dénoncer leurs parents.
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+ Les rares groupes constitués de la résistance allemande au nazisme émergent à nouveau à partir de 1938. Très isolés, surtout après l'entrée en guerre, les résistants à Adolf Hitler sont assimilés par l'opinion à des traîtres à leur pays. Ce qui amène les historiens allemands au concept d'une « résistance sans le peuple ».
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+ Dans l'ensemble, la société allemande s'est vite accommodée du régime national-socialiste du moment qu'il mettait fin à l'instabilité politique et économique, et entreprenait de déchirer le diktat du traité de Versailles. Les réalisations sociales du régime, les cérémonies grandioses de propagande comme lors des Congrès du NSDAP à Nuremberg, la peur, l'indifférence ou le conformisme ont entraîné de nombreux Allemands à céder à la « fascination du nazisme » (Peter Reichel).
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+ Environ onze millions de citoyens allemands ont adhéré au NSDAP, dont beaucoup de carriéristes et d'opportunistes, soit une part considérable de la population adulte. Quelque 100 000 Allemands, selon Annette Wieviorka, ont pris part activement au génocide des Juifs. L'historien de la Wehrmacht Omer Bartov (L'Armée de Hitler, 1999) a montré qu'une bonne part des combattants allemands avaient intégré le discours nazi, et que nombre d'entre eux furent, avec leurs officiers et leurs généraux, à peine moins compromis que les SS dans les tueries à l'est, en dépit de l'opinion contraire qu'ils ont cherché à propager, y compris à l'étranger, dans les années soixante.
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+ L'historien britannique Paul Johnson (Une Histoire des Juifs, 1986) souligne que les Autrichiens, intégrés au Grand Reich en 1938, sont surreprésentés dans les instances supérieures du régime (outre Adolf Hitler lui-même, il peut être cité Adolf Eichmann, Ernst Kaltenbrunner, Arthur Seyss-Inquart ou Hans Rauter) et qu'ils ont en proportion beaucoup plus participé à la Shoah que les Allemands. Un tiers des tueurs des Einsatzgruppen étaient ainsi autrichiens, tout comme quatre des six commandants des principaux camps d'extermination et près de 40 % des gardes des camps. Sur 5 090 criminels de guerre recensés par la Yougoslavie en 1945, 2 499 Autrichiens sont dénombrés.
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+ L'historiographie allemande distingue depuis Martin Broszat la résistance organisée au nazisme (Widerstand) et des formes de dissidence civiles (Resistenz), sans ambition de contestation politique, mais démontrant une certaine réticence envers l'embrigadement et l'idéologie officiels.
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+ Par exemple, des groupes de jeunes gens, les Edelweiss ou la Swingjugend, se réunissaient en pleine guerre pour écouter la musique swing proscrite par le régime, et adoptaient un habillement et une coiffure qui défiaient l'ordre moral officiel. De nombreuses Allemandes bravèrent les interdictions officielles des relations amoureuses avec les travailleurs étrangers occidentaux ou slaves. Des centaines d'Allemands furent exécutés pour avoir écouté la BBC, ou proféré des paroles méprisantes ou sceptiques contre le régime et sur l'issue de la guerre. Certains tentèrent discrètement de venir en aide à des Juifs, ou eurent du moins le courage de gestes et de paroles de sympathie. D'autres s'arrangèrent pour ne jamais faire le salut nazi. En Bavière catholique, un mouvement d'opinion empêcha le régime néo-païen de retirer les crucifix des classes[10].
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+ Clemens August von Galen, évêque de Münster, relaya une vague d'indignation contre l'euthanasie des handicapés mentaux, protesta en chaire contre celle-ci, et obtint ainsi l'arrêt officiel théorique de l'Aktion T4 (août 1941).
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+ Dans les années 1930, les Églises ont également souvent résisté aux ingérences du régime et aux tracasseries de ses agents mais leurs hiérarchies n'ont fait porter leurs refus que sur des points matériels et confessionnels et, comme au temps de l'empire wilhelminien, se défendaient toujours de « faire de la politique ». Excepté Konrad von Preysing, évêque catholique d'Eichstätt, les Églises en tant que telles n'ont condamné ni les guerres d'agression, ni la politique raciale, ni les crimes contre l'humanité dans les pays occupés, dont des échos parvenaient pourtant en Allemagne.
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+ La loi sur les pleins pouvoirs, votés à la suite de l'incendie du Reichstag, suspend la Constitution, mais ne l'abroge pas[11], donc « le Reich allemand est une république », selon l'article 1er de la Constitution de 1919, mais le gouvernement dispose des pleins pouvoirs en matière de police et de justice.
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+ À partir de 1933, tous les partis, syndicats, mouvements de jeunesse ou associations non-nazis ont été dissous ou absorbés, les opposants exilés ou envoyés dans des camps de concentration, les Églises exposées à des tracasseries, les autonomies régionales supprimées au profit du premier État centralisé qu'ait connu l'Allemagne, la population soumise à la surveillance étroite de la Gestapo, certes relayée par une multitude de délateurs. La justice a pareillement été soumise au régime, le sinistrement célèbre Tribunal du Peuple (Volksgerichtshof) présidé notamment par Roland Freisler ayant prononcé des milliers de condamnations à mort au cours de parodies de justice n'essayant même pas de respecter les apparences élémentaires. Plus de 30 000 condamnés à mort furent guillotinés, pendus, voire décapités à la hache[12] sous le IIIe Reich, souvent pour de simples paroles d'hostilité ou de mécontentement. Il n'était pas rare que la Gestapo arrête des gens acquittés ou ayant fini leur peine, et les déporte à sa guise.
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+ À la différence de l'Italie fasciste, les rôles ne sont pas aussi répartis entre le parti et les institutions traditionnelles[13]. En effet, les institutions héritées des périodes précédentes continuent d'exister, mais certaines sont progressivement noyautées par des structures du parti, ou plus simplement, elles ne sont plus opérantes, à l'image des Länder, par exemple, redécoupés en Gaue, circonscription territoriale du NSDAP[réf. nécessaire]. Ce maintien des classes dirigeantes traditionnelles, donc la mise en place d'un condominium sur le pays, géré par le NSDAP et les anciennes classes dirigeantes amende nettement la vision totalitaire[réf. nécessaire]. Cette alliance est appelée à se fissurer à la période des échecs militaires (il suffit de faire une biographie des principaux conjurés du complot du 20 juillet 1944, pour s'en convaincre : des militaires, décorés et honorés par le régime (Rommel), un chef de corps d'armée durant la campagne de France, fait maréchal par Adolf Hitler (Witzleben), des généraux anciennement proches d'Adolf Hitler (Hoeppner), un homme qui a voté les pleins pouvoirs en 1933 (Goerdeler)…).
94
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+ En outre, à côté de cette alliance entre les conservateurs et les nazis, se met en place ce que Broszat appelle « anarchie totalitaire », par l'installation de structures ayant les mêmes compétences dans un domaine donné, et qui finissent par avoir des actions antagonistes : Warlimont, dans ses mémoires[14], évoque une anecdote au sujet de camions de la marine, mais dont l'armée a un besoin vital. Le représentant de la marine refuse de les mettre à disposition de l'armée de terre, sous prétexte que beaucoup de camions ont déjà été donnés à l'armée de terre. À l'issue de plusieurs heures de débat, Adolf Hitler ne tranche pas, renvoyant le problème à plus tard, trop tard.
96
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97
+ Au vu de ces considérations, l'historiographie allemande caractérise donc traditionnellement le IIIe Reich comme un « État de non-droit » (Unrechtsstaat). En juin 1934, le célèbre juriste Carl Schmitt, penseur de « l'état d'exception », approuve le massacre des SA lors de la nuit des Longs Couteaux et théorise publiquement que la simple parole du Führer a force de loi, et qu'elle prime sur le droit.
98
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99
+ L'école historique allemande dite des « intentionnalistes » insiste sur la primauté d'Adolf Hitler dans le fonctionnement du régime. La forme extrême de pouvoir personnel et de culte de la personnalité autour du Führer ne serait pas compréhensible sans son « pouvoir charismatique ». Cette notion importante est empruntée au sociologue Max Weber : Adolf Hitler se considère et est considéré sincèrement comme investi d'une mission providentielle.
100
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101
+ Sans l'idéologie (Weltanschauung, ou vision du monde) redoutablement efficace qui animait Adolf Hitler et ses fidèles, le régime nazi ne se serait pas engagé dans la voie de la guerre et de l'extermination de masse, ni dans le reniement des règles juridiques et administratives élémentaires régissant les États modernes. Par exemple, sans son pouvoir charismatique d'un genre inédit, Adolf Hitler n'aurait pas pu autoriser l'euthanasie massive des handicapés par quelques simples mots sur papier à en-tête de la chancellerie (opération T4, 3 septembre 1939), et encore moins déclencher la Shoah sans rédiger un seul ordre écrit. Aucun exécutant du génocide des Juifs ne demanda jamais, justement, à voir un ordre écrit : le simple mot de Führerbefehl (ordre du Führer) était suffisant pour faire taire toute question.
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103
+ Comme l'a démontré l'école rivale des « fonctionnalistes » (conduite par Martin Broszat), le IIIe Reich n'a jamais tranché entre le primat du pouvoir du parti unique et celui du pouvoir de l'État, d'où des rivalités de compétence incessantes entre les hiérarchies doubles du NSDAP et du gouvernement du Reich. Surtout, l'État nazi apparaît comme un singulier enchevêtrement de pouvoirs concurrents aux légitimités comparables. C'est le principe de la « polycratie »[15].
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105
+ Or, entre ces groupes rivaux, Adolf Hitler tranche rarement et décide peu. Fort peu bureaucratique, travaillant de façon irrégulière (sauf dans la conduite des opérations militaires), le Führer, « dictateur faible » ou « paresseux » selon M. Broszat, laisse chacun libre de se réclamer de lui, et attend seulement que les individus marchent dans le sens de sa volonté.
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+ Dès lors, a démontré son biographe Ian Kershaw, dont les travaux font la synthèse des acquis des écoles intentionnalistes et fonctionnalistes, chaque individu, chaque clan, chaque bureaucratie, chaque groupe fait de la surenchère et essaye d'être le premier à réaliser les projets nazis fixés dans leurs grandes lignes par Adolf Hitler. C'est le cas en particulier dans le domaine de la persécution antisémite, qui s'emballe et passe ainsi graduellement de la simple persécution au massacre, puis au génocide industriel. Ce qui explique que le IIIe Reich obéisse structurellement à la loi de la « radicalisation cumulative », et que le système ne puisse en aucun cas se stabiliser.
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+ Ce « pouvoir charismatique » explique aussi que beaucoup d'Allemands soient spontanément allés au-devant du Führer. Ainsi, en 1933, les organisations d'étudiants organisent d'elles-mêmes les autodafés de livres honnis par le régime, tandis que les partis et les syndicats se rallient au chancelier et se sabordent d'eux-mêmes après avoir exclu les Juifs et les opposants au nazisme. L'Allemagne se donne largement au Führer dans lequel elle reconnaît ses rêves et ses ambitions, plus que ce dernier ne s'empare d'elle. Selon Kershaw, le Führer est l'homme qui rend possible les plans caressés de longue date à la « base » : sans qu'il ait besoin de donner d'ordres précis, sa simple présence au pouvoir autorise par exemple les nombreux antisémites d'Allemagne à déclencher boycotts et pogroms, ou des médecins à pratiquer les expériences pseudo-médicales et les opérations d'euthanasie dont l'idée préexistait à 1933.
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+ Ce qui explique aussi, toujours selon Ian Kershaw et la plupart des fonctionnalistes, la tendance du régime à l'« autodestruction » (Selbstzerstörung). Le IIIe Reich, retour à l'« anarchie féodale » (Kershaw) se décompose en une multitude chaotique de fiefs rivaux. C'est ainsi qu'en 1943, alors que l'existence du Reich est en danger après la bataille de Stalingrad, tous les appareils dirigeants du IIIe Reich se disputent pendant des mois pour savoir s'il faut interdire les courses de chevaux, sans trancher[réf. nécessaire]. Le régime substitue aux institutions rationnelles modernes le lien d'allégeance personnelle, d'homme à homme, avec le Führer. Or, aucun dirigeant nazi ne dispose du charisme d'Adolf Hitler. Le culte de ce dernier existe dès les origines du nazisme et est consubstantiel au mouvement, puis au régime. Chacun ne tire sa légitimité que de son degré de proximité avec le Führer. De ce fait, en l'absence de tout successeur (« En toute modestie, je suis irremplaçable »[16][réf. non conforme]), la dictature d'Adolf Hitler n'a aucun avenir et ne peut lui survivre[17]. La mort du IIIe Reich et celle de son dictateur se sont d'ailleurs pratiquement confondues.
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+ L'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir marque brutalement la fin de la diversité culturelle qu'avait apportée la république de Weimar pour l'Allemagne. De nombreux autodafés ont même lieu, surtout des livres d'auteurs juifs, communistes, etc. Tous les livres de Marx, de Sigmund Freud, d'Einstein et d'auteurs célèbres à cette époque finissent brûlés en place publique. La culture est prise en main : Adolf Hitler met en place un contrôle total de la presse écrite par le parti nazi, choisit les films qui passent au cinéma… La propagande passe par ces moyens de communication ; tout a pour but de mettre en avant le parti. L'organisation des jeux olympiques d'été de 1936 sera instrumentalisée pour consolider l’image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale.
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+ Les ouvrages scolaires sont également expurgés. Pour ne pas renoncer aux poèmes d'Heinrich Heine, quelques-uns les attribuent à un « auteur inconnu de langue allemande ».
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+ De nombreux artistes, écrivains et savants doivent fuir d'emblée l'Allemagne nazie en raison de leurs origines juives, et/ou de leurs convictions politiques pacifistes, de gauche, antinazies, ou encore de la nature avant-gardiste de leur art.
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+ Parmi eux les écrivains Erich Maria Remarque, Adrienne Thomas, Thomas Mann et son frère Heinrich Mann, ainsi que Bertolt Brecht, Alfred Döblin, Kurt Tucholsky, ou encore Lion Feuchtwanger, Walter Benjamin, Arthur Koestler. Il en va de même pour les metteurs en scène berlinois Max Reinhardt et Erwin Piscator. Sont aussi notamment proscrits les philosophes Husserl, Hannah Arendt ou Wilhelm Reich, la théologienne Edith Stein (juive convertie et religieuse carmélite, gazée en 1942 à Auschwitz), les peintres d'avant-garde Paul Klee, l'architecte Walter Gropius, le physicien Albert Einstein. En 1938, l'annexion de l'Autriche oblige le vieux fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, à partir pour Londres. L'écrivain viennois Felix Salten rejoint la Suisse et s'installe à Zurich. Stefan Zweig, qui a dû fuir les nazis autrichiens dès 1934, se suicide en 1942.
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+ Quelques artistes pourtant sondés par Goebbels font choix de partir par acte de résistance au régime, ainsi le cinéaste Fritz Lang ou l'actrice Marlene Dietrich.
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+ Un certain nombre d'artistes et d'écrivains restés en Allemagne, comme Emil Nolde (qui adhère au parti nazi en 1935), se voient interdire de peindre ou d'écrire, et sont placés sous surveillance policière.
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+ Les Juifs sont exclus de la presse, du cinéma, du monde du spectacle. Les œuvres d'auteurs juifs (comme celles de Heinrich Heine ou Moses Mendelssohn) ne peuvent plus être jouées ou interprétées, et Goebbels devra intervenir contre certains fanatiques de son propre parti qui souhaitaient interdire Mozart parce que franc-maçon.
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+ L'autodafé spectaculaire des livres interdits, le 10 mai 1933, permit à beaucoup de commentateurs de rappeler la célèbre phrase de Heinrich Heine : « là où on brûlera des livres, on brûlera des hommes ». En 1937, une « exposition d'art dégénéré » très visitée sillonne l'Allemagne pour tourner en dérision les œuvres de plusieurs artistes d'avant-garde (parmi lesquels Emil Nolde), taxées de « bolchevisme culturel » ou de « gribouillages juifs et cosmopolites » par Adolf Hitler. Beaucoup de ces œuvres sont ensuite dispersées ou détruites par les nazis.
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+ Un nombre non négligeable d'esprits se rallient toutefois plus ou moins durablement au régime hitlérien. Le philosophe Martin Heidegger prend sa carte au NSDAP et d'après Victor Farias (Heidegger et le nazisme) il paiera ses cotisations jusqu'en 1945. Il accepte quelques mois les fonctions de recteur à Fribourg ; avant de s'opposer fondamentalement au national socialisme en déclarant : « le national socialisme est un principe barbare ». Le théoricien du droit Carl Schmitt devient le juriste nazi officiel. Nombre de musiciens et d'interprètes entretiennent des relations très cordiales avec le régime et ses plus hauts dirigeants, acceptant ou sollicitant les commandes officielles : ainsi les compositeurs Carl Orff et Richard Strauss, la cantatrice Elisabeth Schwarzkopf, ou les chefs d'orchestre Wilhelm Furtwängler[18] et Herbert von Karajan. Dans le domaine de l'art populaire, les internationalement réputés Comedian Harmonists sont obligés de se dissoudre.
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+ Dès 1933, Goebbels impose la création des Reichskulturkammer, organisation corporatiste des métiers de la culture. Nul ne peut publier ou composer s'il n'en est membre.
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+ Les cérémonies nazies récupèrent particulièrement la musique de Richard Wagner et celle de Anton Bruckner, favorites du Führer. Un « art nazi » conforme aux canons esthétiques et idéologiques du pouvoir se manifeste au travers des œuvres de Arno Breker en sculpture, de Leni Riefenstahl au cinéma ou de Albert Speer, confident d'Adolf Hitler, en architecture. Relevant souvent de la propagande monumentale, comme le stade olympique de Berlin destiné aux Jeux de 1936, ces œuvres au style très néo-classique développent aussi souvent l'exaltation de corps « sains », virils et « aryens ».
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+ Le Führer confia à Albert Speer le projet pharaonique (et inabouti) de reconstruction de la capitale Berlin. Celle-ci aurait dû prendre le nom de Germania et se couvrir de monuments néoclassiques au gigantisme démesuré : la coupole du nouveau Reichstag aurait été 13 fois plus grande que celle de St-Pierre de Rome, l'avenue triomphale deux fois plus large que les Champs-Élysées et l'Arche triomphale aurait pu contenir dans son ouverture l'Arc de triomphe parisien (40 m de haut). Le biographe de Speer, Joachim Fest, décèle à travers ces projets mégalomanes une « architecture de mort »[19]. En pleine guerre, Adolf Hitler se réjouira que les ravages des bombardements alliés facilitent pour l'après-guerre ses projets grandioses de reconstruction radicale de Berlin, Hambourg ou Linz.
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 1936 à Garmisch-Partenkirchen puis les jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin furent des jalons non négligeables dans la consolidation de l’image de marque du régime hitlérien sur la scène internationale, cela en dépit de son caractère notoirement raciste et ouvertement belliqueux. Les attitudes des gouvernements occidentaux qui, en faisant confiance à Adolf Hitler et à ses promesses en faveur des Juifs et de la non-discrimination raciale en général, entamaient une série de capitulations dont les Accords de Munich seront l’apothéose. Le Comité international olympique lui-même a été accusé d'avoir une part de responsabilité dans l’édification de l'image positive de l’hitlérisme[20].
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+ La Grande Dépression de 1929 s'était traduite par une montée importante du chômage dans les pays développés. En Allemagne, il y avait environ 3 500 000 chômeurs en 1930. Les historiens et économistes (Maury Klein (en), Daniel Cohen, Joseph Stiglitz entre autres) reconnaissent que la crise de 1929 a eu un impact majeur sur la montée du nazisme, conséquence directe du retrait des capitaux américains d’Allemagne[21].
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+ Robert Ley, adhérent du parti nazi dès 1923, et élu député au Reichstag en 1932, fut chargé de l'élimination des syndicats, qui furent remplacés par le Deutsche Arbeitsfront en 1933, organisation de type corporatiste. Liée au DAF, la « Kraft durch Freude » (Force par la joie) fut chargée d'offrir aux classes populaires des loisirs de masse étroitement encadrés. Elle offrit par exemple à des milliers d'ouvriers des croisières en mer Baltique sur ses deux paquebots.
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+ À la fois anticapitaliste et antimarxiste, et soucieux de se rallier la classe ouvrière, le régime nazi voulut comme tout fascisme expérimenter une troisième voie entre libéralisme et collectivisme. L'État nazi intervint ainsi largement dans l'économie. Il mena une politique de grands travaux (essor du réseau autoroutier), lança un programme ambitieux de logements sociaux, de réfection des cantines ouvrières, ou de loisirs de masse. En 1936, Adolf Hitler fit concevoir par Ferdinand Porsche les premières Volkswagen ou « voiture du peuple », censées être accessibles aux Allemands les plus modestes – en réalité, peu seront construites sous le IIIe Reich, leurs usines de montage étant vite affectées à la construction de chars. Mais aussi, le régime imposa la planification et une stricte autarcie, obligeant les industriels et les particuliers à remplacer par des ersatz de moindre qualité les produits interdits d'importation.
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+ Dès l'origine, l'économie du Troisième Reich s'est orientée vers la remilitarisation de l'Allemagne, puis la préparation de la guerre. Cette politique s'est appuyée dès 1933-1934 sur une série de lois économiques qui favorisèrent la réorganisation complète de l'industrie, puis fut accentuée à partir de 1936 avec le lancement du plan de Quatre Ans confié à Hermann Göring. Celui-ci constitua le tout-puissant cartel des Hermann-Göring Reichswerke, devenu très vite l'une des plus grosses entreprises d'Allemagne puis, après la mise sous tutelle des industries des pays conquis, une des plus grosses du monde.
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+ Le développement de l'industrie de l'armement fut grandement facilité par la technologie de la mécanographie et de la carte perforée Hollerith, fournie par la Dehomag. Les méthodes de comptabilisation, qui permettaient de connaître avec précision la nature du travail effectué par les ouvriers, orientèrent l'industrialisation dans ce sens.
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+
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+ À partir de 1941, l'état-major SS a entériné le programme d'exploitation de travailleurs forcés et de prisonniers de guerre, dans des conditions extrêmes pour les dits « travailleurs ». Très fréquemment, ces travaux étaient d'ailleurs simplement une manière « économiquement efficace » de liquider les ennemis du régime en maximisant leur utilité économique. Littéralement, on les tuait à la tâche. Le camp Auschwitz-Birkenau n'est qu'un exemple parmi d'autres.
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+ Les entreprises IG Farben, Krupp AG, BMW, Mercedes-Benz, Volkswagen ont toutes participé à ce système, mais également des entreprises étrangères, telles Fordwerke, filiale allemande du groupe Ford, et Opel, filiale du groupe General Motors. Henry Ford notamment participa activement à la constitution de l'arsenal de la Wehrmacht avant l'entrée en guerre de l'Allemagne, et accepta en 1939, la même année que Benito Mussolini, la plus grande décoration qu'Adolf Hitler pouvait décerner à un étranger, la grand-croix de l’ordre de l'Aigle allemand.
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+ En comparaison avec les États-Unis ou l'Angleterre, ces chiffres sont très flatteurs, sur le papier. Mais, outre le surendettement de l'État qu'impliquait la politique de militarisation et de plein emploi, il faut ajouter que :
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+ « Cette performance apparente fut obtenue au moyen de mesures de plus en plus attentatoires aux libertés. Ainsi, le 22 juin 1938, une ordonnance ouvrit le droit pour les autorités de réquisitionner la main-d'œuvre pour une tâche précise. Le 1er septembre 1939, c'est la fin de toute liberté en matière de choix d'un emploi. La militarisation de la classe ouvrière s'était esquissée dès avant la guerre. La ligne Siegfried (Westwall ou « mur de l'Ouest ») fut construite au moyen de la réquisition de 400 000 ouvriers (22 juin 1938). »
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+
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+ — (Source : Alfred Wahl L'Allemagne de 1918 à 1945, p. 136)
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+ À partir de 1933, la société allemande est profondément remodelée sous l'action d'une vision totalitaire. Brisant un certain nombre de cadres hérités de la période précédente, le nouveau pouvoir rebat les cartes des rapports sociaux, définissant, au sein de la société allemande, des groupes sociaux qui subissent le régime et des catégories sociales qui bénéficient du régime. Cependant, malgré l'emploi d'une rhétorique misant sur l'harmonie des rapports sociaux redéfinis dans la communauté du peuple, les conflits inhérents à une société industrielle n'ont pas disparu, et à partir de 1936, des revendications salariales, conséquence du plein-emploi, réapparaissent[22].
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+ En effet, dès les premiers mois d'installation du gouvernement de coalition entre les nazis et les conservateurs, se dessinent les contours des groupes qui perdent, par rapport à la période précédente, ce qui avait été conquis ou octroyé : les salariés, en dépit de nombreuses proclamations, ainsi que les femmes et les Juifs.
162
+
163
+ Dans un contexte de chômage de masse, la destruction des syndicats entraîne le durcissement des conditions de vie des salariés, touchant aussi bien les rémunérations que les conditions de travail[23] : la loi du 4 avril 1933 autorise le licenciement de tout employé communiste, de représentant social-démocrate ou de tout militant syndical sans préavis : tout salarié mal vu peut, à partir de la mise en application de cette loi, être licencié de façon arbitraire sans aucun moyen de défense[24]. Par delà la rhétorique mise en avant (chaque entreprise serait une communauté au sein de laquelle chacun aurait des droits et des devoirs), les dirigeants d'entreprise voient leurs pouvoirs renforcés[24].
164
+
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+ Les salariés, après la dissolution des syndicats, doivent être inscrits au Front du Travail. Cette institution regroupe à la fois les salariés et leurs employeurs, régit les relations au travail, et se trouve placée sous la tutelle du ministère du travail du Reich[25]. Confiées à des commissaires aux compétences territoriales élargies, les relations sociales sont dorénavant régies par le Führerprinzip, dans une rhétorique néoféodale, insistant sur la relation de dépendance du salarié envers son employeur[26].
166
+
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+ À cela, s'ajoute le fait que l'indice des salaires (100 en 1932) était retombé à 97 en 1938. En 1937, le niveau des salaires était à peu près celui de 1929. Le pouvoir d'achat de la classe ouvrière est inférieur en 1939 à celui de 1933. À partir de juin 1938, les salaires sont fixés d'autorité.
168
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+ Cependant, des sources indiquent le contraire : l’historien britannique Niall Ferguson nota que les prix à la consommation entre 1933 et 1939 avaient augmenté au taux annuel moyen de seulement 1,2 %. Cela signifiait en réalité que les travailleurs allemands s’en sortaient mieux, aussi bien en valeur réelle que nominale : entre 1933 et 1938, le revenu hebdomadaire net (après déduction des impôts) augmenta de 22 %, tandis que le coût de la vie avait augmenté de seulement 7 %. Le revenu des travailleurs continua d’augmenter, même après le déclenchement de la guerre en septembre 1939. La rémunération horaire moyenne des travailleurs allemands augmenta de 25 %, et le salaire hebdomadaire de 41 % jusqu’en 1943[27].
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171
+ Fin 1935, J.K Galbraith écrivait également, « le chômage touchait à sa fin en Allemagne. En 1936, les revenus élevés tiraient à la hausse les prix ou bien permettaient de les augmenter […] à la fin des années trente l’Allemagne avait atteint le plein emploi et des prix stables. C’était un exploit absolument unique dans le monde industriel »[28]
172
+ Le qualificatif de classe perdante serait donc à nuancer.
173
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174
+ Les paysans, nombreux à avoir voté pour les nazis, ne voient pas l'exode rural s'arrêter (il a même tendance à s'accélérer) ni leur situation s'améliorer réellement. Les petits commerçants et artisans menacés par la modernisation économique, et qui avaient fourni de gros bataillons aux SA, sont aussi floués : au nom de l'efficacité économique et par souci de préparer la guerre, le gouvernement encourage légalement la concentration des petites entreprises, dont plus de 400 000 disparaissent entre 1933 et 1939[29].
175
+
176
+ Enfin, en raison de la conception que les nazis avaient de la femme[30], celles-ci furent peu à peu cantonnées à leur rôle traditionnel[31]. Dès 1933, les femmes sont poussées hors de la fonction publique, ne peuvent plus être directrices dans l'enseignement, n'ont plus le droit d'être avocates, ni juges. Les ouvrières sont poussées vers l'agriculture. Les ouvrières célibataires de moins de 25 ans furent ainsi contraintes à faire une année dans les champs. 1,3 million de femmes supplémentaires furent employées dans l'agriculture entre 1933 et 1939. La politique vis-à-vis des femmes s'est cependant un peu assouplie à l'approche de la guerre[32].
177
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178
+ Si des groupes sociaux ont été floués ou matés en 1933-1934, d'autres, par contre, ont su tirer parti du nouveau cadre politique et institutionnel. En effet, après quelques incertitudes, notamment en raison d'actions violentes de la SA[33], le décret du 31 mai 1933[33], préparé lors d'une rencontre entre Adolf Hitler et des représentants des industriels allemands[34], lève toute ambiguïté sur la place dévolue aux représentants de l'industrie et des services dans la réorganisation nationale-socialiste. De plus, dès le 30 janvier, les intérêts privés, représentés par Hugenberg, sont fortement présents dans le gouvernement du Reich ; ils se voient renforcés par la nomination du Dr Schmitt, directeur général des assurances Allianz, et non d'un cadre du parti, au gouvernement[34].
179
+
180
+ Dans le même temps, les représentants de l'industrie lourde jouent un rôle accru au sein du NSDAP et de l’État, à l'image de Fritz Thyssen, nommé par Goering conseiller d'État à vie en Prusse, jouant de ce fait un rôle important de conseiller économique dans les Gaue de Rhénanie[35]. Ainsi, la loi sur les cartels du 15 juillet 1933, qui donne aux ministères de l'économie et de l'agriculture un pouvoir sur la constitution de cartels et de contrôle de ces derniers, renforce les intérêts des cartels déjà existants, en rendant théorique le contrôle étatique sur ces institutions[36].
181
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182
+ De plus, la lutte contre la corruption est considérablement allégée à partir de mai 1933[34].
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184
+ Dans le même temps, la direction du NSDAP, Adolf Hitler en tête, écarte tous les militants susceptibles de remettre en cause ces nouveaux choix économiques, illustrés par la nomination de membres éminents du patronat allemand à des postes clés de la direction de l'économie[34] : ainsi, les décrets du printemps 1933 annulent les plaintes déposées par le parti à l'encontre des industriels pour corruption[34].
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+
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+ La justification de l’expansionnisme nazi se trouve déjà dans Mein Kampf (1926). Le régime nazi se réclame du fascisme, défini par Benito Mussolini comme un régime militariste et anti-pacifiste. Il nourrit le culte de la virilité et de la violence guerrière, et vit dans le souvenir permanent de l'expérience de la Grande Guerre. Enfin, Adolf Hitler viole constamment le traité de Versailles, imposé à l’Allemagne en 1919. Méprisant les institutions internationales, posant le primat de la force sur le droit, il traite les traités internationaux conclus en « chiffons de papier ». D'emblée Adolf Hitler se met à bafouer ouvertement le traité de Versailles, dont il ne reste plus grand-chose dès 1938-1939. Le 14 octobre 1933, l'Allemagne quitte la Société des Nations tout en proposant des discussions bilatérales sur la sécurité[37]. En janvier 1935, les Sarrois votent massivement leur rattachement à l'Allemagne. Cette victoire améliore l'image des nazis à l'étranger[38]. La conscription est réintroduite le 16 mars 1935, en violation ouverte du traité de Versailles. Les effectifs de la Wehrmacht sont portés à 550 000 hommes[39]. En même temps, Adolf Hitler négocie avec les Britanniques. Le 18 juin 1935, un accord anglo-germanique autorise l'Allemagne à se doter d'une flotte équivalente à 35 % de celle du Royaume-Uni. En fait, les Allemands cherchent à dessiner un nouveau partage du monde qui leur réserverait l'Est de l'Europe[38].
187
+
188
+ Le projet nazi reprend en partie les vieux thèmes du pangermanisme. Selon Adolf Hitler, la réunification du « sang allemand » est un impératif moral, même si cette communauté se révélait nuisible sur le plan économique. Il revendique donc des territoires qui étaient allemands avant la Première Guerre mondiale, et invoque la communauté de sang et de culture pour annexer d'abord l’Autriche, puis la Région des Sudètes en 1938. À partir de 1939, Adolf Eichmann est aussi chargé de « rapatrier » les minorités allemandes dispersées depuis des siècles à travers toute l'Europe centrale et orientale.
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+ Mais au désir de regrouper tous les Allemands s'ajoute l'idée que les Aryens, « Race des Seigneurs » (Herrenvolk) auraient besoin d’un espace vital (Lebensraum) pour survivre, et que celui-ci, potentiellement illimité, doit être conquis par la force à l’Est (Drang nach Osten). Considérant les Slaves comme une race inférieure (des « sous-hommes », Untermenschen), le projet nazi ambitionne donc de conquérir l’Europe orientale et de réduire ses populations en esclavage, voire de les éliminer[40]. La Tchécoslovaquie, jeune démocratie abritant une population allemande, est le premier pays démantelé par les Allemands. La Pologne, qui abrite une large population juive, est particulièrement visée par le Troisième Reich.
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+ Le Führer prépare la société allemande à la guerre. Dans les Jeunesses hitlériennes, organisations obligatoires (à partir de 1936) pour les adolescents, l’entraînement physique et moral doit former des hommes nouveaux, courageux jusqu’à l’extrême et capables de tuer sans éprouver la moindre pitié. Habillés en uniformes, les jeunes allemands apprennent à être fidèles à Adolf Hitler. L’économie est militarisée et tournée vers la production d’armes. Adolf Hitler prend lui-même le commandement de l’armée en 1938. Le 7 mars 1936, la Wehrmacht entre en Rhénanie, démilitarisée depuis le traité de Versailles. La Grande-Bretagne et la France condamnent cette action mais n'interviennent pas[39] alors qu'Adolf Hitler avait prévu de reculer s'il rencontrait une résistance. L'inaction des démocraties conforte la volonté d'Adolf Hitler de réaliser la grande Allemagne et en protestant publiquement de son pacifisme. Adolf Hitler ensuite multiplie les pressions sur le chancelier autrichien Schuschnigg pour qu'il cède le pouvoir au nazi Arthur Seyss-Inquart. Sans soutien extérieur, le chancelier cède et le 12 mars 1938, Adolf Hitler entre en Autriche. Il annonce le rattachement du pays au Reich et obtient 99 % de oui de la part des Autrichiens au plébiscite d'avril[41]. L’Anschluss ne rencontre aucune opposition internationale. Après les accords de Munich, le Royaume-Uni et la France laissent Adolf Hitler s’emparer des Sudètes.
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+ Les deux pays sont mis devant le fait accompli lorsque la Bohême-Moravie, Memel et la ville libre de Dantzig sont annexés en 1939.
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+ À la fin des années 1930, les démocraties européennes sont dans une situation difficile. La Grande Crise de 1929 n'est pas entièrement résolue. Le pacifisme est extrêmement puissant dans les opinions publiques. La spécificité du nazisme est rarement perçue, et beaucoup persistent longtemps à voir en Adolf Hitler un nationaliste allemand comme les autres. La SDN n’a pas de réel pouvoir et les États-Unis sont isolationnistes.
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+ Une grande partie de l’Europe est aux mains de dictatures autoritaires (Espagne, Portugal, Autriche…) fascistes (Italie) ou communistes (URSS). L’Allemagne a conclu une série d’alliances qui la renforce : Axe Rome-Berlin puis Pacte d'acier avec l’Italie, enfin, en août 1939, pacte germano-soviétique avec l’URSS de Joseph Staline. Francisco Franco, qu'Adolf Hitler a aidé activement à arriver au pouvoir pendant la guerre civile espagnole par l'envoi de la légion Condor, est l'allié moral du Reich. Les États des Balkans, qui ont conclu des accords commerciaux de clearing avec le Reich, sont sous l'influence économique voire diplomatiques de Berlin. La Belgique et les Pays-Bas se replient dans des neutralités frileuses. La France et le Royaume-Uni sont isolées et vivent dans le spectre de la Grande Guerre.
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+ Malgré l’alliance qui les unit à la Tchécoslovaquie, la France et le Royaume-Uni se gardent bien d’intervenir lorsqu'Adolf Hitler déclare son intention de rattacher les Sudètes. Les accords de Munich de 1938 marquent l'ultime tentative de conciliation des démocraties devant les prétentions territoriales nazies : elles laissent Adolf Hitler s’emparer des Sudètes en octobre 1938.
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+ À cette époque, beaucoup de partisans de l’« apaisement » avec l'Allemagne nazie croient qu'Adolf Hitler s'en tiendra à démolir les dispositions les plus humiliantes du traité de Versailles et aux traditionnels projets pangermanistes. Pour le Premier ministre britannique Neville Chamberlain, l'annexion de l'Autriche n'est ainsi qu’« une affaire entre Allemands », et la Tchécoslovaquie « un petit pays dont nous ne savons presque rien ». Mais le 15 mars 1939, le Reich s'empare de Prague et détruit l'État tchécoslovaque, absorbant donc des populations slaves et nullement allemandes. Les opinions occidentales basculent, les gouvernements comprennent que le IIIe Reich nourrit des ambitions hégémoniques illimitées.
203
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+ Lorsque les armées allemandes pénètrent en Pologne, elles ne peuvent plus reculer et doivent déclarer la guerre. Toutefois, les démocraties n'entreront pas en Allemagne, alors qu'elles auraient pu tirer profit de la division de l'armée allemande pendant la campagne de Pologne.
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+ Le 1er septembre 1939 à 4 h 45 du matin, le Reich envahit la Pologne sans déclaration de guerre, déclenchant la Seconde Guerre mondiale. L'occupation militaire allemande de la plus grande partie du continent européen a lieu rapidement et, jusqu'en 1941, le territoire contrôlé par les nazis va du Cercle Polaire et de la Manche jusqu'à l'Afrique du Nord et aux portes de Moscou. Dans tous les pays, le IIIe Reich trouve des forces de collaboration pour l'assister, mais sa domination est combattue par les mouvements de résistance. La Grande-Bretagne cependant refuse de se retirer de la guerre même après la défaite de la France et l'armistice du 22 juin 1940. Elle est le seul adversaire du Reich entre juin 1940 et juin 1941, quand Adolf Hitler envahit brusquement l'Union soviétique, violant le pacte de non-agression et s'ouvrant un autre front de bataille. Celui-ci signe par ailleurs un pacte d'amitié avec la Turquie le 18 juin 1941.
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+
208
+ Or, à partir de la défaite devant Moscou (6 décembre 1941), Adolf Hitler perd l'espoir d'une guerre courte. Trois gigantesques potentiels humains et industriels sont désormais alliés contre lui : l'URSS, l'Empire britannique et les États-Unis, auxquels, après l'agression japonaise sur Pearl Harbor, il a déclaré la guerre le 11 décembre 1941, sans aucun bénéfice pour l'Allemagne.
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210
+ Se résignant à proclamer la mobilisation totale voulue par Goebbels et Speer, Adolf Hitler accentue le pillage des pays occupés et met en œuvre la guerre totale. À partir de début 1942, la production d'armements s'accroît, et elle est encore supérieure en février 1945 à ce qu'elle était en 1942, malgré des attaques aériennes massives des Alliés contre les cibles civiles et industrielles.
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+ Le totalitarisme nazi se renforce encore avec la guerre. Sous la direction de Heinrich Himmler (1900-1945), l'appareil policier développe des pouvoirs illimités. Se radicalisant sans fin, le IIIe Reich perpètre sur son territoire et à travers les pays occupés, surtout à l'Est, des crimes contre l'humanité : le lancement du génocide industriel des Juifs est entériné par la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942 ; l'extermination s'abat aussi sur les handicapés mentaux allemands, les Tziganes, les Polonais et les Slaves, sujets au Generalplan Ost ; d'innombrables résistants de toute l'Europe affluent dans les camps de concentration en territoire allemand, tandis que la Wehrmacht et les SS perpètrent à l'extérieur massacres et tortures. En juillet 1942, au cours d'une cérémonie au Reichstag, Adolf Hitler se fait donner officiellement droit de vie et de mort sur tout citoyen allemand. Le complot du 20 juillet 1944 contre Adolf Hitler, mené par des résistants allemands, est réprimé dans le sang : plus de 5 000 personnes sont suppliciées après des procès aux verdicts connus d'avance, leurs familles déportées en vertu du principe totalitaire de la responsabilité collective (Sippenhaft).
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214
+ À partir de novembre 1944, tous les Allemands sont appelés à servir dans la Volkssturm, une milice sous-équipée : les derniers défenseurs du IIIe Reich seront souvent des vieillards et des préadolescents armés de vieux fusils. Dans les ruines de Berlin et de Vienne assaillies par l'Armée rouge, les SS pendront encore en public tous ceux qui parlent de cesser un combat sans espoir.
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+ Au printemps 1945, le Troisième Reich, bombardé quotidiennement, sillonné de millions de réfugiés fuyant l'avancée soviétique, et assailli de toutes parts se trouve en ruines.
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+ Déclarant que le peuple allemand ne mérite pas de lui survivre puisqu'il ne s'est pas montré le plus fort, Adolf Hitler donne l'ordre en mars 1945 d'une politique de terre brûlée d'une radicalité jamais égalée : il s'agit de détruire non seulement les usines et toutes les voies de communication, mais aussi les centrales thermiques et électriques, les stations d'épuration, et tout ce qui est indispensable à la vie des Allemands. Dans la pratique, toutefois, ces ordres furent peu appliqués sur le terrain[42].
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+ À partir de l'hiver 1944-1945, le Reich connaît un processus de désintégration de plus en plus accentué au fil des semaines. Ce processus de désintégration se matérialise par la décentralisation de la répression et par ce que Bormann appelle « la calamité des communications »[43].
221
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222
+ En effet, en novembre 1944, Heinrich Himmler confie par décret aux responsables de la police et des SS de chaque Gau le pouvoir de mener des actions dirigées contre les travailleurs étrangers[44], perçus comme une cinquième colonne particulièrement bien organisée[45], et à partir de février 1945, Kaltenbrunner autorise ces mêmes responsables à pratiquer des exécutions arbitraires à l'encontre de ces populations, ciblant particulièrement les travailleurs de l'Est[46] ; ces consignes sont appliquées avec zèle par la Gestapo, zèle annonciateur des massacres des dernières semaines du conflit[47].
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224
+ Mais la violence est également dirigée contre les populations allemandes. En effet, le décret promulgué le 15 février 1945 par le ministre de la Justice, renforcé par un décret d'Adolf Hitler du 9 mars crée les conditions de l'exercice d'une justice toujours plus décentralisées, sans procédures d'appel : les modalités d'application prévues par Bormann contribuent à accentuer ce processus de décentralisation-désintégration de la justice[48].
225
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+ Mais la décentralisation de la répression ne constitue pas le seul facteur de la désintégration du Reich dans les premiers mois de l'année 1945. En effet, les contraintes liées aux attaques des nœuds de communication accentue le chaos dans un Reich de plus en plus décentralisé de fait.
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228
+ Dans les semaines qui précèdent la disparition du Reich, les Gauleiter, représentant le NSDAP et l'État en province, sont livrés à eux-mêmes, ne recevant plus de consignes applicables de Berlin[49], ou alors des directives inapplicables émanant de la chancellerie de Bormann, qu'ils ne prennent même plus la peine de lire[43].
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230
+ En effet, la « calamité des communications », en réalité l'incapacité pour le pouvoir central de communiquer efficacement avec ses représentants installés dans les régions éloignées du centre, notamment le Sud du Reich, accélère la désintégration totale de l'État central et la fragmentation de ses pouvoirs, le pouvoir central se trouvant davantage chaque jour en incapacité de transmettre ses ordres à ses représentants locaux ou régionaux, selon le constat de Goebbels au début du mois[50], tandis qu'une répression féroce, menée par les Gauleiter, la SS et la police, s'abat sur la population[49]. Au mois d'avril, les autorités centrales de Berlin ne peuvent plus communiquer de façon efficace avec le Sud du Reich, un service de courriers à moto est alors mis en place, et transmet le flot des directives de Bormann, une « paperasse inutile »[51] que plus personne ne prend alors le temps de lire[43]. Cette déliquescence est visible dans la politique personnelle menée par chaque Gauleiter dans leur Gau : dans le sud du Reich, tous les Gauleiter refusent d'accueillir les réfugiés des régions envahies par les Soviétiques, malgré les consignes strictes de la chancellerie du Parti[52].
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232
+ Face à ce processus de désintégration, les plus hauts responsables du Reich se réfugient dans la routine et l'accomplissement de leurs tâches et du rôle de représentation qui leur est dévolu. Heinrich Himmler fait ainsi établir une liste d'ouvrages à offrir aux haut-dignitaires de la SS à l'occasion de la fête de Yule ou encore répond au père de l'un de ses filleuls que le « chandelier de vie » destiné au nouveau-né lui sera adressé dès que possible[53]. Dans les premières semaines de 1945, le ministre des finances, Lutz Schwerin von Krosigk, adresse une abondante correspondance à Adolf Hitler ou aux autres ministères leur demandant de considérer la situation financière et monétaire du Reich, allant jusqu'à suggérer un relèvement des tarifs d'un certain nombre de services publics, arguant de leur cout en hausse constante du fait de la prolongation du conflit, ou encore une réforme fiscale, à laquelle Goebbels reproche, fin mars 1945, de peser sur la consommation[54].
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234
+ Mais Schwerin n'est pas le seul à se focaliser sur son activité principale : dans l'entourage même d'Adolf Hitler, le maintien des apparences et la perpétuation des habitudes acquises demeurent la règle. En effet, dans la semaine qui précède l'anniversaire d'Adolf Hitler, une exposition de prototypes de nouvelles armes mobilise l'attention du personnel de la chancellerie du Reich, cette dernière devant être visitée par Adolf Hitler à l'occasion de son anniversaire le 20 avril[55]. Bormann, lui, continue d'inonder les cadres supérieurs du parti de directives vaines et inapplicables, au grand agacement de Goebbels[43]. La recherche de cette routine se fait aussi aux échelons inférieurs du NSDAP : le 28 avril, le Kreisleiter de Freiberg, en Saxe, fait publier une circulaire à destination des militants, contenant un éventail de tâches partisanes à accomplir[43].
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236
+ Adolf Hitler se suicide le 30 avril 1945 quand l'Armée rouge arrive à quelques centaines de mètres du bunker berlinois du dictateur. Son successeur, l'amiral Karl Dönitz ne peut que capituler sans conditions le 8 mai 1945. Il est arrêté avec le gouvernement de Flensbourg, dernier vestige de gouvernement allemand, le 23 mai 1945, à Flensbourg. Le 20 septembre, plusieurs mois après la défaite militaire totale de l'Allemagne nazie, la loi no 1 du Conseil de contrôle allié, issue d'un accord entre les gouvernements des Alliés, abroge l'ensemble des lois d'exceptions constituant la base législative du régime hitlérien. L'Allemagne est ensuite soumise au processus dit de dénazification, destiné à effacer toute trace du régime hitlérien et à garantir le rétablissement de la démocratie.
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238
+ La défaite finale du IIIe Reich laisse l'Allemagne en ruines et soumise à un régime d'administration militaire par les Alliés. Elle disparaît en tant qu'État indépendant jusqu'en 1949, date à laquelle sont proclamées, à quelques mois d'intervalle et dans le cadre de la Guerre froide, la RFA à l'ouest sur les zones d'occupation américaine, britannique et française et la RDA à l'est sur la zone d'occupation soviétique. L'Allemagne, divisée en deux États politiquement rivaux, cesse d'exister en tant que pays unifié jusqu'à sa réunification en 1990. Cinq millions de soldats allemands sont morts au front et trois millions de civils sous les bombes. 11 millions d'Allemands présents depuis des siècles sont chassés des pays d'Europe centrale et orientale en représailles aux exactions du IIIe Reich. L'actuel territoire de la République fédérale d'Allemagne est inférieur d'un tiers à celui du Reich de 1914.
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+ Après leur capture, les 16 plus hauts dirigeants du IIIe Reich encore vivants sont jugés au procès de Nuremberg en 1946, lequel déclare également organisation criminelle plusieurs piliers du régime : le NSDAP, la SS, la Gestapo et le cabinet du Reich. Plusieurs chefs nazis se sont suicidés, tels Adolf Hitler, Heinrich Himmler, Joseph Goebbels. D'autres, en fuite, seront traqués et retrouvés, tels Adolf Eichmann, jugé et pendu à Jérusalem en 1962. D'autres sont morts libres après s'être réfugiés en Amérique du Sud (Josef Mengele) ou dans le monde arabe. La dénazification imposée à l'Allemagne après 1945, ainsi qu'une série de procès et de révocations, n'a pas empêché de très nombreux serviteurs du IIIe Reich de faire de bonnes carrières administratives, économiques ou politiques après la guerre, sans être jamais inquiétés, même lorsque très compromis. Tout comme les Russes, les Américains recyclèrent des agents gestapistes, tels Klaus Barbie, entré au service de la CIA, ou des scientifiques compromis tels Wernher von Braun.
241
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242
+ Adolf Hitler et Joseph Staline ont brisé la continuité historique de leur pays[59] ; de surcroît, la « catastrophe allemande »[60][réf. non conforme] ne s'est pas produite dans un pays arriéré aux mœurs traditionnellement brutales. Les Nazis accèdent au pouvoir légalement, dans l'un des pays les plus développés et les plus cultivés du monde, célèbre pour son abondance de philosophes, d'artistes et de savants. Dès lors, la question de la « culpabilité » du peuple allemand dans l'avènement du IIIe Reich et de son degré d'adhésion à ses actes (Schuldfrage) n'a cessé de hanter la conscience nationale depuis la fin de la guerre. Elle a longtemps pesé lourdement sur l'image de l'Allemagne et des Allemands à l'étranger, et sur sa place en Europe et dans le monde. Pendant la guerre froide, RFA et RDA se renvoyèrent l'accusation d'être les continuateurs du IIIe Reich. Des personnalités comme le philosophe Martin Heidegger ou le chef d'orchestre Herbert von Karajan ont traîné toute leur vie comme un boulet le fait d'avoir adhéré au parti nazi et de s'être montrés incapables de s'expliquer clairement sur cette adhésion.
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+ En dépit de ce passé, quelques nostalgiques, ainsi que les néo-nazis ou les négationnistes, vantent encore aujourd'hui la grandeur du IIIe Reich, prétendant par exemple que « le procès de Nuremberg c'est celui de l'homme blanc, que les chambres à gaz n'ont jamais existé, elles sont tout droit sorties du néant »[61]. Ces individus, parfois apparentés au mouvement skinhead nazi, sont ultra-minoritaires et guère médiatisés, et ce sont surtout leurs frasques violentes qui les mettent en lumière, comme en Angleterre avec le paki bashing.
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+ Du fait de l'ampleur inédite de ses crimes, le IIIe Reich est reconnu aujourd'hui comme l'un des épisodes les plus noirs et les plus traumatisants de l'histoire de l'Allemagne et de celle de l'humanité. Ses emblèmes et son apologie sont interdits dans la plupart des pays occidentaux. Certains ont aussi adopté des lois contre les négateurs de ses crimes contre l'humanité, comme en France, en Autriche ou en Allemagne même. Sans équivalents même dans l'URSS stalinienne, sa « violence congénitale »[62][réf. non conforme], son idéologie raciste et ses volontés expansionnistes et génocidaires, et surtout la spécificité radicale amplement établie de la Shoah, singularisent communément le IIIe Reich comme un régime intrinsèquement criminel. Il pose de ce fait à l'historiographie, mais aussi à la conscience universelle, des angoisses et des interrogations jamais totalement résolues.
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+ La Réunion est une île de l'Ouest de l'océan Indien dans l'hémisphère sud ainsi qu'un département d'outre-mer français.
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+ D'une superficie de 2 512 km2, La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à 172 km à l'ouest-sud-ouest de l'île Maurice et à 679 km à l'est-sud-est de Madagascar. Il s'agit d'une île volcanique créée par un point chaud : culminant à 3 071 m au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée. Le piton de la Fournaise, situé dans le Sud-Est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde. Bénéficiant d'un climat tropical d'alizé maritime et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel.
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+ Vraisemblablement repérée dès le Moyen Âge par les Arabes sous le nom de « Dina Morgabin » (l’île couchant)[2], La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu'alors connue sous le nom d'île Mascarin, elle devient sous celui d'île Bourbon, une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une véritable colonie pratiquant la culture du café. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848[3], remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
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9
+ L'île connaît une crise économique rampante à compter des années 1870. Elle devient département français en 1946 (code départemental 974) et est, depuis 2003, la collectivité territoriale d’outre-mer la plus intégrée à la République[réf. nécessaire]. En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l'ordre de 29 %, dont 60 % chez les jeunes[4]. Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme. Le PIB est estimé à 14,5 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 18 000 euros par an.
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+ D'après le dernier recensement, la population était, en janvier 2017, de 853 659 habitants[5], principalement concentrés sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.
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13
+ La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya…).
14
+
15
+ Au moment de sa prise de possession par la France au XVIIe siècle, l'île est baptisée Bourbon, du nom de la dynastie alors régnante. Pour rompre avec ce nom trop attaché à l'Ancien Régime, la Convention nationale décide le 23 mars 1793[6], de renommer le territoire île de la Réunion. Ce choix pourrait avoir été fait en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792 et la marche sur le palais des Tuileries mais aucun document ne le justifie et le sens du mot « réunion » pourrait avoir été purement symbolique[7].
16
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+ L'île change de nouveau de nom au XIXe siècle : en 1806, sous le Premier Empire, le général Decaen la baptise île Bonaparte puis, en 1810, elle redevient île Bourbon. Elle redevient définitivement île de la Réunion à la chute de la monarchie de Juillet par un arrêté du gouvernement provisoire du 7 mars 1848[8].
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19
+ Conformément à la graphie originelle et aux règles orthographiques et typographiques classiques[9] « la Réunion » s'écrivait avec une minuscule à l'article mais, au cours de la fin du XXe siècle, la graphie « La Réunion » avec une majuscule s'est développée dans de nombreux écrits pour souligner l'intégration de l'article dans le nom. Cette dernière graphie correspond aux préconisations de la Commission nationale de toponymie[10] et figure notamment dans l'actuelle Constitution de la République française aux articles 72-3 et 73.
20
+
21
+ La Réunion est une île qui se situe dans l'Ouest de l'océan Indien par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l'hémisphère sud, à 684 km à l'est de Madagascar.
22
+
23
+ La Réunion est l'île la plus occidentale de l'archipel des Mascareignes dont font également partie l'île Maurice, à 172 km à l'est-nord-est, et Rodrigues, toutes deux faisant partie de la république de Maurice. Les Mascareignes sont traditionnellement rattachées au continent africain.
24
+
25
+ La Réunion est une île volcanique née il y a quelque trois millions d'années[11] avec l'émergence du volcan du piton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 m, le sommet le plus élevé des Mascareignes et de l’océan Indien[12]. L'est de l'île est constitué par le piton de la Fournaise, un volcan bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu’un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.
26
+
27
+ En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par une érosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par l'érosion (Salazie, Mafate et Cilaos) et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant des ravines, estimées à au moins 600[13], généralement profondes et dont les torrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
28
+
29
+ Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral du Sud sauvage est cependant plus abrupt.
30
+
31
+ Entre la frange littorale et les Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos, la caldeira du piton de la Fournaise.
32
+
33
+ Le sommet du piton de la Fournaise au repos.
34
+
35
+ La coulée de 2005 du piton de la Fournaise.
36
+
37
+ Relief inaccessible de Mafate à Marla.
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+
39
+ La plaine des Cafres.
40
+
41
+ La plage de l'Ermitage dans l'Ouest de l'île.
42
+
43
+ Urbanisation des pentes à Saint-Denis.
44
+
45
+ Le piton des Neiges, volcan bouclier et point culminant de La Réunion. Inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l'île.
46
+
47
+ La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part de précipitation entre la côte au vent à l'est et la côte sous le vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.
48
+
49
+ Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :
50
+
51
+ La Pointe des Trois Bassins, située sur le littoral de la commune de Trois-Bassins (Ouest), est la station la plus sèche avec une hauteur annuelle normale de précipitations de 447,7 mm, tandis que Le Baril à Saint-Philippe (Sud-Est) est la station côtière la plus arrosée avec une hauteur normale annuelle de 4 256,2 mm[14]. Cependant, le poste le plus arrosé est celui des hauts de Sainte-Rose avec une moyenne annuelle de précipitation atteignant près de 11 000 mm, ce qui en fait l'un des endroits les plus pluvieux du monde.
52
+
53
+ Les températures à La Réunion se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement 10 °C) bien que sensible :
54
+
55
+ Dans les bourgs de montagne, comme à Cilaos ou à La Plaine-des-Palmistes, les températures moyennes oscillent entre 12 °C et 22 °C. Les zones d'habitat les plus élevées et les espaces naturels d'altitude peuvent connaître quelques gelées hivernales. De la neige a même été observée sur le piton des Neiges ainsi que le Piton de la Fournaise en 2003[16] et 2006[17].
56
+
57
+ Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont « non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets du changement climatique, la Réunion a été choisie (avec Gran Canaria en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné [18], pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision » [18].
58
+
59
+ La Réunion est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les 200 km/h et apportent des précipitations diluviennes. Le CMRS (Centre météorologique régional spécialisé) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien. 15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.
60
+
61
+ 220 km/h à la plaine des Cafres ;
62
+
63
+ 187 km/h à Gillot
64
+
65
+ 162 km/h à la Petite France
66
+
67
+ L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenues invasives. Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par la périurbanisation[22], elles font l’objet de plans de sauvegarde.
68
+
69
+ Net-Biome[23] est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par la Commission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de la biodiversité tropicale et subtropicale dans les 7 régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des pays et territoires d’outre-mer de l’UE. Il s'appuiera notamment sur :
70
+
71
+ En 2009, une liste des espèces menacées a été établie dans le cadre d'une mission pilotée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le muséum national d'histoire naturelle et en partenariat avec la direction régionale de l'Environnement[24].
72
+
73
+ Avec la création de son parc national, l'île a été nommée au Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » le lundi 2 août 2010[25].
74
+
75
+ La flore tropicale et insulaire de l'île de La Réunion se caractérise par sa diversité, un taux d’endémisme très élevé et une structure bien spécifique. La flore réunionnaise compte une grande diversité de milieux naturels et d’espèces (jusqu’à 40 espèces d'arbres/ha, par comparaison à une forêt tempérée qui en compte en moyenne 5/ha). Cette diversité est d’autant plus remarquable, mais fragile, qu’elle est différente en fonction des milieux (littoral, basse, moyenne et haute montagne).
76
+
77
+ On recense à La Réunion un taux d’espèces endémiques très élevé, avec plus de 850 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l’arrivée de l’Homme), dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel des Mascareignes. La flore réunionnaise se distingue enfin des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation bien spécifique, notamment une forte présence de plantes épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), comme les Orchidaceæ, les Bromeliaceæ, les Cactaceæ, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses[26].
78
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79
+ La faune remarquable de La Réunion[27] se concentre autour des oiseaux, des insectes ou des reptiles, qui comptent de nombreuses espèces endémiques, mais l'île n'accueille pas de grand mammifère et ne compte pas d'animal dangereux sur terre. La faune qui compte le plus d’espèces endémiques est celle des oiseaux, dont certaines espèces sont fortement menacées à l'image du Tuit-tuit, du Pétrel de Barau ou encore du Papangue, et aussi celle des insectes, notamment coléoptères et papillons, encore assez mal connus. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image du Paille-en-queue[28] ou de l’Endormi[29]. La Réunion compte assez peu de mammifères, et une seule espèce endémique, le Ti Moloss qui est une micro-chauve-souris (microchiroptères)[30].
80
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+ La Réunion jouit d'une biodiversité et d'une faune marine très importante, que ce soit dans les récifs et les lagons, mais aussi avec les poissons et les habitants du grand large. On dénombre plus de 1 200 espèces de poissons qui évoluent dans les lagons, les tombants et les grands fonds des eaux réunionnaises[31].
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83
+ La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes[32]. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
84
+
85
+ Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années[11]), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans[33]) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme de récifs frangeants[11],[33].
86
+
87
+ Ces formations délimitent des « lagons » (il s'agit plus précisément de « dépressions d'arrière-récif »[11],[33]) peu profonds dont le plus grand ne dépasse pas 200 m de large, pour 1 à 2 m de fond environ[34]. Ces lagons, qui forment une ceinture récifale discontinue de 25 km de long (soit 12 % du littoral de l'île) pour une surface totale de 12 km2[11],[33], sont situés sur la côte ouest et sud-ouest de l’île. Les plus importants sont ceux de L’Ermitage (St.-Gilles), St.-Leu, L'Étang-Salé et St.-Pierre.
88
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89
+ Malgré la faible surface des récifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel des Mascareignes son inscription parmi les dix principaux « hot spots » de biodiversité mondiale[35]. Les récifs coralliens de La Réunion, aussi bien au niveau des platiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces de corail branchu à croissance rapide du genre Acropora (famille des Acroporidæ), qui permettent d'héberger et de nourrir de très nombreuses espèces tropicales.
90
+
91
+ Les recherches scientifiques récentes font état à La Réunion de plus de 190 espèces de coraux[35], plus de 1 300 espèces de mollusques[36], plus de 500 espèces de crustacés[37], plus de 130 espèces d'échinodermes[35] et plus de 1 000 espèces de poissons[38].
92
+
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+ Les eaux plus profondes de La Réunion accueillent des dauphins, orques, baleines à bosse, baleines bleues et les espèces de requins sont variées ; parmi celles-ci : le requin baleine, le requin corail, le requin bouledogue, le requin tigre, le requin à pointes noires et le requin blanc. Plusieurs espèces de tortues marines y vivent et s'y reproduisent.
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+
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+ Tortue verte immature (Chelonia mydas).
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+ Raie aigle (Myliobatis aquila), survolant le corail.
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+ Idole des Maures (Zanclus cornutus).
100
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+ Deux poissons-papillon à trois bandes (Chætodon trifasciatus).
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103
+ Un baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus).
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105
+ « Cordon mauresque » (Synapta maculata).
106
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107
+ Parmi les écosystèmes côtiers, les récifs coralliens comptent parmi les plus riches en matière de biodiversité, mais ils sont aussi les plus fragiles[39].
108
+
109
+ Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009[38], avec un corail en dégradation en plusieurs endroits. Les causes de cet état de fait sont la pollution, la surpêche et le braconnage ainsi que la pression anthropique, notamment liée à la densification de l’urbanisation des zones côtières et au rejet des eaux usées[38].
110
+
111
+ 104 espèces vivant sur l'île de La Réunion étaient inscrites sur la liste rouge éditée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au 12 septembre 2008. Elles étaient 51 en 2007[40].
112
+
113
+ Sur cette liste on trouvait :
114
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115
+ Le caractère insulaire de La Réunion la rend vulnérable au dérèglement climatique et implique une stratégie d'adaptation, à laquelle une trame verte et bleue peut contribuer[41].
116
+
117
+ Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion[42]. Plus tard, au Xe siècle apr. J.-C., des navigateurs arabes découvrent l'île de La Réunion et la nomment « Dîna morgabin »[2].
118
+
119
+ L’île semblait totalement inhabitée lors de l'arrivée des navires portugais du XVIe siècle en route vers les Indes[2].
120
+
121
+ Un navigateur portugais, Diogo Dias, y aurait débarqué en juillet 1500. Un autre navigateur portugais, Pedro de Mascarenhas y débarque le 9 février 1512[43] ou 1513[44], jour de la Sainte-Apolline, alors qu’il est sur la route de Goa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom de Santa Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues sont appelées archipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées les Mascareignes.
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123
+ Au début du XVIIe siècle, l’île est une escale sur la route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. Le 23 mars 1613, l’amiral néerlandais Pierre-Guillaume Veruff, de retour de Java, fait escale à La Réunion. Un navigateur anglophone baptise par ailleurs l’île encore inhabitée England's forest.
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+ Les Français y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptisée île Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés de Madagascar sont abandonnés à La Réunion.
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+ C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron : L’Aigle blanc, La Vierge, le Bon port, Le Saint-Paul et Le Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. La Loire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta le quai de la Fosse à Nantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de la côte de Malabar et du golfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le 9 juillet 1665. La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale au Cap-Vert le Jeudi saint, le 4 mars 1665. Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile. « Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueur Urbain Souchu de Rennefort.
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+ Parmi les vingt colons venus de France, on note la présence d'Hervé Dannemont (devenu Dennemont), né le 17 décembre 1635 à Brix (Manche), fils de Jacques Dannemont, maître verrier, et de Marie Lecarpentier. Il a épousé vers 1668 à Saint-Paul, Léonarde Pillé, originaire de Granville. Hervé Dennemont serait décédé le 16 novembre 1678. Les Dannemont de Normandie sont représentés, aujourd'hui, par une trentaine de familles sur l'île de La Réunion. On les trouve également à l'île Maurice mais aussi à Madagascar. En Normandie, la famille s'est éteinte au XVIIIe siècle, le nom ayant muté en Dalmont (sa descendance est bien connue grâce à Camille Ricquebourg, auteur du Dictionnaire généalogique des familles de Bourbon).
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+ Françoise Chatelain de Cressy est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.
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+ À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie. Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’hui île Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendant Pierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment le girofle et la noix de muscade dont le commerce fut florissant au XVIIIe et début du XIXe siècle.
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+ Le 19 mars 1793, pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion »[45] en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, lors de la marche sur le palais des Tuileries, la journée du 10 août 1792, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons[46]. Le 26 septembre 1806, l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
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+ L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le 4 février 1794 se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le 18 juin 1796 pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.
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+ Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.
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+ Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est substituée à la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France, de Saint-Domingue, et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
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+ De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalité liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.
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+ Le 20 décembre 1848, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert Delisle devient son premier gouverneur créole le 8 août 1852 et reste à ce poste jusqu’au 8 janvier 1858. L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour satisfaire ses besoins en sucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l���île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
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+ La seconde moitié du XIXe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du XIXe siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants. La production de café est détruite à 75 % en deux décennies, entre 1880 et 1900, à cause de la propagation d'une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises[47].
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+ La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 000 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateur Roland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. L’amiral Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80 % des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait[48]. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la grippe espagnole qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe espagnole a été ramenée par les Poilus réunionnais avec le navire Madonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin du XIXe siècle, les quartiers défavorisés ont été touchés et appauvris. Les estimations font état d’au moins 2 000 décès dans la capitale Saint-Denis pour une population de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur [49],[50].
150
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+ Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.
152
+
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+ La Seconde Guerre mondiale[51] est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le 28 novembre 1942, un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre[52].
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+ Le 19 mars 1946, La Réunion devient un département d’outre-mer français puis, en 1997, l’une des sept régions ultrapériphériques de l’Union européenne.
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+ À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais la métropole est amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le progrès social. L’instruction obligatoire constitue un progrès décisif. La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale hexagonal apporte un mieux être considérable. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la métropole. Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique en métropole.
158
+
159
+ Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité. Une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques chinois » et « bazar zarabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise, mais le parc automobile évolue plus rapidement encore. L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active. L’économie change. Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et consomme. La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production agricole. Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. Aujourd’hui, le tourisme est la première activité de l’île, avec la construction.
160
+
161
+ La Réunion est un territoire français d'outre-mer régi par l'article 73 de la Constitution en vertu duquel les lois et règlements sont applicables de plein droit tout comme en métropole[53].
162
+
163
+ La Réunion forme ainsi un DROM — département et région d'outre-mer — doté d'un conseil régional et d'un conseil départemental. Ces collectivités territoriales disposent globalement des mêmes compétences que les départements et régions de métropole bien que des adaptations existent. L'article 73 de la Constitution laisse la possibilité de substituer à la région et au département une collectivité territoriale unique, mais à l'inverse de la Guyane ou de la Martinique, aucun projet en ce sens n'existe actuellement.
