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+ Le jeu d’échecs (prononcer [eʃɛk]) oppose deux joueurs de part et d’autre d’un tablier appelé échiquier composé de soixante-quatre cases claires et sombres nommées les cases blanches et les cases noires. Les joueurs jouent à tour de rôle en déplaçant l'une de leurs seize pièces (ou deux pièces en cas de roque), claires pour le camp des blancs, sombres pour le camp des noirs. Chaque joueur possède au départ un roi, une dame, deux tours, deux fous, deux cavaliers et huit pions. Le but du jeu est d'infliger à son adversaire un échec et mat, une situation dans laquelle le roi d'un joueur est en prise sans qu'il soit possible d'y remédier.
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+ Le jeu a été introduit dans le Sud de l'Europe à partir du Xe siècle par les Arabes, mais on ignore où il fut inventé exactement. Il dérive du shatranj ou chatrang qui lui-même est la version perse du chaturanga de l'Inde classique. Les règles actuelles se fixent à partir de la fin du XVe siècle. Le jeu d’échecs est l'un des jeux de réflexion les plus populaires au monde. Il est pratiqué par des millions de gens sous de multiples formes : en famille, entre amis, dans des lieux publics, en club, en tournoi, par correspondance, contre des machines spécialisées, entre ordinateurs, entre programmes, sur Internet, aux niveaux amateur et professionnel. Depuis son introduction en Europe, le jeu d'échecs jouit d'un prestige et d'une aura particulière qui du « jeu des rois » l’a fait devenir peu à peu « le roi des jeux » ou encore « le noble jeu », en référence à sa dimension tactique et à sa notoriété mondiale. Il a très largement inspiré la culture, en particulier la peinture, la littérature et le cinéma.
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+ La compétition aux échecs existe depuis les origines. On en trouve trace à la cour d'Hâroun ar-Rachîd au VIIIe siècle. Le premier tournoi de l'ère moderne a lieu à Londres en marge de l'Exposition universelle de 1851. La compétition est régie par la Fédération internationale des échecs (FIDE). Parallèlement, l'Association of Chess Professionals défend les intérêts des joueurs professionnels. Le premier champion du monde d'échecs est Wilhelm Steinitz en 1886 ; le champion en titre est le Norvégien Magnus Carlsen depuis 2013.
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+ Une théorie du jeu, développée depuis son invention et de façon intensive par les joueurs de premier plan de l'époque moderne, est transmise au travers d'une littérature échiquéenne abondante. La théorie des jeux (mathématique) décrit quant à elle les échecs comme un jeu de stratégie combinatoire abstrait de réflexion pure, fini, sans cycle et à information complète et parfaite. L'absence de cycle est garantie par les règles de nulle : répétition de position, règle des cinquante coups et impossibilité de mater.
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+ Un des objectifs des premiers informaticiens a été de mettre au point des machines capables de jouer aux échecs. De nos jours, le jeu est profondément influencé par les capacités des programmes joueurs d'échecs, ainsi que par la possibilité de jouer sur Internet. En 1997, Deep Blue devient le premier ordinateur à battre un champion du monde en titre dans un match qui l'oppose à Garry Kasparov. Les programmes actuels ont un niveau largement supérieur à celui des meilleurs humains (le classement Elo du champion du monde est aux alentours de 2850, celui des meilleurs programmes aux alentours de 3500), et ils ont énormément influencé le jeu d'échecs, avec un développement encyclopédique des ouvertures.
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+ La composition échiquéenne, la forme artistique du jeu, a produit des centaines de milliers de problèmes dans de multiples genres. Cette discipline est également sous l'égide de la FIDE, qui organise des concours spécifiques pour les compositeurs de problème et les solutionnistes. Elle édite l'Album FIDE, un recueil trisannuel des meilleures compositions.
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+ Une partie d'échecs commence dans la position initiale ci-contre, les blancs jouent le premier coup puis les joueurs jouent à tour de rôle en déplaçant à chaque fois une de leurs pièces (deux dans le cas d'un roque)[G 1]. Chaque pièce se déplace de façon spécifique, il n'est pas possible de jouer sur une case occupée par une pièce de son propre camp. Lorsqu'une pièce adverse se trouve sur la case d'arrivée de la pièce jouée, elle est capturée et retirée de l'échiquier. Gagner du matériel (des pièces) est un moyen pour gagner la partie, mais ne suffit pas toujours pour y parvenir.
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+ Il existe des règles spéciales liées au déplacement de certaines pièces : le roque, qui permet le déplacement simultané du roi et de l'une des tours ; la prise en passant, qui permet une capture particulière des pions ; et la promotion des pions, qui permet de les transformer en une pièce maîtresse de son choix (sauf le roi) lorsqu'ils atteignent la dernière rangée de l'échiquier[G 2].
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+ Lorsqu'un roi est menacé de capture, on dit qu'il est en échec. Si cette menace est imparable (on peut tenter de parer la menace en déplaçant le roi, en interposant une pièce ou en capturant la pièce attaquante) on dit qu'il y a échec et mat et la partie se termine sur la victoire du joueur qui mate. Il est interdit de mettre son propre roi en échec ou de le faire passer sur une ligne d'échec pendant le roque. Il est également interdit de roquer quand le roi est en échec sur sa case de départ. Si cela arrive (par inadvertance entre débutants) on doit reprendre le coup[G 3].
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+ Si un camp ne peut plus jouer aucun coup légal (cela arrive par exemple avec un roi seul et l'ensemble de ses pions bloqués) et si son roi n'est pas en échec, on dit alors qu'il s'agit d'une position de pat. Quel que soit le matériel dont le camp adverse dispose, la partie est déclarée nulle, c'est-à-dire sans vainqueur[G 4].
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+ Le but du jeu est donc d'infliger un échec et mat à son adversaire. Le terme échec et mat vient de šāh māta (en persan, soit aš-šāh māta الشّاهُ ماتَ en arabe), « le roi est mort », pour indiquer la défaite du roi. Le mot šāh (« roi » en persan) est à l'origine du mot échec et du nom des échecs dans un grand nombre de langues[1].
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+ Chaque pièce peut se déplacer au choix du joueur sur l'une des cases marquées d'une croix. Hormis le pion, elles capturent une pièce adverse qui se trouve sur leur trajectoire, sans pouvoir aller au-delà. À l'exception de la prise en passant, la pièce qui capture prend la place de la pièce capturée, cette dernière étant définitivement retirée de l'échiquier.
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+ Le roque consiste à déplacer en un seul coup le roi et l'une des tours. Il y a deux façons de roquer :
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+ Dans les deux cas, on procède ainsi : on déplace d'abord le roi de deux cases vers la tour puis, avec la même main, on fait passer la tour de l'autre côté, juste à côté du roi (voir le diagramme ci-contre).
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+ Les conditions suivantes sont nécessaires pour pouvoir roquer :
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+ Remarques :
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+ La prise en passant peut intervenir lorsqu'un camp vient de jouer un pion de deux cases (c'est possible lors d'un tout premier déplacement du pion) et, ce faisant, évite la confrontation avec un pion adverse. Dans l'exemple ci-contre, les blancs jouant a2-a4 évitent la rencontre entre le pion blanc a2 et le pion noir b4.
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+ Toutefois, la règle du déplacement d'un pion de deux cases s'interprète ainsi : le pion joue deux coups en un, tout d'abord un coup d'une case (a2-a3 dans notre exemple), puis un second coup du même pion d'une case (a3-a4). Dans ces conditions le camp adverse peut considérer qu'après le premier coup il est en droit lui-même de capturer le pion déplacé : c'est ce qu'il fait effectivement grâce à la prise en passant, b4xa3 dans l'exemple.
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+
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+ De façon cohérente, le pion capture sur la première case, c'est-à-dire a3 dans notre exemple, et le pion capturé est bien retiré de l'échiquier.
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+
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+ Remarques :
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+
43
+ Le pat est une situation particulière dans laquelle un camp au trait ne peut jouer aucun coup légal, sans pour autant que son roi soit en échec. La partie se termine immédiatement et elle est déclarée nulle, c'est-à-dire sans vainqueur.
44
+
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+ Dans le diagramme ci-contre, les blancs au trait n'ont aucun coup légal car on n'a pas le droit de se mettre en échec volontairement, et le pion blanc est bloqué. Puisqu'il n'y a pas échec, c'est un pat et la partie est déclarée nulle.
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+
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+ La promotion du pion[G 5] consiste à le transformer, au choix du joueur et indépendamment des pièces antérieurement perdues, en dame, en tour, en fou ou en cavalier de même couleur lorsqu'il atteint la dernière rangée de l'échiquier (la huitième pour les blancs et la première pour les noirs). Dans le diagramme ci-contre, les blancs peuvent jouer leur pion en f8 et le transformer en dame, en tour, en fou ou en cavalier. Lorsqu'un pion atteint la dernière rangée, il est obligatoire de le promouvoir immédiatement, on ne peut ni le laisser inchangé ni reporter la promotion à plus tard.
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+ La sous-promotion consiste, lors de la promotion, à choisir une pièce autre que la dame, qui est normalement privilégiée car c'est la pièce la plus puissante du jeu. C'est parfois utile comme dans le diagramme ci-contre, en effet on se rend compte qu'après avoir joué f8=D, le roi noir ne dispose d'aucun coup légal. Les noirs, n'ayant pas d'autre pièce à jouer, sont pat et la partie est nulle, bien que les blancs aient une dame en plus.
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51
+ En conséquence, les blancs choisissent de faire une sous-promotion en tour : f8=T, les noirs ne sont pas pat car ils peuvent jouer Rg7 et les blancs gagnent cette finale théorique facile. Si les blancs choisissaient de sous-promouvoir leur pion en fou ou en cavalier la partie serait nulle car il n'est pas possible de mater avec R + F contre R seul, ou R + C contre R seul.
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+ Les parties peuvent se terminer par une victoire pour un camp, associée à une défaite pour l'autre camp. Plusieurs cas peuvent se présenter :
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55
+ Les parties peuvent se terminer par une partie nulle, c'est-à-dire sans vainqueur. Plusieurs cas peuvent se présenter :
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+
57
+ En compétition, il est obligatoire de noter les coups joués[4], afin de permettre le contrôle de la partie par l'arbitre, son archivage par l'organisateur et sa publication dans des livres, revues, sites web ou bases de données. À cette fin, divers systèmes de notation ont été proposés et utilisés, dont la notation descriptive, très populaire dans les pays anglo-saxons et hispaniques. De nos jours, on utilise mondialement la notation algébrique abrégée, qui est le système officiel de la FIDE[5].
58
+
59
+ Dans la notation algébrique, chaque colonne de l'échiquier est désignée par une lettre de a à h et chaque rangée est désignée par un chiffre de 1 à 8, la case a1 étant placée à la gauche des blancs. Les cases de l’échiquier peuvent donc être désignées par la combinaison d'une lettre et d'un chiffre (voir la case g5 sur le diagramme ci-contre).
60
+
61
+ Pour l'enregistrement de la partie, on utilise habituellement un formulaire ad hoc, appelé feuille de partie, dont le format peut varier (voir un exemple ci-contre).
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+
63
+ Pour chaque coup on note :
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+
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+ Exemples :
66
+
67
+ On fait suivre le coup noir sans répéter le numéro du coup.
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+
69
+ Exemples :
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+
71
+ On n'indique pas la case de départ de la pièce, en général ce n'est pas nécessaire car une seule pièce du type mentionné peut atteindre la case d'arrivée. En cas d'ambiguïté, on ajoute devant la case d'arrivée une lettre ou un chiffre permettant d'identifier la colonne ou la rangée de départ de la pièce concernée.
72
+
73
+ Exemple :
74
+
75
+ Lorsque la pièce jouée capture une pièce adverse, on le mentionne en ajoutant une croix entre l'initiale de la pièce et la case d'arrivée.
76
+
77
+ Exemple :
78
+
79
+ Lorsqu'on indique un coup noir après un commentaire écrit, on le fait précéder d'un point de suspension.
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+
81
+ Exemple :
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+
83
+ Le roque est noté 0-0 pour le petit roque, et 0-0-0 pour le grand roque.
84
+
85
+ La prise en passant se note comme une prise normale, on mentionne la case d'arrivée du pion. On peut ajouter la mention e.p. après le coup, de façon optionnelle pour faciliter la lecture.
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+
87
+ La promotion d'un pion en pièce se note en indiquant le type de pièce en laquelle le pion est promu soit à la fin du coup (exemple : e8D, noté aussi e8=D).
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+
89
+ Lorsque le roi adverse se trouve en échec, on ajoute communément un « + » à la suite du coup, exemple : Dh4+.
90
+
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+ Si le roi est échec et mat, on utilise traditionnellement le symbole « ≠ » (éventuellement précédé d'une espace), ou plus récemment le symbole « # », ou bien on écrit mat. Exemple : Dxf7≠, Dxf7 # ou Dxf7 mat.
92
+
93
+ Le signe « ++ » est également utilisé pour indiquer un échec et mat selon le règlement de la FIDE. Certains auteurs l'utilisent cependant pour marquer un échec double.
94
+
95
+ Dans de nombreuses revues internationales, les initiales des pièces sont remplacées par des figurines schématisant chaque pièce, contournant ainsi le barrage de la langue. D'autre part, la notation est parfois encore abrégée en omettant le signe de la prise (x) et le numéro de rangée pour les prises de pion (ainsi, exd4 devient exd, ou ed, pour autant qu'il n'y ait pas d'ambiguïté possible).
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+
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+ Les figurines ressemblent à ceci : .
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+
99
+ Lors d'une analyse de partie, le commentateur a souvent besoin de donner son avis sur un coup joué. On a donc intégré au système de notation des symboles, insérés juste après le coup, permettant de donner de manière simple un avis sur le coup.
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+
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+ Les plus fréquemment utilisés par les joueurs sont :
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+
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+ D'autres symboles sont possibles :
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+
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+ De même, il est souvent utile, à la fin de l'analyse d'une variante, de donner un avis sur la position résultant de cette suite de coups. Là aussi, des symboles ont été intégrés à la notation pour faciliter cette tâche :
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+
107
+ Le format PGN vise à standardiser le format utilisé pour décrire une partie d'échecs à destination des programmes informatiques. Il se compose d'une partie d'en-têtes qui donnent des informations au sujet des joueurs, de la date et du lieu de la partie, de la cadence, etc.
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+
109
+ Ces en-têtes sont suivis par les coups joués, décrits en format SAN (Standard Algebraic Notation). Le format SAN, qui fait partie de la spécification PGN, est très similaire à la notation algébrique abrégée en langue anglaise (K=Roi, Q=Dame, B=Fou, N=Cavalier, R=Tour) mais en diffère cependant quelque peu (par exemple, en cas de promotion, le signe = est obligatoire : e8=Q tandis qu'en notation algébrique abrégée, ce signe est omis : e8Q).
110
+
111
+ Le standard FEN (Forsyth-Edwards Notation) est utilisé pour décrire une position.
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+
113
+ Chess Query Language (CQL) est un langage de requête qui permet d'extraire des parties ou des positions d'une base de données de parties d'échecs.
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115
+ La stratégie concerne l'évaluation globale de la position et l'établissement de plans à long terme, par exemple le positionnement des pièces et leur coordination, ou l'attaque dans un secteur donné de l’échiquier, alors que la tactique concerne la réalisation de manœuvres immédiates qui d��coulent des éléments stratégiques mis en place. Le grand maitre Xavier Tartakover, a dit un jour à ce sujet, que : « La Tactique consiste à savoir ce qu'il faut faire quand il y a quelque chose à faire. La Stratégie consiste à savoir ce qu'il faut faire quand il n'y a rien à faire ! »
116
+
117
+ On distingue généralement trois phases dans le déroulement d'une partie d'échecs : l'ouverture qui dure de 10 à 25 coups et pendant laquelle les joueurs développent leurs pièces en prévision de la bataille à venir ; le milieu de partie qui est en général la période la plus combative avec éventuellement des attaques directes sur les rois ; et enfin la finale, lorsque le matériel est réduit, les rois y prennent une part plus active et la promotion des pions est souvent un objectif décisif. Chacune de ces phases fait intervenir à des degrés divers des éléments tactiques, stratégiques et psychologiques.
118
+
119
+ L'étape la plus élémentaire dans l'évaluation de la position consiste à compter le matériel de chaque camp. L'expérience permet d'attribuer à chaque type de pièce un certain nombre de points, 1 point pour chaque pion, 3 points pour un cavalier ou un fou, 5 points pour une tour et 9 points pour la dame. Les cavaliers valent un peu plus que les fous dans les positions fermées (encombrées) typiquement en début de partie et à l'inverse les fous valent davantage que les cavaliers dans les positions ouvertes ou en fin de partie. Par ailleurs, deux tours (10 points) valent généralement plus qu'une dame (9 points). Ce décompte est une bonne illustration de la valeur relative des pièces mais les joueurs expérimentés n'ont pas besoin de s'y livrer, ils savent à tout moment où ils en sont. Pour une évaluation précise on prend en compte des considérations positionnelles, par exemple des pions avancés sont un atout ou inversement une faiblesse s'ils sont difficiles à soutenir, une paire de fous (contre fou + cavalier) est appréciée pour sa facilité à contrôler à la fois les cases blanches et les cases noires de l'échiquier.
120
+
121
+ Un autre facteur important dans l'évaluation de la position est la prise en compte de la structure de pions, également appelée squelette de pions, ou la répartition dissymétrique des pions sur chaque aile de l'échiquier. Les pions sont peu mobiles et leur configuration détermine largement la stratégie de la partie. Les faiblesses créées dans leur structure (pions isolés, doublés, arriérés, trous dans la chaîne de pions) sont souvent permanentes, aussi doivent-elles être soigneusement évitées ou bien compensées, par exemple par des possibilités d'attaque.
122
+
123
+ Le diagramme ci-contre, tiré d'une partie Siegbert Tarrasch - Max Euwe de 1922, montre la difficulté qu'il peut y avoir à évaluer certaines positions. En effet l'intuition de nombreux joueurs est ici prise en défaut : Le fou noir est bloqué par son propre pion en e5 et les blancs peuvent exploiter le trou en d6, cependant l'expérience montre que la faiblesse blanche en d4 est plus grave encore : la théorie considère que les noirs ont de meilleures perspectives[6].
124
+
125
+ La tactique concerne habituellement des actions à très court terme, au point qu'elles peuvent être complètement calculées par le joueur[G 6]. La profondeur du calcul, c'est-à-dire le nombre de coups de la variante la plus longue, dépend des capacités du joueur, ou de la puissance de l'ordinateur le cas échéant. Dans les positions tranquilles, avec de nombreuses alternatives de part et d'autre, il y a peu de chances qu'un calcul profond soit possible, alors que dans les positions comportant un nombre limité de coups forcés, les joueurs les plus forts sont à même de calculer de très longues séquences de coups.
126
+
127
+ Des suites forcées d'un ou deux coups, les menaces, échanges de pièces, attaques doubles, etc. peuvent être enchaînés dans des combinaisons : des séquences de manœuvres souvent forcées pour l'un ou l'autre des deux camps. Les théoriciens ont décrit un grand nombre de méthodes élémentaires et de manœuvres caractéristiques comme le clouage, la fourchette, l'enfilade, la batterie, l'attaque à la découverte et en particulier l'échec à la découverte, le coup intermédiaire (ou zwischenzug), la déviation, le leurre, le sacrifice, le minage, la surcharge, l'interception[G 7].
128
+
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+
130
+
131
+ Dans le problème numéro 1 la suite est 1.Cg4 gxh5 2. Cxh6+ Le roi ne voulant pas se mettre devant un clouage après Rh7 DxH5 joue 2... Rg7 3. Dxh5 Th8 4. Dxf7+ Rxh6 5. f5+ Fg5 est forcé 6. Dg6# .
132
+
133
+ Problème 2 : Exemple d'un sacrifice de pièce qui expose le roi noir. Après 1. Fh5+ les noirs abandonnent car le mat est inévitable, par exemple 1…Rxh5 2. Cg3+ Rh4 3. De4+ Tf4 4. Dxf4≠, ou 1…Rh7 2. Cf6+ Rh8 3. Dh7≠ ou 1…Rf5 2. Cg3+ Rf6 3. Dg6≠.
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+ L'ouverture est le nom donné aux premiers coups d'une partie[G 8]. On donne aux ouvertures reconnues des noms comme la partie espagnole ou la défense sicilienne mais également la partie des quatre cavaliers. Un grand nombre d'ouvrages spécialisés les répertorient, comme l'Encyclopédie des ouvertures d'échecs.
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+
149
+ Il existe des dizaines d'ouvertures aux styles très variés, certaines sont tranquilles comme le début Réti alors que d'autres, comme le gambit letton, sont très agressives. Les variantes comportent en général de 10 à 15 coups, mais certaines variantes, dans lesquelles on estime que ne sont joués que les meilleurs coups de part et d'autre, peuvent comporter jusqu'à 30 ou 35 coups. Les joueurs professionnels passent des années à étudier les ouvertures et continuent à les approfondir leur carrière durant, participant eux-mêmes à leur étude systématique. En effet, au plus haut niveau de jeu le début de partie se présente comme un duel de connaissances entre deux compétiteurs ainsi qu'un laboratoire permanent permettant de tester les idées nouvelles.
150
+
151
+ Les ouvertures poursuivent toutes des buts stratégiques similaires :
152
+
153
+ La plupart des joueurs et des théoriciens considèrent que le fait de jouer en premier donne aux blancs un petit avantage. Dans l'ouverture l'objectif des noirs est de neutraliser cet avantage ou alors de trouver des compensations dans une position déséquilibrée.
154
+
155
+ Le milieu de partie ou milieu de jeu débute lorsque la plupart des pièces ont été développées. Le recours à la théorie des ouvertures n'étant plus de mise, les joueurs doivent évaluer leur position, concevoir des plans basés sur ses caractéristiques, et dans le même temps tenir compte des possibilités tactiques[G 9].
156
+
157
+ Certains plans ou thèmes stratégiques liés aux structures de pions découlent directement de l'ouverture, par exemple l'attaque de minorité, qui consiste à avancer des pions d'une aile alors que l'adversaire possède plus de pions sur cette aile. L'étude des ouvertures doit donc être menée en parallèle de la préparation des plans possibles dans le milieu de partie.
158
+
159
+ Le milieu de partie est la phase de la partie dans laquelle l'attaque sur le roi prend le plus d'importance, bien que ce thème ne soit pas à négliger dans les autres phases du jeu. Un exemple classique est le sacrifice double de la partie Lasker - Bauer 1889.
160
+
161
+ Une autre question stratégique importante dans le milieu de partie est de savoir quand il est opportun d'entrer en finale, c'est-à-dire simplifier la position en échangeant du matériel. Par exemple, un avantage matériel même minime permet souvent le gain, mais seulement en finale. Le camp le plus fort doit donc trouver un moyen de forcer son adversaire à jouer une finale favorable. Il doit pour cela éviter les cas connus comme donnant la nulle malgré la différence de matériel, par exemple la plupart des positions avec roi, fou et pion contre roi et fou avec des fous de couleurs opposées (l'un sur cases blanches et l'autre sur cases noires) ou roi, tour et cavalier contre roi et tour.
162
+
163
+ La fin de partie, ou finale, est la phase de la partie qui se déroule lorsqu'il ne reste que quelques pièces sur l'échiquier[G 10]. Il y a trois différences stratégiques avec les étapes précédentes :
164
+
165
+ Les finales sont classées en fonction du type de pièces qui restent sur l'échiquier. Les mats de base sont les positions dans lesquelles un camp possède un roi seul et l'autre camp une ou deux pièces en mesure de mater, en combinant les efforts de ces pièces et du roi. Par exemple, les finales de pions ne comportent que des rois et des pions dans les deux camps et la tâche du camp le plus fort consiste à promouvoir un pion. Les finales plus complexes sont classées en fonction des pièces sur l'échiquier en dehors des rois, par exemple tour et pion contre tour. Toutes les finales de six pièces ou moins au total, rois inclus, ont été entièrement analysées par ordinateur. Le résultat de ces analyses forme les tables de finales.
166
+
167
+ Une miniature est généralement définie comme une partie d'échecs qui se termine en moins de 20 coups[G 11]. Cela peut être une partie entre débutants, comme le coup du berger reproduit ci-dessous, ou bien une partie terminée rapidement entre forts joueurs.
168
+
169
+ Cette partie a opposé Adolf Anderssen à Lionel Kieseritzky à Londres, en 1851.
170
+
171
+ 1. e4 e5 2. f4
172
+
173
+ Le principe de cette ouverture, le gambit du roi, est de sacrifier un pion dès le deuxième coup pour attaquer et obtenir une majorité centrale.
174
+
175
+ 2… exf4 3. Fc4 Dh4+ 4. Rf1 b5
176
+
177
+ C'est Kieseritzky qui a découvert ce coup. Le but est d'écarter le fou du roi de la diagonale a2-g8, tout en préparant une attaque ultérieure de pions.
178
+
179
+ 5. Fxb5 Cf6 6. Cf3 Dh6
180
+
181
+ Ici, les noirs se trompent. La place de la dame est en h5. Ce coup vient à l'encontre de la suite logique du 5ème coup.
182
+
183
+ 7. d3 Ch5 8. Ch4! Dg5 9. Cf5! c6 10. g4 Cf6
184
+
185
+ Les noirs sont maintenant acculés à la défensive.
186
+
187
+ 11. Tg1!
188
+
189
+ Ce sacrifice du fou ôte tout espoir de contre-attaque aux noirs. Les pièces noires développées doivent retourner à leur base.
190
+
191
+ 11…cxb5 12. h4 Dg6 13. h5 Dg5 14. Df3 Cg8
192
+
193
+ À cause de 15. Fxf4, les noirs sont contraints d'assurer une case de retraite pour leur dame.
194
+
195
+ 15. Fxf4 Df6 16. Cc3
196
+
197
+ Toutes les pièces noires sont revenues à leur base, ou presque.
198
+
199
+ 16…Fc5 17. Cd5! Dxb2 18. Fd6! Fxg1
200
+
201
+ Les noirs ne peuvent prendre le Fd6, car la suite est forcée : 18…Fxd6 19. Cxd6+ Rd8 20. Cxf7+ Re8 21. Cd6+ Rd8 22. Df8 mat. Les blancs ont une telle avance de développement que la décision ne saurait tarder.
202
+
203
+ 19. e5!
204
+
205
+ La dame noire est privée de la grande diagonale. Une menace de mat, commençant par 20. Cxg7+, est aussi dans l'air.
206
+
207
+ 19…Dxa1+ 20. Re2 Ca6
208
+
209
+ Kieseritzky s'imagine que la menace de mat est écartée, car la case c7 est protégée. C'est maintenant qu'Anderssen le surprend.
210
+
211
+ 21. Cxg7+ Rd8 22. Df6+!! Cxf6 23. Fe7 mat
212
+
213
+ La coordination des trois pièces blanches tout comme la position des pièces noires, toutes présentes sur l'échiquier mais mal coordonnées, ont valu à cette partie le qualificatif « d'Immortelle » par le commentateur Falkbeer, qui publia une analyse détaillée de cette partie en 1855 dans le magazine Wiener Schachzeitung[8]. Il fit remarquer que la position finale est un mat modèle, ce à quoi fut certainement sensible Anderssen qui était également un compositeur de problèmes d'échecs.
214
+
215
+ Une partie d'échecs pouvant durer plusieurs heures, il est nécessaire de limiter et de décompter le temps de réflexion de chacun des joueurs.
216
+
217
+ Au début, chaque coup devait être joué dans un temps imparti (5 minutes par coup, par exemple). Ensuite, l'utilisation d'une pendule ad hoc a permis d'attribuer un temps de réflexion global pour la durée de la partie, ou bien pour un nombre déterminé de coups, par exemple 40 coups en deux heures.
218
+
219
+ La pendule d'échecs est un boîtier juxtaposant deux horloges identiques, mécaniques ou électroniques, commandées par deux boutons reliés par une bascule. Elle est toujours utilisée dans les compétitions homologuées par la FIDE[9].
220
+ Après avoir joué son coup, le joueur au trait appuie (avec la main qui a déplacé la pièce) sur le bouton de l'horloge situé de son côté. Cela stoppe son horloge, relève le bouton de son adversaire et remet en marche l'horloge de celui-ci.
221
+
222
+ Dans le cas d'une pendule mécanique, le cadran de chaque horloge est équipé d'un drapeau, petite pièce de plastique ou de métal libre mobile autour d'un axe placé à la gauche du nombre 12. Ce drapeau est progressivement soulevé lorsque l'aiguille des minutes approche du 12 de l'horloge, puis retombe brusquement lorsqu'elle l'atteint précisément.
223
+ Si la chute du drapeau se produit avant que le joueur ait effectué le nombre de coups exigé par la cadence en vigueur, celui-ci perd immédiatement la partie, sauf si l'adversaire dispose d'un matériel insuffisant pour mater, auquel cas la partie se conclut par une nulle.
224
+
225
+ Les pendules électroniques permettent une plus grande précision lors des phases de Zeitnot et autorisent d'autres cadences de jeu, notamment celles avec incrément (cadences « Fischer » ou «  Bronstein »). La polyvalence des pendules électroniques leur permet aussi d'être utilisées dans d'autres jeux, comme le shōgi, le jeu de go ou le Scrabble.
226
+
227
+ L'arbitre choisit de placer la pendule du côté de l'échiquier qui lui convient. Souvent, le joueur qui a les noirs peut choisir le côté de la table où il s'installe. Néanmoins, la décision finale revient à l'arbitre.
228
+
229
+ Une cadence est composée d'une ou plusieurs périodes. Une période est définie par un nombre minimal de coups à jouer en un certain temps. La fin d'une période est appelée contrôle de temps.
230
+
231
+ La cadence habituelle des parties en compétition est d'une heure et trente minutes pour quarante coups, puis trente minutes pour la fin de la partie, avec un incrément de trente secondes dès le premier coup. Avant la généralisation des pendules électroniques, la cadence usuelle était de deux heures pour quarante coups, puis une heure KO.
232
+
233
+ Le temps imparti à chacun des joueurs permet de répartir les parties en plusieurs classes. Chacune d'elles a ses règles spécifiques :
234
+
235
+ La Fédération internationale des échecs[14] fixe les règles du jeu[15], publie le classement Elo international[16], octroie les titres internationaux de grand maître international, maître international, maître FIDE et leurs pendants féminins[17], ainsi que les titres d'arbitre FIDE et d'arbitre international[18]. Elle organise également les olympiades d'échecs et le championnat du monde d'échecs.
236
+ Les membres de la FIDE sont les fédérations nationales, telle la Fédération française des échecs.
237
+
238
+ La FIDE a une commission permanente pour la composition échiquéenne qui gère le domaine des problèmes d'échecs et en particulier les compétitions liées aux problèmes d'échecs.
239
+
240
+ Les joueurs par correspondance dépendent de la Fédération internationale du jeu d’échecs par correspondance (ICCF), qui reprend les règles de la FIDE mais dont le classement Elo est indépendant.
241
+
242
+ Les parties de compétition sont supervisées par des arbitres qui garantissent le respect des règles du jeu.
243
+
244
+ On peut classer les arbitres en deux grandes catégories :
245
+
246
+ En France, il existe trois titres d’arbitres, arbitre fédéral club (AFC), arbitre fédéral open (AFO) et arbitre fédéral élite (AFE), ce dernier étant le grade le plus élevé. Les titres AFO et AFE sont subdivisés en un premier et un deuxième niveau. Il existe également un titre d'Arbitre Fédéral Jeune pour les 12-18 ans[19].
247
+
248
+ Plusieurs moyens permettent de tricher aux échecs. Les plus fréquents sont le non-respect d'une règle du jeu en espérant qu'il ne sera pas sanctionné par l'arbitre, l'utilisation discrète d'un programme d'échecs, la communication avec un complice. Il existe aussi des cas d'abus du système de classement Elo et d'obtention de titres de grand maître international ou d'autres titres. Un tricheur est normalement exclu de la compétition dans laquelle il a triché ; il peut aussi être interdit de toute compétition pour une durée déterminée.
249
+
250
+ La plupart des tournois d'échecs au niveau amateur se jouent au système suisse. Ce système permet à tous les joueurs de jouer toutes les rondes, et donne un classement général en fin de tournoi qui désigne clairement le vainqueur. Les compétitions de haut niveau sont généralement jouées avec un petit nombre de joueurs au format toutes rondes (chaque participant rencontre tous les autres) en utilisant la table de Berger. Les coupes par élimination directe sont rares ; cette formule se rencontre essentiellement dans le cadre de la Coupe du monde d'échecs.
251
+
252
+ Après sa victoire sur Johannes Zukertort en 1886, Wilhelm Steinitz fut le premier champion du monde officiel. Ensuite, le titre fut décerné à qui battait, en match, le champion du monde[G 12]. Le tenant du titre choisissait le prétendant parmi les meilleurs joueurs ou parmi ceux qui viendraient avec le meilleur apport financier.
253
+
254
+ Entre 1946 et 1948, il n'y eut pas de champion du monde. Le championnat du monde de 1948, organisé par la FIDE, fut un tournoi qui opposa cinq joueurs, et fut suivi, tous les trois ans, à partir de 1951, de matchs disputés au meilleur des vingt-quatre parties. Le prétendant était le vainqueur du tournoi des candidats organisé par la FIDE. En cas de défaite, le champion déchu avait droit, à partir de 1956[20], à un match revanche disputé l'année suivante. En cas d'égalité, le champion conservait son titre.
255
+
256
+ Le droit au match revanche fut aboli en 1963.
257
+
258
+ En 1975, Bobby Fischer refusa de jouer le championnat du monde 1975 contre Anatoli Karpov. Les trois championnats suivants (1978, 1981 et 1984) furent disputés sans compter les parties nulles, le titre revenant au premier joueur remportant six parties.
259
+
260
+ En février 1985, Le championnat du monde, commencé en septembre 1984, fut interrompu après 48 parties « pour préserver la santé des joueurs ». Le match fut rejoué en octobre-novembre 1985 en 24 parties et le droit au match revanche fut réintroduit.
261
+
262
+ En 1993, Garry Kasparov provoqua une scission avec la FIDE et créa sa propre fédération, la PCA (Professional Chess Association). Il y eut alors deux champions du monde, l'un dit « classique », se réclamant de la lignée des matchs entamée par Steinitz, l'autre dit « FIDE » vainqueur du « Championnat du monde FIDE ».
263
+
264
+ Champions du monde « classiques » de 1993 à 2006 :
265
+
266
+ Champions du monde « FIDE » de 1993 à 2006 :
267
+
268
+ À partir de 1999, contrairement à la tradition, les championnats du monde « FIDE » furent des tournois à élimination directe. Le champion du monde en titre entrait en lice dès les premiers tours, ce que Karpov n'accepta pas en 1999.
269
+
270
+ Les championnats du monde 2005 et 2007 furent des tournois toutes rondes opposant huit joueurs. En 2006 eut lieu le match de réunification des deux titres. Vladimir Kramnik battit Veselin Topalov.
271
+
272
+ À compter de 2008, le championnat du monde « unifié » se joue de nouveau sous la forme de match entre le tenant du titre et son challenger.
273
+
274
+ Il existe également des championnats du monde d'échecs sur deux autres cadences mais moins prestigieux et connus que le championnat du monde d'échecs sur parties classiques.
275
+
276
+ Ces deux championnats organisés par la FIDE se déroulent chaque année depuis 2012 sur le même lieu, et, depuis 2016, entre Noël et le jour de l'an.
277
+
278
+ Organisée par la FIDE, le Championnat du monde d’échecs féminin existe depuis 1927. Depuis l'édition de 2010, le championnat du monde se déroule chaque année soit sous la forme d'un match entre deux joueuses, soit sous la forme d'un tournoi à élimination directe (avec éventuellement des parties rapides de départage) avec 64 concurrentes au départ.
279
+
280
+ Depuis les années 1990, le championnat est souvent gagné par des Chinoises. La championne du monde en titre (2020) est la Chinoise Ju Wenjun qui a retenu son titre en janvier 2020 après un premier titre en 2018 et une défense victorieuse récemment contre Goryachkina.
281
+
282
+ À noter que certaines joueuses ont choisi de participer exclusivement aux compétitions mixtes et n'ont donc jamais concouru pour le titre mondial féminin comme la Hongroise Judit Polgár, meilleure joueuse de tous les temps avec un classement Elo de 2 735 points et huitième au classement mondial mixte en 2004.
283
+
284
+ Depuis la saison 2004-2005, plus de 70 grands événements mondiaux sont regroupés au sein de l'ACP Tour, mise en place par l'ACP[21], l'association des joueurs d'échecs professionnels.
285
+
286
+ Les olympiades d'échecs sont une compétition par équipes organisée par la Fédération internationale des échecs (FIDE) depuis 1927. Interrompues par la Seconde Guerre mondiale en 1939, elles ont repris en 1950 et se déroulent chaque année paire. Elles opposent des équipes nationales de quatre joueurs (et un remplaçant). La première édition a eu lieu en 1927 à Londres.
287
+
288
+ La psychologie échiquéenne est l'objet de nombreuses études, on peut classer ces études en deux types : « ceux réalisés par les psychologues pour explorer le fonctionnement du psychisme humain et usant du jeu d'échecs comme outil, […] et, d'autre part, les analyses faites par les joueurs d'échecs […] pour améliorer leur niveau… »[22]
289
+
290
+ Dans la première catégorie, Alfred Binet publie en 1894 Psychologie des grands calculateurs et joueurs d'échecs, ouvrage dans lequel il étudie les processus cognitifs nécessaires au joueur d'échecs, en particulier les représentations mentales qui permettent aux joueurs d'abstraire l'échiquier et ses pièces afin de réfléchir sans avoir à les déplacer ou jouer une partie à l'aveugle[23]. En 1946, le psychologue néerlandais (et joueur d'échecs) Adriaan de Groot publie une importante étude des mécanismes du choix des coups. Le grand maître et psychologue Reuben Fine dans son livre Psychology of the Chess Player[24] montre que la principale différence entre l'amateur et le maître réside dans la capacité à mémoriser puis reconnaître les différents schémas ou thèmes qui apparaissent lors d'une partie. Il compare cette capacité à la maîtrise d'un langage.
291
+
292
+ Dans les deux dernières décennies, l’intérêt pour les échecs et ses possibles avantages cognitifs a augmenté radicalement. Une possible explication de ce phénomène est donnée par Giovanni Sala et Fernand Gobet, deux professeurs et docteurs en psychologie[25] : il serait provoqué par les changements dans la demande actuelle de travail dans notre société, en effet de plus en plus de jobs requièrent certaines capacités cognitives et de raisonnement, à cause de l’avancement rapide du domaine du STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics). C’est donc logique qu’il y ait plus de ressources utilisées pour le développement d’une activité qui pourrait améliorer les compétences des futurs employés dans ces secteurs. Des études ont été effectuées à cet effet, principalement dans des écoles, afin de monitorer les avantages et/ou désavantages que les échecs pourraient porter par rapport à l’enseignement actuel. En 2011 Ayperi Dikici Sigirtmac, une professeure à Cukurova University, a publié une étude avec des enfants de six ans en Turquie[26], montrant que sur un test conceptuel, les élèves auxquels ont été enseignés les échecs ont obtenu de meilleurs résultats par rapport aux élèves ayant une instruction standard. Aucune différence n’a été constaté entre les deux sexes. Une autre publication en 2015 de Giovanni Sala, Alessandra Gorini et Gabriella Pravettoni, sur une expérience effectuée dans une école en Italie avec des jeunes entre huit et dix ans[27], trouve une corrélation similaire avec la compréhension des mathématiques entre les élèves qui ont eu un cursus avec ou sans des cours d’échecs. D’autres études dans des institutions d’enseignements où les échecs ont été appris à des étudiants, obtiennent des résultats qui indiquent une influence positive. Mais comme analysé par Giovanni Sala et Fernand Gobet en 2016[25], il est difficile d’effectuer ces expériences dans des conditions idéales. Ces conditions permettraient d’éliminer un éventuel effet « placebo », qui pourrait être causé par différents facteurs, tels que la motivation des enseignants d’échecs ou l’effet qu’apprendre une nouvelle activité pourrait avoir. Il n’y a pas encore d’études qui sont parvenues à respecter complètement ces conditions et c’est pourquoi il n’y a pas encore un consensus général dans la communauté scientifique. Il faudra donc d’ultérieures recherches pour prouver les avantages que les échecs ont réellement.
293
+
294
+ La deuxième catégorie d'études est surtout l'œuvre de grands maîtres soviétiques, en particulier Benjamin Blumenfeld et Nikolaï Kroguious. Ils analysent la genèse des fautes commises par les joueurs et proposent divers remèdes.
295
+
296
+ De nombreux mythes et théories existent sur l'origine du jeu.
297
+
298
+ La légende la plus célèbre sur l'origine du jeu d'échecs[G 13] est due aux Perses. Elle raconte l'histoire d'un roi légendaire des Indes (suivant les versions, le roi s'appelle Balhait/Balhit ou Shahram/Shirham[28]) qui cherchait à tout prix à tromper son ennui. Il promit donc une récompense exceptionnelle à qui lui proposerait une distraction qui le satisferait. Lorsque le sage Sissa, fils du Brahmine Dahir, lui présenta le jeu d'échecs, le souverain, enthousiaste, demanda à Sissa ce que celui-ci souhaitait en échange de ce cadeau extraordinaire. Humblement, Sissa demanda au prince de déposer un grain de riz sur la première case, deux sur la deuxième, quatre sur la troisième, et ainsi de suite pour remplir l'échiquier en doublant la quantité de grain à chaque case. Le prince accorda immédiatement cette récompense en apparence modeste, mais son conseiller lui expliqua qu'il venait de signer la mort du royaume car les récoltes de l'année ne suffiraient à s'acquitter du prix du jeu. En effet, sur la dernière case de l'échiquier, il faudrait déposer 263 graines, soit plus de neuf milliards de milliards de grains (9 223 372 036 854 775 808 grains précisément), et y ajouter le total des grains déposés sur les cases précédentes, ce qui fait un total de 264-1, soit 18 446 744 073 709 551 615 grains, soit environ 4.1011 tonnes de riz décortiqué[29].
299
+
300
+ Des variantes de cette légende existent, l'une suggérant que le roi accepta à condition que le sage compte les graines lui-même, une autre affirmant que Sissa eut la tête tranchée pour une telle effronterie. Certaines versions disent que Sissa ne demanda rien en échange mais que le roi insistant, Sissa aurait alors décidé de se moquer du roi en lui demandant une récompense qu'il ne pourrait donner.
301
+
302
+ Une autre légende, datant du Moyen Âge, place l'invention du jeu durant la guerre de Troie. Palamède, l'un des héros grecs, aurait inventé le jeu pour remonter le moral des troupes durant le siège de Troie[30], ainsi que d'autres jeux : « Les Grecs lui attribuaient [à Palamède] l'invention de plusieurs lettres de leur alphabet, de la monnaie, des dés, des osselets et du « jeu d'échecs » (sic) »[31],[32]. C'est l'origine du nom de la première revue échiquéenne, Le Palamède.
303
+ Cette légende est née d'une traduction erronée du mot grec πεττεία (petteia), un terme désignant un jeu de plateau différent des échecs, l'équivalent du senet égyptien[33] et ancêtre probable du Tablut ou « Jeu des cinq lignes »[34] parfois traduit, à tort, par « dames »[35] ou « échecs »[36].
304
+
305
+ Selon une autre légende, inventée par le poète anglais William Jones en 1763 dans un poème en latin, Euphron (frère de Vénus et dieu des sports) aurait créé les échecs pour aider Mars à séduire la belle Caïssa. Cette dernière est parfois considérée comme la déesse des échecs.
306
+
307
+ Les Arabes font connaissance avec le jeu. Ils s'y adonnent avec passion et étendent sa pratique au fur et à mesure de leurs conquêtes. Vers l'ouest, le jeu traverse le Maghreb et la Méditerranée pour parvenir dans l'Espagne musulmane et atteindre l'Occident chrétien à la fin du Xe siècle[37]. Il existe des jeux d'échecs différents, persans (chatrang), indiens (chaturanga), arabes (shatranj), mongols (shatar), européens, birmans (sit-tu-yin), thaïs ou cambodgiens (makruk), malais (catur), chinois ou vietnamiens (xiangqi), coréens (Janggi), japonais (shogi), etc. Tous ces jeux partagent un ensemble de traits qui renvoient à une véritable préhistoire puisqu’il n’existe aucun témoignage direct et sans équivoque du supposé ancêtre commun.
308
+
309
+ Si la naissance même du jeu reste encore obscure et controversée[38], on peut au moins affirmer que les échecs sont un jeu asiatique.
310
+ Trois ensembles géographiques posent leur candidature au titre de berceau du roi des jeux :
311
+
312
+ L'Inde est généralement l'hypothèse la plus suivie. Elle a pour elle la tradition puisque même les premiers textes persans et arabes affirmaient que les échecs étaient venus d'Inde. Cependant, les traces historiques prouvant cette origine manquent.
313
+ L'Asie centrale iranienne au contraire reste la terre des premiers témoignages comme des plus anciennes trouvailles archéologiques. Enfin la Chine revendique aussi le titre de berceau de ce jeu et s'il est vrai que les premiers témoignages confirmés sont tardifs en Chine, il existe des sources certes floues mais plus anciennes que les plus anciennes sources perses ou sanscrites (qui datent de l'époque 600 à 650 apr. J.-C.).
314
+
315
+ Dans l'état actuel des connaissances, il est difficile de trancher.
316
+
317
+ Une autre croyance très répandue est l'idée que les premiers échecs auraient été inventés (dans ce cas, c'est toujours en Inde) sous la forme d'un jeu se jouant à quatre joueurs et avec l'aide de dés. Vers l'an 600, des Indiens ou des Perses auraient éliminé les dés et regroupé les camps pour n'en faire que deux. Cette hypothèse est très certainement fausse. La plus ancienne mention connue du jeu à quatre date de 1030, soit quatre siècles après la mention du jeu à deux. Tout concourt à penser que ce chaturanga à quatre, appelé chaturaji, constitue une variante du chaturanga ou chatrang à deux et non le contraire[39].
318
+
319
+ Le mot sanskrit chaturanga, qui a donné chatrang en pehlevi (moyen persan), signifie quatre membres et désignait à l'origine l'armée épique indienne avec infanterie, cavalerie, éléphanterie et chars de combats. Ces pièces, avec un roi et son conseiller (ministre ou général) formaient l'ensemble des pièces du jeu, très semblables à celui d'aujourd'hui. Chaque joueur maniait 16 pièces sur un tablier de 64 cases, de couleur unique.
320
+
321
+ Lorsque les Arabes envahissent la Perse, ils l’adoptent sous le nom de shatranj. Dans son Kuzari (en arabe), Juda Halevi en parle sous le terme arabe shtaranj. Dans sa traduction hébraïque du Kuzari, Juda ibn Tibbon traduit par « le jeu des échecs », et ajoute « appelé shtaranj en arabe »[40]. Les échecs connaissent alors un développement remarquable, se répandant en suivant les conquêtes de l'islam. C’est au cours des IXe et Xe siècles qu’apparaissent les premiers champions et les premiers traités.
322
+ On retrouve alors :
323
+
324
+ Le Roukh était parfois représenté comme un char de guerre. Les Arabes y voyaient un général commandant l’armée. Mais son sens littéral reste obscur. Il semble que pour les Arabes, ce mot n’avait pas d’autre sens que celui de désigner cette pièce au Shatranj, un peu comme le mot rook pour les anglophones aujourd’hui. Le lien étymologique avec le sanskrit ratha : char est peu évident.
325
+
326
+ Les échecs arrivent en Europe sans doute peu avant l'an mil[G 14] par l’Espagne musulmane ou par l’Italie du Sud (Sicile)[41].
327
+
328
+ Une légende a longtemps attribué un jeu d'échecs à Charlemagne qui l'aurait reçu de la part du calife Hâroun ar-Rachîd, mais on pense aujourd'hui qu'il fut fabriqué postérieurement près de Salerne à la fin du XIe siècle[42].
329
+
330
+ La plus ancienne mention du jeu d'échecs en Occident se retrouve dans le Versus de Scachis, un poème latin vraisemblablement composé entre 900 et 950 dans le Nord de l'Italie[43]. En 1010, un testament du comte d'Urgel, en Catalogne, le mentionne. De nombreuses pièces d'échecs ont été retrouvées lors de fouilles sur le site des chevaliers-paysans du lac de Paladru (Isère), site qui a été abandonné au plus tard en 1040. Le Libro de los juegos écrit en Espagne entre 1251 et 1283 et illustré de nombreuses miniatures, expose les règles du jeu au XIIIe siècle.
331
+
332
+ Dès son arrivée dans la chrétienté, l’échiquier et les pièces s'occidentalisent progressivement[G 15] :
333
+
334
+ Dans certaines régions d'Europe, le double pas initial du pion est pratiqué. Certaines règles permettent au roi ou à la reine (ou dame) d'effectuer un saut à deux cases (sans prise) à leur premier mouvement. Ceci constitue la différence principale avec les règles du Shatranj des pays musulmans[44]. Mais l’évolution la plus importante a lieu à la fin du Moyen Âge, après 1470, en Espagne ou en Italie, lorsque les mouvements limités de la reine (ou dame) et du fou sont remplacés par ceux que nous connaissons actuellement[44].
335
+
336
+ Les joueurs de cette époque nomment ces nouvelles règles : « eschés de la dame » ou « jeu de la dame enragée »[45].
337
+
338
+ Les plus anciens manuscrits conservés relatifs à ces évolutions sont le manuscrit de Göttingen et le Scachs d'amor. Le premier traité imprimé reflétant ces innovations est généralement attribué à Francesc Vicent, publié en 1495 à Valence, mais il est aujourd'hui perdu. Le deuxième, attribué à Lucena, nous est parvenu.
339
+
340
+ Pour parer aux effets dévastateurs des pièces aux pouvoirs renforcés, le roque est inventé vers 1560 et, progressivement, il remplace le saut initial du roi ou de la reine (la dame) qui deviennent obsolètes[44]. On peut considérer que les règles du jeu moderne sont à peu près établies vers 1650. Si les premiers livres traitant des échecs remontent à l'époque arabe (dans le Kitab-al-Fihrist d'Ibn al-Nadim), la stabilisation des règles en Europe donne naissance à une littérature théorique très riche et on observe notamment l'élaboration des premiers systèmes d'ouverture[pas clair].
341
+
342
+ L’aspect physique des pièces le plus courant aujourd’hui, le style « Staunton », date de 1850. C’est également durant la seconde moitié du XIXe siècle qu’émergent les échecs modernes. Les premières compétitions internationales ont lieu, les progrès théoriques de l’art de la défense mettent un terme à l’ère romantique.
343
+
344
+ Au XXe siècle, l’URSS en assure une promotion très active, le considérant comme un excellent outil de formation intellectuelle[G 16]. C’est, en outre, une vitrine de la formation intellectuelle soviétique qui leur permet de dominer largement une discipline prestigieuse.
345
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+ Durant la guerre froide, l'émergence de Bobby Fischer[G 17], le premier Occidental à défier les Soviétiques au plus haut niveau, puis de Viktor Kortchnoï[G 18], dissident soviétique qui parvint deux fois en finale du championnat du monde, donnent à cette compétition une véritable dimension politique. Plus tard, les tensions entre conservateurs russes et partisans de la perestroïka se cristalliseront autour de l’affrontement entre Anatoli Karpov et Garry Kasparov.
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+ À la fin du XXe siècle, la confusion concernant le titre de champion du monde amène l’attention médiatique à se concentrer sur l’opposition entre l’humain et la machine, comme en témoigne le retentissement médiatique des matchs entre Kasparov et Deep Blue[46]. Les femmes font également leur apparition au plus haut niveau dans un domaine longtemps réservé de fait aux hommes. Ainsi, depuis avril 2003, Judit Polgár figure parmi les meilleurs joueurs mondiaux du classement de la Fédération internationale des échecs[47].
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+ Depuis janvier 2000, les échecs sont devenus, en France, un sport reconnu par le Ministère de la Jeunesse et des Sports[48].
351
+ De nombreuses compétitions sportives sont organisées dans le monde entier. Depuis le début de l'année 2008, l’entrée de ce sport aux Jeux olympiques est discutée[49].
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+ L’actuel champion du monde est le Norvégien Magnus Carlsen qui a succédé à l'Indien Viswanathan Anand en 2013[50].
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+ Étant donné l’avancement technologique toujours plus rapide, notre société actuelle nécessite toujours plus d’ingénieurs pour fonctionner correctement, ce qui naturellement porte à une augmentation des recherches qui ont comme but d’améliorer le système scolaire, en particulier les capacités et connaissances techniques. Les échecs sont une possibilité en cours d’étude. D’autres jeux ou activités sont aussi considérées, mais le focus est principalement sur les échecs, car c’est un jeu très accessible et qui stimule les différentes compétences spécifiquement liées aux besoins actuels du monde du travail.
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+ L’effet exact de l’enseignement des échecs à l’école est encore inconnu, mais différents articles montrent un impact généralement positif sur les résultats obtenus dans les écoles avec un cursus qui intègre l’enseignement des échecs, comparé aux mêmes cursus sans cet ajout. Patrick J. M. Costello a essayé d’analyser plusieurs études[51], et même si aucune a été effectuée dans des conditions idéales (difficiles à obtenir, en particulier car les participants ne devraient pas être au courant du but de la recherche), sa conclusion est qu’introduire les échecs dans le cursus scolaire est une bonne idée.
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+ Cette mentalité positive envers ce changement est de plus en plus adoptée par différents pays : en effet depuis janvier 2011, en France, des études scientifiques et technologiques ont été menées dans ce but, et cette pratique sera effective pour les élèves des écoles, des collèges et des lycées. L’objectif n’est pas de former des élèves afin de devenir des grands joueurs d’échecs, mais plutôt de travailler sur la logique, la rigueur de mettre en place des stratégies et le développement d’une vision globale pour la résolution de problèmes. Tout ceci amène les élèves à respecter les règles du jeu et le jeu de l’adversaire. Quelques objectifs pédagogiques sont mis en avant pour les élèves :
360
+
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+ Cette pratique sera effective pour les élèves des écoles, des collèges et des lycées. Ainsi, les élèves possèdent un moyen ludique pour acquérir de nouvelles aptitudes.
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+ D’autres pays ont précédé la France dans la mise en place de ce programme. L’Arménie est le premier pays au monde qui a, en 2011, rendu obligatoire les échecs dans le cadre scolaire. Ce fut au tour du Mexique en 2014 puis de la Chine, de l’Inde et de l’Allemagne. À la suite de ce succès, l’Espagne, après adoption de la loi d’insertion des échecs comme instrument pédagogique, compte un millier d’établissements qui l’ont mis en place de manière obligatoire ou optionnelle.
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+
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+ La composition échiquéenne, qui forme un monde à part dans l’univers des échecs, représente son versant artistique[G 19]. Le problème d'échecs (au sens large) se conforme à des règles de jeu aussi rigoureuses que dans le jeu d'échecs (même si elles sont parfois revisitées comme dans les problèmes féériques) mais il présente des situations très éloignées de la partie d'échecs réelle. Des considérations esthétiques, souvent géométriques, priment sur la réalité de la lutte entre deux joueurs. Cet univers comporte un certain nombre de conventions : on exige par exemple (sauf énoncé contraire) que la solution du problème soit unique, lorsqu'il s'agit d'un gain (étude) on présente le problème en donnant le trait aux blancs, on évite que le premier coup de la solution soit une prise ou un échec, etc. La composition échiquéenne est une discipline récente, au moins au sens moderne du terme (XIXe siècle).
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+ Comme dans le domaine de la partie, des compétitions sont organisées, elles sont de deux sortes :
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+ Rares sont les forts joueurs d’échecs qui s’intéressent aux problèmes d’échecs, les deux univers sont très différents. Notons toutefois que les grands maîtres anglais John Nunn et Jonathan Mestel ont remporté le Championnat du monde de solutions, et que Richard Réti, Vassily Smyslov et Pal Benko sont des compositeurs d'étude réputés.
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+
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+ Si les problèmes les plus fréquents sont les mats en deux coups[G 20], il y a une grande variété de types d'énoncé. Il y a des problèmes orthodoxes, des problèmes hétérodoxes (mats aidés et mats inverses), des problèmes féériques (où les règles et les pièces en jeu peuvent être différentes du jeu habituel), des problèmes d’analyse rétrograde, etc.
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+ Dubuque Chess Journal 1889
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+ Ci-contre, un problème de Thomas Taverner publié en 1889 dans le Dubuque Chess Journal. C'est un mat direct en deux coups.
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+ La clé du problème est 1.Th1. Elle est difficile à trouver parce qu'elle n'introduit aucune menace. Au lieu de cela, elle évacue la case h2, qui devient utilisable pour mater ; c'est ce que les problémistes appellent le thème Bristol, en référence à un problème de Frank Healey publié en 1861 dans un tournoi de cette ville. Les noirs sont mis en zugzwang, une situation dans laquelle chacun de leur coup détériore leur position (les problémistes parlent plutôt de blocus). Mais les règles du jeu leur imposent de jouer et chacun des coups noirs entraîne un coup blanc matant. Par exemple, si les noirs jouent 1… Fxh7, la case d5 n'est plus contrôlée, et les blancs jouent 2.Cd5#. Ou bien si les noirs jouent 1… Te5, ils bloquent la case de fuite du roi, ce qui permet 2.Dg4#. Sur 1…Fg5, les blancs jouent 2.Dh2#, profitant de l'effet Bristol. Si les noirs pouvaient ne pas jouer en réponse à la clé, les blancs ne pourraient pas mater en un coup.
378
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+ Le thème de ce problème est appelé tuyaux d'orgues ; il se caractérise par la position des tours et des fous noirs. Si chacune de ces quatre pièces avance d'une ou de deux cases, elle intercepte une autre pièce et permet un mat. Par exemple, si les noirs jouent 1…Fe7, la case e3 n'est plus contrôlée, et cela permet 2.e3≠. Si les noirs jouent 1…Te7, c'est la case h4 qui n'est plus contrôlée et les blancs matent par 2.Th4≠. Le thème de l'interférence mutuelle de deux pièces dans deux variantes porte le nom Grimshaw, les tuyaux d'orgues présentent donc deux Grimshaw.
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+ Les études sont des compositions qui montrent un gain ou une nulle extraordinaire en fin de partie[G 21]. Si le problème d'échecs est un domaine réservé à une minorité de passionnés dans le monde des échecs, l'étude est elle-même un monde à part dans la composition échiquéenne.
382
+
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+ Ci-contre, une étude d’Alekseï Troïtski de 1898. La position est a priori facilement gagnante pour les noirs qui disposent d'un avantage matériel considérable. Toutefois une suite de coups précise (et difficile à trouver pour un débutant) permet aux blancs d’obtenir la partie nulle, quels que soient les coups des noirs. On remarque que la position bien que légale n'est pas réaliste et n'aurait aucune chance de se produire dans une partie réelle.
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+ La solution est la suivante : 1.Re1 enferme le roi noir et menace 2.Fb6 mat. (1.Re2? échoue à cause de 1…Dh5+! 2.Re1 Dd1+ 3.Rxd1 Rf2 et les noirs se libèrent de toute pression et gagnent) 1…Da7 pour empêcher Fb6, mais tout de même : 2.Fb6+ Dxb6 3.Cxb6 la position est simplifiée mais les blancs ne peuvent pas s'opposer à la promotion du pion f5 donc : 3…f4 la seule chance des blancs est d'essayer de mater le roi noir emprisonné avec leur cavalier : 4.Cd5 f3 5.Cf4 f2+ 6.Rd2! Rf1! (après 6…f1=D? les blancs gagnent avec 7.Ch3 mat tandis qu’après 6…f1=C+? 7.Re1 et les noirs ne peuvent pas empêcher 8.Ch3 mat) 7.Cd5! (si les noirs font une Dame avec 7…g1=D? les blancs gagnent avec 8.Ce3 mat) 7…Rg1 8.Cf4 Rf1 9.Cd5 et la partie est nulle par répétition de la position (nulle positionnelle). Les éléments artistiques de cette étude sont l'exploitation de l'enfermement du roi noir, une défense par sous-promotion en cavalier, deux positions de mat différentes par le cavalier blanc et une nulle positionnelle.
386
+
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+ La grande popularité du jeu a encouragé l'apparition de nombreuses variantes du jeu[52], spontanément dans les clubs ou de façon volontariste par des joueurs imaginatifs. Ces variantes modifient parfois légèrement la façon de jouer comme dans le blitz ou partie rapide, dans lequel la réflexion de fond s'efface au profit de l'intuition et des réflexes des joueurs ; ou encore plus notablement dans le blitz à quatre dans lequel les pièces capturées sur un premier échiquier sont utilisables par un partenaire sur un second échiquier, la première partie gagnée faisant gagner son équipe. La partie en consultation est une autre façon de jouer en équipe : un camp, ou les deux, est tenu par plusieurs joueurs qui décident collectivement du coup à jouer. On mentionnera également la Variante du jeu d'échecs dite du Roi de la Colline, dans laquelle la partie peut être gagnée en positionnant le roi sur l'une des cases centrales.
388
+
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+ D'autres variantes ont été imaginées par des joueurs tels que José Raúl Capablanca ou Bobby Fischer, elles consistent à modifier les caractéristiques de l'échiquier ou à ajouter de nouvelles pièces afin, selon leurs auteurs, de renouveler l'intérêt du jeu en limitant l'importance des connaissances dans les ouvertures, au profit de la créativité : les échecs Capablanca et les échecs aléatoires Fischer. Toutefois on ne considère pas toute invention, d'un soir ou commerciale, comme une variante du jeu, on préfère réserver ce terme (en particulier dans le cadre de cet article) aux formes du jeu qui ont trouvé leur public à travers une pratique chez les joueurs. Ainsi, les échecs de Messigny ou les échecs football ont effectivement été joués lors de réunions de problémistes à Messigny, ainsi que le Kriegspiel y compris par des champions d'échecs, le qui perd gagne étant quant à lui célèbre en club.
390
+
391
+ En parallèle, les compositeurs de problème d'échecs ont élargi les possibilités de leur art en créant des problèmes basés sur des variantes connues du jeu, et ils ont eux-mêmes créé un très grand nombre de pièces nouvelles et conditions supplémentaires qui forment un domaine appelé les échecs féeriques[G 22]. On distingue donc les variantes du jeu d'échecs des échecs féeriques, sachant que des correspondances les relient souvent.
392
+
393
+ Des jeux cousins tels que le chaturanga, le chatrang, le xiangqi, le makruk, le shatar et le shōgi ne sont pas des variantes du jeu d'échecs mais des jeux originaux, tous plus anciens que le jeu d'échecs moderne.
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+ Elephant, pièce d'échecs féérique
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+ Plusieurs pièces d'échecs féériques, style Staunton
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+ Les échecs ont constitué l'un des premiers défis en matière d'intelligence artificielle[G 23].
400
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401
+ Le premier championnat du monde d'échecs des ordinateurs se déroula en 1974. Il fut remporté par le programme soviétique Kaissa.
402
+
403
+ En 1995, IBM n'hésite pas à investir dans le projet Deep Blue, dont la seconde mouture, en 1997, sera la première machine à battre un champion du monde dans des conditions normales de jeu (à cette époque, les ordinateurs étaient déjà redoutables en partie rapide).
404
+ Kasparov contestera néanmoins la valeur de cette victoire en soulignant que, contrairement aux conditions d'un match de championnat du monde contre un humain, il n'avait pas eu accès aux parties disputées par l'ordinateur auparavant pour sa préparation (la réciproque étant fausse). Il relève de plus qu'une intervention humaine a été nécessaire en cours de match afin que la machine ne reproduise pas certaines erreurs des premières parties. Kasparov exigea une revanche qui lui fut refusée par IBM.
405
+ Depuis, les affrontements entre les meilleurs joueurs mondiaux et les machines (Kasparov contre Deep Junior, Kramnik contre Deep Fritz, Kasparov contre X3D Fritz) ont pris le relais d'un championnat du monde défaillant dans les médias. On peut remarquer à ce sujet que, contrairement à Deep Blue, les logiciels opposés aux humains sont des programmes commerciaux tournant sur des micro-ordinateurs standard (alors que Deep Blue fonctionnait sur une machine plus puissante).
406
+
407
+ Depuis la victoire de Deep Blue, le statut des échecs en tant que défi informatique s'est amoindri, et l'attention des programmeurs s'est reportée sur le go. En effet, dans ce cas, la puissance de calcul qui fait la force des machines joue un rôle moins important face à la stratégie et la capacité d'évaluation d'une position, plus complexes à modéliser.
408
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409
+ Pourtant l'exception Hydra a refait parler des superordinateurs dédiés au jeu d'échecs en juin 2005, en battant le grand maître international et 7e mondial Michael Adams, sur un score sans appel de 5,5 points contre 0,5.
410
+
411
+ En décembre 2006, le champion du monde Kramnik s'est fait battre par le nouveau logiciel Deep fritz 2006 4 à 2 (2 défaites, 4 nulles).
412
+
413
+ Des programmes d'échecs disponibles librement comme Crafty, Stockfish, ont comparativement aux meilleurs humains, un classement ELO supérieur à 3000 et ce même quand on les utilise sur des smartphones.
414
+
415
+ De nombreux programmes ont également vu le jour pour vérifier la correction d'un problème d'échecs. Lorsqu'un problème a été vérifié par ordinateur, cela est mentionné sur le diagramme par le symbole « C+ ».
416
+
417
+ Très rapidement après leur arrivée en Europe, les échecs acquièrent un statut particulier[53]. Divertissement de l'élite, ils représentent une activité noble au cours de laquelle s'affrontent les esprits des participants[54]. Les possibilités quasi-infinies offertes par le jeu fascinent et donnent naissance à de nombreuses interprétations ésotériques. Certains le considèrent notamment comme une représentation du monde où chaque situation peut être modélisée en une position qui peut trouver sa solution sur l'échiquier[55].
418
+
419
+ Les échecs sont surnommés « le roi des jeux »[56], et ce statut particulier rend toute tentative de mécanisation extraordinaire. Si les premiers automates joueurs d'échecs comme le turc mécanique, sont des mystifications[G 23], la capacité à jouer aux échecs sera l'un des premiers objectifs des concepteurs d'ordinateurs et l'un des premiers témoignages de l'apparition de ce qui est alors considéré comme de l'intelligence artificielle[G 24]. C'est cette perception du jeu d'échecs comme expression de l'intelligence humaine qui dramatise les affrontements entre Gary Kasparov et la machine Deep Blue[46]. La défaite du champion de l'espèce humaine marque alors fortement les esprits.
420
+
421
+ Le jeu d'échecs symbolise fréquemment l'affrontement de deux psychés, deux capacités intellectuelles. Cette dimension encourage l'Union soviétique à se doter d'une école d'échecs qui forme pendant un demi-siècle tous les champions du monde[57]. C'est également un aspect fréquemment utilisé dans l'art populaire pour figurer l'opposition, et parfois la séduction, entre deux personnages.
422
+
423
+ De nombreux tableaux, sculptures, films et photographies mettent en scène le jeu d'échecs[58],[59],[60].
424
+
425
+ Le plus ancien poème sur les échecs a été écrit en hébreu par l'espagnol Abraham Ibn Ezra (circa 1092- circa 1167). Dans ce poème, Ibn Ezra expose les règles du jeu[61].
426
+ On trouve par la suite deux poèmes en latin :
427
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428
+ Plusieurs livres de fiction utilisent le jeu d'échecs comme élément important de l'histoire. Parmi eux, deux se distinguent en mettant le jeu au centre de l'intrigue : Le Joueur d'échecs, de Stefan Zweig, et La Défense Loujine, de Vladimir Nabokov.
429
+
430
+ Le Joueur d'échecs, nouvelle de Stefan Zweig, a pour sujet l'affrontement d'un joueur particulièrement doué, qui a appris seul à jouer aux échecs, seule façon pour lui de garder son esprit alerte alors qu'il était emprisonné en isolement total sous le régime nazi, et du champion du monde fictif de l'époque, homme particulièrement vulgaire et inculte. Le personnage principal finit par abandonner le match pour ne pas sombrer dans la folie.
431
+
432
+ La Défense Loujine raconte la vie de Loujine, joueur d'échecs russe fictif qui arrive au plus haut niveau et que l'excès de jeu d'échecs conduit, lui aussi, à la folie. Le roman est particulièrement acclamé par la critique pour la façon dont il dépeint l'univers intérieur du joueur d'échecs, ce qui se passe dans son esprit pendant qu'il réfléchit[G 25].
433
+
434
+ Certains romans utilisent les échecs comme élément de la trame de fond. Ainsi, l'intrigue du Tableau du maître flamand, d'Arturo Pérez-Reverte, s'explique par une analyse rétrograde, et celle de La ville est un échiquier, de John Brunner, par la liste des coups d'une partie Steinitz-Tchigorine. Dans L'Échiquier du mal, de Dan Simmons, les personnages capables de « dominer » d'autres personnages les utilisent pour jouer une partie d'échecs vivante. La nouvelle Un combat, de Patrick Süskind, relate une partie où le gagnant n'est pas celui qu'on pense, illustrant l'importance de la psychologie dans le jeu. Dans La Joueuse d'échecs, de Bertina Henrichs, une modeste femme de ménage grecque découvre la puissance du jeu d'échecs.
435
+
436
+ D'autres livres entrent également dans cette catégorie, comme 5150, rue des Ormes de Patrick Senécal, Le Huit de Katherine Neville, Le Gambit des étoiles de Gérard Klein, Fous d'échecs de Serge Rezvani, Le duel d’Arnaldur Indriðason.
437
+
438
+ Le jeu d'échecs est également mentionné pour son pouvoir évocateur dans de nombreux livres, comme De l'autre côté du miroir, où Alice participe à une partie « grandeur nature » ; Le Neveu de Rameau de Denis Diderot, où, dans l'incipit, Diderot fait référence au Café de la Régence et à ses joueurs d'échecs de l'époque, notamment Kermur de Legal et François-André Danican Philidor. Isaac Asimov a mis en scène les échecs dans plusieurs de ses romans et nouvelles, notamment Cailloux dans le ciel où ce jeu est présenté comme une des rares choses qui n'ont pas changé au cours des millénaires. Balzac, dans Le Bal de Sceaux, décrit l'habileté aux échecs comme une qualité louable chez un gentilhomme[62].
439
+
440
+ Georges Perec, dans son roman La Vie mode d'emploi, distribue les chapitres de son livre en fonction du parcours d'un cavalier d'Euler.
441
+
442
+ Dans le livre Le Trésor de la Guerre d'Espagne, Serge Pey décrit une partie d'échecs jouée à l'aveugle par les membres d'une société secrète et une partie en morse effectuée dans une prison chilienne, sous la dictature de Pinochet.
443
+
444
+ Dans la nouvelle Strange Eden (« Étrange Eden ») de Philip K. Dick, la jeune femme extraterrestre que rencontre Brent lui propose une partie d'échecs ; puis elle lui apprend que c'est son peuple qui l'aurait introduit chez les brahmanes.
445
+
446
+ Dans le recueil de nouvelles Fantômes et Farfafouilles de Fredric Brown, La nouvelle l'hérésie du fou est en fait une partie d'échecs vue par un fou d'échecs (bishop en anglais). Tout le long de la narration en point de vue interne, une atmosphère de guerre moyenâgeuse s'impose à l'esprit du lecteur.
447
+
448
+ Dans le roman L'Ultime Secret de Bernard Werber Isidore et Lucrèce enquêtent sur l'étrange mort de Samuel Fincher, génie du jeu d'échecs ayant vaincu le meilleur ordinateur à ce jour.
449
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450
+ Dans la nouvelle Double assassinat dans la rue Morgue d'Edgar Allan Poe, le jeu d'échecs apparaît également, mais est comparé négativement au jeu de dames anglais.
451
+
452
+ Des pièces de théâtre du 19e siècle font la part belle au jeu d'échecs comme Le Joueur d’échecs, de Benoît-Joseph Marsollier et René de Chazet, ou La Partie d’échecs, de Paul Ferrier ; ou bien utilisent le jeu d'échecs dans leur titre comme Échec et mat, d'Octave Feuillet.
453
+
454
+ On peut également citer Fin de partie (Endgame de son titre original), pièce de théâtre écrite par Samuel Beckett, amateur d'échecs. Le titre de cette pièce renvoie au jeu d'échecs et de nombreuses références subtiles y sont faites par le biais des actes, des rôles et des positions des personnages : déplacements de Clov lors de la scène d'ouverture ; position centrale de Hamm (personnage tyrannique dont le fauteuil roulant apparait vite comme un trône), évoquant là encore la position du roi d'échecs.
455
+
456
+ En bande dessinée, le manga français Zeitnot, de Ed Tourriol et Eckyo, se déroule dans le milieu des clubs d'échecs lycéens.
457
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458
+ Le manga À l'assaut du roi raconte l'initiation et la progression d'un jeune garçon au jeu d'échec[63].
459
+
460
+ Par ailleurs, il existe deux différentes adaptations en bande dessinée du Joueur d'échecs de Stefan Zweig : une en 2015 par Thomas Humeau, et une en 2017 par David Sala.
461
+
462
+ Le premier film réalisé autour de la thématique du jeu d'échecs est La Fièvre des échecs, de Vsevolod Poudovkine, tourné pendant le tournoi de Moscou de 1925. D'autres films sont situés dans le monde des échecs de compétition, comme La Diagonale du fou, de Richard Dembo, inspiré des matches de championnat de monde entre Karpov et Kortchnoï ; À la recherche de Bobby Fischer, de Steven Zaillian, inspiré de la vie de Josh Waitzkin ; La Partie d'échecs, d'Yves Hanchar.
463
+
464
+ Le dernier film en date, Le Prodige (2015), est un film biographique dont le personnage central est Bobby Fischer, interprété par Tobey Maguire. Ce film, réalisé par Edward Zwick, est centré sur l'affrontement du champion américain avec le Soviétique Boris Spassky (joué par Liev Schreiber) et la montée de sa folie.
465
+
466
+ D'autres films utilisent le jeu d'échecs de façon métaphorique, comme Le Septième Sceau, d'Ingmar Bergman, où le chevalier propose une partie d'échecs à la Mort en espérant retarder l'échéance fatidique ; Les Joueurs d'échecs, de Satyajit Ray ; ou en tant que support de l'intrigue, comme le thriller Face à face, de Carl Shenkel. En 2013, le court-métrage Bienvenue dans l'expérience de Alain Deneuville met en scène deux jeunes femmes disputant une partie d'échecs qui reprend, coup pour coup, la fameuse partie immortelle jouée par Adolf Anderssen et Lionel Kieseritzky le 21 juin 1851.
467
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468
+ Certains des romans cités ci-dessus ont également été adaptés en films, comme La Défense Loujine, de Marleen Gorris, et Joueuse, de Caroline Bottaro, dont le scénario est inspiré de La Joueuse d'échecs, transposé en Corse avec Sandrine Bonnaire.
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470
+ Il existe aussi des films d'animation mettant en scène les échecs, comme Geri's Game, court-métrage d'animation produit et réalisé par les studios Pixar.
471
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472
+ D'autres films sont en rapport avec les échecs, par exemple La légende de Zatoïchi : Voyage en Enfer de Kenji Misumi, L'Échiquier de la passion de Wolfgang Petersen, Jouer sa vie de Gilles Carle.
473
+
474
+ On peut également noter de nombreuses apparitions du jeu d'échecs dans des films où sa présence n'est pas un ressort dramatique mais plutôt de l'ordre du symbole. Ainsi, dans Bons baisers de Russie, le méchant est un génie des échecs et de la stratégie et travaille pour le SPECTRE contre James Bond. Dans K, d'Alexandre Arcady, les deux personnages principaux sont liés par leur goût des échecs.
475
+
476
+ Le jeu d'échecs comme symbole de l'intelligence humaine est repris dans Blade Runner, de Ridley Scott, où le répliquant met son créateur échec et mat, et dans 2001, l'Odyssée de l'espace, de Stanley Kubrick, grand amateur d'échecs, où le super-ordinateur CARL (HAL 9000) l'emporte sur l'astronaute David Bowman.
477
+
478
+ Dans Harry Potter à l'école des sorciers, de Chris Columbus, Ronald Weasley joue avec Harry aux échecs version sorcier, avec des pièces animées par magie, puis doit diriger une partie d'échecs contre des pièces grandeur nature, l'une des épreuves à affronter avant d'accéder à la pierre philosophale.
479
+
480
+ Magnéto et le professeur Charles-Xavier, les principaux antagonistes de la saga X-Men, s'affrontent régulièrement aux échecs. C'est notamment le cas dans X-Men 2, où les deux personnages jouent dans la cellule de Magnéto. Le film X-Men : L'Affrontement final se clôt sur une partie d'échecs que Magnéto joue seul.
481
+
482
+ Dans L'Affaire Thomas Crown, de Norman Jewison, le suspect et celle qui le traque s'affrontent et se séduisent au cours d'une partie. Le personnage joué par Faye Dunaway fait perdre ses moyens au personnage joué par Steve McQueen en le provoquant par différents gestes et poses langoureux.
483
+
484
+ Citons enfin Les Visiteurs du soir de Marcel Carné ; Revolver, de Guy Ritchie ; Whatever Works de Woody Allen, où le personnage principal, un intellectuel surdoué et misanthrope, abandonne son emploi de professeur de physique pour enseigner les échecs.
485
+
486
+ Dans Sherlock Holmes : Le Jeu des Ombres de Guy Ritchie, on retrouve à plusieurs reprises un motif d'échiquier en noir et blanc afin d'illustrer la lutte intellectuelle entre Sherlock Holmes et le Professeur Moriarty. D'ailleurs, le climax mène à une partie d'échecs entre les deux personnages.
487
+
488
+ Le ballet Checkmate (échec et mat) a été écrit par le compositeur britannique Arthur Bliss en 1937 et met en scène les pièces échiquéennes jusqu'à l'assaut final du roi noir.
489
+
490
+ Avec son tableau Chess Piece (1944), l'américain John Cage allie peinture, musique et échecs puisqu'il s'agit d'une partition peinte sur la représentation d'un échiquier[64].
491
+
492
+ L'album E2-E4 (1984) du musicien allemand Manuel Göttsching emprunte son titre à l'ouverture du pion-roi[64].
493
+
494
+ La comédie musicale Chess (1986), sur une musique de Björn Ulvaeus et Benny Andersson (anciens membres d'ABBA) et des paroles de Tim Rice, met en scène un triangle amoureux entre deux participants à un championnat du monde d'échecs et une femme qui tente de séduire l'un et tombe amoureuse de l'autre.
495
+
496
+ Certains échiquiers et certaines pièces sont de véritables œuvres d'art. Parmi les plus célèbres, on peut citer : Échiquier de Charlemagne (qui date de la fin du XIe siècle ), les Figurines de Lewis (qui datent du XIIe siècle), l'Échiquier de Saint Louis (datant de la fin XVe siècle) ou l’Échiquier de Salvador Dali (créé en hommage à son ami Marcel Duchamp, grand amateur d'échecs [65]).
497
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498
+ D'autres œuvres cherchent à réinterpréter les échiquiers pour leur donner un sens nouveau, tel que Horses Running Endlessly de Gabriel Orozco, un échiquier 16x16 sur lequel ne sont posés que des cavaliers[66].
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+ La ville de Marostica, Italie, organise une partie d'échecs sur la place publique, avec des personnages vivants costumés qui tiennent lieu de pièces. Cette coutume remontre à 1454. Deux gentilshommes, Rinaldo d'Angarano et Vieri da Vallonara, étaient tous deux amoureux de Lionora, fille du seigneur de Marostica. Ils voulaient s'affronter en duel. Mais le pacifique seigneur leur proposa de s'affronter plutôt au jeu d'échecs. La place publique dallée de pierres alternativement noires et bistre tenait lieu d'échiquier. Le gagnant épouserait la belle Lionora ; le perdant, sa sœur cadette. Le spectacle se déroule au mois de septembre les années paires avec 550 figurants. Pour l'occasion, on recouvre l'échiquier de carrés de tissu[67],[68].
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+ Livre dont sont issues ces références : Nicolas Giffard et Alain Biénabe, Le Guide des Échecs : Traité complet, Bouquins, 30 mars 1993, 1591 p. (ISBN 978-2-221-05913-5).
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+ Les dames ou le jeu de dames est un jeu de société combinatoire abstrait pour deux joueurs. Le terme désigne en fait plusieurs jeux comme le jeu de dames international ou bien le jeu de dames anglaises.
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+ Le jeu de dames actuel est issu du transfert du jeu de la marelle de douze (ou alquerque qui est un jeu inventé en Égypte antique vers -1500 av. J.-C.) sur un échiquier de 64 cases au XIVe siècle en Europe.
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+ Capturer ou immobiliser les pièces de son adversaire.
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+ Certaines variantes de ce jeu utilisent des damiers de 64 cases (8 sur 8) et 144 cases (12 sur 12).
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+ Le damier est disposé de sorte que la case en bas à gauche soit de la couleur foncée.
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+ Chaque joueur place ses pions sur les cases de couleur foncée. Avant le début d'une partie, il y a donc deux lignes au milieu du damier qui sont vides et séparent les deux camps.
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+ Ce sont les blancs qui commencent, comme aux échecs, et contrairement à Othello, ou au jeu de go.
16
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+ Afin de représenter les coups joués, et ainsi de noter une partie, les cases utilisées du damier sont numérotées de 1 à 50. En partant du côté des noirs, on numérote de gauche à droite, et de haut en bas.
18
+
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+ Un tiret « - » représente un déplacement simple et une croix « x » ou « × » représente une prise. Les mouvements des noirs sont indiqués entre parenthèses. Exemple : si les blancs jouent 36-31, les Noirs peuvent pionner par (17-22). Dans le cas d'une prise multiple, on indique chaque case d'arrêt. Comme aux échecs, on peut annoter un bon coup d'un point d'exclamation et un mauvais d'un point d'interrogation[1].
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+ Il est à noter que la règle « souffler n'est pas jouer », qui laissait la possibilité aux joueurs de ne pas prendre en contrepartie du sacrifice éventuel de la pièce prenante, a été supprimée après des décennies de lutte entre les deux fédérations françaises de jeu de dames, l'une reconnaissant cette règle, l'autre pas. Finalement la fusion s'opéra en 1923 au profit de l'abandon définitif de ce principe[3].
26
+
27
+ La promotion a lieu lorsqu’un pion atteint la dernière rangée : celui-ci devient alors automatiquement une dame. Il est d’usage de superposer deux pions pour représenter une dame.
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+
29
+ Toutefois, si un pion vient à passer au-dessus de la dernière rangée au cours d'une prise multiple, il ne devient une dame que s'il finit la rafle sur une case de promotion.
30
+
31
+ Le joueur a perdu la partie lorsqu'il ne lui reste plus aucune pièce en jeu, ou bien, si c'est à lui de jouer, lorsque toutes ses pièces sont bloquées, c'est-à-dire dans l'impossibilité de prendre ou de se déplacer.
32
+
33
+ Un joueur peut aussi abandonner la partie s'il estime n'avoir aucune chance de gagner, ni même d'égaliser.
34
+
35
+ Il y a partie nulle, ou remise, c'est-à-dire égalité entre les joueurs, lorsqu'un des joueurs la propose à son adversaire et que celui-ci l'accepte.
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37
+ Dans les parties officielles, l'arbitre fait aussi appliquer les règles suivantes :
38
+ Il y a égalité :
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+
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+ Le jeu de dames dit français, anciennement dit à la polonaise, est aujourd'hui davantage appelé jeu de dames international.
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+
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+ (Dames double faces)
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+
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+ (Dames au centre)
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+
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+ (ainsi que toute surface à partir de 3x3...)
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+
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+ ainsi que 5x5;7x7;9x9;13x13;17x17;etc.
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+ (sur imprimé de type croisé)
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+
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+ (Les pions ont deux faces différentes : une face pour les cases claires et une face pour les cases foncées)
52
+
53
+ D'autres variantes, comme les dames tchèques, ont encore des caractéristiques voisines de celles présentées dans ce tableau. Certaines diffèrent en revanche notablement, comme les dames turques qui ont pour principale particularité que les pions se déplacent selon les lignes et les colonnes et non selon les diagonales, et les dames frisonnes qui autorisent les pions à prendre orthogonalement.
54
+
55
+ Des confrontations entre logiciels de jeu de dames permettent de connaître quels sont les programmes les plus forts. Par ailleurs, deux matchs officiels humain-machine ont été organisés entre le grand-maître international sénégalais N'Diaga Samb, onzième (puis huitième) joueur mondial, et le logiciel Buggy, développé par le champion de France 1999, Nicolas Guibert[4]. Le premier affrontement, en août 2001, a vu une courte victoire de l'homme sur la machine, mais en mars 2003, Buggy remporte le match revanche avec trois victoires et trois parties nulles.
56
+
57
+ Parallèlement à l’amélioration des logiciels de jeu de dames, des travaux visent à déterminer l'issue, gagnante, nulle ou perdante, des positions possibles des pièces sur le damier. À ce jour, toutes les positions à sept pièces et moins, propres aux fins de partie, ont été résolues. La résolution complète du jeu de dames international (le jeu à 100 cases), c'est-à-dire le fait de connaître l’issue de toutes les positions possibles n’est, comme aux échecs, pas encore à portée de la technologie.
58
+
59
+ Cette version, jouée sur 64 cases et aux règles plus simples que le jeu dit « international », a fait l'objet des plus grandes avancées. « Chinook », programme de l'université d'Alberta, perdit en 1992 contre le champion du monde en titre Marion Tinsley. Une nouvelle confrontation était prévue en 1994 mais n'a pu être achevée pour des raisons de santé du joueur humain. Depuis, aucun autre humain n'a pu battre le logiciel[5]. En 2007, l'amélioration du programme permet de prouver qu'un jeu « parfait » des deux côtés conduit obligatoirement à une partie nulle[6]. C'est d'ailleurs le jeu le plus complexe à avoir été résolu jusqu'à présent.
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+ Edgar Allan Poe les fait décrire par Auguste Dupin comme le roi des jeux dans la nouvelle Double Assassinat dans la rue Morgue, ou le jeu de dames est comparé et valorisé par rapport au jeu d'échecs.
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+ Louis-Léopold Boilly a peint vers 1824 L'intérieur d'un café, dit aussi La partie de dames au café Lamblin au Palais-Royal[7].
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+ Un jeu de rôle en ligne massivement multijoueur[1],[2] (en anglais, massively multiplayer online role-playing game, MMORPG[a], parfois JDRMM en français[3]) est un genre de jeux vidéo[4] associant le jeu de rôle et le jeu en ligne massivement multijoueur, permettant à un grand nombre de personnes d'interagir simultanément dans un monde virtuel. Ce type de jeu, par la persistance de l'environnement et l'implication qu'il demande, crée des rapports sociaux entre joueurs particulièrement forts, avec l'apparition de phénomènes inédits, comme les communautés virtuelles de joueurs et les risques de dépendance ludique.
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+ Le joueur est représenté par un avatar, personnage qu'il crée puis fait progresser dans un monde virtuel d'inspiration fantastique, de science-fiction ou de super-héros, riche en aventures. Ce faisant, il interagit avec l'environnement contrôlé par le programme et avec les autres joueurs.
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+ Les MMORPG sont une source de profits importants. En 2006, le marché mondial des jeux en ligne massivement multijoueur, représentait plus de 13 millions[5] d'abonnements payants et un chiffre d'affaires de 2,5 milliards USD[6],[7].
6
+
7
+ Le terme MMORPG aurait été utilisé pour la première fois en 1996 par Trip Hawkins, le fondateur d'Electronic Arts, à la suite de l'usage répété des expressions « massivement multijoueur » (massively multiplayer) et « univers persistant en 3D » (3D persistent world), pour tenter de décrire aux médias son nouveau jeu, Meridian 59[8].
8
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+ Même si les MMORPG tels qu'on les connait depuis ont été créés au début des années 1990, leur origine remonte en fait à la fin des années 1970.
10
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+ La majorité des MMORPG (du moins les plus anciens) ont pour thème le médiéval-fantastique, comme l'univers décrit dans l'ancêtre des jeux de rôle, Donjons et Dragons. Les genres de la fantasy ou de l’heroic fantasy, étroitement mêlés sont également très présents. Ces MMORPG se déroulent dans des mondes parallèles mythiques de type médiéval ou antique où cohabitent généralement héros, guerriers, créatures imaginaires, magie et sorcellerie, cultures anciennes et éléments surnaturels. Ce thème a été utilisé dans des MMORPG tels que Ultima Online, Lineage, EverQuest, Rappelz, World of Warcraft, Metin2 ou encore ArchLord.
12
+
13
+ D'autres utilisent en plus des éléments futuristes de science-fiction, tels que Anarchy Online, Eve Online ou Star Wars Galaxies.
14
+
15
+ Une tendance actuelle est d'utiliser une franchise populaire, qui garantit un certain succès en utilisant un monde déjà bien connu du public. C'est le cas par exemple de World of Warcraft qui reprend l'univers de Warcraft, de Star Wars Galaxies qui reprend celui de Star Wars, du Seigneur des Anneaux Online qui reprend le thème développé dans le livre Le Seigneur des anneaux ou de City of Heroes qui propose au joueur d'incarner un super-héros dans la lignée des comics américains de Marvel Comics ou DC Comics.
16
+
17
+ Dans la plupart des MMORPG, le principal but est de faire progresser son personnage. Il existe différentes manières de faire progresser son personnage. Durant la progression du scénario, le personnage progresse dans le monde virtuel selon un scénario prédéfini. Contrairement au jeu de rôle classique sur papier, le scénario d'un jeu vidéo est régi par des algorithmes. Cela rend les scénarios des jeux vidéo plus rigides que ceux généralement pratiqués sur papier. Néanmoins certains MMORPG permettent à leurs joueurs de faire de nombreux choix de carrière, d'autres sont réputés très rigides. Lors de la progression de l'équipement, au cours de ses diverses péripéties, le joueur sera amené à progresser et s'améliorer par l'acquisition de nouvelles pièces d'équipement.
18
+
19
+ Lors de la progression par expérience, beaucoup de MMORPG reprennent le concept des points d'expériences, afin d'atteindre de nouveaux niveaux ou compétences permettant à son personnage de devenir meilleur en de nombreux points. Cette progression se fait de deux manières distinctes. Soit en accomplissant des quêtes, c'est-à-dire des missions données par un PNJ, soit en tuant des monstres gérés par l'environnement. Ces deux actions rapporteront des points d'expérience (XP), le plus souvent en quantité proportionnelle à la difficulté de la tâche.
20
+
21
+ La communication se passe dans les MMORPG principalement par le biais du texte à la manière de discussion sur IRC, mettant en place différents dispositifs selon le jeu. Certains jeux vont ainsi proposer un fil de discussion à destination des personnages géographiquement proches, à destination de tous les joueurs du serveur, à destination de tous les joueurs de la guilde à laquelle le joueur appartient. Le langage se rapproche parfois du langage SMS, pour une communication plus rapide, reprenant de nombreux termes anglais.
22
+
23
+ À partir de 2005 environ, les logiciels de messagerie instantanée et de voix sur réseau IP (par ex. TeamSpeak, Ventrilo ou encore Mumble) permettent des conversations vocales entre un nombre important de joueurs. L'efficacité tactique des groupes de joueurs utilisant ce mode de communication se voit fortement renforcée, par rapport à ceux n'utilisant que le mode texte, dans les phases de jeu collectif particulièrement délicates. Il n'est alors pas rare que les opérations prennent un aspect quasi-militaire, dans lequel les ordres sont donnés vocalement par certains joueurs seulement, reconnus pour leur expérience des tactiques du jeu, ainsi que leur capacité de commandement.
24
+
25
+ La plupart des MMORPG fonctionnent sur une architecture client–serveur et un système de communication entre plusieurs ordinateurs au sein d'un réseau et qui permet un échange d'information réciproque entre les « clients » et le serveur. Ainsi le logiciel qui génère le monde virtuel tourne de façon continue sur un serveur et les joueurs s'y connectent via le logiciel du jeu installé sur leur ordinateur personnel.
26
+
27
+ Selon le nombre de joueurs et le type d'architecture système, un MMORPG peut nécessiter de tourner sur plusieurs serveurs, chacun créant un monde virtuel indépendant unique, les joueurs d'un serveur ne pouvant interagir avec ceux d'un autre serveur.
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29
+ La première forme de monde virtuel persistant est le multi-user dungeon (plus connu sous le sigle de MUD) qui apparaît en 1979 dans des universités américaines. Les premiers MUD ne sont au départ que de simples interfaces textuelles permettant aux différents joueurs de se déplacer dans différents lieux virtuels. Plusieurs joueurs peuvent alors se connecter en même temps, communiquer ensemble au moyen d'un système de dialogue basique, se mouvoir dans les différents lieux disponibles et interagir entre eux. Le programme utilise une base de données d'objets utilisables par les joueurs au moyen d'une dizaine de commandes, le tout entièrement géré via une interface textuelle similaire à un questionnaire à choix multiple où chaque réponse implique une nouvelle question.
30
+
31
+ En 1984, sur Bitnet, un réseau universitaire mondial gratuit, deux étudiants de l'École des Mines de Paris (FREMP11 sur BITNET), Bruno Chabrier et Vincent Lextrait, mirent en service MAD pour Multi Access Dungeon. Bientôt, 10 % des nœuds de BITNET dans le monde jouaient à MAD, jusqu'à ce que les administrateurs de BITNET, effrayés par le succès du jeu, demandent à l'École des Mines de le faire arrêter, après un peu moins de deux ans de fonctionnement. MAD fut installé sur plusieurs autres nœuds dans le monde, jusqu'au moment de son interdiction complète, conséquence de l'engouement dont il était l'objet, qui avait amené à plusieurs reprises BITNET à la saturation. MAD était écrit en REXX, et proposait plusieurs labyrinthes multi-étages, peuplés de robots (personnages non-joueurs) mobiles communicants qui portaient irrévérencieusement les noms de professeurs de l'ENSMP. Il permettait également aux joueurs de dialoguer entre eux[réf. souhaitée][9].
32
+
33
+ En 1985, pour le compte de Lucasfilm Games, Chip Morningstar et Randall Farmer mettent au point Habitat et font évoluer le genre en proposant un univers virtuel persistant, non plus en « mode texte » comme les MUD, mais en « mode graphique ». Doté d'une interface graphique en 2D (s'inspirant ici des graphismes de bandes dessinées) et d'un rendu en 3D isométrique, le projet Habitat est un pionnier du genre et ne verra pas le jour[10].
34
+
35
+ En 1991, America Online (AOL) lance Neverwinter Nights, le premier MMORPG entièrement graphique[11]. Bien loin des MUDs avec quelques graphismes et une interface textuelle, il repose sur le moteur de jeu Gold Box développé par Strategic Simulations, Inc. pour Pool of Radiance en 1988 et ensuite repris sur une quinzaine de titres, notamment Curse of the Azure Bonds, Secret of the Silver Blades et Pools of Darkness. Ses règles sont donc dérivées de celles de Advanced Dungeons & Dragons et l’univers médiéval-fantastique est celui des Royaumes oubliés. Au lancement du jeu, la connexion est très chère, avec un coût de 6 dollars par heure de jeu. Par la suite, le jeu deviendra gratuit et fera partie des services AOL (restant donc limité aux abonnés). Quand les serveurs ferment, en 1997, il y a 115 000 joueurs abonnés, et aux heures d’affluence plus de 2 000 connexions simultanées, soit une augmentation de 4 000 % par rapport au lancement du jeu en 1991[12].
36
+
37
+ En 1996 sort Dark Sun Online: Crimson Sands. SSI, fier de son travail sur Neverwinter Nights pour AOL renouvelle l’expérience, s’appuyant cette fois sur le moteur plus moderne qu’ils ont développé pour Dark Sun: Shattered Lands, Dark Sun: Wake of the Ravager et Al-Qadim: The Genie's Curse. À la base c’est AT&T qui commande le jeu pour concurrencer AOL sur le terrain de Neverwinter Nights mais en cours de route la commande est annulée. Finalement Total Entertainment Network (TEN) prend le relais et sort le jeu. Les serveurs de Crimson Sands ferment finalement en 1998 quand Total Entertainment Network disparaît, racheté par Pogo.com.
38
+
39
+ Le 27 septembre 1996, 3DO lance Meridian 59. Le jeu, développé par Archetype Interactive, s’inspire du phénomène de plus en plus populaire des MUD et du succès de Neverwinter Nights. Il se distingue de ses prédécesseurs par sa modélisation graphique en 3D avec une vision subjective directement inspirée de Wolfenstein 3D et de Doom. Malgré des graphismes déjà dépassés pour l’époque, Meridian 59, offre une nouvelle expérience pour les joueurs qui découvrent directement l’univers virtuel au travers des yeux de leur avatar. On peut y voir une volonté d’immersion. L’ordinateur n’est plus un simple moyen d’accès à un univers virtuel, il devient une fenêtre donnant sur le monde fictif où l’utilisateur devient son personnage. Dès la bêta publique, initiée en 1995, ce sont plus de 25 000 joueurs qui se retrouvent sur les serveurs de Meridian 59.
40
+
41
+ Ultima Online (UO) sort le 30 septembre 1997, édité par la société Origin Systems. Il est souvent considéré comme le premier grand succès du MMORPG. Il immerge les joueurs dans l’univers médiéval-fantastique de la série Ultima. Comme dans Dark Sun: Shattered Lands', le monde est représenté à l’aide d’une vue isométrique à la troisième personne. Le succès du jeu est sans précédent puisqu’à son apogée, en 2003, il compte plus de 250 000 joueurs. C’est aussi le premier MMORPG à dépasser 100 000 abonnés payants (Neverwinter Nights en avait autant au lancement de Ultima Online, mais il était devenu gratuit). En juin 2006, il représente encore 1,1 % des parts du marché du MMORPG[13].
42
+
43
+ Le 16 mars 1999, EverQuest est lancé aux États-Unis. Avant la fin de l’année il a dépassé le nombre d’abonné d’Ultima Online, se positionnant ainsi en leader du marché. Développé et édité par Sony Online Entertainment, il marque une étape importante dans l’histoire du MMORPG. Le développement d’EverQuest démarre en 1996 à la suite du succès de Meridian 59 et The Realm Online, tous deux en 3D. Les elfes, les orques, les trolls, les nains, les gnomes, les halfelins sans oublier les humains et bien d’autres, se côtoient dans un univers médiéval-fantastique très classique. Le succès d’EverQuest réside dans la grandeur du monde en ligne. Des milliers de kilomètres virtuels sont à parcourir où la faune et la flore sont particulièrement abondantes et diversifiées. Le jeu est aussi à la pointe de la technologie avec un moteur 3D performant qui connaîtra par la suite de nombreuses mises à jour. En janvier 2004, le jeu comptait plus de 430 000 abonnés[14].
44
+
45
+ Actuellement[Quand ?], le développement des mondes persistants en ligne conduit à l'apparition de véritables sociétés culturelles virtuelles, riches de contenu et de relations sociales où tous les types de joueurs et de personnes se croisent et se lient. Plusieurs millions d'individus interagissent quotidiennement dans ces mondes virtuels, selon des règles dynamiques et évolutives. Les nouveaux mondes persistants ne constituent pas uniquement de nouveaux espaces de jeu. Ils s'accompagnent d'une culture propre, de la formation de sociétés réelles évoluant au rythme des joueurs.
46
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47
+ Les MMORPG actuellement n'utilisent pas les dernières techniques en matière de rendu 3D disponible pour les jeux vidéo (pour qu'un grand nombre de joueurs puissent avoir la possibilité de faire tourner le jeu sur leur ordinateur), mais une tendance se dégage (comme pour les jeux de tir à la première personne) vers des graphismes réalistes.
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+ Les MMORPG sont très populaires et sont une source de profits importants. Ainsi, en 2006, le marché mondial du MMORPG représentait plus de 13 millions[5] d'abonnements payants et un chiffre d'affaires de 2,5 milliards USD[6].
50
+
51
+ Ce marché est en pleine expansion et les prévisions sur le nombre de joueurs et les profits engendrés sont prometteurs pour les éditeurs. [réf. nécessaire] En 2010, ce marché avoisinait les 5,5 milliards USD, doublant ainsi en 4 ans, et enregistrant chaque année une croissance à deux chiffres. Le chiffre d'affaires des logiciels de jeux vidéo pourrait s'élever à 30,5 milliards USD et le chiffre d'affaires des logiciels des MMOG pourrait représenter plus de 10 % de ce marché[6].
52
+
53
+ Le modèle économique des MMORPG repose principalement autour de quatre éléments : l'achat du jeu lui-même, l'achat d'extensions, le règlement d'un abonnement pour participer au jeu, et enfin l'achat dans le jeu d'élément facultatifs virtuels. Ces éléments s'agencent différemment selon les jeux. Communément un joueur paye le jeu puis un abonnement, pour certains jeux il n'y a pas d'abonnement mais des extensions régulières et payantes sont quasi indispensables. Ce revenu est investi dans le développement du jeu, l'infrastructure réseau, le service après vente et l'organisation d’évènements dans le jeu.
54
+
55
+ L'achat du jeu se fait généralement par le système de distribution classique du jeu vidéo. Certains éditeurs offrent également la possibilité de télécharger le jeu et d'acheter sur Internet la clé nécessaire à la création d'un compte de jeu afin de réduire les coûts et d'éviter au joueur de s'encombrer avec des boites de jeux.
56
+
57
+ De manière générale les systèmes d'abonnement sont mensuels et nécessitent aux joueurs de payer entre 5 et 15 € par mois. La pratique courante est d'obtenir une période gratuite à l'achat du logiciel, après quoi il est nécessaire de s'abonner au service pour pouvoir continuer à en profiter.
58
+
59
+ Afin de fidéliser leurs clients, les éditeurs se doivent d'apporter constamment de nouvelles modifications au jeu. Cela peut consister en de nouvelles zones de jeu avec de nouvelles quêtes, de nouvelles armes, de nouveaux monstres, des modifications du système de jeu ou du gameplay. Les petites retouches sont faites par des patchs et sont gratuites. Les grosses modifications, les extensions, sont payantes. Elles ne sont généralement pas obligatoires pour continuer de jouer, mais sans, le joueur aura plus de mal à côtoyer les autres joueurs en ayant fait l'acquisition.
60
+
61
+ Le dernier mode de financement repose sur la vente de biens virtuels aux joueurs. Ils sont notamment destinés à personnaliser et améliorer les avatars. Le modèle économique de ce genre repose sur un jeu gratuit et sans abonnement (aussi appelé free to play[19]), ainsi que sur la masse d'utilisateurs inscrits susceptible d'acquérir des options non-obligatoires mais payantes.
62
+
63
+ Le marché des MMORPG connaissant une forte croissance, des services en ligne permettant d'acheter des objets « virtuels » avec de l'argent « réel » sont apparus. C'est la base d'une économie parallèle qui se développe généralement à la marge des services proposés par les exploitants des jeux. Le marché est principalement alimenté par des détrousseurs de monstres (gold farmers) qui se servent d'un MMORPG comme d'une source d'objets virtuels, créant une économie par la revente de ces objets hors du jeu. C'est-à-dire que des joueurs travaillent en indépendants dans le jeu pour fournir à d'autres joueurs moyennant finance des contenus du jeu qu'ils ont récoltés. On estime que 100 000 Chinois vivent de cette activité[20].
64
+
65
+ Ces pratiques sont globalement réprouvées par les exploitants des jeux, d'une part les détrousseurs de monstres pillent des zones entières déséquilibrant le jeu pour les autres utilisateurs ; d'autre part elles créent un déséquilibre social entre les joueurs, facilitant l'avancement à ceux qui peuvent payer.
66
+
67
+ Ainsi des sites indépendants vendent des objets et des avatars, instaurent des bourses d'échange entre les jeux. Ces services se servent d'une ambiguïté dans la licence des jeux pour éviter les poursuites. Un site comme eBay, qui a longtemps servi de passerelle à cette activité, l'interdit aujourd'hui. Certains éditeurs ont également mis en place eux-mêmes un service encadré d'achat d'objets mais cela reste rare. C'est le cas de Sony Online Entertainment qui a mis en place un tel système en 2005 pour le jeu EverQuest II sur quelques serveurs dédiés.
68
+
69
+ Le MMORPG regroupe un nombre important de joueurs sur une période importante. Les développeurs de MMORPG ont intérêt à répondre à leurs besoins pour accrocher le plus de joueurs possible.
70
+
71
+ Richard Bartle, pionnier des jeux massivement multijoueurs, est le premier à proposer une classification des joueurs de MMORPG selon les quatre attentes suivantes : exploration, performance, sociabilité, domination[21]. La série de questions Bartle Test[22] permet de se positionner autour de ces catégories.
72
+
73
+ Nick Yee, chercheur dans les jeux en ligne et les réalités virtuelles immersives, se base en 2002 sur les réponses de 3 000 joueurs pour proposer un nouveau découpage : socialisation, immersion, perturbateur, leadership, achievement (accomplissement, aller au bout du jeu)[21]. Modèle empirique qu'il fait évoluer autour de trois comportements (achievement, social, immersion) et d'une dizaine de raffinements[23].
74
+
75
+ Une troisième taxonomie est proposée en 2004 par Nicole Lazzaro, présidente de XEODesign, une entreprise consultante en game design[24]. Cette classification qui ne se limite pas aux MMORPG utilise les quatre thèmes suivants : l'expérience intérieure, le challenge et la stratégie, l'immersion et le divertissement, l'expérience sociale[21].
76
+
77
+ Dès lors qu’une personne entre dans un monde virtuel, la notion d’avatar est présente. La personne désirant accéder à ce monde, ne peut pas le faire physiquement, d’où la nécessité de « se construire » un personnage qui deviendra son avatar, l’incarnation de sa propre personne au sein du jeu[25].
78
+
79
+ Certains joueurs vont jusqu’à se rencontrer dans la vie réelle (l'appellation qui désigne cet évènement est « faire une IRL » pour In Real Life). On a même noté certains mariages après de véritables rencontres[26].
80
+
81
+ Le principe même du MMORPG fait que les joueurs jouent avec une majorité d'inconnus ou au moins de personnes qu'ils n'ont pas rencontré physiquement. Cependant ce type de jeux est à l'origine de nombreuses relations entre les joueurs qui sortent du simple cadre du jeu puisqu'on observe des mariages entre joueurs[26] et que 40 %[27] des joueurs estiment que leurs amis rencontrés sur ces jeux sont comparables à ceux rencontrés dans la vraie vie.
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+ L’explication de ce phénomène pourrait être le côté anonyme du jeu qui les amène à se confier. De plus l'intérêt commun du MMORPG facilite les premiers échanges.
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+ L’interaction au sein des mondes persistants étant très importante, il est normal que les joueurs cherchent à se regrouper pour assister à ce qui pourrait être qualifié d'événements virtuels. Ces événements sont aussi divers que des combats organisés de gladiateurs, des pèlerinages pour lutter contre une créature, un tyran, etc.
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+ Deux types d’événements principaux sont à connaître.
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+ D'autres types de rassemblements existent, ils sont cependant plus rares, mais tout aussi remarquables.
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+ Il peut arriver que certaines personnes influent sur le monde virtuel en créant ces événements particuliers. Parfois l’opérateur du monde est même obligé d’entrer dans le jeu ainsi créé par les personnages afin de faire évoluer l’histoire du monde. Lors de ces regroupements, personne ne connaît à l’avance ni le déroulement ni la fin de l’histoire.
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+ L’e-sport[28], ou sport électronique, est une discipline aujourd’hui reconnue et pratiquée dans le monde entier.
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+ Outre son aspect compétitif, l’e-sport est un marché prospère qui génère des millions d’euros chaque année. Il suscite un engouement certain de la part d’un public de plus en plus large et une professionnalisation bien encadrée. Son potentiel marchand attise la convoitise des créateurs de MMORPG[29] qui opèrent une transformation du genre. Le but étant de continuer à satisfaire les amateurs de jeu de rôle massivement multijoueur, tout en proposant un aspect compétitif pour occuper la scène e-sport.
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Le jeudi est le quatrième jour de la semaine civile dans plusieurs pays. Il est le cinquième de la semaine chrétienne, de la semaine juive et de la semaine musulmane. Il succède à mercredi et précède vendredi.
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+ Le substantif masculin[1],[2],[3] « jeudi », prononcé [ʒødi] en français standard[2], est issu du bas[3] latin[1],[2] Jovis dies, signifiant « jour de Jupiter », à savoir du dieu Jupiter[4]. Il est attesté dès le XIIe siècle[1] : d'après le Trésor de la langue française informatisé, sa plus ancienne occurrence connue se trouve dans le Comput de Philippe de Thaon, daté de 1119[2]. Donnerstag en allemand, littéralement le jour du tonnerre, il se nomme aussi Thursday ce qui signifie Le jour de Thor, Thor étant le dieux nordique du tonnerre.
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+ La norme ISO code le jeudi par le chiffre 4. Une norme récente ISO 8601 désigne le jeudi comme le milieu de la semaine. Les jeudis d'une année déterminent la numérotation des semaines : la semaine 1 est la première contenant un jeudi.
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+ En 1971, Patrick Topaloff enregistre sa chanson La Semaine des quatre jeudis ; malheureusement, cette chanson ne connaîtra qu'un succès éphémère, puisque l'année suivante, le jour de congé hebdomadaire devient le mercredi.
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+ On peut définir le jeu comme une activité d'ordre psychique ou bien physique pensée pour divertir et improductive à court terme. Le jeu entraîne des dépenses d'énergie et de moyens matériels, sans créer aucune richesse nouvelle. La plupart des individus qui s'y engagent n'en retirent que du plaisir, bien que certains puissent en obtenir des avantages matériels. De ce fait, Johan Huizinga remarque que de très nombreuses activités humaines peuvent s'assimiler à des jeux. La difficulté de circonscrire la définition du jeu présente un intérêt pour la philosophie.
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+ Il est plus facile de répertorier les jeux. Ceux-ci se caractérisent généralement par un nom et des règles qu'on peut classer par types.
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+ Les sciences de l'éducation et du développement humain, les sciences cognitives, la pédagogie examinent le jeu comme pratique infantile, importante pour les apprentissages et l'éducation, ce qui peut le rendre productif à moyen et long termes. Dans le jeu, le jeune humain, comme celui d'autres espèces, réalise sans enjeu vital des actes qui lui seront nécessaires dans sa vie adulte.
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7
+ L'adulte, cependant, continue à jouer, et applique fréquemment le concept de jeu à des activités qu'il ne conçoit pas comme purement divertissantes. C'est ainsi qu'on pose la question « quel jeu joues-tu ? ». La sociologie et la psychologie des interactions humaines, établissent, l'une et l'autre, des liens entre les jeux réglés, comme les sports, et les conventions, souvent implicites, qui règlent la vie des sociétés et les sentiments des individus qui les composent. Cette extension du concept de jeu donne en économie la théorie des jeux.
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9
+ Le mot « jeu » vient du mot latin jocus signifiant « plaisanterie » ou « badinage », qui a aussi donné en français jouet. Par métonymie, on appelle « jeu » l'ensemble des cartes à jouer, et par extension, tout assortiment ou ensemble. En informatique, on a ainsi des jeux de données. Le « jeu » peut aussi désigner la façon personnelle de pratiquer un jeu ou de jouer d'un instrument.
10
+
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+ En latin les jeux sont désignés par ludi, qui a donné en français « ludique » et autres dérivés (ludothèque, ludant, ludé, ludion…).
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13
+ Les sens dérivés du mot renseignent sur l'étendue du concept[1]. On connaît, dans de nombreuses langues, les jeux de l'amour ; certaines figures de style sont des jeux de mots ; les comédiens « jouent » leur rôle, plutôt que de les « agir », bien qu'on les dise aussi acteurs ; la « règle du jeu » désigne par synecdoque l'ensemble des conventions sociales. En Français, on joue d'un instrument de musique, que les Espagnols, comme les anciens Français, « touchent » ; et deux pièces qui peuvent avoir du mouvement l'une par rapport à l'autre ont du jeu.
14
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15
+ « On appelle jeu tout procès métaphorique résultant de la décision prise et maintenue de mettre en œuvre un ensemble plus ou moins coordonné de schèmes consciemment perçus comme aléatoires pour la réalisation d'un thème délibérément conçu comme arbitraire. »
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17
+ — Jacques Henriot, Sous couleur de jouer[2].
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+ Le jeu a fait l'objet d'une attention sérieuse donnant lieu à une grande quantité de publications. Les essais de Huizinga (1938) et de Caillois (1958) lui sont consacrés entièrement. « Le jeu est plus ancien que la culture », constate Huizinga en ouverture de son Homo Ludens : les animaux « jouent exactement comme les hommes ». Le jeu manifeste l'existence de l'esprit avant la culture et celle-ci, prise dans son sens le plus large, garde du jeu des traits fondamentaux (1951:15). Caillois, limitant son propos à l'espèce humaine, constate lui aussi l'ubiquité du jeu, notant cependant une restriction : « le jeu est une activité de luxe et qui suppose des loisirs » (1967:24). Ces auteurs vont s'attacher à examiner les traits principaux du jeu, partant de la notion commune, sans tenter de définir rigoureusement ce que c'est. L'association du jeu à l'enfance s'est renforcée depuis, après les travaux de Piaget (1945) qui soulignent son importance pour l'apprentissage. Les jeux et divertissements d'adolescents et adultes, et la création, au XXe siècle et plus récemment, d'une grande quantité de jeux de société et jeux vidéo ont suscité moins de commentaires érudits.
20
+
21
+ Pour Brougère (2005), cinq caractères font d'une activité un jeu :
22
+
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+ Ces deux critères sont essentiels. Plus accessoires, les trois autres critères sont
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+
25
+ À des nuances près, répondant à des objections faites aux auteurs précédents, ces caractères sont ceux posés par Huizinga et par Caillois[a].
26
+
27
+ En 2007, Olivier Caïra, étudiant spécifiquement le jeu de rôle sur table et s'appuyant sur les travaux de Goffman[3] et Bateson[4], propose une définition sous la forme « d'exigences » plutôt que de caractéristiques, puisque le jeu est une construction humaine et pas nécessairement d'un produit fini[5] :
28
+
29
+ Pratiquement, toute activité humaine peut être l'objet d'un jeu, et réciproquement tout jeu peut cesser de le devenir. Selon Huizinga, le jeu est avant tout une institution (comme l'école, l'Assemblée nationale...), limitée dans le temps et limitée aux joueurs de la partie[6]. Le jeu institue un espace de liberté au sein d'une légalité particulière définie par la règle du jeu[7].
30
+
31
+ Le jeu est aussi une manière de représenter le monde. Le jeu transpose dans un objet concret des systèmes de valeurs ou des systèmes formels abstraits. De ce point de vue le jeu peut être considéré comme un modèle du monde ou une métaphore d'une de ses parties. Jouer et/ou inventer un jeu, construire une partie en interaction avec son adversaire relève alors d'une activité culturelle de haut niveau, et chaque partie jouée est une forme d'œuvre d'art.
32
+
33
+ Le jeu de l'acteur, par l'absence de règles strictes, par le caractère prévisible de l'action ou encore par l'absence de compétition donne un aperçu de la difficulté à cerner les limites du jeu.
34
+
35
+ Le jeu ne se développe pas seulement dans un cadre formel mais se crée aussi spontanément. Jouer à la poupée, à la guerre, à la classe ou avec des figurines ne permettent ni de gagner, ni de perdre, mais se contentent de représenter le monde et d'entraîner le joueur à affronter la vie réelle, dans un cadre où une fausse manœuvre n'engendre que peu de conséquences.
36
+
37
+ Les modalités de jeu varient dans les diverses cultures humaines, indépendamment des moyens matériels dont elles disposent. Certains jeux peuvent être des « pratiques […] qu’une communauté humaine reconnaît comme faisant partie de son patrimoine dans la mesure où celles-ci procurent à ce groupe humain un sentiment de continuité et d’identité[8] », « un ensemble de ressources héritées du passé que des personnes considèrent […] comme un reflet et une expression de leurs valeurs, croyances, savoirs et traditions en continuelle évolution[9] ». Le ministère de la Culture français a recensé un certain nombre de jeux pouvant faire partie du patrimoine commun immatériel de la France[10].
38
+
39
+ Le jeu ne se manifeste réellement que chez les mammifères, notamment les dauphins. Il semble que cela soit principalement rendu possible par la relative immaturité des petits et la lenteur de leur développement. Ainsi, pour le psychologue Karl Groos, « La jeunesse, qui n'existe que chez les espèces élevées, a pour but de procurer à l'animal le temps nécessaire pour s'adapter à ses devoirs très compliqués et qui ne sauraient être accomplis par l'instinct seul »[11]. On peut en effet observer que les jeux des jeunes animaux consistent le plus souvent à exercer une activité motrice ou mimer les adultes : chasses, comportements sociaux[réf. nécessaire]... Les animaux adultes, cependant, jouent aussi, seuls, avec leurs congénères, et avec des espèces différentes, y compris les hommes.
40
+
41
+ En 1958, Roger Caillois publie Les Jeux et les hommes : Le masque et le vertige, dans lequel il s'essaye à une classification générale des jeux. Il propose quatre fondements pour le jeu :
42
+
43
+ La compétition s'oppose au hasard, et le vertige au simulacre. La compétition suppose au joueur une valeur personnelle, niée par l'intervention du sort. Qui joue abandonne sa personnalité ordinaire soit en l'étourdissant dans le vertige, soit en la conformant au simulacre d'un autre être. Les jeux se placent dans un des quadrants de l'espace organisé par ces deux axes (p. 47-48). Les jeux réservent la plupart du temps une part à chacun de ces effets.
44
+
45
+ Ils se répartissent encore selon un troisième axe, qui oppose
46
+
47
+ Les règles, estime Caillois, augmentent la difficulté (p. 48).
48
+
49
+ Les couples {agôn ; alea}, {ilinx ; mimicry} et {paidia ; ludus} opposent un mot grec ancien à une locution latine ou anglaise (mimicry se traduit par « mimétisme »).
50
+
51
+ N.B. Dans chaque colonne verticale, les jeux sont classés approximativement de sorte que l'élément padia décroisse lorsque l'on descend tandis que l'élément ludus croît.
52
+
53
+ Olivier Caïra note que que cette classification est trop rigide et pas adaptée à des jeux plus récents[13] : « le poker et le backgammon, par exemple, associent agôn et alea. […] il faudrait distendre dangereusement les quatre principes, ou en ajouter d'autres (coopération, création, érudition…) pour épuiser la description de pratiques telles que le jeu littéraire, Trivial Pursuit, Pictionary, Il était une fois… etc. »
54
+
55
+ Que ce soit sous la forme de deux équipes symétriques ou dans une relation de type chacun pour soi, beaucoup de jeux reposent sur la compétition.
56
+
57
+ Il existe, principalement parmi les jeux traditionnels, bien d'autres mécanismes. Par exemple, les joueurs peuvent changer d'équipe au cours du jeu, c'est le cas des jeux convergents comme la balle au chasseur où les joueurs vont progressivement passer d'une situation un contre tous à une situation tous contre un au cours de la partie.
58
+
59
+ Le principe des jeux paradoxaux est encore plus riche en interactions : Il s'agit de jeux où l'adversaire est en même temps un partenaire potentiel. La situation paradoxale la plus simple est lorsque trois équipes sont en relation triangulaire : Les joueurs de l'équipe A peuvent éliminer les joueurs de l'équipe B, ceux de l'équipe B les joueurs de l'équipe C et ceux de l'équipe C les joueurs de l'équipe A. Cette disposition implique donc que si l'équipe A élimine trop de membres de l'équipe B, plus personne ne pourra la protéger de l'équipe C. Ce principe est par exemple utilisé par le jeu poule renard vipère ou encore par Atride, un jeu de société créé en 1994 par Gauthier Fourcade. Mais il existe des jeux comme la balle assise provoquant des situations paradoxales beaucoup plus complexes.
60
+
61
+ La structure relationnelle des jeux peut être un enjeu idéologique. Par exemple, Mildred Masheder propose des activités ludiques qui ne peuvent être menées à bien que par la solidarité et la coopération entre tous les joueurs[14]. Ces jeux éducatifs tentent de marginaliser la compétition, estimant qu'elle est une source de violence.
62
+
63
+ Les jeux de rôle constituent les jeux de coopération par excellence, les joueurs étant amenés à s'entraider pour atteindre des objectifs communs.
64
+
65
+ Lorsqu'il joue, le joueur ne sait pas son rôle de façon plus ou moins explicite. C'est sans doute l'une des facettes les plus archaïques du jeu.
66
+
67
+ Jean Piaget a particulièrement bien décrit l'importance du jeu symbolique dans le développement du jeune enfant. Il est très fréquent que le jeu soit une reprise symbolique de ce qui se passe dans la réalité. Mais la capacité à s'investir dans le « comme si... » du jeu va de pair avec une capacité de distinguer le littéral du métaphorique : pour que le jeu existe, il faut qu'il reste un certain écart entre réalité et fiction.
68
+
69
+ Il existe donc une certaine ambivalence entre le joueur et le personnage qu'il incarne : il y place une partie de lui-même mais garde toujours un regard critique sur la réalité de cette incarnation. Institutionnalisé, cet aspect de l'activité ludique a donné naissance au jeu dramatique puis au jeu théâtral.
70
+
71
+ Un jeu ne remplit son objet (de plaisir ou d'entraînement à une activité mentale ou physique) que dans la mesure où il recèle une part suffisante d'imprévisibilité pour le joueur.
72
+
73
+ Dans les sociétés qui croient au hasard, celui-ci peut servir pour assurer l'imprévisibilité de l'issue. C'est alors une composante admise, voire recherchée (jeux de dés, ballon ovale susceptible de rebondir de façon imprévisible). Les sociétés où l'on croit que les événements sont le résultat et le signe de l'action de forces occultes assurent plutôt l'imprévisibilité de l'issue du jeu par une égalisation des joueurs : catégories d'âge, d'aptitudes, compensations, handicaps.
74
+
75
+ Parallèlement, un hasard trop grand s'oppose à l'aspect compétitif des jeux, qui impose que l'issue dépende de la valeur des joueurs. Le hasard sera alors combattu par des règles très strictes et déterministes : jeu d'échecs, sport ; ou neutralisé par une multiplication des parties ou des coups avant de désigner le vainqueur : jeux de hasard comme le 421 ou le poker. L'élimination de toute référence à la valeur personnelle peut entraîner des comportements addictifs comme le jeu pathologique.
76
+
77
+ La composante aléatoire est particulièrement importante dans les jeux d'argent, qui disposent d'un critère indiscutable pour déterminer le meilleur (c'est celui qui gagne le plus), et peuvent donc se permettre une part d'aléa plus grande.
78
+
79
+ Pour jouer ensemble, il faut d'abord un accord minimal sur le cadre de jeu. On utilise souvent pour cela la règle de jeu. En même temps qu'elles sont conçues comme essentielles au jeu, les règles s'opposent au jeu proprement dit, comme le droit peut s'opposer à la justice. Le respect de l'esprit du jeu, compris comme à l'origine des règles a été à l'origine d'une valeur commune aux jeux, le fair-play.
80
+
81
+ Sans règles, un certain nombre de personnes ne jouerait pas. Les instaurer c'est mettre un cadre ; mettre un cadre, c'est associer des volontés différentes. Avec rien que les règles, d'autres groupes sont exclus, à commencer par ceux pour qui l'esprit juridique et sérieux s'oppose au jeu, et ceux à qui l'abus des règles est insupportable. On sait qu'on ne commande à personne de jouer. « C'est pas du jeu », crie l'enfant ; et s'en va.
82
+
83
+ La distinction entre les sports et les jeux ne fait pas l'objet d'un accord général.
84
+
85
+ Les sports sont plutôt physiques et réels, les jeux sont plutôt mentaux et symboliques (virtuels). Mais cette distinction ne semble pas fondamentalement suffisante, des jeux comme les échecs, le Scrabble ou même certains jeux vidéo ayant acquis une réelle dimension sportive, avec entraînement, tournois, champions, spectacle, argent, fatigue physique, etc. Tandis qu'à l'inverse même un sport comme la course peut n'être pratiqué qu'à titre de jeu, sans esprit de compétition[réf. souhaitée].
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+
87
+ Un autre élément à citer est la part de hasard : pour les sports, l'imprévisibilité est assurée par le nombre des protagonistes et l'étendue de leurs possibilités (qui caractérise leur maîtrise du jeu), ainsi que par des catégories de poids et des handicaps. Ils sont donc généralement moins aléatoires. Mais cet élément ne semble pas non plus discriminant.
88
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89
+ Il semble qu'il faille plutôt rechercher du côté de la motivation du joueur : lorsqu'il agit pour son seul plaisir dans l'action ou pour s'entraîner, on parlera plutôt de jeu, tandis que s'il définit son plaisir en termes de résultat dans un cadre compétitif, il est un sportif. Si la distinction est bien à ce niveau, il devient alors difficile d'être sûr du fait qu'on est dans un cadre ludique ou sportif, car le sportif s'amuse aussi, tandis que le joueur trouve une part de son plaisir dans le résultat[réf. souhaitée].
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+
91
+ Un élément peut encore être ajouté, le sport qu'il soit collectif ou non, reste élitiste : Il favorise certains et exclut d'autres, les débutants n'ayant pas de fortes capacités physiques ne trouvent leur place ni sur le terrain, ni dans les vestiaires, alors que le jeu tient compte de chaque joueur : Il favorise l'intégration, met en avant des enjeux comme le sacrifice, la prise de risque pour l'autre, la protection... qui ont des réels impacts positifs sur la dynamique d'un groupe[réf. souhaitée].
92
+
93
+ Les archéologues sont souvent tentés d'interpréter comme jeu un simple alignement de cupules (comme sur le site néolithique de 'Ain Ghazal en Jordanie) ou un quadrillage mais l'absence de pions rend difficile de prouver la pratique de jeux préhistoriques bien que celle-ci soit certainement l'une des plus anciennes de l’humanité[15]. Les Étrusques pratiquaient des jeux (ludi circenses et ludi scaenici) dont les vocations étaient rituelles et religieuses. Les Romains en ont repris certains principes dans leurs jeux du cirque.
94
+
95
+ La présence de jeux (en) est bien attestée dès le début de l'Antiquité grâce à des témoignages écrits ou iconographiques. La liste de jeux auxquels Bouddha n'aurait pas joué est la plus ancienne liste écrite de jeux connue (VIe et Ve siècles av. J.-C.)[16]. Une référence écrite d'un jeu qui pourrait être le go est dans les Annales des Printemps et Automnes rédigées entre 722 et 481 av. J.-C. Parmi les jeux dans l'Égypte antique, le jeu de société du senet apparaît à l'époque prédynastique et le mehen dès 3000 av. J.-C. Les jeux de plateau et de parcours sont aussi prisés dans l'ancienne Mésopotamie, tel le jeu royal d'Ur dès 2600 av. J.-C. ou le mancala en Afrique dès le VIe siècle. Souvent utilisés avec des instruments de hasard (roulement des osselets et des dés), ils peuvent être associés à l'art divinatoire comme l'hépatoscopie en Mésopotamie, la scapulomancie en Chine[17].
96
+
97
+ Le Chaturanga indien (décrit dans le texte sanskrit Vasavadatta au Ve siècle) et le chatrang perse (décrit dans Wizârišn î chatrang ud nihišm î nêw-ardaxšîr, « l'explication des Échecs et l'invention du Nard » au VIe siècle) sont considérés comme les ancêtres du jeu d'échecs[18].
98
+
99
+ Le lancer de dés est très prisé par les Grecs et les Romains, comme en témoigne l'expression Alea jacta est. Les soldats romains pratiquent le jeu des latroncules. Les jeux de dés sont encore associés à des pratiques divinatoires païennes, l’utilisation du sort dans les jeux de hasard et d’argent fait souvent appel à la providence divine (or selon le troisième commandement, « Tu ne prononceras ton Dieu, en vain »), aussi sont-ils interdits à plusieurs reprises par l’Église[19]. Cela n'empêche pas les jeux de dés de connaître un vif succès au XIIe siècle dans toutes les couches de la société de l’Occident médiéval. De même, le jeu des échecs, de la marelle, du trictrac ou du backgammon issus de l’Antiquité se popularisent au Moyen Âge[17]. Les plus anciennes cartes à jouer apparaissent en Chine durant la dynastie Tang (618-907) au moment où le format des livres passe du rouleau à la feuille et se diffusent en Occident à la fin du Moyen Âge[20].
100
+
101
+ Le Libro de los juegos, codex écrit au XIIIe siècle, reste l'ouvrage le plus important pour l'étude des jeux médiévaux[21].
102
+
103
+ Sophocle (495-406 av. J.-C.) est le premier auteur connu qui met en rapport l’invention des jeux avec l’attente lors d’un siège (soit devant Aulis, soit devant Troie) mais il ne cite Palamède que pour expliquer qu’il a écarté une famine du camp des Grecs sans l’associer personnellement à l’invention des jeux. Euripide (480-406 av. J.-C.) dit bien que Palamède a créé les pessos (sorte de jeu de pions probablement apparenté aux dames) mais Platon (428-348 av. J.-C.) à la même période leur attribue une origine divine, par Theuth (le dieu égyptien Thot) ou Hermès. Cratès (IVe siècle av. J.-C. également) attribue la création de tous les jeux aux Lydiens quand Hérodote (480-425 av. J.-C.) attribue aussi tous les jeux aux Lydiens (même les jeux de dés) sauf le jeu de pessos qu’il attribue aux Grecs. Polémon de Laodicée (90-144 apr. J.-C.) fait le lien entre les deux pans de l’histoire de Sophocle, Palamède qui écarte une famine et la création des jeux au moment d’un siège, pour expliquer que Palamède a créé les jeux de dés et les pessos pour consoler l’armée d'une famine qui y sévissait[22].
104
+
105
+ Cette croyance de la Grèce antique formée au fil des ans fait donc de Palamède l’inventeur des jeux de dés (soit un jeu de hasard) et des pessos (soit un jeu de réflexion).
106
+
107
+ Des légendes médiévales s’appuient sur cette mythologie pour en faire le créateur des échecs[23]. De plus, Palamède, personnage de la guerre de Troie, est alors souvent confondu avec Palamède, héros du cycle arthurien, ce dernier se voit attribuer d’armoiries en forme d’échiquier[24]. Un des plus vieux mensuels consacrés aux échecs, un magazine français du XIXe siècle, sera appelé Le Palamède.
108
+
109
+ Le trait le plus évident du jeu n'est autre que sa différence avec la réalité. Jouer, c'est jouer à être quelqu'un d'autre, ou bien c'est substituer à l'ordre confus de la réalité des règles précises et arbitraires, qu'il faut pourtant respecter scrupuleusement. Il faut entrer dans le jeu, il ne supporte pas le scepticisme notait Paul Valéry[réf. souhaitée]. Cependant, le jeu n'est plaisant que dans la mesure où cette entrée dans le jeu, en latin in–lusio, c'est-à-dire illusion, est librement consentie. Le jeu est l'occasion d'émotions puissantes, voire de vertige, émotions liées à ses aléas, au désir de gagner, au poids des enjeux. Pourtant, le jeu est, en première analyse du moins, « innocent », et même désintéressé, en ce sens que vaincre au jeu, ce n'est pas humilier l'adversaire. Prendre sa revanche est en droit toujours possible. « Toute nouvelle partie apparaît comme un commencement absolu », souligne Caillois 1967. Le jeu « est condamné à ne rien fonder ni produire, car il est dans son essence d'annuler ses résultats ».
110
+
111
+ Ainsi, le jeu obéit à une logique radicalement opposée à celle de la rentabilité. Né selon Schiller, au même titre que l'art, d'une surabondance d'énergie vitale par rapport aux besoins, d'une pulsion de jeu (dans l'allemand de Schiller, Spieltrieb), le jeu est donc avant tout occasion de dépense pure[25]. L'activité déployée par le joueur est fondamentalement superflue. Certes, cela ne semble pas tenir compte des jeux d'argent. Mais ceux-ci ne produisent globalement rien, tout au plus enrichissent-ils certains joueurs aux dépens des autres, remarque Caillois. En ce sens, il n'y a de jeux à proprement parler qu'à somme nulle. Le gain n'est pas un salaire, note Huizinga. Le salaire octroyé à un joueur le transforme ipso facto en un professionnel.
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113
+ Le jeu est donc une activité à part, distincte des activités utiles. Il faut rapprocher cette dimension d'une remarque de Huizinga: comme le sacré, le jeu ne vaut qu'à l'intérieur de frontières temporelles et spatiales précises, la durée de la partie, le stade ou le damier. Le jeu serait une expression frappante de la liberté créatrice, du triomphe, mais parfaitement circonscrit, sur le déterminisme pesant des choses ou des statuts sociaux. Ces dimensions permettent à Béatrice Galinon-Mélénec de l'envisager comme acteur de "remédiation" pour certaines pathologies d'ordre psychique[26]. À lire Le Joueur de Fiodor Dostoïevski, le joueur considère le hasard comme un être fantasque, étranger à toute règle durable ; un être qui peut tout donner et tout reprendre, pour qui tout est possible. Un coup de dé abolit, non le hasard, mais la nécessité.
114
+
115
+ N'en concluons pas que le jeu annule toutes les lois. Il les rend plutôt particulièrement lisibles et univoques. Les jeux de hasard ont ouvert la voie au calcul des probabilités, parce qu'ils permettent de dépouiller le hasard de tous ses traits contingents en l'introduisant dans un système artificiel et fermé, homogène, soumis au nombre et à la répétition : le jeu de cartes ou la roulette. Les règles du jeu aboutissent à une stylisation extrême de la réalité, font de cette dernière un simple alibi de la compétition.
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+
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+ Les jeux, note Caillois, ne sont pas tant réglés et fictifs que réglés ou fictifs. Le simulacre aurait la même fonction que la règle arbitraire : mettre hors jeu la réalité.
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+ « Cette conscience de l'irréalité fondamentale du comportement adopté sépare de la vie courante, en lieu et place de la législation arbitraire qui définit d'autres jeux »[réf. souhaitée].
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+ Le jeu n'est pas toujours compétition, comme le montrent les jeux de construction, ou le bilboquet. On imagine cependant mal un jeu de hasard ou d'adresse sans incertitude. Il semble pourtant que les jeux de rôles obéissent à un autre principe : participer d'une existence qui nous est inaccessible. Cependant, même dans ce cas, il y a bien une sorte de défi car il n'est pas si facile d'agir continuellement comme un autre. Selon Caillois, la règle du jeu est alors unique ; elle consiste « à fasciner le spectateur, en évitant qu'une faute conduise celui-ci à refuser l'illusion »[réf. souhaitée]. On peut de fait remarquer que dans certains jeux, il suffit, pour l'emporter, de respecter la règle le plus longtemps possible, de demeurer dans le jeu : ainsi le ni oui ni non. Enfin, il y a une certaine proximité entre triompher du hasard, ou d'un adversaire, parfois de la mort, mais dans un univers strictement conventionnel, et s'affranchir par l'imitation de ses propres limites. Caillois reconnaît encore une quatrième sorte de jeux, à côté des compétitions (agôn), des jeux de hasard (alea), et des jeux de rôles (mimicry). Il s'agit de ces activités qui n'ont pas d'autre but que le vertige (ilinx), comme de nombreuses attractions de fêtes foraines. Indiscutablement, elles enveloppent une dimension de défi, c'est-à-dire ici de courage physique. Quels que soient les enjeux, le beau joueur ne doit pas accorder trop d'importance à la victoire, ou à la défaite, parce que ce n'est précisément qu'un jeu, réputé sans conséquences. Pourtant, s'il ne leur accordait aucune importance, le jeu perdrait tout intérêt. Tout le déroulement de la partie d'échecs se rattache à la préservation du roi, à son assimilation provisoire au Moi du joueur. Celui-ci doit être capable d'investir le plus intensément possible cette convention, et de retirer instantanément cet investissement lorsque la partie est finie. Le jeu est ainsi une création dont le joueur reste maître (Karl Groos)[réf. souhaitée].
121
+
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+ Des moralistes condamnent le jeu, en ce qu'il détourne des activités productives et religieuses. Cette condamnation, assez générale en ce qui concerne les jeux d'argent, où le gain ne dépend pas de l'utilité du joueur à la société, et aux jeux de hasard, où s'exprime un culte de la chance, s'étend, chez des auteurs puritains ou rigoristes chrétiens, musulmans ou bouddhistes, à tous les jeux et divertissements.
123
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+ Étienne de La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire prend ainsi, dans une lecture libre d'Hérodote[27], l'exemple de Cyrus, qui pour assujettir la Lydie, n'aurait pas usé de la force ou de la destruction, mais y aurait établi « des bordels, des tavernes et des jeux publics » pour affaiblir les Lydiens, qui au lieu de s'insurger, se mirent à inventer toute sorte de jeux[28].
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126
+ Johan Huizinga affirmait que « jusqu'à un certain point, la compétition, comme tout autre jeu, est dépourvue de but »[réf. souhaitée]. Pourtant, si le jeu d'échecs est inutile, l'intelligence ne l'est point. Le jeu n'apprend pas de recettes, il développe des aptitudes générales (Caillois)[réf. souhaitée]. Il est vrai qu'une intelligence purement échiquéenne serait remarquablement inadaptée à la vie. Jean Piaget a montré aussi quel rôle jouait le jeu dans la formation morale de l'enfant, son rapport à la règle comme aux valeurs d'égalité et de justice. Ajoutons que si l'important est « d'avoir gagné », indépendamment de toute conséquence, Huizinga lui-même constatait que cette supériorité tendait « à prendre l'apparence d'une supériorité en général »[29]. À le lire, le jeu est même partie intégrante de la logique de sociétés entières, dans leur existence politique, juridique, guerrière. Ces sociétés obéiraient en effet davantage à la pulsion de jeu chère à Schiller qu'au principe de réalité. Dans ces sociétés ludiques, individus et groupes seraient moins friands d'avantages matériels que de l'honneur d'avoir bien joué. Ainsi, il ne s'agira pas de gagner la guerre par tous les moyens, mais de laisser une chance à l'adversaire, de s'exposer soi-même avec vaillance. L’homo ludens doit montrer qu'il est capable de mettre de bon cœur en jeu sa vie. Il entend s'affronter au destin, toujours ambigu, et à son vertige, le provoquer, même. Le risque est donc autant le propre du détachement ludique, d'un certain parti du « tout ou rien », que de l'engagement ou de la foi. Mais s'il est facile de tout perdre, on ne saurait tout gagner...
127
+
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+ Longtemps, les éducateurs ont tenu le jeu en piètre estime. Dans la théorie du jeu de Friedrich Schiller, reprise et mise à jour par Herbert Spencer « Le jeu est un moyen d'employer l'énergie superflue, une sorte de soupape de la jeunesse »[30]. Alain estimait que l'école devait tenir le milieu entre le jeu, qui enferme l'enfant dans l'enfance, et le sérieux, qui l'enferme dans l'utile. Même Célestin Freinet se méfiait du jeu, car l'éducation doit donner à l'enfant de véritables responsabilités, elle doit privilégier la forme du travail et de la coopération laborieuse. Certes, le jeu a eu quelques défenseurs comme Platon[31] ou Locke[32], mais son rôle dans le développement de l'enfant n'a réellement été pris au sérieux qu'au cours du XXe siècle. En ce sens, le caractère gratuit du jeu tend à être évacué par certaines pédagogies contemporaines, ainsi l'Action Catholique des Enfants utilise le jeu comme outil pédagogique pour discuter avec les enfants des sujets de société.
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+
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+ Les jeux pédagogiques contribuent à l'acquisition de connaissances ou de compétences. Ils sont de plus en plus reconnus par les pédagogues et les enseignants comme utiles, pour les raisons suivantes :
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+ On constate également que les jeux de société promeuvent l'esprit de coopération :
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+ C'est pourquoi les jeux pédagogiques traditionnellement utilisés surtout en maternelle se développent maintenant à l'école primaire, au collège et plus tard.
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+
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+ Le développement récent des jeux pédagogiques en formation continue des adultes est remarquable. On note l'utilisation fréquente des jeux de rôles ou de simulation, qui mettent les participants dans des situations proches de situations de travail réelles. Ils permettent également se simuler les relations de travail pour éduquer les comportements, pas seulement les compétences.
137
+
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+ Il faut opposer les jeux pédagogiques aux jeux éducatifs. Du point de vue de la ludologie, les jeux éducatifs n'existent pas car un jeu ne tend que vers le plaisir qui est incompatible avec la contrainte de l'apprentissage[réf. nécessaire]. En revanche, les jeux dits pédagogiques prétendent intégrer des valeurs sociales de façon amusante : coopérer plutôt que s'affronter, réfléchir avant d'agir, savoir partager des ressources ou des informations, etc. Mais leur valeur pédagogique reste intimement liée à la faculté d'analyse de chaque participant ou, à défaut, à l'encadrement de cette analyse en fin de partie.
139
+
140
+ Le jeu est un comportement complexe qui est associé à une motivation intrinsèque plutôt qu’extrinsèque ; est habituellement spontané et plaisant ; est dirigé par le joueur lui-même et implique un engagement actif non obligatoire[33]. Le jeu a été identifié comme étant la première occupation dans laquelle l’humain s’engage durant sa vie[34]. En ergothérapie et en psychomotricité, le jeu est utilisé pour évaluer le développement de l’enfant, comme moyen d’intervention auprès de l’enfant[35] ou encore comme élément renforçateur[36]. Différents types de jeu sont observés selon les stades de développement de l’enfant.
141
+
142
+ Vers l’âge développemental de 18 mois, l’enfant joue de façon conventionnelle avec les objets car il est en mesure de comprendre la fonction d’un objet. Par exemple, il utilise le peigne pour se peigner. Cela dit, plus l’enfant évolue, plus il jouera de façon imaginative avec les objets et c’est à ce moment que s’exprime le jeu symbolique (jeu de faire semblant)[37]. Selon Piaget, le jeu symbolique émerge durant le stade préopératoire (2e stade développemental allant de deux à six ans) et vient s’ajouter au jeu sensori-moteur qui est déjà présent à cet âge[38]. Il existe deux types de jeu symbolique soit le jeu individuel et le jeu social c'est-à-dire le jeu effectué seul ou avec des pairs[39]. Le jeu symbolique implique l’utilisation de la représentation d’un objet absent et imaginé ou la substitution d’objet pour jouer. En jouant à faire semblant, l’enfant peut symboliquement changer son identité et/ou celle d’un objet selon les exigences du contexte de jeu[40]. Par exemple, l’enfant qui bouge un crayon en imaginant que c’est un avion représente symboliquement l’avion par le crayon[41][source insuffisante]. Cette forme de jeu montre l’apparition et l’évolution de la fonction sémiotique c’est-à-dire que l’enfant comprend qu’une chose peut en représenter une autre[42], [37]. Selon Ferland, c’est entre trois et cinq ans que l’enfant développe des scénarios de jeu et arrive à jouer avec des mots, des concepts et des idées. Par exemple, l’enfant est en mesure d’attribuer des rôles plus précis à différents personnages. Toutefois, jusqu’à l’âge d’environ quatre ans, l’enfant a de la difficulté à différencier le monde réel de son monde imaginaire[37]. À partir de cet âge, le jeu symbolique se complexifie car l’enfant peut maintenant élaborer de façon imaginative des situations plus complexes. Par exemple, l’enfant peut s’inventer un monde imaginaire autre que le monde dans lequel il vit actuellement[43].
143
+
144
+ Le jeu symbolique nécessite la présence de certaines habiletés chez l’enfant telles que la capacité de résolution de problème, la représentation, la mémoire, l’attention, la concentration, la visualisation, l’organisation de la pensée, la flexibilité et adaptabilité de la pensée, la pensée logique séquentielle, le langage, la capacité de décontextualisation du langage, la capacité de généralisation, la compétence narrative, la compréhension des règles et rôles sociaux, la compréhension émotionnelle et les capacités motrices et sensorimotrices. Inversement, le jeu symbolique permet à l’enfant d’apprendre de nouvelles habiletés, de nouveaux comportements, de développer son langage, de partager ses expériences émotionnelles, d’apprendre à penser[44],[45] et de se développer au niveau physique[46]. De plus, le jeu symbolique est le précurseur du développement du sens de l’humour[37].
145
+
146
+ Selon certains auteurs, ce sont les habiletés cognitives, sociales et émotionnelles qui ont le plus grand impact sur la capacité de l’enfant à jouer à des jeux symboliques. En l’absence de ces différentes habiletés, l’enfant éprouvera des difficultés dans un contexte de jeu symbolique, ce qui restreindrait son niveau de participation pouvant alors contribuer potentiellement à certains problèmes d’apprentissage et d’interactions sociales avec ses pairs[47].
147
+
148
+ Chaque jeu a deux faces au moins, indissociables. D'une part, il y a un (des) objet(s) matériel(s) (un terrain, un plateau de jeu, des pions, un ballon...) dont l'usage est contraint par les règles du jeu. D'autre part, il y a des valeurs qui renvoient symboliquement au fonctionnement du monde. Ainsi, il existe des jeux où affamer son adversaire permet de gagner (Monopoly, par exemple) et d'autres où cela est interdit (Awélé, par exemple), des jeux où l'extermination est la règle (dames) et d'autres où dominer suffit (jeu d'échecs).
149
+
150
+ La première face est le « ludant », ce qui permet de jouer. La seconde ce qui est joué, le « ludé ». Exemple : Le jeu de dînette permet à l'enfant de se prendre pour un adulte qui s'adonne aux tâches domestiques du ménage. L'enfant s'essaye ainsi à occuper la place de l'adulte qui, dans la famille, fait à manger. Il fait alors comme s'il était grand. D'un côté le ludant « dînette », de l'autre le ludé « place sociale ».
151
+
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+ Cette faculté du jeu de modéliser les valeurs morales, mais aussi formelles du monde, en fait un outil éducatif potentiellement puissant.
153
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+ Ces néologismes (ludant et ludé), non justifiés scientifiquement, font une référence explicite aux termes de la linguistique « signifiant » et « signifié ». Dans ce cadre, pourquoi ne pas utiliser les mots génériques du domaine reconnus de façon académique ? Plus encore, quel est le ludant dans un jeu comme « chat » et quel est le ludé dans un jeu comme le « morpion » ?
155
+
156
+ La plupart des jeux d'argent font appel au hasard : jeux de hasard pur (loterie, roulette...), jeux de hasard raisonné se pratiquant avec des cartes comme le poker ou avec des dés comme le backgammon.
157
+
158
+ Dans les jeux de hasard pur, les stratégies qui tentent d'augmenter les chances sont appelées martingales. Les personnes qui s'adonnent à ces jeux de hasard et d'argent (gambling, en anglais) peuvent développer une forte dépendance à ceux-ci. On nomme cette psychopathologie (addiction, en anglais) « jeu pathologique » ou « jeu excessif ».
159
+
160
+ Dans certains pays, les États tirent une part importante de leurs revenus de jeux organisés à l'échelle du pays : loterie ou loto national, pari mutuel urbain, etc. Les États-Unis veulent empêcher leurs résidents de jouer sur des sites basés à l'étranger. Ils ont été condamnés à l'OMC et ont encore renforcé leur loi au nom de la moralité.[réf. nécessaire] Ensuite, ils ont légiféré de telle sorte que les règles de l'OMC ne s'appliquent plus aux jeux et aux paris en ligne.[réf. nécessaire]
161
+
162
+ Également, les jeux d'argent clandestins varient en importance relative selon les pays.
163
+
164
+ Les casinos et salles de jeu accueillent des jeux traditionnels comme la roulette, le Jeu de la boule ou les machines à sous. On peut y pratiquer des jeux de cartes comme le baccara, le chemin de fer ou le blackjack.
165
+
166
+ Le jeu pathologique est semblable à la dépendance à l'alcool et aux drogues. Par le jeu, la personne ayant un problème de jeu excessif maintient un ensemble de comportements qui mettent en péril sa vie personnelle, familiale ou professionnelle et celle de son entourage.
167
+
168
+ Cette famille est très vaste et on y dénombre toutes sortes de variétés de jeux : jeux de réflexion, jeux de hasard pur ou raisonné, jeux de déduction, jeux de lettres, jeux de connaissance, etc.
169
+
170
+ Certains jeux de société, devenus très importants, réunissent des communautés de joueurs qui s'y consacrent presque exclusivement.
171
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172
+ C'est par exemple le cas pour des jeux très classiques, comme le jeu d'échecs, le bridge ou le Scrabble. Mais c'est également le cas de jeux plus récents comme les jeux de simulation, dont les règles visent à décrire de manière fine certaines situations et en particulier, les jeux de rôle et les jeux de guerre et plus spécialement les jeux de figurines.
173
+
174
+ Parmi les jeux qui se pratiquent seuls, on trouve tous les casse-tête comme le Cube de Rubik, le tangram ou le Puzzle multi-pyramidal. Certains jeux ne demandent qu'un papier et un crayon comme les énigmes, les mots croisés ou les sudokus que l'on trouve généralement dans des journaux.
175
+
176
+ Les jeux de cartes qui se pratiquent seuls sont appelés des patiences.
177
+
178
+ Les puzzles sont en anglais tous les casse-tête. En français, un puzzle est une image à reconstituer à partir d'éléments découpés. Le puzzle se pratique en principe seul, mais il n'est pas rare que rapidement plusieurs personnes s'adonnent ensemble à ce plaisir et le puzzle devient alors un véritable jeu de coopération.
179
+
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+ Les jeux vidéo utilisent des moyens techniques spécifiques, soit des consoles de jeu vidéo, des bornes d'arcade, ou encore des ordinateurs. D'invention assez récente (dans les années 1950), ils ont ouvert le champ à de nouvelles manières de jouer. Plusieurs genres de jeu vidéo ont vu le jour :
181
+
182
+ L'expression « jeu de stratégie » a de nombreuses et diverses significations. Pour les uns, il s'agit d'un jeu de guerre ou d'un jeu de simulation, informatisé ou non, comme le Monopoly[48]. Ces jeux se basent sur l'expérience sociale, plus que sur des règles, et font appel au sort.
183
+
184
+ D'autres classent comme jeu de stratégie ceux dans lesquels le rôle du hasard est réduit au minimum[49]. Dans les échecs, les dames, le go, seul le premier à jouer peut être tiré au sort si une hiérarchie entre les joueurs ne le décide pas. Le jeu de stratégie s'oppose ainsi au jeu de hasard.
185
+
186
+ Le jeu par correspondance a d'abord été pratiqué par courrier postal. Il conserve aujourd'hui de nombreux adeptes.
187
+
188
+ L'émergence d'Internet a profondément bouleversé les pratiques. Avec le courriel électronique ou le navigateur web, gratuit le plus souvent et rapide, le jeu par correspondance a conquis de nouveaux adeptes. Cette pratique est parfois désignée par l'abréviation anglaise PBeM (Play by e-mail).
189
+
190
+ Il peut être sous plusieurs formes :
191
+
192
+ Souvent aussi appelés Livres dont Vous êtes le Héros, du nom de la collection la plus célèbre en France, sont des livres interactifs dont le déroulement dépend des choix du lecteur. Les actions y sont souvent résolues par des lancers de dés.
193
+
194
+ On peut regrouper sous cette dénomination tous les jeux auxquels il est possible de jouer dans un café ou une salle de jeux. Insérer une pièce dans le monnayeur permet d'acheter une ou plusieurs parties.
195
+
196
+ Certains jeux ne sont apparus que sous la forme de jeux à monnayeur, comme le flipper, les jeux d'arcade et dans une certaine mesure le baby-foot. Parfois, des jeux traditionnels sont adaptés. C'est par exemple le cas du billard ou des fléchettes.
197
+
198
+ Ce sont des jeux liés à la précision du geste, comme les fléchettes, le cerceau, le bilboquet, les osselets, les jeux de boules, de billes ou de quilles. Des jouets comme la toupie demandent et développent une forme d'adresse. Les sports comportent le plus souvent une part d'adresse ; les virtuoses de jeux d'adresse comme le jonglage en font souvent un élément de spectacle, ce qui les sort de la catégorie des jeux à proprement parler[50],[51].
199
+
200
+ Dans l'ethnographie des jeux, Marcel Mauss recommande de distinguer les jeux d'adresse manuelle des jeux d'adresse corporelle, qui engagent de plus grands efforts. Le jeu manuel le plus répandu (à son époque) est le cat's cradle (berceau du chat). Le jeu de marelle, un des jeux d'adresse corporelle les plus pratiqués, s'accompagne, comme souvent, de « jeux oraux ». Les adultes et adolescents pratiquent plus souvent les jeux de balle[52]. Les jeux peuvent impliquer de véritables compétences techniques, comme on le voit dans l'exemple des batailles de cerf-volants[53],[52].
201
+
202
+ Bien qu'elles portent le substantif jeu dans leur nom, certaines activités ne répondent pas à la définition : « activité de loisirs d'ordre physique ou psychique, soumise à des règles conventionnelles[réf. nécessaire] ». Elles sont généralement à classer dans la rubrique des jouets ou des équipements de loisirs, dès lors qu'elles ne comportent pas de règles conventionnelles.
203
+
204
+ Les jeux d'extérieur, ou agrès, comme le tourniquet, le tape-cul, le toboggan, le bac à sable ou la balançoire sont en fait des équipements de loisir[réf. nécessaire]. Il en est de même pour les jeux de bassin comme la pataugeoire. Cependant, pour Roger Caillois, cette catégorie est elle aussi une des variations du jeu, dans l'attirance de l'homme à trouver du plaisir de façon gratuite dans la poursuite du vertige (ilinx).
205
+
206
+ Un jeu de construction n'est pas à proprement parler un jeu mais un jouet qui laisse libre cours à l'imagination[réf. nécessaire]. Une boîte de chimie initie l'enfant au monde de la chimie.
207
+
208
+ Les jeux de mots sont une variété de jeux d'adresse, dans lesquels on déploie, sans autre objectif, ses compétences dans la maîtrise de la langue et de la logique.
209
+
210
+ Dans l'enfance, les jeux de mots sont les « jeux oraux » : devinettes, charades[52]. Les jeux de mots poursuivent cette veine à l'âge adulte. La psychanalyse et la linguistique s'intéressent à cees plaisanteries, qui mettent souvent en œuvre des symboles et des doubles ententes.
211
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212
+ Les divertissements de l'âge adulte peuvent se pratiquer par écrit, seul comme les mots croisés et leurs variantes, à plusieurs quand il s'agit de jeux de lettres comme le scrabble. Les jeux linguistiques se pratiquent parfois à plusieurs, comme le cadavre exquis.
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+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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1
+ Un jeu vidéo est un jeu électronique doté d'une interface utilisateur permettant une interaction humaine ludique en générant un retour visuel sur un dispositif vidéo. Le joueur de jeu vidéo dispose de périphériques pour agir sur le jeu et percevoir les conséquences de ses actes sur un environnement virtuel. Le mot « vidéo » dans le jeu vidéo fait traditionnellement référence à un dispositif d'affichage de trame, mais, à la suite de la vulgarisation du terme, il implique désormais tout type de dispositif d'affichage.
2
+
3
+ Les systèmes électroniques utilisés pour jouer à des jeux vidéo, ou plates-formes, peuvent être aussi bien des ordinateurs de bureau que de petits appareils portables, tels la borne d'arcade, la console portable, l'ordinateur portable ou le smartphone. Les jeux vidéo spécialisés tels que les jeux d'arcade, auparavant communs, ont vu leur usage progressivement diminuer. Le jeu vidéo est aujourd'hui considéré comme une industrie et parfois envisagé comme une forme d'art.
4
+
5
+ Les jeux vidéo utilisent comme périphérique d'entrée un contrôleur de jeu, qui varie selon les plates-formes. Un contrôleur peut ainsi être constitué d'un unique bouton et d'une manettes de jeu, ou disposer d'une douzaine de boutons et d'un ou plusieurs joystick. Les premiers jeux sur ordinateurs personnels requéraient souvent l'achat d'un joystick, tandis que les jeux modernes sur ordinateur permettent ou imposent au joueur d'utiliser un clavier et une souris simultanément.
6
+
7
+ Dans les années 2010, de nouvelles méthodes d'entrée ont émergé, comme l'observation du joueur par caméra, la détection de mouvements de périphériques tenus en mains pour les consoles de jeux vidéo, ou les écrans tactiles sur les appareils mobiles. De même, de nouvelles formes de retours sont apparues : visuels, comme la vision 3D ou en relief (avec ou sans lunettes stéréoscopiques), tactiles, avec des terminaux vibrants (sièges, volants, etc.), ou pilotés (sièges inclinables simulant l’accélération, la rotation et le freinage d'un engin).
8
+
9
+ Selon la définition que l'on accepte du jeu vidéo, son histoire peut commencer aux alentours de 1950 avec l'idée de Ralph Baer ou bien en 1952 avec OXO, 1958 avec Tennis for Two de William Higinbotham, ou encore en 1962 avec Spacewar!, qui est la date la plus communément admise. Pong, en 1972, est quant à lui le premier jeu dont le gameplay est suffisamment accrocheur et addictif pour lui faire connaître le succès auprès du grand public.
10
+
11
+ Si Pong n'a pas inventé le jeu vidéo, il a donné le coup d'envoi à l'industrie vidéoludique. Celle-ci connaît une croissance explosive et fébrile aux États-Unis, jusqu'en 1983 où elle subit un krach qui la fait migrer vers le Japon. C'est là qu'elle voit sa renaissance, notamment grâce à la NES de Nintendo et au jeu Super Mario Bros. en 1985, qui inaugure une nouvelle philosophie dans la conception des jeux vidéo : plus riches et ouverts à tous les publics.
12
+
13
+ Depuis, le secteur du jeu vidéo est en croissance continue et, à partir de 2002, son chiffre d'affaires mondial atteint 10 G$, dépassant celui d'Hollywood[1].
14
+
15
+ Parmi les personnages emblématiques du jeu vidéo, peuvent être cités : Alex Kidd, Crash Bandicoot, Donkey Kong, Kirby, Lara Croft, Link, Mario, Mega Man, Pac-Man, Pikachu, Rayman, Samus Aran, Solid Snake, Sonic[2].
16
+
17
+ Différents types de systèmes sur lesquels le jeu vidéo se pratique coexistent, et de nombreux jeux sont dorénavant disponibles sur ces plates-formes. Les consoles de jeux, les bornes d'arcade et les ordinateurs, en sont les trois principaux vecteurs. Les plates-formes portables ont débuté avec le jeu électronique individuel sur Game and Watch, de petites consoles portables dédiées à un seul jeu, aujourd'hui pratiquement disparues, supplantées par les consoles portables. Plus récemment, les téléphones portables, et notamment les smartphones, mais aussi les tablettes tactiles, sont devenus des supports adaptés à la pratique du jeu vidéo, certains étant conçus pour répondre aux besoins des joueurs[3].
18
+
19
+ Les consoles de jeux vidéo sont des systèmes informatiques dédiés au jeu vidéo. À la différence d'un ordinateur, une console utilise un matériel dédié, qui ne peut être que rarement amélioré. Communément, les consoles de salon se branchent sur un téléviseur et sont vendues en standard avec une manette de jeu, bien qu'il soit possible d'adjoindre d'autres périphériques voire des jeux dans des paquetages promotionnels. Les consoles portables, en plus de leur autonomie d'énergie, disposent de l'ensemble des périphériques interactifs intégrés dans le boîtier nomade. Les jeux sont développés en tenant compte des capacités de la machine, et sont ensuite mis à disposition sur le support numérique qu'elle utilise.
20
+
21
+ Les bornes d'arcade sont des systèmes prévus pour fonctionner dans des lieux en libre accès. Une borne se compose classiquement d'un monnayeur et de périphériques robustes. Les premiers types de bornes d'arcade étaient des bornes dédiées qui ne contenaient qu'un seul jeu indissociable de ladite borne. Cependant, dans les années 1980, SNK introduisit un nouveau type de borne, le MVS qui permettait à l'opérateur de la borne de changer le jeu simplement en intervertissant une cartouche de jeu[4]. Cela devint par la suite très courant. Par exemple, les bornes d'arcade Sega ou Capcom étaient et sont toujours basées sur un système similaire.
22
+
23
+ Les ordinateurs sont des plates-formes informatiques hétérogènes qu'il est possible de trouver et de faire évoluer vers différentes puissances. Ils ne sont pas spécialement prévus pour jouer, mais de par leur modularité certaines configurations se prêtent aux jeux, parfois par l'adjonction de matériel dédié comme une carte graphique ou un périphérique de contrôle particulier. Les jeux sont ainsi conseillés pour être utilisés sur un ensemble particulier de configurations pour faire coïncider la puissance demandée par le jeu avec la puissance allouée par la machine. Si ce n'est pas le cas, un jeu peut ne pas fonctionner du tout, ou subit des problèmes de fluidité. Les ordinateurs, de par la constante évolution du matériel informatique, ont l'avantage de la puissance face aux autres machines de jeu, surtout du côté des graphiques de jeu. En outre, les ordinateurs permettent de jouer à des jeux dont les machines ont aujourd'hui disparu via le biais d'émulateurs. Par exemple, MAME émule de nombreuses machines d'arcade et permet ainsi de jouer à de vieux jeux tels que Pong ou bien Space Invaders.
24
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+ Après les premières tentatives de périphérique de contrôle, la plupart des jeux vidéo sur console de salon et ordinateur se sont tournés respectivement vers les manettes de jeu et le duo clavier/souris qui resteront pendant longtemps les périphériques les plus utilisés[5].
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+ Certains jeux peuvent également utiliser des contrôleurs dédiés, sans toutefois restreindre leur utilisation par le biais des trois contrôleurs courants, le clavier, la souris, et la manette de jeu. Par exemple, les joysticks et les volants, certains à retour de force, sont utilisés pour améliorer l'expérience de jeu des simulateurs de vols et des jeux de courses, sans être indispensables.
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29
+ Enfin, certains jeux sont dédiés à certains contrôleurs spécifiques. C'est le cas depuis plusieurs années pour certains des jeux sur bornes d'arcade. Ainsi les jeux de rythme nécessitent un tapis de danse, et les jeux de tir fonctionnent avec des pistolets laser ou optiques.
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+
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+ Des expériences commerciales utilisant des contrôleurs originaux standardisés sont entreprises. Les dernières consoles portables de Nintendo : la Nintendo DS et la Nintendo 3DS ainsi que l'ensemble de leurs jeux utilisent un écran tactile et un microphone. Les manettes des consoles Wii (Wiimote), Wii U (Wiimote), PlayStation 3, PS4 (Sixaxis, PlayStation Move) et Xbox 360 (Kinect) se servent des mouvements du joueur pour interagir avec le jeu, en plus de leurs utilisations classiques.
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+ L'industrie propose également de regrouper plusieurs technologies sur un seul périphérique comme c'est le cas avec la DualShock 4[6].
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+ Les jeux vidéo restituent l'information par le biais de l'image et du son. L'affichage s'effectue principalement sur du matériel existant, comme la télévision pour les consoles de salon, ou les moniteurs d'ordinateur, éventuellement au moyen d'une sortie vidéo (pour affichage sur grand écran, par exemple). Le rendu sonore du jeu est retransmis via des haut-parleurs externes, ou une sortie audio vers un dispositif d'amplification externe (chaîne hi-fi, par exemple).
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+ Ces dernières années, des jeux de réalité virtuelle sont apparus grâce à de nouveaux périphériques, tel l'EyeToy sur PlayStation 2, rendant possibles ensuite des jeux en réalité augmentée comme EyePet. La notion de réalité virtuelle dans le jeu vidéo est approfondie en 2010 avec l'apparition de Kinect et du PlayStation Move.
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+ Les dispositifs de réalité virtuelle, quant à eux, se développent avec l'apparition de l'Oculus Rift et du Project Morpheus de Sony.
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+ De nos jours, la plupart des éditeurs tiers (indépendant des constructeurs) publient leurs titres sur plusieurs plateformes. Cela tient à des raisons techniques (le rapprochement technologique entre les machines) et à des raisons industrielles (l'augmentation du coût moyen de production). Malgré tout, chaque constructeur (Sony, Nintendo, Microsoft) a intérêt à proposer des titres exclusifs de qualité pour valoriser ses machines. Ils le font à travers des productions internes ou en passant des accords avec des éditeurs tiers. Ainsi, ce sont souvent les exclusifs qui font le succès et la renommée d'une machine[7].
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+ Jusqu'au milieu des années 2000, la distribution de jeux vidéo se faisait majoritairement sous forme traditionnelle, par le biais d’hyper-spécialistes (tels que Fnac ou Virgin), d'enseignes spécialisées (comme Game ou Micromania) ou de la grande distribution (Auchan, Carrefour, etc.). Puis, poussées par l'engouement du public pour Internet et l'achat en ligne, certaines enseignes se sont mises à distribuer en ligne des jeux vidéo dématérialisés en téléchargement direct, parfois à des prix plus attractifs que les circuits de distribution traditionnels (un nombre restreint d'intermédiaires dans la chaîne de commercialisation permettant des rabais) :
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+ D'abord considérée comme dangereuse pour les intérêts des éditeurs et concepteurs de jeux vidéo (risque de piratage élevé, difficulté à contrôler le marché), la distribution numérique de jeux vidéo s'installe progressivement dans le paysage vidéoludique, et se démocratise notamment avec la plate-forme Steam.
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+ L'industrie vidéoludique génère actuellement un revenu plus important que celui du cinéma[1] et ceci depuis 1997. En 2017, le revenu global était de plus de 120 milliards de dollars[8], et 4,3 milliards d'euros en France[9]. En 2012, le chiffre d'affaires mondial de l'industrie atteint 60 milliards de dollars selon le SNJV (Syndicat National du Jeu vidéo). L'industrie vidéoludique serait ainsi la première industrie culturelle dans le monde. Le jeu le plus coûteux de l'histoire (fin 2013), GTA V, a coûté 270 millions de dollars (moitié production, moitié marketing) soit l'ordre de grandeur d'un blockbuster hollywoodien. Le développement d'un jeu vidéo aujourd'hui est extrêmement coûteux et peut nécessiter des équipes de développement travaillant sur le jeu sur de nombreuses années. Il est donc risqué et difficile pour les studios de générer du bénéfice. À cela s'ajoute le fait que le studio ne reçoit qu'un faible pourcentage du coût de revient d'un jeu - 35 % allant à la grande distribution, 51 % à l'éditeur (dont environ 22 % au constructeur de la console) et 14 % au studio[10].
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+ Bien que des créateurs comme Éric Chahi ou Jordan Mechner ont démontré qu'il est possible de créer un jeu par soi-même, aujourd'hui la création d'un jeu nécessite le plus souvent la collaboration de nombreux corps de métiers très spécialisés. Cela inclut : graphistes, musiciens, animateurs, programmeurs, ainsi que des métiers spécifiques au jeu vidéo tel que game designer. L'industrie du jeu vidéo employait ainsi plus de 10 000 personnes en France en 2008 avec plus de 430 entreprises implantées[11].
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+ Les jeux vidéo sont généralement créés par des équipes de développeurs, de différents corps de métiers :
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+ En France, l'Association des producteurs d'œuvres multimédia (APOM) estime à 5 000 le nombre d'emplois directs dans le secteur du jeu vidéo en 1998 contre 3 000 en 2002 et 1 500 en 2006.
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+ Les principaux genres du jeu vidéo sont (par ordre alphabétique) :
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+ La définition du jeu vidéo entre 1990 et 2000 a été floue ; elle a été définie comme une « œuvre logiciel », puis comme une « œuvre audiovisuelle »[13]. Avec l’arrêt jurisprudentiel de 2009 (arrêt Cryo)[14] :
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+
59
+ « Le jeu vidéo est une œuvre complexe, qui ne saurait être réduite à sa seule dimension logicielle, quelle que soit l’importance de celle-ci, de sorte que chacune de ses composantes est soumise au régime qui lui est applicable en fonction de sa nature »
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+
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+ Le jeu vidéo est donc juridiquement la cohabitation de différents éléments, graphiques, musicaux, narratifs[13].
62
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63
+ Le jeu vidéo est considéré comme une « œuvre de l'esprit », qui est donc protégée par le droit d'auteur mais elle reste défini variablement en droit français, d'une part, par sa nature comme une « œuvre audiovisuelle » ou « œuvre logicielle », d'autre part, en fonction de son processus de création comme « œuvre de collaboration » ou « œuvre collective »[15]. De plus, le code de la propriété intellectuelle n'y fait pas spécifiquement référence[15].
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+ Le jeu vidéo comme loisir et phénomène de masse soulève des interrogations et des critiques. Le jeu vidéo est à l'échelle de l'histoire des sociétés humaines une activité récente, les parents d'enfants nés dans les années 1990 n'ont pour la plupart jamais joué à ce type de jeu dans leur enfance ou adolescence.
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+ Il existe depuis plusieurs années tout un débat sur le rapport du jeu vidéo à l'art[16]. Certains n'hésitent pas à en faire une discipline artistique comme les autres, avec ses qualités propres. C'est en particulier la position d'Olivier Séguret, critique au journal Libération, qui se bat pour faire reconnaître au jeu vidéo sa portée artistique, notamment par l'établissement de parallèles avec l'histoire du cinéma[17]. Ou encore de quelques auteurs comme Nic Kelman (en), qui tentent d'apporter de nouvelles visions concernant les jeux vidéo, en proposant à leurs lecteurs de reconsidérer leur propre définition de l'Art en tant que tel.
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+
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+ Le jeu vidéo s'inscrit depuis longtemps dans la culture des sociétés contemporaines. Si l'industrie du jeu vidéo connaît ses produits grand public et purement commerciaux, certains représentent des titres considérés comme des œuvres d'art par la critique, à l'instar de Rez sur Dreamcast, des créations du français David Cage ou encore des jeux Myst et Riven des frères Miller.
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+ La conception de l'art vidéoludique se heurte à des visions plus traditionnelles de la nature de l'art[non neutre], pour lesquelles le ludique (caractéristique du jeu vidéo) exclut l'artistique[réf. nécessaire]. Le fait même de jouer à un jeu vidéo signifierait l'impossibilité d'entretenir un rapport avec lui tel qu'il est possible d'avoir avec une œuvre de cinéma ou de peinture. Pourtant il existe une relation émotionnelle, qui, par extension, serait également artistique[18]. Toutefois, le débat reste ouvert, la conception du jeu vidéo géant Paix contre guerre (sur écran de 100 m2) par le peintre plasticien Bernard Quentin en 1995, la création du Musée du jeu vidéo à Paris, et la décoration de l'Ordre des Arts et des Lettres décernée par le ministère de la culture à plusieurs figures importantes du jeu vidéo (Frédérick Raynal, Michel Ancel, Shigeru Miyamoto ou encore Peter Molyneux) sont autant de premiers pas dans la reconnaissance officielle du jeu vidéo en tant qu'art.
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+ Le 10 mai 2011, la Fondation Nationale américaine pour les Arts modifie ses directives en changeant la mention « Arts à la radio et à la télévision » en « Arts dans les médias », rendant de fait les jeux vidéo éligibles explicitement et officiellement à l'appellation d’œuvre d'art[19],[20].
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+ Du 11 novembre 2011 au 9 janvier 2012 est organisée au Grand Palais à Paris une exposition retraçant l'évolution du jeu vidéo depuis ses débuts. Présentant plusieurs jeux marquants jouables par les visiteurs, l'exposition s'axe avant tout autour de l'aspect culturel et artistique du jeu vidéo, comme l'annonce la présentation : « Au-delà de l’esthétique et de la technique, l’histoire du jeu vidéo est aussi une histoire culturelle des nouveaux imaginaires contemporains nés de la rencontre entre des fonds culturels des États-Unis, du Japon et de l’Europe, et plus spécifiquement de la France qui occupe un rang majeur dans ce domaine. À travers des supports de création aussi divers que le cinéma, le dessin animé européen, la bande dessinée franco-belge, les comics américains, les mangas japonais, l’« anime » japonaise, les séries télévisées américaines, de nouveaux univers se sont créés. Ils sont autant de sources pour le jeu vidéo qui en retour les inspire »[21].
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+ En mars 2013, le Museum of Modern Art de New York ouvre une exposition permanente présentant 14 jeux aussi bien anciens que récents, retenus sur différents critères d'ordre esthétiques, visuels, sonores ou technologiques. Les mécaniques de jeu, le scénario ou encore la liberté d'action sont aussi pris en compte dans le choix de cette sélection[22]. À terme, la collection doit réunir 40 œuvres présentées au sein des galeries du MoMA dans la collection « Architecture et Design ». Les titres retenus sont Pac-Man, Tetris, Another World, Myst, SimCity 2000, Vib-Ribbon, Les Sims, Katamari Damacy, EVE Online, Dwarf Fortress, Portal, flOw, Passage et Canabalt.
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+ Du 25 septembre 2015 au 6 mars 2016, le Musée Art Ludique présente, à Paris, la première grande exposition au monde consacrée à l’art dans le jeu vidéo et à son inspiration française. Cette exposition met en avant le travail préparatoire des artistes, à travers de nombreux concept art, des esquisses au crayon, des peintures ou des sculptures traditionnelles et numériques. Le Musée axe sa thématique sur la richesse esthétique de l'architecture et des univers dans le jeu vidéo, la diversité graphique des personnages qui peuplent ces mondes virtuels, la magie et la féerie qui touchent un large public. Sont ainsi mis à l'honneur Assassin's Creed, Remember me, Dishonored, The Technomancer, Les Lapins Crétins ou encore Rayman ; ainsi que des jeux plus indépendants comme Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre, Syberia, Of Orcs and Men, Wild et Child of Light. L'exposition met aussi en lumière les passerelles qui existent entre le jeu vidéo et le 7e art, notamment dans Beyond: Two Souls. Le fondateur du musée Art Ludique, Jean-Jacques Launier, déclare à propos de l'exposition, que le jeu vidéo « incarne l’Art Total. Il fait appel au dessin, à la peinture, à la sculpture, à la création d’univers entiers et de centaines de personnages par jeu, à la mise en scène, à l’animation, au scénario, à la musique, et bien sûr à la conception d’un mode de jeu destiné à transcender l’interactivité. » Emmanuel Ethis, président du Haut conseil de l'Éducation artistique et culturelle, renchérit à l'occasion de l'exposition : « le jeu vidéo est bien un art total, car s’il est ludique par nature, il porte aussi l’ambition souveraine de s’inscrire dans une histoire connotée, diaprée de correspondances et de références à tous les arts qui l’ont précédé »[23],[24],[25].
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+ Depuis quelques années, certaines universités proposent dans leurs programmes l'étude du jeu vidéo comme discipline pédagogique. Depuis l'automne 2011, l'Université de Montréal possède une mineure en études du jeu vidéo. Cette initiative, menée par Bernard Perron, professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, se base sur des initiatives européennes. Selon Bernard Perron, le jeu vidéo est « officiellement reconnu en France comme le 10e art depuis 1993 »[26]. Mais ce n’est vraiment que depuis le début du XXIe siècle que l’étude du jeu vidéo est considérée comme une pratique sérieuse[27],[28].
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+ Contrairement à la littérature et au cinéma, le jeu vidéo sous-entend tout d’abord un investissement personnel. Les joueurs ne se contentent pas de discuter de la valeur du jeu et de son appréciation. Ils échangent aussi abondamment à propos des différentes manières de vaincre un monstre ou de traverser un niveau en particulier.
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+ À l’université, les considérations par rapport au jeu vidéo vont au-delà de celles des joueurs. Par exemple, il est question de l’implication du joueur, des répercussions cognitives, ou encore des rapports de performance.
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+ Certains jeux vidéo peuvent susciter l’inquiétude en raison de leur aspect chronophage, un enfant ou adolescent de 8 à 18 ans passant en moyenne en 2010 quatre heures par jour devant un ordinateur ou à jouer aux jeux vidéo[29]. Comment gérer ce difficile problème du temps de jeu ? Il n’y a pas de temps de jeu « idéal », même si l’Académie américaine de pédiatrie recommande de ne pas dépasser deux heures par jour devant un écran[30].
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+ L’idée selon laquelle il existe un volume de jeu horaire idéal n’est ni prouvée, ni particulièrement judicieuse pour contrôler l’activité du joueur sur le jeu. En effet, si la limite de deux heures de jeu par jour est parfois avancée, rien ne prouve qu’elle garantisse une pratique adéquate du jeu, ni qu’au-delà de cette limite, la pratique devienne réellement problématique. Ici, comme ailleurs, tout dépend de la personnalité du joueur et de l’environnement social dans lequel il évolue.
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91
+ Le critère le plus approprié pour déterminer le seuil de « nocivité » d’un jeu vidéo sur le joueur est sans doute la perte de lien social qu’une pratique excessive du jeu est susceptible d’entraîner. L’amoindrissement des relations avec les autres membres de la famille, les amis, les collègues est un indicateur plus pertinent pour juger du caractère excessif de la pratique du jeu. Il est donc fortement recommandé de ne pas s’arrêter à une limite horaire excessivement réduite et inflexible lorsque vous fixez les règles de jeu qui s’imposent à votre enfant.
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93
+ Si certains jeux comportent un système de coupure, qui interrompt le jeu après une certaine durée, et qui peut être fixée par les parents, cette solution est loin d’être idéale dans la mesure où l’interruption brutale du jeu peut être mal vécue par le joueur, qui n’a pas le temps de sauvegarder sa partie, ou dont les efforts pour accomplir le but qu’il s’est fixé (mener à bien une mission par exemple) sont ainsi réduits à néant. La frustration ainsi engendrée par cette interruption brutale du jeu peut faire naître chez le joueur une certaine agressivité. Ainsi, si vous désirez recourir à cette méthode pour limiter la durée passée devant le jeu, il est recommandé d’informer votre enfant de l’activation de ce système de coupure et de veiller à ce qu’il soit prévenu suffisamment tôt de la coupure à venir, afin de sauvegarder le fruit de son travail[31].
94
+
95
+ Cet aspect chronophage est un des éléments de la sédentarité impliqué dans l'obésité et le surpoids infantile qui touche un enfant sur 5 en Europe et un enfant sur 3 aux États-Unis[32]. L'utilisation de l'exergaming (en) (mot portemanteau à partir des termes anglais exercise, exercice physique, et gaming, jeu vidéo) qui vise à jouer à des jeux vidéo dynamiques associés aux exercices physiques (tel Dance Dance Revolution), afin d'aider les enfants à maigrir, a fait l'objet de plusieurs études scientifiques, certaines montrant un effet bénéfique important (à savoir se rapprocher des niveaux d'exercice recommandés) de ce type de jeux[33], d'autres un impact faible[34], et d'autres ne montrant aucun impact[35].
96
+
97
+ Le niveau de violence de certains jeux vidéo est l'objet de critiques récurrentes. Le risque qu'elle débouche sur une augmentation des actes de violence dans la vie quotidienne est régulièrement étudié[36]. La plupart des études n'ont trouvé aucun lien entre violence virtuelle et violence réelle[37],[38],[39],[40]. Certaines soulignent néanmoins une corrélation avec une agressivité accrue parmi les joueurs[41].
98
+
99
+ Ces études sont sujettes à controverse du fait d'enjeux moraux, religieux et politiques[réf. souhaitée]. Pour Laurent Trémel, elles sont souvent artificielles : « en amalgamant par exemple la pratique très occasionnelle d'une lycéenne issue d'un milieu aisé qui fera un puzzle sur son portable entre deux messages adressés à ses copines à celle d'un adolescent de milieu populaire en voie de déscolarisation qui passe dix heures par jour à jouer à un jeu de course automobile seul sur sa console, on fait l'inverse de ce qu'il faudrait faire dans une perspective sociologique »[42].
100
+
101
+ Dans les années 1990, alors que les jeux vidéo devenaient de plus en plus réalistes dans leurs graphismes, plusieurs systèmes de classifications ont été mis en place à travers le monde. Leur but est de protéger les mineurs et d'informer les parents en attribuant à chaque jeu un âge limite en dessous duquel le jeu est formellement déconseillé. Ces organismes ont aussi généralement le pouvoir d'interdire la vente de jeux qu'ils jugent immoraux en refusant de les classifier. En effet, en l'absence de classification, un jeu n'a pas le droit d'être mis en vente. Ainsi, l'OFLC d'Australie refuse régulièrement la classification de certains jeux tel que Manhunt ou Soldier of Fortune: Payback[43].
102
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103
+ Les consoles de dernière génération (Wii, Wii U, Switch,PS4, Xbox One X, PSP, PSVITA, DSi et 3DS) disposent d'un système de contrôle parental permettant d'empêcher la lecture de jeux déconseillés en dessous d'un certain âge. Les ordinateurs équipés de Windows Vista et Windows 7 disposent nativement d'un système de contrôle parental, permettant de définir des plages horaires, et permettant également d'interdire l'utilisation de certains jeux[44].
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105
+ L'utilisation de jeux vidéo peut provoquer des crises d'épilepsie. Néanmoins, ce risque semble fortement lié aux sujets épileptiques photosensibles sans pour autant exclure totalement les autres sujets épileptiques. Les progrès techniques des consoles de jeux vidéo et des téléviseurs ont fortement contribué à réduire le risque de provoquer une crise d'épilepsie, notamment grâce à des fréquences de balayage de plus en plus élevées, des couleurs moins contrastées et plus naturelles, et une meilleure définition d'image[45]. Certains sujets épileptiques ignorent leur état jusqu'à ce qu'il leur soit révélé lors d'une partie[46]. Il est recommandé aux sujets épileptiques de ne pas jouer plus de 30 minutes aux jeux vidéo et de faire des pauses entre chaque session : les crises d'épilepsie pouvant être induites non seulement par la nature même du jeu vidéo (essentiellement chez les sujets épileptiques photosensibles), mais également par la fatigue et le stress induits par de longues parties[45],[47].
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107
+ Le conseil PEGI est un organisme créé pour la protection des mineurs au sujet des jeux vidéo en Europe.
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+ Le label PEGI est un label dont peuvent disposer les éditeurs mais qui est devenu obligatoire pour un jeu commercialisé en Europe. Aujourd’hui, plus de 19 000 jeux possède ce label PEGI. Mais afin de disposer de celui-ci, ils doivent compléter un formulaire d’évaluation et de déclaration du contenu. Ce formulaire possède la forme d’un questionnaire dans lequel il doit rendre compte rendu du jeu en question en précisant les éléments susceptibles ou non de heurter la sensibilité du joueur. En effet, PEGI ne jouant pas forcément aux différents jeux, les éditeurs doivent répondre à des questions bien précises afin que PEGI puisse en donner un résultat judicieux et donner une classe d’âge associé aux pictogrammes correspondants. Cette petite vignette correspondant à une limite minimum d’âge auquel le joueur peut jouer sans heurter sa sensibilité[48].
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+
111
+ Par la suite PEGI laisse le travail à ses administrateurs indépendants qui effectuent une deuxième vérification de la classification. Il en existe deux :
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+ Après ces démarches, un bilan du jeu est effectué et l’éditeur reçoit une licence qui l’autorise à appliquer le label PEGI, le pictogramme sur la jaquette du jeu.
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115
+ PEGI est composé de trois administrateurs indépendants qui sont : NICAM, VSC ainsi que ISFE. Mais le PEGI est également un système autonome, divisé en plusieurs conseils et comités où chacun possède un rôle bien précis. De ce fait, il existe un conseil d'administration qui se situe au cœur du PEGI, qui regroupe de nombreux acteurs du marché du jeu vidéo tels que les fabricants de consoles de jeu, les éditeurs de jeux… et qui gère avec le directeur général les activités quotidiennes du PEGI.
116
+
117
+ PEGI, travaille par ailleurs, avec un groupe d’experts et une commission juridique qui s’occupent d’adapter celui-ci à la législation des différents pays pour s’assurer d’une bonne mise en application des dispositions du code de conduite du PEGI et de la classification.
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+
119
+ Les jeux vidéo ont des effets directs sur les capacités mentales et physiques des joueurs, que ce soit des réflexes plus accrus, un développement de l'empathie ou encore l'amélioration des capacités de traitement des informations en images[49]. En 2003, une étude suisse portant sur les éventuels effets néfastes pour les yeux a constaté que l'attention visuelle des joueurs fatigue moins vite que celle des non joueurs. Les joueurs arrivent également a appréhender un plus grand nombre d'objets d'un seul coup d'oeil. Par ailleurs, leur attention visuelle est plus efficace, en vision périphérique comme centrale. Enfin, ils parviennent plus rapidement à recentrer leur attention. La pratique régulière de jeux vidéo d'actions donc améliorerait globalement l'attention visuelle sélective[49]. De fait, les jeux vidéo sont parfois utilisés en tant que thérapie médicale ou par les militaires dans le but d’entraîner leurs recrues.
120
+
121
+ Une étude confirme en 2020 ces conclusions. Selon Daphné Bavelier, étudiante de la plasticité cérébrale à l'université de Rochester aux États-Unis, certains jeux tels que Halo, Call of Duty ou Unreal Tournament ont un effet très visible sur les capacités cognitives des joueurs. Les jeux vidéos d'actions permettraient aux joueurs de développer une meilleure capacité d'attention, ils se fatiguent moins vite et possèdent une meilleure capacité de réaction. De plus, les joueurs de jeux d'action obtiennent des meilleurs résultats aux tests d'acuité visuelle, ils sont capables de lire des textes plus petits et sont plus sensibles aux changements de contrastes[50].
122
+
123
+ Certains jeux nécessitant des interactions physiques, par l'intermédiaire de tapis de danse ou de capture de mouvement par une caméra, permettent également de pratiquer une activité sportive régulière et sont parfois préconisés pour les enfants atteints de surpoids[réf. nécessaire]. Ainsi l'université de West Virginia a étudié un groupe de 35 enfants obèses et leur a demandé de jouer à Dance Dance Revolution qui se joue à l'aide d'un tapis de danse. Ils ont constaté que, sans même changer leur régime, les enfants ont réduit leur prise de poids de façon significative[51]. Aujourd'hui, Nintendo tente d'exploiter ce domaine et développe des jeux d'exercice physique, comme Wii Fit[52].
124
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+ L'entreprise Bluelinea a créé une manette permettant de jouer a l'aide de sa bouche, à destination des joueurs tétraplégiques par exemple. Son prix est encore élevé (environ 1 400 euros). Un reportage du média Konbini, réalisé en 2019, a montré qu'un enfant tétraplégique pouvait retrouver certaines facultés perdues, comme l'aspiration[53].
126
+
127
+ De même, en 2018 est commercialisé le Xbox Adaptive Controller (en) (en français, « manette adaptative Xbox »), conçu principalement pour répondre aux besoins des joueurs à mobilité réduite[54]. Il s'agit d'un concentrateur unifié de périphériques rendant les jeux plus accessibles. Développé depuis le début par des partenariats importants avec les organismes AbleGamers (en), The Cerebral Palsy Foundation SpecialEffect et Warfighter Engaged, le porjet a bénéficié des apports de ses groupes pour développer les fonctionnalités adaptées aux différentes motricités.
128
+
129
+ Dans les années 1990, l'armée des États-Unis a modifié le jeu Doom II dans le but d’entraîner ses troupes. Le jeu était utilisé pour améliorer les talents de visée et le temps de réaction des recrues[55]. Plus récemment, des outils immersifs de réalité virtuelle ont été développés pour traiter certains troubles psychologiques comme l'agoraphobie ou l'acrophobie. Ces simulateurs reposent sur des technologies qui ont été développées à l'origine pour les jeux vidéo[56].
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+
131
+ Les jeux vidéo sont aussi utilisés comme source d'intérêt dans certains didacticiels. Les jeux vidéo éducatifs, que l'on assimile généralement à des logiciels pour l'éveil des tout petits ou comme supports pédagogiques destinés aux enfants, ont donné naissance plus récemment à des jeux éducatifs « pour adultes » connu principalement sous le nom de serious game dont l'intérêt est de transmettre un savoir-faire de manière ludique[57].
132
+
133
+ Selon Learning and Teaching Scotland, jouer au Programme d'entraînement cérébral du Dr Kawashima améliore les capacités de calcul mental du joueur. Pendant neuf semaines, deux groupes d'écoliers ont été étudiés : le premier devait jouer au Programme d'entraînement cérébral pendant 20 minutes tous les jours, tandis que le second apprenait via des méthodes traditionnelles. À la fin de l'expérience, les deux groupes avaient progressé mais celui qui s'était entraîné grâce au jeu s'était amélioré de 50 % de plus[Quoi ?][58].
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+
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+ D’après une étude allemande de 2014, jouer aux jeux vidéo présenterait des bénéfices secondaires. Cela permettrait de développer la substance grise. Simone Kühn de l'institut Max Planck et ses collègues ont invité 48 adultes non adeptes des jeux vidéo à jouer au moins 30 minutes par jour pendant deux mois au jeu Super Mario 64, qui fait notamment appel à l’orientation spatiale. Le joueur pouvait naviguer en utilisant la vision subjective (comme s’il était lui-même le personnage fictif) ou alors une vue d’ensemble. En comparant le scanner cérébral avant et après l’entraînement, les chercheurs observent une augmentation de la matière grise dans le cortex cérébral, l’hippocampe et le cervelet. Ces évolutions permettraient une plus grande aisance à se repérer dans l’espace en jonglant plus facilement entre vues subjective et objective, une meilleure coordination, rapidité et précision dans l’exécution des tâches de motricité. Cette expérience semble donc démontrer une fois de plus que le cerveau n’est pas une entité immuable, mais qu'il est au contraire en mesure de modifier sa structure pour s’adapter aux exigences de son environnement. Les auteurs évoquent la possibilité d’une utilisation préventive, voire thérapeutique du jeu vidéo. Il pourrait en effet freiner le développement de certaines maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer[59].
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+
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+ Les chercheurs utilisent des casques de réalité virtuelle (VR) pour confronter des patients à leurs peurs et les aider à les surmonter. Exposer le patient de façon renouvelée et contrôlée à sa peur permet de la guérir. Il peut choisir lui-même sa progression. Conscient que la situation n’est pas réelle, il lui est plus simple de porter le casque de son propre chef.
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+ La vertu principale de la VR est que le sujet devient acteur et n’est plus spectateur. Aux États-Unis le chercheur Daniel Hoffman, directeur du centre de réalité virtuelle à Washington, imagine SpiderWorld, monde virtuel pour combattre l’arachnophobie d’une patiente. L’autre application de la VR est de soigner la douleur et la réduire chez les grands brûlés. Avec SnowWorld, monde enneigé créé par ce même chercheur permet aux patients de mieux ignorer ou supporter leurs souffrances[60].
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+ La VR nourrit néanmoins les craintes de certains spécialistes[Lesquels ?]. L'usager connaîtrait une désensibilisation en n'étant plus affecté ni atteint par les actes de violence. Préparer des soldats virtuellement à des scènes de combat pourrait mener à une absence d’émotions ou de compassion. Aussi, la VR est personnalisée en fonction des individus grâce à l'oculométrie dans le but de collecter les données des usagers. La question de cette collecte d'informations personnelles, étant liée à la protection de la vie privée, alimente les débats autour des nouvelles technologies. Un des effets cognitifs de la VR est l’altération de perception de la réalité, réduisant les capacités physiques et sociales[61].
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+ Un jeu vidéo est un jeu électronique doté d'une interface utilisateur permettant une interaction humaine ludique en générant un retour visuel sur un dispositif vidéo. Le joueur de jeu vidéo dispose de périphériques pour agir sur le jeu et percevoir les conséquences de ses actes sur un environnement virtuel. Le mot « vidéo » dans le jeu vidéo fait traditionnellement référence à un dispositif d'affichage de trame, mais, à la suite de la vulgarisation du terme, il implique désormais tout type de dispositif d'affichage.
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+ Les systèmes électroniques utilisés pour jouer à des jeux vidéo, ou plates-formes, peuvent être aussi bien des ordinateurs de bureau que de petits appareils portables, tels la borne d'arcade, la console portable, l'ordinateur portable ou le smartphone. Les jeux vidéo spécialisés tels que les jeux d'arcade, auparavant communs, ont vu leur usage progressivement diminuer. Le jeu vidéo est aujourd'hui considéré comme une industrie et parfois envisagé comme une forme d'art.
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+ Les jeux vidéo utilisent comme périphérique d'entrée un contrôleur de jeu, qui varie selon les plates-formes. Un contrôleur peut ainsi être constitué d'un unique bouton et d'une manettes de jeu, ou disposer d'une douzaine de boutons et d'un ou plusieurs joystick. Les premiers jeux sur ordinateurs personnels requéraient souvent l'achat d'un joystick, tandis que les jeux modernes sur ordinateur permettent ou imposent au joueur d'utiliser un clavier et une souris simultanément.
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+ Dans les années 2010, de nouvelles méthodes d'entrée ont émergé, comme l'observation du joueur par caméra, la détection de mouvements de périphériques tenus en mains pour les consoles de jeux vidéo, ou les écrans tactiles sur les appareils mobiles. De même, de nouvelles formes de retours sont apparues : visuels, comme la vision 3D ou en relief (avec ou sans lunettes stéréoscopiques), tactiles, avec des terminaux vibrants (sièges, volants, etc.), ou pilotés (sièges inclinables simulant l’accélération, la rotation et le freinage d'un engin).
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+ Selon la définition que l'on accepte du jeu vidéo, son histoire peut commencer aux alentours de 1950 avec l'idée de Ralph Baer ou bien en 1952 avec OXO, 1958 avec Tennis for Two de William Higinbotham, ou encore en 1962 avec Spacewar!, qui est la date la plus communément admise. Pong, en 1972, est quant à lui le premier jeu dont le gameplay est suffisamment accrocheur et addictif pour lui faire connaître le succès auprès du grand public.
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+ Si Pong n'a pas inventé le jeu vidéo, il a donné le coup d'envoi à l'industrie vidéoludique. Celle-ci connaît une croissance explosive et fébrile aux États-Unis, jusqu'en 1983 où elle subit un krach qui la fait migrer vers le Japon. C'est là qu'elle voit sa renaissance, notamment grâce à la NES de Nintendo et au jeu Super Mario Bros. en 1985, qui inaugure une nouvelle philosophie dans la conception des jeux vidéo : plus riches et ouverts à tous les publics.
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13
+ Depuis, le secteur du jeu vidéo est en croissance continue et, à partir de 2002, son chiffre d'affaires mondial atteint 10 G$, dépassant celui d'Hollywood[1].
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+ Parmi les personnages emblématiques du jeu vidéo, peuvent être cités : Alex Kidd, Crash Bandicoot, Donkey Kong, Kirby, Lara Croft, Link, Mario, Mega Man, Pac-Man, Pikachu, Rayman, Samus Aran, Solid Snake, Sonic[2].
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17
+ Différents types de systèmes sur lesquels le jeu vidéo se pratique coexistent, et de nombreux jeux sont dorénavant disponibles sur ces plates-formes. Les consoles de jeux, les bornes d'arcade et les ordinateurs, en sont les trois principaux vecteurs. Les plates-formes portables ont débuté avec le jeu électronique individuel sur Game and Watch, de petites consoles portables dédiées à un seul jeu, aujourd'hui pratiquement disparues, supplantées par les consoles portables. Plus récemment, les téléphones portables, et notamment les smartphones, mais aussi les tablettes tactiles, sont devenus des supports adaptés à la pratique du jeu vidéo, certains étant conçus pour répondre aux besoins des joueurs[3].
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+ Les consoles de jeux vidéo sont des systèmes informatiques dédiés au jeu vidéo. À la différence d'un ordinateur, une console utilise un matériel dédié, qui ne peut être que rarement amélioré. Communément, les consoles de salon se branchent sur un téléviseur et sont vendues en standard avec une manette de jeu, bien qu'il soit possible d'adjoindre d'autres périphériques voire des jeux dans des paquetages promotionnels. Les consoles portables, en plus de leur autonomie d'énergie, disposent de l'ensemble des périphériques interactifs intégrés dans le boîtier nomade. Les jeux sont développés en tenant compte des capacités de la machine, et sont ensuite mis à disposition sur le support numérique qu'elle utilise.
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+
21
+ Les bornes d'arcade sont des systèmes prévus pour fonctionner dans des lieux en libre accès. Une borne se compose classiquement d'un monnayeur et de périphériques robustes. Les premiers types de bornes d'arcade étaient des bornes dédiées qui ne contenaient qu'un seul jeu indissociable de ladite borne. Cependant, dans les années 1980, SNK introduisit un nouveau type de borne, le MVS qui permettait à l'opérateur de la borne de changer le jeu simplement en intervertissant une cartouche de jeu[4]. Cela devint par la suite très courant. Par exemple, les bornes d'arcade Sega ou Capcom étaient et sont toujours basées sur un système similaire.
22
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23
+ Les ordinateurs sont des plates-formes informatiques hétérogènes qu'il est possible de trouver et de faire évoluer vers différentes puissances. Ils ne sont pas spécialement prévus pour jouer, mais de par leur modularité certaines configurations se prêtent aux jeux, parfois par l'adjonction de matériel dédié comme une carte graphique ou un périphérique de contrôle particulier. Les jeux sont ainsi conseillés pour être utilisés sur un ensemble particulier de configurations pour faire coïncider la puissance demandée par le jeu avec la puissance allouée par la machine. Si ce n'est pas le cas, un jeu peut ne pas fonctionner du tout, ou subit des problèmes de fluidité. Les ordinateurs, de par la constante évolution du matériel informatique, ont l'avantage de la puissance face aux autres machines de jeu, surtout du côté des graphiques de jeu. En outre, les ordinateurs permettent de jouer à des jeux dont les machines ont aujourd'hui disparu via le biais d'émulateurs. Par exemple, MAME émule de nombreuses machines d'arcade et permet ainsi de jouer à de vieux jeux tels que Pong ou bien Space Invaders.
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+ Après les premières tentatives de périphérique de contrôle, la plupart des jeux vidéo sur console de salon et ordinateur se sont tournés respectivement vers les manettes de jeu et le duo clavier/souris qui resteront pendant longtemps les périphériques les plus utilisés[5].
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+
27
+ Certains jeux peuvent également utiliser des contrôleurs dédiés, sans toutefois restreindre leur utilisation par le biais des trois contrôleurs courants, le clavier, la souris, et la manette de jeu. Par exemple, les joysticks et les volants, certains à retour de force, sont utilisés pour améliorer l'expérience de jeu des simulateurs de vols et des jeux de courses, sans être indispensables.
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+
29
+ Enfin, certains jeux sont dédiés à certains contrôleurs spécifiques. C'est le cas depuis plusieurs années pour certains des jeux sur bornes d'arcade. Ainsi les jeux de rythme nécessitent un tapis de danse, et les jeux de tir fonctionnent avec des pistolets laser ou optiques.
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+
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+ Des expériences commerciales utilisant des contrôleurs originaux standardisés sont entreprises. Les dernières consoles portables de Nintendo : la Nintendo DS et la Nintendo 3DS ainsi que l'ensemble de leurs jeux utilisent un écran tactile et un microphone. Les manettes des consoles Wii (Wiimote), Wii U (Wiimote), PlayStation 3, PS4 (Sixaxis, PlayStation Move) et Xbox 360 (Kinect) se servent des mouvements du joueur pour interagir avec le jeu, en plus de leurs utilisations classiques.
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+
33
+ L'industrie propose également de regrouper plusieurs technologies sur un seul périphérique comme c'est le cas avec la DualShock 4[6].
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+
35
+ Les jeux vidéo restituent l'information par le biais de l'image et du son. L'affichage s'effectue principalement sur du matériel existant, comme la télévision pour les consoles de salon, ou les moniteurs d'ordinateur, éventuellement au moyen d'une sortie vidéo (pour affichage sur grand écran, par exemple). Le rendu sonore du jeu est retransmis via des haut-parleurs externes, ou une sortie audio vers un dispositif d'amplification externe (chaîne hi-fi, par exemple).
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+
37
+ Ces dernières années, des jeux de réalité virtuelle sont apparus grâce à de nouveaux périphériques, tel l'EyeToy sur PlayStation 2, rendant possibles ensuite des jeux en réalité augmentée comme EyePet. La notion de réalité virtuelle dans le jeu vidéo est approfondie en 2010 avec l'apparition de Kinect et du PlayStation Move.
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+
39
+ Les dispositifs de réalité virtuelle, quant à eux, se développent avec l'apparition de l'Oculus Rift et du Project Morpheus de Sony.
40
+
41
+ De nos jours, la plupart des éditeurs tiers (indépendant des constructeurs) publient leurs titres sur plusieurs plateformes. Cela tient à des raisons techniques (le rapprochement technologique entre les machines) et à des raisons industrielles (l'augmentation du coût moyen de production). Malgré tout, chaque constructeur (Sony, Nintendo, Microsoft) a intérêt à proposer des titres exclusifs de qualité pour valoriser ses machines. Ils le font à travers des productions internes ou en passant des accords avec des éditeurs tiers. Ainsi, ce sont souvent les exclusifs qui font le succès et la renommée d'une machine[7].
42
+
43
+ Jusqu'au milieu des années 2000, la distribution de jeux vidéo se faisait majoritairement sous forme traditionnelle, par le biais d’hyper-spécialistes (tels que Fnac ou Virgin), d'enseignes spécialisées (comme Game ou Micromania) ou de la grande distribution (Auchan, Carrefour, etc.). Puis, poussées par l'engouement du public pour Internet et l'achat en ligne, certaines enseignes se sont mises à distribuer en ligne des jeux vidéo dématérialisés en téléchargement direct, parfois à des prix plus attractifs que les circuits de distribution traditionnels (un nombre restreint d'intermédiaires dans la chaîne de commercialisation permettant des rabais) :
44
+
45
+ D'abord considérée comme dangereuse pour les intérêts des éditeurs et concepteurs de jeux vidéo (risque de piratage élevé, difficulté à contrôler le marché), la distribution numérique de jeux vidéo s'installe progressivement dans le paysage vidéoludique, et se démocratise notamment avec la plate-forme Steam.
46
+
47
+ L'industrie vidéoludique génère actuellement un revenu plus important que celui du cinéma[1] et ceci depuis 1997. En 2017, le revenu global était de plus de 120 milliards de dollars[8], et 4,3 milliards d'euros en France[9]. En 2012, le chiffre d'affaires mondial de l'industrie atteint 60 milliards de dollars selon le SNJV (Syndicat National du Jeu vidéo). L'industrie vidéoludique serait ainsi la première industrie culturelle dans le monde. Le jeu le plus coûteux de l'histoire (fin 2013), GTA V, a coûté 270 millions de dollars (moitié production, moitié marketing) soit l'ordre de grandeur d'un blockbuster hollywoodien. Le développement d'un jeu vidéo aujourd'hui est extrêmement coûteux et peut nécessiter des équipes de développement travaillant sur le jeu sur de nombreuses années. Il est donc risqué et difficile pour les studios de générer du bénéfice. À cela s'ajoute le fait que le studio ne reçoit qu'un faible pourcentage du coût de revient d'un jeu - 35 % allant à la grande distribution, 51 % à l'éditeur (dont environ 22 % au constructeur de la console) et 14 % au studio[10].
48
+
49
+ Bien que des créateurs comme Éric Chahi ou Jordan Mechner ont démontré qu'il est possible de créer un jeu par soi-même, aujourd'hui la création d'un jeu nécessite le plus souvent la collaboration de nombreux corps de métiers très spécialisés. Cela inclut : graphistes, musiciens, animateurs, programmeurs, ainsi que des métiers spécifiques au jeu vidéo tel que game designer. L'industrie du jeu vidéo employait ainsi plus de 10 000 personnes en France en 2008 avec plus de 430 entreprises implantées[11].
50
+
51
+ Les jeux vidéo sont généralement créés par des équipes de développeurs, de différents corps de métiers :
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+ En France, l'Association des producteurs d'œuvres multimédia (APOM) estime à 5 000 le nombre d'emplois directs dans le secteur du jeu vidéo en 1998 contre 3 000 en 2002 et 1 500 en 2006.
54
+
55
+ Les principaux genres du jeu vidéo sont (par ordre alphabétique) :
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57
+ La définition du jeu vidéo entre 1990 et 2000 a été floue ; elle a été définie comme une « œuvre logiciel », puis comme une « œuvre audiovisuelle »[13]. Avec l’arrêt jurisprudentiel de 2009 (arrêt Cryo)[14] :
58
+
59
+ « Le jeu vidéo est une œuvre complexe, qui ne saurait être réduite à sa seule dimension logicielle, quelle que soit l’importance de celle-ci, de sorte que chacune de ses composantes est soumise au régime qui lui est applicable en fonction de sa nature »
60
+
61
+ Le jeu vidéo est donc juridiquement la cohabitation de différents éléments, graphiques, musicaux, narratifs[13].
62
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+ Le jeu vidéo est considéré comme une « œuvre de l'esprit », qui est donc protégée par le droit d'auteur mais elle reste défini variablement en droit français, d'une part, par sa nature comme une « œuvre audiovisuelle » ou « œuvre logicielle », d'autre part, en fonction de son processus de création comme « œuvre de collaboration » ou « œuvre collective »[15]. De plus, le code de la propriété intellectuelle n'y fait pas spécifiquement référence[15].
64
+
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+ Le jeu vidéo comme loisir et phénomène de masse soulève des interrogations et des critiques. Le jeu vidéo est à l'échelle de l'histoire des sociétés humaines une activité récente, les parents d'enfants nés dans les années 1990 n'ont pour la plupart jamais joué à ce type de jeu dans leur enfance ou adolescence.
66
+
67
+ Il existe depuis plusieurs années tout un débat sur le rapport du jeu vidéo à l'art[16]. Certains n'hésitent pas à en faire une discipline artistique comme les autres, avec ses qualités propres. C'est en particulier la position d'Olivier Séguret, critique au journal Libération, qui se bat pour faire reconnaître au jeu vidéo sa portée artistique, notamment par l'établissement de parallèles avec l'histoire du cinéma[17]. Ou encore de quelques auteurs comme Nic Kelman (en), qui tentent d'apporter de nouvelles visions concernant les jeux vidéo, en proposant à leurs lecteurs de reconsidérer leur propre définition de l'Art en tant que tel.
68
+
69
+ Le jeu vidéo s'inscrit depuis longtemps dans la culture des sociétés contemporaines. Si l'industrie du jeu vidéo connaît ses produits grand public et purement commerciaux, certains représentent des titres considérés comme des œuvres d'art par la critique, à l'instar de Rez sur Dreamcast, des créations du français David Cage ou encore des jeux Myst et Riven des frères Miller.
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+
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+ La conception de l'art vidéoludique se heurte à des visions plus traditionnelles de la nature de l'art[non neutre], pour lesquelles le ludique (caractéristique du jeu vidéo) exclut l'artistique[réf. nécessaire]. Le fait même de jouer à un jeu vidéo signifierait l'impossibilité d'entretenir un rapport avec lui tel qu'il est possible d'avoir avec une œuvre de cinéma ou de peinture. Pourtant il existe une relation émotionnelle, qui, par extension, serait également artistique[18]. Toutefois, le débat reste ouvert, la conception du jeu vidéo géant Paix contre guerre (sur écran de 100 m2) par le peintre plasticien Bernard Quentin en 1995, la création du Musée du jeu vidéo à Paris, et la décoration de l'Ordre des Arts et des Lettres décernée par le ministère de la culture à plusieurs figures importantes du jeu vidéo (Frédérick Raynal, Michel Ancel, Shigeru Miyamoto ou encore Peter Molyneux) sont autant de premiers pas dans la reconnaissance officielle du jeu vidéo en tant qu'art.
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+ Le 10 mai 2011, la Fondation Nationale américaine pour les Arts modifie ses directives en changeant la mention « Arts à la radio et à la télévision » en « Arts dans les médias », rendant de fait les jeux vidéo éligibles explicitement et officiellement à l'appellation d’œuvre d'art[19],[20].
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+ Du 11 novembre 2011 au 9 janvier 2012 est organisée au Grand Palais à Paris une exposition retraçant l'évolution du jeu vidéo depuis ses débuts. Présentant plusieurs jeux marquants jouables par les visiteurs, l'exposition s'axe avant tout autour de l'aspect culturel et artistique du jeu vidéo, comme l'annonce la présentation : « Au-delà de l’esthétique et de la technique, l’histoire du jeu vidéo est aussi une histoire culturelle des nouveaux imaginaires contemporains nés de la rencontre entre des fonds culturels des États-Unis, du Japon et de l’Europe, et plus spécifiquement de la France qui occupe un rang majeur dans ce domaine. À travers des supports de création aussi divers que le cinéma, le dessin animé européen, la bande dessinée franco-belge, les comics américains, les mangas japonais, l’« anime » japonaise, les séries télévisées américaines, de nouveaux univers se sont créés. Ils sont autant de sources pour le jeu vidéo qui en retour les inspire »[21].
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+ En mars 2013, le Museum of Modern Art de New York ouvre une exposition permanente présentant 14 jeux aussi bien anciens que récents, retenus sur différents critères d'ordre esthétiques, visuels, sonores ou technologiques. Les mécaniques de jeu, le scénario ou encore la liberté d'action sont aussi pris en compte dans le choix de cette sélection[22]. À terme, la collection doit réunir 40 œuvres présentées au sein des galeries du MoMA dans la collection « Architecture et Design ». Les titres retenus sont Pac-Man, Tetris, Another World, Myst, SimCity 2000, Vib-Ribbon, Les Sims, Katamari Damacy, EVE Online, Dwarf Fortress, Portal, flOw, Passage et Canabalt.
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+ Du 25 septembre 2015 au 6 mars 2016, le Musée Art Ludique présente, à Paris, la première grande exposition au monde consacrée à l’art dans le jeu vidéo et à son inspiration française. Cette exposition met en avant le travail préparatoire des artistes, à travers de nombreux concept art, des esquisses au crayon, des peintures ou des sculptures traditionnelles et numériques. Le Musée axe sa thématique sur la richesse esthétique de l'architecture et des univers dans le jeu vidéo, la diversité graphique des personnages qui peuplent ces mondes virtuels, la magie et la féerie qui touchent un large public. Sont ainsi mis à l'honneur Assassin's Creed, Remember me, Dishonored, The Technomancer, Les Lapins Crétins ou encore Rayman ; ainsi que des jeux plus indépendants comme Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre, Syberia, Of Orcs and Men, Wild et Child of Light. L'exposition met aussi en lumière les passerelles qui existent entre le jeu vidéo et le 7e art, notamment dans Beyond: Two Souls. Le fondateur du musée Art Ludique, Jean-Jacques Launier, déclare à propos de l'exposition, que le jeu vidéo « incarne l’Art Total. Il fait appel au dessin, à la peinture, à la sculpture, à la création d’univers entiers et de centaines de personnages par jeu, à la mise en scène, à l’animation, au scénario, à la musique, et bien sûr à la conception d’un mode de jeu destiné à transcender l’interactivité. » Emmanuel Ethis, président du Haut conseil de l'Éducation artistique et culturelle, renchérit à l'occasion de l'exposition : « le jeu vidéo est bien un art total, car s’il est ludique par nature, il porte aussi l’ambition souveraine de s’inscrire dans une histoire connotée, diaprée de correspondances et de références à tous les arts qui l’ont précédé »[23],[24],[25].
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+ Depuis quelques années, certaines universités proposent dans leurs programmes l'étude du jeu vidéo comme discipline pédagogique. Depuis l'automne 2011, l'Université de Montréal possède une mineure en études du jeu vidéo. Cette initiative, menée par Bernard Perron, professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, se base sur des initiatives européennes. Selon Bernard Perron, le jeu vidéo est « officiellement reconnu en France comme le 10e art depuis 1993 »[26]. Mais ce n’est vraiment que depuis le début du XXIe siècle que l’étude du jeu vidéo est considérée comme une pratique sérieuse[27],[28].
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+ Contrairement à la littérature et au cinéma, le jeu vidéo sous-entend tout d’abord un investissement personnel. Les joueurs ne se contentent pas de discuter de la valeur du jeu et de son appréciation. Ils échangent aussi abondamment à propos des différentes manières de vaincre un monstre ou de traverser un niveau en particulier.
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+ À l’université, les considérations par rapport au jeu vidéo vont au-delà de celles des joueurs. Par exemple, il est question de l’implication du joueur, des répercussions cognitives, ou encore des rapports de performance.
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+ Certains jeux vidéo peuvent susciter l’inquiétude en raison de leur aspect chronophage, un enfant ou adolescent de 8 à 18 ans passant en moyenne en 2010 quatre heures par jour devant un ordinateur ou à jouer aux jeux vidéo[29]. Comment gérer ce difficile problème du temps de jeu ? Il n’y a pas de temps de jeu « idéal », même si l’Académie américaine de pédiatrie recommande de ne pas dépasser deux heures par jour devant un écran[30].
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+ L’idée selon laquelle il existe un volume de jeu horaire idéal n’est ni prouvée, ni particulièrement judicieuse pour contrôler l’activité du joueur sur le jeu. En effet, si la limite de deux heures de jeu par jour est parfois avancée, rien ne prouve qu’elle garantisse une pratique adéquate du jeu, ni qu’au-delà de cette limite, la pratique devienne réellement problématique. Ici, comme ailleurs, tout dépend de la personnalité du joueur et de l’environnement social dans lequel il évolue.
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+ Le critère le plus approprié pour déterminer le seuil de « nocivité » d’un jeu vidéo sur le joueur est sans doute la perte de lien social qu’une pratique excessive du jeu est susceptible d’entraîner. L’amoindrissement des relations avec les autres membres de la famille, les amis, les collègues est un indicateur plus pertinent pour juger du caractère excessif de la pratique du jeu. Il est donc fortement recommandé de ne pas s’arrêter à une limite horaire excessivement réduite et inflexible lorsque vous fixez les règles de jeu qui s’imposent à votre enfant.
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+ Si certains jeux comportent un système de coupure, qui interrompt le jeu après une certaine durée, et qui peut être fixée par les parents, cette solution est loin d’être idéale dans la mesure où l’interruption brutale du jeu peut être mal vécue par le joueur, qui n’a pas le temps de sauvegarder sa partie, ou dont les efforts pour accomplir le but qu’il s’est fixé (mener à bien une mission par exemple) sont ainsi réduits à néant. La frustration ainsi engendrée par cette interruption brutale du jeu peut faire naître chez le joueur une certaine agressivité. Ainsi, si vous désirez recourir à cette méthode pour limiter la durée passée devant le jeu, il est recommandé d’informer votre enfant de l’activation de ce système de coupure et de veiller à ce qu’il soit prévenu suffisamment tôt de la coupure à venir, afin de sauvegarder le fruit de son travail[31].
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+ Cet aspect chronophage est un des éléments de la sédentarité impliqué dans l'obésité et le surpoids infantile qui touche un enfant sur 5 en Europe et un enfant sur 3 aux États-Unis[32]. L'utilisation de l'exergaming (en) (mot portemanteau à partir des termes anglais exercise, exercice physique, et gaming, jeu vidéo) qui vise à jouer à des jeux vidéo dynamiques associés aux exercices physiques (tel Dance Dance Revolution), afin d'aider les enfants à maigrir, a fait l'objet de plusieurs études scientifiques, certaines montrant un effet bénéfique important (à savoir se rapprocher des niveaux d'exercice recommandés) de ce type de jeux[33], d'autres un impact faible[34], et d'autres ne montrant aucun impact[35].
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97
+ Le niveau de violence de certains jeux vidéo est l'objet de critiques récurrentes. Le risque qu'elle débouche sur une augmentation des actes de violence dans la vie quotidienne est régulièrement étudié[36]. La plupart des études n'ont trouvé aucun lien entre violence virtuelle et violence réelle[37],[38],[39],[40]. Certaines soulignent néanmoins une corrélation avec une agressivité accrue parmi les joueurs[41].
98
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99
+ Ces études sont sujettes à controverse du fait d'enjeux moraux, religieux et politiques[réf. souhaitée]. Pour Laurent Trémel, elles sont souvent artificielles : « en amalgamant par exemple la pratique très occasionnelle d'une lycéenne issue d'un milieu aisé qui fera un puzzle sur son portable entre deux messages adressés à ses copines à celle d'un adolescent de milieu populaire en voie de déscolarisation qui passe dix heures par jour à jouer à un jeu de course automobile seul sur sa console, on fait l'inverse de ce qu'il faudrait faire dans une perspective sociologique »[42].
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101
+ Dans les années 1990, alors que les jeux vidéo devenaient de plus en plus réalistes dans leurs graphismes, plusieurs systèmes de classifications ont été mis en place à travers le monde. Leur but est de protéger les mineurs et d'informer les parents en attribuant à chaque jeu un âge limite en dessous duquel le jeu est formellement déconseillé. Ces organismes ont aussi généralement le pouvoir d'interdire la vente de jeux qu'ils jugent immoraux en refusant de les classifier. En effet, en l'absence de classification, un jeu n'a pas le droit d'être mis en vente. Ainsi, l'OFLC d'Australie refuse régulièrement la classification de certains jeux tel que Manhunt ou Soldier of Fortune: Payback[43].
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103
+ Les consoles de dernière génération (Wii, Wii U, Switch,PS4, Xbox One X, PSP, PSVITA, DSi et 3DS) disposent d'un système de contrôle parental permettant d'empêcher la lecture de jeux déconseillés en dessous d'un certain âge. Les ordinateurs équipés de Windows Vista et Windows 7 disposent nativement d'un système de contrôle parental, permettant de définir des plages horaires, et permettant également d'interdire l'utilisation de certains jeux[44].
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105
+ L'utilisation de jeux vidéo peut provoquer des crises d'épilepsie. Néanmoins, ce risque semble fortement lié aux sujets épileptiques photosensibles sans pour autant exclure totalement les autres sujets épileptiques. Les progrès techniques des consoles de jeux vidéo et des téléviseurs ont fortement contribué à réduire le risque de provoquer une crise d'épilepsie, notamment grâce à des fréquences de balayage de plus en plus élevées, des couleurs moins contrastées et plus naturelles, et une meilleure définition d'image[45]. Certains sujets épileptiques ignorent leur état jusqu'à ce qu'il leur soit révélé lors d'une partie[46]. Il est recommandé aux sujets épileptiques de ne pas jouer plus de 30 minutes aux jeux vidéo et de faire des pauses entre chaque session : les crises d'épilepsie pouvant être induites non seulement par la nature même du jeu vidéo (essentiellement chez les sujets épileptiques photosensibles), mais également par la fatigue et le stress induits par de longues parties[45],[47].
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+ Le conseil PEGI est un organisme créé pour la protection des mineurs au sujet des jeux vidéo en Europe.
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+ Le label PEGI est un label dont peuvent disposer les éditeurs mais qui est devenu obligatoire pour un jeu commercialisé en Europe. Aujourd’hui, plus de 19 000 jeux possède ce label PEGI. Mais afin de disposer de celui-ci, ils doivent compléter un formulaire d’évaluation et de déclaration du contenu. Ce formulaire possède la forme d’un questionnaire dans lequel il doit rendre compte rendu du jeu en question en précisant les éléments susceptibles ou non de heurter la sensibilité du joueur. En effet, PEGI ne jouant pas forcément aux différents jeux, les éditeurs doivent répondre à des questions bien précises afin que PEGI puisse en donner un résultat judicieux et donner une classe d’âge associé aux pictogrammes correspondants. Cette petite vignette correspondant à une limite minimum d’âge auquel le joueur peut jouer sans heurter sa sensibilité[48].
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+
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+ Par la suite PEGI laisse le travail à ses administrateurs indépendants qui effectuent une deuxième vérification de la classification. Il en existe deux :
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+ Après ces démarches, un bilan du jeu est effectué et l’éditeur reçoit une licence qui l’autorise à appliquer le label PEGI, le pictogramme sur la jaquette du jeu.
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+ PEGI est composé de trois administrateurs indépendants qui sont : NICAM, VSC ainsi que ISFE. Mais le PEGI est également un système autonome, divisé en plusieurs conseils et comités où chacun possède un rôle bien précis. De ce fait, il existe un conseil d'administration qui se situe au cœur du PEGI, qui regroupe de nombreux acteurs du marché du jeu vidéo tels que les fabricants de consoles de jeu, les éditeurs de jeux… et qui gère avec le directeur général les activités quotidiennes du PEGI.
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+ PEGI, travaille par ailleurs, avec un groupe d’experts et une commission juridique qui s’occupent d’adapter celui-ci à la législation des différents pays pour s’assurer d’une bonne mise en application des dispositions du code de conduite du PEGI et de la classification.
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+ Les jeux vidéo ont des effets directs sur les capacités mentales et physiques des joueurs, que ce soit des réflexes plus accrus, un développement de l'empathie ou encore l'amélioration des capacités de traitement des informations en images[49]. En 2003, une étude suisse portant sur les éventuels effets néfastes pour les yeux a constaté que l'attention visuelle des joueurs fatigue moins vite que celle des non joueurs. Les joueurs arrivent également a appréhender un plus grand nombre d'objets d'un seul coup d'oeil. Par ailleurs, leur attention visuelle est plus efficace, en vision périphérique comme centrale. Enfin, ils parviennent plus rapidement à recentrer leur attention. La pratique régulière de jeux vidéo d'actions donc améliorerait globalement l'attention visuelle sélective[49]. De fait, les jeux vidéo sont parfois utilisés en tant que thérapie médicale ou par les militaires dans le but d’entraîner leurs recrues.
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+ Une étude confirme en 2020 ces conclusions. Selon Daphné Bavelier, étudiante de la plasticité cérébrale à l'université de Rochester aux États-Unis, certains jeux tels que Halo, Call of Duty ou Unreal Tournament ont un effet très visible sur les capacités cognitives des joueurs. Les jeux vidéos d'actions permettraient aux joueurs de développer une meilleure capacité d'attention, ils se fatiguent moins vite et possèdent une meilleure capacité de réaction. De plus, les joueurs de jeux d'action obtiennent des meilleurs résultats aux tests d'acuité visuelle, ils sont capables de lire des textes plus petits et sont plus sensibles aux changements de contrastes[50].
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+ Certains jeux nécessitant des interactions physiques, par l'intermédiaire de tapis de danse ou de capture de mouvement par une caméra, permettent également de pratiquer une activité sportive régulière et sont parfois préconisés pour les enfants atteints de surpoids[réf. nécessaire]. Ainsi l'université de West Virginia a étudié un groupe de 35 enfants obèses et leur a demandé de jouer à Dance Dance Revolution qui se joue à l'aide d'un tapis de danse. Ils ont constaté que, sans même changer leur régime, les enfants ont réduit leur prise de poids de façon significative[51]. Aujourd'hui, Nintendo tente d'exploiter ce domaine et développe des jeux d'exercice physique, comme Wii Fit[52].
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+ L'entreprise Bluelinea a créé une manette permettant de jouer a l'aide de sa bouche, à destination des joueurs tétraplégiques par exemple. Son prix est encore élevé (environ 1 400 euros). Un reportage du média Konbini, réalisé en 2019, a montré qu'un enfant tétraplégique pouvait retrouver certaines facultés perdues, comme l'aspiration[53].
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+ De même, en 2018 est commercialisé le Xbox Adaptive Controller (en) (en français, « manette adaptative Xbox »), conçu principalement pour répondre aux besoins des joueurs à mobilité réduite[54]. Il s'agit d'un concentrateur unifié de périphériques rendant les jeux plus accessibles. Développé depuis le début par des partenariats importants avec les organismes AbleGamers (en), The Cerebral Palsy Foundation SpecialEffect et Warfighter Engaged, le porjet a bénéficié des apports de ses groupes pour développer les fonctionnalités adaptées aux différentes motricités.
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+ Dans les années 1990, l'armée des États-Unis a modifié le jeu Doom II dans le but d’entraîner ses troupes. Le jeu était utilisé pour améliorer les talents de visée et le temps de réaction des recrues[55]. Plus récemment, des outils immersifs de réalité virtuelle ont été développés pour traiter certains troubles psychologiques comme l'agoraphobie ou l'acrophobie. Ces simulateurs reposent sur des technologies qui ont été développées à l'origine pour les jeux vidéo[56].
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+ Les jeux vidéo sont aussi utilisés comme source d'intérêt dans certains didacticiels. Les jeux vidéo éducatifs, que l'on assimile généralement à des logiciels pour l'éveil des tout petits ou comme supports pédagogiques destinés aux enfants, ont donné naissance plus récemment à des jeux éducatifs « pour adultes » connu principalement sous le nom de serious game dont l'intérêt est de transmettre un savoir-faire de manière ludique[57].
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+ Selon Learning and Teaching Scotland, jouer au Programme d'entraînement cérébral du Dr Kawashima améliore les capacités de calcul mental du joueur. Pendant neuf semaines, deux groupes d'écoliers ont été étudiés : le premier devait jouer au Programme d'entraînement cérébral pendant 20 minutes tous les jours, tandis que le second apprenait via des méthodes traditionnelles. À la fin de l'expérience, les deux groupes avaient progressé mais celui qui s'était entraîné grâce au jeu s'était amélioré de 50 % de plus[Quoi ?][58].
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+ D’après une étude allemande de 2014, jouer aux jeux vidéo présenterait des bénéfices secondaires. Cela permettrait de développer la substance grise. Simone Kühn de l'institut Max Planck et ses collègues ont invité 48 adultes non adeptes des jeux vidéo à jouer au moins 30 minutes par jour pendant deux mois au jeu Super Mario 64, qui fait notamment appel à l’orientation spatiale. Le joueur pouvait naviguer en utilisant la vision subjective (comme s’il était lui-même le personnage fictif) ou alors une vue d’ensemble. En comparant le scanner cérébral avant et après l’entraînement, les chercheurs observent une augmentation de la matière grise dans le cortex cérébral, l’hippocampe et le cervelet. Ces évolutions permettraient une plus grande aisance à se repérer dans l’espace en jonglant plus facilement entre vues subjective et objective, une meilleure coordination, rapidité et précision dans l’exécution des tâches de motricité. Cette expérience semble donc démontrer une fois de plus que le cerveau n’est pas une entité immuable, mais qu'il est au contraire en mesure de modifier sa structure pour s’adapter aux exigences de son environnement. Les auteurs évoquent la possibilité d’une utilisation préventive, voire thérapeutique du jeu vidéo. Il pourrait en effet freiner le développement de certaines maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer[59].
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+ Les chercheurs utilisent des casques de réalité virtuelle (VR) pour confronter des patients à leurs peurs et les aider à les surmonter. Exposer le patient de façon renouvelée et contrôlée à sa peur permet de la guérir. Il peut choisir lui-même sa progression. Conscient que la situation n’est pas réelle, il lui est plus simple de porter le casque de son propre chef.
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+ La vertu principale de la VR est que le sujet devient acteur et n’est plus spectateur. Aux États-Unis le chercheur Daniel Hoffman, directeur du centre de réalité virtuelle à Washington, imagine SpiderWorld, monde virtuel pour combattre l’arachnophobie d’une patiente. L’autre application de la VR est de soigner la douleur et la réduire chez les grands brûlés. Avec SnowWorld, monde enneigé créé par ce même chercheur permet aux patients de mieux ignorer ou supporter leurs souffrances[60].
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+ La VR nourrit néanmoins les craintes de certains spécialistes[Lesquels ?]. L'usager connaîtrait une désensibilisation en n'étant plus affecté ni atteint par les actes de violence. Préparer des soldats virtuellement à des scènes de combat pourrait mener à une absence d’émotions ou de compassion. Aussi, la VR est personnalisée en fonction des individus grâce à l'oculométrie dans le but de collecter les données des usagers. La question de cette collecte d'informations personnelles, étant liée à la protection de la vie privée, alimente les débats autour des nouvelles technologies. Un des effets cognitifs de la VR est l’altération de perception de la réalité, réduisant les capacités physiques et sociales[61].
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+ Un jeu vidéo est un jeu électronique doté d'une interface utilisateur permettant une interaction humaine ludique en générant un retour visuel sur un dispositif vidéo. Le joueur de jeu vidéo dispose de périphériques pour agir sur le jeu et percevoir les conséquences de ses actes sur un environnement virtuel. Le mot « vidéo » dans le jeu vidéo fait traditionnellement référence à un dispositif d'affichage de trame, mais, à la suite de la vulgarisation du terme, il implique désormais tout type de dispositif d'affichage.
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+ Les systèmes électroniques utilisés pour jouer à des jeux vidéo, ou plates-formes, peuvent être aussi bien des ordinateurs de bureau que de petits appareils portables, tels la borne d'arcade, la console portable, l'ordinateur portable ou le smartphone. Les jeux vidéo spécialisés tels que les jeux d'arcade, auparavant communs, ont vu leur usage progressivement diminuer. Le jeu vidéo est aujourd'hui considéré comme une industrie et parfois envisagé comme une forme d'art.
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+ Les jeux vidéo utilisent comme périphérique d'entrée un contrôleur de jeu, qui varie selon les plates-formes. Un contrôleur peut ainsi être constitué d'un unique bouton et d'une manettes de jeu, ou disposer d'une douzaine de boutons et d'un ou plusieurs joystick. Les premiers jeux sur ordinateurs personnels requéraient souvent l'achat d'un joystick, tandis que les jeux modernes sur ordinateur permettent ou imposent au joueur d'utiliser un clavier et une souris simultanément.
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+ Dans les années 2010, de nouvelles méthodes d'entrée ont émergé, comme l'observation du joueur par caméra, la détection de mouvements de périphériques tenus en mains pour les consoles de jeux vidéo, ou les écrans tactiles sur les appareils mobiles. De même, de nouvelles formes de retours sont apparues : visuels, comme la vision 3D ou en relief (avec ou sans lunettes stéréoscopiques), tactiles, avec des terminaux vibrants (sièges, volants, etc.), ou pilotés (sièges inclinables simulant l’accélération, la rotation et le freinage d'un engin).
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9
+ Selon la définition que l'on accepte du jeu vidéo, son histoire peut commencer aux alentours de 1950 avec l'idée de Ralph Baer ou bien en 1952 avec OXO, 1958 avec Tennis for Two de William Higinbotham, ou encore en 1962 avec Spacewar!, qui est la date la plus communément admise. Pong, en 1972, est quant à lui le premier jeu dont le gameplay est suffisamment accrocheur et addictif pour lui faire connaître le succès auprès du grand public.
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+ Si Pong n'a pas inventé le jeu vidéo, il a donné le coup d'envoi à l'industrie vidéoludique. Celle-ci connaît une croissance explosive et fébrile aux États-Unis, jusqu'en 1983 où elle subit un krach qui la fait migrer vers le Japon. C'est là qu'elle voit sa renaissance, notamment grâce à la NES de Nintendo et au jeu Super Mario Bros. en 1985, qui inaugure une nouvelle philosophie dans la conception des jeux vidéo : plus riches et ouverts à tous les publics.
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+ Depuis, le secteur du jeu vidéo est en croissance continue et, à partir de 2002, son chiffre d'affaires mondial atteint 10 G$, dépassant celui d'Hollywood[1].
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+ Parmi les personnages emblématiques du jeu vidéo, peuvent être cités : Alex Kidd, Crash Bandicoot, Donkey Kong, Kirby, Lara Croft, Link, Mario, Mega Man, Pac-Man, Pikachu, Rayman, Samus Aran, Solid Snake, Sonic[2].
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+ Différents types de systèmes sur lesquels le jeu vidéo se pratique coexistent, et de nombreux jeux sont dorénavant disponibles sur ces plates-formes. Les consoles de jeux, les bornes d'arcade et les ordinateurs, en sont les trois principaux vecteurs. Les plates-formes portables ont débuté avec le jeu électronique individuel sur Game and Watch, de petites consoles portables dédiées à un seul jeu, aujourd'hui pratiquement disparues, supplantées par les consoles portables. Plus récemment, les téléphones portables, et notamment les smartphones, mais aussi les tablettes tactiles, sont devenus des supports adaptés à la pratique du jeu vidéo, certains étant conçus pour répondre aux besoins des joueurs[3].
18
+
19
+ Les consoles de jeux vidéo sont des systèmes informatiques dédiés au jeu vidéo. À la différence d'un ordinateur, une console utilise un matériel dédié, qui ne peut être que rarement amélioré. Communément, les consoles de salon se branchent sur un téléviseur et sont vendues en standard avec une manette de jeu, bien qu'il soit possible d'adjoindre d'autres périphériques voire des jeux dans des paquetages promotionnels. Les consoles portables, en plus de leur autonomie d'énergie, disposent de l'ensemble des périphériques interactifs intégrés dans le boîtier nomade. Les jeux sont développés en tenant compte des capacités de la machine, et sont ensuite mis à disposition sur le support numérique qu'elle utilise.
20
+
21
+ Les bornes d'arcade sont des systèmes prévus pour fonctionner dans des lieux en libre accès. Une borne se compose classiquement d'un monnayeur et de périphériques robustes. Les premiers types de bornes d'arcade étaient des bornes dédiées qui ne contenaient qu'un seul jeu indissociable de ladite borne. Cependant, dans les années 1980, SNK introduisit un nouveau type de borne, le MVS qui permettait à l'opérateur de la borne de changer le jeu simplement en intervertissant une cartouche de jeu[4]. Cela devint par la suite très courant. Par exemple, les bornes d'arcade Sega ou Capcom étaient et sont toujours basées sur un système similaire.
22
+
23
+ Les ordinateurs sont des plates-formes informatiques hétérogènes qu'il est possible de trouver et de faire évoluer vers différentes puissances. Ils ne sont pas spécialement prévus pour jouer, mais de par leur modularité certaines configurations se prêtent aux jeux, parfois par l'adjonction de matériel dédié comme une carte graphique ou un périphérique de contrôle particulier. Les jeux sont ainsi conseillés pour être utilisés sur un ensemble particulier de configurations pour faire coïncider la puissance demandée par le jeu avec la puissance allouée par la machine. Si ce n'est pas le cas, un jeu peut ne pas fonctionner du tout, ou subit des problèmes de fluidité. Les ordinateurs, de par la constante évolution du matériel informatique, ont l'avantage de la puissance face aux autres machines de jeu, surtout du côté des graphiques de jeu. En outre, les ordinateurs permettent de jouer à des jeux dont les machines ont aujourd'hui disparu via le biais d'émulateurs. Par exemple, MAME émule de nombreuses machines d'arcade et permet ainsi de jouer à de vieux jeux tels que Pong ou bien Space Invaders.
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+
25
+ Après les premières tentatives de périphérique de contrôle, la plupart des jeux vidéo sur console de salon et ordinateur se sont tournés respectivement vers les manettes de jeu et le duo clavier/souris qui resteront pendant longtemps les périphériques les plus utilisés[5].
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+
27
+ Certains jeux peuvent également utiliser des contrôleurs dédiés, sans toutefois restreindre leur utilisation par le biais des trois contrôleurs courants, le clavier, la souris, et la manette de jeu. Par exemple, les joysticks et les volants, certains à retour de force, sont utilisés pour améliorer l'expérience de jeu des simulateurs de vols et des jeux de courses, sans être indispensables.
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+
29
+ Enfin, certains jeux sont dédiés à certains contrôleurs spécifiques. C'est le cas depuis plusieurs années pour certains des jeux sur bornes d'arcade. Ainsi les jeux de rythme nécessitent un tapis de danse, et les jeux de tir fonctionnent avec des pistolets laser ou optiques.
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+
31
+ Des expériences commerciales utilisant des contrôleurs originaux standardisés sont entreprises. Les dernières consoles portables de Nintendo : la Nintendo DS et la Nintendo 3DS ainsi que l'ensemble de leurs jeux utilisent un écran tactile et un microphone. Les manettes des consoles Wii (Wiimote), Wii U (Wiimote), PlayStation 3, PS4 (Sixaxis, PlayStation Move) et Xbox 360 (Kinect) se servent des mouvements du joueur pour interagir avec le jeu, en plus de leurs utilisations classiques.
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+ L'industrie propose également de regrouper plusieurs technologies sur un seul périphérique comme c'est le cas avec la DualShock 4[6].
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+
35
+ Les jeux vidéo restituent l'information par le biais de l'image et du son. L'affichage s'effectue principalement sur du matériel existant, comme la télévision pour les consoles de salon, ou les moniteurs d'ordinateur, éventuellement au moyen d'une sortie vidéo (pour affichage sur grand écran, par exemple). Le rendu sonore du jeu est retransmis via des haut-parleurs externes, ou une sortie audio vers un dispositif d'amplification externe (chaîne hi-fi, par exemple).
36
+
37
+ Ces dernières années, des jeux de réalité virtuelle sont apparus grâce à de nouveaux périphériques, tel l'EyeToy sur PlayStation 2, rendant possibles ensuite des jeux en réalité augmentée comme EyePet. La notion de réalité virtuelle dans le jeu vidéo est approfondie en 2010 avec l'apparition de Kinect et du PlayStation Move.
38
+
39
+ Les dispositifs de réalité virtuelle, quant à eux, se développent avec l'apparition de l'Oculus Rift et du Project Morpheus de Sony.
40
+
41
+ De nos jours, la plupart des éditeurs tiers (indépendant des constructeurs) publient leurs titres sur plusieurs plateformes. Cela tient à des raisons techniques (le rapprochement technologique entre les machines) et à des raisons industrielles (l'augmentation du coût moyen de production). Malgré tout, chaque constructeur (Sony, Nintendo, Microsoft) a intérêt à proposer des titres exclusifs de qualité pour valoriser ses machines. Ils le font à travers des productions internes ou en passant des accords avec des éditeurs tiers. Ainsi, ce sont souvent les exclusifs qui font le succès et la renommée d'une machine[7].
42
+
43
+ Jusqu'au milieu des années 2000, la distribution de jeux vidéo se faisait majoritairement sous forme traditionnelle, par le biais d’hyper-spécialistes (tels que Fnac ou Virgin), d'enseignes spécialisées (comme Game ou Micromania) ou de la grande distribution (Auchan, Carrefour, etc.). Puis, poussées par l'engouement du public pour Internet et l'achat en ligne, certaines enseignes se sont mises à distribuer en ligne des jeux vidéo dématérialisés en téléchargement direct, parfois à des prix plus attractifs que les circuits de distribution traditionnels (un nombre restreint d'intermédiaires dans la chaîne de commercialisation permettant des rabais) :
44
+
45
+ D'abord considérée comme dangereuse pour les intérêts des éditeurs et concepteurs de jeux vidéo (risque de piratage élevé, difficulté à contrôler le marché), la distribution numérique de jeux vidéo s'installe progressivement dans le paysage vidéoludique, et se démocratise notamment avec la plate-forme Steam.
46
+
47
+ L'industrie vidéoludique génère actuellement un revenu plus important que celui du cinéma[1] et ceci depuis 1997. En 2017, le revenu global était de plus de 120 milliards de dollars[8], et 4,3 milliards d'euros en France[9]. En 2012, le chiffre d'affaires mondial de l'industrie atteint 60 milliards de dollars selon le SNJV (Syndicat National du Jeu vidéo). L'industrie vidéoludique serait ainsi la première industrie culturelle dans le monde. Le jeu le plus coûteux de l'histoire (fin 2013), GTA V, a coûté 270 millions de dollars (moitié production, moitié marketing) soit l'ordre de grandeur d'un blockbuster hollywoodien. Le développement d'un jeu vidéo aujourd'hui est extrêmement coûteux et peut nécessiter des équipes de développement travaillant sur le jeu sur de nombreuses années. Il est donc risqué et difficile pour les studios de générer du bénéfice. À cela s'ajoute le fait que le studio ne reçoit qu'un faible pourcentage du coût de revient d'un jeu - 35 % allant à la grande distribution, 51 % à l'éditeur (dont environ 22 % au constructeur de la console) et 14 % au studio[10].
48
+
49
+ Bien que des créateurs comme Éric Chahi ou Jordan Mechner ont démontré qu'il est possible de créer un jeu par soi-même, aujourd'hui la création d'un jeu nécessite le plus souvent la collaboration de nombreux corps de métiers très spécialisés. Cela inclut : graphistes, musiciens, animateurs, programmeurs, ainsi que des métiers spécifiques au jeu vidéo tel que game designer. L'industrie du jeu vidéo employait ainsi plus de 10 000 personnes en France en 2008 avec plus de 430 entreprises implantées[11].
50
+
51
+ Les jeux vidéo sont généralement créés par des équipes de développeurs, de différents corps de métiers :
52
+
53
+ En France, l'Association des producteurs d'œuvres multimédia (APOM) estime à 5 000 le nombre d'emplois directs dans le secteur du jeu vidéo en 1998 contre 3 000 en 2002 et 1 500 en 2006.
54
+
55
+ Les principaux genres du jeu vidéo sont (par ordre alphabétique) :
56
+
57
+ La définition du jeu vidéo entre 1990 et 2000 a été floue ; elle a été définie comme une « œuvre logiciel », puis comme une « œuvre audiovisuelle »[13]. Avec l’arrêt jurisprudentiel de 2009 (arrêt Cryo)[14] :
58
+
59
+ « Le jeu vidéo est une œuvre complexe, qui ne saurait être réduite à sa seule dimension logicielle, quelle que soit l’importance de celle-ci, de sorte que chacune de ses composantes est soumise au régime qui lui est applicable en fonction de sa nature »
60
+
61
+ Le jeu vidéo est donc juridiquement la cohabitation de différents éléments, graphiques, musicaux, narratifs[13].
62
+
63
+ Le jeu vidéo est considéré comme une « œuvre de l'esprit », qui est donc protégée par le droit d'auteur mais elle reste défini variablement en droit français, d'une part, par sa nature comme une « œuvre audiovisuelle » ou « œuvre logicielle », d'autre part, en fonction de son processus de création comme « œuvre de collaboration » ou « œuvre collective »[15]. De plus, le code de la propriété intellectuelle n'y fait pas spécifiquement référence[15].
64
+
65
+ Le jeu vidéo comme loisir et phénomène de masse soulève des interrogations et des critiques. Le jeu vidéo est à l'échelle de l'histoire des sociétés humaines une activité récente, les parents d'enfants nés dans les années 1990 n'ont pour la plupart jamais joué à ce type de jeu dans leur enfance ou adolescence.
66
+
67
+ Il existe depuis plusieurs années tout un débat sur le rapport du jeu vidéo à l'art[16]. Certains n'hésitent pas à en faire une discipline artistique comme les autres, avec ses qualités propres. C'est en particulier la position d'Olivier Séguret, critique au journal Libération, qui se bat pour faire reconnaître au jeu vidéo sa portée artistique, notamment par l'établissement de parallèles avec l'histoire du cinéma[17]. Ou encore de quelques auteurs comme Nic Kelman (en), qui tentent d'apporter de nouvelles visions concernant les jeux vidéo, en proposant à leurs lecteurs de reconsidérer leur propre définition de l'Art en tant que tel.
68
+
69
+ Le jeu vidéo s'inscrit depuis longtemps dans la culture des sociétés contemporaines. Si l'industrie du jeu vidéo connaît ses produits grand public et purement commerciaux, certains représentent des titres considérés comme des œuvres d'art par la critique, à l'instar de Rez sur Dreamcast, des créations du français David Cage ou encore des jeux Myst et Riven des frères Miller.
70
+
71
+ La conception de l'art vidéoludique se heurte à des visions plus traditionnelles de la nature de l'art[non neutre], pour lesquelles le ludique (caractéristique du jeu vidéo) exclut l'artistique[réf. nécessaire]. Le fait même de jouer à un jeu vidéo signifierait l'impossibilité d'entretenir un rapport avec lui tel qu'il est possible d'avoir avec une œuvre de cinéma ou de peinture. Pourtant il existe une relation émotionnelle, qui, par extension, serait également artistique[18]. Toutefois, le débat reste ouvert, la conception du jeu vidéo géant Paix contre guerre (sur écran de 100 m2) par le peintre plasticien Bernard Quentin en 1995, la création du Musée du jeu vidéo à Paris, et la décoration de l'Ordre des Arts et des Lettres décernée par le ministère de la culture à plusieurs figures importantes du jeu vidéo (Frédérick Raynal, Michel Ancel, Shigeru Miyamoto ou encore Peter Molyneux) sont autant de premiers pas dans la reconnaissance officielle du jeu vidéo en tant qu'art.
72
+
73
+ Le 10 mai 2011, la Fondation Nationale américaine pour les Arts modifie ses directives en changeant la mention « Arts à la radio et à la télévision » en « Arts dans les médias », rendant de fait les jeux vidéo éligibles explicitement et officiellement à l'appellation d’œuvre d'art[19],[20].
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+
75
+ Du 11 novembre 2011 au 9 janvier 2012 est organisée au Grand Palais à Paris une exposition retraçant l'évolution du jeu vidéo depuis ses débuts. Présentant plusieurs jeux marquants jouables par les visiteurs, l'exposition s'axe avant tout autour de l'aspect culturel et artistique du jeu vidéo, comme l'annonce la présentation : « Au-delà de l’esthétique et de la technique, l’histoire du jeu vidéo est aussi une histoire culturelle des nouveaux imaginaires contemporains nés de la rencontre entre des fonds culturels des États-Unis, du Japon et de l’Europe, et plus spécifiquement de la France qui occupe un rang majeur dans ce domaine. À travers des supports de création aussi divers que le cinéma, le dessin animé européen, la bande dessinée franco-belge, les comics américains, les mangas japonais, l’« anime » japonaise, les séries télévisées américaines, de nouveaux univers se sont créés. Ils sont autant de sources pour le jeu vidéo qui en retour les inspire »[21].
76
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77
+ En mars 2013, le Museum of Modern Art de New York ouvre une exposition permanente présentant 14 jeux aussi bien anciens que récents, retenus sur différents critères d'ordre esthétiques, visuels, sonores ou technologiques. Les mécaniques de jeu, le scénario ou encore la liberté d'action sont aussi pris en compte dans le choix de cette sélection[22]. À terme, la collection doit réunir 40 œuvres présentées au sein des galeries du MoMA dans la collection « Architecture et Design ». Les titres retenus sont Pac-Man, Tetris, Another World, Myst, SimCity 2000, Vib-Ribbon, Les Sims, Katamari Damacy, EVE Online, Dwarf Fortress, Portal, flOw, Passage et Canabalt.