164
+
165
+ À l'inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l'exécutif national[53].
166
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167
+ L'État est représenté à La Réunion par un préfet. Le territoire est divisé en quatre arrondissements (Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre).
168
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+ La Réunion compte 24 communes organisées en 5 communautés d'agglomération.
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171
+ Du point de vue de l'Union européenne, La Réunion constitue une région ultra-périphérique.
172
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173
+ Le positionnement de l'île de la Réunion lui a conféré un rôle stratégique d'importance variable selon les époques.
174
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175
+ La Réunion est déjà à l'époque de la Route des Indes une position française située entre Le Cap et les comptoirs d'Inde, bien qu'éloignée du Canal du Mozambique. L'île Bourbon (son appellation sous l'Ancien Régime) n'est pourtant pas la position préférée pour le commerce et l'armée. En effet, le gouverneur Labourdonnais affirme alors que l'Isle de France (l'île Maurice) est une terre d'avenir, grâce à sa topographie peu contraignante et à la présence de deux ports naturels. Il considère que Bourbon a plutôt pour vocation d'être un entrepôt ou une base de secours pour l'Isle de France[54]. L'ouverture du Canal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l'Océan Indien et réduit l'importance stratégique de l'île. Ce déclin est confirmé par l'importance accordée à Madagascar, bientôt colonisée[55].
176
+
177
+ Depuis les années 2000, un sous-ensemble géopolitique tend à s'esquisser sous l’appellation Sud-Ouest de l'océan Indien.
178
+
179
+ De nos jours l'île, qui est le siège d'une zone de défense et de sécurité, abrite l'état major des Forces armées de la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), qui regroupe les unités de l'Armée française stationnées à La Réunion et à Mayotte.
180
+
181
+ L’île de La Réunion permet à la France d'être membre de la Commission de l'océan Indien.
182
+
183
+ La Réunion est également une base accueillant les infrastructures du Frenchelon et de l’ensemble mobile écoute et recherche automatique des émissions.
184
+
185
+ Enfin, elle accueille à Saint-Pierre le siège des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
186
+
187
+ Les partis politiques réunionnais sont à peu de chose près les filiales ou les homologues de ceux de métropole. Le Parti communiste réunionnais a néanmoins quelques revendications autonomistes ; on trouve le même reflet pour les organisations syndicales. La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les mobilisations de la métropole.
188
+
189
+ En 2017, la région comptait 853 659 habitants[Note 1], en augmentation de 2,36 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
190
+
191
+ Jusqu'au début du XXe siècle, la croissance de la population réunionnaise est modérée, voire faible à certaines périodes. Les conditions de vie difficiles et les épidémies de paludisme, choléra, peste entre autres, ne sont pas étrangères à ce constat. C'est véritablement au lendemain de la départementalisation que la croissance démographique explose : la population triple en l'espace de 50 ans, pour atteindre officiellement près de 843 000 habitants en 2014. Selon certaines projections, l'île devrait franchir la barre du million d'habitants à l'horizon 2030.
192
+
193
+ Les trois principales unités urbaines du département sont celles de Saint-Denis (177 684 habitants en 2014), de Saint-Paul (172 548 habitants) et de Saint-Pierre (165 013 habitants).
194
+
195
+ La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’Est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'Ouest et du Sud-Est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du Sud de la Chine notamment de Canton (les Chinois) et d’Europe (les Yabs). Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
196
+
197
+ Les premiers colons, au XVIIe siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays. À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du XVIIIe siècle (37 000 esclaves en 1789[58]). Au début du XIXe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
198
+
199
+ Après l’abolition de l'esclavage, en décembre 1848, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du XIXe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
200
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201
+ La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
202
+
203
+ Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métis.
204
+
205
+ Le 20 décembre 1848, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation de fête caf' (« fête des cafres »).
206
+
207
+ La langue de l'administration, de l'enseignement et de la presse écrite et orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le créole réunionnais[59] qui est une langue vernaculaire structurée sur le français dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se comprendre. Cependant une partie de la population ne parle que le créole réunionnais[60].
208
+
209
+ Le passage du créole au français s'est fait au cours des siècles. Selon l'auteur Annegret Bollée[61], on suppose que « le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
210
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211
+ Bénéficiant aujourd'hui de plus de reconnaissance, le créole réunionnais peut être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire depuis 2001 dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales »[62].
212
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213
+ Étant donné la présence de différentes ethnies au sein de la population réunionnaise, d'autres langues sont présentes sur l'île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l'ourdou, l'arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien[63].
214
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215
+ Du fait des différentes origines de la population réunionnaise, les principales religions pratiquées dans l’île sont le christianisme (85 %, essentiellement catholique romain, mais aussi protestant), l’hindouisme (7 %, tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite) et le judaïsme, la communauté chinoise vénérant pour sa part le héros guerrier devenu dieu, Guan Di.
216
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217
+ Diverses manifestations spirituelles jalonnent aujourd’hui l’année civile, Pâques, Dipavali, Noël, Ramadan, Pandialé, Carême, commémorations sacrificielles du mouton et du cabri.
218
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219
+ Le premier Lycée privé sous contrat de confession musulmane de France est situé sur l'île, à Saint-Denis (La Réunion). L' École Medersa Tarlimoul Islam est sous contrat d’association depuis 1990[64].
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+
221
+ Les deux principales infrastructures du Centre hospitalier universitaire de La Réunion sont implantées à Saint-Denis et sur le site de Saint-Pierre[65]. Il existe à Saint-Denis un établissement privé, la clinique Sainte-Clotilde. Ces structures prennent en charge la plupart des pathologies et opérations dans de nombreux services. Seul certains gestes ultraspécialisés demandent un agissement sur la métropole. Des dispensaires existent dans d'autres localités plus petites (La Plaine-des-Palmistes, Cilaos...). Pour les écarts et lieux reculés, les médecins de campagne se déplacent en voiture pour les consultations, voire à pied pour le cirque de Mafate, dépourvu de routes[66].
222
+
223
+ Parallèlement, de nombreux médecins généralistes sont répartis à travers l'île, les spécialistes se concentrant dans les grandes villes. Un important service d'urgence existe, autant à destination de la population que des centaines de milliers de touristes[67] abordant annuellement les sentiers de randonnées coupés du monde[68].
224
+
225
+ La Réunion possède une académie qui lui est propre, dont le recteur est Velayoudom Marimoutou[69] depuis 2016. Le rectorat est situé dans le chef-lieu, dans le quartier du Moufia à Saint-Denis. À la rentrée 2012, l'Île compte 522 écoles maternelles et/ou primaires dont 26 privées pour 120 230 élèves dans le premier degré, 82 collèges dont six privés pour 61 300 élèves, 32 lycées d'enseignement général et technologique dont trois privés pour 23 650 élèves et 15 lycées professionnels dont deux privés pour 16 200 élèves.
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+
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+ Les zones d'éducation prioritaires touchent à La Réunion un peu plus de la moitié des élèves du premier et second degré[70].
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+
229
+ Les résultats du baccalauréat sont relativement proches de la moyenne nationale avec un taux de 81,4 % en 2012 contre 82,4 en 2011 (respectivement : 84,5 % et 85,6 % en moyenne nationale).
230
+
231
+ Dans l'enseignement supérieur, l'université de La Réunion accueille 11 600 étudiants se répartissant sur les différents sites notamment de Saint-Denis et du Tampon. 5 800 autres étudiants se répartissent sur les filières post-bac de lycée et autres enseignements supérieurs[71].
232
+
233
+ L'Île de La Réunion permet grâce à des conditions climatiques favorables et de nombreuses infrastructures, la pratique de différents sports. Les activités d’eau et de montagne sont très présentes sur l’île. Le nombre de licenciés est d’environ 150 000 pratiquants[72] pour plus d’une soixantaine de disciplines sans compter les non-licenciés.
234
+
235
+ Nombreuses sont ces activités dans une île qui bénéficie d'un climat clément et à la fois de la mer et de la montagne. Certaines d'entre elles bénéficient d'un article dans Wikipédia :
236
+
237
+ Mais il faudrait aussi mentionner la course à pied Diagonale des Fous - Trail de Bourbon[74], notamment les courses de montagne dont la plus célèbre est le Grand Raid, le vélo tous terrains, la randonnée équestre, le canyoning et bien d'autres.
238
+
239
+ Quatre titres composent la presse quotidienne régionale : le Journal de l'île, Le Quotidien de La Réunion, Visu et Témoignages, édition du Parti communiste réunionnais. L'essentiel de la presse magazine est constitué d'hebdomadaires spécialisés dans les programmes de télévision et de quelques périodiques consacrés à la vie des entreprises commerciales et industrielles.
240
+
241
+ Le PAR, paysage audiovisuel réunionnais, longtemps monopolisé par l'ORTF, auquel succèdent les chaînes publiques FR3 en 1975, puis RFO en 1982, est aujourd'hui représenté par trois chaînes de télévision hertziennes : Réunion 1re (chaîne publique), Antenne Réunion et Télé Kréol. Deux bouquets satellites sont proposés par Parabole Réunion et Canalsat Réunion.
242
+
243
+ Le paysage radiophonique a vécu aussi une grande transformation à la suite de la libération des ondes voulue par le président socialiste François Mitterrand dès son élection en 1981 ; l'île compte plus de 45 radios privées qui émettent pour certaines d’entre elles sur l’ensemble de l’île et conquièrent leur auditoire en usant de l'interactivité.
244
+
245
+ En effet, Radio Freedom est une radio basée sur ses auditeurs. Le programme est constitué de l'intervention, en direct, de ses auditeurs, et ce, de 5 h à 0 h (plus en cas d'événements, cyclones…), en plus des journaux.
246
+ En 1991, lors de la suppression de Télé Freedom (créée par la même personne que Radio Freedom (Camille Sudre) par recours du CSA au préfet (Télé Freedom émettait clandestinement), des émeutes éclatèrent car c'était, à l'époque, le seul média et moyen d'expression libre, qui diffusait des films d'arts martiaux, des films pornographiques et le maloya[non pertinent].
247
+
248
+ Depuis novembre 2010, la télévision numérique terrestre permet de recevoir, en plus des chaînes locales, les chaînes de France Télévisions, Arte et France 24.
249
+
250
+ Au 1er janvier 2008, La Réunion comptait 305 300 logements. Le parc réunionnais est composé à 91 % de résidences principales (propriétaires et locataires). 7 % des logements sont vacants (essentiellement dans les communes du Tampon, La Possession et Sainte-Clotilde), le reste étant constitué de résidences secondaires (l'Ouest et le Sud de l'île). Le parc réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui de la France métropolitaine. L’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse plus que 17 % dans le parc de logements. En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé. La majorité des résidences principales de l'île sont des maisons individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation (1981), le nombre d'appartements a triplé en 25 ans. Le parc réunionnais augmente. Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de Métropole. Cependant, les logements sans confort sont en nette diminution constante. Toutefois, il reste encore des efforts à faire de ce côté, car même s'ils sont deux fois moins nombreux qu'en 1999, on comptabilisait en 2008, 42 000 logements ne disposant pas d'eau chaude[75]..
251
+
252
+ Le produit intérieur brut (PIB) de La Réunion s'établit en 2008 à 14,7 milliards d'euros[76] contre 13,74 milliards d'euros en 2007[77], soit une progression annuelle exprimée en monnaie constante d'environ 3,1 %.
253
+
254
+ L'agriculture occupe 44 000 hectares de surface agricole utile. La Réunion produit principalement du sucre (premier producteur européen), mais aussi de la vanille bourbon. Cultivée sur l'île depuis le XIXe siècle, elle est l'une des rares à être encore produite de manière manuelle.
255
+
256
+ La pêche à La Réunion est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle est permise aussi par la ZEE dont bénéficie l'île.
257
+
258
+ Les revenus du tourisme constituent la première ressource économique de La Réunion, devant ceux tirés de la production et de la transformation de la canne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais comme Quartier Français, Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de la pêche dans les Terres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
259
+
260
+ Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les rares « boutiques chinois » encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
261
+
262
+ Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
263
+
264
+ Le département est fortement dépendant énergétiquement, avec un taux de dépendance énergétique qui dépasse les 85 %.
265
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+ Son objectif est de développer les énergies renouvelables pour devenir énergétiquement indépendant.
267
+
268
+ L'île de La Réunion connait un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes adultes, qui sont le plus touchés[78]. 24 %, c'est le taux de chômage établi à La Réunion en 2018, soit une hausse de 2 points depuis 2016, indique l'Insee[79]. En 2018, le "halo" autour du chômage continue sa progression pour atteindre 12 % de la population[80].
269
+
270
+ À La Réunion, 149 000 personnes dont 83 000 chômeurs (selon la définition du Bureau International du Travail) sont sans emploi et souhaitent travailler. La situation de l'emploi continue donc de se dégrader[81].
271
+
272
+ La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur le littoral font du réseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative du conseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : la route des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le Nord au Sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
273
+
274
+ L’île de La Réunion comptait en 2004 près de 300 000 véhicules particuliers, soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l’équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de la France métropolitaine. On estime qu’à l’horizon 2020, le parc automobile à La Réunion pourrait atteindre environ 500 000 véhicules, pour un niveau d’équipement des ménages proche de celui de la France métropolitaine en 1999. La route des Tamarins, ouverte en 2009[82], permet un déplacement beaucoup plus rapide, notamment grâce à une voie plus large, au départ d'Étang-Salé jusqu'à Saint-Paul environ. Une nouvelle route du Littoral est actuellement en cours de construction entre La Possession et Saint-Denis.
275
+
276
+ Le principal port de l'île est situé sur le territoire communal du Port, dans le Nord-Ouest de l'île ; il est le seul port de France à cumuler les cinq fonctions de gare maritime, port de commerce, port de plaisance, port de pêche et base navale (3e base navale française après Toulon et Brest). Il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion.
277
+
278
+ L’île de La Réunion dispose de deux aéroports internationaux :
279
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280
+ Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et aux ULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que le Trou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
281
+
282
+ L’île a vu naître de nombreux poètes, parmi lesquels Léon Dierx, Leconte de Lisle, Auguste Lacaussade, Évariste de Parny et Antoine Bertin. Elle a aussi inspiré Charles Baudelaire qui y a longuement séjourné, et dont de nombreux poèmes en portent les traces, comme dans « À une dame créole », « À une Malbaraise »[84]. Ce qui est sûr c’est que La Réunion compte un prix Goncourt en la personne ou plutôt en les personnes de Georges Athénas et d’Aimé Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne qui écrivaient à quatre mains sous le pseudonyme Marius et Ary Leblond : ils reçurent le célèbre prix en 1909 pour leur roman En France. L'aviateur Roland Garros est né à La Réunion, auteur de nombreux records et de la première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale mort au champ d'honneur et par ailleurs cycliste émérite ; l’aéroport international de l’île porte aujourd’hui son nom. L’île compte un autre héros de guerre en la personne de Juliette Dodu, qui, fait rare, reçut à la fois la légion d’honneur et la médaille militaire pour ses actes de courage en tant que télégraphiste ingénieuse pendant la guerre de 1870. La Réunion est également la terre natale de Raymond Barre, professeur d’économie politique et Premier ministre de la France de 1976 à 1981, mort le 25 août 2007 à Paris. Il fut aussi le maire de Lyon de 1995 à 2001.
283
+
284
+ Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d’Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes, Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains, Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps et encore Joseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l’écriture moderne du Roman de Tristan et Yseult, l’amiral Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale, François-Gédéon Bailly de Monthyon (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon…
285
+
286
+ Parmi les personnalités contemporaines, Mémona Hintermann née Affejee, journaliste reporter à France 3, Manu Payet, comédien et humoriste, Valérie Bègue, Miss France 2008, Gérald De Palmas, chanteur, Laurence Roustandjee, présentatrice météo sur M6, viennent de La Réunion. Ainsi que la mannequin internationale et comédienne Noémie Lenoir, Sébastien Folin, animateur télé et radio, les chanteurs Tonton David, Faf Larage, Blacko (Sniper), Séverine Ferrer, animatrice télé et chanteuse. Côté sport, on peut ajouter Jérémy Morel, Dimitri Payet, Benoît Trémoulinas, Florent Sinama-Pongolle et Guillaume Hoarau, joueurs de foot qui sont d'origine réunionnaise, ainsi que Jackson Richardson et Daniel Narcisse, joueurs de handball ayant joué pour l'équipe de France de handball.
287
+
288
+ Bande dessinées
289
+
290
+ Théâtre, danse et cinéma
291
+
292
+ L'image de l'île a été utilisée comme cadre, pour certains films, séries TV et clips musicaux :
293
+
294
+ Films
295
+
296
+ Séries télé
297
+
298
+ Clips musicaux
299
+
300
+ Au rang des écrivains populaires, Henri MURAT "z'histoires longtemps ", 1992,Didier MURAT "l'îsle Bourbon sur la route des indes orientales ", 2016...
301
+
302
+ D'un point de vue de la structure, la maison créole est dite symétrique[85]. En effet, faute d'architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et construisaient de part et d'autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons de formes rectangulaires essentiellement. La varangue est un élément important de la maison. Il s'agit d'une terrasse extérieure construite sur l'avant de la maison, car elle permettait d'afficher ses richesses à la rue. Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales, trouvées en forêt. On y retrouve généralement une serre aux orchidées, des anthuriums et différents types de fougères[86].
303
+
304
+ La Villa Déramond-Barre est une villa de modèle architecturale créole d'un grand intérêt patrimonial[87].
305
+
306
+ Toujours accompagnés de riz, les plats les plus communs sont les caris, version locale du curry indien, le rougail et les civets. Le cari se compose d'une base d'oignon, d'ail et d'épices comme le curcuma (appelé sur l'île « safran péi »)[88], sur laquelle on fait frire poisson, viande, œufs ; on ajoute ensuite de la tomate. Les plats peuvent aussi éventuellement être parfumés avec du gingembre ; le zeste d'un combava est généralement très apprécié. Le chop suey (au riz et non pas avec des pâtes) et autres plats asiatiques comme le porc à l'ananas[89] sont également très courants.
307
+
308
+ D'une façon générale, les plats sans viande ou poisson sont rares et il n'existe donc que peu de solutions végétariennes. L'une d'entre elles est le gratin de chouchou préparé à partir de la Chayote. Pour le reste, ce sont surtout des volailles qui sont consommées. Une des spécialités locales est le civet de tangue[90] (de la famille des hérissons).
309
+
310
+ Tous les 20 décembre, les habitants de l’île de la Réunion célèbrent la fête réunionnaise de la liberté. Cette célébration, également appelée Fête des Cafres ou « Fet’ Caf’ », commémore la proclamation de l’abolition de l’esclavage par la Deuxième République (France), en 1848. Le terme « cafre » désigne les africains de la « Cafrerie » (une partie de l’Afrique Australe). Il est dérivé du mot afrikaans « kaffer », assimilable à l’argot américain « nigger » ou « nègre », issu de la France coloniale[91].
311
+
312
+ Aujourd’hui au XXIe siècle, les réunionnais fêtent la fin d’une longue période d’oppression avec joie et allégresse. Cafres, Malgaches, Comoriens, Indiens, Yabs[92], Z'oreilles et métropolitains seront tous dans les rues et danseront au rythme du séga et du maloya, les deux genres musicaux majeurs de la Réunion[93]. De nombreux concerts, gratuits pour la plupart, sont organisés, ainsi que des défilés costumés et des spectacles de danse comme la Merengue, par exemple.
313
+
314
+ Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, le séga, est une variante créole du quadrille, l'autre, le maloya, à l'image du blues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
315
+
316
+ Le séga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare…), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec le séga mauricien et le séga rodriguais.
317
+
318
+ Le maloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.).
319
+
320
+ Les troupes de maloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme ; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes de maloya et aux kabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
321
+
322
+ Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'abolition de l'esclavage (fête caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique ; il connaît même un regain : des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme le maloggae et autre maloya électrique.
323
+
324
+ Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé, Baster, Ousanousava, Ziskakan, Pat'Jaune, Danyèl Waro, Tisours, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya : Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté le maloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
325
+
326
+ En 2008, l'artiste Brice Guilbert réalise un clip intitulé La Réunion. On le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
327
+
328
+ En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphe Pascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation à Saint-Denis de La Réunion et à Hyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville de Saint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
329
+
330
+ La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées de métropole et des États-Unis. Ainsi la culture hip-hop se développe, mais également le ragga dancehall, KM David ou Kaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées par mp3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
331
+
332
+ Littérature :
333
+
334
+ Voir, pour plus d'auteurs, l'article Littérature réunionnaise.
335
+
336
+ Poésie et littérature :
337
+
338
+ Cinéma :
339
+
340
+ Musique :
341
+
342
+ Politique et histoire :
343
+
344
+ Sport :
345
+
346
+ Médias :
347
+
348
+ Sciences :
349
+
350
+ Divers :
351
+
352
+ La Réunion ne possède pas de blason ou drapeau officiels.
353
+
354
+ Un blason a été créé pour l’île par l’ancien gouverneur Merwart à l’occasion de l’exposition coloniale de 1925 organisée à Petite-Île. Merwart, membre de la Société des sciences et arts de La Réunion, a voulu y faire figurer l’histoire de l'île :
355
+
356
+ Le drapeau le plus utilisé à La Réunion est celui du « volcan rayonnant », dessiné par Guy Pignolet en 1975, parfois appelé « Lo Mavéli »[95] : il représente le volcan du piton de la Fournaise sous la forme d'un triangle rouge simplifié sur un fond bleu marine tandis que cinq rayons du soleil symbolisent l'arrivée des populations qui ont convergé vers l'île au cours des siècles[96].
357
+
358
+
359
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360
+ Blason de La Réunion.
361
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362
+ Drapeau de La Réunion.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
fr/2674.html.txt ADDED
@@ -0,0 +1,372 @@
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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2
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+ L'Île-de-France (/il də fʁɑ̃s/[N 1]) est une région historique et administrative française. Il s'agit d'une région très fortement peuplée, qui représente à elle seule 18,8 % de la population de la France métropolitaine sur seulement 2,2 % de sa superficie, ce qui en fait la région la plus peuplée (12,12 millions d'habitants en 2016) et la plus densément peuplée (1 006 hab/km2) de France. Ses habitants sont appelés les Franciliens. Parfois désignée improprement comme la « région parisienne », elle est fortement centralisée sur l'agglomération parisienne, qui s'étend sur 23,7 % de la surface régionale, mais où habite 88,6 % de sa population. L'aire urbaine de Paris (qui correspond à la notion de bassin d'emploi) recouvre, quant à elle, la quasi-totalité de la superficie francilienne et des portions de régions limitrophes.
4
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5
+ Avec un PIB estimé à 642 milliards d'euros et un PIB par habitant de 55 227 euros en 2015[1], c'est la région qui produit le plus de richesses en France. L'Île-de-France est également un pôle européen de premier ordre puisque c'est la deuxième région européenne pour le produit intérieur brut (PIB) comparé selon la méthode dite « à parité de pouvoir d'achat » (PPA), juste derrière la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et la sixième région d'Europe selon le PIB par habitant (PPA), derrière la région métropolitaine de Prague en République tchèque, mais devant les Southern and Eastern (Dublin) en Irlande[2].
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+ La région est limitrophe de cinq autres régions françaises : les Hauts-de-France, au nord, le Grand Est, à l'est, la Bourgogne-Franche-Comté, au sud-est, le Centre-Val de Loire, au sud-ouest, et la Normandie, à l'ouest.
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+ La région Île-de-France est née du domaine royal constitué depuis le Xe siècle par les rois Capétiens. Étant située en pleine terre, le nom d'« île » de France peut paraître étrange, mais il semble que ce nom désigne la langue de terre délimitée par l’Oise, la Marne et la Seine[3]. Une explication plus historique voit en « Île-de-France » une altération de Liddle Franke, c'est-à-dire « Petite France » en langue franque[4]. Cette région est en effet une des terres d'enracinement du peuple des Francs, depuis leur pénétration en Gaule, lors des grandes invasions. Cette explication pose cependant problème car le nom est apparu des siècles après l'extinction de la langue franque. En effet, selon Marc Bloch, le nom apparaît pour la première fois en 1387, dans les Chroniques de Froissart, en lieu et place de « Pays de France »[5].
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13
+ Elle était, sous la monarchie, une province française, administrativement un gouvernement, relevant directement de l'autorité du roi de France. La généralité de Paris, autre entité administrative d’Ancien Régime ayant à sa tête un intendant, avait des limites qui ne coïncidaient pas avec celles du gouvernement.
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+ Comme toutes les autres provinces françaises, sa reconnaissance officielle fut supprimée en 1789 lors de l'instauration des départements. L'Île-de-France retrouva de nouveau un statut officiel avec la loi de décentralisation de 1982 impulsée par Gaston Defferre. Aujourd'hui, elle regroupe huit départements : l’Essonne, les Hauts-de-Seine, Paris, la Seine-Saint-Denis, la Seine-et-Marne, le Val-de-Marne, le Val-d'Oise et les Yvelines.
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+ Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, cette province s'étendait vers le nord et le nord-est, englobant les pays du Soissonnais et du Laonnois, actuellement situés dans l'Aisne, ainsi que le Beauvaisis, le Noyonnais et le Valois, actuellement situés dans l'Oise (Picardie), mais était moins étendue vers l'est, excluant la Brie champenoise, autour de Meaux, rattachée à la Champagne. Vers le sud ses limites étaient sensiblement les mêmes qu'aujourd'hui englobant le Gâtinais, tandis que vers l'ouest, la limite avec la Normandie est restée inchangée le long de la ligne de l'Epte. Elle correspondait à une zone de gouvernement militaire qui ne coïncidait pas complètement avec la zone d'intérêts économiques des corporations marchandes de Paris. Par parenthèse, cette remarque historique vient renforcer l'hypothèse d'une étymologie franque (liddle franke) du nom Île-de-France, et en affaiblir l'hypothèse géo-fluviale[réf. nécessaire].
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+ Au XVIIe siècle, un nombre important d'habitants vinrent coloniser la Nouvelle-France (Canada), en particulier les fameuses « filles du Roy ».
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+ À la suite de la Révolution, elle fut découpée en cinq départements : Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise et Aisne.
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+ La région fut reconstituée après 1945 à partir des trois premiers et la décentralisation administrative à partir de 1964, puis politique en 1982 a consolidé les anciennes provinces.
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+ Les limites des départements de la Seine, de Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne avaient été fixées pendant la Révolution française, le 16 février 1790, à la suite du décret divisant la France en départements. Pour éviter la domination de la capitale sur une trop vaste région tout en assurant néanmoins à la ville une zone de ravitaillement, le département de la Seine fut inscrit en principe à l'intérieur d'un rayon de trois lieues (12 km) autour de la cathédrale Notre-Dame et fut entouré de tous côtés par la Seine-et-Oise, dont le chef-lieu fut fixé à Versailles[6].
26
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27
+ Les limites actuelles de la région datent de l'arrêté ministériel du 28 novembre 1956[7], définissant les régions de programme à la suite du décret du 30 juin 1955[8] sur les plans d'action régionale. Appelée initialement région parisienne, elle recouvre les départements de la Seine, de la Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise, soit ceux qui étaient sous l'autorité du préfet régional, haut fonctionnaire institué par le régime de Vichy à partir de mars 1941 et ayant sous sa tutelle les préfets de ces départements. Elle devient par la suite l'une des neuf zones régionales d'action administratives dites « igamies » ayant à sa tête un inspecteur général d'administration en mission extraordinaire (IGAME) instauré en 1948. En 1960, lors de la transformation des régions de programme en circonscriptions d'action régionale, la composition de la région parisienne fut inchangée.
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+ Cependant, l'État cherche à exercer un contrôle étroit sur l'aménagement et l'urbanisme de la région, au détriment des conseils généraux des départements et des conseils municipaux. Aussi, le gouvernement de Michel Debré publie l'ordonnance du 4 février 1959 créant le District de la région de Paris, confirmé par la loi du 2 août 1961, à la tête duquel est nommé un délégué général, Paul Delouvrier. Il met aussi à l'étude un nouveau découpage de la région en départements, une commission présidée par le conseiller d'État Roland Maspétiol y travaillant de 1961 à 1963. Mais les propositions de celle-ci sont peu suivies. Sous l'impulsion de Paul Delouvrier, qui bénéficie du soutien du président de la République Charles de Gaulle, le gouvernement de Georges Pompidou fait voter la loi du 10 juillet 1964 et publie le décret d'application du 25 février 1965 portant de trois à huit le nombre des départements[9]. Le nouveau découpage entre en vigueur le 1er janvier 1968.
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+
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+ Le très important département de la Seine (5 646 446 habitants au recensement de 1962), portant le no 75 dans l'ordre logique alphabétique des départements, est alors démembré, la commune de Paris étant isolée, alors que trois départements de banlieue limitrophes de Paris sont créés, incluant les 80 autres communes de l'ex-Seine et 43 communes de l'ex-Seine-et-Oise et constituant la petite couronne, particulièrement urbanisée et densément peuplée :
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+ La majeure partie de l'ex-Seine-et-Oise, qui portait le no 78, moins dense et plus rurale, est elle-même découpée en trois départements constituant, avec la Seine-et-Marne, la grande couronne :
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+ La Seine-et-Marne (77), à l'est, reste, quant à elle, inchangée, devenant ainsi le plus vaste département d’Île-de-France (près de la moitié de la superficie régionale)[10].
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+ L'objectif de cette réforme était de rapprocher l'État de ses administrés dans le cadre de départements de taille plus réduite et de faire coïncider les nouvelles préfectures avec des pôles restructurant la banlieue dense dans le cadre de vastes opérations d'urbanisme en petite couronne (Nanterre, Bobigny, Créteil) et avec des villes nouvelles en grande couronne (Évry, Pontoise, Melun et Saint-Quentin-en-Yvelines près de Versailles). Nommé préfet de la région en 1966, tout en demeurant délégué général au District de Paris, Paul Delouvrier eut ainsi toute latitude pour mettre en œuvre l'aménagement de la région parisienne.
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+ D'un point de vue politique, il s'agissait aussi de démanteler le département de la Seine, dont le préfet avait plus de pouvoir que le délégué général du district de Paris. Cette concurrence à la tête de la région capitale était jugée néfaste par Charles de Gaulle et par les premiers ministres de l'époque, Michel Debré puis Georges Pompidou, pour entreprendre l'aménagement de la région parisienne (« remettre de l'ordre »). Ainsi, la réorganisation de la région parisienne en 1964 aboutit à démembrer le Grand Paris pour trois raisons principales[11] :
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+ En 1965, l'équipe de Paul Delouvrier réalise le Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région de Paris (SDAURP), un document de planification spatiale ambitieux, qui remodèle profondément le visage et le fonctionnement de la région capitale : constitution d'un Réseau Express Régional (RER) et création des villes nouvelles (Évry, Marne-la-Vallée, Cergy-Pontoise, Saint-Quentin-en-Yvelines et Sénart).
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+ Le district de la région parisienne est devenu la région Île-de-France en 1976 (loi no 76-394 du 6 mai 1976 portant création et organisation de la région d’Île-de-France).
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+ Le schéma directeur de la région (Sdrif) appuie depuis 2008, sa politique sur un nouvel outil : les fronts urbains. Cette ligne de contact entre la ville et l'espace ouvert des champs et des bois représente près de 13 000 km en Île-de-France. Pour le Sdrif, il s'agit d'en faire des lignes de démarcation au-delà desquelles il ne sera plus possible d'empiéter[12].
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+ Le blason d'Île-de-France, en écu ou en bannière d'armes (drapeau armorié), est un emblème ne jouissant pas d'une reconnaissance officielle, même si en 2010 la Monnaie de Paris a édité une pièce de 10 € à trois fleurs de lys pour représenter la région, et que ce blason constitue l'insigne officiel de la légion de gendarmerie d'Île-de-France. En revanche, l'actuel conseil régional d'Île-de-France utilise un logo, une étoile rouge et irrégulière à huit branches. Ce blason est en fait celui de l'ancien domaine des rois de France, dont la région Île-de-France tire son existence. Il est parfois remplacé par le blason dit « de France ancien » (d’azur semé de fleurs de lys) comme le montre un timbre-poste de vingt francs émis le 1er mai 1943 et conçu par Robert Louis[13], ou encore les écussons régionaux de plusieurs mouvements scouts. Les fleurs de lys des blasons dits « de France » et de « France ancien » figurent dans nombre de blasons des villes d'Île-de-France : Paris, Saint-Denis, Montreuil, Puteaux, Cachan, Villepinte, Juziers, etc.
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+ Armoiries semées de fleurs de lys de l'Île-de-France. Utilisées comme base pour les blasons de certains départements de la région, comme la Seine-et-Marne
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+ Les armes « historiques » d'Île-de-France se blasonnent ainsi :
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+ d'azur à trois fleurs de lys d'or[14].
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+ Depuis sa création en 1976, l'Île-de-France a eu plusieurs logos. Le premier d'entre eux était formé d'une rose stylisée vue de dessus, bleue, blanche et rouge, représentant la région, les quatre pétales extérieurs bleus représentant les départements de la grande couronne (Essonne, Seine-et-Marne, Val-d'Oise et Yvelines), les trois pétales intérieurs blancs les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) et le bouton rouge le département de Paris. Cette rose est traversée par une ligne bleue et au-dessus des mots « RÉGION » en lettres bleues et « ÎLE-DE-FRANCE » en lettres blanches sur fond bleu.
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+ Ce logo a ensuite été légèrement modifié, faisant apparaître un cadre bleu à la place de la simple ligne, et transformant le texte en « MA RÉGION C'EST » (sur deux lignes, toujours en bleus sur fond blanc) et « l'ÎLE-DE-FRANCE » (en blanc sur fond bleu), avec sous le cadre la mention « Conseil régional » en lettres bleues.
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+ Le logo a été changé en novembre 2000, fruit du travail de l'agence Ailleurs exactement (filiale du groupe Havas Advertising)[15]. Le nouveau logo affiche une étoile à huit branches orange dans un tourbillon bleu, surmontant la mention « Région Île-de-France » en lettres bleues. L'étoile représente la région et chaque pointe l'un de ses départements. Le tourbillon bleu symbolise le dynamisme de la région.
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+ Ce logo a été changé en 2005. Le 10 octobre 2005, le conseil régional d’Île-de-France a déposé la marque d'un logotype à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) sous le no 05 3 385 919, dont l'enregistrement a été publié au BOPI[N 2] 2005-46 le 18 novembre 2005 et modifié au BOPI 2006-12 du 24 mars 2006[16]. Ce logotype est composé d'une étoile à huit branches de couleur rouge-orangé[N 3] accolée au nom de la région en minuscules. « Les huit branches de l'étoile symbolisent les huit départements franciliens »[17],[18]. Le logo actuel est le quatrième logo officiel de la région[19], la couleur est rouge-orangé alors que les précédents étaient de couleur bleue, ce qui a porté à controverse[20].
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+ Ancien logo de 1976 à novembre 2000.
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+ Ancien logo de novembre 2000 au 10 octobre 2005.
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+ Logo depuis le 10 octobre 2005.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La Rectifications orthographiques du français en 1990 autorise l'écriture ile pour île.
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+ La géographie de l'Île-de-France est marquée, sur le plan physique, par sa situation au centre d'un bassin sédimentaire, le bassin parisien, au relief relativement plat, irrigué par un fleuve navigable, la Seine, dont les principaux affluents convergent précisément dans cette région ; par un climat tempéré et des sols agricoles très fertiles, et sur le plan économique, par la présence en son centre de Paris, capitale et principale agglomération urbaine de la France.
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+ Avec une superficie de 12 012 km2, l'Île-de-France est l'une des plus petites régions françaises (la plus petite de la France métropolitaine après la Corse), mais de loin la plus importante par sa population (environ 12 millions d'habitants en 2015, soit un peu moins de 18 % de la population française, départements d'outre-mer inclus) et par son produit intérieur brut (28,8 % du PIB total de la France métropolitaine[Quand ?][21][source insuffisante]).
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+ Concentrant les pouvoirs économiques, administratifs et politiques d'un pays très centralisé, elle est au centre d'un réseau de communication qui se ramifie en étoile autour de Paris.
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+ Le territoire de la région est très urbanisé malgré la fragmentation éco-paysagère d'une grande partie du territoire (par les routes) et des grandes vallées de la Seine, de la Marne, et de l'Oise (par l'urbanisation). Elle possède de grands massifs forestiers (285 000 ha dont 87 000 ha de forêt publique) et de nombreux grands parcs urbains qui ceinturent presque la région au sud et au nord (massif des trois forêts). Les trois quarts du territoire régional sont toujours recouverts de forêts ou de terres agricoles. La région a cependant moins perdu de biodiversité que certaines zones d'agriculture intensive de surface équivalente plus au nord. Cette ceinture forme un réservoir de biodiversité, principalement constitué du Vexin, des forêts de Rambouillet et d'Yvelines, connectés par des vallées de l'Essonne et certaines boucles de la Seine, repérés comme éléments du Réseau écologique national.
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+ Selon son Profil environnemental régional, l'Île-de-France est du point de vue de la biodiversité dans une situation moyenne à l'échelle du continent européen, plus riche que les régions du Nord, mais moins que celles du sud. Un réseau relictuel et fragile, à conforter de corridors biologiques a permis un minimum de dispersions animales et végétales entre les grands noyaux de nature (massifs forestiers, zones humides) par la Carte des corridors biologiques d'intérêt régional[22]. La région est à 80 % constituée d'espaces naturels et ruraux, 20 % du territoire étant construit. On y trouve 228 espèces d'oiseaux sur les 375 observables en France, 18 000 espèces d'insectes sur 35 200 les plus facilement observables et 60 espèces de mammifères sur 121, ou encore 1 620 espèces et sous-espèces de plantes sur 6 000.
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+ Les données communiquées par les autorités sur la qualité de l'air en région Île-de-France seraient délibérément faussées, les niveaux de pollution étant nettement plus élevés que les données officielles, selon une enquête du journal Le Parisien. Interrogé par le quotidien, le journaliste Jean-Christophe Brisard explique que ces données sont faussées « parce qu’au lieu d’avoir des pics de pollution quelques jours par an, on serait presque toujours en pic »[23].
87
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+ La région parisienne est touchée par le problème des décharges sauvages. La très grande majorité de ces déchets proviennent d'artisans et d'entreprises du BTP.[24]
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+ Les études de l'Union internationale pour la conservation de la nature menées sur l’Île-de-France révèlent que 31 % des 1 600 espèces de fougères et plantes à fleurs sont menacées de disparition, 27 % des papillons de jour, 30 % des chauves-souris, ou encore 39 % des oiseaux nicheurs. Sans être menacées de disparition, certaines populations « encore abondantes il y a peu » ont considérablement diminué, comme certaines espèces de chauve-souris (pipistrelles communes et noctules communes) ou d'oiseaux, dont les hirondelles et le moineau domestique, qui a perdu 73 % de ses effectifs parisiens entre 2004 et 2017. L'usage des pesticides, l'urbanisation et le réchauffement climatique semblent en être les principales causes[25]. En 2019, selon la liste rouge régionale des oiseaux nicheurs, sur les 14 espèces de rapaces diurne d'Île-de-France, huit sont menacées d'extinction[26].
91
+
92
+ En dehors des zones construites le long des rivières, les carrières et zones rocheuses exploitables sont encore nombreuses dans la région.
93
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94
+ On trouve du gypse au Nord (Cormeilles-en-Parisis, butte de Montmorency, monts de la Goële, etc.), beaucoup de sablons notamment dans le Gâtinais et les boucles de la Marne, de l'argile autour de la ville de Provins (Seine-et-Marne) et dans le Mantois ainsi que du calcaire aux limites champardennoises et le long du Loing[28].
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+
96
+ Le point culminant de la région d'Île-de-France, au sens administratif, est situé à Neuilly-en-Vexin (Val-d'Oise) sur les Buttes de Rosne et culmine à 216 mètres. Le point le plus bas est à 11 mètres à Port-Villez (Yvelines). L'altitude moyenne est de 108 mètres[29].
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+ Le point le plus haut de la région historique, qui comprend des terres hors de la région administrative actuelle (notamment dans l'actuel département de l'Oise), est le mont Pagnotte, en forêt d'Halatte au nord de Senlis qui culmine à 221 mètres.
99
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100
+ La colline d'Élancourt (anciennement colline de la Revanche) est plus haute avec ses 231 mètres, mais il s'agit d'une colline en partie artificielle, élevée avec les remblais de construction de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines : son sommet n'est pas d'origine naturelle.
101
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+ Le point culminant de Paris et de sa proche banlieue (départements 75, 92, 93 et 94) se trouve dans la forêt de Meudon qui culmine à 180 mètres.
103
+
104
+ La région Île-de-France est entièrement comprise dans le bassin versant de la Seine. Tous les cours d'eau de la région sont des affluents ou des sous-affluents de la Seine. Nombre des rivières sont drainées par les grands affluents de la rive droite (Marne, Oise, Epte) ou de la rive gauche (Eure). Cette dernière bien qu'elle ne coule pas en Île-de-France, reçoit de nombreuses rivières issues du sud et de l'ouest des Yvelines (Drouette, Vesgre…)[30].
105
+
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+ Les cours d'eau principaux (Seine, Marne et Oise) sont navigables et se caractérisent par leurs nombreux méandres, boucles typiques de l'Île-de-France qui ont modelé le paysage. La formation de ces méandres s'explique par la très faible pente de ces cours d'eau.
107
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+ L'altitude du terrain totalement aléatoire (oscillant toujours entre 10 et 200 m) a laissé, souvent aux abords des boucles, des lacs et des étangs aujourd'hui aménagés en bases de loisirs (Moisson-Mousseaux, Cergy-Neuville, Villeneuve-Saint-Georges, etc.).
109
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110
+ La région Île-de-France bénéficie d'un climat tempéré, modéré par des influences océaniques. La température moyenne s'élève à 11 °C et les précipitations moyennes à 600 mm.
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+ Malgré sa forte urbanisation, l'Île-de-France est majoritairement rurale : sur ses 12 070 km2, 47,2 % sont consacrés à l'agriculture[31] (une des plus productives de France) et 23 % à la forêt. Parmi les plus importantes forêts de la région, on peut citer celles de Fontainebleau, Rambouillet, Montmorency, Saint-Germain-en-Laye et Sénart. Cependant, la progression de l'urbanisation continue, année après année, de grignoter la surface agricole qui a perdu mille kilomètres carrés au cours des cinquante dernières années face à l'étalement urbain et aux développements des infrastructures.
113
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+ Tous les modes de transport urbains ou presque, sont représentés en Île-de-France.
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+ Malgré sa position un peu en marge de la banane bleue européenne, l'Île-de-France et en particulier l'agglomération parisienne dispose d'atouts qui contribuent à en faire un pôle essentiel des transports européens : poids économique de la région, position sur des axes de circulation importants entre nord et sud de l'Union, qualité du réseau existant (en particulier du réseau TGV qui désormais la connecte à cinq pays européens), poids de Paris en tant que centre touristique, première ville mondiale pour les congrès…
117
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+ Jusque dans les années 1960, le métro était presque cantonné à Paris intra-muros, ayant en plusieurs décennies étendu encore relativement peu les terminus de ses stations à la proche banlieue (ce qu'il fit ensuite progressivement), le bus et le train de banlieue restant les transports principaux pour la banlieue et grande couronne.
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+ En 1969, le premier tronçon du métro régional, futur RER, fut inauguré : ce nouveau parcours reliant la Nation à Boissy-Saint-Léger, complètement électrifié, fut réalisé en grande partie sur l’ex « ligne de Vincennes » auparavant desservie par des trains à vapeur et diminua considérablement les temps de parcours. L’année suivante, une liaison ferroviaire directe Étoile – la Défense à grand gabarit fut mise en service, dix ans après les débuts de la construction du nouveau quartier d’affaires. Elle fut prolongée vers la nouvelle gare Auber dans le quartier de l’Opéra en 1972, puis à l’ouest vers Saint-Germain-en-Laye en intégrant une partie de la ligne historique en 1973.
121
+
122
+ En 1977, la traversée de Paris par le nouveau RER A fut achevée par la liaison entre les stations Auber et Châtelet - Les Halles, tandis qu’une nouvelle branche en direction de Marne-la-Vallée fut construite. En même temps, la ligne de Sceaux desservant la vallée de Chevreuse et le sud-est des Hauts-de-Seine fut prolongée vers le nouveau cœur du réseau aux Halles et devint le RER B. Au cours des années suivantes, ces deux lignes furent prolongées en empruntant des voies de chemin de fer déjà existantes ou prolongées mais exploitées avec d’autres trains de la SNCF ayant pour terminus les gares de surface, vers le nord-est et l’aéroport de Roissy pour le RER B, vers la ville nouvelle de Cergy-Pontoise pour le RER A.
123
+
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+ Ce réseau fut ensuite complété par la création de nouvelles liaisons ferroviaires traversant Paris, dont seuls les tunnels passant sous le centre-ville étaient nouveau : RER C connectant les réseaux de banlieue des gare des Invalides et d’Austerlitz à partir de 1979 puis la vallée de Montmorency en 1988 ; RER D reliant le réseau de la Gare de Lyon aux Halles et à la plaine de France au nord en 1987 ; puis RER E destiné à délester le RER A d’une partie de son trafic, mais non achevé avant les années 2020 au moins.
125
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+ En 1990, les tramways qui avaient été complètement abandonnés et dont la dernière rame avait circulé dans Paris en 1937, reprirent naissance sous forme plus moderne, avec des véhicules plus confortables et entièrement électrifiés, cette fois pour desservir les banlieues dans le cadre d’un projet de rocade à quelques kilomètres des limites de Paris, réalisé en partie seulement. Le T1, au nord-est de la capitale, en fut le premier tronçon, nouvellement construit sur les chaussées jusque-là réservées aux voitures. Le T2 à l’est, reprenant en grande partie la « ligne des Moulineaux » peu rentable à partir de 1997, fut un succès et une reconversion similaire fut effectuée au nord-est (Ligne 4 du tramway d'Île-de-France) pour la « ligne des Coquetiers ».
127
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128
+ Sur les boulevards des Maréchaux, qui formaient une limite entre la partie urbanisée de la ville de Paris et l'ancienne zone non aedificandi correspondant à celle des fortifications de Thiers – sur laquelle des ensembles de logements à bon marché (HBM), différents équipements et le boulevard périphérique ont été bâtis –, circulaient les autobus de la ligne de petite ceinture (le PC). Le tramway T3 remplace progressivement le bus PC, avec les actuelles lignes T3a et T3b.
129
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130
+ De plus en plus de lignes de tramways inter-banlieue, dont le manque se faisait sentir pour les salariés devant se rendre de leur domicile à leur travail, soit en passant par Paris, soit par de multiples changements de bus, sont construites. L’agglomération parisienne s'étendant et devenant de plus en plus peuplée au fil des années (extension de l'urbanisation), des projets de construction de tramways de grande banlieue sont en cours, dont l'un correspondant à une « grande ceinture », analogue mais en transport en commun à la Francilienne utilisée par les voitures automobiles.
131
+
132
+ Une ligne de télécabines, à l'instar de celle enjambant la Tamise à Londres, ou de celle de Cologne, devrait être construite également vers 2016 au-dessus de Créteil, pour désengorger en « hauteur », la circulation toujours très intense du Carrefour Pompadour (le métro et train y existant déjà eux-aussi).
133
+
134
+ Le transport fluvial de voyageurs est relativement peu répandu en raison de sa commodité moins grande et de son accès restreint, dû à la nécessité de relier un point à l'autre devant être situés sur la Seine, voire l'Oise ou la Marne (ou encore les canaux Saint-Martin ou de Saint-Denis, mais avec des écluses) ou depuis quelques ports fluviaux. L'usage du « batobus » est néanmoins de plus en plus prisé.
135
+
136
+ Le réseau routier comporte environ 800 km d'autoroutes en Île-de-France. On distingue une dizaine de radiales : les principales étant l'Autoroute du Soleil (Dijon, Lyon, Marseille), du Nord (Lille), de Normandie (Rouen, Caen, Le Havre), de l'Est (Reims, Metz, Nancy, Strasbourg), et l'Aquitaine et l'Océane (Nantes, Bordeaux, Rennes) ainsi que des autoroutes concentriques : le périphérique entoure le Paris historique, l'A 86, la proche banlieue et la Francilienne en cours de bouclage est située à une dizaine de kilomètres plus à l'extérieur.
137
+
138
+ En Île-de-France, les principaux axes de circulation incluant des autoroutes urbaines côtoient des zones densément peuplées très avoisinantes ces axes routiers, ce qui conduit 58 % des Franciliens à ressentir les effets de la pollution atmosphérique sur leur santé ou celle de leur entourage proche[27].
139
+
140
+ Paris dispose de six grandes gares de chemin de fer terminus assurant à la fois un trafic grandes lignes et banlieue. Chaque gare dessert à la fois une portion de la banlieue et est un point de départ de grandes lignes vers les autres régions de France et l'étranger. Le réseau ferré de l'agglomération parisienne comporte environ cinq cents gares et mille cinq cents kilomètres de lignes pratiquement entièrement électrifiées en 25 kV alternatif ou en 1 500 V continu.
141
+
142
+ L'Île-de-France dispose d'un réseau de 700 km de voies navigables[32].
143
+
144
+ Paris possède trois aéroports, qui ont accueilli 95,4 millions de passagers et 2 millions de tonnes de fret en 2015 :
145
+
146
+ Deux autres sont beaucoup plus éloignés du centre-ville de Paris :
147
+
148
+ Paris possède aussi un héliport, situé dans le 15e arrondissement mais au sud du boulevard périphérique, en limite de la commune d'Issy-les-Moulineaux, ce qui explique son nom (héliport de Paris - Issy-les-Moulineaux). Le site est exploité par Aéroports de Paris[36].
149
+
150
+ En 2019 on compte 591 km de pistes cyclables[37].
151
+
152
+ Un jour ouvré, on compte environ vingt-trois millions de déplacements mécanisés en Île-de-France (soit deux tiers des déplacements). Plus de la moitié de ceux-ci sont effectués par des véhicules privés (le parc est supérieur à quatre millions de voitures) ou par des véhicules utilitaires. Le solde est assuré par les transports en commun.
153
+
154
+ Le trafic routier a connu une forte croissance durant les années 1980, mais cette progression n'a pas été linéaire et tend à ralentir depuis 1992, en particulier dans la zone agglomérée. Les déplacements routiers demeurent prépondérants, mais les flux tendent à se modifier au fil du temps. Si les axes radiaux et le boulevard périphérique voient leur fréquentation stagner voire diminuer, les axes de rocade voient leur trafic augmenter, provoquant des phénomènes de saturation chroniques, à l'exemple du tronc commun des autoroutes A4 et A86 dans le Val-de-Marne. Cette évolution est en relation avec le développement des emplois, commerces et services en banlieue, alors que l'emploi régresse dans Paris intra-muros, les transports en commun demeurant peu compétitifs pour des déplacements en rocade[38].
155
+
156
+ En 2019, la part du vélo dans les déplacements quotidien est de 2 %[37]. Si cette part était en augmentation à Paris au début des années 2000, elle restait stable voire en baisse dans les autres départements de la région[39].
157
+
158
+ Les transports en commun de l'agglomération parisienne offrent plusieurs modes de transports distincts. La ville de Paris et sa proche banlieue sont accessibles par le métro, un système ferroviaire où les stations sont très proches. Au-delà des limites de la ville, l'Île-de-France est couverte par les trains des réseaux RER et Transilien, créant un réseau ferroviaire étendu. L'offre est complétée localement par un réseau extensif de lignes d'autobus et quelques lignes de tramways.
159
+
160
+ L'organisation des transports en commun de la région relève de Île-de-France Mobilités, anciennement le Syndicat des Transports d'Île-de-France (STIF), établissement public composé de la région Île-de-France, de la ville de Paris et des sept autres collectivités départementales de la région. ÎdF Mobilités organise, coordonne et finance les transports publics de voyageurs assurés par la Régie autonome des transports parisiens (RATP), la SNCF et l'Organisation professionnelle des transports d'Île-de-France (OPTILE) qui regroupe 80 entreprises privées exploitant des lignes régulières d'autobus dans la région.
161
+
162
+ Les principaux transports en commun d'Île-de-France sont :
163
+
164
+ En 2007, la mairie de Paris, décide, face au nombre important de cyclistes et de pistes cyclables, de mettre à disposition, pour des périodes allant d'une demi-heure à un an moyennant caution et abonnement dans ce cas, des vélos répartis et stationnés à différents endroits stratégiques de la capitale. L'utilisateur prend l'un des vélos de son choix disponible à l'une des stations du service Vélib', et peut le ramener à une autre station avec emplacements disponibles Vélib'.
165
+
166
+ Au départ uniquement situés dans Paris, les points des Vélib' sont étendus progressivement, tout comme, par la suite, les Autolib', dans la banlieue parisienne. Les pistes cyclables sont de mieux en mieux aménagées, permettant éventuellement aux rollers ou skateboards, sous toute réserve, d'y circuler aussi.
167
+
168
+ En 2011, un service d'autopartage de petites voitures électriques est lancé sous le nom d'Autolib'. Il est nécessaire de s'inscrire au préalable dans une des stations plus spécifique en présentant sur machine, le permis de conduire.
169
+
170
+ Environ mille trains de grandes lignes quittent chaque jour ouvré les six grandes gares tête de ligne parisiennes. Ces trains desservent l'essentiel des villes de France, ainsi que de nombreuses villes d'Europe occidentale. Le trafic est en augmentation avec l'ouverture de lignes à grande vitesse en direction de la Grande-Bretagne, de la Belgique et de l'Allemagne en particulier. La gare de Lyon se place en tête, suivie des gares du Nord et Montparnasse.
171
+
172
+ Le développement du TGV a permis la création de liaisons directes entre métropoles de Province, mais passant par le réseau francilien. La réalisation de la LGV Interconnexion Est en 1994 a ainsi permis le net développement des relations entre le Nord et le Sud-Est ou le grand Ouest, mais ces liaisons profitent également à la région par la présence de gares, permettant d'assurer un meilleur remplissage des trains et un allègement de la charge des grandes gares parisiennes, pour l'essentiel au bord de la saturation.
173
+
174
+ Le trafic grandes lignes (environ 50 millions de passagers en 2004 toutes gares confondues) s'est considérablement développé avec les TGV qui partent de la gare de Lyon, de la gare Montparnasse, de la gare du Nord et depuis 2007 de la gare de Paris-Est. La gare Saint-Lazare est la première gare pour le nombre de trains en partance (banlieue et grandes lignes) alors que la gare du Nord est la première pour le trafic.
175
+
176
+ Le transport fluvial de voyageurs demeure globalement marginal dans la région, mais tend à progresser. Si le tourisme fluvial à Paris est particulièrement développé, des croisières fluviales se créent progressivement sur les autres cours d'eau d'Île-de-France, par exemple sur l'Oise, ou sur les canaux[32]. Un nouveau service régulier sur la Seine et la Marne, Voguéo, accessible aux personnes titulaires d'un abonnement de transport, a été inauguré en 2008.
177
+
178
+ En 2006, 296 millions de tonnes de marchandises ont transité en Île-de-France, soit environ 12 % du tonnage total transporté en France, volume en hausse de 2 % par rapport à l'an 2000. Quatre catégories de marchandises représentent à elles seules 90 % du total : les matériaux de construction représentent 101 millions de tonnes soit 40 % du total, suivis par les produits manufacturés et messageries avec 78 millions de tonnes soit 31 %, les produits alimentaires avec vingt-deux millions de tonnes soit 9 % et les produits agricoles avec vingt-et-un millions de tonnes soit 8 % du total.
179
+
180
+ Près de la moitié des marchandises transportées ne quittent pas la région, les courtes distances étant quasi exclusivement assurées par la voie routière. Le rail est privilégié en revanche pour les plus longues distances, la voie navigable étant très concentrée sur les échanges avec la Normandie, qui représentent près de la moitié du tonnage transporté, en particulier les ports de Rouen et du Havre, assurant essentiellement le transport de matériaux de construction, et, dans une bien moindre mesure, de combustible. La part du transport aérien se monte à 2,2 millions de tonnes, assuré à 88 % par les deux principaux aéroports parisiens. Les marchandises sont majoritairement échangées avec les États-Unis et le Sud-Est asiatique[40].
181
+
182
+ Le transport routier de marchandises domine largement dans la région, avec plus de deux cents millions de tonnes transportées par la route en 2008. Les transports ferroviaires ou fluviaux n'en ont assuré que de dix à quinze millions de tonnes chacun la même année[41]. La part modale de la route atteignait alors 89,9 %, contre 5,4 % pour la voie navigable et 4,8 % pour le rail[42].
183
+
184
+ Durant les années 1990, on compte chaque jour plus de cinq-cents convois de fret sur les lignes ferroviaires régionales, transportant près de 240 000 tonnes de marchandises. Si la dimension de l'agglomération peut expliquer les volumes constatés, c'est avant tout la situation de carrefour de la région qui explique l'importance des flux, majoritairement de transit. Ainsi, le trafic généré par la région elle-même peut être évalué à 50 000 tonnes en moyenne quotidienne, pour 90 000 tonnes de flux inter-régionaux.
185
+
186
+ Les principaux flux observables relient le Nord au Sud-Est, ou les produits lourds de l'industrie métallurgique dominent, et l'Est à Ouest liant la Lorraine et l'Alsace à la basse-Seine et à la Bretagne. D'autres flux de moindre importance existent, parfois orthogonaux, dont la présence en Île-de-France s'explique pour partie par la médiocrité des liaisons ferroviaires transversales, souvent mal équipées.
187
+
188
+ Si les axes radiaux Paris - Lille, Paris - Bruxelles, Paris - Bordeaux et Paris - Le Havre sont les plus fréquentés, c'est la ligne de Grande Ceinture, particulièrement à l'Est de Paris, qui détient le record national pour le trafic fret[43].
189
+
190
+ Le transport ferroviaire de marchandises demeure relativement stable. La part des marchandises importées dans la région représente environ le double en volume des marchandises exportées, ce qui s'explique par les besoins d'une importante population et la quasi-absence d'exportation de matières premières ou de produits énergétiques ; la part du trafic interne reste très faible[44].
191
+
192
+ Le transport combiné, après une hausse jusqu'en 2001, est désormais en recul. Il dépassait trois millions de tonnes en 2008[45].
193
+
194
+ Paris est le premier port fluvial de France avec un trafic de 21 millions de tonnes en 2005[46]. Les installations du port sont échelonnées le long de la Seine et des canaux de la Ville de Paris : le canal Saint-Denis et le canal de l'Ourcq.
195
+
196
+ Les terminaux les plus importants sont le Port de Gennevilliers et le Port de Bonneuil-sur-Marne[47]. L'activité est gérée par le Port autonome de Paris. Le trafic est constitué majoritairement par les matériaux de construction (16,8 MT), les granulats (10,9 MT), les déblais (4,8 MT) et les céréales (2,1 MT)[48].
197
+
198
+ Le trafic de marchandises par voie fluviale au port de Gennevilliers demeure relativement stable, la part des marchandises importées dans la région étant en moyenne le triple de celle des marchandises exportées. Le transport de conteneurs est, lui, en augmentation rapide et constante : il a été multiplié par quatre entre 2000 et 2007[49].
199
+
200
+ Le transport aérien de marchandises est quant à lui en augmentation constante : il a doublé entre 1998 et 2008[50].
201
+
202
+ L'Île-de-France regroupe encore la plupart des grandes écoles les plus prestigieuses malgré un mouvement de décentralisation qui a conduit notamment au transfert de l'École nationale d'administration à Strasbourg et de l'École normale supérieure lettres et sciences humaines (Fontenay-Saint-Cloud) à Lyon.
203
+
204
+ Les cas de tuberculose ont augmenté de 10 % en Île-de-France entre 2015 et 2017. Les populations précaires, vivant en hébergement collectif ou sans domicile fixe, sont les plus exposées à la maladie[51].
205
+
206
+ En 2020, c'est la région de France qui a été le plus touchée par la pandémie de Covid-19 avec notamment près d'un décès sur quatre survenus dans le pays (7 328 sur un total de 29 407 au 15 juin). [52],[53]
207
+
208
+ Le conseil régional administre la région Île-de-France. Il siège à Paris, au 33 rue Barbet-de-Jouy dans le 7e arrondissement, et est présidé depuis 2015 par Valérie Pécresse (Les Républicains).
209
+
210
+ Ses 209 sièges sont répartis comme suit entre les groupes[54] :
211
+
212
+ Le préfet de région de la région Île-de-France est le préfet de Paris.
213
+
214
+ Emmanuel Macron est arrivé en tête de la Région lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2017[55].
215
+
216
+ Source : Ministère de l'Intérieur[56]
217
+
218
+ Pour 2011 les dépenses (hors gestion de la dette) atteignaient 5,37 milliards d'euros et l'endettement 3,52 milliards d'euros[57].
219
+
220
+ L'Île-de-France est un des principaux moteurs de l'économie mondiale. En 2008, le PIB de l'Île-de-France calculé par Insee était de 552,7 milliards d'euros[58]. Ainsi, la région parisienne est la plus importante région européenne par son PIB[59]. Bien que sa population n'en fasse que la 20e métropole mondiale, le PIB de l'Île-de-France est le cinquième des grandes villes du monde après l'aire métropolitaine de Tokyo, le Grand New York, Los Angeles et Osaka.
221
+
222
+ Avec plus de 5,9 millions d'emplois, dont 85,5 % dans le secteur tertiaire[60], l'Île-de-France se caractérise par sa place prépondérante dans l'économie nationale et par l'importance du secteur tertiaire. De nombreux groupes nationaux ou internationaux ont leur siège en Île-de-France et la région représente 29 % de la valeur ajoutée brute du pays (en 2002). Bien que réalisant 83 % de sa valeur ajoutée dans les services, l'économie francilienne reste extrêmement diversifiée par rapport aux autres villes de sa taille. Bien que la région a subi une forte désindustrialisation, elle reste la première région industrielle française. L'agriculture, qui occupe 45 % du territoire régional (48 % hors Paris), dont les deux tiers sont consacrés aux céréales, est l'une des plus productives de France. L'Île-de-France est aussi une destination touristique de premier plan.
223
+
224
+ Le taux de pauvreté en Île-de-France s’élève à 15,9 % en 2015, contre 12,3 % en 2006. La région est par ailleurs de plus en plus inégalitaire. Les prix du logement ont poussé les plus modestes en dehors de Paris[61].
225
+
226
+ L'Île-de-France représente en 2015 31,1% du PIB de France métropolitaine[62], alors que sa population représente 18,2 % de la population française métropolitaine[63]. En 2002, Eurostat évaluait le PIB francilien à 4,5 % du PIB total de l'Union européenne (à 25 membres)[64], alors que la région comporte moins de 2,45 % du total de la population de l'UE à 25. En Europe de l'Ouest, la seule métropole qui puisse se comparer à Paris est Londres. À titre de comparaison[Quoi ?], Eurostat évaluait le PIB total du Grand Londres en 2002 à 264 milliards d'euros. La région métropolitaine londonienne est toutefois un peu plus large que le grand Londres ce qui fausse un peu la comparaison (et les chiffres que l'on peut composer à l'occasion donnent les deux métropoles au coude à coude). Cependant, le PIB de ces deux régions métropolitaines dépassent largement ceux de toutes les autres métropoles européennes, que ce soit la Randstad Holland, les conurbations Rhin-Ruhr ou Rhin-Main, la région bruxelloise, le triangle d'or italien ou celle de Berlin-Brandebourg.
227
+
228
+ L'économie francilienne est diversifiée. L'industrie du tourisme, par exemple, (Paris est la première destination mondiale) emploie 395 000 personnes en 2011 (dont 261 500 emplois directs), soit 30 % des emplois touristiques nationaux, mais à peine 6,9 % des Franciliens en 2011[65] : dans de nombreux domaines, Paris est le premier ou l'un des tout premiers centres mondiaux sans être totalement dépendant d'aucun. D'ailleurs, si l'économie francilienne est essentiellement une économie de services, sa base industrielle demeure très importante. L'Île-de-France est toujours l'un des principaux centres de production européens, qui a su préserver sa compétitivité en augmentant toujours plus la part de la recherche dans son activité industrielle. Il n'en demeure pas moins que l'Île-de-France est aujourd'hui surtout une région de services de très haut de gamme, en particulier à destination des entreprises.
229
+
230
+ L’Île-de-France est une place-forte du cinéma avec 50 % des tournages de France (1 500 autorisations par an, dont un tiers sont des productions étrangères) et 90 à 95 % du travail de postproduction générant 135 000 emplois, 20 000 permanents, 115 000 intermittents), l’Île-de-France est la première région d’Europe à peu près à égalité avec le grand Londres en termes de volume d’activité. Première région en Europe pour les tournages, la région offre 80 plateaux, dont des studios récents comme la Cité du cinéma à Saint-Denis. et se situe en pointe dans le secteur des effets visuels et de la 3D avec des entreprises comme Mac Guff (les Minions)[66].
231
+
232
+ L'industrie emploie 463 000 personnes en Île-de-France, ce qui en fait la première région industrielle française devant Rhône-Alpes. Mais c'est en même temps, avec seulement 8,2 % des emplois dans l'industrie, l'une des régions les moins industrialisées de France (après Provence-Alpes-Côte d'Azur, Languedoc-Roussillon et Corse) et une région qui s'est fortement désindustrialisée depuis une vingtaine d'années.
233
+
234
+ Le secteur de l'aérospatiale et des industries de défense emploie 72 000 salariés en Île-de-France (dont 36 000 emplois directs). Plusieurs sociétés d'importance européenne y sont présentes, notamment Airbus Group, Thales, Dassault Aviation, Snecma, ESA, Alcatel-Lucent, Arianespace, etc. avec des sites de production, des centres de recherche, des sièges sociaux…
235
+
236
+ Le secteur de l'automobile en Île-de-France emploie 145 000 salariés (dont 60 000 emplois directs et le solde en sous-traitance). Les deux constructeurs nationaux sont présents et exploitent deux usines de production parmi les plus importantes (Renault à Flins-sur-Seine, PSA à Poissy et plusieurs centres de recherche, dont le technocentre Renault de Guyancourt et le centre PSA de Vélizy). La plupart des équipementiers y sont également implantés, notamment (Delphi, Valeo, Faurecia, Johnson Controls Automotive Electronics, Bosch Braking System, Lear Corporation, etc.) Le secteur de la recherche en automobile emploie 17 500 personnes, dont 6 600 chercheurs, en Île-de-France, soit 75 % du potentiel du secteur en France.
237
+
238
+ Depuis la découverte de la radioactivité à Paris, le nucléaire est un des secteurs où la recherche et l'industrie francilienne sont en pointe. Le groupe Areva y a son siège social. Total, un autre leader mondial de l'exploitation d'énergie (non renouvelables), a également son siège mondial en Île-de-France ainsi que de nombreux laboratoires de recherche. EDF est également très fortement implanté en Île-de-France. De même, Engie (ex GDF Suez) a son siège en Île-de-France (à La Défense).
239
+
240
+ Les services constituent la majeure partie de l'emploi francilien. Au 1er janvier 2012, l'Insee recense 426 000 personnes travaillant dans les services (74,4 % de l'emploi régional) auxquelles il faut ajouter 680 000 personnes travaillant dans les commerces (12 % de l'emploi régional).
241
+
242
+ Au quotidien, ce sont plus de 1,5 million de personnes qui travaillent dans l'administration, la santé humaine, l'action sociale ou l'éducation.
243
+
244
+ De grands groupes de services collectifs (électricité, téléphonie, eau, etc.) à capitaux publics ou privés ont leur siège dans la région (EDF, Veolia, France Telecom).
245
+
246
+ Les activités de conseil sont en très fort développement et la région parisienne compte environ 500 000 emplois dans ce domaine. Les principales entreprises mondiales sont présentes à Paris, y ayant implanté leur siège européen ou un bureau. Les activités financières (337 000 emplois), connaissent actuellement une réorganisation très rapide. L'Île-de-France accueille le siège de grandes Banques mondiales (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole) et le siège d'Euronext. La Bourse de Paris, par sa proximité avec plus de 400 banques et institutions est considérée comme étant la 4e Bourse mondiale derrière Tokyo, New York et Londres. De plus, Paris accueille les bureaux de grandes banques comme Lazard ou Goldman Sachs.
247
+
248
+ L’évolution des modes de transports et l’invention de la réfrigération ont progressivement recomposé sur l'organisation spatiale des régions urbaines et fait perdre sa couronne maraîchère à Paris. Transportées d’abord par le train puis par la route, les denrées périssables ont pu être produites plus loin et la ceinture horticole a petit à petit cédé la place à l’étalement urbain[69]. L’Île-de-France n’est ainsi autonome qu’à hauteur de 10 % pour les légumes frais, de 1,5 % pour les fruits, de 12 % pour les œufs ou encore de 1 % pour le lait, l’autonomie alimentaire n’étant atteinte que pour le blé (159 %) et le sucre (117 %)[70].
249
+
250
+ L'agriculture couvre plus de 50 % du territoire régional, mais elle n'emploie que 12 400 personnes (0,2 % des emplois). La Seine-et-Marne est de loin le département le plus agricole : il consacre à l'agriculture 58 % de son territoire d'où provient 57 % de la production de blé régionale. La proximité d'un marché de onze millions de consommateurs, la fertilité des sols, la technicité agricole, la mécanisation des exploitations, le développement de la qualité, font que l'Île-de-France demeure une grande région agricole, notamment dans le domaine céréalier.
251
+
252
+ Sur les 365 000 ha de superficies céréalières de 2013, le blé tendre couvre à lui seul 239 000 ha (dont 3 882 ha en culture biologique) pour une production de 2 millions de tonnes. L’orge et le maïs ont une production respective de 571 000 tonnes et 471 000 tonnes. 3 000 des 5 000 exploitations franciliennes sont tout ou en partie céréalières et les rendements sont assez élevés pour le blé tendre (86,2 quintaux/ha) et l’orge (76,1 q/ha). Avec 22 meuneries, la région produit 15 % de la production nationale de farine, ce qui en fait la première région française[71],[72].
253
+
254
+ La production agricole régionale couvre globalement plus de 20 % des besoins du marché francilien, ce qui est très important. Outre les grandes cultures, une caractéristique régionale est la permanence des productions spécialisées péri-urbaines (plantes en pot, plantes à massifs, roses coupées, plantes de pépinières, légumes et frais), bien que celles-ci aient tendance à régresser sous la pression de l'urbanisation, mais l'Île-de-France reste une des premières régions horticoles de France. Les cultures maraîchères ou horticoles occupent 40 % de la population active agricole. La production animale ne représente que 8 % de la valeur de la production agricole francilienne.
255
+
256
+ L'industrie agro-alimentaire place l'Île-de-France au premier rang des régions françaises pour son chiffre d'affaires (127 000 MF)[Quoi ?] et sa valeur ajoutée (23 %)[Quand ?]. Elle compte 545 entreprises productrices (Coca-Cola, Lu, Panzani, etc.).
257
+
258
+ La géographie de l'emploi francilien inclut les pôles économiques qui, eux-mêmes, incluent pôle central (Paris), pôles scientifiques et techniques régionaux d'échelle mondiale (La Défense - Plateau de Saclay - Roissy - La Plaine Saint-Denis) et autres pôles scientifiques et techniques régionaux majeurs (Marché de Rungis - Évry - Marne-la-Vallée).
259
+
260
+ Pour l'organisation régionale, voir les pôles de compétitivité, les articles sur l'agglomération parisienne et le Bassin parisien ainsi que le cadre régional du SDRIF.
261
+
262
+ Chiffres du recensement au 1er janvier 2015[73].
263
+
264
+ Avec 180 271 naissances et un excédent naturel de plus de 108 000 personnes en 2013, l'Île-de-France est une des régions d'Europe démographiquement les plus dynamiques. À titre de comparaison, le nombre des naissances est à peu près égal à celui des Pays-Bas dont la population dépasse les seize millions, et correspond à la moitié du chiffre enregistré dans une Pologne de plus de trente-huit millions d'habitants. L'Île-de-France a une densité de 1 006 hab./km2 en 2015. En 2016, la région compte 12 117 132 habitants[75].
265
+
266
+ Près de 90 % des habitants d'Île-de-France vivent à domicile, et plus de 70 % des ménages âgés sont propriétaires de leur habitation. On voit ainsi un développement assez important des structures d'accueil pour personnes âgées, tel que les résidences services, résidences autonomies, et autres maisons de retraite[76].
267
+
268
+ Note : les points de population sont représentés plus fins à partir de 2004 pour éviter qu'ils ne se touchent.
269
+
270
+ Tout au long du XIXe siècle la région d'Île-de-France connut une croissance spectaculaire de sa population, liée surtout à l'attraction qu'exerçait la ville de Paris sur les provinces. En 1911, Paris dont la population constituait déjà l'essentiel de celle de l'Île-de-France (2 833 351 sur 5 182 151), était la troisième ville la plus peuplée du monde (après Londres 7 160 441 et New York 4 766 883, et avant Vienne 2 083 630 et Berlin 2 071 257). Entre la Première Guerre mondiale et 1945, la croissance de la population d'Île-de-France ralentit quelque peu, à la suite des guerres, mais se maintint malgré la dénatalité qui sévissait dans le pays.
271
+
272
+ De 1946 à 1975, la population de la région fit un bond de près de 50 %, cette période correspondant à celle du baby boom et au maximum des migrations des provinces vers l'Île-de-France. Les vingt-cinq années suivantes se caractérisent par une croissance nettement moindre, liée avant tout à une émigration importante vers d'autres régions de France (régions atlantiques et méridionales), cela malgré un dynamisme des naissances et une fécondité devenue supérieure à la moyenne du pays, et malgré l'apport d'un courant migratoire positif en provenance de l'étranger. Depuis la fin des années 1990 cependant, il semble que l'on assiste à une nouvelle période de croissance soutenue due au fort excédent des naissances sur les décès et à la réduction du déficit migratoire à l'égard des autres régions.
273
+
274
+ Sources : Insee[79],[80],[81],[82],[83],[84],[85],[86],[87],[88],[89],[90].
275
+
276
+ Alors qu'entre 1990 et 1999 la population de la région n'avait augmenté que de 291 000 habitants - soit 32 000 par an -, le rythme d'accroissement s'est considérablement accéléré depuis lors[93]. De 1999 à 2009, le taux d'accroissement annuel moyen a été de 0,69 %, soit plus de 77 600 habitants supplémentaires chaque année, principalement dû à l'excédent naturel. Au 1er janvier 2010, la population de l'Île-de-France est passée à 11 786 234 habitants[94].
277
+
278
+ Au recensement de 2006, 40 % des immigrés vivant en France résident en Île-de-France. Plus d'un Francilien sur trois (35 % soit plus de 4 millions de personnes) est immigré ou a au moins un parent immigré, soit environ 17 % d'immigrés et près de 18 % d'enfants d'immigrés (nés en France). La part des immigrés est passée de 14 % en 1990 à 16,9 % en 2006, et celle des enfants de moins de 18 ans nés en France de parents immigrés de 24,6 % à 32,5 %[95].
279
+
280
+ 43 % des franciliens âgés de 18 à 50 ans en 2008 ont un lien direct avec la migration vers la métropole, sur deux générations, au sens d’être immigrés, descendants d’immigrés, natifs d’un département d’Outre-Mer (DOM) ou descendants de natifs de DOM[96].
281
+
282
+ Par ailleurs, 51,6 % des enfants nés en Île-de-France en 2014, soit 94 610 sur 182 671, ont au moins un parent né à l'étranger (quelle que soit sa nationalité) ou dans un DOM-TOM, soit la plus forte proportion devant la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (35,3 %) et l'Alsace (33,7 %)[97],[98],[99].
283
+
284
+ Sur les 1 281 communes franciliennes des Yvelines, de Seine-et-Marne, de Seine-Saint-Denis, de l'Essonne, des Hauts-de-Seine, du Val-d'Oise et du Val-de-Marne, la moitié compte moins de 1 200 habitants[100].
285
+
286
+ Il y aurait 1,5 million de musulmans en Île-de-France dont près de 500 000 à Paris[101].
287
+
288
+ Avec plus de 2 millions de personnes âgées de 60 ans et plus, l’Île-de-France est la région qui compte le plus d’aînés[102]. Toutefois, l’Île-de-France reste une région jeune, puisque la population francilienne compte 18,5 % de personnes âgées de 60 ans ou plus contre 23,4 % au niveau national.
289
+
290
+ Avec 1 263 700 logements locatifs sociaux, l’Île-de-France totalise 26 % du parc social de la France métropolitaine[103].
291
+
292
+ Les catégories socioprofessionnelles les plus favorisées représentent en 2018 73 % des transactions de logements contre 60 % en 1998. Inversement, la part des employés et ouvriers achetant un logement est tombé de 27 % à 19 %[104].
293
+
294
+ La région dispose de nombreux hippodromes, notamment les hippodromes parisiens (Auteuil, Longchamp, Vincennes, etc.). Mais il existe également deux hippodromes situés en Île-de-France et qui dépendent de la Fédération des courses d'Île-de-France et de Normandie : l'hippodrome de Rambouillet et l'hippodrome de Fontainebleau.
295
+
296
+ Elle possède en outre des équipements sportifs reconnus internationalement pour l'organisation de grandes compétitions : cinq grands stades de football et de rugby (pouvant servir aussi pour des compétitions d'athlétisme ou d'autres manifestations, notamment culturelles) :
297
+
298
+ Par ailleurs, la région accueillera les jeux olympiques de 2024.
299
+
300
+ Elle possède douze bases, « îles » régionales « de loisirs » : Corniche des Forts en Seine-Saint-Denis ; Boucles de la Seine, Saint-Quentin-en-Yvelines et Val-de-Seine dans les Yvelines ; Cergy-Pontoise dans le Val d'Oise ; Port-aux-Cerises et Étampes dans l'Essonne ; Créteil dans le Val-de-Marne ; Bois-le-Roi, Buthiers, Jablines-Annet et Vaires-Torcy en Seine-et-Marne. Il n'en existe pas dans les départements de Paris et des Hauts-de-Seine. Cependant, des manifestations comme Paris Plages, ou Clamart Plage (Hauts-de-Seine) sont organisés chaque année.
301
+
302
+ L'Île-de-France est le berceau de l'architecture gothique dont les joyaux sont la cathédrale Notre-Dame de Paris, la basilique de Saint-Denis, l'abbaye de Royaumont, le château de Vincennes, l'église Saint-Eustache, la Conciergerie et la Sainte-Chapelle.
303
+
304
+ Des témoignages de l'architecture Renaissance, tel que le monumental Château d'Écouen (Val d'Oise) bâti par Anne de Montmorency au XVIe siècle, peuvent être visités. La commune d'Écouen présente par ailleurs un grand nombre de monuments architecturaux de cette époque.
305
+
306
+ L'arc de triomphe de l'Étoile et l'hôtel national des Invalides à Paris, et les château de Versailles, de Vincennes, de Vaux-le-Vicomte, de Fontainebleau, de Rambouillet sont également des architectures exposées en Île-de-France.
307
+
308
+ La Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris est de style romano-byzantin.
309
+
310
+ La Grande Mosquée de Paris est de style hispano-mauresque.
311
+
312
+ La Grande Synagogue de la Victoire à Paris est de style roman fleuri.
313
+
314
+ L'architecture moderne et contemporaine est bien représentée en Île-de-France, par le Centre Georges-Pompidou, la tour Montparnasse, la Grande Arche et les tours de la Défense, la Bibliothèque Nationale de France, le Stade de France, et dans les villes nouvelles de Marne-la-Vallée (Noisy-le-Grand), de Cergy-Pontoise, d’Évry (cathédrale de la Résurrection), de Melun-Sénart et de Saint-Quentin-en-Yvelines.
315
+
316
+ La région possède à ce jour huit villes d'Art et d'Histoire : Paris, Boulogne-Billancourt, Étampes, Rambouillet, Saint-Quentin-en-Yvelines, Pontoise, Meaux et Noisiel.
317
+
318
+ Elle a quatre routes historiques et touristiques : la route historique des maisons d'écrivain, la route Normandie-Vexin, la route François 1er et le parcours des Impressionnistes.
319
+
320
+ Elle possède 4 plus beaux jardins de France : Château de Breteuil, Château de Saint-Jean-de-Beauregard, Château de Vaux-le-Vicomte, Domaine de Courson.
321
+
322
+ Quatre sites franciliens sont classés UNESCO : les Rives de la Seine à Paris, Palais et parc de Fontainebleau, Palais et parc de Versailles et Provins ville de foire médiévale.
323
+
324
+ L'Île-de-France, dans sa partie la plus périphérique, a été jusqu’à l'époque de la création des villes nouvelles un ensemble très rural constitué de terres très fertiles. Aujourd'hui, près de 80 % de la surface régionale est toujours constituée de cultures et de forêts.
325
+
326
+ Chacune des petites régions qui entourent la capitale conserve, malgré l'expansion de l'agglomération parisienne, une vocation rurale marquée et très souvent, un important patrimoine tant monumental (châteaux, églises classées…) que vernaculaire (lavoirs, croix de chemin, fermes fortifiées, quelques moulins…). Depuis les années 1980, le classement de certains sites (Vexin français) puis la création de quatre parcs naturels régionaux contribuent à préserver ce patrimoine.
327
+
328
+ Parmi les régions historiques qui entourent Paris on compte :
329
+
330
+ L'Île-de-France concentre, notamment grâce à Paris, un ensemble d'activités culturelles urbaines de grande densité : la capitale mais aussi d'autres villes franciliennes abritent un nombre très important de musées, théâtres, salles de concert et de spectacles. Cette présence de la culture en ville contribue à la capacité d'attraction touristique de la région. L'activité culturelle liée au patrimoine urbain contribue au rayonnement de la région.
331
+
332
+ Par ailleurs, bien que le tag (graffiti) soit interdit en de nombreux endroits et coûte en dépense de nettoyage à la collectivité, certains avancent qu'il est devenu un art des cultures urbaines[réf. nécessaire]. Dans les différents quartiers de Paris et de la banlieue, se développe dans les centres culturels, les maisons de jeunes et les écoles de cirque, la pratique des arts urbains émergents croisés avec les arts du cirque. Naissent avec ce nouveau courant artistique des festivals comme celui de Bagneux (92) appelé HipCirqHop, mêlant les arts du cirque, le hip hop, le graff, le free-style…
333
+
334
+ Les musées incluent notamment le Palais du Louvre, le Musée National d'Art Moderne-Centre Pompidou, le Museum National d'Histoire Naturelle, le musée d'Orsay , le Musée du Quai Branly-Jacques-Chirac, le Musée Rodin, le Musée National des Arts Asiatiques Guimet, la Cité des Sciences et de l'Industrie, le Musée national de la Renaissance d'Écouen (Val d'Oise), le Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget (Seine-Saint-Denis) et le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux (Seine-et-Marne).
335
+
336
+ L' AccorHotels Bercy Arena, l'Olympia, le Palais des congrès de Paris, le Casino de Paris, le Grand Rex, le Chapiteau Alexis-Gruss, le Palais des Sports de Paris, la Philharmonie de Paris, la Cité de la Musique de Paris, l'Opéra National Garnier et l'Opéra Bastille de Paris, le Cirque d'Hiver-Bouglione à Paris. En banlieue, La Seine musicale de Boulogne-Billancourt, le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, le Théâtre de Gennevilliers, le Théâtre de Nanterre-Amandiers, la MC93 de Bobigny, l'Académie Fratellini de la Plaine-Saint-Denis, ainsi que le Stade de France de Saint-Denis et le Paris la Défense Arena (anciennement U Arena) de Nanterre, couramment utilisés en tant que lieux de représentation et lieux de concert.
337
+
338
+ Lotissements pavillonnaires et immeubles résidentiels bas à Chatou (Yvelines) en banlieue ouest. En arrière-plan, les gratte-ciel de La Défense et la tour Eiffel (dans le lointain à droite).
339
+
340
+ La cité du Clos Saint-Lazare à Stains (Seine-Saint-Denis), un des nombreux quartiers de la banlieue nord touchés par la pauvreté.
341
+
342
+ Le château d'Écouen surplombant le centre-ville ancien d'Écouen, exemple des villes rurales d'Île-de-France possédant un riche patrimoine.
343
+
344
+ En banlieue ouest, ici Noisy-le-Roi (Yvelines), les catégories socioprofessionnelles supérieures vivent dans des villas au milieu de la verdure.
345
+
346
+ Paysage multi-ethnique : Chinagora à Alfortville (Val-de-Marne) en banlieue sud-est.
347
+
348
+ Proche du pouvoir parisien depuis de nombreux siècles, la banlieue parisienne est parsemée de nombreux châteaux et grandes demeures bourgeoises pour la plupart encore habités par des propriétaires privés. Ici, le Château d'Ardenay à Palaiseau (Essonne) en banlieue sud.
349
+
350
+ Saint-Mandé (Val-de-Marne) en très proche banlieue n'est guère différent d'un quartier de Paris intra-muros. Cette ville se trouve au-delà des limites administratives de la Ville de Paris figées depuis 1860.
351
+
352
+ Les gares de banlieue font partie du vécu quotidien de millions d'habitants de l'agglomération parisienne. Ici, la gare de Houilles (Yvelines) en banlieue nord-ouest.
353
+
354
+ En grande banlieue les quartiers pavillonnaires s'étendent toujours plus loin aux marges de l'agglomération. Ici, Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) en grande banlieue sud-est, à 35 km du centre de Paris.
355
+
356
+ La banlieue englobe aussi des centres-villes anciens. Ici le quartier Notre-Dame dans le centre-ville de Versailles (Yvelines) en banlieue ouest.
357
+
358
+ La cité des Bosquets à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) en banlieue est, un autre quartier touché par l'insécurité.
359
+
360
+ Enghien les Bains est l'unique station thermale d'Ile-de-France avec son casino, son lac et ses thermes.
361
+
362
+ Ensemble résidentiel à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) en banlieue est : immeubles de taille moyenne, formes néo-haussmanniennes, abords privatifs, les architectes essaient d'éviter de répéter les erreurs des grands ensembles bâtis dans les années 1960-1970.
363
+
364
+ À l'est de l'Île-de-France la Seine-et-Marne est un département qui est resté en grande partie rural. À 85 km de Paris, Donnemarie-Dontilly est un village qui ressemble à un village de province.
365
+
366
+ Paris, c'est aussi des quartiers populaires, principalement concentrés au nord et à l'est de la ville. Le boulevard de la Chapelle (18e arrondissement), se trouve dans un quartier dans lequel des populations immigrées, et notamment venant des anciennes colonies françaises, se sont retrouvées.
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+ La Place de France dans le quartier de Lochères, à Sarcelles, dans la banlieue nord de Paris : ce quartier est le premier grand ensemble français, édifié dans la décennie 1950-1960.
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+ L'Île-de-France (/il də fʁɑ̃s/[N 1]) est une région historique et administrative française. Il s'agit d'une région très fortement peuplée, qui représente à elle seule 18,8 % de la population de la France métropolitaine sur seulement 2,2 % de sa superficie, ce qui en fait la région la plus peuplée (12,12 millions d'habitants en 2016) et la plus densément peuplée (1 006 hab/km2) de France. Ses habitants sont appelés les Franciliens. Parfois désignée improprement comme la « région parisienne », elle est fortement centralisée sur l'agglomération parisienne, qui s'étend sur 23,7 % de la surface régionale, mais où habite 88,6 % de sa population. L'aire urbaine de Paris (qui correspond à la notion de bassin d'emploi) recouvre, quant à elle, la quasi-totalité de la superficie francilienne et des portions de régions limitrophes.
4
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5
+ Avec un PIB estimé à 642 milliards d'euros et un PIB par habitant de 55 227 euros en 2015[1], c'est la région qui produit le plus de richesses en France. L'Île-de-France est également un pôle européen de premier ordre puisque c'est la deuxième région européenne pour le produit intérieur brut (PIB) comparé selon la méthode dite « à parité de pouvoir d'achat » (PPA), juste derrière la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et la sixième région d'Europe selon le PIB par habitant (PPA), derrière la région métropolitaine de Prague en République tchèque, mais devant les Southern and Eastern (Dublin) en Irlande[2].
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7
+ La région est limitrophe de cinq autres régions françaises : les Hauts-de-France, au nord, le Grand Est, à l'est, la Bourgogne-Franche-Comté, au sud-est, le Centre-Val de Loire, au sud-ouest, et la Normandie, à l'ouest.
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11
+ La région Île-de-France est née du domaine royal constitué depuis le Xe siècle par les rois Capétiens. Étant située en pleine terre, le nom d'« île » de France peut paraître étrange, mais il semble que ce nom désigne la langue de terre délimitée par l’Oise, la Marne et la Seine[3]. Une explication plus historique voit en « Île-de-France » une altération de Liddle Franke, c'est-à-dire « Petite France » en langue franque[4]. Cette région est en effet une des terres d'enracinement du peuple des Francs, depuis leur pénétration en Gaule, lors des grandes invasions. Cette explication pose cependant problème car le nom est apparu des siècles après l'extinction de la langue franque. En effet, selon Marc Bloch, le nom apparaît pour la première fois en 1387, dans les Chroniques de Froissart, en lieu et place de « Pays de France »[5].
12
+
13
+ Elle était, sous la monarchie, une province française, administrativement un gouvernement, relevant directement de l'autorité du roi de France. La généralité de Paris, autre entité administrative d’Ancien Régime ayant à sa tête un intendant, avait des limites qui ne coïncidaient pas avec celles du gouvernement.
14
+
15
+ Comme toutes les autres provinces françaises, sa reconnaissance officielle fut supprimée en 1789 lors de l'instauration des départements. L'Île-de-France retrouva de nouveau un statut officiel avec la loi de décentralisation de 1982 impulsée par Gaston Defferre. Aujourd'hui, elle regroupe huit départements : l’Essonne, les Hauts-de-Seine, Paris, la Seine-Saint-Denis, la Seine-et-Marne, le Val-de-Marne, le Val-d'Oise et les Yvelines.
16
+
17
+ Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, cette province s'étendait vers le nord et le nord-est, englobant les pays du Soissonnais et du Laonnois, actuellement situés dans l'Aisne, ainsi que le Beauvaisis, le Noyonnais et le Valois, actuellement situés dans l'Oise (Picardie), mais était moins étendue vers l'est, excluant la Brie champenoise, autour de Meaux, rattachée à la Champagne. Vers le sud ses limites étaient sensiblement les mêmes qu'aujourd'hui englobant le Gâtinais, tandis que vers l'ouest, la limite avec la Normandie est restée inchangée le long de la ligne de l'Epte. Elle correspondait à une zone de gouvernement militaire qui ne coïncidait pas complètement avec la zone d'intérêts économiques des corporations marchandes de Paris. Par parenthèse, cette remarque historique vient renforcer l'hypothèse d'une étymologie franque (liddle franke) du nom Île-de-France, et en affaiblir l'hypothèse géo-fluviale[réf. nécessaire].
18
+
19
+ Au XVIIe siècle, un nombre important d'habitants vinrent coloniser la Nouvelle-France (Canada), en particulier les fameuses « filles du Roy ».
20
+
21
+ À la suite de la Révolution, elle fut découpée en cinq départements : Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise et Aisne.
22
+
23
+ La région fut reconstituée après 1945 à partir des trois premiers et la décentralisation administrative à partir de 1964, puis politique en 1982 a consolidé les anciennes provinces.
24
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25
+ Les limites des départements de la Seine, de Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne avaient été fixées pendant la Révolution française, le 16 février 1790, à la suite du décret divisant la France en départements. Pour éviter la domination de la capitale sur une trop vaste région tout en assurant néanmoins à la ville une zone de ravitaillement, le département de la Seine fut inscrit en principe à l'intérieur d'un rayon de trois lieues (12 km) autour de la cathédrale Notre-Dame et fut entouré de tous côtés par la Seine-et-Oise, dont le chef-lieu fut fixé à Versailles[6].
26
+
27
+ Les limites actuelles de la région datent de l'arrêté ministériel du 28 novembre 1956[7], définissant les régions de programme à la suite du décret du 30 juin 1955[8] sur les plans d'action régionale. Appelée initialement région parisienne, elle recouvre les départements de la Seine, de la Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise, soit ceux qui étaient sous l'autorité du préfet régional, haut fonctionnaire institué par le régime de Vichy à partir de mars 1941 et ayant sous sa tutelle les préfets de ces départements. Elle devient par la suite l'une des neuf zones régionales d'action administratives dites « igamies » ayant à sa tête un inspecteur général d'administration en mission extraordinaire (IGAME) instauré en 1948. En 1960, lors de la transformation des régions de programme en circonscriptions d'action régionale, la composition de la région parisienne fut inchangée.
28
+
29
+ Cependant, l'État cherche à exercer un contrôle étroit sur l'aménagement et l'urbanisme de la région, au détriment des conseils généraux des départements et des conseils municipaux. Aussi, le gouvernement de Michel Debré publie l'ordonnance du 4 février 1959 créant le District de la région de Paris, confirmé par la loi du 2 août 1961, à la tête duquel est nommé un délégué général, Paul Delouvrier. Il met aussi à l'étude un nouveau découpage de la région en départements, une commission présidée par le conseiller d'État Roland Maspétiol y travaillant de 1961 à 1963. Mais les propositions de celle-ci sont peu suivies. Sous l'impulsion de Paul Delouvrier, qui bénéficie du soutien du président de la République Charles de Gaulle, le gouvernement de Georges Pompidou fait voter la loi du 10 juillet 1964 et publie le décret d'application du 25 février 1965 portant de trois à huit le nombre des départements[9]. Le nouveau découpage entre en vigueur le 1er janvier 1968.
30
+
31
+ Le très important département de la Seine (5 646 446 habitants au recensement de 1962), portant le no 75 dans l'ordre logique alphabétique des départements, est alors démembré, la commune de Paris étant isolée, alors que trois départements de banlieue limitrophes de Paris sont créés, incluant les 80 autres communes de l'ex-Seine et 43 communes de l'ex-Seine-et-Oise et constituant la petite couronne, particulièrement urbanisée et densément peuplée :
32
+
33
+ La majeure partie de l'ex-Seine-et-Oise, qui portait le no 78, moins dense et plus rurale, est elle-même découpée en trois départements constituant, avec la Seine-et-Marne, la grande couronne :
34
+
35
+ La Seine-et-Marne (77), à l'est, reste, quant à elle, inchangée, devenant ainsi le plus vaste département d’Île-de-France (près de la moitié de la superficie régionale)[10].
36
+
37
+ L'objectif de cette réforme était de rapprocher l'État de ses administrés dans le cadre de départements de taille plus réduite et de faire coïncider les nouvelles préfectures avec des pôles restructurant la banlieue dense dans le cadre de vastes opérations d'urbanisme en petite couronne (Nanterre, Bobigny, Créteil) et avec des villes nouvelles en grande couronne (Évry, Pontoise, Melun et Saint-Quentin-en-Yvelines près de Versailles). Nommé préfet de la région en 1966, tout en demeurant délégué général au District de Paris, Paul Delouvrier eut ainsi toute latitude pour mettre en œuvre l'aménagement de la région parisienne.
38
+
39
+ D'un point de vue politique, il s'agissait aussi de démanteler le département de la Seine, dont le préfet avait plus de pouvoir que le délégué général du district de Paris. Cette concurrence à la tête de la région capitale était jugée néfaste par Charles de Gaulle et par les premiers ministres de l'époque, Michel Debré puis Georges Pompidou, pour entreprendre l'aménagement de la région parisienne (« remettre de l'ordre »). Ainsi, la réorganisation de la région parisienne en 1964 aboutit à démembrer le Grand Paris pour trois raisons principales[11] :
40
+
41
+ En 1965, l'équipe de Paul Delouvrier réalise le Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région de Paris (SDAURP), un document de planification spatiale ambitieux, qui remodèle profondément le visage et le fonctionnement de la région capitale : constitution d'un Réseau Express Régional (RER) et création des villes nouvelles (Évry, Marne-la-Vallée, Cergy-Pontoise, Saint-Quentin-en-Yvelines et Sénart).
42
+
43
+ Le district de la région parisienne est devenu la région Île-de-France en 1976 (loi no 76-394 du 6 mai 1976 portant création et organisation de la région d’Île-de-France).
44
+
45
+ Le schéma directeur de la région (Sdrif) appuie depuis 2008, sa politique sur un nouvel outil : les fronts urbains. Cette ligne de contact entre la ville et l'espace ouvert des champs et des bois représente près de 13 000 km en Île-de-France. Pour le Sdrif, il s'agit d'en faire des lignes de démarcation au-delà desquelles il ne sera plus possible d'empiéter[12].
46
+
47
+ Le blason d'Île-de-France, en écu ou en bannière d'armes (drapeau armorié), est un emblème ne jouissant pas d'une reconnaissance officielle, même si en 2010 la Monnaie de Paris a édité une pièce de 10 € à trois fleurs de lys pour représenter la région, et que ce blason constitue l'insigne officiel de la légion de gendarmerie d'Île-de-France. En revanche, l'actuel conseil régional d'Île-de-France utilise un logo, une étoile rouge et irrégulière à huit branches. Ce blason est en fait celui de l'ancien domaine des rois de France, dont la région Île-de-France tire son existence. Il est parfois remplacé par le blason dit « de France ancien » (d’azur semé de fleurs de lys) comme le montre un timbre-poste de vingt francs émis le 1er mai 1943 et conçu par Robert Louis[13], ou encore les écussons régionaux de plusieurs mouvements scouts. Les fleurs de lys des blasons dits « de France » et de « France ancien » figurent dans nombre de blasons des villes d'Île-de-France : Paris, Saint-Denis, Montreuil, Puteaux, Cachan, Villepinte, Juziers, etc.
48
+
49
+ Armoiries semées de fleurs de lys de l'Île-de-France. Utilisées comme base pour les blasons de certains départements de la région, comme la Seine-et-Marne
50
+
51
+
52
+
53
+ Les armes « historiques » d'Île-de-France se blasonnent ainsi :
54
+ d'azur à trois fleurs de lys d'or[14].
55
+
56
+
57
+
58
+ Depuis sa création en 1976, l'Île-de-France a eu plusieurs logos. Le premier d'entre eux était formé d'une rose stylisée vue de dessus, bleue, blanche et rouge, représentant la région, les quatre pétales extérieurs bleus représentant les départements de la grande couronne (Essonne, Seine-et-Marne, Val-d'Oise et Yvelines), les trois pétales intérieurs blancs les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) et le bouton rouge le département de Paris. Cette rose est traversée par une ligne bleue et au-dessus des mots « RÉGION » en lettres bleues et « ÎLE-DE-FRANCE » en lettres blanches sur fond bleu.
59
+
60
+ Ce logo a ensuite été légèrement modifié, faisant apparaître un cadre bleu à la place de la simple ligne, et transformant le texte en « MA RÉGION C'EST » (sur deux lignes, toujours en bleus sur fond blanc) et « l'ÎLE-DE-FRANCE » (en blanc sur fond bleu), avec sous le cadre la mention « Conseil régional » en lettres bleues.
61
+
62
+ Le logo a été changé en novembre 2000, fruit du travail de l'agence Ailleurs exactement (filiale du groupe Havas Advertising)[15]. Le nouveau logo affiche une étoile à huit branches orange dans un tourbillon bleu, surmontant la mention « Région Île-de-France » en lettres bleues. L'étoile représente la région et chaque pointe l'un de ses départements. Le tourbillon bleu symbolise le dynamisme de la région.
63
+
64
+ Ce logo a été changé en 2005. Le 10 octobre 2005, le conseil régional d’Île-de-France a déposé la marque d'un logotype à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) sous le no 05 3 385 919, dont l'enregistrement a été publié au BOPI[N 2] 2005-46 le 18 novembre 2005 et modifié au BOPI 2006-12 du 24 mars 2006[16]. Ce logotype est composé d'une étoile à huit branches de couleur rouge-orangé[N 3] accolée au nom de la région en minuscules. « Les huit branches de l'étoile symbolisent les huit départements franciliens »[17],[18]. Le logo actuel est le quatrième logo officiel de la région[19], la couleur est rouge-orangé alors que les précédents étaient de couleur bleue, ce qui a porté à controverse[20].
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+ Ancien logo de 1976 à novembre 2000.
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+ Ancien logo de novembre 2000 au 10 octobre 2005.
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+ Logo depuis le 10 octobre 2005.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La Rectifications orthographiques du français en 1990 autorise l'écriture ile pour île.
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+ La géographie de l'Île-de-France est marquée, sur le plan physique, par sa situation au centre d'un bassin sédimentaire, le bassin parisien, au relief relativement plat, irrigué par un fleuve navigable, la Seine, dont les principaux affluents convergent précisément dans cette région ; par un climat tempéré et des sols agricoles très fertiles, et sur le plan économique, par la présence en son centre de Paris, capitale et principale agglomération urbaine de la France.
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+
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+ Avec une superficie de 12 012 km2, l'Île-de-France est l'une des plus petites régions françaises (la plus petite de la France métropolitaine après la Corse), mais de loin la plus importante par sa population (environ 12 millions d'habitants en 2015, soit un peu moins de 18 % de la population française, départements d'outre-mer inclus) et par son produit intérieur brut (28,8 % du PIB total de la France métropolitaine[Quand ?][21][source insuffisante]).
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+ Concentrant les pouvoirs économiques, administratifs et politiques d'un pays très centralisé, elle est au centre d'un réseau de communication qui se ramifie en étoile autour de Paris.
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+ Le territoire de la région est très urbanisé malgré la fragmentation éco-paysagère d'une grande partie du territoire (par les routes) et des grandes vallées de la Seine, de la Marne, et de l'Oise (par l'urbanisation). Elle possède de grands massifs forestiers (285 000 ha dont 87 000 ha de forêt publique) et de nombreux grands parcs urbains qui ceinturent presque la région au sud et au nord (massif des trois forêts). Les trois quarts du territoire régional sont toujours recouverts de forêts ou de terres agricoles. La région a cependant moins perdu de biodiversité que certaines zones d'agriculture intensive de surface équivalente plus au nord. Cette ceinture forme un réservoir de biodiversité, principalement constitué du Vexin, des forêts de Rambouillet et d'Yvelines, connectés par des vallées de l'Essonne et certaines boucles de la Seine, repérés comme éléments du Réseau écologique national.
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+ Selon son Profil environnemental régional, l'Île-de-France est du point de vue de la biodiversité dans une situation moyenne à l'échelle du continent européen, plus riche que les régions du Nord, mais moins que celles du sud. Un réseau relictuel et fragile, à conforter de corridors biologiques a permis un minimum de dispersions animales et végétales entre les grands noyaux de nature (massifs forestiers, zones humides) par la Carte des corridors biologiques d'intérêt régional[22]. La région est à 80 % constituée d'espaces naturels et ruraux, 20 % du territoire étant construit. On y trouve 228 espèces d'oiseaux sur les 375 observables en France, 18 000 espèces d'insectes sur 35 200 les plus facilement observables et 60 espèces de mammifères sur 121, ou encore 1 620 espèces et sous-espèces de plantes sur 6 000.
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+ Les données communiquées par les autorités sur la qualité de l'air en région Île-de-France seraient délibérément faussées, les niveaux de pollution étant nettement plus élevés que les données officielles, selon une enquête du journal Le Parisien. Interrogé par le quotidien, le journaliste Jean-Christophe Brisard explique que ces données sont faussées « parce qu’au lieu d’avoir des pics de pollution quelques jours par an, on serait presque toujours en pic »[23].
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+ La région parisienne est touchée par le problème des décharges sauvages. La très grande majorité de ces déchets proviennent d'artisans et d'entreprises du BTP.[24]
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+ Les études de l'Union internationale pour la conservation de la nature menées sur l’Île-de-France révèlent que 31 % des 1 600 espèces de fougères et plantes à fleurs sont menacées de disparition, 27 % des papillons de jour, 30 % des chauves-souris, ou encore 39 % des oiseaux nicheurs. Sans être menacées de disparition, certaines populations « encore abondantes il y a peu » ont considérablement diminué, comme certaines espèces de chauve-souris (pipistrelles communes et noctules communes) ou d'oiseaux, dont les hirondelles et le moineau domestique, qui a perdu 73 % de ses effectifs parisiens entre 2004 et 2017. L'usage des pesticides, l'urbanisation et le réchauffement climatique semblent en être les principales causes[25]. En 2019, selon la liste rouge régionale des oiseaux nicheurs, sur les 14 espèces de rapaces diurne d'Île-de-France, huit sont menacées d'extinction[26].
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+
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+ En dehors des zones construites le long des rivières, les carrières et zones rocheuses exploitables sont encore nombreuses dans la région.
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+ On trouve du gypse au Nord (Cormeilles-en-Parisis, butte de Montmorency, monts de la Goële, etc.), beaucoup de sablons notamment dans le Gâtinais et les boucles de la Marne, de l'argile autour de la ville de Provins (Seine-et-Marne) et dans le Mantois ainsi que du calcaire aux limites champardennoises et le long du Loing[28].
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+ Le point culminant de la région d'Île-de-France, au sens administratif, est situé à Neuilly-en-Vexin (Val-d'Oise) sur les Buttes de Rosne et culmine à 216 mètres. Le point le plus bas est à 11 mètres à Port-Villez (Yvelines). L'altitude moyenne est de 108 mètres[29].
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+ Le point le plus haut de la région historique, qui comprend des terres hors de la région administrative actuelle (notamment dans l'actuel département de l'Oise), est le mont Pagnotte, en forêt d'Halatte au nord de Senlis qui culmine à 221 mètres.
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+
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+ La colline d'Élancourt (anciennement colline de la Revanche) est plus haute avec ses 231 mètres, mais il s'agit d'une colline en partie artificielle, élevée avec les remblais de construction de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines : son sommet n'est pas d'origine naturelle.
101
+
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+ Le point culminant de Paris et de sa proche banlieue (départements 75, 92, 93 et 94) se trouve dans la forêt de Meudon qui culmine à 180 mètres.
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+
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+ La région Île-de-France est entièrement comprise dans le bassin versant de la Seine. Tous les cours d'eau de la région sont des affluents ou des sous-affluents de la Seine. Nombre des rivières sont drainées par les grands affluents de la rive droite (Marne, Oise, Epte) ou de la rive gauche (Eure). Cette dernière bien qu'elle ne coule pas en Île-de-France, reçoit de nombreuses rivières issues du sud et de l'ouest des Yvelines (Drouette, Vesgre…)[30].
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+
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+ Les cours d'eau principaux (Seine, Marne et Oise) sont navigables et se caractérisent par leurs nombreux méandres, boucles typiques de l'Île-de-France qui ont modelé le paysage. La formation de ces méandres s'explique par la très faible pente de ces cours d'eau.
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+ L'altitude du terrain totalement aléatoire (oscillant toujours entre 10 et 200 m) a laissé, souvent aux abords des boucles, des lacs et des étangs aujourd'hui aménagés en bases de loisirs (Moisson-Mousseaux, Cergy-Neuville, Villeneuve-Saint-Georges, etc.).
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+ La région Île-de-France bénéficie d'un climat tempéré, modéré par des influences océaniques. La température moyenne s'élève à 11 °C et les précipitations moyennes à 600 mm.
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+ Malgré sa forte urbanisation, l'Île-de-France est majoritairement rurale : sur ses 12 070 km2, 47,2 % sont consacrés à l'agriculture[31] (une des plus productives de France) et 23 % à la forêt. Parmi les plus importantes forêts de la région, on peut citer celles de Fontainebleau, Rambouillet, Montmorency, Saint-Germain-en-Laye et Sénart. Cependant, la progression de l'urbanisation continue, année après année, de grignoter la surface agricole qui a perdu mille kilomètres carrés au cours des cinquante dernières années face à l'étalement urbain et aux développements des infrastructures.
113
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+ Tous les modes de transport urbains ou presque, sont représentés en Île-de-France.
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+ Malgré sa position un peu en marge de la banane bleue européenne, l'Île-de-France et en particulier l'agglomération parisienne dispose d'atouts qui contribuent à en faire un pôle essentiel des transports européens : poids économique de la région, position sur des axes de circulation importants entre nord et sud de l'Union, qualité du réseau existant (en particulier du réseau TGV qui désormais la connecte à cinq pays européens), poids de Paris en tant que centre touristique, première ville mondiale pour les congrès…
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+
118
+ Jusque dans les années 1960, le métro était presque cantonné à Paris intra-muros, ayant en plusieurs décennies étendu encore relativement peu les terminus de ses stations à la proche banlieue (ce qu'il fit ensuite progressivement), le bus et le train de banlieue restant les transports principaux pour la banlieue et grande couronne.
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+
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+ En 1969, le premier tronçon du métro régional, futur RER, fut inauguré : ce nouveau parcours reliant la Nation à Boissy-Saint-Léger, complètement électrifié, fut réalisé en grande partie sur l’ex « ligne de Vincennes » auparavant desservie par des trains à vapeur et diminua considérablement les temps de parcours. L’année suivante, une liaison ferroviaire directe Étoile – la Défense à grand gabarit fut mise en service, dix ans après les débuts de la construction du nouveau quartier d’affaires. Elle fut prolongée vers la nouvelle gare Auber dans le quartier de l’Opéra en 1972, puis à l’ouest vers Saint-Germain-en-Laye en intégrant une partie de la ligne historique en 1973.
121
+
122
+ En 1977, la traversée de Paris par le nouveau RER A fut achevée par la liaison entre les stations Auber et Châtelet - Les Halles, tandis qu’une nouvelle branche en direction de Marne-la-Vallée fut construite. En même temps, la ligne de Sceaux desservant la vallée de Chevreuse et le sud-est des Hauts-de-Seine fut prolongée vers le nouveau cœur du réseau aux Halles et devint le RER B. Au cours des années suivantes, ces deux lignes furent prolongées en empruntant des voies de chemin de fer déjà existantes ou prolongées mais exploitées avec d’autres trains de la SNCF ayant pour terminus les gares de surface, vers le nord-est et l’aéroport de Roissy pour le RER B, vers la ville nouvelle de Cergy-Pontoise pour le RER A.
123
+
124
+ Ce réseau fut ensuite complété par la création de nouvelles liaisons ferroviaires traversant Paris, dont seuls les tunnels passant sous le centre-ville étaient nouveau : RER C connectant les réseaux de banlieue des gare des Invalides et d’Austerlitz à partir de 1979 puis la vallée de Montmorency en 1988 ; RER D reliant le réseau de la Gare de Lyon aux Halles et à la plaine de France au nord en 1987 ; puis RER E destiné à délester le RER A d’une partie de son trafic, mais non achevé avant les années 2020 au moins.
125
+
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+ En 1990, les tramways qui avaient été complètement abandonnés et dont la dernière rame avait circulé dans Paris en 1937, reprirent naissance sous forme plus moderne, avec des véhicules plus confortables et entièrement électrifiés, cette fois pour desservir les banlieues dans le cadre d’un projet de rocade à quelques kilomètres des limites de Paris, réalisé en partie seulement. Le T1, au nord-est de la capitale, en fut le premier tronçon, nouvellement construit sur les chaussées jusque-là réservées aux voitures. Le T2 à l’est, reprenant en grande partie la « ligne des Moulineaux » peu rentable à partir de 1997, fut un succès et une reconversion similaire fut effectuée au nord-est (Ligne 4 du tramway d'Île-de-France) pour la « ligne des Coquetiers ».
127
+
128
+ Sur les boulevards des Maréchaux, qui formaient une limite entre la partie urbanisée de la ville de Paris et l'ancienne zone non aedificandi correspondant à celle des fortifications de Thiers – sur laquelle des ensembles de logements à bon marché (HBM), différents équipements et le boulevard périphérique ont été bâtis –, circulaient les autobus de la ligne de petite ceinture (le PC). Le tramway T3 remplace progressivement le bus PC, avec les actuelles lignes T3a et T3b.
129
+
130
+ De plus en plus de lignes de tramways inter-banlieue, dont le manque se faisait sentir pour les salariés devant se rendre de leur domicile à leur travail, soit en passant par Paris, soit par de multiples changements de bus, sont construites. L’agglomération parisienne s'étendant et devenant de plus en plus peuplée au fil des années (extension de l'urbanisation), des projets de construction de tramways de grande banlieue sont en cours, dont l'un correspondant à une « grande ceinture », analogue mais en transport en commun à la Francilienne utilisée par les voitures automobiles.
131
+
132
+ Une ligne de télécabines, à l'instar de celle enjambant la Tamise à Londres, ou de celle de Cologne, devrait être construite également vers 2016 au-dessus de Créteil, pour désengorger en « hauteur », la circulation toujours très intense du Carrefour Pompadour (le métro et train y existant déjà eux-aussi).
133
+
134
+ Le transport fluvial de voyageurs est relativement peu répandu en raison de sa commodité moins grande et de son accès restreint, dû à la nécessité de relier un point à l'autre devant être situés sur la Seine, voire l'Oise ou la Marne (ou encore les canaux Saint-Martin ou de Saint-Denis, mais avec des écluses) ou depuis quelques ports fluviaux. L'usage du « batobus » est néanmoins de plus en plus prisé.
135
+
136
+ Le réseau routier comporte environ 800 km d'autoroutes en Île-de-France. On distingue une dizaine de radiales : les principales étant l'Autoroute du Soleil (Dijon, Lyon, Marseille), du Nord (Lille), de Normandie (Rouen, Caen, Le Havre), de l'Est (Reims, Metz, Nancy, Strasbourg), et l'Aquitaine et l'Océane (Nantes, Bordeaux, Rennes) ainsi que des autoroutes concentriques : le périphérique entoure le Paris historique, l'A 86, la proche banlieue et la Francilienne en cours de bouclage est située à une dizaine de kilomètres plus à l'extérieur.
137
+
138
+ En Île-de-France, les principaux axes de circulation incluant des autoroutes urbaines côtoient des zones densément peuplées très avoisinantes ces axes routiers, ce qui conduit 58 % des Franciliens à ressentir les effets de la pollution atmosphérique sur leur santé ou celle de leur entourage proche[27].
139
+
140
+ Paris dispose de six grandes gares de chemin de fer terminus assurant à la fois un trafic grandes lignes et banlieue. Chaque gare dessert à la fois une portion de la banlieue et est un point de départ de grandes lignes vers les autres régions de France et l'étranger. Le réseau ferré de l'agglomération parisienne comporte environ cinq cents gares et mille cinq cents kilomètres de lignes pratiquement entièrement électrifiées en 25 kV alternatif ou en 1 500 V continu.
141
+
142
+ L'Île-de-France dispose d'un réseau de 700 km de voies navigables[32].
143
+
144
+ Paris possède trois aéroports, qui ont accueilli 95,4 millions de passagers et 2 millions de tonnes de fret en 2015 :
145
+
146
+ Deux autres sont beaucoup plus éloignés du centre-ville de Paris :
147
+
148
+ Paris possède aussi un héliport, situé dans le 15e arrondissement mais au sud du boulevard périphérique, en limite de la commune d'Issy-les-Moulineaux, ce qui explique son nom (héliport de Paris - Issy-les-Moulineaux). Le site est exploité par Aéroports de Paris[36].
149
+
150
+ En 2019 on compte 591 km de pistes cyclables[37].
151
+
152
+ Un jour ouvré, on compte environ vingt-trois millions de déplacements mécanisés en Île-de-France (soit deux tiers des déplacements). Plus de la moitié de ceux-ci sont effectués par des véhicules privés (le parc est supérieur à quatre millions de voitures) ou par des véhicules utilitaires. Le solde est assuré par les transports en commun.
153
+
154
+ Le trafic routier a connu une forte croissance durant les années 1980, mais cette progression n'a pas été linéaire et tend à ralentir depuis 1992, en particulier dans la zone agglomérée. Les déplacements routiers demeurent prépondérants, mais les flux tendent à se modifier au fil du temps. Si les axes radiaux et le boulevard périphérique voient leur fréquentation stagner voire diminuer, les axes de rocade voient leur trafic augmenter, provoquant des phénomènes de saturation chroniques, à l'exemple du tronc commun des autoroutes A4 et A86 dans le Val-de-Marne. Cette évolution est en relation avec le développement des emplois, commerces et services en banlieue, alors que l'emploi régresse dans Paris intra-muros, les transports en commun demeurant peu compétitifs pour des déplacements en rocade[38].
155
+
156
+ En 2019, la part du vélo dans les déplacements quotidien est de 2 %[37]. Si cette part était en augmentation à Paris au début des années 2000, elle restait stable voire en baisse dans les autres départements de la région[39].
157
+
158
+ Les transports en commun de l'agglomération parisienne offrent plusieurs modes de transports distincts. La ville de Paris et sa proche banlieue sont accessibles par le métro, un système ferroviaire où les stations sont très proches. Au-delà des limites de la ville, l'Île-de-France est couverte par les trains des réseaux RER et Transilien, créant un réseau ferroviaire étendu. L'offre est complétée localement par un réseau extensif de lignes d'autobus et quelques lignes de tramways.
159
+
160
+ L'organisation des transports en commun de la région relève de Île-de-France Mobilités, anciennement le Syndicat des Transports d'Île-de-France (STIF), établissement public composé de la région Île-de-France, de la ville de Paris et des sept autres collectivités départementales de la région. ÎdF Mobilités organise, coordonne et finance les transports publics de voyageurs assurés par la Régie autonome des transports parisiens (RATP), la SNCF et l'Organisation professionnelle des transports d'Île-de-France (OPTILE) qui regroupe 80 entreprises privées exploitant des lignes régulières d'autobus dans la région.
161
+
162
+ Les principaux transports en commun d'Île-de-France sont :
163
+
164
+ En 2007, la mairie de Paris, décide, face au nombre important de cyclistes et de pistes cyclables, de mettre à disposition, pour des périodes allant d'une demi-heure à un an moyennant caution et abonnement dans ce cas, des vélos répartis et stationnés à différents endroits stratégiques de la capitale. L'utilisateur prend l'un des vélos de son choix disponible à l'une des stations du service Vélib', et peut le ramener à une autre station avec emplacements disponibles Vélib'.
165
+
166
+ Au départ uniquement situés dans Paris, les points des Vélib' sont étendus progressivement, tout comme, par la suite, les Autolib', dans la banlieue parisienne. Les pistes cyclables sont de mieux en mieux aménagées, permettant éventuellement aux rollers ou skateboards, sous toute réserve, d'y circuler aussi.
167
+
168
+ En 2011, un service d'autopartage de petites voitures électriques est lancé sous le nom d'Autolib'. Il est nécessaire de s'inscrire au préalable dans une des stations plus spécifique en présentant sur machine, le permis de conduire.
169
+
170
+ Environ mille trains de grandes lignes quittent chaque jour ouvré les six grandes gares tête de ligne parisiennes. Ces trains desservent l'essentiel des villes de France, ainsi que de nombreuses villes d'Europe occidentale. Le trafic est en augmentation avec l'ouverture de lignes à grande vitesse en direction de la Grande-Bretagne, de la Belgique et de l'Allemagne en particulier. La gare de Lyon se place en tête, suivie des gares du Nord et Montparnasse.
171
+
172
+ Le développement du TGV a permis la création de liaisons directes entre métropoles de Province, mais passant par le réseau francilien. La réalisation de la LGV Interconnexion Est en 1994 a ainsi permis le net développement des relations entre le Nord et le Sud-Est ou le grand Ouest, mais ces liaisons profitent également à la région par la présence de gares, permettant d'assurer un meilleur remplissage des trains et un allègement de la charge des grandes gares parisiennes, pour l'essentiel au bord de la saturation.
173
+
174
+ Le trafic grandes lignes (environ 50 millions de passagers en 2004 toutes gares confondues) s'est considérablement développé avec les TGV qui partent de la gare de Lyon, de la gare Montparnasse, de la gare du Nord et depuis 2007 de la gare de Paris-Est. La gare Saint-Lazare est la première gare pour le nombre de trains en partance (banlieue et grandes lignes) alors que la gare du Nord est la première pour le trafic.
175
+
176
+ Le transport fluvial de voyageurs demeure globalement marginal dans la région, mais tend à progresser. Si le tourisme fluvial à Paris est particulièrement développé, des croisières fluviales se créent progressivement sur les autres cours d'eau d'Île-de-France, par exemple sur l'Oise, ou sur les canaux[32]. Un nouveau service régulier sur la Seine et la Marne, Voguéo, accessible aux personnes titulaires d'un abonnement de transport, a été inauguré en 2008.
177
+
178
+ En 2006, 296 millions de tonnes de marchandises ont transité en Île-de-France, soit environ 12 % du tonnage total transporté en France, volume en hausse de 2 % par rapport à l'an 2000. Quatre catégories de marchandises représentent à elles seules 90 % du total : les matériaux de construction représentent 101 millions de tonnes soit 40 % du total, suivis par les produits manufacturés et messageries avec 78 millions de tonnes soit 31 %, les produits alimentaires avec vingt-deux millions de tonnes soit 9 % et les produits agricoles avec vingt-et-un millions de tonnes soit 8 % du total.
179
+
180
+ Près de la moitié des marchandises transportées ne quittent pas la région, les courtes distances étant quasi exclusivement assurées par la voie routière. Le rail est privilégié en revanche pour les plus longues distances, la voie navigable étant très concentrée sur les échanges avec la Normandie, qui représentent près de la moitié du tonnage transporté, en particulier les ports de Rouen et du Havre, assurant essentiellement le transport de matériaux de construction, et, dans une bien moindre mesure, de combustible. La part du transport aérien se monte à 2,2 millions de tonnes, assuré à 88 % par les deux principaux aéroports parisiens. Les marchandises sont majoritairement échangées avec les États-Unis et le Sud-Est asiatique[40].
181
+
182
+ Le transport routier de marchandises domine largement dans la région, avec plus de deux cents millions de tonnes transportées par la route en 2008. Les transports ferroviaires ou fluviaux n'en ont assuré que de dix à quinze millions de tonnes chacun la même année[41]. La part modale de la route atteignait alors 89,9 %, contre 5,4 % pour la voie navigable et 4,8 % pour le rail[42].
183
+
184
+ Durant les années 1990, on compte chaque jour plus de cinq-cents convois de fret sur les lignes ferroviaires régionales, transportant près de 240 000 tonnes de marchandises. Si la dimension de l'agglomération peut expliquer les volumes constatés, c'est avant tout la situation de carrefour de la région qui explique l'importance des flux, majoritairement de transit. Ainsi, le trafic généré par la région elle-même peut être évalué à 50 000 tonnes en moyenne quotidienne, pour 90 000 tonnes de flux inter-régionaux.
185
+
186
+ Les principaux flux observables relient le Nord au Sud-Est, ou les produits lourds de l'industrie métallurgique dominent, et l'Est à Ouest liant la Lorraine et l'Alsace à la basse-Seine et à la Bretagne. D'autres flux de moindre importance existent, parfois orthogonaux, dont la présence en Île-de-France s'explique pour partie par la médiocrité des liaisons ferroviaires transversales, souvent mal équipées.
187
+
188
+ Si les axes radiaux Paris - Lille, Paris - Bruxelles, Paris - Bordeaux et Paris - Le Havre sont les plus fréquentés, c'est la ligne de Grande Ceinture, particulièrement à l'Est de Paris, qui détient le record national pour le trafic fret[43].
189
+
190
+ Le transport ferroviaire de marchandises demeure relativement stable. La part des marchandises importées dans la région représente environ le double en volume des marchandises exportées, ce qui s'explique par les besoins d'une importante population et la quasi-absence d'exportation de matières premières ou de produits énergétiques ; la part du trafic interne reste très faible[44].
191
+
192
+ Le transport combiné, après une hausse jusqu'en 2001, est désormais en recul. Il dépassait trois millions de tonnes en 2008[45].
193
+
194
+ Paris est le premier port fluvial de France avec un trafic de 21 millions de tonnes en 2005[46]. Les installations du port sont échelonnées le long de la Seine et des canaux de la Ville de Paris : le canal Saint-Denis et le canal de l'Ourcq.
195
+
196
+ Les terminaux les plus importants sont le Port de Gennevilliers et le Port de Bonneuil-sur-Marne[47]. L'activité est gérée par le Port autonome de Paris. Le trafic est constitué majoritairement par les matériaux de construction (16,8 MT), les granulats (10,9 MT), les déblais (4,8 MT) et les céréales (2,1 MT)[48].
197
+
198
+ Le trafic de marchandises par voie fluviale au port de Gennevilliers demeure relativement stable, la part des marchandises importées dans la région étant en moyenne le triple de celle des marchandises exportées. Le transport de conteneurs est, lui, en augmentation rapide et constante : il a été multiplié par quatre entre 2000 et 2007[49].
199
+
200
+ Le transport aérien de marchandises est quant à lui en augmentation constante : il a doublé entre 1998 et 2008[50].
201
+
202
+ L'Île-de-France regroupe encore la plupart des grandes écoles les plus prestigieuses malgré un mouvement de décentralisation qui a conduit notamment au transfert de l'École nationale d'administration à Strasbourg et de l'École normale supérieure lettres et sciences humaines (Fontenay-Saint-Cloud) à Lyon.
203
+
204
+ Les cas de tuberculose ont augmenté de 10 % en Île-de-France entre 2015 et 2017. Les populations précaires, vivant en hébergement collectif ou sans domicile fixe, sont les plus exposées à la maladie[51].
205
+
206
+ En 2020, c'est la région de France qui a été le plus touchée par la pandémie de Covid-19 avec notamment près d'un décès sur quatre survenus dans le pays (7 328 sur un total de 29 407 au 15 juin). [52],[53]
207
+
208
+ Le conseil régional administre la région Île-de-France. Il siège à Paris, au 33 rue Barbet-de-Jouy dans le 7e arrondissement, et est présidé depuis 2015 par Valérie Pécresse (Les Républicains).
209
+
210
+ Ses 209 sièges sont répartis comme suit entre les groupes[54] :
211
+
212
+ Le préfet de région de la région Île-de-France est le préfet de Paris.
213
+
214
+ Emmanuel Macron est arrivé en tête de la Région lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2017[55].
215
+
216
+ Source : Ministère de l'Intérieur[56]
217
+
218
+ Pour 2011 les dépenses (hors gestion de la dette) atteignaient 5,37 milliards d'euros et l'endettement 3,52 milliards d'euros[57].
219
+
220
+ L'Île-de-France est un des principaux moteurs de l'économie mondiale. En 2008, le PIB de l'Île-de-France calculé par Insee était de 552,7 milliards d'euros[58]. Ainsi, la région parisienne est la plus importante région européenne par son PIB[59]. Bien que sa population n'en fasse que la 20e métropole mondiale, le PIB de l'Île-de-France est le cinquième des grandes villes du monde après l'aire métropolitaine de Tokyo, le Grand New York, Los Angeles et Osaka.
221
+
222
+ Avec plus de 5,9 millions d'emplois, dont 85,5 % dans le secteur tertiaire[60], l'Île-de-France se caractérise par sa place prépondérante dans l'économie nationale et par l'importance du secteur tertiaire. De nombreux groupes nationaux ou internationaux ont leur siège en Île-de-France et la région représente 29 % de la valeur ajoutée brute du pays (en 2002). Bien que réalisant 83 % de sa valeur ajoutée dans les services, l'économie francilienne reste extrêmement diversifiée par rapport aux autres villes de sa taille. Bien que la région a subi une forte désindustrialisation, elle reste la première région industrielle française. L'agriculture, qui occupe 45 % du territoire régional (48 % hors Paris), dont les deux tiers sont consacrés aux céréales, est l'une des plus productives de France. L'Île-de-France est aussi une destination touristique de premier plan.
223
+
224
+ Le taux de pauvreté en Île-de-France s’élève à 15,9 % en 2015, contre 12,3 % en 2006. La région est par ailleurs de plus en plus inégalitaire. Les prix du logement ont poussé les plus modestes en dehors de Paris[61].
225
+
226
+ L'Île-de-France représente en 2015 31,1% du PIB de France métropolitaine[62], alors que sa population représente 18,2 % de la population française métropolitaine[63]. En 2002, Eurostat évaluait le PIB francilien à 4,5 % du PIB total de l'Union européenne (à 25 membres)[64], alors que la région comporte moins de 2,45 % du total de la population de l'UE à 25. En Europe de l'Ouest, la seule métropole qui puisse se comparer à Paris est Londres. À titre de comparaison[Quoi ?], Eurostat évaluait le PIB total du Grand Londres en 2002 à 264 milliards d'euros. La région métropolitaine londonienne est toutefois un peu plus large que le grand Londres ce qui fausse un peu la comparaison (et les chiffres que l'on peut composer à l'occasion donnent les deux métropoles au coude à coude). Cependant, le PIB de ces deux régions métropolitaines dépassent largement ceux de toutes les autres métropoles européennes, que ce soit la Randstad Holland, les conurbations Rhin-Ruhr ou Rhin-Main, la région bruxelloise, le triangle d'or italien ou celle de Berlin-Brandebourg.
227
+
228
+ L'économie francilienne est diversifiée. L'industrie du tourisme, par exemple, (Paris est la première destination mondiale) emploie 395 000 personnes en 2011 (dont 261 500 emplois directs), soit 30 % des emplois touristiques nationaux, mais à peine 6,9 % des Franciliens en 2011[65] : dans de nombreux domaines, Paris est le premier ou l'un des tout premiers centres mondiaux sans être totalement dépendant d'aucun. D'ailleurs, si l'économie francilienne est essentiellement une économie de services, sa base industrielle demeure très importante. L'Île-de-France est toujours l'un des principaux centres de production européens, qui a su préserver sa compétitivité en augmentant toujours plus la part de la recherche dans son activité industrielle. Il n'en demeure pas moins que l'Île-de-France est aujourd'hui surtout une région de services de très haut de gamme, en particulier à destination des entreprises.
229
+
230
+ L’Île-de-France est une place-forte du cinéma avec 50 % des tournages de France (1 500 autorisations par an, dont un tiers sont des productions étrangères) et 90 à 95 % du travail de postproduction générant 135 000 emplois, 20 000 permanents, 115 000 intermittents), l’Île-de-France est la première région d’Europe à peu près à égalité avec le grand Londres en termes de volume d’activité. Première région en Europe pour les tournages, la région offre 80 plateaux, dont des studios récents comme la Cité du cinéma à Saint-Denis. et se situe en pointe dans le secteur des effets visuels et de la 3D avec des entreprises comme Mac Guff (les Minions)[66].
231
+
232
+ L'industrie emploie 463 000 personnes en Île-de-France, ce qui en fait la première région industrielle française devant Rhône-Alpes. Mais c'est en même temps, avec seulement 8,2 % des emplois dans l'industrie, l'une des régions les moins industrialisées de France (après Provence-Alpes-Côte d'Azur, Languedoc-Roussillon et Corse) et une région qui s'est fortement désindustrialisée depuis une vingtaine d'années.
233
+
234
+ Le secteur de l'aérospatiale et des industries de défense emploie 72 000 salariés en Île-de-France (dont 36 000 emplois directs). Plusieurs sociétés d'importance européenne y sont présentes, notamment Airbus Group, Thales, Dassault Aviation, Snecma, ESA, Alcatel-Lucent, Arianespace, etc. avec des sites de production, des centres de recherche, des sièges sociaux…
235
+
236
+ Le secteur de l'automobile en Île-de-France emploie 145 000 salariés (dont 60 000 emplois directs et le solde en sous-traitance). Les deux constructeurs nationaux sont présents et exploitent deux usines de production parmi les plus importantes (Renault à Flins-sur-Seine, PSA à Poissy et plusieurs centres de recherche, dont le technocentre Renault de Guyancourt et le centre PSA de Vélizy). La plupart des équipementiers y sont également implantés, notamment (Delphi, Valeo, Faurecia, Johnson Controls Automotive Electronics, Bosch Braking System, Lear Corporation, etc.) Le secteur de la recherche en automobile emploie 17 500 personnes, dont 6 600 chercheurs, en Île-de-France, soit 75 % du potentiel du secteur en France.
237
+
238
+ Depuis la découverte de la radioactivité à Paris, le nucléaire est un des secteurs où la recherche et l'industrie francilienne sont en pointe. Le groupe Areva y a son siège social. Total, un autre leader mondial de l'exploitation d'énergie (non renouvelables), a également son siège mondial en Île-de-France ainsi que de nombreux laboratoires de recherche. EDF est également très fortement implanté en Île-de-France. De même, Engie (ex GDF Suez) a son siège en Île-de-France (à La Défense).
239
+
240
+ Les services constituent la majeure partie de l'emploi francilien. Au 1er janvier 2012, l'Insee recense 426 000 personnes travaillant dans les services (74,4 % de l'emploi régional) auxquelles il faut ajouter 680 000 personnes travaillant dans les commerces (12 % de l'emploi régional).
241
+
242
+ Au quotidien, ce sont plus de 1,5 million de personnes qui travaillent dans l'administration, la santé humaine, l'action sociale ou l'éducation.
243
+
244
+ De grands groupes de services collectifs (électricité, téléphonie, eau, etc.) à capitaux publics ou privés ont leur siège dans la région (EDF, Veolia, France Telecom).
245
+
246
+ Les activités de conseil sont en très fort développement et la région parisienne compte environ 500 000 emplois dans ce domaine. Les principales entreprises mondiales sont présentes à Paris, y ayant implanté leur siège européen ou un bureau. Les activités financières (337 000 emplois), connaissent actuellement une réorganisation très rapide. L'Île-de-France accueille le siège de grandes Banques mondiales (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole) et le siège d'Euronext. La Bourse de Paris, par sa proximité avec plus de 400 banques et institutions est considérée comme étant la 4e Bourse mondiale derrière Tokyo, New York et Londres. De plus, Paris accueille les bureaux de grandes banques comme Lazard ou Goldman Sachs.
247
+
248
+ L’évolution des modes de transports et l’invention de la réfrigération ont progressivement recomposé sur l'organisation spatiale des régions urbaines et fait perdre sa couronne maraîchère à Paris. Transportées d’abord par le train puis par la route, les denrées périssables ont pu être produites plus loin et la ceinture horticole a petit à petit cédé la place à l’étalement urbain[69]. L’Île-de-France n’est ainsi autonome qu’à hauteur de 10 % pour les légumes frais, de 1,5 % pour les fruits, de 12 % pour les œufs ou encore de 1 % pour le lait, l’autonomie alimentaire n’étant atteinte que pour le blé (159 %) et le sucre (117 %)[70].
249
+
250
+ L'agriculture couvre plus de 50 % du territoire régional, mais elle n'emploie que 12 400 personnes (0,2 % des emplois). La Seine-et-Marne est de loin le département le plus agricole : il consacre à l'agriculture 58 % de son territoire d'où provient 57 % de la production de blé régionale. La proximité d'un marché de onze millions de consommateurs, la fertilité des sols, la technicité agricole, la mécanisation des exploitations, le développement de la qualité, font que l'Île-de-France demeure une grande région agricole, notamment dans le domaine céréalier.
251
+
252
+ Sur les 365 000 ha de superficies céréalières de 2013, le blé tendre couvre à lui seul 239 000 ha (dont 3 882 ha en culture biologique) pour une production de 2 millions de tonnes. L’orge et le maïs ont une production respective de 571 000 tonnes et 471 000 tonnes. 3 000 des 5 000 exploitations franciliennes sont tout ou en partie céréalières et les rendements sont assez élevés pour le blé tendre (86,2 quintaux/ha) et l’orge (76,1 q/ha). Avec 22 meuneries, la région produit 15 % de la production nationale de farine, ce qui en fait la première région française[71],[72].