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+ Du 25 septembre 2015 au 6 mars 2016, le Musée Art Ludique présente, à Paris, la première grande exposition au monde consacrée à l’art dans le jeu vidéo et à son inspiration française. Cette exposition met en avant le travail préparatoire des artistes, à travers de nombreux concept art, des esquisses au crayon, des peintures ou des sculptures traditionnelles et numériques. Le Musée axe sa thématique sur la richesse esthétique de l'architecture et des univers dans le jeu vidéo, la diversité graphique des personnages qui peuplent ces mondes virtuels, la magie et la féerie qui touchent un large public. Sont ainsi mis à l'honneur Assassin's Creed, Remember me, Dishonored, The Technomancer, Les Lapins Crétins ou encore Rayman ; ainsi que des jeux plus indépendants comme Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre, Syberia, Of Orcs and Men, Wild et Child of Light. L'exposition met aussi en lumière les passerelles qui existent entre le jeu vidéo et le 7e art, notamment dans Beyond: Two Souls. Le fondateur du musée Art Ludique, Jean-Jacques Launier, déclare à propos de l'exposition, que le jeu vidéo « incarne l’Art Total. Il fait appel au dessin, à la peinture, à la sculpture, à la création d’univers entiers et de centaines de personnages par jeu, à la mise en scène, à l’animation, au scénario, à la musique, et bien sûr à la conception d’un mode de jeu destiné à transcender l’interactivité. » Emmanuel Ethis, président du Haut conseil de l'Éducation artistique et culturelle, renchérit à l'occasion de l'exposition : « le jeu vidéo est bien un art total, car s’il est ludique par nature, il porte aussi l’ambition souveraine de s’inscrire dans une histoire connotée, diaprée de correspondances et de références à tous les arts qui l’ont précédé »[23],[24],[25].
80
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+ Depuis quelques années, certaines universités proposent dans leurs programmes l'étude du jeu vidéo comme discipline pédagogique. Depuis l'automne 2011, l'Université de Montréal possède une mineure en études du jeu vidéo. Cette initiative, menée par Bernard Perron, professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, se base sur des initiatives européennes. Selon Bernard Perron, le jeu vidéo est « officiellement reconnu en France comme le 10e art depuis 1993 »[26]. Mais ce n’est vraiment que depuis le début du XXIe siècle que l’étude du jeu vidéo est considérée comme une pratique sérieuse[27],[28].
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+
83
+ Contrairement à la littérature et au cinéma, le jeu vidéo sous-entend tout d’abord un investissement personnel. Les joueurs ne se contentent pas de discuter de la valeur du jeu et de son appréciation. Ils échangent aussi abondamment à propos des différentes manières de vaincre un monstre ou de traverser un niveau en particulier.
84
+
85
+ À l’université, les considérations par rapport au jeu vidéo vont au-delà de celles des joueurs. Par exemple, il est question de l’implication du joueur, des répercussions cognitives, ou encore des rapports de performance.
86
+
87
+ Certains jeux vidéo peuvent susciter l’inquiétude en raison de leur aspect chronophage, un enfant ou adolescent de 8 à 18 ans passant en moyenne en 2010 quatre heures par jour devant un ordinateur ou à jouer aux jeux vidéo[29]. Comment gérer ce difficile problème du temps de jeu ? Il n’y a pas de temps de jeu « idéal », même si l’Académie américaine de pédiatrie recommande de ne pas dépasser deux heures par jour devant un écran[30].
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89
+ L’idée selon laquelle il existe un volume de jeu horaire idéal n’est ni prouvée, ni particulièrement judicieuse pour contrôler l’activité du joueur sur le jeu. En effet, si la limite de deux heures de jeu par jour est parfois avancée, rien ne prouve qu’elle garantisse une pratique adéquate du jeu, ni qu’au-delà de cette limite, la pratique devienne réellement problématique. Ici, comme ailleurs, tout dépend de la personnalité du joueur et de l’environnement social dans lequel il évolue.
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91
+ Le critère le plus approprié pour déterminer le seuil de « nocivité » d’un jeu vidéo sur le joueur est sans doute la perte de lien social qu’une pratique excessive du jeu est susceptible d’entraîner. L’amoindrissement des relations avec les autres membres de la famille, les amis, les collègues est un indicateur plus pertinent pour juger du caractère excessif de la pratique du jeu. Il est donc fortement recommandé de ne pas s’arrêter à une limite horaire excessivement réduite et inflexible lorsque vous fixez les règles de jeu qui s’imposent à votre enfant.
92
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93
+ Si certains jeux comportent un système de coupure, qui interrompt le jeu après une certaine durée, et qui peut être fixée par les parents, cette solution est loin d’être idéale dans la mesure où l’interruption brutale du jeu peut être mal vécue par le joueur, qui n’a pas le temps de sauvegarder sa partie, ou dont les efforts pour accomplir le but qu’il s’est fixé (mener à bien une mission par exemple) sont ainsi réduits à néant. La frustration ainsi engendrée par cette interruption brutale du jeu peut faire naître chez le joueur une certaine agressivité. Ainsi, si vous désirez recourir à cette méthode pour limiter la durée passée devant le jeu, il est recommandé d’informer votre enfant de l’activation de ce système de coupure et de veiller à ce qu’il soit prévenu suffisamment tôt de la coupure à venir, afin de sauvegarder le fruit de son travail[31].
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+ Cet aspect chronophage est un des éléments de la sédentarité impliqué dans l'obésité et le surpoids infantile qui touche un enfant sur 5 en Europe et un enfant sur 3 aux États-Unis[32]. L'utilisation de l'exergaming (en) (mot portemanteau à partir des termes anglais exercise, exercice physique, et gaming, jeu vidéo) qui vise à jouer à des jeux vidéo dynamiques associés aux exercices physiques (tel Dance Dance Revolution), afin d'aider les enfants à maigrir, a fait l'objet de plusieurs études scientifiques, certaines montrant un effet bénéfique important (à savoir se rapprocher des niveaux d'exercice recommandés) de ce type de jeux[33], d'autres un impact faible[34], et d'autres ne montrant aucun impact[35].
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+ Le niveau de violence de certains jeux vidéo est l'objet de critiques récurrentes. Le risque qu'elle débouche sur une augmentation des actes de violence dans la vie quotidienne est régulièrement étudié[36]. La plupart des études n'ont trouvé aucun lien entre violence virtuelle et violence réelle[37],[38],[39],[40]. Certaines soulignent néanmoins une corrélation avec une agressivité accrue parmi les joueurs[41].
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99
+ Ces études sont sujettes à controverse du fait d'enjeux moraux, religieux et politiques[réf. souhaitée]. Pour Laurent Trémel, elles sont souvent artificielles : « en amalgamant par exemple la pratique très occasionnelle d'une lycéenne issue d'un milieu aisé qui fera un puzzle sur son portable entre deux messages adressés à ses copines à celle d'un adolescent de milieu populaire en voie de déscolarisation qui passe dix heures par jour à jouer à un jeu de course automobile seul sur sa console, on fait l'inverse de ce qu'il faudrait faire dans une perspective sociologique »[42].
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+ Dans les années 1990, alors que les jeux vidéo devenaient de plus en plus réalistes dans leurs graphismes, plusieurs systèmes de classifications ont été mis en place à travers le monde. Leur but est de protéger les mineurs et d'informer les parents en attribuant à chaque jeu un âge limite en dessous duquel le jeu est formellement déconseillé. Ces organismes ont aussi généralement le pouvoir d'interdire la vente de jeux qu'ils jugent immoraux en refusant de les classifier. En effet, en l'absence de classification, un jeu n'a pas le droit d'être mis en vente. Ainsi, l'OFLC d'Australie refuse régulièrement la classification de certains jeux tel que Manhunt ou Soldier of Fortune: Payback[43].
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+ Les consoles de dernière génération (Wii, Wii U, Switch,PS4, Xbox One X, PSP, PSVITA, DSi et 3DS) disposent d'un système de contrôle parental permettant d'empêcher la lecture de jeux déconseillés en dessous d'un certain âge. Les ordinateurs équipés de Windows Vista et Windows 7 disposent nativement d'un système de contrôle parental, permettant de définir des plages horaires, et permettant également d'interdire l'utilisation de certains jeux[44].
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105
+ L'utilisation de jeux vidéo peut provoquer des crises d'épilepsie. Néanmoins, ce risque semble fortement lié aux sujets épileptiques photosensibles sans pour autant exclure totalement les autres sujets épileptiques. Les progrès techniques des consoles de jeux vidéo et des téléviseurs ont fortement contribué à réduire le risque de provoquer une crise d'épilepsie, notamment grâce à des fréquences de balayage de plus en plus élevées, des couleurs moins contrastées et plus naturelles, et une meilleure définition d'image[45]. Certains sujets épileptiques ignorent leur état jusqu'à ce qu'il leur soit révélé lors d'une partie[46]. Il est recommandé aux sujets épileptiques de ne pas jouer plus de 30 minutes aux jeux vidéo et de faire des pauses entre chaque session : les crises d'épilepsie pouvant être induites non seulement par la nature même du jeu vidéo (essentiellement chez les sujets épileptiques photosensibles), mais également par la fatigue et le stress induits par de longues parties[45],[47].
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+ Le conseil PEGI est un organisme créé pour la protection des mineurs au sujet des jeux vidéo en Europe.
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+ Le label PEGI est un label dont peuvent disposer les éditeurs mais qui est devenu obligatoire pour un jeu commercialisé en Europe. Aujourd’hui, plus de 19 000 jeux possède ce label PEGI. Mais afin de disposer de celui-ci, ils doivent compléter un formulaire d’évaluation et de déclaration du contenu. Ce formulaire possède la forme d’un questionnaire dans lequel il doit rendre compte rendu du jeu en question en précisant les éléments susceptibles ou non de heurter la sensibilité du joueur. En effet, PEGI ne jouant pas forcément aux différents jeux, les éditeurs doivent répondre à des questions bien précises afin que PEGI puisse en donner un résultat judicieux et donner une classe d’âge associé aux pictogrammes correspondants. Cette petite vignette correspondant à une limite minimum d’âge auquel le joueur peut jouer sans heurter sa sensibilité[48].
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+ Par la suite PEGI laisse le travail à ses administrateurs indépendants qui effectuent une deuxième vérification de la classification. Il en existe deux :
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+ Après ces démarches, un bilan du jeu est effectué et l’éditeur reçoit une licence qui l’autorise à appliquer le label PEGI, le pictogramme sur la jaquette du jeu.
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+ PEGI est composé de trois administrateurs indépendants qui sont : NICAM, VSC ainsi que ISFE. Mais le PEGI est également un système autonome, divisé en plusieurs conseils et comités où chacun possède un rôle bien précis. De ce fait, il existe un conseil d'administration qui se situe au cœur du PEGI, qui regroupe de nombreux acteurs du marché du jeu vidéo tels que les fabricants de consoles de jeu, les éditeurs de jeux… et qui gère avec le directeur général les activités quotidiennes du PEGI.
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+
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+ PEGI, travaille par ailleurs, avec un groupe d’experts et une commission juridique qui s’occupent d’adapter celui-ci à la législation des différents pays pour s’assurer d’une bonne mise en application des dispositions du code de conduite du PEGI et de la classification.
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+ Les jeux vidéo ont des effets directs sur les capacités mentales et physiques des joueurs, que ce soit des réflexes plus accrus, un développement de l'empathie ou encore l'amélioration des capacités de traitement des informations en images[49]. En 2003, une étude suisse portant sur les éventuels effets néfastes pour les yeux a constaté que l'attention visuelle des joueurs fatigue moins vite que celle des non joueurs. Les joueurs arrivent également a appréhender un plus grand nombre d'objets d'un seul coup d'oeil. Par ailleurs, leur attention visuelle est plus efficace, en vision périphérique comme centrale. Enfin, ils parviennent plus rapidement à recentrer leur attention. La pratique régulière de jeux vidéo d'actions donc améliorerait globalement l'attention visuelle sélective[49]. De fait, les jeux vidéo sont parfois utilisés en tant que thérapie médicale ou par les militaires dans le but d’entraîner leurs recrues.
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+ Une étude confirme en 2020 ces conclusions. Selon Daphné Bavelier, étudiante de la plasticité cérébrale à l'université de Rochester aux États-Unis, certains jeux tels que Halo, Call of Duty ou Unreal Tournament ont un effet très visible sur les capacités cognitives des joueurs. Les jeux vidéos d'actions permettraient aux joueurs de développer une meilleure capacité d'attention, ils se fatiguent moins vite et possèdent une meilleure capacité de réaction. De plus, les joueurs de jeux d'action obtiennent des meilleurs résultats aux tests d'acuité visuelle, ils sont capables de lire des textes plus petits et sont plus sensibles aux changements de contrastes[50].
122
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+ Certains jeux nécessitant des interactions physiques, par l'intermédiaire de tapis de danse ou de capture de mouvement par une caméra, permettent également de pratiquer une activité sportive régulière et sont parfois préconisés pour les enfants atteints de surpoids[réf. nécessaire]. Ainsi l'université de West Virginia a étudié un groupe de 35 enfants obèses et leur a demandé de jouer à Dance Dance Revolution qui se joue à l'aide d'un tapis de danse. Ils ont constaté que, sans même changer leur régime, les enfants ont réduit leur prise de poids de façon significative[51]. Aujourd'hui, Nintendo tente d'exploiter ce domaine et développe des jeux d'exercice physique, comme Wii Fit[52].
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+ L'entreprise Bluelinea a créé une manette permettant de jouer a l'aide de sa bouche, à destination des joueurs tétraplégiques par exemple. Son prix est encore élevé (environ 1 400 euros). Un reportage du média Konbini, réalisé en 2019, a montré qu'un enfant tétraplégique pouvait retrouver certaines facultés perdues, comme l'aspiration[53].
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+ De même, en 2018 est commercialisé le Xbox Adaptive Controller (en) (en français, « manette adaptative Xbox »), conçu principalement pour répondre aux besoins des joueurs à mobilité réduite[54]. Il s'agit d'un concentrateur unifié de périphériques rendant les jeux plus accessibles. Développé depuis le début par des partenariats importants avec les organismes AbleGamers (en), The Cerebral Palsy Foundation SpecialEffect et Warfighter Engaged, le porjet a bénéficié des apports de ses groupes pour développer les fonctionnalités adaptées aux différentes motricités.
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+ Dans les années 1990, l'armée des États-Unis a modifié le jeu Doom II dans le but d’entraîner ses troupes. Le jeu était utilisé pour améliorer les talents de visée et le temps de réaction des recrues[55]. Plus récemment, des outils immersifs de réalité virtuelle ont été développés pour traiter certains troubles psychologiques comme l'agoraphobie ou l'acrophobie. Ces simulateurs reposent sur des technologies qui ont été développées à l'origine pour les jeux vidéo[56].
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+ Les jeux vidéo sont aussi utilisés comme source d'intérêt dans certains didacticiels. Les jeux vidéo éducatifs, que l'on assimile généralement à des logiciels pour l'éveil des tout petits ou comme supports pédagogiques destinés aux enfants, ont donné naissance plus récemment à des jeux éducatifs « pour adultes » connu principalement sous le nom de serious game dont l'intérêt est de transmettre un savoir-faire de manière ludique[57].
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+ Selon Learning and Teaching Scotland, jouer au Programme d'entraînement cérébral du Dr Kawashima améliore les capacités de calcul mental du joueur. Pendant neuf semaines, deux groupes d'écoliers ont été étudiés : le premier devait jouer au Programme d'entraînement cérébral pendant 20 minutes tous les jours, tandis que le second apprenait via des méthodes traditionnelles. À la fin de l'expérience, les deux groupes avaient progressé mais celui qui s'était entraîné grâce au jeu s'était amélioré de 50 % de plus[Quoi ?][58].
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+ D’après une étude allemande de 2014, jouer aux jeux vidéo présenterait des bénéfices secondaires. Cela permettrait de développer la substance grise. Simone Kühn de l'institut Max Planck et ses collègues ont invité 48 adultes non adeptes des jeux vidéo à jouer au moins 30 minutes par jour pendant deux mois au jeu Super Mario 64, qui fait notamment appel à l’orientation spatiale. Le joueur pouvait naviguer en utilisant la vision subjective (comme s’il était lui-même le personnage fictif) ou alors une vue d’ensemble. En comparant le scanner cérébral avant et après l’entraînement, les chercheurs observent une augmentation de la matière grise dans le cortex cérébral, l’hippocampe et le cervelet. Ces évolutions permettraient une plus grande aisance à se repérer dans l’espace en jonglant plus facilement entre vues subjective et objective, une meilleure coordination, rapidité et précision dans l’exécution des tâches de motricité. Cette expérience semble donc démontrer une fois de plus que le cerveau n’est pas une entité immuable, mais qu'il est au contraire en mesure de modifier sa structure pour s’adapter aux exigences de son environnement. Les auteurs évoquent la possibilité d’une utilisation préventive, voire thérapeutique du jeu vidéo. Il pourrait en effet freiner le développement de certaines maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer[59].
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+ Les chercheurs utilisent des casques de réalité virtuelle (VR) pour confronter des patients à leurs peurs et les aider à les surmonter. Exposer le patient de façon renouvelée et contrôlée à sa peur permet de la guérir. Il peut choisir lui-même sa progression. Conscient que la situation n’est pas réelle, il lui est plus simple de porter le casque de son propre chef.
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+ La vertu principale de la VR est que le sujet devient acteur et n’est plus spectateur. Aux États-Unis le chercheur Daniel Hoffman, directeur du centre de réalité virtuelle à Washington, imagine SpiderWorld, monde virtuel pour combattre l’arachnophobie d’une patiente. L’autre application de la VR est de soigner la douleur et la réduire chez les grands brûlés. Avec SnowWorld, monde enneigé créé par ce même chercheur permet aux patients de mieux ignorer ou supporter leurs souffrances[60].
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+ La VR nourrit néanmoins les craintes de certains spécialistes[Lesquels ?]. L'usager connaîtrait une désensibilisation en n'étant plus affecté ni atteint par les actes de violence. Préparer des soldats virtuellement à des scènes de combat pourrait mener à une absence d’émotions ou de compassion. Aussi, la VR est personnalisée en fonction des individus grâce à l'oculométrie dans le but de collecter les données des usagers. La question de cette collecte d'informations personnelles, étant liée à la protection de la vie privée, alimente les débats autour des nouvelles technologies. Un des effets cognitifs de la VR est l’altération de perception de la réalité, réduisant les capacités physiques et sociales[61].
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ Les antivirus sont des logiciels conçus pour identifier, neutraliser et éliminer des logiciels malveillants (dont les virus informatique[1] ne sont qu'une catégorie). Ces derniers peuvent se baser sur l'exploitation de failles de sécurité, mais il peut également s'agir de logiciels modifiant ou supprimant des fichiers, que ce soit des documents de l'utilisateur stockés sur l'ordinateur infecté, ou des fichiers nécessaires au bon fonctionnement de l'ordinateur (le plus souvent ceux du système d'exploitation).
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+ Un logiciel antivirus vérifie les fichiers et courriers électroniques, les secteurs de démarrage (afin de détecter les virus de boot), mais aussi la mémoire vive de l'ordinateur, les médias amovibles (clefs USB, CD, DVD, etc.), les données qui transitent sur les éventuels réseaux (dont internet), etc.
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+ Différentes méthodes sont possibles :
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+ Les antivirus peuvent balayer le contenu d'un disque dur, mais également la mémoire vive de l'ordinateur. Pour les antivirus les plus modernes, ils agissent en amont de la machine en scrutant les échanges de fichiers avec l'extérieur, aussi bien en flux descendant (téléchargement) que montant (téléversement ou upload). Ainsi, les courriels sont examinés, mais aussi les fichiers copiés sur ou à partir de supports amovibles tels que cédéroms, disquettes, connexions réseau, clefs USB…
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+ On distingue plusieurs types de logiciels antivirus selon leur fonctionnement. La première méthode est celle du dictionnaire.
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+ Les créateurs de logiciels antivirus ayant préalablement identifié et enregistré des informations sur des virus, comme le ferait un dictionnaire, le logiciel antivirus peut ainsi détecter et localiser la présence d’un virus.
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+ On appelle ce dictionnaire la base de définition virale qui contient les signatures de virus.
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+ Lorsque cela se produit, l'antivirus dispose de trois options, il peut :
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+ Afin de maximiser le rendement de l'antivirus, il est essentiel d’effectuer de fréquentes mises à jour en téléchargeant des versions plus récentes. Des internautes consciencieux et possédant de bonnes connaissances en informatique peuvent identifier eux-mêmes des virus et envoyer leurs informations aux créateurs de logiciels antivirus afin que leur base de données soit mise à jour.
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+ Généralement, les antivirus examinent chaque fichier lorsqu'il est créé, ouvert, fermé ou lu. De cette manière, les virus peuvent être identifiés immédiatement. Il est possible de programmer le système d’administration pour qu’il effectue régulièrement un examen de l'ensemble des fichiers sur l'espace de stockage (disque dur, etc).
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+ Même si les logiciels antivirus sont très performants et régulièrement mis à jour, les créateurs de virus font tout aussi souvent preuve d'inventivité. En particulier, les virus « oligomorphiques », « polymorphiques » et plus récemment, « métamorphiques », sont plus difficiles à détecter.
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+
27
+ Une autre technique pour contourner ces définitions virales consiste à utiliser des packers/crypters, le fichier malicieux est chiffré et compressé et déchiffré et décompressé lors de son exécution, un peu à la manière des fichiers zip auto-extractible. Le fait que le fichier est chiffré empêche une détection par signature et permet de démultiplier les fichiers malicieux à partir d'une base unique en changeant de packers/crypters.
28
+
29
+ La « liste blanche » est une technique de plus en plus utilisée pour lutter contre les logiciels malveillants. Au lieu de rechercher les logiciels connus comme malveillants, on empêche l'exécution de tout logiciel à l'exception de ceux qui sont considérés comme fiables par l'administrateur système. En adoptant cette méthode de blocage par défaut, on évite les problèmes inhérents à la mise à jour du fichier de signatures virales. De plus, elle permet d'empêcher l'exécution de logiciels indésirables.Étant donné que les entreprises modernes possèdent de nombreuses applications considérées comme fiables, l'efficacité de cette technique dépend de la capacité de l'administrateur à établir et mettre à jour la liste blanche. Cette tâche peut être facilitée par l'utilisation d'outils d'automatisation des processus d'inventaire et de maintenance.
30
+
31
+ Une autre approche pour localiser les virus consiste à détecter les comportements suspects des programmes. Par exemple, si un programme tente d’écrire des données sur un programme exécuté, modifier/supprimer des fichiers système l’antivirus détectera ce comportement suspect et en avisera l’utilisateur qui choisira les mesures à suivre.
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33
+ Contrairement à l’approche précédente, la méthode du comportement suspect permet d’identifier des virus très récents qui ne seraient pas encore connus dans le dictionnaire de l'antivirus. Toutefois, le fait que les utilisateurs soient constamment avertis de fausses alertes peuvent les rendre insensibles aux véritables menaces. Si les utilisateurs répondent « Accepter » à toutes ces alertes, l’antivirus ne leur procurera aucune protection supplémentaire. Ce problème s’est aggravé depuis 1997, puisque plusieurs programmes inoffensifs ont modifié certains fichiers exécutables sans observer ces fausses alertes. C’est pourquoi, les antivirus les plus modernes utilisent de moins en moins cette méthode. L'intelligence artificielle des nouveaux antivirus leur permet de choisir la décision à prendre sans en avertir l'utilisateur, ce qui permet d'utiliser à nouveau cette méthode. De plus les filtres se sont considérablement améliorés et les faux positif sont moins nombreux.
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35
+ L’analyse heuristique est utilisée par quelques antivirus. Par exemple, l’antivirus peut analyser le début de chaque code de toutes les nouvelles applications avant de transférer le contrôle à l’usager. Si le programme semble être un virus, alors l’usager en sera averti. Toutefois, cette méthode peut également mener à de fausses alertes. La méthode heuristique permet de détecter des variantes de virus et, en communiquant automatiquement les résultats de l'analyse à l'éditeur, celui-ci peut en vérifier la justesse et mettre à jour sa base de définitions virales.
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37
+ La méthode du bac à sable (sandbox en anglais) consiste à émuler le système d’exploitation et à exécuter le fichier lors de cette simulation. Une fois que le programme prend fin, les logiciels analysent le résultat du bac à sable afin de détecter les changements qui pourraient contenir des virus. En raison des problèmes de performance, ce type de détection a lieu habituellement pendant le balayage sur demande. Cette méthode peut échouer puisque les virus peuvent s’avérer non déterministes et résulter de différentes actions ou même peut-être d’aucune action lorsque exécuté. Il est impossible de le détecter à partir d’une seule exécution.
38
+
39
+ Les packers[à définir] posent des problèmes d'efficacité aux détections par signature. Une autre limite était le temps assez long entre le moment où l'éditeur mettait à jour ses définitions virales, la disponibilité en ligne et la mise à jour des clients antivirus. Temps pendant lequel les utilisateurs pouvaient être vulnérables.
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+ Pour pallier cela, les éditeurs utilisent des "Antivirus Cloud", où des bases de données gigantesques sont disponibles en ligne, permettant de recouper certaines données. En outre, ces bases de données sont utilisées en temps réel par les antivirus et permettent donc de supprimer le laps de temps entre la mise en ligne et le téléchargement des définitions virales.
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+ Enfin, cela permet aussi d'alléger les clients antivirus où les bases locales étaient de plus en plus volumineuses face à la multiplication des menaces et l'utilisation des packers/crypters[à définir].
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+ Plusieurs sociétés revendiquent le titre de créateur du premier logiciel antivirus. La première annonce publique d’une neutralisation d’un virus pour PC a été faite par l'allemand Bernd Fix au début de l’année 1987, sur le virus Vienna. À la suite de ce virus, plusieurs autres virus ont fait surface comme Ping Pong, Lehigh et Surviv-3, aussi connu sous le nom de Jérusalem.
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47
+ Depuis 1988, plusieurs sociétés ayant pour objectif d’approfondir les recherches dans le domaine des logiciels antivirus se sont regroupées. Les premières percées en matière d'antivirus ont eu lieu en mars 1988 avec la sortie de Den Zuk, créé par l'Indonésien Denny Yanuar Ramdhani. Den Zuk pouvait neutraliser le virus Brain. En avril 1988, le forum Virus-L a été créé sur Usenet, et le milieu de l'année 1988 a vu la conception d'un appareil de recherche capable de détecter les virus et les chevaux de Troie qui étaient connus du public. En automne 1988 est paru le logiciel antivirus Dr Solomon's Antivirus (en) Toolkit conçu par Briton Alan Solomon. À la fin du mois de décembre 1990, le marché en est venu au point d'offrir au consommateur 19 différents produits reliés aux antivirus, parmi ceux-ci, Norton Antivirus et McAfee VirusScan.
48
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+ Peter Tippett a beaucoup participé à l'émergent domaine de la détection de virus informatiques. Il était urgentologue de profession et possédait également sa société de logiciels. Il a lu un article à propos du virus Lehigh, qui fut le premier à être développé, mais c’est en fait sur Lehigh lui-même que Tippett s’est le plus renseigné. Il s’est posé la question s’il y avait des caractéristiques similaires entre ces virus et ceux qui attaquent les humains. D’un point de vue épidémique, il a été en mesure de déterminer comment ces virus affectaient les processeurs à même l’ordinateur (le secteur de démarrage était visé par le virus Brain, les fichiers .com par le virus Lehigh, tandis que le virus Jérusalem s'attaquait à la fois aux fichiers .com et .exe). La société de Tippett, Certus International Corp. s’est donc impliquée dans la création de logiciels antivirus. Il a vendu la société en 1992 à Symantec Corp. et Tippett s'est joint à eux, en implantant le logiciel conçu au nom de Symantec, Norton AntiVirus[2].
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+ Un amphithéâtre romain est un vaste édifice public de forme elliptique, à gradins étagés, organisé autour d'une arène où étaient donnés des spectacles de gladiateurs (munus gladiatorium), de chasses aux fauves (venationes), ou très exceptionnellement de batailles navales (naumachies).
2
+
3
+ À la différence des cirques et des théâtres, extrapolés des édifices homologues de la Grèce antique[1], les amphithéâtres sont des monuments nés dans le monde romain pour y accueillir des spectacles inventés par les Romains et pris en charge par l'évergétisme officiel. Ces spectacles sont d'abord des combats rituels en lien avec des cérémonies funéraires au IVe siècle. Peu à peu, les spectacles s'affranchissent de ces rites, se complexifient et se codifient en même temps que le lieu où ils se déroulent s'organise en une aire d'affrontement entourée par un espace où les spectateurs peuvent jouir du spectacle dans d'excellentes conditions. Les premiers amphithéâtres ainsi constitués d'une arène entourée d'une cavea datent de l'époque républicaine et les constructions sont devenues monumentales pendant la période impériale[2].
4
+
5
+ Environ 230 amphithéâtres romains ont été découverts dans le territoire de l'Empire romain. Les premiers d'entre eux sont construits en Italie, mais ils essaiment dans l'ensemble du monde romain, avec des différences de rapidité et d'intensité liées aux cultures locales, au cours des deux premiers siècles de notre ère. S'ils ne survivent pas comme monuments de spectacle à la chute de l'Empire romain, certains d'entre eux sont réutilisés comme forteresses au Moyen Âge ; d'autres sont abandonnés et servent de carrière de pierre. Au XXIe siècle, il en reste de très nombreux vestiges.
6
+
7
+ Les amphithéâtres sont à distinguer des cirques et des hippodromes qui sont généralement de forme sub-rectangulaire et sont conçus principalement pour accueillir des courses, et des stades édifiés pour l'athlétisme. Toutefois, plusieurs de ces termes ont de temps en temps été utilisés pour désigner un même lieu. Le mot amphitheatrum signifie « théâtre tout autour ». Un amphithéâtre se distingue des théâtres romains semi-circulaires traditionnels par sa forme circulaire ou ovale[BG 1]. Cette architecture spécifique est une invention romaine qui ne s'inspire pas, comme les théâtres ou les cirques, des créations de la Grèce antique[G12 1].
8
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9
+ Dès le IVe siècle av. J.-C., des cérémonies funéraires s'accompagnent de combats d'hommes destinés à honorer les mânes du mort. De tels combattants, représentés sur des tombes à Paestum, en Lucanie, sont semblables à des militaires équipés de manière identique, dans une sorte de démonstration sanglante de leur art. Rien, par contre, ne laisse entrevoir si le terrain où se déroule ces combats est aménagé spécifiquement ; c'est peu probable[G12 2].
10
+
11
+ Des preuves d'engagements semblables se retrouvent en Étrurie mais témoignent d'une évolution du genre : les combattants représentés sur des urnes funéraires sont équipés de panoplies différentes, indiquant, par une amorce de code vestimentaire, une mise en scène des combats. Si les preuves manquent, il faut considérer que l'aire sur laquelle se déroule ces spectacles doit bénéficier d'un minimum d'aménagement (terrain vaste, plat et non glissant), permettant aux combattants d'évoluer librement et au public de bénéficier d'une bonne vue[G12 2].
12
+
13
+ C'est à Rome, sur le Forum Boarium, que se déroule en 264 av. J.-C. le premier combat attesté de gladiateurs[G12 3]. À partir du IIIe siècle av. J.-C., la gladiature se professionnalise. Les combats ne sont plus des rites funéraires. Les cérémonies funèbres ne sont plus que le prétexte au déroulement de spectacles qui vont bientôt s'en affranchir totalement. Les différents stéréotypes de combattants se mettent en place et les spectacles se codifient, l'encadrement évolue avec l'apparition des lanistes, organisateurs de combats et managers des gladiateurs, la création des écoles de combat — les ludi —, comme celle dans laquelle Spartacus s'entraîne à Capoue avant de se révolter en 73 av. J.-C.[G12 4].
14
+
15
+ Le lieu où se déroule ces spectacles évolue graduellement, tout en conservant un principe de base immuable : les combattants évoluent sur une aire centrale entourée par les spectateurs. L'aire centrale doit être suffisamment vaste et sans obstacle pour que les gladiateurs y évoluent à l'aise mais de dimensions raisonnables pour que les spectateurs suivent sans effort les évolutions des combattants ; le respect d'une bonne acoustique, indispensable dans les théâtres, n'est ici pas essentielle[G12 5].
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+ Il est difficile de dater précisément la construction des premiers amphithéâtres, à l'époque républicaine[3]. Le forum romain accueille semble-t-il des constructions temporaires en bois (spectacula) où se déroulent les spectacles dès le milieu du IIIe siècle av. J.-C.[BG 2]. Les gladiateurs évoluent sur un espace central recouvert de sable — en latin arena — pour éviter qu'ils ne glissent sur les dalles du forum. Les spectateurs prennent place sur des gradins en bois et des balcons appuyés sur les bâtiments formant les grands côtés du forum. Si ces gradins peuvent être rectilignes au droit des bâtiments, ils sont semi-circulaires au deux extrémités. Les nécessaires montages et démontages successifs participent certainement, peu à peu, au perfectionnement de l'édifice, définissant les dimensions et la forme de l'aire de combat compte tenu des limites topographiques, optimisant la disposition des gradins et des tribunes[G12 6].
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+ Dans son Historia Naturalis, Pline l'Ancien prétend que l'amphithéâtre a été inventé durant les spectacles de Gaius Scribonius Curio en 52 av. J.-C.[BG 1]. Si le terme « amphithéâtre » est une allusion à la forme générale de l'édifice, Curion applique cette définition à la lettre. Il fait construire deux théâtres en bois qui, en pivotant autour d'un axe, se referment pour ne former qu'un seul monument circulaire, au gré des spectacles qu'on y propose[4]. Trop sophistiqué et fragile, ce système n'a pas de suite[G12 7].
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+ Apparu tardivement, l'amphithéâtre ne s'impose pas comme le seul cadre des chasses et des combats de gladiateurs. Le premier amphithéâtre à Rome, construit en 29 av. J.-C., est longtemps concurrencé par le forum romain puis par le Champ de Mars.
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+ À Pompéi se trouve le seul amphithéâtre républicain à être précisément daté. Construit en maçonnerie et en deux temps, il se caractérise par un soubassement, édifié vers 80 av. J.-C., présentant deux côtés rectilignes reliés par deux demi-cercles comme les premiers édifices temporaires romains. Sa cavea et son arène, par contre, adoptent, de manière inédite pour un monument en dur, la forme ellipsoïdale. La dédicace de l'amphithéâtre datant de 70 av. J.-C.[5], le laps de temps nécessaire à cette évolution architecturale n'est que de dix ans. L'ellipse s'avère optimale pour permettre aux gladiateurs d'évoluer sans angle mort — les coins d'un carré ou d'un rectangle — et pour offrir au spectateur, où qu'il se trouve, une vision parfaite. L'ellipse de l'arène est probablement née à Rome sur le forum trapézoïdal resserré entre les basiliques qui en délimitent les grands côtés, d'où elle a été adoptée dans le monde romain ; Pompéi a construit son amphithéâtre à ce moment précis. Les autres amphithéâtres républicains, intégralement ellipsoïdaux, sont donc postérieurs même si leur datation reste à préciser[G12 8].
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+ Quelques années plus tard, sur le forum de Rome, Jules César fait construire vers 46 av. J.-C. un amphithéâtre en bois, toujours temporaire, mais dont le sol de l'arène est équipé de galeries et de monte-charges permettant de faire apparaître en surface hommes, décors et animaux. C'est la première fois que des combats d'animaux se déroulent hors des cirques. Un velum protège probablement tout ou partie de l'amphithéâtre[G12 9].
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+ Ces deux avancées marquantes fixent définitivement l'architecture générale des amphithéâtres romains construits par la suite. Ce sont des monuments maçonnés ; leur arène ellipsoïdale est entourée par une cavea adoptant la même forme où se placent les spectateurs sur des rangées superposées de gradins ; des sous-sols peuvent être aménagés sous cette arène pour y accueillir les machineries nécessaires à des spectacles de grande ampleur dépassant le simple cadre des combats de gladiateurs[G12 10].
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+ Jean-Claude Golvin, en 2008, explique qu'en réalité un certain nombre d'amphithéâtres romains ne décrivent pas une ellipse parfaite, mais une forme pseudo-ellipsoïdale composée d'une succession d'arcs de cercles raccordés. Cette disposition est guidée par la nécessité de disposer d'une cavea de largeur identique quel que soit le point de l’amphithéâtre considéré, pour que les gradins soient tous de dimension semblable[6]. Les dimensions observées ou restituées de plusieurs amphithéâtres de l'Empire romain, dont celui de Capoue, semblent confirmer cette théorie, modélisée par Gérard Parysz[7].
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+ De rares amphithéâtres ne suivent pas le plan d'ensemble d'un édifice ellipsoïdal, comme celui de Leptis Magna. Cet édifice, intégralement creusé dans une ancienne carrière et inauguré en 56, donne l'impression d'être composé de deux théâtres accolés et son arène comme sa cavea ont la forme de deux demi-cercles reliés par de très courts segments de droite. Cette configuration lui aurait permis d'accueillir des spectacles d'un genre nouveau voulu par Néron, associant combats, démonstrations équestres et concours musicaux[G12 11].
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+ Un premier type d’amphithéâtres est qualifié de plein ou massif comme à Samarobriva (Amiens, France), Octodurus (Martigny, Suisse), Emerita Augusta (Merida, Espagne) ou Syracusae (Syracuse, Italie)[G12 12] ; dans ces constructions, la cavea n’est pas portée par des murs rayonnants et des voûtes, mais par un remblai qui descend en pente de l’extérieur de l’amphithéâtre vers l’arène ; ce remblai peut être constitué en partie par les terres d’excavation de l’arène à l’intérieur d'une petite colline au sommet de laquelle l'amphithéâtre est construit ; c'est le cas à Tours (Caesarodunum)[8]. Les spectateurs doivent alors prendre place directement sur la pente gazonnée, mais le remblai peut aussi accueillir des gradins en bois dont la découverte des vestiges, s'ils ont jamais existé, serait exceptionnelle. Les maçonneries sont réduites au strict minimum : le mur extérieur, le mur de l’arène, les galeries des accès ou vomitoires, également inclus dans le remblai, quelques murs de soutènement rayonnants délimitant des caissons destinés à recevoir les remblais, ainsi que les cages d’escalier. Des escaliers externes plaqués contre la façade de l'amphithéâtre, comme à Pompéi, permettent d'accéder à la partie supérieure de la cavea[9].
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+ Le second type d'amphithéâtre, qui représente la plus grande partie de ceux identifiés dans le monde romain, est l'amphithéâtre à murs et voûtes rayonnantes. La cavea est alors supportée par un ensemble de maçonneries en opus caementicium qui dessinent un ensemble d'assises assez légères sur lesquelles les gradins reposent. Une galerie de circulation annulaire — il y en a deux au Colisée et à l'amphithéâtre de Capoue — permet aux spectateurs de gagner les vomitoires et escaliers accédant à l'arène. Le plus ancien de ces monuments semble être l'amphithéâtre de Statilius Taurus à Rome, inauguré en 29 av. J.-C. et détruit dans grand incendie de Rome en 64, sous Néron. Les détails précis de son architecture — tout comme sa taille et sa localisation exacte — demeurent inconnus mais il est avéré qu'il s'agit bien d'un édifice à structure creuse et que la partie supérieure de la cavea est dotée de gradins en bois. Des théâtres avaient déjà utilisé plus tôt cette architecture creuse, comme le théâtre de Teanum Sidicinum dès la fin du IIe siècle av. J.-C. ou le théâtre de Pompée à Rome, terminé en 55[G12 13].
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+ Enfin, dans plusieurs cas, la construction de l'amphithéâtre combine les deux types d'architecture ; il s'agit le plus souvent de réduire les parties maçonnées en profitant de l'appui du monument sur le flanc d'un relief naturel ; la partie de la cavea qui y repose est massive, les voûtes et es murs rayonnants réservés à la parie construite « à l'air libre ». C'est le cas de l'amphithéâtre de Saintes dont les grands côtés de la cavea prennent appui sur les deux flancs dans vallon l'arène étant établie au fond du vallon, fermé de part et d'autre par des murs rayonnants et des arcades[G12 14].
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+ La nature, pleine ou creuse, des amphithéâtres, ne peut pas être un critère absolu de datation[AU 1]. Si l'amphithéâtre de Pompéi, partiellement massif est construit entre 80 et 70 av. J.-C., celui de Taurus, creux, vers 30 av. J.-C., on trouve en Gaule des amphithéâtres totalement ou partiellement massifs construits bien après, comme ceux de Saintes (terminé vers 50)[AU 2] ou de Tours, dans la seconde moitié du Ier siècle, ce dernier étant même agrandi selon le même principe cent ans plus tard[10]. Il semble que, région par région et au fur et à mesure de la diffusion géographique de ces monuments, les architectes cherchent, dans un premier temps et autant que possible, à profiter du relief naturel pour y adosser les amphithéâtres qu'ils se proposent de construire. Dans un second temps, et lorsque la technique de construction des murs rayonnants et des arcades est localement bien maîtrisée, ils édifient des amphithéâtres creux, dont il est possible de choisir l'emplacement en s'affranchissant des contraintes du relief[AU 3].
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+ Lorsque le lieu d'implantation ne répond pas à des impératifs topographiques précis, comme la mise à profit d'un relief naturel permettant d'y adosser la cavea, les amphithéâtres sont souvent construits en périphérie des zones urbanisées. Plusieurs explications peuvent être avancées. Les amphithéâtres sont souvent édifiés dans des villes déjà construites depuis plusieurs décennies, voire plus ; les construire au milieu de la cité imposerait d'importants travaux de démolition du bâti existant. Les amphithéâtres sont des monuments d'une capacité bien souvent supérieure à 10 000 personnes, qu'il s'agisse de la population de la ville stricto sensu ou des habitants d'une zone géographique plus large ; avant et après les spectacles, des mouvements de foule de cette importance nécessitent un dégagement important autour de l'édifice pour fluidifier cette circulation. L'amphithéâtre se révèle un symbole du pouvoir romain, de la puissance de la ville où il est construit ou de l'acculturation romaine dans les territoires conquis ; cet effet monumental est plus facilement obtenu en dégageant l'amphithéâtre du bâti existant. Une fois dissociés du caractère rituel qu'ils avaient à l'origine, les combats qui se déroulent dans les amphithéâtres deviennent des spectacles païens incompatibles avec le caractère sacré du pomerium urbain ; les amphithéâtres ne peuvent donc être construits à l'intérieur de ce périmètre[11].
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+ Il est cependant des situations où l'amphithéâtre a été bâti au cœur de la ville. Le Colisée en est l'exemple le plus démonstratif. C'est également le cas à Amiens ou l'amphithéâtre est construit tout contre le forum et son temple, édifiés avant lui, de manière à composer un grand ensemble monumental[AU 4] ; dans ce but, un quartier résidentiel tout entier est rasé pour laisser place à l'amphithéâtre.
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+ Il y a parfois constitution d'un quartier spécifiquement consacré aux monuments du spectacle comme à Augustodunum — Autun —, Mérida ou Pouzzoles (amphithéâtre et théâtre), Lugdunum — Lyon — (théâtre et odéon) ou Leptis Magna (amphithéâtre et cirque).
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+ Les accès à l'amphithéâtre sont en général étudiés pour permettre la bonne circulation des personnes. À Capoue, une voie relie directement le grand axe de l'amphithéâtre à la via Appia ; à Tours, c'est le petit axe qui se trouve dans le prolongement du decumanus maximus. Dan cette même ville, un espace de circulation dont l'utilisation est attestée est aménagé en périphérie de l'amphithéâtre. Une peinture représentant l'amphithéâtre de Pompéi en 59 av. J.-C. montre des barques de marchands de nourritures établies autour de l'amphithéâtre — les spectacles durant plus d'une journée, il est nécessaire aux spectateurs de pouvoir se restaurer.
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+ La façade de l'amphithéâtre, seule partie immédiatement visible du monument aux yeux du public extérieur, fait l'objet de soins particuliers ; elle doit être, encore plus que le monument dans son ensemble, une vitrine de la richesse du ou des commanditaires de la construction du savoir-faire de ses architectes et ouvriers et un symbole de la puissance de la ville. C'est pourquoi une technique architecturale différente de celle employée pour le gros œuvre de l'amphithéâtre lui est-elle appliquée.
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+ Traditionnellement — même si ce schéma connaît des exceptions —, la façade est composée d'une ou plusieurs séries d'arcades superposées, de hauteur progressivement décroissante, surmontée par une rangée d'attiques. Elle est construite en blocs de grand appareil qui utilisent les pierres les plus nobles disponibles localement, à moins qu'il ne s'agisse, comme à Capoue, que d'un placage sur une superstructure (en maçonnerie de briques dans ce cas précis). Les clefs de voûte des arcades peuvent être sculptées, les arcades peuvent composer des niches garnies de statues.
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+ Si la façade est composée d'un appareil plus commun, seules les portes font l'objet d'une décoration spéciale, selon les techniques et les matériaux disponibles localement. Le Colisée propose même portes numérotées par gravure dans leur clef de voûte, facilitant l'accès des spectateurs.
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+ Le dernier niveau de la façade comporte souvent des trous destinés à l'encastrement des mâts qui soutiennent le velum, grande voile tendue au-dessus de l'amphithéâtre et permettant de l'ombrer tout ou partiellement[12].
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+ Les limites fonctionnelles de la vue humaine fixent les dimensions maximales des amphithéâtres : au-delà de 60 m, l'accomodation est moins rapide, occasionnant une fatigue oculaire. Cette distance maximale séparant le spectateur du spectacle est approchée mais respectée au Colisée, qui, selon ce critère, serait donc le plus grand amphithéâtre qu'il ait été possible de construire[G12 15].
58
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+ L'examen des vestiges de la cavea de l'amphithéâtre d'El Jem montre que l'angle des gradins avec l'horizontale est de 34° 12′ pour les rangées les plus proches de l'arène, mais de 36° pour les gradins situés en haut de la cavea. Cette différence a pour but de dégager la vue de l'arène pour les spectateurs qui sont ainsi moins gênés par les têtes de ceux placés juste au-dessous d'eux[G12 16]. Dans le cas particulier de certains amphithéâtres massifs dont le talus de la cavea constitue lui-même l'assise des spectateurs, il n'est pas possible d'atteindre les mêmes angles sous peine d'éboulement du remblai.
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+ Auguste met en place un code très précis et immuable régissant le placement des spectateurs dans l'ensemble des monuments de spectacle : les soldats ne côtoient pas les civils, les personnes vêtues de sombre sont regroupées dans la partie moyenne de la cavea, les hommes mariés sont séparés des célibataires mais leurs femmes sont reléguées dans les gradins les plus élevés, tout comme les personnes de condition modeste, etc.[13]. Ces dispositions s'accompagnent d'une partition physique de la cavea ; les gradins sont divisés horizontalement par des præcinctiones définissant des mæniana et verticalement par des escaliers rayonnants limitant des cunei[AU 5]. Au plus près de l'arène prennent place la loge d'honneur et le podium réservés aux notables[G12 17]. C'est également dans cette même partie de la cavea que se trouve le sacellum, petit temple probablement à l'usage des gladiateurs[AU 4].
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+ Si la construction de la façade de l'amphithéâtre est l'objet de toutes les attentions de la part des architectes, la réalisation de la cavea met en œuvre des matériaux plus communs et d'origine locale ; c'est le cas à Vérone où les maçonneries sont composées d'un béton de galets de l'Adige liés au mortier de sable et chaux ; à Pula, seul le bois entre dans la constitution des structures internes de l'amphithéâtre[G12 18].
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+ L'arène de forme elliptique ou pseudo-elliptique est le lieu où se déroulent les spectacles. Elle est généralement recouverte de sable évitant aux gladiateurs de glisser pendant les combats ; ce sable permet également d'absorber le sang éventuellement répandu.
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+ Les aménagements de l'arène varient selon les spectacles qu'elle accueille. Dans les premiers amphithéâtres, seuls des combats entre gladiateurs s'y déroulent ; la présence de ces professionnels ne présente aucun risque pour le public et le mur séparant l'arène de la cavea est d'une hauteur réduite. Après l'introduction des venationes mettant en scène des animaux parfois sauvages, il importe d'assurer la protection des spectateurs, au moyen d'un mur podium d'une hauteur souvent supérieure à 1,50 m. Ce mur est souvent percé de portes ou grilles donnant accès à des loges abritant les animaux. Certains amphithéâtres possèdent une arène creusée d'un bassin (Mérida) permettant d'y présenter des spectacles aquatiques mais seul le Colisée de Rome dispose d'une arène spécialement aménagée pour que des naumachies puissent s'y dérouler.
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+ Si l'amphithéâtre construit à Rome sous César est le premier à posséder un sous-sol aménagé, ce dispositif va s'étendre à de nombreux monuments construits ultérieurement. Le prestige croissant des spectacles donnés dans les arènes, leur complexité de plus en plus grande avec des jeux de décors qui se succèdent, le recours à des gladiateurs de plus en plus nombreux et à des animaux imposent de disposer de tels aménagements. Le sous-sol de l'arène est donc creusé de galeries auxquelles sont reliées des cages pour les animaux, des carceres pour les gladiateurs, alors qu'un système de trappes et de monte-charges permet d'élever au niveau de l'arène tous les acteurs des spectacles ainsi que les éléments de décor. Ces sous-sols aménagés peuvent être en communication directe avec des écoles de gladiateurs installées à proximité, comme au Colisée. Ils peuvent également abriter un dispositif élaboré de rigoles et de caniveaux permettant de recueillir les eaux de ruissellement de la cavea avant qu'elles ne soient stockées dans une citerne, comme à Capoue.
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71
+ Ces sous-sols aménagés sont attestés dans de nombreux amphithéâtre en Italie, mais également dans les provinces romaines comme à Arles ou Nîmes (France), Mérida (Espagne), Leptis Magna (Libye) ou El Jem (Tunisie) et peut-être Pula (Croatie).
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+ Les dédicaces d'inauguration des monuments romains portent très souvent la mention du nom des notables locaux ayant participé au financement de leur construction. Cet évergétisme peut simplement marquer la puissance et la richesse du donateur. Il peut également avoir une signification plus directe : l'amphithéâtre d'Arles a été construit grâce à des fonds de Caius Junius Priscus, ancien candidat au titre de duumvir juridicundo en accomplissement d'une promesse faite en cas d'élection[14]. Le statut des évergètes est parfois cité : Caius Julius Rufus, qui a participé au financement de l'amphithéâtre des Trois Gaules à Lyon est prêtre de Rome et d'Auguste au sanctuaire fédéral des Trois Gaules[AU 6].
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+
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+ […]E TI(beris) CAESARIS AVG(vsti) AMPHITHEATR
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+ […]ODIO C IVL C[?] RVFVS SACERDOS ROM(ae) ET AVG(vsti)
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+ […]FILII F. ET NEPOS [-]X CIVITATE SANTON. D(e) S(ua). P(ecunia).FECERVNT
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79
+ ... peut être complété ainsi :
80
+
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+ [… Pro salvt]/e Ti(beri) Caesaris Avg(vsti) amphitheatr[-…] / [……… cvm] pod/io C(aivs) Ivl(ivs) C(aii) f(ilivs) Rvfvs sacerdos Romae et Avg(vsti) / […… C(aivs) Ivlivs C(aii) ?] filii f(ilivs) et nepos ex civitate Santon(orvm) d(e) s(va) p(ecvnia) fecervnt.
82
+
83
+ ... et traduit par :
84
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85
+ Cet évergétisme peut se manifester comme une contribution au financement global de l'édifice (Périgueux) ou par une participation, partielle ou totale, à la construction de l'un de ses éléments (podium à Lyon, podium, portes et statues en argent à Arles)[AU 7].
86
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+ Cette pratique s'inscrit aussi dans un cadre de rivalité de prestige entre édiles de villes voisines. Elle se traduit par la volonté de construire très grand à moindre coût, ce qui est une explication au recours, parfois massif, au bois pour les gradins et d'autres structures de l'amphithéâtre. Ceci permet également d'avoir rapidement accès à une ressource et un savoir-faire locaux et d'assurer un rythme de construction et un délai de mise en service compatible avec la tenue de promesses électorales[AU 8].
88
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+ L'amphithéâtre est principalement destiné à accueillir les combats de gladiateurs. La veille des combats était organisée la cena libera, un grand banquet gratuit qui pouvait être partagé avec des spectateurs qui voulaient voir la valeur des combattants. Le combat de gladiateurs est un spectacle très codifié. Les gladiateurs représentent des types bien définis de combattants facilement reconnaissables du public par leur armement, leurs vêtements, mais aussi par les postures adoptées au cours du combat. Les combats, auxquels assistent des arbitres, sont le plus souvent des duels opposant un gladiateur légèrement armé mais très mobile (rétiaire, scissor) à un autre, moins véloce mais puissamment armé et cuirassé (mirmillon, secutor). La mort de l'un des protagonistes à la fin du combat n'est pas une règle et le combat peut se terminer lorsque les adversaires sont blessés ou épuisés : un gladiateur professionnel est un « investissement » pour son laniste. Il semble qu'à certaines périodes, sous Auguste par exemple, les mises à mort dans l'arène aient été interdites.
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+ Des batailles navales (naumachiae) peuvent être organisées à l'intérieur de certains édifices, mais leur existence n'est réellement attestée que pour le Colisée ; les dimensions de l'arène doivent être suffisantes et la hauteur de l'eau qui la remplit importante pour que des navires, même dotés d'un faible tirant d'eau, puissent y évoluer. Des aqueducs sont parfois tout spécialement construits pour acheminer l'eau nécessaire au remplissage de l'arène. Ces batailles navales sont bien sûr très prisées par le public, car plutôt rares. De plus, elles deviennent souvent techniquement impossibles après l'aménagement de sous-sols dans les arènes de certains amphithéâtres (Colisée, Mérida, Pula).
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+ Quant aux chasses (venationes), elles consistaient en combats d'animaux contre animaux, ou d'hommes contre animaux. Ce spectacle ne se déroulait pas dans une arène nue, mais par les trappes du sous-sol, un véritable décor de végétation et de rochers était installé dans l'arène.
94
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+ Dans l'amphithéâtre avaient eu lieu aussi des exécutions de condamnés à mort (« noxii » en latin), qu'on appelait « meridiani » (ceux de midi), parce que ce type de spectacle avait lieu au cours des intermèdes de midi. Notamment sous Néron, des chrétiens furent brûlés vifs. La mort des condamnés était mise en scène, parfois sous forme de contes mythologiques : toujours sous Néron, selon Suétone, on reconstitua par exemple le mythe d'Icare, qui, s'écrasa sur le sol de l'arène et couvrit l'empereur de sang[16]. Clément Ier rapporte quant à lui que des chrétiennes avaient subi le sort de Dircé[17]. Il pouvait aussi s'agir d'épisodes historiques, comme celui où Mucius Scaevola se brûlait la main[18].
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+ Les musiciens.
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+ Munera : gladiateurs.
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+ Venationes : le taureau.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ Selon Jean-Claude Golvin, les premiers amphithéâtres en pierre connus se trouvent en Campanie, à Capoue, à Cumes et à Liternum, où de tels lieux ont été construits dès la fin du IIe siècle av. J.-C.[BG 2]. L'un des amphithéâtres les plus anciens et l'un des plus étudiés, est l'amphithéâtre de Pompéi, qui est daté de 70 av. J.-C.[BG 3]. Des premiers amphithéâtres peu sont connus : que ce soit ceux d'Abella, Teanum et Cales datant de l'époque de Sylla, et ceux de Pouzzoles et de Telese Terme pour l'époque augustéenne. Les amphithéâtres de Sutri, de Carmona et d'Ucubi ont été construits autour de 40-30 av. J.-C., et ceux d'Antioche et de Paestum (phase I) au milieu du Ier siècle av. J.-C.[BG 2].
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107
+ À l'époque impériale, les amphithéâtres deviennent partie intégrante du paysage urbain romain. Alors que les villes rivalisent pour la prééminence des constructions dans le domaine des bâtiments civiques, la construction des amphithéâtres est de plus en plus monumental dans l'espace occupé et dans l'ornementation[BG 4]. Les amphithéâtres impériaux pouvaient recevoir confortablement entre 40 000 et 60 000 spectateurs, voir jusqu'à 100 000 pour les plus grands édifices. Pour le nombre de places assises, ils n'étaient dépassés que par les hippodromes. Ils sont bâtis sur plusieurs étages, avec des arcades, sont généralement richement décorés avec du marbre et revêtis de stuc, et possèdent de nombreuses statues[BG 5].
108
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109
+ Avec l'extension de l'empire, la plupart des amphithéâtres reste concentré dans la partie Ouest, c'est-à-dire celle de langue latine, alors que dans la partie Est, les spectacles sont souvent mis en scène dans d'autres lieux tels que les théâtres ou les stades[BG 6]. Dans l'Ouest de l'empire, les amphithéâtres sont construits dans le cadre de la romanisation et pour fournir un centre pour le culte impérial. Les fonds pour la construction proviennent de bienfaiteurs privés, du gouvernement local de la colonie ou de capitaux provinciaux. Un nombre important d'arènes modestes ont été construits dans la province d'Afrique[BG 6], avec le soutien de l'armée romaine et de son expertise dans l'architecture[BG 7].
110
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111
+ L'un des amphithéâtres les plus tardivement construits semble être celui de Bordeaux, à la fin du IIe siècle ou au début du IIIe siècle[AU 9]. La datation de celui d'El Jem, parfois considéré comme très tardif, est controversée en l'absence de preuves décisives[19]. Le second amphithéâtre de Metz, édifice à caractère mixte, paraît remonter à la fin du IIIe siècle ou au début du IVe siècle[AU 9].
112
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113
+ L'exemplaire le plus grand et le plus élaboré de ces édifices à substructions artificielles est le Colisée. Commencé en 71 ou en 72 à l'initiative de Vespasien, il fut inauguré sous Titus par cent jours de spectacles durant lesquels furent tuées cinq mille bêtes sauvages. Le chantier fut achevé sous Domitien après plus de douze années de travaux. Son arène de 79,35 × 47,20 m était comprise dans une cavea de 187,75 × 155,60 m. Quelque cinquante-six rangées de gradins, divisées à l'image des groupes sociaux qui y siégeaient, pouvaient recevoir environ 55 000 personnes. Les premiers degrés recevaient les sièges mobiles des spectateurs de marque. Les derniers, construits en bois, étaient disposés sous un portique. La façade extérieure en travertin se composait de trois niveaux de quatre-vingts travées superposant les ordres dorico-toscan, ionique et corinthien. Un attique à pilastres corinthiens couronnait la construction. Percé de fenêtres et orné de boucliers, il portait les consoles utiles à la fixation des mâts du velum ombrageant les gradins. Un détachement de marins de la flotte était affecté au maniement des cordages de cette immense voilure. Dans son dernier état, le sous-sol de l'arène était entièrement aménagé et relié par un corridor souterrain à la grande caserne de gladiateurs située à proximité de l'amphithéâtre. L'édifice servit de modèle à de nombreux amphithéâtres construits dans l'Empire romain, sans néanmoins y imposer une uniformité planimétrique. En Gaule, il fut concurrencé par des monuments combinant une arène à une cavea incomplète. Et on pratiquait divers sports.
114
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115
+ En Occident, où la construction de ces monuments se poursuivit de la fin du Ier siècle jusqu'au milieu du IIIe siècle, l'amphithéâtre devint le signe le plus évident de la romanisation. Mais la romanité et l'urbanité s'y exprimèrent à des degrés divers sur plusieurs aspects. la construction des amphithéâtres d'étale sur une période longue de près de 150 ans, avec semble-t-il, un maximum sous le règne des Flaviens puis des Antonins, peut-être une conséquence de la construction du Colisée[AU 1].
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117
+ En Europe continentale, les amphithéâtres classiques (cavea complète ceinturant une arène elliptique ou circulaire) sont fréquemment liés à des villes importantes (chefs-lieux de civitates en Gaule par exemple)[AU 10].
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+ Une dizaine d'amphithéâtres sont recensés au Royaume-Uni, dont ceux de Chester en Angleterre et de Caerleon au Pays de Galles. Toutefois, l'acculturation romaine semblant plus lente que sur le continent, les amphithéâtres du Royaume-Uni paraissent avoir été construits plus tardivement que ceux du continent, et sont souvent à mettre en relation avec la présence de troupes de l'armée romaine sur place[20].
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+ En 2016, une dizaine d'amphithéâtres sont identifiés dans la péninsule Ibérique et une vingtaine en Europe centrale et balkanique.
122
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123
+ Une spécificité des provinces occidentales les plus éloignées de Rome : Gaule Lyonnaise et Aquitaine en particulier, également en Belgique, est l'apparition d'édifices associant les caractéristiques des amphithéâtres et des théâtres. Ils sont généralement associés à des thermes et des lieux cultuels (temples) comme entre autres à Sceaux-du-Gâtinais (Aquis Segeste), Triguères, ou Châteaubleau [21].
124
+
125
+ L'adjonction d'une arène elliptique, s'accompagne de modifications de l'orchestra et la scène se voit notablement réduite[22]. On y retrouve la même distribution des portes pour les acteurs que dans le théâtre grec classique, où celles-ci s'ouvrent sur l'orchestra et non pas sur la scène comme dans le théâtre romain[23]. La cavea, quant à elle, prend une forme d'arc outrepassé et dépasse le demi-cercle[22].
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+
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+ Ces modifications majeures faisaient de ces théâtres des amphithéâtres hybrides, « amphithéâtres-théâtres » ou « amphithéâtres à scène », selon les différentes terminologies utilisées. Plus on s'éloigne de Rome, plus ces structures hybrides sont nombreuses[21],[22]. On en distingue deux catégories : celles convenant aux combats des jeux, où les gradins inférieurs sont surélevés pour la protection des spectateurs et celles qui n'ont pas de podium et dont le bord de l’orchestre est un simple mur rectiligne[23]. L'hybridisation théâtre – amphithéâtre semble être un indice de moindre acculturation romaine des peuples qui les ont édifiés [21],[22].
128
+
129
+ Leur répartition géographique indique par ailleurs que ces complexes ruraux sanctuaires-théâtres-thermes existaient principalement dans des secteurs où les communautés de paysans libres étaient moins confrontées à de grands propriétaires[24].
130
+
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+ On compte plusieurs centaines d'amphithéâtres à travers l'empire romain, parmi lesquels se trouvent une soixantaine d'édifices de type gallo-romain[22].
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+
133
+ Il arrive parfois, comme à Autun, que se trouvent dans le même périmètre de quelques kilomètres, un amphithéâtre classique, un théâtre et un édifice mixte, ce dernier probablement lié au sanctuaire qui renferme aussi le temple de Janus.
134
+
135
+ En Orient, où la culture grecque était bien implantée, l'amphithéâtre connaît une faible diffusion. Les théâtres et les stades sont souvent aménagés pour recevoir les spectacles de l'arène[G12 19]. Certains édifices dédiés au spectacle possèdent une scène et un orchestre à podium.
136
+
137
+ De fait, peu d'amphithéâtres stricto sensu sont construits. Il n'en est recensé que trois en Grèce, trois en Turquie et quatre dans les pays de la côte orientale de la Méditerranée (Liban et Israël).
138
+
139
+ La province d'Afrique, ou Afrique proconsulaire, était composée de la Tunisie et, de part et d'autre, d'une partie de l'Algérie et de la Libye. Ce riche territoire a vu se construire une vingtaine d'amphithéâtres, dont certains, comme ceux de Carthage ou d'El Jem sont parmi les plus imposants du monde romain. D'autres sont de taille plus modeste. La présence de troupes romaines et leur savoir-faire en matière de construction a probablement aidé à l'édification de ces monuments. En Maurétanie tingitane, l'amphithéâtre de Césarée de Maurétanie possède la plus grande arène du monde romain avec 4 082 m2 [25].
140
+
141
+ Les monuments du spectacle, dont les amphithéâtres, ne sont pas des édifices construits une fois pour toutes sans qu'aucune modification, parfois conséquente, ne soit apportée à la structure, alors qu'ils sont encore utilisés.
142
+
143
+ C'est ainsi que la cavea de l'amphithéâtre de Toulouse, initialement construite en bois, bénéficie dans un second temps de structures porteuses maçonnées[AU 11]. La façade de l'amphithéâtre de Pula, qui a résisté au temps, témoigne peut-être de la reprise totale et de l'agrandissement d'un ancien édifice d'époque augustéenne[G12 20]. L'agrandissement de l'amphithéâtre d'Avenches, dans la seconde moitié du IIe siècle est attesté[AU 12], tout comme celui de l'amphithéâtre de Tours vers la même époque, dont la capacité estimée passe de 14 000 à 34 000 spectateurs[10]. L'amphithéâtre des Trois Gaule de Lyon, à l'origine destiné à accueillir les délégués venus des trois provinces romaines de Gaule, est agrandi pour que la population lyonnaise elle aussi puisse assister aux spectacles[AU 13].
144
+
145
+ Les réaménagements ne touchent parfois qu'une partie du monument, comme à Mérida et peut-être Pula, où l'arène est creusée pour permettre l'installation d'un sous-sol avec cages, couloirs et magasins d'accessoires.
146
+
147
+ Plusieurs facteurs amènent à la fin de la construction d'amphithéâtre. La première est la fin progressive des combats de gladiateurs, qui commencent à disparaître de la vie publique au cours du IIIe siècle, en raison des crises économiques, de la désapprobation philosophique et de l'opposition de la nouvelle religion de plus en plus prédominante qu'est le christianisme, dont les partisans considèrent ces jeux comme une abomination et un gaspillage d'argent[BG 8]. Les spectacles impliquant des animaux (venationes) ont survécu jusqu'au VIe siècle, mais ils deviennent plus coûteux et plus rares. La diffusion du christianisme a également changé les habitudes de bienfaisance publique : auparavant un romain païen est considéré comme un homo civicus qui finance des représentations publiques en échange de l'obtention d'un statut et de l'obtention d'honneur, un chrétien lui se considère comme un homo interior qui cherche à obtenir une récompense divine dans les cieux et dirige ses efforts vers l'aumône et la charité plutôt que vers les spectacles publics et les jeux[BG 9].
148
+
149
+ Ces changements montrent que les amphithéâtres sont de moins en moins utilisés et qu'un manque de fonds ne permet ni d'en construire des nouveaux, ni d'entretenir ceux déjà construits. La dernière construction d'un amphithéâtre a lieu en 523 à Pavie sous Théodoric[BG 10]. Après la fin des venationes, les amphithéâtres restants ne sont utilisés que pour les exécutions publiques et les punitions. Après cette courte réutilisation, de nombreux amphithéâtres sont tombés en ruine et sont progressivement démantelés pour l'obtention de matériaux de construction, ou rasés pour faire de la place pour la construction de bâtiments plus récents, ou bien vandalisés[BG 11]. D'autres sont transformés en fortifications ou villages fortifiés, comme à Leptis Magna, Sabratha, Arles et Pola, et au XIIe siècle, la famille Frangipani fortifie même le Colisée pour les aider dans leur lutte pour prendre le contrôle de Rome[BG 12]. D'autres amphithéâtres sont réorientés comme églises chrétiennes, y compris les arènes d'Arles, de Nîmes, de Tarragone et de Salone. Le Colisée devient une église chrétienne au XVIIIe siècle[BG 12].
150
+
151
+ L'avènement du Bas Empire marque souvent une cassure dans l'utilisation des amphithéâtres romains. La crise du IIIe siècle provoque une certaine désaffection du public en même temps que les conditions économiques sont moins favorables à l'organisation de coûteux spectacles et à l'entretien des monuments. La montée du christianisme participe également à cette désaffection, les spectacles païens des arènes étant déavoués par les autorités religieuses. De la moitié du IIIe siècle au milieu du Ive siècle et notamment en Gaule, plusieurs amphithéâtres sont transformés en forteresses (Tours) puis intégrés à des enceintes urbaines de taille réduite (Amiens, Périgueux, Tours, Metz, Trèves, etc.). À Rome toutefois, le Colisée continue d'accueillir des combats de gladiateurs jusqu'en 404, date à laquelle Flavius Honorius les interdit, mais d'autres types de spectacles s'y déroulent pour quelques décennies encore[G12 21].
152
+
153
+ La chute de l'empire romain d'Occident en 476 semble sceller définitivement le sort des amphithéâtres qui pouvaient encore rester en service. Plus aucun ne subsiste dans ses fonctions d'origine, la plupart sont abandonnés et démolis, volontairement ou non, leurs pierres étant récupérées pour de nouvelles constructions.
154
+
155
+ Au Moyen Âge, si les amphithéâtres ne sont pas réduits à l'état de ruines au point de disparaître du paysage, ils peuvent être lotis et leur cavea construite, comme c'est le cas à Arles après que des tours ont été construites à chacune des extrémités des deux axes de l'ellipse[AU 14]. Certains de ceux qui sont désormais disparu étaient encore visibles, au moins partiellement puisque la coutume du Berry, vers 1540, interdit de jeter des ordures dans la fosse de l'arène de l'amphithéâtre de Bourges[26]. Pourtant, parfois, les amphithéâtres sont remis en service pour y accueillir des jeux ; c'est le cas des arènes de Lutèce à l'instigation de Chilpéric[AU 15].
156
+
157
+ Lorsque presque plus aucun vestige aérien ne révèle la présence d'un amphithéâtre antique, le pourtour de la cavea demeure parfois gravé dans la trame viaire ou le parcellaire, comme à Tours ou Poitiers (France), Florence ou Lucques (Italie).
158
+
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+ L'amphithéâtre d'Arles (France) au XVIIIe siècle.
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+
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+ Maquette du quartier de l'amphithéâtre à Florence.
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+ L'amphithéâtre de Tours sur le cadastre napoléonien.
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+ La cavea construite sur l'amphithéâtre de Lucques.
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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+ On peut définir le jeu comme une activité d'ordre psychique ou bien physique pensée pour divertir et improductive à court terme. Le jeu entraîne des dépenses d'énergie et de moyens matériels, sans créer aucune richesse nouvelle. La plupart des individus qui s'y engagent n'en retirent que du plaisir, bien que certains puissent en obtenir des avantages matériels. De ce fait, Johan Huizinga remarque que de très nombreuses activités humaines peuvent s'assimiler à des jeux. La difficulté de circonscrire la définition du jeu présente un intérêt pour la philosophie.
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+
3
+ Il est plus facile de répertorier les jeux. Ceux-ci se caractérisent généralement par un nom et des règles qu'on peut classer par types.
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+
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+ Les sciences de l'éducation et du développement humain, les sciences cognitives, la pédagogie examinent le jeu comme pratique infantile, importante pour les apprentissages et l'éducation, ce qui peut le rendre productif à moyen et long termes. Dans le jeu, le jeune humain, comme celui d'autres espèces, réalise sans enjeu vital des actes qui lui seront nécessaires dans sa vie adulte.
6
+
7
+ L'adulte, cependant, continue à jouer, et applique fréquemment le concept de jeu à des activités qu'il ne conçoit pas comme purement divertissantes. C'est ainsi qu'on pose la question « quel jeu joues-tu ? ». La sociologie et la psychologie des interactions humaines, établissent, l'une et l'autre, des liens entre les jeux réglés, comme les sports, et les conventions, souvent implicites, qui règlent la vie des sociétés et les sentiments des individus qui les composent. Cette extension du concept de jeu donne en économie la théorie des jeux.
8
+
9
+ Le mot « jeu » vient du mot latin jocus signifiant « plaisanterie » ou « badinage », qui a aussi donné en français jouet. Par métonymie, on appelle « jeu » l'ensemble des cartes à jouer, et par extension, tout assortiment ou ensemble. En informatique, on a ainsi des jeux de données. Le « jeu » peut aussi désigner la façon personnelle de pratiquer un jeu ou de jouer d'un instrument.
10
+
11
+ En latin les jeux sont désignés par ludi, qui a donné en français « ludique » et autres dérivés (ludothèque, ludant, ludé, ludion…).
12
+
13
+ Les sens dérivés du mot renseignent sur l'étendue du concept[1]. On connaît, dans de nombreuses langues, les jeux de l'amour ; certaines figures de style sont des jeux de mots ; les comédiens « jouent » leur rôle, plutôt que de les « agir », bien qu'on les dise aussi acteurs ; la « règle du jeu » désigne par synecdoque l'ensemble des conventions sociales. En Français, on joue d'un instrument de musique, que les Espagnols, comme les anciens Français, « touchent » ; et deux pièces qui peuvent avoir du mouvement l'une par rapport à l'autre ont du jeu.
14
+
15
+ « On appelle jeu tout procès métaphorique résultant de la décision prise et maintenue de mettre en œuvre un ensemble plus ou moins coordonné de schèmes consciemment perçus comme aléatoires pour la réalisation d'un thème délibérément conçu comme arbitraire. »
16
+
17
+ — Jacques Henriot, Sous couleur de jouer[2].
18
+
19
+ Le jeu a fait l'objet d'une attention sérieuse donnant lieu à une grande quantité de publications. Les essais de Huizinga (1938) et de Caillois (1958) lui sont consacrés entièrement. « Le jeu est plus ancien que la culture », constate Huizinga en ouverture de son Homo Ludens : les animaux « jouent exactement comme les hommes ». Le jeu manifeste l'existence de l'esprit avant la culture et celle-ci, prise dans son sens le plus large, garde du jeu des traits fondamentaux (1951:15). Caillois, limitant son propos à l'espèce humaine, constate lui aussi l'ubiquité du jeu, notant cependant une restriction : « le jeu est une activité de luxe et qui suppose des loisirs » (1967:24). Ces auteurs vont s'attacher à examiner les traits principaux du jeu, partant de la notion commune, sans tenter de définir rigoureusement ce que c'est. L'association du jeu à l'enfance s'est renforcée depuis, après les travaux de Piaget (1945) qui soulignent son importance pour l'apprentissage. Les jeux et divertissements d'adolescents et adultes, et la création, au XXe siècle et plus récemment, d'une grande quantité de jeux de société et jeux vidéo ont suscité moins de commentaires érudits.
20
+
21
+ Pour Brougère (2005), cinq caractères font d'une activité un jeu :
22
+
23
+ Ces deux critères sont essentiels. Plus accessoires, les trois autres critères sont
24
+
25
+ À des nuances près, répondant à des objections faites aux auteurs précédents, ces caractères sont ceux posés par Huizinga et par Caillois[a].
26
+
27
+ En 2007, Olivier Caïra, étudiant spécifiquement le jeu de rôle sur table et s'appuyant sur les travaux de Goffman[3] et Bateson[4], propose une définition sous la forme « d'exigences » plutôt que de caractéristiques, puisque le jeu est une construction humaine et pas nécessairement d'un produit fini[5] :
28
+
29
+ Pratiquement, toute activité humaine peut être l'objet d'un jeu, et réciproquement tout jeu peut cesser de le devenir. Selon Huizinga, le jeu est avant tout une institution (comme l'école, l'Assemblée nationale...), limitée dans le temps et limitée aux joueurs de la partie[6]. Le jeu institue un espace de liberté au sein d'une légalité particulière définie par la règle du jeu[7].
30
+
31
+ Le jeu est aussi une manière de représenter le monde. Le jeu transpose dans un objet concret des systèmes de valeurs ou des systèmes formels abstraits. De ce point de vue le jeu peut être considéré comme un modèle du monde ou une métaphore d'une de ses parties. Jouer et/ou inventer un jeu, construire une partie en interaction avec son adversaire relève alors d'une activité culturelle de haut niveau, et chaque partie jouée est une forme d'œuvre d'art.
32
+
33
+ Le jeu de l'acteur, par l'absence de règles strictes, par le caractère prévisible de l'action ou encore par l'absence de compétition donne un aperçu de la difficulté à cerner les limites du jeu.
34
+
35
+ Le jeu ne se développe pas seulement dans un cadre formel mais se crée aussi spontanément. Jouer à la poupée, à la guerre, à la classe ou avec des figurines ne permettent ni de gagner, ni de perdre, mais se contentent de représenter le monde et d'entraîner le joueur à affronter la vie réelle, dans un cadre où une fausse manœuvre n'engendre que peu de conséquences.
36
+
37
+ Les modalités de jeu varient dans les diverses cultures humaines, indépendamment des moyens matériels dont elles disposent. Certains jeux peuvent être des « pratiques […] qu’une communauté humaine reconnaît comme faisant partie de son patrimoine dans la mesure où celles-ci procurent à ce groupe humain un sentiment de continuité et d’identité[8] », « un ensemble de ressources héritées du passé que des personnes considèrent […] comme un reflet et une expression de leurs valeurs, croyances, savoirs et traditions en continuelle évolution[9] ». Le ministère de la Culture français a recensé un certain nombre de jeux pouvant faire partie du patrimoine commun immatériel de la France[10].
38
+
39
+ Le jeu ne se manifeste réellement que chez les mammifères, notamment les dauphins. Il semble que cela soit principalement rendu possible par la relative immaturité des petits et la lenteur de leur développement. Ainsi, pour le psychologue Karl Groos, « La jeunesse, qui n'existe que chez les espèces élevées, a pour but de procurer à l'animal le temps nécessaire pour s'adapter à ses devoirs très compliqués et qui ne sauraient être accomplis par l'instinct seul »[11]. On peut en effet observer que les jeux des jeunes animaux consistent le plus souvent à exercer une activité motrice ou mimer les adultes : chasses, comportements sociaux[réf. nécessaire]... Les animaux adultes, cependant, jouent aussi, seuls, avec leurs congénères, et avec des espèces différentes, y compris les hommes.
40
+
41
+ En 1958, Roger Caillois publie Les Jeux et les hommes : Le masque et le vertige, dans lequel il s'essaye à une classification générale des jeux. Il propose quatre fondements pour le jeu :
42
+
43
+ La compétition s'oppose au hasard, et le vertige au simulacre. La compétition suppose au joueur une valeur personnelle, niée par l'intervention du sort. Qui joue abandonne sa personnalité ordinaire soit en l'étourdissant dans le vertige, soit en la conformant au simulacre d'un autre être. Les jeux se placent dans un des quadrants de l'espace organisé par ces deux axes (p. 47-48). Les jeux réservent la plupart du temps une part à chacun de ces effets.
44
+
45
+ Ils se répartissent encore selon un troisième axe, qui oppose
46
+
47
+ Les règles, estime Caillois, augmentent la difficulté (p. 48).
48
+
49
+ Les couples {agôn ; alea}, {ilinx ; mimicry} et {paidia ; ludus} opposent un mot grec ancien à une locution latine ou anglaise (mimicry se traduit par « mimétisme »).
50
+
51
+ N.B. Dans chaque colonne verticale, les jeux sont classés approximativement de sorte que l'élément padia décroisse lorsque l'on descend tandis que l'élément ludus croît.
52
+
53
+ Olivier Caïra note que que cette classification est trop rigide et pas adaptée à des jeux plus récents[13] : « le poker et le backgammon, par exemple, associent agôn et alea. […] il faudrait distendre dangereusement les quatre principes, ou en ajouter d'autres (coopération, création, érudition…) pour épuiser la description de pratiques telles que le jeu littéraire, Trivial Pursuit, Pictionary, Il était une fois… etc. »
54
+
55
+ Que ce soit sous la forme de deux équipes symétriques ou dans une relation de type chacun pour soi, beaucoup de jeux reposent sur la compétition.
56
+
57
+ Il existe, principalement parmi les jeux traditionnels, bien d'autres mécanismes. Par exemple, les joueurs peuvent changer d'équipe au cours du jeu, c'est le cas des jeux convergents comme la balle au chasseur où les joueurs vont progressivement passer d'une situation un contre tous à une situation tous contre un au cours de la partie.
58
+
59
+ Le principe des jeux paradoxaux est encore plus riche en interactions : Il s'agit de jeux où l'adversaire est en même temps un partenaire potentiel. La situation paradoxale la plus simple est lorsque trois équipes sont en relation triangulaire : Les joueurs de l'équipe A peuvent éliminer les joueurs de l'équipe B, ceux de l'équipe B les joueurs de l'équipe C et ceux de l'équipe C les joueurs de l'équipe A. Cette disposition implique donc que si l'équipe A élimine trop de membres de l'équipe B, plus personne ne pourra la protéger de l'équipe C. Ce principe est par exemple utilisé par le jeu poule renard vipère ou encore par Atride, un jeu de société créé en 1994 par Gauthier Fourcade. Mais il existe des jeux comme la balle assise provoquant des situations paradoxales beaucoup plus complexes.
60
+
61
+ La structure relationnelle des jeux peut être un enjeu idéologique. Par exemple, Mildred Masheder propose des activités ludiques qui ne peuvent être menées à bien que par la solidarité et la coopération entre tous les joueurs[14]. Ces jeux éducatifs tentent de marginaliser la compétition, estimant qu'elle est une source de violence.
62
+
63
+ Les jeux de rôle constituent les jeux de coopération par excellence, les joueurs étant amenés à s'entraider pour atteindre des objectifs communs.
64
+
65
+ Lorsqu'il joue, le joueur ne sait pas son rôle de façon plus ou moins explicite. C'est sans doute l'une des facettes les plus archaïques du jeu.
66
+
67
+ Jean Piaget a particulièrement bien décrit l'importance du jeu symbolique dans le développement du jeune enfant. Il est très fréquent que le jeu soit une reprise symbolique de ce qui se passe dans la réalité. Mais la capacité à s'investir dans le « comme si... » du jeu va de pair avec une capacité de distinguer le littéral du métaphorique : pour que le jeu existe, il faut qu'il reste un certain écart entre réalité et fiction.
68
+
69
+ Il existe donc une certaine ambivalence entre le joueur et le personnage qu'il incarne : il y place une partie de lui-même mais garde toujours un regard critique sur la réalité de cette incarnation. Institutionnalisé, cet aspect de l'activité ludique a donné naissance au jeu dramatique puis au jeu théâtral.
70
+
71
+ Un jeu ne remplit son objet (de plaisir ou d'entraînement à une activité mentale ou physique) que dans la mesure où il recèle une part suffisante d'imprévisibilité pour le joueur.
72
+
73
+ Dans les sociétés qui croient au hasard, celui-ci peut servir pour assurer l'imprévisibilité de l'issue. C'est alors une composante admise, voire recherchée (jeux de dés, ballon ovale susceptible de rebondir de façon imprévisible). Les sociétés où l'on croit que les événements sont le résultat et le signe de l'action de forces occultes assurent plutôt l'imprévisibilité de l'issue du jeu par une égalisation des joueurs : catégories d'âge, d'aptitudes, compensations, handicaps.
74
+
75
+ Parallèlement, un hasard trop grand s'oppose à l'aspect compétitif des jeux, qui impose que l'issue dépende de la valeur des joueurs. Le hasard sera alors combattu par des règles très strictes et déterministes : jeu d'échecs, sport ; ou neutralisé par une multiplication des parties ou des coups avant de désigner le vainqueur : jeux de hasard comme le 421 ou le poker. L'élimination de toute référence à la valeur personnelle peut entraîner des comportements addictifs comme le jeu pathologique.
76
+
77
+ La composante aléatoire est particulièrement importante dans les jeux d'argent, qui disposent d'un critère indiscutable pour déterminer le meilleur (c'est celui qui gagne le plus), et peuvent donc se permettre une part d'aléa plus grande.
78
+
79
+ Pour jouer ensemble, il faut d'abord un accord minimal sur le cadre de jeu. On utilise souvent pour cela la règle de jeu. En même temps qu'elles sont conçues comme essentielles au jeu, les règles s'opposent au jeu proprement dit, comme le droit peut s'opposer à la justice. Le respect de l'esprit du jeu, compris comme à l'origine des règles a été à l'origine d'une valeur commune aux jeux, le fair-play.
80
+
81
+ Sans règles, un certain nombre de personnes ne jouerait pas. Les instaurer c'est mettre un cadre ; mettre un cadre, c'est associer des volontés différentes. Avec rien que les règles, d'autres groupes sont exclus, à commencer par ceux pour qui l'esprit juridique et sérieux s'oppose au jeu, et ceux à qui l'abus des règles est insupportable. On sait qu'on ne commande à personne de jouer. « C'est pas du jeu », crie l'enfant ; et s'en va.
82
+
83
+ La distinction entre les sports et les jeux ne fait pas l'objet d'un accord général.
84
+
85
+ Les sports sont plutôt physiques et réels, les jeux sont plutôt mentaux et symboliques (virtuels). Mais cette distinction ne semble pas fondamentalement suffisante, des jeux comme les échecs, le Scrabble ou même certains jeux vidéo ayant acquis une réelle dimension sportive, avec entraînement, tournois, champions, spectacle, argent, fatigue physique, etc. Tandis qu'à l'inverse même un sport comme la course peut n'être pratiqué qu'à titre de jeu, sans esprit de compétition[réf. souhaitée].
86
+
87
+ Un autre élément à citer est la part de hasard : pour les sports, l'imprévisibilité est assurée par le nombre des protagonistes et l'étendue de leurs possibilités (qui caractérise leur maîtrise du jeu), ainsi que par des catégories de poids et des handicaps. Ils sont donc généralement moins aléatoires. Mais cet élément ne semble pas non plus discriminant.
88
+
89
+ Il semble qu'il faille plutôt rechercher du côté de la motivation du joueur : lorsqu'il agit pour son seul plaisir dans l'action ou pour s'entraîner, on parlera plutôt de jeu, tandis que s'il définit son plaisir en termes de résultat dans un cadre compétitif, il est un sportif. Si la distinction est bien à ce niveau, il devient alors difficile d'être sûr du fait qu'on est dans un cadre ludique ou sportif, car le sportif s'amuse aussi, tandis que le joueur trouve une part de son plaisir dans le résultat[réf. souhaitée].
90
+
91
+ Un élément peut encore être ajouté, le sport qu'il soit collectif ou non, reste élitiste : Il favorise certains et exclut d'autres, les débutants n'ayant pas de fortes capacités physiques ne trouvent leur place ni sur le terrain, ni dans les vestiaires, alors que le jeu tient compte de chaque joueur : Il favorise l'intégration, met en avant des enjeux comme le sacrifice, la prise de risque pour l'autre, la protection... qui ont des réels impacts positifs sur la dynamique d'un groupe[réf. souhaitée].
92
+
93
+ Les archéologues sont souvent tentés d'interpréter comme jeu un simple alignement de cupules (comme sur le site néolithique de 'Ain Ghazal en Jordanie) ou un quadrillage mais l'absence de pions rend difficile de prouver la pratique de jeux préhistoriques bien que celle-ci soit certainement l'une des plus anciennes de l’humanité[15]. Les Étrusques pratiquaient des jeux (ludi circenses et ludi scaenici) dont les vocations étaient rituelles et religieuses. Les Romains en ont repris certains principes dans leurs jeux du cirque.
94
+
95
+ La présence de jeux (en) est bien attestée dès le début de l'Antiquité grâce à des témoignages écrits ou iconographiques. La liste de jeux auxquels Bouddha n'aurait pas joué est la plus ancienne liste écrite de jeux connue (VIe et Ve siècles av. J.-C.)[16]. Une référence écrite d'un jeu qui pourrait être le go est dans les Annales des Printemps et Automnes rédigées entre 722 et 481 av. J.-C. Parmi les jeux dans l'Égypte antique, le jeu de société du senet apparaît à l'époque prédynastique et le mehen dès 3000 av. J.-C. Les jeux de plateau et de parcours sont aussi prisés dans l'ancienne Mésopotamie, tel le jeu royal d'Ur dès 2600 av. J.-C. ou le mancala en Afrique dès le VIe siècle. Souvent utilisés avec des instruments de hasard (roulement des osselets et des dés), ils peuvent être associés à l'art divinatoire comme l'hépatoscopie en Mésopotamie, la scapulomancie en Chine[17].
96
+
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+ Le Chaturanga indien (décrit dans le texte sanskrit Vasavadatta au Ve siècle) et le chatrang perse (décrit dans Wizârišn î chatrang ud nihišm î nêw-ardaxšîr, « l'explication des Échecs et l'invention du Nard » au VIe siècle) sont considérés comme les ancêtres du jeu d'échecs[18].
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+ Le lancer de dés est très prisé par les Grecs et les Romains, comme en témoigne l'expression Alea jacta est. Les soldats romains pratiquent le jeu des latroncules. Les jeux de dés sont encore associés à des pratiques divinatoires païennes, l’utilisation du sort dans les jeux de hasard et d’argent fait souvent appel à la providence divine (or selon le troisième commandement, « Tu ne prononceras ton Dieu, en vain »), aussi sont-ils interdits à plusieurs reprises par l’Église[19]. Cela n'empêche pas les jeux de dés de connaître un vif succès au XIIe siècle dans toutes les couches de la société de l’Occident médiéval. De même, le jeu des échecs, de la marelle, du trictrac ou du backgammon issus de l’Antiquité se popularisent au Moyen Âge[17]. Les plus anciennes cartes à jouer apparaissent en Chine durant la dynastie Tang (618-907) au moment où le format des livres passe du rouleau à la feuille et se diffusent en Occident à la fin du Moyen Âge[20].
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+ Le Libro de los juegos, codex écrit au XIIIe siècle, reste l'ouvrage le plus important pour l'étude des jeux médiévaux[21].
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+ Sophocle (495-406 av. J.-C.) est le premier auteur connu qui met en rapport l’invention des jeux avec l’attente lors d’un siège (soit devant Aulis, soit devant Troie) mais il ne cite Palamède que pour expliquer qu’il a écarté une famine du camp des Grecs sans l’associer personnellement à l’invention des jeux. Euripide (480-406 av. J.-C.) dit bien que Palamède a créé les pessos (sorte de jeu de pions probablement apparenté aux dames) mais Platon (428-348 av. J.-C.) à la même période leur attribue une origine divine, par Theuth (le dieu égyptien Thot) ou Hermès. Cratès (IVe siècle av. J.-C. également) attribue la création de tous les jeux aux Lydiens quand Hérodote (480-425 av. J.-C.) attribue aussi tous les jeux aux Lydiens (même les jeux de dés) sauf le jeu de pessos qu’il attribue aux Grecs. Polémon de Laodicée (90-144 apr. J.-C.) fait le lien entre les deux pans de l’histoire de Sophocle, Palamède qui écarte une famine et la création des jeux au moment d’un siège, pour expliquer que Palamède a créé les jeux de dés et les pessos pour consoler l’armée d'une famine qui y sévissait[22].
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+ Cette croyance de la Grèce antique formée au fil des ans fait donc de Palamède l’inventeur des jeux de dés (soit un jeu de hasard) et des pessos (soit un jeu de réflexion).
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+ Des légendes médiévales s’appuient sur cette mythologie pour en faire le créateur des échecs[23]. De plus, Palamède, personnage de la guerre de Troie, est alors souvent confondu avec Palamède, héros du cycle arthurien, ce dernier se voit attribuer d’armoiries en forme d’échiquier[24]. Un des plus vieux mensuels consacrés aux échecs, un magazine français du XIXe siècle, sera appelé Le Palamède.
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+ Le trait le plus évident du jeu n'est autre que sa différence avec la réalité. Jouer, c'est jouer à être quelqu'un d'autre, ou bien c'est substituer à l'ordre confus de la réalité des règles précises et arbitraires, qu'il faut pourtant respecter scrupuleusement. Il faut entrer dans le jeu, il ne supporte pas le scepticisme notait Paul Valéry[réf. souhaitée]. Cependant, le jeu n'est plaisant que dans la mesure où cette entrée dans le jeu, en latin in–lusio, c'est-à-dire illusion, est librement consentie. Le jeu est l'occasion d'émotions puissantes, voire de vertige, émotions liées à ses aléas, au désir de gagner, au poids des enjeux. Pourtant, le jeu est, en première analyse du moins, « innocent », et même désintéressé, en ce sens que vaincre au jeu, ce n'est pas humilier l'adversaire. Prendre sa revanche est en droit toujours possible. « Toute nouvelle partie apparaît comme un commencement absolu », souligne Caillois 1967. Le jeu « est condamné à ne rien fonder ni produire, car il est dans son essence d'annuler ses résultats ».
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+ Ainsi, le jeu obéit à une logique radicalement opposée à celle de la rentabilité. Né selon Schiller, au même titre que l'art, d'une surabondance d'énergie vitale par rapport aux besoins, d'une pulsion de jeu (dans l'allemand de Schiller, Spieltrieb), le jeu est donc avant tout occasion de dépense pure[25]. L'activité déployée par le joueur est fondamentalement superflue. Certes, cela ne semble pas tenir compte des jeux d'argent. Mais ceux-ci ne produisent globalement rien, tout au plus enrichissent-ils certains joueurs aux dépens des autres, remarque Caillois. En ce sens, il n'y a de jeux à proprement parler qu'à somme nulle. Le gain n'est pas un salaire, note Huizinga. Le salaire octroyé à un joueur le transforme ipso facto en un professionnel.
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+ Le jeu est donc une activité à part, distincte des activités utiles. Il faut rapprocher cette dimension d'une remarque de Huizinga: comme le sacré, le jeu ne vaut qu'à l'intérieur de frontières temporelles et spatiales précises, la durée de la partie, le stade ou le damier. Le jeu serait une expression frappante de la liberté créatrice, du triomphe, mais parfaitement circonscrit, sur le déterminisme pesant des choses ou des statuts sociaux. Ces dimensions permettent à Béatrice Galinon-Mélénec de l'envisager comme acteur de "remédiation" pour certaines pathologies d'ordre psychique[26]. À lire Le Joueur de Fiodor Dostoïevski, le joueur considère le hasard comme un être fantasque, étranger à toute règle durable ; un être qui peut tout donner et tout reprendre, pour qui tout est possible. Un coup de dé abolit, non le hasard, mais la nécessité.
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+ N'en concluons pas que le jeu annule toutes les lois. Il les rend plutôt particulièrement lisibles et univoques. Les jeux de hasard ont ouvert la voie au calcul des probabilités, parce qu'ils permettent de dépouiller le hasard de tous ses traits contingents en l'introduisant dans un système artificiel et fermé, homogène, soumis au nombre et à la répétition : le jeu de cartes ou la roulette. Les règles du jeu aboutissent à une stylisation extrême de la réalité, font de cette dernière un simple alibi de la compétition.
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+ Les jeux, note Caillois, ne sont pas tant réglés et fictifs que réglés ou fictifs. Le simulacre aurait la même fonction que la règle arbitraire : mettre hors jeu la réalité.
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+ « Cette conscience de l'irréalité fondamentale du comportement adopté sépare de la vie courante, en lieu et place de la législation arbitraire qui définit d'autres jeux »[réf. souhaitée].
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+ Le jeu n'est pas toujours compétition, comme le montrent les jeux de construction, ou le bilboquet. On imagine cependant mal un jeu de hasard ou d'adresse sans incertitude. Il semble pourtant que les jeux de rôles obéissent à un autre principe : participer d'une existence qui nous est inaccessible. Cependant, même dans ce cas, il y a bien une sorte de défi car il n'est pas si facile d'agir continuellement comme un autre. Selon Caillois, la règle du jeu est alors unique ; elle consiste « à fasciner le spectateur, en évitant qu'une faute conduise celui-ci à refuser l'illusion »[réf. souhaitée]. On peut de fait remarquer que dans certains jeux, il suffit, pour l'emporter, de respecter la règle le plus longtemps possible, de demeurer dans le jeu : ainsi le ni oui ni non. Enfin, il y a une certaine proximité entre triompher du hasard, ou d'un adversaire, parfois de la mort, mais dans un univers strictement conventionnel, et s'affranchir par l'imitation de ses propres limites. Caillois reconnaît encore une quatrième sorte de jeux, à côté des compétitions (agôn), des jeux de hasard (alea), et des jeux de rôles (mimicry). Il s'agit de ces activités qui n'ont pas d'autre but que le vertige (ilinx), comme de nombreuses attractions de fêtes foraines. Indiscutablement, elles enveloppent une dimension de défi, c'est-à-dire ici de courage physique. Quels que soient les enjeux, le beau joueur ne doit pas accorder trop d'importance à la victoire, ou à la défaite, parce que ce n'est précisément qu'un jeu, réputé sans conséquences. Pourtant, s'il ne leur accordait aucune importance, le jeu perdrait tout intérêt. Tout le déroulement de la partie d'échecs se rattache à la préservation du roi, à son assimilation provisoire au Moi du joueur. Celui-ci doit être capable d'investir le plus intensément possible cette convention, et de retirer instantanément cet investissement lorsque la partie est finie. Le jeu est ainsi une création dont le joueur reste maître (Karl Groos)[réf. souhaitée].
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+ Des moralistes condamnent le jeu, en ce qu'il détourne des activités productives et religieuses. Cette condamnation, assez générale en ce qui concerne les jeux d'argent, où le gain ne dépend pas de l'utilité du joueur à la société, et aux jeux de hasard, où s'exprime un culte de la chance, s'étend, chez des auteurs puritains ou rigoristes chrétiens, musulmans ou bouddhistes, à tous les jeux et divertissements.
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+ Étienne de La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire prend ainsi, dans une lecture libre d'Hérodote[27], l'exemple de Cyrus, qui pour assujettir la Lydie, n'aurait pas usé de la force ou de la destruction, mais y aurait établi « des bordels, des tavernes et des jeux publics » pour affaiblir les Lydiens, qui au lieu de s'insurger, se mirent à inventer toute sorte de jeux[28].
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+ Johan Huizinga affirmait que « jusqu'à un certain point, la compétition, comme tout autre jeu, est dépourvue de but »[réf. souhaitée]. Pourtant, si le jeu d'échecs est inutile, l'intelligence ne l'est point. Le jeu n'apprend pas de recettes, il développe des aptitudes générales (Caillois)[réf. souhaitée]. Il est vrai qu'une intelligence purement échiquéenne serait remarquablement inadaptée à la vie. Jean Piaget a montré aussi quel rôle jouait le jeu dans la formation morale de l'enfant, son rapport à la règle comme aux valeurs d'égalité et de justice. Ajoutons que si l'important est « d'avoir gagné », indépendamment de toute conséquence, Huizinga lui-même constatait que cette supériorité tendait « à prendre l'apparence d'une supériorité en général »[29]. À le lire, le jeu est même partie intégrante de la logique de sociétés entières, dans leur existence politique, juridique, guerrière. Ces sociétés obéiraient en effet davantage à la pulsion de jeu chère à Schiller qu'au principe de réalité. Dans ces sociétés ludiques, individus et groupes seraient moins friands d'avantages matériels que de l'honneur d'avoir bien joué. Ainsi, il ne s'agira pas de gagner la guerre par tous les moyens, mais de laisser une chance à l'adversaire, de s'exposer soi-même avec vaillance. L’homo ludens doit montrer qu'il est capable de mettre de bon cœur en jeu sa vie. Il entend s'affronter au destin, toujours ambigu, et à son vertige, le provoquer, même. Le risque est donc autant le propre du détachement ludique, d'un certain parti du « tout ou rien », que de l'engagement ou de la foi. Mais s'il est facile de tout perdre, on ne saurait tout gagner...
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+ Longtemps, les éducateurs ont tenu le jeu en piètre estime. Dans la théorie du jeu de Friedrich Schiller, reprise et mise à jour par Herbert Spencer « Le jeu est un moyen d'employer l'énergie superflue, une sorte de soupape de la jeunesse »[30]. Alain estimait que l'école devait tenir le milieu entre le jeu, qui enferme l'enfant dans l'enfance, et le sérieux, qui l'enferme dans l'utile. Même Célestin Freinet se méfiait du jeu, car l'éducation doit donner à l'enfant de véritables responsabilités, elle doit privilégier la forme du travail et de la coopération laborieuse. Certes, le jeu a eu quelques défenseurs comme Platon[31] ou Locke[32], mais son rôle dans le développement de l'enfant n'a réellement été pris au sérieux qu'au cours du XXe siècle. En ce sens, le caractère gratuit du jeu tend à être évacué par certaines pédagogies contemporaines, ainsi l'Action Catholique des Enfants utilise le jeu comme outil pédagogique pour discuter avec les enfants des sujets de société.
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+ Les jeux pédagogiques contribuent à l'acquisition de connaissances ou de compétences. Ils sont de plus en plus reconnus par les pédagogues et les enseignants comme utiles, pour les raisons suivantes :
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+ On constate également que les jeux de société promeuvent l'esprit de coopération :
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+ C'est pourquoi les jeux pédagogiques traditionnellement utilisés surtout en maternelle se développent maintenant à l'école primaire, au collège et plus tard.
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+ Le développement récent des jeux pédagogiques en formation continue des adultes est remarquable. On note l'utilisation fréquente des jeux de rôles ou de simulation, qui mettent les participants dans des situations proches de situations de travail réelles. Ils permettent également se simuler les relations de travail pour éduquer les comportements, pas seulement les compétences.
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+
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+ Il faut opposer les jeux pédagogiques aux jeux éducatifs. Du point de vue de la ludologie, les jeux éducatifs n'existent pas car un jeu ne tend que vers le plaisir qui est incompatible avec la contrainte de l'apprentissage[réf. nécessaire]. En revanche, les jeux dits pédagogiques prétendent intégrer des valeurs sociales de façon amusante : coopérer plutôt que s'affronter, réfléchir avant d'agir, savoir partager des ressources ou des informations, etc. Mais leur valeur pédagogique reste intimement liée à la faculté d'analyse de chaque participant ou, à défaut, à l'encadrement de cette analyse en fin de partie.
139
+
140
+ Le jeu est un comportement complexe qui est associé à une motivation intrinsèque plutôt qu’extrinsèque ; est habituellement spontané et plaisant ; est dirigé par le joueur lui-même et implique un engagement actif non obligatoire[33]. Le jeu a été identifié comme étant la première occupation dans laquelle l’humain s’engage durant sa vie[34]. En ergothérapie et en psychomotricité, le jeu est utilisé pour évaluer le développement de l’enfant, comme moyen d’intervention auprès de l’enfant[35] ou encore comme élément renforçateur[36]. Différents types de jeu sont observés selon les stades de développement de l’enfant.
141
+
142
+ Vers l’âge développemental de 18 mois, l’enfant joue de façon conventionnelle avec les objets car il est en mesure de comprendre la fonction d’un objet. Par exemple, il utilise le peigne pour se peigner. Cela dit, plus l’enfant évolue, plus il jouera de façon imaginative avec les objets et c’est à ce moment que s’exprime le jeu symbolique (jeu de faire semblant)[37]. Selon Piaget, le jeu symbolique émerge durant le stade préopératoire (2e stade développemental allant de deux à six ans) et vient s’ajouter au jeu sensori-moteur qui est déjà présent à cet âge[38]. Il existe deux types de jeu symbolique soit le jeu individuel et le jeu social c'est-à-dire le jeu effectué seul ou avec des pairs[39]. Le jeu symbolique implique l’utilisation de la représentation d’un objet absent et imaginé ou la substitution d’objet pour jouer. En jouant à faire semblant, l’enfant peut symboliquement changer son identité et/ou celle d’un objet selon les exigences du contexte de jeu[40]. Par exemple, l’enfant qui bouge un crayon en imaginant que c’est un avion représente symboliquement l’avion par le crayon[41][source insuffisante]. Cette forme de jeu montre l’apparition et l’évolution de la fonction sémiotique c’est-à-dire que l’enfant comprend qu’une chose peut en représenter une autre[42], [37]. Selon Ferland, c’est entre trois et cinq ans que l’enfant développe des scénarios de jeu et arrive à jouer avec des mots, des concepts et des idées. Par exemple, l’enfant est en mesure d’attribuer des rôles plus précis à différents personnages. Toutefois, jusqu’à l’âge d’environ quatre ans, l’enfant a de la difficulté à différencier le monde réel de son monde imaginaire[37]. À partir de cet âge, le jeu symbolique se complexifie car l’enfant peut maintenant élaborer de façon imaginative des situations plus complexes. Par exemple, l’enfant peut s’inventer un monde imaginaire autre que le monde dans lequel il vit actuellement[43].
143
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144
+ Le jeu symbolique nécessite la présence de certaines habiletés chez l’enfant telles que la capacité de résolution de problème, la représentation, la mémoire, l’attention, la concentration, la visualisation, l’organisation de la pensée, la flexibilité et adaptabilité de la pensée, la pensée logique séquentielle, le langage, la capacité de décontextualisation du langage, la capacité de généralisation, la compétence narrative, la compréhension des règles et rôles sociaux, la compréhension émotionnelle et les capacités motrices et sensorimotrices. Inversement, le jeu symbolique permet à l’enfant d’apprendre de nouvelles habiletés, de nouveaux comportements, de développer son langage, de partager ses expériences émotionnelles, d’apprendre à penser[44],[45] et de se développer au niveau physique[46]. De plus, le jeu symbolique est le précurseur du développement du sens de l’humour[37].
145
+
146
+ Selon certains auteurs, ce sont les habiletés cognitives, sociales et émotionnelles qui ont le plus grand impact sur la capacité de l’enfant à jouer à des jeux symboliques. En l’absence de ces différentes habiletés, l’enfant éprouvera des difficultés dans un contexte de jeu symbolique, ce qui restreindrait son niveau de participation pouvant alors contribuer potentiellement à certains problèmes d’apprentissage et d’interactions sociales avec ses pairs[47].
147
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148
+ Chaque jeu a deux faces au moins, indissociables. D'une part, il y a un (des) objet(s) matériel(s) (un terrain, un plateau de jeu, des pions, un ballon...) dont l'usage est contraint par les règles du jeu. D'autre part, il y a des valeurs qui renvoient symboliquement au fonctionnement du monde. Ainsi, il existe des jeux où affamer son adversaire permet de gagner (Monopoly, par exemple) et d'autres où cela est interdit (Awélé, par exemple), des jeux où l'extermination est la règle (dames) et d'autres où dominer suffit (jeu d'échecs).
149
+
150
+ La première face est le « ludant », ce qui permet de jouer. La seconde ce qui est joué, le « ludé ». Exemple : Le jeu de dînette permet à l'enfant de se prendre pour un adulte qui s'adonne aux tâches domestiques du ménage. L'enfant s'essaye ainsi à occuper la place de l'adulte qui, dans la famille, fait à manger. Il fait alors comme s'il était grand. D'un côté le ludant « dînette », de l'autre le ludé « place sociale ».
151
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152
+ Cette faculté du jeu de modéliser les valeurs morales, mais aussi formelles du monde, en fait un outil éducatif potentiellement puissant.
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154
+ Ces néologismes (ludant et ludé), non justifiés scientifiquement, font une référence explicite aux termes de la linguistique « signifiant » et « signifié ». Dans ce cadre, pourquoi ne pas utiliser les mots génériques du domaine reconnus de façon académique ? Plus encore, quel est le ludant dans un jeu comme « chat » et quel est le ludé dans un jeu comme le « morpion » ?
155
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156
+ La plupart des jeux d'argent font appel au hasard : jeux de hasard pur (loterie, roulette...), jeux de hasard raisonné se pratiquant avec des cartes comme le poker ou avec des dés comme le backgammon.
157
+
158
+ Dans les jeux de hasard pur, les stratégies qui tentent d'augmenter les chances sont appelées martingales. Les personnes qui s'adonnent à ces jeux de hasard et d'argent (gambling, en anglais) peuvent développer une forte dépendance à ceux-ci. On nomme cette psychopathologie (addiction, en anglais) « jeu pathologique » ou « jeu excessif ».
159
+
160
+ Dans certains pays, les États tirent une part importante de leurs revenus de jeux organisés à l'échelle du pays : loterie ou loto national, pari mutuel urbain, etc. Les États-Unis veulent empêcher leurs résidents de jouer sur des sites basés à l'étranger. Ils ont été condamnés à l'OMC et ont encore renforcé leur loi au nom de la moralité.[réf. nécessaire] Ensuite, ils ont légiféré de telle sorte que les règles de l'OMC ne s'appliquent plus aux jeux et aux paris en ligne.[réf. nécessaire]
161
+
162
+ Également, les jeux d'argent clandestins varient en importance relative selon les pays.
163
+
164
+ Les casinos et salles de jeu accueillent des jeux traditionnels comme la roulette, le Jeu de la boule ou les machines à sous. On peut y pratiquer des jeux de cartes comme le baccara, le chemin de fer ou le blackjack.
165
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166
+ Le jeu pathologique est semblable à la dépendance à l'alcool et aux drogues. Par le jeu, la personne ayant un problème de jeu excessif maintient un ensemble de comportements qui mettent en péril sa vie personnelle, familiale ou professionnelle et celle de son entourage.
167
+
168
+ Cette famille est très vaste et on y dénombre toutes sortes de variétés de jeux : jeux de réflexion, jeux de hasard pur ou raisonné, jeux de déduction, jeux de lettres, jeux de connaissance, etc.
169
+
170
+ Certains jeux de société, devenus très importants, réunissent des communautés de joueurs qui s'y consacrent presque exclusivement.
171
+
172
+ C'est par exemple le cas pour des jeux très classiques, comme le jeu d'échecs, le bridge ou le Scrabble. Mais c'est également le cas de jeux plus récents comme les jeux de simulation, dont les règles visent à décrire de manière fine certaines situations et en particulier, les jeux de rôle et les jeux de guerre et plus spécialement les jeux de figurines.
173
+
174
+ Parmi les jeux qui se pratiquent seuls, on trouve tous les casse-tête comme le Cube de Rubik, le tangram ou le Puzzle multi-pyramidal. Certains jeux ne demandent qu'un papier et un crayon comme les énigmes, les mots croisés ou les sudokus que l'on trouve généralement dans des journaux.
175
+
176
+ Les jeux de cartes qui se pratiquent seuls sont appelés des patiences.
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178
+ Les puzzles sont en anglais tous les casse-tête. En français, un puzzle est une image à reconstituer à partir d'éléments découpés. Le puzzle se pratique en principe seul, mais il n'est pas rare que rapidement plusieurs personnes s'adonnent ensemble à ce plaisir et le puzzle devient alors un véritable jeu de coopération.
179
+
180
+ Les jeux vidéo utilisent des moyens techniques spécifiques, soit des consoles de jeu vidéo, des bornes d'arcade, ou encore des ordinateurs. D'invention assez récente (dans les années 1950), ils ont ouvert le champ à de nouvelles manières de jouer. Plusieurs genres de jeu vidéo ont vu le jour :
181
+
182
+ L'expression « jeu de stratégie » a de nombreuses et diverses significations. Pour les uns, il s'agit d'un jeu de guerre ou d'un jeu de simulation, informatisé ou non, comme le Monopoly[48]. Ces jeux se basent sur l'expérience sociale, plus que sur des règles, et font appel au sort.
183
+
184
+ D'autres classent comme jeu de stratégie ceux dans lesquels le rôle du hasard est réduit au minimum[49]. Dans les échecs, les dames, le go, seul le premier à jouer peut être tiré au sort si une hiérarchie entre les joueurs ne le décide pas. Le jeu de stratégie s'oppose ainsi au jeu de hasard.
185
+
186
+ Le jeu par correspondance a d'abord été pratiqué par courrier postal. Il conserve aujourd'hui de nombreux adeptes.
187
+
188
+ L'émergence d'Internet a profondément bouleversé les pratiques. Avec le courriel électronique ou le navigateur web, gratuit le plus souvent et rapide, le jeu par correspondance a conquis de nouveaux adeptes. Cette pratique est parfois désignée par l'abréviation anglaise PBeM (Play by e-mail).
189
+
190
+ Il peut être sous plusieurs formes :
191
+
192
+ Souvent aussi appelés Livres dont Vous êtes le Héros, du nom de la collection la plus célèbre en France, sont des livres interactifs dont le déroulement dépend des choix du lecteur. Les actions y sont souvent résolues par des lancers de dés.
193
+
194
+ On peut regrouper sous cette dénomination tous les jeux auxquels il est possible de jouer dans un café ou une salle de jeux. Insérer une pièce dans le monnayeur permet d'acheter une ou plusieurs parties.
195
+
196
+ Certains jeux ne sont apparus que sous la forme de jeux à monnayeur, comme le flipper, les jeux d'arcade et dans une certaine mesure le baby-foot. Parfois, des jeux traditionnels sont adaptés. C'est par exemple le cas du billard ou des fléchettes.
197
+
198
+ Ce sont des jeux liés à la précision du geste, comme les fléchettes, le cerceau, le bilboquet, les osselets, les jeux de boules, de billes ou de quilles. Des jouets comme la toupie demandent et développent une forme d'adresse. Les sports comportent le plus souvent une part d'adresse ; les virtuoses de jeux d'adresse comme le jonglage en font souvent un élément de spectacle, ce qui les sort de la catégorie des jeux à proprement parler[50],[51].
199
+
200
+ Dans l'ethnographie des jeux, Marcel Mauss recommande de distinguer les jeux d'adresse manuelle des jeux d'adresse corporelle, qui engagent de plus grands efforts. Le jeu manuel le plus répandu (à son époque) est le cat's cradle (berceau du chat). Le jeu de marelle, un des jeux d'adresse corporelle les plus pratiqués, s'accompagne, comme souvent, de « jeux oraux ». Les adultes et adolescents pratiquent plus souvent les jeux de balle[52]. Les jeux peuvent impliquer de véritables compétences techniques, comme on le voit dans l'exemple des batailles de cerf-volants[53],[52].
201
+
202
+ Bien qu'elles portent le substantif jeu dans leur nom, certaines activités ne répondent pas à la définition : « activité de loisirs d'ordre physique ou psychique, soumise à des règles conventionnelles[réf. nécessaire] ». Elles sont généralement à classer dans la rubrique des jouets ou des équipements de loisirs, dès lors qu'elles ne comportent pas de règles conventionnelles.
203
+
204
+ Les jeux d'extérieur, ou agrès, comme le tourniquet, le tape-cul, le toboggan, le bac à sable ou la balançoire sont en fait des équipements de loisir[réf. nécessaire]. Il en est de même pour les jeux de bassin comme la pataugeoire. Cependant, pour Roger Caillois, cette catégorie est elle aussi une des variations du jeu, dans l'attirance de l'homme à trouver du plaisir de façon gratuite dans la poursuite du vertige (ilinx).
205
+
206
+ Un jeu de construction n'est pas à proprement parler un jeu mais un jouet qui laisse libre cours à l'imagination[réf. nécessaire]. Une boîte de chimie initie l'enfant au monde de la chimie.
207
+
208
+ Les jeux de mots sont une variété de jeux d'adresse, dans lesquels on déploie, sans autre objectif, ses compétences dans la maîtrise de la langue et de la logique.
209
+
210
+ Dans l'enfance, les jeux de mots sont les « jeux oraux » : devinettes, charades[52]. Les jeux de mots poursuivent cette veine à l'âge adulte. La psychanalyse et la linguistique s'intéressent à cees plaisanteries, qui mettent souvent en œuvre des symboles et des doubles ententes.
211
+
212
+ Les divertissements de l'âge adulte peuvent se pratiquer par écrit, seul comme les mots croisés et leurs variantes, à plusieurs quand il s'agit de jeux de lettres comme le scrabble. Les jeux linguistiques se pratiquent parfois à plusieurs, comme le cadavre exquis.
213
+
214
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
215
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+ Les Jeux olympiques (JO), aussi appelés Jeux olympiques modernes, puisqu'ils prolongent la tradition des jeux olympiques de la Grèce antique, sont des événements sportifs internationaux majeurs, regroupant les sports d’été ou d’hiver, auxquels des milliers d’athlètes participent à travers différentes compétitions tous les quatre ans, pour chaque olympiade moderne.
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+ Originellement tenus dans le centre religieux d’Olympie, dans la Grèce antique du VIIIe siècle av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C., les Jeux sont rénovés par le baron français Pierre de Coubertin en 1894 lorsqu’il fonde le Comité international olympique (CIO). Depuis lors, le CIO est devenu l’organisation gouvernant le mouvement olympique dont la structure et les décisions sont définies par la Charte olympique.
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+ Les premiers Jeux olympiques modernes se déroulent en 1896 à Athènes et l'instauration des Jeux olympiques d'hiver date de 1924 à Chamonix. Ils ont lieu la même année tous les quatre ans, les années bissextiles, souvent dans le même pays sous réserves qu'il possède un territoire montagneux, puis sont décalés de deux ans à partir de 1994[n 1]. Annulés en 1916, 1940 et 1944 pour cause de guerres mondiales, les Jeux ont vu leur édition de 2020 reportée d'un an en raison de la pandémie de Covid-19.
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+ Pendant le XXe siècle, le CIO adapte les Jeux à sa perception des changements économiques, politiques et techniques du monde. Ainsi, les Jeux olympiques sont, comme le voulait Pierre de Coubertin, d'abord réservés aux purs amateurs, le règlement du CIO interdisant la participation de sportifs professionnels[3]. Bien que malmenée par les supercheries (notamment l'amateurisme marron) autour du statut faussement « amateur » de nombreux sportifs, l'exclusion du professionnalisme reste en vigueur jusqu'en 1981. Si le passage de l’amateurisme pur au professionnalisme est dans les faits progressif, le XIe Congrès olympique en 1981 marque une révolution pour l'olympisme, avec l'admission des sportifs officiellement professionnels[2],[4]. Une autre évolution importante concerne la féminisation des épreuves, d'aucune femme en compétition en 1896 et un fort déséquilibre par la suite, jusqu'à une quasi parité de nos jours.
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+ Le CIO adapte aussi les Jeux aux changements sociaux qui se produisent au XXe siècle. Certains de ces ajustements incluent l'instauration des Jeux olympiques d’hiver, les Jeux paralympiques ou encore les Jeux olympiques de la jeunesse et la création de nombreuses épreuves mixtes. En outre, l’importante croissance des médias de masse apporte aux Jeux des sources de financement considérables, entraînant parfois des problèmes de corruption[5],[6].
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+ Actuellement, le mouvement olympique comprend les fédérations sportives internationales, les comités nationaux olympiques et la mise sur pieds de comités d'organisation locaux pour chaque édition des Jeux olympiques. La ville hôte est chargée d’organiser les Jeux olympiques de manière qu’ils soient en accord avec la Charte olympique. Le CIO décide aussi des sports présents ou non à chaque édition. La célébration des Jeux inclut de nombreux rituels et des symboles, comme le drapeau olympique et la flamme olympique, le relais de la flamme, ainsi que les cérémonies d’ouverture et de clôture. Les trois meilleurs athlètes ou équipes de chaque compétition reçoivent respectivement une médaille d’or (1re place), d’argent (2e place) et de bronze (3e place). Pour les Jeux d'été, la participation est plafonnée à environ 10 500 athlètes et à 28 sports se déclinant en plus de 300 épreuves.
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+ Les Jeux olympiques sont devenus si importants que presque chaque nation est représentée. Une telle ampleur a causé de nombreux défis, comme le boycott, le dopage, la corruption et le terrorisme. Tous les deux ans, les Jeux et leur exposition médiatique permettent à des athlètes d'acquérir une notoriété nationale, voire mondiale dans certains cas. Les Jeux sont aussi une excellente occasion pour la ville hôte et le pays d'accueil d'assurer leur promotion sur la scène internationale.
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+ Le sportif le plus médaillé des Jeux olympiques, été comme hiver, est le nageur américain Michael Phelps, qui gagne entre 2004 et 2016, vingt-huit médailles dont vingt-trois en or. Aux Jeux d'hiver, la fondeuse norvégienne Marit Bjørgen détient un record de quinze podiums, dont huit médailles d'or.
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+ De nombreuses légendes entourent l'origine des Jeux olympiques antiques. L'une dit qu'Héraclès construisit le stade olympique ainsi que les bâtiments alentour en l'honneur de son père Zeus, après avoir accompli ses douze travaux. Il aurait également défini la longueur du stade olympique en l'arpentant avec la longueur de son pied en avançant de 600 pas.
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+ Les premiers Jeux olympiques sont réputés pour avoir pris place en 776 av. J.-C. sur l'initiative d'Iphitos, roi d'Élide. Cette année marque le début du calendrier olympique, selon lequel les années sont regroupées en olympiades, et l'an 1 du calendrier grec adopté en 260 av. J.-C.. Toutefois, il est probable que les Jeux aient été encore plus anciens, compte tenu de l'abondance des offrandes de l'époque géométrique retrouvées à Olympie. Dès lors, les Jeux gagnèrent en importance dans toute la Grèce antique, mais il existe près de 300 réunions sportives du même type, les agônes. On passe à plus de 500 sous l'Empire romain. Les Jeux olympiques forment, avec les Jeux pythiques, les Jeux néméens, et les Jeux isthmiques, un cycle des jeux sacrés dont l'un revient chaque année. L'athlète qui gagne des prix à ces quatre Jeux panhelléniques est désigné par le titre de « periodonikès », le vainqueur du « Grand Chelem » du sport grec[7].
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+ Le programme des compétitions comprend des épreuves hippiques (chars à deux ou quatre chevaux) et des épreuves athlétiques dites de gymnastique (course à pied sur plusieurs distances, lancer du disque, saut en longueur, lancer du javelot, pentathlon[8], lutte, pugilat et pancrace). Disque, longueur et javelot ne donnent pas de titre olympique, mais font partie des cinq épreuves du pentathlon avec la course du stade et la lutte[9].
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+ Corèbe d'Élis[10] ouvre le palmarès olympique officiel en remportant la course pédestre du stade en 776 av. J.-C. Parmi les autres principaux athlètes grecs des Jeux antiques, citons Milon de Crotone (lutte, VIe siècle av. J.-C.), Diagoras de Rhodes (boxe, Ve siècle av. J.-C.), Polydamas de Scoutoussa (pancrace, VIe siècle av. J.-C.), Léonidas de Rhodes (course, IIe siècle av. J.-C.) et Mélancomas de Carie (boxe, au Ier siècle). À partir de la septième olympiade (752 av. J.-C.), le champion olympique reçoit une couronne d’olivier sauvage, une branche de palmier et un ruban de laine rouge appelé la tænia. Le Messénien Daikles est le premier champion olympique honoré ainsi.
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+ Réservés d'abord aux seuls citoyens grecs masculins et riches, les Jeux entraînent une trêve olympique. Cette dernière n'arrête pas les conflits, mais autorise les athlètes et spectateurs à traverser librement des zones de guerre sans être inquiétés[11]. La portée d'un titre olympique est considérable. Les champions sont d'authentiques héros populaires et sont couverts de cadeaux et d'honneurs à leur retour dans leur cité. Ils sont de plus pleinement professionnels[12] depuis le Ve siècle av. J.-C. et peuvent décider de défendre les couleurs d'une autre cité. Ces changements d'allégeance provoquent souvent des troubles, parfois importants, dans la cité « trahie ». On peut ainsi citer le cas de Astylos de Crotone (6 titres olympiques), qui passe de Crotone à Syracuse en 484 av. J.-C., provoquant de graves troubles à Crotone.
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+ Un serment olympique en quatorze points[13] régit l'organisation des Jeux depuis 338 av. J.-C. Le Xe point concerne les cas de tricheries qui sont nombreux et durement sanctionnés.
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+ À la suite de l'invasion romaine, les Jeux s'ouvrent aux non-Grecs. Le prestige des Jeux est tel que plusieurs empereurs y prennent part. Sur les conseils de l'évêque Ambroise de Milan, l'empereur Théodose Ier interdit les Jeux en 393-394 en raison de leur caractère païen. Cette interdiction ne vise d'ailleurs pas spécifiquement les Jeux olympiques mais de façon générale les Jeux du cirque dont ceux-là sont un événement particulier.
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+ Les Jeux olympiques connaissent quelques timides tentatives de rénovation entre la fin du XVIIIe siècle, époque à laquelle on découvre les ruines des sites d'Olympie, et la fin du XIXe siècle. Citons ainsi l'Olympiade de la République qui se tient à Paris en 1796, 1797 et 1798. Esprit-Paul De Laffont-Poulotti réclame même le rétablissement des Jeux olympiques. Il va jusqu'à présenter un projet à la municipalité parisienne, qui rejette l’idée. Le CIO honora la mémoire de ce visionnaire en 1924. Parmi les autres tentatives, citons les Jeux du petit séminaire du Rondeau à Grenoble à partir de 1832, les Jeux scandinaves (en 1834 et 1836), les festivals olympiques britanniques (depuis 1849) comme les Jeux de Much Wenlock, les Jeux athlétiques disputés à Montréal (Canada) en 1843 et qui sont rebaptisés Jeux olympiques pour les éditions 1844 et 1845 et les jeux olympiques de Zappas à Athènes en 1859 et 1870. L'Allemagne tient également un rôle important dans cette rénovation en étant déterminante en matière de fouilles archéologiques menées par Ernst Curtius sur le site d'Olympie et en devenant, très tôt, favorable à la rénovation[14].
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+ Il faut préciser que la rénovation des Jeux olympiques n'est pas seulement inspirée par les Jeux antiques. L'actualité de cette fin de XIXe siècle influence nettement l'esprit de ceux qui vont lancer le nouveau mouvement olympique : la défaite grecque contre les turcs en 1897, celle des Français contre les Allemands en 1870 incitent les gouvernements à réformer l'éducation de leur jeunesse en favorisant le sport et l'éducation physique pour endurcir les corps, fortifier les esprits et préparer cette jeunesse à combattre pour la revanche[15]. C'est cependant la volonté de Pierre de Coubertin de favoriser les interactions culturelles entre les pays et de promouvoir les valeurs éducatives et universelles du pays qui l'oriente vers son projet de rénover les Jeux[16]. De même, l'inspiration puise également ses sources dans des pratiques profondément ancrées dans la culture européenne comme celle des joutes chevaleresques médiévales[17]. Cette tradition nobiliaire explique que les Jeux olympiques attendent de leurs athlètes qu'ils aient l'étoffe d'aristocrates en cultivant le fair-play des gentlemen, les attitudes gestuelles et l'amateurisme éthique (seuls les athlètes issus des classes les plus favorisées pouvant consacrer leur temps à faire du sport, notamment l'escrime, le yachting, le tennis ou l'équitation, épreuves phares des premiers Jeux olympiques) qui se développe en réaction à la professionnalisation du sport par les classes populaires, le « shamateurisme » (de shame, « la honte », et d'amateurisme) des sportifs roturiers étant perçu comme une subversion[18] des codes de l'amateurisme[19],[20].
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+ La fédération omnisports française d'athlétisme USFSA fête son cinquième anniversaire le 25 novembre 1892 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris. À cette occasion, Pierre de Coubertin appelle à la rénovation des Jeux olympiques. Deux ans plus tard, du 16 au 23 juin 1894, se tient également à la Sorbonne le « Congrès pour le rétablissement des Jeux olympiques ». Devant l’absence de réactions à son appel deux ans plus tôt, Pierre de Coubertin parvient à convaincre les représentants britanniques et américains, mais aussi d'autres nations, notamment la Jamaïque, la Nouvelle-Zélande ou la Suède. Plus de 2 000 personnes représentant douze nations assistent finalement au congrès, qui vote à l’unanimité la rénovation des Jeux olympiques. L'autre décision importante prise à l’occasion de ce Congrès est la condamnation des règlements sportifs de certaines fédérations (britanniques notamment) excluant les ouvriers et les artisans au nom d’un élitisme social qui allait à l’encontre des idéaux égalitaires français.
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+ À l'origine, les Jeux sont exclusivement estivaux. Le patinage artistique et le hockey sur glace font ainsi des apparitions au programme olympique avant même la création de Jeux d'hiver, en 1924.
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+ Après le succès initial des épreuves à Athènes en 1896, les olympiades de Paris en 1900 (qui virent pour la première fois des femmes participer aux épreuves, Charlotte Cooper étant la première championne olympique) et de Saint Louis en 1904 sont noyées dans les programmes des expositions universelles. Le premier athlète noir à participer, à remporter une médaille et à être champion olympique est l'Haïtien d'origine Constantin Henriquez, en 1900.
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+ Les Jeux olympiques intercalaires de 1906 d'Athènes, non reconnus ultérieurement par le CIO, marquèrent un regain d'intérêt du public et des athlètes, avec une participation très internationale alors que 80 % des sportifs ayant pris part aux Jeux de Saint-Louis étaient américains. Les nations européennes avaient en effet renoncé à faire le long et coûteux déplacement outre-Atlantique.
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+ De 241 athlètes de quatorze nations en 1896[21], les Jeux passent à 10 568 sportifs représentant 204 délégations lors des Jeux olympiques de Londres en 2012. C'est désormais l'un des événements les plus médiatisés. Les Jeux de Sydney en 2000 réunissent ainsi plus de 16 000 journalistes et diffuseurs. La dimension de l'épreuve est telle que cela pose des problèmes aux villes hôtes, que le sponsoring ne couvre que partiellement. Les villes hôtes profitent en effet des Jeux pour s'équiper notamment en transports en commun et autres équipements sportifs. À titre d'exemple, le budget estimé des Jeux de Londres en 2012 est de 9 milliards de livres sterling.
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+ Sous la tutelle du CIO ont également lieu des jeux régionaux. Les plus anciens sont les Jeux d'Amérique centrale et des Caraïbes, tenus pour la première fois à Mexico en 1926[22].
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+ Localisation des éditions des Jeux olympiques modernes
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+ Le programme des compétitions se met progressivement en place. Lors de la première édition des Jeux (776 av. J.-C.), une seule épreuve est disputée : c'est la course pédestre du stade (environ 192 m). En 724 av. J.-C., la course pédestre du double stade (diaulos) est introduite dans le programme, puis quatre ans plus tard, la première épreuve de fond fait son apparition : le dolichos, soit 24 stades (environ 4 600 m). Le pentathlon est introduit au programme olympique en 708 av. J.-C. en même temps que la lutte. Le pugilat arrive en 688 av. J.-C. et le pancrace en 648 av. J.-C. La course d’hoplites (course pédestre en tenue militaire) fait son entrée au programme en 520 av. J.-C.
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+ Du côté des courses hippiques, les courses de quadriges (quatre chevaux) figurent au programme olympique depuis 680 av. J.C.. Les courses montées se disputent depuis 648 av. J.-C.
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+ Des épreuves de course et de lutte réservées aux juniors sont ajoutées au programme olympique en 632 av. J.-C. Un concours de pentathlon (628 av. J.-C.) et un autre de pugilat (616 av. J.-C.) viennent ensuite compléter le programme olympique des juniors.
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+ En plus de ce programme sportif, des concours culturels étaient organisés. Platon est ainsi sacré deux fois « olympionique ».
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+ En ce qui concerne les épreuves, les femmes ne pouvaient pas participer. On retrouve tout de même des noms de femmes dans les palmarès des vainqueurs de courses de chars. Cela tient au fait qu'on n'inscrivait pas le nom du conducteur, mais celui du propriétaire de l'attelage.
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+ La nudité des athlètes lors des épreuves est parfois expliquée comme une conséquence de la victoire d'une femme lors d'une olympiade, alors que les participants concouraient encore vêtus. Cette pratique serait donc une solution pour exclure à coup sûr les femmes des épreuves. Mais aucune explication sérieuse sur ce sujet n'a encore été donnée, les Grecs se contentant eux-mêmes d'anecdotes peu convaincantes[23].
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+ Contrairement aux Jeux antiques, le programme olympique moderne est beaucoup moins stable. Chaque édition des Jeux apporte ainsi son lot de nouveautés, nouvelles disciplines et nouvelles catégories.
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+ Conservateur et colonialiste convaincu, Pierre de Coubertin n'imagine pas des Jeux olympiques valorisant le corps de l'athlète noir ou celui de la femme[24],[25] mais ses convictions sont initialement peu appliquées car le CIO a le contrôle de la doctrine mais pas de l'organisation des premiers Jeux qui est déléguée à des entrepreneurs de spectacle[26].
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+ Le CIO est devenu progressivement le seul décisionnaire sur l'admission d'une discipline au programme olympique. En 1919, Alice Milliat demande au Comité international olympique d'inclure des épreuves féminines lors des prochains Jeux olympiques, mais sa demande est refusée. Les femmes sont finalement admises aux épreuves athlétiques des Jeux olympiques d'été de 1928 à Amsterdam[27].
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+ Le CIO doit désormais composer avec les Fédérations internationales gérant les disciplines. Le programme des compétitions sportives ne propose pas l'ensemble des disciplines sportives, ni même la totalité des différentes épreuves possibles. Les Jeux d'été comptent 302 podiums, et c'est un plafond que le CIO ne souhaite pas dépasser. Ainsi, nombre de sports sont écartés du programme, comme c'est le cas du baseball et du softball après les Jeux de 2008, tandis que d'autres disciplines souhaitant profiter de la vitrine olympique sont priées d'attendre. Les Jeux mondiaux rassemblent certains de ces sports non-olympiques mais dont les fédérations internationales sont reconnues par le CIO. Jusqu'en 1996, ces sports pouvaient profiter du statut de sport de démonstration.
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+ Le nombre des participants aux Jeux olympiques d'hiver est plus modeste avec environ 2 500 athlètes à Turin en 2006. Et du côté du programme, on cherche plutôt à l'étoffer. Certaines disciplines de salle ont été approchées pour passer des JO d'été à ceux d'hiver mais les fédérations internationales concernées ont refusé.
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+ Afin de contenir l'expansion, le nombre d'athlètes participants aux Jeux est désormais plafonné à 10 500 en été et les participants doivent désormais réaliser des minima dans les disciplines chiffrées ou profiter de quotas olympiques gagnés lors des grandes compétitions précédant les Jeux. Pour permettre à toutes les nations de participer, les minima sont à géométrie variable selon les nations et un Comité olympique n'ayant aucun athlète qualifié aux Jeux profite d'invitations, généralement en athlétisme, natation, judo ou haltérophilie pour les Jeux d'été.
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+ Nota : le fond bleu indique les épreuves disputées à l'occasion des Jeux olympiques d'été.
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+ En 1948, Sir Ludwig Guttman, fermement décidé à promouvoir la réhabilitation des soldats de la Seconde Guerre mondiale, organisa une compétition sportive entre différents hôpitaux au même moment que les Jeux olympiques d'été de 1948 à Londres. Cette compétition, connue alors sous le nom de Jeux de Stoke Mandeville, devint annuelle. Durant les douze années suivantes, Guttman et d’autres continuèrent d’utiliser le sport comme thérapie de guérison. Aux Jeux olympiques d'été de 1960 à Rome, Guttman réunit 400 athlètes pour concourir dans les « Jeux olympiques parallèles » et devinrent les premiers Jeux paralympiques. Depuis, les Paralympiques ont lieu chaque année olympique et se déroulent dans la même ville que les Jeux olympiques depuis les Jeux de Séoul en 1988[29].
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+ À partir de 2010, les Jeux olympiques accueillent les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ), où les athlètes ont entre 14 et 18 ans. Les JOJ sont créés par Jacques Rogge, président du CIO, en 2001. La décision est approuvée pendant le 119e Congrès du CIO[30],[31]. Les Jeux olympiques de la jeunesse d'été de 2010 se tiennent à Singapour et ceux d’hiver en 2012, à Innsbruck en Autriche[32]. Ces Jeux durent moins longtemps que les Jeux olympiques traditionnels. Ceux d’été durent douze jours et ceux d’hiver, neuf jours[33]. 3 500 athlètes et 875 officiels vont participer aux JO d’été de 2010, et 970 athlètes et 580 officiels aux JO d’hiver[34],[35]. Les sports au programme coïncident avec ceux des Jeux olympiques traditionnels, cependant le nombre de disciplines et d’épreuves est diminué[36].
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+ Le CIO est fondé lors du Congrès olympique de 1894 à Paris. Il a pour mission d'organiser les Jeux. Composé de 115 membres qui se réunissent au moins une fois par an, et élisent un président pour une durée de huit ans. Le mouvement olympique regroupe un grand nombre d’organisations et de fédérations sportives nationales et internationales, de partenaires médiatiques reconnus, d’athlètes, d’officiels, et juges et toutes les personnes et institutions qui sont d’accord pour respecter les règles de la Charte olympique[37]. Organisation de coordination du mouvement olympique, le CIO est responsable du choix de la ville hôte, la négociation des partenaires et des droits de diffusion, de superviser le programme du déroulement des Jeux olympiques, actualiser et approuver le programme sportif[38].
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+ Le CIO reconnaît 206 comités nationaux, selon des critères différents de ceux définissant un État au sens du droit international. De nombreuses dépendances prennent ainsi part aux Jeux sous leur propre drapeau, tel que les Bermudes, Porto Rico ou Hong Kong, alors qu'elles sont légalement parties intégrante d'un autre État. Depuis 1980, Taïwan participe sous le nom de Chine de Taipei, la République populaire de Chine refusant sa propre participation si Taïwan était présent sous le nom de République de Chine. Les Îles Marshall ont quant à elles été reconnues par le CIO le 9 février 2003.
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+ Le mouvement olympique regroupe trois grands éléments :
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+ Le français et l’anglais sont les langues officielles du mouvement olympique. La langue du pays organisateur des Jeux olympiques est aussi utilisée. Toutes les annonces (comme celle du nom du pays lors du défilé des nations pendant la cérémonie d’ouverture) sont déclarées dans ces trois langues, dans cet ordre[40].
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+ Le CIO a souvent été critiqué car c’est une organisation intraitable, avec plusieurs de ses membres élus à vie. Les directions de Avery Brundage et Juan Antonio Samaranch furent en particulier controversées. Brundage fut président du CIO pendant plus de 20 ans. Pendant sa présidence, il protégea les Jeux olympiques de toutes implications politiques préjudiciables[41]. Il fut accusé de racisme pour sa gestion du problème de l’apartheid avec la délégation Sud-Africaine et d’antisémitisme[42]. Samaranch fut accusé de népotisme et de corruption[43]. Les liens qu’entretenait Samaranch avec le régime de Franco furent aussi une source de vives critiques[44]. En 1998, on révéla que plusieurs membres du CIO avaient reçu des pots de vin de la part du comité d’organisation de Salt Lake City pour s’assurer que leurs votes iraient en leur faveur. Le CIO entama une enquête qui aboutit à la démission de 4 membres et à l’exclusion de 6 autres. Le scandale eut aussi pour conséquence la mise en place de réformes pour la sélection des villes organisatrices afin d’éviter ce genre de cas à l’avenir[45].
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+ Un documentaire de la BBC intitulé Panorama: Buying the Games diffusé en août 2004, retrace l’enquête qui eut lieu sur les pots de vin lors de la sélection de la ville organisatrice pour les Jeux olympiques d'été de 2012[46]. Le documentaire montra qu’il était possible d’acheter les membres du CIO afin qu’ils votent pour une ville en particulier. Après la défaite de Paris pour les Jeux de 2012[47], Bertrand Delanoë accusa en particulier Tony Blair, Premier Ministre Anglais, et le comité londonien (dont Sebastian Coe était à la tête) d’enfreindre les règles des votes. Il cita comme témoin Jacques Chirac[48]. La sélection de Turin pour les Jeux olympiques d'hiver de 2006 fut aussi controversée. Marc Hodler, éminent membre du CIO, et en faveur de la ville concurrente de Sion en Suisse, affirma que certains membres du CIO avaient été achetés par le Comité d’organisation de Turin. Ces accusations menèrent à une enquête et desservirent la candidature de Sion en faveur de Turin[49].
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+ Le calendrier olympique, le déroulement des cérémonies et leur symbolique est le résultat d'une évolution. Ainsi, il n'y a pas de cérémonie d'ouverture en 1900 à Paris. Le drapeau olympique dessiné par Coubertin en 1913 apparaît aux Jeux de 1920 tout comme le serment olympique. La flamme olympique, symbolisant le lien entre Jeux antiques et Jeux modernes, est en usage depuis 1928. Depuis 1936 elle effectue un parcours sous forme de relais avant la tenue des Jeux. Cette dernière innovation fut créée par Goebbels. Un hymne olympique existe depuis 1896. Cette pièce de musique grecque est officiellement hymne olympique depuis 1960. Le défilé des athlètes est la plus longue des séquences des cérémonies d'ouverture et de clôture. Le défilé est toujours ouvert par la délégation grecque et le pays qui accueille les Jeux ferme la marche.
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+ Entre les cérémonies d'ouverture et de clôtures, deux semaines de compétitions se tiennent sur différents sites, parfois assez éloignés. Les athlètes sont logés dans un village olympique exclusivement réservé aux athlètes et aux entraîneurs. Les journalistes sont regroupés au sein d'un centre médias et ont un accès limité au village olympique des athlètes. L'organisation fait appel à des milliers de volontaires bénévoles afin d'assister les athlètes, les officiels, les journalistes et les spectateurs. L'une des traditions typiques des Jeux est l'échange de Pin's entre délégations et médias. Les volontaires terminent souvent les Jeux couverts de ces épinglettes.
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+ La mascotte olympique apparaît officiellement pendant les Jeux d'hiver de 1968 à Grenoble. Depuis, chaque édition crée sa propre mascotte afin de symboliser les valeurs de l'olympisme.
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+ La devise latine des Jeux olympiques est, depuis 1894, année du premier congrès olympique : citius, altius, fortius… (plus vite, plus haut, plus fort…). C'est Pierre de Coubertin qui proposa cette devise, empruntée à son ami dominicain, l'abbé Henri Didon, ancien vainqueur en 1855 des jeux olympiques du petit séminaire du Rondeau de Grenoble.
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+ Les langues en usage pendant les Jeux sont, dans cet ordre, le français, l'anglais et la langue locale. À l'usage, le français recule pourtant clairement devant l'anglais au niveau de la signalisation sur les sites olympiques tandis que l'anglais est privilégié dans les discours des cérémonies d'ouverture et de clôture. C'est pourtant bien en français que débute la cérémonie de remise des médailles, comme le prévoit le protocole olympique.
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+ L'extinction de la flamme olympique marque la fin de la parenthèse olympique.
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+ Conçu en 1913 par Pierre de Coubertin, il fut présenté officiellement au congrès olympique de Paris en juin 1914. Mais c’est seulement en 1920 aux Jeux d’Anvers qu’on le voit flotter pour la première fois.
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+ Le baron Pierre de Coubertin expliquait lui-même[50] :
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+ « Le drapeau olympique, on le sait, est tout blanc avec, au centre, cinq anneaux enlacés : bleu, jaune, noir, vert, rouge ; l’anneau bleu en haut et à gauche à côté de la hampe. Ainsi dessiné, il est symbolique ; il représente les cinq parties du monde unies par l’Olympisme et ses cinq couleurs d’autre part reproduisent celles de tous les drapeaux nationaux qui flottent à travers l’univers de nos jours. »
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+ — Coubertin (1931), Textes choisis
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+ Les équipes ou athlètes qui se classent en première, deuxième ou troisième place dans chaque épreuve reçoivent des médailles. Les vainqueurs de l'épreuve reçoivent des médailles d'or, qui étaient en or massif jusqu'en 1912, puis en argent doré et maintenant en argent plaqué or. Chaque médaille d'or doit toutefois contenir au moins six grammes d'or pur[51]. Les finalistes recevront des médailles d'argent et pour la troisième place les athlètes sont récompensés par une médaille de bronze. Dans les épreuves contestées par un tournoi à élimination directe (comme la boxe), la troisième place ne pourrait être déterminée et les deux perdants des demi-finales reçoivent des médailles de bronze. Aux Jeux olympiques de 1896, seulement les deux premiers ont reçu une médaille, l'argent pour le premier et le cuivre pour le deuxième. Le format actuel de trois médailles a été introduit aux Jeux olympiques de 1904[52]. Depuis 1948, les athlètes classés quatrièmes, cinquièmes et sixièmes ont reçu des certificats dont le nom est aujourd'hui diplôme olympique. En 1984, le diplôme est élargi aux septième et huitième places. Lors des Jeux de 1896 à Athènes, les médaillés ont reçu des diplômes ainsi qu’un rameau d’olivier pour les premiers et une branche de lauriers pour les deuxièmes. Lors des Jeux suivants ayant lieu à Athènes, en 2004, les athlètes médaillés recevaient également une couronne d'olivier[53] en souvenir de ces premiers Jeux. Le CIO ne tient pas de statistiques pour les médailles remportées, mais les comités nationaux olympiques et les médias tiennent des statistiques concernant les médailles et les records pour mesurer les succès des différentes nations participantes[54].
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+ Au départ, le CIO trouvait ses fonds grâce à des sociétés partenaires. C’est lorsque Avery Brundage partit en retraite en 1972 que le CIO commença à explorer le potentiel de la télévision et le marché lucratif de la publicité qui s’offraient à eux[55]. Sous la présidence de Juan Antonio Samaranch, les Jeux commencèrent à s’intéresser aux sponsors internationaux qui cherchaient à associer leurs produits à la marque olympique[56].
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+ Dans la première moitié du XXe siècle, le CIO avait un petit budget[56],[57]. Président du CIO de 1952 à 1972, Avery Brundage rejeta toutes les tentatives de lier les Jeux aux intérêts commerciaux[55]. Il pensait que le lobby des intérêts des sociétés influencerait les décisions du CIO[55]. Lorsqu’il prit sa retraite, le CIO avait 2 millions de dollars d’actifs. Huit ans plus tard, les coffres du CIO atteignirent 45 millions de dollars[55]. Ce fut d’abord dû au changement d’idéologie qui prôna l’expansion des Jeux grâce aux sponsors de sociétés et la vente des droits audiovisuels[55]. Lorsque Juan Antonio Samaranch fut élu à la tête du CIO en 1980, il désirait rendre le CIO financièrement indépendant[57].
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+ Les Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles restent une étape clé dans l’histoire olympique. Le comité d’organisation de Los Angeles, dirigé par Peter Ueberroth réussit à engranger un surplus de 225 millions de dollars, résultat sans précédent à l’époque[58]. Le comité d’organisation réussit à créer un tel surplus en partie grâce à la vente des droits exclusifs des sponsors à certaines sociétés[58]. Le CIO cherchait à avoir le contrôle de ces droits. Samaranch prit part à l’élaboration du programme olympique en 1985 afin de créer une marque olympique[56]. Il créa en 1988 le programme TOP (The Olympic Partners) : faire partie de ce programme olympique de sponsorship est très exclusif et onéreux. Les frais sont de 50 millions de dollars pour 4 ans d’adhésion[57]. Les membres du programme olympique reçoivent des droits de publicité exclusifs et l’utilisation du symbole olympique, les anneaux olympiques, dans leurs publications et leurs publicités[59].
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+ Actuellement, les revenus du CIO ont quatre sources[60] : principalement les droits télévisés (4 milliards de dollars sur l'olympiade 2009-2012), le programme de sponsorship TOP (1 milliard de dollars sur la même période) et dans une moindre mesure la billetterie et les licences pour l'exploitation des produits dérivés. Le CIO garde 10 % de ces revenus et en redistribue 90 % aux comités nationaux olympiques, fédérations sportives internationales et au Comité d'Organisation des Jeux Olympiques (COJO) du pays hôte.
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+ Les Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin furent les premiers Jeux à passer à la télévision bien que localement[61]. Les Jeux olympiques d'été de 1956 furent les premiers Jeux à être diffusés internationalement[62] et les Jeux d’hiver suivants virent leurs droits audiovisuels vendus pour la première fois. CBS déboursa 394 000 dollars pour avoir les droits américains[63] et l’Union européenne de radio-télévision 660 000 dollars[56]. Les Jeux olympiques d'été de 1964 de Tokyo sont les premiers JO diffusés en direct, grâce notamment au satellite[64].
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+ Durant les décennies suivantes, les Jeux devinrent l’un des terrains idéologiques de la Guerre froide. Les grandes puissances manœuvrèrent pour prendre le pouvoir politique et le CIO décida de prendre l’avantage de cet intérêt grâce aux médias[63]. La vente des droits audiovisuels permit au CIO de bien plus exposer au Monde les Jeux olympiques, et ainsi leur donner plus d’intérêt, ce qui eut pour conséquence d’attirer les sponsors qui achetèrent des plages publicitaires. Cela permit au CIO d’augmenter les tarifs de ces droits[63]. Par exemple, CBS déboursa 375 millions de dollars pour les droits de retransmission des Jeux olympiques d'hiver de 1998 à Nagano[65], tandis que NBC dépensa 3,5 milliards pour les droits de retransmission pour tous les Jeux olympiques de 2000 à 2008[56]. Le nombre de téléspectateurs a beaucoup augmenté depuis les années 1960, notamment grâce à l’utilisation de satellite en 1964 et l’apparition de la télévision couleur en 1968[66]. Les coûts pour retransmettre les Jeux étant très élevés, la pression d’internet, plus une concurrence rude au niveau du câble, le lobby de la télévision exigea que le CIO stimule les cotes[67]. À la suite de cela, le CIO fit certains changements dans le programme olympique. Pour les Jeux d’été, les épreuves de gymnastique passèrent de sept à neuf soirées et un gala en fin de compétition fut ajouté[68]. Les programmes de natation et plongeon furent aussi développés[68]. Enfin, le lobby de la télévision américaine réussit à imposer la date de certaines épreuves pour qu’elles soient diffusées en première partie de soirée aux États-Unis[69].
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+ La vente de la marque olympique prête à des controverses. Le débat tourne autour du fait que les Jeux ne se distinguent plus des autres compétitions sportives commercialisées[59]. Certaines critiques furent lancées contre le CIO à cause de la saturation du marché pendant les Jeux de 1996 à Atlanta et 2000 à Sydney. Les deux villes étaient envahies par des sociétés et des marchands qui tentaient de vendre des marchandises en rapport avec les Jeux[70].
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+ Une autre critique vient du fait que les Jeux sont financés par la ville organisatrice et le pays. Le CIO ne prend rien en charge et pourtant il contrôle tout et tire profit des symboles olympiques. Le CIO prend aussi un pourcentage de tous les bénéfices des sponsors et des émissions[59]. Les villes organisatrices continuent à rivaliser pour accueillir les Jeux, même si elles ne sont pas sûres de récupérer leurs investissements financiers[71].
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+ La politique de redistribution du CIO soulève également des critiques : depuis les Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles, le comité olympique américain reçoit à lui seul autant que les 201 autres comités nationaux. Cette redistribution s'explique par la prédominance historique des sponsors américains (Coca-Cola, Dow Chemical, Procter & Gamble, General Electric, McDonald's, VISA). Un nouveau contrat signé en 2012, s'appliquant de 2021 à 2040, prévoit que le comité olympique américain ne percevra plus que 7 % des droits télévisés (contre 12,5 % actuellement) et 10 % des revenus de sponsoring (contre 20 %)[72].
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+ Une autre critique majeure concerne le gigantisme présumé des infrastructures construites dans l'optique des Jeux par les villes-hôtes. Le cas des Jeux d'Athènes en 2004 et de ceux de Rio en 2016 ont mis en lumière la difficulté pour des pays faisant face à des difficultés économiques de gérer sur le long terme et de trouver une réaffectation à une telle quantité de sites[73],[74].
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+ Au début du XXe siècle, de nombreux athlètes olympiques ont commencé à utiliser des drogues pour améliorer et augmenter leurs capacités athlétiques. En 1967, le CIO a interdit l'utilisation de drogues améliorant la performance dans la compétition olympique. Lors des Jeux olympiques d'été de 1968 ; le CIO officialise les contrôles anti-dopage et oblige les femmes à se soumettre à des tests de féminité. En 1989, le CIO met en place les contrôles inopinés.
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+ Le premier athlète olympique contrôlé positif pour utilisation de drogues améliorant la performance est Hans-Gunnar Liljenwall, un athlète suédois pratiquant le Pentathlon moderne. Lors des Jeux olympiques d'été de 1968, il perd sa médaille de bronze pour consommation d'alcool[75]. Il est le seul athlète à être contrôlé positif pour une substance interdite aux Jeux olympiques de 1968.
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+ Malgré les vœux de Coubertin, les deux Guerres mondiales empêchèrent la tenue du rendez-vous olympique. Les Jeux de 1916 furent ainsi annulés pendant la Première Guerre mondiale, et ceux de 1940 et 1944 pendant la Seconde.
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+ La politique s'empare parfois du symbole olympique. D'abord opposé à la tenue des Jeux olympiques en Allemagne, Adolf Hitler utilise cette manifestation à des fins de propagande. C'est également le cas à Moscou en 1980. L'Union soviétique entra pourtant tardivement au sein du mouvement olympique. C'est en 1952 que l'URSS reprendra les compétitions sportives internationales en participant aux Jeux olympiques d'été à Helsinki. Au fil des années, ces Jeux connaîtront un nouvel engouement pour le monde entier car on assistera à une guerre des médailles entre les États-Unis et l'URSS.
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+ En 1956, les Jeux de Melbourne sont boycottés par les Pays-Bas, l'Espagne et la Suisse qui manifestent ainsi leur désaccord avec la répression soviétique de l'époque en Hongrie. Lors de ces mêmes Jeux, l'Italie, l'Égypte, l'Irak et le Liban furent absents en raison de la crise de Suez.
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+ En 1968, 1972 et 1976, de nombreux pays africains boycottent les Jeux afin de protester contre le régime d'apartheid sud-africain. L'exclusion de la Nouvelle-Zélande est également réclamée, car son équipe de rugby s'était rendue en Afrique du Sud pour y jouer des matches. À Montréal, 21 pays africains et le Guyana manquent à l'appel. Précisons que le Président Senghor (alors Président d'honneur de la Fédération Mondiale des Cités Unies) avait célébré le jumelage symbolique du village olympique avec toutes les villes du monde pour en faire un village de paix et de fraternité, quatre ans après l'assassinat des athlètes Israéliens dans le village olympique de Munich. Il avait souhaité que la politique soit exclue des JO, c'est pourquoi le Sénégal et la Côte d'Ivoire sont restés et ont participé aux JO de Montréal. C'est aussi lors de ces Jeux que pour la première fois des athlètes ont été reçus chez l'habitant et que le soir, ils étaient célébrés par les municipalités du Québec - fait unique dans l'histoire des jeux olympiques.
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+ En 1972, lors des Jeux de Munich, un commando de terroristes palestiniens prit en otage onze membres de la délégation israélienne dans le village olympique et les assassina. Depuis ce crime, les polices des pays occidentaux comprennent des sections antiterroristes très pointues. De plus, la sécurité est renforcée autour des grands événements comme les Jeux olympiques. Le village olympique est parfois comparé à un bunker.
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+ En 1980, les États-Unis et 64 autres délégations boycottent les Jeux de Moscou en raison de l'intervention soviétique en Afghanistan. La France ou encore le Royaume-Uni ne se sont pas solidarisés avec ce mouvement et se rendent à Moscou avec quatorze autres nations occidentales. Le Comité olympique américain (USOC) tente de passer outre l'ordre de boycott donné par la Maison Blanche. Il faut que le président américain Carter menace les athlètes d'interdiction de sortie de territoire pour faire plier l'USOC. En réplique à ce boycott, l'URSS et quatorze de ses pays satellites boycottent les Jeux de Los Angeles quatre ans plus tard sous prétexte que la sécurité des délégations n'était pas garantie et à cause de l'installation de fusées Pershing américaines en Europe de l’Ouest. Cependant, la Roumanie se distingue du bloc de l'Est en se rendant à Los Angeles.
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+ En 1988, Cuba, l'Éthiopie et le Nicaragua boycottent les Jeux de Séoul pour protester contre la mise à l'écart de la Corée du Nord dans l'organisation des Jeux.
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+ En 1996, lors des Jeux olympiques d'Atlanta, une bombe explose sur la place principale de la ville, tuant deux personnes et en blessant cent onze.
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+ Avant 2008, un mouvement de protestation, mené par Reporters sans frontières, tente de convaincre le plus de pays possible de boycotter la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin en 2008 pour protester contre le bafouement des droits de l'homme en République populaire de Chine. Ce mouvement de protestation se manifeste particulièrement durant le passage de la flamme olympique autour du monde et notamment à Paris.
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+ Les Jeux olympiques (JO), aussi appelés Jeux olympiques modernes, puisqu'ils prolongent la tradition des jeux olympiques de la Grèce antique, sont des événements sportifs internationaux majeurs, regroupant les sports d’été ou d’hiver, auxquels des milliers d’athlètes participent à travers différentes compétitions tous les quatre ans, pour chaque olympiade moderne.
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+ Originellement tenus dans le centre religieux d’Olympie, dans la Grèce antique du VIIIe siècle av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C., les Jeux sont rénovés par le baron français Pierre de Coubertin en 1894 lorsqu’il fonde le Comité international olympique (CIO). Depuis lors, le CIO est devenu l’organisation gouvernant le mouvement olympique dont la structure et les décisions sont définies par la Charte olympique.
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+ Les premiers Jeux olympiques modernes se déroulent en 1896 à Athènes et l'instauration des Jeux olympiques d'hiver date de 1924 à Chamonix. Ils ont lieu la même année tous les quatre ans, les années bissextiles, souvent dans le même pays sous réserves qu'il possède un territoire montagneux, puis sont décalés de deux ans à partir de 1994[n 1]. Annulés en 1916, 1940 et 1944 pour cause de guerres mondiales, les Jeux ont vu leur édition de 2020 reportée d'un an en raison de la pandémie de Covid-19.
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+ Pendant le XXe siècle, le CIO adapte les Jeux à sa perception des changements économiques, politiques et techniques du monde. Ainsi, les Jeux olympiques sont, comme le voulait Pierre de Coubertin, d'abord réservés aux purs amateurs, le règlement du CIO interdisant la participation de sportifs professionnels[3]. Bien que malmenée par les supercheries (notamment l'amateurisme marron) autour du statut faussement « amateur » de nombreux sportifs, l'exclusion du professionnalisme reste en vigueur jusqu'en 1981. Si le passage de l’amateurisme pur au professionnalisme est dans les faits progressif, le XIe Congrès olympique en 1981 marque une révolution pour l'olympisme, avec l'admission des sportifs officiellement professionnels[2],[4]. Une autre évolution importante concerne la féminisation des épreuves, d'aucune femme en compétition en 1896 et un fort déséquilibre par la suite, jusqu'à une quasi parité de nos jours.
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+ Le CIO adapte aussi les Jeux aux changements sociaux qui se produisent au XXe siècle. Certains de ces ajustements incluent l'instauration des Jeux olympiques d’hiver, les Jeux paralympiques ou encore les Jeux olympiques de la jeunesse et la création de nombreuses épreuves mixtes. En outre, l’importante croissance des médias de masse apporte aux Jeux des sources de financement considérables, entraînant parfois des problèmes de corruption[5],[6].
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+ Actuellement, le mouvement olympique comprend les fédérations sportives internationales, les comités nationaux olympiques et la mise sur pieds de comités d'organisation locaux pour chaque édition des Jeux olympiques. La ville hôte est chargée d’organiser les Jeux olympiques de manière qu’ils soient en accord avec la Charte olympique. Le CIO décide aussi des sports présents ou non à chaque édition. La célébration des Jeux inclut de nombreux rituels et des symboles, comme le drapeau olympique et la flamme olympique, le relais de la flamme, ainsi que les cérémonies d’ouverture et de clôture. Les trois meilleurs athlètes ou équipes de chaque compétition reçoivent respectivement une médaille d’or (1re place), d’argent (2e place) et de bronze (3e place). Pour les Jeux d'été, la participation est plafonnée à environ 10 500 athlètes et à 28 sports se déclinant en plus de 300 épreuves.
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+ Les Jeux olympiques sont devenus si importants que presque chaque nation est représentée. Une telle ampleur a causé de nombreux défis, comme le boycott, le dopage, la corruption et le terrorisme. Tous les deux ans, les Jeux et leur exposition médiatique permettent à des athlètes d'acquérir une notoriété nationale, voire mondiale dans certains cas. Les Jeux sont aussi une excellente occasion pour la ville hôte et le pays d'accueil d'assurer leur promotion sur la scène internationale.
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+ Le sportif le plus médaillé des Jeux olympiques, été comme hiver, est le nageur américain Michael Phelps, qui gagne entre 2004 et 2016, vingt-huit médailles dont vingt-trois en or. Aux Jeux d'hiver, la fondeuse norvégienne Marit Bjørgen détient un record de quinze podiums, dont huit médailles d'or.
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+ De nombreuses légendes entourent l'origine des Jeux olympiques antiques. L'une dit qu'Héraclès construisit le stade olympique ainsi que les bâtiments alentour en l'honneur de son père Zeus, après avoir accompli ses douze travaux. Il aurait également défini la longueur du stade olympique en l'arpentant avec la longueur de son pied en avançant de 600 pas.
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+ Les premiers Jeux olympiques sont réputés pour avoir pris place en 776 av. J.-C. sur l'initiative d'Iphitos, roi d'Élide. Cette année marque le début du calendrier olympique, selon lequel les années sont regroupées en olympiades, et l'an 1 du calendrier grec adopté en 260 av. J.-C.. Toutefois, il est probable que les Jeux aient été encore plus anciens, compte tenu de l'abondance des offrandes de l'époque géométrique retrouvées à Olympie. Dès lors, les Jeux gagnèrent en importance dans toute la Grèce antique, mais il existe près de 300 réunions sportives du même type, les agônes. On passe à plus de 500 sous l'Empire romain. Les Jeux olympiques forment, avec les Jeux pythiques, les Jeux néméens, et les Jeux isthmiques, un cycle des jeux sacrés dont l'un revient chaque année. L'athlète qui gagne des prix à ces quatre Jeux panhelléniques est désigné par le titre de « periodonikès », le vainqueur du « Grand Chelem » du sport grec[7].
22
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23
+ Le programme des compétitions comprend des épreuves hippiques (chars à deux ou quatre chevaux) et des épreuves athlétiques dites de gymnastique (course à pied sur plusieurs distances, lancer du disque, saut en longueur, lancer du javelot, pentathlon[8], lutte, pugilat et pancrace). Disque, longueur et javelot ne donnent pas de titre olympique, mais font partie des cinq épreuves du pentathlon avec la course du stade et la lutte[9].
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25
+ Corèbe d'Élis[10] ouvre le palmarès olympique officiel en remportant la course pédestre du stade en 776 av. J.-C. Parmi les autres principaux athlètes grecs des Jeux antiques, citons Milon de Crotone (lutte, VIe siècle av. J.-C.), Diagoras de Rhodes (boxe, Ve siècle av. J.-C.), Polydamas de Scoutoussa (pancrace, VIe siècle av. J.-C.), Léonidas de Rhodes (course, IIe siècle av. J.-C.) et Mélancomas de Carie (boxe, au Ier siècle). À partir de la septième olympiade (752 av. J.-C.), le champion olympique reçoit une couronne d’olivier sauvage, une branche de palmier et un ruban de laine rouge appelé la tænia. Le Messénien Daikles est le premier champion olympique honoré ainsi.
26
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27
+ Réservés d'abord aux seuls citoyens grecs masculins et riches, les Jeux entraînent une trêve olympique. Cette dernière n'arrête pas les conflits, mais autorise les athlètes et spectateurs à traverser librement des zones de guerre sans être inquiétés[11]. La portée d'un titre olympique est considérable. Les champions sont d'authentiques héros populaires et sont couverts de cadeaux et d'honneurs à leur retour dans leur cité. Ils sont de plus pleinement professionnels[12] depuis le Ve siècle av. J.-C. et peuvent décider de défendre les couleurs d'une autre cité. Ces changements d'allégeance provoquent souvent des troubles, parfois importants, dans la cité « trahie ». On peut ainsi citer le cas de Astylos de Crotone (6 titres olympiques), qui passe de Crotone à Syracuse en 484 av. J.-C., provoquant de graves troubles à Crotone.
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29
+ Un serment olympique en quatorze points[13] régit l'organisation des Jeux depuis 338 av. J.-C. Le Xe point concerne les cas de tricheries qui sont nombreux et durement sanctionnés.
30
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31
+ À la suite de l'invasion romaine, les Jeux s'ouvrent aux non-Grecs. Le prestige des Jeux est tel que plusieurs empereurs y prennent part. Sur les conseils de l'évêque Ambroise de Milan, l'empereur Théodose Ier interdit les Jeux en 393-394 en raison de leur caractère païen. Cette interdiction ne vise d'ailleurs pas spécifiquement les Jeux olympiques mais de façon générale les Jeux du cirque dont ceux-là sont un événement particulier.
32
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+ Les Jeux olympiques connaissent quelques timides tentatives de rénovation entre la fin du XVIIIe siècle, époque à laquelle on découvre les ruines des sites d'Olympie, et la fin du XIXe siècle. Citons ainsi l'Olympiade de la République qui se tient à Paris en 1796, 1797 et 1798. Esprit-Paul De Laffont-Poulotti réclame même le rétablissement des Jeux olympiques. Il va jusqu'à présenter un projet à la municipalité parisienne, qui rejette l’idée. Le CIO honora la mémoire de ce visionnaire en 1924. Parmi les autres tentatives, citons les Jeux du petit séminaire du Rondeau à Grenoble à partir de 1832, les Jeux scandinaves (en 1834 et 1836), les festivals olympiques britanniques (depuis 1849) comme les Jeux de Much Wenlock, les Jeux athlétiques disputés à Montréal (Canada) en 1843 et qui sont rebaptisés Jeux olympiques pour les éditions 1844 et 1845 et les jeux olympiques de Zappas à Athènes en 1859 et 1870. L'Allemagne tient également un rôle important dans cette rénovation en étant déterminante en matière de fouilles archéologiques menées par Ernst Curtius sur le site d'Olympie et en devenant, très tôt, favorable à la rénovation[14].
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35
+ Il faut préciser que la rénovation des Jeux olympiques n'est pas seulement inspirée par les Jeux antiques. L'actualité de cette fin de XIXe siècle influence nettement l'esprit de ceux qui vont lancer le nouveau mouvement olympique : la défaite grecque contre les turcs en 1897, celle des Français contre les Allemands en 1870 incitent les gouvernements à réformer l'éducation de leur jeunesse en favorisant le sport et l'éducation physique pour endurcir les corps, fortifier les esprits et préparer cette jeunesse à combattre pour la revanche[15]. C'est cependant la volonté de Pierre de Coubertin de favoriser les interactions culturelles entre les pays et de promouvoir les valeurs éducatives et universelles du pays qui l'oriente vers son projet de rénover les Jeux[16]. De même, l'inspiration puise également ses sources dans des pratiques profondément ancrées dans la culture européenne comme celle des joutes chevaleresques médiévales[17]. Cette tradition nobiliaire explique que les Jeux olympiques attendent de leurs athlètes qu'ils aient l'étoffe d'aristocrates en cultivant le fair-play des gentlemen, les attitudes gestuelles et l'amateurisme éthique (seuls les athlètes issus des classes les plus favorisées pouvant consacrer leur temps à faire du sport, notamment l'escrime, le yachting, le tennis ou l'équitation, épreuves phares des premiers Jeux olympiques) qui se développe en réaction à la professionnalisation du sport par les classes populaires, le « shamateurisme » (de shame, « la honte », et d'amateurisme) des sportifs roturiers étant perçu comme une subversion[18] des codes de l'amateurisme[19],[20].
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37
+ La fédération omnisports française d'athlétisme USFSA fête son cinquième anniversaire le 25 novembre 1892 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris. À cette occasion, Pierre de Coubertin appelle à la rénovation des Jeux olympiques. Deux ans plus tard, du 16 au 23 juin 1894, se tient également à la Sorbonne le « Congrès pour le rétablissement des Jeux olympiques ». Devant l’absence de réactions à son appel deux ans plus tôt, Pierre de Coubertin parvient à convaincre les représentants britanniques et américains, mais aussi d'autres nations, notamment la Jamaïque, la Nouvelle-Zélande ou la Suède. Plus de 2 000 personnes représentant douze nations assistent finalement au congrès, qui vote à l’unanimité la rénovation des Jeux olympiques. L'autre décision importante prise à l’occasion de ce Congrès est la condamnation des règlements sportifs de certaines fédérations (britanniques notamment) excluant les ouvriers et les artisans au nom d’un élitisme social qui allait à l’encontre des idéaux égalitaires français.
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+ À l'origine, les Jeux sont exclusivement estivaux. Le patinage artistique et le hockey sur glace font ainsi des apparitions au programme olympique avant même la création de Jeux d'hiver, en 1924.
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+ Après le succès initial des épreuves à Athènes en 1896, les olympiades de Paris en 1900 (qui virent pour la première fois des femmes participer aux épreuves, Charlotte Cooper étant la première championne olympique) et de Saint Louis en 1904 sont noyées dans les programmes des expositions universelles. Le premier athlète noir à participer, à remporter une médaille et à être champion olympique est l'Haïtien d'origine Constantin Henriquez, en 1900.
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+ Les Jeux olympiques intercalaires de 1906 d'Athènes, non reconnus ultérieurement par le CIO, marquèrent un regain d'intérêt du public et des athlètes, avec une participation très internationale alors que 80 % des sportifs ayant pris part aux Jeux de Saint-Louis étaient américains. Les nations européennes avaient en effet renoncé à faire le long et coûteux déplacement outre-Atlantique.
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+ De 241 athlètes de quatorze nations en 1896[21], les Jeux passent à 10 568 sportifs représentant 204 délégations lors des Jeux olympiques de Londres en 2012. C'est désormais l'un des événements les plus médiatisés. Les Jeux de Sydney en 2000 réunissent ainsi plus de 16 000 journalistes et diffuseurs. La dimension de l'épreuve est telle que cela pose des problèmes aux villes hôtes, que le sponsoring ne couvre que partiellement. Les villes hôtes profitent en effet des Jeux pour s'équiper notamment en transports en commun et autres équipements sportifs. À titre d'exemple, le budget estimé des Jeux de Londres en 2012 est de 9 milliards de livres sterling.
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+ Sous la tutelle du CIO ont également lieu des jeux régionaux. Les plus anciens sont les Jeux d'Amérique centrale et des Caraïbes, tenus pour la première fois à Mexico en 1926[22].
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+ Localisation des éditions des Jeux olympiques modernes
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+ Le programme des compétitions se met progressivement en place. Lors de la première édition des Jeux (776 av. J.-C.), une seule épreuve est disputée : c'est la course pédestre du stade (environ 192 m). En 724 av. J.-C., la course pédestre du double stade (diaulos) est introduite dans le programme, puis quatre ans plus tard, la première épreuve de fond fait son apparition : le dolichos, soit 24 stades (environ 4 600 m). Le pentathlon est introduit au programme olympique en 708 av. J.-C. en même temps que la lutte. Le pugilat arrive en 688 av. J.-C. et le pancrace en 648 av. J.-C. La course d’hoplites (course pédestre en tenue militaire) fait son entrée au programme en 520 av. J.-C.
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+ Du côté des courses hippiques, les courses de quadriges (quatre chevaux) figurent au programme olympique depuis 680 av. J.C.. Les courses montées se disputent depuis 648 av. J.-C.
54
+
55
+ Des épreuves de course et de lutte réservées aux juniors sont ajoutées au programme olympique en 632 av. J.-C. Un concours de pentathlon (628 av. J.-C.) et un autre de pugilat (616 av. J.-C.) viennent ensuite compléter le programme olympique des juniors.
56
+
57
+ En plus de ce programme sportif, des concours culturels étaient organisés. Platon est ainsi sacré deux fois « olympionique ».
58
+
59
+ En ce qui concerne les épreuves, les femmes ne pouvaient pas participer. On retrouve tout de même des noms de femmes dans les palmarès des vainqueurs de courses de chars. Cela tient au fait qu'on n'inscrivait pas le nom du conducteur, mais celui du propriétaire de l'attelage.
60
+
61
+ La nudité des athlètes lors des épreuves est parfois expliquée comme une conséquence de la victoire d'une femme lors d'une olympiade, alors que les participants concouraient encore vêtus. Cette pratique serait donc une solution pour exclure à coup sûr les femmes des épreuves. Mais aucune explication sérieuse sur ce sujet n'a encore été donnée, les Grecs se contentant eux-mêmes d'anecdotes peu convaincantes[23].
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+
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+ Contrairement aux Jeux antiques, le programme olympique moderne est beaucoup moins stable. Chaque édition des Jeux apporte ainsi son lot de nouveautés, nouvelles disciplines et nouvelles catégories.
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+ Conservateur et colonialiste convaincu, Pierre de Coubertin n'imagine pas des Jeux olympiques valorisant le corps de l'athlète noir ou celui de la femme[24],[25] mais ses convictions sont initialement peu appliquées car le CIO a le contrôle de la doctrine mais pas de l'organisation des premiers Jeux qui est déléguée à des entrepreneurs de spectacle[26].
66
+
67
+ Le CIO est devenu progressivement le seul décisionnaire sur l'admission d'une discipline au programme olympique. En 1919, Alice Milliat demande au Comité international olympique d'inclure des épreuves féminines lors des prochains Jeux olympiques, mais sa demande est refusée. Les femmes sont finalement admises aux épreuves athlétiques des Jeux olympiques d'été de 1928 à Amsterdam[27].
68
+
69
+ Le CIO doit désormais composer avec les Fédérations internationales gérant les disciplines. Le programme des compétitions sportives ne propose pas l'ensemble des disciplines sportives, ni même la totalité des différentes épreuves possibles. Les Jeux d'été comptent 302 podiums, et c'est un plafond que le CIO ne souhaite pas dépasser. Ainsi, nombre de sports sont écartés du programme, comme c'est le cas du baseball et du softball après les Jeux de 2008, tandis que d'autres disciplines souhaitant profiter de la vitrine olympique sont priées d'attendre. Les Jeux mondiaux rassemblent certains de ces sports non-olympiques mais dont les fédérations internationales sont reconnues par le CIO. Jusqu'en 1996, ces sports pouvaient profiter du statut de sport de démonstration.
70
+
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+ Le nombre des participants aux Jeux olympiques d'hiver est plus modeste avec environ 2 500 athlètes à Turin en 2006. Et du côté du programme, on cherche plutôt à l'étoffer. Certaines disciplines de salle ont été approchées pour passer des JO d'été à ceux d'hiver mais les fédérations internationales concernées ont refusé.
72
+
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+ Afin de contenir l'expansion, le nombre d'athlètes participants aux Jeux est désormais plafonné à 10 500 en été et les participants doivent désormais réaliser des minima dans les disciplines chiffrées ou profiter de quotas olympiques gagnés lors des grandes compétitions précédant les Jeux. Pour permettre à toutes les nations de participer, les minima sont à géométrie variable selon les nations et un Comité olympique n'ayant aucun athlète qualifié aux Jeux profite d'invitations, généralement en athlétisme, natation, judo ou haltérophilie pour les Jeux d'été.
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+
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+ Nota
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+ Nota : le fond bleu indique les épreuves disputées à l'occasion des Jeux olympiques d'été.
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+
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+ En 1948, Sir Ludwig Guttman, fermement décidé à promouvoir la réhabilitation des soldats de la Seconde Guerre mondiale, organisa une compétition sportive entre différents hôpitaux au même moment que les Jeux olympiques d'été de 1948 à Londres. Cette compétition, connue alors sous le nom de Jeux de Stoke Mandeville, devint annuelle. Durant les douze années suivantes, Guttman et d’autres continuèrent d’utiliser le sport comme thérapie de guérison. Aux Jeux olympiques d'été de 1960 à Rome, Guttman réunit 400 athlètes pour concourir dans les « Jeux olympiques parallèles » et devinrent les premiers Jeux paralympiques. Depuis, les Paralympiques ont lieu chaque année olympique et se déroulent dans la même ville que les Jeux olympiques depuis les Jeux de Séoul en 1988[29].
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+
81
+ À partir de 2010, les Jeux olympiques accueillent les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ), où les athlètes ont entre 14 et 18 ans. Les JOJ sont créés par Jacques Rogge, président du CIO, en 2001. La décision est approuvée pendant le 119e Congrès du CIO[30],[31]. Les Jeux olympiques de la jeunesse d'été de 2010 se tiennent à Singapour et ceux d’hiver en 2012, à Innsbruck en Autriche[32]. Ces Jeux durent moins longtemps que les Jeux olympiques traditionnels. Ceux d’été durent douze jours et ceux d’hiver, neuf jours[33]. 3 500 athlètes et 875 officiels vont participer aux JO d’été de 2010, et 970 athlètes et 580 officiels aux JO d’hiver[34],[35]. Les sports au programme coïncident avec ceux des Jeux olympiques traditionnels, cependant le nombre de disciplines et d’épreuves est diminué[36].
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+
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+ Le CIO est fondé lors du Congrès olympique de 1894 à Paris. Il a pour mission d'organiser les Jeux. Composé de 115 membres qui se réunissent au moins une fois par an, et élisent un président pour une durée de huit ans. Le mouvement olympique regroupe un grand nombre d’organisations et de fédérations sportives nationales et internationales, de partenaires médiatiques reconnus, d’athlètes, d’officiels, et juges et toutes les personnes et institutions qui sont d’accord pour respecter les règles de la Charte olympique[37]. Organisation de coordination du mouvement olympique, le CIO est responsable du choix de la ville hôte, la négociation des partenaires et des droits de diffusion, de superviser le programme du déroulement des Jeux olympiques, actualiser et approuver le programme sportif[38].
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+
85
+ Le CIO reconnaît 206 comités nationaux, selon des critères différents de ceux définissant un État au sens du droit international. De nombreuses dépendances prennent ainsi part aux Jeux sous leur propre drapeau, tel que les Bermudes, Porto Rico ou Hong Kong, alors qu'elles sont légalement parties intégrante d'un autre État. Depuis 1980, Taïwan participe sous le nom de Chine de Taipei, la République populaire de Chine refusant sa propre participation si Taïwan était présent sous le nom de République de Chine. Les Îles Marshall ont quant à elles été reconnues par le CIO le 9 février 2003.
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+ Le mouvement olympique regroupe trois grands éléments :
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+ Le français et l’anglais sont les langues officielles du mouvement olympique. La langue du pays organisateur des Jeux olympiques est aussi utilisée. Toutes les annonces (comme celle du nom du pays lors du défilé des nations pendant la cérémonie d’ouverture) sont déclarées dans ces trois langues, dans cet ordre[40].
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+ Le CIO a souvent été critiqué car c’est une organisation intraitable, avec plusieurs de ses membres élus à vie. Les directions de Avery Brundage et Juan Antonio Samaranch furent en particulier controversées. Brundage fut président du CIO pendant plus de 20 ans. Pendant sa présidence, il protégea les Jeux olympiques de toutes implications politiques préjudiciables[41]. Il fut accusé de racisme pour sa gestion du problème de l’apartheid avec la délégation Sud-Africaine et d’antisémitisme[42]. Samaranch fut accusé de népotisme et de corruption[43]. Les liens qu’entretenait Samaranch avec le régime de Franco furent aussi une source de vives critiques[44]. En 1998, on révéla que plusieurs membres du CIO avaient reçu des pots de vin de la part du comité d’organisation de Salt Lake City pour s’assurer que leurs votes iraient en leur faveur. Le CIO entama une enquête qui aboutit à la démission de 4 membres et à l’exclusion de 6 autres. Le scandale eut aussi pour conséquence la mise en place de réformes pour la sélection des villes organisatrices afin d’éviter ce genre de cas à l’avenir[45].
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+ Un documentaire de la BBC intitulé Panorama: Buying the Games diffusé en août 2004, retrace l’enquête qui eut lieu sur les pots de vin lors de la sélection de la ville organisatrice pour les Jeux olympiques d'été de 2012[46]. Le documentaire montra qu’il était possible d’acheter les membres du CIO afin qu’ils votent pour une ville en particulier. Après la défaite de Paris pour les Jeux de 2012[47], Bertrand Delanoë accusa en particulier Tony Blair, Premier Ministre Anglais, et le comité londonien (dont Sebastian Coe était à la tête) d’enfreindre les règles des votes. Il cita comme témoin Jacques Chirac[48]. La sélection de Turin pour les Jeux olympiques d'hiver de 2006 fut aussi controversée. Marc Hodler, éminent membre du CIO, et en faveur de la ville concurrente de Sion en Suisse, affirma que certains membres du CIO avaient été achetés par le Comité d’organisation de Turin. Ces accusations menèrent à une enquête et desservirent la candidature de Sion en faveur de Turin[49].
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+ Le calendrier olympique, le déroulement des cérémonies et leur symbolique est le résultat d'une évolution. Ainsi, il n'y a pas de cérémonie d'ouverture en 1900 à Paris. Le drapeau olympique dessiné par Coubertin en 1913 apparaît aux Jeux de 1920 tout comme le serment olympique. La flamme olympique, symbolisant le lien entre Jeux antiques et Jeux modernes, est en usage depuis 1928. Depuis 1936 elle effectue un parcours sous forme de relais avant la tenue des Jeux. Cette dernière innovation fut créée par Goebbels. Un hymne olympique existe depuis 1896. Cette pièce de musique grecque est officiellement hymne olympique depuis 1960. Le défilé des athlètes est la plus longue des séquences des cérémonies d'ouverture et de clôture. Le défilé est toujours ouvert par la délégation grecque et le pays qui accueille les Jeux ferme la marche.
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+ Entre les cérémonies d'ouverture et de clôtures, deux semaines de compétitions se tiennent sur différents sites, parfois assez éloignés. Les athlètes sont logés dans un village olympique exclusivement réservé aux athlètes et aux entraîneurs. Les journalistes sont regroupés au sein d'un centre médias et ont un accès limité au village olympique des athlètes. L'organisation fait appel à des milliers de volontaires bénévoles afin d'assister les athlètes, les officiels, les journalistes et les spectateurs. L'une des traditions typiques des Jeux est l'échange de Pin's entre délégations et médias. Les volontaires terminent souvent les Jeux couverts de ces épinglettes.
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+ La mascotte olympique apparaît officiellement pendant les Jeux d'hiver de 1968 à Grenoble. Depuis, chaque édition crée sa propre mascotte afin de symboliser les valeurs de l'olympisme.
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+ La devise latine des Jeux olympiques est, depuis 1894, année du premier congrès olympique : citius, altius, fortius… (plus vite, plus haut, plus fort…). C'est Pierre de Coubertin qui proposa cette devise, empruntée à son ami dominicain, l'abbé Henri Didon, ancien vainqueur en 1855 des jeux olympiques du petit séminaire du Rondeau de Grenoble.
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+ Les langues en usage pendant les Jeux sont, dans cet ordre, le français, l'anglais et la langue locale. À l'usage, le français recule pourtant clairement devant l'anglais au niveau de la signalisation sur les sites olympiques tandis que l'anglais est privilégié dans les discours des cérémonies d'ouverture et de clôture. C'est pourtant bien en français que débute la cérémonie de remise des médailles, comme le prévoit le protocole olympique.
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+ L'extinction de la flamme olympique marque la fin de la parenthèse olympique.
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+ Conçu en 1913 par Pierre de Coubertin, il fut présenté officiellement au congrès olympique de Paris en juin 1914. Mais c’est seulement en 1920 aux Jeux d’Anvers qu’on le voit flotter pour la première fois.
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+ Le baron Pierre de Coubertin expliquait lui-même[50] :
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+ « Le drapeau olympique, on le sait, est tout blanc avec, au centre, cinq anneaux enlacés : bleu, jaune, noir, vert, rouge ; l’anneau bleu en haut et à gauche à côté de la hampe. Ainsi dessiné, il est symbolique ; il représente les cinq parties du monde unies par l’Olympisme et ses cinq couleurs d’autre part reproduisent celles de tous les drapeaux nationaux qui flottent à travers l’univers de nos jours. »
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+ — Coubertin (1931), Textes choisis
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+ Les équipes ou athlètes qui se classent en première, deuxième ou troisième place dans chaque épreuve reçoivent des médailles. Les vainqueurs de l'épreuve reçoivent des médailles d'or, qui étaient en or massif jusqu'en 1912, puis en argent doré et maintenant en argent plaqué or. Chaque médaille d'or doit toutefois contenir au moins six grammes d'or pur[51]. Les finalistes recevront des médailles d'argent et pour la troisième place les athlètes sont récompensés par une médaille de bronze. Dans les épreuves contestées par un tournoi à élimination directe (comme la boxe), la troisième place ne pourrait être déterminée et les deux perdants des demi-finales reçoivent des médailles de bronze. Aux Jeux olympiques de 1896, seulement les deux premiers ont reçu une médaille, l'argent pour le premier et le cuivre pour le deuxième. Le format actuel de trois médailles a été introduit aux Jeux olympiques de 1904[52]. Depuis 1948, les athlètes classés quatrièmes, cinquièmes et sixièmes ont reçu des certificats dont le nom est aujourd'hui diplôme olympique. En 1984, le diplôme est élargi aux septième et huitième places. Lors des Jeux de 1896 à Athènes, les médaillés ont reçu des diplômes ainsi qu’un rameau d’olivier pour les premiers et une branche de lauriers pour les deuxièmes. Lors des Jeux suivants ayant lieu à Athènes, en 2004, les athlètes médaillés recevaient également une couronne d'olivier[53] en souvenir de ces premiers Jeux. Le CIO ne tient pas de statistiques pour les médailles remportées, mais les comités nationaux olympiques et les médias tiennent des statistiques concernant les médailles et les records pour mesurer les succès des différentes nations participantes[54].
116
+
117
+ Au départ, le CIO trouvait ses fonds grâce à des sociétés partenaires. C’est lorsque Avery Brundage partit en retraite en 1972 que le CIO commença à explorer le potentiel de la télévision et le marché lucratif de la publicité qui s’offraient à eux[55]. Sous la présidence de Juan Antonio Samaranch, les Jeux commencèrent à s’intéresser aux sponsors internationaux qui cherchaient à associer leurs produits à la marque olympique[56].
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+ Dans la première moitié du XXe siècle, le CIO avait un petit budget[56],[57]. Président du CIO de 1952 à 1972, Avery Brundage rejeta toutes les tentatives de lier les Jeux aux intérêts commerciaux[55]. Il pensait que le lobby des intérêts des sociétés influencerait les décisions du CIO[55]. Lorsqu’il prit sa retraite, le CIO avait 2 millions de dollars d’actifs. Huit ans plus tard, les coffres du CIO atteignirent 45 millions de dollars[55]. Ce fut d’abord dû au changement d’idéologie qui prôna l’expansion des Jeux grâce aux sponsors de sociétés et la vente des droits audiovisuels[55]. Lorsque Juan Antonio Samaranch fut élu à la tête du CIO en 1980, il désirait rendre le CIO financièrement indépendant[57].
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+
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+ Les Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles restent une étape clé dans l’histoire olympique. Le comité d’organisation de Los Angeles, dirigé par Peter Ueberroth réussit à engranger un surplus de 225 millions de dollars, résultat sans précédent à l’époque[58]. Le comité d’organisation réussit à créer un tel surplus en partie grâce à la vente des droits exclusifs des sponsors à certaines sociétés[58]. Le CIO cherchait à avoir le contrôle de ces droits. Samaranch prit part à l’élaboration du programme olympique en 1985 afin de créer une marque olympique[56]. Il créa en 1988 le programme TOP (The Olympic Partners) : faire partie de ce programme olympique de sponsorship est très exclusif et onéreux. Les frais sont de 50 millions de dollars pour 4 ans d’adhésion[57]. Les membres du programme olympique reçoivent des droits de publicité exclusifs et l’utilisation du symbole olympique, les anneaux olympiques, dans leurs publications et leurs publicités[59].
122
+
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+ Actuellement, les revenus du CIO ont quatre sources[60] : principalement les droits télévisés (4 milliards de dollars sur l'olympiade 2009-2012), le programme de sponsorship TOP (1 milliard de dollars sur la même période) et dans une moindre mesure la billetterie et les licences pour l'exploitation des produits dérivés. Le CIO garde 10 % de ces revenus et en redistribue 90 % aux comités nationaux olympiques, fédérations sportives internationales et au Comité d'Organisation des Jeux Olympiques (COJO) du pays hôte.
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+ Les Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin furent les premiers Jeux à passer à la télévision bien que localement[61]. Les Jeux olympiques d'été de 1956 furent les premiers Jeux à être diffusés internationalement[62] et les Jeux d’hiver suivants virent leurs droits audiovisuels vendus pour la première fois. CBS déboursa 394 000 dollars pour avoir les droits américains[63] et l’Union européenne de radio-télévision 660 000 dollars[56]. Les Jeux olympiques d'été de 1964 de Tokyo sont les premiers JO diffusés en direct, grâce notamment au satellite[64].
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+
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+ Durant les décennies suivantes, les Jeux devinrent l’un des terrains idéologiques de la Guerre froide. Les grandes puissances manœuvrèrent pour prendre le pouvoir politique et le CIO décida de prendre l’avantage de cet intérêt grâce aux médias[63]. La vente des droits audiovisuels permit au CIO de bien plus exposer au Monde les Jeux olympiques, et ainsi leur donner plus d’intérêt, ce qui eut pour conséquence d’attirer les sponsors qui achetèrent des plages publicitaires. Cela permit au CIO d’augmenter les tarifs de ces droits[63]. Par exemple, CBS déboursa 375 millions de dollars pour les droits de retransmission des Jeux olympiques d'hiver de 1998 à Nagano[65], tandis que NBC dépensa 3,5 milliards pour les droits de retransmission pour tous les Jeux olympiques de 2000 à 2008[56]. Le nombre de téléspectateurs a beaucoup augmenté depuis les années 1960, notamment grâce à l’utilisation de satellite en 1964 et l’apparition de la télévision couleur en 1968[66]. Les coûts pour retransmettre les Jeux étant très élevés, la pression d’internet, plus une concurrence rude au niveau du câble, le lobby de la télévision exigea que le CIO stimule les cotes[67]. À la suite de cela, le CIO fit certains changements dans le programme olympique. Pour les Jeux d’été, les épreuves de gymnastique passèrent de sept à neuf soirées et un gala en fin de compétition fut ajouté[68]. Les programmes de natation et plongeon furent aussi développés[68]. Enfin, le lobby de la télévision américaine réussit à imposer la date de certaines épreuves pour qu’elles soient diffusées en première partie de soirée aux États-Unis[69].
128
+
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+ La vente de la marque olympique prête à des controverses. Le débat tourne autour du fait que les Jeux ne se distinguent plus des autres compétitions sportives commercialisées[59]. Certaines critiques furent lancées contre le CIO à cause de la saturation du marché pendant les Jeux de 1996 à Atlanta et 2000 à Sydney. Les deux villes étaient envahies par des sociétés et des marchands qui tentaient de vendre des marchandises en rapport avec les Jeux[70].
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+
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+ Une autre critique vient du fait que les Jeux sont financés par la ville organisatrice et le pays. Le CIO ne prend rien en charge et pourtant il contrôle tout et tire profit des symboles olympiques. Le CIO prend aussi un pourcentage de tous les bénéfices des sponsors et des émissions[59]. Les villes organisatrices continuent à rivaliser pour accueillir les Jeux, même si elles ne sont pas sûres de récupérer leurs investissements financiers[71].
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+
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+ La politique de redistribution du CIO soulève également des critiques : depuis les Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles, le comité olympique américain reçoit à lui seul autant que les 201 autres comités nationaux. Cette redistribution s'explique par la prédominance historique des sponsors américains (Coca-Cola, Dow Chemical, Procter & Gamble, General Electric, McDonald's, VISA). Un nouveau contrat signé en 2012, s'appliquant de 2021 à 2040, prévoit que le comité olympique américain ne percevra plus que 7 % des droits télévisés (contre 12,5 % actuellement) et 10 % des revenus de sponsoring (contre 20 %)[72].
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+ Une autre critique majeure concerne le gigantisme présumé des infrastructures construites dans l'optique des Jeux par les villes-hôtes. Le cas des Jeux d'Athènes en 2004 et de ceux de Rio en 2016 ont mis en lumière la difficulté pour des pays faisant face à des difficultés économiques de gérer sur le long terme et de trouver une réaffectation à une telle quantité de sites[73],[74].
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+ Au début du XXe siècle, de nombreux athlètes olympiques ont commencé à utiliser des drogues pour améliorer et augmenter leurs capacités athlétiques. En 1967, le CIO a interdit l'utilisation de drogues améliorant la performance dans la compétition olympique. Lors des Jeux olympiques d'été de 1968 ; le CIO officialise les contrôles anti-dopage et oblige les femmes à se soumettre à des tests de féminité. En 1989, le CIO met en place les contrôles inopinés.
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+ Le premier athlète olympique contrôlé positif pour utilisation de drogues améliorant la performance est Hans-Gunnar Liljenwall, un athlète suédois pratiquant le Pentathlon moderne. Lors des Jeux olympiques d'été de 1968, il perd sa médaille de bronze pour consommation d'alcool[75]. Il est le seul athlète à être contrôlé positif pour une substance interdite aux Jeux olympiques de 1968.
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+ Malgré les vœux de Coubertin, les deux Guerres mondiales empêchèrent la tenue du rendez-vous olympique. Les Jeux de 1916 furent ainsi annulés pendant la Première Guerre mondiale, et ceux de 1940 et 1944 pendant la Seconde.
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+ La politique s'empare parfois du symbole olympique. D'abord opposé à la tenue des Jeux olympiques en Allemagne, Adolf Hitler utilise cette manifestation à des fins de propagande. C'est également le cas à Moscou en 1980. L'Union soviétique entra pourtant tardivement au sein du mouvement olympique. C'est en 1952 que l'URSS reprendra les compétitions sportives internationales en participant aux Jeux olympiques d'été à Helsinki. Au fil des années, ces Jeux connaîtront un nouvel engouement pour le monde entier car on assistera à une guerre des médailles entre les États-Unis et l'URSS.
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+
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+ En 1956, les Jeux de Melbourne sont boycottés par les Pays-Bas, l'Espagne et la Suisse qui manifestent ainsi leur désaccord avec la répression soviétique de l'époque en Hongrie. Lors de ces mêmes Jeux, l'Italie, l'Égypte, l'Irak et le Liban furent absents en raison de la crise de Suez.
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+
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+ En 1968, 1972 et 1976, de nombreux pays africains boycottent les Jeux afin de protester contre le régime d'apartheid sud-africain. L'exclusion de la Nouvelle-Zélande est également réclamée, car son équipe de rugby s'était rendue en Afrique du Sud pour y jouer des matches. À Montréal, 21 pays africains et le Guyana manquent à l'appel. Précisons que le Président Senghor (alors Président d'honneur de la Fédération Mondiale des Cités Unies) avait célébré le jumelage symbolique du village olympique avec toutes les villes du monde pour en faire un village de paix et de fraternité, quatre ans après l'assassinat des athlètes Israéliens dans le village olympique de Munich. Il avait souhaité que la politique soit exclue des JO, c'est pourquoi le Sénégal et la Côte d'Ivoire sont restés et ont participé aux JO de Montréal. C'est aussi lors de ces Jeux que pour la première fois des athlètes ont été reçus chez l'habitant et que le soir, ils étaient célébrés par les municipalités du Québec - fait unique dans l'histoire des jeux olympiques.
148
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+ En 1972, lors des Jeux de Munich, un commando de terroristes palestiniens prit en otage onze membres de la délégation israélienne dans le village olympique et les assassina. Depuis ce crime, les polices des pays occidentaux comprennent des sections antiterroristes très pointues. De plus, la sécurité est renforcée autour des grands événements comme les Jeux olympiques. Le village olympique est parfois comparé à un bunker.
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+ En 1980, les États-Unis et 64 autres délégations boycottent les Jeux de Moscou en raison de l'intervention soviétique en Afghanistan. La France ou encore le Royaume-Uni ne se sont pas solidarisés avec ce mouvement et se rendent à Moscou avec quatorze autres nations occidentales. Le Comité olympique américain (USOC) tente de passer outre l'ordre de boycott donné par la Maison Blanche. Il faut que le président américain Carter menace les athlètes d'interdiction de sortie de territoire pour faire plier l'USOC. En réplique à ce boycott, l'URSS et quatorze de ses pays satellites boycottent les Jeux de Los Angeles quatre ans plus tard sous prétexte que la sécurité des délégations n'était pas garantie et à cause de l'installation de fusées Pershing américaines en Europe de l’Ouest. Cependant, la Roumanie se distingue du bloc de l'Est en se rendant à Los Angeles.
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+ En 1988, Cuba, l'Éthiopie et le Nicaragua boycottent les Jeux de Séoul pour protester contre la mise à l'écart de la Corée du Nord dans l'organisation des Jeux.
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+ En 1996, lors des Jeux olympiques d'Atlanta, une bombe explose sur la place principale de la ville, tuant deux personnes et en blessant cent onze.
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+ Avant 2008, un mouvement de protestation, mené par Reporters sans frontières, tente de convaincre le plus de pays possible de boycotter la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin en 2008 pour protester contre le bafouement des droits de l'homme en République populaire de Chine. Ce mouvement de protestation se manifeste particulièrement durant le passage de la flamme olympique autour du monde et notamment à Paris.
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3
+ Les Jeux olympiques d'été de 2012 (Jeux de la XXXe Olympiade de l'ère moderne) ont lieu du 27 juillet[1] au 12 août 2012[2] à Londres. La capitale britannique est la première ville à accueillir les Jeux olympiques modernes pour la troisième fois[3],[4], après ceux de 1908 et de 1948[5],[6].
4
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5
+ La ville de Londres est élue parmi cinq villes candidates lors de la 117e session du Comité international olympique (CIO), le 6 juillet 2005 à Singapour. Sebastian Coe est le chef du comité de candidature puis le président du Comité organisant les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques d'été de 2012.
6
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7
+ Au 15 juillet 2003, date limite de clôture des candidatures, neuf villes se déclarent candidates à l'organisation des Jeux olympiques de 2012 : La Havane, Istanbul, Leipzig, Londres, Madrid, Moscou, New York, Paris et Rio de Janeiro[7]. Le 18 mai 2004, et après évaluation de toutes les candidatures, le Comité international olympique annonce les cinq villes finalistes : Londres, Madrid, Moscou, New York et Paris.
8
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9
+ Le 6 juillet 2005, à Singapour, le jury désigne Londres comme ville hôte des Jeux olympiques de 2012 au terme de quatre tours de scrutin. Lors du dernier tour, la capitale britannique devance de 4 voix Paris[8].
10
+
11
+ Le London Organising Committee of the Olympic Games (LOCOG) est chargé de l'organisation de ces Jeux.
12
+
13
+ Le budget final des Jeux olympiques 2012 est d'environ 11 milliards d'euros[9].
14
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15
+ Ceci représente environ le double de la somme prévue dans le dossier de candidature de 2005[10]. Néanmoins, les officiels se fondent sur le budget de 2007 et non celui de 2005 pour leurs calculs, ce qui a permis, le 13 mars 2012, au président du CIO Jacques Rogge d'estimer que le budget public des Jeux olympiques de Londres sera respecté[11], en dépit des craintes exprimées sur la menace d'un blocage des Jeux[12].
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+ À l'occasion de cet événement, la compagnie aérienne British Airways décide de repeindre le fuselage entier de neuf appareils Airbus A319 désignés par Pascal Anson[13].
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+ Il y a eu deux logos pour Londres 2012 : l'un durant le processus qui porte la candidature de la ville et l'autre en tant que marque durant toute la période des Jeux olympiques eux-mêmes. Ce dernier, dessiné par Woff Olins, a été dévoilé le 4 juin 2007, il a coûté 400 000 livres (soit environ 590 000 euros)[14]. Ce logo est la représentation stylisée du nombre 2012 avec les anneaux olympiques inscrits dans le chiffre zéro ainsi que la représentation des différents pays des îles Britanniques (Irlande du Nord, Irlande du Sud, Écosse, Pays de Galles, Angleterre)[15]. Il est décliné en 4 couleurs et pour la première fois, il est utilisé pour les Jeux olympiques et fait l'objet d'une adaptation pour les Jeux paralympiques[16].
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+ Les premières réactions tant de la part du public que des experts sont largement négatives, selon un sondage effectué sur le site web de la BBC plus de 83 % des 16 000 votes lui ont attribué la plus mauvaise note[17]. Une pétition exigeant son retrait recueille 30 000 signatures en moins d’une journée. Le comité d'organisation a alors annoncé que le logo sera repensé au cours des cinq prochaines années[18].
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+ Par ailleurs, une représentation animé représentant le logo en mouvements saccadés très rapides, aurait provoqué des crises comitiales chez des personnes épileptiques à la vue de cette vidéo. Les organisateurs décident rapidement de retirer l’animation de leur site web, qui est interdite par l'autorité de régulation audiovisuelle britannique, avant que la séquence litigieuse ne soit remontée[19]. Une polémique supplémentaire survient en 2011 à l'initiative de l'Iran, qui considère que le logo dissimule le mot « Zion »[20].
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+ Logo de candidature pour les JO de 2012 (2005 - 2007).
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+ Logo officiel utilisé pour les JO de 2012 (2007 - 2012).
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+ Jeux paralympiques d'été de 2012.
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+ La cérémonie d'Ouverture des Jeux olympiques de Londres a débuté le 27 juillet 2012[21] à partir de 21 h, heure locale et s'est terminée vers 1 h, heure locale[22]. L'organisation de la cérémonie d'ouverture a été confiée au réalisateur Danny Boyle[23]. La vasque olympique a été allumée par sept jeunes athlètes britanniques après avoir reçu la flamme des mains de Steve Redgrave[24], le sportif anglais avec le plus beau palmarès. La vasque était originale cette année car elle était composée de plusieurs pétales qui se sont réunis en bouquet de fleurs.
32
+
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+ Le 14 mars 2011, à 500 jours de la cérémonie d'ouverture de Londres 2012, les organisateurs et Omega (chronométreur officiel des Jeux de Londres) ont dévoilé le compte à rebours à Trafalgar Square[25].
34
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+ Les Spice Girls[26], One Direction, Muse, Nick Mason, George Michael, Taio Cruz (Dynamite), The Who, Ed Sheeran, Take That, Jessie J (Price Tag) et Emeli Sandé (Read All About It et une reprise de Imagine), Lily Allen (Fuck You) et le DJ Rebel ont participé à la cérémonie de clôture.
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+
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+ La flamme olympique a été éteinte à exactement minuit heure locale.
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+ Le maire de Londres Boris Johnson et le président du CIO Jacques Rogge ont symboliquement remis au maire de Rio de Janeiro Eduardo Paes, le drapeau olympique marquant ainsi la fin de ces Jeux olympiques d'été 2012 et le passage vers les futurs Jeux olympiques d'été de 2016.
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+ La pollution inquiète beaucoup les organisateurs des Jeux de Londres, car celle-ci pourrait nuire aux performances des sportifs eux-mêmes. « Plusieurs études ont montré que l’exposition à l’ozone ou aux microparticules quand on fait du sport réduit la capacité pulmonaire, diminue les performances et surtout augmente le risque d’asthme» explique le Dr Pierre Souvet, président de l’Association santé environnement France[27]. En 1984, aux Jeux de Los Angeles, le coureur de 800 mètres Steve Ovett s'était effondré pendant la finale en raison de problèmes respiratoires liés en partie selon lui à la pollution. En 2008 aux Jeux de Pékin, les autorités avaient réduit la circulation des voitures et fermé des centaines d'usines. À Londres, on craint d'être confronté au même problème[28].
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+ 24 000 personnes seront employées pour la sécurité. Les forces armées britanniques fourniront 7 000 militaires. Les 17 000 autres seront des employés G4S qui va recruter quelque 10 000 employés temporaires (agents de sécurité, stewards, placiers payés entre 6 £ et 85 £ de l'heure). Le budget de la sécurité sur les sites est passé d'une estimation de 282 millions de livres sterling à l'origine à 553 millions annoncé en janvier 2012, somme à laquelle s'ajoutent 600 millions de £ pour les mesures policières en dehors des emprises sportives[29]. Le 12 juillet 2012, le ministre de la Défense Philip Hammond annonce la mobilisation de 3 500 soldats supplémentaires pour boucler le dispositif de sécurité des JO[30] après la défaillance de la société de gardiennage privée G4S[31]. Le 26 juillet 2012, le préfet de la zone Nord met en place un dispositif permettant de mobiliser un maximum de 1 000 fonctionnaires en même temps dans la région dans le cadre du dispositif de sécurité mis en place pendant les Jeux[32].
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+ Survival, une chanson du groupe Muse, issue de l'album The 2nd Law, a été choisie par le comité olympique pour être la chanson officielle des Jeux. La musique de fond lors de l'annonce des podiums est le thème des Chariots de feu de Vangelis, bande originale du film du même nom (sorti en 1981) qui retraçait l'histoire de deux athlètes britanniques dans leur préparation pour les Jeux olympiques de 1924.
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+ Une très grande partie des chansons diffusées durant la cérémonie d'ouverture sont l'œuvre d'artistes britanniques. Les spectateurs ont ainsi pu entendre des musiques des Beatles, d'Adele, de David Bowie, des Rolling Stones ou encore de Queen et Pink Floyd. De nombreux artistes étaient présents dans le stade, tels Tom Jones, Mike Oldfield, Paul McCartney qui a chanté Hey Jude à la fin de la cérémonie, le groupe Arctic Monkeys qui a interprété plusieurs chansons, les Rolling Stones, les Spice Girls qui ont chanté lors de la cérémonie de clôture, le rappeur Dizzee Rascal, les Sex Pistols, Jessie J, Lily Allen ou encore les One Direction. Les artistes présents à la cérémonie d'ouverture des Jeux ont été payés une livre symbolique (soit 1,30 €) chacun pour leurs prestations.
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+ Comme pour les Jeux olympiques d'été de 2008, la seule nation souveraine à n'avoir jamais eu de délégation d'athlètes à cet événement reste le Vatican. À la suite de son indépendance le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud envoie son premier athlète, Guor Marial, aux Jeux olympiques lors de l'édition 2012. Cependant ce dernier défile sous les couleurs olympiques, le nouveau pays n'ayant pas encore son propre comité olympique. Il en est de même pour Curaçao et Saint-Martin, qui ont récemment changé de statut (dissolution des Antilles néerlandaises le 10 octobre 2010).
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+ Lors de la 118e session du Comité international olympique[33], réunie à Singapour, le baseball et le softball ont été exclus de la liste des sports olympiques, réduisant à 26 le nombre de disciplines pour les Jeux de Londres 2012. La liste des sports olympiques d'été n'est plus immuable et sera remise en question après chaque Jeux olympiques, seuls les quotas de compétitions (301) et le nombre d'athlètes (10 500) resteront fixes.
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+ Lors de cette même session, le CIO aurait également rejeté l'entrée de cinq nouveaux sports aux Jeux d'été[34] : le golf, le roller et le rugby à sept ont été éliminés d'entrée, tandis que le squash et le karaté ont obtenu 51 % des votes, ce qui les rendait éligibles, mais n'ont pas réuni la majorité requise des deux tiers.
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+ En revanche, pour la première fois à Londres, des femmes participent aux épreuves de boxe, avec trois catégories de poids (contre dix chez les hommes).
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+ Le nombre de sports olympiques, correspondant au nombre de fédérations internationales, est donc fixé à 26 pour ces Jeux de Londres :
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+ Les dix premières nations au classement des médailles de leurs athlètes sont :
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+ Deux athlètes qualifiés pour les Jeux paralympiques se qualifient également pour les Jeux olympiques : le sprinteur sud-africain Oscar Pistorius (amputé des deux jambes, courant avec des prothèses) et la pongiste polonaise Natalia Partyka (née sans avant-bras droit)[36]. Il ne s'agit pas d'une première, puisque Natalia Partyka et la nageuse sud-africaine Natalie du Toit avaient déjà participé aux Jeux olympiques en 2008[37].
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+ Avant les Jeux de 2012, trois pays avaient toujours été représentés exclusivement par des athlètes masculins : l'Arabie saoudite, le Brunei (toujours représenté par un unique athlète), et le Qatar. Le Comité international olympique indiqua qu'il presserait ces trois pays d'inclure des athlètes féminins dans leurs délégations, afin que les Jeux de Londres marquent la fin de l'exclusion des femmes dans toutes les nations du mouvement olympique[38]. En juillet 2010, le Qatar annonça qu'il inclurait des femmes dans sa délégation aux Jeux de Londres[39]. En mars 2012, le Brunei fit de même[40]. Quant à l'Arabie saoudite, Anita DeFrantz, présidente de la Commission Femmes et Sport du CIO, suggéra que le pays soit interdit de participation aux Jeux jusqu'à ce qu'il accepte la participation de femmes saoudiennes[39]. Emmanuelle Moreau, porte-parole du CIO, indiqua toutefois que le Comité « n'imposerait pas aux Saoudiens d'avoir des femmes parmi leurs représentants à Londres », arguant que « le CIO ne donne pas d'ultimatums [...] mais pense plutôt que beaucoup d'avancées se font par le dialogue »[41]. En juillet 2012, le Comité international olympique annonce que deux Saoudiennes participeront pour la première fois aux Jeux olympiques[42].
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+ Ainsi, pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques, chacune des 204 délégations participantes aux Jeux de Londres 2012 ont envoyé au moins une femme pour prendre part à ce rendez-vous sportif.
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+ Les Jeux de Londres sont également les premiers au cours desquels les femmes sont autorisées à concourir dans la totalité des 26 sports olympiques, avec l'introduction de la boxe féminine[43]. Inversement, la natation synchronisée et la gymnastique rythmique demeurent des épreuves exclusivement féminines.
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+ De nombreuses épreuves féminines sont différentes des épreuves masculines. S'il paraît logique que les catégories de poids soient différentes comme en boxe ou en haltérophilie, certaines épreuves n'existent pas en 2012 pour les femmes comme en lutte la lutte gréco-romaine, en aviron, le quatre sans barreur et le quatre sans barreur (poids légers), en athlétisme le 50 km marche, en voile le dériveur lourd en solitaire (finn) et le dériveur haute performance à deux équipiers (49er) ; d'autres épreuves sont différentes : ainsi en athlétisme l'équivalent du 110 m haies masculin est le 100 m haies féminin, l'équivalent du décathlon masculin est l'heptathlon féminin.
72
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+ Sur la mixité des sports, sur les 26 sports proposés, seuls trois sports ont des épreuves mixtes. Il y a deux sports avec des équipes mixtes, le badminton et le tennis. Il n'y a aux Jeux olympiques d'été qu'un seul sport où les femmes et les hommes concourent pour la même médaille, l'équitation.
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+ La plupart des commentateurs s'accordent à penser que l'organisation des Jeux par le Royaume-Uni et Londres est un succès. Le président du CIO, Jacques Rogge, a affirmé que ces jeux avaient été « fabuleux, extraordinaires »[44], les « meilleurs Jeux jamais organisés »[45]. Les éloges louent notamment la qualité des transports en commun, la transformation urbaine de l'Est londonien et la réutilisation future des équipements olympiques[45], ainsi que la réussite en matière de sécurité, alors que la crainte d'un attentat était forte[46]. La bonne humeur des volontaires a également été amplement saluée[47].
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+ En mai 2012, le Comité international olympique avait opposé « une fin de non-recevoir » à une demande israélienne de commémoration, par une minute de silence durant la cérémonie d'ouverture des Jeux, des 40 ans de l'assassinat de onze athlètes israéliens par des membres de l'OLP durant les Jeux olympiques de Munich en 1972 déclarant que « le CIO a régulièrement commémoré la tragédie de 1972 et le fera une nouvelle fois à Londres lors d'une cérémonie qui se déroulera pendant les Jeux, mais il n'y aura pas de minute de silence durant la cérémonie d'ouverture. » Le principe d'une commémoration à l'ouverture des Jeux avait été soutenu début juillet par le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, qui avait écrit au président du Comité international olympique, Jacques Rogge, pour lui demander d'accéder à sa demande. Cette proposition a également été soutenue par la Maison-Blanche. Toutefois, le 21 juillet, le président du CIO a maintenu dans une conférence de presse son opposition, déclarant que « Nous estimons que nous pouvons rendre hommage aux athlètes dans un autre contexte. Les cérémonies d'ouverture n'ont pas une atmosphère qui se prête aux commémorations de ce genre », et ajoutant qu'il « avait bien entendu les avis de plusieurs pays, notamment des États-Unis, favorables à une minute de silence durant la cérémonie d'ouverture mais qu'il ne les suivait pas forcément ». Le présentateur vedette de la chaîne de télévision américaine NBC, Bob Costas, prévoit « de dénoncer à l'antenne lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres l'attitude insensible du CIO à l'égard de la prise d'otages sanglante des JO de Munich, il y a 40 ans », expliquant dans une interview au Hollywood Reporter « que beaucoup de gens trouvent ce refus plus insensible que déconcertant[48],[49] ». Cette demande d'observer une minute de silence avait été aussi appuyée par le Sénat américain, le Bundestag allemand, le Parlement du Canada, le Parlement d'Australie, 140 membres du Parlement de la République italienne ainsi que 50 députés au Parlement du Royaume-Uni. Fiamma Nirenstein, vice-présidente de la Commission des affaires étrangères du parlement italien qui a rendu publique la lettre envoyée par les députés italiens à Jacques Rogge, déplore le fait qu'« à tous les Jeux depuis 1976, les membres de la famille des athlètes assassinés ont demandé une minute de silence, mais cela leur a toujours été refusé. Cette année marque le 40e anniversaire du massacre, il aurait été temps pour un moment de compassion pour ces athlètes assassinés et une condamnation ferme du terrorisme[50] ». Jacques Rogge n'a jamais voulu donner d'explications claires concernant le refus de cette minute de silence mais de nombreuses sources sous le couvert de l'anonymat parlent de risques d'attentats par des islamistes[51] ou de boycott de la part de pays arabes influents financièrement[52].
78
+
79
+ Le 25 juillet 2012, les veuves d'un athlète et d'un entraîneur israéliens tués aux Jeux de Munich ont remis à Jacques Rogge une pétition de 105 000 signatures dont celle de Barack Obama en faveur de la tenue d'une minute de silence, tandis qu'Hillary Clinton a demandé au président du CIO de revenir sur sa décision et de permettre la commémoration durant la cérémonie d'ouverture des Jeux[53],[54].
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+ Le 6 août 2012, David Cameron rend hommage au cours d'une commémoration aux 11 Israéliens tués lors des Jeux olympiques de 1972[55].
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+ Le 25 juillet 2012, neuf athlètes (trois Russes, deux Ukrainiennes, une Bulgare, une Grecque, une Turque et une Marocaine) sont suspendus pour dopage à la suite de contrôles effectués en vue de la compétition[56]. L'haltérophile albanais Hysen Pulaku (en) est le premier participant à être exclu durant les Jeux à la suite d'un contrôle positif au stanozolol datant du 23 juillet[57]. La gymnaste ouzbèke Luiza Galiulina est elle aussi exclue après un test positif au furosémide[58], ainsi que la sprinteuse kittittienne Tameka Williams[59].
84
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85
+ Le 3 août, la cycliste sur piste russe Victoria Baranova[60] et l'athlète marocain Amine Laalou[61] sont exclus pour dopage.
86
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87
+ Le 6 août, le judoka américain Nick Delpopolo[62] et l'athlète italien Alex Schwazer[63],[64] sont exclus pour dopage.
88
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89
+ Le 10 août, l'athlète français Hassan Hirt, contrôlé positif à l'EPO, est exclu de sa délégation[65].
90
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91
+ Le 11 août, l'athlète syrienne Ghofran Almohamad est contrôlée positive à la méthylhexanamine. Elle est disqualifiée par le CIO[66].
92
+
93
+ Le 13 août, au lendemain de la clôture des jeux, le CIO annonce avoir contrôlé positivement la lanceuse de poids biélorusse Nadzeya Ostapchuk et lui retire en conséquence sa médaille d'or[67].
94
+
95
+ Le 7 novembre, le lutteur ouzbèke Soslan Tigiyev est déchu de sa médaille de bronze remportée dans l'épreuve de lutte libre (moins de 74 kg) après avoir fait l'objet d'un contrôle positif à un stimulant durant la compétition. Le Hongrois Gábor Hatos, initialement cinquième de la compétition, récupère en conséquence la médaille de bronze[68].
96
+
97
+ Le 18 octobre 2016, deux sportifs (1 Russe et 1 Ukrainien) sont disqualifiés pour dopage et voient leurs résultats annulés[69].
98
+
99
+ Le 30 octobre 2016, huit sportifs (3 Kazakhs, 3 Biélorusses et 2 Russes) sont disqualifiés pour dopage et voient leurs résultats annulés[70].
100
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101
+ Le 10 mai 2018, l'haltérophile canadienne Christine Girard, classée au départ 3e en catégorie 63 kg, est finalement déclarée championne olympique à la suite du déclassement des deux premières médaillées pour dopage[71],[72].
102
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103
+ En badminton, 8 joueuses en lice pour le tournoi féminin en double sont exclues le 1er août du tournoi olympique. Ces joueuses sont d'origine chinoise (Yu Yang, Wang Xiaoli), indonésienne (Meiliana Jauhari, Greysia Polii) et sud-coréenne (Jung Kyung-eun, Kim Ha-na et Ha Jung-eun, Kim Min-jung)[73]. La Fédération internationale de badminton les exclut pour « n'avoir pas fait tout leur possible pour remporter la victoire »[74]. Les paires coréennes font appel, mais leur appel est rejeté le 2 août. La paire chinoise ne fait pas appel, et la paire indonésienne retire son appel avant son examen[75].
104
+
105
+ Lors de l'épreuve de qualification de cyclisme sur piste, le démarreur britannique Philip Hindes chute dès le départ. D'après le règlement officiel, l'équipe doit alors recommencer l'épreuve sans aucune conséquence. Cependant, après l'obtention de la médaille d'or, celui-ci déclare avoir chuté délibérément, ayant pris un mauvais départ[76]. Malgré cet aveu de tricherie, il n'est pas sanctionné et garde le bénéfice de sa médaille.
106
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107
+ Le 4 août, une polémique semblable apparaît en aviron sur l'épreuve de deux de couple poids légers hommes : après avoir pris un mauvais départ, le duo Mark Hunter et Zac Purchase cesse sa course au bout de 80 m, entraînant l'arrêt des autres rameurs. Les rameurs britanniques signalent un problème matériel qui est rapidement réparé, et reprennent le départ pour décrocher la médaille d'argent. Le couple français Stany Delayre et Jérémie Azou, qui avait pris un meilleur départ lors de la première course mais a fini 4e, pose réclamation afin de lever le doute sur le respect du règlement. La réclamation est rejetée[77],[78], les arbitres ayant constaté le bris matériel[79] et déclaré qu'aucune règle n'avait été enfreinte[80].
108
+
109
+ Le 6 août, une autre polémique apparaît après une défaite de l'équipe espagnole de basket-ball face au Brésil (alors que l'Espagne menait pendant les 3 premiers quart-temps, ils perdent le dernier quart-temps 31-16), défaite qui permettait aux joueurs espagnols d'éviter de se retrouver dans la même partie de tableau que les États-Unis, favoris de la compétition[81].
110
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111
+ Le 7 août, les boxeurs français Nordine Oubaali et Alexis Vastine sont éliminés de la compétition à la suite de décisions arbitrales. En particulier, la défaite d'Alexis Vastine est contestée par des journalistes[82] et des entraîneurs[83], ainsi que par la Fédération française de boxe, qui porte réclamation pour les combats des deux boxeurs éliminés. L'appel est finalement rejeté par l'AIBA[84]. Dans un autre match de boxe, l'Azerbaïdjanais Magomed Abdulhamidov est donné vainqueur face au Japonais Satoshi Shimizu qui l'a pourtant envoyé trois fois au tapis[85]. Après réclamation, Shimizu obtient néanmoins gain de cause et est réintégré à la place d'Abdulhamidov[85] et un arbitre du Turkménistan est renvoyé par l'AIBA[86]. Le match entre l'Azerbaïdjanais Teymur Mammadov et le Biélorusse Sergey Korneyev et le match entre le Britannique Tom Stalker et le Mongol Erdene Uranchimeg sont aussi signalés comme douteux[87]. Selon L'Équipe, les décisions contestables sont nombreuses dans ce tournoi olympique de boxe et la scoring-machine est pointée du doigt[88].
112
+
113
+ Le 9 août, le nageur sud-africain Cameron van der Burgh, médaillé d'or sur le 100 m brasse, révèle avoir donné, après le virage aux 50 m, trois mouvements de jambe de type « dauphin » au lieu d'un seul autorisé par le règlement[89].
114
+
115
+ Le début du match de football féminin opposant la Colombie et la Corée du Nord a pris une heure de retard à cause d'une erreur des organisateurs. En effet, ceux-ci avaient confondu les drapeaux sud- et nord-coréen sur le tableau d'affichage. En raison des relations tendues entre les deux pays coréens, les joueuses étaient retournées dans les tribunes en attendant les excuses et le retour à la normale[90].
116
+
117
+ L'athlète Paraskeví Papahrístou, représentant la Grèce en triple saut, fut exclue des Jeux olympiques pour propos racistes sur son compte Twitter[91], de même que le footballeur suisse Michel Morganella à la suite d'un tweet injurieux à l'encontre des Sud-Coréens[92].
118
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119
+ À l'issue du match pour la médaille de bronze en football masculin, remporté 2-0 par l'équipe sud-coréenne face à l'équipe japonaise, le joueur sud-coréen Park Jong-woo brandit un panneau « Dokdo est notre territoire », ravivant les tensions entre les deux pays, qui revendiquent chacun la souveraineté de l'île. Une procédure disciplinaire est ouverte par la FIFA[93],[94].
120
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121
+ Le choix de certaines des entreprises partenaires commanditaires (Dow Chemical, BP) par le CIO est critiqué[95], parce qu'elles sont soupçonnées d'écoblanchiment[96]. De plus, le choix de ces sponsors a remis sur le devant de la scène la catastrophe environnementale de Bhopal causée par Union Carbide en 1984[97]. Or, Union Carbide est devenue une filiale de Dow Chemical en 2001, d'où l'indignation de la délégation indienne. Celle-ci a d'ailleurs failli boycotter les Jeux olympiques, avant de revenir sur sa décision[98]. De même, le choix du Comité olympique britannique de faire de Lakshmi Mittal, PDG milliardaire d'ArcelorMittal, un des porteurs de la flamme olympique fut accueilli avec une certaine indignation[99],[100], dans la mesure où les sites de Liège-Seraing (Belgique), de Florange (France) ou encore de Schifflange-Rodange (au Luxembourg) connaissent des difficultés économiques et des plans de réduction des effectifs[101], alors que pour obtenir une telle récompense, Lakshmi Mittal a dépensé quelque 18 millions d'euros pour la construction de la « Tour Orbit » à l'effigie des Jeux olympiques.
122
+
123
+ Afin de garantir l'exclusivité pour les sponsors, le London Olympic Games and Paralympic Games Act 2006 (en) permet de faciliter l'application du droit de propriété intellectuelle en interdisant strictement l'utilisation du logo, d'expressions ou le port de vêtements de marques concurrentes des sponsors officiels[102]. En réaction, Nick Symmonds, coureur des États-Unis, a décidé de louer son épaule à un sponsor non officiel, mais sera obligé de poser un sparadrap dessus durant les épreuves[103]. La diffusion de photographies et de vidéos des épreuves sur les réseaux sociaux est en outre interdite aux spectateurs et aux athlètes participants[102].
124
+
125
+ Une polémique a également éclaté sur le fait que des compétitions se jouaient à guichets fermés, alors que des centaines de rangées de places sont restées vides, privant ainsi certains spectateurs d'accès aux compétitions olympiques. L'affaire prend de l’ampleur à tel point que l’on parle de « Seatgate » mais le LOCOG a immédiatement nuancé ce fait, en assurant que « c'était assez habituel en début de compétition[104] ». Un dimanche du mois de juillet 2012, 3 000 billets ont été remis en vente, et 29 vendeurs de billets au marché noir ont été arrêtés, le lendemain[105],[106]. En attendant, des soldats de l'armée britannique en poste pour assurer la sécurité[107] et des étudiants ont été envoyés remplir les stades pour faire désenfler la polémique. Plusieurs explications ont été données : un allotement de 5 % des places est réservée à la « famille olympique » et aux comités nationaux olympiques, ces invités et délégations ne les utilisant pas systématiquement ; la plate-forme de remise en vente des billets mis en place par le LOCOG interdit leur revente 7 jours avant les épreuves ; l'UK Bribery Act rend les personnes invitées aux Jeux olympiques par les entreprises imposables sur leurs avantages en nature (billets, prestations d'hospitalité) et réglemente sévèrement les cadeaux d'entreprise[108].
126
+
127
+ Le port du voile a été sujet à controverses, notamment au judo. Le père de la judokate saoudienne Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shahrkhani a exigé que sa fille puisse porter le voile lors de l'épreuve des plus de 78 kg[109]. Finalement, la Fédération internationale de judo et le CIO ont autorisé l'athlète à participer à l'épreuve. Cette décision a suscité des réactions mitigées d'une partie du corps olympique[110].
128
+
129
+ La chaîne américaine NBC est accusée de racisme à la suite de la diffusion d'un spot publicitaire montrant un singe pratiquant l'épreuve des anneaux après la victoire de Gabrielle Douglas en gymnastique[111].
130
+
131
+ Le 1er août 2012, un cycliste est tué après avoir été percuté par une navette des Jeux olympiques dans l'est de Londres[112].
132
+
133
+ Pendant ces Jeux, huit athlètes camerounais[113], trois ivoiriens et quatre congolais ont disparu[114].
134
+
135
+ Le gouvernement britannique annonce en juillet 2013 que les retombées économiques (estimées à 11,5 milliards d'euros dont 695 millions d'euros de dépenses des touristes étrangers ; 1,1 milliard d'euros de contrats conclus pour les JO et les coupes du monde à venir ; 2,5 milliards d'investissements intérieurs et surtout 6.8 milliards d'euros de ventes de conférences liées aux Jeux) ont dépassé la dépense en argent public (estimée à 10,4 milliards d'euros)[115].
136
+
137
+ L'audience relevée dans ce tableau est celle du prime time de la soirée.
138
+
139
+ Les prime time ont été suivis, en moyenne, par 4 227 529 téléspectateurs.
140
+
141
+ À la fin de l'événement, le groupe France Télévisions annonce avoir réalisé une part d'audience de 42,6 % sur 15 jours. Plus de 39 millions de téléspectateurs ont regardé au moins une heure les Jeux olympiques. Le pic d'audience a été enregistré pendant la finale du 100 m, avec 9,6 millions de téléspectateurs[131].
142
+
143
+ Légende :
144
+
145
+ Ce tableau représente l'audience de la cérémonie d'ouverture. L'audience de la cérémonie d'ouverture est estimée à plus d'un milliard de téléspectateurs[149].
146
+
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+ Les Jeux olympiques d'été de 2012 (Jeux de la XXXe Olympiade de l'ère moderne) ont lieu du 27 juillet[1] au 12 août 2012[2] à Londres. La capitale britannique est la première ville à accueillir les Jeux olympiques modernes pour la troisième fois[3],[4], après ceux de 1908 et de 1948[5],[6].
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+ La ville de Londres est élue parmi cinq villes candidates lors de la 117e session du Comité international olympique (CIO), le 6 juillet 2005 à Singapour. Sebastian Coe est le chef du comité de candidature puis le président du Comité organisant les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques d'été de 2012.
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+ Au 15 juillet 2003, date limite de clôture des candidatures, neuf villes se déclarent candidates à l'organisation des Jeux olympiques de 2012 : La Havane, Istanbul, Leipzig, Londres, Madrid, Moscou, New York, Paris et Rio de Janeiro[7]. Le 18 mai 2004, et après évaluation de toutes les candidatures, le Comité international olympique annonce les cinq villes finalistes : Londres, Madrid, Moscou, New York et Paris.
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+ Le 6 juillet 2005, à Singapour, le jury désigne Londres comme ville hôte des Jeux olympiques de 2012 au terme de quatre tours de scrutin. Lors du dernier tour, la capitale britannique devance de 4 voix Paris[8].
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+ Le London Organising Committee of the Olympic Games (LOCOG) est chargé de l'organisation de ces Jeux.
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+ Le budget final des Jeux olympiques 2012 est d'environ 11 milliards d'euros[9].
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+ Ceci représente environ le double de la somme prévue dans le dossier de candidature de 2005[10]. Néanmoins, les officiels se fondent sur le budget de 2007 et non celui de 2005 pour leurs calculs, ce qui a permis, le 13 mars 2012, au président du CIO Jacques Rogge d'estimer que le budget public des Jeux olympiques de Londres sera respecté[11], en dépit des craintes exprimées sur la menace d'un blocage des Jeux[12].
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+ À l'occasion de cet événement, la compagnie aérienne British Airways décide de repeindre le fuselage entier de neuf appareils Airbus A319 désignés par Pascal Anson[13].
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+ Il y a eu deux logos pour Londres 2012 : l'un durant le processus qui porte la candidature de la ville et l'autre en tant que marque durant toute la période des Jeux olympiques eux-mêmes. Ce dernier, dessiné par Woff Olins, a été dévoilé le 4 juin 2007, il a coûté 400 000 livres (soit environ 590 000 euros)[14]. Ce logo est la représentation stylisée du nombre 2012 avec les anneaux olympiques inscrits dans le chiffre zéro ainsi que la représentation des différents pays des îles Britanniques (Irlande du Nord, Irlande du Sud, Écosse, Pays de Galles, Angleterre)[15]. Il est décliné en 4 couleurs et pour la première fois, il est utilisé pour les Jeux olympiques et fait l'objet d'une adaptation pour les Jeux paralympiques[16].
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+ Les premières réactions tant de la part du public que des experts sont largement négatives, selon un sondage effectué sur le site web de la BBC plus de 83 % des 16 000 votes lui ont attribué la plus mauvaise note[17]. Une pétition exigeant son retrait recueille 30 000 signatures en moins d’une journée. Le comité d'organisation a alors annoncé que le logo sera repensé au cours des cinq prochaines années[18].
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+ Par ailleurs, une représentation animé représentant le logo en mouvements saccadés très rapides, aurait provoqué des crises comitiales chez des personnes épileptiques à la vue de cette vidéo. Les organisateurs décident rapidement de retirer l’animation de leur site web, qui est interdite par l'autorité de régulation audiovisuelle britannique, avant que la séquence litigieuse ne soit remontée[19]. Une polémique supplémentaire survient en 2011 à l'initiative de l'Iran, qui considère que le logo dissimule le mot « Zion »[20].
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+ Logo de candidature pour les JO de 2012 (2005 - 2007).
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+ Logo officiel utilisé pour les JO de 2012 (2007 - 2012).
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+ Jeux paralympiques d'été de 2012.
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+ La cérémonie d'Ouverture des Jeux olympiques de Londres a débuté le 27 juillet 2012[21] à partir de 21 h, heure locale et s'est terminée vers 1 h, heure locale[22]. L'organisation de la cérémonie d'ouverture a été confiée au réalisateur Danny Boyle[23]. La vasque olympique a été allumée par sept jeunes athlètes britanniques après avoir reçu la flamme des mains de Steve Redgrave[24], le sportif anglais avec le plus beau palmarès. La vasque était originale cette année car elle était composée de plusieurs pétales qui se sont réunis en bouquet de fleurs.
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+ Le 14 mars 2011, à 500 jours de la cérémonie d'ouverture de Londres 2012, les organisateurs et Omega (chronométreur officiel des Jeux de Londres) ont dévoilé le compte à rebours à Trafalgar Square[25].
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+ Les Spice Girls[26], One Direction, Muse, Nick Mason, George Michael, Taio Cruz (Dynamite), The Who, Ed Sheeran, Take That, Jessie J (Price Tag) et Emeli Sandé (Read All About It et une reprise de Imagine), Lily Allen (Fuck You) et le DJ Rebel ont participé à la cérémonie de clôture.
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+ La flamme olympique a été éteinte à exactement minuit heure locale.
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+ Le maire de Londres Boris Johnson et le président du CIO Jacques Rogge ont symboliquement remis au maire de Rio de Janeiro Eduardo Paes, le drapeau olympique marquant ainsi la fin de ces Jeux olympiques d'été 2012 et le passage vers les futurs Jeux olympiques d'été de 2016.
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+ La pollution inquiète beaucoup les organisateurs des Jeux de Londres, car celle-ci pourrait nuire aux performances des sportifs eux-mêmes. « Plusieurs études ont montré que l’exposition à l’ozone ou aux microparticules quand on fait du sport réduit la capacité pulmonaire, diminue les performances et surtout augmente le risque d’asthme» explique le Dr Pierre Souvet, président de l’Association santé environnement France[27]. En 1984, aux Jeux de Los Angeles, le coureur de 800 mètres Steve Ovett s'était effondré pendant la finale en raison de problèmes respiratoires liés en partie selon lui à la pollution. En 2008 aux Jeux de Pékin, les autorités avaient réduit la circulation des voitures et fermé des centaines d'usines. À Londres, on craint d'être confronté au même problème[28].
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+ 24 000 personnes seront employées pour la sécurité. Les forces armées britanniques fourniront 7 000 militaires. Les 17 000 autres seront des employés G4S qui va recruter quelque 10 000 employés temporaires (agents de sécurité, stewards, placiers payés entre 6 £ et 85 £ de l'heure). Le budget de la sécurité sur les sites est passé d'une estimation de 282 millions de livres sterling à l'origine à 553 millions annoncé en janvier 2012, somme à laquelle s'ajoutent 600 millions de £ pour les mesures policières en dehors des emprises sportives[29]. Le 12 juillet 2012, le ministre de la Défense Philip Hammond annonce la mobilisation de 3 500 soldats supplémentaires pour boucler le dispositif de sécurité des JO[30] après la défaillance de la société de gardiennage privée G4S[31]. Le 26 juillet 2012, le préfet de la zone Nord met en place un dispositif permettant de mobiliser un maximum de 1 000 fonctionnaires en même temps dans la région dans le cadre du dispositif de sécurité mis en place pendant les Jeux[32].
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+ Survival, une chanson du groupe Muse, issue de l'album The 2nd Law, a été choisie par le comité olympique pour être la chanson officielle des Jeux. La musique de fond lors de l'annonce des podiums est le thème des Chariots de feu de Vangelis, bande originale du film du même nom (sorti en 1981) qui retraçait l'histoire de deux athlètes britanniques dans leur préparation pour les Jeux olympiques de 1924.
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+ Une très grande partie des chansons diffusées durant la cérémonie d'ouverture sont l'œuvre d'artistes britanniques. Les spectateurs ont ainsi pu entendre des musiques des Beatles, d'Adele, de David Bowie, des Rolling Stones ou encore de Queen et Pink Floyd. De nombreux artistes étaient présents dans le stade, tels Tom Jones, Mike Oldfield, Paul McCartney qui a chanté Hey Jude à la fin de la cérémonie, le groupe Arctic Monkeys qui a interprété plusieurs chansons, les Rolling Stones, les Spice Girls qui ont chanté lors de la cérémonie de clôture, le rappeur Dizzee Rascal, les Sex Pistols, Jessie J, Lily Allen ou encore les One Direction. Les artistes présents à la cérémonie d'ouverture des Jeux ont été payés une livre symbolique (soit 1,30 €) chacun pour leurs prestations.
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+ Comme pour les Jeux olympiques d'été de 2008, la seule nation souveraine à n'avoir jamais eu de délégation d'athlètes à cet événement reste le Vatican. À la suite de son indépendance le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud envoie son premier athlète, Guor Marial, aux Jeux olympiques lors de l'édition 2012. Cependant ce dernier défile sous les couleurs olympiques, le nouveau pays n'ayant pas encore son propre comité olympique. Il en est de même pour Curaçao et Saint-Martin, qui ont récemment changé de statut (dissolution des Antilles néerlandaises le 10 octobre 2010).
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+ Lors de la 118e session du Comité international olympique[33], réunie à Singapour, le baseball et le softball ont été exclus de la liste des sports olympiques, réduisant à 26 le nombre de disciplines pour les Jeux de Londres 2012. La liste des sports olympiques d'été n'est plus immuable et sera remise en question après chaque Jeux olympiques, seuls les quotas de compétitions (301) et le nombre d'athlètes (10 500) resteront fixes.
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+ Lors de cette même session, le CIO aurait également rejeté l'entrée de cinq nouveaux sports aux Jeux d'été[34] : le golf, le roller et le rugby à sept ont été éliminés d'entrée, tandis que le squash et le karaté ont obtenu 51 % des votes, ce qui les rendait éligibles, mais n'ont pas réuni la majorité requise des deux tiers.
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+ En revanche, pour la première fois à Londres, des femmes participent aux épreuves de boxe, avec trois catégories de poids (contre dix chez les hommes).
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+ Le nombre de sports olympiques, correspondant au nombre de fédérations internationales, est donc fixé à 26 pour ces Jeux de Londres :
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+ Les dix premières nations au classement des médailles de leurs athlètes sont :
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+ Deux athlètes qualifiés pour les Jeux paralympiques se qualifient également pour les Jeux olympiques : le sprinteur sud-africain Oscar Pistorius (amputé des deux jambes, courant avec des prothèses) et la pongiste polonaise Natalia Partyka (née sans avant-bras droit)[36]. Il ne s'agit pas d'une première, puisque Natalia Partyka et la nageuse sud-africaine Natalie du Toit avaient déjà participé aux Jeux olympiques en 2008[37].
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+ Avant les Jeux de 2012, trois pays avaient toujours été représentés exclusivement par des athlètes masculins : l'Arabie saoudite, le Brunei (toujours représenté par un unique athlète), et le Qatar. Le Comité international olympique indiqua qu'il presserait ces trois pays d'inclure des athlètes féminins dans leurs délégations, afin que les Jeux de Londres marquent la fin de l'exclusion des femmes dans toutes les nations du mouvement olympique[38]. En juillet 2010, le Qatar annonça qu'il inclurait des femmes dans sa délégation aux Jeux de Londres[39]. En mars 2012, le Brunei fit de même[40]. Quant à l'Arabie saoudite, Anita DeFrantz, présidente de la Commission Femmes et Sport du CIO, suggéra que le pays soit interdit de participation aux Jeux jusqu'à ce qu'il accepte la participation de femmes saoudiennes[39]. Emmanuelle Moreau, porte-parole du CIO, indiqua toutefois que le Comité « n'imposerait pas aux Saoudiens d'avoir des femmes parmi leurs représentants à Londres », arguant que « le CIO ne donne pas d'ultimatums [...] mais pense plutôt que beaucoup d'avancées se font par le dialogue »[41]. En juillet 2012, le Comité international olympique annonce que deux Saoudiennes participeront pour la première fois aux Jeux olympiques[42].
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+ Ainsi, pour la première fois dans l’histoire des Jeux olympiques, chacune des 204 délégations participantes aux Jeux de Londres 2012 ont envoyé au moins une femme pour prendre part à ce rendez-vous sportif.
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+ Les Jeux de Londres sont également les premiers au cours desquels les femmes sont autorisées à concourir dans la totalité des 26 sports olympiques, avec l'introduction de la boxe féminine[43]. Inversement, la natation synchronisée et la gymnastique rythmique demeurent des épreuves exclusivement féminines.
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+ De nombreuses épreuves féminines sont différentes des épreuves masculines. S'il paraît logique que les catégories de poids soient différentes comme en boxe ou en haltérophilie, certaines épreuves n'existent pas en 2012 pour les femmes comme en lutte la lutte gréco-romaine, en aviron, le quatre sans barreur et le quatre sans barreur (poids légers), en athlétisme le 50 km marche, en voile le dériveur lourd en solitaire (finn) et le dériveur haute performance à deux équipiers (49er) ; d'autres épreuves sont différentes : ainsi en athlétisme l'équivalent du 110 m haies masculin est le 100 m haies féminin, l'équivalent du décathlon masculin est l'heptathlon féminin.
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+ Sur la mixité des sports, sur les 26 sports proposés, seuls trois sports ont des épreuves mixtes. Il y a deux sports avec des équipes mixtes, le badminton et le tennis. Il n'y a aux Jeux olympiques d'été qu'un seul sport où les femmes et les hommes concourent pour la même médaille, l'équitation.
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+ La plupart des commentateurs s'accordent à penser que l'organisation des Jeux par le Royaume-Uni et Londres est un succès. Le président du CIO, Jacques Rogge, a affirmé que ces jeux avaient été « fabuleux, extraordinaires »[44], les « meilleurs Jeux jamais organisés »[45]. Les éloges louent notamment la qualité des transports en commun, la transformation urbaine de l'Est londonien et la réutilisation future des équipements olympiques[45], ainsi que la réussite en matière de sécurité, alors que la crainte d'un attentat était forte[46]. La bonne humeur des volontaires a également été amplement saluée[47].
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+ En mai 2012, le Comité international olympique avait opposé « une fin de non-recevoir » à une demande israélienne de commémoration, par une minute de silence durant la cérémonie d'ouverture des Jeux, des 40 ans de l'assassinat de onze athlètes israéliens par des membres de l'OLP durant les Jeux olympiques de Munich en 1972 déclarant que « le CIO a régulièrement commémoré la tragédie de 1972 et le fera une nouvelle fois à Londres lors d'une cérémonie qui se déroulera pendant les Jeux, mais il n'y aura pas de minute de silence durant la cérémonie d'ouverture. » Le principe d'une commémoration à l'ouverture des Jeux avait été soutenu début juillet par le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, qui avait écrit au président du Comité international olympique, Jacques Rogge, pour lui demander d'accéder à sa demande. Cette proposition a également été soutenue par la Maison-Blanche. Toutefois, le 21 juillet, le président du CIO a maintenu dans une conférence de presse son opposition, déclarant que « Nous estimons que nous pouvons rendre hommage aux athlètes dans un autre contexte. Les cérémonies d'ouverture n'ont pas une atmosphère qui se prête aux commémorations de ce genre », et ajoutant qu'il « avait bien entendu les avis de plusieurs pays, notamment des États-Unis, favorables à une minute de silence durant la cérémonie d'ouverture mais qu'il ne les suivait pas forcément ». Le présentateur vedette de la chaîne de télévision américaine NBC, Bob Costas, prévoit « de dénoncer à l'antenne lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres l'attitude insensible du CIO à l'égard de la prise d'otages sanglante des JO de Munich, il y a 40 ans », expliquant dans une interview au Hollywood Reporter « que beaucoup de gens trouvent ce refus plus insensible que déconcertant[48],[49] ». Cette demande d'observer une minute de silence avait été aussi appuyée par le Sénat américain, le Bundestag allemand, le Parlement du Canada, le Parlement d'Australie, 140 membres du Parlement de la République italienne ainsi que 50 députés au Parlement du Royaume-Uni. Fiamma Nirenstein, vice-présidente de la Commission des affaires étrangères du parlement italien qui a rendu publique la lettre envoyée par les députés italiens à Jacques Rogge, déplore le fait qu'« à tous les Jeux depuis 1976, les membres de la famille des athlètes assassinés ont demandé une minute de silence, mais cela leur a toujours été refusé. Cette année marque le 40e anniversaire du massacre, il aurait été temps pour un moment de compassion pour ces athlètes assassinés et une condamnation ferme du terrorisme[50] ». Jacques Rogge n'a jamais voulu donner d'explications claires concernant le refus de cette minute de silence mais de nombreuses sources sous le couvert de l'anonymat parlent de risques d'attentats par des islamistes[51] ou de boycott de la part de pays arabes influents financièrement[52].
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+ Le 25 juillet 2012, les veuves d'un athlète et d'un entraîneur israéliens tués aux Jeux de Munich ont remis à Jacques Rogge une pétition de 105 000 signatures dont celle de Barack Obama en faveur de la tenue d'une minute de silence, tandis qu'Hillary Clinton a demandé au président du CIO de revenir sur sa décision et de permettre la commémoration durant la cérémonie d'ouverture des Jeux[53],[54].
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+ Le 6 août 2012, David Cameron rend hommage au cours d'une commémoration aux 11 Israéliens tués lors des Jeux olympiques de 1972[55].
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+ Le 25 juillet 2012, neuf athlètes (trois Russes, deux Ukrainiennes, une Bulgare, une Grecque, une Turque et une Marocaine) sont suspendus pour dopage à la suite de contrôles effectués en vue de la compétition[56]. L'haltérophile albanais Hysen Pulaku (en) est le premier participant à être exclu durant les Jeux à la suite d'un contrôle positif au stanozolol datant du 23 juillet[57]. La gymnaste ouzbèke Luiza Galiulina est elle aussi exclue après un test positif au furosémide[58], ainsi que la sprinteuse kittittienne Tameka Williams[59].
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+ Le 3 août, la cycliste sur piste russe Victoria Baranova[60] et l'athlète marocain Amine Laalou[61] sont exclus pour dopage.
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+ Le 6 août, le judoka américain Nick Delpopolo[62] et l'athlète italien Alex Schwazer[63],[64] sont exclus pour dopage.
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+ Le 10 août, l'athlète français Hassan Hirt, contrôlé positif à l'EPO, est exclu de sa délégation[65].
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+ Le 11 août, l'athlète syrienne Ghofran Almohamad est contrôlée positive à la méthylhexanamine. Elle est disqualifiée par le CIO[66].
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+ Le 13 août, au lendemain de la clôture des jeux, le CIO annonce avoir contrôlé positivement la lanceuse de poids biélorusse Nadzeya Ostapchuk et lui retire en conséquence sa médaille d'or[67].
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+ Le 7 novembre, le lutteur ouzbèke Soslan Tigiyev est déchu de sa médaille de bronze remportée dans l'épreuve de lutte libre (moins de 74 kg) après avoir fait l'objet d'un contrôle positif à un stimulant durant la compétition. Le Hongrois Gábor Hatos, initialement cinquième de la compétition, récupère en conséquence la médaille de bronze[68].
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+
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+ Le 18 octobre 2016, deux sportifs (1 Russe et 1 Ukrainien) sont disqualifiés pour dopage et voient leurs résultats annulés[69].
98
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+ Le 30 octobre 2016, huit sportifs (3 Kazakhs, 3 Biélorusses et 2 Russes) sont disqualifiés pour dopage et voient leurs résultats annulés[70].
100
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+ Le 10 mai 2018, l'haltérophile canadienne Christine Girard, classée au départ 3e en catégorie 63 kg, est finalement déclarée championne olympique à la suite du déclassement des deux premières médaillées pour dopage[71],[72].
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103
+ En badminton, 8 joueuses en lice pour le tournoi féminin en double sont exclues le 1er août du tournoi olympique. Ces joueuses sont d'origine chinoise (Yu Yang, Wang Xiaoli), indonésienne (Meiliana Jauhari, Greysia Polii) et sud-coréenne (Jung Kyung-eun, Kim Ha-na et Ha Jung-eun, Kim Min-jung)[73]. La Fédération internationale de badminton les exclut pour « n'avoir pas fait tout leur possible pour remporter la victoire »[74]. Les paires coréennes font appel, mais leur appel est rejeté le 2 août. La paire chinoise ne fait pas appel, et la paire indonésienne retire son appel avant son examen[75].
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+ Lors de l'épreuve de qualification de cyclisme sur piste, le démarreur britannique Philip Hindes chute dès le départ. D'après le règlement officiel, l'équipe doit alors recommencer l'épreuve sans aucune conséquence. Cependant, après l'obtention de la médaille d'or, celui-ci déclare avoir chuté délibérément, ayant pris un mauvais départ[76]. Malgré cet aveu de tricherie, il n'est pas sanctionné et garde le bénéfice de sa médaille.
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+ Le 4 août, une polémique semblable apparaît en aviron sur l'épreuve de deux de couple poids légers hommes : après avoir pris un mauvais départ, le duo Mark Hunter et Zac Purchase cesse sa course au bout de 80 m, entraînant l'arrêt des autres rameurs. Les rameurs britanniques signalent un problème matériel qui est rapidement réparé, et reprennent le départ pour décrocher la médaille d'argent. Le couple français Stany Delayre et Jérémie Azou, qui avait pris un meilleur départ lors de la première course mais a fini 4e, pose réclamation afin de lever le doute sur le respect du règlement. La réclamation est rejetée[77],[78], les arbitres ayant constaté le bris matériel[79] et déclaré qu'aucune règle n'avait été enfreinte[80].