253
+
254
+ La production agricole régionale couvre globalement plus de 20 % des besoins du marché francilien, ce qui est très important. Outre les grandes cultures, une caractéristique régionale est la permanence des productions spécialisées péri-urbaines (plantes en pot, plantes à massifs, roses coupées, plantes de pépinières, légumes et frais), bien que celles-ci aient tendance à régresser sous la pression de l'urbanisation, mais l'Île-de-France reste une des premières régions horticoles de France. Les cultures maraîchères ou horticoles occupent 40 % de la population active agricole. La production animale ne représente que 8 % de la valeur de la production agricole francilienne.
255
+
256
+ L'industrie agro-alimentaire place l'Île-de-France au premier rang des régions françaises pour son chiffre d'affaires (127 000 MF)[Quoi ?] et sa valeur ajoutée (23 %)[Quand ?]. Elle compte 545 entreprises productrices (Coca-Cola, Lu, Panzani, etc.).
257
+
258
+ La géographie de l'emploi francilien inclut les pôles économiques qui, eux-mêmes, incluent pôle central (Paris), pôles scientifiques et techniques régionaux d'échelle mondiale (La Défense - Plateau de Saclay - Roissy - La Plaine Saint-Denis) et autres pôles scientifiques et techniques régionaux majeurs (Marché de Rungis - Évry - Marne-la-Vallée).
259
+
260
+ Pour l'organisation régionale, voir les pôles de compétitivité, les articles sur l'agglomération parisienne et le Bassin parisien ainsi que le cadre régional du SDRIF.
261
+
262
+ Chiffres du recensement au 1er janvier 2015[73].
263
+
264
+ Avec 180 271 naissances et un excédent naturel de plus de 108 000 personnes en 2013, l'Île-de-France est une des régions d'Europe démographiquement les plus dynamiques. À titre de comparaison, le nombre des naissances est à peu près égal à celui des Pays-Bas dont la population dépasse les seize millions, et correspond à la moitié du chiffre enregistré dans une Pologne de plus de trente-huit millions d'habitants. L'Île-de-France a une densité de 1 006 hab./km2 en 2015. En 2016, la région compte 12 117 132 habitants[75].
265
+
266
+ Près de 90 % des habitants d'Île-de-France vivent à domicile, et plus de 70 % des ménages âgés sont propriétaires de leur habitation. On voit ainsi un développement assez important des structures d'accueil pour personnes âgées, tel que les résidences services, résidences autonomies, et autres maisons de retraite[76].
267
+
268
+ Note : les points de population sont représentés plus fins à partir de 2004 pour éviter qu'ils ne se touchent.
269
+
270
+ Tout au long du XIXe siècle la région d'Île-de-France connut une croissance spectaculaire de sa population, liée surtout à l'attraction qu'exerçait la ville de Paris sur les provinces. En 1911, Paris dont la population constituait déjà l'essentiel de celle de l'Île-de-France (2 833 351 sur 5 182 151), était la troisième ville la plus peuplée du monde (après Londres 7 160 441 et New York 4 766 883, et avant Vienne 2 083 630 et Berlin 2 071 257). Entre la Première Guerre mondiale et 1945, la croissance de la population d'Île-de-France ralentit quelque peu, à la suite des guerres, mais se maintint malgré la dénatalité qui sévissait dans le pays.
271
+
272
+ De 1946 à 1975, la population de la région fit un bond de près de 50 %, cette période correspondant à celle du baby boom et au maximum des migrations des provinces vers l'Île-de-France. Les vingt-cinq années suivantes se caractérisent par une croissance nettement moindre, liée avant tout à une émigration importante vers d'autres régions de France (régions atlantiques et méridionales), cela malgré un dynamisme des naissances et une fécondité devenue supérieure à la moyenne du pays, et malgré l'apport d'un courant migratoire positif en provenance de l'étranger. Depuis la fin des années 1990 cependant, il semble que l'on assiste à une nouvelle période de croissance soutenue due au fort excédent des naissances sur les décès et à la réduction du déficit migratoire à l'égard des autres régions.
273
+
274
+ Sources : Insee[79],[80],[81],[82],[83],[84],[85],[86],[87],[88],[89],[90].
275
+
276
+ Alors qu'entre 1990 et 1999 la population de la région n'avait augmenté que de 291 000 habitants - soit 32 000 par an -, le rythme d'accroissement s'est considérablement accéléré depuis lors[93]. De 1999 à 2009, le taux d'accroissement annuel moyen a été de 0,69 %, soit plus de 77 600 habitants supplémentaires chaque année, principalement dû à l'excédent naturel. Au 1er janvier 2010, la population de l'Île-de-France est passée à 11 786 234 habitants[94].
277
+
278
+ Au recensement de 2006, 40 % des immigrés vivant en France résident en Île-de-France. Plus d'un Francilien sur trois (35 % soit plus de 4 millions de personnes) est immigré ou a au moins un parent immigré, soit environ 17 % d'immigrés et près de 18 % d'enfants d'immigrés (nés en France). La part des immigrés est passée de 14 % en 1990 à 16,9 % en 2006, et celle des enfants de moins de 18 ans nés en France de parents immigrés de 24,6 % à 32,5 %[95].
279
+
280
+ 43 % des franciliens âgés de 18 à 50 ans en 2008 ont un lien direct avec la migration vers la métropole, sur deux générations, au sens d’être immigrés, descendants d’immigrés, natifs d’un département d’Outre-Mer (DOM) ou descendants de natifs de DOM[96].
281
+
282
+ Par ailleurs, 51,6 % des enfants nés en Île-de-France en 2014, soit 94 610 sur 182 671, ont au moins un parent né à l'étranger (quelle que soit sa nationalité) ou dans un DOM-TOM, soit la plus forte proportion devant la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (35,3 %) et l'Alsace (33,7 %)[97],[98],[99].
283
+
284
+ Sur les 1 281 communes franciliennes des Yvelines, de Seine-et-Marne, de Seine-Saint-Denis, de l'Essonne, des Hauts-de-Seine, du Val-d'Oise et du Val-de-Marne, la moitié compte moins de 1 200 habitants[100].
285
+
286
+ Il y aurait 1,5 million de musulmans en Île-de-France dont près de 500 000 à Paris[101].
287
+
288
+ Avec plus de 2 millions de personnes âgées de 60 ans et plus, l’Île-de-France est la région qui compte le plus d’aînés[102]. Toutefois, l’Île-de-France reste une région jeune, puisque la population francilienne compte 18,5 % de personnes âgées de 60 ans ou plus contre 23,4 % au niveau national.
289
+
290
+ Avec 1 263 700 logements locatifs sociaux, l’Île-de-France totalise 26 % du parc social de la France métropolitaine[103].
291
+
292
+ Les catégories socioprofessionnelles les plus favorisées représentent en 2018 73 % des transactions de logements contre 60 % en 1998. Inversement, la part des employés et ouvriers achetant un logement est tombé de 27 % à 19 %[104].
293
+
294
+ La région dispose de nombreux hippodromes, notamment les hippodromes parisiens (Auteuil, Longchamp, Vincennes, etc.). Mais il existe également deux hippodromes situés en Île-de-France et qui dépendent de la Fédération des courses d'Île-de-France et de Normandie : l'hippodrome de Rambouillet et l'hippodrome de Fontainebleau.
295
+
296
+ Elle possède en outre des équipements sportifs reconnus internationalement pour l'organisation de grandes compétitions : cinq grands stades de football et de rugby (pouvant servir aussi pour des compétitions d'athlétisme ou d'autres manifestations, notamment culturelles) :
297
+
298
+ Par ailleurs, la région accueillera les jeux olympiques de 2024.
299
+
300
+ Elle possède douze bases, « îles » régionales « de loisirs » : Corniche des Forts en Seine-Saint-Denis ; Boucles de la Seine, Saint-Quentin-en-Yvelines et Val-de-Seine dans les Yvelines ; Cergy-Pontoise dans le Val d'Oise ; Port-aux-Cerises et Étampes dans l'Essonne ; Créteil dans le Val-de-Marne ; Bois-le-Roi, Buthiers, Jablines-Annet et Vaires-Torcy en Seine-et-Marne. Il n'en existe pas dans les départements de Paris et des Hauts-de-Seine. Cependant, des manifestations comme Paris Plages, ou Clamart Plage (Hauts-de-Seine) sont organisés chaque année.
301
+
302
+ L'Île-de-France est le berceau de l'architecture gothique dont les joyaux sont la cathédrale Notre-Dame de Paris, la basilique de Saint-Denis, l'abbaye de Royaumont, le château de Vincennes, l'église Saint-Eustache, la Conciergerie et la Sainte-Chapelle.
303
+
304
+ Des témoignages de l'architecture Renaissance, tel que le monumental Château d'Écouen (Val d'Oise) bâti par Anne de Montmorency au XVIe siècle, peuvent être visités. La commune d'Écouen présente par ailleurs un grand nombre de monuments architecturaux de cette époque.
305
+
306
+ L'arc de triomphe de l'Étoile et l'hôtel national des Invalides à Paris, et les château de Versailles, de Vincennes, de Vaux-le-Vicomte, de Fontainebleau, de Rambouillet sont également des architectures exposées en Île-de-France.
307
+
308
+ La Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris est de style romano-byzantin.
309
+
310
+ La Grande Mosquée de Paris est de style hispano-mauresque.
311
+
312
+ La Grande Synagogue de la Victoire à Paris est de style roman fleuri.
313
+
314
+ L'architecture moderne et contemporaine est bien représentée en Île-de-France, par le Centre Georges-Pompidou, la tour Montparnasse, la Grande Arche et les tours de la Défense, la Bibliothèque Nationale de France, le Stade de France, et dans les villes nouvelles de Marne-la-Vallée (Noisy-le-Grand), de Cergy-Pontoise, d’Évry (cathédrale de la Résurrection), de Melun-Sénart et de Saint-Quentin-en-Yvelines.
315
+
316
+ La région possède à ce jour huit villes d'Art et d'Histoire : Paris, Boulogne-Billancourt, Étampes, Rambouillet, Saint-Quentin-en-Yvelines, Pontoise, Meaux et Noisiel.
317
+
318
+ Elle a quatre routes historiques et touristiques : la route historique des maisons d'écrivain, la route Normandie-Vexin, la route François 1er et le parcours des Impressionnistes.
319
+
320
+ Elle possède 4 plus beaux jardins de France : Château de Breteuil, Château de Saint-Jean-de-Beauregard, Château de Vaux-le-Vicomte, Domaine de Courson.
321
+
322
+ Quatre sites franciliens sont classés UNESCO : les Rives de la Seine à Paris, Palais et parc de Fontainebleau, Palais et parc de Versailles et Provins ville de foire médiévale.
323
+
324
+ L'Île-de-France, dans sa partie la plus périphérique, a été jusqu’à l'époque de la création des villes nouvelles un ensemble très rural constitué de terres très fertiles. Aujourd'hui, près de 80 % de la surface régionale est toujours constituée de cultures et de forêts.
325
+
326
+ Chacune des petites régions qui entourent la capitale conserve, malgré l'expansion de l'agglomération parisienne, une vocation rurale marquée et très souvent, un important patrimoine tant monumental (châteaux, églises classées…) que vernaculaire (lavoirs, croix de chemin, fermes fortifiées, quelques moulins…). Depuis les années 1980, le classement de certains sites (Vexin français) puis la création de quatre parcs naturels régionaux contribuent à préserver ce patrimoine.
327
+
328
+ Parmi les régions historiques qui entourent Paris on compte :
329
+
330
+ L'Île-de-France concentre, notamment grâce à Paris, un ensemble d'activités culturelles urbaines de grande densité : la capitale mais aussi d'autres villes franciliennes abritent un nombre très important de musées, théâtres, salles de concert et de spectacles. Cette présence de la culture en ville contribue à la capacité d'attraction touristique de la région. L'activité culturelle liée au patrimoine urbain contribue au rayonnement de la région.
331
+
332
+ Par ailleurs, bien que le tag (graffiti) soit interdit en de nombreux endroits et coûte en dépense de nettoyage à la collectivité, certains avancent qu'il est devenu un art des cultures urbaines[réf. nécessaire]. Dans les différents quartiers de Paris et de la banlieue, se développe dans les centres culturels, les maisons de jeunes et les écoles de cirque, la pratique des arts urbains émergents croisés avec les arts du cirque. Naissent avec ce nouveau courant artistique des festivals comme celui de Bagneux (92) appelé HipCirqHop, mêlant les arts du cirque, le hip hop, le graff, le free-style…
333
+
334
+ Les musées incluent notamment le Palais du Louvre, le Musée National d'Art Moderne-Centre Pompidou, le Museum National d'Histoire Naturelle, le musée d'Orsay , le Musée du Quai Branly-Jacques-Chirac, le Musée Rodin, le Musée National des Arts Asiatiques Guimet, la Cité des Sciences et de l'Industrie, le Musée national de la Renaissance d'Écouen (Val d'Oise), le Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget (Seine-Saint-Denis) et le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux (Seine-et-Marne).
335
+
336
+ L' AccorHotels Bercy Arena, l'Olympia, le Palais des congrès de Paris, le Casino de Paris, le Grand Rex, le Chapiteau Alexis-Gruss, le Palais des Sports de Paris, la Philharmonie de Paris, la Cité de la Musique de Paris, l'Opéra National Garnier et l'Opéra Bastille de Paris, le Cirque d'Hiver-Bouglione à Paris. En banlieue, La Seine musicale de Boulogne-Billancourt, le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, le Théâtre de Gennevilliers, le Théâtre de Nanterre-Amandiers, la MC93 de Bobigny, l'Académie Fratellini de la Plaine-Saint-Denis, ainsi que le Stade de France de Saint-Denis et le Paris la Défense Arena (anciennement U Arena) de Nanterre, couramment utilisés en tant que lieux de représentation et lieux de concert.
337
+
338
+ Lotissements pavillonnaires et immeubles résidentiels bas à Chatou (Yvelines) en banlieue ouest. En arrière-plan, les gratte-ciel de La Défense et la tour Eiffel (dans le lointain à droite).
339
+
340
+ La cité du Clos Saint-Lazare à Stains (Seine-Saint-Denis), un des nombreux quartiers de la banlieue nord touchés par la pauvreté.
341
+
342
+ Le château d'Écouen surplombant le centre-ville ancien d'Écouen, exemple des villes rurales d'Île-de-France possédant un riche patrimoine.
343
+
344
+ En banlieue ouest, ici Noisy-le-Roi (Yvelines), les catégories socioprofessionnelles supérieures vivent dans des villas au milieu de la verdure.
345
+
346
+ Paysage multi-ethnique : Chinagora à Alfortville (Val-de-Marne) en banlieue sud-est.
347
+
348
+ Proche du pouvoir parisien depuis de nombreux siècles, la banlieue parisienne est parsemée de nombreux châteaux et grandes demeures bourgeoises pour la plupart encore habités par des propriétaires privés. Ici, le Château d'Ardenay à Palaiseau (Essonne) en banlieue sud.
349
+
350
+ Saint-Mandé (Val-de-Marne) en très proche banlieue n'est guère différent d'un quartier de Paris intra-muros. Cette ville se trouve au-delà des limites administratives de la Ville de Paris figées depuis 1860.
351
+
352
+ Les gares de banlieue font partie du vécu quotidien de millions d'habitants de l'agglomération parisienne. Ici, la gare de Houilles (Yvelines) en banlieue nord-ouest.
353
+
354
+ En grande banlieue les quartiers pavillonnaires s'étendent toujours plus loin aux marges de l'agglomération. Ici, Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) en grande banlieue sud-est, à 35 km du centre de Paris.
355
+
356
+ La banlieue englobe aussi des centres-villes anciens. Ici le quartier Notre-Dame dans le centre-ville de Versailles (Yvelines) en banlieue ouest.
357
+
358
+ La cité des Bosquets à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) en banlieue est, un autre quartier touché par l'insécurité.
359
+
360
+ Enghien les Bains est l'unique station thermale d'Ile-de-France avec son casino, son lac et ses thermes.
361
+
362
+ Ensemble résidentiel à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) en banlieue est : immeubles de taille moyenne, formes néo-haussmanniennes, abords privatifs, les architectes essaient d'éviter de répéter les erreurs des grands ensembles bâtis dans les années 1960-1970.
363
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+ À l'est de l'Île-de-France la Seine-et-Marne est un département qui est resté en grande partie rural. À 85 km de Paris, Donnemarie-Dontilly est un village qui ressemble à un village de province.
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+ Paris, c'est aussi des quartiers populaires, principalement concentrés au nord et à l'est de la ville. Le boulevard de la Chapelle (18e arrondissement), se trouve dans un quartier dans lequel des populations immigrées, et notamment venant des anciennes colonies françaises, se sont retrouvées.
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+ La Place de France dans le quartier de Lochères, à Sarcelles, dans la banlieue nord de Paris : ce quartier est le premier grand ensemble français, édifié dans la décennie 1950-1960.
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+ L'Île-de-France (/il də fʁɑ̃s/[N 1]) est une région historique et administrative française. Il s'agit d'une région très fortement peuplée, qui représente à elle seule 18,8 % de la population de la France métropolitaine sur seulement 2,2 % de sa superficie, ce qui en fait la région la plus peuplée (12,12 millions d'habitants en 2016) et la plus densément peuplée (1 006 hab/km2) de France. Ses habitants sont appelés les Franciliens. Parfois désignée improprement comme la « région parisienne », elle est fortement centralisée sur l'agglomération parisienne, qui s'étend sur 23,7 % de la surface régionale, mais où habite 88,6 % de sa population. L'aire urbaine de Paris (qui correspond à la notion de bassin d'emploi) recouvre, quant à elle, la quasi-totalité de la superficie francilienne et des portions de régions limitrophes.
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+ Avec un PIB estimé à 642 milliards d'euros et un PIB par habitant de 55 227 euros en 2015[1], c'est la région qui produit le plus de richesses en France. L'Île-de-France est également un pôle européen de premier ordre puisque c'est la deuxième région européenne pour le produit intérieur brut (PIB) comparé selon la méthode dite « à parité de pouvoir d'achat » (PPA), juste derrière la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et la sixième région d'Europe selon le PIB par habitant (PPA), derrière la région métropolitaine de Prague en République tchèque, mais devant les Southern and Eastern (Dublin) en Irlande[2].
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+ La région est limitrophe de cinq autres régions françaises : les Hauts-de-France, au nord, le Grand Est, à l'est, la Bourgogne-Franche-Comté, au sud-est, le Centre-Val de Loire, au sud-ouest, et la Normandie, à l'ouest.
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+ La région Île-de-France est née du domaine royal constitué depuis le Xe siècle par les rois Capétiens. Étant située en pleine terre, le nom d'« île » de France peut paraître étrange, mais il semble que ce nom désigne la langue de terre délimitée par l’Oise, la Marne et la Seine[3]. Une explication plus historique voit en « Île-de-France » une altération de Liddle Franke, c'est-à-dire « Petite France » en langue franque[4]. Cette région est en effet une des terres d'enracinement du peuple des Francs, depuis leur pénétration en Gaule, lors des grandes invasions. Cette explication pose cependant problème car le nom est apparu des siècles après l'extinction de la langue franque. En effet, selon Marc Bloch, le nom apparaît pour la première fois en 1387, dans les Chroniques de Froissart, en lieu et place de « Pays de France »[5].
12
+
13
+ Elle était, sous la monarchie, une province française, administrativement un gouvernement, relevant directement de l'autorité du roi de France. La généralité de Paris, autre entité administrative d’Ancien Régime ayant à sa tête un intendant, avait des limites qui ne coïncidaient pas avec celles du gouvernement.
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+ Comme toutes les autres provinces françaises, sa reconnaissance officielle fut supprimée en 1789 lors de l'instauration des départements. L'Île-de-France retrouva de nouveau un statut officiel avec la loi de décentralisation de 1982 impulsée par Gaston Defferre. Aujourd'hui, elle regroupe huit départements : l’Essonne, les Hauts-de-Seine, Paris, la Seine-Saint-Denis, la Seine-et-Marne, le Val-de-Marne, le Val-d'Oise et les Yvelines.
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+ Jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, cette province s'étendait vers le nord et le nord-est, englobant les pays du Soissonnais et du Laonnois, actuellement situés dans l'Aisne, ainsi que le Beauvaisis, le Noyonnais et le Valois, actuellement situés dans l'Oise (Picardie), mais était moins étendue vers l'est, excluant la Brie champenoise, autour de Meaux, rattachée à la Champagne. Vers le sud ses limites étaient sensiblement les mêmes qu'aujourd'hui englobant le Gâtinais, tandis que vers l'ouest, la limite avec la Normandie est restée inchangée le long de la ligne de l'Epte. Elle correspondait à une zone de gouvernement militaire qui ne coïncidait pas complètement avec la zone d'intérêts économiques des corporations marchandes de Paris. Par parenthèse, cette remarque historique vient renforcer l'hypothèse d'une étymologie franque (liddle franke) du nom Île-de-France, et en affaiblir l'hypothèse géo-fluviale[réf. nécessaire].
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+ Au XVIIe siècle, un nombre important d'habitants vinrent coloniser la Nouvelle-France (Canada), en particulier les fameuses « filles du Roy ».
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+ À la suite de la Révolution, elle fut découpée en cinq départements : Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise et Aisne.
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+ La région fut reconstituée après 1945 à partir des trois premiers et la décentralisation administrative à partir de 1964, puis politique en 1982 a consolidé les anciennes provinces.
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25
+ Les limites des départements de la Seine, de Seine-et-Oise et de la Seine-et-Marne avaient été fixées pendant la Révolution française, le 16 février 1790, à la suite du décret divisant la France en départements. Pour éviter la domination de la capitale sur une trop vaste région tout en assurant néanmoins à la ville une zone de ravitaillement, le département de la Seine fut inscrit en principe à l'intérieur d'un rayon de trois lieues (12 km) autour de la cathédrale Notre-Dame et fut entouré de tous côtés par la Seine-et-Oise, dont le chef-lieu fut fixé à Versailles[6].
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+
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+ Les limites actuelles de la région datent de l'arrêté ministériel du 28 novembre 1956[7], définissant les régions de programme à la suite du décret du 30 juin 1955[8] sur les plans d'action régionale. Appelée initialement région parisienne, elle recouvre les départements de la Seine, de la Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise, soit ceux qui étaient sous l'autorité du préfet régional, haut fonctionnaire institué par le régime de Vichy à partir de mars 1941 et ayant sous sa tutelle les préfets de ces départements. Elle devient par la suite l'une des neuf zones régionales d'action administratives dites « igamies » ayant à sa tête un inspecteur général d'administration en mission extraordinaire (IGAME) instauré en 1948. En 1960, lors de la transformation des régions de programme en circonscriptions d'action régionale, la composition de la région parisienne fut inchangée.
28
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29
+ Cependant, l'État cherche à exercer un contrôle étroit sur l'aménagement et l'urbanisme de la région, au détriment des conseils généraux des départements et des conseils municipaux. Aussi, le gouvernement de Michel Debré publie l'ordonnance du 4 février 1959 créant le District de la région de Paris, confirmé par la loi du 2 août 1961, à la tête duquel est nommé un délégué général, Paul Delouvrier. Il met aussi à l'étude un nouveau découpage de la région en départements, une commission présidée par le conseiller d'État Roland Maspétiol y travaillant de 1961 à 1963. Mais les propositions de celle-ci sont peu suivies. Sous l'impulsion de Paul Delouvrier, qui bénéficie du soutien du président de la République Charles de Gaulle, le gouvernement de Georges Pompidou fait voter la loi du 10 juillet 1964 et publie le décret d'application du 25 février 1965 portant de trois à huit le nombre des départements[9]. Le nouveau découpage entre en vigueur le 1er janvier 1968.
30
+
31
+ Le très important département de la Seine (5 646 446 habitants au recensement de 1962), portant le no 75 dans l'ordre logique alphabétique des départements, est alors démembré, la commune de Paris étant isolée, alors que trois départements de banlieue limitrophes de Paris sont créés, incluant les 80 autres communes de l'ex-Seine et 43 communes de l'ex-Seine-et-Oise et constituant la petite couronne, particulièrement urbanisée et densément peuplée :
32
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33
+ La majeure partie de l'ex-Seine-et-Oise, qui portait le no 78, moins dense et plus rurale, est elle-même découpée en trois départements constituant, avec la Seine-et-Marne, la grande couronne :
34
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35
+ La Seine-et-Marne (77), à l'est, reste, quant à elle, inchangée, devenant ainsi le plus vaste département d’Île-de-France (près de la moitié de la superficie régionale)[10].
36
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+ L'objectif de cette réforme était de rapprocher l'État de ses administrés dans le cadre de départements de taille plus réduite et de faire coïncider les nouvelles préfectures avec des pôles restructurant la banlieue dense dans le cadre de vastes opérations d'urbanisme en petite couronne (Nanterre, Bobigny, Créteil) et avec des villes nouvelles en grande couronne (Évry, Pontoise, Melun et Saint-Quentin-en-Yvelines près de Versailles). Nommé préfet de la région en 1966, tout en demeurant délégué général au District de Paris, Paul Delouvrier eut ainsi toute latitude pour mettre en œuvre l'aménagement de la région parisienne.
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+ D'un point de vue politique, il s'agissait aussi de démanteler le département de la Seine, dont le préfet avait plus de pouvoir que le délégué général du district de Paris. Cette concurrence à la tête de la région capitale était jugée néfaste par Charles de Gaulle et par les premiers ministres de l'époque, Michel Debré puis Georges Pompidou, pour entreprendre l'aménagement de la région parisienne (« remettre de l'ordre »). Ainsi, la réorganisation de la région parisienne en 1964 aboutit à démembrer le Grand Paris pour trois raisons principales[11] :
40
+
41
+ En 1965, l'équipe de Paul Delouvrier réalise le Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région de Paris (SDAURP), un document de planification spatiale ambitieux, qui remodèle profondément le visage et le fonctionnement de la région capitale : constitution d'un Réseau Express Régional (RER) et création des villes nouvelles (Évry, Marne-la-Vallée, Cergy-Pontoise, Saint-Quentin-en-Yvelines et Sénart).
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+ Le district de la région parisienne est devenu la région Île-de-France en 1976 (loi no 76-394 du 6 mai 1976 portant création et organisation de la région d’Île-de-France).
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+ Le schéma directeur de la région (Sdrif) appuie depuis 2008, sa politique sur un nouvel outil : les fronts urbains. Cette ligne de contact entre la ville et l'espace ouvert des champs et des bois représente près de 13 000 km en Île-de-France. Pour le Sdrif, il s'agit d'en faire des lignes de démarcation au-delà desquelles il ne sera plus possible d'empiéter[12].
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+
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+ Le blason d'Île-de-France, en écu ou en bannière d'armes (drapeau armorié), est un emblème ne jouissant pas d'une reconnaissance officielle, même si en 2010 la Monnaie de Paris a édité une pièce de 10 € à trois fleurs de lys pour représenter la région, et que ce blason constitue l'insigne officiel de la légion de gendarmerie d'Île-de-France. En revanche, l'actuel conseil régional d'Île-de-France utilise un logo, une étoile rouge et irrégulière à huit branches. Ce blason est en fait celui de l'ancien domaine des rois de France, dont la région Île-de-France tire son existence. Il est parfois remplacé par le blason dit « de France ancien » (d’azur semé de fleurs de lys) comme le montre un timbre-poste de vingt francs émis le 1er mai 1943 et conçu par Robert Louis[13], ou encore les écussons régionaux de plusieurs mouvements scouts. Les fleurs de lys des blasons dits « de France » et de « France ancien » figurent dans nombre de blasons des villes d'Île-de-France : Paris, Saint-Denis, Montreuil, Puteaux, Cachan, Villepinte, Juziers, etc.
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+ Armoiries semées de fleurs de lys de l'Île-de-France. Utilisées comme base pour les blasons de certains départements de la région, comme la Seine-et-Marne
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+ Les armes « historiques » d'Île-de-France se blasonnent ainsi :
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+ d'azur à trois fleurs de lys d'or[14].
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57
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+ Depuis sa création en 1976, l'Île-de-France a eu plusieurs logos. Le premier d'entre eux était formé d'une rose stylisée vue de dessus, bleue, blanche et rouge, représentant la région, les quatre pétales extérieurs bleus représentant les départements de la grande couronne (Essonne, Seine-et-Marne, Val-d'Oise et Yvelines), les trois pétales intérieurs blancs les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) et le bouton rouge le département de Paris. Cette rose est traversée par une ligne bleue et au-dessus des mots « RÉGION » en lettres bleues et « ÎLE-DE-FRANCE » en lettres blanches sur fond bleu.
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+
60
+ Ce logo a ensuite été légèrement modifié, faisant apparaître un cadre bleu à la place de la simple ligne, et transformant le texte en « MA RÉGION C'EST » (sur deux lignes, toujours en bleus sur fond blanc) et « l'ÎLE-DE-FRANCE » (en blanc sur fond bleu), avec sous le cadre la mention « Conseil régional » en lettres bleues.
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+
62
+ Le logo a été changé en novembre 2000, fruit du travail de l'agence Ailleurs exactement (filiale du groupe Havas Advertising)[15]. Le nouveau logo affiche une étoile à huit branches orange dans un tourbillon bleu, surmontant la mention « Région Île-de-France » en lettres bleues. L'étoile représente la région et chaque pointe l'un de ses départements. Le tourbillon bleu symbolise le dynamisme de la région.
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+
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+ Ce logo a été changé en 2005. Le 10 octobre 2005, le conseil régional d’Île-de-France a déposé la marque d'un logotype à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) sous le no 05 3 385 919, dont l'enregistrement a été publié au BOPI[N 2] 2005-46 le 18 novembre 2005 et modifié au BOPI 2006-12 du 24 mars 2006[16]. Ce logotype est composé d'une étoile à huit branches de couleur rouge-orangé[N 3] accolée au nom de la région en minuscules. « Les huit branches de l'étoile symbolisent les huit départements franciliens »[17],[18]. Le logo actuel est le quatrième logo officiel de la région[19], la couleur est rouge-orangé alors que les précédents étaient de couleur bleue, ce qui a porté à controverse[20].
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+ Ancien logo de 1976 à novembre 2000.
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+ Ancien logo de novembre 2000 au 10 octobre 2005.
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+ Logo depuis le 10 octobre 2005.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ La Rectifications orthographiques du français en 1990 autorise l'écriture ile pour île.
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76
+ La géographie de l'Île-de-France est marquée, sur le plan physique, par sa situation au centre d'un bassin sédimentaire, le bassin parisien, au relief relativement plat, irrigué par un fleuve navigable, la Seine, dont les principaux affluents convergent précisément dans cette région ; par un climat tempéré et des sols agricoles très fertiles, et sur le plan économique, par la présence en son centre de Paris, capitale et principale agglomération urbaine de la France.
77
+
78
+ Avec une superficie de 12 012 km2, l'Île-de-France est l'une des plus petites régions françaises (la plus petite de la France métropolitaine après la Corse), mais de loin la plus importante par sa population (environ 12 millions d'habitants en 2015, soit un peu moins de 18 % de la population française, départements d'outre-mer inclus) et par son produit intérieur brut (28,8 % du PIB total de la France métropolitaine[Quand ?][21][source insuffisante]).
79
+
80
+ Concentrant les pouvoirs économiques, administratifs et politiques d'un pays très centralisé, elle est au centre d'un réseau de communication qui se ramifie en étoile autour de Paris.
81
+
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+ Le territoire de la région est très urbanisé malgré la fragmentation éco-paysagère d'une grande partie du territoire (par les routes) et des grandes vallées de la Seine, de la Marne, et de l'Oise (par l'urbanisation). Elle possède de grands massifs forestiers (285 000 ha dont 87 000 ha de forêt publique) et de nombreux grands parcs urbains qui ceinturent presque la région au sud et au nord (massif des trois forêts). Les trois quarts du territoire régional sont toujours recouverts de forêts ou de terres agricoles. La région a cependant moins perdu de biodiversité que certaines zones d'agriculture intensive de surface équivalente plus au nord. Cette ceinture forme un réservoir de biodiversité, principalement constitué du Vexin, des forêts de Rambouillet et d'Yvelines, connectés par des vallées de l'Essonne et certaines boucles de la Seine, repérés comme éléments du Réseau écologique national.
83
+
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+ Selon son Profil environnemental régional, l'Île-de-France est du point de vue de la biodiversité dans une situation moyenne à l'échelle du continent européen, plus riche que les régions du Nord, mais moins que celles du sud. Un réseau relictuel et fragile, à conforter de corridors biologiques a permis un minimum de dispersions animales et végétales entre les grands noyaux de nature (massifs forestiers, zones humides) par la Carte des corridors biologiques d'intérêt régional[22]. La région est à 80 % constituée d'espaces naturels et ruraux, 20 % du territoire étant construit. On y trouve 228 espèces d'oiseaux sur les 375 observables en France, 18 000 espèces d'insectes sur 35 200 les plus facilement observables et 60 espèces de mammifères sur 121, ou encore 1 620 espèces et sous-espèces de plantes sur 6 000.
85
+
86
+ Les données communiquées par les autorités sur la qualité de l'air en région Île-de-France seraient délibérément faussées, les niveaux de pollution étant nettement plus élevés que les données officielles, selon une enquête du journal Le Parisien. Interrogé par le quotidien, le journaliste Jean-Christophe Brisard explique que ces données sont faussées « parce qu’au lieu d’avoir des pics de pollution quelques jours par an, on serait presque toujours en pic »[23].
87
+
88
+ La région parisienne est touchée par le problème des décharges sauvages. La très grande majorité de ces déchets proviennent d'artisans et d'entreprises du BTP.[24]
89
+
90
+ Les études de l'Union internationale pour la conservation de la nature menées sur l’Île-de-France révèlent que 31 % des 1 600 espèces de fougères et plantes à fleurs sont menacées de disparition, 27 % des papillons de jour, 30 % des chauves-souris, ou encore 39 % des oiseaux nicheurs. Sans être menacées de disparition, certaines populations « encore abondantes il y a peu » ont considérablement diminué, comme certaines espèces de chauve-souris (pipistrelles communes et noctules communes) ou d'oiseaux, dont les hirondelles et le moineau domestique, qui a perdu 73 % de ses effectifs parisiens entre 2004 et 2017. L'usage des pesticides, l'urbanisation et le réchauffement climatique semblent en être les principales causes[25]. En 2019, selon la liste rouge régionale des oiseaux nicheurs, sur les 14 espèces de rapaces diurne d'Île-de-France, huit sont menacées d'extinction[26].
91
+
92
+ En dehors des zones construites le long des rivières, les carrières et zones rocheuses exploitables sont encore nombreuses dans la région.
93
+
94
+ On trouve du gypse au Nord (Cormeilles-en-Parisis, butte de Montmorency, monts de la Goële, etc.), beaucoup de sablons notamment dans le Gâtinais et les boucles de la Marne, de l'argile autour de la ville de Provins (Seine-et-Marne) et dans le Mantois ainsi que du calcaire aux limites champardennoises et le long du Loing[28].
95
+
96
+ Le point culminant de la région d'Île-de-France, au sens administratif, est situé à Neuilly-en-Vexin (Val-d'Oise) sur les Buttes de Rosne et culmine à 216 mètres. Le point le plus bas est à 11 mètres à Port-Villez (Yvelines). L'altitude moyenne est de 108 mètres[29].
97
+
98
+ Le point le plus haut de la région historique, qui comprend des terres hors de la région administrative actuelle (notamment dans l'actuel département de l'Oise), est le mont Pagnotte, en forêt d'Halatte au nord de Senlis qui culmine à 221 mètres.
99
+
100
+ La colline d'Élancourt (anciennement colline de la Revanche) est plus haute avec ses 231 mètres, mais il s'agit d'une colline en partie artificielle, élevée avec les remblais de construction de la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines : son sommet n'est pas d'origine naturelle.
101
+
102
+ Le point culminant de Paris et de sa proche banlieue (départements 75, 92, 93 et 94) se trouve dans la forêt de Meudon qui culmine à 180 mètres.
103
+
104
+ La région Île-de-France est entièrement comprise dans le bassin versant de la Seine. Tous les cours d'eau de la région sont des affluents ou des sous-affluents de la Seine. Nombre des rivières sont drainées par les grands affluents de la rive droite (Marne, Oise, Epte) ou de la rive gauche (Eure). Cette dernière bien qu'elle ne coule pas en Île-de-France, reçoit de nombreuses rivières issues du sud et de l'ouest des Yvelines (Drouette, Vesgre…)[30].
105
+
106
+ Les cours d'eau principaux (Seine, Marne et Oise) sont navigables et se caractérisent par leurs nombreux méandres, boucles typiques de l'Île-de-France qui ont modelé le paysage. La formation de ces méandres s'explique par la très faible pente de ces cours d'eau.
107
+
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+ L'altitude du terrain totalement aléatoire (oscillant toujours entre 10 et 200 m) a laissé, souvent aux abords des boucles, des lacs et des étangs aujourd'hui aménagés en bases de loisirs (Moisson-Mousseaux, Cergy-Neuville, Villeneuve-Saint-Georges, etc.).
109
+
110
+ La région Île-de-France bénéficie d'un climat tempéré, modéré par des influences océaniques. La température moyenne s'élève à 11 °C et les précipitations moyennes à 600 mm.
111
+
112
+ Malgré sa forte urbanisation, l'Île-de-France est majoritairement rurale : sur ses 12 070 km2, 47,2 % sont consacrés à l'agriculture[31] (une des plus productives de France) et 23 % à la forêt. Parmi les plus importantes forêts de la région, on peut citer celles de Fontainebleau, Rambouillet, Montmorency, Saint-Germain-en-Laye et Sénart. Cependant, la progression de l'urbanisation continue, année après année, de grignoter la surface agricole qui a perdu mille kilomètres carrés au cours des cinquante dernières années face à l'étalement urbain et aux développements des infrastructures.
113
+
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+ Tous les modes de transport urbains ou presque, sont représentés en Île-de-France.
115
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+ Malgré sa position un peu en marge de la banane bleue européenne, l'Île-de-France et en particulier l'agglomération parisienne dispose d'atouts qui contribuent à en faire un pôle essentiel des transports européens : poids économique de la région, position sur des axes de circulation importants entre nord et sud de l'Union, qualité du réseau existant (en particulier du réseau TGV qui désormais la connecte à cinq pays européens), poids de Paris en tant que centre touristique, première ville mondiale pour les congrès…
117
+
118
+ Jusque dans les années 1960, le métro était presque cantonné à Paris intra-muros, ayant en plusieurs décennies étendu encore relativement peu les terminus de ses stations à la proche banlieue (ce qu'il fit ensuite progressivement), le bus et le train de banlieue restant les transports principaux pour la banlieue et grande couronne.
119
+
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+ En 1969, le premier tronçon du métro régional, futur RER, fut inauguré : ce nouveau parcours reliant la Nation à Boissy-Saint-Léger, complètement électrifié, fut réalisé en grande partie sur l’ex « ligne de Vincennes » auparavant desservie par des trains à vapeur et diminua considérablement les temps de parcours. L’année suivante, une liaison ferroviaire directe Étoile – la Défense à grand gabarit fut mise en service, dix ans après les débuts de la construction du nouveau quartier d’affaires. Elle fut prolongée vers la nouvelle gare Auber dans le quartier de l’Opéra en 1972, puis à l’ouest vers Saint-Germain-en-Laye en intégrant une partie de la ligne historique en 1973.
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+
122
+ En 1977, la traversée de Paris par le nouveau RER A fut achevée par la liaison entre les stations Auber et Châtelet - Les Halles, tandis qu’une nouvelle branche en direction de Marne-la-Vallée fut construite. En même temps, la ligne de Sceaux desservant la vallée de Chevreuse et le sud-est des Hauts-de-Seine fut prolongée vers le nouveau cœur du réseau aux Halles et devint le RER B. Au cours des années suivantes, ces deux lignes furent prolongées en empruntant des voies de chemin de fer déjà existantes ou prolongées mais exploitées avec d’autres trains de la SNCF ayant pour terminus les gares de surface, vers le nord-est et l’aéroport de Roissy pour le RER B, vers la ville nouvelle de Cergy-Pontoise pour le RER A.
123
+
124
+ Ce réseau fut ensuite complété par la création de nouvelles liaisons ferroviaires traversant Paris, dont seuls les tunnels passant sous le centre-ville étaient nouveau : RER C connectant les réseaux de banlieue des gare des Invalides et d’Austerlitz à partir de 1979 puis la vallée de Montmorency en 1988 ; RER D reliant le réseau de la Gare de Lyon aux Halles et à la plaine de France au nord en 1987 ; puis RER E destiné à délester le RER A d’une partie de son trafic, mais non achevé avant les années 2020 au moins.
125
+
126
+ En 1990, les tramways qui avaient été complètement abandonnés et dont la dernière rame avait circulé dans Paris en 1937, reprirent naissance sous forme plus moderne, avec des véhicules plus confortables et entièrement électrifiés, cette fois pour desservir les banlieues dans le cadre d’un projet de rocade à quelques kilomètres des limites de Paris, réalisé en partie seulement. Le T1, au nord-est de la capitale, en fut le premier tronçon, nouvellement construit sur les chaussées jusque-là réservées aux voitures. Le T2 à l’est, reprenant en grande partie la « ligne des Moulineaux » peu rentable à partir de 1997, fut un succès et une reconversion similaire fut effectuée au nord-est (Ligne 4 du tramway d'Île-de-France) pour la « ligne des Coquetiers ».
127
+
128
+ Sur les boulevards des Maréchaux, qui formaient une limite entre la partie urbanisée de la ville de Paris et l'ancienne zone non aedificandi correspondant à celle des fortifications de Thiers – sur laquelle des ensembles de logements à bon marché (HBM), différents équipements et le boulevard périphérique ont été bâtis –, circulaient les autobus de la ligne de petite ceinture (le PC). Le tramway T3 remplace progressivement le bus PC, avec les actuelles lignes T3a et T3b.
129
+
130
+ De plus en plus de lignes de tramways inter-banlieue, dont le manque se faisait sentir pour les salariés devant se rendre de leur domicile à leur travail, soit en passant par Paris, soit par de multiples changements de bus, sont construites. L’agglomération parisienne s'étendant et devenant de plus en plus peuplée au fil des années (extension de l'urbanisation), des projets de construction de tramways de grande banlieue sont en cours, dont l'un correspondant à une « grande ceinture », analogue mais en transport en commun à la Francilienne utilisée par les voitures automobiles.
131
+
132
+ Une ligne de télécabines, à l'instar de celle enjambant la Tamise à Londres, ou de celle de Cologne, devrait être construite également vers 2016 au-dessus de Créteil, pour désengorger en « hauteur », la circulation toujours très intense du Carrefour Pompadour (le métro et train y existant déjà eux-aussi).
133
+
134
+ Le transport fluvial de voyageurs est relativement peu répandu en raison de sa commodité moins grande et de son accès restreint, dû à la nécessité de relier un point à l'autre devant être situés sur la Seine, voire l'Oise ou la Marne (ou encore les canaux Saint-Martin ou de Saint-Denis, mais avec des écluses) ou depuis quelques ports fluviaux. L'usage du « batobus » est néanmoins de plus en plus prisé.
135
+
136
+ Le réseau routier comporte environ 800 km d'autoroutes en Île-de-France. On distingue une dizaine de radiales : les principales étant l'Autoroute du Soleil (Dijon, Lyon, Marseille), du Nord (Lille), de Normandie (Rouen, Caen, Le Havre), de l'Est (Reims, Metz, Nancy, Strasbourg), et l'Aquitaine et l'Océane (Nantes, Bordeaux, Rennes) ainsi que des autoroutes concentriques : le périphérique entoure le Paris historique, l'A 86, la proche banlieue et la Francilienne en cours de bouclage est située à une dizaine de kilomètres plus à l'extérieur.
137
+
138
+ En Île-de-France, les principaux axes de circulation incluant des autoroutes urbaines côtoient des zones densément peuplées très avoisinantes ces axes routiers, ce qui conduit 58 % des Franciliens à ressentir les effets de la pollution atmosphérique sur leur santé ou celle de leur entourage proche[27].
139
+
140
+ Paris dispose de six grandes gares de chemin de fer terminus assurant à la fois un trafic grandes lignes et banlieue. Chaque gare dessert à la fois une portion de la banlieue et est un point de départ de grandes lignes vers les autres régions de France et l'étranger. Le réseau ferré de l'agglomération parisienne comporte environ cinq cents gares et mille cinq cents kilomètres de lignes pratiquement entièrement électrifiées en 25 kV alternatif ou en 1 500 V continu.
141
+
142
+ L'Île-de-France dispose d'un réseau de 700 km de voies navigables[32].
143
+
144
+ Paris possède trois aéroports, qui ont accueilli 95,4 millions de passagers et 2 millions de tonnes de fret en 2015 :
145
+
146
+ Deux autres sont beaucoup plus éloignés du centre-ville de Paris :
147
+
148
+ Paris possède aussi un héliport, situé dans le 15e arrondissement mais au sud du boulevard périphérique, en limite de la commune d'Issy-les-Moulineaux, ce qui explique son nom (héliport de Paris - Issy-les-Moulineaux). Le site est exploité par Aéroports de Paris[36].
149
+
150
+ En 2019 on compte 591 km de pistes cyclables[37].
151
+
152
+ Un jour ouvré, on compte environ vingt-trois millions de déplacements mécanisés en Île-de-France (soit deux tiers des déplacements). Plus de la moitié de ceux-ci sont effectués par des véhicules privés (le parc est supérieur à quatre millions de voitures) ou par des véhicules utilitaires. Le solde est assuré par les transports en commun.
153
+
154
+ Le trafic routier a connu une forte croissance durant les années 1980, mais cette progression n'a pas été linéaire et tend à ralentir depuis 1992, en particulier dans la zone agglomérée. Les déplacements routiers demeurent prépondérants, mais les flux tendent à se modifier au fil du temps. Si les axes radiaux et le boulevard périphérique voient leur fréquentation stagner voire diminuer, les axes de rocade voient leur trafic augmenter, provoquant des phénomènes de saturation chroniques, à l'exemple du tronc commun des autoroutes A4 et A86 dans le Val-de-Marne. Cette évolution est en relation avec le développement des emplois, commerces et services en banlieue, alors que l'emploi régresse dans Paris intra-muros, les transports en commun demeurant peu compétitifs pour des déplacements en rocade[38].
155
+
156
+ En 2019, la part du vélo dans les déplacements quotidien est de 2 %[37]. Si cette part était en augmentation à Paris au début des années 2000, elle restait stable voire en baisse dans les autres départements de la région[39].
157
+
158
+ Les transports en commun de l'agglomération parisienne offrent plusieurs modes de transports distincts. La ville de Paris et sa proche banlieue sont accessibles par le métro, un système ferroviaire où les stations sont très proches. Au-delà des limites de la ville, l'Île-de-France est couverte par les trains des réseaux RER et Transilien, créant un réseau ferroviaire étendu. L'offre est complétée localement par un réseau extensif de lignes d'autobus et quelques lignes de tramways.
159
+
160
+ L'organisation des transports en commun de la région relève de Île-de-France Mobilités, anciennement le Syndicat des Transports d'Île-de-France (STIF), établissement public composé de la région Île-de-France, de la ville de Paris et des sept autres collectivités départementales de la région. ÎdF Mobilités organise, coordonne et finance les transports publics de voyageurs assurés par la Régie autonome des transports parisiens (RATP), la SNCF et l'Organisation professionnelle des transports d'Île-de-France (OPTILE) qui regroupe 80 entreprises privées exploitant des lignes régulières d'autobus dans la région.
161
+
162
+ Les principaux transports en commun d'Île-de-France sont :
163
+
164
+ En 2007, la mairie de Paris, décide, face au nombre important de cyclistes et de pistes cyclables, de mettre à disposition, pour des périodes allant d'une demi-heure à un an moyennant caution et abonnement dans ce cas, des vélos répartis et stationnés à différents endroits stratégiques de la capitale. L'utilisateur prend l'un des vélos de son choix disponible à l'une des stations du service Vélib', et peut le ramener à une autre station avec emplacements disponibles Vélib'.
165
+
166
+ Au départ uniquement situés dans Paris, les points des Vélib' sont étendus progressivement, tout comme, par la suite, les Autolib', dans la banlieue parisienne. Les pistes cyclables sont de mieux en mieux aménagées, permettant éventuellement aux rollers ou skateboards, sous toute réserve, d'y circuler aussi.
167
+
168
+ En 2011, un service d'autopartage de petites voitures électriques est lancé sous le nom d'Autolib'. Il est nécessaire de s'inscrire au préalable dans une des stations plus spécifique en présentant sur machine, le permis de conduire.
169
+
170
+ Environ mille trains de grandes lignes quittent chaque jour ouvré les six grandes gares tête de ligne parisiennes. Ces trains desservent l'essentiel des villes de France, ainsi que de nombreuses villes d'Europe occidentale. Le trafic est en augmentation avec l'ouverture de lignes à grande vitesse en direction de la Grande-Bretagne, de la Belgique et de l'Allemagne en particulier. La gare de Lyon se place en tête, suivie des gares du Nord et Montparnasse.
171
+
172
+ Le développement du TGV a permis la création de liaisons directes entre métropoles de Province, mais passant par le réseau francilien. La réalisation de la LGV Interconnexion Est en 1994 a ainsi permis le net développement des relations entre le Nord et le Sud-Est ou le grand Ouest, mais ces liaisons profitent également à la région par la présence de gares, permettant d'assurer un meilleur remplissage des trains et un allègement de la charge des grandes gares parisiennes, pour l'essentiel au bord de la saturation.
173
+
174
+ Le trafic grandes lignes (environ 50 millions de passagers en 2004 toutes gares confondues) s'est considérablement développé avec les TGV qui partent de la gare de Lyon, de la gare Montparnasse, de la gare du Nord et depuis 2007 de la gare de Paris-Est. La gare Saint-Lazare est la première gare pour le nombre de trains en partance (banlieue et grandes lignes) alors que la gare du Nord est la première pour le trafic.
175
+
176
+ Le transport fluvial de voyageurs demeure globalement marginal dans la région, mais tend à progresser. Si le tourisme fluvial à Paris est particulièrement développé, des croisières fluviales se créent progressivement sur les autres cours d'eau d'Île-de-France, par exemple sur l'Oise, ou sur les canaux[32]. Un nouveau service régulier sur la Seine et la Marne, Voguéo, accessible aux personnes titulaires d'un abonnement de transport, a été inauguré en 2008.
177
+
178
+ En 2006, 296 millions de tonnes de marchandises ont transité en Île-de-France, soit environ 12 % du tonnage total transporté en France, volume en hausse de 2 % par rapport à l'an 2000. Quatre catégories de marchandises représentent à elles seules 90 % du total : les matériaux de construction représentent 101 millions de tonnes soit 40 % du total, suivis par les produits manufacturés et messageries avec 78 millions de tonnes soit 31 %, les produits alimentaires avec vingt-deux millions de tonnes soit 9 % et les produits agricoles avec vingt-et-un millions de tonnes soit 8 % du total.
179
+
180
+ Près de la moitié des marchandises transportées ne quittent pas la région, les courtes distances étant quasi exclusivement assurées par la voie routière. Le rail est privilégié en revanche pour les plus longues distances, la voie navigable étant très concentrée sur les échanges avec la Normandie, qui représentent près de la moitié du tonnage transporté, en particulier les ports de Rouen et du Havre, assurant essentiellement le transport de matériaux de construction, et, dans une bien moindre mesure, de combustible. La part du transport aérien se monte à 2,2 millions de tonnes, assuré à 88 % par les deux principaux aéroports parisiens. Les marchandises sont majoritairement échangées avec les États-Unis et le Sud-Est asiatique[40].
181
+
182
+ Le transport routier de marchandises domine largement dans la région, avec plus de deux cents millions de tonnes transportées par la route en 2008. Les transports ferroviaires ou fluviaux n'en ont assuré que de dix à quinze millions de tonnes chacun la même année[41]. La part modale de la route atteignait alors 89,9 %, contre 5,4 % pour la voie navigable et 4,8 % pour le rail[42].
183
+
184
+ Durant les années 1990, on compte chaque jour plus de cinq-cents convois de fret sur les lignes ferroviaires régionales, transportant près de 240 000 tonnes de marchandises. Si la dimension de l'agglomération peut expliquer les volumes constatés, c'est avant tout la situation de carrefour de la région qui explique l'importance des flux, majoritairement de transit. Ainsi, le trafic généré par la région elle-même peut être évalué à 50 000 tonnes en moyenne quotidienne, pour 90 000 tonnes de flux inter-régionaux.
185
+
186
+ Les principaux flux observables relient le Nord au Sud-Est, ou les produits lourds de l'industrie métallurgique dominent, et l'Est à Ouest liant la Lorraine et l'Alsace à la basse-Seine et à la Bretagne. D'autres flux de moindre importance existent, parfois orthogonaux, dont la présence en Île-de-France s'explique pour partie par la médiocrité des liaisons ferroviaires transversales, souvent mal équipées.
187
+
188
+ Si les axes radiaux Paris - Lille, Paris - Bruxelles, Paris - Bordeaux et Paris - Le Havre sont les plus fréquentés, c'est la ligne de Grande Ceinture, particulièrement à l'Est de Paris, qui détient le record national pour le trafic fret[43].
189
+
190
+ Le transport ferroviaire de marchandises demeure relativement stable. La part des marchandises importées dans la région représente environ le double en volume des marchandises exportées, ce qui s'explique par les besoins d'une importante population et la quasi-absence d'exportation de matières premières ou de produits énergétiques ; la part du trafic interne reste très faible[44].
191
+
192
+ Le transport combiné, après une hausse jusqu'en 2001, est désormais en recul. Il dépassait trois millions de tonnes en 2008[45].
193
+
194
+ Paris est le premier port fluvial de France avec un trafic de 21 millions de tonnes en 2005[46]. Les installations du port sont échelonnées le long de la Seine et des canaux de la Ville de Paris : le canal Saint-Denis et le canal de l'Ourcq.
195
+
196
+ Les terminaux les plus importants sont le Port de Gennevilliers et le Port de Bonneuil-sur-Marne[47]. L'activité est gérée par le Port autonome de Paris. Le trafic est constitué majoritairement par les matériaux de construction (16,8 MT), les granulats (10,9 MT), les déblais (4,8 MT) et les céréales (2,1 MT)[48].
197
+
198
+ Le trafic de marchandises par voie fluviale au port de Gennevilliers demeure relativement stable, la part des marchandises importées dans la région étant en moyenne le triple de celle des marchandises exportées. Le transport de conteneurs est, lui, en augmentation rapide et constante : il a été multiplié par quatre entre 2000 et 2007[49].
199
+
200
+ Le transport aérien de marchandises est quant à lui en augmentation constante : il a doublé entre 1998 et 2008[50].
201
+
202
+ L'Île-de-France regroupe encore la plupart des grandes écoles les plus prestigieuses malgré un mouvement de décentralisation qui a conduit notamment au transfert de l'École nationale d'administration à Strasbourg et de l'École normale supérieure lettres et sciences humaines (Fontenay-Saint-Cloud) à Lyon.
203
+
204
+ Les cas de tuberculose ont augmenté de 10 % en Île-de-France entre 2015 et 2017. Les populations précaires, vivant en hébergement collectif ou sans domicile fixe, sont les plus exposées à la maladie[51].
205
+
206
+ En 2020, c'est la région de France qui a été le plus touchée par la pandémie de Covid-19 avec notamment près d'un décès sur quatre survenus dans le pays (7 328 sur un total de 29 407 au 15 juin). [52],[53]
207
+
208
+ Le conseil régional administre la région Île-de-France. Il siège à Paris, au 33 rue Barbet-de-Jouy dans le 7e arrondissement, et est présidé depuis 2015 par Valérie Pécresse (Les Républicains).
209
+
210
+ Ses 209 sièges sont répartis comme suit entre les groupes[54] :
211
+
212
+ Le préfet de région de la région Île-de-France est le préfet de Paris.
213
+
214
+ Emmanuel Macron est arrivé en tête de la Région lors du premier tour de l'élection présidentielle de 2017[55].
215
+
216
+ Source : Ministère de l'Intérieur[56]
217
+
218
+ Pour 2011 les dépenses (hors gestion de la dette) atteignaient 5,37 milliards d'euros et l'endettement 3,52 milliards d'euros[57].
219
+
220
+ L'Île-de-France est un des principaux moteurs de l'économie mondiale. En 2008, le PIB de l'Île-de-France calculé par Insee était de 552,7 milliards d'euros[58]. Ainsi, la région parisienne est la plus importante région européenne par son PIB[59]. Bien que sa population n'en fasse que la 20e métropole mondiale, le PIB de l'Île-de-France est le cinquième des grandes villes du monde après l'aire métropolitaine de Tokyo, le Grand New York, Los Angeles et Osaka.
221
+
222
+ Avec plus de 5,9 millions d'emplois, dont 85,5 % dans le secteur tertiaire[60], l'Île-de-France se caractérise par sa place prépondérante dans l'économie nationale et par l'importance du secteur tertiaire. De nombreux groupes nationaux ou internationaux ont leur siège en Île-de-France et la région représente 29 % de la valeur ajoutée brute du pays (en 2002). Bien que réalisant 83 % de sa valeur ajoutée dans les services, l'économie francilienne reste extrêmement diversifiée par rapport aux autres villes de sa taille. Bien que la région a subi une forte désindustrialisation, elle reste la première région industrielle française. L'agriculture, qui occupe 45 % du territoire régional (48 % hors Paris), dont les deux tiers sont consacrés aux céréales, est l'une des plus productives de France. L'Île-de-France est aussi une destination touristique de premier plan.
223
+
224
+ Le taux de pauvreté en Île-de-France s’élève à 15,9 % en 2015, contre 12,3 % en 2006. La région est par ailleurs de plus en plus inégalitaire. Les prix du logement ont poussé les plus modestes en dehors de Paris[61].
225
+
226
+ L'Île-de-France représente en 2015 31,1% du PIB de France métropolitaine[62], alors que sa population représente 18,2 % de la population française métropolitaine[63]. En 2002, Eurostat évaluait le PIB francilien à 4,5 % du PIB total de l'Union européenne (à 25 membres)[64], alors que la région comporte moins de 2,45 % du total de la population de l'UE à 25. En Europe de l'Ouest, la seule métropole qui puisse se comparer à Paris est Londres. À titre de comparaison[Quoi ?], Eurostat évaluait le PIB total du Grand Londres en 2002 à 264 milliards d'euros. La région métropolitaine londonienne est toutefois un peu plus large que le grand Londres ce qui fausse un peu la comparaison (et les chiffres que l'on peut composer à l'occasion donnent les deux métropoles au coude à coude). Cependant, le PIB de ces deux régions métropolitaines dépassent largement ceux de toutes les autres métropoles européennes, que ce soit la Randstad Holland, les conurbations Rhin-Ruhr ou Rhin-Main, la région bruxelloise, le triangle d'or italien ou celle de Berlin-Brandebourg.
227
+
228
+ L'économie francilienne est diversifiée. L'industrie du tourisme, par exemple, (Paris est la première destination mondiale) emploie 395 000 personnes en 2011 (dont 261 500 emplois directs), soit 30 % des emplois touristiques nationaux, mais à peine 6,9 % des Franciliens en 2011[65] : dans de nombreux domaines, Paris est le premier ou l'un des tout premiers centres mondiaux sans être totalement dépendant d'aucun. D'ailleurs, si l'économie francilienne est essentiellement une économie de services, sa base industrielle demeure très importante. L'Île-de-France est toujours l'un des principaux centres de production européens, qui a su préserver sa compétitivité en augmentant toujours plus la part de la recherche dans son activité industrielle. Il n'en demeure pas moins que l'Île-de-France est aujourd'hui surtout une région de services de très haut de gamme, en particulier à destination des entreprises.
229
+
230
+ L’Île-de-France est une place-forte du cinéma avec 50 % des tournages de France (1 500 autorisations par an, dont un tiers sont des productions étrangères) et 90 à 95 % du travail de postproduction générant 135 000 emplois, 20 000 permanents, 115 000 intermittents), l’Île-de-France est la première région d’Europe à peu près à égalité avec le grand Londres en termes de volume d’activité. Première région en Europe pour les tournages, la région offre 80 plateaux, dont des studios récents comme la Cité du cinéma à Saint-Denis. et se situe en pointe dans le secteur des effets visuels et de la 3D avec des entreprises comme Mac Guff (les Minions)[66].
231
+
232
+ L'industrie emploie 463 000 personnes en Île-de-France, ce qui en fait la première région industrielle française devant Rhône-Alpes. Mais c'est en même temps, avec seulement 8,2 % des emplois dans l'industrie, l'une des régions les moins industrialisées de France (après Provence-Alpes-Côte d'Azur, Languedoc-Roussillon et Corse) et une région qui s'est fortement désindustrialisée depuis une vingtaine d'années.
233
+
234
+ Le secteur de l'aérospatiale et des industries de défense emploie 72 000 salariés en Île-de-France (dont 36 000 emplois directs). Plusieurs sociétés d'importance européenne y sont présentes, notamment Airbus Group, Thales, Dassault Aviation, Snecma, ESA, Alcatel-Lucent, Arianespace, etc. avec des sites de production, des centres de recherche, des sièges sociaux…
235
+
236
+ Le secteur de l'automobile en Île-de-France emploie 145 000 salariés (dont 60 000 emplois directs et le solde en sous-traitance). Les deux constructeurs nationaux sont présents et exploitent deux usines de production parmi les plus importantes (Renault à Flins-sur-Seine, PSA à Poissy et plusieurs centres de recherche, dont le technocentre Renault de Guyancourt et le centre PSA de Vélizy). La plupart des équipementiers y sont également implantés, notamment (Delphi, Valeo, Faurecia, Johnson Controls Automotive Electronics, Bosch Braking System, Lear Corporation, etc.) Le secteur de la recherche en automobile emploie 17 500 personnes, dont 6 600 chercheurs, en Île-de-France, soit 75 % du potentiel du secteur en France.
237
+
238
+ Depuis la découverte de la radioactivité à Paris, le nucléaire est un des secteurs où la recherche et l'industrie francilienne sont en pointe. Le groupe Areva y a son siège social. Total, un autre leader mondial de l'exploitation d'énergie (non renouvelables), a également son siège mondial en Île-de-France ainsi que de nombreux laboratoires de recherche. EDF est également très fortement implanté en Île-de-France. De même, Engie (ex GDF Suez) a son siège en Île-de-France (à La Défense).
239
+
240
+ Les services constituent la majeure partie de l'emploi francilien. Au 1er janvier 2012, l'Insee recense 426 000 personnes travaillant dans les services (74,4 % de l'emploi régional) auxquelles il faut ajouter 680 000 personnes travaillant dans les commerces (12 % de l'emploi régional).
241
+
242
+ Au quotidien, ce sont plus de 1,5 million de personnes qui travaillent dans l'administration, la santé humaine, l'action sociale ou l'éducation.
243
+
244
+ De grands groupes de services collectifs (électricité, téléphonie, eau, etc.) à capitaux publics ou privés ont leur siège dans la région (EDF, Veolia, France Telecom).
245
+
246
+ Les activités de conseil sont en très fort développement et la région parisienne compte environ 500 000 emplois dans ce domaine. Les principales entreprises mondiales sont présentes à Paris, y ayant implanté leur siège européen ou un bureau. Les activités financières (337 000 emplois), connaissent actuellement une réorganisation très rapide. L'Île-de-France accueille le siège de grandes Banques mondiales (BNP Paribas, Société générale, Crédit agricole) et le siège d'Euronext. La Bourse de Paris, par sa proximité avec plus de 400 banques et institutions est considérée comme étant la 4e Bourse mondiale derrière Tokyo, New York et Londres. De plus, Paris accueille les bureaux de grandes banques comme Lazard ou Goldman Sachs.
247
+
248
+ L’évolution des modes de transports et l’invention de la réfrigération ont progressivement recomposé sur l'organisation spatiale des régions urbaines et fait perdre sa couronne maraîchère à Paris. Transportées d’abord par le train puis par la route, les denrées périssables ont pu être produites plus loin et la ceinture horticole a petit à petit cédé la place à l’étalement urbain[69]. L’Île-de-France n’est ainsi autonome qu’à hauteur de 10 % pour les légumes frais, de 1,5 % pour les fruits, de 12 % pour les œufs ou encore de 1 % pour le lait, l’autonomie alimentaire n’étant atteinte que pour le blé (159 %) et le sucre (117 %)[70].
249
+
250
+ L'agriculture couvre plus de 50 % du territoire régional, mais elle n'emploie que 12 400 personnes (0,2 % des emplois). La Seine-et-Marne est de loin le département le plus agricole : il consacre à l'agriculture 58 % de son territoire d'où provient 57 % de la production de blé régionale. La proximité d'un marché de onze millions de consommateurs, la fertilité des sols, la technicité agricole, la mécanisation des exploitations, le développement de la qualité, font que l'Île-de-France demeure une grande région agricole, notamment dans le domaine céréalier.
251
+
252
+ Sur les 365 000 ha de superficies céréalières de 2013, le blé tendre couvre à lui seul 239 000 ha (dont 3 882 ha en culture biologique) pour une production de 2 millions de tonnes. L’orge et le maïs ont une production respective de 571 000 tonnes et 471 000 tonnes. 3 000 des 5 000 exploitations franciliennes sont tout ou en partie céréalières et les rendements sont assez élevés pour le blé tendre (86,2 quintaux/ha) et l’orge (76,1 q/ha). Avec 22 meuneries, la région produit 15 % de la production nationale de farine, ce qui en fait la première région française[71],[72].
253
+
254
+ La production agricole régionale couvre globalement plus de 20 % des besoins du marché francilien, ce qui est très important. Outre les grandes cultures, une caractéristique régionale est la permanence des productions spécialisées péri-urbaines (plantes en pot, plantes à massifs, roses coupées, plantes de pépinières, légumes et frais), bien que celles-ci aient tendance à régresser sous la pression de l'urbanisation, mais l'Île-de-France reste une des premières régions horticoles de France. Les cultures maraîchères ou horticoles occupent 40 % de la population active agricole. La production animale ne représente que 8 % de la valeur de la production agricole francilienne.
255
+
256
+ L'industrie agro-alimentaire place l'Île-de-France au premier rang des régions françaises pour son chiffre d'affaires (127 000 MF)[Quoi ?] et sa valeur ajoutée (23 %)[Quand ?]. Elle compte 545 entreprises productrices (Coca-Cola, Lu, Panzani, etc.).
257
+
258
+ La géographie de l'emploi francilien inclut les pôles économiques qui, eux-mêmes, incluent pôle central (Paris), pôles scientifiques et techniques régionaux d'échelle mondiale (La Défense - Plateau de Saclay - Roissy - La Plaine Saint-Denis) et autres pôles scientifiques et techniques régionaux majeurs (Marché de Rungis - Évry - Marne-la-Vallée).
259
+
260
+ Pour l'organisation régionale, voir les pôles de compétitivité, les articles sur l'agglomération parisienne et le Bassin parisien ainsi que le cadre régional du SDRIF.
261
+
262
+ Chiffres du recensement au 1er janvier 2015[73].
263
+
264
+ Avec 180 271 naissances et un excédent naturel de plus de 108 000 personnes en 2013, l'Île-de-France est une des régions d'Europe démographiquement les plus dynamiques. À titre de comparaison, le nombre des naissances est à peu près égal à celui des Pays-Bas dont la population dépasse les seize millions, et correspond à la moitié du chiffre enregistré dans une Pologne de plus de trente-huit millions d'habitants. L'Île-de-France a une densité de 1 006 hab./km2 en 2015. En 2016, la région compte 12 117 132 habitants[75].
265
+
266
+ Près de 90 % des habitants d'Île-de-France vivent à domicile, et plus de 70 % des ménages âgés sont propriétaires de leur habitation. On voit ainsi un développement assez important des structures d'accueil pour personnes âgées, tel que les résidences services, résidences autonomies, et autres maisons de retraite[76].
267
+
268
+ Note : les points de population sont représentés plus fins à partir de 2004 pour éviter qu'ils ne se touchent.
269
+
270
+ Tout au long du XIXe siècle la région d'Île-de-France connut une croissance spectaculaire de sa population, liée surtout à l'attraction qu'exerçait la ville de Paris sur les provinces. En 1911, Paris dont la population constituait déjà l'essentiel de celle de l'Île-de-France (2 833 351 sur 5 182 151), était la troisième ville la plus peuplée du monde (après Londres 7 160 441 et New York 4 766 883, et avant Vienne 2 083 630 et Berlin 2 071 257). Entre la Première Guerre mondiale et 1945, la croissance de la population d'Île-de-France ralentit quelque peu, à la suite des guerres, mais se maintint malgré la dénatalité qui sévissait dans le pays.
271
+
272
+ De 1946 à 1975, la population de la région fit un bond de près de 50 %, cette période correspondant à celle du baby boom et au maximum des migrations des provinces vers l'Île-de-France. Les vingt-cinq années suivantes se caractérisent par une croissance nettement moindre, liée avant tout à une émigration importante vers d'autres régions de France (régions atlantiques et méridionales), cela malgré un dynamisme des naissances et une fécondité devenue supérieure à la moyenne du pays, et malgré l'apport d'un courant migratoire positif en provenance de l'étranger. Depuis la fin des années 1990 cependant, il semble que l'on assiste à une nouvelle période de croissance soutenue due au fort excédent des naissances sur les décès et à la réduction du déficit migratoire à l'égard des autres régions.
273
+
274
+ Sources : Insee[79],[80],[81],[82],[83],[84],[85],[86],[87],[88],[89],[90].
275
+
276
+ Alors qu'entre 1990 et 1999 la population de la région n'avait augmenté que de 291 000 habitants - soit 32 000 par an -, le rythme d'accroissement s'est considérablement accéléré depuis lors[93]. De 1999 à 2009, le taux d'accroissement annuel moyen a été de 0,69 %, soit plus de 77 600 habitants supplémentaires chaque année, principalement dû à l'excédent naturel. Au 1er janvier 2010, la population de l'Île-de-France est passée à 11 786 234 habitants[94].
277
+
278
+ Au recensement de 2006, 40 % des immigrés vivant en France résident en Île-de-France. Plus d'un Francilien sur trois (35 % soit plus de 4 millions de personnes) est immigré ou a au moins un parent immigré, soit environ 17 % d'immigrés et près de 18 % d'enfants d'immigrés (nés en France). La part des immigrés est passée de 14 % en 1990 à 16,9 % en 2006, et celle des enfants de moins de 18 ans nés en France de parents immigrés de 24,6 % à 32,5 %[95].
279
+
280
+ 43 % des franciliens âgés de 18 à 50 ans en 2008 ont un lien direct avec la migration vers la métropole, sur deux générations, au sens d’être immigrés, descendants d’immigrés, natifs d’un département d’Outre-Mer (DOM) ou descendants de natifs de DOM[96].
281
+
282
+ Par ailleurs, 51,6 % des enfants nés en Île-de-France en 2014, soit 94 610 sur 182 671, ont au moins un parent né à l'étranger (quelle que soit sa nationalité) ou dans un DOM-TOM, soit la plus forte proportion devant la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (35,3 %) et l'Alsace (33,7 %)[97],[98],[99].
283
+
284
+ Sur les 1 281 communes franciliennes des Yvelines, de Seine-et-Marne, de Seine-Saint-Denis, de l'Essonne, des Hauts-de-Seine, du Val-d'Oise et du Val-de-Marne, la moitié compte moins de 1 200 habitants[100].
285
+
286
+ Il y aurait 1,5 million de musulmans en Île-de-France dont près de 500 000 à Paris[101].
287
+
288
+ Avec plus de 2 millions de personnes âgées de 60 ans et plus, l’Île-de-France est la région qui compte le plus d’aînés[102]. Toutefois, l’Île-de-France reste une région jeune, puisque la population francilienne compte 18,5 % de personnes âgées de 60 ans ou plus contre 23,4 % au niveau national.
289
+
290
+ Avec 1 263 700 logements locatifs sociaux, l’Île-de-France totalise 26 % du parc social de la France métropolitaine[103].
291
+
292
+ Les catégories socioprofessionnelles les plus favorisées représentent en 2018 73 % des transactions de logements contre 60 % en 1998. Inversement, la part des employés et ouvriers achetant un logement est tombé de 27 % à 19 %[104].
293
+
294
+ La région dispose de nombreux hippodromes, notamment les hippodromes parisiens (Auteuil, Longchamp, Vincennes, etc.). Mais il existe également deux hippodromes situés en Île-de-France et qui dépendent de la Fédération des courses d'Île-de-France et de Normandie : l'hippodrome de Rambouillet et l'hippodrome de Fontainebleau.
295
+
296
+ Elle possède en outre des équipements sportifs reconnus internationalement pour l'organisation de grandes compétitions : cinq grands stades de football et de rugby (pouvant servir aussi pour des compétitions d'athlétisme ou d'autres manifestations, notamment culturelles) :
297
+
298
+ Par ailleurs, la région accueillera les jeux olympiques de 2024.
299
+
300
+ Elle possède douze bases, « îles » régionales « de loisirs » : Corniche des Forts en Seine-Saint-Denis ; Boucles de la Seine, Saint-Quentin-en-Yvelines et Val-de-Seine dans les Yvelines ; Cergy-Pontoise dans le Val d'Oise ; Port-aux-Cerises et Étampes dans l'Essonne ; Créteil dans le Val-de-Marne ; Bois-le-Roi, Buthiers, Jablines-Annet et Vaires-Torcy en Seine-et-Marne. Il n'en existe pas dans les départements de Paris et des Hauts-de-Seine. Cependant, des manifestations comme Paris Plages, ou Clamart Plage (Hauts-de-Seine) sont organisés chaque année.
301
+
302
+ L'Île-de-France est le berceau de l'architecture gothique dont les joyaux sont la cathédrale Notre-Dame de Paris, la basilique de Saint-Denis, l'abbaye de Royaumont, le château de Vincennes, l'église Saint-Eustache, la Conciergerie et la Sainte-Chapelle.
303
+
304
+ Des témoignages de l'architecture Renaissance, tel que le monumental Château d'Écouen (Val d'Oise) bâti par Anne de Montmorency au XVIe siècle, peuvent être visités. La commune d'Écouen présente par ailleurs un grand nombre de monuments architecturaux de cette époque.
305
+
306
+ L'arc de triomphe de l'Étoile et l'hôtel national des Invalides à Paris, et les château de Versailles, de Vincennes, de Vaux-le-Vicomte, de Fontainebleau, de Rambouillet sont également des architectures exposées en Île-de-France.
307
+
308
+ La Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris est de style romano-byzantin.
309
+
310
+ La Grande Mosquée de Paris est de style hispano-mauresque.
311
+
312
+ La Grande Synagogue de la Victoire à Paris est de style roman fleuri.
313
+
314
+ L'architecture moderne et contemporaine est bien représentée en Île-de-France, par le Centre Georges-Pompidou, la tour Montparnasse, la Grande Arche et les tours de la Défense, la Bibliothèque Nationale de France, le Stade de France, et dans les villes nouvelles de Marne-la-Vallée (Noisy-le-Grand), de Cergy-Pontoise, d’Évry (cathédrale de la Résurrection), de Melun-Sénart et de Saint-Quentin-en-Yvelines.
315
+
316
+ La région possède à ce jour huit villes d'Art et d'Histoire : Paris, Boulogne-Billancourt, Étampes, Rambouillet, Saint-Quentin-en-Yvelines, Pontoise, Meaux et Noisiel.
317
+
318
+ Elle a quatre routes historiques et touristiques : la route historique des maisons d'écrivain, la route Normandie-Vexin, la route François 1er et le parcours des Impressionnistes.
319
+
320
+ Elle possède 4 plus beaux jardins de France : Château de Breteuil, Château de Saint-Jean-de-Beauregard, Château de Vaux-le-Vicomte, Domaine de Courson.
321
+
322
+ Quatre sites franciliens sont classés UNESCO : les Rives de la Seine à Paris, Palais et parc de Fontainebleau, Palais et parc de Versailles et Provins ville de foire médiévale.
323
+
324
+ L'Île-de-France, dans sa partie la plus périphérique, a été jusqu’à l'époque de la création des villes nouvelles un ensemble très rural constitué de terres très fertiles. Aujourd'hui, près de 80 % de la surface régionale est toujours constituée de cultures et de forêts.
325
+
326
+ Chacune des petites régions qui entourent la capitale conserve, malgré l'expansion de l'agglomération parisienne, une vocation rurale marquée et très souvent, un important patrimoine tant monumental (châteaux, églises classées…) que vernaculaire (lavoirs, croix de chemin, fermes fortifiées, quelques moulins…). Depuis les années 1980, le classement de certains sites (Vexin français) puis la création de quatre parcs naturels régionaux contribuent à préserver ce patrimoine.
327
+
328
+ Parmi les régions historiques qui entourent Paris on compte :
329
+
330
+ L'Île-de-France concentre, notamment grâce à Paris, un ensemble d'activités culturelles urbaines de grande densité : la capitale mais aussi d'autres villes franciliennes abritent un nombre très important de musées, théâtres, salles de concert et de spectacles. Cette présence de la culture en ville contribue à la capacité d'attraction touristique de la région. L'activité culturelle liée au patrimoine urbain contribue au rayonnement de la région.
331
+
332
+ Par ailleurs, bien que le tag (graffiti) soit interdit en de nombreux endroits et coûte en dépense de nettoyage à la collectivité, certains avancent qu'il est devenu un art des cultures urbaines[réf. nécessaire]. Dans les différents quartiers de Paris et de la banlieue, se développe dans les centres culturels, les maisons de jeunes et les écoles de cirque, la pratique des arts urbains émergents croisés avec les arts du cirque. Naissent avec ce nouveau courant artistique des festivals comme celui de Bagneux (92) appelé HipCirqHop, mêlant les arts du cirque, le hip hop, le graff, le free-style…
333
+
334
+ Les musées incluent notamment le Palais du Louvre, le Musée National d'Art Moderne-Centre Pompidou, le Museum National d'Histoire Naturelle, le musée d'Orsay , le Musée du Quai Branly-Jacques-Chirac, le Musée Rodin, le Musée National des Arts Asiatiques Guimet, la Cité des Sciences et de l'Industrie, le Musée national de la Renaissance d'Écouen (Val d'Oise), le Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget (Seine-Saint-Denis) et le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux (Seine-et-Marne).
335
+
336
+ L' AccorHotels Bercy Arena, l'Olympia, le Palais des congrès de Paris, le Casino de Paris, le Grand Rex, le Chapiteau Alexis-Gruss, le Palais des Sports de Paris, la Philharmonie de Paris, la Cité de la Musique de Paris, l'Opéra National Garnier et l'Opéra Bastille de Paris, le Cirque d'Hiver-Bouglione à Paris. En banlieue, La Seine musicale de Boulogne-Billancourt, le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, le Théâtre de Gennevilliers, le Théâtre de Nanterre-Amandiers, la MC93 de Bobigny, l'Académie Fratellini de la Plaine-Saint-Denis, ainsi que le Stade de France de Saint-Denis et le Paris la Défense Arena (anciennement U Arena) de Nanterre, couramment utilisés en tant que lieux de représentation et lieux de concert.
337
+
338
+ Lotissements pavillonnaires et immeubles résidentiels bas à Chatou (Yvelines) en banlieue ouest. En arrière-plan, les gratte-ciel de La Défense et la tour Eiffel (dans le lointain à droite).
339
+
340
+ La cité du Clos Saint-Lazare à Stains (Seine-Saint-Denis), un des nombreux quartiers de la banlieue nord touchés par la pauvreté.
341
+
342
+ Le château d'Écouen surplombant le centre-ville ancien d'Écouen, exemple des villes rurales d'Île-de-France possédant un riche patrimoine.
343
+
344
+ En banlieue ouest, ici Noisy-le-Roi (Yvelines), les catégories socioprofessionnelles supérieures vivent dans des villas au milieu de la verdure.
345
+
346
+ Paysage multi-ethnique : Chinagora à Alfortville (Val-de-Marne) en banlieue sud-est.
347
+
348
+ Proche du pouvoir parisien depuis de nombreux siècles, la banlieue parisienne est parsemée de nombreux châteaux et grandes demeures bourgeoises pour la plupart encore habités par des propriétaires privés. Ici, le Château d'Ardenay à Palaiseau (Essonne) en banlieue sud.
349
+
350
+ Saint-Mandé (Val-de-Marne) en très proche banlieue n'est guère différent d'un quartier de Paris intra-muros. Cette ville se trouve au-delà des limites administratives de la Ville de Paris figées depuis 1860.
351
+
352
+ Les gares de banlieue font partie du vécu quotidien de millions d'habitants de l'agglomération parisienne. Ici, la gare de Houilles (Yvelines) en banlieue nord-ouest.
353
+
354
+ En grande banlieue les quartiers pavillonnaires s'étendent toujours plus loin aux marges de l'agglomération. Ici, Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne) en grande banlieue sud-est, à 35 km du centre de Paris.
355
+
356
+ La banlieue englobe aussi des centres-villes anciens. Ici le quartier Notre-Dame dans le centre-ville de Versailles (Yvelines) en banlieue ouest.
357
+
358
+ La cité des Bosquets à Montfermeil (Seine-Saint-Denis) en banlieue est, un autre quartier touché par l'insécurité.
359
+
360
+ Enghien les Bains est l'unique station thermale d'Ile-de-France avec son casino, son lac et ses thermes.
361
+
362
+ Ensemble résidentiel à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) en banlieue est : immeubles de taille moyenne, formes néo-haussmanniennes, abords privatifs, les architectes essaient d'éviter de répéter les erreurs des grands ensembles bâtis dans les années 1960-1970.
363
+
364
+ À l'est de l'Île-de-France la Seine-et-Marne est un département qui est resté en grande partie rural. À 85 km de Paris, Donnemarie-Dontilly est un village qui ressemble à un village de province.
365
+
366
+ Paris, c'est aussi des quartiers populaires, principalement concentrés au nord et à l'est de la ville. Le boulevard de la Chapelle (18e arrondissement), se trouve dans un quartier dans lequel des populations immigrées, et notamment venant des anciennes colonies françaises, se sont retrouvées.
367
+
368
+ La Place de France dans le quartier de Lochères, à Sarcelles, dans la banlieue nord de Paris : ce quartier est le premier grand ensemble français, édifié dans la décennie 1950-1960.
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3
+ La Réunion est une île de l'Ouest de l'océan Indien dans l'hémisphère sud ainsi qu'un département d'outre-mer français.
4
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5
+ D'une superficie de 2 512 km2, La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à 172 km à l'ouest-sud-ouest de l'île Maurice et à 679 km à l'est-sud-est de Madagascar. Il s'agit d'une île volcanique créée par un point chaud : culminant à 3 071 m au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée. Le piton de la Fournaise, situé dans le Sud-Est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde. Bénéficiant d'un climat tropical d'alizé maritime et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel.
6
+
7
+ Vraisemblablement repérée dès le Moyen Âge par les Arabes sous le nom de « Dina Morgabin » (l’île couchant)[2], La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu'alors connue sous le nom d'île Mascarin, elle devient sous celui d'île Bourbon, une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une véritable colonie pratiquant la culture du café. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848[3], remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
8
+
9
+ L'île connaît une crise économique rampante à compter des années 1870. Elle devient département français en 1946 (code départemental 974) et est, depuis 2003, la collectivité territoriale d’outre-mer la plus intégrée à la République[réf. nécessaire]. En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l'ordre de 29 %, dont 60 % chez les jeunes[4]. Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme. Le PIB est estimé à 14,5 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 18 000 euros par an.
10
+
11
+ D'après le dernier recensement, la population était, en janvier 2017, de 853 659 habitants[5], principalement concentrés sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.
12
+
13
+ La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya…).
14
+
15
+ Au moment de sa prise de possession par la France au XVIIe siècle, l'île est baptisée Bourbon, du nom de la dynastie alors régnante. Pour rompre avec ce nom trop attaché à l'Ancien Régime, la Convention nationale décide le 23 mars 1793[6], de renommer le territoire île de la Réunion. Ce choix pourrait avoir été fait en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792 et la marche sur le palais des Tuileries mais aucun document ne le justifie et le sens du mot « réunion » pourrait avoir été purement symbolique[7].
16
+
17
+ L'île change de nouveau de nom au XIXe siècle : en 1806, sous le Premier Empire, le général Decaen la baptise île Bonaparte puis, en 1810, elle redevient île Bourbon. Elle redevient définitivement île de la Réunion à la chute de la monarchie de Juillet par un arrêté du gouvernement provisoire du 7 mars 1848[8].
18
+
19
+ Conformément à la graphie originelle et aux règles orthographiques et typographiques classiques[9] « la Réunion » s'écrivait avec une minuscule à l'article mais, au cours de la fin du XXe siècle, la graphie « La Réunion » avec une majuscule s'est développée dans de nombreux écrits pour souligner l'intégration de l'article dans le nom. Cette dernière graphie correspond aux préconisations de la Commission nationale de toponymie[10] et figure notamment dans l'actuelle Constitution de la République française aux articles 72-3 et 73.
20
+
21
+ La Réunion est une île qui se situe dans l'Ouest de l'océan Indien par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l'hémisphère sud, à 684 km à l'est de Madagascar.
22
+
23
+ La Réunion est l'île la plus occidentale de l'archipel des Mascareignes dont font également partie l'île Maurice, à 172 km à l'est-nord-est, et Rodrigues, toutes deux faisant partie de la république de Maurice. Les Mascareignes sont traditionnellement rattachées au continent africain.
24
+
25
+ La Réunion est une île volcanique née il y a quelque trois millions d'années[11] avec l'émergence du volcan du piton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 m, le sommet le plus élevé des Mascareignes et de l’océan Indien[12]. L'est de l'île est constitué par le piton de la Fournaise, un volcan bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu’un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.
26
+
27
+ En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par une érosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par l'érosion (Salazie, Mafate et Cilaos) et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant des ravines, estimées à au moins 600[13], généralement profondes et dont les torrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
28
+
29
+ Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral du Sud sauvage est cependant plus abrupt.
30
+
31
+ Entre la frange littorale et les Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos, la caldeira du piton de la Fournaise.
32
+
33
+ Le sommet du piton de la Fournaise au repos.
34
+
35
+ La coulée de 2005 du piton de la Fournaise.
36
+
37
+ Relief inaccessible de Mafate à Marla.
38
+
39
+ La plaine des Cafres.
40
+
41
+ La plage de l'Ermitage dans l'Ouest de l'île.
42
+
43
+ Urbanisation des pentes à Saint-Denis.
44
+
45
+ Le piton des Neiges, volcan bouclier et point culminant de La Réunion. Inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l'île.
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+ La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part de précipitation entre la côte au vent à l'est et la côte sous le vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.
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+ Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :
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+ La Pointe des Trois Bassins, située sur le littoral de la commune de Trois-Bassins (Ouest), est la station la plus sèche avec une hauteur annuelle normale de précipitations de 447,7 mm, tandis que Le Baril à Saint-Philippe (Sud-Est) est la station côtière la plus arrosée avec une hauteur normale annuelle de 4 256,2 mm[14]. Cependant, le poste le plus arrosé est celui des hauts de Sainte-Rose avec une moyenne annuelle de précipitation atteignant près de 11 000 mm, ce qui en fait l'un des endroits les plus pluvieux du monde.
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+ Les températures à La Réunion se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement 10 °C) bien que sensible :
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+ Dans les bourgs de montagne, comme à Cilaos ou à La Plaine-des-Palmistes, les températures moyennes oscillent entre 12 °C et 22 °C. Les zones d'habitat les plus élevées et les espaces naturels d'altitude peuvent connaître quelques gelées hivernales. De la neige a même été observée sur le piton des Neiges ainsi que le Piton de la Fournaise en 2003[16] et 2006[17].
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+ Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont « non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets du changement climatique, la Réunion a été choisie (avec Gran Canaria en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné [18], pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision » [18].
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+ La Réunion est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les 200 km/h et apportent des précipitations diluviennes. Le CMRS (Centre météorologique régional spécialisé) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien. 15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.
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+ 220 km/h à la plaine des Cafres ;
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+ 187 km/h à Gillot
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+ 162 km/h à la Petite France
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+ L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenues invasives. Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par la périurbanisation[22], elles font l’objet de plans de sauvegarde.
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+ Net-Biome[23] est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par la Commission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de la biodiversité tropicale et subtropicale dans les 7 régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des pays et territoires d’outre-mer de l’UE. Il s'appuiera notamment sur :
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+ En 2009, une liste des espèces menacées a été établie dans le cadre d'une mission pilotée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le muséum national d'histoire naturelle et en partenariat avec la direction régionale de l'Environnement[24].
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+ Avec la création de son parc national, l'île a été nommée au Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » le lundi 2 août 2010[25].
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+ La flore tropicale et insulaire de l'île de La Réunion se caractérise par sa diversité, un taux d’endémisme très élevé et une structure bien spécifique. La flore réunionnaise compte une grande diversité de milieux naturels et d’espèces (jusqu’à 40 espèces d'arbres/ha, par comparaison à une forêt tempérée qui en compte en moyenne 5/ha). Cette diversité est d’autant plus remarquable, mais fragile, qu’elle est différente en fonction des milieux (littoral, basse, moyenne et haute montagne).
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+ On recense à La Réunion un taux d’espèces endémiques très élevé, avec plus de 850 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l’arrivée de l’Homme), dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel des Mascareignes. La flore réunionnaise se distingue enfin des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation bien spécifique, notamment une forte présence de plantes épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), comme les Orchidaceæ, les Bromeliaceæ, les Cactaceæ, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses[26].
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+ La faune remarquable de La Réunion[27] se concentre autour des oiseaux, des insectes ou des reptiles, qui comptent de nombreuses espèces endémiques, mais l'île n'accueille pas de grand mammifère et ne compte pas d'animal dangereux sur terre. La faune qui compte le plus d’espèces endémiques est celle des oiseaux, dont certaines espèces sont fortement menacées à l'image du Tuit-tuit, du Pétrel de Barau ou encore du Papangue, et aussi celle des insectes, notamment coléoptères et papillons, encore assez mal connus. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image du Paille-en-queue[28] ou de l’Endormi[29]. La Réunion compte assez peu de mammifères, et une seule espèce endémique, le Ti Moloss qui est une micro-chauve-souris (microchiroptères)[30].
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+ La Réunion jouit d'une biodiversité et d'une faune marine très importante, que ce soit dans les récifs et les lagons, mais aussi avec les poissons et les habitants du grand large. On dénombre plus de 1 200 espèces de poissons qui évoluent dans les lagons, les tombants et les grands fonds des eaux réunionnaises[31].
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+ La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes[32]. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
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+ Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années[11]), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans[33]) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme de récifs frangeants[11],[33].
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+ Ces formations délimitent des « lagons » (il s'agit plus précisément de « dépressions d'arrière-récif »[11],[33]) peu profonds dont le plus grand ne dépasse pas 200 m de large, pour 1 à 2 m de fond environ[34]. Ces lagons, qui forment une ceinture récifale discontinue de 25 km de long (soit 12 % du littoral de l'île) pour une surface totale de 12 km2[11],[33], sont situés sur la côte ouest et sud-ouest de l’île. Les plus importants sont ceux de L’Ermitage (St.-Gilles), St.-Leu, L'Étang-Salé et St.-Pierre.
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+ Malgré la faible surface des récifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel des Mascareignes son inscription parmi les dix principaux « hot spots » de biodiversité mondiale[35]. Les récifs coralliens de La Réunion, aussi bien au niveau des platiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces de corail branchu à croissance rapide du genre Acropora (famille des Acroporidæ), qui permettent d'héberger et de nourrir de très nombreuses espèces tropicales.
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+ Les recherches scientifiques récentes font état à La Réunion de plus de 190 espèces de coraux[35], plus de 1 300 espèces de mollusques[36], plus de 500 espèces de crustacés[37], plus de 130 espèces d'échinodermes[35] et plus de 1 000 espèces de poissons[38].
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+ Les eaux plus profondes de La Réunion accueillent des dauphins, orques, baleines à bosse, baleines bleues et les espèces de requins sont variées ; parmi celles-ci : le requin baleine, le requin corail, le requin bouledogue, le requin tigre, le requin à pointes noires et le requin blanc. Plusieurs espèces de tortues marines y vivent et s'y reproduisent.
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+ Tortue verte immature (Chelonia mydas).
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+ Raie aigle (Myliobatis aquila), survolant le corail.
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+ Idole des Maures (Zanclus cornutus).
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+ Deux poissons-papillon à trois bandes (Chætodon trifasciatus).
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+ Un baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus).
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+ « Cordon mauresque » (Synapta maculata).
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+ Parmi les écosystèmes côtiers, les récifs coralliens comptent parmi les plus riches en matière de biodiversité, mais ils sont aussi les plus fragiles[39].
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+ Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009[38], avec un corail en dégradation en plusieurs endroits. Les causes de cet état de fait sont la pollution, la surpêche et le braconnage ainsi que la pression anthropique, notamment liée à la densification de l’urbanisation des zones côtières et au rejet des eaux usées[38].
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+ 104 espèces vivant sur l'île de La Réunion étaient inscrites sur la liste rouge éditée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au 12 septembre 2008. Elles étaient 51 en 2007[40].
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+
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+ Sur cette liste on trouvait :
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+ Le caractère insulaire de La Réunion la rend vulnérable au dérèglement climatique et implique une stratégie d'adaptation, à laquelle une trame verte et bleue peut contribuer[41].
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+ Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion[42]. Plus tard, au Xe siècle apr. J.-C., des navigateurs arabes découvrent l'île de La Réunion et la nomment « Dîna morgabin »[2].
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+ L’île semblait totalement inhabitée lors de l'arrivée des navires portugais du XVIe siècle en route vers les Indes[2].
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+ Un navigateur portugais, Diogo Dias, y aurait débarqué en juillet 1500. Un autre navigateur portugais, Pedro de Mascarenhas y débarque le 9 février 1512[43] ou 1513[44], jour de la Sainte-Apolline, alors qu’il est sur la route de Goa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom de Santa Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues sont appelées archipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées les Mascareignes.
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+ Au début du XVIIe siècle, l’île est une escale sur la route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. Le 23 mars 1613, l’amiral néerlandais Pierre-Guillaume Veruff, de retour de Java, fait escale à La Réunion. Un navigateur anglophone baptise par ailleurs l’île encore inhabitée England's forest.
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+ Les Français y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptisée île Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés de Madagascar sont abandonnés à La Réunion.
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+ C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron : L’Aigle blanc, La Vierge, le Bon port, Le Saint-Paul et Le Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. La Loire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta le quai de la Fosse à Nantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de la côte de Malabar et du golfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le 9 juillet 1665. La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale au Cap-Vert le Jeudi saint, le 4 mars 1665. Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile. « Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueur Urbain Souchu de Rennefort.
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+ Parmi les vingt colons venus de France, on note la présence d'Hervé Dannemont (devenu Dennemont), né le 17 décembre 1635 à Brix (Manche), fils de Jacques Dannemont, maître verrier, et de Marie Lecarpentier. Il a épousé vers 1668 à Saint-Paul, Léonarde Pillé, originaire de Granville. Hervé Dennemont serait décédé le 16 novembre 1678. Les Dannemont de Normandie sont représentés, aujourd'hui, par une trentaine de familles sur l'île de La Réunion. On les trouve également à l'île Maurice mais aussi à Madagascar. En Normandie, la famille s'est éteinte au XVIIIe siècle, le nom ayant muté en Dalmont (sa descendance est bien connue grâce à Camille Ricquebourg, auteur du Dictionnaire généalogique des familles de Bourbon).
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+ Françoise Chatelain de Cressy est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.
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+ À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie. Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’hui île Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendant Pierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment le girofle et la noix de muscade dont le commerce fut florissant au XVIIIe et début du XIXe siècle.
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+ Le 19 mars 1793, pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion »[45] en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, lors de la marche sur le palais des Tuileries, la journée du 10 août 1792, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons[46]. Le 26 septembre 1806, l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
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+ L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le 4 février 1794 se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le 18 juin 1796 pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.
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+ Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.
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+ Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est substituée à la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France, de Saint-Domingue, et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
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+ De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalité liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.
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+ Le 20 décembre 1848, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert Delisle devient son premier gouverneur créole le 8 août 1852 et reste à ce poste jusqu’au 8 janvier 1858. L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour satisfaire ses besoins en sucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l���île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
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+ La seconde moitié du XIXe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du XIXe siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants. La production de café est détruite à 75 % en deux décennies, entre 1880 et 1900, à cause de la propagation d'une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises[47].
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+ La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 000 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateur Roland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. L’amiral Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80 % des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait[48]. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la grippe espagnole qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe espagnole a été ramenée par les Poilus réunionnais avec le navire Madonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin du XIXe siècle, les quartiers défavorisés ont été touchés et appauvris. Les estimations font état d’au moins 2 000 décès dans la capitale Saint-Denis pour une population de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur [49],[50].
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+ Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.
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+ La Seconde Guerre mondiale[51] est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le 28 novembre 1942, un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre[52].
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+ Le 19 mars 1946, La Réunion devient un département d’outre-mer français puis, en 1997, l’une des sept régions ultrapériphériques de l’Union européenne.
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+ À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais la métropole est amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le progrès social. L’instruction obligatoire constitue un progrès décisif. La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale hexagonal apporte un mieux être considérable. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la métropole. Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique en métropole.
158
+
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+ Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité. Une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques chinois » et « bazar zarabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise, mais le parc automobile évolue plus rapidement encore. L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active. L’économie change. Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et consomme. La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production agricole. Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. Aujourd’hui, le tourisme est la première activité de l’île, avec la construction.
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+ La Réunion est un territoire français d'outre-mer régi par l'article 73 de la Constitution en vertu duquel les lois et règlements sont applicables de plein droit tout comme en métropole[53].
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+ La Réunion forme ainsi un DROM — département et région d'outre-mer — doté d'un conseil régional et d'un conseil départemental. Ces collectivités territoriales disposent globalement des mêmes compétences que les départements et régions de métropole bien que des adaptations existent. L'article 73 de la Constitution laisse la possibilité de substituer à la région et au département une collectivité territoriale unique, mais à l'inverse de la Guyane ou de la Martinique, aucun projet en ce sens n'existe actuellement.
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165
+ À l'inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l'exécutif national[53].
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+ L'État est représenté à La Réunion par un préfet. Le territoire est divisé en quatre arrondissements (Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre).
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+ La Réunion compte 24 communes organisées en 5 communautés d'agglomération.
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+ Du point de vue de l'Union européenne, La Réunion constitue une région ultra-périphérique.
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+ Le positionnement de l'île de la Réunion lui a conféré un rôle stratégique d'importance variable selon les époques.
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+ La Réunion est déjà à l'époque de la Route des Indes une position française située entre Le Cap et les comptoirs d'Inde, bien qu'éloignée du Canal du Mozambique. L'île Bourbon (son appellation sous l'Ancien Régime) n'est pourtant pas la position préférée pour le commerce et l'armée. En effet, le gouverneur Labourdonnais affirme alors que l'Isle de France (l'île Maurice) est une terre d'avenir, grâce à sa topographie peu contraignante et à la présence de deux ports naturels. Il considère que Bourbon a plutôt pour vocation d'être un entrepôt ou une base de secours pour l'Isle de France[54]. L'ouverture du Canal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l'Océan Indien et réduit l'importance stratégique de l'île. Ce déclin est confirmé par l'importance accordée à Madagascar, bientôt colonisée[55].
176
+
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+ Depuis les années 2000, un sous-ensemble géopolitique tend à s'esquisser sous l’appellation Sud-Ouest de l'océan Indien.
178
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+ De nos jours l'île, qui est le siège d'une zone de défense et de sécurité, abrite l'état major des Forces armées de la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), qui regroupe les unités de l'Armée française stationnées à La Réunion et à Mayotte.
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181
+ L’île de La Réunion permet à la France d'être membre de la Commission de l'océan Indien.
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183
+ La Réunion est également une base accueillant les infrastructures du Frenchelon et de l’ensemble mobile écoute et recherche automatique des émissions.
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185
+ Enfin, elle accueille à Saint-Pierre le siège des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
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187
+ Les partis politiques réunionnais sont à peu de chose près les filiales ou les homologues de ceux de métropole. Le Parti communiste réunionnais a néanmoins quelques revendications autonomistes ; on trouve le même reflet pour les organisations syndicales. La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les mobilisations de la métropole.
188
+
189
+ En 2017, la région comptait 853 659 habitants[Note 1], en augmentation de 2,36 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
190
+
191
+ Jusqu'au début du XXe siècle, la croissance de la population réunionnaise est modérée, voire faible à certaines périodes. Les conditions de vie difficiles et les épidémies de paludisme, choléra, peste entre autres, ne sont pas étrangères à ce constat. C'est véritablement au lendemain de la départementalisation que la croissance démographique explose : la population triple en l'espace de 50 ans, pour atteindre officiellement près de 843 000 habitants en 2014. Selon certaines projections, l'île devrait franchir la barre du million d'habitants à l'horizon 2030.
192
+
193
+ Les trois principales unités urbaines du département sont celles de Saint-Denis (177 684 habitants en 2014), de Saint-Paul (172 548 habitants) et de Saint-Pierre (165 013 habitants).
194
+
195
+ La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’Est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'Ouest et du Sud-Est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du Sud de la Chine notamment de Canton (les Chinois) et d’Europe (les Yabs). Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
196
+
197
+ Les premiers colons, au XVIIe siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays. À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du XVIIIe siècle (37 000 esclaves en 1789[58]). Au début du XIXe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
198
+
199
+ Après l’abolition de l'esclavage, en décembre 1848, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du XIXe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
200
+
201
+ La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
202
+
203
+ Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métis.
204
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205
+ Le 20 décembre 1848, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation de fête caf' (« fête des cafres »).
206
+
207
+ La langue de l'administration, de l'enseignement et de la presse écrite et orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le créole réunionnais[59] qui est une langue vernaculaire structurée sur le français dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se comprendre. Cependant une partie de la population ne parle que le créole réunionnais[60].
208
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209
+ Le passage du créole au français s'est fait au cours des siècles. Selon l'auteur Annegret Bollée[61], on suppose que « le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
210
+
211
+ Bénéficiant aujourd'hui de plus de reconnaissance, le créole réunionnais peut être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire depuis 2001 dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales »[62].
212
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213
+ Étant donné la présence de différentes ethnies au sein de la population réunionnaise, d'autres langues sont présentes sur l'île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l'ourdou, l'arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien[63].
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+
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+ Du fait des différentes origines de la population réunionnaise, les principales religions pratiquées dans l’île sont le christianisme (85 %, essentiellement catholique romain, mais aussi protestant), l’hindouisme (7 %, tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite) et le judaïsme, la communauté chinoise vénérant pour sa part le héros guerrier devenu dieu, Guan Di.
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217
+ Diverses manifestations spirituelles jalonnent aujourd’hui l’année civile, Pâques, Dipavali, Noël, Ramadan, Pandialé, Carême, commémorations sacrificielles du mouton et du cabri.
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219
+ Le premier Lycée privé sous contrat de confession musulmane de France est situé sur l'île, à Saint-Denis (La Réunion). L' École Medersa Tarlimoul Islam est sous contrat d’association depuis 1990[64].
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221
+ Les deux principales infrastructures du Centre hospitalier universitaire de La Réunion sont implantées à Saint-Denis et sur le site de Saint-Pierre[65]. Il existe à Saint-Denis un établissement privé, la clinique Sainte-Clotilde. Ces structures prennent en charge la plupart des pathologies et opérations dans de nombreux services. Seul certains gestes ultraspécialisés demandent un agissement sur la métropole. Des dispensaires existent dans d'autres localités plus petites (La Plaine-des-Palmistes, Cilaos...). Pour les écarts et lieux reculés, les médecins de campagne se déplacent en voiture pour les consultations, voire à pied pour le cirque de Mafate, dépourvu de routes[66].
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223
+ Parallèlement, de nombreux médecins généralistes sont répartis à travers l'île, les spécialistes se concentrant dans les grandes villes. Un important service d'urgence existe, autant à destination de la population que des centaines de milliers de touristes[67] abordant annuellement les sentiers de randonnées coupés du monde[68].
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225
+ La Réunion possède une académie qui lui est propre, dont le recteur est Velayoudom Marimoutou[69] depuis 2016. Le rectorat est situé dans le chef-lieu, dans le quartier du Moufia à Saint-Denis. À la rentrée 2012, l'Île compte 522 écoles maternelles et/ou primaires dont 26 privées pour 120 230 élèves dans le premier degré, 82 collèges dont six privés pour 61 300 élèves, 32 lycées d'enseignement général et technologique dont trois privés pour 23 650 élèves et 15 lycées professionnels dont deux privés pour 16 200 élèves.
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+ Les zones d'éducation prioritaires touchent à La Réunion un peu plus de la moitié des élèves du premier et second degré[70].
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+ Les résultats du baccalauréat sont relativement proches de la moyenne nationale avec un taux de 81,4 % en 2012 contre 82,4 en 2011 (respectivement : 84,5 % et 85,6 % en moyenne nationale).
230
+
231
+ Dans l'enseignement supérieur, l'université de La Réunion accueille 11 600 étudiants se répartissant sur les différents sites notamment de Saint-Denis et du Tampon. 5 800 autres étudiants se répartissent sur les filières post-bac de lycée et autres enseignements supérieurs[71].
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+
233
+ L'Île de La Réunion permet grâce à des conditions climatiques favorables et de nombreuses infrastructures, la pratique de différents sports. Les activités d’eau et de montagne sont très présentes sur l’île. Le nombre de licenciés est d’environ 150 000 pratiquants[72] pour plus d’une soixantaine de disciplines sans compter les non-licenciés.
234
+
235
+ Nombreuses sont ces activités dans une île qui bénéficie d'un climat clément et à la fois de la mer et de la montagne. Certaines d'entre elles bénéficient d'un article dans Wikipédia :
236
+
237
+ Mais il faudrait aussi mentionner la course à pied Diagonale des Fous - Trail de Bourbon[74], notamment les courses de montagne dont la plus célèbre est le Grand Raid, le vélo tous terrains, la randonnée équestre, le canyoning et bien d'autres.
238
+
239
+ Quatre titres composent la presse quotidienne régionale : le Journal de l'île, Le Quotidien de La Réunion, Visu et Témoignages, édition du Parti communiste réunionnais. L'essentiel de la presse magazine est constitué d'hebdomadaires spécialisés dans les programmes de télévision et de quelques périodiques consacrés à la vie des entreprises commerciales et industrielles.
240
+
241
+ Le PAR, paysage audiovisuel réunionnais, longtemps monopolisé par l'ORTF, auquel succèdent les chaînes publiques FR3 en 1975, puis RFO en 1982, est aujourd'hui représenté par trois chaînes de télévision hertziennes : Réunion 1re (chaîne publique), Antenne Réunion et Télé Kréol. Deux bouquets satellites sont proposés par Parabole Réunion et Canalsat Réunion.
242
+
243
+ Le paysage radiophonique a vécu aussi une grande transformation à la suite de la libération des ondes voulue par le président socialiste François Mitterrand dès son élection en 1981 ; l'île compte plus de 45 radios privées qui émettent pour certaines d’entre elles sur l’ensemble de l’île et conquièrent leur auditoire en usant de l'interactivité.
244
+
245
+ En effet, Radio Freedom est une radio basée sur ses auditeurs. Le programme est constitué de l'intervention, en direct, de ses auditeurs, et ce, de 5 h à 0 h (plus en cas d'événements, cyclones…), en plus des journaux.
246
+ En 1991, lors de la suppression de Télé Freedom (créée par la même personne que Radio Freedom (Camille Sudre) par recours du CSA au préfet (Télé Freedom émettait clandestinement), des émeutes éclatèrent car c'était, à l'époque, le seul média et moyen d'expression libre, qui diffusait des films d'arts martiaux, des films pornographiques et le maloya[non pertinent].
247
+
248
+ Depuis novembre 2010, la télévision numérique terrestre permet de recevoir, en plus des chaînes locales, les chaînes de France Télévisions, Arte et France 24.
249
+
250
+ Au 1er janvier 2008, La Réunion comptait 305 300 logements. Le parc réunionnais est composé à 91 % de résidences principales (propriétaires et locataires). 7 % des logements sont vacants (essentiellement dans les communes du Tampon, La Possession et Sainte-Clotilde), le reste étant constitué de résidences secondaires (l'Ouest et le Sud de l'île). Le parc réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui de la France métropolitaine. L’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse plus que 17 % dans le parc de logements. En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé. La majorité des résidences principales de l'île sont des maisons individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation (1981), le nombre d'appartements a triplé en 25 ans. Le parc réunionnais augmente. Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de Métropole. Cependant, les logements sans confort sont en nette diminution constante. Toutefois, il reste encore des efforts à faire de ce côté, car même s'ils sont deux fois moins nombreux qu'en 1999, on comptabilisait en 2008, 42 000 logements ne disposant pas d'eau chaude[75]..
251
+
252
+ Le produit intérieur brut (PIB) de La Réunion s'établit en 2008 à 14,7 milliards d'euros[76] contre 13,74 milliards d'euros en 2007[77], soit une progression annuelle exprimée en monnaie constante d'environ 3,1 %.
253
+
254
+ L'agriculture occupe 44 000 hectares de surface agricole utile. La Réunion produit principalement du sucre (premier producteur européen), mais aussi de la vanille bourbon. Cultivée sur l'île depuis le XIXe siècle, elle est l'une des rares à être encore produite de manière manuelle.
255
+
256
+ La pêche à La Réunion est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle est permise aussi par la ZEE dont bénéficie l'île.
257
+
258
+ Les revenus du tourisme constituent la première ressource économique de La Réunion, devant ceux tirés de la production et de la transformation de la canne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais comme Quartier Français, Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de la pêche dans les Terres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
259
+
260
+ Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les rares « boutiques chinois » encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
261
+
262
+ Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
263
+
264
+ Le département est fortement dépendant énergétiquement, avec un taux de dépendance énergétique qui dépasse les 85 %.
265
+
266
+ Son objectif est de développer les énergies renouvelables pour devenir énergétiquement indépendant.
267
+
268
+ L'île de La Réunion connait un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes adultes, qui sont le plus touchés[78]. 24 %, c'est le taux de chômage établi à La Réunion en 2018, soit une hausse de 2 points depuis 2016, indique l'Insee[79]. En 2018, le "halo" autour du chômage continue sa progression pour atteindre 12 % de la population[80].
269
+
270
+ À La Réunion, 149 000 personnes dont 83 000 chômeurs (selon la définition du Bureau International du Travail) sont sans emploi et souhaitent travailler. La situation de l'emploi continue donc de se dégrader[81].
271
+
272
+ La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur le littoral font du réseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative du conseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : la route des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le Nord au Sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
273
+
274
+ L’île de La Réunion comptait en 2004 près de 300 000 véhicules particuliers, soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l’équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de la France métropolitaine. On estime qu’à l’horizon 2020, le parc automobile à La Réunion pourrait atteindre environ 500 000 véhicules, pour un niveau d’équipement des ménages proche de celui de la France métropolitaine en 1999. La route des Tamarins, ouverte en 2009[82], permet un déplacement beaucoup plus rapide, notamment grâce à une voie plus large, au départ d'Étang-Salé jusqu'à Saint-Paul environ. Une nouvelle route du Littoral est actuellement en cours de construction entre La Possession et Saint-Denis.
275
+
276
+ Le principal port de l'île est situé sur le territoire communal du Port, dans le Nord-Ouest de l'île ; il est le seul port de France à cumuler les cinq fonctions de gare maritime, port de commerce, port de plaisance, port de pêche et base navale (3e base navale française après Toulon et Brest). Il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion.
277
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278
+ L’île de La Réunion dispose de deux aéroports internationaux :
279
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280
+ Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et aux ULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que le Trou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
281
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282
+ L’île a vu naître de nombreux poètes, parmi lesquels Léon Dierx, Leconte de Lisle, Auguste Lacaussade, Évariste de Parny et Antoine Bertin. Elle a aussi inspiré Charles Baudelaire qui y a longuement séjourné, et dont de nombreux poèmes en portent les traces, comme dans « À une dame créole », « À une Malbaraise »[84]. Ce qui est sûr c’est que La Réunion compte un prix Goncourt en la personne ou plutôt en les personnes de Georges Athénas et d’Aimé Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne qui écrivaient à quatre mains sous le pseudonyme Marius et Ary Leblond : ils reçurent le célèbre prix en 1909 pour leur roman En France. L'aviateur Roland Garros est né à La Réunion, auteur de nombreux records et de la première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale mort au champ d'honneur et par ailleurs cycliste émérite ; l’aéroport international de l’île porte aujourd’hui son nom. L’île compte un autre héros de guerre en la personne de Juliette Dodu, qui, fait rare, reçut à la fois la légion d’honneur et la médaille militaire pour ses actes de courage en tant que télégraphiste ingénieuse pendant la guerre de 1870. La Réunion est également la terre natale de Raymond Barre, professeur d’économie politique et Premier ministre de la France de 1976 à 1981, mort le 25 août 2007 à Paris. Il fut aussi le maire de Lyon de 1995 à 2001.
283
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284
+ Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d’Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes, Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains, Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps et encore Joseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l’écriture moderne du Roman de Tristan et Yseult, l’amiral Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale, François-Gédéon Bailly de Monthyon (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon…
285
+
286
+ Parmi les personnalités contemporaines, Mémona Hintermann née Affejee, journaliste reporter à France 3, Manu Payet, comédien et humoriste, Valérie Bègue, Miss France 2008, Gérald De Palmas, chanteur, Laurence Roustandjee, présentatrice météo sur M6, viennent de La Réunion. Ainsi que la mannequin internationale et comédienne Noémie Lenoir, Sébastien Folin, animateur télé et radio, les chanteurs Tonton David, Faf Larage, Blacko (Sniper), Séverine Ferrer, animatrice télé et chanteuse. Côté sport, on peut ajouter Jérémy Morel, Dimitri Payet, Benoît Trémoulinas, Florent Sinama-Pongolle et Guillaume Hoarau, joueurs de foot qui sont d'origine réunionnaise, ainsi que Jackson Richardson et Daniel Narcisse, joueurs de handball ayant joué pour l'équipe de France de handball.
287
+
288
+ Bande dessinées
289
+
290
+ Théâtre, danse et cinéma
291
+
292
+ L'image de l'île a été utilisée comme cadre, pour certains films, séries TV et clips musicaux :
293
+
294
+ Films
295
+
296
+ Séries télé
297
+
298
+ Clips musicaux
299
+
300
+ Au rang des écrivains populaires, Henri MURAT "z'histoires longtemps ", 1992,Didier MURAT "l'îsle Bourbon sur la route des indes orientales ", 2016...
301
+
302
+ D'un point de vue de la structure, la maison créole est dite symétrique[85]. En effet, faute d'architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et construisaient de part et d'autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons de formes rectangulaires essentiellement. La varangue est un élément important de la maison. Il s'agit d'une terrasse extérieure construite sur l'avant de la maison, car elle permettait d'afficher ses richesses à la rue. Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales, trouvées en forêt. On y retrouve généralement une serre aux orchidées, des anthuriums et différents types de fougères[86].
303
+
304
+ La Villa Déramond-Barre est une villa de modèle architecturale créole d'un grand intérêt patrimonial[87].
305
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306
+ Toujours accompagnés de riz, les plats les plus communs sont les caris, version locale du curry indien, le rougail et les civets. Le cari se compose d'une base d'oignon, d'ail et d'épices comme le curcuma (appelé sur l'île « safran péi »)[88], sur laquelle on fait frire poisson, viande, œufs ; on ajoute ensuite de la tomate. Les plats peuvent aussi éventuellement être parfumés avec du gingembre ; le zeste d'un combava est généralement très apprécié. Le chop suey (au riz et non pas avec des pâtes) et autres plats asiatiques comme le porc à l'ananas[89] sont également très courants.
307
+
308
+ D'une façon générale, les plats sans viande ou poisson sont rares et il n'existe donc que peu de solutions végétariennes. L'une d'entre elles est le gratin de chouchou préparé à partir de la Chayote. Pour le reste, ce sont surtout des volailles qui sont consommées. Une des spécialités locales est le civet de tangue[90] (de la famille des hérissons).
309
+
310
+ Tous les 20 décembre, les habitants de l’île de la Réunion célèbrent la fête réunionnaise de la liberté. Cette célébration, également appelée Fête des Cafres ou « Fet’ Caf’ », commémore la proclamation de l’abolition de l’esclavage par la Deuxième République (France), en 1848. Le terme « cafre » désigne les africains de la « Cafrerie » (une partie de l’Afrique Australe). Il est dérivé du mot afrikaans « kaffer », assimilable à l’argot américain « nigger » ou « nègre », issu de la France coloniale[91].
311
+
312
+ Aujourd’hui au XXIe siècle, les réunionnais fêtent la fin d’une longue période d’oppression avec joie et allégresse. Cafres, Malgaches, Comoriens, Indiens, Yabs[92], Z'oreilles et métropolitains seront tous dans les rues et danseront au rythme du séga et du maloya, les deux genres musicaux majeurs de la Réunion[93]. De nombreux concerts, gratuits pour la plupart, sont organisés, ainsi que des défilés costumés et des spectacles de danse comme la Merengue, par exemple.
313
+
314
+ Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, le séga, est une variante créole du quadrille, l'autre, le maloya, à l'image du blues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
315
+
316
+ Le séga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare…), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec le séga mauricien et le séga rodriguais.
317
+
318
+ Le maloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.).
319
+
320
+ Les troupes de maloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme ; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes de maloya et aux kabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
321
+
322
+ Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'abolition de l'esclavage (fête caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique ; il connaît même un regain : des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme le maloggae et autre maloya électrique.
323
+
324
+ Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé, Baster, Ousanousava, Ziskakan, Pat'Jaune, Danyèl Waro, Tisours, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya : Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté le maloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
325
+
326
+ En 2008, l'artiste Brice Guilbert réalise un clip intitulé La Réunion. On le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
327
+
328
+ En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphe Pascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation à Saint-Denis de La Réunion et à Hyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville de Saint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
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+
330
+ La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées de métropole et des États-Unis. Ainsi la culture hip-hop se développe, mais également le ragga dancehall, KM David ou Kaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées par mp3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
331
+
332
+ Littérature :
333
+
334
+ Voir, pour plus d'auteurs, l'article Littérature réunionnaise.
335
+
336
+ Poésie et littérature :
337
+
338
+ Cinéma :
339
+
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+ Musique :
341
+
342
+ Politique et histoire :
343
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344
+ Sport :
345
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346
+ Médias :
347
+
348
+ Sciences :
349
+
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+ Divers :
351
+
352
+ La Réunion ne possède pas de blason ou drapeau officiels.
353
+
354
+ Un blason a été créé pour l’île par l’ancien gouverneur Merwart à l’occasion de l’exposition coloniale de 1925 organisée à Petite-Île. Merwart, membre de la Société des sciences et arts de La Réunion, a voulu y faire figurer l’histoire de l'île :
355
+
356
+ Le drapeau le plus utilisé à La Réunion est celui du « volcan rayonnant », dessiné par Guy Pignolet en 1975, parfois appelé « Lo Mavéli »[95] : il représente le volcan du piton de la Fournaise sous la forme d'un triangle rouge simplifié sur un fond bleu marine tandis que cinq rayons du soleil symbolisent l'arrivée des populations qui ont convergé vers l'île au cours des siècles[96].
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+ Blason de La Réunion.
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+ Drapeau de La Réunion.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ La Réunion est une île de l'Ouest de l'océan Indien dans l'hémisphère sud ainsi qu'un département d'outre-mer français.
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+ D'une superficie de 2 512 km2, La Réunion est située dans l'archipel des Mascareignes à 172 km à l'ouest-sud-ouest de l'île Maurice et à 679 km à l'est-sud-est de Madagascar. Il s'agit d'une île volcanique créée par un point chaud : culminant à 3 071 m au piton des Neiges, elle présente un relief escarpé travaillé par une érosion très marquée. Le piton de la Fournaise, situé dans le Sud-Est de l'île, est un des volcans les plus actifs du monde. Bénéficiant d'un climat tropical d'alizé maritime et située sur la route des cyclones, La Réunion abrite un endémisme exceptionnel.
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+ Vraisemblablement repérée dès le Moyen Âge par les Arabes sous le nom de « Dina Morgabin » (l’île couchant)[2], La Réunion n'a été habitée qu'à compter du milieu du XVIIe siècle, soit environ 150 ans après son apparition sur les portulans des navigateurs portugais. Jusqu'alors connue sous le nom d'île Mascarin, elle devient sous celui d'île Bourbon, une escale de la Compagnie française des Indes orientales sur la route des Indes puis, à partir des années 1710, une véritable colonie pratiquant la culture du café. Devenue une société de plantation, elle passe sous le contrôle direct du roi de France dans les années 1760 avant d'être réaffectée à l'industrie de la canne à sucre au terme des guerres napoléoniennes. Elle est définitivement rebaptisée de son nom actuel et l'esclavage y est aboli en 1848[3], remplacé jusque dans les années 1930 par la pratique de l'engagisme.
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+ L'île connaît une crise économique rampante à compter des années 1870. Elle devient département français en 1946 (code départemental 974) et est, depuis 2003, la collectivité territoriale d’outre-mer la plus intégrée à la République[réf. nécessaire]. En dépit de son appartenance à la zone euro, son tissu productif reste structurellement fragile et fortement dépendant de la France métropolitaine. On y relève un taux de chômage particulièrement élevé, de l'ordre de 29 %, dont 60 % chez les jeunes[4]. Le premier secteur économique de l'île est aujourd'hui le tourisme. Le PIB est estimé à 14,5 milliards d'euros, le revenu moyen par habitant étant d'environ 18 000 euros par an.
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+
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+ D'après le dernier recensement, la population était, en janvier 2017, de 853 659 habitants[5], principalement concentrés sur les côtes où se situent les principales villes dont Saint-Denis, le chef-lieu.
12
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13
+ La démographie locale se caractérise par la jeunesse des habitants et leurs origines variées, à la fois européennes, ouest-africaines, est-africaines, malgaches, indiennes, annamites, malaises et chinoises. Cette diversité influence la culture réunionnaise caractérisée notamment par sa langue, le créole réunionnais, sa cuisine ou encore sa musique (séga, maloya…).
14
+
15
+ Au moment de sa prise de possession par la France au XVIIe siècle, l'île est baptisée Bourbon, du nom de la dynastie alors régnante. Pour rompre avec ce nom trop attaché à l'Ancien Régime, la Convention nationale décide le 23 mars 1793[6], de renommer le territoire île de la Réunion. Ce choix pourrait avoir été fait en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens qui a précédé l'insurrection du 10 août 1792 et la marche sur le palais des Tuileries mais aucun document ne le justifie et le sens du mot « réunion » pourrait avoir été purement symbolique[7].
16
+
17
+ L'île change de nouveau de nom au XIXe siècle : en 1806, sous le Premier Empire, le général Decaen la baptise île Bonaparte puis, en 1810, elle redevient île Bourbon. Elle redevient définitivement île de la Réunion à la chute de la monarchie de Juillet par un arrêté du gouvernement provisoire du 7 mars 1848[8].
18
+
19
+ Conformément à la graphie originelle et aux règles orthographiques et typographiques classiques[9] « la Réunion » s'écrivait avec une minuscule à l'article mais, au cours de la fin du XXe siècle, la graphie « La Réunion » avec une majuscule s'est développée dans de nombreux écrits pour souligner l'intégration de l'article dans le nom. Cette dernière graphie correspond aux préconisations de la Commission nationale de toponymie[10] et figure notamment dans l'actuelle Constitution de la République française aux articles 72-3 et 73.
20
+
21
+ La Réunion est une île qui se situe dans l'Ouest de l'océan Indien par 21 degrés de latitude sud et 55,5 degrés de longitude est. Elle est située dans l'hémisphère sud, à 684 km à l'est de Madagascar.
22
+
23
+ La Réunion est l'île la plus occidentale de l'archipel des Mascareignes dont font également partie l'île Maurice, à 172 km à l'est-nord-est, et Rodrigues, toutes deux faisant partie de la république de Maurice. Les Mascareignes sont traditionnellement rattachées au continent africain.
24
+
25
+ La Réunion est une île volcanique née il y a quelque trois millions d'années[11] avec l'émergence du volcan du piton des Neiges qui est aujourd'hui, avec une altitude de 3 070,50 m, le sommet le plus élevé des Mascareignes et de l’océan Indien[12]. L'est de l'île est constitué par le piton de la Fournaise, un volcan bien plus récent (500 000 ans) qui est considéré comme l'un des plus actifs de la planète. La partie émergée de l'île ne représente qu’un faible pourcentage (environ 3 %) de la montagne sous-marine qui la forme.
26
+
27
+ En plus du volcanisme, le relief de l'île est rendu très accidenté par une érosion active. Le centre abrite ainsi trois vastes cirques creusés par l'érosion (Salazie, Mafate et Cilaos) et les pentes de l'île sont sillonnées par de nombreux cours d'eau creusant des ravines, estimées à au moins 600[13], généralement profondes et dont les torrents entaillent les flancs des montagnes jusqu'à plusieurs centaines de mètres de profondeur.
28
+
29
+ Le massif ancien du piton des Neiges est séparé du massif de la Fournaise par une trouée formée de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres, voie de passage entre l'Est et le Sud de l'île. En dehors des plaines, les espaces côtiers sont en général les régions les plus plates notamment au nord et à l'ouest de l'île. Le littoral du Sud sauvage est cependant plus abrupt.
30
+
31
+ Entre la frange littorale et les Hauts, s’étend une zone transitoire pentue dont la dénivellation varie considérablement avant d'arriver sur les lignes de crêtes sertissant les cirques ou l'Enclos, la caldeira du piton de la Fournaise.
32
+
33
+ Le sommet du piton de la Fournaise au repos.
34
+
35
+ La coulée de 2005 du piton de la Fournaise.
36
+
37
+ Relief inaccessible de Mafate à Marla.
38
+
39
+ La plaine des Cafres.
40
+
41
+ La plage de l'Ermitage dans l'Ouest de l'île.
42
+
43
+ Urbanisation des pentes à Saint-Denis.
44
+
45
+ Le piton des Neiges, volcan bouclier et point culminant de La Réunion. Inactif depuis plus de 12 000 ans, il est à l’origine de la formation de l'île.
46
+
47
+ La Réunion se caractérise par un climat de type tropical humide tempéré par l'influence océanique des vents d'alizés soufflant d'est en ouest. Le climat réunionnais se distingue par sa grande variabilité particulièrement en raison de l'imposant relief de l'île qui est à l'origine de nombreux microclimats. De ce fait, on relève de fortes disparités, d'une part de précipitation entre la côte au vent à l'est et la côte sous le vent à l'ouest, et d'autre part de température entre les zones côtières plus chaudes et les zones d'altitudes relativement fraîches.
48
+
49
+ Il existe deux saisons marquées à La Réunion, qui se définissent par le régime des précipitations :
50
+
51
+ La Pointe des Trois Bassins, située sur le littoral de la commune de Trois-Bassins (Ouest), est la station la plus sèche avec une hauteur annuelle normale de précipitations de 447,7 mm, tandis que Le Baril à Saint-Philippe (Sud-Est) est la station côtière la plus arrosée avec une hauteur normale annuelle de 4 256,2 mm[14]. Cependant, le poste le plus arrosé est celui des hauts de Sainte-Rose avec une moyenne annuelle de précipitation atteignant près de 11 000 mm, ce qui en fait l'un des endroits les plus pluvieux du monde.
52
+
53
+ Les températures à La Réunion se caractérisent par leur grande douceur tout au long de l'année. En effet l'amplitude thermique d'une saison à l'autre est relativement faible (ne dépassant rarement 10 °C) bien que sensible :
54
+
55
+ Dans les bourgs de montagne, comme à Cilaos ou à La Plaine-des-Palmistes, les températures moyennes oscillent entre 12 °C et 22 °C. Les zones d'habitat les plus élevées et les espaces naturels d'altitude peuvent connaître quelques gelées hivernales. De la neige a même été observée sur le piton des Neiges ainsi que le Piton de la Fournaise en 2003[16] et 2006[17].
56
+
57
+ Alors qu'un nombre croissant d'îles (dont « non-souveraines ») se sentent dans le monde concernées par les effets du changement climatique, la Réunion a été choisie (avec Gran Canaria en Espagne) comme exemple pour une étude de cas de territoire ultraeuropéen périphérique concerné [18], pour une étude sur l'adéquation des outils de planification urbaine et régionale aux besoins et aux caractéristiques de ces îles (dont en fonction de l'utilisation des sols et de la densité démographique et du cadre réglementaire). Ce travail a confirmé que les pressions d'utilisation des sols urbains et périurbains y sont élevées, et que les stratégies d'adaptation sont incomplètement intégrées dans la planification de l'utilisation des sols. Selon l'Institute of Island Studies, il y a dysfonctionnement : « les outils de planification insulaire ne prennent généralement pas en compte l'adaptation au changement climatique et une gestion excessive descendante est observée dans le processus de prise de décision » [18].
58
+
59
+ La Réunion est située dans le bassin de formation des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de l'océan Indien : durant la saison cyclonique, qui s'étend officiellement de novembre à avril, l'île peut être frappée par des cyclones dont les vents dépassent les 200 km/h et apportent des précipitations diluviennes. Le CMRS (Centre météorologique régional spécialisé) de La Réunion est habilité par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) depuis 1993, à surveiller de manière permanente l'activité cyclonique tropicale sur tout le bassin sud-ouest de l'océan Indien. 15 pays membres de la zone sont ainsi placés sous sa responsabilité.
60
+
61
+ 220 km/h à la plaine des Cafres ;
62
+
63
+ 187 km/h à Gillot
64
+
65
+ 162 km/h à la Petite France
66
+
67
+ L’île de La Réunion possède une faune et une flore variées, bien que localement menacée par des espèces introduites devenues invasives. Contrairement à la Guyane, on n’y trouve aucun grand mammifère sauvage (jaguar ou autres fauves par exemple). En revanche, de nombreuses espèces endémiques y sont répertoriées. Souvent menacées, comme leur habitat par la périurbanisation[22], elles font l’objet de plans de sauvegarde.
68
+
69
+ Net-Biome[23] est un projet coordonné par la région Réunion et aidé par la Commission européenne pour mettre en réseau (à partir de 2008) les politiques publiques de recherche dans le domaine de la restauration et gestion durable de la biodiversité tropicale et subtropicale dans les 7 régions ultrapériphériques et la quasi-totalité des pays et territoires d’outre-mer de l’UE. Il s'appuiera notamment sur :
70
+
71
+ En 2009, une liste des espèces menacées a été établie dans le cadre d'une mission pilotée par l'Union internationale pour la conservation de la nature, le muséum national d'histoire naturelle et en partenariat avec la direction régionale de l'Environnement[24].
72
+
73
+ Avec la création de son parc national, l'île a été nommée au Patrimoine mondial de l'UNESCO pour ses « Pitons, cirques et remparts » le lundi 2 août 2010[25].
74
+
75
+ La flore tropicale et insulaire de l'île de La Réunion se caractérise par sa diversité, un taux d’endémisme très élevé et une structure bien spécifique. La flore réunionnaise compte une grande diversité de milieux naturels et d’espèces (jusqu’à 40 espèces d'arbres/ha, par comparaison à une forêt tempérée qui en compte en moyenne 5/ha). Cette diversité est d’autant plus remarquable, mais fragile, qu’elle est différente en fonction des milieux (littoral, basse, moyenne et haute montagne).
76
+
77
+ On recense à La Réunion un taux d’espèces endémiques très élevé, avec plus de 850 plantes indigènes (arrivées naturellement et présentes avant l’arrivée de l’Homme), dont 232 espèces endémiques de La Réunion (seulement présentes sur l’île), ainsi que de nombreuses espèces endémiques à l’archipel des Mascareignes. La flore réunionnaise se distingue enfin des forêts tropicales équatoriales par une faible hauteur et densité de la canopée, sans doute par adaptation aux cyclones, et une végétation bien spécifique, notamment une forte présence de plantes épiphytes (qui poussent sur d’autres plantes), comme les Orchidaceæ, les Bromeliaceæ, les Cactaceæ, mais aussi les fougères, les lichens et les mousses[26].
78
+
79
+ La faune remarquable de La Réunion[27] se concentre autour des oiseaux, des insectes ou des reptiles, qui comptent de nombreuses espèces endémiques, mais l'île n'accueille pas de grand mammifère et ne compte pas d'animal dangereux sur terre. La faune qui compte le plus d’espèces endémiques est celle des oiseaux, dont certaines espèces sont fortement menacées à l'image du Tuit-tuit, du Pétrel de Barau ou encore du Papangue, et aussi celle des insectes, notamment coléoptères et papillons, encore assez mal connus. Certains animaux, pas nécessairement endémiques, sont aussi devenus des symboles de l’île, à l’image du Paille-en-queue[28] ou de l’Endormi[29]. La Réunion compte assez peu de mammifères, et une seule espèce endémique, le Ti Moloss qui est une micro-chauve-souris (microchiroptères)[30].
80
+
81
+ La Réunion jouit d'une biodiversité et d'une faune marine très importante, que ce soit dans les récifs et les lagons, mais aussi avec les poissons et les habitants du grand large. On dénombre plus de 1 200 espèces de poissons qui évoluent dans les lagons, les tombants et les grands fonds des eaux réunionnaises[31].
82
+
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+ La réserve naturelle de Saint-Philippe Mare-Longue est l’une des dernières forêts primaires mégathermes hygrophiles de basse altitude de l’archipel des Mascareignes[32]. La Réunion contient beaucoup d'espèces endémiques tel le tuit-tuit.
84
+
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+ Comme l'île est relativement jeune (3 millions d'années[11]), les formations coralliennes (âgées de 8 000 ans[33]) sont encore peu développées et occupent une surface faible comparativement à des îles plus anciennes, se présentant pour la plupart sous la forme de récifs frangeants[11],[33].
86
+
87
+ Ces formations délimitent des « lagons » (il s'agit plus précisément de « dépressions d'arrière-récif »[11],[33]) peu profonds dont le plus grand ne dépasse pas 200 m de large, pour 1 à 2 m de fond environ[34]. Ces lagons, qui forment une ceinture récifale discontinue de 25 km de long (soit 12 % du littoral de l'île) pour une surface totale de 12 km2[11],[33], sont situés sur la côte ouest et sud-ouest de l’île. Les plus importants sont ceux de L’Ermitage (St.-Gilles), St.-Leu, L'Étang-Salé et St.-Pierre.
88
+
89
+ Malgré la faible surface des récifs coralliens, la biodiversité marine de La Réunion est comparable aux autres îles du secteur, qui vaut à l'archipel des Mascareignes son inscription parmi les dix principaux « hot spots » de biodiversité mondiale[35]. Les récifs coralliens de La Réunion, aussi bien au niveau des platiers que des barrières, sont principalement dominés par des espèces de corail branchu à croissance rapide du genre Acropora (famille des Acroporidæ), qui permettent d'héberger et de nourrir de très nombreuses espèces tropicales.
90
+
91
+ Les recherches scientifiques récentes font état à La Réunion de plus de 190 espèces de coraux[35], plus de 1 300 espèces de mollusques[36], plus de 500 espèces de crustacés[37], plus de 130 espèces d'échinodermes[35] et plus de 1 000 espèces de poissons[38].
92
+
93
+ Les eaux plus profondes de La Réunion accueillent des dauphins, orques, baleines à bosse, baleines bleues et les espèces de requins sont variées ; parmi celles-ci : le requin baleine, le requin corail, le requin bouledogue, le requin tigre, le requin à pointes noires et le requin blanc. Plusieurs espèces de tortues marines y vivent et s'y reproduisent.