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+ Le 6 août, une autre polémique apparaît après une défaite de l'équipe espagnole de basket-ball face au Brésil (alors que l'Espagne menait pendant les 3 premiers quart-temps, ils perdent le dernier quart-temps 31-16), défaite qui permettait aux joueurs espagnols d'éviter de se retrouver dans la même partie de tableau que les États-Unis, favoris de la compétition[81].
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+ Le 7 août, les boxeurs français Nordine Oubaali et Alexis Vastine sont éliminés de la compétition à la suite de décisions arbitrales. En particulier, la défaite d'Alexis Vastine est contestée par des journalistes[82] et des entraîneurs[83], ainsi que par la Fédération française de boxe, qui porte réclamation pour les combats des deux boxeurs éliminés. L'appel est finalement rejeté par l'AIBA[84]. Dans un autre match de boxe, l'Azerbaïdjanais Magomed Abdulhamidov est donné vainqueur face au Japonais Satoshi Shimizu qui l'a pourtant envoyé trois fois au tapis[85]. Après réclamation, Shimizu obtient néanmoins gain de cause et est réintégré à la place d'Abdulhamidov[85] et un arbitre du Turkménistan est renvoyé par l'AIBA[86]. Le match entre l'Azerbaïdjanais Teymur Mammadov et le Biélorusse Sergey Korneyev et le match entre le Britannique Tom Stalker et le Mongol Erdene Uranchimeg sont aussi signalés comme douteux[87]. Selon L'Équipe, les décisions contestables sont nombreuses dans ce tournoi olympique de boxe et la scoring-machine est pointée du doigt[88].
112
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+ Le 9 août, le nageur sud-africain Cameron van der Burgh, médaillé d'or sur le 100 m brasse, révèle avoir donné, après le virage aux 50 m, trois mouvements de jambe de type « dauphin » au lieu d'un seul autorisé par le règlement[89].
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+ Le début du match de football féminin opposant la Colombie et la Corée du Nord a pris une heure de retard à cause d'une erreur des organisateurs. En effet, ceux-ci avaient confondu les drapeaux sud- et nord-coréen sur le tableau d'affichage. En raison des relations tendues entre les deux pays coréens, les joueuses étaient retournées dans les tribunes en attendant les excuses et le retour à la normale[90].
116
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117
+ L'athlète Paraskeví Papahrístou, représentant la Grèce en triple saut, fut exclue des Jeux olympiques pour propos racistes sur son compte Twitter[91], de même que le footballeur suisse Michel Morganella à la suite d'un tweet injurieux à l'encontre des Sud-Coréens[92].
118
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119
+ À l'issue du match pour la médaille de bronze en football masculin, remporté 2-0 par l'équipe sud-coréenne face à l'équipe japonaise, le joueur sud-coréen Park Jong-woo brandit un panneau « Dokdo est notre territoire », ravivant les tensions entre les deux pays, qui revendiquent chacun la souveraineté de l'île. Une procédure disciplinaire est ouverte par la FIFA[93],[94].
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121
+ Le choix de certaines des entreprises partenaires commanditaires (Dow Chemical, BP) par le CIO est critiqué[95], parce qu'elles sont soupçonnées d'écoblanchiment[96]. De plus, le choix de ces sponsors a remis sur le devant de la scène la catastrophe environnementale de Bhopal causée par Union Carbide en 1984[97]. Or, Union Carbide est devenue une filiale de Dow Chemical en 2001, d'où l'indignation de la délégation indienne. Celle-ci a d'ailleurs failli boycotter les Jeux olympiques, avant de revenir sur sa décision[98]. De même, le choix du Comité olympique britannique de faire de Lakshmi Mittal, PDG milliardaire d'ArcelorMittal, un des porteurs de la flamme olympique fut accueilli avec une certaine indignation[99],[100], dans la mesure où les sites de Liège-Seraing (Belgique), de Florange (France) ou encore de Schifflange-Rodange (au Luxembourg) connaissent des difficultés économiques et des plans de réduction des effectifs[101], alors que pour obtenir une telle récompense, Lakshmi Mittal a dépensé quelque 18 millions d'euros pour la construction de la « Tour Orbit » à l'effigie des Jeux olympiques.
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+ Afin de garantir l'exclusivité pour les sponsors, le London Olympic Games and Paralympic Games Act 2006 (en) permet de faciliter l'application du droit de propriété intellectuelle en interdisant strictement l'utilisation du logo, d'expressions ou le port de vêtements de marques concurrentes des sponsors officiels[102]. En réaction, Nick Symmonds, coureur des États-Unis, a décidé de louer son épaule à un sponsor non officiel, mais sera obligé de poser un sparadrap dessus durant les épreuves[103]. La diffusion de photographies et de vidéos des épreuves sur les réseaux sociaux est en outre interdite aux spectateurs et aux athlètes participants[102].
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+ Une polémique a également éclaté sur le fait que des compétitions se jouaient à guichets fermés, alors que des centaines de rangées de places sont restées vides, privant ainsi certains spectateurs d'accès aux compétitions olympiques. L'affaire prend de l’ampleur à tel point que l’on parle de « Seatgate » mais le LOCOG a immédiatement nuancé ce fait, en assurant que « c'était assez habituel en début de compétition[104] ». Un dimanche du mois de juillet 2012, 3 000 billets ont été remis en vente, et 29 vendeurs de billets au marché noir ont été arrêtés, le lendemain[105],[106]. En attendant, des soldats de l'armée britannique en poste pour assurer la sécurité[107] et des étudiants ont été envoyés remplir les stades pour faire désenfler la polémique. Plusieurs explications ont été données : un allotement de 5 % des places est réservée à la « famille olympique » et aux comités nationaux olympiques, ces invités et délégations ne les utilisant pas systématiquement ; la plate-forme de remise en vente des billets mis en place par le LOCOG interdit leur revente 7 jours avant les épreuves ; l'UK Bribery Act rend les personnes invitées aux Jeux olympiques par les entreprises imposables sur leurs avantages en nature (billets, prestations d'hospitalité) et réglemente sévèrement les cadeaux d'entreprise[108].
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+ Le port du voile a été sujet à controverses, notamment au judo. Le père de la judokate saoudienne Wodjan Ali Seraj Abdulrahim Shahrkhani a exigé que sa fille puisse porter le voile lors de l'épreuve des plus de 78 kg[109]. Finalement, la Fédération internationale de judo et le CIO ont autorisé l'athlète à participer à l'épreuve. Cette décision a suscité des réactions mitigées d'une partie du corps olympique[110].
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+ La chaîne américaine NBC est accusée de racisme à la suite de la diffusion d'un spot publicitaire montrant un singe pratiquant l'épreuve des anneaux après la victoire de Gabrielle Douglas en gymnastique[111].
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+ Le 1er août 2012, un cycliste est tué après avoir été percuté par une navette des Jeux olympiques dans l'est de Londres[112].
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+ Pendant ces Jeux, huit athlètes camerounais[113], trois ivoiriens et quatre congolais ont disparu[114].
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+ Le gouvernement britannique annonce en juillet 2013 que les retombées économiques (estimées à 11,5 milliards d'euros dont 695 millions d'euros de dépenses des touristes étrangers ; 1,1 milliard d'euros de contrats conclus pour les JO et les coupes du monde à venir ; 2,5 milliards d'investissements intérieurs et surtout 6.8 milliards d'euros de ventes de conférences liées aux Jeux) ont dépassé la dépense en argent public (estimée à 10,4 milliards d'euros)[115].
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+ L'audience relevée dans ce tableau est celle du prime time de la soirée.
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+ Les prime time ont été suivis, en moyenne, par 4 227 529 téléspectateurs.
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+ À la fin de l'événement, le groupe France Télévisions annonce avoir réalisé une part d'audience de 42,6 % sur 15 jours. Plus de 39 millions de téléspectateurs ont regardé au moins une heure les Jeux olympiques. Le pic d'audience a été enregistré pendant la finale du 100 m, avec 9,6 millions de téléspectateurs[131].
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+ Légende :
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+ Ce tableau représente l'audience de la cérémonie d'ouverture. L'audience de la cérémonie d'ouverture est estimée à plus d'un milliard de téléspectateurs[149].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 2010, officiellement connus comme les XXIes Jeux olympiques d'hiver, ont lieu à Vancouver au Canada du 12 au 28 février 2010. Vancouver obtient les Jeux lors de sa troisième candidature en s'imposant face aux villes de PyeongChang en Corée du Sud et Salzbourg en Autriche. C'est la troisième fois qu'une ville canadienne organise les Jeux olympiques après Montréal en été 1976 et Calgary en hiver 1988. Le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver (COVAN) est chargé de l'organisation des Jeux, en partenariat avec les premières nations Lil'wat, Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh, hôtes de ces Jeux. Tous les sites des compétitions se situent dans la province de Colombie-Britannique, principalement à Vancouver et Whistler.
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+ Les Jeux rassemblent 2 566 athlètes de 82 pays, ce qui constitue un record à l'époque pour les Jeux d'hiver. Ils se mesurent dans quinze disciplines qui regroupent un total de 86 épreuves officielles, soit deux de plus qu'en 2006. Le skicross fait son entrée au programme olympique, tandis que cinq pays envoient pour la première fois une délégation aux Jeux d'hiver : la Colombie, le Ghana, les îles Caïmans, le Pakistan et le Pérou. Ils présentent la particularité de se dérouler en deux endroits principaux séparés de 130 kilomètres (Vancouver d'un côté, la station de ski de Whistler de l'autre) et d'avoir par conséquent deux populations olympiques séparées qui ne sont pas amenées à se rencontrer en dehors des cérémonies d'ouverture et de clôture.
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+ Les Jeux sont marqués par le décès accidentel du lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili survenu quelques heures avant la cérémonie d'ouverture. Les athlètes canadiens réalisent une performance remarquable : ils remportent 14 titres olympiques, ce qui constitue un nouveau record pour une nation aux Jeux d'hiver. L'athlète la plus médaillée de ces Jeux est la fondeuse norvégienne Marit Bjørgen, qui remporte cinq médailles en cinq épreuves disputées, dont trois en or. Avec une médaille en or et une en argent, le biathlète Ole Einar Bjørndalen porte son total olympique à onze médailles, ce qui en fait le deuxième athlète le plus médaillé de l'histoire des Jeux d'hiver derrière son compatriote Bjørn Dæhlie. En saut à ski, le Suisse Simon Ammann gagne les deux concours sur le tremplin du parc olympique de Whistler, huit ans après avoir réalisé la même performance aux Jeux olympiques de Salt Lake City.
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+ L'idée d'une candidature de Vancouver pour accueillir les Jeux olympiques d'hiver apparaît pour la première fois lors des Jeux de 1960 à Squaw Valley, où le représentant canadien du Comité international olympique (CIO) Sidney Dawes évoque la possibilité d'organiser des Jeux en Colombie-Britannique si un site est trouvé à proximité de Vancouver[1]. Peu après, l'Association de développement olympique de Garibaldi (Garibaldi Olympic Development Association, GODA) est créée afin de préparer une candidature visant à accueillir les Jeux d'hiver dans la région du Mont Garibaldi, dans laquelle se situe la localité de Whistler. En 1961, la GODA envisage de se porter candidate pour recevoir les Jeux d'hiver de 1968, mais le Comité olympique canadien (COC) lui préfère les villes de Calgary et Banff, dans l'Alberta, pour défendre les chances du pays[1]. Cette candidature échoue finalement, et c'est à Grenoble que se tiennent les Jeux de 1968[2].
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+ Un programme de développement de la région de Whistler et du Mont Garibaldi est alors lancé pour accueillir les Jeux de 1972. Il comprend notamment la construction d'infrastructures routières ainsi que le développement du réseau électrique et de l'eau potable, encore absent dans cette région[3]. Mais une nouvelle fois, c'est la station de Banff qui est choisie pour représenter le Canada dans le processus de sélection de la ville hôte de ces Jeux, qui sont attribués à Sapporo, au Japon[2]. En 1968, la GODA est finalement choisie par le comité olympique canadien dans le but de porter une candidature commune avec la ville de Vancouver pour l'organisation des Jeux de 1976. Les chances de cette candidature s'amenuisent lorsque Montréal est élue pour accueillir les Jeux d'été, le CIO ne se montrant plus favorable à ce que la même année, un pays organise à la fois les Jeux d'été et les Jeux d'hiver. La candidature de Vancouver-Garibaldi est ainsi éliminée dès le premier tour du vote[3],[4]. Vancouver est à nouveau candidate pour les Jeux de 1980, mais se retire au dernier moment[5],[6]. Pour ceux de 1988, Calgary est préférée à Vancouver[7]. Calgary remporte d'ailleurs les élections et devient ainsi la première ville canadienne à accueillir les Jeux olympiques d'hiver[8].
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+ Soutenue par des associations commerciales et des personnalités politiques locales, une nouvelle candidature de Vancouver et Whistler est déposée pour accueillir les Jeux d'hiver de 2010. Les villes de Calgary et de Québec sont elles aussi candidates, mais en décembre 1998, le Comité olympique canadien choisit Vancouver-Whistler comme candidat canadien auprès du CIO pour la tenue des Jeux de 2010[9]. Sept autres villes sont également candidates : Andorre-la-Vieille en Andorre, Berne en Suisse, Harbin en Chine, Jaca en Espagne, PyeongChang en Corée du Sud, Salzbourg en Autriche et Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. Le 28 août 2002, le CIO annonce que les villes de Pyeongchang, Salzbourg, Berne et Vancouver sont désignées comme finalistes, après examen des dossiers des villes requérantes[10]. Berne retire sa candidature à l'automne 2002 après un plébiscite au cours duquel la population locale s'exprime contre l'organisation des Jeux[11]. Le 2 juillet 2003, pendant la 115e session du CIO à Prague, en République tchèque, les Jeux olympiques d'hiver de 2010 sont attribués à Vancouver, alors peuplée de 571 600 habitants, qui devance PyeongChang par 56 voix contre 53 au deuxième tour[12]. Pour la première fois dans l'histoire olympique, les Jeux d'hiver sont organisés à proximité du bord de mer, ce que met en avant le dossier de candidature de la ville avec le slogan « Les Jeux entre mer et ciel »[13],[14].
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+ Le « Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver » (COVAN) est créé le 30 septembre 2003, près de trois mois après l'annonce de la sélection de la ville. L'homme d'affaires canadien Jack Poole, instigateur de la candidature de Vancouver, en est le président, tandis que John Furlong, un ancien sportif de haut niveau qui a notamment été champion de squash du Canada en 1986[15], est nommé directeur général[12]. En octobre 2009, Jack Poole meurt d'un cancer au lendemain de la cérémonie d'allumage de la flamme à Olympie. Dès lors, John Furlong assure seul la direction du COVAN[16]. Il devient le porte-parole des Jeux de Vancouver sur la scène internationale et est nommé « personnalité sportive la plus influente au Canada » en 2009 par le quotidien The Globe and Mail[15]. Cinq vice-présidents sont également nommés[17] : Cathy Priestner Allinger, médaillée d'argent en patinage de vitesse aux Jeux d'hiver de 1972, Dan Doyle, sous-ministre des Transports de la Colombie-Britannique[18], Terry Wright, organisateur d'événements comme les Jeux du Commonwealth 1994 ou les Jeux panaméricains de 1999[19], Dave Cobb, directeur financier des Canucks de Vancouver[20] et Dave Guscott, sous-ministre des communications et secrétaire associé du cabinet du gouvernement de l'Ontario[21].
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+ Le COVAN s'assure l'accord et le soutien des populations autochtones canadiennes qui revendiquent les terres sur lesquelles se déroulent certaines compétitions. En novembre 2004, les peuples Lil'wat, Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh constituent la « Société des quatre Premières Nations hôtes » dans le but de mettre en valeur leur histoire et leurs coutumes tout au long de l'organisation des Jeux. Tewanee Joseph, membre de la nation Squamish, est placé à la tête de cette société qui obtient un siège dans le conseil d'administration chargé de superviser le COVAN[22].
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+ Le comité d'organisation définit plusieurs buts afin de réaliser des « Jeux pour tout le Canada » : édifier un Canada plus fort, exalter l'âme de la nation et inspirer le monde entier grâce à l'organisation et à la tenue de Jeux qui laisseront un héritage durable[23]. Le COVAN a rassemblé une équipe de plus de 55 000 personnes, parmi lesquelles on compte 3 500 employés, 15 000 contractuels et 25 000 bénévoles, surnommés les « manteaux bleus » en raison de leur tenue[24].
20
+
21
+ Après la pandémie de Grippe A de 2009, les autorités locales craignent que l'afflux de milliers de touristes pendant les Jeux fasse de Vancouver un foyer actif de la maladie[25]. Un représentant de l'Organisation mondiale de la santé est envoyé sur place pour surveiller les foyers potentiels tandis que le COVAN encourage les membres de son équipe à se faire vacciner[26]. Les responsables de la santé en Colombie-Britannique augmentent le stock de médicaments antiviraux disponibles dans la province, alors que la vaccination des athlètes relève des comités olympiques de chaque pays[27].
22
+
23
+ La construction des installations olympiques coûte un total de 599,8 millions de dollars canadiens. L'État canadien et la province de Colombie-Britannique dépensent chacun 290 millions de dollars canadiens, la somme supplémentaire étant principalement reçue sous forme de dons en nature[28]. L'investissement pour la ville de Whistler s'élève à 10 millions de dollars canadiens, dont huit pour la construction du village olympique, financé en partie par la mise en place d'une taxe hôtelière dès 2003[29]. L'anneau olympique de Richmond coûte 178 millions de dollars canadiens, l'aménagement du Parc olympique de Whistler 118 millions et la construction de la piste du Centre des sports de glisse de Whistler 104 millions[12]. Une modernisation des installations de Whistler Creekside, accueillant les épreuves de ski alpin, est engagée à hauteur de 27,6 millions de dollars. Le centre de ski de Cypress Mountain, construit en 1976, subit quelques travaux d'aménagements pour y accueillir les spectateurs, pour un montant de 16,7 millions de dollars canadiens[30].
24
+
25
+ Le comité d'organisation finance les frais d'exploitation liés aux Jeux de Vancouver, qui s'élèvent à environ 1,755 milliard de dollars canadiens (1,2 milliard d'euros), soit près de trois fois moins que les Jeux de Turin en 2006. Le coût total des Jeux se rapproche néanmoins de 6 milliards de dollars canadiens si l'on prend en compte les multiples investissements durables liés à la modernisation des infrastructures et les dépenses consacrées à la sécurité. Les droits de retransmission télévisée rapportent 1,128 milliard et le marketing 760 millions[12].
26
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27
+ Au cours de ces Jeux 1 490 000 spectateurs assistent aux épreuves, un record dans l'histoire des Jeux d'hiver, avec environ 50 000 spectateurs de plus que lors du précédent record à Salt Lake City en 2002[31]. Ce nombre total de spectateurs représente une vente de 97 % des billets émis par le comité d'organisation. Le montant des recettes liées à la vente des billets s'élève à 257 millions de dollars canadiens[32].
28
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29
+ L'emblème des Jeux olympiques d'hiver de 2010 est inspiré de l'inukshuk, une sculpture de pierres utilisée comme point de repère par les Inuits dans les territoires nordiques glacés du Canada. Sélectionné par un jury international parmi 1 600 propositions, il est baptisé Ilanaaq, mot inuit qui signifie « ami ». L'emblème est composé de cinq formes de pierres aux couleurs des anneaux olympiques et symbolise l'espoir, l'amitié et l'accueil chaleureux[33]. Il reprend la forme de l'inukshuk érigé pour l'exposition spécialisée de 1986 et installé au cœur du Stanley Park de Vancouver[34]. Le comité d'organisation adopte la devise « With glowing hearts/Des plus brillants exploits », mots tirés de l'hymne national canadien Ô Canada. Le président du Comité international paralympique (IPC) sir Philip Craven dévoile la signification de cette devise en évoquant « les émotions et la fierté que ressent toute personne qui donne de son mieux » et la « promesse au monde entier d'honorer et de célébrer les exploits extraordinaires de tous les athlètes[35]. » De même, une identité visuelle propre aux Jeux de Vancouver est conçue en s'inspirant des couleurs caractéristiques de la région, teintes de bleu et de vert. Les bannières, la signalisation des sites ou les uniformes des bénévoles reprennent cette identité visuelle[36].
30
+
31
+ Les mascottes officielles utilisées par le comité d'organisation, Miga et Quatchi, ont été conçues par Vicky Wong et Michael Murphy, les deux designers du cabinet Meomi Design, situé à Vancouver[37]. Miga et Quatchi sont des créatures inspirées de la faune et des récits des premières nations canadiennes. Quatchi est un sasquatch, une créature légendaire qui vivrait dans les forêts nord-américaines, également surnommé Bigfoot. Il est recouvert d'une épaisse fourrure et porte des bottes ainsi qu’un cache-oreilles. Miga est une ourse des mers, un animal mythique, croisement entre un orque et un ours Kermode, un animal emblématique de la Colombie-Britannique[37]. Elles ont été présentées le 27 novembre 2007, dans le même temps que Sumi, la mascotte officielle des Jeux paralympiques de 2010[36]. Une autre mascotte dénommée « Mukmuk », bien que non officielle, rencontre un certain succès commercial pendant les Jeux. Elle est inspirée d'une marmotte rare et menacée de disparation uniquement présente sur l'île de Vancouver[37].
32
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33
+ Les Jeux sont sponsorisés par 9 partenaires mondiaux, 6 partenaires nationaux et 37 fournisseurs officiels qui apportent un soutien financier ainsi que des biens et des services aux organisateurs des Jeux[38]. Au total, les recettes du sponsoring sont évaluées à 524 millions d'euros[12].
34
+
35
+ Les Jeux de Vancouver sont couverts par 10 800 représentants des médias accrédités, dont 2 803 membres de la presse écrite[39]. Deux centres des médias sont mis à la disposition des journalistes, l'un à Vancouver, l'autre à Whistler. Situé dans les bâtiments du Vancouver Convention Centre, sur la rive de la baie Burrard, le Centre principal des médias (CPM) regroupe le Centre international de radio et de télévision (IBC/CIRTV) et le Centre principal de presse (MPC/CPP). Près de 7 000 diffuseurs et techniciens chargés de la couverture radiophonique et télévisée ainsi que 2 800 membres de la presse écrite et photographique y sont accueillis dans un espace aménagé de 46 650 m2. Le Centre des médias de Whistler (CMW) est situé en centre-ville, dans les locaux du Whistler Conference Centre[40].
36
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37
+ Le Service olympique de radiotélévision (OBS) assure la fonction de diffuseur hôte pour la première fois dans l'histoire des Jeux d'hiver[13]. Les Jeux sont diffusés par 235 chaînes dans 220 pays, soit 20 pays de plus qu'à Turin en 2006. Au total, 900 heures de retransmissions en direct sont émises par OBS et les Jeux sont suivis par 3,5 milliards de téléspectateurs[30]. Plus de cent sites assurent la couverture médiatique des Jeux sur Internet en proposant des programmes dédiés aux épreuves olympiques et concentrent près d'1,2 milliard de pages visitées[12].
38
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39
+ Les droits de télédiffusion s'élèvent à un montant de 1,128 milliard de dollars canadiens, ce qui représente 823 millions d'euros. La chaîne américaine NBC, diffuseur exclusif aux États-Unis, a dépensé 820 millions de dollars canadiens, soit près de 73 % des droits totaux[12].
40
+
41
+ Pendant les Jeux, l'accès à la région se fait principalement par le biais de l'aéroport international de Vancouver, qui enregistre jusqu'à 8 000 arrivées de passagers par heure. Le déplacement par les airs est assuré entre Vancouver et Whistler grâce à la piste d'atterrissage au village de Pemberton, proche de Whistler, mais également par hydravion et par hélicoptère[13]. Pour faciliter les communications entre les sites de compétition de Vancouver et Whistler, des travaux sont entrepris sur l'autoroute 99 (également appelée Sea to sky highway) qui relie ces deux villes. Ces travaux consistent en l'aménagement de trois voies de circulation sur l'ensemble du tracé, pour un montant total de 387 millions de dollars canadiens. Par ailleurs, la mise en place d'un système de circulation en bac entre Vancouver et la ville de Squamish, située à mi-chemin entre Vancouver et Whistler, permet de désengorger le trafic pendant la durée des Jeux[13]. Afin de réduire le nombre de véhicules sur la route, le comité d'organisation encourage également les spectateurs à se déplacer par le biais du transport en commun. Le transport sur les sites est ainsi inclus dans le billet d'accès aux épreuves. La ligne de métro Canada Line est créée entre l'aéroport et le centre de Vancouver[41]. Pendant les Jeux, le fournisseur de services de transport en commun de la métropole de Vancouver, la société TransLink, enregistre 1,5 million de voyageurs par jour, soit le double de la fréquentation habituelle sur le réseau. De même, la société BC Transit, qui fournit le service sur l'ensemble de la province compte cinq fois plus d'utilisateurs pendant la durée des Jeux[42].
42
+
43
+ Quatre-vingt-deux nations envoient une délégation à Vancouver, pour un total de 2 566 athlètes dont 1 522 hommes et 1 044 femmes[43]. Les femmes représentent 40,68 % des athlètes participants, soit la plus grande part depuis la création des Jeux d'hiver en 1924[44].
44
+
45
+ Avec deux pays et 69 athlètes de plus que lors des Jeux de 2006, cela constitue un record de participation pour les Jeux d'hiver à l'époque[45],[46]. Cinq nations participent à des Jeux olympiques d'hiver pour la première fois : la Colombie, le Ghana, les îles Caïmans, le Pakistan et le Pérou[46],[47],[48],[49],[50],[51].
46
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47
+ Le Monténégro et la Serbie portent pour la première fois leur propre drapeau, après la dissolution de la Serbie-et-Monténégro en 2006[52],[53]. Le Luxembourg, Costa Rica, les Îles Vierges américaines, le Kenya, Madagascar et le Venezuela, présents aux Jeux de 2006, ne participent pas en 2010[54],[55],[56],[57],[58],[59].
48
+
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+ Conformément à la tradition, la torche olympique est allumée par les rayons du soleil lors d'une cérémonie organisée au temple d'Héra, à Olympie en Grèce, le 22 octobre 2009. Le premier porteur de la flamme est un skieur alpin grec, Vassílis Dimitriádis[60]. Après un court relais protocolaire en Grèce, le Comité olympique hellénique confie la flamme au COVAN lors d'une cérémonie qui se tient à Athènes le 29 octobre, avant que la torche ne soit acheminée par avion jusqu'au Canada. Le relais de la flamme sur le sol canadien débute le lendemain à Victoria, en Colombie-Britannique, pour un parcours total de 45 000 kilomètres, ce qui en fait le relais national le plus long de l'histoire des Jeux olympiques[61]. Plus de 12 000 personnes participent au relais de la flamme, qui traverse notamment 188 communautés autochtones dans le but de promouvoir les Jeux sur l'ensemble du territoire canadien[61].
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51
+ Le relais est sponsorisé par Coca-Cola et la Banque royale du Canada (RBC), qui mettent en place les programmes de candidature permettant de sélectionner les porteurs du flambeau. Ce dernier, qui mesure près d'un mètre, est inspiré des lignes définies que laisse un skieur dans la neige après avoir dévalé une montagne et des ondulations du paysage canadien. La société aérospatiale canadienne Bombardier met au point la technologie qui permet à la flamme de brûler continuellement tout au long du parcours[62].
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53
+ Les Jeux olympiques d'hiver de 2010 se déroulent du vendredi 12 au dimanche 28 février. Ils s'étendent donc sur dix-sept jours et trois week-ends, comme les éditions précédentes. Le nombre d'épreuves passe de 84 en 2006 à 86 en 2010, après l'ajout en ski acrobatique d'une course de skicross chez les hommes et chez les femmes[12]. Le skicross est la seule nouveauté retenue, alors qu'il avait été envisagé d'intégrer d'autres nouvelles épreuves, comme le saut à ski féminin, le relais mixte en biathlon ou le ski alpin par équipes[63].
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55
+ Les conditions météorologiques et en particulier l'enneigement sont une source d'inquiétudes pour le comité d'organisation avant le début des Jeux[34]. Le courant El Niño qui réchauffe les eaux de l'océan Pacifique apporte une douceur relative dans la région de Vancouver, avec une température moyenne de 4,8 °C au mois de février. Une semaine avant l'ouverture des Jeux, 300 camions sont réquisitionnés afin de préparer les pistes de Cypress Mountain en y apportant plusieurs tonnes de neige. Le site n'est prêt que deux jours avant le début des compétitions, obligeant les skieurs à s'entraîner sur les pistes de Whistler[64]. Des opérations similaires sont menées à Whistler et de l'eau est injectée dans la piste de la descente masculine afin qu'elle durcisse et qu'elle fonde moins facilement[65].
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57
+ Les mauvaises conditions météorologiques entraînent le report de cinq épreuves en ski alpin, dont la descente masculine[66]. De même, plusieurs centaines de billets pour les épreuves de ski acrobatique et de snowboard disputées à Cypress Mountain sont annulés car la zone prévue pour accueillir les spectateurs est rendue dangereuse par les fortes pluies qui se sont abattues sur la région au début des Jeux[67].
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59
+ La cérémonie d'ouverture a lieu le 12 février dans le BC Place Stadium de Vancouver devant 60 000 personnes. Dirigée par David Atkins, elle est la première cérémonie olympique à se dérouler dans une enceinte couverte[68]. Le programme, composé de cérémonies et de présentations artistiques, met en lumière la diversité culturelle et linguistique du Canada et de la région de Vancouver, avec un hommage aux Premières Nations Lil'wat, Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh[68].
60
+
61
+ Le coup d'envoi de la cérémonie est donné par un compte à rebours déclenché par le passage d'un snowboardeur à travers des anneaux olympiques géants. Après l'interprétation de l'hymne canadien, des membres des quatre Premières Nations accueillent les Jeux au cœur d'un tableau mettant en scène quatre mâts totémiques, représentant chacun un de ces peuples[69]. Comme le veut la tradition, la Grèce, berceau des Jeux olympiques, ouvre le défilé des 82 délégations présentes à Vancouver, tandis que les Canadiens, en tant que pays hôte, sont les derniers à faire leur entrée dans le stade[70]. La cérémonie se poursuit avec comme thème « le paysage d'un rêve », visant à présenter la diversité des paysages canadiens[69]. Après l'entrée du drapeau olympique, une minute de silence a été respectée et les drapeaux mis en berne à la mémoire du lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili, décédé quelques heures plus tôt dans un accident survenu pendant les entraînements. Au cours de son discours, le président du comité d'organisation John Furlong s'adresse aux athlètes : « Vous avez maintenant le fardeau supplémentaire de briller et d'être unis avec votre collègue décédé Nodar. Portez son rêve olympique sur vos épaules et concourrez avec son esprit en vos cœurs »[71].
62
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63
+ La gouverneure générale du Canada Michaëlle Jean déclare ouverts les XXIes Jeux olympiques d'hiver selon la formule traditionnelle, d'abord en Français puis en Anglais (langues officielles au Canada) . La hockeyeuse canadienne Hayley Wickenheiser et le juge de patinage de vitesse Michel Verrault prêtent serment avant l'allumage de la vasque olympique[72]. Le hockeyeur Wayne Gretzky, dernier relayeur de la flamme, allume la vasque en compagnie de la skieuse Nancy Greene et du basketteur Steve Nash, tandis qu'un problème technique empêche Catriona Le May Doan, la quatrième sportive présente, d'allumer sa partie de la vasque. La cérémonie se déroulant dans un stade fermé, Wayne Gretzky transporte la flamme olympique pour allumer la vasque qui va brûler pendant toute la durée des Jeux sur la Jack Poole Plaza, située en bord de mer, à proximité du port de Vancouver[73].
64
+
65
+ Les compétitions de biathlon ont lieu au Parc olympique de Whistler. Dix épreuves (dont huit individuelles) sont au programme : l'individuel, le sprint, la poursuite, le départ groupé et le relais, pour les hommes et pour les femmes. Elles sont disputées par 204 athlètes, 105 hommes et 99 femmes, de 37 pays différents. La France, qui remporte six médailles dont une d'or, est la nation la plus médaillée[74].
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+
67
+ La première épreuve disputée est celle du 7,5 km sprint féminin le 13 février. Malgré un tir raté, Anastasia Kuzmina crée la surprise en remportant la première victoire de sa carrière dans une compétition majeure et apporte à la Slovaquie le premier titre olympique d'hiver de son histoire[75]. La Française Marie Dorin se classe troisième en réalisant un sans faute, juste derrière la grande favorite allemande de ces Jeux, Magdalena Neuner, médaille d'argent. Cette dernière gagne la poursuite 10 km disputée trois jours plus tard en devançant Kuzmina, alors que les deux biathlètes ont chacune manqué deux cibles. La médaille de bronze revient à une autre Française, Marie-Laure Brunet[76]. La Norvégienne Tora Berger, cinquième de la poursuite, remporte quant à elle le 15 km individuel devant la surprenante Kazakhe Ielena Khroustaliova et la Biélorusse Darya Domracheva, l'une des meilleures biathlètes du circuit mondial depuis deux saisons. Le 21 février, tout en ayant manqué deux cibles, Magdalena Neuner s'offre un second titre olympique en surclassant le départ groupé 12,5 km. La Russe Olga Zaïtseva prend la médaille d'argent devant une autre Allemande, Simone Hauswald[77]. Bien que Neuner renonce à disputer le relais 4x6 km au profit de Martina Beck[78], l'Allemagne monte sur la troisième marche du podium. Les Russes emmenées par Zaïtseva se montrent les plus rapides, juste devant les Françaises[79].
68
+
69
+ Chez les hommes, Vincent Jay profite des conditions météorologiques favorables aux premiers coureurs à s'élancer pour offrir à la France sa première médaille d'or dans ces Jeux. Il réalise un sans faute au tir, ce qui n'est pas le cas du Norvégien Emil Hegle Svendsen, l'un des favoris pour ce titre du 10 km sprint, qui manque une cible mais parvient néanmoins à prendre la médaille d'argent. Le bronze revient au Croate Jakov Fak. Biathlète le plus titré aux Jeux avec 9 médailles acquises avant le début de cette édition, Ole Einar Bjørndalen est pris dans la tempête comme la plupart des favoris et ne se classe que 17e[80],[81]. Dans la poursuite 12,5 km, le Suédois Björn Ferry qui s'élance en huitième position avec 1 min 12 s de retard sur Vincent Jay remonte jusqu'à la première place et s'impose devant l'Autrichien Christoph Sumann[82]. Malgré deux cibles manquées, Vincent Jay parvient à conserver quelques secondes d'avance sur le second Autrichien Simon Eder et décroche sa deuxième médaille olympique en trois jours[83]. La Norvège, nation phare du biathlon, reprend le pouvoir à l'occasion de l'individuel 20 km. Svendsen et Bjørndalen se classent respectivement premier et second. Le Biélorusse Siarheï Novikaw, arrivé dans le même temps que Bjørndalen, partage la médaille d'argent avec ce dernier, aucune médaille de bronze n'étant alors décernée[84]. Le départ groupé 15 km sourit au Russe Evgeny Ustyugov qui ne rate aucun de ses tirs. Il gagne avec 10 secondes d'avance sur le jeune Martin Fourcade qui obtient la médaille d'argent alors qu'il a manqué trois fois la cible[85]. Le Slovaque Pavol Hurajt est médaillé de bronze, alors qu'il n'était plus monté sur le podium en coupe du monde depuis six ans. Dans le relais 4x7,5 km, la Norvège d'Emil Hegle Svendsen, Ole Einar Bjørndalen, Tarjei Bø et Halvard Hanevold domine l'Autriche et la Russie, 2e et 3e[86].
70
+
71
+ Les deux épreuves masculines de bobsleigh, à deux et à quatre, ainsi que l'épreuve féminine à deux se déroulent sur la piste du Centre des sports de glisse de Whistler. 159 athlètes de 23 pays y prennent part. L'Allemagne et le Canada dominent les épreuves : ces deux nations remportent chacune trois médailles, dont une en or[87].
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+ Les deux premières manches de l'épreuve masculine de bob à deux ont lieu le samedi 20 février. À l'issue de ces deux manches, les Allemands André Lange et Kevin Kuske, deux fois médaillés d'or à Turin en 2006[88], s'installent en tête de la compétition devant leurs compatriotes Thomas Florschütz et Richard Adjei et l'équipage russe d'Aleksandr Zubkov et Alexey Voevoda. Le podium reste inchangé après les deux dernières manches qui se déroulent le lendemain. En réalisant les quatre descentes de la piste de 1 450 m en 3 min 26 s 65, André Lange et Kevin Kuske remportent leur quatrième titre olympique[87],[89].
74
+
75
+ Après le doublé allemand en bob à deux masculin, les spectateurs assistent à un doublé canadien en bob à deux féminin les 23 et 24 février. Kaillie Humphries et Heather Moyse, en tête dès la première manche, dominent entièrement la compétition et s'imposent avec près d'une seconde d'avance sur l'autre équipage canadien, composé de Helen Upperton et Shelley-Ann Brown. Le bob américain de Erin Pac et Elana Meyers prend la troisième place[89].
76
+
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+ À nouveau favori dans l'épreuve de bob à quatre après avoir dominé les entraînements[90],[91], l'équipage allemand piloté par André Lange est pourtant devancé dans la première manche par le bob américain de Steven Holcomb et le bob canadien de Lyndon Rush. Steven Holcomb et ses trois coéquipiers, Justin Olsen, Steve Mesler et Curtis Tomasevicz, conservent la tête de la compétition tout au long des quatre manches pour remporter la médaille d'or. Les Canadiens sont finalement devancés dans la dernière manche par l'équipage d'André Lange et doivent se contenter de la médaille de bronze[89].
78
+
79
+ Le parc olympique de Whistler accueille les épreuves de combiné nordique, qui rassemblent 52 skieurs de 14 pays, uniquement des hommes. Trois épreuves sont programmées : l'individuelle sur tremplin normal, l'individuelle sur grand tremplin et l'épreuve par équipes[92]. Quatrième des Jeux de Turin et leader du classement général de la Coupe du monde en ayant remporté cinq victoires, le Français Jason Lamy-Chappuis est un des principaux favoris de la compétition[93],[94], de même que l'Autrichien Felix Gottwald, médaillé d'or en individuel et par équipes à Turin, ou le Norvégien Magnus Moan, réputé pour être l'un des athlètes les plus rapides sur les skis[95].
80
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81
+ L'épreuve individuelle sur tremplin normal est programmée le 14 février. Le Finlandais Janne Ryynänen est premier après le saut devant l'Américain Todd Lodwick, champion du monde en 2009, et l'Autrichien Christoph Bieler. Les skieurs partent ensuite dans l'ordre du classement du saut à ski pour les 10 km de ski de fond. Alors qu'il s'élance en 5e position, avec 46 secondes de retard sur le Finlandais Ryynänen, Jason Lamy-Chappuis revient rapidement sur le groupe de tête en compagnie des Américains Todd Lodwick, Johnny Spillane et Bill Demong[95]. Dans le sprint final, Lamy-Chappuis domine ses adversaires pour remporter la médaille d'or, 18 ans après son compatriote Fabrice Guy. Johnny Spillane décroche la médaille d'argent et l'Italien Alessandro Pittin la médaille de bronze[95],[96].
82
+
83
+ L'épreuve par équipes est disputée par dix nations le 23 février. Le nombre d'athlètes par équipes est de quatre et la distance courue par chaque relayeur en ski de fond est de 5 km. Après le saut, les Finlandais de Janne Ryynänen mènent de peu : ils s'élancent dans le relais avec seulement deux secondes d'avance sur les Américains. Les Autrichiens sont à 36 secondes, les Japonais à 41 secondes, les Français à 43 secondes et les Allemands à 45 secondes[97]. Dès le deuxième passage, les États-Unis et l'Autriche se portent seuls en tête. Le dernier relayeur autrichien Mario Stecher prend le meilleur sur Bill Demong et offre à son pays la médaille d'or ; les Américains se contentent alors de la 2e place. La médaille de bronze revient aux Allemands qui gagnent ainsi trois places par rapport à leur classement après le concours de saut. Les Français terminent au pied du podium et les Finlandais ne se placent qu'au septième rang[98],[97].
84
+
85
+ Le déroulement de l'épreuve individuelle sur grand tremplin, le 25 février, suscite la polémique. Les organisateurs décident d'interrompre le concours de saut après le passage des 31 premiers concurrents en raison des conditions météorologiques et de le recommencer dans son intégralité une heure plus tard. La neige et le vent perturbent les derniers sauteurs, parmi lesquels se trouvent les principaux favoris. Champion olympique sur tremplin normal, Jason Lamy-Chappuis ne se classe que 29e et doit s'élancer dans l'épreuve de ski de fond avec un retard de 2 min 29 s sur l'Autrichien Bernhard Gruber, auteur du meilleur saut[99]. Dans la course de ski de fond, le leader autrichien est rapidement rattrapé par les Américains Spillane et Demong. À moins de 500 mètres de la ligne, Bill Demong s'échappe pour remporter le titre olympique. Johnny Spillane offre le doublé aux États-Unis alors que Bernhard Gruber se contente de la médaille de bronze[100],[101].
86
+
87
+ Alors que les États-Unis n'avaient jamais remporté de médailles en combiné nordique, ils en récoltent quatre à Vancouver, confirmant les bons résultats obtenus par les skieurs américains sur les épreuves de Coupe du monde[100].
88
+
89
+ Les tournois masculin et féminin de curling, réunissant chacun dix équipes, sont disputés au Centre olympique/paralympique de Vancouver. Au premier tour, chaque équipe affronte les neuf autres, les quatre meilleures équipes se qualifiant pour les demi-finales[102].
90
+
91
+ Dans le tournoi masculin, l'équipe du Canada championne du monde en 2007 et 2008 et tenante du titre assume son statut de favori en remportant neuf victoires en autant de matchs, se qualifiant aisément pour les demi-finales. La Norvège et la Suisse sont elles aussi qualifiées, tandis que la Suède et la Grande-Bretagne, à égalité au terme de ce premier tour, s'affronte dans un match décisif dont la Suède sort vainqueur. En demi-finales, les Canadiens éliminent les Suédois sur le score de 6 à 3, alors que la Norvège bat la Suisse 7 à 5. Emmené par son capitaine Kevin Martin, le Canada s'offre un nouveau titre olympique en dominant les Norvégiens 6-3. Dans le match pour la troisième place, la Suisse décroche la médaille de bronze de justesse face à la Suède, en s'imposant sur le score de 5-4[103].
92
+
93
+ Dans le tournoi féminin, les Canadiennes prennent également le meilleur départ avec huit victoires et une défaite lors du premier tour. Elles devancent les Suédoises, championnes olympiques en titre, qui remportent sept victoires en neuf matchs. Les Chinoises se qualifient elles aussi pour les demi-finales, de même que les Suissesses, qui avaient pourtant débuté la compétition par trois défaites, avant d'enchaîner six victoires consécutives pour décrocher la quatrième place qualificative[104]. En demi-finales, la Suède domine largement la Chine sur le score de 9-4, tandis que les Canadiennes s'imposent de justesse face à la Suisse. Dans une finale très disputée, les Suédoises menées par Anette Norberg prennent le dessus sur les Canadiennes en s'imposant 7 à 6 et obtiennent ainsi leur deuxième médaille d'or consécutive. Dans le match pour la troisième place, les Chinoises inscrivent 12 points face à la Suisse, une victoire qui leur offre la médaille de bronze[104].
94
+
95
+ Les matchs de hockey sur glace se disputent dans la Place Hockey du Canada et l'UBC Thunderbird Arena, toutes deux situées à Vancouver. Douze équipes y participent chez les hommes et huit chez les femmes. Une décision prise par la Fédération internationale de hockey sur glace approuve la proposition de jouer les matchs sur des patinoires aux dimensions nord-américaines, et non internationales, afin de limiter les coûts liés à la mise aux normes de ces patinoires et de permettre l'accueil d'un plus grand nombre de spectateurs[105].
96
+
97
+ Au début du tournoi, les douze équipes masculines sont séparées en trois groupes dans lesquels chaque pays affronte les trois autres. Les États-Unis dominent ce premier tour en remportant trois victoires en autant de matchs, dont un succès face au Canada sur le score 5-3. La Suède, qui compte elle aussi trois victoires, est directement qualifiée pour les quarts de finale, tout comme la Russie et la Finlande, respectivement 3e et 4e de ce premier tour. Les huit autres équipes doivent passer par un tour de qualification pour atteindre les quarts de finale : les quatre vainqueurs de ces matchs éliminatoires rejoignent les quatre équipes directement qualifiées[106]. Le Canada s'impose 8-2 face à l'Allemagne et conserve sa place dans le tournoi. En quarts de finale, les Américains et les Finlandais se qualifient en battant respectivement la Suisse et la République tchèque, tandis que la Slovaquie, seulement 7e du premier tour, surprend la Suède, championne olympique en titre. Dans le choc de ces quarts de finale, les Canadiens remportent une large victoire face aux Russes, 7-3[107].
98
+
99
+ Comme à Salt Lake City en 2002, la finale oppose le Canada aux États-Unis, après la victoire du pays hôte sur la Slovaquie et celle des Américains sur la Finlande en demi-finales[108]. Dans le match pour la troisième place, la Finlande, médaillée d'argent en 2009, domine la Slovaquie 5-3 et s'offre une nouvelle médaille olympique[109]. La finale du tournoi masculin de hockey sur glace clôt les épreuves sportives lors de ces Jeux. Comme en 2002, le Canada remporte la médaille d'or aux dépens des Américains, grâce à un but de Sidney Crosby dans les prolongations[110].
100
+
101
+ Le tournoi féminin rassemble huit équipes divisées en deux groupes dans lesquels chaque pays affronte les trois autres. Le Canada survole le premier tour en inscrivant un total de 41 buts au cours de ses trois victoires. Les États-Unis, la Suède et la Finlande se qualifient eux aussi pour les demi-finales au terme de ce premier tour[107]. Comme dans le tournoi masculin, le Canada et les États-Unis se retrouvent en finale. Les Canadiennes, déjà championnes olympiques en 2002 et 2006, remportent une troisième médaille d'or consécutive en s'imposant 2-0[108],[109]. La Finlande remporte la médaille de bronze en battant la Suède, pour un podium identique dans les tournois masculin et féminin[107]. Après la finale, le président du CIO Jacques Rogge émet la possibilité de ne pas programmer le tournoi féminin de hockey sur glace lors des Jeux suivants en jugeant que le niveau général du tournoi est trop faible et les écarts entre les différentes équipes trop importants[111]. Le tournoi féminin sera finalement disputé aux Jeux olympiques de 2014 avec une nouvelle formule permettant des matchs plus équilibrés[112].
102
+
103
+ Les épreuves de luge sont marquées par le décès à l'entraînement de Nodar Kumaritashvili. Éjecté de sa luge à la sortie du virage no 16, il entre en collision avec une poutre métallique située en bordure de la piste à plus de 140 km/h. Malgré les soins apportés, le lugeur géorgien succombe à ses blessures quelques heures avant la cérémonie d'ouverture[64]. Kumaritashvili est le quatrième athlète à perdre la vie dans le cadre des Jeux d'hiver après le décès du skieur de vitesse suisse Nicolas Bochatay aux Jeux d'Albertville en 1992 et ceux du lugeur britannique Kazimierz Kay-Skrzypeski et du skieur alpin australien Ross Milne, survenus à Innsbruck en 1964[113]. Bien que l'enquête menée après l'accident n'ait pas établi que la mort du lugeur était due à un défaut de la piste[114], des mesures d'urgence sont prises pour la sécuriser : la ligne de départ pour les hommes est abaissée à celle des épreuves féminines et le mur à la sortie de la courbe no 16 est relevé. La veille de la tragédie, la lugeuse roumaine Violeta Stramaturaru avait été hospitalisée après une sévère chute, confirmant la dangerosité de la piste[113].
104
+
105
+ L'épreuve masculine se déroule toutefois comme prévu les 13 et 14 février. Le double champion olympique italien Armin Zöggeler en est le principal favori, mais il doit se contenter de la médaille de bronze. L'Allemand Felix Loch, champion du monde en 2008 et 2009, remporte l'épreuve en signant le meilleur temps dans chacune des quatre séances. Il devance son compatriote David Möller[115].
106
+
107
+ L'Allemagne gagne une autre médaille d'or dans l'épreuve féminine grâce à Tatjana Hüfner, médaillée de bronze à Turin, qui domine l'Autrichienne Nina Reithmayer et une autre Allemande, Natalie Geisenberger[116]. Dans l'épreuve de luge double, les frères autrichiens Andreas et Wolfgang Linger obtiennent leur second titre consécutif après celui de Turin, en devançant les Lettons Andris et Juris Šics et le duo Patric Leitner-Alexander Resch qui donne à l'Allemagne sa cinquième médaille dans la discipline lors de ces Jeux[117].
108
+
109
+ Quatre épreuves de patinage artistique sont disputées à Vancouver : les épreuves individuelles masculine et féminine ainsi que l'épreuve par couples et la danse sur glace. Ces compétitions réunissent 146 patineurs dont autant d'hommes que de femmes et se déroulent au Pacific Coliseum de Vancouver. Ces Jeux sont marqués par le déclin des patineurs russes qui ne remportent que deux médailles, l'une en argent et l'autre en bronze, alors qu'ils avaient remporté 21 titres olympiques depuis les Jeux d'Innsbruck en 1964[118].
110
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111
+ La première épreuve est celle des couples les 14 et 15 février. Médaillés de bronze à Salt Lake City et à Turin, les Chinois Zhao Hongbo et Shen Xue prennent la tête de la compétition dès le programme court avec près d'un point d'avance sur les champions du monde en titre allemands Aliona Savchenko et Robin Szolkowy. Le couple russe de Yuko Kavaguti et Alexander Smirnov, champion d'Europe, prend la troisième place provisoire. Dans le programme libre, les Russes commettent plusieurs erreurs qui les font reculer au 4e rang. Zhao Hongbo et Shen Xue maintiennent leur niveau de patinage et décrochent la première médaille d'or chinoise en patinage artistique depuis la création des Jeux d'hiver. Un autre couple chinois se hisse sur le podium : quatrièmes après le programme court, Qing Pang et Jian Tong réalisent le meilleur score du programme libre et remontent à la 2e place. Savchenko et Szolkowy gagnent le bronze pour l'Allemagne[119].
112
+
113
+ Le Russe Evgeni Plushenko est le favori de l'épreuve individuelle masculine. Alors qu'il s'est retiré après son titre olympique à Turin en 2006, il reprend la compétition à la fin de l'année 2009 pour tenter de décrocher à Vancouver une deuxième médaille d'or[120]. Il prend d'ailleurs la tête du concours à l'issue du programme court, en devançant d'un demi-point l'Américain Evan Lysacek et le Japonais Daisuke Takahashi[121]. Le Français Brian Joubert, 3e des championnats d'Europe et des championnats du monde 2010, manque complètement son programme en commettant deux erreurs, ce qui le relègue au 18e rang provisoire et anéantit ses espoirs de médaille[122]. Cette contre-performance lui vaut d'être ouvertement critiqué dans la presse par Didier Gailhaguet, le président de la Fédération française des sports de glace[123]. Malgré une chute dans son programme libre, Daisuke Takahashi conserve la 3e place et obtient la médaille de bronze. Au terme d'un programme sans faute, Evan Lysacek réussit le meilleur score du programme libre et obtient son premier titre olympique en devançant Plushenko[121]. Le Russe dénonce ce résultat en reprochant aux juges d'avoir attribué plus de points au programme de l'Américain qui, contrairement au sien, ne présente aucun quadruple saut[124].
114
+
115
+ En danse sur glace, les Russes Oksana Domnina et Maxim Shabalin, champions du monde en 2009, prennent la tête du concours après la danse imposée. Ils commettent quelques erreurs sur la danse originale et reculent alors au 3e rang, derrière les Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir et les Américains Meryl Davis et Charlie White. La danse libre, dernière épreuve, ne change rien au classement : les Canadiens remportent l'or, les Américains l'argent et les Russes se contentent du bronze[125].
116
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117
+ L'épreuve individuelle féminine est la dernière compétition de patinage artistique au programme de ces Jeux, les 23 et 23 février. Championne du monde en titre, la Sud-Coréenne Kim Yu-na est la principale favorite de l'épreuve. Elle prend largement la tête du concours dès le programme court en battant le record du monde pour devancer de près de 5 points sa rivale japonaise Mao Asada[126] et de plus de sept la Canadienne Joannie Rochette, qui prend part à la compétition malgré le décès brutal de sa mère d'une crise cardiaque alors que celle-ci venait d'arriver à Vancouver pour l'encourager[127]. Dans le programme libre, Kim Yu-na réussit une performance exceptionnelle : elle y inscrit 150,06 points, pour un score total de 228,56 points et établit ainsi un nouveau record depuis l'entrée en vigueur du nouveau système de calcul de points en 2003[128]. Reléguée à plus de 23 points, Mao Asada conserve néanmoins la médaille d'argent, tout comme Joannie Rochette la médaille de bronze[129].
118
+
119
+ L'anneau olympique de Richmond accueille les 12 épreuves de patinage de vitesse qui regroupent 177 athlètes de 24 pays. Les patineurs néerlandais dominent les compétitions en décrochant sept médailles dont trois en or[130].
120
+
121
+ Les nations asiatiques dominent le 500 mètres masculin. Le surprenant Sud-Coréen Mo Tae-Bum établit un temps inférieur à 70 secondes à l'issue des deux manches et devance les Japonais Keiichiro Nagashima et Joji Kato[131]. Mo Tae-Bum monte à nouveau sur le podium avec une médaille d'argent obtenue sur le 1 000 mètres. Sur cette distance, l'Américain Shani Davis conserve son titre olympique acquis quatre années plus tôt à Turin. Chad Hedrick, triple médaillé en 2006, prend la 3e place[132]. Le 1 500 mètres est remporté par le Néerlandais Mark Tuitert. Shani Davis, qui visait une seconde médaille d'or, termine deuxième avec seulement 3 centièmes de seconde d'avance sur le Norvégien Håvard Bøkko[133]. Favori du 5 000 mètres, Sven Kramer établit un nouveau record olympique. Le Néerlandais s'impose avec plus de deux secondes d'avance sur le Sud-Coréen Lee Seung-Hoon et trois secondes et demie sur le Russe Ivan Skobrev[134]. Lee Seung-Hoon prend sa revanche dans le 10 000 mètres en décrochant la médaille d'or après la disqualification de Sven Kramer pour une erreur lors d'un changement de ligne[135],[136]. Les Pays-Bas gagne quand même la médaille de bronze grâce à Bob de Jong, 3e derrière Ivan Skobrev. La poursuite par équipes se conclut par une finale nord-américaine au cours de laquelle le Canada triomphe des États-Unis. Éliminés en demi-finale par les Américains alors qu'ils étaient considérés comme les grands favoris de la compétition, les Néerlandais se consolent en établissant le record olympique dans la finale pour la 3e place, disputée face à la Norvège[137].
122
+
123
+ Le 500 mètres féminin est remporté par la Sud-Coréenne Lee Sang-Hwa. Elle surprend les deux grandes favorites de l'épreuves, l'Allemande Jenny Wolf et la Chinoise Wang Beixing, qui détiennent à elles seules neuf des dix meilleurs temps mondiaux de l'histoire mais se classent seulement 2e et 3e[138],[139]. La patineuse canadienne d'origine australienne Christine Nesbitt assume son statut de favorite lors du 1 000 mètres, une distance sur laquelle les Pays-Bas placent deux concurrentes sur le podium avec Annette Gerritsen et Laurine van Riessen. C'est d'ailleurs une Néerlandaise, Ireen Wüst, qui gagne la médaille d'or du 1 500 mètres devant la Canadienne Kristina Groves, qui termine à la même place qu'à Turin quatre années plus tôt[140]. La troisième place revient à la Tchèque Martina Sáblíková, qui marque les Jeux en remportant le titre olympique sur le 3 000 mètres et le 5 000 mètres, à chaque fois devant l'Allemande Stephanie Beckert, alors que son pays n'avait encore jamais gagné la moindre médaille dans les épreuves de patinage de vitesse aux Jeux d'hiver[130],[141]. Le Canada gagne deux médailles de bronze dans ces deux courses, avec Kristina Groves sur 3 000 mètres et Clara Hughes sur 5 000 mètres. L'Allemagne emmenée par Stephanie Beckert triomphe de justesse dans la poursuite par équipes en dominant les Japonaises de seulement deux centièmes de seconde. La Pologne s'offre la médaille de bronze aux dépens des États-Unis[142].
124
+
125
+ Les huit épreuves de patinage de vitesse sur piste courte, ou short-track, réunissent 113 athlètes de 23 pays et se déroulent au Pacific Coliseum de Vancouver. Les nations asiatiques dominent les compétitions : la Chine gagne quatre médailles d'or et la Corée du Sud remporte un total de huit médailles, dont deux en or. Les nations nord-américaines se montrent elles aussi performantes, puisque le Canada obtient cinq médailles dont deux titres olympiques, tandis que les États-Unis récoltent six médailles, bien qu'aucune ne soit en or. Avec une médaille de bronze, l'Italie est la seule nation européenne médaillée dans cette discipline à Vancouver. Seuls cinq pays se partagent donc l'intégralité des 24 médailles décernées dans ces épreuves[143].
126
+
127
+ Chez les hommes, Apolo Anton Ohno marque l'histoire des Jeux : en décrochant trois nouvelles médailles à Vancouver, bien qu'aucune ne soit en or, il porte son total à huit médailles et devient le patineur de vitesse sur piste courte le plus médaillé des Jeux olympiques d'hiver. Dans le 1 500 m, première épreuve individuelle de ces Jeux, il se classe 2e derrière le Sud-Coréen Lee Jung-su et devant son compatriote J.R. Celski. Le Letton Haralds Silovs devient le premier athlète dans l'histoire des Jeux à concourir dans deux disciplines différentes le même jour : 10e de ce 1 500 m sur piste courte, il avait pris part un peu plus tôt dans la journée à l'épreuve de 5 000 m en patinage de vitesse sur l'anneau olympique de Richmond[144]. Lee Jung-Su remporte une deuxième médaille d'or quelques jours plus tard sur le 1 000 m, une épreuve sur laquelle Apolo Anton Ohno prend la médaille de bronze tandis que l'argent revient à un autre Sud-Coréen, Lee Ho-suk, champion du monde sur la distance[145],[146]. Les frères canadiens Charles et François Hamelin échouent au pied du podium, mais ces derniers prennent leur revanche en décrochant l'or en relais, en compagnie d'Olivier Jean et François-Louis Tremblay. La Corée du Sud est 2e, les États-Unis 3e[147],[148]. Charles Hamelin obtient un autre titre olympique sur le 500 m, une distance où il a gagné deux titres de champion du monde[149]. François-Louis Tremblay monte sur la 3e marche du podium tandis que la médaille d'argent revient une nouvelle fois à un Sud-Coréen, Sung Si-bak[150].
128
+
129
+ La Chinoise Wang Meng est la grande favorite de ces Jeux. Championne olympique en titre du 500 m et détentrice du record du monde de la distance, elle a aussi remporté plusieurs titres mondiaux. Dès son entrée dans la compétition pour le 500 m, Wang Meng assume son statut : elle améliore le record olympique dès les séries, puis en quart de finale et en demi-finale. En finale, la Chinoise prend rapidement la tête de la course et gagne la médaille d'or. Elle devance la Canadienne Marianne St-Gelais et l'Italienne Arianna Fontana[151]. Dans le 1 500 m, Wang Meng est disqualifiée en demi-finale pour avoir provoqué la chute de deux autres concurrentes. Le titre revient alors à une autre Chinoise, Zhou Yang, détentrice du record du monde de la distance. Le podium est complété par les Sud-Coréennes Lee Eun-byul et Park Seung-hi[152]. L'épreuve du 1 000 m est très relevée : le record olympique est battu par l'Américaine Katherine Reutter dès les séries, puis par Zhou Yang en quart de finale. En demi-finale, la Chinoise améliore à nouveau le record du monde[153]. Favorite de la finale en compagnie de sa compatriote Wang Meng, elle est néanmoins disqualifiée dès le début de la course pour avoir gêné Katherine Reutter, la concurrente américaine. Le titre revient à Wang Meng qui devance Reutter et la Sud-Coréenne Park Seung-hi, médaillée de bronze comme sur 1 000 m[154]. En alignant ses deux championnes olympiques, la Chine est favorite du relais tout comme la Corée du Sud qui a remporté le titre lors de chaque édition des Jeux depuis ceux de Lillehammer en 1994. Les Sud-Coréennes franchissent la ligne d'arrivée en tête mais sont disqualifiées car l'une d'entre elles, Kim Min-jung, a heurté une relayeuse chinoise. La médaille d'or revient à la Chine, devant le Canada et les États-Unis[155].
130
+
131
+ Alors qu'il est un temps envisagé d'inclure une épreuve de saut à ski féminin au programme des Jeux de Vancouver, le CIO rejette la proposition. Alors qu'une quinzaine d'athlètes saisissent la Cour suprême du Canada en décembre 2009 pour forcer la main des organisateurs, le tribunal refuse d'entendre l'appel des plaignantes. Le saut à ski féminin sera néanmoins intégré lors des Jeux de Sotchi en 2014[156],[157].
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+ Le premier titre olympique de ces Jeux est décerné sur le tremplin du parc olympique de Whistler le 13 février 2010[158]. Le Suisse Simon Ammann, double médaillé d'or à Salt Lake City en 2002[159], remporte le concours de saut à ski sur petit tremplin, avec un total de 276,5 points[160]. Le Polonais Adam Malysz, lui aussi médaillé à Salt Lake City[161], prend la deuxième place du concours devant l'Autrichien Gregor Schlierenzauer[160]. Sept jours plus tard, le concours de saut à ski sur grand tremplin s'achève avec un podium identique. Simon Ammann réussit les deux meilleurs sauts du concours à 144 m et 138 m et décroche la médaille d'or. Il renouvelle ainsi l'exploit de Salt Lake City huit ans après son doublé olympique et devient le sauteur à ski le plus titré de l'histoire des Jeux olympiques d'hiver[162].
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+ Le 22 février, les Autrichiens sont favoris de l'épreuve par équipes. Après ses deux titres en individuel, Simon Ammann ne peut espérer conquérir une nouvelle médaille puisque son pays n'est pas qualifié pour cette épreuve[159]. Les Autrichiens prennent la tête du concours après le premier saut, chacun des quatre sauteurs de l'équipe ayant réalisé le meilleur saut de son groupe, et devancent l'Allemagne et la Norvège. Le classement est identique à l'issue du deuxième saut : l'Autriche remporte la médaille d'or devant l'Allemagne et la Norvège[160]. Après les deux médailles de bronze obtenues en individuel, Gregor Schlierenzauer glane sa troisième médaille dans ces Jeux, tandis que son compatriote Thomas Morgenstern, médaillé d'or en individuel et par équipes à Turin en 2006, remporte le troisième titre olympique de sa carrière[163].
136
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137
+ Les épreuves de skeleton se déroulent sur la piste du Centre des sports de glisse de Whistler, comme le bobsleigh et la luge. Les épreuves masculine et féminine ont lieu sur deux jours, les 18 et 19 février : les deux premiers passages de chaque coureur se déroulent le 18 février et les deux autres le lendemain. Les deux compétitions regroupent 48 athlètes, dont 28 hommes et 20 femmes, représentant 19 pays[164]. Chez les hommes, le Letton Martins Dukurs fait figure de favori après avoir remporté la coupe du monde et le championnat d'Europe en janvier 2010[165], bien que les Canadiens Jon Montgomery et Michael Douglas se soient montrés les plus rapides pendant les entraînements. Dukurs prend la tête de la compétition à l'issue des deux premières manches en devançant Montgomery et le Russe Alexander Tretiakov, mais le Canadien parvient à renverser la situation dans la quatrième et dernière manche pour s'adjuger le titre olympique. Dukurs est en argent, Tretiakov en bronze[166].
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+ Dans l'épreuve féminine, la Canadienne Mellisa Hollingsworth, victorieuse de la coupe du monde, est très attendue après avoir remporté cinq des six descentes d'entraînement. C'est néanmoins la Britannique Amy Williams qui prend la tête de la compétition dans la première manche, devant la Canadienne Amy Gough et l'Allemande Kerstin Szymkowiak. Hollingsworth ne se classe que 5e. Elle remonte jusqu'à la 2e place après la troisième manche tandis qu'Amy Williams conforte sa position en réalisant une nouvelle fois le meilleur temps[166]. Amy Williams conserve la tête dans la dernière manche et apporte à la Grande-Bretagne sa première médaille d'or individuelle aux Jeux d'hiver depuis 30 ans. Les Allemandes Kerstin Szymkowiak et Anja Huber obtiennent l'argent et le bronze[167].
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+ Le CIO décide en 2006 d'intégrer une nouvelle discipline au programme des Jeux, le skicross, qui consiste en une course sur un parcours comprenant plusieurs obstacles, comme des bosses ou des tremplins[168],[169]. Avec cette nouvelle discipline, le ski acrobatique compte six épreuves lors de ces Jeux, les bosses, le saut et le skicross masculins et féminins, qui sont disputés dans la station de Cypress Mountain et réunissent 173 skieurs. Les nations nord-américaines dominent les compétitions : les États-Unis gagnent quatre médailles dont une en or et les Canadiens remportent trois médailles, dont deux titres olympiques.
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+ Le 14 février, dans l'épreuve de bosses masculine, Alexandre Bilodeau apporte à la délégation canadienne sa première médaille d'or. Il est le premier athlète canadien à décrocher le titre olympique sur son sol, puisque aucun Canadien n'avait réussi cette performance aux Jeux de Montréal ou de Calgary. L'Australien Dale Begg-Smith, champion olympique à Turin, remporte cette fois la médaille d'argent devant l'Américain Bryon Wilson. En saut, la Biélorussie gagne son premier titre olympique d'hiver grâce à Alexei Grishin, champion du monde en 2001 et médaillé de bronze aux Jeux de Salt Lake City 2002. L'Américain Jeret Peterson, qui avait été exclu des Jeux de Turin pour une bagarre alors qu'il se trouvait en état d'ébriété, obtient la médaille d'argent en réalisant un « Hurricane », un saut composé de trois flips et cinq vrilles[170]. Le Chinois Liu Zhongqing prend la 3e place. Le Canadien Christopher Del Bosco est le favori de l'épreuve de skicross après avoir remporté les X Games moins d'un mois avant l'ouverture des Jeux, mais il chute en finale et ne prend que la 4e place. La médaille d'or revient au Suisse Michael Schmid, qui devance l'Autrichien Andreas Matt et le Norvégien Audun Grønvold[171].
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+
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+ Dans l'épreuve féminine de bosses, Jennifer Heil obtient sa seconde médaille olympique après son titre à Turin avec l'argent à Vancouver. Elle est accompagnée sur le podium par deux Américaines, Hannah Kearney qui remporte l'or et Shannon Bahrke le bronze. Les Chinoises, favorites de l'épreuve de saut, sont quatre à se qualifier pour la finale, mais le titre revient à l'Australienne Lydia Lassila. La Chine remporte néanmoins les deux autres médailles : Li Nina obtient l'argent comme à Turin en devançant sa compatriote Guo Xinxin. La Française Ophélie David est la grande favorite du skicross après avoir remporté le classement général de la coupe du monde chaque année depuis 2004[172],[173], mais elle est éliminée dès les quarts de finale après une chute. La France obtient néanmoins une médaille dans l'épreuve grâce au bronze de Marion Josserand. La Canadienne Ashleigh McIvor, qui avait écrit un essai expliquant pourquoi le skicross devrait devenir un sport olympique pendant ses études à l'Université de Colombie-Britannique, en 2003, devient la première championne olympique de son sport[174]. La Norvégienne Hedda Berntsen prend la médaille d'argent.
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+ Les conditions météorologiques et le brouillard qui persiste dans la région de Whistler obligent les organisateurs à reporter la descente masculine, première épreuve de ski alpin lors de ces Jeux : initialement prévue le 13 février, au lendemain de la cérémonie d'ouverture, elle a lieu le 15 février[175]. Leader de la Coupe du monde, Didier Cuche est le favori de l'épreuve, mais c'est un autre Suisse qui crée la surprise : Didier Défago remporte la médaille d'or, devant le Norvégien Aksel Lund Svindal, champion du monde de la discipline en 2007 et l'Américain Bode Miller[176]. Il s'agit de la première médaille d'or pour la Suisse dans cette discipline depuis le sacre de Pirmin Zurbriggen à Calgary en 1988[175]. L'épreuve est l'une des plus disputées de l'histoire olympique : les dix premiers du classement se tiennent en moins d'une demi-seconde[68]. La deuxième course masculine au programme de ces Jeux est le Super-G. Comme en 1992, 2002 et 2006, le titre revient à un Norvégien : Aksel Lund Svindal gagne la médaille d'or, quatre jours après avoir obtenu l'argent dans la descente[177]. Les Américains Bode Miller et Andrew Weibrecht complètent le podium. L'Autrichien Michael Walchhofer, leader de la Coupe du monde de la discipline avant l'ouverture des Jeux, ne prend que la 21e place[178]. La compétition est marquée par la chute de Patrik Järbyn, le plus âgé des concurrents, après avoir accroché l'une des dernières portes du parcours[177]. Initialement programmé le 16 février, le super-combiné se déroule le 21 et se compose d'une descente et d'une seule manche de slalom, contrairement aux éditions précédentes au cours desquelles deux manches de slalom étaient disputées. Aksel Lund Svindal prend la tête de la compétition à l'issue de la descente, devant l'Italien Dominik Paris et le Suisse Carlo Janka. Dans le slalom, le Norvégien est disqualifié pour avoir manqué une porte, alors que les temps de Paris et Janka ne sont pas assez bons pour leur permettre de conserver leur place sur le podium. C'est l'Américain Bode Miller qui réalise le meilleur temps cumulé et décroche ainsi sa troisième médaille en trois courses, après le bronze de la descente et l'argent du super-G. Comme à Turin, la médaille d'argent revient au Croate Ivica Kostelić, alors que le Suisse Silvan Zurbriggen gagne le bronze. Le 23 février, Carlo Janka remporte le slalom géant. En tête dès la première manche, il devance les deux Norvégiens Kjetil Jansrud et Aksel Lund Svindal. Les épreuves masculines se concluent avec le slalom, programmé la veille de la cérémonie de clôture. Favoris de la course, les Autrichiens déçoivent : le tenant du titre Benjamin Raich échoue au pied du podium tandis que Reinfried Herbst, leader de la coupe du monde, est seulement 10e. Giuliano Razzoli gagne la médaille d'or pour offrir à l'Italie son seul podium en ski alpin. En réalisant le meilleur temps de la seconde manche, le Suédois André Myhrer prend la 3e place et le Croate Ivica Kostelić obtient sa deuxième médaille d'argent dans ces Jeux.
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+ L'Américaine Lindsey Vonn est la grande favorite de la descente féminine : championne du monde l'année précédente à Val-d'Isère, elle a déjà remporté le classement général de la Coupe du monde à deux reprises et compte déjà neuf victoires au cours de la saison. Elle s'adjuge la médaille d'or, malgré une blessure légère au tibia[179]. Julia Mancuso offre le doublé aux États-Unis en prenant la médaille d'argent, tandis que l'Autriche obtient sa première médaille en ski alpin avec la 3e place d'Elisabeth Görgl[180]. Décrite comme l'une des pistes de descente les plus difficiles, la Franz's Run prend au piège de nombreuses skieuses : la Suédoise Anja Pärson fait une chute spectaculaire après un saut dans les airs de 60 m et souffre de plusieurs contusions, tout comme la Suissesse Dominique Gisin, tombée au même endroit. La descente est également marquée par la chute de la Française Marion Rolland seulement quelques mètres après le départ, un accident qui lui vaut néanmoins une rupture des ligaments croisés du genou gauche[181]. Le super-combiné se déroule le 18 février sur une piste légèrement modifiée et avec un départ abaissé en raison des nombreuses chutes survenues dans la descente quelques jours plus tôt. Lindsey Vonn est à nouveau la plus rapide de la descente, mais l'Américaine manque une porte dans la manche de slalom et ne peut terminer la course. L'Allemande Maria Riesch, deuxième à l'issue de la manche de descente, gagne la médaille d'or avec près d'une seconde d'avance sur Julia Mancuso qui s'octroie sa deuxième médaille d'argent dans ces Jeux. En dépit des blessures, Anja Pärson réalise un formidable exploit en s'adjugeant la médaille de bronze[182]. Deux jours plus tard, Lindsey Vonn monte à nouveau sur le podium en super-G en prenant la médaille de bronze. L'Autrichienne Andrea Fischbacher, quatrième de la descente, est la plus rapide sur la piste et s'impose avec près d'une demi-seconde sur la Slovène Tina Maze[183]. L'épreuve du slalom géant est très disputée : l'Allemande Viktoria Rebensburg remporte le titre olympique pour seulement quatre centièmes de seconde devant Tina Maze, encore en argent. En ayant réussi le meilleur temps de la première manche, Elisabeth Görgl se hisse sur la troisième marche du podium pour apporter à l'Autriche une nouvelle médaille de bronze[184]. Enfin, Maria Riesch s'offre une deuxième médaille d'or en dominant le slalom, dernière course féminine de ces Jeux. Marlies Schild pour l'Autriche est 2e et la Tchèque Šárka Záhrobská est 3e[185].
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+ Avec un total de huit médailles, dont deux en or, trois en argent et trois en bronze, les États-Unis dominent les compétitions de ski alpin, où l'Allemagne se démarque également en remportant trois titres olympiques[186].
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+ Les douze épreuves de ski de fond se disputent au parc olympique de Whistler et réunissent 292 athlètes de 55 pays. Deux athlètes norvégiens dominent la discipline : Marit Bjørgen est l'athlète la plus médaillée de ces Jeux en remportant cinq médailles, dont trois en or, une en argent et une en bronze, lors des cinq épreuves où elle est alignée, tandis que son compatriote Petter Northug gagne quatre médailles[187].
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+ Le Suisse Dario Cologna remporte facilement le 15 kilomètres en style libre avec 24 secondes d'avance sur l'Italien Pietro Piller Cottrer, champion olympique en relais à Turin. Le Tchèque Lukáš Bauer, leader de la coupe du monde, complète le podium[188]. Les Russes s'offrent le doublé en sprint avec le surprenant Nikita Kriukov, qui remporte la première victoire de sa carrière, et Aleksandr Panzhinskiy. Les deux Russes devancent le Norvégien Petter Northug, qui s'était classé seulement 41e du 15 kilomètres. La Suède jusqu'alors absente des podiums obtient deux podiums dans le 30 kilomètres poursuite : Marcus Hellner décroche l'or et Johan Olsson le bronze, tandis que la médaille d'argent revient à l'Allemand Tobias Angerer. Favori de l'épreuve après avoir remporté le titre mondial un an plus tôt, Petter Northug casse son bâton dans la course et ne finit qu'au onzième rang[189]. Le Norvégien prend sa revanche dans le sprint par équipes en remportant le titre olympique en compagnie de son coéquipier Øystein Pettersen. Les Allemands Tim Tscharnke et Axel Teichmann terminent 2e de justesse devant les Russes Nikolay Morilov et Alexey Petukhov. Marcus Hellner décroche une seconde médaille d'or dans un relais 4 × 10 kilomètres dominé par les Suédois. Petter Northug arrache la médaille d'argent pour les Norvégiens en dépassant le concurrent tchèque Martin Koukal sur la ligne d'arrivée. La France prend la quatrième place de ce relais[190]. La dernière épreuve est celle du 50 kilomètres classique qui se dispute dans des conditions météorologiques délicates, une pluie légère contribuant à rendre la neige collante. Les favoris restent groupés jusqu'au dernier kilomètre de la course, et c'est finalement le Norvégien Petter Northug qui obtient un deuxième titre olympique, sa quatrième médaille dans ces Jeux, en devançant l'Allemand Axel Teichmann de moins d'une seconde. La médaille de bronze revient au Suédois Johan Olsson[191].
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+ La première épreuve féminine est le 10 kilomètres libre. La Suédoise Charlotte Kalla prend rapidement les devants de la course et s'impose devant l'Estonienne Kristina Šmigun et la Norvégienne Marit Bjørgen. Cette dernière remporte son premier titre olympique à l'occasion du sprint en prenant le meilleur sur la concurrente polonaise Justyna Kowalczyk. Malgré les blessures qui l'empêcheront de disputer davantage de courses à Vancouver, Petra Majdič apporte la médaille de bronze à la Slovénie. La Norvégienne double la mise dans le 15 kilomètres poursuite. Kowalczyk achève sa course au troisième rang en étant devancée par la Suédoise Anna Haag[192]. L'Allemagne et la Suède se disputent la première place dans le sprint par équipes mais c'est finalement Claudia Nystad qui prend le meilleur sur Anna Haag dans la dernière ligne droite pour apporter la médaille d'or à son pays. Les Russes Irina Khazova et Natalia Korosteliova se contentent du bronze. L'Allemagne obtient une nouvelle médaille dans le relais 4 × 5 kilomètres mais cette fois en argent, alors que les Norvégiennes emmenées par Marit Bjørgen survolent la compétition[193]. La Finlande obtient sa première médaille en ski de fond dans ces Jeux en terminant au 3e rang, avec quinze secondes d'avance sur l'Italie. La dernière course est le 30 kilomètres classique, dans lequel les deux meilleures fondeuses de ces Jeux, Justyna Kowalczyk et Marit Bjørgen s'affrontent. L'arrivée se dispute au sprint et c'est la Polonaise qui remporte son premier titre olympique, tandis que Bjørgen gagne sa cinquième médaille en cinq courses. La Finlandaise Aino-Kaisa Saarinen prend la troisième place[194].
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+ Le Comité olympique polonais annonce le 11 mars que la fondeuse Kornelia Marek a été contrôlée positive à l'EPO à l'issue du relais féminin[195]. L'examen d'un second échantillon confirme la présence de cette substance dans le sang de l'athlète polonaise[196], qui est alors disqualifiée de toutes les épreuves auxquelles elle a participé[197] et se voit infliger une suspension de deux ans[198]. Il s'agit du seul cas de dopage recensé pendant les Jeux de Vancouver[199].
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+ Les épreuves de snowboard rassemblent 188 participants de 27 pays sur les pistes de Cypress Mountain. En remportant cinq médailles, les États-Unis sont une nouvelle fois la nation la plus médaillée dans la discipline, comme lors des deux précédentes éditions. Le Canada et la France gagnent quant à eux trois médailles[200]. La première épreuve disputée est celle du snowboardcross masculin dans laquelle l'Américain Seth Wescott conserve son titre olympique gagné à Turin. Le Canadien Mike Robertson prend la 2e place tandis que la France, qui attendait beaucoup du leader de la coupe du monde Pierre Vaultier, finalement éliminé en quart de finale, se console avec la médaille de bronze de Tony Ramoin. Chez les femmes, la Canadienne Maëlle Ricker gagne le snowboardcross devant la Française Déborah Anthonioz et la Suissesse Olivia Nobs[201].
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+
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+ Le titre en half-pipe masculin revient une nouvelle fois à l'Américain Shaun White, surnommé la « tomate volante », qui obtient le meilleur score de la finale en proposant une figure inédite, un double McTwist 1260, qui consiste à réaliser deux sauts périlleux tout en effectuant trois rotations et demie en tenant la planche d'une main[202]. Le Finlandais Peetu Piiroinen se classe 2e et l'Américain Scotty Lago 3e. Championne olympique à Turin, l'Américaine Hannah Teter monte une nouvelle fois sur le podium du half-pipe féminin avec la médaille d'argent. Le titre revient à l'Australienne Torah Bright, tandis que Kelly Clark, médaillée d'or à Salt Lake City en 2002, prend la médaille de bronze[203].
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+ Alors qu'il détient le record du nombre de victoires en coupe du monde et qu'il a participé à toutes les éditions des Jeux d'hiver depuis l'introduction du snowboard aux Jeux de Nagano en 1998, le Français Mathieu Bozzetto gagne sa première médaille olympique à 36 ans, en décrochant la médaille de bronze du slalom géant parallèle aux dépens du Russe Stanislav Detkov[204]. Le Canadien Jasey Jay Anderson s'impose en finale face à l'Autrichien Benjamin Karl[205]. Dans l'épreuve féminine, Nicolien Sauerbreij apporte aux Pays-Bas leur première médaille d'or olympique dans un sport de neige. Elle devance en finale la Russe Iekaterina Ilioukhina, alors que la médaille de bronze est remportée par l'Autrichienne Marion Kreiner[206].
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+ En raison de l'éloignement entre les principaux sites de compétition, deux places des médailles ont été aménagées, l'une à Vancouver, l'autre à Whistler. Le BC Place Stadium est le théâtre des cérémonies de remise des médailles pour les épreuves qui se déroulent à Vancouver, Richmond et Cypress Mountain. À Whistler, la place des médailles est aménagée en extérieur et s'ouvre sur les paysages de montagnes de la région. Les cérémonies de remise des médailles, qui se déroulent en soirée, s'inscrivent dans un événement plus large : chaque cérémonie débute par un spectacle d'introduction de 30 minutes dont le contenu est lié à une province ou un territoire canadien désigné comme hôte de la journée et se poursuit par un concert offert aux spectateurs dans lequel se produisent différents artistes nord-américains[207].
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+
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+ Les 615 médailles décernées aux athlètes pèsent chacune 550 grammes, ce qui en fait alors les médailles les plus lourdes de l'histoire olympique, bien qu'aucune ne soit identique dans sa forme[208]. Les médailles sont ornées de motifs autochtones modernes inspirés d'une œuvre de Corrine Hunt, une artiste canadienne d'origine tlingit et komoyue. Chacune des médailles présente une section choisie à la main de cette œuvre représentant un orque[209]. Le concepteur industriel et architecte canadien Omer Arbel a conçu la forme ondulée des médailles qui évoque l'environnement marin et montagneux de la région de Vancouver[35]. Les médailles sont frappées par la Monnaie royale canadienne en collaboration avec le fournisseur de métaux Teck Resources[208]. En plus de leur médaille, les athlètes reçoivent une écharpe à l'image de l'œuvre de Corrine Hunt[209].
170
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+ Comme la cérémonie d'ouverture, la cérémonie de clôture se déroule au BC Place Stadium, le 28 février. La cérémonie démarre avec un compte à rebours interprété par plus de 1 000 jeunes laissant tomber leur planche de surf à l'image de dominos pour faire apparaître les chiffres du compte à rebours et les mots symboliques « strong and free», tirés de la version anglaise de l'hymne canadien[210]. Les athlètes font ensuite leur entrée tous ensemble dans le stade. À cette occasion, la patineuse artistique Joannie Rochette est choisie pour porter le drapeau du Canada, pays organisateur[211]. Au cours de cette cérémonie, les principaux stéréotypes culturels canadiens sont représentés avec humour[210]. Jean Grand-Maître, directeur du ballet artistique d'Alberta, signe la chorégraphie du tableau final[212]. La cérémonie se conclut par un concert regroupant plusieurs artistes canadiens, comme Alanis Morissette, Marie-Mai, Nickelback, Neil Young et Avril Lavigne. Le président du CIO Jacques Rogge déclare les Jeux officiellement clos. Gregor Robertson, maire de Vancouver, transmet le drapeau olympique à Anatoly Pakhomov, maire de la ville russe de Sotchi qui accueillera les Jeux olympiques d'hiver de 2014[68].
172
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+ Comme à Turin en 2006, vingt-six des 82 nations participant à ces Jeux remportent au moins une médaille, ce qui constitue le plus grand nombre de nations médaillées aux Jeux d'hiver à cette époque[43]. Le Canada, qui n'avait jamais remporté de médaille d'or en tant que pays hôte des Jeux olympiques, à Montréal en 1976 et Calgary en 1988, obtient cette fois-ci 14 médailles d'or, ce qui lui permet de se hisser en tête du tableau des médailles lors de ces Jeux[213]. Cette réussite est notamment due à la mise en place dès 2005 du programme d'entraînement « À nous le podium » ou, en anglais, « Own the podium », un investissement de 117 millions de dollars canadiens sur cinq ans dans le but de favoriser la préparation des athlètes canadiens pour ces Jeux[214]. La domination canadienne s'étend sur l'ensemble des compétitions, puisque les 14 médailles d'or sont remportées dans 9 des 15 disciplines présentes aux Jeux[12]. Troisièmes au classement des médailles si l'on tient compte uniquement des médailles d'or, les États-Unis sont pourtant les plus représentés sur les podiums avec un total de 37 médailles, soit trois unités de plus qu'à Salt Lake City en 2002, leur précédent record[215]. La meilleure nation des Jeux de 2006, l'Allemagne, est cette fois deuxième avec 30 médailles dont 10 en or. Troisième du classements des Jeux de Turin, l'Autriche recule jusqu'au neuvième rang avec seulement neuf médailles, de même que la Russie qui passe de la 4e à la 11e place avec seulement trois titres olympiques[187]. Par ailleurs, la Slovaquie et la Biélorussie obtiennent leur premier titre olympique en hiver[216],[217].
174
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175
+ La sportive la plus médaillée lors de ces Jeux est la fondeuse norvégienne Marit Bjørgen qui remporte cinq médailles, dont trois en or. La Norvège est d'ailleurs la nation la mieux représentée parmi les 14 athlètes les plus médaillés avec quatre sportifs. L'Allemagne et les États-Unis ont chacun deux représentants dans ce tableau. Le tableau compte huit hommes et six femmes. Le ski de fond est la discipline la plus présente avec quatre athlètes[218],[213].
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177
+ Le BC Place Stadium de Vancouver accueille les cérémonies d'ouverture et de clôture. C'est la première fois dans l'histoire des Jeux qu'une cérémonie d'ouverture se déroule dans une enceinte couverte. Pouvant accueillir 55 000 spectateurs, le BC Place Stadium est le plus grand stade à dôme gonflable d'Amérique du Nord[12].
178
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+ Neuf sites sportifs accueillent les épreuves olympiques, dont quatre sont situés à Vancouver. La Place Hockey du Canada est utilisée pour les matchs de hockey sur glace. Inaugurée en 1995, d'une capacité de 19 300 places, elle accueille habituellement les matchs de l'équipe professionnelle locale, les Canucks de Vancouver, ainsi que de nombreux spectacles[105]. Une seconde patinoire est utilisée pour les rencontres de hockey, l'UBC Thunderbird Arena, également située à Vancouver, sur le campus de l'université de Colombie-Britannique. Elle peut accueillir 6 800 spectateurs et a bénéficié d'importants travaux de réaménagement pour accueillir les Jeux[219]. En accord avec la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF), le comité d'organisation obtient que les compétitions des Jeux d'hiver de 2010 soient disputées sur des patinoires aux dimensions nord-américaines, plus petites que les dimensions internationales, afin de limiter les dépenses liées à la mise aux normes de ces deux patinoires[105]. Les compétitions de patinage artistique et de patinage de vitesse sur piste courte se déroulent au Pacific Coliseum, devant un maximum de 14 200 spectateurs. Ce site est utilisé pour accueillir des spectacles sur glace, des rencontres de boxe, de basket-ball ou de hockey sur glace après les Jeux[220]. Le centre olympique/paralympique de Vancouver, situé à proximité du Queen Elizabeth Park, est construit spécialement pour les Jeux afin d'accueillir les tournois de curling. Pouvant accueillir un maximum de 5 600 spectateurs, il devient après les Jeux un centre récréatif polyvalent qui comprend une patinoire, un gymnase, une bibliothèque et huit pistes de curling[221].
180
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+ Trois sites se situent à Whistler, une ville qui se trouve à environ 120 km de Vancouver. Les épreuves de ski alpin se déroulent sur les pistes de Whistler Creekside, souvent utilisées pour des épreuves organisées par la Fédération internationale de ski (FIS). Les épreuves de vitesse masculine ont lieu sur la Dave Murray Downhill, un tracé de 3 717 mètres, tandis que les épreuves de vitesse féminine empruntent la Franz's Run, d'une longueur de 2 502 mètres. La d��clivité moyenne de la pente atteint 27 % chez les hommes et 29 % chez les femmes. Les épreuves techniques, le slalom et le slalom géant, sont organisées sur la piste Cruiser, pour les hommes comme pour les femmes[64]. La zone d'arrivée, commune à toutes les épreuves et prévue pour accueillir 7 700 spectateurs, se situe à une altitude de 810 m[222]. Le parc olympique de Whistler est utilisé pour les compétitions de biathlon, de saut à ski et de ski de fond. Trois stades distincts sont construits sur une superficie d'1 km2 pour accueillir les épreuves, avec un maximum de 12 000 spectateurs[223]. Les épreuves de bobsleigh, de luge et de skeleton se déroulent au Centre des sports de glisse de Whistler. Il s'agit d'une piste de 1 450 m de longueur, pour un dénivelé de 152 m, construite pour les Jeux. Jusqu'à 12 000 personnes peuvent s'y rendre pour assister aux épreuves[224].
182
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183
+ Les épreuves de ski acrobatique et de snowboard se déroulent à Cypress Mountain, une aire skiable située à West Vancouver. Cypress Mountain est le premier site sportif à être prêt pour accueillir les Jeux[225]. Il est conçu pour accueillir un maximum de 12 000 spectateurs à près de 1 000 mètres d'altitude[226].
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+
185
+ Enfin, la ville de Richmond, située à 14 km au sud de Vancouver, accueille les épreuves de patinage de vitesse dans l'Anneau olympique de Richmond. Conçu pour accueillir 7 600 personnes, il est ensuite reconverti en un centre international d'excellence dédié aux sports et au bien-être. La construction de l'anneau de Richmond s'inscrit dans un projet global de rénovation urbaine[227].
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+ Deux villages olympiques sont construits pour accueillir les athlètes, l'un à Vancouver, l'autre à Whistler. Le village olympique de Vancouver, situé dans la baie de False Creek, est conçu pour accueillir près de 3 000 personnes[12], parmi lesquelles les athlètes engagés dans les épreuves qui se disputent à Vancouver, Cypress Mountain et Richmond. Les bâtiments sont construits sur une ancienne friche industrielle afin de devenir, après les Jeux, une communauté durable qui concentre des logements, des bureaux ainsi que des commerces. Le projet répond aux critères du système de classification de bâtiments écologiques Leadership in Energy and Environmental Design (LEED)[228]. Le village olympique de Whistler est établi dans la vallée de la rivière Cheakamus, à moins de vingt minutes de route de tous les sites de compétition basés à Whistler. Prévu pour accueillir 2 850 athlètes, il est baptisé Cheakamus Crossing[30], répond lui aussi aux critères d'évaluation LEED et se compose d'auberges, d'appartements et de maisons individuelles. L'établissement d'un centre de haute performance pour les athlètes y est programmé après les Jeux[229].
188
+
189
+ Les Jeux de Vancouver sont globalement considérés comme un succès, bien que l'organisation des compétitions soulève parfois quelques critiques[12]. L'accident mortel du lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili pose la question de la dangerosité de la piste de Whistler, qui avait provoqué la chute de plusieurs autres coureurs. Josef Fendt, président de la Fédération internationale de luge de course (FIL), juge la piste trop rapide et met en cause un problème de préparation[230]. Une enquête est ouverte, sans pouvoir établir que la sécurité de la piste est responsable de l'accident du Géorgien[231],[232]. Par ailleurs, le comité d'organisation ne peut assurer la sécurité des spectateurs possédant des places debout pour les épreuves de snowboard en raison des fortes pluies et se voit contraint d'annuler les billets[12],[233]. Le président du CIO Jacques Rogge déclare néanmoins lors de la cérémonie de clôture que « ce furent des Jeux excellents et amicaux »[234]. L'ancien athlète Sebastian Coe, président du Comité d'organisation des Jeux de Londres 2012, souligne la ferveur populaire régnant dans les rues de Vancouver durant les Jeux ainsi que les efforts du comité d'organisation pour maintenir la qualité des installations en dépit des conditions météorologiques défavorables[235].
190
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+ Les Jeux sont très favorablement accueillis par la population canadienne tout en renforçant le sentiment patriotique[236] : un sondage publié avant la fin des Jeux montre que la part des Canadiens attachés à leur pays a progressé de 38 % à 45 % par rapport à 2009[237]. Bien que les chefs des principaux peuples autochtones, regroupés au sein de la Société des quatre Premières Nations hôtes, soient favorables à la tenue des Jeux, leur organisation soulève quelques mécontentements au sein de la population amérindienne, qui craint de voir s'aggraver l'occupation et la dénaturation de ses terres ancestrales, ainsi que les menaces environnementales liées à l'afflux des touristes[238].
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+ Le comité d'organisation des Jeux olympiques de Vancouver est critiqué pour ne pas avoir fait suffisamment rayonner le français durant la cérémonie d'ouverture, alors que cette langue est pourtant à la fois l'une des deux langues officielles du Canada et l'une des deux langues officielles des Jeux olympiques. Graham Fraser, commissaire aux langues officielles du pays, et Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie, se sont inquiétés quant à la place accordée à la langue française[239]. Le premier ministre du Québec, Jean Charest, a lui aussi fait savoir qu'il aurait aimé entendre plus de français lors de la cérémonie d'ouverture[240],[241]. Le député fédéral du Bloc québécois Richard Nadeau y voit plutôt un manque de volonté politique de faire rayonner le bilinguisme canadien et souligne que le scepticisme face à cette situation est revenu à maintes reprises lors de réunions antérieures, mais que le gouvernement fédéral du Canada n'a investi de l'argent pour la traduction que deux semaines avant le début des Jeux olympiques[242].
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+ Rappelant que le français et l'anglais sont à parts égales les langues du mouvement olympique, le commissaire Fraser assiste à toutes les cérémonies afin de constater, puis corriger la situation au fil des jours[243]. Il a également instauré un système de plaintes à Ottawa afin que les citoyens puissent faire part de leur mécontentement et pour tenter de résoudre les problèmes[243].
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+ Après la cérémonie d'ouverture, Fraser regrette la faible représentation du français : « J'ai eu l'impression d'assister à un spectacle conçu et réalisé en anglais avec une chanson française. Même L'hymne au Nord du poète François-Xavier Garneau a été traduit en anglais pour être lu par l'acteur Donald Sutherland[244]. » Le concepteur de cette cérémonie, l'Australien David Atkins, s'est dit surpris d'avoir heurté les Québécois, ne sachant pas qu'il s'agissait de la corde sensible à l'origine de nombreuses tensions au pays. Il n'éprouve aucun regret, mais affirme qu'il accordera une place aux francophones lors de la cérémonie de clôture[244]. Le maire de Québec, Régis Labeaume, qui prévoit de présenter la candidature de sa ville à des éventuels Jeux d'hiver, croit quant à lui que c'est la place du Québec et de son histoire francophone au sein du Canada qui n'a pas été représentée adéquatement[244].
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+ Selon un rapport publié par les chercheurs de l'Université de Colombie-Britannique en octobre 2013, les régions de Vancouver et Whistler ont bénéficié de retombées importantes après les Jeux[245]. L'héritage le plus important se concentre dans les infrastructures construites spécifiquement pour les Jeux ou dont les projets ont été accélérés par l'événement : la ligne de métro Canada Line reliant l'aéroport et le centre-ville de Vancouver, la modernisation de l'autoroute sea to sky ou l'anneau olympique de Richmond reconverti après les Jeux en un centre des sports communautaire[246]. Cette même université estime que la tenue des Jeux a rapporté au gouvernement de Colombie-Britannique 50 millions de dollars canadiens en taxes et impôts et 400 millions de dollars de recettes liées au tourisme, tout en permettant la création de 20 780 emplois directs ou indirects[247]. À long terme, l'impact des Jeux sur l'économie locale est néanmoins mesuré, notamment car la rentabilité des infrastructures olympiques n'est pas assurée. Le financement du village olympique de Vancouver, fondé sur un partenariat public-privé, se heurte à la crise économique et entraîne un déficit pour la ville estimé entre 200 et 350 millions de dollars[248],[249]. Une étude de l'université d'Oxford rappelle toutefois que les Jeux de Vancouver sont les Jeux d'hiver où les dépassements de coûts, à hauteur de 17 %, ont été les mieux contrôlés depuis 1980[248].
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+ Les Jeux de Vancouver s'inscrivent dans l'engagement politique environnemental de la ville, en favorisant la construction d'infrastructures et de bâtiments respectant les critères du label nord-américain LEED[250]. Le comité d'organisation, qui décrit ces Jeux comme les plus « verts » de l'histoire[251], reçoit la médaille de bronze de la fondation David Suzuki qui récompense les efforts en matière de développement durable[252]. Les émissions de gaz à effet de serre pendant les Jeux sont néanmoins huit fois supérieures à la moyenne[247].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver sont un événement sportif international organisé tous les quatre ans. La première célébration des les jeux olympiques d’hiver a lieu dans la station française de Chamonix en 1924. Les premiers sports sont le ski de fond, le patinage artistique et de vitesse, le hockey sur glace, le combiné nordique, le saut à ski, le bobsleigh, le curling et la patrouille militaire. Les Jeux olympiques d'hiver ont lieu tous les quatre ans de 1924 à 1936. Ils sont ensuite interrompus par la Seconde Guerre mondiale et ont à nouveau lieu tous les quatre ans dès 1948. Les Jeux d'hiver sont organisés la même année que les Jeux d'été jusqu'en 1992. L'organe de direction des Jeux olympiques, le Comité international olympique (CIO), décide à cette date de placer les Jeux olympiques d'hiver et d'été en alternance sur les années paires d'un cycle de quatre ans.
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+ Les Jeux d'hiver évoluent depuis leur création. De nouvelles disciplines sont ajoutées et certaines d'entre elles, telles que le ski alpin, le biathlon, la luge, le patinage de vitesse sur piste courte, le ski acrobatique et le snowboard, gagnent une place permanente dans le programme olympique et leurs épreuves se multiplient. D'autres, comme le ski de vitesse, le bandy et le ski joëring sont des sports de démonstration lors d'une édition des Jeux, mais ne deviennent pas des sports olympiques officiels. L'essor de la télévision comme le média global de télécommunication améliore le profil des Jeux. Elle crée un flux de revenus via la vente de droits de diffusion et de publicité qui deviennent lucratifs pour le CIO. Cela permet aux entreprises extérieures, comme les chaînes de télévision et les sponsors, d'exercer une influence. Dans l'histoire des Jeux, le CIO doit répondre à plusieurs critiques tels que les scandales internes, l’utilisation de produits dopants par les athlètes ainsi que le boycott politique de la compétition. Pendant la Guerre froide, des nations utilisent les Jeux d'hiver pour montrer la supériorité revendiquée de leurs systèmes politiques.
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+ Depuis 1924, les Jeux d'hiver ont été tenus sur trois continents, mais jamais dans l'hémisphère sud. Les États-Unis les accueillent quatre fois, la France trois fois tandis que l'Autriche, le Canada, l'Italie, le Japon, la Norvège et la Suisse les organisent à deux reprises. En 2014, Sotchi est la première ville russe à accueillir les Jeux d'hiver et en 2018, PyeongChang, en Corée du Sud, est la troisième ville asiatique à les organiser, les Jeux d'hiver restant sur ce continent pour l'édition 2022 à Pékin, qui est la première à organiser des Jeux d'été puis d'hiver.
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+ La Norvège est le pays qui totalise le plus de médailles aux Jeux d'hiver, battant même son record en 2018 avec 39 podiums et 14 titres, pour totaliser 368 médailles dont 132 en or. Ses athlètes, Marit Bjørgen en ski de fond et Ole Einar Bjørndalen en biathlon sont les plus couronnés de tous, avec respectivement 15 et 13 médailles, et huit titres chacun.
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+ Entre la victoire de Charles Jewtraw en patinage de vitesse 500 m le 26 janvier 1924 à Chamonix, premier titre des Jeux d'hiver, et celle de Yuzuru Hanyu le 17 février 2018 dans la compétition de patinage artistique des Jeux de PyeongChang, 1000 médailles d'or ont été attribuées dans la compétition olympique hivernale[1].
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+ La première compétition multi-sports internationale de sports d'hiver est celle des Jeux nordiques, qui ont lieu en Suède en 1901. À l'origine organisés par le général Viktor Gustaf Balck, les Jeux nordiques ont aussi lieu en 1903 et en 1905, puis tous les quatre ans jusqu'en 1926[2]. Balck est un des membres fondateurs du comité international olympique (CIO) et un ami proche du rénovateur des Jeux olympiques Pierre de Coubertin. Il demande que des sports d'hiver, notamment le patinage artistique, soient ajoutés au programme olympique, mais cela échoue jusqu'aux Jeux olympiques d'été de 1908 à Londres au Royaume-Uni, les organisateurs des Jeux nordiques craignant cette concurrence[2]. Quatre épreuves de patinage artistique y sont disputées et Ulrich Salchow (10 fois champion du monde) et Madge Syers remportent les titres individuels[3],[4].
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+ Trois ans plus tard, le comte italien Eugenio Brunetta d'Usseaux propose que le CIO organise une semaine de sports d'hiver, incluse dans les Jeux olympiques d'été de 1912 à Stockholm en Suède. Les organisateurs s'opposent à cette idée car ils désirent protéger l'intégrité des Jeux nordiques et sont préoccupés par le manque d'installations pour les sports d'hiver[5],[6],[7]. L'idée est ressuscitée pour les Jeux de 1916, qui devaient se tenir à Berlin en Allemagne. Une semaine de sports d'hiver incluant du patinage de vitesse, du patinage artistique, du hockey sur glace et du ski nordique est prévue, mais les Jeux de 1916 sont annulés après le déclenchement de la Première Guerre mondiale[6].
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+ Les premiers Jeux après la guerre ont lieu à Anvers en Belgique et comprennent du patinage artistique et un tournoi de hockey sur glace[6]. Lors du congrès du CIO ayant lieu l'année suivante, et avec la contribution au débat du prix Nobel de la Paix Philip J. Noel-Baker[8], il est décidé que la nation organisatrice des Jeux olympiques d'été de 1924, la France, serait l'hôte d'une « semaine internationale des sports d'hiver » séparée, sous le patronage du CIO. Chamonix est choisi pour accueillir cette « semaine » (en réalité 11 jours) d'épreuves. Ces Jeux s'avèrent être un succès, puisque plus de 250 athlètes de 16 nations participent à 16 épreuves et sont suivis par plus de 10 000 spectateurs[9]. Les athlètes finlandais et norvégiens remportent 28 médailles, ce qui représente plus que l'ensemble des autres nations participantes[10]. En 1925, le CIO décide de créer des Jeux olympiques d'hiver séparés et la semaine internationale des sports d'hiver de 1924 est rétroactivement désignée comme les premiers Jeux d'hiver[6],[9].
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+ Saint-Moritz en Suisse est choisi par le CIO pour accueillir les seconds Jeux olympiques d'hiver en 1928[11]. Les conditions météorologiques variables défient les organisateurs. La cérémonie d'ouverture a lieu dans un blizzard, tandis que les températures élevées sont à déplorer pendant toute la durée des Jeux[12]. À cause de la météo, l'épreuve du 10 000 mètres en patinage de vitesse doit être abandonnée et officiellement annulée[13]. Le temps n'est pas le seul aspect remarquable des Jeux de 1928, puisque la Norvégienne Sonja Henie marque l'histoire en remportant la compétition de patinage artistique à l'âge de 15 ans. Elle devient la plus jeune championne olympique de l'histoire, une distinction qu'elle conservera pendant 74 ans[14].
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+ Les Jeux olympiques suivants sont les premiers à être organisés à l'extérieur de l'Europe. 17 nations et 252 athlètes y participent[15]. Il y a moins de participants qu'en 1928 à cause de la longueur du voyage de l'Europe à Lake Placid, aux États-Unis, et de son coût élevé pour la plupart des concurrents, qui a peu d'argent au milieu de la Grande Dépression. Les athlètes concourent dans quatorze épreuves réparties en quatre sports[15]. Il n'y a presque pas de chute de neige durant les deux mois précédant les Jeux jusqu'à la mi-janvier, quand la neige tombe assez pour organiser toutes les épreuves le mois suivant[16]. Sonja Henie défend son titre olympique tandis qu'Edward Eagan, champion olympique de boxe en 1920, remporte l'or dans l'épreuve masculine de bobsleigh pour devenir le premier et l'unique olympien à ce jour à avoir remporté des médailles d'or dans les Jeux olympiques d'hiver et d'été[15].
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+ Les villes allemandes de Garmisch et Partenkirchen s'unissent pour organiser l'édition de 1936, qui a eu lieu du 6 au 16 février[17]. C'est la dernière fois que les Jeux d'été et d'hiver ont lieu la même année dans le même pays. Le ski alpin fait ses débuts olympiques, mais les professeurs de ski sont privés de compétition, car ils sont considérés comme des professionnels[18]. À cause de cette décision, les skieurs suisses et autrichiens refusent de participer aux Jeux[18].
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+ La Seconde Guerre mondiale interrompt la célébration des Jeux olympiques d'hiver. Les Jeux de 1940 sont attribués à Sapporo au Japon, mais la décision est annulée en 1938 à cause de l'invasion japonaise de la Chine. Les Jeux sont déplacés à Garmisch-Partenkirchen, mais l'invasion allemande de la Pologne en 1939, qui précipite le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe, force l'annulation des Jeux de 1940[19]. En raison de la guerre en cours à ce moment-là, les Jeux de 1944, initialement prévus à Cortina d'Ampezzo en Italie, sont aussi annulés[20].
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+ Saint-Moritz est sélectionné pour accueillir les premiers Jeux de l'après-guerre en 1948. La neutralité de la Suisse protège la ville durant la Seconde Guerre mondiale et la plupart des sites sont en place depuis les Jeux de 1928, ce qui fait de Saint-Moritz un choix logique pour devenir la première ville à organiser les Jeux à deux reprises[21]. Vingt-huit pays concourent en Suisse, mais les athlètes allemands et japonais ne sont pas invités[22]. Les Jeux sont entachés par la controverse et le vol. Deux équipes américaines de hockey sur glace viennent aux Jeux, affirmant chacune être l'équipe nationale olympique légitime. Le drapeau olympique présenté aux Jeux olympiques d'été de 1920 à Anvers est volé comme son remplaçant. Il y a une parité sans précédent lors de ces Jeux puisque 10 pays remportent des médailles d'or, ce qui est un record[23].
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+ La ville d'Oslo, en Norvège, est invitée à organiser les Jeux olympiques d'hiver de 1952. La flamme olympique est allumée dans le foyer du pionnier du ski Sondre Norheim et le relais de la torche est effectué par 94 participants entièrement sur skis[24],[25]. Le bandy, sport populaire dans les pays nordiques, est présenté en tant que sport de démonstration ; même si seules la Norvège, la Suède et la Finlande envoient des équipes. Les athlètes norvégiens remportent 17 médailles, ce qui dépasse toutes les autres nations[26]. Ils sont menés par Hjalmar Andersen, qui remporte trois médailles d'or en quatre épreuves dans la compétition de patinage de vitesse[27].
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+ N'ayant pas pu accueillir les Jeux en 1944, la ville de Cortina d'Ampezzo est sélectionnée pour organiser les Jeux olympiques d'hiver de 1956. Lors de la cérémonie d'ouverture, le dernier relayeur de la torche, Guido Caroli, entre dans le stade olympique sur des patins à glace. Alors qu'il patine dans le stade, son patin se prend dans un câble et il tombe, éteignant presque la flamme. Il est quand même capable de se relever et d'allumer la vasque[28]. Ce sont les premiers Jeux d'hiver à être télévisés, même si les droits de télévision ne sont vendus qu'à partir des Jeux olympiques d'hiver de 1960 à Squaw Valley[29]. Les Jeux de Cortina sont utilisés pour tester la faisabilité de la retransmission télévisée des grands évènements sportifs[30]. L'Union soviétique fait ses débuts olympiques et a un impact immédiat sur les Jeux, puisqu'elle gagne plus de médailles que les autres nations[31]. Le skieur alpin Chiharu Igaya remporte la première médaille aux Jeux d'hiver pour le Japon et l'Asie en se plaçant à la seconde place du slalom[32].
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+ Le CIO attribue les Jeux de 1960 à Squaw Valley, aux États-Unis. Étant donné le sous-développement de la station, il y a une ruée pour construire des infrastructures et des installations sportives dont une patinoire, une piste pour le patinage de vitesse et un tremplin de saut à ski[33],[34]. Les cérémonies d'ouverture et de clôture sont produites par Walt Disney[35]. Les Jeux de Squaw Valley ont un certain nombre de premières notables : ce sont les premiers Jeux à avoir un village olympique dédié ; c'est la première fois qu'un ordinateur est utilisé (avec la permission d'IBM) pour compiler les résultats ; et c'est la première fois qu'il y a des épreuves féminines de patinage de vitesse. Les épreuves de bobsleigh sont absentes pour la première et unique fois de l'histoire des Jeux d'hiver, car le comité d'organisation juge trop élevé le coût de construction d'une piste de bobsleigh[35].
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+ La ville autrichienne d'Innsbruck est l'hôte des Jeux d'hiver en 1964. Même s'il s'agit d'une traditionnelle station de sports d'hiver, le beau temps cause une absence de neige durant les Jeux et l'armée autrichienne est demandée pour transporter de la neige et de la glace vers les sites sportifs[35]. La Soviétique Lidia Skoblikova marque l'histoire en remportant les quatre épreuves de patinage de vitesse. Son total de six médailles d'or pendant sa carrière établit un record pour les athlètes des Jeux d'hiver[35]. La luge est pour la première fois présente en 1964, bien que ce sport reçoive une mauvaise publicité quand un concurrent décède lors d'une course d'entraînement pré-olympique[36],[37].
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+ Ayant lieu dans la ville française de Grenoble, les Jeux olympiques d'hiver de 1968 sont les premiers Jeux olympiques à être diffusés en couleur à travers le monde depuis le Stade olympique de Grenoble. 37 nations et 1 158 athlètes concourent dans 35 épreuves[38]. Après l'Autrichien Toni Sailer en 1956[39], le Français Jean-Claude Killy devient le deuxième à remporter toutes les épreuves masculines de ski alpin d'une édition des Jeux. Le comité d'organisation vend les droits de télévision pour 2 millions de dollars, soit plus du double que pour les Jeux d'Innsbruck[40]. Les sites, répartis sur de longues distances, nécessitent trois villages des athlètes. Les organisateurs prétendent que c'est obligatoire pour s'adapter aux progrès technologiques. Les critiques contestent ceci en alléguant que cette disposition est nécessaire pour fournir les meilleurs sites possibles aux chaînes de télévision, au détriment des athlètes[40]. Ces jeux sont également l'occasion de voir l'utilisation des premiers tests de féminité sur des athlètes olympiques[41], ainsi que l'apparition de la première mascotte non officielle de l'histoire des Jeux olympiques, Schuss le skieur[42].
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+ Les Jeux d'hiver de 1972, qui ont lieu à Sapporo au Japon, sont les premiers à être organisés en dehors de l'Amérique du Nord et de l'Europe. La question du professionnalisme est devenue litigieuse durant les Jeux de Sapporo. Trois jours avant les Jeux, le président du CIO Avery Brundage menace d'interdire à un certain nombre de skieurs alpins de participer parce qu'ils ont pris part à un camp de ski à Mammoth Mountain aux États-Unis. Brundage estime en effet que les skieurs ont profité financièrement de leur statut d'athlète et n'étaient donc plus amateurs[43]. Finalement, seul l'Autrichien Karl Schranz, qui gagne plus d'argent que tous les autres skieurs, n'est pas autorisé à concourir[44]. Le Canada n'envoie pas d'équipes aux tournois de hockey sur glace en 1972 et en 1976 pour protester contre l'interdiction d'utiliser des joueurs de leurs ligues professionnelles, alors que les Soviétiques sont autorisés à le faire[45]. Le skieur Francisco Ochoa devient le seul espagnol à remporter une médaille d'or aux Jeux d'hiver en triomphant dans le slalom[46].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 1976 sont décernés à Denver aux États-Unis, mais en 1972, les électeurs de la ville adoptent un référendum pour refuser d'accueillir les Jeux[47]. La ville d'Innsbruck, qui avait conservé les infrastructures des Jeux de 1964, est choisie pour remplacer Denver[48]. Deux flammes olympiques sont allumées, car c'est la seconde fois que la ville autrichienne accueille les Jeux[48]. Les Jeux de 1976 comprennent la première piste de bobsleigh et de luge combinée près d'Igls[46]. L'Union soviétique remporte sa quatrième médaille d'or consécutive en hockey sur glace[48]. C'est aussi lors de ces Jeux qu’apparaît la première mascotte officielle aux Jeux d'hiver : le bonhomme de neige Schneemann[49].
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+ En 1980, les Jeux retournent à Lake Placid, qui a déjà accueilli ceux de 1932. Le premier boycott aux Jeux d'hiver survient lors des Jeux de 1980 quand Taïwan refuse de participer après qu'un décret du CIO ait obligé le pays à changer son nom et son hymne national[50]. Le CIO tente de s'adapter à la Chine, qui souhaite participer en utilisant le même nom et le même hymne que Taïwan[50]. Le patineur de vitesse américain Eric Heiden bat un record du monde ou olympique lors de chacune des cinq épreuves auxquelles il participe[51]. Hanni Wenzel remporte le slalom et le slalom géant et son pays, le Liechtenstein, devient la plus petite nation à avoir un ou une médaillé d'or olympique[15]. Lors du « Miracle sur glace », l'équipe américaine de hockey sur glace bat les favoris soviétiques et remporte par la suite la médaille d'or[52].
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+ Les villes de Sapporo, au Japon, et de Göteborg, en Suède, sont favorites pour accueillir les Jeux olympiques d'hiver de 1984. C'est donc une surprise quand celle de Sarajevo, en Yougoslavie, est sélectionnée pour être l'hôte des Jeux[53]. Ces Jeux sont bien organisés et ne montrent aucune indication de la guerre qui allait bientôt embraser le pays[54]. Un total de 49 nations et 1 272 athlètes participe à 39 épreuves. La nation hôte, la Yougoslavie, remporte sa première médaille olympique aux Jeux d'hiver quand le skieur alpin Jure Franko gagne l'argent dans le slalom géant. L'autre point fort sportif de ces Jeux est la danse libre des danseurs sur glace britanniques Jayne Torvill et Christopher Dean. Leur interprétation du Boléro de Ravel permet au couple de remporter la médaille d'or après avoir obtenu à l'unanimité des scores parfaits pour l'impression artistique[54].
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+ En 1988, la ville canadienne de Calgary organise les premiers Jeux d'hiver qui s'étendent sur 16 jours[55]. De nouvelles épreuves sont ajoutées en saut à ski et en patinage de vitesse, tandis que les futurs sports olympiques que sont le curling, le patinage de vitesse sur piste courte et le ski acrobatique font leurs apparitions en tant que sports de démonstration. Pour la première fois, les épreuves de patinage de vitesse ont lieu à l'intérieur, dans le Olympic Oval. La patineuse néerlandaise Yvonne van Gennip remporte trois médailles d'or et établit deux records du monde en battant l'équipe est-allemande, favorite dans chaque course[56]. Son total de médailles est égalé par le sauteur à ski finlandais Matti Nykänen, qui remporte les trois épreuves de son sport. Alberto Tomba, skieur italien, fait ses débuts olympiques en remportant le slalom géant et le slalom. L'Est-allemande Christa Rothenburger gagne l'épreuve du 1 000 mètres féminin en patinage de vitesse. Sept mois plus tard, elle remporte une médaille d'argent en cyclisme sur piste lors des Jeux d'été à Séoul pour devenir la première et unique athlète à remporter des médailles lors des Jeux d'hiver et des Jeux d'été la même année[55].
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+ Les Jeux de 1992 sont les derniers à avoir lieu la même année que les Jeux d'été[57]. Ils sont organisés à Albertville, en France, bien que seulement 18 épreuves sur 57 aient lieu dans la ville en elle-même. Les autres épreuves sont réparties dans le reste de la Savoie[57]. Les changements politiques de l'époque se reflètent dans les équipes olympiques qui participent aux Jeux en France : ce sont les premiers à avoir lieu depuis la chute du communisme et le démantèlement du mur de Berlin et l'Allemagne participe comme une nation unie pour la première fois depuis les Jeux de 1964. Aussi, deux des anciennes républiques yougoslaves que sont la Croatie et la Slovénie font leurs débuts comme nations indépendantes, tandis que la plupart des anciennes républiques soviétiques participe encore dans une seule équipe désignée comme l'équipe unifiée, mais les Pays baltes participent comme nation indépendante pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale[58]. À 16 ans, le sauteur à ski finlandais Toni Nieminen marque l'histoire en devenant le plus jeune champion olympique masculin lors des Jeux d'hiver[59]. La skieuse néo-zélandaise Annelise Coberger devient la première médaillée de l'hémisphère sud aux Jeux d'hiver en remportant une médaille d'argent dans le slalom féminin.
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+ En 1986, le CIO décide de séparer les Jeux d'été et d'hiver et les place en alternance durant les années paires. Ce changement entre en vigueur lors des Jeux de 1994, organisés à Lillehammer en Norvège, qui deviennent les premiers Jeux d'hiver à avoir lieu séparément des Jeux d'été[60]. Après la division de la Tchécoslovaquie en 1993, la République tchèque et la Slovaquie font leurs débuts olympiques[61]. La compétition féminine de patinage artistique retient l'attention des médias quand la patineuse américaine Nancy Kerrigan est blessée le 6 janvier 1994 lors d'une agression organisée par l'ex-mari de son adversaire Tonya Harding[62]. Les deux patineuses participent aux Jeux mais la médaille d'or est remportée par Oksana Baiul. Elle devient la première championne olympique ukrainienne[63],[64]. Le patineur de vitesse norvégien Johann Olav Koss remporte trois médailles d'or et établit deux records olympiques et un record du monde[65].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 1998 ont lieu dans la ville japonaise de Nagano et sont les premiers Jeux à accueillir plus de 2 000 athlètes[66]. Le tournoi masculin de hockey sur glace est ouvert aux professionnels pour la première fois. Le Canada et les États-Unis, avec leurs nombreux joueurs de la LNH, sont les favoris[66]. Pour la première fois de son histoire, la République tchèque domine la compétition et le pays remporte sa première médaille d'or aux Jeux d'hiver[66]. Le hockey sur glace féminin fait ses débuts et les États-Unis remportent la médaille d'or[67]. Le Norvégien Bjørn Dæhlie remporte trois médailles d'or en ski de fond. Il devient l'athlète le plus décoré de l'histoire des Jeux d'hiver avec douze médailles, dont huit en or[66]. Le skieur alpin autrichien Hermann Maier chute pendant la descente et remporte ensuite le super G et le slalom géant[66]. Une vague de records du monde est battue en patinage de vitesse grâce à l'introduction des patins clap[68].
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+ Les 19e Jeux olympiques d'hiver ont lieu à Salt Lake City aux États-Unis et accueillent 2 399 athlètes de 77 nations qui participent à 78 épreuves réparties en 7 sports[69]. L'Allemand Georg Hackl remporte une médaille d'argent en luge, devenant le premier athlète dans l'histoire olympique à remporter des médailles dans la même épreuve individuelle lors de cinq éditions consécutives des Jeux[69]. Le Canada réalise un doublé sans précédent en remportant les médailles d'or des compétitions masculines et féminines en hockey sur glace[69]. Ce pays se brouille avec la Russie lors d'une controverse qui implique le jugement de la compétition de patinage artistique en couple. La paire russe composée de Yelena Berezhnaya et Anton Sikharulidze concourt contre les Canadiens Jamie Salé et David Pelletier pour la médaille d'or. Les Canadiens semblent avoir suffisamment bien patiné pour gagner la compétition, mais les Russes remportent l'or. Les juges votent selon les zones de la Guerre froide : ceux des anciens pays communistes préfèrent la paire russe et ceux des nations démocratiques votent pour les Canadiens. La seule exception est la juge française Marie-Reine Le Gougne qui décerne l'or aux Russes. Une enquête révèle qu'elle a subi des pressions pour donner l'or à la paire russe quelle que soit la façon dont ils patinent ; en retour, la juge russe donnerait des notes favorables aux participants français dans la compétition de danse sur glace[70]. Le CIO décide de décerner aux deux paires la médaille d'or lors d'une seconde cérémonie de médaille qui a eu lieu plus tard dans les Jeux[71]. L'Australien Steven Bradbury devient le premier médaillé d'or de l'hémisphère sud en remportant l'épreuve du 1 000 mètres en patinage de vitesse sur piste courte[72].
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+ La ville italienne de Turin organise les Jeux olympiques d'hiver de 2006. C'est la seconde fois que l'Italie organise les Jeux olympiques d'hiver, après ceux de 1956. Les athlètes sud-coréens remportent 10 médailles dont 6 en or dans les épreuves de patinage de vitesse sur piste courte. Jin Sun-yu gagne trois médailles d'or tandis que son coéquipier Ahn Hyun-soo obtient trois médailles d'or et une de bronze[73]. Dans le sprint féminin par équipe en ski de fond, la Canadienne Sara Renner casse un de ses bâtons, et en la voyant affronter cette situation, l'entraîneur norvégien Bjørnar Håkensmoen décide de lui en prêter un. Grâce à cette aide, elle peut aider son équipe à gagner une médaille d'argent dans cette épreuve au détriment de l'équipe norvégienne, qui termine à la quatrième place[73],[74]. L'Allemande Claudia Pechstein devient la première patineuse de vitesse à remporter neuf médailles dans sa carrière[73]. En février 2009, Pechstein est testée positive pour une « manipulation du sang » et reçoit une suspension de deux ans, dont elle fait appel. Le tribunal arbitral du sport confirme cette suspension, mais un tribunal suisse juge qu'elle peut concourir pour une place dans l'équipe olympique allemande de 2010[75]. Cette décision est portée devant le tribunal fédéral suisse, qui infirme la décision du tribunal de première instance et l'empêche de participer à Vancouver[76].
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+ En 2003, le CIO décerne les Jeux olympiques d'hiver de 2010 à Vancouver, permettant ainsi au Canada d'accueillir ses seconds Jeux olympiques d'hiver après ceux de 1988. Avec une population de plus de 2,5 millions de personnes, c'est la plus grande agglomération à organiser les Jeux d'hiver[77]. Plus de 80 pays et 2 500 athlètes participent à 86 épreuves[78]. Le décès du lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili lors d'un entraînement le jour de la cérémonie d'ouverture endeuille les Jeux. Son décès force les officiels du Centre des sports de glisse de Whistler à changer la piste pour la rendre plus sûre[79]. La Norvégienne Marit Bjørgen remporte cinq médailles au cours des six épreuves féminines de ski de fond. Elle finit les Jeux avec trois médailles d'or, une d'argent et une de bronze[80]. Les Jeux de Vancouver sont marqués par les mauvaises performances des athlètes russes. De leurs premiers Jeux d'hiver en 1956 aux Jeux de 2006, une délégation soviétique ou russe n'avait jamais été en dehors du top cinq du tableau des médailles. En 2010, ils finissent à la sixième place du classement du total des médailles et à la onzième place de celui des médailles d'or. Le président Dmitri Medvedev appelle à la démission des responsables sportifs de haut niveau immédiatement après les Jeux[81]. Le succès des pays asiatiques est en contraste frappant avec les mauvais résultats des athlètes russes. Vancouver marque un point culminant des médailles remportées par ces pays. En 1992, ils remportent quinze médailles, dont trois en or. À Vancouver, le nombre de médailles décernées aux athlètes asiatiques passe à trente-et-un, dont onze en or. La montée des nations asiatiques dans les sports des Jeux d'hiver est due en partie au développement des programmes de sports d'hiver et à l'intérêt pour ces sports dans des pays comme la Corée du Sud, le Japon ou la Chine[82],[83].
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+ Le choix de la ville hôte des Jeux olympiques d'hiver de 2014 est fait le 4 juillet 2007. Sotchi, en Russie, est élue devant les deux autres finalistes : Salzbourg en Autriche et PyeongChang en Corée du Sud. C'est la première fois que la Russie organise les Jeux olympiques d'hiver[84]. Ces Jeux sont les plus chers de l'histoire, été et hiver confondus : ils coûtent environ 50 milliards de dollars américains, soit huit fois plus que ceux de Vancouver quatre ans plus tôt. La majorité des sites et des infrastructures doivent en effet être construits à l'occasion des Jeux, la région étant très peu développée auparavant[85]. Le village olympique et le stade olympique sont situés sur la côte de la mer Noire alors que tous les sites de montagne sont à 50 kilomètres de Sotchi, dans la région montagneuse connue sous le nom de Krasnaïa Poliana[84]. Au niveau sportif, les Jeux de Sotchi sont marqués par la domination historique des Pays-Bas en patinage de vitesse. Les patineurs néerlandais remportent en effet 23 médailles sur 36 possibles, un record, et réalisent quatre triplés[86]. Le biathlète norvégien Ole Einar Bjørndalen, double médaillé d'or à Sotchi, porte son total à treize médailles olympiques dont huit d'or. Il devient ainsi l'athlète le plus médaillé de l'histoire des Jeux d'hiver en dépassant les douze médailles de son compatriote fondeur Bjørn Dæhlie[87]. Ahn Hyun-soo, appelé Viktor Ahn depuis qu'il représente la Russie après avoir été mis à l'écart par la fédération sud-coréenne, répète sa performance de 2006. Il remporte à nouveau quatre médailles dont trois d'or lors des épreuves de patinage de vitesse sur piste courte[88].
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+ Le 6 juillet 2011, PyeongChang en Corée du Sud est préférée à Munich (Allemagne) et Annecy (France) pour accueillir les Jeux olympiques d'hiver de 2018. C'est la première fois que le pays organise les Jeux d'hiver, et la deuxième fois que les Jeux olympiques y ont lieu après les Jeux d'été de 1988 à Séoul[89]. Le stade olympique et certains des sites de compétitions se trouvent dans la station d'Alpensia, alors que d'autres épreuves ont lieu dans la ville côtière de Gangneung. Malgré des relations tendues avec le Sud, la Corée du Nord accepte de participer aux Jeux, de défiler avec la Corée du Sud lors de la cérémonie d'ouverture et de présenter une équipe unifiée au tournoi féminin de hockey sur glace[90]. Les mois menant aux Jeux sont également marqués par le scandale du dopage organisé en Russie. Le Comité international olympique suspend le Comité olympique russe de ces Jeux ; des athlètes russes individuels, qui se sont qualifiés et ont pu démontrer qu'ils ont respecté les règles en matière de dopage, peuvent cependant participer aux Jeux en tant qu'« Athlètes olympiques de Russie » (OAR)[91]. Plusieurs épreuves font leur apparition aux Jeux olympiques : le big air en snowboard, le double mixte en curling, le mass start en patinage de vitesse et le slalom parallèle par équipes en ski alpin[92]. Les Pays-Bas dominent à nouveau les épreuves de patinage de vitesse : ils remportent sept des dix médailles individuelles. La Norvège est la meilleure nation en ski de fond ; Marit Bjørgen gagne cinq médailles et porte son total à quinze, ce qui est un record pour les Jeux d'hiver. Le Japonais Noriaki Kasai devient quant à lui le premier athlète à participer à huit éditions des Jeux d'hiver et la Tchèque Ester Ledecká, championne olympique en ski alpin et en snowboard, est la première femme à remporter des médailles dans deux disciplines différentes lors des mêmes Jeux d'hiver. La Norvège domine le classement final avec 39 médailles, ce qui est un record pour les Jeux d'hiver, devant l'Allemagne et le Canada. La Corée du Sud bat son record des Jeux d'hiver en remportant 17 médailles[93],[94].
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+ Le 31 juillet 2015, l'organisation des Jeux d'hiver de 2022 est attribuée à Pékin lors de la 128e session du Comité international olympique. La seule autre ville candidate était Almaty au Kazakhstan. Pékin deviendra la première à accueillir les Jeux d'été et les Jeux d'hiver[95]. Milan et Cortina d'Ampezzo sont choisies pour organiser les Jeux olympiques d'hiver de 2026 le 24 juin 2019 à Lausanne, lors de la 134e session du Comité international olympique. La seule autre candidature était celle de Stockholm et Åre en Suède.
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+ Le processus d'attribution des Jeux à une ville est scruté après que Salt Lake City a reçu le droit d'accueillir les Jeux de 2002[96]. Peu après l'annonce de la ville hôte, il est découvert que les organisateurs sont engagés dans un schéma de corruption élaboré pour s'attirer les faveurs des responsables du CIO[96]. Des cadeaux et d'autres considérations financières sont donnés à ceux qui évaluent et votent pour la candidature de Salt Lake City. Ces cadeaux incluent un traitement médical pour des proches, une bourse d'études pour le fils d'un membre et une transaction foncière dans l'Utah. Même le président du CIO Juan Antonio Samaranch reçoit deux fusils évalués à 2 000 dollars. Samaranch défend ce cadeau comme sans importance puisque, en tant que président, il est un membre non-votant[97]. L'enquête subséquente révèle des incohérences dans les candidatures pour chaque Jeux (été et hiver) depuis 1988[98]. Par exemple, les cadeaux reçus par les membres du CIO de la part du comité d'organisation japonais lors de la candidature de Nagano pour les Jeux olympiques d'hiver de 1998 sont décrits par la commission d'enquête comme « astronomiques »[99]. Bien que rien de strictement illégal n'ait été fait, le CIO craint que les sponsors perdent foi en l'intégrité du processus et que la marque olympique soit ternie au point que les annonceurs commencent à retirer leur soutien[100]. L'enquête aboutit à l’expulsion de 10 membres du CIO et à la sanction de 10 autres. De nouveaux termes et des limites d'âge sont établis pour les membres du CIO et 15 anciens athlètes olympiques sont ajoutés au comité. Des règles plus strictes pour les futures candidatures sont imposées, avec des plafonds sur la valeur des cadeaux que les membres du CIO pourraient accepter des villes candidates[101],[102],[103].
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+ En 1967, le CIO commence à adopter des protocoles de dépistage des produits dopants. Il commence par effectuer des tests au hasard sur des athlètes lors des Jeux olympiques d'hiver de 1968[104]. Le premier athlète des Jeux d'hiver à être testé positif pour une substance interdite est Alois Schloder, un joueur de hockey ouest-allemand[105], mais son équipe est toujours autorisée à concourir[106]. Durant les années 1970, les tests en dehors des compétitions sont intensifiés, car ils dissuadent les athlètes d'utiliser des produits dopants[107]. Le problème des tests effectués à cette époque est le manque de standardisation des procédures, qui porte atteinte à leur crédibilité. Il faut attendre la fin des années 1980 pour que les fédérations sportives internationales commencent à coordonner leurs efforts pour standardiser les protocoles de dépistage des produits dopants[108]. Le CIO prend les devants dans la lutte contre les stéroïdes lorsqu'il crée une Agence mondiale antidopage (AMA) indépendante en novembre 1999[109],[110]. Cette lutte anti-dopage se ressent dès les Jeux de 2002 à Salt Lake City où le fondeur espagnol Johann Mühlegg et la fondeuse russe Larisa Lazutina, tous deux multi-médaillés, sont exclus des Jeux et par la suite, perdent leurs médailles en raison de tests anti-dopage positifs[111].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 2006 à Turin deviennent notables par un scandale impliquant une tendance émergente du dopage sanguin, l'utilisation de transfusions sanguines ou d'hormones synthétiques comme l'érythropoïétine (EPO) pour améliorer le flux d'oxygène et donc de réduire la fatigue[112]. La police italienne effectue une descente dans la résidence de l'équipe de ski de fond autrichienne pendant les Jeux où ils saisissent des échantillons et des équipements pour le dopage sanguin[113]. Cet évènement suit la suspension avant les Jeux olympiques de 12 fondeurs testés à des niveaux inhabituellement élevés d'hémoglobine, ce qui témoigne d'un dopage sanguin[112].
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+ En novembre et décembre 2017, à la suite de la mise au jour du système institutionnel de dopage en Russie s'étalant de 2011 à 2015 et concernant plus particulièrement les Jeux olympiques d'hiver de 2014 s’étant déroulés à Sotchi en Russie, le Comité international olympique disqualifie quarante-trois sportifs de l'équipe russe ayant concouru à Sotchi et lui retire treize médailles dont quatre en or (chiffres au 11 janvier 2018). Autre conséquence directe, le Comité olympique russe, et donc la Russie en tant que nation participante, est suspendu des Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang 2018, ses athlètes étant toutefois autorisés à y participer sous drapeau olympique et sous certaines conditions[91].
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+ Avery Brundage, en tant que président du CIO entre 1952 et 1972, rejette toutes les tentatives de lier les Jeux olympiques à des intérêts commerciaux, car il estime que le mouvement olympique doit être complètement séparé de l'influence financière[114]. Les Jeux olympiques d'hiver de 1960 marquent le début du sponsoring des Jeux par des entreprises[114]. Malgré une résistance ardue de Brundage, la commercialisation des Jeux durant les années 1960 et les revenus générés par le sponsoring des entreprises grossissent les coffres du CIO[115]. Lors des Jeux de Grenoble, Brundage devient tellement préoccupé par la direction des Jeux olympiques d'hiver vers la commercialisation que si elle ne pouvait pas être corrigée, il sentait que les Jeux olympiques d'hiver devraient être abolis[116]. Sa résistance à cette source de revenus signifie que le CIO est incapable de gagner une part de la manne financière qui provient des villes hôtes et n'a aucun contrôle sur la structuration des contrats de sponsoring. Lorsque Brundage part à la retraite, le CIO a 2 millions de dollars en actifs tandis que huit années plus tard, ses comptes passent à 45 millions de dollars. Cela est dû à un changement d'idéologie chez les membres du CIO pour l'expansion des Jeux grâce au sponsoring des sociétés et la vente des droits de télévision[114].
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+ Les préoccupations de Brundage s'avèrent prophétiques. Le CIO facture de plus en plus les droits de télévision à chaque Jeux successifs. De 50 000 dollars payés par le diffuseur américain CBS en 1960[117], les droits de diffusion totaux passent à 940 000 dollars en 1964, 20,73 millions en 1980, 102,68 millions en 1984 et 324,9 millions en 1988. Les recettes sont de 513,49 millions en 1998, de 738 millions en 2002 et de 831 millions en 2006[118]. La diffusion des Jeux de Vancouver en 2010 coûte à NBC 820 millions de dollars[119]. La part des droits pour les États-Unis varie d'environ 80 % du total dans les années 1980 à environ 50 % en 2010. Ces revenus sont destinés actuellement à 49 % au comité d'organisation des Jeux et à 51 % au CIO, au comités nationaux et aux fédérations sportives internationales[118]. Plus les chaînes de télévision paient pour diffuser les Jeux, plus grand est leur pouvoir de persuasion avec le CIO[117],[120]. Par exemple, le lobby de la télévision influence le programme olympique en dictant quand les finales des épreuves doivent avoir lieu afin qu'elles soient diffusées en première partie de soirée pour les téléspectateurs. Il fait pression sur le CIO pour inclure de nouvelles épreuves, comme le snowboard, pour attirer un public plus important devant la télévision. Cela stimule les audiences, qui étaient en lente diminution jusqu'aux Jeux de 2010[121],[122].
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+ En 1986, le CIO décide d'échelonner les Jeux d'hiver et d'été. Au lieu de se tenir dans la même année civile, le comité décide de les alterner tous les deux ans, bien que les Jeux d'hiver et d'été aient encore lieu sur un cycle de quatre ans[123]. Il est décidé que 1992 serait la dernière année durant laquelle se déroulent les Jeux olympiques d'été et d'hiver[60]. Il y a deux raisons à ce changement : la première est le désir du lobby de la télévision de maximiser les recettes publicitaires, car il est difficile de vendre du temps publicitaire pour deux Jeux dans la même année[123] ; la seconde est le désir du CIO de gagner plus de contrôle sur les revenus générés par les Jeux. Il est décidé qu'avec l'échelonnement des Jeux, il serait plus facile pour les sociétés de sponsoriser chaque édition des Jeux olympiques, ce qui permettrait de maximiser les revenus potentiels. Le CIO cherche à négocier directement les contrats de sponsoring afin qu'il ait plus de contrôle sur la « marque » olympique[124]. Les premiers Jeux olympiques d'hiver à être organisés dans ce nouveau format sont les Jeux de 1994 à Lillehammer[57].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver sont une façade idéologique pendant la Guerre froide à partir de la première participation de l'Union soviétique, lors des Jeux d'hiver de 1956. Il ne faut pas longtemps pour que les combattants de la Guerre froide découvrent que les Jeux olympiques pourraient être un outil de propagande puissant. Les politiques soviétiques et américains utilisent les Jeux comme une occasion de prouver la supériorité de leurs systèmes politiques respectifs[125]. Les athlètes soviétiques qui réussissent sont fêtés et honorés. Irina Rodnina, triple championne olympique en patinage artistique, se voit décerner l'Ordre de Lénine après sa victoire aux Jeux olympiques d'hiver de 1976 à Innsbruck[126]. Les athlètes soviétiques qui remportent des médailles d'or peuvent s'attendre à recevoir entre 4 000 et 8 000 dollars selon le prestige de leur sport. Un record du monde vaut une somme supplémentaire de 1 500 dollars[127]. En 1978, le congrès américain réagit à ces mesures en adoptant une loi qui réorganise l'United States Olympic Committee. Il approuve également des récompenses financières aux athlètes médaillés[128].
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+ La Guerre froide crée des tensions entre les pays alliés des deux superpuissances. Les relations tendues entre l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est créent une situation politique difficile pour le CIO. À cause de son rôle dans la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne n'est pas admise à concourir aux Jeux olympiques d'hiver de 1948[22]. En 1950, le CIO reconnaît le comité olympique ouest-allemand[129] et invite l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est à participer dans une équipe unifiée aux Jeux olympiques d'hiver de 1952. L'Allemagne de l'Est décline l'invitation et cherche plutôt une légitimé internationale distincte de l'Allemagne de l'Ouest[130]. En 1955, l'Union soviétique reconnaît l'Allemagne de l'Est comme un État souverain, donnant ainsi plus de crédibilité à la campagne de ce pays pour devenir un participant indépendant aux Jeux. Le CIO accepte de tolérer provisoirement le comité national olympique est-allemand à la condition que l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest participent dans une seule équipe : l'équipe unifiée d'Allemagne[131]. La situation devient fragile quand le Mur de Berlin est construit en 1962 et les nations occidentales commencent à refuser les visas des athlètes est-allemands[132]. Le compromis précaire d'une équipe unifiée continue jusqu'aux Jeux de Grenoble en 1968, quand le CIO divise officiellement les équipes et menace de rejeter les candidatures de villes des pays qui refusent des visas d'entrée pour les athlètes est-allemands[133].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver ne subissent qu'un seul boycott d'une équipe nationale quand Taïwan décide de ne pas participer aux Jeux olympiques d'hiver de 1980, qui ont lieu à Lake Placid. Avant les Jeux, le CIO accepte que la Chine participe aux Jeux olympiques pour la première fois depuis 1952. La Chine reçoit l'autorisation de participer en tant que « République populaire de Chine » (RPC) et d'utiliser le drapeau et l'hymne de la RPC. Jusqu'en 1980, l'île de Taïwan concourait sous le nom « République de Chine » (RDC) en utilisant le drapeau et l'hymne de la RDC[50]. Le CIO tente de faire participer les deux pays ensemble, mais quand cela s'avère impossible, il demande que Taïwan cesse de s'appeler la « République de Chine »[134],[135]. Le CIO renomme l'île Taipei chinois et exige qu'elle adopte un drapeau et un hymne différents ; des dispositions que Taïwan n'accepte pas. Malgré de nombreux appels et audiences, la décision du CIO reste inchangée. Quand les athlètes taïwanais arrivent au village olympique avec les cartes d'identité de la République de Chine, ils ne sont pas admis. Ils quittent ensuite les Jeux olympiques en signe de protestation juste avant la cérémonie d'ouverture[50]. Taïwan retourne dans la compétition olympique lors des Jeux d'hiver de 1984 à Sarajevo en tant que Taipei chinois. Le pays accepte de concourir sous un drapeau portant l'emblème de leur comité national olympique et de jouer l'hymne de leur CNO si l'un de leurs athlètes remporte une médaille d'or. L'accord est toujours en vigueur à ce jour[136].
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+ Selon le CIO, la ville hôte est chargée d'« ... établir les fonctions et services pour tous les aspects des Jeux (planification des sports, sites, finances, technologie, hébergement, restauration, services aux médias, etc.), ainsi que les opérations durant les Jeux[137]. » En raison du coût de l'organisation des Jeux olympiques, la plupart des villes hôtes ne réalisent jamais de profit sur leur investissement[138]. Ce phénomène est connu sous le nom de la « malédiction du vainqueur ». Pendant la phase de sélection de la ville hôte, les villes ont tendance à surestimer la « valeur » des Jeux, c'est-à-dire ce que les Jeux rapportent. Elles prévoient de plus en plus d'investissements et surenchérissent. Le phénomène est caractérisé par des coûts plus élevés que les recettes, une augmentation du budget, en partie dû à l'inflation, à mesure que les Jeux approchent, des subventions publiques supplémentaires et un nombre de visiteurs étrangers moins élevé que prévu[139].
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+ En 1924, un budget commun est établi pour les Jeux d'été à Paris et les Jeux d'hiver à Chamonix. Sur un budget total d'environ 15,5 millions de francs français, les subventions pour les Jeux d'hiver représentent environ 500 000 francs[140]. Lors des Jeux de 1928 à Saint-Moritz, en Suisse, les dépenses sont de 706 000 francs suisses, dont la moitié pour les équipements sportifs. Les Jeux se terminent avec un solde négatif de 104 800 francs à la charge de la commune de Saint-Moritz et du club de ski Alpina St. Moritz[141]. Les Jeux olympiques d'hiver de 1932, à Lake Placid, coûtent environ 1,2 million de dollars américains, dont plus de la moitié sont des subventions de l'État de New York[142]. En 1952, la ville d'Oslo finance entièrement les Jeux[143]. Les dépenses sont de 11 663 000 couronnes norvégiennes pour les sites olympiques[144] et 2 688 000 couronnes pour le reste[145]. Le solde positif de 1 494 000 couronnes est reversé en majeure partie à la ville d'Oslo, ainsi qu'au comité national olympique norvégien[145]. Les Jeux de 1968, à Grenoble, coûtent 1,1 milliard de francs, dont les trois quarts sont financés par l'État français[146]. Les Jeux de 1980 coûtent 179 millions de dollars, et ceux de 1984 coûtent 200 millions de dollars[147]. Les Jeux de 1992, à Albertville, en France, coûtent 4,2 milliards de francs (640 millions d'euros), et se terminent avec un déficit de 280 millions de francs (42,7 millions d'euros)[148]. L'organisation des Jeux olympiques d'hiver de 1998 à Nagano au Japon coûte 12,5 milliards de dollars, alors qu'en comparaison celle des Jeux de Turin de 2006 coûte seulement 3,6 milliards de dollars[149]. Les organisateurs affirment que le coût de l'expansion du service de train à grande vitesse entre Tokyo et Nagano est responsable du prix élevé à payer[149]. Le comité organisateur espère que l'exposition des Jeux Olympiques et l'accès rapide de Nagano à Tokyo soit une aubaine pour l'économie locale pendant des années. L'économie de Nagano connaît une stimulation pendant les deux années suivant les Jeux, mais les effets à long terme ne se concrétisent pas[149]. Les Jeux de 2010 coûtent 1,88 milliard de dollars canadiens, et le budget est respecté grâce aux subventions de la province de Colombie-Britannique et de l'État canadien[150]. Les Jeux de 2014, organisés à Sotchi en Russie, coûtent 50 milliards de dollars américains. Ce sont les Jeux olympiques les plus chers de l'histoire, été et hiver confondus[85].
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+ La possibilité d'une lourde dette, couplée avec des sites sportifs et des infrastructures inutilisés qui encombrent la collectivité locale avec des coûts d'entretien et aucune valeur pratique post-olympique, est un élément dissuasif pour les villes hôtes potentielles[151].Afin d'atténuer ces préoccupations, le CIO adopte plusieurs initiatives. D'abord, il accepte de financer une partie du budget de la ville hôte pour la tenue des Jeux[152]. Deuxièmement, il limite les pays hôtes admissibles à ceux qui ont les ressources et les infrastructures nécessaires pour accueillir avec succès les Jeux olympiques sans nuire à la région ou la nation. Cela élimine une grande partie du monde en développement[153]. Enfin, les villes candidates pour organiser les Jeux doivent ajouter un « plan d'héritage » à leur proposition. Cela nécessite des villes hôtes potentielles et du CIO de planifier les Jeux avec en vue l'impact économique à long terme et environnemental qu'aura leur organisation dans la région[154].
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+ Les premiers Jeux d'hiver à être télévisés sont ceux de Jeux olympiques d'hiver de 1956, à Cortina d'Ampezzo, et des droits de diffusion sont vendus dès 1960. En 1994, les Jeux sont diffusés dans plus de 120 pays et territoires et pour la première fois en Afrique. Ce nombre monte à 180 pays et territoires en 1998. L'évènement est télévisé pour la première fois en Australie. 2,1 milliards de téléspectateurs de 160 pays regardent les Jeux de 2002. 1 000 heures de diffusion en direct sont proposées lors des Jeux de 2006. Pour la première fois, on peut suivre les Jeux en haute définition. Le nombre de téléspectateurs en 2010 est d'environ 1,8 milliard[155]. Les Jeux sont alors diffusés dans plus de 220 pays et territoires par 235 diffuseurs et chaînes de télévision[156].
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+ Le montant acquitté par les réseaux de télévisions américaines, s'il demeure moins élevé que pour les jeux olympiques d'été, constitue une source importante de revenus pour la compétition. La première diffusion date de 1960 : CBS avait diffusé quelques extraits des Jeux olympiques de Squaw Valley aux États-Unis. La chaîne s'était acquitté de droits dérisoires s'élevant à 50 000 $[157]. La popularité des jeux olympiques d'hiver à la télévision américaine commence à s'étendre à partir des Jeux olympiques de Grenoble en 1968 grâce à l'importante couverture réalisée par le réseau ABC. Les droits télévisés des jeux olympiques d'hiver explosent à l'occasion de Jeux de Calgary au Canada en 1988. Propulsés par une diffusion horaire favorable aux États-Unis, les droits acquittés par ABC sont multipliés par trois par rapport aux Jeux de 1984 qui se tenaient à Sarajevo. Les deux éditions suivantes qui se tiennent en Europe sont diffusées par CBS, les droits restent sous la barre des 300 millions d'euros et CBS parvient même à atteindre l'équilibre budgétaire pour les Jeux d'Albertville en 1992[159]. L'inflation des droits de diffusion explose au cours des années 2000-2010 avec deux éditions organisées en Amérique du Nord (Salt Lake City en 2002 puis Vancouver en 2010). La chaîne NBC est le diffuseur exclusif des Jeux olympiques d'hiver aux États-Unis de façon ininterrompue depuis 2002.
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+ Plusieurs études statistiques sont effectuées sur les critères déterminant le nombre de médailles qu'un pays obtient lors des Jeux d'hiver. Par exemple, une étude de Wade Pfau essaie de prévoir le nombre de médailles par pays aux Jeux olympiques d'hiver de 2006, à Turin. Il utilise des critères tels que la population, le PIB par habitant, le fait d'être la nation hôte ou pas et le nombre de médailles aux Jeux précédents et sépare les pays en cinq groupes : les pays de l'ex-URSS, les pays scandinaves, les pays germaniques (Allemagne et Autriche), les pays alpins (Suisse, Italie et France) et les pays nord-américains. Pfau utilise ces critères pour définir une formule. Sa conclusion est que les meilleurs pays sont l'Allemagne, les États-Unis, la Norvège, l'Italie, l'Autriche et le Canada, avec respectivement 35, 31, 24, 20 19 et 17 médailles. Les résultats des Jeux montrent que les deux meilleurs pays sont effectivement l'Allemagne et les États-Unis, mais avec 29 et 25 médailles. En revanche, les pays suivants sont le Canada, l'Autriche et la Russie, qui obtiennent un meilleur résultat que la prédiction avec 24, 23 et 22 médailles. La Norvège, sixième avec 19 médailles, et l'Italie, dixième avec 11 médailles, réalisent un résultat inférieur aux prédictions[160].
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+ Madeleine Andreff et Wladimir Andreff publient en 2011 une étude tentant de prévoir le nombre de médailles par pays aux Jeux olympiques d'hiver de 2014, à Sotchi. Ils définissent une méthode permettant de prévoir le nombre de médailles pour les Jeux d'été dans 70 % des cas et l'adaptent aux Jeux d'hiver. Ils utilisent, comme Pfau, les critères tels de la population, le produit intérieur brut, le fait d'être la nation hôte ou pas et le nombre de médailles aux Jeux précédents et séparent les pays en plusieurs groupes d'après le nombre de stations de sports d'hiver, la couverture neige du pays et le régime politique (capitaliste ou communiste). En analysant les médailles remportées par les différents pays dans l'histoire, ils déterminent une formule prévoyant le nombre de médailles. Les résultats prévoyaient que les meilleurs pays seraient les États-Unis, l'Allemagne, le Canada, la Russie, le pays hôte, et la Norvège, avec respectivement 36, 28, 27, 24 et 24 médailles[161]. Les résultats montrent que, contrairement à ces prédictions, la Russie est la meilleure nation avec 33 médailles. La Norvège, qui est troisième avec 26 médailles, est également meilleure qu'attendu. Les États-Unis (deuxièmes avec 28 médailles), l'Allemagne (sixième avec 19 médailles) et le Canada (quatrième avec 25 médailles) ont en revanche des moins bons résultats qu'annoncé[162].
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+ L'article 6 du chapitre 1 de l'édition de 2007 de la charte olympique définit les sports d'hiver comme des « sports qui se pratiquent sur la neige ou sur la glace »[163]. Depuis 1992, des nouveaux sports sont ajoutés au programme olympique. Ils incluent le patinage de vitesse sur piste courte, le snowboard et le ski acrobatique. L'ajout de ces épreuves élargit l'attrait des Jeux olympiques d'hiver au-delà de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Tandis que les puissances européennes comme la Norvège ou l'Allemagne dominent toujours les sports traditionnels des Jeux d'hiver, des pays comme la Corée du Sud, l'Australie et le Canada connaissent un franc succès dans les nouveaux sports. Les résultats sont plus de parité dans le tableau des médailles par nation, ont davantage d'intérêt pour les Jeux d'hiver et des audiences mondiales télévisées plus élevées[164].
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+ Note : Sur fond bleu, sont mentionnées les épreuves disputées à l'occasion des Jeux olympiques d'été.
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+ Les sports de démonstration ont toujours été présentés par les pays hôtes pour mettre en lumière un sport populaire local à l'occasion d'une compétition sans médailles. Ils ont été abandonnés après 1992. La patrouille militaire, un précurseur du biathlon, est un sport olympique dès la première édition en 1924, avant de revenir en démonstration en 1928, 1936 et 1948[181]. L'épreuve de figures spéciales en patinage artistique est seulement constatée lors des Jeux olympiques d'été de 1908[182]. Le bandy, sport populaire dans les pays nordiques et en Russie décrit comme du hockey sur glace avec une balle, est en démonstration lors des Jeux d'Oslo en 1952[183]. L'eisstock, variante allemande du curling, est en démonstration en 1936 en Allemagne et en 1964 en Autriche[18]. L'épreuve de ballet, plus tard connue comme l'acroski, est présente en 1988 et en 1992[184]. Le ski joëring, qui consiste en une course de ski derrière des chevaux ou des chiens, est un sport de démonstration à Saint-Moritz en 1928[183]. Une course de chiens de traîneaux a lieu à Lake Placid en 1932[183]. Le ski de vitesse est en démonstration à Albertville lors des Jeux olympiques d'hiver de 1992[185]. Le pentathlon d'hiver, version hivernale du pentathlon moderne, est présent comme épreuve de démonstration lors des Jeux de 1948 en Suisse. Il est composé de ski de fond, de tir, d'une descente à ski, de l'escrime et d'équitation[165]. C'est sa version déclinée et repensée à deux disciplines (ski de fond et tir) combinées en une seule épreuve, le biathlon d'hiver, qui s'imposera quelques années plus tard.
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+ Note : Contrairement aux Jeux olympiques d'été, les Jeux olympiques d'hiver de 1940 et les Jeux olympiques d'hiver de 1944 annulés ne sont pas inclus dans le décompte officiel en chiffres romains des Jeux d'hiver. Tandis que la liste officielle des Jeux d'été compte les olympiades, la liste des Jeux d'hiver ne compte que les Jeux eux-mêmes.
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+ Ce tableau montre la somme des médailles remportées par les dix premières nations aux Jeux d'hiver depuis 1924, d'après le Comité international olympique. Il a été actualisé après les Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang en 2018[194] :
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+ En italique les entités politiques n'existant plus aujourd'hui.
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+ Parmi les 17 405 athlètes (dont 12 862 hommes et 4 543 femmes) qui ont participé aux Jeux d'hiver, 22 ont remporté au moins 8 médailles[194]. Parmi ces 22 athlètes, c'est la Norvégienne Marit Bjørgen, qui en a remporté le plus (15) devant le biathlète Ole Einar Bjørndalen (13) et Bjørn Dæhlie (12), ce trio comptant aussi le plus grand nombre de médailles d'or (8). Ces trois norvégiens sont suivis par la Néerlandaise Ireen Wüst qui compte depuis les Jeux de PyeongChang 2018 11 médailles dont 5 titres, puis par la Soviétique Raisa Smetanina et l'Italienne Stefania Belmondo, toutes deux en ski de fond, avec 10 médailles chacune.
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+ Liste des athlètes ayant gagné au moins huit médailles aux Jeux d'hiver :
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+ Les Jeux olympiques d'hiver sont un événement sportif international organisé tous les quatre ans. La première célébration des les jeux olympiques d’hiver a lieu dans la station française de Chamonix en 1924. Les premiers sports sont le ski de fond, le patinage artistique et de vitesse, le hockey sur glace, le combiné nordique, le saut à ski, le bobsleigh, le curling et la patrouille militaire. Les Jeux olympiques d'hiver ont lieu tous les quatre ans de 1924 à 1936. Ils sont ensuite interrompus par la Seconde Guerre mondiale et ont à nouveau lieu tous les quatre ans dès 1948. Les Jeux d'hiver sont organisés la même année que les Jeux d'été jusqu'en 1992. L'organe de direction des Jeux olympiques, le Comité international olympique (CIO), décide à cette date de placer les Jeux olympiques d'hiver et d'été en alternance sur les années paires d'un cycle de quatre ans.
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+ Les Jeux d'hiver évoluent depuis leur création. De nouvelles disciplines sont ajoutées et certaines d'entre elles, telles que le ski alpin, le biathlon, la luge, le patinage de vitesse sur piste courte, le ski acrobatique et le snowboard, gagnent une place permanente dans le programme olympique et leurs épreuves se multiplient. D'autres, comme le ski de vitesse, le bandy et le ski joëring sont des sports de démonstration lors d'une édition des Jeux, mais ne deviennent pas des sports olympiques officiels. L'essor de la télévision comme le média global de télécommunication améliore le profil des Jeux. Elle crée un flux de revenus via la vente de droits de diffusion et de publicité qui deviennent lucratifs pour le CIO. Cela permet aux entreprises extérieures, comme les chaînes de télévision et les sponsors, d'exercer une influence. Dans l'histoire des Jeux, le CIO doit répondre à plusieurs critiques tels que les scandales internes, l’utilisation de produits dopants par les athlètes ainsi que le boycott politique de la compétition. Pendant la Guerre froide, des nations utilisent les Jeux d'hiver pour montrer la supériorité revendiquée de leurs systèmes politiques.
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+ Depuis 1924, les Jeux d'hiver ont été tenus sur trois continents, mais jamais dans l'hémisphère sud. Les États-Unis les accueillent quatre fois, la France trois fois tandis que l'Autriche, le Canada, l'Italie, le Japon, la Norvège et la Suisse les organisent à deux reprises. En 2014, Sotchi est la première ville russe à accueillir les Jeux d'hiver et en 2018, PyeongChang, en Corée du Sud, est la troisième ville asiatique à les organiser, les Jeux d'hiver restant sur ce continent pour l'édition 2022 à Pékin, qui est la première à organiser des Jeux d'été puis d'hiver.
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+ La Norvège est le pays qui totalise le plus de médailles aux Jeux d'hiver, battant même son record en 2018 avec 39 podiums et 14 titres, pour totaliser 368 médailles dont 132 en or. Ses athlètes, Marit Bjørgen en ski de fond et Ole Einar Bjørndalen en biathlon sont les plus couronnés de tous, avec respectivement 15 et 13 médailles, et huit titres chacun.
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+ Entre la victoire de Charles Jewtraw en patinage de vitesse 500 m le 26 janvier 1924 à Chamonix, premier titre des Jeux d'hiver, et celle de Yuzuru Hanyu le 17 février 2018 dans la compétition de patinage artistique des Jeux de PyeongChang, 1000 médailles d'or ont été attribuées dans la compétition olympique hivernale[1].
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+ La première compétition multi-sports internationale de sports d'hiver est celle des Jeux nordiques, qui ont lieu en Suède en 1901. À l'origine organisés par le général Viktor Gustaf Balck, les Jeux nordiques ont aussi lieu en 1903 et en 1905, puis tous les quatre ans jusqu'en 1926[2]. Balck est un des membres fondateurs du comité international olympique (CIO) et un ami proche du rénovateur des Jeux olympiques Pierre de Coubertin. Il demande que des sports d'hiver, notamment le patinage artistique, soient ajoutés au programme olympique, mais cela échoue jusqu'aux Jeux olympiques d'été de 1908 à Londres au Royaume-Uni, les organisateurs des Jeux nordiques craignant cette concurrence[2]. Quatre épreuves de patinage artistique y sont disputées et Ulrich Salchow (10 fois champion du monde) et Madge Syers remportent les titres individuels[3],[4].
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+ Trois ans plus tard, le comte italien Eugenio Brunetta d'Usseaux propose que le CIO organise une semaine de sports d'hiver, incluse dans les Jeux olympiques d'été de 1912 à Stockholm en Suède. Les organisateurs s'opposent à cette idée car ils désirent protéger l'intégrité des Jeux nordiques et sont préoccupés par le manque d'installations pour les sports d'hiver[5],[6],[7]. L'idée est ressuscitée pour les Jeux de 1916, qui devaient se tenir à Berlin en Allemagne. Une semaine de sports d'hiver incluant du patinage de vitesse, du patinage artistique, du hockey sur glace et du ski nordique est prévue, mais les Jeux de 1916 sont annulés après le déclenchement de la Première Guerre mondiale[6].
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+ Les premiers Jeux après la guerre ont lieu à Anvers en Belgique et comprennent du patinage artistique et un tournoi de hockey sur glace[6]. Lors du congrès du CIO ayant lieu l'année suivante, et avec la contribution au débat du prix Nobel de la Paix Philip J. Noel-Baker[8], il est décidé que la nation organisatrice des Jeux olympiques d'été de 1924, la France, serait l'hôte d'une « semaine internationale des sports d'hiver » séparée, sous le patronage du CIO. Chamonix est choisi pour accueillir cette « semaine » (en réalité 11 jours) d'épreuves. Ces Jeux s'avèrent être un succès, puisque plus de 250 athlètes de 16 nations participent à 16 épreuves et sont suivis par plus de 10 000 spectateurs[9]. Les athlètes finlandais et norvégiens remportent 28 médailles, ce qui représente plus que l'ensemble des autres nations participantes[10]. En 1925, le CIO décide de créer des Jeux olympiques d'hiver séparés et la semaine internationale des sports d'hiver de 1924 est rétroactivement désignée comme les premiers Jeux d'hiver[6],[9].
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+
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+ Saint-Moritz en Suisse est choisi par le CIO pour accueillir les seconds Jeux olympiques d'hiver en 1928[11]. Les conditions météorologiques variables défient les organisateurs. La cérémonie d'ouverture a lieu dans un blizzard, tandis que les températures élevées sont à déplorer pendant toute la durée des Jeux[12]. À cause de la météo, l'épreuve du 10 000 mètres en patinage de vitesse doit être abandonnée et officiellement annulée[13]. Le temps n'est pas le seul aspect remarquable des Jeux de 1928, puisque la Norvégienne Sonja Henie marque l'histoire en remportant la compétition de patinage artistique à l'âge de 15 ans. Elle devient la plus jeune championne olympique de l'histoire, une distinction qu'elle conservera pendant 74 ans[14].
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+
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+ Les Jeux olympiques suivants sont les premiers à être organisés à l'extérieur de l'Europe. 17 nations et 252 athlètes y participent[15]. Il y a moins de participants qu'en 1928 à cause de la longueur du voyage de l'Europe à Lake Placid, aux États-Unis, et de son coût élevé pour la plupart des concurrents, qui a peu d'argent au milieu de la Grande Dépression. Les athlètes concourent dans quatorze épreuves réparties en quatre sports[15]. Il n'y a presque pas de chute de neige durant les deux mois précédant les Jeux jusqu'à la mi-janvier, quand la neige tombe assez pour organiser toutes les épreuves le mois suivant[16]. Sonja Henie défend son titre olympique tandis qu'Edward Eagan, champion olympique de boxe en 1920, remporte l'or dans l'épreuve masculine de bobsleigh pour devenir le premier et l'unique olympien à ce jour à avoir remporté des médailles d'or dans les Jeux olympiques d'hiver et d'été[15].
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+ Les villes allemandes de Garmisch et Partenkirchen s'unissent pour organiser l'édition de 1936, qui a eu lieu du 6 au 16 février[17]. C'est la dernière fois que les Jeux d'été et d'hiver ont lieu la même année dans le même pays. Le ski alpin fait ses débuts olympiques, mais les professeurs de ski sont privés de compétition, car ils sont considérés comme des professionnels[18]. À cause de cette décision, les skieurs suisses et autrichiens refusent de participer aux Jeux[18].
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+
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+ La Seconde Guerre mondiale interrompt la célébration des Jeux olympiques d'hiver. Les Jeux de 1940 sont attribués à Sapporo au Japon, mais la décision est annulée en 1938 à cause de l'invasion japonaise de la Chine. Les Jeux sont déplacés à Garmisch-Partenkirchen, mais l'invasion allemande de la Pologne en 1939, qui précipite le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe, force l'annulation des Jeux de 1940[19]. En raison de la guerre en cours à ce moment-là, les Jeux de 1944, initialement prévus à Cortina d'Ampezzo en Italie, sont aussi annulés[20].
28
+
29
+ Saint-Moritz est sélectionné pour accueillir les premiers Jeux de l'après-guerre en 1948. La neutralité de la Suisse protège la ville durant la Seconde Guerre mondiale et la plupart des sites sont en place depuis les Jeux de 1928, ce qui fait de Saint-Moritz un choix logique pour devenir la première ville à organiser les Jeux à deux reprises[21]. Vingt-huit pays concourent en Suisse, mais les athlètes allemands et japonais ne sont pas invités[22]. Les Jeux sont entachés par la controverse et le vol. Deux équipes américaines de hockey sur glace viennent aux Jeux, affirmant chacune être l'équipe nationale olympique légitime. Le drapeau olympique présenté aux Jeux olympiques d'été de 1920 à Anvers est volé comme son remplaçant. Il y a une parité sans précédent lors de ces Jeux puisque 10 pays remportent des médailles d'or, ce qui est un record[23].
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+
31
+ La ville d'Oslo, en Norvège, est invitée à organiser les Jeux olympiques d'hiver de 1952. La flamme olympique est allumée dans le foyer du pionnier du ski Sondre Norheim et le relais de la torche est effectué par 94 participants entièrement sur skis[24],[25]. Le bandy, sport populaire dans les pays nordiques, est présenté en tant que sport de démonstration ; même si seules la Norvège, la Suède et la Finlande envoient des équipes. Les athlètes norvégiens remportent 17 médailles, ce qui dépasse toutes les autres nations[26]. Ils sont menés par Hjalmar Andersen, qui remporte trois médailles d'or en quatre épreuves dans la compétition de patinage de vitesse[27].
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+
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+ N'ayant pas pu accueillir les Jeux en 1944, la ville de Cortina d'Ampezzo est sélectionnée pour organiser les Jeux olympiques d'hiver de 1956. Lors de la cérémonie d'ouverture, le dernier relayeur de la torche, Guido Caroli, entre dans le stade olympique sur des patins à glace. Alors qu'il patine dans le stade, son patin se prend dans un câble et il tombe, éteignant presque la flamme. Il est quand même capable de se relever et d'allumer la vasque[28]. Ce sont les premiers Jeux d'hiver à être télévisés, même si les droits de télévision ne sont vendus qu'à partir des Jeux olympiques d'hiver de 1960 à Squaw Valley[29]. Les Jeux de Cortina sont utilisés pour tester la faisabilité de la retransmission télévisée des grands évènements sportifs[30]. L'Union soviétique fait ses débuts olympiques et a un impact immédiat sur les Jeux, puisqu'elle gagne plus de médailles que les autres nations[31]. Le skieur alpin Chiharu Igaya remporte la première médaille aux Jeux d'hiver pour le Japon et l'Asie en se plaçant à la seconde place du slalom[32].
34
+
35
+ Le CIO attribue les Jeux de 1960 à Squaw Valley, aux États-Unis. Étant donné le sous-développement de la station, il y a une ruée pour construire des infrastructures et des installations sportives dont une patinoire, une piste pour le patinage de vitesse et un tremplin de saut à ski[33],[34]. Les cérémonies d'ouverture et de clôture sont produites par Walt Disney[35]. Les Jeux de Squaw Valley ont un certain nombre de premières notables : ce sont les premiers Jeux à avoir un village olympique dédié ; c'est la première fois qu'un ordinateur est utilisé (avec la permission d'IBM) pour compiler les résultats ; et c'est la première fois qu'il y a des épreuves féminines de patinage de vitesse. Les épreuves de bobsleigh sont absentes pour la première et unique fois de l'histoire des Jeux d'hiver, car le comité d'organisation juge trop élevé le coût de construction d'une piste de bobsleigh[35].
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+
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+ La ville autrichienne d'Innsbruck est l'hôte des Jeux d'hiver en 1964. Même s'il s'agit d'une traditionnelle station de sports d'hiver, le beau temps cause une absence de neige durant les Jeux et l'armée autrichienne est demandée pour transporter de la neige et de la glace vers les sites sportifs[35]. La Soviétique Lidia Skoblikova marque l'histoire en remportant les quatre épreuves de patinage de vitesse. Son total de six médailles d'or pendant sa carrière établit un record pour les athlètes des Jeux d'hiver[35]. La luge est pour la première fois présente en 1964, bien que ce sport reçoive une mauvaise publicité quand un concurrent décède lors d'une course d'entraînement pré-olympique[36],[37].
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39
+ Ayant lieu dans la ville française de Grenoble, les Jeux olympiques d'hiver de 1968 sont les premiers Jeux olympiques à être diffusés en couleur à travers le monde depuis le Stade olympique de Grenoble. 37 nations et 1 158 athlètes concourent dans 35 épreuves[38]. Après l'Autrichien Toni Sailer en 1956[39], le Français Jean-Claude Killy devient le deuxième à remporter toutes les épreuves masculines de ski alpin d'une édition des Jeux. Le comité d'organisation vend les droits de télévision pour 2 millions de dollars, soit plus du double que pour les Jeux d'Innsbruck[40]. Les sites, répartis sur de longues distances, nécessitent trois villages des athlètes. Les organisateurs prétendent que c'est obligatoire pour s'adapter aux progrès technologiques. Les critiques contestent ceci en alléguant que cette disposition est nécessaire pour fournir les meilleurs sites possibles aux chaînes de télévision, au détriment des athlètes[40]. Ces jeux sont également l'occasion de voir l'utilisation des premiers tests de féminité sur des athlètes olympiques[41], ainsi que l'apparition de la première mascotte non officielle de l'histoire des Jeux olympiques, Schuss le skieur[42].
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+ Les Jeux d'hiver de 1972, qui ont lieu à Sapporo au Japon, sont les premiers à être organisés en dehors de l'Amérique du Nord et de l'Europe. La question du professionnalisme est devenue litigieuse durant les Jeux de Sapporo. Trois jours avant les Jeux, le président du CIO Avery Brundage menace d'interdire à un certain nombre de skieurs alpins de participer parce qu'ils ont pris part à un camp de ski à Mammoth Mountain aux États-Unis. Brundage estime en effet que les skieurs ont profité financièrement de leur statut d'athlète et n'étaient donc plus amateurs[43]. Finalement, seul l'Autrichien Karl Schranz, qui gagne plus d'argent que tous les autres skieurs, n'est pas autorisé à concourir[44]. Le Canada n'envoie pas d'équipes aux tournois de hockey sur glace en 1972 et en 1976 pour protester contre l'interdiction d'utiliser des joueurs de leurs ligues professionnelles, alors que les Soviétiques sont autorisés à le faire[45]. Le skieur Francisco Ochoa devient le seul espagnol à remporter une médaille d'or aux Jeux d'hiver en triomphant dans le slalom[46].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 1976 sont décernés à Denver aux États-Unis, mais en 1972, les électeurs de la ville adoptent un référendum pour refuser d'accueillir les Jeux[47]. La ville d'Innsbruck, qui avait conservé les infrastructures des Jeux de 1964, est choisie pour remplacer Denver[48]. Deux flammes olympiques sont allumées, car c'est la seconde fois que la ville autrichienne accueille les Jeux[48]. Les Jeux de 1976 comprennent la première piste de bobsleigh et de luge combinée près d'Igls[46]. L'Union soviétique remporte sa quatrième médaille d'or consécutive en hockey sur glace[48]. C'est aussi lors de ces Jeux qu’apparaît la première mascotte officielle aux Jeux d'hiver : le bonhomme de neige Schneemann[49].
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+
45
+ En 1980, les Jeux retournent à Lake Placid, qui a déjà accueilli ceux de 1932. Le premier boycott aux Jeux d'hiver survient lors des Jeux de 1980 quand Taïwan refuse de participer après qu'un décret du CIO ait obligé le pays à changer son nom et son hymne national[50]. Le CIO tente de s'adapter à la Chine, qui souhaite participer en utilisant le même nom et le même hymne que Taïwan[50]. Le patineur de vitesse américain Eric Heiden bat un record du monde ou olympique lors de chacune des cinq épreuves auxquelles il participe[51]. Hanni Wenzel remporte le slalom et le slalom géant et son pays, le Liechtenstein, devient la plus petite nation à avoir un ou une médaillé d'or olympique[15]. Lors du « Miracle sur glace », l'équipe américaine de hockey sur glace bat les favoris soviétiques et remporte par la suite la médaille d'or[52].
46
+
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+ Les villes de Sapporo, au Japon, et de Göteborg, en Suède, sont favorites pour accueillir les Jeux olympiques d'hiver de 1984. C'est donc une surprise quand celle de Sarajevo, en Yougoslavie, est sélectionnée pour être l'hôte des Jeux[53]. Ces Jeux sont bien organisés et ne montrent aucune indication de la guerre qui allait bientôt embraser le pays[54]. Un total de 49 nations et 1 272 athlètes participe à 39 épreuves. La nation hôte, la Yougoslavie, remporte sa première médaille olympique aux Jeux d'hiver quand le skieur alpin Jure Franko gagne l'argent dans le slalom géant. L'autre point fort sportif de ces Jeux est la danse libre des danseurs sur glace britanniques Jayne Torvill et Christopher Dean. Leur interprétation du Boléro de Ravel permet au couple de remporter la médaille d'or après avoir obtenu à l'unanimité des scores parfaits pour l'impression artistique[54].
48
+
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+ En 1988, la ville canadienne de Calgary organise les premiers Jeux d'hiver qui s'étendent sur 16 jours[55]. De nouvelles épreuves sont ajoutées en saut à ski et en patinage de vitesse, tandis que les futurs sports olympiques que sont le curling, le patinage de vitesse sur piste courte et le ski acrobatique font leurs apparitions en tant que sports de démonstration. Pour la première fois, les épreuves de patinage de vitesse ont lieu à l'intérieur, dans le Olympic Oval. La patineuse néerlandaise Yvonne van Gennip remporte trois médailles d'or et établit deux records du monde en battant l'équipe est-allemande, favorite dans chaque course[56]. Son total de médailles est égalé par le sauteur à ski finlandais Matti Nykänen, qui remporte les trois épreuves de son sport. Alberto Tomba, skieur italien, fait ses débuts olympiques en remportant le slalom géant et le slalom. L'Est-allemande Christa Rothenburger gagne l'épreuve du 1 000 mètres féminin en patinage de vitesse. Sept mois plus tard, elle remporte une médaille d'argent en cyclisme sur piste lors des Jeux d'été à Séoul pour devenir la première et unique athlète à remporter des médailles lors des Jeux d'hiver et des Jeux d'été la même année[55].
50
+
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+ Les Jeux de 1992 sont les derniers à avoir lieu la même année que les Jeux d'été[57]. Ils sont organisés à Albertville, en France, bien que seulement 18 épreuves sur 57 aient lieu dans la ville en elle-même. Les autres épreuves sont réparties dans le reste de la Savoie[57]. Les changements politiques de l'époque se reflètent dans les équipes olympiques qui participent aux Jeux en France : ce sont les premiers à avoir lieu depuis la chute du communisme et le démantèlement du mur de Berlin et l'Allemagne participe comme une nation unie pour la première fois depuis les Jeux de 1964. Aussi, deux des anciennes républiques yougoslaves que sont la Croatie et la Slovénie font leurs débuts comme nations indépendantes, tandis que la plupart des anciennes républiques soviétiques participe encore dans une seule équipe désignée comme l'équipe unifiée, mais les Pays baltes participent comme nation indépendante pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale[58]. À 16 ans, le sauteur à ski finlandais Toni Nieminen marque l'histoire en devenant le plus jeune champion olympique masculin lors des Jeux d'hiver[59]. La skieuse néo-zélandaise Annelise Coberger devient la première médaillée de l'hémisphère sud aux Jeux d'hiver en remportant une médaille d'argent dans le slalom féminin.
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+
53
+ En 1986, le CIO décide de séparer les Jeux d'été et d'hiver et les place en alternance durant les années paires. Ce changement entre en vigueur lors des Jeux de 1994, organisés à Lillehammer en Norvège, qui deviennent les premiers Jeux d'hiver à avoir lieu séparément des Jeux d'été[60]. Après la division de la Tchécoslovaquie en 1993, la République tchèque et la Slovaquie font leurs débuts olympiques[61]. La compétition féminine de patinage artistique retient l'attention des médias quand la patineuse américaine Nancy Kerrigan est blessée le 6 janvier 1994 lors d'une agression organisée par l'ex-mari de son adversaire Tonya Harding[62]. Les deux patineuses participent aux Jeux mais la médaille d'or est remportée par Oksana Baiul. Elle devient la première championne olympique ukrainienne[63],[64]. Le patineur de vitesse norvégien Johann Olav Koss remporte trois médailles d'or et établit deux records olympiques et un record du monde[65].
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55
+ Les Jeux olympiques d'hiver de 1998 ont lieu dans la ville japonaise de Nagano et sont les premiers Jeux à accueillir plus de 2 000 athlètes[66]. Le tournoi masculin de hockey sur glace est ouvert aux professionnels pour la première fois. Le Canada et les États-Unis, avec leurs nombreux joueurs de la LNH, sont les favoris[66]. Pour la première fois de son histoire, la République tchèque domine la compétition et le pays remporte sa première médaille d'or aux Jeux d'hiver[66]. Le hockey sur glace féminin fait ses débuts et les États-Unis remportent la médaille d'or[67]. Le Norvégien Bjørn Dæhlie remporte trois médailles d'or en ski de fond. Il devient l'athlète le plus décoré de l'histoire des Jeux d'hiver avec douze médailles, dont huit en or[66]. Le skieur alpin autrichien Hermann Maier chute pendant la descente et remporte ensuite le super G et le slalom géant[66]. Une vague de records du monde est battue en patinage de vitesse grâce à l'introduction des patins clap[68].
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57
+ Les 19e Jeux olympiques d'hiver ont lieu à Salt Lake City aux États-Unis et accueillent 2 399 athlètes de 77 nations qui participent à 78 épreuves réparties en 7 sports[69]. L'Allemand Georg Hackl remporte une médaille d'argent en luge, devenant le premier athlète dans l'histoire olympique à remporter des médailles dans la même épreuve individuelle lors de cinq éditions consécutives des Jeux[69]. Le Canada réalise un doublé sans précédent en remportant les médailles d'or des compétitions masculines et féminines en hockey sur glace[69]. Ce pays se brouille avec la Russie lors d'une controverse qui implique le jugement de la compétition de patinage artistique en couple. La paire russe composée de Yelena Berezhnaya et Anton Sikharulidze concourt contre les Canadiens Jamie Salé et David Pelletier pour la médaille d'or. Les Canadiens semblent avoir suffisamment bien patiné pour gagner la compétition, mais les Russes remportent l'or. Les juges votent selon les zones de la Guerre froide : ceux des anciens pays communistes préfèrent la paire russe et ceux des nations démocratiques votent pour les Canadiens. La seule exception est la juge française Marie-Reine Le Gougne qui décerne l'or aux Russes. Une enquête révèle qu'elle a subi des pressions pour donner l'or à la paire russe quelle que soit la façon dont ils patinent ; en retour, la juge russe donnerait des notes favorables aux participants français dans la compétition de danse sur glace[70]. Le CIO décide de décerner aux deux paires la médaille d'or lors d'une seconde cérémonie de médaille qui a eu lieu plus tard dans les Jeux[71]. L'Australien Steven Bradbury devient le premier médaillé d'or de l'hémisphère sud en remportant l'épreuve du 1 000 mètres en patinage de vitesse sur piste courte[72].
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+ La ville italienne de Turin organise les Jeux olympiques d'hiver de 2006. C'est la seconde fois que l'Italie organise les Jeux olympiques d'hiver, après ceux de 1956. Les athlètes sud-coréens remportent 10 médailles dont 6 en or dans les épreuves de patinage de vitesse sur piste courte. Jin Sun-yu gagne trois médailles d'or tandis que son coéquipier Ahn Hyun-soo obtient trois médailles d'or et une de bronze[73]. Dans le sprint féminin par équipe en ski de fond, la Canadienne Sara Renner casse un de ses bâtons, et en la voyant affronter cette situation, l'entraîneur norvégien Bjørnar Håkensmoen décide de lui en prêter un. Grâce à cette aide, elle peut aider son équipe à gagner une médaille d'argent dans cette épreuve au détriment de l'équipe norvégienne, qui termine à la quatrième place[73],[74]. L'Allemande Claudia Pechstein devient la première patineuse de vitesse à remporter neuf médailles dans sa carrière[73]. En février 2009, Pechstein est testée positive pour une « manipulation du sang » et reçoit une suspension de deux ans, dont elle fait appel. Le tribunal arbitral du sport confirme cette suspension, mais un tribunal suisse juge qu'elle peut concourir pour une place dans l'équipe olympique allemande de 2010[75]. Cette décision est portée devant le tribunal fédéral suisse, qui infirme la décision du tribunal de première instance et l'empêche de participer à Vancouver[76].
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+ En 2003, le CIO décerne les Jeux olympiques d'hiver de 2010 à Vancouver, permettant ainsi au Canada d'accueillir ses seconds Jeux olympiques d'hiver après ceux de 1988. Avec une population de plus de 2,5 millions de personnes, c'est la plus grande agglomération à organiser les Jeux d'hiver[77]. Plus de 80 pays et 2 500 athlètes participent à 86 épreuves[78]. Le décès du lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili lors d'un entraînement le jour de la cérémonie d'ouverture endeuille les Jeux. Son décès force les officiels du Centre des sports de glisse de Whistler à changer la piste pour la rendre plus sûre[79]. La Norvégienne Marit Bjørgen remporte cinq médailles au cours des six épreuves féminines de ski de fond. Elle finit les Jeux avec trois médailles d'or, une d'argent et une de bronze[80]. Les Jeux de Vancouver sont marqués par les mauvaises performances des athlètes russes. De leurs premiers Jeux d'hiver en 1956 aux Jeux de 2006, une délégation soviétique ou russe n'avait jamais été en dehors du top cinq du tableau des médailles. En 2010, ils finissent à la sixième place du classement du total des médailles et à la onzième place de celui des médailles d'or. Le président Dmitri Medvedev appelle à la démission des responsables sportifs de haut niveau immédiatement après les Jeux[81]. Le succès des pays asiatiques est en contraste frappant avec les mauvais résultats des athlètes russes. Vancouver marque un point culminant des médailles remportées par ces pays. En 1992, ils remportent quinze médailles, dont trois en or. À Vancouver, le nombre de médailles décernées aux athlètes asiatiques passe à trente-et-un, dont onze en or. La montée des nations asiatiques dans les sports des Jeux d'hiver est due en partie au développement des programmes de sports d'hiver et à l'intérêt pour ces sports dans des pays comme la Corée du Sud, le Japon ou la Chine[82],[83].
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+ Le choix de la ville hôte des Jeux olympiques d'hiver de 2014 est fait le 4 juillet 2007. Sotchi, en Russie, est élue devant les deux autres finalistes : Salzbourg en Autriche et PyeongChang en Corée du Sud. C'est la première fois que la Russie organise les Jeux olympiques d'hiver[84]. Ces Jeux sont les plus chers de l'histoire, été et hiver confondus : ils coûtent environ 50 milliards de dollars américains, soit huit fois plus que ceux de Vancouver quatre ans plus tôt. La majorité des sites et des infrastructures doivent en effet être construits à l'occasion des Jeux, la région étant très peu développée auparavant[85]. Le village olympique et le stade olympique sont situés sur la côte de la mer Noire alors que tous les sites de montagne sont à 50 kilomètres de Sotchi, dans la région montagneuse connue sous le nom de Krasnaïa Poliana[84]. Au niveau sportif, les Jeux de Sotchi sont marqués par la domination historique des Pays-Bas en patinage de vitesse. Les patineurs néerlandais remportent en effet 23 médailles sur 36 possibles, un record, et réalisent quatre triplés[86]. Le biathlète norvégien Ole Einar Bjørndalen, double médaillé d'or à Sotchi, porte son total à treize médailles olympiques dont huit d'or. Il devient ainsi l'athlète le plus médaillé de l'histoire des Jeux d'hiver en dépassant les douze médailles de son compatriote fondeur Bjørn Dæhlie[87]. Ahn Hyun-soo, appelé Viktor Ahn depuis qu'il représente la Russie après avoir été mis à l'écart par la fédération sud-coréenne, répète sa performance de 2006. Il remporte à nouveau quatre médailles dont trois d'or lors des épreuves de patinage de vitesse sur piste courte[88].
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+ Le 6 juillet 2011, PyeongChang en Corée du Sud est préférée à Munich (Allemagne) et Annecy (France) pour accueillir les Jeux olympiques d'hiver de 2018. C'est la première fois que le pays organise les Jeux d'hiver, et la deuxième fois que les Jeux olympiques y ont lieu après les Jeux d'été de 1988 à Séoul[89]. Le stade olympique et certains des sites de compétitions se trouvent dans la station d'Alpensia, alors que d'autres épreuves ont lieu dans la ville côtière de Gangneung. Malgré des relations tendues avec le Sud, la Corée du Nord accepte de participer aux Jeux, de défiler avec la Corée du Sud lors de la cérémonie d'ouverture et de présenter une équipe unifiée au tournoi féminin de hockey sur glace[90]. Les mois menant aux Jeux sont également marqués par le scandale du dopage organisé en Russie. Le Comité international olympique suspend le Comité olympique russe de ces Jeux ; des athlètes russes individuels, qui se sont qualifiés et ont pu démontrer qu'ils ont respecté les règles en matière de dopage, peuvent cependant participer aux Jeux en tant qu'« Athlètes olympiques de Russie » (OAR)[91]. Plusieurs épreuves font leur apparition aux Jeux olympiques : le big air en snowboard, le double mixte en curling, le mass start en patinage de vitesse et le slalom parallèle par équipes en ski alpin[92]. Les Pays-Bas dominent à nouveau les épreuves de patinage de vitesse : ils remportent sept des dix médailles individuelles. La Norvège est la meilleure nation en ski de fond ; Marit Bjørgen gagne cinq médailles et porte son total à quinze, ce qui est un record pour les Jeux d'hiver. Le Japonais Noriaki Kasai devient quant à lui le premier athlète à participer à huit éditions des Jeux d'hiver et la Tchèque Ester Ledecká, championne olympique en ski alpin et en snowboard, est la première femme à remporter des médailles dans deux disciplines différentes lors des mêmes Jeux d'hiver. La Norvège domine le classement final avec 39 médailles, ce qui est un record pour les Jeux d'hiver, devant l'Allemagne et le Canada. La Corée du Sud bat son record des Jeux d'hiver en remportant 17 médailles[93],[94].
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+ Le 31 juillet 2015, l'organisation des Jeux d'hiver de 2022 est attribuée à Pékin lors de la 128e session du Comité international olympique. La seule autre ville candidate était Almaty au Kazakhstan. Pékin deviendra la première à accueillir les Jeux d'été et les Jeux d'hiver[95]. Milan et Cortina d'Ampezzo sont choisies pour organiser les Jeux olympiques d'hiver de 2026 le 24 juin 2019 à Lausanne, lors de la 134e session du Comité international olympique. La seule autre candidature était celle de Stockholm et Åre en Suède.
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+ Le processus d'attribution des Jeux à une ville est scruté après que Salt Lake City a reçu le droit d'accueillir les Jeux de 2002[96]. Peu après l'annonce de la ville hôte, il est découvert que les organisateurs sont engagés dans un schéma de corruption élaboré pour s'attirer les faveurs des responsables du CIO[96]. Des cadeaux et d'autres considérations financières sont donnés à ceux qui évaluent et votent pour la candidature de Salt Lake City. Ces cadeaux incluent un traitement médical pour des proches, une bourse d'études pour le fils d'un membre et une transaction foncière dans l'Utah. Même le président du CIO Juan Antonio Samaranch reçoit deux fusils évalués à 2 000 dollars. Samaranch défend ce cadeau comme sans importance puisque, en tant que président, il est un membre non-votant[97]. L'enquête subséquente révèle des incohérences dans les candidatures pour chaque Jeux (été et hiver) depuis 1988[98]. Par exemple, les cadeaux reçus par les membres du CIO de la part du comité d'organisation japonais lors de la candidature de Nagano pour les Jeux olympiques d'hiver de 1998 sont décrits par la commission d'enquête comme « astronomiques »[99]. Bien que rien de strictement illégal n'ait été fait, le CIO craint que les sponsors perdent foi en l'intégrité du processus et que la marque olympique soit ternie au point que les annonceurs commencent à retirer leur soutien[100]. L'enquête aboutit à l’expulsion de 10 membres du CIO et à la sanction de 10 autres. De nouveaux termes et des limites d'âge sont établis pour les membres du CIO et 15 anciens athlètes olympiques sont ajoutés au comité. Des règles plus strictes pour les futures candidatures sont imposées, avec des plafonds sur la valeur des cadeaux que les membres du CIO pourraient accepter des villes candidates[101],[102],[103].
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+ En 1967, le CIO commence à adopter des protocoles de dépistage des produits dopants. Il commence par effectuer des tests au hasard sur des athlètes lors des Jeux olympiques d'hiver de 1968[104]. Le premier athlète des Jeux d'hiver à être testé positif pour une substance interdite est Alois Schloder, un joueur de hockey ouest-allemand[105], mais son équipe est toujours autorisée à concourir[106]. Durant les années 1970, les tests en dehors des compétitions sont intensifiés, car ils dissuadent les athlètes d'utiliser des produits dopants[107]. Le problème des tests effectués à cette époque est le manque de standardisation des procédures, qui porte atteinte à leur crédibilité. Il faut attendre la fin des années 1980 pour que les fédérations sportives internationales commencent à coordonner leurs efforts pour standardiser les protocoles de dépistage des produits dopants[108]. Le CIO prend les devants dans la lutte contre les stéroïdes lorsqu'il crée une Agence mondiale antidopage (AMA) indépendante en novembre 1999[109],[110]. Cette lutte anti-dopage se ressent dès les Jeux de 2002 à Salt Lake City où le fondeur espagnol Johann Mühlegg et la fondeuse russe Larisa Lazutina, tous deux multi-médaillés, sont exclus des Jeux et par la suite, perdent leurs médailles en raison de tests anti-dopage positifs[111].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 2006 à Turin deviennent notables par un scandale impliquant une tendance émergente du dopage sanguin, l'utilisation de transfusions sanguines ou d'hormones synthétiques comme l'érythropoïétine (EPO) pour améliorer le flux d'oxygène et donc de réduire la fatigue[112]. La police italienne effectue une descente dans la résidence de l'équipe de ski de fond autrichienne pendant les Jeux où ils saisissent des échantillons et des équipements pour le dopage sanguin[113]. Cet évènement suit la suspension avant les Jeux olympiques de 12 fondeurs testés à des niveaux inhabituellement élevés d'hémoglobine, ce qui témoigne d'un dopage sanguin[112].
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+ En novembre et décembre 2017, à la suite de la mise au jour du système institutionnel de dopage en Russie s'étalant de 2011 à 2015 et concernant plus particulièrement les Jeux olympiques d'hiver de 2014 s’étant déroulés à Sotchi en Russie, le Comité international olympique disqualifie quarante-trois sportifs de l'équipe russe ayant concouru à Sotchi et lui retire treize médailles dont quatre en or (chiffres au 11 janvier 2018). Autre conséquence directe, le Comité olympique russe, et donc la Russie en tant que nation participante, est suspendu des Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang 2018, ses athlètes étant toutefois autorisés à y participer sous drapeau olympique et sous certaines conditions[91].
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+ Avery Brundage, en tant que président du CIO entre 1952 et 1972, rejette toutes les tentatives de lier les Jeux olympiques à des intérêts commerciaux, car il estime que le mouvement olympique doit être complètement séparé de l'influence financière[114]. Les Jeux olympiques d'hiver de 1960 marquent le début du sponsoring des Jeux par des entreprises[114]. Malgré une résistance ardue de Brundage, la commercialisation des Jeux durant les années 1960 et les revenus générés par le sponsoring des entreprises grossissent les coffres du CIO[115]. Lors des Jeux de Grenoble, Brundage devient tellement préoccupé par la direction des Jeux olympiques d'hiver vers la commercialisation que si elle ne pouvait pas être corrigée, il sentait que les Jeux olympiques d'hiver devraient être abolis[116]. Sa résistance à cette source de revenus signifie que le CIO est incapable de gagner une part de la manne financière qui provient des villes hôtes et n'a aucun contrôle sur la structuration des contrats de sponsoring. Lorsque Brundage part à la retraite, le CIO a 2 millions de dollars en actifs tandis que huit années plus tard, ses comptes passent à 45 millions de dollars. Cela est dû à un changement d'idéologie chez les membres du CIO pour l'expansion des Jeux grâce au sponsoring des sociétés et la vente des droits de télévision[114].
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+ Les préoccupations de Brundage s'avèrent prophétiques. Le CIO facture de plus en plus les droits de télévision à chaque Jeux successifs. De 50 000 dollars payés par le diffuseur américain CBS en 1960[117], les droits de diffusion totaux passent à 940 000 dollars en 1964, 20,73 millions en 1980, 102,68 millions en 1984 et 324,9 millions en 1988. Les recettes sont de 513,49 millions en 1998, de 738 millions en 2002 et de 831 millions en 2006[118]. La diffusion des Jeux de Vancouver en 2010 coûte à NBC 820 millions de dollars[119]. La part des droits pour les États-Unis varie d'environ 80 % du total dans les années 1980 à environ 50 % en 2010. Ces revenus sont destinés actuellement à 49 % au comité d'organisation des Jeux et à 51 % au CIO, au comités nationaux et aux fédérations sportives internationales[118]. Plus les chaînes de télévision paient pour diffuser les Jeux, plus grand est leur pouvoir de persuasion avec le CIO[117],[120]. Par exemple, le lobby de la télévision influence le programme olympique en dictant quand les finales des épreuves doivent avoir lieu afin qu'elles soient diffusées en première partie de soirée pour les téléspectateurs. Il fait pression sur le CIO pour inclure de nouvelles épreuves, comme le snowboard, pour attirer un public plus important devant la télévision. Cela stimule les audiences, qui étaient en lente diminution jusqu'aux Jeux de 2010[121],[122].
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+ En 1986, le CIO décide d'échelonner les Jeux d'hiver et d'été. Au lieu de se tenir dans la même année civile, le comité décide de les alterner tous les deux ans, bien que les Jeux d'hiver et d'été aient encore lieu sur un cycle de quatre ans[123]. Il est décidé que 1992 serait la dernière année durant laquelle se déroulent les Jeux olympiques d'été et d'hiver[60]. Il y a deux raisons à ce changement : la première est le désir du lobby de la télévision de maximiser les recettes publicitaires, car il est difficile de vendre du temps publicitaire pour deux Jeux dans la même année[123] ; la seconde est le désir du CIO de gagner plus de contrôle sur les revenus générés par les Jeux. Il est décidé qu'avec l'échelonnement des Jeux, il serait plus facile pour les sociétés de sponsoriser chaque édition des Jeux olympiques, ce qui permettrait de maximiser les revenus potentiels. Le CIO cherche à négocier directement les contrats de sponsoring afin qu'il ait plus de contrôle sur la « marque » olympique[124]. Les premiers Jeux olympiques d'hiver à être organisés dans ce nouveau format sont les Jeux de 1994 à Lillehammer[57].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver sont une façade idéologique pendant la Guerre froide à partir de la première participation de l'Union soviétique, lors des Jeux d'hiver de 1956. Il ne faut pas longtemps pour que les combattants de la Guerre froide découvrent que les Jeux olympiques pourraient être un outil de propagande puissant. Les politiques soviétiques et américains utilisent les Jeux comme une occasion de prouver la supériorité de leurs systèmes politiques respectifs[125]. Les athlètes soviétiques qui réussissent sont fêtés et honorés. Irina Rodnina, triple championne olympique en patinage artistique, se voit décerner l'Ordre de Lénine après sa victoire aux Jeux olympiques d'hiver de 1976 à Innsbruck[126]. Les athlètes soviétiques qui remportent des médailles d'or peuvent s'attendre à recevoir entre 4 000 et 8 000 dollars selon le prestige de leur sport. Un record du monde vaut une somme supplémentaire de 1 500 dollars[127]. En 1978, le congrès américain réagit à ces mesures en adoptant une loi qui réorganise l'United States Olympic Committee. Il approuve également des récompenses financières aux athlètes médaillés[128].
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+ La Guerre froide crée des tensions entre les pays alliés des deux superpuissances. Les relations tendues entre l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est créent une situation politique difficile pour le CIO. À cause de son rôle dans la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne n'est pas admise à concourir aux Jeux olympiques d'hiver de 1948[22]. En 1950, le CIO reconnaît le comité olympique ouest-allemand[129] et invite l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est à participer dans une équipe unifiée aux Jeux olympiques d'hiver de 1952. L'Allemagne de l'Est décline l'invitation et cherche plutôt une légitimé internationale distincte de l'Allemagne de l'Ouest[130]. En 1955, l'Union soviétique reconnaît l'Allemagne de l'Est comme un État souverain, donnant ainsi plus de crédibilité à la campagne de ce pays pour devenir un participant indépendant aux Jeux. Le CIO accepte de tolérer provisoirement le comité national olympique est-allemand à la condition que l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest participent dans une seule équipe : l'équipe unifiée d'Allemagne[131]. La situation devient fragile quand le Mur de Berlin est construit en 1962 et les nations occidentales commencent à refuser les visas des athlètes est-allemands[132]. Le compromis précaire d'une équipe unifiée continue jusqu'aux Jeux de Grenoble en 1968, quand le CIO divise officiellement les équipes et menace de rejeter les candidatures de villes des pays qui refusent des visas d'entrée pour les athlètes est-allemands[133].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver ne subissent qu'un seul boycott d'une équipe nationale quand Taïwan décide de ne pas participer aux Jeux olympiques d'hiver de 1980, qui ont lieu à Lake Placid. Avant les Jeux, le CIO accepte que la Chine participe aux Jeux olympiques pour la première fois depuis 1952. La Chine reçoit l'autorisation de participer en tant que « République populaire de Chine » (RPC) et d'utiliser le drapeau et l'hymne de la RPC. Jusqu'en 1980, l'île de Taïwan concourait sous le nom « République de Chine » (RDC) en utilisant le drapeau et l'hymne de la RDC[50]. Le CIO tente de faire participer les deux pays ensemble, mais quand cela s'avère impossible, il demande que Taïwan cesse de s'appeler la « République de Chine »[134],[135]. Le CIO renomme l'île Taipei chinois et exige qu'elle adopte un drapeau et un hymne différents ; des dispositions que Taïwan n'accepte pas. Malgré de nombreux appels et audiences, la décision du CIO reste inchangée. Quand les athlètes taïwanais arrivent au village olympique avec les cartes d'identité de la République de Chine, ils ne sont pas admis. Ils quittent ensuite les Jeux olympiques en signe de protestation juste avant la cérémonie d'ouverture[50]. Taïwan retourne dans la compétition olympique lors des Jeux d'hiver de 1984 à Sarajevo en tant que Taipei chinois. Le pays accepte de concourir sous un drapeau portant l'emblème de leur comité national olympique et de jouer l'hymne de leur CNO si l'un de leurs athlètes remporte une médaille d'or. L'accord est toujours en vigueur à ce jour[136].
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+ Selon le CIO, la ville hôte est chargée d'« ... établir les fonctions et services pour tous les aspects des Jeux (planification des sports, sites, finances, technologie, hébergement, restauration, services aux médias, etc.), ainsi que les opérations durant les Jeux[137]. » En raison du coût de l'organisation des Jeux olympiques, la plupart des villes hôtes ne réalisent jamais de profit sur leur investissement[138]. Ce phénomène est connu sous le nom de la « malédiction du vainqueur ». Pendant la phase de sélection de la ville hôte, les villes ont tendance à surestimer la « valeur » des Jeux, c'est-à-dire ce que les Jeux rapportent. Elles prévoient de plus en plus d'investissements et surenchérissent. Le phénomène est caractérisé par des coûts plus élevés que les recettes, une augmentation du budget, en partie dû à l'inflation, à mesure que les Jeux approchent, des subventions publiques supplémentaires et un nombre de visiteurs étrangers moins élevé que prévu[139].
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+ En 1924, un budget commun est établi pour les Jeux d'été à Paris et les Jeux d'hiver à Chamonix. Sur un budget total d'environ 15,5 millions de francs français, les subventions pour les Jeux d'hiver représentent environ 500 000 francs[140]. Lors des Jeux de 1928 à Saint-Moritz, en Suisse, les dépenses sont de 706 000 francs suisses, dont la moitié pour les équipements sportifs. Les Jeux se terminent avec un solde négatif de 104 800 francs à la charge de la commune de Saint-Moritz et du club de ski Alpina St. Moritz[141]. Les Jeux olympiques d'hiver de 1932, à Lake Placid, coûtent environ 1,2 million de dollars américains, dont plus de la moitié sont des subventions de l'État de New York[142]. En 1952, la ville d'Oslo finance entièrement les Jeux[143]. Les dépenses sont de 11 663 000 couronnes norvégiennes pour les sites olympiques[144] et 2 688 000 couronnes pour le reste[145]. Le solde positif de 1 494 000 couronnes est reversé en majeure partie à la ville d'Oslo, ainsi qu'au comité national olympique norvégien[145]. Les Jeux de 1968, à Grenoble, coûtent 1,1 milliard de francs, dont les trois quarts sont financés par l'État français[146]. Les Jeux de 1980 coûtent 179 millions de dollars, et ceux de 1984 coûtent 200 millions de dollars[147]. Les Jeux de 1992, à Albertville, en France, coûtent 4,2 milliards de francs (640 millions d'euros), et se terminent avec un déficit de 280 millions de francs (42,7 millions d'euros)[148]. L'organisation des Jeux olympiques d'hiver de 1998 à Nagano au Japon coûte 12,5 milliards de dollars, alors qu'en comparaison celle des Jeux de Turin de 2006 coûte seulement 3,6 milliards de dollars[149]. Les organisateurs affirment que le coût de l'expansion du service de train à grande vitesse entre Tokyo et Nagano est responsable du prix élevé à payer[149]. Le comité organisateur espère que l'exposition des Jeux Olympiques et l'accès rapide de Nagano à Tokyo soit une aubaine pour l'économie locale pendant des années. L'économie de Nagano connaît une stimulation pendant les deux années suivant les Jeux, mais les effets à long terme ne se concrétisent pas[149]. Les Jeux de 2010 coûtent 1,88 milliard de dollars canadiens, et le budget est respecté grâce aux subventions de la province de Colombie-Britannique et de l'État canadien[150]. Les Jeux de 2014, organisés à Sotchi en Russie, coûtent 50 milliards de dollars américains. Ce sont les Jeux olympiques les plus chers de l'histoire, été et hiver confondus[85].
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+ La possibilité d'une lourde dette, couplée avec des sites sportifs et des infrastructures inutilisés qui encombrent la collectivité locale avec des coûts d'entretien et aucune valeur pratique post-olympique, est un élément dissuasif pour les villes hôtes potentielles[151].Afin d'atténuer ces préoccupations, le CIO adopte plusieurs initiatives. D'abord, il accepte de financer une partie du budget de la ville hôte pour la tenue des Jeux[152]. Deuxièmement, il limite les pays hôtes admissibles à ceux qui ont les ressources et les infrastructures nécessaires pour accueillir avec succès les Jeux olympiques sans nuire à la région ou la nation. Cela élimine une grande partie du monde en développement[153]. Enfin, les villes candidates pour organiser les Jeux doivent ajouter un « plan d'héritage » à leur proposition. Cela nécessite des villes hôtes potentielles et du CIO de planifier les Jeux avec en vue l'impact économique à long terme et environnemental qu'aura leur organisation dans la région[154].
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+ Les premiers Jeux d'hiver à être télévisés sont ceux de Jeux olympiques d'hiver de 1956, à Cortina d'Ampezzo, et des droits de diffusion sont vendus dès 1960. En 1994, les Jeux sont diffusés dans plus de 120 pays et territoires et pour la première fois en Afrique. Ce nombre monte à 180 pays et territoires en 1998. L'évènement est télévisé pour la première fois en Australie. 2,1 milliards de téléspectateurs de 160 pays regardent les Jeux de 2002. 1 000 heures de diffusion en direct sont proposées lors des Jeux de 2006. Pour la première fois, on peut suivre les Jeux en haute définition. Le nombre de téléspectateurs en 2010 est d'environ 1,8 milliard[155]. Les Jeux sont alors diffusés dans plus de 220 pays et territoires par 235 diffuseurs et chaînes de télévision[156].
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+ Le montant acquitté par les réseaux de télévisions américaines, s'il demeure moins élevé que pour les jeux olympiques d'été, constitue une source importante de revenus pour la compétition. La première diffusion date de 1960 : CBS avait diffusé quelques extraits des Jeux olympiques de Squaw Valley aux États-Unis. La chaîne s'était acquitté de droits dérisoires s'élevant à 50 000 $[157]. La popularité des jeux olympiques d'hiver à la télévision américaine commence à s'étendre à partir des Jeux olympiques de Grenoble en 1968 grâce à l'importante couverture réalisée par le réseau ABC. Les droits télévisés des jeux olympiques d'hiver explosent à l'occasion de Jeux de Calgary au Canada en 1988. Propulsés par une diffusion horaire favorable aux États-Unis, les droits acquittés par ABC sont multipliés par trois par rapport aux Jeux de 1984 qui se tenaient à Sarajevo. Les deux éditions suivantes qui se tiennent en Europe sont diffusées par CBS, les droits restent sous la barre des 300 millions d'euros et CBS parvient même à atteindre l'équilibre budgétaire pour les Jeux d'Albertville en 1992[159]. L'inflation des droits de diffusion explose au cours des années 2000-2010 avec deux éditions organisées en Amérique du Nord (Salt Lake City en 2002 puis Vancouver en 2010). La chaîne NBC est le diffuseur exclusif des Jeux olympiques d'hiver aux États-Unis de façon ininterrompue depuis 2002.
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+ Plusieurs études statistiques sont effectuées sur les critères déterminant le nombre de médailles qu'un pays obtient lors des Jeux d'hiver. Par exemple, une étude de Wade Pfau essaie de prévoir le nombre de médailles par pays aux Jeux olympiques d'hiver de 2006, à Turin. Il utilise des critères tels que la population, le PIB par habitant, le fait d'être la nation hôte ou pas et le nombre de médailles aux Jeux précédents et sépare les pays en cinq groupes : les pays de l'ex-URSS, les pays scandinaves, les pays germaniques (Allemagne et Autriche), les pays alpins (Suisse, Italie et France) et les pays nord-américains. Pfau utilise ces critères pour définir une formule. Sa conclusion est que les meilleurs pays sont l'Allemagne, les États-Unis, la Norvège, l'Italie, l'Autriche et le Canada, avec respectivement 35, 31, 24, 20 19 et 17 médailles. Les résultats des Jeux montrent que les deux meilleurs pays sont effectivement l'Allemagne et les États-Unis, mais avec 29 et 25 médailles. En revanche, les pays suivants sont le Canada, l'Autriche et la Russie, qui obtiennent un meilleur résultat que la prédiction avec 24, 23 et 22 médailles. La Norvège, sixième avec 19 médailles, et l'Italie, dixième avec 11 médailles, réalisent un résultat inférieur aux prédictions[160].
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+ Madeleine Andreff et Wladimir Andreff publient en 2011 une étude tentant de prévoir le nombre de médailles par pays aux Jeux olympiques d'hiver de 2014, à Sotchi. Ils définissent une méthode permettant de prévoir le nombre de médailles pour les Jeux d'été dans 70 % des cas et l'adaptent aux Jeux d'hiver. Ils utilisent, comme Pfau, les critères tels de la population, le produit intérieur brut, le fait d'être la nation hôte ou pas et le nombre de médailles aux Jeux précédents et séparent les pays en plusieurs groupes d'après le nombre de stations de sports d'hiver, la couverture neige du pays et le régime politique (capitaliste ou communiste). En analysant les médailles remportées par les différents pays dans l'histoire, ils déterminent une formule prévoyant le nombre de médailles. Les résultats prévoyaient que les meilleurs pays seraient les États-Unis, l'Allemagne, le Canada, la Russie, le pays hôte, et la Norvège, avec respectivement 36, 28, 27, 24 et 24 médailles[161]. Les résultats montrent que, contrairement à ces prédictions, la Russie est la meilleure nation avec 33 médailles. La Norvège, qui est troisième avec 26 médailles, est également meilleure qu'attendu. Les États-Unis (deuxièmes avec 28 médailles), l'Allemagne (sixième avec 19 médailles) et le Canada (quatrième avec 25 médailles) ont en revanche des moins bons résultats qu'annoncé[162].
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+ L'article 6 du chapitre 1 de l'édition de 2007 de la charte olympique définit les sports d'hiver comme des « sports qui se pratiquent sur la neige ou sur la glace »[163]. Depuis 1992, des nouveaux sports sont ajoutés au programme olympique. Ils incluent le patinage de vitesse sur piste courte, le snowboard et le ski acrobatique. L'ajout de ces épreuves élargit l'attrait des Jeux olympiques d'hiver au-delà de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Tandis que les puissances européennes comme la Norvège ou l'Allemagne dominent toujours les sports traditionnels des Jeux d'hiver, des pays comme la Corée du Sud, l'Australie et le Canada connaissent un franc succès dans les nouveaux sports. Les résultats sont plus de parité dans le tableau des médailles par nation, ont davantage d'intérêt pour les Jeux d'hiver et des audiences mondiales télévisées plus élevées[164].
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+ Note : Sur fond bleu, sont mentionnées les épreuves disputées à l'occasion des Jeux olympiques d'été.
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+ Les sports de démonstration ont toujours été présentés par les pays hôtes pour mettre en lumière un sport populaire local à l'occasion d'une compétition sans médailles. Ils ont été abandonnés après 1992. La patrouille militaire, un précurseur du biathlon, est un sport olympique dès la première édition en 1924, avant de revenir en démonstration en 1928, 1936 et 1948[181]. L'épreuve de figures spéciales en patinage artistique est seulement constatée lors des Jeux olympiques d'été de 1908[182]. Le bandy, sport populaire dans les pays nordiques et en Russie décrit comme du hockey sur glace avec une balle, est en démonstration lors des Jeux d'Oslo en 1952[183]. L'eisstock, variante allemande du curling, est en démonstration en 1936 en Allemagne et en 1964 en Autriche[18]. L'épreuve de ballet, plus tard connue comme l'acroski, est présente en 1988 et en 1992[184]. Le ski joëring, qui consiste en une course de ski derrière des chevaux ou des chiens, est un sport de démonstration à Saint-Moritz en 1928[183]. Une course de chiens de traîneaux a lieu à Lake Placid en 1932[183]. Le ski de vitesse est en démonstration à Albertville lors des Jeux olympiques d'hiver de 1992[185]. Le pentathlon d'hiver, version hivernale du pentathlon moderne, est présent comme épreuve de démonstration lors des Jeux de 1948 en Suisse. Il est composé de ski de fond, de tir, d'une descente à ski, de l'escrime et d'équitation[165]. C'est sa version déclinée et repensée à deux disciplines (ski de fond et tir) combinées en une seule épreuve, le biathlon d'hiver, qui s'imposera quelques années plus tard.
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+
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+ Note : Contrairement aux Jeux olympiques d'été, les Jeux olympiques d'hiver de 1940 et les Jeux olympiques d'hiver de 1944 annulés ne sont pas inclus dans le décompte officiel en chiffres romains des Jeux d'hiver. Tandis que la liste officielle des Jeux d'été compte les olympiades, la liste des Jeux d'hiver ne compte que les Jeux eux-mêmes.
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+ Ce tableau montre la somme des médailles remportées par les dix premières nations aux Jeux d'hiver depuis 1924, d'après le Comité international olympique. Il a été actualisé après les Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang en 2018[194] :
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+ En italique les entités politiques n'existant plus aujourd'hui.
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+ Parmi les 17 405 athlètes (dont 12 862 hommes et 4 543 femmes) qui ont participé aux Jeux d'hiver, 22 ont remporté au moins 8 médailles[194]. Parmi ces 22 athlètes, c'est la Norvégienne Marit Bjørgen, qui en a remporté le plus (15) devant le biathlète Ole Einar Bjørndalen (13) et Bjørn Dæhlie (12), ce trio comptant aussi le plus grand nombre de médailles d'or (8). Ces trois norvégiens sont suivis par la Néerlandaise Ireen Wüst qui compte depuis les Jeux de PyeongChang 2018 11 médailles dont 5 titres, puis par la Soviétique Raisa Smetanina et l'Italienne Stefania Belmondo, toutes deux en ski de fond, avec 10 médailles chacune.
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+ Liste des athlètes ayant gagné au moins huit médailles aux Jeux d'hiver :
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+ Les Jeux olympiques (JO), aussi appelés Jeux olympiques modernes, puisqu'ils prolongent la tradition des jeux olympiques de la Grèce antique, sont des événements sportifs internationaux majeurs, regroupant les sports d’été ou d’hiver, auxquels des milliers d’athlètes participent à travers différentes compétitions tous les quatre ans, pour chaque olympiade moderne.
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+ Originellement tenus dans le centre religieux d’Olympie, dans la Grèce antique du VIIIe siècle av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C., les Jeux sont rénovés par le baron français Pierre de Coubertin en 1894 lorsqu’il fonde le Comité international olympique (CIO). Depuis lors, le CIO est devenu l’organisation gouvernant le mouvement olympique dont la structure et les décisions sont définies par la Charte olympique.
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+ Les premiers Jeux olympiques modernes se déroulent en 1896 à Athènes et l'instauration des Jeux olympiques d'hiver date de 1924 à Chamonix. Ils ont lieu la même année tous les quatre ans, les années bissextiles, souvent dans le même pays sous réserves qu'il possède un territoire montagneux, puis sont décalés de deux ans à partir de 1994[n 1]. Annulés en 1916, 1940 et 1944 pour cause de guerres mondiales, les Jeux ont vu leur édition de 2020 reportée d'un an en raison de la pandémie de Covid-19.
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+ Pendant le XXe siècle, le CIO adapte les Jeux à sa perception des changements économiques, politiques et techniques du monde. Ainsi, les Jeux olympiques sont, comme le voulait Pierre de Coubertin, d'abord réservés aux purs amateurs, le règlement du CIO interdisant la participation de sportifs professionnels[3]. Bien que malmenée par les supercheries (notamment l'amateurisme marron) autour du statut faussement « amateur » de nombreux sportifs, l'exclusion du professionnalisme reste en vigueur jusqu'en 1981. Si le passage de l’amateurisme pur au professionnalisme est dans les faits progressif, le XIe Congrès olympique en 1981 marque une révolution pour l'olympisme, avec l'admission des sportifs officiellement professionnels[2],[4]. Une autre évolution importante concerne la féminisation des épreuves, d'aucune femme en compétition en 1896 et un fort déséquilibre par la suite, jusqu'à une quasi parité de nos jours.
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+ Le CIO adapte aussi les Jeux aux changements sociaux qui se produisent au XXe siècle. Certains de ces ajustements incluent l'instauration des Jeux olympiques d’hiver, les Jeux paralympiques ou encore les Jeux olympiques de la jeunesse et la création de nombreuses épreuves mixtes. En outre, l’importante croissance des médias de masse apporte aux Jeux des sources de financement considérables, entraînant parfois des problèmes de corruption[5],[6].
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+ Actuellement, le mouvement olympique comprend les fédérations sportives internationales, les comités nationaux olympiques et la mise sur pieds de comités d'organisation locaux pour chaque édition des Jeux olympiques. La ville hôte est chargée d’organiser les Jeux olympiques de manière qu’ils soient en accord avec la Charte olympique. Le CIO décide aussi des sports présents ou non à chaque édition. La célébration des Jeux inclut de nombreux rituels et des symboles, comme le drapeau olympique et la flamme olympique, le relais de la flamme, ainsi que les cérémonies d’ouverture et de clôture. Les trois meilleurs athlètes ou équipes de chaque compétition reçoivent respectivement une médaille d’or (1re place), d’argent (2e place) et de bronze (3e place). Pour les Jeux d'été, la participation est plafonnée à environ 10 500 athlètes et à 28 sports se déclinant en plus de 300 épreuves.
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+ Les Jeux olympiques sont devenus si importants que presque chaque nation est représentée. Une telle ampleur a causé de nombreux défis, comme le boycott, le dopage, la corruption et le terrorisme. Tous les deux ans, les Jeux et leur exposition médiatique permettent à des athlètes d'acquérir une notoriété nationale, voire mondiale dans certains cas. Les Jeux sont aussi une excellente occasion pour la ville hôte et le pays d'accueil d'assurer leur promotion sur la scène internationale.
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+ Le sportif le plus médaillé des Jeux olympiques, été comme hiver, est le nageur américain Michael Phelps, qui gagne entre 2004 et 2016, vingt-huit médailles dont vingt-trois en or. Aux Jeux d'hiver, la fondeuse norvégienne Marit Bjørgen détient un record de quinze podiums, dont huit médailles d'or.
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+ De nombreuses légendes entourent l'origine des Jeux olympiques antiques. L'une dit qu'Héraclès construisit le stade olympique ainsi que les bâtiments alentour en l'honneur de son père Zeus, après avoir accompli ses douze travaux. Il aurait également défini la longueur du stade olympique en l'arpentant avec la longueur de son pied en avançant de 600 pas.
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+ Les premiers Jeux olympiques sont réputés pour avoir pris place en 776 av. J.-C. sur l'initiative d'Iphitos, roi d'Élide. Cette année marque le début du calendrier olympique, selon lequel les années sont regroupées en olympiades, et l'an 1 du calendrier grec adopté en 260 av. J.-C.. Toutefois, il est probable que les Jeux aient été encore plus anciens, compte tenu de l'abondance des offrandes de l'époque géométrique retrouvées à Olympie. Dès lors, les Jeux gagnèrent en importance dans toute la Grèce antique, mais il existe près de 300 réunions sportives du même type, les agônes. On passe à plus de 500 sous l'Empire romain. Les Jeux olympiques forment, avec les Jeux pythiques, les Jeux néméens, et les Jeux isthmiques, un cycle des jeux sacrés dont l'un revient chaque année. L'athlète qui gagne des prix à ces quatre Jeux panhelléniques est désigné par le titre de « periodonikès », le vainqueur du « Grand Chelem » du sport grec[7].
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+ Le programme des compétitions comprend des épreuves hippiques (chars à deux ou quatre chevaux) et des épreuves athlétiques dites de gymnastique (course à pied sur plusieurs distances, lancer du disque, saut en longueur, lancer du javelot, pentathlon[8], lutte, pugilat et pancrace). Disque, longueur et javelot ne donnent pas de titre olympique, mais font partie des cinq épreuves du pentathlon avec la course du stade et la lutte[9].
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+ Corèbe d'Élis[10] ouvre le palmarès olympique officiel en remportant la course pédestre du stade en 776 av. J.-C. Parmi les autres principaux athlètes grecs des Jeux antiques, citons Milon de Crotone (lutte, VIe siècle av. J.-C.), Diagoras de Rhodes (boxe, Ve siècle av. J.-C.), Polydamas de Scoutoussa (pancrace, VIe siècle av. J.-C.), Léonidas de Rhodes (course, IIe siècle av. J.-C.) et Mélancomas de Carie (boxe, au Ier siècle). À partir de la septième olympiade (752 av. J.-C.), le champion olympique reçoit une couronne d’olivier sauvage, une branche de palmier et un ruban de laine rouge appelé la tænia. Le Messénien Daikles est le premier champion olympique honoré ainsi.
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+ Réservés d'abord aux seuls citoyens grecs masculins et riches, les Jeux entraînent une trêve olympique. Cette dernière n'arrête pas les conflits, mais autorise les athlètes et spectateurs à traverser librement des zones de guerre sans être inquiétés[11]. La portée d'un titre olympique est considérable. Les champions sont d'authentiques héros populaires et sont couverts de cadeaux et d'honneurs à leur retour dans leur cité. Ils sont de plus pleinement professionnels[12] depuis le Ve siècle av. J.-C. et peuvent décider de défendre les couleurs d'une autre cité. Ces changements d'allégeance provoquent souvent des troubles, parfois importants, dans la cité « trahie ». On peut ainsi citer le cas de Astylos de Crotone (6 titres olympiques), qui passe de Crotone à Syracuse en 484 av. J.-C., provoquant de graves troubles à Crotone.
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+
29
+ Un serment olympique en quatorze points[13] régit l'organisation des Jeux depuis 338 av. J.-C. Le Xe point concerne les cas de tricheries qui sont nombreux et durement sanctionnés.
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+ À la suite de l'invasion romaine, les Jeux s'ouvrent aux non-Grecs. Le prestige des Jeux est tel que plusieurs empereurs y prennent part. Sur les conseils de l'évêque Ambroise de Milan, l'empereur Théodose Ier interdit les Jeux en 393-394 en raison de leur caractère païen. Cette interdiction ne vise d'ailleurs pas spécifiquement les Jeux olympiques mais de façon générale les Jeux du cirque dont ceux-là sont un événement particulier.
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+ Les Jeux olympiques connaissent quelques timides tentatives de rénovation entre la fin du XVIIIe siècle, époque à laquelle on découvre les ruines des sites d'Olympie, et la fin du XIXe siècle. Citons ainsi l'Olympiade de la République qui se tient à Paris en 1796, 1797 et 1798. Esprit-Paul De Laffont-Poulotti réclame même le rétablissement des Jeux olympiques. Il va jusqu'à présenter un projet à la municipalité parisienne, qui rejette l’idée. Le CIO honora la mémoire de ce visionnaire en 1924. Parmi les autres tentatives, citons les Jeux du petit séminaire du Rondeau à Grenoble à partir de 1832, les Jeux scandinaves (en 1834 et 1836), les festivals olympiques britanniques (depuis 1849) comme les Jeux de Much Wenlock, les Jeux athlétiques disputés à Montréal (Canada) en 1843 et qui sont rebaptisés Jeux olympiques pour les éditions 1844 et 1845 et les jeux olympiques de Zappas à Athènes en 1859 et 1870. L'Allemagne tient également un rôle important dans cette rénovation en étant déterminante en matière de fouilles archéologiques menées par Ernst Curtius sur le site d'Olympie et en devenant, très tôt, favorable à la rénovation[14].
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+ Il faut préciser que la rénovation des Jeux olympiques n'est pas seulement inspirée par les Jeux antiques. L'actualité de cette fin de XIXe siècle influence nettement l'esprit de ceux qui vont lancer le nouveau mouvement olympique : la défaite grecque contre les turcs en 1897, celle des Français contre les Allemands en 1870 incitent les gouvernements à réformer l'éducation de leur jeunesse en favorisant le sport et l'éducation physique pour endurcir les corps, fortifier les esprits et préparer cette jeunesse à combattre pour la revanche[15]. C'est cependant la volonté de Pierre de Coubertin de favoriser les interactions culturelles entre les pays et de promouvoir les valeurs éducatives et universelles du pays qui l'oriente vers son projet de rénover les Jeux[16]. De même, l'inspiration puise également ses sources dans des pratiques profondément ancrées dans la culture européenne comme celle des joutes chevaleresques médiévales[17]. Cette tradition nobiliaire explique que les Jeux olympiques attendent de leurs athlètes qu'ils aient l'étoffe d'aristocrates en cultivant le fair-play des gentlemen, les attitudes gestuelles et l'amateurisme éthique (seuls les athlètes issus des classes les plus favorisées pouvant consacrer leur temps à faire du sport, notamment l'escrime, le yachting, le tennis ou l'équitation, épreuves phares des premiers Jeux olympiques) qui se développe en réaction à la professionnalisation du sport par les classes populaires, le « shamateurisme » (de shame, « la honte », et d'amateurisme) des sportifs roturiers étant perçu comme une subversion[18] des codes de l'amateurisme[19],[20].
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+ La fédération omnisports française d'athlétisme USFSA fête son cinquième anniversaire le 25 novembre 1892 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris. À cette occasion, Pierre de Coubertin appelle à la rénovation des Jeux olympiques. Deux ans plus tard, du 16 au 23 juin 1894, se tient également à la Sorbonne le « Congrès pour le rétablissement des Jeux olympiques ». Devant l’absence de réactions à son appel deux ans plus tôt, Pierre de Coubertin parvient à convaincre les représentants britanniques et américains, mais aussi d'autres nations, notamment la Jamaïque, la Nouvelle-Zélande ou la Suède. Plus de 2 000 personnes représentant douze nations assistent finalement au congrès, qui vote à l’unanimité la rénovation des Jeux olympiques. L'autre décision importante prise à l’occasion de ce Congrès est la condamnation des règlements sportifs de certaines fédérations (britanniques notamment) excluant les ouvriers et les artisans au nom d’un élitisme social qui allait à l’encontre des idéaux égalitaires français.
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+ À l'origine, les Jeux sont exclusivement estivaux. Le patinage artistique et le hockey sur glace font ainsi des apparitions au programme olympique avant même la création de Jeux d'hiver, en 1924.
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+ Après le succès initial des épreuves à Athènes en 1896, les olympiades de Paris en 1900 (qui virent pour la première fois des femmes participer aux épreuves, Charlotte Cooper étant la première championne olympique) et de Saint Louis en 1904 sont noyées dans les programmes des expositions universelles. Le premier athlète noir à participer, à remporter une médaille et à être champion olympique est l'Haïtien d'origine Constantin Henriquez, en 1900.
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+
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+ Les Jeux olympiques intercalaires de 1906 d'Athènes, non reconnus ultérieurement par le CIO, marquèrent un regain d'intérêt du public et des athlètes, avec une participation très internationale alors que 80 % des sportifs ayant pris part aux Jeux de Saint-Louis étaient américains. Les nations européennes avaient en effet renoncé à faire le long et coûteux déplacement outre-Atlantique.
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+ De 241 athlètes de quatorze nations en 1896[21], les Jeux passent à 10 568 sportifs représentant 204 délégations lors des Jeux olympiques de Londres en 2012. C'est désormais l'un des événements les plus médiatisés. Les Jeux de Sydney en 2000 réunissent ainsi plus de 16 000 journalistes et diffuseurs. La dimension de l'épreuve est telle que cela pose des problèmes aux villes hôtes, que le sponsoring ne couvre que partiellement. Les villes hôtes profitent en effet des Jeux pour s'équiper notamment en transports en commun et autres équipements sportifs. À titre d'exemple, le budget estimé des Jeux de Londres en 2012 est de 9 milliards de livres sterling.
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+ Sous la tutelle du CIO ont également lieu des jeux régionaux. Les plus anciens sont les Jeux d'Amérique centrale et des Caraïbes, tenus pour la première fois à Mexico en 1926[22].
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+ Localisation des éditions des Jeux olympiques modernes
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+ Le programme des compétitions se met progressivement en place. Lors de la première édition des Jeux (776 av. J.-C.), une seule épreuve est disputée : c'est la course pédestre du stade (environ 192 m). En 724 av. J.-C., la course pédestre du double stade (diaulos) est introduite dans le programme, puis quatre ans plus tard, la première épreuve de fond fait son apparition : le dolichos, soit 24 stades (environ 4 600 m). Le pentathlon est introduit au programme olympique en 708 av. J.-C. en même temps que la lutte. Le pugilat arrive en 688 av. J.-C. et le pancrace en 648 av. J.-C. La course d’hoplites (course pédestre en tenue militaire) fait son entrée au programme en 520 av. J.-C.
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+ Du côté des courses hippiques, les courses de quadriges (quatre chevaux) figurent au programme olympique depuis 680 av. J.C.. Les courses montées se disputent depuis 648 av. J.-C.
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+ Des épreuves de course et de lutte réservées aux juniors sont ajoutées au programme olympique en 632 av. J.-C. Un concours de pentathlon (628 av. J.-C.) et un autre de pugilat (616 av. J.-C.) viennent ensuite compléter le programme olympique des juniors.
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+
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+ En plus de ce programme sportif, des concours culturels étaient organisés. Platon est ainsi sacré deux fois « olympionique ».
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+ En ce qui concerne les épreuves, les femmes ne pouvaient pas participer. On retrouve tout de même des noms de femmes dans les palmarès des vainqueurs de courses de chars. Cela tient au fait qu'on n'inscrivait pas le nom du conducteur, mais celui du propriétaire de l'attelage.
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+ La nudité des athlètes lors des épreuves est parfois expliquée comme une conséquence de la victoire d'une femme lors d'une olympiade, alors que les participants concouraient encore vêtus. Cette pratique serait donc une solution pour exclure à coup sûr les femmes des épreuves. Mais aucune explication sérieuse sur ce sujet n'a encore été donnée, les Grecs se contentant eux-mêmes d'anecdotes peu convaincantes[23].
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+
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+ Contrairement aux Jeux antiques, le programme olympique moderne est beaucoup moins stable. Chaque édition des Jeux apporte ainsi son lot de nouveautés, nouvelles disciplines et nouvelles catégories.
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+
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+ Conservateur et colonialiste convaincu, Pierre de Coubertin n'imagine pas des Jeux olympiques valorisant le corps de l'athlète noir ou celui de la femme[24],[25] mais ses convictions sont initialement peu appliquées car le CIO a le contrôle de la doctrine mais pas de l'organisation des premiers Jeux qui est déléguée à des entrepreneurs de spectacle[26].
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+ Le CIO est devenu progressivement le seul décisionnaire sur l'admission d'une discipline au programme olympique. En 1919, Alice Milliat demande au Comité international olympique d'inclure des épreuves féminines lors des prochains Jeux olympiques, mais sa demande est refusée. Les femmes sont finalement admises aux épreuves athlétiques des Jeux olympiques d'été de 1928 à Amsterdam[27].
68
+
69
+ Le CIO doit désormais composer avec les Fédérations internationales gérant les disciplines. Le programme des compétitions sportives ne propose pas l'ensemble des disciplines sportives, ni même la totalité des différentes épreuves possibles. Les Jeux d'été comptent 302 podiums, et c'est un plafond que le CIO ne souhaite pas dépasser. Ainsi, nombre de sports sont écartés du programme, comme c'est le cas du baseball et du softball après les Jeux de 2008, tandis que d'autres disciplines souhaitant profiter de la vitrine olympique sont priées d'attendre. Les Jeux mondiaux rassemblent certains de ces sports non-olympiques mais dont les fédérations internationales sont reconnues par le CIO. Jusqu'en 1996, ces sports pouvaient profiter du statut de sport de démonstration.
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+
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+ Le nombre des participants aux Jeux olympiques d'hiver est plus modeste avec environ 2 500 athlètes à Turin en 2006. Et du côté du programme, on cherche plutôt à l'étoffer. Certaines disciplines de salle ont été approchées pour passer des JO d'été à ceux d'hiver mais les fédérations internationales concernées ont refusé.
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+ Afin de contenir l'expansion, le nombre d'athlètes participants aux Jeux est désormais plafonné à 10 500 en été et les participants doivent désormais réaliser des minima dans les disciplines chiffrées ou profiter de quotas olympiques gagnés lors des grandes compétitions précédant les Jeux. Pour permettre à toutes les nations de participer, les minima sont à géométrie variable selon les nations et un Comité olympique n'ayant aucun athlète qualifié aux Jeux profite d'invitations, généralement en athlétisme, natation, judo ou haltérophilie pour les Jeux d'été.
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+ Nota
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+ Nota : le fond bleu indique les épreuves disputées à l'occasion des Jeux olympiques d'été.
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+ En 1948, Sir Ludwig Guttman, fermement décidé à promouvoir la réhabilitation des soldats de la Seconde Guerre mondiale, organisa une compétition sportive entre différents hôpitaux au même moment que les Jeux olympiques d'été de 1948 à Londres. Cette compétition, connue alors sous le nom de Jeux de Stoke Mandeville, devint annuelle. Durant les douze années suivantes, Guttman et d’autres continuèrent d’utiliser le sport comme thérapie de guérison. Aux Jeux olympiques d'été de 1960 à Rome, Guttman réunit 400 athlètes pour concourir dans les « Jeux olympiques parallèles » et devinrent les premiers Jeux paralympiques. Depuis, les Paralympiques ont lieu chaque année olympique et se déroulent dans la même ville que les Jeux olympiques depuis les Jeux de Séoul en 1988[29].
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+ À partir de 2010, les Jeux olympiques accueillent les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ), où les athlètes ont entre 14 et 18 ans. Les JOJ sont créés par Jacques Rogge, président du CIO, en 2001. La décision est approuvée pendant le 119e Congrès du CIO[30],[31]. Les Jeux olympiques de la jeunesse d'été de 2010 se tiennent à Singapour et ceux d’hiver en 2012, à Innsbruck en Autriche[32]. Ces Jeux durent moins longtemps que les Jeux olympiques traditionnels. Ceux d’été durent douze jours et ceux d’hiver, neuf jours[33]. 3 500 athlètes et 875 officiels vont participer aux JO d’été de 2010, et 970 athlètes et 580 officiels aux JO d’hiver[34],[35]. Les sports au programme coïncident avec ceux des Jeux olympiques traditionnels, cependant le nombre de disciplines et d’épreuves est diminué[36].
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+
83
+ Le CIO est fondé lors du Congrès olympique de 1894 à Paris. Il a pour mission d'organiser les Jeux. Composé de 115 membres qui se réunissent au moins une fois par an, et élisent un président pour une durée de huit ans. Le mouvement olympique regroupe un grand nombre d’organisations et de fédérations sportives nationales et internationales, de partenaires médiatiques reconnus, d’athlètes, d’officiels, et juges et toutes les personnes et institutions qui sont d’accord pour respecter les règles de la Charte olympique[37]. Organisation de coordination du mouvement olympique, le CIO est responsable du choix de la ville hôte, la négociation des partenaires et des droits de diffusion, de superviser le programme du déroulement des Jeux olympiques, actualiser et approuver le programme sportif[38].
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85
+ Le CIO reconnaît 206 comités nationaux, selon des critères différents de ceux définissant un État au sens du droit international. De nombreuses dépendances prennent ainsi part aux Jeux sous leur propre drapeau, tel que les Bermudes, Porto Rico ou Hong Kong, alors qu'elles sont légalement parties intégrante d'un autre État. Depuis 1980, Taïwan participe sous le nom de Chine de Taipei, la République populaire de Chine refusant sa propre participation si Taïwan était présent sous le nom de République de Chine. Les Îles Marshall ont quant à elles été reconnues par le CIO le 9 février 2003.
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+ Le mouvement olympique regroupe trois grands éléments :
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+
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+ Le français et l’anglais sont les langues officielles du mouvement olympique. La langue du pays organisateur des Jeux olympiques est aussi utilisée. Toutes les annonces (comme celle du nom du pays lors du défilé des nations pendant la cérémonie d’ouverture) sont déclarées dans ces trois langues, dans cet ordre[40].
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+
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+ Le CIO a souvent été critiqué car c’est une organisation intraitable, avec plusieurs de ses membres élus à vie. Les directions de Avery Brundage et Juan Antonio Samaranch furent en particulier controversées. Brundage fut président du CIO pendant plus de 20 ans. Pendant sa présidence, il protégea les Jeux olympiques de toutes implications politiques préjudiciables[41]. Il fut accusé de racisme pour sa gestion du problème de l’apartheid avec la délégation Sud-Africaine et d’antisémitisme[42]. Samaranch fut accusé de népotisme et de corruption[43]. Les liens qu’entretenait Samaranch avec le régime de Franco furent aussi une source de vives critiques[44]. En 1998, on révéla que plusieurs membres du CIO avaient reçu des pots de vin de la part du comité d’organisation de Salt Lake City pour s’assurer que leurs votes iraient en leur faveur. Le CIO entama une enquête qui aboutit à la démission de 4 membres et à l’exclusion de 6 autres. Le scandale eut aussi pour conséquence la mise en place de réformes pour la sélection des villes organisatrices afin d’éviter ce genre de cas à l’avenir[45].
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+ Un documentaire de la BBC intitulé Panorama: Buying the Games diffusé en août 2004, retrace l’enquête qui eut lieu sur les pots de vin lors de la sélection de la ville organisatrice pour les Jeux olympiques d'été de 2012[46]. Le documentaire montra qu’il était possible d’acheter les membres du CIO afin qu’ils votent pour une ville en particulier. Après la défaite de Paris pour les Jeux de 2012[47], Bertrand Delanoë accusa en particulier Tony Blair, Premier Ministre Anglais, et le comité londonien (dont Sebastian Coe était à la tête) d’enfreindre les règles des votes. Il cita comme témoin Jacques Chirac[48]. La sélection de Turin pour les Jeux olympiques d'hiver de 2006 fut aussi controversée. Marc Hodler, éminent membre du CIO, et en faveur de la ville concurrente de Sion en Suisse, affirma que certains membres du CIO avaient été achetés par le Comité d’organisation de Turin. Ces accusations menèrent à une enquête et desservirent la candidature de Sion en faveur de Turin[49].
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+ Le calendrier olympique, le déroulement des cérémonies et leur symbolique est le résultat d'une évolution. Ainsi, il n'y a pas de cérémonie d'ouverture en 1900 à Paris. Le drapeau olympique dessiné par Coubertin en 1913 apparaît aux Jeux de 1920 tout comme le serment olympique. La flamme olympique, symbolisant le lien entre Jeux antiques et Jeux modernes, est en usage depuis 1928. Depuis 1936 elle effectue un parcours sous forme de relais avant la tenue des Jeux. Cette dernière innovation fut créée par Goebbels. Un hymne olympique existe depuis 1896. Cette pièce de musique grecque est officiellement hymne olympique depuis 1960. Le défilé des athlètes est la plus longue des séquences des cérémonies d'ouverture et de clôture. Le défilé est toujours ouvert par la délégation grecque et le pays qui accueille les Jeux ferme la marche.
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+ Entre les cérémonies d'ouverture et de clôtures, deux semaines de compétitions se tiennent sur différents sites, parfois assez éloignés. Les athlètes sont logés dans un village olympique exclusivement réservé aux athlètes et aux entraîneurs. Les journalistes sont regroupés au sein d'un centre médias et ont un accès limité au village olympique des athlètes. L'organisation fait appel à des milliers de volontaires bénévoles afin d'assister les athlètes, les officiels, les journalistes et les spectateurs. L'une des traditions typiques des Jeux est l'échange de Pin's entre délégations et médias. Les volontaires terminent souvent les Jeux couverts de ces épinglettes.
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+ La mascotte olympique apparaît officiellement pendant les Jeux d'hiver de 1968 à Grenoble. Depuis, chaque édition crée sa propre mascotte afin de symboliser les valeurs de l'olympisme.
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+ La devise latine des Jeux olympiques est, depuis 1894, année du premier congrès olympique : citius, altius, fortius… (plus vite, plus haut, plus fort…). C'est Pierre de Coubertin qui proposa cette devise, empruntée à son ami dominicain, l'abbé Henri Didon, ancien vainqueur en 1855 des jeux olympiques du petit séminaire du Rondeau de Grenoble.
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+ Les langues en usage pendant les Jeux sont, dans cet ordre, le français, l'anglais et la langue locale. À l'usage, le français recule pourtant clairement devant l'anglais au niveau de la signalisation sur les sites olympiques tandis que l'anglais est privilégié dans les discours des cérémonies d'ouverture et de clôture. C'est pourtant bien en français que débute la cérémonie de remise des médailles, comme le prévoit le protocole olympique.
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+ L'extinction de la flamme olympique marque la fin de la parenthèse olympique.
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+ Conçu en 1913 par Pierre de Coubertin, il fut présenté officiellement au congrès olympique de Paris en juin 1914. Mais c’est seulement en 1920 aux Jeux d’Anvers qu’on le voit flotter pour la première fois.
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+ Le baron Pierre de Coubertin expliquait lui-même[50] :
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+ « Le drapeau olympique, on le sait, est tout blanc avec, au centre, cinq anneaux enlacés : bleu, jaune, noir, vert, rouge ; l’anneau bleu en haut et à gauche à côté de la hampe. Ainsi dessiné, il est symbolique ; il représente les cinq parties du monde unies par l’Olympisme et ses cinq couleurs d’autre part reproduisent celles de tous les drapeaux nationaux qui flottent à travers l’univers de nos jours. »
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+ — Coubertin (1931), Textes choisis
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+ Les équipes ou athlètes qui se classent en première, deuxième ou troisième place dans chaque épreuve reçoivent des médailles. Les vainqueurs de l'épreuve reçoivent des médailles d'or, qui étaient en or massif jusqu'en 1912, puis en argent doré et maintenant en argent plaqué or. Chaque médaille d'or doit toutefois contenir au moins six grammes d'or pur[51]. Les finalistes recevront des médailles d'argent et pour la troisième place les athlètes sont récompensés par une médaille de bronze. Dans les épreuves contestées par un tournoi à élimination directe (comme la boxe), la troisième place ne pourrait être déterminée et les deux perdants des demi-finales reçoivent des médailles de bronze. Aux Jeux olympiques de 1896, seulement les deux premiers ont reçu une médaille, l'argent pour le premier et le cuivre pour le deuxième. Le format actuel de trois médailles a été introduit aux Jeux olympiques de 1904[52]. Depuis 1948, les athlètes classés quatrièmes, cinquièmes et sixièmes ont reçu des certificats dont le nom est aujourd'hui diplôme olympique. En 1984, le diplôme est élargi aux septième et huitième places. Lors des Jeux de 1896 à Athènes, les médaillés ont reçu des diplômes ainsi qu’un rameau d’olivier pour les premiers et une branche de lauriers pour les deuxièmes. Lors des Jeux suivants ayant lieu à Athènes, en 2004, les athlètes médaillés recevaient également une couronne d'olivier[53] en souvenir de ces premiers Jeux. Le CIO ne tient pas de statistiques pour les médailles remportées, mais les comités nationaux olympiques et les médias tiennent des statistiques concernant les médailles et les records pour mesurer les succès des différentes nations participantes[54].
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+ Au départ, le CIO trouvait ses fonds grâce à des sociétés partenaires. C’est lorsque Avery Brundage partit en retraite en 1972 que le CIO commença à explorer le potentiel de la télévision et le marché lucratif de la publicité qui s’offraient à eux[55]. Sous la présidence de Juan Antonio Samaranch, les Jeux commencèrent à s’intéresser aux sponsors internationaux qui cherchaient à associer leurs produits à la marque olympique[56].
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+ Dans la première moitié du XXe siècle, le CIO avait un petit budget[56],[57]. Président du CIO de 1952 à 1972, Avery Brundage rejeta toutes les tentatives de lier les Jeux aux intérêts commerciaux[55]. Il pensait que le lobby des intérêts des sociétés influencerait les décisions du CIO[55]. Lorsqu’il prit sa retraite, le CIO avait 2 millions de dollars d’actifs. Huit ans plus tard, les coffres du CIO atteignirent 45 millions de dollars[55]. Ce fut d’abord dû au changement d’idéologie qui prôna l’expansion des Jeux grâce aux sponsors de sociétés et la vente des droits audiovisuels[55]. Lorsque Juan Antonio Samaranch fut élu à la tête du CIO en 1980, il désirait rendre le CIO financièrement indépendant[57].
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+ Les Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles restent une étape clé dans l’histoire olympique. Le comité d’organisation de Los Angeles, dirigé par Peter Ueberroth réussit à engranger un surplus de 225 millions de dollars, résultat sans précédent à l’époque[58]. Le comité d’organisation réussit à créer un tel surplus en partie grâce à la vente des droits exclusifs des sponsors à certaines sociétés[58]. Le CIO cherchait à avoir le contrôle de ces droits. Samaranch prit part à l’élaboration du programme olympique en 1985 afin de créer une marque olympique[56]. Il créa en 1988 le programme TOP (The Olympic Partners) : faire partie de ce programme olympique de sponsorship est très exclusif et onéreux. Les frais sont de 50 millions de dollars pour 4 ans d’adhésion[57]. Les membres du programme olympique reçoivent des droits de publicité exclusifs et l’utilisation du symbole olympique, les anneaux olympiques, dans leurs publications et leurs publicités[59].
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+ Actuellement, les revenus du CIO ont quatre sources[60] : principalement les droits télévisés (4 milliards de dollars sur l'olympiade 2009-2012), le programme de sponsorship TOP (1 milliard de dollars sur la même période) et dans une moindre mesure la billetterie et les licences pour l'exploitation des produits dérivés. Le CIO garde 10 % de ces revenus et en redistribue 90 % aux comités nationaux olympiques, fédérations sportives internationales et au Comité d'Organisation des Jeux Olympiques (COJO) du pays hôte.
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+ Les Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin furent les premiers Jeux à passer à la télévision bien que localement[61]. Les Jeux olympiques d'été de 1956 furent les premiers Jeux à être diffusés internationalement[62] et les Jeux d’hiver suivants virent leurs droits audiovisuels vendus pour la première fois. CBS déboursa 394 000 dollars pour avoir les droits américains[63] et l’Union européenne de radio-télévision 660 000 dollars[56]. Les Jeux olympiques d'été de 1964 de Tokyo sont les premiers JO diffusés en direct, grâce notamment au satellite[64].
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+ Durant les décennies suivantes, les Jeux devinrent l’un des terrains idéologiques de la Guerre froide. Les grandes puissances manœuvrèrent pour prendre le pouvoir politique et le CIO décida de prendre l’avantage de cet intérêt grâce aux médias[63]. La vente des droits audiovisuels permit au CIO de bien plus exposer au Monde les Jeux olympiques, et ainsi leur donner plus d’intérêt, ce qui eut pour conséquence d’attirer les sponsors qui achetèrent des plages publicitaires. Cela permit au CIO d’augmenter les tarifs de ces droits[63]. Par exemple, CBS déboursa 375 millions de dollars pour les droits de retransmission des Jeux olympiques d'hiver de 1998 à Nagano[65], tandis que NBC dépensa 3,5 milliards pour les droits de retransmission pour tous les Jeux olympiques de 2000 à 2008[56]. Le nombre de téléspectateurs a beaucoup augmenté depuis les années 1960, notamment grâce à l’utilisation de satellite en 1964 et l’apparition de la télévision couleur en 1968[66]. Les coûts pour retransmettre les Jeux étant très élevés, la pression d’internet, plus une concurrence rude au niveau du câble, le lobby de la télévision exigea que le CIO stimule les cotes[67]. À la suite de cela, le CIO fit certains changements dans le programme olympique. Pour les Jeux d’été, les épreuves de gymnastique passèrent de sept à neuf soirées et un gala en fin de compétition fut ajouté[68]. Les programmes de natation et plongeon furent aussi développés[68]. Enfin, le lobby de la télévision américaine réussit à imposer la date de certaines épreuves pour qu’elles soient diffusées en première partie de soirée aux États-Unis[69].
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+ La vente de la marque olympique prête à des controverses. Le débat tourne autour du fait que les Jeux ne se distinguent plus des autres compétitions sportives commercialisées[59]. Certaines critiques furent lancées contre le CIO à cause de la saturation du marché pendant les Jeux de 1996 à Atlanta et 2000 à Sydney. Les deux villes étaient envahies par des sociétés et des marchands qui tentaient de vendre des marchandises en rapport avec les Jeux[70].
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+ Une autre critique vient du fait que les Jeux sont financés par la ville organisatrice et le pays. Le CIO ne prend rien en charge et pourtant il contrôle tout et tire profit des symboles olympiques. Le CIO prend aussi un pourcentage de tous les bénéfices des sponsors et des émissions[59]. Les villes organisatrices continuent à rivaliser pour accueillir les Jeux, même si elles ne sont pas sûres de récupérer leurs investissements financiers[71].
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+ La politique de redistribution du CIO soulève également des critiques : depuis les Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles, le comité olympique américain reçoit à lui seul autant que les 201 autres comités nationaux. Cette redistribution s'explique par la prédominance historique des sponsors américains (Coca-Cola, Dow Chemical, Procter & Gamble, General Electric, McDonald's, VISA). Un nouveau contrat signé en 2012, s'appliquant de 2021 à 2040, prévoit que le comité olympique américain ne percevra plus que 7 % des droits télévisés (contre 12,5 % actuellement) et 10 % des revenus de sponsoring (contre 20 %)[72].
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+ Une autre critique majeure concerne le gigantisme présumé des infrastructures construites dans l'optique des Jeux par les villes-hôtes. Le cas des Jeux d'Athènes en 2004 et de ceux de Rio en 2016 ont mis en lumière la difficulté pour des pays faisant face à des difficultés économiques de gérer sur le long terme et de trouver une réaffectation à une telle quantité de sites[73],[74].
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+ Au début du XXe siècle, de nombreux athlètes olympiques ont commencé à utiliser des drogues pour améliorer et augmenter leurs capacités athlétiques. En 1967, le CIO a interdit l'utilisation de drogues améliorant la performance dans la compétition olympique. Lors des Jeux olympiques d'été de 1968 ; le CIO officialise les contrôles anti-dopage et oblige les femmes à se soumettre à des tests de féminité. En 1989, le CIO met en place les contrôles inopinés.
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+ Le premier athlète olympique contrôlé positif pour utilisation de drogues améliorant la performance est Hans-Gunnar Liljenwall, un athlète suédois pratiquant le Pentathlon moderne. Lors des Jeux olympiques d'été de 1968, il perd sa médaille de bronze pour consommation d'alcool[75]. Il est le seul athlète à être contrôlé positif pour une substance interdite aux Jeux olympiques de 1968.
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+ Malgré les vœux de Coubertin, les deux Guerres mondiales empêchèrent la tenue du rendez-vous olympique. Les Jeux de 1916 furent ainsi annulés pendant la Première Guerre mondiale, et ceux de 1940 et 1944 pendant la Seconde.
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+ La politique s'empare parfois du symbole olympique. D'abord opposé à la tenue des Jeux olympiques en Allemagne, Adolf Hitler utilise cette manifestation à des fins de propagande. C'est également le cas à Moscou en 1980. L'Union soviétique entra pourtant tardivement au sein du mouvement olympique. C'est en 1952 que l'URSS reprendra les compétitions sportives internationales en participant aux Jeux olympiques d'été à Helsinki. Au fil des années, ces Jeux connaîtront un nouvel engouement pour le monde entier car on assistera à une guerre des médailles entre les États-Unis et l'URSS.
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+ En 1956, les Jeux de Melbourne sont boycottés par les Pays-Bas, l'Espagne et la Suisse qui manifestent ainsi leur désaccord avec la répression soviétique de l'époque en Hongrie. Lors de ces mêmes Jeux, l'Italie, l'Égypte, l'Irak et le Liban furent absents en raison de la crise de Suez.
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+ En 1968, 1972 et 1976, de nombreux pays africains boycottent les Jeux afin de protester contre le régime d'apartheid sud-africain. L'exclusion de la Nouvelle-Zélande est également réclamée, car son équipe de rugby s'était rendue en Afrique du Sud pour y jouer des matches. À Montréal, 21 pays africains et le Guyana manquent à l'appel. Précisons que le Président Senghor (alors Président d'honneur de la Fédération Mondiale des Cités Unies) avait célébré le jumelage symbolique du village olympique avec toutes les villes du monde pour en faire un village de paix et de fraternité, quatre ans après l'assassinat des athlètes Israéliens dans le village olympique de Munich. Il avait souhaité que la politique soit exclue des JO, c'est pourquoi le Sénégal et la Côte d'Ivoire sont restés et ont participé aux JO de Montréal. C'est aussi lors de ces Jeux que pour la première fois des athlètes ont été reçus chez l'habitant et que le soir, ils étaient célébrés par les municipalités du Québec - fait unique dans l'histoire des jeux olympiques.
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+ En 1972, lors des Jeux de Munich, un commando de terroristes palestiniens prit en otage onze membres de la délégation israélienne dans le village olympique et les assassina. Depuis ce crime, les polices des pays occidentaux comprennent des sections antiterroristes très pointues. De plus, la sécurité est renforcée autour des grands événements comme les Jeux olympiques. Le village olympique est parfois comparé à un bunker.
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+ En 1980, les États-Unis et 64 autres délégations boycottent les Jeux de Moscou en raison de l'intervention soviétique en Afghanistan. La France ou encore le Royaume-Uni ne se sont pas solidarisés avec ce mouvement et se rendent à Moscou avec quatorze autres nations occidentales. Le Comité olympique américain (USOC) tente de passer outre l'ordre de boycott donné par la Maison Blanche. Il faut que le président américain Carter menace les athlètes d'interdiction de sortie de territoire pour faire plier l'USOC. En réplique à ce boycott, l'URSS et quatorze de ses pays satellites boycottent les Jeux de Los Angeles quatre ans plus tard sous prétexte que la sécurité des délégations n'était pas garantie et à cause de l'installation de fusées Pershing américaines en Europe de l’Ouest. Cependant, la Roumanie se distingue du bloc de l'Est en se rendant à Los Angeles.
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+ En 1988, Cuba, l'Éthiopie et le Nicaragua boycottent les Jeux de Séoul pour protester contre la mise à l'écart de la Corée du Nord dans l'organisation des Jeux.
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+ En 1996, lors des Jeux olympiques d'Atlanta, une bombe explose sur la place principale de la ville, tuant deux personnes et en blessant cent onze.
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+ Avant 2008, un mouvement de protestation, mené par Reporters sans frontières, tente de convaincre le plus de pays possible de boycotter la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin en 2008 pour protester contre le bafouement des droits de l'homme en République populaire de Chine. Ce mouvement de protestation se manifeste particulièrement durant le passage de la flamme olympique autour du monde et notamment à Paris.
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+ Antoine de Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944 au large de Marseille, est un écrivain, poète, aviateur et reporter français.
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+ Né dans une famille issue de la noblesse française, il passe une enfance heureuse malgré les morts prématurées de son père et d'un frère. Élève rêveur, il obtient cependant son baccalauréat en 1917. Après son échec au concours de l'École navale, il s'oriente vers les beaux-arts et l'architecture. Devenu pilote durant son service militaire en 1922, il est engagé en 1926 par la compagnie Latécoère (future Aéropostale). Il transporte le courrier de Toulouse au Sénégal puis rejoint l'Amérique du Sud en 1929. Parallèlement, il devient écrivain. Il publie, en s'inspirant de ses expériences d'aviateur, ses premiers romans : Courrier sud en 1929 et surtout Vol de nuit en 1931, qui rencontre un grand succès et reçoit le prix Femina.
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+ À partir de 1932 Saint-Exupéry se consacre au journalisme et aux raids aériens. Il entreprend de grands reportages au Viêt Nam en 1934, à Moscou en 1935, en Espagne en 1936, qui nourriront sa réflexion sur les valeurs humanistes. Terre des hommes, publié en 1939, reçoit le grand prix du roman de l'Académie française.
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+ En 1939, il sert dans l'armée de l'air, affecté à une escadrille de reconnaissance aérienne. À l'armistice de juin 1940, il quitte la France pour New York avec l'objectif de faire entrer les États-Unis dans la guerre et devient l'une des voix de la Résistance. Rêvant d'action, il rejoint enfin, au printemps 1944, en Sardaigne puis en Corse, une unité chargée de reconnaissances photographiques en vue du débarquement de Provence. Il disparaît en mer avec son avion, un Lockheed P-38 Lightning lors de sa mission du 31 juillet 1944. Son avion a été retrouvé et formellement identifié le 3 septembre 2003 au large de Marseille. Il est déclaré « mort pour la France ».
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+ Le Petit Prince, écrit à New York pendant la guerre, et illustré avec ses propres aquarelles, est publié en 1943 à New York, puis en France chez Gallimard en 1946, à titre posthume. Ce conte philosophique, empreint à la fois de légèreté et de pessimisme vis-à-vis de la nature humaine, devient très vite un immense succès mondial.
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+ Fils de Martin Louis Marie Jean de Saint Exupéry (1863-1904), sans profession[1], et d'Andrée Marie Louise Boyer de Fonscolombe[1], Antoine Jean-Baptiste Marie Roger de Saint-Exupéry[Note 1] naît le 29 juin 1900 au 8, rue du Peyrat, dans le 2e arrondissement de Lyon[2], dans une famille issue de la noblesse française[1].
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+ Il partage une enfance heureuse avec ses quatre frères et sœurs. Mais en 1904, son père meurt, terrassé par une hémorragie cérébrale à seulement 41 ans, en gare de La Foux. Marie de Saint-Exupéry éduque ses cinq enfants : Marie-Madeleine, dite « Biche », Simone, dite « Monot », Antoine, dit « Tonio », François et Gabrielle, dite « Didi ». Elle est aidée par la gouvernante autrichienne Paula Hentschel (1883-1965), qui restera auprès d'eux jusqu'à ce qu'ils deviennent adultes. Dans son roman Pilote de guerre, l'auteur lui rendra hommage en ces termes : « Je remontais dans ma mémoire jusqu’à l’enfance, pour retrouver le sentiment d’une protection souveraine. Il n’est point de protection pour les hommes. Une fois homme on vous laisse aller… Mais qui peut quelque chose contre le petit garçon dont une Paula toute-puissante tient la main bien enfermée ? Paula, j’ai usé de ton ombre comme d’un bouclier… »[3].
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21
+ La mère d'Antoine vit mal ce veuvage prématuré. Son naturel optimiste lui permet de faire face à ses obligations. D'une sensibilité à fleur de peau, artiste (elle pratique la peinture[4]), elle tisse avec Antoine des liens privilégiés et lui offre une excellente éducation, chose difficile à l'époque pour une femme seule. Elle transmet à son fils adoré des valeurs qu'il conservera toute sa vie : honnêteté, respect d'autrui, sans exclusivité sociale. Femme exceptionnelle, elle consacre sa vie à ses enfants, avec un humanisme que Saint-Exupéry a cultivé tout au long de ses voyages[réf. nécessaire].
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23
+ Jusqu'à l'âge de dix ans, il passe son enfance entre le château de La Môle dans le Var, propriété de sa grand-mère maternelle, et le château de Saint-Maurice-de-Rémens dans l'Ain, propriété de sa tante Madame Tricaud.
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+ En 1908, il entre en classe de huitième chez les frères des Écoles chrétiennes, à Lyon. À la fin de l'été 1909, Marie de Saint-Exupéry s'installe avec ses enfants au Mans, 21 rue du Clos Margot, à proximité de son beau-père qui habitait 39, rue Pierre Belon[5]. Antoine entre au collège jésuite de Notre-Dame de Sainte-Croix le 7 octobre suivant. Élève médiocre, décrit comme indiscipliné et rêveur, il est attiré par l'ailleurs, le lointain, l'aventure, cherchant depuis l'enfance à échapper à son milieu aristocratique[6].
26
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27
+ En 1912, il passe les grandes vacances à Saint-Maurice-de-Rémens. Fasciné par les avions, il se rend souvent à vélo à l’aérodrome d'Ambérieu-en-Bugey, situé à quelques kilomètres, et y reste des heures à interroger les mécaniciens sur le fonctionnement des appareils. Un jour, il s'adresse au pilote Gabriel Salvez, assurant que sa mère l'a autorisé à effectuer un baptême de l'air. Il fait donc son baptême sur un Berthaud Wroblewski [7],[8], avion fabriqué à Villeurbanne par l'industriel lyonnais Berthaud sur des plans de Pierre et Gabriel Wroblewski-Salvez. Il écrit alors un poème témoignant de sa nouvelle passion pour les avions :
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+ Saint-Exupéry passe ainsi presque toute son enfance dans le château familial, entouré de ses frères et sœurs. Alors que la Première Guerre mondiale éclate, Marie de Saint-Exupéry est nommée infirmière-chef de l'hôpital militaire d'Ambérieu-en-Bugey. Elle fait venir ses enfants près d'elle. Ses deux fils, Antoine et François, intègrent en tant qu'internes le collège jésuite de Notre-Dame de Mongré, à Villefranche-sur-Saône. Le jeune Antoine peut donc enfin se consacrer à l'écriture, avec brio, puisqu'il remporte le prix de narration du lycée pour l'une de ses rédactions[9].
30
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+ À la rentrée scolaire de 1915, Marie de Saint-Exupéry, toujours en poste à Ambérieu-en-Bugey, estime que ses fils ne se plaisent pas vraiment chez les pères jésuites de Mongré. Soucieuse de protéger ses enfants et de favoriser leur développement, elle les inscrit chez les frères marianistes de la Villa Saint-Jean à Fribourg, en Suisse. En rapport étroit avec le collège Stanislas de Paris, ce collège a développé une méthode d'éducation moderne basée sur la créativité. Antoine y retrouve Louis de Bonnevie, dont la famille est voisine et amie de la sienne à Lyon. Il noue avec lui, ainsi qu’avec Marc Sabran et Charles Sallès, une amitié profonde et durable[10].
32
+
33
+ En 1917, il obtient son baccalauréat malgré des résultats scolaires peu brillants. L'élève Saint-Exupéry est davantage à l'aise dans les matières scientifiques que littéraires. Au cours de l'été, François, le frère cadet d'Antoine, le compagnon de jeux et le confident, qui souffrait de rhumatismes articulaires[9], meurt d'une péricardite. Attristé par la mort de son frère, le futur écrivain vivra cet évènement comme le passage de sa vie d'adolescent à celle d'adulte.
34
+
35
+ La guerre aussi l'inspire. Il réalise des caricatures de soldats prussiens et de leurs casques à pointe, de l'empereur et du Kronprinz. Il écrit aussi quelques poèmes :
36
+
37
+ En 1919, Antoine échoue à l'oral du concours de l'École navale (ses résultats dans les branches scientifiques sont très bons, mais ceux des branches littéraires insuffisants) et s'inscrit en tant qu'auditeur libre en architecture à l'École nationale supérieure des beaux-arts. À la mort de la tante Tricaud, en 1920, Marie hérite du château de Saint-Maurice où elle s’installe. Ses revenus sont modestes, elle subvient aux besoins de ses enfants en vendant les terres attenantes au château[4]. Antoine bénéficie alors de l'hospitalité de sa cousine Yvonne de Lestrange et accepte également plusieurs petits emplois : avec son ami Henry de Ségogne, il sera notamment figurant durant plusieurs semaines dans Quo Vadis, un opéra de Jean Noguès. En 1918, il fait la connaissance de Louise de Vilmorin, qui lui inspire des poèmes romantiques.
38
+
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+ Cette période lui inspire d'autres poèmes, sous forme de sonnets et suites de quatrains (Veillée, 1921), montrant qu'il vit une période difficile ; il se trouve alors sans projet de vie et sans avenir. Certains de ses poèmes sont calligraphiés et enluminés de dessins à l'encre de Chine. Il offre deux de ses cahiers de poésie à son ami Jean Doat[11]. Dans l'entre-deux-guerres, Louise de Vilmorin devient un des piliers de sa bande d'amis, où figurent aussi Jean Prévost, Hervé Mille, Aimery Blacque-Belair, Jean de Vogüé et son épouse Nelly, Jean Hugo, Léon-Paul Fargue[1].
40
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41
+ En avril 1921, il débute son service militaire de deux années en tant que mécanicien au 2e régiment d’aviation de Strasbourg. En juin, il prend des cours de pilotage civil à ses frais[12].
42
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43
+ Le 9 juillet son moniteur, Robert Aéby, le lâche pour un tour de piste. Seul aux commandes de son avion-école, il se présente trop haut pour l'atterrissage. Remettant les gaz trop brusquement, il cause un retour au carburateur. Croyant que le moteur a pris feu il ne s'affole pas, fait un second tour de piste et atterrit en beauté. Son moniteur valide sa formation[13]. Néanmoins, il laisse le souvenir d’un aviateur parfois distrait ; le surnom de « Pique la Lune » lui est bientôt associé, non seulement en raison de son nez en trompette mais aussi d’une tendance certaine à se replier dans son monde intérieur[14].
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+ Titulaire du brevet de pilote civil, il est admis à suivre les cours de pilote militaire. La base aérienne de Strasbourg ne dispose pas d'école de pilotage. Le 2 août 1921, il est affecté au 37e régiment d’aviation au Maroc, à Casablanca, où il obtient son brevet de pilote militaire, le 23 décembre 1921[15].
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+ En janvier 1922, il est à Istres et promu caporal. Reçu le 3 avril 1922 au concours d'élève officier de réserve (EOR), il suit des cours d’entraînement à Avord, qu'il quitte pour la base aérienne de Versailles, en région parisienne. Il vole à Villacoublay [16]. Le 10 octobre 1922, il est nommé sous-lieutenant ; puis breveté observateur d'aviation, le 4 décembre 1922.
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+ Pendant ses loisirs, il réalise des croquis de ses copains de chambrée au crayon mine de charbon et à l’encre turquoise. Ses dessins sont regroupés dans son cahier Les Copains.
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+ En octobre il choisit son affectation au 34e régiment d’aviation, au Bourget. Au printemps 1923, le 1er mai, il est victime au Bourget de son premier accident d’avion à la suite d'une erreur d'évaluation, sur un appareil qu'il ne maîtrisait pas, avec comme bilan une fracture du crâne. Après ce grave accident, il est démobilisé, le 5 juin 1923. Pourtant, il envisage toujours d’entrer dans l'armée de l’air, comme l’y encourage le général Joseph Barès. Mais la famille de Louise de Vilmorin, devenue sa fiancée, s’y oppose. Commence pour lui une longue période d’ennui : il se retrouve dans un bureau comme contrôleur de fabrication au Comptoir de Tuilerie, une filiale de la Société générale d'entreprises. En septembre, c’est la rupture des fiançailles avec Louise, que cette dernière qualifiera plus tard, en 1939, de « fiançailles pour rire », dans un recueil de poèmes. Pourtant, Antoine de Saint-Exupéry en restera attristé toute sa vie durant.[réf. nécessaire]
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+ En 1924, Saint-Exupéry travaille dans l’Allier ainsi que dans la Creuse comme représentant de l’usine suisse Saurer qui fabrique entre autres des camions (il n’en vendra qu’un seul en une année et demie). Il se lasse, donne sa démission. En 1924, il commence une œuvre en prose, Manon, danseuse. En 1925, son poème intitulé La Lune montre une inspiration farfelue[réf. nécessaire] ; la suite poétique L'Adieu est écrite la même année :
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+ En 1926, il est engagé par Didier Daurat, directeur de l’exploitation des lignes de la compagnie Latécoère (future Aéropostale), sur les recommandations de Beppo di Massimi, et rejoint l'aéroport de Toulouse-Montaudran pour effectuer du transport de courrier sur des vols entre Toulouse et Dakar. Il rédige alors une nouvelle, « L'évasion de Jacques Bernis », dont sera tiré « L'Aviateur », texte publié dans la revue d’Adrienne Monnier, Le Navire d’argent (numéro d'avril), où travaille son ami Jean Prévost. À Toulouse, il fait la connaissance de Jean Mermoz et d'Henri Guillaumet. Au bout de deux mois, il est chargé de son premier convoyage de courrier sur Alicante.
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+ Fin 1927, il est nommé chef d’escale à Cap Juby au Maroc avec pour mission d’améliorer les relations de la compagnie avec les dissidents maures d’une part et avec les Espagnols d’autre part. Il va y découvrir la brûlante solitude et la magie du désert. En 1929, il publie chez Gallimard son premier roman, Courrier sud, dans lequel il raconte sa vie et ses émotions de pilote.
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+ En septembre 1929, il rejoint Mermoz et Guillaumet en Amérique du Sud pour contribuer au développement de l’Aéropostale jusqu’en Patagonie. En 1930, il utilise la bibliothèque de son ami Paul Dony pour écrire divers sonnets inspirés d’autres poètes, qui sont avant tout des exercices de style.[réf. nécessaire] En 1931, il publie son second roman, Vol de nuit qui connaît un immense succès ; il y évoque dans un style lyrique ses années en Argentine et le développement des lignes vers la Patagonie. Le 22 avril 1931, il se marie à Nice, après un mariage religieux à Agay le 12 avril 1931 [17], avec Consuelo Suncin Sandoval de Gómez (morte en 1979), à la fois écrivaine et artiste salvadorienne.
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+ À partir de 1932, alors que la compagnie, minée par la politique[réf. nécessaire], ne survit pas à son intégration dans Air France, il subsiste difficilement, se consacrant à l’écriture et au journalisme. Saint-Exupéry demeure pilote d’essai et pilote de raid en même temps qu’il devient journaliste pour de grands reportages.
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+ Reporter pour Paris-Soir, il voyage au Viêt Nam en 1934 et à Moscou en 1935. Le 29 décembre 1935, accompagné de son mécanicien André Prévot, il tente un raid Paris-Saïgon à bord d'un Caudron-Renault Simoun, pour battre le record d'André Japy qui quelques jours plus tôt a relié Paris à Saïgon en 3 jours et 15 heures. Vers 3 heures du matin le 30 décembre, l'avion heurte un plateau rocheux alors que Saint-Exupéry a volontairement diminué son altitude pour tenter de se repérer[18]. Les deux aviateurs sont indemnes mais perdus dans le désert Libyque, en Égypte. Ils connaissent alors trois jours d'errance[19], sans eau ni vivres, avant un sauvetage inespéré[Note 2].
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+ En 1936, Saint-Exupéry est envoyé comme reporter en Espagne pour couvrir la guerre civile. Il révèle alors des exactions commises par des républicains espagnols[20]. De tous ces voyages, il accumule une très importante somme de souvenirs, d’émotions et d’expériences, qui lui servent à nourrir sa réflexion sur le sens à donner à la condition humaine. Sa réflexion aboutit à l’écriture de Terre des hommes, qui est publié en 1939. L’ouvrage est récompensé par le prix de l’Académie française. C’est dans ce roman que l’on trouve la célèbre phrase prononcée par Henri Guillaumet, à qui il a dédicacé l'ouvrage, après son accident dans les Andes : « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait »[21].
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+ Puis c'est le raid de New-York à Punta Arenas, qui s'achève tragiquement par un violent accident au Guatemala, le 15 février 1938[22],[23], dû à la surcharge de carburant emportée par l'avion, une incompréhension ayant eu lieu entre l'équipage français demandant un volume en litres et les ravitailleurs l'appliquant en gallons, soit presque quatre fois le volume demandé[24].
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+ En 1939, il sert comme capitaine dans l'Armée de l'air. Après un passage comme instructeur à Toulouse-Francazal, au Bataillon de l'air 101, il obtient sa mutation dans une escadrille de reconnaissance aérienne, le Groupe aérien de reconnaissance 2/33. L'unité est initialement positionnée à Orconte, près de Saint-Dizier, avant de se déplacer avec la ligne de front.
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+ Le 23 mai 1940, il survole Arras alors que les chars allemands envahissent la ville : bien que son avion Bloch 174 soit criblé de balles par la DCA allemande, il réussit à retourner à la base de Nangis avec son équipage sain et sauf ; cet exploit lui vaut d'être récompensé de la Croix de guerre avec palme et cité à l’ordre de l’Armée de l’air le 2 juin 1940. L'épisode lui inspirera le titre et la trame de Pilote de guerre[25]. Le Groupe aérien de Reconnaissance II/33 sera brièvement basé à l'aérodrome de Blois – Le Breuil le 10 juin 1940 lors de son repli vers la zone libre.
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+ Il est démobilisé à Perpignan, d'où son escadrille s'envole pour Alger, le 20 juin 1940, sans lui, car il a été chargé de récupérer des pièces de rechange à Bordeaux. Il y réquisitionne un vieux Farman, charge les pièces et quelques passagers, dont Suzanne Massu[26] (à l'époque Suzanne Torrès), et atterrit à Oran[1].
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+ Après l'armistice de juin 1940, il part en novembre 1940 pour New York, où il arrive le 31 décembre 1940. Il poursuit l'objectif de faire entrer en guerre l'armée des États-Unis. Considéré par certains comme pétainiste car non gaulliste, Saint-Exupéry a du mal à faire entendre sa voix.
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+ Comme l’immense majorité des Français, il est au départ plutôt favorable au gouvernement de Vichy, qui lui semble représenter la continuité de l'État et qui représente une forme de cohésion nationale pour les Français souffrant de l'Occupation[27]. Il est donc plutôt méfiant envers le général de Gaulle, lui reprochant de nier la défaite militaire de la France[28].
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+ De fait, il souhaite surtout protéger les Français et a surtout essayé de réconcilier les factions opposées ; lors de son appel radiophonique du 29 novembre 1942 depuis New York, soit trois semaines après le débarquement allié en Afrique du Nord, il lance : « Français, réconcilions-nous pour servir » ; il tente aussi de repousser l'épuration qui se prépare[29].
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+
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+ Il reste alors incompris, il est trop tard : le moment est celui de l'affrontement général. Cependant, selon des archives américaines[30], il semblerait que les services secrets des États-Unis aient envisagé de le pousser en lieu et place du général de Gaulle[réf. nécessaire].
82
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+ En janvier 1941, le maréchal Pétain l'aurait nommé sans le prévenir au Conseil national, l'assemblée consultative de Vichy. Antoine de Saint-Exupéry publie alors deux communiqués, où il refuse cette appartenance[28]. Sa nomination n'était qu'une rumeur semble-t-il; son nom n'apparaît ni dans la liste officielle publiée par le Journal officiel le 24 janvier[31], ni dans la liste publiée par la presse. En revanche, son nom figure dans la liste des membres du comité provisoire du Rassemblement pour la Révolution nationale, organisme concurrent de la Légion française des combattants, qui devait réfléchir à la mise en place d’un mouvement de masse visant à « assurer au nouveau régime ses assises et briser l’activité renaissante de certaines organisation [le PCF]», mais qui n’eut qu’une existence éphémère. Liste publiée par plusieurs journaux le 30 et le 31 janvier 1941[32].
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+ Le 8 décembre 1941, les États-Unis entrent en guerre. En mai 1942, en route pour les États-Unis, il est accueilli au Canada par la famille De Koninck, rue Sainte-Geneviève, dans le vieux Québec[33]. Des problèmes de visa prolongent son séjour québécois de cinq semaines. Poursuivant son objectif de faire entrer les États-Unis dans la guerre, il publie à New York en février 1942 Pilote de guerre. Il y montre une France qui ne s'est pas rendue sans avoir mené une héroïque bataille de France. Au sommet des ventes, le livre fera beaucoup pour sensibiliser l'opinion nord-américaine au conflit européen, mais l'auteur est en proie à la dépression.
86
+
87
+ Son traducteur lui trouve un hébergement, luxueux, chez Sylvia Hamilton, journaliste, qui ne parle pas un mot de français. C'est au cours de la relation amoureuse nouée avec celle-ci que l'aviateur écrit Le Petit Prince[34]. L'année suivante, il décide de rejoindre les troupes françaises combattant au sein de l'armée américaine. Avant de repartir, il confie à la jeune journaliste le manuscrit de son conte philosophique[25], dont la première édition sera anglaise.
88
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89
+ Il ne pense qu'à retourner à l'action. Pour lui, tout comme du temps de l'Aéropostale, seuls ceux qui participent aux événements peuvent en témoigner. En avril 1943, bien que considéré par les Alliés comme un pilote trop âgé pour un avion de combat, il quitte les États-Unis et reprend du service actif dans l'aviation en Tunisie grâce à ses relations et aux pressions du commandement français.
90
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91
+ Le 5 mai 1943, Saint-Exupéry se présente au Palais d’été à Alger devant le général René Chambe, son ami, devenu ministre de l’Information du général Giraud et lui déclare, irrité de n'avoir pas pu venir immédiatement après le débarquement allié : « Présent au rendez-vous, mais avec six mois de retard, excusez-moi. C’est la faute aux gaullistes ». Chambe l’amène à Giraud. Saint-Exupéry explique à Giraud la nécessité de contrer la propagande gaulliste qui jette le trouble au sein de l’armée et le met en garde contre la venue du général de Gaulle à Alger. Par ailleurs, tannés par Saint-Exupéry, Chambe et Giraud obtiennent auprès d'Eisenhower que le pilote français puisse se « transformer » sur l'avion américain Lockheed P 38 Lightning avant de retrouver le prestigieux groupe 2/33 commandé par René Gavoille, groupe dans lequel il a servi en 1939-1940[35].[pas clair]
92
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93
+ Toujours dans la reconnaissance aérienne, il effectue quelques missions et obtient sa promotion au grade de commandant[36]. Mais plusieurs incidents le placent « en réserve de commandement » dès août 1943, étant donné son âge et son mauvais état de santé général, consécutif à ses accidents aériens. Il revient alors à Alger et habite chez son ami le docteur Pélissier. Tout en poursuivant ses démarches pour reprendre du service, il continue à travailler sur Citadelle et supporte de plus en plus difficilement son inaction forcée[37]. Au printemps 1944, le général Eaker, commandant en chef des forces aériennes en Méditerranée, l'autorise à rejoindre à nouveau son unité combattante. Il retrouve René Gavoille et le groupe 2/33, alors basé à Alghero, en Sardaigne. Il effectue plusieurs vols, émaillés de pannes et d'incidents.
94
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95
+ Le 17 juillet 1944, le 2/33 s'installe à Borgo, non loin de Bastia, en Corse.
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+
97
+ Le 31 juillet 1944 Saint-Exupéry décolle de l'aéroport voisin de Poretta. Il vole aux commandes du F-5B-1-LO, bimoteur P-38 Lightning en version reconnaissance aérienne[38]. Quittant le terrain à 8 h 25 du matin pour une mission de cartographie, il met le cap sur la vallée du Rhône, devant ensuite passer par Annecy et faire retour par la Provence. Sa mission consiste en une série de reconnaissances photographiques afin de tracer des cartes précises du pays, fort utiles au tout prochain débarquement en Provence, prévu pour le 15 août. Il est seul à bord, son avion n'est pas armé et emporte du carburant pour six heures de vol. À 8 h 30, il se signale par son dernier écho radar. La mission démarre. Saint-Exupéry ne revient pas ; le temps de carburant étant écoulé, il est porté disparu.[réf. nécessaire]
98
+
99
+ La mémoire de « Saint-Ex » est célébrée solennellement à Strasbourg le 31 juillet 1945[39]. En 1948, il est reconnu « mort pour la France »[40].
100
+
101
+ Le 12 mars 1950, au Journal officiel, le commandant Antoine de Saint-Exupéry est cité à l'ordre de l'armée aérienne à titre posthume, pour avoir « prouvé, en 1940 comme en 1943, sa passion de servir et sa foi en le destin de la patrie », et « trouvé une mort glorieuse, le 31 juillet 1944, au retour d'une mission de reconnaissance lointaine sur son pays occupé par l'ennemi ».
102
+
103
+ Après la disparition de son fils, Marie de Saint-Exupéry se réfugie dans la prière, écrit des poèmes où elle parle de son fils et s'attache à faire publier ses écrits posthumes[41].
104
+
105
+ Longtemps perdue, l'épave de l'avion de Saint-Exupéry a été identifiée en 2003, certifiant de la sorte le lieu de sa mort. Pour autant, en dépit de cette découverte essentielle, les circonstances de cette mort n'ont pu être éclaircies. L'hypothèse la plus probable est que son avion ait été abattu par un chasseur allemand. Elle n'est étayée d'aucune preuve.
106
+
107
+ Les multiples hypothèses quant aux circonstances de la mort de l'aviateur, sans cesse évolutives depuis 1944, forment un mystère régulièrement revisité dans la presse et la culture populaire, en particulier à l'occasion de nouvelles découvertes ou de témoignages inédits. Chacune des nouvelles « révélations » relance l'intérêt aussi bien des spécialistes que du grand public, pour le « mystère Saint-Ex ».
108
+
109
+ En 2000, des morceaux de son appareil — une jambe du train d'atterrissage gauche et des éléments de carlingue (partie gauche d'une des deux poutres de cet avion aux lignes très particulières) — sont retrouvés en Méditerranée au large de Marseille, face nord-est de l'île de Riou (archipel du même nom) par le plongeur professionnel marseillais Luc Vanrell[42].
110
+
111
+ Deux ans plus tôt, le 7 septembre 1998, un patron pêcheur marseillais, Jean-Claude Bianco, assisté de son second, le marin Habib Benhamor, avait fortuitement remonté dans ses filets une gourmette en argent oxydée par un long séjour sous-marin et sur laquelle était gravée l'identité d'Antoine de Saint-Exupéry.
112
+
113
+ Ces découvertes localisent avec précision la zone de disparition du commandant Antoine de Saint-Exupéry.
114
+
115
+ Remontés à la surface par l'association Aéro-Re.L.I.C. (équipe composée de Philippe Castellano, Brian Cyvoct et Christian Vigne) entre le 1er et le 3 septembre 2003 (après deux ans de tractations auprès du gouvernement français pour en obtenir l'autorisation), les vestiges de l'avion tant recherché sont formellement identifiés, le samedi 27 septembre 2003, grâce à un numéro matricule retrouvé gravé par le constructeur de l'appareil (Lockheed, Californie).
116
+
117
+ Les pièces du Lightning F-5B # 42-69223 ont été exposées au musée de l'air et de l'espace du Bourget, dans une exposition temporaire consacrée à l'écrivain aviateur. Ces pièces sont désormais conservées dans les réserves du Musées mais ne sont pas visibles par le public.
118
+
119
+ Ces éléments ne permettent cependant pas de conclure définitivement sur les circonstances de sa mort.
120
+
121
+ La simulation informatique de l’accident — à partir des pièces déformées — montre un piqué dans l'eau, presque à la verticale et à grande vitesse. Panne technique, malaise du pilote, attaque aérienne ou autre : la cause du piqué n'est pas éclaircie. Au grand dam de ses proches, l'hypothèse du suicide est même évoquée[réf. nécessaire] ; Saint-Exupéry est diminué physiquement (il ne pouvait fermer seul la verrière de son appareil), désespéré par le monde qu'il voyait s'annoncer. Ses derniers écrits conforteraient cette hypothèse, de par leur ton franchement pessimiste, par exemple les dernières lignes d’une lettre adressée à Pierre Dalloz, écrite la veille de sa mort :
122
+
123
+ En 1950, un pasteur d'Aix-la-Chapelle, ancien officier de renseignements dans la Luftwaffe, témoigne avoir appris, le 31 juillet 1944, qu'un P-38 Lightning avait été abattu en Méditerranée par un Focke-Wulf allemand. Puis, en 1972, surgit dans une revue allemande à caractère historico-fictionnel le témoignage « posthume » d'un jeune officier allemand, l'aspirant Robert Heichele, qui aurait fait feu sur le Lightning depuis son appareil, un Focke-Wulf 190, vers midi, au-dessus de Castellane dans le département des Alpes-de-Haute-Provence.
124
+
125
+ Heichele fut à son tour abattu en août 1944, échappa à la mort, fut très grièvement blessé en ayant essayé d’atterrir à Avignon, son avion en flammes. Le malheureux pilote sera finalement tué dans l'ambulance dans laquelle il se trouvait, mitraillée par la chasse alliée lors de la retraite par la vallée du Rhône. Bien que Robert Heichele ait effectivement existé, son rôle dans la mort de Saint-Exupéry est définitivement écarté : le pseudo-témoignage provient de l'imagination d'un passionné allemand. Ce dernier s'excusera peu après d'avoir exposé cette théorie[réf. nécessaire].
126
+
127
+ En novembre 1963, à la suite d'un article publié par le journal allemand Bild sur la disparition d'Antoine de Saint-Exupéry, l'ancien officier de Génie Erich Herot écrit au quotidien une lettre de témoignage : "Fin juillet 1944, j'effectuais un voyage d'inspection dans la région de Marseille. Inspectant une de nos positions de Carry-le-Rouet, j'aperçus un avion évoluant au ras du sol venant de la vallée du Rhône. Il volait selon la tactique du "saut de haies", ramenant l'appareil près du sol dès l'obstacle franchi. Après avoir survolé la partie la plus haute de la presqu'île, il redescendit vers la surface de la mer, mais la queue toucha l'eau, ce qui provoqua un jaillissement d'écume et une explosion désintégrant l'avion. Les hommes qui m'entouraient avaient eu le temps de constater qu'il ne s'agissait pas d'un appareil allemand. Nous n'avons pas constaté de tir de D.C.A. ni d'avion poursuivant[44]."
128
+
129
+ Dans les années 1990, un autre témoignage surgit tardivement. Une habitante de Carqueiranne, madame Simone Boudet, aurait vu, le jour fatidique du dernier vol, le Lightning se faire abattre. La mer aurait ensuite rejeté le corps d'un soldat sur la plage, lequel aurait été enterré anonymement dans le cimetière de la commune[réf. nécessaire].
130
+
131
+ Pour savoir si ce corps est la dépouille de Saint-Exupéry, il faudrait l'exhumer pour procéder à des comparaisons avec l'ADN des membres de sa famille, lesquels s'y montrent opposés. D'autant que, d'après des témoignages locaux[réf. nécessaire], les débris de vêtements militaires portés par la dépouille auraient été allemands. Il existe au moins trois épaves d'avions de guerre allemands dans cette baie, à différentes profondeurs.[réf. nécessaire]
132
+
133
+ En mars 2008, Horst Rippert, un ancien pilote de la Luftwaffe[45], affirme dans le journal La Provence avoir abattu un avion de type P-38 Lightning, précisément le 31 juillet 1944, dans la zone où se trouvait Saint-Exupéry[46].
134
+
135
+ En mission pour retrouver un avion ennemi qui survolait la région d'Annecy, Horst Rippert aurait tourné plusieurs minutes au-dessus de la Méditerranée sans rien repérer. Soudain, un avion allié l'aurait croisé, 3 000 mètres au-dessous de lui[47]. Horst Rippert aurait alors tiré et touché l'autre appareil. Ce dernier se serait enflammé et serait tombé à pic dans la Méditerranée.
136
+
137
+ Horst Rippert, qui admirait l'écrivain, a déclaré : « Si j'avais su qui était assis dans l'avion, je n'aurais pas tiré. Pas sur cet homme. »[48],[49] Après la guerre Horst Rippert, par ailleurs frère d'Ivan Rebroff (mort en février 2008, soit peu avant cette révélation), s'était reconverti dans le journalisme et dirigeait le service des sports de la ZDF.
138
+
139
+ Aucune preuve matérielle ne vient pour l'instant étayer ou infirmer ce témoignage.
140
+
141
+ En 2017, quatre auteurs envisagent une nouvelle piste : ayant survécu à la chute de son appareil, Saint-Exupéry serait, assez vite, mort en captivité[50]. Cette nouvelle piste ajoute une nouvelle variante sur les circonstances de sa mort, qui resteront sans doute encore longtemps sans aucune certitude.
142
+
143
+ Si elles ne sont pas tout à fait autobiographiques, ses œuvres sont largement inspirées de sa vie de pilote aéropostal, y compris pour Le Petit Prince (1943) — son succès le plus populaire (il s'est vendu depuis à plus de 134 millions d'exemplaires dans le monde[51], ce qui le place en cinquième position des livres les plus vendus au monde[52]) — qui est plutôt un conte poétique et philosophique.
144
+
145
+ Il a aussi écrit : Courrier Sud (1929), Vol de nuit (1931), Terre des hommes (1939), Pilote de guerre (1942), Lettre à un otage (1944), Écrits de guerre (rassemblés en 1982), et Citadelle (posthume, 1948). Tous ses romans racontaient l'histoire de ses voyages sous forme de fiction et sur un ton de fantaisie.
146
+
147
+ ANTOINE DE SAINT EXUPERY
148
+ POÈTE ROMANCIER AVIATEUR
149
+ DISPARU AU COURS D’UNE MISSION
150
+ DE RECONNAISSANCE AÉRIENNE
151
+ LE 31 JUILLET 1944
152
+
153
+ Ici a habité
154
+ de 1934 à 1940
155
+ Antoine de Saint-Exupéry.
156
+
157
+ La fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse a été créée en 2009 sous l'égide de la Fondation de France par les héritiers d'Antoine de Saint-Exupéry[69]. Elle soutient des projets tournés vers la jeunesse, en France et dans le monde, portant les valeurs d'Antoine de Saint-Exupéry[70]. Elle a notamment soutenu la formation de jeunes apprentis mécaniciens aéronautiques[71].
158
+
159
+ Un fond Antoine de Saint-Exupéry est établi aux Archives nationales sous la cote 153AP, il contient majoritairement une correspondance surtout adressée à sa mère[72].
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2
+
3
+ Les Jeux olympiques (JO), aussi appelés Jeux olympiques modernes, puisqu'ils prolongent la tradition des jeux olympiques de la Grèce antique, sont des événements sportifs internationaux majeurs, regroupant les sports d’été ou d’hiver, auxquels des milliers d’athlètes participent à travers différentes compétitions tous les quatre ans, pour chaque olympiade moderne.
4
+
5
+ Originellement tenus dans le centre religieux d’Olympie, dans la Grèce antique du VIIIe siècle av. J.-C. au Ve siècle apr. J.-C., les Jeux sont rénovés par le baron français Pierre de Coubertin en 1894 lorsqu’il fonde le Comité international olympique (CIO). Depuis lors, le CIO est devenu l’organisation gouvernant le mouvement olympique dont la structure et les décisions sont définies par la Charte olympique.
6
+
7
+ Les premiers Jeux olympiques modernes se déroulent en 1896 à Athènes et l'instauration des Jeux olympiques d'hiver date de 1924 à Chamonix. Ils ont lieu la même année tous les quatre ans, les années bissextiles, souvent dans le même pays sous réserves qu'il possède un territoire montagneux, puis sont décalés de deux ans à partir de 1994[n 1]. Annulés en 1916, 1940 et 1944 pour cause de guerres mondiales, les Jeux ont vu leur édition de 2020 reportée d'un an en raison de la pandémie de Covid-19.
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+ Pendant le XXe siècle, le CIO adapte les Jeux à sa perception des changements économiques, politiques et techniques du monde. Ainsi, les Jeux olympiques sont, comme le voulait Pierre de Coubertin, d'abord réservés aux purs amateurs, le règlement du CIO interdisant la participation de sportifs professionnels[3]. Bien que malmenée par les supercheries (notamment l'amateurisme marron) autour du statut faussement « amateur » de nombreux sportifs, l'exclusion du professionnalisme reste en vigueur jusqu'en 1981. Si le passage de l’amateurisme pur au professionnalisme est dans les faits progressif, le XIe Congrès olympique en 1981 marque une révolution pour l'olympisme, avec l'admission des sportifs officiellement professionnels[2],[4]. Une autre évolution importante concerne la féminisation des épreuves, d'aucune femme en compétition en 1896 et un fort déséquilibre par la suite, jusqu'à une quasi parité de nos jours.
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+ Le CIO adapte aussi les Jeux aux changements sociaux qui se produisent au XXe siècle. Certains de ces ajustements incluent l'instauration des Jeux olympiques d’hiver, les Jeux paralympiques ou encore les Jeux olympiques de la jeunesse et la création de nombreuses épreuves mixtes. En outre, l’importante croissance des médias de masse apporte aux Jeux des sources de financement considérables, entraînant parfois des problèmes de corruption[5],[6].
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+ Actuellement, le mouvement olympique comprend les fédérations sportives internationales, les comités nationaux olympiques et la mise sur pieds de comités d'organisation locaux pour chaque édition des Jeux olympiques. La ville hôte est chargée d’organiser les Jeux olympiques de manière qu’ils soient en accord avec la Charte olympique. Le CIO décide aussi des sports présents ou non à chaque édition. La célébration des Jeux inclut de nombreux rituels et des symboles, comme le drapeau olympique et la flamme olympique, le relais de la flamme, ainsi que les cérémonies d’ouverture et de clôture. Les trois meilleurs athlètes ou équipes de chaque compétition reçoivent respectivement une médaille d’or (1re place), d’argent (2e place) et de bronze (3e place). Pour les Jeux d'été, la participation est plafonnée à environ 10 500 athlètes et à 28 sports se déclinant en plus de 300 épreuves.
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+ Les Jeux olympiques sont devenus si importants que presque chaque nation est représentée. Une telle ampleur a causé de nombreux défis, comme le boycott, le dopage, la corruption et le terrorisme. Tous les deux ans, les Jeux et leur exposition médiatique permettent à des athlètes d'acquérir une notoriété nationale, voire mondiale dans certains cas. Les Jeux sont aussi une excellente occasion pour la ville hôte et le pays d'accueil d'assurer leur promotion sur la scène internationale.
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+ Le sportif le plus médaillé des Jeux olympiques, été comme hiver, est le nageur américain Michael Phelps, qui gagne entre 2004 et 2016, vingt-huit médailles dont vingt-trois en or. Aux Jeux d'hiver, la fondeuse norvégienne Marit Bjørgen détient un record de quinze podiums, dont huit médailles d'or.
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+ De nombreuses légendes entourent l'origine des Jeux olympiques antiques. L'une dit qu'Héraclès construisit le stade olympique ainsi que les bâtiments alentour en l'honneur de son père Zeus, après avoir accompli ses douze travaux. Il aurait également défini la longueur du stade olympique en l'arpentant avec la longueur de son pied en avançant de 600 pas.
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+ Les premiers Jeux olympiques sont réputés pour avoir pris place en 776 av. J.-C. sur l'initiative d'Iphitos, roi d'Élide. Cette année marque le début du calendrier olympique, selon lequel les années sont regroupées en olympiades, et l'an 1 du calendrier grec adopté en 260 av. J.-C.. Toutefois, il est probable que les Jeux aient été encore plus anciens, compte tenu de l'abondance des offrandes de l'époque géométrique retrouvées à Olympie. Dès lors, les Jeux gagnèrent en importance dans toute la Grèce antique, mais il existe près de 300 réunions sportives du même type, les agônes. On passe à plus de 500 sous l'Empire romain. Les Jeux olympiques forment, avec les Jeux pythiques, les Jeux néméens, et les Jeux isthmiques, un cycle des jeux sacrés dont l'un revient chaque année. L'athlète qui gagne des prix à ces quatre Jeux panhelléniques est désigné par le titre de « periodonikès », le vainqueur du « Grand Chelem » du sport grec[7].
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+ Le programme des compétitions comprend des épreuves hippiques (chars à deux ou quatre chevaux) et des épreuves athlétiques dites de gymnastique (course à pied sur plusieurs distances, lancer du disque, saut en longueur, lancer du javelot, pentathlon[8], lutte, pugilat et pancrace). Disque, longueur et javelot ne donnent pas de titre olympique, mais font partie des cinq épreuves du pentathlon avec la course du stade et la lutte[9].
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+ Corèbe d'Élis[10] ouvre le palmarès olympique officiel en remportant la course pédestre du stade en 776 av. J.-C. Parmi les autres principaux athlètes grecs des Jeux antiques, citons Milon de Crotone (lutte, VIe siècle av. J.-C.), Diagoras de Rhodes (boxe, Ve siècle av. J.-C.), Polydamas de Scoutoussa (pancrace, VIe siècle av. J.-C.), Léonidas de Rhodes (course, IIe siècle av. J.-C.) et Mélancomas de Carie (boxe, au Ier siècle). À partir de la septième olympiade (752 av. J.-C.), le champion olympique reçoit une couronne d’olivier sauvage, une branche de palmier et un ruban de laine rouge appelé la tænia. Le Messénien Daikles est le premier champion olympique honoré ainsi.
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+ Réservés d'abord aux seuls citoyens grecs masculins et riches, les Jeux entraînent une trêve olympique. Cette dernière n'arrête pas les conflits, mais autorise les athlètes et spectateurs à traverser librement des zones de guerre sans être inquiétés[11]. La portée d'un titre olympique est considérable. Les champions sont d'authentiques héros populaires et sont couverts de cadeaux et d'honneurs à leur retour dans leur cité. Ils sont de plus pleinement professionnels[12] depuis le Ve siècle av. J.-C. et peuvent décider de défendre les couleurs d'une autre cité. Ces changements d'allégeance provoquent souvent des troubles, parfois importants, dans la cité « trahie ». On peut ainsi citer le cas de Astylos de Crotone (6 titres olympiques), qui passe de Crotone à Syracuse en 484 av. J.-C., provoquant de graves troubles à Crotone.
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+ Un serment olympique en quatorze points[13] régit l'organisation des Jeux depuis 338 av. J.-C. Le Xe point concerne les cas de tricheries qui sont nombreux et durement sanctionnés.
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+ À la suite de l'invasion romaine, les Jeux s'ouvrent aux non-Grecs. Le prestige des Jeux est tel que plusieurs empereurs y prennent part. Sur les conseils de l'évêque Ambroise de Milan, l'empereur Théodose Ier interdit les Jeux en 393-394 en raison de leur caractère païen. Cette interdiction ne vise d'ailleurs pas spécifiquement les Jeux olympiques mais de façon générale les Jeux du cirque dont ceux-là sont un événement particulier.
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+ Les Jeux olympiques connaissent quelques timides tentatives de rénovation entre la fin du XVIIIe siècle, époque à laquelle on découvre les ruines des sites d'Olympie, et la fin du XIXe siècle. Citons ainsi l'Olympiade de la République qui se tient à Paris en 1796, 1797 et 1798. Esprit-Paul De Laffont-Poulotti réclame même le rétablissement des Jeux olympiques. Il va jusqu'à présenter un projet à la municipalité parisienne, qui rejette l’idée. Le CIO honora la mémoire de ce visionnaire en 1924. Parmi les autres tentatives, citons les Jeux du petit séminaire du Rondeau à Grenoble à partir de 1832, les Jeux scandinaves (en 1834 et 1836), les festivals olympiques britanniques (depuis 1849) comme les Jeux de Much Wenlock, les Jeux athlétiques disputés à Montréal (Canada) en 1843 et qui sont rebaptisés Jeux olympiques pour les éditions 1844 et 1845 et les jeux olympiques de Zappas à Athènes en 1859 et 1870. L'Allemagne tient également un rôle important dans cette rénovation en étant déterminante en matière de fouilles archéologiques menées par Ernst Curtius sur le site d'Olympie et en devenant, très tôt, favorable à la rénovation[14].
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+ Il faut préciser que la rénovation des Jeux olympiques n'est pas seulement inspirée par les Jeux antiques. L'actualité de cette fin de XIXe siècle influence nettement l'esprit de ceux qui vont lancer le nouveau mouvement olympique : la défaite grecque contre les turcs en 1897, celle des Français contre les Allemands en 1870 incitent les gouvernements à réformer l'éducation de leur jeunesse en favorisant le sport et l'éducation physique pour endurcir les corps, fortifier les esprits et préparer cette jeunesse à combattre pour la revanche[15]. C'est cependant la volonté de Pierre de Coubertin de favoriser les interactions culturelles entre les pays et de promouvoir les valeurs éducatives et universelles du pays qui l'oriente vers son projet de rénover les Jeux[16]. De même, l'inspiration puise également ses sources dans des pratiques profondément ancrées dans la culture européenne comme celle des joutes chevaleresques médiévales[17]. Cette tradition nobiliaire explique que les Jeux olympiques attendent de leurs athlètes qu'ils aient l'étoffe d'aristocrates en cultivant le fair-play des gentlemen, les attitudes gestuelles et l'amateurisme éthique (seuls les athlètes issus des classes les plus favorisées pouvant consacrer leur temps à faire du sport, notamment l'escrime, le yachting, le tennis ou l'équitation, épreuves phares des premiers Jeux olympiques) qui se développe en réaction à la professionnalisation du sport par les classes populaires, le « shamateurisme » (de shame, « la honte », et d'amateurisme) des sportifs roturiers étant perçu comme une subversion[18] des codes de l'amateurisme[19],[20].
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+ La fédération omnisports française d'athlétisme USFSA fête son cinquième anniversaire le 25 novembre 1892 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne à Paris. À cette occasion, Pierre de Coubertin appelle à la rénovation des Jeux olympiques. Deux ans plus tard, du 16 au 23 juin 1894, se tient également à la Sorbonne le « Congrès pour le rétablissement des Jeux olympiques ». Devant l’absence de réactions à son appel deux ans plus tôt, Pierre de Coubertin parvient à convaincre les représentants britanniques et américains, mais aussi d'autres nations, notamment la Jamaïque, la Nouvelle-Zélande ou la Suède. Plus de 2 000 personnes représentant douze nations assistent finalement au congrès, qui vote à l’unanimité la rénovation des Jeux olympiques. L'autre décision importante prise à l’occasion de ce Congrès est la condamnation des règlements sportifs de certaines fédérations (britanniques notamment) excluant les ouvriers et les artisans au nom d’un élitisme social qui allait à l’encontre des idéaux égalitaires français.
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+ À l'origine, les Jeux sont exclusivement estivaux. Le patinage artistique et le hockey sur glace font ainsi des apparitions au programme olympique avant même la création de Jeux d'hiver, en 1924.
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+ Après le succès initial des épreuves à Athènes en 1896, les olympiades de Paris en 1900 (qui virent pour la première fois des femmes participer aux épreuves, Charlotte Cooper étant la première championne olympique) et de Saint Louis en 1904 sont noyées dans les programmes des expositions universelles. Le premier athlète noir à participer, à remporter une médaille et à être champion olympique est l'Haïtien d'origine Constantin Henriquez, en 1900.
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+ Les Jeux olympiques intercalaires de 1906 d'Athènes, non reconnus ultérieurement par le CIO, marquèrent un regain d'intérêt du public et des athlètes, avec une participation très internationale alors que 80 % des sportifs ayant pris part aux Jeux de Saint-Louis étaient américains. Les nations européennes avaient en effet renoncé à faire le long et coûteux déplacement outre-Atlantique.
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+ De 241 athlètes de quatorze nations en 1896[21], les Jeux passent à 10 568 sportifs représentant 204 délégations lors des Jeux olympiques de Londres en 2012. C'est désormais l'un des événements les plus médiatisés. Les Jeux de Sydney en 2000 réunissent ainsi plus de 16 000 journalistes et diffuseurs. La dimension de l'épreuve est telle que cela pose des problèmes aux villes hôtes, que le sponsoring ne couvre que partiellement. Les villes hôtes profitent en effet des Jeux pour s'équiper notamment en transports en commun et autres équipements sportifs. À titre d'exemple, le budget estimé des Jeux de Londres en 2012 est de 9 milliards de livres sterling.
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+ Sous la tutelle du CIO ont également lieu des jeux régionaux. Les plus anciens sont les Jeux d'Amérique centrale et des Caraïbes, tenus pour la première fois à Mexico en 1926[22].
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+ Localisation des éditions des Jeux olympiques modernes
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+ Le programme des compétitions se met progressivement en place. Lors de la première édition des Jeux (776 av. J.-C.), une seule épreuve est disputée : c'est la course pédestre du stade (environ 192 m). En 724 av. J.-C., la course pédestre du double stade (diaulos) est introduite dans le programme, puis quatre ans plus tard, la première épreuve de fond fait son apparition : le dolichos, soit 24 stades (environ 4 600 m). Le pentathlon est introduit au programme olympique en 708 av. J.-C. en même temps que la lutte. Le pugilat arrive en 688 av. J.-C. et le pancrace en 648 av. J.-C. La course d’hoplites (course pédestre en tenue militaire) fait son entrée au programme en 520 av. J.-C.
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+ Du côté des courses hippiques, les courses de quadriges (quatre chevaux) figurent au programme olympique depuis 680 av. J.C.. Les courses montées se disputent depuis 648 av. J.-C.
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+ Des épreuves de course et de lutte réservées aux juniors sont ajoutées au programme olympique en 632 av. J.-C. Un concours de pentathlon (628 av. J.-C.) et un autre de pugilat (616 av. J.-C.) viennent ensuite compléter le programme olympique des juniors.
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+ En plus de ce programme sportif, des concours culturels étaient organisés. Platon est ainsi sacré deux fois « olympionique ».
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+ En ce qui concerne les épreuves, les femmes ne pouvaient pas participer. On retrouve tout de même des noms de femmes dans les palmarès des vainqueurs de courses de chars. Cela tient au fait qu'on n'inscrivait pas le nom du conducteur, mais celui du propriétaire de l'attelage.
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+ La nudité des athlètes lors des épreuves est parfois expliquée comme une conséquence de la victoire d'une femme lors d'une olympiade, alors que les participants concouraient encore vêtus. Cette pratique serait donc une solution pour exclure à coup sûr les femmes des épreuves. Mais aucune explication sérieuse sur ce sujet n'a encore été donnée, les Grecs se contentant eux-mêmes d'anecdotes peu convaincantes[23].
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+ Contrairement aux Jeux antiques, le programme olympique moderne est beaucoup moins stable. Chaque édition des Jeux apporte ainsi son lot de nouveautés, nouvelles disciplines et nouvelles catégories.
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+ Conservateur et colonialiste convaincu, Pierre de Coubertin n'imagine pas des Jeux olympiques valorisant le corps de l'athlète noir ou celui de la femme[24],[25] mais ses convictions sont initialement peu appliquées car le CIO a le contrôle de la doctrine mais pas de l'organisation des premiers Jeux qui est déléguée à des entrepreneurs de spectacle[26].
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+ Le CIO est devenu progressivement le seul décisionnaire sur l'admission d'une discipline au programme olympique. En 1919, Alice Milliat demande au Comité international olympique d'inclure des épreuves féminines lors des prochains Jeux olympiques, mais sa demande est refusée. Les femmes sont finalement admises aux épreuves athlétiques des Jeux olympiques d'été de 1928 à Amsterdam[27].
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+ Le CIO doit désormais composer avec les Fédérations internationales gérant les disciplines. Le programme des compétitions sportives ne propose pas l'ensemble des disciplines sportives, ni même la totalité des différentes épreuves possibles. Les Jeux d'été comptent 302 podiums, et c'est un plafond que le CIO ne souhaite pas dépasser. Ainsi, nombre de sports sont écartés du programme, comme c'est le cas du baseball et du softball après les Jeux de 2008, tandis que d'autres disciplines souhaitant profiter de la vitrine olympique sont priées d'attendre. Les Jeux mondiaux rassemblent certains de ces sports non-olympiques mais dont les fédérations internationales sont reconnues par le CIO. Jusqu'en 1996, ces sports pouvaient profiter du statut de sport de démonstration.
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+ Le nombre des participants aux Jeux olympiques d'hiver est plus modeste avec environ 2 500 athlètes à Turin en 2006. Et du côté du programme, on cherche plutôt à l'étoffer. Certaines disciplines de salle ont été approchées pour passer des JO d'été à ceux d'hiver mais les fédérations internationales concernées ont refusé.
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+ Afin de contenir l'expansion, le nombre d'athlètes participants aux Jeux est désormais plafonné à 10 500 en été et les participants doivent désormais réaliser des minima dans les disciplines chiffrées ou profiter de quotas olympiques gagnés lors des grandes compétitions précédant les Jeux. Pour permettre à toutes les nations de participer, les minima sont à géométrie variable selon les nations et un Comité olympique n'ayant aucun athlète qualifié aux Jeux profite d'invitations, généralement en athlétisme, natation, judo ou haltérophilie pour les Jeux d'été.
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+ Nota
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+ Nota : le fond bleu indique les épreuves disputées à l'occasion des Jeux olympiques d'été.
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+ En 1948, Sir Ludwig Guttman, fermement décidé à promouvoir la réhabilitation des soldats de la Seconde Guerre mondiale, organisa une compétition sportive entre différents hôpitaux au même moment que les Jeux olympiques d'été de 1948 à Londres. Cette compétition, connue alors sous le nom de Jeux de Stoke Mandeville, devint annuelle. Durant les douze années suivantes, Guttman et d’autres continuèrent d’utiliser le sport comme thérapie de guérison. Aux Jeux olympiques d'été de 1960 à Rome, Guttman réunit 400 athlètes pour concourir dans les « Jeux olympiques parallèles » et devinrent les premiers Jeux paralympiques. Depuis, les Paralympiques ont lieu chaque année olympique et se déroulent dans la même ville que les Jeux olympiques depuis les Jeux de Séoul en 1988[29].
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+ À partir de 2010, les Jeux olympiques accueillent les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ), où les athlètes ont entre 14 et 18 ans. Les JOJ sont créés par Jacques Rogge, président du CIO, en 2001. La décision est approuvée pendant le 119e Congrès du CIO[30],[31]. Les Jeux olympiques de la jeunesse d'été de 2010 se tiennent à Singapour et ceux d’hiver en 2012, à Innsbruck en Autriche[32]. Ces Jeux durent moins longtemps que les Jeux olympiques traditionnels. Ceux d’été durent douze jours et ceux d’hiver, neuf jours[33]. 3 500 athlètes et 875 officiels vont participer aux JO d’été de 2010, et 970 athlètes et 580 officiels aux JO d’hiver[34],[35]. Les sports au programme coïncident avec ceux des Jeux olympiques traditionnels, cependant le nombre de disciplines et d’épreuves est diminué[36].
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+ Le CIO est fondé lors du Congrès olympique de 1894 à Paris. Il a pour mission d'organiser les Jeux. Composé de 115 membres qui se réunissent au moins une fois par an, et élisent un président pour une durée de huit ans. Le mouvement olympique regroupe un grand nombre d’organisations et de fédérations sportives nationales et internationales, de partenaires médiatiques reconnus, d’athlètes, d’officiels, et juges et toutes les personnes et institutions qui sont d’accord pour respecter les règles de la Charte olympique[37]. Organisation de coordination du mouvement olympique, le CIO est responsable du choix de la ville hôte, la négociation des partenaires et des droits de diffusion, de superviser le programme du déroulement des Jeux olympiques, actualiser et approuver le programme sportif[38].
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+ Le CIO reconnaît 206 comités nationaux, selon des critères différents de ceux définissant un État au sens du droit international. De nombreuses dépendances prennent ainsi part aux Jeux sous leur propre drapeau, tel que les Bermudes, Porto Rico ou Hong Kong, alors qu'elles sont légalement parties intégrante d'un autre État. Depuis 1980, Taïwan participe sous le nom de Chine de Taipei, la République populaire de Chine refusant sa propre participation si Taïwan était présent sous le nom de République de Chine. Les Îles Marshall ont quant à elles été reconnues par le CIO le 9 février 2003.
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+ Le mouvement olympique regroupe trois grands éléments :
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+ Le français et l’anglais sont les langues officielles du mouvement olympique. La langue du pays organisateur des Jeux olympiques est aussi utilisée. Toutes les annonces (comme celle du nom du pays lors du défilé des nations pendant la cérémonie d’ouverture) sont déclarées dans ces trois langues, dans cet ordre[40].
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+ Le CIO a souvent été critiqué car c’est une organisation intraitable, avec plusieurs de ses membres élus à vie. Les directions de Avery Brundage et Juan Antonio Samaranch furent en particulier controversées. Brundage fut président du CIO pendant plus de 20 ans. Pendant sa présidence, il protégea les Jeux olympiques de toutes implications politiques préjudiciables[41]. Il fut accusé de racisme pour sa gestion du problème de l’apartheid avec la délégation Sud-Africaine et d’antisémitisme[42]. Samaranch fut accusé de népotisme et de corruption[43]. Les liens qu’entretenait Samaranch avec le régime de Franco furent aussi une source de vives critiques[44]. En 1998, on révéla que plusieurs membres du CIO avaient reçu des pots de vin de la part du comité d’organisation de Salt Lake City pour s’assurer que leurs votes iraient en leur faveur. Le CIO entama une enquête qui aboutit à la démission de 4 membres et à l’exclusion de 6 autres. Le scandale eut aussi pour conséquence la mise en place de réformes pour la sélection des villes organisatrices afin d’éviter ce genre de cas à l’avenir[45].
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+ Un documentaire de la BBC intitulé Panorama: Buying the Games diffusé en août 2004, retrace l’enquête qui eut lieu sur les pots de vin lors de la sélection de la ville organisatrice pour les Jeux olympiques d'été de 2012[46]. Le documentaire montra qu’il était possible d’acheter les membres du CIO afin qu’ils votent pour une ville en particulier. Après la défaite de Paris pour les Jeux de 2012[47], Bertrand Delanoë accusa en particulier Tony Blair, Premier Ministre Anglais, et le comité londonien (dont Sebastian Coe était à la tête) d’enfreindre les règles des votes. Il cita comme témoin Jacques Chirac[48]. La sélection de Turin pour les Jeux olympiques d'hiver de 2006 fut aussi controversée. Marc Hodler, éminent membre du CIO, et en faveur de la ville concurrente de Sion en Suisse, affirma que certains membres du CIO avaient été achetés par le Comité d’organisation de Turin. Ces accusations menèrent à une enquête et desservirent la candidature de Sion en faveur de Turin[49].
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+ Le calendrier olympique, le déroulement des cérémonies et leur symbolique est le résultat d'une évolution. Ainsi, il n'y a pas de cérémonie d'ouverture en 1900 à Paris. Le drapeau olympique dessiné par Coubertin en 1913 apparaît aux Jeux de 1920 tout comme le serment olympique. La flamme olympique, symbolisant le lien entre Jeux antiques et Jeux modernes, est en usage depuis 1928. Depuis 1936 elle effectue un parcours sous forme de relais avant la tenue des Jeux. Cette dernière innovation fut créée par Goebbels. Un hymne olympique existe depuis 1896. Cette pièce de musique grecque est officiellement hymne olympique depuis 1960. Le défilé des athlètes est la plus longue des séquences des cérémonies d'ouverture et de clôture. Le défilé est toujours ouvert par la délégation grecque et le pays qui accueille les Jeux ferme la marche.
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+ Entre les cérémonies d'ouverture et de clôtures, deux semaines de compétitions se tiennent sur différents sites, parfois assez éloignés. Les athlètes sont logés dans un village olympique exclusivement réservé aux athlètes et aux entraîneurs. Les journalistes sont regroupés au sein d'un centre médias et ont un accès limité au village olympique des athlètes. L'organisation fait appel à des milliers de volontaires bénévoles afin d'assister les athlètes, les officiels, les journalistes et les spectateurs. L'une des traditions typiques des Jeux est l'échange de Pin's entre délégations et médias. Les volontaires terminent souvent les Jeux couverts de ces épinglettes.
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+ La mascotte olympique apparaît officiellement pendant les Jeux d'hiver de 1968 à Grenoble. Depuis, chaque édition crée sa propre mascotte afin de symboliser les valeurs de l'olympisme.
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+ La devise latine des Jeux olympiques est, depuis 1894, année du premier congrès olympique : citius, altius, fortius… (plus vite, plus haut, plus fort…). C'est Pierre de Coubertin qui proposa cette devise, empruntée à son ami dominicain, l'abbé Henri Didon, ancien vainqueur en 1855 des jeux olympiques du petit séminaire du Rondeau de Grenoble.
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+ Les langues en usage pendant les Jeux sont, dans cet ordre, le français, l'anglais et la langue locale. À l'usage, le français recule pourtant clairement devant l'anglais au niveau de la signalisation sur les sites olympiques tandis que l'anglais est privilégié dans les discours des cérémonies d'ouverture et de clôture. C'est pourtant bien en français que débute la cérémonie de remise des médailles, comme le prévoit le protocole olympique.
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+ L'extinction de la flamme olympique marque la fin de la parenthèse olympique.
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+ Conçu en 1913 par Pierre de Coubertin, il fut présenté officiellement au congrès olympique de Paris en juin 1914. Mais c’est seulement en 1920 aux Jeux d’Anvers qu’on le voit flotter pour la première fois.
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+ Le baron Pierre de Coubertin expliquait lui-même[50] :
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+ « Le drapeau olympique, on le sait, est tout blanc avec, au centre, cinq anneaux enlacés : bleu, jaune, noir, vert, rouge ; l’anneau bleu en haut et à gauche à côté de la hampe. Ainsi dessiné, il est symbolique ; il représente les cinq parties du monde unies par l’Olympisme et ses cinq couleurs d’autre part reproduisent celles de tous les drapeaux nationaux qui flottent à travers l’univers de nos jours. »
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+ — Coubertin (1931), Textes choisis
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+ Les équipes ou athlètes qui se classent en première, deuxième ou troisième place dans chaque épreuve reçoivent des médailles. Les vainqueurs de l'épreuve reçoivent des médailles d'or, qui étaient en or massif jusqu'en 1912, puis en argent doré et maintenant en argent plaqué or. Chaque médaille d'or doit toutefois contenir au moins six grammes d'or pur[51]. Les finalistes recevront des médailles d'argent et pour la troisième place les athlètes sont récompensés par une médaille de bronze. Dans les épreuves contestées par un tournoi à élimination directe (comme la boxe), la troisième place ne pourrait être déterminée et les deux perdants des demi-finales reçoivent des médailles de bronze. Aux Jeux olympiques de 1896, seulement les deux premiers ont reçu une médaille, l'argent pour le premier et le cuivre pour le deuxième. Le format actuel de trois médailles a été introduit aux Jeux olympiques de 1904[52]. Depuis 1948, les athlètes classés quatrièmes, cinquièmes et sixièmes ont reçu des certificats dont le nom est aujourd'hui diplôme olympique. En 1984, le diplôme est élargi aux septième et huitième places. Lors des Jeux de 1896 à Athènes, les médaillés ont reçu des diplômes ainsi qu’un rameau d’olivier pour les premiers et une branche de lauriers pour les deuxièmes. Lors des Jeux suivants ayant lieu à Athènes, en 2004, les athlètes médaillés recevaient également une couronne d'olivier[53] en souvenir de ces premiers Jeux. Le CIO ne tient pas de statistiques pour les médailles remportées, mais les comités nationaux olympiques et les médias tiennent des statistiques concernant les médailles et les records pour mesurer les succès des différentes nations participantes[54].
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+ Au départ, le CIO trouvait ses fonds grâce à des sociétés partenaires. C’est lorsque Avery Brundage partit en retraite en 1972 que le CIO commença à explorer le potentiel de la télévision et le marché lucratif de la publicité qui s’offraient à eux[55]. Sous la présidence de Juan Antonio Samaranch, les Jeux commencèrent à s’intéresser aux sponsors internationaux qui cherchaient à associer leurs produits à la marque olympique[56].
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+ Dans la première moitié du XXe siècle, le CIO avait un petit budget[56],[57]. Président du CIO de 1952 à 1972, Avery Brundage rejeta toutes les tentatives de lier les Jeux aux intérêts commerciaux[55]. Il pensait que le lobby des intérêts des sociétés influencerait les décisions du CIO[55]. Lorsqu’il prit sa retraite, le CIO avait 2 millions de dollars d’actifs. Huit ans plus tard, les coffres du CIO atteignirent 45 millions de dollars[55]. Ce fut d’abord dû au changement d’idéologie qui prôna l’expansion des Jeux grâce aux sponsors de sociétés et la vente des droits audiovisuels[55]. Lorsque Juan Antonio Samaranch fut élu à la tête du CIO en 1980, il désirait rendre le CIO financièrement indépendant[57].
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+ Les Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles restent une étape clé dans l’histoire olympique. Le comité d’organisation de Los Angeles, dirigé par Peter Ueberroth réussit à engranger un surplus de 225 millions de dollars, résultat sans précédent à l’époque[58]. Le comité d’organisation réussit à créer un tel surplus en partie grâce à la vente des droits exclusifs des sponsors à certaines sociétés[58]. Le CIO cherchait à avoir le contrôle de ces droits. Samaranch prit part à l’élaboration du programme olympique en 1985 afin de créer une marque olympique[56]. Il créa en 1988 le programme TOP (The Olympic Partners) : faire partie de ce programme olympique de sponsorship est très exclusif et onéreux. Les frais sont de 50 millions de dollars pour 4 ans d’adhésion[57]. Les membres du programme olympique reçoivent des droits de publicité exclusifs et l’utilisation du symbole olympique, les anneaux olympiques, dans leurs publications et leurs publicités[59].
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+ Actuellement, les revenus du CIO ont quatre sources[60] : principalement les droits télévisés (4 milliards de dollars sur l'olympiade 2009-2012), le programme de sponsorship TOP (1 milliard de dollars sur la même période) et dans une moindre mesure la billetterie et les licences pour l'exploitation des produits dérivés. Le CIO garde 10 % de ces revenus et en redistribue 90 % aux comités nationaux olympiques, fédérations sportives internationales et au Comité d'Organisation des Jeux Olympiques (COJO) du pays hôte.
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+ Les Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin furent les premiers Jeux à passer à la télévision bien que localement[61]. Les Jeux olympiques d'été de 1956 furent les premiers Jeux à être diffusés internationalement[62] et les Jeux d’hiver suivants virent leurs droits audiovisuels vendus pour la première fois. CBS déboursa 394 000 dollars pour avoir les droits américains[63] et l’Union européenne de radio-télévision 660 000 dollars[56]. Les Jeux olympiques d'été de 1964 de Tokyo sont les premiers JO diffusés en direct, grâce notamment au satellite[64].
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+ Durant les décennies suivantes, les Jeux devinrent l’un des terrains idéologiques de la Guerre froide. Les grandes puissances manœuvrèrent pour prendre le pouvoir politique et le CIO décida de prendre l’avantage de cet intérêt grâce aux médias[63]. La vente des droits audiovisuels permit au CIO de bien plus exposer au Monde les Jeux olympiques, et ainsi leur donner plus d’intérêt, ce qui eut pour conséquence d’attirer les sponsors qui achetèrent des plages publicitaires. Cela permit au CIO d’augmenter les tarifs de ces droits[63]. Par exemple, CBS déboursa 375 millions de dollars pour les droits de retransmission des Jeux olympiques d'hiver de 1998 à Nagano[65], tandis que NBC dépensa 3,5 milliards pour les droits de retransmission pour tous les Jeux olympiques de 2000 à 2008[56]. Le nombre de téléspectateurs a beaucoup augmenté depuis les années 1960, notamment grâce à l’utilisation de satellite en 1964 et l’apparition de la télévision couleur en 1968[66]. Les coûts pour retransmettre les Jeux étant très élevés, la pression d’internet, plus une concurrence rude au niveau du câble, le lobby de la télévision exigea que le CIO stimule les cotes[67]. À la suite de cela, le CIO fit certains changements dans le programme olympique. Pour les Jeux d’été, les épreuves de gymnastique passèrent de sept à neuf soirées et un gala en fin de compétition fut ajouté[68]. Les programmes de natation et plongeon furent aussi développés[68]. Enfin, le lobby de la télévision américaine réussit à imposer la date de certaines épreuves pour qu’elles soient diffusées en première partie de soirée aux États-Unis[69].
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+ La vente de la marque olympique prête à des controverses. Le débat tourne autour du fait que les Jeux ne se distinguent plus des autres compétitions sportives commercialisées[59]. Certaines critiques furent lancées contre le CIO à cause de la saturation du marché pendant les Jeux de 1996 à Atlanta et 2000 à Sydney. Les deux villes étaient envahies par des sociétés et des marchands qui tentaient de vendre des marchandises en rapport avec les Jeux[70].
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+ Une autre critique vient du fait que les Jeux sont financés par la ville organisatrice et le pays. Le CIO ne prend rien en charge et pourtant il contrôle tout et tire profit des symboles olympiques. Le CIO prend aussi un pourcentage de tous les bénéfices des sponsors et des émissions[59]. Les villes organisatrices continuent à rivaliser pour accueillir les Jeux, même si elles ne sont pas sûres de récupérer leurs investissements financiers[71].
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+ La politique de redistribution du CIO soulève également des critiques : depuis les Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles, le comité olympique américain reçoit à lui seul autant que les 201 autres comités nationaux. Cette redistribution s'explique par la prédominance historique des sponsors américains (Coca-Cola, Dow Chemical, Procter & Gamble, General Electric, McDonald's, VISA). Un nouveau contrat signé en 2012, s'appliquant de 2021 à 2040, prévoit que le comité olympique américain ne percevra plus que 7 % des droits télévisés (contre 12,5 % actuellement) et 10 % des revenus de sponsoring (contre 20 %)[72].
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+ Une autre critique majeure concerne le gigantisme présumé des infrastructures construites dans l'optique des Jeux par les villes-hôtes. Le cas des Jeux d'Athènes en 2004 et de ceux de Rio en 2016 ont mis en lumière la difficulté pour des pays faisant face à des difficultés économiques de gérer sur le long terme et de trouver une réaffectation à une telle quantité de sites[73],[74].
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+ Au début du XXe siècle, de nombreux athlètes olympiques ont commencé à utiliser des drogues pour améliorer et augmenter leurs capacités athlétiques. En 1967, le CIO a interdit l'utilisation de drogues améliorant la performance dans la compétition olympique. Lors des Jeux olympiques d'été de 1968 ; le CIO officialise les contrôles anti-dopage et oblige les femmes à se soumettre à des tests de féminité. En 1989, le CIO met en place les contrôles inopinés.
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+ Le premier athlète olympique contrôlé positif pour utilisation de drogues améliorant la performance est Hans-Gunnar Liljenwall, un athlète suédois pratiquant le Pentathlon moderne. Lors des Jeux olympiques d'été de 1968, il perd sa médaille de bronze pour consommation d'alcool[75]. Il est le seul athlète à être contrôlé positif pour une substance interdite aux Jeux olympiques de 1968.
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+ Malgré les vœux de Coubertin, les deux Guerres mondiales empêchèrent la tenue du rendez-vous olympique. Les Jeux de 1916 furent ainsi annulés pendant la Première Guerre mondiale, et ceux de 1940 et 1944 pendant la Seconde.
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+ La politique s'empare parfois du symbole olympique. D'abord opposé à la tenue des Jeux olympiques en Allemagne, Adolf Hitler utilise cette manifestation à des fins de propagande. C'est également le cas à Moscou en 1980. L'Union soviétique entra pourtant tardivement au sein du mouvement olympique. C'est en 1952 que l'URSS reprendra les compétitions sportives internationales en participant aux Jeux olympiques d'été à Helsinki. Au fil des années, ces Jeux connaîtront un nouvel engouement pour le monde entier car on assistera à une guerre des médailles entre les États-Unis et l'URSS.
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+ En 1956, les Jeux de Melbourne sont boycottés par les Pays-Bas, l'Espagne et la Suisse qui manifestent ainsi leur désaccord avec la répression soviétique de l'époque en Hongrie. Lors de ces mêmes Jeux, l'Italie, l'Égypte, l'Irak et le Liban furent absents en raison de la crise de Suez.
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+ En 1968, 1972 et 1976, de nombreux pays africains boycottent les Jeux afin de protester contre le régime d'apartheid sud-africain. L'exclusion de la Nouvelle-Zélande est également réclamée, car son équipe de rugby s'était rendue en Afrique du Sud pour y jouer des matches. À Montréal, 21 pays africains et le Guyana manquent à l'appel. Précisons que le Président Senghor (alors Président d'honneur de la Fédération Mondiale des Cités Unies) avait célébré le jumelage symbolique du village olympique avec toutes les villes du monde pour en faire un village de paix et de fraternité, quatre ans après l'assassinat des athlètes Israéliens dans le village olympique de Munich. Il avait souhaité que la politique soit exclue des JO, c'est pourquoi le Sénégal et la Côte d'Ivoire sont restés et ont participé aux JO de Montréal. C'est aussi lors de ces Jeux que pour la première fois des athlètes ont été reçus chez l'habitant et que le soir, ils étaient célébrés par les municipalités du Québec - fait unique dans l'histoire des jeux olympiques.
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+ En 1972, lors des Jeux de Munich, un commando de terroristes palestiniens prit en otage onze membres de la délégation israélienne dans le village olympique et les assassina. Depuis ce crime, les polices des pays occidentaux comprennent des sections antiterroristes très pointues. De plus, la sécurité est renforcée autour des grands événements comme les Jeux olympiques. Le village olympique est parfois comparé à un bunker.
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+ En 1980, les États-Unis et 64 autres délégations boycottent les Jeux de Moscou en raison de l'intervention soviétique en Afghanistan. La France ou encore le Royaume-Uni ne se sont pas solidarisés avec ce mouvement et se rendent à Moscou avec quatorze autres nations occidentales. Le Comité olympique américain (USOC) tente de passer outre l'ordre de boycott donné par la Maison Blanche. Il faut que le président américain Carter menace les athlètes d'interdiction de sortie de territoire pour faire plier l'USOC. En réplique à ce boycott, l'URSS et quatorze de ses pays satellites boycottent les Jeux de Los Angeles quatre ans plus tard sous prétexte que la sécurité des délégations n'était pas garantie et à cause de l'installation de fusées Pershing américaines en Europe de l’Ouest. Cependant, la Roumanie se distingue du bloc de l'Est en se rendant à Los Angeles.
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+ En 1988, Cuba, l'Éthiopie et le Nicaragua boycottent les Jeux de Séoul pour protester contre la mise à l'écart de la Corée du Nord dans l'organisation des Jeux.
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+ En 1996, lors des Jeux olympiques d'Atlanta, une bombe explose sur la place principale de la ville, tuant deux personnes et en blessant cent onze.
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+ Avant 2008, un mouvement de protestation, mené par Reporters sans frontières, tente de convaincre le plus de pays possible de boycotter la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin en 2008 pour protester contre le bafouement des droits de l'homme en République populaire de Chine. Ce mouvement de protestation se manifeste particulièrement durant le passage de la flamme olympique autour du monde et notamment à Paris.
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+ Un jeu vidéo est un jeu électronique doté d'une interface utilisateur permettant une interaction humaine ludique en générant un retour visuel sur un dispositif vidéo. Le joueur de jeu vidéo dispose de périphériques pour agir sur le jeu et percevoir les conséquences de ses actes sur un environnement virtuel. Le mot « vidéo » dans le jeu vidéo fait traditionnellement référence à un dispositif d'affichage de trame, mais, à la suite de la vulgarisation du terme, il implique désormais tout type de dispositif d'affichage.
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+ Les systèmes électroniques utilisés pour jouer à des jeux vidéo, ou plates-formes, peuvent être aussi bien des ordinateurs de bureau que de petits appareils portables, tels la borne d'arcade, la console portable, l'ordinateur portable ou le smartphone. Les jeux vidéo spécialisés tels que les jeux d'arcade, auparavant communs, ont vu leur usage progressivement diminuer. Le jeu vidéo est aujourd'hui considéré comme une industrie et parfois envisagé comme une forme d'art.
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+ Les jeux vidéo utilisent comme périphérique d'entrée un contrôleur de jeu, qui varie selon les plates-formes. Un contrôleur peut ainsi être constitué d'un unique bouton et d'une manettes de jeu, ou disposer d'une douzaine de boutons et d'un ou plusieurs joystick. Les premiers jeux sur ordinateurs personnels requéraient souvent l'achat d'un joystick, tandis que les jeux modernes sur ordinateur permettent ou imposent au joueur d'utiliser un clavier et une souris simultanément.
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+ Dans les années 2010, de nouvelles méthodes d'entrée ont émergé, comme l'observation du joueur par caméra, la détection de mouvements de périphériques tenus en mains pour les consoles de jeux vidéo, ou les écrans tactiles sur les appareils mobiles. De même, de nouvelles formes de retours sont apparues : visuels, comme la vision 3D ou en relief (avec ou sans lunettes stéréoscopiques), tactiles, avec des terminaux vibrants (sièges, volants, etc.), ou pilotés (sièges inclinables simulant l’accélération, la rotation et le freinage d'un engin).
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+ Selon la définition que l'on accepte du jeu vidéo, son histoire peut commencer aux alentours de 1950 avec l'idée de Ralph Baer ou bien en 1952 avec OXO, 1958 avec Tennis for Two de William Higinbotham, ou encore en 1962 avec Spacewar!, qui est la date la plus communément admise. Pong, en 1972, est quant à lui le premier jeu dont le gameplay est suffisamment accrocheur et addictif pour lui faire connaître le succès auprès du grand public.
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+ Si Pong n'a pas inventé le jeu vidéo, il a donné le coup d'envoi à l'industrie vidéoludique. Celle-ci connaît une croissance explosive et fébrile aux États-Unis, jusqu'en 1983 où elle subit un krach qui la fait migrer vers le Japon. C'est là qu'elle voit sa renaissance, notamment grâce à la NES de Nintendo et au jeu Super Mario Bros. en 1985, qui inaugure une nouvelle philosophie dans la conception des jeux vidéo : plus riches et ouverts à tous les publics.
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+ Depuis, le secteur du jeu vidéo est en croissance continue et, à partir de 2002, son chiffre d'affaires mondial atteint 10 G$, dépassant celui d'Hollywood[1].
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+ Parmi les personnages emblématiques du jeu vidéo, peuvent être cités : Alex Kidd, Crash Bandicoot, Donkey Kong, Kirby, Lara Croft, Link, Mario, Mega Man, Pac-Man, Pikachu, Rayman, Samus Aran, Solid Snake, Sonic[2].
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+ Différents types de systèmes sur lesquels le jeu vidéo se pratique coexistent, et de nombreux jeux sont dorénavant disponibles sur ces plates-formes. Les consoles de jeux, les bornes d'arcade et les ordinateurs, en sont les trois principaux vecteurs. Les plates-formes portables ont débuté avec le jeu électronique individuel sur Game and Watch, de petites consoles portables dédiées à un seul jeu, aujourd'hui pratiquement disparues, supplantées par les consoles portables. Plus récemment, les téléphones portables, et notamment les smartphones, mais aussi les tablettes tactiles, sont devenus des supports adaptés à la pratique du jeu vidéo, certains étant conçus pour répondre aux besoins des joueurs[3].
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+ Les consoles de jeux vidéo sont des systèmes informatiques dédiés au jeu vidéo. À la différence d'un ordinateur, une console utilise un matériel dédié, qui ne peut être que rarement amélioré. Communément, les consoles de salon se branchent sur un téléviseur et sont vendues en standard avec une manette de jeu, bien qu'il soit possible d'adjoindre d'autres périphériques voire des jeux dans des paquetages promotionnels. Les consoles portables, en plus de leur autonomie d'énergie, disposent de l'ensemble des périphériques interactifs intégrés dans le boîtier nomade. Les jeux sont développés en tenant compte des capacités de la machine, et sont ensuite mis à disposition sur le support numérique qu'elle utilise.
20
+
21
+ Les bornes d'arcade sont des systèmes prévus pour fonctionner dans des lieux en libre accès. Une borne se compose classiquement d'un monnayeur et de périphériques robustes. Les premiers types de bornes d'arcade étaient des bornes dédiées qui ne contenaient qu'un seul jeu indissociable de ladite borne. Cependant, dans les années 1980, SNK introduisit un nouveau type de borne, le MVS qui permettait à l'opérateur de la borne de changer le jeu simplement en intervertissant une cartouche de jeu[4]. Cela devint par la suite très courant. Par exemple, les bornes d'arcade Sega ou Capcom étaient et sont toujours basées sur un système similaire.
22
+
23
+ Les ordinateurs sont des plates-formes informatiques hétérogènes qu'il est possible de trouver et de faire évoluer vers différentes puissances. Ils ne sont pas spécialement prévus pour jouer, mais de par leur modularité certaines configurations se prêtent aux jeux, parfois par l'adjonction de matériel dédié comme une carte graphique ou un périphérique de contrôle particulier. Les jeux sont ainsi conseillés pour être utilisés sur un ensemble particulier de configurations pour faire coïncider la puissance demandée par le jeu avec la puissance allouée par la machine. Si ce n'est pas le cas, un jeu peut ne pas fonctionner du tout, ou subit des problèmes de fluidité. Les ordinateurs, de par la constante évolution du matériel informatique, ont l'avantage de la puissance face aux autres machines de jeu, surtout du côté des graphiques de jeu. En outre, les ordinateurs permettent de jouer à des jeux dont les machines ont aujourd'hui disparu via le biais d'émulateurs. Par exemple, MAME émule de nombreuses machines d'arcade et permet ainsi de jouer à de vieux jeux tels que Pong ou bien Space Invaders.
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+
25
+ Après les premières tentatives de périphérique de contrôle, la plupart des jeux vidéo sur console de salon et ordinateur se sont tournés respectivement vers les manettes de jeu et le duo clavier/souris qui resteront pendant longtemps les périphériques les plus utilisés[5].
26
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27
+ Certains jeux peuvent également utiliser des contrôleurs dédiés, sans toutefois restreindre leur utilisation par le biais des trois contrôleurs courants, le clavier, la souris, et la manette de jeu. Par exemple, les joysticks et les volants, certains à retour de force, sont utilisés pour améliorer l'expérience de jeu des simulateurs de vols et des jeux de courses, sans être indispensables.
28
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29
+ Enfin, certains jeux sont dédiés à certains contrôleurs spécifiques. C'est le cas depuis plusieurs années pour certains des jeux sur bornes d'arcade. Ainsi les jeux de rythme nécessitent un tapis de danse, et les jeux de tir fonctionnent avec des pistolets laser ou optiques.
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+
31
+ Des expériences commerciales utilisant des contrôleurs originaux standardisés sont entreprises. Les dernières consoles portables de Nintendo : la Nintendo DS et la Nintendo 3DS ainsi que l'ensemble de leurs jeux utilisent un écran tactile et un microphone. Les manettes des consoles Wii (Wiimote), Wii U (Wiimote), PlayStation 3, PS4 (Sixaxis, PlayStation Move) et Xbox 360 (Kinect) se servent des mouvements du joueur pour interagir avec le jeu, en plus de leurs utilisations classiques.
32
+
33
+ L'industrie propose également de regrouper plusieurs technologies sur un seul périphérique comme c'est le cas avec la DualShock 4[6].
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+
35
+ Les jeux vidéo restituent l'information par le biais de l'image et du son. L'affichage s'effectue principalement sur du matériel existant, comme la télévision pour les consoles de salon, ou les moniteurs d'ordinateur, éventuellement au moyen d'une sortie vidéo (pour affichage sur grand écran, par exemple). Le rendu sonore du jeu est retransmis via des haut-parleurs externes, ou une sortie audio vers un dispositif d'amplification externe (chaîne hi-fi, par exemple).
36
+
37
+ Ces dernières années, des jeux de réalité virtuelle sont apparus grâce à de nouveaux périphériques, tel l'EyeToy sur PlayStation 2, rendant possibles ensuite des jeux en réalité augmentée comme EyePet. La notion de réalité virtuelle dans le jeu vidéo est approfondie en 2010 avec l'apparition de Kinect et du PlayStation Move.
38
+
39
+ Les dispositifs de réalité virtuelle, quant à eux, se développent avec l'apparition de l'Oculus Rift et du Project Morpheus de Sony.
40
+
41
+ De nos jours, la plupart des éditeurs tiers (indépendant des constructeurs) publient leurs titres sur plusieurs plateformes. Cela tient à des raisons techniques (le rapprochement technologique entre les machines) et à des raisons industrielles (l'augmentation du coût moyen de production). Malgré tout, chaque constructeur (Sony, Nintendo, Microsoft) a intérêt à proposer des titres exclusifs de qualité pour valoriser ses machines. Ils le font à travers des productions internes ou en passant des accords avec des éditeurs tiers. Ainsi, ce sont souvent les exclusifs qui font le succès et la renommée d'une machine[7].
42
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43
+ Jusqu'au milieu des années 2000, la distribution de jeux vidéo se faisait majoritairement sous forme traditionnelle, par le biais d’hyper-spécialistes (tels que Fnac ou Virgin), d'enseignes spécialisées (comme Game ou Micromania) ou de la grande distribution (Auchan, Carrefour, etc.). Puis, poussées par l'engouement du public pour Internet et l'achat en ligne, certaines enseignes se sont mises à distribuer en ligne des jeux vidéo dématérialisés en téléchargement direct, parfois à des prix plus attractifs que les circuits de distribution traditionnels (un nombre restreint d'intermédiaires dans la chaîne de commercialisation permettant des rabais) :
44
+
45
+ D'abord considérée comme dangereuse pour les intérêts des éditeurs et concepteurs de jeux vidéo (risque de piratage élevé, difficulté à contrôler le marché), la distribution numérique de jeux vidéo s'installe progressivement dans le paysage vidéoludique, et se démocratise notamment avec la plate-forme Steam.
46
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47
+ L'industrie vidéoludique génère actuellement un revenu plus important que celui du cinéma[1] et ceci depuis 1997. En 2017, le revenu global était de plus de 120 milliards de dollars[8], et 4,3 milliards d'euros en France[9]. En 2012, le chiffre d'affaires mondial de l'industrie atteint 60 milliards de dollars selon le SNJV (Syndicat National du Jeu vidéo). L'industrie vidéoludique serait ainsi la première industrie culturelle dans le monde. Le jeu le plus coûteux de l'histoire (fin 2013), GTA V, a coûté 270 millions de dollars (moitié production, moitié marketing) soit l'ordre de grandeur d'un blockbuster hollywoodien. Le développement d'un jeu vidéo aujourd'hui est extrêmement coûteux et peut nécessiter des équipes de développement travaillant sur le jeu sur de nombreuses années. Il est donc risqué et difficile pour les studios de générer du bénéfice. À cela s'ajoute le fait que le studio ne reçoit qu'un faible pourcentage du coût de revient d'un jeu - 35 % allant à la grande distribution, 51 % à l'éditeur (dont environ 22 % au constructeur de la console) et 14 % au studio[10].
48
+
49
+ Bien que des créateurs comme Éric Chahi ou Jordan Mechner ont démontré qu'il est possible de créer un jeu par soi-même, aujourd'hui la création d'un jeu nécessite le plus souvent la collaboration de nombreux corps de métiers très spécialisés. Cela inclut : graphistes, musiciens, animateurs, programmeurs, ainsi que des métiers spécifiques au jeu vidéo tel que game designer. L'industrie du jeu vidéo employait ainsi plus de 10 000 personnes en France en 2008 avec plus de 430 entreprises implantées[11].
50
+
51
+ Les jeux vidéo sont généralement créés par des équipes de développeurs, de différents corps de métiers :
52
+
53
+ En France, l'Association des producteurs d'œuvres multimédia (APOM) estime à 5 000 le nombre d'emplois directs dans le secteur du jeu vidéo en 1998 contre 3 000 en 2002 et 1 500 en 2006.
54
+
55
+ Les principaux genres du jeu vidéo sont (par ordre alphabétique) :
56
+
57
+ La définition du jeu vidéo entre 1990 et 2000 a été floue ; elle a été définie comme une « œuvre logiciel », puis comme une « œuvre audiovisuelle »[13]. Avec l’arrêt jurisprudentiel de 2009 (arrêt Cryo)[14] :
58
+
59
+ « Le jeu vidéo est une œuvre complexe, qui ne saurait être réduite à sa seule dimension logicielle, quelle que soit l’importance de celle-ci, de sorte que chacune de ses composantes est soumise au régime qui lui est applicable en fonction de sa nature »
60
+
61
+ Le jeu vidéo est donc juridiquement la cohabitation de différents éléments, graphiques, musicaux, narratifs[13].
62
+
63
+ Le jeu vidéo est considéré comme une « œuvre de l'esprit », qui est donc protégée par le droit d'auteur mais elle reste défini variablement en droit français, d'une part, par sa nature comme une « œuvre audiovisuelle » ou « œuvre logicielle », d'autre part, en fonction de son processus de création comme « œuvre de collaboration » ou « œuvre collective »[15]. De plus, le code de la propriété intellectuelle n'y fait pas spécifiquement référence[15].
64
+
65
+ Le jeu vidéo comme loisir et phénomène de masse soulève des interrogations et des critiques. Le jeu vidéo est à l'échelle de l'histoire des sociétés humaines une activité récente, les parents d'enfants nés dans les années 1990 n'ont pour la plupart jamais joué à ce type de jeu dans leur enfance ou adolescence.
66
+
67
+ Il existe depuis plusieurs années tout un débat sur le rapport du jeu vidéo à l'art[16]. Certains n'hésitent pas à en faire une discipline artistique comme les autres, avec ses qualités propres. C'est en particulier la position d'Olivier Séguret, critique au journal Libération, qui se bat pour faire reconnaître au jeu vidéo sa portée artistique, notamment par l'établissement de parallèles avec l'histoire du cinéma[17]. Ou encore de quelques auteurs comme Nic Kelman (en), qui tentent d'apporter de nouvelles visions concernant les jeux vidéo, en proposant à leurs lecteurs de reconsidérer leur propre définition de l'Art en tant que tel.
68
+
69
+ Le jeu vidéo s'inscrit depuis longtemps dans la culture des sociétés contemporaines. Si l'industrie du jeu vidéo connaît ses produits grand public et purement commerciaux, certains représentent des titres considérés comme des œuvres d'art par la critique, à l'instar de Rez sur Dreamcast, des créations du français David Cage ou encore des jeux Myst et Riven des frères Miller.
70
+
71
+ La conception de l'art vidéoludique se heurte à des visions plus traditionnelles de la nature de l'art[non neutre], pour lesquelles le ludique (caractéristique du jeu vidéo) exclut l'artistique[réf. nécessaire]. Le fait même de jouer à un jeu vidéo signifierait l'impossibilité d'entretenir un rapport avec lui tel qu'il est possible d'avoir avec une œuvre de cinéma ou de peinture. Pourtant il existe une relation émotionnelle, qui, par extension, serait également artistique[18]. Toutefois, le débat reste ouvert, la conception du jeu vidéo géant Paix contre guerre (sur écran de 100 m2) par le peintre plasticien Bernard Quentin en 1995, la création du Musée du jeu vidéo à Paris, et la décoration de l'Ordre des Arts et des Lettres décernée par le ministère de la culture à plusieurs figures importantes du jeu vidéo (Frédérick Raynal, Michel Ancel, Shigeru Miyamoto ou encore Peter Molyneux) sont autant de premiers pas dans la reconnaissance officielle du jeu vidéo en tant qu'art.
72
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73
+ Le 10 mai 2011, la Fondation Nationale américaine pour les Arts modifie ses directives en changeant la mention « Arts à la radio et à la télévision » en « Arts dans les médias », rendant de fait les jeux vidéo éligibles explicitement et officiellement à l'appellation d’œuvre d'art[19],[20].
74
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75
+ Du 11 novembre 2011 au 9 janvier 2012 est organisée au Grand Palais à Paris une exposition retraçant l'évolution du jeu vidéo depuis ses débuts. Présentant plusieurs jeux marquants jouables par les visiteurs, l'exposition s'axe avant tout autour de l'aspect culturel et artistique du jeu vidéo, comme l'annonce la présentation : « Au-delà de l’esthétique et de la technique, l’histoire du jeu vidéo est aussi une histoire culturelle des nouveaux imaginaires contemporains nés de la rencontre entre des fonds culturels des États-Unis, du Japon et de l’Europe, et plus spécifiquement de la France qui occupe un rang majeur dans ce domaine. À travers des supports de création aussi divers que le cinéma, le dessin animé européen, la bande dessinée franco-belge, les comics américains, les mangas japonais, l’« anime » japonaise, les séries télévisées américaines, de nouveaux univers se sont créés. Ils sont autant de sources pour le jeu vidéo qui en retour les inspire »[21].
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+ En mars 2013, le Museum of Modern Art de New York ouvre une exposition permanente présentant 14 jeux aussi bien anciens que récents, retenus sur différents critères d'ordre esthétiques, visuels, sonores ou technologiques. Les mécaniques de jeu, le scénario ou encore la liberté d'action sont aussi pris en compte dans le choix de cette sélection[22]. À terme, la collection doit réunir 40 œuvres présentées au sein des galeries du MoMA dans la collection « Architecture et Design ». Les titres retenus sont Pac-Man, Tetris, Another World, Myst, SimCity 2000, Vib-Ribbon, Les Sims, Katamari Damacy, EVE Online, Dwarf Fortress, Portal, flOw, Passage et Canabalt.
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+ Du 25 septembre 2015 au 6 mars 2016, le Musée Art Ludique présente, à Paris, la première grande exposition au monde consacrée à l’art dans le jeu vidéo et à son inspiration française. Cette exposition met en avant le travail préparatoire des artistes, à travers de nombreux concept art, des esquisses au crayon, des peintures ou des sculptures traditionnelles et numériques. Le Musée axe sa thématique sur la richesse esthétique de l'architecture et des univers dans le jeu vidéo, la diversité graphique des personnages qui peuplent ces mondes virtuels, la magie et la féerie qui touchent un large public. Sont ainsi mis à l'honneur Assassin's Creed, Remember me, Dishonored, The Technomancer, Les Lapins Crétins ou encore Rayman ; ainsi que des jeux plus indépendants comme Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre, Syberia, Of Orcs and Men, Wild et Child of Light. L'exposition met aussi en lumière les passerelles qui existent entre le jeu vidéo et le 7e art, notamment dans Beyond: Two Souls. Le fondateur du musée Art Ludique, Jean-Jacques Launier, déclare à propos de l'exposition, que le jeu vidéo « incarne l’Art Total. Il fait appel au dessin, à la peinture, à la sculpture, à la création d’univers entiers et de centaines de personnages par jeu, à la mise en scène, à l’animation, au scénario, à la musique, et bien sûr à la conception d’un mode de jeu destiné à transcender l’interactivité. » Emmanuel Ethis, président du Haut conseil de l'Éducation artistique et culturelle, renchérit à l'occasion de l'exposition : « le jeu vidéo est bien un art total, car s’il est ludique par nature, il porte aussi l’ambition souveraine de s’inscrire dans une histoire connotée, diaprée de correspondances et de références à tous les arts qui l’ont précédé »[23],[24],[25].
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+ Depuis quelques années, certaines universités proposent dans leurs programmes l'étude du jeu vidéo comme discipline pédagogique. Depuis l'automne 2011, l'Université de Montréal possède une mineure en études du jeu vidéo. Cette initiative, menée par Bernard Perron, professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, se base sur des initiatives européennes. Selon Bernard Perron, le jeu vidéo est « officiellement reconnu en France comme le 10e art depuis 1993 »[26]. Mais ce n’est vraiment que depuis le début du XXIe siècle que l’étude du jeu vidéo est considérée comme une pratique sérieuse[27],[28].
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+ Contrairement à la littérature et au cinéma, le jeu vidéo sous-entend tout d’abord un investissement personnel. Les joueurs ne se contentent pas de discuter de la valeur du jeu et de son appréciation. Ils échangent aussi abondamment à propos des différentes manières de vaincre un monstre ou de traverser un niveau en particulier.
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+ À l’université, les considérations par rapport au jeu vidéo vont au-delà de celles des joueurs. Par exemple, il est question de l’implication du joueur, des répercussions cognitives, ou encore des rapports de performance.
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+ Certains jeux vidéo peuvent susciter l’inquiétude en raison de leur aspect chronophage, un enfant ou adolescent de 8 à 18 ans passant en moyenne en 2010 quatre heures par jour devant un ordinateur ou à jouer aux jeux vidéo[29]. Comment gérer ce difficile problème du temps de jeu ? Il n’y a pas de temps de jeu « idéal », même si l’Académie américaine de pédiatrie recommande de ne pas dépasser deux heures par jour devant un écran[30].
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+ L’idée selon laquelle il existe un volume de jeu horaire idéal n’est ni prouvée, ni particulièrement judicieuse pour contrôler l’activité du joueur sur le jeu. En effet, si la limite de deux heures de jeu par jour est parfois avancée, rien ne prouve qu’elle garantisse une pratique adéquate du jeu, ni qu’au-delà de cette limite, la pratique devienne réellement problématique. Ici, comme ailleurs, tout dépend de la personnalité du joueur et de l’environnement social dans lequel il évolue.
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+ Le critère le plus approprié pour déterminer le seuil de « nocivité » d’un jeu vidéo sur le joueur est sans doute la perte de lien social qu’une pratique excessive du jeu est susceptible d’entraîner. L’amoindrissement des relations avec les autres membres de la famille, les amis, les collègues est un indicateur plus pertinent pour juger du caractère excessif de la pratique du jeu. Il est donc fortement recommandé de ne pas s’arrêter à une limite horaire excessivement réduite et inflexible lorsque vous fixez les règles de jeu qui s’imposent à votre enfant.
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+ Si certains jeux comportent un système de coupure, qui interrompt le jeu après une certaine durée, et qui peut être fixée par les parents, cette solution est loin d’être idéale dans la mesure où l’interruption brutale du jeu peut être mal vécue par le joueur, qui n’a pas le temps de sauvegarder sa partie, ou dont les efforts pour accomplir le but qu’il s’est fixé (mener à bien une mission par exemple) sont ainsi réduits à néant. La frustration ainsi engendrée par cette interruption brutale du jeu peut faire naître chez le joueur une certaine agressivité. Ainsi, si vous désirez recourir à cette méthode pour limiter la durée passée devant le jeu, il est recommandé d’informer votre enfant de l’activation de ce système de coupure et de veiller à ce qu’il soit prévenu suffisamment tôt de la coupure à venir, afin de sauvegarder le fruit de son travail[31].
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+ Cet aspect chronophage est un des éléments de la sédentarité impliqué dans l'obésité et le surpoids infantile qui touche un enfant sur 5 en Europe et un enfant sur 3 aux États-Unis[32]. L'utilisation de l'exergaming (en) (mot portemanteau à partir des termes anglais exercise, exercice physique, et gaming, jeu vidéo) qui vise à jouer à des jeux vidéo dynamiques associés aux exercices physiques (tel Dance Dance Revolution), afin d'aider les enfants à maigrir, a fait l'objet de plusieurs études scientifiques, certaines montrant un effet bénéfique important (à savoir se rapprocher des niveaux d'exercice recommandés) de ce type de jeux[33], d'autres un impact faible[34], et d'autres ne montrant aucun impact[35].
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+ Le niveau de violence de certains jeux vidéo est l'objet de critiques récurrentes. Le risque qu'elle débouche sur une augmentation des actes de violence dans la vie quotidienne est régulièrement étudié[36]. La plupart des études n'ont trouvé aucun lien entre violence virtuelle et violence réelle[37],[38],[39],[40]. Certaines soulignent néanmoins une corrélation avec une agressivité accrue parmi les joueurs[41].
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+ Ces études sont sujettes à controverse du fait d'enjeux moraux, religieux et politiques[réf. souhaitée]. Pour Laurent Trémel, elles sont souvent artificielles : « en amalgamant par exemple la pratique très occasionnelle d'une lycéenne issue d'un milieu aisé qui fera un puzzle sur son portable entre deux messages adressés à ses copines à celle d'un adolescent de milieu populaire en voie de déscolarisation qui passe dix heures par jour à jouer à un jeu de course automobile seul sur sa console, on fait l'inverse de ce qu'il faudrait faire dans une perspective sociologique »[42].
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+ Dans les années 1990, alors que les jeux vidéo devenaient de plus en plus réalistes dans leurs graphismes, plusieurs systèmes de classifications ont été mis en place à travers le monde. Leur but est de protéger les mineurs et d'informer les parents en attribuant à chaque jeu un âge limite en dessous duquel le jeu est formellement déconseillé. Ces organismes ont aussi généralement le pouvoir d'interdire la vente de jeux qu'ils jugent immoraux en refusant de les classifier. En effet, en l'absence de classification, un jeu n'a pas le droit d'être mis en vente. Ainsi, l'OFLC d'Australie refuse régulièrement la classification de certains jeux tel que Manhunt ou Soldier of Fortune: Payback[43].
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+ Les consoles de dernière génération (Wii, Wii U, Switch,PS4, Xbox One X, PSP, PSVITA, DSi et 3DS) disposent d'un système de contrôle parental permettant d'empêcher la lecture de jeux déconseillés en dessous d'un certain âge. Les ordinateurs équipés de Windows Vista et Windows 7 disposent nativement d'un système de contrôle parental, permettant de définir des plages horaires, et permettant également d'interdire l'utilisation de certains jeux[44].
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+ L'utilisation de jeux vidéo peut provoquer des crises d'épilepsie. Néanmoins, ce risque semble fortement lié aux sujets épileptiques photosensibles sans pour autant exclure totalement les autres sujets épileptiques. Les progrès techniques des consoles de jeux vidéo et des téléviseurs ont fortement contribué à réduire le risque de provoquer une crise d'épilepsie, notamment grâce à des fréquences de balayage de plus en plus élevées, des couleurs moins contrastées et plus naturelles, et une meilleure définition d'image[45]. Certains sujets épileptiques ignorent leur état jusqu'à ce qu'il leur soit révélé lors d'une partie[46]. Il est recommandé aux sujets épileptiques de ne pas jouer plus de 30 minutes aux jeux vidéo et de faire des pauses entre chaque session : les crises d'épilepsie pouvant être induites non seulement par la nature même du jeu vidéo (essentiellement chez les sujets épileptiques photosensibles), mais également par la fatigue et le stress induits par de longues parties[45],[47].
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+ Le conseil PEGI est un organisme créé pour la protection des mineurs au sujet des jeux vidéo en Europe.
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+ Le label PEGI est un label dont peuvent disposer les éditeurs mais qui est devenu obligatoire pour un jeu commercialisé en Europe. Aujourd’hui, plus de 19 000 jeux possède ce label PEGI. Mais afin de disposer de celui-ci, ils doivent compléter un formulaire d’évaluation et de déclaration du contenu. Ce formulaire possède la forme d’un questionnaire dans lequel il doit rendre compte rendu du jeu en question en précisant les éléments susceptibles ou non de heurter la sensibilité du joueur. En effet, PEGI ne jouant pas forcément aux différents jeux, les éditeurs doivent répondre à des questions bien précises afin que PEGI puisse en donner un résultat judicieux et donner une classe d’âge associé aux pictogrammes correspondants. Cette petite vignette correspondant à une limite minimum d’âge auquel le joueur peut jouer sans heurter sa sensibilité[48].
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+ Par la suite PEGI laisse le travail à ses administrateurs indépendants qui effectuent une deuxième vérification de la classification. Il en existe deux :
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+ Après ces démarches, un bilan du jeu est effectué et l’éditeur reçoit une licence qui l’autorise à appliquer le label PEGI, le pictogramme sur la jaquette du jeu.
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+ PEGI est composé de trois administrateurs indépendants qui sont : NICAM, VSC ainsi que ISFE. Mais le PEGI est également un système autonome, divisé en plusieurs conseils et comités où chacun possède un rôle bien précis. De ce fait, il existe un conseil d'administration qui se situe au cœur du PEGI, qui regroupe de nombreux acteurs du marché du jeu vidéo tels que les fabricants de consoles de jeu, les éditeurs de jeux… et qui gère avec le directeur général les activités quotidiennes du PEGI.
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+ PEGI, travaille par ailleurs, avec un groupe d’experts et une commission juridique qui s’occupent d’adapter celui-ci à la législation des différents pays pour s’assurer d’une bonne mise en application des dispositions du code de conduite du PEGI et de la classification.
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+ Les jeux vidéo ont des effets directs sur les capacités mentales et physiques des joueurs, que ce soit des réflexes plus accrus, un développement de l'empathie ou encore l'amélioration des capacités de traitement des informations en images[49]. En 2003, une étude suisse portant sur les éventuels effets néfastes pour les yeux a constaté que l'attention visuelle des joueurs fatigue moins vite que celle des non joueurs. Les joueurs arrivent également a appréhender un plus grand nombre d'objets d'un seul coup d'oeil. Par ailleurs, leur attention visuelle est plus efficace, en vision périphérique comme centrale. Enfin, ils parviennent plus rapidement à recentrer leur attention. La pratique régulière de jeux vidéo d'actions donc améliorerait globalement l'attention visuelle sélective[49]. De fait, les jeux vidéo sont parfois utilisés en tant que thérapie médicale ou par les militaires dans le but d’entraîner leurs recrues.
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+ Une étude confirme en 2020 ces conclusions. Selon Daphné Bavelier, étudiante de la plasticité cérébrale à l'université de Rochester aux États-Unis, certains jeux tels que Halo, Call of Duty ou Unreal Tournament ont un effet très visible sur les capacités cognitives des joueurs. Les jeux vidéos d'actions permettraient aux joueurs de développer une meilleure capacité d'attention, ils se fatiguent moins vite et possèdent une meilleure capacité de réaction. De plus, les joueurs de jeux d'action obtiennent des meilleurs résultats aux tests d'acuité visuelle, ils sont capables de lire des textes plus petits et sont plus sensibles aux changements de contrastes[50].
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+ Certains jeux nécessitant des interactions physiques, par l'intermédiaire de tapis de danse ou de capture de mouvement par une caméra, permettent également de pratiquer une activité sportive régulière et sont parfois préconisés pour les enfants atteints de surpoids[réf. nécessaire]. Ainsi l'université de West Virginia a étudié un groupe de 35 enfants obèses et leur a demandé de jouer à Dance Dance Revolution qui se joue à l'aide d'un tapis de danse. Ils ont constaté que, sans même changer leur régime, les enfants ont réduit leur prise de poids de façon significative[51]. Aujourd'hui, Nintendo tente d'exploiter ce domaine et développe des jeux d'exercice physique, comme Wii Fit[52].
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+ L'entreprise Bluelinea a créé une manette permettant de jouer a l'aide de sa bouche, à destination des joueurs tétraplégiques par exemple. Son prix est encore élevé (environ 1 400 euros). Un reportage du média Konbini, réalisé en 2019, a montré qu'un enfant tétraplégique pouvait retrouver certaines facultés perdues, comme l'aspiration[53].
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+ De même, en 2018 est commercialisé le Xbox Adaptive Controller (en) (en français, « manette adaptative Xbox »), conçu principalement pour répondre aux besoins des joueurs à mobilité réduite[54]. Il s'agit d'un concentrateur unifié de périphériques rendant les jeux plus accessibles. Développé depuis le début par des partenariats importants avec les organismes AbleGamers (en), The Cerebral Palsy Foundation SpecialEffect et Warfighter Engaged, le porjet a bénéficié des apports de ses groupes pour développer les fonctionnalités adaptées aux différentes motricités.
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+ Dans les années 1990, l'armée des États-Unis a modifié le jeu Doom II dans le but d’entraîner ses troupes. Le jeu était utilisé pour améliorer les talents de visée et le temps de réaction des recrues[55]. Plus récemment, des outils immersifs de réalité virtuelle ont été développés pour traiter certains troubles psychologiques comme l'agoraphobie ou l'acrophobie. Ces simulateurs reposent sur des technologies qui ont été développées à l'origine pour les jeux vidéo[56].
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+ Les jeux vidéo sont aussi utilisés comme source d'intérêt dans certains didacticiels. Les jeux vidéo éducatifs, que l'on assimile généralement à des logiciels pour l'éveil des tout petits ou comme supports pédagogiques destinés aux enfants, ont donné naissance plus récemment à des jeux éducatifs « pour adultes » connu principalement sous le nom de serious game dont l'intérêt est de transmettre un savoir-faire de manière ludique[57].
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+ Selon Learning and Teaching Scotland, jouer au Programme d'entraînement cérébral du Dr Kawashima améliore les capacités de calcul mental du joueur. Pendant neuf semaines, deux groupes d'écoliers ont été étudiés : le premier devait jouer au Programme d'entraînement cérébral pendant 20 minutes tous les jours, tandis que le second apprenait via des méthodes traditionnelles. À la fin de l'expérience, les deux groupes avaient progressé mais celui qui s'était entraîné grâce au jeu s'était amélioré de 50 % de plus[Quoi ?][58].
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+ D’après une étude allemande de 2014, jouer aux jeux vidéo présenterait des bénéfices secondaires. Cela permettrait de développer la substance grise. Simone Kühn de l'institut Max Planck et ses collègues ont invité 48 adultes non adeptes des jeux vidéo à jouer au moins 30 minutes par jour pendant deux mois au jeu Super Mario 64, qui fait notamment appel à l’orientation spatiale. Le joueur pouvait naviguer en utilisant la vision subjective (comme s’il était lui-même le personnage fictif) ou alors une vue d’ensemble. En comparant le scanner cérébral avant et après l’entraînement, les chercheurs observent une augmentation de la matière grise dans le cortex cérébral, l’hippocampe et le cervelet. Ces évolutions permettraient une plus grande aisance à se repérer dans l’espace en jonglant plus facilement entre vues subjective et objective, une meilleure coordination, rapidité et précision dans l’exécution des tâches de motricité. Cette expérience semble donc démontrer une fois de plus que le cerveau n’est pas une entité immuable, mais qu'il est au contraire en mesure de modifier sa structure pour s’adapter aux exigences de son environnement. Les auteurs évoquent la possibilité d’une utilisation préventive, voire thérapeutique du jeu vidéo. Il pourrait en effet freiner le développement de certaines maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer[59].
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+ Les chercheurs utilisent des casques de réalité virtuelle (VR) pour confronter des patients à leurs peurs et les aider à les surmonter. Exposer le patient de façon renouvelée et contrôlée à sa peur permet de la guérir. Il peut choisir lui-même sa progression. Conscient que la situation n’est pas réelle, il lui est plus simple de porter le casque de son propre chef.
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+ La vertu principale de la VR est que le sujet devient acteur et n’est plus spectateur. Aux États-Unis le chercheur Daniel Hoffman, directeur du centre de réalité virtuelle à Washington, imagine SpiderWorld, monde virtuel pour combattre l’arachnophobie d’une patiente. L’autre application de la VR est de soigner la douleur et la réduire chez les grands brûlés. Avec SnowWorld, monde enneigé créé par ce même chercheur permet aux patients de mieux ignorer ou supporter leurs souffrances[60].
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+ La VR nourrit néanmoins les craintes de certains spécialistes[Lesquels ?]. L'usager connaîtrait une désensibilisation en n'étant plus affecté ni atteint par les actes de violence. Préparer des soldats virtuellement à des scènes de combat pourrait mener à une absence d’émotions ou de compassion. Aussi, la VR est personnalisée en fonction des individus grâce à l'oculométrie dans le but de collecter les données des usagers. La question de cette collecte d'informations personnelles, étant liée à la protection de la vie privée, alimente les débats autour des nouvelles technologies. Un des effets cognitifs de la VR est l’altération de perception de la réalité, réduisant les capacités physiques et sociales[61].
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+ Un jeu vidéo est un jeu électronique doté d'une interface utilisateur permettant une interaction humaine ludique en générant un retour visuel sur un dispositif vidéo. Le joueur de jeu vidéo dispose de périphériques pour agir sur le jeu et percevoir les conséquences de ses actes sur un environnement virtuel. Le mot « vidéo » dans le jeu vidéo fait traditionnellement référence à un dispositif d'affichage de trame, mais, à la suite de la vulgarisation du terme, il implique désormais tout type de dispositif d'affichage.
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+ Les systèmes électroniques utilisés pour jouer à des jeux vidéo, ou plates-formes, peuvent être aussi bien des ordinateurs de bureau que de petits appareils portables, tels la borne d'arcade, la console portable, l'ordinateur portable ou le smartphone. Les jeux vidéo spécialisés tels que les jeux d'arcade, auparavant communs, ont vu leur usage progressivement diminuer. Le jeu vidéo est aujourd'hui considéré comme une industrie et parfois envisagé comme une forme d'art.
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+ Les jeux vidéo utilisent comme périphérique d'entrée un contrôleur de jeu, qui varie selon les plates-formes. Un contrôleur peut ainsi être constitué d'un unique bouton et d'une manettes de jeu, ou disposer d'une douzaine de boutons et d'un ou plusieurs joystick. Les premiers jeux sur ordinateurs personnels requéraient souvent l'achat d'un joystick, tandis que les jeux modernes sur ordinateur permettent ou imposent au joueur d'utiliser un clavier et une souris simultanément.
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+ Dans les années 2010, de nouvelles méthodes d'entrée ont émergé, comme l'observation du joueur par caméra, la détection de mouvements de périphériques tenus en mains pour les consoles de jeux vidéo, ou les écrans tactiles sur les appareils mobiles. De même, de nouvelles formes de retours sont apparues : visuels, comme la vision 3D ou en relief (avec ou sans lunettes stéréoscopiques), tactiles, avec des terminaux vibrants (sièges, volants, etc.), ou pilotés (sièges inclinables simulant l’accélération, la rotation et le freinage d'un engin).
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9
+ Selon la définition que l'on accepte du jeu vidéo, son histoire peut commencer aux alentours de 1950 avec l'idée de Ralph Baer ou bien en 1952 avec OXO, 1958 avec Tennis for Two de William Higinbotham, ou encore en 1962 avec Spacewar!, qui est la date la plus communément admise. Pong, en 1972, est quant à lui le premier jeu dont le gameplay est suffisamment accrocheur et addictif pour lui faire connaître le succès auprès du grand public.
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+ Si Pong n'a pas inventé le jeu vidéo, il a donné le coup d'envoi à l'industrie vidéoludique. Celle-ci connaît une croissance explosive et fébrile aux États-Unis, jusqu'en 1983 où elle subit un krach qui la fait migrer vers le Japon. C'est là qu'elle voit sa renaissance, notamment grâce à la NES de Nintendo et au jeu Super Mario Bros. en 1985, qui inaugure une nouvelle philosophie dans la conception des jeux vidéo : plus riches et ouverts à tous les publics.
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13
+ Depuis, le secteur du jeu vidéo est en croissance continue et, à partir de 2002, son chiffre d'affaires mondial atteint 10 G$, dépassant celui d'Hollywood[1].
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15
+ Parmi les personnages emblématiques du jeu vidéo, peuvent être cités : Alex Kidd, Crash Bandicoot, Donkey Kong, Kirby, Lara Croft, Link, Mario, Mega Man, Pac-Man, Pikachu, Rayman, Samus Aran, Solid Snake, Sonic[2].
16
+
17
+ Différents types de systèmes sur lesquels le jeu vidéo se pratique coexistent, et de nombreux jeux sont dorénavant disponibles sur ces plates-formes. Les consoles de jeux, les bornes d'arcade et les ordinateurs, en sont les trois principaux vecteurs. Les plates-formes portables ont débuté avec le jeu électronique individuel sur Game and Watch, de petites consoles portables dédiées à un seul jeu, aujourd'hui pratiquement disparues, supplantées par les consoles portables. Plus récemment, les téléphones portables, et notamment les smartphones, mais aussi les tablettes tactiles, sont devenus des supports adaptés à la pratique du jeu vidéo, certains étant conçus pour répondre aux besoins des joueurs[3].
18
+
19
+ Les consoles de jeux vidéo sont des systèmes informatiques dédiés au jeu vidéo. À la différence d'un ordinateur, une console utilise un matériel dédié, qui ne peut être que rarement amélioré. Communément, les consoles de salon se branchent sur un téléviseur et sont vendues en standard avec une manette de jeu, bien qu'il soit possible d'adjoindre d'autres périphériques voire des jeux dans des paquetages promotionnels. Les consoles portables, en plus de leur autonomie d'énergie, disposent de l'ensemble des périphériques interactifs intégrés dans le boîtier nomade. Les jeux sont développés en tenant compte des capacités de la machine, et sont ensuite mis à disposition sur le support numérique qu'elle utilise.
20
+
21
+ Les bornes d'arcade sont des systèmes prévus pour fonctionner dans des lieux en libre accès. Une borne se compose classiquement d'un monnayeur et de périphériques robustes. Les premiers types de bornes d'arcade étaient des bornes dédiées qui ne contenaient qu'un seul jeu indissociable de ladite borne. Cependant, dans les années 1980, SNK introduisit un nouveau type de borne, le MVS qui permettait à l'opérateur de la borne de changer le jeu simplement en intervertissant une cartouche de jeu[4]. Cela devint par la suite très courant. Par exemple, les bornes d'arcade Sega ou Capcom étaient et sont toujours basées sur un système similaire.
22
+
23
+ Les ordinateurs sont des plates-formes informatiques hétérogènes qu'il est possible de trouver et de faire évoluer vers différentes puissances. Ils ne sont pas spécialement prévus pour jouer, mais de par leur modularité certaines configurations se prêtent aux jeux, parfois par l'adjonction de matériel dédié comme une carte graphique ou un périphérique de contrôle particulier. Les jeux sont ainsi conseillés pour être utilisés sur un ensemble particulier de configurations pour faire coïncider la puissance demandée par le jeu avec la puissance allouée par la machine. Si ce n'est pas le cas, un jeu peut ne pas fonctionner du tout, ou subit des problèmes de fluidité. Les ordinateurs, de par la constante évolution du matériel informatique, ont l'avantage de la puissance face aux autres machines de jeu, surtout du côté des graphiques de jeu. En outre, les ordinateurs permettent de jouer à des jeux dont les machines ont aujourd'hui disparu via le biais d'émulateurs. Par exemple, MAME émule de nombreuses machines d'arcade et permet ainsi de jouer à de vieux jeux tels que Pong ou bien Space Invaders.
24
+
25
+ Après les premières tentatives de périphérique de contrôle, la plupart des jeux vidéo sur console de salon et ordinateur se sont tournés respectivement vers les manettes de jeu et le duo clavier/souris qui resteront pendant longtemps les périphériques les plus utilisés[5].
26
+
27
+ Certains jeux peuvent également utiliser des contrôleurs dédiés, sans toutefois restreindre leur utilisation par le biais des trois contrôleurs courants, le clavier, la souris, et la manette de jeu. Par exemple, les joysticks et les volants, certains à retour de force, sont utilisés pour améliorer l'expérience de jeu des simulateurs de vols et des jeux de courses, sans être indispensables.
28
+
29
+ Enfin, certains jeux sont dédiés à certains contrôleurs spécifiques. C'est le cas depuis plusieurs années pour certains des jeux sur bornes d'arcade. Ainsi les jeux de rythme nécessitent un tapis de danse, et les jeux de tir fonctionnent avec des pistolets laser ou optiques.
30
+
31
+ Des expériences commerciales utilisant des contrôleurs originaux standardisés sont entreprises. Les dernières consoles portables de Nintendo : la Nintendo DS et la Nintendo 3DS ainsi que l'ensemble de leurs jeux utilisent un écran tactile et un microphone. Les manettes des consoles Wii (Wiimote), Wii U (Wiimote), PlayStation 3, PS4 (Sixaxis, PlayStation Move) et Xbox 360 (Kinect) se servent des mouvements du joueur pour interagir avec le jeu, en plus de leurs utilisations classiques.
32
+
33
+ L'industrie propose également de regrouper plusieurs technologies sur un seul périphérique comme c'est le cas avec la DualShock 4[6].
34
+
35
+ Les jeux vidéo restituent l'information par le biais de l'image et du son. L'affichage s'effectue principalement sur du matériel existant, comme la télévision pour les consoles de salon, ou les moniteurs d'ordinateur, éventuellement au moyen d'une sortie vidéo (pour affichage sur grand écran, par exemple). Le rendu sonore du jeu est retransmis via des haut-parleurs externes, ou une sortie audio vers un dispositif d'amplification externe (chaîne hi-fi, par exemple).
36
+
37
+ Ces dernières années, des jeux de réalité virtuelle sont apparus grâce à de nouveaux périphériques, tel l'EyeToy sur PlayStation 2, rendant possibles ensuite des jeux en réalité augmentée comme EyePet. La notion de réalité virtuelle dans le jeu vidéo est approfondie en 2010 avec l'apparition de Kinect et du PlayStation Move.
38
+
39
+ Les dispositifs de réalité virtuelle, quant à eux, se développent avec l'apparition de l'Oculus Rift et du Project Morpheus de Sony.
40
+
41
+ De nos jours, la plupart des éditeurs tiers (indépendant des constructeurs) publient leurs titres sur plusieurs plateformes. Cela tient à des raisons techniques (le rapprochement technologique entre les machines) et à des raisons industrielles (l'augmentation du coût moyen de production). Malgré tout, chaque constructeur (Sony, Nintendo, Microsoft) a intérêt à proposer des titres exclusifs de qualité pour valoriser ses machines. Ils le font à travers des productions internes ou en passant des accords avec des éditeurs tiers. Ainsi, ce sont souvent les exclusifs qui font le succès et la renommée d'une machine[7].
42
+
43
+ Jusqu'au milieu des années 2000, la distribution de jeux vidéo se faisait majoritairement sous forme traditionnelle, par le biais d’hyper-spécialistes (tels que Fnac ou Virgin), d'enseignes spécialisées (comme Game ou Micromania) ou de la grande distribution (Auchan, Carrefour, etc.). Puis, poussées par l'engouement du public pour Internet et l'achat en ligne, certaines enseignes se sont mises à distribuer en ligne des jeux vidéo dématérialisés en téléchargement direct, parfois à des prix plus attractifs que les circuits de distribution traditionnels (un nombre restreint d'intermédiaires dans la chaîne de commercialisation permettant des rabais) :
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+ D'abord considérée comme dangereuse pour les intérêts des éditeurs et concepteurs de jeux vidéo (risque de piratage élevé, difficulté à contrôler le marché), la distribution numérique de jeux vidéo s'installe progressivement dans le paysage vidéoludique, et se démocratise notamment avec la plate-forme Steam.
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47
+ L'industrie vidéoludique génère actuellement un revenu plus important que celui du cinéma[1] et ceci depuis 1997. En 2017, le revenu global était de plus de 120 milliards de dollars[8], et 4,3 milliards d'euros en France[9]. En 2012, le chiffre d'affaires mondial de l'industrie atteint 60 milliards de dollars selon le SNJV (Syndicat National du Jeu vidéo). L'industrie vidéoludique serait ainsi la première industrie culturelle dans le monde. Le jeu le plus coûteux de l'histoire (fin 2013), GTA V, a coûté 270 millions de dollars (moitié production, moitié marketing) soit l'ordre de grandeur d'un blockbuster hollywoodien. Le développement d'un jeu vidéo aujourd'hui est extrêmement coûteux et peut nécessiter des équipes de développement travaillant sur le jeu sur de nombreuses années. Il est donc risqué et difficile pour les studios de générer du bénéfice. À cela s'ajoute le fait que le studio ne reçoit qu'un faible pourcentage du coût de revient d'un jeu - 35 % allant à la grande distribution, 51 % à l'éditeur (dont environ 22 % au constructeur de la console) et 14 % au studio[10].
48
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49
+ Bien que des créateurs comme Éric Chahi ou Jordan Mechner ont démontré qu'il est possible de créer un jeu par soi-même, aujourd'hui la création d'un jeu nécessite le plus souvent la collaboration de nombreux corps de métiers très spécialisés. Cela inclut : graphistes, musiciens, animateurs, programmeurs, ainsi que des métiers spécifiques au jeu vidéo tel que game designer. L'industrie du jeu vidéo employait ainsi plus de 10 000 personnes en France en 2008 avec plus de 430 entreprises implantées[11].
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+ Les jeux vidéo sont généralement créés par des équipes de développeurs, de différents corps de métiers :
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+ En France, l'Association des producteurs d'œuvres multimédia (APOM) estime à 5 000 le nombre d'emplois directs dans le secteur du jeu vidéo en 1998 contre 3 000 en 2002 et 1 500 en 2006.
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+ Les principaux genres du jeu vidéo sont (par ordre alphabétique) :
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+ La définition du jeu vidéo entre 1990 et 2000 a été floue ; elle a été définie comme une « œuvre logiciel », puis comme une « œuvre audiovisuelle »[13]. Avec l’arrêt jurisprudentiel de 2009 (arrêt Cryo)[14] :
58
+
59
+ « Le jeu vidéo est une œuvre complexe, qui ne saurait être réduite à sa seule dimension logicielle, quelle que soit l’importance de celle-ci, de sorte que chacune de ses composantes est soumise au régime qui lui est applicable en fonction de sa nature »
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+ Le jeu vidéo est donc juridiquement la cohabitation de différents éléments, graphiques, musicaux, narratifs[13].
62
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63
+ Le jeu vidéo est considéré comme une « œuvre de l'esprit », qui est donc protégée par le droit d'auteur mais elle reste défini variablement en droit français, d'une part, par sa nature comme une « œuvre audiovisuelle » ou « œuvre logicielle », d'autre part, en fonction de son processus de création comme « œuvre de collaboration » ou « œuvre collective »[15]. De plus, le code de la propriété intellectuelle n'y fait pas spécifiquement référence[15].
64
+
65
+ Le jeu vidéo comme loisir et phénomène de masse soulève des interrogations et des critiques. Le jeu vidéo est à l'échelle de l'histoire des sociétés humaines une activité récente, les parents d'enfants nés dans les années 1990 n'ont pour la plupart jamais joué à ce type de jeu dans leur enfance ou adolescence.
66
+
67
+ Il existe depuis plusieurs années tout un débat sur le rapport du jeu vidéo à l'art[16]. Certains n'hésitent pas à en faire une discipline artistique comme les autres, avec ses qualités propres. C'est en particulier la position d'Olivier Séguret, critique au journal Libération, qui se bat pour faire reconnaître au jeu vidéo sa portée artistique, notamment par l'établissement de parallèles avec l'histoire du cinéma[17]. Ou encore de quelques auteurs comme Nic Kelman (en), qui tentent d'apporter de nouvelles visions concernant les jeux vidéo, en proposant à leurs lecteurs de reconsidérer leur propre définition de l'Art en tant que tel.
68
+
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+ Le jeu vidéo s'inscrit depuis longtemps dans la culture des sociétés contemporaines. Si l'industrie du jeu vidéo connaît ses produits grand public et purement commerciaux, certains représentent des titres considérés comme des œuvres d'art par la critique, à l'instar de Rez sur Dreamcast, des créations du français David Cage ou encore des jeux Myst et Riven des frères Miller.
70
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71
+ La conception de l'art vidéoludique se heurte à des visions plus traditionnelles de la nature de l'art[non neutre], pour lesquelles le ludique (caractéristique du jeu vidéo) exclut l'artistique[réf. nécessaire]. Le fait même de jouer à un jeu vidéo signifierait l'impossibilité d'entretenir un rapport avec lui tel qu'il est possible d'avoir avec une œuvre de cinéma ou de peinture. Pourtant il existe une relation émotionnelle, qui, par extension, serait également artistique[18]. Toutefois, le débat reste ouvert, la conception du jeu vidéo géant Paix contre guerre (sur écran de 100 m2) par le peintre plasticien Bernard Quentin en 1995, la création du Musée du jeu vidéo à Paris, et la décoration de l'Ordre des Arts et des Lettres décernée par le ministère de la culture à plusieurs figures importantes du jeu vidéo (Frédérick Raynal, Michel Ancel, Shigeru Miyamoto ou encore Peter Molyneux) sont autant de premiers pas dans la reconnaissance officielle du jeu vidéo en tant qu'art.
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+ Le 10 mai 2011, la Fondation Nationale américaine pour les Arts modifie ses directives en changeant la mention « Arts à la radio et à la télévision » en « Arts dans les médias », rendant de fait les jeux vidéo éligibles explicitement et officiellement à l'appellation d’œuvre d'art[19],[20].
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+ Du 11 novembre 2011 au 9 janvier 2012 est organisée au Grand Palais à Paris une exposition retraçant l'évolution du jeu vidéo depuis ses débuts. Présentant plusieurs jeux marquants jouables par les visiteurs, l'exposition s'axe avant tout autour de l'aspect culturel et artistique du jeu vidéo, comme l'annonce la présentation : « Au-delà de l’esthétique et de la technique, l’histoire du jeu vidéo est aussi une histoire culturelle des nouveaux imaginaires contemporains nés de la rencontre entre des fonds culturels des États-Unis, du Japon et de l’Europe, et plus spécifiquement de la France qui occupe un rang majeur dans ce domaine. À travers des supports de création aussi divers que le cinéma, le dessin animé européen, la bande dessinée franco-belge, les comics américains, les mangas japonais, l’« anime » japonaise, les séries télévisées américaines, de nouveaux univers se sont créés. Ils sont autant de sources pour le jeu vidéo qui en retour les inspire »[21].
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+ En mars 2013, le Museum of Modern Art de New York ouvre une exposition permanente présentant 14 jeux aussi bien anciens que récents, retenus sur différents critères d'ordre esthétiques, visuels, sonores ou technologiques. Les mécaniques de jeu, le scénario ou encore la liberté d'action sont aussi pris en compte dans le choix de cette sélection[22]. À terme, la collection doit réunir 40 œuvres présentées au sein des galeries du MoMA dans la collection « Architecture et Design ». Les titres retenus sont Pac-Man, Tetris, Another World, Myst, SimCity 2000, Vib-Ribbon, Les Sims, Katamari Damacy, EVE Online, Dwarf Fortress, Portal, flOw, Passage et Canabalt.
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+ Du 25 septembre 2015 au 6 mars 2016, le Musée Art Ludique présente, à Paris, la première grande exposition au monde consacrée à l’art dans le jeu vidéo et à son inspiration française. Cette exposition met en avant le travail préparatoire des artistes, à travers de nombreux concept art, des esquisses au crayon, des peintures ou des sculptures traditionnelles et numériques. Le Musée axe sa thématique sur la richesse esthétique de l'architecture et des univers dans le jeu vidéo, la diversité graphique des personnages qui peuplent ces mondes virtuels, la magie et la féerie qui touchent un large public. Sont ainsi mis à l'honneur Assassin's Creed, Remember me, Dishonored, The Technomancer, Les Lapins Crétins ou encore Rayman ; ainsi que des jeux plus indépendants comme Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre, Syberia, Of Orcs and Men, Wild et Child of Light. L'exposition met aussi en lumière les passerelles qui existent entre le jeu vidéo et le 7e art, notamment dans Beyond: Two Souls. Le fondateur du musée Art Ludique, Jean-Jacques Launier, déclare à propos de l'exposition, que le jeu vidéo « incarne l’Art Total. Il fait appel au dessin, à la peinture, à la sculpture, à la création d’univers entiers et de centaines de personnages par jeu, à la mise en scène, à l’animation, au scénario, à la musique, et bien sûr à la conception d’un mode de jeu destiné à transcender l’interactivité. » Emmanuel Ethis, président du Haut conseil de l'Éducation artistique et culturelle, renchérit à l'occasion de l'exposition : « le jeu vidéo est bien un art total, car s’il est ludique par nature, il porte aussi l’ambition souveraine de s’inscrire dans une histoire connotée, diaprée de correspondances et de références à tous les arts qui l’ont précédé »[23],[24],[25].
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+ Depuis quelques années, certaines universités proposent dans leurs programmes l'étude du jeu vidéo comme discipline pédagogique. Depuis l'automne 2011, l'Université de Montréal possède une mineure en études du jeu vidéo. Cette initiative, menée par Bernard Perron, professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, se base sur des initiatives européennes. Selon Bernard Perron, le jeu vidéo est « officiellement reconnu en France comme le 10e art depuis 1993 »[26]. Mais ce n’est vraiment que depuis le début du XXIe siècle que l’étude du jeu vidéo est considérée comme une pratique sérieuse[27],[28].
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+ Contrairement à la littérature et au cinéma, le jeu vidéo sous-entend tout d’abord un investissement personnel. Les joueurs ne se contentent pas de discuter de la valeur du jeu et de son appréciation. Ils échangent aussi abondamment à propos des différentes manières de vaincre un monstre ou de traverser un niveau en particulier.
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+ À l’université, les considérations par rapport au jeu vidéo vont au-delà de celles des joueurs. Par exemple, il est question de l’implication du joueur, des répercussions cognitives, ou encore des rapports de performance.
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+ Certains jeux vidéo peuvent susciter l’inquiétude en raison de leur aspect chronophage, un enfant ou adolescent de 8 à 18 ans passant en moyenne en 2010 quatre heures par jour devant un ordinateur ou à jouer aux jeux vidéo[29]. Comment gérer ce difficile problème du temps de jeu ? Il n’y a pas de temps de jeu « idéal », même si l’Académie américaine de pédiatrie recommande de ne pas dépasser deux heures par jour devant un écran[30].
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+ L’idée selon laquelle il existe un volume de jeu horaire idéal n’est ni prouvée, ni particulièrement judicieuse pour contrôler l’activité du joueur sur le jeu. En effet, si la limite de deux heures de jeu par jour est parfois avancée, rien ne prouve qu’elle garantisse une pratique adéquate du jeu, ni qu’au-delà de cette limite, la pratique devienne réellement problématique. Ici, comme ailleurs, tout dépend de la personnalité du joueur et de l’environnement social dans lequel il évolue.
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91
+ Le critère le plus approprié pour déterminer le seuil de « nocivité » d’un jeu vidéo sur le joueur est sans doute la perte de lien social qu’une pratique excessive du jeu est susceptible d’entraîner. L’amoindrissement des relations avec les autres membres de la famille, les amis, les collègues est un indicateur plus pertinent pour juger du caractère excessif de la pratique du jeu. Il est donc fortement recommandé de ne pas s’arrêter à une limite horaire excessivement réduite et inflexible lorsque vous fixez les règles de jeu qui s’imposent à votre enfant.
92
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+ Si certains jeux comportent un système de coupure, qui interrompt le jeu après une certaine durée, et qui peut être fixée par les parents, cette solution est loin d’être idéale dans la mesure où l’interruption brutale du jeu peut être mal vécue par le joueur, qui n’a pas le temps de sauvegarder sa partie, ou dont les efforts pour accomplir le but qu’il s’est fixé (mener à bien une mission par exemple) sont ainsi réduits à néant. La frustration ainsi engendrée par cette interruption brutale du jeu peut faire naître chez le joueur une certaine agressivité. Ainsi, si vous désirez recourir à cette méthode pour limiter la durée passée devant le jeu, il est recommandé d’informer votre enfant de l’activation de ce système de coupure et de veiller à ce qu’il soit prévenu suffisamment tôt de la coupure à venir, afin de sauvegarder le fruit de son travail[31].
94
+
95
+ Cet aspect chronophage est un des éléments de la sédentarité impliqué dans l'obésité et le surpoids infantile qui touche un enfant sur 5 en Europe et un enfant sur 3 aux États-Unis[32]. L'utilisation de l'exergaming (en) (mot portemanteau à partir des termes anglais exercise, exercice physique, et gaming, jeu vidéo) qui vise à jouer à des jeux vidéo dynamiques associés aux exercices physiques (tel Dance Dance Revolution), afin d'aider les enfants à maigrir, a fait l'objet de plusieurs études scientifiques, certaines montrant un effet bénéfique important (à savoir se rapprocher des niveaux d'exercice recommandés) de ce type de jeux[33], d'autres un impact faible[34], et d'autres ne montrant aucun impact[35].
96
+
97
+ Le niveau de violence de certains jeux vidéo est l'objet de critiques récurrentes. Le risque qu'elle débouche sur une augmentation des actes de violence dans la vie quotidienne est régulièrement étudié[36]. La plupart des études n'ont trouvé aucun lien entre violence virtuelle et violence réelle[37],[38],[39],[40]. Certaines soulignent néanmoins une corrélation avec une agressivité accrue parmi les joueurs[41].
98
+
99
+ Ces études sont sujettes à controverse du fait d'enjeux moraux, religieux et politiques[réf. souhaitée]. Pour Laurent Trémel, elles sont souvent artificielles : « en amalgamant par exemple la pratique très occasionnelle d'une lycéenne issue d'un milieu aisé qui fera un puzzle sur son portable entre deux messages adressés à ses copines à celle d'un adolescent de milieu populaire en voie de déscolarisation qui passe dix heures par jour à jouer à un jeu de course automobile seul sur sa console, on fait l'inverse de ce qu'il faudrait faire dans une perspective sociologique »[42].
100
+
101
+ Dans les années 1990, alors que les jeux vidéo devenaient de plus en plus réalistes dans leurs graphismes, plusieurs systèmes de classifications ont été mis en place à travers le monde. Leur but est de protéger les mineurs et d'informer les parents en attribuant à chaque jeu un âge limite en dessous duquel le jeu est formellement déconseillé. Ces organismes ont aussi généralement le pouvoir d'interdire la vente de jeux qu'ils jugent immoraux en refusant de les classifier. En effet, en l'absence de classification, un jeu n'a pas le droit d'être mis en vente. Ainsi, l'OFLC d'Australie refuse régulièrement la classification de certains jeux tel que Manhunt ou Soldier of Fortune: Payback[43].
102
+
103
+ Les consoles de dernière génération (Wii, Wii U, Switch,PS4, Xbox One X, PSP, PSVITA, DSi et 3DS) disposent d'un système de contrôle parental permettant d'empêcher la lecture de jeux déconseillés en dessous d'un certain âge. Les ordinateurs équipés de Windows Vista et Windows 7 disposent nativement d'un système de contrôle parental, permettant de définir des plages horaires, et permettant également d'interdire l'utilisation de certains jeux[44].
104
+
105
+ L'utilisation de jeux vidéo peut provoquer des crises d'épilepsie. Néanmoins, ce risque semble fortement lié aux sujets épileptiques photosensibles sans pour autant exclure totalement les autres sujets épileptiques. Les progrès techniques des consoles de jeux vidéo et des téléviseurs ont fortement contribué à réduire le risque de provoquer une crise d'épilepsie, notamment grâce à des fréquences de balayage de plus en plus élevées, des couleurs moins contrastées et plus naturelles, et une meilleure définition d'image[45]. Certains sujets épileptiques ignorent leur état jusqu'à ce qu'il leur soit révélé lors d'une partie[46]. Il est recommandé aux sujets épileptiques de ne pas jouer plus de 30 minutes aux jeux vidéo et de faire des pauses entre chaque session : les crises d'épilepsie pouvant être induites non seulement par la nature même du jeu vidéo (essentiellement chez les sujets épileptiques photosensibles), mais également par la fatigue et le stress induits par de longues parties[45],[47].
106
+
107
+ Le conseil PEGI est un organisme créé pour la protection des mineurs au sujet des jeux vidéo en Europe.
108
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109
+ Le label PEGI est un label dont peuvent disposer les éditeurs mais qui est devenu obligatoire pour un jeu commercialisé en Europe. Aujourd’hui, plus de 19 000 jeux possède ce label PEGI. Mais afin de disposer de celui-ci, ils doivent compléter un formulaire d’évaluation et de déclaration du contenu. Ce formulaire possède la forme d’un questionnaire dans lequel il doit rendre compte rendu du jeu en question en précisant les éléments susceptibles ou non de heurter la sensibilité du joueur. En effet, PEGI ne jouant pas forcément aux différents jeux, les éditeurs doivent répondre à des questions bien précises afin que PEGI puisse en donner un résultat judicieux et donner une classe d’âge associé aux pictogrammes correspondants. Cette petite vignette correspondant à une limite minimum d’âge auquel le joueur peut jouer sans heurter sa sensibilité[48].
110
+
111
+ Par la suite PEGI laisse le travail à ses administrateurs indépendants qui effectuent une deuxième vérification de la classification. Il en existe deux :
112
+
113
+ Après ces démarches, un bilan du jeu est effectué et l’éditeur reçoit une licence qui l’autorise à appliquer le label PEGI, le pictogramme sur la jaquette du jeu.
114
+
115
+ PEGI est composé de trois administrateurs indépendants qui sont : NICAM, VSC ainsi que ISFE. Mais le PEGI est également un système autonome, divisé en plusieurs conseils et comités où chacun possède un rôle bien précis. De ce fait, il existe un conseil d'administration qui se situe au cœur du PEGI, qui regroupe de nombreux acteurs du marché du jeu vidéo tels que les fabricants de consoles de jeu, les éditeurs de jeux… et qui gère avec le directeur général les activités quotidiennes du PEGI.
116
+
117
+ PEGI, travaille par ailleurs, avec un groupe d’experts et une commission juridique qui s’occupent d’adapter celui-ci à la législation des différents pays pour s’assurer d’une bonne mise en application des dispositions du code de conduite du PEGI et de la classification.
118
+
119
+ Les jeux vidéo ont des effets directs sur les capacités mentales et physiques des joueurs, que ce soit des réflexes plus accrus, un développement de l'empathie ou encore l'amélioration des capacités de traitement des informations en images[49]. En 2003, une étude suisse portant sur les éventuels effets néfastes pour les yeux a constaté que l'attention visuelle des joueurs fatigue moins vite que celle des non joueurs. Les joueurs arrivent également a appréhender un plus grand nombre d'objets d'un seul coup d'oeil. Par ailleurs, leur attention visuelle est plus efficace, en vision périphérique comme centrale. Enfin, ils parviennent plus rapidement à recentrer leur attention. La pratique régulière de jeux vidéo d'actions donc améliorerait globalement l'attention visuelle sélective[49]. De fait, les jeux vidéo sont parfois utilisés en tant que thérapie médicale ou par les militaires dans le but d’entraîner leurs recrues.
120
+
121
+ Une étude confirme en 2020 ces conclusions. Selon Daphné Bavelier, étudiante de la plasticité cérébrale à l'université de Rochester aux États-Unis, certains jeux tels que Halo, Call of Duty ou Unreal Tournament ont un effet très visible sur les capacités cognitives des joueurs. Les jeux vidéos d'actions permettraient aux joueurs de développer une meilleure capacité d'attention, ils se fatiguent moins vite et possèdent une meilleure capacité de réaction. De plus, les joueurs de jeux d'action obtiennent des meilleurs résultats aux tests d'acuité visuelle, ils sont capables de lire des textes plus petits et sont plus sensibles aux changements de contrastes[50].
122
+
123
+ Certains jeux nécessitant des interactions physiques, par l'intermédiaire de tapis de danse ou de capture de mouvement par une caméra, permettent également de pratiquer une activité sportive régulière et sont parfois préconisés pour les enfants atteints de surpoids[réf. nécessaire]. Ainsi l'université de West Virginia a étudié un groupe de 35 enfants obèses et leur a demandé de jouer à Dance Dance Revolution qui se joue à l'aide d'un tapis de danse. Ils ont constaté que, sans même changer leur régime, les enfants ont réduit leur prise de poids de façon significative[51]. Aujourd'hui, Nintendo tente d'exploiter ce domaine et développe des jeux d'exercice physique, comme Wii Fit[52].
124
+
125
+ L'entreprise Bluelinea a créé une manette permettant de jouer a l'aide de sa bouche, à destination des joueurs tétraplégiques par exemple. Son prix est encore élevé (environ 1 400 euros). Un reportage du média Konbini, réalisé en 2019, a montré qu'un enfant tétraplégique pouvait retrouver certaines facultés perdues, comme l'aspiration[53].
126
+
127
+ De même, en 2018 est commercialisé le Xbox Adaptive Controller (en) (en français, « manette adaptative Xbox »), conçu principalement pour répondre aux besoins des joueurs à mobilité réduite[54]. Il s'agit d'un concentrateur unifié de périphériques rendant les jeux plus accessibles. Développé depuis le début par des partenariats importants avec les organismes AbleGamers (en), The Cerebral Palsy Foundation SpecialEffect et Warfighter Engaged, le porjet a bénéficié des apports de ses groupes pour développer les fonctionnalités adaptées aux différentes motricités.
128
+
129
+ Dans les années 1990, l'armée des États-Unis a modifié le jeu Doom II dans le but d’entraîner ses troupes. Le jeu était utilisé pour améliorer les talents de visée et le temps de réaction des recrues[55]. Plus récemment, des outils immersifs de réalité virtuelle ont été développés pour traiter certains troubles psychologiques comme l'agoraphobie ou l'acrophobie. Ces simulateurs reposent sur des technologies qui ont été développées à l'origine pour les jeux vidéo[56].
130
+
131
+ Les jeux vidéo sont aussi utilisés comme source d'intérêt dans certains didacticiels. Les jeux vidéo éducatifs, que l'on assimile généralement à des logiciels pour l'éveil des tout petits ou comme supports pédagogiques destinés aux enfants, ont donné naissance plus récemment à des jeux éducatifs « pour adultes » connu principalement sous le nom de serious game dont l'intérêt est de transmettre un savoir-faire de manière ludique[57].
132
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133
+ Selon Learning and Teaching Scotland, jouer au Programme d'entraînement cérébral du Dr Kawashima améliore les capacités de calcul mental du joueur. Pendant neuf semaines, deux groupes d'écoliers ont été étudiés : le premier devait jouer au Programme d'entraînement cérébral pendant 20 minutes tous les jours, tandis que le second apprenait via des méthodes traditionnelles. À la fin de l'expérience, les deux groupes avaient progressé mais celui qui s'était entraîné grâce au jeu s'était amélioré de 50 % de plus[Quoi ?][58].
134
+
135
+ D’après une étude allemande de 2014, jouer aux jeux vidéo présenterait des bénéfices secondaires. Cela permettrait de développer la substance grise. Simone Kühn de l'institut Max Planck et ses collègues ont invité 48 adultes non adeptes des jeux vidéo à jouer au moins 30 minutes par jour pendant deux mois au jeu Super Mario 64, qui fait notamment appel à l’orientation spatiale. Le joueur pouvait naviguer en utilisant la vision subjective (comme s’il était lui-même le personnage fictif) ou alors une vue d’ensemble. En comparant le scanner cérébral avant et après l’entraînement, les chercheurs observent une augmentation de la matière grise dans le cortex cérébral, l’hippocampe et le cervelet. Ces évolutions permettraient une plus grande aisance à se repérer dans l’espace en jonglant plus facilement entre vues subjective et objective, une meilleure coordination, rapidité et précision dans l’exécution des tâches de motricité. Cette expérience semble donc démontrer une fois de plus que le cerveau n’est pas une entité immuable, mais qu'il est au contraire en mesure de modifier sa structure pour s’adapter aux exigences de son environnement. Les auteurs évoquent la possibilité d’une utilisation préventive, voire thérapeutique du jeu vidéo. Il pourrait en effet freiner le développement de certaines maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer[59].
136
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137
+ Les chercheurs utilisent des casques de réalité virtuelle (VR) pour confronter des patients à leurs peurs et les aider à les surmonter. Exposer le patient de façon renouvelée et contrôlée à sa peur permet de la guérir. Il peut choisir lui-même sa progression. Conscient que la situation n’est pas réelle, il lui est plus simple de porter le casque de son propre chef.
138
+
139
+ La vertu principale de la VR est que le sujet devient acteur et n’est plus spectateur. Aux États-Unis le chercheur Daniel Hoffman, directeur du centre de réalité virtuelle à Washington, imagine SpiderWorld, monde virtuel pour combattre l’arachnophobie d’une patiente. L’autre application de la VR est de soigner la douleur et la réduire chez les grands brûlés. Avec SnowWorld, monde enneigé créé par ce même chercheur permet aux patients de mieux ignorer ou supporter leurs souffrances[60].
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+ La VR nourrit néanmoins les craintes de certains spécialistes[Lesquels ?]. L'usager connaîtrait une désensibilisation en n'étant plus affecté ni atteint par les actes de violence. Préparer des soldats virtuellement à des scènes de combat pourrait mener à une absence d’émotions ou de compassion. Aussi, la VR est personnalisée en fonction des individus grâce à l'oculométrie dans le but de collecter les données des usagers. La question de cette collecte d'informations personnelles, étant liée à la protection de la vie privée, alimente les débats autour des nouvelles technologies. Un des effets cognitifs de la VR est l’altération de perception de la réalité, réduisant les capacités physiques et sociales[61].
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+ Un jeu vidéo est un jeu électronique doté d'une interface utilisateur permettant une interaction humaine ludique en générant un retour visuel sur un dispositif vidéo. Le joueur de jeu vidéo dispose de périphériques pour agir sur le jeu et percevoir les conséquences de ses actes sur un environnement virtuel. Le mot « vidéo » dans le jeu vidéo fait traditionnellement référence à un dispositif d'affichage de trame, mais, à la suite de la vulgarisation du terme, il implique désormais tout type de dispositif d'affichage.
2
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3
+ Les systèmes électroniques utilisés pour jouer à des jeux vidéo, ou plates-formes, peuvent être aussi bien des ordinateurs de bureau que de petits appareils portables, tels la borne d'arcade, la console portable, l'ordinateur portable ou le smartphone. Les jeux vidéo spécialisés tels que les jeux d'arcade, auparavant communs, ont vu leur usage progressivement diminuer. Le jeu vidéo est aujourd'hui considéré comme une industrie et parfois envisagé comme une forme d'art.
4
+
5
+ Les jeux vidéo utilisent comme périphérique d'entrée un contrôleur de jeu, qui varie selon les plates-formes. Un contrôleur peut ainsi être constitué d'un unique bouton et d'une manettes de jeu, ou disposer d'une douzaine de boutons et d'un ou plusieurs joystick. Les premiers jeux sur ordinateurs personnels requéraient souvent l'achat d'un joystick, tandis que les jeux modernes sur ordinateur permettent ou imposent au joueur d'utiliser un clavier et une souris simultanément.
6
+
7
+ Dans les années 2010, de nouvelles méthodes d'entrée ont émergé, comme l'observation du joueur par caméra, la détection de mouvements de périphériques tenus en mains pour les consoles de jeux vidéo, ou les écrans tactiles sur les appareils mobiles. De même, de nouvelles formes de retours sont apparues : visuels, comme la vision 3D ou en relief (avec ou sans lunettes stéréoscopiques), tactiles, avec des terminaux vibrants (sièges, volants, etc.), ou pilotés (sièges inclinables simulant l’accélération, la rotation et le freinage d'un engin).
8
+
9
+ Selon la définition que l'on accepte du jeu vidéo, son histoire peut commencer aux alentours de 1950 avec l'idée de Ralph Baer ou bien en 1952 avec OXO, 1958 avec Tennis for Two de William Higinbotham, ou encore en 1962 avec Spacewar!, qui est la date la plus communément admise. Pong, en 1972, est quant à lui le premier jeu dont le gameplay est suffisamment accrocheur et addictif pour lui faire connaître le succès auprès du grand public.
10
+
11
+ Si Pong n'a pas inventé le jeu vidéo, il a donné le coup d'envoi à l'industrie vidéoludique. Celle-ci connaît une croissance explosive et fébrile aux États-Unis, jusqu'en 1983 où elle subit un krach qui la fait migrer vers le Japon. C'est là qu'elle voit sa renaissance, notamment grâce à la NES de Nintendo et au jeu Super Mario Bros. en 1985, qui inaugure une nouvelle philosophie dans la conception des jeux vidéo : plus riches et ouverts à tous les publics.
12
+
13
+ Depuis, le secteur du jeu vidéo est en croissance continue et, à partir de 2002, son chiffre d'affaires mondial atteint 10 G$, dépassant celui d'Hollywood[1].
14
+
15
+ Parmi les personnages emblématiques du jeu vidéo, peuvent être cités : Alex Kidd, Crash Bandicoot, Donkey Kong, Kirby, Lara Croft, Link, Mario, Mega Man, Pac-Man, Pikachu, Rayman, Samus Aran, Solid Snake, Sonic[2].
16
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+ Différents types de systèmes sur lesquels le jeu vidéo se pratique coexistent, et de nombreux jeux sont dorénavant disponibles sur ces plates-formes. Les consoles de jeux, les bornes d'arcade et les ordinateurs, en sont les trois principaux vecteurs. Les plates-formes portables ont débuté avec le jeu électronique individuel sur Game and Watch, de petites consoles portables dédiées à un seul jeu, aujourd'hui pratiquement disparues, supplantées par les consoles portables. Plus récemment, les téléphones portables, et notamment les smartphones, mais aussi les tablettes tactiles, sont devenus des supports adaptés à la pratique du jeu vidéo, certains étant conçus pour répondre aux besoins des joueurs[3].
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+ Les consoles de jeux vidéo sont des systèmes informatiques dédiés au jeu vidéo. À la différence d'un ordinateur, une console utilise un matériel dédié, qui ne peut être que rarement amélioré. Communément, les consoles de salon se branchent sur un téléviseur et sont vendues en standard avec une manette de jeu, bien qu'il soit possible d'adjoindre d'autres périphériques voire des jeux dans des paquetages promotionnels. Les consoles portables, en plus de leur autonomie d'énergie, disposent de l'ensemble des périphériques interactifs intégrés dans le boîtier nomade. Les jeux sont développés en tenant compte des capacités de la machine, et sont ensuite mis à disposition sur le support numérique qu'elle utilise.
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+ Les bornes d'arcade sont des systèmes prévus pour fonctionner dans des lieux en libre accès. Une borne se compose classiquement d'un monnayeur et de périphériques robustes. Les premiers types de bornes d'arcade étaient des bornes dédiées qui ne contenaient qu'un seul jeu indissociable de ladite borne. Cependant, dans les années 1980, SNK introduisit un nouveau type de borne, le MVS qui permettait à l'opérateur de la borne de changer le jeu simplement en intervertissant une cartouche de jeu[4]. Cela devint par la suite très courant. Par exemple, les bornes d'arcade Sega ou Capcom étaient et sont toujours basées sur un système similaire.
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+ Les ordinateurs sont des plates-formes informatiques hétérogènes qu'il est possible de trouver et de faire évoluer vers différentes puissances. Ils ne sont pas spécialement prévus pour jouer, mais de par leur modularité certaines configurations se prêtent aux jeux, parfois par l'adjonction de matériel dédié comme une carte graphique ou un périphérique de contrôle particulier. Les jeux sont ainsi conseillés pour être utilisés sur un ensemble particulier de configurations pour faire coïncider la puissance demandée par le jeu avec la puissance allouée par la machine. Si ce n'est pas le cas, un jeu peut ne pas fonctionner du tout, ou subit des problèmes de fluidité. Les ordinateurs, de par la constante évolution du matériel informatique, ont l'avantage de la puissance face aux autres machines de jeu, surtout du côté des graphiques de jeu. En outre, les ordinateurs permettent de jouer à des jeux dont les machines ont aujourd'hui disparu via le biais d'émulateurs. Par exemple, MAME émule de nombreuses machines d'arcade et permet ainsi de jouer à de vieux jeux tels que Pong ou bien Space Invaders.
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+ Après les premières tentatives de périphérique de contrôle, la plupart des jeux vidéo sur console de salon et ordinateur se sont tournés respectivement vers les manettes de jeu et le duo clavier/souris qui resteront pendant longtemps les périphériques les plus utilisés[5].
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+ Certains jeux peuvent également utiliser des contrôleurs dédiés, sans toutefois restreindre leur utilisation par le biais des trois contrôleurs courants, le clavier, la souris, et la manette de jeu. Par exemple, les joysticks et les volants, certains à retour de force, sont utilisés pour améliorer l'expérience de jeu des simulateurs de vols et des jeux de courses, sans être indispensables.
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+ Enfin, certains jeux sont dédiés à certains contrôleurs spécifiques. C'est le cas depuis plusieurs années pour certains des jeux sur bornes d'arcade. Ainsi les jeux de rythme nécessitent un tapis de danse, et les jeux de tir fonctionnent avec des pistolets laser ou optiques.
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+ Des expériences commerciales utilisant des contrôleurs originaux standardisés sont entreprises. Les dernières consoles portables de Nintendo : la Nintendo DS et la Nintendo 3DS ainsi que l'ensemble de leurs jeux utilisent un écran tactile et un microphone. Les manettes des consoles Wii (Wiimote), Wii U (Wiimote), PlayStation 3, PS4 (Sixaxis, PlayStation Move) et Xbox 360 (Kinect) se servent des mouvements du joueur pour interagir avec le jeu, en plus de leurs utilisations classiques.
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+ L'industrie propose également de regrouper plusieurs technologies sur un seul périphérique comme c'est le cas avec la DualShock 4[6].
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+ Les jeux vidéo restituent l'information par le biais de l'image et du son. L'affichage s'effectue principalement sur du matériel existant, comme la télévision pour les consoles de salon, ou les moniteurs d'ordinateur, éventuellement au moyen d'une sortie vidéo (pour affichage sur grand écran, par exemple). Le rendu sonore du jeu est retransmis via des haut-parleurs externes, ou une sortie audio vers un dispositif d'amplification externe (chaîne hi-fi, par exemple).
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+ Ces dernières années, des jeux de réalité virtuelle sont apparus grâce à de nouveaux périphériques, tel l'EyeToy sur PlayStation 2, rendant possibles ensuite des jeux en réalité augmentée comme EyePet. La notion de réalité virtuelle dans le jeu vidéo est approfondie en 2010 avec l'apparition de Kinect et du PlayStation Move.
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+ Les dispositifs de réalité virtuelle, quant à eux, se développent avec l'apparition de l'Oculus Rift et du Project Morpheus de Sony.
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+ De nos jours, la plupart des éditeurs tiers (indépendant des constructeurs) publient leurs titres sur plusieurs plateformes. Cela tient à des raisons techniques (le rapprochement technologique entre les machines) et à des raisons industrielles (l'augmentation du coût moyen de production). Malgré tout, chaque constructeur (Sony, Nintendo, Microsoft) a intérêt à proposer des titres exclusifs de qualité pour valoriser ses machines. Ils le font à travers des productions internes ou en passant des accords avec des éditeurs tiers. Ainsi, ce sont souvent les exclusifs qui font le succès et la renommée d'une machine[7].
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+ Jusqu'au milieu des années 2000, la distribution de jeux vidéo se faisait majoritairement sous forme traditionnelle, par le biais d’hyper-spécialistes (tels que Fnac ou Virgin), d'enseignes spécialisées (comme Game ou Micromania) ou de la grande distribution (Auchan, Carrefour, etc.). Puis, poussées par l'engouement du public pour Internet et l'achat en ligne, certaines enseignes se sont mises à distribuer en ligne des jeux vidéo dématérialisés en téléchargement direct, parfois à des prix plus attractifs que les circuits de distribution traditionnels (un nombre restreint d'intermédiaires dans la chaîne de commercialisation permettant des rabais) :
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+ D'abord considérée comme dangereuse pour les intérêts des éditeurs et concepteurs de jeux vidéo (risque de piratage élevé, difficulté à contrôler le marché), la distribution numérique de jeux vidéo s'installe progressivement dans le paysage vidéoludique, et se démocratise notamment avec la plate-forme Steam.
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+ L'industrie vidéoludique génère actuellement un revenu plus important que celui du cinéma[1] et ceci depuis 1997. En 2017, le revenu global était de plus de 120 milliards de dollars[8], et 4,3 milliards d'euros en France[9]. En 2012, le chiffre d'affaires mondial de l'industrie atteint 60 milliards de dollars selon le SNJV (Syndicat National du Jeu vidéo). L'industrie vidéoludique serait ainsi la première industrie culturelle dans le monde. Le jeu le plus coûteux de l'histoire (fin 2013), GTA V, a coûté 270 millions de dollars (moitié production, moitié marketing) soit l'ordre de grandeur d'un blockbuster hollywoodien. Le développement d'un jeu vidéo aujourd'hui est extrêmement coûteux et peut nécessiter des équipes de développement travaillant sur le jeu sur de nombreuses années. Il est donc risqué et difficile pour les studios de générer du bénéfice. À cela s'ajoute le fait que le studio ne reçoit qu'un faible pourcentage du coût de revient d'un jeu - 35 % allant à la grande distribution, 51 % à l'éditeur (dont environ 22 % au constructeur de la console) et 14 % au studio[10].
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+ Bien que des créateurs comme Éric Chahi ou Jordan Mechner ont démontré qu'il est possible de créer un jeu par soi-même, aujourd'hui la création d'un jeu nécessite le plus souvent la collaboration de nombreux corps de métiers très spécialisés. Cela inclut : graphistes, musiciens, animateurs, programmeurs, ainsi que des métiers spécifiques au jeu vidéo tel que game designer. L'industrie du jeu vidéo employait ainsi plus de 10 000 personnes en France en 2008 avec plus de 430 entreprises implantées[11].
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+ Les jeux vidéo sont généralement créés par des équipes de développeurs, de différents corps de métiers :
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+ En France, l'Association des producteurs d'œuvres multimédia (APOM) estime à 5 000 le nombre d'emplois directs dans le secteur du jeu vidéo en 1998 contre 3 000 en 2002 et 1 500 en 2006.
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+ Les principaux genres du jeu vidéo sont (par ordre alphabétique) :
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+ La définition du jeu vidéo entre 1990 et 2000 a été floue ; elle a été définie comme une « œuvre logiciel », puis comme une « œuvre audiovisuelle »[13]. Avec l’arrêt jurisprudentiel de 2009 (arrêt Cryo)[14] :
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+ « Le jeu vidéo est une œuvre complexe, qui ne saurait être réduite à sa seule dimension logicielle, quelle que soit l’importance de celle-ci, de sorte que chacune de ses composantes est soumise au régime qui lui est applicable en fonction de sa nature »
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+ Le jeu vidéo est donc juridiquement la cohabitation de différents éléments, graphiques, musicaux, narratifs[13].
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+ Le jeu vidéo est considéré comme une « œuvre de l'esprit », qui est donc protégée par le droit d'auteur mais elle reste défini variablement en droit français, d'une part, par sa nature comme une « œuvre audiovisuelle » ou « œuvre logicielle », d'autre part, en fonction de son processus de création comme « œuvre de collaboration » ou « œuvre collective »[15]. De plus, le code de la propriété intellectuelle n'y fait pas spécifiquement référence[15].
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+ Le jeu vidéo comme loisir et phénomène de masse soulève des interrogations et des critiques. Le jeu vidéo est à l'échelle de l'histoire des sociétés humaines une activité récente, les parents d'enfants nés dans les années 1990 n'ont pour la plupart jamais joué à ce type de jeu dans leur enfance ou adolescence.
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+ Il existe depuis plusieurs années tout un débat sur le rapport du jeu vidéo à l'art[16]. Certains n'hésitent pas à en faire une discipline artistique comme les autres, avec ses qualités propres. C'est en particulier la position d'Olivier Séguret, critique au journal Libération, qui se bat pour faire reconnaître au jeu vidéo sa portée artistique, notamment par l'établissement de parallèles avec l'histoire du cinéma[17]. Ou encore de quelques auteurs comme Nic Kelman (en), qui tentent d'apporter de nouvelles visions concernant les jeux vidéo, en proposant à leurs lecteurs de reconsidérer leur propre définition de l'Art en tant que tel.
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+ Le jeu vidéo s'inscrit depuis longtemps dans la culture des sociétés contemporaines. Si l'industrie du jeu vidéo connaît ses produits grand public et purement commerciaux, certains représentent des titres considérés comme des œuvres d'art par la critique, à l'instar de Rez sur Dreamcast, des créations du français David Cage ou encore des jeux Myst et Riven des frères Miller.
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+ La conception de l'art vidéoludique se heurte à des visions plus traditionnelles de la nature de l'art[non neutre], pour lesquelles le ludique (caractéristique du jeu vidéo) exclut l'artistique[réf. nécessaire]. Le fait même de jouer à un jeu vidéo signifierait l'impossibilité d'entretenir un rapport avec lui tel qu'il est possible d'avoir avec une œuvre de cinéma ou de peinture. Pourtant il existe une relation émotionnelle, qui, par extension, serait également artistique[18]. Toutefois, le débat reste ouvert, la conception du jeu vidéo géant Paix contre guerre (sur écran de 100 m2) par le peintre plasticien Bernard Quentin en 1995, la création du Musée du jeu vidéo à Paris, et la décoration de l'Ordre des Arts et des Lettres décernée par le ministère de la culture à plusieurs figures importantes du jeu vidéo (Frédérick Raynal, Michel Ancel, Shigeru Miyamoto ou encore Peter Molyneux) sont autant de premiers pas dans la reconnaissance officielle du jeu vidéo en tant qu'art.
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+ Le 10 mai 2011, la Fondation Nationale américaine pour les Arts modifie ses directives en changeant la mention « Arts à la radio et à la télévision » en « Arts dans les médias », rendant de fait les jeux vidéo éligibles explicitement et officiellement à l'appellation d’œuvre d'art[19],[20].
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+ Du 11 novembre 2011 au 9 janvier 2012 est organisée au Grand Palais à Paris une exposition retraçant l'évolution du jeu vidéo depuis ses débuts. Présentant plusieurs jeux marquants jouables par les visiteurs, l'exposition s'axe avant tout autour de l'aspect culturel et artistique du jeu vidéo, comme l'annonce la présentation : « Au-delà de l’esthétique et de la technique, l’histoire du jeu vidéo est aussi une histoire culturelle des nouveaux imaginaires contemporains nés de la rencontre entre des fonds culturels des États-Unis, du Japon et de l’Europe, et plus spécifiquement de la France qui occupe un rang majeur dans ce domaine. À travers des supports de création aussi divers que le cinéma, le dessin animé européen, la bande dessinée franco-belge, les comics américains, les mangas japonais, l’« anime » japonaise, les séries télévisées américaines, de nouveaux univers se sont créés. Ils sont autant de sources pour le jeu vidéo qui en retour les inspire »[21].
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+ En mars 2013, le Museum of Modern Art de New York ouvre une exposition permanente présentant 14 jeux aussi bien anciens que récents, retenus sur différents critères d'ordre esthétiques, visuels, sonores ou technologiques. Les mécaniques de jeu, le scénario ou encore la liberté d'action sont aussi pris en compte dans le choix de cette sélection[22]. À terme, la collection doit réunir 40 œuvres présentées au sein des galeries du MoMA dans la collection « Architecture et Design ». Les titres retenus sont Pac-Man, Tetris, Another World, Myst, SimCity 2000, Vib-Ribbon, Les Sims, Katamari Damacy, EVE Online, Dwarf Fortress, Portal, flOw, Passage et Canabalt.
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+ Du 25 septembre 2015 au 6 mars 2016, le Musée Art Ludique présente, à Paris, la première grande exposition au monde consacrée à l’art dans le jeu vidéo et à son inspiration française. Cette exposition met en avant le travail préparatoire des artistes, à travers de nombreux concept art, des esquisses au crayon, des peintures ou des sculptures traditionnelles et numériques. Le Musée axe sa thématique sur la richesse esthétique de l'architecture et des univers dans le jeu vidéo, la diversité graphique des personnages qui peuplent ces mondes virtuels, la magie et la féerie qui touchent un large public. Sont ainsi mis à l'honneur Assassin's Creed, Remember me, Dishonored, The Technomancer, Les Lapins Crétins ou encore Rayman ; ainsi que des jeux plus indépendants comme Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre, Syberia, Of Orcs and Men, Wild et Child of Light. L'exposition met aussi en lumière les passerelles qui existent entre le jeu vidéo et le 7e art, notamment dans Beyond: Two Souls. Le fondateur du musée Art Ludique, Jean-Jacques Launier, déclare à propos de l'exposition, que le jeu vidéo « incarne l’Art Total. Il fait appel au dessin, à la peinture, à la sculpture, à la création d’univers entiers et de centaines de personnages par jeu, à la mise en scène, à l’animation, au scénario, à la musique, et bien sûr à la conception d’un mode de jeu destiné à transcender l’interactivité. » Emmanuel Ethis, président du Haut conseil de l'Éducation artistique et culturelle, renchérit à l'occasion de l'exposition : « le jeu vidéo est bien un art total, car s’il est ludique par nature, il porte aussi l’ambition souveraine de s’inscrire dans une histoire connotée, diaprée de correspondances et de références à tous les arts qui l’ont précédé »[23],[24],[25].
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+ Depuis quelques années, certaines universités proposent dans leurs programmes l'étude du jeu vidéo comme discipline pédagogique. Depuis l'automne 2011, l'Université de Montréal possède une mineure en études du jeu vidéo. Cette initiative, menée par Bernard Perron, professeur au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, se base sur des initiatives européennes. Selon Bernard Perron, le jeu vidéo est « officiellement reconnu en France comme le 10e art depuis 1993 »[26]. Mais ce n’est vraiment que depuis le début du XXIe siècle que l’étude du jeu vidéo est considérée comme une pratique sérieuse[27],[28].
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+ Contrairement à la littérature et au cinéma, le jeu vidéo sous-entend tout d’abord un investissement personnel. Les joueurs ne se contentent pas de discuter de la valeur du jeu et de son appréciation. Ils échangent aussi abondamment à propos des différentes manières de vaincre un monstre ou de traverser un niveau en particulier.
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+ À l’université, les considérations par rapport au jeu vidéo vont au-delà de celles des joueurs. Par exemple, il est question de l’implication du joueur, des répercussions cognitives, ou encore des rapports de performance.
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+ Certains jeux vidéo peuvent susciter l’inquiétude en raison de leur aspect chronophage, un enfant ou adolescent de 8 à 18 ans passant en moyenne en 2010 quatre heures par jour devant un ordinateur ou à jouer aux jeux vidéo[29]. Comment gérer ce difficile problème du temps de jeu ? Il n’y a pas de temps de jeu « idéal », même si l’Académie américaine de pédiatrie recommande de ne pas dépasser deux heures par jour devant un écran[30].
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+ L’idée selon laquelle il existe un volume de jeu horaire idéal n’est ni prouvée, ni particulièrement judicieuse pour contrôler l’activité du joueur sur le jeu. En effet, si la limite de deux heures de jeu par jour est parfois avancée, rien ne prouve qu’elle garantisse une pratique adéquate du jeu, ni qu’au-delà de cette limite, la pratique devienne réellement problématique. Ici, comme ailleurs, tout dépend de la personnalité du joueur et de l’environnement social dans lequel il évolue.
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+ Le critère le plus approprié pour déterminer le seuil de « nocivité » d’un jeu vidéo sur le joueur est sans doute la perte de lien social qu’une pratique excessive du jeu est susceptible d’entraîner. L’amoindrissement des relations avec les autres membres de la famille, les amis, les collègues est un indicateur plus pertinent pour juger du caractère excessif de la pratique du jeu. Il est donc fortement recommandé de ne pas s’arrêter à une limite horaire excessivement réduite et inflexible lorsque vous fixez les règles de jeu qui s’imposent à votre enfant.
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+ Si certains jeux comportent un système de coupure, qui interrompt le jeu après une certaine durée, et qui peut être fixée par les parents, cette solution est loin d’être idéale dans la mesure où l’interruption brutale du jeu peut être mal vécue par le joueur, qui n’a pas le temps de sauvegarder sa partie, ou dont les efforts pour accomplir le but qu’il s’est fixé (mener à bien une mission par exemple) sont ainsi réduits à néant. La frustration ainsi engendrée par cette interruption brutale du jeu peut faire naître chez le joueur une certaine agressivité. Ainsi, si vous désirez recourir à cette méthode pour limiter la durée passée devant le jeu, il est recommandé d’informer votre enfant de l’activation de ce système de coupure et de veiller à ce qu’il soit prévenu suffisamment tôt de la coupure à venir, afin de sauvegarder le fruit de son travail[31].
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+ Cet aspect chronophage est un des éléments de la sédentarité impliqué dans l'obésité et le surpoids infantile qui touche un enfant sur 5 en Europe et un enfant sur 3 aux États-Unis[32]. L'utilisation de l'exergaming (en) (mot portemanteau à partir des termes anglais exercise, exercice physique, et gaming, jeu vidéo) qui vise à jouer à des jeux vidéo dynamiques associés aux exercices physiques (tel Dance Dance Revolution), afin d'aider les enfants à maigrir, a fait l'objet de plusieurs études scientifiques, certaines montrant un effet bénéfique important (à savoir se rapprocher des niveaux d'exercice recommandés) de ce type de jeux[33], d'autres un impact faible[34], et d'autres ne montrant aucun impact[35].
96
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97
+ Le niveau de violence de certains jeux vidéo est l'objet de critiques récurrentes. Le risque qu'elle débouche sur une augmentation des actes de violence dans la vie quotidienne est régulièrement étudié[36]. La plupart des études n'ont trouvé aucun lien entre violence virtuelle et violence réelle[37],[38],[39],[40]. Certaines soulignent néanmoins une corrélation avec une agressivité accrue parmi les joueurs[41].
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99
+ Ces études sont sujettes à controverse du fait d'enjeux moraux, religieux et politiques[réf. souhaitée]. Pour Laurent Trémel, elles sont souvent artificielles : « en amalgamant par exemple la pratique très occasionnelle d'une lycéenne issue d'un milieu aisé qui fera un puzzle sur son portable entre deux messages adressés à ses copines à celle d'un adolescent de milieu populaire en voie de déscolarisation qui passe dix heures par jour à jouer à un jeu de course automobile seul sur sa console, on fait l'inverse de ce qu'il faudrait faire dans une perspective sociologique »[42].
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101
+ Dans les années 1990, alors que les jeux vidéo devenaient de plus en plus réalistes dans leurs graphismes, plusieurs systèmes de classifications ont été mis en place à travers le monde. Leur but est de protéger les mineurs et d'informer les parents en attribuant à chaque jeu un âge limite en dessous duquel le jeu est formellement déconseillé. Ces organismes ont aussi généralement le pouvoir d'interdire la vente de jeux qu'ils jugent immoraux en refusant de les classifier. En effet, en l'absence de classification, un jeu n'a pas le droit d'être mis en vente. Ainsi, l'OFLC d'Australie refuse régulièrement la classification de certains jeux tel que Manhunt ou Soldier of Fortune: Payback[43].
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103
+ Les consoles de dernière génération (Wii, Wii U, Switch,PS4, Xbox One X, PSP, PSVITA, DSi et 3DS) disposent d'un système de contrôle parental permettant d'empêcher la lecture de jeux déconseillés en dessous d'un certain âge. Les ordinateurs équipés de Windows Vista et Windows 7 disposent nativement d'un système de contrôle parental, permettant de définir des plages horaires, et permettant également d'interdire l'utilisation de certains jeux[44].
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105
+ L'utilisation de jeux vidéo peut provoquer des crises d'épilepsie. Néanmoins, ce risque semble fortement lié aux sujets épileptiques photosensibles sans pour autant exclure totalement les autres sujets épileptiques. Les progrès techniques des consoles de jeux vidéo et des téléviseurs ont fortement contribué à réduire le risque de provoquer une crise d'épilepsie, notamment grâce à des fréquences de balayage de plus en plus élevées, des couleurs moins contrastées et plus naturelles, et une meilleure définition d'image[45]. Certains sujets épileptiques ignorent leur état jusqu'à ce qu'il leur soit révélé lors d'une partie[46]. Il est recommandé aux sujets épileptiques de ne pas jouer plus de 30 minutes aux jeux vidéo et de faire des pauses entre chaque session : les crises d'épilepsie pouvant être induites non seulement par la nature même du jeu vidéo (essentiellement chez les sujets épileptiques photosensibles), mais également par la fatigue et le stress induits par de longues parties[45],[47].
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107
+ Le conseil PEGI est un organisme créé pour la protection des mineurs au sujet des jeux vidéo en Europe.
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109
+ Le label PEGI est un label dont peuvent disposer les éditeurs mais qui est devenu obligatoire pour un jeu commercialisé en Europe. Aujourd’hui, plus de 19 000 jeux possède ce label PEGI. Mais afin de disposer de celui-ci, ils doivent compléter un formulaire d’évaluation et de déclaration du contenu. Ce formulaire possède la forme d’un questionnaire dans lequel il doit rendre compte rendu du jeu en question en précisant les éléments susceptibles ou non de heurter la sensibilité du joueur. En effet, PEGI ne jouant pas forcément aux différents jeux, les éditeurs doivent répondre à des questions bien précises afin que PEGI puisse en donner un résultat judicieux et donner une classe d’âge associé aux pictogrammes correspondants. Cette petite vignette correspondant à une limite minimum d’âge auquel le joueur peut jouer sans heurter sa sensibilité[48].
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+ Par la suite PEGI laisse le travail à ses administrateurs indépendants qui effectuent une deuxième vérification de la classification. Il en existe deux :
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+ Après ces démarches, un bilan du jeu est effectué et l’éditeur reçoit une licence qui l’autorise à appliquer le label PEGI, le pictogramme sur la jaquette du jeu.
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+ PEGI est composé de trois administrateurs indépendants qui sont : NICAM, VSC ainsi que ISFE. Mais le PEGI est également un système autonome, divisé en plusieurs conseils et comités où chacun possède un rôle bien précis. De ce fait, il existe un conseil d'administration qui se situe au cœur du PEGI, qui regroupe de nombreux acteurs du marché du jeu vidéo tels que les fabricants de consoles de jeu, les éditeurs de jeux… et qui gère avec le directeur général les activités quotidiennes du PEGI.
116
+
117
+ PEGI, travaille par ailleurs, avec un groupe d’experts et une commission juridique qui s’occupent d’adapter celui-ci à la législation des différents pays pour s’assurer d’une bonne mise en application des dispositions du code de conduite du PEGI et de la classification.
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119
+ Les jeux vidéo ont des effets directs sur les capacités mentales et physiques des joueurs, que ce soit des réflexes plus accrus, un développement de l'empathie ou encore l'amélioration des capacités de traitement des informations en images[49]. En 2003, une étude suisse portant sur les éventuels effets néfastes pour les yeux a constaté que l'attention visuelle des joueurs fatigue moins vite que celle des non joueurs. Les joueurs arrivent également a appréhender un plus grand nombre d'objets d'un seul coup d'oeil. Par ailleurs, leur attention visuelle est plus efficace, en vision périphérique comme centrale. Enfin, ils parviennent plus rapidement à recentrer leur attention. La pratique régulière de jeux vidéo d'actions donc améliorerait globalement l'attention visuelle sélective[49]. De fait, les jeux vidéo sont parfois utilisés en tant que thérapie médicale ou par les militaires dans le but d’entraîner leurs recrues.
120
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121
+ Une étude confirme en 2020 ces conclusions. Selon Daphné Bavelier, étudiante de la plasticité cérébrale à l'université de Rochester aux États-Unis, certains jeux tels que Halo, Call of Duty ou Unreal Tournament ont un effet très visible sur les capacités cognitives des joueurs. Les jeux vidéos d'actions permettraient aux joueurs de développer une meilleure capacité d'attention, ils se fatiguent moins vite et possèdent une meilleure capacité de réaction. De plus, les joueurs de jeux d'action obtiennent des meilleurs résultats aux tests d'acuité visuelle, ils sont capables de lire des textes plus petits et sont plus sensibles aux changements de contrastes[50].
122
+
123
+ Certains jeux nécessitant des interactions physiques, par l'intermédiaire de tapis de danse ou de capture de mouvement par une caméra, permettent également de pratiquer une activité sportive régulière et sont parfois préconisés pour les enfants atteints de surpoids[réf. nécessaire]. Ainsi l'université de West Virginia a étudié un groupe de 35 enfants obèses et leur a demandé de jouer à Dance Dance Revolution qui se joue à l'aide d'un tapis de danse. Ils ont constaté que, sans même changer leur régime, les enfants ont réduit leur prise de poids de façon significative[51]. Aujourd'hui, Nintendo tente d'exploiter ce domaine et développe des jeux d'exercice physique, comme Wii Fit[52].
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+ L'entreprise Bluelinea a créé une manette permettant de jouer a l'aide de sa bouche, à destination des joueurs tétraplégiques par exemple. Son prix est encore élevé (environ 1 400 euros). Un reportage du média Konbini, réalisé en 2019, a montré qu'un enfant tétraplégique pouvait retrouver certaines facultés perdues, comme l'aspiration[53].
126
+
127
+ De même, en 2018 est commercialisé le Xbox Adaptive Controller (en) (en français, « manette adaptative Xbox »), conçu principalement pour répondre aux besoins des joueurs à mobilité réduite[54]. Il s'agit d'un concentrateur unifié de périphériques rendant les jeux plus accessibles. Développé depuis le début par des partenariats importants avec les organismes AbleGamers (en), The Cerebral Palsy Foundation SpecialEffect et Warfighter Engaged, le porjet a bénéficié des apports de ses groupes pour développer les fonctionnalités adaptées aux différentes motricités.
128
+
129
+ Dans les années 1990, l'armée des États-Unis a modifié le jeu Doom II dans le but d’entraîner ses troupes. Le jeu était utilisé pour améliorer les talents de visée et le temps de réaction des recrues[55]. Plus récemment, des outils immersifs de réalité virtuelle ont été développés pour traiter certains troubles psychologiques comme l'agoraphobie ou l'acrophobie. Ces simulateurs reposent sur des technologies qui ont été développées à l'origine pour les jeux vidéo[56].
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+ Les jeux vidéo sont aussi utilisés comme source d'intérêt dans certains didacticiels. Les jeux vidéo éducatifs, que l'on assimile généralement à des logiciels pour l'éveil des tout petits ou comme supports pédagogiques destinés aux enfants, ont donné naissance plus récemment à des jeux éducatifs « pour adultes » connu principalement sous le nom de serious game dont l'intérêt est de transmettre un savoir-faire de manière ludique[57].
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+ Selon Learning and Teaching Scotland, jouer au Programme d'entraînement cérébral du Dr Kawashima améliore les capacités de calcul mental du joueur. Pendant neuf semaines, deux groupes d'écoliers ont été étudiés : le premier devait jouer au Programme d'entraînement cérébral pendant 20 minutes tous les jours, tandis que le second apprenait via des méthodes traditionnelles. À la fin de l'expérience, les deux groupes avaient progressé mais celui qui s'était entraîné grâce au jeu s'était amélioré de 50 % de plus[Quoi ?][58].
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+ D’après une étude allemande de 2014, jouer aux jeux vidéo présenterait des bénéfices secondaires. Cela permettrait de développer la substance grise. Simone Kühn de l'institut Max Planck et ses collègues ont invité 48 adultes non adeptes des jeux vidéo à jouer au moins 30 minutes par jour pendant deux mois au jeu Super Mario 64, qui fait notamment appel à l’orientation spatiale. Le joueur pouvait naviguer en utilisant la vision subjective (comme s’il était lui-même le personnage fictif) ou alors une vue d’ensemble. En comparant le scanner cérébral avant et après l’entraînement, les chercheurs observent une augmentation de la matière grise dans le cortex cérébral, l’hippocampe et le cervelet. Ces évolutions permettraient une plus grande aisance à se repérer dans l’espace en jonglant plus facilement entre vues subjective et objective, une meilleure coordination, rapidité et précision dans l’exécution des tâches de motricité. Cette expérience semble donc démontrer une fois de plus que le cerveau n’est pas une entité immuable, mais qu'il est au contraire en mesure de modifier sa structure pour s’adapter aux exigences de son environnement. Les auteurs évoquent la possibilité d’une utilisation préventive, voire thérapeutique du jeu vidéo. Il pourrait en effet freiner le développement de certaines maladies neurodégénératives, comme la maladie d'Alzheimer[59].
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+ Les chercheurs utilisent des casques de réalité virtuelle (VR) pour confronter des patients à leurs peurs et les aider à les surmonter. Exposer le patient de façon renouvelée et contrôlée à sa peur permet de la guérir. Il peut choisir lui-même sa progression. Conscient que la situation n’est pas réelle, il lui est plus simple de porter le casque de son propre chef.
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+ La vertu principale de la VR est que le sujet devient acteur et n’est plus spectateur. Aux États-Unis le chercheur Daniel Hoffman, directeur du centre de réalité virtuelle à Washington, imagine SpiderWorld, monde virtuel pour combattre l’arachnophobie d’une patiente. L’autre application de la VR est de soigner la douleur et la réduire chez les grands brûlés. Avec SnowWorld, monde enneigé créé par ce même chercheur permet aux patients de mieux ignorer ou supporter leurs souffrances[60].
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+ La VR nourrit néanmoins les craintes de certains spécialistes[Lesquels ?]. L'usager connaîtrait une désensibilisation en n'étant plus affecté ni atteint par les actes de violence. Préparer des soldats virtuellement à des scènes de combat pourrait mener à une absence d’émotions ou de compassion. Aussi, la VR est personnalisée en fonction des individus grâce à l'oculométrie dans le but de collecter les données des usagers. La question de cette collecte d'informations personnelles, étant liée à la protection de la vie privée, alimente les débats autour des nouvelles technologies. Un des effets cognitifs de la VR est l’altération de perception de la réalité, réduisant les capacités physiques et sociales[61].
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+ John Fitzgerald Kennedy /d͡ʒɑn fɪtsˈd͡ʒɛɹəld ˈkɛnədi/[1], dit Jack Kennedy, communément appelé John Kennedy et par ses initiales JFK, né le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts) et mort assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas (Texas), est un homme d'État américain, 35e président des États-Unis. Entré en fonction le 20 janvier 1961, il est, à 43 ans, le plus jeune président élu des États-Unis[2], et également le plus jeune président à mourir, moins de trois ans après son entrée à la Maison-Blanche, à l'âge de 46 ans.
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+ Il laisse son empreinte dans l'histoire des États-Unis par sa gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement pour le traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, le programme Apollo dans le cadre de la course à l'espace, son opposition à la construction du mur de Berlin, sa politique d'égalité des genres et son assassinat. Ses prises de position en faveur de l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce lui valent d'être respecté jusque chez les républicains, et le mouvement afro-américain des droits civiques — qu'il soutient, voulant mieux intégrer les minorités dans la société — qui prend place durant sa présidence annonce la déségrégation.
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+ En campagne pour sa réélection, il circule dans Dallas le 22 novembre 1963 à bord d'un véhicule découvert devant un nombreux public et alors qu'il traverse Dealey Plaza, des coups de feu l'atteignent mortellement. Les circonstances de son assassinat par Lee Harvey Oswald, seul coupable reconnu, ont donné lieu à de nombreuses enquêtes, ouvrages écrits et filmés, interprétations et théories du complot au fil des décennies ayant suivi son assassinat.
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+ John Fitzgerald Kennedy, surnommé « Jack », naît le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts), une banlieue huppée de Boston. Il est le second d'une famille qui compte neuf enfants : Joseph Jr., John, Rosemary, Kathleen, Eunice, Patricia, Robert, Jean Ann et Edward.
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+ Ses parents sont Joseph Patrick Kennedy, qui a fait fortune dans les années 1930, et Rose Fitzgerald, fille de John Francis Fitzgerald (1863-1950), dit « Honey Fitz », maire de Boston et de Mary Josephine Hannon (1865-1964)[3]. Tous deux sont les descendants de familles catholiques originaires d'Irlande. Son père soutient Franklin Delano Roosevelt lors de l'élection de 1933, envisage de se présenter à sa succession et devient ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni en 1938 après avoir été un des piliers des grandes réformes de Roosevelt dans la banque et la finance.
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+ Le jeune John reçoit son éducation dans la Choate Rosemary Hall, une des meilleures écoles privées à Wallingford, Connecticut où son frère aîné Joseph Patrick Kennedy, Jr. l'a précédé. En septembre 1935, il intègre la London School of Economics sous la supervision du professeur Laski, mais doit interrompre ses études, car il est atteint de jaunisse. Il intègre ensuite l'université de Princeton, mais doit de nouveau interrompre ses études après seulement six semaines, et se fait hospitaliser à l'hôpital Brigham de Boston (en) où les médecins diagnostiquent une possible agranulocytose ou leucémie[4]. L'année suivante, en septembre 1936, il intègre l'université Harvard. Ses principales matières sont l'économie, l'histoire et la politique américaine.
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+ Quand son père s'installe à Londres, il visite l'Europe, en particulier l'Allemagne nationale-socialiste, et s'assure les services d'un « nègre[5] » pour rédiger son mémoire de fin d'études sur Neville Chamberlain et la participation britannique aux accords de Munich. Son mémoire est reçu avec mention et grâce au soutien financier de son père, est publié avec une introduction de Henry Luce, sous le titre Pourquoi l'Angleterre dormait. À 23 ans, John est ainsi l'auteur d'un relatif succès de librairie qui semble le destiner au journalisme. Son père est alors déconsidéré par sa position favorable à la négociation avec Adolf Hitler.
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+ Il doit, en 1941, sous la pression de son père et du Federal Bureau of Investigation (FBI), mettre fin à sa liaison avec Inga Arvad, une journaliste danoise mariée à Paul Fejos, ancienne miss Danemark qui a couvert les Jeux olympiques d'été de 1936. JFK est rappelé en Caroline du Sud, mais Inga le suit et ils continuent à se voir[6].
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+ John Kennedy est connu pour ses multiples maîtresses et conquêtes féminines, dont Marilyn Monroe en 1962, ainsi que Mary Pinchot Meyer (épouse de Cord Meyer (en), haut fonctionnaire à la CIA) et Judith Campbell, maîtresse simultanément de Kennedy et du parrain de la mafia de Chicago Sam Giancana ou encore Gunilla von Post, Marlene Dietrich[7]. Proche de la mafia, le chanteur Frank Sinatra lui fournit des starlettes comme maîtresses. En 1961, lors d'une rencontre officielle avec le Premier ministre du Royaume-Uni Harold Macmillan, il lui confie : « Trois jours sans faire l'amour et c'est le mal de tête garanti. Je ne sais pas si c'est aussi votre cas, Harold »[8]. Le père du président, Joseph Patrick Kennedy, serait intervenu financièrement auprès de son épouse Jackie afin de la retenir[9].
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+ Le 12 septembre 1953[10], il épouse Jacqueline Bouvier en l'église St Mary's de Newport (Rhode Island). Le mariage est considéré comme l'événement mondain de la saison avec quelque 700 invités à la cérémonie et plus de 1 000 personnes à la somptueuse réception qui suit à « Hammersmith Farm », domaine de son beau-père Hugh D. Auchincloss.
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+ Jacqueline Kennedy fait une fausse couche en 1955[11],[12], puis donne naissance à une petite fille mort-née le 23 août 1956, que ses parents auraient voulu prénommer Arabella[13]. Cet événement conduit à une brève séparation du couple qui se réconcilie peu après. Le couple devient ensuite parents d'une fille Caroline en 1957, puis d'un fils John en 1960, qui meurt dans un accident d'avion en 1999. Un second fils Patrick naît prématurément le 7 août 1963 et meurt deux jours plus tard.
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+ Peu de temps après l'assassinat de John F. Kennedy, les restes d'Arabella et de son jeune frère Patrick sont transférés le 5 décembre 1963, au cimetière national d'Arlington. Sa dalle mortuaire n'indique pas de prénom, mais simplement la mention « daughter » (fille, en anglais) et la date du 23 août 1956.
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+ Kennedy souffre pratiquement toute sa vie de problèmes de dos : né avec une colonne vertébrale instable selon un de ses chirurgiens en 1947 (ce qui est remis en cause par une étude de 2017 se basant sur ses radiographies et penchant pour une origine multifactorielle[14]), ce qui l'oblige à utiliser des béquilles cachées au public, à se reposer fréquemment dans son fauteuil à bascule devenu célèbre[15] et à porter un corset dorsal de 20 centimètres[16]. Dès sa jeunesse, il fut régulièrement hospitalisé du fait de sa santé fragile et par intermittence eut de douloureux problèmes gastriques (probablement l'intestin irritable)[14]. Il est de plus atteint de la maladie d'Addison, sorte de déficience (encore mortelle à son époque) des glandes surrénales, lesquelles produisent des hormones anti-inflammatoires (cortisol)[17]. Pour soulager ses douleurs, il reçoit régulièrement des injections de cortisone, de novocaïnes et de stéroïdes, il prend des amphétamines[16], ce cocktail médicamenteux lui permettant de déployer une énergie hors du commun et d'assouvir une libido hyperactive[8]. Les corticoïdes qu'il a consommés pour traiter ses douleurs gastriques pourraient d'ailleurs être une cause secondaire de sa maladie d'Addison, c'était des médicaments prometteurs durant les années 1930 mais les effets à moyen terme n'étaient pas connus[14]. Il est contraint de se faire opérer à plusieurs reprises en raison de problèmes de dos, des opérations risquées dont les résultats sont inférieurs aux attentes. Il reçoit même l'extrême onction à quatre reprises[18]. Son état de santé fut gardé secret de son vivant, conscient qu'une fuite entraînerait la fin de sa carrière politique, même si ses prédécesseurs présidentiels Wilson, Coolidge, Roosevelt et Eisenhower avaient aussi imposé la confidentialité sur leurs ennuis de santé[19].
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+ Au printemps 1941, Kennedy veut s'enrôler dans l'armée, mais est déclaré inapte en raison de ses problèmes de santé. Il est finalement accepté grâce à l'intervention de son père[19]. D'abord mobilisé à l'arrière, il obtient de servir sur plusieurs navires de la flotte américaine du Pacifique et devient commandant d'un patrouilleur avec le grade de Lieutenant.
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+ Durant la guerre du Pacifique, le 2 août 1943 à deux heures du matin, son patrouilleur (une vedette lance-torpilles), le PT-109, est coupé en deux par le destroyer japonais Amagiri au large des îles Salomon. Kennedy est projeté sur le pont et se blesse au dos, ce qui aggrave ses douleurs[19] ; en mer, il réussit malgré tout à haler un membre de son équipage blessé sur près de cinq kilomètres et à mettre pied sur une île, d'où il nage pour donner l'alerte : son équipage est récupéré. Ce fait d'armes lui vaut la Navy and Marine Corps Medal avec la citation suivante :
32
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33
+ « Pour sa conduite extrêmement héroïque comme officier commandant de la vedette lance-torpilles PT 109, après la collision et le naufrage de ce vaisseau, sur le théâtre de la guerre du Pacifique, les 1er et 2 août 1943. Peu soucieux du danger personnel, le lieutenant Kennedy a bravé sans hésitation les difficultés et les risques de l'obscurité pour diriger les opérations de sauvetage, nageant plusieurs heures pour trouver de l'aide et de la nourriture après avoir réussi à ramener son équipage à terre. Son remarquable courage, sa ténacité et ses qualités de chef ont permis de sauver plusieurs vies, conformément aux plus hautes traditions de la Marine des États-Unis. »
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+ Il participe également à l'évacuation de Marines encerclés par les Japonais lors du raid sur Choiseul le 2 novembre 1943[20]. Kennedy reçoit d'autres décorations pendant la guerre, dont la Purple Heart. Il est démobilisé au début de 1945 quelques mois avant la capitulation du Japon. Un film de propagande raconte son aventure. Le décès de son frère aîné et les erreurs politiques de son père (qui était favorable au maintien de la paix avec Adolf Hitler) font de lui l'espoir politique de la famille.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, Kennedy commence donc une carrière politique en se faisant élire en 1946 à la Chambre des représentants dans une circonscription à majorité démocrate. Il est réélu deux fois en 1948 et 1950, largement malgré ses positions qui ne sont pas toujours en accord avec celles du président Harry S. Truman ou du Parti démocrate.
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39
+ En 1952, il est candidat au siège de sénateur avec le slogan : « Kennedy en fera plus pour le Massachusetts ». Avec l'appui de son père et de tout le clan familial, il réussit à battre son concurrent républicain, le sénateur sortant Henry Cabot Lodge Jr. en obtenant 51,5 % des voix. Cependant, il ne s'oppose pas au sénateur Joseph McCarthy, un ami de la famille, qui mène une campagne agressive dans le but d'extirper les prétendus espions communistes au sein du gouvernement. Il profite d'un séjour à l'hôpital pour ne pas voter la motion de censure contre McCarthy en 1954, ce qui lui sera longtemps reproché par l'aile gauche du Parti démocrate, Adlai Stevenson et Eleanor Roosevelt en tête. En 1956, il échoue à obtenir l'investiture démocrate pour la vice-présidence, après que Stevenson ai laissé le congrès sélectionner le candidat, Kennedy terminant deuxième au scrutin et s'inclinant face au sénateur Estes Kefauver du Tennessee, mais bénéficiant en conséquence d'une visibilité nationale. En 1958, il est réélu sénateur avec 73,2 % des suffrages face au républicain Vincent J. Celeste.
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+ En 1955, alors en pleine convalescence, il écrit un livre Profiles in Courage (Portraits d'hommes courageux) où il fait la biographie de huit sénateurs qui ont risqué leur carrière pour défendre leurs points de vue. Ce livre, dont la paternité est aujourd'hui accordée à Ted Sorensen, conseiller juridique et bras droit de Kennedy et auteur de ses plus grands discours, recevra le prix Pulitzer en 1957[16].
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+ Kennedy se déclare candidat pour succéder à Eisenhower le 2 janvier 1960. Dans sa déclaration de candidature, Kennedy insiste sur la nécessité d'un désarmement mondial, qualifiant la course aux armements de « fardeau »[réf. nécessaire].
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+ Le Parti démocrate doit choisir entre lui et les sénateurs Hubert Humphrey, Lyndon B. Johnson et Adlai Stevenson. Kennedy remporte les élections primaires dans certains États clés, comme le Wisconsin et la Virginie-Occidentale et obtient la nomination de son parti à la convention nationale. Son colistier est Lyndon B. Johnson, soutenu par les États du Sud. Pendant la campagne électorale, les débats tournent autour du rôle des États-Unis dans le monde, du problème de la pauvreté, de l'économie et de l'équilibre de la terreur face aux missiles porteurs d'armes nucléaires de l'Union soviétique, mais aussi sur la religion catholique pratiquée par le candidat.
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+ À partir des années 1950, le jeune sénateur démocrate du Massachusetts J.F. Kennedy fait des apparitions dans plusieurs talk-shows, notamment Meet the press très populaire à cette époque. C’est ainsi que Kennedy va prendre conscience et créer par lui-même son image du nouveau politicien. Ce qui l’amènera à être choisi pour prononcer le discours de candidature de Adlai Stevenson à la Convention démocratique de 1956. Lors de cette épreuve, il gagnera le rôle de l’orateur le plus recherché du parti, ce qui sera perçu comme le lancement de sa course à la présidence[21].
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+ Kennedy apparait, alors qu’il est candidat, dans le Tonight Show de Jack Paar. C’est le premier homme politique important à participer à une émission de fin de soirée. Étant donné l’innovation, personne n'était alors au courant des règles de l'égalité des heures s'appliquant aux émissions de divertissement. Une aubaine qui lui rapportera en capital sympathie. C’est ainsi que commence la campagne aux élections présidentielles américaines pour John Fitzgerald Kennedy. Le 12 septembre 1960, Kennedy fait une déclaration importante sur la question de la religion et de son catholicisme, devant une assemblée de pasteurs protestants à Houston, au Texas. Il affirme, ce jour-là, qu’il ne serait en aucune manière influencé par la hiérarchie catholique. Il emprunte l’article VI de la Constitution des États-Unis comme contre argument aux spéculations faites à son égard. Son équipe de campagne électorale trouve le discours convaincant et permettant de faire taire les malentendus. Ils s’en serviront comme moyen de communication en distribuant le film du discours aux stations de télévision de tout le pays. Il fut largement retransmis et la plupart des observateurs eurent l’impression que Kennedy avait remporté une victoire décisive et que la question religieuse était maintenant pour lui beaucoup plus un avantage qu’un handicap[22].
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+ La campagne à l'élection présidentielle américaine de 1960 est une toute nouvelle forme de la communication politique, qui joue la carte de la modernité, combinant l'utilisation de la radio, de la publicité, des sondages et de la télévision. Elle sera à l'origine d'une mythologie qui dépassera très vite les frontières du pays[23]. La campagne est caractérisée par le premier débat télévisé de l'histoire à une élection présidentielle. Elle opposera en quatre duels, les deux candidats, John Fitzgerald Kennedy et Richard Nixon. Deux candidats proches sur leurs programmes politiques et leurs âges mais différents par leurs apparences. R. Nixon est vu comme un personnage politique expérimenté, mais avec une image très déplaisante suite aux caricatures de Herblock dans le Washington Post. Le premier débat est considéré comme le plus important, il se déroule le 26 septembre 1960 à Chicago. L’équipe de Kennedy a parfaitement préparé le rendez-vous comme le confirme le producteur de CBS, Don Hewitt[24]. Le clan Kennedy s’était auparavant bien entouré, avec L. Reinch conseiller en audio-visuel, les réalisateurs F. Schaffner et A. Penn, et le producteur F. Coe afin d’améliorer ses performances. A. Penn demande en coulisse des plans serrés sur son candidat persuadé que l’équipe de Nixon le suivra. Lors de la prise de parole de Nixon, l’effet attendu est au rendez-vous : les gouttes de sueur qui perlent sur le visage de Nixon, la nervosité apparente, la barbe peu soignée donnent une image désastreuse du candidat à la présidence. De plus, son costume gris se fondant dans les décors créera un contraste face au jeune sénateur, plein d’aisance et d’assurance dans les gestes et la parole, en costume noir parfaitement préparé au duel[25].
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+ Les critiques récurrentes des caricaturistes visant R. Nixon sont désormais vues en gros plan par les Américains devant leur télévision. Ils seraient en effet entre 65 millions et 74 millions de téléspectateurs[26] à avoir assisté aux débats selon les rapports de cette époque. Avec une estimation de téléviseurs installés dans environ 90%[21] des foyers. Kennedy avait donc prévu et bien fait de miser sur les techniques modernes car avant le grand débat du 26 septembre les sondages donnaient Nixon de peu gagnant avec 47% face à 46%. Suite au débat, Kennedy était estimé à 49% face à 46% pour Nixon[27].
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+ Les « grands débats » offrent un phénomène attirant, selon le chercheur J. Austin Ranney (en) : « De nombreuses études antérieures à 1960 ont montré que le discours électoral de type traditionnel, quand le candidat A et ses partisans disposent de la salle de réunion ou du studio pour eux seuls, sont suivis et écoutés presque uniquement par les électeurs qui se sont déjà décidés pour ce candidat B évitent les réunions du candidat A et arrêtent la radio ou la télévision quand se fait entendre la voix de A »[28]. Ce que l’on nomme une chambre d’écho. Avec les grands débats, au contraire, non seulement les partisans de Nixon sont obligés d’écouter Kennedy, mais ils peuvent difficilement éviter de le comparer immédiatement avec Nixon. Theodore White, dans The Making of the President, 1960, montre à quel point Kennedy était confiant et bien préparé. « Selon certains sondages, ceux qui ont écouté le débat à la radio estiment que les deux candidats étaient à peu près ex æquo [à l’issue du débat]. En revanche, tous les sondages réalisés auprès des téléspectateurs indiquent que Nixon était considéré comme le perdant (…) Tout cela est dû à l’effet de la télé »[29]. La stratégie de Kennedy, consistait aussi à critiquer l’immobilisme des années de gouvernance de Dwight Eisenhower, dont Nixon est le coresponsable. La métaphore du retard (gap) occupe une part importante dans les discours du candidat. Le clan Kennedy en profite donc pour populariser alors l’idée de grands desseins nationaux pour promouvoir la nécessité de réformes rapides face à l’avance prise par l’URSS. Entouré d’idéologues de la modernisation, dont Walt Rostow est le plus actif, Kennedy renvoie son adversaire dans les cordes de la tradition et du conservatisme[30].Cette rhétorique du risque rompt avec celle de la sécurité utilisée jusqu’alors par les candidats démocrates.
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+ Sa rhétorique du risque, va donc dans le sens de son slogan : la Nouvelle Frontière séduisant ainsi un électorat avide de changement après huit années de présidence républicaine. La victoire de J.F Kennedy, le 8 novembre 1960, est certes celle de la jeunesse mais aussi celle des transformations de la vie politique américaine, en particulier le renforcement de la médiatisation avec le rôle nouveau joué par la télévision. Mais également celle des mutations de la sociologie de l’électorat, plus jeune et féminisé[31] ; « mais elle est surtout celle des nouvelles techniques de communication, faisant bon usage des sondages, de l’instrument télévisuel et du média training »[32]
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+ La politique de Kennedy, appelée « Nouvelle Frontière », prévoit la détente envers l'URSS, l'envoi d'un homme sur la Lune, l'égalité des Noirs et des Blancs, la relance de l'économie, la lutte contre la pègre et l'arrêt de l'expansion communiste dans le monde.
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+ L'élection a lieu le 8 novembre 1960 ; Kennedy bat Nixon de seulement 120 000 voix[33]. Des rumeurs circulent par la suite sur le fait que son père, Joe, aurait utilisé ses liens avec la mafia américaine pour que certains comtés décisifs « votent bien ». À 43 ans, Kennedy est le plus jeune président élu : Theodore Roosevelt était plus jeune lors de son accession à la présidence, mais il succédait à William McKinley, décédé en cours de mandat. Il est aussi le premier président des États-Unis de religion catholique et toujours le seul à ce jour[34].
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+ Il entre en fonction le 20 janvier 1961 à l'âge de 43 ans.
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+ Le mandat de Kennedy est marqué par la guerre froide entre l’Union soviétique et les États-Unis et les crises majeures destinées à contrer l’expansion communiste. Au début de sa présidence, il pense que le monde peut s'améliorer par des moyens pacifiques et il crée les Corps de la paix. Ce programme, qui existe toujours, permet à des volontaires américains d'aider les pays en développement dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture, de la santé et du bâtiment.
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+ Kennedy développa des liens d'amitié étroits avec le Royaume-Uni et la RFA. Cependant, les relations avec le Canada seront faibles, John Diefenbaker ne supportant pas Kennedy et réciproquement. Le prochain Premier ministre du Canada Pearson s'entendra en revanche très bien avec lui et acceptera l'installation de bases nucléaires américaines au Canada.
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+ Les relations avec la France de Charles de Gaulle sont constantes mais tendues, les deux dirigeants ont cependant un grand respect l'un pour l'autre et le peuple français a une certaine admiration pour les Kennedy ; ils sont notamment fiers que sa femme, Jacqueline Bouvier de son nom de jeune fille, ait des racines françaises[réf. nécessaire]. La volonté de Charles de Gaulle d’accroître la puissance militaire et économique de la France produit de vives tensions entre les deux hommes : d'après Ted Sorensen, dans un moment de colère Kennedy aurait traité de Gaulle de « salopard »[réf. nécessaire].
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+ La crise des missiles de Cuba montre que le risque d'une guerre nucléaire n’est pas négligeable et que les États-Unis et l'URSS sont « au bord du gouffre », d’où une attitude plus mesurée en Europe. Cette attitude est d'ailleurs déjà effective avant cette crise, comme le prouve le fait que les Américains restent passifs lorsque l’Allemagne de l’Est lance la construction du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 et que les pays du bloc de l’Est rendent leurs frontières quasiment étanches. Après une tentative de retrait, Kennedy essaie malgré tout de contenir l'expansion soviétique en envoyant des conseillers militaires, puis des troupes, au Viêt Nam. En octobre 1963, il signe un mémorandum ordonnant le retrait de 1 000 soldats du Viêt Nam avant la fin de 1963 car il pensait la guerre bientôt gagnée[49]. Ce mémorandum sera annulé par Lyndon B. Johnson.
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+ Cependant, une facette moins connue du personnage présente l'ex-président démocrate comme un artisan majeur de l'escalade de la guerre du Viêt Nam, en ayant directement été à l'origine d'un coup d'État militaire fomenté contre le président sud-vietnamien Ngô Đình Diệm[50],[51],[52],[53], voire le commanditaire direct de l'assassinat de celui-ci[54], parce que Diệm était opposé à un accroissement de l'engagement militaire américain au Vietnam[55] et envisageait de rompre l'alliance de son pays avec les États-Unis[56]. Cependant Kennedy ayant signé un mémorandum pour le retrait de 1 000 soldats, on croit plus souvent qu'il avait pris conscience à l'été 1963 de s'être engagé dans un bourbier et jugeait nécessaire par l'intermédiaire de Dương Văn Minh d'éliminer un chef d'État catholique impopulaire qui réprimait une opposition bouddhiste croissante depuis mai 1963[57]. Aussi en août 1963 l'administration Kennedy se montra favorable à Dương Văn Minh qui mit à exécution le coup d'État. Toutefois une enquête des Nations unies en 1963 conclut à la liberté du culte bouddhiste ; tandis que selon l'historien Mark Moyar, Diệm avait mené des politiques publiques favorables aux communautés bouddhistes du Sud-Vietnam, en leur donnant la permission de mener des activités religieuses qui étaient interdites par l'ex-puissance coloniale française, et en finançant la construction d'écoles bouddhistes, l'organisation de cérémonies et la construction de nouvelles pagodes. Parmi les dix-huit membres du cabinet Diệm, il y avait cinq catholiques, cinq confucéens et huit bouddhistes, dont un vice-président et un ministre des affaires étrangères. Seuls trois des dix-neuf meilleurs responsables militaires étaient des catholiques[58]. Une partie non-négligeable des immolations et révoltes bouddhistes furent le fruit d'une infiltration des guérilleros communistes déguisés en bonzes[59].
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+ En août 1963 Kennedy signe le traité de Moscou qui interdit les essais nucléaires dans l'atmosphère. Il s'agissait de lutter contre la prolifération des armements et contre les effets à long terme des retombées radioactives. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS en seront les premiers signataires et Kennedy considérera qu'il s'agit là d'une des actions majeures de son gouvernement. Au Salvador, son administration appuie la création de l'Orden (Organisation démocratique nationaliste) afin d'organiser et de surveiller la population rurale (l’Amérique centrale est alors agitée par des guérillas en lutte contre des gouvernements dictatoriaux) mais celle-ci se comporte rapidement en escadron de la mort[60]. Après le coup d’État militaire du 24 septembre contre le gouvernement réformiste de Juan Bosch en République dominicaine « Kennedy rompt les relations diplomatiques avec le pays tout en abandonnant Bosch à son triste sort qui s'exilera à San Juan de Porto Rico »[61]. "La démocratie n'y aura tenu que sept mois"[62]. Les relations diplomatiques entre les deux pays seront rétablies le 14 décembre 1963 par le président Johnson et les pustchistes ainsi reconnus[63]. De même début octobre 1963 Kennedy suspend les relations diplomatiques avec le Honduras après le renversement du libéral Modesto Rodas Alvarado (en) par Oswaldo López Arellano, coupe l'aide militaire à la junte, rappelle le personnel américain engagé dans la coopération ; ce n'était peut-être que provisoire du fait que l'année précédente au Pérou à l'été 1962, il avait suspendu seulement un mois ses relations diplomatiques en réaction à un coup d'État[64]. Mais au Honduras comme en République dominicaine ce sera, après Dallas, Johnson qui en 1964 reconnaîtra la Junte militaire[65].
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+ Kennedy milite contre la ségrégation raciale, en prenant pour modèle Abraham Lincoln. Il soutient Martin Luther King, et le rencontre lors de sa marche sur Washington en 1963.
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+ L'un des problèmes les plus importants auquel Kennedy doit faire face est celui de mettre fin aux mesures discriminatoires contre les minorités ethniques qui restent légales dans certains États. Un arrêt de 1954 de la Cour suprême des États-Unis interdit la ségrégation dans les écoles publiques, mais est resté lettre morte dans de nombreux États du Sud. Par ailleurs, des mesures discriminatoires restent toujours en vigueur dans d'autres lieux publics, tels que les transports urbains, les cinémas et les restaurants.
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+ Il fait beaucoup pour la conquête de l'espace, en lançant le programme Apollo (We choose to go to the Moon).
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+ Sur le plan social, son programme Nouvelle Frontière vise à améliorer le sort des classes modestes et des droits civiques de ses concitoyens noirs. Sur ces objectifs, Kennedy se heurte souvent, ce qui est courant aux États-Unis, à un Congrès dont la majorité n'est pas celle de son courant politique. Ici, cependant, le Congrès est en majorité démocrate, mais cette dernière est dominée par les démocrates du Sud, conservateurs sudistes hostiles à la disparition de la ségrégation.
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+ Si les presque trois ans de présidence de Kennedy se sont accompagnés de plusieurs mesures notables (conquête de l'espace, début de la déségrégation, Corps de la paix, traité de Moscou d'août 1963) les historiens sont partagés sur l'importance du mandat de Kennedy dans l'histoire américaine. Élu de justesse, il a accru l'engagement des États-Unis au Vietnam, a mis à exécution le débarquement de la baie des Cochons préparé par l'administration précédente, il n'a pas empêché la construction du mur de Berlin, a approuvé la mise sur écoute par le FBI de Martin Luther King, soutenu le renversement de dictateurs en République dominicaine, en Irak et au Vietnam, aussi bien que condamné des coups d'État (toujours en république dominicaine le coup d'État militaire en septembre 1963 contre Juan Bosch), avait des liens avec la mafia et n'a pas mené à bien la baisse d'impôts qu'il avait initialement promise. De ce fait, s'il est souvent cité comme étant le plus populaire des présidents qu'a comptés le pays, selon certains, cela relève davantage du reflet de son charisme, de sa jeunesse, de sa bonne connaissance des médias et des conditions tragiques de son décès. L'historiographie post-1963 a d'abord été marquée par des ouvrages hagiographiques écrits par ses anciens conseillers, Ted Sorensen et Pierre Salinger. Un regard plus critique survient dans les années 1980 avec The Kennedy Imprisonment de Garry Willis, où Kennedy est décrit comme un « improvisateur » se reposant sur son charisme et prenant de mauvaises décisions, et un obsédé sexuel se mettant lui-même en danger du fait des risques de chantage que cela implique[66]. Le journaliste démocrate Thomas E. Ricks (en) est encore plus critique, le désignant comme le plus mauvais président du XXe siècle, dénonçant un groupe de pression contre ses opposants, l'Ideological Organizations Project, une politique anti-syndicale et le mensonge sur sa santé[67]. Les historiens sont partagés mais les critiques reviennent face au manque de leadership contre Khrouchtchev à son sommet et la question raciale qui stagne[68]. Patrick Buisson dans La Cause du peuple reprend ces légendes critiques, dénonce une imposture créée de toutes pièces par les médias, Kennedy étant dans la « télé-gouvernance » et la publicité, masquant les liens avec la mafia, une libido incontrôlée et un échec aux affaires étrangères.
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+ Le président fascine toujours autant l'Amérique. Depuis 1963, 40 000 ouvrages ont été écrits à son sujet, surtout sur son assassinat[69], ainsi que de nombreux récits uchroniques, imaginant le déroulement du monde si son assassinat fût raté[70],[71]. Le cinquantième anniversaire de sa mort relance de nouvelles études et publications[72]. Son projet réussi de dépasser l'URSS dans la conquête spatiale avant l'année 1970, souligné par Philippe Labro, ne l'empêche pas de subir sous sa présidence un second revers deux ans après l'embarquement de Youri Gagarine : l'envoi en juin 1963 d'une femme soviétique dans l'espace, Valentina Terechkova.
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+ Le 22 novembre 1963, lors d'une visite pré-électorale de John F. Kennedy à Dallas, le cortège présidentiel traverse la ville à petite vitesse, salué par la foule amassée. Alors que la limousine décapotée du président passe sur Dealey Plaza vers 12 h 30, des coups de feu éclatent. Le président est d'abord blessé au cou, tandis que le gouverneur Connally, assis devant lui, est blessé à la poitrine, puis une balle atteint le président à l'arrière de la tête, endommageant gravement la partie arrière supérieure de son crâne[73], et ressort probablement par la tempe droite[74]. Aussitôt transporté au Parkland Hospital, le président est déclaré mort à 13 h après de vains efforts de réanimation. Le monde est consterné en apprenant la nouvelle[75].
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+ Lors de la mort de Kennedy, les trois grands réseaux de télévision américains ont suspendu leurs émissions pour rapporter toutes les nouvelles concernant le président du 22 au 25 novembre 1963, ce qui fait de la couverture télévisée de cet événement la plus longue de l'histoire télévisée américaine (70 heures) jusqu'à celle des attentats du 11 septembre 2001 (72 heures)[76]. Les reportages filmés sur ses obsèques nationales consacreront la domination de la télévision française sur les autres médias et la fin des actualités filmées au cinéma[77].
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93
+ Selon les enquêtes officielles, Lee Harvey Oswald a assassiné seul le président, mais la seconde enquête mandatée par la Chambre des représentants — l'enquête du HSCA — estime en 1979 qu'il y a eu au moins deux tireurs, donc conspiration.
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+ Sa femme Jacqueline, lors du transport du cercueil à bord de l'avion Air Force One, lui organise des obsèques nationales impressionnantes sur le modèle de celles d'Abraham Lincoln[78]. John Fitzgerald Kennedy repose au cimetière national d'Arlington, près de Washington.
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+ Le président américain Donald Trump a autorisé le 21 octobre 2017 la déclassification de 2 891 documents sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, dont le maintien sous scellés pendant plus de 50 ans a alimenté de nombreuses théories du complot. Y figurent notamment les noms de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et plus étonnamment de l'actrice Catherine Deneuve qui auraient tous les trois versé de l'argent à Larry Cox, activiste qui a refusé à trois reprises d'intégrer l'armée américaine et de partir au Viêt Nam[79]. Près de 300 pages de documents jugés « trop sensibles » sont maintenus secrète[80].
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+ James Marshall Hendrix, né Johnny Allen Hendrix le 27 novembre 1942 à Seattle (États-Unis) et mort le 18 septembre 1970 à Londres (Angleterre), plus connu sous le nom de Jimi Hendrix [ˈd͡ʒɪmi ˈhendrɪks][1], est un guitariste, auteur-compositeur et chanteur américain, fondateur du groupe anglo-américain The Jimi Hendrix Experience, actif de 1966 à 1970. Malgré une carrière internationale longue de seulement quatre ans, il est considéré comme l'un des plus grands joueurs de guitare électrique et l'un des musiciens les plus importants du XXe siècle.
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+ Afro-américain d'ascendance amérindienne, Jimi Hendrix est l'un des artistes les plus novateurs de la musique populaire de son siècle, notamment en raison de son approche révolutionnaire de son instrument et de ses techniques d'enregistrement originales en studio. Hendrix a la particularité, pour un guitariste gaucher, de jouer le plus souvent sur une guitare de droitier, après avoir remonté ses cordes à la suite de cette inversion. Il lui arrive néanmoins d'emprunter une guitare à un droitier et de jouer avec les cordes telles quelles[2]. Improvisateur sortant des sentiers battus, il libére la guitare solid body de ses contraintes en utilisant les ressources nées de l'amplification, notamment en domestiquant l'effet Larsen et en explorant toutes les facettes du maniement de la manette de vibrato ou de la pédale wah-wah.
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+ Son influence dépasse largement le cadre de la musique rock : la plupart des styles musicaux qui se développent dans les années 1970 reprennent certains éléments de sa musique ; Miles Davis, notamment, joue ainsi un jazz électrique très marqué par le guitariste[3],[4]. Son décès, survenant après celui de Brian Jones et précédant ceux de Janis Joplin et Jim Morrison participe au mythe fondateur du Club des 27.
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+ Johnny Allen Hendrix naît le 27 novembre 1942 au King County Hospital de Seattle, dans l'État de Washington, aux États-Unis. Il est le premier fils d'un couple afro-américain, James Allen « Al » Hendrix (né le 10 juin 1919 au Canada et mort le 17 avril 2002[5],[6]) et de Lucille Hendrix, née Jeter (née le 12 octobre 1925 et morte le 2 février 1958[7], d'origine afro-américaine et cherokee).
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+ La grand-mère paternelle de Jimi, Zenora « Nora » Rose Moore (née le 19 novembre 1883 en Géorgie), était la fille de Robert Moore Sr. (natif de Géorgie) et de Fanny Moore (originaire de l'Ohio) et avait par cette dernière une ascendance Cherokee ; tandis que son grand-père paternel Bertran Philander Ross Hendrix (né « Hendricks » en 1866) était métis, issu d'une relation extraconjugale entre une femme noire, nommée Fanny, et un marchand de grains blanc, le plus riche homme d'affaires de la région, vivant à Urbana dans l'Ohio. Ross Hendricks quitta sa région natale en 1896 pour s'installer à Chicago où il fit modifier son patronyme en « Hendrix ». Ross et Nora, tous deux comédiens ambulants, se rencontrèrent lors d'une tournée entre Portland et Seattle, ville dans laquelle ils se marièrent en 1912. Puis ils émigrèrent quelques mois plus tard à Vancouver au Canada où ils donnèrent naissance à leurs cinq enfants entre 1912 et 1926 (une fille et quatre garçons dont le père de Jimi). Le 28 novembre 1922, Ross et Nora Hendrix sont officiellement naturalisés et obtiennent la citoyenneté canadienne. Ross est mort d'une rupture de l'aorte en 1934 et Nora mourut d'un cancer à Vancouver à l'âge de 100 ans en 1984. Après la mort de leur père, les enfants de Ross et Nora partirent dans différentes directions. Le benjamin de la fratrie, Al, le père de Jimi, effectua quelques petit boulots dans la région de Vancouver, avant de se lancer dans une carrière de boxeur qui l'amena à revenir à Seattle en 1936 où il s'installa définitivement en 1940[8].
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+ Les parents de Jimi se sont rencontrés lors d'un bal à Seattle en 1941, lorsque Lucille avait 16 ans[9]. Al Hendrix ne rencontre son fils que trois ans plus tard, car il est pris par ses obligations militaires, cantonné dans une base militaire en Oklahoma. Quant à Lucille, incapable d'assumer l'éducation de son fils à cause de son problème d'alcoolisme, elle ne s'en occupe pas. Démobilisé, Al Hendrix récupère Johnny, qu'il rebaptise James Marshall en mémoire de son frère décédé Leon Marshall Hendrix[10], et propose à Lucille de s'installer ensemble. Celle-ci donne naissance à Leon Hendrix en 1948. Cependant, le couple s'entend très mal, ne cesse de se disputer et finit par divorcer le 17 décembre 1951[11],[note 1].
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+ James est profondément affecté par les conditions de pauvreté et la négligence dans lesquelles il a grandi, mais aussi par les troubles familiaux qu'il a vécus dans son enfance, le divorce de ses parents lorsqu'il a neuf ans, et surtout le décès de sa mère, alcoolique, en février 1958. Hendrix est battu à maintes reprises par son père, Al Hendrix, qui souffrait lui aussi de graves problèmes d'alcool. Le fait qu'Hendrix ait vécu son enfance à Seattle explique peut-être la facilité avec laquelle il a réussi à transgresser les diverses barrières raciales ou culturelles. En effet, il a vécu dans un quartier où les échanges entre communautés étaient constants. Certes il y avait de la ségrégation, mais dans des proportions infiniment moindres que dans le Sud[11]. James lui-même est d'ascendance mélangée, noire, blanche et amérindienne.
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+ Son premier instrument de musique est un harmonica offert par son père pour ses 4 ans, mais il s'en lassera vite. Il acquiert alors sa première guitare à quinze ans (une acoustique achetée pour 5 dollars à un ami de son père), remplaçant avantageusement le ukulélé à une seule corde que son père lui avait donné après l'avoir surpris en train de jouer avec un balai[12]. Dès lors, il apprend la guitare en autodidacte en y consacrant tout son temps libre. Ses résultats scolaires s'en ressentent rapidement, mais Hendrix a désormais une obsession : devenir musicien[13]. Assez rapidement, le jeune Jimmy (pas encore « Jimi ») rejoint son premier groupe, The Velvetones. Il se procure sa première guitare électrique, une Supro Ozark 1560S, qu'il utilise avec son groupe suivant, The Rocking Kings[14].
18
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19
+ En 1961, mêlé à une histoire de voiture volée[15], Hendrix préfère s'enrôler dans l'armée plutôt que de risquer la prison[16]. Il y rencontre le bassiste Billy Cox[17]. En novembre 1962, il obtient le droit de porter l'écusson des Screaming Eagles, la 101e division aéroportée. Affecté à Fort Campbell (Kentucky), Hendrix forme The King Casuals avec Billy Cox à la basse[14],[18]. Il quitte l'armée deux ans plus tard à la suite d'une blessure. Hendrix raconte dans une interview qu'il a été réformé en raison d'une blessure au dos consécutive à un saut en parachute[19]. Il existe une controverse sur ce point, en effet Hendrix aurait essayé de quitter l'armée en se faisant passer pour homosexuel[20].
20
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21
+ Hendrix travaille comme guitariste, sous le nom de Jimmy dans divers groupes de rhythm and blues qui tournent dans ce qu'on appelle alors le Chitlin' Circuit (le circuit des clubs fréquentés par les Afro-Américains). Il enregistre à l'occasion en tant que musicien de session[21].
22
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23
+ Fin 1965, Hendrix joue avec certains musiciens de renom tels que Sam Cooke, Ike and Tina Turner (Kings of Rhythm)[22], les Isley Brothers et surtout Little Richard. Ce dernier estime que Jimi se met trop en avant et décide de se passer de ses services[23]. D'autres sources prétendent que Jimi Hendrix a été licencié par Ike Turner car le groupe Ike and Tina exigeait de la précision et que Hendrix ne pouvait s'empêcher d'improviser. En 1965, Hendrix rejoint Curtis Knight & The Squires, un groupe new-yorkais sans grande envergure. Le 15 octobre 1965, Hendrix signe un contrat d'enregistrement de trois ans avec un producteur nommé Ed Chalpin, pour seulement 1 dollar et 1 % de royalties des ventes des enregistrements effectués avec Curtis Knight. Sans incidence sur le coup, ce contrat a des conséquences désastreuses par la suite[24].
24
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25
+ Installé à Greenwich Village, Hendrix décide de jouer sa propre musique et devient le leader de Jimmy James & The Blue Flames. Randy California, futur membre de Spirit, est guitariste au sein de ce groupe. Il n'existe aucun enregistrement amateur de ce groupe. Le témoignage de Mike Bloomfield permet toutefois de se faire une idée de la façon dont Hendrix joue en 1966 ; « La première fois que j'ai vu Jimi jouer, c'était avec Jimmy James & The Blue Flames. Je jouais avec Paul Butterfield et je pensais être le meilleur guitariste du coin ! Je n'avais jamais entendu parler d'Hendrix. Alors quelqu'un m'a dit : « Tu devrais aller écouter le guitariste de John Hammond.» J'étais au Cafe au Go Go et il était au Nite Owl ou au Café Wha?, j'ai traversé la rue et je l'ai vu. Hendrix savait qui j'étais, et ce jour-là, en face de moi, il m'a désintégré. Des bombes H dégringolaient, des missiles téléguidés volaient dans tous les coins - je ne te raconte pas les sons qui sortaient de sa guitare. Tous les sons que je devais l'entendre reproduire plus tard, il les a faits, dans cette pièce, avec une Strat, un Twin, une Maestro Fuzz-Tone, et c'est tout ; il jouait à un volume très poussé. »[25]
26
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27
+ En 1966, il fait la rencontre de Linda Keith, mannequin qui sort alors avec Keith Richard, guitariste des Rolling Stones. Elle organise sa rencontre avec le bassiste des Animals, Chas Chandler, qui souhaite devenir manager. La rencontre des deux hommes se fait au Café Wha? où Hendrix se produit[26]. Chandler lui propose de venir se faire connaître et d'enregistrer son premier single au Royaume-Uni, alors en pleine effervescence musicale avec des groupes comme les Beatles et les Rolling Stones. Jimi Hendrix aurait accepté à condition de rencontrer celui qui apparaît comme la référence britannique de l'époque à la guitare : Eric Clapton. Sur le chemin, il adopte alors définitivement le nom de « Jimi Hendrix » (au lieu de « Jimmy ») sur les conseils de son manager[27].
28
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29
+ Il rencontre Clapton pour la première fois lors d'un concert de Cream (le trio qu'il venait de créer avec Ginger Baker et Jack Bruce) le 1er octobre 1966 au Central London Polytechnic. Considéré comme le meilleur guitariste de blues anglais depuis son passage chez John Mayall, Eric Clapton accepte que Jimi Hendrix les rejoigne sur scène (malgré la réticence de Ginger Baker). Dans son autobiographie, Clapton raconte comment Jimi Hendrix a alors interprété le Killing Floor de Howlin' Wolf ; « Il a joué de la guitare avec les dents, derrière la tête, allongé par terre, en faisant le grand écart et d'autres figures. C'était stupéfiant et génial musicalement, pas uniquement un vrai feu d'artifice à contempler. […] Je pris peur, car, juste au moment où on commençait à trouver notre vitesse de croisière, voilà qu'arrivait un vrai génie »[28].
30
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31
+ Peu de temps après son arrivée à Londres, des auditions sont organisées pour trouver les musiciens qui l'accompagneraient. Il recrute dans un premier temps Noel Redding qui postulait pourtant comme guitariste — il ne jouait pas encore de basse alors — au sein des Animals, l'ancien groupe de Chas Chandler.
32
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33
+ Peut-être inspiré par Cream, Hendrix et Chas Chandler décident d'opter pour un trio et s'adjoignent les services de Mitch Mitchell. Selon Jon Hiseman (le futur batteur de Colosseum), Mitchell était à ce stade inconnu du cercle des jazzmen de Londres. Amateur d'Elvin Jones et de Max Roach, il officiait auparavant dans un groupe où il n'avait aucune liberté[27].
34
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35
+ Impressionné par Hendrix qu'un de ses amis rencontre dans un club londonien, Johnny Hallyday lui propose de roder son nouveau groupe en faisant sa première partie lors des quatre dates suivantes : le 13 octobre 1966 à Évreux[29], le 14 à Nancy[30],[31],[32], le 15 à Villerupt[33] et surtout le 18 à Paris à l'Olympia. Cette dernière date est importante : Europe 1 proposait alors une émission appelée Musicorama dont l'équipe a enregistré professionnellement la courte performance du Jimi Hendrix Experience[34].
36
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37
+ Le 16 décembre 1966, Hey Joe marque les débuts discographiques du Jimi Hendrix Experience. Le single entre dans les charts anglais le 5 janvier 1967[35], et monte même jusqu'à la sixième place. La plupart des biographes s'accordent sur l'intérêt que Chas Chandler, le manager de l'Experience, manifestait pour ce titre avant même de découvrir Jimi Hendrix. C'est donc sans surprise que le choix s'est porté sur la composition de Billy Roberts, que Jimi jouait déjà au Café Wha? avec les Blue Flames[27]. Le 26 décembre, Hendrix compose Purple Haze dans les coulisses d'un club[35], Chas Chandler comprend aussitôt que l'Experience tient là un tube en puissance. Et les faits lui donnent rapidement raison : publié le 17 mars 1967 en Angleterre, le titre rentre dans les charts dès le 23 mars et culmine même à la troisième place. Au-delà du succès commercial, Purple Haze est avant tout une réussite artistique majeure : Hendrix n'est pas seulement le meilleur instrumentiste de la musique rock, il est aussi un compositeur original dont les conceptions sont révolutionnaires[36]. Hendrix n'a pourtant ni l'inventivité mélodique des Beatles, ni la maîtrise harmonique de John Coltrane, mais dès son deuxième single, il crée un univers musical dépassant ses influences, univers dont la singularité est renforcée par sa maîtrise du studio et des effets. Purple Haze ne ressemble à rien de ce qui a été fait auparavant ; l'« Experience » peut véritablement commencer.
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+ Le 24 janvier 1967 l'Experience donne un concert mémorable au Marquee Club de Londres, la crème de la pop music est là, incluant les meilleurs guitaristes du moments[37].
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+ En novembre 1967, le groupe se produit au Bag O' Nails à Londres, devant un parterre de musiciens tel Eric Clapton, John Lennon, Paul McCartney, Jeff Beck, Pete Townshend, Brian Jones, Mick Jagger et Kevin Ayers[27].
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+ Le troisième single du Jimi Hendrix Experience, The Wind Cries Mary, a été enregistré le même jour que le basic track de Purple Haze. En seulement vingt minutes selon Chas Chandler[38] : la réalité est sans doute un peu différente (enregistrer le basic track, le solo et le chant en aussi peu de temps relèverait de l'exploit), mais il n'en demeure pas moins que ce single est typique de la production de Chas Chandler, et de son mode opératoire : travailler vite et bien[27]. Musicalement, The Wind Cries Mary tranche singulièrement avec les deux premiers singles ; c'est une ballade minimaliste, où se fondent les influences de Bob Dylan et de Curtis Mayfield.
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45
+ Le premier album du groupe, Are You Experienced, sort le 12 mai 1967. Véritable pierre angulaire de la guitare électrique, il partage les instrumentistes entre anciens et modernes. Considéré comme l'un des meilleurs disques de rock par la critique, il constitue non seulement la base du répertoire de l'Experience, mais aussi du trio Hendrix/Redding/Mitchell. Une prise inédite de I Don't Live Today[39] montre que le guitariste se dirigeait vers une musique plus audacieuse encore, que la production de Chandler a sans doute limité, conscient que les plages trop libres étaient autrement moins vendeuses.
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47
+ Le 4 juin 1967, Hendrix interprète au Saville Theatre de Londres une version du morceau titre de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, le nouvel album des Beatles publié seulement trois jours auparavant. Paul McCartney et George Harrison, présents dans l'assistance, sont impressionnés par la performance, même si le reste du concert est entaché de problèmes d'ordre technique[27]. C'est sur les bons conseils de Paul McCartney que les organisateurs du Monterey International Pop Festival ont invité le Jimi Hendrix Experience, alors au sommet de sa popularité en Angleterre[40].
48
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49
+ Leur performance du 18 juin 1967 est historique ; de virtuellement inconnu aux États-Unis, le groupe est rapidement devenu culte dans les cercles rock, à défaut d'être véritablement connu du grand public[27]. Immortalisée par le film de D. A. Pennebaker (puis plusieurs dizaines d'années plus tard sur l'album Live at Monterey), la réputation de showman de Jimi Hendrix était faite pour les années à venir. Pour le meilleur et pour le pire. Car si Monterey est certainement l'un des meilleurs concerts de rock de tous les temps, Jimi Hendrix dégrade son image auprès des musiciens « sérieux » qui le prennent pour un frimeur (même si un Miles Davis ne s'arrête pas à ça[41]), mais aussi vis-à-vis du public qui attend de lui plus souvent un show qu'une performance strictement musicale. Une image particulière reste dans les mémoires ; le moment où il sacrifie sa Stratocaster en l'immolant par le feu avant de la fracasser sur le sol, rite qu'il effectue pour la première fois, sur les conseils du journaliste Keith Altham, le 31 mars 1967 sur la scène du London Astoria sur le titre Fire (brûlé légèrement aux deux mains à cette occasion, il doit être hospitalisé) et qu'il reproduit à la fin du festival de Monterey[42]. Dans l'album Zoot Allures Zappa joue sur la guitare que Jimi Hendrix a brûlée en 1967 sur la scène du Finsbury Astoria à Londres[43]. Après l'avoir récupérée, Zappa l'avait laissée plusieurs années en souvenir dans le garage de ses parents avant de la faire restaurer[note 2].
50
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51
+ Le groupe enregistre ensuite Burning of the Midnight Lamp, son single suivant, avant d'assurer la première partie des Monkees lors de sa tournée américaine de l'été 1967, à la suite d'une très mauvaise appréciation des publics respectifs des deux groupes par Mike Jeffery, l'autre manager de l'Experience. Le groupe ne remplit toutefois pas ses obligations contractuelles et quitte la tournée avant son terme en prétextant la plainte des Daughters of the American Revolution, une ligue de morale, selon laquelle Hendrix serait trop érotique pour les jeunes fans des Monkees[45].
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53
+ Après une série de concerts, le groupe enregistre à Londres de nouvelles compositions qui donnent la matière du deuxième album du groupe, Axis: Bold as Love, publié en décembre 1967. C'est un album très différent de l'opus précédent : Hendrix se concentre ici sur ses talents de guitariste rythmique et d'auteur-compositeur. L'influence de la production de Chas Chandler est encore très présente ; la plupart des titres ne dépassent pas les trois minutes[35]. Dans la foulée, Hendrix enregistre à Londres une reprise du All Along the Watchtower de Bob Dylan.
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+ Après une tournée américaine, Hendrix décide de continuer l'enregistrement de son troisième album au Record Plant, à New York. Hendrix tire profit au maximum des progrès technologiques de l'époque : l'album Electric Ladyland est enregistré sur un magnétophone 16 pistes, laissant à son créateur une liberté orchestrale jusqu'alors inespérée[35]. Hendrix, peu conventionnel dans sa manière de travailler, convie régulièrement qui veut bien venir au studio… où les ingénieurs du son doivent presque s'excuser de prendre leur place, nécessairement contraignante d'un point de vue strictement technique[35].
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+ Lors de l'enregistrement de Gypsy Eyes, Chas Chandler jette l'éponge : Hendrix est désormais son propre producteur[35]. Cet enregistrement marque aussi une nette détérioration des rapports qu'il entretient avec Noel Redding, son bassiste. Ce dernier se plaint du peu de place que son leader lui laisse au sein du groupe, mais aussi de la tournure que prennent les sessions, où Hendrix ne semble jamais satisfait des prises enregistrées. Noel Redding ne joue d'ailleurs que sur quelques titres du dernier album de l'Experience[27]. De plus, Hendrix ne se limite pas aux seuls membres de l'Experience en studio et multiplie les rencontres avec des musiciens réputés (Steve Winwood, Chris Wood, Buddy Miles, Jack Casady et Al Kooper) qui se joignent à lui sur des compositions variées et d'une rare richesse : Voodoo Child (Slight Return) et 1983… (A Merman I Should Turn to Be) figurent parmi les œuvres les plus ambitieuses de sa carrière[35].
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+ Le 7 mars 1968, l'Experience se produit au Steve Paul's Scene où ils exécutent un set assez peu habituel (composé essentiellement de reprises) et se voient contraints de jouer avec un Jim Morrison ivre perturbant le bon déroulement du concert, s'étant invité sur la scène. Entre-temps, l'Experience publie la compilation Smash Hits en avril 1968 en Angleterre, puis l'année suivante aux États-Unis.
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61
+ Electric Ladyland est le troisième album de Jimi et le dernier de l'Experience, il sort le 25 octobre 1968. L'album-concept de Jimi Hendrix est initialement présenté sous la forme d'un double LP. Electric Ladyland est généralement considéré comme son album le plus abouti, avec de longues plages instrumentales. En répétition comme en concert, l'Experience évolue au fil des mois. Centrées sur des chansons relativement courtes aux débuts du groupe[46], les performances sont désormais le théâtre de longues improvisations dépassant souvent les dix minutes[47] (cf. la version d'un quart d'heure de Voodoo Chile, 1983 dure 13 min 39 s…).
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63
+ Depuis la sortie de l'album Electric Ladyland, les rapports au sein du groupe deviennent plus fluctuants avec les invitations lancées à de nombreux musiciens pour partager un moment (« pour le fun » et l'expérimentation ainsi que le nom du groupe le présage) ; et les sessions d'enregistrement qui s'ensuivent donnent de longues jams informelles (caractéristiques de l'acid rock), plutôt que des compositions rapidement achevées et publiables sur un disque de rock standard[35].
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+ Le 3 mai 1969, le Jimi Hendrix Experience arrive à 9 heures et demie à l'aéroport international de Pearson à Toronto (Ontario, Canada). Les douanes canadiennes trouvent dans l'un des sacs du guitariste des substances illicites ; il est aussitôt arrêté puis emmené au siège de la police dans le centre-ville de Toronto. Il est libéré contre une caution de 10 000 dollars en espèces et doit comparaître devant le tribunal de Toronto le 5 mai. Les conséquences de cet incident sont désastreuses : Hendrix vivra avec la crainte d'un emprisonnement jusqu'à la fin de l'année 1969[48].
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+ Après une ultime tournée américaine au printemps 1969, le groupe se sépare après sa performance de Denver, le 29 juin 1969[49].
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+ Début juillet 1969, Jimi Hendrix est invité à deux émissions importantes ; le Dick Cavett Show puis le Tonight Show. Il est accompagné par Billy Cox lors de la seconde émission. En fait, cela fait déjà plusieurs semaines qu'il répète et enregistre avec son ancien ami de l'armée. Dans la perspective d'un nouvel album studio, Hendrix s'installe à la Shokan House, à l'écart de l'agitation rencontrée à New York, afin de se concentrer sur son nouveau projet[27] : le Gypsy Sun & Rainbows. En plus de Billy Cox, il rassemble autour de lui Larry Lee à la guitare (qu'il connaît depuis 1963[15]), Juma Sultan et Jerry Velez aux percussions. Hendrix était manifestement intéressé par l'idée de jouer avec des percussionnistes : les percussionnistes de Santana ont ainsi participé à la jam du Tinker Street Cinema début août 1969[50]. La musique produite par le groupe se démarque du rock psychédélique de l'Experience, notamment par les formes musicales plus libres que le groupe expérimente. Mitch Mitchell rencontre Hendrix durant l'été et redevient le batteur du groupe.