94
+
95
+ Tortue verte immature (Chelonia mydas).
96
+
97
+ Raie aigle (Myliobatis aquila), survolant le corail.
98
+
99
+ Idole des Maures (Zanclus cornutus).
100
+
101
+ Deux poissons-papillon à trois bandes (Chætodon trifasciatus).
102
+
103
+ Un baliste Picasso (Rhinecanthus aculeatus).
104
+
105
+ « Cordon mauresque » (Synapta maculata).
106
+
107
+ Parmi les écosystèmes côtiers, les récifs coralliens comptent parmi les plus riches en matière de biodiversité, mais ils sont aussi les plus fragiles[39].
108
+
109
+ Près d’un tiers des espèces de poissons était déjà considéré comme menacé ou vulnérable en 2009[38], avec un corail en dégradation en plusieurs endroits. Les causes de cet état de fait sont la pollution, la surpêche et le braconnage ainsi que la pression anthropique, notamment liée à la densification de l’urbanisation des zones côtières et au rejet des eaux usées[38].
110
+
111
+ 104 espèces vivant sur l'île de La Réunion étaient inscrites sur la liste rouge éditée par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au 12 septembre 2008. Elles étaient 51 en 2007[40].
112
+
113
+ Sur cette liste on trouvait :
114
+
115
+ Le caractère insulaire de La Réunion la rend vulnérable au dérèglement climatique et implique une stratégie d'adaptation, à laquelle une trame verte et bleue peut contribuer[41].
116
+
117
+ Il est possible que les explorateurs austronésiens qui sillonnaient l'océan Indien depuis l'Indonésie jusqu'à Madagascar et l'Afrique bien des siècles avant J.-C., aient repéré les îles des Mascareignes et donc l'île de La Réunion[42]. Plus tard, au Xe siècle apr. J.-C., des navigateurs arabes découvrent l'île de La Réunion et la nomment « Dîna morgabin »[2].
118
+
119
+ L’île semblait totalement inhabitée lors de l'arrivée des navires portugais du XVIe siècle en route vers les Indes[2].
120
+
121
+ Un navigateur portugais, Diogo Dias, y aurait débarqué en juillet 1500. Un autre navigateur portugais, Pedro de Mascarenhas y débarque le 9 février 1512[43] ou 1513[44], jour de la Sainte-Apolline, alors qu’il est sur la route de Goa. L’île apparaît ensuite sur des cartes portugaises sous le nom de Santa Apolonia. Vers 1520, La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues sont appelées archipel des Mascareignes, du nom de Mascarenhas. Aujourd’hui, ces trois îles sont couramment appelées les Mascareignes.
122
+
123
+ Au début du XVIIe siècle, l’île est une escale sur la route des Indes pour les bateaux anglais et néerlandais. Le 23 mars 1613, l’amiral néerlandais Pierre-Guillaume Veruff, de retour de Java, fait escale à La Réunion. Un navigateur anglophone baptise par ailleurs l’île encore inhabitée England's forest.
124
+
125
+ Les Français y ont ensuite débarqué pour en prendre possession au nom du roi en 1642 et l’ont baptisée île Bourbon, du nom de la famille royale. En 1646, douze mutins chassés de Madagascar sont abandonnés à La Réunion.
126
+
127
+ C'est en 1665 qu'arrivent les vingt premiers colons de l'île de Bourbon. Cinq navires composaient l’escadre commandée par M. Véron : L’Aigle blanc, La Vierge, le Bon port, Le Saint-Paul et Le Taureau. Le navire amiral battait pavillon de la Compagnie des Indes orientales. La Loire charriait encore des glaçons quand la flotte quitta le quai de la Fosse à Nantes dans les premiers jours de février 1665. Prenant la direction des ports et des établissements de la côte de Malabar et du golfe de Bengale, elle arriva à l'île Bourbon le 9 juillet 1665. La traversée fut marquée par une tragédie, qui fit douze victimes, lors de l’escale au Cap-Vert le Jeudi saint, le 4 mars 1665. Le 11 avril suivant, ayant rendu à ses morts un dernier hommage, la flotte remit à la voile. « Elle continua son voyage sans accident », note le chroniqueur Urbain Souchu de Rennefort.
128
+
129
+ Parmi les vingt colons venus de France, on note la présence d'Hervé Dannemont (devenu Dennemont), né le 17 décembre 1635 à Brix (Manche), fils de Jacques Dannemont, maître verrier, et de Marie Lecarpentier. Il a épousé vers 1668 à Saint-Paul, Léonarde Pillé, originaire de Granville. Hervé Dennemont serait décédé le 16 novembre 1678. Les Dannemont de Normandie sont représentés, aujourd'hui, par une trentaine de familles sur l'île de La Réunion. On les trouve également à l'île Maurice mais aussi à Madagascar. En Normandie, la famille s'est éteinte au XVIIIe siècle, le nom ayant muté en Dalmont (sa descendance est bien connue grâce à Camille Ricquebourg, auteur du Dictionnaire généalogique des familles de Bourbon).
130
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+ Françoise Chatelain de Cressy est arrivée pendant cette période et est à l’origine de plusieurs familles connues de Bourbon.
132
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+ À partir de 1715, l’île connaît un important essor économique avec le développement de la culture et de l’exportation du café. Cette culture a été à l’origine du développement considérable de l’esclavage dans la colonie. Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, gouverneur de l’île de 1735 à 1745, a apporté une dimension stratégique au développement de l’île, devenue pourvoyeuse en vivres de l'Isle de France (aujourd’hui île Maurice) et de la flotte française engagée dans la guerre franco-anglaise des Indes. Citons également le rôle de l’intendant Pierre Poivre, qui a considérablement enrichi la flore locale et diversifié les ressources agricoles par l'introduction de très nombreuses espèces tropicales, et notamment le girofle et la noix de muscade dont le commerce fut florissant au XVIIIe et début du XIXe siècle.
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+ Le 19 mars 1793, pendant la Révolution, son nom devient « île de La Réunion »[45] en hommage à la réunion des fédérés de Marseille et des gardes nationaux parisiens, lors de la marche sur le palais des Tuileries, la journée du 10 août 1792, et pour effacer le nom de la dynastie des Bourbons[46]. Le 26 septembre 1806, l’île prend le nom de Bonaparte et se retrouve en première ligne dans le conflit franco-anglais pour le contrôle de l’océan Indien.
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+ L'abolition de l'esclavage votée par la Convention nationale le 4 février 1794 se heurte au refus de son application par La Réunion, comme par l'Isle de France (île Maurice). Une délégation accompagnée de forces militaires, chargée d'imposer la libération des esclaves, arrive à l'Île de Bourbon le 18 juin 1796 pour se voir aussitôt expulsée sans ménagements. Il s'ensuit une période de troubles et de contestations du pouvoir de la métropole qui n'a plus aucune autorité sur les deux îles. Le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, y maintient l’esclavage qui n’a jamais été aboli dans la pratique, avec la loi du 20 mai 1802.
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+ Pendant les guerres napoléoniennes, lors de la campagne de Maurice, le gouverneur de l'île, le général Sainte-Suzanne, est contraint de capituler le 9 juillet 1810. L’île passe alors sous domination britannique, puis est rétrocédée aux Français lors du traité de Paris en 1814.
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+ Après les catastrophes climatiques de 1806-1807 (cyclones, inondations), la culture du café décline rapidement et est substituée à la culture de la canne à sucre, dont la demande métropolitaine augmente, du fait de la perte par la France, de Saint-Domingue, et bientôt de l'île de France (île Maurice). Du fait de son cycle de croissance, la canne à sucre est en effet insensible à l’effet des cyclones. Survenue en 1841, la découverte d’Edmond Albius sur la pollinisation manuelle des fleurs de la vanille permet bientôt à l’île de devenir le premier producteur mondial de vanille. Essor également de la culture du géranium dont l’essence est très utilisée en parfumerie.
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+ De 1838 à 1841, le contre-amiral Anne Chrétien Louis de Hell est gouverneur de l’île. Un changement profond de la société et des mentalité liés aux événements des dix dernières années conduit le gouverneur à saisir le Conseil colonial de trois projets d’émancipation.
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+ Le 20 décembre 1848, l’abolition de l'esclavage est finalement proclamée par Sarda Garriga (le 20 décembre est un jour férié à La Réunion). Louis Henri Hubert Delisle devient son premier gouverneur créole le 8 août 1852 et reste à ce poste jusqu’au 8 janvier 1858. L’Europe a de plus en plus recours à la betterave pour satisfaire ses besoins en sucre. Malgré la politique d’aménagement des autorités locales et le recours à l’engagisme, la crise économique couve et devient patente à compter des années 1870. Par la suite, le percement du canal de Suez conduit le trafic marchand à s’éloigner de l’île. Cette dépression économique n’empêche toutefois pas la modernisation de l���île, avec le développement du réseau routier, la création du chemin de fer, la réalisation du port artificiel de la pointe des Galets. Ces grands chantiers offrent une alternative bienvenue aux travailleurs agricoles.
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+ La seconde moitié du XIXe siècle voit la population réunionnaise évoluer, par l’arrivée massive d’engagés indiens dont une partie s’installe définitivement dans l’île, et par la libération de l’immigration en 1862. De nombreux Chinois et musulmans indiens s’installent alors, et forment deux importantes communautés qui participent à la diversification ethnique et culturelle. À partir de la fin du XIXe siècle, les sources d’engagements se tarissent peu à peu. Nombre de propriétaires terriens louent alors leurs terres (pratique du colonage), d’où l’émergence d’une population de travailleurs agricoles indépendants. La production de café est détruite à 75 % en deux décennies, entre 1880 et 1900, à cause de la propagation d'une maladie venue de Ceylan et des colonies anglaises et néerlandaises[47].
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+ La participation de La Réunion à la Première Guerre mondiale se traduit par l’envoi de nombreux Réunionnais aux combats dans la métropole et sur le front grec. 14 000 Réunionnais sont mobilisés au front. L’aviateur Roland Garros, natif de La Réunion, se couvre de gloire et meurt en plein ciel en 1918. L’amiral Lucien Lacaze est nommé ministre de la Marine puis ministre de la Guerre de 1915 à 1917. La guerre a des conséquences économiques favorables pour La Réunion : la production de sucre augmente fortement et les cours grimpent, la métropole étant privée de ses terres betteravières, théâtre des combats. Environ 80 % des Créoles souhaitant s'engager sont cependant déclarés inaptes au service militaire, on parle à ce sujet de « faillite de la race » dans la presse, mais il est probable que les intérêts économiques des planteurs locaux aient joué le rôle principal dans cet état de fait[48]. Les Réunionnais rescapés ont été atteints à leur retour par la grippe espagnole qui a frappé la Réunion à partir de mars 1919 durant 3 mois. La grippe espagnole a été ramenée par les Poilus réunionnais avec le navire Madonna. L'épidémie semble s'être répandue sur l'ensemble de la population et a réduit l’espérance de vie à moins de 40 ans. Alors que l’île était déjà en pleine crise économique depuis la fin du XIXe siècle, les quartiers défavorisés ont été touchés et appauvris. Les estimations font état d’au moins 2 000 décès dans la capitale Saint-Denis pour une population de 25 000 habitants et de 7 000 à 20 000 morts sur les 175 000 personnes qui vivent sur l'île. On constate alors plus de décès que les 1300 Poilus réunionnais tombés au champ d’honneur [49],[50].
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+ Pendant l’entre-deux-guerres, la modernisation se poursuit : l’électricité apparaît dans les foyers aisés, et assure l’éclairage public de Saint-Denis. Le télégraphe (1923) et la radio (1926) mettent les Réunionnais en contact avec le monde. En 1939, 1 500 foyers privilégiés sont abonnés au téléphone. On voit apparaître automobiles et avions. L’industrie sucrière se concentre et les sociétés anonymes se substituent aux exploitants individuels de sucreries. Ces progrès profitent essentiellement aux foyers de propriétaires terriens, d’industriels, de cadres, de gros commerçants, et la masse de la population demeure pauvre. Autre évolution importante de l’entre-deux-guerres : la mortalité baisse et la natalité, très forte, augmente, d’où une croissance exponentielle de la population, croissance qui se poursuit de nos jours.
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+ La Seconde Guerre mondiale[51] est une épreuve très dure : bien que La Réunion soit épargnée par les combats, elle souffre terriblement de l’arrêt quasi total de ses approvisionnements. Le 28 novembre 1942, un débarquement des Forces françaises libres a lieu sur l'île : l'administration locale fidèle au gouvernement de Vichy est renversée, le territoire passant sous contrôle de la France libre[52].
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+ Le 19 mars 1946, La Réunion devient un département d’outre-mer français puis, en 1997, l’une des sept régions ultrapériphériques de l’Union européenne.
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+ À la départementalisation, La Réunion est en ruines. Mais la métropole est amenée à consentir de gros efforts pour la reconstruction de l’économie et le progrès social. L’instruction obligatoire constitue un progrès décisif. La mise en place, avec un léger décalage, du système de sécurité sociale hexagonal apporte un mieux être considérable. Au début des années cinquante, le paludisme, fléau sanitaire majeur depuis un siècle, est éradiqué. Le nombre de lits d’hôpital triple en dix ans. Il s’ensuit une amélioration importante de la santé publique, une chute considérable de la mortalité et une augmentation galopante de la population, la natalité culminant à un niveau record proche de 50 pour mille. Dès la fin de la guerre, des liaisons aériennes régulières mettent La Réunion à trois journées seulement de la métropole. Autre conséquence de la départementalisation : une augmentation considérable du nombre de fonctionnaires, bien rémunérés, qui génèrent un flux commercial nouveau provoquant l’émergence d’une classe moyenne vivant du commerce, d’activités libérales et de fonctions d’encadrement. L’élection de Michel Debré à la députation, en 1962, apporte un atout considérable au développement, du fait de la dimension du personnage et de son poids politique en métropole.
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+ Dans les années 1970 et 80, La Réunion accède vraiment à la modernité. Une université apparaît et se développe, ainsi que l’enseignement technique. La télévision supplante la radio. Les commerçants abandonnent leurs « boutiques chinois » et « bazar zarabs » pour créer supérettes et supermarchés. Le tourisme commence à se développer. Le réseau routier se densifie et se modernise, mais le parc automobile évolue plus rapidement encore. L’habitat s’améliore, et la construction de logements, dopée par des avantages fiscaux spécifiques aux DOM, est très active. L’économie change. Dans l’agriculture, les cultures maraîchères et fruitières, l’élevage se développent pour satisfaire les besoins d’une population qui augmente et consomme. La canne à sucre, toutefois, maintient son rang de première production agricole. Le BTP se porte bien. Mais c’est désormais le secteur tertiaire qui tire l’économie : commerce, services, et, de plus en plus, tourisme. Aujourd’hui, le tourisme est la première activité de l’île, avec la construction.
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+ La Réunion est un territoire français d'outre-mer régi par l'article 73 de la Constitution en vertu duquel les lois et règlements sont applicables de plein droit tout comme en métropole[53].
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+ La Réunion forme ainsi un DROM — département et région d'outre-mer — doté d'un conseil régional et d'un conseil départemental. Ces collectivités territoriales disposent globalement des mêmes compétences que les départements et régions de métropole bien que des adaptations existent. L'article 73 de la Constitution laisse la possibilité de substituer à la région et au département une collectivité territoriale unique, mais à l'inverse de la Guyane ou de la Martinique, aucun projet en ce sens n'existe actuellement.
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+ À l'inverse des autres DROM, La Réunion est explicitement exclue par la Constitution de la possibilité de recevoir du Parlement une habilitation à fixer elle-même certaines règles relevant de la loi ou issues de l'exécutif national[53].
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+ L'État est représenté à La Réunion par un préfet. Le territoire est divisé en quatre arrondissements (Saint-Benoît, Saint-Denis, Saint-Paul, Saint-Pierre).
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+ La Réunion compte 24 communes organisées en 5 communautés d'agglomération.
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+ Du point de vue de l'Union européenne, La Réunion constitue une région ultra-périphérique.
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+ Le positionnement de l'île de la Réunion lui a conféré un rôle stratégique d'importance variable selon les époques.
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+ La Réunion est déjà à l'époque de la Route des Indes une position française située entre Le Cap et les comptoirs d'Inde, bien qu'éloignée du Canal du Mozambique. L'île Bourbon (son appellation sous l'Ancien Régime) n'est pourtant pas la position préférée pour le commerce et l'armée. En effet, le gouverneur Labourdonnais affirme alors que l'Isle de France (l'île Maurice) est une terre d'avenir, grâce à sa topographie peu contraignante et à la présence de deux ports naturels. Il considère que Bourbon a plutôt pour vocation d'être un entrepôt ou une base de secours pour l'Isle de France[54]. L'ouverture du Canal de Suez détourne une grande partie du trafic maritime du sud de l'Océan Indien et réduit l'importance stratégique de l'île. Ce déclin est confirmé par l'importance accordée à Madagascar, bientôt colonisée[55].
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+ Depuis les années 2000, un sous-ensemble géopolitique tend à s'esquisser sous l’appellation Sud-Ouest de l'océan Indien.
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+ De nos jours l'île, qui est le siège d'une zone de défense et de sécurité, abrite l'état major des Forces armées de la zone sud de l'océan Indien (FAZSOI), qui regroupe les unités de l'Armée française stationnées à La Réunion et à Mayotte.
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+ L’île de La Réunion permet à la France d'être membre de la Commission de l'océan Indien.
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+ La Réunion est également une base accueillant les infrastructures du Frenchelon et de l’ensemble mobile écoute et recherche automatique des émissions.
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+ Enfin, elle accueille à Saint-Pierre le siège des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf).
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+ Les partis politiques réunionnais sont à peu de chose près les filiales ou les homologues de ceux de métropole. Le Parti communiste réunionnais a néanmoins quelques revendications autonomistes ; on trouve le même reflet pour les organisations syndicales. La vie politique, comme les mouvements revendicatifs, est étroitement déterminée par les échéances, les mesures gouvernementales et les mobilisations de la métropole.
188
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+ En 2017, la région comptait 853 659 habitants[Note 1], en augmentation de 2,36 % par rapport à 2012 (France hors Mayotte : +2,36 %).
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+ Jusqu'au début du XXe siècle, la croissance de la population réunionnaise est modérée, voire faible à certaines périodes. Les conditions de vie difficiles et les épidémies de paludisme, choléra, peste entre autres, ne sont pas étrangères à ce constat. C'est véritablement au lendemain de la départementalisation que la croissance démographique explose : la population triple en l'espace de 50 ans, pour atteindre officiellement près de 843 000 habitants en 2014. Selon certaines projections, l'île devrait franchir la barre du million d'habitants à l'horizon 2030.
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+ Les trois principales unités urbaines du département sont celles de Saint-Denis (177 684 habitants en 2014), de Saint-Paul (172 548 habitants) et de Saint-Pierre (165 013 habitants).
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+ La population de La Réunion est composée de populations issues de Madagascar, de l’Est de l’Afrique continentale (les Cafres), de l'Ouest et du Sud-Est de l’Inde, le Gujarat (les Zarabes) et le Tamil Nadu (les Malbars) ainsi que du Sud de la Chine notamment de Canton (les Chinois) et d’Europe (les Yabs). Aujourd'hui, la population de l'île est particulièrement métissée.
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+
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+ Les premiers colons, au XVIIe siècle, sont des Européens, essentiellement des Français, accompagnés parfois d’épouses malgaches et de serviteurs du même pays. À partir de l’essor de la culture du café (1718), le recours à l’esclavage s’intensifie et draine vers l’île Bourbon des flux considérables d’asservis venus essentiellement de Madagascar et d’Afrique orientale, mais également d’Inde, de Malaisie… Les esclaves constituent les trois quarts de la population à la fin du XVIIIe siècle (37 000 esclaves en 1789[58]). Au début du XIXe siècle, l’esclavage est contesté, tant du point de vue moral que du point de vue de l’efficacité économique, et il apparaît un faible courant d’immigration d’engagés (travailleurs « libres » qui s’engagent à travailler un certain nombre d’années chez un maître).
198
+
199
+ Après l’abolition de l'esclavage, en décembre 1848, les exploitants se tournent vers l’engagement, qui apporte un flux important de travailleurs venus d’Inde (essentiellement de la côte de Coromandel, précisément du Tamil Nadu, au sud-est du sous-continent, et non de la côte de Malabar, au sud-ouest d’où l’on a tiré par erreur l’appellation locale « malbars » désignant ce groupe ethnique), de Madagascar, d’Asie du Sud-Est, de Chine… En outre, la fin du XIXe siècle voit arriver de la province de Guangdong des paysans cantonais qui, fuyant la pauvreté et plus tard les bombardements japonais, œuvrent d’abord dans l’agriculture avant de s’installer dans le commerce de détail. Du métissage de ces communautés émerge une culture créole.
200
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201
+ La période esclavagiste a constitué une époque de racisme exacerbé et d’antagonisme entre les communautés. Les préjugés raciaux sont restés vivaces jusqu’après la Deuxième Guerre mondiale. La population réunionnaise s’est alors rapidement transformée, avec la généralisation de l’éducation, la démocratisation résultant de la départementalisation, le progrès économique qui profitait aux membres des diverses communautés en faisant émerger de nouveaux secteurs d’activité, ce qui changeait complètement l’échelle sociale. Un métissage accru fait que l’on distingue de moins en moins les ethnies. Les préjugés raciaux auraient ainsi pratiquement disparu. Si La Réunion constitue un modèle pour l’harmonie ethnique, les disparités demeurent fortes au plan des revenus, de la formation, des patrimoines. Si les travailleurs indépendants et les salariés disposent de revenus corrects, voire confortables, la masse des chômeurs (30 %, et 50 % chez les jeunes), des RMIstes (plus de 67 000, 8,5 % de la population) constitue le problème majeur auquel est confronté l’île. L’émigration, bien qu’active, ne peut à elle seule résoudre le problème. La croissance économique forte n’a qu’un effet limité sur la baisse du chômage.
202
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203
+ Daniel Vaxelaire, journaliste, historien, écrivain, auteur de différents ouvrages sur La Réunion, explique, dans son Histoire de La Réunion des origines à 1848, que le métissage est l’un des traits caractéristiques de l’île, dès l’arrivée des premiers colons. Ceux-ci ont en effet épousé peu après leur installation dans l’île, des femmes venues de Madagascar et des métisses indo-portugaises, avec lesquelles ils ont conçu les premiers enfants nés à La Réunion. Ainsi donc, les premiers enfants nés sur cette île verte et inhabitée étaient déjà métis.
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205
+ Le 20 décembre 1848, date de l'abolition de l'esclavage à La Réunion, une date fériée depuis 1981, est commémorée localement sous l’appellation de fête caf' (« fête des cafres »).
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207
+ La langue de l'administration, de l'enseignement et de la presse écrite et orale est le français, mais environ 90 % de la population réunionnaise parle le créole réunionnais[59] qui est une langue vernaculaire structurée sur le français dominant et née des concessions langagières des divers peuples migrants pour se comprendre. Cependant une partie de la population ne parle que le créole réunionnais[60].
208
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209
+ Le passage du créole au français s'est fait au cours des siècles. Selon l'auteur Annegret Bollée[61], on suppose que « le créole de La Réunion s'est développé graduellement dans la société de plantation constituée après l'introduction de la culture du café à Bourbon (à partir de 1720 environ) ».
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211
+ Bénéficiant aujourd'hui de plus de reconnaissance, le créole réunionnais peut être enseigné dans les établissements scolaires du secondaire depuis 2001 dans le cadre de l'option « Langue et culture régionales »[62].
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213
+ Étant donné la présence de différentes ethnies au sein de la population réunionnaise, d'autres langues sont présentes sur l'île comme le hakka, le cantonais, le gujarati, l'ourdou, l'arabe, le tamoul, le malgache, le mahorais et le comorien[63].
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215
+ Du fait des différentes origines de la population réunionnaise, les principales religions pratiquées dans l’île sont le christianisme (85 %, essentiellement catholique romain, mais aussi protestant), l’hindouisme (7 %, tamouls), l’islam (2 %, majoritairement sunnite) et le judaïsme, la communauté chinoise vénérant pour sa part le héros guerrier devenu dieu, Guan Di.
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217
+ Diverses manifestations spirituelles jalonnent aujourd’hui l’année civile, Pâques, Dipavali, Noël, Ramadan, Pandialé, Carême, commémorations sacrificielles du mouton et du cabri.
218
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+ Le premier Lycée privé sous contrat de confession musulmane de France est situé sur l'île, à Saint-Denis (La Réunion). L' École Medersa Tarlimoul Islam est sous contrat d’association depuis 1990[64].
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+ Les deux principales infrastructures du Centre hospitalier universitaire de La Réunion sont implantées à Saint-Denis et sur le site de Saint-Pierre[65]. Il existe à Saint-Denis un établissement privé, la clinique Sainte-Clotilde. Ces structures prennent en charge la plupart des pathologies et opérations dans de nombreux services. Seul certains gestes ultraspécialisés demandent un agissement sur la métropole. Des dispensaires existent dans d'autres localités plus petites (La Plaine-des-Palmistes, Cilaos...). Pour les écarts et lieux reculés, les médecins de campagne se déplacent en voiture pour les consultations, voire à pied pour le cirque de Mafate, dépourvu de routes[66].
222
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223
+ Parallèlement, de nombreux médecins généralistes sont répartis à travers l'île, les spécialistes se concentrant dans les grandes villes. Un important service d'urgence existe, autant à destination de la population que des centaines de milliers de touristes[67] abordant annuellement les sentiers de randonnées coupés du monde[68].
224
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225
+ La Réunion possède une académie qui lui est propre, dont le recteur est Velayoudom Marimoutou[69] depuis 2016. Le rectorat est situé dans le chef-lieu, dans le quartier du Moufia à Saint-Denis. À la rentrée 2012, l'Île compte 522 écoles maternelles et/ou primaires dont 26 privées pour 120 230 élèves dans le premier degré, 82 collèges dont six privés pour 61 300 élèves, 32 lycées d'enseignement général et technologique dont trois privés pour 23 650 élèves et 15 lycées professionnels dont deux privés pour 16 200 élèves.
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+
227
+ Les zones d'éducation prioritaires touchent à La Réunion un peu plus de la moitié des élèves du premier et second degré[70].
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+ Les résultats du baccalauréat sont relativement proches de la moyenne nationale avec un taux de 81,4 % en 2012 contre 82,4 en 2011 (respectivement : 84,5 % et 85,6 % en moyenne nationale).
230
+
231
+ Dans l'enseignement supérieur, l'université de La Réunion accueille 11 600 étudiants se répartissant sur les différents sites notamment de Saint-Denis et du Tampon. 5 800 autres étudiants se répartissent sur les filières post-bac de lycée et autres enseignements supérieurs[71].
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233
+ L'Île de La Réunion permet grâce à des conditions climatiques favorables et de nombreuses infrastructures, la pratique de différents sports. Les activités d’eau et de montagne sont très présentes sur l’île. Le nombre de licenciés est d’environ 150 000 pratiquants[72] pour plus d’une soixantaine de disciplines sans compter les non-licenciés.
234
+
235
+ Nombreuses sont ces activités dans une île qui bénéficie d'un climat clément et à la fois de la mer et de la montagne. Certaines d'entre elles bénéficient d'un article dans Wikipédia :
236
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+ Mais il faudrait aussi mentionner la course à pied Diagonale des Fous - Trail de Bourbon[74], notamment les courses de montagne dont la plus célèbre est le Grand Raid, le vélo tous terrains, la randonnée équestre, le canyoning et bien d'autres.
238
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239
+ Quatre titres composent la presse quotidienne régionale : le Journal de l'île, Le Quotidien de La Réunion, Visu et Témoignages, édition du Parti communiste réunionnais. L'essentiel de la presse magazine est constitué d'hebdomadaires spécialisés dans les programmes de télévision et de quelques périodiques consacrés à la vie des entreprises commerciales et industrielles.
240
+
241
+ Le PAR, paysage audiovisuel réunionnais, longtemps monopolisé par l'ORTF, auquel succèdent les chaînes publiques FR3 en 1975, puis RFO en 1982, est aujourd'hui représenté par trois chaînes de télévision hertziennes : Réunion 1re (chaîne publique), Antenne Réunion et Télé Kréol. Deux bouquets satellites sont proposés par Parabole Réunion et Canalsat Réunion.
242
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243
+ Le paysage radiophonique a vécu aussi une grande transformation à la suite de la libération des ondes voulue par le président socialiste François Mitterrand dès son élection en 1981 ; l'île compte plus de 45 radios privées qui émettent pour certaines d’entre elles sur l’ensemble de l’île et conquièrent leur auditoire en usant de l'interactivité.
244
+
245
+ En effet, Radio Freedom est une radio basée sur ses auditeurs. Le programme est constitué de l'intervention, en direct, de ses auditeurs, et ce, de 5 h à 0 h (plus en cas d'événements, cyclones…), en plus des journaux.
246
+ En 1991, lors de la suppression de Télé Freedom (créée par la même personne que Radio Freedom (Camille Sudre) par recours du CSA au préfet (Télé Freedom émettait clandestinement), des émeutes éclatèrent car c'était, à l'époque, le seul média et moyen d'expression libre, qui diffusait des films d'arts martiaux, des films pornographiques et le maloya[non pertinent].
247
+
248
+ Depuis novembre 2010, la télévision numérique terrestre permet de recevoir, en plus des chaînes locales, les chaînes de France Télévisions, Arte et France 24.
249
+
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+ Au 1er janvier 2008, La Réunion comptait 305 300 logements. Le parc réunionnais est composé à 91 % de résidences principales (propriétaires et locataires). 7 % des logements sont vacants (essentiellement dans les communes du Tampon, La Possession et Sainte-Clotilde), le reste étant constitué de résidences secondaires (l'Ouest et le Sud de l'île). Le parc réunionnais évolue cinq fois plus rapidement que celui de la France métropolitaine. L’ensemble de l’habitat traditionnel ne pèse plus que 17 % dans le parc de logements. En 1999, celui-ci était deux fois plus élevé. La majorité des résidences principales de l'île sont des maisons individuelles en dur (58 %). Néanmoins, depuis les lois sur la défiscalisation (1981), le nombre d'appartements a triplé en 25 ans. Le parc réunionnais augmente. Les logements des Réunionnais sont toutefois plus exigus que ceux de Métropole. Cependant, les logements sans confort sont en nette diminution constante. Toutefois, il reste encore des efforts à faire de ce côté, car même s'ils sont deux fois moins nombreux qu'en 1999, on comptabilisait en 2008, 42 000 logements ne disposant pas d'eau chaude[75]..
251
+
252
+ Le produit intérieur brut (PIB) de La Réunion s'établit en 2008 à 14,7 milliards d'euros[76] contre 13,74 milliards d'euros en 2007[77], soit une progression annuelle exprimée en monnaie constante d'environ 3,1 %.
253
+
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+ L'agriculture occupe 44 000 hectares de surface agricole utile. La Réunion produit principalement du sucre (premier producteur européen), mais aussi de la vanille bourbon. Cultivée sur l'île depuis le XIXe siècle, elle est l'une des rares à être encore produite de manière manuelle.
255
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256
+ La pêche à La Réunion est également un point important pour la production vivrière et la culture gastronomique. Elle est permise aussi par la ZEE dont bénéficie l'île.
257
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+ Les revenus du tourisme constituent la première ressource économique de La Réunion, devant ceux tirés de la production et de la transformation de la canne à sucre, à l’origine du développement de grands groupes réunionnais comme Quartier Français, Groupe Bourbon ex-Sucreries Bourbon, grande compagnie aujourd'hui internationale cotée en bourse mais basée depuis hors de l’île et ayant abandonné le secteur sucrier pour l'off-shore maritime. Avec la diminution des subventions, cette culture est menacée. Aussi, le développement de la pêche dans les Terres australes et antarctiques françaises apparaît comme la bienvenue.
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+
260
+ Le secteur tertiaire, notamment commercial, est de loin le plus développé, l’import-distribution ayant pris un essor notable au milieu des années 1980 au fil de contrats d’affiliation et de franchise avec des groupes métropolitains. L’arrivée de la distribution franchisée a transformé l’appareil commercial historiquement caractérisé par une dissémination géographique de petites unités de type épiceries ; les rares « boutiques chinois » encore en activité sont confinées dans les villages à mi-hauteur et, comme vestiges d’une époque révolue, ils ont plutôt un attrait touristique et pédagogique même s’ils gardent un rôle de dépannage.
261
+
262
+ Malgré un dynamisme économique certain, l’île ne parvient pas à résorber son important chômage, qui s’explique notamment par une croissance démographique très forte. De nombreux Réunionnais sont obligés d’émigrer en métropole pour leurs études ou pour trouver du travail.
263
+
264
+ Le département est fortement dépendant énergétiquement, avec un taux de dépendance énergétique qui dépasse les 85 %.
265
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+ Son objectif est de développer les énergies renouvelables pour devenir énergétiquement indépendant.
267
+
268
+ L'île de La Réunion connait un fort taux de chômage, surtout chez les jeunes adultes, qui sont le plus touchés[78]. 24 %, c'est le taux de chômage établi à La Réunion en 2018, soit une hausse de 2 points depuis 2016, indique l'Insee[79]. En 2018, le "halo" autour du chômage continue sa progression pour atteindre 12 % de la population[80].
269
+
270
+ À La Réunion, 149 000 personnes dont 83 000 chômeurs (selon la définition du Bureau International du Travail) sont sans emploi et souhaitent travailler. La situation de l'emploi continue donc de se dégrader[81].
271
+
272
+ La topographie montagneuse, le développement urbain, la concentration des activités humaines sur le littoral font du réseau routier un sujet de préoccupation constant pour le développement économique de l’île. À l’initiative du conseil régional et avec le concours de l’État et de l’Union européenne, un projet d’envergure a été lancé en 2003 pour un montant estimé à plus d'un milliard d’euros : la route des Tamarins, axe autoroutier transversal reliant à mi-hauteur le Nord au Sud pour définitivement sécuriser et désengorger la liaison nord-ouest du chef-lieu.
273
+
274
+ L’île de La Réunion comptait en 2004 près de 300 000 véhicules particuliers, soit environ une voiture pour deux habitants. Malgré l’importance du parc automobile, l’équipement des ménages reste sensiblement inférieur à celui de la France métropolitaine. On estime qu’à l’horizon 2020, le parc automobile à La Réunion pourrait atteindre environ 500 000 véhicules, pour un niveau d’équipement des ménages proche de celui de la France métropolitaine en 1999. La route des Tamarins, ouverte en 2009[82], permet un déplacement beaucoup plus rapide, notamment grâce à une voie plus large, au départ d'Étang-Salé jusqu'à Saint-Paul environ. Une nouvelle route du Littoral est actuellement en cours de construction entre La Possession et Saint-Denis.
275
+
276
+ Le principal port de l'île est situé sur le territoire communal du Port, dans le Nord-Ouest de l'île ; il est le seul port de France à cumuler les cinq fonctions de gare maritime, port de commerce, port de plaisance, port de pêche et base navale (3e base navale française après Toulon et Brest). Il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion.
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278
+ L’île de La Réunion dispose de deux aéroports internationaux :
279
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280
+ Le transport aérien fait appel aussi à l'hélicoptère et aux ULM pour desservir des lieux inaccessibles par la route et découvrir sans effort les trésors cachés de l’île de La Réunion, tels que le Trou de Fer, les pitons vus du ciel, les cirques de Mafate, Salazie et Cilaos.
281
+
282
+ L’île a vu naître de nombreux poètes, parmi lesquels Léon Dierx, Leconte de Lisle, Auguste Lacaussade, Évariste de Parny et Antoine Bertin. Elle a aussi inspiré Charles Baudelaire qui y a longuement séjourné, et dont de nombreux poèmes en portent les traces, comme dans « À une dame créole », « À une Malbaraise »[84]. Ce qui est sûr c’est que La Réunion compte un prix Goncourt en la personne ou plutôt en les personnes de Georges Athénas et d’Aimé Merlo, deux cousins critiques d’art et diplômés de la Sorbonne qui écrivaient à quatre mains sous le pseudonyme Marius et Ary Leblond : ils reçurent le célèbre prix en 1909 pour leur roman En France. L'aviateur Roland Garros est né à La Réunion, auteur de nombreux records et de la première traversée de la Méditerranée en 1913, héros de la Première Guerre mondiale mort au champ d'honneur et par ailleurs cycliste émérite ; l’aéroport international de l’île porte aujourd’hui son nom. L’île compte un autre héros de guerre en la personne de Juliette Dodu, qui, fait rare, reçut à la fois la légion d’honneur et la médaille militaire pour ses actes de courage en tant que télégraphiste ingénieuse pendant la guerre de 1870. La Réunion est également la terre natale de Raymond Barre, professeur d’économie politique et Premier ministre de la France de 1976 à 1981, mort le 25 août 2007 à Paris. Il fut aussi le maire de Lyon de 1995 à 2001.
283
+
284
+ Ajoutons à cette liste de célébrités les noms d’Ambroise Vollard (1866-1939), célèbre collectionneur et marchand de tableaux qui a fait beaucoup pour le succès des peintres impressionnistes et fauvistes, Jean d'Esme (1893-1966), journaliste, romancier et metteur en scène réalisateur de six grands films de 1925 à 1939, initiateur de la loi française sur la propriété littéraire et de la couverture sociale pour les écrivains, Blanche Pierson (1842-1919), une des plus grandes comédiennes de son temps et encore Joseph Bédier (1864-1938), médiéviste à qui l’on doit l’écriture moderne du Roman de Tristan et Yseult, l’amiral Lacaze (1860-1955), ministre de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale, François-Gédéon Bailly de Monthyon (1776-1850), général d’Empire, chef d’état-major de la Grande Armée de Napoléon…
285
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+ Parmi les personnalités contemporaines, Mémona Hintermann née Affejee, journaliste reporter à France 3, Manu Payet, comédien et humoriste, Valérie Bègue, Miss France 2008, Gérald De Palmas, chanteur, Laurence Roustandjee, présentatrice météo sur M6, viennent de La Réunion. Ainsi que la mannequin internationale et comédienne Noémie Lenoir, Sébastien Folin, animateur télé et radio, les chanteurs Tonton David, Faf Larage, Blacko (Sniper), Séverine Ferrer, animatrice télé et chanteuse. Côté sport, on peut ajouter Jérémy Morel, Dimitri Payet, Benoît Trémoulinas, Florent Sinama-Pongolle et Guillaume Hoarau, joueurs de foot qui sont d'origine réunionnaise, ainsi que Jackson Richardson et Daniel Narcisse, joueurs de handball ayant joué pour l'équipe de France de handball.
287
+
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+ Bande dessinées
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290
+ Théâtre, danse et cinéma
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+ L'image de l'île a été utilisée comme cadre, pour certains films, séries TV et clips musicaux :
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+ Films
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+
296
+ Séries télé
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+
298
+ Clips musicaux
299
+
300
+ Au rang des écrivains populaires, Henri MURAT "z'histoires longtemps ", 1992,Didier MURAT "l'îsle Bourbon sur la route des indes orientales ", 2016...
301
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302
+ D'un point de vue de la structure, la maison créole est dite symétrique[85]. En effet, faute d'architecte, les ouvriers traçaient une ligne sur le sol et construisaient de part et d'autre deux parties identiques, ce qui donnait des maisons de formes rectangulaires essentiellement. La varangue est un élément important de la maison. Il s'agit d'une terrasse extérieure construite sur l'avant de la maison, car elle permettait d'afficher ses richesses à la rue. Un jardin créole complète la maison. Il est composé de plantes locales, trouvées en forêt. On y retrouve généralement une serre aux orchidées, des anthuriums et différents types de fougères[86].
303
+
304
+ La Villa Déramond-Barre est une villa de modèle architecturale créole d'un grand intérêt patrimonial[87].
305
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306
+ Toujours accompagnés de riz, les plats les plus communs sont les caris, version locale du curry indien, le rougail et les civets. Le cari se compose d'une base d'oignon, d'ail et d'épices comme le curcuma (appelé sur l'île « safran péi »)[88], sur laquelle on fait frire poisson, viande, œufs ; on ajoute ensuite de la tomate. Les plats peuvent aussi éventuellement être parfumés avec du gingembre ; le zeste d'un combava est généralement très apprécié. Le chop suey (au riz et non pas avec des pâtes) et autres plats asiatiques comme le porc à l'ananas[89] sont également très courants.
307
+
308
+ D'une façon générale, les plats sans viande ou poisson sont rares et il n'existe donc que peu de solutions végétariennes. L'une d'entre elles est le gratin de chouchou préparé à partir de la Chayote. Pour le reste, ce sont surtout des volailles qui sont consommées. Une des spécialités locales est le civet de tangue[90] (de la famille des hérissons).
309
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310
+ Tous les 20 décembre, les habitants de l’île de la Réunion célèbrent la fête réunionnaise de la liberté. Cette célébration, également appelée Fête des Cafres ou « Fet’ Caf’ », commémore la proclamation de l’abolition de l’esclavage par la Deuxième République (France), en 1848. Le terme « cafre » désigne les africains de la « Cafrerie » (une partie de l’Afrique Australe). Il est dérivé du mot afrikaans « kaffer », assimilable à l’argot américain « nigger » ou « nègre », issu de la France coloniale[91].
311
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312
+ Aujourd’hui au XXIe siècle, les réunionnais fêtent la fin d’une longue période d’oppression avec joie et allégresse. Cafres, Malgaches, Comoriens, Indiens, Yabs[92], Z'oreilles et métropolitains seront tous dans les rues et danseront au rythme du séga et du maloya, les deux genres musicaux majeurs de la Réunion[93]. De nombreux concerts, gratuits pour la plupart, sont organisés, ainsi que des défilés costumés et des spectacles de danse comme la Merengue, par exemple.
313
+
314
+ Deux formes d'expression musicale composent historiquement la tradition folklorique de La Réunion. Si l'une, le séga, est une variante créole du quadrille, l'autre, le maloya, à l'image du blues américain, vient d'Afrique, porté par la nostalgie et la douleur des esclaves déracinés et déportés de leur terre natale.
315
+
316
+ Le séga, danse de salon costumée et rythmée par des instruments occidentaux traditionnels (accordéon, harmonica, guitare…), témoigne du divertissement policé en cours dans la société coloniale de l'époque. Il reste aujourd'hui la danse de salon typique de La Réunion et de l'archipel des Mascareignes en général avec le séga mauricien et le séga rodriguais.
317
+
318
+ Le maloya des esclaves, danse d'allure rituelle tout en mélopées et en gestuelles, se faisait quasi clandestinement la nuit autour d'un feu ; les quelques instruments d'accompagnement étaient de confection végétale (bambous, calebasses, etc.).
319
+
320
+ Les troupes de maloya, au-delà de leur goût pour cette forme d'art musical, veulent perpétuer la mémoire des esclaves, leur souffrance et leur déracinement. Au travers de textes parfois contestataires ils rappellent à la France son passé esclavagiste et soulignent les méfaits de cette époque coloniale sur l'homme ; au cours de l'histoire de l'île, il est arrivé aux artistes de maloya et aux kabars (des rassemblements) d'être interdits par le pouvoir en place.
321
+
322
+ Avec l'institution d'un jour férié de célébration de l'abolition de l'esclavage (fête caf', le 20 décembre), le maloya jouit d'une reconnaissance officielle ; on l'entend régulièrement sur les ondes publiques et nombre de night-clubs et de soirées dansantes le programment de manière systématique ; il connaît même un regain : des groupes se sont mis à lui concocter des versions, des styles et des arrangements modernes, comme le maloggae et autre maloya électrique.
323
+
324
+ Parmi les groupes musicaux emblématiques de La Réunion, on peut citer : Groupe folklorique de La Réunion, Kalou Pilé, Baster, Ousanousava, Ziskakan, Pat'Jaune, Danyèl Waro, Tisours, etc. On peut citer également l’un des plus grands chanteurs de maloya : Lo Rwa Kaf. Né à Sainte-Suzanne, il est l’un des premiers à avoir chanté le maloya. À sa mort en 2004, il y eut énormément de personnes présentes pour ses obsèques.
325
+
326
+ En 2008, l'artiste Brice Guilbert réalise un clip intitulé La Réunion. On le voit dans ce clip traverser tous les paysages de l'île.
327
+
328
+ En danse contemporaine, on peut citer le chorégraphe Pascal Montrouge, qui dirige la seule compagnie en France à avoir une double implantation à Saint-Denis de La Réunion et à Hyères, confortant ainsi le sens de son regard sur l'identité. En 2007, la ville de Saint-Denis de La Réunion lui a confié la direction artistique de son festival Saint-Denis Danses.
329
+
330
+ La culture urbaine a également fait son apparition, selon les modes influencées de métropole et des États-Unis. Ainsi la culture hip-hop se développe, mais également le ragga dancehall, KM David ou Kaf Malbar étant la figure de proue de cette nouvelle mouvance, influençant partout dans l'île la jeune génération, avec ses chansons diffusées par mp3 ou internet. Nombre de jeunes artistes tentent alors de « percer » dans cette musique, dont l'industrie se développe raisonnablement, localement, mais aussi internationalement, sans rien avoir à envier aux précurseurs du dancehall francophone.
331
+
332
+ Littérature :
333
+
334
+ Voir, pour plus d'auteurs, l'article Littérature réunionnaise.
335
+
336
+ Poésie et littérature :
337
+
338
+ Cinéma :
339
+
340
+ Musique :
341
+
342
+ Politique et histoire :
343
+
344
+ Sport :
345
+
346
+ Médias :
347
+
348
+ Sciences :
349
+
350
+ Divers :
351
+
352
+ La Réunion ne possède pas de blason ou drapeau officiels.
353
+
354
+ Un blason a été créé pour l’île par l’ancien gouverneur Merwart à l’occasion de l’exposition coloniale de 1925 organisée à Petite-Île. Merwart, membre de la Société des sciences et arts de La Réunion, a voulu y faire figurer l’histoire de l'île :
355
+
356
+ Le drapeau le plus utilisé à La Réunion est celui du « volcan rayonnant », dessiné par Guy Pignolet en 1975, parfois appelé « Lo Mavéli »[95] : il représente le volcan du piton de la Fournaise sous la forme d'un triangle rouge simplifié sur un fond bleu marine tandis que cinq rayons du soleil symbolisent l'arrivée des populations qui ont convergé vers l'île au cours des siècles[96].
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+
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+ Blason de La Réunion.
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+ Drapeau de La Réunion.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ L’Île-du-Prince-Édouard ou l’Î.-P.-É. (en anglais : Prince Edward Island ou PEI, en gaélique écossais : Eilean a’ Phrionnsa, en micmac : Epekwitk (style Francis-Smith)), anciennement Isle Saint-Jean du temps de la Nouvelle-France, est la plus petite des provinces du Canada en superficie et en population. En 1864, l'Île-du-Prince-Édouard a accueilli la Conférence de Charlottetown qui a mené à la Confédération du Canada en 1867. Néanmoins, elle n'est devenue une province canadienne qu'en 1873. Au recensement de 2016, on y a dénombré une population de 142 907 habitants[2]. Avec 24,7 habitants par kilomètre carré, c'est la province canadienne la plus densément peuplée.
4
+
5
+ Les Micmacs ont nommé l'île Epekwitk, ce qui signifie « berceau sur les vagues » dans leur langue[3]. Elle fut renommée Isle Saint-Jean vers le XVIIe siècle, alors qu'elle faisait partie de la Nouvelle-France. Cédée au Royaume-Uni en 1759, elle fut renommée île du Prince-Édouard en 1798, pour la distinguer d'autres lieux du même nom sur la côte atlantique, tels que Saint-Jean (au Nouveau-Brunswick) et Saint-Jean, la capitale de Terre-Neuve-et-Labrador. Son nom honore le fils du roi George III, le prince Édouard (Édouard-Auguste de Kent) (1767 – 1820 ; le père de la reine Victoria), qui commandait alors les troupes à Halifax[4].
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7
+ Epekwitk, aussi écrit Abegweit par les Anglais, est devenu le nom d'une réserve micmac sur l'île ainsi que de deux anciens traversiers (1947-1982 et 1982-1997), jusqu'au remplacement de cette ligne par le Pont de la Confédération.
8
+
9
+ Le nom anglais de la province est Prince Edward Island. En gaélique écossais, son nom est Eilean a’ Phrionnsa (Île du Prince) ou Eilean Eòin (Île de Jean), en référence à l'ancien nom français[réf. souhaitée]. Selon les règles de la typographie, on écrit île du Prince-Édouard pour l'île, et Île-du-Prince-Édouard pour la province.
10
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11
+ Ses habitants la nomment tout simplement « l'île » mais elle est aussi surnommée le « jardin du Golfe », la « ferme d'un million d'hectares », le « berceau de la Confédération » ou l'« île aux patates »[3].
12
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13
+ La province occupe la totalité de l'île du même nom ainsi que quelques îles mineures. L'Île-du-Prince-Édouard est bordée au nord par le golfe du Saint-Laurent et sur les autres côtés par le détroit de Northumberland, ce dernier la séparant des provinces du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. L'île a la forme générale d'un croissant, mesurant 224 kilomètres de long mais dont la largeur varie entre 4 et 60 kilomètres[3]. D'une superficie de 5 660 km2, la province est la plus petite du Canada, sa superficie ne représente en fait que 0,1 % de celle du pays[5]. À titre de comparaison, la province est légèrement plus petite que le Brunei, le 161e pays le plus grand du monde.
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15
+ Le point culminant de l'Île est une butte sans nom du comté de Queens, à 142 mètres d'altitude[3]. En fait, le relief est plat à l'est mais vallonné au centre et même d'aspect montagneux à l'ouest. Le littoral est fortement influencé par les marées. Sur la côte nord, les longues dunes de sable attirent les touristes tout en rendant parfois difficile l'accès aux ports de pêche[3].
16
+
17
+ Le sol est composé de sable et d'argile, avec quelques affleurements de roches sédimentaires, en général du grès ou du schiste argileux. Le sol de l'île a une couleur brun-rouge caractéristique, dû à sa forte concentration en oxyde de fer[3]. Si le sable est de couleur rouge/brun vers le sud-ouest (contient beaucoup de grains de grès rouge), il est blanc vers le nord-est.
18
+
19
+ On retrouve aussi du grès rouge dans le sable des Îles-de-la-Madeleine (Québec), mais sa concentration est moins élevée que dans certaines parties de l'Île-du-Prince-Édouard, où certaines routes asphaltées ont une teinte remarquablement rouge à cause de la forte teneur en grès rouge du sable utilisé.
20
+
21
+ Le climat de l'Île-du-Prince-Édouard est continental humide c'est-à-dire qu'il y a une grande différence de température entre les mois froids et les mois chauds. Pendant l'hiver, la température peut descendre jusqu'à −28 °C.
22
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23
+ La forêt recouvre 50 % de la superficie mais la forêt primaire, surtout constituée d'épinette, de sapin baumier et d'érable rouge, occupe seulement 290 000 hectares. Trois siècles de colonisation, auxquels s'ajoutent les maladies et les feux de forêt, ont presque fait disparaître la forêt originale qui était constituée de hêtre, de bouleau jaune, d'érable, de chêne et de pin blanc d'Amérique[3].
24
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25
+ L'île du Prince-Édouard a une faune très variée comprenant, entre autres, les castors, rats musqués, visons d'Amérique, renards roux, écureuils, lièvres d'Amérique, moufettes rayées et coyotes. Le territoire est également riche en espèces marines.
26
+
27
+ La préservation de l'environnement est devenue un enjeu important dans l'île. L'enlèvement des haies, le recours aux engrais chimiques, la mécanisation et la surproduction agricole en général causent une érosion importante des terres arables menant à l'ensablement des ports et cours d'eau[3]. Quelques reboisements ont toutefois été effectués[3].
28
+
29
+ Les baleines franches de l'Atlantique nord, l'une des espèces de baleines les plus rares, ont été considérées comme de rares visiteurs du Saint-Laurent jusqu'en 1994. On note depuis une augmentation spectaculaire de leur nombre: au large de Percé en 1995, augmentation progressive dans toutes les régions depuis 1998[6], autour du Cap-Breton[7] depuis 2014 et à l'île-du-Prince-Édouard, de 35 à 40 baleines ont été observées en 2015[8].
30
+
31
+ L'Île est reconnue pour son sol rouge.
32
+
33
+ Paysage du centre de l'Île.
34
+
35
+ Charlottetown en hiver.
36
+
37
+ L'île est habitée pour la première fois il y a environ 10 000 ans. Ces pionniers seraient venus par un isthme aujourd'hui recouvert par le détroit de Northumberland. Il semble que l'île fut ensuite constamment habitée et que la chasse et la pêche donnaient lieu à des migrations saisonnières. Les Micmacs arrivèrent sur l'île il y a environ 2 000 ans[3].
38
+
39
+ En 1534, Jacques Cartier est le premier explorateur européen à annoncer l'existence de l'île, qu'il décrit comme « la terre la plus belle que l'on puisse imaginer »[3]. Par la suite, les pêcheurs français et basques fréquentent l'île pendant près de 200 ans mais ne s'y établissent pas de façon permanente. Aucune trace ne subsiste de leur présence[3].
40
+
41
+ Nicolas Denys obtient la concession de l'île, appelée Isle Saint-Jean à l'époque, vers 1653 mais il s’occupe uniquement des pêcheries et ne laisse après lui aucun établissement dans l’île. La France ne la colonise qu’après les traités d'Utrecht (1713). En 1719, une nouvelle concession de l’île et celle de Miscou sont faites à un comte nommé Saint-Pierre qui y envoie un groupe de colons l’année suivante. Un recensement en 1735 donne un total de 81 familles établies dans l’île. La colonie était dépendante de l'Île Royale (Cap-Breton).
42
+
43
+ En 1748, il y avait 700 habitants. Avant la déportation des Acadiens en 1755, l'île comptait quelque 5 000 habitants[9]. Plusieurs furent déportés en 1758 par le Colonel Andrew Rollo, sous les ordres du Général anglais Jeffery Amherst. Trois cent soixante déportés moururent lorsque le Duke William coula avec deux autres navires, le Violet (280 morts) et le Ruby (213 morts), le 13 décembre 1758, en route de l'île St-Jean vers la France[10].
44
+
45
+ La colonie est rebaptisée Island of Saint John. La population grossit de 4 000 en 1798 à 62 000 en 1850. En 1799, la colonie prit le nom de l'Île-du-Prince-Édouard, en honneur du fils du Roi George III, qui évoluait pour l'armée anglaise à Halifax à l'époque[9].
46
+
47
+ Sur fond de colère des céréaliers contre les Corn Laws anglaises, limitant l'exportation, une révolte des céréaliers de l'Île-du-Prince-Édouard a lieu dans les années 1820 et 1839. L’Île-du-Prince-Édouard a en effet un excédent agricole, qui permet à partir de 1831 à l'Île-du-Prince-Édouard d'exporter du blé en Angleterre.
48
+
49
+ La conférence de Charlottetown en 1864 fut le début des pourparlers pour l'union des colonies. Les gens de l'île n’étaient guère intéressés à en faire partie. Mais une dette massive causée par la construction d'un chemin de fer d'un bout à l'autre de la colonie les força à se joindre au Canada en 1873[11].
50
+
51
+ En 1987, une centaine de personnes tombent malades et deux meurent après avoir consommé des mollusques et crustacés contaminés à l'acide domoïque provenant de l'île. L'industrie de la pêche s'effondre[3]. De plus, la morue n'est plus pêchée depuis le moratoire de 1992[3].
52
+
53
+ En 1987, le débat sur la construction d'un lien fixe, un pont ou un tunnel, avec le continent refait surface. L'année suivante, le Premier Ministre Joe Ghiz organise un référendum, où 59 % de la population se montre favorable à un pont. Le pont de la Confédération, dont les travaux ont débuté en 1994, est inauguré en 1997[3]. Le Canadien National cesse quant à lui l'exploitation du chemin de fer en 1990, malgré les vives protestations des agriculteurs[3].
54
+
55
+ Les Micmacs sont toujours présents, au nombre de 841 en 1992, à l'île Lennox et à Scotchfort[3]. L'Île-du-Prince-Édouard est la province la plus homogène, la plupart des habitants étant canadiens anglais, autrement dit des personnes d'origine anglaise, écossaise ou irlandaise[3]. Les Acadiens sont le second groupe ethnique en importance, au nombre de 11 000[3]. On retrouve aussi d'autres groupes ethniques provenant d'une immigration plus récente, particulièrement des néerlandais et des libanais[3].
56
+
57
+ La religion a longtemps joué un rôle important dans la vie des prince-édouardiens, ce qui a aussi causé de profondes divisions sociales qui ont duré jusqu'à la Confédération[3].
58
+
59
+ L'honorable Antoinette Perry est le 29e lieutenant-gouverneur de la province depuis le 20 octobre 2017.
60
+
61
+ Drapeau du lieutenant-gouverneur de l'Île-du-Prince-Édouard.
62
+
63
+ Emblème du lieutenant-gouverneur de l’Île-du-Prince-Édouard.
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+ Dennis King, du Parti progressiste-conservateur, est Premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard depuis le 9 mai 2019.
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+ Elle est composée de 27 membres élus et siège à Charlottetown[14].
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+ L'Île-du-Prince-Édouard est représentée à la Chambre des communes du Canada par quatre députés, élus dans les circonscriptions de Cardigan, Charlottetown, Egmont et Malpeque. La province est aussi représentée par quatre sénateurs. L'île a été considérée comme un « château-fort » libéral durant 26 ans jusqu'à l'élection de la conservatrice Gail Shea dans Egmont en 2008.
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+ L'Île-du-Prince-Édouard dépend énormément du gouvernement fédéral, car les dépenses fédérales y représentent une fois et demi le budget provincial[3].
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+ La province compte trois types de gouvernements locaux, soit la cité, la ville et la municipalité, aussi appelé le village. Les cités ont plus de pouvoirs que les villes et ces dernières en ont plus que les municipalités. Le reste du territoire est directement géré par le gouvernement provincial mais des comités d'amélioration communautaires (Community Improvement Commity ou CIC), aux pouvoirs limités, sont actifs dans certaines localités. Les cités sont subdivisées en arrondissements, élisant chacun un Conseil municipal tandis que le maire est élu par toute la population. Les villes élisent un maire et six conseillers alors que les villages élisent un commissaire. Le mandat des élus est de trois ans, sauf les représentants des comités d'amélioration communautaire qui sont élus lors d'une réunion annuelle. Le fonctionnement des municipalités est régi par la Loi sur les communautés (Communities Act), dont la responsabilité incombe au ministère des Finances et des Affaires municipales de l'Île-du-Prince-Édouard. Charlottetown et Summerside sont les deux seules cités de l'Île. Les villes sont quant à elles au nombre de sept: Alberton, Cornwall, Georgetown, Kensington, Montague, Souris et Stratford. Il y a finalement 66 municipalités.
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+
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+ Les municipalités coexistent avec un système de division administrative plus ancien. Ces subdivisions sont toujours utilisées pour le recensement, par exemple. La subdivision de base est le comté; ils sont au nombre de trois soient, d'ouest en est, le comté de Prince, le comté de Queens et le comté de Kings. Chaque comté compte un chef-lieu ou royalty. Les comtés sont ensuite subdivisés en cinq paroisses, quatre seulement dans le cas du comté de Kings. Ces paroisses sont enfin subdivisées en lots.
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+
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+ L'économie de l'Île-du-Prince-Édouard est axée sur le tourisme, la construction, la transformation des ressources naturelles et les services[3].
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+ L'île est pauvre en ressources naturelles. Aucun dépôt important de minerai n'a encore été découvert mais il y a des traces de charbon, d'uranium et de vanadium[3]. Du gaz naturel est présent dans le golfe du Saint-Laurent, au nord-est de l'île, mais n'est pas assez important pour être exploité[3]. Seuls le sable et le gravier sont extraits mais la faible production de piètre qualité ne comble même pas les besoins provinciaux[3]. La forêt est peu exploitée[3].
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+ La moitié de l'île est constituée de terres très fertiles alors que les terres arables couvrent 90 % de la superficie[3]. Jusqu'aux années 1950, la plupart des agriculteurs utilisaient des chevaux mais la fin de cette pratique a permis de libérer de vastes terres utilisées autrefois pour la culture du fourrage. De 1951 à 1996, le nombre de fermes est passé de 10 137 à 2 217 tandis que la superficie des terres cultivées a baissé de 39 %. La superficie moyenne des fermes est passée quant à elle de 44 hectares à 119 hectares alors que la marge de profit des agriculteurs a chuté de 50 % à 25 %, à cause de l'augmentation du coût de l'équipement[3]. Les gouvernements tentent de freiner l'exode rural alors que les fermes coûtent de plus en plus cher à démarrer. Bien que la production agricole soit en baisse, le défrichement se poursuit. La production agricole avait une valeur de 317 millions de dollars en 2000, dont 154 millions provenant des pommes de terre[3]. L'île possède en effet un climat et un sol bien adaptés à cette culture, et notamment pour la production de pommes de terre de semence. Les trois quarts de la récolte sont exportés dans 15 pays et le reste est vendu tel quel en Amérique du Nord ou transformé en produits congelés comme des frites[3]. Le tabac, planté depuis 1959, est la seconde culture la plus importante, malgré le coût élevé et la complexité de sa production[3]. La province compte 330 fermes laitières et un cheptel de 16 000 vaches produisant 90 millions de litres de lait annuellement, dont 90 % est transformé en sous-produits, comme le lait évaporé, généralement destiné à l'exportation[3]. 30 000 bœufs sont aussi envoyés à l'abattoir annuellement, même si le prix de la viande fluctue et que la production est en baisse[3]. L'élevage du porc est presque aussi important.
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+
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+ La pêche est la seconde industrie primaire de l'Île. Il y avait 6 500 pêcheurs et aide-pêcheurs en 1994, travaillant sur 1 500 bateaux et créant 2 000 emplois directs dans les usines qui traitaient une valeur de poisson évaluée à 139 millions de dollars en 2000[3]. La pêche est principalement côtière et le homard est l'espèce la plus lucrative[3]. D'autres mollusques sont aussi pêchés, dont le pétoncle, l'huître, la palourde et la moule. Les huîtres, dont la production est concentrée dans la baie de Malpèque, sont réputées[3]. La récolte de la mousse d'Irlande, dont est extraite la carraghénane, représente une industrie importante à l'ouest de l'île[3].
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+ L'industrie manufacturière est essentiellement concentrée sur la transformation des produits de la pêche et de l'agriculture. Ce domaine de l'économie fournissait 4 800 emplois en 1997 tandis que la valeur de la production était évaluée à 1,1 milliard de dollars en 2 000[3]. Parmi les principaux fabricants figurent Les Fermes Cavendish, DME International et McCain Foods. Le gouvernement tente d'attirer d'autres types d'industries, sans réel succès[3]. Quelques entreprises sont tout de même à noter dont J.D. Irving, qui opère un chantier naval à Georgetown.
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+ De plus en plus de personnes travaillent dans les services; les gouvernements employaient 6 000 personnes en 1999[3].
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+ Les Prince-Édouardiens sont ceux payant le plus cher pour leur électricité au Canada[3]. Summerside dispose d'un réseau de distribution municipal tandis que Maritime Energy distribue l'électricité dans le reste de l'île. La majeure partie de l'électricité est importée d'Énergie NB (Nouveau-Brunswick) ou d'Emera Energy Systems (Nouvelle-Écosse) au moyen d'un câble sous-marin. Maritime Energy possède toutefois deux centrales thermiques, l'une à Charlottetown et l'autre à Borden-Carleton, fonctionnant aux heures de pointe ou en cas de coupure de l'alimentation et possédant une puissance installée de 104 mégawatts (MW). Jusqu'à 54 MW peuvent aussi être achetés des parcs d'éoliennes situés au cap Nord ou au parc d'éoliennes Eastern Kings.
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+ Le mazout coûte aussi très cher, ce qui encourage de plus en plus de gens à chauffer leur maison au bois. Bien que les forêts ne soient pas aussi exploitées qu'au XIXe siècle, cette industrie crée plus de 400 emplois[3].
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+ Le pont de la Confédération relie l'île au continent. D'une longueur de 12,9 km, il est le plus long pont du monde à traverser une étendue d'eau gelée en hiver[3]. Un traversier relie l'île à la Nouvelle-Écosse et un autre aux îles de la Madeleine (Québec).
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+ Un service d'autobus interurbain relie entre elles les principales villes, tandis que Charlottetown possède un réseau de transport en commun, the Charlottetown Public Transit, consistant en 7 lignes d'autobus.
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+ L'aéroport de Charlottetown offre un service régulier de vols vers Halifax, Toronto, Montréal, Ottawa, Détroit et Boston. Un deuxième aéroport, plus petit, se trouve à Summerside.
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+ Le chemin de fer a été démantelé en 1989, après 114 ans d'existence. Il a été reconverti en une piste cyclable, le sentier de la Confédération, qui consiste en une portion du sentier Transcanadien.
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+ Le tourisme, aidé par la construction du pont de la Confédération, est un secteur de l'économie en croissance. Plus de 1,2 million de visiteurs se sont rendus à l'Île en 2000, dépensant 300 millions de dollars[3]. L'industrie est toutefois désavantagée par une saison courte, de l'ordre de huit à dix semaines, et les touristes préfèrent le centre de l'île au détriment de l'est et de l'ouest. Le gouvernement a investi massivement depuis les années 1960 dans la construction d'infrastructures touristiques afin d'attirer les visiteurs dans les autres régions et toute l'année.
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+ L'une des attractions les plus populaires est le parc national de l'Île-du-Prince-Édouard, sur la côte nord. La pêche sportive du thon rouge attire des touristes de partout dans le monde. D'autres sports populaires sont le golf et les courses de chevaux. Le patrimoine est aussi mis en valeur.
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+ Plusieurs Chambres de commerce desservent l'Île-du-Prince-Édouard dont :
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+ L'Île compte trois journaux quotidiens anglophones. Le Guardian est publié le jour à Charlottetown tandis que le Evening Patriot est le journal du soir. Le Journal-Pioneer est, quant à lui, publié à Summerside. Les hebdomadaires les plus importants sont le Eastern Graphic de Montague, le West Prince Graphic d'Alberton ainsi que La Voix acadienne, le seul journal francophone, qui est lui publié à Summerside.
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+ L'Île compte plusieurs brasseries : Gahan Brewery, Upstreet Brewery, Barnone Brewery and Moth Lane Brewery.
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+ Le drapeau de l’Île-du-Prince-Édouard est inspiré des armoiries de Édouard-Auguste de Kent et du roi Édouard VII et est constitué de trois bordures rouges et blanches. Le léopard héraldique anglais qui apparaît sur le drapeau est également présent sur les armoiries. Le gros chêne à la droite du drapeau représente l’Angleterre, tandis que les trois gaules représentent les trois comtés qui forment la province.
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+
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+ Les armoiries de l'Île-du-Prince-Édouard furent octroyées en 1905 par décret du roi Édouard VII du Royaume-Uni.
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+ L'arbre-emblème de la province est le chêne rouge d'Amérique (Quercus rubra)[19]. The Island Hymn, l'hymne provincial, fut composé par Lucy Maud Montgomery au printemps 1908. Il fut chanté pour la première fois le 22 mai 1908 sur la musique de Lawrence W. Watson, composée pour l'occasion[20]. Le sol de Charlottetown est le plus courant dans la province et est caractérisé par sa texture sableuse et convient à un grand nombre de cultures, en particulier la pomme de terre. Sa désignation en tant que sol provincial fut proposée par le docteur Umesh Gupta, l'ancien président de la Société canadienne de la science du sol, qui fait la promotion de ces initiatives. Le tartan provincial commémore la contribution des Écossais, le principal groupe ethnique, dans l'établissement de l'île. Il fut conçu par Jean Rééd.et adopté en 1960. Le rouge-brun représente la rougeur du sol, le vert représente l'herbe et les arbres, le blanc l'écume des vagues et le jaune représente le soleil. La devise de l'île, Parva sub ingenti (Les petits sous la protection des grands), est tirée des Géorgiques de Virgile. Elle est la devise de l'île depuis 1769.