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+ Au mois d'août 1969, Jimi Hendrix est l'une des têtes d'affiche du Festival de Woodstock. Il se produit le dernier jour. Malgré le retard pris par le festival, le management de Jimi Hendrix refuse de changer l'ordre d'entrée en scène des groupes. Sans le film, la performance de Jimi Hendrix ne serait certainement pas devenue légendaire : le Gypsy Sun & Rainbows n'entre en scène que le matin du lundi 18 août 1969, ce qui explique un public clairsemé lorsqu'il se produit. Il est primordial de souligner que les mixages des différentes versions audio et vidéo[51] mettent presque systématiquement le trio Hendrix/Cox/Mitchell en avant. Larry Lee est légèrement audible. Quant aux deux percussionnistes, ils sont quasi inaudibles d'un bout à l'autre. Juma Sultan regrettera amèrement le mixage power trio du Gypsy Sun & Rainbows, trouvant dommage d'avoir supprimé le foisonnement de percussions qui accompagne Star Spangled Banner[52]. Inversement, John McDermott défend que le jeu foisonnant de Mitch Mitchell ne se marie pas bien avec celui des deux percussionnistes. Larry Lee revenait alors du Viêt Nam, et n'était certainement pas prêt à un tel évènement : seul son chant opère convenablement. Les deux titres qu'il chante lors de ce concert n'ont toutefois jamais eu les honneurs d'une publication officielle. Si les enregistrements pirates[53] de la performance du Gypsy Sun & Rainbows montrent que le groupe n'était pas toujours en place, il n'empêche que la seconde partie du concert, portée à bout de bras par un Hendrix pourtant épuisé[54], reste l'un des plus grands moments d'improvisation de la musique rock. L'interprétation de l'hymne américain par le guitariste, véritable Guernica musical est le point d'orgue du festival. Plus proche ici du free jazz que de la musique rock, son approche de la guitare y est totalement révolutionnaire. D'autres guitaristes avaient utilisé le vibrato ou le feedback (comme Jeff Beck au sein des Yardbirds) avant lui. Mais il est le premier à avoir construit un langage inédit reprenant toutes ces techniques comme vocabulaire. Le passage central montre une vision musicale allant largement au-delà de genres établis comme le blues ou le rock : cris, bombes, Hendrix plonge avec sa musique dans l'univers de ses contemporains. Sa maîtrise du feedback sur les ultimes notes montre sa maîtrise des effets sonores (diversité des choix et réactivité instantanée). Avec Star Spangled Banner, Hendrix cristallise toute l'ambiguïté de l'intervention militaire des États-Unis au Viêt Nam.
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+ Le groupe se sépare après quelques séances en studio peu productives (aucun album ne sera tiré de ces séances) et deux autres concerts début septembre. Mitch Mitchell[55] et Billy Cox[35] s'accordent sur le fait que le groupe ne progressait pas musicalement.
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+ Pour la Saint-Sylvestre 1969, au Fillmore East de New York, c'est avec une nouvelle formation que Jimi Hendrix se produit. Le Band of Gypsys est un trio entièrement afro-américain composé de Billy Cox et du batteur Buddy Miles. Jimi Hendrix y dévoile une évolution vers un jeu plus funk et y donne quatre concerts à l'occasion du nouvel an 1970 (les 31 décembre 1969 et le 1er janvier 1970, avec deux concerts par jour). Un album Live, Band of Gypsys, en est tiré : ce sera le dernier album publié de son vivant. La presse rock a été globalement déçue par une œuvre qui marquait, selon elle, un recul créatif vis-à-vis du troisième album de l'Experience (via un retour au rhythm and blues), et qui n'aurait pas dû sortir, de l'avis de Jimi Hendrix lui-même : « Je n'étais pas trop satisfait de l'album Band of Gypsys. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je ne l'aurais jamais sorti[56]. » L'album est en effet né de problèmes juridiques et non de la volonté initiale du musicien. Inversement, beaucoup voient dans le Band of Gypsys un groupe fondateur jetant les bases de nombreux courants musicaux des années 1970 : rock funk (Parliament/Funkadelic), jazz rock (Miles Davis, Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin), etc. Miles Davis note d'ailleurs dans son autobiobraphie[41] que c'est le groupe de Jimi Hendrix qu'il préférait. Durant les années 2000, la famille Hendrix publiera un double album contenant des enregistrements inédits tirés de cette série de concerts contenant d'excellentes versions.
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+ Le 28 janvier 1970, lors d'un concert donné au Madison Square Garden, dans le cadre du Winter Festival For Peace, le Band of Gypsys doit se produire gratuitement, afin de soutenir des opposants à la guerre du Viêt Nam. Le groupe monte sur scène vers trois heures du matin, dans ce qui s'avèrera être sa dernière performance, et peut-être le plus gros fiasco de toute la carrière de Jimi Hendrix. Après avoir présenté les membres de son groupe, alors qu'une jeune femme réclame Foxy Lady, Hendrix lui répond que « Foxy Lady est assise par là, en sous-vêtement jaunes, sales et tachés de sang. »
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+ Le groupe se lance alors dans une version particulièrement peu inspirée de Who Knows. Selon tous les témoins présents ce soir-là, Hendrix n'était pas en état de monter sur scène. Johnny Winter confiera par la suite que, pour lui, « c'était comme s'il était déjà mort. »[57] Manifestement, Hendrix n'est pas dans son état normal : sur Who Knows, contrairement à son habitude, il ne mélange pas guitare et chant. La version qui suit de Earth Blues est encore moins convaincante, Hendrix interpellant ainsi le public alors qu'il s'arrête de jouer : « C'est ce qui arrive lorsque la Terre baise avec l'Espace, n'oubliez jamais ça. Voilà ce qui arrive[58]! » Buddy Miles tenta de calmer le jeu, faisant face à la stupéfaction de l'audience en promettant un retour sur scène qui n'arrivera pas : Hendrix débranche sa Stratocaster et quitte définitivement la scène, laissant à Buddy Miles le soin de gérer la foule. Aujourd'hui encore, la controverse historique reste entière sur ce qui s'est véritablement passé cette nuit-là au Madison Square Garden. Mike Jeffery profita de l'occasion pour virer sur le champ Buddy Miles… ce dernier accusant le manager d'avoir donné à Hendrix une dose de LSD le rendant dans l'incapacité de jouer. D'autres mettent en cause Devon Wilson, une des petites amies de Hendrix. On ne saura probablement jamais le fin mot de l'histoire[59].
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+ Lors de son interview du 4 février 1970, menée par John Burks pour Rolling Stone (à l'initiative de Mike Jeffery), Hendrix reviendra sur la performance du Madison Square Garden : « C'est comme la fin d'un commencement ou quelque chose comme ça, je pense que le Madison Square Garden est comme la fin d'un long conte de fées. Ce qui est génial […]. En ce qui me concerne, le Band of Gypsys était formidable. […] C'est juste histoire de changer de tête, de se renouveler. […] J'étais très fatigué. » Il précisa ensuite qu'il avait affronté la plus grande guerre intérieure de toute sa vie, et que « ce n'était pas l'endroit pour le faire. »
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+ Le concert donné le 25 avril 1970 au L.A. Forum marque le retour de Jimi Hendrix sur le devant de la scène : c'est la première de ce qui s’avérera son ultime tournée américaine (le Cry of Love Tour). Première d'autant plus importante que c'est avec un nouveau groupe que Jimi Hendrix se présente : si Billy Cox est toujours à la basse, Mitch Mitchell est de retour à la batterie. Contrairement à ce que l'interview donnée en février 1970 à John Burks aurait pu faire croire, Jimi Hendrix n'a pas reformé l'Experience avec ses membres d'origine. Le nom de cette formation est d'ailleurs toujours sujet à caution ; « Jimi Hendrix Experience » selon Billy Cox, « Cry of Love Band » pour d'autres, Jimi Hendrix semble n'avoir jamais véritablement clarifié ce point.
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+ Cette tournée marque aussi une reprise en main de sa carrière : Hendrix enregistre en une semaine son nouvel album studio et se produit en concert le week-end, afin de financer les travaux de construction de l'Electric Lady, son propre studio (à parts égales avec Mike Jeffery). Le rythme de cette tournée, autrement plus raisonnable que celui des tournée US précédentes, n'est pas étranger à la qualité tant des sessions studio que des concerts. Les critiques, biographes et journalistes tendent à décrire cette tournée dans des termes pour le moins mitigés. Pourtant, ainsi que John McDermott le souligne dans Setting The Record Straight, la tournée américaine de 1970 marque le retour d'une grande créativité.
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+ Selon Billy Cox, Hendrix n'arrêtait pas de setlists précises[60] : il se contentait de préciser uniquement les premiers titres qu'ils allaient jouer. Le répertoire du groupe est d'ailleurs nettement moins stéréotypé que celui de l'Experience. Jimi Hendrix inaugure le 15 juin 1970 son propre studio d'enregistrement à New York, Electric Lady. Selon la plupart des témoignages, Hendrix aborde les séances avec plus de sérieux que par le passé, même si ses sautes d'humeur et sa relation avec Devon Wilson compliquaient parfois leur bon déroulement[61]. Après des mois de chaos personnel et de doutes artistiques, Hendrix retrouve son inspiration et progresse dans la création de son quatrième album studio. Les sessions comme celles du 1er juillet 1970 montrent son renouveau artistique. Sa musique est nettement plus rythmique, plus composée. Hendrix l'architecte prend le pas sur Hendrix l'instrumentiste. La guitare sert le discours, et non l'inverse.
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+ Hendrix n'aura toutefois pas le temps de terminer ce quatrième album First Rays of the New Rising Sun, dont le matériel sera publié dans un premier temps sur The Cry of Love, Rainbow Bridge - Original Motion Picture Sound Track (1971), War Heroes (1972) et Loose Ends (1973). First Rays of the New Rising Sun (1997) présentera la vision que les producteurs ultérieurs de Hendrix avaient de cet ultime album. Historic Performances Recorded at the Monterey International Pop Festival sort le 26 août 1970 par Reprise Records aux États-Unis et par Atlantic Records en France. L'album présente plusieurs chansons issues des concerts d'Otis Redding et de l'Experience au Monterey International Pop Festival le 18 juin 1967. Le concert dans son intégralité ne sera publié qu'en 1986 sur l'album Jimi Plays Monterey puis en 2007 sur Live at Monterey.
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+ Afin de financer le studio qu'il vient d'inaugurer officiellement, Hendrix accepte à contrecœur de se lancer dans ce qui s’avérera être son ultime tournée européenne. Son trio se produit notamment le 30 août au festival de l'île de Wight, au sud de l'Angleterre.
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+ « Pour être franc, c'était un mauvais concert. Je ne peux pas dire si le cœur de Jimi y était. Une chose est certaine, rétrospectivement, c'est que nous aurions vraiment dû répéter une fois. C'est étrange parce que le groupe jouait tellement bien, il était réglé comme une horloge. À ce stade, nous étions tous confiants vis-à-vis de nos jeux respectifs. Il n'y avait aucune raison que le concert soit peu réjouissant. Mais le feeling n'était pas au rendez-vous » en dira Mitch Mitchell[62].
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+ La performance du 2 septembre 1970 (Aarhus) est pire encore : Hendrix quitte la scène après seulement quelques titres. Hendrix semble très déprimé, et consomme beaucoup de drogues[15]. Il déclare dans un entretien que « Je ne suis pas sûr que j'atteindrai vingt-huit ans. Je veux dire qu'au moment où musicalement, je sentirai que je n'ai plus rien à donner, je ne serai plus de ce monde[63]. » La tournée n'est toutefois pas aussi mauvaise que ces deux évènements pourraient le laisser penser : les concerts des 1er (Göteborg) et 3 septembre 1970 (Copenhague) sont en effet remarquables[64]. La santé de Billy Cox oblige toutefois le management du groupe à annuler le reste de la tournée : le concert donné sur l'île de Fehmarn (en Allemagne) dans le cadre du Love and Peace Festival le 6 septembre 1970 sera le dernier du trio.
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+ Hendrix regagne Londres, et donne son dernier entretien le 11 septembre 1970. Le 16 septembre 1970, Hendrix rejoint War, le nouveau groupe d'Eric Burdon, au Ronnie Scott's et joue sur deux titres, qui constituent les ultimes enregistrements amateurs du guitariste[65]. Le 17 septembre, veille de sa mort, Hendrix pose pour des photos par sa nouvelle petite amie Monika Danneman[66].
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+ Le 18 septembre 1970, Hendrix est retrouvé mort au Samarkand Hotel (Londres). Les circonstances exactes de sa mort sont incertaines, mais il est probablement mort asphyxié par son vomi, consécutivement à un abus de barbituriques (Vesparax) lié à une prise d'alcool[67]. Néanmoins, James Tappy Wright, son ancien assistant, affirme en 2009 qu'Hendrix aurait été assassiné par son manager Michael Jeffery qui lui aurait fait ingurgiter de force des pilules et de l'alcool[68]. Il est enterré à Seattle, sa ville natale, le 1er octobre 1970, en dépit de sa volonté d'être inhumé à Londres. Il est entré dans le Club des 27 regroupant les figures de la musique mortes à vingt-sept ans.
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+ En mars 1971, sort le premier album posthume de Hendrix : The Cry of Love, suivi de Rainbow Bridge quelques mois plus tard. Ces albums contiennent les derniers enregistrements studios de Hendrix qui auraient dû figurer sur First Rays of the New Rising Sun qui ne sortira qu'en 1997. C'est Michael Jeffery qui supervise les publications jusqu'en 1974, qui publie également des albums lives (dont l'Ile de Wight ou le Royal Albert Hall) et deux nouveaux albums studios comportant les « fonds de tiroir » dont la qualité baisse sensiblement (War Heroes en 1972, puis Loose Ends en 1974), accompagné d'une baisse commerciale et critique. En effet, ces deux albums mélangent chansons à peu près terminées avec celles qui sont inachevées ou des jams sessions non publiables en l'état.
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+ En 1974, après que Michael Jeffery meurt dans un accident d'avion, l'héritage de Jimi Hendrix est confié à Alan Douglas. Ce dernier publie deux nouveaux albums en 1975 : Crash Landing et Midnight Lightening. Si le premier est un succès commercial, leur sortie provoque une controverse. En effet, Alan a engagé des musiciens de studio pour rejouer des parties mauvaises ou manquantes sur les enregistrements originaux de répétitions (basse, batterie et même guitare de Jimi), voulant les mettre au goût du jour. Ses nouvelles publications dans les années 1980 seront pour la plupart des albums lives, parfois controversés.
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+ En 1995, alors qu'Alan Douglas venait de rééditer les versions remastérisées des trois albums studio de l'Experience, et de publier un nouvel album studio (Blues), il écarte The Cry of Love et décide de le remplacer par Voodoo Soup qui contenait en plus un inédit The New Rising Sun et un mixage différent des autres chansons de l'album. Cette publication provoque une nouvelle controverse auprès des amateurs du guitariste. Pour ces deux publications, Alan Douglas ne fait plus appel aux musiciens de studio grâce au numérique qui permet de remplacer une partie manquante de chanson par une autre partie de la même.
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+ En 1997, après qu'Alan Douglas a cédé l'héritage musical à la famille de Jimi, cette dernière ressort à nouveau les albums de l'Experience remastérisés (avec la fusion des éditions britanniques et américaines de Are You Experienced), et publie la troisième version du dernier album de Hendrix sous son titre original First Rays of the New Rising Sun. Cette sortie sera suivie du controversé South Saturn Delta (qui mélange chansons inédites, non gardées dans l'album précédent et des maquettes pas forcément publiables en leur état). Ces deux disques remplacent quasiment à eux seuls les quatre albums publiés par Jeffery dans les années 1970. Après cela, la famille publie dans les années suivantes une série de live (qui remplacent ceux d'Alan) et deux coffrets mélangeant inédits et chansons connues (studio et live) retraçant la carrière du guitariste (The Jimi Hendrix Experience en 2000 et West Coast Seattle Boy en 2010). De plus, de nombreuses jam sessions sont publiées à travers le label Dagger Records sous forme d'albums pirates officiels.
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+ Dans les années 2010, trois albums studios sont publiés avec des enregistrements inédits, datant pour la plupart de l'année 1969 : Valleys of Neptune, People, Hell & Angels et Both Sides of the Sky.
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+ « Pour jouer le Rhythm & Blues, Hendrix était de loin le plus grand expert que j'ai pu entendre dans le style de musique développé par Bobby Womack, Curtis Mayfield et Eric Gale, entre autres. J'ai l'impression qu'il n'y avait aucun style de guitare qu'il n'ait soit entendu, soit étudié, y compris la guitare hawaïenne et la dobro. Dans son jeu, on pouvait clairement entendre Curtis Mayfield, Wes Montgomery, Albert King, B.B. King et Muddy Waters. Jimi était le plus black des guitaristes. Sa musique émanait des formes musicales les plus anciennes, pré-blues, comme ce qu'on chante pendant le travail de la terre ou les mélodies gospel. D'après ce que j'ai pu recueillir, il n'y avait pas de genre de musique noire qu'il n'ait écouté ou étudié, mais il aimait surtout les formes anciennes de la musique noire, et ça transpirait de son jeu. On a souvent parlé de Son House et de vieux bluesmen, mais ce qui l'épatait, c'était les vieux disques de Muddy Waters et John Lee Hooker où la guitare est énormément amplifiée par le studio, pour lui donner une présence qu'elle n'avait pas en réalité. Il connaissait ça : on peut entendre tous les trucs de John Lee Hooker et Muddy Waters sur la version longue de Voodoo Child (Electric Ladyland). Je ne l'ai jamais entendu jouer quoi que ce soit qui ressemble à du jazz, mais je l'ai entendu jouer comme Mahavishnu (John McLaughlin). Il cherchait à jouer des mélodies avec un sustain permanent ; il était plongé dans le feedback depuis les Yardbirds et autres groupes anglais. Je crois même l'avoir entendu parler de Beck's Bolero. »
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+ — Mike Bloomfield, Série Guitare & Claviers 1990
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+ Le blues constitue la base du vocabulaire guitaristique utilisé par Jimi Hendrix. Il reprend les techniques des grands bluesmen qui permettent de développer un jeu expressif, mais aussi leur langage harmonique où l'ambiguïté majeur/mineur joue un rôle important. Il est difficile d'établir une liste exhaustive des guitaristes de blues ayant influencé Hendrix. On peut toutefois se faire une idée assez précise de ses principales influences via les reprises qu'il joua en concert ou en club, mais aussi des entretiens qu'il accorda : Albert King (Born Under a Bad Sign[69]), B.B. King (Rock Me Baby[70]), Elmore James (Bleeding Heart[71]), Hubert Sumlin, le guitariste de Howlin' Wolf (Killing Floor[70]), Freddie King (San-Ho-Zay[72]), Muddy Waters (Hoochie Coochie Man & Catfish Blues[73]), Albert Collins (Drivin' South[73]), mais aussi Buddy Guy, John Lee Hooker ou Robert Johnson. Le 9 octobre 1967 à Paris à l'Olympia, il interpelle ainsi le public ; « Avez-vous entendu parler de Muddy Waters ? Et de John Lee Hooker ? »[74]
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+ Son style de guitare rythmique, tel qu'on peut l'entendre sur Little Wing ou Bold as Love, est inspiré, en plus complexe, de celui développé par Curtis Mayfield, reconnu par Hendrix comme l'une de ses influences majeures[27].
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+ Bob Dylan, dont il reprendra plusieurs morceaux (All Along the Watchtower, Like a Rolling Stone, Drifter's Escape et Can You Please Crawl Out Your Window), influencera Hendrix en tant qu'auteur, mais aussi en tant que chanteur : la technique vocale limitée de Dylan lui donnera confiance en sa propre voix[27].
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+ Hendrix est aussi influencé par le rock anglais. Il reprend le Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles à plusieurs reprises, et il s'inspire des idées développées sur l'album Revolver publié en 1966, où certaines bandes sont jouées à l'envers sur Tomorrow Never Knows, dont Hendrix reprendra le thème[75] en concert. Le titre Are You Experienced reprend ce procédé de façon plus poussée. Hendrix reprend à plusieurs reprises Sunshine of Your Love de Cream (citant régulièrement le solo de Clapton) et s'est peut-être inspiré du feedback tel que Jeff Beck l'utilisait au sein des Yardbirds. Il utilise d'ailleurs le riff du Rice Pudding du Jeff Beck Group pour conclure l'une de ses compositions (In From the Storm). Enfin, il n'est pas exclu que Jimi Hendrix ait été influencé par les prestations scéniques des Who, dont Pete Townshend, le guitariste, utilisait des amplis Marshall avant lui.
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+ Au cours des dernières années de sa vie, Hendrix s'intéresse de plus en plus au jazz, jouant avec Roland Kirk, enregistrant avec Larry Young[76], John McLaughlin et Dave Holland[77], qui participèrent aux premiers enregistrements électriques de Miles Davis, avec lequel Hendrix commençait à entretenir certains rapports[41]. À la fin de sa vie, il avait prévu d'enregistrer avec Gil Evans[27]. À l'écoute de sa version de l'hymne américain ou de « Machine Gun », il est difficile de ne pas faire le lien avec le free jazz et sa volonté de libérer l'improvisateur des contraintes harmoniques et rythmiques.
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+ Jimi Hendrix n'a publié de son vivant que quatre albums (trois albums studio et un album en public) : Are You Experienced, Axis: Bold as Love, Electric Ladyland et le Band of Gypsys. Ces quatre albums sont des classiques de la musique rock. Mais il laisse derrière lui des centaines d'heures d'enregistrements, de natures très diverses : compositions sur lesquelles il travaillait dans la perspective de publier son quatrième album studio, ébauches plus ou moins embryonnaires de compositions en devenir, démos personnelles enregistrées chez lui, jams en studio ou en concert, concerts enregistrés professionnellement ou par des amateurs.
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+ La qualité de ces enregistrements, tant musicale que technique, est tout à fait variable. La discographie officielle de Jimi Hendrix est particulièrement complexe, et très inégale : certains albums ont été publiés en dépit de toute considération artistique[78]. Parmi les albums posthumes salués majoritairement par la critique et les amateurs on trouve : The Cry of Love (dont on retrouve l'intégralité du matériel sur First Rays of the New Rising Sun), Rainbow Bridge - Original Motion Picture Sound Track et Blues pour les albums studio, Live at Monterey, les enregistrements consacrés au concert du Royal Albert Hall du 24 février 1969, Live at Woodstock et Live at Berkeley pour les albums en concert.
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+ « Je me revois attendant anxieusement de voir Jimi jouer de près car, pour l'avoir vu en concert, je pensais qu'il devait avoir un truc mystérieux construit dans sa guitare afin d'obtenir tous ces incroyables sons. J'ai vite découvert qu'en fait, il n'utilisait qu'une vieille Strat et des amplis Marshall. Il avait quelques gadgets comme l'UniVibe, la Fuzz Face et la Cry Baby, mais tous ces articles étaient disponibles partout dans le commerce. La magie, à vrai dire, provenait uniquement de ses doigts. »
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+ — Harvey Mandel, Hors-série Guitare et Claviers 1990.
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+ Hendrix a révolutionné l'approche de la guitare électrique, notamment par son utilisation des pédales d'effet et des ressources de l'amplification. Au début de l'Experience, il combine la saturation des amplificateurs à lampes (en jouant à un haut volume sonore) avec la Fuzz Face, une pédale de saturation provoquant un fort écrêtage du son. Cela lui permettait de générer du feedback (dû au larsen de ses amplificateurs) qu'il pouvait contrôler en temps réel grâce à son levier de vibrato ou sa technique de main droite. Roger Mayer construira pour lui l'Octavia (une pédale de saturation jouant sur les fréquences en doublant à l'octave supérieure) qu'il utilisera dès l'enregistrement de Purple Haze, puis avec le Band of Gypsys. Hendrix est l'un des premiers à utiliser la pédale wah-wah (en 1967). Il est selon Larry Coryell « le premier à l'avoir abordée sérieusement et à y avoir passé des heures de pratique ». En concert, Hendrix n'utilisait toutefois qu'un nombre réduit d'effets, y compris en 1970 : une wah wah Vox, l'Octavia de Roger Mayer, la Fuzz Face Arbiter et l'Uni-Vibe. En studio, Hendrix élargira sa palette de timbres avec l'aide de son ingénieur du son habituel, le Britannique Eddie Kramer, qui contribua à l'élaboration du phasing, mais aussi au fait de passer les bandes à l'envers.
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+
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+ Comme le dit le magazine américain Rolling Stone : « Au-delà de ça, si Hendrix fascinait tant, c'est bien parce qu'il ne donnait jamais le sentiment d'interpréter, mais bel et bien de toujours incarner, de faire corps avec cette musique qui lui venait « d'on ne sait où » et qu'il avait tant de mal à traduire, même guitare en main, lui qui regrettait si souvent ne pas savoir lire la musique ». Ne déclarait-il pas en mars 1970 à Rolling Stone : « La plupart du temps, je suis couché, c'est comme un rêve éveillé et j'entends toute cette musique. Et si je prends une guitare pour essayer de traduire tout ce que j'entends, ça fout tout en l'air. Je ne suis pas assez bon à la guitare pour rassembler toute cette musique… », Xavier Bonnet ajoute « Pas assez bon à la guitare ? Et le pire c'est qu'il devait en être persuadé »[79].
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+ En 2003, il est élu meilleur guitariste de tous les temps par le magazine Rolling Stone dans le classement des 100 Meilleurs guitaristes de tous les temps[80].
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+ Le 9 septembre 1970, soit dix jours avant la mort d'Hendrix[87], Eric Clapton enregistre avec Duane Allman une remarquable version de Little Wing. Elle sera publiée trois mois plus tard sur Layla and Other Assorted Love Songs, l'album studio de Derek and the Dominos.
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140
+ Par la suite, Hendrix sera repris par de nombreux musiciens dans des styles musicaux très différents :
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+ Il importe toutefois de ne pas se limiter aux seules reprises du guitariste. En effet, l'impact de Hendrix fut immédiat et facile à mesurer : il suffit d'écouter les albums publiés avant son arrivée à Londres pour comprendre son influence sur la guitare électrique.
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+ Les enregistrements pirates de Cream montrent par exemple un Eric Clapton s'essayant sans succès aux techniques développées par Hendrix[88].
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+ Un concert hommage à Hendrix fut organisé dans les années 1990 avec les anciens membres de son groupe ainsi que Slash, jouant Hey Joe de manière plus blues. En décembre 2011, Paul McCartney lui rend un hommage appuyé en interprétant Purple Haze (à Stockholm) et Foxy Lady (à Manchester). La France n'est pas en reste : du 14 au 22 septembre 1990, le festival Jimi's Back se déroula à Paris avec en point d'orgue la soirée du 15 à l'Olympia où treize artistes rendirent hommage au guitariste. Parmi eux les regrettés Noel Redding et Randy California ainsi que côté français : Paul Personne, Louis Bertignac et Axel Bauer entre autres. Il est la principale influence de guitaristes comme Tommy Bolin et Robin Trower, qui s'inspirera même de son style de composition[89]. Certains musiciens ont repris à leur compte les apports musicaux de Jimi Hendrix tout en produisant une musique très personnelle. Frank Zappa reprendra à son compte les techniques élaborées par Hendrix sans jamais perdre sa personnalité musicale. Enfin, son influence sur la première période électrique de Miles Davis est évidente sur certains de ses albums, où l'ombre du guitariste plane par moments : A Tribute to Jack Johnson, et plus encore Agharta ou Pangaea.[réf. nécessaire]
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+ Il a aussi influencé Lenny Kravitz[90].
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+ De nombreux thèmes traversent ses chansons, tels la liberté ou les filles. Certaines de ses idées aussi, qu'il a parfois pu expliciter lors d'interview.
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+ La liberté est un thème qui traverse la plupart des premiers textes qu'il signe (Stone Free, 51st Anniversary, Highway Chile) : « Tous les jours de la semaine, je suis dans différentes villes. Si je reste trop longtemps, les gens essayent de me rabaisser. » (Stone Free).
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+ On rencontre principalement deux types de femmes dans ses chansons. D'une part, les proies d'un redoutable séducteur, proche du prédateur sexuel (Foxy Lady, Little Miss Lover, Burning Desire) ; « Yeah je vais t'emmener chez moi, je ne te ferai pas de mal, non ! Tu dois être entièrement mienne, entièrement mienne. » (Foxy Lady), et d'autre part des femmes éthérées, pures, si ce n'est angéliques et quasi-inaccessibles (May This Be Love, Little Wing, Angel, Drifting) : « À la dérive, sur une mer de larmes oubliées, sur un canot de sauvetage, voguant à la recherche de ton amour. » (Drifting). Concernant les rapports homme-femme par exemple ; « Tu ferais mieux de prouver à l'homme, que tu es aussi forte que lui, Car au regard de Dieu, vous êtes tous deux ses enfants » (Message To Love) Jimi Hendrix était connu pour ses différentes aventures, et il ne s'en cachait pas :
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+ « Mais pourquoi es-tu avec tellement de personnes ? Je réponds que je ne suis pas tout le temps en train de les toucher, souvent je ne fais que leur parler. Il y en a avec qui je parle, et d'autre, tu vois… je fais ce pour quoi elles sont là, ce qu'elles sont venues chercher[91]. »
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+ Il ne fut cependant pas toujours tendre avec ses différentes relations. Gary Herman, auteur friand de dérapages malsains en coulisses raconte à sa façon :
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+ « Comme la plupart des hommes, il appliquait "deux poids, deux mesures". "Quand nous avons commencé à vivre ensemble, j'étais très jeune et assez sauvage", se souvient Kathy [Etchingham] presque en s'excusant. Hendrix l'a enfermée dans la chambre à coucher pour la punir et a passé de nombreuses heures à lui expliquer patiemment comment elle devait se conduire, en tant que femme et compagne vivant avec la personne qu'elle aimait. […] Une nuit, au Bag O' Nails, une boîte de Londres, Kathy laissa Jimi à sa table pour aller à l'étage téléphoner à un ami. Après un moment plus long que ce que Jimi tolérait, il monta à l'étage et, supposant qu'elle parlait à un rival masculin (ce n'était pas le cas), il lui arracha le récepteur des mains et l'en frappa à la tête. Kathy hurlait lorsque, heureusement, Lennon et McCartney, qui passaient par là, séparèrent Jimi de son amie. Il est arrivé qu'Hendrix lui brise le nez en trois endroits différents en lui donnant un coup de pied bien ciblé[92]. »
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+ Il fut une figure majeure de l'opposition à la guerre du Viêt Nam, comme en témoignent certains de ses textes de façon onirique ; « Décidons de faire une ultime promenade au milieu du vacarme jusqu'à la mer, non pour y mourir, mais pour y renaître, loin des terres meurtries et déchirées. » (1983… (A Merman I Should Turn to Be)) ou nettement plus directe ; « De la même façon dont tu m'as abattu, bébé, tu disparaîtras, la douleur en triple, et tu ne pourras t'en prendre qu'à toi-même, Hé, Mitrailleuse ! » (Machine Gun). Il participa également au festival hippie de Woodstock en 1969 où il dénonça par figuralisme la guerre du Viêt Nam en reprenant l'hymne des États-Unis, tout en distorsion, vibrato, saturation, évoquant des lâchers de bombes des B 52[93].
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+ Hendrix est largement connu et associé à l'utilisation des hallucinogènes, notamment le LSD, comme beaucoup d'autres musiciens de renom et des célébrités de l'époque. Cependant sa consommation d'hallucinogène ne commença qu'après sa rencontre avec Linda Keith. Jusqu'alors il n'avait que fumé de la marijuana et bu de l'alcool. Les amphétamines sont également enregistrées comme étant utilisées par Hendrix lors de tournées[réf. souhaitée].
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+ Les initiales du titre The Stars That Play With Laughing Sam's Dice ne font en effet guère de doute quant à leur origine (STP avec LSD) alors que Spanish Castle Magic fait référence au dessin imprimé sur les buvards d'acides[94]. Par la suite, il évoquera toutefois les dangers de la seringue sur Freedom, un titre inspiré par sa petite amie Devon Wilson[95], et plus largement de la dépendance : « Ne te défonce pas trop, souviens-toi que tu es un homme » (Earth Blues).
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+ Sa consommation n'était toutefois pas associée à un quelconque mysticisme, mais plutôt à un simple amusement :
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+ « Plein de gens racontent qu'ils se comprennent mieux lorsqu'ils prennent du LSD. C'est des conneries […] Si je devais prendre du LSD, ce ne serait que pour mon amusement personnel, pour le fun ou parce que j'en ai envie[96]. »
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+ Hendrix était en outre connu parmi les amis du groupe pour parfois se mettre en colère et devenir violent quand il buvait trop d'alcool.
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+ « Ils pensent tous tellement à leur carrière et à leur avenir. Je m'en fous complètement, moi, de mon avenir ou de ma carrière. Je veux juste être sûr de pouvoir sortir ce que je veux[97]. »
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+ La science-fiction est très présente, que ce soit de façon humoristique : « Je suis en orbite autour de la troisième planète d'une étoile connue sous le nom de Soleil, terminé. Vous voulez dire que c'est la Terre ? Terminé. Affirmatif. Elle est connue pour héberger certaines formes d'espèces intelligentes, terminé » (Third Stone from the Sun) ; ou de façon nettement plus alarmante : « J'ai vécu là avant… et c'est pour ça que je suis concerné, et je reviens pour trouver les étoiles déplacées, et cette odeur de monde carbonisé » (Up from the Skies).
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+ Le Jimi Hendrix Park à Seattle qui devait ouvrir en 2011 pour le 70e anniversaire de sa naissance, est finalement ouvert depuis le 17 juin 2017 ce qui correspond au 50e anniversaire de son concert légendaire au Monterey Pop Festival durant lequel il enflamme sa guitare[98].
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+ À la mort d'Hendrix en 1970, ce fut le manager Michael Jeffery qui fut chargé de gérer son héritage discographique, et ce jusqu'à sa mort en 1973. Entre 1974 et 1995, ce fut le producteur Alan Douglas puis la famille d'Hendrix sous le nom Experience Hendrix LLC depuis lors.
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+ Quatorze titres repris par différents artistes dont The Cure, Eric Clapton, Spin Doctors, Buddy Guy et Body Count
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+ Sept compositions de Jimi Hendrix interprétées sur trois pianos.
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+ L'astéroïde (4738) Jimihendrix a été nommé en son hommage.
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+ Joanne Rowling [ d͡ʒoʊˈæn ˈroʊlɪŋ][a], plus connue sous les noms de plume J. K. Rowling[b] et Robert Galbraith, est une romancière et scénariste anglaise née le 31 juillet 1965 dans l’agglomération de Yate, dans le Gloucestershire du Sud. Elle doit sa notoriété mondiale à la série Harry Potter, dont les romans traduits en près de quatre-vingts langues ont été vendus à plus de 500 millions d'exemplaires dans le monde.
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+ Issue d’une famille modeste, elle a écrit sa première « histoire » à l'âge de six ans. Après des études à l'université d'Exeter ainsi qu'à la Sorbonne où elle a obtenu un diplôme en littérature française et en philologie, elle a travaillé un temps au sein d'Amnesty International, puis a enseigné l'anglais et le français. C'est à vingt-cinq ans qu'elle a bâti les premiers concepts et institutions de son univers sorcier, dans lequel un enfant orphelin découvrait à la fois son héritage tragique et ses talents de magicien. Elle a rédigé son premier roman, L'École des sorciers, dans un contexte de précarité et de dépression et a dû attendre plus d'un an avant sa publication en 1997 chez Bloomsbury.
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+ Acclamée par ses lecteurs de tout âge et par la critique, J. K. Rowling a remporté de nombreux prix littéraires, notamment les prix Hugo, Locus et Bram Stoker, et a reçu la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 2009. Elle est réputée pour aborder des idées et des thèmes profonds avec accessibilité et humour, et s'attacher régulièrement à des personnages placés en marge de la société. Time Magazine l'a élue vice-championne du titre de la Personnalité de l'année en 2007, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait insufflée à ses fans. En octobre 2010, elle a également été nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines. Très présente sur les réseaux sociaux, où elle prend régulièrement la parole sur des sujets politiques ou de société qui lui sont chers, il lui arrive aussi d'être critiquée sur ses positions. En 2020, notamment, ses propos sur l'identité de genre font polémique, en étant considérés transphobes par de nombreux fans et militants de la cause trans.
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+ Le succès planétaire de son heptalogie romanesque, des films adaptés ainsi que des travaux dérivés de Harry Potter lui ont permis d'acquérir une fortune considérable, dont une partie est régulièrement reversée à de nombreuses associations caritatives luttant contre la maladie et les inégalités sociales. J. K. Rowling est devenue une philanthrope reconnue en cofondant notamment l'association Lumos qui œuvre pour la protection de l'enfance.
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15
+ Elle se tourne vers un public adulte à partir de 2012 en publiant le roman social Une place à prendre, puis en entamant une série policière l'année suivante, sous un second nom de plume. Elle devient également scénariste pour le cinéma à partir de 2016 en étendant son univers sorcier à travers la série de films Les Animaux fantastiques, dont le premier volet a connu un succès international.
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+ Joanne « Jo » Rowling[4],[5] est la fille d'Anne Volant (1945-1990), technicienne de laboratoire[6],[7], et de Peter James Rowling (né en 1945), ingénieur en aéronautique[8]. Ses parents, qui habitent à Londres durant leur adolescence, se rencontrent lors d'un trajet en train entre King's Cross et Arbroath, en Écosse, en 1964[7]. Peter Rowling part alors rejoindre les rangs de la Royal Navy et Anne ceux du Women's Royal Naval Service, l'équivalent féminin[9].
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+ L'arrière grand-père maternel de J. K. Rowling, le Français Louis Volant, a reçu la croix de guerre pour bravoure exceptionnelle après avoir défendu le village de Courcelles-le-Comte durant la Première Guerre mondiale[10]. L'auteure pensait à l'origine que Louis Volant avait reçu la Légion d'honneur, comme elle l'a formulé en recevant elle-même la distinction en 2009[11]. Elle a découvert en 2011, en participant à l'émission de généalogie de la BBC Who Do You Think You Are?, que la Légion d'honneur fut décernée en réalité à un homonyme[12].
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21
+ Après avoir quitté la marine, les parents de Joanne Rowling s'installent à Yate, à une quinzaine de kilomètres de Bristol, dans l'ouest de l'Angleterre[1]. Peter Rowling, avant de devenir ingénieur[8], travaille à la chaîne d'assemblage des moteurs d'avions de combat Harrier[13] à la Bristol Siddeley Engines, Ltd.[14] (qui fusionnera avec Rolls-Royce en 1971[13]). Ils se marient en mars 1965[15] et Anne Rowling donne naissance à Joanne le 31 juillet de la même année au Cottage Hospital de Yate[16],[c]. Peter et Anne Rowling espéraient alors un garçon, qu'ils auraient baptisé « Simon John »[17]. La sœur de Joanne, Dianne (« Di »[9]), vient au monde deux ans plus tard, en juin 1967[14],[18].
22
+
23
+ En 1969, la famille Rowling s'installe dans une maison plus grande, dans la rue Nicholls Lane[14] à Winterbourne[18], toujours dans les faubourgs de Bristol. Cette maison de banlieue inspirera inconsciemment Rowling pour imaginer une trentaine d'années plus tard la maison du 4, Privet Drive de la famille Dursley[19]. Anne Rowling, qui a renoncé momentanément à sa carrière pour se consacrer à l'éducation de ses filles, exerce sur elles la plus grande influence en leur transmettant son amour des livres et des histoires, éveillant ainsi leur imagination[20]. Joanne écrit son premier récit complet à l’âge de six ans : l’histoire d’un lapin nommé Rabbit[18],[21], bloqué dans sa maison par la rougeole et consolé par un bourdon géant du nom de mademoiselle Bee[22]. Selon Rowling, il s'agissait d'un « plagiat » d'une histoire de Richard Scarry qu'elle adorait écouter[23]. Mais pour le biographe Sean Smith, « la chose extraordinaire tient dans le fait qu'une gosse de six ans ait consacré du temps à inventer une histoire »[24]. L'écriture de Rabbit donne pour la première fois à l'enfant l'envie de devenir écrivain[25].
24
+
25
+ Les deux sœurs jouent régulièrement au Glenwood Store de West Moors[26], une épicerie tenue dans le Dorset par Kathleen et Ernest Rowling, leurs grands-parents paternels[26]. Elles jouent également avec les autres enfants de leur nouvelle rue, et notamment avec un frère et une sœur dont le nom de famille est Potter[9]. Un nom que Rowling préfère au sien puisque ce dernier est régulièrement sujet aux jeux de mots affligeants tels que Rowling stone ou Rowling pin (« rouleau à pâtisserie »)[9]. L'enthousiasme d'Anne Rowling et de Dianne pour la créativité de Joanne encourage celle-ci à inventer des histoires et à les partager[24]. Elle devient un leader auprès des autres enfants de Nicholls Lane[24]. Lorsque les sœurs Rowling et les Potter jouent aux sorciers, Joanne invente les scénarios, les sortilèges et les potions[27]. À l'école primaire St Michael[28], qu'elle fréquente dès septembre 1972[29], elle trouve l'environnement « détendu » et lui convenant parfaitement dans la mesure où elle y fait beaucoup de poterie, de dessin et de rédactions[9]. Son directeur d'école, Alfred Dunn, fut plus tard sa principale source d'inspiration pour le personnage d'Albus Dumbledore[30],[28].
26
+
27
+ En 1974[31], lorsque Rowling a neuf ans, ses parents décident de partir vivre à la campagne. La famille déménage donc à Tutshill[18], un petit village anglais à la frontière avec le Pays de Galles, et voisin de la ville de Chepstow. Leur nouvelle maison, baptisée « Church Cottage »[32],[d], se trouve en bordure de la forêt de Dean, et Chepstow est dominée par un château en ruine au sommet d'une falaise, ce qui, selon Rowling aujourd'hui, « peut expliquer beaucoup de choses[33] ». Ce dernier déménagement coïncide avec la mort de sa grand-mère Kathleen[9], à l'âge de cinquante-deux ans[34]. Très attristée par cet événement, Rowling choisira plus tard d'inclure l'initiale de son prénom dans son pseudonyme : le « K » de J. K. Rowling[35],[9].
28
+
29
+ La même année, les deux sœurs intègrent l'école voisine du cottage[36], où Joanne ne se plaît pas du tout[9]. Sa salle de classe de l'époque, à l'ambiance « dickensienne »[37], lui semble défraîchie, comprenant des bureaux à cylindre en bois et des encriers. De surcroît, l'institutrice se montre particulièrement stricte et inspire la crainte chez la plupart de ses élèves[38], séparant les plus « intelligents » (qu'elle place du côté gauche de la classe) de « ceux qui le sont moins » (placés du côté droit)[38]. Rowling fait mauvaise impression dès son premier jour, puis évolue au cours de l'année : « Je fus promue deuxième gauche. […] C'est ainsi que, en une brève traversée de la classe, je devins intelligente, mais impopulaire »[39].
30
+
31
+ En septembre 1975[40], en guise d'activité parascolaire, Rowling intègre la seconde section des Brownies de Tidenham, une organisation liée à l'église, proposant dans la semaine des activités de scoutisme aux enfants de sept à dix ans[31]. La section de Rowling se divise en six groupes, portant chacun un nom en lien avec l'univers de la fantasy (les « Fées », les « Lutins », les « Farfadets », etc.[41]), et la fillette se spécialise dans trois domaines : signaler par signes, sémaphore et premiers secours[41]. Ses marches la mènent régulièrement sur les ruines de l’église de Lancaut, contournée par la rivière Wye ; dans les sous-bois bordant Offa's Dyke (un chemin très apprécié des randonneurs[31]), ou encore dans le labyrinthe des cavernes d'Otter Hole à Chepstow[42]. Des endroits « enchanteurs et passionnants pour de jeunes aventuriers » selon Sean Smith[42].
32
+
33
+ Rowling, qui est la seule de sa famille à se rendre régulièrement à la messe[17], est baptisée à onze ans à l'église St Luke jouxtant le cottage[17],[33] et gagne son argent de poche en y effectuant régulièrement des heures de ménage avec sa sœur, payées à 1 £ chacune[17]. Elle en profite pour noter quelques noms figurant dans le registre de l'église pour ses propres histoires et s'amuse avec Dianne à le signer régulièrement[17]. Au même âge, Rowling rédige un court roman d'aventures évoquant sept diamants maudits et les mésaventures de leurs possesseurs[18], un hommage rendu à l'écrivain Edith Nesbit qu'elle affectionne particulièrement[43].
34
+
35
+ En 1976, Rowling intègre à onze ans le collège de Wyedean à Sedbury où travaille sa mère (au département des sciences)[6]. Joanne et Dianne peuvent ainsi conserver un contact quotidien avec leur mère qui, sans enseigner directement, intervient régulièrement durant les cours scientifiques[44].
36
+
37
+ « Tranquille, myope, couverte de taches de rousseur et nulle en sport »[45], elle découvre le théâtre de Shakespeare, avec notamment Le Roi Lear et Le Conte d'hiver, d'où le prénom de son personnage, « Hermione », a été tiré[46]. Durant cette période, sa grand-tante lui remet une copie de l'autobiographie de Jessica Mitford, Hons and Rebels[47] et Mitford devient un modèle pour Rowling, qui lit alors l'intégralité de son œuvre[48]. À la maison, les deux sœurs ont la possibilité de lire tous les livres présents sans aucune restriction[49]. Rowling commence à découvrir d'elle-même l'univers de Jane Austen à onze ou douze ans avec Orgueil et préjugé[49] et lit La Foire aux vanités de Thackeray à quatorze ans[49].
38
+
39
+ En cours, elle est impressionnée par Miss Shepherd, son enseignante d'anglais stricte à l'humour « mordant », qui se montre consciencieuse, féministe et passionnée par son métier[50]. Rowling précise plus tard qu'il s'agit de la seule enseignante à qui elle s'est confiée[51],[52]. Elle est aussi déstabilisée par l'enseignement du collègue et ami de sa mère[53], son professeur de chimie John Nettleship, surnommé Stinger (« celui qui pique ») par ses élèves[54]. En cours, Nettleship intimide par sa capacité à toucher au cœur des problèmes[55], n'hésitant pas à se montrer sévère ou sarcastique. Selon Nettleship, Rowling est à cet âge une « observatrice astucieuse »[56], timide, discrète, intelligente et ne montrant aucun intérêt pour les sciences[57]. L'enseignant se dit heureux et fier d'avoir vraisemblablement inspiré l'énigmatique professeur Rogue[55],[58],[57] : « J'avais l'habitude d'isoler un élève après l'autre pour lui poser une question, et Joanne était l'une des élèves les plus capables de la classe. […] Je crois que le manque de confiance que l’on perçoit chez Harry est aussi ce qu'elle ressentait dans certains domaines de sa scolarité »[55]. Un autre professeur d'anglais de Wyedean se souvient de Rowling comme de quelqu'un préférant s'exprimer dans ses écrits (pour lesquels elle excellait[59]) plutôt qu'oralement dans des discussions[60]. Il se souvient notamment de l'une de ses compositions intitulée Mon île déserte, écrite pendant une leçon sur le thème de la survie et inspirée par l'étude parallèle de Sa Majesté des mouches et de Walkabout[59].
40
+
41
+ L'événement le plus difficile de son adolescence est la découverte de la maladie de sa mère, en 1980[61], alors que Rowling n'a que quinze ans. Les médecins diagnostiquent une maladie du système nerveux central : une sclérose en plaques[9]. L'état d'Anne Rowling se dégrade alors lentement mais de façon régulière[9].
42
+
43
+ Entre-temps, Rowling raconte à ses amis de longs récits nés de son imagination dans « un débit sec et ironique » qui lui est propre et qu'elle conservera plus tard dans son style d'écriture[62]. Elle se passionne pour les langues[63], la musique pop et le groupe The Smiths[15]. Elle apprécie également la chanteuse Siouxsie Sioux dont elle adopte le maquillage gothique pendant quelque temps[64]. Lors de sa dernière année à Wyedean[51], Rowling s'ouvre davantage au monde extérieur et gagne en maturité et en popularité[65]. Elle fait la connaissance de Sean Harris, qui deviendra son meilleur ami et propriétaire d'une Ford Anglia turquoise dans laquelle ils prendront régulièrement l'habitude de « s'échapper » de l’école[66]. C'est à lui que Rowling confie pour la première fois sa volonté de devenir écrivain[9]. Le même modèle que celui de sa voiture apparaît en clin d’œil à plusieurs reprises dans le deuxième roman Harry Potter, que l'auteure dédiera à son ami lors de sa publication[66]. Harris deviendra célèbre par la suite pour avoir été celui qui inspira officiellement le personnage de Ron Weasley[54],[67].
44
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45
+ Pour son baccalauréat, Rowling choisit des matières essentiellement linguistiques, c'est-à-dire l’anglais, le français et l’allemand[15], où elle obtient de bons résultats à ses examens finaux (deux A et un B[15]).
46
+
47
+ En 1983, ses études secondaires étant terminées, Rowling fait une demande d’inscription à l’université d'Oxford[68], mais son dossier est refusé car son école d'origine ne jouit pas d’une bonne réputation[54]. Selon John Nettleship, Rowling aurait été refusée à Oxford pour la seule raison qu'elle était issue d'une école secondaire publique, au même titre que Laura Spence[68] (dont l'affaire fut suivie par la presse britannique en 2000[69]). Rowling est cependant acceptée à l’université d'Exeter[18], près de la côte Sud de l'Angleterre, où elle perfectionne son français et étudie la littérature antique pour satisfaire ses parents qui souhaitent qu'elle devienne secrétaire bilingue[70].
48
+
49
+ Lors de sa première année à Exeter, elle réside dans une petite chambre d'étudiant du bâtiment « Jessie Montgomery »[71] (aux Duryard Halls), puis au bâtiment « Lafrowda » à partir de l'année suivante[72]. Elle passe beaucoup de temps à la cafétéria du Devonshire House, un lieu où se regroupent de nombreux étudiants[73], et accorde à cette époque davantage d'importance à sa vie sociale — bien que demeurant de nature introvertie et solitaire[74] — plutôt qu'à sa réussite académique[73],[54],[15]. Martin Sorrell, son professeur de français et conseiller aux études à Exeter[75], se souvient « d'une étudiante compétente et tranquille, avec une veste en jean et des cheveux noirs, qui, en termes académiques, donnait l'impression de faire ce qui était nécessaire[8] ». D'autres professeurs décrivent encore une étudiante « rêveuse » ou quelqu'un « de très intériorisé n'étant pas en relation active avec le monde extérieur »[56],[54]. Régulièrement distraite, elle perd des polycopiés et oublie, en 1984, de s'inscrire à certains examens de fin d'année, abandonnant de ce fait les études de civilisation grecque et romaine[76],[15].
50
+
51
+ En 1985, elle est tenue de passer l'année en France pour son cursus[76] ; elle a le choix entre enseigner l'anglais dans une école française, étudier dans une université française ou travailler dans une entreprise française[76]. Rowling choisit la première option et s'inscrit à la Sorbonne dans le cadre d'un stage d'enseignement[76],[77],[78],[79]. Elle découvre cette année-là Le Conte de deux cités de Dickens[76], dans lequel le sacrifice du personnage de Sydney Carton pour sauver la vie de Charles Darnay, sur fond de Révolution française, marque profondément son esprit[80],[15].
52
+
53
+ Elle retourne à Exeter pour effectuer sa dernière année et passe beaucoup de temps auprès des six-cent mille ouvrages que compte la bibliothèque du campus principal[81]. Cependant, elle s'y rend davantage pour son amour de la lecture que pour ses études[81]. C'est à cette période qu'elle découvre notamment l'univers de Tolkien en se consacrant durant plusieurs mois à la lecture du Seigneur des anneaux[82],[54]. En parallèle de son mémoire de licence (une dissertation de trois mille mots en français[81]), elle se porte volontaire pour aider à l'organisation d'une pièce de théâtre, Le Cosmonaute agricole d'Obaldia, mise en scène par son professeur de français Martin Sorrell[83]. Il s'agit d'un spectacle « drôle et plein de vie »[83] porté par des discussions philosophiques entre les personnages. Rowling est responsable du choix des costumes[83] et se montre très impliquée, ne manquant aucune répétition[84].
54
+
55
+ En 1987, elle obtient un résultat moyen à ses examens avec un diplôme de « deuxième classe, seconde division »[75],[15]. Son mémoire de licence demeure son meilleur travail[81].
56
+
57
+ Après ses études, Rowling s'installe dans un appartement à Clapham, au sud-ouest de Londres[85]. Elle enchaîne les emplois temporaires et travaille notamment au service de recherche d'Amnesty International en tant que secrétaire bilingue[85],[86]. Une expérience qui fut, selon ses propres termes, « l'une des plus formatrices » de sa vie[86]. Elle lit des lettres d'hommes et de femmes originaires d'Afrique francophone[87], menacés d'emprisonnement pour tenir informé le monde extérieur du régime « totalitaire » dont ils sont les sujets, ou encore les récits de témoins ou de victimes de torture, d'enlèvements ou de viols[86].
58
+
59
+ « J'ai commencé à faire des cauchemars, littéralement des cauchemars, à propos de certaines choses que j'ai vues, entendues et lues. […] Mais le pouvoir de l'empathie humaine, menant à une action collective, peut sauver des vies et libérer des prisonniers. Les gens ordinaires, dont le bien-être personnel et la sécurité sont assurés, peuvent se réunir en grand nombre pour sauver des personnes qu'ils ne connaissent pas et ne rencontreront probablement jamais. Ma petite participation à ce processus a été à la fois l'une des plus grandes leçons d'humilité et une des expériences les plus inspirantes de ma vie[86]. »
60
+
61
+ — J. K. Rowling (extrait de son discours à Harvard en juin 2008)
62
+
63
+ Pendant ce temps, elle entame une vie parallèle en tant qu'écrivain, travaillant sur deux romans pour adultes qui n'ont a priori jamais été publiés[85],[15].
64
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65
+ En 1990[35], Rowling travaille à la chambre de commerce de Manchester[7], toujours en tant que secrétaire[88], et décide donc de s'installer dans cette ville avec son compagnon[9]. C’est lors d’un voyage en train de Manchester à Londres, plus long que prévu, qu’elle imagine l’histoire d'un garçon ignorant être un sorcier et recevant une invitation pour l'école de sorcellerie[9],[54]. Elle n'a rien pour écrire[9], mais passe son voyage à imaginer la situation et à identifier ses personnages, notamment Ron Weasley, pour lequel elle s'inspire de son ami Sean Harris[54], et Rubeus Hagrid[89]. Elle imagine aussi les fantômes de l'école. Plus tard, elle pioche des expressions et des fables dans les index géographiques et le dictionnaire Brewer[54],[90]. Pour l'école, elle imagine aussitôt un château datant du Moyen Âge et situé en Écosse[54], lieu de rencontre de ses parents. À son arrivée à la gare de King's Cross, beaucoup d'idées ont déjà pris forme et elle stocke des notes dans des boîtes à chaussures[88],[91].
66
+
67
+ Anne Rowling meurt le 30 décembre 1990[9] des suites de sa maladie lorsque Joanne a vingt-cinq ans. Cette dernière ne fait que commencer l'écriture de Harry Potter et n'a pas encore eu l'occasion d'aborder le sujet avec sa mère[92]. Rowling surmonte sa douleur en détaillant davantage les sentiments de son héros orphelin, dès le premier roman[93].
68
+
69
+ Rapidement licenciée de son travail à la chambre de commerce de Manchester[94], elle répond à une annonce dans The Guardian pour un poste de professeur d'anglais à Porto[7] et déménage au Portugal[15]. Le travail à mi-temps lui permet de se consacrer à son roman qui évolue beaucoup après la mort de sa mère[9]. La directrice adjointe de l’école où enseigne Rowling perçoit cette dernière comme étant nerveuse et anxieuse durant cette période[15].
70
+
71
+ « Désormais, les sentiments de Harry envers ses parents disparus étaient devenus bien plus profonds et tangibles. C'est durant les premières semaines de mon séjour au Portugal que j'ai écrit mon chapitre préféré de L'école des sorciers : Le miroir du Riséd[9]. (J. K. Rowling) »
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+ Elle rédige les aventures de Harry dans son appartement (qu'elle partage alors avec deux autres Britanniques[15]), en écoutant le Concerto pour violon de Tchaïkovski[8], ou en s'installant dans les lieux fréquentés de Porto comme le café Majestic[95]. La librairie Lello & Irmao a longtemps obtenu la réputation d'avoir inspiré Rowling pour créer la librairie Fleury et Bott[96], ce que l'auteure a démenti en mai 2020 par le biais d'un tweet, en affirmant n'avoir jamais visité cette librairie ni même avoir eu connaissance de son existence[95],[97].
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+ Rowling se marie en octobre 1992 avec le journaliste de télévision portugais Jorge Arantes[98] et donne naissance à une fille en juillet 1993, qu'elle prénomme « Jessica », en hommage à Jessica Mitford[48]. Cependant, le mariage est un échec. Son mari se montre parfois violent[15] et le couple se sépare l'année suivante.
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+ Rowling retourne au Royaume-Uni avec sa fille pour s’installer dans un premier temps chez sa sœur et son beau-frère, dans leur maison de la rue du Marchmont à Édimbourg[15], puis dans un petit bâtiment à Leith, un district de la capitale de l’Écosse, où elle et sa fille vivent avec l'aide du gouvernement. Sept ans après avoir obtenu son diplôme de l'université, Rowling perçoit sa vie comme un « désastre »[99],[100]. Devant faire front à la mort de sa mère puis à une séparation violente, elle se retrouve de surcroît sans emploi avec un nourrisson à charge, qu'elle craint de voir mourir[99]. Au cours de cette période, une dépression clinique, se manifestant chez elle par une profonde torpeur, une apathie et une incapacité à imaginer un retour à une vie plus heureuse, est diagnostiquée chez Rowling[99]. Elle envisage le suicide[101],[102],[103]. Sa maladie et son état d'esprit lui ont notamment inspiré les Détraqueurs, les créatures maléfiques présentes dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban et répandant un sentiment de désespoir[104],[105]. Plus tard, en 2012, Rowling décrit cette période de sa vie comme ayant été une autre expérience particulièrement formatrice :
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+ « Cela a changé ma vision du monde. […] Les gens deviennent des statistiques, ils perdent leur individualité lorsqu'ils sont piégés dans la pauvreté. C'est une place humiliante où on est défini par des personnes n'ayant jamais vécu notre situation. Tous nos choix sont sous contrat. C'est vraiment, vraiment très difficile de s'échapper de cette situation[106]. »
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+ À Édimbourg, Rowling décide de reprendre l'enseignement, cette fois-ci à temps plein, ce qui l'incite à vouloir terminer au plus vite son premier livre pour ne pas être obligée de l'abandonner[9]. Elle se met donc au travail et écrit jour et nuit, déterminée à l'achever et tenter de le faire publier.
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+ Les endroits connus et préférés de Rowling pour écrire sont l'Elephant House[107] dans le centre-ville et le restaurant Nicolson's[108],[e] tenu par son beau-frère[109]. Là, elle commande un café pour pouvoir écrire son histoire jusqu'à ce que sa fille se réveille[9]. À cette époque, Rowling retape encore tous ses chapitres sur une vieille machine à écrire[110].
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+ Harry Potter à l'école des sorciers achevé en 1995[111],[112], Rowling envoie les trois premiers chapitres à un agent, qui les lui retourne aussitôt. Un second agent, Christopher Little, est intéressé et demande à l'auteure de lui envoyer la suite du roman pour tenter de le faire publier[113]. Après le refus successif de douze éditeurs (dont notamment Orion, Penguin et HarperCollins[112]), les originaux arrivent à Bloomsbury Publishing en août 1996[111], dans les mains de Barry Cunningham, le coordonnateur de la nouvelle division des livres pour enfants[114]. Alice Newton, la fille du directeur général de Bloomsbury, aime beaucoup le livre et son enthousiasme aurait influencé la décision de publier le roman[115]. Harry Potter à l'école des sorciers est finalement publié le 26 juin 1997[116]. La première édition n'est pas très importante : 1 000 exemplaires dont 500 sont destinés à des bibliothèques[111]. En 2005, un exemplaire de ces livres d'origine valait plus de 27 000 euros[117].
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+ À ce moment, son agent Christopher Little craint cependant que le groupe-cible de petits garçons rechigne à acheter des livres écrits par une femme et lui demande par conséquent d’utiliser les fameuses doubles initiales plutôt que de révéler son véritable prénom[118]. Elle obtient en parallèle un poste à l'Académie de Leith[119], comme professeur de français, ainsi qu'une bourse de la Scottish Arts Council[112]. Très rapidement, le livre s'inscrit dans la liste des meilleures ventes et la publication est suivie par les distinctions et les louanges : il remporte notamment le British Book Awards et le Children’s Book of the Year[120]. Les éditions Gallimard, sous la direction de Christine Baker, sont les premières à acheter les droits pour une traduction et à publier Harry Potter en dehors des frontières du Royaume-Uni[11] : « J'ai tout de suite été frappée par la maîtrise totale qu'avait cette jeune femme inconnue, précise Baker. Tous les éléments qui m'attiraient dans un texte : la véracité psychologique, la vivacité des dialogues, l'authenticité des sentiments, l'humour bien-sûr, l'inventivité… tout cela était présent. Un cocktail parfaitement bien mesuré. C'est très très rare pour un premier manuscrit[121] ». En 1998, Arthur Levine, des éditions Scholastic aux États-Unis, achète à son tour les droits pour une somme jamais atteinte par un livre pour enfant : 105 000 $[120].
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+ Rowling emménage alors dans un appartement plus sûr et plus spacieux pour elle et sa fille et entame une thérapie lui permettant de prendre du recul vis-à-vis de sa notoriété soudaine et oppressante[122]. L’argent gagné permet à Rowling de quitter définitivement l’enseignement et de se consacrer pleinement à l'écriture de Harry Potter. Elle réalise son rêve d'être écrivain à temps complet[9].
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+ J. K. Rowling devient millionnaire en juin 1999[54], entre les publications des tome 2 et tome 3. Elle refuse dans un premier temps les nombreuses propositions d'adaptations cinématographiques de ses romans, y compris celle de la Warner Bros. Mais après avoir vu les adaptations du Jardin Secret et de La Petite Princesse, qu'elle trouve particulièrement réussies et fidèles, elle décide de faire confiance à la Warner Bros[123]. En 2001, l'année même où est adapté Harry Potter à l'école des sorciers au cinéma, elle épouse en secondes noces le médecin Neil Michael Murray : cérémonie privée qui a lieu dans sa maison en Écosse[124]. En 2003, Rowling met au monde son fils David[125] et en 2005 naît sa deuxième fille, Mackenzie[125].
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+ Au quatrième livre, Harry Potter devient un phénomène de société et à sa sortie, adultes, adolescents et enfants font la queue pour l'acheter rapidement, au point que Harry Potter et la Coupe de Feu est pré-vendu en librairie à plus d’un million de volumes, et la première édition porte le chiffre record de 5,3 millions d’exemplaires[120]. Les sept romans se vendent successivement, à plus de 450 millions d'exemplaires au total[126]. Rowling se trouve à la tête d'une fortune estimée en 2008 par le Sunday Times à 560 millions de livres (environ 590 millions d’euros[127]), soit davantage que la reine Élisabeth II[128], ainsi qu'à la tête d’un « empire commercial » hollywoodien entraînant des records cinématographiques au box-office[122]. Bien que reconnaissante, l'auteure avoue parfois être agacée par ce virage commercial :
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+ « Cet aspect m’ennuie vraiment à mourir. […] Vraiment, il n’y a rien dans le côté commercial de mon travail que je ne refuserais de sacrifier en un claquement de doigts pour qu’on me laisse écrire deux petites heures de plus. Rien. Cela peut paraître affreusement ingrat, car les films m’ont rapporté des sommes incroyables et j’en suis très reconnaissante, mais ça ne m’intéresse pas[122]. (J. K. Rowling) »
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+ Désormais à l'abri du besoin, l'auteure termine tranquillement l'écriture des Reliques de la Mort à l'Hôtel Balmoral d’Édimbourg le 11 janvier 2007[129], mettant ainsi un point final aux aventures romanesques de Harry Potter.
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+ En octobre 2010, Rowling est nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines[130]. En dépit de son succès, elle mène une vie tranquille dans le Perthshire[131] et ne donne que peu d'interviews. En juillet 2011, elle décide de se séparer de son agent littéraire, Christopher Little, après seize ans de collaboration[132] et choisit une nouvelle agence fondée par l'un de ses employés, Neil Blair[8],[133]. L'auteure, qui souhaite couper tout lien avec Harry Potter dans sa démarche[134], met également un terme à sa collaboration avec Gallimard pour ses éditions en français, se tournant désormais vers Grasset[134]. En juin 2011, Rowling annonce par le biais d'une vidéo[135] qu'elle va ouvrir un site internet consacré à l'univers étendu de Harry Potter, Pottermore, sur lequel elle publiera régulièrement du contenu inédit (le site sera clôturé en 2019 et la plupart de son contenu déplacé sur le site WizardingWorld.com[136]).
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+ Le 23 février 2012, sa nouvelle agence, Blair Partnership[133], annonce sur son site que J. K. Rowling fera publier un nouveau livre destiné aux adultes. En avril, Little, Brown and Company précise que le nouveau livre, intitulé Une place à prendre (The Casual Vacancy), sortira le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français). Dans ses trois premières semaines de sortie, Une place à prendre se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139]. La BBC adapte le roman en une mini-série télévisée, Une place à prendre, à laquelle Rowling collabore en tant que productrice exécutive[140].
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+ Elle entame en 2013 l'écriture d'une série de romans policiers mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé. L'identité de Rowling, dissimulée sous un nouveau nom de plume, Robert Galbraith, a été révélée par une indiscrétion au Sunday Times en juillet 2013[141],[142]. J. K. Rowling indique par la suite[143] qu'elle a toujours voulu s'appeler Ella Galbraith et que le choix de Robert comme prénom est un hommage à l'homme politique qu'elle admire beaucoup, Robert F. Kennedy, assassiné en 1968. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en France par Grasset et publié en novembre 2013[144]. La série fait également l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[145].
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+ En 2016, J. K. Rowling associe son nom à un projet de pièce de théâtre autour de Harry Potter, acceptant de discuter des bases d'un script avec le dramaturge Jack Thorne et le metteur en scène John Tiffany, mais refusant d'en être elle-même rédactrice[146]. La pièce en deux parties, intitulée Harry Potter et l'Enfant maudit, est jouée le 30 juillet 2016[147] au Palace Theatre de Londres. Contrairement aux sept tomes de la série de Rowling, l'histoire de L'Enfant maudit relate principalement les aventures du cadet des enfants de Harry Potter après l'épilogue des Reliques de la Mort[148]. J. K. Rowling rappelle sur son compte Twitter que ce script, bien que publié sous forme de livre, n'est pas à considérer comme un « roman » Harry Potter[149].
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+ En parallèle de l'écriture de ses polars, J. K. Rowling devient à partir de 2016 scénariste pour le cinéma[150], élargissant son univers sorcier par le biais d'une nouvelle saga portée à l'écran, Les Animaux fantastiques, dont l'intrigue commence dans le New York des années 1920[151]. Ce nouvel environnement sorcier s'inscrit de ce fait plusieurs décennies avant les aventures de Harry Potter[152] et relate les aventures d'un héros adulte, le magizoologiste Norbert Dragonneau, ainsi que des jeunes Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald[153].
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+ En mai 2020, pendant la pandémie de Covid-19, Rowling annonce la publication d'un conte de fée politique « sur la vérité et l’abus de pouvoir », intitulé The Ickabog, qui est destiné aux enfants âgés de 7 à 9 ans[154]. Le projet, qui a pris naissance avant 2007, pendant l'écriture de Harry Potter (mais qui n'a aucun rapport avec son histoire), était destiné en premier lieu à ses deux plus jeunes enfants David et Mackenzie[154],[155]. Il a ensuite été mis de côté pendant plusieurs années, lorsque Rowling s'est consacrée à l'écriture de ses romans pour adultes[154]. Pendant son confinement au Royaume-Uni, elle décide de retravailler le texte avec David et Mackenzie (alors âgés de 15 et 17 ans), en vue de le publier en ligne entre le 26 mai 2020 et le 10 juillet 2020, sur le site dédié Theickabog.com[154]. Une publication du conte au format papier, e-book et audio est prévue pour novembre 2020 au Royaume-Uni[154], et une version en français, éditée par Gallimard Jeunesse, est également annoncée[156]. Des dessins réalisés par des enfants lecteurs sont sélectionnés lors d'un concours organisé par les éditeurs, afin d'illustrer les différentes publications[157]. J. K. Rowling précise sur son site officiel que tous les droits d'auteur seront reversés aux personnes touchées par la pandémie[154].
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+ Dès le départ, Rowling a en tête une saga en sept tomes[158], chaque tome relatant une année passée à l'école de magie Poudlard. Cinq ans ont été nécessaires pour mettre en place l'univers et construire le plan de chacun des romans Harry Potter[111],[158] (dix-sept années au total pour rédiger l'ensemble de l'heptalogie[159]). Avant même d'entamer l'écriture du premier roman, Rowling rédige également les biographies complètes de la plupart de ses personnages[158], non destinées à être publiées mais conservées à titre de supports personnels. Elle choisit de faire de Harry Potter un orphelin, à l'image des personnages de Charles Dickens[160],[161], ce qui lui permet de développer le sentiment de solitude de son héros dans le cheminement de sa quête et de sa personnalité[161]. À travers Harry Potter, Rowling crée un monde magique au sein de notre monde réel, séparé par un obstacle physique comme le mur de briques à l'arrière du Chaudron Baveur, à la manière du miroir d'Alice au pays des merveilles ou de l'armoire du monde de Narnia[162]. La magie en elle-même constitue un élément essentiel de son histoire :
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+
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+ « La magie me fascine […]. Je pense qu'elle nous connecte à des choses essentielles sur la nature de l'être humain : ce qu'il est, ce qu'il souhaite, ce qu'il croit… Les enfants croient en la magie parce qu'ils cherchent à comprendre et contrôler leur monde. Mais nous avons tous ça en nous. Le monde est complexe et la plupart du temps insaisissable. Même si nous nous sommes tournés vers la science, je pense que nous avons tous gardé au fond du cœur quelques idées magiques. […] [Nos petits rituels personnels sont] une façon de vouloir contrôler ce que nous savons incontrôlable, comme notre vie[163]. »
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+
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+ — J. K. Rowling en 2017.
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+ Harry Potter semble ainsi appartenir typiquement à la fantasy, mais constitue néanmoins une adaptation assez singulière du genre[164]. Selon une étude réalisée par Youri Panneel et Manon Stas de Richelle[161], l'introduction d'un ton humoristique et de scènes burlesques dans le style d'écriture de Harry Potter contribuent à le distinguer au sein de ce courant[165]. J. K. Rowling confirme cette idée : « Si nous laissons de côté le fait que les livres parlent de dragons, de baguette magique et autres, les livres Harry Potter sont très différents des œuvres de la fantasy classique, surtout dans le ton[166] ».
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+
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+ L'auteure s'inspire des traditions européennes en matière de littérature[161] tout en personnalisant certains aspects qu'elle souhaite mettre en avant. Elle fait de l'école Poudlard un château médiéval[167] figé dans le temps, à l'instar de certains pensionnats anglais[168],[169]. Les élèves utilisent ici des plumes[170] pour écrire sur des rouleaux de parchemins[171], suivent des cours destinés à l'apprentissage de la magie (défense contre les forces du Mal, métamorphose, histoire de la magie, fabrication des potions…), approfondissent leurs connaissances en consultant principalement les livres anciens de la bibliothèque de l’école[172] et les lettres sont encore cachetées de cire[173]. L'auteure a inventé un grand nombre de mots et de sortilèges propres à son univers magique, tout en réutilisant des codes déjà présents dans la fantasy[174] (balais volants, baguettes magiques, mythologie…). En parallèle, toute technologie moderne de l'époque décrite (téléphones, ordinateurs, etc.), existante dans le monde « moldu » voisin et contemporain, demeure pour autant totalement absente au sein de cette institution magique où aucun objet de nature électronique ne peut fonctionner[175]. Les romans, même s'ils se veulent ancrés dans une atmosphère d'un autre temps, prônent de nombreuses valeurs très actuelles[176], comme le féminisme[177],[178] ou la révolte contre l'oppression[179] et les différentes formes de racisme[180]. En 2007, l'année de la publication du dernier tome de la série, Time Magazine nomme J. K. Rowling vice-championne du titre de la Personnalité de l'année, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait transmis à ses fans à travers Harry Potter[181].
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+ Au total, les livres se sont vendus à plus de 500 millions d'exemplaires en 2018[182],[126] et Harry Potter a été traduit dans près de quatre-vingts langues[183],[184]. Il s’agit du premier cycle jeunesse ayant été lu simultanément par les enfants et leurs parents (pour environ la moitié des enfants lecteurs)[165]. Le succès de la série peut en partie s'expliquer par celui des huit films adaptés[185], dont les sorties successives au cours de la deuxième moitié des années 2000 ont concordé avec les publications des derniers romans. Les films ont permis aux lecteurs de voir évoluer les différents personnages incarnés[185] et d'obtenir une vision du monde magique, proposée par le concepteur Stuart Craig et correspondant fidèlement à l'imagination de Rowling[186],[187]. En outre, les premiers lecteurs de la série ayant eu le même âge que les personnages ont pu vieillir en même temps que les héros au fil de l'histoire, ce qui a permis une identification très forte[188].
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+ Le roman Une place à prendre (The Casual Vacancy) est publié le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français chez Grasset[189]). L'histoire commence par la mort brutale d'un conseiller paroissial d'un petit village de la campagne anglaise. Sa mort va provoquer une guerre sans merci entre les habitants, tous désireux d'occuper le poste vacant. Le livre est présenté comme une tragédie teintée d'humour noir, une « satire féroce des hypocrisies sociales »[190].
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+
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+ « Nous sommes une société incroyablement snob et il est fascinant d’explorer cet aspect. La classe moyenne est très drôle ; c’est celle que je connais le mieux et c’est aussi celle où l’on rencontre le plus de gens prétentieux. C’est ce qui la rend si hilarante[122]. (J. K. Rowling) »
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+
127
+ Dans ses trois premières semaines de sortie, le roman se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139], certains estimant que le récit manque d'action et traîne en longueur[139],[190]. D'autres estiment que le vécu de Rowling (pauvreté et misère) se ressent dans la description des personnages, en particulier des adolescents particulièrement lucides, et que le lecteur retrouve le souci du détail qui lui est propre[190],[139]. L'ambiance et le décor sur fond de crise économique et sociale rappellent à d'autres les univers de Ken Loach ou de Billy Elliot[190].
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+ Le 3 décembre 2012, il est annoncé que la BBC adapterait le roman en une mini-série télévisée. L'agent de Rowling, Neil Blair, travaille sur le projet comme producteur[140], par l'intermédiaire de sa société de production indépendante. Rowling collabore à l'adaptation en tant que productrice exécutive[140]. La série Une place à prendre a été diffusée en trois parties du 15 février au 1er mars 2015[191],[192], avec notamment les acteurs Monica Dolan et Michael Gambon.
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+ J. K. Rowling entame en novembre 2013[144] l'écriture d'une série policière mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé, Cormoran Strike, et sa secrétaire et collaboratrice Robin Ellacott. Vétéran de la récente guerre d'Afghanistan où il effectuait des missions pour la Brigade spéciale d’investigation[193], le personnage de Cormoran Strike est revenu blessé (à la suite d'une explosion) et amputé d'une partie de la jambe droite, l'obligeant à porter une prothèse douloureuse. Son bureau est situé à Londres dans Denmark Street[194], près de Charing Cross Road. Sa secrétaire intérimaire, bien que discrète, se montre particulièrement efficace et les deux protagonistes vont naturellement faire équipe pour tenter de résoudre les enquêtes.
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+
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+ Pour construire ces romans, J. K. Rowling se base sur des récits factuels de vrais soldats[195]. Deux soldats en particulier parmi ses connaissances lui fournissent des renseignements très utiles pour établir le contexte et les antécédents de son héros[195]. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en français par Grasset et publié le 6 novembre 2013[144].
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+ Le deuxième roman, intitulé Le Ver à soie, est publié en français en octobre 2014[196]. Considéré comme « moins essoufflant » que son prédécesseur[197], le roman voit le héros enquêter sur la disparition d'un écrivain détesté par beaucoup de ses vieux amis pour les avoir insultés dans sa dernière production[198]. Pour l'écriture du troisième roman, dans lequel le personnage de Robin se retrouve au centre de l'intrigue, J. K. Rowling a recours à « une quantité incroyable de planifications » en utilisant des tableurs à codes couleurs pour mieux se repérer[199]. Au Royaume-Uni, La Carrière du mal est publié en octobre 2015[200] et sa traduction française en mars 2016[201]. Ce troisième roman est considéré par USA Today comme le meilleur de ce début de série[201], tandis que la NPR lui attribue une « exceptionnelle profondeur morale et émotionnelle »[201].
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+ Au printemps 2017, J. K. Rowling révèle le titre du quatrième roman via Twitter dans un « jeu du pendu » avec ses fans. Après de nombreuses tentatives infructueuses, les lecteurs ont finalement deviné le titre original : Lethal White[202] (Blanc mortel pour sa traduction française[203]).
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+
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+ Les Enquêtes de Cormoran Strike sont des best-sellers dans le monde entier et sont majoritairement salués par la critique et les lecteurs[204]. Après un démarrage parfois qualifié de « maladroit », voire d'« ennuyeux »[205], les lecteurs s'accordent à dire qu'ils retrouvent les personnages attachants et le « soin maniaque du détail » propres à J. K. Rowling[206],[207]. Les romans gagnent peu à peu en fluidité et en complexité[205], et pour The Toronto Star, les personnages de Strike et Robin forment « le plus formidable duo romanesque de mémoire récente »[201].
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+
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+ La série fait l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[208], Strike, avec Tom Burke dans le rôle-titre[209] et Holliday Grainger dans le rôle de Robin[210]. Une nouvelle fois, Rowling s'associe au projet en tant que productrice exécutive[211].
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+ Sur une idée du producteur Lionel Wigram[212], J. K. Rowling développe en 2015 (d'après son propre livre-guide Les Animaux fantastiques) les aventures d'un nouveau héros, Norbert Dragonneau, au sein du même univers étendu que celui de Harry Potter, mais situé soixante-cinq ans plus tôt dans sa chronologie[213]. Wigram souhaitait en effet, après la fin de Harry Potter au cinéma, développer les possibilités qu'offrait le petit livre écrit en 2001 pour l'association Comic Relief. « Norbert est sorti des pages du livre », affirme Wigram[212]. « Je ne pouvais m'empêcher de l'imaginer en train de crapahuter dans toutes sortes de lieux exotiques et dans d'innombrables aventures qu'il vivrait en chemin »[212].
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+
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+ La première partie de cette nouvelle saga, sortie en 2016, suit les aventures de Norbert, timide magizoologiste, dans la ville de New York en 1926[213], où il fait escale avant de poursuivre son voyage vers l'Arizona[214]. Sa valise, contenant de nombreuses créatures magiques, s'ouvre par mégarde et les animaux s'échappent dans la ville. Le héros, en s'alliant à un non magicien et à deux sorcières, va faire son possible pour récupérer toutes ses créatures sans qu'elles se blessent et sans se faire arrêter par les aurors du Congrès Magique américain.
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+
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+ Ainsi, les créatures et le personnage de Norbert Dragonneau (interprété par Eddie Redmayne) sont adaptés du petit répertoire, tandis que la nouvelle histoire originale, les autres personnages ainsi que « l'extension » de l'univers magique[215] sont développés pour l'occasion par J. K. Rowling, qui décide pour la première fois de s'occuper elle-même du script et d'écrire pour le cinéma.
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+
149
+ « Je crois qu'elle a vraiment aimé l'idée. Elle n'a rien dit, puis elle est revenue avec sa propre histoire, une histoire complètement différente, meilleure, plus riche, plus fantastique : la sienne[213]. »
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+
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+ — Lionel Wigram
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+ Selon le réalisateur David Yates (également réalisateur des quatre derniers films Harry Potter), même si l'histoire de Norbert Dragonneau comporte des détails similaires à celle de Harry Potter[216], elle s'avère complètement nouvelle[217]. L'histoire s'ouvre sur un monde magique hors de Poudlard[218] où l'époque, le pays et la culture sont tout à fait différents[219]. Cependant, il s'agit aussi pour Rowling — qui a conçu l'intrigue principale de ces cinq films dès 2016[220],[221] — d’une « opportunité incroyable de raconter des parties de l'arrière-plan qui n'ont jamais été intégrées aux livres [Harry Potter] »[220].
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+
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+ Le premier film obtient globalement un bon accueil de la part des spectateurs avec une note de 7,4/10 pour 275 887 avis sur l'Internet Movie Database et un score de 79 % évalué sur 85 613 avis sur Rotten Tomatoes. Il est également apprécié par la critique. Selon Wendy Ide de The Guardian, le film « se pose à un tournant très divertissant vers l'âge du jazz américain et insuffle une nouvelle vie à la franchise Potter », ajoutant qu'« en abordant les thèmes de la société divisée et de la persécution des minorités, le film se retrouve parfaitement ancré dans le temps »[222]. Pour Ouest-France, le film multiplie notamment les références aux classiques de la comédie américaine des années 1940, dans un New York des années 1920 « richement reconstitué »[223].
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+
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+ Le second volet, sorti en 2018[224], fait interagir Norbert avec un personnage déjà apparu dans Harry Potter : Albus Dumbledore, avant que celui-ci ne devienne directeur de l’école de Poudlard[153]. Le film, localisé principalement à Paris[225], fait également apparaître pour la première fois le personnage de Nicolas Flamel[226], inspiré du célèbre copiste français du XIVe siècle[227] et mentionné précédemment dans Harry Potter à l'école des sorciers comme étant le créateur de la pierre philosophale[227] grâce à laquelle il aurait vécu plus de 665 ans[228].
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+
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+ « Mes héros sont toujours des gens qui se sentent exclus, stigmatisés ou ostracisés. C'est au cœur de la plupart de mes œuvres[229]. »
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+ — J. K. Rowling
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163
+ Pour David Yates, il s'agit d'un trait caractéristique de J. K. Rowling que de s'intéresser « aux marginaux, aux incompris ou à ceux qui sont en léger décalage avec la société »[230]. C'est le cas de nombreux personnages de ses histoires, comme Norbert Dragonneau[230], Luna Lovegood[231], Cormoran Strike[232], Remus Lupin[233] ou encore Croyance Bellebosse[234]. Les producteurs parlent aussi d'un éloge « à la Rowling[230] » de l'amitié improbable entre deux personnages que tout semble opposer (le brusque Cormoran et la délicate Robin[235], le distant Norbert et le tendre Jacob, l'autoritaire Hermione et le désinvolte Ron, etc.), en étant bien souvent, comme le soulève Eddie Redmayne, amené à une situation où chacune des personnalités distinctes en vient à « tirer le meilleur de l’autre[236] ». Pour Jacky Bornet, rédacteur Culture chez France Télévisions, les personnages variés de J. K. Rowling seraient même destinés à « sceller leur amitié » grâce à la marginalité qu'ils ont en commun[237].
164
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165
+ Selon David Heyman, J. K. Rowling aurait mis en valeur, dans ses histoires du monde sorcier, des thèmes « intemporels et émouvants », qui invitent à la réflexion : la peur des autres s'associant à un monde divisé[218], le sentiment d'être un étranger à la recherche d'une famille[218] ou encore la nécessité d'être soi-même[218]. D'autres thèmes sont régulièrement soulevés : les questions écologiques et politiques notamment, qui influent sur la manière dont notre société fonctionne[230]. Rowling dit « [se méfier] des gens qui veulent le pouvoir » d'une manière générale, en pensant que cela se ressent clairement dans ses livres[238]. La discrimination et la répression sont particulièrement présentes, notamment dans son univers sorcier[230],[239].
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167
+ J. K. Rowling explore « le cœur de la condition humaine »[212], en abordant les idées et les thèmes profonds d'une manière « accessible et divertissante » selon Lionel Wigram[212]. Heyman soutient cette idée en affirmant qu'un équilibre émane de ses textes entre les éléments sombres qui apportent une dimension de danger et d'émotion, et les éléments plus légers et plus drôles[240]. Selon Heyman, ce flux maîtrisé entre l'humour et la mort contribue à rendre son univers réaliste[240].
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169
+ L'amour est également un thème important pour J. K. Rowling, bien qu'il soit distillé avec une certaine retenue dans son œuvre, l'auteure appréciant elle-même lorsque toute « mièvrerie » peut être évitée[241]. Mais selon elle, le fait d'être « humain » signifie être capable d'aimer[242]. Dans son univers, il s'agit régulièrement d'histoires d'amour inattendues ou compliquées, voire impossibles. C'est le cas dans Les Enquêtes de Cormoran Strike entre le détective et sa collaboratrice (avec laquelle il s'interdit d'entretenir une relation autre que très cordiale[195],[243]), dans Harry Potter entre le mangemort Rogue et la mère du héros, Lily Potter[244], mais également dans Les Animaux fantastiques entre le Non-Maj Jacob Kowalski et la sorcière Queenie Goldstein[245].
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171
+ Concernant les livres pour enfants, Rowling mentionne toujours Le Cheval d'argent (Le Secret de Moonacre) d'Elizabeth Goudge et les personnages enfants « très réalistes » des livres d'Edith Nesbit[246]. Selon ses termes, J. K. Rowling s'identifie à Edith Nesbit plus qu'à tout autre auteur[246]. Un autre classique pour enfants ayant probablement inspiré Rowling est Le Vent dans les saules de Kenneth Grahame, qui est considéré comme l'un des principaux représentants de la fantasy animalière[247]. En effet, quelques similitudes de tempérament sont affichées entre les personnages-animaux de l'œuvre de Grahame et les personnages humains de Rowling, et il s'agit de son livre pour enfants préféré, qui lui était lu par son père[248].
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+ L'influence qui vient de J. R. R. Tolkien et de son ami C. S. Lewis existe, mais est discutée. Dans sa biographie, Rowling précise qu'elle aimait Le Seigneur des anneaux et Les Chroniques de Narnia, bien qu'elle ne les ait jamais terminés ni l'un ni l'autre[249]. Selon elle, faire des liens entre l'œuvre de Tolkien et son travail s'avère un peu rapide et facile. Elle ajoute à propos de cette influence : « Tolkien a créé tout un ensemble autour de la mythologie. Je ne pense pas que quiconque puisse dire que j'ai fait de même, du moins à même échelle. Par ailleurs, jamais Tolkien n'aurait introduit un personnage comme Dudley Dursley[166] ». En ce qui concerne l'influence de C. S. Lewis, elle a précisé qu'elle avait pensé à la voie menant à Narnia par le biais de l'armoire magique lorsque Harry franchit la barrière de King's Cross[250].
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+ J. K. Rowling évoque elle-même de nombreuses œuvres et auteurs l'ayant inspirée ou marquée, comme Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer[251], Dickens durant son adolescence[15], Anna Sewell et Black Beauty[23], Jane Austen et son analyse des comportements humains « de manière peu sentimentale et pourtant émouvante[252] » (comme dans Emma[253]), ou encore Jessica Mitford et son engagement dans la guerre civile espagnole[254] : « J'aime la façon dont elle n'a jamais dénié certains aspects de l'adolescence, en restant fidèle à ses convictions politiques toute sa vie[48] ». L'auteure cite également Louisa M. Alcott : « j'étais timide et je passais pas mal de mon temps à la bibliothèque à rechercher des héros qui me ressemblaient. Je me souviens de Jo March, qui avait du caractère[255] ».
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177
+ Dans le cadre d'une interview accordée à Amazon en 1999, Rowling mentionne Roddy Doyle comme étant son écrivain vivant favori[256]. Elle ajoute qu'il lui arrive souvent de parler de Doyle et de Jane Austen de la même façon : « Je pense que ça rend les gens perplexes parce que ce sont deux écrivains très différents. Mais ils ont tous deux une approche très neutre de la nature humaine. Ils peuvent très bien aborder le sujet sans pour autant devenir mièvres »[241]. Dans une autre entrevue pour le magazine O, The Oprah Magazine en 2001, J. K. Rowling avoue être profondément marquée par le style de Doyle, par le réalisme et la « subtilité » avec lesquels il traite ses personnages féminins[257].
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+ J. K. Rowling fait référence à la chrétienté dans le septième roman de Harry Potter[248]. Par exemple, lors de la visite du cimetière à Godric’s Hollow, Harry et Hermione lisent des citations sur les pierres tombales. Celle des parents de Harry comprend l’inscription « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » qui est tiré de la première épître aux Corinthiens (chapitre 15, verset 26) et sur la pierre tombale de la mère et la sœur de Dumbledore, on peut lire « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » tiré de L'Évangile selon St Matthieu (chapitre 6, verset 21). Selon Rowling : « Ces livres se passent en Angleterre, il est donc logique que Harry trouve des inscriptions bibliques sur les pierres tombales. Mais de plus, ces citations résument toute la série[248] ».
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+ Pour les créatures fantastiques de son univers sorcier, J. K. Rowling avoue avoir pris des libertés vis-à-vis du folklore et de la mythologie[258]. Pour elle, le folklore britannique, tout en étant « l'un des plus riches et variés au monde », conserve un côté « bâtard », car il est le résultat de la fusion des nombreuses cultures apportées par les envahisseurs et occupants successifs de l'Angleterre[258]. Ainsi elle assure n'avoir eu aucun scrupule à emprunter librement quelques références, à la condition d'y ajouter des détails qui lui sont propres[258].
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+ J. K. Rowling soutient publiquement le Parti travailliste pour lequel elle fait don en 2008 de 1 000 000 £ (1,1 million €) la veille de la Conférence du parti, et la même somme pour les élections générales de 2010[259]. Elle affirme ainsi :
184
+
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+ « Je pense que les familles pauvres et vulnérables s'en tireront beaucoup mieux sous le parti travailliste que sous le parti conservateur de Cameron. Gordon Brown a introduit des mesures qui sauveront autant d'enfants que possible d’une vie sans opportunités ni choix. Le parti travailliste a renversé la tendance sur le long terme dans la pauvreté chez les enfants et il est en tête des pays de l’UE dans ce même combat[259]. (J. K. Rowling en 2008) »
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+ Elle est par ailleurs une amie de Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, avec laquelle elle a travaillé pour des œuvres de charité[260].
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+ L'auteure s'est prononcée en faveur du maintien de l'Écosse dans le Royaume-Uni lors du référendum sur l'indépendance de l'Écosse en 2014, faisant don d'un million de livres (1,2 million d'euros) pour le collectif Better Together[261]. J. K. Rowling s'est également positionnée pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne lors du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne en 2016[262],[263]. Elle s'en est ainsi pris au leader europhobe et pro-Brexit Nigel Farage au lendemain du référendum[264]. Rowling a clamé sa fierté de faire partie de la « minorité indécente » qui avait voté « contre » la sortie du Royaume-Uni[265].
190
+
191
+ En 2019, elle collabore à l'écriture d'un livre intitulé A Love Letter to Europe: An outpouring of love and sadness from our writers, thinkers and artists (traduction littérale : « Lettre d’amour à l’Europe : un flot d’amour et de tristesse de la part de nos écrivains, penseurs et artistes ») : une collection de lettres écrites par des personnalités de Grande-Bretagne pour montrer leur désaccord envers le Brexit[266]. L'ouvrage est publié le 31 octobre 2019[267], et la lettre de J. K. Rowling est retranscrite par The Guardian[268].
192
+
193
+ Internationalement, elle s'est opposée au boycott culturel d'Israël et a fondé un réseau, Culture for Coexistence, tout en mentionnant son opposition au Premier ministre Benjamin Netanyahu[269],[270].
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+
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+ Pendant les élections présidentielles américaines, elle a soutenu Barack Obama en 2008 et Hillary Clinton en 2016[271],[272]. Fin janvier 2017, la prise de position de l'auteure sur son compte Twitter face à la politique menée par Donald Trump et notamment contre le décret de ce dernier interdisant aux ressortissants de pays musulmans d'entrer sur le sol américain[273], a provoqué une vague d'indignation de la part de certains de ses fans s'affichant pro-Trump. L'auteure a posté des captures d'écran de certains messages violents ou indignés qui lui étaient adressés, notamment celui d'une internaute précisant avoir brûlé tous ses livres Harry Potter après dix-sept ans de lecture assidue et se disant « dégoûtée » par le comportement de J. K. Rowling[274]. Un message auquel l'auteure a répondu : « on peut encourager une fille à lire des livres sur la montée et la chute d’un autocrate, mais on ne peut pas la forcer à réfléchir[275] ». Peu de temps avant cela, Rowling venait de publier une citation de Winston Churchill : « Vous avez des ennemis ? C'est bien. Cela signifie que vous vous êtes battus pour quelque chose au moins une fois dans votre vie[273] ». En contre-partie, de nombreux fans amusés des échanges ont apporté leur soutien à l'auteure[275] et parmi eux, Emma Watson[276].
196
+
197
+ En décembre 2019, J. K. Rowling affiche son soutien à Maya Forstater, une chercheuse britannique ayant été licenciée après avoir affirmé que personne ne pouvait « changer son sexe biologique »[277],[278]. Selon Rowling, la scientifique aurait été injustement licenciée pour avoir simplement déclaré que « le sexe [était] réel ». À la suite de son soutien public, l'auteure est à son tour accusée de « transphobie » par certains fans et médias[279],[280].
198
+
199
+ En juin 2020, elle provoque la colère des militants de la cause trans en associant les termes « femme » et « personne qui a des règles »[281],[282], en n'incluant pas explicitement les femmes trans dans ses commentaires, voire en sous-entendant, selon Télérama, que les femmes trans ne sont pas des femmes[283] ; des propos qui lui valent d'être qualifiée de féministe TERF[284]. Par la suite, Rowling précise qu'elle « [respecte] le droit de toute personne trans à vivre sa vie de la façon qui lui paraît la plus sincère et confortable »[282]. Selon elle, « si le sexe n'est pas une réalité, alors il n'y a pas d'attirance pour les personnes de même sexe. Je connais et j'aime des personnes trans, mais effacer le concept de sexe retire à beaucoup la capacité de discuter vraiment de leurs expériences »[282]. De nombreux internautes lui reprochent alors de confondre les notions de sexe (biologie) et de genre (relatif à la construction sociale)[282],[285]. Le 10 juin 2020, elle publie un long article sur son site officiel, dans lequel elle explique plus en détail ses préoccupations et son point de vue[286],[287]. Elle estime notamment — en évoquant les violences conjugales et sexuelles dont elle a été victime dans les années 1990[286] — que permettre aux femmes trans d'accéder à des espaces unisexes peut être dangereux pour les « femmes de naissance » (cisgenres)[286].
200
+
201
+ Le Monde évoque par la suite des débats qui « se polarisent »[284], entre les personnes qui dénoncent ou se désolidarisent des propos de J. K. Rowling (certains acteurs de Harry Potter[283],[288],[289], les communautés et sites de fans[284],[290], etc.) et les personnes qui la soutiennent ou qui estiment que ses propos ont été mal interprétés ou exagérés[284],[291],[292]. Pour Olivia Chaumont, militante de la cause trans, Rowling cherche à « nie[r] l’identité de genre » en niant le fait qu'une personne née « génétiquement homme » puisse devenir « socialement femme »[293]. Cependant, du fait de son empathie envers les personnes trans vulnérables, l'accuser de « transphobie » serait, selon Chaumont, inapproprié[293]. L'Express met aussi l'accent sur « l'hystérisation des débats dès qu'ils entrent dans l'arène des réseaux sociaux », et la position délicate dans laquelle s'est placée J. K. Rowling en abordant ce sujet de société sur un site comme Twitter[294].
202
+
203
+ J. K. Rowling se considère croyante, bien que « difficilement » selon ses propres termes, éprouvant beaucoup de doutes, y compris au sujet de l'existence de « Dieu »[295]. Seule membre de sa famille à se rendre régulièrement à la messe, elle a été baptisée tardivement[17].
204
+
205
+ En 2003, le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, s'est officiellement opposé à la série Harry Potter, qui selon lui faisait figure de « tromperies subtiles qui pourraient passer inaperçues et par là même pervertir profondément le christianisme dans l'âme[296],[297] ». En 2008, L'Osservatore Romano publie une controverse au sujet de la série, intitulée « Le double visage de Harry Potter », confrontant deux points de vue opposés sur la dimension morale de l'histoire[298],[299]. Par ailleurs, plusieurs groupes de chrétiens fondamentalistes ont dénoncé les livres Harry Potter, prétendant qu’ils prônaient la sorcellerie[300]. Face à ces accusations, J. K. Rowling se défend : « Je vais à l’église, mais je n’ai aucun lien avec les aliénés qui se situent aux extrêmes de ma religion. Personnellement, je pense qu'on peut voir cela dans mes livres. Poudlard est bien sûr une école multiconfessionnelle. Je n'ai jamais eu l'intention de convertir qui que ce soit au christianisme, je ne veux pas faire ce qu'a fait C. S. Lewis. Il est tout à fait possible de vivre une vie morale sans croire en Dieu, tout comme vivre une mauvaise vie en croyant en Dieu[301],[302] ».
206
+
207
+ En 2000, elle crée le Volant Charitable Trust, qui utilise son budget annuel d'environ 5 000 000 £[303] (5,6 millions €) pour combattre la pauvreté et l’inégalité sociale. Une partie de ces fonds est également reversée à des associations d’aide aux enfants, aux familles monoparentales et à la recherche sur la sclérose en plaques[304].
208
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209
+ Rowling écrit à la main Les Contes de Beedle le Barde, un recueil des contes mentionnés dans Les Reliques de la Mort, en seulement sept exemplaires dont six destinés principalement à ses proches. Le septième est vendu lors d’une mise aux enchères le 13 décembre 2007 à Sotheby's au profit de l’association The Children Voice pour un montant de 1 950 000 £[305] (2,2 millions €). L’ouvrage est finalement publié début décembre 2008[306]. Rowling déclare : « Cela signifie tellement pour les enfants en situation de besoin. Noël arrive en avance pour moi[307],[308]. »
210
+
211
+ S'étant déjà retrouvée en position de parent isolé, Rowling devient ambassadrice de l’association caritative One Parent Families en 2000 dont elle est l'actuelle présidente[309]. Rowling écrit, en collaboration avec Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, un recueil d’histoires pour enfants dont les bénéfices vont à One Parent Families[310].
212
+
213
+ En 2001, l’association britannique de lutte contre la pauvreté Comic Relief demande à trois auteurs populaires[f], dont J. K. Rowling, de publier de petits livres reprenant les thèmes de leurs plus gros succès[311]. Les deux publications de Rowling, Les Animaux fantastiques et Le Quidditch à travers les âges, sont présentées comme des facsimilés de livres présents dans la bibliothèque de Poudlard, et font figurer sur leur couverture le nom de leur auteur fictif respectif : Newt Scamander et Kennilworthy Whisp. Depuis leur sortie en mars 2001, ces livres ont rapporté 15 700 000 £ (17,6 millions €). Les 10 800 000 £ (12,1 millions €) récoltés hors du Royaume-Uni ont été collectés via une nouvelle association, l’International Fund for Children and Young People in Crisis (le Fonds international pour les enfants et les jeunes gens en crise)[312].
214
+
215
+ En 2005, Rowling et la députée européenne Emma Nicholson fondent le Children's High Level Group[313],[314] (CHLG, ou « Groupe de Haut Niveau pour l’Enfance »), qui sera rebaptisé Lumos en 2010[315]. En janvier 2006, Rowling se rend à Bucarest pour dénoncer l’utilisation des lits-cages dans les institutions psychiatriques pour enfants[314].
216
+
217
+ Le 27 juillet 2012, J. K. Rowling participe à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres, récitant un passage de Peter Pan de J. M. Barrie[g] dans le cadre d'un hommage à l'hôpital pour enfants de Great Ormond Street[316] (récipiendaire des droits d'auteur de Peter Pan dès 1929 selon la volonté de Barrie). Il s'ensuit un tableau durant lequel un Voldemort géant[316] est vaincu par des dizaines de Mary Poppins[317].
218
+
219
+ Rowling soutient la recherche et le traitement de la sclérose en plaques[318],[319]. En 2006, elle contribue substantiellement à la création d'un nouveau centre de médecine régénérative à l'université d'Édimbourg, nommée « Clinique de neurologie régénérative Anne Rowling » en mémoire de sa mère, morte en 1990 du fait de cette maladie[320]. En 2010, elle fait don de 10 millions de livres supplémentaires à la clinique[321], puis, en 2003, prend part à une campagne visant à établir une norme nationale de soins pour les personnes atteintes de la maladie[322].
220
+
221
+ En 2009, elle retire son soutien à la Société canadienne de la sclérose en plaques en évoquant l'incapacité de cette dernière à résoudre une querelle persistante entre les branches nord et sud de l'organisation, ayant miné le moral et entraîné la démission de plusieurs de ses membres[322].
222
+
223
+ En 2019, J. K. Rowling annonce qu'elle versera 19 millions de dollars supplémentaires à la clinique Anne Rowling[323],[324].
224
+
225
+ En mai 2008, la chaîne de librairies Waterstones demande à J. K. Rowling et à d'autres auteurs[h] d'écrire une brève histoire sur une carte postale de format A5. Les cartes ont ensuite été vendues aux enchères pour l'association caritative Dyslexia Action et le PEN club international. La contribution de J. K. Rowling était un Prologue à Harry Potter, un texte de 800 mots mettant en scène le père de Harry, James Potter, et son parrain Sirius Black trois ans avant la naissance de Harry[325],[i]. Le texte a été mis en ligne en juin 2008 mais la carte manuscrite originale a été volée lors d'un cambriolage en mai 2017[326],[327].
226
+
227
+ Le 1er et 2 août 2006, elle lit des passages de ses romans, aux côtés de Stephen King et John Irving, au Radio City Music Hall de New York. Les bénéfices de l'événement sont reversés à la Fondation Haven, une organisation caritative venant en aide aux artistes et personnes non assurables dans l'incapacité de travailler, ainsi qu'à l'ONG Médecins sans frontières[328]. En mai 2007, Rowling a promis un don de plus de 250 000 £ à un fonds de récompense lancé par le tabloïd News of the World pour le retour en toute sécurité de Madeleine McCann, une fillette britannique disparue au Portugal[329]. Rowling, ainsi que Nelson Mandela, Al Gore et Alan Greenspan, ont écrit une introduction à une sélection de discours de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, dont le produit a été remis au laboratoire de recherche Jennifer Brown[330].
228
+
229
+ La révélation du nom de J. K. Rowling en tant que véritable auteure de L'Appel du coucou en 2013 a mené à une augmentation massive des ventes du livre en question, après quoi Rowling a annoncé qu'elle reverserait tous ses droits d'auteur au Fonds de bienfaisance de l'armée, ajoutant que cela avait été son intention dès le départ mais qu'elle n’avait pas prévu que le livre se vende aussi bien[331].
230
+
231
+ Rowling est membre des PEN club anglais et écossais. Elle a fait partie des cinquante auteurs à contribuer à l'action « First Editions, Second Thoughts », une vente aux enchères de charité. Chaque auteur devait annoter une copie de la première édition de l'un de ses livres : dans le cas de Rowling, Harry Potter à l'école des sorciers. Le livre était le lot le mieux vendu de l'événement, s'élevant à 150 000 livres sterling[332].
232
+
233
+ Rowling soutient également le Shannon Trust, qui dirige le plan de lecture Toe by Toe et le plan de lecture Shannon dans les prisons britanniques, aidant et proposant un tutorat aux détenus illettrés[333].
234
+
235
+ En 2020, pendant la pandémie de Covid-19, l'auteure fait don d'un total de 1,13 million d’euros, destiné à deux associations britanniques : Crisis (en), qui vient en aide aux personnes sans logis, et Refuge (en), qui lutte contre les violences domestiques pendant le confinement[334],[335].
236
+
237
+ Pour son travail artistique et sa bienfaisance, J. K. Rowling a remporté plusieurs honneurs et distinctions. Les plus importants sont énumérés ci-dessous :
238
+
239
+ Elle a obtenu plusieurs doctorats honoris causa :
240
+
241
+
242
+
243
+ Un téléfilm américain, intitulé J. K. Rowling : La Magie des mots, est diffusé depuis le 18 juillet 2011[371] sur Lifetime et régulièrement diffusé sur TF1[372]. Il s'agit d'un film biographique réalisé par Paul Kaufman et centré sur l'enfance et le début de carrière de la romancière. Son rôle est interprété par l'actrice australienne Poppy Montgomery.
244
+
245
+ J. K. Rowling a précisé en février 2015 qu'elle ne souhaitait pas voir ce film[373].
246
+
247
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
248
+
249
+ Biographies et entretiens
250
+
251
+ Romans
252
+
253
+ Analyses
254
+
255
+ Autres
256
+
257
+ Sur les autres projets Wikimedia :
258
+
259
+ L'école des sorciers (1997)
260
+
261
+ La Chambre des secrets (1998)
262
+
263
+ Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
264
+
265
+ La Coupe de feu (2000)
266
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267
+ L'Ordre du Phénix (2003)
268
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269
+ Le Prince de sang-mêlé (2005)
270
+
271
+ Les Reliques de la Mort (2007)
272
+
273
+ L'Enfant maudit (2016)
274
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275
+ Vie et habitat des animaux fantastiques (2001)
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277
+ Les Animaux fantastiques (2016)
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279
+ Les Crimes de Grindelwald (2018)
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+ Les Animaux fantastiques 3 (2021)
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+
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+ Œuvres principales
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+
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+ modifier
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+ Joanne Rowling [ d͡ʒoʊˈæn ˈroʊlɪŋ][a], plus connue sous les noms de plume J. K. Rowling[b] et Robert Galbraith, est une romancière et scénariste anglaise née le 31 juillet 1965 dans l’agglomération de Yate, dans le Gloucestershire du Sud. Elle doit sa notoriété mondiale à la série Harry Potter, dont les romans traduits en près de quatre-vingts langues ont été vendus à plus de 500 millions d'exemplaires dans le monde.
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+ Issue d’une famille modeste, elle a écrit sa première « histoire » à l'âge de six ans. Après des études à l'université d'Exeter ainsi qu'à la Sorbonne où elle a obtenu un diplôme en littérature française et en philologie, elle a travaillé un temps au sein d'Amnesty International, puis a enseigné l'anglais et le français. C'est à vingt-cinq ans qu'elle a bâti les premiers concepts et institutions de son univers sorcier, dans lequel un enfant orphelin découvrait à la fois son héritage tragique et ses talents de magicien. Elle a rédigé son premier roman, L'École des sorciers, dans un contexte de précarité et de dépression et a dû attendre plus d'un an avant sa publication en 1997 chez Bloomsbury.
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+ Acclamée par ses lecteurs de tout âge et par la critique, J. K. Rowling a remporté de nombreux prix littéraires, notamment les prix Hugo, Locus et Bram Stoker, et a reçu la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 2009. Elle est réputée pour aborder des idées et des thèmes profonds avec accessibilité et humour, et s'attacher régulièrement à des personnages placés en marge de la société. Time Magazine l'a élue vice-championne du titre de la Personnalité de l'année en 2007, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait insufflée à ses fans. En octobre 2010, elle a également été nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines. Très présente sur les réseaux sociaux, où elle prend régulièrement la parole sur des sujets politiques ou de société qui lui sont chers, il lui arrive aussi d'être critiquée sur ses positions. En 2020, notamment, ses propos sur l'identité de genre font polémique, en étant considérés transphobes par de nombreux fans et militants de la cause trans.
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+ Le succès planétaire de son heptalogie romanesque, des films adaptés ainsi que des travaux dérivés de Harry Potter lui ont permis d'acquérir une fortune considérable, dont une partie est régulièrement reversée à de nombreuses associations caritatives luttant contre la maladie et les inégalités sociales. J. K. Rowling est devenue une philanthrope reconnue en cofondant notamment l'association Lumos qui œuvre pour la protection de l'enfance.
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+ Elle se tourne vers un public adulte à partir de 2012 en publiant le roman social Une place à prendre, puis en entamant une série policière l'année suivante, sous un second nom de plume. Elle devient également scénariste pour le cinéma à partir de 2016 en étendant son univers sorcier à travers la série de films Les Animaux fantastiques, dont le premier volet a connu un succès international.
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+ Joanne « Jo » Rowling[4],[5] est la fille d'Anne Volant (1945-1990), technicienne de laboratoire[6],[7], et de Peter James Rowling (né en 1945), ingénieur en aéronautique[8]. Ses parents, qui habitent à Londres durant leur adolescence, se rencontrent lors d'un trajet en train entre King's Cross et Arbroath, en Écosse, en 1964[7]. Peter Rowling part alors rejoindre les rangs de la Royal Navy et Anne ceux du Women's Royal Naval Service, l'équivalent féminin[9].
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+ L'arrière grand-père maternel de J. K. Rowling, le Français Louis Volant, a reçu la croix de guerre pour bravoure exceptionnelle après avoir défendu le village de Courcelles-le-Comte durant la Première Guerre mondiale[10]. L'auteure pensait à l'origine que Louis Volant avait reçu la Légion d'honneur, comme elle l'a formulé en recevant elle-même la distinction en 2009[11]. Elle a découvert en 2011, en participant à l'émission de généalogie de la BBC Who Do You Think You Are?, que la Légion d'honneur fut décernée en réalité à un homonyme[12].
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+ Après avoir quitté la marine, les parents de Joanne Rowling s'installent à Yate, à une quinzaine de kilomètres de Bristol, dans l'ouest de l'Angleterre[1]. Peter Rowling, avant de devenir ingénieur[8], travaille à la chaîne d'assemblage des moteurs d'avions de combat Harrier[13] à la Bristol Siddeley Engines, Ltd.[14] (qui fusionnera avec Rolls-Royce en 1971[13]). Ils se marient en mars 1965[15] et Anne Rowling donne naissance à Joanne le 31 juillet de la même année au Cottage Hospital de Yate[16],[c]. Peter et Anne Rowling espéraient alors un garçon, qu'ils auraient baptisé « Simon John »[17]. La sœur de Joanne, Dianne (« Di »[9]), vient au monde deux ans plus tard, en juin 1967[14],[18].
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+ En 1969, la famille Rowling s'installe dans une maison plus grande, dans la rue Nicholls Lane[14] à Winterbourne[18], toujours dans les faubourgs de Bristol. Cette maison de banlieue inspirera inconsciemment Rowling pour imaginer une trentaine d'années plus tard la maison du 4, Privet Drive de la famille Dursley[19]. Anne Rowling, qui a renoncé momentanément à sa carrière pour se consacrer à l'éducation de ses filles, exerce sur elles la plus grande influence en leur transmettant son amour des livres et des histoires, éveillant ainsi leur imagination[20]. Joanne écrit son premier récit complet à l’âge de six ans : l’histoire d’un lapin nommé Rabbit[18],[21], bloqué dans sa maison par la rougeole et consolé par un bourdon géant du nom de mademoiselle Bee[22]. Selon Rowling, il s'agissait d'un « plagiat » d'une histoire de Richard Scarry qu'elle adorait écouter[23]. Mais pour le biographe Sean Smith, « la chose extraordinaire tient dans le fait qu'une gosse de six ans ait consacré du temps à inventer une histoire »[24]. L'écriture de Rabbit donne pour la première fois à l'enfant l'envie de devenir écrivain[25].
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+ Les deux sœurs jouent régulièrement au Glenwood Store de West Moors[26], une épicerie tenue dans le Dorset par Kathleen et Ernest Rowling, leurs grands-parents paternels[26]. Elles jouent également avec les autres enfants de leur nouvelle rue, et notamment avec un frère et une sœur dont le nom de famille est Potter[9]. Un nom que Rowling préfère au sien puisque ce dernier est régulièrement sujet aux jeux de mots affligeants tels que Rowling stone ou Rowling pin (« rouleau à pâtisserie »)[9]. L'enthousiasme d'Anne Rowling et de Dianne pour la créativité de Joanne encourage celle-ci à inventer des histoires et à les partager[24]. Elle devient un leader auprès des autres enfants de Nicholls Lane[24]. Lorsque les sœurs Rowling et les Potter jouent aux sorciers, Joanne invente les scénarios, les sortilèges et les potions[27]. À l'école primaire St Michael[28], qu'elle fréquente dès septembre 1972[29], elle trouve l'environnement « détendu » et lui convenant parfaitement dans la mesure où elle y fait beaucoup de poterie, de dessin et de rédactions[9]. Son directeur d'école, Alfred Dunn, fut plus tard sa principale source d'inspiration pour le personnage d'Albus Dumbledore[30],[28].
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+ En 1974[31], lorsque Rowling a neuf ans, ses parents décident de partir vivre à la campagne. La famille déménage donc à Tutshill[18], un petit village anglais à la frontière avec le Pays de Galles, et voisin de la ville de Chepstow. Leur nouvelle maison, baptisée « Church Cottage »[32],[d], se trouve en bordure de la forêt de Dean, et Chepstow est dominée par un château en ruine au sommet d'une falaise, ce qui, selon Rowling aujourd'hui, « peut expliquer beaucoup de choses[33] ». Ce dernier déménagement coïncide avec la mort de sa grand-mère Kathleen[9], à l'âge de cinquante-deux ans[34]. Très attristée par cet événement, Rowling choisira plus tard d'inclure l'initiale de son prénom dans son pseudonyme : le « K » de J. K. Rowling[35],[9].
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+ La même année, les deux sœurs intègrent l'école voisine du cottage[36], où Joanne ne se plaît pas du tout[9]. Sa salle de classe de l'époque, à l'ambiance « dickensienne »[37], lui semble défraîchie, comprenant des bureaux à cylindre en bois et des encriers. De surcroît, l'institutrice se montre particulièrement stricte et inspire la crainte chez la plupart de ses élèves[38], séparant les plus « intelligents » (qu'elle place du côté gauche de la classe) de « ceux qui le sont moins » (placés du côté droit)[38]. Rowling fait mauvaise impression dès son premier jour, puis évolue au cours de l'année : « Je fus promue deuxième gauche. […] C'est ainsi que, en une brève traversée de la classe, je devins intelligente, mais impopulaire »[39].
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+ En septembre 1975[40], en guise d'activité parascolaire, Rowling intègre la seconde section des Brownies de Tidenham, une organisation liée à l'église, proposant dans la semaine des activités de scoutisme aux enfants de sept à dix ans[31]. La section de Rowling se divise en six groupes, portant chacun un nom en lien avec l'univers de la fantasy (les « Fées », les « Lutins », les « Farfadets », etc.[41]), et la fillette se spécialise dans trois domaines : signaler par signes, sémaphore et premiers secours[41]. Ses marches la mènent régulièrement sur les ruines de l’église de Lancaut, contournée par la rivière Wye ; dans les sous-bois bordant Offa's Dyke (un chemin très apprécié des randonneurs[31]), ou encore dans le labyrinthe des cavernes d'Otter Hole à Chepstow[42]. Des endroits « enchanteurs et passionnants pour de jeunes aventuriers » selon Sean Smith[42].
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+ Rowling, qui est la seule de sa famille à se rendre régulièrement à la messe[17], est baptisée à onze ans à l'église St Luke jouxtant le cottage[17],[33] et gagne son argent de poche en y effectuant régulièrement des heures de ménage avec sa sœur, payées à 1 £ chacune[17]. Elle en profite pour noter quelques noms figurant dans le registre de l'église pour ses propres histoires et s'amuse avec Dianne à le signer régulièrement[17]. Au même âge, Rowling rédige un court roman d'aventures évoquant sept diamants maudits et les mésaventures de leurs possesseurs[18], un hommage rendu à l'écrivain Edith Nesbit qu'elle affectionne particulièrement[43].
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+ En 1976, Rowling intègre à onze ans le collège de Wyedean à Sedbury où travaille sa mère (au département des sciences)[6]. Joanne et Dianne peuvent ainsi conserver un contact quotidien avec leur mère qui, sans enseigner directement, intervient régulièrement durant les cours scientifiques[44].
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+ « Tranquille, myope, couverte de taches de rousseur et nulle en sport »[45], elle découvre le théâtre de Shakespeare, avec notamment Le Roi Lear et Le Conte d'hiver, d'où le prénom de son personnage, « Hermione », a été tiré[46]. Durant cette période, sa grand-tante lui remet une copie de l'autobiographie de Jessica Mitford, Hons and Rebels[47] et Mitford devient un modèle pour Rowling, qui lit alors l'intégralité de son œuvre[48]. À la maison, les deux sœurs ont la possibilité de lire tous les livres présents sans aucune restriction[49]. Rowling commence à découvrir d'elle-même l'univers de Jane Austen à onze ou douze ans avec Orgueil et préjugé[49] et lit La Foire aux vanités de Thackeray à quatorze ans[49].
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39
+ En cours, elle est impressionnée par Miss Shepherd, son enseignante d'anglais stricte à l'humour « mordant », qui se montre consciencieuse, féministe et passionnée par son métier[50]. Rowling précise plus tard qu'il s'agit de la seule enseignante à qui elle s'est confiée[51],[52]. Elle est aussi déstabilisée par l'enseignement du collègue et ami de sa mère[53], son professeur de chimie John Nettleship, surnommé Stinger (« celui qui pique ») par ses élèves[54]. En cours, Nettleship intimide par sa capacité à toucher au cœur des problèmes[55], n'hésitant pas à se montrer sévère ou sarcastique. Selon Nettleship, Rowling est à cet âge une « observatrice astucieuse »[56], timide, discrète, intelligente et ne montrant aucun intérêt pour les sciences[57]. L'enseignant se dit heureux et fier d'avoir vraisemblablement inspiré l'énigmatique professeur Rogue[55],[58],[57] : « J'avais l'habitude d'isoler un élève après l'autre pour lui poser une question, et Joanne était l'une des élèves les plus capables de la classe. […] Je crois que le manque de confiance que l’on perçoit chez Harry est aussi ce qu'elle ressentait dans certains domaines de sa scolarité »[55]. Un autre professeur d'anglais de Wyedean se souvient de Rowling comme de quelqu'un préférant s'exprimer dans ses écrits (pour lesquels elle excellait[59]) plutôt qu'oralement dans des discussions[60]. Il se souvient notamment de l'une de ses compositions intitulée Mon île déserte, écrite pendant une leçon sur le thème de la survie et inspirée par l'étude parallèle de Sa Majesté des mouches et de Walkabout[59].
40
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41
+ L'événement le plus difficile de son adolescence est la découverte de la maladie de sa mère, en 1980[61], alors que Rowling n'a que quinze ans. Les médecins diagnostiquent une maladie du système nerveux central : une sclérose en plaques[9]. L'état d'Anne Rowling se dégrade alors lentement mais de façon régulière[9].
42
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+ Entre-temps, Rowling raconte à ses amis de longs récits nés de son imagination dans « un débit sec et ironique » qui lui est propre et qu'elle conservera plus tard dans son style d'écriture[62]. Elle se passionne pour les langues[63], la musique pop et le groupe The Smiths[15]. Elle apprécie également la chanteuse Siouxsie Sioux dont elle adopte le maquillage gothique pendant quelque temps[64]. Lors de sa dernière année à Wyedean[51], Rowling s'ouvre davantage au monde extérieur et gagne en maturité et en popularité[65]. Elle fait la connaissance de Sean Harris, qui deviendra son meilleur ami et propriétaire d'une Ford Anglia turquoise dans laquelle ils prendront régulièrement l'habitude de « s'échapper » de l’école[66]. C'est à lui que Rowling confie pour la première fois sa volonté de devenir écrivain[9]. Le même modèle que celui de sa voiture apparaît en clin d’œil à plusieurs reprises dans le deuxième roman Harry Potter, que l'auteure dédiera à son ami lors de sa publication[66]. Harris deviendra célèbre par la suite pour avoir été celui qui inspira officiellement le personnage de Ron Weasley[54],[67].
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+ Pour son baccalauréat, Rowling choisit des matières essentiellement linguistiques, c'est-à-dire l’anglais, le français et l’allemand[15], où elle obtient de bons résultats à ses examens finaux (deux A et un B[15]).
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+ En 1983, ses études secondaires étant terminées, Rowling fait une demande d’inscription à l’université d'Oxford[68], mais son dossier est refusé car son école d'origine ne jouit pas d’une bonne réputation[54]. Selon John Nettleship, Rowling aurait été refusée à Oxford pour la seule raison qu'elle était issue d'une école secondaire publique, au même titre que Laura Spence[68] (dont l'affaire fut suivie par la presse britannique en 2000[69]). Rowling est cependant acceptée à l’université d'Exeter[18], près de la côte Sud de l'Angleterre, où elle perfectionne son français et étudie la littérature antique pour satisfaire ses parents qui souhaitent qu'elle devienne secrétaire bilingue[70].
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+ Lors de sa première année à Exeter, elle réside dans une petite chambre d'étudiant du bâtiment « Jessie Montgomery »[71] (aux Duryard Halls), puis au bâtiment « Lafrowda » à partir de l'année suivante[72]. Elle passe beaucoup de temps à la cafétéria du Devonshire House, un lieu où se regroupent de nombreux étudiants[73], et accorde à cette époque davantage d'importance à sa vie sociale — bien que demeurant de nature introvertie et solitaire[74] — plutôt qu'à sa réussite académique[73],[54],[15]. Martin Sorrell, son professeur de français et conseiller aux études à Exeter[75], se souvient « d'une étudiante compétente et tranquille, avec une veste en jean et des cheveux noirs, qui, en termes académiques, donnait l'impression de faire ce qui était nécessaire[8] ». D'autres professeurs décrivent encore une étudiante « rêveuse » ou quelqu'un « de très intériorisé n'étant pas en relation active avec le monde extérieur »[56],[54]. Régulièrement distraite, elle perd des polycopiés et oublie, en 1984, de s'inscrire à certains examens de fin d'année, abandonnant de ce fait les études de civilisation grecque et romaine[76],[15].
50
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51
+ En 1985, elle est tenue de passer l'année en France pour son cursus[76] ; elle a le choix entre enseigner l'anglais dans une école française, étudier dans une université française ou travailler dans une entreprise française[76]. Rowling choisit la première option et s'inscrit à la Sorbonne dans le cadre d'un stage d'enseignement[76],[77],[78],[79]. Elle découvre cette année-là Le Conte de deux cités de Dickens[76], dans lequel le sacrifice du personnage de Sydney Carton pour sauver la vie de Charles Darnay, sur fond de Révolution française, marque profondément son esprit[80],[15].
52
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53
+ Elle retourne à Exeter pour effectuer sa dernière année et passe beaucoup de temps auprès des six-cent mille ouvrages que compte la bibliothèque du campus principal[81]. Cependant, elle s'y rend davantage pour son amour de la lecture que pour ses études[81]. C'est à cette période qu'elle découvre notamment l'univers de Tolkien en se consacrant durant plusieurs mois à la lecture du Seigneur des anneaux[82],[54]. En parallèle de son mémoire de licence (une dissertation de trois mille mots en français[81]), elle se porte volontaire pour aider à l'organisation d'une pièce de théâtre, Le Cosmonaute agricole d'Obaldia, mise en scène par son professeur de français Martin Sorrell[83]. Il s'agit d'un spectacle « drôle et plein de vie »[83] porté par des discussions philosophiques entre les personnages. Rowling est responsable du choix des costumes[83] et se montre très impliquée, ne manquant aucune répétition[84].
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+ En 1987, elle obtient un résultat moyen à ses examens avec un diplôme de « deuxième classe, seconde division »[75],[15]. Son mémoire de licence demeure son meilleur travail[81].
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57
+ Après ses études, Rowling s'installe dans un appartement à Clapham, au sud-ouest de Londres[85]. Elle enchaîne les emplois temporaires et travaille notamment au service de recherche d'Amnesty International en tant que secrétaire bilingue[85],[86]. Une expérience qui fut, selon ses propres termes, « l'une des plus formatrices » de sa vie[86]. Elle lit des lettres d'hommes et de femmes originaires d'Afrique francophone[87], menacés d'emprisonnement pour tenir informé le monde extérieur du régime « totalitaire » dont ils sont les sujets, ou encore les récits de témoins ou de victimes de torture, d'enlèvements ou de viols[86].
58
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59
+ « J'ai commencé à faire des cauchemars, littéralement des cauchemars, à propos de certaines choses que j'ai vues, entendues et lues. […] Mais le pouvoir de l'empathie humaine, menant à une action collective, peut sauver des vies et libérer des prisonniers. Les gens ordinaires, dont le bien-être personnel et la sécurité sont assurés, peuvent se réunir en grand nombre pour sauver des personnes qu'ils ne connaissent pas et ne rencontreront probablement jamais. Ma petite participation à ce processus a été à la fois l'une des plus grandes leçons d'humilité et une des expériences les plus inspirantes de ma vie[86]. »
60
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+ — J. K. Rowling (extrait de son discours à Harvard en juin 2008)
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+ Pendant ce temps, elle entame une vie parallèle en tant qu'écrivain, travaillant sur deux romans pour adultes qui n'ont a priori jamais été publiés[85],[15].
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+ En 1990[35], Rowling travaille à la chambre de commerce de Manchester[7], toujours en tant que secrétaire[88], et décide donc de s'installer dans cette ville avec son compagnon[9]. C’est lors d’un voyage en train de Manchester à Londres, plus long que prévu, qu’elle imagine l’histoire d'un garçon ignorant être un sorcier et recevant une invitation pour l'école de sorcellerie[9],[54]. Elle n'a rien pour écrire[9], mais passe son voyage à imaginer la situation et à identifier ses personnages, notamment Ron Weasley, pour lequel elle s'inspire de son ami Sean Harris[54], et Rubeus Hagrid[89]. Elle imagine aussi les fantômes de l'école. Plus tard, elle pioche des expressions et des fables dans les index géographiques et le dictionnaire Brewer[54],[90]. Pour l'école, elle imagine aussitôt un château datant du Moyen Âge et situé en Écosse[54], lieu de rencontre de ses parents. À son arrivée à la gare de King's Cross, beaucoup d'idées ont déjà pris forme et elle stocke des notes dans des boîtes à chaussures[88],[91].
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+ Anne Rowling meurt le 30 décembre 1990[9] des suites de sa maladie lorsque Joanne a vingt-cinq ans. Cette dernière ne fait que commencer l'écriture de Harry Potter et n'a pas encore eu l'occasion d'aborder le sujet avec sa mère[92]. Rowling surmonte sa douleur en détaillant davantage les sentiments de son héros orphelin, dès le premier roman[93].
68
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+ Rapidement licenciée de son travail à la chambre de commerce de Manchester[94], elle répond à une annonce dans The Guardian pour un poste de professeur d'anglais à Porto[7] et déménage au Portugal[15]. Le travail à mi-temps lui permet de se consacrer à son roman qui évolue beaucoup après la mort de sa mère[9]. La directrice adjointe de l’école où enseigne Rowling perçoit cette dernière comme étant nerveuse et anxieuse durant cette période[15].
70
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+ « Désormais, les sentiments de Harry envers ses parents disparus étaient devenus bien plus profonds et tangibles. C'est durant les premières semaines de mon séjour au Portugal que j'ai écrit mon chapitre préféré de L'école des sorciers : Le miroir du Riséd[9]. (J. K. Rowling) »
72
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73
+ Elle rédige les aventures de Harry dans son appartement (qu'elle partage alors avec deux autres Britanniques[15]), en écoutant le Concerto pour violon de Tchaïkovski[8], ou en s'installant dans les lieux fréquentés de Porto comme le café Majestic[95]. La librairie Lello & Irmao a longtemps obtenu la réputation d'avoir inspiré Rowling pour créer la librairie Fleury et Bott[96], ce que l'auteure a démenti en mai 2020 par le biais d'un tweet, en affirmant n'avoir jamais visité cette librairie ni même avoir eu connaissance de son existence[95],[97].
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+ Rowling se marie en octobre 1992 avec le journaliste de télévision portugais Jorge Arantes[98] et donne naissance à une fille en juillet 1993, qu'elle prénomme « Jessica », en hommage à Jessica Mitford[48]. Cependant, le mariage est un échec. Son mari se montre parfois violent[15] et le couple se sépare l'année suivante.
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+ Rowling retourne au Royaume-Uni avec sa fille pour s’installer dans un premier temps chez sa sœur et son beau-frère, dans leur maison de la rue du Marchmont à Édimbourg[15], puis dans un petit bâtiment à Leith, un district de la capitale de l’Écosse, où elle et sa fille vivent avec l'aide du gouvernement. Sept ans après avoir obtenu son diplôme de l'université, Rowling perçoit sa vie comme un « désastre »[99],[100]. Devant faire front à la mort de sa mère puis à une séparation violente, elle se retrouve de surcroît sans emploi avec un nourrisson à charge, qu'elle craint de voir mourir[99]. Au cours de cette période, une dépression clinique, se manifestant chez elle par une profonde torpeur, une apathie et une incapacité à imaginer un retour à une vie plus heureuse, est diagnostiquée chez Rowling[99]. Elle envisage le suicide[101],[102],[103]. Sa maladie et son état d'esprit lui ont notamment inspiré les Détraqueurs, les créatures maléfiques présentes dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban et répandant un sentiment de désespoir[104],[105]. Plus tard, en 2012, Rowling décrit cette période de sa vie comme ayant été une autre expérience particulièrement formatrice :
78
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+ « Cela a changé ma vision du monde. […] Les gens deviennent des statistiques, ils perdent leur individualité lorsqu'ils sont piégés dans la pauvreté. C'est une place humiliante où on est défini par des personnes n'ayant jamais vécu notre situation. Tous nos choix sont sous contrat. C'est vraiment, vraiment très difficile de s'échapper de cette situation[106]. »
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+ À Édimbourg, Rowling décide de reprendre l'enseignement, cette fois-ci à temps plein, ce qui l'incite à vouloir terminer au plus vite son premier livre pour ne pas être obligée de l'abandonner[9]. Elle se met donc au travail et écrit jour et nuit, déterminée à l'achever et tenter de le faire publier.
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+ Les endroits connus et préférés de Rowling pour écrire sont l'Elephant House[107] dans le centre-ville et le restaurant Nicolson's[108],[e] tenu par son beau-frère[109]. Là, elle commande un café pour pouvoir écrire son histoire jusqu'à ce que sa fille se réveille[9]. À cette époque, Rowling retape encore tous ses chapitres sur une vieille machine à écrire[110].
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+ Harry Potter à l'école des sorciers achevé en 1995[111],[112], Rowling envoie les trois premiers chapitres à un agent, qui les lui retourne aussitôt. Un second agent, Christopher Little, est intéressé et demande à l'auteure de lui envoyer la suite du roman pour tenter de le faire publier[113]. Après le refus successif de douze éditeurs (dont notamment Orion, Penguin et HarperCollins[112]), les originaux arrivent à Bloomsbury Publishing en août 1996[111], dans les mains de Barry Cunningham, le coordonnateur de la nouvelle division des livres pour enfants[114]. Alice Newton, la fille du directeur général de Bloomsbury, aime beaucoup le livre et son enthousiasme aurait influencé la décision de publier le roman[115]. Harry Potter à l'école des sorciers est finalement publié le 26 juin 1997[116]. La première édition n'est pas très importante : 1 000 exemplaires dont 500 sont destinés à des bibliothèques[111]. En 2005, un exemplaire de ces livres d'origine valait plus de 27 000 euros[117].
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+ À ce moment, son agent Christopher Little craint cependant que le groupe-cible de petits garçons rechigne à acheter des livres écrits par une femme et lui demande par conséquent d’utiliser les fameuses doubles initiales plutôt que de révéler son véritable prénom[118]. Elle obtient en parallèle un poste à l'Académie de Leith[119], comme professeur de français, ainsi qu'une bourse de la Scottish Arts Council[112]. Très rapidement, le livre s'inscrit dans la liste des meilleures ventes et la publication est suivie par les distinctions et les louanges : il remporte notamment le British Book Awards et le Children’s Book of the Year[120]. Les éditions Gallimard, sous la direction de Christine Baker, sont les premières à acheter les droits pour une traduction et à publier Harry Potter en dehors des frontières du Royaume-Uni[11] : « J'ai tout de suite été frappée par la maîtrise totale qu'avait cette jeune femme inconnue, précise Baker. Tous les éléments qui m'attiraient dans un texte : la véracité psychologique, la vivacité des dialogues, l'authenticité des sentiments, l'humour bien-sûr, l'inventivité… tout cela était présent. Un cocktail parfaitement bien mesuré. C'est très très rare pour un premier manuscrit[121] ». En 1998, Arthur Levine, des éditions Scholastic aux États-Unis, achète à son tour les droits pour une somme jamais atteinte par un livre pour enfant : 105 000 $[120].
88
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89
+ Rowling emménage alors dans un appartement plus sûr et plus spacieux pour elle et sa fille et entame une thérapie lui permettant de prendre du recul vis-à-vis de sa notoriété soudaine et oppressante[122]. L’argent gagné permet à Rowling de quitter définitivement l’enseignement et de se consacrer pleinement à l'écriture de Harry Potter. Elle réalise son rêve d'être écrivain à temps complet[9].
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+ J. K. Rowling devient millionnaire en juin 1999[54], entre les publications des tome 2 et tome 3. Elle refuse dans un premier temps les nombreuses propositions d'adaptations cinématographiques de ses romans, y compris celle de la Warner Bros. Mais après avoir vu les adaptations du Jardin Secret et de La Petite Princesse, qu'elle trouve particulièrement réussies et fidèles, elle décide de faire confiance à la Warner Bros[123]. En 2001, l'année même où est adapté Harry Potter à l'école des sorciers au cinéma, elle épouse en secondes noces le médecin Neil Michael Murray : cérémonie privée qui a lieu dans sa maison en Écosse[124]. En 2003, Rowling met au monde son fils David[125] et en 2005 naît sa deuxième fille, Mackenzie[125].
92
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93
+ Au quatrième livre, Harry Potter devient un phénomène de société et à sa sortie, adultes, adolescents et enfants font la queue pour l'acheter rapidement, au point que Harry Potter et la Coupe de Feu est pré-vendu en librairie à plus d’un million de volumes, et la première édition porte le chiffre record de 5,3 millions d’exemplaires[120]. Les sept romans se vendent successivement, à plus de 450 millions d'exemplaires au total[126]. Rowling se trouve à la tête d'une fortune estimée en 2008 par le Sunday Times à 560 millions de livres (environ 590 millions d’euros[127]), soit davantage que la reine Élisabeth II[128], ainsi qu'à la tête d’un « empire commercial » hollywoodien entraînant des records cinématographiques au box-office[122]. Bien que reconnaissante, l'auteure avoue parfois être agacée par ce virage commercial :
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+ « Cet aspect m’ennuie vraiment à mourir. […] Vraiment, il n’y a rien dans le côté commercial de mon travail que je ne refuserais de sacrifier en un claquement de doigts pour qu’on me laisse écrire deux petites heures de plus. Rien. Cela peut paraître affreusement ingrat, car les films m’ont rapporté des sommes incroyables et j’en suis très reconnaissante, mais ça ne m’intéresse pas[122]. (J. K. Rowling) »
96
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+ Désormais à l'abri du besoin, l'auteure termine tranquillement l'écriture des Reliques de la Mort à l'Hôtel Balmoral d’Édimbourg le 11 janvier 2007[129], mettant ainsi un point final aux aventures romanesques de Harry Potter.
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+ En octobre 2010, Rowling est nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines[130]. En dépit de son succès, elle mène une vie tranquille dans le Perthshire[131] et ne donne que peu d'interviews. En juillet 2011, elle décide de se séparer de son agent littéraire, Christopher Little, après seize ans de collaboration[132] et choisit une nouvelle agence fondée par l'un de ses employés, Neil Blair[8],[133]. L'auteure, qui souhaite couper tout lien avec Harry Potter dans sa démarche[134], met également un terme à sa collaboration avec Gallimard pour ses éditions en français, se tournant désormais vers Grasset[134]. En juin 2011, Rowling annonce par le biais d'une vidéo[135] qu'elle va ouvrir un site internet consacré à l'univers étendu de Harry Potter, Pottermore, sur lequel elle publiera régulièrement du contenu inédit (le site sera clôturé en 2019 et la plupart de son contenu déplacé sur le site WizardingWorld.com[136]).
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+ Le 23 février 2012, sa nouvelle agence, Blair Partnership[133], annonce sur son site que J. K. Rowling fera publier un nouveau livre destiné aux adultes. En avril, Little, Brown and Company précise que le nouveau livre, intitulé Une place à prendre (The Casual Vacancy), sortira le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français). Dans ses trois premières semaines de sortie, Une place à prendre se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139]. La BBC adapte le roman en une mini-série télévisée, Une place à prendre, à laquelle Rowling collabore en tant que productrice exécutive[140].
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+ Elle entame en 2013 l'écriture d'une série de romans policiers mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé. L'identité de Rowling, dissimulée sous un nouveau nom de plume, Robert Galbraith, a été révélée par une indiscrétion au Sunday Times en juillet 2013[141],[142]. J. K. Rowling indique par la suite[143] qu'elle a toujours voulu s'appeler Ella Galbraith et que le choix de Robert comme prénom est un hommage à l'homme politique qu'elle admire beaucoup, Robert F. Kennedy, assassiné en 1968. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en France par Grasset et publié en novembre 2013[144]. La série fait également l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[145].
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+ En 2016, J. K. Rowling associe son nom à un projet de pièce de théâtre autour de Harry Potter, acceptant de discuter des bases d'un script avec le dramaturge Jack Thorne et le metteur en scène John Tiffany, mais refusant d'en être elle-même rédactrice[146]. La pièce en deux parties, intitulée Harry Potter et l'Enfant maudit, est jouée le 30 juillet 2016[147] au Palace Theatre de Londres. Contrairement aux sept tomes de la série de Rowling, l'histoire de L'Enfant maudit relate principalement les aventures du cadet des enfants de Harry Potter après l'épilogue des Reliques de la Mort[148]. J. K. Rowling rappelle sur son compte Twitter que ce script, bien que publié sous forme de livre, n'est pas à considérer comme un « roman » Harry Potter[149].
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+ En parallèle de l'écriture de ses polars, J. K. Rowling devient à partir de 2016 scénariste pour le cinéma[150], élargissant son univers sorcier par le biais d'une nouvelle saga portée à l'écran, Les Animaux fantastiques, dont l'intrigue commence dans le New York des années 1920[151]. Ce nouvel environnement sorcier s'inscrit de ce fait plusieurs décennies avant les aventures de Harry Potter[152] et relate les aventures d'un héros adulte, le magizoologiste Norbert Dragonneau, ainsi que des jeunes Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald[153].
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+ En mai 2020, pendant la pandémie de Covid-19, Rowling annonce la publication d'un conte de fée politique « sur la vérité et l’abus de pouvoir », intitulé The Ickabog, qui est destiné aux enfants âgés de 7 à 9 ans[154]. Le projet, qui a pris naissance avant 2007, pendant l'écriture de Harry Potter (mais qui n'a aucun rapport avec son histoire), était destiné en premier lieu à ses deux plus jeunes enfants David et Mackenzie[154],[155]. Il a ensuite été mis de côté pendant plusieurs années, lorsque Rowling s'est consacrée à l'écriture de ses romans pour adultes[154]. Pendant son confinement au Royaume-Uni, elle décide de retravailler le texte avec David et Mackenzie (alors âgés de 15 et 17 ans), en vue de le publier en ligne entre le 26 mai 2020 et le 10 juillet 2020, sur le site dédié Theickabog.com[154]. Une publication du conte au format papier, e-book et audio est prévue pour novembre 2020 au Royaume-Uni[154], et une version en français, éditée par Gallimard Jeunesse, est également annoncée[156]. Des dessins réalisés par des enfants lecteurs sont sélectionnés lors d'un concours organisé par les éditeurs, afin d'illustrer les différentes publications[157]. J. K. Rowling précise sur son site officiel que tous les droits d'auteur seront reversés aux personnes touchées par la pandémie[154].
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+ Dès le départ, Rowling a en tête une saga en sept tomes[158], chaque tome relatant une année passée à l'école de magie Poudlard. Cinq ans ont été nécessaires pour mettre en place l'univers et construire le plan de chacun des romans Harry Potter[111],[158] (dix-sept années au total pour rédiger l'ensemble de l'heptalogie[159]). Avant même d'entamer l'écriture du premier roman, Rowling rédige également les biographies complètes de la plupart de ses personnages[158], non destinées à être publiées mais conservées à titre de supports personnels. Elle choisit de faire de Harry Potter un orphelin, à l'image des personnages de Charles Dickens[160],[161], ce qui lui permet de développer le sentiment de solitude de son héros dans le cheminement de sa quête et de sa personnalité[161]. À travers Harry Potter, Rowling crée un monde magique au sein de notre monde réel, séparé par un obstacle physique comme le mur de briques à l'arrière du Chaudron Baveur, à la manière du miroir d'Alice au pays des merveilles ou de l'armoire du monde de Narnia[162]. La magie en elle-même constitue un élément essentiel de son histoire :
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+ « La magie me fascine […]. Je pense qu'elle nous connecte à des choses essentielles sur la nature de l'être humain : ce qu'il est, ce qu'il souhaite, ce qu'il croit… Les enfants croient en la magie parce qu'ils cherchent à comprendre et contrôler leur monde. Mais nous avons tous ça en nous. Le monde est complexe et la plupart du temps insaisissable. Même si nous nous sommes tournés vers la science, je pense que nous avons tous gardé au fond du cœur quelques idées magiques. […] [Nos petits rituels personnels sont] une façon de vouloir contrôler ce que nous savons incontrôlable, comme notre vie[163]. »
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+ — J. K. Rowling en 2017.
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+ Harry Potter semble ainsi appartenir typiquement à la fantasy, mais constitue néanmoins une adaptation assez singulière du genre[164]. Selon une étude réalisée par Youri Panneel et Manon Stas de Richelle[161], l'introduction d'un ton humoristique et de scènes burlesques dans le style d'écriture de Harry Potter contribuent à le distinguer au sein de ce courant[165]. J. K. Rowling confirme cette idée : « Si nous laissons de côté le fait que les livres parlent de dragons, de baguette magique et autres, les livres Harry Potter sont très différents des œuvres de la fantasy classique, surtout dans le ton[166] ».
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+ L'auteure s'inspire des traditions européennes en matière de littérature[161] tout en personnalisant certains aspects qu'elle souhaite mettre en avant. Elle fait de l'école Poudlard un château médiéval[167] figé dans le temps, à l'instar de certains pensionnats anglais[168],[169]. Les élèves utilisent ici des plumes[170] pour écrire sur des rouleaux de parchemins[171], suivent des cours destinés à l'apprentissage de la magie (défense contre les forces du Mal, métamorphose, histoire de la magie, fabrication des potions…), approfondissent leurs connaissances en consultant principalement les livres anciens de la bibliothèque de l’école[172] et les lettres sont encore cachetées de cire[173]. L'auteure a inventé un grand nombre de mots et de sortilèges propres à son univers magique, tout en réutilisant des codes déjà présents dans la fantasy[174] (balais volants, baguettes magiques, mythologie…). En parallèle, toute technologie moderne de l'époque décrite (téléphones, ordinateurs, etc.), existante dans le monde « moldu » voisin et contemporain, demeure pour autant totalement absente au sein de cette institution magique où aucun objet de nature électronique ne peut fonctionner[175]. Les romans, même s'ils se veulent ancrés dans une atmosphère d'un autre temps, prônent de nombreuses valeurs très actuelles[176], comme le féminisme[177],[178] ou la révolte contre l'oppression[179] et les différentes formes de racisme[180]. En 2007, l'année de la publication du dernier tome de la série, Time Magazine nomme J. K. Rowling vice-championne du titre de la Personnalité de l'année, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait transmis à ses fans à travers Harry Potter[181].
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+ Au total, les livres se sont vendus à plus de 500 millions d'exemplaires en 2018[182],[126] et Harry Potter a été traduit dans près de quatre-vingts langues[183],[184]. Il s’agit du premier cycle jeunesse ayant été lu simultanément par les enfants et leurs parents (pour environ la moitié des enfants lecteurs)[165]. Le succès de la série peut en partie s'expliquer par celui des huit films adaptés[185], dont les sorties successives au cours de la deuxième moitié des années 2000 ont concordé avec les publications des derniers romans. Les films ont permis aux lecteurs de voir évoluer les différents personnages incarnés[185] et d'obtenir une vision du monde magique, proposée par le concepteur Stuart Craig et correspondant fidèlement à l'imagination de Rowling[186],[187]. En outre, les premiers lecteurs de la série ayant eu le même âge que les personnages ont pu vieillir en même temps que les héros au fil de l'histoire, ce qui a permis une identification très forte[188].
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+ Le roman Une place à prendre (The Casual Vacancy) est publié le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français chez Grasset[189]). L'histoire commence par la mort brutale d'un conseiller paroissial d'un petit village de la campagne anglaise. Sa mort va provoquer une guerre sans merci entre les habitants, tous désireux d'occuper le poste vacant. Le livre est présenté comme une tragédie teintée d'humour noir, une « satire féroce des hypocrisies sociales »[190].
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+ « Nous sommes une société incroyablement snob et il est fascinant d’explorer cet aspect. La classe moyenne est très drôle ; c’est celle que je connais le mieux et c’est aussi celle où l’on rencontre le plus de gens prétentieux. C’est ce qui la rend si hilarante[122]. (J. K. Rowling) »
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+ Dans ses trois premières semaines de sortie, le roman se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139], certains estimant que le récit manque d'action et traîne en longueur[139],[190]. D'autres estiment que le vécu de Rowling (pauvreté et misère) se ressent dans la description des personnages, en particulier des adolescents particulièrement lucides, et que le lecteur retrouve le souci du détail qui lui est propre[190],[139]. L'ambiance et le décor sur fond de crise économique et sociale rappellent à d'autres les univers de Ken Loach ou de Billy Elliot[190].
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+ Le 3 décembre 2012, il est annoncé que la BBC adapterait le roman en une mini-série télévisée. L'agent de Rowling, Neil Blair, travaille sur le projet comme producteur[140], par l'intermédiaire de sa société de production indépendante. Rowling collabore à l'adaptation en tant que productrice exécutive[140]. La série Une place à prendre a été diffusée en trois parties du 15 février au 1er mars 2015[191],[192], avec notamment les acteurs Monica Dolan et Michael Gambon.
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131
+ J. K. Rowling entame en novembre 2013[144] l'écriture d'une série policière mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé, Cormoran Strike, et sa secrétaire et collaboratrice Robin Ellacott. Vétéran de la récente guerre d'Afghanistan où il effectuait des missions pour la Brigade spéciale d’investigation[193], le personnage de Cormoran Strike est revenu blessé (à la suite d'une explosion) et amputé d'une partie de la jambe droite, l'obligeant à porter une prothèse douloureuse. Son bureau est situé à Londres dans Denmark Street[194], près de Charing Cross Road. Sa secrétaire intérimaire, bien que discrète, se montre particulièrement efficace et les deux protagonistes vont naturellement faire équipe pour tenter de résoudre les enquêtes.
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133
+ Pour construire ces romans, J. K. Rowling se base sur des récits factuels de vrais soldats[195]. Deux soldats en particulier parmi ses connaissances lui fournissent des renseignements très utiles pour établir le contexte et les antécédents de son héros[195]. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en français par Grasset et publié le 6 novembre 2013[144].
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+ Le deuxième roman, intitulé Le Ver à soie, est publié en français en octobre 2014[196]. Considéré comme « moins essoufflant » que son prédécesseur[197], le roman voit le héros enquêter sur la disparition d'un écrivain détesté par beaucoup de ses vieux amis pour les avoir insultés dans sa dernière production[198]. Pour l'écriture du troisième roman, dans lequel le personnage de Robin se retrouve au centre de l'intrigue, J. K. Rowling a recours à « une quantité incroyable de planifications » en utilisant des tableurs à codes couleurs pour mieux se repérer[199]. Au Royaume-Uni, La Carrière du mal est publié en octobre 2015[200] et sa traduction française en mars 2016[201]. Ce troisième roman est considéré par USA Today comme le meilleur de ce début de série[201], tandis que la NPR lui attribue une « exceptionnelle profondeur morale et émotionnelle »[201].
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+ Au printemps 2017, J. K. Rowling révèle le titre du quatrième roman via Twitter dans un « jeu du pendu » avec ses fans. Après de nombreuses tentatives infructueuses, les lecteurs ont finalement deviné le titre original : Lethal White[202] (Blanc mortel pour sa traduction française[203]).
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+ Les Enquêtes de Cormoran Strike sont des best-sellers dans le monde entier et sont majoritairement salués par la critique et les lecteurs[204]. Après un démarrage parfois qualifié de « maladroit », voire d'« ennuyeux »[205], les lecteurs s'accordent à dire qu'ils retrouvent les personnages attachants et le « soin maniaque du détail » propres à J. K. Rowling[206],[207]. Les romans gagnent peu à peu en fluidité et en complexité[205], et pour The Toronto Star, les personnages de Strike et Robin forment « le plus formidable duo romanesque de mémoire récente »[201].
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+ La série fait l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[208], Strike, avec Tom Burke dans le rôle-titre[209] et Holliday Grainger dans le rôle de Robin[210]. Une nouvelle fois, Rowling s'associe au projet en tant que productrice exécutive[211].
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+ Sur une idée du producteur Lionel Wigram[212], J. K. Rowling développe en 2015 (d'après son propre livre-guide Les Animaux fantastiques) les aventures d'un nouveau héros, Norbert Dragonneau, au sein du même univers étendu que celui de Harry Potter, mais situé soixante-cinq ans plus tôt dans sa chronologie[213]. Wigram souhaitait en effet, après la fin de Harry Potter au cinéma, développer les possibilités qu'offrait le petit livre écrit en 2001 pour l'association Comic Relief. « Norbert est sorti des pages du livre », affirme Wigram[212]. « Je ne pouvais m'empêcher de l'imaginer en train de crapahuter dans toutes sortes de lieux exotiques et dans d'innombrables aventures qu'il vivrait en chemin »[212].
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+ La première partie de cette nouvelle saga, sortie en 2016, suit les aventures de Norbert, timide magizoologiste, dans la ville de New York en 1926[213], où il fait escale avant de poursuivre son voyage vers l'Arizona[214]. Sa valise, contenant de nombreuses créatures magiques, s'ouvre par mégarde et les animaux s'échappent dans la ville. Le héros, en s'alliant à un non magicien et à deux sorcières, va faire son possible pour récupérer toutes ses créatures sans qu'elles se blessent et sans se faire arrêter par les aurors du Congrès Magique américain.
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+ Ainsi, les créatures et le personnage de Norbert Dragonneau (interprété par Eddie Redmayne) sont adaptés du petit répertoire, tandis que la nouvelle histoire originale, les autres personnages ainsi que « l'extension » de l'univers magique[215] sont développés pour l'occasion par J. K. Rowling, qui décide pour la première fois de s'occuper elle-même du script et d'écrire pour le cinéma.
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149
+ « Je crois qu'elle a vraiment aimé l'idée. Elle n'a rien dit, puis elle est revenue avec sa propre histoire, une histoire complètement différente, meilleure, plus riche, plus fantastique : la sienne[213]. »
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+ — Lionel Wigram
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+ Selon le réalisateur David Yates (également réalisateur des quatre derniers films Harry Potter), même si l'histoire de Norbert Dragonneau comporte des détails similaires à celle de Harry Potter[216], elle s'avère complètement nouvelle[217]. L'histoire s'ouvre sur un monde magique hors de Poudlard[218] où l'époque, le pays et la culture sont tout à fait différents[219]. Cependant, il s'agit aussi pour Rowling — qui a conçu l'intrigue principale de ces cinq films dès 2016[220],[221] — d’une « opportunité incroyable de raconter des parties de l'arrière-plan qui n'ont jamais été intégrées aux livres [Harry Potter] »[220].
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+ Le premier film obtient globalement un bon accueil de la part des spectateurs avec une note de 7,4/10 pour 275 887 avis sur l'Internet Movie Database et un score de 79 % évalué sur 85 613 avis sur Rotten Tomatoes. Il est également apprécié par la critique. Selon Wendy Ide de The Guardian, le film « se pose à un tournant très divertissant vers l'âge du jazz américain et insuffle une nouvelle vie à la franchise Potter », ajoutant qu'« en abordant les thèmes de la société divisée et de la persécution des minorités, le film se retrouve parfaitement ancré dans le temps »[222]. Pour Ouest-France, le film multiplie notamment les références aux classiques de la comédie américaine des années 1940, dans un New York des années 1920 « richement reconstitué »[223].
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+ Le second volet, sorti en 2018[224], fait interagir Norbert avec un personnage déjà apparu dans Harry Potter : Albus Dumbledore, avant que celui-ci ne devienne directeur de l’école de Poudlard[153]. Le film, localisé principalement à Paris[225], fait également apparaître pour la première fois le personnage de Nicolas Flamel[226], inspiré du célèbre copiste français du XIVe siècle[227] et mentionné précédemment dans Harry Potter à l'école des sorciers comme étant le créateur de la pierre philosophale[227] grâce à laquelle il aurait vécu plus de 665 ans[228].
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+ « Mes héros sont toujours des gens qui se sentent exclus, stigmatisés ou ostracisés. C'est au cœur de la plupart de mes œuvres[229]. »
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+ — J. K. Rowling
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+ Pour David Yates, il s'agit d'un trait caractéristique de J. K. Rowling que de s'intéresser « aux marginaux, aux incompris ou à ceux qui sont en léger décalage avec la société »[230]. C'est le cas de nombreux personnages de ses histoires, comme Norbert Dragonneau[230], Luna Lovegood[231], Cormoran Strike[232], Remus Lupin[233] ou encore Croyance Bellebosse[234]. Les producteurs parlent aussi d'un éloge « à la Rowling[230] » de l'amitié improbable entre deux personnages que tout semble opposer (le brusque Cormoran et la délicate Robin[235], le distant Norbert et le tendre Jacob, l'autoritaire Hermione et le désinvolte Ron, etc.), en étant bien souvent, comme le soulève Eddie Redmayne, amené à une situation où chacune des personnalités distinctes en vient à « tirer le meilleur de l’autre[236] ». Pour Jacky Bornet, rédacteur Culture chez France Télévisions, les personnages variés de J. K. Rowling seraient même destinés à « sceller leur amitié » grâce à la marginalité qu'ils ont en commun[237].
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+ Selon David Heyman, J. K. Rowling aurait mis en valeur, dans ses histoires du monde sorcier, des thèmes « intemporels et émouvants », qui invitent à la réflexion : la peur des autres s'associant à un monde divisé[218], le sentiment d'être un étranger à la recherche d'une famille[218] ou encore la nécessité d'être soi-même[218]. D'autres thèmes sont régulièrement soulevés : les questions écologiques et politiques notamment, qui influent sur la manière dont notre société fonctionne[230]. Rowling dit « [se méfier] des gens qui veulent le pouvoir » d'une manière générale, en pensant que cela se ressent clairement dans ses livres[238]. La discrimination et la répression sont particulièrement présentes, notamment dans son univers sorcier[230],[239].
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+ J. K. Rowling explore « le cœur de la condition humaine »[212], en abordant les idées et les thèmes profonds d'une manière « accessible et divertissante » selon Lionel Wigram[212]. Heyman soutient cette idée en affirmant qu'un équilibre émane de ses textes entre les éléments sombres qui apportent une dimension de danger et d'émotion, et les éléments plus légers et plus drôles[240]. Selon Heyman, ce flux maîtrisé entre l'humour et la mort contribue à rendre son univers réaliste[240].
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+ L'amour est également un thème important pour J. K. Rowling, bien qu'il soit distillé avec une certaine retenue dans son œuvre, l'auteure appréciant elle-même lorsque toute « mièvrerie » peut être évitée[241]. Mais selon elle, le fait d'être « humain » signifie être capable d'aimer[242]. Dans son univers, il s'agit régulièrement d'histoires d'amour inattendues ou compliquées, voire impossibles. C'est le cas dans Les Enquêtes de Cormoran Strike entre le détective et sa collaboratrice (avec laquelle il s'interdit d'entretenir une relation autre que très cordiale[195],[243]), dans Harry Potter entre le mangemort Rogue et la mère du héros, Lily Potter[244], mais également dans Les Animaux fantastiques entre le Non-Maj Jacob Kowalski et la sorcière Queenie Goldstein[245].
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171
+ Concernant les livres pour enfants, Rowling mentionne toujours Le Cheval d'argent (Le Secret de Moonacre) d'Elizabeth Goudge et les personnages enfants « très réalistes » des livres d'Edith Nesbit[246]. Selon ses termes, J. K. Rowling s'identifie à Edith Nesbit plus qu'à tout autre auteur[246]. Un autre classique pour enfants ayant probablement inspiré Rowling est Le Vent dans les saules de Kenneth Grahame, qui est considéré comme l'un des principaux représentants de la fantasy animalière[247]. En effet, quelques similitudes de tempérament sont affichées entre les personnages-animaux de l'œuvre de Grahame et les personnages humains de Rowling, et il s'agit de son livre pour enfants préféré, qui lui était lu par son père[248].
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+ L'influence qui vient de J. R. R. Tolkien et de son ami C. S. Lewis existe, mais est discutée. Dans sa biographie, Rowling précise qu'elle aimait Le Seigneur des anneaux et Les Chroniques de Narnia, bien qu'elle ne les ait jamais terminés ni l'un ni l'autre[249]. Selon elle, faire des liens entre l'œuvre de Tolkien et son travail s'avère un peu rapide et facile. Elle ajoute à propos de cette influence : « Tolkien a créé tout un ensemble autour de la mythologie. Je ne pense pas que quiconque puisse dire que j'ai fait de même, du moins à même échelle. Par ailleurs, jamais Tolkien n'aurait introduit un personnage comme Dudley Dursley[166] ». En ce qui concerne l'influence de C. S. Lewis, elle a précisé qu'elle avait pensé à la voie menant à Narnia par le biais de l'armoire magique lorsque Harry franchit la barrière de King's Cross[250].
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+ J. K. Rowling évoque elle-même de nombreuses œuvres et auteurs l'ayant inspirée ou marquée, comme Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer[251], Dickens durant son adolescence[15], Anna Sewell et Black Beauty[23], Jane Austen et son analyse des comportements humains « de manière peu sentimentale et pourtant émouvante[252] » (comme dans Emma[253]), ou encore Jessica Mitford et son engagement dans la guerre civile espagnole[254] : « J'aime la façon dont elle n'a jamais dénié certains aspects de l'adolescence, en restant fidèle à ses convictions politiques toute sa vie[48] ». L'auteure cite également Louisa M. Alcott : « j'étais timide et je passais pas mal de mon temps à la bibliothèque à rechercher des héros qui me ressemblaient. Je me souviens de Jo March, qui avait du caractère[255] ».
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+ Dans le cadre d'une interview accordée à Amazon en 1999, Rowling mentionne Roddy Doyle comme étant son écrivain vivant favori[256]. Elle ajoute qu'il lui arrive souvent de parler de Doyle et de Jane Austen de la même façon : « Je pense que ça rend les gens perplexes parce que ce sont deux écrivains très différents. Mais ils ont tous deux une approche très neutre de la nature humaine. Ils peuvent très bien aborder le sujet sans pour autant devenir mièvres »[241]. Dans une autre entrevue pour le magazine O, The Oprah Magazine en 2001, J. K. Rowling avoue être profondément marquée par le style de Doyle, par le réalisme et la « subtilité » avec lesquels il traite ses personnages féminins[257].
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+ J. K. Rowling fait référence à la chrétienté dans le septième roman de Harry Potter[248]. Par exemple, lors de la visite du cimetière à Godric’s Hollow, Harry et Hermione lisent des citations sur les pierres tombales. Celle des parents de Harry comprend l’inscription « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » qui est tiré de la première épître aux Corinthiens (chapitre 15, verset 26) et sur la pierre tombale de la mère et la sœur de Dumbledore, on peut lire « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » tiré de L'Évangile selon St Matthieu (chapitre 6, verset 21). Selon Rowling : « Ces livres se passent en Angleterre, il est donc logique que Harry trouve des inscriptions bibliques sur les pierres tombales. Mais de plus, ces citations résument toute la série[248] ».
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+ Pour les créatures fantastiques de son univers sorcier, J. K. Rowling avoue avoir pris des libertés vis-à-vis du folklore et de la mythologie[258]. Pour elle, le folklore britannique, tout en étant « l'un des plus riches et variés au monde », conserve un côté « bâtard », car il est le résultat de la fusion des nombreuses cultures apportées par les envahisseurs et occupants successifs de l'Angleterre[258]. Ainsi elle assure n'avoir eu aucun scrupule à emprunter librement quelques références, à la condition d'y ajouter des détails qui lui sont propres[258].
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+ J. K. Rowling soutient publiquement le Parti travailliste pour lequel elle fait don en 2008 de 1 000 000 £ (1,1 million €) la veille de la Conférence du parti, et la même somme pour les élections générales de 2010[259]. Elle affirme ainsi :
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+ « Je pense que les familles pauvres et vulnérables s'en tireront beaucoup mieux sous le parti travailliste que sous le parti conservateur de Cameron. Gordon Brown a introduit des mesures qui sauveront autant d'enfants que possible d’une vie sans opportunités ni choix. Le parti travailliste a renversé la tendance sur le long terme dans la pauvreté chez les enfants et il est en tête des pays de l’UE dans ce même combat[259]. (J. K. Rowling en 2008) »
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+ Elle est par ailleurs une amie de Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, avec laquelle elle a travaillé pour des œuvres de charité[260].
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+ L'auteure s'est prononcée en faveur du maintien de l'Écosse dans le Royaume-Uni lors du référendum sur l'indépendance de l'Écosse en 2014, faisant don d'un million de livres (1,2 million d'euros) pour le collectif Better Together[261]. J. K. Rowling s'est également positionnée pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne lors du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne en 2016[262],[263]. Elle s'en est ainsi pris au leader europhobe et pro-Brexit Nigel Farage au lendemain du référendum[264]. Rowling a clamé sa fierté de faire partie de la « minorité indécente » qui avait voté « contre » la sortie du Royaume-Uni[265].
190
+
191
+ En 2019, elle collabore à l'écriture d'un livre intitulé A Love Letter to Europe: An outpouring of love and sadness from our writers, thinkers and artists (traduction littérale : « Lettre d’amour à l’Europe : un flot d’amour et de tristesse de la part de nos écrivains, penseurs et artistes ») : une collection de lettres écrites par des personnalités de Grande-Bretagne pour montrer leur désaccord envers le Brexit[266]. L'ouvrage est publié le 31 octobre 2019[267], et la lettre de J. K. Rowling est retranscrite par The Guardian[268].
192
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193
+ Internationalement, elle s'est opposée au boycott culturel d'Israël et a fondé un réseau, Culture for Coexistence, tout en mentionnant son opposition au Premier ministre Benjamin Netanyahu[269],[270].
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195
+ Pendant les élections présidentielles américaines, elle a soutenu Barack Obama en 2008 et Hillary Clinton en 2016[271],[272]. Fin janvier 2017, la prise de position de l'auteure sur son compte Twitter face à la politique menée par Donald Trump et notamment contre le décret de ce dernier interdisant aux ressortissants de pays musulmans d'entrer sur le sol américain[273], a provoqué une vague d'indignation de la part de certains de ses fans s'affichant pro-Trump. L'auteure a posté des captures d'écran de certains messages violents ou indignés qui lui étaient adressés, notamment celui d'une internaute précisant avoir brûlé tous ses livres Harry Potter après dix-sept ans de lecture assidue et se disant « dégoûtée » par le comportement de J. K. Rowling[274]. Un message auquel l'auteure a répondu : « on peut encourager une fille à lire des livres sur la montée et la chute d’un autocrate, mais on ne peut pas la forcer à réfléchir[275] ». Peu de temps avant cela, Rowling venait de publier une citation de Winston Churchill : « Vous avez des ennemis ? C'est bien. Cela signifie que vous vous êtes battus pour quelque chose au moins une fois dans votre vie[273] ». En contre-partie, de nombreux fans amusés des échanges ont apporté leur soutien à l'auteure[275] et parmi eux, Emma Watson[276].
196
+
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+ En décembre 2019, J. K. Rowling affiche son soutien à Maya Forstater, une chercheuse britannique ayant été licenciée après avoir affirmé que personne ne pouvait « changer son sexe biologique »[277],[278]. Selon Rowling, la scientifique aurait été injustement licenciée pour avoir simplement déclaré que « le sexe [était] réel ». À la suite de son soutien public, l'auteure est à son tour accusée de « transphobie » par certains fans et médias[279],[280].
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+ En juin 2020, elle provoque la colère des militants de la cause trans en associant les termes « femme » et « personne qui a des règles »[281],[282], en n'incluant pas explicitement les femmes trans dans ses commentaires, voire en sous-entendant, selon Télérama, que les femmes trans ne sont pas des femmes[283] ; des propos qui lui valent d'être qualifiée de féministe TERF[284]. Par la suite, Rowling précise qu'elle « [respecte] le droit de toute personne trans à vivre sa vie de la façon qui lui paraît la plus sincère et confortable »[282]. Selon elle, « si le sexe n'est pas une réalité, alors il n'y a pas d'attirance pour les personnes de même sexe. Je connais et j'aime des personnes trans, mais effacer le concept de sexe retire à beaucoup la capacité de discuter vraiment de leurs expériences »[282]. De nombreux internautes lui reprochent alors de confondre les notions de sexe (biologie) et de genre (relatif à la construction sociale)[282],[285]. Le 10 juin 2020, elle publie un long article sur son site officiel, dans lequel elle explique plus en détail ses préoccupations et son point de vue[286],[287]. Elle estime notamment — en évoquant les violences conjugales et sexuelles dont elle a été victime dans les années 1990[286] — que permettre aux femmes trans d'accéder à des espaces unisexes peut être dangereux pour les « femmes de naissance » (cisgenres)[286].
200
+
201
+ Le Monde évoque par la suite des débats qui « se polarisent »[284], entre les personnes qui dénoncent ou se désolidarisent des propos de J. K. Rowling (certains acteurs de Harry Potter[283],[288],[289], les communautés et sites de fans[284],[290], etc.) et les personnes qui la soutiennent ou qui estiment que ses propos ont été mal interprétés ou exagérés[284],[291],[292]. Pour Olivia Chaumont, militante de la cause trans, Rowling cherche à « nie[r] l’identité de genre » en niant le fait qu'une personne née « génétiquement homme » puisse devenir « socialement femme »[293]. Cependant, du fait de son empathie envers les personnes trans vulnérables, l'accuser de « transphobie » serait, selon Chaumont, inapproprié[293]. L'Express met aussi l'accent sur « l'hystérisation des débats dès qu'ils entrent dans l'arène des réseaux sociaux », et la position délicate dans laquelle s'est placée J. K. Rowling en abordant ce sujet de société sur un site comme Twitter[294].
202
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203
+ J. K. Rowling se considère croyante, bien que « difficilement » selon ses propres termes, éprouvant beaucoup de doutes, y compris au sujet de l'existence de « Dieu »[295]. Seule membre de sa famille à se rendre régulièrement à la messe, elle a été baptisée tardivement[17].
204
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205
+ En 2003, le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, s'est officiellement opposé à la série Harry Potter, qui selon lui faisait figure de « tromperies subtiles qui pourraient passer inaperçues et par là même pervertir profondément le christianisme dans l'âme[296],[297] ». En 2008, L'Osservatore Romano publie une controverse au sujet de la série, intitulée « Le double visage de Harry Potter », confrontant deux points de vue opposés sur la dimension morale de l'histoire[298],[299]. Par ailleurs, plusieurs groupes de chrétiens fondamentalistes ont dénoncé les livres Harry Potter, prétendant qu’ils prônaient la sorcellerie[300]. Face à ces accusations, J. K. Rowling se défend : « Je vais à l’église, mais je n’ai aucun lien avec les aliénés qui se situent aux extrêmes de ma religion. Personnellement, je pense qu'on peut voir cela dans mes livres. Poudlard est bien sûr une école multiconfessionnelle. Je n'ai jamais eu l'intention de convertir qui que ce soit au christianisme, je ne veux pas faire ce qu'a fait C. S. Lewis. Il est tout à fait possible de vivre une vie morale sans croire en Dieu, tout comme vivre une mauvaise vie en croyant en Dieu[301],[302] ».
206
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207
+ En 2000, elle crée le Volant Charitable Trust, qui utilise son budget annuel d'environ 5 000 000 £[303] (5,6 millions €) pour combattre la pauvreté et l’inégalité sociale. Une partie de ces fonds est également reversée à des associations d’aide aux enfants, aux familles monoparentales et à la recherche sur la sclérose en plaques[304].
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209
+ Rowling écrit à la main Les Contes de Beedle le Barde, un recueil des contes mentionnés dans Les Reliques de la Mort, en seulement sept exemplaires dont six destinés principalement à ses proches. Le septième est vendu lors d’une mise aux enchères le 13 décembre 2007 à Sotheby's au profit de l’association The Children Voice pour un montant de 1 950 000 £[305] (2,2 millions €). L’ouvrage est finalement publié début décembre 2008[306]. Rowling déclare : « Cela signifie tellement pour les enfants en situation de besoin. Noël arrive en avance pour moi[307],[308]. »
210
+
211
+ S'étant déjà retrouvée en position de parent isolé, Rowling devient ambassadrice de l’association caritative One Parent Families en 2000 dont elle est l'actuelle présidente[309]. Rowling écrit, en collaboration avec Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, un recueil d’histoires pour enfants dont les bénéfices vont à One Parent Families[310].
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213
+ En 2001, l’association britannique de lutte contre la pauvreté Comic Relief demande à trois auteurs populaires[f], dont J. K. Rowling, de publier de petits livres reprenant les thèmes de leurs plus gros succès[311]. Les deux publications de Rowling, Les Animaux fantastiques et Le Quidditch à travers les âges, sont présentées comme des facsimilés de livres présents dans la bibliothèque de Poudlard, et font figurer sur leur couverture le nom de leur auteur fictif respectif : Newt Scamander et Kennilworthy Whisp. Depuis leur sortie en mars 2001, ces livres ont rapporté 15 700 000 £ (17,6 millions €). Les 10 800 000 £ (12,1 millions €) récoltés hors du Royaume-Uni ont été collectés via une nouvelle association, l’International Fund for Children and Young People in Crisis (le Fonds international pour les enfants et les jeunes gens en crise)[312].
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215
+ En 2005, Rowling et la députée européenne Emma Nicholson fondent le Children's High Level Group[313],[314] (CHLG, ou « Groupe de Haut Niveau pour l’Enfance »), qui sera rebaptisé Lumos en 2010[315]. En janvier 2006, Rowling se rend à Bucarest pour dénoncer l’utilisation des lits-cages dans les institutions psychiatriques pour enfants[314].
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217
+ Le 27 juillet 2012, J. K. Rowling participe à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres, récitant un passage de Peter Pan de J. M. Barrie[g] dans le cadre d'un hommage à l'hôpital pour enfants de Great Ormond Street[316] (récipiendaire des droits d'auteur de Peter Pan dès 1929 selon la volonté de Barrie). Il s'ensuit un tableau durant lequel un Voldemort géant[316] est vaincu par des dizaines de Mary Poppins[317].
218
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219
+ Rowling soutient la recherche et le traitement de la sclérose en plaques[318],[319]. En 2006, elle contribue substantiellement à la création d'un nouveau centre de médecine régénérative à l'université d'Édimbourg, nommée « Clinique de neurologie régénérative Anne Rowling » en mémoire de sa mère, morte en 1990 du fait de cette maladie[320]. En 2010, elle fait don de 10 millions de livres supplémentaires à la clinique[321], puis, en 2003, prend part à une campagne visant à établir une norme nationale de soins pour les personnes atteintes de la maladie[322].
220
+
221
+ En 2009, elle retire son soutien à la Société canadienne de la sclérose en plaques en évoquant l'incapacité de cette dernière à résoudre une querelle persistante entre les branches nord et sud de l'organisation, ayant miné le moral et entraîné la démission de plusieurs de ses membres[322].
222
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223
+ En 2019, J. K. Rowling annonce qu'elle versera 19 millions de dollars supplémentaires à la clinique Anne Rowling[323],[324].
224
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225
+ En mai 2008, la chaîne de librairies Waterstones demande à J. K. Rowling et à d'autres auteurs[h] d'écrire une brève histoire sur une carte postale de format A5. Les cartes ont ensuite été vendues aux enchères pour l'association caritative Dyslexia Action et le PEN club international. La contribution de J. K. Rowling était un Prologue à Harry Potter, un texte de 800 mots mettant en scène le père de Harry, James Potter, et son parrain Sirius Black trois ans avant la naissance de Harry[325],[i]. Le texte a été mis en ligne en juin 2008 mais la carte manuscrite originale a été volée lors d'un cambriolage en mai 2017[326],[327].
226
+
227
+ Le 1er et 2 août 2006, elle lit des passages de ses romans, aux côtés de Stephen King et John Irving, au Radio City Music Hall de New York. Les bénéfices de l'événement sont reversés à la Fondation Haven, une organisation caritative venant en aide aux artistes et personnes non assurables dans l'incapacité de travailler, ainsi qu'à l'ONG Médecins sans frontières[328]. En mai 2007, Rowling a promis un don de plus de 250 000 £ à un fonds de récompense lancé par le tabloïd News of the World pour le retour en toute sécurité de Madeleine McCann, une fillette britannique disparue au Portugal[329]. Rowling, ainsi que Nelson Mandela, Al Gore et Alan Greenspan, ont écrit une introduction à une sélection de discours de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, dont le produit a été remis au laboratoire de recherche Jennifer Brown[330].
228
+
229
+ La révélation du nom de J. K. Rowling en tant que véritable auteure de L'Appel du coucou en 2013 a mené à une augmentation massive des ventes du livre en question, après quoi Rowling a annoncé qu'elle reverserait tous ses droits d'auteur au Fonds de bienfaisance de l'armée, ajoutant que cela avait été son intention dès le départ mais qu'elle n’avait pas prévu que le livre se vende aussi bien[331].
230
+
231
+ Rowling est membre des PEN club anglais et écossais. Elle a fait partie des cinquante auteurs à contribuer à l'action « First Editions, Second Thoughts », une vente aux enchères de charité. Chaque auteur devait annoter une copie de la première édition de l'un de ses livres : dans le cas de Rowling, Harry Potter à l'école des sorciers. Le livre était le lot le mieux vendu de l'événement, s'élevant à 150 000 livres sterling[332].
232
+
233
+ Rowling soutient également le Shannon Trust, qui dirige le plan de lecture Toe by Toe et le plan de lecture Shannon dans les prisons britanniques, aidant et proposant un tutorat aux détenus illettrés[333].
234
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235
+ En 2020, pendant la pandémie de Covid-19, l'auteure fait don d'un total de 1,13 million d’euros, destiné à deux associations britanniques : Crisis (en), qui vient en aide aux personnes sans logis, et Refuge (en), qui lutte contre les violences domestiques pendant le confinement[334],[335].
236
+
237
+ Pour son travail artistique et sa bienfaisance, J. K. Rowling a remporté plusieurs honneurs et distinctions. Les plus importants sont énumérés ci-dessous :
238
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239
+ Elle a obtenu plusieurs doctorats honoris causa :
240
+
241
+
242
+
243
+ Un téléfilm américain, intitulé J. K. Rowling : La Magie des mots, est diffusé depuis le 18 juillet 2011[371] sur Lifetime et régulièrement diffusé sur TF1[372]. Il s'agit d'un film biographique réalisé par Paul Kaufman et centré sur l'enfance et le début de carrière de la romancière. Son rôle est interprété par l'actrice australienne Poppy Montgomery.
244
+
245
+ J. K. Rowling a précisé en février 2015 qu'elle ne souhaitait pas voir ce film[373].
246
+
247
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
248
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249
+ Biographies et entretiens
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+ Romans
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253
+ Analyses
254
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255
+ Autres
256
+
257
+ Sur les autres projets Wikimedia :
258
+
259
+ L'école des sorciers (1997)
260
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261
+ La Chambre des secrets (1998)
262
+
263
+ Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
264
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265
+ La Coupe de feu (2000)
266
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267
+ L'Ordre du Phénix (2003)
268
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269
+ Le Prince de sang-mêlé (2005)
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271
+ Les Reliques de la Mort (2007)
272
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273
+ L'Enfant maudit (2016)
274
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+ Vie et habitat des animaux fantastiques (2001)
276
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277
+ Les Animaux fantastiques (2016)
278
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+ Les Crimes de Grindelwald (2018)
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+ Les Animaux fantastiques 3 (2021)
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+ Joanne Rowling [ d͡ʒoʊˈæn ˈroʊlɪŋ][a], plus connue sous les noms de plume J. K. Rowling[b] et Robert Galbraith, est une romancière et scénariste anglaise née le 31 juillet 1965 dans l’agglomération de Yate, dans le Gloucestershire du Sud. Elle doit sa notoriété mondiale à la série Harry Potter, dont les romans traduits en près de quatre-vingts langues ont été vendus à plus de 500 millions d'exemplaires dans le monde.
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+ Issue d’une famille modeste, elle a écrit sa première « histoire » à l'âge de six ans. Après des études à l'université d'Exeter ainsi qu'à la Sorbonne où elle a obtenu un diplôme en littérature française et en philologie, elle a travaillé un temps au sein d'Amnesty International, puis a enseigné l'anglais et le français. C'est à vingt-cinq ans qu'elle a bâti les premiers concepts et institutions de son univers sorcier, dans lequel un enfant orphelin découvrait à la fois son héritage tragique et ses talents de magicien. Elle a rédigé son premier roman, L'École des sorciers, dans un contexte de précarité et de dépression et a dû attendre plus d'un an avant sa publication en 1997 chez Bloomsbury.
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+ Acclamée par ses lecteurs de tout âge et par la critique, J. K. Rowling a remporté de nombreux prix littéraires, notamment les prix Hugo, Locus et Bram Stoker, et a reçu la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 2009. Elle est réputée pour aborder des idées et des thèmes profonds avec accessibilité et humour, et s'attacher régulièrement à des personnages placés en marge de la société. Time Magazine l'a élue vice-championne du titre de la Personnalité de l'année en 2007, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait insufflée à ses fans. En octobre 2010, elle a également été nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines. Très présente sur les réseaux sociaux, où elle prend régulièrement la parole sur des sujets politiques ou de société qui lui sont chers, il lui arrive aussi d'être critiquée sur ses positions. En 2020, notamment, ses propos sur l'identité de genre font polémique, en étant considérés transphobes par de nombreux fans et militants de la cause trans.
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+ Le succès planétaire de son heptalogie romanesque, des films adaptés ainsi que des travaux dérivés de Harry Potter lui ont permis d'acquérir une fortune considérable, dont une partie est régulièrement reversée à de nombreuses associations caritatives luttant contre la maladie et les inégalités sociales. J. K. Rowling est devenue une philanthrope reconnue en cofondant notamment l'association Lumos qui œuvre pour la protection de l'enfance.
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+ Elle se tourne vers un public adulte à partir de 2012 en publiant le roman social Une place à prendre, puis en entamant une série policière l'année suivante, sous un second nom de plume. Elle devient également scénariste pour le cinéma à partir de 2016 en étendant son univers sorcier à travers la série de films Les Animaux fantastiques, dont le premier volet a connu un succès international.
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+ Joanne « Jo » Rowling[4],[5] est la fille d'Anne Volant (1945-1990), technicienne de laboratoire[6],[7], et de Peter James Rowling (né en 1945), ingénieur en aéronautique[8]. Ses parents, qui habitent à Londres durant leur adolescence, se rencontrent lors d'un trajet en train entre King's Cross et Arbroath, en Écosse, en 1964[7]. Peter Rowling part alors rejoindre les rangs de la Royal Navy et Anne ceux du Women's Royal Naval Service, l'équivalent féminin[9].
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+ L'arrière grand-père maternel de J. K. Rowling, le Français Louis Volant, a reçu la croix de guerre pour bravoure exceptionnelle après avoir défendu le village de Courcelles-le-Comte durant la Première Guerre mondiale[10]. L'auteure pensait à l'origine que Louis Volant avait reçu la Légion d'honneur, comme elle l'a formulé en recevant elle-même la distinction en 2009[11]. Elle a découvert en 2011, en participant à l'émission de généalogie de la BBC Who Do You Think You Are?, que la Légion d'honneur fut décernée en réalité à un homonyme[12].
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21
+ Après avoir quitté la marine, les parents de Joanne Rowling s'installent à Yate, à une quinzaine de kilomètres de Bristol, dans l'ouest de l'Angleterre[1]. Peter Rowling, avant de devenir ingénieur[8], travaille à la chaîne d'assemblage des moteurs d'avions de combat Harrier[13] à la Bristol Siddeley Engines, Ltd.[14] (qui fusionnera avec Rolls-Royce en 1971[13]). Ils se marient en mars 1965[15] et Anne Rowling donne naissance à Joanne le 31 juillet de la même année au Cottage Hospital de Yate[16],[c]. Peter et Anne Rowling espéraient alors un garçon, qu'ils auraient baptisé « Simon John »[17]. La sœur de Joanne, Dianne (« Di »[9]), vient au monde deux ans plus tard, en juin 1967[14],[18].
22
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23
+ En 1969, la famille Rowling s'installe dans une maison plus grande, dans la rue Nicholls Lane[14] à Winterbourne[18], toujours dans les faubourgs de Bristol. Cette maison de banlieue inspirera inconsciemment Rowling pour imaginer une trentaine d'années plus tard la maison du 4, Privet Drive de la famille Dursley[19]. Anne Rowling, qui a renoncé momentanément à sa carrière pour se consacrer à l'éducation de ses filles, exerce sur elles la plus grande influence en leur transmettant son amour des livres et des histoires, éveillant ainsi leur imagination[20]. Joanne écrit son premier récit complet à l’âge de six ans : l’histoire d’un lapin nommé Rabbit[18],[21], bloqué dans sa maison par la rougeole et consolé par un bourdon géant du nom de mademoiselle Bee[22]. Selon Rowling, il s'agissait d'un « plagiat » d'une histoire de Richard Scarry qu'elle adorait écouter[23]. Mais pour le biographe Sean Smith, « la chose extraordinaire tient dans le fait qu'une gosse de six ans ait consacré du temps à inventer une histoire »[24]. L'écriture de Rabbit donne pour la première fois à l'enfant l'envie de devenir écrivain[25].
24
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25
+ Les deux sœurs jouent régulièrement au Glenwood Store de West Moors[26], une épicerie tenue dans le Dorset par Kathleen et Ernest Rowling, leurs grands-parents paternels[26]. Elles jouent également avec les autres enfants de leur nouvelle rue, et notamment avec un frère et une sœur dont le nom de famille est Potter[9]. Un nom que Rowling préfère au sien puisque ce dernier est régulièrement sujet aux jeux de mots affligeants tels que Rowling stone ou Rowling pin (« rouleau à pâtisserie »)[9]. L'enthousiasme d'Anne Rowling et de Dianne pour la créativité de Joanne encourage celle-ci à inventer des histoires et à les partager[24]. Elle devient un leader auprès des autres enfants de Nicholls Lane[24]. Lorsque les sœurs Rowling et les Potter jouent aux sorciers, Joanne invente les scénarios, les sortilèges et les potions[27]. À l'école primaire St Michael[28], qu'elle fréquente dès septembre 1972[29], elle trouve l'environnement « détendu » et lui convenant parfaitement dans la mesure où elle y fait beaucoup de poterie, de dessin et de rédactions[9]. Son directeur d'école, Alfred Dunn, fut plus tard sa principale source d'inspiration pour le personnage d'Albus Dumbledore[30],[28].
26
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27
+ En 1974[31], lorsque Rowling a neuf ans, ses parents décident de partir vivre à la campagne. La famille déménage donc à Tutshill[18], un petit village anglais à la frontière avec le Pays de Galles, et voisin de la ville de Chepstow. Leur nouvelle maison, baptisée « Church Cottage »[32],[d], se trouve en bordure de la forêt de Dean, et Chepstow est dominée par un château en ruine au sommet d'une falaise, ce qui, selon Rowling aujourd'hui, « peut expliquer beaucoup de choses[33] ». Ce dernier déménagement coïncide avec la mort de sa grand-mère Kathleen[9], à l'âge de cinquante-deux ans[34]. Très attristée par cet événement, Rowling choisira plus tard d'inclure l'initiale de son prénom dans son pseudonyme : le « K » de J. K. Rowling[35],[9].
28
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29
+ La même année, les deux sœurs intègrent l'école voisine du cottage[36], où Joanne ne se plaît pas du tout[9]. Sa salle de classe de l'époque, à l'ambiance « dickensienne »[37], lui semble défraîchie, comprenant des bureaux à cylindre en bois et des encriers. De surcroît, l'institutrice se montre particulièrement stricte et inspire la crainte chez la plupart de ses élèves[38], séparant les plus « intelligents » (qu'elle place du côté gauche de la classe) de « ceux qui le sont moins » (placés du côté droit)[38]. Rowling fait mauvaise impression dès son premier jour, puis évolue au cours de l'année : « Je fus promue deuxième gauche. […] C'est ainsi que, en une brève traversée de la classe, je devins intelligente, mais impopulaire »[39].
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+ En septembre 1975[40], en guise d'activité parascolaire, Rowling intègre la seconde section des Brownies de Tidenham, une organisation liée à l'église, proposant dans la semaine des activités de scoutisme aux enfants de sept à dix ans[31]. La section de Rowling se divise en six groupes, portant chacun un nom en lien avec l'univers de la fantasy (les « Fées », les « Lutins », les « Farfadets », etc.[41]), et la fillette se spécialise dans trois domaines : signaler par signes, sémaphore et premiers secours[41]. Ses marches la mènent régulièrement sur les ruines de l’église de Lancaut, contournée par la rivière Wye ; dans les sous-bois bordant Offa's Dyke (un chemin très apprécié des randonneurs[31]), ou encore dans le labyrinthe des cavernes d'Otter Hole à Chepstow[42]. Des endroits « enchanteurs et passionnants pour de jeunes aventuriers » selon Sean Smith[42].
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+ Rowling, qui est la seule de sa famille à se rendre régulièrement à la messe[17], est baptisée à onze ans à l'église St Luke jouxtant le cottage[17],[33] et gagne son argent de poche en y effectuant régulièrement des heures de ménage avec sa sœur, payées à 1 £ chacune[17]. Elle en profite pour noter quelques noms figurant dans le registre de l'église pour ses propres histoires et s'amuse avec Dianne à le signer régulièrement[17]. Au même âge, Rowling rédige un court roman d'aventures évoquant sept diamants maudits et les mésaventures de leurs possesseurs[18], un hommage rendu à l'écrivain Edith Nesbit qu'elle affectionne particulièrement[43].
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+ En 1976, Rowling intègre à onze ans le collège de Wyedean à Sedbury où travaille sa mère (au département des sciences)[6]. Joanne et Dianne peuvent ainsi conserver un contact quotidien avec leur mère qui, sans enseigner directement, intervient régulièrement durant les cours scientifiques[44].
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+ « Tranquille, myope, couverte de taches de rousseur et nulle en sport »[45], elle découvre le théâtre de Shakespeare, avec notamment Le Roi Lear et Le Conte d'hiver, d'où le prénom de son personnage, « Hermione », a été tiré[46]. Durant cette période, sa grand-tante lui remet une copie de l'autobiographie de Jessica Mitford, Hons and Rebels[47] et Mitford devient un modèle pour Rowling, qui lit alors l'intégralité de son œuvre[48]. À la maison, les deux sœurs ont la possibilité de lire tous les livres présents sans aucune restriction[49]. Rowling commence à découvrir d'elle-même l'univers de Jane Austen à onze ou douze ans avec Orgueil et préjugé[49] et lit La Foire aux vanités de Thackeray à quatorze ans[49].
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+ En cours, elle est impressionnée par Miss Shepherd, son enseignante d'anglais stricte à l'humour « mordant », qui se montre consciencieuse, féministe et passionnée par son métier[50]. Rowling précise plus tard qu'il s'agit de la seule enseignante à qui elle s'est confiée[51],[52]. Elle est aussi déstabilisée par l'enseignement du collègue et ami de sa mère[53], son professeur de chimie John Nettleship, surnommé Stinger (« celui qui pique ») par ses élèves[54]. En cours, Nettleship intimide par sa capacité à toucher au cœur des problèmes[55], n'hésitant pas à se montrer sévère ou sarcastique. Selon Nettleship, Rowling est à cet âge une « observatrice astucieuse »[56], timide, discrète, intelligente et ne montrant aucun intérêt pour les sciences[57]. L'enseignant se dit heureux et fier d'avoir vraisemblablement inspiré l'énigmatique professeur Rogue[55],[58],[57] : « J'avais l'habitude d'isoler un élève après l'autre pour lui poser une question, et Joanne était l'une des élèves les plus capables de la classe. […] Je crois que le manque de confiance que l’on perçoit chez Harry est aussi ce qu'elle ressentait dans certains domaines de sa scolarité »[55]. Un autre professeur d'anglais de Wyedean se souvient de Rowling comme de quelqu'un préférant s'exprimer dans ses écrits (pour lesquels elle excellait[59]) plutôt qu'oralement dans des discussions[60]. Il se souvient notamment de l'une de ses compositions intitulée Mon île déserte, écrite pendant une leçon sur le thème de la survie et inspirée par l'étude parallèle de Sa Majesté des mouches et de Walkabout[59].
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+ L'événement le plus difficile de son adolescence est la découverte de la maladie de sa mère, en 1980[61], alors que Rowling n'a que quinze ans. Les médecins diagnostiquent une maladie du système nerveux central : une sclérose en plaques[9]. L'état d'Anne Rowling se dégrade alors lentement mais de façon régulière[9].
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+ Entre-temps, Rowling raconte à ses amis de longs récits nés de son imagination dans « un débit sec et ironique » qui lui est propre et qu'elle conservera plus tard dans son style d'écriture[62]. Elle se passionne pour les langues[63], la musique pop et le groupe The Smiths[15]. Elle apprécie également la chanteuse Siouxsie Sioux dont elle adopte le maquillage gothique pendant quelque temps[64]. Lors de sa dernière année à Wyedean[51], Rowling s'ouvre davantage au monde extérieur et gagne en maturité et en popularité[65]. Elle fait la connaissance de Sean Harris, qui deviendra son meilleur ami et propriétaire d'une Ford Anglia turquoise dans laquelle ils prendront régulièrement l'habitude de « s'échapper » de l’école[66]. C'est à lui que Rowling confie pour la première fois sa volonté de devenir écrivain[9]. Le même modèle que celui de sa voiture apparaît en clin d’œil à plusieurs reprises dans le deuxième roman Harry Potter, que l'auteure dédiera à son ami lors de sa publication[66]. Harris deviendra célèbre par la suite pour avoir été celui qui inspira officiellement le personnage de Ron Weasley[54],[67].
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+ Pour son baccalauréat, Rowling choisit des matières essentiellement linguistiques, c'est-à-dire l’anglais, le français et l’allemand[15], où elle obtient de bons résultats à ses examens finaux (deux A et un B[15]).
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+ En 1983, ses études secondaires étant terminées, Rowling fait une demande d’inscription à l’université d'Oxford[68], mais son dossier est refusé car son école d'origine ne jouit pas d’une bonne réputation[54]. Selon John Nettleship, Rowling aurait été refusée à Oxford pour la seule raison qu'elle était issue d'une école secondaire publique, au même titre que Laura Spence[68] (dont l'affaire fut suivie par la presse britannique en 2000[69]). Rowling est cependant acceptée à l’université d'Exeter[18], près de la côte Sud de l'Angleterre, où elle perfectionne son français et étudie la littérature antique pour satisfaire ses parents qui souhaitent qu'elle devienne secrétaire bilingue[70].
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+ Lors de sa première année à Exeter, elle réside dans une petite chambre d'étudiant du bâtiment « Jessie Montgomery »[71] (aux Duryard Halls), puis au bâtiment « Lafrowda » à partir de l'année suivante[72]. Elle passe beaucoup de temps à la cafétéria du Devonshire House, un lieu où se regroupent de nombreux étudiants[73], et accorde à cette époque davantage d'importance à sa vie sociale — bien que demeurant de nature introvertie et solitaire[74] — plutôt qu'à sa réussite académique[73],[54],[15]. Martin Sorrell, son professeur de français et conseiller aux études à Exeter[75], se souvient « d'une étudiante compétente et tranquille, avec une veste en jean et des cheveux noirs, qui, en termes académiques, donnait l'impression de faire ce qui était nécessaire[8] ». D'autres professeurs décrivent encore une étudiante « rêveuse » ou quelqu'un « de très intériorisé n'étant pas en relation active avec le monde extérieur »[56],[54]. Régulièrement distraite, elle perd des polycopiés et oublie, en 1984, de s'inscrire à certains examens de fin d'année, abandonnant de ce fait les études de civilisation grecque et romaine[76],[15].
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+ En 1985, elle est tenue de passer l'année en France pour son cursus[76] ; elle a le choix entre enseigner l'anglais dans une école française, étudier dans une université française ou travailler dans une entreprise française[76]. Rowling choisit la première option et s'inscrit à la Sorbonne dans le cadre d'un stage d'enseignement[76],[77],[78],[79]. Elle découvre cette année-là Le Conte de deux cités de Dickens[76], dans lequel le sacrifice du personnage de Sydney Carton pour sauver la vie de Charles Darnay, sur fond de Révolution française, marque profondément son esprit[80],[15].
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+ Elle retourne à Exeter pour effectuer sa dernière année et passe beaucoup de temps auprès des six-cent mille ouvrages que compte la bibliothèque du campus principal[81]. Cependant, elle s'y rend davantage pour son amour de la lecture que pour ses études[81]. C'est à cette période qu'elle découvre notamment l'univers de Tolkien en se consacrant durant plusieurs mois à la lecture du Seigneur des anneaux[82],[54]. En parallèle de son mémoire de licence (une dissertation de trois mille mots en français[81]), elle se porte volontaire pour aider à l'organisation d'une pièce de théâtre, Le Cosmonaute agricole d'Obaldia, mise en scène par son professeur de français Martin Sorrell[83]. Il s'agit d'un spectacle « drôle et plein de vie »[83] porté par des discussions philosophiques entre les personnages. Rowling est responsable du choix des costumes[83] et se montre très impliquée, ne manquant aucune répétition[84].
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+ En 1987, elle obtient un résultat moyen à ses examens avec un diplôme de « deuxième classe, seconde division »[75],[15]. Son mémoire de licence demeure son meilleur travail[81].
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+ Après ses études, Rowling s'installe dans un appartement à Clapham, au sud-ouest de Londres[85]. Elle enchaîne les emplois temporaires et travaille notamment au service de recherche d'Amnesty International en tant que secrétaire bilingue[85],[86]. Une expérience qui fut, selon ses propres termes, « l'une des plus formatrices » de sa vie[86]. Elle lit des lettres d'hommes et de femmes originaires d'Afrique francophone[87], menacés d'emprisonnement pour tenir informé le monde extérieur du régime « totalitaire » dont ils sont les sujets, ou encore les récits de témoins ou de victimes de torture, d'enlèvements ou de viols[86].
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+ « J'ai commencé à faire des cauchemars, littéralement des cauchemars, à propos de certaines choses que j'ai vues, entendues et lues. […] Mais le pouvoir de l'empathie humaine, menant à une action collective, peut sauver des vies et libérer des prisonniers. Les gens ordinaires, dont le bien-être personnel et la sécurité sont assurés, peuvent se réunir en grand nombre pour sauver des personnes qu'ils ne connaissent pas et ne rencontreront probablement jamais. Ma petite participation à ce processus a été à la fois l'une des plus grandes leçons d'humilité et une des expériences les plus inspirantes de ma vie[86]. »
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+ — J. K. Rowling (extrait de son discours à Harvard en juin 2008)
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+ Pendant ce temps, elle entame une vie parallèle en tant qu'écrivain, travaillant sur deux romans pour adultes qui n'ont a priori jamais été publiés[85],[15].
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+ En 1990[35], Rowling travaille à la chambre de commerce de Manchester[7], toujours en tant que secrétaire[88], et décide donc de s'installer dans cette ville avec son compagnon[9]. C’est lors d’un voyage en train de Manchester à Londres, plus long que prévu, qu’elle imagine l’histoire d'un garçon ignorant être un sorcier et recevant une invitation pour l'école de sorcellerie[9],[54]. Elle n'a rien pour écrire[9], mais passe son voyage à imaginer la situation et à identifier ses personnages, notamment Ron Weasley, pour lequel elle s'inspire de son ami Sean Harris[54], et Rubeus Hagrid[89]. Elle imagine aussi les fantômes de l'école. Plus tard, elle pioche des expressions et des fables dans les index géographiques et le dictionnaire Brewer[54],[90]. Pour l'école, elle imagine aussitôt un château datant du Moyen Âge et situé en Écosse[54], lieu de rencontre de ses parents. À son arrivée à la gare de King's Cross, beaucoup d'idées ont déjà pris forme et elle stocke des notes dans des boîtes à chaussures[88],[91].
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+ Anne Rowling meurt le 30 décembre 1990[9] des suites de sa maladie lorsque Joanne a vingt-cinq ans. Cette dernière ne fait que commencer l'écriture de Harry Potter et n'a pas encore eu l'occasion d'aborder le sujet avec sa mère[92]. Rowling surmonte sa douleur en détaillant davantage les sentiments de son héros orphelin, dès le premier roman[93].
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69
+ Rapidement licenciée de son travail à la chambre de commerce de Manchester[94], elle répond à une annonce dans The Guardian pour un poste de professeur d'anglais à Porto[7] et déménage au Portugal[15]. Le travail à mi-temps lui permet de se consacrer à son roman qui évolue beaucoup après la mort de sa mère[9]. La directrice adjointe de l’école où enseigne Rowling perçoit cette dernière comme étant nerveuse et anxieuse durant cette période[15].
70
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+ « Désormais, les sentiments de Harry envers ses parents disparus étaient devenus bien plus profonds et tangibles. C'est durant les premières semaines de mon séjour au Portugal que j'ai écrit mon chapitre préféré de L'école des sorciers : Le miroir du Riséd[9]. (J. K. Rowling) »
72
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73
+ Elle rédige les aventures de Harry dans son appartement (qu'elle partage alors avec deux autres Britanniques[15]), en écoutant le Concerto pour violon de Tchaïkovski[8], ou en s'installant dans les lieux fréquentés de Porto comme le café Majestic[95]. La librairie Lello & Irmao a longtemps obtenu la réputation d'avoir inspiré Rowling pour créer la librairie Fleury et Bott[96], ce que l'auteure a démenti en mai 2020 par le biais d'un tweet, en affirmant n'avoir jamais visité cette librairie ni même avoir eu connaissance de son existence[95],[97].
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+ Rowling se marie en octobre 1992 avec le journaliste de télévision portugais Jorge Arantes[98] et donne naissance à une fille en juillet 1993, qu'elle prénomme « Jessica », en hommage à Jessica Mitford[48]. Cependant, le mariage est un échec. Son mari se montre parfois violent[15] et le couple se sépare l'année suivante.
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+ Rowling retourne au Royaume-Uni avec sa fille pour s’installer dans un premier temps chez sa sœur et son beau-frère, dans leur maison de la rue du Marchmont à Édimbourg[15], puis dans un petit bâtiment à Leith, un district de la capitale de l’Écosse, où elle et sa fille vivent avec l'aide du gouvernement. Sept ans après avoir obtenu son diplôme de l'université, Rowling perçoit sa vie comme un « désastre »[99],[100]. Devant faire front à la mort de sa mère puis à une séparation violente, elle se retrouve de surcroît sans emploi avec un nourrisson à charge, qu'elle craint de voir mourir[99]. Au cours de cette période, une dépression clinique, se manifestant chez elle par une profonde torpeur, une apathie et une incapacité à imaginer un retour à une vie plus heureuse, est diagnostiquée chez Rowling[99]. Elle envisage le suicide[101],[102],[103]. Sa maladie et son état d'esprit lui ont notamment inspiré les Détraqueurs, les créatures maléfiques présentes dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban et répandant un sentiment de désespoir[104],[105]. Plus tard, en 2012, Rowling décrit cette période de sa vie comme ayant été une autre expérience particulièrement formatrice :
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+ « Cela a changé ma vision du monde. […] Les gens deviennent des statistiques, ils perdent leur individualité lorsqu'ils sont piégés dans la pauvreté. C'est une place humiliante où on est défini par des personnes n'ayant jamais vécu notre situation. Tous nos choix sont sous contrat. C'est vraiment, vraiment très difficile de s'échapper de cette situation[106]. »
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+ À Édimbourg, Rowling décide de reprendre l'enseignement, cette fois-ci à temps plein, ce qui l'incite à vouloir terminer au plus vite son premier livre pour ne pas être obligée de l'abandonner[9]. Elle se met donc au travail et écrit jour et nuit, déterminée à l'achever et tenter de le faire publier.
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+ Les endroits connus et préférés de Rowling pour écrire sont l'Elephant House[107] dans le centre-ville et le restaurant Nicolson's[108],[e] tenu par son beau-frère[109]. Là, elle commande un café pour pouvoir écrire son histoire jusqu'à ce que sa fille se réveille[9]. À cette époque, Rowling retape encore tous ses chapitres sur une vieille machine à écrire[110].
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+ Harry Potter à l'école des sorciers achevé en 1995[111],[112], Rowling envoie les trois premiers chapitres à un agent, qui les lui retourne aussitôt. Un second agent, Christopher Little, est intéressé et demande à l'auteure de lui envoyer la suite du roman pour tenter de le faire publier[113]. Après le refus successif de douze éditeurs (dont notamment Orion, Penguin et HarperCollins[112]), les originaux arrivent à Bloomsbury Publishing en août 1996[111], dans les mains de Barry Cunningham, le coordonnateur de la nouvelle division des livres pour enfants[114]. Alice Newton, la fille du directeur général de Bloomsbury, aime beaucoup le livre et son enthousiasme aurait influencé la décision de publier le roman[115]. Harry Potter à l'école des sorciers est finalement publié le 26 juin 1997[116]. La première édition n'est pas très importante : 1 000 exemplaires dont 500 sont destinés à des bibliothèques[111]. En 2005, un exemplaire de ces livres d'origine valait plus de 27 000 euros[117].
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+ À ce moment, son agent Christopher Little craint cependant que le groupe-cible de petits garçons rechigne à acheter des livres écrits par une femme et lui demande par conséquent d’utiliser les fameuses doubles initiales plutôt que de révéler son véritable prénom[118]. Elle obtient en parallèle un poste à l'Académie de Leith[119], comme professeur de français, ainsi qu'une bourse de la Scottish Arts Council[112]. Très rapidement, le livre s'inscrit dans la liste des meilleures ventes et la publication est suivie par les distinctions et les louanges : il remporte notamment le British Book Awards et le Children’s Book of the Year[120]. Les éditions Gallimard, sous la direction de Christine Baker, sont les premières à acheter les droits pour une traduction et à publier Harry Potter en dehors des frontières du Royaume-Uni[11] : « J'ai tout de suite été frappée par la maîtrise totale qu'avait cette jeune femme inconnue, précise Baker. Tous les éléments qui m'attiraient dans un texte : la véracité psychologique, la vivacité des dialogues, l'authenticité des sentiments, l'humour bien-sûr, l'inventivité… tout cela était présent. Un cocktail parfaitement bien mesuré. C'est très très rare pour un premier manuscrit[121] ». En 1998, Arthur Levine, des éditions Scholastic aux États-Unis, achète à son tour les droits pour une somme jamais atteinte par un livre pour enfant : 105 000 $[120].
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+ Rowling emménage alors dans un appartement plus sûr et plus spacieux pour elle et sa fille et entame une thérapie lui permettant de prendre du recul vis-à-vis de sa notoriété soudaine et oppressante[122]. L’argent gagné permet à Rowling de quitter définitivement l’enseignement et de se consacrer pleinement à l'écriture de Harry Potter. Elle réalise son rêve d'être écrivain à temps complet[9].
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+ J. K. Rowling devient millionnaire en juin 1999[54], entre les publications des tome 2 et tome 3. Elle refuse dans un premier temps les nombreuses propositions d'adaptations cinématographiques de ses romans, y compris celle de la Warner Bros. Mais après avoir vu les adaptations du Jardin Secret et de La Petite Princesse, qu'elle trouve particulièrement réussies et fidèles, elle décide de faire confiance à la Warner Bros[123]. En 2001, l'année même où est adapté Harry Potter à l'école des sorciers au cinéma, elle épouse en secondes noces le médecin Neil Michael Murray : cérémonie privée qui a lieu dans sa maison en Écosse[124]. En 2003, Rowling met au monde son fils David[125] et en 2005 naît sa deuxième fille, Mackenzie[125].
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+ Au quatrième livre, Harry Potter devient un phénomène de société et à sa sortie, adultes, adolescents et enfants font la queue pour l'acheter rapidement, au point que Harry Potter et la Coupe de Feu est pré-vendu en librairie à plus d’un million de volumes, et la première édition porte le chiffre record de 5,3 millions d’exemplaires[120]. Les sept romans se vendent successivement, à plus de 450 millions d'exemplaires au total[126]. Rowling se trouve à la tête d'une fortune estimée en 2008 par le Sunday Times à 560 millions de livres (environ 590 millions d’euros[127]), soit davantage que la reine Élisabeth II[128], ainsi qu'à la tête d’un « empire commercial » hollywoodien entraînant des records cinématographiques au box-office[122]. Bien que reconnaissante, l'auteure avoue parfois être agacée par ce virage commercial :
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+ « Cet aspect m’ennuie vraiment à mourir. […] Vraiment, il n’y a rien dans le côté commercial de mon travail que je ne refuserais de sacrifier en un claquement de doigts pour qu’on me laisse écrire deux petites heures de plus. Rien. Cela peut paraître affreusement ingrat, car les films m’ont rapporté des sommes incroyables et j’en suis très reconnaissante, mais ça ne m’intéresse pas[122]. (J. K. Rowling) »
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+ Désormais à l'abri du besoin, l'auteure termine tranquillement l'écriture des Reliques de la Mort à l'Hôtel Balmoral d’Édimbourg le 11 janvier 2007[129], mettant ainsi un point final aux aventures romanesques de Harry Potter.
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+ En octobre 2010, Rowling est nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines[130]. En dépit de son succès, elle mène une vie tranquille dans le Perthshire[131] et ne donne que peu d'interviews. En juillet 2011, elle décide de se séparer de son agent littéraire, Christopher Little, après seize ans de collaboration[132] et choisit une nouvelle agence fondée par l'un de ses employés, Neil Blair[8],[133]. L'auteure, qui souhaite couper tout lien avec Harry Potter dans sa démarche[134], met également un terme à sa collaboration avec Gallimard pour ses éditions en français, se tournant désormais vers Grasset[134]. En juin 2011, Rowling annonce par le biais d'une vidéo[135] qu'elle va ouvrir un site internet consacré à l'univers étendu de Harry Potter, Pottermore, sur lequel elle publiera régulièrement du contenu inédit (le site sera clôturé en 2019 et la plupart de son contenu déplacé sur le site WizardingWorld.com[136]).
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101
+ Le 23 février 2012, sa nouvelle agence, Blair Partnership[133], annonce sur son site que J. K. Rowling fera publier un nouveau livre destiné aux adultes. En avril, Little, Brown and Company précise que le nouveau livre, intitulé Une place à prendre (The Casual Vacancy), sortira le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français). Dans ses trois premières semaines de sortie, Une place à prendre se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139]. La BBC adapte le roman en une mini-série télévisée, Une place à prendre, à laquelle Rowling collabore en tant que productrice exécutive[140].
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103
+ Elle entame en 2013 l'écriture d'une série de romans policiers mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé. L'identité de Rowling, dissimulée sous un nouveau nom de plume, Robert Galbraith, a été révélée par une indiscrétion au Sunday Times en juillet 2013[141],[142]. J. K. Rowling indique par la suite[143] qu'elle a toujours voulu s'appeler Ella Galbraith et que le choix de Robert comme prénom est un hommage à l'homme politique qu'elle admire beaucoup, Robert F. Kennedy, assassiné en 1968. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en France par Grasset et publié en novembre 2013[144]. La série fait également l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[145].
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105
+ En 2016, J. K. Rowling associe son nom à un projet de pièce de théâtre autour de Harry Potter, acceptant de discuter des bases d'un script avec le dramaturge Jack Thorne et le metteur en scène John Tiffany, mais refusant d'en être elle-même rédactrice[146]. La pièce en deux parties, intitulée Harry Potter et l'Enfant maudit, est jouée le 30 juillet 2016[147] au Palace Theatre de Londres. Contrairement aux sept tomes de la série de Rowling, l'histoire de L'Enfant maudit relate principalement les aventures du cadet des enfants de Harry Potter après l'épilogue des Reliques de la Mort[148]. J. K. Rowling rappelle sur son compte Twitter que ce script, bien que publié sous forme de livre, n'est pas à considérer comme un « roman » Harry Potter[149].
106
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107
+ En parallèle de l'écriture de ses polars, J. K. Rowling devient à partir de 2016 scénariste pour le cinéma[150], élargissant son univers sorcier par le biais d'une nouvelle saga portée à l'écran, Les Animaux fantastiques, dont l'intrigue commence dans le New York des années 1920[151]. Ce nouvel environnement sorcier s'inscrit de ce fait plusieurs décennies avant les aventures de Harry Potter[152] et relate les aventures d'un héros adulte, le magizoologiste Norbert Dragonneau, ainsi que des jeunes Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald[153].
108
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109
+ En mai 2020, pendant la pandémie de Covid-19, Rowling annonce la publication d'un conte de fée politique « sur la vérité et l’abus de pouvoir », intitulé The Ickabog, qui est destiné aux enfants âgés de 7 à 9 ans[154]. Le projet, qui a pris naissance avant 2007, pendant l'écriture de Harry Potter (mais qui n'a aucun rapport avec son histoire), était destiné en premier lieu à ses deux plus jeunes enfants David et Mackenzie[154],[155]. Il a ensuite été mis de côté pendant plusieurs années, lorsque Rowling s'est consacrée à l'écriture de ses romans pour adultes[154]. Pendant son confinement au Royaume-Uni, elle décide de retravailler le texte avec David et Mackenzie (alors âgés de 15 et 17 ans), en vue de le publier en ligne entre le 26 mai 2020 et le 10 juillet 2020, sur le site dédié Theickabog.com[154]. Une publication du conte au format papier, e-book et audio est prévue pour novembre 2020 au Royaume-Uni[154], et une version en français, éditée par Gallimard Jeunesse, est également annoncée[156]. Des dessins réalisés par des enfants lecteurs sont sélectionnés lors d'un concours organisé par les éditeurs, afin d'illustrer les différentes publications[157]. J. K. Rowling précise sur son site officiel que tous les droits d'auteur seront reversés aux personnes touchées par la pandémie[154].
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111
+ Dès le départ, Rowling a en tête une saga en sept tomes[158], chaque tome relatant une année passée à l'école de magie Poudlard. Cinq ans ont été nécessaires pour mettre en place l'univers et construire le plan de chacun des romans Harry Potter[111],[158] (dix-sept années au total pour rédiger l'ensemble de l'heptalogie[159]). Avant même d'entamer l'écriture du premier roman, Rowling rédige également les biographies complètes de la plupart de ses personnages[158], non destinées à être publiées mais conservées à titre de supports personnels. Elle choisit de faire de Harry Potter un orphelin, à l'image des personnages de Charles Dickens[160],[161], ce qui lui permet de développer le sentiment de solitude de son héros dans le cheminement de sa quête et de sa personnalité[161]. À travers Harry Potter, Rowling crée un monde magique au sein de notre monde réel, séparé par un obstacle physique comme le mur de briques à l'arrière du Chaudron Baveur, à la manière du miroir d'Alice au pays des merveilles ou de l'armoire du monde de Narnia[162]. La magie en elle-même constitue un élément essentiel de son histoire :
112
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113
+ « La magie me fascine […]. Je pense qu'elle nous connecte à des choses essentielles sur la nature de l'être humain : ce qu'il est, ce qu'il souhaite, ce qu'il croit… Les enfants croient en la magie parce qu'ils cherchent à comprendre et contrôler leur monde. Mais nous avons tous ça en nous. Le monde est complexe et la plupart du temps insaisissable. Même si nous nous sommes tournés vers la science, je pense que nous avons tous gardé au fond du cœur quelques idées magiques. […] [Nos petits rituels personnels sont] une façon de vouloir contrôler ce que nous savons incontrôlable, comme notre vie[163]. »
114
+
115
+ — J. K. Rowling en 2017.
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+ Harry Potter semble ainsi appartenir typiquement à la fantasy, mais constitue néanmoins une adaptation assez singulière du genre[164]. Selon une étude réalisée par Youri Panneel et Manon Stas de Richelle[161], l'introduction d'un ton humoristique et de scènes burlesques dans le style d'écriture de Harry Potter contribuent à le distinguer au sein de ce courant[165]. J. K. Rowling confirme cette idée : « Si nous laissons de côté le fait que les livres parlent de dragons, de baguette magique et autres, les livres Harry Potter sont très différents des œuvres de la fantasy classique, surtout dans le ton[166] ».
118
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+ L'auteure s'inspire des traditions européennes en matière de littérature[161] tout en personnalisant certains aspects qu'elle souhaite mettre en avant. Elle fait de l'école Poudlard un château médiéval[167] figé dans le temps, à l'instar de certains pensionnats anglais[168],[169]. Les élèves utilisent ici des plumes[170] pour écrire sur des rouleaux de parchemins[171], suivent des cours destinés à l'apprentissage de la magie (défense contre les forces du Mal, métamorphose, histoire de la magie, fabrication des potions…), approfondissent leurs connaissances en consultant principalement les livres anciens de la bibliothèque de l’école[172] et les lettres sont encore cachetées de cire[173]. L'auteure a inventé un grand nombre de mots et de sortilèges propres à son univers magique, tout en réutilisant des codes déjà présents dans la fantasy[174] (balais volants, baguettes magiques, mythologie…). En parallèle, toute technologie moderne de l'époque décrite (téléphones, ordinateurs, etc.), existante dans le monde « moldu » voisin et contemporain, demeure pour autant totalement absente au sein de cette institution magique où aucun objet de nature électronique ne peut fonctionner[175]. Les romans, même s'ils se veulent ancrés dans une atmosphère d'un autre temps, prônent de nombreuses valeurs très actuelles[176], comme le féminisme[177],[178] ou la révolte contre l'oppression[179] et les différentes formes de racisme[180]. En 2007, l'année de la publication du dernier tome de la série, Time Magazine nomme J. K. Rowling vice-championne du titre de la Personnalité de l'année, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait transmis à ses fans à travers Harry Potter[181].
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+ Au total, les livres se sont vendus à plus de 500 millions d'exemplaires en 2018[182],[126] et Harry Potter a été traduit dans près de quatre-vingts langues[183],[184]. Il s’agit du premier cycle jeunesse ayant été lu simultanément par les enfants et leurs parents (pour environ la moitié des enfants lecteurs)[165]. Le succès de la série peut en partie s'expliquer par celui des huit films adaptés[185], dont les sorties successives au cours de la deuxième moitié des années 2000 ont concordé avec les publications des derniers romans. Les films ont permis aux lecteurs de voir évoluer les différents personnages incarnés[185] et d'obtenir une vision du monde magique, proposée par le concepteur Stuart Craig et correspondant fidèlement à l'imagination de Rowling[186],[187]. En outre, les premiers lecteurs de la série ayant eu le même âge que les personnages ont pu vieillir en même temps que les héros au fil de l'histoire, ce qui a permis une identification très forte[188].
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+ Le roman Une place à prendre (The Casual Vacancy) est publié le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français chez Grasset[189]). L'histoire commence par la mort brutale d'un conseiller paroissial d'un petit village de la campagne anglaise. Sa mort va provoquer une guerre sans merci entre les habitants, tous désireux d'occuper le poste vacant. Le livre est présenté comme une tragédie teintée d'humour noir, une « satire féroce des hypocrisies sociales »[190].
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+ « Nous sommes une société incroyablement snob et il est fascinant d’explorer cet aspect. La classe moyenne est très drôle ; c’est celle que je connais le mieux et c’est aussi celle où l’on rencontre le plus de gens prétentieux. C’est ce qui la rend si hilarante[122]. (J. K. Rowling) »
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+ Dans ses trois premières semaines de sortie, le roman se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139], certains estimant que le récit manque d'action et traîne en longueur[139],[190]. D'autres estiment que le vécu de Rowling (pauvreté et misère) se ressent dans la description des personnages, en particulier des adolescents particulièrement lucides, et que le lecteur retrouve le souci du détail qui lui est propre[190],[139]. L'ambiance et le décor sur fond de crise économique et sociale rappellent à d'autres les univers de Ken Loach ou de Billy Elliot[190].
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+ Le 3 décembre 2012, il est annoncé que la BBC adapterait le roman en une mini-série télévisée. L'agent de Rowling, Neil Blair, travaille sur le projet comme producteur[140], par l'intermédiaire de sa société de production indépendante. Rowling collabore à l'adaptation en tant que productrice exécutive[140]. La série Une place à prendre a été diffusée en trois parties du 15 février au 1er mars 2015[191],[192], avec notamment les acteurs Monica Dolan et Michael Gambon.
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131
+ J. K. Rowling entame en novembre 2013[144] l'écriture d'une série policière mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé, Cormoran Strike, et sa secrétaire et collaboratrice Robin Ellacott. Vétéran de la récente guerre d'Afghanistan où il effectuait des missions pour la Brigade spéciale d’investigation[193], le personnage de Cormoran Strike est revenu blessé (à la suite d'une explosion) et amputé d'une partie de la jambe droite, l'obligeant à porter une prothèse douloureuse. Son bureau est situé à Londres dans Denmark Street[194], près de Charing Cross Road. Sa secrétaire intérimaire, bien que discrète, se montre particulièrement efficace et les deux protagonistes vont naturellement faire équipe pour tenter de résoudre les enquêtes.
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+ Pour construire ces romans, J. K. Rowling se base sur des récits factuels de vrais soldats[195]. Deux soldats en particulier parmi ses connaissances lui fournissent des renseignements très utiles pour établir le contexte et les antécédents de son héros[195]. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en français par Grasset et publié le 6 novembre 2013[144].
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+ Le deuxième roman, intitulé Le Ver à soie, est publié en français en octobre 2014[196]. Considéré comme « moins essoufflant » que son prédécesseur[197], le roman voit le héros enquêter sur la disparition d'un écrivain détesté par beaucoup de ses vieux amis pour les avoir insultés dans sa dernière production[198]. Pour l'écriture du troisième roman, dans lequel le personnage de Robin se retrouve au centre de l'intrigue, J. K. Rowling a recours à « une quantité incroyable de planifications » en utilisant des tableurs à codes couleurs pour mieux se repérer[199]. Au Royaume-Uni, La Carrière du mal est publié en octobre 2015[200] et sa traduction française en mars 2016[201]. Ce troisième roman est considéré par USA Today comme le meilleur de ce début de série[201], tandis que la NPR lui attribue une « exceptionnelle profondeur morale et émotionnelle »[201].
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+ Au printemps 2017, J. K. Rowling révèle le titre du quatrième roman via Twitter dans un « jeu du pendu » avec ses fans. Après de nombreuses tentatives infructueuses, les lecteurs ont finalement deviné le titre original : Lethal White[202] (Blanc mortel pour sa traduction française[203]).
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+ Les Enquêtes de Cormoran Strike sont des best-sellers dans le monde entier et sont majoritairement salués par la critique et les lecteurs[204]. Après un démarrage parfois qualifié de « maladroit », voire d'« ennuyeux »[205], les lecteurs s'accordent à dire qu'ils retrouvent les personnages attachants et le « soin maniaque du détail » propres à J. K. Rowling[206],[207]. Les romans gagnent peu à peu en fluidité et en complexité[205], et pour The Toronto Star, les personnages de Strike et Robin forment « le plus formidable duo romanesque de mémoire récente »[201].
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+ La série fait l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[208], Strike, avec Tom Burke dans le rôle-titre[209] et Holliday Grainger dans le rôle de Robin[210]. Une nouvelle fois, Rowling s'associe au projet en tant que productrice exécutive[211].
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+ Sur une idée du producteur Lionel Wigram[212], J. K. Rowling développe en 2015 (d'après son propre livre-guide Les Animaux fantastiques) les aventures d'un nouveau héros, Norbert Dragonneau, au sein du même univers étendu que celui de Harry Potter, mais situé soixante-cinq ans plus tôt dans sa chronologie[213]. Wigram souhaitait en effet, après la fin de Harry Potter au cinéma, développer les possibilités qu'offrait le petit livre écrit en 2001 pour l'association Comic Relief. « Norbert est sorti des pages du livre », affirme Wigram[212]. « Je ne pouvais m'empêcher de l'imaginer en train de crapahuter dans toutes sortes de lieux exotiques et dans d'innombrables aventures qu'il vivrait en chemin »[212].
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+ La première partie de cette nouvelle saga, sortie en 2016, suit les aventures de Norbert, timide magizoologiste, dans la ville de New York en 1926[213], où il fait escale avant de poursuivre son voyage vers l'Arizona[214]. Sa valise, contenant de nombreuses créatures magiques, s'ouvre par mégarde et les animaux s'échappent dans la ville. Le héros, en s'alliant à un non magicien et à deux sorcières, va faire son possible pour récupérer toutes ses créatures sans qu'elles se blessent et sans se faire arrêter par les aurors du Congrès Magique américain.
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+ Ainsi, les créatures et le personnage de Norbert Dragonneau (interprété par Eddie Redmayne) sont adaptés du petit répertoire, tandis que la nouvelle histoire originale, les autres personnages ainsi que « l'extension » de l'univers magique[215] sont développés pour l'occasion par J. K. Rowling, qui décide pour la première fois de s'occuper elle-même du script et d'écrire pour le cinéma.
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+ « Je crois qu'elle a vraiment aimé l'idée. Elle n'a rien dit, puis elle est revenue avec sa propre histoire, une histoire complètement différente, meilleure, plus riche, plus fantastique : la sienne[213]. »
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+ — Lionel Wigram
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+ Selon le réalisateur David Yates (également réalisateur des quatre derniers films Harry Potter), même si l'histoire de Norbert Dragonneau comporte des détails similaires à celle de Harry Potter[216], elle s'avère complètement nouvelle[217]. L'histoire s'ouvre sur un monde magique hors de Poudlard[218] où l'époque, le pays et la culture sont tout à fait différents[219]. Cependant, il s'agit aussi pour Rowling — qui a conçu l'intrigue principale de ces cinq films dès 2016[220],[221] — d’une « opportunité incroyable de raconter des parties de l'arrière-plan qui n'ont jamais été intégrées aux livres [Harry Potter] »[220].
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+ Le premier film obtient globalement un bon accueil de la part des spectateurs avec une note de 7,4/10 pour 275 887 avis sur l'Internet Movie Database et un score de 79 % évalué sur 85 613 avis sur Rotten Tomatoes. Il est également apprécié par la critique. Selon Wendy Ide de The Guardian, le film « se pose à un tournant très divertissant vers l'âge du jazz américain et insuffle une nouvelle vie à la franchise Potter », ajoutant qu'« en abordant les thèmes de la société divisée et de la persécution des minorités, le film se retrouve parfaitement ancré dans le temps »[222]. Pour Ouest-France, le film multiplie notamment les références aux classiques de la comédie américaine des années 1940, dans un New York des années 1920 « richement reconstitué »[223].
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+ Le second volet, sorti en 2018[224], fait interagir Norbert avec un personnage déjà apparu dans Harry Potter : Albus Dumbledore, avant que celui-ci ne devienne directeur de l’école de Poudlard[153]. Le film, localisé principalement à Paris[225], fait également apparaître pour la première fois le personnage de Nicolas Flamel[226], inspiré du célèbre copiste français du XIVe siècle[227] et mentionné précédemment dans Harry Potter à l'école des sorciers comme étant le créateur de la pierre philosophale[227] grâce à laquelle il aurait vécu plus de 665 ans[228].
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+ « Mes héros sont toujours des gens qui se sentent exclus, stigmatisés ou ostracisés. C'est au cœur de la plupart de mes œuvres[229]. »
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+ — J. K. Rowling
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+ Pour David Yates, il s'agit d'un trait caractéristique de J. K. Rowling que de s'intéresser « aux marginaux, aux incompris ou à ceux qui sont en léger décalage avec la société »[230]. C'est le cas de nombreux personnages de ses histoires, comme Norbert Dragonneau[230], Luna Lovegood[231], Cormoran Strike[232], Remus Lupin[233] ou encore Croyance Bellebosse[234]. Les producteurs parlent aussi d'un éloge « à la Rowling[230] » de l'amitié improbable entre deux personnages que tout semble opposer (le brusque Cormoran et la délicate Robin[235], le distant Norbert et le tendre Jacob, l'autoritaire Hermione et le désinvolte Ron, etc.), en étant bien souvent, comme le soulève Eddie Redmayne, amené à une situation où chacune des personnalités distinctes en vient à « tirer le meilleur de l’autre[236] ». Pour Jacky Bornet, rédacteur Culture chez France Télévisions, les personnages variés de J. K. Rowling seraient même destinés à « sceller leur amitié » grâce à la marginalité qu'ils ont en commun[237].
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+ Selon David Heyman, J. K. Rowling aurait mis en valeur, dans ses histoires du monde sorcier, des thèmes « intemporels et émouvants », qui invitent à la réflexion : la peur des autres s'associant à un monde divisé[218], le sentiment d'être un étranger à la recherche d'une famille[218] ou encore la nécessité d'être soi-même[218]. D'autres thèmes sont régulièrement soulevés : les questions écologiques et politiques notamment, qui influent sur la manière dont notre société fonctionne[230]. Rowling dit « [se méfier] des gens qui veulent le pouvoir » d'une manière générale, en pensant que cela se ressent clairement dans ses livres[238]. La discrimination et la répression sont particulièrement présentes, notamment dans son univers sorcier[230],[239].
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+ J. K. Rowling explore « le cœur de la condition humaine »[212], en abordant les idées et les thèmes profonds d'une manière « accessible et divertissante » selon Lionel Wigram[212]. Heyman soutient cette idée en affirmant qu'un équilibre émane de ses textes entre les éléments sombres qui apportent une dimension de danger et d'émotion, et les éléments plus légers et plus drôles[240]. Selon Heyman, ce flux maîtrisé entre l'humour et la mort contribue à rendre son univers réaliste[240].
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+ L'amour est également un thème important pour J. K. Rowling, bien qu'il soit distillé avec une certaine retenue dans son œuvre, l'auteure appréciant elle-même lorsque toute « mièvrerie » peut être évitée[241]. Mais selon elle, le fait d'être « humain » signifie être capable d'aimer[242]. Dans son univers, il s'agit régulièrement d'histoires d'amour inattendues ou compliquées, voire impossibles. C'est le cas dans Les Enquêtes de Cormoran Strike entre le détective et sa collaboratrice (avec laquelle il s'interdit d'entretenir une relation autre que très cordiale[195],[243]), dans Harry Potter entre le mangemort Rogue et la mère du héros, Lily Potter[244], mais également dans Les Animaux fantastiques entre le Non-Maj Jacob Kowalski et la sorcière Queenie Goldstein[245].
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+ Concernant les livres pour enfants, Rowling mentionne toujours Le Cheval d'argent (Le Secret de Moonacre) d'Elizabeth Goudge et les personnages enfants « très réalistes » des livres d'Edith Nesbit[246]. Selon ses termes, J. K. Rowling s'identifie à Edith Nesbit plus qu'à tout autre auteur[246]. Un autre classique pour enfants ayant probablement inspiré Rowling est Le Vent dans les saules de Kenneth Grahame, qui est considéré comme l'un des principaux représentants de la fantasy animalière[247]. En effet, quelques similitudes de tempérament sont affichées entre les personnages-animaux de l'œuvre de Grahame et les personnages humains de Rowling, et il s'agit de son livre pour enfants préféré, qui lui était lu par son père[248].
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+ L'influence qui vient de J. R. R. Tolkien et de son ami C. S. Lewis existe, mais est discutée. Dans sa biographie, Rowling précise qu'elle aimait Le Seigneur des anneaux et Les Chroniques de Narnia, bien qu'elle ne les ait jamais terminés ni l'un ni l'autre[249]. Selon elle, faire des liens entre l'œuvre de Tolkien et son travail s'avère un peu rapide et facile. Elle ajoute à propos de cette influence : « Tolkien a créé tout un ensemble autour de la mythologie. Je ne pense pas que quiconque puisse dire que j'ai fait de même, du moins à même échelle. Par ailleurs, jamais Tolkien n'aurait introduit un personnage comme Dudley Dursley[166] ». En ce qui concerne l'influence de C. S. Lewis, elle a précisé qu'elle avait pensé à la voie menant à Narnia par le biais de l'armoire magique lorsque Harry franchit la barrière de King's Cross[250].
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+ J. K. Rowling évoque elle-même de nombreuses œuvres et auteurs l'ayant inspirée ou marquée, comme Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer[251], Dickens durant son adolescence[15], Anna Sewell et Black Beauty[23], Jane Austen et son analyse des comportements humains « de manière peu sentimentale et pourtant émouvante[252] » (comme dans Emma[253]), ou encore Jessica Mitford et son engagement dans la guerre civile espagnole[254] : « J'aime la façon dont elle n'a jamais dénié certains aspects de l'adolescence, en restant fidèle à ses convictions politiques toute sa vie[48] ». L'auteure cite également Louisa M. Alcott : « j'étais timide et je passais pas mal de mon temps à la bibliothèque à rechercher des héros qui me ressemblaient. Je me souviens de Jo March, qui avait du caractère[255] ».
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+ Dans le cadre d'une interview accordée à Amazon en 1999, Rowling mentionne Roddy Doyle comme étant son écrivain vivant favori[256]. Elle ajoute qu'il lui arrive souvent de parler de Doyle et de Jane Austen de la même façon : « Je pense que ça rend les gens perplexes parce que ce sont deux écrivains très différents. Mais ils ont tous deux une approche très neutre de la nature humaine. Ils peuvent très bien aborder le sujet sans pour autant devenir mièvres »[241]. Dans une autre entrevue pour le magazine O, The Oprah Magazine en 2001, J. K. Rowling avoue être profondément marquée par le style de Doyle, par le réalisme et la « subtilité » avec lesquels il traite ses personnages féminins[257].
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+ J. K. Rowling fait référence à la chrétienté dans le septième roman de Harry Potter[248]. Par exemple, lors de la visite du cimetière à Godric’s Hollow, Harry et Hermione lisent des citations sur les pierres tombales. Celle des parents de Harry comprend l’inscription « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » qui est tiré de la première épître aux Corinthiens (chapitre 15, verset 26) et sur la pierre tombale de la mère et la sœur de Dumbledore, on peut lire « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » tiré de L'Évangile selon St Matthieu (chapitre 6, verset 21). Selon Rowling : « Ces livres se passent en Angleterre, il est donc logique que Harry trouve des inscriptions bibliques sur les pierres tombales. Mais de plus, ces citations résument toute la série[248] ».
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+ Pour les créatures fantastiques de son univers sorcier, J. K. Rowling avoue avoir pris des libertés vis-à-vis du folklore et de la mythologie[258]. Pour elle, le folklore britannique, tout en étant « l'un des plus riches et variés au monde », conserve un côté « bâtard », car il est le résultat de la fusion des nombreuses cultures apportées par les envahisseurs et occupants successifs de l'Angleterre[258]. Ainsi elle assure n'avoir eu aucun scrupule à emprunter librement quelques références, à la condition d'y ajouter des détails qui lui sont propres[258].
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+ J. K. Rowling soutient publiquement le Parti travailliste pour lequel elle fait don en 2008 de 1 000 000 £ (1,1 million €) la veille de la Conférence du parti, et la même somme pour les élections générales de 2010[259]. Elle affirme ainsi :
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+ « Je pense que les familles pauvres et vulnérables s'en tireront beaucoup mieux sous le parti travailliste que sous le parti conservateur de Cameron. Gordon Brown a introduit des mesures qui sauveront autant d'enfants que possible d’une vie sans opportunités ni choix. Le parti travailliste a renversé la tendance sur le long terme dans la pauvreté chez les enfants et il est en tête des pays de l’UE dans ce même combat[259]. (J. K. Rowling en 2008) »
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+ Elle est par ailleurs une amie de Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, avec laquelle elle a travaillé pour des œuvres de charité[260].
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+ L'auteure s'est prononcée en faveur du maintien de l'Écosse dans le Royaume-Uni lors du référendum sur l'indépendance de l'Écosse en 2014, faisant don d'un million de livres (1,2 million d'euros) pour le collectif Better Together[261]. J. K. Rowling s'est également positionnée pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne lors du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne en 2016[262],[263]. Elle s'en est ainsi pris au leader europhobe et pro-Brexit Nigel Farage au lendemain du référendum[264]. Rowling a clamé sa fierté de faire partie de la « minorité indécente » qui avait voté « contre » la sortie du Royaume-Uni[265].
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+ En 2019, elle collabore à l'écriture d'un livre intitulé A Love Letter to Europe: An outpouring of love and sadness from our writers, thinkers and artists (traduction littérale : « Lettre d’amour à l’Europe : un flot d’amour et de tristesse de la part de nos écrivains, penseurs et artistes ») : une collection de lettres écrites par des personnalités de Grande-Bretagne pour montrer leur désaccord envers le Brexit[266]. L'ouvrage est publié le 31 octobre 2019[267], et la lettre de J. K. Rowling est retranscrite par The Guardian[268].
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193
+ Internationalement, elle s'est opposée au boycott culturel d'Israël et a fondé un réseau, Culture for Coexistence, tout en mentionnant son opposition au Premier ministre Benjamin Netanyahu[269],[270].
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+ Pendant les élections présidentielles américaines, elle a soutenu Barack Obama en 2008 et Hillary Clinton en 2016[271],[272]. Fin janvier 2017, la prise de position de l'auteure sur son compte Twitter face à la politique menée par Donald Trump et notamment contre le décret de ce dernier interdisant aux ressortissants de pays musulmans d'entrer sur le sol américain[273], a provoqué une vague d'indignation de la part de certains de ses fans s'affichant pro-Trump. L'auteure a posté des captures d'écran de certains messages violents ou indignés qui lui étaient adressés, notamment celui d'une internaute précisant avoir brûlé tous ses livres Harry Potter après dix-sept ans de lecture assidue et se disant « dégoûtée » par le comportement de J. K. Rowling[274]. Un message auquel l'auteure a répondu : « on peut encourager une fille à lire des livres sur la montée et la chute d’un autocrate, mais on ne peut pas la forcer à réfléchir[275] ». Peu de temps avant cela, Rowling venait de publier une citation de Winston Churchill : « Vous avez des ennemis ? C'est bien. Cela signifie que vous vous êtes battus pour quelque chose au moins une fois dans votre vie[273] ». En contre-partie, de nombreux fans amusés des échanges ont apporté leur soutien à l'auteure[275] et parmi eux, Emma Watson[276].
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+ En décembre 2019, J. K. Rowling affiche son soutien à Maya Forstater, une chercheuse britannique ayant été licenciée après avoir affirmé que personne ne pouvait « changer son sexe biologique »[277],[278]. Selon Rowling, la scientifique aurait été injustement licenciée pour avoir simplement déclaré que « le sexe [était] réel ». À la suite de son soutien public, l'auteure est à son tour accusée de « transphobie » par certains fans et médias[279],[280].
198
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199
+ En juin 2020, elle provoque la colère des militants de la cause trans en associant les termes « femme » et « personne qui a des règles »[281],[282], en n'incluant pas explicitement les femmes trans dans ses commentaires, voire en sous-entendant, selon Télérama, que les femmes trans ne sont pas des femmes[283] ; des propos qui lui valent d'être qualifiée de féministe TERF[284]. Par la suite, Rowling précise qu'elle « [respecte] le droit de toute personne trans à vivre sa vie de la façon qui lui paraît la plus sincère et confortable »[282]. Selon elle, « si le sexe n'est pas une réalité, alors il n'y a pas d'attirance pour les personnes de même sexe. Je connais et j'aime des personnes trans, mais effacer le concept de sexe retire à beaucoup la capacité de discuter vraiment de leurs expériences »[282]. De nombreux internautes lui reprochent alors de confondre les notions de sexe (biologie) et de genre (relatif à la construction sociale)[282],[285]. Le 10 juin 2020, elle publie un long article sur son site officiel, dans lequel elle explique plus en détail ses préoccupations et son point de vue[286],[287]. Elle estime notamment — en évoquant les violences conjugales et sexuelles dont elle a été victime dans les années 1990[286] — que permettre aux femmes trans d'accéder à des espaces unisexes peut être dangereux pour les « femmes de naissance » (cisgenres)[286].
200
+
201
+ Le Monde évoque par la suite des débats qui « se polarisent »[284], entre les personnes qui dénoncent ou se désolidarisent des propos de J. K. Rowling (certains acteurs de Harry Potter[283],[288],[289], les communautés et sites de fans[284],[290], etc.) et les personnes qui la soutiennent ou qui estiment que ses propos ont été mal interprétés ou exagérés[284],[291],[292]. Pour Olivia Chaumont, militante de la cause trans, Rowling cherche à « nie[r] l’identité de genre » en niant le fait qu'une personne née « génétiquement homme » puisse devenir « socialement femme »[293]. Cependant, du fait de son empathie envers les personnes trans vulnérables, l'accuser de « transphobie » serait, selon Chaumont, inapproprié[293]. L'Express met aussi l'accent sur « l'hystérisation des débats dès qu'ils entrent dans l'arène des réseaux sociaux », et la position délicate dans laquelle s'est placée J. K. Rowling en abordant ce sujet de société sur un site comme Twitter[294].
202
+
203
+ J. K. Rowling se considère croyante, bien que « difficilement » selon ses propres termes, éprouvant beaucoup de doutes, y compris au sujet de l'existence de « Dieu »[295]. Seule membre de sa famille à se rendre régulièrement à la messe, elle a été baptisée tardivement[17].
204
+
205
+ En 2003, le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, s'est officiellement opposé à la série Harry Potter, qui selon lui faisait figure de « tromperies subtiles qui pourraient passer inaperçues et par là même pervertir profondément le christianisme dans l'âme[296],[297] ». En 2008, L'Osservatore Romano publie une controverse au sujet de la série, intitulée « Le double visage de Harry Potter », confrontant deux points de vue opposés sur la dimension morale de l'histoire[298],[299]. Par ailleurs, plusieurs groupes de chrétiens fondamentalistes ont dénoncé les livres Harry Potter, prétendant qu’ils prônaient la sorcellerie[300]. Face à ces accusations, J. K. Rowling se défend : « Je vais à l’église, mais je n’ai aucun lien avec les aliénés qui se situent aux extrêmes de ma religion. Personnellement, je pense qu'on peut voir cela dans mes livres. Poudlard est bien sûr une école multiconfessionnelle. Je n'ai jamais eu l'intention de convertir qui que ce soit au christianisme, je ne veux pas faire ce qu'a fait C. S. Lewis. Il est tout à fait possible de vivre une vie morale sans croire en Dieu, tout comme vivre une mauvaise vie en croyant en Dieu[301],[302] ».
206
+
207
+ En 2000, elle crée le Volant Charitable Trust, qui utilise son budget annuel d'environ 5 000 000 £[303] (5,6 millions €) pour combattre la pauvreté et l’inégalité sociale. Une partie de ces fonds est également reversée à des associations d’aide aux enfants, aux familles monoparentales et à la recherche sur la sclérose en plaques[304].
208
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209
+ Rowling écrit à la main Les Contes de Beedle le Barde, un recueil des contes mentionnés dans Les Reliques de la Mort, en seulement sept exemplaires dont six destinés principalement à ses proches. Le septième est vendu lors d’une mise aux enchères le 13 décembre 2007 à Sotheby's au profit de l’association The Children Voice pour un montant de 1 950 000 £[305] (2,2 millions €). L’ouvrage est finalement publié début décembre 2008[306]. Rowling déclare : « Cela signifie tellement pour les enfants en situation de besoin. Noël arrive en avance pour moi[307],[308]. »
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+ S'étant déjà retrouvée en position de parent isolé, Rowling devient ambassadrice de l’association caritative One Parent Families en 2000 dont elle est l'actuelle présidente[309]. Rowling écrit, en collaboration avec Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, un recueil d’histoires pour enfants dont les bénéfices vont à One Parent Families[310].
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+ En 2001, l’association britannique de lutte contre la pauvreté Comic Relief demande à trois auteurs populaires[f], dont J. K. Rowling, de publier de petits livres reprenant les thèmes de leurs plus gros succès[311]. Les deux publications de Rowling, Les Animaux fantastiques et Le Quidditch à travers les âges, sont présentées comme des facsimilés de livres présents dans la bibliothèque de Poudlard, et font figurer sur leur couverture le nom de leur auteur fictif respectif : Newt Scamander et Kennilworthy Whisp. Depuis leur sortie en mars 2001, ces livres ont rapporté 15 700 000 £ (17,6 millions €). Les 10 800 000 £ (12,1 millions €) récoltés hors du Royaume-Uni ont été collectés via une nouvelle association, l’International Fund for Children and Young People in Crisis (le Fonds international pour les enfants et les jeunes gens en crise)[312].
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+ En 2005, Rowling et la députée européenne Emma Nicholson fondent le Children's High Level Group[313],[314] (CHLG, ou « Groupe de Haut Niveau pour l’Enfance »), qui sera rebaptisé Lumos en 2010[315]. En janvier 2006, Rowling se rend à Bucarest pour dénoncer l’utilisation des lits-cages dans les institutions psychiatriques pour enfants[314].
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+ Le 27 juillet 2012, J. K. Rowling participe à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres, récitant un passage de Peter Pan de J. M. Barrie[g] dans le cadre d'un hommage à l'hôpital pour enfants de Great Ormond Street[316] (récipiendaire des droits d'auteur de Peter Pan dès 1929 selon la volonté de Barrie). Il s'ensuit un tableau durant lequel un Voldemort géant[316] est vaincu par des dizaines de Mary Poppins[317].
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+ Rowling soutient la recherche et le traitement de la sclérose en plaques[318],[319]. En 2006, elle contribue substantiellement à la création d'un nouveau centre de médecine régénérative à l'université d'Édimbourg, nommée « Clinique de neurologie régénérative Anne Rowling » en mémoire de sa mère, morte en 1990 du fait de cette maladie[320]. En 2010, elle fait don de 10 millions de livres supplémentaires à la clinique[321], puis, en 2003, prend part à une campagne visant à établir une norme nationale de soins pour les personnes atteintes de la maladie[322].
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+ En 2009, elle retire son soutien à la Société canadienne de la sclérose en plaques en évoquant l'incapacité de cette dernière à résoudre une querelle persistante entre les branches nord et sud de l'organisation, ayant miné le moral et entraîné la démission de plusieurs de ses membres[322].
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+ En 2019, J. K. Rowling annonce qu'elle versera 19 millions de dollars supplémentaires à la clinique Anne Rowling[323],[324].
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+ En mai 2008, la chaîne de librairies Waterstones demande à J. K. Rowling et à d'autres auteurs[h] d'écrire une brève histoire sur une carte postale de format A5. Les cartes ont ensuite été vendues aux enchères pour l'association caritative Dyslexia Action et le PEN club international. La contribution de J. K. Rowling était un Prologue à Harry Potter, un texte de 800 mots mettant en scène le père de Harry, James Potter, et son parrain Sirius Black trois ans avant la naissance de Harry[325],[i]. Le texte a été mis en ligne en juin 2008 mais la carte manuscrite originale a été volée lors d'un cambriolage en mai 2017[326],[327].
226
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+ Le 1er et 2 août 2006, elle lit des passages de ses romans, aux côtés de Stephen King et John Irving, au Radio City Music Hall de New York. Les bénéfices de l'événement sont reversés à la Fondation Haven, une organisation caritative venant en aide aux artistes et personnes non assurables dans l'incapacité de travailler, ainsi qu'à l'ONG Médecins sans frontières[328]. En mai 2007, Rowling a promis un don de plus de 250 000 £ à un fonds de récompense lancé par le tabloïd News of the World pour le retour en toute sécurité de Madeleine McCann, une fillette britannique disparue au Portugal[329]. Rowling, ainsi que Nelson Mandela, Al Gore et Alan Greenspan, ont écrit une introduction à une sélection de discours de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, dont le produit a été remis au laboratoire de recherche Jennifer Brown[330].
228
+
229
+ La révélation du nom de J. K. Rowling en tant que véritable auteure de L'Appel du coucou en 2013 a mené à une augmentation massive des ventes du livre en question, après quoi Rowling a annoncé qu'elle reverserait tous ses droits d'auteur au Fonds de bienfaisance de l'armée, ajoutant que cela avait été son intention dès le départ mais qu'elle n’avait pas prévu que le livre se vende aussi bien[331].
230
+
231
+ Rowling est membre des PEN club anglais et écossais. Elle a fait partie des cinquante auteurs à contribuer à l'action « First Editions, Second Thoughts », une vente aux enchères de charité. Chaque auteur devait annoter une copie de la première édition de l'un de ses livres : dans le cas de Rowling, Harry Potter à l'école des sorciers. Le livre était le lot le mieux vendu de l'événement, s'élevant à 150 000 livres sterling[332].
232
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233
+ Rowling soutient également le Shannon Trust, qui dirige le plan de lecture Toe by Toe et le plan de lecture Shannon dans les prisons britanniques, aidant et proposant un tutorat aux détenus illettrés[333].
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+ En 2020, pendant la pandémie de Covid-19, l'auteure fait don d'un total de 1,13 million d’euros, destiné à deux associations britanniques : Crisis (en), qui vient en aide aux personnes sans logis, et Refuge (en), qui lutte contre les violences domestiques pendant le confinement[334],[335].
236
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237
+ Pour son travail artistique et sa bienfaisance, J. K. Rowling a remporté plusieurs honneurs et distinctions. Les plus importants sont énumérés ci-dessous :
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+ Elle a obtenu plusieurs doctorats honoris causa :
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243
+ Un téléfilm américain, intitulé J. K. Rowling : La Magie des mots, est diffusé depuis le 18 juillet 2011[371] sur Lifetime et régulièrement diffusé sur TF1[372]. Il s'agit d'un film biographique réalisé par Paul Kaufman et centré sur l'enfance et le début de carrière de la romancière. Son rôle est interprété par l'actrice australienne Poppy Montgomery.
244
+
245
+ J. K. Rowling a précisé en février 2015 qu'elle ne souhaitait pas voir ce film[373].
246
+
247
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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249
+ Biographies et entretiens
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+ Romans
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253
+ Analyses
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255
+ Autres
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257
+ Sur les autres projets Wikimedia :
258
+
259
+ L'école des sorciers (1997)
260
+
261
+ La Chambre des secrets (1998)
262
+
263
+ Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
264
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+ La Coupe de feu (2000)
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+ Les Reliques de la Mort (2007)
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+ L'Enfant maudit (2016)
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+ Vie et habitat des animaux fantastiques (2001)
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+ Les Animaux fantastiques (2016)
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+ Les Crimes de Grindelwald (2018)
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+ Les Animaux fantastiques 3 (2021)
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+ Joanne Rowling [ d͡ʒoʊˈæn ˈroʊlɪŋ][a], plus connue sous les noms de plume J. K. Rowling[b] et Robert Galbraith, est une romancière et scénariste anglaise née le 31 juillet 1965 dans l’agglomération de Yate, dans le Gloucestershire du Sud. Elle doit sa notoriété mondiale à la série Harry Potter, dont les romans traduits en près de quatre-vingts langues ont été vendus à plus de 500 millions d'exemplaires dans le monde.
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+ Issue d’une famille modeste, elle a écrit sa première « histoire » à l'âge de six ans. Après des études à l'université d'Exeter ainsi qu'à la Sorbonne où elle a obtenu un diplôme en littérature française et en philologie, elle a travaillé un temps au sein d'Amnesty International, puis a enseigné l'anglais et le français. C'est à vingt-cinq ans qu'elle a bâti les premiers concepts et institutions de son univers sorcier, dans lequel un enfant orphelin découvrait à la fois son héritage tragique et ses talents de magicien. Elle a rédigé son premier roman, L'École des sorciers, dans un contexte de précarité et de dépression et a dû attendre plus d'un an avant sa publication en 1997 chez Bloomsbury.
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+ Acclamée par ses lecteurs de tout âge et par la critique, J. K. Rowling a remporté de nombreux prix littéraires, notamment les prix Hugo, Locus et Bram Stoker, et a reçu la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 2009. Elle est réputée pour aborder des idées et des thèmes profonds avec accessibilité et humour, et s'attacher régulièrement à des personnages placés en marge de la société. Time Magazine l'a élue vice-championne du titre de la Personnalité de l'année en 2007, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait insufflée à ses fans. En octobre 2010, elle a également été nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines. Très présente sur les réseaux sociaux, où elle prend régulièrement la parole sur des sujets politiques ou de société qui lui sont chers, il lui arrive aussi d'être critiquée sur ses positions. En 2020, notamment, ses propos sur l'identité de genre font polémique, en étant considérés transphobes par de nombreux fans et militants de la cause trans.
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+ Le succès planétaire de son heptalogie romanesque, des films adaptés ainsi que des travaux dérivés de Harry Potter lui ont permis d'acquérir une fortune considérable, dont une partie est régulièrement reversée à de nombreuses associations caritatives luttant contre la maladie et les inégalités sociales. J. K. Rowling est devenue une philanthrope reconnue en cofondant notamment l'association Lumos qui œuvre pour la protection de l'enfance.
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+ Elle se tourne vers un public adulte à partir de 2012 en publiant le roman social Une place à prendre, puis en entamant une série policière l'année suivante, sous un second nom de plume. Elle devient également scénariste pour le cinéma à partir de 2016 en étendant son univers sorcier à travers la série de films Les Animaux fantastiques, dont le premier volet a connu un succès international.
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+ Joanne « Jo » Rowling[4],[5] est la fille d'Anne Volant (1945-1990), technicienne de laboratoire[6],[7], et de Peter James Rowling (né en 1945), ingénieur en aéronautique[8]. Ses parents, qui habitent à Londres durant leur adolescence, se rencontrent lors d'un trajet en train entre King's Cross et Arbroath, en Écosse, en 1964[7]. Peter Rowling part alors rejoindre les rangs de la Royal Navy et Anne ceux du Women's Royal Naval Service, l'équivalent féminin[9].
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+ L'arrière grand-père maternel de J. K. Rowling, le Français Louis Volant, a reçu la croix de guerre pour bravoure exceptionnelle après avoir défendu le village de Courcelles-le-Comte durant la Première Guerre mondiale[10]. L'auteure pensait à l'origine que Louis Volant avait reçu la Légion d'honneur, comme elle l'a formulé en recevant elle-même la distinction en 2009[11]. Elle a découvert en 2011, en participant à l'émission de généalogie de la BBC Who Do You Think You Are?, que la Légion d'honneur fut décernée en réalité à un homonyme[12].
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+ Après avoir quitté la marine, les parents de Joanne Rowling s'installent à Yate, à une quinzaine de kilomètres de Bristol, dans l'ouest de l'Angleterre[1]. Peter Rowling, avant de devenir ingénieur[8], travaille à la chaîne d'assemblage des moteurs d'avions de combat Harrier[13] à la Bristol Siddeley Engines, Ltd.[14] (qui fusionnera avec Rolls-Royce en 1971[13]). Ils se marient en mars 1965[15] et Anne Rowling donne naissance à Joanne le 31 juillet de la même année au Cottage Hospital de Yate[16],[c]. Peter et Anne Rowling espéraient alors un garçon, qu'ils auraient baptisé « Simon John »[17]. La sœur de Joanne, Dianne (« Di »[9]), vient au monde deux ans plus tard, en juin 1967[14],[18].
22
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23
+ En 1969, la famille Rowling s'installe dans une maison plus grande, dans la rue Nicholls Lane[14] à Winterbourne[18], toujours dans les faubourgs de Bristol. Cette maison de banlieue inspirera inconsciemment Rowling pour imaginer une trentaine d'années plus tard la maison du 4, Privet Drive de la famille Dursley[19]. Anne Rowling, qui a renoncé momentanément à sa carrière pour se consacrer à l'éducation de ses filles, exerce sur elles la plus grande influence en leur transmettant son amour des livres et des histoires, éveillant ainsi leur imagination[20]. Joanne écrit son premier récit complet à l’âge de six ans : l’histoire d’un lapin nommé Rabbit[18],[21], bloqué dans sa maison par la rougeole et consolé par un bourdon géant du nom de mademoiselle Bee[22]. Selon Rowling, il s'agissait d'un « plagiat » d'une histoire de Richard Scarry qu'elle adorait écouter[23]. Mais pour le biographe Sean Smith, « la chose extraordinaire tient dans le fait qu'une gosse de six ans ait consacré du temps à inventer une histoire »[24]. L'écriture de Rabbit donne pour la première fois à l'enfant l'envie de devenir écrivain[25].
24
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25
+ Les deux sœurs jouent régulièrement au Glenwood Store de West Moors[26], une épicerie tenue dans le Dorset par Kathleen et Ernest Rowling, leurs grands-parents paternels[26]. Elles jouent également avec les autres enfants de leur nouvelle rue, et notamment avec un frère et une sœur dont le nom de famille est Potter[9]. Un nom que Rowling préfère au sien puisque ce dernier est régulièrement sujet aux jeux de mots affligeants tels que Rowling stone ou Rowling pin (« rouleau à pâtisserie »)[9]. L'enthousiasme d'Anne Rowling et de Dianne pour la créativité de Joanne encourage celle-ci à inventer des histoires et à les partager[24]. Elle devient un leader auprès des autres enfants de Nicholls Lane[24]. Lorsque les sœurs Rowling et les Potter jouent aux sorciers, Joanne invente les scénarios, les sortilèges et les potions[27]. À l'école primaire St Michael[28], qu'elle fréquente dès septembre 1972[29], elle trouve l'environnement « détendu » et lui convenant parfaitement dans la mesure où elle y fait beaucoup de poterie, de dessin et de rédactions[9]. Son directeur d'école, Alfred Dunn, fut plus tard sa principale source d'inspiration pour le personnage d'Albus Dumbledore[30],[28].
26
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27
+ En 1974[31], lorsque Rowling a neuf ans, ses parents décident de partir vivre à la campagne. La famille déménage donc à Tutshill[18], un petit village anglais à la frontière avec le Pays de Galles, et voisin de la ville de Chepstow. Leur nouvelle maison, baptisée « Church Cottage »[32],[d], se trouve en bordure de la forêt de Dean, et Chepstow est dominée par un château en ruine au sommet d'une falaise, ce qui, selon Rowling aujourd'hui, « peut expliquer beaucoup de choses[33] ». Ce dernier déménagement coïncide avec la mort de sa grand-mère Kathleen[9], à l'âge de cinquante-deux ans[34]. Très attristée par cet événement, Rowling choisira plus tard d'inclure l'initiale de son prénom dans son pseudonyme : le « K » de J. K. Rowling[35],[9].
28
+
29
+ La même année, les deux sœurs intègrent l'école voisine du cottage[36], où Joanne ne se plaît pas du tout[9]. Sa salle de classe de l'époque, à l'ambiance « dickensienne »[37], lui semble défraîchie, comprenant des bureaux à cylindre en bois et des encriers. De surcroît, l'institutrice se montre particulièrement stricte et inspire la crainte chez la plupart de ses élèves[38], séparant les plus « intelligents » (qu'elle place du côté gauche de la classe) de « ceux qui le sont moins » (placés du côté droit)[38]. Rowling fait mauvaise impression dès son premier jour, puis évolue au cours de l'année : « Je fus promue deuxième gauche. […] C'est ainsi que, en une brève traversée de la classe, je devins intelligente, mais impopulaire »[39].
30
+
31
+ En septembre 1975[40], en guise d'activité parascolaire, Rowling intègre la seconde section des Brownies de Tidenham, une organisation liée à l'église, proposant dans la semaine des activités de scoutisme aux enfants de sept à dix ans[31]. La section de Rowling se divise en six groupes, portant chacun un nom en lien avec l'univers de la fantasy (les « Fées », les « Lutins », les « Farfadets », etc.[41]), et la fillette se spécialise dans trois domaines : signaler par signes, sémaphore et premiers secours[41]. Ses marches la mènent régulièrement sur les ruines de l’église de Lancaut, contournée par la rivière Wye ; dans les sous-bois bordant Offa's Dyke (un chemin très apprécié des randonneurs[31]), ou encore dans le labyrinthe des cavernes d'Otter Hole à Chepstow[42]. Des endroits « enchanteurs et passionnants pour de jeunes aventuriers » selon Sean Smith[42].
32
+
33
+ Rowling, qui est la seule de sa famille à se rendre régulièrement à la messe[17], est baptisée à onze ans à l'église St Luke jouxtant le cottage[17],[33] et gagne son argent de poche en y effectuant régulièrement des heures de ménage avec sa sœur, payées à 1 £ chacune[17]. Elle en profite pour noter quelques noms figurant dans le registre de l'église pour ses propres histoires et s'amuse avec Dianne à le signer régulièrement[17]. Au même âge, Rowling rédige un court roman d'aventures évoquant sept diamants maudits et les mésaventures de leurs possesseurs[18], un hommage rendu à l'écrivain Edith Nesbit qu'elle affectionne particulièrement[43].
34
+
35
+ En 1976, Rowling intègre à onze ans le collège de Wyedean à Sedbury où travaille sa mère (au département des sciences)[6]. Joanne et Dianne peuvent ainsi conserver un contact quotidien avec leur mère qui, sans enseigner directement, intervient régulièrement durant les cours scientifiques[44].
36
+
37
+ « Tranquille, myope, couverte de taches de rousseur et nulle en sport »[45], elle découvre le théâtre de Shakespeare, avec notamment Le Roi Lear et Le Conte d'hiver, d'où le prénom de son personnage, « Hermione », a été tiré[46]. Durant cette période, sa grand-tante lui remet une copie de l'autobiographie de Jessica Mitford, Hons and Rebels[47] et Mitford devient un modèle pour Rowling, qui lit alors l'intégralité de son œuvre[48]. À la maison, les deux sœurs ont la possibilité de lire tous les livres présents sans aucune restriction[49]. Rowling commence à découvrir d'elle-même l'univers de Jane Austen à onze ou douze ans avec Orgueil et préjugé[49] et lit La Foire aux vanités de Thackeray à quatorze ans[49].
38
+
39
+ En cours, elle est impressionnée par Miss Shepherd, son enseignante d'anglais stricte à l'humour « mordant », qui se montre consciencieuse, féministe et passionnée par son métier[50]. Rowling précise plus tard qu'il s'agit de la seule enseignante à qui elle s'est confiée[51],[52]. Elle est aussi déstabilisée par l'enseignement du collègue et ami de sa mère[53], son professeur de chimie John Nettleship, surnommé Stinger (« celui qui pique ») par ses élèves[54]. En cours, Nettleship intimide par sa capacité à toucher au cœur des problèmes[55], n'hésitant pas à se montrer sévère ou sarcastique. Selon Nettleship, Rowling est à cet âge une « observatrice astucieuse »[56], timide, discrète, intelligente et ne montrant aucun intérêt pour les sciences[57]. L'enseignant se dit heureux et fier d'avoir vraisemblablement inspiré l'énigmatique professeur Rogue[55],[58],[57] : « J'avais l'habitude d'isoler un élève après l'autre pour lui poser une question, et Joanne était l'une des élèves les plus capables de la classe. […] Je crois que le manque de confiance que l’on perçoit chez Harry est aussi ce qu'elle ressentait dans certains domaines de sa scolarité »[55]. Un autre professeur d'anglais de Wyedean se souvient de Rowling comme de quelqu'un préférant s'exprimer dans ses écrits (pour lesquels elle excellait[59]) plutôt qu'oralement dans des discussions[60]. Il se souvient notamment de l'une de ses compositions intitulée Mon île déserte, écrite pendant une leçon sur le thème de la survie et inspirée par l'étude parallèle de Sa Majesté des mouches et de Walkabout[59].
40
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41
+ L'événement le plus difficile de son adolescence est la découverte de la maladie de sa mère, en 1980[61], alors que Rowling n'a que quinze ans. Les médecins diagnostiquent une maladie du système nerveux central : une sclérose en plaques[9]. L'état d'Anne Rowling se dégrade alors lentement mais de façon régulière[9].
42
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43
+ Entre-temps, Rowling raconte à ses amis de longs récits nés de son imagination dans « un débit sec et ironique » qui lui est propre et qu'elle conservera plus tard dans son style d'écriture[62]. Elle se passionne pour les langues[63], la musique pop et le groupe The Smiths[15]. Elle apprécie également la chanteuse Siouxsie Sioux dont elle adopte le maquillage gothique pendant quelque temps[64]. Lors de sa dernière année à Wyedean[51], Rowling s'ouvre davantage au monde extérieur et gagne en maturité et en popularité[65]. Elle fait la connaissance de Sean Harris, qui deviendra son meilleur ami et propriétaire d'une Ford Anglia turquoise dans laquelle ils prendront régulièrement l'habitude de « s'échapper » de l’école[66]. C'est à lui que Rowling confie pour la première fois sa volonté de devenir écrivain[9]. Le même modèle que celui de sa voiture apparaît en clin d’œil à plusieurs reprises dans le deuxième roman Harry Potter, que l'auteure dédiera à son ami lors de sa publication[66]. Harris deviendra célèbre par la suite pour avoir été celui qui inspira officiellement le personnage de Ron Weasley[54],[67].
44
+
45
+ Pour son baccalauréat, Rowling choisit des matières essentiellement linguistiques, c'est-à-dire l’anglais, le français et l’allemand[15], où elle obtient de bons résultats à ses examens finaux (deux A et un B[15]).
46
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47
+ En 1983, ses études secondaires étant terminées, Rowling fait une demande d’inscription à l’université d'Oxford[68], mais son dossier est refusé car son école d'origine ne jouit pas d’une bonne réputation[54]. Selon John Nettleship, Rowling aurait été refusée à Oxford pour la seule raison qu'elle était issue d'une école secondaire publique, au même titre que Laura Spence[68] (dont l'affaire fut suivie par la presse britannique en 2000[69]). Rowling est cependant acceptée à l’université d'Exeter[18], près de la côte Sud de l'Angleterre, où elle perfectionne son français et étudie la littérature antique pour satisfaire ses parents qui souhaitent qu'elle devienne secrétaire bilingue[70].
48
+
49
+ Lors de sa première année à Exeter, elle réside dans une petite chambre d'étudiant du bâtiment « Jessie Montgomery »[71] (aux Duryard Halls), puis au bâtiment « Lafrowda » à partir de l'année suivante[72]. Elle passe beaucoup de temps à la cafétéria du Devonshire House, un lieu où se regroupent de nombreux étudiants[73], et accorde à cette époque davantage d'importance à sa vie sociale — bien que demeurant de nature introvertie et solitaire[74] — plutôt qu'à sa réussite académique[73],[54],[15]. Martin Sorrell, son professeur de français et conseiller aux études à Exeter[75], se souvient « d'une étudiante compétente et tranquille, avec une veste en jean et des cheveux noirs, qui, en termes académiques, donnait l'impression de faire ce qui était nécessaire[8] ». D'autres professeurs décrivent encore une étudiante « rêveuse » ou quelqu'un « de très intériorisé n'étant pas en relation active avec le monde extérieur »[56],[54]. Régulièrement distraite, elle perd des polycopiés et oublie, en 1984, de s'inscrire à certains examens de fin d'année, abandonnant de ce fait les études de civilisation grecque et romaine[76],[15].
50
+
51
+ En 1985, elle est tenue de passer l'année en France pour son cursus[76] ; elle a le choix entre enseigner l'anglais dans une école française, étudier dans une université française ou travailler dans une entreprise française[76]. Rowling choisit la première option et s'inscrit à la Sorbonne dans le cadre d'un stage d'enseignement[76],[77],[78],[79]. Elle découvre cette année-là Le Conte de deux cités de Dickens[76], dans lequel le sacrifice du personnage de Sydney Carton pour sauver la vie de Charles Darnay, sur fond de Révolution française, marque profondément son esprit[80],[15].
52
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53
+ Elle retourne à Exeter pour effectuer sa dernière année et passe beaucoup de temps auprès des six-cent mille ouvrages que compte la bibliothèque du campus principal[81]. Cependant, elle s'y rend davantage pour son amour de la lecture que pour ses études[81]. C'est à cette période qu'elle découvre notamment l'univers de Tolkien en se consacrant durant plusieurs mois à la lecture du Seigneur des anneaux[82],[54]. En parallèle de son mémoire de licence (une dissertation de trois mille mots en français[81]), elle se porte volontaire pour aider à l'organisation d'une pièce de théâtre, Le Cosmonaute agricole d'Obaldia, mise en scène par son professeur de français Martin Sorrell[83]. Il s'agit d'un spectacle « drôle et plein de vie »[83] porté par des discussions philosophiques entre les personnages. Rowling est responsable du choix des costumes[83] et se montre très impliquée, ne manquant aucune répétition[84].
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55
+ En 1987, elle obtient un résultat moyen à ses examens avec un diplôme de « deuxième classe, seconde division »[75],[15]. Son mémoire de licence demeure son meilleur travail[81].
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+ Après ses études, Rowling s'installe dans un appartement à Clapham, au sud-ouest de Londres[85]. Elle enchaîne les emplois temporaires et travaille notamment au service de recherche d'Amnesty International en tant que secrétaire bilingue[85],[86]. Une expérience qui fut, selon ses propres termes, « l'une des plus formatrices » de sa vie[86]. Elle lit des lettres d'hommes et de femmes originaires d'Afrique francophone[87], menacés d'emprisonnement pour tenir informé le monde extérieur du régime « totalitaire » dont ils sont les sujets, ou encore les récits de témoins ou de victimes de torture, d'enlèvements ou de viols[86].
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+ « J'ai commencé à faire des cauchemars, littéralement des cauchemars, à propos de certaines choses que j'ai vues, entendues et lues. […] Mais le pouvoir de l'empathie humaine, menant à une action collective, peut sauver des vies et libérer des prisonniers. Les gens ordinaires, dont le bien-être personnel et la sécurité sont assurés, peuvent se réunir en grand nombre pour sauver des personnes qu'ils ne connaissent pas et ne rencontreront probablement jamais. Ma petite participation à ce processus a été à la fois l'une des plus grandes leçons d'humilité et une des expériences les plus inspirantes de ma vie[86]. »
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+ — J. K. Rowling (extrait de son discours à Harvard en juin 2008)
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+ Pendant ce temps, elle entame une vie parallèle en tant qu'écrivain, travaillant sur deux romans pour adultes qui n'ont a priori jamais été publiés[85],[15].
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+ En 1990[35], Rowling travaille à la chambre de commerce de Manchester[7], toujours en tant que secrétaire[88], et décide donc de s'installer dans cette ville avec son compagnon[9]. C’est lors d’un voyage en train de Manchester à Londres, plus long que prévu, qu’elle imagine l’histoire d'un garçon ignorant être un sorcier et recevant une invitation pour l'école de sorcellerie[9],[54]. Elle n'a rien pour écrire[9], mais passe son voyage à imaginer la situation et à identifier ses personnages, notamment Ron Weasley, pour lequel elle s'inspire de son ami Sean Harris[54], et Rubeus Hagrid[89]. Elle imagine aussi les fantômes de l'école. Plus tard, elle pioche des expressions et des fables dans les index géographiques et le dictionnaire Brewer[54],[90]. Pour l'école, elle imagine aussitôt un château datant du Moyen Âge et situé en Écosse[54], lieu de rencontre de ses parents. À son arrivée à la gare de King's Cross, beaucoup d'idées ont déjà pris forme et elle stocke des notes dans des boîtes à chaussures[88],[91].
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+ Anne Rowling meurt le 30 décembre 1990[9] des suites de sa maladie lorsque Joanne a vingt-cinq ans. Cette dernière ne fait que commencer l'écriture de Harry Potter et n'a pas encore eu l'occasion d'aborder le sujet avec sa mère[92]. Rowling surmonte sa douleur en détaillant davantage les sentiments de son héros orphelin, dès le premier roman[93].
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+ Rapidement licenciée de son travail à la chambre de commerce de Manchester[94], elle répond à une annonce dans The Guardian pour un poste de professeur d'anglais à Porto[7] et déménage au Portugal[15]. Le travail à mi-temps lui permet de se consacrer à son roman qui évolue beaucoup après la mort de sa mère[9]. La directrice adjointe de l’école où enseigne Rowling perçoit cette dernière comme étant nerveuse et anxieuse durant cette période[15].
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+ « Désormais, les sentiments de Harry envers ses parents disparus étaient devenus bien plus profonds et tangibles. C'est durant les premières semaines de mon séjour au Portugal que j'ai écrit mon chapitre préféré de L'école des sorciers : Le miroir du Riséd[9]. (J. K. Rowling) »
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+ Elle rédige les aventures de Harry dans son appartement (qu'elle partage alors avec deux autres Britanniques[15]), en écoutant le Concerto pour violon de Tchaïkovski[8], ou en s'installant dans les lieux fréquentés de Porto comme le café Majestic[95]. La librairie Lello & Irmao a longtemps obtenu la réputation d'avoir inspiré Rowling pour créer la librairie Fleury et Bott[96], ce que l'auteure a démenti en mai 2020 par le biais d'un tweet, en affirmant n'avoir jamais visité cette librairie ni même avoir eu connaissance de son existence[95],[97].
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+ Rowling se marie en octobre 1992 avec le journaliste de télévision portugais Jorge Arantes[98] et donne naissance à une fille en juillet 1993, qu'elle prénomme « Jessica », en hommage à Jessica Mitford[48]. Cependant, le mariage est un échec. Son mari se montre parfois violent[15] et le couple se sépare l'année suivante.
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+ Rowling retourne au Royaume-Uni avec sa fille pour s’installer dans un premier temps chez sa sœur et son beau-frère, dans leur maison de la rue du Marchmont à Édimbourg[15], puis dans un petit bâtiment à Leith, un district de la capitale de l’Écosse, où elle et sa fille vivent avec l'aide du gouvernement. Sept ans après avoir obtenu son diplôme de l'université, Rowling perçoit sa vie comme un « désastre »[99],[100]. Devant faire front à la mort de sa mère puis à une séparation violente, elle se retrouve de surcroît sans emploi avec un nourrisson à charge, qu'elle craint de voir mourir[99]. Au cours de cette période, une dépression clinique, se manifestant chez elle par une profonde torpeur, une apathie et une incapacité à imaginer un retour à une vie plus heureuse, est diagnostiquée chez Rowling[99]. Elle envisage le suicide[101],[102],[103]. Sa maladie et son état d'esprit lui ont notamment inspiré les Détraqueurs, les créatures maléfiques présentes dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban et répandant un sentiment de désespoir[104],[105]. Plus tard, en 2012, Rowling décrit cette période de sa vie comme ayant été une autre expérience particulièrement formatrice :
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+ « Cela a changé ma vision du monde. […] Les gens deviennent des statistiques, ils perdent leur individualité lorsqu'ils sont piégés dans la pauvreté. C'est une place humiliante où on est défini par des personnes n'ayant jamais vécu notre situation. Tous nos choix sont sous contrat. C'est vraiment, vraiment très difficile de s'échapper de cette situation[106]. »
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+ À Édimbourg, Rowling décide de reprendre l'enseignement, cette fois-ci à temps plein, ce qui l'incite à vouloir terminer au plus vite son premier livre pour ne pas être obligée de l'abandonner[9]. Elle se met donc au travail et écrit jour et nuit, déterminée à l'achever et tenter de le faire publier.
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+ Les endroits connus et préférés de Rowling pour écrire sont l'Elephant House[107] dans le centre-ville et le restaurant Nicolson's[108],[e] tenu par son beau-frère[109]. Là, elle commande un café pour pouvoir écrire son histoire jusqu'à ce que sa fille se réveille[9]. À cette époque, Rowling retape encore tous ses chapitres sur une vieille machine à écrire[110].
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+ Harry Potter à l'école des sorciers achevé en 1995[111],[112], Rowling envoie les trois premiers chapitres à un agent, qui les lui retourne aussitôt. Un second agent, Christopher Little, est intéressé et demande à l'auteure de lui envoyer la suite du roman pour tenter de le faire publier[113]. Après le refus successif de douze éditeurs (dont notamment Orion, Penguin et HarperCollins[112]), les originaux arrivent à Bloomsbury Publishing en août 1996[111], dans les mains de Barry Cunningham, le coordonnateur de la nouvelle division des livres pour enfants[114]. Alice Newton, la fille du directeur général de Bloomsbury, aime beaucoup le livre et son enthousiasme aurait influencé la décision de publier le roman[115]. Harry Potter à l'école des sorciers est finalement publié le 26 juin 1997[116]. La première édition n'est pas très importante : 1 000 exemplaires dont 500 sont destinés à des bibliothèques[111]. En 2005, un exemplaire de ces livres d'origine valait plus de 27 000 euros[117].
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+ À ce moment, son agent Christopher Little craint cependant que le groupe-cible de petits garçons rechigne à acheter des livres écrits par une femme et lui demande par conséquent d’utiliser les fameuses doubles initiales plutôt que de révéler son véritable prénom[118]. Elle obtient en parallèle un poste à l'Académie de Leith[119], comme professeur de français, ainsi qu'une bourse de la Scottish Arts Council[112]. Très rapidement, le livre s'inscrit dans la liste des meilleures ventes et la publication est suivie par les distinctions et les louanges : il remporte notamment le British Book Awards et le Children’s Book of the Year[120]. Les éditions Gallimard, sous la direction de Christine Baker, sont les premières à acheter les droits pour une traduction et à publier Harry Potter en dehors des frontières du Royaume-Uni[11] : « J'ai tout de suite été frappée par la maîtrise totale qu'avait cette jeune femme inconnue, précise Baker. Tous les éléments qui m'attiraient dans un texte : la véracité psychologique, la vivacité des dialogues, l'authenticité des sentiments, l'humour bien-sûr, l'inventivité… tout cela était présent. Un cocktail parfaitement bien mesuré. C'est très très rare pour un premier manuscrit[121] ». En 1998, Arthur Levine, des éditions Scholastic aux États-Unis, achète à son tour les droits pour une somme jamais atteinte par un livre pour enfant : 105 000 $[120].
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+ Rowling emménage alors dans un appartement plus sûr et plus spacieux pour elle et sa fille et entame une thérapie lui permettant de prendre du recul vis-à-vis de sa notoriété soudaine et oppressante[122]. L’argent gagné permet à Rowling de quitter définitivement l’enseignement et de se consacrer pleinement à l'écriture de Harry Potter. Elle réalise son rêve d'être écrivain à temps complet[9].
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+ J. K. Rowling devient millionnaire en juin 1999[54], entre les publications des tome 2 et tome 3. Elle refuse dans un premier temps les nombreuses propositions d'adaptations cinématographiques de ses romans, y compris celle de la Warner Bros. Mais après avoir vu les adaptations du Jardin Secret et de La Petite Princesse, qu'elle trouve particulièrement réussies et fidèles, elle décide de faire confiance à la Warner Bros[123]. En 2001, l'année même où est adapté Harry Potter à l'école des sorciers au cinéma, elle épouse en secondes noces le médecin Neil Michael Murray : cérémonie privée qui a lieu dans sa maison en Écosse[124]. En 2003, Rowling met au monde son fils David[125] et en 2005 naît sa deuxième fille, Mackenzie[125].
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+ Au quatrième livre, Harry Potter devient un phénomène de société et à sa sortie, adultes, adolescents et enfants font la queue pour l'acheter rapidement, au point que Harry Potter et la Coupe de Feu est pré-vendu en librairie à plus d’un million de volumes, et la première édition porte le chiffre record de 5,3 millions d’exemplaires[120]. Les sept romans se vendent successivement, à plus de 450 millions d'exemplaires au total[126]. Rowling se trouve à la tête d'une fortune estimée en 2008 par le Sunday Times à 560 millions de livres (environ 590 millions d’euros[127]), soit davantage que la reine Élisabeth II[128], ainsi qu'à la tête d’un « empire commercial » hollywoodien entraînant des records cinématographiques au box-office[122]. Bien que reconnaissante, l'auteure avoue parfois être agacée par ce virage commercial :
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+ « Cet aspect m’ennuie vraiment à mourir. […] Vraiment, il n’y a rien dans le côté commercial de mon travail que je ne refuserais de sacrifier en un claquement de doigts pour qu’on me laisse écrire deux petites heures de plus. Rien. Cela peut paraître affreusement ingrat, car les films m’ont rapporté des sommes incroyables et j’en suis très reconnaissante, mais ça ne m’intéresse pas[122]. (J. K. Rowling) »
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+
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+ Désormais à l'abri du besoin, l'auteure termine tranquillement l'écriture des Reliques de la Mort à l'Hôtel Balmoral d’Édimbourg le 11 janvier 2007[129], mettant ainsi un point final aux aventures romanesques de Harry Potter.
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+
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+ En octobre 2010, Rowling est nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines[130]. En dépit de son succès, elle mène une vie tranquille dans le Perthshire[131] et ne donne que peu d'interviews. En juillet 2011, elle décide de se séparer de son agent littéraire, Christopher Little, après seize ans de collaboration[132] et choisit une nouvelle agence fondée par l'un de ses employés, Neil Blair[8],[133]. L'auteure, qui souhaite couper tout lien avec Harry Potter dans sa démarche[134], met également un terme à sa collaboration avec Gallimard pour ses éditions en français, se tournant désormais vers Grasset[134]. En juin 2011, Rowling annonce par le biais d'une vidéo[135] qu'elle va ouvrir un site internet consacré à l'univers étendu de Harry Potter, Pottermore, sur lequel elle publiera régulièrement du contenu inédit (le site sera clôturé en 2019 et la plupart de son contenu déplacé sur le site WizardingWorld.com[136]).
100
+
101
+ Le 23 février 2012, sa nouvelle agence, Blair Partnership[133], annonce sur son site que J. K. Rowling fera publier un nouveau livre destiné aux adultes. En avril, Little, Brown and Company précise que le nouveau livre, intitulé Une place à prendre (The Casual Vacancy), sortira le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français). Dans ses trois premières semaines de sortie, Une place à prendre se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139]. La BBC adapte le roman en une mini-série télévisée, Une place à prendre, à laquelle Rowling collabore en tant que productrice exécutive[140].
102
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+ Elle entame en 2013 l'écriture d'une série de romans policiers mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé. L'identité de Rowling, dissimulée sous un nouveau nom de plume, Robert Galbraith, a été révélée par une indiscrétion au Sunday Times en juillet 2013[141],[142]. J. K. Rowling indique par la suite[143] qu'elle a toujours voulu s'appeler Ella Galbraith et que le choix de Robert comme prénom est un hommage à l'homme politique qu'elle admire beaucoup, Robert F. Kennedy, assassiné en 1968. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en France par Grasset et publié en novembre 2013[144]. La série fait également l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[145].
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+
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+ En 2016, J. K. Rowling associe son nom à un projet de pièce de théâtre autour de Harry Potter, acceptant de discuter des bases d'un script avec le dramaturge Jack Thorne et le metteur en scène John Tiffany, mais refusant d'en être elle-même rédactrice[146]. La pièce en deux parties, intitulée Harry Potter et l'Enfant maudit, est jouée le 30 juillet 2016[147] au Palace Theatre de Londres. Contrairement aux sept tomes de la série de Rowling, l'histoire de L'Enfant maudit relate principalement les aventures du cadet des enfants de Harry Potter après l'épilogue des Reliques de la Mort[148]. J. K. Rowling rappelle sur son compte Twitter que ce script, bien que publié sous forme de livre, n'est pas à considérer comme un « roman » Harry Potter[149].
106
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107
+ En parallèle de l'écriture de ses polars, J. K. Rowling devient à partir de 2016 scénariste pour le cinéma[150], élargissant son univers sorcier par le biais d'une nouvelle saga portée à l'écran, Les Animaux fantastiques, dont l'intrigue commence dans le New York des années 1920[151]. Ce nouvel environnement sorcier s'inscrit de ce fait plusieurs décennies avant les aventures de Harry Potter[152] et relate les aventures d'un héros adulte, le magizoologiste Norbert Dragonneau, ainsi que des jeunes Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald[153].
108
+
109
+ En mai 2020, pendant la pandémie de Covid-19, Rowling annonce la publication d'un conte de fée politique « sur la vérité et l’abus de pouvoir », intitulé The Ickabog, qui est destiné aux enfants âgés de 7 à 9 ans[154]. Le projet, qui a pris naissance avant 2007, pendant l'écriture de Harry Potter (mais qui n'a aucun rapport avec son histoire), était destiné en premier lieu à ses deux plus jeunes enfants David et Mackenzie[154],[155]. Il a ensuite été mis de côté pendant plusieurs années, lorsque Rowling s'est consacrée à l'écriture de ses romans pour adultes[154]. Pendant son confinement au Royaume-Uni, elle décide de retravailler le texte avec David et Mackenzie (alors âgés de 15 et 17 ans), en vue de le publier en ligne entre le 26 mai 2020 et le 10 juillet 2020, sur le site dédié Theickabog.com[154]. Une publication du conte au format papier, e-book et audio est prévue pour novembre 2020 au Royaume-Uni[154], et une version en français, éditée par Gallimard Jeunesse, est également annoncée[156]. Des dessins réalisés par des enfants lecteurs sont sélectionnés lors d'un concours organisé par les éditeurs, afin d'illustrer les différentes publications[157]. J. K. Rowling précise sur son site officiel que tous les droits d'auteur seront reversés aux personnes touchées par la pandémie[154].
110
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111
+ Dès le départ, Rowling a en tête une saga en sept tomes[158], chaque tome relatant une année passée à l'école de magie Poudlard. Cinq ans ont été nécessaires pour mettre en place l'univers et construire le plan de chacun des romans Harry Potter[111],[158] (dix-sept années au total pour rédiger l'ensemble de l'heptalogie[159]). Avant même d'entamer l'écriture du premier roman, Rowling rédige également les biographies complètes de la plupart de ses personnages[158], non destinées à être publiées mais conservées à titre de supports personnels. Elle choisit de faire de Harry Potter un orphelin, à l'image des personnages de Charles Dickens[160],[161], ce qui lui permet de développer le sentiment de solitude de son héros dans le cheminement de sa quête et de sa personnalité[161]. À travers Harry Potter, Rowling crée un monde magique au sein de notre monde réel, séparé par un obstacle physique comme le mur de briques à l'arrière du Chaudron Baveur, à la manière du miroir d'Alice au pays des merveilles ou de l'armoire du monde de Narnia[162]. La magie en elle-même constitue un élément essentiel de son histoire :
112
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113
+ « La magie me fascine […]. Je pense qu'elle nous connecte à des choses essentielles sur la nature de l'être humain : ce qu'il est, ce qu'il souhaite, ce qu'il croit… Les enfants croient en la magie parce qu'ils cherchent à comprendre et contrôler leur monde. Mais nous avons tous ça en nous. Le monde est complexe et la plupart du temps insaisissable. Même si nous nous sommes tournés vers la science, je pense que nous avons tous gardé au fond du cœur quelques idées magiques. […] [Nos petits rituels personnels sont] une façon de vouloir contrôler ce que nous savons incontrôlable, comme notre vie[163]. »
114
+
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+ — J. K. Rowling en 2017.
116
+
117
+ Harry Potter semble ainsi appartenir typiquement à la fantasy, mais constitue néanmoins une adaptation assez singulière du genre[164]. Selon une étude réalisée par Youri Panneel et Manon Stas de Richelle[161], l'introduction d'un ton humoristique et de scènes burlesques dans le style d'écriture de Harry Potter contribuent à le distinguer au sein de ce courant[165]. J. K. Rowling confirme cette idée : « Si nous laissons de côté le fait que les livres parlent de dragons, de baguette magique et autres, les livres Harry Potter sont très différents des œuvres de la fantasy classique, surtout dans le ton[166] ».
118
+
119
+ L'auteure s'inspire des traditions européennes en matière de littérature[161] tout en personnalisant certains aspects qu'elle souhaite mettre en avant. Elle fait de l'école Poudlard un château médiéval[167] figé dans le temps, à l'instar de certains pensionnats anglais[168],[169]. Les élèves utilisent ici des plumes[170] pour écrire sur des rouleaux de parchemins[171], suivent des cours destinés à l'apprentissage de la magie (défense contre les forces du Mal, métamorphose, histoire de la magie, fabrication des potions…), approfondissent leurs connaissances en consultant principalement les livres anciens de la bibliothèque de l’école[172] et les lettres sont encore cachetées de cire[173]. L'auteure a inventé un grand nombre de mots et de sortilèges propres à son univers magique, tout en réutilisant des codes déjà présents dans la fantasy[174] (balais volants, baguettes magiques, mythologie…). En parallèle, toute technologie moderne de l'époque décrite (téléphones, ordinateurs, etc.), existante dans le monde « moldu » voisin et contemporain, demeure pour autant totalement absente au sein de cette institution magique où aucun objet de nature électronique ne peut fonctionner[175]. Les romans, même s'ils se veulent ancrés dans une atmosphère d'un autre temps, prônent de nombreuses valeurs très actuelles[176], comme le féminisme[177],[178] ou la révolte contre l'oppression[179] et les différentes formes de racisme[180]. En 2007, l'année de la publication du dernier tome de la série, Time Magazine nomme J. K. Rowling vice-championne du titre de la Personnalité de l'année, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait transmis à ses fans à travers Harry Potter[181].
120
+
121
+ Au total, les livres se sont vendus à plus de 500 millions d'exemplaires en 2018[182],[126] et Harry Potter a été traduit dans près de quatre-vingts langues[183],[184]. Il s’agit du premier cycle jeunesse ayant été lu simultanément par les enfants et leurs parents (pour environ la moitié des enfants lecteurs)[165]. Le succès de la série peut en partie s'expliquer par celui des huit films adaptés[185], dont les sorties successives au cours de la deuxième moitié des années 2000 ont concordé avec les publications des derniers romans. Les films ont permis aux lecteurs de voir évoluer les différents personnages incarnés[185] et d'obtenir une vision du monde magique, proposée par le concepteur Stuart Craig et correspondant fidèlement à l'imagination de Rowling[186],[187]. En outre, les premiers lecteurs de la série ayant eu le même âge que les personnages ont pu vieillir en même temps que les héros au fil de l'histoire, ce qui a permis une identification très forte[188].
122
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123
+ Le roman Une place à prendre (The Casual Vacancy) est publié le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français chez Grasset[189]). L'histoire commence par la mort brutale d'un conseiller paroissial d'un petit village de la campagne anglaise. Sa mort va provoquer une guerre sans merci entre les habitants, tous désireux d'occuper le poste vacant. Le livre est présenté comme une tragédie teintée d'humour noir, une « satire féroce des hypocrisies sociales »[190].
124
+
125
+ « Nous sommes une société incroyablement snob et il est fascinant d’explorer cet aspect. La classe moyenne est très drôle ; c’est celle que je connais le mieux et c’est aussi celle où l’on rencontre le plus de gens prétentieux. C’est ce qui la rend si hilarante[122]. (J. K. Rowling) »
126
+
127
+ Dans ses trois premières semaines de sortie, le roman se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139], certains estimant que le récit manque d'action et traîne en longueur[139],[190]. D'autres estiment que le vécu de Rowling (pauvreté et misère) se ressent dans la description des personnages, en particulier des adolescents particulièrement lucides, et que le lecteur retrouve le souci du détail qui lui est propre[190],[139]. L'ambiance et le décor sur fond de crise économique et sociale rappellent à d'autres les univers de Ken Loach ou de Billy Elliot[190].
128
+
129
+ Le 3 décembre 2012, il est annoncé que la BBC adapterait le roman en une mini-série télévisée. L'agent de Rowling, Neil Blair, travaille sur le projet comme producteur[140], par l'intermédiaire de sa société de production indépendante. Rowling collabore à l'adaptation en tant que productrice exécutive[140]. La série Une place à prendre a été diffusée en trois parties du 15 février au 1er mars 2015[191],[192], avec notamment les acteurs Monica Dolan et Michael Gambon.
130
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131
+ J. K. Rowling entame en novembre 2013[144] l'écriture d'une série policière mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé, Cormoran Strike, et sa secrétaire et collaboratrice Robin Ellacott. Vétéran de la récente guerre d'Afghanistan où il effectuait des missions pour la Brigade spéciale d’investigation[193], le personnage de Cormoran Strike est revenu blessé (à la suite d'une explosion) et amputé d'une partie de la jambe droite, l'obligeant à porter une prothèse douloureuse. Son bureau est situé à Londres dans Denmark Street[194], près de Charing Cross Road. Sa secrétaire intérimaire, bien que discrète, se montre particulièrement efficace et les deux protagonistes vont naturellement faire équipe pour tenter de résoudre les enquêtes.
132
+
133
+ Pour construire ces romans, J. K. Rowling se base sur des récits factuels de vrais soldats[195]. Deux soldats en particulier parmi ses connaissances lui fournissent des renseignements très utiles pour établir le contexte et les antécédents de son héros[195]. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en français par Grasset et publié le 6 novembre 2013[144].
134
+
135
+ Le deuxième roman, intitulé Le Ver à soie, est publié en français en octobre 2014[196]. Considéré comme « moins essoufflant » que son prédécesseur[197], le roman voit le héros enquêter sur la disparition d'un écrivain détesté par beaucoup de ses vieux amis pour les avoir insultés dans sa dernière production[198]. Pour l'écriture du troisième roman, dans lequel le personnage de Robin se retrouve au centre de l'intrigue, J. K. Rowling a recours à « une quantité incroyable de planifications » en utilisant des tableurs à codes couleurs pour mieux se repérer[199]. Au Royaume-Uni, La Carrière du mal est publié en octobre 2015[200] et sa traduction française en mars 2016[201]. Ce troisième roman est considéré par USA Today comme le meilleur de ce début de série[201], tandis que la NPR lui attribue une « exceptionnelle profondeur morale et émotionnelle »[201].
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+
137
+ Au printemps 2017, J. K. Rowling révèle le titre du quatrième roman via Twitter dans un « jeu du pendu » avec ses fans. Après de nombreuses tentatives infructueuses, les lecteurs ont finalement deviné le titre original : Lethal White[202] (Blanc mortel pour sa traduction française[203]).
138
+
139
+ Les Enquêtes de Cormoran Strike sont des best-sellers dans le monde entier et sont majoritairement salués par la critique et les lecteurs[204]. Après un démarrage parfois qualifié de « maladroit », voire d'« ennuyeux »[205], les lecteurs s'accordent à dire qu'ils retrouvent les personnages attachants et le « soin maniaque du détail » propres à J. K. Rowling[206],[207]. Les romans gagnent peu à peu en fluidité et en complexité[205], et pour The Toronto Star, les personnages de Strike et Robin forment « le plus formidable duo romanesque de mémoire récente »[201].
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141
+ La série fait l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[208], Strike, avec Tom Burke dans le rôle-titre[209] et Holliday Grainger dans le rôle de Robin[210]. Une nouvelle fois, Rowling s'associe au projet en tant que productrice exécutive[211].
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+ Sur une idée du producteur Lionel Wigram[212], J. K. Rowling développe en 2015 (d'après son propre livre-guide Les Animaux fantastiques) les aventures d'un nouveau héros, Norbert Dragonneau, au sein du même univers étendu que celui de Harry Potter, mais situé soixante-cinq ans plus tôt dans sa chronologie[213]. Wigram souhaitait en effet, après la fin de Harry Potter au cinéma, développer les possibilités qu'offrait le petit livre écrit en 2001 pour l'association Comic Relief. « Norbert est sorti des pages du livre », affirme Wigram[212]. « Je ne pouvais m'empêcher de l'imaginer en train de crapahuter dans toutes sortes de lieux exotiques et dans d'innombrables aventures qu'il vivrait en chemin »[212].
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+ La première partie de cette nouvelle saga, sortie en 2016, suit les aventures de Norbert, timide magizoologiste, dans la ville de New York en 1926[213], où il fait escale avant de poursuivre son voyage vers l'Arizona[214]. Sa valise, contenant de nombreuses créatures magiques, s'ouvre par mégarde et les animaux s'échappent dans la ville. Le héros, en s'alliant à un non magicien et à deux sorcières, va faire son possible pour récupérer toutes ses créatures sans qu'elles se blessent et sans se faire arrêter par les aurors du Congrès Magique américain.
146
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147
+ Ainsi, les créatures et le personnage de Norbert Dragonneau (interprété par Eddie Redmayne) sont adaptés du petit répertoire, tandis que la nouvelle histoire originale, les autres personnages ainsi que « l'extension » de l'univers magique[215] sont développés pour l'occasion par J. K. Rowling, qui décide pour la première fois de s'occuper elle-même du script et d'écrire pour le cinéma.
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149
+ « Je crois qu'elle a vraiment aimé l'idée. Elle n'a rien dit, puis elle est revenue avec sa propre histoire, une histoire complètement différente, meilleure, plus riche, plus fantastique : la sienne[213]. »
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+ — Lionel Wigram
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+ Selon le réalisateur David Yates (également réalisateur des quatre derniers films Harry Potter), même si l'histoire de Norbert Dragonneau comporte des détails similaires à celle de Harry Potter[216], elle s'avère complètement nouvelle[217]. L'histoire s'ouvre sur un monde magique hors de Poudlard[218] où l'époque, le pays et la culture sont tout à fait différents[219]. Cependant, il s'agit aussi pour Rowling — qui a conçu l'intrigue principale de ces cinq films dès 2016[220],[221] — d’une « opportunité incroyable de raconter des parties de l'arrière-plan qui n'ont jamais été intégrées aux livres [Harry Potter] »[220].
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+ Le premier film obtient globalement un bon accueil de la part des spectateurs avec une note de 7,4/10 pour 275 887 avis sur l'Internet Movie Database et un score de 79 % évalué sur 85 613 avis sur Rotten Tomatoes. Il est également apprécié par la critique. Selon Wendy Ide de The Guardian, le film « se pose à un tournant très divertissant vers l'âge du jazz américain et insuffle une nouvelle vie à la franchise Potter », ajoutant qu'« en abordant les thèmes de la société divisée et de la persécution des minorités, le film se retrouve parfaitement ancré dans le temps »[222]. Pour Ouest-France, le film multiplie notamment les références aux classiques de la comédie américaine des années 1940, dans un New York des années 1920 « richement reconstitué »[223].
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+ Le second volet, sorti en 2018[224], fait interagir Norbert avec un personnage déjà apparu dans Harry Potter : Albus Dumbledore, avant que celui-ci ne devienne directeur de l’école de Poudlard[153]. Le film, localisé principalement à Paris[225], fait également apparaître pour la première fois le personnage de Nicolas Flamel[226], inspiré du célèbre copiste français du XIVe siècle[227] et mentionné précédemment dans Harry Potter à l'école des sorciers comme étant le créateur de la pierre philosophale[227] grâce à laquelle il aurait vécu plus de 665 ans[228].
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+ « Mes héros sont toujours des gens qui se sentent exclus, stigmatisés ou ostracisés. C'est au cœur de la plupart de mes œuvres[229]. »
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+ — J. K. Rowling
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+ Pour David Yates, il s'agit d'un trait caractéristique de J. K. Rowling que de s'intéresser « aux marginaux, aux incompris ou à ceux qui sont en léger décalage avec la société »[230]. C'est le cas de nombreux personnages de ses histoires, comme Norbert Dragonneau[230], Luna Lovegood[231], Cormoran Strike[232], Remus Lupin[233] ou encore Croyance Bellebosse[234]. Les producteurs parlent aussi d'un éloge « à la Rowling[230] » de l'amitié improbable entre deux personnages que tout semble opposer (le brusque Cormoran et la délicate Robin[235], le distant Norbert et le tendre Jacob, l'autoritaire Hermione et le désinvolte Ron, etc.), en étant bien souvent, comme le soulève Eddie Redmayne, amené à une situation où chacune des personnalités distinctes en vient à « tirer le meilleur de l’autre[236] ». Pour Jacky Bornet, rédacteur Culture chez France Télévisions, les personnages variés de J. K. Rowling seraient même destinés à « sceller leur amitié » grâce à la marginalité qu'ils ont en commun[237].
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+ Selon David Heyman, J. K. Rowling aurait mis en valeur, dans ses histoires du monde sorcier, des thèmes « intemporels et émouvants », qui invitent à la réflexion : la peur des autres s'associant à un monde divisé[218], le sentiment d'être un étranger à la recherche d'une famille[218] ou encore la nécessité d'être soi-même[218]. D'autres thèmes sont régulièrement soulevés : les questions écologiques et politiques notamment, qui influent sur la manière dont notre société fonctionne[230]. Rowling dit « [se méfier] des gens qui veulent le pouvoir » d'une manière générale, en pensant que cela se ressent clairement dans ses livres[238]. La discrimination et la répression sont particulièrement présentes, notamment dans son univers sorcier[230],[239].
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+ J. K. Rowling explore « le cœur de la condition humaine »[212], en abordant les idées et les thèmes profonds d'une manière « accessible et divertissante » selon Lionel Wigram[212]. Heyman soutient cette idée en affirmant qu'un équilibre émane de ses textes entre les éléments sombres qui apportent une dimension de danger et d'émotion, et les éléments plus légers et plus drôles[240]. Selon Heyman, ce flux maîtrisé entre l'humour et la mort contribue à rendre son univers réaliste[240].
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+ L'amour est également un thème important pour J. K. Rowling, bien qu'il soit distillé avec une certaine retenue dans son œuvre, l'auteure appréciant elle-même lorsque toute « mièvrerie » peut être évitée[241]. Mais selon elle, le fait d'être « humain » signifie être capable d'aimer[242]. Dans son univers, il s'agit régulièrement d'histoires d'amour inattendues ou compliquées, voire impossibles. C'est le cas dans Les Enquêtes de Cormoran Strike entre le détective et sa collaboratrice (avec laquelle il s'interdit d'entretenir une relation autre que très cordiale[195],[243]), dans Harry Potter entre le mangemort Rogue et la mère du héros, Lily Potter[244], mais également dans Les Animaux fantastiques entre le Non-Maj Jacob Kowalski et la sorcière Queenie Goldstein[245].
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+ Concernant les livres pour enfants, Rowling mentionne toujours Le Cheval d'argent (Le Secret de Moonacre) d'Elizabeth Goudge et les personnages enfants « très réalistes » des livres d'Edith Nesbit[246]. Selon ses termes, J. K. Rowling s'identifie à Edith Nesbit plus qu'à tout autre auteur[246]. Un autre classique pour enfants ayant probablement inspiré Rowling est Le Vent dans les saules de Kenneth Grahame, qui est considéré comme l'un des principaux représentants de la fantasy animalière[247]. En effet, quelques similitudes de tempérament sont affichées entre les personnages-animaux de l'œuvre de Grahame et les personnages humains de Rowling, et il s'agit de son livre pour enfants préféré, qui lui était lu par son père[248].
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+ L'influence qui vient de J. R. R. Tolkien et de son ami C. S. Lewis existe, mais est discutée. Dans sa biographie, Rowling précise qu'elle aimait Le Seigneur des anneaux et Les Chroniques de Narnia, bien qu'elle ne les ait jamais terminés ni l'un ni l'autre[249]. Selon elle, faire des liens entre l'œuvre de Tolkien et son travail s'avère un peu rapide et facile. Elle ajoute à propos de cette influence : « Tolkien a créé tout un ensemble autour de la mythologie. Je ne pense pas que quiconque puisse dire que j'ai fait de même, du moins à même échelle. Par ailleurs, jamais Tolkien n'aurait introduit un personnage comme Dudley Dursley[166] ». En ce qui concerne l'influence de C. S. Lewis, elle a précisé qu'elle avait pensé à la voie menant à Narnia par le biais de l'armoire magique lorsque Harry franchit la barrière de King's Cross[250].
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+ J. K. Rowling évoque elle-même de nombreuses œuvres et auteurs l'ayant inspirée ou marquée, comme Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer[251], Dickens durant son adolescence[15], Anna Sewell et Black Beauty[23], Jane Austen et son analyse des comportements humains « de manière peu sentimentale et pourtant émouvante[252] » (comme dans Emma[253]), ou encore Jessica Mitford et son engagement dans la guerre civile espagnole[254] : « J'aime la façon dont elle n'a jamais dénié certains aspects de l'adolescence, en restant fidèle à ses convictions politiques toute sa vie[48] ». L'auteure cite également Louisa M. Alcott : « j'étais timide et je passais pas mal de mon temps à la bibliothèque à rechercher des héros qui me ressemblaient. Je me souviens de Jo March, qui avait du caractère[255] ».
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+ Dans le cadre d'une interview accordée à Amazon en 1999, Rowling mentionne Roddy Doyle comme étant son écrivain vivant favori[256]. Elle ajoute qu'il lui arrive souvent de parler de Doyle et de Jane Austen de la même façon : « Je pense que ça rend les gens perplexes parce que ce sont deux écrivains très différents. Mais ils ont tous deux une approche très neutre de la nature humaine. Ils peuvent très bien aborder le sujet sans pour autant devenir mièvres »[241]. Dans une autre entrevue pour le magazine O, The Oprah Magazine en 2001, J. K. Rowling avoue être profondément marquée par le style de Doyle, par le réalisme et la « subtilité » avec lesquels il traite ses personnages féminins[257].
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+ J. K. Rowling fait référence à la chrétienté dans le septième roman de Harry Potter[248]. Par exemple, lors de la visite du cimetière à Godric’s Hollow, Harry et Hermione lisent des citations sur les pierres tombales. Celle des parents de Harry comprend l’inscription « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » qui est tiré de la première épître aux Corinthiens (chapitre 15, verset 26) et sur la pierre tombale de la mère et la sœur de Dumbledore, on peut lire « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » tiré de L'Évangile selon St Matthieu (chapitre 6, verset 21). Selon Rowling : « Ces livres se passent en Angleterre, il est donc logique que Harry trouve des inscriptions bibliques sur les pierres tombales. Mais de plus, ces citations résument toute la série[248] ».
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+ Pour les créatures fantastiques de son univers sorcier, J. K. Rowling avoue avoir pris des libertés vis-à-vis du folklore et de la mythologie[258]. Pour elle, le folklore britannique, tout en étant « l'un des plus riches et variés au monde », conserve un côté « bâtard », car il est le résultat de la fusion des nombreuses cultures apportées par les envahisseurs et occupants successifs de l'Angleterre[258]. Ainsi elle assure n'avoir eu aucun scrupule à emprunter librement quelques références, à la condition d'y ajouter des détails qui lui sont propres[258].
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+ J. K. Rowling soutient publiquement le Parti travailliste pour lequel elle fait don en 2008 de 1 000 000 £ (1,1 million €) la veille de la Conférence du parti, et la même somme pour les élections générales de 2010[259]. Elle affirme ainsi :
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+ « Je pense que les familles pauvres et vulnérables s'en tireront beaucoup mieux sous le parti travailliste que sous le parti conservateur de Cameron. Gordon Brown a introduit des mesures qui sauveront autant d'enfants que possible d’une vie sans opportunités ni choix. Le parti travailliste a renversé la tendance sur le long terme dans la pauvreté chez les enfants et il est en tête des pays de l’UE dans ce même combat[259]. (J. K. Rowling en 2008) »
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+ Elle est par ailleurs une amie de Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, avec laquelle elle a travaillé pour des œuvres de charité[260].
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+ L'auteure s'est prononcée en faveur du maintien de l'Écosse dans le Royaume-Uni lors du référendum sur l'indépendance de l'Écosse en 2014, faisant don d'un million de livres (1,2 million d'euros) pour le collectif Better Together[261]. J. K. Rowling s'est également positionnée pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne lors du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne en 2016[262],[263]. Elle s'en est ainsi pris au leader europhobe et pro-Brexit Nigel Farage au lendemain du référendum[264]. Rowling a clamé sa fierté de faire partie de la « minorité indécente » qui avait voté « contre » la sortie du Royaume-Uni[265].
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+
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+ En 2019, elle collabore à l'écriture d'un livre intitulé A Love Letter to Europe: An outpouring of love and sadness from our writers, thinkers and artists (traduction littérale : « Lettre d’amour à l’Europe : un flot d’amour et de tristesse de la part de nos écrivains, penseurs et artistes ») : une collection de lettres écrites par des personnalités de Grande-Bretagne pour montrer leur désaccord envers le Brexit[266]. L'ouvrage est publié le 31 octobre 2019[267], et la lettre de J. K. Rowling est retranscrite par The Guardian[268].
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+
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+ Internationalement, elle s'est opposée au boycott culturel d'Israël et a fondé un réseau, Culture for Coexistence, tout en mentionnant son opposition au Premier ministre Benjamin Netanyahu[269],[270].
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+ Pendant les élections présidentielles américaines, elle a soutenu Barack Obama en 2008 et Hillary Clinton en 2016[271],[272]. Fin janvier 2017, la prise de position de l'auteure sur son compte Twitter face à la politique menée par Donald Trump et notamment contre le décret de ce dernier interdisant aux ressortissants de pays musulmans d'entrer sur le sol américain[273], a provoqué une vague d'indignation de la part de certains de ses fans s'affichant pro-Trump. L'auteure a posté des captures d'écran de certains messages violents ou indignés qui lui étaient adressés, notamment celui d'une internaute précisant avoir brûlé tous ses livres Harry Potter après dix-sept ans de lecture assidue et se disant « dégoûtée » par le comportement de J. K. Rowling[274]. Un message auquel l'auteure a répondu : « on peut encourager une fille à lire des livres sur la montée et la chute d’un autocrate, mais on ne peut pas la forcer à réfléchir[275] ». Peu de temps avant cela, Rowling venait de publier une citation de Winston Churchill : « Vous avez des ennemis ? C'est bien. Cela signifie que vous vous êtes battus pour quelque chose au moins une fois dans votre vie[273] ». En contre-partie, de nombreux fans amusés des échanges ont apporté leur soutien à l'auteure[275] et parmi eux, Emma Watson[276].
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+
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+ En décembre 2019, J. K. Rowling affiche son soutien à Maya Forstater, une chercheuse britannique ayant été licenciée après avoir affirmé que personne ne pouvait « changer son sexe biologique »[277],[278]. Selon Rowling, la scientifique aurait été injustement licenciée pour avoir simplement déclaré que « le sexe [était] réel ». À la suite de son soutien public, l'auteure est à son tour accusée de « transphobie » par certains fans et médias[279],[280].
198
+
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+ En juin 2020, elle provoque la colère des militants de la cause trans en associant les termes « femme » et « personne qui a des règles »[281],[282], en n'incluant pas explicitement les femmes trans dans ses commentaires, voire en sous-entendant, selon Télérama, que les femmes trans ne sont pas des femmes[283] ; des propos qui lui valent d'être qualifiée de féministe TERF[284]. Par la suite, Rowling précise qu'elle « [respecte] le droit de toute personne trans à vivre sa vie de la façon qui lui paraît la plus sincère et confortable »[282]. Selon elle, « si le sexe n'est pas une réalité, alors il n'y a pas d'attirance pour les personnes de même sexe. Je connais et j'aime des personnes trans, mais effacer le concept de sexe retire à beaucoup la capacité de discuter vraiment de leurs expériences »[282]. De nombreux internautes lui reprochent alors de confondre les notions de sexe (biologie) et de genre (relatif à la construction sociale)[282],[285]. Le 10 juin 2020, elle publie un long article sur son site officiel, dans lequel elle explique plus en détail ses préoccupations et son point de vue[286],[287]. Elle estime notamment — en évoquant les violences conjugales et sexuelles dont elle a été victime dans les années 1990[286] — que permettre aux femmes trans d'accéder à des espaces unisexes peut être dangereux pour les « femmes de naissance » (cisgenres)[286].
200
+
201
+ Le Monde évoque par la suite des débats qui « se polarisent »[284], entre les personnes qui dénoncent ou se désolidarisent des propos de J. K. Rowling (certains acteurs de Harry Potter[283],[288],[289], les communautés et sites de fans[284],[290], etc.) et les personnes qui la soutiennent ou qui estiment que ses propos ont été mal interprétés ou exagérés[284],[291],[292]. Pour Olivia Chaumont, militante de la cause trans, Rowling cherche à « nie[r] l’identité de genre » en niant le fait qu'une personne née « génétiquement homme » puisse devenir « socialement femme »[293]. Cependant, du fait de son empathie envers les personnes trans vulnérables, l'accuser de « transphobie » serait, selon Chaumont, inapproprié[293]. L'Express met aussi l'accent sur « l'hystérisation des débats dès qu'ils entrent dans l'arène des réseaux sociaux », et la position délicate dans laquelle s'est placée J. K. Rowling en abordant ce sujet de société sur un site comme Twitter[294].
202
+
203
+ J. K. Rowling se considère croyante, bien que « difficilement » selon ses propres termes, éprouvant beaucoup de doutes, y compris au sujet de l'existence de « Dieu »[295]. Seule membre de sa famille à se rendre régulièrement à la messe, elle a été baptisée tardivement[17].
204
+
205
+ En 2003, le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, s'est officiellement opposé à la série Harry Potter, qui selon lui faisait figure de « tromperies subtiles qui pourraient passer inaperçues et par là même pervertir profondément le christianisme dans l'âme[296],[297] ». En 2008, L'Osservatore Romano publie une controverse au sujet de la série, intitulée « Le double visage de Harry Potter », confrontant deux points de vue opposés sur la dimension morale de l'histoire[298],[299]. Par ailleurs, plusieurs groupes de chrétiens fondamentalistes ont dénoncé les livres Harry Potter, prétendant qu’ils prônaient la sorcellerie[300]. Face à ces accusations, J. K. Rowling se défend : « Je vais à l’église, mais je n’ai aucun lien avec les aliénés qui se situent aux extrêmes de ma religion. Personnellement, je pense qu'on peut voir cela dans mes livres. Poudlard est bien sûr une école multiconfessionnelle. Je n'ai jamais eu l'intention de convertir qui que ce soit au christianisme, je ne veux pas faire ce qu'a fait C. S. Lewis. Il est tout à fait possible de vivre une vie morale sans croire en Dieu, tout comme vivre une mauvaise vie en croyant en Dieu[301],[302] ».
206
+
207
+ En 2000, elle crée le Volant Charitable Trust, qui utilise son budget annuel d'environ 5 000 000 £[303] (5,6 millions €) pour combattre la pauvreté et l’inégalité sociale. Une partie de ces fonds est également reversée à des associations d’aide aux enfants, aux familles monoparentales et à la recherche sur la sclérose en plaques[304].
208
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209
+ Rowling écrit à la main Les Contes de Beedle le Barde, un recueil des contes mentionnés dans Les Reliques de la Mort, en seulement sept exemplaires dont six destinés principalement à ses proches. Le septième est vendu lors d’une mise aux enchères le 13 décembre 2007 à Sotheby's au profit de l’association The Children Voice pour un montant de 1 950 000 £[305] (2,2 millions €). L’ouvrage est finalement publié début décembre 2008[306]. Rowling déclare : « Cela signifie tellement pour les enfants en situation de besoin. Noël arrive en avance pour moi[307],[308]. »
210
+
211
+ S'étant déjà retrouvée en position de parent isolé, Rowling devient ambassadrice de l’association caritative One Parent Families en 2000 dont elle est l'actuelle présidente[309]. Rowling écrit, en collaboration avec Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, un recueil d’histoires pour enfants dont les bénéfices vont à One Parent Families[310].
212
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213
+ En 2001, l’association britannique de lutte contre la pauvreté Comic Relief demande à trois auteurs populaires[f], dont J. K. Rowling, de publier de petits livres reprenant les thèmes de leurs plus gros succès[311]. Les deux publications de Rowling, Les Animaux fantastiques et Le Quidditch à travers les âges, sont présentées comme des facsimilés de livres présents dans la bibliothèque de Poudlard, et font figurer sur leur couverture le nom de leur auteur fictif respectif : Newt Scamander et Kennilworthy Whisp. Depuis leur sortie en mars 2001, ces livres ont rapporté 15 700 000 £ (17,6 millions €). Les 10 800 000 £ (12,1 millions €) récoltés hors du Royaume-Uni ont été collectés via une nouvelle association, l’International Fund for Children and Young People in Crisis (le Fonds international pour les enfants et les jeunes gens en crise)[312].
214
+
215
+ En 2005, Rowling et la députée européenne Emma Nicholson fondent le Children's High Level Group[313],[314] (CHLG, ou « Groupe de Haut Niveau pour l’Enfance »), qui sera rebaptisé Lumos en 2010[315]. En janvier 2006, Rowling se rend à Bucarest pour dénoncer l’utilisation des lits-cages dans les institutions psychiatriques pour enfants[314].
216
+
217
+ Le 27 juillet 2012, J. K. Rowling participe à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres, récitant un passage de Peter Pan de J. M. Barrie[g] dans le cadre d'un hommage à l'hôpital pour enfants de Great Ormond Street[316] (récipiendaire des droits d'auteur de Peter Pan dès 1929 selon la volonté de Barrie). Il s'ensuit un tableau durant lequel un Voldemort géant[316] est vaincu par des dizaines de Mary Poppins[317].
218
+
219
+ Rowling soutient la recherche et le traitement de la sclérose en plaques[318],[319]. En 2006, elle contribue substantiellement à la création d'un nouveau centre de médecine régénérative à l'université d'Édimbourg, nommée « Clinique de neurologie régénérative Anne Rowling » en mémoire de sa mère, morte en 1990 du fait de cette maladie[320]. En 2010, elle fait don de 10 millions de livres supplémentaires à la clinique[321], puis, en 2003, prend part à une campagne visant à établir une norme nationale de soins pour les personnes atteintes de la maladie[322].
220
+
221
+ En 2009, elle retire son soutien à la Société canadienne de la sclérose en plaques en évoquant l'incapacité de cette dernière à résoudre une querelle persistante entre les branches nord et sud de l'organisation, ayant miné le moral et entraîné la démission de plusieurs de ses membres[322].
222
+
223
+ En 2019, J. K. Rowling annonce qu'elle versera 19 millions de dollars supplémentaires à la clinique Anne Rowling[323],[324].
224
+
225
+ En mai 2008, la chaîne de librairies Waterstones demande à J. K. Rowling et à d'autres auteurs[h] d'écrire une brève histoire sur une carte postale de format A5. Les cartes ont ensuite été vendues aux enchères pour l'association caritative Dyslexia Action et le PEN club international. La contribution de J. K. Rowling était un Prologue à Harry Potter, un texte de 800 mots mettant en scène le père de Harry, James Potter, et son parrain Sirius Black trois ans avant la naissance de Harry[325],[i]. Le texte a été mis en ligne en juin 2008 mais la carte manuscrite originale a été volée lors d'un cambriolage en mai 2017[326],[327].
226
+
227
+ Le 1er et 2 août 2006, elle lit des passages de ses romans, aux côtés de Stephen King et John Irving, au Radio City Music Hall de New York. Les bénéfices de l'événement sont reversés à la Fondation Haven, une organisation caritative venant en aide aux artistes et personnes non assurables dans l'incapacité de travailler, ainsi qu'à l'ONG Médecins sans frontières[328]. En mai 2007, Rowling a promis un don de plus de 250 000 £ à un fonds de récompense lancé par le tabloïd News of the World pour le retour en toute sécurité de Madeleine McCann, une fillette britannique disparue au Portugal[329]. Rowling, ainsi que Nelson Mandela, Al Gore et Alan Greenspan, ont écrit une introduction à une sélection de discours de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, dont le produit a été remis au laboratoire de recherche Jennifer Brown[330].
228
+
229
+ La révélation du nom de J. K. Rowling en tant que véritable auteure de L'Appel du coucou en 2013 a mené à une augmentation massive des ventes du livre en question, après quoi Rowling a annoncé qu'elle reverserait tous ses droits d'auteur au Fonds de bienfaisance de l'armée, ajoutant que cela avait été son intention dès le départ mais qu'elle n’avait pas prévu que le livre se vende aussi bien[331].
230
+
231
+ Rowling est membre des PEN club anglais et écossais. Elle a fait partie des cinquante auteurs à contribuer à l'action « First Editions, Second Thoughts », une vente aux enchères de charité. Chaque auteur devait annoter une copie de la première édition de l'un de ses livres : dans le cas de Rowling, Harry Potter à l'école des sorciers. Le livre était le lot le mieux vendu de l'événement, s'élevant à 150 000 livres sterling[332].
232
+
233
+ Rowling soutient également le Shannon Trust, qui dirige le plan de lecture Toe by Toe et le plan de lecture Shannon dans les prisons britanniques, aidant et proposant un tutorat aux détenus illettrés[333].
234
+
235
+ En 2020, pendant la pandémie de Covid-19, l'auteure fait don d'un total de 1,13 million d’euros, destiné à deux associations britanniques : Crisis (en), qui vient en aide aux personnes sans logis, et Refuge (en), qui lutte contre les violences domestiques pendant le confinement[334],[335].
236
+
237
+ Pour son travail artistique et sa bienfaisance, J. K. Rowling a remporté plusieurs honneurs et distinctions. Les plus importants sont énumérés ci-dessous :
238
+
239
+ Elle a obtenu plusieurs doctorats honoris causa :
240
+
241
+
242
+
243
+ Un téléfilm américain, intitulé J. K. Rowling : La Magie des mots, est diffusé depuis le 18 juillet 2011[371] sur Lifetime et régulièrement diffusé sur TF1[372]. Il s'agit d'un film biographique réalisé par Paul Kaufman et centré sur l'enfance et le début de carrière de la romancière. Son rôle est interprété par l'actrice australienne Poppy Montgomery.
244
+
245
+ J. K. Rowling a précisé en février 2015 qu'elle ne souhaitait pas voir ce film[373].
246
+
247
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
248
+
249
+ Biographies et entretiens
250
+
251
+ Romans
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253
+ Analyses
254
+
255
+ Autres
256
+
257
+ Sur les autres projets Wikimedia :
258
+
259
+ L'école des sorciers (1997)
260
+
261
+ La Chambre des secrets (1998)
262
+
263
+ Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
264
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265
+ La Coupe de feu (2000)
266
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267
+ L'Ordre du Phénix (2003)
268
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269
+ Le Prince de sang-mêlé (2005)
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+ Les Reliques de la Mort (2007)
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+ L'Enfant maudit (2016)
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+ Vie et habitat des animaux fantastiques (2001)
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+ Les Animaux fantastiques (2016)
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+ Les Crimes de Grindelwald (2018)
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+ Les Animaux fantastiques 3 (2021)
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+ Antoine de Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944 au large de Marseille, est un écrivain, poète, aviateur et reporter français.
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+ Né dans une famille issue de la noblesse française, il passe une enfance heureuse malgré les morts prématurées de son père et d'un frère. Élève rêveur, il obtient cependant son baccalauréat en 1917. Après son échec au concours de l'École navale, il s'oriente vers les beaux-arts et l'architecture. Devenu pilote durant son service militaire en 1922, il est engagé en 1926 par la compagnie Latécoère (future Aéropostale). Il transporte le courrier de Toulouse au Sénégal puis rejoint l'Amérique du Sud en 1929. Parallèlement, il devient écrivain. Il publie, en s'inspirant de ses expériences d'aviateur, ses premiers romans : Courrier sud en 1929 et surtout Vol de nuit en 1931, qui rencontre un grand succès et reçoit le prix Femina.
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+ À partir de 1932 Saint-Exupéry se consacre au journalisme et aux raids aériens. Il entreprend de grands reportages au Viêt Nam en 1934, à Moscou en 1935, en Espagne en 1936, qui nourriront sa réflexion sur les valeurs humanistes. Terre des hommes, publié en 1939, reçoit le grand prix du roman de l'Académie française.
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+ En 1939, il sert dans l'armée de l'air, affecté à une escadrille de reconnaissance aérienne. À l'armistice de juin 1940, il quitte la France pour New York avec l'objectif de faire entrer les États-Unis dans la guerre et devient l'une des voix de la Résistance. Rêvant d'action, il rejoint enfin, au printemps 1944, en Sardaigne puis en Corse, une unité chargée de reconnaissances photographiques en vue du débarquement de Provence. Il disparaît en mer avec son avion, un Lockheed P-38 Lightning lors de sa mission du 31 juillet 1944. Son avion a été retrouvé et formellement identifié le 3 septembre 2003 au large de Marseille. Il est déclaré « mort pour la France ».
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+ Le Petit Prince, écrit à New York pendant la guerre, et illustré avec ses propres aquarelles, est publié en 1943 à New York, puis en France chez Gallimard en 1946, à titre posthume. Ce conte philosophique, empreint à la fois de légèreté et de pessimisme vis-à-vis de la nature humaine, devient très vite un immense succès mondial.
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+ Fils de Martin Louis Marie Jean de Saint Exupéry (1863-1904), sans profession[1], et d'Andrée Marie Louise Boyer de Fonscolombe[1], Antoine Jean-Baptiste Marie Roger de Saint-Exupéry[Note 1] naît le 29 juin 1900 au 8, rue du Peyrat, dans le 2e arrondissement de Lyon[2], dans une famille issue de la noblesse française[1].
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+ Il partage une enfance heureuse avec ses quatre frères et sœurs. Mais en 1904, son père meurt, terrassé par une hémorragie cérébrale à seulement 41 ans, en gare de La Foux. Marie de Saint-Exupéry éduque ses cinq enfants : Marie-Madeleine, dite « Biche », Simone, dite « Monot », Antoine, dit « Tonio », François et Gabrielle, dite « Didi ». Elle est aidée par la gouvernante autrichienne Paula Hentschel (1883-1965), qui restera auprès d'eux jusqu'à ce qu'ils deviennent adultes. Dans son roman Pilote de guerre, l'auteur lui rendra hommage en ces termes : « Je remontais dans ma mémoire jusqu’à l’enfance, pour retrouver le sentiment d’une protection souveraine. Il n’est point de protection pour les hommes. Une fois homme on vous laisse aller… Mais qui peut quelque chose contre le petit garçon dont une Paula toute-puissante tient la main bien enfermée ? Paula, j’ai usé de ton ombre comme d’un bouclier… »[3].
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+ La mère d'Antoine vit mal ce veuvage prématuré. Son naturel optimiste lui permet de faire face à ses obligations. D'une sensibilité à fleur de peau, artiste (elle pratique la peinture[4]), elle tisse avec Antoine des liens privilégiés et lui offre une excellente éducation, chose difficile à l'époque pour une femme seule. Elle transmet à son fils adoré des valeurs qu'il conservera toute sa vie : honnêteté, respect d'autrui, sans exclusivité sociale. Femme exceptionnelle, elle consacre sa vie à ses enfants, avec un humanisme que Saint-Exupéry a cultivé tout au long de ses voyages[réf. nécessaire].
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23
+ Jusqu'à l'âge de dix ans, il passe son enfance entre le château de La Môle dans le Var, propriété de sa grand-mère maternelle, et le château de Saint-Maurice-de-Rémens dans l'Ain, propriété de sa tante Madame Tricaud.
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+ En 1908, il entre en classe de huitième chez les frères des Écoles chrétiennes, à Lyon. À la fin de l'été 1909, Marie de Saint-Exupéry s'installe avec ses enfants au Mans, 21 rue du Clos Margot, à proximité de son beau-père qui habitait 39, rue Pierre Belon[5]. Antoine entre au collège jésuite de Notre-Dame de Sainte-Croix le 7 octobre suivant. Élève médiocre, décrit comme indiscipliné et rêveur, il est attiré par l'ailleurs, le lointain, l'aventure, cherchant depuis l'enfance à échapper à son milieu aristocratique[6].
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+ En 1912, il passe les grandes vacances à Saint-Maurice-de-Rémens. Fasciné par les avions, il se rend souvent à vélo à l’aérodrome d'Ambérieu-en-Bugey, situé à quelques kilomètres, et y reste des heures à interroger les mécaniciens sur le fonctionnement des appareils. Un jour, il s'adresse au pilote Gabriel Salvez, assurant que sa mère l'a autorisé à effectuer un baptême de l'air. Il fait donc son baptême sur un Berthaud Wroblewski [7],[8], avion fabriqué à Villeurbanne par l'industriel lyonnais Berthaud sur des plans de Pierre et Gabriel Wroblewski-Salvez. Il écrit alors un poème témoignant de sa nouvelle passion pour les avions :
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+ Saint-Exupéry passe ainsi presque toute son enfance dans le château familial, entouré de ses frères et sœurs. Alors que la Première Guerre mondiale éclate, Marie de Saint-Exupéry est nommée infirmière-chef de l'hôpital militaire d'Ambérieu-en-Bugey. Elle fait venir ses enfants près d'elle. Ses deux fils, Antoine et François, intègrent en tant qu'internes le collège jésuite de Notre-Dame de Mongré, à Villefranche-sur-Saône. Le jeune Antoine peut donc enfin se consacrer à l'écriture, avec brio, puisqu'il remporte le prix de narration du lycée pour l'une de ses rédactions[9].
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+ À la rentrée scolaire de 1915, Marie de Saint-Exupéry, toujours en poste à Ambérieu-en-Bugey, estime que ses fils ne se plaisent pas vraiment chez les pères jésuites de Mongré. Soucieuse de protéger ses enfants et de favoriser leur développement, elle les inscrit chez les frères marianistes de la Villa Saint-Jean à Fribourg, en Suisse. En rapport étroit avec le collège Stanislas de Paris, ce collège a développé une méthode d'éducation moderne basée sur la créativité. Antoine y retrouve Louis de Bonnevie, dont la famille est voisine et amie de la sienne à Lyon. Il noue avec lui, ainsi qu’avec Marc Sabran et Charles Sallès, une amitié profonde et durable[10].
32
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33
+ En 1917, il obtient son baccalauréat malgré des résultats scolaires peu brillants. L'élève Saint-Exupéry est davantage à l'aise dans les matières scientifiques que littéraires. Au cours de l'été, François, le frère cadet d'Antoine, le compagnon de jeux et le confident, qui souffrait de rhumatismes articulaires[9], meurt d'une péricardite. Attristé par la mort de son frère, le futur écrivain vivra cet évènement comme le passage de sa vie d'adolescent à celle d'adulte.
34
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+ La guerre aussi l'inspire. Il réalise des caricatures de soldats prussiens et de leurs casques à pointe, de l'empereur et du Kronprinz. Il écrit aussi quelques poèmes :
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+
37
+ En 1919, Antoine échoue à l'oral du concours de l'École navale (ses résultats dans les branches scientifiques sont très bons, mais ceux des branches littéraires insuffisants) et s'inscrit en tant qu'auditeur libre en architecture à l'École nationale supérieure des beaux-arts. À la mort de la tante Tricaud, en 1920, Marie hérite du château de Saint-Maurice où elle s’installe. Ses revenus sont modestes, elle subvient aux besoins de ses enfants en vendant les terres attenantes au château[4]. Antoine bénéficie alors de l'hospitalité de sa cousine Yvonne de Lestrange et accepte également plusieurs petits emplois : avec son ami Henry de Ségogne, il sera notamment figurant durant plusieurs semaines dans Quo Vadis, un opéra de Jean Noguès. En 1918, il fait la connaissance de Louise de Vilmorin, qui lui inspire des poèmes romantiques.
38
+
39
+ Cette période lui inspire d'autres poèmes, sous forme de sonnets et suites de quatrains (Veillée, 1921), montrant qu'il vit une période difficile ; il se trouve alors sans projet de vie et sans avenir. Certains de ses poèmes sont calligraphiés et enluminés de dessins à l'encre de Chine. Il offre deux de ses cahiers de poésie à son ami Jean Doat[11]. Dans l'entre-deux-guerres, Louise de Vilmorin devient un des piliers de sa bande d'amis, où figurent aussi Jean Prévost, Hervé Mille, Aimery Blacque-Belair, Jean de Vogüé et son épouse Nelly, Jean Hugo, Léon-Paul Fargue[1].
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+
41
+ En avril 1921, il débute son service militaire de deux années en tant que mécanicien au 2e régiment d’aviation de Strasbourg. En juin, il prend des cours de pilotage civil à ses frais[12].
42
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+ Le 9 juillet son moniteur, Robert Aéby, le lâche pour un tour de piste. Seul aux commandes de son avion-école, il se présente trop haut pour l'atterrissage. Remettant les gaz trop brusquement, il cause un retour au carburateur. Croyant que le moteur a pris feu il ne s'affole pas, fait un second tour de piste et atterrit en beauté. Son moniteur valide sa formation[13]. Néanmoins, il laisse le souvenir d’un aviateur parfois distrait ; le surnom de « Pique la Lune » lui est bientôt associé, non seulement en raison de son nez en trompette mais aussi d’une tendance certaine à se replier dans son monde intérieur[14].
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+
45
+ Titulaire du brevet de pilote civil, il est admis à suivre les cours de pilote militaire. La base aérienne de Strasbourg ne dispose pas d'école de pilotage. Le 2 août 1921, il est affecté au 37e régiment d’aviation au Maroc, à Casablanca, où il obtient son brevet de pilote militaire, le 23 décembre 1921[15].
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47
+ En janvier 1922, il est à Istres et promu caporal. Reçu le 3 avril 1922 au concours d'élève officier de réserve (EOR), il suit des cours d’entraînement à Avord, qu'il quitte pour la base aérienne de Versailles, en région parisienne. Il vole à Villacoublay [16]. Le 10 octobre 1922, il est nommé sous-lieutenant ; puis breveté observateur d'aviation, le 4 décembre 1922.
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+ Pendant ses loisirs, il réalise des croquis de ses copains de chambrée au crayon mine de charbon et à l’encre turquoise. Ses dessins sont regroupés dans son cahier Les Copains.
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+ En octobre il choisit son affectation au 34e régiment d’aviation, au Bourget. Au printemps 1923, le 1er mai, il est victime au Bourget de son premier accident d’avion à la suite d'une erreur d'évaluation, sur un appareil qu'il ne maîtrisait pas, avec comme bilan une fracture du crâne. Après ce grave accident, il est démobilisé, le 5 juin 1923. Pourtant, il envisage toujours d’entrer dans l'armée de l’air, comme l’y encourage le général Joseph Barès. Mais la famille de Louise de Vilmorin, devenue sa fiancée, s’y oppose. Commence pour lui une longue période d’ennui : il se retrouve dans un bureau comme contrôleur de fabrication au Comptoir de Tuilerie, une filiale de la Société générale d'entreprises. En septembre, c’est la rupture des fiançailles avec Louise, que cette dernière qualifiera plus tard, en 1939, de « fiançailles pour rire », dans un recueil de poèmes. Pourtant, Antoine de Saint-Exupéry en restera attristé toute sa vie durant.[réf. nécessaire]
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+ En 1924, Saint-Exupéry travaille dans l’Allier ainsi que dans la Creuse comme représentant de l’usine suisse Saurer qui fabrique entre autres des camions (il n’en vendra qu’un seul en une année et demie). Il se lasse, donne sa démission. En 1924, il commence une œuvre en prose, Manon, danseuse. En 1925, son poème intitulé La Lune montre une inspiration farfelue[réf. nécessaire] ; la suite poétique L'Adieu est écrite la même année :
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+ En 1926, il est engagé par Didier Daurat, directeur de l’exploitation des lignes de la compagnie Latécoère (future Aéropostale), sur les recommandations de Beppo di Massimi, et rejoint l'aéroport de Toulouse-Montaudran pour effectuer du transport de courrier sur des vols entre Toulouse et Dakar. Il rédige alors une nouvelle, « L'évasion de Jacques Bernis », dont sera tiré « L'Aviateur », texte publié dans la revue d’Adrienne Monnier, Le Navire d’argent (numéro d'avril), où travaille son ami Jean Prévost. À Toulouse, il fait la connaissance de Jean Mermoz et d'Henri Guillaumet. Au bout de deux mois, il est chargé de son premier convoyage de courrier sur Alicante.
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+ Fin 1927, il est nommé chef d’escale à Cap Juby au Maroc avec pour mission d’améliorer les relations de la compagnie avec les dissidents maures d’une part et avec les Espagnols d’autre part. Il va y découvrir la brûlante solitude et la magie du désert. En 1929, il publie chez Gallimard son premier roman, Courrier sud, dans lequel il raconte sa vie et ses émotions de pilote.
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59
+ En septembre 1929, il rejoint Mermoz et Guillaumet en Amérique du Sud pour contribuer au développement de l’Aéropostale jusqu’en Patagonie. En 1930, il utilise la bibliothèque de son ami Paul Dony pour écrire divers sonnets inspirés d’autres poètes, qui sont avant tout des exercices de style.[réf. nécessaire] En 1931, il publie son second roman, Vol de nuit qui connaît un immense succès ; il y évoque dans un style lyrique ses années en Argentine et le développement des lignes vers la Patagonie. Le 22 avril 1931, il se marie à Nice, après un mariage religieux à Agay le 12 avril 1931 [17], avec Consuelo Suncin Sandoval de Gómez (morte en 1979), à la fois écrivaine et artiste salvadorienne.
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61
+ À partir de 1932, alors que la compagnie, minée par la politique[réf. nécessaire], ne survit pas à son intégration dans Air France, il subsiste difficilement, se consacrant à l’écriture et au journalisme. Saint-Exupéry demeure pilote d’essai et pilote de raid en même temps qu’il devient journaliste pour de grands reportages.
62
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63
+ Reporter pour Paris-Soir, il voyage au Viêt Nam en 1934 et à Moscou en 1935. Le 29 décembre 1935, accompagné de son mécanicien André Prévot, il tente un raid Paris-Saïgon à bord d'un Caudron-Renault Simoun, pour battre le record d'André Japy qui quelques jours plus tôt a relié Paris à Saïgon en 3 jours et 15 heures. Vers 3 heures du matin le 30 décembre, l'avion heurte un plateau rocheux alors que Saint-Exupéry a volontairement diminué son altitude pour tenter de se repérer[18]. Les deux aviateurs sont indemnes mais perdus dans le désert Libyque, en Égypte. Ils connaissent alors trois jours d'errance[19], sans eau ni vivres, avant un sauvetage inespéré[Note 2].
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65
+ En 1936, Saint-Exupéry est envoyé comme reporter en Espagne pour couvrir la guerre civile. Il révèle alors des exactions commises par des républicains espagnols[20]. De tous ces voyages, il accumule une très importante somme de souvenirs, d’émotions et d’expériences, qui lui servent à nourrir sa réflexion sur le sens à donner à la condition humaine. Sa réflexion aboutit à l’écriture de Terre des hommes, qui est publié en 1939. L’ouvrage est récompensé par le prix de l’Académie française. C’est dans ce roman que l’on trouve la célèbre phrase prononcée par Henri Guillaumet, à qui il a dédicacé l'ouvrage, après son accident dans les Andes : « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait »[21].
66
+
67
+ Puis c'est le raid de New-York à Punta Arenas, qui s'achève tragiquement par un violent accident au Guatemala, le 15 février 1938[22],[23], dû à la surcharge de carburant emportée par l'avion, une incompréhension ayant eu lieu entre l'équipage français demandant un volume en litres et les ravitailleurs l'appliquant en gallons, soit presque quatre fois le volume demandé[24].
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+ En 1939, il sert comme capitaine dans l'Armée de l'air. Après un passage comme instructeur à Toulouse-Francazal, au Bataillon de l'air 101, il obtient sa mutation dans une escadrille de reconnaissance aérienne, le Groupe aérien de reconnaissance 2/33. L'unité est initialement positionnée à Orconte, près de Saint-Dizier, avant de se déplacer avec la ligne de front.
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+ Le 23 mai 1940, il survole Arras alors que les chars allemands envahissent la ville : bien que son avion Bloch 174 soit criblé de balles par la DCA allemande, il réussit à retourner à la base de Nangis avec son équipage sain et sauf ; cet exploit lui vaut d'être récompensé de la Croix de guerre avec palme et cité à l’ordre de l’Armée de l’air le 2 juin 1940. L'épisode lui inspirera le titre et la trame de Pilote de guerre[25]. Le Groupe aérien de Reconnaissance II/33 sera brièvement basé à l'aérodrome de Blois – Le Breuil le 10 juin 1940 lors de son repli vers la zone libre.
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+ Il est démobilisé à Perpignan, d'où son escadrille s'envole pour Alger, le 20 juin 1940, sans lui, car il a été chargé de récupérer des pièces de rechange à Bordeaux. Il y réquisitionne un vieux Farman, charge les pièces et quelques passagers, dont Suzanne Massu[26] (à l'époque Suzanne Torrès), et atterrit à Oran[1].
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+ Après l'armistice de juin 1940, il part en novembre 1940 pour New York, où il arrive le 31 décembre 1940. Il poursuit l'objectif de faire entrer en guerre l'armée des États-Unis. Considéré par certains comme pétainiste car non gaulliste, Saint-Exupéry a du mal à faire entendre sa voix.
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+ Comme l’immense majorité des Français, il est au départ plutôt favorable au gouvernement de Vichy, qui lui semble représenter la continuité de l'État et qui représente une forme de cohésion nationale pour les Français souffrant de l'Occupation[27]. Il est donc plutôt méfiant envers le général de Gaulle, lui reprochant de nier la défaite militaire de la France[28].
78
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+ De fait, il souhaite surtout protéger les Français et a surtout essayé de réconcilier les factions opposées ; lors de son appel radiophonique du 29 novembre 1942 depuis New York, soit trois semaines après le débarquement allié en Afrique du Nord, il lance : « Français, réconcilions-nous pour servir » ; il tente aussi de repousser l'épuration qui se prépare[29].
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81
+ Il reste alors incompris, il est trop tard : le moment est celui de l'affrontement général. Cependant, selon des archives américaines[30], il semblerait que les services secrets des États-Unis aient envisagé de le pousser en lieu et place du général de Gaulle[réf. nécessaire].
82
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+ En janvier 1941, le maréchal Pétain l'aurait nommé sans le prévenir au Conseil national, l'assemblée consultative de Vichy. Antoine de Saint-Exupéry publie alors deux communiqués, où il refuse cette appartenance[28]. Sa nomination n'était qu'une rumeur semble-t-il; son nom n'apparaît ni dans la liste officielle publiée par le Journal officiel le 24 janvier[31], ni dans la liste publiée par la presse. En revanche, son nom figure dans la liste des membres du comité provisoire du Rassemblement pour la Révolution nationale, organisme concurrent de la Légion française des combattants, qui devait réfléchir à la mise en place d’un mouvement de masse visant à « assurer au nouveau régime ses assises et briser l’activité renaissante de certaines organisation [le PCF]», mais qui n’eut qu’une existence éphémère. Liste publiée par plusieurs journaux le 30 et le 31 janvier 1941[32].
84
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85
+ Le 8 décembre 1941, les États-Unis entrent en guerre. En mai 1942, en route pour les États-Unis, il est accueilli au Canada par la famille De Koninck, rue Sainte-Geneviève, dans le vieux Québec[33]. Des problèmes de visa prolongent son séjour québécois de cinq semaines. Poursuivant son objectif de faire entrer les États-Unis dans la guerre, il publie à New York en février 1942 Pilote de guerre. Il y montre une France qui ne s'est pas rendue sans avoir mené une héroïque bataille de France. Au sommet des ventes, le livre fera beaucoup pour sensibiliser l'opinion nord-américaine au conflit européen, mais l'auteur est en proie à la dépression.
86
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87
+ Son traducteur lui trouve un hébergement, luxueux, chez Sylvia Hamilton, journaliste, qui ne parle pas un mot de français. C'est au cours de la relation amoureuse nouée avec celle-ci que l'aviateur écrit Le Petit Prince[34]. L'année suivante, il décide de rejoindre les troupes françaises combattant au sein de l'armée américaine. Avant de repartir, il confie à la jeune journaliste le manuscrit de son conte philosophique[25], dont la première édition sera anglaise.
88
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89
+ Il ne pense qu'à retourner à l'action. Pour lui, tout comme du temps de l'Aéropostale, seuls ceux qui participent aux événements peuvent en témoigner. En avril 1943, bien que considéré par les Alliés comme un pilote trop âgé pour un avion de combat, il quitte les États-Unis et reprend du service actif dans l'aviation en Tunisie grâce à ses relations et aux pressions du commandement français.
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91
+ Le 5 mai 1943, Saint-Exupéry se présente au Palais d’été à Alger devant le général René Chambe, son ami, devenu ministre de l’Information du général Giraud et lui déclare, irrité de n'avoir pas pu venir immédiatement après le débarquement allié : « Présent au rendez-vous, mais avec six mois de retard, excusez-moi. C’est la faute aux gaullistes ». Chambe l’amène à Giraud. Saint-Exupéry explique à Giraud la nécessité de contrer la propagande gaulliste qui jette le trouble au sein de l’armée et le met en garde contre la venue du général de Gaulle à Alger. Par ailleurs, tannés par Saint-Exupéry, Chambe et Giraud obtiennent auprès d'Eisenhower que le pilote français puisse se « transformer » sur l'avion américain Lockheed P 38 Lightning avant de retrouver le prestigieux groupe 2/33 commandé par René Gavoille, groupe dans lequel il a servi en 1939-1940[35].[pas clair]
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+ Toujours dans la reconnaissance aérienne, il effectue quelques missions et obtient sa promotion au grade de commandant[36]. Mais plusieurs incidents le placent « en réserve de commandement » dès août 1943, étant donné son âge et son mauvais état de santé général, consécutif à ses accidents aériens. Il revient alors à Alger et habite chez son ami le docteur Pélissier. Tout en poursuivant ses démarches pour reprendre du service, il continue à travailler sur Citadelle et supporte de plus en plus difficilement son inaction forcée[37]. Au printemps 1944, le général Eaker, commandant en chef des forces aériennes en Méditerranée, l'autorise à rejoindre à nouveau son unité combattante. Il retrouve René Gavoille et le groupe 2/33, alors basé à Alghero, en Sardaigne. Il effectue plusieurs vols, émaillés de pannes et d'incidents.
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95
+ Le 17 juillet 1944, le 2/33 s'installe à Borgo, non loin de Bastia, en Corse.
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+ Le 31 juillet 1944 Saint-Exupéry décolle de l'aéroport voisin de Poretta. Il vole aux commandes du F-5B-1-LO, bimoteur P-38 Lightning en version reconnaissance aérienne[38]. Quittant le terrain à 8 h 25 du matin pour une mission de cartographie, il met le cap sur la vallée du Rhône, devant ensuite passer par Annecy et faire retour par la Provence. Sa mission consiste en une série de reconnaissances photographiques afin de tracer des cartes précises du pays, fort utiles au tout prochain débarquement en Provence, prévu pour le 15 août. Il est seul à bord, son avion n'est pas armé et emporte du carburant pour six heures de vol. À 8 h 30, il se signale par son dernier écho radar. La mission démarre. Saint-Exupéry ne revient pas ; le temps de carburant étant écoulé, il est porté disparu.[réf. nécessaire]
98
+
99
+ La mémoire de « Saint-Ex » est célébrée solennellement à Strasbourg le 31 juillet 1945[39]. En 1948, il est reconnu « mort pour la France »[40].
100
+
101
+ Le 12 mars 1950, au Journal officiel, le commandant Antoine de Saint-Exupéry est cité à l'ordre de l'armée aérienne à titre posthume, pour avoir « prouvé, en 1940 comme en 1943, sa passion de servir et sa foi en le destin de la patrie », et « trouvé une mort glorieuse, le 31 juillet 1944, au retour d'une mission de reconnaissance lointaine sur son pays occupé par l'ennemi ».
102
+
103
+ Après la disparition de son fils, Marie de Saint-Exupéry se réfugie dans la prière, écrit des poèmes où elle parle de son fils et s'attache à faire publier ses écrits posthumes[41].
104
+
105
+ Longtemps perdue, l'épave de l'avion de Saint-Exupéry a été identifiée en 2003, certifiant de la sorte le lieu de sa mort. Pour autant, en dépit de cette découverte essentielle, les circonstances de cette mort n'ont pu être éclaircies. L'hypothèse la plus probable est que son avion ait été abattu par un chasseur allemand. Elle n'est étayée d'aucune preuve.
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+ Les multiples hypothèses quant aux circonstances de la mort de l'aviateur, sans cesse évolutives depuis 1944, forment un mystère régulièrement revisité dans la presse et la culture populaire, en particulier à l'occasion de nouvelles découvertes ou de témoignages inédits. Chacune des nouvelles « révélations » relance l'intérêt aussi bien des spécialistes que du grand public, pour le « mystère Saint-Ex ».
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+ En 2000, des morceaux de son appareil — une jambe du train d'atterrissage gauche et des éléments de carlingue (partie gauche d'une des deux poutres de cet avion aux lignes très particulières) — sont retrouvés en Méditerranée au large de Marseille, face nord-est de l'île de Riou (archipel du même nom) par le plongeur professionnel marseillais Luc Vanrell[42].
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+ Deux ans plus tôt, le 7 septembre 1998, un patron pêcheur marseillais, Jean-Claude Bianco, assisté de son second, le marin Habib Benhamor, avait fortuitement remonté dans ses filets une gourmette en argent oxydée par un long séjour sous-marin et sur laquelle était gravée l'identité d'Antoine de Saint-Exupéry.
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+ Ces découvertes localisent avec précision la zone de disparition du commandant Antoine de Saint-Exupéry.
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+ Remontés à la surface par l'association Aéro-Re.L.I.C. (équipe composée de Philippe Castellano, Brian Cyvoct et Christian Vigne) entre le 1er et le 3 septembre 2003 (après deux ans de tractations auprès du gouvernement français pour en obtenir l'autorisation), les vestiges de l'avion tant recherché sont formellement identifiés, le samedi 27 septembre 2003, grâce à un numéro matricule retrouvé gravé par le constructeur de l'appareil (Lockheed, Californie).
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+ Les pièces du Lightning F-5B # 42-69223 ont été exposées au musée de l'air et de l'espace du Bourget, dans une exposition temporaire consacrée à l'écrivain aviateur. Ces pièces sont désormais conservées dans les réserves du Musées mais ne sont pas visibles par le public.
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+ Ces éléments ne permettent cependant pas de conclure définitivement sur les circonstances de sa mort.
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+ La simulation informatique de l’accident — à partir des pièces déformées — montre un piqué dans l'eau, presque à la verticale et à grande vitesse. Panne technique, malaise du pilote, attaque aérienne ou autre : la cause du piqué n'est pas éclaircie. Au grand dam de ses proches, l'hypothèse du suicide est même évoquée[réf. nécessaire] ; Saint-Exupéry est diminué physiquement (il ne pouvait fermer seul la verrière de son appareil), désespéré par le monde qu'il voyait s'annoncer. Ses derniers écrits conforteraient cette hypothèse, de par leur ton franchement pessimiste, par exemple les dernières lignes d’une lettre adressée à Pierre Dalloz, écrite la veille de sa mort :
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+ En 1950, un pasteur d'Aix-la-Chapelle, ancien officier de renseignements dans la Luftwaffe, témoigne avoir appris, le 31 juillet 1944, qu'un P-38 Lightning avait été abattu en Méditerranée par un Focke-Wulf allemand. Puis, en 1972, surgit dans une revue allemande à caractère historico-fictionnel le témoignage « posthume » d'un jeune officier allemand, l'aspirant Robert Heichele, qui aurait fait feu sur le Lightning depuis son appareil, un Focke-Wulf 190, vers midi, au-dessus de Castellane dans le département des Alpes-de-Haute-Provence.
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+ Heichele fut à son tour abattu en août 1944, échappa à la mort, fut très grièvement blessé en ayant essayé d’atterrir à Avignon, son avion en flammes. Le malheureux pilote sera finalement tué dans l'ambulance dans laquelle il se trouvait, mitraillée par la chasse alliée lors de la retraite par la vallée du Rhône. Bien que Robert Heichele ait effectivement existé, son rôle dans la mort de Saint-Exupéry est définitivement écarté : le pseudo-témoignage provient de l'imagination d'un passionné allemand. Ce dernier s'excusera peu après d'avoir exposé cette théorie[réf. nécessaire].
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+ En novembre 1963, à la suite d'un article publié par le journal allemand Bild sur la disparition d'Antoine de Saint-Exupéry, l'ancien officier de Génie Erich Herot écrit au quotidien une lettre de témoignage : "Fin juillet 1944, j'effectuais un voyage d'inspection dans la région de Marseille. Inspectant une de nos positions de Carry-le-Rouet, j'aperçus un avion évoluant au ras du sol venant de la vallée du Rhône. Il volait selon la tactique du "saut de haies", ramenant l'appareil près du sol dès l'obstacle franchi. Après avoir survolé la partie la plus haute de la presqu'île, il redescendit vers la surface de la mer, mais la queue toucha l'eau, ce qui provoqua un jaillissement d'écume et une explosion désintégrant l'avion. Les hommes qui m'entouraient avaient eu le temps de constater qu'il ne s'agissait pas d'un appareil allemand. Nous n'avons pas constaté de tir de D.C.A. ni d'avion poursuivant[44]."
128
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129
+ Dans les années 1990, un autre témoignage surgit tardivement. Une habitante de Carqueiranne, madame Simone Boudet, aurait vu, le jour fatidique du dernier vol, le Lightning se faire abattre. La mer aurait ensuite rejeté le corps d'un soldat sur la plage, lequel aurait été enterré anonymement dans le cimetière de la commune[réf. nécessaire].
130
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131
+ Pour savoir si ce corps est la dépouille de Saint-Exupéry, il faudrait l'exhumer pour procéder à des comparaisons avec l'ADN des membres de sa famille, lesquels s'y montrent opposés. D'autant que, d'après des témoignages locaux[réf. nécessaire], les débris de vêtements militaires portés par la dépouille auraient été allemands. Il existe au moins trois épaves d'avions de guerre allemands dans cette baie, à différentes profondeurs.[réf. nécessaire]
132
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133
+ En mars 2008, Horst Rippert, un ancien pilote de la Luftwaffe[45], affirme dans le journal La Provence avoir abattu un avion de type P-38 Lightning, précisément le 31 juillet 1944, dans la zone où se trouvait Saint-Exupéry[46].
134
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135
+ En mission pour retrouver un avion ennemi qui survolait la région d'Annecy, Horst Rippert aurait tourné plusieurs minutes au-dessus de la Méditerranée sans rien repérer. Soudain, un avion allié l'aurait croisé, 3 000 mètres au-dessous de lui[47]. Horst Rippert aurait alors tiré et touché l'autre appareil. Ce dernier se serait enflammé et serait tombé à pic dans la Méditerranée.
136
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137
+ Horst Rippert, qui admirait l'écrivain, a déclaré : « Si j'avais su qui était assis dans l'avion, je n'aurais pas tiré. Pas sur cet homme. »[48],[49] Après la guerre Horst Rippert, par ailleurs frère d'Ivan Rebroff (mort en février 2008, soit peu avant cette révélation), s'était reconverti dans le journalisme et dirigeait le service des sports de la ZDF.
138
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139
+ Aucune preuve matérielle ne vient pour l'instant étayer ou infirmer ce témoignage.
140
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141
+ En 2017, quatre auteurs envisagent une nouvelle piste : ayant survécu à la chute de son appareil, Saint-Exupéry serait, assez vite, mort en captivité[50]. Cette nouvelle piste ajoute une nouvelle variante sur les circonstances de sa mort, qui resteront sans doute encore longtemps sans aucune certitude.
142
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143
+ Si elles ne sont pas tout à fait autobiographiques, ses œuvres sont largement inspirées de sa vie de pilote aéropostal, y compris pour Le Petit Prince (1943) — son succès le plus populaire (il s'est vendu depuis à plus de 134 millions d'exemplaires dans le monde[51], ce qui le place en cinquième position des livres les plus vendus au monde[52]) — qui est plutôt un conte poétique et philosophique.
144
+
145
+ Il a aussi écrit : Courrier Sud (1929), Vol de nuit (1931), Terre des hommes (1939), Pilote de guerre (1942), Lettre à un otage (1944), Écrits de guerre (rassemblés en 1982), et Citadelle (posthume, 1948). Tous ses romans racontaient l'histoire de ses voyages sous forme de fiction et sur un ton de fantaisie.
146
+
147
+ ANTOINE DE SAINT EXUPERY
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+ POÈTE ROMANCIER AVIATEUR
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+ DISPARU AU COURS D’UNE MISSION
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+ DE RECONNAISSANCE AÉRIENNE
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+ LE 31 JUILLET 1944
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+
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+ Ici a habité
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+ de 1934 à 1940
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+ Antoine de Saint-Exupéry.
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+ La fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse a été créée en 2009 sous l'égide de la Fondation de France par les héritiers d'Antoine de Saint-Exupéry[69]. Elle soutient des projets tournés vers la jeunesse, en France et dans le monde, portant les valeurs d'Antoine de Saint-Exupéry[70]. Elle a notamment soutenu la formation de jeunes apprentis mécaniciens aéronautiques[71].
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+ Un fond Antoine de Saint-Exupéry est établi aux Archives nationales sous la cote 153AP, il contient majoritairement une correspondance surtout adressée à sa mère[72].
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+ Joanne Rowling [ d͡ʒoʊˈæn ˈroʊlɪŋ][a], plus connue sous les noms de plume J. K. Rowling[b] et Robert Galbraith, est une romancière et scénariste anglaise née le 31 juillet 1965 dans l’agglomération de Yate, dans le Gloucestershire du Sud. Elle doit sa notoriété mondiale à la série Harry Potter, dont les romans traduits en près de quatre-vingts langues ont été vendus à plus de 500 millions d'exemplaires dans le monde.
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+ Issue d’une famille modeste, elle a écrit sa première « histoire » à l'âge de six ans. Après des études à l'université d'Exeter ainsi qu'à la Sorbonne où elle a obtenu un diplôme en littérature française et en philologie, elle a travaillé un temps au sein d'Amnesty International, puis a enseigné l'anglais et le français. C'est à vingt-cinq ans qu'elle a bâti les premiers concepts et institutions de son univers sorcier, dans lequel un enfant orphelin découvrait à la fois son héritage tragique et ses talents de magicien. Elle a rédigé son premier roman, L'École des sorciers, dans un contexte de précarité et de dépression et a dû attendre plus d'un an avant sa publication en 1997 chez Bloomsbury.
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+ Acclamée par ses lecteurs de tout âge et par la critique, J. K. Rowling a remporté de nombreux prix littéraires, notamment les prix Hugo, Locus et Bram Stoker, et a reçu la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 2009. Elle est réputée pour aborder des idées et des thèmes profonds avec accessibilité et humour, et s'attacher régulièrement à des personnages placés en marge de la société. Time Magazine l'a élue vice-championne du titre de la Personnalité de l'année en 2007, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait insufflée à ses fans. En octobre 2010, elle a également été nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines. Très présente sur les réseaux sociaux, où elle prend régulièrement la parole sur des sujets politiques ou de société qui lui sont chers, il lui arrive aussi d'être critiquée sur ses positions. En 2020, notamment, ses propos sur l'identité de genre font polémique, en étant considérés transphobes par de nombreux fans et militants de la cause trans.
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+ Le succès planétaire de son heptalogie romanesque, des films adaptés ainsi que des travaux dérivés de Harry Potter lui ont permis d'acquérir une fortune considérable, dont une partie est régulièrement reversée à de nombreuses associations caritatives luttant contre la maladie et les inégalités sociales. J. K. Rowling est devenue une philanthrope reconnue en cofondant notamment l'association Lumos qui œuvre pour la protection de l'enfance.
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15
+ Elle se tourne vers un public adulte à partir de 2012 en publiant le roman social Une place à prendre, puis en entamant une série policière l'année suivante, sous un second nom de plume. Elle devient également scénariste pour le cinéma à partir de 2016 en étendant son univers sorcier à travers la série de films Les Animaux fantastiques, dont le premier volet a connu un succès international.
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+ Joanne « Jo » Rowling[4],[5] est la fille d'Anne Volant (1945-1990), technicienne de laboratoire[6],[7], et de Peter James Rowling (né en 1945), ingénieur en aéronautique[8]. Ses parents, qui habitent à Londres durant leur adolescence, se rencontrent lors d'un trajet en train entre King's Cross et Arbroath, en Écosse, en 1964[7]. Peter Rowling part alors rejoindre les rangs de la Royal Navy et Anne ceux du Women's Royal Naval Service, l'équivalent féminin[9].
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+ L'arrière grand-père maternel de J. K. Rowling, le Français Louis Volant, a reçu la croix de guerre pour bravoure exceptionnelle après avoir défendu le village de Courcelles-le-Comte durant la Première Guerre mondiale[10]. L'auteure pensait à l'origine que Louis Volant avait reçu la Légion d'honneur, comme elle l'a formulé en recevant elle-même la distinction en 2009[11]. Elle a découvert en 2011, en participant à l'émission de généalogie de la BBC Who Do You Think You Are?, que la Légion d'honneur fut décernée en réalité à un homonyme[12].
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21
+ Après avoir quitté la marine, les parents de Joanne Rowling s'installent à Yate, à une quinzaine de kilomètres de Bristol, dans l'ouest de l'Angleterre[1]. Peter Rowling, avant de devenir ingénieur[8], travaille à la chaîne d'assemblage des moteurs d'avions de combat Harrier[13] à la Bristol Siddeley Engines, Ltd.[14] (qui fusionnera avec Rolls-Royce en 1971[13]). Ils se marient en mars 1965[15] et Anne Rowling donne naissance à Joanne le 31 juillet de la même année au Cottage Hospital de Yate[16],[c]. Peter et Anne Rowling espéraient alors un garçon, qu'ils auraient baptisé « Simon John »[17]. La sœur de Joanne, Dianne (« Di »[9]), vient au monde deux ans plus tard, en juin 1967[14],[18].
22
+
23
+ En 1969, la famille Rowling s'installe dans une maison plus grande, dans la rue Nicholls Lane[14] à Winterbourne[18], toujours dans les faubourgs de Bristol. Cette maison de banlieue inspirera inconsciemment Rowling pour imaginer une trentaine d'années plus tard la maison du 4, Privet Drive de la famille Dursley[19]. Anne Rowling, qui a renoncé momentanément à sa carrière pour se consacrer à l'éducation de ses filles, exerce sur elles la plus grande influence en leur transmettant son amour des livres et des histoires, éveillant ainsi leur imagination[20]. Joanne écrit son premier récit complet à l’âge de six ans : l’histoire d’un lapin nommé Rabbit[18],[21], bloqué dans sa maison par la rougeole et consolé par un bourdon géant du nom de mademoiselle Bee[22]. Selon Rowling, il s'agissait d'un « plagiat » d'une histoire de Richard Scarry qu'elle adorait écouter[23]. Mais pour le biographe Sean Smith, « la chose extraordinaire tient dans le fait qu'une gosse de six ans ait consacré du temps à inventer une histoire »[24]. L'écriture de Rabbit donne pour la première fois à l'enfant l'envie de devenir écrivain[25].
24
+
25
+ Les deux sœurs jouent régulièrement au Glenwood Store de West Moors[26], une épicerie tenue dans le Dorset par Kathleen et Ernest Rowling, leurs grands-parents paternels[26]. Elles jouent également avec les autres enfants de leur nouvelle rue, et notamment avec un frère et une sœur dont le nom de famille est Potter[9]. Un nom que Rowling préfère au sien puisque ce dernier est régulièrement sujet aux jeux de mots affligeants tels que Rowling stone ou Rowling pin (« rouleau à pâtisserie »)[9]. L'enthousiasme d'Anne Rowling et de Dianne pour la créativité de Joanne encourage celle-ci à inventer des histoires et à les partager[24]. Elle devient un leader auprès des autres enfants de Nicholls Lane[24]. Lorsque les sœurs Rowling et les Potter jouent aux sorciers, Joanne invente les scénarios, les sortilèges et les potions[27]. À l'école primaire St Michael[28], qu'elle fréquente dès septembre 1972[29], elle trouve l'environnement « détendu » et lui convenant parfaitement dans la mesure où elle y fait beaucoup de poterie, de dessin et de rédactions[9]. Son directeur d'école, Alfred Dunn, fut plus tard sa principale source d'inspiration pour le personnage d'Albus Dumbledore[30],[28].
26
+
27
+ En 1974[31], lorsque Rowling a neuf ans, ses parents décident de partir vivre à la campagne. La famille déménage donc à Tutshill[18], un petit village anglais à la frontière avec le Pays de Galles, et voisin de la ville de Chepstow. Leur nouvelle maison, baptisée « Church Cottage »[32],[d], se trouve en bordure de la forêt de Dean, et Chepstow est dominée par un château en ruine au sommet d'une falaise, ce qui, selon Rowling aujourd'hui, « peut expliquer beaucoup de choses[33] ». Ce dernier déménagement coïncide avec la mort de sa grand-mère Kathleen[9], à l'âge de cinquante-deux ans[34]. Très attristée par cet événement, Rowling choisira plus tard d'inclure l'initiale de son prénom dans son pseudonyme : le « K » de J. K. Rowling[35],[9].
28
+
29
+ La même année, les deux sœurs intègrent l'école voisine du cottage[36], où Joanne ne se plaît pas du tout[9]. Sa salle de classe de l'époque, à l'ambiance « dickensienne »[37], lui semble défraîchie, comprenant des bureaux à cylindre en bois et des encriers. De surcroît, l'institutrice se montre particulièrement stricte et inspire la crainte chez la plupart de ses élèves[38], séparant les plus « intelligents » (qu'elle place du côté gauche de la classe) de « ceux qui le sont moins » (placés du côté droit)[38]. Rowling fait mauvaise impression dès son premier jour, puis évolue au cours de l'année : « Je fus promue deuxième gauche. […] C'est ainsi que, en une brève traversée de la classe, je devins intelligente, mais impopulaire »[39].
30
+
31
+ En septembre 1975[40], en guise d'activité parascolaire, Rowling intègre la seconde section des Brownies de Tidenham, une organisation liée à l'église, proposant dans la semaine des activités de scoutisme aux enfants de sept à dix ans[31]. La section de Rowling se divise en six groupes, portant chacun un nom en lien avec l'univers de la fantasy (les « Fées », les « Lutins », les « Farfadets », etc.[41]), et la fillette se spécialise dans trois domaines : signaler par signes, sémaphore et premiers secours[41]. Ses marches la mènent régulièrement sur les ruines de l’église de Lancaut, contournée par la rivière Wye ; dans les sous-bois bordant Offa's Dyke (un chemin très apprécié des randonneurs[31]), ou encore dans le labyrinthe des cavernes d'Otter Hole à Chepstow[42]. Des endroits « enchanteurs et passionnants pour de jeunes aventuriers » selon Sean Smith[42].
32
+
33
+ Rowling, qui est la seule de sa famille à se rendre régulièrement à la messe[17], est baptisée à onze ans à l'église St Luke jouxtant le cottage[17],[33] et gagne son argent de poche en y effectuant régulièrement des heures de ménage avec sa sœur, payées à 1 £ chacune[17]. Elle en profite pour noter quelques noms figurant dans le registre de l'église pour ses propres histoires et s'amuse avec Dianne à le signer régulièrement[17]. Au même âge, Rowling rédige un court roman d'aventures évoquant sept diamants maudits et les mésaventures de leurs possesseurs[18], un hommage rendu à l'écrivain Edith Nesbit qu'elle affectionne particulièrement[43].
34
+
35
+ En 1976, Rowling intègre à onze ans le collège de Wyedean à Sedbury où travaille sa mère (au département des sciences)[6]. Joanne et Dianne peuvent ainsi conserver un contact quotidien avec leur mère qui, sans enseigner directement, intervient régulièrement durant les cours scientifiques[44].
36
+
37
+ « Tranquille, myope, couverte de taches de rousseur et nulle en sport »[45], elle découvre le théâtre de Shakespeare, avec notamment Le Roi Lear et Le Conte d'hiver, d'où le prénom de son personnage, « Hermione », a été tiré[46]. Durant cette période, sa grand-tante lui remet une copie de l'autobiographie de Jessica Mitford, Hons and Rebels[47] et Mitford devient un modèle pour Rowling, qui lit alors l'intégralité de son œuvre[48]. À la maison, les deux sœurs ont la possibilité de lire tous les livres présents sans aucune restriction[49]. Rowling commence à découvrir d'elle-même l'univers de Jane Austen à onze ou douze ans avec Orgueil et préjugé[49] et lit La Foire aux vanités de Thackeray à quatorze ans[49].
38
+
39
+ En cours, elle est impressionnée par Miss Shepherd, son enseignante d'anglais stricte à l'humour « mordant », qui se montre consciencieuse, féministe et passionnée par son métier[50]. Rowling précise plus tard qu'il s'agit de la seule enseignante à qui elle s'est confiée[51],[52]. Elle est aussi déstabilisée par l'enseignement du collègue et ami de sa mère[53], son professeur de chimie John Nettleship, surnommé Stinger (« celui qui pique ») par ses élèves[54]. En cours, Nettleship intimide par sa capacité à toucher au cœur des problèmes[55], n'hésitant pas à se montrer sévère ou sarcastique. Selon Nettleship, Rowling est à cet âge une « observatrice astucieuse »[56], timide, discrète, intelligente et ne montrant aucun intérêt pour les sciences[57]. L'enseignant se dit heureux et fier d'avoir vraisemblablement inspiré l'énigmatique professeur Rogue[55],[58],[57] : « J'avais l'habitude d'isoler un élève après l'autre pour lui poser une question, et Joanne était l'une des élèves les plus capables de la classe. […] Je crois que le manque de confiance que l’on perçoit chez Harry est aussi ce qu'elle ressentait dans certains domaines de sa scolarité »[55]. Un autre professeur d'anglais de Wyedean se souvient de Rowling comme de quelqu'un préférant s'exprimer dans ses écrits (pour lesquels elle excellait[59]) plutôt qu'oralement dans des discussions[60]. Il se souvient notamment de l'une de ses compositions intitulée Mon île déserte, écrite pendant une leçon sur le thème de la survie et inspirée par l'étude parallèle de Sa Majesté des mouches et de Walkabout[59].
40
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41
+ L'événement le plus difficile de son adolescence est la découverte de la maladie de sa mère, en 1980[61], alors que Rowling n'a que quinze ans. Les médecins diagnostiquent une maladie du système nerveux central : une sclérose en plaques[9]. L'état d'Anne Rowling se dégrade alors lentement mais de façon régulière[9].
42
+
43
+ Entre-temps, Rowling raconte à ses amis de longs récits nés de son imagination dans « un débit sec et ironique » qui lui est propre et qu'elle conservera plus tard dans son style d'écriture[62]. Elle se passionne pour les langues[63], la musique pop et le groupe The Smiths[15]. Elle apprécie également la chanteuse Siouxsie Sioux dont elle adopte le maquillage gothique pendant quelque temps[64]. Lors de sa dernière année à Wyedean[51], Rowling s'ouvre davantage au monde extérieur et gagne en maturité et en popularité[65]. Elle fait la connaissance de Sean Harris, qui deviendra son meilleur ami et propriétaire d'une Ford Anglia turquoise dans laquelle ils prendront régulièrement l'habitude de « s'échapper » de l’école[66]. C'est à lui que Rowling confie pour la première fois sa volonté de devenir écrivain[9]. Le même modèle que celui de sa voiture apparaît en clin d’œil à plusieurs reprises dans le deuxième roman Harry Potter, que l'auteure dédiera à son ami lors de sa publication[66]. Harris deviendra célèbre par la suite pour avoir été celui qui inspira officiellement le personnage de Ron Weasley[54],[67].
44
+
45
+ Pour son baccalauréat, Rowling choisit des matières essentiellement linguistiques, c'est-à-dire l’anglais, le français et l’allemand[15], où elle obtient de bons résultats à ses examens finaux (deux A et un B[15]).
46
+
47
+ En 1983, ses études secondaires étant terminées, Rowling fait une demande d’inscription à l’université d'Oxford[68], mais son dossier est refusé car son école d'origine ne jouit pas d’une bonne réputation[54]. Selon John Nettleship, Rowling aurait été refusée à Oxford pour la seule raison qu'elle était issue d'une école secondaire publique, au même titre que Laura Spence[68] (dont l'affaire fut suivie par la presse britannique en 2000[69]). Rowling est cependant acceptée à l’université d'Exeter[18], près de la côte Sud de l'Angleterre, où elle perfectionne son français et étudie la littérature antique pour satisfaire ses parents qui souhaitent qu'elle devienne secrétaire bilingue[70].
48
+
49
+ Lors de sa première année à Exeter, elle réside dans une petite chambre d'étudiant du bâtiment « Jessie Montgomery »[71] (aux Duryard Halls), puis au bâtiment « Lafrowda » à partir de l'année suivante[72]. Elle passe beaucoup de temps à la cafétéria du Devonshire House, un lieu où se regroupent de nombreux étudiants[73], et accorde à cette époque davantage d'importance à sa vie sociale — bien que demeurant de nature introvertie et solitaire[74] — plutôt qu'à sa réussite académique[73],[54],[15]. Martin Sorrell, son professeur de français et conseiller aux études à Exeter[75], se souvient « d'une étudiante compétente et tranquille, avec une veste en jean et des cheveux noirs, qui, en termes académiques, donnait l'impression de faire ce qui était nécessaire[8] ». D'autres professeurs décrivent encore une étudiante « rêveuse » ou quelqu'un « de très intériorisé n'étant pas en relation active avec le monde extérieur »[56],[54]. Régulièrement distraite, elle perd des polycopiés et oublie, en 1984, de s'inscrire à certains examens de fin d'année, abandonnant de ce fait les études de civilisation grecque et romaine[76],[15].
50
+
51
+ En 1985, elle est tenue de passer l'année en France pour son cursus[76] ; elle a le choix entre enseigner l'anglais dans une école française, étudier dans une université française ou travailler dans une entreprise française[76]. Rowling choisit la première option et s'inscrit à la Sorbonne dans le cadre d'un stage d'enseignement[76],[77],[78],[79]. Elle découvre cette année-là Le Conte de deux cités de Dickens[76], dans lequel le sacrifice du personnage de Sydney Carton pour sauver la vie de Charles Darnay, sur fond de Révolution française, marque profondément son esprit[80],[15].
52
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53
+ Elle retourne à Exeter pour effectuer sa dernière année et passe beaucoup de temps auprès des six-cent mille ouvrages que compte la bibliothèque du campus principal[81]. Cependant, elle s'y rend davantage pour son amour de la lecture que pour ses études[81]. C'est à cette période qu'elle découvre notamment l'univers de Tolkien en se consacrant durant plusieurs mois à la lecture du Seigneur des anneaux[82],[54]. En parallèle de son mémoire de licence (une dissertation de trois mille mots en français[81]), elle se porte volontaire pour aider à l'organisation d'une pièce de théâtre, Le Cosmonaute agricole d'Obaldia, mise en scène par son professeur de français Martin Sorrell[83]. Il s'agit d'un spectacle « drôle et plein de vie »[83] porté par des discussions philosophiques entre les personnages. Rowling est responsable du choix des costumes[83] et se montre très impliquée, ne manquant aucune répétition[84].
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55
+ En 1987, elle obtient un résultat moyen à ses examens avec un diplôme de « deuxième classe, seconde division »[75],[15]. Son mémoire de licence demeure son meilleur travail[81].
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+ Après ses études, Rowling s'installe dans un appartement à Clapham, au sud-ouest de Londres[85]. Elle enchaîne les emplois temporaires et travaille notamment au service de recherche d'Amnesty International en tant que secrétaire bilingue[85],[86]. Une expérience qui fut, selon ses propres termes, « l'une des plus formatrices » de sa vie[86]. Elle lit des lettres d'hommes et de femmes originaires d'Afrique francophone[87], menacés d'emprisonnement pour tenir informé le monde extérieur du régime « totalitaire » dont ils sont les sujets, ou encore les récits de témoins ou de victimes de torture, d'enlèvements ou de viols[86].
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+ « J'ai commencé à faire des cauchemars, littéralement des cauchemars, à propos de certaines choses que j'ai vues, entendues et lues. […] Mais le pouvoir de l'empathie humaine, menant à une action collective, peut sauver des vies et libérer des prisonniers. Les gens ordinaires, dont le bien-être personnel et la sécurité sont assurés, peuvent se réunir en grand nombre pour sauver des personnes qu'ils ne connaissent pas et ne rencontreront probablement jamais. Ma petite participation à ce processus a été à la fois l'une des plus grandes leçons d'humilité et une des expériences les plus inspirantes de ma vie[86]. »
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+ — J. K. Rowling (extrait de son discours à Harvard en juin 2008)
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+ Pendant ce temps, elle entame une vie parallèle en tant qu'écrivain, travaillant sur deux romans pour adultes qui n'ont a priori jamais été publiés[85],[15].
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+ En 1990[35], Rowling travaille à la chambre de commerce de Manchester[7], toujours en tant que secrétaire[88], et décide donc de s'installer dans cette ville avec son compagnon[9]. C’est lors d’un voyage en train de Manchester à Londres, plus long que prévu, qu’elle imagine l’histoire d'un garçon ignorant être un sorcier et recevant une invitation pour l'école de sorcellerie[9],[54]. Elle n'a rien pour écrire[9], mais passe son voyage à imaginer la situation et à identifier ses personnages, notamment Ron Weasley, pour lequel elle s'inspire de son ami Sean Harris[54], et Rubeus Hagrid[89]. Elle imagine aussi les fantômes de l'école. Plus tard, elle pioche des expressions et des fables dans les index géographiques et le dictionnaire Brewer[54],[90]. Pour l'école, elle imagine aussitôt un château datant du Moyen Âge et situé en Écosse[54], lieu de rencontre de ses parents. À son arrivée à la gare de King's Cross, beaucoup d'idées ont déjà pris forme et elle stocke des notes dans des boîtes à chaussures[88],[91].
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+ Anne Rowling meurt le 30 décembre 1990[9] des suites de sa maladie lorsque Joanne a vingt-cinq ans. Cette dernière ne fait que commencer l'écriture de Harry Potter et n'a pas encore eu l'occasion d'aborder le sujet avec sa mère[92]. Rowling surmonte sa douleur en détaillant davantage les sentiments de son héros orphelin, dès le premier roman[93].
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+ Rapidement licenciée de son travail à la chambre de commerce de Manchester[94], elle répond à une annonce dans The Guardian pour un poste de professeur d'anglais à Porto[7] et déménage au Portugal[15]. Le travail à mi-temps lui permet de se consacrer à son roman qui évolue beaucoup après la mort de sa mère[9]. La directrice adjointe de l’école où enseigne Rowling perçoit cette dernière comme étant nerveuse et anxieuse durant cette période[15].
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+ « Désormais, les sentiments de Harry envers ses parents disparus étaient devenus bien plus profonds et tangibles. C'est durant les premières semaines de mon séjour au Portugal que j'ai écrit mon chapitre préféré de L'école des sorciers : Le miroir du Riséd[9]. (J. K. Rowling) »
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+ Elle rédige les aventures de Harry dans son appartement (qu'elle partage alors avec deux autres Britanniques[15]), en écoutant le Concerto pour violon de Tchaïkovski[8], ou en s'installant dans les lieux fréquentés de Porto comme le café Majestic[95]. La librairie Lello & Irmao a longtemps obtenu la réputation d'avoir inspiré Rowling pour créer la librairie Fleury et Bott[96], ce que l'auteure a démenti en mai 2020 par le biais d'un tweet, en affirmant n'avoir jamais visité cette librairie ni même avoir eu connaissance de son existence[95],[97].
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+ Rowling se marie en octobre 1992 avec le journaliste de télévision portugais Jorge Arantes[98] et donne naissance à une fille en juillet 1993, qu'elle prénomme « Jessica », en hommage à Jessica Mitford[48]. Cependant, le mariage est un échec. Son mari se montre parfois violent[15] et le couple se sépare l'année suivante.
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+ Rowling retourne au Royaume-Uni avec sa fille pour s’installer dans un premier temps chez sa sœur et son beau-frère, dans leur maison de la rue du Marchmont à Édimbourg[15], puis dans un petit bâtiment à Leith, un district de la capitale de l’Écosse, où elle et sa fille vivent avec l'aide du gouvernement. Sept ans après avoir obtenu son diplôme de l'université, Rowling perçoit sa vie comme un « désastre »[99],[100]. Devant faire front à la mort de sa mère puis à une séparation violente, elle se retrouve de surcroît sans emploi avec un nourrisson à charge, qu'elle craint de voir mourir[99]. Au cours de cette période, une dépression clinique, se manifestant chez elle par une profonde torpeur, une apathie et une incapacité à imaginer un retour à une vie plus heureuse, est diagnostiquée chez Rowling[99]. Elle envisage le suicide[101],[102],[103]. Sa maladie et son état d'esprit lui ont notamment inspiré les Détraqueurs, les créatures maléfiques présentes dans Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban et répandant un sentiment de désespoir[104],[105]. Plus tard, en 2012, Rowling décrit cette période de sa vie comme ayant été une autre expérience particulièrement formatrice :
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+ « Cela a changé ma vision du monde. […] Les gens deviennent des statistiques, ils perdent leur individualité lorsqu'ils sont piégés dans la pauvreté. C'est une place humiliante où on est défini par des personnes n'ayant jamais vécu notre situation. Tous nos choix sont sous contrat. C'est vraiment, vraiment très difficile de s'échapper de cette situation[106]. »
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+ À Édimbourg, Rowling décide de reprendre l'enseignement, cette fois-ci à temps plein, ce qui l'incite à vouloir terminer au plus vite son premier livre pour ne pas être obligée de l'abandonner[9]. Elle se met donc au travail et écrit jour et nuit, déterminée à l'achever et tenter de le faire publier.
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+ Les endroits connus et préférés de Rowling pour écrire sont l'Elephant House[107] dans le centre-ville et le restaurant Nicolson's[108],[e] tenu par son beau-frère[109]. Là, elle commande un café pour pouvoir écrire son histoire jusqu'à ce que sa fille se réveille[9]. À cette époque, Rowling retape encore tous ses chapitres sur une vieille machine à écrire[110].
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+ Harry Potter à l'école des sorciers achevé en 1995[111],[112], Rowling envoie les trois premiers chapitres à un agent, qui les lui retourne aussitôt. Un second agent, Christopher Little, est intéressé et demande à l'auteure de lui envoyer la suite du roman pour tenter de le faire publier[113]. Après le refus successif de douze éditeurs (dont notamment Orion, Penguin et HarperCollins[112]), les originaux arrivent à Bloomsbury Publishing en août 1996[111], dans les mains de Barry Cunningham, le coordonnateur de la nouvelle division des livres pour enfants[114]. Alice Newton, la fille du directeur général de Bloomsbury, aime beaucoup le livre et son enthousiasme aurait influencé la décision de publier le roman[115]. Harry Potter à l'école des sorciers est finalement publié le 26 juin 1997[116]. La première édition n'est pas très importante : 1 000 exemplaires dont 500 sont destinés à des bibliothèques[111]. En 2005, un exemplaire de ces livres d'origine valait plus de 27 000 euros[117].
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+ À ce moment, son agent Christopher Little craint cependant que le groupe-cible de petits garçons rechigne à acheter des livres écrits par une femme et lui demande par conséquent d’utiliser les fameuses doubles initiales plutôt que de révéler son véritable prénom[118]. Elle obtient en parallèle un poste à l'Académie de Leith[119], comme professeur de français, ainsi qu'une bourse de la Scottish Arts Council[112]. Très rapidement, le livre s'inscrit dans la liste des meilleures ventes et la publication est suivie par les distinctions et les louanges : il remporte notamment le British Book Awards et le Children’s Book of the Year[120]. Les éditions Gallimard, sous la direction de Christine Baker, sont les premières à acheter les droits pour une traduction et à publier Harry Potter en dehors des frontières du Royaume-Uni[11] : « J'ai tout de suite été frappée par la maîtrise totale qu'avait cette jeune femme inconnue, précise Baker. Tous les éléments qui m'attiraient dans un texte : la véracité psychologique, la vivacité des dialogues, l'authenticité des sentiments, l'humour bien-sûr, l'inventivité… tout cela était présent. Un cocktail parfaitement bien mesuré. C'est très très rare pour un premier manuscrit[121] ». En 1998, Arthur Levine, des éditions Scholastic aux États-Unis, achète à son tour les droits pour une somme jamais atteinte par un livre pour enfant : 105 000 $[120].
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+ Rowling emménage alors dans un appartement plus sûr et plus spacieux pour elle et sa fille et entame une thérapie lui permettant de prendre du recul vis-à-vis de sa notoriété soudaine et oppressante[122]. L’argent gagné permet à Rowling de quitter définitivement l’enseignement et de se consacrer pleinement à l'écriture de Harry Potter. Elle réalise son rêve d'être écrivain à temps complet[9].
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+ J. K. Rowling devient millionnaire en juin 1999[54], entre les publications des tome 2 et tome 3. Elle refuse dans un premier temps les nombreuses propositions d'adaptations cinématographiques de ses romans, y compris celle de la Warner Bros. Mais après avoir vu les adaptations du Jardin Secret et de La Petite Princesse, qu'elle trouve particulièrement réussies et fidèles, elle décide de faire confiance à la Warner Bros[123]. En 2001, l'année même où est adapté Harry Potter à l'école des sorciers au cinéma, elle épouse en secondes noces le médecin Neil Michael Murray : cérémonie privée qui a lieu dans sa maison en Écosse[124]. En 2003, Rowling met au monde son fils David[125] et en 2005 naît sa deuxième fille, Mackenzie[125].
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+ Au quatrième livre, Harry Potter devient un phénomène de société et à sa sortie, adultes, adolescents et enfants font la queue pour l'acheter rapidement, au point que Harry Potter et la Coupe de Feu est pré-vendu en librairie à plus d’un million de volumes, et la première édition porte le chiffre record de 5,3 millions d’exemplaires[120]. Les sept romans se vendent successivement, à plus de 450 millions d'exemplaires au total[126]. Rowling se trouve à la tête d'une fortune estimée en 2008 par le Sunday Times à 560 millions de livres (environ 590 millions d’euros[127]), soit davantage que la reine Élisabeth II[128], ainsi qu'à la tête d’un « empire commercial » hollywoodien entraînant des records cinématographiques au box-office[122]. Bien que reconnaissante, l'auteure avoue parfois être agacée par ce virage commercial :
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+ « Cet aspect m’ennuie vraiment à mourir. […] Vraiment, il n’y a rien dans le côté commercial de mon travail que je ne refuserais de sacrifier en un claquement de doigts pour qu’on me laisse écrire deux petites heures de plus. Rien. Cela peut paraître affreusement ingrat, car les films m’ont rapporté des sommes incroyables et j’en suis très reconnaissante, mais ça ne m’intéresse pas[122]. (J. K. Rowling) »
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+
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+ Désormais à l'abri du besoin, l'auteure termine tranquillement l'écriture des Reliques de la Mort à l'Hôtel Balmoral d’Édimbourg le 11 janvier 2007[129], mettant ainsi un point final aux aventures romanesques de Harry Potter.
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+
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+ En octobre 2010, Rowling est nommée « Femme la plus influente de Grande-Bretagne » par les principaux éditeurs de magazines[130]. En dépit de son succès, elle mène une vie tranquille dans le Perthshire[131] et ne donne que peu d'interviews. En juillet 2011, elle décide de se séparer de son agent littéraire, Christopher Little, après seize ans de collaboration[132] et choisit une nouvelle agence fondée par l'un de ses employés, Neil Blair[8],[133]. L'auteure, qui souhaite couper tout lien avec Harry Potter dans sa démarche[134], met également un terme à sa collaboration avec Gallimard pour ses éditions en français, se tournant désormais vers Grasset[134]. En juin 2011, Rowling annonce par le biais d'une vidéo[135] qu'elle va ouvrir un site internet consacré à l'univers étendu de Harry Potter, Pottermore, sur lequel elle publiera régulièrement du contenu inédit (le site sera clôturé en 2019 et la plupart de son contenu déplacé sur le site WizardingWorld.com[136]).
100
+
101
+ Le 23 février 2012, sa nouvelle agence, Blair Partnership[133], annonce sur son site que J. K. Rowling fera publier un nouveau livre destiné aux adultes. En avril, Little, Brown and Company précise que le nouveau livre, intitulé Une place à prendre (The Casual Vacancy), sortira le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français). Dans ses trois premières semaines de sortie, Une place à prendre se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139]. La BBC adapte le roman en une mini-série télévisée, Une place à prendre, à laquelle Rowling collabore en tant que productrice exécutive[140].
102
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+ Elle entame en 2013 l'écriture d'une série de romans policiers mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé. L'identité de Rowling, dissimulée sous un nouveau nom de plume, Robert Galbraith, a été révélée par une indiscrétion au Sunday Times en juillet 2013[141],[142]. J. K. Rowling indique par la suite[143] qu'elle a toujours voulu s'appeler Ella Galbraith et que le choix de Robert comme prénom est un hommage à l'homme politique qu'elle admire beaucoup, Robert F. Kennedy, assassiné en 1968. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en France par Grasset et publié en novembre 2013[144]. La série fait également l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[145].
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+
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+ En 2016, J. K. Rowling associe son nom à un projet de pièce de théâtre autour de Harry Potter, acceptant de discuter des bases d'un script avec le dramaturge Jack Thorne et le metteur en scène John Tiffany, mais refusant d'en être elle-même rédactrice[146]. La pièce en deux parties, intitulée Harry Potter et l'Enfant maudit, est jouée le 30 juillet 2016[147] au Palace Theatre de Londres. Contrairement aux sept tomes de la série de Rowling, l'histoire de L'Enfant maudit relate principalement les aventures du cadet des enfants de Harry Potter après l'épilogue des Reliques de la Mort[148]. J. K. Rowling rappelle sur son compte Twitter que ce script, bien que publié sous forme de livre, n'est pas à considérer comme un « roman » Harry Potter[149].
106
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107
+ En parallèle de l'écriture de ses polars, J. K. Rowling devient à partir de 2016 scénariste pour le cinéma[150], élargissant son univers sorcier par le biais d'une nouvelle saga portée à l'écran, Les Animaux fantastiques, dont l'intrigue commence dans le New York des années 1920[151]. Ce nouvel environnement sorcier s'inscrit de ce fait plusieurs décennies avant les aventures de Harry Potter[152] et relate les aventures d'un héros adulte, le magizoologiste Norbert Dragonneau, ainsi que des jeunes Albus Dumbledore et Gellert Grindelwald[153].
108
+
109
+ En mai 2020, pendant la pandémie de Covid-19, Rowling annonce la publication d'un conte de fée politique « sur la vérité et l’abus de pouvoir », intitulé The Ickabog, qui est destiné aux enfants âgés de 7 à 9 ans[154]. Le projet, qui a pris naissance avant 2007, pendant l'écriture de Harry Potter (mais qui n'a aucun rapport avec son histoire), était destiné en premier lieu à ses deux plus jeunes enfants David et Mackenzie[154],[155]. Il a ensuite été mis de côté pendant plusieurs années, lorsque Rowling s'est consacrée à l'écriture de ses romans pour adultes[154]. Pendant son confinement au Royaume-Uni, elle décide de retravailler le texte avec David et Mackenzie (alors âgés de 15 et 17 ans), en vue de le publier en ligne entre le 26 mai 2020 et le 10 juillet 2020, sur le site dédié Theickabog.com[154]. Une publication du conte au format papier, e-book et audio est prévue pour novembre 2020 au Royaume-Uni[154], et une version en français, éditée par Gallimard Jeunesse, est également annoncée[156]. Des dessins réalisés par des enfants lecteurs sont sélectionnés lors d'un concours organisé par les éditeurs, afin d'illustrer les différentes publications[157]. J. K. Rowling précise sur son site officiel que tous les droits d'auteur seront reversés aux personnes touchées par la pandémie[154].
110
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111
+ Dès le départ, Rowling a en tête une saga en sept tomes[158], chaque tome relatant une année passée à l'école de magie Poudlard. Cinq ans ont été nécessaires pour mettre en place l'univers et construire le plan de chacun des romans Harry Potter[111],[158] (dix-sept années au total pour rédiger l'ensemble de l'heptalogie[159]). Avant même d'entamer l'écriture du premier roman, Rowling rédige également les biographies complètes de la plupart de ses personnages[158], non destinées à être publiées mais conservées à titre de supports personnels. Elle choisit de faire de Harry Potter un orphelin, à l'image des personnages de Charles Dickens[160],[161], ce qui lui permet de développer le sentiment de solitude de son héros dans le cheminement de sa quête et de sa personnalité[161]. À travers Harry Potter, Rowling crée un monde magique au sein de notre monde réel, séparé par un obstacle physique comme le mur de briques à l'arrière du Chaudron Baveur, à la manière du miroir d'Alice au pays des merveilles ou de l'armoire du monde de Narnia[162]. La magie en elle-même constitue un élément essentiel de son histoire :
112
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113
+ « La magie me fascine […]. Je pense qu'elle nous connecte à des choses essentielles sur la nature de l'être humain : ce qu'il est, ce qu'il souhaite, ce qu'il croit… Les enfants croient en la magie parce qu'ils cherchent à comprendre et contrôler leur monde. Mais nous avons tous ça en nous. Le monde est complexe et la plupart du temps insaisissable. Même si nous nous sommes tournés vers la science, je pense que nous avons tous gardé au fond du cœur quelques idées magiques. […] [Nos petits rituels personnels sont] une façon de vouloir contrôler ce que nous savons incontrôlable, comme notre vie[163]. »
114
+
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+ — J. K. Rowling en 2017.
116
+
117
+ Harry Potter semble ainsi appartenir typiquement à la fantasy, mais constitue néanmoins une adaptation assez singulière du genre[164]. Selon une étude réalisée par Youri Panneel et Manon Stas de Richelle[161], l'introduction d'un ton humoristique et de scènes burlesques dans le style d'écriture de Harry Potter contribuent à le distinguer au sein de ce courant[165]. J. K. Rowling confirme cette idée : « Si nous laissons de côté le fait que les livres parlent de dragons, de baguette magique et autres, les livres Harry Potter sont très différents des œuvres de la fantasy classique, surtout dans le ton[166] ».
118
+
119
+ L'auteure s'inspire des traditions européennes en matière de littérature[161] tout en personnalisant certains aspects qu'elle souhaite mettre en avant. Elle fait de l'école Poudlard un château médiéval[167] figé dans le temps, à l'instar de certains pensionnats anglais[168],[169]. Les élèves utilisent ici des plumes[170] pour écrire sur des rouleaux de parchemins[171], suivent des cours destinés à l'apprentissage de la magie (défense contre les forces du Mal, métamorphose, histoire de la magie, fabrication des potions…), approfondissent leurs connaissances en consultant principalement les livres anciens de la bibliothèque de l’école[172] et les lettres sont encore cachetées de cire[173]. L'auteure a inventé un grand nombre de mots et de sortilèges propres à son univers magique, tout en réutilisant des codes déjà présents dans la fantasy[174] (balais volants, baguettes magiques, mythologie…). En parallèle, toute technologie moderne de l'époque décrite (téléphones, ordinateurs, etc.), existante dans le monde « moldu » voisin et contemporain, demeure pour autant totalement absente au sein de cette institution magique où aucun objet de nature électronique ne peut fonctionner[175]. Les romans, même s'ils se veulent ancrés dans une atmosphère d'un autre temps, prônent de nombreuses valeurs très actuelles[176], comme le féminisme[177],[178] ou la révolte contre l'oppression[179] et les différentes formes de racisme[180]. En 2007, l'année de la publication du dernier tome de la série, Time Magazine nomme J. K. Rowling vice-championne du titre de la Personnalité de l'année, relevant l'inspiration sociale, morale et politique qu'elle aurait transmis à ses fans à travers Harry Potter[181].
120
+
121
+ Au total, les livres se sont vendus à plus de 500 millions d'exemplaires en 2018[182],[126] et Harry Potter a été traduit dans près de quatre-vingts langues[183],[184]. Il s’agit du premier cycle jeunesse ayant été lu simultanément par les enfants et leurs parents (pour environ la moitié des enfants lecteurs)[165]. Le succès de la série peut en partie s'expliquer par celui des huit films adaptés[185], dont les sorties successives au cours de la deuxième moitié des années 2000 ont concordé avec les publications des derniers romans. Les films ont permis aux lecteurs de voir évoluer les différents personnages incarnés[185] et d'obtenir une vision du monde magique, proposée par le concepteur Stuart Craig et correspondant fidèlement à l'imagination de Rowling[186],[187]. En outre, les premiers lecteurs de la série ayant eu le même âge que les personnages ont pu vieillir en même temps que les héros au fil de l'histoire, ce qui a permis une identification très forte[188].
122
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123
+ Le roman Une place à prendre (The Casual Vacancy) est publié le 27 septembre 2012[137] (le lendemain en français chez Grasset[189]). L'histoire commence par la mort brutale d'un conseiller paroissial d'un petit village de la campagne anglaise. Sa mort va provoquer une guerre sans merci entre les habitants, tous désireux d'occuper le poste vacant. Le livre est présenté comme une tragédie teintée d'humour noir, une « satire féroce des hypocrisies sociales »[190].
124
+
125
+ « Nous sommes une société incroyablement snob et il est fascinant d’explorer cet aspect. La classe moyenne est très drôle ; c’est celle que je connais le mieux et c’est aussi celle où l’on rencontre le plus de gens prétentieux. C’est ce qui la rend si hilarante[122]. (J. K. Rowling) »
126
+
127
+ Dans ses trois premières semaines de sortie, le roman se vend à plus d'un million d'exemplaires dans le monde entier[138], mais son accueil reste assez mitigé[139], certains estimant que le récit manque d'action et traîne en longueur[139],[190]. D'autres estiment que le vécu de Rowling (pauvreté et misère) se ressent dans la description des personnages, en particulier des adolescents particulièrement lucides, et que le lecteur retrouve le souci du détail qui lui est propre[190],[139]. L'ambiance et le décor sur fond de crise économique et sociale rappellent à d'autres les univers de Ken Loach ou de Billy Elliot[190].
128
+
129
+ Le 3 décembre 2012, il est annoncé que la BBC adapterait le roman en une mini-série télévisée. L'agent de Rowling, Neil Blair, travaille sur le projet comme producteur[140], par l'intermédiaire de sa société de production indépendante. Rowling collabore à l'adaptation en tant que productrice exécutive[140]. La série Une place à prendre a été diffusée en trois parties du 15 février au 1er mars 2015[191],[192], avec notamment les acteurs Monica Dolan et Michael Gambon.
130
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131
+ J. K. Rowling entame en novembre 2013[144] l'écriture d'une série policière mettant en scène un ancien soldat devenu détective privé, Cormoran Strike, et sa secrétaire et collaboratrice Robin Ellacott. Vétéran de la récente guerre d'Afghanistan où il effectuait des missions pour la Brigade spéciale d’investigation[193], le personnage de Cormoran Strike est revenu blessé (à la suite d'une explosion) et amputé d'une partie de la jambe droite, l'obligeant à porter une prothèse douloureuse. Son bureau est situé à Londres dans Denmark Street[194], près de Charing Cross Road. Sa secrétaire intérimaire, bien que discrète, se montre particulièrement efficace et les deux protagonistes vont naturellement faire équipe pour tenter de résoudre les enquêtes.
132
+
133
+ Pour construire ces romans, J. K. Rowling se base sur des récits factuels de vrais soldats[195]. Deux soldats en particulier parmi ses connaissances lui fournissent des renseignements très utiles pour établir le contexte et les antécédents de son héros[195]. Le premier tome de la série, L'Appel du Coucou, est édité en français par Grasset et publié le 6 novembre 2013[144].
134
+
135
+ Le deuxième roman, intitulé Le Ver à soie, est publié en français en octobre 2014[196]. Considéré comme « moins essoufflant » que son prédécesseur[197], le roman voit le héros enquêter sur la disparition d'un écrivain détesté par beaucoup de ses vieux amis pour les avoir insultés dans sa dernière production[198]. Pour l'écriture du troisième roman, dans lequel le personnage de Robin se retrouve au centre de l'intrigue, J. K. Rowling a recours à « une quantité incroyable de planifications » en utilisant des tableurs à codes couleurs pour mieux se repérer[199]. Au Royaume-Uni, La Carrière du mal est publié en octobre 2015[200] et sa traduction française en mars 2016[201]. Ce troisième roman est considéré par USA Today comme le meilleur de ce début de série[201], tandis que la NPR lui attribue une « exceptionnelle profondeur morale et émotionnelle »[201].
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+
137
+ Au printemps 2017, J. K. Rowling révèle le titre du quatrième roman via Twitter dans un « jeu du pendu » avec ses fans. Après de nombreuses tentatives infructueuses, les lecteurs ont finalement deviné le titre original : Lethal White[202] (Blanc mortel pour sa traduction française[203]).
138
+
139
+ Les Enquêtes de Cormoran Strike sont des best-sellers dans le monde entier et sont majoritairement salués par la critique et les lecteurs[204]. Après un démarrage parfois qualifié de « maladroit », voire d'« ennuyeux »[205], les lecteurs s'accordent à dire qu'ils retrouvent les personnages attachants et le « soin maniaque du détail » propres à J. K. Rowling[206],[207]. Les romans gagnent peu à peu en fluidité et en complexité[205], et pour The Toronto Star, les personnages de Strike et Robin forment « le plus formidable duo romanesque de mémoire récente »[201].
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141
+ La série fait l'objet d'une adaptation télévisée en 2017 pour BBC One[208], Strike, avec Tom Burke dans le rôle-titre[209] et Holliday Grainger dans le rôle de Robin[210]. Une nouvelle fois, Rowling s'associe au projet en tant que productrice exécutive[211].
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+ Sur une idée du producteur Lionel Wigram[212], J. K. Rowling développe en 2015 (d'après son propre livre-guide Les Animaux fantastiques) les aventures d'un nouveau héros, Norbert Dragonneau, au sein du même univers étendu que celui de Harry Potter, mais situé soixante-cinq ans plus tôt dans sa chronologie[213]. Wigram souhaitait en effet, après la fin de Harry Potter au cinéma, développer les possibilités qu'offrait le petit livre écrit en 2001 pour l'association Comic Relief. « Norbert est sorti des pages du livre », affirme Wigram[212]. « Je ne pouvais m'empêcher de l'imaginer en train de crapahuter dans toutes sortes de lieux exotiques et dans d'innombrables aventures qu'il vivrait en chemin »[212].
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+ La première partie de cette nouvelle saga, sortie en 2016, suit les aventures de Norbert, timide magizoologiste, dans la ville de New York en 1926[213], où il fait escale avant de poursuivre son voyage vers l'Arizona[214]. Sa valise, contenant de nombreuses créatures magiques, s'ouvre par mégarde et les animaux s'échappent dans la ville. Le héros, en s'alliant à un non magicien et à deux sorcières, va faire son possible pour récupérer toutes ses créatures sans qu'elles se blessent et sans se faire arrêter par les aurors du Congrès Magique américain.
146
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147
+ Ainsi, les créatures et le personnage de Norbert Dragonneau (interprété par Eddie Redmayne) sont adaptés du petit répertoire, tandis que la nouvelle histoire originale, les autres personnages ainsi que « l'extension » de l'univers magique[215] sont développés pour l'occasion par J. K. Rowling, qui décide pour la première fois de s'occuper elle-même du script et d'écrire pour le cinéma.
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149
+ « Je crois qu'elle a vraiment aimé l'idée. Elle n'a rien dit, puis elle est revenue avec sa propre histoire, une histoire complètement différente, meilleure, plus riche, plus fantastique : la sienne[213]. »
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+ — Lionel Wigram
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+ Selon le réalisateur David Yates (également réalisateur des quatre derniers films Harry Potter), même si l'histoire de Norbert Dragonneau comporte des détails similaires à celle de Harry Potter[216], elle s'avère complètement nouvelle[217]. L'histoire s'ouvre sur un monde magique hors de Poudlard[218] où l'époque, le pays et la culture sont tout à fait différents[219]. Cependant, il s'agit aussi pour Rowling — qui a conçu l'intrigue principale de ces cinq films dès 2016[220],[221] — d’une « opportunité incroyable de raconter des parties de l'arrière-plan qui n'ont jamais été intégrées aux livres [Harry Potter] »[220].
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+ Le premier film obtient globalement un bon accueil de la part des spectateurs avec une note de 7,4/10 pour 275 887 avis sur l'Internet Movie Database et un score de 79 % évalué sur 85 613 avis sur Rotten Tomatoes. Il est également apprécié par la critique. Selon Wendy Ide de The Guardian, le film « se pose à un tournant très divertissant vers l'âge du jazz américain et insuffle une nouvelle vie à la franchise Potter », ajoutant qu'« en abordant les thèmes de la société divisée et de la persécution des minorités, le film se retrouve parfaitement ancré dans le temps »[222]. Pour Ouest-France, le film multiplie notamment les références aux classiques de la comédie américaine des années 1940, dans un New York des années 1920 « richement reconstitué »[223].
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+ Le second volet, sorti en 2018[224], fait interagir Norbert avec un personnage déjà apparu dans Harry Potter : Albus Dumbledore, avant que celui-ci ne devienne directeur de l’école de Poudlard[153]. Le film, localisé principalement à Paris[225], fait également apparaître pour la première fois le personnage de Nicolas Flamel[226], inspiré du célèbre copiste français du XIVe siècle[227] et mentionné précédemment dans Harry Potter à l'école des sorciers comme étant le créateur de la pierre philosophale[227] grâce à laquelle il aurait vécu plus de 665 ans[228].
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+ « Mes héros sont toujours des gens qui se sentent exclus, stigmatisés ou ostracisés. C'est au cœur de la plupart de mes œuvres[229]. »
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+ — J. K. Rowling
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+ Pour David Yates, il s'agit d'un trait caractéristique de J. K. Rowling que de s'intéresser « aux marginaux, aux incompris ou à ceux qui sont en léger décalage avec la société »[230]. C'est le cas de nombreux personnages de ses histoires, comme Norbert Dragonneau[230], Luna Lovegood[231], Cormoran Strike[232], Remus Lupin[233] ou encore Croyance Bellebosse[234]. Les producteurs parlent aussi d'un éloge « à la Rowling[230] » de l'amitié improbable entre deux personnages que tout semble opposer (le brusque Cormoran et la délicate Robin[235], le distant Norbert et le tendre Jacob, l'autoritaire Hermione et le désinvolte Ron, etc.), en étant bien souvent, comme le soulève Eddie Redmayne, amené à une situation où chacune des personnalités distinctes en vient à « tirer le meilleur de l’autre[236] ». Pour Jacky Bornet, rédacteur Culture chez France Télévisions, les personnages variés de J. K. Rowling seraient même destinés à « sceller leur amitié » grâce à la marginalité qu'ils ont en commun[237].
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+ Selon David Heyman, J. K. Rowling aurait mis en valeur, dans ses histoires du monde sorcier, des thèmes « intemporels et émouvants », qui invitent à la réflexion : la peur des autres s'associant à un monde divisé[218], le sentiment d'être un étranger à la recherche d'une famille[218] ou encore la nécessité d'être soi-même[218]. D'autres thèmes sont régulièrement soulevés : les questions écologiques et politiques notamment, qui influent sur la manière dont notre société fonctionne[230]. Rowling dit « [se méfier] des gens qui veulent le pouvoir » d'une manière générale, en pensant que cela se ressent clairement dans ses livres[238]. La discrimination et la répression sont particulièrement présentes, notamment dans son univers sorcier[230],[239].
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+ J. K. Rowling explore « le cœur de la condition humaine »[212], en abordant les idées et les thèmes profonds d'une manière « accessible et divertissante » selon Lionel Wigram[212]. Heyman soutient cette idée en affirmant qu'un équilibre émane de ses textes entre les éléments sombres qui apportent une dimension de danger et d'émotion, et les éléments plus légers et plus drôles[240]. Selon Heyman, ce flux maîtrisé entre l'humour et la mort contribue à rendre son univers réaliste[240].
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+ L'amour est également un thème important pour J. K. Rowling, bien qu'il soit distillé avec une certaine retenue dans son œuvre, l'auteure appréciant elle-même lorsque toute « mièvrerie » peut être évitée[241]. Mais selon elle, le fait d'être « humain » signifie être capable d'aimer[242]. Dans son univers, il s'agit régulièrement d'histoires d'amour inattendues ou compliquées, voire impossibles. C'est le cas dans Les Enquêtes de Cormoran Strike entre le détective et sa collaboratrice (avec laquelle il s'interdit d'entretenir une relation autre que très cordiale[195],[243]), dans Harry Potter entre le mangemort Rogue et la mère du héros, Lily Potter[244], mais également dans Les Animaux fantastiques entre le Non-Maj Jacob Kowalski et la sorcière Queenie Goldstein[245].
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+ Concernant les livres pour enfants, Rowling mentionne toujours Le Cheval d'argent (Le Secret de Moonacre) d'Elizabeth Goudge et les personnages enfants « très réalistes » des livres d'Edith Nesbit[246]. Selon ses termes, J. K. Rowling s'identifie à Edith Nesbit plus qu'à tout autre auteur[246]. Un autre classique pour enfants ayant probablement inspiré Rowling est Le Vent dans les saules de Kenneth Grahame, qui est considéré comme l'un des principaux représentants de la fantasy animalière[247]. En effet, quelques similitudes de tempérament sont affichées entre les personnages-animaux de l'œuvre de Grahame et les personnages humains de Rowling, et il s'agit de son livre pour enfants préféré, qui lui était lu par son père[248].
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+ L'influence qui vient de J. R. R. Tolkien et de son ami C. S. Lewis existe, mais est discutée. Dans sa biographie, Rowling précise qu'elle aimait Le Seigneur des anneaux et Les Chroniques de Narnia, bien qu'elle ne les ait jamais terminés ni l'un ni l'autre[249]. Selon elle, faire des liens entre l'œuvre de Tolkien et son travail s'avère un peu rapide et facile. Elle ajoute à propos de cette influence : « Tolkien a créé tout un ensemble autour de la mythologie. Je ne pense pas que quiconque puisse dire que j'ai fait de même, du moins à même échelle. Par ailleurs, jamais Tolkien n'aurait introduit un personnage comme Dudley Dursley[166] ». En ce qui concerne l'influence de C. S. Lewis, elle a précisé qu'elle avait pensé à la voie menant à Narnia par le biais de l'armoire magique lorsque Harry franchit la barrière de King's Cross[250].
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+ J. K. Rowling évoque elle-même de nombreuses œuvres et auteurs l'ayant inspirée ou marquée, comme Les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer[251], Dickens durant son adolescence[15], Anna Sewell et Black Beauty[23], Jane Austen et son analyse des comportements humains « de manière peu sentimentale et pourtant émouvante[252] » (comme dans Emma[253]), ou encore Jessica Mitford et son engagement dans la guerre civile espagnole[254] : « J'aime la façon dont elle n'a jamais dénié certains aspects de l'adolescence, en restant fidèle à ses convictions politiques toute sa vie[48] ». L'auteure cite également Louisa M. Alcott : « j'étais timide et je passais pas mal de mon temps à la bibliothèque à rechercher des héros qui me ressemblaient. Je me souviens de Jo March, qui avait du caractère[255] ».
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+ Dans le cadre d'une interview accordée à Amazon en 1999, Rowling mentionne Roddy Doyle comme étant son écrivain vivant favori[256]. Elle ajoute qu'il lui arrive souvent de parler de Doyle et de Jane Austen de la même façon : « Je pense que ça rend les gens perplexes parce que ce sont deux écrivains très différents. Mais ils ont tous deux une approche très neutre de la nature humaine. Ils peuvent très bien aborder le sujet sans pour autant devenir mièvres »[241]. Dans une autre entrevue pour le magazine O, The Oprah Magazine en 2001, J. K. Rowling avoue être profondément marquée par le style de Doyle, par le réalisme et la « subtilité » avec lesquels il traite ses personnages féminins[257].
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+ J. K. Rowling fait référence à la chrétienté dans le septième roman de Harry Potter[248]. Par exemple, lors de la visite du cimetière à Godric’s Hollow, Harry et Hermione lisent des citations sur les pierres tombales. Celle des parents de Harry comprend l’inscription « Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort » qui est tiré de la première épître aux Corinthiens (chapitre 15, verset 26) et sur la pierre tombale de la mère et la sœur de Dumbledore, on peut lire « Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » tiré de L'Évangile selon St Matthieu (chapitre 6, verset 21). Selon Rowling : « Ces livres se passent en Angleterre, il est donc logique que Harry trouve des inscriptions bibliques sur les pierres tombales. Mais de plus, ces citations résument toute la série[248] ».
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+ Pour les créatures fantastiques de son univers sorcier, J. K. Rowling avoue avoir pris des libertés vis-à-vis du folklore et de la mythologie[258]. Pour elle, le folklore britannique, tout en étant « l'un des plus riches et variés au monde », conserve un côté « bâtard », car il est le résultat de la fusion des nombreuses cultures apportées par les envahisseurs et occupants successifs de l'Angleterre[258]. Ainsi elle assure n'avoir eu aucun scrupule à emprunter librement quelques références, à la condition d'y ajouter des détails qui lui sont propres[258].
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+ J. K. Rowling soutient publiquement le Parti travailliste pour lequel elle fait don en 2008 de 1 000 000 £ (1,1 million €) la veille de la Conférence du parti, et la même somme pour les élections générales de 2010[259]. Elle affirme ainsi :
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+ « Je pense que les familles pauvres et vulnérables s'en tireront beaucoup mieux sous le parti travailliste que sous le parti conservateur de Cameron. Gordon Brown a introduit des mesures qui sauveront autant d'enfants que possible d’une vie sans opportunités ni choix. Le parti travailliste a renversé la tendance sur le long terme dans la pauvreté chez les enfants et il est en tête des pays de l’UE dans ce même combat[259]. (J. K. Rowling en 2008) »
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+ Elle est par ailleurs une amie de Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, avec laquelle elle a travaillé pour des œuvres de charité[260].
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+ L'auteure s'est prononcée en faveur du maintien de l'Écosse dans le Royaume-Uni lors du référendum sur l'indépendance de l'Écosse en 2014, faisant don d'un million de livres (1,2 million d'euros) pour le collectif Better Together[261]. J. K. Rowling s'est également positionnée pour le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne lors du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne en 2016[262],[263]. Elle s'en est ainsi pris au leader europhobe et pro-Brexit Nigel Farage au lendemain du référendum[264]. Rowling a clamé sa fierté de faire partie de la « minorité indécente » qui avait voté « contre » la sortie du Royaume-Uni[265].
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+
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+ En 2019, elle collabore à l'écriture d'un livre intitulé A Love Letter to Europe: An outpouring of love and sadness from our writers, thinkers and artists (traduction littérale : « Lettre d’amour à l’Europe : un flot d’amour et de tristesse de la part de nos écrivains, penseurs et artistes ») : une collection de lettres écrites par des personnalités de Grande-Bretagne pour montrer leur désaccord envers le Brexit[266]. L'ouvrage est publié le 31 octobre 2019[267], et la lettre de J. K. Rowling est retranscrite par The Guardian[268].
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+
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+ Internationalement, elle s'est opposée au boycott culturel d'Israël et a fondé un réseau, Culture for Coexistence, tout en mentionnant son opposition au Premier ministre Benjamin Netanyahu[269],[270].
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+ Pendant les élections présidentielles américaines, elle a soutenu Barack Obama en 2008 et Hillary Clinton en 2016[271],[272]. Fin janvier 2017, la prise de position de l'auteure sur son compte Twitter face à la politique menée par Donald Trump et notamment contre le décret de ce dernier interdisant aux ressortissants de pays musulmans d'entrer sur le sol américain[273], a provoqué une vague d'indignation de la part de certains de ses fans s'affichant pro-Trump. L'auteure a posté des captures d'écran de certains messages violents ou indignés qui lui étaient adressés, notamment celui d'une internaute précisant avoir brûlé tous ses livres Harry Potter après dix-sept ans de lecture assidue et se disant « dégoûtée » par le comportement de J. K. Rowling[274]. Un message auquel l'auteure a répondu : « on peut encourager une fille à lire des livres sur la montée et la chute d’un autocrate, mais on ne peut pas la forcer à réfléchir[275] ». Peu de temps avant cela, Rowling venait de publier une citation de Winston Churchill : « Vous avez des ennemis ? C'est bien. Cela signifie que vous vous êtes battus pour quelque chose au moins une fois dans votre vie[273] ». En contre-partie, de nombreux fans amusés des échanges ont apporté leur soutien à l'auteure[275] et parmi eux, Emma Watson[276].
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+
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+ En décembre 2019, J. K. Rowling affiche son soutien à Maya Forstater, une chercheuse britannique ayant été licenciée après avoir affirmé que personne ne pouvait « changer son sexe biologique »[277],[278]. Selon Rowling, la scientifique aurait été injustement licenciée pour avoir simplement déclaré que « le sexe [était] réel ». À la suite de son soutien public, l'auteure est à son tour accusée de « transphobie » par certains fans et médias[279],[280].
198
+
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+ En juin 2020, elle provoque la colère des militants de la cause trans en associant les termes « femme » et « personne qui a des règles »[281],[282], en n'incluant pas explicitement les femmes trans dans ses commentaires, voire en sous-entendant, selon Télérama, que les femmes trans ne sont pas des femmes[283] ; des propos qui lui valent d'être qualifiée de féministe TERF[284]. Par la suite, Rowling précise qu'elle « [respecte] le droit de toute personne trans à vivre sa vie de la façon qui lui paraît la plus sincère et confortable »[282]. Selon elle, « si le sexe n'est pas une réalité, alors il n'y a pas d'attirance pour les personnes de même sexe. Je connais et j'aime des personnes trans, mais effacer le concept de sexe retire à beaucoup la capacité de discuter vraiment de leurs expériences »[282]. De nombreux internautes lui reprochent alors de confondre les notions de sexe (biologie) et de genre (relatif à la construction sociale)[282],[285]. Le 10 juin 2020, elle publie un long article sur son site officiel, dans lequel elle explique plus en détail ses préoccupations et son point de vue[286],[287]. Elle estime notamment — en évoquant les violences conjugales et sexuelles dont elle a été victime dans les années 1990[286] — que permettre aux femmes trans d'accéder à des espaces unisexes peut être dangereux pour les « femmes de naissance » (cisgenres)[286].
200
+
201
+ Le Monde évoque par la suite des débats qui « se polarisent »[284], entre les personnes qui dénoncent ou se désolidarisent des propos de J. K. Rowling (certains acteurs de Harry Potter[283],[288],[289], les communautés et sites de fans[284],[290], etc.) et les personnes qui la soutiennent ou qui estiment que ses propos ont été mal interprétés ou exagérés[284],[291],[292]. Pour Olivia Chaumont, militante de la cause trans, Rowling cherche à « nie[r] l’identité de genre » en niant le fait qu'une personne née « génétiquement homme » puisse devenir « socialement femme »[293]. Cependant, du fait de son empathie envers les personnes trans vulnérables, l'accuser de « transphobie » serait, selon Chaumont, inapproprié[293]. L'Express met aussi l'accent sur « l'hystérisation des débats dès qu'ils entrent dans l'arène des réseaux sociaux », et la position délicate dans laquelle s'est placée J. K. Rowling en abordant ce sujet de société sur un site comme Twitter[294].
202
+
203
+ J. K. Rowling se considère croyante, bien que « difficilement » selon ses propres termes, éprouvant beaucoup de doutes, y compris au sujet de l'existence de « Dieu »[295]. Seule membre de sa famille à se rendre régulièrement à la messe, elle a été baptisée tardivement[17].
204
+
205
+ En 2003, le cardinal Ratzinger, futur pape Benoît XVI, s'est officiellement opposé à la série Harry Potter, qui selon lui faisait figure de « tromperies subtiles qui pourraient passer inaperçues et par là même pervertir profondément le christianisme dans l'âme[296],[297] ». En 2008, L'Osservatore Romano publie une controverse au sujet de la série, intitulée « Le double visage de Harry Potter », confrontant deux points de vue opposés sur la dimension morale de l'histoire[298],[299]. Par ailleurs, plusieurs groupes de chrétiens fondamentalistes ont dénoncé les livres Harry Potter, prétendant qu’ils prônaient la sorcellerie[300]. Face à ces accusations, J. K. Rowling se défend : « Je vais à l’église, mais je n’ai aucun lien avec les aliénés qui se situent aux extrêmes de ma religion. Personnellement, je pense qu'on peut voir cela dans mes livres. Poudlard est bien sûr une école multiconfessionnelle. Je n'ai jamais eu l'intention de convertir qui que ce soit au christianisme, je ne veux pas faire ce qu'a fait C. S. Lewis. Il est tout à fait possible de vivre une vie morale sans croire en Dieu, tout comme vivre une mauvaise vie en croyant en Dieu[301],[302] ».
206
+
207
+ En 2000, elle crée le Volant Charitable Trust, qui utilise son budget annuel d'environ 5 000 000 £[303] (5,6 millions €) pour combattre la pauvreté et l’inégalité sociale. Une partie de ces fonds est également reversée à des associations d’aide aux enfants, aux familles monoparentales et à la recherche sur la sclérose en plaques[304].
208
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209
+ Rowling écrit à la main Les Contes de Beedle le Barde, un recueil des contes mentionnés dans Les Reliques de la Mort, en seulement sept exemplaires dont six destinés principalement à ses proches. Le septième est vendu lors d’une mise aux enchères le 13 décembre 2007 à Sotheby's au profit de l’association The Children Voice pour un montant de 1 950 000 £[305] (2,2 millions €). L’ouvrage est finalement publié début décembre 2008[306]. Rowling déclare : « Cela signifie tellement pour les enfants en situation de besoin. Noël arrive en avance pour moi[307],[308]. »
210
+
211
+ S'étant déjà retrouvée en position de parent isolé, Rowling devient ambassadrice de l’association caritative One Parent Families en 2000 dont elle est l'actuelle présidente[309]. Rowling écrit, en collaboration avec Sarah Brown, épouse de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, un recueil d’histoires pour enfants dont les bénéfices vont à One Parent Families[310].
212
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213
+ En 2001, l’association britannique de lutte contre la pauvreté Comic Relief demande à trois auteurs populaires[f], dont J. K. Rowling, de publier de petits livres reprenant les thèmes de leurs plus gros succès[311]. Les deux publications de Rowling, Les Animaux fantastiques et Le Quidditch à travers les âges, sont présentées comme des facsimilés de livres présents dans la bibliothèque de Poudlard, et font figurer sur leur couverture le nom de leur auteur fictif respectif : Newt Scamander et Kennilworthy Whisp. Depuis leur sortie en mars 2001, ces livres ont rapporté 15 700 000 £ (17,6 millions €). Les 10 800 000 £ (12,1 millions €) récoltés hors du Royaume-Uni ont été collectés via une nouvelle association, l’International Fund for Children and Young People in Crisis (le Fonds international pour les enfants et les jeunes gens en crise)[312].
214
+
215
+ En 2005, Rowling et la députée européenne Emma Nicholson fondent le Children's High Level Group[313],[314] (CHLG, ou « Groupe de Haut Niveau pour l’Enfance »), qui sera rebaptisé Lumos en 2010[315]. En janvier 2006, Rowling se rend à Bucarest pour dénoncer l’utilisation des lits-cages dans les institutions psychiatriques pour enfants[314].
216
+
217
+ Le 27 juillet 2012, J. K. Rowling participe à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Londres, récitant un passage de Peter Pan de J. M. Barrie[g] dans le cadre d'un hommage à l'hôpital pour enfants de Great Ormond Street[316] (récipiendaire des droits d'auteur de Peter Pan dès 1929 selon la volonté de Barrie). Il s'ensuit un tableau durant lequel un Voldemort géant[316] est vaincu par des dizaines de Mary Poppins[317].
218
+
219
+ Rowling soutient la recherche et le traitement de la sclérose en plaques[318],[319]. En 2006, elle contribue substantiellement à la création d'un nouveau centre de médecine régénérative à l'université d'Édimbourg, nommée « Clinique de neurologie régénérative Anne Rowling » en mémoire de sa mère, morte en 1990 du fait de cette maladie[320]. En 2010, elle fait don de 10 millions de livres supplémentaires à la clinique[321], puis, en 2003, prend part à une campagne visant à établir une norme nationale de soins pour les personnes atteintes de la maladie[322].
220
+
221
+ En 2009, elle retire son soutien à la Société canadienne de la sclérose en plaques en évoquant l'incapacité de cette dernière à résoudre une querelle persistante entre les branches nord et sud de l'organisation, ayant miné le moral et entraîné la démission de plusieurs de ses membres[322].
222
+
223
+ En 2019, J. K. Rowling annonce qu'elle versera 19 millions de dollars supplémentaires à la clinique Anne Rowling[323],[324].
224
+
225
+ En mai 2008, la chaîne de librairies Waterstones demande à J. K. Rowling et à d'autres auteurs[h] d'écrire une brève histoire sur une carte postale de format A5. Les cartes ont ensuite été vendues aux enchères pour l'association caritative Dyslexia Action et le PEN club international. La contribution de J. K. Rowling était un Prologue à Harry Potter, un texte de 800 mots mettant en scène le père de Harry, James Potter, et son parrain Sirius Black trois ans avant la naissance de Harry[325],[i]. Le texte a été mis en ligne en juin 2008 mais la carte manuscrite originale a été volée lors d'un cambriolage en mai 2017[326],[327].
226
+
227
+ Le 1er et 2 août 2006, elle lit des passages de ses romans, aux côtés de Stephen King et John Irving, au Radio City Music Hall de New York. Les bénéfices de l'événement sont reversés à la Fondation Haven, une organisation caritative venant en aide aux artistes et personnes non assurables dans l'incapacité de travailler, ainsi qu'à l'ONG Médecins sans frontières[328]. En mai 2007, Rowling a promis un don de plus de 250 000 £ à un fonds de récompense lancé par le tabloïd News of the World pour le retour en toute sécurité de Madeleine McCann, une fillette britannique disparue au Portugal[329]. Rowling, ainsi que Nelson Mandela, Al Gore et Alan Greenspan, ont écrit une introduction à une sélection de discours de l'ancien Premier ministre Gordon Brown, dont le produit a été remis au laboratoire de recherche Jennifer Brown[330].
228
+
229
+ La révélation du nom de J. K. Rowling en tant que véritable auteure de L'Appel du coucou en 2013 a mené à une augmentation massive des ventes du livre en question, après quoi Rowling a annoncé qu'elle reverserait tous ses droits d'auteur au Fonds de bienfaisance de l'armée, ajoutant que cela avait été son intention dès le départ mais qu'elle n’avait pas prévu que le livre se vende aussi bien[331].
230
+
231
+ Rowling est membre des PEN club anglais et écossais. Elle a fait partie des cinquante auteurs à contribuer à l'action « First Editions, Second Thoughts », une vente aux enchères de charité. Chaque auteur devait annoter une copie de la première édition de l'un de ses livres : dans le cas de Rowling, Harry Potter à l'école des sorciers. Le livre était le lot le mieux vendu de l'événement, s'élevant à 150 000 livres sterling[332].
232
+
233
+ Rowling soutient également le Shannon Trust, qui dirige le plan de lecture Toe by Toe et le plan de lecture Shannon dans les prisons britanniques, aidant et proposant un tutorat aux détenus illettrés[333].
234
+
235
+ En 2020, pendant la pandémie de Covid-19, l'auteure fait don d'un total de 1,13 million d’euros, destiné à deux associations britanniques : Crisis (en), qui vient en aide aux personnes sans logis, et Refuge (en), qui lutte contre les violences domestiques pendant le confinement[334],[335].
236
+
237
+ Pour son travail artistique et sa bienfaisance, J. K. Rowling a remporté plusieurs honneurs et distinctions. Les plus importants sont énumérés ci-dessous :
238
+
239
+ Elle a obtenu plusieurs doctorats honoris causa :
240
+
241
+
242
+
243
+ Un téléfilm américain, intitulé J. K. Rowling : La Magie des mots, est diffusé depuis le 18 juillet 2011[371] sur Lifetime et régulièrement diffusé sur TF1[372]. Il s'agit d'un film biographique réalisé par Paul Kaufman et centré sur l'enfance et le début de carrière de la romancière. Son rôle est interprété par l'actrice australienne Poppy Montgomery.
244
+
245
+ J. K. Rowling a précisé en février 2015 qu'elle ne souhaitait pas voir ce film[373].
246
+
247
+ : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
248
+
249
+ Biographies et entretiens
250
+
251
+ Romans
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253
+ Analyses
254
+
255
+ Autres
256
+
257
+ Sur les autres projets Wikimedia :
258
+
259
+ L'école des sorciers (1997)
260
+
261
+ La Chambre des secrets (1998)
262
+
263
+ Le Prisonnier d'Azkaban (1999)
264
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265
+ La Coupe de feu (2000)
266
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267
+ L'Ordre du Phénix (2003)
268
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269
+ Le Prince de sang-mêlé (2005)
270
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+ Les Reliques de la Mort (2007)
272
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273
+ L'Enfant maudit (2016)
274
+
275
+ Vie et habitat des animaux fantastiques (2001)
276
+
277
+ Les Animaux fantastiques (2016)
278
+
279
+ Les Crimes de Grindelwald (2018)
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+ Les Animaux fantastiques 3 (2021)
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+ La Joconde, ou Portrait de Mona Lisa, est un tableau de l'artiste Léonard de Vinci, réalisé entre 1503 et 1506 ou entre 1513 et 1516[1],[2], et peut-être jusqu'à 1519 (l'artiste étant mort cette année-là, le 2 mai)[3], qui représente un portrait mi-corps, probablement celui de la Florentine Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo. Acquise par François Ier, cette peinture à l'huile sur panneau de bois de peuplier de 77 × 53 cm est exposée au musée du Louvre à Paris. La Joconde est l'un des rares tableaux attribués de façon certaine à Léonard de Vinci.
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+ La Joconde est devenue un tableau éminemment célèbre car, depuis sa réalisation, nombre d'artistes l'ont pris comme référence. À l'époque romantique, les artistes ont été fascinés par ce tableau et ont contribué à développer le mythe qui l'entoure, en faisant de ce tableau l’une des œuvres d'art les plus célèbres du monde, si ce n'est la plus célèbre : elle est en tout cas considérée comme l'une des représentations d'un visage féminin les plus célèbres au monde[4]. Au XXIe siècle, elle est devenue l'objet d'art le plus visité au monde, devant le diamant Hope[5], avec 20 000 visiteurs qui viennent l'admirer et la photographier quotidiennement[6].
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+ La Joconde est le portrait d'une jeune femme, sur fond d'un paysage montagneux aux horizons lointains et brumeux. Elle est disposée de trois quarts et représentée jusqu'à la taille, bras et mains compris, regardant le spectateur, ce qui est relativement nouveau à l'époque et rompt avec les portraits jusque-là répandus, qui coupent le buste à hauteur des épaules ou de la poitrine et sont entièrement de profil[7].
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+ La femme porte une robe vert sombre en soie plissée sur le devant, avec des manches jaunes. Elle est ornée d'entrelacs dorés et d'une broderie au décolleté. Un voile noir translucide couvre la chevelure et est bien visible sur le haut du front. Cette sorte de mantille plaque les cheveux crêpés ou finement bouclés qui tombent sur les épaules. Les yeux étroits sont nettement cernés et le regard semble suivre le spectateur même lorsqu'il se déplace car il est perpendiculaire au plan de l’image. Le corsage décolleté dégage la gorge et la poitrine jusqu'à la naissance des seins et l'esquisse de l'épaule gauche, ce qui adoucit la sévérité de son voile. Une légende tenace née de la présence de ce voile grège et de l'absence de bijoux veut que Mona porte le deuil de sa fille Camilla morte en 1499. En réalité, ses vêtements sombres sont dus à l'obscurcissement des vernis successifs, le voile noir est une coiffure traditionnelle à cette époque et l'absence de bijoux résulte aussi bien du choix du peintre que du modèle de ne céder ni à la vanité, ni à la mode bien que Mona Lisa soit une femme aisée. Le propos de ce portrait vise ainsi à souligner l'intemporalité de son expression psychologique[8]. La région du cœur, avec la couleur claire de la peau qui tranche sur le vêtement foncé, se trouve au centre du tableau, au croisement de ses deux diagonales.
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+ Le visage est totalement épilé, ne présentant ni cils, ni sourcils. Selon l'hypothèse de Daniel Arasse, confirmée par une analyse spectrographique en 2004, les sourcils et les cils de Mona Lisa auraient été effacés vers le milieu du XVIe siècle par un inconnu, car les femmes de la bonne société avaient adopté à cette époque la pratique des prostituées des décennies précédentes et s’épilaient désormais le visage[9] ; ce qui irait dans le sens de la description de La Joconde par Georgio Vasari[10].
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+
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+ Mona Lisa est assise sur une sorte de fauteuil en bois de forme semi-circulaire posé de profil, avec des accoudoirs et une sorte de balustrade semi-circulaire (appelée « spalliera » ou « dorsale ») supportée par des barreaux. Ses bras sont pliés et ses mains croisées, le bras gauche posé fermement sur un accoudoir du fauteuil et la main droite posée mollement sur le poignet gauche. Elle se trouve probablement sur la terrasse d'une loggia à arcades : on peut voir un parapet juste derrière elle au premier tiers du tableau, ainsi que l'amorce de la base renflée de deux colonnes[11].
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+ La Joconde est située devant le parapet, qui constituait traditionnellement une frontière entre la figure représentée et le spectateur, elle s'inscrit donc dans l'espace de ce dernier[12].
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+ À l'arrière-plan se trouve un paysage montagneux dans lequel se détachent un chemin sinueux et une rivière qu'enjambe un pont de pierre. On peut remarquer une cassure de la ligne d'horizon : la tête de La Joconde sépare le tableau en deux parties (un paysage humanisé de couleur brune et un paysage imaginaire d'un bleu opaque dont la ligne d'horizon coïncide avec son regard) dans lesquels l'horizon ne se trouve pas au même niveau[13].
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+ La source de lumière douce provient essentiellement de la gauche du tableau et donne à Mona un teint lumineux en contraste avec les vêtements sombres[14].
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+ Léonard considérait sa Mona Lisa comme achevée. Deux zones semblent cependant avoir été négligées : une portion du paysage, brun roux, derrière l'épaule, interprétée comme un mouvement de terrain, et le contour de l'index de la main droite, repentir destiné à être masqué. La numérisation multispectrale (des UV aux infrarouges) réalisée en 2004 par l'ingénieur Pascal Cotte a décelé également le repentir de Vinci sur la position de l’index et du majeur de la main gauche. Elle a également mis en évidence une couverture[15] qui couvrait initialement ses genoux et qui explique le positionnement des mains[16]. Enfin l'étude multispectrale donne à penser que de Vinci a réalisé le tableau en quatre étapes principales, dont un portrait avec une coiffe, faite de perles, draperies et aiguilles à cheveux qui évoque un projet d'apparence « mythologique ou sacré »[17].
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+ L'œuvre jouissait déjà d'une grande considération à la Renaissance. Voici ce qu'en dit Giorgio Vasari dans son ouvrage de 1550 :
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+ « Celui qui désiroit se convaincre jusqu'à quel point l'art peut imiter la nature, le pouvoit d'autant plus, que les moindres choses sont rendues dans cette tête avec la plus grande finesse. Les yeux avoient ce brillant, cette humidité qui existent sans cesse dans la nature, et étoient entourés de ces rouges pâles, et des paupières qui ne peuvent s'exécuter qu'avec une très-grande subtilité. On voyoit la manière dont naissent les sourcils dans la chair, qui tantôt plus épais, tantôt plus clairs, tournoient selon les pores qu'indique la nature. Le nez étroit n'étoit pas moins bien rendu, et toutes ces belles ouvertures rougeâtres et délicates. La bouche vermeille et ses extrémités se fondoient tellement avec la carnation du visage, que l'on croyoit plutôt y voir la chair que la couleur. Lorsque l'on regardait attentivement le creux de la gorge, on sembloit apercevoir le battement du pouls ; et l'on peut dire avec vérité que ce portrait étoit peint de manière à faire craindre et trembler les plus grands maîtres[18]. »
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29
+ La date d’exécution du portrait fait débat[19]. La découverte d’une note enregistrée par le fonctionnaire florentin Agostino Vespucci confirme que l’artiste travaille sur le portrait de Lisa del Giocondo à Florence en 1503[20] et Giorgio Vasari affirme qu'il la laisse inachevée au bout de quatre années[18]. Toutefois, bon nombre d’experts tels que Carlo Pedretti[1] et Alessandro Vezzosi[2] sont convaincus que stylistiquement, la Mona Lisa du Louvre est caractéristique de l’œuvre de l’artiste, après 1513. Lors de la découverte de la note de Vespucci, Vincent Delieuvin, conservateur de la peinture italienne du XVIe siècle au musée du Louvre, dit « Léonard de Vinci était en train de peindre le portrait d’une dame florentine qui s’appelle Lisa del Giocondo. De ça, on en est certain. Malheureusement, on n’a pas de certitude absolue que ce portrait de Lisa del Giocondo soit le tableau du Louvre. »[21]
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31
+ De plus, Raphaël, quand il étudiait les œuvres de Léonard, réalisa vers 1504 un dessin d’une « Mona Lisa », qui, contrairement à la Joconde, est flanquée de larges colonnes. Les experts s’accordent à dire que ce dessin est basé sur le portrait de Mona Lisa peint par Léonard[22],[23],[19]. Comme dans le dessin de Raphaël, d’autre copies plus tardives de Mona Lisa, comme celles dans le musée national d’art, d’architecture et de design d’Oslo et dans le musée d’art Walters de Baltimore contiennent de larges colonnes. C’est pour cela que bon nombre d’experts étaient certains que la Joconde contenait ces colonnes à l’origine, qui auraient été coupées par la suite[24],[25],[1],[26],[27]. Toutefois, dès 1993, Frank Zöllner observa que la couche picturale du tableau du Louvre n’avait jamais été coupée[28]. Ceci fut confirmé par des examens scientifiques en 2004[29]. De ce fait, Vincent Delieuvin affirme que le dessin de Raphaël ainsi que ces copies aux colonnes durent être inspirées par une autre version[30], alors que Frank Zöllner pense que le dessin indique que Léonard aurait exécuté une autre œuvre sur le thème de la Joconde[28].
32
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33
+ La Joconde ne quitte jamais Léonard de son vivant. Il l’emporte au Clos Lucé, à Amboise, où François Ier le fait venir[31]. Une copie de La Joconde, redécouverte en 2012 après sa restauration au musée du Prado, a fait apparaître aux chercheurs que les deux tableaux avaient été réalisés en même temps jusque dans les repeints et repentirs, l’analyse infrarouge révélant que des paysages de rochers en arrière-plan à droite de La Joconde se basaient sur un dessin préparatoire[32] daté entre 1510 et 1515[33], ce qui suggère que La Joconde fut achevée en 1519 selon Vincent Delieuvin[3].
34
+
35
+ Le destin du tableau durant les dernières années de la vie de Léonard et celles qui suivirent n’est pas encore élucidé[34]. D’une part, l’inventaire des biens de Salai, l’assistant de Léonard, établi à sa mort en 1525, comprend une Joconde d’une très grande valeur[35]. Bon nombre d’experts s’accordent à dire que ce tableau est une œuvre de Léonard[36]. D’autre part, un document découvert en 1999 démontre que la Joconde du Louvre aurait été acquise en 1518 et ne serait donc pas celle en la possession de Salai en 1525[37]. À la suite de la découverte de ce document, le Louvre atteste que leur tableau entra dans la collection royale en 1518[38].
36
+
37
+ Le roi François Ier l'acquiert et l'installe au château de Fontainebleau où sa présence est attestée dans le cabinet des peintures dans les années 1600[39]. En 1646, le tableau est présent dans le cabinet doré de la chambre d'Anne d'Autriche à Fontainebleau avant que Louis XIV décide de le ramener à Paris. En 1665-1666, il passe du palais du Louvre à la galerie des Ambassadeurs du palais des Tuileries. Louis XIV transfère le tableau dans la galerie du roi au château de Versailles dans les années 1690-1695[40].
38
+
39
+ En 1793, La Joconde, alors dans les collections du château de Versailles, n'est pas retenue pour le premier accrochage des œuvres inaugurant le muséum central des arts de la République (le futur musée du Louvre). Elle entre dans les collections de peintures du musée en 1797, et est présentée pour la première fois au public en 1798[41]. Elle est à nouveau déplacée sur ordre du Premier consul Bonaparte qui la fait accrocher au palais des Tuileries en 1801 dans les appartements de Joséphine, puis la rend à la Grande Galerie du Louvre en 1802[42].
40
+
41
+ La popularité du tableau s'accroît au milieu du XIXe siècle comme en atteste à cette époque son déplacement en 1851 dans le salon carré, petite salle réservée aux chefs-d'œuvre au premier étage du Louvre, et la diffusion de reproductions gravées du portrait. Des poètes romantiques comme Théophile Gautier, des peintres comme Théodore Chassériau ou des écrivains du marquis de Sade[43] à Jules Michelet font de Mona Lisa l'archétype de la femme fatale en décrivant son sourire énigmatique et la mélancolie qui s'en dégage. La Joconde fait même figure de revendication mythique pour Walter Pater lorsqu'il en réalise une longue description dans son essai La Renaissance[44].
42
+
43
+ En 1870, La Joconde est mise en sécurité dans les souterrains de l'Arsenal de Brest[45] puis retourne au Louvre à l'issue de la guerre franco-allemande de 1870[46].
44
+
45
+ Le 22 août 1911, le peintre Louis Béroud se rend au Louvre pour y faire un croquis de sa prochaine toile Mona Lisa au Louvre, mais à la place de La Joconde il ne trouve qu'un grand vide[49]. Béroud interroge les gardiens, qui lui répondent que l'œuvre doit être à l'atelier photographique de la maison Braun[50]. Quelques heures plus tard, Béroud s'enquiert à nouveau de l'œuvre auprès des surveillants et on lui apprend que Mona Lisa n'est pas chez les photographes[51]. Le tableau a bel et bien été volé le 21 août 1911[52]. Le préfet Louis Lépine envoie sur place Octave Hamard[53], chef de la sûreté de la préfecture de police, et soixante inspecteurs[54]. Le criminologue Alphonse Bertillon découvre une empreinte de pouce sur la vitre abandonnée, et décide de relever les empreintes digitales des 257 personnes travaillant au Louvre. L'analyse des dactylogrammes ne donne aucun résultat, ce qui entraîne la démission du directeur du Louvre Théophile Homolle. Le juge d'instruction Joseph Marie Drioux, que la presse surnomme ironiquement « le marri de la Joconde », emprisonne plusieurs jours le poète Guillaume Apollinaire pour complicité de recel de malfaiteur. Apollinaire avait en effet, quelques années auparavant, employé comme secrétaire et factotum Géry Pieret, un aventurier d'origine belge qui avait lui-même dérobé des statuettes et des masques phéniciens au Louvre : ayant contacté le 28 août le quotidien Paris-Journal, il lui fait parvenir une statuette volée au Louvre puis par bravade s'accuse d'avoir volé la peinture et réclame 150 000 francs-or[55] pour sa restitution ; alors qu'il est en fuite, la cour d'assises de la Seine le condamne par contumace en 1912 à dix ans de réclusion pour le vol des trois statuettes ibériques[56]. La police soupçonne également le peintre Pablo Picasso qui est longuement interrogé (il avait acheté à Géry Pieret ses masques et statuettes dont le primitivisme influencera les Demoiselles d’Avignon). Le vol est revendiqué par plusieurs mythomanes, dont l'écrivain italien Gabriele D'Annunzio qui avait composé en 1898 une tragédie intitulée La Joconde en la dédiant à « Eleonora Duse aux belles mains[57] ». La Société des amis du Louvre offre une récompense de vingt-cinq mille francs, somme par ailleurs doublée par un anonyme. La revue L'Illustration promet cinquante mille francs pour qui rapporterait le tableau dans les locaux du journal[54]. Le tableau acquiert à cette occasion une renommée mondiale[58].
46
+
47
+ L'affaire attire également l'attention des chansonniers et carnavaliers. Au Carnaval de Nice 1912 défile un char des Gardiens du Louvre. Il est tracté par un âne coiffé de la tiare de Saïtapharnès et portant le cadre vide de La Joconde[59]. Ce char défile ensuite à Paris, à l'occasion de la Mi-Carême la même année[60].
48
+
49
+ Le voleur est Vincenzo Peruggia, un vitrier italien qui a participé aux travaux de mise sous verre des œuvres les plus importantes du musée, afin de les protéger des vandales[61]. Il conserve le tableau pendant deux ans dans sa chambre à Paris, caché dans le double fond d'une valise de bois blanc, sous son lit. De retour en Italie, il propose de le vendre le 10 décembre 1913 à un antiquaire florentin, Alfredo Geri, qui a passé une petite annonce pour acheter des œuvres d'art. Geri ayant prévenu la police, Peruggia est arrêté dans la chambre de son hôtel (rebaptisé par la suite hôtel Gioconda), et n'est condamné qu'à dix-huit mois de prison, la presse italienne saluant son patriotisme. Le 4 janvier 1914, après des expositions à Florence et à Rome, le tableau revient solennellement au Louvre dans une voiture de première classe spécialement affrétée à cette occasion[62],[56] où il est désormais placé sous une surveillance accrue[63].
50
+
51
+ De nombreuses hypothèses ont été proposées pour expliquer le vol de Vincenzo Peruggia : il aurait agi par patriotisme pour se « venger des rapts de Napoléon » (c'est la ligne de défense préconisée par ses avocats lors de son procès), croyant naïvement que le tableau avait été volé par celui-ci, alors encore seulement Bonaparte, lors de la campagne d'Italie[64] ; il aurait agi sur commande du faussaire argentin Eduardo Valfierno (es) (se disant marquis de Valfierno), qui voulait vendre comme authentiques six copies du tableau, réalisées en 1910 par Yves Chaudron, à des acheteurs américains convaincus d'acquérir l'original (thèse du journaliste américain Karl Decker dans le Saturday Evening Post en 1932)[65]. Le journaliste et critique d'art Jérôme Coignard, ayant exhumé les confessions faites par Peruggia dans le quotidien Le Journal en juillet 1915, prend au sérieux son témoignage : il aurait été approché par un Allemand qui joue sur son nationalisme et le manipule. Cet Allemand pourrait être Otto Rosenberg, escroc notoire appartenant à une bande de trafiquants d'art de haute volée mais n'ayant pu récupérer le tableau car il était sous surveillance policière française à la suite du vol[66].
52
+
53
+ En 1914, La Joconde, comme une grande partie des collections du musée, est mise en sécurité à Bordeaux puis à Toulouse[45] puis retourne au musée du Louvre à l'issue de la Première Guerre mondiale[47], elle est alors installée dans la Grande galerie[67].
54
+
55
+ En septembre 1938, à la suite de l'annexion de la région des Sudètes imposée par Adolf Hitler et dans le contexte d'un risque de guerre, La Joconde est une première fois mise en sécurité au musée Ingres à Montauban mais retournera au Louvre assez rapidement[68].
56
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+ Lorsque la guerre est déclarée, les chefs-d'œuvre du musée sont évacués selon un plan conçu dès 1938 par le directeur des musées nationaux de l'époque, Jacques Jaujard, qui fait fermer le musée le 25 août 1939 et placer les œuvres dans des caisses qui sont évacuées en convois trois jours plus tard. La Joconde part d'abord pour le château de Chambord[68], où transitèrent à cette période de nombreuses peintures et sculptures des musées parisiens, puis elle se retrouve successivement dans les caves du château d'Amboise[69], à l’abbaye de Loc-Dieu[68], au musée Ingres de Montauban[69], retourne à Chambord[68] avant d'être entreposée dans le château de Montal en Quercy (Lot) sous la surveillance de René Huyghe, conservateur du musée du Louvre en exil[69],[68] puis de transiter par diverses demeures anonymes du Lot et des Causses[45],[70] qui auraient ainsi accueilli le tableau jusqu'en juin 1945 où il sera réinstallé au Louvre. La Joconde, « enfermée sous un capitonnage en velours rouge, puis dans un écrin, lequel est placé[e] dans une caisse avec double paroi en bois de peuplier [… et] porte le matricule NLP no 0, ainsi que trois points rouges — signes distinctifs de sa très grande valeur[71] ».
58
+
59
+ En 1946, prévenu par René Huyghe, conservateur en chef du département des peintures, du retour des œuvres, Pierre Jahan la photographie lors de l'ouverture de sa caisse : « Elle apparaît enfin, intacte, ayant échappé à cinq ans de bouleversements et à la fringale d'objets d'art du tout-puissant maréchal Goering… » (cf. Objectif - Marval, 1994, p. 37).
60
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61
+ Le 30 décembre 1956, un jeune garçon de café bolivien venu travailler en France, Ugo Ungaza Villegas, sujet d'un arrêté d’expulsion, lance un caillou sur La Joconde, dans un état de démence. Il brise le verre de protection et les éclats de verre abiment le coude gauche de Mona Lisa[72].
62
+
63
+ En décembre 1962[73], le ministre de la Culture André Malraux expédie La Joconde aux États-Unis. Elle voyage à bord du paquebot France[74], dans une cabine de première classe. À son arrivée, le tableau est d'abord exposé à Washington à la National Gallery, où il est reçu par le président Kennedy, puis à New York, au Metropolitan Museum of Art à partir de janvier 1963. Dans son discours de présentation, Malraux fait une comparaison avec la statuaire antique : « Léonard apportait à l'âme de la femme l'idéalisation que la Grèce avait apportée à ses traits. La mortelle au regard divin triomphe des déesses sans regard. C'est la première expression de ce que Goethe appellera l'éternel féminin[75] ». Mona Lisa sera admirée par 1,7 million de visiteurs au total[76]. Elle est de retour en France en mars 1963[77].
64
+
65
+ Elle fait aussi un autre voyage au Japon où elle est exposée d'avril à juillet 1974 dans le musée national de l'Art occidental de Tokyo puis une brève étape à Moscou. Pour ce voyage est construite sa première vitrine étanche garantissant sa sécurité[78].
66
+
67
+ Depuis mars 2005, La Joconde bénéficie au musée du Louvre d'une salle rénovée et spécialement aménagée pour la recevoir, la salle des États, dans laquelle elle fait face à un célèbre tableau de Véronèse, Les Noces de Cana. Placée sur une cimaise indépendante, elle est protégée dans un caisson qui l'isole des vibrations, des variations d'humidité et des changements de température[58] (vitrine hermétique assurant une hygrométrie à 55 % et une température autour de 19 °C)[79].
68
+
69
+ La Joconde fait partie des collections du département des peintures du musée du Louvre dirigé depuis 2014 par Sébastien Allard[80]. Jusqu'en 2006, elle était sous la responsabilité du conservateur Cécile Scailliérez; depuis 2006, les peintures italiennes du XVIe siècle au musée du Louvre sont gérées par Vincent Delieuvin.
70
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71
+ Le 2 août 2009, une touriste russe lance une tasse à thé vide sur le tableau protégé par une vitre blindée, ne causant aucun dommage[81].
72
+
73
+ Trop fragile, le tableau ne quitte plus désormais le musée du Louvre[82].
74
+
75
+ Sa notoriété est devenue telle que sur les millions de visiteurs du Louvre, près de la moitié ne viennent que pour voir ce tableau[83].
76
+
77
+ Plusieurs hypothèses ont été formulées à propos de l'identité du modèle. L'hypothèse généralement admise est l'identification de La Joconde à Lisa Gherardini, épouse de Francesco del Giocondo.
78
+
79
+ Le titre du tableau vient probablement du patronyme du sujet « del Giocondo ». Le tableau est originellement appelé « Monna Lisa », et c'est toujours le cas en Italie, ou par sa déformation plus courante mais erronée « Mona Lisa », une contraction de « ma donna Lisa » qu'on peut traduire par « madame Lisa ».
80
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81
+ Selon l'hypothèse admise depuis Giorgio Vasari, le modèle s'appellerait à l'origine Lisa Del Giocondo, née Lisa Maria Gherardini en mai 1479 à Florence (Toscane). Issue d'une famille modeste, elle épousa à 16 ans le fils d'un marchand de soie, Francesco di Bartolomeo di Zanobi del Giocondo. Déjà veuf à deux reprises, Giocondo a 19 ans de plus que Lisa. Elle lui donna trois enfants, Piero Francesco — né en 1496 — une fille au prénom inconnu morte en 1499 et Andrea — né en 1502. Le nom du tableau viendrait de Madonna (Ma dame, en français), abrégé en Monna, et Lisa, premier prénom du modèle.
82
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+ Francesco del Giocondo possédait une chapelle familiale dans l'église de la Santissima Annunziata, où il fut plus tard inhumé. Cette église était tenue par les servites de Marie, qui ont hébergé en 1501 Léonard, fils de Piero da Vinci, le notaire de leur ordre. Il est probable que Léonard et Francesco ont fait connaissance à cette époque.
84
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+ En 1503, Francesco del Giocondo emménage dans une demeure plus grande, via della Stufa, et cherche un peintre pour réaliser le portrait de son épouse. Il se tourne vers Léonard de Vinci. Cette hypothèse semble confirmée par une découverte récente[Quand ?]. Dans une édition de l'œuvre de Cicéron, retrouvée à Heidelberg, en Allemagne, et datant de 1503, son propriétaire Agustino Vespucci, ami de Léonard de Vinci, a annoté une page de l'ouvrage, indiquant que De Vinci avait trois peintures en cours cette année-là, dont un portrait de Mona Lisa del Giocondo[84]. Francesco del Giocondo ne reçut jamais son tableau. Il était inachevé quand l'artiste quitta Florence pour Milan.
86
+
87
+ Cette thèse reste discutée, au prétexte qu'aucune trace d'un paiement n'a été retrouvée. Les liens étroits entre Léonard de Vinci et la famille del Giocondo ont été établis en 2004 par Giuseppe Pallanti (2007)[85], d'après qui les archives d'une église du centre historique de Florence font référence à un acte de décès de « l'épouse de Francesco Del Giocondo », morte le 15 juillet 1542 et enterrée au couvent Sant'Orsola.
88
+
89
+ Selon Daniel Arasse, s'il était vivant quand le tableau fut fini, Francesco del Giocondo se serait senti outragé et l'aurait probablement refusé. D'après lui, à cette époque une femme au front dégarni et aux sourcils épilés ne pouvait être qu'une prostituée. Des analyses du tableau postérieures à 2000 ont montré que La Joconde a la tête couverte d'un voile transparent ou peu visible.
90
+
91
+ Une conjecture est basée sur une analogie : le visage de Monna Lisa serait superposable à celui de Catherine Sforza, princesse de Forlì (XVe siècle), dans un portrait peint par Lorenzo di Credi[86]. Ce portrait est conservé dans le musée de Forlì, en Italie.
92
+
93
+ Antonio de Beatis qui rend visite à Vinci en 1517 au Clos Lucé, décrit[87] un tableau du maître « d'une certaine dame florentine, faite d'après le modèle, à la demande de feu le Magnifique Julien de Médicis », cette dame pouvant être Isabella Gualandi de Costanza d'Avalos ou Isabelle d'Este, autres candidates plausibles pour le tableau de Mona Lisa[88]. Selon l'historien italien Roberto Zapperi, le portrait représenterait Pacifica Brandini d’Urbin, une des maîtresses de Julien de Médicis, le peintre gardant le tableau inachevé puisque son commanditaire Julien de Médicis meurt en 1516 sans avoir payé la totalité de la commande[89].
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+
95
+ Daniel Arasse, dans son livre Histoires de peintures, écrit que le « mystère » de La Joconde date du début du XIXe siècle, avec l'attribution erronée, à Léonard de Vinci, de la tête de méduse du musée des Offices, en fait peinte par un Flamand du XVIIe siècle. On a fait de la méduse le revers de La Joconde, en supposant qu'un monstre se cachait derrière son sourire.
96
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97
+ Selon d'autres hypothèses, qui n'émanent pas d'historiens de l'art, le sujet du tableau est la propre mère de Léonard, d'après ses souvenirs de jeunesse[90] ou bien raconte le mythe d'Isis et d'Osiris[91].
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99
+ Silvano Vincenti, président du « Comité national pour la valorisation des biens historiques », une association privée d'investigation de l'art, affirme quant à lui qu'il y a de fortes similitudes entre les traits des visages du Saint Jean Baptiste, de l'ange et de Monna Lisa. D'après cette hypothèse, la Joconde serait donc un homme. Le peintre aurait laissé des indices en peignant dans les yeux de la Joconde un minuscule L pour Leonardo et un S pour Salai, assistant du peintre qui aurait servi de modèle. Le chercheur, auteur d'un livre sur le sujet, révèle que son équipe a analysé des reproductions numériques de haute qualité du tableau. Toutefois, le musée du Louvre réfute la démonstration qui repose sur des sur-interprétations à partir de nombreuses craquelures dues au vieillissement de la peinture sur bois[92]. Sophie Herfort considère que le portrait de Salai, personnage androgyne aimant porter des bas roses et se féminiser à outrance, et celui de La Joconde posés en calque montrent beaucoup d'analogies[93].
100
+
101
+ Le flou du tableau est caractéristique de la technique du sfumato. Le sfumato, qui signifie en italien « enfumé », est un effet vaporeux, obtenu par la superposition de plusieurs couches de peinture extrêmement délicates qui donne au tableau des contours imprécis. Cette technique a été employée en particulier au niveau des yeux dans la mise en ombrage.
102
+
103
+ En automne 2004, le Centre de recherche et de restauration des musées de France est missionné par le musée du Louvre pour soumettre le tableau à une série d'examens de laboratoire avant qu'il ne soit placé dans un nouveau caisson climatisé. Les études emploient de l'émissiographie et de la réflectographie infrarouge, de l’analyse par micro-fluorescence X et un scanner laser sophistiqué, en couleurs et en trois dimensions mis au point par le CNRC d'Ottawa[94]. Ces analyses ont permis de découvrir des détails jamais observés auparavant car masqués par les couches de peinture et de vernis[29] : un réseau caractéristique de craquelures orientées en fonction des contraintes exercées par le cadre rainuré inséré par le peintre ; l’existence possible d’un dessin préparatoire réalisé sur un gesso puis d'une ébauche au pinceau ; l'ensemble de l'habit de Mona Lisa totalement enveloppé d'un « guarnello », voile de gaze fin et transparent normalement porté à l'époque par les femmes enceintes ou venant d'accoucher[95], ce qui expliquerait son sourire maternel de femme enceinte et la commande du tableau pour fêter sa maternité. Cousu à la robe à l'emplacement de l'encolure brodée, ce voile est roulé sur l'épaule alors que les historiens d'art y voyaient une écharpe. Cependant l'hypothèse de la célébration de la maternité est contestée par le fait que l'usage du guarnello ne serait pas systématiquement lié à une naissance et ce vêtement d’intérieur a pu être porté en d’autres moments[96].
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105
+ Cette étude révèle également que Mona Lisa est vêtue d'une robe rouge carmin (et non vert sombre comme elle apparaît actuellement) avec des manches amovibles jaune mordoré (les couleurs sombres du vêtement ayant subi l'obscurcissement des vernis successifs), et que sa chevelure, ceinte d'un voile noir, est ramassée par un chignon plat (une chevelure flottant au vent aurait été inconvenante pour l’époque) peut-être recouvert par un bonnet[97].
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+ Cliquez sur une vignette pour l’agrandir.
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109
+ Détail du tableau.
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+ Détail des lèvres.
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+ Détail des yeux.
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115
+ En 2010, l'European Synchrotron Radiation Facility a permis de mieux comprendre le sfumato, technique utilisée par Léonard de Vinci. Avec le soutien du musée du Louvre et après examen de sept de ses tableaux par spectrométrie de fluorescence des rayons X, réalisée directement devant les œuvres au musée du Louvre, les scientifiques ont compris que Léonard avait utilisé ses doigts pour passer des dizaines de couches de vernis pour peindre La Joconde mais également d'autres œuvres comme La Vierge aux rochers ou La Madone à l'œillet[98]. L'artiste se démarquait ainsi par la précision de l'application de ses couches de vernis, pour certaines cinquante fois plus fines qu'un cheveu humain[99].
116
+
117
+ L'homme qui rit, peint par Antonello de Messine en 1470 est le premier portrait souriant de la peinture occidentale, cependant, le sourire du modèle s'apparente plutôt à une grimace, ce qui peut amener à considérer la Joconde comme étant le premier portrait souriant réussi[12].
118
+
119
+ Le sourire de La Joconde constitue un des éléments énigmatiques du tableau, qui a contribué au développement du mythe. Son sourire apparaît comme suspendu, prêt à s'éteindre : quand on le fixe directement, il semble disparaître pour réapparaître lorsque la vue se porte sur d'autres parties du visage. Le jeu des ombres accentue l'ambiguïté que produit le sourire[100]. Plusieurs études ont analysé ce sourire.
120
+
121
+ Selon la neuroscientifique Margaret Livingstone, Léonard de Vinci a longtemps étudié l'anatomie de l'œil et la perception visuelle pour créer volontairement une confusion entre la vision périphérique sensible aux « fréquences basses spatiales » (les zones sombres) et la vision centrale sensible aux détails : en accentuant la bouche et le sourire par le renforcement des ombres sur les pommettes et la mâchoire, le sourire ne devient visible que lorsque la vision périphérique se fixe hors de la région péribucale[101].
122
+
123
+ En 2005, un logiciel de reconnaissance des émotions corrèle la courbure des lèvres et les pattes d'oie autour des yeux à six émotions de base : le sourire de la Joconde traduirait à 83 % le bonheur, à 9 % le dédain, à 6 % la peur, à 2 % la colère, à 1 % la neutralité et aucun pourcentage à la surprise[102].
124
+
125
+ Plusieurs hypothèses plus ou moins farfelues ont été données depuis des décennies pour expliquer ce sourire : asthme, paralysie faciale de Bell[103] ; bruxisme dû au stress des longues poses ou au contraire sourire de plaisir par l'écoute de musique lors de ces séances, sourire maternel de femme enceinte, stratagème du peintre qui entoure son modèle de musiciens, de chanteurs et de bouffons, pour effacer la mélancolie de son visage de femme maltraitée[104] ; perte des dents de devant en raison d'une hygiène dentaire déficiente au XVIe siècle[105], hypothyroïdie[106].
126
+
127
+ Des dizaines d'études « scientifiques » sortent chaque année, prétendant attribuer à la Joconde de nouvelles maladies expliquant son sourire (excès de cholestérol[107], paralysie faciale, syphilis, problèmes cardiovasculaires, hypothyroïdie, tendance à la dépression…). Ces diagnostics aussi faciles à formuler qu'impossible à prouver ou réfuter, sont très partagés dans la presse, et ne reposent sur à peu près rien d'autre que des affirmations gratuites, formulées principalement dans un but de buzz médiatique facile. Le journaliste scientifique Mathieu Vidard résume « si vous souhaitez vous faire connaître à peu de frais, prenez le tableau le plus célèbre du monde, inventez n’importe quelle fake news à son sujet et vous serez certain de tutoyer à votre tour l’ivresse de la célébrité »[108].
128
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129
+ Les plis des manches et du bustier répondent au motif du chemin, à la vallée ondoyante et à la sinuosité des pitons rocheux. Au-delà de la perspective mathématique, Léonard de Vinci crée une perspective atmosphérique (passage progressif de tonalités brun verdâtre à vert bleuté pour finalement rejoindre le ciel)[109] pour donner de la profondeur au paysage qui est peut-être inspiré par les paysages qu'il a pu voir au cours de son voyage à Milan.
130
+
131
+ Une historienne de l'art, Carla Glori, chercheuse à l'université italienne de Savone, affirme en 2011 que le pont médiéval à trois arches qui apparaît sur l'épaule gauche est une référence à Bobbio. Elle décèle sous l'arche droite[110] le nombre 72, qui ferait référence à l’année 1472, date de la destruction partielle de l'édifice[111]. La formulation de cette hypothèse peut cependant être motivée par le phénomène neuro-cognitif de paréidolie ; si ce nombre existe, il pourrait aussi n'être que le fruit du hasard et s'expliquer par les craquelures de la peinture[112].
132
+
133
+ Selon l'historien de l'art Carlo Pedretti, le pont, seule construction humaine du paysage, est le symbole de l'écoulement du temps étant donné que sa présence implique l'écoulement d'une rivière, qui est un symbole du temps qui passe[12].
134
+
135
+ Rosetta Borchia et Olivia Nesci, respectivement professeur de géomorphologie à l'université d'Urbino et peintre-photographe[113], suggèrent en 2012 une similitude entre le paysage du tableau et ceux du territoire de Montefeltro, situé dans les provinces de Pesaro Urbino et Rimini.
136
+
137
+ Daniel Arasse, quant à lui, voit une similitude entre le paysage de la Joconde et une carte de la Toscane, réalisée vers 1503 par de Vinci en perspective cavalière, représentant le lac Trasimène[12].
138
+
139
+ Partie gauche du paysage.
140
+
141
+ Partie droite du paysage.
142
+
143
+ Matsumi Suzuki, acousticien spécialisé dans l’étude de la voix, et son entreprise Japan Acoustic Lab prétendent avoir retrouvé le timbre de voix de La Joconde. En prenant en compte sa taille (estimée à 1,68 m), la morphologie de son crâne, il affirme : « La partie inférieure de son visage est assez large, et elle a un menton pointu. Ce volume se traduit par une voix relativement basse, et la forme du menton par la présence de tons dans les gammes medium », a-t-il expliqué à l’agence Reuters[114].
144
+
145
+ Dès le XVIe siècle, La Joconde inspira de nombreux peintres, qui en firent des copies et imitations plus ou moins fidèles.
146
+
147
+ Selon la Mona Lisa Foundation, une association basée à Zurich, Léonard aurait peint un tableau antérieur à La Joconde du Louvre, vers 1501-1503, appelé Mona Lisa d'Isleworth, du nom issu de l'endroit où elle est apparue[115]. Une étude exhaustive des opinions publiées à ce jour démontre que 22 experts sont certains que les parties principales du tableau sont de la main du maître[116],[22],[117],[118],[119],[120],[121],[122],[123],[23],[124],[34] alors que seulement quatre, n'ayant jamais examiné l’œuvre en personne, nient l’attribution[120]. Parmi eux, Martin Kemp, professeur à l'université d'Oxford, écrit que « rien ne permet de penser qu'il y ait eu une version antérieure du portrait de Lisa del Giocondo. L'analyse scientifique ne permet pas de nier catégoriquement que la peinture soit l’œuvre du maître mais « la réflectographie et les rayons X suggèrent très fortement que ce n'est pas l'œuvre de Léonard de Vinci. »[125]. Le professeur Alessandro Vezzozi, directeur du Museo Ideale Leonardo Da Vinci (Vinci, Toscane), ne se prononce pas sur la paternité du tableau tant que des études sont en cours, mais estime « que le visage et le reste du tableau ne sont pas de la même qualité »[126].
148
+
149
+ Il existe des différences évidentes entre les deux peintures : peinture sur toile, a contrario de celle du Louvre qui est sur bois, cheveux, mains, vêtements, arrière plan[127]. Paul Konody considère que l'existence de ces différences, parmi d'autres, prouve que la Mona Lisa d'Isleworth n'est pas une copie de La Joconde[22].
150
+
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+ Les deux publications académiques les plus récentes concernant la Mona Lisa d'Isleworth semblent avoir confirmé son attribution à Léonard et le fait qu'elle ait été peinte bien avant l'œuvre du Louvre : En 2015, Salvatore Lorusso et Andrea Natali conduisirent une étude comparative approfondie sur la Joconde et les œuvres s’y relatant[23]. Ils y décrivent aussi de nombreuses analyses inédites se rapportant aux broderies et aux colonnes de nombreux tableaux pour guider leurs conclusions[23]. Ils concluent que la Mona Lisa d'Isleworth et la Joconde sont deux œuvres originales du maître[23]. En 2016, les professeurs Asmus, Parfenov et Elford publièrent une étude qui démontre scientifiquement que le même artiste a peint au moins les visages de la Mona Lisa d'Isleworth et de la Joconde[124].
152
+
153
+ Une copie de La Joconde, qui appartient au musée du Prado à Madrid, a été redécouverte en 2012 après sa restauration, qui a consisté notamment à retirer un fond noir qui recouvrait l'arrière-plan, ce qui révéla le paysage d'origine. Elle est attribuée à Salai ou à Francesco Melzi, deux des élèves favoris de Léonard de Vinci[128]. Elle aurait été peinte vers 1503-1516. Elle comporte, en particulier les mêmes repentirs. Les quelques différences seraient dues à l'inachèvement du tableau maître lorsqu'il quitta définitivement l'atelier de Léonard avec ce dernier, obligeant ses disciples à achever la copie à leur manière[129].
154
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155
+ Le peintre et collectionneur spinalien André Guillaud achète cette copie de la Joconde en 1956 lors d'une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot à Paris. Il la lègue au musée départemental d'art ancien et contemporain de la ville en 1970. L’œuvre aurait été réalisée par un peintre italien au XVIIe siècle. Les examens scientifiques ont révélé une bonne conservation de la matière picturale de l’œuvre. Seul le support a fait l'objet d'un rentoilage à la fin du XVIIIe siècle. La qualité de réalisation de l’œuvre reprend fidèlement l'original. Les différences les plus importantes sont la taille de la toile qui est légèrement supérieure au panneau de bois de peuplier de l'original, et le cadrage faisant appara��tre les deux colonnes qui encadrent le visage.
156
+
157
+ La liste n'est pas exhaustive.
158
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159
+ La Joconde d'Isleworth.
160
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161
+ La Joconde du Prado, après sa restauration et le retrait de la couche noire.
162
+
163
+ La Joconde d’Épinal.
164
+
165
+ La Joconde de Thalwil.
166
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167
+ La Joconde d'Oslo.
168
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169
+ La Joconde de l'Ermitage.
170
+
171
+ La Joconde de Baltimore.
172
+
173
+ Léonard de Vinci aurait également réalisé un « double dénudé » de La Joconde. Son attribution au maître n'est toutefois pas certaine. Il en existe par ailleurs une vingtaine de versions datant du XVIe siècle, dont celle de Salai, élève de Léonard[130].
174
+
175
+ Corot, Robert Delaunay et Fernand Léger ont tiré des variations du tableau de Léonard de Vinci.
176
+
177
+ Au XXe siècle les surréalistes, pour protester contre « l'art établi » détournent le tableau. Monna Lisa est affublée d'une moustache par Salvador Dalí, et par Marcel Duchamp sous le titre L.H.O.O.Q.[131].
178
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179
+ En 1981, c'est le peintre Henri Cadiou qui mit en scène La Joconde dans un trompe-l'œil intitulé La déchirure – Mona Lisa[132].
180
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181
+ En juin 2017, un artiste de rue espagnol a réalisé une fresque de La Joconde de plus de 50 mètres[133].
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+ L'illustrateur Paul Kidby parodie La Joconde pour la couverture de L'Art Du Disque-Monde sous le nom de « Mona Ogg ».
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+ En 2008, le peintre Yanick Douet a réalisé une Joconde en imaginant le corps dans son entier, afin de personnaliser la femme coupée en deux.
186
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+ En 2014, l'hydrologue Jean Margat offre au Louvre une collection de 11 000 objets dédiés à La Joconde. Cette acquisition a fait l'objet d'une petite présentation d'une sélection de cette collection dans le cadre du « Tableau du mois » : Le tableau du mois no 211 – De la Jocondoclastie à la Jocondophilie[134], avec un texte de Vincent Pomarède, conservateur du département des peintures du musée du Louvre.
188
+
189
+ L'écrivain français Jules Verne compose en 1850-1851 une comédie en un acte, Monna Lisa, où il imagine les circonstances de la création du tableau et une intrigue amoureuse entre Léonard de Vinci et son modèle.
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191
+ Par la suite, des auteurs « jocondoclastes », de Jean Margat à Hervé Le Tellier, ont fait de la Joconde un personnage littéraire.
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+ Elle fait de fréquentes apparitions dans la bande dessinée[137].
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+ De 1996 à 2018, un spectacle fut présenté au Parc Astérix sous le nom de « Main basse sur la Joconde » et mettait en scène le vol du tableau par une bande de malfrats.
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+ Les Jeux olympiques d'hiver sont un événement sportif international organisé tous les quatre ans. La première célébration des les jeux olympiques d’hiver a lieu dans la station française de Chamonix en 1924. Les premiers sports sont le ski de fond, le patinage artistique et de vitesse, le hockey sur glace, le combiné nordique, le saut à ski, le bobsleigh, le curling et la patrouille militaire. Les Jeux olympiques d'hiver ont lieu tous les quatre ans de 1924 à 1936. Ils sont ensuite interrompus par la Seconde Guerre mondiale et ont à nouveau lieu tous les quatre ans dès 1948. Les Jeux d'hiver sont organisés la même année que les Jeux d'été jusqu'en 1992. L'organe de direction des Jeux olympiques, le Comité international olympique (CIO), décide à cette date de placer les Jeux olympiques d'hiver et d'été en alternance sur les années paires d'un cycle de quatre ans.
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+ Les Jeux d'hiver évoluent depuis leur création. De nouvelles disciplines sont ajoutées et certaines d'entre elles, telles que le ski alpin, le biathlon, la luge, le patinage de vitesse sur piste courte, le ski acrobatique et le snowboard, gagnent une place permanente dans le programme olympique et leurs épreuves se multiplient. D'autres, comme le ski de vitesse, le bandy et le ski joëring sont des sports de démonstration lors d'une édition des Jeux, mais ne deviennent pas des sports olympiques officiels. L'essor de la télévision comme le média global de télécommunication améliore le profil des Jeux. Elle crée un flux de revenus via la vente de droits de diffusion et de publicité qui deviennent lucratifs pour le CIO. Cela permet aux entreprises extérieures, comme les chaînes de télévision et les sponsors, d'exercer une influence. Dans l'histoire des Jeux, le CIO doit répondre à plusieurs critiques tels que les scandales internes, l’utilisation de produits dopants par les athlètes ainsi que le boycott politique de la compétition. Pendant la Guerre froide, des nations utilisent les Jeux d'hiver pour montrer la supériorité revendiquée de leurs systèmes politiques.
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+ Depuis 1924, les Jeux d'hiver ont été tenus sur trois continents, mais jamais dans l'hémisphère sud. Les États-Unis les accueillent quatre fois, la France trois fois tandis que l'Autriche, le Canada, l'Italie, le Japon, la Norvège et la Suisse les organisent à deux reprises. En 2014, Sotchi est la première ville russe à accueillir les Jeux d'hiver et en 2018, PyeongChang, en Corée du Sud, est la troisième ville asiatique à les organiser, les Jeux d'hiver restant sur ce continent pour l'édition 2022 à Pékin, qui est la première à organiser des Jeux d'été puis d'hiver.
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+ La Norvège est le pays qui totalise le plus de médailles aux Jeux d'hiver, battant même son record en 2018 avec 39 podiums et 14 titres, pour totaliser 368 médailles dont 132 en or. Ses athlètes, Marit Bjørgen en ski de fond et Ole Einar Bjørndalen en biathlon sont les plus couronnés de tous, avec respectivement 15 et 13 médailles, et huit titres chacun.
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+ Entre la victoire de Charles Jewtraw en patinage de vitesse 500 m le 26 janvier 1924 à Chamonix, premier titre des Jeux d'hiver, et celle de Yuzuru Hanyu le 17 février 2018 dans la compétition de patinage artistique des Jeux de PyeongChang, 1000 médailles d'or ont été attribuées dans la compétition olympique hivernale[1].
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+ La première compétition multi-sports internationale de sports d'hiver est celle des Jeux nordiques, qui ont lieu en Suède en 1901. À l'origine organisés par le général Viktor Gustaf Balck, les Jeux nordiques ont aussi lieu en 1903 et en 1905, puis tous les quatre ans jusqu'en 1926[2]. Balck est un des membres fondateurs du comité international olympique (CIO) et un ami proche du rénovateur des Jeux olympiques Pierre de Coubertin. Il demande que des sports d'hiver, notamment le patinage artistique, soient ajoutés au programme olympique, mais cela échoue jusqu'aux Jeux olympiques d'été de 1908 à Londres au Royaume-Uni, les organisateurs des Jeux nordiques craignant cette concurrence[2]. Quatre épreuves de patinage artistique y sont disputées et Ulrich Salchow (10 fois champion du monde) et Madge Syers remportent les titres individuels[3],[4].
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17
+ Trois ans plus tard, le comte italien Eugenio Brunetta d'Usseaux propose que le CIO organise une semaine de sports d'hiver, incluse dans les Jeux olympiques d'été de 1912 à Stockholm en Suède. Les organisateurs s'opposent à cette idée car ils désirent protéger l'intégrité des Jeux nordiques et sont préoccupés par le manque d'installations pour les sports d'hiver[5],[6],[7]. L'idée est ressuscitée pour les Jeux de 1916, qui devaient se tenir à Berlin en Allemagne. Une semaine de sports d'hiver incluant du patinage de vitesse, du patinage artistique, du hockey sur glace et du ski nordique est prévue, mais les Jeux de 1916 sont annulés après le déclenchement de la Première Guerre mondiale[6].
18
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19
+ Les premiers Jeux après la guerre ont lieu à Anvers en Belgique et comprennent du patinage artistique et un tournoi de hockey sur glace[6]. Lors du congrès du CIO ayant lieu l'année suivante, et avec la contribution au débat du prix Nobel de la Paix Philip J. Noel-Baker[8], il est décidé que la nation organisatrice des Jeux olympiques d'été de 1924, la France, serait l'hôte d'une « semaine internationale des sports d'hiver » séparée, sous le patronage du CIO. Chamonix est choisi pour accueillir cette « semaine » (en réalité 11 jours) d'épreuves. Ces Jeux s'avèrent être un succès, puisque plus de 250 athlètes de 16 nations participent à 16 épreuves et sont suivis par plus de 10 000 spectateurs[9]. Les athlètes finlandais et norvégiens remportent 28 médailles, ce qui représente plus que l'ensemble des autres nations participantes[10]. En 1925, le CIO décide de créer des Jeux olympiques d'hiver séparés et la semaine internationale des sports d'hiver de 1924 est rétroactivement désignée comme les premiers Jeux d'hiver[6],[9].
20
+
21
+ Saint-Moritz en Suisse est choisi par le CIO pour accueillir les seconds Jeux olympiques d'hiver en 1928[11]. Les conditions météorologiques variables défient les organisateurs. La cérémonie d'ouverture a lieu dans un blizzard, tandis que les températures élevées sont à déplorer pendant toute la durée des Jeux[12]. À cause de la météo, l'épreuve du 10 000 mètres en patinage de vitesse doit être abandonnée et officiellement annulée[13]. Le temps n'est pas le seul aspect remarquable des Jeux de 1928, puisque la Norvégienne Sonja Henie marque l'histoire en remportant la compétition de patinage artistique à l'âge de 15 ans. Elle devient la plus jeune championne olympique de l'histoire, une distinction qu'elle conservera pendant 74 ans[14].
22
+
23
+ Les Jeux olympiques suivants sont les premiers à être organisés à l'extérieur de l'Europe. 17 nations et 252 athlètes y participent[15]. Il y a moins de participants qu'en 1928 à cause de la longueur du voyage de l'Europe à Lake Placid, aux États-Unis, et de son coût élevé pour la plupart des concurrents, qui a peu d'argent au milieu de la Grande Dépression. Les athlètes concourent dans quatorze épreuves réparties en quatre sports[15]. Il n'y a presque pas de chute de neige durant les deux mois précédant les Jeux jusqu'à la mi-janvier, quand la neige tombe assez pour organiser toutes les épreuves le mois suivant[16]. Sonja Henie défend son titre olympique tandis qu'Edward Eagan, champion olympique de boxe en 1920, remporte l'or dans l'épreuve masculine de bobsleigh pour devenir le premier et l'unique olympien à ce jour à avoir remporté des médailles d'or dans les Jeux olympiques d'hiver et d'été[15].
24
+
25
+ Les villes allemandes de Garmisch et Partenkirchen s'unissent pour organiser l'édition de 1936, qui a eu lieu du 6 au 16 février[17]. C'est la dernière fois que les Jeux d'été et d'hiver ont lieu la même année dans le même pays. Le ski alpin fait ses débuts olympiques, mais les professeurs de ski sont privés de compétition, car ils sont considérés comme des professionnels[18]. À cause de cette décision, les skieurs suisses et autrichiens refusent de participer aux Jeux[18].
26
+
27
+ La Seconde Guerre mondiale interrompt la célébration des Jeux olympiques d'hiver. Les Jeux de 1940 sont attribués à Sapporo au Japon, mais la décision est annulée en 1938 à cause de l'invasion japonaise de la Chine. Les Jeux sont déplacés à Garmisch-Partenkirchen, mais l'invasion allemande de la Pologne en 1939, qui précipite le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe, force l'annulation des Jeux de 1940[19]. En raison de la guerre en cours à ce moment-là, les Jeux de 1944, initialement prévus à Cortina d'Ampezzo en Italie, sont aussi annulés[20].
28
+
29
+ Saint-Moritz est sélectionné pour accueillir les premiers Jeux de l'après-guerre en 1948. La neutralité de la Suisse protège la ville durant la Seconde Guerre mondiale et la plupart des sites sont en place depuis les Jeux de 1928, ce qui fait de Saint-Moritz un choix logique pour devenir la première ville à organiser les Jeux à deux reprises[21]. Vingt-huit pays concourent en Suisse, mais les athlètes allemands et japonais ne sont pas invités[22]. Les Jeux sont entachés par la controverse et le vol. Deux équipes américaines de hockey sur glace viennent aux Jeux, affirmant chacune être l'équipe nationale olympique légitime. Le drapeau olympique présenté aux Jeux olympiques d'été de 1920 à Anvers est volé comme son remplaçant. Il y a une parité sans précédent lors de ces Jeux puisque 10 pays remportent des médailles d'or, ce qui est un record[23].
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+ La ville d'Oslo, en Norvège, est invitée à organiser les Jeux olympiques d'hiver de 1952. La flamme olympique est allumée dans le foyer du pionnier du ski Sondre Norheim et le relais de la torche est effectué par 94 participants entièrement sur skis[24],[25]. Le bandy, sport populaire dans les pays nordiques, est présenté en tant que sport de démonstration ; même si seules la Norvège, la Suède et la Finlande envoient des équipes. Les athlètes norvégiens remportent 17 médailles, ce qui dépasse toutes les autres nations[26]. Ils sont menés par Hjalmar Andersen, qui remporte trois médailles d'or en quatre épreuves dans la compétition de patinage de vitesse[27].
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+ N'ayant pas pu accueillir les Jeux en 1944, la ville de Cortina d'Ampezzo est sélectionnée pour organiser les Jeux olympiques d'hiver de 1956. Lors de la cérémonie d'ouverture, le dernier relayeur de la torche, Guido Caroli, entre dans le stade olympique sur des patins à glace. Alors qu'il patine dans le stade, son patin se prend dans un câble et il tombe, éteignant presque la flamme. Il est quand même capable de se relever et d'allumer la vasque[28]. Ce sont les premiers Jeux d'hiver à être télévisés, même si les droits de télévision ne sont vendus qu'à partir des Jeux olympiques d'hiver de 1960 à Squaw Valley[29]. Les Jeux de Cortina sont utilisés pour tester la faisabilité de la retransmission télévisée des grands évènements sportifs[30]. L'Union soviétique fait ses débuts olympiques et a un impact immédiat sur les Jeux, puisqu'elle gagne plus de médailles que les autres nations[31]. Le skieur alpin Chiharu Igaya remporte la première médaille aux Jeux d'hiver pour le Japon et l'Asie en se plaçant à la seconde place du slalom[32].
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+ Le CIO attribue les Jeux de 1960 à Squaw Valley, aux États-Unis. Étant donné le sous-développement de la station, il y a une ruée pour construire des infrastructures et des installations sportives dont une patinoire, une piste pour le patinage de vitesse et un tremplin de saut à ski[33],[34]. Les cérémonies d'ouverture et de clôture sont produites par Walt Disney[35]. Les Jeux de Squaw Valley ont un certain nombre de premières notables : ce sont les premiers Jeux à avoir un village olympique dédié ; c'est la première fois qu'un ordinateur est utilisé (avec la permission d'IBM) pour compiler les résultats ; et c'est la première fois qu'il y a des épreuves féminines de patinage de vitesse. Les épreuves de bobsleigh sont absentes pour la première et unique fois de l'histoire des Jeux d'hiver, car le comité d'organisation juge trop élevé le coût de construction d'une piste de bobsleigh[35].
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+ La ville autrichienne d'Innsbruck est l'hôte des Jeux d'hiver en 1964. Même s'il s'agit d'une traditionnelle station de sports d'hiver, le beau temps cause une absence de neige durant les Jeux et l'armée autrichienne est demandée pour transporter de la neige et de la glace vers les sites sportifs[35]. La Soviétique Lidia Skoblikova marque l'histoire en remportant les quatre épreuves de patinage de vitesse. Son total de six médailles d'or pendant sa carrière établit un record pour les athlètes des Jeux d'hiver[35]. La luge est pour la première fois présente en 1964, bien que ce sport reçoive une mauvaise publicité quand un concurrent décède lors d'une course d'entraînement pré-olympique[36],[37].
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+ Ayant lieu dans la ville française de Grenoble, les Jeux olympiques d'hiver de 1968 sont les premiers Jeux olympiques à être diffusés en couleur à travers le monde depuis le Stade olympique de Grenoble. 37 nations et 1 158 athlètes concourent dans 35 épreuves[38]. Après l'Autrichien Toni Sailer en 1956[39], le Français Jean-Claude Killy devient le deuxième à remporter toutes les épreuves masculines de ski alpin d'une édition des Jeux. Le comité d'organisation vend les droits de télévision pour 2 millions de dollars, soit plus du double que pour les Jeux d'Innsbruck[40]. Les sites, répartis sur de longues distances, nécessitent trois villages des athlètes. Les organisateurs prétendent que c'est obligatoire pour s'adapter aux progrès technologiques. Les critiques contestent ceci en alléguant que cette disposition est nécessaire pour fournir les meilleurs sites possibles aux chaînes de télévision, au détriment des athlètes[40]. Ces jeux sont également l'occasion de voir l'utilisation des premiers tests de féminité sur des athlètes olympiques[41], ainsi que l'apparition de la première mascotte non officielle de l'histoire des Jeux olympiques, Schuss le skieur[42].
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+ Les Jeux d'hiver de 1972, qui ont lieu à Sapporo au Japon, sont les premiers à être organisés en dehors de l'Amérique du Nord et de l'Europe. La question du professionnalisme est devenue litigieuse durant les Jeux de Sapporo. Trois jours avant les Jeux, le président du CIO Avery Brundage menace d'interdire à un certain nombre de skieurs alpins de participer parce qu'ils ont pris part à un camp de ski à Mammoth Mountain aux États-Unis. Brundage estime en effet que les skieurs ont profité financièrement de leur statut d'athlète et n'étaient donc plus amateurs[43]. Finalement, seul l'Autrichien Karl Schranz, qui gagne plus d'argent que tous les autres skieurs, n'est pas autorisé à concourir[44]. Le Canada n'envoie pas d'équipes aux tournois de hockey sur glace en 1972 et en 1976 pour protester contre l'interdiction d'utiliser des joueurs de leurs ligues professionnelles, alors que les Soviétiques sont autorisés à le faire[45]. Le skieur Francisco Ochoa devient le seul espagnol à remporter une médaille d'or aux Jeux d'hiver en triomphant dans le slalom[46].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 1976 sont décernés à Denver aux États-Unis, mais en 1972, les électeurs de la ville adoptent un référendum pour refuser d'accueillir les Jeux[47]. La ville d'Innsbruck, qui avait conservé les infrastructures des Jeux de 1964, est choisie pour remplacer Denver[48]. Deux flammes olympiques sont allumées, car c'est la seconde fois que la ville autrichienne accueille les Jeux[48]. Les Jeux de 1976 comprennent la première piste de bobsleigh et de luge combinée près d'Igls[46]. L'Union soviétique remporte sa quatrième médaille d'or consécutive en hockey sur glace[48]. C'est aussi lors de ces Jeux qu’apparaît la première mascotte officielle aux Jeux d'hiver : le bonhomme de neige Schneemann[49].
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+ En 1980, les Jeux retournent à Lake Placid, qui a déjà accueilli ceux de 1932. Le premier boycott aux Jeux d'hiver survient lors des Jeux de 1980 quand Taïwan refuse de participer après qu'un décret du CIO ait obligé le pays à changer son nom et son hymne national[50]. Le CIO tente de s'adapter à la Chine, qui souhaite participer en utilisant le même nom et le même hymne que Taïwan[50]. Le patineur de vitesse américain Eric Heiden bat un record du monde ou olympique lors de chacune des cinq épreuves auxquelles il participe[51]. Hanni Wenzel remporte le slalom et le slalom géant et son pays, le Liechtenstein, devient la plus petite nation à avoir un ou une médaillé d'or olympique[15]. Lors du « Miracle sur glace », l'équipe américaine de hockey sur glace bat les favoris soviétiques et remporte par la suite la médaille d'or[52].
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+ Les villes de Sapporo, au Japon, et de Göteborg, en Suède, sont favorites pour accueillir les Jeux olympiques d'hiver de 1984. C'est donc une surprise quand celle de Sarajevo, en Yougoslavie, est sélectionnée pour être l'hôte des Jeux[53]. Ces Jeux sont bien organisés et ne montrent aucune indication de la guerre qui allait bientôt embraser le pays[54]. Un total de 49 nations et 1 272 athlètes participe à 39 épreuves. La nation hôte, la Yougoslavie, remporte sa première médaille olympique aux Jeux d'hiver quand le skieur alpin Jure Franko gagne l'argent dans le slalom géant. L'autre point fort sportif de ces Jeux est la danse libre des danseurs sur glace britanniques Jayne Torvill et Christopher Dean. Leur interprétation du Boléro de Ravel permet au couple de remporter la médaille d'or après avoir obtenu à l'unanimité des scores parfaits pour l'impression artistique[54].
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+ En 1988, la ville canadienne de Calgary organise les premiers Jeux d'hiver qui s'étendent sur 16 jours[55]. De nouvelles épreuves sont ajoutées en saut à ski et en patinage de vitesse, tandis que les futurs sports olympiques que sont le curling, le patinage de vitesse sur piste courte et le ski acrobatique font leurs apparitions en tant que sports de démonstration. Pour la première fois, les épreuves de patinage de vitesse ont lieu à l'intérieur, dans le Olympic Oval. La patineuse néerlandaise Yvonne van Gennip remporte trois médailles d'or et établit deux records du monde en battant l'équipe est-allemande, favorite dans chaque course[56]. Son total de médailles est égalé par le sauteur à ski finlandais Matti Nykänen, qui remporte les trois épreuves de son sport. Alberto Tomba, skieur italien, fait ses débuts olympiques en remportant le slalom géant et le slalom. L'Est-allemande Christa Rothenburger gagne l'épreuve du 1 000 mètres féminin en patinage de vitesse. Sept mois plus tard, elle remporte une médaille d'argent en cyclisme sur piste lors des Jeux d'été à Séoul pour devenir la première et unique athlète à remporter des médailles lors des Jeux d'hiver et des Jeux d'été la même année[55].
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+ Les Jeux de 1992 sont les derniers à avoir lieu la même année que les Jeux d'été[57]. Ils sont organisés à Albertville, en France, bien que seulement 18 épreuves sur 57 aient lieu dans la ville en elle-même. Les autres épreuves sont réparties dans le reste de la Savoie[57]. Les changements politiques de l'époque se reflètent dans les équipes olympiques qui participent aux Jeux en France : ce sont les premiers à avoir lieu depuis la chute du communisme et le démantèlement du mur de Berlin et l'Allemagne participe comme une nation unie pour la première fois depuis les Jeux de 1964. Aussi, deux des anciennes républiques yougoslaves que sont la Croatie et la Slovénie font leurs débuts comme nations indépendantes, tandis que la plupart des anciennes républiques soviétiques participe encore dans une seule équipe désignée comme l'équipe unifiée, mais les Pays baltes participent comme nation indépendante pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale[58]. À 16 ans, le sauteur à ski finlandais Toni Nieminen marque l'histoire en devenant le plus jeune champion olympique masculin lors des Jeux d'hiver[59]. La skieuse néo-zélandaise Annelise Coberger devient la première médaillée de l'hémisphère sud aux Jeux d'hiver en remportant une médaille d'argent dans le slalom féminin.
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+ En 1986, le CIO décide de séparer les Jeux d'été et d'hiver et les place en alternance durant les années paires. Ce changement entre en vigueur lors des Jeux de 1994, organisés à Lillehammer en Norvège, qui deviennent les premiers Jeux d'hiver à avoir lieu séparément des Jeux d'été[60]. Après la division de la Tchécoslovaquie en 1993, la République tchèque et la Slovaquie font leurs débuts olympiques[61]. La compétition féminine de patinage artistique retient l'attention des médias quand la patineuse américaine Nancy Kerrigan est blessée le 6 janvier 1994 lors d'une agression organisée par l'ex-mari de son adversaire Tonya Harding[62]. Les deux patineuses participent aux Jeux mais la médaille d'or est remportée par Oksana Baiul. Elle devient la première championne olympique ukrainienne[63],[64]. Le patineur de vitesse norvégien Johann Olav Koss remporte trois médailles d'or et établit deux records olympiques et un record du monde[65].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 1998 ont lieu dans la ville japonaise de Nagano et sont les premiers Jeux à accueillir plus de 2 000 athlètes[66]. Le tournoi masculin de hockey sur glace est ouvert aux professionnels pour la première fois. Le Canada et les États-Unis, avec leurs nombreux joueurs de la LNH, sont les favoris[66]. Pour la première fois de son histoire, la République tchèque domine la compétition et le pays remporte sa première médaille d'or aux Jeux d'hiver[66]. Le hockey sur glace féminin fait ses débuts et les États-Unis remportent la médaille d'or[67]. Le Norvégien Bjørn Dæhlie remporte trois médailles d'or en ski de fond. Il devient l'athlète le plus décoré de l'histoire des Jeux d'hiver avec douze médailles, dont huit en or[66]. Le skieur alpin autrichien Hermann Maier chute pendant la descente et remporte ensuite le super G et le slalom géant[66]. Une vague de records du monde est battue en patinage de vitesse grâce à l'introduction des patins clap[68].
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+ Les 19e Jeux olympiques d'hiver ont lieu à Salt Lake City aux États-Unis et accueillent 2 399 athlètes de 77 nations qui participent à 78 épreuves réparties en 7 sports[69]. L'Allemand Georg Hackl remporte une médaille d'argent en luge, devenant le premier athlète dans l'histoire olympique à remporter des médailles dans la même épreuve individuelle lors de cinq éditions consécutives des Jeux[69]. Le Canada réalise un doublé sans précédent en remportant les médailles d'or des compétitions masculines et féminines en hockey sur glace[69]. Ce pays se brouille avec la Russie lors d'une controverse qui implique le jugement de la compétition de patinage artistique en couple. La paire russe composée de Yelena Berezhnaya et Anton Sikharulidze concourt contre les Canadiens Jamie Salé et David Pelletier pour la médaille d'or. Les Canadiens semblent avoir suffisamment bien patiné pour gagner la compétition, mais les Russes remportent l'or. Les juges votent selon les zones de la Guerre froide : ceux des anciens pays communistes préfèrent la paire russe et ceux des nations démocratiques votent pour les Canadiens. La seule exception est la juge française Marie-Reine Le Gougne qui décerne l'or aux Russes. Une enquête révèle qu'elle a subi des pressions pour donner l'or à la paire russe quelle que soit la façon dont ils patinent ; en retour, la juge russe donnerait des notes favorables aux participants français dans la compétition de danse sur glace[70]. Le CIO décide de décerner aux deux paires la médaille d'or lors d'une seconde cérémonie de médaille qui a eu lieu plus tard dans les Jeux[71]. L'Australien Steven Bradbury devient le premier médaillé d'or de l'hémisphère sud en remportant l'épreuve du 1 000 mètres en patinage de vitesse sur piste courte[72].
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+ La ville italienne de Turin organise les Jeux olympiques d'hiver de 2006. C'est la seconde fois que l'Italie organise les Jeux olympiques d'hiver, après ceux de 1956. Les athlètes sud-coréens remportent 10 médailles dont 6 en or dans les épreuves de patinage de vitesse sur piste courte. Jin Sun-yu gagne trois médailles d'or tandis que son coéquipier Ahn Hyun-soo obtient trois médailles d'or et une de bronze[73]. Dans le sprint féminin par équipe en ski de fond, la Canadienne Sara Renner casse un de ses bâtons, et en la voyant affronter cette situation, l'entraîneur norvégien Bjørnar Håkensmoen décide de lui en prêter un. Grâce à cette aide, elle peut aider son équipe à gagner une médaille d'argent dans cette épreuve au détriment de l'équipe norvégienne, qui termine à la quatrième place[73],[74]. L'Allemande Claudia Pechstein devient la première patineuse de vitesse à remporter neuf médailles dans sa carrière[73]. En février 2009, Pechstein est testée positive pour une « manipulation du sang » et reçoit une suspension de deux ans, dont elle fait appel. Le tribunal arbitral du sport confirme cette suspension, mais un tribunal suisse juge qu'elle peut concourir pour une place dans l'équipe olympique allemande de 2010[75]. Cette décision est portée devant le tribunal fédéral suisse, qui infirme la décision du tribunal de première instance et l'empêche de participer à Vancouver[76].