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+ Le personnage principal d'Anne… la maison aux pignons verts est un symbole non officiel de l'île.
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+ La province a une seule région administrative de la santé (ou autorité sanitaire de district) appelée Santé Î.-P.-É.. Santé Î.-P.-É. reçoit du financement pour ses activités et est réglementé par le ministère de la Santé et du Mieux-être.
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+ De nombreux foyers et entreprises de l'Î.-P.-É. sont desservis par des systèmes centralisés de collecte et / ou de traitement des eaux usées. Ceux-ci sont exploités soit par une municipalité soit par un service public. De nombreuses exploitations industrielles ont leurs propres installations de traitement des eaux usées. Les membres du personnel du Department of Environment, Water and Climate Change fournissent des conseils aux exploitants, au besoin, sur la bonne maintenance du système[21]. La IRAC réglemente l'eau et les égouts municipaux de la province[22]'[23], en vertu de l' Environmental Protection Act [23]. Depuis environ 1900, les résidents de la ville de Charlottetown bénéficient d'un service d'égout sanitaire central. Les premières pratiques d'élimination, bien qu'avancées pour l'époque, se sont finalement avérées compromettre l'intégrité écologique de la Rivière Hillsborough. En 1974, la Commission avait dirigé le développement d'une usine de traitement primaire des eaux usées, connue sous le nom de Charlottetown Pollution Control Plant, ainsi que la construction de plusieurs stations de pompage le long du front de mer de la ville et des canalisations d'évacuation profondément dans la rivière Hillsborough[24].
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+ Il y a huit hôpitaux dans la province.
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+ L'Île-du-Prince-Édouard offre des programmes et des services dans des domaines tels que les soins actifs, les soins primaires, les soins à domicile, les soins palliatifs, la santé publique, la prévention des maladies chroniques et la santé mentale et les dépendances, pour n'en nommer que quelques-uns. Le gouvernement provincial a ouvert plusieurs centres de santé familiale au cours des dernières années dans diverses collectivités rurales et urbaines. Un centre provincial de traitement du cancer au Queen Elizabeth Hospital offre un soutien aux personnes aux prises avec divers types de maladies liées au cancer. Un programme de résidence en médecine familiale a été établi en 2009 avec la Faculté de médecine de l'Université Dalhousie afin d'encourager les nouveaux médecins à travailler à l'Île-du-Prince-Édouard.
126
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+ Des services de soins de longue durée sont également disponibles et plusieurs programmes sont en place pour aider les aînés qui souhaitent demeurer autonomes dans leur communauté. De nombreux médicaments pour les personnes âgées sont subventionnés par le biais d'un régime pharmaceutique provincial, mais l'Île-du-Prince-Édouard demeure l'une des seules provinces à ne pas avoir de programme de couverture des médicaments onéreux pour ses résidents.
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+ Le gouvernement provincial a plusieurs programmes de détection précoce des maladies, y compris des cliniques de mammographie et de dépistage pap. Il existe également des programmes d'éducation sur l'asthme et d'éducation sur le diabète, ainsi que des programmes prénatals, des programmes de vaccination et des programmes de prévention des risques pour la santé dentaire des enfants. Le gouvernement tente également de mettre en œuvre un système intégré de dossier de santé électronique.
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+
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+ Le gouvernement provincial s'est récemment engagé à améliorer les services de soins primaires et à domicile et a investi dans les établissements de soins de santé dans les récents budgets d'immobilisations; principalement des remplacements et des améliorations aux maisons de soins infirmiers et aux hôpitaux gérés par le gouvernement provincial.
132
+
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+ Certains services spécialisés exigent que les patients soient référés à des cliniques et à des spécialistes des provinces voisines. Des opérations et des traitements spécialisés sont également dispensés dans les grands hôpitaux de référence tertiaires des provinces voisines, tels que l' IWK Health Centre et le Queen Elizabeth II Health Sciences Centre à Nouvelle-Écosse ou au Hôpital régional de Saint John, l'Hôpital de Moncton et le Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont au Nouveau-Brunswick.
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+ Le service d'ambulance terrestre à l'Île-du-Prince-Édouard est fourni sous contrat par Island EMS. Le service d'ambulance aérienne est fourni sous contrat par LifeFlight.
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+ Au cours des dernières décennies, la population de l'Île-du-Prince-Édouard a affiché des taux statistiquement significatifs et anormalement élevés de cancers rares diagnostiqués, en particulier dans les régions rurales. Les responsables de la santé, les écologistes et les militants] de l'environnement soulignent l'utilisation de pesticides pour la culture industrielle de pomme de terre comme contaminant primaire[25].
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+ L'Île-du-Prince-Édouard est la seule province au Canada qui n'offre pas de services d'avortement par le biais de ses hôpitaux. Le dernier avortement a été pratiqué dans la province en 1982 avant l'ouverture de l' Hôpital Queen Elizabeth qui a vu la fermeture de l' Hôpital de Charlottetown et du non-confessionnel Hôpital de l'Île-du-Prince-Édouard; une condition de la «fusion» étant que les avortements ne soient pas pratiqués dans la province. En 1988, à la suite de la décision du tribunal R. c. Morgentaler (1988) , l'opposition de l'époque Parti progressiste-conservateur de l'Île-du-Prince-Édouard a déposé une motion demandant que l'interdiction de l'avortement soit maintenue dans les hôpitaux de la province; le Parti libéral de l'Île-du-Prince-Édouard alors en place sous la direction du premier ministre Joe Ghiz a acquiescé et l'interdiction a été maintenue[26]. Le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard financera les avortements pour les femmes qui se rendent dans une autre province. Les femmes de l'Île-du-Prince-Édouard peuvent également se rendre à la clinique privée payante la plus proche, où elles doivent payer la procédure avec leurs propres fonds. Auparavant, c'était la clinique Morgentaler à Fredericton, Nouveau-Brunswick [27]'[28]'[29]'[30]'[31] jusqu'à la fermeture de cette clinique en raison d'un manque de fonds en juillet 2014[32]. La clinique a été rouverte sous un nouveau propriétaire en 2016 sous le nom de Clinique 554 avec des services étendus[33]. Pendant cette période, les femmes ont dû se rendre à Halifax ou plus loin. En 2016, le gouvernement libéral dirigé par le premier ministre Wade MacLauchlan a annoncé qu'il ouvrirait une clinique de santé génésique pour femmes afin d'offrir des avortements dans la province[34].
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+ Si vous venez d’apposer le bandeau, merci d’indiquer ici les points à vérifier.
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+ Anura
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+ Ordre
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+ Sous-ordres de rang inférieur
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+ Les anoures, Anura, sont un ordre d'amphibiens. C'est un groupe, diversifié et principalement carnivore, d'amphibiens sans queue comportant notamment des grenouilles et des crapauds. Le plus ancien fossile de « proto-grenouille » a été daté du début du Trias à Madagascar, mais la datation moléculaire suggère que leur origine pourrait remonter au Permien, il y a 265 Ma. Les anoures sont largement distribués dans le monde, des tropiques jusqu'aux régions subarctiques, mais la plus grande concentration d'espèces se trouve dans les forêts tropicales. Il y a environ 4 800 espèces d'anoures recensées, représentant plus de 85 % des espèces d'amphibiens existantes. Il est l'un des cinq ordres de vertébrés les plus diversifiés.
11
+
12
+ L'anoure adulte a communément un corps robuste et sans queue, des yeux exorbités, une langue bifide, des membres repliés sous le reste du corps, prêts pour des bonds à bonne distance. Vivant ordinairement en eau douce et sur le sol, certaines espèces vivent, au stade adulte, sous terre ou dans les arbres. La peau des grenouilles est glandulaire, avec des sécrétions lui donnant un mauvais goût ou la rendant toxique. Certaines espèces, appelées par convention crapauds, ont une peau dite verruqueuse dont les renflements contiennent des toxines glandulaires ; mais par la taxinomie et la phylogénie, certains crapauds sont plus proches des grenouilles que des autres crapauds. La couleur de la peau des grenouilles varie du marron tacheté, gris et vert, propices au mimétisme, à des motifs vifs de rouge ou jaune et noir signalant aux prédateurs leur toxicité.
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+ Les œufs que ces amphibiens pondent dans l'eau, donnent des larves aquatiques appelées têtards possédant des pièces buccales adaptées à un régime herbivore, omnivore ou planctonophage. Quelques espèces déposent leurs œufs sur terre ou n'ont pas de stade larvaire. Les grenouilles adultes ont généralement un régime carnivore à base de petits invertébrés, mais il existe des espèces omnivores et certaines mangent des fruits. Les grenouilles sont extrêmement efficaces pour convertir ce qu'elles mangent en biomasse formant une ressource alimentaire majeure pour des prédateurs secondaires, leur donnant ainsi le rôle de clé de voûte du réseau trophique d'un grand nombre d'écosystèmes de la planète.
15
+
16
+ Leur peau semi-perméable les rendant sensibles à la déshydratation, leur habitat est le plus souvent humide, mais certains ont connu une profonde adaptation à des habitats secs. Les grenouilles ont une riche gamme de cris et chants, en particulier à l'époque de la reproduction, ainsi qu'une large palette de comportements sophistiqués pour communiquer entre eux ou se débarrasser d'un prédateur.
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+ Les populations de grenouilles ont considérablement diminué partout dans le monde depuis les années 1950. Plus d'un tiers des espèces sont considérées comme menacées d'extinction et plus de 120 sont soupçonnées d'avoir disparu depuis les années 1980. Le nombre de malformations chez les grenouilles est à la hausse et une maladie fongique émergente, la chytridiomycose, s'est propagée dans le monde entier. Les spécialistes de la conservation des espèces cherchent les causes de ces problèmes. Les grenouilles sont consommées par les humains et ont aussi une place notable dans la culture à travers la littérature, le symbolisme et la religion.
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+
20
+ Le nom anoure vient du grec οὐρά (oura), signifiant « queue », et du préfixe privatif a signifiant « sans », soit « sans queue »[1],[2], car chez ces animaux la queue ne persiste pas après la métamorphose de passage à l'âge adulte, contrairement par exemple aux urodèles.
21
+
22
+ L'utilisation des termes « grenouilles » et « crapaud » n'a pas de justification taxonomique. Le terme « grenouille » se réfère généralement à des espèces aquatiques ou semi-aquatiques à la peau lisse et humide, tandis que l'on désigne par le terme « crapaud » des espèces terrestres à la peau sèche et verruqueuse[3],[4]. Cependant il y a de nombreuses exceptions à cette règle. Ainsi, le Crapaud sonneur à ventre de feu (Bombina bombina) n'a une peau que très légèrement verruqueuse et préfère les habitats aquatiques[5], tandis que la Grenouille dorée (Atelopus zeteki) est placée dans la famille des Bufonidae, qui rassemble les « vrais crapauds », et a une peau lisse[6].
23
+
24
+ Les anoures n'ont pas de queue, excepté sous leur forme larvaire, et la plupart ont de longues pattes arrière, des os des chevilles allongés, des orteils palmés et démunis de griffes, de grands yeux et une peau lisse ou verruqueuse. Le crâne est élargi, et les
25
+ arcs de la mâchoire supérieure délimitent de grandes orbites sans plancher[7]. Ils ont une colonne vertébrale courte, avec pas plus de 10 vertèbres libres et se terminant par une vertèbre sacrée unique sur laquelle s'articule un urostyle issu de la fusion des vertèbres postérieures[8],[9]. Comme d'autres amphibiens, ils peuvent respirer à travers leur peau qui est perméable à l'oxygène. Cette caractéristique unique leur permet de rester dans l'eau, sans accès à l'air libre, en respirant par la peau[10]. Les côtes sont peu développées, généralement limitées à deux à trois paires[8], et les poumons sont remplis par pompe buccale. Il a été prouvé qu'une grenouille privée de ses poumons pouvait tout de même maintenir ses fonctions vitales[10]. Pour que la peau puisse servir d'organe de respiration, elle doit rester humide. Les anoures sont donc sensibles à diverses substances toxiques présentent dans l'environnement qui les entoure, qui peuvent se dissoudre dans le film d'eau qui recouvre leur peau et s'infiltrer dans leur sang. Ce pourrait être une des causes du déclin global de leurs populations[11],[12],[13],[14].
26
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27
+ Les anoures peuvent varier en taille entre 7,7 mm pour la récemment découverte Paedophryne amauensis de Papouasie-Nouvelle-Guinée[15],[16] et 300 mm pour la Grenouille goliath (Conraua goliath) au Cameroun. Leur peau est lâche car démunie de tissu conjonctif. Les grenouilles ont trois paupières : une transparente qui protège les yeux sous l'eau, et deux autres qui sont translucides ou opaques. Ils présentent un tympan de chaque côté de la tête qui joue un rôle dans leur audition, et qui peut être couvert de peau chez certaines espèces. Les « vrais crapauds » sont totalement démunis de dents mais la plupart des grenouilles ont des dents pédicellées avec une couronne séparée de la racine par du tissu fibreux[7], placées dans les coins de la mâchoire supérieure. Elles ont également des dents vomériennes en haut de la bouche. Les anoures ne présentent en revanche jamais de dents sur la mâchoire inférieure, et avalent généralement leur nourriture entière. Les dents ont principalement comme fonction de maintenir leur proie le temps qu'ils l'avalent[17]. Les Pyxicephalus, qui se nourrissent de proies de grande taille comme les souris ou d'autres grenouilles, ont des processus osseux coniques appelés odontoïdes au niveau de la mâchoire inférieure, qui jouent le rôle de dents[18].
28
+
29
+ La structure des membres et des pattes varie fortement d'une espèce à l'autre, et dépend notamment de l'environnement dans lequel l'espèce évolue : sur le sol, dans l'eau, dans les arbres ou dans des terriers. Les anoures doivent être capables de se déplacer rapidement dans leur environnement pour échapper à leurs prédateurs et attraper leurs proies, et de nombreuses adaptations morphologiques les aident dans ce sens. La plupart des espèces sont bien adaptées au saut, ou du moins leurs ancêtres l'étaient, et leur morphologie y est bien adaptée. Ainsi, les différents segments du membre postérieur sont très allongés et disposés en Z, tel un ressort[19]. Le tibia, le fibula et le tarse sont fusionnés pour former un os solide, et il en est de même pour le radius et l'ulna au niveau des membres antérieurs, qui doivent absorber l'impact à la réception du saut. Le métatarse est allongé pour que les pattes postérieures soient plus longues et permettent à l'animal d'appuyer sur le sol plus longtemps. L'ilium est allongé et a une articulation mobile avec le sacrum qui, chez les sauteurs spécialisés comme les ranidés et les hylidés, participe à donner de la puissance à l'animal au moment du saut. Les vertèbres de la queue sont fusionnées pour former un urostyle qui est compris dans le pelvis. Cela permet à la force d'être transmise des pattes vers le corps durant un saut[9]. Les membres antérieurs constituent la ceinture scapulaire, rattachée à la colonne vertébrale par des muscles. Elle est également constituée de deux petits os dermiques, la clavicule et le cleithrum, ainsi que de constituants enchondraux plus importants, la scapula et le coracoïde[19].
30
+
31
+ Les adaptations au saut sont également visibles au niveau des muscles. Ainsi les pattes postérieures des grenouilles primitives présentaient une paire de muscles antagonistes (l'un permettait de plier le genou, l'autre de l'étendre), comme chez la plupart des animaux munis de membres. Toutefois, chez les grenouilles modernes, tous les muscles participent à l'action de sauter, et seuls quelques petits muscles ont la charge de ramener la patte dans sa position de départ et maintenir cette posture. Les muscles sont également beaucoup plus gros, et les principaux muscles des pattes postérieures représentent 17 % du poids total d'une grenouille[20].
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33
+ De nombreux anoures ont des pieds palmés, et le degré de palmure dépend généralement de la proportion de temps passé par la grenouille dans l'eau[21]. Les Hymenochirus, complètement aquatiques, ont des orteils totalement palmés, tandis que ceux de Rainette de White (Litoria caerulea), une espèce arboricole, sont seulement palmés au quart ou à moitié de leur longueur[22].
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35
+ Les grenouilles arboricoles ont des disques adhésifs situés à l'extrémité de leurs orteils pour les aider à se maintenir à des surfaces verticales. Il ne s'agit pas de ventouses, mais de disques pourvus de très nombreuses cellules au sommet plat et avec de petits interstices entre chacune, lubrifiées par des glandes à mucus. Quand la grenouille fait pression avec ses pattes, les cellules adhèrent aux irrégularités de la surface et l'animal se tient au support par capillarité. Cela lui permet de grimper sur des surfaces lisses, mais cette méthode fonctionne mal si les ventouses sont trop humides[23].
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37
+ Chez plusieurs grenouilles arboricoles, une « structure intercalaire » sur chaque orteil augmente la surface adhérant au substrat. Par ailleurs, comme il est dangereux de sauter dans la canopée, certaines grenouilles arboricoles ont des articulations de la hanche leur permettant à la fois de sauter et de marcher. Certaines grenouilles qui vivent en haut des arbres possèdent également une importante palmure entre les orteils. Cela permet aux grenouilles de se « parachuter » ou de planer d'un point à l'autre à travers la canopée[24].
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+ Les grenouilles vivant sous terre ne présentent généralement pas les adaptations des grenouilles aquatiques ou arboricoles. La plupart ont de plus petites ventouses, si elles en sont pourvues, et une très légère palmure. Certains de ces animaux comme Scaphiopus couchii ont un tubercule kératinisé à l'extrémité des orteils des pattes postérieures, qui les aide à creuser[25].
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+ Parfois, durant le stade larvaire, un des membres en développement du têtard est mangé par un prédateur tel qu'une larve de libellule. Dans certains cas, le membre parvient à se développer complètement, mais ce n'est pas toujours le cas, et certains anoures vivent ensuite avec seulement trois membres. Occasionnellement un plathelminthe parasite (Ribeiroia ondatrae) s'installe dans le train arrière du têtard, ce qui provoque un réarrangement des cellules à l'origine des membres, et l'animal peut ensuite développer une ou deux pattes supplémentaires[26].
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+ La peau des anoures, en plus de les protéger, joue un rôle dans leur respiration[27], peut absorber de l'eau et les aide à maîtriser leur température corporelle. Elle présente de nombreuses glandes, en particulier sur la tête et le dos, qui produisent généralement des substances désagréables et toxiques. La sécrétion de la peau est souvent poisseuse et contribue à garder la peau humide, protège l'animal des bactéries et le rend glissant et donc difficile à saisir pour les prédateurs[28]. La peau se régénère régulièrement, au bout de quelques semaines. L'ancienne peau se détache au milieu du dos et sous le ventre, et l'animal peut libérer ses membres de cette vieille enveloppe, qu'il consomme aussitôt[29].
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+ Les anoures sont des animaux à sang froid, et doivent adopter un comportement adéquat pour réguler leur température. Pour se réchauffer, ils se placent au soleil ou sur une surface chaude, et s'ils ont trop chaud ils s'abritent à l'ombre ou adoptent une posture leur permettant d'exposer le moins de surface possible à l'air. Cette posture est également utilisée pour éviter de se déshydrater. L'animal est plaqué près du sol et les pattes sont rentrées sous son corps[30]. La coloration de la peau de l'anoure joue un rôle dans la thermorégulation, et l'animal peut légèrement la faire varier pour s'adapter à la température. Ainsi dans des conditions froides et humides la peau sera plus sombre que lors d'une journée chaude et sèche. Chiromantis xerampelina est même capable de devenir blanche pour limiter au maximum les risques de chaleur excessive[31].
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+ Plusieurs grenouilles sont capables d'absorber de l'eau et de l'oxygène directement à travers leur peau, notamment au niveau de la région pelvique, mais la perméabilité de la peau des grenouilles accroît également les risques de déshydratation. Les glandes situées partout sur le corps sécrètent un mucus qui permet à la peau de rester constamment humide et de limiter l'évaporation. Certaines glandes sur les pattes avant et la poitrine des mâles sont spécialisées dans la production de substances poisseuses qui jouent un rôle au moment de l'amplexus. Des glandes similaires chez les grenouilles arboricoles produisent une substance collante au niveau des ventouses de leurs pattes. Certaines grenouilles arboricoles réduisent leurs pertes d'eau grâce à une couche de peau étanche, et plusieurs espèces sud-américaines ont la peau recouverte d'une sécrétion cireuse. D'autres grenouilles adaptent leur comportement pour ne pas se déshydrater : elles sont nocturnes et se reposent dans une posture limitant l'évapotranspiration. Certaines espèces se reposent en groupe comprenant un grand nombre d'individus qui se serrent les uns contre les autres. Cela limite la surface de peau exposée à l'air et donc la déshydratation[30]. Le Crapaud de Woodhouse (Bufo woodhousii), si on lui donne un accès à l'eau après qu'il a demeuré dans un endroit sec, s'assied dans l'eau peu profonde pour se réhydrater[32]. Le mâle Trichobatrachus robustus a une papille dermale proéminente à la base du dos et des cuisses, ce qui lui donne un aspect hérissé. Elle contient des vaisseaux sanguins et on pense qu'elle permet d'accroître la surface de peau disponible pour la respiration cutanée[33].
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+ Le camouflage est une stratégie de défense commune chez les anoures. Les grenouilles les mieux camouflées sont nocturnes. Durant la journée, elles cherchent une position où elles peuvent se fondre dans le décor et y restent sans se faire repérer. Certaines grenouilles ont la capacité de changer de coloration, mais la palette de couleurs est alors restreinte. Par exemple, Litoria caerulea a une couleur qui varie entre le vert pâle et le chamoisé suivant la température, et la Rainette du Pacifique (Pseudacris regilla) peut aller du vert au brun, uni ou tacheté, suivant la période de l'année et la couleur de l'environnement proche[34]. Des caractéristiques comme des verrues ou des plis de peau sont fréquentes chez les anoures souterrains, où une peau lisse ne permet pas un camouflage efficace. Certaines grenouilles changent de couleur selon que l'on est le jour ou la nuit, la lumière et l'humidité stimulent les cellules pigmentaires et les font s'étendre ou se contracter[10].
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+ La peau des anoures est perméable à l'oxygène et au dioxyde de carbone, ainsi qu'à l'eau. Ils possèdent des vaisseaux sanguins près de la surface de la peau et quand une grenouille est sous l'eau, l'oxygène passe directement dans le sang. À l'air libre, les anoures respirent par pompe buccale. Leurs poumons sont similaires à ceux des humains mais les muscles de la poitrine ne jouent aucun rôle dans la respiration, et ils n'ont pas de côtes ni de diaphragme pour participer à l'entrée et la sortie de l'air. Ils gonflent leur gorge et aspirent l'air par leurs narines. Chez certaines espèces les narines sont obturées par des valves[35]. Barbourula kalimantanensis a été découverte dans une zone isolée de l'Indonésie en 2007. Elle est entièrement aquatique et est la première espèce de grenouille connue à vivre sans poumons[36],[37].
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+ Les anoures ont un cœur à trois chambres, caractéristique qu'ils partagent avec les lézards[38]. Le sang oxygéné des poumons et le sang désoxygéné revenant des tissus arrivent dans deux oreillettes différentes. Quand ces chambres se contractent, les deux afflux de sang arrivent dans le ventricule commun avant qu'il ne soit pompé via une valve spiralée vers le vaisseau approprié, l'aorte pour le sang oxygéné et l'artère pulmonaire pour le sang désoxygéné. Le ventricule est partiellement divisé en cavités étroites qui minimisent le mélange des deux types de sang[39]. Cette caractéristique permet aux anoures d'avoir un métabolisme plus élevé[38].
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+ Certaines espèces de grenouilles disposent d'adaptations qui leur permettent de survivre dans des eaux pauvres en oxygène. La grenouille du lac Titicaca (Telmatobius culeus) fait partie de ces espèces, et elle a une peau ridée qui augmente sa surface de contact pour faire des échanges de gaz avec le milieu environnant. Elle n'utilise généralement pas ses poumons rudimentaires, mais il lui arrive de se lever et se coucher successivement au fond du lac pour accroître le flux d'eau autour d'elle[40].
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+ Les anoures ont des dents maxillaires sur la mâchoire supérieure qui sont utilisées pour retenir la nourriture tandis qu'ils l'avalent. Ces dents sont fragiles et ne peuvent être utilisées pour mâcher ou attraper des proies rapides. C'est pourquoi les grenouilles utilisent plutôt leur longue langue gluante pour attraper les insectes et autres petites proies rapides. La langue est normalement enroulée dans la bouche, libre à l'arrière et fixée à la mandibule à l'avant. Elle peut être lancée et rétractée à grande vitesse[21]. Certaines grenouilles n'ont pas de langue et amènent les aliments dans leur bouche avec leurs mains[21]. Les yeux aident à avaler la nourriture car ils peuvent être escamotés par des trous dans le crâne et participent à pousser la nourriture dans la gorge[21]. La nourriture traverse ensuite l'œsophage pour arriver dans l'estomac où elle est mise en contact avec les enzymes digestives. Le tube digestif se poursuit avec l'intestin grêle qui comprend le duodénum et l'iléon où se passe en grande partie la digestion. Les enzymes produites par le pancréas, et la bile produite par le foie et stockée dans la vésicule biliaire, sont sécrétées dans l'intestin grêle, où les aliments sont digérés et les nutriments absorbés. Le résidu de nourriture passe dans le gros intestin où l'excès d'eau est réabsorbé et les déchets sont évacués à travers le cloaque[41].
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+ Bien adaptées à la vie terrestre, les grenouilles ressemblent à des poissons d'eau douce dans leur incapacité à conserver l'eau du corps efficacement. Quand ils sont sur terre, beaucoup d'eau est perdue par évaporation à travers la peau. Le système excréteur est similaire à celui des mammifères et ils disposent de deux reins qui capturent et excrètent les déchets azotés contenus dans le sang. Les grenouilles produisent de grandes quantités d'urine diluée afin d'évacuer les produits toxiques des tubules rénaux[42]. L'azote est excrété sous forme d'ammoniaque par les têtards et les grenouilles aquatiques, mais principalement sous forme d'urée, un produit moins toxique, par la plupart des adultes terrestres. Quelques espèces de grenouille arboricoles ayant moins souvent accès à l'eau excrètent de l'acide urique, encore moins toxique[42]. L'urine passe le long des uretères jumelés pour se diriger vers la vessie à partir de laquelle elle est évacuée périodiquement dans le cloaque. Tous les déchets corporels quittent le corps par le cloaque[43].
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+ Chez les anoures mâles, les deux testicules sont attachés aux reins et la semence passe dans les reins à travers de fins tubes appelés canaux efférents. Elle passe ensuite par les uretères, qui sont des conduits urogénitaux. Il n'y a pas de pénis et le sperme est éjecté via le cloaque directement sur les œufs quand la femelle les a pondus. Les ovaires de la femelle sont derrière les reins et les œufs passent à travers une paire d'oviductes puis par le cloaque[43].
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+ Quand la grenouille copule, le mâle monte sur le dos de la femelle et la saisit avec ses pattes avant soit au niveau des pattes avant soit au niveau des pattes arrière, voire dans le cas de Epipedobates tricolor autour du cou. Cette position est appelée amplexus et les deux partenaires peuvent la conserver pendant plusieurs jours[44]. Le mâle présente un certain nombre de caractères sexuels secondaires comme la présence de callosités rugueuses sur ses pattes en période de reproduction, lui permettant d'avoir une prise ferme[45]. L'étreinte exercée par le mâle durant l'amplexus stimule la femelle à pondre ses œufs, généralement enveloppés de gel[43]. Chez plusieurs espèces, le mâle est plus petit que la femelle. Les mâles ont des cordes vocales et peuvent émettre une grande variété de croassement, notamment pendant la période de reproduction, et certaines espèces disposent d'un sac vocal pour amplifier le son[43].
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+ Les anoures ont un système nerveux bien développé constitué d'un cerveau, d'une colonne vertébrale et de nerfs. Plusieurs parties du cerveau des grenouilles sont semblables à celles que l'on observe dans le cerveau humain. On rencontre en effet deux lobes olfactifs bien développés, deux hémisphères cérébraux, une glande pinéale, deux lobes optiques, un cervelet et une medulla oblongata. La coordination musculaire et les postures sont contrôlées par le cervelet, et la medulla oblongata contrôle la respiration, la digestion et d'autres fonctions automatiques[43]. Le cervelet des grenouilles est en proportion plus petit que celui de l'Homme. La moelle épinière est tubulaire et semblable à celle des autres vertébrés. Elle est courte et se prolonge dans l'urostyle uniquement par un phylum terminal[7]. Sa structure est fondamentalement tubulaireLes anoures ont dix paires de nerfs crâniens qui transmettent les informations recueillies dans le milieu extérieur directement au cerveau, et dix paires de nerfs spinaux qui transmettent les informations venues du cerveau au reste du corps en passant par la colonne vertébrale[43],[7]. Tous les autres amniotes (mammifères, oiseaux et reptiles) ont douze paires de nerfs crâniens[46].
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+ Les yeux de la plupart des anoures sont situés de chaque côté de la tête près de son sommet et sont bien proéminents. Ils procurent à l'animal une vision binoculaire sur un champ de 100° devant et une vision totale à presque 360°[47]. Parfois ils constituent l'unique partie submergée d'une grenouille cachée dans l'eau. Chaque œil a des paupières situées au-dessus et au-dessous et une membrane nictitante qui procure une protection supplémentaire, notamment lorsque la grenouille est en train de nager[48]. Les membres de la famille des Pipidae, qui vivent majoritairement dans l'eau, ont les yeux situés au sommet de la tête, une position plus adaptée pour repérer les proies au-dessus d'eux quand ces animaux sont partiellement immergés[47]. L'iris peut prendre diverses colorations et la pupille adopte différentes formes. Ainsi, le Crapaud commun (Bufo bufo) a des iris dorés et des pupilles fines et horizontales, la Grenouille aux yeux rouges (Agalychnis callidryas) a des pupilles verticales, Phyllobates a des iris sombres, les Crapauds sonneurs (Bombina) ont des pupilles triangulaires et le Crapaud rouge de Madagascar (Dyscophus antongilii) en a des circulaires. Les iris d'Anaxyrus terrestris sont modelés de façon à se fondre avec la peau du reste du corps[48].
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+ La vision distante d'un anoure est meilleure que sa vision proche. Les grenouilles en train de chanter deviennent rapidement silencieuses quand elles voient un intrus, ou rien qu'une ombre, mais plus proche est l'intrus et moins bien il sera détecté[48]. Quand une grenouille lance sa langue pour attraper un insecte elle réagit au mouvement d'un petit objet qu'elle distingue mal et dont elle doit anticiper la trajectoire car elle ferme les yeux au moment où la langue est étendue[21]. La vision des couleurs par les anoures est sujet à débat, mais on a montré qu'ils réagissaient positivement à la lumière bleue, peut-être parce qu'ils l'associent aux points d'eau qui leur procurent un abri en cas de danger[49].
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+ Les anoures peuvent entendre à l'air libre comme dans l'eau. Ils n'ont pas d'oreilles externes, leurs tympans sont directement exposés ou simplement couverts d'une couche de peau. Ils sont visibles et forment une zone circulaire juste derrière les yeux. La taille et la distance séparant les tympans dépendent de la fréquence des cris de ces animaux. Chez certaines espèces comme les Ouaouarons, la taille des tympans permet de déterminer le sexe de l'animal, car les mâles ont des tympans plus grands que leurs yeux tandis que les yeux et les tympans des femelles sont à peu près de la même taille[50]. Les bruits font vibrer le tympan et le son est transmis à l'oreille interne. L'oreille interne comprend également des canaux semi-circulaires qui jouent un rôle dans l'équilibre et l'orientation de l'animal. Les cellules ciliées qui permettent l'audition sont localisées dans deux zones de la cochlée : la papille basilaire et la papille amphibienne. La première détecte les hautes fréquences et la seconde les basses fréquences[51]. Du fait de la cochlée très courte, la grenouille utilise l'electrical tuning pour étendre la gamme de fréquences qu'elle peut entendre et l'aider à différencier certains sons[52]. Cet arrangement rend possible la détection des appels territoriaux de leurs congénères. Chez certaines espèces qui vivent dans les régions arides, le son de la foudre ou d'une forte pluie peut sortir les animaux de leur état de dormance[51]. Une grenouille peut être effrayée par un bruit inattendu, mais elle ne va généralement pas réagir tant que la source du bruit n'est pas repérée par la vue[50].
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+ Pour l'odorat, les anoures disposent d'un sac nasal qui s'ouvre vers l'extérieur de chaque côté du nez par une narine externe, et s'ouvre sur la cavité buccale par un orifice en avant de la voûte buccale. Les anoures disposent également d'un organe de Jacobson, pour capter les odeurs venant de la qualité buccale[7]. Les capteurs sensoriels du goût se limitent à la face dorsale de la langue, et sont regroupés chez les anoures à l'extrémité distale de papilles fongiformes[7]. Les larves, ainsi que certains adultes aquatiques et primitifs comme les xénopes, possèdent une ligne latérale, organe sensoriel spécifique aux animaux aquatiques. Elle est constituée d'alignements céphaliques et troncaux, de neuromastes toujours superficiels, reliés à une paire de neurones bulbaires[7].
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75
+ Le cri ou coassement des anoures est spécifique à ces espèces. Les anoures créent ce son en faisant passer l'air à travers leur larynx. Chez la plupart des grenouilles qui coassent, ce cri est amplifié par un ou plusieurs sacs vocaux, des membranes de peau placées sous la gorge ou dans le coin de la bouche, qui se détendent au cours du cri. Certains coassements sont si bruyants qu'ils peuvent être entendus à plus d'un kilomètre[53].
76
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+ Les grenouilles des genres Heleioporus et Neobatrachus n'ont pas de sac vocal mais sont tout de même capables d'émettre un cri puissant. Leur bouche est élargie et à la forme d'un dôme, et agit comme une caisse de résonance qui amplifie le son. Les espèces de grenouilles qui n'ont pas de coassement bruyant sont généralement celles qui vivent dans les zones proches d'eau coulant en provoquant un bruit continu. Elles ont besoin d'utiliser d'autres stratégies pour communiquer. La Grenouille-à-queue côtière (Ascaphus truei) vit dans les ruisseaux de montagne en Amérique du Nord et n'émet pas de chant[54].
78
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79
+ Le but du coassement est d'attirer une partenaire pour les mâles. Ils peuvent chanter seuls ou en groupe lorsque de nombreux mâles ont convergé vers un même site de reproduction. Les femelles de plusieurs espèces de grenouilles, comme Polypedates leucomystax, répondent aux cris du mâle, ce qui renforce l'activité reproductive dans une colonie[55]. Les femelles grenouilles préfèrent les mâles qui produisent des sons de grande intensité et de basse fréquence, des caractéristiques qui les font sortir du lot dans un chœur[56].
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81
+ Un cri différent est émis par une grenouille mâle ou une femelle non réceptive lorsqu'un autre mâle tente de la chevaucher. Il s'agit d'un gazouillis caractéristique qui est accompagné d'une vibration du corps[57]. Les grenouilles arboricoles et certaines espèces non-aquatiques ont un chant particulier qu'elles entonnent avant une pluie, qu'elles anticipent sur la base de l'humidité de l'air ambiant[57]. Certaines espèces ont également un chant territorial qui permet de chasser les autres mâles. Les anoures émettent ces chants avec la bouche fermée[57]. Un appel de détresse, émis par certaines grenouilles quand elles sont en danger, est produit avec la gueule ouverte, ce qui permet un cri un peu plus fort. Il est généralement utilisé lorsque la grenouille est attrapée par un prédateur, et peut servir pour faire diversion et déconcerter le prédateur afin qu'il relâche sa proie[57].
82
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+ Plusieurs espèces de grenouilles ont un cri profond. Le coassement du ouaouaron (Lithobates catesbeianus) est parfois décrit comme un « jug o' rum »[58]. La Rainette du Pacifique (Pseudacris regilla) émet un onomatopéique « ribbit » que l'on écoute souvent dans les films[59]. D'autres chants sont décrits comme un « brekekekex koax koax », le cri de la Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus) dans Les Grenouilles, un ancien drame comique grec d'Aristophane[60].
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+ Lors de conditions extrêmes, certaines grenouilles entrent dans un état de torpeur, et restent inactives pendant des mois. Dans les régions les plus froides, plusieurs espèces de grenouilles hibernent en hiver. Celles qui vivent sur terre comme le Crapaud d'Amérique (Bufo americanus) creusent un terrier et bâtissent un hibernaculum où elles peuvent entrer en dormance. D'autres, moins efficaces pour creuser, trouvent une crevasse ou s'enterrent dans les feuilles mortes. Des espèces aquatiques comme la Grenouille taureau (Rana catesbeiana) coulent au fond de la mare ou de l'étang dans lequel ils vivent, moitié ensevelis dans la vase mais toujours capables d'absorber l'oxygène dissout dans l'eau. Leur métabolisme se ralentit et ils vivent sur leurs réserves énergétiques. Certaines grenouilles peuvent même survivre à la congélation. Des cristaux de glace se forment sous leur peau et dans la cavité de leur corps mais les organes essentiels sont protégés des dégâts de la congélation par leur forte concentration en glucose. Une grenouille apparemment sans vie, congelée, peut reprendre sa respiration et voir son cœur repartir quand la température remonte[61].
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87
+ À l'autre extrême, Cyclorana alboguttata entre en estivation régulièrement durant la saison chaude et sèche en Australie, survivant dans un état de dormance sans accès à la nourriture et à l'eau pendant neuf à dix mois de l'année. Elle s'enterre sous le sol et s'enferme dans un cocon protecteur formé par sa mue. Les chercheurs de l'Université du Queensland ont établi que durant l'estivation, le métabolisme de la grenouille est modifié et l'efficacité opérationnelle des mitochondries est améliorée. Cela signifie que les quantités limitées d'énergie disponible pour la grenouille en torpeur sont utilisées de manière plus efficace. Ce mécanisme de survie est seulement utile aux animaux qui restent complètement inconscients pendant une très longue période de temps et dont les besoins en énergie sont faibles car ils sont à sang froid et n'ont pas besoin de générer de chaleur[62]. D'autres recherches ont montré que, pour pourvoir à ces besoins énergétiques, les muscles s'atrophiaient, mais que les muscles des pattes postérieures étaient souvent épargnés par ce phénomène[63].
88
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+ Les différentes espèces de grenouilles utilisent diverses méthodes de locomotion comme le saut, la course, la marche, la nage, et peuvent aussi creuser des tunnels, grimper et planer.
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+ Les grenouilles sont généralement reconnues comme étant bien adaptées au saut, et sont dans ce sens les vertébrés qui sautent le plus loin par rapport à leur taille[64]. Litoria nasuta peut sauter à plus de 2 m, une distance qui représente plus de 50 fois la longueur de son corps, qui est de 5,5 cm[65]. Il y a de grandes différences d'une espèce à l'autre quant à leurs aptitudes au saut. Au sein d'une même espèce, plus l'animal est grand et plus il saute loin, mais le rapport entre la distance sautée et la longueur diminue. Euphlyctis cyanophlyctis a la capacité de sauter en dehors de l'eau à partir d'une position flottante à la surface[66]. La toute petite Rainette grillon (Acris crepitans) peut traverser une mare avec une série de courts sauts rapides sur sa surface[67].
92
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+ Le visionnage de ce mouvement au ralenti montre que les muscles ont une certaine flexibilité. Ils sont d'abord étendus quand la grenouille est en position accroupie, puis ils sont contractés avant d'être étendus à nouveau pour permettre à la grenouille de se lancer dans l'air. Les pattes antérieures sont repliées contre la poitrine et les pattes postérieures restent dans la position étendue pendant le saut[20]. Chez certaines espèces particulièrement bien adaptées au saut, comme la Rainette de Cuba (Osteopilus septentrionalis) et la Grenouille léopard (Rana pipiens), la puissance produite durant un saut peut dépasser celle que le muscle peut théoriquement produire. Lorsque le muscle se contracte, l'énergie est tout d'abord transférée vers le tendon étiré qui entoure l'os de la cheville. Ensuite, les muscles s'étirent à nouveau tandis que dans le même temps le tendon libère son énergie telle une catapulte afin de produire une puissance d'accélération dépassant les limites du muscle[68]. Un mécanisme similaire est connu chez les locustes et les sauterelles[69].
94
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95
+ Les anoures de la famille des Bufonidae, des Rhinophrynidae et des Microhylidae ont de courtes pattes postérieures et sont plus enclins à marcher qu'à sauter[70]. Quand ils essaient de se déplacer plus rapidement, ils accélèrent la vitesse des mouvements de leurs membres ou adoptent une démarche sautillante. La démarche de Gastrophryne olivacea a été décrite comme une « combinaison entre de la course et de petits bonds de deux à cinq centimètres de long »[71]. Dans une expérimentation, un Bufo fowleri était placé sur un ergomètre tournant à différentes vitesses. En mesurant la quantité d'oxygène consommée par le crapaud on s'est rendu compte que ce sautillement utilisait de manière inefficace l'énergie lors de longs trajets, mais était une stratégie payante lors de courtes périodes d'activité intense[72].
96
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97
+ Kassina maculata a de courtes et frêles pattes postérieures mal adaptées au saut. Elle peut se déplacer rapidement en « courant » en utilisant ses deux pattes alternativement. Au ralenti, on s'en rend compte qu'à la différence d'un cheval qui peut trotter ou galoper, la démarche de cette grenouille est strictement identique quelle que soit sa vitesse d'avancement[73]. Cette espèce peut également grimper dans des arbres et des arbustes, ce qu'elle fait souvent la nuit à la recherche d'insectes[74]. Euphlyctis cyanophlyctis a de larges pattes et peut courir à la surface de l'eau sur quelques mètres[67].
98
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99
+ Les anoures qui vivent ou vont parfois dans l'eau disposent d'adaptations pour améliorer leur faculté à nager. Les pattes postérieures ont notamment une forte musculature, et les orteils sont intégralement palmés, ce qui augmente la surface des pattes et aide l'animal à se propulser dans l'eau. Les membres de la famille des Pipidae sont totalement aquatiques et sont les plus spécialisés dans ce domaine. Ils ont une colonne vertébrale très peu flexible, un corps aplati, un système de ligne latérale et de puissantes pattes postérieures aux orteils palmés[75]. Les têtards ont une grande nageoire caudale qui leur permet d'avancer en remuant la queue d'un côté à l'autre[76].
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+ Certains anoures se sont adaptés à la vie dans des galeries souterraines et peuvent creuser. Ils ont généralement un corps arrondi, de courts membres, une petite tête aux yeux renflés et des pattes de derrière adaptées pour creuser. Un exemple extrême est Nasikabatrachus sahyadrensis qui vit dans le sud de l'Inde et se nourrit de termites, et qui passe presque l'intégralité de sa vie sous la surface du sol. Elle en émerge brièvement durant la mousson pour se reproduire dans des mares temporaires. Elle a une minuscule tête avec un museau pointu et un corps globuleux. Du fait de son existence souterraine, elle a été décrite scientifiquement pour la première fois en 2003, et n'était connue auparavant que par la population locale[77].
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+ Les Scaphiopodidae d'Amérique du Nord sont également bien adaptés à la vie souterraine. Le Crapaud des Plaines (Spea bombifrons) en est un exemple typique avec un volet d'os kératinisé relié à l'un des métatarses qui est utilisé pour creuser en reculant. Quand il creuse, le crapaud tortille ses hanches d'un côté à l'autre pour s'enfoncer dans le sol. Il dispose ainsi d'un terrier peu profond en été duquel il émerge la nuit pour aller se nourrir. En hiver il creuse plus profondément et on l'a retrouvé jusqu'à 4,5 m de profond[78]. Le tunnel est rempli de terre et le crapaud hiverne dans une petite chambre située à son extrémité. Pendant ce temps, l'urée s'accumule dans les tissus et l'eau du sol est absorbée par le crapaud par osmose pour subvenir à ses besoins[78]. Les Scaphiopodidae se reproduisent en masse. Ils émergent tous de leurs terriers au même moment et se dirigent vers des mares temporaires, attirés par le chant du premier mâle à trouver une telle opportunité pour se reproduire[79].
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+ Les grenouilles australiennes vivant sous le sol ont un mode de vie semblable. Heleioporus albopunctatus creuse un terrier à côté d'une rivière ou dans le lit d'un ruisseau temporairement à sec, et en émerge régulièrement pour se nourrir. L'accouplement a lieu et les œufs sont pondus dans nid d'écume dans le terrier. Les œufs se développent partiellement ici mais n'éclosent pas tant qu'ils ne sont pas immergés par de fortes précipitations. Les têtards se dirigent alors vers l'étendue d'eau la plus proche et terminent rapidement leur développement[80]. Certaines espèces de Madagascar s'enterrent généralement simplement dans la litière de feuille. Parmi elle Scaphiophryne marmorata a une tête aplatie, un museau court et des tubercules bien développés au niveau du métatarse, en faisant un animal bien adapté pour creuser. Par ailleurs ses orteils des pattes antérieures se terminent par des disques qui lui permettent de grimper dans les buissons[81]. Elle se reproduit dans des points d'eau temporaires après la pluie[82].
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+ Les grenouilles arboricoles vivent haut dans la canopée, où elles naviguent entre les branches, les brindilles et les feuilles, parfois ne descendant jamais à terre. Les grenouilles de la famille des Hylidae sont un exemple typique de grenouilles arboricoles, mais certaines autres espèces ont développé un mode de vie similaire, comme les Centrolenidae, les Hyperoliidae, certaines Microhylidae et les Rhacophoridae[70]. La plupart des grenouilles arboricoles mesurent moins de 10 cm de long, avec de longues pattes arrière et de longs orteils équipés de ventouses à leur extrémité. La surface de ces ventouses est constituée d'une couche de cellules épidermiques à sommet plat hexagonales, très rapprochées et seulement séparées par des sillons au sein desquels des glandes sécrètent du mucus. Ces ventouses, maintenues humides par le mucus, permettent à ces animaux de s'agripper à des surfaces sèches comme mouillées, y compris du verre. Elles utilisent la force de tension superficielle et la viscosité[83]. Certaines grenouilles sont très acrobatiques et peuvent attraper des insectes tandis qu'elles se tiennent à une brindille par un orteil ou qu'elles serrent la tige d'un roseau balayé par le vent[84]. Certains membres de la sous-famille des Phyllomedusinae ont des orteils en position opposés. La Phyllomedusa ayeaye a un doigt opposé sur chacune de ces pattes avant et deux doigts opposés sur ses pattes arrière. Cela lui permet de saisir les tiges des plantes quand elle se déplace en grimpant dans la végétation en bord de rivière[85].
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+ Durant l'histoire évolutive de la grenouille, différents groupes ont développé un déplacement par la voie des airs[86]. Certaines grenouilles dans la forêt tropicale sont bien adaptées pour planer d'arbres en arbres ou pour retomber sur le sol de la forêt. La Grenouille volante de Wallace (Rhacophorus nigropalmatus) en est un exemple typique que l'on trouve en Malaisie et à Bornéo. Elle a de larges pattes avec l'extrémité des doigts formant de larges disques adhésifs et une palmure complète. Les membres sont bordés de bandes de peau libre. En écartant les doigts, étendant les membres et déployant ses bandes de peau, la grenouille peut planer sur des distances considérables[87]. Elle peut changer sa direction pendant qu'elle plane et naviguer ainsi entre les arbres sur des distances pouvant atteindre 15 m[88].
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+ Principalement deux types de reproduction sont utilisés par les anoures : la reproduction prolongée et la reproduction explosive. Dans le premier cas, les adultes se rassemblent certaines périodes de l'année dans les étangs, lacs ou ruisseaux pour se reproduire. La plupart des animaux retournent vers le lieu où ils sont nés et ont grandi. Il en résulte d'importantes migrations de centaines d'individus. Dans l'autre cas, les grenouilles adultes arrivent aux points de reproduction en réponse à certains facteurs, comme des averses dans les régions extrêmement arides. Chez les espèces concernées, la copulation et la ponte ont lieu très rapidement après l'arrivée des animaux sur le site de reproduction, et les têtards se développent très rapidement afin d'utiliser les points d'eau temporaires avant qu'ils ne s'assèchent à nouveau[89].
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+ Chez les espèces qui se rassemblent saisonnièrement, les mâles arrivent généralement les premiers sur les sites de reproduction, et y restent quelque temps avant l'arrivée des femelles, ces dernières quittant le site rapidement après la ponte. Cela implique que les mâles sont plus nombreux que les femelles à un instant donné, et ils défendent un territoire duquel ils excluent les autres mâles. Ils indiquent leur présence en coassant, alternant souvent leurs appels avec les coassements des animaux voisins. Les grenouilles les plus grosses et les plus fortes émettent les coassements les plus profonds, et elles peuvent garder les meilleurs territoires. Les femelles choisissent leur partenaire en partie sur la profondeur de leur chant[90]. Chez certaines espèces certains mâles n'ont pas de territoire et ne chantent pas. Ils interceptent des femelles qui se dirigent vers des mâles coassant ou prennent un territoire lorsqu'il devient vacant. Le chant est une activité qui demande beaucoup d'énergie. Parfois il y a des échanges de rôle, et un mâle disposant d'un territoire le laisse pour graviter librement autour de celui des autres[89].
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+ Chez les espèces adeptes d'une reproduction explosive, le premier mâle qui trouve un lieu approprié pour se reproduire appelle d'un coassement bruyant, attirant ses congénères des deux sexes. Les animaux chantent ensuite à l'unisson, formant un chœur que l'on peut entendre de très loin. Les Scaphiopus d'Amérique du Nord entrent dans cette catégorie. La sélection du partenaire et la cour n'ont que peu d'importance par rapport à la rapidité avec laquelle les animaux s'accouplent. Certaines ann��es, les conditions favorables ne se produisent pas et les animaux peuvent rester deux années ou plus sans se reproduire[89]. Certaines femelles Spea multiplicata pondent uniquement la moitié de leurs œufs à la fois, peut-être pour en conserver si une meilleure opportunité pour se reproduire se produisait ultérieurement[91].
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117
+ Sur le site de reproduction, le mâle monte sur la femelle et s'accroche solidement sur son corps. Typiquement, l'amplexus a lieu dans l'eau, la femelle relâchant ses œufs et le mâle les couvrant avec son sperme : la fécondation est donc externe. Chez certaines espèces comme le Crapaud des steppes (Bufo cognatus), le mâle retient les œufs avec ses pattes arrière, les gardant en place pendant environ trois minutes[89]. Les membres du genre Nimbaphrynoides que l'on trouve en Afrique de l'Ouest sont uniques parmi les anoures du fait de leur viviparité. Les membres du genre tanzanien Nectophrynoides sont les seuls anoures ovovivipares. Dans les deux cas, la fertilisation est interne et les femelles donnent naissance à de jeunes grenouilles complètement développées[92],[93].
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+ Comme d'autres amphibiens, le cycle de vie de la grenouille commence dans l'eau avec un œuf qui éclos pour donner une larve sans membres munie de branchies, que l'on appelle têtard. Après une période de croissance, durant laquelle le têtard développe des membres et des poumons, il se métamorphose et son aspect général et l'arrangement de ses organes internes sont modifiés. Il peut quitter l'eau sous la forme d'une grenouille miniature.
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+ Les embryons des anoures sont généralement entourés de plusieurs couches d'une substance gélatineuse. La gélatine protège l'œuf tout en permettant le passage de l'oxygène, du dioxyde de carbone et de l'ammoniac. Elle absorbe l'humidité et gonfle en contact avec l'eau. Après la fertilisation, la portion la plus interne se liquéfie pour permettre les libres mouvements de l'embryon en développement. Chez certaines espèces, comme la Grenouille à pattes rouges (Rana aurora) et la Grenouille des bois (Rana sylvatica), une algue verte unicellulaire symbiotique est présente dans la gélatine. On pense qu'elle est utile à l'embryon en développement en lui pourvoyant de l'oxygène supplémentaire à travers la photosynthèse[94]. Les œufs sont noirs ou marron foncé, et ont l'avantage d'absorber la chaleur du soleil qui est retenue par la capsule. L'intérieur des amas d'œufs de la Grenouille des bois (Rana sylvatica) est 6 °C plus chaud que l'eau environnante et cela accélère le développement de la larve[95].
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+ La forme et la taille des œufs sont caractéristiques de l'espèce concernée. Les ranidés produisent des amas d'œufs globulaires comprenant un grand nombre d'œufs, tandis que les bufonidés produisent des amas d'œufs formant de longues chaînes cylindriques. La minuscule Eleutherodactylus limbatus pond des œufs isolés, les enterrant dans le sol humide[96]. Leptodactylus pentadactylus fait un nid de mousse dans un arbre creux. Les œufs éclosent lorsque le nid est inondé, ou les têtards terminent leur développement dans la mousse s'il n'y a jamais d'arrivée d'eau[97]. La Grenouille aux yeux rouges (Agalychnis callidryas) dépose ses œufs sur une feuille au-dessus d'un point d'eau et quand elles éclosent les larves tombent dans l'eau en dessous[98]. Les larves en développement dans les œufs peuvent détecter les vibrations causées par des guêpes ou serpents prédateurs, et peuvent éclore plus précocement pour éviter d'être mangés[99]. En général, la longueur d'incubation dépend de l'espèce et des conditions environnementales. Les œufs aquatiques éclosent généralement au bout d'une semaine, quand la capsule se fend sous l'action d'une enzyme relâchée par la larve en développement[100].
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+ Les larves qui émergent des œufs, que l'on connaît sous le nom de têtards, ont généralement un corps ovale allongé, avec une queue aplatie verticalement. En règle générale, les têtards sont totalement aquatiques, mais au moins une espèce, Nannophrys ceylonensis, a des têtards semi-aquatiques qui peuvent vivre sur des rochers humides[101],[102]. Les têtards n'ont pas de paupière et ont des squelettes cartilagineux, une ligne latérale, des branchies pour assurer leur respiration (branchies externes dans un premier temps puis branchies internes) et une queue aplatie verticalement qu'ils utilisent pour nager[76].
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+ Au début de son développement, le têtard possède une poche branchiale qui recouvre ses branchies et ses pattes avant. Les poumons commencent rapidement à se développer et sont utilisés de manière complémentaire pour la respiration. Certaines espèces réalisent leur métamorphose dans l'œuf et éclosent directement sous la forme de grenouilles miniatures. Les têtards sont dépourvus de vraies dents, mais les mâchoires supérieures de certaines espèces présentent deux rangées parallèles de structures kératinisées. Les mâchoires inférieures portent généralement trois rangées de ces dents entourées d'un bec corné, mais le nombre de rangées peut varier et l'agencement exact de la bouche constitue un moyen d'identification des espèces[100]. Chez les Pipidae, à l'exception de Hymenochirus, les têtards ont une pare de barbillons antérieurs, qui les font ressembler à des poissons-chats[75]. Leurs queues sont raidies par une chorde, mais ne contiennent aucun élément osseux ou cartilagineux, excepté quelques vertèbres à la base qui forme l'urostyle durant la métamorphose. On pense qu'il s'agit d'une adaptation à leur mode de vie. Comme leur transformation en grenouilles arrive très rapidement, la queue est uniquement constituée de tissu mou, car l'os et le cartilage prennent plus de temps à être absorbés. La nageoire caudale et l'extrémité de la queue sont fragiles et se déchirent rapidement, ce qui est vu comme une adaptation pour échapper à des prédateurs qui tentent de les attraper par la queue[103].
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+ Les têtards sont principalement herbivores, se nourrissant majoritairement d'algues comme les diatomées qu'il filtre dans l'eau à travers ses branchies. Certaines espèces sont carnivores au stade têtard, mangeant des insectes, de plus petits têtards et des poissons. La Rainette de Cuba (Osteopilus septentrionalis) fait partie des espèces chez lesquelles les têtards peuvent être cannibales. Les têtards qui développent leurs membres le plus rapidement peuvent être mangés par les autres, et ce sont donc les animaux qui ont le développement le plus long qui sont avantagés[104].
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131
+ Les têtards sont très vulnérables aux poissons, aux tritons, aux dytiques et aux oiseaux tels que les martins-pêcheurs qui s'en nourrissent. Certains têtards, comme ceux du Crapaud buffle (Rhinella marina), sont poisons. Le stade têtard peut durer seulement une semaine chez des espèces à la reproduction rapide ou peut laisser l'animal passer un ou deux hivers avant qu'il ne se métamorphose au printemps[105].
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+ À la fin du stade têtard, la grenouille se métamorphose et son corps se transforme rapidement en celui d'un adulte. Cette métamorphose dure seulement 24 heures, et est initiée par la production d'une hormone, la thyroxine. Cela conduit différents tissus à se développer de différentes façons. Les principaux changements sont le développement de poumons et la disparition des branchies et des poches branchiales, laissant les pattes avant visibles. La mâchoire inférieure devient la grande mandibule de l'adulte carnivore, et le long intestin spiralé du têtard herbivore est remplacé par un intestin court typique d'un prédateur[100]. Le système nerveux devient bien adapté à l'audition et la vision stéréoscopique, et pour de nouvelles méthodes de locomotion et d'alimentation[100]. Les yeux sont repositionnés plus haut sur la tête et les paupières et glandes associées apparaissent. Le tympan, l'oreille moyenne et l'oreille interne se développent. La peau devient plus épaisse et plus dure, la ligne latérale disparaît et les glandes de la peau apparaissent[100]. La dernière étape est la disparition de la queue, mais elle a lieu plus tard, le tissu étant utilisé pour accélérer la croissance des membres[106]. C'est lors de leur métamorphose que les anoures sont les plus sensibles aux prédateurs. En effet, les grenouilles ont tout juste perdu leur queue et leurs membres commencent tout juste à être utilisés pour la locomotion[70].
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+ Larve de Grenouille commune Rana temporaria un jour avant la métamorphose.
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+ Étape de la métamorphose avec la mâchoire déformée, de grands yeux et une relique de la poche branchiale.
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+ Jeune grenouille avec courte queue, dont la métamorphose est presque complète.
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141
+ Après la métamorphose, les jeunes adultes se dispersent dans leur nouvel habitat terrestre ou continuent à vivre dans l'eau. Presque tous les anoures sont carnivores au stade adulte, se nourrissant d'invertébrés, comme des arthropodes, des annélides, des gastéropodes, et des limaces[107]. Quelques-unes des plus grosses espèces peuvent manger d'autres grenouilles, des petits mammifères et des poissons. Certaines grenouilles utilisent leur langue gluante pour attraper des proies rapides[108], tandis que d'autres poussent la nourriture dans leur bouche avec leurs pattes. La grenouille arboricole Xenohyla truncata est une exception car en partie herbivore, son alimentation comprenant une grande proportion de fruit[109]. Les grenouilles adultes sont elles-mêmes les proies de différents prédateurs. La Grenouille léopard (Rana pipiens) est par exemple consommée par les hérons, les faucons, les poissons, les grandes salamandres, les serpents, les ratons laveurs, les moufettes, les visons, les grenouilles-taureaux et d'autres animaux[110].
142
+
143
+ Les anoures sont des prédateurs primaires et un maillon important de la chaîne alimentaire. Étant hétérotherme, ils font une utilisation efficace de leur alimentation en dépensant peu d'énergie pour les processus métaboliques, tandis que le reste est transformé en biomasse. Ils sont eux-mêmes consommés par les prédateurs secondaires et sont les principaux consommateurs terrestres d'invertébrés, la plupart attrapés sur des plantes. En réduisant la population d'herbivore, ils jouent un rôle dans la croissance des plantes et participent à l'équilibre des écosystèmes[111].
144
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145
+ On sait peu de choses sur la longévité des anoures à l'état sauvage. La squelettochronologie est une méthode permettant d'évaluer l'âge des animaux à partir du squelette. Cette méthode a été utilisée pour étudier la Grenouille des montagnes à pattes jaunes (Rana muscosa), dont les phalanges des orteils présentaient des lignes de croissance saisonnière avec ralentissement de la croissance en hiver. La plus vieille grenouille avait dix lignes, et on estimait donc son âge à 14 ans, en comptant les quatre ans de stade têtard[112]. Certains animaux détenus en captivité ont vécu jusqu'à 40 ans, record obtenu pour un Crapaud commun (Bufo bufo). Le Crapaud buffle (Bufo marinus) peut vivre 24 ans en captivité, et la Grenouille-taureau (Rana catesbeiana) 14 ans[113]. Les grenouilles des climats tempérés hibernent durant l'hiver, et quatre espèces sont connues pour pouvoir supporter de geler durant cette période, dont la Grenouille des bois (Rana sylvatica)[114].
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+ Bien que les soins apportés à la progéniture soient mal étudiés chez les grenouilles, près de 20 % pourrait s'occuper d'une manière ou d'une autre de l'avenir de leur progéniture[115]. L'évolution des soins parentaux chez les grenouilles est dirigée principalement par la taille de l'étendue d'eau dans lequel elles se reproduisent. Les espèces qui se reproduisent dans de petits points d'eau ont généralement des comportements parentaux plus complexes[116]. Du fait de la prédation importante des œufs et des larves dans les points d'eau de plus grande taille, un grand nombre d'espèces pondent leurs œufs sur la terre. Un des deux parents doit alors s'assurer que les œufs ne se dessèchent pas en maintenant une certaine humidité pour assurer leur survie[117]. Par ailleurs les parents doivent ensuite assurer le transport des têtards juste éclos vers un point d'eau[116].
148
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+ Dans les petits points d'eau, les prédateurs sont la plupart du temps absents et la compétition entre les têtards est la principale limite à leur survie. Certaines espèces de grenouilles évitent cette concurrence en utilisant de petits phytotelmes (axiles de feuilles remplis d'eau ou cavité dans du bois) comme sites pour déposer quelques têtards[118]. Si ces sites permettent aux têtards de ne pas être en compétition, ils manquent également de nutriments pour survivre sans aide de leurs parents. Les espèces ayant adopté cette stratégie laissent à leurs têtards des œufs remplis de substances nutritives mais non fécondés[116]. La femelle Grenouille des fraises (Oophaga pumilio) pond ses œufs sur le sol de la forêt tropical. Le mâle les protège des prédateurs et leur apporte de l'eau via son cloaque pour les garder humides. Quand ils éclosent, la femelle emmène les têtards sur son dos pour rejoindre une broméliacée remplie d'eau ou autre point d'eau similaire, en déposant seulement un œuf à chaque endroit. Elle les visite régulièrement et les nourrit en pondant un ou deux œufs non fertilisés dans le phytotelma, et ce jusqu'à ce que le têtard atteigne le stade de la métamorphose[119]. Oophaga granulifera s'occupe de ses têtards d'une manière similaire[120].
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+ Diverses autres formes de soins parentaux peuvent être observées chez les grenouilles. Le petit mâle Colostethus subpunctatus garde les œufs pondus par sa femelle, sous une pierre ou un morceau de bois. Quand les œufs éclosent, il transporte les têtards sur son dos jusqu'à une mare temporaire, où il s'immerge en partie pour laisser tomber un ou quelques têtards, avant de se diriger vers un autre point d'eau et recommencer l'opération[121]. Le mâle Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) porte les œufs avec lui, attachés sur ses pattes arrière. Il les conserve humide en s'immergeant régulièrement dans l'eau et leur évite de devenir trop humide en élevant ses quartiers arrière. Après trois à six semaines, il se dirige vers un point d'eau et les œufs éclosent[122]. Engystomops pustulosus construit un nid flottant fait de mousse pour protéger ses œufs de la prédation. Cette mousse est faite de protéines et de lectines et semble avoir des propriétés antimicrobiennes[123]. Plusieurs couples de grenouilles peuvent construire un nid de ce type en commun, à partir d'un radeau préexistant. Les œufs sont pondus au centre, suivis de couches alternatives de mousse et d'œufs, le tout recouvert de mousse[124].
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+ Certaines grenouilles protègent leur descendance dans leur propre corps. Les mâles et les femelles Assa darlingtoni gardent leurs œufs, qui sont pondus sur le sol. Une fois éclos, le mâle lubrifie son corps avec le gel les entourant, et s'immerge dans la masse d'œufs éclos. Les têtards se dirigent alors vers des poches de peau qu'il possède sur ses flancs, où ils vont se développer jusqu'à la métamorphose[125]. Les femelles du genre Rheobatrachus, présent en Australie et probablement éteinte aujourd'hui, avalent les œufs fertilisés, qui se développent dans leur estomac. Elles cessent alors de se nourrir et de sécréter des sucs gastriques. Les têtards utilisent le vitellus des œufs pour se nourrir. Après 6 ou 7 semaines, ils sont prêts à se métamorphoser. La mère régurgite les petites grenouilles, qui s'échappent de sa bouche[126]. La femelle Rhinoderma darwinii du Chili pond jusqu'à 40 œufs sur le sol, où ils sont gardés par le mâle. Quand les têtards sont prêts à éclore, ils sont gobés par le mâle, qui les garde dans son sac vocal particulièrement grand. Ils sont immergés dans un liquide visqueux et mousseux qui contient des matières nutritives supplémentaires à celle du vitellus. Ils y restent 7 à 10 semaines avant de se métamorphoser, après quoi ils sortent de la bouche du mâle[127].
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+ Les anoures ont de nombreux prédateurs potentiels (dont d'autres amphibiens tels que les salamandres) [128]. À première vue, les anoures semblent sans défense avec leur petite taille, leur peau fine et l'absence de défenses telles que des épines, des griffes ou des dents. Plusieurs utilisent le camouflage pour éviter d'être vue par certains prédateurs (Une peau tachetée ou rayée de couleurs identiques à celles de son environnement permettent à l'animal d'être difficile à percevoir, il existe des anoures qui ont la couleur, mais aussi la forme d'une feuille morte). Certaines espèces peuvent faire de grands bonds, généralement vers l'eau, pour échapper à leurs prédateurs, tandis que d'autres ont développé d'autres méthodes de défense[89].
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+ La peau de plusieurs anoures contient des substances toxiques appelées bufotoxines qui les rendent immangeables pour les prédateurs. La plupart des crapauds et certaines grenouilles ont de grandes glandes productrices de poison, les glandes parotoïdes, situées sur les côtés de leurs têtes derrière les yeux, ainsi que d'autres glandes un peu partout sur le corps. Des glandes sécrètent aussi un mucus et des substances rendant les animaux glissants et donc difficiles à saisir. Si les effets nocifs du poison ou de molécules répulsives sont immédiats, le prédateur stoppe son agression et l'anoure peut s'échapper. Si les effets sont plus tardifs, le prédateur va apprendre à éviter cette espèce à l'avenir[129]. Les grenouilles toxiques indiquent leur toxicité en se parant de couleurs vives, une stratégie adaptative connue comme l'aposématisme. C'est le cas notamment des grenouilles de la famille des Dendrobatidae. Elles sont généralement rouges, orange ou jaunes, souvent avec des marques noires qui font contraste. Allobates zaparo n'est pas toxique, mais mime l'apparence de deux espèces toxiques qui partagent son aire de répartition pour se prémunir des prédateurs[130]. D'autres espèces, comme le Sonneur à ventre de feu (Bombina bombina), ont leurs couleurs dissuasives sous le corps. Elles les exhibent alors lorsqu'elles sont attaquées, adoptant une pose pour montrer leur ventre[5].
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+ Certaines grenouilles, comme les Dendrobatidae, sont particulièrement toxiques. Les indigènes d'Amérique du Sud extraient le poison de ces grenouilles pour en recouvrir leurs armes pour la chasse[131], bien que peu d'espèces soient suffisamment toxiques pour être utilisées de la sorte. Au moins deux espèces non toxiques d'Amérique tropicale (Pristimantis gaigei et Lithodytes lineatus) miment l'apparence des Dendrobatidae pour se protéger elles-mêmes[132],[133]. Certaines grenouilles obtiennent leur poison grâce aux fourmis et autres arthropodes qu'elles consomment[134]. D'autres, comme les Pseudophryne d'Australie (Pseudophryne corroboree et Pseudophryne pengilleyi), synthétisent leurs alcaloïdes elles-mêmes[135]. Les substances produites par les anoures peuvent être irritantes, hallucinogènes, neurotoxiques, vasoconstrictrices ou provoquer des convulsions. De nombreux prédateurs se sont adaptés et peuvent tolérer un degré d'empoisonnement fort avec ces substances, mais d'autres créatures, y compris les hommes qui attrapent les anoures, peuvent être fortement touchées[136].