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+ En 2003, le CIO décerne les Jeux olympiques d'hiver de 2010 à Vancouver, permettant ainsi au Canada d'accueillir ses seconds Jeux olympiques d'hiver après ceux de 1988. Avec une population de plus de 2,5 millions de personnes, c'est la plus grande agglomération à organiser les Jeux d'hiver[77]. Plus de 80 pays et 2 500 athlètes participent à 86 épreuves[78]. Le décès du lugeur géorgien Nodar Kumaritashvili lors d'un entraînement le jour de la cérémonie d'ouverture endeuille les Jeux. Son décès force les officiels du Centre des sports de glisse de Whistler à changer la piste pour la rendre plus sûre[79]. La Norvégienne Marit Bjørgen remporte cinq médailles au cours des six épreuves féminines de ski de fond. Elle finit les Jeux avec trois médailles d'or, une d'argent et une de bronze[80]. Les Jeux de Vancouver sont marqués par les mauvaises performances des athlètes russes. De leurs premiers Jeux d'hiver en 1956 aux Jeux de 2006, une délégation soviétique ou russe n'avait jamais été en dehors du top cinq du tableau des médailles. En 2010, ils finissent à la sixième place du classement du total des médailles et à la onzième place de celui des médailles d'or. Le président Dmitri Medvedev appelle à la démission des responsables sportifs de haut niveau immédiatement après les Jeux[81]. Le succès des pays asiatiques est en contraste frappant avec les mauvais résultats des athlètes russes. Vancouver marque un point culminant des médailles remportées par ces pays. En 1992, ils remportent quinze médailles, dont trois en or. À Vancouver, le nombre de médailles décernées aux athlètes asiatiques passe à trente-et-un, dont onze en or. La montée des nations asiatiques dans les sports des Jeux d'hiver est due en partie au développement des programmes de sports d'hiver et à l'intérêt pour ces sports dans des pays comme la Corée du Sud, le Japon ou la Chine[82],[83].
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+ Le choix de la ville hôte des Jeux olympiques d'hiver de 2014 est fait le 4 juillet 2007. Sotchi, en Russie, est élue devant les deux autres finalistes : Salzbourg en Autriche et PyeongChang en Corée du Sud. C'est la première fois que la Russie organise les Jeux olympiques d'hiver[84]. Ces Jeux sont les plus chers de l'histoire, été et hiver confondus : ils coûtent environ 50 milliards de dollars américains, soit huit fois plus que ceux de Vancouver quatre ans plus tôt. La majorité des sites et des infrastructures doivent en effet être construits à l'occasion des Jeux, la région étant très peu développée auparavant[85]. Le village olympique et le stade olympique sont situés sur la côte de la mer Noire alors que tous les sites de montagne sont à 50 kilomètres de Sotchi, dans la région montagneuse connue sous le nom de Krasnaïa Poliana[84]. Au niveau sportif, les Jeux de Sotchi sont marqués par la domination historique des Pays-Bas en patinage de vitesse. Les patineurs néerlandais remportent en effet 23 médailles sur 36 possibles, un record, et réalisent quatre triplés[86]. Le biathlète norvégien Ole Einar Bjørndalen, double médaillé d'or à Sotchi, porte son total à treize médailles olympiques dont huit d'or. Il devient ainsi l'athlète le plus médaillé de l'histoire des Jeux d'hiver en dépassant les douze médailles de son compatriote fondeur Bjørn Dæhlie[87]. Ahn Hyun-soo, appelé Viktor Ahn depuis qu'il représente la Russie après avoir été mis à l'écart par la fédération sud-coréenne, répète sa performance de 2006. Il remporte à nouveau quatre médailles dont trois d'or lors des épreuves de patinage de vitesse sur piste courte[88].
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+ Le 6 juillet 2011, PyeongChang en Corée du Sud est préférée à Munich (Allemagne) et Annecy (France) pour accueillir les Jeux olympiques d'hiver de 2018. C'est la première fois que le pays organise les Jeux d'hiver, et la deuxième fois que les Jeux olympiques y ont lieu après les Jeux d'été de 1988 à Séoul[89]. Le stade olympique et certains des sites de compétitions se trouvent dans la station d'Alpensia, alors que d'autres épreuves ont lieu dans la ville côtière de Gangneung. Malgré des relations tendues avec le Sud, la Corée du Nord accepte de participer aux Jeux, de défiler avec la Corée du Sud lors de la cérémonie d'ouverture et de présenter une équipe unifiée au tournoi féminin de hockey sur glace[90]. Les mois menant aux Jeux sont également marqués par le scandale du dopage organisé en Russie. Le Comité international olympique suspend le Comité olympique russe de ces Jeux ; des athlètes russes individuels, qui se sont qualifiés et ont pu démontrer qu'ils ont respecté les règles en matière de dopage, peuvent cependant participer aux Jeux en tant qu'« Athlètes olympiques de Russie » (OAR)[91]. Plusieurs épreuves font leur apparition aux Jeux olympiques : le big air en snowboard, le double mixte en curling, le mass start en patinage de vitesse et le slalom parallèle par équipes en ski alpin[92]. Les Pays-Bas dominent à nouveau les épreuves de patinage de vitesse : ils remportent sept des dix médailles individuelles. La Norvège est la meilleure nation en ski de fond ; Marit Bjørgen gagne cinq médailles et porte son total à quinze, ce qui est un record pour les Jeux d'hiver. Le Japonais Noriaki Kasai devient quant à lui le premier athlète à participer à huit éditions des Jeux d'hiver et la Tchèque Ester Ledecká, championne olympique en ski alpin et en snowboard, est la première femme à remporter des médailles dans deux disciplines différentes lors des mêmes Jeux d'hiver. La Norvège domine le classement final avec 39 médailles, ce qui est un record pour les Jeux d'hiver, devant l'Allemagne et le Canada. La Corée du Sud bat son record des Jeux d'hiver en remportant 17 médailles[93],[94].
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+ Le 31 juillet 2015, l'organisation des Jeux d'hiver de 2022 est attribuée à Pékin lors de la 128e session du Comité international olympique. La seule autre ville candidate était Almaty au Kazakhstan. Pékin deviendra la première à accueillir les Jeux d'été et les Jeux d'hiver[95]. Milan et Cortina d'Ampezzo sont choisies pour organiser les Jeux olympiques d'hiver de 2026 le 24 juin 2019 à Lausanne, lors de la 134e session du Comité international olympique. La seule autre candidature était celle de Stockholm et Åre en Suède.
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+ Le processus d'attribution des Jeux à une ville est scruté après que Salt Lake City a reçu le droit d'accueillir les Jeux de 2002[96]. Peu après l'annonce de la ville hôte, il est découvert que les organisateurs sont engagés dans un schéma de corruption élaboré pour s'attirer les faveurs des responsables du CIO[96]. Des cadeaux et d'autres considérations financières sont donnés à ceux qui évaluent et votent pour la candidature de Salt Lake City. Ces cadeaux incluent un traitement médical pour des proches, une bourse d'études pour le fils d'un membre et une transaction foncière dans l'Utah. Même le président du CIO Juan Antonio Samaranch reçoit deux fusils évalués à 2 000 dollars. Samaranch défend ce cadeau comme sans importance puisque, en tant que président, il est un membre non-votant[97]. L'enquête subséquente révèle des incohérences dans les candidatures pour chaque Jeux (été et hiver) depuis 1988[98]. Par exemple, les cadeaux reçus par les membres du CIO de la part du comité d'organisation japonais lors de la candidature de Nagano pour les Jeux olympiques d'hiver de 1998 sont décrits par la commission d'enquête comme « astronomiques »[99]. Bien que rien de strictement illégal n'ait été fait, le CIO craint que les sponsors perdent foi en l'intégrité du processus et que la marque olympique soit ternie au point que les annonceurs commencent à retirer leur soutien[100]. L'enquête aboutit à l’expulsion de 10 membres du CIO et à la sanction de 10 autres. De nouveaux termes et des limites d'âge sont établis pour les membres du CIO et 15 anciens athlètes olympiques sont ajoutés au comité. Des règles plus strictes pour les futures candidatures sont imposées, avec des plafonds sur la valeur des cadeaux que les membres du CIO pourraient accepter des villes candidates[101],[102],[103].
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+ En 1967, le CIO commence à adopter des protocoles de dépistage des produits dopants. Il commence par effectuer des tests au hasard sur des athlètes lors des Jeux olympiques d'hiver de 1968[104]. Le premier athlète des Jeux d'hiver à être testé positif pour une substance interdite est Alois Schloder, un joueur de hockey ouest-allemand[105], mais son équipe est toujours autorisée à concourir[106]. Durant les années 1970, les tests en dehors des compétitions sont intensifiés, car ils dissuadent les athlètes d'utiliser des produits dopants[107]. Le problème des tests effectués à cette époque est le manque de standardisation des procédures, qui porte atteinte à leur crédibilité. Il faut attendre la fin des années 1980 pour que les fédérations sportives internationales commencent à coordonner leurs efforts pour standardiser les protocoles de dépistage des produits dopants[108]. Le CIO prend les devants dans la lutte contre les stéroïdes lorsqu'il crée une Agence mondiale antidopage (AMA) indépendante en novembre 1999[109],[110]. Cette lutte anti-dopage se ressent dès les Jeux de 2002 à Salt Lake City où le fondeur espagnol Johann Mühlegg et la fondeuse russe Larisa Lazutina, tous deux multi-médaillés, sont exclus des Jeux et par la suite, perdent leurs médailles en raison de tests anti-dopage positifs[111].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver de 2006 à Turin deviennent notables par un scandale impliquant une tendance émergente du dopage sanguin, l'utilisation de transfusions sanguines ou d'hormones synthétiques comme l'érythropoïétine (EPO) pour améliorer le flux d'oxygène et donc de réduire la fatigue[112]. La police italienne effectue une descente dans la résidence de l'équipe de ski de fond autrichienne pendant les Jeux où ils saisissent des échantillons et des équipements pour le dopage sanguin[113]. Cet évènement suit la suspension avant les Jeux olympiques de 12 fondeurs testés à des niveaux inhabituellement élevés d'hémoglobine, ce qui témoigne d'un dopage sanguin[112].
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+ En novembre et décembre 2017, à la suite de la mise au jour du système institutionnel de dopage en Russie s'étalant de 2011 à 2015 et concernant plus particulièrement les Jeux olympiques d'hiver de 2014 s’étant déroulés à Sotchi en Russie, le Comité international olympique disqualifie quarante-trois sportifs de l'équipe russe ayant concouru à Sotchi et lui retire treize médailles dont quatre en or (chiffres au 11 janvier 2018). Autre conséquence directe, le Comité olympique russe, et donc la Russie en tant que nation participante, est suspendu des Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang 2018, ses athlètes étant toutefois autorisés à y participer sous drapeau olympique et sous certaines conditions[91].
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+ Avery Brundage, en tant que président du CIO entre 1952 et 1972, rejette toutes les tentatives de lier les Jeux olympiques à des intérêts commerciaux, car il estime que le mouvement olympique doit être complètement séparé de l'influence financière[114]. Les Jeux olympiques d'hiver de 1960 marquent le début du sponsoring des Jeux par des entreprises[114]. Malgré une résistance ardue de Brundage, la commercialisation des Jeux durant les années 1960 et les revenus générés par le sponsoring des entreprises grossissent les coffres du CIO[115]. Lors des Jeux de Grenoble, Brundage devient tellement préoccupé par la direction des Jeux olympiques d'hiver vers la commercialisation que si elle ne pouvait pas être corrigée, il sentait que les Jeux olympiques d'hiver devraient être abolis[116]. Sa résistance à cette source de revenus signifie que le CIO est incapable de gagner une part de la manne financière qui provient des villes hôtes et n'a aucun contrôle sur la structuration des contrats de sponsoring. Lorsque Brundage part à la retraite, le CIO a 2 millions de dollars en actifs tandis que huit années plus tard, ses comptes passent à 45 millions de dollars. Cela est dû à un changement d'idéologie chez les membres du CIO pour l'expansion des Jeux grâce au sponsoring des sociétés et la vente des droits de télévision[114].
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79
+ Les préoccupations de Brundage s'avèrent prophétiques. Le CIO facture de plus en plus les droits de télévision à chaque Jeux successifs. De 50 000 dollars payés par le diffuseur américain CBS en 1960[117], les droits de diffusion totaux passent à 940 000 dollars en 1964, 20,73 millions en 1980, 102,68 millions en 1984 et 324,9 millions en 1988. Les recettes sont de 513,49 millions en 1998, de 738 millions en 2002 et de 831 millions en 2006[118]. La diffusion des Jeux de Vancouver en 2010 coûte à NBC 820 millions de dollars[119]. La part des droits pour les États-Unis varie d'environ 80 % du total dans les années 1980 à environ 50 % en 2010. Ces revenus sont destinés actuellement à 49 % au comité d'organisation des Jeux et à 51 % au CIO, au comités nationaux et aux fédérations sportives internationales[118]. Plus les chaînes de télévision paient pour diffuser les Jeux, plus grand est leur pouvoir de persuasion avec le CIO[117],[120]. Par exemple, le lobby de la télévision influence le programme olympique en dictant quand les finales des épreuves doivent avoir lieu afin qu'elles soient diffusées en première partie de soirée pour les téléspectateurs. Il fait pression sur le CIO pour inclure de nouvelles épreuves, comme le snowboard, pour attirer un public plus important devant la télévision. Cela stimule les audiences, qui étaient en lente diminution jusqu'aux Jeux de 2010[121],[122].
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+ En 1986, le CIO décide d'échelonner les Jeux d'hiver et d'été. Au lieu de se tenir dans la même année civile, le comité décide de les alterner tous les deux ans, bien que les Jeux d'hiver et d'été aient encore lieu sur un cycle de quatre ans[123]. Il est décidé que 1992 serait la dernière année durant laquelle se déroulent les Jeux olympiques d'été et d'hiver[60]. Il y a deux raisons à ce changement : la première est le désir du lobby de la télévision de maximiser les recettes publicitaires, car il est difficile de vendre du temps publicitaire pour deux Jeux dans la même année[123] ; la seconde est le désir du CIO de gagner plus de contrôle sur les revenus générés par les Jeux. Il est décidé qu'avec l'échelonnement des Jeux, il serait plus facile pour les sociétés de sponsoriser chaque édition des Jeux olympiques, ce qui permettrait de maximiser les revenus potentiels. Le CIO cherche à négocier directement les contrats de sponsoring afin qu'il ait plus de contrôle sur la « marque » olympique[124]. Les premiers Jeux olympiques d'hiver à être organisés dans ce nouveau format sont les Jeux de 1994 à Lillehammer[57].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver sont une façade idéologique pendant la Guerre froide à partir de la première participation de l'Union soviétique, lors des Jeux d'hiver de 1956. Il ne faut pas longtemps pour que les combattants de la Guerre froide découvrent que les Jeux olympiques pourraient être un outil de propagande puissant. Les politiques soviétiques et américains utilisent les Jeux comme une occasion de prouver la supériorité de leurs systèmes politiques respectifs[125]. Les athlètes soviétiques qui réussissent sont fêtés et honorés. Irina Rodnina, triple championne olympique en patinage artistique, se voit décerner l'Ordre de Lénine après sa victoire aux Jeux olympiques d'hiver de 1976 à Innsbruck[126]. Les athlètes soviétiques qui remportent des médailles d'or peuvent s'attendre à recevoir entre 4 000 et 8 000 dollars selon le prestige de leur sport. Un record du monde vaut une somme supplémentaire de 1 500 dollars[127]. En 1978, le congrès américain réagit à ces mesures en adoptant une loi qui réorganise l'United States Olympic Committee. Il approuve également des récompenses financières aux athlètes médaillés[128].
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+ La Guerre froide crée des tensions entre les pays alliés des deux superpuissances. Les relations tendues entre l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est créent une situation politique difficile pour le CIO. À cause de son rôle dans la Seconde Guerre mondiale, l'Allemagne n'est pas admise à concourir aux Jeux olympiques d'hiver de 1948[22]. En 1950, le CIO reconnaît le comité olympique ouest-allemand[129] et invite l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est à participer dans une équipe unifiée aux Jeux olympiques d'hiver de 1952. L'Allemagne de l'Est décline l'invitation et cherche plutôt une légitimé internationale distincte de l'Allemagne de l'Ouest[130]. En 1955, l'Union soviétique reconnaît l'Allemagne de l'Est comme un État souverain, donnant ainsi plus de crédibilité à la campagne de ce pays pour devenir un participant indépendant aux Jeux. Le CIO accepte de tolérer provisoirement le comité national olympique est-allemand à la condition que l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest participent dans une seule équipe : l'équipe unifiée d'Allemagne[131]. La situation devient fragile quand le Mur de Berlin est construit en 1962 et les nations occidentales commencent à refuser les visas des athlètes est-allemands[132]. Le compromis précaire d'une équipe unifiée continue jusqu'aux Jeux de Grenoble en 1968, quand le CIO divise officiellement les équipes et menace de rejeter les candidatures de villes des pays qui refusent des visas d'entrée pour les athlètes est-allemands[133].
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+ Les Jeux olympiques d'hiver ne subissent qu'un seul boycott d'une équipe nationale quand Taïwan décide de ne pas participer aux Jeux olympiques d'hiver de 1980, qui ont lieu à Lake Placid. Avant les Jeux, le CIO accepte que la Chine participe aux Jeux olympiques pour la première fois depuis 1952. La Chine reçoit l'autorisation de participer en tant que « République populaire de Chine » (RPC) et d'utiliser le drapeau et l'hymne de la RPC. Jusqu'en 1980, l'île de Taïwan concourait sous le nom « République de Chine » (RDC) en utilisant le drapeau et l'hymne de la RDC[50]. Le CIO tente de faire participer les deux pays ensemble, mais quand cela s'avère impossible, il demande que Taïwan cesse de s'appeler la « République de Chine »[134],[135]. Le CIO renomme l'île Taipei chinois et exige qu'elle adopte un drapeau et un hymne différents ; des dispositions que Taïwan n'accepte pas. Malgré de nombreux appels et audiences, la décision du CIO reste inchangée. Quand les athlètes taïwanais arrivent au village olympique avec les cartes d'identité de la République de Chine, ils ne sont pas admis. Ils quittent ensuite les Jeux olympiques en signe de protestation juste avant la cérémonie d'ouverture[50]. Taïwan retourne dans la compétition olympique lors des Jeux d'hiver de 1984 à Sarajevo en tant que Taipei chinois. Le pays accepte de concourir sous un drapeau portant l'emblème de leur comité national olympique et de jouer l'hymne de leur CNO si l'un de leurs athlètes remporte une médaille d'or. L'accord est toujours en vigueur à ce jour[136].
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+ Selon le CIO, la ville hôte est chargée d'« ... établir les fonctions et services pour tous les aspects des Jeux (planification des sports, sites, finances, technologie, hébergement, restauration, services aux médias, etc.), ainsi que les opérations durant les Jeux[137]. » En raison du coût de l'organisation des Jeux olympiques, la plupart des villes hôtes ne réalisent jamais de profit sur leur investissement[138]. Ce phénomène est connu sous le nom de la « malédiction du vainqueur ». Pendant la phase de sélection de la ville hôte, les villes ont tendance à surestimer la « valeur » des Jeux, c'est-à-dire ce que les Jeux rapportent. Elles prévoient de plus en plus d'investissements et surenchérissent. Le phénomène est caractérisé par des coûts plus élevés que les recettes, une augmentation du budget, en partie dû à l'inflation, à mesure que les Jeux approchent, des subventions publiques supplémentaires et un nombre de visiteurs étrangers moins élevé que prévu[139].
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+ En 1924, un budget commun est établi pour les Jeux d'été à Paris et les Jeux d'hiver à Chamonix. Sur un budget total d'environ 15,5 millions de francs français, les subventions pour les Jeux d'hiver représentent environ 500 000 francs[140]. Lors des Jeux de 1928 à Saint-Moritz, en Suisse, les dépenses sont de 706 000 francs suisses, dont la moitié pour les équipements sportifs. Les Jeux se terminent avec un solde négatif de 104 800 francs à la charge de la commune de Saint-Moritz et du club de ski Alpina St. Moritz[141]. Les Jeux olympiques d'hiver de 1932, à Lake Placid, coûtent environ 1,2 million de dollars américains, dont plus de la moitié sont des subventions de l'État de New York[142]. En 1952, la ville d'Oslo finance entièrement les Jeux[143]. Les dépenses sont de 11 663 000 couronnes norvégiennes pour les sites olympiques[144] et 2 688 000 couronnes pour le reste[145]. Le solde positif de 1 494 000 couronnes est reversé en majeure partie à la ville d'Oslo, ainsi qu'au comité national olympique norvégien[145]. Les Jeux de 1968, à Grenoble, coûtent 1,1 milliard de francs, dont les trois quarts sont financés par l'État français[146]. Les Jeux de 1980 coûtent 179 millions de dollars, et ceux de 1984 coûtent 200 millions de dollars[147]. Les Jeux de 1992, à Albertville, en France, coûtent 4,2 milliards de francs (640 millions d'euros), et se terminent avec un déficit de 280 millions de francs (42,7 millions d'euros)[148]. L'organisation des Jeux olympiques d'hiver de 1998 à Nagano au Japon coûte 12,5 milliards de dollars, alors qu'en comparaison celle des Jeux de Turin de 2006 coûte seulement 3,6 milliards de dollars[149]. Les organisateurs affirment que le coût de l'expansion du service de train à grande vitesse entre Tokyo et Nagano est responsable du prix élevé à payer[149]. Le comité organisateur espère que l'exposition des Jeux Olympiques et l'accès rapide de Nagano à Tokyo soit une aubaine pour l'économie locale pendant des années. L'économie de Nagano connaît une stimulation pendant les deux années suivant les Jeux, mais les effets à long terme ne se concrétisent pas[149]. Les Jeux de 2010 coûtent 1,88 milliard de dollars canadiens, et le budget est respecté grâce aux subventions de la province de Colombie-Britannique et de l'État canadien[150]. Les Jeux de 2014, organisés à Sotchi en Russie, coûtent 50 milliards de dollars américains. Ce sont les Jeux olympiques les plus chers de l'histoire, été et hiver confondus[85].
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+ La possibilité d'une lourde dette, couplée avec des sites sportifs et des infrastructures inutilisés qui encombrent la collectivité locale avec des coûts d'entretien et aucune valeur pratique post-olympique, est un élément dissuasif pour les villes hôtes potentielles[151].Afin d'atténuer ces préoccupations, le CIO adopte plusieurs initiatives. D'abord, il accepte de financer une partie du budget de la ville hôte pour la tenue des Jeux[152]. Deuxièmement, il limite les pays hôtes admissibles à ceux qui ont les ressources et les infrastructures nécessaires pour accueillir avec succès les Jeux olympiques sans nuire à la région ou la nation. Cela élimine une grande partie du monde en développement[153]. Enfin, les villes candidates pour organiser les Jeux doivent ajouter un « plan d'héritage » à leur proposition. Cela nécessite des villes hôtes potentielles et du CIO de planifier les Jeux avec en vue l'impact économique à long terme et environnemental qu'aura leur organisation dans la région[154].
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+ Les premiers Jeux d'hiver à être télévisés sont ceux de Jeux olympiques d'hiver de 1956, à Cortina d'Ampezzo, et des droits de diffusion sont vendus dès 1960. En 1994, les Jeux sont diffusés dans plus de 120 pays et territoires et pour la première fois en Afrique. Ce nombre monte à 180 pays et territoires en 1998. L'évènement est télévisé pour la première fois en Australie. 2,1 milliards de téléspectateurs de 160 pays regardent les Jeux de 2002. 1 000 heures de diffusion en direct sont proposées lors des Jeux de 2006. Pour la première fois, on peut suivre les Jeux en haute définition. Le nombre de téléspectateurs en 2010 est d'environ 1,8 milliard[155]. Les Jeux sont alors diffusés dans plus de 220 pays et territoires par 235 diffuseurs et chaînes de télévision[156].
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+
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+ Le montant acquitté par les réseaux de télévisions américaines, s'il demeure moins élevé que pour les jeux olympiques d'été, constitue une source importante de revenus pour la compétition. La première diffusion date de 1960 : CBS avait diffusé quelques extraits des Jeux olympiques de Squaw Valley aux États-Unis. La chaîne s'était acquitté de droits dérisoires s'élevant à 50 000 $[157]. La popularité des jeux olympiques d'hiver à la télévision américaine commence à s'étendre à partir des Jeux olympiques de Grenoble en 1968 grâce à l'importante couverture réalisée par le réseau ABC. Les droits télévisés des jeux olympiques d'hiver explosent à l'occasion de Jeux de Calgary au Canada en 1988. Propulsés par une diffusion horaire favorable aux États-Unis, les droits acquittés par ABC sont multipliés par trois par rapport aux Jeux de 1984 qui se tenaient à Sarajevo. Les deux éditions suivantes qui se tiennent en Europe sont diffusées par CBS, les droits restent sous la barre des 300 millions d'euros et CBS parvient même à atteindre l'équilibre budgétaire pour les Jeux d'Albertville en 1992[159]. L'inflation des droits de diffusion explose au cours des années 2000-2010 avec deux éditions organisées en Amérique du Nord (Salt Lake City en 2002 puis Vancouver en 2010). La chaîne NBC est le diffuseur exclusif des Jeux olympiques d'hiver aux États-Unis de façon ininterrompue depuis 2002.
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+ Plusieurs études statistiques sont effectuées sur les critères déterminant le nombre de médailles qu'un pays obtient lors des Jeux d'hiver. Par exemple, une étude de Wade Pfau essaie de prévoir le nombre de médailles par pays aux Jeux olympiques d'hiver de 2006, à Turin. Il utilise des critères tels que la population, le PIB par habitant, le fait d'être la nation hôte ou pas et le nombre de médailles aux Jeux précédents et sépare les pays en cinq groupes : les pays de l'ex-URSS, les pays scandinaves, les pays germaniques (Allemagne et Autriche), les pays alpins (Suisse, Italie et France) et les pays nord-américains. Pfau utilise ces critères pour définir une formule. Sa conclusion est que les meilleurs pays sont l'Allemagne, les États-Unis, la Norvège, l'Italie, l'Autriche et le Canada, avec respectivement 35, 31, 24, 20 19 et 17 médailles. Les résultats des Jeux montrent que les deux meilleurs pays sont effectivement l'Allemagne et les États-Unis, mais avec 29 et 25 médailles. En revanche, les pays suivants sont le Canada, l'Autriche et la Russie, qui obtiennent un meilleur résultat que la prédiction avec 24, 23 et 22 médailles. La Norvège, sixième avec 19 médailles, et l'Italie, dixième avec 11 médailles, réalisent un résultat inférieur aux prédictions[160].
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+ Madeleine Andreff et Wladimir Andreff publient en 2011 une étude tentant de prévoir le nombre de médailles par pays aux Jeux olympiques d'hiver de 2014, à Sotchi. Ils définissent une méthode permettant de prévoir le nombre de médailles pour les Jeux d'été dans 70 % des cas et l'adaptent aux Jeux d'hiver. Ils utilisent, comme Pfau, les critères tels de la population, le produit intérieur brut, le fait d'être la nation hôte ou pas et le nombre de médailles aux Jeux précédents et séparent les pays en plusieurs groupes d'après le nombre de stations de sports d'hiver, la couverture neige du pays et le régime politique (capitaliste ou communiste). En analysant les médailles remportées par les différents pays dans l'histoire, ils déterminent une formule prévoyant le nombre de médailles. Les résultats prévoyaient que les meilleurs pays seraient les États-Unis, l'Allemagne, le Canada, la Russie, le pays hôte, et la Norvège, avec respectivement 36, 28, 27, 24 et 24 médailles[161]. Les résultats montrent que, contrairement à ces prédictions, la Russie est la meilleure nation avec 33 médailles. La Norvège, qui est troisième avec 26 médailles, est également meilleure qu'attendu. Les États-Unis (deuxièmes avec 28 médailles), l'Allemagne (sixième avec 19 médailles) et le Canada (quatrième avec 25 médailles) ont en revanche des moins bons résultats qu'annoncé[162].
102
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+ L'article 6 du chapitre 1 de l'édition de 2007 de la charte olympique définit les sports d'hiver comme des « sports qui se pratiquent sur la neige ou sur la glace »[163]. Depuis 1992, des nouveaux sports sont ajoutés au programme olympique. Ils incluent le patinage de vitesse sur piste courte, le snowboard et le ski acrobatique. L'ajout de ces épreuves élargit l'attrait des Jeux olympiques d'hiver au-delà de l'Europe et de l'Amérique du Nord. Tandis que les puissances européennes comme la Norvège ou l'Allemagne dominent toujours les sports traditionnels des Jeux d'hiver, des pays comme la Corée du Sud, l'Australie et le Canada connaissent un franc succès dans les nouveaux sports. Les résultats sont plus de parité dans le tableau des médailles par nation, ont davantage d'intérêt pour les Jeux d'hiver et des audiences mondiales télévisées plus élevées[164].
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+
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+ Note : Sur fond bleu, sont mentionnées les épreuves disputées à l'occasion des Jeux olympiques d'été.
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+ Les sports de démonstration ont toujours été présentés par les pays hôtes pour mettre en lumière un sport populaire local à l'occasion d'une compétition sans médailles. Ils ont été abandonnés après 1992. La patrouille militaire, un précurseur du biathlon, est un sport olympique dès la première édition en 1924, avant de revenir en démonstration en 1928, 1936 et 1948[181]. L'épreuve de figures spéciales en patinage artistique est seulement constatée lors des Jeux olympiques d'été de 1908[182]. Le bandy, sport populaire dans les pays nordiques et en Russie décrit comme du hockey sur glace avec une balle, est en démonstration lors des Jeux d'Oslo en 1952[183]. L'eisstock, variante allemande du curling, est en démonstration en 1936 en Allemagne et en 1964 en Autriche[18]. L'épreuve de ballet, plus tard connue comme l'acroski, est présente en 1988 et en 1992[184]. Le ski joëring, qui consiste en une course de ski derrière des chevaux ou des chiens, est un sport de démonstration à Saint-Moritz en 1928[183]. Une course de chiens de traîneaux a lieu à Lake Placid en 1932[183]. Le ski de vitesse est en démonstration à Albertville lors des Jeux olympiques d'hiver de 1992[185]. Le pentathlon d'hiver, version hivernale du pentathlon moderne, est présent comme épreuve de démonstration lors des Jeux de 1948 en Suisse. Il est composé de ski de fond, de tir, d'une descente à ski, de l'escrime et d'équitation[165]. C'est sa version déclinée et repensée à deux disciplines (ski de fond et tir) combinées en une seule épreuve, le biathlon d'hiver, qui s'imposera quelques années plus tard.
108
+
109
+ Note : Contrairement aux Jeux olympiques d'été, les Jeux olympiques d'hiver de 1940 et les Jeux olympiques d'hiver de 1944 annulés ne sont pas inclus dans le décompte officiel en chiffres romains des Jeux d'hiver. Tandis que la liste officielle des Jeux d'été compte les olympiades, la liste des Jeux d'hiver ne compte que les Jeux eux-mêmes.
110
+
111
+ Ce tableau montre la somme des médailles remportées par les dix premières nations aux Jeux d'hiver depuis 1924, d'après le Comité international olympique. Il a été actualisé après les Jeux olympiques d'hiver de PyeongChang en 2018[194] :
112
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113
+ En italique les entités politiques n'existant plus aujourd'hui.
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115
+ Parmi les 17 405 athlètes (dont 12 862 hommes et 4 543 femmes) qui ont participé aux Jeux d'hiver, 22 ont remporté au moins 8 médailles[194]. Parmi ces 22 athlètes, c'est la Norvégienne Marit Bjørgen, qui en a remporté le plus (15) devant le biathlète Ole Einar Bjørndalen (13) et Bjørn Dæhlie (12), ce trio comptant aussi le plus grand nombre de médailles d'or (8). Ces trois norvégiens sont suivis par la Néerlandaise Ireen Wüst qui compte depuis les Jeux de PyeongChang 2018 11 médailles dont 5 titres, puis par la Soviétique Raisa Smetanina et l'Italienne Stefania Belmondo, toutes deux en ski de fond, avec 10 médailles chacune.
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+ Liste des athlètes ayant gagné au moins huit médailles aux Jeux d'hiver :
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+ Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références »
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+ En pratique : Quelles sources sont attendues ? Comment ajouter mes sources ?
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+ La course à pied est, avec la marche, l'un des deux modes de locomotion bipèdes de l'être humain. Caractérisée par une phase de suspension durant laquelle aucun des deux pieds ne touche le sol, elle permet un déplacement plus économe en énergie que la marche pour des vitesses allant d'environ 6 km/h (ultrafond) à plus de 40 km/h (sprint). Outre sa fonction locomotrice, elle est principalement pratiquée comme sport dans le cadre de l'athlétisme et en tant qu'exercice physique.
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+ La course aurait pour origine la capacité acquise depuis au moins quatre millions et demi d'années par les Australopithèques à marcher debout sur leurs deux jambes dans les arbres, Australopithèques issus peut-être d'un primate primitif lui aussi bipède de 15 millions d'années[1]. Cette bipédie a été utilisée occasionnellement pour se déplacer dans les arbres mais de manière permanente pour la marche et la course.
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+ Contrairement à la marche, et au trot et galop des quadrupèdes, elle présente une efficacité énergétique peu dépendante de la vitesse (environ 200 mL d'oxygène par kilogramme et par kilomètre), ce qui permet un grand éventail de vitesses de locomotion. La course fait de l'être humain un piètre sprinter en comparaison des mammifères quadrupèdes mais lui confère une grande endurance, absente chez les autres primates et rare chez les mammifères[2]. Ces capacités seraient liées à une évolution anatomique apparue dans le genre Homo, la question de savoir si l'apparition de l'endurance à la course est un trait de l'évolution ou un effet collatéral de celle-ci reste ouverte[3].
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13
+ La théorie proposée considère que le genre Homo s'est spécialisé dans la course de fond et que la course en est issue : le passage de la quadrupédie à la bipédie ayant fait perdre la possibilité de courir sur une faible distance à la vitesse la plus rapide possible, le genre Homo a développé la course d'endurance, il y a environ deux millions d'années, pour pratiquer le charognage puis la chasse à l'épuisement. La chasse à l'épuisement est très coûteuse en énergie, le charognage des débuts a permis à l'homme d'accéder à un régime plus riche en protéines et en lipides (graisses). Ce régime lui a apporté suffisamment d'énergie pour pouvoir être endurant et suivre ses proies jusqu'à ce qu'elles soient trop épuisées pour fuir. Cette aptitude a été permise par vingt-six adaptations morphologiques et anatomiques telles que le développement du ligament nuchal et des muscles fessiers, la multiplication de glandes sudoripares sur toute la surface du corps (contrairement à la plupart des animaux et mammifères), la rotation des épaules indépendamment de la tête et l'accroissement d'organes absorbant les chocs (tendon d'Achille, articulations du pied et du genou, disques vertébraux, long pied avec une grande voûte plantaire mais des orteils plus courts pour résister aux forces de tension générées par la course), etc[3].
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+
15
+ Les compétitions de course à pied sont nées lors des fêtes religieuses antiques de diverses régions telles que la Grèce, l'Égypte, l'Asie et dans la vallée du Rift en Afrique. Les Tailteann Games, festival sportif d'Irlande fondé d'après la légende au XIXe siècle, sont l'un des premiers témoignages de course de compétition[4].
16
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17
+ La sédentarité de l'homme et l'établissement des civilisations antiques a fait de la course à pied un entraînement d'abord militaire, pour préparer les armées au combat. La Grèce antique a lié l'épreuve de la course à pied aux cérémonies religieuses dans le cadre des premiers jeux olympiques[5]. Les athlètes se mesuraient en temps de paix pour démontrer leurs performances physiques aux dieux. Notre époque moderne consacrée à la performance physique et au loisir a codifié certaines courses dans les disciplines d'athlétisme. La course à pied est devenue pour nombre de personnes un loisir ne suivant pas nécessairement les épreuves standards mais permettant un entretien de la santé ou un challenge personnel. L'avènement des technologies embarquées, comme les smartphones, permet récemment l'apparition de nouveaux athlètes spécialisés dans des courses non conventionnelles et suivant des entraînements de haut niveau. Ces athlètes visent des courses d'ultrafond, des trails sur des distances de plusieurs dizaines de kilomètres, voire au-delà de 100 kilomètres. De ces défis personnels, sont apparues de nombreuses courses sur route ou sur chemin, organisées par des associations ou des communes, s'adressant également à des coureurs suivant un entraînement plus léger. Cela conduit au XXIe siècle à une démocratisation de la course à pied[6].
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19
+ La course à pied est un sport consistant à courir sur des distances plus ou moins longues. Les compétitions peuvent se pratiquer sur une piste d'athlétisme, sur route ou sur divers terrains naturels. En France, les compétiteurs doivent être licenciés ou fournir aux organisateurs un certificat médical d'aptitude pour des raisons d’assurance.
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+ Selon les distances parcourues et la vitesse, le type d'effort fourni est différent, il y a :
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+ Les athlètes de course à pied évaluent régulièrement leur consommation maximale d'oxygène et leur vitesse maximale aérobie. Il s'agit de la capacité à transporter l'oxygène des poumons vers les muscles.
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+ Les courses sur piste vont du 60 m au 10 000 m, les courses de cross-country, de 4 à 12 km. Les courses sur route peuvent être de n'importe quelle distance, mais les distances courantes sont le 5 km, le 10 km, le semi-marathon (21,097 km) et le marathon (42,195 km). L'épreuve de 100 km est une épreuve de course à pied appartenant à la famille du grand-fond. Le plus mythique des 100 km français, discipline assez confidentielle (moins de 2 000 coureurs), est celui de Millau.
26
+
27
+ Les compétitions de course à pied, sur piste ou sur route, sont soumises, pour la France, aux règles de la Fédération française d'athlétisme (FFA) et à l'international par l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF). Elles sont ouvertes au handisport. D'autres fédérations sont concernées par les épreuves multi-disciplines, comme le triathlon, le pentathlon moderne, le raid nature et la course d'orientation (course et lecture de carte).
28
+
29
+ Le sprint regroupe les courses à pied au cours desquelles le sprinteur doit courir sur une faible distance à la vitesse la plus rapide possible. Le sprinter, outre des aptitudes physiques particulières, doit développer une séquence de mouvement et de posture conditionnant la vitesse finale qu'il atteint. Un athlète travaille :
30
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+ Toutes ces phases sont travaillées dans le but d'obtenir la course parfaite. Le travail peut aussi se réaliser en binôme pour obtenir la meilleure position et toujours viser le meilleur gain de temps global.
32
+
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+ Le demi-fond regroupe l'ensemble des courses d'athlétisme comprises entre le sprint et le fond (de 800 m à 3 000 m) et qui se déroulent dans une enceinte sportive ou extérieure. Seuls le 800 m, le 1 500 m, et le 3 000 m steeple sont au programme des Jeux olympiques. Il est primordial qu'un coureur de demi-fond ait la possibilité d'enchaîner des accélérations rapides, fasse preuve d'une grande concentration et réactivité durant l'épreuve où ses muscles sont sollicités tout au long du parcours, d'une maîtrise de sa respiration et enfin ait mis en place une tactique de course.
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+
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+ La course de fond est une activité d'endurance qui requiert un bon équilibre énergétique et une forte volonté mentale. Les courses de fond s'effectuent sur des distances supérieures à 3 000 m comme le 5 km, le 10 km, le cross-country, le semi-marathon et le marathon. Le cross-country a lieu en campagne. En raison de la diversité des conditions et des lieux, il n'y a pas de record mondial dans cette discipline. Les courses de cross-country dépassent rarement 15 km.
36
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+ Pour toutes les courses supérieures au marathon, l'appellation est le grand fond et même l'ultrafond. Les courses de fond peuvent se dérouler, non sur une distance imposée, mais sur un temps imposé. Il s'agit alors d'une épreuve de durée, comme les courses de 24 heures ou de 6 jours. Concernant les épreuves de distance, les plus populaires sont les courses de 100 km, avec plus de 300 manifestations à travers le monde chaque année (416 en 2016[7]).
38
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39
+ Le coureur de fond vise à potentialiser l'énergie qu'il dégage pour chaque foulée. La course doit être la plus efficace possible. Les efforts de la course sont orientés sur la foulée et l'économie maximale d'énergie. Une foulée pas assez efficace ou une position trop en avant ou en arrière, ou encore par des gestes inutiles des bras, sont autant de paramètres qui peuvent être améliorés. Il peut y avoir une perte d'énergie ou simplement trop d’énergie lors de l’impact sur le sol[Quoi ?]. En plus du travail d'endurance, le travail de posture permet un gain de temps appréciable sur le chronomètre général.
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+ La foulée peut être rasante ou aérienne, mais la force de propulsion est transmise au moment du contact au sol, donc la suspension est un moment non moteur. Toutefois, il est nécessaire de coordonner en permanence le mouvement des bras en opposition du mouvement des jambes. La jambe d'appui crée le mouvement du cycle arrière, la jambe libre crée le mouvement du cycle avant. La position idéale du corps est en angle très léger en avant de la verticale, en extension non cambrée. La fluidité est le compromis entre la poussée verticale, le mouvement alternatif proche de la rotation (des bras et jambes) et le mouvement général en translation vers l'avant. Il existe donc deux phases différentes dans la foulée :
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+ La course à pied est, avec la marche, un des exercices de base pratiqués par les militaires dans la plupart des armées du monde, depuis de longues années. Elle permet d'augmenter la capacité offensive par une attaque rapide dans un environnement tactique, générant un effet de surprise, mais également d'accroître la capacité de repli. La course à pied est donc un exercice fondamental pour la survie du soldat. Praticable sur pratiquement n'importe quel terrain, cet exercice a également une vocation à développer la musculation et l'endurance, de la même manière que le font les pompes.
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+ Sur les autres projets Wikimedia :
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+ Johannes Brahms, né le 7 mai 1833 à Hambourg[A 1] et mort le 3 avril 1897 à Vienne, est un compositeur, pianiste et chef d'orchestre allemand. Johannes Brahms est l'un des plus importants musiciens de la période romantique. Beaucoup le considéraient comme le « successeur » de Ludwig van Beethoven : sa première symphonie a été décrite par Hans Guido von Bülow comme étant « la dixième symphonie de Beethoven »[1].
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+ Brahms a fait la plus grande partie de sa carrière à Vienne, où il était l'une des figures importantes sur la scène musicale. Il a composé pour piano, musique de chambre, orchestre symphonique, voix et chœurs. À la différence d'autres grands compositeurs de musique classique, Johannes Brahms n'a jamais composé d'opéra. Étant également un pianiste virtuose, il a donné la première représentation de beaucoup de ses compositions ; il a aussi travaillé avec les musiciens célèbres de son époque, dont la pianiste et compositrice Clara Schumann et le violoniste Joseph Joachim. Brahms était un perfectionniste intransigeant, qui a détruit beaucoup de ses travaux[2] et laissé quelques-uns non publiés.
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+ Brahms était à la fois un traditionaliste et un novateur. Sa musique utilise largement les structures et techniques de composition des maîtres baroques et classiques. Il était un maître du contrepoint, une méthode de composition rigoureuse pour laquelle Bach est célèbre, ainsi que du développement thématique, un procédé de composition introduit par Haydn, Mozart et Beethoven. Alors que beaucoup de ses contemporains ont critiqué sa musique, qu'ils ont trouvée trop académique, ses œuvres ont été admirées, par la suite, par des personnalités aussi diverses que le progressiste Arnold Schoenberg[3] et le conservateur Edward Elgar[4].
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+ Johannes Brahms est le descendant d’une famille très ramifiée en Basse-Saxe, dans le Nord de l’Allemagne[C 1]. Son père, Johann Jakob Brahms, est artisan de profession et utilise la musique comme gagne-pain. Il joue du cor d'harmonie et plus tard, de la contrebasse[A 1]. Il se produit dans des petits ensembles à Hambourg. La naissance de Johannes aurait notamment retardé une représentation de l'orchestre du théâtre de Hambourg, Johann Jakob ayant assisté à l'événement tout en ayant conservé la clef de l'armoire aux partitions dont il était dépositaire, empêchant ainsi celui-ci de jouer[5]. Il donne ses premières leçons de musique à Johannes, qui déjà tout jeune, est attiré par tous les instruments de musique. La mère de Johannes Brahms, Johanna Henrika Christiana Nissen, était issue d'une famille pauvre et de vingt ans plus âgée que son mari.
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+ Brahms suit ses premiers cours de piano dès l’âge de sept ans avec Otto Cossel, jusqu’à ses dix ans[C 2]. Ce dernier le présente à son ancien professeur, Eduard Marxsen qui le forme de 1843 à 1853, avec l’ambition d’en faire un virtuose du piano, lui enseignant aussi l’harmonie et la composition[B 1]. Il sera marqué à jamais par l’art de Jean-Sébastien Bach, de Wolfgang Amadeus Mozart et de Ludwig van Beethoven. Ses talents de pianiste lui permettent d’honorer, dès l’âge de treize ans, des engagements dans les tavernes de Hambourg. Ses dons pour la composition sont visibles dès ses jeunes années : ses pièces pour piano Fantaisie sur une valse populaire qu’il a composées en 1849 illustrent cette virtuosité. Plus tard, Brahms confie[C 3] :
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+ « Je composais continuellement. Je composais quand j’étais tranquille, chez moi, de bonne heure le matin. Le jour, j’arrangeais des marches pour des musiques de cuivres. Le soir, je jouais du piano dans les cabarets. »
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+ En 1847, épuisé par ce travail constant pour lui et pour les autres, il est envoyé à la campagne pour s’y reposer. C’est là qu’il découvre la littérature. Toujours prêt à dépenser un sou chez le brocanteur pour acheter un livre : Sophocle, Dante, Cicéron, Le Tasse, Alexander Pope, Jean Paul, Klopstock, Lessing, Goethe, Friedrich von Schiller, Eichendorff, Adelbert von Chamisso… et également l’histoire de la belle Maguelone et du chevalier Pierre, que plus tard il mettra en musique[C 4].
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+ Le 21 septembre 1848, il donne son premier concert, qui inclut une fugue de Bach. Un deuxième concert suit le 14 avril 1849 : Brahms y joue la sonate opus 53 de Beethoven et des variations de sa composition. La critique commence à le remarquer en lui reconnaissant un talent peu ordinaire[C 5].
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+ Brahms a développé un art qui lui est propre : il a publié ses premières œuvres en utilisant souvent un pseudonyme (G. W. Marcks, Karl Würth) et en donnant un nombre plus élevé à ses numéros d’opus. Au début, il compose exclusivement des œuvres pour piano — il connaissait alors moins les possibilités et les limites de l’orchestre – et plus tard, il demandera de l’aide à des amis plus expérimentés pour composer ses premières œuvres pour orchestre. Il fait la connaissance de la pianiste Louise Japha, une élève de Robert Schumann.
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+ En 1853, Brahms a vingt ans ; il rencontre le violoniste hongrois Eduard Reményi, à qui il doit son premier contact avec la musique tzigane[C 6]. Avec lui, il effectue une tournée en Allemagne du Nord, ce qui lui permet de faire la connaissance, à Hanovre, du violoniste Joseph Joachim[A 1], âgé de vingt-deux ans, qui a déjà conquis le public berlinois avec le concerto de Beethoven. Ce dernier fait la remarque suivante sur Brahms[C 7] :
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+ « Son jeu est plein de feu, d'une énergie fatale, et d'une précision rythmique qui révèlent l'artiste. Ses compositions contiennent plus de choses intéressantes que je n'en ai jamais rencontrées dans les œuvres d'un jeune homme de son âge[6]. »
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+ Joachim conseille à Brahms de s’adresser à Franz Liszt qui, à cette époque, est chef d’orchestre à la cour de Weimar. La légende voudrait que Brahms se soit endormi pendant que Liszt exécutait sa célèbre Sonate en si mineur[B 2]. Cette anecdote est plaisante, mais émane de sources peu sûres. Elle fut consignée, trente-cinq à quarante ans plus tard, par le virtuose américain William Mason (dont l’exactitude des propos n’a jamais été la plus grande vertu). Le biographe officiel de Brahms, Max Kalbeck, tout comme son homologue français Romain Goldron réfutent cette version des faits, ainsi que la supposée brouille entre Liszt et Brahms. Ce dernier confiera même, au poète Klaus Groth, à propos de son aîné : « Nous sommes quelques-uns à savoir jouer du piano, mais nous ne possédons que quelques doigts de ses deux mains ! »
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+ Liszt promet à Brahms de le mentionner dans une lettre à l’éditeur Breitkopf & Härtel. Cependant, le jeune compositeur ne se trouve que peu d’affinités avec les théories musicales progressistes de Liszt. Il prend congé de ce dernier. Il écrit alors une lettre à Joseph Joachim, datée du 29 juin 1853, dans laquelle il lui demande de le rejoindre à Göttingen. Là-bas, le violoniste l’introduira dans son cercle d’artistes et de musiciens. Cette période heureuse et insouciante, pleine de rencontres, inspirera à Brahms son Ouverture pour une fête académique. Joachim et Liszt persuaderont Brahms de rendre visite à Robert Schumann qui est directeur de musique à Düsseldorf[A 1].
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+ Nouveaux chemins (Neue Bahnen) – sous ce titre[B 3] est paru le 25 octobre 1853 dans le journal Nouvelle Gazette musicale (Neue Zeitschrift für Musik) fondé par Robert Schumann et distribué à Leipzig, le premier article sur Johannes Brahms. Schumann écrit :
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+ « Il est venu cet élu, au berceau duquel les grâces et les héros semblent avoir veillé. Son nom est Johannes Brahms, il vient de Hambourg… Dès qu’il s’assoit au piano, il nous entraîne en de merveilleuses régions, nous faisant pénétrer avec lui dans le monde de l’Idéal. Son jeu, empreint de génie changeait le piano en un orchestre de voix douloureuses et triomphantes. C’étaient des sonates où perçait la symphonie, des lieder dont la poésie se révélait, des pièces pour piano, unissant un caractère démoniaque à la forme la plus séduisante, puis des sonates pour piano et violon, des quatuors pour instruments à cordes et chacune de ces créations, si différente l’une de l’autre qu’elles paraissaient s’échapper d’autant de sources différentes… Quand il inclinera sa baguette magique vers de grandes œuvres, quand l’orchestre et les chœurs lui prêteront leurs puissantes voix, plus d’un secret du monde de l’Idéal nous sera révélé…[7] »
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+ Schumann demande à l’éditeur Breitkopf & Härtel de publier quelques œuvres de Brahms[D 1]. Son engagement personnel pour Brahms a permis de le rendre très rapidement célèbre en Allemagne. L’article, au retentissement important, sera un lourd fardeau pour ce jeune homme de vingt ans. Beaucoup de mélomanes veulent l’entendre, voir ses notes, ou en savoir plus sur son talent. Cet empressement effraie Brahms :
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+ dans une lettre à Schumann[D 2], il exprime son appréhension de ne pas pouvoir répondre à toutes les attentes du public.
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+ Après une autocritique trop sévère, il brûle même quelques-unes de ses œuvres.
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+ À Düsseldorf, Brahms fait la connaissance de Robert Schumann et de son épouse Clara. Mère de six enfants, elle est de quatorze ans plus âgée que Brahms qui a déjà acquis une réputation européenne, et elle le fascine. À la suite de l’aide apportée par Robert Schumann à la publication de ses œuvres pour piano, Brahms écrit à son mentor : « Puis-je mettre le nom de votre épouse au début de ma deuxième œuvre[8]? »
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+ Après l’internement de Robert Schumann dans un hôpital psychiatrique à Endenich, près de Bonn, les liens de Clara Schumann et de Brahms s’intensifient.
44
+ Ils vivent dans la même maison à Düsseldorf. Les échanges d’idées avec Clara et Robert Schumann transparaissent dans ses variations pour piano, op. 9 sur un thème de Robert Schumann, qui a pu les écouter à Endenich et les a trouv��es magnifiques.
45
+ Dans les mesures 30–32 de la dixième variation, apparaît dans la voix du milieu, un thème de Clara, que Robert Schumann avait également repris dans son op. 5.
46
+ Entre 1854 et 1858, Clara Schumann et Brahms échangent de nombreuses lettres, témoignages qu’ils se sont ensuite accordés à détruire presque entièrement.
47
+ Il nous reste encore aujourd’hui quelques lettres de Brahms ; elles reflètent l’image d’une passion grandissante.
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+ Au début, il lui écrit « vous » (« Sie »), « chère madame » (« Verehrte Frau »), puis « très chère amie » (« Teuerste Freundin »), et finalement « mon amie bien-aimée » (« Innigst geliebte Freundin »), et à la fin « Ma bien-aimée Madame Clara » (« Geliebte Frau Clara »). Dans une lettre du 25 novembre 1854, il écrit soudainement :
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+
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+ « Très chère amie, comme le « tu » intime me regarde tendrement ! Mille mercis pour cette lettre, je ne peux pas m’arrêter de la regarder et de la relire, comme si je la lisais pour la première fois ; rarement les mots ne m’ont autant manqué que lorsque j’ai lu votre dernière lettre[9]. »
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+
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+ Lui, le plus jeune qui n’avait pas osé suggérer le tutoiement, y est à présent confronté. Il s’habituera progressivement à cette intimité. Dans une lettre du 31 mai 1856, il écrit très clairement :
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+
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+ « Ma bien-aimée Clara, je voudrais, je pourrais t’écrire tendrement combien je t’aime et combien je te souhaite de bonheur et de bonnes choses. Je t’adore tellement, que je ne peux pas l’exprimer. Je voudrais t’appeler par des « chérie » et d’autres termes affectueux sans en être rassasié, pour te courtiser. (…) Tes lettres sont pour moi comme des baisers[10]. »
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+
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+ Cette lettre sera la dernière avant l’évènement prévisible et pourtant soudain qui bouleversera la nature même de leur liaison : le décès de Robert Schumann le 29 juillet 1856.
57
+ En octobre de la même année, Brahms qui nourrit encore l’espoir de pouvoir consoler « sa » Clara pendant cette période de deuil, devra pourtant se résigner.
58
+ Elle s’éloigne peu à peu de lui.
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+ Les lettres échangées perdent de leur passion. Le 17 octobre 1857, Brahms finira par résumer ainsi dans une de ses missives :
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+ « Les passions n’appartiennent pas aux hommes comme des choses naturelles. Elles sont toujours des exceptions ou des exagérations. Celui chez qui elles dépassent les bornes doit se considérer comme malade et songer à un remède pour sa vie et sa santé. (…) Les passions doivent vite s’estomper, ou alors, il faut les chasser[11]. »
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+ Par la suite, Brahms restera en liaison avec Clara toute sa vie durant. Il lui écrit ainsi en 1896, peu avant sa mort :
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+ « Si vous croyez devoir attendre le pire, accordez-moi quelques mots, avec lesquels je peux venir voir s’ouvrir encore les beaux yeux, avec lesquels beaucoup se refermera pour moi[12]. »
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+ Pendant toute la période de la maladie de Schumann, Brahms réside à Düsseldorf. Il étudie beaucoup, imposant un programme strict à Joachim et à lui-même[C 8]. C’est d’ailleurs à cette époque qu’il étudie le contrepoint. Il se procure des œuvres de Jean-Sébastien Bach, comme l’Art de la Fugue, des volumes d’œuvres de Roland de Lassus et de Palestrina et se met à composer pour quatre et six voix. Il est un des rares musiciens de son époque à attacher cette importance à cet art ancien au style sévère[C 9].
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+ En 1857, Brahms occupe les fonctions de professeur de musique à la Cour du Prince de Lippe et de directeur de la Société de Chant à Detmold[C 10]. Il y reste pendant deux ans, composant deux sérénades pour orchestre ainsi que son premier concerto pour piano opus 15 en ré mineur, pour lequel Joseph Joachim lui donne des conseils d’orchestration. Il est souvent interprété comme le reflet de sa passion vaine pour Clara Schumann ; leur histoire venant tout juste de se terminer.
70
+ Il sera joué pour la première fois, le 22 janvier 1859 à Hanovre puis, le 27 du même mois, à Leipzig, sans toutefois récolter le succès espéré. Brahms qui ne cache pas sa déception, entreprend de composer une seconde œuvre qui sonnerait tout à fait différemment, ce qu’il fera… vingt-deux ans plus tard, en composant son deuxième concerto pour piano op. 83 en si bémol majeur.
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+ Pendant son séjour à Detmold, il compose également des sérénades pour orchestre, des lieder, dont Unter Blüten des Mai’s spielt’ich mit ihrer Hand. Ce lied évoque une autre rencontre, celle d’Agathe von Siebold.
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+ Un été, il s’adonnera à sa nouvelle passion avec tant de fougue que Clara Schumann sera vexée qu’il ait rencontré une autre femme aussi vite. Son deuxième sextuor à cordes opus 36 fait, dans la première phrase, allusion à Agathe von Siebold : il contient en effet la suite de notes : la-sol-la-si-mi (en allemand : A-G-A-H-E). Peu après leurs fiançailles, Brahms change d’avis : il se sent incapable d’avoir une liaison[C 11]. Il n’en aura jamais plus et restera toute sa vie célibataire[B 4].
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+ En mai 1859, il revient dans sa ville natale de Hambourg, trouvant qu’il ne disposait pas assez de temps pour la composition. Il y commence la composition des Magelonen-Gesänge, mais ne les acheva qu’en 1869. Il compose de la musique de chambre et de nombreuses variations pour piano : sur un thème original, sur un thème hongrois, sur un thème de Haendel, sur un thème de Schumann (à quatre mains).
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+ En 1860, Brahms fait alors une rencontre déterminante en la personne de l’éditeur Fritz Simrock. Ce dernier, en éditant ses œuvres, a été un acteur déterminant dans la diffusion de l’œuvre de Brahms auprès du public, car il n’était pas toujours facile pour Brahms dans les années 1860, de publier ses propres compositions. L’éditeur demeure prudent : le premier Concerto pour piano n’a aucun succès ; de plus, les pièces de Brahms sont réputées difficiles à jouer. Le perfectionnisme de Brahms est un autre obstacle : souvent, il fait patienter son éditeur avant l’envoi de ses manuscrits, car il lui semble qu’il peut encore apporter une amélioration à l’œuvre.
78
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+ Brahms quitte Hambourg, s’étant disputé avec son mécène et ami Theodor Avé-Lallemant, qui ne lui a pas accordé, au cours de l’année 1862-1863, le poste de directeur du Philharmonischen Konzerte qu’il convoitait, lui offrant simplement le poste de chef de chœur de l’académie de chant. Bien que Brahms n’ait jamais présenté officiellement sa candidature au poste, il restera profondément blessé que le chanteur Julius Stockhausen lui soit préféré. Ceci détériorera les relations amicales entre Brahms et Avé-Lallemant et précipitera son départ pour Vienne[C 12].
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+ En 1862, il s'installe définitivement à Vienne. Brahms confie s’y sentir rapidement chez lui[C 12]. Il se produit dans des programmes virtuoses : Bach, Beethoven, Schumann et joue aussi son Quatuor en sol mineur opus 25 avec le violoniste Josef Hellmesberger lors d’une soirée privée[D 3], qui dira ensuite de lui qu’il est le successeur de Beethoven (Das ist der Erbe Beethovens). Brahms n’affectionne que très peu cet encombrant compliment et craint d’être considéré comme l’égal de Beethoven.
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+ Il rencontre Karl Goldmark tandis que sa renommée ne cesse de croître. En 1863, Brahms accepte de devenir le chef de chœur de la Singakademie (Académie de chant) de Vienne[A 2]. Il marque tout de suite de son empreinte la vénérable structure, faisant jouer des maîtres anciens : Bach, Heinrich Isaac, Gabrieli, Schütz, ou modernes : l’Opferlied de Beethoven et le Requiem pour Mignon de Schumann[C 13]. Mais, dès juillet 1864, il démissionne de son poste craignant que la lourdeur des charges administratives ne lui vole un temps précieux qu’il réserve à la composition et aux voyages[C 13].
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+ Parmi les œuvres qu’il a écrites par la suite, on trouve notamment le Requiem allemand et les Danses hongroises. Le Requiem, qui ne suit pas les textes traditionnels en latin mais contient des extraits de la Bible en langue allemande, a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme lors de sa première représentation à Brême. Il l’a composé à la suite du décès de sa mère[C 14].
86
+ En revanche, la publication des Danses hongroises, pour lesquelles Brahms s’est inspiré d’airs tsiganes très connus, a presque causé un scandale. En effet, Brahms ayant touché avec celles-ci un public beaucoup plus large qu’avec ses précédentes œuvres, d’autres musiciens, dont son vieil ami Reményi, ont tenté de se faire passer pour les auteurs de ces danses[13].
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+ En 1870, il rencontre le chef d’orchestre Hans von Bülow qui fera beaucoup pour sa musique.
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90
+ À cette époque, Brahms est un pianiste couronné de succès et gagne bien sa vie. Toutefois, il prend la direction de la Société des Amis des Arts de Vienne (Wiener Singvereins) de 1872 à 1875[A 2]. Avec les compositions qu’il a déjà publiées, Brahms et son éditeur Simrock gagnent tellement d’argent que ce dernier le suppliera de publier de nouvelles œuvres.
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+ Brahms écrit ses quatre symphonies en l’espace de neuf ans, ce qui est un temps record (bien que, paradoxalement, la composition de sa première symphonie l'ait occupé pendant plus de vingt ans). En comparaison, vingt-deux années séparent ses deux concertos pour piano, et les symphonies ne sont pas les seules œuvres qu’il ait composées pendant cette période ; en effet, il a également écrit le concerto pour violon, le second concerto pour piano, deux ouvertures et autres musiques de chambre, et enfin deux ans après la création de la quatrième et dernière symphonie, il a créé le double concerto. Finalement cette décennie constitue la période la plus prolifique de Brahms.
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+ Sa première Symphonie en do mineur op. 68 fut jouée la première fois le 4 novembre 1876 à Karlsruhe, et la deuxième Symphonie en ré majeur op 73, le 30 décembre 1877 à Vienne.
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+ Brahms reçoit le titre de docteur « honoris causa » de l’université de Cambridge en 1877 et celui de l'université de Breslau en 1881[C 15]. En 1880, il travaille à deux ouvertures op. 80 et op. 81, desquelles il dira : « L’une pleure, l’autre rit ».
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98
+ En 1883, lors d’un séjour d’été à Wiesbaden, il termine sa troisième symphonie en fa majeur op. 90 qui sera créée à Vienne elle aussi. Lors d’un autre séjour à Mürzzuschlag en Styrie, il commence dès l’été 1884 à travailler sur sa quatrième symphonie en mi mineur, qui sera jouée la première fois à Meiningen le 25 octobre 1885. Cette œuvre présente la particularité de s'achever par un quatrième mouvement qui est construit sous la forme ancienne de la passacaille dans laquelle Brahms développe trente variations sur un motif de basse emprunté à la chaconne (Meine Tage in den Leiden) de la cantate BWV 150 de Jean-Sebastien Bach (Nach dir, Herr, verlanget mich).
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100
+ Par la suite, Brahms a essentiellement composé de la musique de chambre (sonates pour violon et violoncelle). En 1886, il devient président d’honneur de l’association des musiciens de Vienne. Pendant les vingt dernières années de sa vie, Brahms, qui est devenu une personnalité influente de la scène musicale internationale, est admiré et vénéré en tant que pianiste, chef d’orchestre et compositeur.
101
+ Il a reçu de nombreuses distinctions et propositions pour devenir membre d’honneur. Il les commentera en ces mots : « Je préfère penser à une belle mélodie que recevoir l’ordre de Léopold[14] ».
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103
+ En 1889, il devient citoyen d’honneur de la ville de Hambourg[C 15].
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+ Brahms meurt à Vienne le 3 avril 1897, à près de soixante-quatre ans, d’un cancer du foie selon quelques biographies[B 5], mais il s’agirait en réalité d’un cancer du pancréas[15]. Il est inhumé au Cimetière central de Vienne, tout comme Beethoven et Schubert[C 16].
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107
+ Le 14 septembre 2000, Johannes Brahms fut la cent-vingt-sixième personne et le treizième compositeur à être reçu dans le Walhalla. Son buste fut sculpté par Milan Knobloch[16], le sculpteur tchèque.
108
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109
+ En 1889, Theo Wangemann, un représentant de l'inventeur américain Thomas Edison, rend visite au compositeur à Vienne et l'invite à expérimenter un enregistrement de sa propre musique. Brahms joue alors au piano une version abrégée de sa danse hongroise, et une autre d'une pièce de Josef Strauss, Die Libelle. La voix, dans la courte introduction de l'enregistrement, a souvent été attribuée à Brahms mais est plus probablement celle de Wangemann[17],[18].
110
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111
+ Brahms est encore de nos jours souvent nommé comme le successeur légitime de Ludwig van Beethoven. Cette distinction embarrassante, que Brahms n’acceptait pas de son vivant, provient surtout de la dispute au XIXe siècle entre les conservateurs adeptes de la musique pure et les nouveaux allemands progressistes.
112
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+ En 1860, apparaissaient des différences entre les adeptes de la musique pure rattachés à la tradition et ceux qui à la suite de Franz Liszt ont établi les bases de la Neudeutsche Musik (aussi appelé Neudeutsche Schule (en)). La querelle est issue d’une différence fondamentale de la compréhension de la musique.
114
+ Liszt et Richard Wagner avaient commencé à réfléchir à la musique du futur (Zukunftsmusik). Ils voulaient développer la musique des poèmes symphoniques et le style Musikdrama. Franz Brendel fut chargé de diffuser les idées de la Neudeutsche Musik dans le Nouveau magazine pour la musique (Neue Zeitschrift für Musik).
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+
116
+ Dans l’autre camp, chez les traditionalistes, se trouvaient Karl Goldmark, Joseph Joachim, Brahms et le critique musical Eduard Hanslick, dont la prise de position en faveur de la musique de Brahms a été à la base d’une grande amitié[B 6]. Leur but était ce que Brahms avait coutume d’appeler la musique durable (dauerhafte Musik), qui était de développer une musique qui soit indépendante de l’histoire.
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118
+ Avec un manifeste notamment signé par Joachim et Brahms, les représentants du camp conservateur protestèrent contre les développements de la musique contraires à leurs idées. Mais ils n’obtinrent que des railleries: les personnes attaquées avaient eu connaissance du texte avant sa publication et son effet fut totalement manqué. Les partisans de la nouvelle musique répondirent donc par un persiflage sur le manifeste, accusant leurs auteurs de créer « une confrérie pour l’art lassant et ennuyeux » (« Bruderbund für unaufregende und langweilige Kunst ») et ont signé entre autres avec les noms « J. Geiger » (« Geiger » signifie « violoniste » en allemand) en référence à Joseph Joachim, et « Hans Neubahn » en référence à l’article « Neue Bahnen » et « Krethi und Plethi » (utilisé en allemand pour faire référence à des idiots).
119
+
120
+ Par la suite, l’atmosphère entre les parties fâchées fut définitivement gâchée.
121
+ Brahms et Wagner gardèrent une distance certaine toute leur vie. Alors que Brahms ne le mentionnait pas, Wagner ne pouvait s’empêcher d’exprimer son dédain pour la musique de Brahms[B 7]. Néanmoins, Brahms ne tenait pas Wagner comme un concurrent sérieux, car il avait essentiellement composé des opéras, un genre qui n’a jamais tenté Brahms. Par conséquent, les secteurs d’activité des deux musiciens étaient clairement définis. Parmi les compositeurs plus ou moins liés avec Wagner, Brahms n’estimait que Felix Draeseke et Anton Bruckner comme des rivaux sérieux pour leurs compositions en musique de chambre, de chœur et d’orchestre.
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123
+ La prise de position d’Eduard Hanslick en faveur de Brahms a dû fortement contribuer à le faire nommer comme successeur de Beethoven, car Hanslick était le critique de musique viennois le plus influent de son époque et de surcroît, en faveur des conservateurs. Une autre personne s’est révélée un grand admirateur des conservateurs : Hans von Bülow. C’était initialement un Wagnérien, mais il changea d’opinion après que sa femme Cosima l'eut quitté pour Wagner. Bülow est l’auteur de la fameuse phrase qui identifie la première symphonie de Brahms comme étant la dixième symphonie de Beethoven.
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125
+ En laissant de côté la question de savoir si Brahms est le successeur de Beethoven, une chose est certaine : son œuvre s’inscrit dans la tradition musicale de toute l’Europe. Il n’a pas seulement été influencé par Beethoven, mais aussi par Johann Sebastian Bach, Haendel et Palestrina. Il a également utilisé des modes musicaux de l’époque médiévale, ainsi que la technique du canon développée aux Pays-Bas. Il se sentait obligé envers la tradition musicale. Les déviations qu’il s’autorisera se feront par touches successives. Pourtant, en usant de formes traditionnelles, il a créé des œuvres nouvelles et originales.
126
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127
+ D’influences diverses, marquée par une grande science du contrepoint et de la polyphonie, l’esthétique de Brahms reste, dans ses formes classiques, profondément marquée par la nostalgie de l’époque romantique, mais d’une troublante originalité, avec des couleurs musicales magnifiques, des mélodies inventives et des rythmes surprenants par leur superposition. Ce balancement lourd et incertain, né de la superposition de valeurs binaires et ternaires que l’on retrouve dans sa musique, est la caractéristique de cette mélancolie brahmsienne née d’une sorte de complexe d’infériorité issu des années de jeunesse que Brahms a passées à jouer dans les tavernes de Hambourg. Cela explique du reste, pourquoi il n’osera s’attaquer à la symphonie qu’à la quarantaine venue.
128
+
129
+ Les travaux des musicologues parlent de trois périodes dans la création des œuvres chez Brahms. La première va jusqu’au Requiem allemand, la deuxième jusqu’au deuxième concerto pour piano, et la troisième commence avec la troisième symphonie. La première période se caractérise par la prédominance du sentiment romantique, la deuxième est marquée par son inspiration forte du classique, et la troisième période est un mélange des deux influences précédentes.
130
+
131
+ Avec ses symphonies, il créait des œuvres d’un accès difficile, pas seulement pour le public, mais également pour ses amis. Déjà, à propos de sa première symphonie, il notait « Maintenant, je voudrais faire passer le message vraisemblablement surprenant que ma symphonie est longue et pas vraiment aimable[19]. » Dans les symphonies suivantes, Brahms employa également des harmonies que le public ne pouvait pas comprendre.
132
+
133
+ Johannes Brahms laisse 135 œuvres musicales.
134
+
135
+ L'œuvre de Brahms pour piano solo peut paraître relativement peu abondante au regard de celle de Chopin ou de Schumann : 17 œuvres originales, sur un catalogue de 122 numéros. Les Sonates, surtout, sont peu nombreuses, et datent toutes trois de sa jeunesse. Pourtant, sa contribution à la forme variations et au genre des cycles de pièces brèves (Klavierstücke) est majeure. En outre, le piano est présent dans la plupart de ses pièces de musique de chambre, dans le Lied et dans de nombreuses œuvres chorales. Toutes ces œuvres font partie du répertoire des grands pianistes de concert.
136
+
137
+ Le musicien a également composé ou transcrit un certain nombre d’œuvres pour piano quatre mains :
138
+
139
+
140
+
141
+ Outre 3 préludes et fugues et une fugue, on notera les 11 préludes de choral op. 122.
142
+
143
+ L’œuvre vocale est la plus développée du catalogue brahmsien.
144
+
145
+ Musique vocale avec orchestre
146
+
147
+ Musique vocale avec divers accompagnements
148
+
149
+ Chœur avec piano ou orgue
150
+
151
+ Chœur mixtes a cappella
152
+
153
+ Chœur féminin a cappella
154
+
155
+ Chœur d’hommes a cappella
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+ Duos avec piano
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+ "Il a la mélancolie de l'impuissance. Il ne crée pas par surabondance de richesse. Il a soif de richesse. Si l'on fait abstraction de ce qu'il a imité, de ce qu'il a emprunté aux grands styles anciens, ou aux autres formes exoticio-modernes - car il est maître dans l'art de copier - ce qui lui reste en propre, c'est la nostalgie... " Nietzsche, Le cas Wagner. Œuvres philosophiques complètes, Gallimard p.51
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+ Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dit Gutenberg[note 1] (on trouve aussi dans des ouvrages anciens l'orthographe francisée Gutemberg[note 2], de même que son prénom est parfois francisé en Jean[note 3]), né vers 1400 à Mayence dans le Saint-Empire romain germanique et mort le 3 février 1468 dans sa ville natale, est un imprimeur dont l'invention des caractères métalliques mobiles en Europe a été déterminante dans la diffusion des textes et du savoir.
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+ Alors que son invention est considérée comme un événement majeur de la Renaissance, Gutenberg connut une existence difficile. Associé à Johann Fust[note 4] et Peter Schoeffer, il perdit en octobre 1455 le procès contre son créancier Fust qui saisit l’atelier avec le matériel et les impressions réalisées. Gutenberg ne sera sauvé de la misère que grâce à Adolphe II de Nassau qui lui accorda une pension à vie et le titre de gentilhomme de sa cour.
6
+
7
+ La documentation concernant ce personnage est maigre : on ne connaît que trente-six documents antérieurs à sa mort, la majorité étant des archives judiciaires particulièrement arides et sujettes à diverses interprétations, ce qui a donné lieu à de nombreux portraits fantasmés et ambivalents : génial inventeur ou voleur d'idées, victime dépouillée de son invention ou usurpateur qui aurait exploité un procédé mis au point par d'autres inventeurs avant lui, humaniste ou homme d'affaires uniquement motivé par l'appât du gain[1].
8
+
9
+ Johannes Gutenberg, né à Mayence aux alentours de 1400[note 5] (comme souvent à cette époque, sa date de naissance ne peut être établie précisément) est le troisième enfant d'une famille aisée de la haute bourgeoisie, celle de Friele Gensfleisch zur Laden, orfèvre de profession mais également commerçant d'étoffes, et d'Else Wirich[2],[note 6]. On croit qu'il a été baptisé dans l'église Saint-Christophe proche de sa maison natale[3].
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11
+ Les lieux de séjour et les activités de Gutenberg, ne sont pas connus entre 1400 et 1420. Au regard de ses activités ultérieures et du niveau social de sa famille, des études universitaires sont probables[4]. En 1429, les corporations d'artisans et de commerçants de la ville libre de Mayence se soulèvent contre le patriarcat oligarchique et forcent les familles dirigeantes à l'exil[5].
12
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+ Entre 1434[note 7] et 1444[note 8] (peut-être dès 1429), la famille Gutenberg s'installe dans le quartier Saint-Arbogast de Strasbourg[6]. Gutenberg a peut-être été formé à des techniques d'orfèvrerie[note 9]. Il se forme notamment à la ciselure et à la maîtrise des alliages, qui constitueront les bases de sa future invention, lui permettant de concevoir des caractères d'imprimerie résistants et reproductibles. Il s'associe notamment vers 1438 avec le bailli de Lichtenau et des négociants pour fabriquer des enseignes de pèlerinage (en) certaines constituées d'un alliage où dominent le plomb et l'étain, et serties d'un petit miroir, d'autres peut-être constituées d'une feuille de métal estampé[7], toutes devant être mises en vente lors du pèlerinage d'Aix-la-Chapelle de 1439[8].
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+
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+ Il n'existe aucune trace de son activité sur les quatre années suivantes[9]. De retour à Mayence en 1448 au plus tard, il poursuit les travaux commencés à Strasbourg et emprunte de l'argent à son cousin Arnold Gelthus[10] pour construire une presse.
16
+
17
+ Le concile de Bâle débuté en 1431 rassemble de nombreux intellectuels et universitaires dont les écrits ont besoin d'être reproduits, ce qui conduit au développement de moulins à papier. Vingt ans plus tard, les frères Galliziani venus du Piémont, s'installent à Bâle et importent en Suisse et en France leur technique de fabrication du papier d'imprimerie moins coûteux que le papier de chancellerie. Les besoins des bibliothèques et des universités qui se développent, l'ouverture d'écoles, la multiplication de lecteurs, sont autant de facteurs qui justifient les recherches de Gutenberg à Strasbourg, grand centre commercial et intellectuel européen, pour assurer la reproduction rapide et multiple des textes et l'abaissement des prix du livre par une répartition des coûts de fabrication sur plusieurs exemplaires[11].
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+ Rentré dans sa ville natale de Mayence en 1448, Johannes Gutenberg y poursuit ses recherches et, deux ans plus tard, persuade le riche banquier Johann Fust de l'aider à financer son projet. Fust prête 800 florins
20
+ — somme considérable pour l'époque — à Gutenberg[note 10] et 300 florins par an pour les frais généraux. Il devient de fait son associé. En homme d’affaires avisé, Fust rédige un contrat particulièrement contraignant pour Gutenberg. En garantie d’hypothèque, Gutenberg devra engager sa presse et les outils et réglera 6 % d’intérêt l’an. Fust se montrera magnanime et ne lui réclamera pas les intérêts, du moins dans un premier temps[12]. Pour espérer des revenus suffisants, Fust et Gutenberg doivent choisir d'imprimer un livre dont le tirage permettra de couvrir les sommes engagées. À l’époque, le seul livre capable d’un succès immédiat est la Bible dans sa version en latin de saint Jérôme, la Vulgate, livre qui nécessite environ trois ans de travail à un moine copiste pour être entièrement recopié[13]. L'idée première de Gutenberg pour imposer son invention sera d'imiter parfaitement les livres manuscrits (codex). À ce jour, on n’a pas trouvé le modèle précis de Bible utilisé par Gutenberg.
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+ C'est à cette époque que Gutenberg perfectionne simultanément les différents éléments qui constituent son invention :
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24
+ Les nouveaux outils mis au point par Gutenberg et ses ouvriers lui servent d'abord à imprimer de petits documents, des poèmes, la grammaire latine de Donat (dont il ne subsiste que quelques fragments), des lettres d'indulgence pour l'Église, etc. Les lettres d'indulgence à trente et une lignes (dont la plus vieille, datée du 22 octobre 1454, est le premier spécimen d'une œuvre d'imprimerie venant de Mayence) et les petits ouvrages connus ont semble-t-il été produits par un apprenti de Gutenberg. Le plus ancien ouvrage complet qui subsiste à ce jour, imprimé par Gutenberg, est probablement le calendrier turc (Turk-Kalendar), portant le titre Eine Mahnung der Christenheit wider die Tiirken (Une admonition de la chrétienté contre les Turcs) et dont l'unique exemplaire conservé dans la bibliothèque de Munich, date de 1455[14]. Toutes ces publications sont caractérisées par les mêmes caractères typographiques, appelés DK-type (abréviation de Donat, Kalender Type)[15].
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+ La mise au point de la presse prend plus de temps que prévu, les frais courent et les premiers investissements de Fust ne suffisent plus pour financer l'entreprise. En 1454, Fust avance à nouveau huit cents florins pour poursuivre l’impression des Bibles sur vélin et, sans doute par économie, sur papier.
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+ Gutenberg et ses ouvriers, dont Pierre Schoeffer, impriment la Bible en six cent quarante et un feuillets répartis en soixante-six cahiers.
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30
+ Composée à partir de la Vulgate de saint Jérôme, la Bible de Gutenberg est considérée comme l'œuvre la plus techniquement complexe et la plus belle de l'imprimerie de Gutenberg. Chaque page, présentée comme une page manuscrite et composée de caractères gothiques de type textura, se divise en deux colonnes de quarante-deux lignes chacune. Entre 1452 et 1455, la Bible à quarante-deux lignes a été imprimée à environ cent quatre-vingts exemplaires. Quarante-huit d'entre eux ont été conservés et douze sont imprimés sur parchemin.
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+ Malheureusement pour Gutenberg, l'impression des livres connaît un succès mitigé. Dans l’inventaire de son atelier, les bibles resteront en rayonnage quelque temps.
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+ Fust, qui a investi plus de 2 500 florins dans l'entreprise, est furieux contre Gutenberg, car il lui avait promis un succès rapide. Gutenberg refusant de payer — ou ne le pouvant pas — les intérêts et le capital qu'il lui avait prêtés, il décide de porter l'affaire en justice. Le tribunal tranche en faveur de Fust, en reconnaissant toutefois qu'il ne s'agissait pas d'un prêt mais d'un investissement, et que Fust n'était pas prêteur mais associé[16],[17].
35
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36
+ Fust obtient alors la gestion de l'atelier et la mise en gage de la presse. Il continue l'entreprise d'imprimerie sous son propre nom. Dans la plus vieille édition du Psalmorum Codex, paru pour la première fois le 14 août 1457, seuls les noms de Fust et de Schoeffer sont mentionnés. Ce livre, remarquable par sa qualité d’impression, par son texte imprimé en noir et rouge et par la régularité de la fonte des caractères, décoré de lettrines ornées et filigranées, apporte alors une certaine notoriété aux deux hommes.
37
+
38
+ Pour élargir leur clientèle et dépasser le petit cercle des bourgeois cultivés et des universitaires, Fust et Schoeffer orientent rapidement leur production vers des éditions de moindre ampleur, mais plus faciles à vendre. Ils s’installent à Paris pour y vendre leurs livres en 1463, une date où l’imprimerie n’existe pas encore en France[18]. Fust n’en profitera pas longtemps : il meurt à Paris en 1466, mais il aura tout de même le temps de voir s'installer, rue Saint-Jacques, une quantité d'imprimeurs d'origine germanique.
39
+
40
+ Insolvable, Gutenberg tente de relancer un atelier d'imprimerie et participe en 1459 à une édition de la Bible dans la ville de Bamberg. Ses travaux ne portant ni date ni nom, il est encore difficile d'identifier avec certitude les documents provenant de son atelier. Le dictionnaire Catholicon de sept cent quarante-quatre pages, imprimé à trois cents exemplaires à Mayence en 1460, est de sa composition. Il imprime entre autres des lettres d'indulgence. À partir de 1461, on ne trouve plus de traces de publication issue de l'atelier de Mayence de Gutenberg. Sans doute est-il trop vieux pour exercer son activité mais il est possible qu'il ait enseigné son art contre rétribution[19].
41
+
42
+ En janvier 1465, alors qu'il vit modestement dans l'hospice Algesheimer Hof (de), Gutenberg est nommé gentilhomme auprès de l'archevêque de Mayence Adolphe II de Nassau. Il bénéficie alors d'une rente et de divers avantages en nature[20]. Il meurt probablement le 3 février 1468, largement méconnu par ses contemporains, et est enterré à Mayence dans un cimetière qui sera détruit plus tard. Sa tombe est aujourd'hui perdue[21].
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44
+ Associé à Johann Fust et à Pierre Schoeffer, Johannes Gutenberg est l’inventeur de l’imprimerie à caractères mobiles en Europe.
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46
+ Pour parvenir à ses fins, Gutenberg est à l’origine de nombreuses innovations :
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48
+ Depuis longtemps, l’histoire conteste à Johannes Gutenberg l’invention de l’imprimerie typographique et celui-ci n’a jamais rien fait pour s’assurer la paternité de son invention. Aucune date d’impression ni de signature ne figure sur les livres. Le premier colophon apparaît avec les impressions de Johann Fust et Pierre Schoeffer.
49
+
50
+ Pourtant, dès 1472, Guillaume Fichet, bibliothécaire à la Sorbonne, écrit en latin dans une lettre jointe à l’édition princeps « De l’orthographia de Gasparino Barzizza » que « Joannem Benemontano [traduction latine de Johannes Gutenberg] est le premier à avoir imprimé un livre digne de ce nom », en référence aux livres manuscrits de l’époque, les codex. Guillaume Fichet, qui a très largement contribué à l’installation de l’imprimerie en France avec l’aide des anciens élèves de Jean Gutenberg, Ulrich Gering, Martin Grantz et Michel Friburger, avait appris par eux le nom de leur maître.
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52
+ En 1504, le professeur Ivo Wittig de Mayence dédicace un livre à Gutenberg, qualifié d’inventeur de la typographie[23].
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54
+ Au XIXe siècle, Ambroise Firmin Didot, fervent partisan de Gutenberg, trouva des lettres, dont la plus ancienne, datée de 1499, atteste clairement la paternité de l’invention à Jean Gutenberg.
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56
+ Au Moyen Âge, les textes étaient peu répandus car peu de gens savaient lire. Les livres sont produits ou reproduits dans les monastères par des moines copistes. Les illustrations sont réalisées par des moines spécialisés, les enlumineurs. Les rubricateurs intervenaient pour faire ressortir, par des couleurs, les Nomina sacra.
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+ Dans certains cas, les laïcs pouvaient produire des codex avec l’approbation des monastères. À partir du XIVe siècle, le procédé de xylographie permettait de reproduire un texte à grande échelle : il consistait à graver un document à l’envers sur du bois, puis à l’appliquer, une fois recouvert d’encre, sur du papier.
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+
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+ Selon la légende, c’est en voyant fonctionner un pressoir à vin à Strasbourg, que Gutenberg eut l’idée d’inventer un nouveau procédé d’impression qui permit de produire 180 Bibles en l’espace de trois ans, alors qu’un moine recopiait une Bible dans le même temps.
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+ En imaginant la mobilité des caractères et en améliorant leur longévité grâce à leur consistance métallique, Gutenberg rendait les caractères réutilisables et interchangeables. Cette innovation a provoqué une révolution culturelle : le livre est rendu public, dans les villes commerçantes et universitaires, et les ateliers d’imprimerie se multiplient, augmentant la production des livres. Cette révolution s’étend à toute l’Europe, principalement en Italie et aux Pays-Bas.
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+ Grâce à cette explosion culturelle, le savoir n’est plus réservé aux clercs. L’accès plus facile à la connaissance développe le partage des idées, l’esprit critique et, avec lui, l’humanisme.
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+ À la mort de Gutenberg en février 1468, les différents collaborateurs de l’imprimeur ont déjà quitté Mayence depuis longtemps et vont émigrer dans toute l’Europe, en France et en Italie principalement.
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+ Une grande quantité des témoignages sur Gutenberg provient des archives judiciaires, l'inventeur étant manifestement assez procédurier. Parmi les procès où son nom est cité, on peut mentionner :
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+
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+ « Dieu souffre dans des multitudes d'âmes auxquelles sa parole sacrée ne peut pas descendre ; la vérité religieuse est captive dans un petit nombre de livres manuscrits qui garde le trésor commun, au lieu de le répandre. Brisons le sceau qui scelle les choses saintes, donnons des ailes à la vérité, et qu'au moyen de la parole, non plus écrite à grand frais par la main qui se lasse, mais multipliée comme l'air par une machine infatigable, elle aille chercher toute âme venant en ce monde[25] ! »
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+ — Gutenberg, 1455 (traduction d'Alphonse de Lamartine)
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+ Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dit Gutenberg[note 1] (on trouve aussi dans des ouvrages anciens l'orthographe francisée Gutemberg[note 2], de même que son prénom est parfois francisé en Jean[note 3]), né vers 1400 à Mayence dans le Saint-Empire romain germanique et mort le 3 février 1468 dans sa ville natale, est un imprimeur dont l'invention des caractères métalliques mobiles en Europe a été déterminante dans la diffusion des textes et du savoir.
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+ Alors que son invention est considérée comme un événement majeur de la Renaissance, Gutenberg connut une existence difficile. Associé à Johann Fust[note 4] et Peter Schoeffer, il perdit en octobre 1455 le procès contre son créancier Fust qui saisit l’atelier avec le matériel et les impressions réalisées. Gutenberg ne sera sauvé de la misère que grâce à Adolphe II de Nassau qui lui accorda une pension à vie et le titre de gentilhomme de sa cour.
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+ La documentation concernant ce personnage est maigre : on ne connaît que trente-six documents antérieurs à sa mort, la majorité étant des archives judiciaires particulièrement arides et sujettes à diverses interprétations, ce qui a donné lieu à de nombreux portraits fantasmés et ambivalents : génial inventeur ou voleur d'idées, victime dépouillée de son invention ou usurpateur qui aurait exploité un procédé mis au point par d'autres inventeurs avant lui, humaniste ou homme d'affaires uniquement motivé par l'appât du gain[1].
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+ Johannes Gutenberg, né à Mayence aux alentours de 1400[note 5] (comme souvent à cette époque, sa date de naissance ne peut être établie précisément) est le troisième enfant d'une famille aisée de la haute bourgeoisie, celle de Friele Gensfleisch zur Laden, orfèvre de profession mais également commerçant d'étoffes, et d'Else Wirich[2],[note 6]. On croit qu'il a été baptisé dans l'église Saint-Christophe proche de sa maison natale[3].
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+ Les lieux de séjour et les activités de Gutenberg, ne sont pas connus entre 1400 et 1420. Au regard de ses activités ultérieures et du niveau social de sa famille, des études universitaires sont probables[4]. En 1429, les corporations d'artisans et de commerçants de la ville libre de Mayence se soulèvent contre le patriarcat oligarchique et forcent les familles dirigeantes à l'exil[5].
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+ Entre 1434[note 7] et 1444[note 8] (peut-être dès 1429), la famille Gutenberg s'installe dans le quartier Saint-Arbogast de Strasbourg[6]. Gutenberg a peut-être été formé à des techniques d'orfèvrerie[note 9]. Il se forme notamment à la ciselure et à la maîtrise des alliages, qui constitueront les bases de sa future invention, lui permettant de concevoir des caractères d'imprimerie résistants et reproductibles. Il s'associe notamment vers 1438 avec le bailli de Lichtenau et des négociants pour fabriquer des enseignes de pèlerinage (en) certaines constituées d'un alliage où dominent le plomb et l'étain, et serties d'un petit miroir, d'autres peut-être constituées d'une feuille de métal estampé[7], toutes devant être mises en vente lors du pèlerinage d'Aix-la-Chapelle de 1439[8].
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+ Il n'existe aucune trace de son activité sur les quatre années suivantes[9]. De retour à Mayence en 1448 au plus tard, il poursuit les travaux commencés à Strasbourg et emprunte de l'argent à son cousin Arnold Gelthus[10] pour construire une presse.
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+ Le concile de Bâle débuté en 1431 rassemble de nombreux intellectuels et universitaires dont les écrits ont besoin d'être reproduits, ce qui conduit au développement de moulins à papier. Vingt ans plus tard, les frères Galliziani venus du Piémont, s'installent à Bâle et importent en Suisse et en France leur technique de fabrication du papier d'imprimerie moins coûteux que le papier de chancellerie. Les besoins des bibliothèques et des universités qui se développent, l'ouverture d'écoles, la multiplication de lecteurs, sont autant de facteurs qui justifient les recherches de Gutenberg à Strasbourg, grand centre commercial et intellectuel européen, pour assurer la reproduction rapide et multiple des textes et l'abaissement des prix du livre par une répartition des coûts de fabrication sur plusieurs exemplaires[11].
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+ Rentré dans sa ville natale de Mayence en 1448, Johannes Gutenberg y poursuit ses recherches et, deux ans plus tard, persuade le riche banquier Johann Fust de l'aider à financer son projet. Fust prête 800 florins
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+ — somme considérable pour l'époque — à Gutenberg[note 10] et 300 florins par an pour les frais généraux. Il devient de fait son associé. En homme d’affaires avisé, Fust rédige un contrat particulièrement contraignant pour Gutenberg. En garantie d’hypothèque, Gutenberg devra engager sa presse et les outils et réglera 6 % d’intérêt l’an. Fust se montrera magnanime et ne lui réclamera pas les intérêts, du moins dans un premier temps[12]. Pour espérer des revenus suffisants, Fust et Gutenberg doivent choisir d'imprimer un livre dont le tirage permettra de couvrir les sommes engagées. À l’époque, le seul livre capable d’un succès immédiat est la Bible dans sa version en latin de saint Jérôme, la Vulgate, livre qui nécessite environ trois ans de travail à un moine copiste pour être entièrement recopié[13]. L'idée première de Gutenberg pour imposer son invention sera d'imiter parfaitement les livres manuscrits (codex). À ce jour, on n’a pas trouvé le modèle précis de Bible utilisé par Gutenberg.
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+ C'est à cette époque que Gutenberg perfectionne simultanément les différents éléments qui constituent son invention :
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+ Les nouveaux outils mis au point par Gutenberg et ses ouvriers lui servent d'abord à imprimer de petits documents, des poèmes, la grammaire latine de Donat (dont il ne subsiste que quelques fragments), des lettres d'indulgence pour l'Église, etc. Les lettres d'indulgence à trente et une lignes (dont la plus vieille, datée du 22 octobre 1454, est le premier spécimen d'une œuvre d'imprimerie venant de Mayence) et les petits ouvrages connus ont semble-t-il été produits par un apprenti de Gutenberg. Le plus ancien ouvrage complet qui subsiste à ce jour, imprimé par Gutenberg, est probablement le calendrier turc (Turk-Kalendar), portant le titre Eine Mahnung der Christenheit wider die Tiirken (Une admonition de la chrétienté contre les Turcs) et dont l'unique exemplaire conservé dans la bibliothèque de Munich, date de 1455[14]. Toutes ces publications sont caractérisées par les mêmes caractères typographiques, appelés DK-type (abréviation de Donat, Kalender Type)[15].
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+ La mise au point de la presse prend plus de temps que prévu, les frais courent et les premiers investissements de Fust ne suffisent plus pour financer l'entreprise. En 1454, Fust avance à nouveau huit cents florins pour poursuivre l’impression des Bibles sur vélin et, sans doute par économie, sur papier.
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+ Gutenberg et ses ouvriers, dont Pierre Schoeffer, impriment la Bible en six cent quarante et un feuillets répartis en soixante-six cahiers.
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+ Composée à partir de la Vulgate de saint Jérôme, la Bible de Gutenberg est considérée comme l'œuvre la plus techniquement complexe et la plus belle de l'imprimerie de Gutenberg. Chaque page, présentée comme une page manuscrite et composée de caractères gothiques de type textura, se divise en deux colonnes de quarante-deux lignes chacune. Entre 1452 et 1455, la Bible à quarante-deux lignes a été imprimée à environ cent quatre-vingts exemplaires. Quarante-huit d'entre eux ont été conservés et douze sont imprimés sur parchemin.
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+ Malheureusement pour Gutenberg, l'impression des livres connaît un succès mitigé. Dans l’inventaire de son atelier, les bibles resteront en rayonnage quelque temps.
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+ Fust, qui a investi plus de 2 500 florins dans l'entreprise, est furieux contre Gutenberg, car il lui avait promis un succès rapide. Gutenberg refusant de payer — ou ne le pouvant pas — les intérêts et le capital qu'il lui avait prêtés, il décide de porter l'affaire en justice. Le tribunal tranche en faveur de Fust, en reconnaissant toutefois qu'il ne s'agissait pas d'un prêt mais d'un investissement, et que Fust n'était pas prêteur mais associé[16],[17].
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+ Fust obtient alors la gestion de l'atelier et la mise en gage de la presse. Il continue l'entreprise d'imprimerie sous son propre nom. Dans la plus vieille édition du Psalmorum Codex, paru pour la première fois le 14 août 1457, seuls les noms de Fust et de Schoeffer sont mentionnés. Ce livre, remarquable par sa qualité d’impression, par son texte imprimé en noir et rouge et par la régularité de la fonte des caractères, décoré de lettrines ornées et filigranées, apporte alors une certaine notoriété aux deux hommes.
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+ Pour élargir leur clientèle et dépasser le petit cercle des bourgeois cultivés et des universitaires, Fust et Schoeffer orientent rapidement leur production vers des éditions de moindre ampleur, mais plus faciles à vendre. Ils s’installent à Paris pour y vendre leurs livres en 1463, une date où l’imprimerie n’existe pas encore en France[18]. Fust n’en profitera pas longtemps : il meurt à Paris en 1466, mais il aura tout de même le temps de voir s'installer, rue Saint-Jacques, une quantité d'imprimeurs d'origine germanique.
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+ Insolvable, Gutenberg tente de relancer un atelier d'imprimerie et participe en 1459 à une édition de la Bible dans la ville de Bamberg. Ses travaux ne portant ni date ni nom, il est encore difficile d'identifier avec certitude les documents provenant de son atelier. Le dictionnaire Catholicon de sept cent quarante-quatre pages, imprimé à trois cents exemplaires à Mayence en 1460, est de sa composition. Il imprime entre autres des lettres d'indulgence. À partir de 1461, on ne trouve plus de traces de publication issue de l'atelier de Mayence de Gutenberg. Sans doute est-il trop vieux pour exercer son activité mais il est possible qu'il ait enseigné son art contre rétribution[19].
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+ En janvier 1465, alors qu'il vit modestement dans l'hospice Algesheimer Hof (de), Gutenberg est nommé gentilhomme auprès de l'archevêque de Mayence Adolphe II de Nassau. Il bénéficie alors d'une rente et de divers avantages en nature[20]. Il meurt probablement le 3 février 1468, largement méconnu par ses contemporains, et est enterré à Mayence dans un cimetière qui sera détruit plus tard. Sa tombe est aujourd'hui perdue[21].
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+ Associé à Johann Fust et à Pierre Schoeffer, Johannes Gutenberg est l’inventeur de l’imprimerie à caractères mobiles en Europe.
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+ Pour parvenir à ses fins, Gutenberg est à l’origine de nombreuses innovations :
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+ Depuis longtemps, l’histoire conteste à Johannes Gutenberg l’invention de l’imprimerie typographique et celui-ci n’a jamais rien fait pour s’assurer la paternité de son invention. Aucune date d’impression ni de signature ne figure sur les livres. Le premier colophon apparaît avec les impressions de Johann Fust et Pierre Schoeffer.
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+ Pourtant, dès 1472, Guillaume Fichet, bibliothécaire à la Sorbonne, écrit en latin dans une lettre jointe à l’édition princeps « De l’orthographia de Gasparino Barzizza » que « Joannem Benemontano [traduction latine de Johannes Gutenberg] est le premier à avoir imprimé un livre digne de ce nom », en référence aux livres manuscrits de l’époque, les codex. Guillaume Fichet, qui a très largement contribué à l’installation de l’imprimerie en France avec l’aide des anciens élèves de Jean Gutenberg, Ulrich Gering, Martin Grantz et Michel Friburger, avait appris par eux le nom de leur maître.
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+ En 1504, le professeur Ivo Wittig de Mayence dédicace un livre à Gutenberg, qualifié d’inventeur de la typographie[23].
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+ Au XIXe siècle, Ambroise Firmin Didot, fervent partisan de Gutenberg, trouva des lettres, dont la plus ancienne, datée de 1499, atteste clairement la paternité de l’invention à Jean Gutenberg.
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+ Au Moyen Âge, les textes étaient peu répandus car peu de gens savaient lire. Les livres sont produits ou reproduits dans les monastères par des moines copistes. Les illustrations sont réalisées par des moines spécialisés, les enlumineurs. Les rubricateurs intervenaient pour faire ressortir, par des couleurs, les Nomina sacra.
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+ Dans certains cas, les laïcs pouvaient produire des codex avec l’approbation des monastères. À partir du XIVe siècle, le procédé de xylographie permettait de reproduire un texte à grande échelle : il consistait à graver un document à l’envers sur du bois, puis à l’appliquer, une fois recouvert d’encre, sur du papier.
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+ Selon la légende, c’est en voyant fonctionner un pressoir à vin à Strasbourg, que Gutenberg eut l’idée d’inventer un nouveau procédé d’impression qui permit de produire 180 Bibles en l’espace de trois ans, alors qu’un moine recopiait une Bible dans le même temps.
61
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62
+ En imaginant la mobilité des caractères et en améliorant leur longévité grâce à leur consistance métallique, Gutenberg rendait les caractères réutilisables et interchangeables. Cette innovation a provoqué une révolution culturelle : le livre est rendu public, dans les villes commerçantes et universitaires, et les ateliers d’imprimerie se multiplient, augmentant la production des livres. Cette révolution s’étend à toute l’Europe, principalement en Italie et aux Pays-Bas.
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+ Grâce à cette explosion culturelle, le savoir n’est plus réservé aux clercs. L’accès plus facile à la connaissance développe le partage des idées, l’esprit critique et, avec lui, l’humanisme.
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+ À la mort de Gutenberg en février 1468, les différents collaborateurs de l’imprimeur ont déjà quitté Mayence depuis longtemps et vont émigrer dans toute l’Europe, en France et en Italie principalement.
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+ Une grande quantité des témoignages sur Gutenberg provient des archives judiciaires, l'inventeur étant manifestement assez procédurier. Parmi les procès où son nom est cité, on peut mentionner :
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+ « Dieu souffre dans des multitudes d'âmes auxquelles sa parole sacrée ne peut pas descendre ; la vérité religieuse est captive dans un petit nombre de livres manuscrits qui garde le trésor commun, au lieu de le répandre. Brisons le sceau qui scelle les choses saintes, donnons des ailes à la vérité, et qu'au moyen de la parole, non plus écrite à grand frais par la main qui se lasse, mais multipliée comme l'air par une machine infatigable, elle aille chercher toute âme venant en ce monde[25] ! »
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+ — Gutenberg, 1455 (traduction d'Alphonse de Lamartine)
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+ Œuvres principales
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+ Jean-Sébastien Bach [ ʒɑ̃sebastjɛ̃ bak][1] (en allemand : Johann Sebastian Bach [ˈjoːhan zeˈbasti̯an baχ][2] Écouter), né à Eisenach (Duché de Saxe-Weimar) le 21 mars 1685 (31 mars 1685 dans le calendrier grégorien), mort à Leipzig le 28 juillet 1750, est un musicien, notamment organiste, et compositeur allemand.
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+ Membre le plus éminent de la famille Bach — la famille de musiciens la plus prolifique de l'histoire —, sa carrière s'est entièrement déroulée en Allemagne centrale, dans le cadre de sa région natale, au service de petites municipalités, de cours princières sans importance politique, puis du conseil municipal de Leipzig qui lui manifestait peu de considération : il n'a ainsi jamais pu obtenir un poste à la mesure de son génie et de son importance dans l'histoire de la musique occidentale, malgré la considération de certains souverains allemands, tel Frédéric le Grand, pour le « Cantor de Leipzig ».
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+ Orphelin de bonne heure, sa première formation a été assurée par son père Johann Ambrosius Bach, puis par son frère aîné Johann Christoph Bach, mais il a aussi été un autodidacte[3] passionné de son art, copiant et étudiant sans relâche les œuvres de ses prédécesseurs et de ses contemporains, développant sa science de la composition et particulièrement du contrepoint jusqu'à un niveau inconnu avant lui et, depuis lors, jamais surpassé[4]. Jean-Sébastien Bach a été un virtuose de plusieurs instruments, le violon et l'alto, mais surtout le clavecin et l'orgue. Sur ces deux derniers instruments, ses dons exceptionnels faisaient l'admiration et l'étonnement de tous ses auditeurs ; il prétendait jouer tout à première vue, et pouvait improviser sur le champ une fugue à trois voix. Il avait aussi une compétence reconnue et très sollicitée en expertise de facture instrumentale.
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+ À la croisée des principales traditions musicales européennes (pays germaniques, France et Italie), il en a opéré une synthèse très novatrice pour son temps. Bien qu'il n’ait pas créé de forme musicales nouvelles, il pratiqua tous les genres existant à son époque à l’exception de l’opéra : dans tous ces domaines, ses compositions, dont seules une dizaine ont été imprimées de son vivant, montrent une qualité exceptionnelle en invention mélodique, en développement contrapuntique, en science harmonique, en lyrisme inspiré d’une profonde foi chrétienne. La musique de Bach réalise l'équilibre parfait entre le contrepoint et l'harmonie avant que cette dernière prenne le pas à partir du milieu du XVIIIe siècle. Il est en particulier le grand maître de la fugue, du prélude de choral, de la cantate religieuse et de la suite qu’il a portés au plus haut degré d’achèvement. La principale destination de ses œuvres a beaucoup dépendu des fonctions exercées : pièces pour orgue à Mühlhausen ou Weimar, instrumentales et orchestrales à Cöthen, religieuses à Leipzig notamment.
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+ Ses contemporains l’ont souvent considéré comme un musicien austère, trop savant et moins tourné vers l’avenir que certains de ses collègues. Il a formé de nombreux élèves et transmis son savoir à plusieurs fils musiciens pour lesquels il a composé quantité de pièces à vocation didactique, ne laissant cependant aucun écrit ou traité. Mais la fin de sa vie a été consacrée à la composition, au rassemblement et à la mise au propre d’œuvres magistrales ou de cycles synthétisant et concrétisant son apport théorique, constituant une sorte de « testament musical ».
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+ Peu connue de son vivant au-dehors de l'Allemagne, passée de mode et plus ou moins oubliée après sa disparition, pleinement redécouverte au XIXe siècle, son œuvre, comprenant plus de mille compositions, est généralement considérée comme l'aboutissement et le couronnement de la tradition musicale du baroque : elle a fait l’admiration des plus grands musiciens, conscients de son extraordinaire valeur artistique. Objet d'un culte chez les musicologues et musiciens[5] qui a cependant pu susciter l'ironie de Berlioz[6], Jean-Sébastien Bach est, de nos jours, considéré comme un des plus grands compositeurs de tous les temps, si ce n'est comme le plus grand[7].
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+ Comme nombre de musiciens des XVIIe et XVIIIe siècles, Jean-Sébastien Bach est issu d'une famille de musiciens : mais la famille Bach — peut-être venue de Hongrie au XVIe siècle et implantée en Thuringe pour pouvoir y pratiquer librement sa confession luthérienne — est la plus nombreuse de toutes[8].
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+ Un document, probablement établi par Jean-Sébastien Bach lui-même, donne des informations sur la généalogie et la biographie de cinquante-trois musiciens membres de cette famille ; il est intitulé Ursprung der musicalisch-Bachschen Familie (Origine de la famille des Bach musiciens) et trois copies existent, à défaut du manuscrit autographe[9].
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+ De fait, cette famille exerçait une sorte de monopole sur toute la musique pratiquée dans la région : ses membres étaient musiciens de ville, de cour, d'église, cantors, facteurs d'instruments, dominant la vie musicale de toutes les villes de la région, notamment Erfurt, Arnstadt, etc. Chaque enfant avait donc son destin déterminé : il suivrait l'enseignement de son père, de ses oncles ou d'un frère aîné, puis suivrait leur trace, celle de ses ancêtres et de ses nombreux cousins.
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+ L'ancêtre Veit Bach, que quatre générations séparent de Jean-Sébastien, aurait été meunier, boulanger et joueur de cithare. Son fils Hans Bach avait été le premier musicien professionnel de la famille, et avait eu trois fils également musiciens : Johann (1604-1673), Christoph (1613-1661) et Heinrich (1615-1692) ; parmi les enfants de Christoph, on trouve des frères jumeaux : Johann Christoph (1645-1693) et Johann Ambrosius (1645-1695), le père de Jean-Sébastien, nés à Erfurt qui était une des villes de résidence de la famille.
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+ Jean-Sébastien Bach naît à Eisenach le 21 mars 1685, selon le calendrier julien alors en usage dans l'Allemagne protestante, soit le 31 mars 1685 selon le calendrier grégorien adopté en Allemagne[11],[12] seulement le 18 février 1700 (qui devint le 1er mars 1700), dans une maison à ce jour disparue, proche de l'actuel musée Jean-Sébastien Bach d'Eisenach. La famille Bach est réputée pour ses musiciens, car les Bach qui pratiquent cette profession à l'époque sont déjà au nombre de plusieurs dizaines[13], exerçant comme musiciens de cour, de ville ou d'église dans la région de Thuringe. Jean-Sébastien Bach se situe à la cinquième génération de cette famille depuis le premier ancêtre connu, Veit Bach, meunier et musicien amateur, qui serait venu de Hongrie ou de Slovaquie au XVIe siècle pour fuir des persécutions religieuses, car il était protestant, et se serait installé dans la région à Wechmar.
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+ Jean-Sébastien Bach est le dernier des huit enfants (quatrième survivant)[14] de Johann Ambrosius Bach (1645 - 1695), trompettiste à la cour du duc[14] et Haussmann, c'est-à-dire musicien de ville[15], et de son épouse Elisabeth, née Lämmerhirt, originaire d'Erfurt (1644 - 1694). Il est baptisé dans la confession luthérienne dès le 23 mars à l'église Saint-Georges (Georgenkirche).
30
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31
+ Son enfance se passe à Eisenach, et il reçoit sa première éducation musicale de son père, violoniste[14] de talent. Il est aussi initié à la musique religieuse et à l'orgue par un cousin de son père, Johann Christoph Bach, qui est l'organiste de l'église Saint-Georges et claveciniste du duc[14]. Il fréquente, à partir de ses huit ans, l'école de latin des dominicains d'Eisenach[16].
32
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33
+ Sa mère, Maria Elisabetha Lämmerhirt, meurt le 1er mai 1694[17], alors qu'il vient d'avoir 9 ans. Le 27 novembre suivant, son père se remarie avec une veuve, Barbara Margaretha Bartholomäi née Keul, (elle-même doublement veuve depuis fin 1688 : d'abord d'un Bach et ensuite d'un diacre) mais il meurt quelques semaines plus tard, le 20 février 1695[18],[19]. Orphelin dès dix ans, Jean-Sébastien est recueilli par son frère aîné, Johann Christoph, âgé de vingt-quatre ans, élève de Johann Pachelbel et organiste à Ohrdruf — une cinquantaine de kilomètres de là — et sa tante Johanna Dorothea, qui sera l’Ersatzmutter (mère de substitution), dont cinq des neuf enfants seront des musiciens accomplis[20].
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+ Dans cette ville, Jean-Sébastien Bach fréquente le lycée, acquérant une culture plus approfondie que ses aïeux. Il a pour camarades de classe l'un de ses cousins, Johann Ernst Bach et un ami fidèle, Georg Erdmann. Johann Christoph poursuit son éducation musicale et le forme aux instruments à clavier. Jean-Sébastien se montre très doué pour la musique et participe aux revenus de la famille en tant que choriste[21],[22] au sein du Chorus Musicus, composé d'une vingtaine de chanteurs[23]. Son frère le laisse suivre la construction d'un nouvel orgue pour l'église, puis toucher l'instrument[23]. Il aime à recopier et étudier les œuvres des compositeurs auxquelles il peut accéder, parfois même contre la volonté de son aîné[24],[25]. La passion d'apprendre restera un de ses traits de caractère et en fera un connaisseur érudit de toutes les cultures musicales européennes[26] : « Le trait le plus saillant de Johann Sebastian enfant est sa puissante autonomie. Il se garde libre. Il dévore ce qui lui paraît bon. Il travaille. Il imite. Il corrige. Il refait. Il s'impose. C'est un prodigieux empirique. Le génie fait le reste[27]. »
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+ Le 19 janvier 1700, doté d'une bourse, Georg Erdmann quitte Ohrdruf pour le pensionnat Saint Michel de Lunebourg. Dès le 15 mars suivant, Jean-Sébastien Bach le rejoint, parcourant à pied une distance de plus de 300 km : le désir de retrouver son ami et d'alléger la charge de son entretien par l'aîné, qui est marié et père de famille, le décide probablement à ce changement décisif. Il est admis, avec son ami, dans la manécanterie de la Michaelisschule qui accueille les jeunes garçons pauvres ayant une belle voix.
38
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39
+ Outre la musique, il y apprend la rhétorique, le latin, le grec et le français[28]. Il fait la connaissance de Georg Böhm, un compatriote de Thuringe[29], musicien de la Johanniskirche et élève du grand organiste de Hambourg Johann Adam Reinken[30] ; Böhm l'initie au style musical de l'Allemagne du nord[31] et l'on retrouve quelques menuets dans le Klavierbüchlein. Il côtoie aussi à Lunebourg ou à la cour ducale de Celle des musiciens français émigrés, notamment Thomas de La Selle, élève de Lully et professeur de danse[28] : c'est l'approche d'une autre tradition musicale[32] (François Couperin notamment[33], Lully, Destouches et Collasse[34]). Après la mue de sa voix, il se tourne vers la pratique instrumentale : orgue, clavecin et violon. Il peut fréquenter la bibliothèque municipale de Lunebourg et les archives de la Johanniskirche qui recèlent de nombreuses partitions des plus grands musiciens de l'époque[35]. En 1701, il se rend à Hambourg et y rencontre Johann Adam Reinken et Vincent Lübeck, deux grands virtuoses titulaires des plus belles orgues de l'Allemagne du nord.
40
+
41
+ Bach passera sa première audition en 1702, à Sangerhausen, à l'ouest de Halle. Il s'agissait de trouver un successeur à Gottfried Christoph Gräffenhayn qui venait de mourir le 09 juillet 1702. En dépit de l'excellente audition qu'il donna, le duc en personne, Johann Georg de Saxe-Weissenfels, s'opposa à cette nomination et attribua le poste au petit-fils d'un ancien titulaire de cette charge. Début mars 1703, fraîchement diplômé, Bach prend un poste de musicien de cour dans la chapelle du duc Jean-Ernest III de Saxe-Weimar à Weimar, grande ville de Thuringe. « Il est employé comme laquais et violoniste dans l'orchestre de chambre du frère du duc de Weimar[37]. ». En sept mois, jusqu'à la mi septembre 1703, il se forge une solide réputation d'organiste et est invité à inspecter et inaugurer le nouvel orgue de l'église de Saint-Boniface d'Arnstadt, au sud-ouest de Weimar. Il a dix-huit ans[38].
42
+
43
+ En août 1703, il accepte le poste d'organiste de cette église[39],[40], qui lui assure des fonctions légères, un salaire relativement généreux, et l'accès à un orgue neuf et moderne. La famille de Bach avait toujours entretenu des relations étroites dans cette ville, la plus ancienne de Thuringe. Mais cette période n'est pas sans tensions : il n'est apparemment pas satisfait du chœur. Des conflits éclatent, et il en vient par exemple aux mains avec un bassoniste, Johann Heinrich Geyersbach. Ses employeurs lui reprochent une absence excessive lors de son voyage à Lübeck ; il devait partir quatre semaines mais ne revint que quatre mois plus tard : il avait rendu visite à Buxtehude[41] pour assister aux fameuses Abendmusiken (Concerts du soir) à l'église Sainte-Marie, faisant quatre cents kilomètres à pied pour s'y rendre[42]. C'est à cette époque que Bach achève d'élaborer son art du contrepoint et sa maîtrise des constructions monumentales[43].
44
+
45
+ De retour à Arnstadt en janvier 1706[44] — après avoir rendu visite à Reincken à Hambourg et Böhm à Lüneburg — le consistoire lui reproche vivement sa nouvelle manière d'accompagner l'office, entrecoupant des strophes et usant d'un contrepoint si riche que le choral n'en est plus reconnaissable[45]. Le consistoire lui fait, par exemple, le reproche suivant[46] : « comment se fait-il, monsieur, que depuis votre retour de Lübeck, vous introduisiez dans vos improvisations beaucoup trop longues d'ailleurs, des modulations telles que l'assemblée en est fort troublée ? » Le consistoire l'accuse aussi de profiter des sermons pour s'éclipser et rejoindre la cave à vin, et de jouer de la musique dans l'église avec une « demoiselle étrangère », sa cousine Maria Barbara[47].
46
+
47
+ Le décès de l'organiste de l'église Saint-Blaise de Mühlhausen, situé à soixante kilomètres d'Arnstadt, lui offre l'opportunité qu'il attendait : de l'automne 1707 à la mi juillet 1708, il est organiste à Mühlhausen. Il y écrit sa première cantate (peut-être la BWV 131), prélude à une œuvre liturgique monumentale à laquelle viendra se rajouter l'œuvre pour orgue. Il compose durant sa vie des cantates pour cinq années complètes de cycle liturgique, soit plus de trois cents. Plusieurs dizaines de ses compositions sont perdues, dont une partie date de cette période.
48
+
49
+ Mühlhausen est alors une petite ville de Thuringe, récemment dévastée par le feu, et Bach peine à trouver à se loger à un prix convenable. Le 17 octobre 1707, il épouse, à Dornheim près d'Arnstadt[33], sa cousine Maria Barbara[48] dont il admire le timbre de soprano. Il doit se battre pour constituer une dot convenable, aidé par l'héritage modeste de son oncle Tobias Lämmerhirt[49], et pour donner à sa femme une place dans les représentations, car les femmes ne sont généralement pas admises à la tribune d'honneur jusqu'au XIXe siècle. Ils auront sept enfants dont quatre atteignirent l'âge adulte, parmi lesquels Wilhelm Friedemann et Carl Philipp Emanuel.
50
+
51
+ Bach rassemble une bibliothèque de musique allemande, et fait travailler le chœur et le nouvel orchestre. Il récolte les fruits de son labeur lorsque la cantate BWV 71, inspirée de Buxtehude[48],[49], écrite pour l'inauguration du nouveau conseil est donnée dans la Marienkirche, où il a son siège[50], le 4 février 1708.
52
+
53
+ Le gouvernement de Mühlhausen est satisfait du musicien : il ne fait aucune difficulté pour rénover à grands frais l'orgue de l'église Divi Blasii (de) (Blasiuskirche ou saint Blaise), et lui confie la supervision des travaux. Il édite à ses frais la cantate BWV 71, l'une des rares œuvres de Bach publiée de son vivant (et unique cantate[51]), et il réinvite par deux fois le compositeur pour la diriger.
54
+
55
+ Cependant, une controverse naît au sein de la ville[52] : les luthériens orthodoxes, amoureux de musique, s'opposent aux piétistes, plus puritains et qui refusent les arts. Bach, dont le supérieur direct Johann Adolf Frohne est un piétiste, sent que la situation ira en se dégradant, et accepte une meilleure situation à Weimar[53].
56
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57
+ De 1708 à 1717, il est organiste et premier violon soliste à la chapelle du duc de Saxe-Weimar, Guillaume-Ernest de Saxe-Weimar. Il dispose de l'orgue, mais aussi de l'ensemble instrumental et vocal du duc. Cette période voit la création de la plupart de ses œuvres pour orgue, dont la plus connue, la célèbre Toccata et fugue en ré mineur, BWV 565. Il compose également de nombreuses cantates[54], et des pièces pour clavecin inspirées des grands maîtres italiens et français.
58
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59
+ Bach avait la compétence, la technique et la confiance pour construire des structures de grande échelle et synthétiser les influences de l'étranger, italiennes ou françaises[55]. De la musique des Italiens tels que Vivaldi, Corelli et Torelli[56], il a appris l'écriture d'ouvertures dramatiques et en a adopté les développements ensoleillés, les motifs rythmiques dynamiques et les arrangements harmoniques décisifs. Bach a adopté ces aspects stylistiques grâce à sa méthode habituelle de travail : la transcription pour le clavecin[57] et l'orgue, en l'occurrence des concertos de Vivaldi[58], dont il réalise seize pour clavecin et cinq pour orgue seul en douze mois[59].
60
+
61
+ Il est en particulier attiré par la structure italienne qui fait alterner solo et tutti, dans laquelle un ou plusieurs instruments soli alternent avec l'orchestre dans un mouvement entier[60]. Ce dispositif instrumental italianisant peut être entendu dans la suite anglaise no 3 pour le clavecin (1714) : l'alternance solo-tutti est matérialisée par le passage au clavier inférieur (sonorité plus pleine) ou au clavier supérieur (sonorité plus expressive).
62
+
63
+ Mais Bach souhaite quitter cette ville où il s'ennuie. Il a comme élève le neveu du duc et son héritier, Ernest-Auguste Ier. Celui-ci, bon claveciniste, avait épousé Éléonore-Wilhelmine d'Anhalt-Köthen, mais critiquait ouvertement la politique de son oncle. Bach passe une bonne partie de son temps au château d'Ernest-Auguste. Voulant marquer son mécontentement à l'égard de son neveu, le duc de Weimar interdit aux musiciens de jouer chez ce dernier, mais Bach ne tient pas compte de cette interdiction. Le duc s'en trouve alors offusqué. En 1716, le maître de la chapelle, Drese, meurt. La place devait alors logiquement revenir à Bach. Le duc, après avoir essayé de s'assurer les services de Georg Philipp Telemann, nomme le fils de Drese. Bach affiche alors ouvertement son soutien à Ernest-Auguste et cesse d'écrire des cantates pour Guillaume II.
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+ Le prince Léopold d'Anhalt-Köthen, beau-frère du duc de Saxe-Weimar, avait été très impressionné par la musique écrite par Bach pour le mariage de sa sœur Éléonore-Wilhelmine avec Ernest-Auguste Ier. Il propose à Bach le poste de maître de chapelle de la cour de Köthen, le plus élevé des postes de musiciens permettant à Bach d'être appelé Herr Kapellmeister. Bach, qui avait déjà refusé un poste à la cour du roi de Pologne à Dresde car le duc avait doublé ses appointements pour le garder, accepte cette offre. En apprenant la nouvelle, le duc emprisonne Bach durant un mois, du 6 novembre au 2 décembre. Il compose alors en prison les quarante-six chorals du Petit livre d'orgue (Orgelbüchlein)[61].
66
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67
+ De décembre 1717 à avril 1723, il succède à Johann David Heinichen (un ancien élève de Köthen[62]) comme maître de chapelle (Kapellmeister) à la cour du prince Léopold d'Anhalt-Köthen, beau-frère du duc de Weimar. Le prince est un brillant musicien (il avait étudié avec Heinichen à Rome[63]) : il joue avec talent du clavecin, du violon et de la viole de gambe. Son Grand Tour de 1710 à 1713 le met en contact avec la musique profane italienne et le convainc de la nécessité de développer la musique profane allemande, d'autant que ses convictions religieuses calvinistes lui interdisent la musique d'église. Une opportunité se présente à lui car Frédéric-Guillaume Ier vient d'accéder au pouvoir, et celui-ci ne montre aucun intérêt pour les arts : il licencie les artistes de la Cour et les dépenses baissent de 80 % en une année. Le prince Léopold peut attirer des musiciens de la cour de Berlin vers celle de Köthen, qui dispose rapidement de 18 instrumentistes d'excellent niveau. La musique représente dès lors le quart du budget pourtant limité de la principauté de Anhalt-Köthen, qui devient un important centre musical.
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71
+ L'ambiance y est informelle, et le prince traite ses musiciens comme ses égaux. Il les emmène à Carlsbad (maintenant Karlovy Vary en République tchèque) pour « prendre les bains », et il joue souvent avec eux, parfois même chez Bach lorsque sa mère Gisela Agnes s'irrite de la présence perpétuelle de l'orchestre au palais. Son poste offre à Bach un certain confort pécuniaire, avec une dotation de 400 thalers par an[64]. Le prince Léopold est par ailleurs le parrain de Léopold Augustus Bach, le dernier enfant de Maria Barbara.
72
+
73
+ Cette période heureuse est propice à l'écriture de ses plus grandes œuvres instrumentales pour luth, flûte, violon (Sonates et partitas pour violon seul), clavecin (premier livre du « Clavier Bien Tempéré »), violoncelle (Suites pour violoncelle seul), Six concertos brandebourgeois, et probablement Suite orchestrale n°3 en ré majeur, BWV 1068 Sarabande (dont son célèbre 2e mouvement Air).
74
+
75
+ Mais sa femme Maria Barbara meurt le 7 juillet 1720[65], et cet événement le marque profondément. Il en est d'autant plus bouleversé qu'il n'apprend la mort et l'enterrement de son épouse qu'à son retour de Dresde. Il se remarie un an et demi plus tard avec Anna Magdalena Wilcke, fille d'un grand musicien et prima donna de la cour de Köthen[66],[20].
76
+
77
+ Il songe à quitter cet endroit empli de souvenirs à la recherche d'une ville universitaire pour les études supérieures de ses enfants, d'autant qu'il ne peut composer de musique sacrée dans une cour calviniste. De plus, la deuxième femme du Prince, épousée en 1721, semble être eine amusa, selon les dires de Bach[67], c’est-à-dire peu sensible aux arts en général, et en détourne son mari. Parallèlement, le prince doit contribuer davantage aux dépenses militaires prussiennes[68].
78
+
79
+ Bach cherche un nouvel emploi. À la Katharinenkirche de Hambourg, il donne un concert très remarqué, en particulier par Johann Adam Reinken, presque centenaire[69], et se voit presque proposer un poste. Il rassemble un recueil de ses meilleures œuvres concertantes (les Six concertos brandebourgeois), et les envoie au margrave de Brandebourg qui lui avait marqué un certain intérêt deux ans auparavant. Il postule à Leipzig, où le poste de Cantor est vacant et lui permet une plus grande renommée dans le Saint-Empire, mais aussi en Pologne et en France : le prince-électeur de Saxe est roi de Pologne et a fréquenté la cour de Versailles, avec laquelle il garde de bonnes relations.
80
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81
+ Il obtient le poste de Cantor de Leipzig, succédant à Johann Kuhnau, fonction pourtant d'un rang inférieur à celui de Kapellmeister qu'il occupait auprès du prince. C'est peu après sa nomination, alors qu'il est encore à Köthen, qu'il compose la Passion selon saint Jean destinée à l'église Saint-Thomas de Leipzig. Cette ville de commerce n'a pas d'orchestre de cour et l'opéra a fermé ses portes, sa femme cantatrice doit y abandonner sa carrière. Elle l'aide alors dans ses travaux de copie et de transcription[20].
82
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83
+ À Leipzig, le poste de Johann Kuhnau, le Thomaskantor de l'église luthérienne saint Thomas, est à pourvoir. La place ayant été précédemment refusée par Georg Philipp Telemann, le conseil tente de débaucher d'autres compositeurs : Christoph Graupner[71] décline l'offre (son précédent employeur, le landgrave Ernst Ludwig de Hesse-Darmstadt, refuse de lui rendre sa liberté et augmente ses émoluments) ainsi que Georg Friedrich Kauffmann (employé à Mersebourg), Johann Heinrich Rolle (employé à Magdebourg), et Georg Balthasar Schott (employé à la Nouvelle Église de Leipzig). Le Docteur Platz, membre du conseil, révèle dans sa correspondance les raisons du choix qu'ils se résolvent à faire[72] : « Pour des raisons importantes, la situation est délicate et puisque l'on ne peut avoir les meilleurs, il faut donc prendre les médiocres. » Bach est choisi le 22 avril 1723[73] et signe son contrat en quatorze clauses le 5 mai[74].
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+ À l'époque, Leipzig est la seconde ville de Saxe, un centre d'édition et le siège d'une université renommée[74].
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+ La famille Bach s'installe à Leipzig le 22 mai 1723 et y séjourne jusqu'en 1750. En qualité de Thomaskantor et Director Musices, il est responsable de l'organisation musicale des deux églises principales de la ville (Saint-Nicolas et Saint-Thomas) et enseigne la musique aux élèves de Saint-Thomas. Il doit ainsi fournir de très nombreuses partitions et constitue selon sa Nécrologie[75] un ensemble de « Cinq années de cantates pour tous les dimanches et jours de fête » (rassemblant des cantates datant de Weimar et de nombreuses nouvelles œuvres composées essentiellement avant 1729), sans compter le Magnificat (Noël 1723), les Passions (1724 et 1727), et autres œuvres… De ces trois cents cantates supposées et probables, un tiers environ a malheureusement été perdu. Il n'y a qu'une seule répétition pour les cantates, mais le Cantor bénéficie de solistes instrumentaux brillants (les trompettistes) ou d'excellent niveau, solistes de passage et étudiants du Collegium Musicum. Les chœurs, dont on ne connaît pas l'effectif exact, sont apparemment capables de chanter des parties difficiles après la formation que Bach leur a dispensée. Bach se heurte souvent à la jalousie de ses confrères qui forcent notamment les élèves à boycotter ses leçons de musique. Il eut sans cesse des rapports tendus avec les autorités civiles et religieuses de la ville, ce qui le poussa plusieurs fois, mais sans résultat, à chercher une meilleure situation ailleurs.
88
+
89
+ Le 19 novembre 1736, Bach se vit accorder le titre honorifique de compositeur de la Chapelle royale de la cour de Saxe[76], sans toutefois que cela s'accompagnât d'un salaire. À cette occasion, il se fit entendre sur le nouvel orgue Silbermann de la Frauenkirche à Dresde.
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91
+ Il mène une vie riche en connaissances, constituant une bibliothèque spécialisée en bibliologie, théologie et mystique. Sa femme Anna Magdalena l'aide beaucoup dans sa fonction de Cantor en recopiant toutes ses partitions. Sa fonction de responsable du Collegium Musicum (de 1729 à 1737, puis — après l'intérim de son élève Carl Gotthelf Gerlach — de 1739 à vraisemblablement 1744) lui permet d'organiser des représentations musicales au Café Zimmermann pour des amateurs de musique. Il ne manque pas une occasion d'aller à l'opéra de Dresde où son fils Wilhelm Friedemann est organiste. C'est à Leipzig qu'il compose la majorité de ses œuvres sacrées.
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+ Il écrit également la Clavier-Übung (ou Klavierübung), le deuxième livre du Clavier bien tempéré. Il compose aussi un important corpus pour orgue, quatre Passions (dont une à deux chœurs, la célèbre Passion selon saint Matthieu), un Magnificat, trois oratorios, et son testament musical, écrit pour Noël 1724 (Sanctus) et de 1733 à 1749[77] : la Messe en si mineur.
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+ Les dix dernières années de sa vie, renonçant aux activités attachées à la fonction de Cantor, Bach limite sa production essentiellement à la musique instrumentale. En 1747, il intègre la Correspondierende Societät der musicalischen Wissenschaften fondée par Lorenz Christoph Mizler pour laquelle il dut fournir chaque année une communication scientifique dans le domaine musical (une composition dans le cas de Bach) ainsi que son portrait à l'huile, celui d'Elias Gottlob Haussmann présenté en haut de l'article. C'est pour cette société qu'il compose et fait publier les Variations canoniques (1747), l'Offrande musicale (1748) et il est probable que l'Art de la fugue devait être la contribution de l'année suivante[80]. Il est dans cette phase de sa vie, où, comme le dit Johann Nikolaus Forkel, « il ne pouvait toucher une plume sans produire un chef-d'œuvre ».
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+ En mai 1747, il se rend en compagnie de son fils Wilhelm Friedemann à Potsdam pour une visite à Frédéric II sollicitée par le souverain lui-même[81] par l'entremise de Carl Philipp Emanuel, claveciniste de la cour depuis 1741.
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+ « Dimanche dernier, Monsieur Bach, le célèbre maître de chapelle de Leipzig est arrivé à Potsdam dans le but d'avoir le plaisir d'y entendre la noble musique royale. Le soir, au moment où la musique de chambre ordinaire de la chambre entre dans les appartements du roi, on annonça à Sa Majesté que le maître de chapelle Bach […] attendait la très-gracieuse autorisation d'entendre la musique. Sa Majesté ordonna immédiatement qu'on le laissât entrer et se mit aussitôt à l'instrument nommé forte et piano et eut la bonté de jouer en personne un thème au maître de chapelle Bach, sans la moindre préparation, sur lequel celui-ci dut exécuter une fugue. Le maître de chapelle s'exécuta de manière si heureuse que Sa Majesté eut la bonté de montrer sa satisfaction, et que toutes les personnes présentes restèrent stupéfaites. Monsieur Bach trouva si beau le thème qui lui avait été présenté qu'il veut porter sur papier une véritable fugue et la faire ensuite graver sur cuivre. »
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+ — Berlinische Nachrichten, Berlin, 11 mai 1747[82].
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+ Il commence à perdre la vue en 1745, et bientôt ne peut plus travailler. Au printemps 1750, il confie par deux fois ses yeux à John Taylor, un « ophtalmiatre » réputé, qui ne lui permit pas de recouvrer la vue, sinon par intermittence. Dix ans plus tard, le même John Taylor opère Haendel avec le même résultat. Affaibli par ces opérations de la cataracte, Bach ne survit pas plus de six mois. Le 18 juillet, il recouvre soudainement la vue, mais quelques heures plus tard est victime d'une attaque d'apoplexie. Il meurt le 28 juillet 1750, en début de soirée. Anna Magdalena lui survit dix ans, vivant précairement de subsides de la municipalité.
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+ Bach eut vingt enfants de ses deux mariages successifs. Dix mourront à la naissance ou en bas âge, quatre deviendront compositeurs à leur tour : Wilhelm Friedemann, Carl Philipp Emanuel, Johann Christoph Friedrich et Johann Christian. Ils suivront des chemins différents, que Bach voulut prédire en disant de la musique de Carl Philipp Emmanuel : « C'est du bleu de Prusse, ça se décolore[83] », ou de celle de Christian : « Mon Christian est un gamin fort sot et c'est pour cette raison qu'il aura du succès dans le monde[83]. »
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+ Les quatre fils se lancent vite sur la voie du courant pré-classique qui prend alors le pas sur le Baroque.
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+ Wilhelm Friedemann Bach (1710—1784)
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+ Carl Philipp Emanuel Bach (1714—1788)
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+ Johann Christoph Friedrich Bach (1732—1795)
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+ Johann Christian Bach (1735—1782)
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+ De sa première épouse, sa cousine, Maria Barbara Bach (1684-1720), Bach eut sept enfants :
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+ Il épouse en secondes noces une chanteuse de cour, fille cadette d'un trompettiste, Anna Magdalena Wilcke dont il eut treize enfants :
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+ Contrairement à beaucoup de compositeurs et artistes, Bach ne recherchait pas une reconnaissance humaine ni sa propre gloire, mais surtout celle de Dieu. Pratiquement toute son œuvre lui était consacrée, en témoignent ses nombreux manuscrits qui se terminent par les initiales S.D.G. (pour Soli Deo Gloria : À Dieu seul la gloire)[84],[85]. Selon le musicologue français Gilles Cantagrel, même les compositions dites « profanes » de Bach sont empreintes de références chrétiennes, exprimant parfois « le mystère de la Rédemption sur la Croix »[86].
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+ Avec Jean-Sébastien Bach, la musique baroque atteint à la fois son apogée et son aboutissement. Dès sa disparition, le musicien, déjà relativement peu connu de son vivant, est quasiment oublié parce que passé de mode, et dépassé par les nouvelles idées du classicisme, tout comme le contrepoint qu'il a porté à une perfection inégalée.
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+ Le corpus des œuvres de Bach, très largement non publié, passe à ses fils. La part d'héritage que Carl Phillip Emanuel reçoit est conservée avec ferveur, et après sa mort passe en d'aussi illustres mains que celles de la princesse Anne Amélie de Prusse, Carl Friedrich Zelter, Felix Mendelssohn, Georg Pölchau. Celle de Wilhelm Friedemann est en revanche dispersée (le fruit de la générosité du Bach de Halle, mais aussi celui de sa gêne financière).
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+ Bach est alors passé de mode. De son vivant, il semble qu'il fut considéré comme un virtuose du clavier et un excellent autodidacte de l'écriture musicale.
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+ En tant que diplomate, le baron Gottfried van Swieten se rend à Berlin en 1770 et fréquente la cour de Frédéric II ; au travers de l'enseignement qu'il reçoit de Marpurg et Kirnberger, il découvre et s'intéresse à Carl Phillip Emanuel.
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+ « Entre autres choses, [Frédéric II] me parle de la musique et d'un grand organiste nommé [Carl Phillip Emanuel] Bach, resté pendant un certain temps à Berlin. Cet artiste est doté d'immenses talents, supérieurs à ce que j'ai jamais entendu ou imaginé, pour ce qui est de la profondeur de la connaissance de l'harmonie et de la puissance de l'interprétation. Néanmoins, ceux qui ont connu son père pensent que son fils ne l'égale pas ; le roi s'accorde avec ce jugement et, pour le prouver, une personne chante pour moi [le thème d’] une fugue chromatique qu'il avait donné au vieux Bach et sur laquelle devant lui il avait improvisé une fugue à 3, puis à 4 et enfin à 5 voix. »
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+ — Gottfried van Swieten
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+ Par la suite, Frédéric II lui ayant demandé d'improviser une fugue à 6 voix, Bach répondit qu'une telle improvisation était impossible… Mais en revanche, il l'écrivit et l'envoya au souverain ; cet ensemble de fugues est connue sous le nom de l'Offrande musicale (Musikalisches Opfer).
136
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+ Wolfgang Amadeus Mozart lui-même ne faisait pas exception à cet oubli, jusqu'en 1782 (il a alors 26 ans) où les rencontres musicales organisées par le baron Gottfried van Swieten lui font découvrir une partie de l'œuvre de Bach et les oratorios de Haendel. En 1787, il découvre un motet et s'exclame[87] : « Pour la première fois de ma vie j'apprends quelque chose. » Mozart assimila cet immense héritage, son écriture en fut changée, et les connaissances acquises se retrouvent dans son œuvre. On pense notamment au Requiem, à la symphonie « Jupiter » (la 41e), dont le quatrième mouvement est une combinaison de forme sonate et de fugue à cinq voix écrite en contrepoint renversable ou à certains passages de La Flûte enchantée.
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139
+ Ludwig van Beethoven connaissait bien l'œuvre pour clavier[88] de Bach et, jeune, il en jouait une grande partie par cœur. Il a pris exemple sur les Variations Goldberg pour composer ses trente-trois Variations Diabelli pour piano. Vers la fin de sa vie, Beethoven étudia aussi la grande Messe en si mineur. Il s'inspira ensuite de l'art du contrepoint de Bach pour composer sa Missa Solemnis, qu'il considérait comme sa plus grande œuvre.
140
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141
+ Ce n'est que le 11 mars 1829 que Felix Mendelssohn fit rejouer la Passion selon saint Matthieu à Berlin[89] ; elle fut rejouée plusieurs fois. Il permit ainsi de redécouvrir, au XIXe siècle, le compositeur oublié. L'œuvre est publiée l'année suivante.
142
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+ Les romantiques, surtout allemands, ont alors repris cet héritage, en l'adaptant aux goûts du XIXe siècle, et particulièrement Brahms, à Vienne. Même le Tristan et Isolde de Richard Wagner, où l'étude attentive de l'Art de la fugue transparaît (notamment dans le Prélude), montre l'influence de Bach. Schoenberg voit même en Bach un précurseur de ses théories, et même si l'on peut contester cette allégation, le novateur viennois a écrit sur Bach des pages passionnantes dans ses nombreux essais.
144
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+ Cette renaissance est favorisée par deux tendances dominantes de l'époque : le Mouvement national-allemand et le mouvement romantique, intimement liés[90]. En témoigne déjà le sous-titre de l'ouvrage de Forkel (1802) où figurent : « patriotiques » et « véritable » art musical[90], en opposition à l'art italien…
146
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147
+ Depuis, son œuvre reste une référence incontournable pour l'ensemble de la musique occidentale. Il semble même que l'enthousiasme gagne l'Asie, et particulièrement le Japon. Le chef d'orchestre, Wilhelm Furtwängler, dont le nom est pourtant souvent associé à celui de Beethoven, déclare à la fin de sa vie[91] :
148
+
149
+ « Aujourd'hui comme autrefois, Bach est le saint qui trône, inaccessible, au-dessus des nuages. [...] Bach fut le plus grand des musiciens, l'Homère de la musique, dont la lumière resplendit au ciel de l'Europe musicale et, qu'en un sens, nous n'avons toujours pas dépassé. »
150
+
151
+ Dans les années 1930 à Leipzig, une nouvelle approche de la lecture des œuvres de Bach va être initiée par Karl Straube avec des effectifs instrumentaux et choraux moins imposants que ceux des interprétations du XIXe siècle ; Straube va aussi jouer les œuvres dites théoriques comme l'Art de la fugue (avec orchestre toutefois), tout comme Hermann Scherchen après lui.
152
+
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+ L'aboutissement de ce « renouveau baroque » se retrouve à partir des années 1950, avec des interprètes tels que Jean-François Paillard et Marie-Claire Alain qui, au sein de la jeune firme Erato, vont permettre à un public de masse de goûter à la musique du cantor, d'abord en France, puis en Europe, aux États-Unis, et au Japon. En Allemagne, Karl Richter acquit une audience internationale avec les œuvres religieuses de J.-S. Bach. D'autres musiciens, tel Glenn Gould, proposèrent également une autre approche de Bach en mettant l'accent sur la sensibilité, la lisibilité des lignes contrapuntiques et la clarté de l'articulation. Au début des années 1950, Wolfgang Schmieder établit un catalogue thématique des œuvres de Jean-Sébastien Bach, le Bach-Werke-Verzeichnis (Catalogue des œuvres de Bach), désigné couramment par le sigle BWV qui a été mis à jour par une seconde édition en 1990. Dans les années 1960, le renouveau baroque, avec Gustav Leonhardt, Nikolaus Harnoncourt, puis John Eliot Gardiner et leurs nombreux disciples, renouvelèrent l'interprétation en proposant de revenir aux effectifs, aux tempi, à l'ornementation d'origine, ainsi qu'aux instruments d'époque et à leur jeu baroque (cordage, archet…).
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+ Ajoutons enfin que cette musique, même revisitée (Jacques Loussier ou Wendy Carlos), transposée, voire utilisée comme standard de jazz, comme elle l'est fréquemment depuis plus de cinquante ans, garde ses propriétés esthétiques, comme si la richesse de sa structure rendait le reste accessoire.
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+ Sources :
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+ GeneaNet.org, Geni.com, Ancestry.com, FamilySearch.org, AhnenForschung.net, MartinSchlu.de, Archive.org
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+ John Adams, né le 30 octobre 1735 à Quincy (Massachusetts) et mort le 4 juillet 1826 dans la même ville, est un homme d'État américain, président des États-Unis de 1797 à 1801. Deuxième occupant de la fonction après George Washington, il est le premier vice-président des États-Unis de 1789 à 1797, durant la présidence de ce dernier. Membre du Parti fédéraliste, il est considéré comme l'un des Pères fondateurs des États-Unis.
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+ John Adams joue un rôle important dans la révolution américaine d’abord dans le Massachusetts, d'où il est originaire, puis comme représentant du Congrès continental en Europe. Il obtient notamment des fonds de la part des marchés monétaires d’Amsterdam afin de financer les dépenses liées à la guerre d'indépendance des États-Unis. Il est l’un des principaux artisans de la paix (traité de Paris de 1783) avec le Royaume-Uni. Son prestige lui permet d’être élu vice-président aux côtés de George Washington à deux reprises, puis de devenir président de la jeune nation. Durant son mandat présidentiel, il doit faire face aux oppositions qui agitent le Parti fédéraliste, en particulier de la part d'une faction menée par Alexander Hamilton. Il tente de rendre la fonction de président apolitique, mais se trouve confronté aux critiques des deux partis politiques de l'époque. Il essaie de sauvegarder la neutralité des États-Unis dans les conflits entre les puissances européennes pendant la crise de la quasi-guerre (1798-1800).
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+ John Adams est le premier président à occuper la Maison-Blanche, achevée en 1800 à Washington.
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+ Battu par Thomas Jefferson à l'élection présidentielle américaine de 1800 alors qu'il se présente pour un deuxième mandat, il prend sa retraite auprès de son épouse dans son État natal. La correspondance qu'il entretient avec elle pendant sa présidence montre qu'il est en même temps l'ami et le rival de Jefferson. John Adams est à l’origine d’une importante lignée d’hommes politiques, d’historiens et de diplomates. Son fils John Quincy Adams est notamment président des États-Unis pour un unique mandat, de 1825 à 1829.
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+ John Adams, Jr. était le fils de l'homme d'affaires et politicien John Adams, Sr. (1691-1761) et Susanna Boylston (1708-1797), John Adams, Jr. naît en 1735 à Quincy dans la Province de la baie du Massachusetts. Son lieu de naissance fait aujourd’hui partie de l’Adams National Historical Park.
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+ Il étudie le droit à l’étude de James Jackson Putnam et sort diplômé de Harvard en 1755[1], l’un des avocats les plus réputés de Worcester. En 1758, il est admis au barreau. Depuis son plus jeune âge John Adams a pris l’habitude de tenir un journal dans lequel il consigne ses commentaires sur les évènements dans la colonie : ainsi, en 1761, il rapporte le discours de James Otis prononcé à la cour supérieure du Massachusetts sur la légalité des Writ of Assistance. Les arguments d’Otis provoquent l’engagement de John Adams pour la cause révolutionnaire américaine[2].
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+ En 1764, John Adams épouse Abigail Smith (1744–1818), la fille du Révérend William Smith, à Weymouth. Le couple eut plusieurs enfants : Abigail (1765-1813) ; le futur président américain John Quincy Adams (1767-1848) ; Susanna (1768–1770) ; Charles (1770-1800) ; Thomas Boylston (1772-1832) ; et une fille mort-née Elizabeth (1775).
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+ John Adams tient un rôle important dans les évènements qui précèdent la révolution américaine, comme avocat constitutionnaliste. Sa bonne connaissance du droit en fait un personnage clé de la révolte. Il est partisan du régime républicain et analyse des exemples historiques[3]. Il écrit plusieurs essais, mémoires juridiques et résolutions contre la taxation et la régulation britannique.
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18
+ En août 1765, il contribue anonymement à plusieurs articles qui paraissent dans la Boston Gazette (en) et développe l’idée que l’opposition au Stamp Act est directement liée au protestantisme puritain apporté en Nouvelle-Angleterre au XVIIe siècle. Il affirme que les nouvelles taxes doivent être levées avec le consentement du peuple ; il affirme également le droit d’être jugé par ses pairs. Il écrit les Braintree Instructions dans lesquelles il défend les droits et les libertés des colons. En décembre 1765, il prononce un discours devant le gouverneur et le conseil de la colonie dans lequel il déclare le Stamp Act invalide, faute de représentation des colons américains au Parlement britannique[4].
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20
+ En 1768, il s’établit à Boston et, deux ans plus tard, le 5 mars 1770, il fait preuve de courage moral en défendant l’officier et les sept soldats britanniques accusés de la mort de cinq colons pendant le « Massacre de Boston ». Sa conduite courageuse et patriotique lui permet d’être élu député du Massachusetts à l'assemblée de la colonie[5].
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22
+ Il est membre du Congrès continental de 1774 à 1778. En 1775, il soutient l’union des colonies et approuve la nomination de George Washington en tant que chef d’état major de l'Armée continentale. Son influence au Congrès est importante et, presque dès le départ, il soutient la séparation entre les colonies et la Grande-Bretagne. En 1775 le Congrès crée la première d’une série de commissions aux affaires navales[6],[7]. Adams est l’ardent défenseur de la marine américaine dont il est souvent considéré comme le père.
23
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24
+ En 1776, il publie un pamphlet intitulé Thoughts on Government qui inspira plusieurs constitutions des états. La même année, il approuve la fameuse résolution introduite par Richard Henry Lee sur le droit des colonies à être libres et indépendantes : il est nommé le 11 juin, ainsi que Thomas Jefferson, Benjamin Franklin, Robert R. Livingston et Sherman, au Comité de rédaction de la Déclaration d'indépendance des États-Unis. En réalité, c'est Thomas Jefferson qui rédige l'essentiel du texte, même si John Adams occupe une place importante dans les débats autour de son adoption.
25
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26
+ En 1777, John Adams est nommé Ministre plénipotentiaire pour négocier un traité de paix et de commerce avec la Grande-Bretagne. Contrairement à ses instructions, il traite directement avec les représentants britanniques sans en référer au gouvernement français allié. Il cherche particulièrement à obtenir des droits de pêche sur les côtes anglo-américaines. Compte tenu du climat politique favorable, il obtient des conditions particulièrement intéressantes. Il est envoyé aux Pays-Bas où il obtient la reconnaissance des États-Unis en tant que gouvernement indépendant.
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28
+ En 1778, John Adams remplace Silas Deane à Paris début avril. Il a un grave handicap pour l'époque et sa fonction : il ne parle pas français. Il parvient cependant à négocier l'alliance avec la France, mais frustré de voir le rôle de Benjamin Franklin prédominer, il quitte le territoire français avec John Quincy le 8 mars 1779. Le 2 août, ils sont arrivés à Braintree (Massachusetts).
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+
30
+ En 1785, il est nommé ambassadeur auprès de la Grande-Bretagne. Présenté au roi George III, qui dit comprendre sa méfiance envers le gouvernement français, il lui répond : « Je dois affirmer à votre majesté que ma seule loyauté est envers mon propre pays ».
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32
+ Il publie un livre sur la Constitution des États-Unis où il attaque les idées de ceux qui défendent les gouvernements centraux. Toutefois, il n’est pas particulièrement apprécié de ses concitoyens en raison de ses idées sur « les riches, les bien-nés et les capables » qui doivent recevoir une place à part dans les assemblées nationales. C'est probablement la raison pour laquelle il ne reçoit qu'une partie des voix des grands électeurs lors de la première élection présidentielle, en 1788, où il est élu à la vice-présidence (George Washington est élu président) et il prend ses fonctions le 21 avril 1789. Les deux hommes sont réélus dans les mêmes fonctions en 1792.
33
+
34
+ George Washington refuse de se présenter pour un troisième mandat et, le 3 novembre 1796, Adams est élu président face à Thomas Jefferson, qui devient son vice-président.
35
+
36
+ 4 mars : investiture de John Adams en tant que deuxième président des États-Unis.
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+
38
+ 25 juin : vote de la loi autorisant le président à déporter les étrangers déclarés dangereux.
39
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+ 11 juillet : Adams signe la loi créant le United States Marine Corps, les troupes de débarquement de la Marine américaine.
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+ 14 juillet : vote de la loi interdisant d'écrire, de publier ou de proférer des propos faux ou injurieux à l'égard du président américain ou du gouvernement.
43
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+ 1er novembre : Adams et sa femme s'installent à Washington dans le palais présidentiel qui ne prendra le nom de « Maison-Blanche » que bien plus tard. Ils résidaient auparavant dans la President's House, la demeure présidentielle à Philadelphie, jusqu'alors capitale des États-Unis.
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46
+ En raison de l'aide apportée par la France pendant la guerre d'Indépendance des États-Unis, ces derniers devaient soutenir la France en cas de conflit avec la Grande-Bretagne (traité de Paris). Le 24 décembre 1796, Victor Hugues, gouverneur de la Guadeloupe pour le compte de la France, prend un arrêté contre les navires américains. Cet arrêté était motivé par le fait que certains Américains, moyennant dédommagement pécuniaire, permettaient aux Britanniques, en guerre avec la France, d'utiliser le pavillon américain pour aborder les îles françaises des Antilles. Cet arrêté autorise les corsaires guadeloupéens à attaquer les navires américains.
47
+
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+ Les corsaires guadeloupéens, ex-esclaves récemment libérés par l'abolition du 16 pluviôse an II, venaient de libérer l'archipel guadeloupéen et Sainte-Lucie de la présence britannique. Mais c'est surtout la révolte des esclaves de Saint-Domingue, qui représente alors la moitié de la production mondiale de coton et de café et un tiers de celle de sucre, qui change la donne.
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+
50
+ L'arrivée à Cuba de réfugiés de Saint-Domingue après l'armistice du 30 mars 1798 en voit beaucoup devenir corsaires lors de la quasi-guerre, pour détourner la reprise de l'activité marchande permise par la convention commerciale tripartite de 1799 entre Toussaint Louverture, les États-Unis et l'Angleterre, ce qui va nourrir la piraterie des années 1800 dans la Caraïbe et donne un premier coup de fouet au trafic commercial à Cuba comme le montrent les valeurs produites par le port de Cuba entre 1797 et 1801, une partie venant des prises des corsaires français attaquant les navires américains commerçant avec Saint-Domingue[8] :
51
+
52
+ Contre les agressions de ces corsaires, le 7 juillet 1798, le Congrès des États-Unis vote une loi qui délie les États-Unis de leurs obligations à l'égard de la France. De plus, John Adams est amené à créer une première marine de guerre américaine, et à rendre permanent le corps des marines, déjà apparu pendant la guerre d'indépendance.
53
+
54
+ Cet épisode, connu sous le nom de « quasi-guerre », a vu des batailles navales entre la France (Guadeloupe essentiellement) et les États-Unis (qui estimèrent leurs pertes en navires et cargaisons pour une valeur de 20 millions de francs de l'époque). Napoléon met fin à cet état de guerre par la convention de Mortefontaine, le 2 octobre 1800.
55
+
56
+ Le président américain John Adams était fortement incité par les faucons de Washington à déclarer officiellement la guerre à la France, ce qu'il a toujours refusé de faire avec un sang-froid exceptionnel. Inversement, il était critiqué par une mouvance appelée Parti français à Washington, qui l'accusait de faiblesse envers l'Angleterre et de manque de respect envers l'ancien allié français, portée par Thomas Jefferson, qui triomphe à l'élection présidentielle américaine de 1800.
57
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+ Le mandat d’Adams est marqué par le passage de la loi sur les « étrangers et la sédition » qui va apporter le discrédit sur son parti. Cette loi est une conséquence de la politique étrangère des États-Unis qui, à cette époque, sont pris dans le tourbillon des complications européennes et Adams, au lieu de participer aux joutes, s’occupe d’affermir la paix avec la France contre l’avis d’Hamilton et de ses amis.
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+ Étant le deuxième président, Adams est amené, comme Washington, à créer des précédents. Il essaie d'avoir un gouvernement apolitique et n'aboutit qu'à donner le contrôle du Parti fédéraliste à Alexander Hamilton et celui du parti démocrate-républicain à Thomas Jefferson, qui est d'ailleurs son rival et vice-président, car à cette époque les règles électorales donnent les deux postes aux hommes qui ont obtenu le plus grand nombre de voix. De plus, des querelles internes éclatent : Adams et Hamilton ne s’entendent plus, des membres du cabinet du président allant jusqu’à chercher leurs ordres auprès du second.
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+ En 1800, Adams est de nouveau le candidat du parti fédéraliste aux élections, mais l’absence de confiance au sein de son propre parti et le sentiment populaire opposé aux lois « étrangers et sédition » entraînent la victoire de son concurrent Thomas Jefferson.
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+ Après sa défaite à l'élection de 1800, Adams se retire dans son État natal, le Massachusetts, où il meurt le 4 juillet 1826. Le hasard veut qu'il décède exactement 50 ans après la signature de la Déclaration d'Indépendance. Thomas Jefferson, qui était le père de la déclaration, s'éteint le même jour, quelques heures avant son ami. Les derniers mots de Jefferson auraient été : « Sommes-nous déjà le 4 ? » ; ceux de John Adams : « Thomas Jefferson vit-il toujours ? »[9].
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+ John Fitzgerald Kennedy /d͡ʒɑn fɪtsˈd͡ʒɛɹəld ˈkɛnədi/[1], dit Jack Kennedy, communément appelé John Kennedy et par ses initiales JFK, né le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts) et mort assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas (Texas), est un homme d'État américain, 35e président des États-Unis. Entré en fonction le 20 janvier 1961, il est, à 43 ans, le plus jeune président élu des États-Unis[2], et également le plus jeune président à mourir, moins de trois ans après son entrée à la Maison-Blanche, à l'âge de 46 ans.
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+ Il laisse son empreinte dans l'histoire des États-Unis par sa gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement pour le traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, le programme Apollo dans le cadre de la course à l'espace, son opposition à la construction du mur de Berlin, sa politique d'égalité des genres et son assassinat. Ses prises de position en faveur de l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce lui valent d'être respecté jusque chez les républicains, et le mouvement afro-américain des droits civiques — qu'il soutient, voulant mieux intégrer les minorités dans la société — qui prend place durant sa présidence annonce la déségrégation.
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+ En campagne pour sa réélection, il circule dans Dallas le 22 novembre 1963 à bord d'un véhicule découvert devant un nombreux public et alors qu'il traverse Dealey Plaza, des coups de feu l'atteignent mortellement. Les circonstances de son assassinat par Lee Harvey Oswald, seul coupable reconnu, ont donné lieu à de nombreuses enquêtes, ouvrages écrits et filmés, interprétations et théories du complot au fil des décennies ayant suivi son assassinat.
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+ John Fitzgerald Kennedy, surnommé « Jack », naît le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts), une banlieue huppée de Boston. Il est le second d'une famille qui compte neuf enfants : Joseph Jr., John, Rosemary, Kathleen, Eunice, Patricia, Robert, Jean Ann et Edward.
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+ Ses parents sont Joseph Patrick Kennedy, qui a fait fortune dans les années 1930, et Rose Fitzgerald, fille de John Francis Fitzgerald (1863-1950), dit « Honey Fitz », maire de Boston et de Mary Josephine Hannon (1865-1964)[3]. Tous deux sont les descendants de familles catholiques originaires d'Irlande. Son père soutient Franklin Delano Roosevelt lors de l'élection de 1933, envisage de se présenter à sa succession et devient ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni en 1938 après avoir été un des piliers des grandes réformes de Roosevelt dans la banque et la finance.
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+ Le jeune John reçoit son éducation dans la Choate Rosemary Hall, une des meilleures écoles privées à Wallingford, Connecticut où son frère aîné Joseph Patrick Kennedy, Jr. l'a précédé. En septembre 1935, il intègre la London School of Economics sous la supervision du professeur Laski, mais doit interrompre ses études, car il est atteint de jaunisse. Il intègre ensuite l'université de Princeton, mais doit de nouveau interrompre ses études après seulement six semaines, et se fait hospitaliser à l'hôpital Brigham de Boston (en) où les médecins diagnostiquent une possible agranulocytose ou leucémie[4]. L'année suivante, en septembre 1936, il intègre l'université Harvard. Ses principales matières sont l'économie, l'histoire et la politique américaine.
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+ Quand son père s'installe à Londres, il visite l'Europe, en particulier l'Allemagne nationale-socialiste, et s'assure les services d'un « nègre[5] » pour rédiger son mémoire de fin d'études sur Neville Chamberlain et la participation britannique aux accords de Munich. Son mémoire est reçu avec mention et grâce au soutien financier de son père, est publié avec une introduction de Henry Luce, sous le titre Pourquoi l'Angleterre dormait. À 23 ans, John est ainsi l'auteur d'un relatif succès de librairie qui semble le destiner au journalisme. Son père est alors déconsidéré par sa position favorable à la négociation avec Adolf Hitler.
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+ Il doit, en 1941, sous la pression de son père et du Federal Bureau of Investigation (FBI), mettre fin à sa liaison avec Inga Arvad, une journaliste danoise mariée à Paul Fejos, ancienne miss Danemark qui a couvert les Jeux olympiques d'été de 1936. JFK est rappelé en Caroline du Sud, mais Inga le suit et ils continuent à se voir[6].
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+ John Kennedy est connu pour ses multiples maîtresses et conquêtes féminines, dont Marilyn Monroe en 1962, ainsi que Mary Pinchot Meyer (épouse de Cord Meyer (en), haut fonctionnaire à la CIA) et Judith Campbell, maîtresse simultanément de Kennedy et du parrain de la mafia de Chicago Sam Giancana ou encore Gunilla von Post, Marlene Dietrich[7]. Proche de la mafia, le chanteur Frank Sinatra lui fournit des starlettes comme maîtresses. En 1961, lors d'une rencontre officielle avec le Premier ministre du Royaume-Uni Harold Macmillan, il lui confie : « Trois jours sans faire l'amour et c'est le mal de tête garanti. Je ne sais pas si c'est aussi votre cas, Harold »[8]. Le père du président, Joseph Patrick Kennedy, serait intervenu financièrement auprès de son épouse Jackie afin de la retenir[9].
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+ Le 12 septembre 1953[10], il épouse Jacqueline Bouvier en l'église St Mary's de Newport (Rhode Island). Le mariage est considéré comme l'événement mondain de la saison avec quelque 700 invités à la cérémonie et plus de 1 000 personnes à la somptueuse réception qui suit à « Hammersmith Farm », domaine de son beau-père Hugh D. Auchincloss.
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+ Jacqueline Kennedy fait une fausse couche en 1955[11],[12], puis donne naissance à une petite fille mort-née le 23 août 1956, que ses parents auraient voulu prénommer Arabella[13]. Cet événement conduit à une brève séparation du couple qui se réconcilie peu après. Le couple devient ensuite parents d'une fille Caroline en 1957, puis d'un fils John en 1960, qui meurt dans un accident d'avion en 1999. Un second fils Patrick naît prématurément le 7 août 1963 et meurt deux jours plus tard.
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+ Peu de temps après l'assassinat de John F. Kennedy, les restes d'Arabella et de son jeune frère Patrick sont transférés le 5 décembre 1963, au cimetière national d'Arlington. Sa dalle mortuaire n'indique pas de prénom, mais simplement la mention « daughter » (fille, en anglais) et la date du 23 août 1956.
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+ Kennedy souffre pratiquement toute sa vie de problèmes de dos : né avec une colonne vertébrale instable selon un de ses chirurgiens en 1947 (ce qui est remis en cause par une étude de 2017 se basant sur ses radiographies et penchant pour une origine multifactorielle[14]), ce qui l'oblige à utiliser des béquilles cachées au public, à se reposer fréquemment dans son fauteuil à bascule devenu célèbre[15] et à porter un corset dorsal de 20 centimètres[16]. Dès sa jeunesse, il fut régulièrement hospitalisé du fait de sa santé fragile et par intermittence eut de douloureux problèmes gastriques (probablement l'intestin irritable)[14]. Il est de plus atteint de la maladie d'Addison, sorte de déficience (encore mortelle à son époque) des glandes surrénales, lesquelles produisent des hormones anti-inflammatoires (cortisol)[17]. Pour soulager ses douleurs, il reçoit régulièrement des injections de cortisone, de novocaïnes et de stéroïdes, il prend des amphétamines[16], ce cocktail médicamenteux lui permettant de déployer une énergie hors du commun et d'assouvir une libido hyperactive[8]. Les corticoïdes qu'il a consommés pour traiter ses douleurs gastriques pourraient d'ailleurs être une cause secondaire de sa maladie d'Addison, c'était des médicaments prometteurs durant les années 1930 mais les effets à moyen terme n'étaient pas connus[14]. Il est contraint de se faire opérer à plusieurs reprises en raison de problèmes de dos, des opérations risquées dont les résultats sont inférieurs aux attentes. Il reçoit même l'extrême onction à quatre reprises[18]. Son état de santé fut gardé secret de son vivant, conscient qu'une fuite entraînerait la fin de sa carrière politique, même si ses prédécesseurs présidentiels Wilson, Coolidge, Roosevelt et Eisenhower avaient aussi imposé la confidentialité sur leurs ennuis de santé[19].
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+ Au printemps 1941, Kennedy veut s'enrôler dans l'armée, mais est déclaré inapte en raison de ses problèmes de santé. Il est finalement accepté grâce à l'intervention de son père[19]. D'abord mobilisé à l'arrière, il obtient de servir sur plusieurs navires de la flotte américaine du Pacifique et devient commandant d'un patrouilleur avec le grade de Lieutenant.
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+ Durant la guerre du Pacifique, le 2 août 1943 à deux heures du matin, son patrouilleur (une vedette lance-torpilles), le PT-109, est coupé en deux par le destroyer japonais Amagiri au large des îles Salomon. Kennedy est projeté sur le pont et se blesse au dos, ce qui aggrave ses douleurs[19] ; en mer, il réussit malgré tout à haler un membre de son équipage blessé sur près de cinq kilomètres et à mettre pied sur une île, d'où il nage pour donner l'alerte : son équipage est récupéré. Ce fait d'armes lui vaut la Navy and Marine Corps Medal avec la citation suivante :
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+ « Pour sa conduite extrêmement héroïque comme officier commandant de la vedette lance-torpilles PT 109, après la collision et le naufrage de ce vaisseau, sur le théâtre de la guerre du Pacifique, les 1er et 2 août 1943. Peu soucieux du danger personnel, le lieutenant Kennedy a bravé sans hésitation les difficultés et les risques de l'obscurité pour diriger les opérations de sauvetage, nageant plusieurs heures pour trouver de l'aide et de la nourriture après avoir réussi à ramener son équipage à terre. Son remarquable courage, sa ténacité et ses qualités de chef ont permis de sauver plusieurs vies, conformément aux plus hautes traditions de la Marine des États-Unis. »
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+ Il participe également à l'évacuation de Marines encerclés par les Japonais lors du raid sur Choiseul le 2 novembre 1943[20]. Kennedy reçoit d'autres décorations pendant la guerre, dont la Purple Heart. Il est démobilisé au début de 1945 quelques mois avant la capitulation du Japon. Un film de propagande raconte son aventure. Le décès de son frère aîné et les erreurs politiques de son père (qui était favorable au maintien de la paix avec Adolf Hitler) font de lui l'espoir politique de la famille.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, Kennedy commence donc une carrière politique en se faisant élire en 1946 à la Chambre des représentants dans une circonscription à majorité démocrate. Il est réélu deux fois en 1948 et 1950, largement malgré ses positions qui ne sont pas toujours en accord avec celles du président Harry S. Truman ou du Parti démocrate.
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+ En 1952, il est candidat au siège de sénateur avec le slogan : « Kennedy en fera plus pour le Massachusetts ». Avec l'appui de son père et de tout le clan familial, il réussit à battre son concurrent républicain, le sénateur sortant Henry Cabot Lodge Jr. en obtenant 51,5 % des voix. Cependant, il ne s'oppose pas au sénateur Joseph McCarthy, un ami de la famille, qui mène une campagne agressive dans le but d'extirper les prétendus espions communistes au sein du gouvernement. Il profite d'un séjour à l'hôpital pour ne pas voter la motion de censure contre McCarthy en 1954, ce qui lui sera longtemps reproché par l'aile gauche du Parti démocrate, Adlai Stevenson et Eleanor Roosevelt en tête. En 1956, il échoue à obtenir l'investiture démocrate pour la vice-présidence, après que Stevenson ai laissé le congrès sélectionner le candidat, Kennedy terminant deuxième au scrutin et s'inclinant face au sénateur Estes Kefauver du Tennessee, mais bénéficiant en conséquence d'une visibilité nationale. En 1958, il est réélu sénateur avec 73,2 % des suffrages face au républicain Vincent J. Celeste.
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+ En 1955, alors en pleine convalescence, il écrit un livre Profiles in Courage (Portraits d'hommes courageux) où il fait la biographie de huit sénateurs qui ont risqué leur carrière pour défendre leurs points de vue. Ce livre, dont la paternité est aujourd'hui accordée à Ted Sorensen, conseiller juridique et bras droit de Kennedy et auteur de ses plus grands discours, recevra le prix Pulitzer en 1957[16].
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+ Kennedy se déclare candidat pour succéder à Eisenhower le 2 janvier 1960. Dans sa déclaration de candidature, Kennedy insiste sur la nécessité d'un désarmement mondial, qualifiant la course aux armements de « fardeau »[réf. nécessaire].
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+ Le Parti démocrate doit choisir entre lui et les sénateurs Hubert Humphrey, Lyndon B. Johnson et Adlai Stevenson. Kennedy remporte les élections primaires dans certains États clés, comme le Wisconsin et la Virginie-Occidentale et obtient la nomination de son parti à la convention nationale. Son colistier est Lyndon B. Johnson, soutenu par les États du Sud. Pendant la campagne électorale, les débats tournent autour du rôle des États-Unis dans le monde, du problème de la pauvreté, de l'économie et de l'équilibre de la terreur face aux missiles porteurs d'armes nucléaires de l'Union soviétique, mais aussi sur la religion catholique pratiquée par le candidat.
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+ À partir des années 1950, le jeune sénateur démocrate du Massachusetts J.F. Kennedy fait des apparitions dans plusieurs talk-shows, notamment Meet the press très populaire à cette époque. C’est ainsi que Kennedy va prendre conscience et créer par lui-même son image du nouveau politicien. Ce qui l’amènera à être choisi pour prononcer le discours de candidature de Adlai Stevenson à la Convention démocratique de 1956. Lors de cette épreuve, il gagnera le rôle de l’orateur le plus recherché du parti, ce qui sera perçu comme le lancement de sa course à la présidence[21].
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+ Kennedy apparait, alors qu’il est candidat, dans le Tonight Show de Jack Paar. C’est le premier homme politique important à participer à une émission de fin de soirée. Étant donné l’innovation, personne n'était alors au courant des règles de l'égalité des heures s'appliquant aux émissions de divertissement. Une aubaine qui lui rapportera en capital sympathie. C’est ainsi que commence la campagne aux élections présidentielles américaines pour John Fitzgerald Kennedy. Le 12 septembre 1960, Kennedy fait une déclaration importante sur la question de la religion et de son catholicisme, devant une assemblée de pasteurs protestants à Houston, au Texas. Il affirme, ce jour-là, qu’il ne serait en aucune manière influencé par la hiérarchie catholique. Il emprunte l’article VI de la Constitution des États-Unis comme contre argument aux spéculations faites à son égard. Son équipe de campagne électorale trouve le discours convaincant et permettant de faire taire les malentendus. Ils s’en serviront comme moyen de communication en distribuant le film du discours aux stations de télévision de tout le pays. Il fut largement retransmis et la plupart des observateurs eurent l’impression que Kennedy avait remporté une victoire décisive et que la question religieuse était maintenant pour lui beaucoup plus un avantage qu’un handicap[22].
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+ La campagne à l'élection présidentielle américaine de 1960 est une toute nouvelle forme de la communication politique, qui joue la carte de la modernité, combinant l'utilisation de la radio, de la publicité, des sondages et de la télévision. Elle sera à l'origine d'une mythologie qui dépassera très vite les frontières du pays[23]. La campagne est caractérisée par le premier débat télévisé de l'histoire à une élection présidentielle. Elle opposera en quatre duels, les deux candidats, John Fitzgerald Kennedy et Richard Nixon. Deux candidats proches sur leurs programmes politiques et leurs âges mais différents par leurs apparences. R. Nixon est vu comme un personnage politique expérimenté, mais avec une image très déplaisante suite aux caricatures de Herblock dans le Washington Post. Le premier débat est considéré comme le plus important, il se déroule le 26 septembre 1960 à Chicago. L’équipe de Kennedy a parfaitement préparé le rendez-vous comme le confirme le producteur de CBS, Don Hewitt[24]. Le clan Kennedy s’était auparavant bien entouré, avec L. Reinch conseiller en audio-visuel, les réalisateurs F. Schaffner et A. Penn, et le producteur F. Coe afin d’améliorer ses performances. A. Penn demande en coulisse des plans serrés sur son candidat persuadé que l’équipe de Nixon le suivra. Lors de la prise de parole de Nixon, l’effet attendu est au rendez-vous : les gouttes de sueur qui perlent sur le visage de Nixon, la nervosité apparente, la barbe peu soignée donnent une image désastreuse du candidat à la présidence. De plus, son costume gris se fondant dans les décors créera un contraste face au jeune sénateur, plein d’aisance et d’assurance dans les gestes et la parole, en costume noir parfaitement préparé au duel[25].
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+ Les critiques récurrentes des caricaturistes visant R. Nixon sont désormais vues en gros plan par les Américains devant leur télévision. Ils seraient en effet entre 65 millions et 74 millions de téléspectateurs[26] à avoir assisté aux débats selon les rapports de cette époque. Avec une estimation de téléviseurs installés dans environ 90%[21] des foyers. Kennedy avait donc prévu et bien fait de miser sur les techniques modernes car avant le grand débat du 26 septembre les sondages donnaient Nixon de peu gagnant avec 47% face à 46%. Suite au débat, Kennedy était estimé à 49% face à 46% pour Nixon[27].
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+ Les « grands débats » offrent un phénomène attirant, selon le chercheur J. Austin Ranney (en) : « De nombreuses études antérieures à 1960 ont montré que le discours électoral de type traditionnel, quand le candidat A et ses partisans disposent de la salle de réunion ou du studio pour eux seuls, sont suivis et écoutés presque uniquement par les électeurs qui se sont déjà décidés pour ce candidat B évitent les réunions du candidat A et arrêtent la radio ou la télévision quand se fait entendre la voix de A »[28]. Ce que l’on nomme une chambre d’écho. Avec les grands débats, au contraire, non seulement les partisans de Nixon sont obligés d’écouter Kennedy, mais ils peuvent difficilement éviter de le comparer immédiatement avec Nixon. Theodore White, dans The Making of the President, 1960, montre à quel point Kennedy était confiant et bien préparé. « Selon certains sondages, ceux qui ont écouté le débat à la radio estiment que les deux candidats étaient à peu près ex æquo [à l’issue du débat]. En revanche, tous les sondages réalisés auprès des téléspectateurs indiquent que Nixon était considéré comme le perdant (…) Tout cela est dû à l’effet de la télé »[29]. La stratégie de Kennedy, consistait aussi à critiquer l’immobilisme des années de gouvernance de Dwight Eisenhower, dont Nixon est le coresponsable. La métaphore du retard (gap) occupe une part importante dans les discours du candidat. Le clan Kennedy en profite donc pour populariser alors l’idée de grands desseins nationaux pour promouvoir la nécessité de réformes rapides face à l’avance prise par l’URSS. Entouré d’idéologues de la modernisation, dont Walt Rostow est le plus actif, Kennedy renvoie son adversaire dans les cordes de la tradition et du conservatisme[30].Cette rhétorique du risque rompt avec celle de la sécurité utilisée jusqu’alors par les candidats démocrates.
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+ Sa rhétorique du risque, va donc dans le sens de son slogan : la Nouvelle Frontière séduisant ainsi un électorat avide de changement après huit années de présidence républicaine. La victoire de J.F Kennedy, le 8 novembre 1960, est certes celle de la jeunesse mais aussi celle des transformations de la vie politique américaine, en particulier le renforcement de la médiatisation avec le rôle nouveau joué par la télévision. Mais également celle des mutations de la sociologie de l’électorat, plus jeune et féminisé[31] ; « mais elle est surtout celle des nouvelles techniques de communication, faisant bon usage des sondages, de l’instrument télévisuel et du média training »[32]
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+ La politique de Kennedy, appelée « Nouvelle Frontière », prévoit la détente envers l'URSS, l'envoi d'un homme sur la Lune, l'égalité des Noirs et des Blancs, la relance de l'économie, la lutte contre la pègre et l'arrêt de l'expansion communiste dans le monde.
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+ L'élection a lieu le 8 novembre 1960 ; Kennedy bat Nixon de seulement 120 000 voix[33]. Des rumeurs circulent par la suite sur le fait que son père, Joe, aurait utilisé ses liens avec la mafia américaine pour que certains comtés décisifs « votent bien ». À 43 ans, Kennedy est le plus jeune président élu : Theodore Roosevelt était plus jeune lors de son accession à la présidence, mais il succédait à William McKinley, décédé en cours de mandat. Il est aussi le premier président des États-Unis de religion catholique et toujours le seul à ce jour[34].
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+ Il entre en fonction le 20 janvier 1961 à l'âge de 43 ans.
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+ Le mandat de Kennedy est marqué par la guerre froide entre l’Union soviétique et les États-Unis et les crises majeures destinées à contrer l’expansion communiste. Au début de sa présidence, il pense que le monde peut s'améliorer par des moyens pacifiques et il crée les Corps de la paix. Ce programme, qui existe toujours, permet à des volontaires américains d'aider les pays en développement dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture, de la santé et du bâtiment.
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+ Kennedy développa des liens d'amitié étroits avec le Royaume-Uni et la RFA. Cependant, les relations avec le Canada seront faibles, John Diefenbaker ne supportant pas Kennedy et réciproquement. Le prochain Premier ministre du Canada Pearson s'entendra en revanche très bien avec lui et acceptera l'installation de bases nucléaires américaines au Canada.
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+ Les relations avec la France de Charles de Gaulle sont constantes mais tendues, les deux dirigeants ont cependant un grand respect l'un pour l'autre et le peuple français a une certaine admiration pour les Kennedy ; ils sont notamment fiers que sa femme, Jacqueline Bouvier de son nom de jeune fille, ait des racines françaises[réf. nécessaire]. La volonté de Charles de Gaulle d’accroître la puissance militaire et économique de la France produit de vives tensions entre les deux hommes : d'après Ted Sorensen, dans un moment de colère Kennedy aurait traité de Gaulle de « salopard »[réf. nécessaire].
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+ La crise des missiles de Cuba montre que le risque d'une guerre nucléaire n’est pas négligeable et que les États-Unis et l'URSS sont « au bord du gouffre », d’où une attitude plus mesurée en Europe. Cette attitude est d'ailleurs déjà effective avant cette crise, comme le prouve le fait que les Américains restent passifs lorsque l’Allemagne de l’Est lance la construction du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 et que les pays du bloc de l’Est rendent leurs frontières quasiment étanches. Après une tentative de retrait, Kennedy essaie malgré tout de contenir l'expansion soviétique en envoyant des conseillers militaires, puis des troupes, au Viêt Nam. En octobre 1963, il signe un mémorandum ordonnant le retrait de 1 000 soldats du Viêt Nam avant la fin de 1963 car il pensait la guerre bientôt gagnée[49]. Ce mémorandum sera annulé par Lyndon B. Johnson.
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+ Cependant, une facette moins connue du personnage présente l'ex-président démocrate comme un artisan majeur de l'escalade de la guerre du Viêt Nam, en ayant directement été à l'origine d'un coup d'État militaire fomenté contre le président sud-vietnamien Ngô Đình Diệm[50],[51],[52],[53], voire le commanditaire direct de l'assassinat de celui-ci[54], parce que Diệm était opposé à un accroissement de l'engagement militaire américain au Vietnam[55] et envisageait de rompre l'alliance de son pays avec les États-Unis[56]. Cependant Kennedy ayant signé un mémorandum pour le retrait de 1 000 soldats, on croit plus souvent qu'il avait pris conscience à l'été 1963 de s'être engagé dans un bourbier et jugeait nécessaire par l'intermédiaire de Dương Văn Minh d'éliminer un chef d'État catholique impopulaire qui réprimait une opposition bouddhiste croissante depuis mai 1963[57]. Aussi en août 1963 l'administration Kennedy se montra favorable à Dương Văn Minh qui mit à exécution le coup d'État. Toutefois une enquête des Nations unies en 1963 conclut à la liberté du culte bouddhiste ; tandis que selon l'historien Mark Moyar, Diệm avait mené des politiques publiques favorables aux communautés bouddhistes du Sud-Vietnam, en leur donnant la permission de mener des activités religieuses qui étaient interdites par l'ex-puissance coloniale française, et en finançant la construction d'écoles bouddhistes, l'organisation de cérémonies et la construction de nouvelles pagodes. Parmi les dix-huit membres du cabinet Diệm, il y avait cinq catholiques, cinq confucéens et huit bouddhistes, dont un vice-président et un ministre des affaires étrangères. Seuls trois des dix-neuf meilleurs responsables militaires étaient des catholiques[58]. Une partie non-négligeable des immolations et révoltes bouddhistes furent le fruit d'une infiltration des guérilleros communistes déguisés en bonzes[59].
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+ En août 1963 Kennedy signe le traité de Moscou qui interdit les essais nucléaires dans l'atmosphère. Il s'agissait de lutter contre la prolifération des armements et contre les effets à long terme des retombées radioactives. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS en seront les premiers signataires et Kennedy considérera qu'il s'agit là d'une des actions majeures de son gouvernement. Au Salvador, son administration appuie la création de l'Orden (Organisation démocratique nationaliste) afin d'organiser et de surveiller la population rurale (l’Amérique centrale est alors agitée par des guérillas en lutte contre des gouvernements dictatoriaux) mais celle-ci se comporte rapidement en escadron de la mort[60]. Après le coup d’État militaire du 24 septembre contre le gouvernement réformiste de Juan Bosch en République dominicaine « Kennedy rompt les relations diplomatiques avec le pays tout en abandonnant Bosch à son triste sort qui s'exilera à San Juan de Porto Rico »[61]. "La démocratie n'y aura tenu que sept mois"[62]. Les relations diplomatiques entre les deux pays seront rétablies le 14 décembre 1963 par le président Johnson et les pustchistes ainsi reconnus[63]. De même début octobre 1963 Kennedy suspend les relations diplomatiques avec le Honduras après le renversement du libéral Modesto Rodas Alvarado (en) par Oswaldo López Arellano, coupe l'aide militaire à la junte, rappelle le personnel américain engagé dans la coopération ; ce n'était peut-être que provisoire du fait que l'année précédente au Pérou à l'été 1962, il avait suspendu seulement un mois ses relations diplomatiques en réaction à un coup d'État[64]. Mais au Honduras comme en République dominicaine ce sera, après Dallas, Johnson qui en 1964 reconnaîtra la Junte militaire[65].
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+ Kennedy milite contre la ségrégation raciale, en prenant pour modèle Abraham Lincoln. Il soutient Martin Luther King, et le rencontre lors de sa marche sur Washington en 1963.
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+ L'un des problèmes les plus importants auquel Kennedy doit faire face est celui de mettre fin aux mesures discriminatoires contre les minorités ethniques qui restent légales dans certains États. Un arrêt de 1954 de la Cour suprême des États-Unis interdit la ségrégation dans les écoles publiques, mais est resté lettre morte dans de nombreux États du Sud. Par ailleurs, des mesures discriminatoires restent toujours en vigueur dans d'autres lieux publics, tels que les transports urbains, les cinémas et les restaurants.
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+ Il fait beaucoup pour la conquête de l'espace, en lançant le programme Apollo (We choose to go to the Moon).
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+ Sur le plan social, son programme Nouvelle Frontière vise à améliorer le sort des classes modestes et des droits civiques de ses concitoyens noirs. Sur ces objectifs, Kennedy se heurte souvent, ce qui est courant aux États-Unis, à un Congrès dont la majorité n'est pas celle de son courant politique. Ici, cependant, le Congrès est en majorité démocrate, mais cette dernière est dominée par les démocrates du Sud, conservateurs sudistes hostiles à la disparition de la ségrégation.
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+ Si les presque trois ans de présidence de Kennedy se sont accompagnés de plusieurs mesures notables (conquête de l'espace, début de la déségrégation, Corps de la paix, traité de Moscou d'août 1963) les historiens sont partagés sur l'importance du mandat de Kennedy dans l'histoire américaine. Élu de justesse, il a accru l'engagement des États-Unis au Vietnam, a mis à exécution le débarquement de la baie des Cochons préparé par l'administration précédente, il n'a pas empêché la construction du mur de Berlin, a approuvé la mise sur écoute par le FBI de Martin Luther King, soutenu le renversement de dictateurs en République dominicaine, en Irak et au Vietnam, aussi bien que condamné des coups d'État (toujours en république dominicaine le coup d'État militaire en septembre 1963 contre Juan Bosch), avait des liens avec la mafia et n'a pas mené à bien la baisse d'impôts qu'il avait initialement promise. De ce fait, s'il est souvent cité comme étant le plus populaire des présidents qu'a comptés le pays, selon certains, cela relève davantage du reflet de son charisme, de sa jeunesse, de sa bonne connaissance des médias et des conditions tragiques de son décès. L'historiographie post-1963 a d'abord été marquée par des ouvrages hagiographiques écrits par ses anciens conseillers, Ted Sorensen et Pierre Salinger. Un regard plus critique survient dans les années 1980 avec The Kennedy Imprisonment de Garry Willis, où Kennedy est décrit comme un « improvisateur » se reposant sur son charisme et prenant de mauvaises décisions, et un obsédé sexuel se mettant lui-même en danger du fait des risques de chantage que cela implique[66]. Le journaliste démocrate Thomas E. Ricks (en) est encore plus critique, le désignant comme le plus mauvais président du XXe siècle, dénonçant un groupe de pression contre ses opposants, l'Ideological Organizations Project, une politique anti-syndicale et le mensonge sur sa santé[67]. Les historiens sont partagés mais les critiques reviennent face au manque de leadership contre Khrouchtchev à son sommet et la question raciale qui stagne[68]. Patrick Buisson dans La Cause du peuple reprend ces légendes critiques, dénonce une imposture créée de toutes pièces par les médias, Kennedy étant dans la « télé-gouvernance » et la publicité, masquant les liens avec la mafia, une libido incontrôlée et un échec aux affaires étrangères.
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+ Le président fascine toujours autant l'Amérique. Depuis 1963, 40 000 ouvrages ont été écrits à son sujet, surtout sur son assassinat[69], ainsi que de nombreux récits uchroniques, imaginant le déroulement du monde si son assassinat fût raté[70],[71]. Le cinquantième anniversaire de sa mort relance de nouvelles études et publications[72]. Son projet réussi de dépasser l'URSS dans la conquête spatiale avant l'année 1970, souligné par Philippe Labro, ne l'empêche pas de subir sous sa présidence un second revers deux ans après l'embarquement de Youri Gagarine : l'envoi en juin 1963 d'une femme soviétique dans l'espace, Valentina Terechkova.
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+ Le 22 novembre 1963, lors d'une visite pré-électorale de John F. Kennedy à Dallas, le cortège présidentiel traverse la ville à petite vitesse, salué par la foule amassée. Alors que la limousine décapotée du président passe sur Dealey Plaza vers 12 h 30, des coups de feu éclatent. Le président est d'abord blessé au cou, tandis que le gouverneur Connally, assis devant lui, est blessé à la poitrine, puis une balle atteint le président à l'arrière de la tête, endommageant gravement la partie arrière supérieure de son crâne[73], et ressort probablement par la tempe droite[74]. Aussitôt transporté au Parkland Hospital, le président est déclaré mort à 13 h après de vains efforts de réanimation. Le monde est consterné en apprenant la nouvelle[75].
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+ Lors de la mort de Kennedy, les trois grands réseaux de télévision américains ont suspendu leurs émissions pour rapporter toutes les nouvelles concernant le président du 22 au 25 novembre 1963, ce qui fait de la couverture télévisée de cet événement la plus longue de l'histoire télévisée américaine (70 heures) jusqu'à celle des attentats du 11 septembre 2001 (72 heures)[76]. Les reportages filmés sur ses obsèques nationales consacreront la domination de la télévision française sur les autres médias et la fin des actualités filmées au cinéma[77].
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+ Selon les enquêtes officielles, Lee Harvey Oswald a assassiné seul le président, mais la seconde enquête mandatée par la Chambre des représentants — l'enquête du HSCA — estime en 1979 qu'il y a eu au moins deux tireurs, donc conspiration.
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+ Sa femme Jacqueline, lors du transport du cercueil à bord de l'avion Air Force One, lui organise des obsèques nationales impressionnantes sur le modèle de celles d'Abraham Lincoln[78]. John Fitzgerald Kennedy repose au cimetière national d'Arlington, près de Washington.
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+ Le président américain Donald Trump a autorisé le 21 octobre 2017 la déclassification de 2 891 documents sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, dont le maintien sous scellés pendant plus de 50 ans a alimenté de nombreuses théories du complot. Y figurent notamment les noms de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et plus étonnamment de l'actrice Catherine Deneuve qui auraient tous les trois versé de l'argent à Larry Cox, activiste qui a refusé à trois reprises d'intégrer l'armée américaine et de partir au Viêt Nam[79]. Près de 300 pages de documents jugés « trop sensibles » sont maintenus secrète[80].
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+ L'acide désoxyribonucléique ou ADN est une macromolécule biologique présente dans toutes[a] les cellules ainsi que chez de nombreux virus. L'ADN contient toute l'information génétique, appelée génome, permettant le développement, le fonctionnement et la reproduction des êtres vivants. C'est un acide nucléique, au même titre que l'acide ribonucléique (ARN). Les acides nucléiques sont, avec les peptides et les glucides, l'une des trois grandes familles de biopolymères essentiels à toutes les formes de vie connues.
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+ Les molécules d'ADN des cellules vivantes sont formées de deux brins antiparallèles enroulés l'un autour de l'autre pour former une double hélice. On dit que l'ADN est bicaténaire, ou double brin. Chacun de ces brins est un polymère appelé polynucléotide. Chaque monomère qui le constitue est un nucléotide, lequel est formé d'une base nucléique, ou base azotée — adénine (A), cytosine (C), guanine (G) ou thymine (T) — liée à un ose — ici, le désoxyribose — lui-même lié à un groupe phosphate. Les nucléotides polymérisés sont unis les uns aux autres par des liaisons covalentes entre le désoxyribose d'un nucléotide et le groupe phosphate du nucléotide suivant, formant ainsi une chaîne où alternent oses et phosphates, avec des bases nucléiques liées chacune à un ose. L'ordre dans lequel se succèdent les nucléotides le long d'un brin d'ADN constitue la séquence de ce brin. C'est cette séquence qui porte l'information génétique. Celle-ci est structurée en gènes, qui sont exprimés à travers la transcription en ARN. Ces ARN peuvent être non codants — ARN de transfert et ARN ribosomique notamment — ou bien codants : il s'agit dans ce cas d'ARN messagers, qui sont traduits en protéines par des ribosomes. La succession des bases nucléiques sur l'ADN détermine la succession des acides aminés qui constituent les protéines issues de ces gènes. La correspondance entre bases nucléiques et acides aminés est le code génétique. L'ensemble des gènes d'un organisme constitue son génome.
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+
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+ Les bases nucléiques d'un brin d'ADN peuvent interagir avec les bases nucléiques d'un autre brin d'ADN à travers des liaisons hydrogène, qui déterminent des règles d'appariement entre paires de bases : l'adénine et la thymine s'apparient au moyen de deux liaisons hydrogène, tandis que la guanine et la cytosine s'apparient au moyen de trois liaisons hydrogène. Normalement, l'adénine et la cytosine ne s'apparient pas, tout comme la guanine et la thymine. Lorsque les séquences des deux brins sont complémentaires, ces brins peuvent s'apparier en formant une structure bicaténaire hélicoïdale caractéristique qu'on appelle double hélice d'ADN. Cette double hélice est bien adaptée au stockage de l'information génétique : la chaîne oses-phosphates est résistante aux réactions de clivage ; de plus, l'information est dupliquée sur les deux brins de la double hélice, ce qui permet de réparer un brin endommagé à partir de l'autre brin resté intact ; enfin, cette information peut être copiée à travers un mécanisme appelé réplication de l'ADN au cours duquel une double hélice d'ADN est recopiée fidèlement en une autre double hélice portant la même information. C'est en particulier ce qu'il se passe lors de la division cellulaire : chaque molécule d'ADN de la cellule mère est répliquée en deux molécules d'ADN, chacune des deux cellules filles recevant ainsi un jeu complet de molécules d'ADN, chaque jeu étant identique à l'autre.
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+ Dans les cellules, l'ADN est organisé en structures appelées chromosomes. Ces chromosomes ont pour fonction de rendre l'ADN plus compact à l'aide de protéines, notamment d'histones, qui forment, avec les acides nucléiques, une substance appelée chromatine. Les chromosomes participent également à la régulation de l'expression génétique en déterminant quelles parties de l'ADN doivent être transcrites en ARN. Chez les eucaryotes (animaux, plantes, champignons et protistes), l'ADN est essentiellement contenu dans le noyau des cellules, avec une fraction d'ADN présent également dans les mitochondries ainsi que, chez les plantes, dans les chloroplastes. Chez les procaryotes (bactéries et archées), l'ADN est contenu dans le cytoplasme. Chez les virus qui contiennent de l'ADN, celui-ci est stocké dans la capside. Quel que soit l'organisme considéré, l'ADN est transmis au cours de la reproduction : il joue le rôle de support de l'hérédité. La modification de la séquence des bases d'un gène peut conduire à une mutation génétique, laquelle peut, selon les cas, être bénéfique, sans conséquence ou néfaste pour l'organisme, voire incompatible avec sa survie. À titre d'exemple, la modification d'une seule base d'un seul gène — celui de la β-globine, une sous-unité protéique de l'hémoglobine A — du génotype humain est responsable de la drépanocytose, une maladie génétique parmi les plus répandues dans le monde.
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+ L'ADN est un long polymère formé par la répétition de monomères appelés nucléotides. Le premier ADN a été identifié et isolé en 1869 à partir du noyau de globules blancs par le Suisse Friedrich Miescher. Sa structure en double hélice a été mise en évidence en 1953 par le Britannique Francis Crick et l'Américain James Watson à partir des données expérimentales obtenues par les Britanniques Rosalind Franklin et Maurice Wilkins. Cette structure, commune à toutes les espèces, est constituée de deux chaînes polynucléotidiques hélicoïdales enroulées l'une autour de l'autre autour d'un axe commun, avec un pas d'environ 3,4 nm pour un diamètre d'environ 2,0 nm[1]. Une autre étude mesurant les paramètres géométriques de l'ADN en solution donne un diamètre de 2,2 à 2,6 nm avec une longueur par nucléotide de 0,33 nm[2]. Bien que chaque nucléotide soit très petit, les molécules d'ADN peuvent en contenir des millions et atteindre des dimensions significatives. Par exemple, le chromosome 1 humain, qui est le plus grand des chromosomes humains, contient environ 220 millions de paires de bases[3] pour une longueur linéaire de plus de 7 cm.
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+ Dans les cellules vivantes, l'ADN n'existe généralement pas sous forme monocaténaire (simple brin) mais plutôt sous forme bicaténaire (double brin) avec une configuration en double hélice[1]. Les monomères constituant chaque brin d'ADN comprennent un segment de la chaîne désoxyribose–phosphate et une base nucléique liée au désoxyribose. La molécule résultant de la liaison d'une base nucléique à un ose est appelée nucléoside ; l'adjonction d'un à trois groupes phosphate à l'ose d'un nucléoside forme un nucléotide. Un polymère résultant de la polymérisation de nucléotides est appelé polynucléotide. L'ADN et l'ARN sont des polynucléotides.
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+ L'ose constituant le squelette de la molécule est le 2’-désoxyribose, dérivé du ribose. Ce pentose alterne avec des groupes phosphate en formant des liaisons phosphodiester entre les atomes no 3’ et no 5’ de résidus de désoxyribose adjacents[4]. En raison de cette liaison asymétrique, les brins d'ADN ont un sens. Dans une double hélice, les deux brins d'ADN sont de sens opposés : ils sont dits antiparallèles. Le sens 5’ vers 3’ d'un brin d'ADN désigne conventionnellement celui de l'extrémité portant un groupe phosphate –PO32− vers l'extrémité portant un groupe hydroxyle –OH ; c'est dans ce sens qu'est synthétisé l'ADN par les ADN polymérases. L'une des grandes différences entre l'ADN et l'ARN est le fait que l'ose du squelette de la molécule est le ribose dans le cas de l'ARN à la place du désoxyribose de l'ADN, ce qui joue sur la stabilité et la géométrie de cette macromolécule.
14
+
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+ La double hélice d'ADN est stabilisée essentiellement par deux forces : les liaisons hydrogène entre nucléotides d'une part, et les interactions d'empilement des cycles aromatiques des bases nucléiques d'autre part[5]. Dans l'environnement aqueux de la cellule, les liaisons π conjuguées de ces bases s'alignent perpendiculairement à l'axe de la molécule d'ADN afin de minimiser leurs interactions avec la couche de solvatation et, par conséquent, leur enthalpie libre. Les quatre bases nucléiques constitutives de l'ADN sont l'adénine (A), la cytosine (C), la guanine (G) et la thymine (T), formant respectivement les quatre nucléotides suivants, composant l'ADN :
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+
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+ Les quatre bases nucléiques de l'ADN sont de deux types : d'une part les purines — adénine et guanine — qui sont des composés bicycliques comprenant deux hétérocycles à cinq et six atomes respectivement, d'autre part les pyrimidines — cytosine et thymine — qui sont des composés monocycliques comprenant un hétérocycle à six atomes. Les paires de bases de la double hélice d'ADN sont constituées d'une purine interagissant avec une pyrimidine à travers deux ou trois liaisons hydrogène :
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19
+ En raison de cette complémentarité, toute l'information génétique portée par l'un des brins de la double hélice d'ADN est également portée à l'identique sur l'autre brin. C'est sur ce principe que repose le mécanisme de la réplication de l'ADN, et c'est sur cette complémentarité entre bases nucléiques que reposent toutes les fonctions biologiques de l'ADN dans les cellules vivantes.
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+ L'ADN de certains virus, tels que les bactériophages PBS1 et PBS2 de Bacillus subtilis, le bactériophage φR1-37 de Yersinia[6] et le phage S6 de Staphylococcus[7], peut remplacer la thymine par l'uracile, une pyrimidine habituellement caractéristique de l'ARN mais normalement absente de l'ADN, où on ne le trouve que comme produit de dégradation de la cytosine.
22
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23
+ Les bases nucléiques s'apparient le plus souvent en formant les paires de bases dites « Watson-Crick » correspondant à deux ou trois liaisons hydrogène établies entre deux bases orientées anti sur les résidus de désoxyribose. Des liaisons hydrogène peuvent cependant également s'établir entre une purine orientée syn et une pyrimidine orientée anti : il s'agit dans ce cas d'un appariement Hoogsteen. Une paire de bases Watson-Crick est susceptible d'établir en plus des liaisons hydrogène de type Hoogsteen avec une troisième base, ce qui permet la formation de structures à trois brins d'ADN.
24
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25
+ Seul l'un des brins d'un segment d'ADN constituant un gène est transcrit en ARN fonctionnel, de sorte que les deux brins d'un gène ne sont pas équivalents : celui qui est transcrit en ARN fonctionnel est dit à polarité négative et porte une séquence antisens, tandis que le brin complémentaire — qui peut également être transcrit en ARN, mais non fonctionnel — est dit à polarité positive et porte une séquence d'ADN sens. Le brin transcrit en ARN fonctionnel est parfois appelé brin codant, mais cette désignation n'est valable qu'au sein d'un gène donné car les deux brins d'une même double hélice d'ADN peuvent coder différentes protéines ; on parle alors de brins ambisens[8],[9],[10]. Des ARN sont également transcrits à partir des séquences d'ADN sens — avec par conséquent des séquences d'ARN antisens — aussi bien chez les procaryotes que chez les eucaryotes, mais leur rôle biologique n'est pas entièrement élucidé[11] ; l'une des hypothèses est que ces ARN antisens pourraient intervenir dans la régulation de l'expression génétique à travers l'appariement entre séquences d'ARN sens et antisens, qui sont, par définition, complémentaires[12].
26
+
27
+ La distinction entre brins d'ADN sens et antisens est brouillée dans certains types de gènes chevauchants, assez rares chez les procaryotes et les eucaryotes mais plus fréquents sur les plasmides et chez les virus, dans lesquels les deux brins d'un même segment d'ADN encodent chacun un ARN fonctionnel différent[13]. Chez les bactéries, ce chevauchement peut jouer un rôle dans la régulation de la transcription des gènes[14] tandis que, chez les virus, les gènes chevauchants accroissent la quantité d'information génétique susceptible d'être encodée dans la petite taille du génome viral[15].
28
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29
+ L'ADN relâché peut être linéaire, comme c'est typiquement le cas chez les eucaryotes, ou circulaire, comme chez les procaryotes. Il peut cependant être entortillé de façon parfois complexe sous l'effet de l'introduction de tours d'hélice supplémentaires ou de la suppression de tours dans la double hélice. La double hélice d'ADN ainsi surenroulée sous l'effet de supertours positifs ou négatifs présente un pas respectivement raccourci ou allongé par rapport à son état relâché : dans le premier cas, les bases nucléiques sont arrangées de façon plus compacte ; dans le second cas, elles interagissent au contraire de façon moins étroite[16]. In vivo, l'ADN présente généralement un surenroulement légèrement négatif sous l'effet d'enzymes appelées ADN topoisomérases[17], qui sont également indispensables pour relâcher les contraintes introduites dans l'ADN lors des processus qui impliquent que la double hélice soit déroulée pour en séparer les deux brins, comme c'est notamment le cas lors de la réplication de l'ADN et lors de sa transcription en ARN[18].
30
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31
+ Les liaisons hydrogène n'étant pas des liaisons covalentes, elles peuvent être rompues assez facilement. Il est ainsi possible de séparer les deux brins de la double hélice d'ADN à la façon d'une fermeture à glissière aussi bien mécaniquement que sous l'effet d'une température élevée[19], ainsi qu'à faible salinité, à pH élevé — solution basique — et à pH faible — solution acide, qui altère cependant l'ADN notamment par dépurination. Cette séparation des brins d'un ADN bicaténaire pour former deux molécules d'ADN monocaténaires est appelé fusion ou dénaturation de l'ADN. La température à laquelle 50 % de l'ADN bicaténaire est dissocié en deux molécules d'ADN monocaténaire est dite température de fusion ou température de semi-dénaturation de l'ADN, notée Tm. On peut la mesurer en suivant l'absorption optique à 260 nm de la solution contenant l'ADN : cette absorption augmente au cours du désappariement, ce qu'on appelle hyperchromicité. Les molécules d'ADN monocaténaire libérées n'ont pas de configuration particulière, mais certaines structures tridimensionnelles sont plus stables que d'autres[20].
32
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33
+ La stabilité d'une double hélice d'ADN dépend essentiellement du nombre de liaisons hydrogène à briser pour en séparer les deux brins. Par conséquent, plus la double hélice est longue, plus elle est stable. Cependant, les paires GC étant unies par trois liaisons hydrogène au lieu de deux pour les paires AT, la stabilité de molécules d'ADN bicaténaires de même longueur croît avec le nombre de paires GC qu'elles contiennent[21], mesuré par leur taux de GC. Cet effet est renforcé par le fait que les interactions d'empilement entre bases nucléiques d'un même brin d'ADN sont plus fortes entre résidus de guanine et de cytosine, de sorte que la séquence de l'ADN influence également sur sa stabilité. La température de fusion de l'ADN dépend par conséquent de la longueur des molécules, de leur taux de GC, de leur séquence, de leur concentration dans le solvant et de la force ionique dans celui-ci. En biologie moléculaire, on observe que les segments d'ADN bicaténaire dont la fonction implique que les deux brins de la double hélice puissent s'écarter facilement possèdent un taux élevé de paires AT[22] : c'est le cas de la séquence TATAAT typique de la boîte de Pribnow de certains promoteurs.
34
+
35
+ Les deux brins de l'ADN forment une double hélice dont le squelette détermine deux sillons. Ces sillons sont adjacents aux paires de bases et sont susceptibles de fournir un site de liaison pour diverses molécules. Les brins d'ADN n'étant pas positionnés de façon symétrique par rapport à l'axe de la double hélice, ils définissent deux sillons de taille inégale : le grand sillon est large de 2,2 nm tandis que le petit sillon est large de 1,2 nm[23]. Les bords des bases nucléiques sont plus accessibles dans le grand sillon que dans le petit sillon. Ainsi, les protéines, telles que les facteurs de transcription, qui se lient à des séquences spécifiques dans l'ADN bicaténaire le font généralement au niveau du grand sillon[24].
36
+
37
+ Il existe de nombreux conformères possibles de la double hélice d'ADN. Les formes classiques sont appelées ADN A, ADN B et ADN Z, dont seules les deux dernières ont été observées directement in vivo[4]. La conformation adoptée par l'ADN bicaténaire dépend de son degré d'hydratation, de sa séquence, de son taux de surenroulement, des modifications chimiques des bases qui le composent, de la nature et de la concentration des ions métalliques en solution, voire de la présence de polyamines[25].
38
+
39
+ L'expression génétique de l'ADN dépend de la façon dont l'ADN est conditionné dans les chromosomes en une structure appelée chromatine. Certaines bases peuvent être modifiées lors de la formation de la chromatine, les résidus de cytosine des régions peu ou pas exprimées génétiquement étant généralement fortement méthylées, et ce majoritairement aux sites CpG. Les histones autour desquelles l'ADN est enroulé dans les chromatines peuvent également être modifiées de façon covalente. La chromatine elle-même peut être modifiée par des complexes de remodelage de la chromatine. De plus, la méthylation de l'ADN et la modification covalente des histones sont coordonnées pour affecter la chromatine et l'expression des gènes[44].
40
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41
+ Ainsi, la méthylation des résidus de cytosine produit de la 5-méthylcytosine, qui joue un rôle important dans l'inactivation du chromosome X[45]. Le taux de méthylation varie entre organismes, le nématode Caenorhabditis elegans en étant totalement dépourvu tandis que les vertébrés ont environ 1 % de leur ADN contenant de la 5-méthylcytosine[46].
42
+
43
+ Les pyrimidines ont une structure moléculaire très similaire. Ainsi, la cytosine et la 5-méthylcytosine peuvent être désaminées pour produire l'uracile (qui n'est pas une base faisant partie du code de l'ADN) et la thymine, respectivement. La réaction de désamination pourrait par conséquent favoriser les mutations génétiques[47],[48].
44
+
45
+ Il existe également d'autres bases modifiées dans l'ADN, résultant par exemple de la méthylation de résidus d'adénine chez les bactéries[49] mais également chez des nématodes (Caenorhabditis elegans[50]), des algues vertes (Chlamydomonas[51]) et des drosophiles[52]. La 5-hydroxyméthylcytosine est un dérivé de la cytosine particulièrement abondant dans le cerveau des mammifères[53]. Des organismes tels que les flagellés Diplonema et Euglena et le genre Kinetoplastida, contiennent par ailleurs une pyrimidine glycosylée issue de l'uracile et appelée base J[54],[55] ; cette base modifiée agit comme signal de terminaison de transcription pour l'ARN polymérase II[56],[57]. Un certain nombre de protéines qui se lient spécifiquement à la base J ont été identifiées[58],[59],[60].
46
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47
+ L'ADN peut être endommagé par un grand nombre de mutagènes qui modifient sa séquence. Ces mutagènes comprennent les oxydants, les alkylants, les rayonnements électromagnétiques énergétiques tels que les ultraviolets et les rayons X et gamma, ainsi que les particules subatomiques des rayonnements ionisants tels que ceux résultant de la radioactivité voire des rayons cosmiques. Le type de dommages produits dépend du type de mutagène. Ainsi, les rayons ultraviolets sont susceptibles d'endommager l'ADN en produisant des dimères de pyrimidine en établissant des liaisons entre bases adjacentes d'un même brin d'ADN[62]. Les oxydants tels que les radicaux libres ou le peroxyde d'hydrogène produisent plusieurs types de dommages, comme des modifications de bases, notamment de la guanosine, et des cassures de la structure bicaténaire[63]. Une cellule humaine typique contient environ 150 000 bases endommagées par un oxydant[64]. Parmi ces lésions dues à des oxydants, les plus dangereuses sont les ruptures bicaténaires parce que ce sont les plus difficiles à réparer et qu'elles sont susceptibles de produire des mutations ponctuelles, des insertions et des délétions au sein de la séquence d'ADN, ainsi que des translocations chromosomiques[65]. Ces mutations sont susceptibles de provoquer des cancers. Les altérations naturelles de l'ADN, qui résultent par exemple de processus cellulaires produisant des dérivés réactifs de l'oxygène, sont assez fréquentes. Bien que les mécanismes de réparation de l'ADN résorbent l'essentiel de ces lésions, certaines d'entre elles ne sont pas réparées et s'accumulent au fil du temps dans les tissus postmitotiques des mammifères. L'accumulation de telles lésions non réparées semble être une importante cause sous-jacente du vieillissement[66],[67].
48
+
49
+ De nombreux mutagènes s'insèrent dans l'espace entre deux paires de bases adjacentes selon un mode qu'on appelle intercalation. La plupart des intercalations sont le fait de composés aromatiques et de molécules planes, telles que le bromure d'éthidium, les acridines, la daunorubicine ou la doxorubicine. Les bases doivent s'écarter afin de permettre l'insertion du composé d'intercalation, ce qui provoque une distorsion de la double hélice par désenroulement partiel. Ceci bloque à la fois la transcription et la réplication de l'ADN, entraînant cytotoxicité et mutations[68]. En conséquence, les composés d'intercalation peuvent être cancérogènes et, dans le cas du thalidomide, tératogènes[69]. D'autres composés tels que le benzo[a]pyrène diol époxyde et l'aflatoxine forment avec l'ADN des adduits qui provoquent des erreurs lors de la réplication[70]. Cependant, en raison de leur aptitude à bloquer la transcription et la réplication de l'ADN, d'autres toxines semblables sont également utilisées en chimiothérapie contre les cellules à prolifération rapide[71].
50
+
51
+ L'ADN se trouve essentiellement au sein de chromosomes, généralement linéaires chez les eucaryotes et circulaires chez les procaryotes. Chez ces derniers, il peut également se trouver en dehors des chromosomes, au sein de plasmides. L'ensemble de l'ADN d'une cellule constitue son génome. Le génome humain représente environ trois milliards de paires de bases distribués dans 46 chromosomes[72]. L'information contenue dans le génome est portée par des segments d'ADN formant les gènes. L'information génétique est transmise grâce aux règles spécifiques d'appariement des bases dites appariement Watson-Crick : les deux seules paires de bases normalement permises sont l'adénine avec la thymine et la guanine avec la cytosine. Ces règles d'appariement sont sous-jacentes aux différents processus à l'œuvre dans les fonctions biologiques de l'ADN :
52
+
53
+ Lorsqu'une cellule se divise, elle doit répliquer l'ADN portant son génome afin que les deux cellules filles héritent de la même information génétique que la cellule mère. La double hélice de l'ADN fournit un mécanisme de réplication simple : les deux brins sont déroulés pour être séparés et chacun des deux brins sert de modèle pour recréer un brin à la séquence complémentaire par appariement entre bases nucléiques, ce qui permet de reconstituer deux hélices d'ADN bicaténaire identiques l'une à l'autre. Ce processus est catalysé par un ensemble d'enzymes parmi lesquelles les ADN polymérases sont celles qui complémentent les brins d'ADN déroulées pour reconstruire les deux brins complémentaires. Comme ces ADN polymérases ne peuvent polymériser l'ADN que dans le sens 5' vers 3', différents mécanismes interviennent pour copier les brins antiparallèles de la double hélice[73] :
54
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55
+ L'ADN du génome est organisé et compacté selon un processus appelé condensation de l'ADN afin de pouvoir se loger dans l'espace restreint d'une cellule. Chez les eucaryotes, l'ADN est localisé essentiellement dans le noyau, avec une petite fraction également dans les mitochondries et, chez les plantes, dans les chloroplastes. Chez les procaryotes, l'ADN se trouve au sein d'une structure irrégulière du cytoplasme appelée nucléoïde[75]. L'information génétique du génome est organisée au sein de gènes, et l'ensemble complet de cette information est appelé génotype. Un gène est une fraction de l'ADN qui influence une caractéristique particulière de l'organisme et constitue de ce fait un élément de l'hérédité. Il contient un cadre de lecture ouvert qui peut être transcrit en ARN, ainsi que des séquences de régulation de l'expression génétique telles que les promoteurs et les amplificateurs qui en contrôlent la transcription.
56
+
57
+ Chez la plupart des espèces, seule une petite fraction du génome encode des protéines. Ainsi, environ 1,5 % du génome humain est constitué d'exons codant des protéines, tandis que plus de 50 % de l'ADN humain est constitué de séquences répétées non codantes[76] ; le reste de l'ADN code différents types d'ARN tels que des ARN de transfert et des ARN ribosomiques. La présence d'une telle quantité d'ADN non codant dans le génome des eucaryotes ainsi que la grande variabilité de la taille du génome des différents organismes — taille qui n'a aucun rapport avec la complexité des organismes correspondants — est une question connue depuis les débuts de la biologie moléculaire et souvent appelée paradoxe de la valeur C, cette « valeur C » désignant, chez les organismes diploïdes, la taille du génome, et un multiple de cette taille chez les polyploïdes[77]. Cependant, certaines séquences d'ADN qui n'encodent pas de protéines peuvent coder des molécules d'ARN fonctionnelles intervenant dans la régulation de l'expression génétique[78].
58
+
59
+ Certaines séquences d'ADN non codantes jouent un rôle structurel dans les chromosomes. Les télomères et les centromères contiennent généralement peu de gènes mais contribuent significativement aux fonctions biologiques et à la stabilité mécanique des chromosomes[38],[79]. Une fraction significative de l'ADN non codant est constituée de pseudogènes, qui sont des copies de gènes rendues inactives à la suite de mutations[80]. Ces séquences ne sont généralement que des fossiles moléculaires mais peuvent parfois servir de matière première génétique pour la création de nouveaux gènes à travers des processus de duplication génétique et de divergence évolutive[81].
60
+
61
+ L'expression génétique consiste à convertir le génotype d'un organisme en phénotype, c'est-à-dire en un ensemble de caractéristiques propres à cet organisme. Ce processus est influencé par divers stimuli extérieurs et comprend les trois grandes étapes suivantes :
62
+
63
+ Notons qu'un même ADN peut à deux étapes du développement d'un organisme s'exprimer (en raison de répresseurs et dérépresseurs différents) de façons très dissemblables, l'exemple le plus connu étant celui de la chenille et du papillon, morphologiquement très éloignés.
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+
65
+ L'information génétique codée par la séquence des nucléotides des gènes de l'ADN peut être copiée sur un acide nucléique différent de l'ADN et appelé ARN. Cet ARN est structurellement très semblable à une molécule d'ADN monocaténaire mais en diffère par la nature de l'ose de ses nucléotides — l'ARN contient du ribose là où l'ADN contient du désoxyribose — ainsi que par l'une de ses bases nucléiques — la thymine de l'ADN y est remplacée par l'uracile.
66
+
67
+ La transcription de l'ADN en ARN est un processus complexe dont l'élucidation fut une avancée majeure de la biologie moléculaire au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Elle est étroitement régulée, notamment par des protéines appelées facteurs de transcription qui, en réponse à des hormones par exemple, permettent la transcription de gènes cibles : c'est par exemple le cas des hormones sexuelles telles que les œstrogènes, la progestérone et la testostérone.
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+ L'ARN issu de la transcription de l'ADN peut être non codant ou codant. Dans le premier cas, il possède une fonction physiologique propre dans la cellule ; dans le second cas, il s'agit d'un ARN messager, qui sert à transporter l'information génétique contenue dans l'ADN vers les ribosomes, qui organisent le décodage de cette information à l'aide de l'ARN de transfert. Ces ARN de transfert sont liés à un acide aminé parmi les 22 acides aminés protéinogènes et possèdent chacun un groupe de trois bases nucléiques consécutives appelées anticodon. Les trois bases de ces anticodons peuvent s'apparier à trois bases consécutives de l'ARN messager, ce triplet de bases formant un codon complémentaire de l'anticodon de l'ARN de transfert. La complémentarité du codon de l'ARN messager et de l'anticodon de l'ARN de transfert repose sur des règles d'appariement de type Watson-Crick régissant la structure secondaire des ADN bicaténaires.
70
+
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+ La correspondance entre les 64 codons possibles et les 22 acides aminés protéinogènes est appelée code génétique. Ce code est matérialisé par les différents ARN de transfert réalisant physiquement la liaison entre un acide aminé donné et différents anticodons selon les différents ARN de transfert pouvant se lier à un même acide aminé. Ainsi, une séquence donnée de bases nucléiques au sein d'un gène sur l'ADN peut être convertie en une séquence précise d'acides aminés formant une protéine dans le cytoplasme de la cellule.
72
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73
+ Il existe davantage de codons qu'il n'existe d'acides aminés à coder. On dit de ce fait que le code génétique est dégénéré. Outre les acides aminés protéinogènes, il code également la fin de traduction à l'aide de trois codons particuliers dits codons STOP : TAA, TGA et TAG sur l'ADN.
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+ Toutes les fonctions biologiques de l'ADN dépendent d'interactions avec des protéines. Il peut s'agir d'interactions non spécifiques comme d'interactions avec des protéines qui se lient spécifiquement à une séquence précise de l'ADN. Des enzymes peuvent également se lier à l'ADN et, parmi celles-ci, les polymérases qui assurent la réplication de l'ADN ainsi que sa transcription en ARN jouent un rôle particulièrement déterminant.
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+
77
+ Les protéines structurelles qui se lient à l'ADN offrent des exemples bien compris d'interactions non spécifiques entre des protéines et de l'ADN. Celui-ci est maintenu au sein des chromosomes en formant des complexes avec des protéines structurelles qui condensent l'ADN en une structure compacte appelée chromatine. Chez les eucaryotes, cette structure fait intervenir de petites protéines basiques appelées histones, tandis qu'elle fait intervenir de nombreuses protéines de différentes sortes chez les procaryotes[84],[85]. Les histones forment avec l'ADN un complexe en forme de disque appelé nucléosome contenant deux tours complets d'une molécule d'ADN bicaténaire enroulée autour de la protéine. Ces interactions non spécifiques s'établissent entre les résidus basiques des histones et le squelette acide constitué d'une alternance ose–phosphate portant les bases nucléiques de la double hélice d'ADN. Il se forme ainsi des liaisons ioniques indépendantes de la séquence des bases de l'ADN[86]. Ces résidus d'acides aminés basiques subissent des modifications chimiques telles que des méthylations, des phosphorylations et des acétylations[87]. Ces modifications chimiques modifient l'intensité des interactions entre l'ADN et les histones, rendant l'ADN plus ou moins accessible aux facteurs de transcription et modulant ainsi l'activité de transcription[88]. Parmi les autres protéines se liant à l'ADN de façon non spécifique, on compte les protéines nucléaires du groupe à haute mobilité électrophorétique, dites HMG, qui se lient à l'ADN courbé ou distordu[89]. Ces protéines sont importantes pour infléchir les réseaux de nucléosomes et les arranger en structures plus grandes qui constituent les chromosomes[90].
78
+
79
+ Parmi les protéines à interactions non spécifiques avec l'ADN, celles qui se lient spécifiquement à l'ADN monocaténaire constituent un groupe particulier. Chez l'homme, la protéine A en est le représentant le mieux compris. Elle intervient lorsque les deux brins d'une double hélice sont séparés, notamment lors de la réplication, la recombinaison et la réparation de l'ADN[91]. Ces protéines semblent stabiliser l'ADN monocaténaire et empêcher qu'il ne forme des structures en tige-boucle — épingle à cheveux — ou ne soit dégradé par des nucléases.
80
+
81
+ A contrario, d'autres protéines ne se lient qu'à des séquences d'ADN spécifiques. Parmi ces protéines, les plus étudiées sont les différents facteurs de transcription, qui sont des protéines régulant la transcription. Chaque facteur de transcription ne se lie qu'à un ensemble particulier de séquences d'ADN et active ou inhibe les gènes dont l'une de ces séquences spécifique est proche du promoteur. Les facteurs de transcription réalisent ceci de deux façons. Ils peuvent tout d'abord se lier à l'ARN polymérase responsable de la transcription, directement ou par l'intermédiaire d'autres protéines médiatrices ; ceci positionne la polymérase au niveau du promoteur et lui permet de commencer la transcription[92]. Ils peuvent également se lier à des enzymes qui modifient les histones au niveau du promoteur, ce qui a pour effet de modifier l'accessibilité de l'ADN pour la polymérase[93].
82
+
83
+ Dans la mesure où ces cibles d'ADN peuvent se distribuer dans tout le génome d'un organisme, un changement de l'activité d'un seul type de facteurs de transcription peut affecter des milliers de gènes[94]. Par conséquent, ces protéines sont souvent la cible de processus de transduction de signal contrôlant les réponses à des changements environnementaux, le développement ou la différenciation cellulaires. La spécificité de l'interaction de ces facteurs de transcription avec l'ADN vient du fait que ces protéines établissent de nombreux contacts avec les bords des bases nucléiques, ce qui leur permet de « lire » la séquence de l'ADN. La plupart de ces interactions ont lieu dans le grand sillon de la double hélice de l'ADN, là où les bases sont le plus accessibles[24].
84
+
85
+ Les nucléases sont des enzymes qui clivent les brins d'ADN en catalysant l'hydrolyse des liaisons phosphodiester. Les nucléases qui clivent les nucléotides situés à l'extrémité des brins d'ADN sont appelées exonucléases, tandis que celles qui clivent les nucléotides situés à l'intérieur des brins d'ADN sont appelées endonucléases. Les nucléases les plus couramment utilisées en biologie moléculaire sont les enzymes de restriction, qui clivent l'ADN au niveau de séquences spécifiques. Ainsi l'enzyme EcoRV reconnaît la séquence de six bases 5′-GATATC-3′ et la clive en son milieu. In vivo, ces enzymes protègent les bactéries contre l'infection par des phages en digérant l'ADN de ces virus lorsqu'il pénètre dans la cellule bactérienne[96]. En ingénierie moléculaire, elles sont utilisées dans les techniques de clonage moléculaire et pour déterminer l'empreinte génétique.
86
+
87
+ À l'inverse, les enzymes appelées ADN ligases peuvent recoller des brins d'ADN rompus ou clivés[97]. Ces enzymes sont particulièrement importantes au cours de la réplication de l'ADN car ce sont elles qui suturent les fragments d'Okazaki produits sur le brin retardé, appelé aussi brin indirect, au niveau de la fourche de réplication. Elles interviennent également dans les mécanismes de réparation de l'ADN et de recombinaison génétique[97].
88
+
89
+ Les topoisomérases sont des enzymes ayant à la fois une activité nucléase et une activité ligase. L'ADN gyrase est un exemple de telles enzymes. Ces protéines modifient le taux de surenroulement de l'ADN en sectionnant une double hélice pour permettre aux deux segments formés de tourner l'un par rapport à l'autre en relâchant les supertours avant d'être à nouveau suturés l'un à l'autre[17]. D'autres types de topoisomérases sont capables de sectionner une double hélice pour permettre le passage d'un autre segment de double hélice à travers la brèche ainsi formée avant de refermer cette dernière[98]. Les topoisomérases sont indispensables à de nombreux processus impliquant l'ADN, tels que la transcription et la réplication de l'ADN[18].
90
+
91
+ Les hélicases constituent des sortes de moteurs moléculaires. Elles utilisent l'énergie chimique de nucléosides triphosphate, essentiellement l'ATP, pour briser les liaisons hydrogène unissant les paires de bases et dérouler la double hélice d'ADN pour en libérer les deux brins[99]. Ces enzymes sont indispensables à la plupart des processus nécessitant que des enzymes accèdent aux bases de l'ADN.
92
+
93
+ Les ADN polymérases sont des enzymes qui synthétisent des chaînes de polynucléotides à partir de nucléosides triphosphates. La séquence des chaînes qu'elles synthétisent est déterminée par celle d'une chaîne de polynucléotides préexistante appelée matrice. Ces enzymes fonctionnent en ajoutant continuellement des nucléotides à l'hydroxyle de l'extrémité 3’ de la chaîne polypeptidique en cours de croissance. Pour cette raison, toutes les polymérases fonctionnent dans le sens 5’ vers 3’[100]. Le nucléoside triphosphate ayant une base complémentaire de celle de la matrice s'apparie à celle-ci dans le site actif de ces enzymes , ce qui permet aux polymérases de produire des brins d'ADN dont la séquence est exactement complémentaire de celle du brin matrice. Les polymérases sont classées en fonction du type de brins qu'elles utilisent.
94
+
95
+ Au cours de la réplication, les ADN polymérases ADN-dépendantes réalisent des copies de brins d'ADN. Afin de préserver l'information génétique, il est essentiel que la séquence des bases de chaque copie soit exactement complémentaire de la séquence des bases sur le brin matrice. Pour ce faire, de nombreuses ADN polymérases ont la capacité de corriger leurs éventuelles erreurs de réplication — fonction de proofreading. Elles sont pour cela capables d'identifier le défaut de formation d'une paire de bases entre le brin matrice et le brin en cours de croissance au niveau de la base qu'elles viennent d'insérer et de cliver ce nucléotide à l'aide d'une activité exonucléase 3’ → 5’ afin d'éliminer cette erreur de réplication[101]. Chez la plupart des organismes, les ADN polymérases fonctionnent au sein de grands complexes appelés réplisomes qui contiennent plusieurs sous-unités complémentaires telles que clamps — pinces à ADN — et hélicases[102].
96
+
97
+ Les ADN polymérases ARN-dépendantes sont une classe de polymérases spécialisées capables de copier une séquence d'ARN en ADN. Elles comprennent la transcriptase inverse, qui est une enzyme virale impliquée dans l'infection des cellules hôte par les rétrovirus, et la télomérase, enzyme indispensable à la réplication des télomères[37],[103]. La télomérase est une polymérase inhabituelle en ce qu'elle contient sa propre matrice d'ARN au sein de sa structure[38].
98
+
99
+ La transcription est réalisée par une ARN polymérase ADN-dépendante qui copie une séquence d'ADN en ARN. Afin de commencer la transcription d'un gène, l'ARN polymérase se lie tout d'abord une séquence de l'ADN appelée promoteur et sépare les brins d'ADN. Puis elle copie la séquence d'ADN constituant le gène en une séquence complémentaire d'ARN jusqu'à atteindre une région de l'ADN appelée terminateur, où elle s'arrête et se détache de l'ADN. Tout comme l'ADN polymérase ADN-dépendante, l'ARN polymérase II — enzyme qui transcrit la plupart des gènes du génome humain — fonctionne au sein d'un grand complexe protéique comprenant plusieurs sous-unités complémentaires et régulatrices[104].
100
+
101
+ Chaque division cellulaire est précédée d'une réplication de l'ADN conduisant à une réplication des chromosomes. Ce processus conserve normalement l'information génétique de la cellule, chacune des deux cellules filles héritant d'un patrimoine génétique complet identique à celui de la cellule mère. Il arrive cependant que ce processus ne se déroule pas normalement et que l'information génétique de la cellule s'en trouve modifiée. On parle dans ce cas de mutation génétique. Cette altération du génotype peut être sans conséquence ou, au contraire, altérer également le phénotype résultant de l'expression des gènes altérés.
102
+
103
+ Une double hélice d'ADN n'interagit généralement pas avec d'autres segments d'ADN et, dans les cellules humaines, les différents chromosomes occupent même chacun une région qui leur est propre au sein du noyau et appelée territoire chromosomique[106]. Cette séparation physique des différents chromosomes est essentielle au fonctionnement de l'ADN comme répertoire stable et pérenne de l'information génétique dans la mesure où l'une des rares fois où des chromosomes interagissent survient lors de l'enjambement responsable de la recombinaison génétique, c'est-à-dire lorsque deux doubles hélices d'ADN sont rompues, échangent leurs sections et se ressoudent.
104
+
105
+ La recombinaison permet aux chromosomes d'échanger du matériel génétique et de produire de nouvelles combinaisons de gènes, ce qui accroît l'efficacité de la sélection naturelle et peut être déterminant dans l'évolution rapide de nouvelles protéines[107]. La recombinaison génétique peut également survenir lors de la réparation de l'ADN, notamment en cas de rupture simultanée des deux brins de la double hélice d'ADN[108].
106
+
107
+ La forme la plus courante de recombinaison chromosomique est la recombinaison homologue, lors de laquelle les deux chromosomes en interaction partagent des séquences très semblables. Les recombinaisons non homologues peuvent fortement endommager les cellules car elles peuvent conduire à des translocations et des anomalies génétiques. La réaction de recombinaison est catalysée par des enzymes appelées recombinases, telle que la protéine Rad51[109]. La première étape de ce processus est une rupture des deux brins de la double hélice provoquée par une endonucléase ou par un dommage à l'ADN[110]. Une suite d'étapes catalysées par la recombinase conduit à réunir les deux hélices par au moins une jonction de Holliday dans laquelle un segment monocaténaire de chaque double hélice est ressoudé au brin complémentaire de l'autre double hélice. La jonction de Holliday est une jonction cruciforme qui, lorsque les brins ont des séquences symétriques, peut se déplacer le long de la paire de chromosomes en échangeant un brin avec l'autre. La réaction de recombinaison s'arrête par clivage de la jonction et suture de l'ADN libéré[111].
108
+
109
+ L'information génétique codée par l'ADN n'est pas nécessairement fixe dans le temps et certaines séquences sont susceptibles de se déplacer d'une partie du génome à une autre. Ce sont les éléments génétiques mobiles. Ces éléments sont mutagènes et peuvent altérer le génome des cellules. On trouve parmi eux notamment les transposons et les rétrotransposons, ces derniers agissant, contrairement aux premiers, à travers un ARN intermédiaire redonnant une séquence d'ADN sous l'action d'une transcriptase inverse. Ils se déplacent au sein du génome sous l'effet de transposases, enzymes particulières qui les détachent d'un endroit et les recollent à un autre endroit du génome cellulaire, et seraient responsables de la migration de pas moins de 40 % du génome humain au cours de l'évolution d'Homo sapiens[112].
110
+
111
+ Ces éléments transposables constituent une fraction important du génome des êtres vivants, notamment chez les plantes où ils représentent souvent l'essentiel de l'ADN nucléaire, comme chez le maïs où de 49 à 78 % du génome est constitué de rétrotransposons[113]. Chez le blé, près de 90 % du génome est formé de séquences répétées et 68 % d'éléments transposables[114]. Chez les mammifères, près de la moitié du génome — de 45 à 48 % — est constituée d'éléments transposables ou de rémanents de ces derniers, et environ de 42 % du génome humain est formé de rétrotransposons, tandis que 2 à 3 % est formé de transposons d'ADN[115]. Ce sont par conséquent des éléments importants du fonctionnement et de l'évolution du génome des organismes[116].
112
+
113
+ Les introns dits du groupe I et du groupe II sont d'autres éléments génétiques mobiles. Ce sont des ribozymes, c'est-à-dire de séquences d'ARN douées de propriétés catalytiques comme les enzymes, susceptibles d'autocatalyser leur propre épissage. Ceux du groupe I ont besoin de nucléotides à guanine pour fonctionner, contrairement à ceux du groupe II. Les introns du groupe I, par exemple, se retrouvent sporadiquement chez les bactéries, plus significativement chez les eucaryotes simples, et chez un très grand nombre de plantes supérieures. On les trouve enfin au sein de gènes d'un grand nombre de bactériophages de bactéries à Gram positif[117], mais de seulement quelques phages de bactéries à Gram négatif — par exemple le phage T4[117],[118],[119],[120].
114
+
115
+ L'information génétique d'une cellule peut évoluer sous l'effet de l'incorporation de matériel génétique exogène absorbé à travers la membrane plasmique. On parle de transfert horizontal de gènes, par opposition au transfert vertical découlant la reproduction des êtres vivants. Il s'agit d'un important facteur d'évolution chez de nombreux organismes[121], notamment chez les unicellulaires. Ce processus fait souvent intervenir des bactériophages ou des plasmides[122],[123].
116
+
117
+ Les bactéries en état de compétence sont susceptibles d'absorber directement une molécule d'ADN extérieure et de l'incorporer dans leur propre génome, processus appelé transformation génétique. Elles peuvent également obtenir cet ADN sous forme de plasmide d'une autre bactérie à travers le processus de conjugaison bactérienne. Enfin, elles peuvent recevoir cet ADN par l'intermédiaire d'un bactériophage (un virus) par transduction. Les eucaryotes peuvent également recevoir du matériel génétique exogène, à travers un processus appelé transfection.
118
+
119
+ L'ADN recèle toute l'information génétique permettant aux êtres vivants de vivre, de croître et de se reproduire. On ignore cependant si, au cours des 4 milliards d'années de l'histoire de la vie sur Terre, l'ADN a toujours joué ce rôle. Une théorie propose que ce soit un autre acide nucléique, l'ARN, qui ait été le support de l'information génétique des premières formes de vies apparues sur notre planète[124],[125]. L'ARN aurait joué le rôle central dans une première forme de métabolisme cellulaire dans la mesure où il est susceptible à la fois de véhiculer de l'information génétique et de catalyser des réactions chimiques en formant des ribozymes[126]. Ce monde à ARN, dans lequel l'ARN aurait servi à la fois de support de l'hérédité et d'enzymes, aurait influencé l'évolution du code génétique à quatre bases nucléiques, lequel offre un compromis entre la précision du codage de l'information génétique favorisée par un nombre restreint de bases d'une part et l'efficacité catalytique des enzymes favorisée par un plus grand nombre de monomères d'autre part[127].
120
+
121
+ Il n'existe cependant aucune preuve directe de l'existence passée de systèmes métaboliques et génétiques différents de ceux que nous connaissons aujourd'hui dans la mesure où il demeure impossible d'extraire du matériel génétique de la plupart des fossiles. L'ADN ne persiste en effet plus d'un million d'années avant d'être dégradé en fragments courts. L'existence d'ADN intact plus ancien a été proposée, en particulier celui d'une bactérie viable extraite d'un cristal de sel vieux de 150 millions d'années[128], mais ces publications demeurent controversées[129],[130].
122
+
123
+ Certains constituants de l'ADN — l'adénine, la guanine et des composés organiques apparentés — peuvent avoir été formés dans l'espace[131],[132],[133]. Des constituants de l'ADN et de l'ARN tels que l'uracile, la cytosine et la thymine, ont également été obtenus en laboratoire dans des conditions reproduisant celles rencontrées dans le milieu interplanétaire et interstellaire à partir de composés plus simples tels que la pyrimidine, retrouvée dans des météorites. La pyrimidine, tout comme certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) — les composés les plus riches en carbone détectés dans l'univers — pourraient se former dans les étoiles géantes rouges ou dans les nuages interstellaires[134].
124
+
125
+ Des méthodes ont été développées permettant de purifier l'ADN des êtres vivants, telles que l'extraction au phénol-chloroforme, et le manipuler en laboratoire, telles que les enzymes de restriction et la PCR. La biologie et la biochimie modernes font un usage intensif de ces techniques au cours du clonage moléculaire (en). L'ADN recombinant est une séquence d'ADN synthétique assemblée à partir d'autres séquences d'ADN. De tels ADN peuvent transformer des organismes sous forme de plasmides ou à l'aide d'un vecteur viral[137]. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) résultants peuvent être utilisés pour produire par exemple des protéines recombinantes, utilisées dans la recherche médicale[138], ou dans l'agriculture[139],[140].
126
+
127
+ L'ADN extrait du sang, du sperme, de la salive, d'un fragment de peau ou d'un poil prélevé sur une scène de crime peut être utilisé en médecine légale pour déterminer l'empreinte génétique d'un suspect. À cette fin, la séquence de segments d'ADN tels que des séquences microsatellites ou des minisatellites est comparée avec celle d'individus choisis pour l'occasion ou déjà répertoriés dans des bases de données. Cette méthode est généralement d'une très grande fiabilité pour identifier l'ADN correspondant à celui d'un individu suspect[141]. L'identification peut cependant être rendue plus complexe si la scène de crime est contaminée par l'ADN de plusieurs personnes[142]. L'identification par empreinte génétique a été développée en 1984 par le généticien britannique Sir Alec Jeffreys[143] et a été utilisée pour la première fois en 1987 pour confondre un violeur et tueur en série[144].
128
+
129
+ Dans la mesure où l'ADN accumule des mutations au cours du temps qui sont transmises par hérédité, il recèle des informations historiques qui, lorsqu'elles sont analysées par des généticiens en comparant des séquences issues d'organismes aux histoires différentes, permettent de retracer l'histoire de l'évolution de ces organismes, c'est-à-dire leur phylogenèse[145]. Cette discipline, mettant la génétique au service de la paléobiologie, offre un puissant outil d'investigation en biologie de l'évolution. En comparant des séquences d'ADN issues d'une même espèce, les généticiens des populations peuvent étudier l'histoire de populations particulières d'êtres vivants, un domaine allant de la génétique écologique jusqu'à l'anthropologie. Ainsi, l'étude de l'ADN mitochondrial au sein des populations humaines est utilisée pour retracer les migrations d'Homo sapiens. L'haplogroupe X a par exemple été étudié en paléodémographie afin d'évaluer la parenté éventuelle des Paléoaméricains avec les populations européennes du Paléolithique supérieur[146].
130
+
131
+ (en) Arbre phylogénétique soulignant les trois domaines du vivant : les eucaryotes sont représentés en rouge, les archées en vert et les bactéries en bleu[147].
132
+
133
+ Carte des migrations humaines déduite d'études phylogénétiques du génome mitochondrial humain[148].
134
+
135
+ La bio-informatique fait intervenir la manipulation, la recherche et l'exploration de données biologiques, ce qui comprend les séquences d'ADN. Le développement de techniques de stockage et de recherche de séquences d'ADN ont conduit à des avancées informatiques largement utilisées par ailleurs, notamment en ce qui concerne les algorithmes de recherche de sous-chaînes, l'apprentissage automatique et la théorie des bases de données[149]. Les algorithmes de recherche de chaînes de caractères, qui permettent de trouver une suite de lettres incluse dans une suite de lettres plus longue, ont été développés pour rechercher des séquences spécifiques de nucléotides[150]. La séquence d'ADN peut être alignée avec d'autres séquences d'ADN afin d'identifier des séquences homologues et situer les mutations spécifiques qui les distinguent. Ces techniques, notamment l'alignement de séquences multiples, sont utilisées afin d'étudier les relations phylogénétiques et les fonctions des protéines[151].
136
+
137
+ Les répertoires de données représentant la séquence complète d'un génome, tels que ceux produits par le Projet génome humain, atteignent une taille telle qu'ils sont difficiles à utiliser sans les annotations qui identifient l'emplacement des gènes et des éléments de régulation sur chaque chromosome. Les régions des séquences d'ADN qui possèdent les motifs caractéristiques associés aux gènes codant des protéines ou des ARN fonctionnels peuvent être identifiés par des algorithmes de prédiction de gènes, qui permettent aux chercheurs de prédire la présence de produits géniques particuliers et leur fonction possible au sein d'un organisme avant même qu'ils soient isolés expérimentalement[152]. Des génomes entiers peuvent également être comparés, ce qui peut mettre en évidence l'histoire de l'évolution d'organismes particuliers et permettre d'étudier des événements complexes de cette évolution.
138
+
139
+ Les nanotechnologies de l'ADN utilisent les propriétés uniques de reconnaissance moléculaire (en) de l'ADN et plus généralement des acides nucléiques afin de créer des complexes ramifiés d'ADN auto-assemblé doués de propriétés intéressantes[154]. De ce point de vue, l'ADN est utilisé comme matériau structurel plutôt que comme porteur d'une information biologique. Ceci a conduit à la création de réseaux périodiques bidimensionnels, qu'ils soient assemblés par briques ou par le procédé de l'origami d'ADN, ou tridimensionnels ayant une forme polyédrique[155]. On a également réalisé des nanomachines en ADN et des constructions par auto-assemblage algorithmique[156]. De telles structures en ADN ont pu être utilisées pour organiser l'arrangement d'autres molécules telles que des nanoparticules d'or et des molécules de streptavidine[157], une protéine qui forme des complexes très résistants avec la biotine. Les recherches en électronique moléculaire fondée sur l'ADN ont conduit la société Microsoft a développer un langage de programmation appelé DNA Strand Displacement[158] (DSD) utilisé dans certaines réalisations de composants nanoélectroniques moléculaires à base d'ADN[159],[160].
140
+
141
+ L'ADN étant utilisé par les êtres vivants pour stocker leur information génétique, certaines équipes de recherche l'étudient également comme support destiné au stockage d'informations numériques au même titre qu'une mémoire informatique. Les acides nucléiques présenteraient en effet l'avantage d'une densité de stockage de l'information considérablement supérieure à celle des médias traditionnels — théoriquement plus d'une dizaine d'ordres de grandeur — avec une durée de vie également très supérieure.
142
+
143
+ Il est théoriquement possible d'encoder jusqu'à deux bits de données par nucléotide, permettant une capacité de stockage atteignant 455 millions de téraoctets par gramme d'ADN monocaténaire demeurant lisibles pendant plusieurs millénaires y compris dans des conditions de stockage non idéales[161], et une technique d'encodage atteignant 215 000 téraoctets par gramme d'ADN a été proposée en 2017[162] ; à titre de comparaison, un DVD double face double couche contient à peine 17 gigaoctets pour une masse typique de 16 g — soit une capacité de stockage 400 milliards de fois moindre par unité de masse. Une équipe de l'Institut européen de bio-informatique est ainsi parvenue en 2012 à coder 757 051 octets sur 17 940 195 nucléotides[163], ce qui correspond à une densité de stockage d'environ 2 200 téraoctets par gramme d'ADN[164]. De son côté, une équipe suisse a publié en février 2015 une étude démontrant la robustesse de l'ADN encapsulé dans de la silice comme support durable de l'information[165].
144
+
145
+ Par ailleurs, d'autres équipes travaillent sur la possibilité de stocker des informations directement dans des cellules vivantes, afin par exemple d'encoder des compteurs sur l'ADN d'une cellule pour en déterminer le nombre de divisions ou de différenciations, ce qui pourrait trouver des applications dans les recherches sur le cancer et sur le vieillissement[166].
146
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147
+ L'ADN a été isolé pour la première fois en 1869 par le biologiste suisse Friedrich Miescher sous la forme d'une substance riche en phosphore dans le pus de bandages chirurgicaux usagés. Comme cette substance se trouvait dans le noyau des cellules, Miescher l'appela nucléine[167],[168]. En 1878, le biochimiste allemand Albrecht Kossel isola le composant non protéique de cette « nucléine » — les acides nucléiques — puis en identifia les cinq bases nucléiques[169]. En 1919, le biologiste américain Phoebus Levene identifia les constituants des nucléotides, c'est-à-dire la présence d'une base, d'un ose et d'un groupe phosphate[170]. Il suggéra que l'ADN consistait en une chaîne de nucléotides unis les uns aux autres par leurs groupes phosphate. Il pensait que les chaînes étaient courtes et que les bases s'y succédaient de façon répétée selon un ordre fixe. En 1937, le physicien et biologiste moléculaire britannique William Astbury réalisa le premier diagramme de diffraction de l'ADN par cristallographie aux rayons X, montrant que l'ADN possède une structure ordonnée[171].
148
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149
+ En 1927, le biologiste russe Nikolai Koltsov eut l'intuition que l'hérédité reposait sur une « molécule héréditaire géante » constituée de « deux brins miroirs l'un de l'autre qui se reproduiraient de manière semi-conservative en utilisant chaque brin comme modèle »[172]. Il considérait cependant que c'étaient des protéines qui portaient l'information génétique[173]. En 1928, le bactériologiste anglais Frederick Griffith réalisa une expérience célèbre qui porte dorénavant son nom et par laquelle il démontra que des bactéries vivantes non virulentes mises en contact avec des bactéries virulentes tuées par la chaleur pouvaient être transformées en bactéries virulentes[174],[175]. Cette expérience ouvrit la voie à l'identification en 1944 de l'ADN comme vecteur de l'information génétique à travers l'expérience d'Avery, MacLeod et McCarty[176]. Le biochimiste belge Jean Brachet démontra en 1946 que l'ADN est un constituant des chromosomes[177], et le rôle de l'ADN dans l'hérédité fut confirmé en 1952 par les expériences de Hershey et Chase qui démontrèrent que le matériel génétique du phage T2 est constitué d'ADN[178].
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151
+ La première structure en double hélice antiparallèle aujourd'hui reconnue comme modèle correct de l'ADN a été publiée en 1953 par le biochimiste américain James Watson et le biologiste britannique Francis Crick dans un article devenu classique de la revue Nature[1]. Ils travaillaient sur le sujet depuis 1951 au laboratoire Cavendish de l'université de Cambridge, et entretenaient à ce titre une correspondance privée avec le biochimiste autrichien Erwin Chargaff, à l'origine des règles de Chargaff, publiées au printemps 1952, selon lesquelles, au sein d'une molécule d'ADN, le taux de chacune des bases puriques est sensiblement égal au taux de l'une des deux bases pyrimidiques, plus précisément le taux de guanine est égal à celui de cytosine et que le taux d'adénine est égal à celui de thymine[179],[180], ce qui suggéra l'idée d'un appariement de l'adénine avec la thymine et de la guanine avec la cytosine.
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+
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+ En mai 1952, l'étudiant britannique Raymond Gosling, qui travaillait sous la direction de Rosalind Franklin dans l'équipe de John Randall, prit un cliché de diffraction aux rayons X (le cliché 51[181]) d'un cristal d'ADN fortement hydraté. Ce cliché fut partagé avec Crick et Watson à l'insu de Franklin et fut déterminant dans l'établissement de la structure correcte de l'ADN. Franklin avait par ailleurs indiqué aux deux chercheurs que l'ossature phosphorée de la structure devait ��tre à l'extérieur de celle-ci, et non près de l'axe central comme on le pensait alors. Elle avait de surcroît identifié le groupe d'espace des cristaux d'ADN, qui permit à Crick de déterminer que les deux brins d'ADN sont antiparallèles[182]. Alors que Linus Pauling et Robert Corey publiaient un modèle moléculaire d'acide nucléique formé de trois chaînes entrelacées avec, conformément aux idées de l'époque, les groupes phosphate près de l'axe central et les bases nucléiques orientées vers l'extérieur[183], Crick et Watson finalisèrent en février 1953 leur modèle à deux chaînes antiparallèles ayant les groupes phosphate à l'extérieur et les bases nucléiques à l'intérieur de la double hélice, modèle aujourd'hui considéré comme la première structure correcte de l'ADN à avoir jamais été proposée.
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+ Ces travaux furent publiés dans le numéro du 25 avril 1953 de la revue Nature à travers cinq articles décrivant la structure finalisée par Crick et Watson, ainsi que les preuves à l'appui de ce résultat. Dans le premier article, intitulé Molecular Structure of Nucleic Acids: A Structure for Deoxyribose Nucleic Acid, Crick et Watson indiquent : « il ne nous a pas échappé que l'appariement spécifique que nous avons postulé suggère immédiatement un mécanisme possible pour la réplication du matériel génétique »[1]. Cet article était suivi d'une publication du britannique Maurice Wilkins et al. portant sur la diffraction de rayons X par de l'ADN B in vivo, ce qui appuyait l'existence de la structure en double hélice dans les cellules vivantes et pas seulement in vitro[184], et de la première publication des travaux de Franklin et Goslin sur les données qu'ils avaient obtenues par diffraction aux rayons X et leur propre méthode d'analyse[185].
156
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+ Rosalind Franklin mourut en 1958 d'un cancer et ne reçut donc pas le prix Nobel de physiologie ou médecine décerné en 1962, « pour leurs découvertes relatives à la structure moléculaire des acides nucléiques et leur importance pour le transfert de l'information génétique dans la matière vivante », à Francis Crick, James Watson et Maurice Wilkins[186], qui n'eurent pas un mot pour créditer Franklin de ses travaux ; le fait qu'elle n'ait pas été associée à ce prix Nobel continue de faire débat[187].
158
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+ En 1957, Crick publia un document mettant en forme ce qui est aujourd'hui connu comme la théorie fondamentale de la biologie moléculaire en décrivant les relations entre l'ADN, l'ARN et les protéines, articulées autour de « l'hypothèse de l'adaptateur »[188]. La confirmation du mode de réplication semi-conservative de la double hélice est intervenue en 1958 avec l'expérience de Meselson et Stahl[189]. Crick et al. poursuivirent leurs travaux et montrèrent que le code génétique est fondé sur des triplets de bases nucléiques successifs appelés codons, ce qui permit le déchiffrement du code génétique lui-même par Robert W. Holley, Har Gobind Khorana et Marshall W. Nirenberg[190]. Ces découvertes marquèrent la naissance de la biologie moléculaire.
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+ La structure hélicoïdale de l'ADN a inspiré plusieurs artistes, le plus célèbre étant le peintre surréaliste Salvador Dalí, qui s'en inspire dans neuf tableaux entre 1956 et 1976, dont Paysage de papillon (Le Grand masturbateur dans un paysage surréaliste avec ADN)[191],[192] (1957-1958) et Galacidalacidesoxyribonucleicacid[193] (1963).
162
+
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+ We recovered 757,051 bytes of information from 337 pg of DNA, giving an information storage density of 2,2 PB/g (= 757 051 / 337×10−12). We note that this information density is enough to store the US National Archives and Records Administration’s Electronic Records Archives’ 2011 total of ~100 TB in < 0.05 g of DNA, the Internet Archive Wayback Machines’s 2 PB archive of web sites in ~1 g of DNA, and CERN’s 80 PB CASTOR system for LHC data in ~35 g of DNA.
164
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+ Ich habe mich daher später mit meinen Versuchen an die ganzen Kerne gehalten, die Trennung der Körper, die ich einstweilen ohne weiteres Präjudiz als lösliches und unlösliches Nuclein bezeichnen will, einem günstigeren Material überlassend.
166
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+ « Je pense que la taille des chromosomes dans les glandes salivaires [des drosophiles] est déterminée par la multiplication des génonèmes. Je désigne par ce terme le fil axial du chromosome, dans lequel les généticiens situent la combinaison linéaire des gènes ; … dans le chromosome normal, il n'y a généralement qu'un seul génonème ; avant la division cellulaire, ce génonème se trouve divisé en deux brins. »
168
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+ Butterfly Landscape (The Great Masturbator in Surrealist Landscape with DNA) shows Dali’s take. Though this was the first, created only a few years after Watson and Crick’s announcement of the double-helix, DNA would show up in many of Dali’s future works. As the agent of creation, it is perhaps easy to see why butterflies spring from the iconic structure in this painting. But it also seems that Dali used DNA to symbolize not only creation, but the greater idea of God, and this may be why some of the molecular structure is visibly jutting from the clouds.
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+ « Salvador Dali évoque son rapport à la science, notamment à l'ADN, comme source d'inspiration de son œuvre. Il donne à la science une dimension poétique et la détourne à des fins plastiques. Il la met en scène et l'utilise au service de ses fantasmes et de la méthode « paranoïaque-critique ». »
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+ Antoine de Saint-Exupéry, né le 29 juin 1900 à Lyon et disparu en vol le 31 juillet 1944 au large de Marseille, est un écrivain, poète, aviateur et reporter français.
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+ Né dans une famille issue de la noblesse française, il passe une enfance heureuse malgré les morts prématurées de son père et d'un frère. Élève rêveur, il obtient cependant son baccalauréat en 1917. Après son échec au concours de l'École navale, il s'oriente vers les beaux-arts et l'architecture. Devenu pilote durant son service militaire en 1922, il est engagé en 1926 par la compagnie Latécoère (future Aéropostale). Il transporte le courrier de Toulouse au Sénégal puis rejoint l'Amérique du Sud en 1929. Parallèlement, il devient écrivain. Il publie, en s'inspirant de ses expériences d'aviateur, ses premiers romans : Courrier sud en 1929 et surtout Vol de nuit en 1931, qui rencontre un grand succès et reçoit le prix Femina.
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+ À partir de 1932 Saint-Exupéry se consacre au journalisme et aux raids aériens. Il entreprend de grands reportages au Viêt Nam en 1934, à Moscou en 1935, en Espagne en 1936, qui nourriront sa réflexion sur les valeurs humanistes. Terre des hommes, publié en 1939, reçoit le grand prix du roman de l'Académie française.
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+ En 1939, il sert dans l'armée de l'air, affecté à une escadrille de reconnaissance aérienne. À l'armistice de juin 1940, il quitte la France pour New York avec l'objectif de faire entrer les États-Unis dans la guerre et devient l'une des voix de la Résistance. Rêvant d'action, il rejoint enfin, au printemps 1944, en Sardaigne puis en Corse, une unité chargée de reconnaissances photographiques en vue du débarquement de Provence. Il disparaît en mer avec son avion, un Lockheed P-38 Lightning lors de sa mission du 31 juillet 1944. Son avion a été retrouvé et formellement identifié le 3 septembre 2003 au large de Marseille. Il est déclaré « mort pour la France ».
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+ Le Petit Prince, écrit à New York pendant la guerre, et illustré avec ses propres aquarelles, est publié en 1943 à New York, puis en France chez Gallimard en 1946, à titre posthume. Ce conte philosophique, empreint à la fois de légèreté et de pessimisme vis-à-vis de la nature humaine, devient très vite un immense succès mondial.
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+ Fils de Martin Louis Marie Jean de Saint Exupéry (1863-1904), sans profession[1], et d'Andrée Marie Louise Boyer de Fonscolombe[1], Antoine Jean-Baptiste Marie Roger de Saint-Exupéry[Note 1] naît le 29 juin 1900 au 8, rue du Peyrat, dans le 2e arrondissement de Lyon[2], dans une famille issue de la noblesse française[1].
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+ Il partage une enfance heureuse avec ses quatre frères et sœurs. Mais en 1904, son père meurt, terrassé par une hémorragie cérébrale à seulement 41 ans, en gare de La Foux. Marie de Saint-Exupéry éduque ses cinq enfants : Marie-Madeleine, dite « Biche », Simone, dite « Monot », Antoine, dit « Tonio », François et Gabrielle, dite « Didi ». Elle est aidée par la gouvernante autrichienne Paula Hentschel (1883-1965), qui restera auprès d'eux jusqu'à ce qu'ils deviennent adultes. Dans son roman Pilote de guerre, l'auteur lui rendra hommage en ces termes : « Je remontais dans ma mémoire jusqu’à l’enfance, pour retrouver le sentiment d’une protection souveraine. Il n’est point de protection pour les hommes. Une fois homme on vous laisse aller… Mais qui peut quelque chose contre le petit garçon dont une Paula toute-puissante tient la main bien enfermée ? Paula, j’ai usé de ton ombre comme d’un bouclier… »[3].
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21
+ La mère d'Antoine vit mal ce veuvage prématuré. Son naturel optimiste lui permet de faire face à ses obligations. D'une sensibilité à fleur de peau, artiste (elle pratique la peinture[4]), elle tisse avec Antoine des liens privilégiés et lui offre une excellente éducation, chose difficile à l'époque pour une femme seule. Elle transmet à son fils adoré des valeurs qu'il conservera toute sa vie : honnêteté, respect d'autrui, sans exclusivité sociale. Femme exceptionnelle, elle consacre sa vie à ses enfants, avec un humanisme que Saint-Exupéry a cultivé tout au long de ses voyages[réf. nécessaire].
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23
+ Jusqu'à l'âge de dix ans, il passe son enfance entre le château de La Môle dans le Var, propriété de sa grand-mère maternelle, et le château de Saint-Maurice-de-Rémens dans l'Ain, propriété de sa tante Madame Tricaud.
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+ En 1908, il entre en classe de huitième chez les frères des Écoles chrétiennes, à Lyon. À la fin de l'été 1909, Marie de Saint-Exupéry s'installe avec ses enfants au Mans, 21 rue du Clos Margot, à proximité de son beau-père qui habitait 39, rue Pierre Belon[5]. Antoine entre au collège jésuite de Notre-Dame de Sainte-Croix le 7 octobre suivant. Élève médiocre, décrit comme indiscipliné et rêveur, il est attiré par l'ailleurs, le lointain, l'aventure, cherchant depuis l'enfance à échapper à son milieu aristocratique[6].
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+ En 1912, il passe les grandes vacances à Saint-Maurice-de-Rémens. Fasciné par les avions, il se rend souvent à vélo à l’aérodrome d'Ambérieu-en-Bugey, situé à quelques kilomètres, et y reste des heures à interroger les mécaniciens sur le fonctionnement des appareils. Un jour, il s'adresse au pilote Gabriel Salvez, assurant que sa mère l'a autorisé à effectuer un baptême de l'air. Il fait donc son baptême sur un Berthaud Wroblewski [7],[8], avion fabriqué à Villeurbanne par l'industriel lyonnais Berthaud sur des plans de Pierre et Gabriel Wroblewski-Salvez. Il écrit alors un poème témoignant de sa nouvelle passion pour les avions :
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+ Saint-Exupéry passe ainsi presque toute son enfance dans le château familial, entouré de ses frères et sœurs. Alors que la Première Guerre mondiale éclate, Marie de Saint-Exupéry est nommée infirmière-chef de l'hôpital militaire d'Ambérieu-en-Bugey. Elle fait venir ses enfants près d'elle. Ses deux fils, Antoine et François, intègrent en tant qu'internes le collège jésuite de Notre-Dame de Mongré, à Villefranche-sur-Saône. Le jeune Antoine peut donc enfin se consacrer à l'écriture, avec brio, puisqu'il remporte le prix de narration du lycée pour l'une de ses rédactions[9].
30
+
31
+ À la rentrée scolaire de 1915, Marie de Saint-Exupéry, toujours en poste à Ambérieu-en-Bugey, estime que ses fils ne se plaisent pas vraiment chez les pères jésuites de Mongré. Soucieuse de protéger ses enfants et de favoriser leur développement, elle les inscrit chez les frères marianistes de la Villa Saint-Jean à Fribourg, en Suisse. En rapport étroit avec le collège Stanislas de Paris, ce collège a développé une méthode d'éducation moderne basée sur la créativité. Antoine y retrouve Louis de Bonnevie, dont la famille est voisine et amie de la sienne à Lyon. Il noue avec lui, ainsi qu’avec Marc Sabran et Charles Sallès, une amitié profonde et durable[10].
32
+
33
+ En 1917, il obtient son baccalauréat malgré des résultats scolaires peu brillants. L'élève Saint-Exupéry est davantage à l'aise dans les matières scientifiques que littéraires. Au cours de l'été, François, le frère cadet d'Antoine, le compagnon de jeux et le confident, qui souffrait de rhumatismes articulaires[9], meurt d'une péricardite. Attristé par la mort de son frère, le futur écrivain vivra cet évènement comme le passage de sa vie d'adolescent à celle d'adulte.
34
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35
+ La guerre aussi l'inspire. Il réalise des caricatures de soldats prussiens et de leurs casques à pointe, de l'empereur et du Kronprinz. Il écrit aussi quelques poèmes :
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37
+ En 1919, Antoine échoue à l'oral du concours de l'École navale (ses résultats dans les branches scientifiques sont très bons, mais ceux des branches littéraires insuffisants) et s'inscrit en tant qu'auditeur libre en architecture à l'École nationale supérieure des beaux-arts. À la mort de la tante Tricaud, en 1920, Marie hérite du château de Saint-Maurice où elle s’installe. Ses revenus sont modestes, elle subvient aux besoins de ses enfants en vendant les terres attenantes au château[4]. Antoine bénéficie alors de l'hospitalité de sa cousine Yvonne de Lestrange et accepte également plusieurs petits emplois : avec son ami Henry de Ségogne, il sera notamment figurant durant plusieurs semaines dans Quo Vadis, un opéra de Jean Noguès. En 1918, il fait la connaissance de Louise de Vilmorin, qui lui inspire des poèmes romantiques.
38
+
39
+ Cette période lui inspire d'autres poèmes, sous forme de sonnets et suites de quatrains (Veillée, 1921), montrant qu'il vit une période difficile ; il se trouve alors sans projet de vie et sans avenir. Certains de ses poèmes sont calligraphiés et enluminés de dessins à l'encre de Chine. Il offre deux de ses cahiers de poésie à son ami Jean Doat[11]. Dans l'entre-deux-guerres, Louise de Vilmorin devient un des piliers de sa bande d'amis, où figurent aussi Jean Prévost, Hervé Mille, Aimery Blacque-Belair, Jean de Vogüé et son épouse Nelly, Jean Hugo, Léon-Paul Fargue[1].
40
+
41
+ En avril 1921, il débute son service militaire de deux années en tant que mécanicien au 2e régiment d’aviation de Strasbourg. En juin, il prend des cours de pilotage civil à ses frais[12].
42
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43
+ Le 9 juillet son moniteur, Robert Aéby, le lâche pour un tour de piste. Seul aux commandes de son avion-école, il se présente trop haut pour l'atterrissage. Remettant les gaz trop brusquement, il cause un retour au carburateur. Croyant que le moteur a pris feu il ne s'affole pas, fait un second tour de piste et atterrit en beauté. Son moniteur valide sa formation[13]. Néanmoins, il laisse le souvenir d’un aviateur parfois distrait ; le surnom de « Pique la Lune » lui est bientôt associé, non seulement en raison de son nez en trompette mais aussi d’une tendance certaine à se replier dans son monde intérieur[14].
44
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45
+ Titulaire du brevet de pilote civil, il est admis à suivre les cours de pilote militaire. La base aérienne de Strasbourg ne dispose pas d'école de pilotage. Le 2 août 1921, il est affecté au 37e régiment d’aviation au Maroc, à Casablanca, où il obtient son brevet de pilote militaire, le 23 décembre 1921[15].
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47
+ En janvier 1922, il est à Istres et promu caporal. Reçu le 3 avril 1922 au concours d'élève officier de réserve (EOR), il suit des cours d’entraînement à Avord, qu'il quitte pour la base aérienne de Versailles, en région parisienne. Il vole à Villacoublay [16]. Le 10 octobre 1922, il est nommé sous-lieutenant ; puis breveté observateur d'aviation, le 4 décembre 1922.
48
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49
+ Pendant ses loisirs, il réalise des croquis de ses copains de chambrée au crayon mine de charbon et à l’encre turquoise. Ses dessins sont regroupés dans son cahier Les Copains.
50
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51
+ En octobre il choisit son affectation au 34e régiment d’aviation, au Bourget. Au printemps 1923, le 1er mai, il est victime au Bourget de son premier accident d’avion à la suite d'une erreur d'évaluation, sur un appareil qu'il ne maîtrisait pas, avec comme bilan une fracture du crâne. Après ce grave accident, il est démobilisé, le 5 juin 1923. Pourtant, il envisage toujours d’entrer dans l'armée de l’air, comme l’y encourage le général Joseph Barès. Mais la famille de Louise de Vilmorin, devenue sa fiancée, s’y oppose. Commence pour lui une longue période d’ennui : il se retrouve dans un bureau comme contrôleur de fabrication au Comptoir de Tuilerie, une filiale de la Société générale d'entreprises. En septembre, c’est la rupture des fiançailles avec Louise, que cette dernière qualifiera plus tard, en 1939, de « fiançailles pour rire », dans un recueil de poèmes. Pourtant, Antoine de Saint-Exupéry en restera attristé toute sa vie durant.[réf. nécessaire]
52
+
53
+ En 1924, Saint-Exupéry travaille dans l’Allier ainsi que dans la Creuse comme représentant de l’usine suisse Saurer qui fabrique entre autres des camions (il n’en vendra qu’un seul en une année et demie). Il se lasse, donne sa démission. En 1924, il commence une œuvre en prose, Manon, danseuse. En 1925, son poème intitulé La Lune montre une inspiration farfelue[réf. nécessaire] ; la suite poétique L'Adieu est écrite la même année :
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+ En 1926, il est engagé par Didier Daurat, directeur de l’exploitation des lignes de la compagnie Latécoère (future Aéropostale), sur les recommandations de Beppo di Massimi, et rejoint l'aéroport de Toulouse-Montaudran pour effectuer du transport de courrier sur des vols entre Toulouse et Dakar. Il rédige alors une nouvelle, « L'évasion de Jacques Bernis », dont sera tiré « L'Aviateur », texte publié dans la revue d’Adrienne Monnier, Le Navire d’argent (numéro d'avril), où travaille son ami Jean Prévost. À Toulouse, il fait la connaissance de Jean Mermoz et d'Henri Guillaumet. Au bout de deux mois, il est chargé de son premier convoyage de courrier sur Alicante.
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+ Fin 1927, il est nommé chef d’escale à Cap Juby au Maroc avec pour mission d’améliorer les relations de la compagnie avec les dissidents maures d’une part et avec les Espagnols d’autre part. Il va y découvrir la brûlante solitude et la magie du désert. En 1929, il publie chez Gallimard son premier roman, Courrier sud, dans lequel il raconte sa vie et ses émotions de pilote.
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+ En septembre 1929, il rejoint Mermoz et Guillaumet en Amérique du Sud pour contribuer au développement de l’Aéropostale jusqu’en Patagonie. En 1930, il utilise la bibliothèque de son ami Paul Dony pour écrire divers sonnets inspirés d’autres poètes, qui sont avant tout des exercices de style.[réf. nécessaire] En 1931, il publie son second roman, Vol de nuit qui connaît un immense succès ; il y évoque dans un style lyrique ses années en Argentine et le développement des lignes vers la Patagonie. Le 22 avril 1931, il se marie à Nice, après un mariage religieux à Agay le 12 avril 1931 [17], avec Consuelo Suncin Sandoval de Gómez (morte en 1979), à la fois écrivaine et artiste salvadorienne.
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61
+ À partir de 1932, alors que la compagnie, minée par la politique[réf. nécessaire], ne survit pas à son intégration dans Air France, il subsiste difficilement, se consacrant à l’écriture et au journalisme. Saint-Exupéry demeure pilote d’essai et pilote de raid en même temps qu’il devient journaliste pour de grands reportages.
62
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63
+ Reporter pour Paris-Soir, il voyage au Viêt Nam en 1934 et à Moscou en 1935. Le 29 décembre 1935, accompagné de son mécanicien André Prévot, il tente un raid Paris-Saïgon à bord d'un Caudron-Renault Simoun, pour battre le record d'André Japy qui quelques jours plus tôt a relié Paris à Saïgon en 3 jours et 15 heures. Vers 3 heures du matin le 30 décembre, l'avion heurte un plateau rocheux alors que Saint-Exupéry a volontairement diminué son altitude pour tenter de se repérer[18]. Les deux aviateurs sont indemnes mais perdus dans le désert Libyque, en Égypte. Ils connaissent alors trois jours d'errance[19], sans eau ni vivres, avant un sauvetage inespéré[Note 2].
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65
+ En 1936, Saint-Exupéry est envoyé comme reporter en Espagne pour couvrir la guerre civile. Il révèle alors des exactions commises par des républicains espagnols[20]. De tous ces voyages, il accumule une très importante somme de souvenirs, d’émotions et d’expériences, qui lui servent à nourrir sa réflexion sur le sens à donner à la condition humaine. Sa réflexion aboutit à l’écriture de Terre des hommes, qui est publié en 1939. L’ouvrage est récompensé par le prix de l’Académie française. C’est dans ce roman que l’on trouve la célèbre phrase prononcée par Henri Guillaumet, à qui il a dédicacé l'ouvrage, après son accident dans les Andes : « Ce que j’ai fait, je te le jure, jamais aucune bête ne l’aurait fait »[21].
66
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67
+ Puis c'est le raid de New-York à Punta Arenas, qui s'achève tragiquement par un violent accident au Guatemala, le 15 février 1938[22],[23], dû à la surcharge de carburant emportée par l'avion, une incompréhension ayant eu lieu entre l'équipage français demandant un volume en litres et les ravitailleurs l'appliquant en gallons, soit presque quatre fois le volume demandé[24].
68
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69
+ En 1939, il sert comme capitaine dans l'Armée de l'air. Après un passage comme instructeur à Toulouse-Francazal, au Bataillon de l'air 101, il obtient sa mutation dans une escadrille de reconnaissance aérienne, le Groupe aérien de reconnaissance 2/33. L'unité est initialement positionnée à Orconte, près de Saint-Dizier, avant de se déplacer avec la ligne de front.
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71
+ Le 23 mai 1940, il survole Arras alors que les chars allemands envahissent la ville : bien que son avion Bloch 174 soit criblé de balles par la DCA allemande, il réussit à retourner à la base de Nangis avec son équipage sain et sauf ; cet exploit lui vaut d'être récompensé de la Croix de guerre avec palme et cité à l’ordre de l’Armée de l’air le 2 juin 1940. L'épisode lui inspirera le titre et la trame de Pilote de guerre[25]. Le Groupe aérien de Reconnaissance II/33 sera brièvement basé à l'aérodrome de Blois – Le Breuil le 10 juin 1940 lors de son repli vers la zone libre.
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+ Il est démobilisé à Perpignan, d'où son escadrille s'envole pour Alger, le 20 juin 1940, sans lui, car il a été chargé de récupérer des pièces de rechange à Bordeaux. Il y réquisitionne un vieux Farman, charge les pièces et quelques passagers, dont Suzanne Massu[26] (à l'époque Suzanne Torrès), et atterrit à Oran[1].
74
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75
+ Après l'armistice de juin 1940, il part en novembre 1940 pour New York, où il arrive le 31 décembre 1940. Il poursuit l'objectif de faire entrer en guerre l'armée des États-Unis. Considéré par certains comme pétainiste car non gaulliste, Saint-Exupéry a du mal à faire entendre sa voix.
76
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77
+ Comme l’immense majorité des Français, il est au départ plutôt favorable au gouvernement de Vichy, qui lui semble représenter la continuité de l'État et qui représente une forme de cohésion nationale pour les Français souffrant de l'Occupation[27]. Il est donc plutôt méfiant envers le général de Gaulle, lui reprochant de nier la défaite militaire de la France[28].
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+ De fait, il souhaite surtout protéger les Français et a surtout essayé de réconcilier les factions opposées ; lors de son appel radiophonique du 29 novembre 1942 depuis New York, soit trois semaines après le débarquement allié en Afrique du Nord, il lance : « Français, réconcilions-nous pour servir » ; il tente aussi de repousser l'épuration qui se prépare[29].
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+ Il reste alors incompris, il est trop tard : le moment est celui de l'affrontement général. Cependant, selon des archives américaines[30], il semblerait que les services secrets des États-Unis aient envisagé de le pousser en lieu et place du général de Gaulle[réf. nécessaire].
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+ En janvier 1941, le maréchal Pétain l'aurait nommé sans le prévenir au Conseil national, l'assemblée consultative de Vichy. Antoine de Saint-Exupéry publie alors deux communiqués, où il refuse cette appartenance[28]. Sa nomination n'était qu'une rumeur semble-t-il; son nom n'apparaît ni dans la liste officielle publiée par le Journal officiel le 24 janvier[31], ni dans la liste publiée par la presse. En revanche, son nom figure dans la liste des membres du comité provisoire du Rassemblement pour la Révolution nationale, organisme concurrent de la Légion française des combattants, qui devait réfléchir à la mise en place d’un mouvement de masse visant à « assurer au nouveau régime ses assises et briser l’activité renaissante de certaines organisation [le PCF]», mais qui n’eut qu’une existence éphémère. Liste publiée par plusieurs journaux le 30 et le 31 janvier 1941[32].
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+ Le 8 décembre 1941, les États-Unis entrent en guerre. En mai 1942, en route pour les États-Unis, il est accueilli au Canada par la famille De Koninck, rue Sainte-Geneviève, dans le vieux Québec[33]. Des problèmes de visa prolongent son séjour québécois de cinq semaines. Poursuivant son objectif de faire entrer les États-Unis dans la guerre, il publie à New York en février 1942 Pilote de guerre. Il y montre une France qui ne s'est pas rendue sans avoir mené une héroïque bataille de France. Au sommet des ventes, le livre fera beaucoup pour sensibiliser l'opinion nord-américaine au conflit européen, mais l'auteur est en proie à la dépression.
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+ Son traducteur lui trouve un hébergement, luxueux, chez Sylvia Hamilton, journaliste, qui ne parle pas un mot de français. C'est au cours de la relation amoureuse nouée avec celle-ci que l'aviateur écrit Le Petit Prince[34]. L'année suivante, il décide de rejoindre les troupes françaises combattant au sein de l'armée américaine. Avant de repartir, il confie à la jeune journaliste le manuscrit de son conte philosophique[25], dont la première édition sera anglaise.
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+ Il ne pense qu'à retourner à l'action. Pour lui, tout comme du temps de l'Aéropostale, seuls ceux qui participent aux événements peuvent en témoigner. En avril 1943, bien que considéré par les Alliés comme un pilote trop âgé pour un avion de combat, il quitte les États-Unis et reprend du service actif dans l'aviation en Tunisie grâce à ses relations et aux pressions du commandement français.
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+ Le 5 mai 1943, Saint-Exupéry se présente au Palais d’été à Alger devant le général René Chambe, son ami, devenu ministre de l’Information du général Giraud et lui déclare, irrité de n'avoir pas pu venir immédiatement après le débarquement allié : « Présent au rendez-vous, mais avec six mois de retard, excusez-moi. C’est la faute aux gaullistes ». Chambe l’amène à Giraud. Saint-Exupéry explique à Giraud la nécessité de contrer la propagande gaulliste qui jette le trouble au sein de l’armée et le met en garde contre la venue du général de Gaulle à Alger. Par ailleurs, tannés par Saint-Exupéry, Chambe et Giraud obtiennent auprès d'Eisenhower que le pilote français puisse se « transformer » sur l'avion américain Lockheed P 38 Lightning avant de retrouver le prestigieux groupe 2/33 commandé par René Gavoille, groupe dans lequel il a servi en 1939-1940[35].[pas clair]
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+ Toujours dans la reconnaissance aérienne, il effectue quelques missions et obtient sa promotion au grade de commandant[36]. Mais plusieurs incidents le placent « en réserve de commandement » dès août 1943, étant donné son âge et son mauvais état de santé général, consécutif à ses accidents aériens. Il revient alors à Alger et habite chez son ami le docteur Pélissier. Tout en poursuivant ses démarches pour reprendre du service, il continue à travailler sur Citadelle et supporte de plus en plus difficilement son inaction forcée[37]. Au printemps 1944, le général Eaker, commandant en chef des forces aériennes en Méditerranée, l'autorise à rejoindre à nouveau son unité combattante. Il retrouve René Gavoille et le groupe 2/33, alors basé à Alghero, en Sardaigne. Il effectue plusieurs vols, émaillés de pannes et d'incidents.
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+ Le 17 juillet 1944, le 2/33 s'installe à Borgo, non loin de Bastia, en Corse.
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+ Le 31 juillet 1944 Saint-Exupéry décolle de l'aéroport voisin de Poretta. Il vole aux commandes du F-5B-1-LO, bimoteur P-38 Lightning en version reconnaissance aérienne[38]. Quittant le terrain à 8 h 25 du matin pour une mission de cartographie, il met le cap sur la vallée du Rhône, devant ensuite passer par Annecy et faire retour par la Provence. Sa mission consiste en une série de reconnaissances photographiques afin de tracer des cartes précises du pays, fort utiles au tout prochain débarquement en Provence, prévu pour le 15 août. Il est seul à bord, son avion n'est pas armé et emporte du carburant pour six heures de vol. À 8 h 30, il se signale par son dernier écho radar. La mission démarre. Saint-Exupéry ne revient pas ; le temps de carburant étant écoulé, il est porté disparu.[réf. nécessaire]
98
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+ La mémoire de « Saint-Ex » est célébrée solennellement à Strasbourg le 31 juillet 1945[39]. En 1948, il est reconnu « mort pour la France »[40].
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+ Le 12 mars 1950, au Journal officiel, le commandant Antoine de Saint-Exupéry est cité à l'ordre de l'armée aérienne à titre posthume, pour avoir « prouvé, en 1940 comme en 1943, sa passion de servir et sa foi en le destin de la patrie », et « trouvé une mort glorieuse, le 31 juillet 1944, au retour d'une mission de reconnaissance lointaine sur son pays occupé par l'ennemi ».
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+ Après la disparition de son fils, Marie de Saint-Exupéry se réfugie dans la prière, écrit des poèmes où elle parle de son fils et s'attache à faire publier ses écrits posthumes[41].
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+ Longtemps perdue, l'épave de l'avion de Saint-Exupéry a été identifiée en 2003, certifiant de la sorte le lieu de sa mort. Pour autant, en dépit de cette découverte essentielle, les circonstances de cette mort n'ont pu être éclaircies. L'hypothèse la plus probable est que son avion ait été abattu par un chasseur allemand. Elle n'est étayée d'aucune preuve.
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+ Les multiples hypothèses quant aux circonstances de la mort de l'aviateur, sans cesse évolutives depuis 1944, forment un mystère régulièrement revisité dans la presse et la culture populaire, en particulier à l'occasion de nouvelles découvertes ou de témoignages inédits. Chacune des nouvelles « révélations » relance l'intérêt aussi bien des spécialistes que du grand public, pour le « mystère Saint-Ex ».
108
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109
+ En 2000, des morceaux de son appareil — une jambe du train d'atterrissage gauche et des éléments de carlingue (partie gauche d'une des deux poutres de cet avion aux lignes très particulières) — sont retrouvés en Méditerranée au large de Marseille, face nord-est de l'île de Riou (archipel du même nom) par le plongeur professionnel marseillais Luc Vanrell[42].
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111
+ Deux ans plus tôt, le 7 septembre 1998, un patron pêcheur marseillais, Jean-Claude Bianco, assisté de son second, le marin Habib Benhamor, avait fortuitement remonté dans ses filets une gourmette en argent oxydée par un long séjour sous-marin et sur laquelle était gravée l'identité d'Antoine de Saint-Exupéry.
112
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+ Ces découvertes localisent avec précision la zone de disparition du commandant Antoine de Saint-Exupéry.
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115
+ Remontés à la surface par l'association Aéro-Re.L.I.C. (équipe composée de Philippe Castellano, Brian Cyvoct et Christian Vigne) entre le 1er et le 3 septembre 2003 (après deux ans de tractations auprès du gouvernement français pour en obtenir l'autorisation), les vestiges de l'avion tant recherché sont formellement identifiés, le samedi 27 septembre 2003, grâce à un numéro matricule retrouvé gravé par le constructeur de l'appareil (Lockheed, Californie).
116
+
117
+ Les pièces du Lightning F-5B # 42-69223 ont été exposées au musée de l'air et de l'espace du Bourget, dans une exposition temporaire consacrée à l'écrivain aviateur. Ces pièces sont désormais conservées dans les réserves du Musées mais ne sont pas visibles par le public.
118
+
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+ Ces éléments ne permettent cependant pas de conclure définitivement sur les circonstances de sa mort.
120
+
121
+ La simulation informatique de l’accident — à partir des pièces déformées — montre un piqué dans l'eau, presque à la verticale et à grande vitesse. Panne technique, malaise du pilote, attaque aérienne ou autre : la cause du piqué n'est pas éclaircie. Au grand dam de ses proches, l'hypothèse du suicide est même évoquée[réf. nécessaire] ; Saint-Exupéry est diminué physiquement (il ne pouvait fermer seul la verrière de son appareil), désespéré par le monde qu'il voyait s'annoncer. Ses derniers écrits conforteraient cette hypothèse, de par leur ton franchement pessimiste, par exemple les dernières lignes d’une lettre adressée à Pierre Dalloz, écrite la veille de sa mort :
122
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+ En 1950, un pasteur d'Aix-la-Chapelle, ancien officier de renseignements dans la Luftwaffe, témoigne avoir appris, le 31 juillet 1944, qu'un P-38 Lightning avait été abattu en Méditerranée par un Focke-Wulf allemand. Puis, en 1972, surgit dans une revue allemande à caractère historico-fictionnel le témoignage « posthume » d'un jeune officier allemand, l'aspirant Robert Heichele, qui aurait fait feu sur le Lightning depuis son appareil, un Focke-Wulf 190, vers midi, au-dessus de Castellane dans le département des Alpes-de-Haute-Provence.
124
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+ Heichele fut à son tour abattu en août 1944, échappa à la mort, fut très grièvement blessé en ayant essayé d’atterrir à Avignon, son avion en flammes. Le malheureux pilote sera finalement tué dans l'ambulance dans laquelle il se trouvait, mitraillée par la chasse alliée lors de la retraite par la vallée du Rhône. Bien que Robert Heichele ait effectivement existé, son rôle dans la mort de Saint-Exupéry est définitivement écarté : le pseudo-témoignage provient de l'imagination d'un passionné allemand. Ce dernier s'excusera peu après d'avoir exposé cette théorie[réf. nécessaire].
126
+
127
+ En novembre 1963, à la suite d'un article publié par le journal allemand Bild sur la disparition d'Antoine de Saint-Exupéry, l'ancien officier de Génie Erich Herot écrit au quotidien une lettre de témoignage : "Fin juillet 1944, j'effectuais un voyage d'inspection dans la région de Marseille. Inspectant une de nos positions de Carry-le-Rouet, j'aperçus un avion évoluant au ras du sol venant de la vallée du Rhône. Il volait selon la tactique du "saut de haies", ramenant l'appareil près du sol dès l'obstacle franchi. Après avoir survolé la partie la plus haute de la presqu'île, il redescendit vers la surface de la mer, mais la queue toucha l'eau, ce qui provoqua un jaillissement d'écume et une explosion désintégrant l'avion. Les hommes qui m'entouraient avaient eu le temps de constater qu'il ne s'agissait pas d'un appareil allemand. Nous n'avons pas constaté de tir de D.C.A. ni d'avion poursuivant[44]."
128
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129
+ Dans les années 1990, un autre témoignage surgit tardivement. Une habitante de Carqueiranne, madame Simone Boudet, aurait vu, le jour fatidique du dernier vol, le Lightning se faire abattre. La mer aurait ensuite rejeté le corps d'un soldat sur la plage, lequel aurait été enterré anonymement dans le cimetière de la commune[réf. nécessaire].
130
+
131
+ Pour savoir si ce corps est la dépouille de Saint-Exupéry, il faudrait l'exhumer pour procéder à des comparaisons avec l'ADN des membres de sa famille, lesquels s'y montrent opposés. D'autant que, d'après des témoignages locaux[réf. nécessaire], les débris de vêtements militaires portés par la dépouille auraient été allemands. Il existe au moins trois épaves d'avions de guerre allemands dans cette baie, à différentes profondeurs.[réf. nécessaire]
132
+
133
+ En mars 2008, Horst Rippert, un ancien pilote de la Luftwaffe[45], affirme dans le journal La Provence avoir abattu un avion de type P-38 Lightning, précisément le 31 juillet 1944, dans la zone où se trouvait Saint-Exupéry[46].
134
+
135
+ En mission pour retrouver un avion ennemi qui survolait la région d'Annecy, Horst Rippert aurait tourné plusieurs minutes au-dessus de la Méditerranée sans rien repérer. Soudain, un avion allié l'aurait croisé, 3 000 mètres au-dessous de lui[47]. Horst Rippert aurait alors tiré et touché l'autre appareil. Ce dernier se serait enflammé et serait tombé à pic dans la Méditerranée.
136
+
137
+ Horst Rippert, qui admirait l'écrivain, a déclaré : « Si j'avais su qui était assis dans l'avion, je n'aurais pas tiré. Pas sur cet homme. »[48],[49] Après la guerre Horst Rippert, par ailleurs frère d'Ivan Rebroff (mort en février 2008, soit peu avant cette révélation), s'était reconverti dans le journalisme et dirigeait le service des sports de la ZDF.
138
+
139
+ Aucune preuve matérielle ne vient pour l'instant étayer ou infirmer ce témoignage.
140
+
141
+ En 2017, quatre auteurs envisagent une nouvelle piste : ayant survécu à la chute de son appareil, Saint-Exupéry serait, assez vite, mort en captivité[50]. Cette nouvelle piste ajoute une nouvelle variante sur les circonstances de sa mort, qui resteront sans doute encore longtemps sans aucune certitude.
142
+
143
+ Si elles ne sont pas tout à fait autobiographiques, ses œuvres sont largement inspirées de sa vie de pilote aéropostal, y compris pour Le Petit Prince (1943) — son succès le plus populaire (il s'est vendu depuis à plus de 134 millions d'exemplaires dans le monde[51], ce qui le place en cinquième position des livres les plus vendus au monde[52]) — qui est plutôt un conte poétique et philosophique.
144
+
145
+ Il a aussi écrit : Courrier Sud (1929), Vol de nuit (1931), Terre des hommes (1939), Pilote de guerre (1942), Lettre à un otage (1944), Écrits de guerre (rassemblés en 1982), et Citadelle (posthume, 1948). Tous ses romans racontaient l'histoire de ses voyages sous forme de fiction et sur un ton de fantaisie.
146
+
147
+ ANTOINE DE SAINT EXUPERY
148
+ POÈTE ROMANCIER AVIATEUR
149
+ DISPARU AU COURS D’UNE MISSION
150
+ DE RECONNAISSANCE AÉRIENNE
151
+ LE 31 JUILLET 1944
152
+
153
+ Ici a habité
154
+ de 1934 à 1940
155
+ Antoine de Saint-Exupéry.
156
+
157
+ La fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse a été créée en 2009 sous l'égide de la Fondation de France par les héritiers d'Antoine de Saint-Exupéry[69]. Elle soutient des projets tournés vers la jeunesse, en France et dans le monde, portant les valeurs d'Antoine de Saint-Exupéry[70]. Elle a notamment soutenu la formation de jeunes apprentis mécaniciens aéronautiques[71].
158
+
159
+ Un fond Antoine de Saint-Exupéry est établi aux Archives nationales sous la cote 153AP, il contient majoritairement une correspondance surtout adressée à sa mère[72].
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+ John Fitzgerald Kennedy /d͡ʒɑn fɪtsˈd͡ʒɛɹəld ˈkɛnədi/[1], dit Jack Kennedy, communément appelé John Kennedy et par ses initiales JFK, né le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts) et mort assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas (Texas), est un homme d'État américain, 35e président des États-Unis. Entré en fonction le 20 janvier 1961, il est, à 43 ans, le plus jeune président élu des États-Unis[2], et également le plus jeune président à mourir, moins de trois ans après son entrée à la Maison-Blanche, à l'âge de 46 ans.
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5
+ Il laisse son empreinte dans l'histoire des États-Unis par sa gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement pour le traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, le programme Apollo dans le cadre de la course à l'espace, son opposition à la construction du mur de Berlin, sa politique d'égalité des genres et son assassinat. Ses prises de position en faveur de l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce lui valent d'être respecté jusque chez les républicains, et le mouvement afro-américain des droits civiques — qu'il soutient, voulant mieux intégrer les minorités dans la société — qui prend place durant sa présidence annonce la déségrégation.
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+ En campagne pour sa réélection, il circule dans Dallas le 22 novembre 1963 à bord d'un véhicule découvert devant un nombreux public et alors qu'il traverse Dealey Plaza, des coups de feu l'atteignent mortellement. Les circonstances de son assassinat par Lee Harvey Oswald, seul coupable reconnu, ont donné lieu à de nombreuses enquêtes, ouvrages écrits et filmés, interprétations et théories du complot au fil des décennies ayant suivi son assassinat.
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+ John Fitzgerald Kennedy, surnommé « Jack », naît le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts), une banlieue huppée de Boston. Il est le second d'une famille qui compte neuf enfants : Joseph Jr., John, Rosemary, Kathleen, Eunice, Patricia, Robert, Jean Ann et Edward.
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+ Ses parents sont Joseph Patrick Kennedy, qui a fait fortune dans les années 1930, et Rose Fitzgerald, fille de John Francis Fitzgerald (1863-1950), dit « Honey Fitz », maire de Boston et de Mary Josephine Hannon (1865-1964)[3]. Tous deux sont les descendants de familles catholiques originaires d'Irlande. Son père soutient Franklin Delano Roosevelt lors de l'élection de 1933, envisage de se présenter à sa succession et devient ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni en 1938 après avoir été un des piliers des grandes réformes de Roosevelt dans la banque et la finance.
12
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+ Le jeune John reçoit son éducation dans la Choate Rosemary Hall, une des meilleures écoles privées à Wallingford, Connecticut où son frère aîné Joseph Patrick Kennedy, Jr. l'a précédé. En septembre 1935, il intègre la London School of Economics sous la supervision du professeur Laski, mais doit interrompre ses études, car il est atteint de jaunisse. Il intègre ensuite l'université de Princeton, mais doit de nouveau interrompre ses études après seulement six semaines, et se fait hospitaliser à l'hôpital Brigham de Boston (en) où les médecins diagnostiquent une possible agranulocytose ou leucémie[4]. L'année suivante, en septembre 1936, il intègre l'université Harvard. Ses principales matières sont l'économie, l'histoire et la politique américaine.
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+ Quand son père s'installe à Londres, il visite l'Europe, en particulier l'Allemagne nationale-socialiste, et s'assure les services d'un « nègre[5] » pour rédiger son mémoire de fin d'études sur Neville Chamberlain et la participation britannique aux accords de Munich. Son mémoire est reçu avec mention et grâce au soutien financier de son père, est publié avec une introduction de Henry Luce, sous le titre Pourquoi l'Angleterre dormait. À 23 ans, John est ainsi l'auteur d'un relatif succès de librairie qui semble le destiner au journalisme. Son père est alors déconsidéré par sa position favorable à la négociation avec Adolf Hitler.
16
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17
+ Il doit, en 1941, sous la pression de son père et du Federal Bureau of Investigation (FBI), mettre fin à sa liaison avec Inga Arvad, une journaliste danoise mariée à Paul Fejos, ancienne miss Danemark qui a couvert les Jeux olympiques d'été de 1936. JFK est rappelé en Caroline du Sud, mais Inga le suit et ils continuent à se voir[6].
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19
+ John Kennedy est connu pour ses multiples maîtresses et conquêtes féminines, dont Marilyn Monroe en 1962, ainsi que Mary Pinchot Meyer (épouse de Cord Meyer (en), haut fonctionnaire à la CIA) et Judith Campbell, maîtresse simultanément de Kennedy et du parrain de la mafia de Chicago Sam Giancana ou encore Gunilla von Post, Marlene Dietrich[7]. Proche de la mafia, le chanteur Frank Sinatra lui fournit des starlettes comme maîtresses. En 1961, lors d'une rencontre officielle avec le Premier ministre du Royaume-Uni Harold Macmillan, il lui confie : « Trois jours sans faire l'amour et c'est le mal de tête garanti. Je ne sais pas si c'est aussi votre cas, Harold »[8]. Le père du président, Joseph Patrick Kennedy, serait intervenu financièrement auprès de son épouse Jackie afin de la retenir[9].
20
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21
+ Le 12 septembre 1953[10], il épouse Jacqueline Bouvier en l'église St Mary's de Newport (Rhode Island). Le mariage est considéré comme l'événement mondain de la saison avec quelque 700 invités à la cérémonie et plus de 1 000 personnes à la somptueuse réception qui suit à « Hammersmith Farm », domaine de son beau-père Hugh D. Auchincloss.
22
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23
+ Jacqueline Kennedy fait une fausse couche en 1955[11],[12], puis donne naissance à une petite fille mort-née le 23 août 1956, que ses parents auraient voulu prénommer Arabella[13]. Cet événement conduit à une brève séparation du couple qui se réconcilie peu après. Le couple devient ensuite parents d'une fille Caroline en 1957, puis d'un fils John en 1960, qui meurt dans un accident d'avion en 1999. Un second fils Patrick naît prématurément le 7 août 1963 et meurt deux jours plus tard.
24
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25
+ Peu de temps après l'assassinat de John F. Kennedy, les restes d'Arabella et de son jeune frère Patrick sont transférés le 5 décembre 1963, au cimetière national d'Arlington. Sa dalle mortuaire n'indique pas de prénom, mais simplement la mention « daughter » (fille, en anglais) et la date du 23 août 1956.
26
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27
+ Kennedy souffre pratiquement toute sa vie de problèmes de dos : né avec une colonne vertébrale instable selon un de ses chirurgiens en 1947 (ce qui est remis en cause par une étude de 2017 se basant sur ses radiographies et penchant pour une origine multifactorielle[14]), ce qui l'oblige à utiliser des béquilles cachées au public, à se reposer fréquemment dans son fauteuil à bascule devenu célèbre[15] et à porter un corset dorsal de 20 centimètres[16]. Dès sa jeunesse, il fut régulièrement hospitalisé du fait de sa santé fragile et par intermittence eut de douloureux problèmes gastriques (probablement l'intestin irritable)[14]. Il est de plus atteint de la maladie d'Addison, sorte de déficience (encore mortelle à son époque) des glandes surrénales, lesquelles produisent des hormones anti-inflammatoires (cortisol)[17]. Pour soulager ses douleurs, il reçoit régulièrement des injections de cortisone, de novocaïnes et de stéroïdes, il prend des amphétamines[16], ce cocktail médicamenteux lui permettant de déployer une énergie hors du commun et d'assouvir une libido hyperactive[8]. Les corticoïdes qu'il a consommés pour traiter ses douleurs gastriques pourraient d'ailleurs être une cause secondaire de sa maladie d'Addison, c'était des médicaments prometteurs durant les années 1930 mais les effets à moyen terme n'étaient pas connus[14]. Il est contraint de se faire opérer à plusieurs reprises en raison de problèmes de dos, des opérations risquées dont les résultats sont inférieurs aux attentes. Il reçoit même l'extrême onction à quatre reprises[18]. Son état de santé fut gardé secret de son vivant, conscient qu'une fuite entraînerait la fin de sa carrière politique, même si ses prédécesseurs présidentiels Wilson, Coolidge, Roosevelt et Eisenhower avaient aussi imposé la confidentialité sur leurs ennuis de santé[19].
28
+
29
+ Au printemps 1941, Kennedy veut s'enrôler dans l'armée, mais est déclaré inapte en raison de ses problèmes de santé. Il est finalement accepté grâce à l'intervention de son père[19]. D'abord mobilisé à l'arrière, il obtient de servir sur plusieurs navires de la flotte américaine du Pacifique et devient commandant d'un patrouilleur avec le grade de Lieutenant.
30
+
31
+ Durant la guerre du Pacifique, le 2 août 1943 à deux heures du matin, son patrouilleur (une vedette lance-torpilles), le PT-109, est coupé en deux par le destroyer japonais Amagiri au large des îles Salomon. Kennedy est projeté sur le pont et se blesse au dos, ce qui aggrave ses douleurs[19] ; en mer, il réussit malgré tout à haler un membre de son équipage blessé sur près de cinq kilomètres et à mettre pied sur une île, d'où il nage pour donner l'alerte : son équipage est récupéré. Ce fait d'armes lui vaut la Navy and Marine Corps Medal avec la citation suivante :
32
+
33
+ « Pour sa conduite extrêmement héroïque comme officier commandant de la vedette lance-torpilles PT 109, après la collision et le naufrage de ce vaisseau, sur le théâtre de la guerre du Pacifique, les 1er et 2 août 1943. Peu soucieux du danger personnel, le lieutenant Kennedy a bravé sans hésitation les difficultés et les risques de l'obscurité pour diriger les opérations de sauvetage, nageant plusieurs heures pour trouver de l'aide et de la nourriture après avoir réussi à ramener son équipage à terre. Son remarquable courage, sa ténacité et ses qualités de chef ont permis de sauver plusieurs vies, conformément aux plus hautes traditions de la Marine des États-Unis. »
34
+
35
+ Il participe également à l'évacuation de Marines encerclés par les Japonais lors du raid sur Choiseul le 2 novembre 1943[20]. Kennedy reçoit d'autres décorations pendant la guerre, dont la Purple Heart. Il est démobilisé au début de 1945 quelques mois avant la capitulation du Japon. Un film de propagande raconte son aventure. Le décès de son frère aîné et les erreurs politiques de son père (qui était favorable au maintien de la paix avec Adolf Hitler) font de lui l'espoir politique de la famille.
36
+
37
+ Après la Seconde Guerre mondiale, Kennedy commence donc une carrière politique en se faisant élire en 1946 à la Chambre des représentants dans une circonscription à majorité démocrate. Il est réélu deux fois en 1948 et 1950, largement malgré ses positions qui ne sont pas toujours en accord avec celles du président Harry S. Truman ou du Parti démocrate.
38
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39
+ En 1952, il est candidat au siège de sénateur avec le slogan : « Kennedy en fera plus pour le Massachusetts ». Avec l'appui de son père et de tout le clan familial, il réussit à battre son concurrent républicain, le sénateur sortant Henry Cabot Lodge Jr. en obtenant 51,5 % des voix. Cependant, il ne s'oppose pas au sénateur Joseph McCarthy, un ami de la famille, qui mène une campagne agressive dans le but d'extirper les prétendus espions communistes au sein du gouvernement. Il profite d'un séjour à l'hôpital pour ne pas voter la motion de censure contre McCarthy en 1954, ce qui lui sera longtemps reproché par l'aile gauche du Parti démocrate, Adlai Stevenson et Eleanor Roosevelt en tête. En 1956, il échoue à obtenir l'investiture démocrate pour la vice-présidence, après que Stevenson ai laissé le congrès sélectionner le candidat, Kennedy terminant deuxième au scrutin et s'inclinant face au sénateur Estes Kefauver du Tennessee, mais bénéficiant en conséquence d'une visibilité nationale. En 1958, il est réélu sénateur avec 73,2 % des suffrages face au républicain Vincent J. Celeste.
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+ En 1955, alors en pleine convalescence, il écrit un livre Profiles in Courage (Portraits d'hommes courageux) où il fait la biographie de huit sénateurs qui ont risqué leur carrière pour défendre leurs points de vue. Ce livre, dont la paternité est aujourd'hui accordée à Ted Sorensen, conseiller juridique et bras droit de Kennedy et auteur de ses plus grands discours, recevra le prix Pulitzer en 1957[16].
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+ Kennedy se déclare candidat pour succéder à Eisenhower le 2 janvier 1960. Dans sa déclaration de candidature, Kennedy insiste sur la nécessité d'un désarmement mondial, qualifiant la course aux armements de « fardeau »[réf. nécessaire].
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+ Le Parti démocrate doit choisir entre lui et les sénateurs Hubert Humphrey, Lyndon B. Johnson et Adlai Stevenson. Kennedy remporte les élections primaires dans certains États clés, comme le Wisconsin et la Virginie-Occidentale et obtient la nomination de son parti à la convention nationale. Son colistier est Lyndon B. Johnson, soutenu par les États du Sud. Pendant la campagne électorale, les débats tournent autour du rôle des États-Unis dans le monde, du problème de la pauvreté, de l'économie et de l'équilibre de la terreur face aux missiles porteurs d'armes nucléaires de l'Union soviétique, mais aussi sur la religion catholique pratiquée par le candidat.
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+ À partir des années 1950, le jeune sénateur démocrate du Massachusetts J.F. Kennedy fait des apparitions dans plusieurs talk-shows, notamment Meet the press très populaire à cette époque. C’est ainsi que Kennedy va prendre conscience et créer par lui-même son image du nouveau politicien. Ce qui l’amènera à être choisi pour prononcer le discours de candidature de Adlai Stevenson à la Convention démocratique de 1956. Lors de cette épreuve, il gagnera le rôle de l’orateur le plus recherché du parti, ce qui sera perçu comme le lancement de sa course à la présidence[21].
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+ Kennedy apparait, alors qu’il est candidat, dans le Tonight Show de Jack Paar. C’est le premier homme politique important à participer à une émission de fin de soirée. Étant donné l’innovation, personne n'était alors au courant des règles de l'égalité des heures s'appliquant aux émissions de divertissement. Une aubaine qui lui rapportera en capital sympathie. C’est ainsi que commence la campagne aux élections présidentielles américaines pour John Fitzgerald Kennedy. Le 12 septembre 1960, Kennedy fait une déclaration importante sur la question de la religion et de son catholicisme, devant une assemblée de pasteurs protestants à Houston, au Texas. Il affirme, ce jour-là, qu’il ne serait en aucune manière influencé par la hiérarchie catholique. Il emprunte l’article VI de la Constitution des États-Unis comme contre argument aux spéculations faites à son égard. Son équipe de campagne électorale trouve le discours convaincant et permettant de faire taire les malentendus. Ils s’en serviront comme moyen de communication en distribuant le film du discours aux stations de télévision de tout le pays. Il fut largement retransmis et la plupart des observateurs eurent l’impression que Kennedy avait remporté une victoire décisive et que la question religieuse était maintenant pour lui beaucoup plus un avantage qu’un handicap[22].
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+ La campagne à l'élection présidentielle américaine de 1960 est une toute nouvelle forme de la communication politique, qui joue la carte de la modernité, combinant l'utilisation de la radio, de la publicité, des sondages et de la télévision. Elle sera à l'origine d'une mythologie qui dépassera très vite les frontières du pays[23]. La campagne est caractérisée par le premier débat télévisé de l'histoire à une élection présidentielle. Elle opposera en quatre duels, les deux candidats, John Fitzgerald Kennedy et Richard Nixon. Deux candidats proches sur leurs programmes politiques et leurs âges mais différents par leurs apparences. R. Nixon est vu comme un personnage politique expérimenté, mais avec une image très déplaisante suite aux caricatures de Herblock dans le Washington Post. Le premier débat est considéré comme le plus important, il se déroule le 26 septembre 1960 à Chicago. L’équipe de Kennedy a parfaitement préparé le rendez-vous comme le confirme le producteur de CBS, Don Hewitt[24]. Le clan Kennedy s’était auparavant bien entouré, avec L. Reinch conseiller en audio-visuel, les réalisateurs F. Schaffner et A. Penn, et le producteur F. Coe afin d’améliorer ses performances. A. Penn demande en coulisse des plans serrés sur son candidat persuadé que l’équipe de Nixon le suivra. Lors de la prise de parole de Nixon, l’effet attendu est au rendez-vous : les gouttes de sueur qui perlent sur le visage de Nixon, la nervosité apparente, la barbe peu soignée donnent une image désastreuse du candidat à la présidence. De plus, son costume gris se fondant dans les décors créera un contraste face au jeune sénateur, plein d’aisance et d’assurance dans les gestes et la parole, en costume noir parfaitement préparé au duel[25].
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+ Les critiques récurrentes des caricaturistes visant R. Nixon sont désormais vues en gros plan par les Américains devant leur télévision. Ils seraient en effet entre 65 millions et 74 millions de téléspectateurs[26] à avoir assisté aux débats selon les rapports de cette époque. Avec une estimation de téléviseurs installés dans environ 90%[21] des foyers. Kennedy avait donc prévu et bien fait de miser sur les techniques modernes car avant le grand débat du 26 septembre les sondages donnaient Nixon de peu gagnant avec 47% face à 46%. Suite au débat, Kennedy était estimé à 49% face à 46% pour Nixon[27].
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+ Les « grands débats » offrent un phénomène attirant, selon le chercheur J. Austin Ranney (en) : « De nombreuses études antérieures à 1960 ont montré que le discours électoral de type traditionnel, quand le candidat A et ses partisans disposent de la salle de réunion ou du studio pour eux seuls, sont suivis et écoutés presque uniquement par les électeurs qui se sont déjà décidés pour ce candidat B évitent les réunions du candidat A et arrêtent la radio ou la télévision quand se fait entendre la voix de A »[28]. Ce que l’on nomme une chambre d’écho. Avec les grands débats, au contraire, non seulement les partisans de Nixon sont obligés d’écouter Kennedy, mais ils peuvent difficilement éviter de le comparer immédiatement avec Nixon. Theodore White, dans The Making of the President, 1960, montre à quel point Kennedy était confiant et bien préparé. « Selon certains sondages, ceux qui ont écouté le débat à la radio estiment que les deux candidats étaient à peu près ex æquo [à l’issue du débat]. En revanche, tous les sondages réalisés auprès des téléspectateurs indiquent que Nixon était considéré comme le perdant (…) Tout cela est dû à l’effet de la télé »[29]. La stratégie de Kennedy, consistait aussi à critiquer l’immobilisme des années de gouvernance de Dwight Eisenhower, dont Nixon est le coresponsable. La métaphore du retard (gap) occupe une part importante dans les discours du candidat. Le clan Kennedy en profite donc pour populariser alors l’idée de grands desseins nationaux pour promouvoir la nécessité de réformes rapides face à l’avance prise par l’URSS. Entouré d’idéologues de la modernisation, dont Walt Rostow est le plus actif, Kennedy renvoie son adversaire dans les cordes de la tradition et du conservatisme[30].Cette rhétorique du risque rompt avec celle de la sécurité utilisée jusqu’alors par les candidats démocrates.
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+ Sa rhétorique du risque, va donc dans le sens de son slogan : la Nouvelle Frontière séduisant ainsi un électorat avide de changement après huit années de présidence républicaine. La victoire de J.F Kennedy, le 8 novembre 1960, est certes celle de la jeunesse mais aussi celle des transformations de la vie politique américaine, en particulier le renforcement de la médiatisation avec le rôle nouveau joué par la télévision. Mais également celle des mutations de la sociologie de l’électorat, plus jeune et féminisé[31] ; « mais elle est surtout celle des nouvelles techniques de communication, faisant bon usage des sondages, de l’instrument télévisuel et du média training »[32]
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+ La politique de Kennedy, appelée « Nouvelle Frontière », prévoit la détente envers l'URSS, l'envoi d'un homme sur la Lune, l'égalité des Noirs et des Blancs, la relance de l'économie, la lutte contre la pègre et l'arrêt de l'expansion communiste dans le monde.
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+ L'élection a lieu le 8 novembre 1960 ; Kennedy bat Nixon de seulement 120 000 voix[33]. Des rumeurs circulent par la suite sur le fait que son père, Joe, aurait utilisé ses liens avec la mafia américaine pour que certains comtés décisifs « votent bien ». À 43 ans, Kennedy est le plus jeune président élu : Theodore Roosevelt était plus jeune lors de son accession à la présidence, mais il succédait à William McKinley, décédé en cours de mandat. Il est aussi le premier président des États-Unis de religion catholique et toujours le seul à ce jour[34].
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+ Il entre en fonction le 20 janvier 1961 à l'âge de 43 ans.
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+ Le mandat de Kennedy est marqué par la guerre froide entre l’Union soviétique et les États-Unis et les crises majeures destinées à contrer l’expansion communiste. Au début de sa présidence, il pense que le monde peut s'améliorer par des moyens pacifiques et il crée les Corps de la paix. Ce programme, qui existe toujours, permet à des volontaires américains d'aider les pays en développement dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture, de la santé et du bâtiment.
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+ Kennedy développa des liens d'amitié étroits avec le Royaume-Uni et la RFA. Cependant, les relations avec le Canada seront faibles, John Diefenbaker ne supportant pas Kennedy et réciproquement. Le prochain Premier ministre du Canada Pearson s'entendra en revanche très bien avec lui et acceptera l'installation de bases nucléaires américaines au Canada.
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+ Les relations avec la France de Charles de Gaulle sont constantes mais tendues, les deux dirigeants ont cependant un grand respect l'un pour l'autre et le peuple français a une certaine admiration pour les Kennedy ; ils sont notamment fiers que sa femme, Jacqueline Bouvier de son nom de jeune fille, ait des racines françaises[réf. nécessaire]. La volonté de Charles de Gaulle d’accroître la puissance militaire et économique de la France produit de vives tensions entre les deux hommes : d'après Ted Sorensen, dans un moment de colère Kennedy aurait traité de Gaulle de « salopard »[réf. nécessaire].
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+ La crise des missiles de Cuba montre que le risque d'une guerre nucléaire n’est pas négligeable et que les États-Unis et l'URSS sont « au bord du gouffre », d’où une attitude plus mesurée en Europe. Cette attitude est d'ailleurs déjà effective avant cette crise, comme le prouve le fait que les Américains restent passifs lorsque l’Allemagne de l’Est lance la construction du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 et que les pays du bloc de l’Est rendent leurs frontières quasiment étanches. Après une tentative de retrait, Kennedy essaie malgré tout de contenir l'expansion soviétique en envoyant des conseillers militaires, puis des troupes, au Viêt Nam. En octobre 1963, il signe un mémorandum ordonnant le retrait de 1 000 soldats du Viêt Nam avant la fin de 1963 car il pensait la guerre bientôt gagnée[49]. Ce mémorandum sera annulé par Lyndon B. Johnson.
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+ Cependant, une facette moins connue du personnage présente l'ex-président démocrate comme un artisan majeur de l'escalade de la guerre du Viêt Nam, en ayant directement été à l'origine d'un coup d'État militaire fomenté contre le président sud-vietnamien Ngô Đình Diệm[50],[51],[52],[53], voire le commanditaire direct de l'assassinat de celui-ci[54], parce que Diệm était opposé à un accroissement de l'engagement militaire américain au Vietnam[55] et envisageait de rompre l'alliance de son pays avec les États-Unis[56]. Cependant Kennedy ayant signé un mémorandum pour le retrait de 1 000 soldats, on croit plus souvent qu'il avait pris conscience à l'été 1963 de s'être engagé dans un bourbier et jugeait nécessaire par l'intermédiaire de Dương Văn Minh d'éliminer un chef d'État catholique impopulaire qui réprimait une opposition bouddhiste croissante depuis mai 1963[57]. Aussi en août 1963 l'administration Kennedy se montra favorable à Dương Văn Minh qui mit à exécution le coup d'État. Toutefois une enquête des Nations unies en 1963 conclut à la liberté du culte bouddhiste ; tandis que selon l'historien Mark Moyar, Diệm avait mené des politiques publiques favorables aux communautés bouddhistes du Sud-Vietnam, en leur donnant la permission de mener des activités religieuses qui étaient interdites par l'ex-puissance coloniale française, et en finançant la construction d'écoles bouddhistes, l'organisation de cérémonies et la construction de nouvelles pagodes. Parmi les dix-huit membres du cabinet Diệm, il y avait cinq catholiques, cinq confucéens et huit bouddhistes, dont un vice-président et un ministre des affaires étrangères. Seuls trois des dix-neuf meilleurs responsables militaires étaient des catholiques[58]. Une partie non-négligeable des immolations et révoltes bouddhistes furent le fruit d'une infiltration des guérilleros communistes déguisés en bonzes[59].
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+ En août 1963 Kennedy signe le traité de Moscou qui interdit les essais nucléaires dans l'atmosphère. Il s'agissait de lutter contre la prolifération des armements et contre les effets à long terme des retombées radioactives. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS en seront les premiers signataires et Kennedy considérera qu'il s'agit là d'une des actions majeures de son gouvernement. Au Salvador, son administration appuie la création de l'Orden (Organisation démocratique nationaliste) afin d'organiser et de surveiller la population rurale (l’Amérique centrale est alors agitée par des guérillas en lutte contre des gouvernements dictatoriaux) mais celle-ci se comporte rapidement en escadron de la mort[60]. Après le coup d’État militaire du 24 septembre contre le gouvernement réformiste de Juan Bosch en République dominicaine « Kennedy rompt les relations diplomatiques avec le pays tout en abandonnant Bosch à son triste sort qui s'exilera à San Juan de Porto Rico »[61]. "La démocratie n'y aura tenu que sept mois"[62]. Les relations diplomatiques entre les deux pays seront rétablies le 14 décembre 1963 par le président Johnson et les pustchistes ainsi reconnus[63]. De même début octobre 1963 Kennedy suspend les relations diplomatiques avec le Honduras après le renversement du libéral Modesto Rodas Alvarado (en) par Oswaldo López Arellano, coupe l'aide militaire à la junte, rappelle le personnel américain engagé dans la coopération ; ce n'était peut-être que provisoire du fait que l'année précédente au Pérou à l'été 1962, il avait suspendu seulement un mois ses relations diplomatiques en réaction à un coup d'État[64]. Mais au Honduras comme en République dominicaine ce sera, après Dallas, Johnson qui en 1964 reconnaîtra la Junte militaire[65].
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+ Kennedy milite contre la ségrégation raciale, en prenant pour modèle Abraham Lincoln. Il soutient Martin Luther King, et le rencontre lors de sa marche sur Washington en 1963.
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+ L'un des problèmes les plus importants auquel Kennedy doit faire face est celui de mettre fin aux mesures discriminatoires contre les minorités ethniques qui restent légales dans certains États. Un arrêt de 1954 de la Cour suprême des États-Unis interdit la ségrégation dans les écoles publiques, mais est resté lettre morte dans de nombreux États du Sud. Par ailleurs, des mesures discriminatoires restent toujours en vigueur dans d'autres lieux publics, tels que les transports urbains, les cinémas et les restaurants.
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+ Il fait beaucoup pour la conquête de l'espace, en lançant le programme Apollo (We choose to go to the Moon).
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+ Sur le plan social, son programme Nouvelle Frontière vise à améliorer le sort des classes modestes et des droits civiques de ses concitoyens noirs. Sur ces objectifs, Kennedy se heurte souvent, ce qui est courant aux États-Unis, à un Congrès dont la majorité n'est pas celle de son courant politique. Ici, cependant, le Congrès est en majorité démocrate, mais cette dernière est dominée par les démocrates du Sud, conservateurs sudistes hostiles à la disparition de la ségrégation.
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+ Si les presque trois ans de présidence de Kennedy se sont accompagnés de plusieurs mesures notables (conquête de l'espace, début de la déségrégation, Corps de la paix, traité de Moscou d'août 1963) les historiens sont partagés sur l'importance du mandat de Kennedy dans l'histoire américaine. Élu de justesse, il a accru l'engagement des États-Unis au Vietnam, a mis à exécution le débarquement de la baie des Cochons préparé par l'administration précédente, il n'a pas empêché la construction du mur de Berlin, a approuvé la mise sur écoute par le FBI de Martin Luther King, soutenu le renversement de dictateurs en République dominicaine, en Irak et au Vietnam, aussi bien que condamné des coups d'État (toujours en république dominicaine le coup d'État militaire en septembre 1963 contre Juan Bosch), avait des liens avec la mafia et n'a pas mené à bien la baisse d'impôts qu'il avait initialement promise. De ce fait, s'il est souvent cité comme étant le plus populaire des présidents qu'a comptés le pays, selon certains, cela relève davantage du reflet de son charisme, de sa jeunesse, de sa bonne connaissance des médias et des conditions tragiques de son décès. L'historiographie post-1963 a d'abord été marquée par des ouvrages hagiographiques écrits par ses anciens conseillers, Ted Sorensen et Pierre Salinger. Un regard plus critique survient dans les années 1980 avec The Kennedy Imprisonment de Garry Willis, où Kennedy est décrit comme un « improvisateur » se reposant sur son charisme et prenant de mauvaises décisions, et un obsédé sexuel se mettant lui-même en danger du fait des risques de chantage que cela implique[66]. Le journaliste démocrate Thomas E. Ricks (en) est encore plus critique, le désignant comme le plus mauvais président du XXe siècle, dénonçant un groupe de pression contre ses opposants, l'Ideological Organizations Project, une politique anti-syndicale et le mensonge sur sa santé[67]. Les historiens sont partagés mais les critiques reviennent face au manque de leadership contre Khrouchtchev à son sommet et la question raciale qui stagne[68]. Patrick Buisson dans La Cause du peuple reprend ces légendes critiques, dénonce une imposture créée de toutes pièces par les médias, Kennedy étant dans la « télé-gouvernance » et la publicité, masquant les liens avec la mafia, une libido incontrôlée et un échec aux affaires étrangères.
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+ Le président fascine toujours autant l'Amérique. Depuis 1963, 40 000 ouvrages ont été écrits à son sujet, surtout sur son assassinat[69], ainsi que de nombreux récits uchroniques, imaginant le déroulement du monde si son assassinat fût raté[70],[71]. Le cinquantième anniversaire de sa mort relance de nouvelles études et publications[72]. Son projet réussi de dépasser l'URSS dans la conquête spatiale avant l'année 1970, souligné par Philippe Labro, ne l'empêche pas de subir sous sa présidence un second revers deux ans après l'embarquement de Youri Gagarine : l'envoi en juin 1963 d'une femme soviétique dans l'espace, Valentina Terechkova.
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+ Le 22 novembre 1963, lors d'une visite pré-électorale de John F. Kennedy à Dallas, le cortège présidentiel traverse la ville à petite vitesse, salué par la foule amassée. Alors que la limousine décapotée du président passe sur Dealey Plaza vers 12 h 30, des coups de feu éclatent. Le président est d'abord blessé au cou, tandis que le gouverneur Connally, assis devant lui, est blessé à la poitrine, puis une balle atteint le président à l'arrière de la tête, endommageant gravement la partie arrière supérieure de son crâne[73], et ressort probablement par la tempe droite[74]. Aussitôt transporté au Parkland Hospital, le président est déclaré mort à 13 h après de vains efforts de réanimation. Le monde est consterné en apprenant la nouvelle[75].
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+ Lors de la mort de Kennedy, les trois grands réseaux de télévision américains ont suspendu leurs émissions pour rapporter toutes les nouvelles concernant le président du 22 au 25 novembre 1963, ce qui fait de la couverture télévisée de cet événement la plus longue de l'histoire télévisée américaine (70 heures) jusqu'à celle des attentats du 11 septembre 2001 (72 heures)[76]. Les reportages filmés sur ses obsèques nationales consacreront la domination de la télévision française sur les autres médias et la fin des actualités filmées au cinéma[77].
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+ Selon les enquêtes officielles, Lee Harvey Oswald a assassiné seul le président, mais la seconde enquête mandatée par la Chambre des représentants — l'enquête du HSCA — estime en 1979 qu'il y a eu au moins deux tireurs, donc conspiration.
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+ Sa femme Jacqueline, lors du transport du cercueil à bord de l'avion Air Force One, lui organise des obsèques nationales impressionnantes sur le modèle de celles d'Abraham Lincoln[78]. John Fitzgerald Kennedy repose au cimetière national d'Arlington, près de Washington.
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+ Le président américain Donald Trump a autorisé le 21 octobre 2017 la déclassification de 2 891 documents sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, dont le maintien sous scellés pendant plus de 50 ans a alimenté de nombreuses théories du complot. Y figurent notamment les noms de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et plus étonnamment de l'actrice Catherine Deneuve qui auraient tous les trois versé de l'argent à Larry Cox, activiste qui a refusé à trois reprises d'intégrer l'armée américaine et de partir au Viêt Nam[79]. Près de 300 pages de documents jugés « trop sensibles » sont maintenus secrète[80].
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+ John Fitzgerald Kennedy /d͡ʒɑn fɪtsˈd͡ʒɛɹəld ˈkɛnədi/[1], dit Jack Kennedy, communément appelé John Kennedy et par ses initiales JFK, né le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts) et mort assassiné le 22 novembre 1963 à Dallas (Texas), est un homme d'État américain, 35e président des États-Unis. Entré en fonction le 20 janvier 1961, il est, à 43 ans, le plus jeune président élu des États-Unis[2], et également le plus jeune président à mourir, moins de trois ans après son entrée à la Maison-Blanche, à l'âge de 46 ans.
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+ Il laisse son empreinte dans l'histoire des États-Unis par sa gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement pour le traité d'interdiction partielle des essais nucléaires, le programme Apollo dans le cadre de la course à l'espace, son opposition à la construction du mur de Berlin, sa politique d'égalité des genres et son assassinat. Ses prises de position en faveur de l'accord général sur les tarifs douaniers et le commerce lui valent d'être respecté jusque chez les républicains, et le mouvement afro-américain des droits civiques — qu'il soutient, voulant mieux intégrer les minorités dans la société — qui prend place durant sa présidence annonce la déségrégation.
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+ En campagne pour sa réélection, il circule dans Dallas le 22 novembre 1963 à bord d'un véhicule découvert devant un nombreux public et alors qu'il traverse Dealey Plaza, des coups de feu l'atteignent mortellement. Les circonstances de son assassinat par Lee Harvey Oswald, seul coupable reconnu, ont donné lieu à de nombreuses enquêtes, ouvrages écrits et filmés, interprétations et théories du complot au fil des décennies ayant suivi son assassinat.
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+ John Fitzgerald Kennedy, surnommé « Jack », naît le 29 mai 1917 à Brookline (Massachusetts), une banlieue huppée de Boston. Il est le second d'une famille qui compte neuf enfants : Joseph Jr., John, Rosemary, Kathleen, Eunice, Patricia, Robert, Jean Ann et Edward.
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+ Ses parents sont Joseph Patrick Kennedy, qui a fait fortune dans les années 1930, et Rose Fitzgerald, fille de John Francis Fitzgerald (1863-1950), dit « Honey Fitz », maire de Boston et de Mary Josephine Hannon (1865-1964)[3]. Tous deux sont les descendants de familles catholiques originaires d'Irlande. Son père soutient Franklin Delano Roosevelt lors de l'élection de 1933, envisage de se présenter à sa succession et devient ambassadeur des États-Unis au Royaume-Uni en 1938 après avoir été un des piliers des grandes réformes de Roosevelt dans la banque et la finance.
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+ Le jeune John reçoit son éducation dans la Choate Rosemary Hall, une des meilleures écoles privées à Wallingford, Connecticut où son frère aîné Joseph Patrick Kennedy, Jr. l'a précédé. En septembre 1935, il intègre la London School of Economics sous la supervision du professeur Laski, mais doit interrompre ses études, car il est atteint de jaunisse. Il intègre ensuite l'université de Princeton, mais doit de nouveau interrompre ses études après seulement six semaines, et se fait hospitaliser à l'hôpital Brigham de Boston (en) où les médecins diagnostiquent une possible agranulocytose ou leucémie[4]. L'année suivante, en septembre 1936, il intègre l'université Harvard. Ses principales matières sont l'économie, l'histoire et la politique américaine.
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+ Quand son père s'installe à Londres, il visite l'Europe, en particulier l'Allemagne nationale-socialiste, et s'assure les services d'un « nègre[5] » pour rédiger son mémoire de fin d'études sur Neville Chamberlain et la participation britannique aux accords de Munich. Son mémoire est reçu avec mention et grâce au soutien financier de son père, est publié avec une introduction de Henry Luce, sous le titre Pourquoi l'Angleterre dormait. À 23 ans, John est ainsi l'auteur d'un relatif succès de librairie qui semble le destiner au journalisme. Son père est alors déconsidéré par sa position favorable à la négociation avec Adolf Hitler.
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+ Il doit, en 1941, sous la pression de son père et du Federal Bureau of Investigation (FBI), mettre fin à sa liaison avec Inga Arvad, une journaliste danoise mariée à Paul Fejos, ancienne miss Danemark qui a couvert les Jeux olympiques d'été de 1936. JFK est rappelé en Caroline du Sud, mais Inga le suit et ils continuent à se voir[6].
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+ John Kennedy est connu pour ses multiples maîtresses et conquêtes féminines, dont Marilyn Monroe en 1962, ainsi que Mary Pinchot Meyer (épouse de Cord Meyer (en), haut fonctionnaire à la CIA) et Judith Campbell, maîtresse simultanément de Kennedy et du parrain de la mafia de Chicago Sam Giancana ou encore Gunilla von Post, Marlene Dietrich[7]. Proche de la mafia, le chanteur Frank Sinatra lui fournit des starlettes comme maîtresses. En 1961, lors d'une rencontre officielle avec le Premier ministre du Royaume-Uni Harold Macmillan, il lui confie : « Trois jours sans faire l'amour et c'est le mal de tête garanti. Je ne sais pas si c'est aussi votre cas, Harold »[8]. Le père du président, Joseph Patrick Kennedy, serait intervenu financièrement auprès de son épouse Jackie afin de la retenir[9].
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+ Le 12 septembre 1953[10], il épouse Jacqueline Bouvier en l'église St Mary's de Newport (Rhode Island). Le mariage est considéré comme l'événement mondain de la saison avec quelque 700 invités à la cérémonie et plus de 1 000 personnes à la somptueuse réception qui suit à « Hammersmith Farm », domaine de son beau-père Hugh D. Auchincloss.
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+ Jacqueline Kennedy fait une fausse couche en 1955[11],[12], puis donne naissance à une petite fille mort-née le 23 août 1956, que ses parents auraient voulu prénommer Arabella[13]. Cet événement conduit à une brève séparation du couple qui se réconcilie peu après. Le couple devient ensuite parents d'une fille Caroline en 1957, puis d'un fils John en 1960, qui meurt dans un accident d'avion en 1999. Un second fils Patrick naît prématurément le 7 août 1963 et meurt deux jours plus tard.
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25
+ Peu de temps après l'assassinat de John F. Kennedy, les restes d'Arabella et de son jeune frère Patrick sont transférés le 5 décembre 1963, au cimetière national d'Arlington. Sa dalle mortuaire n'indique pas de prénom, mais simplement la mention « daughter » (fille, en anglais) et la date du 23 août 1956.
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+ Kennedy souffre pratiquement toute sa vie de problèmes de dos : né avec une colonne vertébrale instable selon un de ses chirurgiens en 1947 (ce qui est remis en cause par une étude de 2017 se basant sur ses radiographies et penchant pour une origine multifactorielle[14]), ce qui l'oblige à utiliser des béquilles cachées au public, à se reposer fréquemment dans son fauteuil à bascule devenu célèbre[15] et à porter un corset dorsal de 20 centimètres[16]. Dès sa jeunesse, il fut régulièrement hospitalisé du fait de sa santé fragile et par intermittence eut de douloureux problèmes gastriques (probablement l'intestin irritable)[14]. Il est de plus atteint de la maladie d'Addison, sorte de déficience (encore mortelle à son époque) des glandes surrénales, lesquelles produisent des hormones anti-inflammatoires (cortisol)[17]. Pour soulager ses douleurs, il reçoit régulièrement des injections de cortisone, de novocaïnes et de stéroïdes, il prend des amphétamines[16], ce cocktail médicamenteux lui permettant de déployer une énergie hors du commun et d'assouvir une libido hyperactive[8]. Les corticoïdes qu'il a consommés pour traiter ses douleurs gastriques pourraient d'ailleurs être une cause secondaire de sa maladie d'Addison, c'était des médicaments prometteurs durant les années 1930 mais les effets à moyen terme n'étaient pas connus[14]. Il est contraint de se faire opérer à plusieurs reprises en raison de problèmes de dos, des opérations risquées dont les résultats sont inférieurs aux attentes. Il reçoit même l'extrême onction à quatre reprises[18]. Son état de santé fut gardé secret de son vivant, conscient qu'une fuite entraînerait la fin de sa carrière politique, même si ses prédécesseurs présidentiels Wilson, Coolidge, Roosevelt et Eisenhower avaient aussi imposé la confidentialité sur leurs ennuis de santé[19].
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+ Au printemps 1941, Kennedy veut s'enrôler dans l'armée, mais est déclaré inapte en raison de ses problèmes de santé. Il est finalement accepté grâce à l'intervention de son père[19]. D'abord mobilisé à l'arrière, il obtient de servir sur plusieurs navires de la flotte américaine du Pacifique et devient commandant d'un patrouilleur avec le grade de Lieutenant.
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+ Durant la guerre du Pacifique, le 2 août 1943 à deux heures du matin, son patrouilleur (une vedette lance-torpilles), le PT-109, est coupé en deux par le destroyer japonais Amagiri au large des îles Salomon. Kennedy est projeté sur le pont et se blesse au dos, ce qui aggrave ses douleurs[19] ; en mer, il réussit malgré tout à haler un membre de son équipage blessé sur près de cinq kilomètres et à mettre pied sur une île, d'où il nage pour donner l'alerte : son équipage est récupéré. Ce fait d'armes lui vaut la Navy and Marine Corps Medal avec la citation suivante :
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+ « Pour sa conduite extrêmement héroïque comme officier commandant de la vedette lance-torpilles PT 109, après la collision et le naufrage de ce vaisseau, sur le théâtre de la guerre du Pacifique, les 1er et 2 août 1943. Peu soucieux du danger personnel, le lieutenant Kennedy a bravé sans hésitation les difficultés et les risques de l'obscurité pour diriger les opérations de sauvetage, nageant plusieurs heures pour trouver de l'aide et de la nourriture après avoir réussi à ramener son équipage à terre. Son remarquable courage, sa ténacité et ses qualités de chef ont permis de sauver plusieurs vies, conformément aux plus hautes traditions de la Marine des États-Unis. »
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+ Il participe également à l'évacuation de Marines encerclés par les Japonais lors du raid sur Choiseul le 2 novembre 1943[20]. Kennedy reçoit d'autres décorations pendant la guerre, dont la Purple Heart. Il est démobilisé au début de 1945 quelques mois avant la capitulation du Japon. Un film de propagande raconte son aventure. Le décès de son frère aîné et les erreurs politiques de son père (qui était favorable au maintien de la paix avec Adolf Hitler) font de lui l'espoir politique de la famille.
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, Kennedy commence donc une carrière politique en se faisant élire en 1946 à la Chambre des représentants dans une circonscription à majorité démocrate. Il est réélu deux fois en 1948 et 1950, largement malgré ses positions qui ne sont pas toujours en accord avec celles du président Harry S. Truman ou du Parti démocrate.
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+ En 1952, il est candidat au siège de sénateur avec le slogan : « Kennedy en fera plus pour le Massachusetts ». Avec l'appui de son père et de tout le clan familial, il réussit à battre son concurrent républicain, le sénateur sortant Henry Cabot Lodge Jr. en obtenant 51,5 % des voix. Cependant, il ne s'oppose pas au sénateur Joseph McCarthy, un ami de la famille, qui mène une campagne agressive dans le but d'extirper les prétendus espions communistes au sein du gouvernement. Il profite d'un séjour à l'hôpital pour ne pas voter la motion de censure contre McCarthy en 1954, ce qui lui sera longtemps reproché par l'aile gauche du Parti démocrate, Adlai Stevenson et Eleanor Roosevelt en tête. En 1956, il échoue à obtenir l'investiture démocrate pour la vice-présidence, après que Stevenson ai laissé le congrès sélectionner le candidat, Kennedy terminant deuxième au scrutin et s'inclinant face au sénateur Estes Kefauver du Tennessee, mais bénéficiant en conséquence d'une visibilité nationale. En 1958, il est réélu sénateur avec 73,2 % des suffrages face au républicain Vincent J. Celeste.
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+ En 1955, alors en pleine convalescence, il écrit un livre Profiles in Courage (Portraits d'hommes courageux) où il fait la biographie de huit sénateurs qui ont risqué leur carrière pour défendre leurs points de vue. Ce livre, dont la paternité est aujourd'hui accordée à Ted Sorensen, conseiller juridique et bras droit de Kennedy et auteur de ses plus grands discours, recevra le prix Pulitzer en 1957[16].
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+ Kennedy se déclare candidat pour succéder à Eisenhower le 2 janvier 1960. Dans sa déclaration de candidature, Kennedy insiste sur la nécessité d'un désarmement mondial, qualifiant la course aux armements de « fardeau »[réf. nécessaire].
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+ Le Parti démocrate doit choisir entre lui et les sénateurs Hubert Humphrey, Lyndon B. Johnson et Adlai Stevenson. Kennedy remporte les élections primaires dans certains États clés, comme le Wisconsin et la Virginie-Occidentale et obtient la nomination de son parti à la convention nationale. Son colistier est Lyndon B. Johnson, soutenu par les États du Sud. Pendant la campagne électorale, les débats tournent autour du rôle des États-Unis dans le monde, du problème de la pauvreté, de l'économie et de l'équilibre de la terreur face aux missiles porteurs d'armes nucléaires de l'Union soviétique, mais aussi sur la religion catholique pratiquée par le candidat.
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+ À partir des années 1950, le jeune sénateur démocrate du Massachusetts J.F. Kennedy fait des apparitions dans plusieurs talk-shows, notamment Meet the press très populaire à cette époque. C’est ainsi que Kennedy va prendre conscience et créer par lui-même son image du nouveau politicien. Ce qui l’amènera à être choisi pour prononcer le discours de candidature de Adlai Stevenson à la Convention démocratique de 1956. Lors de cette épreuve, il gagnera le rôle de l’orateur le plus recherché du parti, ce qui sera perçu comme le lancement de sa course à la présidence[21].
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+ Kennedy apparait, alors qu’il est candidat, dans le Tonight Show de Jack Paar. C’est le premier homme politique important à participer à une émission de fin de soirée. Étant donné l’innovation, personne n'était alors au courant des règles de l'égalité des heures s'appliquant aux émissions de divertissement. Une aubaine qui lui rapportera en capital sympathie. C’est ainsi que commence la campagne aux élections présidentielles américaines pour John Fitzgerald Kennedy. Le 12 septembre 1960, Kennedy fait une déclaration importante sur la question de la religion et de son catholicisme, devant une assemblée de pasteurs protestants à Houston, au Texas. Il affirme, ce jour-là, qu’il ne serait en aucune manière influencé par la hiérarchie catholique. Il emprunte l’article VI de la Constitution des États-Unis comme contre argument aux spéculations faites à son égard. Son équipe de campagne électorale trouve le discours convaincant et permettant de faire taire les malentendus. Ils s’en serviront comme moyen de communication en distribuant le film du discours aux stations de télévision de tout le pays. Il fut largement retransmis et la plupart des observateurs eurent l’impression que Kennedy avait remporté une victoire décisive et que la question religieuse était maintenant pour lui beaucoup plus un avantage qu’un handicap[22].
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+ La campagne à l'élection présidentielle américaine de 1960 est une toute nouvelle forme de la communication politique, qui joue la carte de la modernité, combinant l'utilisation de la radio, de la publicité, des sondages et de la télévision. Elle sera à l'origine d'une mythologie qui dépassera très vite les frontières du pays[23]. La campagne est caractérisée par le premier débat télévisé de l'histoire à une élection présidentielle. Elle opposera en quatre duels, les deux candidats, John Fitzgerald Kennedy et Richard Nixon. Deux candidats proches sur leurs programmes politiques et leurs âges mais différents par leurs apparences. R. Nixon est vu comme un personnage politique expérimenté, mais avec une image très déplaisante suite aux caricatures de Herblock dans le Washington Post. Le premier débat est considéré comme le plus important, il se déroule le 26 septembre 1960 à Chicago. L’équipe de Kennedy a parfaitement préparé le rendez-vous comme le confirme le producteur de CBS, Don Hewitt[24]. Le clan Kennedy s’était auparavant bien entouré, avec L. Reinch conseiller en audio-visuel, les réalisateurs F. Schaffner et A. Penn, et le producteur F. Coe afin d’améliorer ses performances. A. Penn demande en coulisse des plans serrés sur son candidat persuadé que l’équipe de Nixon le suivra. Lors de la prise de parole de Nixon, l’effet attendu est au rendez-vous : les gouttes de sueur qui perlent sur le visage de Nixon, la nervosité apparente, la barbe peu soignée donnent une image désastreuse du candidat à la présidence. De plus, son costume gris se fondant dans les décors créera un contraste face au jeune sénateur, plein d’aisance et d’assurance dans les gestes et la parole, en costume noir parfaitement préparé au duel[25].
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+ Les critiques récurrentes des caricaturistes visant R. Nixon sont désormais vues en gros plan par les Américains devant leur télévision. Ils seraient en effet entre 65 millions et 74 millions de téléspectateurs[26] à avoir assisté aux débats selon les rapports de cette époque. Avec une estimation de téléviseurs installés dans environ 90%[21] des foyers. Kennedy avait donc prévu et bien fait de miser sur les techniques modernes car avant le grand débat du 26 septembre les sondages donnaient Nixon de peu gagnant avec 47% face à 46%. Suite au débat, Kennedy était estimé à 49% face à 46% pour Nixon[27].
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+ Les « grands débats » offrent un phénomène attirant, selon le chercheur J. Austin Ranney (en) : « De nombreuses études antérieures à 1960 ont montré que le discours électoral de type traditionnel, quand le candidat A et ses partisans disposent de la salle de réunion ou du studio pour eux seuls, sont suivis et écoutés presque uniquement par les électeurs qui se sont déjà décidés pour ce candidat B évitent les réunions du candidat A et arrêtent la radio ou la télévision quand se fait entendre la voix de A »[28]. Ce que l’on nomme une chambre d’écho. Avec les grands débats, au contraire, non seulement les partisans de Nixon sont obligés d’écouter Kennedy, mais ils peuvent difficilement éviter de le comparer immédiatement avec Nixon. Theodore White, dans The Making of the President, 1960, montre à quel point Kennedy était confiant et bien préparé. « Selon certains sondages, ceux qui ont écouté le débat à la radio estiment que les deux candidats étaient à peu près ex æquo [à l’issue du débat]. En revanche, tous les sondages réalisés auprès des téléspectateurs indiquent que Nixon était considéré comme le perdant (…) Tout cela est dû à l’effet de la télé »[29]. La stratégie de Kennedy, consistait aussi à critiquer l’immobilisme des années de gouvernance de Dwight Eisenhower, dont Nixon est le coresponsable. La métaphore du retard (gap) occupe une part importante dans les discours du candidat. Le clan Kennedy en profite donc pour populariser alors l’idée de grands desseins nationaux pour promouvoir la nécessité de réformes rapides face à l’avance prise par l’URSS. Entouré d’idéologues de la modernisation, dont Walt Rostow est le plus actif, Kennedy renvoie son adversaire dans les cordes de la tradition et du conservatisme[30].Cette rhétorique du risque rompt avec celle de la sécurité utilisée jusqu’alors par les candidats démocrates.
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+ Sa rhétorique du risque, va donc dans le sens de son slogan : la Nouvelle Frontière séduisant ainsi un électorat avide de changement après huit années de présidence républicaine. La victoire de J.F Kennedy, le 8 novembre 1960, est certes celle de la jeunesse mais aussi celle des transformations de la vie politique américaine, en particulier le renforcement de la médiatisation avec le rôle nouveau joué par la télévision. Mais également celle des mutations de la sociologie de l’électorat, plus jeune et féminisé[31] ; « mais elle est surtout celle des nouvelles techniques de communication, faisant bon usage des sondages, de l’instrument télévisuel et du média training »[32]
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+ La politique de Kennedy, appelée « Nouvelle Frontière », prévoit la détente envers l'URSS, l'envoi d'un homme sur la Lune, l'égalité des Noirs et des Blancs, la relance de l'économie, la lutte contre la pègre et l'arrêt de l'expansion communiste dans le monde.
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+ L'élection a lieu le 8 novembre 1960 ; Kennedy bat Nixon de seulement 120 000 voix[33]. Des rumeurs circulent par la suite sur le fait que son père, Joe, aurait utilisé ses liens avec la mafia américaine pour que certains comtés décisifs « votent bien ». À 43 ans, Kennedy est le plus jeune président élu : Theodore Roosevelt était plus jeune lors de son accession à la présidence, mais il succédait à William McKinley, décédé en cours de mandat. Il est aussi le premier président des États-Unis de religion catholique et toujours le seul à ce jour[34].
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+ Il entre en fonction le 20 janvier 1961 à l'âge de 43 ans.
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+ Le mandat de Kennedy est marqué par la guerre froide entre l’Union soviétique et les États-Unis et les crises majeures destinées à contrer l’expansion communiste. Au début de sa présidence, il pense que le monde peut s'améliorer par des moyens pacifiques et il crée les Corps de la paix. Ce programme, qui existe toujours, permet à des volontaires américains d'aider les pays en développement dans les domaines de l'éducation, de l'agriculture, de la santé et du bâtiment.
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+ Kennedy développa des liens d'amitié étroits avec le Royaume-Uni et la RFA. Cependant, les relations avec le Canada seront faibles, John Diefenbaker ne supportant pas Kennedy et réciproquement. Le prochain Premier ministre du Canada Pearson s'entendra en revanche très bien avec lui et acceptera l'installation de bases nucléaires américaines au Canada.
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+ Les relations avec la France de Charles de Gaulle sont constantes mais tendues, les deux dirigeants ont cependant un grand respect l'un pour l'autre et le peuple français a une certaine admiration pour les Kennedy ; ils sont notamment fiers que sa femme, Jacqueline Bouvier de son nom de jeune fille, ait des racines françaises[réf. nécessaire]. La volonté de Charles de Gaulle d’accroître la puissance militaire et économique de la France produit de vives tensions entre les deux hommes : d'après Ted Sorensen, dans un moment de colère Kennedy aurait traité de Gaulle de « salopard »[réf. nécessaire].
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+ La crise des missiles de Cuba montre que le risque d'une guerre nucléaire n’est pas négligeable et que les États-Unis et l'URSS sont « au bord du gouffre », d’où une attitude plus mesurée en Europe. Cette attitude est d'ailleurs déjà effective avant cette crise, comme le prouve le fait que les Américains restent passifs lorsque l’Allemagne de l’Est lance la construction du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 et que les pays du bloc de l’Est rendent leurs frontières quasiment étanches. Après une tentative de retrait, Kennedy essaie malgré tout de contenir l'expansion soviétique en envoyant des conseillers militaires, puis des troupes, au Viêt Nam. En octobre 1963, il signe un mémorandum ordonnant le retrait de 1 000 soldats du Viêt Nam avant la fin de 1963 car il pensait la guerre bientôt gagnée[49]. Ce mémorandum sera annulé par Lyndon B. Johnson.
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+ Cependant, une facette moins connue du personnage présente l'ex-président démocrate comme un artisan majeur de l'escalade de la guerre du Viêt Nam, en ayant directement été à l'origine d'un coup d'État militaire fomenté contre le président sud-vietnamien Ngô Đình Diệm[50],[51],[52],[53], voire le commanditaire direct de l'assassinat de celui-ci[54], parce que Diệm était opposé à un accroissement de l'engagement militaire américain au Vietnam[55] et envisageait de rompre l'alliance de son pays avec les États-Unis[56]. Cependant Kennedy ayant signé un mémorandum pour le retrait de 1 000 soldats, on croit plus souvent qu'il avait pris conscience à l'été 1963 de s'être engagé dans un bourbier et jugeait nécessaire par l'intermédiaire de Dương Văn Minh d'éliminer un chef d'État catholique impopulaire qui réprimait une opposition bouddhiste croissante depuis mai 1963[57]. Aussi en août 1963 l'administration Kennedy se montra favorable à Dương Văn Minh qui mit à exécution le coup d'État. Toutefois une enquête des Nations unies en 1963 conclut à la liberté du culte bouddhiste ; tandis que selon l'historien Mark Moyar, Diệm avait mené des politiques publiques favorables aux communautés bouddhistes du Sud-Vietnam, en leur donnant la permission de mener des activités religieuses qui étaient interdites par l'ex-puissance coloniale française, et en finançant la construction d'écoles bouddhistes, l'organisation de cérémonies et la construction de nouvelles pagodes. Parmi les dix-huit membres du cabinet Diệm, il y avait cinq catholiques, cinq confucéens et huit bouddhistes, dont un vice-président et un ministre des affaires étrangères. Seuls trois des dix-neuf meilleurs responsables militaires étaient des catholiques[58]. Une partie non-négligeable des immolations et révoltes bouddhistes furent le fruit d'une infiltration des guérilleros communistes déguisés en bonzes[59].
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+ En août 1963 Kennedy signe le traité de Moscou qui interdit les essais nucléaires dans l'atmosphère. Il s'agissait de lutter contre la prolifération des armements et contre les effets à long terme des retombées radioactives. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l'URSS en seront les premiers signataires et Kennedy considérera qu'il s'agit là d'une des actions majeures de son gouvernement. Au Salvador, son administration appuie la création de l'Orden (Organisation démocratique nationaliste) afin d'organiser et de surveiller la population rurale (l’Amérique centrale est alors agitée par des guérillas en lutte contre des gouvernements dictatoriaux) mais celle-ci se comporte rapidement en escadron de la mort[60]. Après le coup d’État militaire du 24 septembre contre le gouvernement réformiste de Juan Bosch en République dominicaine « Kennedy rompt les relations diplomatiques avec le pays tout en abandonnant Bosch à son triste sort qui s'exilera à San Juan de Porto Rico »[61]. "La démocratie n'y aura tenu que sept mois"[62]. Les relations diplomatiques entre les deux pays seront rétablies le 14 décembre 1963 par le président Johnson et les pustchistes ainsi reconnus[63]. De même début octobre 1963 Kennedy suspend les relations diplomatiques avec le Honduras après le renversement du libéral Modesto Rodas Alvarado (en) par Oswaldo López Arellano, coupe l'aide militaire à la junte, rappelle le personnel américain engagé dans la coopération ; ce n'était peut-être que provisoire du fait que l'année précédente au Pérou à l'été 1962, il avait suspendu seulement un mois ses relations diplomatiques en réaction à un coup d'État[64]. Mais au Honduras comme en République dominicaine ce sera, après Dallas, Johnson qui en 1964 reconnaîtra la Junte militaire[65].
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+ Kennedy milite contre la ségrégation raciale, en prenant pour modèle Abraham Lincoln. Il soutient Martin Luther King, et le rencontre lors de sa marche sur Washington en 1963.
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+ L'un des problèmes les plus importants auquel Kennedy doit faire face est celui de mettre fin aux mesures discriminatoires contre les minorités ethniques qui restent légales dans certains États. Un arrêt de 1954 de la Cour suprême des États-Unis interdit la ségrégation dans les écoles publiques, mais est resté lettre morte dans de nombreux États du Sud. Par ailleurs, des mesures discriminatoires restent toujours en vigueur dans d'autres lieux publics, tels que les transports urbains, les cinémas et les restaurants.
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+ Il fait beaucoup pour la conquête de l'espace, en lançant le programme Apollo (We choose to go to the Moon).
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+ Sur le plan social, son programme Nouvelle Frontière vise à améliorer le sort des classes modestes et des droits civiques de ses concitoyens noirs. Sur ces objectifs, Kennedy se heurte souvent, ce qui est courant aux États-Unis, à un Congrès dont la majorité n'est pas celle de son courant politique. Ici, cependant, le Congrès est en majorité démocrate, mais cette dernière est dominée par les démocrates du Sud, conservateurs sudistes hostiles à la disparition de la ségrégation.
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+ Si les presque trois ans de présidence de Kennedy se sont accompagnés de plusieurs mesures notables (conquête de l'espace, début de la déségrégation, Corps de la paix, traité de Moscou d'août 1963) les historiens sont partagés sur l'importance du mandat de Kennedy dans l'histoire américaine. Élu de justesse, il a accru l'engagement des États-Unis au Vietnam, a mis à exécution le débarquement de la baie des Cochons préparé par l'administration précédente, il n'a pas empêché la construction du mur de Berlin, a approuvé la mise sur écoute par le FBI de Martin Luther King, soutenu le renversement de dictateurs en République dominicaine, en Irak et au Vietnam, aussi bien que condamné des coups d'État (toujours en république dominicaine le coup d'État militaire en septembre 1963 contre Juan Bosch), avait des liens avec la mafia et n'a pas mené à bien la baisse d'impôts qu'il avait initialement promise. De ce fait, s'il est souvent cité comme étant le plus populaire des présidents qu'a comptés le pays, selon certains, cela relève davantage du reflet de son charisme, de sa jeunesse, de sa bonne connaissance des médias et des conditions tragiques de son décès. L'historiographie post-1963 a d'abord été marquée par des ouvrages hagiographiques écrits par ses anciens conseillers, Ted Sorensen et Pierre Salinger. Un regard plus critique survient dans les années 1980 avec The Kennedy Imprisonment de Garry Willis, où Kennedy est décrit comme un « improvisateur » se reposant sur son charisme et prenant de mauvaises décisions, et un obsédé sexuel se mettant lui-même en danger du fait des risques de chantage que cela implique[66]. Le journaliste démocrate Thomas E. Ricks (en) est encore plus critique, le désignant comme le plus mauvais président du XXe siècle, dénonçant un groupe de pression contre ses opposants, l'Ideological Organizations Project, une politique anti-syndicale et le mensonge sur sa santé[67]. Les historiens sont partagés mais les critiques reviennent face au manque de leadership contre Khrouchtchev à son sommet et la question raciale qui stagne[68]. Patrick Buisson dans La Cause du peuple reprend ces légendes critiques, dénonce une imposture créée de toutes pièces par les médias, Kennedy étant dans la « télé-gouvernance » et la publicité, masquant les liens avec la mafia, une libido incontrôlée et un échec aux affaires étrangères.
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+ Le président fascine toujours autant l'Amérique. Depuis 1963, 40 000 ouvrages ont été écrits à son sujet, surtout sur son assassinat[69], ainsi que de nombreux récits uchroniques, imaginant le déroulement du monde si son assassinat fût raté[70],[71]. Le cinquantième anniversaire de sa mort relance de nouvelles études et publications[72]. Son projet réussi de dépasser l'URSS dans la conquête spatiale avant l'année 1970, souligné par Philippe Labro, ne l'empêche pas de subir sous sa présidence un second revers deux ans après l'embarquement de Youri Gagarine : l'envoi en juin 1963 d'une femme soviétique dans l'espace, Valentina Terechkova.
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89
+ Le 22 novembre 1963, lors d'une visite pré-électorale de John F. Kennedy à Dallas, le cortège présidentiel traverse la ville à petite vitesse, salué par la foule amassée. Alors que la limousine décapotée du président passe sur Dealey Plaza vers 12 h 30, des coups de feu éclatent. Le président est d'abord blessé au cou, tandis que le gouverneur Connally, assis devant lui, est blessé à la poitrine, puis une balle atteint le président à l'arrière de la tête, endommageant gravement la partie arrière supérieure de son crâne[73], et ressort probablement par la tempe droite[74]. Aussitôt transporté au Parkland Hospital, le président est déclaré mort à 13 h après de vains efforts de réanimation. Le monde est consterné en apprenant la nouvelle[75].
90
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91
+ Lors de la mort de Kennedy, les trois grands réseaux de télévision américains ont suspendu leurs émissions pour rapporter toutes les nouvelles concernant le président du 22 au 25 novembre 1963, ce qui fait de la couverture télévisée de cet événement la plus longue de l'histoire télévisée américaine (70 heures) jusqu'à celle des attentats du 11 septembre 2001 (72 heures)[76]. Les reportages filmés sur ses obsèques nationales consacreront la domination de la télévision française sur les autres médias et la fin des actualités filmées au cinéma[77].
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93
+ Selon les enquêtes officielles, Lee Harvey Oswald a assassiné seul le président, mais la seconde enquête mandatée par la Chambre des représentants — l'enquête du HSCA — estime en 1979 qu'il y a eu au moins deux tireurs, donc conspiration.
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+ Sa femme Jacqueline, lors du transport du cercueil à bord de l'avion Air Force One, lui organise des obsèques nationales impressionnantes sur le modèle de celles d'Abraham Lincoln[78]. John Fitzgerald Kennedy repose au cimetière national d'Arlington, près de Washington.
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+ Le président américain Donald Trump a autorisé le 21 octobre 2017 la déclassification de 2 891 documents sur l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, dont le maintien sous scellés pendant plus de 50 ans a alimenté de nombreuses théories du complot. Y figurent notamment les noms de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et plus étonnamment de l'actrice Catherine Deneuve qui auraient tous les trois versé de l'argent à Larry Cox, activiste qui a refusé à trois reprises d'intégrer l'armée américaine et de partir au Viêt Nam[79]. Près de 300 pages de documents jugés « trop sensibles » sont maintenus secrète[80].
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+ John Sidney McCain III, né le 29 août 1936 sur la base militaire américaine de Coco Solo (zone du canal de Panama) et mort le 25 août 2018 à Cornville (Arizona), est un vétéran de la guerre du Viêt Nam et homme politique américain. Il est sénateur pour l'Arizona au Congrès des États-Unis de 1987 à sa mort et candidat républicain à l'élection présidentielle de 2008.
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+ Fils et petit-fils d'amiral, il devient à son tour officier de marine en 1958. Pilote dans l'aéronavale, il est abattu au-dessus d'Hanoï en 1967, durant la guerre du Viêt Nam. Capturé, il est torturé et mis à l'isolement. Libéré en 1973, il gardera des séquelles physiques de cette période. Il reprend ensuite le cours de sa carrière navale, mais démissionne en 1981 pour se lancer en politique.
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+ Membre du Parti républicain, il est élu et siège pour l’Arizona à la Chambre des représentants, de 1983 à 1987, puis au Sénat, de 1987 à 2018. Il est un spécialiste reconnu des questions de défense et de politique étrangère.
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+ Après une tentative infructueuse en 2000, il est designé candidat républicain à l'élection présidentielle de 2008. Il perd le scrutin avec 45,7 % des voix et 173 grands électeurs, face au candidat démocrate, Barack Obama, qui obtient 52,9 % et 365 grands électeurs.
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+ S’il partage plusieurs idées avec son parti (opposition à l'avortement et au mariage homosexuel), il affiche une certaine indépendance (sensibilité écologique, volonté d'assainir le financement des campagnes politiques, condamnation de la torture en Irak et à Guantanamo, soutien à un projet de légalisation des immigrés clandestins) et critique régulièrement l'administration de Donald Trump à la fin de sa vie.
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+ Atteint d'un glioblastome, une tumeur au cerveau, il meurt à quelques jours de ses 82 ans.
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+ Ses parents sont John S. McCain, Jr. dit Jack (1911-1981) et Roberta (Wright) McCain (née en 1912). Jack McCain est commandant de sous-marins durant la Seconde Guerre mondiale, puis amiral en chef de l'US Navy dans la zone Pacifique pendant la guerre du Viêt Nam. Il est décoré de la Silver Star et de la Bronze Star.
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+ Son grand-père paternel est aussi un amiral de l'US Navy. John Sidney « Slew » McCain, Sr., pionnier de l'aéronavale et amiral dans la flotte du Pacifique, dirigea plusieurs assauts lors de la bataille du golfe de Leyte lors de la guerre du Pacifique durant la Seconde Guerre mondiale[1]. Il est encore présent sur le pont du cuirassé USS Missouri le 2 septembre 1945 lors de la reddition japonaise dans la baie de Tokyo avant de mourir quatre jours plus tard.
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+ Durant les dix premières années de sa vie, John McCain déménage au gré des affectations de son père. Il passe ainsi une enfance entre New London (Connecticut) et Pearl Harbor (Hawaï).
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+ Après la Seconde Guerre mondiale, les McCain s'installent dans le nord de la Virginie. John McCain fréquente alors l'école Saint-Stéphane de la ville d'Alexandria de 1946 à 1949, puis fréquente la high school épiscopalienne (en) d'Alexandria.
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+ De 1954 à 1958, il est élève à l'Académie navale d'Annapolis d'où il manque de se faire renvoyer pour ses actes d’indiscipline et des amours agitées notamment avec un mannequin brésilien[2], ou pour avoir amené une strip-teaseuse à un cocktail en grande tenue de l’amirauté. Son classement de sortie est très médiocre (il finit 894e d'une promotion de 899)[3].
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+ Divorcé en 1979 de Carol Shepp, qu'il avait épousée en 1965, John McCain se marie en secondes noces, en 1980, à Cindy Lou Hensley. Il est le père de sept enfants dont Bridget, adoptée dans un orphelinat de mère Teresa au Bangladesh en 1991. L'une de ses filles est une mère adolescente, ce qui a conduit certains commentateurs à rappeler son vote en faveur du Family Support Act de 1988[4].
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+ Son fils aîné, John Sidney McCain IV, a été élève officier à l'Académie navale d'Annapolis et son cadet, James, est engagé dans les Marines et a combattu durant sept mois en Irak entre 2007 et début février 2008[5]. Enfin, sa fille Meghan tient un blog consacré à la campagne électorale présidentielle de son père en 2008[6] et est co-présentatrice l'émission The View à partir d'octobre 2017.
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+ À sa sortie de l'école d'officiers d'Annapolis, il choisit l'aéronavale[N 1]. Après deux années de formation comme pilote embarqué sur porte-avions, il est affecté à la flotte de l'Atlantique[N 2]. Il vole sur Douglas A-1 Skyraider au sein de la flottille VA-65[N 3],[7] et effectue quatre déploiements en mer Méditerranée et en océan Atlantique de 1960 à 1963 à bord des porte-avions USS Intrepid puis USS Enterprise. Lors de la crise des missiles de Cuba, sa flottille participe à bord de ce dernier navire au blocus de l'île[8]. Il est ensuite affecté à terre comme instructeur de vol au sein de la flottille VT-7 sur la base de Meridian (Mississipi) pendant trois ans[9].
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+ En 1967, il est promu au grade de capitaine de corvette (lieutenant-commander) et rejoint la flottille VA-46 "Clansmen" qui vole sur A-4 Skyhawk à bord de l'USS Forrestal[7]. Mais le 29 juillet 1967, le déploiement du navire au Vietnam est interrompu à la suite d'un grave incendie lorsque son appareil est percuté par une roquette tirée accidentellement par un autre appareil, alors qu'il se prépare à partir en mission. Il évacue son avion de justesse et n'est que légèrement brûlé, puis blessé par l'explosion d'une bombe lors de l'incendie qui endommage gravement le navire, tue 134 marins et détruit 21 avions[10].
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+ Il accepte alors un transfert dans une autre flottille, la VA-163 "Saints" basée sur le USS Oriskany[11]. Le 26 octobre 1967, au cours de sa vingt-troisième mission de bombardement au-dessus du Nord-Viêt Nam où son objectif est la centrale électrique d'Hanoï, son avion est abattu par un missile sol-air SAM-2. Lorsqu'il s'éjecte, la violence du choc lui brise les deux bras et un genou. Tombé en parachute au milieu du lac de la Soie blanche, situé au cœur de la capitale nord-vietnamienne, il manque de se noyer lorsque des habitants le tirent de l’eau, lui arrachent son équipement et le rossent[12].
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+ Il est récupéré par les soldats nord-vietnamiens, dont l'un transperce son épaule avec la baïonnette de son fusil tandis qu'un autre lui perce la cheville. Il en garde dès lors des séquelles physiques[13] comme une cicatrice sur la tempe, une jambe qui traîne un peu et une démarche assez raide[14]. Une infirmière lui permet d'échapper au lynchage[15].
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+ Grièvement blessé, il est emmené dans une prison où il est jeté dans une cellule à même le sol. Durant quatre jours, il est interrogé et battu. Au cinquième jour, quand les Nord-Vietnamiens découvrent qu'il est le fils d'un amiral américain, il est transféré dans un hôpital où il reçoit des transfusions de sang et de plasma. Au bout du dixième jour d'hospitalisation, un membre du bureau politique du Parti communiste vietnamien lui annonce qu'il va parler à la télévision française. À la suite des menaces d'interruption de son hospitalisation s'il persistait à refuser, John McCain obtempère et reçoit la visite du journaliste français de l'ORTF François Chalais. Ce dernier diffusera dans l'émission Panorama[16] les images de McCain déclinant son identité et en donnera une copie à l’épouse du pilote[14],[17].
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+ En mars 1968, il parvient pour la première fois à se tenir debout et à marcher mais il est alors placé pendant deux années en isolement total. Suivront ensuite trois années de tortures, de solitude et d’angoisse. Prisonnier de guerre, il est ligoté et humilié régulièrement par ses geôliers qui lui cassent à nouveau le bras ainsi que quelques côtes[14]. Roué de coups pendant des jours ou suspendu par ses bras fracturés, il en vient à signer des confessions de piraterie aérienne, avant de tenter de se pendre dans sa cellule[18].
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+ En juin 1968, il refuse, par solidarité avec ses camarades, une offre de libération anticipée lorsque ses geôliers, réalisant que son père venait d'être nommé commandant en chef du United States Indo-Pacific Command, ont espéré en faire une opération de propagande[19]. En décembre 1969, John McCain est transféré à la prison Hỏa Lò, le « Hanoï Hilton », construite par l'administration coloniale française en 1896. Cette fois, il n'est plus en isolement total et peut communiquer avec d’autres Américains, notamment un compagnon de cellule qu’on lui adjoint. À plusieurs reprises, il refuse de rencontrer des délégations étrangères de pacifistes venues à Hanoï, ce qui lui vaut de nouveaux coups et blessures[14].
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+ Libéré en mars 1973, après avoir survécu à ses blessures, aux humiliations, aux coups, aux tortures et à deux années de confinement solitaire, John McCain est décoré à son retour par le président Richard Nixon.
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+ Promu capitaine de frégate (commander), il est admis, après une période de convalescence de plusieurs mois, à suivre le cours "junior" du Naval College pendant un an[N 4]. À nouveau apte médicalement, il est affecté en 1975 sur la base de Cecil Field (près de Jacksonville, en Floride) comme commandant en second de la flottille de conversion opérationnelle VA-174 Hellrazors, qui vole sur A7 Corsair II[N 5]. Il prend le commandement de la flottille en juillet 1976.
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+ En 1977, il devient officier de liaison de la Navy au Sénat des États-Unis. Il est promu captain (capitaine de vaisseau) en 1979.
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+ En 1981, il quitte la Navy le jour où, coïncidence, son propre père est enterré au cimetière national d'Arlington. Il est alors titulaire d'une multitude de décorations honorifiques et prestigieuses comme la Silver Star, la Bronze Star, la légion du mérite ou encore la Purple Heart.
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+ En 1982, quand le représentant républicain de l'Arizona John Jacob Rhodes renonce à solliciter un nouveau mandat à la Chambre des représentants, John McCain fait acte de candidature pour lui succéder. Lors de la campagne, à son adversaire démocrate qui le traite de « parachuté », parce que McCain n'a aucune attache dans le district, le vétéran du Viêt Nam lui rétorque : « Écoute, vieux, j'aurais aimé avoir le luxe, comme toi, de grandir et de vivre toute ma vie dans un endroit merveilleux comme l'Arizona. Mais en fait, quand j'y pense, l'endroit où j'ai vécu le plus longtemps c'est à Hanoï[12] ». John McCain est élu.
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+ Durant son mandat, il affiche des positions politiques iconoclastes vis-à-vis de son parti et du président Ronald Reagan, notamment quand il s'oppose au maintien des troupes américaines dans la force multinationale stationnée au Liban[20] et approuve les sanctions économiques contre l'Afrique du Sud pour protester contre la politique de l'apartheid qui était en vigueur[12].
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+ En 1986, il est élu au Sénat au siège laissé vacant par son prédécesseur, le républicain conservateur Barry Goldwater. Deux ans plus tard, il vote en faveur du Family Support Act comme la plupart des sénateurs, qui demande que les mères adolescentes, récipiendaires d'aides sociales, poursuivent leur scolarité (high school)[21]. En 1989, il est impliqué dans le scandale politico-financier connu sous le nom de Keating FiveKeating Five[20]. Il est alors reproché à John McCain d'avoir accepté, avec quatre autres sénateurs américains, une importante contribution financière à sa campagne électorale de la part du président d'une association californienne de caisses d’épargne, afin, semble-t-il, de ne pas ébruiter les malversations financières de ce dernier. La commission d’enquête du Sénat chargée de l’enquête conclut à une erreur de jugement du sénateur de l’Arizona dont l'intégrité a alors été mise en doute.
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+ En 1993, c'est avec un autre vétéran du Viêt Nam, le sénateur démocrate John Kerry, qu'il milite et obtient la réouverture des relations diplomatiques avec le Viêt Nam.
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+ En 1997, Time Magazine le cite parmi les 25 personnes les plus influentes des États-Unis. En 1999, il raconte dans son autobiographie intitulé Faith of my Fathers sa détention au Viêt Nam.
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+ Au Sénat, McCain sera un des plus fermes partisans de la réforme du financement des campagnes électorales, qu'il fait aboutir en 2002 avec le sénateur démocrate Russ Feingold. La loi McCain-Feingold (ou Bipartisan Campaign Reform Act) sera cependant partiellement annulée par la Cour suprême par la suite.
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+ Qualifié alors de républicain progressiste, il est souvent assimilé à l'image de l'ancien président Theodore Roosevelt pour « considérer la politique comme une compétition entre l'intérêt national et l'égoïsme des intérêts privés » et défendre « l'idée que le gouvernement devait contrebalancer les abus de la richesse organisée[22] ». Il rencontre à l'époque des responsables démocrates qui espèrent le convaincre de les rallier[22] mais c'est le sénateur James Jeffords du Vermont qui finalement quitte le Parti républicain et permet au Sénat de basculer du côté démocrate.
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+ Le sénateur McCain empêche un contrat espéré par Boeing en 2003 pour le crédit-bail de 100 avions ravitailleurs KC-767 et représentant une somme de 23 milliards de dollars. Boeing étant choisi sans concurrence comme seul contractant grâce à un réseau serré d’influence et de corruption ; il déclenche ainsi un scandale qui envoya en prison l'un des dirigeants de Boeing ainsi que l'adjointe au responsable du service des achats de l'US Air Force Darleen Druyun et qui coûta son poste au CEO de Boeing, Phil Condit[23].
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+ Candidat à un cinquième mandat de sénateur en 2010, John McCain se retrouve menacé lors de la primaire républicaine par un candidat conservateur, John David Hayworth, Jr., un ancien représentant au Congrès et animateur de radio qui remet en cause le patriotisme et la loyauté de son rival au Parti républicain ainsi que ses positions concernant l'immigration et l'environnement. En difficulté dans les sondages face à Hayworth, John McCain reçoit l'appui public de Sarah Palin, devenue depuis la campagne présidentielle une égérie de la droite conservatrice en général et du mouvement Tea Party en particulier[24]. Le 24 août 2010, il remporte finalement la primaire avec 56,2 % des voix, contre 32,1 % à son adversaire conservateur[25]. En novembre 2010, il est facilement réélu pour un cinquième mandat face au candidat démocrate Rodney Glassman (en).
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+ Dans la lignée de ses critiques émises lors de la campagne présidentielle de 2016, John McCain continue en 2017 d'exprimer des préoccupations au sujet de la présidence de Donald Trump[26],[27],[28],[29],[30]. Il participe notamment au rejet de l'abrogation de l'Obamacare par le Sénat[31].
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+ Après sa mort, en septembre 2018, le gouverneur de l'Arizona, Doug Ducey, nomme l'ancien sénateur Jon Kyl pour le remplacer au Sénat[32],[33].
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+ En 2000, John McCain se présente aux élections primaires du Parti républicain en vue de l'élection présidentielle. Son principal concurrent est alors le gouverneur conservateur du Texas, George W. Bush.
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+ Contre toute attente, McCain gagne les primaires du New Hampshire, du Michigan, de l'Arizona, de Rhode Island, du Connecticut et du Vermont et met en difficulté le gouverneur Bush, soutenu par la direction du Parti républicain. Durant ses meetings, utilisant son image nationale d'honnêteté et de probité, il n'hésite pas à se comparer à Luke Skywalker en lutte contre les forces obscures de l'empire, représentées par le gouverneur Bush et les évangélistes Pat Robertson et Jerry Falwell, ces derniers étant qualifiés d’ « agents de l’intolérance et de la corruption religieuse et politique ». Cependant, à la veille de l'importante primaire de Caroline du Sud, McCain est victime d'une campagne de calomnie orchestrée par des proches du gouverneur Bush. Il est ainsi accusé d'avoir fait un enfant à une femme noire, d'avoir trahi au Viêt Nam, d'avoir transmis la syphilis à sa seconde épouse ou d’avoir perdu la raison en captivité[12]. Il est finalement battu par le gouverneur Bush lequel est investi candidat du parti républicain pour l'élection présidentielle de 2000. Il s'éloigne alors du devant de la scène pour soigner un début de cancer de la peau et se fait opérer d'un mélanome qui lui laissera une profonde cicatrice sur la joue gauche.
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+ Lors de la convention nationale républicaine en 2004, il apporte un ferme soutien au président sortant, George W. Bush, qu'il a pourtant beaucoup critiqué dans le passé ; il prononce un discours de combat contre les démocrates bien que son ami John Kerry, candidat démocrate, ait tenté d'en faire son colistier. Il tient à cette occasion un virulent discours contre les « mensonges et manipulations malhonnêtes des pseudo-réalisateurs gauchistes », visant par là Michael Moore, sans jamais le nommer.
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+ Lorsque s'ouvre la campagne pour les primaires américaines, McCain, bien qu'âgé, est l'un des prétendants républicains les plus populaires pour l'élection présidentielle de 2008. En 2005, selon les quelques sondages, lui et Rudy Giuliani sont les seuls républicains à être donnés vainqueurs d'une confrontation électorale avec n'importe lequel des candidats démocrates.
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+ En novembre 2006, se faisant l'avocat du « conservatisme du bon sens » et de l'incarnation de l'avenir du Parti républicain, dans la veine de Ronald Reagan, John McCain annonce la formation de son comité exploratoire chargé de travailler à son éventuelle candidature aux primaires de son parti. Il déclare officiellement sa candidature le 28 février 2007. Il est alors le troisième républicain à faire part officiellement de ses prétentions présidentielles après l'ancien maire de New York, Rudy Giuliani et Duncan Hunter, un élu de Californie.
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+ Respecté par ses adversaires et assez charismatique, il reçoit le soutien de l'ancien candidat démocrate à la vice-présidence en 2000, le sénateur indépendant du Connecticut Joseph Lieberman. Les débuts de sa campagne sont difficiles ; pratiquement sans financement, il doit se séparer de plusieurs collaborateurs.
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+ Néanmoins, après avoir été distancé lors du caucus de l'Iowa par ses concurrents républicains, il arrive en tête des candidats républicains lors des primaires du New Hampshire le 8 janvier 2008, avec 36,8 % des suffrages devant Mitt Romney (32 %), Mike Huckabee (11 %), Rudy Giuliani (9 %) et Ron Paul (8 %), ce qui relance alors sa campagne présidentielle. Lors des primaires suivantes qui se tiennent dans le Michigan, un État gravement touché par la crise automobile, principale industrie locale, il tient un « discours de vérité » déclarant aux électeurs que « la gloire passée ne reviendra plus, il faut s'adapter » alors que son concurrent le plus sérieux, Mitt Romney promet un « redémarrage de l'automobile » par l'octroi de milliards de dollars de fonds fédéraux. Au soir de la primaire le 15 janvier 2008, McCain est second avec 30 % des suffrages, derrière Romney (39 %)[34].
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+ S'il ne parvient pas à rallier une majorité de militants républicains lors des premières primaires, il doit ses bons scores à la mobilisation en sa faveur des électeurs indépendants qui ont la possibilité de participer à ces élections. C'est ainsi qu'il s'impose également face à Mike Huckabee en Caroline du Sud. Avant la décisive primaire suivante qui se tient en Floride, il reçoit le soutien du populaire gouverneur de l'État, Charlie Crist, du sénateur de Floride Mel Martinez, très influent auprès de la communauté américano-cubaine mais aussi du général Norman Schwarzkopf ancien commandant de l'United States Central Command qui avait dirigé les forces de la coalition lors de la guerre du Golfe en 1991. Dans un tout autre genre, Sylvester Stallone est le premier acteur d'Hollywood à appuyer sa candidature[35] suivi peu de temps après par Arnold Schwarzenegger, également gouverneur de Californie[36], puis Clint Eastwood ou Bruce Willis.
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+ En remportant la primaire républicaine de Floride le 29 janvier avec 36 % des voix contre 31 % à Mitt Romney, John McCain passe pour la première fois en tête des candidats républicains en nombre de délégués. L'élection de Floride est marquée par le mauvais score de Rudy Giuliani, arrivé en troisième place, qui solde ses ambitions présidentielles et son ralliement dès le lendemain à John McCain[37].
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+ La campagne du sénateur de l'Arizona se trouve alors financièrement relancée. Alors qu'il était quasiment sans ressources au mois de décembre, McCain recueille en janvier plus de 7 millions de dollars (4,5 millions d'euros)[38] et en deux mois, reçoit le soutien de 17 000 journaux américains à commencer par le Des Moines Register[39] mais est aussi désigné comme le meilleur choix au sein de son parti par le New York Times[40].
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+ Lors du Super Tuesday qui a lieu le 5 février, McCain remporte neuf États (New York, Californie, Missouri, New Jersey, Illinois, Connecticut, Delaware, Oklahoma et Arizona) ce qui lui permet d'obtenir 615 délégués (plus de la moitié de ceux nécessaires pour remporter l'investiture républicaine), contre 268 pour Mitt Romney et 169 pour Mike Huckabee. À la suite de ces résultats, le 7 février, Mitt Romney annonce lors d'une conférence à Washington, D.C. qu'il se retire de la course à l'investiture républicaine[41]. Le retrait de Romney permet à Mike Huckabee de devenir le principal rival de McCain sans espoir cependant de pouvoir menacer sa désignation à l'investiture républicaine. Ainsi, le 9 février, lors des caucus du Kansas et de la primaire de Louisiane, McCain est devancé par Huckabee et ne s'impose, de justesse, qu'avec 26 % des voix contre 24 % à Mike Huckabee et 21 % à Ron Paul lors des caucus de Washington. Le 14 février 2008, lors d'une conférence de presse avec le sénateur de l'Arizona à Boston, Mitt Romney annonce son ralliement à la candidature de John McCain lui apportant théoriquement ses 291 délégués assignés lors des élections primaires[42]. Les ralliements se multiplient ensuite à commencer par Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride et son père, l'ancien président George H. W. Bush.
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+ Mais le maintien de Huckabee dans la course souligne les difficultés de John McCain à faire l'unanimité dans le camp républicain où, aux yeux de la partie la plus conservatrice de cet électorat et dans les milieux religieux, il continue d'apparaître comme un candidat par défaut. C'est aussi à ce stade de la campagne électorale qu'il reçoit néanmoins un appui tacite du président George W. Bush[43].
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+ Alors que John McCain tente de se concilier la droite du parti républicain, des allégations, divulguées par le New York Times, insinuent qu'il aurait rendu, en 1999 et 2000, des services à une jeune lobbyiste, Vicki Iseman, chargée de défendre les intérêts de sociétés de communication en relation avec une commission sénatoriale alors présidée par le sénateur de l'Arizona. Selon l'article du New York Times, les clients de la lobbyiste auraient participé à hauteur de plusieurs dizaines de milliers de dollars au financement des campagnes électorales de John McCain. Ces accusations, reposant sur des sources anonymes, peuvent alors remettre en cause l'image d'intégrité et de rectitude morale de John McCain. Les partisans de celui-ci dénoncent alors une « campagne calomnieuse » et accusent le NYT de s'abaisser à de la « politique de caniveau ». John McCain, lui-même, dément les insinuations et affirme qu'il n'a jamais « rendu de services indus à des clients de Mme Iseman lorsqu'il était président de la commission du Commerce du Sénat[44],[45] ».
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+ Le 4 mars 2008, il remporte suffisamment de délégués pour s'assurer de l’investiture du Parti républicain après ses victoires lors des primaires du Texas, de l’Ohio, du Vermont et de Rhode Island, ce qui conduit Mike Huckabee à abandonner la course présidentielle. John McCain est adoubé dès le lendemain de cette victoire aux primaires par le président George W. Bush[46].
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+ Le début de sa campagne nationale est cependant difficile tant les médias sont accaparés par le duel dans les primaires démocrates entre Hillary Clinton et Barack Obama. Quand celui-ci est assuré de pouvoir remporter l'investiture démocrate, il bénéficie encore d'une couverture médiatique nationale bien supérieure à son concurrent républicain, qui déplore une inégalité de traitement médiatique dont il serait la victime. Ainsi, en juillet, le New York Times révèle que les grandes chaînes de télévision américaine ont consacré, depuis le mois précédent, plus de 114 minutes à la campagne de Barack Obama contre 48 minutes à celle de John McCain, tandis que les magazines Time et Newsweek avaient consacré 12 couvertures au démocrate en trois ans contre 5 au républicain[47].
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103
+ John McCain est invité par le président colombien Álvaro Uribe à assister à la libération de 15 prisonniers de la guérilla, dont Ingrid Betancourt et trois agents américains, lors de l'opération Jaque. Considérant que les droits de l'homme n’étaient « pas une raison suffisante », il plaide à cette occasion en faveur de l'adoption par le Congrès du traité de libre-échange signé deux ans auparavant avec la Colombie mais bloqué par la majorité démocrate, et salue également la politique du président Uribe qui aurait selon lui évité la faillite à la Colombie[48]′[49].
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+ Le magazine Time le classe cinquième sur sa liste des cent personnes les plus influentes au monde en mai 2008[50].
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+ En juillet 2008, John McCain change son équipe de campagne dorénavant dirigée par Steve Schmidt, un ancien protégé de Karl Rove, qui avait dirigé avec succès la campagne du gouverneur Arnold Schwarzenegger en Californie deux ans plus tôt. Schmidt orchestre des changements radicaux, supprimant les conversations informelles du candidat avec les journalistes et organise la réplique à chaque propos du candidat démocrate[51]. Ainsi, alors que Barack Obama effectue en juillet un voyage en Europe, où sa popularité est au zénith, son côté « rock star et ses déclarations pleines de bonnes intentions » contrastent à ce moment avec les prises de position de McCain qui reçoit successivement, le 25 juillet, le dalaï-lama, critique la situation des droits de l'homme en Chine, demande la libération des prisonniers politiques et exhorte le gouvernement chinois à dialoguer avec le Tibet pour une « véritable autonomie[52] ». Cette stratégie s'appuie notamment sur une nouvelle campagne républicaine très offensive orchestrée par Steve Schmidt où le candidat démocrate est notamment comparé à Britney Spears et à Paris Hilton[53] avec pour objectif de faire prendre à l'élection présidentielle la tournure d'un référendum sur la personnalité de Barack Obama[54] en le présentant comme un jeune ambitieux dépourvu d'expérience face à un ancien prisonnier de guerre qui a toujours « placé l'intérêt du pays en premier[51] ».
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+ Développant parallèlement son programme électoral, autour notamment de l'indépendance énergétique, John McCain en appelle au développement des forages pétroliers offshore qu'il souhaite autoriser et le rappel, à cette fin, du Congrès pour une session extraordinaire, obligeant son concurrent démocrate à se repositionner sur la question[55].
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+ À la fin du mois d'août 2008, John McCain profite encore d'une actualité internationale tendue qui est marquée par la réponse militaire de la Russie à la tentative par les troupes géorgiennes de reprendre le contrôle de leur province séparatiste d'Ossétie du Sud. Le discours alors ferme de John McCain face à la Russie lui permet de marquer des points contre son adversaire démocrate[56], lequel moins réactif, est d'ailleurs en vacances à Hawaï. John McCain comble ainsi une partie de son retard dans les sondages nationaux[57] et talonne voire dépasse Barack Obama au niveau des grands électeurs potentiels[58],[59]. En tête dans l'électorat masculin (46 % contre 41 %), dans la population blanche (essentiellement la catégorie des WASPs) (48 % contre 40 %) et chez les évangélistes (65 % contre 25 %), il reste distancé par Barack Obama au niveau de l'électorat féminin (53 % contre 39 %), de celui des Afro-Américains (94 % contre 4 %) et dans les classes d'âges comprises entre 18 et 54 ans[60]. Aux yeux de 80 % de ses compatriotes, John McCain paraît, selon les sondages, avoir les qualités nécessaires pour être président des États-Unis (contre 48 % pour Barack Obama). Il est de même jugé par 84 % d'entre eux être très patriote contre seulement 55 % pour son adversaire démocrate[57]. Enfin, à ce stade et contre toute attente, il semble mieux fixer les conservateurs derrière sa candidature, que ne parvient Barack Obama à le faire avec sa propre base électorale[61].
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+ Attaqué et raillé par son adversaire démocrate sur son important patrimoine immobilier qu'il ne parvient pas à détailler lors d'une interview, son équipe de campagne réagit en s'en prenant à la valeur estimée du propre patrimoine immobilier de Barack Obama[62] et à ses relations avec le promoteur Tony Rezko, incarcéré pour corruption, qui avait été un collecteur de fonds d'Obama[63].
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+ À la veille de la convention démocrate qui a lieu le 25 août 2008 à Denver dans le Colorado, alors que les deux candidats sont quasiment à égalité dans les sondages, John McCain est pris à partie par la chanteuse Madonna, qui n'hésite pas assimiler le candidat républicain, lors d'un concert à Cardiff au Pays de Galles, à Adolf Hitler, Robert Mugabe, Rouhollah Khomeini et Kim Jong-il[64].
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+ La Convention nationale républicaine, chargée d'officialiser sa candidature, se tient à Saint-Paul du 1er septembre 2008 au 4 septembre 2008. Le 29 août, à la surprise générale, son équipe de campagne annonce que Sarah Palin, gouverneur de l'Alaska, sera sa colistière pour le poste de vice-président des États-Unis[65]. Les observateurs politiques notent alors qu'en choisissant une femme blanche originaire d'une famille modeste, mariée à un syndicaliste, conservatrice en matière de valeurs[66], mais favorable à plus de justice sociale, John McCain s'affranchit de la tendance pro-business du Parti républicain qui voulait lui imposer Mitt Romney. Par ailleurs, en faisant un appel manifeste du pied aux électrices d'Hillary Clinton, il se prive aussi de l'argument de l'inexpérience qu'il renvoyait sans cesse à Barack Obama[67].
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+ La Convention débute alors que l'ouragan Gustav progresse dans le golfe du Mexique vers les côtes de la Louisiane et du Mississippi. Cet événement perturbe l'organisation, entrainant l'annulation des discours des intervenants ainsi que des travaux prévus le premier jour. John McCain modifie ses déplacements et se rend dans le Mississippi[68] afin de superviser les préparatifs d'évacuation et de protection des populations en compagnie d'Haley Barbour, le gouverneur de l'État. À sa demande, la Convention entreprend de se consacrer à des levées de fonds humanitaires, notamment en faveur de la Croix-Rouge. Les mécènes et les délégués sont mis à contribution alors que le parti annule ses publicités politiques télévisées[67].
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+ Lors du troisième jour de la Convention, le vote des délégués républicains aboutit sans surprise à la nomination de McCain comme candidat officiel du parti à l'élection présidentielle du 4 novembre. Ce sont les délégués de l'Arizona, État d'où est élu John McCain, qui ont le privilège d'apporter à leur sénateur les voix nécessaires lui permettant d'obtenir la majorité absolue des 1 170 suffrages nécessaires pour être désigné. Au total, John McCain obtient 2 372 voix contre 15 à Ron Paul et 2 à Mitt Romney[69].
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123
+ Le 4 septembre, il prononce son discours d'acceptation dans lequel il prend ses distances avec l'administration sortante et vante une ambition réformatrice[70], promettant « apporter le changement dans un Washington dépensier et usé et de mettre un terme à la rancœur partisane[71] ». Le 7 septembre, dans une interview accordée à CBS, il promet de faire entrer des démocrates dans son cabinet en cas de victoire[72].
124
+
125
+ Selon les chiffres de Nielsen Media Research, le discours de John McCain est suivi par 38,9 millions de téléspectateurs, soit davantage que pour celui de son adversaire, Barack Obama (38,4 millions de personnes) la semaine précédente lors de la Convention démocrate. Il s'agit alors de la meilleure audience jamais enregistrée à l'occasion d'une soirée de Convention[73].
126
+
127
+ L'embellie que John McCain connait dans les sondages au début du mois de septembre est stoppée net par la crise financière qui survient après la faillite de la banque Lehman Brothers. Son comportement erratique ajouté à une certaine improvisation, les critiques mettant en cause la compétence de Sarah Palin pour le poste de vice-président, la défection de plusieurs personnalités républicaines comme Colin Powell et la limitation de son budget de campagne déstabilisent sa campagne face à celle de Barack Obama, qui apparait plus « maître de soi » et rassurant au cours des 3 débats présidentiels[74].
128
+
129
+ Le 10 octobre, à la suite d'une campagne plus agressive contre Barack Obama, John McCain est sifflé lors d'un meeting tenu à Lakeville, dans le Minnesota, en prenant la défense de son adversaire démocrate, cible d'attaques de plus en plus virulentes dans le camp républicain. « Barack Obama est une personne décente, une personne dont vous ne devez pas avoir peur si elle devient président des États-Unis » déclare alors John McCain devant les militants républicains[75]. Cette prise de position inattendue lui vaudra d'ailleurs les remerciements du candidat démocrate[76].
130
+
131
+ À la veille du scrutin, le 4 novembre 2008, John McCain est toujours devancé par son adversaire dans les sondages[77]. Il n'aura disposé que de 150 millions de dollars (84 millions de fonds publics et 60 millions que le Parti républicain utilise pour le soutenir) contre 605 millions pour Barack Obama[78]. Selon deux études menées par le Centre pour les Médias et les Affaires publiques et le Project for Excellence in Journalism, les trois grandes chaînes nationales de la télévision américaine (ABC, CBS, NBC) auront favorisé la campagne de son adversaire, en le présentant comme un meilleur choix, lors des deux derniers mois de la campagne électorale[79].
132
+
133
+ C'est depuis l'hôtel Biltmore de Phoenix, où il attendait les résultats de l'élection présidentielle avec ses partisans, que John McCain reconnaît son échec face à Barack Obama. Il recueille 45,66 % des voix, soit 59 934 814 votes et 173 grands électeurs, face à Barack Obama, qui l'emporte avec 52,92 % et 365 grands électeurs[80]. Dans le discours de défaite qu'il prononce, John McCain insiste quant au caractère historique de cette élection ainsi que sur la « signification particulière qu'elle avait pour les Noirs américains », rappelant qu'un siècle plus tôt, le président Théodore Roosevelt avait choqué de nombreux Américains en invitant un Noir à la Maison-Blanche. Assumant seul la responsabilité de son échec, John McCain rend également un hommage appuyé à sa colistière Sarah Palin[81].
134
+
135
+ Quelques jours plus tard, c'est par l'autodérision, sur le plateau du Tonight Show de Jay Leno sur NBC, qu'il revient sur sa défaite ; il fait plus sérieusement l'éloge de sa colistière à laquelle il prédit un bel avenir[82].
136
+
137
+ Le 19 juillet 2017, son bureau au Sénat indique qu'une tumeur maligne, un glioblastome, a été découverte alors qu'il était opéré pour retirer un caillot sanguin au-dessus de son œil gauche. John McCain avait déjà eu deux mélanomes dans les années 1990 et 2000, dont il avait fait une rémission complète[83].
138
+
139
+ Sa famille annonce, le 24 août 2018, qu'il arrête son traitement médical[84]. Il meurt le lendemain, 25 août 2018, à 16 h 28[85] à son domicile de Cornville en Arizona[86].
140
+ Dès l'annonce de son décès, les drapeaux sont mis en berne sur les bâtiments officiels de la capitale américaine et les réactions affluent pour saluer sa mémoire notamment des anciens présidents Jimmy Carter, George H. W. Bush, Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama, les anciens vice-présidents Al Gore et Joe Biden, du chef de l'opposition démocrate au Sénat, Chuck Schumer ou du sénateur Lindsey Graham[87]. À l'inverse, le président Donald Trump, en conflit avec McCain, bloque le communiqué officiel préparé par la Maison-Blanche[88] et tweete un bref message de condoléances, sans mentionner son parcours, contrairement à ses prédécesseurs[89]. Plusieurs chefs d'États ou gouvernements étrangers ont également réagi[90],[91],[92].
141
+
142
+ Le 29 août, son cercueil est exposé dans la rotonde du Capitole de l'Arizona. Un service religieux se tient le lendemain en l’Église baptiste de North Phoenix. Le 31 août, sa dépouille est transférée à Washington pour être exposée dans la rotonde du Capitole[93], un honneur réservé à ceux qui ont marqué l'histoire des États-Unis : il sera le 13e sénateur à recevoir cet hommage[94]. Ses obsèques seront ce même jour célébrées en la cathédrale nationale de Washington. Les anciens présidents George W. Bush et Barack Obama prononceront chacun un éloge funèbre. Selon le souhait du défunt, Donald Trump n'est pas invité à assister à la cérémonie[95],[96], ce qui est également le cas de Sarah Palin, probablement en raison de l’opposition de Cindy McCain à sa présence[97]. L'acteur Warren Beatty, l'ancien vice-président Joe Biden, l'ancien maire de New York Michael Bloomberg, l'ancien sénateur du Wisconsin Russ Feingold, l'ancien secrétaire à la Défense William Cohen et le dissident russe Vladimir Vladimirovitch Kara-Murza porteront son cercueil[98].
143
+
144
+ Il est inhumé le 2 septembre, au cimetière de l'Académie navale d'Annapolis, à côté de son camarade de classe de l'Académie navale, l'amiral Charles R. Larson (en).
145
+
146
+ John McCain est considéré comme inclassable sur l’échiquier politique[99] et ses positions ont évolué au cours du temps[99]. Si ses positions s'inscrivent, notamment en matière militaire, dans la tradition conservatrice américaine, John McCain se place à la gauche du Parti républicain, face à George W. Bush ou Sarah Palin. John McCain présente surtout une image de républicain modéré, humain, sensible « à des solutions de compromis avec les démocrates »[99]. Le Figaro voit ainsi en lui une incarnation de la « gauchisation » du Parti républicain[100].
147
+
148
+ Concernant les questions de société, il soutient le mouvement pro-vie, hostile au droit à l'avortement, qu'il qualifie de tragédie humaine et qu'il souhaite voir interdire sauf en cas de viol, d'inceste et d'atteinte grave à la santé de la mère[101] (en 2000, il s'était initialement prononcé pour, avant de changer d'avis en 2007[20]). Alors qu'il se déclare opposé au mariage homosexuel, il a refusé d'amender la Constitution américaine pour interdire cette forme de mariage. Il s'est déclaré favorable au financement public de la recherche sur les cellules souches d'embryons. Ces deux prises de position lui ont attiré les reproches des conservateurs sociaux au sein du Parti républicain[102].
149
+
150
+ Il se montre un ferme partisan des lois anti-tabac. Il avait proposé de financer des campagnes anti-tabac par des taxes supplémentaires sur les profits de l'industrie du tabac. Favorable à la peine de mort, il s'oppose au contrôle des armes à feu mais vote toutefois contre la loi restreignant leur port et leur usage ainsi que contre la loi Brady[20].
151
+
152
+ Partisan d'une réforme libérale de l'immigration à l'instar sur ce sujet de George W. Bush[103] et de la majorité des sénateurs démocrates, il a déposé sans succès en 2006 une proposition de loi prévoyant de renforcer les contrôles aux frontières et de régulariser les clandestins.
153
+
154
+ Il se montre également sensible à la question du réchauffement climatique[104] et souhaite développer des énergies substitutives, en favorisant le nucléaire (il propose notamment de construire 45 nouveaux réacteurs nucléaires d'ici 2030) et le biocarburant. Il a ainsi cosigné avec le sénateur démocrate John Kerry une proposition de loi rehaussant les normes d'efficacité énergétique des véhicules à essence et a présenté avec le sénateur indépendant Joseph Lieberman un texte imposant un système d'échange de droits d'émission de carbone[22].
155
+
156
+ Réputé indépendant et franc-tireur, John McCain s'est attiré tant l’affection d’une partie du grand public, des indépendants et des modérés mais aussi l'hostilité des durs de sa propre famille politique[18]. Il s'est mis à dos une partie de son camp en déposant au Sénat un amendement contre la torture, en défendant, avec le sénateur démocrate Carl Levin, une proposition de loi mettant fin aux niches fiscales et exigeant des entreprises qui versent des stock-options à en révéler le coût à leurs actionnaires ou en faisant adopter une limitation des dépenses électorales. En votant contre les réductions d'impôts du président George W. Bush pour ne pas creuser le déficit budgétaire, il s'est attiré l'animosité des conservateurs fiscaux bien qu'il ait accepté ensuite de les pérenniser[102].
157
+
158
+ En économie, il se déclare un partisan inébranlable des accords de libre-échange. Le 26 mars 2008, il déclare vouloir négocier un traité de libre-échange entre l'ALENA et l'Union européenne[105]. Propice à la fin des avantages fiscaux pour les plus riches[20], il a été longtemps favorable à une réforme libérale du financement des partis politiques, dont il donnera son nom en 2001 en outre (« McCain-Feingold Act ») qui ambitionnait une plus grande transparence de la vie des partis politiques[20].
159
+
160
+ Dans le domaine de la santé, en opposition à l'industrie pharmaceutique, John McCain a été le coauteur, avec les sénateurs démocrates John Edwards et Ted Kennedy, d'une proposition de loi sur les droits des patients et s'est allié à Chuck Schumer pour soutenir une loi favorisant la vente de médicament générique[22].
161
+
162
+ Spécialiste des questions internationales et de défense, il est un partisan de l’intervention américaine au Kosovo lors du mandat de Bill Clinton à qui McCain reprocha cependant de ne pas envoyer davantage de troupes. Lors de sa campagne électorale de 2000, il a proposé un projet de politique internationale intitulé « Refoulement des États voyous » (Rogue State Rollback). Celui-ci prévoyait de fournir un soutien politique et matériel aux forces locales présentes à l’intérieur et à l’extérieur des États voyous, visant notamment l’Irak, la Corée du Nord et la Serbie, afin de « renverser les régimes qui menacent les intérêts et valeurs américaines ». Soutenu par les néoconservateurs, il précise alors qu'en cas d'agression des alliés des Américains, les États-Unis avaient le devoir de répliquer par la force[39].
163
+
164
+ Partisan de la guerre en Irak en 2003 et du renversement de Saddam Hussein, il a cependant toujours contesté la stratégie mise au point par le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, exigé la démission de ce dernier dès le début des difficultés de l'occupation de l'Irak pour l'impréparation matérielle des troupes. Il a très tôt prôné un renforcement des troupes militaires qu'il n'obtient qu'à partir de janvier 2007. Lors de sa campagne électorale pour la présidence des États-Unis en 2008, il est le seul candidat à brandir l'Irak comme un argument électoral, se refusant de s'engager sur un calendrier de retrait, « même si c'est dans cent ans ! »[19], remarquant en même temps que personne ne demandait combien de temps encore les troupes américaines resteraient en Corée du Sud[39]. Ayant par ailleurs regretté l'absence de soldats américains pour empêcher le génocide des Tutsi au Rwanda, il soutient le principe d'une intervention militaire au Darfour[39]. En 2016, il affirme par ailleurs que tout rapprochement avec la Russie serait « inacceptable » au vu de la politique extérieure qu'elle mène[106].
165
+
166
+ En 2003, il énonce ce commentaire acerbe au sujet des Français : « Ils me font penser à une vieille actrice des années 1940 qui essaie toujours de se faire inviter grâce à son physique, mais qui n'est plus assez belle pour ça[107] ».
167
+
168
+ Il préconise une Ligue des démocraties rassemblant les États de l'OTAN et les autres régimes démocratiques à travers le monde, « Celle-ci pourrait agir quand l’ONU ne le fait pas : allègement de la souffrance humaine au Darfour, combat contre le sida au sud du Sahara, meilleures stratégies pour endiguer les crises liées à l’environnement, accès plus facile aux marchés pour les pays qui acceptent les libertés économiques et politiques[108]. »
169
+
170
+ Dans le cadre de la crise concernant les armes de destruction massive en Iran, il préconise, le 20 avril 2008 sur la chaîne de télévision ABC, des sanctions efficaces et sévères avec les nations démocratiques aptes à faire pression sur le gouvernement iranien[109].
171
+
172
+ Certains au sein de son propre camp politique le qualifient de « républicain seulement de nom » (Republican In Name Only, RINO) pour avoir parfois fait défaut à son parti lors de votes cruciaux. Ainsi, lors de la campagne des primaires présidentielles en 2008, Rush Limbaugh, un animateur de radio ultraconservateur, est l'un de ses plus virulents détracteurs alors que l'égérie de la droite républicaine, Ann Coulter, promet le cas échéant de voter Hillary Clinton qu'elle estime plus conservatrice que McCain[13].
173
+
174
+ En 2016, alors que le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump a pris pour cible une famille musulmane américaine dont le fils est mort en Irak en 2004, il déclare : « J'aimerais dire à M. et Mme Khan : merci d'avoir immigré en Amérique. Nous sommes un meilleur pays grâce à vous. [...] Bien que le parti l'ait nommé, cela ne lui donne pas le droit de diffamer les meilleurs d'entre nous. ». Il avait déclaré peu avant qu'à cause de la nomination de Trump par le parti, les républicains pourraient perdre beaucoup de postes à l'avenir, dont le sien au Sénat. Trump avait dit en 2015 ne pas apprécier McCain car il avait été retenu otage en temps de guerre : « J'aime les gens qui ne se font pas capturer » avait-il déclaré[110].
175
+
176
+ McCain s'est méfié de Mikhaïl Gorbatchev, n'ayant pas confiance en lui et pensait que sa politique d'ouverture vers l'ouest était un piège destiné à faire baisser la garde des États-Unis. Pendant la présidence de Boris Eltsine, il fut l'un des rares sénateurs américains à dénoncer la politique de démilitarisation des États-Unis et de la Russie. En 2017, il considère Vladimir Poutine comme une menace plus importante pour le monde que l'État islamique et l'islamisme[111],[112],[113].
177
+
178
+ Il figure sur la liste des personnalités interdites de séjour en Russie dans le cadre de la crise ukrainienne, à partir du 20 mars 2014. Il a été taxé d'avoir une mentalité datant de la guerre froide, par différents journaux américains dont Slate[114],[115].
179
+
180
+ Lors de la guerre civile syrienne, John McCain prend position en faveur d'un départ de Bachar el-Assad et affiche son souhait de voir le gouvernement américain fournir un soutien militaire aux rebelles syriens. Il défend une stratégie visant à « affaiblir les capacités militaires du régime de Bachar El-Assad, renforcer celles de l'opposition modérée, permettre un tournant sur le champ de bataille et créer ainsi les conditions d'une sortie négociée du conflit et l'éviction du pouvoir d'Assad et de ses acolytes »[116].
181
+
182
+ Le 27 mai 2013, il se rend en Syrie, à Azaz, une ville tenue par les rebelles de la Brigade de la Tempête du Nord et y rencontre le général Selim Idriss, le commandant en chef de l'Armée syrienne libre[117],[118].
183
+
184
+ Après le massacre de la Ghouta, commis le 21 août 2013, John McCain se déclare favorable à des frappes contre l'armée syrienne et critique l' « inaction » du gouvernement américain[119].
185
+
186
+ En octobre 2005, en dépit de l'hostilité de la Maison-Blanche et sans le soutien de la Chambre des représentants, il fait adopter au Sénat par 90 voix contre 9 (principalement républicaines) un amendement sur la « prohibition de traitements cruels, inhumains, ou dégradants » envers des prisonniers, une semaine après la condamnation de la soldate Lynndie England pour les sévices infligés dans la prison irakienne d'Abou Ghraib, avec l'appui de la démocrate Dianne Feinstein qui joint son nom à l'amendement.
187
+
188
+ Cette démarche reçut le soutien de l'ancien secrétaire d'État Colin Powell et de l'organisation de défense des libertés individuelles (Union américaine pour les libertés civiles) alors que le président Bush menaçait de mettre son veto au budget de la défense.
189
+
190
+ Cet amendement prescrit qu'« aucun individu sous la garde ou le contrôle physique du gouvernement des États-Unis, quels que soient sa nationalité et son lieu de détention, ne doit être soumis à des traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants ». Une norme uniforme est fixée à propos des pratiques autorisées lors des interrogatoires de prisonniers (« les hommes et les femmes menant les interrogatoires auront le confort de savoir qu'ils ont des instructions précises sur ce qu'ils peuvent faire et ne pas faire »). Ainsi, la pratique de la « simulation de la noyade » (waterboarding en anglais) et autres tactiques brutales sont désormais interdites dans l'armée américaine[120].
191
+
192
+ Le gouvernement Bush compta sans succès sur la navette parlementaire avec la Chambre des représentants pour torpiller l'amendement alors que pour John McCain, cet amendement vise avant tout à protéger les militaires américains, plutôt que les prisonniers. Il estime en outre que « les valeurs américaines devraient l'emporter contre toutes les autres dans toute guerre des idées » et qu'on ne peut laisser ces « sévices contre les prisonniers ternir l'image des États-Unis ».
193
+
194
+ En février 2008, John McCain s'est cependant opposé, avec 44 autres sénateurs, à un texte du Sénat étendant les nouvelles règles du manuel d'interrogatoire de l'armée américaine aux agents de la CIA, notamment l'interdiction du waterboarding (« simulation de la noyade[121] ») alors qu'Hillary Clinton et Barack Obama s'abstenaient de participer au vote[122]. Le texte concernant l'interdiction de la torture par l'eau fit néanmoins l'objet d'un veto du président George W. Bush[123].
195
+
196
+ En 2016, après l'élection de Donald Trump à la présidence, il déclare, en dénonçant les prises de position du milliardaire en faveur des tortures par simulations de noyade : « Je me fous de ce que le président des États-Unis veut faire ou de quiconque d'autre veut faire. Il n'y aura pas de waterboarding. Nous ne ferons pas cela[124]. ».
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2
+
3
+ John Christopher Depp II, dit Johnny Depp [ˈd͡ʒɑni dɛp][1], est un acteur, réalisateur, guitariste, chanteur, scénariste et producteur de cinéma américain, né le 9 juin 1963 à Owensboro (Kentucky).
4
+
5
+ Il devient célèbre dans les années 1980 avec son rôle dans la série télévisée 21 Jump Street que lui offre le célèbre producteur Stephen J. Cannell et dans Les Griffes de la nuit. Il se consacre ensuite principalement à l'interprétation de personnages originaux et excentriques tels qu'Edward dans Edward aux mains d'argent, Raoul Duke (alter ego de l'écrivain Hunter S. Thompson) dans Las Vegas Parano, Ichabod Crane dans Sleepy Hollow, Capitaine Jack Sparrow dans la saga Pirates des Caraïbes, le Chapelier fou dans Alice au pays des merveilles et Barnabas Collins dans Dark Shadows. Il a également interprété des personnages réels comme Ed Wood dans le film du même nom, Joseph D. Pistone dans Donnie Brasco, George Jung dans Blow et John Dillinger dans Public Enemies. Il incarne également Tonto dans Lone Ranger, naissance d'un héros et est choisi pour incarner le personnage de Gellert Grindelwald, mage noir de l'univers de J. K. Rowling dans la saga des films Les Animaux fantastiques.
6
+
7
+ D'une manière générale, les personnages les plus atypiques qu'il incarne sont aussi audacieux qu'originaux et se démarquent du commun des mortels. Au début des années 1990, il a commencé à collaborer avec celui qui est devenu son réalisateur fétiche et son ami, Tim Burton, avec lequel il a tourné huit films.
8
+
9
+ De 1998 à 2012, il forme un couple iconique avec la chanteuse et actrice française Vanessa Paradis. De cette union naissent deux enfants : Lily-Rose, également actrice, et Jack.
10
+
11
+ Johnny Depp est né le 9 juin 1963 à Owensboro dans le Kentucky, de Betty Sue Palmer, serveuse, et de John Christopher Sr., ingénieur[2]. Il a un demi-frère : Daniel, qui est écrivain et deux sœurs : Debbie, et Christie qui est aussi sa manager personnelle[3]. Johnny Depp a des origines allemandes, françaises, et irlandaises. Il prétend également avoir des origines cherokee bien que cela ne soit reconnu par aucune nation cherokee officielle[4],[5]. Dans le livre Johnny Depp : A Kind of Illusion[6], son auteur Denis Meikle déclare que la famille Depp serait liée au huguenot français Pierre Deppe, ou Dieppe, qui s'était installé en Virginie vers les années 1700. L'acteur déclare toutefois qu'il ne connaît pas l'origine de son nom, mais précise qu'il en connaît la signification : « idiot » en allemand (c'est effectivement une insulte mineure qui signifie « idiot » ou « andouille »).
12
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13
+ La famille du jeune Johnny déménage souvent en raison de la profession de son père. En 1970, elle s'installe à Miramar, en Floride, un environnement que le jeune garçon vient vite à détester. Il commence à fumer et à boire à douze ans, pratique l'automutilation, fait souvent l'école buissonnière et commet de petits larcins. Il se découvre néanmoins très tôt un amour pour la musique et, à l'adolescence, il passe des heures dans sa chambre à jouer de la guitare[3]. Ses parents divorcent alors qu'il a quinze ans et cette séparation creuse un fossé entre Johnny et son père[2].
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+ Après avoir quitté l'école à l'âge de seize ans, il rejoint le groupe Bad Boys - qui deviendra The Kids - et fait la première partie de la tournée d'Iggy Pop. Deux ans plus tard, il se rend avec son groupe à Los Angeles, mais le groupe peine à décoller[3]. Durant cette période, Depp, qui est brièvement marié à la maquilleuse Lori Allison, vend des stylos par téléphone pour gagner sa vie. Par chance, son ex-épouse lui présente l'acteur Nicolas Cage, qui le persuade d'organiser une rencontre avec son agent, lui permettant de décrocher son premier rôle au cinéma dans Les Griffes de la nuit (1984) de Wes Craven - premier volet de la franchise culte du cinéma d'horreur mettant en scène le personnage de Freddy Krueger[2]. Son groupe se sépare peu après et Depp se tourne alors vers le cinéma.
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+ Pensant avoir trouvé sa voie, il entre dans une école de formation de théâtre, puis obtient ensuite quelques rôles de second plan qui lui permettent de vivre correctement, notamment dans Platoon (1986), le film d'Oliver Stone sur la guerre du Viêt Nam[3]. Il décroche en 1987 le rôle principal dans la série 21 Jump Street - série dont le succès le hisse sur un piédestal fragile d'idole pour les adolescentes. Après quatre saisons dans le rôle de Tom Hanson, il réussit, avec l'aide de son agent, à rompre le contrat par lequel il était tenu de jouer dans cinq saisons de la série, pour se tourner vers la carrière cinématographique qui lui tend les bras.
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+ Il débute en tête d'affiche dans le satirique Cry-Baby de John Waters qui relance avec brio la carrière du jeune acteur en brocardant son statut d'idole des jeunes. Mais c'est Tim Burton qui lui offre en 1990 le rôle de la reconnaissance critique avec Edward aux mains d'argent. Dès lors, il devient l'acteur de prédilection de Burton, avec qui il tournera aussi Ed Wood en 1994, Sleepy Hollow en 1999, Charlie et la Chocolaterie et le film d'animation Les Noces funèbres, en 2005, Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street en 2007, Alice au pays des merveilles en 2010 et Dark Shadows en 2012. Ces collaborations sont souvent acclamées par la critique et le public[7].
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+ Dans les années 1990, d'autres collaborations tendent à lui donner l'image d'un acteur fuyant les grosses productions, préférant tourner avec des auteurs-réalisateurs à l'identité artistique forte. Il tourne ainsi avec Emir Kusturica, qui lui offre en 1993 un rôle à la mesure de son talent dans Arizona Dream, et avec Jim Jarmusch en 1995 dans Dead Man. Il collabore à trois reprises avec Terry Gilliam : en 1998 dans l'adaptation culte du livre Las Vegas Parano de son ami Hunter S. Thompson, dans le chaotique et inachevé L'Homme qui tua Don Quichotte, qui donne lieu en 2001 au documentaire Lost in La Mancha (réalisé par Keith Fulton) et fait une apparition dans L'Imaginarium du docteur Parnassus en 2009 (remplaçant pour une seule séquence le comédien Heath Ledger, décédé durant le tournage). C'est d'ailleurs pendant la préparation du tournage de Las Vegas Parano en 1997 que Depp part s'installer durant quatre mois dans la cave de la maison du pape du journalisme gonzo pour s'imprégner du personnage[8] et que se lie une amitié sincère entre l'écrivain et le comédien. Après le suicide de Thompson en 2005, Depp finance la plus grande partie de la cérémonie en son souvenir, notamment la dispersion de ses cendres dans le ciel par un canon[9].
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+ En 1997, après avoir incarné un agent du FBI infiltré dans la mafia face à Al Pacino dans Donnie Brasco, il s'essaie pour la première fois à la réalisation d'un long métrage avec The Brave, où il dirige notamment Marlon Brando (avec qui il s'était lié d'amitié sur le tournage de Don Juan DeMarco en 1994). Ce film est réalisé d'après le roman Rafael, derniers jours (The Brave) de l'écrivain américain Gregory Mcdonald. Son demi-frère Daniel Depp participe à l'écriture du scénario. Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes mais, suite aux mauvaises critiques américaines, Depp ne distribuera pas le film dans les salles américaines.
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+ En raison de l'importance de sa filmographie, il reçoit en 1999, un César d'honneur pour l'ensemble de son travail. La même année, son attachement à la France lui permet de jouer dans le film fantastique La Neuvième Porte (The Ninth Gate) tourné en grande partie à Paris sous la direction de Roman Polanski avec la femme de ce dernier, Emmanuelle Seigner. Les critiques sont néanmoins très mitigées, et le film accueilli très fraichement au box-office américain. Il a davantage de chances avec son second essai européen, la romance Le Chocolat, dont le tournage a eu lieu en Bourgogne avec Juliette Binoche, qui attire davantage que lui les faveurs de la critique. Il conclura cette période française seulement en 2004, avec une apparition au côté de Charlotte Gainsbourg dans la comédie dramatique Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants d'Yvan Attal.
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+ Pour améliorer la vérifiabilité de l'article, merci de citer les sources primaires à travers l'analyse qu'en ont faite des sources secondaires indiquées par des notes de bas de page (modifier l'article).
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+ Mais alors que ces différents rôles fragilisent son statut d'acteur rentable, il se voit confier en 2002 le rôle de Jack Sparrow dans le blockbuster des studios Disney La malédiction du Black Pearl. Il se voit donner carte blanche pour construire ce personnage complexe et insaisissable. Le film, qui sort en 2003, surprend, et connait un énorme succès critique et commercial, relançant la carrière de Depp qui devient un acteur super bankable[10], le faisant connaître auprès d'un jeune public, et lui valant même sa première nomination à l'Oscar du meilleur acteur[11]. Il retrouve ainsi son statut d'acteur rentable et déclencheur d'émeutes qui l'avait fait fuir du tournage de 21 Jump Street.
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+ Il enchaîne en 2004 avec le film Rochester, le dernier des libertins dans lequel il a pour partenaire John Malkovich. Le film raconte l'histoire d'un célèbre poète ayant vécu au XVIIe siècle, débauché notoire et libre-penseur, sous le règne du roi Charles II d'Angleterre. Le film passe inaperçu, mais pas le biopic Finding Neverland, qui lui permet de prêter ses traits au poète John M. Barrie, et de donner la réplique à Kate Winslet. Le film reçoit d'excellentes critiques et vaut à Depp sa seconde nomination à l'Oscar du meilleur acteur.
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+ Cette année-là, Depp tourne déjà coup sur coup les deux opus suivants de la franchise Pirates des Caraïbes : Le secret du coffre maudit sort en 2006 et Jusqu'au bout du monde en 2007), venant confirmer le succès du premier épisode. Succès plus que profitable pour le noyau dur de l'équipe du film, à savoir Johnny Depp, Orlando Bloom et Keira Knightley (acteurs), Gore Verbinski (réalisateur), Jerry Bruckheimer (producteur), et, bien entendu, la société Disney. En 2006, il prête sa voix au jeu vidéo Kingdom Hearts 2 où il reprend son rôle de Jack Sparrow dans le niveau Port Royal, ville où se déroule la série Pirates des Caraïbes.
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+ En 2007, il retrouve Burton pour le premier rôle de la comédie musicale Sweeney Todd : Le Diabolique Barbier de Fleet Street lui vaut de remporter le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie ainsi qu'une troisième nomination à l'Oscar du meilleur acteur. En 2009, il interprète le rôle du célèbre gangster et braqueur de banques John Dillinger dans Public Enemies de Michael Mann, aux côtés de Christian Bale et Marion Cotillard.
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+ Cette même année, alors que la trilogie Pirates des Caraïbes semblait marquer la fin des aventures de Jack Sparrow, un quatrième opus est annoncé.
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+ Début 2010, il interprète le rôle du Chapelier fou dans le blockbuster des studios Disney Alice au pays des merveilles, 7e film tourné sous la direction de son ami Tim Burton, qui rapporte 1 milliard de dollars au total. La même année, il tient le rôle de Franck Tupelo fin 2010 dans le film The Tourist de Florian Henckel von Donnersmarck, en compagnie d'Angelina Jolie (version américaine du film français Anthony Zimmer). The Tourist connaît le succès commercial, en rapportant plus de 278 millions de dollars au box-office dans le monde entier[12], malgré des critiques très mitigées.
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+ En 2011, après avoir prêté sa voix et ses mimiques au personnage principal du film d'animation Rango, réalisé par le réalisateur de la trilogie Pirates des Caraïbes, Gore Verbinski. Parallèlement, il est dirigé par Rob Marshall pour Pirates des Caraïbes : La Fontaine de jouvence, quatrième volet de la saga, avec cette fois Penélope Cruz. Enfin, il revient à ses premières amours en évoluant dans Rhum express, seconde adaptation cinématographique d'un livre d'Hunter S. Thompson après Las Vegas Parano. C'est durant la période où Depp habitait chez Thompson que l'acteur découvre une longue nouvelle inédite de l'auteur[13] et apprend que c'était en réalité son tout premier roman qui n'avait jusqu'ici jamais été édité. Après l'avoir lu, Depp réussit à convaincre Thompson de l'adapter au cinéma. Entre-temps, le roman Rhum express est finalement publié et connaît un beau succès en librairie mais les deux amis rencontrent quelques difficultés à trouver un véritable financement pour la production de ce film étrange et décalé. C'est après le suicide d'Hunter S. Thompson en 2005 que Johnny Depp prend la décision de produire lui-même l'adaptation cinématographique du livre et d'interpréter à nouveau son défunt ami à l'écran pour lui rendre hommage.
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+ En 2012, il est comme souvent la vedette du nouveau film de Tim Burton, Dark Shadows, avec notamment Eva Green et Michelle Pfeiffer. L'acteur tient le rôle principal, celui du vampire Barnabas Collins. Le film est l'adaptation d'un feuilleton télévisé américain du même nom, Dark Shadows, diffusé à la fin des années 1960. La même année il fait un caméo dans l'adaptation au cinéma de la série qui l'a fait connaître, 21 Jump Street, dont les rôles principaux sont tenus par Jonah Hill et Channing Tatum.
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+ En 2013, il incarne l'indien Tonto, dans le blockbuster Lone Ranger, naissance d'un héros, troisième tentative des studios Disney de créer une franchise autour de l'acteur. À la sortie de ce film, le chef Comanche Chaiman Coffey déclare trouver que ce film ne trahit pas son peuple dans la manière dont il est représenté ; après ce film, Johnny Depp est déclaré « Citoyen d'honneur » et baptisé Mah-Woo-Meh, ce qui signifie « Caméléon » ou « Celui-qui-se-métamorphose »[14]. Lone Ranger est cependant un échec critique[15] et déçoit au box-office[16].
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+ En 2014, Johnny Depp tient le rôle d'un scientifique avec l'esprit virtualisé par un ordinateur dans Transcendence, le premier film de Wally Pfister (directeur de la photographie de Christopher Nolan). Le film est un nouvel échec au box-office américain[17] et recueille des critiques négatives dans l'ensemble[18].
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+ Après avoir connu un véritable flop critique et commercial avec la comédie Charlie Mortdecai, Johnny Depp renoue enfin avec la critique grâce à sa prestation du gangster James J. Bulger dans le thriller Strictly Criminal[19], qui fonctionne honorablement au box-office[20].
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51
+ En 2016, il reprend le rôle du Chapelier Fou dans Alice de l'autre côté du miroir, suite du film réalisé par Tim Burton en 2010, cette fois mise en image par James Bobin. En novembre de la même année, David Yates, réalisateur des quatre derniers volets de Harry Potter, annonce officiellement, après quelques jours de rumeurs, que Johnny Depp interprétera le mage noir Gellert Grindelwald dans Animaux Fantastiques, premier film de la saga dérivée de l'univers d'Harry Potter. L'acteur fait une courte apparition dans le premier volet qui sort cette année-là.
52
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53
+ En mai 2017, il tourne dans le cinquième volet de la saga Pirates des Caraïbes, reprenant une nouvelle fois le rôle du capitaine Jack Sparrow[21]. Il incarnera aussi à nouveau Grindelwald dans le deuxième volet des Animaux fantastiques en 2018.
54
+
55
+ Au mois d'octobre 2018, Disney officialise un reboot de la saga Pirates des Caraïbes, mais sans Johnny Depp (la présence de Jack Sparrow n'est pas confirmée). Le même mois avant la sortie du nouvel opus des Animaux Fantastiques, il officialise son retour dans le prochain film de la saga en 2021, où il reprendra le rôle de Gellert Grindelwald.
56
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57
+ De 1983 à 1985, Johnny Depp est marié avec Lori Anne Allison.
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59
+ De 1986 à 1988, il a une relation avec l'actrice Sherilyn Fenn[22].
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61
+ En 1988, il rencontre Jennifer Grey, actrice principale de Dirty Dancing aux côtés de Patrick Swayze. Ils se fiancent deux mois après leur première rencontre. Leur liaison sera pourtant de courte durée et ils se séparent au printemps 1989. De toutes les relations de Johnny Depp, ce sera la plus discrète. Le couple se sera rarement montré en public[23].
62
+
63
+ De 1989 à 1993, il est en couple avec l'actrice américaine Winona Ryder. Ils se rencontrent lors de l'avant-première du film Great Balls of Fire! et entament une relation amoureuse peu de temps après. Fou amoureux, Depp décide de se faire tatouer « Winona Forever » (« Winona pour toujours ») sur le bras peu après leurs fiançailles. Il modifiera son tatouage après leur séparation ; on peut désormais y lire « Wino Forever » (« ivrogne pour toujours »)[24].
64
+
65
+ Il vit ensuite pendant trois ans une relation très médiatisée avec le mannequin britannique Kate Moss. Ils se séparent en 1997. Durant cette période il était très proche du groupe britannique Oasis, participant même à l'album Be Here Now sur lequel il joue de la slide guitare sur la chanson Fade In-Out[3].
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67
+ Il est, de juin 1998 à juin 2012, le compagnon de la chanteuse et actrice française Vanessa Paradis, avec qui il a deux enfants : Lily-Rose Melody (née le 27 mai 1999) et Jack John Christopher III (né le 9 avril 2002)[25]. Il achète à Hollywood une demeure néo-gothique de 700 m² de 1927, dont la légende voudrait que ce soit celle où aurait vécu Béla Lugosi, interprète de Dracula[26],[27]. Lors de ses tournages à répétition dans les Caraïbes, il tombe amoureux de l'île du Plan[28] qu'il offre à sa famille comme lieu privilégié de vacances. Il vit avec ses enfants et sa compagne dans leur propriété du Var, au Plan-de-la-Tour, en France[29]. En juin 2012, Johnny Depp annonce via un communiqué de son agent sa séparation d'avec Vanessa Paradis après 14 ans de vie commune[30]. Il affirme que cela a eu lieu à l'amiable et qu'ils se quittent en bons amis[2]. Ils affichent à plusieurs reprises leur bonne entente depuis.
68
+
69
+ Le 3 février 2015 il se marie à l'actrice Amber Heard, avec qui il avait partagé l’affiche du film Rhum express[31]. L'actrice annonce la séparation du couple le 25 mai 2016[32]. Elle l'accuse de violences conjugales[33] et ils divorcent le 17 août 2016[34]. De 2018 à 2020, l'affaire se poursuit : Johnny Depp dément les accusations de violences et affirme qu'Amber Heard le battait[35],[36],[37]. Lors du procès opposant Depp au Sun en 2020 à propos de ces allégations de violence, Vanessa Paradis témoigne en sa faveur, affirmant qu'il a toujours été « une personne et un père gentil, attentif, généreux et non-violent »[38].
70
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71
+ Il a été élu deux fois « Homme le plus sexy du monde », en 2003 et 2009, par le magazine People[39].
72
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73
+ L'intégralité de son salaire pour le film L'Imaginarium du docteur Parnassus fut reversée à la famille du défunt Heath Ledger[40].
74
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75
+ De langue maternelle anglaise, il étudie le français et parle quelques mots d'allemand.
76
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77
+ L'acteur souffre d'un trouble, l'oniomanie. En conflit avec son gestionnaire de fortune, ce dernier a révélé qu'en « vingt ans, la star a dépensé 480 millions de dollars, soit une moyenne de 55 000 dollars par jour. Un ranch dans le Kentucky, un atoll aux Bahamas, cinq villas à Beverly Hills : l’acteur a acquis 14 demeures pour un montant total de 75 millions de dollars… 200 œuvres d’art signées Warhol, Basquiat, Klimt ou Modigliani, 45 automobiles de luxe, 70 guitares de collection, des milliers de reliques de stars »[41],[27].
78
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79
+ Lors de la campagne pour l'élection présidentielle américaine de 2016, il soutient la candidate démocrate Hillary Clinton[42].
80
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81
+ En 2020 il fait un procès à sa compagne de 2015, Amber Heard, et l'accuse de lui avoir coupé le doigt avec un bouteille d'alcool brisée, cette dernière l'accuse, elle, de violences conjugales répétées[43].
82
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83
+ Depuis 2015, Johnny Depp est membre du groupe Hollywood Vampires aux côtés d'Alice Cooper et de Joe Perry (guitariste d'Aerosmith)[51].. Ils sont les auteurs d'un album homonyme sorti le 11 septembre 2015[52].
84
+
85
+ En collaboration avec la marque Duesenberg, il conçoit un modèle de guitare signature avec l'ensemble de ses tatouages dessinés dessus ainsi qu'un design et un micro conçu pour lui par la marque.
86
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+ Il est l'égérie du parfum Dior Sauvage[27].
88
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89
+ Un texte de Johnny Depp, traduit par Virginie Despentes, paraît en 2008 dans un numéro de la revue Bordel consacré à Jean-Michel Basquiat.
90
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91
+ L'acteur a promu l'œuvre du peintre français Thierry Alonso Gravleur en lui consacrant une exposition à la Trigg Ison Gallery à Los Angeles en 2006 et en 2011[57].
92
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93
+ Cette section récapitule les principales récompenses et nominations obtenues par Johnny Depp. Pour une liste plus complète, se référer à l'Internet Movie Database[58].
94
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+ Pour les versions françaises, Bruno Choël est la voix la plus régulière de Johnny Depp depuis 1999[59],[60]. Il le double notamment dans la saga Pirates des Caraïbes et dans la plupart des films de Tim Burton (Sleepy Hollow, Sweeney Todd, Dark Shadows, Alice au pays des merveilles, Les Noces funèbres), à l'exception de Ed Wood et de Charlie et la Chocolaterie où l'acteur américain est doublé par Damien Boisseau[59], et de Edward aux mains d'argent où il s'agit de Jérôme Berthoud[59]. Bruno Choël double également Johnny Depp dans le film 21 Jump Street (2012) ainsi que dans la série Les Animaux fantastiques (depuis 2016)[59],[60]. Jean-Michel Fête est sa voix française dans les films La Neuvième Porte et Le Chocolat, notamment[60]. Ses rôles dans Arizona Dream et dans Las Vegas Parano sont doublés respectivement par Maurice Decoster[59] et Emmanuel Curtil[60].
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+ Au Québec, Gilbert Lachance est la voix régulière de l'acteur[61], qu'il double notamment dans les films de Tim Burton, les sagas Pirates des Caraïbes et Les Animaux fantastiques et dans le film 21 Jump Street.
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+ John Quincy Adams, né le 11 juillet 1767 à Braintree (Massachusetts) et mort le 23 février 1848 à Washington, D.C., est un homme d'État américain, sixième président des États-Unis pour un unique mandat de 1825 à 1829.
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+ Successivement militant du Parti fédéraliste puis du Parti républicain-démocrate, fils de John Adams, deuxième président des États-Unis, il a été élu grâce à la multiplication des candidatures, ayant auparavant été secrétaire d'État (ministre des Affaires étrangères) de James Monroe. S’il est considéré comme l’un des meilleurs ambassadeurs américains du début du XIXe siècle, missionné aux Pays-Bas, au Portugal, en Prusse, en Russie puis au Royaume-Uni, puis l’un des meilleurs représentants à la Chambre, sa faible implication dans les affaires fédérales à la tête de l'exécutif n'a pas laissé d'empreinte marquante dans la conscience populaire américaine.
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+ Il est cependant commémoré pour avoir réussi à rembourser une partie de la dette américaine, promu l'éducation et modernisé l'économie des États-Unis. Après sa présidence, il est par ailleurs membre du Parti national-républicain, du Parti anti-maçonnique et enfin du Parti whig.
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+ John Quincy Adams naît le 11 juillet 1767 à Braintree, Massachusetts[1]. Il est le fils de John Adams, le deuxième président des États-Unis, et d'Abigail Adams.
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+ Il fait une partie de ses études à l’université de Leyde aux Provinces-Unies, alors qu’il accompagne son père venu négocier des traités de paix et de commerce auprès des cours européennes dont la France et la Grande-Bretagne et d'Irlande. À l’âge de 14 ans il accompagne comme secrétaire Francis Dana (en) envoyé en mission diplomatique à Saint-Pétersbourg, afin de faire reconnaître les États-Unis à Catherine II. Pendant ce séjour sur le vieux continent, il visitera également la Finlande, la Suède, et le Danemark, et y apprendra le français, le néerlandais et des notions d'allemand.
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+ Il est diplômé en droit de l’université Harvard. Admis au barreau il commence à pratiquer à Boston. Il est nommé ambassadeur ou ministre plénipotentiaire auprès des Provinces-Unies en 1794, auprès du Portugal le 30 mai 1796 et de la Prusse en 1797.
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+ Élu au Sénat du Massachusetts en 1802, il le sera également au Sénat des États-Unis où il siège de 1803 à 1808, pour le Parti fédéraliste. Il quitte cette formation pour intégrer le Parti démocrate-républicain. En 1809, il est nommé ambassadeur en Russie puis en 1814 auprès du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande. Il est membre de la commission qui négocie le traité de Gand la même année, traité qui met fin à la guerre de 1812 entre les États-Unis et le Royaume-Uni, et est secrétaire d'État de l'Union dans le cabinet du président James Monroe entre 1817 et 1825.
16
+
17
+ Le 2 novembre 1824, l’élection présidentielle est la première où les votes populaires sont totalisés au niveau national. John Quincy Adams arrive deuxième derrière le général Andrew Jackson. Ce dernier obtient aussi le meilleur score lors du vote du Collège électoral mais, du fait de la présence de trois autres candidats, il n’obtient pas de majorité absolue. C’est la Chambre des représentants qui, à la surprise générale, votera finalement le 1er décembre en faveur d’Adams.
18
+
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+ Il est investi le 4 mars 1825 et devient le sixième président des États-Unis, succédant à James Monroe.
20
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21
+ 4 juillet : le jour anniversaire de l’indépendance deux cérémonies se déroulent, l’une à Baltimore pour la pose de la voie ferrée qui reliera Baltimore à l’Ohio et la seconde à Washington où le président Adams commence à creuser le canal reliant Washington à l’Ohio. Long de 300 km, il sera utilisé pendant quelques années avant d’être détrôné par le chemin de fer.
22
+
23
+ Bien que rompu à la diplomatie dès son plus jeune âge, Adams n’a pas été à l’origine d’actions importantes pendant son mandat à la fois parce qu’il avait résolu beaucoup de problèmes pendant qu’il était ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de James Monroe, mais aussi en raison de l’opposition d’Andrew Jackson pendant sa présidence.
24
+
25
+ Adams croyait que les États composant l’Union devaient être interdépendants et que chacun d’eux devait se spécialiser dans un domaine. Dans l’un de ses discours au Congrès il souhaite créer une université nationale, une banque nationale etc. ce qui déplaît fortement aux représentants des États qui, de plus, considèrent qu’il n’a pas été élu à une majorité suffisante pour avoir le droit de se lancer dans de grands projets.
26
+
27
+ Il signe aussi une loi instituant de nouveaux droits de douane qui handicape les États du Sud et lui vaudra de ne pas être réélu. En Amérique, il est connu pour avoir été l'un des opposants les plus résolus à la franc-maçonnerie. En 1834, il participa à l'élection pour le poste de gouverneur du Massachusetts sous les couleurs du Parti anti-maçonnique, sans succès[2].
28
+
29
+ Andrew Jackson reçoit plus de votes populaires et plus de votes du Collège électoral que John Quincy Adams lors de l’élection de 1824. Comme il n’arrive pas à obtenir la majorité, c’est la Chambre des représentants qui désigne Adams à la présidence. Lorsque Adams désigne Henry Clay, l’un des candidats à la présidence, en tant que ministre des Affaires étrangères, les partisans de Jackson y voient le résultat d’un arrangement destiné à priver leur héros de sa victoire. L’opposition à la politique d’Adams restera virulente pendant tout son mandat jusqu’à l’élection de 1828 d’où Andrew Jackson sortira, cette fois là, victorieux.
30
+
31
+ John Quincy Adams continue sa carrière politique après 1828 : tout d'abord au Parti anti-maçonnique puis au Parti whig, qu'il contribue à fonder vers 1833-1834. Élu à la Chambre des représentants en 1831, il y reste jusqu'à sa mort, le 23 février 1848. Il brigue également le mandat de gouverneur du Massachusetts en 1834 mais ne pourra l'obtenir. En 1841, il défend devant la Cour suprême le cas des Africains du navire espagnol La Amistad qui en avaient pris le contrôle alors qu'ils étaient transportés comme esclaves illégaux. Menacés d'expulsion vers l'Espagne, ils seront finalement libérés.
32
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33
+ John Quincy Adams est le fils de John Adams, le 2e Président. Cette situation ne se reproduira que deux siècles plus tard : George W. Bush, le 43e Président, est le fils de George H. W. Bush, le 41e Président.
34
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35
+ En 1797 il épousa Louisa Catherine Johnson, née à Londres, où il l'avait rencontrée en 1794.
36
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37
+ Le fils de John Quincy Adams, Charles Francis Adams, Sr., a également fait carrière dans la politique.
38
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39
+ En 1825, le président John Quincy Adams, partisan de la laïcité, a prêté serment sur un recueil de lois et non sur la Bible comme cela s'est généralisé dans les prestations de serment américaines, alors qu'aucun texte constitutionnel n'évoque des livres religieux pour les serments[4],[5],[6].
40
+
41
+ Dans le film américain de 2001, How High (Étudiants en herbe au Québec), les deux protagonistes principaux, Silas et Jamal, déterrent le cadavre de John Quincy Adams afin de le fumer, pour obtenir de meilleures notes à l'université Harvard.
42
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43
+ Il apparaît également dans le film Amistad[7], réalisé par Steven Spielberg en 1997, sous les traits d'Anthony Hopkins. Ce film tiré de faits réels raconte la rébellion de plusieurs esclaves africains à bord du navire négrier, L'Amistad, qui les emmène en captivité. Trompés par le capitaine, les esclaves mènent le bateau au large des États-Unis où ils sont arrêtés alors qu'ils espéraient faire voile vers les côtes de l'actuelle Sierra Leone dont ils sont originaires. La bataille judiciaire commence alors et fait grand bruit dans tout le pays tellement elle remet en cause les fondements américains. John Quincy Adams se joint à la défense des esclaves devant la Cour suprême afin d'empêcher les négriers de récupérer leur « cargaison ».
44
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45
+ Une série télévisée produite par PBS en 1976, The Adams Chronicles, raconte l'histoire de cinq générations issues de la famille Adams.
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+ Œuvres principales
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+ Compléments
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+ John Ronald Reuel Tolkien [ d͡ʒɒn ˈɹʷɒnld ˈɹʷuːəl ˈtʰɒlkiːn][a], plus connu sous la forme J. R. R. Tolkien, est un écrivain, poète, philologue, essayiste et professeur d’université britannique, né le 3 janvier 1892 à Bloemfontein (État libre d'Orange) et mort le 2 septembre 1973 à Bournemouth (Royaume-Uni). Il est principalement connu pour ses romans Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux.
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+ Après des études à Birmingham et à Oxford et l’expérience traumatisante de la Première Guerre mondiale, John Ronald Reuel Tolkien devient professeur assistant (reader) de langue anglaise à l’université de Leeds en 1920, puis professeur de vieil anglais à l’université d’Oxford en 1925, et professeur de langue et de littérature anglaises en 1945, toujours à Oxford. Il prend sa retraite en 1959. Durant sa carrière universitaire, il défend l’apprentissage des langues, surtout germaniques, et bouleverse l’étude du poème anglo-saxon Beowulf avec sa conférence Beowulf : Les Monstres et les Critiques (1936). Son essai Du conte de fées (1939) est également considéré comme un texte crucial dans l’étude du conte merveilleux comme genre littéraire.
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+ Tolkien commence à écrire pour son plaisir dans les années 1910, élaborant toute une mythologie autour d'une langue construite. L’univers ainsi créé, la Terre du Milieu, prend forme au fil des réécritures et compositions. Son ami C. S. Lewis l’encourage dans cette voie, de même que les autres membres de leur cercle littéraire informel, les Inklings. En 1937, la publication du Hobbit fait de Tolkien un auteur pour enfants estimé. Sa suite longtemps attendue, Le Seigneur des anneaux, est d’une tonalité plus sombre. Elle paraît en 1954-1955 et devient un véritable phénomène de société dans les années 1960, notamment sur les campus américains. Tolkien travaille sur sa mythologie jusqu’à sa mort, mais ne parvient pas à donner une forme achevée au Silmarillion. Ce recueil de légendes des premiers âges de la Terre du Milieu est finalement mis en forme et publié à titre posthume en 1977 par son fils et exécuteur littéraire Christopher Tolkien, en collaboration avec Guy Gavriel Kay. Au cours des décennies qui suivent, son fils publie régulièrement des textes inédits de son père.
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+ De nombreux auteurs ont publié des romans de fantasy avant Tolkien, mais le succès majeur remporté par Le Seigneur des anneaux au moment de sa publication en poche aux États-Unis est, pour une large part, à l’origine d’une renaissance populaire du genre. Tolkien est ainsi souvent considéré comme l'un des « pères » de la fantasy moderne. Son œuvre a eu une influence majeure sur les auteurs ultérieurs de ce genre, en particulier par la rigueur avec laquelle il a construit son monde secondaire.
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+ La plupart des aïeux de J. R. R. Tolkien du côté de son père sont des artisans. La famille Tolkien, originaire de Saxe, est établie en Angleterre depuis le XVIIIe siècle, et les Tolkien y sont devenus « profondément anglais[1] ». Leur patronyme est une forme anglicisée de « Tollkiehn », un nom dérivé de l’allemand « tollkühn » signifiant « téméraire ».
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+ Les ancêtres maternels de Tolkien, les Suffield, sont une famille originaire d’Evesham, dans le Worcestershire. À la fin du XIXe siècle, ils vivent principalement à Birmingham, où les grands-parents maternels de Tolkien, John et Emily Jane Suffield, possèdent une mercerie dans un bâtiment appelé « Lamb House », située dans le centre-ville[2].
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+ John Ronald Reuel Tolkien naît le 3 janvier 1892 à Bloemfontein, dans l’État libre d’Orange, en Afrique du Sud. Il est le premier enfant d’Arthur Reuel Tolkien (1857-1896) et de sa femme Mabel, née Suffield (1870-1904). Tous deux ont quitté l’Angleterre quelques années plus tôt, au moment de la promotion d’Arthur à la tête de l’agence de la Banque d’Afrique à Bloemfontein[4].
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+ L’enfant porte le prénom « John » par tradition familiale : chez les Tolkien, le fils aîné du fils aîné s’appelle toujours John. « Ronald » est le choix de Mabel, qui avait à l’origine choisi « Rosalind », s’attendant à avoir une fille. Quant à « Reuel », il s’agit, d’après les souvenirs de Tolkien, du « nom d’un ami de [sa] grand-mère », et que l’on croit « d’origine française » dans la famille, mais qui semble plutôt issu de la Bible (Reuel est un autre nom de Jethro, le beau-père de Moïse)[5]. Tolkien donne à son tour ce prénom à ses quatre enfants, y compris à sa fille Priscilla[6].
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+ Le climat de l’Afrique du Sud ne convient pas à Mabel, ni à son fils. En avril 1895, Mabel retourne en Angleterre avec ses enfants (un deuxième fils, Hilary Arthur Reuel, est né le 17 février 1894), mais son mari meurt d’un rhumatisme infectieux le 15 février 1896, avant d’avoir pu les rejoindre[7]. Privée de revenus, Mabel s’installe chez ses parents, à Birmingham, puis à Sarehole, un hameau au sud de la ville. Le jeune Tolkien explore les alentours, notamment le moulin de Sarehole, ce qui lui inspirera des scènes de ses futurs ouvrages et un amour profond pour la campagne anglaise du Warwickshire[8].
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+ Mabel éduque elle-même ses deux fils. Elle enseigne à Ronald la botanique, des rudiments de latin, d’allemand et de français, une langue dont il n’apprécie guère les sonorités[9]. Il lit également beaucoup : il n’aime pas L’Île au trésor de Stevenson ou Le Joueur de flûte de Hamelin de Browning, mais se prend de passion pour les histoires de Peaux-Rouges et du roi Arthur, ainsi que pour les ouvrages de George MacDonald et les recueils de contes édités par Andrew Lang[10]. Encore âgé de sept ans, Ronald écrit sa première histoire (qui concerne un dragon), dont il ne retiendra qu'un « fait philologique »[11].
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+ Tolkien entre à la King Edward's School de Birmingham, où son père avait lui-même étudié, en 1900. La même année, sa mère se convertit au catholicisme, malgré de violentes protestations de sa famille anglicane, qui lui coupe les vivres[12]. Elle déménage en 1902 pour s’installer à Edgbaston, non loin de l’Oratoire de Birmingham, et envoie ses fils à la St. Philip's School, l’école rattachée à l’Oratoire. Ils n’y restent que brièvement : Ronald obtient une bourse et peut retourner à la King Edward’s School dès 1903. Il y apprend le grec ancien, étudie Shakespeare et Chaucer et s’initie en autodidacte au vieil anglais[13].
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+ Mabel Tolkien meurt de complications dues au diabète le 14 novembre 1904 — le traitement à l’insuline n’existe pas encore. Durant le reste de sa vie, son fils aîné la considère comme une « martyre », sentiment qui influence profondément ses propres croyances. Avant sa mort, elle confie la garde de ses deux fils au père Francis Morgan, de l’Oratoire de Birmingham[14].
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+ Comme le père Morgan ne peut les héberger, Ronald et Hilary s’installent au début de l’année 1905 chez une tante par alliance, Beatrice Suffield, qui habite non loin de l’oratoire. Tolkien poursuit ses études à la King Edward’s School et se lie d’amitié avec d’autres élèves, notamment Christopher Wiseman (1893-1987) et Robert Gilson (1893-1916). Il s’intéresse de plus en plus à la philologie, apprend le vieux norrois pour pouvoir lire dans le texte l’histoire de Sigurd et découvre la langue gotique et le Kalevala. Il joue également au rugby à XV dans l’équipe de son école, avec une telle ardeur qu’il en devient le capitaine[15].
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+ En 1908, Tolkien rencontre une jeune fille nommée Edith Bratt lorsqu’il s’installe avec son frère dans le même immeuble qu’elle. Malgré leur différence d’âge (elle a trois ans de plus que lui), ils ne tardent pas à tomber amoureux, d’autant plus vite que tous deux sont orphelins. Toutefois, le père Morgan s’oppose à cette relation et interdit à Tolkien de continuer à la voir : il craint que son pupille ne néglige ses études. Le protestantisme d’Edith constitue un obstacle supplémentaire. Le jeune garçon obéit à la lettre à cet ordre, sinon à l’esprit, mais lorsque le père Morgan est mis au courant des rencontres accidentelles entre les deux jeunes gens, il menace de mettre un terme aux études de Tolkien si elles ne cessent pas. Son pupille obtempère[16].
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+ Après un échec fin 1909, Tolkien obtient en décembre 1910 une bourse pour entrer à l’université d’Oxford[17]. Durant ses derniers mois à la King Edward’s School, il fait partie des élèves qui « bordent l’itinéraire » durant la parade de couronnement du roi George V, aux portes du palais de Buckingham[18]. Plus important, il fonde, avec ses amis Rob Gilson et Christopher Wiseman, la Tea Club Barrovian Society ou T. C. B. S., une société officieuse dont les membres, bientôt rejoints par Geoffrey Bache Smith (1894-1916) et quelques autres, partagent l’habitude de prendre le thé aux Barrow’s Stores, non loin de l’école et dans la bibliothèque même de l’école, ce qui est normalement interdit par le règlement. Les quatre amis au cœur du T. C. B. S. restent en contact après leur départ de l’école[19].
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+ Durant l’été 1911, Tolkien part en vacances en Suisse, un voyage qu’il se remémore de façon vivante dans une lettre de 1968 dans laquelle il revient sur la façon dont ce voyage a pu l’inspirer pour l’écriture du Hobbit (« la dégringolade le long des pierres glissantes jusque dans le bois de pins ») et du Seigneur des anneaux, appelant le Silberhorn « la « Corne d’Argent (Celebdil) » de mes rêves[21] ».
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+ En octobre 1911, Tolkien entame ses études classiques à Oxford, à Exeter College ; l’un de ses principaux professeurs est le philologue Joseph Wright, qui a une grande influence sur lui. Il s’intéresse au finnois afin de lire le Kalevala dans le texte, approfondit sa connaissance du gallois et s’implique dans la vie sociale de son collège en continuant à jouer au rugby et en devenant membre de plusieurs clubs étudiants[22]. Cependant, les auteurs grecs et latins l’ennuient, ce qui se ressent dans ses notes : la seule matière où il excelle est son sujet libre, la philologie comparée. En 1913, avec la bénédiction de son tutor, le vice-recteur Farnell, Tolkien change de cursus au profit de la littérature anglaise, et choisit comme spécialité la philologie scandinave. Dès lors, Kenneth Sisam devient son nouveau tutor[23].
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+ Le jour de sa majorité, en 1913, Tolkien écrit à Edith pour la demander en mariage. La jeune femme s’est entre-temps promise à un autre, mais elle rompt ses fiançailles et se convertit au catholicisme sur l’insistance de Tolkien. Ils célèbrent leurs fiançailles à Warwick en janvier 1914[24].
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+ Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, en août 1914, Tolkien est en vacances en Cornouailles ; il rédige peu après le poème Le Voyage d'Éarendel, première graine de la future mythologie du Silmarillion. En rentrant à Oxford, il s’arrange pour s’entraîner dans les Officers' Training Corps, ce qui lui permet de poursuivre en parallèle ses études afin d’obtenir son diplôme avant de devoir partir au front[25].
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+ En décembre, Tolkien, Gilson, Smith et Wiseman se réunissent à Londres. Malgré l’ombre que la guerre fait peser sur le pays, ils ont foi dans leur potentiel : tous ont des ambitions artistiques et sont persuadés que le T. C. B. S. peut et va changer le monde. De cette rencontre, de ce « concile de Londres », découle la vocation poétique de Tolkien[26]. Il rédige de nombreux poèmes en 1915 et réussit brillamment ses examens finaux à Oxford, obtenant les First-class honours[27].
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+ Tolkien devient sous-lieutenant dans les fusiliers du Lancashire et s’entraîne avec le 13e bataillon de réserve pendant onze mois à Cannock Chase, dans le Staffordshire. Durant cette période, il écrit à Edith : « les gentlemen sont rares parmi les officiers, et les êtres humains même sont rares[28] ». Sachant son départ pour le front proche, il épouse Edith le 22 mars 1916 à Warwick[29]. Transféré dans le 11e bataillon de services avec le corps expéditionnaire britannique, il arrive en France le 4 juin 1916[30]. Par la suite, il écrit : « les officiers subalternes étaient abattus par douzaines. Se séparer de ma femme à ce moment-là […] c’était comme mourir[31]. »
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+ Tolkien sert comme officier de transmissions pendant la bataille de la Somme, participe à la bataille de la crête de Thiepval et aux attaques subséquentes sur la redoute de Schwaben (en). Victime de la fièvre des tranchées, une maladie transmise par les poux qui pullulent dans les tranchées, il est renvoyé en Angleterre le 8 novembre 1916. Ses amis Rob Gilson et G. B. Smith n’ont pas autant de chance : le premier est tué au combat le 1er juillet, et le second, grièvement blessé par un obus, meurt le 3 décembre[32].
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+ Affaibli, Tolkien passe le reste de la guerre entre des hôpitaux et des postes à l’arrière, étant jugé médicalement inapte au service général[33]. Son premier fils, John Francis Reuel, naît en 1917 à Cheltenham. Durant sa convalescence à Great Haywood, dans le Staffordshire, Tolkien entame la rédaction de La Chute de Gondolin, premier des Contes perdus[34].
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+ Lorsque la guerre s’achève, la famille Tolkien s’installe à Oxford. Le premier emploi civil de Tolkien après l’armistice est pour l’Oxford English Dictionary, de janvier 1919 à mai 1920. Il travaille sur l’histoire et l’étymologie des termes d’origine germanique commençant par la lettre « W », sous la direction de Henry Bradley, qui loue à plusieurs reprises son travail par la suite[35],[b]. Durant cette période, Tolkien arrondit ses fins de mois en servant de tutor à plusieurs élèves de l’université, principalement des jeunes filles de Lady Margaret Hall, de St Hilda’s, de St Hugh’s et de Somerville[36].
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+ En 1920, alors que naît son deuxième fils, Michael, Tolkien quitte Oxford pour le Nord de l’Angleterre où il devient professeur assistant (reader) de littérature anglaise à l’université de Leeds, puis professeur en 1924. Durant son séjour à Leeds, il produit le glossaire A Middle English Vocabulary, ainsi qu’une édition définitive du poème moyen anglais Sire Gauvain et le Chevalier vert avec E. V. Gordon, deux livres considérés comme des références académiques pendant les décennies qui suivent. Tolkien continue également à développer son univers de fiction : les Contes perdus sont laissés inachevés, mais il entreprend la rédaction d’une version en vers allitératifs de l’histoire des Enfants de Húrin. C’est également à Leeds que naît son troisième fils, Christopher, en 1924[37].
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+ « Après cela, pourriez-vous dire, il ne se passa vraiment plus rien. Tolkien rentra à Oxford, fut professeur d’anglo-saxon aux collèges de Rawlinson et de Bosworth [sic] pendant vingt ans ; fut ensuite élu professeur de langue et de littérature anglaise à Merton��; s’installa dans une banlieue d’Oxford très conventionnelle où il passa le début de sa retraite : déménagea dans une ville quelconque du bord de mer ; retourna à Oxford après la mort de sa femme ; et mourut paisiblement à l’âge de quatre-vingt-un ans[39]. »
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+ En 1925, Tolkien retourne à Oxford en tant que professeur de vieil anglais et fellow de Pembroke College, poste qu’il occupe jusqu’en 1945. Durant son passage à Pembroke, il écrit Le Hobbit et les deux premiers volumes du Seigneur des anneaux, principalement au numéro 20 de Northmoor Road, dans le nord d’Oxford. C’est là que naît le quatrième et dernier enfant des Tolkien, leur seule fille, Priscilla, en 1929. Très attaché à ses enfants, Tolkien invente pour eux de nombreux contes, parmi lesquels Roverandom et Le Hobbit. Il leur écrit également chaque année des lettres censées provenir du père Noël[40].
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+ Tolkien, « Tollers » pour ses amis[41], rencontre pour la première fois C. S. Lewis en 1926, à Oxford. Entre eux ne tarde pas à naître une amitié profonde et durable. Ils partagent un goût pour le dialogue et la bière, et Tolkien invite bientôt Lewis aux réunions des Coalbiters, un club voué à la lecture de sagas islandaises en vieux norrois. Le retour au christianisme de Lewis est en partie le fait de Tolkien, même si ce dernier regrette que son ami ait choisi de revenir à l’anglicanisme, et non de le rejoindre au sein de la confession catholique. Lewis ne cesse d’encourager Tolkien lorsque celui-ci lit des passages de ses livres aux réunions des Inklings, club littéraire informel qui s’assemble dans les années 1930 autour de Tolkien, Lewis, Owen Barfield, Hugo Dyson et d’autres enseignants d’Oxford[42].
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+ Le Hobbit est publié en septembre 1937, presque par hasard : c’est une ancienne étudiante de Tolkien, Susan Dagnall, enthousiasmée par le manuscrit, qui le met en contact avec la maison d’édition londonienne George Allen & Unwin et le convainc de le faire publier[43]. Le livre rencontre un franc succès, tant critique que commercial, des deux côtés de l’Atlantique[44], et l’éditeur Stanley Unwin presse Tolkien d’écrire une suite. Ce dernier entreprend alors la rédaction du Seigneur des anneaux, sans se douter qu’il lui faudra plus de dix ans pour l’achever[45].
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+ En mars 1939, le gouvernement britannique contacte Tolkien et lui propose de rejoindre une équipe de spécialistes consacrée au déchiffrement des codes nazis, située à Bletchley Park. Il refuse l’offre d’un emploi à plein temps (payé 500 livres, 50 000 livres de 2009 par an), mais d’après un historien des services secrets britanniques, des documents non encore publiés attesteraient d’une participation suivie et importante de sa part à l’effort de décodage[46].
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+ Outre une charge de travail supplémentaire qui empêche Tolkien d’avancer aussi vite qu’il l’aimerait dans la rédaction du Seigneur des anneaux, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale a une conséquence inattendue : l’arrivée de l’écrivain londonien Charles Williams, très admiré par Lewis, à Oxford, où il ne tarde pas à se faire une place parmi les Inklings. S’il entretient des relations tout à fait cordiales avec l’homme, Tolkien n’apprécie guère l’écrivain, dont les romans sont pétris de mysticisme et frôlent parfois la magie noire, ce qui ne peut que faire horreur à un catholique aussi persuadé de l’importance du mal que Tolkien. Celui-ci juge défavorablement l’influence de Williams sur l’œuvre de Lewis[47]. L’amitié de Tolkien et Lewis est également refroidie par le succès grandissant rencontré par Lewis en sa qualité d’apologiste chrétien, notamment grâce à ses émissions pour la BBC, qui font dire à Tolkien vers le milieu des années 1940 que Lewis est devenu « trop célèbre pour son goût ou les nôtres[48]. ».
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+ En 1945, Tolkien devient professeur de langue et de littérature anglaises à Merton, poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite. À Pembroke, c’est un autre Inkling qui lui succède comme professeur de vieil anglais : Charles Wrenn. Les réunions du jeudi des Inklings se font de plus en plus rares après la mort de Williams et la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour cesser définitivement en 1949[49]. Les relations entre Tolkien et Lewis sont de plus en plus distantes, et le départ de ce dernier pour Cambridge en 1954, et son mariage avec Joy Davidman, une Américaine divorcée, en 1957, n’arrangent pas les choses[50]. Tolkien est toutefois très choqué par la mort de C. S. Lewis en 1963, qu’il compare à « un coup de hache porté aux racines[51]. »
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+ Tolkien achève Le Seigneur des anneaux en 1948, après une décennie de travail. Le livre est publié en trois volumes en 1954-1955 et rencontre un grand succès dès sa publication, faisant l’objet d’une adaptation radiophonique dès 1955[52]. Si le succès de son œuvre le met définitivement à l’abri du besoin, Tolkien reste un homme économe et généreux, ne s’autorisant guère d’excentricités[53].
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+ Tolkien prend sa retraite universitaire en 1959. Dans les années qui suivent, il acquiert une célébrité croissante en tant qu’écrivain. Il écrit tout d’abord des réponses enthousiastes à ses lecteurs, mais devient de plus en plus méfiant devant l’émergence de communautés de fans, notamment au sein du mouvement hippie aux États-Unis, où le livre devient un best-seller après la parution chez Ace Books d’une édition au format poche non autorisée en 1965 ; la querelle judiciaire qui s’ensuit offre encore une publicité supplémentaire au nom de Tolkien[54]. Dans une lettre de 1972, il déplore être devenu un objet de culte, mais admet que « même le nez d’une idole très modeste […] ne peut demeurer totalement insensible aux chatouillements de la douce odeur de l’encens[55] ! » Toutefois, les lecteurs enthousiastes se font de plus en plus pressants, et en 1968, lui et sa femme déménagent pour plus de tranquillité à Bournemouth, une ville balnéaire de la côte sud de l’Angleterre.
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+ Le travail sur Le Silmarillion occupe en pointillés les deux dernières décennies de la vie de Tolkien, sans qu’il parvienne à l'achever. Les lecteurs du Seigneur des anneaux attendent avec impatience cette suite promise, mais ils doivent se contenter du recueil de poèmes Les Aventures de Tom Bombadil (1962) et du conte Smith de Grand Wootton (1967). Durant la même période, Tolkien participe également à la traduction de la Bible de Jérusalem, publiée en 1966 : outre un travail de relecture, il en traduit le Livre de Jonas[56].
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+ Edith Tolkien meurt le 29 novembre 1971 à l’âge de 82 ans et est enterrée au cimetière de Wolvercote, dans la banlieue nord d’Oxford. Son mari fait graver sur sa tombe le nom « Lúthien », en référence à une histoire de son légendaire qui lui avait été en partie inspirée par la vision d’Edith dansant dans les bois, en 1917[57].
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+ Après le décès de sa femme, Tolkien revient passer les dernières années de sa vie à Oxford : il est logé gracieusement par son ancien college de Merton dans un appartement sur Merton Street. Le 28 mars 1972, il est fait commandeur de l’ordre de l’Empire britannique par la reine Élisabeth II[58]. Lors d’une visite chez des amis à Bournemouth, fin août 1973, il se sent mal : il meurt à l’hôpital le 2 septembre 1973, à l’âge de 81 ans. « Beren » est inscrit sous son nom sur la tombe qu’il partage avec Edith[59].
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81
+ Après avoir été baptisé au sein de l’Église d’Angleterre, Tolkien est éduqué dans la foi catholique par sa mère après sa conversion en 1900. Sa mort prématurée a une profonde influence sur son fils. Humphrey Carpenter suggère ainsi qu’il a pu trouver dans la religion une sorte de réconfort moral et spirituel[60]. Il reste fidèle à sa foi sa vie durant, et celle-ci joue un rôle important dans la conversion de son ami C. S. Lewis, alors athée, au christianisme — bien qu’il choisisse de retourner à la foi anglicane, au grand désarroi de Tolkien[61].
82
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+ Les réformes du concile Vatican II suscitent en lui des avis partagés. S’il approuve en théorie les évolutions œcuméniques apportées par ces réformes, il regrette amèrement l’abandon du latin dans la messe. Son petit-fils Simon rapporte ainsi qu’à la messe, son grand-père mit un point d’honneur à faire ses réponses en latin, et très bruyamment, au milieu des fidèles qui répondaient en anglais[62]. Clyde Kilby rappelle quant à lui le désarroi de Tolkien constatant, pendant la célébration d'une messe dans le nouveau rite, la diminution drastique du nombre de génuflexions, et son départ dépité de l'église[63].
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+ Tolkien est essentiellement conservateur dans ses opinions politiques, au sens où il favorise les conventions établies et l’orthodoxie et non l’innovation et la modernisation. En 1943, il écrit à son fils Christopher : « Mes opinions politiques penchent de plus en plus vers l’Anarchie (au sens philosophique, désignant l’abolition du contrôle, non pas des hommes moustachus avec des bombes) — ou vers la Monarchie « non constitutionnelle »[64]. » En 1956, il explique ne pas être démocrate « uniquement parce que « l’humilité » et l’égalité sont des principes spirituels corrompus par la tentative de les mécaniser et de les formaliser, ce qui a pour conséquence de nous donner, non modestie et humilité universelles, mais grandeur et orgueil universels[65]. »
86
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87
+ S’il aime l’Angleterre — « non la Grande-Bretagne et certainement pas le Commonwealth (grr !)[66] » —, Tolkien n’est cependant pas un patriote aveugle. Durant la Seconde Guerre mondiale, il fustige la propagande britannique relayée par les journaux, notamment un article « appelant solennellement à l’extermination systématique du peuple allemand tout entier comme la seule mesure adéquate après la victoire militaire[67] ». Après la fin de la guerre en Europe, il s’inquiète de « l’impérialisme britannique ou américain en Extrême-Orient », affirmant : « j’ai peur de ne pas être animé par la moindre étincelle de patriotisme dans cette guerre qui se poursuit. Pour elle je ne donnerais pas un penny, encore moins un fils, si j’étais un homme libre[68]. »
88
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89
+ Durant la guerre d’Espagne, Tolkien exprime en privé son soutien au camp nationaliste en apprenant de Roy Campbell que les escadrons de la mort soviétiques se livrent à des destructions d’églises et au massacre de prêtres et de religieuses[69]. À une époque où de nombreux intellectuels occidentaux admirent Joseph Staline, Tolkien ne cache pas son mépris pour « ce vieux meurtrier sanguinaire », ainsi qu’il l’appelle dans une lettre à son fils Christopher en 1944[70]. Il s’oppose néanmoins avec virulence à une interprétation du Seigneur des anneaux comme une parabole anticommuniste, et dans laquelle Sauron correspondrait à Staline : « une allégorie de ce genre est totalement étrangère à ma façon de penser », écrit-il[71].
90
+
91
+ Avant la Seconde Guerre mondiale, Tolkien exprime son opposition à Adolf Hitler et au régime nazi. Dans son roman inachevé La Route perdue et autres textes, écrit vers 1936-1937, la situation de l’île de Númenor sous le joug de Sauron peu avant sa submersion présente des points communs avec l'Allemagne de cette époque, comme le souligne Christopher Tolkien : « la disparition inexpliquée de gens impopulaires auprès du « gouvernement », les informateurs, les prisons, la torture, le secret, la crainte de la nuit ; la propagande sous forme de « révisionnisme historique », la prolifération des armes de guerre, à des fins indéterminées mais entrevues[72]. »
92
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+ En 1938, la maison d’édition Rütten & Loening, qui prépare une traduction du Hobbit en allemand, écrit à Tolkien pour lui demander s’il est d’origine aryenne. Outré, celui-ci écrit à son éditeur Stanley Unwin une lettre où il condamne les « lois démentes » du régime nazi et l’antisémitisme comme une chose « totalement pernicieuse et non scientifique » ; il se déclare par la suite disposé à « laisser en plan toute traduction allemande »[73]. Tolkien envoie à Unwin deux réponses possibles à transmettre à Rütten & Loening. Dans celle qui n’a pas été envoyée, il pointe le mauvais usage fait par les nazis du terme « aryen » (linguistique à l’origine) et ajoute :
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+ « Mais si je suis supposé comprendre que vous voulez savoir si je suis d’origine juive, je ne peux que répondre que je regrette de ne pouvoir apparemment compter parmi mes ancêtres personne de ce peuple si doué. Mon arrière-arrière-grand-père quitta l’Allemagne pour l’Angleterre au XVIIIe siècle : la majeure partie de mon ascendance est donc de souche anglaise, et je suis un sujet anglais — ce qui devrait vous suffire. J’ai été néanmoins habitué à regarder mon nom allemand avec fierté, même tout au long de la dernière et regrettable guerre, au cours de laquelle j’ai servi dans l’armée anglaise. Je ne peux cependant m’empêcher de faire remarquer que si des requêtes de cette sorte, impertinentes et déplacées, doivent devenir la règle en matière de littérature, alors il n’y a pas loin à ce qu’un nom allemand cesse d’être une source de fierté[74]. »
96
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97
+ En 1941, dans une lettre à son fils Michael, il exprime son ressentiment à l’égard d’Hitler, « ce petit ignorant rougeaud […] [r]uinant, pervertissant, détournant et rendant à jamais maudit ce noble esprit du Nord, contribution suprême à l’Europe, que j’ai toujours aimé et essayé de présenter sous son vrai jour[75] ». Après la guerre, en 1968, il s’oppose à une description de la Terre du Milieu comme un monde « nordique », expliquant qu’il n’aime pas ce mot en raison de son association à des théories racistes[76].
98
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+ La question du racisme ou du racialisme supposé de Tolkien lui-même ou de certains éléments de ses œuvres a donné lieu à un débat universitaire[77]. Christine Chism distingue trois catégories d’accusations de racisme portées à l’encontre de Tolkien ou de son œuvre : un racisme conscient, une tendance eurocentrique inconsciente, et un racisme latent dans ses premiers écrits ayant évolué vers un rejet conscient de la chose dans ses œuvres ultérieures[78].
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+ La plupart des accusations de racisme portent sur Le Seigneur des anneaux et peuvent se résumer par cette phrase de John Yatt : « Les hommes blancs sont bons, les hommes « noirs » sont mauvais, les orques sont pires que tout[79] ». Chris Henning affirme même que « tout l’attrait du Seigneur des anneaux réside dans le fait que c’est un ouvrage fondamentalement raciste ». Cette idée a été reprise par des auteurs comme Isabelle Smadja dans Le Seigneur des anneaux ou la tentation du mal (2002), un ouvrage critiqué pour son manque de rigueur scientifique et pour n’avoir pas tenu compte du reste de l’œuvre de Tolkien[80]. Plusieurs accusations de racisme à l’encontre du Seigneur des anneaux portent également sur les adaptations de Peter Jackson, où les Suderons sont présentés coiffés de turbans et avec une apparence orientale, ce qui a parfois été considéré tendancieux dans un contexte post-11 Septembre[81].
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+ En 1944, Tolkien écrit à son fils Christopher, alors en Afrique du Sud avec la Royal Air Force : « Quant à ce que tu dis ou laisses entendre de la situation « locale », j’en avais entendu parler. Je ne pense pas qu’elle ait beaucoup changé (même en pire). J’en entendais régulièrement parler par ma mère, et ai pris depuis ce temps un intérêt particulier pour cette partie du monde. La façon dont sont traités les gens de couleur horrifie pratiquement toujours ceux qui quittent la Grande-Bretagne, et pas seulement en Afrique du Sud. Malheureusement, peu retiennent très longtemps ce sentiment généreux[82]. » Il condamne publiquement la politique d’apartheid en Afrique du Sud dans son discours d’adieu à l’université d’Oxford, en 1959[83].
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+ Tolkien aime beaucoup la nature : sa correspondance et ses illustrations témoignent du plaisir qu'il tire à contempler les fleurs ou les oiseaux, et surtout les arbres. Sa dernière photographie, prise en août 1973 par son fils Michael, le montre appuyé au tronc d'un pin noir du jardin botanique de l'université d'Oxford qu'il aime particulièrement[84]. Cet amour de la nature se reflète dans son œuvre, notamment avec les Ents du Seigneur des anneaux, les « bergers des arbres » qui partent en guerre contre Saruman, « un ennemi aimant la machine »[85], ou les Deux Arbres qui éclairent le Valinor dans Le Silmarillion. Le symbolisme de l'arbre est également au cœur de l'histoire courte Feuille, de Niggle, inspirée par les efforts véhéments (et couronnés de succès) d'une voisine de Tolkien pour que le vieux peuplier poussant devant chez elle soit abattu[86],[87].
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+ Les effets de l'industrialisation déplaisent fortement à Tolkien, notamment dans leur invasion des paysages ruraux de l'Angleterre : en 1933, il est bouleversé de ne presque rien reconnaître des lieux de son enfance lorsqu'il passe par l'ancien hameau de Sarehole, rattrapé par la croissance de la zone urbaine de Birmingham. Les brouillons de son essai Du conte de fées contiennent plusieurs passages désapprobateurs à l'égard des aéroplanes et des automobiles. Il ne se coupe pas pour autant du monde moderne : il possède même une voiture dans les années 1930, et s'il finit par l'abandonner, ce n’est que lorsque la Seconde Guerre mondiale entraîne un rationnement de l’essence. Toutefois, dans les années 1950, il s'oppose violemment à un projet de contournement routier d'Oxford qui entraînerait la destruction de nombreux monuments[88].
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+ L’une des principales influences de Tolkien est l’auteur anglais William Morris, membre du mouvement Arts & Crafts[89]. Dès 1914, Tolkien émet le désir d’imiter ses romances au style archaïsant, entrecoupées de poèmes[90], et entame la rédaction d’une histoire de Kullervo que son biographe Humphrey Carpenter décrit comme « guère plus qu’un pastiche de Morris[91] ». Le roman de Morris The House of the Wolfings, paru en 1888, prend place dans la forêt de Mirkwood, nom d’origine médiévale également repris dans Le Hobbit[92], et Tolkien avoue la « grande dette » qu’ont les paysages des marais des Morts dans Le Seigneur des anneaux envers The House of the Wolfings et The Roots of the Mountains, paru en 1889[93]. La Source au bout du monde, autre roman de Morris, contient un personnage de roi maléfique nommé Gandolf ainsi qu'un cheval blanc très rapide à la course nommé Silverfax, qui ont pu influencer les noms respectifs du magicien Gandalf et de Shadowfax dans Le Seigneur des Anneaux[94]. Cependant, l'influence principale de Morris sur Tolkien est à rechercher dans un goût commun pour l'Europe du Nord médiévale, les archaïsmes de style, une conception proche du destin et de la quête menant le héros vers des univers enchantés. Anne Besson note que Tolkien ne pousse pas aussi loin que Morris le recours aux mots anglais archaïques, ce qui rend son style moins artificiel et plus accessible que celui de son prédécesseur[95].
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+ De nombreux critiques se sont penchés sur les ressemblances entre l’œuvre de Tolkien et les romans d’aventures de H. Rider Haggard, principalement Les Mines du roi Salomon (1885) et Elle (1887). Ce dernier présente une cité en ruine nommée Kôr, un nom repris tel quel par Tolkien dans les premières versions du Silmarillion, et la reine Ayesha, qui donne son titre au roman, évoque plusieurs aspects de Galadriel. Dans Les Mines du roi Salomon, la bataille finale et le personnage de Gagool rappellent la bataille des Cinq Armées et le personnage de Gollum dans Le Hobbit[96].
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113
+ Les Hobbits, l’une des créations les plus fameuses de Tolkien, ont été en partie inspirés par les Snergs du roman d’Edward Wyke-Smith The Marvellous Land of the Snergs, paru en 1924. Ce sont des créatures humanoïdes de petite taille, aimant particulièrement la nourriture et les fêtes. Concernant le nom « hobbit », Tolkien suggère également une possible influence inconsciente du roman satirique de Sinclair Lewis Babbitt, paru en 1922, dont le héros éponyme possède « la même suffisance bourgeoise que les hobbits[97] ».
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+ Une influence majeure de Tolkien est la littérature, la poésie et la mythologie germaniques, notamment anglo-saxonnes, son domaine d’expertise. Parmi ces sources d’inspiration, le poème anglo-saxon Beowulf, les sagas norroises comme la Völsunga saga ou la Hervarar saga, l’Edda en prose et l’Edda poétique, le Nibelungenlied et bien d’autres œuvres liées en sont les principales[98].
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+ Malgré les ressemblances de son œuvre avec la Völsunga saga et le Nibelungenlied, qui servirent de base à la tétralogie de Richard Wagner, Tolkien refuse toute comparaison directe avec le compositeur allemand[99], affirmant que « Ces deux anneaux [l’Anneau unique et l’Anneau des Nibelungen] sont ronds, et c’est là leur seule ressemblance[100] ». Toutefois, certains critiques estiment que Tolkien doit en fait à Wagner des éléments comme le mal inhérent à l’Anneau et son pouvoir corrupteur, deux éléments absents des légendes originales, mais centraux dans l’opéra de Wagner[101]. D’autres vont plus loin et estiment que Le Seigneur des anneaux « se trouve dans l’ombre du plus monumental encore Anneau du Nibelung de Wagner[102] ».
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119
+ Tolkien est « formidablement attiré[103] » par le Kalevala finnois lorsqu’il le découvre, vers 1910[104]. Quelques années plus tard, l’un de ses premiers écrits est une tentative de réécrire l’histoire de Kullervo[91], dont plusieurs caractéristiques se retrouvent par la suite dans le personnage de Túrin, héros malheureux des Enfants de Húrin. Plus généralement, le rôle important de la musique et ses liens avec la magie sont un élément du Kalevala également présent dans l’œuvre de Tolkien[105].
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+ Tolkien connaît bien le mythe arthurien, notamment le poème moyen anglais du XIVe siècle Sire Gauvain et le Chevalier vert, qu’il a édité, traduit et commenté. Toutefois, il n’apprécie pas ce corps de légendes outre mesure : « trop extravagant, fantastique, incohérent, répétitif » à son goût pour pouvoir constituer une véritable « mythologie de l’Angleterre[104] ». Cela n’empêche pas des motifs et échos arthuriens d’apparaître de manière diffuse dans Le Seigneur des anneaux, le plus évident étant la ressemblance entre les tandems Gandalf-Aragorn et Merlin-Arthur[106]. Plus généralement, des parallèles apparaissent entre les mythes celtes et gallois et l’œuvre de Tolkien, par exemple entre l’histoire de Beren et Lúthien et Culhwch ac Olwen, un récit du Mabinogion gallois[107].
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+ La théologie et l’imagerie catholiques ont participé à l’élaboration des mondes de Tolkien, comme il le reconnaît lui-même :
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+ « Le Seigneur des anneaux est bien entendu une œuvre fondamentalement religieuse et catholique ; de manière inconsciente dans un premier temps, puis de manière consciente lorsque je l’ai retravaillée. C’est pour cette raison que je n’ai pratiquement pas ajouté, ou que j’ai supprimé les références à ce qui s’approcherait d’une « religion », à des cultes et à des coutumes, dans ce monde imaginaire. Car l’élément religieux est absorbé dans l’histoire et dans le symbolisme[108]. »
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+ En particulier, Paul H. Kocher affirme que Tolkien décrit le mal de la façon orthodoxe pour un catholique : comme l’absence de bien. Il cite de nombreux exemples dans Le Seigneur des anneaux, comme « l’œil sans paupière » de Sauron : « la fente noire de la pupille ouvrait sur un puits, fenêtre ne donnant sur rien[109] ». Selon Kocher, la source de Tolkien est Thomas d’Aquin, « dont il est raisonnable de supposer que Tolkien, médiéviste et catholique, connaissait bien l’œuvre[110] ». Tom Shippey défend la même idée, mais, plutôt que Thomas d’Aquin, il estime que Tolkien était familier avec la traduction de la Consolation de la philosophie de Boèce réalisée par Alfred le Grand, également appelée Mètres de Boèce. Shippey soutient que la formulation la plus claire du point de vue chrétien sur le mal est celle de Boèce : « le mal n’est rien ». Le corollaire selon lequel le mal ne peut créer est à la base de la remarque de Frodon : « l’Ombre qui les a produits peut seulement imiter, elle ne peut fabriquer : pas de choses vraiment nouvelles, qui lui soient propres[111] » ; Shippey pointe des remarques similaires faites par Sylvebarbe et Elrond et poursuit en affirmant que dans Le Seigneur des anneaux, le mal apparaît parfois comme une force indépendante, non comme la simple absence de bien, et suggère que les ajouts d’Alfred à sa traduction de Boèce sont peut-être à l’origine de ce point de vue[112]. Par ailleurs, Tolkien appréciant beaucoup les Contes de Canterbury de Chaucer, il est possible qu'il ait eu connaissance de la traduction que celui-ci avait faite de La Consolation de Philosophie en moyen anglais.
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+ Certains commentateurs ont également rapproché Tolkien de G. K. Chesterton, autre écrivain anglais catholique utilisant le merveilleux et le monde des fées comme allégories ou symboles de valeurs et de croyances religieuses. Tolkien connaît bien l’œuvre de Chesterton, mais il est difficile de dire s’il a vraiment constitué une de ses influences[113].
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131
+ Dans l’essai Du conte de fées, Tolkien explique que les contes de fées ont cette particularité d’être à la fois cohérents en eux-mêmes et avec quelques vérités du monde réel. Le christianisme lui-même suit ce modèle de cohérence interne et de vérité externe. Son amour des mythes et sa foi profonde se rejoignent dans son affirmation selon laquelle les mythologies sont un écho de la « Vérité » divine, point de vue développé dans le poème Mythopoeia[114]. Tolkien introduit également dans Du conte du fées le concept d'eucatastrophe, un retournement de situation heureux qui constitue selon lui l’un des fondements des contes et que l’on retrouve également dans Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux.
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+ Tolkien commence à rédiger des poèmes dans les années 1910. Il s’agit alors de sa principale forme d’expression, loin devant la prose. Ses vers sont le plus souvent inspirés par la nature, ou bien par des ouvrages qu’il étudie et apprécie, comme les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer ou Piers Plowman de William Langland[115]. Un trait caractéristique de ses poèmes de jeunesse est leur représentation des fées, d’inspiration victorienne : de petits êtres ailés vivant dans les prés et les bois. Par la suite, Tolkien renie cette image traditionnelle de la fée, et ses Elfes s’en détachent[116]. Néanmoins, le poème Goblin Feet (publié en 1915) connaît un succès honorable et est réédité dans plusieurs anthologies, au grand désespoir de son auteur pour qui il symbolise tout ce qu’il en est venu à détester au sujet des elfes[117]. Encouragé par ses amis du T.C.B.S., notamment par le « concile de Londres » de 1914, Tolkien envoie en 1916 un recueil de poèmes intitulé The Trumpets of Faery à la maison d’édition londonienne Sidgwick & Jackson, mais il est refusé[115].
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+ Après son retour de la guerre, Tolkien délaisse quelque peu les vers pour se consacrer à la rédaction des Contes perdus, en prose. Il continue toutefois à publier des poèmes dans diverses revues au cours des années 1920 et 1930[115]. Durant son séjour à Leeds, il entreprend de relater en vers allitératifs l’histoire de Túrin Turambar. Cet effort reste inachevé : Tolkien l’abandonne en 1925, après avoir rédigé un peu plus de 800 vers, pour se consacrer au Lai de Leithian, qui relate l’histoire d’amour de Beren et Lúthien en distiques octosyllabiques. Tolkien travaille sur le Lai pendant sept ans avant de l’abandonner à son tour en 1931, au vers 4 175, malgré les commentaires approbateurs de son ami C. S. Lewis[118]. Les années 1930 le voient s’essayer à de longs poèmes sur la mythologie nordique (les deux lais publiés en 2009 sous le titre La Légende de Sigurd et Gudrún et The Lay of Aotrou and Itroun publié en 2016) ou la légende arthurienne (l’inachevé La Chute d'Arthur, publié en 2013).
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+ Les œuvres les plus connues de Tolkien, Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux, contiennent de nombreux poèmes, décrits par Tolkien comme « partie intégrante du récit (et de la représentation des personnages[119]) », mais qui laissent souvent les critiques circonspects. Le recueil de poèmes Les Aventures de Tom Bombadil (1962), composé en grande partie de versions remaniées de poèmes écrits et publiés dans les années 1920-1930, n’attire guère l’attention, mais il est dans l’ensemble bien accueilli par la presse et par le public[120].
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+ Dans les années 1920, Tolkien commence à inventer des histoires pour distraire ses enfants. Bon nombre d’entre elles, comme celles du bandit Bill Stickers (littéralement « colleurs d’affiches ») et son ennemi juré, le Major Road Ahead (littéralement « croisement avec une grande route »), dont les noms s’inspirent de panneaux croisés dans la rue, ne sont cependant jamais couchées sur le papier[121]. D’autres le sont, notamment Roverandom, écrit pour consoler le petit Michael qui avait perdu son jouet préféré, Monsieur Merveille, qui relate les mésaventures du héros éponyme avec son automobile, ou Le Fermier Gilles de Ham, qui acquiert un ton plus adulte au fil des réécritures[122]. En outre, Tolkien écrit chaque année entre 1920 et 1942 une lettre illustrée censée venir du père Noël à ses enfants ; un recueil de ces Lettres du Père Noël a été édité en 1976.
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141
+ Le plus célèbre des livres pour la jeunesse de Tolkien, Le Hobbit, est également issu d’un conte imaginé par Tolkien pour ses enfants. À sa publication, en 1937, il reçoit un excellent accueil de la critique comme du public, est nommé pour la Carnegie Medal et remporte un prix décerné par le New York Herald Tribune. Il est toujours considéré comme un classique de la littérature enfantine[123]. Toutefois, quelques années plus tard, Tolkien pose un regard critique sur son livre, regrettant de s’être parfois laissé aller à un ton trop puéril. « Les enfants intelligents possédant un goût sûr (il semble y en avoir un certain nombre) ont toujours distingué comme des faiblesses, je suis heureux de le dire, les moments où le récit s’adresse directement aux enfants[124]. »
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+ Après le succès du Hobbit, l’éditeur de Tolkien, Stanley Unwin, le presse d’écrire une suite. Incertain, Tolkien commence par lui proposer un ouvrage très différent: Le Silmarillion, un recueil de légendes mythologiques imaginaires sur lequel il travaille depuis près de vingt ans[125].
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+ C’est en effet vers 1916-1917 que débute la rédaction de la première mouture des légendes du Silmarillion, Le Livre des contes perdus. Il s’agit alors d’un ensemble d’histoires racontées à Eriol, un marin danois du Ve siècle de notre ère, par les elfes de l’île de Tol Eressëa, située loin à l’Ouest. L’idée de Tolkien est alors de créer « une mythologie pour l’Angleterre » : la fin des Contes perdus, jamais rédigée, devait voir l’île de Tol Eressëa, brisée en deux, devenir la Grande-Bretagne et l’Irlande. Les elfes auraient progressivement disparu de leur ancien pays, et les chefs anglo-saxons semi-légendaires Hengist et Horsa se seraient avérés être les fils d’Eriol. Tolkien abandonne assez tôt ce projet ambitieux de « mythologie anglaise », mais il retient l’idée du marin humain servant de moyen de transmission des légendes elfiques : ce rôle est par la suite attribué à Ælfwine, un marin anglais du XIe siècle[126]. Après s'être essayé à la forme poétique dans les années 1920 avec Lai des Enfants de Húrin, puis du Lai de Leithian, Tolkien retourne à la prose dans les années 1930 et rédige un ensemble de textes qui développe son légendaire : le mythe cosmogonique de l’Ainulindalë, deux ensembles d’annales, des précis sur l’histoire des langues (Lhammas) et la géographie du monde (Ambarkanta). Au cœur de l’ensemble se trouve la Quenta Noldorinwa ou « Histoire des Noldoli », qui prend ensuite le nom de Quenta Silmarillion[127].
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+ Ces textes reçoivent un accueil pour le moins circonspect de la part d’Allen & Unwin. Dès décembre 1937, Tolkien entreprend donc la rédaction d’une véritable suite au Hobbit. Il lui faut près de douze années pour terminer Le Seigneur des anneaux, un roman qui a presque totalement perdu le ton enfantin de son prédécesseur en se rapprochant du ton épique et noble du Silmarillion. À sa publication, en 1954-1955, le roman reçoit un accueil varié de la part de la critique[128], mais le public le plébiscite, notamment aux États-Unis après sa parution au format poche dans les années 1960. Sa popularité n’a jamais failli depuis : traduit dans une quarantaine de langues, il a été le sujet d’innombrables articles et ouvrages d’analyse et est sorti vainqueur de nombreux sondages réalisés auprès du public[129].
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+ Le succès du Seigneur des anneaux assure à Tolkien que son Silmarillion, désormais très attendu, sera publié, mais il lui faut encore l’achever. L’auteur passe les vingt dernières années de sa vie à travailler en ce sens, mais la tâche se révèle ardue et il ne parvient pas à l’accomplir, victime de ses hésitations et de la simple quantité de travail de réécriture et de correction à fournir pour le rendre cohérent avec les profondes modifications apportées par Le Seigneur des anneaux[130]. Qui plus est, il se laisse fréquemment distraire en rédigeant des textes sur des points de détail en négligeant la trame principale : « La sous-création en elle-même était devenue un passe-temps qui apportait sa propre récompense, indépendamment du désir d’être édité[131]. »
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+ Le Silmarillion est toujours inachevé à la mort de Tolkien, en 1973. Il a fait de son troisième fils, Christopher, son exécuteur littéraire : il lui revient de procéder à l’édition de cet ouvrage. Il y travaille pendant près de quatre ans avec l’aide de Guy Gavriel Kay et réorganise les écrits hétéroclites et parfois divergents de son père sous la forme d’un texte continu, sans narrateur externe. Le Silmarillion paraît en 1977 et reçoit des critiques très variées : beaucoup jugent négativement son style archaïsant, son absence d’intrigue continue et son grand nombre de personnages[132].
152
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+ Christopher Tolkien poursuit sa tâche éditoriale jusqu'à sa mort en 2020, tout d’abord avec Contes et légendes inachevés (1980), une compilation de divers textes postérieurs au Seigneur des anneaux, de nature essentiellement narrative, puis avec les douze volumes de l’Histoire de la Terre du Milieu (1983-1996), une étude « longitudinale » des textes de son père ayant servi à l’élaboration du Silmarillion, ainsi que des brouillons du Seigneur des anneaux et d’autres écrits inédits. Les brouillons du Hobbit, laissés volontairement de côté par Christopher Tolkien durant l’élaboration de l’Histoire de la Terre du Milieu, ont été publiés à leur tour en 2007 par John D. Rateliff dans les deux volumes de The History of The Hobbit.
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+ Dans les années 2000 et 2010, Christopher Tolkien édite six ouvrages supplémentaires de son père. Trois d'entre eux se penchent sur les « Grands Contes » du Silmarillion : il s'agit des Enfants de Húrin (2007), Beren et Lúthien (2017) et La Chute de Gondolin (2018). Si le premier constitue une version « indépendante, à part entière[133] » de l’histoire de Túrin telle que Tolkien l'avait rédigée dans les années 1950, les deux autres se présentent comme des recueils de toutes les versions des récits concernés rédigés par Tolkien au cours de sa vie, de l'époque des Contes perdus jusqu'à sa mort, qu'elles soient achevées ou non. Les trois autres nouveaux livres de Tolkien parus durant cette période ne concernent pas la Terre du Milieu : La Légende de Sigurd et Gudrún (2009), deux longs poèmes inspirés de la mythologie nordique[134], La Chute d'Arthur (2013), une relecture du mythe arthurien, et L'Histoire de Kullervo (2015), œuvre de jeunesse qui reprend un épisode du Kalevala (2015)[135].
156
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157
+ Tolkien commence à dessiner et à peindre des aquarelles dans son enfance, une activité qu’il ne délaisse jamais totalement, bien que ses autres obligations ne lui laissent guère le loisir de s’y consacrer et qu’il se considère lui-même comme un artiste médiocre. Dessiner des personnages n’est pas son point fort, et la plupart de ses œuvres représentent donc des paysages, réels ou (à partir des années 1920) imaginaires, inspirés par ses lectures (le Kalevala, Beowulf) ou la mythologie naissante du Silmarillion. En vieillissant, il délaisse en partie l’art figuratif au profit de motifs ornementaux, où l’on retrouve fréquemment la figure de l’arbre, qu’il griffonne sur des enveloppes ou des journaux[136].
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+ Les récits qu’il imagine pour ses enfants sont également abondamment illustrés, qu’il s’agisse des Lettres du Père Noël, de Roverandom ou du Hobbit. Lorsque ce dernier est publié, il inclut quinze illustrations en noir et blanc de Tolkien (dont deux cartes), qui réalise également la jaquette du livre. L’édition américaine comprend cinq illustrations supplémentaires en couleur. En revanche, Le Seigneur des anneaux, livre coûteux à produire, n’inclut aucune illustration de Tolkien. Trois recueils d’illustrations de Tolkien ont été publiés après sa mort : Peintures et aquarelles de J. R. R. Tolkien (1979), édité par Christopher Tolkien ; J. R. R. Tolkien : artiste et illustrateur (1995), plus complet, édité par Wayne G. Hammond et Christina Scull[137] ; et enfin The Art of the Hobbit (2011), reprenant des illustrations relatives au Hobbit déjà publiées dans les deux ouvrages précédents, ainsi que plusieurs dessins et esquisses inédits[138].
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161
+ « Tolkien a redonné vie à la fantasy ; il l’a rendue respectable ; il a fait naître un goût pour elle chez les lecteurs comme chez les éditeurs ; il a ramené les contes de fées et les mythes des marges de la littérature ; il a « élevé le niveau » pour les auteurs de fantasy. Son influence est si puissante et omniprésente que pour bien des auteurs, la difficulté n’a pas été de le suivre, mais de s’en dégager, de trouver leur propre voix […] Le monde de la Terre du Milieu, comme celui des contes de fées des frères Grimm au siècle précédent, est entré dans le mobilier mental du monde occidental[139]. »
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+
163
+ — Tom Shippey
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+ Tom Shippey résume l’influence de Tolkien sur la littérature en disant qu’« il a fondé le genre de l’heroic fantasy sérieuse » : s’il n’est pas le premier auteur moderne du genre, il a marqué de son empreinte l’histoire de la fantasy grâce au succès commercial du Seigneur des anneaux, inégalé à l’époque. Ce succès donne lieu à l’émergence d’un nouveau marché dans lequel les éditeurs ne tardent pas à s’engouffrer, notamment l’Américain Ballantine Books (qui édite également Tolkien en poche aux États-Unis). Plusieurs cycles de fantasy publiés dans les années 1970 témoignent d’une forte influence de Tolkien, par exemple L’Épée de Shannara de Terry Brooks (1977), dont l’histoire est très proche de celle du Seigneur des anneaux, ou Les Chroniques de Thomas Covenant de Stephen R. Donaldson, dont l’univers de fiction rappelle la Terre du Milieu. À l’inverse, d’autres auteurs se définissent par opposition à Tolkien et aux idées qu’il leur semble véhiculer, comme Michael Moorcock (qui le fustige dans son article Epic Pooh) ou Philip Pullman, mais comme le souligne Shippey, ils doivent eux aussi leur succès à celui rencontré par Tolkien[140]. En 2008, le Times classe Tolkien en sixième position d’une liste des « 50 plus grands écrivains britanniques depuis 1945[141] ».
166
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167
+ En 2012, les archives de l'Académie suédoise révèlent que Tolkien faisait partie de la cinquantaine d'auteurs en lice pour le Prix Nobel de littérature en 1961. La candidature de Tolkien, proposée par son ami C. S. Lewis, est rejetée par le comité des Nobel : l'académicien Anders Österling écrit que Le Seigneur des anneaux « n'est en aucun cas de la grande littérature ». Le prix revient au Yougoslave Ivo Andrić[142].
168
+
169
+ Dans le domaine des sciences, plus de 80 taxons ont été nommés en référence à des personnages ou d'autres éléments de l'univers de fiction de Tolkien[143]. L'Homme de Florès, hominidé découvert en 2003, est fréquemment surnommé « hobbit » en raison de sa petite taille. L'astéroïde (2675) Tolkien, découvert en 1982, est également baptisé en l'honneur de l'écrivain.
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+ Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux ont été l'objet de plusieurs adaptations à la télévision et au cinéma, dont les plus célèbres sont les deux séries de trois films réalisées par Peter Jackson, Le Seigneur des anneaux (2001-2003) et Le Hobbit (2012-2014). En 2019 sort Tolkien, un film réalisé par Dome Karukoski qui retrace de manière romancée la jeunesse de l'écrivain qui est interprété par l'acteur anglais Nicholas Hoult.
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+ La Bibliothèque nationale de France consacre à son œuvre une exposition d'envergure du 22 octobre 2019 au 16 février 2020, intitulée « Tolkien, voyage en Terre du Milieu »[144],[145]. Cette exposition se place au premier rang de fréquentation de toutes les expositions de l'histoire de la BnF[146].
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+ La carrière académique de Tolkien, de même que sa production littéraire, sont inséparables de son amour des langues et de la philologie. À l’université, il se spécialise dans ce domaine et obtient son diplôme en 1915 avec le vieux norrois comme spécialité. Entre 1918 et 1920, il travaille pour l’Oxford English Dictionary et contribue à plusieurs entrées commençant par la lettre « W » ; par la suite, il déclare avoir « appris davantage au cours de ces deux années que durant aucune autre période équivalente de [s]on existence[147] ». En 1920, il devient professeur assistant (reader) de langue anglaise à l’université de Leeds, et se félicite d’y avoir fait passer le nombre d’étudiants en linguistique de cinq à vingt, soit davantage proportionnellement qu’à Oxford à la même date[148], soulignant que « la philologie semble avoir perdu pour ces étudiants sa connotation de terreur, sinon celle de mystère ». Il y donne des cours sur les poèmes héroïques en vieil-anglais, sur l’histoire de l’anglais, et sur divers textes en vieil et moyen anglais, ainsi que des introductions à la philologie germanique, au gotique, au vieux norrois et au gallois médiéval[149].
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+ Après son arrivée à Oxford, Tolkien s’implique dans la querelle séculaire opposant, au sein de la faculté d’anglais, linguistes (« Lang ») et littéraires (« Lit »). Il se désole de la situation qu’elle entraîne concernant les programmes : en effet, les règles phonologiques que doivent apprendre les étudiants en linguistique ne s’appuient pas sur l’étude même des textes en vieil et moyen anglais, dont la lecture n’est pas au programme, ce que Tolkien juge absurde. Il propose une refonte des programmes rendant optionnelle l’étude des écrivains du XIXe siècle, afin de laisser la place aux textes médiévaux[150]. Cette réforme des programmes fait l’objet de violentes oppositions, dont celle de C. S. Lewis lui-même au début, mais est finalement adoptée en 1931[151],[152]. Malgré une opposition croissante après 1945, les programmes conçus par Tolkien restent en vigueur jusqu’à sa retraite[153].
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+ Parmi ses travaux académiques, la conférence de 1936 Beowulf : Les Monstres et les Critiques a une influence déterminante sur l’étude du poème Beowulf[154]. Tolkien est parmi les premiers à considérer le texte comme une œuvre d’art en soi, digne d’être lue et étudiée en tant que telle, et non comme une simple mine d’informations historiques ou linguistiques à exploiter. Le consensus de l’époque rabaisse Beowulf en raison des combats contre des monstres qu’il met en scène et regrette que le poète ne parle pas des véritables conflits tribaux de l’époque ; pour Tolkien, l’auteur de Beowulf cherche à évoquer le destin de l’humanité tout entière, au-delà des luttes tribales, ce qui rend les monstres essentiels[155].
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+ En privé, Tolkien est attiré par « les faits possédant une signification raciale ou linguistique[156] », et dans sa conférence de 1955 L’Anglais et le Gallois, qui illustre sa vision des concepts de langue et de race, il développe des notions de « préférences linguistiques inhérentes », opposant « la première langue apprise, la langue de la coutume » à « la langue natale »[157]. Dans son cas, il considère le dialecte moyen anglais des West Midlands comme sa « langue natale », et comme il l’écrit à W. H. Auden : « Je suis des West Midlands par mon sang (et j’ai pris goût au haut moyen anglais des West Midlands comme langue connue dès que je l’ai vu)[158] ».
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+ Tolkien apprend dans son enfance le latin, le français et l’allemand, que lui enseigne sa mère. Durant sa scolarité, il apprend le latin et le grec, le vieil et le moyen anglais, et se passionne pour le gotique, le vieux norrois, le gallois, qu’il découvre dans son enfance à travers des noms inscrits à la craie sur les trains qui passent non loin de sa maison à Birmingham, ainsi que le finnois. Ses contributions à l’Oxford English Dictionary et les instructions laissées aux traducteurs du Seigneur des anneaux témoignent de connaissances plus ou moins étendues en danois, en lituanien, en moyen néerlandais et en néerlandais moderne, en norvégien, en vieux-slave, en russe, en proto-germanique, en vieux saxon, en vieux haut-allemand et en moyen bas allemand[159].
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+ Tolkien s’intéresse également à l’espéranto, alors jeune langue internationale, née peu avant lui. Il déclare en 1932 : « J’ai de la sympathie en particulier pour les revendications de l’espéranto […] mais la principale raison de le soutenir me semble reposer sur le fait qu’il a déjà acquis la première place, qu’il a reçu le plus large accueil[160] ». Cependant, il nuance ultérieurement son propos dans une lettre de 1956 ; selon lui, « le volapük, l’espéranto, le novial, etc., sont des langues mortes, bien plus mortes que des langues anciennes que l’on ne parle plus, parce que leurs auteurs n’ont jamais inventé aucune légende espéranto[161] ».
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+ En parallèle à ses travaux professionnels, et parfois même à leur détriment (au point que ses publications académiques restent assez peu nombreuses), Tolkien se passionne pour les langues construites. Amoureux des mots au-delà de son métier, il a une passion qu’il appelle son « vice secret » : la construction pure et simple de tout un vocabulaire imaginaire, avec son lot de notes étymologiques et de grammaires fictives. Pas moins d’une dizaine de langues construites figurent dans Le Seigneur des anneaux, au travers des toponymes ou des noms des personnages, de brèves allusions discursives ou de chants et de poèmes. L’ensemble participe à la vraisemblance du récit, chacun des peuples de la Terre du Milieu ayant ses traditions, son histoire et ses langues[162].
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+ Tolkien aborde sa conception personnelle des langues construites dans son essai Un vice secret, issu d’une conférence donnée en 1931[163]. La composition d’une langue, pour lui, relève d’un désir esthétique et euphonique, participant d’une satisfaction intellectuelle et d’une « symphonie intime ». Il dit avoir commencé à inventer ses propres langues vers l’âge de 15 ans, et son métier de philologue n’est qu’un des reflets de sa passion profonde pour les langues. S’il considère avant tout l’invention d’une langue comme une forme d’art à part entière, il ne conçoit pas qu’elle puisse exister sans avoir une « mythologie » propre, à savoir un ensemble d’histoires et de légendes accompagnant son évolution, comme le montre sa remarque sur l’espéranto. Il commence à concevoir ses langues avant la rédaction des premières légendes[103]. Considérant qu’il existe un lien fondamental entre une langue et la tradition qu’elle exprime, il est naturellement amené à concevoir son propre legendarium dans lequel s’inscrivent ses langues[161] : il affirme ironiquement n’avoir écrit Le Seigneur des anneaux que dans le but d’avoir un cadre rendant naturelle une formule de salutation elfique de sa composition[164].
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+ Tolkien travaille durant toute sa vie sur ses langues construites sans jamais véritablement les achever. Son plaisir se trouve davantage dans la création linguistique que dans le but d’en faire des langues utilisables[165]. Si deux d’entre elles (le quenya et le sindarin) sont relativement développées, avec un vocabulaire de plus de 2 000 mots et une grammaire plus ou moins définie, beaucoup d’autres auxquelles il fait allusion dans ses écrits sont tout juste esquissées. Ces diverses langues sont néanmoins construites sur des bases linguistiques sérieuses, avec une volonté de respecter le modèle des langues naturelles. Par exemple, le khuzdul, langue des Nains, et l’adûnaic, langue des hommes de Númenor, ressemblent par certains aspects aux langues sémitiques[166], en particulier dans leur structure trilitère ou dans la présence de procédés comme la mimation. Si le quenya des Hauts-Elfes est une langue à flexions (comme le grec et le latin), son vocabulaire et sa phonologie sont conçus sur un modèle proche du finnois. Quant à la langue sindarine des Elfes Gris, elle s’inspire très librement du gallois[167] dans certains de ses aspects phonologiques, comme les mutations de consonnes initiales ou « lénitions ». Les langues de Tolkien ne sont pas pour autant de simples « copies » des langues naturelles et elles ont leurs propres spécificités.
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+ Tolkien imagine aussi plusieurs systèmes d’écriture pour ses langues : une écriture cursive (les Tengwar de Fëanor) et un alphabet de type runique (les Cirth de Daeron) sont illustrés dans le corps du Seigneur des anneaux. Un troisième système, les sarati de Rúmil, apparaît dans le cadre de la Terre du Milieu, mais Tolkien l’utilise également, à la fin des années 1910, pour écrire son journal[168].
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+ À titre posthume, ouvrages édités par Christopher Tolkien et d’autres :
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+ En complément de l’Histoire de la Terre du Milieu et sous l’égide de Christopher Tolkien et du Tolkien Estate, les fanzines américains Vinyar Tengwar et Parma Eldalamberon et la revue universitaire Tolkien Studies publient régulièrement des textes inédits de J. R. R. Tolkien.
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