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+ Certains anoures se défendent en intimidant leurs prédateurs. Le Crapaud commun (Bufo bufo) adopte une posture particulière lorsqu'on l'attaque, gonflant son corps et se tenant dressé sur ses pattes de devant avec la tête baissée[137]. La Grenouille-taureau (Rana catesbeiana) se tapit au sol avec ses yeux fermés et la tête penchée vers l'avant quand elle est menacée. De cette façon les glandes parotoïdes sont dans leur position la plus efficace, les autres glandes sur son dos commencent à suinter des sécrétions toxiques et les parties de son corps les plus vulnérables sont protégées[89]. Certaines grenouilles « crient » pour surprendre le prédateur. La Rainette versicolore (Hyla versicolor) produit un bruit lourd qui rappelle parfois la Grande musaraigne Blarina brevicauda[89]. Bien que les crapauds soient évités par de nombreux prédateurs, la Couleuvre rayée (Thamnophis sirtalis) en consomme régulièrement. Les jeunes Crapauds d'Amérique (Bufo americanus) lorsqu'ils sont approchés par ce serpent font le mort : ils se couchent et restent immobiles, tactique souvent fructueuse, le serpent passant à côté du crapaud sans le détecter[138].
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+ Les anoures sont présents sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique, mais ne sont pas présents sur diverses îles, notamment sur celles qui sont éloignées des continents[139],[140]. De nombreuses espèces sont restreintes à des zones géographiques limitées du fait de changements de climat ou de territoires inhospitaliers comme les étendues de mer, les chaînes montagneuses, les déserts, les forêts coupées à blanc, les routes ou diverses autres constructions humaines qui constituent des barrières infranchissables pour ces animaux[141]. Généralement, on rencontre une plus grande diversité d'anoures dans les zones tropicales que dans les zones tempérées comme l'Europe[142]. Certaines grenouilles vivent dans des habitats arides, comme les déserts, grâce à des adaptations adéquates. Ainsi les membres du genre australien Cyclorana creusent eux-mêmes des galeries souterraines un cocon imperméable à l'eau dans lequel ils peuvent estiver durant les périodes sèches. Une fois qu'il pleut, les animaux émergent et se reproduisent dès qu'elles ont trouvé une mare temporaire. Le développement des œufs et des têtards est alors très rapide en comparaison des autres espèces, ceci afin que la reproduction puisse se terminer avant que la mare temporaire ne tarisse[143]. Certaines grenouilles sont adaptées aux environnements froids. La Grenouille des bois (Rana sylvatica), dont l'habitat s'étend dans le cercle Arctique, creuse dans le sol en hiver. Bien que la plupart de son corps gèle à ce moment, elle protège ses organes vitaux des dommages grâce à la très forte concentration de glucose en leur sein[21].
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+ Environ 88 % des espèces d'amphibiens sont classées dans l'ordre des anoures[18]. Cet ordre comprend environ 4 810 espèces appartenant à 33 familles[144], parmi lesquelles les Leptodactylidae (1100 espèces), les Hylidae (800 espèces) et les Ranidae (750 espèces) sont les plus importantes[18]. Les anoures comprennent toutes les grenouilles modernes et diverses espèces fossiles. Les caractéristiques des anoures adultes comprennent neuf vertèbres présacrales ou moins, un long ilium incliné vers l'avant, la présence d'un urostyle, l'absence de queue, des membres avant plus courts que les membres arrière, le radius et l'ulna fusionnés, tout comme le tibia et le fibula, des os de la cheville allongés, l'absence d'un os préfrontal, la présence d'un os hyoïde, une mâchoire inférieure dépourvue de dents, une langue sans support, des espaces lymphatiques en dessous de la peau et un muscle, le protractor lentis, attaché au cristallin[145]. La larve des anoures, le têtard, a un unique stigmate pour respirer et sa bouche est pourvue d'un bec corné et de denticules[145]
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+ Les grenouilles et les crapauds sont classés en trois sous-ordres : celui des Archaeobatrachia, qui inclut quatre familles de grenouilles "primitives" ; celui des Mesobatrachia, qui comprend cinq familles de grenouilles un peu plus ""évoluées"" ; et celui des Neobatrachia, de loin le plus répandu, qui contient les 24 autres familles d'anoures "modernes", dont les espèces les plus communes présentes à travers le monde. Le sous-ordre des Neobatrachia est lui-même divisé en deux superfamilles, les Hyloidea et les Ranoidea[146]. Cette classification s'appuie sur des caractéristiques morphologiques comme le nombre de vertèbres, la structure de la ceinture scapulaire et la morphologie des têtards. Alors que cette classification est largement acceptée, les liens entre les différentes familles d'anoures restent débattus[147].
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+ Certaines espèces d'anoures s'hybrident communément. Par exemple, la Grenouille verte d'Europe (Pelophylax kl. esculentus) est un hybride entre la Petite grenouille verte (Pelophylax lessonae) et la Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus)[148]. Le Sonneur à ventre de feu (Bombina bombina) et le Sonneur à ventre jaune Bombina variegata sont également très proches et peuvent s'hybrider. Les hybrides sont moins fertiles que leurs parents, et on trouve une zone d'hybridation où ils sont très répandus[149].
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+ Selon Amphibian Species of the World (17 septembre 2014)[150] :
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173
+ Les origines et les relations évolutives entre les trois principaux groupes d'amphibiens sont sujets à controverses. La phylogénie moléculaire s'appuyant sur l'analyse de l'ADN ribosomique réalisée en 2005 suggère que les salamandres et les cécilies sont plus proches entre eux qu'ils le sont des anoures, et que la divergence entre les trois groupes date du Paléozoïque ou du début du Mésozoïque, avant la séparation du supercontinent Pangée et peu après leur divergence d'avec les sarcoptérygiens[151]. Une autre analyse moléculaire phylogénétique a conclu que les lissamphibiens sont apparus pour la première fois il y a environ 330 millions d'années et que l'hypothèse selon laquelle les anoures dérivaient des Temnospondyli est la théorie la plus crédible. Les Neobatrachia semblent être originaires d'Afrique et d'Inde, les salamandres d'Asie de l'Est et les cécilies de la Pangée tropicale[152]. D'autres chercheurs, bien qu'ils acceptent les principaux points de cette théorie, pensent que la divergence des lissamphibiens a eu lieu au Permien, il y a moins de 300 millions d'années, une date qui est plus en rapport avec les découvertes paléontologiques[153]. Une étude complémentaire menée en 2011 sur des taxons éteints et existants étudiés du point de vue de leur morphologie et également de leur analyse moléculaire a conclu que Lissamphibia est un groupe monophylétique et qu'il devait être placé dans les Lepospondyli plutôt que parmi les Temnospondyli. L'étude postule que Lissamphibia n'est pas apparu avant la fin du Carbonifère, il y a entre 290 et 305 millions d'années. La séparation entre les anoures et les Caudata est estimée avoir eu lieu il y a 292 millions d'années, bien plus tard que la plupart des études moléculaires ne le suggèrent, et les cécilies auraient quant à eux divergé il y a 239 millions d'années[154].
174
+
175
+ En 2008, Gerobatrachus hottoni, un temnospondyle partageant à la fois des caractéristiques des grenouilles et des salamandres, est découvert au Texas. Il est daté de 290 millions d'années avant notre ère, et considéré comme un chaînon manquant, proche de l'ancêtre commun des grenouilles et des salamandres, ce qui est cohérent avec l'idée largement acceptée suivant laquelle les grenouilles et les salamandres sont plus fortement apparentées (formant un clade appelé Batrachia) qu'elles le sont avec les cécilies[155],[156]. Le premier Salientia connu (voir ci-dessous), plus proche des grenouilles existantes que des salamandres existantes, est Triadobatrachus massinoti, vivant au début du Trias à Madagascar (il y a environ 250 millions d'années), et des fragments de Czatkobatrachus polonicus vivant à la même période en Pologne[157]. Le crâne de Triadobatrachus ressemble à celui d'une grenouille, large avec de grandes orbites oculaires, mais les fossiles ont des caractéristiques qui divergent clairement des grenouilles actuelles, notamment un corps plus long avec plus de vertèbres. La queue a des vertèbres séparées qui diffèrent du coccyx fusionné des grenouilles actuelles. Le tibia et le fibula sont également séparés, et Triadobatrachus n'était donc vraisemblablement pas un bon sauteur[157].
176
+
177
+ Salientia (du latin (la) (salio), « sauter ») est un groupe comprenant les grenouilles modernes dans l'ordre des anoures et les fossiles qui leur sont fortement apparentés (comme Triadobatrachus et Czatkobatrachus). Les principales caractéristiques de ces « proto-grenouilles » de l'ordre des Salientia incluent les 14 vertèbres présacrées (les grenouilles modernes en ont 8 ou 9), un long ilium tourné vers l'avant au niveau du pelvis, la présence d'un os pariétal et d'une mâchoire inférieure dépourvue de dents. La première grenouille fossile que l'on place dans la lignée des anoures proprement dits est Prosalirus bitis, qui vivait au début du Jurassique[3],[158]. Elle a été découverte en 1995 dans la formation de Kayenta en Arizona, et date du début du Jurassique (entre 199,6 et 175 millions d'années avant notre ère), faisant de Prosalirus un groupe plus récent que Triadobatrachus[159]. Comme ces descendants, Prosalirus ne présente pas les pattes fortement agrandies mais possède la structure pelvique typique des grenouilles modernes. À la différence de Triadobatrachus, Prosalirus a déjà perdu presque toute sa queue[160] et était bien adapté au saut[161].
178
+
179
+ La première véritable grenouille connue est Vieraella herbstii, qui vivait au début du Jurassique. On connaît cet animal uniquement à partir des impressions fossilisées du dos et du ventre d'un animal unique, dont la taille était d'environ 33 mm. Notobatrachus degiustoi datant du milieu du Jurassique est plus jeune et date d'il y a entre 155 et 170 millions d'années. Les principales évolutions visibles sur cette espèce est le raccourcissement du corps et la perte de la queue. On pense que l'évolution des anoures modernes s'est achevée à la fin du Jurassique. Depuis, les évolutions au niveau du nombre de chromosomes ont été environ 20 fois plus rapides chez les mammifères que chez les grenouilles, indiquant que le phénomène de spéciation était plus rapide chez les mammifères[162].
180
+
181
+ Des fossiles de grenouilles ont été retrouvés sur tous les continents à l'exception de l'Antarctique mais des preuves biogéographiques suggèrent qu'ils ont également vécu en Antarctique dans une ère précédente quand le climat y était plus chaud[163].
182
+
183
+ Phylogénie des ordres d'amphibiens modernes d'après Marjanovic & Laurin (2007)[164] :
184
+
185
+ Apoda (cécilies)
186
+
187
+ † Allocaudata
188
+
189
+ Urodela (salamandres...)
190
+
191
+ Anura (grenouilles et crapauds)
192
+
193
+ Phylogénie des familles basales de l'ordre Anura, d'après Pyron et Wiens (2011)[165] ainsi que Frost et al. (2006)[166] et Heinicke et al. (2009)[167] pour les noms de clades :
194
+
195
+ Ascaphidae
196
+
197
+ Leiopelmatidae
198
+
199
+ Alytidae
200
+
201
+ Bombinatoridae
202
+
203
+ Pipidae
204
+
205
+ Rhinophrynidae
206
+
207
+ Scaphiopodidae
208
+
209
+ Pelodytidae
210
+
211
+ Megophryidae
212
+
213
+ Pelobatidae
214
+
215
+ Neobatrachia
216
+
217
+
218
+
219
+ En 2006, parmi les 4 035 espèces d'amphibiens dépendant de l'eau au cours de leur cycle de vie, 1 356 (33,6 %) étaient considérés comme menacés. Il se pourrait même que ce chiffre soit sous-estimé car pour 1 427 on ne dispose pas de suffisamment d'éléments pour établir leur statut de sauvegarde[168]. Les populations d'anoures ont décliné fortement depuis les années 1950. Plus d'un tiers des espèces sont considérées comme menacées d'extinction, et plus de 120 espèces semblent s'être éteintes depuis les années 1980[169]. Parmi ces espèces disparues on compte notamment les Rheobatrachus d'Australie et le Crapaud doré du Costa Rica. La disparition de ce dernier a une importance particulière pour les scientifiques car il vivait dans la réserve de la forêt de nuages de Monteverde et a souffert d'un crash de sa population en 1987, comme 20 autres espèces d'anoures que l'on trouve dans cette région. Cet effondrement de la population, au-delà de la normale, ne peut pas être directement relié aux activités humaines telles que la déforestation[170]. Ailleurs, la disparition de leur habitat est la principale cause de déclin des populations d'anoures, avec la pollution, le changement climatique, l'accroissement des radiations UV et l'introduction d'espèces prédatrices ou entrant en compétition avec les espèces locales[171]. Une étude canadienne conduite en 2006 a estimé que l'augmentation du trafic routier était une cause de déclin plus importante que la disparition d'habitats[172]. Des maladies infectieuses émergentes, comme la chytridiomycose et le ranavirus, dévastent également certaines populations[173],[174].
220
+
221
+ Plusieurs spécialistes pensent que les amphibiens, dont les anoures, sont de très bons indicateurs de la bonne santé d'un écosystème du fait de leur position intermédiaire dans la chaîne alimentaire, leur peau perméable et leur vie à la fois aquatique et terrestre[175]. Il apparaît d'ailleurs que les espèces avec des œufs et des larves aquatiques sont plus sujettes au déclin que celles qui ont un développement direct sans stade larvaire[176].
222
+
223
+ Les mutations chez les grenouilles ont augmenté depuis les années 1990. Ces déformations comprennent notamment des pattes manquantes ou supplémentaires. Diverses causes sont identifiées ou considérées comme possibles, comme l'augmentation de la radiation ultraviolette qui pourrait affecter la ponte à la surface des mares, la contamination de l'eau par des pesticides et des engrais et la présence de parasites comme le trématode Ribeiroia ondatrae. Probablement que tous ces éléments contribuent d'une manière complexe à stresser les animaux, les rendant plus sensibles aux maladies et plus vulnérables aux attaques de parasites. Les malformations limitent la mobilité des animaux qui aurait donc du mal à atteindre l'âge adulte. L'augmentation du nombre de grenouilles capturées par des oiseaux risque au bout du compte d'augmenter la probabilité que les autres grenouilles soient parasitées, car le cycle des trématodes qui parasitent ces animaux est complexe et comprend des escargots de la famille des Planorbidae et les oiseaux comme hôtes intermédiaires[177],[178].
224
+
225
+ Dans quelques rares cas, des programmes d'élevage en captivité ont été menés avec succès[179],[180]. En 2007, l'application d'une bactérie probiotique s'est révélée pour enrayer la chytridiomycose[181]. Un projet mené actuellement, le Panama Amphibian Rescue and Conservation Project, a été développé à la suite de cette découverte pour secourir les espèces menacées par cette maladie à l'Est du Panama, et pour faire avancer la recherche sur la thérapie par les probiotiques[182],[183]. L'Association mondiale des zoos et des aquariums a déclaré 2008 l'« Année de la grenouille » pour attirer l'attention sur les problèmes de conservation qui menacent ces animaux[184].
226
+
227
+ Le Crapaud buffle (Bufo marinus) est une espèce originaire d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale, et capable de s'adapter facilement à d'autres environnements. Dans les années 1930 il a été introduit à Porto Rico et dans diverses autres îles des Caraïbes pour réguler les insectes nuisibles dans les champs cultivés[185]. En 1935, 3000 Crapauds buffles sont relâchés dans les plantations de canne à sucre du Queensland, en Australie, pour lutter contre des insectes ravageurs tels que Dermolepida albohirtum, dont les larves font énormément de dégâts dans les cannes. Les premiers résultats sont positifs, mais il devient par la suite clair que le crapaud se développe et perturbe l'équilibre de l'écosystème local. Ils se reproduisent librement, se multiplient et entrent en compétition avec les grenouilles locales, mangent les abeilles et d'autres invertébrés non nuisibles. Ils ont peu de prédateurs dans ce nouvel habitat, et empoisonnent les animaux domestiques, les oiseaux carnivores et les mammifères qui cherchent à les consommer. Dans plusieurs de ces pays il est maintenant considéré comme une espèce invasive nuisible, et les scientifiques cherchent un moyen de contrôler sa population[186].
228
+
229
+ Les cuisses de grenouilles sont consommées par l'Homme dans diverses parties du monde. Elles provenaient de petites populations sauvages, mais la surexploitation a conduit à la raréfaction de cette ressource. C'est pourquoi s'est développé l'élevage des grenouilles et un marché mondial en la matière[187]. Les principaux pays importateurs sont la France, la Belgique, le Luxembourg, et les États-Unis, tandis que les pays exportateurs sont l'Indonésie et la Chine[187]. Chaque année, entre 1 200 et 2 400 tonnes de Grenouille-taureau (Rana catesbeiana), principalement produites en Chine, sont vendues sur le marché mondial[188].
230
+
231
+ La consommation de grenouilles peut toutefois présenter des risques. Elles peuvent avoir bioaccumulé des toxines environnementales ou radionucléides (à la suite de la catastrophe de Tchernobyl par exemple). Certaines espèces ont une peau qui produit des toxines. La grenouille léopard du lac Saint-Pierre (Canada) s'est avérée contenir des PCB et du Mirex (mais en quantité à ce jour considérée comme non dangereuse pour les consommateurs). Les grenouilles peuvent transmettre divers pathogènes. Elles sont considérées avec d'autres animaux comme un des réservoirs de salmonelles (Sur la peau et les intestins), y compris des souches endémiques rares chez l'homme mais pouvant poser problème. Cette souche également trouvée dans les poulaillers et effluents d'élevages de bovins et de volailles et en aval de stations d'épuration. Ces effluents pourraient contaminer les zones humides et faire des amphibiens des réservoirs de telles souches[189].
232
+
233
+ Les grenouilles véhiculent aussi des bactéries comme Aeromonas hydrophila, responsable de la maladie des pattes rouges dont les symptômes sont des ulcères cutanés, un gonflement du ventre, une rougeur des pattes arrière et du bas-ventre. Cette bactérie est responsable de gastro-entérites et d'infections de plaies cutanées chez l'Homme[190].
234
+
235
+ Les grenouilles sont parfois utilisées pour réaliser des dissections en cours d'anatomie dans les lycées et les universités, souvent après qu'on leur eut injecté des substances colorées pour mieux voir certaines organes. Cette pratique tend à se réduire avec les préoccupations croissantes concernant le bien-être, et des « grenouilles virtuelles » sont aujourd'hui disponibles pour des dissections[191].
236
+
237
+ Les grenouilles ont souvent servi pour des expérimentations animales au fil de l'histoire de la science. Le biologiste du XVIIIe siècle Luigi Galvani a découvert le lien entre l'électricité et le système nerveux via ses études sur des grenouilles[192]. En 1852, H. F. Stannius utilise un cœur de grenouille dans une procédure appelée ligature de Stannius pour démontrer que le ventricule et l'oreillette battent indépendamment l'un de l'autre et à des vitesses différentes[193]. La Xénope lisse (Xenopus laevis) était très utilisée dans les laboratoires dans la première moitié du XXe siècle pour réaliser des tests de grossesse. Un échantillon d'urine venant d'une femme enceinte injecté dans une grenouille femelle provoque en effet sa ponte, comme l'a observé le zoologiste anglais Lancelot Hogben. Ceci est du a une hormone, l'hormone gonadotrophine chorionique, présente en grande quantité dans l'urine d'une femme durant sa grossesse[194]. En 1952, Robert Briggs et Thomas J. King clonent une grenouille à partir de cellules somatiques. La même technique est plus tard utilisée pour créer la brebis Dolly, et leur expérience constitue la première transplantation nucléaire réussie pour un animal supérieur[195].
238
+
239
+ Les grenouilles sont utilisées pour les recherches sur le clonage et d'autres branches de l'embryologie. Bien que d'autres méthodes soient aujourd'hui disponibles pour réaliser des tests de grossesse, les biologistes continuent à utiliser Xenopus comme un organisme modèle dans la biologie du développement car ses embryons sont gros et faciles à manipuler, elles peuvent être obtenues facilement et elles sont faciles à élever en laboratoire[196]. Xenopus laevis est tout de même de plus en plus souvent remplacée par une grenouille qui lui est apparentée, Xenopus tropicalis, plus petite et qui a l'avantage d'atteindre sa maturité sexuelle à cinq mois plutôt qu'un ou deux ans pour X. laevis[197], ce qui permet d'étudiant plus facilement les évolutions entre les générations. Le génome de X. tropicalis est séquencé[198].
240
+
241
+ Comme les toxines produites par les anoures sont extraordinairement diverses, elles intéressent fortement les biochimistes qui y voient une « pharmacie naturelle ». L'alcaloïde épibatidine, un analgésique 200 fois plus puissant que la morphine, est par exemple rencontré chez une espèce de Dendrobatidae. D'autres substances isolées sur la peau des grenouilles pourraient apporter une résistance aux infections par le VIH[199]. Les Dendrobatidae sont l'objet de recherches pour évaluer leur potentiel thérapeutique[200].
242
+
243
+ On a longtemps pensé que les Mésoaméricains pré-colombiens utilisaient les sécrétions toxiques du crapaud-buffle comme hallucinogène, mais ils utilisaient plus probablement les substances produites par Bufo alvarius. Celles-ci comprennent la bufoténine (5-MeO-DMT), un psychotrope utilisé aujourd'hui comme stupéfiant. Généralement, les sécrétions de la peau étaient séchées et fumées[201]. La prise illicite de drogue en léchant un crapaud a été rapportée par les médias mais il pourrait s'agir d'une légende urbaine[202].
244
+
245
+ Les exsudats provenant de la peau du Phyllobate terrible (Phyllobates terribilis) étaient traditionnellement utilisés par les indigènes pour empoisonner les flèches qu'ils utilisaient pour la chasse. L'extrémité du projectile était frottée sur le dos d'une grenouille et la flèche était ensuite lancée via une sarbacane. La combinaison des deux alcaloïdes toxiques que sont la batrachotoxine et la homobatrachotoxine est extrêmement puissante, et une grenouille peut fournir suffisamment de poison pour tuer 22 000 souris[203]. Deux autres espèces, le Phyllobate à bande dorée (Phyllobates aurotaenia) et le phyllobate bicolore (Phyllobates bicolor), étaient utilisées de la même manière. Elles sont toutefois moins toxiques et moins abondantes que le Phyllobate terrible. Ces grenouilles étaient empalées à la pointe d'un bâton et chauffée au-dessus d'un effet pour en extraire le maximum de poison pour recouvrir les flèches[203].
246
+
247
+ Les grenouilles et crapauds tiennent une place importante dans le folklore, les contes de fées et la culture populaire. Ils tendent à être dépeints comme laids et maladroits, mais avec des talents cachés. Les exemples sont nombreux, parmi lesquels le personnage du Roi Grenouille ou Henri de Fer, Michigan J. Frog ou Kermit la grenouille. Le dessin animé One Froggy Evening de la Warner Brothers met en scène Michigan J. Frog, qui ne fera que danser et chanter pour le travailleur de démolition qui ouvre la capsule de temps, mais ne fait rien en public[204]. Le Roi grenouille est un conte de fées des frères Grimm sur une grenouille qui se transforme en un beau prince après avoir sauvé la balle d'or de la princesse, et l'avoir suivi dans son palais[205]. Kermit la grenouille est un personnage consciencieux et discipliné du Muppet Show et de 1, rue Sésame (Sesame Street), dans lequel il est ouvertement amical et très talentueux[206].
248
+
249
+ Les crapauds ont une réputation plus sinistre. Ils sont associés dans le folklore européen aux sorcières, et on pensait qu'ils avaient des pouvoirs magiques. Les sécrétions toxiques de leur peau étaient utilisées dans des potions maléfiques, mais ont également été mises à profit pour créer des remèdes magiques pour les maladies humaines et animales. Ils ont été associés au diable ; dans Le Paradis perdu de John Milton, Satan est ainsi représenté sous la forme d'un crapaud qui verse du poison dans l'oreille d'Eve[207]. Dans la Bible, la deuxième des dix plaies d'Égypte est l'invasion des terres par des milliers de ces batraciens. D'après les scientifiques qui se sont penchés sur cet évènement, le phénomène pourrait s'expliquer par une sécheresse ou par l'empoisonnement des eaux du Nil. En effet, dans des situations de stress, ces animaux sont capables d'accélérer leur développement pour fuir plus vite leur milieu, d'où une explosion de leur nombre.
250
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+ Les Moche, ancien peuple du Pérou, adoraient les animaux, et les grenouilles étaient souvent représentées dans leur art[208]. Au Panama, une légende locale raconte que la bonne fortune viendrait à la personne qui trouverait une grenouille dorée. Certains croyaient que lorsque l'une de ces grenouilles mourrait, elle se transformait en un talisman d'or connue sous le nom de Huaca. Aujourd'hui, en dépit de l'extinction de l'espèce à l'état sauvage, les grenouilles dorées du Panama demeure un symbole culturel important et sont représentées sur des molas en tissu décoratif faits par le peuple Kuna[209].
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+ L’Île-du-Prince-Édouard ou l’Î.-P.-É. (en anglais : Prince Edward Island ou PEI, en gaélique écossais : Eilean a’ Phrionnsa, en micmac : Epekwitk (style Francis-Smith)), anciennement Isle Saint-Jean du temps de la Nouvelle-France, est la plus petite des provinces du Canada en superficie et en population. En 1864, l'Île-du-Prince-Édouard a accueilli la Conférence de Charlottetown qui a mené à la Confédération du Canada en 1867. Néanmoins, elle n'est devenue une province canadienne qu'en 1873. Au recensement de 2016, on y a dénombré une population de 142 907 habitants[2]. Avec 24,7 habitants par kilomètre carré, c'est la province canadienne la plus densément peuplée.
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5
+ Les Micmacs ont nommé l'île Epekwitk, ce qui signifie « berceau sur les vagues » dans leur langue[3]. Elle fut renommée Isle Saint-Jean vers le XVIIe siècle, alors qu'elle faisait partie de la Nouvelle-France. Cédée au Royaume-Uni en 1759, elle fut renommée île du Prince-Édouard en 1798, pour la distinguer d'autres lieux du même nom sur la côte atlantique, tels que Saint-Jean (au Nouveau-Brunswick) et Saint-Jean, la capitale de Terre-Neuve-et-Labrador. Son nom honore le fils du roi George III, le prince Édouard (Édouard-Auguste de Kent) (1767 – 1820 ; le père de la reine Victoria), qui commandait alors les troupes à Halifax[4].
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+ Epekwitk, aussi écrit Abegweit par les Anglais, est devenu le nom d'une réserve micmac sur l'île ainsi que de deux anciens traversiers (1947-1982 et 1982-1997), jusqu'au remplacement de cette ligne par le Pont de la Confédération.
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9
+ Le nom anglais de la province est Prince Edward Island. En gaélique écossais, son nom est Eilean a’ Phrionnsa (Île du Prince) ou Eilean Eòin (Île de Jean), en référence à l'ancien nom français[réf. souhaitée]. Selon les règles de la typographie, on écrit île du Prince-Édouard pour l'île, et Île-du-Prince-Édouard pour la province.
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11
+ Ses habitants la nomment tout simplement « l'île » mais elle est aussi surnommée le « jardin du Golfe », la « ferme d'un million d'hectares », le « berceau de la Confédération » ou l'« île aux patates »[3].
12
+
13
+ La province occupe la totalité de l'île du même nom ainsi que quelques îles mineures. L'Île-du-Prince-Édouard est bordée au nord par le golfe du Saint-Laurent et sur les autres côtés par le détroit de Northumberland, ce dernier la séparant des provinces du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse. L'île a la forme générale d'un croissant, mesurant 224 kilomètres de long mais dont la largeur varie entre 4 et 60 kilomètres[3]. D'une superficie de 5 660 km2, la province est la plus petite du Canada, sa superficie ne représente en fait que 0,1 % de celle du pays[5]. À titre de comparaison, la province est légèrement plus petite que le Brunei, le 161e pays le plus grand du monde.
14
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15
+ Le point culminant de l'Île est une butte sans nom du comté de Queens, à 142 mètres d'altitude[3]. En fait, le relief est plat à l'est mais vallonné au centre et même d'aspect montagneux à l'ouest. Le littoral est fortement influencé par les marées. Sur la côte nord, les longues dunes de sable attirent les touristes tout en rendant parfois difficile l'accès aux ports de pêche[3].
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+
17
+ Le sol est composé de sable et d'argile, avec quelques affleurements de roches sédimentaires, en général du grès ou du schiste argileux. Le sol de l'île a une couleur brun-rouge caractéristique, dû à sa forte concentration en oxyde de fer[3]. Si le sable est de couleur rouge/brun vers le sud-ouest (contient beaucoup de grains de grès rouge), il est blanc vers le nord-est.
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+
19
+ On retrouve aussi du grès rouge dans le sable des Îles-de-la-Madeleine (Québec), mais sa concentration est moins élevée que dans certaines parties de l'Île-du-Prince-Édouard, où certaines routes asphaltées ont une teinte remarquablement rouge à cause de la forte teneur en grès rouge du sable utilisé.
20
+
21
+ Le climat de l'Île-du-Prince-Édouard est continental humide c'est-à-dire qu'il y a une grande différence de température entre les mois froids et les mois chauds. Pendant l'hiver, la température peut descendre jusqu'à −28 °C.
22
+
23
+ La forêt recouvre 50 % de la superficie mais la forêt primaire, surtout constituée d'épinette, de sapin baumier et d'érable rouge, occupe seulement 290 000 hectares. Trois siècles de colonisation, auxquels s'ajoutent les maladies et les feux de forêt, ont presque fait disparaître la forêt originale qui était constituée de hêtre, de bouleau jaune, d'érable, de chêne et de pin blanc d'Amérique[3].
24
+
25
+ L'île du Prince-Édouard a une faune très variée comprenant, entre autres, les castors, rats musqués, visons d'Amérique, renards roux, écureuils, lièvres d'Amérique, moufettes rayées et coyotes. Le territoire est également riche en espèces marines.
26
+
27
+ La préservation de l'environnement est devenue un enjeu important dans l'île. L'enlèvement des haies, le recours aux engrais chimiques, la mécanisation et la surproduction agricole en général causent une érosion importante des terres arables menant à l'ensablement des ports et cours d'eau[3]. Quelques reboisements ont toutefois été effectués[3].
28
+
29
+ Les baleines franches de l'Atlantique nord, l'une des espèces de baleines les plus rares, ont été considérées comme de rares visiteurs du Saint-Laurent jusqu'en 1994. On note depuis une augmentation spectaculaire de leur nombre: au large de Percé en 1995, augmentation progressive dans toutes les régions depuis 1998[6], autour du Cap-Breton[7] depuis 2014 et à l'île-du-Prince-Édouard, de 35 à 40 baleines ont été observées en 2015[8].
30
+
31
+ L'Île est reconnue pour son sol rouge.
32
+
33
+ Paysage du centre de l'Île.
34
+
35
+ Charlottetown en hiver.
36
+
37
+ L'île est habitée pour la première fois il y a environ 10 000 ans. Ces pionniers seraient venus par un isthme aujourd'hui recouvert par le détroit de Northumberland. Il semble que l'île fut ensuite constamment habitée et que la chasse et la pêche donnaient lieu à des migrations saisonnières. Les Micmacs arrivèrent sur l'île il y a environ 2 000 ans[3].
38
+
39
+ En 1534, Jacques Cartier est le premier explorateur européen à annoncer l'existence de l'île, qu'il décrit comme « la terre la plus belle que l'on puisse imaginer »[3]. Par la suite, les pêcheurs français et basques fréquentent l'île pendant près de 200 ans mais ne s'y établissent pas de façon permanente. Aucune trace ne subsiste de leur présence[3].
40
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41
+ Nicolas Denys obtient la concession de l'île, appelée Isle Saint-Jean à l'époque, vers 1653 mais il s’occupe uniquement des pêcheries et ne laisse après lui aucun établissement dans l’île. La France ne la colonise qu’après les traités d'Utrecht (1713). En 1719, une nouvelle concession de l’île et celle de Miscou sont faites à un comte nommé Saint-Pierre qui y envoie un groupe de colons l’année suivante. Un recensement en 1735 donne un total de 81 familles établies dans l’île. La colonie était dépendante de l'Île Royale (Cap-Breton).
42
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43
+ En 1748, il y avait 700 habitants. Avant la déportation des Acadiens en 1755, l'île comptait quelque 5 000 habitants[9]. Plusieurs furent déportés en 1758 par le Colonel Andrew Rollo, sous les ordres du Général anglais Jeffery Amherst. Trois cent soixante déportés moururent lorsque le Duke William coula avec deux autres navires, le Violet (280 morts) et le Ruby (213 morts), le 13 décembre 1758, en route de l'île St-Jean vers la France[10].
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+ La colonie est rebaptisée Island of Saint John. La population grossit de 4 000 en 1798 à 62 000 en 1850. En 1799, la colonie prit le nom de l'Île-du-Prince-Édouard, en honneur du fils du Roi George III, qui évoluait pour l'armée anglaise à Halifax à l'époque[9].
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+ Sur fond de colère des céréaliers contre les Corn Laws anglaises, limitant l'exportation, une révolte des céréaliers de l'Île-du-Prince-Édouard a lieu dans les années 1820 et 1839. L’Île-du-Prince-Édouard a en effet un excédent agricole, qui permet à partir de 1831 à l'Île-du-Prince-Édouard d'exporter du blé en Angleterre.
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+ La conférence de Charlottetown en 1864 fut le début des pourparlers pour l'union des colonies. Les gens de l'île n’étaient guère intéressés à en faire partie. Mais une dette massive causée par la construction d'un chemin de fer d'un bout à l'autre de la colonie les força à se joindre au Canada en 1873[11].
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+ En 1987, une centaine de personnes tombent malades et deux meurent après avoir consommé des mollusques et crustacés contaminés à l'acide domoïque provenant de l'île. L'industrie de la pêche s'effondre[3]. De plus, la morue n'est plus pêchée depuis le moratoire de 1992[3].
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+ En 1987, le débat sur la construction d'un lien fixe, un pont ou un tunnel, avec le continent refait surface. L'année suivante, le Premier Ministre Joe Ghiz organise un référendum, où 59 % de la population se montre favorable à un pont. Le pont de la Confédération, dont les travaux ont débuté en 1994, est inauguré en 1997[3]. Le Canadien National cesse quant à lui l'exploitation du chemin de fer en 1990, malgré les vives protestations des agriculteurs[3].
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+ Les Micmacs sont toujours présents, au nombre de 841 en 1992, à l'île Lennox et à Scotchfort[3]. L'Île-du-Prince-Édouard est la province la plus homogène, la plupart des habitants étant canadiens anglais, autrement dit des personnes d'origine anglaise, écossaise ou irlandaise[3]. Les Acadiens sont le second groupe ethnique en importance, au nombre de 11 000[3]. On retrouve aussi d'autres groupes ethniques provenant d'une immigration plus récente, particulièrement des néerlandais et des libanais[3].
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+ La religion a longtemps joué un rôle important dans la vie des prince-édouardiens, ce qui a aussi causé de profondes divisions sociales qui ont duré jusqu'à la Confédération[3].
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+ L'honorable Antoinette Perry est le 29e lieutenant-gouverneur de la province depuis le 20 octobre 2017.
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+ Drapeau du lieutenant-gouverneur de l'Île-du-Prince-Édouard.
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+ Emblème du lieutenant-gouverneur de l’Île-du-Prince-Édouard.
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+ Dennis King, du Parti progressiste-conservateur, est Premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard depuis le 9 mai 2019.
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+ Elle est composée de 27 membres élus et siège à Charlottetown[14].
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+ L'Île-du-Prince-Édouard est représentée à la Chambre des communes du Canada par quatre députés, élus dans les circonscriptions de Cardigan, Charlottetown, Egmont et Malpeque. La province est aussi représentée par quatre sénateurs. L'île a été considérée comme un « château-fort » libéral durant 26 ans jusqu'à l'élection de la conservatrice Gail Shea dans Egmont en 2008.
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+ L'Île-du-Prince-Édouard dépend énormément du gouvernement fédéral, car les dépenses fédérales y représentent une fois et demi le budget provincial[3].
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+ La province compte trois types de gouvernements locaux, soit la cité, la ville et la municipalité, aussi appelé le village. Les cités ont plus de pouvoirs que les villes et ces dernières en ont plus que les municipalités. Le reste du territoire est directement géré par le gouvernement provincial mais des comités d'amélioration communautaires (Community Improvement Commity ou CIC), aux pouvoirs limités, sont actifs dans certaines localités. Les cités sont subdivisées en arrondissements, élisant chacun un Conseil municipal tandis que le maire est élu par toute la population. Les villes élisent un maire et six conseillers alors que les villages élisent un commissaire. Le mandat des élus est de trois ans, sauf les représentants des comités d'amélioration communautaire qui sont élus lors d'une réunion annuelle. Le fonctionnement des municipalités est régi par la Loi sur les communautés (Communities Act), dont la responsabilité incombe au ministère des Finances et des Affaires municipales de l'Île-du-Prince-Édouard. Charlottetown et Summerside sont les deux seules cités de l'Île. Les villes sont quant à elles au nombre de sept: Alberton, Cornwall, Georgetown, Kensington, Montague, Souris et Stratford. Il y a finalement 66 municipalités.
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+ Les municipalités coexistent avec un système de division administrative plus ancien. Ces subdivisions sont toujours utilisées pour le recensement, par exemple. La subdivision de base est le comté; ils sont au nombre de trois soient, d'ouest en est, le comté de Prince, le comté de Queens et le comté de Kings. Chaque comté compte un chef-lieu ou royalty. Les comtés sont ensuite subdivisés en cinq paroisses, quatre seulement dans le cas du comté de Kings. Ces paroisses sont enfin subdivisées en lots.
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+ L'économie de l'Île-du-Prince-Édouard est axée sur le tourisme, la construction, la transformation des ressources naturelles et les services[3].
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+ L'île est pauvre en ressources naturelles. Aucun dépôt important de minerai n'a encore été découvert mais il y a des traces de charbon, d'uranium et de vanadium[3]. Du gaz naturel est présent dans le golfe du Saint-Laurent, au nord-est de l'île, mais n'est pas assez important pour être exploité[3]. Seuls le sable et le gravier sont extraits mais la faible production de piètre qualité ne comble même pas les besoins provinciaux[3]. La forêt est peu exploitée[3].
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+ La moitié de l'île est constituée de terres très fertiles alors que les terres arables couvrent 90 % de la superficie[3]. Jusqu'aux années 1950, la plupart des agriculteurs utilisaient des chevaux mais la fin de cette pratique a permis de libérer de vastes terres utilisées autrefois pour la culture du fourrage. De 1951 à 1996, le nombre de fermes est passé de 10 137 à 2 217 tandis que la superficie des terres cultivées a baissé de 39 %. La superficie moyenne des fermes est passée quant à elle de 44 hectares à 119 hectares alors que la marge de profit des agriculteurs a chuté de 50 % à 25 %, à cause de l'augmentation du coût de l'équipement[3]. Les gouvernements tentent de freiner l'exode rural alors que les fermes coûtent de plus en plus cher à démarrer. Bien que la production agricole soit en baisse, le défrichement se poursuit. La production agricole avait une valeur de 317 millions de dollars en 2000, dont 154 millions provenant des pommes de terre[3]. L'île possède en effet un climat et un sol bien adaptés à cette culture, et notamment pour la production de pommes de terre de semence. Les trois quarts de la récolte sont exportés dans 15 pays et le reste est vendu tel quel en Amérique du Nord ou transformé en produits congelés comme des frites[3]. Le tabac, planté depuis 1959, est la seconde culture la plus importante, malgré le coût élevé et la complexité de sa production[3]. La province compte 330 fermes laitières et un cheptel de 16 000 vaches produisant 90 millions de litres de lait annuellement, dont 90 % est transformé en sous-produits, comme le lait évaporé, généralement destiné à l'exportation[3]. 30 000 bœufs sont aussi envoyés à l'abattoir annuellement, même si le prix de la viande fluctue et que la production est en baisse[3]. L'élevage du porc est presque aussi important.
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+ La pêche est la seconde industrie primaire de l'Île. Il y avait 6 500 pêcheurs et aide-pêcheurs en 1994, travaillant sur 1 500 bateaux et créant 2 000 emplois directs dans les usines qui traitaient une valeur de poisson évaluée à 139 millions de dollars en 2000[3]. La pêche est principalement côtière et le homard est l'espèce la plus lucrative[3]. D'autres mollusques sont aussi pêchés, dont le pétoncle, l'huître, la palourde et la moule. Les huîtres, dont la production est concentrée dans la baie de Malpèque, sont réputées[3]. La récolte de la mousse d'Irlande, dont est extraite la carraghénane, représente une industrie importante à l'ouest de l'île[3].
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+ L'industrie manufacturière est essentiellement concentrée sur la transformation des produits de la pêche et de l'agriculture. Ce domaine de l'économie fournissait 4 800 emplois en 1997 tandis que la valeur de la production était évaluée à 1,1 milliard de dollars en 2 000[3]. Parmi les principaux fabricants figurent Les Fermes Cavendish, DME International et McCain Foods. Le gouvernement tente d'attirer d'autres types d'industries, sans réel succès[3]. Quelques entreprises sont tout de même à noter dont J.D. Irving, qui opère un chantier naval à Georgetown.
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+ De plus en plus de personnes travaillent dans les services; les gouvernements employaient 6 000 personnes en 1999[3].
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+ Les Prince-Édouardiens sont ceux payant le plus cher pour leur électricité au Canada[3]. Summerside dispose d'un réseau de distribution municipal tandis que Maritime Energy distribue l'électricité dans le reste de l'île. La majeure partie de l'électricité est importée d'Énergie NB (Nouveau-Brunswick) ou d'Emera Energy Systems (Nouvelle-Écosse) au moyen d'un câble sous-marin. Maritime Energy possède toutefois deux centrales thermiques, l'une à Charlottetown et l'autre à Borden-Carleton, fonctionnant aux heures de pointe ou en cas de coupure de l'alimentation et possédant une puissance installée de 104 mégawatts (MW). Jusqu'à 54 MW peuvent aussi être achetés des parcs d'éoliennes situés au cap Nord ou au parc d'éoliennes Eastern Kings.
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+ Le mazout coûte aussi très cher, ce qui encourage de plus en plus de gens à chauffer leur maison au bois. Bien que les forêts ne soient pas aussi exploitées qu'au XIXe siècle, cette industrie crée plus de 400 emplois[3].
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+ Le pont de la Confédération relie l'île au continent. D'une longueur de 12,9 km, il est le plus long pont du monde à traverser une étendue d'eau gelée en hiver[3]. Un traversier relie l'île à la Nouvelle-Écosse et un autre aux îles de la Madeleine (Québec).
94
+
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+ Un service d'autobus interurbain relie entre elles les principales villes, tandis que Charlottetown possède un réseau de transport en commun, the Charlottetown Public Transit, consistant en 7 lignes d'autobus.
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+ L'aéroport de Charlottetown offre un service régulier de vols vers Halifax, Toronto, Montréal, Ottawa, Détroit et Boston. Un deuxième aéroport, plus petit, se trouve à Summerside.
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+ Le chemin de fer a été démantelé en 1989, après 114 ans d'existence. Il a été reconverti en une piste cyclable, le sentier de la Confédération, qui consiste en une portion du sentier Transcanadien.
100
+
101
+ Le tourisme, aidé par la construction du pont de la Confédération, est un secteur de l'économie en croissance. Plus de 1,2 million de visiteurs se sont rendus à l'Île en 2000, dépensant 300 millions de dollars[3]. L'industrie est toutefois désavantagée par une saison courte, de l'ordre de huit à dix semaines, et les touristes préfèrent le centre de l'île au détriment de l'est et de l'ouest. Le gouvernement a investi massivement depuis les années 1960 dans la construction d'infrastructures touristiques afin d'attirer les visiteurs dans les autres régions et toute l'année.
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+
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+ L'une des attractions les plus populaires est le parc national de l'Île-du-Prince-Édouard, sur la côte nord. La pêche sportive du thon rouge attire des touristes de partout dans le monde. D'autres sports populaires sont le golf et les courses de chevaux. Le patrimoine est aussi mis en valeur.
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+ Plusieurs Chambres de commerce desservent l'Île-du-Prince-Édouard dont :
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+ L'Île compte trois journaux quotidiens anglophones. Le Guardian est publié le jour à Charlottetown tandis que le Evening Patriot est le journal du soir. Le Journal-Pioneer est, quant à lui, publié à Summerside. Les hebdomadaires les plus importants sont le Eastern Graphic de Montague, le West Prince Graphic d'Alberton ainsi que La Voix acadienne, le seul journal francophone, qui est lui publié à Summerside.
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+ L'Île compte plusieurs brasseries : Gahan Brewery, Upstreet Brewery, Barnone Brewery and Moth Lane Brewery.
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+ Le drapeau de l’Île-du-Prince-Édouard est inspiré des armoiries de Édouard-Auguste de Kent et du roi Édouard VII et est constitué de trois bordures rouges et blanches. Le léopard héraldique anglais qui apparaît sur le drapeau est également présent sur les armoiries. Le gros chêne à la droite du drapeau représente l’Angleterre, tandis que les trois gaules représentent les trois comtés qui forment la province.
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+
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+ Les armoiries de l'Île-du-Prince-Édouard furent octroyées en 1905 par décret du roi Édouard VII du Royaume-Uni.
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+ L'arbre-emblème de la province est le chêne rouge d'Amérique (Quercus rubra)[19]. The Island Hymn, l'hymne provincial, fut composé par Lucy Maud Montgomery au printemps 1908. Il fut chanté pour la première fois le 22 mai 1908 sur la musique de Lawrence W. Watson, composée pour l'occasion[20]. Le sol de Charlottetown est le plus courant dans la province et est caractérisé par sa texture sableuse et convient à un grand nombre de cultures, en particulier la pomme de terre. Sa désignation en tant que sol provincial fut proposée par le docteur Umesh Gupta, l'ancien président de la Société canadienne de la science du sol, qui fait la promotion de ces initiatives. Le tartan provincial commémore la contribution des Écossais, le principal groupe ethnique, dans l'établissement de l'île. Il fut conçu par Jean Rééd.et adopté en 1960. Le rouge-brun représente la rougeur du sol, le vert représente l'herbe et les arbres, le blanc l'écume des vagues et le jaune représente le soleil. La devise de l'île, Parva sub ingenti (Les petits sous la protection des grands), est tirée des Géorgiques de Virgile. Elle est la devise de l'île depuis 1769.
116
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+ Le personnage principal d'Anne… la maison aux pignons verts est un symbole non officiel de l'île.
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+ La province a une seule région administrative de la santé (ou autorité sanitaire de district) appelée Santé Î.-P.-É.. Santé Î.-P.-É. reçoit du financement pour ses activités et est réglementé par le ministère de la Santé et du Mieux-être.
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121
+ De nombreux foyers et entreprises de l'Î.-P.-É. sont desservis par des systèmes centralisés de collecte et / ou de traitement des eaux usées. Ceux-ci sont exploités soit par une municipalité soit par un service public. De nombreuses exploitations industrielles ont leurs propres installations de traitement des eaux usées. Les membres du personnel du Department of Environment, Water and Climate Change fournissent des conseils aux exploitants, au besoin, sur la bonne maintenance du système[21]. La IRAC réglemente l'eau et les égouts municipaux de la province[22]'[23], en vertu de l' Environmental Protection Act [23]. Depuis environ 1900, les résidents de la ville de Charlottetown bénéficient d'un service d'égout sanitaire central. Les premières pratiques d'élimination, bien qu'avancées pour l'époque, se sont finalement avérées compromettre l'intégrité écologique de la Rivière Hillsborough. En 1974, la Commission avait dirigé le développement d'une usine de traitement primaire des eaux usées, connue sous le nom de Charlottetown Pollution Control Plant, ainsi que la construction de plusieurs stations de pompage le long du front de mer de la ville et des canalisations d'évacuation profondément dans la rivière Hillsborough[24].
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+ Il y a huit hôpitaux dans la province.
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+ L'Île-du-Prince-Édouard offre des programmes et des services dans des domaines tels que les soins actifs, les soins primaires, les soins à domicile, les soins palliatifs, la santé publique, la prévention des maladies chroniques et la santé mentale et les dépendances, pour n'en nommer que quelques-uns. Le gouvernement provincial a ouvert plusieurs centres de santé familiale au cours des dernières années dans diverses collectivités rurales et urbaines. Un centre provincial de traitement du cancer au Queen Elizabeth Hospital offre un soutien aux personnes aux prises avec divers types de maladies liées au cancer. Un programme de résidence en médecine familiale a été établi en 2009 avec la Faculté de médecine de l'Université Dalhousie afin d'encourager les nouveaux médecins à travailler à l'Île-du-Prince-Édouard.
126
+
127
+ Des services de soins de longue durée sont également disponibles et plusieurs programmes sont en place pour aider les aînés qui souhaitent demeurer autonomes dans leur communauté. De nombreux médicaments pour les personnes âgées sont subventionnés par le biais d'un régime pharmaceutique provincial, mais l'Île-du-Prince-Édouard demeure l'une des seules provinces à ne pas avoir de programme de couverture des médicaments onéreux pour ses résidents.
128
+
129
+ Le gouvernement provincial a plusieurs programmes de détection précoce des maladies, y compris des cliniques de mammographie et de dépistage pap. Il existe également des programmes d'éducation sur l'asthme et d'éducation sur le diabète, ainsi que des programmes prénatals, des programmes de vaccination et des programmes de prévention des risques pour la santé dentaire des enfants. Le gouvernement tente également de mettre en œuvre un système intégré de dossier de santé électronique.
130
+
131
+ Le gouvernement provincial s'est récemment engagé à améliorer les services de soins primaires et à domicile et a investi dans les établissements de soins de santé dans les récents budgets d'immobilisations; principalement des remplacements et des améliorations aux maisons de soins infirmiers et aux hôpitaux gérés par le gouvernement provincial.
132
+
133
+ Certains services spécialisés exigent que les patients soient référés à des cliniques et à des spécialistes des provinces voisines. Des opérations et des traitements spécialisés sont également dispensés dans les grands hôpitaux de référence tertiaires des provinces voisines, tels que l' IWK Health Centre et le Queen Elizabeth II Health Sciences Centre à Nouvelle-Écosse ou au Hôpital régional de Saint John, l'Hôpital de Moncton et le Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont au Nouveau-Brunswick.
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135
+ Le service d'ambulance terrestre à l'Île-du-Prince-Édouard est fourni sous contrat par Island EMS. Le service d'ambulance aérienne est fourni sous contrat par LifeFlight.
136
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137
+ Au cours des dernières décennies, la population de l'Île-du-Prince-Édouard a affiché des taux statistiquement significatifs et anormalement élevés de cancers rares diagnostiqués, en particulier dans les régions rurales. Les responsables de la santé, les écologistes et les militants] de l'environnement soulignent l'utilisation de pesticides pour la culture industrielle de pomme de terre comme contaminant primaire[25].
138
+
139
+ L'Île-du-Prince-Édouard est la seule province au Canada qui n'offre pas de services d'avortement par le biais de ses hôpitaux. Le dernier avortement a été pratiqué dans la province en 1982 avant l'ouverture de l' Hôpital Queen Elizabeth qui a vu la fermeture de l' Hôpital de Charlottetown et du non-confessionnel Hôpital de l'Île-du-Prince-Édouard; une condition de la «fusion» étant que les avortements ne soient pas pratiqués dans la province. En 1988, à la suite de la décision du tribunal R. c. Morgentaler (1988) , l'opposition de l'époque Parti progressiste-conservateur de l'Île-du-Prince-Édouard a déposé une motion demandant que l'interdiction de l'avortement soit maintenue dans les hôpitaux de la province; le Parti libéral de l'Île-du-Prince-Édouard alors en place sous la direction du premier ministre Joe Ghiz a acquiescé et l'interdiction a été maintenue[26]. Le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard financera les avortements pour les femmes qui se rendent dans une autre province. Les femmes de l'Île-du-Prince-Édouard peuvent également se rendre à la clinique privée payante la plus proche, où elles doivent payer la procédure avec leurs propres fonds. Auparavant, c'était la clinique Morgentaler à Fredericton, Nouveau-Brunswick [27]'[28]'[29]'[30]'[31] jusqu'à la fermeture de cette clinique en raison d'un manque de fonds en juillet 2014[32]. La clinique a été rouverte sous un nouveau propriétaire en 2016 sous le nom de Clinique 554 avec des services étendus[33]. Pendant cette période, les femmes ont dû se rendre à Halifax ou plus loin. En 2016, le gouvernement libéral dirigé par le premier ministre Wade MacLauchlan a annoncé qu'il ouvrirait une clinique de santé génésique pour femmes afin d'offrir des avortements dans la province[34].
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Une île (anciennement isle[1], ile depuis la réforme de 1990[2]) est une masse de terre entourée d'eau de manière permanente ou parfois de manière temporaire en fonction des marées. L'eau baignant les îles peut être celle d'un océan, d'une mer, d'un lac ou d'un cours d'eau. Les îles peuvent être temporaires (banc de sable, volcans, etc.) ou permanentes, isolées ou groupées avec d'autres îles et peuvent alors former un archipel. Une petite île est parfois désignée sous les termes d'îlet ou d'îlot.
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+ Les îles peuvent être reliées à d'autres îles ou à un continent par une chaussée, un pont ou un tunnel ; leur caractère insulaire ne disparaît pas pour autant à l'inverse d'une île reliée de manière naturelle ou non à une autre île ou à un continent par un isthme, un tombolo, une digue ou par isostasie.
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9
+ Une île peut être continentale lorsque c'est le niveau de la mer qui isole un point haut du reste des terres ou que la dérive continentale détache l'île du reste des terres, volcanique, sédimentaire (alluvions, coraux, précipitation chimique, etc), tectonique (émersion du plancher marin) ou artificielle. Elle peut prendre l'aspect d'un véritable continent comme l'Australie ou bien être réduite au simple aspect d'un écueil ou d'un récif.
10
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11
+ Voici la définition des îles que donne la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 : « Une île est une étendue naturelle de terre entourée d'eau qui reste découverte à marée haute »[3] qui reprenait la définition qu'en donnait, dans son article 10, la Convention sur la mer territoriale et la zone contiguë[4], signée à Genève en 1958. S'il existe une limite séparant une île d'un continent, généralement, elle est fixée à l'Australie. Mais la question de savoir si l'Australie est l'un ou l'autre reste ouverte.
12
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13
+ Une très petite île est un îlot[5]. Un simple rocher, impropre à l'activité humaine ou à une vie économique propre, n'a pas de zone économique exclusive ni de plateau continental[3].
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+ Plusieurs îles proches les unes des autres forment un archipel.
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+ Une presqu'île est reliée à une étendue de terre bien plus vaste par un isthme.
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19
+ Certaines îles et presqu'îles sont accessibles à marée basse et perdent alors leur caractère insulaire. Là encore, il est possible de les considérer ou non comme des îles à part entière.
20
+
21
+ Son étymologie latine, insula, a donné l'adjectif « insulaire » ; on dit aussi « îlien ». Au pluriel, le terme « îles » désigne couramment les îles des mers chaudes comme les Antilles ou des archipels d'Océanie. Par extension, le substantif « des îles » désigne quelqu'un ou quelque chose originaire des Antilles[6], bien que l'utilisation de ce terme n'ait aucune cohérence géographique.
22
+
23
+ Les toponymes peuvent conserver la trace d'une ancienne île, comme Lille en France, ou procéder par analogie, telle la région française d'Île-de-France, extension de l'ancien domaine royal des Capétiens, qui n'est pas une île et dont les habitants sont appelés les « Franciliens ».
24
+
25
+ Les rectifications orthographiques de 1990 recommandent l'écriture sans accent circonflexe, soit « ile ».
26
+
27
+ Les îles continentales sont appelées ainsi car elles sont situées sur le même plateau continental que le continent qui leur est proche. Il s'agit donc en fait d'une partie du même continent : c'est la hauteur du niveau de la mer qui fait qu'il s'agit d'une île (c'est le cas de la Grande-Bretagne qui lors de la dernière glaciation n'était pas une île). Certaines îles ne le sont d'ailleurs qu'à marée haute (le mont Saint-Michel ou l'île de Noirmoutier par exemple). Dans ces cas-là, la profondeur de la mer autour d'elles est (relativement) faible. (Voir à ce sujet l'article Île accessible à marée basse.)
28
+
29
+ L'Australie était, il y a des centaines de millions d'années, rattachée à l'Antarctique. Madagascar était rattachée à l'Afrique. Dans ces deux cas, une plaque tectonique s'est déchirée pour en donner deux qui ont divergé progressivement sur la surface du globe à une vitesse de quelques centimètres par an (1 cm par an pendant 100 millions d'années = 1 000 km). C'est aussi le cas de la Corse et de la Sardaigne qui étaient liées au continent européen, il y a plusieurs millions d'années[7].
30
+
31
+ Là, ce sont les laves accumulées par un ou plusieurs volcans qui émergent, par l'accumulation de produits volcaniques, formant l'île. La profondeur de la mer aux alentours peut alors être très grande (plusieurs milliers de mètres). Les exemples au milieu de l'océan ne font partie géologiquement d'aucun continent.
32
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33
+ Un atoll est une île formée à partir d'un récif corallien qui s'est construit sur une île volcanique érodée et submergée. Par l'accumulation de coraux et polypes sur plusieurs centaines de mètres de hauteur, le récif émerge à la surface de l'eau et forme une nouvelle île. Les atolls ont souvent la forme d'un anneau avec un lagon central et peu profond. Des exemples sont les Maldives dans l'océan Indien et Rangiroa dans le Pacifique.
34
+
35
+ Les îles fluviales apparaissent dans les deltas et dans les cours d'eau. Elles se forment par le dépôt de sédiments à des endroits où le courant perd une partie de son intensité. Certaines sont éphémères et peuvent disparaître lorsque le volume d'eau ou la vitesse du cours d'eau changent tandis que d'autres sont stables et d'une grande longévité.
36
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+ Au niveau des zones de subduction où deux plaques tectoniques convergent des failles inverses et des plis se forment ce qui épaissit la croûte terrestre, et fait remonter le fond de la mer. Ainsi l'île de la Barbade dans les Antilles, est un prisme d'accrétion qui émerge. C'est la même chose pour les îles à l'ouest de Sumatra : Simeulue, Nias… Pour l'île de Nias, le séisme du 28 mars 2005 a soulevé une partie de l'île, augmentant encore un peu plus sa surface.
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+ Au niveau de la mer Baltique et des fjords, la fonte, il y a 10 000 ans, d'un glacier qui la recouvrait, a fait remonter la lithosphère (rebond isostatique) faisant émerger de nouvelles terres et des îles comme Bornholm.
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+ Les îles artificielles sont construites par remblayage ou par construction de digues. Elles utilisent parfois un ou plusieurs îlots déjà existants.
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+ Les lacs de retenue générés par des barrages contiennent parfois des îles.
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+ La définition de l'île comme une étendue de terre entourée d'eau conduit à rassembler dans la même catégorie des terres très dissemblables, de l'îlot au continent, dont le degré d'insularité est très variable. Ce degré d'insularité est difficile à définir et s'apprécie différemment selon qu'on s'intéresse à la géographie physique ou humaine, à l'économie et aux transports, ou à la biologie ou à l'écologie.
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+ Sous l'angle de la géographie physique, un auteur, François Doumenge, a défini des critères mesurables pour apprécier le degré d'insularité :
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+ Cet auteur définit aussi un « indice d'endémisme » qui est le rapport du nombre total de taxons (genres, espèces et sous-espèces) du peuplement insulaire par le nombre des taxons endémiques. Cet indice donne une idée de l'importance de l'endémisme végétal et animal, c'est-à-dire de l'isolement biologique, qui caractérise une île donnée.
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+ L'indice d'isolement du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE, 1998), est plus complexe. Il consiste à additionner la racine carrée de la distance de l'île de taille équivalente ou supérieure la plus proche, la racine carrée de la distance de l'archipel le plus proche et la racine carrée de la distance du pays continental le plus proche. Cet indice est le plus élevé (149) pour l'île de Pâques. Il est de 102 pour Tahiti et de 23 pour la Corse.
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+ Ces indices ne tiennent pas compte des activités humaines, de l'importance de la population et de l'accessibilité (par exemple présence d'un aéroport international).
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+ On peut aussi s'interroger sur la pertinence de l'île en tant qu'objet géographique spécifique. Un chercheur, François Taglioni, a conduit une étude sur les petits espaces insulaires[8] dans le monde afin de revisiter les concepts qui touchent aux îles et aux dynamiques territoriales que cette catégorie d'espaces entretiennent entre eux.
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+ Si on suppose que l'île d'Australie est un continent à lui seul, les trois plus grandes îles sont le Groenland (également plus grande île de l'Amérique du Nord), la Nouvelle-Guinée (plus grande île d'Océanie) et Bornéo (plus grande île d'Asie).
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+ Madagascar est la plus grande île de l’Afrique (4e du monde) ; la Grande-Bretagne est la plus grande de l’Europe (9e du monde) ; la plus grande île d'Amérique du Sud est la grande île de la Terre de Feu (29e du monde) ; celle d'Antarctique est l'île Alexandre-Ier (30e du monde).
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+ Le nombre d'îles dans le monde serait évalué à près de 300 000 (trois cent mille) en prenant en compte leur variabilité de taille allant de celle d'un continent, comme l'Australie, à quelques kilomètres carrés comme les îlots coralliens.
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+ L'étude des îles a influencé Charles Darwin et beaucoup d'écologues et a fondé certaines théories d'écologie du paysage, dont celle de l'insularisation écologique.
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+ Les îles vraies ne peuvent abriter que peu d'espèces quand elles sont petites. À partir d'une certaine étendue, des facteurs importants de biodiversité, notamment par l'endémisme, peuvent permettre d'abriter une multitude d'espèces.
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+ Dans un réseau écologique, elles peuvent servir de « gué » pour les espèces qui savent voler ou qui ont de bonnes capacités colonisatrices sur l'eau ou dans l'air. Les espèces qui y vivent y sont souvent plus petites - des éléphants nains vivaient par exemple en Corse et en Sardaigne jusqu'à ce que ces îles soient colonisées par l'Homme.
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+ À titre d'exemple, dans le vaste domaine biogéographique qu'est le Bassin méditerranéen (trois millions de km2 environ[9]), les îles et îlots ne sont que 4 % (103 000 km2) environ des surfaces émergées[10], avec 4 000 îlots de moins de 10 km2 et 162 îles de 10 km2 et plus, répartis d'une manière non homogènes, où la biodiversité a particulièrement régressé mais constitue encore un réservoir remarquable.
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+ Le concept d'île est également utilisé pour métaphoriquement décrire tout « isolat biogéographique » dans lequel des populations d'êtres vivants se trouvent isolés, formant des îles au sens biologique du terme. Quand ce processus est en cours dans un contexte de fragmentation écologique, on parle d'« insularisation écologique ».
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+ Un partenariat international a été initié pour aider les îles à échanger et se faire entendre en matière d'environnement, dans le cadre de la convention mondiale sur la biodiversité (Rio, juin 1991), dit « Global Island Partnership » (ou GLISPA)[11].
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+ Les systèmes écologiques insulaires ou insularisés (îles vraies ou prises au sens de l'écologie du paysage) sont souvent simplifiés, et donc plus vulnérables aux perturbations, notamment anthropiques[12]. En particulier les introductions d'espèces (volontaires ou involontaires) y sont souvent cause d'invasion biologique perturbant gravement les équilibres écologiques insulaires[13] ce qui a entraîné la disparition de nombreuses espèces depuis quelques siècles. Höner et Greuter ont montré en 1988 que ces invasions n'affectent pas que les îlots, mais aussi les grandes îles comme Madagascar[14], la Nouvelle-Zélande[15] ou l'Australie.
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+ De nombreuses îles étaient « désertes » (non habitées par l'homme) au moment de leur découverte par les Européens.
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+ C'est le cas de Madère, des Açores, de l'île Maurice, de La Réunion, des Seychelles, de Sainte-Hélène…
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+ D'autres étaient habitées, mais leurs premiers occupants furent exterminés ou assimilés par les colonisateurs : c'est le cas des Guanches aux îles Canaries, des Indiens caraïbes dans les Antilles ou en Jamaïque, des Indiens Onas de la Terre de Feu, des aborigènes en Tasmanie.
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+ En Europe de l'Ouest, vers 3000 av. J.-C., des agriculteurs ont colonisé la plupart des petites îles du nord-ouest de l'Europe. Ils ont dû transporter par mer leurs graines, plants et animaux domestiques et l'ont parfois fait sur de longues distances. Ils ont adapté aux îles et à l'environnement marin certaines techniques d'élevage[16]. Au Mésolithique, beaucoup des îles européennes étaient déjà cultivées ou exploitées par des éleveurs, de manière très différente selon les cas[16]. Des analyses isotopiques zooarchéologiques laissent penser que l'alimentation humaine a d'abord été fortement tributaire d'aliments d'origine marine (poissons, fruits de mer (des amas coquillers le montrent), mammifères marins...), puis au Néolithique les cas sont plus contrastés (des amas de coquillages sont encore trouvés, de même que des restes de poissons, oiseaux et mammifères marins, mais des preuves isotopiques montrent qu'ils n'étaient plus qu'une contribution mineure à l'alimentation, soit que les progrès de l'agriculture aient permis des reports vers les fruits, légumes et viandes d'élevage, soit que les ressources marines les plus faciles à atteindre aient déjà été surexploitées[16]. Les bovins, ovins et porcins sont les plus présents parmi les animaux élevés. À la fin du Néolithique, même les îles les plus périphériques du nord-ouest de l'Europe ont été exploitées, et elles l'ont principalement été pour leurs ressources terrestres, plus que marines[16]. Ce document présente des données à partir de sites sélectionnés dans l'ouest de la France et dans les Orcades et tente ensuite de donner quelques explications possibles pour les modèles observés d'utilisation de petites îles à l'époque néolithique[16].
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+ L'isolement, terme dont l'étymologie est rattachée à « île » par l'intermédiaire de l'italien isola, et la solitude sont souvent recherchés dans les îles, que ce soit volontaire ou non :
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+ Des établissements pénitentiaires ont été installés dans des îles pour limiter les possibilités d'évasion[17] :
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+ L'île paradisiaque est un concept très ancien. Dans les civilisations anciennes, comme chez les Grecs, si les dieux vivent dans une île, c'est bien qu'il s'agit d'un lieu privilégié. L'île est ainsi devenue le support du Paradis. Au Moyen Âge, on situe le jardin d’Éden sur une île et on part à la recherche du Paradis sur Terre. Sa recherche est le cadre de nombreuses légendes et histoires. Au XVIe siècle, l'être humain se sert du cadre de l'île afin d'y décrire une société idéale, l'Utopie. Ultérieurement, les romanciers utiliseront l'île comme cadre de leurs romans pour que leur Robinson Crusoé y aborde et y vive en retrait de la société durant une certaine période. Ce concept des robinsonades a été repris de nos jours par le tourisme, pour en faire le lieu privilégié pour nos vacances qui font de nous de nouveaux Robinsons modernes. L'île support du rêve est ainsi devenue un des thèmes récurrents des publicités.
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+ Plans, profils, cartes manuscrites et imprimées sont conservés au département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France.
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